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La société d'Ancien Régime désigne le mode d'organisation sociale qui a prévalu
dans le royaume de France de la fin du XVI siècle à la fin du XVIII siècle. L'Ancien
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la fláith formée par l'aristocratie militaire et les bó-airig, hommes libres pour le
travail)4. Il est repris par les moines Haymon5 et Heiric d'Auxerre6 au IX siècle et par
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Loyseau apporte une définition juridique des trois ordres. Il écrit un Traité des ordres
et simples dignités en 1610 dans lequel il décrit la séparation des trois ordres qu'il
nomme aussi « états », tout en insistant sur l'obéissance due au roi. Il observe que
chaque ordre est subdivisé en catégories plus précises.
Cette construction idéologique (une classe dominante, les bellatores qui exercent le
pouvoir et les oratores qui légitiment ce pouvoir, et une classe dominée,
les laboratores), décrite en détail par l'historien Georges Duby, qui reconnaît sa dette
envers la théorie marxiste du matérialisme historique althussérien8, est revisitée par
l'historien Mathieu Arnoux, qui évoque la fierté paysanne d'offrir librement son travail
en échange de garanties assurant des moyens élémentaires d'existence (mise en
place de marchés agricoles, service du moulin banal, dîme utilisée comme
instrument de redistribution et d'assistance)9. Le laboureur, par l'accroissement et
l'intensification de son travail, devient un héros, à l'instar de Pierre le laboureur et
d'Adam, jardinier du paradis et premier des laboureurs10.
Une société catholique[modifier | modifier le code]
Le catholicisme est la religion de la Couronne. Le protestant Henri de Navarre, bien
qu'héritier légitime du trône, dut se convertir pour être sans contestation roi de
France. Lors de son sacre le roi jure de défendre l'Église catholique, mais aussi
d'extirper l'hérésie de son royaume.
Avec la famille, la paroisse est le cadre de base de la vie religieuse mais aussi civile.
La très grande majorité des Français sont guidés de la naissance (avec le baptême)
à la mort (avec l'extrême-onction) par les préceptes de l'Église catholique romaine.
Le prêtre catholique est un des rouages de la vie de la communauté villageoise ou
de quartier. Il distribue les sacrements, mais il est aussi le conseiller dans les affaires
privées et le directeur de conscience. Chaque corps de la société a son saint patron.
La vie collective est rythmée par les fêtes religieuses catholiques.
Le culte protestant, dont l’existence est vivement contestée par une partie influente
de l’opinion catholique, est finalement autorisé mais de manière restreinte par l’Édit
de Nantes en 1598. Le culte catholique, rétabli par la force là où il était devenu
impraticable, connaît un nouvel élan dans le cadre de la Contre-Réforme. Ce
mouvement encourage Louis XIV à interdire en 1685 le culte protestant, au prix
d’une émigration vers les États protestants. Quant aux juifs, ils sont interdits de
séjour dans une grande partie des royaumes chrétiens.
Les trois ordres de la société[modifier | modifier le code]
Le clergé[modifier | modifier le code]
Le clergé est le premier ordre dans la hiérarchie sociale de l'époque moderne. Le
clergé tient des assemblées générales et dispose de ses propres tribunaux ; les
officialités. Il perçoit en principe l'impôt des dîmes correspondant au dixième des
récoltes et aux prémices. En réalité, l'essentiel de ses ressources vient de la rente
foncière.
Les clercs sont exemptés de taille et de service militaire, mais restent soumis à
certains impôts comme la régale ou la décime. Le clergé est chargé, en plus du
culte, de l'état civil, de l'organisation des fêtes (religieuses), de l'instruction publique,
tant au niveau des petites écoles que des universités ; il est aussi chargé de toutes
les fonctions d'assistance sociale et médicale, créant et entretenant les hôpitaux,
hospices et orphelinats.
le versement
o au seigneur
du cens, au titre de l'exploitation des terres
des banalités, au titre de l'utilisation des moulin, four et pressoir
du champart
o au clergé de la dîme
o au roi
de la taille sur les revenus ou les biens fonciers
de la gabelle sur le sel
les corvées au service tant du seigneur que du roi
le service dans la Milice créée par Louis XIV
Parmi les citadins figurent des commerçants et artisans qui travaillent dans leurs
boutiques et ateliers et appartiennent à une corporation. En ville vivent également de
nombreux ouvriers et domestiques.
Le terme Tiers État ne deviendra courant qu'à partir de la Révolution française de
1789. Bien que la population paysanne constitue 80 % de la population française, il
n'y aura pas de paysans dans les assemblées, aussi bien lors de la Convocation des
États Généraux le 5 mai 1789 que pendant le reste de la Révolution. Le Tiers État
sera quasiment exclusivement représenté par des bourgeois instruits, possédant des
emplois de judicature, des entreprises de négoce et de banque ou des offices de
finance. Les élections aux États Généraux se font par circonscription, avec une voix
par chef de famille (en 1789, les élections aux États généraux se sont faites avec
une participation massive de la population). La première assemblée de 1791 sera
élue au suffrage censitaire ; la Convention nationale de 1792, élue au suffrage
universel.
« Qu’est-ce que le tiers état ? Tout. Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre
politique ? Rien. Que demande-t-il ? À être quelque chose. »
— Emmanuel Joseph Sieyès
Fonctionnement de la société d'Ancien
Régime[modifier | modifier le code]
Organisation[modifier | modifier le code]
Les autorités[modifier | modifier le code]
La royauté[modifier | modifier le code]
Le roi gouverne assisté par son Conseil. Progressivement, à partir de Philippe le Bel
et de son fils Philippe le Long, le Conseil a connu une double évolution. D'une part, il
a donné naissance à des organes plus spécialisés ; d'autre part, les grands
seigneurs ont été évincés au profit d'un personnel plus professionnel. Les charges de
conseiller sont vénales, mais le roi choisit les titulaires des fonctions importantes.
Article détaillé : Royaume de France.
Le chancelier appose le sceau royal sur les actes : il représente la justice éternelle.
Le contrôleur général des finances gère les revenus et les dépenses. Le rôle des
quatre secrétaires d'État (dévolus à la marine, à la guerre, aux affaires étrangères et
à maison du roi) évolue de celui de greffier vers celui de ministre.
L’autorité royale est appliquée en province par 33 intendants dans les généralités.
L’intendant est aussi un précieux moyen d’information pour le pouvoir central. Il
intervient dans la répartition du principal impôt direct, la taille. Treize cours des
comptes sont vouées à vérifier les comptes des agents de l'État et à préserver le
patrimoine royal.
Douze cours des aides rendent justice en dernière instance en matière fiscale. La
taille est prélevée selon les provinces par des officiers titulaires de leur charge,
faussement appelés « élus », ou les États provinciaux, assemblées de notables.
Article détaillé : états provinciaux (Ancien Régime).
La perception des impôts indirects est assurée par le système du fermage : un
groupe de financiers avance la somme globale au roi puis organise lui-même la
perception de la taxe, avec profit. Le principal impôt indirect est la gabelle sur le sel.
Le système judiciaire[modifier | modifier le code]
Les individus et les groupes socio-économiques ont des relations réglementées par
des coutumes multiséculaires qui forment en fait le droit privé. Ces coutumes sont
différentes selon les régions : ainsi le système d'héritage n'est pas le même en
Normandie et dans le Languedoc. Elles sont aussi différentes selon les groupes
sociaux : la noblesse et le tiers état bien souvent n'ont pas les mêmes règles en
matière de successions. Par contre, le sud du royaume est soumis au Code de
Justinien qui perpétue le droit romain.
La justice courante est rendue tout d'abord par bailliages puis par présidiaux. Dix-huit
cours souveraines de justice, dont quatorze parlements, jugent en dernière instance.
Le ressort du Parlement de Paris est le plus vaste, mais ne couvre qu'une partie du
territoire : le cœur historique du domaine royal (Anjou, Auvergne, Berry, Champagne,
Île-de-France, Orléanais, Picardie, Poitou et Touraine), dont certaines provinces
confiées un temps à des princes apanagistes. Les parlementaires sont propriétaires
de leur charge, qu’ils ont achetée. Leur intégrité est souvent mise en cause, ce qui
ne les empêche pas de se poser vis-à-vis du pouvoir royal comme les défenseurs
des droits et libertés publiques.
Articles détaillés : Parlements, Justice du Royaume de France.
Les communautés[modifier | modifier le code]
Les villes[modifier | modifier le code]
Le développement des échanges au Moyen Âge et la nécessité d’assurer la sécurité
des villes pendant la guerre de Cent Ans ont favorisé l'émergence d'autorités
municipales, les échevinages.
Les grandes villes sont d'abord des centres administratifs, comme Rouen, la capitale
historique de la Normandie, ce qui attire les hommes de loi. De ce point de vue, la
carte judiciaire de la France moderne reflète encore les ères d'influence urbaine de
l'Ancien Régime. Des villes comme Angers, Chambéry, Bourges et Grenoble sont
encore le siège d'une cour d'appel dont le ressort correspond à l'ancienne province
qu'elles administraient, aujourd'hui disparue : Anjou, Savoie, Berry et Dauphiné.
Les grandes villes sont aussi des centres économiques. Les métiers sont organisées
dans chaque ville en corporations qui peuvent être des communautés jurées (sous
serment) ou réglées (soumises à un règlement). Des privilèges royaux leur sont
accordés par lettre patente. Avec l'objectif affiché d'assurer la qualité des productions
ainsi que la juste rémunération de ses membres, chaque corporation contrôle l'accès
au métier, qu'elle défend par ailleurs contre les concurrences jugées déloyales. Les
corporations seront supprimées par le décret d'Allarde des 2 et 17 mars 1791,
confirmé par la loi Le Chapelier du 14 juin 1791.
Article détaillé : Corporation (Ancien Régime).
Certaines villes ont développé des échanges à grande échelle, comme Lyon au
confluent de la Saône et du Rhône, La Rochelle sur l’Atlantique ou Marseille sur la
Méditerranée. Nantes et Bordeaux prospèrent grâce au commerce avec les Antilles.
La prospérité de Bordeaux transparaît dans le nouvel urbanisme de la ville préservé
jusqu'à aujourd'hui. La bourgeoisie bordelaise s'initie à la philosophie des Lumières,
à la suite de Montesquieu et notamment dans la Franc-maçonnerie. Elle participera
activement à la Révolution française, donnant son nom à un mouvement politique,
les Girondins.
Le développement de villes concurrentes, Nantes et Rennes en
Bretagne, Montpellier et Toulouse en Languedoc, donnera lieu au vingtième siècle à
la création de nouvelles régions autour de chacune de ces villes devenues des
grandes métropoles.
Les villages[modifier | modifier le code]
Les paysans, qui constituent la très grande majorité de la population, ont rarement
affaire à l’autorité royale. Le curé annonce les nouvelles officielles et tient l’état civil.
Le seigneur rend la justice. L’assemblée des principaux propriétaires répartit l’impôt
et recrute le maître d’école.
Concernant le recouvrement de la taille, l'assemblée du village désigne tous les ans
des personnes qui ont la charge de collecter le montant de l'impôt dû par la
communauté. Cette responsabilité est redoutée, car les personnes désignées
risquent non seulement de s'attirer des inimitiés lors de la répartition de l'impôt mais
également d'avoir à avancer les sommes impayées, sous la menace de sanctions qui
peuvent aller jusqu'à l'emprisonnement.
Les laboureurs possèdent des terres, l'équipement pour les exploiter et un cheptel.
Les manouvriers sans biens louent leurs bras ou pratiquent une activité artisanale.
La principale activité manufacturière est à l'époque la confection de textiles, qui est
bien souvent disséminée dans les campagnes, organisée par des entrepreneurs qui,
en amont, fournissent la matière première et, en aval, assurent la finition en ville et la
commercialisation.
Dynamiques[modifier | modifier le code]
Les mobilités et les relations sociales[modifier | modifier le code]