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MEDIAS ET POLITIQUE

Partiel : QCM
Exposé en classe  sur des textes  10-12 minutes de présentation. Avoir un plan (2 à 4 parties).

L’INVENTION DE LA NOTION MODERNE DE « PUBLIC » ET LE PROBLEME DE LA SPECTACULARISATION


DE LA VIE PUBLIQUE

Spectacularisation = massive w/ un jeu acteur spectateur. Situation qui n’a jamais été aussi dans l’histoire des peuples
intense quotidienne, chronophage avec un système complexe, avec des médias institués, des politiques qui se mettent
en scène directement dans médiation professionnelle. Situation qui a quelques racines historiques.

Il est difficile d’imaginer de la politique sans un peu de spectacle et ce même quand il s’agit d’une politique non-
démocratique car l’activité politique même dans des régimes autoritaires/totalitaires produit toujours un geste de
spectacularisation de la politique (même des grands champions avec défiles spectaculaires des régimes, mais de
différente nature).  Ils maitrisent le spectacle en empêchant ceux qui aurait des commentaires trop libre, le public
est sommé seulement de regarder et de se taire.

Aujourd’hui les commentaires sont eux-mêmes des spectacles. La spectacularisation n’est pas neuve mais la manière
dont celle-ci se développe car le public n’est plus passif et est celui qui fait le spectacle pour le même public = une
singularité. Malgré tout, il y a quand même quelques précèdent. Dans la démocratie qui offre probablement toujours
un type de spectacle un peu particulier par rapport aux autres régimes politiques, il n’y a pas de pôle qui arrive à
pleinement maitriser le spectacle donné.

L’EXEMPLE DE L’ATHENES ANTIQUE – VEME SIECLE AC


Exemple de démocratie vivante : règne de la parole et du regard qui peut fournir un référent au grand spectacle de
démocratie moderne.

Clisthène a inventé les institutions démocratique athéniennes à la suite de Solon (VIème -Vème siècle AC). Solon a
imaginé « égalité d’équilibré », organisation d’un roulement entre les grandes familles aristocratiques d’Athènes.
Quelques décennie plus tard Clisthène a inventé une démocratie avec une égalité parfaite entre tous les citoyens :
Ecclésia qui sont égaux entre eux de manière parfaite mais en excluant les esclaves et les femmes.

Découpage de l’ecclesia en dix tribus de manière géographique. Il a distingué dix morceau dans une année : prytanie.
Trois pouvoirs issu de l’ecclesia, un pouvoir législatif, exécutif et judiciaire. Mais les citoyens de l’ecclesia ne doivent
pas se sentir exclu du pouvoir (comme il est le cas dans les systèmes représentatifs). Deux clés qui permettent
d’empêcher qu’il y a une classe politique qui tient le pouvoir.

Athènes comme démocratie représentative mais les représentants étaient tenus par l’ecclesia et empêcher
institutionnellement de constituer une classe dirigeante : le tirage au sort = n’importe qui peut être élu. Rotation très
rapide des élections les « mandats » sont rapides, une à deux années maximum :

- Législatif : Boulé constitué de 500 personnes, chaque prytanie une autre tribu préside la Boulé. Pour être vraiment
sur que le législatif ne confisque pas trop le pouvoir : les lois ne sont pas voté par la Boulé mais par l’Ecclesia.
- Exécutif : Tous les postes exécutif ( magistrats, les stratèges militaires) même les stratèges militaires étaient
nommés par tirage au sort. Seul quelques magistrats ont réussit à obtenir des mandants plus long ( Périclès celui
qui a eu la plus longue longévité)
- Judiciaire : Tribunal de l ’Héliée : Tiré au sort.

1
20 à 30k personnes en tout dans le Quorum avec minimum 6000 personnes sur la Pnyx.

Aréopage :

Sorte de conseil constitutionnel. Contrepouvoir : en fait pas vraiment. Les grecs ont mis en place un ensemble de
sages nommés que l’on pouvait saisir dans le cas où l’on pensait qu’une loi avait été faite un peu trop vite et contraire
à l’esprit des lois d’Athènes. Exprime une forme de rationalité et leur rapport à la justice. Ca existait avant la
démocratie d’Athènes comme des classes à vie pour certains membres de grandes familles considérés comme sages.
Ils conseillaient le pouvoir. En 508, Clisthène a voulu affaiblir l’aréopage, il a changé les classes a vie en une élection
parmi les anciens magistrats (archontes). Ils auront une fonction de conseil. Au milieu de Vème : réformes qui vont
radicaliser la démocratie clisthénienne : l’aréopage a une fonction de cour d’appel judiciaire. L’idée du communauté
de sages, sans se passer réellement (même si rôle réduit) du résidu aristocratique. Le tirage au sort : spectacularisation
de la vie politique.

Il y a une sorte de neutralisation du pôle du pouvoir, pas vraiment d’Etat chez les grecs athéniens démocrates. ≠ en
France il y a quelqu’un qui incarne le pouvoir pendant 5 ans.

Economie vient du grec Oikia (la maison) : s’occuper de la norme, de ce qu’il faut faire pour la bonne santé de la maison.

Lorsqu’un citoyen était jugé mauvais, de manière exceptionnel, en recourant a plusieurs outils institutionnels, on
pouvait activer une procédure de l’ostracisme = on l’exclu de la société, cité. Socrate a rejeté l’ostracisme : peine de
mort. Malgré tout, Athènes est morte. Ce n’était pas un bon signe pour le système démocratique. Les républiques
italiennes de la Renaissance contre l’autorité du Pape. Un certain nombre de villes ont conquis leur autonomie.
Machiavel connaissait le spectacle politique. C’était un grand penseur politique.

On n’a pas beaucoup répliqué la prise de risque athénienne. A part lors des révolutions démocratiques (USA et FR)
mais est-ce que cela a fonctionné ?

- USA : pays trop grand avec une population beaucoup plus dense qu’à Athènes

- France : inventeur de l’Etat, grande population aussi.

Le journal avant était lu en place publique (analphabètes ½).

Périclès : éloge des institutions démocratiques clisthéniennes lors d’une oraison funèbre. Le spectacle politique va
toujours se penser par rapport à un pôle du pouvoir.

Peu à peu, surtout en Angleterre au 17ème siècle (≠ FR avec Louis 14) le pôle essaye de se construire (Stuarts) mais ça
ne marche pas, naissance de la pensée libérale. Il va y avoir un désir de participation au spectacle. Ça n’a rien a voir
avec Athènes quand même (c’est très polarisé avec un pouvoir central).

La notion d’Etat souverain. Pas de bureaucratie à Athènes, tâches administratives exercées par les esclaves pour éviter
que se développe un pouvoir autonome. (Voir livre de Paulin Ismard). Taches de hauts fonctionnaire d’aujourd’hui :
faites par les esclaves. L’enjeu s’était de construire un Etat souverain qui pouvait s’autonomiser par rapport à l’Eglise.
Problème de plus en plus aigu avec les guerres de religion. 1558 : les guerres ne cessent de se prolonger avec aucune
unification des territoires.

Au même moment en Allemagne, apparaissent des princes protestants qui décident de ne pas suivre l’Empereur. Ils
aspirent à un pouvoir souverain. C’est le roi qui décide de la religion. 1555 Paix d’Augsbourg « Cujus regis ejus religio ».
Moment clef en France des années 1570’ : avec en 1572 la St Barthélémy et en 1576 : livre de Jean Bodin : les 6 livres
de la République. Il invente le concept de souveraineté permettant à un roi de France d’être la force unique sur le
territoire de France : absolutisme. Le futur Henri 4 va utiliser le concept de Bodin.

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Dans ce contexte, la liberté d’expression pour un sujet du royaume de France : c’est rien. Il n’y a pas de pensée. Régime
de censure où il n’y a que le pouvoir qui orchestre le spectacle. Pourtant à partir du 17ème, en Angleterre, l’absolutisme
se voit fermement contesté et de nombreuses libertés individuelles arrivent. Notamment la liberté d’expression.

L’ANGLETERRE DU 17 E M E SIECLE ET L’ENJEU DE LA LIBERTE D’EXPRESSION

Le 17ème Anglais commence avec la fin d’une dynastie : fin des Tudors (Elisabeth Ière qui meurt en 1603). Appel à une
autre dynastie : Stuarts. Ce ne sont pas eux qui ont installé la religion d’Etat (l’anglicanisme installé par Elisabeth).
Donc ciao les autres religions (difficultés pour les catholiques et les puritains). Stuart : Ecosse (catholicisme). Les
catholiques sont bienveillants mais problème écossais. Les Stuarts ont fait peur à tout le monde (peur de réunifier
l’écosse et l’Angleterre). Les Stuarts rêvaient d’un absolutisme toujours plus fort (comme en France). Les Stuarts vont
développer une très forte opposition.

Le premier : Jacques Ier : assez cruel. Il meurt. Arrive Charles Ier : vraie angoisse catholique car il épouse une
catholique. Il est contre les droits. Il se met une grande partie de l’Ecosse à dos par son absolutisme. Il va s’opposer
durement au Parlement.

1649 : guerre civile : deux leaders au Parlement : John Pym puis Oliver Cromwell. Charles Ier est arrêté et coupé la
tête. Les anglais avec O. Cromwell vont construire une République. A partir de 1653 la République se durcit. Il se fait
nommer Lord Protector de la République, choisit son fils pour le succéder. Pas beaucoup de liberté en réalité. 1658 :
mort de Cromwell. Son fils Richard se fait retirer du pouvoir.

Arrive Charles II, nouveau Stuart. La guerre civile a produit les positions les plus dures. L’opposition libérale face à
Charles II se fera appelée : Whigs1 des Tories. Ils veulent une monarchie parlementaire. Ils ne sont pas des démocrates.
Les libéraux anglais sont contre l’absolutisme royal mais pas pour la démocratie. Charles II meurt en 1685 et Jacques
II son frère : catastrophe car il était vraiment catholique. Tentative d’attentat contre Charles II pour empêcher l’arrivée
de Jacques II : Lord Ashley Comte de Shaftesbury qui avait comme secrétaire John Locke.

Thèse de Hobbes en 1651 Léviathan. Guillaume III de Hanovre depuis la Hollande prend le pouvoir : renforcement de
l’anglicanisme, changement de dynastie : les Hanovre et a produit pour la première fois, la naissance d’une monarchie
parlementaire qui nait en 1688 : Glorious Revolution. 1689 : le Bill of rights. 1690 : J. Locke publie le grand texte anti
Hobbes et pro monarchie parlementaire et droits individuels : 2 traités du gouvernement civil : ensemble d’idées
whigs. La liberté d’expression s’en tire pas trop mal. Première CSQ : l’acte fondamental : le Bill of RIghts va mettre fin
à la censure. Plus besoin d’autorisation a priori. Effet sur la presse avec au début du 18ème : presse anglaise la plus
inventive d’Europe. Exemple : The Spectator 1710’s. Le spectacle ne vient plus désormais que d’en haut. Néanmoins,
on considère qu’il faut quand même encadrer la liberté d’expression (a posteriori). Locke publie quand même des
traités sur la tolérance.

 Exposé - Milton :

John Milton faisait partie des gens qui ont fait la première révolution. Il écrit dans les années 1830-40. Publication de
l’Areopagitica en 1644. Pour la liberté d’imprimer sans entraves. Passion pour les libertés. Ecrit en latin, grec, anglais
et italien. La censure préalable et la censure répressive. Il écrit cet ouvrage pour la liberté d’imprimer sans autorisation
ni censure. Beaucoup de censure chez les grecs. Aréopage. Réforme en -461 : cour d’appel. Milton parle de censure
chez les grecs. Milton évoque les romains : où l’on ne persécute pas les auteurs et les écrits. Il montre que la censure
est contreproductive. Exemple de l’avare.

1
vient de Whiggamor : combattants à cheval d’Ecosse opposés aux Stuarts
3
Milton stigmatise toutes les formes de censures qui ont pu avoir lieu dans l’histoire mais il y a quand même une peur
classique de l’opinion publique. Il en a souffert personnellement (essai sur le divorce a été censuré). Il récuse la censure
comme une infantilisation du peuple qui n’a en réalité aucun effet. Il est persuadé que l’habituation a des idées qui ne
sont pas belles et bonnes et la seule manière pour que le peuple développe progressivement des anticorps à terme et
sache reconnaître ces mauvaises idées ce qui fait que la thèse de Milton a parfois été résumée comme la thèse du
gouffre

La théorie miltonienne : Milton se comporte comme un abyss-redeemer : guérir du gouffre). L’infantilisation du peuple
par la censure n’est pas bien. Les idées circulent toujours même avec la censure et peuvent même être plus excitantes.
Elles risquent donc de faire des ravages. Théorie très importante pour les défenseurs du 1er amendement : il est
essentiel de laisser la liberté absolue à toutes les idées. Si législation il y a : elle est a posteriori (car a priori c’est de la
censure.

Mais certains vont utiliser Milton pour lutter contre cette législation. Le 17ème siècle anglais a pensé la liberté
d’expression comme un e des libertés des humains face à l’Etat. Penser cette liberté d’abord et avant tout comme une
liberté individuelle. Quelques propos de Milton sur la Nation, plus forte qui connaît les mauvaises idées et avance.
Mais le propos du collectif n’est pas prioritaire dans le 17ème siècle anglais. L’argumentaire du 18ème est plutôt axé sur
l’idée du progrès collectif.

L’Angleterre libérale, à mince égard en avance sur le monde, a introduit non sans difficulté, peu à peu un certain
nombre de droits fondamentaux qui sont rappelés par le Bill of Rights de 1689 qui s’impose au Parlement. En tout cas
c’est ce que le Parlement déclare, il ne fera rien qui irait contre le Bill of Right et protégera les individus contre lui-
même et contre les abus de la Couronne qui est à la tête de l’État au sens de l’exécutif. C’est énorme en termes de
liberté d’expression, cela signifiait qu’il n’y avait plus de censure a priori.

Cette situation peut apparaitre comme insuffisante à des personnalités qui ont une vision radicale de la liberté
d’expression et vont développer leurs pensées au cours du XVIIIe siècle  au cours des Lumières. Idée qu’il faut
radicaliser la liberté d’expression, moins y avoir d’entraves.

______

Milton stigmatise toutes les formes de censure de l’histoire et l’idée que toutes les idées ne sont pas bonnes à
entendre, et que le peuple doit être protégé par relecture des textes avant d’être publie. Milton en a souffert avec son
texte sur le divorce, mais récuse la censure comme une infantilisation du peuple, qui n’attend en rien son objectif car
pour préparer un peuple aux mauvaises choses, il faut lui apprendre, il faut prendre ce risque et Milton est persuadé
que sur le long terme, être confronté à ces mauvaises idées est la seule manière que le peuple sache reconnaitre ces
mauvaises idées. Thèse de Milton est résumé comme la thèse du gouffre dont on sort seulement en y pensant d’abord.
Milon se comporte comme un abyss –redeemer. La censure est une maladie caractérisée comme un gouffre, la seule
façon de se préserver du mal est de s’y confronter. Il fait l’expérience du péché. Il faut avoir possibilité de se confronter
a ces images pour trouver la ressource de leur résisté. Infantilisation du peuple par censure est une mauvaise
protection, car les mauvaises idées circulent toujours. Théorie très importante pour le premier amendement par
exemple, liberté d’expression au-dessus des lois, tiré de Milton.On peut dire que le 17e siècle anglais, avec plus ou
moins de radicalités, a pensé la liberté d’expression comme une liberté des humains face à l’État. La grande
caractéristique de ce moment historique est d’avoir pensé cette liberté de parole comme une expérience de liberté
individuelle. Milton pense que c’est l’individu qui doit savoir penser afin de dépasser le mauvais. Une Nation est plus
forte quand elle sait laisser circuler les mauvaises idées. Le propos sur le collectif, le progrès pour un peuple, est un
propos non prioritaire dans le 17e siècle anglais, les défenses sur la liberté d’expression sont prises dans le face-à-face
de l’individu avec l’État. La grande différence avec le siècle des Lumières c’est que des argumentaires vont être
différents. Ce n’est pas seulement l’individu mais surtout ce qu’est un peuple dans l’histoire. C’est le mouvement de
rationalité que traverse un peuple dans son histoire lorsque ce peuple est autorisé à penser en public. À s’exprimer
4
librement, par la presse. C’est un progrès pour l’histoire d’un peuple. Dimension plus collective qui caractérise
l’argumentaire des Lumières.

L’ANGLETERRE DU XVIIEME SIECLE ET L’ENJEU DE LA LIBERTE D’EXPRESSION


En Angleterre, le pôle essaie de constituer et de se durcir et ça ne fonctionne pas car il existe une tradition de liberté
individuelle. En France, c’est le contraire, Louis XIV instaure un pouvoir extrêmement autoritaire, où le spectacle
politique est centralisé et polarisé. Il y aura la naissance de la pensée libérale anglaise, avec le droit de liberté et de
commentaire. Il y aura le désir d’au moins d’avoir une participation au spectacle via la liberté d’expression.
À Athènes, il n’y avait pas de bureaucratie, les athéniens avaient même peur de donner trop de pouvoir administratif.
Les fonctions administratives étaient exercées par les esclaves qui permettaient d’éviter que ce pouvoir soit entre les
mains d’une autorité, le livre de Paulin Ismard en évoque.
Au Moyen-Âge, l’enjeu était d’instaurer une administration avec un État souverain. Ce problème est devenu très aigu
avec les guerres de religion. À ce moment-là beaucoup ont réalisé qu’il manquait une force politique ayant une
suprématie sur le territoire. Les guerres de religion permettaient à certaines villes de s’autonomiser. En France, en
1558 c’est l’enfer, mort de Henri II et les guerres de religion ne cessent de se poursuivre et le roi de France peine à y
mettre fin. Au même moment, en Allemagne, apparaissent des princes qui ne veulent pas suivre le St Empereur. Les
Princes protestants d’Allemagne aspirent à un pouvoir souverain où ils peuvent vivre en liberté. Ils sont à l’origine de
la formule de 1555 « Cujus regio ejus religio », ce qui est une sacrée force politique. Celle-ci s’allie comme elle veut à
la religion qu’elle veut, sans subir des guerres de religion sans fin. Le moment clé en France est celui durant les années
1570 : 1572 c’est la St Barthélémy et en 1576, un légiste, conseiller du Roi, qui écrit un livre étonnant qui pousse à
donner un pouvoir inédit au Roi, dans sa puissance d’administration du territoire. Ce personnage est Jean Baudin. Il
écrit en 1576 Les 6 livres de la République. Ils inventent le concept de souveraineté permettant à un roi de France
d’avoir la suprématie sur le territoire. C’est de l’absolutisme. Le futur Henri IV a largement utilisé ce concept pour
réformer l’appareil étatique. Louis XIV a veillé à conformer la France sous le concept de Baudin.

La liberté d’expression dans ce contexte n’est absolument rien. Pas de pensée critique. Pourtant, à partir du 17e, en
Angleterre, l’absolutisme se voit fermement contesté. Le 17e anglais commence comme en France par la fin d’une
dynastie. C’est la fin des Tudor (Elizabeth Ière, dite la reine vierge). Elle meurt en 1603. Pas de solution que de faire
appel à une autre dynastie qui est celle des Stuart. Problèmes multifaces cependant, ils n’ont pas installé la religion
d’État. Ils ont instauré l’anglicane. C’est une forme de protestantisme. C’est dur pour les sectes comme les calvinistes,
les catholiques et les puritains qui subissent des persécutions.

Les Stuart sont rois d’Écosse et les écossais sont catholiques. Il y a beaucoup de gens qui doutent des Stuart pour faire
respecter l’anglicanisme. Les puritains ont donc été fortement réprimés. Les catholiques ne sont pas rassurés, ils sont
bienveillants mais il y a un problème écossais. Les Stuart ont fait peur à tout le monde, car ils avaient pour ambition
de réunifier l’Écosse et l’Angleterre. Les catholiques écossais et les catholiques anglais avaient peur de l’un de l’autre.
Les Stuart rêvaient d’un absolutisme toujours plus fort car ils avaient des liens forts avec la France. Ils finissent par
parvenir à créer un absolutisme. Les Stuart vont tous développer contre eux une grosse opposition. Jacques Ier,
inquiète tout le monde par son absolutisme, il meurt en 1625. Charles Ier, est une angoisse catholique, car il épouse
une catholique en 2e noce. Il est contre les droits étendus du Parlement et il réussit à se mettre l’Écosse à dos qui ne
voulait pas d’un pouvoir trop dur. Charles Ier s’oppose durement au Parlement et en 1648 commence une guerre civile
où le Parlement lève des troupes contre celles du Roi. Leaders du Parlement : John Pym (mort en 1653) et Olivier
Cromwell. Charles Ier se fait couper la tête et marquera l’un des premiers régicides.

En ayant coupé la tête à un absolutisme, les anglais n’ont pas laissé place à un régime libéral. Cromwell en 1657 fonde
une République, et en 1663 il y a un durcissement de la République. On dit à Cromwell de trouver un successeur, il se
fait nommer Lord Protector de la République, nomme son fils à la descendance. Ce n’est pas une terre de liberté. 1658

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c’est la mort de Cromwell à cause du paludisme. Son fils Richard se fait éjecter du pouvoir et arrive le dernier Stuart,
Charles II.

L’épisode de la guerre civile anglaise est suffisamment important pour avoir produit les positions les plus dures d’un
côté comme de l’autre. Notamment, l’opposition libérale à Charles II se fera peu à peu appeler d’un nom venu tout
droit des plus radicaux des anti-Stuart de la guerre civile. C’est le mot Whigs (opposition libérale très dure qui défendait
plus de droit pour les individus), leur contraire sont les Tories (pro monarchie). Whigs ça vient de Whiggamor qui
signifie un paysan écossais armé qui est anti-Stuart. C’est ce nom qu’ont choisi les libéraux opposants au Stuart. Ils
veulent une monarchie parlementaire. Ils sont loin d’être en faveur d’une démocratie. Libertés défendues par le
Parlement contre l’absolutisme royal. Ce combat sera gagné après plusieurs épisodes car Charles II va refaire
provocations sur provocations, Jacques II est successeur et poursuit les provocations (1685). Jacques II était
profondément catholique et les Whigs ne voulaient absolument pas de Jacques II ils avaient orchestré un complot
contre Jacques II avant même qu’il ne soit nommé. Lord Ashley et le Comte de Shaftesbury est un grand Whigs qui a
voulu assassiner Jacques II.

Jacques II arrive au pouvoir, c’est la guerre. Il y a des partisans d’un côté de l’absolutisme peu importe la religion avec
le soutien des thèses de Hobbes via le Léviathan (1651). Hobbes a beaucoup aidé les Tories. John Locke était le rival
de Hobbes. Jacques II avait une fille Marie qui est restée fidèle au protestantisme et a épousé Guillaume III de Hanovre,
(Hollande) et quand Jacques II a été trop provocateur, Guillaume III, depuis la Hollande, a déclaré la guerre sur son
propre territoire et Jacques II a fuit et a laissé le pouvoir à Guillaume III. On est passé des Stuart au Hanovre. Et cela a
produit la naissance d’une monarchie parlementaire avec la restauration de l’anglicanisme (1688). On appelle ça
« Glorious Revolution » même si ça s’apparente plus à un coup d’État avec la fuite du roi. Le premier signe très clair
de cette parlementarisation est en 1689 avec le Bill of Rights qui définit les droits du Parlement face aux empiètements
de la couronne. C’est en 1690 que John Locke publie les deux textes anti-Hobbes et pro-monarchie parlementaire,
limitation de la souveraineté : Deux traités du gouvernement civil.

Le Bill of Rights offre un certain nombre de libertés, dont la liberté d’expression qui ne s’en sort pas trop mal. Le peuple
britannique avait une appétence pour la presse. L’acte fondamental que le Bill of Rights fait sauter est la censure. C’est
la fin d’un système qui autorise à publier des textes.

Au début du 18e siècle on aura une presse anglaise qui est la plus inventive d’Europe. The Spectator, au début du 18e
est en avance sur tout le monde. Dans les années 1710 The Spectator apparaît. Désormais le public est capable de
faire le spectacle. Néanmoins John Locke et la plupart des Whigs ne veulent plus de censure mais considère que la
liberté d’expression doit avoir des lois qui l’encadrent a posteriori. Il peut y avoir des procès. Même Locke n’était pas
un radical en matière de liberté d’expression, il a écrit un essai sur la tolérance ainsi qu’un texte sur la tolérance dans
les années 1660-1670 disant qu’il fallait une grande tolérance même avec celles religieuses, mais qu’il fallait que
certaines personnes ne dussent pas être citées notamment les athées, les papistes (qui défendent le pape) et qu’ils
sont dangereux.

Il existe une certaine radicalité de quelques puritains. Milton en était un et faisait partie de ceux qui ont participé à la
révolution américaine. Il a fini par travailler avec Paul Cromwell, 1644 il a écrit Areopagitica, pour la liberté totale
d’imprimer sans aucune entrave c’est un des textes les plus radicaux que l’on connaisse. Ce texte de John Milton
deviendra une véritable bible en Amérique où beaucoup de puritains s’y exilent. Il aura un succès fou dans les colonies
américaines dans les 100 ans à venir.

LES LUMIERES ET L’IDEE DU « PUBLIC »


L’Angleterre a introduit non sans remous un certain nombre de droits fondamentaux rappelés par le Bill of Rights qui
reprend les traditions anglo-saxonnes et qui s’imposent désormais au Parlement. Le Parlement déclare qu’il n’ira pas
à l’encontre du Bill of Rights et qu’il protègera les individus de lui-même et des abus de la couronne. En termes de

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liberté d’expression, cela signifie qu’il n’y a plus de censure a priori. Dans le monde de l’époque, c’est inédit, là où la
censure a toujours existé. Cette situation peut paraître insuffisante à des personnes ayant une vision de la liberté
d’expression plus radicale.

Parmi les Lumières, il y a cette idée qu’il faut radicaliser la liberté d’expression, et qu’il faut des entraves légales a
posteriori. L’Angleterre démontre que la liberté d’expression, bien que stimulée, est un peu trop encadrée sur
certaines choses. Stricto sensu, le Bill of Rights de 1689 consacre dans son article 5 le droit de pétition de tous les
sujets à l’égard du roi. Dans son article 8, le BoR affirme la liberté de parole pour tout député au sein du Parlement.
Le loup reste quand même présent : les députés. Il est délicat de parler à leur encontre. Les américains disent que
pour vraiment défendre le BoR il faudrait qu’il soit saisissable, donc que les parlementaires puissent être attaqués au
nom du droit des individus. Car le Parlement assure l’autorité. Dans l’Angleterre libérale, il faut faire confiance au
Parlement, qui dit qu’il protègera les lois. Mais c’est déclaratif, car personne ne peut l’empêcher. La couronne peut
tout de même arrêter certaines situations. Le député devient la clé du système. En termes de liberté d’expression
c’était visible : le juge anglais défend très peu les citoyens lorsqu’ils attaquent les députés et ils le font d’autant moins
que les députés eux-mêmes ont fait passer des lois assez dures pour limiter la liberté d’expression à leur encontre.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle certains Lockiens qu’ils ne voulaient pas des lois aussi dures de la part du
Parlement afin de se protéger de la liberté d’expression. Il y eut une série de textes anonymes signées au nom de
Caton. Ce sont des textes qui ont fait beaucoup de bruit en Amérique, qui ont été écrits par des gens cultivés, qui
expliquaient que la liberté d’expression avait été limitée par les députés. Elles ont circulé entre 1720-1723, il s’agit de
John Trenchard et de Thomas Gordon. Ils étaient des formes de publicistes qui savaient bien attaquer. Caton est une
forme de sagesse absolue.

Caton s’est suicidé pour faire valoir ses principes. Il conduit déjà à évoquer une ambiance, une humeur qui commence
à se dessiner dans les colonies anglaises d’Amérique sur le terrain de la liberté d’expression. En 1735, dans les colonies
anglaises, dans la région de New York notamment, aura lieu un procès de presse très fameux. C’est ce qu’on appelle
Zenger Case qui opposait un patron de journal Peter Zenger, d’origine allemande, qui avait monté une entreprise de
presse et proposait des articles audacieux et critiques à l’égard du gouverneur de New York. En vertu des lois anglaises
qui valaient là-bas, le personnage public était très protégé par les lois anglaises par les lois nouvelles et anciennes
(Libel Laws), c’était très en défaveur de la liberté d’expression. Peter Zenger a fait de la prison pour ses écrits, et a
même été menacé de voir ses biens saisis. Ce faisant, est arrivé un procureur qui défendait le gouverneur de NY, le
gouverneur était accusé d’être corrompu, Zenger a fait appel à un avocat qui avait une très grande renommée et il y
eut une joute verbale très impressionnante dans ce procès qui a chamboulé l’opinion publique.

Zenger était si bon qu’il a convaincu le juge. Il a été innocenté par le jury populaire. Les Libel Laws anglaises étaient
dans certains cas excessives en particulier dans le cas où les cas évoqués de la presse malgré leur retombée sur
l’individu sont avérés véridiques. On peut tout dire si c’est vrai. Cela a fait beaucoup de bruit au sein des Amériques et
en Angleterre. Il faut bien comprendre que dans les milieux anglais et américains, l’influence théorique provient des
auteurs anglais et écossais, comme Adam Smith par exemple La Richesse des Nations¸ Smith était aussi philosophe et
a écrit Une théorie des sentiments moraux en 1759.

Sur les thèses anglaises et américaines il aura beaucoup d’écho, dans ce texte, Smith dit que c’est très important pour
nos sentiments moraux de notre regard sur soi des autres et que chacun en vérité produit son comportement moral
en imaginant sur lui un spectateur impartial. C’est cette figure intérieure qui nous fait sentir ce qui est bon ou mauvais.
Ce genre de théories suggéraient déjà que de parler en public de nos comportements, de les donner à voir, au fond
permet peut-être de conforter dans la vie intérieure des citoyens/sujets, ce travail d’élaboration d’un spectateur
impartial. Ce livre-là fut bien plus lu qu’Emmanuel Kant qui n’était pas très lu par les révolutionnaires américains. Ils
avaient lu par contre la tradition française des Lumières.

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On considère que le texte de 1784 qui explicite ce qu’est le principe de publicité est un texte essentiel pour
comprendre pourquoi la liberté d’expression, cad, la liberté de rendre public ces jugements et de les partager est
fondamental pour un peuple tout entier. C’est ici que Kant touche un point qui est la spécificité du 18e siècle que le
17e anglais. Il faut que l’État reconnaisse ses droits par rapport à l’individu. La particularité chez Kant est le pouvoir de
l’individu à trouver la force en lui-même de dépasser la tentation que suscite les idées mauvaises. Il faut renforcer la
force morale de l’individu. D’où la nécessité que ces pensées se doivent d’être publiques. C’est un argumentaire de
plus en plus soucieux de prendre en compte le point de vue du collectif et du peuple. Le propos de Kant est de dire
que oui le principe de publicité permet un progrès de la raison. Cet argumentaire Kantien fait écho au siècle des
Lumières. En particulier avec les nouveaux lieux de sociabilité.

Jurgen Habermas, 1962 : L’Espace Public. Habermas réfléchit au concept de publicité et la façon par laquelle il a pu
prononcer ses principes, mettre en lumière ses limites. Il y avait un enthousiasme pour la notion de public. Il y avait
une sociologie des espaces publics. Il se présente comme un fin et bon historien et démontre que le 19e a adoré se
rassembler et discuter avec la création des salons et les cafés. Dans ces cafés on peut lire la presse. Kant est l’héritier
de tout ça.

KANT ET LA THEORISATION DU « PRINCIPE DE PUBLICITE »


Exposé sur le texte de Kant : Qu’est-ce que les Lumières ?

Le texte montre qu’il existe des États de tutelle dont nous sommes nous-mêmes responsables. Le fait que les gens
n’entendent pas par eux-mêmes est-il un problème d’entendement ? Non, c’est un problème de courage, de volonté,
de force morale. Mais c’est également la famille qui conditionne notre pensée politique. La devise des Lumières c’est
sortir de notre zone de confort de pensée.

Kant accuse une sociologie du tutorat et que celle-ci est encore plus développée dans le monde des femmes. Les
tuteurs adorent la tutelle car ça leur donne de la domination. Le tuteur a souvent une figure bienveillante mais il a que
la figure de bienveillant. Les gens sous tutelle adorent la tutelle car il y a un confort certain à être sous tutelle. Comment
peut-on miser sur le courage des gens qui en ont si peu ?

Quand les gens arrivent à s’extirper de l’État de tutelle, ils ont beaucoup de difficulté à s’émanciper de l’État de tutelle.
Ils ont du mal à faire confiance à leur esprit, et marcher sans trébucher au niveau de la pensée. On arrive à une impasse.
Le levier que trouve Kant c’est que si on mise sur l’émancipation des individus c’est mal barré, donc, il s’adresse à
Frédéric II de Prusse qui se prétendait despote éclairé, Kant lui dit que pour aider le peuple à s’éclairer, c’est que si
quelqu’un peut prendre la parole en public, interpelle la tutelle publique, fais vaciller l’idée de la tutelle dans l’esprit
des gens, et produit des basculements de conscience. La parole publique a des effets et en produit qui n’auraient
jamais pu advenir sans elle. La situation est perdue d’avance. Il veut la liberté de la presse, la liberté d’expression.

 Le Bill of Rights de 1689 consacre :

Article 5 le droit de pétition de tous les sujets à l’égard du roi

Article 8 la liberté de parole pour tout député au sein du Parlement.

Selon Kant le fait qu’un public s’éclaire de lui-même est bien plus probable. Si le peuple devient public alors il se
passera des choses car il se trouvera des êtres pensants qui apporteront cette lumière. Certaines personnes rejetteront
publiquement cet esprit de tutelle. Si on met des tutelles partout, il y aura des révolutions. Il pense qu’il peut créer
des conditions institutionnelles beaucoup plus pacifiques, beaucoup plus profondes. Kant pour des raisons de fond va
maintenant expliquer sur ce que serait la liberté d’expression, car si la liberté d’expression provoque la révolution
alors c’est raté. La liberté d’expression peut être une manière d’être en public qui agirait comme une forme de soupape
à l’égard du pouvoir en place. Penser qu’une loi est mauvaise c’est désobéir à des choses qui nous dominent. Pour

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autant, ce n’est pas de la désobéissance en actes. On peut imaginer une forme de scène dans laquelle le public
prendrait la parole mais ça ne produirait pas des actes révolutionnaires mais ça serait même une prévention contre le
passage à l’acte révolutionnaire. La liberté de penser se teste également. L’ultime argument est que quand Frédéric
aura compris que quand le peuple pourra penser librement il deviendra un foyer de rationalité. On aboutira à un point
de vue plus rationnel. Il s’agit aussi de faire des endroits où l’on peut faire un usage public de la raison.

Raisonnez autant que vous voulez mais surtout obéissez. Kant ouvre une brèche qui sera importante pour les
républicains américains et français, qui sera de dire que la liberté d’expression n’est pas une si mauvaise idée que
lorsqu’on veut éviter la révolution.

En 1881 l’argument Kantien sera repris par l’Assemblée pour voter la liberté d’expression. Les conflits s’opèrent dans
les journaux pas dans les rues.

 Analyse du texte de Kant :

§1  Il y a des formes d’état de tutelle dont on est nous même responsable. Ce n’est pas un problème d’entendement
mais de courage / de volonté/ de force morale.

Etat de tutelle, c’est contre ça que doivent intervenir les Lumières.

§2  Les tuteurs sont encore plus développés dans l’entourage des femmes. Les tuteurs aiment la tutelle car cela leur
donnent de la domination. Le tuteur a une figure bienveillante mais en réalité il nous surveille. Il y a un confort à ne
pas trop réfléchir par soi-même

§3  Ce troisième paragraphe aggrave encore le problème. Les gens aiment l’état de tutelle et quand ils s’en libèrent,
ils ont du mal à faire les choses par eux-mêmes. Penser par soi-même est un long combat, c’est difficile. Ils sont peu
nombreux à se sortir de la tutelle et à faire fonctionner leur propre esprit. Il y a donc une impasse à ce moment dans
le texte de Kant. Le levier de Kant est que si on compte sur émancipation des individus isolement, ça ne marchera pas.
Mais il y a un autre moyen qui vient bousculer et donner du courage aux individus. C’est l’expression publique, une
personne éclairée qui va interpeller le troupeau et s’attaquer aux tuteurs, bousculant les plus sages et les moins
courageux, en créant un état d’insécurité pour les tuteurs, en les interpellant par la parole publique, cela produit des
faits importants.

Principe de publicité = la liberté d’expression en droit, c’est ce qui va bousculer les choses

§4  « Mais qu’un public s’éclaire lui-même est plus probable ». S’il n’y a que des individus qui pensent uniquement
dans le for intérieur, il n’y a pas de public. Mais si on crée un public alors quelque chose peut se passer et va se passer
car il se trouvera toujours quelques êtres pensants pour diffuser leur esprit, ils apprendront aux autres qu’il faut penser
par soi-même. Ça sera une méthode lente mais ça aboutira.

Kant est un réformiste, il n’est pas pour la révolution mais dit que celle en France a été très utile.

IMPORTANT !! : On peut penser que quelque chose n’est pas bien sans pour autant passer à une désobéissance par
acte qui est un acte révolutionnaire. Kant dit qu’on peut raisonner comme on veut et autant qu’on veut, sans limite
mais néanmoins on ne peut pas désobéir. Il faut changer par des réformes pour ne pas arriver à des révolutions qui
sont des formes extrêmes liées à manque de réformes préalables. Kant pense qu’il y a une plus-value rationnelle
collective par ce principe de publicité.

Il ne s’agit pas de penser un public n’importe comment, il faut le faire dans des espaces où l’on peut faire un usage
public de sa raison.

Kant averti Frédérique II que donner cette liberté d’expression et d’usage de sa raison est la meilleure des réformes.
A force d’empêcher la liberté d’expression, on provoque des révolutions.
9
Note sombre chez Kant, les gens ne vont pas s’émanciper tout seul. Principe de publicité, ouvrir sa rationalité au débat.
Kant est convaincu qu’on peut exiger une obéissance ferme tout en permettant aux gens de s’exprimer et d’exprimer
leurs désaccords. Position réformiste de Kant et non révolutionnaire. Il pense que la rationalité se construit
collectivement.

Il n’y a pas à conditionner l’usage public de la raison. Il pense que n’importe qui, même non éclairé peut prendre la
parole. C’est ce geste de courage qui peut marquer les moins courageux, montrer que certains osent. Il faut précéder
cet état de rationalité ou de lumières en installant d’emblée la liberté d’expression.

Confiance Kantienne dans l’idée d’usage public de la raison. Du point de vue du texte de Kant, il n’y a pas clairement
de limites, la devise de la liberté d’expression et du principe de publicité est de dire un peuple de raisonner autant
qu’il veut et sur ce qu’il veut mais il doit obéir. Ce principe est exprimé deux fois dans le texte. « Raisonnez autant que
vous voulez et sur ce que voulez mais obéissez ». Kant ne place aucune limite, tout sujet est valable. C’est énorme
pour l’époque. Le seul philosophe qui avait osé exprimer cette idée de Kant avant lui est Spinoza, dans Traité
théologico-politique, 1670, soit 114 ans avant Kant.

Néanmoins Kant pense différemment de Spinoza sauf sur la liberté d’expression qui doit être entière, totale. Kant
invite à réfléchir à une régulation qui concerne le moment. On ne peut pas dire tout et n’importe quoi n’importe
quand.

L’usage public de la raison, quand il apparait, est illimité au moment où il advient. En revanche on peut le retarder et
le programmer à un certain moment, car a d’autres moment on est en train d’obéir.

Exemple : un soldat en pleine action, on lui donne un ordre mais qu’il trouve stupide. Il est dans l’acte, il doit obéir, il
peut utiliser sa raison plus tard. Il donc restreint, mais c’est quand même un important progrès pour l’époque. Exemple
des impôts, même si on trouve ça scandaleux, on doit obéir. On paye ses impôts mais on peut dire que c’est scandaleux.
Cette double scène est le progrès de nos sociétés. Ce n’est pas la désobéissance en acte. Texte qui résume bien l’esprit
des Lumières.

LES DEUX REVOLUTIONS DEMOCRATIQUES (AMERICAINE ET FRANÇAISE) ET L’EPINEUSE QUESTION DE


LA REGULATION DE LA LIBERTE D’EXPRESSION
Lors des 2 révolutions  arrêt de la censure est certain. Est-ce que, néanmoins, la régulation par la loi à posteriori va-
t-elle demeurer ?

On va avoir 2 grandes tendances :

- Démocratie à l’américaine avec le 1er amendement rédigé par Madison en 1791 ou on dit qu’aucune loi ne
pourra être faite dans le but de limiter la liberté d’expression. Impossibilité de faire des lois qui vont limiter
les gens à posteriori.
- Démocratie à la française où on décide que la liberté d’expression, bien que fondamental, doit être limitée par
la loi dans le sens où il y a besoin d’une régulation légale et pénale. Avec la loi de juillet 1881

Exposé : Le premier amendement de la Constitution américaine

Minorités religieuses, protestantes, sont majoritaires aux USA  ils prennent leur indépendance dans les colonies,
géographiquement puis la prenne cette indépendance en droit, constitutionnellement.

Pères fondateurs des USA : nécessité d’une sauvegarde contre la tyrannie et l’arbitraire pour les générations futures
 amendements.

 Contenu de ce premier amendement  Liberté de la presse et ne jamais limiter la liberté de la presse, interdire
le droit de se réunir, droit de pétition etc.
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 Religion évoquée et indispensable  spiritualité tient une place importante aux USA : tolérance et le respect
des religions. Pères fondateurs l’ont compris, nation stable passe par système qui accepte tous les cultes. Libre
exercice de sa religion. T. Jefferson est le premier à avoir parlé de la séparation de l’Église et de l’État  il a
insisté et a dit que toute C° devait avoir des points sur lesquels même le gouvernement fédéral et le Congrès
ne pourrait revenir dessus.

 La Cour Suprême américaine, Lemon vs Leto ?  Une loi ne peut pas avoir un objectif religieux, l’Etat ne peut
pas favoriser une religion etc. Rien n’oblige un américain à prier sur la Bible, c’est une vieille coutume de plus
de deux siècles. Pour Tocqueville, l’Amérique est le modèle de la laïcité mais cela n’empêche pas que cette
société soit très religieuse.

 Liberté de la presse aux USA semble intouchable  elle a toujours eu une place centrale au sein du système
américain. La liberté de chaque individu ne pouvait exister sans une presse libre. T. Jefferson a dit « notre
liberté dépend de la liberté de la presse ». La presse aux USA est une conception maximaliste : lire les
juridictions américaines dont la plus haute vont rejeter tout système de régulation de la presse. Elle prévaut
sur tout autre considération.

 Mais limites  elle a déjà été malmenée par des gouvernements qui essayaient de la restreindre, depuis les
attentats du 11 septembre 2001 elle est limitée dans le cadre des informations confidentielles. En droit il y a
des limites mais dans les faits pas trop.

 Liberté d’expression  du POV américain : droit des gens à exprimer leurs opinions sans interférence
gouvernementale. La censure est officiellement interdite aux USA. Dans le passé, mesures gouvernementales
pour encadrer les libertés individuelles sous le couvert de l’intérêt général.

 L’application du 1er amendement  les citoyens y restent attachés. La Cour Suprême lorsqu’elle est saisie
d’un problème elle tranche toujours en faveur de la liberté d’expression. 1er amendement prévaut. Trump
peut dire absolument ce qu’il veut.

Exposé : Loi de juillet 1881

1881  socle de grandes lois promulguées par une majorité républicaine. Cette majorité avait la volonté de consolider
la République à travers certains principes. Si pas de presse libre : pas d’information libre  nécessaire à la liberté
d’expression. Cette loi permet à la presse écrite de se développer.

 Pourquoi la loi ? DDHC article 11 : « libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus
précieux de l’Homme ». Liberté de la presse et d’expression ne sont pas pour autant absolues.

Censure forte  condamnation arbitraire du Roi + censure de la part de l’Église.

 Contenu de cette loi :


o 1er chapitre : imprimerie et librairie sont libres
o 2ème chapitre : contrôle a posteriori et pas a priori publication, une personne doit être responsable de
la publication donc un certain contrôle subsiste
o 3ème chapitre : ...
o 4ème chapitre : ce qui est punit pénalement par la loi dans les publications.

C’est un contrôle pour protéger les victimes, les personnes privées, leur dignité. Interdit de publier les actes
d’accusation avant qu’ils soient lu en audition. Toute association qui défend le racisme  reverser des droits à la
partie civile. Liberté considérable à la presse mais cadre qui permet de protéger les personnes.
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 La loi depuis 1881 :
o En 1972, loi dite Pleven relative à la lutte contre le racisme, à la haine raciale.
o Loi Gayssot qui sanctionne la négation des crimes contre l’humanité.
o Lois anti-fake news intervenues en 2018  lois vont lutter contre la diffusion de fausses informations
en période électorale.

Internet : 2016  mission d’information de la commission des lois  bilan sur abus de la liberté d’expression commis
sur internet  on rappelle lors de cette commission les équilibres de la loi : régime procédural contraignant etc.

Le 1er amendement est là pour protéger les gouvernés de ceux qui nous gouvernent et non pas ceux qui gouvernent
 Pentagone Papers, Spielberg

A L’AUBE DE LA PRESSE MODERNE DE MASSE, LES MISES EN GARDE DE MARX


Expression critique de l’expression publique. Est-ce que Kant a raison de croire que la rationalité progresse de ce point
de vue-là ?

XIXème, révolution industrielle, alphabétisation de masse, on parle de nouvelles choses dans espace public avec le
télégraphe le téléphone. Dimension internationale.

La critique des médias et les scepticismes que provoquent les médias a pour ancêtre les doutes et les critiques féroces
du XIXème. Qui y-a-t-il dans l’espace médiatique ? Est-ce que c’est prometteur ?

Premier auteur critique (à part Rousseau), au 19ème est Marx, qui a lui-même lutter pour la liberté de la presse en
Prusse. Marx a un rapport complexe avec la presse, il y voit un instrument de domination sur les idées. Difficile de
savoir comment l’améliorer, on ne pense pas totalement librement, c’est la grande critique du 19ème.

Exposé : Marx et la notion d’idéologie

« Tout ce que je sais moi c’est que je suis par marxiste »  phrase prononcée par Marx à Engels pour se dédouaner
des actes des marxistes qu’ils jugent trop éloignés de ces travaux. Par ce biais il dénonce lui-même l’idée d’idéologie.

Le terme idéologie c’est Antoine de T qui va être le 1er à le prononcer et le définir à l’institution national en 1796 
« la science des pensées ». Bonaparte va reprendre cette appellation et va y ajouter le terme idéologue auquel il va
donner un ton péjoratif pour qualifier ses contestataires.

Pour Marx l’idéologie c’est un ensemble d’idées qui divisent la société en classe, l’idéologie est une construction
intellectuelle qui justifierait un ordre social existant, l’idée de la classe dominante. L’idéologie appartient à la super
structure qui découle elle-même de l’infra structure, toutes les représentations qui se trouvent dans les domaines de
la super structure ne sont donc que l’idéologie, l’idéologie est donc quasi partout.

L’idéologie est mise en place dans le but pour la classe dominante de cacher la poursuite d’intérêts matériels égoïstes
et asseoir sa domination sur le prolétariat, elle fait passer ses intérêts pour ceux de tous, c’est un semble de fausses
représentations pour légitimer exploitation des dominés.

L’idéologie repose sur 4 piliers :

- Les valeurs  responsabilité individuelle, mérite, courage : les proprios sont au-dessus grâce à ça, ils seraient
plus intelligents donc plus méritants

- La religion  organise vie quotidienne, calme colère et sentiment d’injustice des travailleurs « la religion c’est
l’opium du peuple » (Marx)

- Principes, coutumes, institutions, lois : vont venir stabiliser cette institution inégalitaire

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- Histoire : vecteur de sens pour justifier ordre des choses, domaine de la culture, fêtes nationales

Comment l’idéologie manipule-t-elle les consciences ? Paradoxal  produite par les H de façon consciente mais aussi
pleine d’illusions. La classe dominante produit autant qu’elle reçoit en son idéologie, à force d’en être entouré tout le
monde la prend, l’ingère et ne la remette pas en cause. La manipulation consciente finit par devenir un processus qui
les dépasse.

Bcp d’auteurs ont retravaillé sur la notion d’idéologie marxienne et non.

Gramsci (politologue, journaliste italien)  subdivision au sein de l’idéologie que n’a pas fait Marx, il a écarté de la
domination (coercition, violence) de l’hégémonie (idéo selon Marx plus consentement mutualisé de la société civile).
Insiste sur la dimension matérielle de l’idéologie, l’hégémonie selon lui, c’est un dépassement du champ des idées :
on la retrouve à l’école, journaux paroissiaux etc. La place du philosophe est donc intégrée au système, il remet en
question l’hégémonie ou non.

Louis Althusser (auteur d’un renouvellement de la pensée marxiste)  explique que dire que l’idéologie n’a pas
d’Histoire, c’est une position négative adoptée par Marx, la position positive qu’il donne quant à lui est qu’elle n’a pas
de début ni de fin ce qui fait qu’elle n’a pas d’Histoire. L’idéologie est éternelle

L’INVENTION DU JOURNALISME MODERNE

LA REVOLUTION DES « NEWS », DANS LA DEUXIEME MOITIE DU XIXEME SIECLE AUX ETATS-UNIS, ET
L’INVENTION DU « REPORTER »
Les démocraties occidentales sont entrées à ce moment-là dans une nouvelle période. En particulier dans le domaine
de la presse. Les évolutions techniques diverses ont profondément fait évoluer la société. On a un certain nombre
d’évolutions très concrètes, avec les agences de presse qui sont naissantes ainsi que la montée en puissance de la
figure du reporter. Ce qui naît au 19e siècle c’est une presse bon marché, populaire, que l’on peut appeler une grande
presse grâce au fait que la presse a pu coûter moins cher.

La penny press (presse à 1 sou) naît dans les années 1830. Les deux pionniers sont le New York Sun et le New York
Herald avec des tirages toujours plus importants. Cela sera suivi dans d’autres pays avec des phénomènes analogues
avec la Petit Journal (1863) en France et le Petit Parisien (1876), apparaîtra plus tard, Le Matin, qui à ce moment
essaiera d’introduire en France une presse à l’américaine qui veillera à parler du monde entier.

En Grande Bretagne, dans les années 1880 on trouvera des journaux de ce type avec The Evening News (1881) et The
Star (1888). Cette presse populaire a inventé le concept moderne d’informations : les news. Les news sont à la fois un
pluriel et un singulier (the news is).

Quant à la figure du reporter, sa naissance est un peu plus tardive (aux US : 1880 avec deux journaux des années
1880/90 qui auront des stars populaires en leur sein qui se battront sur le terrain avec des scoops dont le public adore.

Ces deux journaux sont : le New York World, repris à ce moment-là par Joseph Pulitzer et the New York Journal qui est
son concurrent direct, notamment à partir du moment où il sera racheté dans les années 1890 par Randolph Hearst
(1895). Il possède un réseau de journaux populaires dans tous les US, c’est un personnage gargantuesque, voyou et
qui a donné la personne de Citizen Kane (film important, Hearst incarne le personnage).

Partout en vérité à partir de la charnière du 19/20e siècle, le reporter est devenu la figure centrale du journalisme. Par
exemple, en France, reste à l’évidence une chevalerie et une aristocratie de la presse constituée par un journalisme
d’opinion visant à stimuler un débat d’idée. La révolution du reportage n’a pas totalement atteint la France même s’il
y eut des poussées.

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Le journal d’information qui fait des news en priorité se donne pour objectif précisément de rompre le caractère limité
des journaux d’opinion qui ont bercé les 18 et 17e siècles. Les journaux d’opinion avaient un lectorat privilégié en
fonction de leurs opinions politiques.

Le journal d’information se veut universel pour tout bord politique et ayant pour objet/tribunes des histoires qui ne
considèrent pas foncièrement la vie politique. Ils peuvent trouver du divertissement sur ces histoires. Il y a cette idée
très importante que le journal grand public doit rassembler, pour des raisons économiques car y aura une économie
capitalistique qui se dessinera autour de la vente à des personnes qui ne partagent pas tous les mêmes opinions
politiques. Cette presse grand public inventera peut-être le sensationnalisme, des motifs qui émeuvent bien les foules,
des faits divers. Cette presse grand public a créé la déontologie du métier.

Ils savaient, les grands patrons de ces journaux, qu’il fallait mettre un grand cadre car la population n’aime pas les
fausses infos. Pulitzer voulait des histoires impeccables et pas des histoires fausses. Il était extrêmement rigoureux sur
l’exactitude des informations. C’est la première fois que le journalisme a des règles.

Dans cette grande presse l’idée que l’on allait toucher plus de gens. Il y avait tout une éthique qui était de dire « si t’es
reporter on se fiche de ce que tu penses, on veut le narratif ». C’est très important car la presse du 18e/19e donnait
beaucoup d’opinions. Gérard Genette parlait de diégétique pour qualifier le récit.

Le discours c’est donner son opinion, le récit c’est factuel. Les américains en inventant le récit de presse l’ont formaté
afin de le rendre accessible à tout le monde. Il y a des règles du récit : c’est ce qu’on appelle le fait qu’un papier doit
toujours être construit de la même manière : Le Lead. C’est un exercice permanent du journaliste. Normalement c’est
en une phrase de 35 mots on doit résumer l’histoire que l’on doit raconter. Parfois, le New York Times, fait des leads
de deux phrases. On retourne à la ligne et on développe tout ce qui dans le lead (y a qui, quand, où, quoi, comment),
dans chaque paragraphe on développe un point. Ça permet à quiconque de lire le lead et de savoir de quoi le papier
traite.

Autrement dit, ce n’est pas chronologique, le récit journalistique n’est pas linéaire et déjoue même les règles de la
chronologie. Que le but de tout cela soit rassembler plus que l’ancien journal est une priorité. Rassembler tous les
corps du peuple. Beaucoup de reporters de ces années ont témoigné la pression que les editors se mettaient pour
garantir la justesse de l’information.

La première personne c’était le reporter qui allait sur place et qui identifiait les faits. Il y avait une mise en scène du
reporter, sans narcissisme. Il avait la figure du témoin ambassadeur. Cela signifie que le reporter est l’ambassadeur
donc tout le monde doit l’écouter et que le fait qu’il soit le témoin que son récit est juste, quelle que soit sa nature
politique. Quand l’editor vérifiait le constat du reporter, il lui fallait du nez, avoir le news judgement. Le NJ porte sur
ce qu’est l’information en elle-même, les détails et les éléments qui sont imbriqués dedans.

Les grands journalistes américains disaient qu’on l’a ou l’a pas. Dans un journal très intéressant du 19e siècle qui
s’intitule Mc Clure’s Magazine qui a été une écurie de grands reporters d’investigation. Il y avait Ida Tarbell, qui a fait
tout un boulot sur la Standard Oil Company. Lincoln Steffens qui parlait de la corruption dans les villes américaines.
Mc Clure les gère en disant que certains n’avaient pas les mêmes talents, Tarbell était une enquêtrice dingue mais
n’avait pas beaucoup de nose for news. Lincoln en avait énormément. Cela relève d’avoir un sens commun de ce qui
est excitant. Il y a cette idée que des sociologues de Chicago ont étudié : il faut que ça soit accurate (précis), et excitant,
en 1920 les sociologues de l’école de Chicago ont appelé ça le sens de l’intérêt humain (sense of human interest). Il
faut que ça soit croustillant et juste.

L’autre idée c’est qu’il n’y a aucune liaison avec des politiques, indépendance économique, la figure du reporter est
dans le cinéma américain est très présente (Hitchcock). Il y a aussi cette idée que ces reporters sont là pour les gens
et pas pour l’État. C’est une idée latente du contrepouvoir car même si les reporters égratignent l’image de l’État, ils
mettent les individus au courant. Quand Pulitzer cherchait des scoops, il envoyait des reporters dans des lieux un peu
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secrets. Le phénomène des Stunt Girls, le stunt journalism, stunt veut dire « tour de force ». Nellie Bly est une grande
star tellement qu’on lui a fait faire le tour du monde pour voir si elle pouvait battre le record mondial. Mais son travail
principal est qu’elle a intégré une île où y avait un asile et dans lequel des femmes sont censées être maltraitées, et
c’était le cas. Le reportage a provoqué la fermeture de l’asile. C’est l’idée d’interpeller le politique.

Dans les années 1902 Mc Clure’s Magazine est devenu un peu plus « chic ». 1904, il y eut aux US l’élection qui a mis
au pouvoir des progressistes qui voulaient faire des avancées sociales. Theodore Roosevelt est arrivé au pouvoir et
soutenait ce journalisme.

1912 : loi sur les Trust, le capitalisme est dans un moment de mise en question. T. Roosevelt, mis en cause par des
journalistes, en 1906 fait un discours dans lequel il se plaint de cette presse comme quoi elle verrait que l’aspect
négatif de la société. Il les qualifie de « muckrackers », fouilleurs de merde. Sauf que c’est devenu un compliment.
L’insolence à l’avis du pouvoir pour les gens du peuple. Ce n’est surtout pas les rumeurs, mais les faits.

Séverine est une ancienne anarchique qui a travaillé pour La Fronde, journal de femmes dans les années 1890, dirigée
par Marguerite Durand. Pendant l’affaire Dreyfus, elle a suivi le procès sur place, dans son article elle voyait Dreyfus
et parlait à la première personne. « J’y suis ». Elle est reporter et les autres sont des rhéteurs. C’’est tout un monde et
il reste une question : qu’est-ce qu’un fait ?

Exposé : Shudson, Discovering the News A social History of American Newspapers

La révolution journalistique au 19e siècle  journaux principalement financés par journaux publics et avec « penny
press révolution » ils vont tirer profit de la publicité. Avant quand les journaux étaient financés par les partis politiques
les journaux coûtaient 6 cents alors que le salaire moyen d’un ouvrier est 80 cents. Ils seront donc plus accessibles car
moins cher (1 penny). Au 19e siècle, le marché économique est en pleine effervescence, on cherche de la clientèle
donc le meilleur moyen de le faire est de faire de la publicité.

Le penny paper est né à NYC donc a très vite pris de l’ampleur, s’est diffusé dans les USA. Le premier penny paper est
le New York Cent, il va devenir un concurrent des journaux financés par les partis politiques.

L’émancipation des partis politiques donne plus de liberté de parole au sein des journaux, changement de structure
économique, politique et sociale. Il y a une rupture avec le politique. Le penny press donne également une valeur à
l’info, on allait vraiment chercher l’info, début de la professionnalisation du journalisme, dvlpt d’une compétition.

3 arguments :

- Technologique  avec la révolution industrielle bcp de mécanisation de l’imprimante donc + facile d’imprimer
journaux mais aussi dvlpt des voies ferroviaires pour transporter journaux.

- Literary  La sortie de l’analphabétisme pour la majorité de la pop a fait que bcp ont commencé à lire mais
la lecture principale restait la lecture religieuse

- Natural history  il y aurait un chemin naturel de l’histoire du journalisme : contrôle par le gouvernement,
ensuite partis politique puis émancipation grâce à la pub.

Avec la philosophie des Lumières, on a un changement dans la société  revalorisation de l’individu, chacun a les
mêmes droits : Egalitarian era. La figure du reporter émerge à la fin du 19e.

Naissance d’une rivalité entre les journaux  se rapportent à des idéaux différents : celui de l’info, de ne pas être
biaisé dans la manière de raconter les faits ainsi que l’idéal de l’histoire, le fait de vouloir raconter les faits, le
journalisme qui se rapporte au divertissement.

Shudson fait un parallèle entre les classes et les journaux :

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- Bourgeoise  journaux d’information

- Populaire  journaux de divertissement

Evocation de Joseph Pulitzer  éditeur de The World, à la fin du 19e il introduit le principe de l’espace publicitaire dans
les journaux et le sensationnalisme. C’est le concept d’auto-publicité pour Shudson, tout y compris l’actualité est un
moyen de faire de la pub que ce soit par mise en page, illustrations. Ainsi, The World fut l’un des plus consommés à
l’époque à NYC. Le succès de ces journaux s’explique aussi par l’immigration car ils sont clairs, pleins de couleurs, plus
simple à comprendre quand on ne comprend pas la langue.

OBJECTIVITE » ? LA NOTION DE « FAIT », SES ENJEUX, SES PROBLEMES


The Sun avait pour effigie « Shines for all ». Le fait brille pour tout le monde, il est profitable à tout le monde.
Aujourd’hui, l’enjeu est qu’il y a les « alt facts », on remet en question l’information. Dans notre époque
contemporaine, la confiance se détériore pour le milieu journalistique, auparavant c’était le contraire, les journaux
étaient du côté du peuple. Crise très grave du journalisme.
Affaire du massacre de Timisoara, l’union soviétique s’est ouverte (en 1989). En Roumanie (1989), une guerre civile
s’ensuit, Ceausescu le président roumain dont ses opposants disent avoir découvert un massacre effrayant lors la
découverte d’un charnier de 90 corps mutilés. Dans le monde entier, la une concernait ce charnier. Il y avait des
reporters sur place et il y en a quelques-uns qui ont dit que c’était louche et qu’il y a un souci. En réalité, les corps
avaient été sortis de la morgue et les opposants avaient fabriqué un faux massacre et ça a compromis la confiance de
la presse.
Cette ambiance au 19e, surtout en Europe avec l’antiaméricanisme, (lors de la 3e République) a suscité et a été
dénoncée par certains le plus grand des dégoûts à l’égard de ce journalisme. Émile Zola trouvait le reportage
fantastique, il était l’ami des reporters, il existe un texte des années 1890 de Zola qui mettait en garde contre la presse
américaine au travers du côté formaté. Il précisait quand même qu’il était en faveur et avec la presse.

NOUVELLES INQUIETUDES SUR CE NOUVEAU « PUBLIC » DE L’INFORMATION


Il y avait des personnages qui déversaient leur haine anti-démocratique en touchant des points mettant en lumière
que ce journalisme convenait à créer des grandes foules idéologiques. Un débat a eu lieu à la fin du 19e siècle en France
entre deux figures intellectuelles, l’une dans le rejet : Gustave le Bon et à l’opposé Tarde.
Gustave le Bon a vécu pendant une période de grande instabilité politique qui a profondément influencé son ouvrage.
Il a étudié les mathématiques et l’anatomie, de l’anthropologie. La notion de psychologie des foules est nouvelle à la
fin du 19e siècle. Il se proclame comme inventeur de cette notion. Dans son livre La Psychologie des Foules, le Bon a
eu un impact incroyable, le livre a été félicité par Mussolini quand il a été traduit.
Le Bon pose la loi de l’unité psychologique mentale des foules. Selon lui, Il n’y a pas de raisonnement individuel car il
y a l’effacement de la personnalité. Les foules sont caractérisées par une âme collective et des caractères spéciaux. Il
écrit tous les sentiments de la collectivité dans une pensée identique. Cela entraine une médiocrité intellectuelle des
foules. Il parle également des sentiments et de la moralité des foules. Ce sont ces éléments qui caractérisent le
comportement le foule. Il estime qu’elles acceptent et rejettent les idées d’un bloc. Il nuance cependant en disant que
les foules ont tout de même une moralité vertueuse.
Si elles agissent dans un but précis il n’y aura pas d’écart. Le Bon explique aussi que les foules sont très influençables
car elles sont séduites par des idées fortes et simples à comprendre, cela induit une soumission aveugle. Il faut
soumettre une idée avec beaucoup d’entrain à la foule pour que la foule développe un sentiment religieux.
Le Bon explique comment la croyance des foules se forment. Il fait une distinction entre les facteurs lointains et
immédiats.

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Lointains = plus extérieurs aux individus. Parmi ça, il y a la race, les traditions (synthèses de la race qui montrent le
poids du passé sur le présent des foules), le temps (ce qui fait évoluer les traditions), institutions politiques & sociales
(elles n’influencent pas les croyances, elles reflètent l’âme des foules), l’instruction & l’éducation (comment
l’instruction peut créer un sentiment de frustration au sein de la population, ça ne rend pas les hommes égaux qui
servira que certains hommes et que c’est juste le contenu des livres qui est appris). Critique du système latent qui est
théorique et valorisation du système britannique qui est plus professionnel.
Facteurs immédiats : images qui marquent la foule, il faut relier les mots à des images. Mise en valeur de l’art oratoire.
Faire appel aux sentiments qu’aux raisonnements des individus. Importance de jouer sur les illusions des foules.
Le Bon définit ce qui va faire un individu d’un meneur de foules : il doit être un individu vivant pour ses convictions et
qui atteindra ainsi une autorité despotique qui va mener les foules car c’est ce qu’elles demandent. Ses moyens
d’actions : affirmation, répétition, contagion ; moins elle est concise plus elle sera entendue.

Inscription de livres dans la société : classification des foules et la description de certains types de foules pour des
exemples concrets :
- Foules hétérogènes : individus quelconques qui peuvent être divisées en foules anonymes ou non anonymes
(jury)
- Sectes, castes, classes (habitudes de vie)
Il se consacre aux foules hétérogènes.
 Foules criminelles : il pense qu’il faut nuancer le caractère criminel. Le crime de la foule est suscité par leur
sentiment. L’individu qui commet un crime dans la foule c’est parce qu’il a perdu son raisonnement. Exemple
des jurés de cour d’assise, il montre que le niveau d’intellect des membres ne change rien à leur décision.

Utilisation des facteurs immédiats par les meneurs de foule en associant leur prestige pour se mettre en valeur. Ne
pas hésiter à se montrer excessif. Le Bon parle du fait d’être contre le suffrage universel car même avec un résultat
restreint il y aura la même finalité. Assemblée parlementaire : même caractéristiques que les foules. L’auteur fait une
critique de ces décisions qui vont être mauvaises et montre que les meneurs de l’assemblée vont être les souverains
et qu’il leur faut des mots pour influencer cette foule.
Exposé Tarde : l’opinion et la foule
Né en 1843 et mort en 1904 à Paris. Contexte compliqué politique. Psychologue et père fondateur de la criminologie.
Il est né dans une famille de juriste et il est devenu juge jusqu’à sa mort. Ses premiers travaux concernent la
criminologie, sa notoriété dépasse Durkheim à son époque et il est nommé à la chaire de philosophie du Collège de la
France.
Dans cette étude, l’auteur donne les clés nécessaires pour la notion d’opinion. C’est un précurseur en sociologie.
L’auteur met en garde le lecteur quant à la confusion des termes de notion de public & de foules.
Une foule c’est un lieu dans lequel on est opprimé, elle représente la multitude, les individus sont rapprochés dans un
même lieu elle crée dès lors une force autonome. Selon Le Bon, la foule possède une âme collective qui se substitue à
l’addition des âmes individuelles. Tarde pense que les foules appartiennent au passé et qu’aujourd’hui on a un public.
Pour Tarde, un public est une foule à distance. Les lecteurs d’un journal ne sont pas une foule car ils sont physiquement
séparés. Ce public se forme au travers d’Internet (aujourd’hui). Le public est une forme plus nouvelle des foules dans
lesquelles l’action est favorisée que la réflexion. La notion de public découle de l’opinion publique. L’opinion et le
public ont une relation d’échange avec l’exemple de la presse écrite (éditorialistes – opinion des lecteurs). Un lectorat
se dirigera vers un journal dans lequel les journalistes produisent des articles qui se réfèrent à leur idéologie

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CONSOMMATION DE « L’ACTU », DIVERTISSEMENT, « FAKE NEWS » ET CRISES DE LA CONFIANCE
DANS LES JOURNALISTES : DE NOUVELLES QUESTIONS ?

ROLAND BARTHES ET LA NOTION DE « MYTHE »


L’entretien de Michel Foucault explique qu’à partir du moment où il y a une multiplicité de canaux de communication
il faut arrêter d’avoir peur que le peuple soit manipulé. Le penser par soi-même n’est jamais acquis. Il développe que
les grandes inquiétudes proviennent de l’État.
L’idéologie recèle le point de vue de la classe économique dominante. La notion de mythe chez Barthes est péjorative.
C’est une domination et les mythes privent de certaines choses, d’un rapport au réel riche et complet. Le mythe
produit des pensées sensibles, homogènes qui donnent l’impression d’une évidence. Le mythe est l’expression d’une
domination pour Barthes. Ce qui est passionnant chez lui, c’est qu’il utilise des exemples cocasses et inattendus. Le
plus grand pourvoyeur de mythes selon Barthes est le journalisme et la parole médiatique au sens large. Peut-on
communiquer sans mythes ? On a besoin de ces choses rapides et efficaces pour que les gens comprennent. Peut-on
tenir un discours qui n’emprunte rien à l’idéologie ? En se moquant des mythes, on peut les détruire et on fait surgir
autre chose.
Qu’est-ce le mythe linguistiquement ? Le mythe est une parole qui institue un nouveau système de signe, tout langage
en est un. Les signes on les appelle les signifiants qui désignent des objets et ces objets sont des signifiés. Le mythe
est une parole qui s’ajoute, une nouvelle sorte de langage, qui s’appelle un système sémiologique. Ce système
sémiologique va opérer de drôles de choses avec le langage ordinaire, d’où l’appellation de meta-langage. Le mythe
prend des choses banalisées dans le langage ordinaire, l’attrape, et on le fait entendre autre chose. Chaque mot
employé n’aura plus le signifiant d’un signifié mais aura la forme d’un mythe. La rose, par exemple, sera offerte par
un jeune homme à une jeune femme. La rose symbolise l’amour et le mythe est flagrant ici, la rose est l’amour, la
passion. Le signifié, l’objet, c’est la rose. Mais elle est volée à son sens initial pour devenir un mythe : celui de l’amour.
Le mythe est surtout une construction pratique pour dire des choses complexes. Le journalisme, comme la publicité,
en a besoin et invente des mythes sans arrêt. Pourquoi est-ce grave ? C’est grave, car, pour que ça marche, le mythe
est obligé de fonctionner à partir d’idées communes de l’amour, de la réalité, ce qui nous fait explicitement ressentir
la même chose en même temps. Le mythe tue nos différences. Si le mythe résume l’amour à la rose, c’est minime et
réducteur. On nous sert ici un mythe comme s’il était disponible dans la nature et comme si les humains ne l’avaient
pas fabriqué. La chose dont on nous parle est inchangeable et on ne peut agir dessus. L’amour = rose = ça nous fait
oublier que c’est nous qui créons l’amour. Nous ne sommes pas en même temps spectateur et acteur, nous sommes
juste spectateur. Face au réel, nous sommes tantôt spectateurs, tantôt acteurs. Mais vu que dans le mythe nous
sommes installés face à ce qui nous est présenté, on est plus en tant que spectateur. Cela peut amener à une
dépolitisation. Dans ce cas, le rapport donné en spectacle mythique est un rapport dépolitisé qui donne l’impression
au contraire d’avoir une parole innocente (innocemment expliquer ce qu’est l’amour).
Le mythe restitue une image naturelle du réel, la parole innocente est une parole dépolitisée, Barthes donne l’exemple
de l’empire colonial français. Dans les couvertures des magazines qui est une idée, une image mythique : africain noir
en tenue de soldat français, cela montre une image de l’impérialité française. Le mythe nous rassemble et nous
dépolitise et nous empêche de voir nos différences. Le mythe nous fait oublier l’acteur politique qui est en nous.
Ce qui néanmoins est fascinant chez Barthes est la façon de se détacher des mythes au travers de la parole politique.
La parole créative est une parole qui nous sollicite politiquement. Peut-être la seule façon de lutter contre le mythe
est de se taire ou de se terrer dans le silence. Rimbaud, L’enfer des mots. Marx disait que les mots étaient possibles
malgré le risque d’idéologie. Barthes, continue de croire en l’écriture avec le risque mythique. Il sait très bien que
l’écriture journalistique est sujette au mythe, mais que ça pouvait être aussi un lieu de fulguration, de représentation
étonnante du présent avec des possibilités non-mythiques. Au fond, Marx connaissait les risques et l’a quand même
pris.

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Le New-Journalism (NJ) a voulu casser les frontières entre littérature et le journalisme. Pour repolitiser le réel, le
mythe, il faut en inventer un autre d’où le souffle du New-Journalism. Libération, dans les années 70 était dirigé par
Sartre avec un grand comité de direction, avait pour ambition de raconter le monde différemment (Michel Foucault
faisait partie du comité de direction). Comme Foucault le suggère, l’écriture journalistique est un enjeu. Michael Herr,
Putain de morts¸ éditions Olivier est un exemple de New-Journalism. Il est devenu fou (Herr) après la guerre du
Vietnam. Une des raisons pour lesquelles Libération a tellement influencé la presse française c’est que tout le monde
a fait du Libé. Faire du Libé c’est mettre des images, c’était un lieu important du journalisme image, ils avaient un
regard non-mythique. Libé a donc perdu sa spécificité. Les titres avec leur audace et cette certaine insolence. Tout le
monde a copié. Il y avait des pages sexuelles, sociales, de vie quotidienne, des choses incroyables dans Libé. Tout le
monde fait ça désormais. Libé s’est tari dans sa créativité car il a fait une révolution de la presse. Il y a eu une tentation
militante, c’est devenu le journal des ouvriers dont Sartre a voulu dénoncer. Il y eut aussi des problèmes avec l’extrême
gauche, comment couvrir une grève d’usine si l’on est soi-même partisan ? Sartre ne voulait aucune publicité dans son
journal. C’étaient les lecteurs qui avaient le journal.

GUY DEBORD ET LA « SOCIETE DU SPECTACLE »


Guy Debord est un individu singulier, né en 1931 à Paris dans une famille qu’il a détesté. Il est mort en 1994. Il était
gravement alcoolique et il est mort d’une des maladies que l’on appelle une polynévrite (inflammation de tous les
nerfs). Il est très fier de n’avoir fait appel à aucune institution : pas d’institution sociale, il a vécu de dons, il était
invisible dans la société. Aucune visibilité de Guy Debord dans l’hôpital. Son père est mort quand il était très jeune, il
ne pouvait pas l’approcher pendant 5 ans car il avait la tuberculose. Le nouvel amant de sa mère interdira la maison à
Guy, et Debord disait que cette situation l’a rendu libre, il ne devait rien à personne, ni à l’égard de cette société qu’il
exécrait. Il a quitté cette maison où il ne vivait pas pour se rendre à Paris, il a simulé de faire des études de droit, en
réalité, il rejoint un petit groupe d’étudiants dadaïstes qui réfléchissaient à une forme de créativité en toute liberté
avec des habitudes de vie en rupture. Ce groupe n’a jamais rien donné, ni marché dans le système, ils insultaient le
système à longueur de journée. Ils ont fondé une internationale lettriste et insultaient tous les ignorants autour.
Debord fondera l’internationale situationniste en 1957. L’une des têtes de bord de Debord était Sartre. Il a refusé le
prix Nobel. La seule chose du groupe de Debord était fière c’est d’avoir produit mai 1968, foutre le bordel. En 1971
Debord a fait paraître en 1967 la Société du Spectacle, a dissout l’Internationale Situationniste et rentre dans une
période où il est très isolé et vit une vie clandestine et refuse toute visibilité dans l’espace public. Il passe à une
approche de moins en moins conflictualiste de l’espace public pour embrasser une position de retrait. Il inspire cette
démarche de Rousseau, qui voyait de l’aliénation dans les philosophes des Lumières. Debord était anti spectaculaire,
c’est un spécialiste de Debord qui a pris cette expression, Vincent Kaufmann. Gérard Lebovici qui de 1972 à 1985 a
soutenu financièrement Debord, il fut assassiné en 1985 par un meurtrier inconnu. Debord est traqué par la presse. À
partir de 1973 il s’enfonce dans l’alcoolisme, il fait un film La Société du Spectacle. Il a condamné tous les gens qui ont
dit du bien de son livre. Il considère que ces gens ont voulu rendre son livre spectaculaire et disant que c’était une
trahison. En 1978 il produit un très long film : Nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes dévorés par le feu.
Le titre est en latin et c’est un palindrome qui peut se lire dans les deux sens « In girum imus nocte et consumimur
igni ». Son désir est de raviver ce qu’il y avait de mieux dans la révolution surréaliste. Il pensait que l’art était avoir un
mode de vie et que le situationnisme était une façon d’avoir de l’art et de la poésie dans la vie. Foutre le bordel c’est
créer des événements considérés comme de l’art et du vécu. On avait du détournement d’œuvre d’art, du plagiat, des
délires à partir d’œuvres, il y avait des dérives urbaines (se balader par groupe la nuit et produire de l’inattendu),
beaucoup de provocations et d’insultes, et si possible, l’opportunité de créer du scandale. La Société du Spectacle doit
beaucoup de choses à Marx. Il est important de comprendre l’influence de Rousseau. Il est devenu plus Rousseauiste
que Marxiste à la fin de sa vie.
Rousseau, il y a eu une guerre contre la scène, le spectacle, les arts et contre la culture, en plein 18e siècle, Rousseau
jamais reconnu par les philosophes des Lumières, complètement marginalisé a répondu à une question de l’Académie
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des arts et des sciences. Rousseau disait que les arts et la science était un vice profond et tirait les Hommes vers ce
qu’il y a de moins pur et de moins beau. C’est un texte provocateur et incroyable et qui vient structurer la pensée de
Rousseau. À force de se montrer spectateur, ils regardent la vertu sur scène, ils regardent les gens médiocres, le
spectateur en nous préfèrent les médiocres, les méchants à la vertu. Et moins que le spectacle soit purificateur
(Aristote) Rousseau dit que cela dénature notre sens moral et de l’oublier. Le spectacle, la scène et le théâtre stimule
ce qu’il y a en nous ce qu’il y a de plus mauvais.
La réflexion de Rousseau sur le spectacle se prolonge dans la Lettre à D’Alembert où il refusera la direction d’un théâtre
à Genève car c’était un outil de perdition des humains. Beaucoup ne comprennent pas la pensée de Rousseau sur le
spectacle. Rousseau (1754) Discours sur l’inégalité, la société s’est fondée sur l’inégalité et même si elle n’était pas
parfaite, ça créait de l’empathie et de la compassion. Le propos de Rousseau est de dire que la société a creusé les
inégalités et a engendré une situation permanente où certains hommes regardent d’autres hommes, une situation
particulière. La racine du mal est l’inégalité. Le fait que le spectateur soit assis dans une chaise, ça cultive son
conformisme, sa position de spectateur et ses vices. Lorsque Rousseau dénoncera le phénomène des représentants
en politique, le peuple doit légiférer lui-même et se gouverner par lui-même. Dès qu’on introduit de la représentation,
on intègre le poison dans notre société. Le problème de Rousseau est sa radicalité, Debord adorait Rousseau.
Les concepts essentiels de la Société du Spectacle est le fétichisme et la marchandise avec l’aliénation. La critique de
toute représentation. Inspiration Marxiste et Rousseauiste. Cette représentation contribue à la domestication via le
spectacle politique, médiatique et culturel. Sur le plan politique, il était contre le fait de représenter les mouvements
ouvriers, contre la théorie marxiste-léniniste faisant du parti le dirigeant de la classe ouvrière. Il pense qu’il faut être
antiparti. Il refuse toute délégation de pouvoir à un parti dit ouvrier.

Les thèses principales furent retravaillées dans un texte de Debord datant de 1988 où il écrivait des commentaires sur
la Société du Spectacle, il a montré qu’il était postmarxiste. C’est aussi texte plus Rousseauiste, il parle à la première
personne. Le spectacle est de plus en plus diffus. Il offre de moins en moins de prise à la résistance et s’érige comme
un ennemi de la société. Il note aussi que même les révoltés de la société vont dans le spectacle, notamment vers le
terrorisme. Parmi les ennemis de la société, ça montre comment ces ennemis vont chercher eux-mêmes du
spectaculaire. Show must go on. Debord aurait jubilé de voir un acteur de la téléréalité comme Trump, emblème
spectaculaire du capitalisme américain qui se retourne contre les médias. Trump est le cauchemar Debordien.

ROBERT E. PARK : LES AVANCEES DE LA SOCIOLOGIE DES PUBLICS ET LA REFLEXION SUR LES GARDE-
FOUS DU METIER DE JOURNALISME

- Histoire de la presse et évolution dans la société


Park s’intéresse à l’histoire de la presse et évoque l’importance de la lecture chez les immigrés aux US qui viendrait
favoriser l’intégration. Il évoque l’apparition des journaux au 17e siècle, ces premiers journaux parlaient des faits divers
et influençaient et créaient l’opinion publique. Il décrit ensuite les journaux de partis apparus en Angleterre avec la
rédaction de comptes rendus Parlementaire au 18e.
Des reporters parvenaient à se saisir des CR et les débats ont pu devenir accessibles au peuple. Il cite le New York
Tribune comme le sommet des journaux de partis.
Park évoque par la suite la presse indépendante qui est la forme la plus moderne qui s’est formée en réaction aux
journaux de partis. Ils se basent sur des articles courts contant des faits précis, ils ont un coût faible, la presse
indépendante a engendré la presse à sensation en utilisant le muck-racking et aussi l’apparition des Souls Sisters
introduisant le journalisme d’investigation.
Park critique et hiérarchise ces différents types de journaux.

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- Dans sa deuxième partie il développe comment ces journaux ont influencé la société.
William James : pour l’auteur cette connaissance permet d’avoir le savoir-vivre et aussi la connaissance intellectuelle
fondée sur l’observation des faits.
Pour Park l’information va conceptualiser les sciences pour permettre de les rendre accessible. Le lecteur suit le
raisonnement qui est vérifié et suit des faits réels. L’information touche des faits isolés sans associer un lien causal à
l’histoire. On peut observer que le public a un certain intérêt pour l’information. L’information se dessine autour d’une
succession d’informations et par l’avis du journaliste.
Plus l’article est court, plus il sera lu. L’information a pour but de créer un débat et de créer un consensus : l’opinion
publique. Il ne faut pas que l’information ne fasse que circuler, il faut qu’elle soit rendue publique et rendue
authentique. Il faut pour cela des sources.
Tous les événements n’intéressent pas le public. On peut observer que l’horizon de la sociologie s’est approfondi. La
sociologie de la connaissance, c’est étudier comment les différents savoirs apparaissent. L’information s’apparente à
une forme de connaissance. Ce phénomène est comparable à un public. L’information peut rassembler comme diviser
et permet aux citoyens d’avoir une opinion leur permettant d’agir par eux-mêmes.

- Comment les relations sociales définissent l’information


Le travail d’enquête c’est cette matière brute de l’information. Une information travaillée qui trouve son
raisonnement dans d’autres informations. Cette information ne peut être comprise et diffusée sans une
conceptualisation plus abstraite. Dans sa préface, Park en étudiant l’human interest story a pour qualité d’attiser
la curiosité populaire. Cet HIS est une prise en compte du schéma social de la société, c’est un moyen d’adapter
l’information à un public large. Le rôle du journaliste dans cette articulation entre l’information et l’intérêt pour le
citoyen. La valeur de l’information dépend du lectorat. Le reporter et le journaliste donnent de l’importance à
l’information. L’intérêt humain est la dimension universelle.

- Relation entre information et pouvoir de la presse


Il faut définir quelques termes que définit Park, la notion de public qui est un groupe social relationnel qui lors des
débats fournissent des avancées sociales. Il passe dans une analyse du pouvoir de la presse. Pour Park l’opinion
publique est de nature politique. C’est par l’établissement d’une opinion publique que passe l’action politique. La
presse donne l’élan à des activités politiques collectives. La presse s’établit comme le produit du public. Park
montre que la presse s’inscrit dans un contexte. Les mécontentements populaires, ils ont toujours été des outils
politiques pour augmenter l’adhésion du peuple à leur mouvement. La presse accroît son pouvoir grâce au
mécontentement du peuple. Une information a de pouvoir que si elle fait écho. La presse est un élément culturel,
elle fait partie de la culture d’une société. La presse est bien la conséquence d’un contexte, d’une culture et elle
est influencée par des phénomènes culturels. Presse comme guide du public, ce pouvoir dépend du peuple dans
son étendue. C’est un pouvoir descendant. La presse est un pouvoir politique car elle pousse à l’action politique
en mobilisant son audience avec la création d’une opinion publique. L’opinion est issue d’une confrontation
d’idées. Park fait la distinction entre information et politique éditoriale qui est vue comme le commentaire d’un
rédacteur sur une information. Cela permet de donner au rédacteur de diriger l’opinion vers un but précis. La
presse aide à entrer dans une ère de débat.

- Park, ses recherches empiriques, ont eu lieu aux US avec l’école de Chicago.
Il faut retenir le lien entre journalisme et sociologie, il questionne les formes de journalisme. Il est intéressant de se
questionner sur les idéaux de Park sur la presse d’aujourd’hui.

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Park, à la fin du 19e, était reporter et connaissait très bien les rouages de ce métier. Il a fait ses études en sciences
sociales dans le Michigan et y a rencontré John Dewey qui a eu de l’influence sur l’œuvre théorique de Park.
Au début des années 1900, Park pose des questions sur ce métier car il a un point de vue inquiet et critique sur la
profession de journaliste et décide de retourner à l’université pour étudier la notion de public et d’opinion publique.
Il pressent déjà des carences. Il fait une thèse : La foule et le public (1904 en Allemagne). Beaucoup de choses sont à
construire, c’est un des premiers théoriciens des publics de masse dévoreurs des news.

Au moment de revenir aux US il a une période d’engagement militant auprès d’associations noires américaines, il est
blanc. Il s’intéresse à la question des ghettos et de la ville. C’est une personnalité publique et engagée. Il est approché
par Albion Small lui proposant de fonder le département sociologie de l’école de Chicago, il y restera jusqu’aux années
30 (il y rentre en 1910) et apporte des réponses sur la question de la presse, de la ville et de l’espace géographique. Il
est intéressé par le public immigrant des US, de la presse immigrante (en langue étrangère ou en langue américaine).
La façon dont la presse l’acculture au pays d’accueil.

Il va affiner tout un tas de concepts car il y a beaucoup d’évolution entre sa thèse de 1904, il devient plus bienveillant
à l’égard de la presse de masse car il voit des bienfaits alors qu’au départ son jugement est dur. On parlait du yellow
journalism. Il est plus compréhensible des contraintes sur les groupes urbains sur qui on ne peut pas leur demander
de lire un journal difficile. Il propose en parallèle une approche du journaliste exigeante comprenant qu’il faut susciter
l’intérêt du lecteur (human interest). Il peut exister, un audimat qu’autre une foule.

Le commun dans le public est défini comme une conscience commune alors que dans la foule, le commun est défini
comme une poussée commune, quelque chose de plus prenant et plus affectif. Common drive. C’est plus
potentiellement fusionnel, la foule autorise moins de singularisation individuelle que le public. À cet égard, on sent
déjà chez Park, l’influence de Tarde, mais on sent l’influence du sociologue Georg Simmel philosophe-sociologue
allemand que la France a tardé à découvrir car Durkheim n’avait pas aimé les travaux de Simmel donc Simmel est parti
dans l’oubli et aussi car Simmel est très apprécié aux US dans l’école de Chicago dans une tradition sociologique que
la France a beaucoup boudé. La France s’est intéressée aux travaux de Simmel qu’à partir des années 1970.

Simmel a beaucoup stipulé qu’il existe des formes de socialisation qui sont variables et justement ces formes de
socialisation autorisent du conflit et misent sur le conflit. Une manière voire une forme de socialisation. Simmel a écrit
un très gros ouvrage sur la sociologie, Le Conflit, qui est une forme de socialisation qui marche et ayant beaucoup
d’avantage permettant de tisser du commun et octroyant à l’individu la possibilité d’exprimer sa singularité. Forme de
lien qui se tisse par le conflit, forme maligne et moderne permettant de tisser des liens entre les individus. Il faut
inventer des choses par rapport à l’individualisme montant.

Chez Simmel la modernité est très créative et permet la création de formes de socialisation très intelligentes. Le
mariage moderne, selon Simmel, va d’autant mieux qu’il engage en son sein de la conflictualité. L’entreprise moderne,
gagne en termes de création de liens, avec la création de conflits avec les syndicats et en les mettant en scène. L’aide
à se souder permet la création de liens. Pour Marx, le conflit est toujours destructeur, ce qui va à l’encontre de l’analyse
de Simmel.

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Pour Park, un public, c’est qu’il s’autorise du conflit à partir d’objets communs. Du conflit en termes de valeur alors
que l’on parle factuellement de la même chose. Plus on s’engueule sur un sujet, plus on assimile du savoir à ce sujet
et plus on interagit. À l’époque de 1904, Park est très inquiet et pense qu’il y a de bonnes raisons de craindre d’une
transformation des publics en foules. Park pense qu’il est possible qu’un public dégénère en foule. Il suffit qu’il y ait
de moins en moins de matériaux factuels et que l’affect prend de plus en plus de place pour que le public devienne
foule. L’attention collective est ciblée sur l’affect que sur le factuel.

Park, dans les années 20-30 à Chicago, en gardant ce genre d’inquiétude, sera moins dur avec la presse grand public.
Dans un texte, L’Histoire naturelle du journal, 1923, on retrouve les préoccupations parkiennes du journal (il faut qu’il
y ait du commun et de la conflictualité). Les jugements de valeurs variés exigent du matériel factuel commun. La
Gazette villageoise fixait sur le papier un certain nombre de faits objectifs. C’est ce qui permet d’en parler, en
prolongement d’un bavardage ordinaire. Park définit les faits comme des moyens pour organiser le bavardage qui est
déjà existant et renforcé par le journal.

Comment le journal peut-il garder cette capacité en s’adressant à des communautés plus larges ? La fonction du
journal se trouve plus compliquée car il n’y a pas beaucoup de bavardages spontanés entre les gens avant le journal
dans les villes. Il doit créer et non plus organiser du bavardage. Créer ce minimum de culture commune pour que l’on
puisse se parler. C’est pour cette raison qu’il est moins méchant avec le côté racoleur des news modernes. Les journaux
des grandes villes ont résolu ce problème en créant des villages par les opinions politiques. Mais le journal moderne
c’est celui qui permet de mettre en relation tous ces gens qui n’ont rien à voir à lire le même journal. Cela revient à
essayer de fabriquer du bavardage.
Charles Dana, patron du NYT, qui avait engagé Marx, « L’info c’est tout ce qui fait parler les gens ». C’est un rôle du
reporter par ses stories de faire parler les gens et d’exciter d’abord la curiosité.

Dans les années 1930, en réfléchissant à la communication dans un groupe, il reprendra l’idée selon laquelle il faut
créer du lien sinon il n’y aura aucune communication. On ne peut pas que miser sur le conflit Simmelien. Il peut
entendre que le human interest avec le côté croustillant du journalisme grand public soit nécessaire pour créer une
unité culturelle (cultural unity).
Park, une fois après avoir émis cette position bienveillante, donne une vision exigeante du journaliste. Il faut du
matériel factuel rigoureux, pour permettre d’autoriser des positions divergentes du jugement. Il faut que par le
traitement du matériel factuel fasse ouvrir les possibilités de juger. Ne pas fabriquer de la foule, mais du public.
Park considère qu’il y a plusieurs sortes de produits. Des produits qui font vraiment à fond dans le human interest
donnant un risque de foule émotionnelle, on les appelle human interest stories, ça peut être des faits divers qui
excitent les gens, du style les enlèvements d’enfants. Tout l’intérêt de Park c’est de dire qu’en même temps à l’époque
moderne, il faut du réel et du matériel factuel pertinent. Les HIS il ne faut pas les condamner car elles sont déjà des
news.

La grande distinction de Park c’est : les news (pluralité des jugements) et les human interest stories (HIS) qui sont
moins axées sur l’aspect factuel mais sont centrées sur la création d’un intérêt commun. À ce moment, à la fin des
années 30, Park écrit que les news sont une forme de savoir pour les gens d’être en situation d’être en position d’acteur
dans la société. Un matériau factuel bien expliqué permet de prendre une position. Les news seraient le paradigme du
bon journaliste. La HIS penche dans l’autre sens. Autant Park place la news du côté du savoir autant il place la HIS du
côté du folklore et de la littérature. La notion de folklore est mise en avant car à l’école de Chicago il y avait un
département d’ethnologie, Robert Redfield, qui travaillait sur la notion de folklore dans les groupes humains et

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montrait qu’il existait des folklores modernes au Mexique et que circulaient en plus des journaux avec les news,
d’autres sortes de journaux avec des HIS. Il y avait pratiquement des ballades que l’on pouvait mettre en musique, on
parle de corrido. Ce corrido est l’exemple de la littérature moderne folklorique permettant de mettre en avant cet
intérêt moderne sans mettre en avant les informations.

Park a deux concepts : la HIS et les news. Avec Helen Hughes, qui a travaillé sur les HIS et la distinction entre news. Il
a préfacé en 1940 la thèse et trouve que c’est flou. Le souci vient que les HIS apportent toujours des news et que la
frontière est floue. Ce n’est pas si simple et hermétique. Ce qui le rend plus également à l’égard des HIS. Il critique le
fait que les HIS aient de moins en moins de matériel factuel. Le HIS produit un manque de curiosité factuel. C’est ce
qu’il critique, il ne critique pas l’essence du HIS. Plus il y a de faits, plus le jugement est compliqué. La seule vraie
angoisse est de savoir s’il y aura toujours de ressources factuelles pour la curiosité. Donner quelques faits qui conduit
à l’interprétation unilatérale d’un acte provoque la création d’une foule et non d’un public. Le but n’est pas d’exciter
des émotions massives autour du réel, mais de donner du matériel factuel pour permettre un jugement sur le débat.
La complexité du réel a très peu de présence dans les échanges publics en dépit de la présence inédite des canaux de
transmission de l’information. Au lieu d’inviter des personnes à débattre, il faut donner plus de matériau à débattre.

HANNAH ARENDT : DIVERTISSEMENT ET JUGEMENT


La crise de la culture.
La culture est une notion vague qui englobe beaucoup de choses. Arendt explique que selon les époques la notion de
la culture est abordée différemment.
Elle est née en Allemagne et fait des études de philosophie. Elle est partie aux US et obtient la nationalité américaine.
Elle faisait des conférences dans des universités prestigieuses, et enseignait la science politique.
La crise de la culture est un livre publié en 1961. Cette œuvre comprend 8 exercices de pensée. Elle explique que la
crise de la culture naît de la rupture du monde moderne et de la tradition. La culture est soumise à des conditions
différentes dans la société. Arendt exprime ce qu’elle considère comme les problématiques de la culture et des
solutions.
Menaces sur la culture
- Philistinisme
Concept : c’est un rapport à la culture. On parle de philistin : adjectif péjoratif qui vient des universités allemandes
dont les étudiants étrangers étaient qualifiés de philistères : ce sont les bourgeois. Il y a une version inculte (celle du
passé, le philistin ne s’intéressait pas à la culture car dans la pratique n’était pas rentable, il ne donnait aucune valeur
matérielle à ce sujet). Cette version n’a pas le goût du beau. Il n’a pas d’influence sur le monde culturel. Ce philistin
deviendra cultivé, il voit la culture comme un moyen de s’élever socialement et met des murs entre les personnes.
Arendt considère que l’on perd totalement le sens principal de la culture au travers de ce phénomène.
- Avènement de la culture de masse
Suite à ce philistinisme bourgeois où l’individu désintègre la culture à cause de l’importance donnée. Les œuvres d’art
selon Arendt ont perdu le pouvoir de nous émouvoir et d’arrêter d’attirer notre attention. 1920 : liquidation générale
des valeurs. La culture de masse a pour héritage la destruction de la culture classique et de la tradition. La culture de
la société de masse se caractérise par l’ère où tout le monde a accès à la culture. Culture consommable. La société de
masse ne veut pas de la culture en tant que tel, elle la veut comme outil de divertissement. Arendt a donc peur que
l’art se perde dans cette masse gigantesque, à cause des conceptions utilitaristes. Le philistinisme est plus grave que
la société de masse. Elle a une vision très puriste de l’art.

- Distinction culture & art

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Arendt évoque la proximité entre l’art et la culture, les œuvres d’art sont des objets culturels par excellence.
L’importance de cette distinction repose sur la question de la culture et du domaine politique. Retour aux origines
gréco-romaines des notions d’art & de culture. L’origine romaine de la notion de culture est dans le sens premier
d’entretenir la nature, on la cultive pour la rentre propre à l’humain. En prendre soin, démarche volontaire de la
culture. Notion d’agriculture : la culture pour les romains c’est cultiver la nature. Cela s’applique à d’autres notions où
il faut entretenir d’autres choses. Le culte des dieux par exemple, dont Cicéron fera référence. La notion de culture est
opposée aux arts politiques, où l’art à Rome est de la fabrication d’œuvre d’art. Si l’art se crée c’est par la nature. Les
grecs considèrent que la notion de culture de la nature n’existe pas vraiment et l’art c’est la notion de fabrication. Les
grecs se différencient des barbares via la police et la politique et le goût qu’ils ont pour la culture.

- Culture & Politique


Selon Arendt il y a conflit fondamental entre art & politique. Défiance entre l’artiste et le politique. On tente de
persuader autrui par nos goûts. Le goût conditionne notre rapport au monde et on a tendance à s’entendre bien avec
des gens qui ont les mêmes goûts que nous. C’est dans l’espace politique que cela prend forme.

Arendt a écrit ce texte au milieu d’un recueil qui s’intitule « Between Past and Future » et c’est dans ce recueil de
1954 qu’elle fait paraitre l’article La crise de la culture. Elle voulait réfléchir avec les anciens pour penser nos problèmes
contemporains. Arendt est entrée dans une phase à partir des années 50-60 où elle travaille plusieurs questions de la
démocratie contemporaine (américaine), notamment son intérêt pour le totalitarisme.
Elle a écrit après la guerre Les Origines du Totalitarisme pour analyser l’hitlérisme et certains moments du stalinisme.
Arendt a découvert dans l’organisation totalitaire beaucoup de choses qui font qu’elle reste une référence. Mais elle
s’intéresse à ce qu’il se passe à l’individu, dont la pensée serait anesthésiée. L’individu est soumis à la terreur et à
l’idéologie, cad, un mode de raisonnement qui fait qu’à chaque fois qu’il fait qqch il doit se demander si ça colle à
l’idéologie. Arendt qualifie ce phénomène « d’absence de pensée », phénomène qu’elle décrira lors qu’elle sera
confrontée au procès d’Eichmann. A l’issue de ce procès, elle aura analysé le comportement d’Eichmann. De là, le pire
devient possible.
Eichmann était une figure importante du nazisme, après la conférence de janvier 1942 où est décidée la solution finale,
Eichmann va être responsable de l’identification, de la déportation et de l’organisation des camps avec l’élaboration
des camps d’extermination. Eichmann a donc une part très importante dans l’organisation, il est juste sous Goering. Il
échappe à la fin de la guerre à la capture et n’a pas fait partie des 24 nazis du procès de Nuremberg. Il s’est exilé en
Argentine avant d’être capturé par le Mossad en 1960. Ramené en Israël, un grand procès s’est tenu et c’est la
première fois où on a entendu des victimes de la Shoah raconter leur vécu.
Arendt, qui travaillait déjà sur la maladie du jugement terrifiant qui concerne les individus en situation totalitaire, elle
va observer la façon dont Eichmann va répondre et parler. Jamais Eichmann ne va répondre qu’il a mal jugé la situation.
Non pas, pour des raisons stratégiques de défense. Mais on sent qu’il est fabriqué pour toujours raisonner et jamais
juger. Quand il est sommé de juger, il rappelle l’ordre ou la loi ou la logique à déduire de telle ou telle loi venant de la
volonté du Führer. Personnage qui répond par la logique du système totalitaire et ne produit aucune pensée sur ses
actes. Ce phénomène se traduit par une paralysie de la chose jugée, et Arendt fait affaire à un mal moderne tout à fait
particulier, ce ne sont pas des individus sataniques qui portent une jouissance envers le mal, ce sont des individus qui
prétendent faire le bien en fonction des règles qu’ils sont censés respecter. Ils appliquent la loi sans aucune exception
et ne se mettent jamais en situation de penser la loi qu’ils reçoivent.
La banalité du mal, ce ne sont pas des individus psychotiques ou malades, mais ce sont des gens ordinaires et que le
mal est fait, de leur point de vue, banalement, comme le devoir d’un citoyen appliquant la loi. La question du jugement
est au cœur de l’article d’Arendt, et elle est fortement imprégnée par les régimes totalitaires. La question posée dans

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La Crise de la Culture est celle de savoir si dans les démocraties il y a des gardes fous qui permettent d’éviter
l’éruption d’une idéologie totalitaire.
Est-ce que les démocraties fabriquent des antidotes évitant la fabrication d’individus type Eichmann ? La réponse est
non. Arendt pense qu’il y a certains peuples qui eurent un rapport à la démocratie très vivant, stimulant en
permanence la faculté de penser et de juger et donnait l’habitude aux individus de paraître en public, d’exprimer
leur avis et de se confronter à des avis opposés et d’agir par cette parole.
Agir en démocratie, c’est aussi parler et penser en public. Arendt en 1968 définit le domaine de l’action dans lequel
l’individu s’expose en tant que personne dans un espace public. Laisser une mémoire politique c’est la question de la
gloire. Le travail aussi. L’œuvre on fait aussi des choses, mais on est dans une logique moyen-fin, pour un Grec un
artisan ou un artiste c’est la même chose, on s’immortalise par ce quoi on laisse, donc des objets. Il y a le travail, être
dans le labeur.
Œuvre = fabriquer des choses qui dureront après la mort.
Action = exige un certain exercice constant du jugement parallèle à l’action.

Arendt s’inquiète beaucoup du régime totalitaire qui anéantit le régime de l’action car personne ne peut s’exprimer
voire penser. Contrairement aux grecs, nous n’avons pas préservé ce domaine et l’habitude de mettre les individus
dans ce domaine. C’est pourtant cette habitude qui serait le meilleur garde-fou contre le domaine totalitaire. Dans
cet article, elle pose la question de l’action car les individus ne sont plus habitués à penser.

Elle reprend le phénomène de Kant qui portait sur ce qui portait sur le jugement politique, dans lequel Kant disait
qu’il était nécessaire de s’affirmer en public. Ce qui produit une dynamique que Kant qualifiait de dynamique
rationnelle en quittant les dynamiques de tutelle.
Dans l’espace public moderne, contrairement à ce que voulait Kant, le jugement n’est pas stimulé. Arendt cherche à
faire un diagnostic plus profond : si le jugement n’est pas stimulé c’est que l’action ne l’est pas et que des régimes
qui induisent une moindre réflexion sont plus propices à apparaître. Pour que le jugement politique soit stimulé, il
est très important d’exercer son jugement esthétique. Juger une situation politique c’est juger une situation où il n’y
pas de vérités, plusieurs points de vue, être capable de s’exposer à d’autres avis. Arendt pense que c’est assez proche
que lorsqu’on juge un tableau ou dans la nature.

Le jugement de goût fonctionne un peu de la même manière que le fonctionnement politique. Kant avait compris
que le jugement de goût n’était pas comme celui mathématique c’est un jugement où à l’intérieur de nous-mêmes on
discute et on met en confrontation plein de points de vue. Cette discussion intérieure ressemble beaucoup au principe
de publicité publié par Kant. Dynamique de confrontation dans le milieu politique qui ressemble beaucoup à ce qui
se passe dans le jugement artistique/esthétique. Kant parlait d’un art de penser qui va en s’élargissant. Un art de
penser qui va toujours en s’élargissant. C’est la raison pour laquelle Arendt dit dans ce texte qu’il y a qqch qui n’est
pas l’art mais qui est la culture qui intéresse le politique ; l’habitude d’un peuple à exercer un jugement sur des choses
culturelles est important car on mobilise ce même jugement en politique. Il est important pour un peuple de savoir
apprécier le beau. Il ne s’agit pas de produire, mais du spectacle de la beauté et du jugement de la beauté. Peut-être
que le statut de l’œuvre d’art dans une société est donc important. Ce qu’elle dit c’est que pour le coup ce que les
romains avaient compris c’est que les romains avaient inventé les musées, les gens pouvaient venir voir les musées
et exercer leur opinion à propos de ça.
L’agriculture c’est cultiver la terre, cultiver la nature et finalement dans les œuvres d’art c’est cultiver quelque chose
qui ne se cultive pas facilement qui est l’art de penser et l’art de juger. Et ceci est très important pour le jugement
politique.
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A partir du 19e et du 20e siècle, Arendt pense qu’il y a eu un ver dans le fruit du jugement artistique et politique car
selon elle les deux fonctionnent ensemble. Elle pense qu’on est mal barré. C’est paradoxal car les musées marchent
très fort.
Pour Arendt le jugement esthétique a connu une double crise. Cette crise, il y en a eu une au 19e et une autre au 20e.

Première maladie :
Au 19e c’est la crise du philistinisme cultivé. Les philistins c’est le peuple que combat Soisson dans la Bible, on ne sait
pas très bien pq, ils ont acquis une légende. Les philistins ce sont ceux qui sont incultes, comme les béotiens. Philistin
veut dire inculte à l’origine. Arendt désigne que les philistins sont des snobs. Des cultivés incultes. Les bourgeois ont
trouvé ça à la mode de parler de culture et d'art et sont devenus des philistins cultivés incultes (des snobs qui en latin
signifie sans noblesse).

Chez Proust, la philistine cultivée est Madame Verdurin. Le rapport à l’art dans ce qu’elle considère être le jugement
esthétique au sens de Kant est le jugement qui comporte une forme de désintéressement. Cad, Kant fait la différence
entre un jugement qui concerne une sensation matérielle qui indique l’agréabilité d’une sensation, mais ce n’est pas
le jugement esthétique. Le jugement esthétique commence là où on n’est pas intéressé matériellement par l’objet (on
n’a pas faim ou soif…). Le goût n'est pas l'art le plus simple, c'est l'art le plus matériel. Le sens le plus désintéressé est
la vision et le son. La jouissance esthétique commence, dit Kant, quand le problème de l'agréable est dépassé. On
passe dès lors à la question du beau. La question est de savoir si c'est formellement beau. On passe au problème du
goût au sens esthétique. Arendt met l’accent sur ce point. C’est cet aspect désintéressé qui fait que la possibilité du
jugement commence. S’ouvrir à la pluralité des points de vue.
Au lieu de jouir de l’art esthétiquement on jouit de l’art socialement. On utilise l’art pour frimer, le but est d’avoir les
œuvres d’art du moment, de transformer la beauté en valeur marchande au sens où elle obtient une valeur sociale
grâce à cela. Arendt dit que lorsque la culture devient des objets marchands, elles sont dévoyées, ce n’est plus du
jugement esthétique. Il y a toute une bourgeoisie qui a cessé de juger l’art esthétiquement mais économiquement. Au
fond, cette bourgeoisie utilise l’art et cela est nuisible au jugement politique.

Deuxième maladie :
La deuxième maladie est celle qui est arrivée avec la société de masse où les biens culturels sont devenus accessibles
à tous. Cela aurait dû être génial selon Kant. Arendt observe un autre dévoilement qui engage le problème de
l’intéressement. Le musée, l’expo, le concert, le roman, sont devenus des lieux « fun ». L’acte culturel dit Arendt est
devenu un loisir. Cela est un danger pour l’esthétique car on cherche la satisfaction, le fun et ce n’est pas le problème
du jugement esthétique. Ce n’est pas du snobisme, c’est autre chose. Le point commun entre les deux crises est la
recherche d’un intérêt. Dans l’un l’intérêt est social, et dans l’autre c’est la recherche du divertissement.
Les romans, quand ils sont trop longs et difficiles, on en fait des comédies musicales et on les réécrit. C’est une pratique
américaine. Ils les refont pour que ça soit plus divertissant. Arendt exprime qu’il y a le danger du consommateur. Y a
des phrases d’Arendt qui suggèrent qu’il y a le problème du bourgeois philistin et aussi celui de la société de
consommation de masse. En essayant de trouver des solutions lors du procès d’Eichmann elle trouve ces deux crises.
Arendt reprend la théorie kantienne et l’enjeu profond de ce que sont les Lumières et s’inquiète. Elle réélabore Kant
mais avec beaucoup d’inquiétude. Elle n’est pas marxiste elle travaille directement avec les concepts de Kant et avec
le problème totalitaire qui ne cesse jamais de la hanter quand elle s’empare des questions démocratiques.

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RETOUR SUR UNE EXPERIENCE DANS L’HISTOIRE DU JOURNALISME : LE COURANT DU NEW
JOURNALISM DES ANNEES 1960 ET 1970
C’est un style de journalisme adopté dans la presse écrite américaine des années 60-70 faisant appel à certaines
techniques littéraires. Tom Wolfe est à l’origine de cette appellation suite à une série d’articles publiés sous ce nom.
On a Truman, Norman Mailer et Capote. En quoi la naissance du NJ a marqué un renouveau au sein de la scène
journalistique mondiale et en particulier aux US ?
Perspective subjective, mettant l’action sur la vérité par rapport aux faits. Récit à la 1ère fois impliquant directement le
journaliste. On est plus proche du roman que du reportage. C’est de l’investigation artistique. Un journal doit être le
révélateur de la société. Une transposition littéraire est nécessaire. Les journalistes de ce courant passent des mois
sur le terrain à collecter des faits en construisent des personnages forts et très accentués. Les éditeurs de grands
magazines ont recherché des écrivains pour publier leurs travaux. Certains auteurs ont félicité les auteurs des articles
liés au NJ pour leur travail.
Engouement dans les années 60-70, il a été mis au point une manière d’écrire qui a été plus ou moins explicitée dans
l’œuvre New Journalism (1973), 24 textes introduits par Tom Wolfe qui est admirateur de Zola. Il fallait reprendre ce
qui était dit et en accentuer la réalité. Il ajoute un ton sarcastique, transcrire les dialogues en entier, adopter la
narration à la 1ère personne et l’utilisation de détails quotidiens et précis.
The Armies of the Night, Mailer, 1967, suite à la guerre du Vietnam. Volonté du NJ de sensibiliser le lecteur à
l’entourage politique. Forme d’investigation de l’auteur lors de la marche de protestation vers le Pentagone avec la
découverte d’une autre partie de la population américaine, il veut dénoncer cette guerre outrageuse. Cet ouvrage met
en lumière les procédés du NJ. Roman à la 3e personnage avec le Mailer personnage et le Mailer narrateur. Il critique
parfois son propre personnage. Le narrateur permet d’avoir la voix de l’Amérique du changement. Romantisation de
certains passages comme avec certains procédés littéraires utilisés, manque d’humanisme de l’establishment. Volonté
de créer une œuvre qui s’émancipe d’une simple dépêche journaliste avec l’objectif de toucher le lecteur. Dans la
seconde partie du roman, il rapporte des faits historiques et factuels au roman. Il offre plusieurs perspectives pour
décrire les différents états d’esprits caractérisant l’événement (hippie, étudiant, socialistes). En rendant compte de
son expérience, avec les dialogues, cela apporte une dimension autre et complexe au journalisme. Mailer ne souhaite
pas informer dans l’immédiat, il se détache du journalisme classique, et rend compte d’une complexité de son pays et
de son époque. Ce manque d’objectivité dans l’œuvre qui ne donne pas compte seulement des faits et il y a des
critiques à l’égard du parti engagé de l’auteur.
Les critiques du NJ portent sur l’aspect distinct de ce journalisme. Jimmy Breslin, Dwight MacDonald, selon qui le NJ
existait déjà mais s’est développé dans le contexte des années 60-70 avec l’essor des libertés. La seconde critique
porte sur le manque d’objectivité (D. MacDonald), l’affaire du New Yorker (1965) Wofle avait écrit une parodie fictive
et MacDonald avait répondu en qualifiant l’approche de Wolf comme para-journalisme, selon lui, le para-journaliste
semble être la collecte de faits et est une forme bâtarde en exploitant l’autorité factuelle du journaliste et la dimension
fictionnelle des romans. Et que le NJ fait mal l’un comme l’autre. Les journalistes peuvent être tentés de s’écarter des
faits en fabriquant des personnages complexes, des détails narratifs, et donc de se dévier de la fonction de journaliste.
La notion de personnage composite est vivement contestée.
On en vient à l’interrogation : existe-t-il un seul NJ ? Ce mouvement n’a-t-il pas des frontières floues venant à
confondre la réalité des faits et l’interprétation du lecteur ?
L’héritage du NJ, à travers les années 90-2000 et ce qu’il en reste ajd. Le New New Journalism créé par Robert S.
Boynton dans The New New Journalism. Il décrit l’arrivée d’un néo new-journalism, qui souhaite se coller davantage
aux trajectoires humaines et collectives. S’immerger dans la vie des personnages. Dimension plus activiste que la
théorie de Wolf. Synthèse du NJ et des préoccupations sociales du 19e siècle. La critique porte aussi sur l’objectivité
de ce journalisme. Parallèle avec des médias comme Vice, qui au travers d’une vulgarité mesurée, donnent naissance
à une nouvelle forme de journalisme.

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LES TENTATIVES DU PUBLIC JOURNALISM DANS LES ANNEES 1990-2000 : QUEL BILAN ?
Il naît dans les années 90 aux US il cherche à impliquer les citoyens dans l’actualité pour que les citoyens puissent
influencer les acteurs politiques et donner la possibilité aux citoyens de mieux comprendre les enjeux d’actualité, de
faire vivre le débat public et de participer à la prise de décision. Rapprochement entre le journalisme et les citoyens.
Le citoyen n’est plus spectateur. Le journalisme traditionnel s’oppose à cette vision. Années 80 = baisse de la
participation aux élections, divers événements ont contribué à décrédibiliser la vision journaliste, la responsabilité des
journalistes par rapport à cette baisse du taux de participation est engagée. Le public journalism est naît en réponse à
ce phénomène.
Le journalisme comme chien de garde de la démocratie est une vision considérée aux US. Les origines du PJ, c’est un
mouvement journalistique qui repose sur trois événements : l’invention des coupons (fin du 19e), la présidence de
Nixon et les élections de 1988. Les premières expériences de civic journalism remontent aux années 1890. Vision de
la presse et du public très spécifique. Le rôle du journaliste est de favoriser la probabilité de faire exister un public. Le
journaliste doit dépasser son rôle de simplement relayer l’information. C’est sur ce constat, que de nombreux journaux
aux US ont commencé à expérimenter vers la fin du 19e, la distribution de coupons dans les journaux (des bulletins de
votes ou des lettres prépayées que le public pouvait saisir pour répondre à une question posée par le journal). Le but
était de créer un dialogue entre les lecteurs.
Influence de la présidence de Nixon dans l’émergence du PJ (années 69-74 caractérisées par les affaires du Pentagon
Papers & Watergate). James Carry, The Idea of Journalism, le Watergate était le début de l’appartenance du
journalisme par le pouvoir, le journalisme avait perdu son rôle de représentant du peuple. L’élection présidentielle de
88, James Carry décrit la situation dans laquelle se trouve la démocratie américaine de l’époque, il y avait un dégoût à
l’égard des médias amenant à un record d’abstention. Le PJ porte pour ambition de redynamiser l’intérêt des citoyens
à l’égard du spectacle politique, en renouant avec son indépendance financière.
Le public se désintègre. Remise en cause profonde du métier de journaliste. La solution est de se tourner vers la
démocratie, se questionner sur la notion de citoyen et de communauté. Ils veillent à ce que les individus aient des
informations nécessaires pour se prêter à l’action. Plus le capital social augmente plus la vie publique est riche. Il part
de l’écoute citoyenne pour arriver à une vie publique plus saine. Le journal se voit comme un déclencheur de
conversation dans la société.
Les critiques à l’égard de ce type de journal, la première critique se dresse sur le volet économique. Le PJ se présente
comme une réforme du journalisme et émerge dans un contexte du déclin du lectorat de la presse. Pour certains, le
PJ est une sorte de stratégie marketing des industries de presse pour obtenir des parts de marché. Les idées du PJ ne
sont pas nouvelles, la proximité entre les citoyens et le journaliste n’est pas inédit. Si les journalistes avaient fait leur
boulot correctement il n’y aurait pas besoin de ça. Ryder avance que les journalistes vont plus loin que leur rôle initial
dans le PJ, les journalistes n’ont pas à amener des solutions à la société, alors que c’est censé relever du rôle des élus.
Les journalistes tiennent compte des préoccupations citoyennes conduisant au risque que d’autres informations
importantes seraient délaissées. L’idée que les journalistes doivent rendre des nouvelles et pas proposer des solutions.
Le principal pb du PJ est qu’il n’a pas su tenir compte de la communauté existante des journalistes aux US, le challenge
à relever serait de l’adapter et de l’installer dans la communauté pour établir des liens avec les autres journaux. Le
challenge d’échelle et de dialogue qui se traduit que la représentation en démocratie soit nécessaire, le PJ voudrait
faire participer tout le monde alors que tout le monde n’est pas en mesure de le faire.
Le PJ avait pour objet de tisser des liens au niveau local mais aujourd’hui cette vision du journalisme prend part dans
des nombreuses industries de presse. Plus que 65% des chefs de rédaction considèrent comme acquise la part du PJ
dans leurs journaux. Ce PJ s’est imposé comme alternative à la dimension plus traditionnelle du journalisme. Volonté
qui émerge de renouer le lien avec les lecteurs et la nécessaire interactivité entre les journalistes et les lecteurs. Le
déclin de la presse écrite s’expliquerait par cette mauvaise interaction. Cela passe notamment par les réseaux sociaux
et les médias. Les principales techniques utilisées par le PJ sont mises en avant et maîtrisées par les journalistes

29
(sondages locaux…). Mais les journaux risquent de se faire dicter leurs sujets et en devenant acteurs ils peuvent devenir
plus tant objectifs que ça.

TABLE DES MATIERES

L’invention de la notion moderne de « public » et le problème de la spectacularisation de la vie publique .............. 1


L’exemple de l’Athènes antique – Vème siècle AC .................................................................................................... 1
L’Angleterre du 17ème siècle et l’enjeu de la liberté d’expression ............................................................................. 3
L’Angleterre du XVIIème siècle et l’enjeu de la liberté d’expression ........................................................................ 5
Les Lumières et l’idée du « public » ........................................................................................................................... 6
Kant et la théorisation du « principe de publicité » .................................................................................................. 8
Les deux révolutions démocratiques (américaine et française) et l’épineuse question de la régulation de la
liberté d’expression ................................................................................................................................................. 10
A l’aube de la presse moderne de masse, les mises en garde de Marx .................................................................. 12
L’invention du journalisme moderne .......................................................................................................................... 13
La révolution des « news », dans la deuxième moitié du XIXème siècle aux Etats-Unis, et l’invention du
« reporter ».............................................................................................................................................................. 13
Objectivité » ? La notion de « fait », ses enjeux, ses problèmes ............................................................................. 16
Nouvelles inquiétudes sur ce nouveau « public » de l’information ........................................................................ 16
Consommation de « l’actu », divertissement, « fake news » et crises de la confiance dans les journalistes : de
nouvelles questions ? .................................................................................................................................................. 18
Roland Barthes et la notion de « mythe » ............................................................................................................... 18
Guy Debord et la « société du spectacle » .............................................................................................................. 19
Robert E. Park : les avancées de la sociologie des publics et la réflexion sur les garde-fous du métier de
journalisme .............................................................................................................................................................. 20
Hannah Arendt : divertissement et jugement ......................................................................................................... 24
Retour sur une expérience dans l’histoire du journalisme : le courant du New Journalism des années 1960 et
1970 ......................................................................................................................................................................... 28
Les tentatives du Public Journalism dans les années 1990-2000 : quel bilan ?....................................................... 29

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