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Histoire de la France moderne du XVIIème et du XVIIIème

I. La France de Louis XIV : lumière du Roi-Soleil et ombres du


règne.
A. La France en 1661
1. La France politique, la monarchie française, la majesté royale et l'environnement
international
En France, au XVIIème, le régime politique, c'était la monarchie de droit divin. La légitimité du pouvoir
venait de Dieu, alors qu'aujourd'hui il vient de l'élection.
En Allemagne, c'était le Saint Empire, en Espagne la monarchie (comme en France), en Angleterre
aussi , Pays-Bas (provinces unies), c'était une république aristocratique,
En France, les Français sont des sujets, ils doivent obéissance au roi, qui est une personne sacrée.
le roi est le seigneur des seigneurs. Il y a un clientélisme, c'est comme une sorte de corruption, mais
à l'époque c'était naturel, cela rentrait dans les relations sociales.
En 1661, Louis XIV s'inscrit dans ce cadre, et donc dans une suite de rois ininterrompue depuis
Capet
Le futur Louis XIV devra attendre l’âge de seize ans pour être sacré et couronné.
Le sacre du roi est un moment essentiel (sacre de Louis XIV à Reims le 7 juin 1654 ).
: il possède un pouvoir vaste, absolu, il fait régner une monarchie absolutiste. Mais, ce n'est pas un
dictateur pour autant , mais l'absolutisme se heurte quand même à des résistances à des contestations.
Les juristes placent quatre pouvoirs au roi :
- l'imperium : le pouvoir de commandement
- la majestas : le fait d'être plus grand que tous les autres, le roi se doit d'être plus grand que tous
- l'auctoritas
- la juridictio
Il y a des règles :
- règles de succession : la masculinité (une femme ne oeut onter sur le trône de france)
- règle de primogéniture : le 1er né, l'aîné succède à son père
- le roi n'a que l'usufruit du royaume : il n'en a que l'usage, pas la pleine propriété, c'est-à-dire qu'il ne
peut pas vendre une partie du royaume
- la catholicité : le roi est forcément catholique (Henri IV était protestant alors il s'est converti
pour accéder au trône)
Jusqu'à 1661, Louis XIV était trop jeune alors c'est la régente Anne d'Autriche qui régnait aux côtés du
Cardinal Mazarin.
Grâce au traité de Vespania, la France sort de la guerre de 30 ans comme une grande puissance
européenne.
Il est complété par le traité des Pyrénées, qui permet à la France de récupérer 3 provinces dont le
Roussillon, l'Artois...
Ce traité prévoit le mariage de Louis XIV et Marie Thérèse
Au début du XVIIème, la France sort tout juste d'une guerre de religions, il y a une guerre civile, un
affrontement de presque 70 ans entre catholiques protestants (pourtant tous français).
On considère que cette religion se termine en 1629 avec l'édit d'Alès.
Mais à l'intérieur, c'est un pays qui connaît une forte pression fiscale, notamment grâce à un tour de vis
donné en 1630. Il y a une révolte contre la loi par les parlementaires et la noblesse, c'est une période à
risque pour la monarchie. Louis XIV est obligé de fuir sa ville, c'est un traumatisme de jeunesse qu'affronte
le jeune roi, ce qui explique la volonté de l'absolutisme de Louis XIV.
2. La France et les Français, le royaume de France et la société d'ordres
cf. La France, une mosaïque territoriale
En 1661, la France est un assemblage de différentes provinces attachées récemment. Malgré tout, la
France est le pays le plus vaste d'Europe : 450km2, Paris est la capitale du royaume, et le cœur
du royaume se concentre sur l'Ile de France, la Picardie et la Normandie.
La Normandie est la province essentielle, riche, c'est une province agricole, commerciale
avec ses 2 ports.
L'avantage de la France, c'est que le royaume est ouvert sur la Manche, l'Atlantique, la
Méditerranée, ... Il gouverne sur 3 mers, les avantages économiques sont énormes mais il y a des
inconvénients, comme ceux de la protection.
Il y a encore des enclaves étrangères à l'intérieur du royaume, comme Avignon ou Monaco.
A l'intérieur du royaume, il y a des provinces, des ensembles politiques, ethniques, culturels, des
gouvernements, ... C'est un mille-feuille administratif.
Les gouvernements et provinces ne couvrent pas les mêmes frontières et territoires.
Ex : la province de Normandie regroupe 3 provinces.
Le royaume de France, à l'époque, c'est 22 millions d'habitants, c'est le pays le plus peuplé
d'Europe, un géant démographique
La population française est à 80% une population rurale mais elle compte neanmoins qques villes comme
Marseille , Paris , Rouen...
La société d'ordres : clergé, noblesse, tiers état
Le clergé rassemble tous les religieux, les évêques cardinaux riches à millions.
La noblesse, c'est l'ensemble des Français qui sont nés nobles, c'est-à-dire que leur vocation est de faire
la guerre. On compte parmi cette noblesse les descendants des chevaliers. La noblesse est un groupe
qu'on peut rejoindre, un non-noble peut devenir noble par anoblissement.
Et le tiers état, c'est tous les français qui n'appartiennent ni au clergé ni à la noblesse. C'est un
groupe diverse (des négociants riches mais aussi des artisans, des paysans propriétaires de leurs terres ou
non, des vagabonds, ...), c'est un spectre social large.
En termes de répartition, le clergé c'est 1% de la population, 2% pour la noblesse et 97% pour le tiers état.
tripartition de la société où chacun a une mission bien définie.
Le clergé a donc pour mission de prier Dieu, d'assurer le salut, la sauvegarde des âmes. La fonction
de la noblesse, c'est de faire la guerre, ce sont les descendants des chevaliers, les officiers des armées
sont des nobles. Quant au tiers état, leur fonction est de travailler.

3. Louis XIV au pouvoir, Louis Dieudonné, Vers le gouvernement personnel


il est intéressé aux affaires du gouvernement à partir de 1650, à seulement 12 ans. Il développe la
conscience de ses prérogatives de roi, il a conscience qu'on doit lui obéir.
En 1655, à 17 ans, les parlementaires et les juges font un peu d'obstruction, ils refusent d'enregistrer une loi.
Louis XIV s'agace de la situation et se présente devant eux comme le roi,
Le 3 juin 1659, Louis XIV est marié à l'infante (fille du roi) Marie Thérèse, ce n'est pas un mariage
d'amour mais un mariage diplomatique, négocié par Mazarin pour sceller la paix entre l'Espagne et la
France.
Mazarin meurt Alors, le 10 mars 1661, Louis XIV prend seul les rênes du pouvoir et inaugure son règne
personnel.
Pour l'aider, Louis XIV est entouré de ministres qu'on appelle secrétaires d'État, chargés de
fonction d'officiers (= ministres). Le secrétaire d'état de la guerre est Michel le Tellier, le secrétaire
d'état aux affaires étrangères est Loménie de Brienne, et Fouquet est surintendant aux finances.
Ce sont les 3 personnes les plus importantes autour du roi.
Louis XIV reçoit une éducation très soignée dans toutes les disciplines, Il développe la conscience de ses
prérogatives de roi, il a conscience qu'on doit lui obéir.
Petit à petit, il y a une évolution du gouvernement : montée en puissance de Colbert, Fouquet se
retire peu à peu.
Fouquet est arrêté le 5 septembre 1661, c'est une période de renforcement réel du pouvoir de Louis XIV, un
renforcement de la monarchie. Fouquet est jugé, puis expédié dans une forteresse et y
décèdera.
L'arrestation de Fouquet est un signal envoyé à toute la noblesse, celui d'un souverain qui entend
exercer le pouvoir pleinement, un pouvoir fort.
L'année 1661 ouvre une période, celle de la monarchie absolue. C'est le début d'une histoire
d'absolutisme : croissance, épanouissement, crise.
En 1661, Louis XIV hérite d'un appareil d'Etat qui remonte de la fin du Moyen-Âge, qu'il structure au
XVIème siècle, avec un ensemble de coutumes du royaume, et une action de plus en plus uniformisée.
Appareil d’état : l'ensemble des cadres, des institutions, des personnes qui participent à la puissance
politique.
L'épaisseur de cet Etat se fait par les 24000 effectifs d'agents royaux à cette époque, ce qui fait en
proportion 1 officier du roi pour 800 habitants, c'est peu mais pourtant l'Etat monarchique
fonctionne.
Le règne de Louis XIV marque le début d'une évolution, avec lui on voit un Etat qui va intervenir
dans des domaines de plus en plus nombreux : il s'intéresse aux manufactures, aux commerces, aux
routes (création des ponts et des chaussées), …
Du à la présence de plus en plus grande de Colbert
Cet élargissement de l'action de l'Etat coïncide avec l'ambition de Louis XIV d'être un grand roi.

B. La monarchie absolue de Louis le Grand


1. La monarchie administrative ; autour du roi, le gouvernement central ; la machine
administrative sur le terrain
La monarchie administrative
La pyramide administrative est coiffée par le Conseil du roi, qui regroupe différents organes du
gouvernement, qui agissent par délégation au nom du roi.
Les conseillers du roi, c'est en première catégorie son entourage, ses proches, la famille
royale, et la très haute noblesse (les pairs de France).
En deuxième catégorie, ce sont les juristes, les conseillers d'Etat, les maîtres des requêtes,
Le roi a des compétences juridiques, administratives et législatives, mais il ne décide pas du tout.
Les décisions prises officiellement, les ordonnances, les édits, les textes de loi, les lettres missives
(correspondance administrative), ce qui relève du juridique, sont diffusées sous la forme d'arrêts du
roi.
Sous le règne de Louis XIV, le Conseil du roi (le roi et ses 5 ministres) est très restreint.
Le choix de Louis XIV, c'est d'écarter la noblesse de cour, la vieille noblesse, et aussi d'écarter sa mère, l'ex-
régente. Il choisit des hommes qui lui sont redevables mais qui sont compétents.
Sous tout le règne, il écarte les religions, aucun religieux n'est appelé au Conseil du roi.
Le conseil de gouvernement est très général, mais d'autres organes sont plus spécialisés
: il y a le conseil royal des finances, le conseil royal du commerce, ...
Le roi dispose aussi des conseillers, comme l'amiral de France ou le chancelier (garde des sceaux = ministre
de la justice aujourd'hui).
2. L'action de l'Etat : quelle réalité ? ; les grandes ordonnances de Colbert ; les finances,
équilibre et clarification
Autour du roi, on trouve aussi les secrétaires d'Etat : guerre, marine, affaires étrangères, on
trouve aussi le secrétaire d'Etat à la maison du roi, qui est chargé de la cour et des résidences royales
(Versailles, Fontainebleau, St Germain en Laye, ...).
Colbert est alors non seulement contrôleur général des finances, mais aussi secrétaire d'Etat à la
maison du roi. Il est aussi chargé de la direction des sciences, des arts, des lettres, ... Il cumule
des charges et prend de plus en plus d'ampleur.
Colbert place son frère et son cousin aux affaires étrangères, ce sont des hommes choisis par
Louis XIV mais les descendants restent au pouvoir pendant plus de 100 ans.
Sur le terrain, le roi dispose d'agents qui agissent en son nom, ils tirent leur pouvoir par la délégation de
pouvoir que le roi leur accorde.
Il y a alors quatre catégories d'agents :
- Les officiers du roi, qui achètent leur fonction (la charge peut se vendre et se transmettre).
- Les commissaires du roi, chargés d'une mission temporaire délimitée dans le temps et l'espace. ( ils
servent l’Etat)
- Les intendants de justice, police et finances , Ce sont les yeux et les oreilles du roi dans le royaume,
- Les gouverneurs, ou lieutenant général du roi. Responsabilités militaires Il fait tout un travail
d'influence sur les élites locales pour faire passer les discours officiels, la parole royale,
Le début du règne de Louis XIV coïncide avec un intense travail de codification, on parle de grandes
ordonnances. Ces textes de loi sont le résultat d'enquêtes menées sur le terrain sous l’impulsion de Colbert.
La première ordonnance est présentée en 1667, c'est une ordonnance de procédure civile (=code
Louis), son objectif étant de clarifier les coutumes et les conflits entre les juridictions.
Puis, vient l'ordonnance de procédure criminelle en 1670, qui vise à supprimer les questions (=
tortures dans les interrogatoires).
Ensuite, c'est l'ordonnance du commerce en 1673 qui vise à régler les relations commerciales,
l'ordonnance de marine en 1681 qui règle les usages sur le bord de mer, … Tout le royaume est impacté
par ces nouveaux textes.
La dernière ordonnance fut l'ordonnance coloniale en 1685, le code noir, qui règlemente la traite et
l'esclavage
Ces ordonnances qu'instaure Louis XIV posent les bases de la monarchie nouvelle.
Louis XIV à la volonté d'équilibrer les finances, de mettre de l'ordre, et Colbert s'y attache : réduire
les dépenses, assurer de meilleures recettes fiscales :
- Le premier : optimiser les rentrées d'argent Renégocier une partie de la dette, engager des
poursuites judiciaires contre les financiers qui abusent de l'Etat, organisation de procès (chambre de
justice).
A cette époque, le budget de la monarchie c'est 56% des dépenses sont pour la guerre, et seulement 9% pour
la cour.
Premier impôt royal : la taille, un impôt direct qui pèse uniquement sur le tiers état, et qui ne
correspond pas au revenu
Deuxième impôt royal : la gabelle
Impôt sur le sel : on achète du sel, et la taxe est dessus (pour conserver les aliments, bien de première
nécessité) Impôt indirect
Les traites : droits de douane, droit de péage sur les marchandises qui circulent à l'intérieur du royaume
Au début du règne de Louis XIV, c'est une période de simplification des finances. La fiscalité ne
change pas, mais il y a une meilleure utilisation de l'argent.
3. Une société policée ; l'invention de la police ? ; Versailles et la société de cour
Toujours dans la monarchie absolue, la société est policée. L'absolutisme de Louis XIV se traduit par
un élargissement de l'emprise de l'appareil d'Etat sur les populations.
En 1667, c'est la création d'un nouveau poste, celui de lieutenant général de police (Nicolas de
la Reynie). Il est l'incarnation de la réalité de la police à Paris : lutte contre la délinquance, maintien de
l'ordre, lutte contre la cour des miracles (prostitution, voleurs, magiciens, enscorceleurs, ...).
Mais c'est aussi la police de la propreté, dans le but d'assainir la ville de Paris, circulation, la surveillance de
la population (et donc des discours séditieux, des rumeurs),
Plus largement, policer la société c'est également une répression ferme à l'égard de toutes les
révoltes (par exemple, la révolte des Lustucrus en 1662). La répression est là, c'est
l'affirmation de l'absolutisme.
Les travaux à Versailles sont lancés dès 1662, c'est 20 ans de travaux, le plus grand chantier du règne.
A Versailles, c'est l'écrin de la société de cour que Louis XIV va mettre en place. Pour construire un exemple
architectural, il fait appel aux plus grands : le Vau, le Nôtre, le Brun …
Versailles est un instrument de propagande, il est doté d'une ménagerie (espèces animales qui
n'existent pas en France : oiseaux, félins, ...), ce qui montre la grandeur du roi à travers la
possession de spécimens rares.
Le château de Versailles, c'est la concrétisation architecturale de la volonté de louis XIV d'apparaître
comme le Roi Soleil. D'ailleurs, la chambre du roi est positionnée au soleil levant, Louis XIV est le
maître du monde.
Les nobles se battent pour être près du roi pour solliciter les grâces royales, et obtenir des postes et de
l'argent.
C. Naître, vivre et mourir au siècle de Louis XIV
1. Quelques données sur les Français ; qui sont les sujets du Roi-Soleil ? ; une société d'ordres immuable
Les curés tenaient un registre des baptêmes, des mariages, des extrêmes fonctions, des
sépultures, ... À partir de ces grands moments de la vie du chrétien, les historiens ont pu remonter aux
naissances (baptêmes) et aux décès (sépultures), et donc établir les taux de natalité et de mortalité
de l'époque.
Ainsi, en France, au XVIIème siècle, il y avait 21 à 22 million d'habitants, contrairement à ce
qu'estimait Vauban à cette époque (les hommes de cette époque pensaient que la France se dépeuplait).
Lente croissance démographique
On estime 48 habitants par km2 au XVIIème, aujourd'hui on s'approche des 10 000 à Paris, 19 en Corrèze,
A cette époque, les Français sont à 80% des ruraux.
Le premier facteur de ces crises démographiques, c'est les conditions climatiques de l'époque. La
deuxième moitié du XIXème, c'est un petit âge glaciaire, il y a une dégradation du climat
La conséquence, c'est la baisse de production agricole. Les organismes, fragilisés, deviennent alors plus
sensibles.
Le deuxième facteur qui explique ce phénomène, c'est la guerre. Elle est synonyme de destruction, mais
aussi de prélèvement sur les campagnes (produits agricoles, animaux,..).
Le troisième facteur majeur, ce sont les épidémies. Bien que la France ait été épargnée des deux poussées de
peste en 1661 et 1668, elle subit surtout des fièvres (variole, grippe, rougeole, ...). A l'époque, il n'y
avait pas de médicament, la moindre fièvre devenait plus dangereuse, voire mortelle. Il y a eu aussi de
grandes épidémies comme la gastro-entérite.
En 1661, c'est la crise de l'avènement : humidité, fièvres, récolte mauvaise, augmentation des prix du blé
(conséquence dramatique sur l'alimentation, famine, ...), disette, ... Il y a un gros pic de mortalité.
Puis, en 1693-94, c'est une autre crise forte, avec un million de morts (sur 20 millions de
français).
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, il n'y a pas de révoltes, les hommes prennent ça comme le choix
de Dieu.(chatiment divin)
Les hommes sont impuissants face à la maladie, la médecine aussi. Il n'y a pas de matériel (thermomètres),
pas de techniques (radiographies, anesthésies, ...).
l'espérance de vie est autour de 40 ans, il y a beaucoup de mortalité infantile, on cherche à avoir un énorme
taux de fécondité, jusqu'à la ménopause.
il y a très peu de déplacements, les français se marient dans leur village, au-delà de 15 km c'est "loin".
Dans le bassin parisien, 70% des garçons et 88% des filles se marient dans leur paroisse d'origine.
La conséquence, c'est que celui qui est un peu au-delà est un étranger, il y a une autre perception de l'autre.
Cette sédentarité n'empêche pas les mobilités, voire des micro mobilités, liées à la saison : les maçons du
limousin quittent leur région au printemps/été pour travailler à Paris (migrations de saisonnalité).
La migration est à plus grande échelle vers les colonies, vers le Canada (= nouvelle France) et les Antilles.

2. La France des villes et des campagnes ; un panorama des campagnes ; les villes encore
derrière leurs remparts
Les campagnes :
L'agriculture est au coeur de la vie, du quotidien, à l'époque. la terre est la principale source d'alimentation
et de revenus, y compris pour les religieux, propriétaires de grands domaines fonciers. Les religieux
récoltent la dîme, un impôt sur les productions agricoles
La réalité est imprégnée dans les mentalités, deux visions de la campagne prônent à
cette époque :
- la vision idyllique de la vie à la campagne
- la vision dramatique, des rustres et des sauvages : vision qui attire la pitié, on voit le paysan comme un
sauvage
Par exemple, du côté de Dunkerque, c'était plutôt openfield, et du côté de Boulogne c'est plutôt bocage.
L'exception, c'est les régions de viticulture, que l'on retrouve majoritairement en Bourgogne, mais aussi
partout sur le territoire, jusqu'à Amiens.
Dans les deux cas, les Français ont un espace de vie organisé en 3 zones : la maison (avec le jardin,
production alimentaire, vivrière), l'ager (les champs cultivés, les prairies, ...) et au-delà : le saltus (tous les
espaces non cultivés, la forêt, ...).
Dans ce cadre, les paysans travaillent, cela occupe l'essentiel de leur temps. Le travail de la terre soumis à
un calendrier immuable (cf. calendrier qui mêle à la fois la vie des champs et des fêtes religieuses).
Ce qu'on cultive dans les champs, c'est le blé, le froment, le blé dur, le sarrasin, … La vie des hommes est
organisée autour de la production de ces blés. Labour, semail, moisson, ... la vie des hommes est
conditionnée au cycle de végétation.
Dans les campagnes, il y a différentes catégories de travailleurs : les laboureurs (ne possèdent pas de terre
mais possèdent charrues, ...), l'ensemble des paysans propriétaires (cultivent leur terre pour nourrir leur
famille), les journaliers, les brassiers,les manouvriers, employés agricoles.

La ville
La ville est délimitée par des campagnes, une ville commence à 2000 habitants.
La seule nouveauté sous le règne de Louis XIV, c'est la création de nouvelles villes ou ex-nihilo : Versailles,
Rochefort...
Des villes militaires comme Sarrelouis, Neuf-Brisach.
Les villes s'administrent de manière indépendante, Elles ont aussi le pouvoir exécutif et législatif, mais elles
se doivent quand même d'appliquer les règles du royaume.
Elles ont aussi un pouvoir de justice, le pouvoir municipal a également en charge la police des grains,
l'approvisionnement, l'hygiène des rues, la voirie, le pavage des rues, l'urbanisme, l'assistance (aux pauvres,
aux malades, ...).
Face à ces pouvoirs municipaux, le pouvoir royal a une attitude assez ambivalente, il négocie et impose à la
fois.
3. Le catholicisme, une religion pour tous ? ; le royaume du "Très chrétien" ; catholicisme,
gallicanisme et jansénisme
La région catholique est le ciment de toute la société d'ancien régime, elle contribue à la cohésion de
l'ensemble social et à son identité.
Louis XIV a comme surnom le "roi très chrétien".
La première minorité, c'est les protestants. Le protestantisme est reconnu et autorisé mais les protestants
ne représentent que 10% de la population.
Il n'y a pas d'athées, on croit forcément en Dieu ou en quelque chose. Il y a des juifs, mais pas de
musulmans.
L'église offre une croyance, un récit des origines, des explications à tous les phénomènes incompris
L'hiver de 1709, c'est la volonté de Dieu, pas un phénomène météorologique.
L'eglise est une institution très présente dans le quotidien des hommes, la cloche de l'église donne le temps,
elle signale les grands événements (heureux, mariages, sonne le glas au moment d'un enterrement), l'église
sonne le tocsin quand il y a un danger : incendie, arrivée d'une bande armée, …
L'église fournit le calendrier, les rendez-vous religieux rythment la vie, le temps, avec des grandes fêtes
annuelles : Pâques, la Toussaint, Noël, la Pentecôte, l'Epiphanie..
L'église, c'est aussi des rites qui marquent la vie des individus : le baptême, le mariage, l'extrême onction,
L’Eglise rythme la vie des citoyens au cœurs de leur vie quotidienne
le roi est considéré comme le lieutenant de Dieu sur Terre.
Le royaume de France connaît quand même des formes de conflit autour de la lecture des écrits religieux :
on voit apparaître des courants, comme celui du jansénisme, qui prend de l'importance à partir de la
deuxième moitié du XVIIème. Les chrétiens Jansénistes ont une lecture particulière de la Bible, prônée par
l'abbé Jansen qui considère que seul un petit nombre d'hommes a été choisi par Dieu.

D. Louis XIV et la guerre


1. Les ressorts de la guerre
La guerre est un phénomène récurrent au XVIIème siècle, pas seulement sous le règne de Louis XIV. Un
précédent de ce dernier, c'est la guerre de trente ans entre 1618 et 1648, une guerre de religion qui opposait
les catholiques aux protestants.
La guerre est un phénomène militaire qui s'impose aux populations et dont les conséquences s'imposent
aux populations : mobilisations humaines et économiques, mort, absence, famine, destructions, ...
La guerre est aussi un phénomène social dans le sens où la guerre catalyse les valeurs dominantes de
l'époque. Autrement dit, la guerre permet de valoriser la force, le courage, l'honneur, …
C'est alors la construction d'un Etat moderne, alors tous les moyens qui permettent l'exercice du pouvoir et
la guerre sont employés pour mieux structurer cet État.
Sous le règne de Louis XIV, le pays connaît 29 années de guerre sur 54 années de règne, sans compter les
temps de paix armée et de préparatifs.
Quels sont les buts de la guerre ?
Il y a trois buts principaux à faire la guerre : la renommée, la conquête et l'affaiblissement des ennemis.
La guerre, c'est une renommée, plus particulièrement si on s'en sort avec une victoire.
La victoire permet de montrer la puissance d'un souverain, c'est une logique valable dans le monde entier.
Louis XIV s'inscrit dans cette logique de réputation par les armes et montre sa force.Il a une passion pour la
guerre jusqu’à ses 55 ans
La guerre, c'est aussi un moyen de conquête. D'une part pour fortifier les limites du royaume, mais d'autre
part aussi pour l'agrandir. Louis XIV est dans l'idée de faire coïncider les frontières du royaume avec des
frontières dites naturelles,
Mais aussi, le but de Louis XIV est d'affaiblir la maison des Habsbourg, l'autre famille régnant en Europe
sur le St Empire romain germanique, les rivaux des Bourbon. Louis XIV veut alors affaiblir la maison royale
concurrente à cause des rivalités intra familiales.
Les armées
La puissance tient à l'armée et aux effectifs.
L'effort est considérable pour l'époque, la mobilisation humaine est considérable.
En 1668, c'est 150 000 hommes, puis 210 000 en 1674 et en 1693, 380 000 hommes sont mobilisés dans les
armées de terre, ainsi que 370 000 marins et 100 000 gardes-côtes
Parmi les soldats enrôlés, il y a une partie de professionnels, mais aussi des enrôlés par la contrainte.
En Angleterre, c'est la presse : on ferme un village et on réquisitionne des hommes. En France, c'est
l'inscription maritime, ancêtre de la conscription, avec des hommes obligés de servir 1 an tous les 4 ans.
Il y a un écart évident entre les chiffres officiels et la réalité des effectifs, car les colonels propriétaires de
leurs régiments touchaient une subvention pour entretenir leurs soldats.
On est très loin des mobilisations de l'époque contemporaine avec des millions de soldats, mais pour
l'époque c'est énorme. Il faudra attendre les guerres révolutionnaires pour retrouver de tels effectifs de
mobilisation.
L'organisation de l'armée appartient au secrétaire d'Etat de la guerre (Le Tellier et son fils Louvois).
L'armée se modernise : port de l'uniforme pour identifier les troupes, créer un sentiment d'appartenance et
assurer la cohésion de groupe, création des rations de base (alimentation), usage de la baïonnette, ...
L'hôtel des Invalides est créé en 1674, le premier hospice pour les anciens combattants pour honorer le
sacrifice que ces derniers ont accepté de faire pour la guerre.

La marine
La marine est composée de navires de guerre, des outils complexes et douteux comme les vaisseaux de ligne
munis d'un système d'arme qui permet d'embarquer des canons.
Au début du règne de Louis XIV, la marine française est presque inexistante. A peine 30 vieux navires
hollandais, achetés, des navires de commerce recyclés.
Au moment de la guerre, à la fin du XVIIème, la flotte française dépasse les 120 navires.
large, 800 hommes d'équipage sont sur les ponts pour actionner des canons et diriger la flotte.
Il y a alors une promiscuité énorme, une sous-nutrition, de l'humidité permanente, et par conséquent une
fréquence de la mort, de la maladie et des conditions de vie dures et difficiles.
Ce sont les ministres qui modernisent l'outil militaire et la marine (Colbert et son fils Seignelay) avec la
création des arsenaux de marine.
Rochefort, Brest et Toulon deviennent des chantiers navals. La guerre entraîne une mobilisation
économique, technique (personnel avec des capacités de construction), scientifique, humaine, ...
Le rôle des arsenaux est dans la construction, l'armement, l'entretien des navires de guerre.
La guerre, c'est aussi des alliances, négocier la paix. La diplomatie gère les relations entre les Etats, elle
permet de préparer la guerre, d'isoler un adversaire (en poussant les Etats à rompre ses relations avec lui),
mais aussi à construire la paix, à dialoguer avant une sortie de guerre.
Cette diplomatie est gérée par les secrétaires d'Etat aux affaires étrangères,

2. La guerre, la gloire et le "Pré carré"


En 1661, l'Europe est en paix, comme l'écrit Louis XIV dans ses mémoires, la paix règne partout en Europe.
Aucune puissance ne domine non plus dans cette époque, donc le contexte est favorable pour lancer une
offensive.
Louis XIV n'inspirait pas méfiance, le jeune roi ne faisait pas parler de lui, il n'inspirait aucune jalousie,
alors Louis XIV saute sur cette opportunité.
Il y a des signes avant- coureurs à cette guerre.
Dès 1661, il y a un premier incident à Londres, entre les ambassadeurs de France et d'Espagne sur une
question de préséance. En termes diplomatiques, un premier feu s'allume.
Il commence par la prise de Lille, la plus grande ville de la région, et quelques mois plus tard en 1668 les
soldats prennent la Franche Comté.
Cette guerre produit des effets, des conquêtes, ...
Une triple alliance est créée contre la France et réunit les Provinces Unies (ancêtre des Pays Bas),
l'Angleterre et l'Espagne, ce qui contraint Louis XIV à stopper son offensive.
La France sort victorieuse avec le traité d'Aix la Chapelle de mai 1668, avec lequel elle récupère uniquement
les villes de Flandres conquises comme Lille, Armentières, Courtrai, Bergues, …
Elle a alors des îlots en territoire adverse, ce qui sera un motif plus tard pour conquérir le territoire jusqu'à
ses villes et linéariser la frontière.
C'est alors une double victoire pour la France, la guerre a affaibli l'Espagne.
A partir de 1668, Louis XIV possède l'initiative en Europe, il a envie de faire la guerre,
d'imposer la prépondérance française en Europe, il a mal digéré la triple alliance.
Peu à peu se dessine à Versailles autour du roi l'idée d'une guerre contre les Provinces Unies.
Pourquoi les Provinces Unies ?
Les Hollandais sont des concurrents économiques, ils maîtrisent une grande partie du commerce maritime,
vers lequel la France doit passer. C'est alors au début d'une guerre commerciale, la France lance une guerre
du tarif, ce qui se prolongera alors en une guerre physique.
Le deuxième motif, c'est la rancune très tenace de Louis XIV envers les Provinces Unies, qui est non
seulement un petit pays marchand mais aussi républicain et protestant, à l'inverse du modèle de la
monarchie absolue.
Très vite apparaît nécessaire que la France doive trouver des alliances : elle se lie avec l'Angleterre : Louis
XIV et Charles II signent en 1670 un traité d'alliance.
Charles II déclare la guerre aux Provinces-unies en 1672, et Louis XIV le suit.
La flotte anglaise est battue par l'amiral Ruyter à la bataille de Solebay (cote est de l’angleterre), elle n'a pas
l'avantage sur la mer.
Le combat se termine donc de façon indécise, les deux camps clamant leur victoire, les Néerlandais avec plus de
raisons car le plan franco-anglais de blocus est abandonné.

En revanche, sur terre, l'opération française est un vrai succès, les français profitent d'un effet de surprise et lancent
les offensives rapidement, qui les conduit jusqu'à Maastricht.

La propagande est présente. 40 villes sont prises par les français, les armées françaises sont galvanisées au possible

La campagne est victorieuse, la guerre finit par être une guerre éclair car elle s'arrête lorsque les hollandais délivrent
les écluses et inondent les bas pays d'un mètre d'eau, ce qui met un coup d'arrêt à l'offensive française.

La panique provoque l'arrivée rapide des français, mais la prince d'orange (guillaume 3) arrive au pouvoir, il devient
alors l'adversaire absolu de Louis XIV.

La victoire française se fait au prix d'une armée qui vit sur le pays et qui commet des atrocités, des destructions, des
vols, des viols, ... Cette réalité nuit à l'image de la France et de Louis XIV.

Louis XIV prolonge néanmoins son offensive, il prend l'avantage en prenant Maastricht, le premier siège mené
personnellement par Louis XIV, accompagné de Vauban. 6 semaines de siège, 40 000 hommes.

La guerre de siège permet de montrer la bataille.

En 1674, la France se retrouve confrontée à une coalition très large, qui réunit les Provinces unies, l'Espagne, le
Saint-Empire romain germanique,

L'Angleterre s'est retirée de l'alliance, la France est seule, mais cela ne la stoppe pas, elle reprend la Franche Comté,
Besançon, l'Alsace, ...

En 1678, Louis XIV entame une longue marche avec ses troupes, ce qui leur permet de prendre la ville de Gand, afin
d'entamer des négociations (les diplomates négocient même si la guerre continue). Plus on prend de territoires, plus
on peut négocier, alors la paix est négociée en 1678 avec la paix de Nimègue.

La France sort plutôt victorieuse de ce conflit : elle garde la Franche Comté, la Flandres, l'Artois devient
complètement français, ce qui permet de rendre la frontière plus linéaire.La frontière est fortifiée avec la fameuse
ceinture de fer,

La guerre a conforté Louis XIV dans son statut de première puissance.


Louis XIV a acquis une légitimité supplémentaire. Ce sont ses victoires. La guerre est extrêmement présente dans son
règne : en 1672, Louis XIV passe 73 jours à la guerre, 166 jours en 1673, des durées qui peuvent paraître courtes,
mais il faut prendre en compte que la guerre ne se fait qu'aux beaux jours, les hivers étant trop rudes.

Au total, Louis XIV passe 641 jours aux armées pendant cette guerre de Hollande, c'est un roi de guerre, avec de
réelles compétences militaires.

Mais, il a récupéré un adversaire de taille : le prince d'Orange.

3. De la puissance à la suprématie européenne ; "Annexions" et la guerre de Ligue d'Augsbourg ;


la guerre de succession d'Espagne : la guerre de trop ?
A partir de 1679, dans les mois qui suivent, Louis XIV engage la France dans une politique de grignotage
des frontières définies au traité de Nimègue, il se lance dans une politique d'annexion : il veut récupérer les
petits territoires.
Il met en place ce qu'on appelle une chambre de réunion, composée de juristes qui examinent tous les
documents qui permettent de prouver qu'une terre a été un moment sous l'influence française.
En conséquence, Louis XIV se lance dans une politique de réunion et prend d'autorité un certain nombre de
territoires, parce qu'il en a le droit (exemple : récupération de,Strasbourg, Montbéliard (rattachement
d'autorité), Luxembourg (sous prétexte de réunion), ...). Il ravage la région de Bruxelles et de Bruges avec
des incendies.
C'est la loi du plus fort qui règne. récupère la ville de Montbéliard (franche comté)
Guillaume d'Orange fortifie aussi son pouvoir dans les Provinces unies, il prend le pouvoir en Angleterre.
Il tisse progressivement une alliance européenne contre Louis XIV, c'est le leader anti-français et anti Louis
XIV, il est la figure de la résistance à l'oppression française.
Une décision qui entraîne un exode massif de protestants, qui se réfugient dans les Provinces unies et en
Angleterre (les sujets fidèles du roi rejoignent son ennemi).
Guillaume d'Orange se déclare défenseur de l'Europe, et crée une coalition qui réunit les Provinces unies,
l'Angleterre, le St-Empire, les princes allemands, la Savoie, et l'Espagne. Louis XIV à toute l'Europe contre
lui. Dans ces conditions, ce dernier débute la guerre en 1688 : la guerre de la ligue d'Augsbourg, la guerre la
plus mobilisatrice de tout le XVIIème siècle. La France lance l'offensive sur la région appelée palatinat.
Une propagande se lance en Europe, et montre les français comme l'antichrist. La figure d'une violence
française s'installe alors, il y a une manipulation de l'opinion publique. La France tient, elle réussit à
s'opposer à la ligue d'Augsbourg, elle contient les attaques de ses adversaires, aussi bien sur terre que sur
mer.
Elle tient tête aux deux plus puissantes flottes du monde : l'Angleterre (royal navy) et les Etats-Unis.
Jean Bart se distingue aux commandes de l'escadre de Dunkerque, et va s'illustrer grâce aux dégâts
considérables qu'il produit sur la marine anglaise.
Il pratique la guerre de course, une privatisation de la guerre : ce sont des particuliers qui font la guerre au
nom du roi (différence corsaire / pirate qui agit pour son compte).
Les effets sur le terrain sont réels, Jean Bart gagne la bataille du Texel avec 900 prises de navire.
La paix est signée à Ryswick en 1697, et on en revient à la situation de la paix de Nimègue :
la France restitue les territoires pris au moment de la réunion, mais garde Strasbourg.
La France est reconnue comme LA grande puissance européenne.
La guerre de la ligue d'augsbourg, c'est la première guerre où les colonies sont concernées (Antilles,
Amérique, ...). La guerre s'exporte dans les colonies européennes, elle projette des milliers d'hommes à des
milliers de kilomètres.
La guerre de succession d'Espagne, la guerre de trop ?
La guerre de succession d'Espagne, c'est une guerre de 1701 à 1713, la plus longue guerre et surtout la plus
éprouvante de tout le règne de Louis XIV.
Les prémices commencent en 1697, la paix est à peine signée que déjà se pose la question de la succession
espagnole.
Le roi d'Espagne Charles II meurt en 1700, sans descendants.
En théorie, il n'y pas de succession simple, alors on va voir dans les collatéraux, et là s'imposent deux choix
possibles : le dauphin de France (le fils de Louis XIV), ou Léopold 1er, l'électeur de Bavière.
Avant de décéder, Charles II marque sa préférence pour le fils du Dauphin, le petit-fils de Louis XIV, le duc
d'Anjou.
Le 16 novembre 1700, Louis XIV fait savoir que la France accepte la décision de Charles II, et accepte que le
duc d'Anjou devienne le roi d'Espagne, sous le nom de Philippe V.
Les enjeux sont considérables, l'Europe est dominée par l'alliance Espagne-France.
La France dispose d'un empire colonial important, et l'Espagne dispose de l'empire colonial le plus
important.
"Le soleil ne se couche jamais sur l'empire espagnol" (la nouvelle Espagne : l'Amérique,
les Philippines, ...). Léopold 1er monte une alliance, qui réunit la Savoie, le St-Empire, l'Angleterre, ... La
guerre s'ouvre à partir de 1701, la guerre est mondiale. L'Europe ainsi que toutes les colonies sont
concernées.
Entre 1703 et 1705, les combats sont assez indécis mais la France et l'Espagne résistent.
La deuxième partie de la guerre est beaucoup moins favorable à la France.
En 1708, elle est confrontée à une situation compliquée.
Les défaites s'accumulent, les conquêtes du début du règne sont perdues, elles sont envahies (Flandres,
Franche Comté, Lille, ...).
A partir de 1708, les négociations s'ouvrent, mais n'aboutissent qu'en 1712/13.
La guerre se termine avec le traité d'Utrecht en 1713.
La France résistait, la mobilisation était considérable, le poids de la guerre sur la société et l'économie était
considérable, les prélèvements sur les récoltes et les productions étaient énormes.
Il y a une démoralisation face à la guerre qui dure, la défaite, l'affrontement aux événements climatiques
difficiles, l'hiver 1709, épisode meurtrier qui marque les esprits, l'accumulation des défaites, les
prélèvements, la lassitude, ... contribuent à l'idée que Dieu n'est peut-être plus derrière Louis XIV.
Alors, se développe un discours qui n'assimile plus Louis XIV au roi soleil, mais à un tyran , qui ne serait
attiré que par l'orgueil.
La France a peut-être gagné car Philippe V est sur le trône, le but de guerre est atteint, les deux bourbons de
France et d'Espagne se sont alliés et s'apprêtent à coopérer, mais la guerre de succession d'Espagne se
termine tout de même avec des pertes territoriales pour la France (Flandres, Acadie (territoire canadien) et
donc la perte du droit de pêche, les côtés du Rhin, ...). La France va perdre l'asiento au profit de l'Angleterre
: l'autorisation de faire du commerce dans l'empire espagnol (système où chaque colonie est obligée de faire
du commerce avec son voisin et de fournir des esclaves).
C'est une victoire politique, mais une énorme perte économique.
Cette situation de 1713 marque le début de la prédominance de l'Angleterre sur l'Europe.
Les anglais se vengent au moment des négociations, et imposent la destruction de la ville de Dunkerque (ils
n'avaient pas pu l'avoir pendant la guerre).
La guerre comme outil politique ne fonctionne que quand on est victorieux.
L'annonce de la mort de Louis XIV est une vraie explosion de joie en 1715.
E. Les ombres d'un règne
Selon Jacques Le Perche, au début du XVIIème siècle, le roi "ne songeant plus qu'à sucer ses peuples et
manier le c... de sa vieille [...] que le roi se fout du peuple" (Jacques Le Perche, 26 avril 1702).
Cette pensée est largement partagée, elle traduit l'opinion du peuple.
En 1702, l'image du roi est dégradée. Il a 64 ans, il règne alors depuis 40 ans, quarante longues années au
cours desquelles Louis XIV a construit une nouvelle façon d'exercer le pouvoir, d'exercer son absolutisme.
Dès les premières années du XVIIIème, le royaume est profondément marqué, notamment par des
difficultés telles que le grand hiver de 1709, les malheurs de la famille royale (disparition de la plupart des
prétendants au trône), mais aussi par la guerre de succession d'Espagne désastreuse.
Dans ce contexte règne les ombres du règne du roi Soleil.
1. Penser et prier comme le roi, le gouvernement religieux et l'unité de l'Église,
l'absolutisme dévot
La religion constitue une première ombre significative du roi Soleil, il mène un véritable gouvernement de
la religion.
La religion, c'est un sujet qui appartient au roi : il a l'autorité sur l'Eglise de France, il est qualifié de
lieutenant de Dieu sur Terre, le roi a alors une autorité naturelle sur toutes les questions religieuses.
Le roi va alors s'intéresser à la question janséniste qui devient un problème politique.
En fait, les jansénistes sont des chrétiens qui suivent la doctrine de Jansen, condamnée par l'Église
catholique. Le roi se doit donc d'aider l'Eglise à combattre l'idéologie janséniste, dont la différence de
lecture théologique est plus qu'importante.
Un certain nombre de jansénistes sont à l'Abbaye de Port Royal, aux portes de Paris.
En 1668, un compromis est trouvé : "la paix de l'Eglise".
Le jansénisme ne fait plus parler de lui pendant 20 ans, mais ils en profitent pour prospérer à travers des
publications, des prédications, aidés par certains hommes de plume comme Racine.
Les hostilités reprennent à partir de 1686, Louis XIV s'oppose vigoureusement aux jansénistes. Ce qui
compte pour lui, c'est construire une église gallicane (eglise catholique française sous l'autorité du
souverain ) pour maintenir l'ordre public.
Les jansénistes voient mal la construction d'une église à la main du souverain, qui souhaite, par le maintien
de l'ordre public, réduire toutes les oppositions et contestations à l'intérieur du royaume, pour assurer sa
tranquillité.
Au final, Louis XIV cherche à construire une unité de l'Eglise en essayant d'imposer un absolutisme dévot.
Très tôt au début du règne, Louis XIV prend son rôle au sérieux de roi très chrétein, et s'affiche comme un
défenseur du catholicisme, dans l'idée que le royaume doit être soumis à un même roi, à une même loi, et à
une même religion. Ainsi est la facette religieuse de l'absolutisme.
Comment se traduit l'absolutisme dévot ?
Les protestants sont visés dès le début du règne, les attaques et les persécutions montent en puissance, il y a
une vraie lutte contre l'hérésie protestante.
Les protestants sont présents en France depuis le début du XVIIème siècle. Leur présence a donné lieu à
des guerres de religions (1598), mais la tolérance a pu être installée grâce à l'édit de Nantes, promulgué par
Henri IV.
Tout se passait bien, jusqu'au début du règne de Louis XIV, qui entame un grignotage des libertés accordées
aux protestants.
Dans le Poitou, 74 temples protestants sont constatés par les catholiques, et 64 sont fermés.
Les sanctions se multiplient à l'égard des protestants : ils n'ont plus le droit d'acheter une charge d'officier
du roi ou d'exercer un office, les enterrements protestants ne sont possibles qu'au lever du jour ou au
coucher du soleil.
En 1680, un arrêt du roi est publié, et interdit de se convertir du catholicisme au protestantisme, de changer
de religion.
Dans le Poitou commencent en mars 1681 les dragonnades : l'intendant Marillac propose d'utiliser la force
pour convertir les protestants au catholicisme. Il fait alors appel à des régiments de soldats appelés Dragons
(d'où le terme dragonnade).
Officiellement, le procédé provoque de nombreuses conversions. La "force de la raison" finit par l'emporter
: le marquis de Dangeau estime que dans la généralité de Bordeaux,
50 000 conversions ont eu lieu entre 1681 et 1685, des conversions massives contraintes.
La méthode conduit Louis XIV à constater qu'il n'y a plus de protestants dans le royaume en 1685. Dès lors,
un édit de Fontainebleau est publié, il révoque et met fin à l'édit de Nantes.
Il n'y a plus lieu de reconnaître les libertés de culte des protestants.
Beaucoup de protestants abjurent, mais 150 000 à 200 000 de protestants français s'exilent entre 1680 et
1700 (vers les Provinces unies, l'Angleterre, Genève, ...).
Sur 20 millions de français, ce n'est pas un effectif considérable, mais ce sont des commerçants, des
artisans, des officiers, des gens qui ont de l'argent, du savoir faire, qui font tourner l'économie du pays.
Il y a des conséquences considérables pour le royaume : certe une perte de français, mais les protestants
exilés contribuent à diffuser une image négative du roi Soleil à l'étranger, un roi tyrannique qui dévore et
assassine son peuple.
En France, cela resserre l'unité du pays, Louis XIV assure son rôle de souverain catholique.
A l'intérieur du royaume, il y a tout de même un culte clandestin : des réunions dans des forêts, des grottes,
... à l'abri des regards. Une révolte éclate dans les Cévennes à partir de 1702, la révolte des camisards. Une
révolte armée, dont il a fallu 8 ans pour rétablir l'ordre.
L'État royal est alors au service de l'Eglise, Louis XIV est préoccupé de son salut au-delà de la mort, et
prépare son grand voyage
En 1713, c'est la Bulle Unigenitus : une décision papale qui condamne le jansénisme (les documents papaux
sont signés par une bulle). Louis XIV se soumet alors à une décision du pape, une décision incohérente aux
yeux des Français. Il reçoit une décision du pape, et la met en loi, il met l'Etat royal au service de l'Eglise, la
preuve d'un absolutisme dévot.
2. Gloire du Roi, misère du peuple ; de la Galerie des glaces à la France en armes ; les crises
de la fin du règne
La guerre, comme la religion, est un élément essentiel du règne de Louis XIV : c'est le facteur d'une gloire
éternelle, mais aussi un facteur de souffrances pour tout un peuple. C'est dans l'adversité et l'opposition que
se construit l'unité du royaume : quand tout le monde pense la même chose, cela fonde l'unité.
La gloire du roi est diffusée comme une réelle propagande (exemple de la Galerie des glaces de Versailles,
achevé en 1684, dont les tableaux mettent en scène le discours officiel déployé par Louis XIV).
Louis XIV impose aux Français une manière de penser, sa communication politique et son discours
fonctionnent assez bien.
Dans les tableaux, Louis XIV est représenté comme un héros, une figure héroïque, chargée d'incarner la
monarchie
Le message est aussi répété lors des messes (chants de Te Deum), mais aussi lors des entrées royales
(lorsque le roi arrivait en ville, il y avait plein de mises en scène, de représentations, de dessins, ...).
Cela permet au roi d'occuper l'espace public, il démultiplie sa présence par les statues (statuomanie du
XIXème pour célébrer les personnages importants).
Parmi ces supports utilisés, il y a aussi l'architecture, un grand vecteur de communication de la grandeur du
roi
Il y a une ampleur de la mobilisation renforcée par la durée des guerres, la guerre de la ligue d'augsbourg et
la guerre de succession d'Espagne occupant 23 ans du règne de Louis XIV, 1 million de soldats mobilisés
(échelles temporelles et humaines marquantes).
Il y a aussi des crises qui marquent la fin du règne : d'abord, une crise démographique, avec la disparition
de nombreux français à cause des conditions climatiques, de la baisse des récoltes, des maladies et des
épidémies, ...
Avec l'été frais et humide de 1692, la baisse des récoltes entraîne l'augmentation des prix, qui entraîne une
situation de disette, voire de famine, qui entraîne elle-même un affaiblissement des organismes, et donc des
maladies et des épidémies plus mortelles.
En 1694, 2 800 000 Français meurent : sur 20 M d'habitants, c'est assez considérable.Tous les efforts
démographiques accumulés au fil des années sont perdus.
En 1693, la maladie typhoïde ravage le royaume.
La guerre coûte cher, il faut la financer, alors il y a une nette augmentation de la fiscalité, alors que la
population souffre. En plus de cela, la capitation (impôt payé par tous les français) est créée en 1695, le
dixième est inventé en 1710, ...
Le grand hiver de 1709 ravage tout le royaume au début d'année, les températures chutent jusqu'à -20°c, le
froid surprend et tue pendant 3 semaines.
Il y a alors une perte de toutes les semances (l'eau rentre dans les pousse et gèle), une perte des
exploitations agricoles (oliviers, vignes, châtaigniers, ...), une perte économique et une perte humaine.
Louis XIV s'adresse aux français mourants en leur demandant des efforts, dans l'unique but de continuer la
guerre.
3. La France à la mort de Louis XIV ; l'hypothèque financière ; une société policée mais
lasse
Au crépuscule de sa vie, en 1715, Louis XIV exhorte son arrière petit-fils, qui va lui succéder : "mon enfant,
vous allez être un grand roi ; ne m'imitez pas dans le goût que j'ai eu pour les bâtiments, ni dans celui que
j'ai pour la guerre".
Versailles, c'est une entreprise à échelle européenne sans précédent. Louis XIV transforme le palais de
chasse en un palais que toute l'Europe va copier. Il y a une mobilisation humaine énorme, avec 35 000
ouvriers, le site naturel est complètement transformé.
Mais, tout ça a un coût (tout comme la guerre). L'absolutisme de Louis XIV s'est appuyé sur une
mobilisation fiscale et économique gigantesque, que la France n'avait jamais connue auparavant.
La mobilisation repose sur le contrôleur général des finances, c'est lui qui trouve de l'argent.
A la fin du règne, les recettes fiscales ne suffisent plus à couvrir les dépenses, le trésor royal est en déficit,
malgré la création de nouveaux impôts.
pour trouver de l'argent facilement (faire fondre la vaisselle d'argent de Versailles pour en faire des pièces et
de la monnaie), on invente des taxes sur tout et n'importe quoi (les parfums, les huiles, les cartes à jouer, les
perruques, ...).
L'Etat se lance dans des mutations monétaires, il dévalue la monnaie, qui perd un tiers de sa valeur, et a
recours à des financiers qui trouvent de l'argent et avancent les dépenses de l'Etat (avec bien sûr un taux de
profit).
Le plus gros financier, c'est Samuel Bernard, qui brasse 4M de livre/mois, qualifié de "coffre fort de Louis
XIV" par Janine Garrisson.
Une loterie royale est aussi créée.
En 1715, la situation financière du royaume est catastrophique.
Une déclaration royale officielle reconnaît : "il n'y avait pas le moindre fond, ni dans notre trésor royal, ni
dans nos recettes pour satisfaire aux dépenses les plus urgentes".
A la fin du règne, le royaume a accumulé 1 milliard 200 M de livre de dettes, dont 1 milliard à court terme,
alors que les recettes annuelles sont de 110 M/an.
L'Etat n'est pas en faillite, mais la situation est dramatique. Le seul moyen de payer, ce sont les prêteurs. de
trouver de l'argent facilement (faire fondre la vaisselle d'argent de Versailles pour en faire des pièces et de la
monnaie), on invente des taxes sur tout et n'importe quoi (les parfums, les huiles, les cartes à jouer, les
perruques, ...).
L'Etat se lance dans des mutations monétaires, il dévalue la monnaie, qui perd un tiers de sa valeur, et a
recours à des financiers qui trouvent de l'argent et avancent les dépenses de l'Etat (avec bien sûr un taux de
profit).
La société est donc policée mais lassée, lassée de ce long règne, lassée de ce vieux souverain.
Le règne de Louis XIV marque les Français et l'histoire de l'ancien régime. Ce constat fait écho à la volonté
délibérée d'un homme de confondre sa gloire personnelle et la grandeur d'un royaume.
Le siècle de Louis XIV, c'est le siècle de l'absolutisme, construit au prix de souffrances, de prélèvements
économiques, mais c'est un État plus rationnel, plus moderne, que Louis XIV laisse à son successeur.

II. Le Beau XVIIIème siècle


A. La Régence
Le XVIIIème siècle va être le siècle des individus français, mais aussi le siècle des Lumières
(groupe/ambition intellectuelle qui s'inscrit dans un peuple qui n'est plus spectateur passif, mais un vrai
acteur dans la vie du pays).
Le tableau remet en cause la sacralité du roi : on ose montrer un tableau qui n'est pas du tout dans le cadre
académique d'un roi défunt (pas sur un lit de mort).
Le feu roi a quitté son royaume le 1er septembre 1715. Depuis longtemps, la morosité régnait sur le
royaume, le contexte militaire était difficile, Versailles était devenu un lieu terne, austère, il est loin des fêtes
et du plaisir des débuts du règne.
La mort du roi marque la fin d'une époque où on passait plus de temps à prier Dieu qu'à s'amuser,
Versailles était un lieu ennuyeux, un lieu de mort. Le roi était rongé par la maladie, la famille royale était
endeuillée : mort du grand Dauphin en 1711, mort de son fils le duc de Bourgogne et de sa femme (donc fils
et petit-fils de Louis XIV), en 1712 meurt aussi le deuxième petit fils de Louis XIV, le duc de Bretagne.
Louis XIV voit sa descendance dévastée, le seul successeur qui lui reste est un enfant de 3 ans, le duc
d'Anjou, le futur de Louis XV. Louis XIV lègue un second gros problème : la querelle janséniste n'a pas été
réglée.La Bulle Unigenitus, la décision papale qui avait provoqué de nombreuses oppositions, n'a pas été
enregistrée comme une loi du royaume.
Tous ces problèmes surviennent alors que la santé de Louis XIV est fragile, la régence s'annonce mal.
La régence va être un moment essentiel pour le XVIIIème siècle : structuration et modernisation de l'action
de l'Etat, décollage du commerce, secteur économique métiers reconnus comme l'excellence française,
début d'une effervescence intellectuelle avec les lumières.
"Un siècle en huit ans" (Michelet)
1. La Polysynodie : rupture ou continuité ; le "coup d'Etat" de 1715 ; un gouvernement de
conseil ; l'éducation du jeune roi
A la mort du roi, Louis XV devient roi, mais il est trop jeune pour régner. Alors, il faut nommer un régent,
chargé d'exercer le pouvoir à la place du souverain empêché.
Philippe d'Orléans est désigné par Louis XIV dans son testament comme "président de conseil de régence",
et non pas comme régent.
Philippe d'Orléans est le neveu de Louis XIV, le petit-fils de Louis XIII.
C'est alors à Philippe d'Orléans que revient la mission de sauvegarder la couronne. Il doit assurer la
continuité du pouvoir tout en veillant à ses propres intérêts, et ceux de sa famille, la famille d'Orléans, la
branche cadette des Bourbon.
En face de lui, les enfants illégitimes de Louis XIV, qui veulent jouer un rôle politique. Philippe d'Orléans
doit aussi veiller à la réaction de philippe V, son cousin, monté sur le trône d'Espagne, et qui a pourtant
renoncé à la couronne française.
Philippe d'Orléans se montre d'une habileté politique exceptionnelle : il renverse la situation, s'impose et
impose son pouvoir, à la surprise de tous.
Philippe d'Orléans se construit une image positive, d'un homme vertueux, un homme de
devoir, qui voue sa vie à la cause royale.
Certains historiens ont parlé d'un coup d'Etat dans l'arrivée de Philippe d'Orléans au pouvoir.
Ce dernier réussit à contourner le testament de Louis XIV : il négocie et réussit à faire admettre aux
parlementaires qu'il doit être nommé régent et président du conseil de régence, et réussit donc à extorquer
une mauvaise interprétation du testament que Louis XIV.
La nuance entre régent et président du conseil de régence, c'est que le régent a tous les pouvoirs, certes
temporairement (sa fonction s'arrête aux 13 ans (majorité) de Louis XV), mais il a tous les pouvoirs.
Une fois que son pouvoir est installé (en quinze jours), Philippe d'Orléans va mettre en place un nouveau
gouvernement : un gouvernement de conseils, ou polysynodie. Il remplace les ministres et secrétaires d'Etat
par des conseils, ce qui provoque la démission des secrétaires d'Etat, et la création de conseils de
gouvernement (conseils à thématiques : guerre, marine, affaires étrangères, finances, commerce, ...).
Ces conseils installent un nouveau mode de fonctionnement dans le gouvernement : la collégialité, qui
permet de prendre des décisions plus mûres, plus intelligentes.
Le conseil de gouvernement correspond à une vieille demande de la noblesse, qui va pouvoir y participer.
Cela permet d'évacuer les créatures ministérielles (qui doivent tout à Louis XIV, et qui donc y étaient
soumis).
Pour autant, à l'intérieur des conseils, on retrouve les mêmes personnages, il y a une réelle continuité,
certes une rupture avec la polysynodie, mais une continuité des personnages d'Etat.
Il y a aussi une révolution géographique : on déménage de Versailles à Paris, qui redevient la capitale de la
France.
Ce déménagement montre la maturité de la monarchie et de l'appareil d'Etat.
Philippe d'Orléans a aussi la mission d'assurer l'éducation du jeune roi, pour le préparer à son métier.
Deux personnages sont nommés : le Duc de Villeroy, et Hercule de Fleury (religieux), pour enseigner à
Louis XV une éducation soignée avec des humanités, de la géographie, de l'astronomie, mais aussi une
éducation très pieuse.
A 10 ans, Louis XV est formé, et il intègre le conseil de régence, sans prendre part aux débats ni
délibérations.
En 1722, le roi revient à Versailles, qui redevient la résidence royale et la capitale du royaume, et il est sacré
à Reims en octobre, à sa majorité.

2. Sortir de l’impasse financière : le système Law ; l'épuration des finances ;


un système bancaire
Deux priorités s'imposent : le désendettement de l'Etat, et le retour du crédit, le retour de la confiance.
Il faut rembourser la dette et avoir de l'argent frais, et gagner la confiance des investisseurs.
Alors, il faut mettre un terme à la crise, causée par les mutations monétaires (dévaluation de la monnaie,
perte de sa valeur).
On organise des procès, des chambres de justice, pour tenir comme bouc-émissaires les prêteurs d'argent,
les profiteurs.
Alors, John Law, un homme écossais, qui sait parler, qui sait séduire, convaincre, et qui a une fine
connaissance du fonctionnement de l'économie de l'époque, propose un nouveau système : la création d'une
banque d'Etat (sur le modèle de la banque d'Angleterre), qui doit servir à garantir un papier monnaie, un
outil pour rétablir la bonne circulation dans l'économie.
En clair, la banque d'Etat doit rendre disponible une monnaie pour relancer l'économie (l'idée non avouée,
c'est que cela permet de transformer la dette de l'Etat en action de la banque, et transformer les débiteurs
de la monarchie en actionnaires de la banque).
Ce système repose sur la confiance.
Le 2 mai 1716 est créée la banque générale, dotée d'un capital de 6M de livres, répartie en 12 000 actions de
500 livres chacunes.
En 1717, la compagnie du Mississippi est créée, et permet de garantir la monnaie grâce aux bénéfices que va
faire cette compagnie de commerce.
Le système fonctionne et réussit, même si les mentalités ne sont pas prêtes à l'usage du crédit et à affronter
les risques du papier monnaie.
En 1718, la banque générale devient la banque royale : c'est l'imbrication complète d'un système privé avec
l'appareil d'Etat.
La compagnie des Indes est créée en 1719, elle jouit du monopole de tout le commerce
d'Amérique, de Chine et des Indes : tout le commerce fait entre la France et ses régions doit passer par la
compagnie des Indes.
En mars 1720, les bénéfices sont un peu moins élevés que prévus, alors tous les investisseurs se mettent à
vendre : il n'y a plus de preneurs.
Face à la menace politique, le régent liquide le système, et réanime le dégoût et la méfiance des français.
Le boom du commerce colonial permet à l'Etat de se désendetter.
3. 1718 : la fin d'une "rêverie" ; la fin de la Polysynodie ; Jansénisme, parlements, équilibre
européen : des périls à demeure
Philippe d'Orléans décide de mettre fin au gouvernement de conseil en 1718, et donc de mettre fin à la
polysynodie. Le contexte exige des prises de décisions beaucoup plus rapides, un Etat plus fort, alors que le
contexte est instable. La banque générale devient la banque royale en 1718, c'est là la volonté de remettre
la main sur un certain nombre d'initiatives.
La monarchie est confrontée à plusieurs défis : le jansénisme revient dans le débat
politique.
Il y a un climat d'agitation dans le royaume de France, nourri par le mécontentement de la noblesse, et
l'agitation des bâtards de Louis XIV, notamment du duc de Maine et son épouse.
Puis, un autre défi : la situation en Europe.
Philippe d'Orléans doit gérer une situation délicate, inédite : une alliance contre-nature est créée,
réunissant la France et son ennemi, l'Angleterre.
A partir de 1716, ces deux dernières sont des alliés contre l'Espagne (ils ont besoin de tout sauf d'une
guerre).
Le régent reprend les affaires en main, il ne confie plus les rennes aux conseils de régence.
La régence s'achève le 6 février 1723, aux 13 ans de Louis XV.
Pour autant, Philippe d'Orléans reste, à la demande de Louis XV, au pouvoir jusqu'à sa mort en décembre
1723.
Alors, la régence est un vrai succès, l'autorité royale est intacte. Les autres épisodes de régence avaient
déstabilisé, fragilisé, le pouvoir royal.
L'appareil d'Etat en sort conforté, solide, il réussit à se détacher de la personnalité de Louis XIV.
L'effervescence culturelle, intellectuelle, le retour à Paris, ... correspond à de nouvelles sociabilités, les
clubs de pensée sont créés
Mais, le bilan est mitigé : le parlement a été remis en scelle, et ne se gène plus pour formuler des
remontrances, il va devenir un réel lieu d'opposition.
B. La France des Lumières
En 1762, les Français lisent dans les gazettes le bon mot (ce qui se passe dans la cour), des choses futiles, les
récits sur la façon dont les jésuites ont été expulsés, les récits de Voltaire, les affaires judiciaires, ...
Il y a une effervescence culturelle, intellectuelle, de la France à partir des années 1720.
C'est la France des Lumières.
Il y a aussi une effervescence économique grâce au commerce maritime et colonial.
Avec les marchandises circulent les cultures, les idées, les goûts. Ainsi, il y a une découverte de l'inconnu, de
l'altérité, une découverte de l'autre, ce qui participe à cette effervescence culturelle.
Dans le domaine politique, l'écrit prend de plus en plus d'ampleur (factums, pamphlets, ...).
C'est aussi la naissance de l'opinion publique, avec la naissance de l'intérêt intellectuel pour la politique.
Les Lumières, c'est aussi un mouvement qui se vit.
Le XVIIIe, c'est le moment de réinvestissement de toute la pensée du XVIIème :
Descartes, Newton, Spinoza, ces savants ont été les vrais découvreurs de la raison (expérimentation,
observations, ...).
La cour de France, Versailles, aurait dû être l'épicentre du phénomène des Lumières, et jouer un rôle
déterminant, car la cour est pensée comme un lieu de bon goût, un lieu de curiosité, d'émulation, ... Or,
depuis 1715, la cour passe de Versailles à Paris.
Paris a pris la main sur le domaine des idées et de la culture, mais Versailles reste un lieu où il y a de
l'argent, un lieu de grandes décisions. Cet élargissement permet une effervescence culturelle.
Les Lumières ne se cantonnent pas à la France, c'est un mouvement européen.
L'épicentre est français (langue de l'élégance et de l'éloquence), mais le mouvement existe aussi en
Allemagne, en Angleterre, …
1. Idées et sociabilités des Lumières ; les lumières contre l'obscurantisme ; une
"République" des salons, sociétés, académies et loges
C'est un combat car les Lumières revendiquent une nouveauté intellectuelle, culturelle, ils s'opposent à la
croyance. Les hommes des Lumières vont alors investir des thématiques comme la liberté, la tolérance, la
question des droits, ... Parmi eux, Voltaire (tolérance), Diderot (encyclopédie), Montesquieu (critique de
l'absolutisme), Rousseau (droits), …
Les Lumières, c'est aussi un mouvement qui touche les sciences : progrès en physique, chimie : Dobanton
(chimie et métaux, zoologie, botanique), Lavoisier (chimie), Buffon (botanique), ...
Des nouveautés apparaissent : l'abbé Nollet s'intéresse à l'électricité. Les hommes des Lumières s'écrivent,
échangent, se rencontrent, font circuler leurs idées à travers toute l'Europe, ...
L'historien Dominique Poullot écrit au sujet de la ville des Lumières que c'est une "ville sociable", une ville
qui se vit (convivialité, rencontres, salons, clubs, loges maçonniques, cafés, ...).
Quatre principaux lieux de réunion, de sociabilités, rassemblent les esprits des Lumières.
Les salons.
Il y a des règles de comportement à adopter, cela fait parti des mondanités.
Il y a une dimension cosmopolite : il faut y être invité, y compris pour les étrangers.
Les académies.
Lieu de rencontres des littéraires et des scientifiques.
Les loges maçonniques.
Les traditions populaires.
Confréries, jeux d'adresse (tir, arbalète, ...), nobles jeux, qui obligent à travailler le contrôle de soi.
Cependant, les Lumières, c'est un phénomène urbain : il n'y a ni loges maçonniques ni salons dans les
campagnes.
2. L'Encyclopédie : le chantier des Lumières ; l'encyclopédisme ; une entreprise
L'encyclopédie, c'est le monument des Lumières, l'expression très concrète des Lumières.
L'encyclopédie tire ses racines d'une initiative anglaise : la cyclopedia, publiée en 1728 à Londres par
Ephraim Chambers.
L'encyclopédie, c'est un monumental travail pour rassembler les savoirs de l'époque (ambition des
Lumières).
L'ambition est claire : "dresser une table générale des principaux objets de la connaissance humaine".
Les libraires parisiens souhaitent lancer une traduction française de la cyclopedia de Chambers. Ils veulent
satisfaire le goût des lecteurs pour le dictionnaire (goût prononcé pour les dictionnaires au XVIIIe siècle),
dans l'espoir que leur initiative rencontre le
même succès que celui rencontré par Chambers.
Pour la satisfaire, il faut mobiliser les gens de lettres, les Lumières, avec une production extrêmement
prolixe, laborieuse : Rousseau signe 400 articles de l'encyclopédie,
17 volumes de texte, 11 volumes de planche, 25 000 pages, 72 000 articles
L'encyclopédie, c'est un projet éditorial qui associe toutes les Lumières : les philosophes, des
mathématiciens, des savants, des "Lumières techniciennes", comme des ingénieurs.
Il y a une véritable course contre la montre face à l'accélération des savoirs au XVIIIe : il faut tenir la
cadence avec des auteurs qui écrivent beaucoup.
Le premier prospectus de vente est lancé en 1750, 8 000 prospectus sont diffusés.
Le 1er tirage a lieu en 1751 avec 3 500 exemplaires du premier tome. Le deuxième tome est publié en 1752,
mais il soulève des débats, des oppositions du parti anti philosophique (Diderot est cible de polémiques, il
est accusé de plagiat).
Le conseil du roi condamne l'encyclopédie en 1752. Le parti philosophique se mobilise avec Madame de
Pompadour, la favorite du roi, et la publication est autorisée, elle reprend en 1753.
Le "livre embastillé" se vend encore mieux. Le tome 3 se vend en 5 000 exemplaires.
En 1759, il y a la révocation du privilège (autorisation de publier), ce qui met fin à l'entreprise en France, le
pape met à l'index (interdit) l'encyclopédie.
Mais, la publication se poursuit toujours, car les tirages se font au sud de la Franche
Comté, dans la principauté des Dombes (domaine rattaché au royaume de France mais qui n'a pas les
mêmes lois, la censure n'est alors pas valable). De 1752 à 1757, 7 tomes paraissent. Puis, les tomes 8 à 17
sont publiés. En 1772, c'est la publication des derniers volumes de planche.
3. Les Lumières, un combat ; un siècle d'affrontements ; la naissance de l'opinion publique
Chez les Lumières, il y a aussi des combats (même pour promouvoir l'encyclopédie).
Les Lumières se définissent comme des militants ardents.
Les Lumières ont influencé la conjoncture religieuse, la conjoncture sociale et la conjoncture politique du
XVIIIème siècle (cf. Voltaire).
Mais pour en arriver à ce bilan, il leur a fallu s'imposer contre les censeurs (la censure), les papistes,
Les Lumières veulent mobiliser l'opinion publique, et pour cela mobiliser tous les moyens nécessaires pour
y arriver.
Affaire Calas
Pierre Calas fait appel à Voltaire, qui s'engage dans la révision du procès. Il écrit, à cette occasion, le traité
de la tolérance, qui révèle que Jean Calas a fait mine d'étrangler son fils qui s'étit suicidé : il a étranglé son
fils pour ne pas avoir à affronter la honte du suicide
En 1764, alors que Jean Calas est mort exécuté, la démarche de Voltaire aboutit à une révision du procès, et
la mémoire de Jean Calas est réhabilitée. D'un fait divers, Voltaire a mis sur la place publique la question de
la tolérance.
- L'affaire Le Rouge ou Claudine Rouge, 1767
A Lyon, la jeune Claudine Rouge a disparu et son corps est retrouvé quelques jours plus tard à quelques
kilomètres de Lyon, sur les bords du Rhöne. Voltaire s'empare de l'affaire et montre que toute l'accusation
qui est montée est une narration. Il parle d'un "assassinat juridique",
En conclusion, la France des Lumières est un temps d'effervescences, un temps de bouillonnement
intellectuel, un temps d'apparition d'idées nouvelles, promises à un bel avenir.
elle apporte l'outillage intellectuel et culturel aux hommes pour faire la révolution.
C. L'absolutisme intact ?
1. Les années Fleury ; le conflit janséniste ; de nouvelles "années cardinales" ?
Le roi Louis XV devient majeur en février 1723, mais il est encore trop jeune pour régner seul.
Philippe d'Orléans et le cardinal Dubois exercent ensemble le pouvoir en qualité de principaux ministres,
jusqu'à leurs morts respectives en février et décembre 1723.
C'est alors la perte de deux figures de la régence, qui laisse un vide politique et conduit à la nomination, en
tant que principal ministre, du duc de Bourbon.
Quand il arrive au pouvoir, Louis XV renvoie tout le personnel de régence.
Le roi a cette détermination de vouloir faire comme Louis XIV.
Avec le cardinal de Fleury, on assiste au retour de personnages compétents : Claude Leblanc au secrétariat
d'état de la guerre, Philippe Orry est contrôleur général des finances, ... La France revient à un
gouvernement de techniciens, un gouvernement d'experts.
Le conflit janséniste
Le conflit janséniste est au cœur des années 1720/1730.
Ce conflit, à la fois religieux et politique, va reléguer au second plan presque tous les sujets : il occupe le
devant de la scène, les journaux, l'opinion publique, ...
Fleury est hostile aux jansénistes, qu'il considère comme fauteurs de trouble qui portent atteinte à la
tranquillité publique. Alors, il durcit le ton contre les jansénistes : 40 000 lettres de cachet (ordre
d'arrestation et d'emprisonnement, signé par le roi) sont émises contre les jansénistes.
À partir des années 1720/30, le jansénisme prend une tournure politique. Le jansénisme devient une idée
que l'on retrouve partout à l'époque, les jansénistes ont réussi à imposer leurs thèmes dans des débats
publics et usent pour cela des nouvelles ecclésiastiques (feuilles d'informations).
Il y a de nombreux tirages, une vraie diffusion de ces idées.
L'Église qualifie ces nouvelles de calomnies, fausses, téméraires, scandaleuses.
Le jansénisme provoque des troubles à l'ordre public.
De nouvelles années cardinales
Les années Fleury correspondent à un vrai retour de l'Etat et un vrai retour d'une autorité politique, pilotée
par un homme d'Église.
Sur le plan extérieur, Fleury doit gérer une situation diplomatique complexe. Des changements d'alliances
s'opèrent progressivement, il y en avait deux principales en 1726 : Angleterre, France et Prusse / Autriche et
Espagne.
La situation est tendue entre les deux alliances, spécialement entre le France et l'Espagne.
La France et l'Angleterre sont alliées de circonstances, non pas de cœur.
Dans ce contexte s'ouvre la guerre de succession de Pologne en 1733 (qui se termine en 1738). La France
revendique le trône de Pologne pour le père de la femme de Louis XV.
Mais, l'Angleterre se revendique neutre, et l'alliance Angleterre-France se termine. A cette occasion, la
France resserre les liens avec l'Espagne, et un pacte de famille (Bourbon) est signé en 1733.
Puis, l'Europe rentre dans la guerre de succession d'Autriche, qui se termine en 1748.
La France sort victorieuse de la guerre, Louis XV s'impose comme l'arbitre de l'équilibre européen et noue
une alliance avec l'Autriche.
A l'intérieur, les années Fleury, c'est un temps de mise en ordre des finances.
Les années Fleury, c'est aussi des tentatives de réorganisation du système fiscal.
Il met en action le projet de taille personnelle, et invite les français à déclarer la valeur de leurs biens, afin
de calculer l'impôt.
Mais, c'est un échec, la fiscalité ne change pas, personne ne déclare ses biens.
Finalement, Orry quitte son poste en 1745, il est renvoyé car il n'apprécie pas Madame de Pompadour.

2. Louis XV, du "Bien aimé" au roi citoyen ; la fin du Bien-Aimé ; la désacralisation


de la Majesté
L'image du roi va basculer. Le goût des femmes du roi va contribuer à son image d'un roi plus pris par ses
passions que par les affaires de l'Etat.
En août 1744, le roi se rend aux armées et tombe malade à Metz. Tout le monde sait qu'il est parti à la
guerre avec sa favorite, mademoiselle de Châteauroux, et on estime que Dieu l'a puni, il paye sa vie de
débauches.
En 1744, il y a un sentiment que le roi est pris par hydris, l'incapacité à enrayer ses pulsions et ses envies, il
néglige les affaires de l'Etat. Une forme de folie anime le roi, hors de toute raison.
Peu à peu se révèle alors la fragilité d'un homme, qui n'a plus l'image d'un souverain.
20 ans plus tard, en 1763, le Bien aimé n'existe plus, c'est le mal aimé.
En 1763, il y a une totale dégradation de l'image royale.
Une statue équestre de Louis XV est dressée, et illustre le désamour complet entre le roi et son peuple. Sa
statue est installée sur une place royale à Paris, mais aucune festivité n'est prévue, par peur de désordre.
C'est un désastre communicationnel. L'installation de cette statue arrive trop tard, elle est en décalage
complet avec l'opinion publique.
En 1757 a lieu l'attentat de Damiens, un janséniste s'en prend au souverain et lui plante un couteau, ce qui
porte atteinte à sa dignité royale.
C'est le résultat de toute la propagande janséniste, qui a nourrit l'idée d'une tyrannicide (punir un roi
fautif). Le criminel est écartelé en place publique, l'opinion publique interprète cet événement comme un
acte de barbarie.
Le roi est critiqué, personne ne porte attention au message d'un roi pacificateur.
L'art de la propagande a du mal à fonctionner.
Il y a alors une désacralisation de la majesté, un revirement complet de l'image du roi.
Louis XV paye sa volonté de vivre une vie de particulier. Il descend à l'échelle d'un homme, avec tout ce qui
peut le rendre fragile et critiquable.
3. La modernisation du royaume ; l'oeuvre des Lumières techniciennes ; l'économie
politique et la réforme
Derrière la dégradation de l'image du roi, l'Etat royal progresse : on assiste à une vraie modernisation du
royaume, mais aussi à une modernisation de l'appareil d'Etat.
Cette modernisation se fait grâce aux Lumières techniciennes (ingénieurs, intendants, experts).
Ce corps est créé en 1723, mais ne prend de l'ampleur qu'à partir de 1743. On a affaire à des spécialistes
formés par l'Etat, et le servent.
D. Le Beau XVIIIème siècle
Le XVIIIème est un siècle de croissance économique, en contraste avec le sombre XVIIème siècle. Il est
sorti de cet âge glaciaire, les températures sont plus clémentes. La croissance économique est stable
Néanmoins, le XVIIIème est aussi un temps d'immobilisme, de permanence. changements , évolutions mais
permanences qui persistent
Terme beau renvoie à 3 réalités :
- croissance démographique à partir des années 1720
- croissance économique
- urbanisation (aménagements, embellissements)
1. La France : un géant démographique ; une croissance séculaire ; les progrès du quotidien
La France est un géant démographique : le pays compte au début du XVIIIème 22 millions d'habitants, et
28,5 millions à la fin du siècle, ce qui fait de lui le pays le plus peuplé d'Europe.
La densité est en moyenne de 50 à 60 habitants par km2. 85% de la population est rurale, la France est un
royaume paysan (expression de Daniel Roche).
Si la population est en croissance, c'est parce qu'il n'y a plus de crises démographiques, ni de guerres sur le
territoire du royaume. L'espérance de vie ne baisse pas, mais il n'y a plus de facteurs de crises
démographiques.
Il n'y a plus d'épidémies (la dernière en date étant la peste de 1720).
Il y a tout de même une baisse de la mortalité, pas grâce à la médecine, mais grâce aux progrès de l'hygiène
(approvisionnement en eau, toilettes, moins d'entassement dans les logements).
Paradoxalement, on observe un malthusianisme, les français limitent la natalité pour réduire le nombre de
bouches à nourrir pour mieux s'en sortir.
La population augmente plus vite que les ressources, alors il faut la réduire. Alors, l'âge au mariage est
retardé (de 22 à 28 ans), des pratiques contraceptives, condamnées par l'Eglise, apparaissent pour réduire
le nombre de naissances, et les femmes deviennent moins fertiles.
2. Un royaume paysan ; mosaïque des campagnes et premières spécialisations ; le progrès
et ses limites
Il y a une grande diversité des cultures et des paysages. Dans les années 1780, le voyageur anglais Arthur
Young distingue deux France.
- Une France du Nord et de l'Est, marquée par les contraintes collectives, l'habitat groupé, les champs
ouverts et l'assolement triennal
Dans cette France d'openfield, l'assolement triennal domine. Dans ces grandes régions, les paysans sont
obligés de tous s'entendre pour cultiver leurs terres en fonction d'un rythme. Il y a alors des pratiques
collectives obligatoires, des rotations, on doit laisser la terre se reposer. Les paysans n'ont pas les moyens de
recharger la terre, il faut qu'elle se recharge naturellement par la pluie, l'herbe, … pour éviter son
appauvrissement.
- Une France du Sud et de l'Ouest : habitat dispersé, individualisme agraire Dans cette France du bocage,
les champs sont séparés par des haies et de la végétation, les habitats sont isolés, les villages ne sont pas
resserrés, les exploitations sont orientées vers l'élevage, il y a moins de contraintes collectives.
3. Les villes, un nouveau monde ; la densification du fait urbain ; la modernité : sortir de la
ville médiévale
Il y a une fragilisation des sociétés paysannes, et une croissance démographique dans les villes, qui gagnent
de la population grâce à l'exode rural.
Avec la demande des consommateurs, les migrations, les investissements et la croissance du commerce
maritime, ce sont plus les villes de l'Est, Paris et les villes portuaires qui profitent de cette croissance
économique.
Il y a alors un mouvement d'urbanisation plus moderne, plus esthétique. On veut sortir de la ville médiévale
(rues étroites, peu éclairées, sales), pour aller vers la ville des Lumières (rationalité, sécurité, propreté).

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