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CM HISTOIRE DU DROIT

Partie 3 : L’état monarchique.

Chapitre 1 : Le redressement monarchique.

Fin du 12ème siècle – 15ème siècle.

Introduction : Un période intermédiaire.

Une période intermédiaire au point de vue économique, entre l’économie fermé du haut mayen âge
qui se rouvre progressivement et l’économie mondiale qui va éclore au 16ème siècle. Pour le moment
c’est une économie certes largement ouverte mais ouverte au seul monde méditerranéen et à celui de
l’Europe occidentale. La monnaie y circule et des pratiques de crédit progressent mais c’est encore
une économie de type artisanale. C’est ensuite une période intermédiaire du point de vue des idées et
de la culture intellectuelle puisque à l’âge précédent le savoir été essentiellement orienté autour de
sciences sacrées tandis que la renaissance sera marquée par l’essor définitif des sciences et des arts
profanes. A l’époque étudiée la culture conserve un certain aspect religieux en même temps que des
tendances laïques se discernent. Enfin du point de vue politique c’est en France une période
intermédiaire entre les temps féodaux qui ont été un temps de déclin de l’autorité royale et les temps
modernes qui seront caractérisés par une forte autorité royale tendant à tout absorbé jusqu’à devenir
à partir du 17ème siècle la monarchie absolue. De la fin du 12ème siècle à celle de 15ème siècle s’opère
une reconstruction monarchique d’abord sous les capétiens direct jusqu’en 1328. Notamment elle
s’opère sous les règnes essentiels de Philippe Auguste (de 1180 à 1223), de Saint Louis (de 1226 à
1270) et de Philippe Le Bel. Elle se poursuit à partir de 1328 sous les Valois qui sont une branche des
capétiens dont le dernier meurt en 1498.

Philippe II Auguste (règne de 1180 à 1223) : c’est le premier des trois grands rois reconstructeurs,
c’est l’une des grandes figures du renouveau capétiens. Philippe II a été surnommé auguste par son
propre biographe Rigord du vivant même de Philippe II. C’est pour montrer qu’avec lui la royauté
capétienne entre dans une ère où elle ne craint plus de rivaliser avec l’empire germanique. Avec lui le
recours aux juristes d’intensifie et progressivement des spécialistes du droit romain qui ont été formé
dans les nouvelles universités deviennent soit conseiller du roi ou ses agents territoriaux, ce sont les
légistes. Avec leurs aides la royal se lance dans une politique active en dehors du domaine royal. En
effet, il va d’abord résister à l’Angleterre des Plantagenets ceci se sont constitué un vaste domaine sur
le royaume de France. En effet, lorsque le mariage entre le roi Louis 7 père de Philippe Auguste et
Aliénor d’Aquitaine a été déclaré nul celle-ci s’est remarié avec Henri Plantagenet qui était comte du
Maine et d’Anjou. Il hérite 2 ans plus tard de la Normandie et également du trône d’Angleterre. Il a
également l’Aquitaine et il obtient la Normandie et l’Angleterre en héritage de sa mère. Pour finir, il
met la main sur la Bretagne après avoir fiancé son fils avec l’héritière du duché du Bretagne et être
devenu le tuteur des jeunes époux. Dans un premier temps Philippe Auguste va mettre à profit le faux
pas d’Henri 2 Plantagenet à savoir l’assassinat de l’archevêque de Canterburry. Ce qui va lui mettre à
dos l’église. En outre, les 4 fils d’Henri 2 (Henri, Geoffroy, Richard et Jean) tôt ou tard trahissent leu
repère. Philippe profite de cette situation pour conquérir le Bas-Berry le Maine et la Touraine. Dans un
deuxième temps il s’incline devant Richard cœur de Lyon qui devient roi d’Angleterre à la mort de son
père. Dans un troisième temps lorsque Jean devient roi d’Angleterre, Philippe Auguste en profit pour
confisquer les fiefs du dernier fils la Normandie, l’Anjou, Maine et le Poitou. En 1204 le domaine royal
est multiplié par 4. Philippe auguste parvient à être considéré comme, l’arbitre de l’Europe en 1214,
cette année Jean fait alliance l’empereur germanique Otton 4 les deux ont été excommuniés par le
pape. Ils décident de s’allier contre la France. Ils combattent contre les armées du roi de France en
juillet 1214, mais ils subissent une double défaite. Louis le fils de Philippe auguste met en déroute les

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troupes anglaises à l’ouest tandis que son père écrase les troupes impériales à Bouvines dans le nord
de la France. La répercussion de cet évènement est immense le roi apparait comme un sauveur
auprès de sa population le prestige de la royauté est à son comble. A partir de ce moment-là Philippe
auguste renforce son autorité sur tout le territoire français et ça par différent procédé. Enfin, il est le
premier roi capétien à ne pas faire sacrer son fils de son vivant. Autrement dit sous son règne la
dynastie capétienne est suffisamment encrée pour qu’il n’est plus besoin de faire sacrer son fils de
son vivant, le sacre devient confirmatif de royauté et non plus constitutif de royauté. Il meurt en 1223.

Section 1 : Le roi artisan de l’unité française.

Sur le plan territoriale l’unité française s’est constituée grâce à ‘accroissement du domaine royale. En
effet, à partir du règne de Philippe auguste, le droit utilise le droit pour réunir les principautés
territoriales à son domaine. La dernière à être rattachée à son domaine c’est la Bretagne à la fin du
15ème siècle. Par ailleurs, la royauté utilise aussi le droit pour définir la place qui doit lui revenir au
sein de son royaume et se placer au sommet de la hiérarchie féodale.

I. La réunion des principauté territoriales au domaine royal.

Le roi les réuni en utilisant le droit et non pas la force. En effet, il se sert de la fonction constituée par
la commise ainsi que des règles du droit privé féodale.

A. Le jeu de la commise.

La commise c’est la confiscation du fief du vassal par le seigneur. Elle est prononcée par la cour
féodale. En ce qui concerne la commise de fief tenu directement du roi elle ne peut résulter que d’une
décision de la cour du roi. Encore faut-il pour que cette décision soit effective que le roi ait les moyens
de la faire exécuter. Or justement le roi recouvre la puissance nécessaire dans les années 1200.
L’empire Plantagenet est alors aux mains de Jean. Mais jean est entré en conflit avec l’un de ses
vassaux d’aquitaine qui s’appelle Hugues de Lusignan à qui il a enlevé sa fiancée. Puis jean a pris
son château au frère d’Hugues de Lusignan. Les Lusignan se plaignent à leur suzerain et c’est le roi
de France Philippe auguste. Qui cite jean à comparaitre devant sa cour à paris. Jean refuse en
invoquant la coutume d’après laquelle le duc de Normandie à le privilège de ne rencontrer le roi qu’a
la frontière de sa principauté. Mais Philippe rétorque que jean est cité non en tant que duc de
Normandie mais ne temps que duc d’aquitaine. La cour condamne jean par défaut à la commise de
ses fiefs. Le roi de France fait aussitôt exécuter la décision c’est-à-dire qu’il entre en campagne en
1204 et là il conquière la Normandie puis le Maine et l’Anjou. Et la guerre rebondit quelques années
plus tard lorsque Jean suscite contre Philippe une coalition de grands féodaux mais elle est vaincue à
Bouvines en 1214. Là jean perds à peu près tous ses fiefs français il ne conserve son emprise que sur
deux régions : la Guyenne et les iles anglo-normandes.

B. L’utilisation des règles du droit privé féodale.

Pour réunir les grands fiefs à son domaine. Le roi utilise des règles de droit privé à partir du règne de
Philippe Auguste également. Philippe auguste a épousé Isabelle la nièce du comte de Flandres
comme le comte n’a pas d’enfant il constitue en dote à la jeune mariée deux domaines : le Boulénois
et l’Artois. C’est ainsi que Philippe auguste en hérite en 1183. Plus tard grâce au mariage d’un frère
de Saint Louis, Alphonse Poitiers avec l’héritière du comte de Toulouse ce comté est réuni au
domaine royal. En effet, une des clauses du contrat du mariage prévoit que si le couple n’a pas
d’enfant le comté reviendra au roi. Effectivement c’est ce qu’il s’est passé le comté de Toulouse est
revenu au roi de France en 1371. Par mariage le champagne est réuni au domaine royal, le roi
Philippe 4 le bel qui devient roi en 1285 ayant épousé l’héritière du comté de Champagne. Enfin, la
dernière principauté réunie au domaine royale l’est également par mariage il s’agit de la Bretagne, le
dernier duc de Bretagne meurt en 1498 laissant pour héritière Anne. La cour royale fait en sorte que le

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jeune roi Charles 8 l’épouse 3 ans plus tard et il est convenu que s’il ne nait pas d’enfant de se
mariage Anne épousera ne second l’héritier de la couronne devenu roi et c’est ce qu’il arrive lorsque
meurt Charles 8 en 1498. Anne est veuve et elle épouse le successeur Louis 12. A la fin du 15ème
siècle le domaine royal coïncide désormais avec le territoire du royaume de France. Une fois toutes
les principautés réunies au domaine le roi domine ces vassaux directs mais il lui faut aussi dominer
ces arrières vassaux il lui faut s’imposer au sommet de la hiérarchie féodale comme suzerain.

II. Un roi suzerain.

La notion de suzerain remonte à l’abbé Suggère. Le conseiller de Louis 6 le gros (1108-1137). D’après
lui le roi doit être considéré comme le suzerain du royaume = le seigneur des seigneurs. Autrement dit
il doit être au sommet de la hiérarchie féodale. Elle est constituée au premier degré par les princes
territoriaux qui doivent un hommage lige au roi avec des services prioritaires, s’ils ont d’autres
seigneurs c’est au roi qu’ils doivent leur service ne premier. Le roi au sommet ces vassaux directs et
ce premier degré est prolongé par les degrés inférieurs avec les arrières des vassaux du droit. Cette
théorie devrait entrainer deux conséquences, la première puisque le roi est au sommet d’une
hiérarchie il ne doit hommage à personne ce principe est rapidement admis et passe dans les
coutumiers qui affirme au 13ème siècle que « le roi ne doit tenir de personne ». La seconde
conséquence c’est que le roi doit pouvoir agir sur ses arrières vassaux or à cet égard il existe dans
l’usage féodal français un principe qui va l’encontre de cette emprise ce principe c’est que le seigneur
féodal n’a de prise que sur ses vassaux directs et non pas sur ses arrières vassaux. D’ailleurs un
adage l’exprime le vassal de mon vassal n’est pas mon vassal ». Selon l’usage français ce principe
s’applique à l’ensemble des rapports féodaux et le roi n’y échappe pas ceci a pour résultat de priver le
roi de moyen de coercition et donc d’action sur ceux qui constitue les rouages essentiels du monde
féodal c’est-à-dire les châtelains. La royauté va lutter pour échapper à ce principe et elle mène ainsi
une lutte d’un siècle en cherchant tout d’abord à étendre son action jusqu’à des degrés toujours plus
bas de la hiérarchie. Elle respecte les usages féodaux. Ainsi dans n premier temps le roi jour le jeu en
exploitant toutes les ressources d’un droit féodales qui s’affermi. Ce droit lui donne un moyen d’agir au
cas où l’un de ces vassaux au second degré c’est-à-dire un arrière vassal se plein de son seigneur qui
est le vassal du roi. Le roi en sa cour est compétent pour le juger. Ce cas c’est celui du duc de
Lusignan qui en 1202 se pleins à Philippe auguste de jean son seigneur. Philippe auguste peu agir
contre jean. Le roi agi aussi en multipliant ses vassaux directs de 3 façons :

- Lorsqu’il réunit les principautés territoriales à son domaine il devient le seigneur direct des
anciens vassaux des princes territoriaux, ainsi il pénètre plus bas dans la hiérarchie féodale.
Philippe auguste a acquis par succession le domaine du Vermandois et l’Amiénois et ainsi il a
reçu pour vassaux direct les châtelains de ces régions.

- Il multiplie ses vassaux directs par le jeu des fiefs rentes, lorsqu’un châtelain appauvrit désir
se renflouer le roi qui détient les ressources financières et des possibilités de crédit peut lui
concéder un fief consistant en une rente annuelle. En échange le châtelain lui prête hommage
et devient son vassal. Cette situation est très avantageuse pour le roi parce que grâce au
paiement régulier de la rente il a sur son vassal un moyen de pression plus efficace que la
concession d’une terre.

- La puissance du roi est plus forte et par conséquent plus protectrice elle lui attire donc de
nouveaux vassaux. Ainsi le comte de Macon en 1116 vient spontanément lui prêter hommage.

Par ailleurs le roi cherche également à exiger de ses vassaux directs un hommage prioritaire :
l’hommage lige, dans le cas où ceci serait aussi les vassaux d’autres seigneurs. Il obtient cette priorité
par exemple par le biais d’une augmentation de fief qui peut consister en une rente. En 1225 le roi
Louis 8 avait pour vassal le vicomte Thouars mais celui-ci n’était pas son homme lige et le vicomte

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accepte de devenir homme lige en échange d’une rente de 200 livres que le roi lui concède en
augment de fief.

Cependant le roi ne peut pas toujours obtenir ses priorités d’où des difficultés qu’il éprouve à deux
points de vue. En premier lieux vis-à-vis de certains de ses vassaux lorsque la priorité jour contre lui.
En second lui vis-à-vis de ses arrières vassaux qui sont obligé de suivre leur seigneur dans le cas où
celui-ci serait en guerre contre le roi. De fait lorsqu’à la suite de la commise de 12£02 Philippe
auguste est entré en guerre contre jean et bien son armée à jean était constitué de beaucoup de ses
vassaux français qui luttaient cintre le roi de France. Dans un second temps il fallait faire triompher le
principe d’une priorité absolue du roi vis-à-vis de ses vassaux et abolir le principe « le vassal de mon
vassal n’est pas mon vassal ». Ce renversement de principe s’est produit à milieu du 13ème siècle
grâce à l’effort des légistes. Ils sont présents dans l’entourage royal ils sont formés au droit romain et
ils mettent toutes leur connaissance au service du roi. Ce sont eux qui ont opéré le renversement du
principe en deux temps tout d’abord ils ont fait admettre s’un arrière vassal du roi en cas de guerre
entre son seigneur et le roi ne pouvait pas faire la guerre à celui-ci sans être d’abord assuré que le roi
était vraiment dans son tort. Puis on est allé plus loin les légistes ont renversé l’ancien principe et
établi qu’un tout état de cause les rapports féodaux vassaliques ne pourrait jamais jouer contre le roi
et désormais lorsqu’un lien vassalique se créer il est précisé « sauf la dignité du roi contre qui
hommage ne vaut rien ». Puis le roi va assurer sa souveraineté c’est-à-dire sa supériorité sur
l’ensemble des sujets. Pour cela il lui faut s’affranchir des autorités extérieures.

Section 2 :un roi empereur en son royaume.

Le système royal tel qu’il est imaginé par les capétiens passe par l’absence d’intermédiaire entre Dieu
et eux. Or la papauté et l’empire germanique prétendent imposer un autre schéma à savoir dieu au
sommet puis selon le cas le pape ou l’empereur et le roi dont la souveraineté serait indirecte. Pur
contrer cette conception les rois capétiens ont dû conquérir leur indépendance vis-à-vis de l’empereur
et du pape.

I. L’indépendance du roi de France vis à vis de l’empereur.

A. La prétention de l’empereur à l’hégémonie universelle.

Les empereurs germaniques revendiquent un pouvoir plein et entier sur le monde à l’image du globe
qu’on leur remet le jour du couronnement. Ou également ils revendiquent une autorité sur le cosmos à
l’image de leur manteau qui est brodé d’étoiles célestes. Cette prétention se fonde sur les principes de
souveraineté et d’universalité, des principes empruntés d’abord aux empereurs romains et
carolingiens. Dans cette conception les royaumes occidentaux sont subordonnés à l’empire et au
milieu du 12ème siècle les prétentions de l’empereur vont connaitre leur apogée en effet, l’arrivé au
pouvoir de la dynastie Hohenstaufen coïncide avec le retour en Europe d’un ensemble de principe
propre à faire triompher les idées d’hégémonies universelles, ce sont ceux du droit romain. Sur le plan
du droit public les textes romains distinguent nettement l’auctoritas de la postestas. L’empereur
Frédérique Barde Rousse et ses partisans veulent que soit réservé à l’empereur en tant que maitre du
monde l’auctoritas, l’autorité suprême et ne reconnaitre au roi qu’une puissance publique secondaire
et dérivée, la postestas.

B. Les réfutations capétiennes.

Les thèses des légistes impériaux vont provoquer la réaction hostile des rois de France. En premier
lieu de Philippe auguste, ont la saisit à deux signes tout d’abord son biographe officiel lui donne de
son vivant le surnom d’auguste et la référence est claire elle signifie que le roi de France au droit de

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se prévaloir de la tradition impériale. La seconde réaction de Philippe auguste c’est celle d ‘une
hostilité du droit romain. En effet, il fonde essentiellement son pouvoir sur la suzeraineté et c’est le
droit féodal qui l’exploite ce n’est pas le droit romain. L’utilisation que les légistes impériaux font du
droit romain le gêne il fait interdire par le pape l’enseignement çà l’université de paris.

Ensuite, les légistes français vont trouver un argument contre les prétentions de l’Empereur. A savoir
qu’à compter de 1202 ils exploitent une décrétale (officielle) du pape Innocent III : per venelabilem. Le
pape avait été saisi par le comte de Montpellier d’une demande de légitimation de ses enfants
adultérins (il avait une des enfants avec une maitresse qu’il voulait faire légitimer). Innocent III avait
décliné sa compétence au motif que pour cette question purement temporelle, c’était au roi de France
qu’il convenait de s’adresser puisque « il ne reconnait aucun supérieur au temporel », le roi ne France
ne aucun supérieur au temporel (= (opposition spirituel) tout ce qui touche aux affaires politiques et de
ce qui se passe dans le temps). Le pape n’avait surement pas voulu ériger en principe la souveraineté
absolue du roi de France mais simplement il constatait que cette souveraineté était effective pour ce
cas précis. Cependant, les légistes de Philippe Auguste s’empare de cette réflexion pour démontrer
que le roi de France ne devant relever d’aucune puissance temporelle, ne serait en aucun cas être
soumis à l’Empereur. Cette idée que le roi ne dépend pas de l’Empereur passe dans les coutumiers
sous forme d’adage : « le roi ne doit tenir de personne » ou « le roi ne tient de personne sauf de Dieu
et de lui-même ». Ces adages signifient aussi que le roi ne doit hommage a aucun seigneur. Intérieur
et extérieur.
Au milieu du XIIIème siècles les Capétiens vont se tourner vers le droit romain et s’en servir pour
affirmer la parité du roi et de l’Empereur. Les légistes utilisent la notion d’utilité publique pour montrer
que la prérogative royale est juridiquement est équivalente à celle de l’ancien Empereur romain. En
effet, la raison d’être du pouvoir du roi est l’utilité publique à l’échelle du royaume, tout comme celle de
l’Empereur est l’utilité publique cette fois ci à l’échelle de l’Empire. Le roi et l’Empereur ont donc un
pouvoir de même nature sur le territoire que chacun gouverne. Triomphe alors l’adage : « le roi de
France est Empereur en son royaume ». Cet adage signifie, qu’à l’intérieur de ses frontières chacun
est souverain, le roi y possède les mêmes prérogatives que l’Empereur. Les légistes français utilisent
cet adage à deux fins :
- Contre la féodalité en exigeant que les seigneurs reconnaissent la souveraineté du roi
- Contre l’Empereur germanique en revendiquant l’indépendance du roi de France à son égard
Plus tard il sera utilisé contre le pape.

Ensuite contre l’empereur germanique en revendiquent l’indépendance du roi de France à son égard.
Les évènements favorisent eux aussi l’affirmation l’indépendance du roi vis-à-vis de l’empereur. La
défaite de l’empereur Othon 4 à Bouvines en 1214, elle mine le prestige impérial. Ce prestige se
trouve encore plus atteint par le long interrègne qui s’ouvre après la mort de l’empereur Frédéric
barbe rousse en décembre 1250. Durant près d’un siècle à l’exception d’une année la couronne
impériale demeure sans titulaire et les prétendants à cette couronne recherche alors le soutient du roi
de France. L’empereur germanique est élu. Les maximes forgées par les juristes français servent de
base aux prétentions intérieurs lorsque l’interrègne prends fin. Il se produit alors une querelle entre
Philippe 4 le bel et l’empereur germanique Henri VII, celui-ci est couronné en juin 1312 et il fait savoir
à l’Europe qu’il se prépare à reprendre en main la monarchie universelle. Il explique que son pouvoir :
« sera l’exact reflet de la hiérarchie céleste, puisque que dieu qui règne seul sur les anges du ciel a
voulu que sur terre tous les hommes même s’ils habitent différents royaumes soient soumis à un
unique souverain c’est-à-dire à l’empereur ». A cela le roi Philippe 4 le bel et ses légistes répliquent
que le royaume de France n’a jamais eu ni reconnu aucun supérieur temporel quel que soit
l’empereur régnant. Ils affirment ainsi l’indépendance complète du roi de France vis-à-vis de
l’empereur.

Philippe 4 le bel est le troisième grand roi reconstructeur. C’est le petit-fils de Saint Louis et il succède
à son père en 1285. Son surnom de le bel lui vient du fait qu’il apparait comme un très bel homme. Il
épouse d’abord Jeanne de Navarre et ce qui lui apporte la couronne de Navarre. A partir de lui le roi

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portera le titre de roi de France et de Navarre. Le droit privé féodal lui permet d’augmenter le domaine
royal. L’effort essentiel de son règne c’est d’imposer à tous les niveaux du gouvernement et de la
législation des légistes. Ils seront particulièrement influents sous son règne. Ces légistes ce sont des
spécialistes du droit romain qu’ils interprètent en toute circonstance dans le sens du renforcement du
pouvoir royal. Ainsi grâce au droit ils enlèvent au seigneur l’exercice de l’ensemble des prérogatives
régaliennes, ils imposent la fiscalité royale. A savoir que l’administration fiscale s’appuie sur le principe
romain de la nécessité publique, pour lever l’impôt sans consentement. C’est aussi grâce à l’appui des
légistes que le roi fait perdre à l’empereur et à la papauté le rêve d’hégémonie universelle. Sous le
règne de Philippe 4 le bel l’administration se modernise à savoir que la cour du roi se divise en 3
organes spécialisés :

- Le parlement qui rend la justice instituée par Saint Louis

- La chambre des comptes spécialisée dans les affaires financières

- Le grand conseil qui examine les dossiers politiques

Les rouages de l’état coutent cher, pour remplir les caisses de l’état Philippe le bel est obligé de
rogner la monnaie c’est-à-dire de diminuer la quantité de métaux précieux qui constitue chaque pièce.
On l’a parfois accusé d’être un roi faux monnayeur. Deux autres épisodes ont jeté le discrédit sur
l’ensemble du règne. Un face à Boniface 8, qui meurt d’humiliation en 1302 après avoir été menacé et
injurié par les conseillers du roi. Et le procès intenté par le roi aux templiers qui s’est achevé par leur
mort sur le buché en 1314 et c’est alors que le grand maître de l’ordre aurait prononcé une
malédiction sur le buché d’où l’appellation pour le roi et ses fils de roi maudit. De façon étrange aucun
de ses fils n’aura de descendant mal. Après lui la ligné des capétiens direct s’arrête. En 1314, lui-
même meurt.

II. L’Independence du roi de France vis-à-vis du pape et les origines du gallicanisme.

Le cadre initial : depuis la réforme grégorienne l’organisation de l’église est fortement centralisée
autour du pape. Celui-ci intervient dans la vie religieuse des états ce qui représente un facteur de
tension avec les souverains. Tout au long du 13ème siècle cette tension s’accentue, et elle débouche
sur un grave conflit qui oppose Philippe 4 le bel et le pape Boniface 8. Cet épisode affaiblit
considérablement l’autorité du pape dans l’église et il marque en France le début du gallicanisme.

A. Un nouveau contexte intellectuel.

L’idée d’un peuple chrétien soumis à la fois au pape et à l’empereur a été une des idées dominantes
du moyen âge. Société civile et société religieuse étaient alors confondues. Le domaine spirituel et le
domaine temporel étaient confondus. Le fait que 2 autorités règnent sur une même société entraine
forcément des conflits entre ou la prééminence de l’une sur l’autre. La suprématie a d’abord
appartenu au roi puis au pape. Or au milieu du 13ème siècle se développe un mouvement d’idée
contraire, deux courants de pensées ont établi la distinction entre société civile et religieuse. Ils
viennent de la philosophie d’Aristote et du roi romain. L’aristotélisme inspire un moine dominicain qui
s’appelle Thomas d’Aquin qui est professeur à l’université de Paris. Il emprunte à Aristote l’idée d’un
ordre social autonome, indépendant de l’ordre religieux. Il a existé une société et des rouages
politique avec un pouvoir légitime avant même le christianisme. Ainsi Thomas d’Aquin reconnaît à
l’état une autonomie, il reprend la distinction entre le temporel et le spirituel et il parvient à cette idée
que le spirituel relève du magistère de l’église tandis que le temporel relève du magistère de l’état.
Cette influence rejoint une autre source de pensée, c’est le droit romain au moment même où écrit
Saint Thomas, les légistes retrouvent dans le droit romain le principe d’un droit naturel de l’état
autrement dit d’un pouvoir autonome du souverain, du prince qui est indépendant de toute ingérence

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religieuse. La conjonction de ses deux courants s’opère dans les esprits et vont être repris à la
génération suivant autour de Philippe 4 le bel.

B. Le conflit de Philippe 4 le bel et de Boniface 8.

Lorsque commence le pontificat de Boniface 8 en 1294. Il va s’opposer à Philippe 4 le bel dans un


violent conflit en deux phases qui s’étends de 1296 à 1303.

1. Les protagonistes.

Tous les opposent, deux générations les séparent et surtout deux formations radicalement différentes
les séparent. Boniface 8 est en pape de 80 ans et à suivit une formation tout emprunte des idées de la
suprématie du pape notamment lorsqu’il est venu étudier le droit canon à l’université de Paris au
lendemain de la réforme grégorienne. Face à Boniface Philippe le bel qui a près d’un demi-siècle de
moins en âge lui il est formé au droit romain par des légistes qu’ils l’ont convaincu de son efficacité
pour faire triompher les droits du roi de France. Il apparait alors comme un souverain appelé à un
brillante avenir et appelé à la tête du royaume en pleine expansion. La situation devient explosive et le
conflit va éclater à propos de la décime.

2. Autour de la décime (1296-1297).

En ce qui concerne la décime il s’agit d’une contribution levée par les rois sur tous les bénéfices
ecclésiastiques et qui au départ étaient exclusivement destinés à financer la croisade. Elle devait à la
fois être exceptionnelle et autorisée par le pape après accord du clergé. L’affermissement de l’état
sous le règne de Philippe 4 le bel et les besoins financiers qu’il créé, conduise le roi à taxer le clergé.
En 1296, il lève une décime sans consulter le pape alors le pape réagi en interdisant aux clercs
d’accorder aucune aide à leur souverain sans autorisation préalable de Rome. Face à cette position la
royauté et ses légistes réagissent avec vigueur ils rappellent en particulier la phrase de l’Évangile :
« Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Philippe le bel interdit toute sortie
d’or et d’argent or du royaume ainsi il paralyse une bonne partie des mouvements de fonds vers
Rome et prive le pape de l’essentiel des ressources prélevé sur le clergé français. Boniface 8 est
obligé de céder, i autorise le roi de France à obtenir l’aide financière des clercs de son royaume e cas
d’urgente nécessité et ça même en dehors de toute autorisation du Saint Siège. Ça marque
l’ouverture d’une courte trêve qui prend fin en 1301.

3. Le conflit de souveraineté (1301-1303).

La seconde phase débute avec l’arrestation d’un évêque par le roi et la décision de le faire juger par
ses propres juridictions. Cette comparution va à l’encontre du privilège des clercs de n’être jugé que
par des tribunaux d’église. Le pape attaque par la bulle, elle s’appelle « ausculta fili » = écoute mon
fils, en décembre 1301. Le pape y réaffirme d’abord sa supériorité sur le roi temporel et spirituel. Puis
il dresse un réquisitoire sévère contre la politique de Philippe 4 le bel qui saisit les bines d’église, se
fait juge des clercs et altère les monnaies. Enfin il tire les conséquences de toutes ces affirmations, il
annonce sa résolution de convoquer à Rome un concile d’évêque français pour juger le roi. Philippe le
Bel riposte il s’appuie sur l’opinion publique qu’il a d’abord préparé en présentant la bulle sous une
forme réduite à quelque phrase très sèches. Se sentant soutenu par l’opinion le roi convoque à Notre
Dame de Paris en avril 1302, une assemblée de grands ecclésiastiques, de grands laïcs et de
représentants des villes. On a considéré cette assemblée comma la première réunion des états
généraux. Il y rappelle que le roi de France ne tient son royaume que de dieu seul. Le pape est un
court instant impressionner par le soutient des trois ordres du royaume au roi. Le désastre du Courtai
infligé par les flamants à l’armée française, le pape en profite pour hausser le ton par une nouvelle
bulle « uname santame » dans laquelle il reprend ses positions les plus fermes. Sous l’influence d’un

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légiste Guillaume de Nogaret Philippe riposter avec davantage de fermeté, il s’oriente vers des
mesures extrêmes.

4. Le dénouement : l’attention d’Anagni.

Guillaume de Nogaret a un plan c’est-à-dire qu’il veut mettre le pape en accusation devant un concile.
Il propose d’aller lui-même surprendre le pape er de lui notifier l’acte d’accusation. Ainsi le 7
septembre 1303, Nogaret qui s’est entendu avec une famille italienne ennemie du pape réussie à
pénétrer par surprise et par force dans le château d’Anagni. Le légiste est à la tête d’une troupe de
mercenaire qui incendie pille la chapelle tue un archevêque et accède à la chambre pontificale. Le
pape les reçois très dignement il est allongé sur son lit mais revêtu du manteau rouge et de la tiare.
Guillaume lui notifie l’acte d’accusation et le pape réplique très dignement : « voici mon cou, voici ma
tête mais ils ne cèdent sous aucun poids ». Face à cette attitude la population d’Anagni qui avait
d’abord laissé faire se ressaisie et oblige Nogaret à s’enfuir et délivre le pape. Boniface 8 est ramené
à Rome par ses partisans mais épuisé par les émotions ayant reçu un coup lors des évènements il
meurt le 11 octobre. Sa mort va entrainer une rapide liquidation du conflit elle est en effet suivi 1 mois
plus tard par la mort de son successeur et l’élection d’un nouveau pape Clément 5 entièrement
dévoué à Philippe, il lève toutes les condamnations portées contre le roi pendant le conflit. Ces
évènements vont avoir pour conséquence des rapports entièrement renouvelé entre le Saint Siège et
les rois de France.

C. La naissance du gallicanisme.

En France le conflit a posé les bases du gallicanisme, c’est une doctrine d’après laquelle soumise au
pape par le spirituel mais au roi pour le temporel. « Le roi est le protecteur des libertés de l’église de
France ». Cette thèse a d’ailleurs été affirmée par Philippe le bel et ses légistes lors de la réunion des
états généraux en 1302. Les crises qui marqueront l’église au 14ème vont encore renforcer le
gallicanisme, l’église France s’organise de façon largement autonome vis-à-vis du pape sans jamais
aller jusqu’à la rupture avec Rome. En pratique cela se traduit surtout par une main mise étroite du roi
sur les nominations des évêques puis sur leurs décisions. Ce gallicanisme c’est lui désormais qui
marquera les rapports entre le roi de France et le pape jusqu’à la révolution française.

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