DE LA SANTÉ A LA PAIX
SOMMAIRE :
Institut de Philosophie et des Sciences _d'Extrême-Orient - f 0 bis, rue lamartine, Paris 9'
CONFÉRENCES DU
CENTRE IGNORAMUS
Mois d'Avril 1961
AU RESTAURANT « LONGUE-VIE »
Le s1ege du
CENTRE INTERNATIONAL IGNORAMUS
est dêfinivement installé :
10 bis, RUE LAMARTINE - PARIS (9e) - TÉUPHONE : TRU 0A1NE 74-7 8
Inauguration imminente VENTE D'OBJETS D'ART .JAPONAIS
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Nous sommes très honteux d'avoir été comblés en Extrême-Orient,
d'avoir reçu énormément et de n 'avoir, en échange, qu'à vous apporter
notre Philosophie avec son Principe Unique : petite offrande modeste
et, sans doute, démodée depuis plusieurs milliers d'années.
Elle est une << Weltanschauung >>, une dialectique, une logique uni-
verselle, paradoxale et contradictoire: Mais elle est surt<;mt un équiva-
lent métaphysique des bombes atomiques, et elle est miraculeuse.
L'Acupuncture n'est qu'un instrument parmi des milliers d'instru-
ments de la médecine << plusieurs fois millénaire ». Celle-ci étant une
application biologique, physiologique et logique du. Principe Unique de
toute philosophie et de toute science d'Extrêm c-Onent, vous ne la com-
prendrez jamais sans avoir étudié d'abord sa bas~ t~1éorique - ~a
Philosophie du Principe Unique Yin-Yang - et pratique pendant trms
ans au moins, la macrobiotique, base de notre existence physiologique.
Voilà pourquoi, il y a plus de 35 ans, je n'ai pas commencé d'in-
troduire la médecine macrobiotique, l'acupunclurc, le judo, l'art d'ar- .
ranger les fleurs, le bouddhisme, la technique elu yoga, le symbolisme,
la cérémonie du thé, le B:msai, le Bonkei, Ia méthode japonaise agri-
cole, etc ...
Si j'ai traité l'une ou l'autre de ces techn iques, d'ailleurs très super-
ficiellement, c'était seulement pour acquérir J'argent strictement néces-
saire pour vivre, selon la << Macrobiotique », la vie la plus simple.
Chose curieuse et amusante, tous les livres plus ou moins sérieux
ou officieux publiés en Occident sur ces techniques, sont le reflet de
m es propres écrits ou complètement étnmgcrs il la philosophie Yin-
Yang, leurs auteurs étant incapables d 'assimil e!- cette philosophie. Et
lorsqu'ils traitent de la médecine ct de l'Acupun cture, on y trouve le
Principe Unique Yin-Yang, copie servile de mon premier livre en f ran-
çais, ct le texte est émaillé quelquefois d'cnTurs puériles ct déconce:r-
tantes. Cela vie:1t de ce que personne ne s'in t(rcssc à l'étude de la
Philosophie d'Extrême-Orient qui. p eut-être pour les Occidentaux en
particulier, ne peut se poursuivre ni d'une manil:rc approfondie, ni en
toute indépend ance .
En toute modestie, en dehors de mon ouvrage, .ic ne connais, en
Extrême-Orient, aucun livre qui trai tc cette Phi ltJsophic dialectique et
par2.d::>xale, plusieurs fois miliénaire. En réalilé, celte philosophie fait
partie de la vie mt:'m c, de la vie quoli dicnnc des E xtrC,me-Orientaux,
~lie est l'atmosphère clans laquelle ils nai;>scn t, vivent et meurent.
C'est elle qui a créé toute la civilisation de l'Ex lrêmc-Orien t, y compris
les cinq grandes r eligions et toute la tech nique.
Les Occidentaux qui paraissent ne p<~ s oi m cr beaucoup la Philosc-
phie d'Extrême-Or ient, paradoxale et contradictoire, ont transformé ou
déformé les applications de cette philosophie en les b<'.ptisant, par déri-
sion : << chinoiseries ». C'est ainsi que le Judo est considéré comme
un sport, le Bouddhisme ·comme u ne ph ilosophie pessimiste et néga-
tive, le Zen comme une plaisanterie et l'Acupuncture comme une mode
ou une curiosité. Sans compter le thé, transformé en boisson cancéri-
gène par le lait et Ie sucre.
Voi!à pourquoi, il y a 30 ans, j'ai cessé brusquement de parler de la
<< Médecine chinoise et l'Acupuncture », tandis que M. Soulié de
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Morant continuait à propager courageusement cette théorie, ou plutôt
cette technique. Son succès, éclatant et formidable, ne put cependant
pas être complet parce que ce grand ami, comme beaucoup d'Occiden-
taux, ne s 'intéressait pas à l'étude proprement dite de la Philosophie
d'Extrême-Orient. Voilà pourquoi l'Acupuncture occidentale représente
une << mode » et ressemble à une fleur éphémère.
Si vous voulez sortir de cette impasse, je vous recommande, au
préalable, l'étude théorique de l'Acupuncture et, parallèlement, la pra-
tique de la << Macrobiotique » qui est la base de toute médecine d'Ex-
t rême-Orient.
J'ajoute, en outre, que l'usage de l'Acupuncture serait inefficace,
sinon nuisible, si, pratique et compréhension de la dialeciique para-
doxale et de la « Macrobiotique » n'étaient étroitement associées.
Cet exposé, intitulé << l'Acupuncture pratique et macrobiotique »,
vous préscnle une méthode tout à fait nouvelle. Je ne l'avais pas encore
traité en japonais. Il est destiné uniquement à nos amis macrobio-
tiqu es occidentaux. Il existe, au Japon et en Chine, des milliers de
livres d'Acupuncture qui sont totalement étrangers à l'Acupuncture
pratiq ue macrobiotique et à la Philosophie dialectique et paradoxale.
D::ms cet exposé je n'ai pas traité à fond la théorie de la Médecine
ct de l'Acupuncture d'Extrême-Orient, mais seulement la pratique la
plus simplifiée pour nos amis occidentaux.
Il y aurait beaucoup de choses à écrire, surtout sur le mécanisme
de la guérison, l'origine embryologl.que des 14 systèmes de << Ki », dont
12 se trouvent, par paires, sur les deux côtés du corps, et 2 au milieu
de la face et du clos du corps, chacun portant plus de 20 points d'Acu-
punclurc (chaque point ayant plusieurs noms différents : plus de
2.400 en lout), etc. Comment les découvrit-on, il y a plusieurs milliers
d'années ? La découve rte de chaque point a une histoire sensation-
nelle : puissé-j c avoir Je lemps d'en conter quelques-unes !
J'espère qu e vous éluclicrcz avec acharnement l'Acupuncture, sa
Philosophie à tous les niveaux de la vie quotidienne et la Médecine
Macrobiotique et Culinaire pour devenir votre propre Médecin-Créateur
qui conduira le Monde de la Santé à la Paix.
G. OHSAWA.
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Léon TOLSTOI,
un grand lien entre
l'Orient et l'Occident
Il y a cinquante ans mourait Léon To]stoï qui fut le plus grand
romancier du monde. L'auteur de Guerre et Paix avait des amis et des
admirateLtrs dans tous les pays et il était un épistolier infatigable.
Les 50.000 lettres venant de nations différcn tes que comptent ses
archives sont le témoignage de sa popularité, aujourd'hui ses livres
ont été publiés à 95 millions d'exemplaires imprim és en 82 langues.
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Konisi traduisit La Sonate à Kreutzer, Maître et Serviteur et d'autres
œuvres de Léon Tolstoï.
En 1896, un autre Japonais connu, l'éditeur Ijiro Tokutomi (pseu-
donyme : Soho) se rendit à son tour à Iasnaïa Poliana. Il fut cordia-
lement reçu par Tolstoï, avec qui il eut de nombreux entretiens rela-
tés avec chaleur dans les publications de l'éditeur japonais : « La
Gazette populaire » et la revue « L'Ami du peuple ». C'est là que
parurent également des traductions d'œuvres littéraires et d'articles de
Tolstoï.
La bienveillance du grand écrivain russe, homme d'un abord facile,
encouragea d'autres personnalités culturelles japonaises à entrer en
contact avec lui. Le nombre des Japonais qui écrivaient à Tolstoï et
qui venaient lui rendre visite augmentait d'année en année. En même
temps grandissait la popularité de l'écrivain russe au Japon.
Une éclatante expression de l'intérêt que Tolstoï porta à la culture
japonaise, fut son amitié avec l'éminent prosateur et romancier Toku-
tomi Roka, qui passa en 1906 cinq inoubliables journées à Iasnaïa
Poliana et qui, de retour au Japon, fut un adepte convaincu des idées
humanitaires du grand écrivain russe et le demeura jusqu'à la fin de
sa longue et édifiante vie.
Toute la littérature japonaise du début du xx• siècle subit l'in-
fluence de Tolstoï. Selon l'opinion du critique Naosi Kato, les pensées
de Tolstoï pénétraient chaque repli de l'esprit japonais et telles de la
poudre dissimulée dans les fissures des rochers explosaient avec une
force qui ébranlait jusqu'en leurs fondements toutes les théories et
principes existants. C'était presque une révolution.
Tolstoï resta en relation avec les personnalités culturelles japo-
naises jusqu'à la fin de ses jours.
Encore plus solides étaient les liens d'amitié qui attachaient l'écri-
vain à l'Inde. Alors que Je monde intéricut- des Japonais, qui, de l'avis
de Tolstoï, s'étaicn t si rap idcmcnl assim ilés certains mauvais côtés de
la civilisation occidentale, n e lui était pas parfaitement clair les con-
ceptions morales des Indien s, leur haute conception de la mis;ion spiri-
tuelle de l'homme, leur att:achemen t au perfectionnement moral leur
négation traditionnelle de la violence étaient de son goüt. L'éc~ivain
ru~~e étudia attentivement la vic du peuple indien et c'est avec joie
qu Il resta en contact avec ses représentants.
E_n 1901, A. ~a~~seshan,. é?iteur de la revue « The Arya » parais-
s~nt a Madras, ecnv1t une sene d e lettres éloquentes à Tolstoï sur la
v1e de son pays. Relatant la lutte de l'Inde contre son européanisation
par les Anglais, il écrivait : « Un jour viendra, nous en sommes con-
vain.cu.s, où 1~ force cessera d'être l'unique facteur de liberté politique
et ou a la SLilte d'un long progrès pacifique la nation indienne vivra en
paix et harmonie avec les nations européennes. ,
. Tolstoï réponda~t à Ram~s~shan par une longue lettre, où il expri-
m~It avec sympathie son opmwn sur l'avenir de l'Inde. « Je suis par-
faitement cl'acc?'r d avec vous, écrivait-il. Votre nation ne peut pas
adopter la solutiOn du problème social que lui propose l'Europe et qui,
au fond, n'en est yas une. » De l'avis de l'écrivain, l'avenir de l'Inde est
dans ~~ ~erme resistance à l'oppression et aussi dans l'organisation de
la soCie~e, dans le respect de l'homme et la négation de l'oppression et
de la viOlence.
Tolstoï développa ses idées en 1908 dans sa fameuse Lettre à un
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Indien, ardent appel écrit en réponse à la lettre d'une autre personna-
lité indienne Taraknath Das, éditeur de la revue « The Free Hindus-
t an ».
Tolstoï voyait la source du mal en Inde dans le fait que, bien
qu'à contrecœur, les Indiens se soumettaient à l'étranger. Il disait que
si le peuple indien, obéissant aux préceptes de ses sages anciens, ne
s'était pas soumis, aucune force au monde n'aurait pu l'asservir. Tolstoï
était partisan des formes passives de résistance, il exhortait à ne pas
répondre au Inal par la violence.
D'inspiration profonde, chaleureuse et bienveillante, les réponses de
Tolstoï aux personnalités indiennes, suscitèrent un grand afflux de
lettres à Iasnaïa-Poliana, flot qui ne s'épuisa pas jusqu'à la mort de
l'écriva in. Malgré son âge avancé et ses importants travaux, Tolstoï
répondai t régulièrement à ses correspondants indiens, soulignant inva-
riablement son respect pour leur pays et son ant ique civilisation. C'est
dans Je cadre de ces vastes et amicaux contacls avec maints représen-
tan ts de l'Inde qL!e vit le jour en 1909 la correspondance de Tolstoï
avec Ghandi qui joua un si grand rôle dans la vic publique des peuples
d'Orient.
L'héritage idéologique et artistique de Tolstoï a exercé une pro-
fonde influence sur les intellectuels indiens . Tl contribua beaucoup au
développement de la littérature indien ne d'nvanl-ga rde. Il y a de l'affi-
nité entre Tolstoï et les œuvres de Rabindrannth Tagore, Pram Chanel
ct d'autres éminents écrivains indiens. Cc dcrn ier a traduit et arrangé
21 contes p opulaires de Tolstoï et les œuvres de l'écrivain russe sont
parm i les plus lues en Inde.
La correspondance avec des personnalités cullurelles chinoises fut
m oins fréquente qu'avec les Indiens et les J nponn i<;, mnis Tolstoï porta
un vif intérêt à la Chine ct dans ses lettres il sotili g nait. que le salu t de
l'humanité est dans le refus de recourir à la violence entre Etats, dans
le renoncem ent à l'oppression et à l'asservisscm c n t des pays dépen-
dants, dans l'instauration de la paix et de l'amilié entre tous les
p euples du globe.
L'imSpuisable inté rêt que Tolstoï témoign;1 poil!' I'OI"icnt sc mani-
festa également dnns son étude constante de ln pl1ilnsnphic, de la litté-
rature, des œu vres épiques et du folklore de ~; peuples de l'Asie et de
l'Afriq ue.
Tolstoï s'attache pour la première fois :mx doctrin e:; philosophiques
et morales de l'Orient au début des années 1880, loi"SCJII C :tyar.t renoncé
au monde des riches , il élaborait les fondements dt· sa nouvelle concep-
tion du monde . Il étudlc alors passionnémenl Conru c ins, Bouddha, Lao-
tscu, il l-it passionément les Védas et les Up<Jnicli:"lds, les œuvres des
penseurs chinois, persans et ar3bes.
Cc que Tolstoï découvrit clans cet im:-ncn sc m :mdc cl~ la pensée
orientale, c'est surtout sa momie huraanitaire, s a conception de la
haute mission de J'homme. L'homme est le eonronn e mcnt de la natun'•
Le bonheur n'est pas clans la richesse, non p ~l!' dan:-; l'autorité exercée
par un homme sur d'autres hommes, mais dans Je travail pour Je bien
de tous. La pa·x, le travail, le bien sont les plus h autes valeurs morales
de l'humanité.
Trouvant dans 1cs doctrines anciennes de l'Orient des idées e t des
principes en affinité avec ses propres conceptions, Tolstoï se fit le pro-
pagandiste de ces idées en Russie. C'est ainsi que virent le jour ses
G
recueils : Lectures, Pensées des Hommes sages pour chaque Jour, Le
Chemin de la Vie qui, à part les maximes des remarquables pensl:urs
d'Occident, contiennent aussi celles des plus grands penseu rs d'Orient.
Tolstoï y ajouta des proverbes, dictons et légendes des peup les orien-
taux arrangés par lui.
Aup aravanl, clans les années 1870, désireux de f aire connaître aux
enfan ts r usses les trésors du folklore mondial, Tolstoï recueilli t avec
!e I?ême soin et arrangea des contes et fables des peuples d 'Asie, qu'.il
msera dans son lamcux Alphabet et dans ses Livres russes de Lecture.
Ces remarquables recueils contiennent un grand nombre d'œuvres du
folklore indien, turc, japonais, chinois et arabe, pl'ésentécs sou s une
f?rme li ttéraire parfaite. Les recueils de contes, légendes, proverbes et
d1ctor!s des peuJ?lc~ orientaux, arrangés et publiés par Tolstoï, comptent
parmi. les plus l,nteressan_ts et les p lus vastes connus alors en Europe.
Bien plus, 1 ols tOI a egalement traduit et publié des œuvres de la
pensé? ph.ilo~ophiquc orientale. Une série de livres sur les philosophies
chmmse, m d1ennc et arabe ont paru en Russie sous sa direction dont
une traduction faite par l'écrivain de maximes choisies de La~-tseu
tirées, du. f~r:1eux livre Tao Te K ing (Livre de la Voie et de la Vertu). '
L activite ~e Tolstm fut hautement appréciée par les spécialistes
du monde entier- « Tolstoï, écrivait Romain Rolland, fut le premier
et large sentier de l'esprit qui lia tous les membres de l'ancien conti-
nent, d'ouest en est. "
Léo-?- T?lstoï fut un grand humaniste, le défenseur des intérêts et
d~s- aspiratiOn~ des _larges ~asses. et il exprima la protestation popu-
l~ne .contre les g ueues et 1 asservissement avec une force et une pas-
sw~ mconnues dans les lettres avant lui. Les peuples d'Asie et d'Afrique
ava1e11t en sa personne un défenseur ct un ami sür.
(Reproduit du« Courrier de l'UNESCO ».)
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talent de notre avocat, maître Ducreux, que nous remercions ici, nous
avons eu la très grande joie de voir prononcer l'acquittement de
Senséi.
Quels son t nos projets d'avenir?
Tout d'abord , poursuivre et développer l'action de notre C~ntrc, à
Paris, clans la ligne de ce qui vient de vous être exposé .qu~nt a no~re
activité de l'année écoulée. Mais un nouvel objectif d01t etre attemt
par nous dans l'année à venir.
Alors que, jusqu'à présent, c'est Senséi lui-même qui, par ses ~om
breux voyages, a permis la création de nombreux Centres en provmce
et dans des p a ys étrangers, et en a coordonné et guidé l'action, nous
estimons que c;cst au Comité du Centre Inter national qu'il appartient,
à présent, d'assumer cette tâche. Nous devrons donc prend~e des c?n-
tacts oersonncls suivis avec ces différents Centres, de façon a leur faire
connaÎtre nos réalisations , de connaître aussi celles effectuées par eux,
de discuter en commun des buts poursuivis et des meilleures voies
pour y parvenir, enfin , de nous communiquer nos di.fficultés . et _cl~
nous aider réciproquement à les vaincre, dans un espnt de sohdante
et d'entente.
C'est ainsi que MM. Roche, Bisch, Chantereau et Lévy viennent
d'effectuer, à Bruxelles et à Gand, un voyage d'enseignement, extrê-
mement intéressant et certainement fructueux quant à l'évolution elu
Mouvement dans l'avenir.
Nous avons fait part à nos amis belges des réalisations du Centre
de Paris, que nous venons de vous exposer. Le Comité de Bruxelles
nous a fait connaître ses problèmes. Nous avons admiré les réalisa-
tions de nos amis belges, notamment le Restaurant-Hôtel du << Riz
Doré , à Bruxelles, et << Le Sana ran » de Gancl. Nous avons le plaisir
de vous annoncer l'ouvertu re prochaine d'un nouveau restaurant par
les soins de Mlle de Catcrs, à laquelle nou s souhaitons une pleine et
entière réussite .
Enfin, nous avons cu un long entret ien avec notre ami, Pierre
Gevaert qui , avec tant de cœur cl de compétence, assure la production
de nombreux p roduits macrob iotiques afin , qu'à l'avenir, les relations
entre le Clli1tr~ International c l lui-même soient étroitement et effica-
cement orientées dans l'intérêt commun du développement des idées
de Senséi en Europe. Nous avons également eu le plaisir de visiter
la très belle Usine Lima, qui est en pleine expansion.
Nous nous proposons d'eficctucr des voyages identiques à Heidel-
berg, Hambourg, Genève, Lond res, Rome, Nantes, Tours, Toulouse, Mar-
seille, clans b mesure de nos moyens bien entendu, ct espérons que des
résultats favorables puissent en t: Lrc obten us.
Inverscmen t, nous demanderons à nos amis étrangers ou de pro-
vince de venir eux··mêmc à Paris nous rendre nos visites et parfaire
ainsi un con tact indispensable pour le bon fonc tionnement et la pros-
périté de notre Mouvement.
Chers amis, voici l'exposé c1c cc que nous avons réalisé clans l'an-
née, ain si que nos projets d'avenir pour l'année 1961.
Nous soumettons cette action à votre approbation ou à votre cri-
tique. Nous pensons très sincèrement avoir agi de tout notre cœur,
avec désint ~ rc ss C'ment, et contribué, dans la mesure de nos modestes
moyen s, au m« i. n tien ct au développement de l'œuvre de Senséi en
Europe.
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AIDEZ .. MOl
A DEMELER MA SPIRALE
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sible et relatif rayonne et pense. C'est une immense chaîne où toutes les
parties existent, subsistent et se transforment grâce à l'ensemble.
C'est Maya, la grande illusion qui, dans son agitation apparen te
exprime l'immuable réalité.
Ceci dit, il nous faut ajouter que les éléments d'un phénomène
complexe ont aussi leur mot à dire dans l'attraction Yin et Yang.
Par exemple , si un être plus Yang peut momentanément me don-
ner un courage que je n'avais pas cinq minutes avant, influençant ainsi
mon complexe dans sa totalité, une pincée de sel que je passerai sur
une cloque en allirera l'eau et de la glace que je mettrai sur une
enflure en chassera l'eau.
Nous avons ci-dessus des influences momentanées. Les phénomènes
plus durables provenant de l'attraction Yin Yang empruntent en
général sail un mode permanent d'influence, tel est un changement da
milieu, soit ont une action profonde du type chimique. Par exemple,
si vous versez une goutte d'acide sulfurique dans l'œil d'un ami, il lui
faudra fort longtemps pour oublier votre aimable geste. Mais tous
les composants de son ex-œil n'en seraient pas moins à sa disposition
s'il savait oü ct comment les retrouver; ce qui d'ailleurs ne l'avance-
rait pas à grand'chose.
Voyons les choses autrement : nous pouvons supposer, sans un
très grand effort d'imagination que le non~vivant est à la disposition
du vivant. L'Univers Matériel a été à la disposition de la première
cellule. Partant de ce tableau aussi impressionnant que poétique, nous
supposons que la matière qui a d'abord nourri cette cellule l'a ensuite
absorbée, mais la vie est indispensable à la manifestation de Maya
et avant de mourir, notre J!lère la Cellule s'est mu ltipliée si vite qu'elle
a réalisé la loi qui fait que Maya ct la Vie font partie du Principe
Unique.
Les celluk's di:!Iércnciées comm e tout en ce monde, se sont asso-
ciées, soutenues, les vivant es repoussant les mortes.
Et les phénomènes vivants on l é lé brefs ou durables en toute rela-
tivité pour en arrive r au monde oli nous sommes.
Par dlfférencialion, association, s pécialisation ct animées par le
Principe Unique, exprimé en Yin ct Yang, les cellules ont groupé leurs
possibilités pour faire face à l'énorme ensemble de matières et de
rayonnements qui les nourrissaient ct les déti1lisaient à la fois.
Il y a là Ui1 dualisme apparent, Je vivant ct le non-vivant; en fait,
le principe animateur est le mC:mc, mais ce que nous pouvons supposer
c'est que la matière suit un rythme vivant qui nous échappe, parce
qu'il échappe à nos sens et à nos instruments de mesure.
.1\SSIUM-POT
11
LE ZEN
DANS L'ART CHEVALERESQUE
DU TIR A l'ARC
par E. HERRIGEL (Editeur Paul Derain • Lyon)
(suite)
12
ne s'était sérieusement donné de la peine pour aborder le Zen ; on
ajoutait également que je ne devais pas m'attendre à y trouver une
satisfaction elu point de vue théorique, le Zen repoussant jusqu'à
l'ombre d'une doctrine.
Faire comprendre que c'était justement vers le Zen non spéculatif
que je désirais me tourner prit des heures ... Alors, on me ré~orqua
qu'un Européen n'avait aucune chance de pénétrer dans le domame de
la vie spirituelle d'Extrême-Orient, trop éloignée de lui, sauf s'il acqué-
rait d'abord un art japonais en relation avec le Zen. L'idée d'une pré-
paration ne m'effrayait pas, je me sentais prêt à toute concession ~our
me rapprocher progressivement du Zen, trouvant un détour meme
pénible préférable à l'absence de chemin. Quel art choisirais-je parmi
tous ceux susceptibles de mener au but?
Ce fut sans beaucoup d'hésitation que ma femme choisit les arran-
gements floraux et lapeinture à l'encre de Chine, tandis que moi, je me
sentais plutôt attiré par l'art du tir à l'arc, car je pensais que l'expé-
rience que j'avais elu tir au fusil et au pistolet pourrait m'être utile, ce
qui d'ailleurs s'avéra faux par la suite.
Ce fut à l'un de mes collègues, le professeur de jurisprudence Sozo
Komachiya, que je demandai de m'introduire comme élève auprès de
son instructeur, le célèbre maître Kenzo Awa. Il faut vous dire que,
depuis deux décades déjà, mon collègue prenait des leçons de tir à
l'arc et passait, à juste titre, comme le plus parfait connaisseur en cet
art de toute l'Université.
Ma demande ne fut d'abord pas agréée par le maître. Déjà, il avait
consenti une fois à donner le bénéfice de son enseignement à un étran-
ger, et ce fut pour lui une fâcheuse expérience à la suite de laquelle
il lui déplaisait d'avoir à s'imposer pour la seconde fois des conces-
sions afin que l'esprit particul ier de cet art n'incommodât pas l'élève.
Enfin, il m'accepta comme disciple, après que je lui eusse affirmé
solennellement que mon désir était de me familiariser avec cet art,
non pour m'amuser, mais en vue d'atteindre la Grande Doctrine. Je
l'assurai que s'il prenait son art à cc point au sérieux, il pouvait me
traiter à sa guise comme le plus jeune de ses élèves. Par la !Dème
occasion, il accueillit aussi ma femme, car il est d'usage depms des
temps immémoriaux que des jeunes filles soient également instruites
clans l'art du tir à l'arc, auquel d'ailleurs la femme et les deux filles
du maître s'entraînaient avec assiduité.
Et ce fut ainsi que commença cette grave et sévère initiation à
laquelle, à notre grande joie, prit part aussi comme interprète M. Koma-
chiya, qui était intervenu avec tant d'obstination et s'était porté garant
pour nous. En outre, j'eus la chance de pouvoir assister en auditeur
bénévole à l'enseignement que recevait n'la femme clans 1es arrange-
ments Doraux et dans la peinture à l'encre de Chine. Grâce à des com-
paraisons et des compléments réciproques, cela me permit d'appuyer
ma compréhension sur une base plus large encore.
Dès la première leçon, nous elevions nous rendre compte que le
chemin qu i mène à « l'art sans art » était rude. Le maître nous fit
voir tout d'abord des arcs japonais, il nous en expliqua l'extraordinaire
puissance de tension due à leur fabricatio n particulière et au bambou
qui y entre pour la plus grande part. Il lui parut plus important
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encore d'attirer notre attention sur la forme extrêmement noble que
prend cet arc long de près de deux mètres, dès que la corde n'est plus
à l'état de tension. Tendu au maximum, ajouta le maître en guise de
commentaire, l'arc inclut en soi le Tout, et voilà justement pourquoi il
est si important d'apprendre à le tendre comme il convient.
Sur ces mots, il se saisit du meilleur el du plus puissant parmi ses
propres arcs, et, dans une attitude solennelle, tendit légèrement la
corde à plusieurs reprises et la laissa aller . Par ce geste il se produit
un mélange de vibrations aiguës et d'une vibration sourde; dès qu'on
l'a perçu quelques fois, le cœur en est irrésistiblement étreint. Et si
une tradition fort ancienne lui attribue le pouvoir de conjurer les
démons, je comprends parfaitement que celte opinion se soit propagée
dans le peuple japonais.
Après cet auguste prélude de purification ct de recueillement reli-
gieux, le Maître nous invita à l'observer de près. Il disposa une flèche,
banda l'arc si fort que déjà je craignis qu'il ne pùt arriver à l'aboutis-
sement exigé, embrasser en soi << le Tout "·
Enfin, il tira ... Ses gestes sans efforts apparcn ts étaient empreints
de beauté. Alors, il nous donna pour consigne : « Faites de même, mais
considérez bien qu'on ne tire pas à l'arc pour fortifier ses muscles.
Pour tendre la corde, il ne faut pas engager toute la force de votre
corps, mais apprendre à laisser vos deux mains exécuter tout Je travail,
cependant que les muscles des épaules et des bras restent relâchés et
paraissent ne prendre aucune part à votre action. C'est seulement
lorsque vous serez capables de cela que vous aurez rempli l'une des
conditions grâce auxquelles vous banderez l'arc e l. tirerez en esprit ».
Ayant parlé ainsi, il me saisit les mains et leur fit parcourir lente-
ment les phases du mouvement que désormais elles allaient avoir à
exécuter, afin que j'en éprouve la sensation.
Dès mon premier essai, avec un arc d'exercice de moyenne puis-
sance, je remarquai qu'il fallait employer de la force physique, et
même une force considérable. De plus, on ne tient par l'arc japonais à
la hauteur des épaules, comme notre arc sportif d'Europe, de manière
à pouvoir y trouver un point d'appui.
Au lieu de cela, dès qu'on y a placé la flèche, on le lève presque à
bras tendus, de sorte que les mains du tireur se trouvent au-dessus de
la tête. Il ne reste plus alors qu'à les écarter également vers la droite
et vers la gauche, et plus elles s'éloignent l'une de l'autre, d'autant plus
elles descendent, décrivant des courbes, jusqu'à ce que la main gauche
qui tient l'arc à bras tendus se trouve à la hau Leur des yeux, tandis que
la droite, le bras droit replié, tirant la corde, sc place au-dessus de
l'articulation de l'épaule droite. L'extension ma xima est si grande que
la flèche qui mesure près d'un mètre de long dépasse de très peu le
bord antérieur de l'arc.
Avant qu'il lui soit permis de lâcher le coup, l'arclter doit conser-
ver cette position durant un bon moment. Par la dépense de force
qu'entraînait cette façon de tendre l'arc, au bout de qLJelques instants
déjà, mes mains se mettaient à trembler et ma respiration devenait
de plus en plus pénible.
Pas de changement au cours des premières semaines qui suivirent.
Bander l'arc restait une opération qui, malgré mon zèle à m'exercer,
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ne devenait pas une << affaire spirituelle ». Mais je me consolai à la
pensée qu'il devait y avoir là-dessous quelque procédé ing6nieux que,
pour une raison quelconque, le maître ne voulait pas révéler, et je me
fis un point d'honneur de le découvrir.
Entêté, résolu, je poursuivis les exercices. Le maître suivait mes
efforts avec atlcnlion, corrigeait tranquillement mon attitude crispée,
louait mon zè le, blàmait ma dépense de force, mais me laissait faire.
Tandis que je bandais l'arc, sans toutefois se départir un seul instan~
de sa patience ct clc sa politesse, le maître ne cessait de toucher en mm
le point douloureux, en me criant en ma langue, ces mots appris dès
le cléb u t : << Relâchez-vous t "
Le jour vint où ce fut moi qui perdis patience, et je me décidai à
confcssè r que décidément je n'étais pas en état de bander l'arc de la
mani ère prescrite. « Si vous ne pouvez pas, m'expliqua le maître, c'est
parce QLI C vous ne respirez pas selon les règles. Après l'inspiration,
refoulez doucement le souffle, pendant un moment, conservez-le là à
cet cndroil, ains i la paroi abdominale se tendra modérément. Ensuite,
expi.re:t: ~~ fond le plus lentement et le plus régulièrement possible, à
nouvea u inspirez vivement après une brève pose et continuez ainsi en
une a ll cma1tcc d'inspiration et d'expiration dont le rythme s'établira
tout dou cement de lui-même. Alors, en exécutant tout cela dûment,
vous conslalerc:t: que le tir à l'arc deviendra pour vous plus facile cha-
que j our. r·:n respirant ainsi, vous découvrirez de plus le principe de
toute for ·c sp irituelle, et plus vous serez décontracté, plus vous consta-
terez que ce lle source ruissellera dans tous vos membres ». Ensuite,
comme pour m'en donner la preuve, il banda son arc et, me plaçant
derriè re lui , m'invita à tâter les muscles du bras. Ils étaient détendus,
comme au repos.
Par les exercices, tout d'abord sans arc et sans flèche, ce nouveau
mode tic n ·spi ,·;:tion me devint habituel; au début il se produisait une
gêne légère dun~ très vite d'ailleurs je triomphai.
Le m;~îtrc tenait tellement à une expiration aussi lente que possible
e t e n ml:ntl' temps régulière et s'épuisant peu à peu que, pour m'y
exercer c l 1~1 contrôler, il me la fit accompagner d'un bourdonnement.
Qu an d le :'on s 'était éteint clans le dernier souffle d'air, c'était alors
seulement qt1'il était permis d'inspirer à nouveau.
Le m<~ Îirc nous dit un jour : << L'acte de l'inspiration lie et réunit,
tout cc qui csl convenable s'accomplit tandis qu'on retient le souffle;
l'expirati on, elle, délivre et parfait, en triomphant de toute limitation>>.
Mais nous n'étions pas encore capables de comprendre ce langage.
Ensuill", le maître se fit un devoir d'établir sans tarder les rapports
entre le tir à l'arc e l l'acte respiratoire auquel on ne s'exerce pas pour
lui-même . L':.tctc global de la tension de l'arc et du tir fut décomposé
en périodes : sa·i sir l'arc, y poser la flèche, élever l'arc, le bander, le
maintenir au maximum de tension, lâché!r le coup. Chacun de ces actes
partiels était in troduit par une inspiration, soutenu par la retenue du
souffle, refoul é ct terminé par une expiration. En agissant de la sorte,
l'acte respi ratoire s'insère tout naturellement dans le processus,
accentue notablement positions et actes r:cŒticuliers et surtout les relie
intimement les uns aux autres en un d~roulement rythmique qui varie
suivant les facultés respira toires de chaque tireur.
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Les recettes de Mme Bisch
CREME DE RIZ
Faire griller du riz complet dans un peu d'huile de sésame; le
réduire en farine. Délayer avec de l'eau froid e. Ajouter un peu de sel
et faire bouillir environ 10 à 15 minutes. Avant de servir, ajouter une
cuillerée à soupe de tahin et saupoudrer de persil haché.
BOULGOUR AU CHOU-FLEUR
Détailler en morceaux un petit chou-fleur, les faire rissoler dans
un peu d'huile d'olive. Ajouter un bol de boul gour; bien mélanger le
tout. Verser ensuite deux bols d'eau chaude, saler, couvrir et laisser
mijoter pendant une demi-heure.
BEIGNETS
Avec un bol de farine de blé complète, un bol de farine de sarra-
sin, une cuillerée à café de sel fin, quatre cuillerées à soupe d'huile
de sésame, une cuillerée à soupe de tahin, faire w1e p âte souple sans
trop la travailler. Etaler au rouleau, couper des rondelles à l'aide d 'un
verre fariné. Mettre à la friture chaude, mais non fumante; saupou-
drer de sel fin.
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Un séjour macrobiotùque dans .u n ca.dre .et un climat mer-
veiUcux. Pri1x très raisonnables.
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SESAM : 1, rue du Mouton-Blanc, LIÈGE. RESTAURANT
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ANVERS. MASYUHKO: 7-2, Nisi Ginza, TOKYO.