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Université d’Annaba / Département de français

Culture et civilisation de la langue / 2ème année -S4 / Mme Mallem


adopté par Don Tahar
Cours : Le XVIIIème siècle : « le siècle des Lumières » (1715-1789)

1- Le contexte historique et politique :

Le XVIIIème (18) siècle connait trois règnes : La Régence de Philippe d’Orléans (1715-1723), le
règne de Louis XV (1723-1774) et le règne de Louis XVI (1774-1789).

1-1 La régence de Philippe d’Orléans (1715-1723) :

À la mort de Louis XIV (« le Roi Soleil ») en 1715, Louis XV (son arrière petit-fils) n’avait que Cinq (05)
ans. Et c’est Philippe d’Orléans (frère cadet de Louis XIV) qui va assurer la Régence jusqu’à sa mort
en 1723.

- Les années de la Régence de Philippe d’Orléans sont marquées par un relâchement des mœurs qui
est vécu comme une libération par rapport au règne de Louis XIV qui s’est caractérisé, notamment
vers la fin, par une grande austérité. Les règles, les contraintes, les dogmes qui réglementaient
fermement la vie au 17ème siècle devenaient au 18ème siècle objet de rejet et de détestation.
Cependant, mais l’autorité monarchique va reculer avec la Régence de Philippe d’Orléans qui menait
une vie dissolue de débauche. Il n’avait donc que peu d’intérêt pour les affaires de l’état.

1-2 Le règne de Louis XV (1723-1774) :

A la mort de Philippe d’Orléans en 1723, Louis XV sera couronné roi de France. N’ayant que 13 ans,
il délègue ses tâches à ses ministres et conseillers jusqu’à 1743. Il avait 23ans et décide de gouverner
son royaume lui-même, selon les principes de la monarchie absolue de droit divin ( régime politique
séculaire, archaïque et arbitraire qui fait du roi le représentant de Dieu sur terre ). Ce régime
permettait au roi de bénéficier de l’impunité totale et de détenir tous les pouvoirs : législatif,
exécutif et judiciaire. C’est-à-dire qu’il était, à la fois, législateur, exécuteur et juge ( Il était
responsable de l’élaboration des lois, du contrôle de leur exécution et du respect de leur
application ). Ainsi, sur le plan politique, le régime était fondé sur une structure fortement
hiérarchisée et centralisée qui faisait du roi le maître absolu de toutes décisions.

- En 1774, Louis XV était au sommet de sa popularité. On le surnommait «le Bien-aimé ». Cependant,


les difficultés politiques et financières s’accumulaient, dues, d’une part, aux guerres de succession
(avec l’Autriche en 1740 et la Pologne en 1773) et, d’autre part, aux dépenses et aux gaspillages
entrainés par la Cour : la noblesse menait une vie de faste, de fêtes, de plaisir et d’impiété.

- Dans cette atmosphère, les mœurs se relâchent et le pouvoir royal est discrédité. Le roi devient
impopulaire. Il perd l’amour de son peuple qui lui reprochait de s’intéresser plus à la chasse et aux
femmes qu’aux affaires du Royaume qu’il laissait souvent à ses ministres et conseillers et parfois
même à ses favorites. A la fin de son règne, le mécontentement était général.
1-3 Le règne de Louis XVI (1774-1792):

Louis XVI (16), (petit fils de Louis XV) hérite d’une situation financière difficile qui sera marquée par
une série de crises politiques et économiques donnant lieu, à la fin du 18ème siècle, à un
soulèvement populaire majeur : la Révolution Française de 1789 qui se conclut par la chute de la
royauté absolue, illustrée par le procès et l’exécution du roi le 21 janvier 1793. Une longue
révolution ponctuée de guerres civiles se produit avant l’avènement du régime républicain : ordre
politique fondé sur des principes de justice et d’égalité des citoyens en droits et en devoirs.

2- Sur le plan social :

2-1 Au niveau des mœurs :

- La Régence et les premières années du règne de Louis XV(15) sont vécues sur le plan des mœurs
comme une libération. Cette époque se caractérisait, à ses débuts, par un élan de liberté.
A l’austérité politique et à la rigueur religieuse des dernières années du règne de Louis XIV succède
une époque de fêtes et de libertinage.

- Ainsi, se développe une vision fondée sur l’exaltation de toutes les formes de plaisir. La société se
montre alors avide de spectacles, de luxe et de divertissements mondains. Dans ce contexte, le
modèle idéal de l’honnête homme cède la place à celui du libertin.

Le mot libertin vient du latin « libertus » qui signifie « affranchi ». Au 17ème siècle, le terme est
rattaché à la religion : il désigne celui qui était libéré de toute doctrine religieuse. Or, au 18ème
siècle, le terme va acquérir un autre sens : le libertin désigne alors un homme qui refuse les dogmes
et qui veut penser par lui-même, loin de toute superstition ou contrainte.

2-2 L’organisation sociale :

Le XVIIIème siècle garde l’organisation sociale du XVIIe siècle fondée sur les trois ordres :
le clergé, la noblesse et le Tiers-état. Bien que la misère demeure générale, Le progrès technique
entraine une nette augmentation du rendement agricole et de la production artisanale, ce qui
constitue les prémisses de la révolution industrielle déjà amorcée en Angleterre. Le commerce et
l’économie coloniale fondés sur l’esclavage (la traite des noirs) favorisent les échanges et les affaires
et aident à l’apparition de fortunes nouvelles. Dans ce contexte, la bourgeoisie, classe privilégiée du
tiers-état), s’enrichit et s’accroit en nombre, ce qui lui permettait de prétendre au pouvoir politique
que le clergé et la noblesse lui refusaient. Mais, à l’avènement de la révolution de 1789,
la bourgeoisie finit par s’imposer en prenant une place à l’assemblée constituante qui va réunir les
trois ordres.

2-3 Les formes de la vie mondaine :

Au XVIIIème siècle, la vie mondaine est très brillante. Elle doit son éclat à l’élégance et au luxe du
décor mais aussi au raffinement extrême de la classe aisée. Le centre de cette vie mondaine n’est
plus Versailles mais Paris. Les aristocrates tendent plutôt à fuir les divertissements royaux auxquels
ils préfèrent les mondanités parisiennes qui se déroulent dans les salons littéraires souvent tenus par
des femmes nobles ou de la haute bourgeoisie (telles que la duchesse de Maine, Mme de Lambert,
Mme de Tencin, Mme de Geoffrin, Mme du Deffand, Mme Necker, Melle de Lespinasse), ou dans les
cafés (Le Procope, le Café de la Régence) sinon dans les clubs qui sont à l’origine
une création anglaise transplantée en France au début du XVIIIe siècle ( le Club des Jacobins, le club
Quesnay, L’Entresol ).

Dans ces lieux se réunissaient les gens du monde et les beaux esprits (philosophes, hommes de
lettres, savants penseurs, scientifiques, illustres étrangers… etc). Les débats et les échanges d’idées y
étaient plus libres, moins cérémonieux qu’à la cour de Versailles. Les sujets étaient diversifiés. Les
conversations souvent sérieuses portaient sur des questions de littérature, d’art, de science mais
aussi de théories politiques et sociales et de religion. Tout y était discuté à partir de ces lieux,
les doctrines nouvelles se répandaient.

2-4 La vie socio-économique :

En même temps que des changements apparaissent sur le plan politique et dans les mœurs, des
modifications interviennent aussi dans la vie socio-économique de la population du XVIIIe siècle à
commencer par l’agriculture qui enregistre de réels progrès dans son outillage (invention du semoir
mécanique, charrue en fer, la faux remplace la faucille traditionnelle) et le développement de
nouvelles espèces de cultures beaucoup moins chères que le blé (tels que la pomme de terre ou
encore le Maïs). En 1776 est fondée la première école vétérinaire près de Paris dotée d’une ferme
expérimentale. Les progrès de l’agriculture allègent le sort des cultivateurs et des paysans qui vivent
relativement mieux.

Parallèlement se développe l’industrie rurale particulièrement la filature mécanique et le tissage


de coton, l’industrie de la houille, du charbon et de la grande métallurgie destinée à la fabrication
des outils en fer (des canons, des chaudières, des machines à vapeur… etc).

Le commerce maritime s’accroit, le réseau routier et le transport s’améliorent, ce qui favorise le


commerce et les échanges. Les villes s’agrandissent et s’embellissent. Elles sont dotées de théâtres,
d’hôtels, de larges avenues, de grandes places publiques, de monuments, de jardins ornés de
statues, de fontaines et de verdure.

Les famines diminuent, les épidémies sont moins meurtrières, la mortalité est en baisse, la durée
moyenne de la vie augmente. La population s’accroit : de 19 millions d’habitants en 1715, elle passe
à 26 millions en 1789 (à la fin du siècle).

3- Sur le plan religieux :

Comme au siècle précédent, au XVIIIe siècle, il n’y avait pas de liberté de croyance et c’était le roi
qui imposait sa religion (le catholicisme) à ses sujets. Par conséquent, aucune autre religion n’était
tolérée. La répression et les persécutions se poursuivaient à l’encontre des protestants qui étaient
accusés d’hérésie. Des cabales sont orchestrées contre tous ceux qui ne respectaient pas les mœurs
et les dogmes chrétiens.

De son côté, l’église incitait les populations à une pratique religieuse régulière assortie
d’exigences morales visant leur soumission au pouvoir royal avec lequel elle était en coalition. Même
si l’Eglise constituait un ordre autonome, elle se situait du côté des classes dominantes. Elle appuyait
l’ordre conservateur et soutenait la noblesse avec laquelle elle partageait les mêmes intérêts. Ce qui
explique que l’Eglise sacralisait le roi qu’elle présentait comme un élu de Dieu et le gardien de la
religion chrétienne catholique. De cette façon, elle participait à neutraliser toute rébellion populaire
en affectant les esprits d’idées fausses, arriérées ou fabulatrices qu’elle transmettait régulièrement à
ses fidèles par le biais de son personnel (curés, prêtres, etc.) qui était payé par le trésor public.
En confortant l’opinion publique dans son ignorance des faits scientifiques, en diabolisant les
savants qu’elle traitait de mécréants ou d’hérétiques, l’Eglise se transformait en une institution
sournoise qui allait à contre courant du progrès de tout un peuple qu’elle condamnait à l’ignorance
et à l’assujettissement pour préserver les intérêts bassement matériels d’une minorité : la classe au
pouvoir (la noblesse).

Vers le milieu du XVIIIe siècle, se développe une résistance menait par une élite (appelée plus tard,
au 19è siècle : « les philosophes des Lumières ») qui va militer pour libérer la population de
l’obscurantisme et du conformisme intellectuel.

Cette action se radicalise lors de la révolution française (1789). Après la chute de la royauté, une
déchristianisation de la vie publique est mise en œuvre. Le clergé va cesser d’être un ordre. Il est
nommé par le gouvernement qui lui assure un traitement comme tous les fonctionnaires. Ainsi, il
perd ses privilèges financiers et judiciaires. Ses biens sont nationalisés (« mis à la disposition de la
nation ») ou vendus à des particuliers pour aider au remboursement des dettes qui accablaient le
pays. Des couvents sont fermés ou convertis à d’autres activités. La fonction publique, l’instruction,
l’assistance, l’état civil furent laïcisés. Le mariage civil est célébré à la mairie sans l’intervention de
l’Eglise qui perd ainsi la place et le rôle qu’elle occupait depuis le Moyen-âge. En vérité, parmi les
grands projets de la Révolution figurait la laïcisation de l’état civil, c’est-à-dire la séparation de l’Etat
et de l’Eglise catholique dans la gestion des affaires publiques. En tant qu’institution de l’Etat,
l’Eglise devait se soumettre aux lois de la République qui se fonde sur l’égalité des droits et des
devoirs entre ses citoyens.

Au XIXe siècle, la vie quotidienne se détache progressivement de la liturgie catholique même si la


population continue à être pieuse notamment la France rurale et paysanne. Au fil du temps, la
religion catholique perd son statut de religion d’Etat pour devenir une religion égale à la religion
protestante même si dans les mœurs des Français, la religion catholique reste la plus importante. La
loi de la séparation de l’Eglise et de l’Etat ne fut promulguée qu’en 1905, au début du Xxe siècle.

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