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AXE 1 : PENSER LA DEMOCRATIE : DEMOCRATIE

DIRECTE ET DEMOCRATIE REPRESENTATIVE (JALON 2)

T ABLE DES MATIERES


1. PARTICIPER OU ÊTRE REPRÉSENTÉ : BENJAMIN CONSTANT, « LA LIBERTÉ DES ANCIENS,
LIBERTÉ DES MODERNES » ........................................................................................................ - 2 -
1.1. Démocratie représentative et directe en France ............................................................................... - 2 -
1.1.1. « La liberté des Anciens » : participer directement à la vie politique. ................................... - 2 -
1.1.2. « La liberté des Modernes » : être représenté dans des institutions démocratiques. ............ - 3 -
1.2. La démocratie et l’individu, le renouveau du XIXe siècle. .............................................................. - 3 -
1.2.1. Le XVIIIe siècle, un basculement dans la conception de la démocratie. ............................... - 3 -
1.2.2. Les critiques de la démocratie au XIXe siècle ......................................................................... - 4 -
1.3. Penser les démocraties dans notre société moderne. ...................................................................... - 5 -
1. PARTICIPER OU ÊTRE REPRÉSENTÉ : BENJAMIN CONSTANT,
« LA LIBERTÉ DES ANCIENS, LIBERTÉ DES MODERNES »

1.1. Démocratie représentative et directe en France


Penseur de la démocratie libérale, Benjamin Constant a été le témoin de la Révolution française et
de l'Empire et s'interroge sur la façon dont doit être exercé le pouvoir politique. Réfléchissant au
rapport entre liberté et institutions démocratiques, il se propose de protéger la société d'un État
puissant qui doit être respectueux des droits individuels. Sa réflexion s'articule autour de l'opposition
historique entre 2 libertés.

1.1.1. « La liberté des Anciens » : participer directement à la vie politique.

Pour Benjamin Constant, la liberté des Anciens est la liberté politique, celle qui permet à tous les
citoyens de débattre des grandes affaires de la cité. C'est notamment le modèle de la participation
politique dans la cité athénienne au Ve siècle avant Jésus-Christ. Cependant, pour Benjamin Constant,
cette liberté politique implique aussi « l’assujettissement complet de l'individu à l'autorité de
l’ensemble ». Le collectif prime sur l'individu, la vie individuelle n'est pas séparée de la vie sociale.
Les hommes n'ont pas d'indépendance privé, ils sont soumis à la volonté de l'ensemble dont ils font
partie. L’idée de liberté chez les Anciens est donc particulière, elle consiste à pouvoir participer à la
vie politique de la cité. Cette conception est admirable dans la mesure où elle suppose l'implication
de tous. Mais elle est intolérable car, dans le monde moderne, le citoyen a tendance à s'abandonner
aux institutions, à autoriser toutes les intrusions dans son existence. Il devient « l'esclave de la nation ».

Cette liberté fonctionnait avec de petits États, dans lesquels seule une minorité de la population
accédait à la citoyenneté et avait donc le temps nécessaire de se consacrer à la politique, tandis que
le travail productif était effectué par un nombre important d'esclaves. Cette conception de la liberté
politique est caractéristique de la démocratie directe : la participation des citoyens à la vie de la
cité est directe et personnel. Ce type de régime classique dans l'Antiquité se retrouve aujourd'hui
dans certains débats à l'échelle locale ou par exemple en Suisse avec le système et « votations »
régulières.
1.1.2. « La liberté des Modernes » : être représenté dans des institutions
démocratiques.

La conception de la « liberté des Modernes » est bien différente. Depuis la découverte de l'individu
au XVIIe et XVIIIe siècles, l'homme devient une fin en soi. Son existence individuelle prime de plus en
plus sur la vie en société. De fait, l'idée de la liberté est désormais associée à la protection de
l'autonomie individuelle face à la société, plus particulièrement face à l'État. La liberté réside donc
dans les garanties accordées aux jouissances privées. C'est cette conception que la Révolution
française a fait triompher.

Benjamin Constant considère que la « liberté des Modernes » correspond aux libertés individuelles,
c'est à dire la liberté d'expression, la liberté religieuse, la liberté de propriété. Ces droits sont
exprimés dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. L'abolition de l'esclavage et
l'extension de la citoyenneté ainsi que la disparition de la guerre au profit du commerce nécessite
que ces libertés soient défendues en priorité par l'État. Il revient donc à l'État et aux représentants
des citoyens de défendre ces libertés nouvelles. Celles-ci correspondent mieux aux grands États dont
les institutions doivent permettre leur défense, à la différence des cités-États.

C’est aujourd'hui le mode de fonctionnement des États les plus courants à l'échelle de la planète.
Désormais des hommes et des femmes politiques, parfois devenus des professionnels de la politique,
sont chargés par les citoyens après les élections de défendre leurs conceptions politiques mais aussi
et surtout leurs libertés fondamentales. La constitution de chaque État peut permettre de préciser les
droits et les devoirs des citoyens mais aussi de leurs représentants.

1.2. La démocratie et l’individu, le renouveau du XIXe siècle.

1.2.1. Le XVIIIe siècle, un basculement dans la conception de la


démocratie.

À la fin du XVIIIe siècle, au tournant des Révolutions américaine et française, la démocratie est
repensée et réinterrogée : lors que Montesquieu et Rousseau (philosophe français du siècle des
Lumières) y voient encore un gouvernement direct du peuple, fondé sur le tirage au sort, le changement
d'échelle géographique et démographique semble interdire la démocratie de participation directe.

Ces révolutions se sont faites au nom du peuple, comme en attestent notamment les différentes
déclarations des droits proclamés alors. Néanmoins, le « peuple » reste un terme ambigu, désignant
parfois la Nation, et parfois un ensemble social miséreux. Dans les faits, des organes représentatifs
se mettent en place, par l’intermédiaire de l’élection, mais ne sont pas nécessairement issus du suffrage
universel même s’ils sont censés représenter le peuple en son entier. C'est en réalité le XIXe siècle qui
va voir l'extension progressive du suffrage et la mise en œuvre de régimes représentatifs se
revendiquant démocratiques.

Les démocraties occidentales sont nées des révolutions qui remettent en cause la monarchie et
instaurent le principe d'égalité des droits : le royaume d'Angleterre, après deux révolutions, ouvre la
place au premier régime démocratique qui garantit les libertés fondamentales avec deux textes :
l’Habeas Corpus en 1679 (interdiction des arrestations arbitraires) et la Déclaration des Droits en
1689 qui donne des pouvoirs au parlement en limitant ceux du souverain. La création des États-Unis
d’Amérique en 1776 instaure un modèle démocratique basé dans la république, et en 1789 La France
célèbre la souveraineté nationale avec la Révolution à travers la Déclaration des droits de l'homme
et du citoyen pour encadrer les droits et libertés fondamentales des citoyens. Désormais en France
avec cette Déclaration, le peuple est souverain, les individus sont libres et égaux en droits, et le
gouvernement en représentatif permet de concilier la volonté générale tout en déléguant le pouvoir
à des élites politiques capables d'administrer la nation.

Benjamin Constant et Alexis de Tocqueville (1805-1859) sont les premiers à faire la synthèse du
libéralisme et de la démocratie, régime qui garantit et permet à l'homme de jouir au maximum de
ses libertés individuelles et donc d'accéder au bonheur dans une société plus juste. Toutefois ils alertent
sur l'apathie des citoyens qui, préférant jouir de leurs libertés individuelles, se désintéressent des
questions de société et délaissent la sphère publique au profit de l'État.

1.2.2. Les critiques de la démocratie au XIXe siècle

Au XIXe siècle, penseurs, intellectuels, philosophes, hommes politique vont critiquer la démocratie
libérale. Selon Edmund Burke (1729-1797), Homme politique et philosophe irlandais opposé à la
Révolution française, les droits de l’homme consacrés en 1789 ne sont qu’une imposture, une perversion
de l’esprit ; ces droits ne s’exercent pas véritablement et c’est dans ce cadre que la démocratie
deviendra la dictature d’une petite minorité. Il considère que ces droits sont trop abstraits, et remet
ainsi en cause toute la philosophie des Lumières qu’il trouve antinaturelle. Il prédit en conséquence la
dérive dictatoriale de la Révolution française.

Par la suite, les critiques perdurent. On peut citer les anarchistes, qui ne considèrent comme seule
véritable démocratie que celle qui serait directe, et refusent ainsi l’appareil de pouvoir. Karl Marx
(1818-1883) quant à lui dénonce la démocratie dite bourgeoise, qui selon lui n’a que l’apparence
d’une égalité ; il met ainsi en avant la nécessité d’une appropriation collective de l’économie pour
faire coïncider les principes abstraitement consacrés avec la réalité.

Alexis de Tocqueville (1805-1859) écrit en 1840 De la démocratie en Amérique, dans lequel il livre
une critique importante de la démocratie. Inspiré par Platon, Tocqueville considère que la démocratie
contient en elle-même le germe d’une tyrannie. Elle contient d’une part la liberté des individus, d’autre
par l’égalité de ceux-ci ; il évoque ainsi l’obsession de l’égalité entre les hommes. C’est cette obsession
qui va conduire à limiter les libertés ; le système est ainsi corrompu par lui-même car il ne peut plus
assurer les garanties dont les hommes bénéficient normalement dans ce régime. L’État doit également
être suffisamment fort pour assurer les garanties offertes par la démocratie. Il prend ainsi des
décisions dans l’intérêt général sans toutefois consulter le peuple. De cette façon, l’État qui devrait
être bienveillant devient despotique en ce sens qu’il infantilise les citoyens en les surprotégeant. Enfin,
la souveraineté du peuple n’est pas infaillible ; même adoptée à la majorité, la loi peut être injuste.
En effet, l’opinion publique s’impose alors aux individus, qui doivent protéger les minorités car « la
foi dans l’opinion publique deviendra une sorte de religion dont la majorité est le prophète ».

1.3. Penser les démocraties dans notre société moderne.

La démocratie moderne est liée aux réflexions sur le droit qui garantit nos libertés et notre égalité,
et qui permet de les protéger et de limiter le pouvoir arbitraire de l'État. L’État est reconnu comme
une personne juridique dont le rôle et les pouvoirs sont délimités et encadrés par le droit : il ne peut
en aucun cas s'élever au-delà des individus. Le droit, émanation de la loi, et ton fondement de notre
société démocratique, d'où l'importance qu'il soit issu de la volonté générale et de la délibération
collective.

Le débat se positionne aujourd'hui sur l'exercice de la souveraineté. Les démocraties populaires


comme la Chine, héritière de la pensée marxiste, considèrent que le peuple est censé exercer
directement le pouvoir dans des assemblées locales pour mettre un terme à la domination de l'élite
bourgeoise. Le pouvoir est ainsi confisqué par le Parti communiste. Dans les démocraties libérales,
rares sont les constitutions qui privilégient la démocratie directe. L'exercice du pouvoir est souvent
délégué à des personnalités politiques, dont la gestion des affaires publiques devient la principale
fonction. Dans les démocraties contemporaines, un débat agite l'opinion, entre confiance aux
assemblées parlementaires élues ou action élargie du peuple sur la vie politique (référendums
d'initiative populaire) comme en Suisse, modèle de démocratie directe moderne, ou la mise en place
de référendums d’initiative citoyenne (RIC) lors de la crise sociale des « gilets jaunes » en France en
2019.

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