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Louis XV

roi de France et de Navarre de 1715 à 1774


Louis XV

Louis XV en costume de sacre, huile sur toile


de Louis-Michel van Loo (1762).
Titre
Roi de France et de Navarre
1er septembre 1715 – 10 mai 1774
(58 ans, 8 mois et 9 jours)
Couronnement 25 octobre 1722,
en la cathédrale de Reims
Régent Duc d'Orléans (1715-1723)
Premier ministre Cardinal Dubois
Duc d'Orléans
Prince de Condé
Cardinal de Fleury
Duc de Choiseul
René-Nicolas de Maupeou
Gouvernement Ministres de Louis XV
Prédécesseur Louis XIV
Successeur Louis XVI
Dauphin de France
8 mars 1712 – 1er septembre 1715
(3 ans, 5 mois et 24 jours)
Prédécesseur Louis, dauphin de France
Successeur Louis, dauphin de France
Biographie
Dynastie Maison de Bourbon
Nom de naissance Louis de France
Date de naissance 15 février 1710
Lieu de naissance Château de Versailles
(France)
Date de décès 10 mai 1774 (à 64 ans)
Lieu de décès Château de Versailles
(France)
Nature du décès Variole
Sépulture Nécropole royale de la basilique de Saint-Denis
Père Louis de France,
dauphin de France
Mère Marie-Adélaïde de Savoie
Conjoints Marie-Anne-Victoire d'Espagne (fiancée)
Marie Leszczynska
Enfants Louise-Élisabeth de France
Henriette de France
Marie-Louise de France
Louis de France
Philippe de France
Adélaïde de France
Victoire de France
Sophie de France
Thérèse de France
Louise de France

Charles de Vintimille
Louis-Aimé de Bourbon

Héritier Louis de France (1729-1765)


Louis-Auguste de France (1765-1774)
Religion Catholicisme
Résidence Château de Versailles
Grand Trianon
Château de Fontainebleau
Château de Choisy
Monarques de France
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Louis XV, dit « le Bien-Aimé », né le 15 février 1710 à Versailles et


mort le 10 mai 1774 dans la même ville, est un roi de France et de
Navarre. Membre de la maison de Bourbon, il règne sur le
royaume de France du 1er septembre 1715 à sa mort. Il est le seul
roi de France à naître et mourir au château de Versailles.

S'il est surnommé le « Bien-Aimé » en début de règne,


l'appréciation du peuple évolue par la suite. À la fin de son règne, il
reste aimé en province mais est très impopulaire à Paris, à tel
point que sa mort donnera lieu à des fêtes joyeuses dans la
capitale.

Orphelin à l'âge de deux ans, duc d'Anjou puis dauphin de France


du 8 mars 1712 au 1er septembre 1715, il succède à son arrière-
grand-père Louis XIV à l'âge de cinq ans. La régence est exercée
par le duc d'Orléans qui doit faire casser le testament de Louis XIV
pour s'imposer, en contrepartie de l'octroi du droit de remontrance
au Parlement. Ce droit affaiblit le règne de Louis XV.

Sacré en 1722, il maintient le duc d'Orléans comme premier


ministre jusqu'à sa mort, l'année suivante. Le duc de Bourbon lui
succède de décembre 1723 à juin 1726, puis c'est son ancien
précepteur, le cardinal de Fleury de juin 1726 à janvier 1743, sous
le gouvernement duquel la France prospère et s’agrandit des
duchés de Lorraine et de Bar. Sur le plan administratif, la gestion
des finances est renforcée. Toutefois, la volonté de faire de la
bulle Unigenitus une loi d’État conduit à la confrontation avec les
parlements très imprégnés de jansénisme.

À la mort du ministre Fleury, en 1743, Louis XV gouverne seul.


Unique survivant de la famille royale à proprement parler (il est le
seul arrière-petit-fils de Louis XIV vivant en France), marié à la fille
d'un roi de Pologne détrôné, Louis XV est isolé à la tête de l'État,
intelligent mais très secret. L'absolutisme de droit divin fait face,
d'une part, à l'opposition des parlements qui affirment, à la suite
de Le Paige, que leur corps a une ancienneté et, partant, une
autorité égale, voire supérieure à celle du roi : en 1763, leur force
se manifeste lorsqu'ils obtiennent l'expulsion des ⁣jésuites⁣⁣de
France, alors qu'un soit-disant "parti dévot" et aristocratique qui
souhaite contrôler davantage la monarchie.

Pour diriger l'État, Louis XV s’appuie sur quelques secrétaires


d’État et ministres, quelques Conseils ainsi qu’un nombre restreint
de hauts fonctionnaires, dont le plus important est Choiseul. Cette
machinerie administrative est renforcée par la création des
premières grandes écoles masculines d'Etat (École royale de la
Marine du Havre, École nationale des ponts et chaussées, École
royale du génie de Mézières). Elle relègue la noblesse
traditionnelle et les corps locaux, ce qui coupe la monarchie de
ses relais traditionnels, dans une France que transforme aussi
l'administration économique, sous l'influence de la physiocratie
naissante. L'aristocratie et une partie du clergé sont donc
nostalgiques d'une monarchie d'équilibre, tempérée par des corps
intermédiaires et une morale chrétienne (conforme aux écrits de
Fénelon qui ont une grande influence y compris sur le roi lors des
traités de paix). Dans la société urbaine, la philosophie des
Lumières conteste également son absolutisme tout en s'opposant
à l'emprise de l'Église.

Progressivement, l'image du souverain se désacralise et sa


gestion de l'État est contestée.

Sur un plan religieux et moral, n'étant pas philosophiquement un


libertin, le roi se sent coupable de ses infidélités conjugales. Sous
la pression du clan des dévots, manifeste lors de l'épisode de
Metz, il finit par ne plus communier, ni pratiquer les rituels
thaumaturgiques des rois de France, ce qui entraîne la
désacralisation de la fonction royale et une rupture avec son fils,
le dauphin.

De plus, sur le plan diplomatique, le royaume voit sa situation,


excellente en début de règne, s'affaiblir, ce qui entraîne un coût
militaire et fiscal important. D'abord attaché à la paix appuyée sur
un pacte de famille (une Europe des Bourbon) le roi doit faire face
à la montée de la Prusse de Frédéric II et à celle de la Russie qui
s’affirment comme des puissances européennes, face à une
Autriche qui doit lutter pour conserver sa place. Enfin, la Grande-
Bretagne où le roi abandonne l'idée de restaurer les Stuart
catholiques devient une puissance maritime et coloniale rivale à la
France ce qui pousse son chancelier Choiseul à préparer une
guerre à laquelle il répugne.

Cela vaut au royaume d'être impliqué dans deux conflits majeurs :


la guerre de Succession d'Autriche qui est militairement bien
conduite mais ne débouche sur aucun gain diplomatique et la
couteuse guerre de Sept Ans. Les engagements ont lieu dans les
Pays Bas, en Allemagne ou sur mer. Sur les océans, l’Angleterre
déploie une flotte alors sans égale qui soutient sa politique
vigoureuse d’expansion outre-mer. La France connaît quelques
succès militaires sur le continent européen et parvient à s'étendre
en Corse. Elle perd en revanche, le contrôle d'une grande partie de
son empire colonial (Nouvelle-France en Amérique, Indes).

Le roi doit alors faire face aux remontrances fiscales des


parlements, qu'il finit par briser en 1771 en les faisant réformer
par son chancelier Maupéou. Cette opposition et celle d’une partie
de la noblesse de la cour, sa relation avec Madame de
Pompadour, puis l'hostilité du nouveau dauphin envers sa dernière
maitresse Madame du Barry, sa difficulté à se faire valoir à une
époque où l’opinion publique (essentiellement alors parisienne)
commence à compter, ses hésitations entre fermeté et laisser-
faire, qui donnent lieu à des changements de stratégie brusques
finit par le rendre très impopulaire. Sa mort — de la variole —
provoque des festivités dans Paris, comme il y en avait eu à la
mort de Louis XIV.

Sous une apparente stabilité, son règne est celui d'une mutation
silencieuse. Les arts sont florissants, notamment la peinture, la
sculpture, la musique et les arts décoratifs. L'architecture
française atteint un de ses sommets, tandis que les arts
décoratifs (meubles, sculptures, céramiques, tapisserie, etc.)
appréciés, tant en France que dans les cours européennes,
connaissent une forte expansion. Mais, c'est surtout en
philosophie et en politique, que les mutations des Lumières
s'affirment et entraînent de profondes mutations à partir de 1750.

Premières années

Naissance et baptême

Louis XIV et ses héritiers : le dauphin,


le duc de Bourgogne et le duc de
Bretagne à la naissance du futur
Louis XV (Nicolas de Largillierre,
1710). Aucun d'eux ne régnera.

Louis de France (futur Louis XV) naît le 15 février 1710 au château


de Versailles. Il est d'ailleurs le seul roi de France à naître et
mourir dans ce château[1]. Arrière-petit-fils de Louis XIV, il est le
troisième fils de Louis de France, duc de Bourgogne, surnommé le
Petit Dauphin par opposition à son père Louis de France (1661-
1711) dit le Grand Dauphin, et de Marie-Adélaïde de Savoie et, à ce
titre, le quatrième prince en ligne successorale. De ses deux frères
aînés, également prénommés Louis, le premier, titré duc de
Bretagne, est mort en 1705 à l'âge d'un an, le second Louis de
France (1707-1712), reprenant le titre de duc de Bretagne, est né
en 1707 et mort en 1712[2].

Immédiatement après sa naissance, le futur Louis XV est ondoyé,


dans la chambre de la duchesse de Bourgogne, par le cardinal
Toussaint de Forbin-Janson, évêque de Beauvais, grand aumônier
de France, en présence de Claude Huchon, curé de l'église Notre-
Dame de Versailles[3]. Le petit prince est immédiatement confié à
la duchesse de Ventadour qui devient sa gouvernante, secondée
par Madame de La Lande, sous-gouvernante et élevé dans l'aile
des princes.

Héritier du trône de France

Demi-Louis dit de
« Noailles » sous
Louis XV le Bien-Aimé.

Ce n'est pas lui qui aurait dû succéder à son arrière-grand-père,


Louis XIV, mais le Grand Dauphin, puis son père le duc de
Bourgogne, bientôt surnommé le Petit Dauphin, petit-fils de
Louis XIV, et enfin son frère aîné, le duc de Bretagne. Mais, de
1710 à 1715, la mort frappe à plusieurs reprises la famille royale
et met brusquement le jeune prince de 2 ans en première place
dans la succession de Louis XIV : le Grand Dauphin meurt de la
variole le 14 avril 1711. Le duc de Bourgogne devient dauphin.
L'année suivante, une « rougeole maligne » emporte son épouse le
12 février 1712, puis le Petit Dauphin le 18 février suivant[4]. À la
mort de son frère, le duc de Bretagne, il devient l'héritier du trône
de France avec le titre de dauphin de Viennois. Malade, on craint
longtemps pour la santé du jeune prince, mais, progressivement, il
se remet, soigné par sa gouvernante et protégé par elle des abus
de saignées qui ont vraisemblablement causé la mort de son
frère[5].

Le futur Louis XV est baptisé en urgence le 8 mars 1712 en


l'appartement des enfants de France au château de Versailles par
Henri-Charles du Cambout, duc de Coislin, évêque de Metz,
premier aumônier du roi, en présence de Claude Huchon, curé de
l'église Notre-Dame de Versailles[6] : son parrain est Louis Marie
de Prie, marquis de Planes, et sa marraine est Marie Isabelle
Gabrielle Angélique de La Mothe-Houdancourt[7].

Éducation et formation

En 1714, Louis est confié à un précepteur, l'abbé Perot. Sous le


contrôle de sa gouvernante qui l'élève pendant sept ans, il lui
apprend à lire et à écrire, lui enseigne des rudiments d'histoire et
de géographie et lui donne l'enseignement religieux nécessaire au
futur roi très chrétien[8]. En 1715, le jeune dauphin reçoit
également un maître à écrire[9]. Il est également initié à la danse à
partir de l'âge de huit ans par Claude Ballon et montre des
dispositions pour cet art. Il participe en décembre 1720 à un
spectacle, Les Folies de Cardenio, dans lequel il intervient en
compagnie de soixante-huit danseurs, professionnels et
courtisans, puis en décembre 1721 dans l'opéra-ballet Les
Éléments.

Louis XV dauphin, 1720-1721


par Rosalba Carriera
Gemäldegalerie, Dresde.

Au jour anniversaire de ses sept ans, le 15 février 1717, ayant


atteint l'âge de raison, il « passe aux hommes »[10]. Louis XV est
désormais confié à un gouverneur, le maréchal duc François de
Villeroy (un ami d'enfance de Louis XIV et fils de Nicolas V de
Villeroy, gouverneur de Louis XIV) qui lui impose tous les rituels de
la cour de Versailles mis en place par Louis XIV[11]. Son
précepteur, André Hercule de Fleury, évêque de Fréjus lui apprend
désormais le latin, les mathématiques, l'histoire et la géographie,
la cartographie, le dessin[12] et l'astronomie, matières qui le
passionnent[13] et son grand veneur lui apprend la chasse. En
1717, il dispose d'une imprimerie et apprend la typographie, et en
1721, il s'initie au tournage du bois et de l'ivoire. À partir de 1719, il
a des maîtres de musique. Il a peu d'affinités pour cette discipline,
mais il est attiré par l'architecture[14]. Son éducation balance entre
les choix de Villeroy et l'ouverture voulue par Philippe d'Orléans, le
Régent[15].

Activité de représentation du roi durant sa minorité

Louis XV en costume de sacre


par Hyacinthe Rigaud.

Le futur Louis XV commence sa vie publique peu de temps avant


la mort de son bisaïeul Louis XIV. Quand, le 19 février 1715,
Louis XIV reçoit en grande pompe dans la galerie des Glaces de
Versailles l'ambassadeur de Perse[16], il associe son successeur
d'à peine cinq ans, à la cérémonie, le plaçant à sa droite. En
avril 1715, l'enfant participe avec le vieux roi à la cérémonie de la
Cène du Jeudi saint et à celle du lavement des pieds. Il est
toujours accompagné de sa gouvernante, Madame de Ventadour.
Dans les derniers temps de la vie de Louis XIV, le futur roi
participe à plusieurs défilés militaires et cérémonies afin
d'acquérir l'habitude de la vie publique[17].

Le 26 août, sentant la mort venir, Louis XIV fait entrer le jeune


Louis dans sa chambre, l'embrasse et lui parle avec gravité de sa
future tâche de roi, dans des mots passés à la postérité, il lui livre
une sorte de testament politique :

« Mignon, vous allez être un grand roi, mais tout


votre bonheur dépendra d'être soumis à Dieu et du
soin que vous aurez de soulager vos peuples. Il faut
pour cela que vous évitiez autant que vous le pourrez
de faire la guerre : c'est la ruine des peuples. Ne
suivez pas le mauvais exemple que je vous ai donné
sur cela ; j'ai souvent entrepris la guerre trop
légèrement et l'ai soutenue par vanité. Ne m'imitez
pas, mais soyez un prince pacifique, et que votre
principale application soit de soulager vos sujets
[18] »

Roi de France et de Navarre

Accession au trône

Louis XIV meurt six jours plus tard, le 1er septembre 1715[19]. Son
arrière-petit-fils lui succède. Les 3 et 4 septembre 1715, Louis XV,
âgé de cinq ans et demi, accomplit ses premiers actes de roi, en
se rendant d'abord à la messe de requiem célébrée pour son
prédécesseur à la chapelle de Versailles[20], puis en recevant
l'assemblée du clergé venue célébrer son propre avènement. Le
12 septembre, il assiste à son premier lit de justice, l'une des
cérémonies les plus solennelles de la monarchie, le 14, aux
harangues du Grand Conseil, de l'université de Paris et de
l'Académie française, les jours suivants aux réceptions
d'ambassadeurs venus présenter leurs condoléances[21]. Malgré
son jeune âge, il doit se plier à la mécanique du gouvernement et
de la cour et jouer son rôle de représentation[22].

Départ et retour du roi à Versailles, sacre de Louis XV

Sacre de Louis XV le 25 octobre 1722


en la cathédrale de Reims par Pierre-
Denis Martin.

Portrait de Louis XV en
costume de sacre par
Hyacinthe Rigaud (1730).

Contre les volontés de Louis XIV, une des premières mesures du


Régent est de ramener Louis XV et la cour à Paris. Cette décision
semble motivée par sa volonté d'établir un lien fort entre le peuple
de Paris et le jeune roi, afin d'éviter tout trouble. Après un passage
par Vincennes de septembre à décembre 1715, Louis XV s'installe
au palais des Tuileries, tandis que le Régent gouverne le royaume
depuis le Palais-Royal. Le peuple parisien se prend alors
d'affection pour ce jeune roi, tandis que la noblesse, désormais
dispersée dans les hôtels de la capitale, jouit sans contrainte ni
mesure de sa liberté[23].

En 1722, las des critiques des parlementaires qui commencent à


agiter en sous-main les Parisiens à la suite du système de Law et
de l'hostilité de la foule, et parce que l'éducation de Louis XV
s'achève vers treize ans, le Régent fait revenir la Cour au château
de Versailles tout en renvoyant le maréchal de Villeroi, le seul
gouverneur renvoyé d'une éducation royale. Le 15 juin 1722,
Versailles redevient résidence royale et symbolise le retour à la
politique louis-quatorzienne[24].

Le jeune Louis XV est sacré et couronné à Reims le


25 octobre 1722. Il atteint sa majorité (13 ans) l'année suivante et
est déclaré majeur lors du lit de justice du 22 février 1723.

Article détaillé : Régence (1715-1723).

Régence : de la polysynodie à une ligne plus autoritaire

Article détaillé : Polysynodie.


Philippe, duc d’Orléans,
Régent de France de 1715 à
1723 par Jean-Baptiste
Santerre.

Louis-Auguste, duc du Maine,


prince des Dombes.

Durant cette période, le roi est mineur et un régent — l'ancien roi


avait opté pour un conseil de régence — le supplée dans cette
tâche. Le 31 juillet, Louis XIV a fixé que le futur régent ne sera que
président d’un conseil de régence, dont il fixe la composition. Il
décide aussi que la garde et l’éducation du jeune roi seront
confiées au duc du Maine[25]. À cet effet, le 23 mai, il a conféré à
ses deux fils légitimés la qualité de prince du sang[26]. Le duc
d’Orléans, appelé à être régent, s'est alors allié aux autres grands,
notamment aux anciens partisans de l'ex-petit dauphin de
Louis XIV, Louis de France. Les conjurés ont élaboré des plans
d’un gouvernement aristocratique fondé sur les idées de Fénelon,
l'ancien précepteur du défunt dauphin, père du roi. Puis, à la mort
de l'ancien roi, le duc d’Orléans fait casser le testament de
Louis XIV par le Parlement qui, le 2 septembre 1715, le déclare
régent avec « entière administration des affaires du royaume
pendant la minorité »[27]. En contrepartie de ce jugement, le
Parlement a repris le « droit de remontrance » dont Louis XIV l’a
privé en 1673[28]. Mais, en rompant avec la mainmise de Louis XIV
sur les droits des Parlements, le Régent ouvre la porte à une ère
de contestation parlementaire qui donnera bien des
désagréments à Louis XV.

L'heureux commencement du règne de


Louis XV, Roy de France et de Navarre
par la régence de S. A. R. Monseigneur
le duc d'Orléans et l'établissement des
Conseils. Estampe du xviiie siècle.

Louis XIV n’avait jamais gouverné seul. Il s’appuyait sur le Conseil


du roi dont les décisions les plus importantes étaient traitées au
Conseil d’en Haut ainsi nommé, car il se tenait au premier étage à
Versailles. Mais les membres de la famille royale, les princes du
sang et le chancelier en étaient exclus depuis la mort de Mazarin
en 1661. Durant la régence, le Conseil d’en Haut est remplacé par
le Conseil de régence[29]. Ce conseil présidé par le duc d’Orléans
est composé du duc de Bourbon, du duc du Maine, du comte de
Toulouse, du chancelier Voysin, des maréchaux de Villeroy,
d’Harcourt et de Tallard ainsi que de Jean-Baptiste Colbert de
Torcy. À ces hommes nommés par Louis XIV, le Régent ajoute
Saint-Simon, Bouthillier de Chavigny ainsi que le maréchal de
Bezons, Jérôme de Pontchartrain et Louis Phélypeaux, marquis de
la Vrillière, qui rédige les procès-verbaux[30].

Ce conseil, comme en Espagne et en Autriche, est assisté de


conseils spécialisés. Il y eut sept conseils ayant pour tâche de
simplifier le travail du « conseil de Régence » :

le conseil de Conscience (affaires morales et religieuses),


présidé par le cardinal de Noailles ;
le conseil des Affaires étrangères, présidé par le maréchal
d'Huxelles ;
le conseil de la guerre présidé par le maréchal de Villars ;
le conseil de marine, dont le chef était le comte de Toulouse et
le président Victor-Marie d'Estrées ;
le conseil de finances, ayant pour chef le maréchal de Villeroy et
pour président le duc de Noailles ;
le conseil des affaires du dedans du Royaume, présidé par le
duc d'Antin ;
le conseil de Commerce (décembre 1715), présidé par le
maréchal de Villeroy et en fait dirigé par Michel-Jean Amelot de
Gournay[31].

Les membres du Conseil d'État, les maîtres des requêtes et les


intendants de justice, de police, de finance ainsi que les
magistrats de la chancellerie préparaient les travaux[32]. La
polysynodie s’inspire des plans d’un gouvernement aristocratique
élaboré par Fénelon, l’archevêque de Cambrai.

Cette forme de gouvernement a eu longtemps mauvaise presse.


Plus tard, Jean-Jacques Rousseau, se fondant sur les écrits de
l'abbé de Saint-Pierre n'est pas tendre avec la polysynodie[31] qu'il
qualifie de ridicule et dont il réduit considérablement la portée[33].
Ce jugement hâtif a participé à la mauvaise réputation dont la
polysynodie a été affublée, y compris par les historiens des
institutions comme Michel Antoine[34] ou même Jean-Christian
Petitfils qui estime que seuls les conseils de Finances et de
Marine fonctionnent « à peu près correctement »[35]. Les travaux
plus approfondis de l'historiographie actuelle sont plus nuancés;
le spécialiste de la polysynodie, Alexandre Dupilet, invite à ne pas
surestimer la responsabilité des conseils dans les grandes
décisions politiques prises par le Régent et cite des réformes
financières et administratives faites dans un esprit de rigueur[31]
(taille proportionnelle et dîme royale[36]).

Le renouveau de la crise janséniste, lié notamment à une


application rigoureuse de la bulle Unigenitus[37], ainsi que le
changement d’alliance, provoquent des remous parmi l'aristocratie
et le Parlement. Cela incite le Régent à adopter une ligne plus
autoritaire. Le 24 septembre 1718, il supprime « les conseils de
Conscience, des Affaires étrangères, du Dedans, de la Guerre » et
restaure les secrétariats d’État[38]. À cette occasion, l’abbé Dubois
devient secrétaire d’État aux Affaires étrangères et Claude Le
Blanc à la Guerre. Les deux hommes font également leur entrée
au Conseil de régence[39]. C'est un retour à un centralisation du
pouvoir et à un gouvernement avec un "principal" ministre, qui plus
est, cardinal, ce qui ne s'était pas vu depuis 1661.

Majorité et confirmation du duc d'Orléans dans ses


fonctions

Le jeune Louis XV est sacré et couronné à Reims le


25 octobre 1722. Il atteint sa majorité (13 ans) l'année suivante et
est déclaré majeur lors du lit de justice du 22 février 1723. À cette
occasion, Louis XV annonce que le duc d’Orléans dirigera les
conseils pour lui et confirme le cardinal Dubois dans ses fonctions
de premier ministre[40]. Le Conseil de régence est renommé
Conseil d’en Haut, tandis que le conseil de la Marine, dernier
élément encore en place de la polysynodie, est supprimé[40].

Le cardinal Dubois et le duc d'Orléans meurent à quelques mois


d'intervalle, en août et décembre 1723 entraînant la fin de la
Régence. Elle laisse au jeune roi Louis XV, tout juste majeur, mais
encore adolescent, un royaume en paix avec les autres
puissances européennes (grâce notamment à la « Quadruple
Alliance ») et dans une situation économique en voie
d'assainissement. Le royaume, qui hérite de la monarchie
absolutiste de Louis XIV, est toutefois marqué par les ouvertures
parfois « fragilisantes » du Régent qui alimentent deux problèmes
intérieurs menaçants[41] : 1. l'opposition gallicano-janséniste, 2.
celle, renaissante, des parlements (le Régent leur ayant restitué le
droit de remontrance). La suite du règne de Louis XV en sera
considérablement affectée[42]. La rivalité extérieure avec les
Bourbons d'Espagne est aussi une difficulté majeure.

Gouvernement de Louis de Bourbon (fin 1723 - mi 1726)

Louis-Henri de Bourbon,
prince de Condé.

Accession au poste de premier ministre

Dès la mort de Philippe d’Orléans le 2 décembre 1723, le duc de


Bourbon se présente au roi pour demander le poste de Premier
ministre. Le roi, ayant consulté du regard son précepteur André
Hercule de Fleury, accepte[43]. Si Fleury accepte, c'est que, n’étant
pas encore cardinal, il pense qu’il ne serait pas accepté à ce poste
par l’aristocratie. De plus, le duc de Bourbon étant peu « esprité »
pour reprendre une expression de l’époque, Fleury peut penser
gouverner dans l’ombre[44]. Le duc a malgré tout un certain sens
de la manœuvre puisqu’en 1717, il avait obtenu que les deux fils
légitimés de Louis XIV soient réduits au rang de simples pairs du
royaume[44]. Par ailleurs, sa maîtresse, la marquise de Prie, est
ambitieuse, travailleuse et habile manœuvrière, comme Fleury s’en
rend compte rapidement[45]. Le jeune Voltaire l'a bien perçu, lui qui,
voulant rentrer en grâce, lui dédie, sa comédie L’Indiscret[45].

Extension du Code noir

Édition du Code noir ou


Édit du Roi comportant
les ajouts promulgués par
Louis XV sous la Régence
en 1723 et 1724.

Parmi les décisions prises sous ce gouvernement, on note


l'extension du Code noir (en décembre 1723 et mars 1724) pour la
Louisiane et les îles Mascareignes[46]. Le code était la compilation
de deux ordonnances de Louis XIV datant de mars et août 1685[47]
l'une, rédigée par Jean-Baptiste Colbert destinée aux esclaves
noirs des îles françaises d'Amérique et l'autre établissant le
conseil souverain de Saint-Domingue sous le titre d'Ordonnance ou
édit de mars 1685 sur les esclaves des îles de l'Amérique. (Elles
étaient inspirées des écrits des deux premiers intendants des iles
Jean-Baptiste Patoulet,et Michel Bégon et des régulations locales
qu'ils avaient collectées dans un memorandum[31],[47]).
Globalement, cette extension durcit la version édictée sous Louis
XIV. Si les mariages entre Noirs et Blancs sont interdits, le texte
prévoit néanmoins ce qui peut advenir aux enfants nés de
rapports inter-raciaux[48]. C'est également sous la Régence que
sont données les premières autorisations permettant aux
armateurs pratiquant la traite d'utiliser les ports français[49].

Mariage du roi

Marie Leszczynska par François


Albert Stiemart (1726).

Le choix le plus important du nouveau régent est celui du mariage


du roi. En 1721, le ⁣cardinal Dubois⁣⁣avait réussi à fiancer le roi à
Marie-Anne-Victoire d'Espagne. Depuis 1722 elle résidait même en
France. Mais le duc de Bourbon craint que le jeune roi, de santé
fragile, meure sans enfant mâle. Il rompt les fiançailles en 1725,
avec cette fiancée qui n'était âgée que de sept ans (née le
31 mars 1718) après que le roi a été gravement alité pendant
quelques jours[50]. Le risque est une querelle de succession entre
la branche espagnole des Bourbons et la famille d'Orléans. Cette
rupture est mal acceptée en Espagne. Les diplomates français
sont expulsés, les relations diplomatiques avec la France
rompues. Cette rupture brutale est le signe que la France se méfie
de la couronne espagnole à plusieurs titres, en particulier parce
qu'on craint que les cousins espagnols retrouvent une alliance
avec l'empereur Charles VI. En effet, le roi Philippe V a abdiqué en
faveur de son fils, le prince des Asturies, mort peu après. Or,
certains des grands et le parti impérial très hostiles à la France[51]
à Madrid veulent que l’autre fils Ferdinand soit marié à une fille de
Charles VI, un projet que l’ambassadeur de France à Madrid
redoute. Après la rupture des fiançailles, l'Espagne signe un traité
d’amitié avec Charles VI, empereur du Saint-Empire[52].

La recherche d'une autre fiancée parmi les princesses d'Europe


est donc nécessaire. Elle est dictée par la nécessité d'une
descendance rapide. Après avoir dressé une liste des cent
princesses d'Europe à marier[n 1], on en sélectionne que dix-sept
dont l'âge est adéquat[n 2]. Aucune candidate n'ayant l'heur de
plaire au ministre (et à sa maîtresse) qui craint surtout de trouver
en la future souveraine une rivale, le choix se porte sur Marie
Leszczyńska, princesse catholique et fille du roi détrôné de
Pologne, Stanislas Leszczynski. Le mariage n'est d'abord pas très
bien vu en France où la jeune reine est estimée de trop faible
extraction pour un roi de France. Catherine Ire de Russie avait
proposé sa fille ainsi qu’une alliance avec la France. Pourtant,
cette option a été écartée pour deux raisons peu politiques. La
première tient au fait que le secrétaire d’État aux Affaires
étrangères Fleuriau de Morville n’a guère d’estime pour la Russie.
La seconde à ce que la marquise de Prie, la maîtresse du duc de
Bourbon, veut une personne malléable[51]. Cependant, les deux
futurs époux se plaisent en dépit des sept ans qui les séparent
(Marie Leszczyńska ayant 22 ans et Louis XV seulement 15) et la
reine est rapidement appréciée du peuple pour sa charité. La
famille de la princesse vivant en exil en Alsace d'une pension que
lui verse le roi de France, le mariage par procuration est célébré le
15 août en la cathédrale de Strasbourg (il s'agit de se faire bien
voir de l'Alsace, une province récemment annexée [Quoi ?]) puis un
passage à Metz pour éviter le duché de Lorraine dont les
souverains, issu de la famille du Régent, espéraient que leur fille
aînée devienne reine de France, la cérémonie du mariage est
célébrée à Fontainebleau le 5 septembre 1725[53].

Fin du gouvernement du duc de Bourbon

En 1725, à la suite de tornades, le grain commence à manquer et


le prix du pain augmente. Parallèlement, les caisses de l’État sont
vides à la suite de l’effondrement du système de Law et de la
« politique financière déflationniste » menée par le contrôleur
général Dodun et les frères Pâris[54]. Aussi est-il décidé de
promulguer une nouvelle taxe, le cinquantième, qui devait
s’appliquer à tous. Aussitôt la noblesse se récrie et l’assemblée
générale du clergé s’y oppose. La faction d’Orléans demande, elle,
une réduction des dépenses. Finalement, le Parlement refuse
d’enregistrer l’édit. Un lit de justice le 8 juin 1725 leur impose
l’enregistrement[55] mais l’opinion publique se retourne, d’autant
que le duc fait preuve de maladresse vis-à-vis des protestants en
réactivant l’interdit des réunions cultuelles. Par ailleurs, sa volonté
d'apaiser les jansénistes lui vaut l'hostilité du cardinal de Fleury et
du conseil de Conscience[56]

Malgré l'insistance de la jeune reine qui le considérait comme son


mentor, Louis XV écarte alors le duc de Bourbon du pouvoir le
11 juin 1726 et l'exile dans ses terres à Chantilly. Louis XV décide
également de supprimer la charge de Premier ministre[57] et
appelle auprès de lui le cardinal de Fleury, son ancien précepteur.
Celui-ci commence alors auprès du roi une longue carrière à la
tête du royaume, de 1726 à 1743[58].

Gouvernements successifs du roi

Gouvernement du cardinal de Fleury (mi 1726-1743)

Le cardinal de Fleury par


Hyacinthe Rigaud.

Premier ministre de fait

Louis XV commence son règne personnel le 16 juin 1726 en fixant


les cadres de son gouvernement: il annonce à son Conseil d'en-
haut, outre la fin de la charge de Premier ministre, sa fidélité à la
politique de Louis XIV, son arrière-grand-père :
« Mon intention est que tout ce qui regarde les fonctions des
charges auprès de ma personne soient sur le même pied qu'elles
étaient sous le feu Roi mon bisaïeul. […] Enfin, je veux suivre en
tout l'exemple du feu Roi mon bisaïeul. ». « Je leur [aux
conseillers] fixerai des heures pour un travail particulier, auquel
l'ancien évêque de Fréjus [le cardinal de Fleury] assistera
toujours[59]. »

En réalité, si nominalement le poste de Premier ministre est


supprimé, de facto, Fleury l'exerce comme "principal ministre". En
vérité, pour Petitfils, il a même les prérogatives d'un lieutenant
général du royaume qui excédent celles d'un Premier ministre[60]
ayant « un brevet l’autorisant à faire travailler sous son autorité
ministres et secrétaires d’État, et même [...] à prendre des
décisions en l’absence du roi ». Enfin, l’obtention le 11 septembre
de la pourpre cardinalice renforce sa position au Conseil d'en-
haut[61]. Durant toute la période, il privilégie le travail en tête-à-tête
avec le roi[62]. Lorsque Fleury en fin de vie doit parfois s’arrêter, le
roi le remplace à la satisfaction de tous, même si le vieux cardinal
tient à demeurer en poste jusqu'à sa mort[63]. Pour Michel Antoine,
Louis XV « resta pratiquement en tutelle jusqu'à l'âge de trente-
deux ans[64] ».

Si le cardinal de Fleury est un homme âgé en 1726 — il a


soixante-treize ans —, le reste des ministres et très proches
conseillers du roi se renouvelle. Il est composé d'hommes plus
jeunes qu'auparavant. Fleury fait revenir le chancelier
d'Aguesseau, renvoyé en 1722. Il ne retrouve cependant pas
toutes ses prérogatives, puisque les sceaux et les Affaires
étrangères sont confiés à Germain-Louis Chauvelin, président à
mortier du parlement de Paris. Le comte de Maurepas devient
secrétaire d'État à la Marine, à vingt-cinq ans[65]. Fleury, bien que
très déterminé, ne parle pas toujours avec la fermeté nécessaire.
Aussi, il juge bon de s’appuyer sur deux hommes au caractère
trempé : Orry qui, à compter de 1730, est au contrôle des finances
et Germain Louis Chauvelin garde des sceaux à compter de
1727[66].

La Cour, ce sont autant les grands services qui gèrent la vie


publique qu'un lieu de sociabilité de l'aristocratie. C'est aussi un
champ où s'affrontent des coteries, des ambitions familiales et
personnelles. C'est aussi un endroit où la question du rang est très
importante et détermine les choix politiques[63]. Dans ces
conditions, celui qui tient lieu de Premier ministre doit
simultanément diriger l'appareil d'État, et tenir compte des
différents clans qui structurent la sociabilité aristocratique. Au
début des années 1740, le cardinal de Fleury a de plus en plus de
mal à contrôler les factions structurées autour des clans Noailles
et Belle-Isle[67].
Gouvernement du roi (1743 à sa mort)

Durant la période qui couvre les années 1743-1774, le paysage


dans lequel se meut la royauté change profondément : les
« Lumières » tant en philosophie qu’en économie s’affirment. En
1746, Diderot publie les Pensées philosophiques, suivies en 1749
par les Lettres sur les aveugles et le premier volume de
l’Encyclopédie. En 1748, Voltaire publie Le Siècle de Louis XIV et
en 1756, l'Essai sur les mœurs et l'esprit des nations. En 1748,
Montesquieu publie De l'esprit des lois. En 1750, Rousseau devient
célèbre en publiant le Discours sur les sciences et les arts, suivi en
1755 par le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité
parmi les hommes. Le roi, timide et peu assuré, s'appuie pour
gouverner sur Madame de Pompadour alliée au duc de Choiseul
qui lui-même tend à soutenir en sous-main la principale force
d'opposition qu'est le Parlement avant de le chasser et d'appeler
un gouvernement « fort » dirigée par le Chancelier de Maupéou.

Style de gouvernement

Louis XV par Louis-Michel


van Loo.
À la mort du cardinal de Fleury en 1743, le gouvernement de
Louis XV débute. Le roi, alors âgé de 33 ans, est appelé « Louis le
Bien-Aimé »[68]. Si Louis XV veut suivre l'exemple de son bisaïeul
Louis XIV, son caractère est très différent. Alors que le Roi-Soleil
aimait le spectaculaire et le théâtral et se voulait constamment
sur le devant de la scène, Louis XV distingue très strictement vie
publique et vie privée et aime à se réfugier dans ses petits
appartements[69]. Enfin, le roi, intelligent et cultivé, agit en sous-
main et écoute, parfois trop, son entourage. Sa timidité lui fait
préférer l'écrit à l'oral[70] et la disgrâce peut brutalement tomber
par écrit sans que des signes oraux ou gestuels ne l'aient
annoncée[71]. François Bluche lui reproche d'avoir trop favorisé la
noblesse d'épée ou de robe dans ses promotions [72] et d'avoir
trop facilement rejeté des éléments de valeur[72]. Il estime que
Louis XV à la différence de Louis XIV s'est réellement saisi du
pouvoir trop tard, ce qui l'a empêché de s'investir vraiment dans
son rôle de monarque. Son règne, toujours selon Bluche, a abouti
à une « sorte d'oligarchie bureaucratique »[73] qui est en train de se
constituer avec la création des Ecoles royales.

Michel Antoine, quant à lui soutient que si le roi « paraît vouloir


travailler avec ses cinq ministres en particulier »[74], il se repose
sur une « machine gouvernementale » qui le contraint à réellement
travailler. C'est ainsi qu'il doit présider le dimanche et le mercredi
le Conseil d'en-haut, le samedi et parfois le vendredi le Conseil des
dépêches, et le mardi le Conseil royal des finances[75]. De plus, il
reçoit souvent en tête-à-tête ses ministres les plus importants,
parfois plusieurs fois par semaine[70]. Par ailleurs, le roi qui aime
être bien renseigné, consulte à cette fin, le cabinet noir, la
diplomatie secrète et le lieutenant général de Police de Paris[75]. Si
ses ministres peuvent appartenir à la noblesse de cour, ils sont le
plus souvent membres de la noblesse de robe. Dans son cercle de
travail, les conseils sont peuplés de conseillers d'État et autres
fonctionnaires, ce qui fait dire à Michel Antoine que si son règne
est « pauvre en grands politiques », il est « riche en grands
administrateurs » tels Gaumont, Trudaine, d'Ormesson, Machault,
Bertin[76].

Influence de la Marquise de Pompadour

Article détaillé : Madame de Pompadour.

La marquise de
Pompadour par Quentin
de La Tour.

Jeanne Le Normant d'Étiolles, née Poisson, cherche dès 1743 à se


faire remarquer du roi en assistant à des chasses à courre en
forêt de Sénart[77]. Dans son entreprise, elle peut compter sur sa
mère qui a des accointances dans le proche entourage du roi à
savoir le premier valet du dauphin, celui du roi, ainsi que les frères
Pâris, financiers réputés. Sa première rencontre avec le roi reste
peu documentée. Elle semble avoir eu lieu lors d'un bal masqué,
soit lors du mariage du dauphin Louis, soit lors d'un bal à
Versailles[78]. Afin de lui permettre d'être présentée à la cour et de
devenir dame d'honneur de la reine, le roi lui attribue une terre
limousine tombée en déshérence : le « marquisat de
Pompadour »[79]. Madame de Pompadour, fille adultérine d'un
financier, est belle, cultivée, intelligente et dotée d'une grande
ambition[77]. Son ascension est mal vue par les dévots,
notamment le dauphin, et par l'aristocratie en général. En effet,
jusque-là, les maîtresses officielles de Louis XIV, hors Madame de
Maintenon, et de Louis XV sont choisies dans la haute
aristocratie[80]. Si les Fils et les Filles du roi ne l'aiment guère et la
nomment « maman putain », elle sait se faire apprécier de la reine
en se montrant déférente à son égard[81].

La marquise de Pompadour est officiellement logée au troisième


niveau du château de Versailles, au-dessus des appartements du
roi. Elle y organise des soupers intimes avec des invités choisis,
où le roi oublie les obligations de la cour qui l'ennuient. De santé
fragile, et supposée frigide, la marquise, à compter de 1750, n’est
plus son amante, mais reste sa maîtresse et confidente et
conserve ses relations privilégiées avec le roi en se chargeant de
lui « fournir » discrètement des jeunes filles parmi lesquelles Lucie
Madeleine d'Estaing, demi-sœur illégitime de l'amiral d'Estaing[82].
Cette fonction d'entremetteuse a enflammé « l'imagination des
échotiers »[83] surtout au XIXe siècle.
Selon Michel Antoine, Madame de Pompadour est intervenue
dans la politique menée par le roi en favorisant les carrières de
ses proches, à qui sont parfois confiées « des responsabilités trop
lourdes pour leurs capacités »[84], et en défaisant les carrières
d'hommes de valeur qu'elle n'apprécie pas. Si son train de vie et
ses constructions ont été reprochés au roi, les études sérieuses
des comptes royaux montrent en revanche qu'il n'a pas été
particulièrement généreux envers elle.

Mais, en politique, l'apparence peut être vue comme une réalité,


surtout si un roi, en l'occurrence, Frédéric II de Prusse, entretient
par sa propagande cette opinion[85]. Enfin, selon Michel Antoine,
elle comprend mal le roi, elle cherche à l'étourdir quand il aurait
fallu l'aider « à surmonter sa défiance de soi-même ». Pour cet
historien, elle a une influence néfaste sur le roi puisque c'est
durant cette relation que « la conduite de la politique parut la plus
incertaine »[84].

Tensions dans l'appareil gouvernemental et arrivée de Choiseul

Le maréchal de Belle-Isle
(1684-1761) par Maurice
Quentin de la Tour.

Le 1er février 1757, le roi renvoie deux de ses ministres les plus
importants, Jean-Baptiste de Machault d'Arnouville et le comte
d'Argenson, deux hommes impliqués dans l'affaire du vingtième.
Le premier parce que c'est son projet et le second parce que, ami
des Jésuites, il est proche des positions du clergé dans cette
affaire. Si la lettre de renvoi du premier est plutôt affectueuse,
celle adressée au second est beaucoup plus sèche. Outre que ce
dernier n'est pas en meilleurs termes avec Madame de
Pompadour, le roi semble aussi lui reprocher sa gestion des
affaires parisiennes qui vont être confiées au marquis de La
Vrillière[86]. Le marquis de Paulmy remplace son oncle, le comte
d'Argenson, au secrétariat d'État à la Guerre, Peyrenc de Moras se
voit confier la Marine qu'il doit cumuler avec les Finances tandis
que le roi se réserve les Sceaux. Après ces renvois l'abbé de
Bernis et Choiseul deviennent les personnalités dominantes du
gouvernement[87].

Le marquis de Paulmy démissionne du secrétariat d'État à la


guerre le 3 mars 1758 où il est remplacé par le maréchal de Belle-
Isle. Peyrenc de Moras cède la marine au marquis de Massiac qui
ne la conserve que durant l'été 1758 avant qu'elle ne soit cédée à
Berryer. Ce dernier, un proche de Madame de Pompadour, est
nommé également en 1758 au Conseil d'En-Haut simultanément
avec maréchal d'Estrées[88] et le marquis de Puisieulx. Le Contrôle
général des finances connaît après la démission de Machault une
forte instabilité puisque de 1754 à 1759, cinq personnes se
succèdent à ce poste avant qu'il ne soit confié à Bertin qui le
garde de 1759 à 1763. Choiseul, ambassadeur à Vienne, devient
fin 1758 secrétaire d'État aux affaires étrangères à la place de
l'abbé de Bernis devenu cardinal en août 1758. Choiseul sera
nommé en 1761 à la mort de Belle-Isle, secrétaire d'État à la
guerre, un poste qu'il occupera jusqu'à sa disgrâce en 1770.
Durant toute cette période, les Choiseuls (le duc de choiseul et
son cousin le marquis Choiseul) seront à la tête des affaires
étrangères, de la marine et de la guerre[89].

L'abbé de Bernis, sur le point de devenir cardinal, suggère à Louis


XV de modifier le fonctionnement du gouvernement. Comme il
sait que le roi tient, comme son aïeul Louis XIV, à ne pas avoir un
Premier ministre, personne physique, il suggère qu'une assemblée,
le Conseil du roi, en tienne lieu. Son plan, partiellement mis en
place, prévoit également un examen des dépenses du
gouvernement qui révélera de grands dysfonctionnements au
secrétariat d’État à la Marine entraînant le départ de Massiac[90].
Mais, ce plan ne plaît guère à Madame de Pompadour qui perdrait
de son influence dans les affaires gouvernementales[91]. Enfin, il
placerait de facto Bernis au premier plan, ce à quoi le roi ne tient
pas[86]. Ainsi Bernis, à peine fait cardinal le 30 novembre 1758,
est-il disgracié le 13 décembre 1758[91]. Le duc de Choiseul
devient alors le ministre prépondérant jusqu'à sa propre disgrâce
en 1770[92].
Gouvernement de Choiseul puis avec le triumvirat de
Maupéou, Terray et D'Aiguillon

L'Europe en 1740.

L'Europe en 1783.

Durant cette longue période, le roi gouverne en s'appuyant sur sa


maîtresse Madame de Pompadour et sur un ministre proche de sa
maîtresse, le duc de Choiseul. C'est une période difficile où un roi
difficile à décrypter mais ouvert personnellement aux nouveautés,
doit diriger un pays en plein renouveau intellectuel en France avec
notamment l'apparition du mouvement dit des Lumières, la
naissance de l'économie politique avec la physiocratie ainsi que la
montée en puissance de l'opposition parlementaire stimulée par
les écrits de Louis Adrien Le Paige[93].

Pour ne rien arranger, cette époque voit aussi la montée en


puissance de la Grande-Bretagne, de la Prusse et de la Russie,
pays alors dotés de personnalité politique d'envergure : William
Pitt, Frédéric II de Prusse, Catherine II. La France est entraînée
dans deux guerres coûteuses : la guerre de Succession d'Autriche
et la guerre de Sept Ans. Elles se déroulent principalement en
Allemagne, sur mer ou dans les colonies et le territoire français
n'est guère menacé ; le roi, lors des traités de paix, surtout celui
mettant fin à la guerre de Succession d'Autriche, ne cherche pas à
en tirer profit tout en négligeant d'expliquer à ses sujets les
raisons d'une attitude inspirée par le moralisme chrétien de
Fénelon[94]. Par conséquent, ces guerres sont perçues comme
étant faites pour rien ou « travailler pour le Roi de Prusse » pour
reprendre les mots de Voltaire. Si la première guerre gagnée ne
rapporte rien à la France, la seconde guerre, durant laquelle la
supériorité navale anglaise s'affirme, est particulièrement
coûteuse pour le pays qui y perd une part de son empire
colonial[95].

Le roi, durant toute cette période, doit affronter l'opposition du


Parlement qui lutte aussi pour avoir accès à un pouvoir qui lui
échappe de plus en plus. Durant ce règne, la centralisation du
pouvoir se poursuit et l'essentiel des décisions relèvent de la
« machine » administrative qui entoure le roi. La guerre entre le roi
et le Parlement, soutenu en sous-main par Choiseul, se poursuivra
jusqu'en 1770, où le triumvirat, composé du chancelier de
Maupeou, de l'abbé Terray et du duc d'Aiguillon dissoudra les
parlements[96].
Politique étrangère du règne

La politique étrangère du règne est marquée par un changement


profond par rapport aux deux siècles précédents. L'adversaire
principal n'est plus, comme cela a été le cas depuis Charles Quint,
les Habsbourg qui ont perdu l'Espagne au profit de la Maison de
Bourbon (Espagne). Il faut maintenant compter sur les puissances
montantes que sont l'Angleterre, la Prusse et la Russie, celui
conduit au Traité de Versailles (1756) vu par l'opinion comme une
révolution diplomatique.

Changement d’alliance durant la régence

Louis XV et sa fiancée Marie-


Anne-Victoire d'Espagne, fille
de Philippe V. Toile de
François de Troy, 1723.

Le roi d’Espagne Philippe V est d’autant plus contrarié par les


traités d'Utrecht qui lui ont fait perdre le royaume de Naples[97] que
sa seconde femme, l’ambitieuse Élisabeth Farnèse est italienne.
Aussi entreprend-il la reconquête de ce royaume. Poussé par
l'abbé Dubois, le Régent estime qu’il n’est pas de l’intérêt de la
France de le suivre dans cette aventure[98]. Il choisit donc de
renouer avec la Grande-Bretagne et les Pays-Bas, pourtant
protestants. Ce renversement d’alliances heurte ce que Petitfils
nomme « le parti de la vieille Cour demeuré pro-espagnol par
fidélité pour le petit-fils de Louis XIV » Ce camp est d'autant plus
influent que l'un d'eux, le marquis d’Huxelles, est « président du
Conseil des affaires étrangères ». À l’été 1717, l’Espagne poursuit
son offensive militaire en Italie[99], tandis que prend corps la
« Triple alliance de La Haye », liant France, Pays-Bas et Angleterre.
Ce retournement d'alliances du Régent est complété, en 1718, par
une alliance avec l'Autriche des Habsbourg (quadruple alliance).
La victoire des puissances européennes contraint l'Espagne à se
rapprocher de la France. Dubois convainc le roi d’Espagne de
fiancer sa fille Marie-Anne-Victoire d'Espagne, âgée de trois ans, à
Louis XV qui en a douze et le fils aîné du roi d’Espagne, le prince
des Asturies (14 ans), à deux filles du duc d’Orléans, âgée de
7 et 12 ans. L’échange des trois princesses a lieu le 9 janvier 1722,
sur l’île des Faisans[100].

Politique étrangère durant le gouvernement du cardinal de


Fleury

Rapprochement austro-espagnol et ses conséquences

La quadruple alliance entre la France, les Pays-Bas, l'Angleterre et


l'Autriche, ne satisfait pas l'Espagne. Ce pays ne pouvant se
tourner vers la France qui vient, en 1725, de lui renvoyer l'infante
promise à Louis XV, se tourne donc vers l'Autriche avec lequel il
conclut un accord qui dispose que Philippe V (roi d'Espagne)
renonce au trône de France et aux provinces conquises par
Charles VI (empereur du Saint-Empire) qui, en échange, renonce
au trône d'Espagne et des Indes[101]. ce traité contient une clause
militaire secrète selon laquelle l'Espagne accorde des privilèges à
la Compagnie d'Ostende, formée par l'Empereur pour les
échanges avec les Indes occidentales en contrepartie d'un soutien
« au projet de reconquête de Gibraltar et de Port-Mahon »[101].
Mais, ce traité ne tient pas longtemps, car Charles VI refuse de
marier l'archiduchesse Marie-Thérèse au futur Charles III (roi
d'Espagne). De plus, la reconquête de Gibraltar échoue. Le 9
novembre 1729, après de longues tractations, un traité d'alliance
entre l'Angleterre, La France et l'Espagne est signé à Séville.[102]

Grands traits de la politique étrangère de Fleury

Fleury doit faire face à la succession de Pologne qui en fait


concerne aussi, hors la Pologne, la succession de l'empereur
Charles VI et son remplacement par sa fille Marie-Thérèse. Le
problème vient de son mari François, duc de Lorraine et candidat
à la couronne impériale. Si la Lorraine devenait autrichienne,
l'Autriche, qui possède déjà ce qui deviendra la Belgique,
deviendrait une menace directe pour la France, ce qui est
« inacceptable »[103] Dans ces conditions, le but principal de Fleury
ne sera pas la Pologne, si loin de Paris et si proche de l'Empire
russe, alors en pleine expansion, mais la Lorraine qu'il finira par
rattacher à la France. Il faut également noter que si intervenir sur
terre en Pologne est difficile, intervenir en Pologne par voie
maritime risque fort d'entraîner une opposition anglaise qui
d'ailleurs a déjà réuni trois escadres[104] à titre dissuasif.

Le texte de la Pragmatique Sanction.

Après de délicates tractations, la Lorraine est acquise : le


gouvernement français n'a plus d'objections à l'arrivée au pouvoir
de Marie-Thérèse et accepte alors la Pragmatique Sanction. Pour
Fleury, la maison d'Autriche ne représente alors plus un danger et
il convient de s'en rapprocher. Mais, à Paris, un courant opposé à
cette politique se forme autour de Germain-Louis Chauvelin[105].

Politique étrangère durant les dernières années de Fleury

À la fin des années 1730, le paysage diplomatique change quand


deux grandes puissances en devenir décident de faire valoir leur
intérêt à tout prix. L'Angleterre fait montre d'une volonté de
« puissance hégémonique » qui à l'adhésion et le soutien de la
bourgeoisie commerçante et industrielle des grands ports. Ceci
conduit le pays à déclarer, dès 1739, la guerre à l'Espagne[106],
autre grande puissance coloniale. En Prusse, le 31 mai 1740,
Frédéric II succède à son père et veut agrandir son État peuplé
d'environ (2,2 millions d'habitants, la France en a alors plus de dix
fois plus) mais disposant d'une armée de 83 000 contre 160 000
[107] pour la France. La situation devient d'autant plus tendue que,
le 20 octobre 1740, Charles VI (empereur du Saint-Empire) en
mourant ouvre la question de sa succession en tant qu'Empereur,
un titre qui excite les convoitises[108]. Au conseil du roi, deux
camps s'opposent : celui du roi et du cardinal favorables à
l'Autriche et un camp autour du comte de Maurepas et de Jean-
Jacques Amelot de Chaillou favorables à la guerre[109]. Pendant ce
temps, dès le 16 décembre 1740, entre en Silésie, un territoire
alors autrichien qu'il convoite. Le Cardinal de Bernis se trouve
« entrainé malgré lui dans un conflit » quand le Maréchal de Belle-
Isle signe, le 4 juin 1741, un traité d'alliance défensive de quinze
ans avec la Prusse[110].

Politique étrangère du roi (1743 à 1756)

Grandes problématiques

À la mort du cardinal de Bernis, Louis XV commence à diriger seul


les affaires étrangères, il s'appuie d'abord sur Jean-Jacques
Amelot de Chaillou le ministre nommé par le Cardinal de Bernis,
puis le trouvant « pulsinanime », le congédie brutalement. Après
avoir exercé quelque temps la fonction lui-même, il nomme à ce
poste le Marquis d'Argenson, le frère de celui qui est devenu le
principal ministre, le Comte d'Argenson[111]. Le marquis est un
homme à « système » qui a écrit « Un Essai de tribunal européen
par la France seule. Plan pour le dehors ». Il soutient que la France
doit être l'arbitre des quatre puissances européennes que sont :
L'Autriche, l'Angleterre, l'Espagne, et la Russie. Il a aussi des idées
concernant l'Allemagne, l'Italie et les Provinces-Unies. C'est ainsi
qu'il veut mettre fin à l'influence des Habsbourg en Allemagne. En
Italie, il veut fonder une confédération autour du Piémont-
Sardaigne, tandis qu'il veut mettre fin à l'influence anglaise aux
Provinces-Unies[112]. Cela l'entraîne à mener une politique pro-
prussienne. Maurice de Saxe (1696-1750) qui considère cette
politique comme mauvaise écrit alors un mémoire pointant les
erreurs stratégiques du ministre et demande sa démission, qu'il
obtient après s'être rapproché de Madame de Pompadour et du
maréchal de Noailles. Le Marquis d'Argenson est congédié le
premier janvier 1747 et remplacé par le Comte de Sillery, un
proche de Maurice de Saxe[113].Après cet épisode, le roi s'appuie
sur le Comte d'Argenson (le frère du marquis), sur Madame de
Pompadour, sur le Prince de Conti, simultanément prétendant à la
couronne de Pologne et fondateur du Secret du Roi. Il convient ici
de noter que les décisions importantes ne sont pas prises par le
roi, mais par le Conseil à la majorité. C'est d'ailleurs la raison
même de la création du Secret du roi comme il va être vu[114].

Création du Secret du roi

Article détaillé : Secret du Roi.


Le comte Jan Klemens
Branicki par Anton
Tallmann.

La diplomatie secrète a toujours plus ou moins existé sous


l’Ancien Régime. Mais, ce qui fait la particularité du secret du roi
sous Louis XV, c’est qu’il mène une politique étrangère souterraine
en contradiction parfois avec la politique officielle[115]. Pourquoi
cela ? Et, pourquoi le roi a-t-il recours à une telle institution ? La
raison en est simple. Comme le roi, par manque de confiance en
lui, accepte de se soumettre aux décisions de politique étrangère
prise à la majorité des membres du conseil, le secret du roi lui
permet de rester le maître. L'historien Pierre Muret considère que
le secret du roi n'est pas tant « l'œuvre d'un dilettante qui s'ennuie
que l'exagération d'un système conçu pour rester le maître aux
moindres frais »[114].

Le Secret du roi a été fondé par le prince de Conti lorsque vers


1745 , lorsque Jan Klemens Branicki et quelques magnats
polonais ont l’idée de lui proposer la couronne élective de
Pologne[116]. Ce prince, proche pendant une dizaine d’années de
son cousin Louis XV, dirige ce service aussi longtemps qu’il pense
pouvoir devenir roi de Pologne[117]. Le secret a aussi pour but
d’éviter que la Russie ne se mêle des affaires européennes, de
s’allier avec les pays nordiques, de maintenir des liens avec la
Turquie et de surveiller l’Autriche[118]. Successivement dirigé par le
prince de Conti, Jean Pierre Tercier et le comte de Broglie, ce
service est financé sur la cassette personnelle du roi. Il comprend
un cabinet noir chargé de surveiller les correspondances dirigé par
Robert Jannel[119] et des agents en mission dont les plus célèbres
sont le comte de Vergennes, le baron de Breteuil, le chevalier
d’Éon, Tercier et Durand).

À la mort de Louis XV et l'avènement de son petit-fils, Louis XVI, le


Secret est dissous. Cependant, ses agents, toujours actifs,
notamment le comte de Broglie, s'efforcèrent de jouer un rôle
important dans la guerre d'indépendance américaine. Ainsi,
Beaumarchais fournit des armes aux Insurgents.

Traité de Versailles de 1756 et alliance avec l'Autriche

Articles détaillés : Traité de Versailles (1756) et Révolution


diplomatique.

Le rapprochement franco-autrichien est l'œuvre de Kaunitz,


ambassadeur en France de 1750 à 1753 et qui deviendra le
chancelier de l'Impératrice Marie-Thérèse. Marie-Thérèse prend
l'initiative en août 1755 de contacter Louis XV par l'intermédiaire
de la marquise de Pompadour[120]. Les négociations se déroulent
dans le plus grand secret entre le nouvel ambassadeur autrichien
Starhemberg et le cardinal de Bernis[121]. La première rencontre
eut lieu le 3 septembre 1755 dans la maison de campagne de la
Pompadour. D'abord tenues secrètes, les négociations sont
élargies à des ministres de Louis XV : Machault d'Arnouville,
Rouillé, Moreau de Séchelles, Saint-Florentin. Les négociations
trainent car une mission parallèle est envoyée à l'ancien allié
Frédéric II et certains ministres français sont résolument
austrophobes. Le traité signé le 16 janvier 1756 entre la Prusse et
l'Angleterre montre que Frédéric II a fait une croix sur l'alliance
française. Dès lors les obstacles sautent et le traité avec l'Autriche
est signé le 1er mai 1756[122].

Le premier traité de Versailles signé le 1er mai 1756 entre la


France et l'Autriche est seulement défensif. Cette alliance est
déséquilibrée, car la France prend le risque d'une guerre en Europe
sans obtenir de contrepartie en cas de victoire. Aussi un second
traité est signé après l'invasion de la Saxe, alliée de l'Autriche, par
Frédéric II en août 1756. Le second traité de Versailles signé le
1er mai 1757 se transforme en alliance offensive où la France
obtient la possibilité d'annexer six places fortes (Chimay, Mons
Ypres, Furnes Ostende et Nieuport aux Provinces-Unies
autrichiennes[123]. La France, elle, doit lever 10 000 sur ses deniers
en Bavière et au Wurtemberg qui renforcerait l'armée impériale et
payer 12 millions de florins à l'Autriche. Par contre en cas de
guerre contre l'Angleterre, l'Autriche ne s'engageait que sur sa
volonté de proposer ses bons offices[123].
Le Traité de Versailles, signe aussi la fin des espoirs du Prince de
Conti en Pologne ainsi que la rupture entre deux hommes qui ont
été jusque-là très proches. Il faut aussi noter que Conti, un
opposant à l'absolutisme, a cherché à s'allier en 1755 aux
protestants contre le roi[124]

Politique de Choiseul aux Affaires étrangères (1756-1770)

Choiseul aux Affaires étrangères, à l'Armée et à la Marine

Standardisation et mobilité des


pièces sont les deux principes du
« système Gribeauval (en) ».

En politique étrangère, deux secteurs ont incombé à Choiseul :


l'Angleterre, la Marine et les Territoires d'outre-mer ; l'Europe
orientale et septentrionale, c'est-à-dire les relations avec
l'Autriche[125]. Pour faire face à l'Angleterre sur les océans, la
France qui a besoin d'une alliance avec l'Espagne. Cela conduit au
troisième pacte de famille. Choiseul et le ministre espagnol des
Affaires étrangères, de Grimaldi, ont des relations empreintes
d'amitié, comme leurs rois respectifs Louis XV et Charles III[125].
Pour ce qui est des relations avec l'Autriche, Marie-Thérèse et
Louis XV éprouvent l'un pour l'autre un respect mutuel et une
méfiance commune envers Frédéric II de Prusse. Toutefois, la
relation entre leurs ministres Kaunitz et Choiseul est courtoise,
mais empreinte de défiance que cache mal des paroles
d'amitié[126].

Dans le domaine militaire, Choiseul fait moderniser l'artillerie par


Jean-Baptiste Vaquette de Gribeauval qui la dote de canons qui
serviront pendant la Révolution française et le Premier Empire. Il
réforme également l'armée dont il standardise les uniformes et
renforce le règlement et la discipline. Il modifie le recrutement des
régiments en faisant tirer au sort des miliciens qui doivent servir
de réserve. Enfin, un système de pension est établi pour les
soldats à la retraite[127]. La marine est considérablement
renforcée et compte en 1772, 66 vaisseaux de ligne, 35 frégates et
21 corvettes[128]. Outre-mer, la Compagnie des Indes est
supprimée tandis que ses anciens territoires passent sous
l'autorité du roi. Aux Antilles, Saint-Domingue, la Martinique, la
Guadeloupe et Sainte-Lucie sont dotées chacune d'un
intendant[128].

Rattachement de la Corse

Portrait du général Paoli


en 1820. Peinture par
Joseph Chabord.

Article détaillé : Histoire de la Corse.


La conquête de la Corse est un des seuls succès en politique
extérieure du duc de Choiseul. En 1756, Louis XV s'est vu attribuer
par la république de Gênes le droit d'installer des garnisons à
Calvi, Saint-Florent et Ajaccio[129]. L'accord avec Gênes est le
suivant : la France devait pacifier la Corse pour le compte des
Génois et ne la conserverait que si la république de Gênes ne
pouvait payer les dépenses qu'elle engagerait en Corse[130]. La
vente n'est pas formellement stipulée dans le traité du
15 mai 1768, dont les Anglais soucieux de l'immixtion des
Français dans les affaires corses n'ont pas pu connaître la teneur
exacte. Ceux-ci laissent alors entendre qu'ils pourraient intervenir,
ce qui n'effraye pas Choiseul[131]. Militairement, la campagne est
marquée par deux combats majeurs. Tout d'abord, à la bataille de
Borgo, en 1768, Pascal Paoli défait les Français, en tue 600 et en
capture 600 autres dont le colonel de Ludre, le propre neveu de
Choiseul. Suite de cet échec, un corps expéditionnaire de près de
20 000 hommes débarque à Saint-Florent commandé par l'un des
plus grands militaires de la monarchie, le comte de Vaux[131]. Le 8
mai 1769, les nationaux corses sont finalement vaincus à la
bataille de Ponte-Novo. Peu après, Pascal Paoli, général en chef
de la nation corse, part en exil en Angleterre et la Corse se soumet
au roi.
Disgrâce de Choiseul

En 1768, Le chancelier de Lamoignon démissionne. Il est


remplacé par René-Charles de Maupeou le 18 septembre. En
1769,le nouveau chancelier s'oppose aux opérations financières
proposées par le contrôleur général Mayon d'Invault et provoque
la démission de ce proche de Choiseul. Après avoir découragé le
candidat de Choiseul, la nomination de l'abbé Terray le
22 décembre 1769 renforce la position de Maupeou au sein du
gouvernement[132]. En décembre 1770, Choiseul écrit à son
homologue espagnol Grimaldi que la guerre avec l'Angleterre lui
semble inéluctable. Louis XV informé, interdit l'envoi de cette
lettre et demande au duc d'en écrire une autre par laquelle il
recommande au roi d'Espagne de déployer les plus grands efforts
pour faire la paix. Parallèlement, Louis XV écrit à Charles III. S'il lui
demande de faire des efforts pour la paix, il lui annonce
également que même s’il envisage de changer de ministre il
poursuivra la même politique vis-à-vis de l'Espagne[133]. Le
24 décembre, Choiseul est disgracié[134]. Cette disgrâce fait grand
bruit. Ses partisans et les parlementaires l'attribuent à la
comtesse du Barry[135]. Selon Michel Antoine, l’erreur principale de
Choiseul est d'avoir préparé une guerre de revanche sans avoir
mis le pays en état de la soutenir. Plus tard, en 1772, Louis XV dira
au comte de Broglie « Les principes de Choiseul sont trop
contraires à la religion, par contrecoup à l'autorité royale »[135].
Après la démission de Choiseul

« Tableau de l'Europe en juillet


1772 » : Louis XV (debout au second
plan, couronne à fleur de lys) et
George III de Grande-Bretagne
(endormi) sont incapables
d'empêcher le premier partage de la
Pologne entre la Russie, la Prusse et
l'Autriche. Caricature anglaise, 1772.

Après la démission de Choiseul, le roi encourage son cousin et


allié Charles III d’Espagne à s’entendre avec l’Angleterre pour
régler la crise des îles Malouines et éviter ainsi la guerre. Choiseul
qui s'est complètement focalisé sur la guerre avec l’Angleterre, a
complètement ignoré l’Europe. La France n'a même plus un
ambassadeur à Vienne. La Russie et la Prusse ont divisé la
Pologne, un allié traditionnel de la France, sans que celle-ci émette
de protestation. La Suède, autre allié traditionnel, est menacée
d’être à son tour dépecée entre la Russie et la Prusse à la mort de
son roi en 1771. Le prince royal Gustave III de Suède alors à Paris
a un long entretien avec le roi qui lui promet son aide. Avec des
subsides français et l’aide du secret du Roi, Gustave III peut
retourner à Stockholm. Le 19 août 1772, sur son commandement,
la garde royale suédoise emprisonne le Sénat. Deux jours plus
tard, il est proclamé roi par la Diète. La Russie, la Prusse,
occupées en Pologne, protestent, mais n’interviennent pas[136].
Guerres successives durant le règne

Durant le règne, la France a été impliquée dans deux guerres


coûteuses tant en homme qu'en matériel : la guerre de succession
d'Autriche et la guerre de Sept ans. Paradoxalement, c'est la
guerre de Succession de Pologne, la moins meurtrière et la moins
coûteuse qui a été la plus favorable au royaume lui permettant de
s'étendre à la Lorraine et au Barrois.

Guerre de Succession de Pologne et acquisition de la Lorraine et


du Barrois

Article détaillé : Guerre de succession de Pologne.

Des opérations militaires restreintes

Stanislas Leszczynski, roi


de Pologne puis duc de
Lorraine. Peinture
allemande anonyme.

En 1733, le roi Auguste II de Pologne meurt. Aussitôt Stanislas


Leszczynski, le beau-père de Louis XV, hébergé dans son exil au
château de Chambord, fait acte de candidature. Pour la seconde
fois, la diète polonaise reconnaît Stanislas comme roi mais la
Russie refuse de valider ce choix et envoie des troupes, l'obligeant
à se réfugier à Dantzig[137]. La France affecte d'encourager les
prétentions de Stanislas mais ne peut lui envoyer qu'un corps
expéditionnaire symbolique, vite assiégé dans Dantzig tandis que
les Russes envahissent la Pologne[138].

Faute de pouvoir agir efficacement contre la Russie, le


gouvernement français décide de s’en prendre à l’empereur
Charles VI. Commence ainsi la guerre de Succession de Pologne.
Il s'agit d'une guerre très spécifique parmi celles menées sous le
règne de Louis XV. En effet, l'homme chargé des affaires de la
France, le cardinal de Fleury est un homme « viscéralement
attaché à la paix et à la stabilité en Europe »[139]. La France noue
deux alliances, une avec Charles-Emmanuel III, duc de Savoie et
Philippe V, roi d'Espagne qui reprend les revendications des
Bourbon sur les royaumes de Naples et de Sicile[140],[141].

Militairement, la France est engagée sur deux fronts : une


incursion dans le Saint-Empire est confiée au maréchal de Berwick
tandis que le maréchal de Villars intervient en Italie au côté de
l'armée de Charles-Emmanuel. Les opérations militaires ne durent
pas et dès l'automne 1734, les négociations commencent[140]. Les
Russes viennent à bout de la résistance polonaise tandis que les
Espagnols prennent Naples[142].

Traité de Vienne

Article détaillé : Traité de Vienne (1738).


Conséquences territoriales du
traité de Vienne (1738).

La France profite de cette guerre et du mouvement de troupes


vers le Saint Empire pour occuper la Lorraine du jeune duc
François III. Elle met à profit l'absence du fils du duc Léopold Ier de
Lorraine et d'Élisabeth-Charlotte d'Orléans alors à Vienne où il a
été appelé par son proche parent, l'empereur du Saint-Empire
Charles VI. Ce dernier, qui l'a nommé vice-roi de Hongrie en 1731,
le presse d'épouser sa fille aînée et héritière Marie-Thérèse[143].
Une telle union est dangereuse pour la France, car l'empire aurait
protégé ainsi la route du Rhin et se serait rapproché
dangereusement de Paris. Quand Charles VI fait appel à
l’Angleterre, celle-ci se dérobe. Par conséquent, en
novembre 1738, un accord est trouvé par le traité de Vienne. le
beau-père de Louis XV obtint à titre viager les duchés de Lorraine
et de Bar en compensation de la seconde perte de son trône
polonais (avec l'objectif que le duché soit intégré au royaume de
France à sa mort), tandis que le duc François III devient héritier du
grand-duché de Toscane avant d'épouser la jeune Marie-Thérèse
et de pouvoir prétendre à la couronne impériale[144]. Par la
convention secrète de Meudon, Stanislas abandonne la réalité du
pouvoir à un intendant nommé par la France qui prépare la réunion
des duchés au royaume[145]. L'annexion de la Lorraine et du
Barrois, effective en 1766 à la mort de Stanislas Leszczynski,
constitue la dernière expansion territoriale du royaume de France
sur le continent avant la Révolution[146].

Don Carlos, fils de Philippe V d'Espagne et d'Élisabeth Farnèse,


renonce à la Toscane et reçoit en échange les royaumes de
Naples et de Sicile que lui cède l'empereur : don Carlos inaugure
ainsi la dynastie des Bourbon de Naples[146]. Elisabeth de
Bourbon, fille aînée de Louis XV, épouse Philippe Ier, duc de Parme,
frère de don Carlos. Le roi de Sardaigne obtient Novare et une
partie occidentale du Duché de Milan[146].

Peu après, la médiation française dans le conflit entre le Saint-


Empire et l'Empire ottoman permet la signature du traité de
Belgrade (septembre 1739) qui met fin à la guerre entre les
Ottomans, alliés traditionnels des Français depuis le début du
xvie siècle, et les Habsbourg[147]. En contrepartie, l'Empire
ottoman renouvelle les capitulations françaises sur lesquelles
repose la suprématie commerciale du royaume au Moyen-
Orient[148].

Guerre de Succession d’Autriche (1740-1748)

Prémices

Article détaillé : Guerre de Succession d’Autriche.


François, duc de Lorraine
puis grand-duc de Toscane,
époux de Marie-Thérèse, toile
de Martin van Meytens, 1745.

La mort de l'empereur Charles VI en 1740 provoque l'avènement


de sa fille Marie-Thérèse au trône de Bohème et de Hongrie mais
laisse pendante la question de son accession à l’empire. Le roi et
le cardinal de Fleury sont favorables à la Pragmatique Sanction
qui veut qu’elle succède à l’empereur son père. Aussi, sont-ils
prêts à l’aider moyennant des compensations. Mais, la cour et
l’opinion parisienne restent marquées par la politique anti-
autrichienne de la France et peinent à comprendre que le monde a
changé et que la France doit surtout craindre maintenant
Frédéric II de Prusse qui veut étendre son royaume et l’Angleterre
où John Carteret (devenu Lord Granville en 1744)[149] a succédé à
Walpole avec le soutien d’un puissant « lobby » colonial qui veut
en découdre sur les océans avec la France[150].

Le roi et le cardinal envoient en Allemagne le maréchal de Belle-


Isle, un des meneurs du parti anti-autrichien, avec des instructions
précises : éviter que la couronne ne revienne au grand-duc de
Toscane qui pourrait revendiquer la Lorraine et procurer la
couronne à Charles-Albert, électeur de Bavière. Une fois sur place,
il se montre hostile à Marie-Thérèse et s’allie avec Frédéric II. Le
roi est alors obligé d’envoyer deux armées en Allemagne : une en
Westphalie pour faire pression sur George II (roi de Grande-
Bretagne), un homme, non seulement roi d'Angleterre mais
également électeur de Hanovre, et une en Bohème. Charles-Albert
de Bavière est élu empereur (Charles VII) mais Marie-Thérèse
contre-attaque immédiatement et oblige les armées françaises à
se retirer. Elle reste maîtresse de ses états hors la Silésie que lui a
prise Frédéric II[150].

Marie-Thérèse devient impératrice

Article détaillé : Marie-Thérèse d'Autriche (1717-1780).

Allégorie de la vertu de l'Autriche dans


la guerre de Succession d'Autriche :
l'héritière Marie-Thérèse, au premier
plan, est surmontée par la balance de
la justice ; au second plan à gauche,
Louis XV, dans un char tiré par des
coqs. Caricature néerlandaise de
1742.

Le 20 janvier 1745, Charles VII, l'empereur élu grâce à la


diplomatie française, meurt. Le mari de Marie-Thérèse d'Autriche,
François de Lorraine se porte alors candidat[151]. Encore une fois,
malgré les réticences du roi, le marquis d'Argenson tente de
contrecarrer ce projet. Mais, l'héritier de Charles VII refuse de se
prêter à ce jeu et l'électeur de Saxe Auguste III se rallie à François
de Lorraine qui s'engage à l'aider contre Frédéric II. Le landgrave
de Hesse comme l'électeur palatin opte pour la neutralité[151].
Aussi, le 4 octobre 1745, François Ier devient empereur, le pouvoir
étant occupé de facto par son épouse Marie-Thérèse d'Autriche.
Cette issue arrange les maréchaux français qui peuvent
concentrer leurs efforts sur la Belgique et les Pays-Bas où ils
devront affronter les troupes anglaises du duc de Cumberland, les
Anglais étant désormais les seuls à vouloir poursuivre la
guerre[151].

Victoires françaises

Bataille de Fontenoy, 11 mai 1745,


Horace Vernet, 1828.
Musée de l'Histoire de France
(Versailles).

La dernière partie de la guerre est marquée par une série de


victoires françaises aux Pays-Bas : bataille de Fontenoy (1745),
bataille de Rocourt (1746), bataille de Lauffeld (1747). La bataille
de Fontenoy, remportée par le maréchal de Saxe et le roi en
personne, est considérée comme une des plus éclatantes
victoires des Français contre les Britanniques. À la suite de ces
victoires, la France occupe tout le territoire de l'actuelle Belgique
et se trouve en position d'envahir la Hollande avec la chute de la
forteresse de Berg-op-Zoom[152]. Toutefois, dans le sud-est, la
bataille de Plaisance, perdue en 1746 par le marquis de
Maillebois, force les Français à repasser les Alpes, mais sans
grandes conséquences politiques, car le front essentiel se situe
aux Pays-Bas.

Guerre sur mer

Sur mer, la marine royale, qui combat pourtant à un contre


deux[n 3] contre la Royal Navy fait mieux que se défendre
puisqu'elle réussit, de 1744 à1744 1746, à maintenir ouvertes les
lignes de communication vers les colonies et à protéger les
convois commerciaux. La bataille du cap Sicié permet de lever le
blocus de Toulon. Deux tentatives de débarquement en Angleterre
échouent en 1744 et 1746, de même qu'une attaque anglaise avec
un débarquement contre Lorient en 1746. En Amérique du Nord,
l'Angleterre s'empare en 1745 de Louisbourg qui défend l'entrée du
fleuve Saint-Laurent, mais sans pouvoir envahir le Canada
français. Aux Indes, les Français tiennent en échec la flotte
anglaise et mettent la main en 1746 sur Madras, le principal poste
anglais dans la région. Ils repoussent ensuite une flotte anglaise
venue reconquérir la place et attaquer Pondichéry. La Marine
anglaise change de stratégie en 1746, en imposant un blocus près
des côtes. Elle fait subir à la Marine française, en 1747, deux
lourdes défaites dans l'Atlantique (au cap Ortégal, en mai et au
cap Finisterre, en octobre), mais sans conséquences sur la
prospérité coloniale de la France, car la paix est signée peu après.
Jeux en l'honneur de Louis XV lors de sa visite de Strasbourg,
octobre 1744
Traité d'Aix-La-Chapelle

L'Europe à l'issue du traité d'Aix-la-


Chapelle.

Au traité d'Aix-la-Chapelle en 1748, la France et l'Angleterre se


restituent leurs conquêtes respectives (Louisbourg contre
Madras) ce qui crée, pour quelques années, un équilibre naval
entre les deux pays.

Le roi rend cependant toutes les conquêtes faites à l'Autriche ainsi


que, contre toute attente, la Belgique. Louis XV préfère soutenir ou
ménager les puissances catholiques pour contrecarrer les
nouvelles puissances émergentes protestantes (Angleterre,
Prusse). Les seuls changements notables en Europe sont
l'annexion par la Prusse de la Silésie, riche région minière, et le
retour du minuscule duché de Parme à la dernière des Farnèse, la
reine douairière d'Espagne ; le duché est ensuite attribué au fils
cadet de celle-ci, l'infant Philippe, gendre depuis 1739 de
Louis XV[153].

Louis déclare qu'il a conclu la paix « en roi et non en marchand »,


une posture qui le discrédite dans son pays. En effet, les Français,
à la suite de Voltaire, estiment s'être battus « pour le Roi de
Prusse » qui a gardé la riche province de Silésie[94]. Cette
incompréhension est encore aggravée selon Michel Antoine par le
fait que le roi s'est abstenu d'expliquer à ses sujets les raisons
d'une politique inspirée par Fénelon[94].

Guerre de Sept Ans (1756-1763)

Prémices de la guerre

Article connexe : Guerre de Sept Ans.

Relations franco-anglaises

L'amiral Edward
Boscawen (1711-1761),
copie de Joshua
Reynolds d'après une
peinture anonyme.

En 1754, les élections à la Chambre des communes amènent au


pouvoir un gouvernement qui veut accroitre l’empire colonial
anglais. Dès octobre 1754, les troupes stationnées en Amérique
sont renforcées soit par envoi des régiments anglais, soit par
recrutement local. La fabrication de navires et le recrutement de
matelots sont accélérés tandis que le général anglais Edward
Braddock reçoit l'ordre d'occuper les forts français de la vallée de
l'Ohio et du lac Érié. Enfin, le 16 avril 1755, l'amiral Edward
Boscawen reçoit l'ordre d'intercepter les navires français à l'entrée
du Saint-Laurent[154].
Côté européen, pour protéger le Hanovre, dont est originaire son
roi, l'Angleterre cherche un accord avec une Autriche réticente. Elle
parvient malgré tout à s'entendre avec la Russie à qui elle fournit
des subsides pour entretenir une armée de 55 000 hommes en
Livonie[155]. Cet accord inquiète le roi Frédéric II de Prusse qui
craint d'être pris en tenaille. Par conséquent, il signe le
1er janvier 1756 (alors même que son alliance avec la France ne
cesse que le 5 juin 1756), le traité de Westminster avec les
Anglais. Par ce traité, il écarte la menace russe contre
l'engagement de sa part de défendre les frontières du Hanovre
contre la France[154].

Relations franco-autrichiennes

À l'automne 1755, Marie-Thérèse, impératrice du Saint-Empire, fait


parvenir par l'intermédiaire de Madame de Pompadour, une lettre
au roi lui disant vouloir engager des négociations secrètes avec la
France[156]. Celles-ci sont confiées à l'abbé de Bernis et restent
secrètes jusqu'à ce que Frédéric II se décide à négocier avec
l'Angleterre. Après cette date, elles sont portées à la connaissance
de tous les ministres d'État[157]. Ces négociations conduisent au
traité de Versailles de 1756 dans lequel l'impératrice promet de
rester neutre dans le conflit franco-britannique d'Amérique tandis
que le roi de France s'engage à ne pas attaquer les Pays-Bas et
autres possessions de l'impératrice. Enfin, les deux pays
s'octroient la garantie de leurs possessions européennes contre
les autres pays. Dans le texte officiel, cette garantie ne vaut pas
contre l'Angleterre alors que dans un document secret, cette
garantie vaut contre ceux opérant à titre d'auxiliaires des
Anglais[158].

Constituant une rupture avec la politique suivie depuis le cardinal


de Richelieu, cette alliance avec l'impératrice est mal vue en
France, même si, l'époque ayant changé, ce revirement d'alliance
était selon Michel Antoine la solution la plus raisonnable[159].

Premiers combats

Localisation du fort Carillon et


des forts français en Nouvelle-
France.

Frédéric II remporte un succès sur les Impériaux à Prague le


6 mai 1757, avant d’être battu par eux le 18 juin à Kolín. L’armée de
Louis XV conduite par le maréchal de Soubise jointe à l’armée
impériale de Saxe-Hildburghausen, sont battues à la bataille de
Rossbach le 5 novembre 1757. Aussitôt l’opinion s’en prend à
Soubise, un proche de la marquise de Pompadour[160].

Au Canada, lors du siège de Louisbourg la Marine anglaise déploie


(14 000 hommes et 23 vaisseaux) pour s'assurer la victoire en
1758. Si le fort Frontenac est également pris, Fort Carillon résiste
en partie grâce au ravitaillement effectué par trois convois partis
de Bordeaux[161].

En Afrique, le fort de Saint-Louis tombe de même que l’île de


Gorée. Aux Indes Chandernagor et Madras sont également
pris[162].

Louis XV, Choiseul et la poursuite de la guerre

La déclaration de guerre
de Louis XV contre le roi
d'Angleterre le 9 juin
1756.

Fin 1758, le roi et Choiseul veulent poursuivre la guerre pour


arriver à une paix plus équilibrée que ne le permet l’équilibre
présent des forces. Pour ce faire, ils mettent au point un projet de
débarquement dans l’est de l’Écosse soutenu par les Suédois[163].
À cette fin, un projet de construction de barges est lancé. La base
de départ prévue initialement dans le pas de Calais est transférée
dans le golfe du Morbihan sous la direction du duc d’Aiguillon[163].
Mais, cinq vaisseaux de ligne anglais bombardent Le Havre, lieu
de construction des barges, tandis qu’une escadre de la
Méditerranée envoyée soutenir l’escadre de l’océan est détruite
par la flotte anglaise au large du Portugal[164] à la bataille de
Lagos en 1759. Finalement, ce projet est définitivement
abandonné après la bataille des Cardinaux[165].

Guerre en Europe continentale

En avril 1759, le maréchal de Broglie bat Ferdinand de Brunswick à


Bergen tandis que le 12 août le général russe Piotr Saltykov à la
tête des troupes coalisées austro-russes, inflige une défaite
majeure aux Prussiens à Kunersdorf[166].

Candide, conte de Voltaire paru


en 1759, donne une image
négative d'un conflit
impopulaire. Gravure de Jean-
Michel Moreau, 1801.

La mort d’Élisabeth Ire de Russie le 5 janvier 1762 et son


remplacement par Pierre III puis par la grande Catherine II de
Russie conduit à un changement de politique russe vis-à-vis de la
Prusse qui affaiblit l’alliance franco-autrichienne[167].

Guerre sur mer et outre-mer

Article connexe : La marine française pendant la guerre de Sept


Ans.
Le roi est conscient du déséquilibre des forces en Amérique du
Nord, il sait que sur ce continent la population anglaise s'élève à
1,2 million d’habitants quand la population française atteint
seulement 100 000 habitants[168]. Militairement, il comprend aussi
que le camp français ne pourra jamais aligner plus de
13 000 hommes contre 48 700 côté anglais. Qui plus est,
économiquement, ces colonies pèsent peu en terme économique
comparé à la Martinique qui compte alors 80 000 habitants, la
Guadeloupe 60 000 habitants et Saint-Domingue
180 000 habitants, essentiellement des esclaves[168]. Ainsi n’est-il
guère surpris quand en octobre 1759, le Québec se rend, et ce,
d’autant moins que dès 1755, il a compris qu’après le traité d’Aix-
La-Chapelle, la France n’a pas fait un effort suffisant pour sa
marine qui compte début 1756, 45 navires de lignes contre 88
pour le Royaume-Uni. De plus, l’écart est appelé à se creuser. En
effet, à cette date, la France a neuf navires en construction quand
les Britanniques en ont 22[168].

Bataille de Lagos, 18-19 août 1759,


victoire britannique après une
poursuite dans les eaux portugaises.
Gravure d'après Francis Swaine, 1786.

Dans les Antilles, la Guadeloupe est prise par les Britanniques en


avril 1759 comme peu après la Désirade, Marie-Galante et les
Saintes[169]. La flotte de Brest est défaite le 20 novembre 1759 par
l’amiral Edward Hawke et ses 45 vaisseaux à la bataille des
Cardinaux[166].

En avril 1761, les Britanniques s’emparent de Belle-Île que, faute


de bâtiments de guerre français, le duc d’Aiguillon ne peut pas
secourir. En juin 1761, la Dominique tombe[170].

Pour tenter de faire pièce au Royaume-Uni, Louis XV et Charles III


d’Espagne décident de signer le 15 août 1761, un troisième pacte
de famille où ils se promettent l’assistance d’au moins douze
vaisseaux de ligne et six frégates ainsi que de 18 000 fantassins
et de 6 000 cavaliers[171]. À cette époque, le nombre de vaisseaux
de la France et de l’Espagne réunies est inférieur aux cent six
bateaux de la marine britannique. La situation est pire si l'on tient
compte de la vétusté des bateaux espagnols[171]. Le
2 janvier 1762 l’Espagne déclare la guerre au Royaume-Uni et les
défaites s’enchaînent pour les Franco-espagnols. La Martinique
tombe aux mains des Britanniques en février 1762 suivie par la
Grenade, Saint-Vincent, etc. Enfin, La Havane est occupée par les
Britanniques de même que la Floride et la ville de Mobile[172].

Fin de la guerre de Sept Ans et traité de Paris de 1763

La France tente dès la fin de 1760 des négociations avec la


Grande-Bretagne mais elle se heurte à l’intransigeance de William
Pitt l'Ancien. Il faut attendre son retrait politique ainsi que la mort
du roi George II en 1760 pour que les hommes aux affaires en
Grande-Bretagne acceptent de négocier. Ils y sont incités autant
par l'attitude assez désinvolte à leur égard de Frédéric II que par
leur inquiétude devant le coût de la guerre[173].

Territoires cédés par la France à


l'Angleterre par le traité de Paris
(1763) en rose, et à l'Espagne par le
traité de Fontainebleau (1762) en
jaune.

Le traité de Paris est signé le 10 février 1763. En Europe


continentale, on revient à la situation de départ. Outre-mer, la
France recouvre Belle-Île, la Guadeloupe, la Martinique, Marie-
Galante, la Désirade, Gorée, les cinq comptoirs en Inde. Toutes les
autres possessions restent aux mains des Britanniques. La France
acquiert Saint-Pierre-et-Miquelon mais donne la Louisiane à
l’Espagne par traité secret. L’Espagne perd la Floride mais
recouvre La Havane[95].

Il est à noter qu'en terme économique, la Guadeloupe et la


Martinique plus la partie de Saint-Domingue restée entre les
mains françaises grâce aux colons et marins français rapportent
alors plus que tout le Canada[174].

Frédéric II soutient que dans cette guerre, la France a agi contre


son intérêt en intervenant en Allemagne. Il note : « L'espèce de
guerre qu'ils faisaient aux Anglais était maritime ; ils prirent le
change et négligèrent cet objet principal, pour courir après un
objet étranger qui proprement ne les regardait pas[174]. ». Il
convient de noter que pour Bluche cette guerre a permis à la
Prusse de faire son entrée dans le cercle restreint des grandes
puissances européennes[174] tandis que l'Angleterre devient
« puissance majeure ». En réalité même si le traité de Paris est
humiliant pour la France, il lui garde la possibilité de redevenir une
grande puissance navale. Pour Jean-Christian Petitfils, les erreurs
datent plutôt du traité d'Aix-la-chapelle où la France aurait dû
conserver les Pays-Bas autrichiens et après, quand il eût fallu
davantage développer la marine de guerre[175]. Paul Kennedy note
que cette guerre a montré l'importance croissante des facteurs
économiques et commerciaux dans la stratégie des puissances,
ce que reconnaît Choiseul : « Dans l'état présent de l'Europe, ce
sont les colonies, le commerce, et en conséquence la puissance
sur mer, qui doivent déterminer l'équilibre des États européens. La
maison d'Autriche, la Russie, le roi de Prusse ne sont que des
puissances de second rang, comme le sont tous ceux qui ne
peuvent faire la guerre sans les subsides des puissances
commerciales[176]. »

La guerre de Sept Ans et celle d'Amérique qui éclate peu après


laissent aussi bien la France que la Grande-Bretagne lourdement
endettées : l'équivalent de 220 millions de livres sterling pour l'une,
215 millions pour l'autre en 1780 ; mais la révolution financière
britannique, couplée à un système fiscal plus efficace, permet à
Londres d'emprunter à un faible taux d'intérêt, tandis qu'en France,
les réformes financières et fiscales inabouties ne font qu'attiser
les mécontentements sans pouvoir réduire la spirale du
déficit[177].

Opposition des parlements

Fleury : Bulle Unigenitus et montée de la fronde du Parlement

Article détaillé : Unigenitus.

Henri de Boulainvilliers
par Louis-Michel Van Loo.

Si le cardinal Fleury veut marginaliser le courant janséniste, il n’est


pas non plus un partisan du parti dévot proche des Jésuites. Il
veut, selon Jean-Christian Petitfils, « maintenir l’unité religieuse de
la monarchie catholique »[178]. Il veille à ce titre à écarter les
prêtres, moines et moniales jugées proche de ces courants. Sa
volonté d’écarter un prélat janséniste, Jean Soanen, met toutefois
le feu aux poudres. Un tribunal ecclésiastique tenu à Embrun
suspend Jean Soanen le 21 septembre 1727 de sa charge. Puis,
par lettre de cachet, il est envoyé à l’abbaye de la Chaise-Dieu[179].
Le 30 octobre 57 des 550 avocats parisiens contestent la validité
de ce jugement, suivis peu après par douze évêques qui se voient
adresser une mise en garde par le roi[180]. À cette occasion, deux
courants jansénistes agissent de concert : le jansénisme
ecclésiastique très marqué par le richérisme qui veut que l’Église
soit une sorte de démocratie et le jansénisme juridique très
gallican[180]. Le 28 mai 1728, le Cardinal ministre fait adopter une
déclaration condamnant les avocats et le courant richériste[179].

Cette politique porte ses fruits quand le 24 mars 1730 Fleury veut
porter un coup décisif au jansénisme en faisant de la bulle
Unigenitus une loi de l’État. Le roi doit imposer cette décision lors
d'un lit de justice tenu le 3 avril 1730[181]. Aussitôt des avocats
entrent dans la bataille. Dans une consultation publique signée
par 40 avocats, François de Maraimberg soutient que le roi est le
chef de la Nation et non pas l’élu de Dieu[181]. Il convient de noter
que durant cette période les idées de Fénelon connaissent un
regain d’intérêt avec la publication par Henri de Boulainvilliers d’un
ouvrage en trois tomes intitulé Histoire de l’ancien gouvernement
de la France, avec XIV lettres historiques sur les parlements ou
États généraux. Ce livre constitue « une attaque en règle contre
l’absolutisme Louis-quatorzième, contre le droit divin, les
ministres, les intendants et autres agents du despotisme »[182].
C’est aussi l’époque où l’influence du système parlementaire
britannique commence à se faire ressentir. C’est ainsi qu’en 1734,
Voltaire a écrit ses Lettres philosophiques où il fait l’éloge des
mœurs anglaises[182]. Parallèlement, la tendance en France est
alors de confondre le Parlement britannique, assemblée
législative élue, avec les parlements français, instances purement
juridiques[183]. Quoi qu’il en soit, le Conseil du roi condamne le
texte des avocats le 30 octobre 1730. Le cardinal de Fleury tente
de trouver un terrain d’entente. Cependant, la fronde du Parlement
se poursuit jusqu’à ce que 139 magistrats parisiens soient exilés
en province dans la nuit du 6 au 7 novembre 1732. Finalement,
une réconciliation a lieu et le Parlement reprend son activité le
1er décembre[184]..

Doctrine parlementaire des années 1750

De l'esprit des lois,


ouvrage de Montesquieu
imprimé à Genève en
1748.

Selon Michel Antoine« à partir des années 50 du siècle, la


magistrature s’est enfoncée dans un état à peu près constant
d’effervescence et de rébellion, suscitant à tout propos des
incidents et des conflits[185] ». Les raisons de cet état sont
nombreuses. Tout d’abord, les prix des offices ne cessent de
baisser depuis 1682 et parfois personne ne veut les acheter, ce
qui a conduit le chancelier d’Aguesseau à fusionner des tribunaux
et à diminuer le nombre d’offices. De plus, très souvent le
personnel est pléthorique pour le nombre d’affaires à traiter[186].
Cette situation est liée à la montée en puissance du
fonctionnariat, dont les intendants et les ingénieurs constituent le
fer de lance. Rappelons ici que c'est autour des années 1740 que
sont créées l’École de la Marine, celle des Ponts-et-chaussées et
celle du génie de Mézières. Tout cela incite les magistrats à ne
pas se contenter de vouloir juger, mais à étendre leur champ
d’action et à vouloir, comme ils le proclament en 1757, : « juger
l’équité et l’utilité des nouvelles lois, la cause de l’État et du
public…[187] ». Si, selon Michel Antoine, le livre De l'esprit des lois
de Montesquieu dépasse ce que peut comprendre la moyenne des
magistrats, ils en ont malgré tout retenu que l’accusation de
despotisme vise également la monarchie française. Le livre qui va
vraiment marquer les magistrats est rédigé par un avocat Louis
Adrien Le Paige sous le titre Lettres historiques sur les fonctions
essentielles du Parlement, sur le droit des pairs et sur les lois
fondamentales du royaume[93]. Dans ce livre, il défend l’idée qu’il
existe une constitution primitive sur laquelle la monarchie repose
depuis Clovis, altérée avec le temps dans un sens favorable au
despotisme. Ce livre soutient de fait que les Parlements nés avant
la monarchie, sont au minimum sur un pied d’égalité avec le roi.
Un thème repris dès 1755 par le Parlement de Paris[188]. Si ces
prétentions sont réfutées dans le livre d’un anonyme intitulé
Réflexions d’un avocat sur les remontrances du Parlement du 27
novembre 1755 qui montre que l’existence du Parlement remonte
au maximum à Philippe le Bel, le Parlement de Paris n'en a cure et
ordonne le 27 août 1756 que cet écrit soit « lacéré et brûlé en la
cour du palais »[189].
Dans le même temps, les Parlements qui, lors de l’enregistrement
des lois peuvent émettre des remontrances destinées aux rois, en
modifient profondément la nature en les rédigeant de « plus en
plus à l’intention du public »[190].

Affaire des sacrements

Remontrances du
Parlement de Paris au Roy
visant un appel comme
d'abus contre
l'archevêque de Paris,
1731.

En 1746, Christophe de Beaumont nommé archevêque de Paris


pour remettre de l'ordre dans un diocèse très largement acquis
aux adversaires de la bulle Unigenitus, impose à ses prêtres de
refuser les derniers sacrements aux personnes qui ne
présenteraient pas un billet de confession[191]. En 1749 et 1750 le
Parlement s'en tient à des remontrances quand on lui signale de
tels cas, son premier président René-Charles de Maupeou prêche
alors la modération. À partir de 1752, vexé de ne pas avoir été
nommé chancelier, il décide de laisser faire les
parlementaires[191]. Ainsi quand un vieil oratorien se voit refuser
les sacrements par le curé de Saint-Étienne-du-Mont celui-ci est
condamné à une amende et sommé de donner le sacrement.
Aussitôt le roi casse cet arrêt. Le Parlement maintient son
jugement et veut le faire exécuter, mais le prêtre s'est enfui. Le
Parlement fait des remontrances au roi sur le danger de
« schisme » et considère que « tout refus de sacrement comme
une diffamation, justiciable des tribunaux séculiers »[192].

Dans un souci d'apaisement et parce qu'il considère le refus de


sacrement comme abusif, le roi annonce la création d'une
commission mixte de conseillers d'État et d'évêques pour trancher
la question. Il demande que jusqu'au dépôt des conclusions, il soit
fait silence sur ces affaires[193]. Il n'obtient pas le silence et le
Parlement continue à poursuivre les curés qui refusent les
sacrements[193]. La commission mixte n'arrive à rien et le
9 mai 1753, le roi fait exiler les magistrats des enquêtes et des
requêtes[194]. La situation est alors bloquée et la justice supérieure
paralysée, et ce, d'autant qu'une chambre de vacation instituée
temporairement n'arrive pas à fonctionner[195]. Le roi,
possiblement sur les conseils de Madame de Pompadour,
convoque de Maupéou à Versailles en juillet 1754 et fait preuve de
clémence avec les magistrats. Christophe de Beaumont qui
continue à approuver le refus de sacrement est exilé[196].

Affaire du Grand Conseil

Le Grand Conseil a reçu de Charles VII et de Louis XII un statut qui


en faisait « un tribunal des conflits, un tribunal administratif et un
tribunal d'exception »[197]. Le chef en est le chancelier et la
première présidence est confiée à un conseiller d'État. Bien que
socialement le Parlement et le Grand Conseil aient un recrutement
quasi identique, le Parlement a toujours détesté ce corps issu du
Conseil du Roi[198]. L'affaire surgie, en juin 1755, quand deux
particuliers portent plainte pour bagarre. L'un porte plainte devant
une juridiction dépendant du Parlement et l'autre au Grand Conseil
dont il est membre honoraire. Le Grand Conseil décide de
s'occuper de l'affaire et demande à l'autre juridiction de se
dessaisir, ce qu'elle ne fait que partiellement, et de fil en aiguille, le
Parlement et le Grand Conseil se font face. Sur ces entrefaites,
pour une raison non élucidée, le roi par l'intermédiaire du Conseil
des Dépêches prend deux arrêts en faveur du Grand Conseil,
arrêts qui mettent le feu aux poudres[199]. L'affaire devient encore
plus politique quand le Parlement invite les princes et les pairs du
royaume à venir délibérer. Le roi leur interdit d'y aller, mais six
princes (Orléans, les Condé, les Conti) et vingt-neuf ducs et pairs
se rebellent contre cette interdiction[200]. Cette rébellion aboutit
donc à un rapprochement entre la noblesse de robe et celle
d'épée[201].

Attentat manqué de Damiens (1757)

Supplice de Damiens, estampe du


xviiie siècle.
Robert-François Damiens — domestique chez plusieurs
conseillers du Parlement — essaye de tuer le roi à Versailles le
5 janvier 1757 après avoir loué épée et chapeau dans une
boutique sur la place d'armes devant le château[202]. Il entre au
château de Versailles, parmi les milliers de personnes qui
essayent d'obtenir des audiences royales, et frappe le roi avec une
lame de 8,1 cm vers 18 heures, alors que celui-ci vient de rendre
visite à sa fille souffrante et s'apprête à entrer dans son carrosse
pour retourner à Trianon. Louis XV porte d'épais vêtements d'hiver
et la lame ne pénètre que d'un centimètre, entre les 4e et
5e côtes[203].

Si la blessure n'est pas très grave, l'attentat provoque un grand


émoi. Surtout la question qui se pose très vite est de savoir s'il
s'agit d'un complot et éventuellement de qui. Deux pistes sont
avancées : les Anglais, ou les Jésuites et le clergé[204]. Très vite,
on s'aperçoit qu'il n'y a pas eu complot, mais que, comme le
déclare Damiens lui-même, « si je n'étais jamais entré dans les
salles du palais et que je n'eusse servi que des gens d'épée, je ne
serais pas ici »[205], bref c'est en partie la haine des parlementaires
contre le roi qui a armé son bras[206].

La question qui se pose est celle de déterminer qui va juger


Damiens, une commission composée de conseillers d'État et de
maîtres des requêtes ou le Parlement de Paris ? L'abbé de Bernis
fait pencher la balance pour le Parlement, car il estime qu'il vaut
mieux que l'affaire soit traitée publiquement. Lors du procès, le
prince de Conti déploie de grands efforts pour escamoter autant
que possible le rôle qu'ont joué les déclarations séditieuses des
parlementaires[205]. Finalement, Damiens est condamné et
exécuté le 28 mars 1757 sur la place de Grève[205].

Bannissement des Jésuites

Allégorie de l'expulsion des


Jésuites du Portugal, v. 1759.

Le 3 septembre 1758, le roi de Portugal Joseph Ier est victime


d'une tentative d'assassinat présumée avoir été commise ou
inspirée par les Jésuites[207]. Cela entraîne leur mise hors la loi au
Portugal peu après. La presse janséniste s'empare du sujet et des
pamphlets hostiles à cet ordre religieux se répandent[207] :
toutefois l’hostilité aux Jésuites n'est pas propre aux jansénistes.
En effet, la tradition gallicane en France est également opposée à
un ordre perçu comme inféodé au pape[208]. Dans un ouvrage en
quatre volumes, Histoire générale de la naissance et des progrès de
la Compagnie de Jésus et analyse de ses Constitutions Louis
Adrien Le Paige établit un document qui sert de base à la lutte
contre l'ordre et met en avant le grief qui fait le plus frémir : le
despotisme.
L'occasion d'une attaque en règle de la Compagnie de Jésus est
fournie par la faillite commerciale de l'établissement dirigé par le
père Antoine Lavalette à la Martinique. Un de ses débiteurs, la
maison Lionci et Gouffre de Marseille, se tourne vers la
Compagnie auquel elle réclame 1 552 276 livres[209]. À cette
époque, les ordres religieux sont fondés à demander que leur
affaire soit traitée par le Grand Conseil. Cependant, les Jésuites
optent pour le Parlement de Paris qui les condamne à verser la
somme réclamée. Les choses auraient pu en rester là. Mais, l'abbé
de Chauvelin, le 17 avril 1762, saisit l'assemblée des Chambres
afin qu'elle examine les Constitutions. Aussitôt le Parlement
demande ses Constitutions à la Compagnie qui les lui fournit.
L'avocat général Joly de Fleury, qui présente le rapport du parquet
après avoir examiné les documents, demande alors qu'une large
autonomie soit donnée aux cinq provinces jésuites de France (il
s'agit là de leur permettre d'échapper au despotisme du supérieur
général de l'ordre) et qu'il soit enseigné une doctrine « conforme
aux maximes gallicanes ». Louis XV tente alors d'obtenir du pape
une réforme de la Constitution de l'ordre, mais se heurte à un
refus[210]. Dès lors, l'affaire est scellée. Selon Michel Antoine, le roi
et surtout Choiseul ont coopéré avec le Parlement, car ils
pensaient que cela le rendrait plus souple en matière fiscale. En
réalité, comme le note alors le président de Miromesnil, ils « ont
augmenté la confiance des Parlements » et ajoute-t-il, maintenant
« il n'est rien dont les gens échauffés ne se flattent de venir à
bout »[211].

Affaires du Parlement de Navarre et de La Chalotais

Lorsque survient l'affaire du Parlement de Navarre, le roi, à


l'instigation de Choiseul et de Madame de Pompadour, a demandé
sa démission au chancelier de Lamoignon. Ce dernier, un des
grands perdants dans l'affaire des Jésuites, a reproché au roi ses
capitulations face au Parlement. Le chancelier refuse, le roi décide
de l'exiler le 3 octobre 1763. Mais, comme on ne peut pas
démettre un chancelier, un poste de vice-chancelier est créé et
attribué à Maupéou père[212]. Cette situation conforte la position
du clan Choiseul usuellement proche des parlementaires qui
viennent de voir l'un d'entre eux, François de L'Averdy, un
janséniste militant qui a fait ses armes lors du procès des
Jésuites, arriver au Contrôle général des finances[213].

En 1764, le Parlement de Navarre s'insurge contre une loi


enregistrée dix-sept ans plus tôt. En 1765 deux commissaires du
roi sont envoyés, ils réussissent à remettre en marche la justice
malgré la résistance de nombreux parlementaires qui mènent la
vie dure à ceux qui ont repris le travail. C’est alors que commence
l'affaire La Chalotais du nom du procureur général du Parlement
de Bretagne qui est aussi physiocrate. Ce dernier, enhardi par
l'exemple de François de L'Averdy, veut faire carrière. Comme
L'Averdy, La Chalotais s'est fait un nom lors de l'expulsion des
Jésuites en écrivant un Compte-rendu des constitutions des
Jésuites (1761) ainsi qu’un Second compte-rendu sur l'appel d'abus
(1762). Il est aussi connu par son Essai d'éducation nationale
(1763). Son grand rival à Rennes est le duc d'Aiguillon qui rêve
également d'un destin national. L'affaire au Parlement de Bretagne
démarre par un refus d'enregistrement d'un édit qui maintenait le
vingtième tout en atténuant d'autres points. Les choses
s'enveniment rapidement et, ultime provocation, le commandant
de la milice royale, délégué de l'intendant, est mis en cause pour
gestion incorrecte d'un tapage nocturne. Cela provoque
l'arrestation de La Chalotais, de son fils et de trois conseillers[214].
Lors de l'instruction de l'affaire, Jean Charles Pierre Lenoir et
Charles-Alexandre de Calonne découvrent une correspondance
entre l'ex-procureur et un certain Deraine. En se rendant chez lui,
ils voient des enveloppes marquées correspondance dont ils
veulent se saisir. Deraine s'y oppose en leur affirmant que ces
documents ne peuvent être vus que de Sa Majesté ou du prince de
Soubise. Aussi font-ils porter ce courrier à Louis XV qui y
découvre des lettres qu'il a adressées à une de ses anciennes
maîtresses Mlle de Romans. Cet épisode joint à l'hostilité de la
majorité des ministres à La Chalotais entraîne en réaction
l'épisode dit de la Flagellation[215].
Séance de la Flagellation

Le roi se rend au parlement de Paris le 3 mars 1766, en présence


tous les princes du sang et dans un long discours destiné à
réaffirmer son autorité, il dit notamment :

« c'est en ma personne seule que réside la puissance


souveraine… C'est de moi seul que mes cours
tiennent leur existence et leur autorité[216]. »

Peu après, La Chalotais et son fils après avoir été embastillés sont
relégués à Saintes sous étroite surveillance, tandis que Deraine se
voit interdire de revenir à la Cour, mais continue à percevoir ses
gages de lavandier[217]. Néanmoins, La Chalotais continuera ses
réclamations auprès du Parlement de Bretagne et cette affaire
empoisonnera les relations du roi avec les Parlements, jusqu'en
1771 au moins.

La « flagellation » (flageller veut dire fouetter, le mot ici est


employé au figuré) a surtout impressionné la foule des sujets.
Toutefois, elle n'a pas ramené longtemps les magistrats à
résipiscence. Ils continuent à s'agiter de 1766 à 1770[218]. D'une
manière générale, si les parlements restent, sur le fond, fidèles à la
monarchie, ils ont parfaitement conscience des faiblesses du roi.
Par exemple, Durey de Meinières, un ancien président du
Parlement, estime que « le roi uniquement occupé de ses plaisirs
devient de plus en plus incapable d'affaires sérieuses. Il ne peut
pas en entendre parler. Il renvoye tout à ses ministres[219] ».

Gouvernement de Maupeou et du Triumvirat (1770-1774) :


suppression des Parlements

René-Nicolas de Maupeou,
chancelier et dernier chef du
gouvernement sous
Louis XV.

Il s'agit du vrai tournant du règne, le moment où selon François


Bluche[96], « tardivement lucide …et… enfin quelque peu
volontaire », il nomme trois ministres, pas particulièrement
souples, qui forment ce que l'on appelle parfois le triumvirat. Son
chef est le chancelier de Maupeou, président du Parlement de
Paris de 1763 à 1768, secondé par l’abbé Terray aux Finances et
par le duc d'Aiguillon aux Affaires étrangères et à la Guerre[96].

La priorité de Maupeou est de mettre le Parlement sous contrôle


et de poursuivre le programme de modernisation de l’État. Le
21 janvier 1771, les agents royaux et les mousquetaires se
présentent aux domiciles des parlementaires, les informent que
leur office est supprimé et leur ordonnent de quitter Paris pour
rejoindre leur résidence en province[220]. En février, une mesure
encore plus radicale est prise : les Parlements régionaux sont
remplacés par des hautes cours de justice civile et par six
nouveaux hauts conseils régionaux tandis que la justice devient
gratuite (jusqu'à cette époque, il fallait payer les juges). Seuls les
pouvoirs du Parlement de Paris demeurent largement inchangés.
La suppression des Parlements provinciaux permet au
gouvernement de promulguer de nouvelles lois et de lever de
nouvelles taxes sans opposition. Lorsque, le 13 avril 1771,
Louis XV tient un lit de justice pour forcer le Parlement à
enregistrer ses décisions, il laisse le chancelier Maupeou parler se
contentant de prendre la parole à l'issue de la cérémonie pour
déclarer : « Je ne changerai jamais ». Il convient de noter qu'après
la mort du roi, la noblesse demande et obtient de Louis XVI la
restauration des Parlements régionaux[221].

Problèmes économiques et financiers

Régence et le système de Law

Article détaillé : Système de Law.

La situation financière à la fin du règne de Louis XIV est très grave


avec une dette de 2,1 milliards de livres, 230 millions de dépenses
annuelles et un déficit de 77 millions. Pour faire face à cette
situation, le duc de Noailles rogne sur les dépenses publiques,
dévalue de fait la monnaie de compte qu’est la livre tournois, fait
vérifier les créances sur l’État, ce qui réduit l’endettement de 60 %,
et fait poursuivre ceux qui ont détourné des fonds[222]. Après lui, le
Régent tente une solution plus risquée en faisant appel à John
Law qui veut s'attaquer à ce qu'il considère comme les deux maux
de la France de l'époque : son endettement (notamment à court
terme) et son insuffisance de monnaie[223]. À cette fin, il obtient du
Régent la création de la Banque générale qui émet des billets
convertibles dans un premier temps en or et argent[224].

En 1717, il obtient du Régent la relance de la compagnie


d'Occident qui est autorisée à commercer librement entre la
France et l'Amérique du Nord. Il s'agit pour lui essentiellement de
développer la Louisiane. Cette compagnie est financée par la
vente d'action de 500 livres susceptibles d'être payées en billets
d'État (dette à court terme)[224]. Il s'agit par là d'apurer une partie
de la dette publique. Au départ et jusqu'en mai 1719, la valeur des
actions dépasse rarement 500 livres. Pour donner une impulsion à
cette compagnie, il la fusionne avec la Compagnie des Indes
orientales et la Compagnie de la Chine[224] et lui donne le nom de
Compagnie du Mississippi. Puis il émet par deux fois fin 1719 de
nouvelles actions payables en plusieurs fois. Parallèlement il
envoie des colons en Louisiane pour exploiter les richesses
agricoles et minières[225]. Au total il réussit à acheter pour
100 millions de livres de billets d’État et donc à diminuer d'autant
la dette à court terme du royaume[225].
Fin 1719, la Banque générale qui a augmenté l'offre de monnaie et
fait baisser les taux d'intérêts devient la Banque royale dotée, elle
aussi, du pouvoir d'émettre des billets, mais cette fois, ceux-ci ne
sont pas convertibles en or ou en argent. Le 22 février 1720,
décision est prise de fusionner la Banque royale et la compagnie.
Il s'agit de limiter la création monétaire que le soutien du cours
des actions a provoqué[226]. Mais, le Régent et son entourage,
gênés par la baisse des cours, font pression pour que la création
monétaire reprenne, ce qui très vite provoque la faillite du
système[227].

Si la fin du système appauvrit de nombreux actionnaires, l'argent


que le duc de Bourbon gagne à cette occasion lui permet de bâtir
le château et les écuries de Chantilly. La France revient à son
ancien système avec le « retour des financiers » qui reprennent le
contrôle des recettes des impôts[227]. Le tout s'accompagne d'une
grande méfiance envers les banques et les sociétés par action qui
marque longtemps le pays. Selon Cécile Vidal[228], le système de
Law a contribué à transplanter dans la vallée du Mississippi
l'économie de plantation des îles des Caraïbes, et à en faire une
société fondée sur l'esclavage[229].
Fleury et le rétablissement des finances publiques et de
l'économie

Portrait au pastel de
Philibert Orry par Quentin
de La Tour, 1737.

Avec l'aide des contrôleurs généraux des finances Michel Robert


Le Peletier des Forts (1726-1730) puis Philibert Orry (1730-1745),
« Monsieur le Cardinal » parvient à stabiliser la monnaie française
(1726) et à gérer la fin du Système de Law. Il parvient même à
équilibrer le budget du royaume en 1738[230]. À partir de 1726, la
ferme générale devient quasiment un organisme para-étatique[231]
avec un personnel doté de règles de paiements et d'avancement
précises ainsi que d'un droit à la retraite[232].

L'expansion économique est au cœur des préoccupations du


gouvernement. Les voies de communications sont améliorées
avec l'achèvement en 1738 du canal de Saint-Quentin, reliant
l'Oise à la Somme, étendu ultérieurement vers l'Escaut et les Pays-
Bas. l'extension et l'entretien d'un réseau routier sur l'ensemble du
territoire national se fait principalement par le biais de la corvée
dont l'instigateur, Philibert Orry, précise « J'aime mieux leur
demander des bras qu'ils ont que de l'argent qu'ils n'ont pas »
avant d'ajouter « [si je leur demandais de l'argent,] je serais le
premier à trouver des destinations plus pressées à cet
argent »[233]. La corvée fournit la main d'œuvre nécessaire et
permet au corps des ingénieurs des ponts et chaussées formés à
l'école des Ponts-et-Chaussées créée en 1747 de procéder à des
planifications des travaux[233].

Au niveau militaire, Louis XV décide de mettre à exécution l'idée


de son arrière-grand-père Louis XIV de ne plus dépendre des
importations pour équiper les armées françaises en épées et
baïonnettes. Il charge son secrétaire d'État de la Guerre Bauyn
d'Angervilliers de mettre sur pied une manufacture d'armes
blanches, installée à Klingenthal en Alsace en 1730[234].

Le commerce fut également stimulé par le Conseil du commerce


et surtout par le Bureau du commerce dirigé par Louis Fagon qui
promulgue des règlements visant à améliorer la qualité des
productions du royaume[235]. Le commerce maritime extérieur de
la France passe de 80 à 308 millions de livres de 1716 à 1748.

Impôt du vingtième

Jean-Baptiste de
Machault d'Arnouville.

À la fin de la guerre de Succession d'Autriche, il semble nécessaire


au roi et à son conseil de réformer la fiscalité. Aussi, par un édit de
Marly de 1749, il est décidé de créer une Caisse générale des
amortissements destinée aux remboursements de la dette[236].
Pour financer cette Caisse, l'impôt du dixième est supprimé et
remplacé par le vingtième qui frappe tous les sujets du roi[236].
L'édit est présenté au Parlement de Paris qui ajourne
l'enregistrement et adresse des remontrances, mais le roi l'oblige
à l'enregistrer[237].

Cette taxe remet en cause le statut privilégié du clergé et de la


noblesse traditionnellement dispensés d'impôts. Les premiers
remplissent leur obligation en effectuant un « don gratuit » au
trésor et en s'occupant des pauvres et de l'enseignement tandis
que les seconds payent « l'impôt du sang » sur les champs de
bataille. Malgré tout, c’est le clergé qui est le plus opposé à cette
mesure. Pour mettre l'opinion avec lui, le ministre Jean-Baptiste
de Machault d'Arnouville fait rédiger par un avocat janséniste et
anticlérical un texte intitulé Ne répugnante bono vestro visant à
réfuter les arguments du clergé[238]. Si ce texte rallie Voltaire à la
cause du vingtième, il ne change pas l'opinion du clergé réuni en
assemblée. Finalement, ce dernier accepte de faire un don gratuit
de 1 500 000 livres, mais refuse le principe de l'impôt. Le parti
dévot bien implanté dans la famille royale (notamment auprès de
la femme de Louis XV et de ses fils et fille) fait pression sur
Louis XV. Comme dans l'affaire de l'Hôpital général qui gère huit
établissements (notamment, la Pitié, Bicêtre et la Salpétrière), le
roi doit s'opposer aux jansénistes qui de facto dirigent cet
établissement où zèle et dévotion se combinent avec la
prévarication et une certaine liberté des mœurs[239]. Il est
finalement décidé, fin 1752, de laisser les bureaux diocésains
s'occuper de la gestion des dons gratuits du clergé. Cette mesure
mal perçue favorise le ralliement de la petite bourgeoisie aux
thèses des philosophes[240].

Problème des récoltes

En 1747 et 1748, les récoltes ne sont pas bonnes ce qui entraîne


parfois des problèmes d'approvisionnement. En conséquence, de
nombreux mendiants et affamés affluent sur Paris. Une
ordonnance royale du 12 novembre 1749, remet en vigueur
l'arrestation de ces personnes et leur enfermement dans des
« maisons de force »[241]. Ces mesures appliquées très
sévèrement par Nicolas-René Berryer entraînent une multitude
d'excès, notamment l'arrestation d'enfants sans histoire. Aussitôt
des rumeurs naissent : les personnes arrêtées seraient envoyées
peupler le Mississippi[242] ; leur sang servirait à guérir un prince
lépreux, ou encore, ce serait une réplique du massacre des
Innocents sous Hérode Ier le Grand. Il ne faut pas s'y tromper,
pour les Parisiens très influencés par le clergé parisien alors
janséniste, comprennent bien que c'est de Louis XV dont il est
question. Il est dans un cas comparé à Hérode et dans un autre à
un prince lépreux. Rappelons ici que, dans la pensée de l'époque,
le péché est vu comme la lèpre de l'âme[243].
Débats économiques

Portrait de François
Véron de Forbonnais par
Jean-François Colson.

Dès ses premiers écrits économiques — les articles parus vers


1755 dans l'Encyclopédie de d'Alembert et Diderot : « Fermiers »,
« Grains », « Impôts » et « Hommes » —, François Quesnay,
médecin du roi introduit à Versailles par Madame de Pompadour
et fondateur de la physiocratie, expose ce qu'il pense être les
raisons des difficultés économiques du royaume[244]. Selon lui,
Colbert, ébloui par la richesse de la Hollande, a commis l'erreur de
vouloir faire de la France une nation commerçante[245]. Il soutient,
au contraire, que la France est un grand royaume agricole qui doit
bâtir sa richesse sur l'agriculture comme l'ont fait les Anglais en
bâtissant leur richesse sur la laine de leurs vastes troupeaux de
moutonst[246]. Il soutient que le système colbertiste a découragé
l'agriculture en voulant maintenir bas les prix agricoles pour
favoriser le développement d'une industrie fondée sur des
matières premières importées. En conséquence, l'interdiction
d'exporter des produits agricoles a découragé la grande culture.
En effet, du fait l'interdiction de vente à l'extérieur, toute hausse de
la production entraîne une baisse des prix qui ruine les
agriculteurs les plus entreprenants[246]. Selon lui donc, la
suppression des restrictions aux exportations et autres
réglementations permettrait aux agriculteurs d'obtenir de bons
prix (la notion de bon prix est un élément clé de la physiocratie) ce
qui dynamiserait la production agricole et enrichirait le
royaume[246].

Un autre courant économique est né au début des années 1750,


peu avant la physiocratie, autour du marquis Vincent de Gournay,
d'André Morellet, de Forbonnais et de Montaudoin de la Touche
pour ne citer qu'eux. Ces hommes ont introduit en France des
écrits d'économistes étrangers, en particulier ceux de Josiah
Child, Gregory King, Hume, Jerónimo de Uztáriz, et d'autres[247]. Ils
sont aussi très marqués par l'idée de doux commerce développée
par Jean-François Melon. Si ces hommes sont également
convaincus comme Colbert de l'importance de l'industrie, à la
différence des mercantilistes, ils soutiennent qu'il est temps de
démanteler les lois et le système corporatif qui bride l'économie
française[248]. Toutefois, comme les mercantilistes, ils accordent
une grande importance à la balance extérieure du pays. Par
conséquent, si comme les physiocrates, ils veulent libéraliser le
commerce du grain, toutefois, ils s'opposent à eux quand ils
insistent pour que les prix montent peu pour ne pas pénaliser les
manufactures françaises. Quesnay les accuse, alors de ne pas
vouloir vraiment libérer le potentiel agricole du pays. Un temps
Turgot tente de réconcilier les deux points de vue[248]. Toutefois,
lorsqu'en 1766, Montaudoin de la Touche commence une dispute
avec les physiocrates fondée sur la défense des intérêts des
commerçants et des industriels, toute idée d'accord disparaît.
Lors ces échanges, Forbonnais accuse les physiocrates de ne pas
comprendre ce que l'introduction de la monnaie a provoqué
comme changement dans l'ordre naturel[249]. Si les physiocrates
ont une certaine influence sur la libéralisation du commerce des
grains introduite en 1764 par François de L'Averdy, après l'arrivée
de Joseph Marie Terray au contrôle général des finances en 1770,
ils perdent toute influence économique[250].

L'abbé Terray et le rétablissement des finances publiques

L’abbé Terray n'est un prêtre que nominalement, sa carrière


gouvernementale est entièrement séculière et sa vie privée, non
exempte de reproches. Néanmoins, c’est un collecteur de taxes
efficace. Il ouvre une école pour former les inspecteurs des taxes
et ne ménage pas ses efforts pour que les impôts soient prélevés
et collectés de la même façon dans toutes les régions. À sa
nomination, l’État présente un déficit de 60 millions de livres et la
dette à long-terme s'élève à 100 millions de livres. En 1774, les
revenus des impôts ont progressé de 60 millions de livres et la
dette réduite à 20 millions de livres. Il est revenu sur la
libéralisation du marché des grains de 1763 et de 1764. Les
contrôles seront une source d’agitation dans les années
suivantes, et ce, jusqu’à la Révolution française[251].
Dernières années et mort du roi (1772-1774)

Les dernières années à Versailles

Louis XV une année avant sa


mort (1773) par François-
Hubert Drouais.

À la fin du règne de Louis XV, la cour à Versailles est un théâtre


d’ombres. Marie-Antoinette, l'épouse de son héritier, cache mal
son antipathie contre Madame du Barry, la maîtresse du roi pour
laquelle il a fait construire un ensemble luxueux près de ses
bureaux. Madame du Barry règne aussi sur le pavillon de
Louveciennes et sur le Petit Trianon initialement construit pour
Madame de Pompadour. La cour est divisée entre les partisans de
la maîtresse royale et la vieille aristocratie comme le duc de
Choiseul et Marie-Antoinette qui la déteste[252]. Le roi poursuit ses
travaux de construction. L’opéra théâtre du palais de Versailles est
terminé pour les fiançailles du Dauphin et de Marie-Antoinette, de
même que la nouvelle place Louis XV avec en son centre une
statue équestre du roi sculptée à la manière de celle de Louis XIV,
place Louis-le-Grand.
Mort et succession du roi

Le 26 avril 1774, les symptômes de la « petite vérole »


apparaissent alors que Louis XV est au Petit Trianon.

Les filles survivantes du roi, le comte de Lusace, oncle maternel


du dauphin, sont présents lors de l'agonie du roi au château de
Versailles. La bougie allumée à la nuit, au balcon de la chambre,
est éteinte lorsque le souverain meurt le 10 mai 1774, à 15 h 30.
Cette mort fait suite à une septicémie aggravée de complications
pulmonaires. Elle frappe le roi à l'âge de 64 ans et met un terme à
presque 60 ans de règne[253]. Étant variolique, il n'est pas
embaumé : il est le seul roi de France à ne pas avoir reçu cet
hommage post-mortem[254]. Il laisse le trône à son petit-fils, âgé
de presque 20 ans, qui devient le roi Louis XVI.

L'impopularité de Louis XV est telle que sa mort est accueillie


dans les rues de Paris par des festivités joyeuses, comme l'avait
été celle de Louis XIV[255]. Lors des obsèques, le 12 mai, pour
éviter les insultes du peuple sur son passage, le cortège funèbre
réduit contourne Paris de nuit, par l'ouest, avant d'arriver à la
basilique Saint-Denis. La décomposition du corps est si rapide
que la partition du corps (dilaceratio corporis, « division du corps »
en cœur, entrailles et ossements[n 4]) avec de multiples sépultures,
ne peut pas être réalisée. Si les Parisiens manifestent leur
indifférence ou leur hostilité, de nombreux témoignages attestent
la profonde tristesse des Français de province, qui suivent en
grand nombre, durant la fin du printemps 1774, les offices
organisés dans toutes les villes et gros bourgs de France et de
Navarre pour le repos de l'âme du roi[256].

Dix-neuf ans plus tard, le 16 octobre 1793, durant la profanation


des tombes de la basilique Saint-Denis, après avoir ouvert les
cercueils de Louis XIII et de Louis XIV (relativement bien
conservés) les révolutionnaires ouvrent celui de Louis XV et
trouvent le cadavre nageant dans une eau abondante due à la
perte d'eau du corps qui avait été en fait enduit de sel marin, et
n'avait pas été embaumé comme celui de ses prédécesseurs. Le
corps tombe rapidement en putréfaction, les révolutionnaires
brûlent de la poudre pour purifier l'air de l'odeur infecte qu'il
dégage et le jettent, comme les autres corps, dans une fosse
commune sur de la chaux vive[257].

Le 21 janvier 1817, Louis XVIII fait rechercher les restes de ses


ancêtres dans les fosses communes (dont Louis XV) pour
remettre leurs ossements dans la nécropole des rois ; aucun
corps n'a cependant pu être identifié[258].
Une personnalité divisée jusqu'à son décès
entre maîtresses et famille face à l'opinion
publique naissante

Portrait du roi

Louis XV, pastel de Quentin


de La Tour, 1748.

Physiquement, Louis XV a la taille cambrée et le port


majestueux[259]. Si son visage est beau, le Roi s’est bâti un
masque d’impassibilité difficile à percer. D’Argenson remarque à
ce propos : « Louis XV se travaille du matin au soir pour se
dissimuler »[260]. Cette volonté de dissimuler sa pensée semble
tenir et de sa timidité et des obligations de représentation qu'il a
dû assumer dès sa prime jeunesse. François Bluche[261] doute de
la timidité du roi et insiste plutôt sur sa malice — comme de
marcher volontairement sur le pied d'un homme qui a la goutte
pour plaisanter —. Il voit cette attitude comme un prolongement
d'un « égocentrisme, royal… peu édifiant »[261]. Comme Louis XV
n’a pas laissé de mémoires et que le courrier, très abondant qu’il a
mené, a très largement disparu, les historiens peinent à vraiment
le percer à jour[262].
Le roi est sujet à des accès de neurasthénie, durant lesquels il
s'enferme dans un mutisme complet. Parfois également, on sent
qu’il veut dire quelque chose d’obligeant, mais il n'y arrive pas[260].
Le roi doute de ses capacités à tel point que, selon le duc de Croÿ :

« La modestie était une qualité qui fut poussée au


vice chez lui. Voyant plus juste que les autres, il
croyait toujours avoir tort. Je l’ai souvent entendu
dire : « j’aurais cru cela (et il avait raison), mais on
me dit le contraire donc je me suis trompé. »[260] »

Sa mémoire est grande, et il se rappelle avec précision une foule


de détails sur les cours étrangères qui étonnent les
ambassadeurs. Comme il aime lire, les résidences royales sont
dotées de bibliothèques : Versailles, mais également Choisy-le-
Roi, Fontainebleau et Compiègne. Il est curieux des
connaissances scientifiques et techniques. Il observe avec les
astronomes les plus réputés les éclipses des planètes[180]. Ses
connaissances en médecine lui permettent d'avoir des
conversations suivies avec les grands médecins de son temps sur
les découvertes récentes. Enfin, il fait aménager au Trianon un
jardin botanique qui, avec 4 000 espèces, est alors le plus
important d'Europe[260][260]. Passionné de géographie, il encourage
le travail des géographes et est à l'origine de la réalisation de la
carte de Cassini. Il possède, en outre, une grande connaissance
de l'histoire du royaume et étonne ses interlocuteurs par la
précision de ses connaissances liturgiques.

Chasse et « soupers de cabinet »

Le roi est un grand chasseur, plus encore que Louis XIV et


Louis XIII. Il pratique cette activité de quatre à six fois par
semaine. S’il aime l’aboiement des chiens, le son des cors et le
contact avec la nature, il est aussi attentif à ne pas causer des
dégâts aux cultures[263]. Il connaît parfaitement tous les chiens de
sa meute, à laquelle il prodigue des soins attentifs, au point de
faire aménager dans ses appartements du château de Versailles
le cabinet des chiens. Pour faciliter ses chasses, il fait
réaménager les forêts d'Île-de-France avec les pattes d’oie qui
subsistent actuellement. Dès ses treize ans et demi, il aime les
repas d’après-chasse, les « soupers du cabinet » entourés de dix à
quinze amis qu’il choisit avec soin. Lors de ces soupers, point de
gauloiserie, tout reste de bon ton, dépouillé seulement du
cérémonial pesant de Versailles[264].

Selon François Bluche, le roi traite de façon générale les femmes,


hors ses maîtresses officielles, moins bien que les domestiques
de sa Maison. Il cite à cet égard les propos du duc de Luynes
selon lesquels : « Le Roi aime les femmes et cependant n'a nulle
galanterie dans l'esprit »[265].
Famille

La reine Marie
Leszcynska par Jean-
Marc Nattier, 1748.

La reine joue parfaitement son rôle de représentation, même si,


selon Petitfils, il lui manque « la prestance et la majesté
nécessaires à sa condition »[266]. Louis XV a connu des années
heureuses avec la reine qui l'adule et lui est entièrement dévouée.
Un enfant naît presque chaque année. Cependant, la reine finit par
se fatiguer de ces grossesses à répétition, autant que le roi se
lasse de l'amour inconditionnel de son épouse. Le roi et elle ont eu
dix enfants avec une première grossesse en 1727 avec la
naissance de deux jumelles Marie-Louise Elisabeth et Anne-
Henriette. En 1728, elle accouche de Louise Marie, en 1729 d’un
fils, le dauphin Louis Ferdinand. En 1730, elle a un second fils qui,
comme Louise Marie, meurt en 1733. Puis naissent en 1734
Sophie Philippine, en 1737 Marie Thérèse qui meurt en 1744[267].
Les filles survivantes passent plus de dix ans à l’abbaye de
Fontevrault sans que leurs parents viennent les voir[268]

Vue aérienne de l'abbaye de


Fontevrault.
Selon François Bluche, le roi aime ses filles, mais ne fait rien pour
les marier, c'est selon cet historien un amour égoïste[269]. Par
ailleurs, il leur impose le respect d'une étiquette côtoyant le
ridicule qu'il assouplira plus tard. Une de ses filles finira carmélite.
De façon générale, ses filles appartiennent tout comme son fils au
parti dévot et souhaitent sa conversion[269].

La reine, très pieuse, obtient du pape Clément XIII, en 1765,


l’instauration de la fête du Sacré-Cœur mise en avant par Jean
Eudes de l’oratoire[270]. Elle aime lire des livres d’histoire et de
métaphysique, notamment les livres du père Malebranche.

Épisode de Metz : le roi et les dévots

Église Notre-Dame-de-
l'Assomption de Metz où le
roi fut proclamé « Bien-
Aimé ».

Louis XV, parti diriger ses armées engagées sur le front de l'Est
dans la guerre de succession d'Autriche, tombe gravement malade
le 4 août 1744, à Metz[271]. Son état empirant, la question de la
communion et de l'extrême-onction se pose. François de Fitz-
James, premier aumônier du roi, refuse de lui donner la
communion tant que sa maîtresse, Madame de Châteauroux n'a
pas quitté les lieux[272]. Puis il impose au roi de demander pardon
du scandale et du mauvais exemple qu'il donne[271]. Le
14 août 1744, il n'accepte de lui donner l'extrême-onction que si sa
maîtresse perd le titre de surintendante de la maison de la
Dauphine. Madame de Châteauroux quitte Metz tandis que la
reine arrive en hâte.

Le roi fait le vœu de faire construire une église dédiée à sainte


Geneviève, dans le cas où il guérirait[273]. Il échappe à la mort et
fait construire l'église qu'il a promise en cas de guérison ; elle
deviendra le Panthéon de Paris[273].

Lors d'une messe d'action de grâce célébrée en l'église Notre-


Dame de Metz en présence de la famille royale, le célébrant
qualifie le roi de Louis le Bien-Aimé. Une phrase qui sera fort
reprise[273].

Cependant, le roi Louis XV, a très mal pris l'humiliation que lui a
infligée le parti dévot. De retour à Versailles, il démet Fitz-James
de ses fonctions d'aumônier, l'exile dans son diocèse[271] et
rappelle Madame de Châteauroux qui meurt avant sa rentrée en
grâce officielle. Le roi, bien que culpabilisé par sa vie sexuelle, ne
renoue pourtant pas avec la reine.
Le roi et ses maîtresses

Une « résidente » du Parc-aux-cerfs,


Marie-Louise O'Murphy, par François
Boucher.

Article détaillé : Parc-aux-Cerfs.

Premières maîtresses

En 1733, Louis XV entreprend une première liaison hors mariage


avec Louise Julie de Mailly-Nesle, comtesse de Mailly (1710-
1751), juste quelques mois avant la mort de son second fils. Peu à
peu la culpabilité qu’il ressent de cette liaison le pousse dès 1737
à ne plus communier ni à continuer à pratiquer le rituel
thaumaturgique du toucher des scrofuleux[274]. Il a encore pour
maîtresse vers 1739 la sœur de Louise Julie de Mailly-Nesle,
Pauline Félicité de Mailly-Nesle, comtesse de Vintimille (1712-
1741)[275] suivie de Marie-Anne de Mailly-Nesle, marquise de La
Tournelle, duchesse de Châteauroux (1717-1744). Viennent enfin
ses maîtresses les plus célèbres : Madame de Pompadour et la
comtesse du Barry.
Madame de Pompadour, pourvoyeuse sexuelle, mécène et
diplomate officieuse

À côté de ces maîtresses célèbres, le roi a également des


aventures avec les « petites maîtresses ». Ainsi, quand il n'a plus
de relations sexuelles avec Madame de Pompadour, celle-ci lui
procure des jeunes filles sans éducation dont elle n’a pas à
craindre l'influence. De là est née la légende du Parc-aux-Cerfs qui
fait de ce lieu un harem peuplé par de jeunes femmes kidnappées
consacrées au plaisir du roi. Cette légende a été propagée par des
pamphlets avec force illustrations torrides. En réalité, il semble
qu’il n’y eut jamais qu’une fille simultanément au Parc-aux-Cerfs,
un lieu fermé en février 1765 à la mort de la marquise de
Pompadour[276],[277].

La marquise de Pompadour a une influence moins critiquable sur


l'épanouissement des arts durant le règne de Louis XV. Elle
amasse une imposante collection de meubles et d'objets d'art
dans ses diverses propriétés. Louis XV achète ainsi trois tableaux
et cinq dessus de porte réalisés par Jean Siméon Chardin. Elle
favorise le développement de la manufacture de porcelaine de
Sèvres[278] et ses commandes assurent leur subsistance à de
nombreux artistes et artisans. C'est un de ses protégés, Jacques-
Germain Soufflot qui est chargé de l'architecture de l'église Sainte
Geneviève[279]. Toutefois, selon Michel Antoine, les historiens ont
eu tendance à exagérer son rôle dans le domaine artistique au
détriment du roi qui, selon lui, a un vrai sens artistique quand la
marquise a tendance à donner dans la mièvrerie[280].

Elle sert d'intermédiaire officieux entre le roi et l'ambassadeur


autrichien Georges-Adam de Starhemberg de 1750 à 1753, puis
son successeur Wenceslas Antoine de Kaunitz, futur chancelier,
qui s'efforcent non sans succès de la gagner à la cause de
l'alliance franco-autrichienne : la propagande de Frédéric et de ses
partisans répand le bruit qu'elle a été séduite par les lettres
flatteuses où l'impératrice Marie-Thérèse l'appelait « ma cousine »
et « ma princesse[281] ». Pendant la guerre de Sept Ans, où elle
reste un fidèle soutien de la monarchie de Habsbourg, elle
s'improvise stratège et, dit-on, fait afficher dans ses appartements
une carte des opérations où des mouches de sa toilette figurent
les armées. Elle correspond avec le maréchal de Richelieu pour
chercher à savoir s'il ne va pas conclure un armistice avec
Frédéric II en Saxe. Elle favorise le prince de Soubise qui échappe
aux sanctions après sa désastreuse défaite de Rossbach, devient
maréchal de France l'année suivante et qu'elle choisit comme
exécuteur testamentaire. Elle contribue peut-être, selon Robert
Muchembled, au renvoi de D'Argenson, secrétaire à la Guerre et un
des ministres les plus compétents de Louis XV, le 1er février 1757 ;
en tout cas, celui-ci ne sera autorisé à rentrer à Paris qu'après la
mort de la favorite[282].
Les chansons dirigées contre elle autour de 1760, les
« pompadourades », sont particulièrement virulentes et
n'épargnent pas le roi :

« (...) Son âme vide, insatiable,


Obtient tout d'un roi fainéant.
Cette impitoyable furie,
Du poison de la flatterie
Enivre son trop faible amant[282]. »
Comtesse du Barry

Madame du Barry.
Portrait par
François-Hubert
Drouais (1769).

En 1769, la fin du règne est marquée par l'arrivée dans la vie du roi
de la comtesse du Barry[283]. Avant que le choix du roi ne se fixe
sur elle, le parti dévot, soutenu par les Filles du roi, notamment sa
fille carmélite, propose de remarier le souverain, encore bel
homme malgré ses 58 ans, avec l'archiduchesse Marie-Élisabeth
d'Autriche, sœur de Marie-Antoinette, mais celle-ci voit sa grande
beauté compromise par une attaque de petite vérole : aussi le
projet de mariage fait-il long feu. Le duc de Choiseul de son côté
veut glisser dans le lit royal sa sœur Beatrix[284]. Finalement, le
duc de Richelieu, grand seigneur libertin et Lebel, le premier valet
du roi, s'entremettent pour donner à Louis XV une nouvelle
maîtresse, Madame du Barry. Ce choix déplaît fortement au duc
de Choiseul qui lance « une campagne de diffamation contre
l'intruse » à travers force libelles telle que Le Brevet
d'apprentissage d'une jeune fille à la mode, La Bourbonnaise, La
Paysanne pervertie[284].

Le choix de Madame du Barry, une femme de modeste extraction,


est pour le roi, selon Jean-Christian Petitfils, l'occasion de lancer
« un défi aux princes et à la haute aristocratie qui le bravaient, soit
en soutenant la sédition robine, soit en se pâmant devant la
philosophie nouvelle[285] ». Madame du Barry est une femme
« douce et mutine » dont le seul défaut semble être d'aimer les
bijoux. Elle est peu portée sur la politique, mais l'hostilité que lui
voue Choiseul la place, de fait, au centre de l'échiquier politique et
provoque le ralliement à sa personne du parti des dévots qui
entouraient le Dauphin, mort juste avant son arrivée à la cour[286].

Manque d'esprit de « communication »

Le Mercure de France, un des


premiers titres de la presse
française, édition de 1744.
La monarchie depuis au moins Charles IX et Henri III voit les
rumeurs et pamphlets se déchaîner contre elle, aussi Louis XIII,
Richelieu et même au début Louis XIV ont-ils veillé « à exalter leur
action, comme à risposter aux malveillants »[287]. Mais, Louis XIV,
à compter de sa relation avec Madame de Maintenon a changé
d'optique du tout au tout et a renoncé à se faire valoir[287]. Ainsi
n'a-t-il légué à son successeur « ni les hommes, ni l'appareil en
mesure d'élaborer et de diffuser justifications et explications de sa
politique, soit de ruiner ou contrebalancer les arguments
adverses »[288]. Un roi « congénitalement timide, anxieux et
secret »[287] n'a su y porter remède alors même que la bulle
Unigenitus va exacerber les passions à Paris où un peuple
globalement gagné au jansénisme reçoit comme « parole
d'évangile » ce qu'écrivent les Nouvelles ecclésiastiques[289].
L'opposition au roi et au christianisme publie beaucoup après
1750 tandis que le camp royal est quasi muet à l'exception de
L'Année littéraire de Fréron ou la comédie de Palissot intitulée Les
Philosophes (1760) ; néanmoins, le peuple et une grande partie du
bas-clergé demeurent fidèles[290]. Le roi est libéral pour les salons
littéraires tels ceux de Madame de Lambert ou de Mademoiselle
Lespinasse et accepte toutes les élections aux académies à
l'exception de celle de Diderot[290]. Or, en France, l'opinion publique
commence à s'imposer. Le roi n'en perçoit pas l'importance. Il
préfère, quand il lit les rapports de police, connaître les turpitudes
des grands que s'informer sur la teneur des libelles qui le
visent[291]. En vérité, sur ce point, le roi est victime tant de
l'héritage de la fin du règne de Louis XIV que de son caractère et
d'une politique qui l’amène à reposer uniquement sur l’État. La très
grande réserve du roi en public amplifie ses difficultés à gouverner
et renforce les incompréhensions entre le roi et les Parlements. En
effet, à des parlementaires qui aiment les discussions, il répond
de façon très laconique : « Je veux être obéi », « Je réfléchirai à
vos propositions ». La dernière réponse indigne souvent les
magistrats qui pensent qu'en fait, il demandera à ses ministres
d'examiner la situation. Tout cela crée chez les parlementaires et
au-delà, l'idée que le roi ne s'occupe pas des affaires sérieuses du
pays[292]. D'une manière générale, le roi ne sait guère faire valoir
ses succès. En conséquence, le public ne va bientôt connaître de
lui que ce que disent des libelles qui colportent « ragots
calomnieux, contes salaces » en les présentant « comme des
nouvelles sûres ou comme les mémoires authentiques de
personnages importants »[293]. Ces écrits ont d'autant plus
d'influence que personne ne les dément. En effet, depuis
l'expulsion des Jésuites, les dévots ne le soutiennent plus guère et
ne cherchent donc pas à contredire ces écrits[293].

Deuils

En 1752, le roi perd sa fille préférée, Henriette[294]. En 1759, son


aînée, la duchesse de Parme[294] meurt. En 1761, la mort frappe le
duc de Bourgogne, âgé de dix ans, fils aîné du dauphin, enfant
précoce et prometteur. En 1763, l'intelligente et romanesque
petite-fille du roi, épouse de l'archiduc héritier d'Autriche, Marie-
Isabelle de Bourbon-Parme meurt à Schönbrunn. En avril 1764, sa
maîtresse la marquise de Pompadour meurt. En 1765, le roi perd
successivement son fils, le dauphin, un homme très chrétien à la
« la vie morale irréprochable », et son gendre le duc de Parme[295].
En février 1766, le vieux roi Stanislas presque nonagénaire meurt
à Lunéville[296]. L'année suivante, c'est le tour de la dauphine, veuve
inconsolable qui a contracté la maladie de son mari en le
soignant[297]. Enfin, en juin 1768, la reine[298] s'éteint.

Louis XV et les arts


Article détaillé : Style Louis XV.

Selon Michel Antoine[299], le règne de Louis XV constitue un des


apogées de l'architecture française et « l'âge d'or des arts
décoratifs ». Grâce à ses commandes propres et par celles des
nobles et des financiers, il a contribué à soutenir l'activité des
ébénistes, des peintres, des sculpteurs, des céramistes et d'autres
spécialistes de la décoration et des arts. Le développement de
ces secteurs d'activité a aussi été stimulé par ses dons à des
monarques étrangers qui ont grandement contribué à l'influence
artistique française[300].
Amour des arts

Si le roi aime la peinture décorative, c'est toutefois surtout


l'architecture qui le passionne[301]. Il aime particulièrement
travailler avec l'architecte Ange-Jacques Gabriel. Parler
d’architecture est d'ailleurs selon Michel Antoine[302] « une
manière adroite de lui faire la cour ». Le roi est doté d'un goût sûr
et a le « souci de la justesse des couleurs, de l'harmonie des tons
et des formes, du raffinement »[303]. Il aime le beau et l'élégant, ce
que les artistes et artisans qui travaillent pour lui savent.

Son goût de l'harmonie que l'on trouve dans le classicisme du


règne de Louis XIV, dont il se sent l'héritier, comme son envie de
suivre l'influence de la mode artistique de son temps le
conduisent à suivre la magnificence de l'art baroque, alors
dominant, tout en refusant ses outrances et surcharges
auxquelles il préfère harmonie et mesure[304].

Fontaines et places

Dans les dernières années de son règne, Louis XV fait construire


de nouvelles places au centre de certaines villes, telles la place
Louis XV (maintenant place de la Concorde) à Paris, avec son
harmonieuse rangée de nouveaux immeubles dessinés par Ange-
Jacques Gabriel[305] ou encore des places aux centres de Rennes
et Bordeaux[306]. Il fait aussi construire une fontaine monumentale
à Paris, la fontaine des Quatre-Saisons avec une statuaire de
Edmé Bouchardon.

Dessin de la Place Louis XV par Ange-Jacques Gabriel (1758).

Fontaine des Quatre-Saisons (1739-1745).

Place de la Bourse à Bordeaux par Ange-Jacques Gabriel (1730-


1775).
Louis XV et l’architecture

Les principaux architectes du roi sont Jacques Gabriel de 1734


jusqu’en 1742 puis son fils Ange-Jacques Gabriel avec lequel
Louis XV, féru d'architecture, aime à discuter[307]. Parmi ses
ouvrages les plus importants, il est possible de citer l’École
militaire, l’ensemble des bâtiments entourant la place Louis XV
(maintenant place de la Concorde ; 1761-1770), et le Petit Trianon
à Versailles (1764)[308]. Durant le règne de Louis XV, si les
intérieurs sont somptueusement décorés, les façades, quant à
elles, deviennent moins chargées, plus classiques[309].

À la fin du règne, l’architecture de cette période tend vers le style


néoclassique comme en témoignent l’église Sainte-Geneviève (le
Panthéon actuel), construite de 1758 à 1790, par Jacques-
Germain Soufflot, ainsi que l’église Saint-Philippe-du-Roule (1765-
1777) due à Jean Chalgrin[309].
Hôtel de la Marine, place de la Concorde (1761–1770).

Petit Trianon (1764).

Intérieur de l’église de Saint-Philippe-du-Roule, Paris (1765–1770).

Décoration intérieure

La décoration intérieure au début du règne est de style rocaille ou


régence, caractérisée par des courbes et contre-courbes
sinueuses avec des motifs floraux. Elle se présente sous forme de
murs ornés de tels motifs avec des médaillons en leurs centres et
de grands miroirs entourés de feuilles de palmiers. À la différence
du style rococo, les ornements sont symétriques et témoignent
d’une certaine retenue. Selon Michel Antoine[280], le roi « a
toujours recherché l'ampleur des formes, la noblesse et la
mesure ». Les motifs sont souvent d’inspiration chinoise et
représentent des animaux, spécialement des singes (singerie) et
des arabesques. Parmi les artistes de la période, il est possible de
citer Jean Bérain le Jeune (en) , Watteau et Jean Audran[310].

Après 1750, en réaction avec la période précédente, les murs


intérieurs sont peints en blanc ou dans des couleurs pâles avec
des motifs plus géométriques inspirés de l'Antiquité grecque et
romaine. Le Salon de compagnie du Petit Trianon annonce quant à
lui le style Louis XVI[311].
Chambre du prince, hôtel de Soubise (1735–1740).

Hôtel de Rohan, le Cabinet des Singes.


Départ de la rampe de l'escalier intérieur du Petit Trianon (1764).

Salon de compagnie du Petit Trianon (1765).

Ameublement

Comparées à celles de Louis XIV, les chaises à la Louis XV sont


plus légères, plus confortables et ont des lignes plus
harmonieuses[312].

Les consoles sont des tables à mettre contre les murs, elles sont
utilisées pour supporter des œuvres d’art. La commode est un
type de meuble apparu sous le règne de Louis XV. Elles sont
ornées de bronze et couvertes de plaques de bois exotique.
Certaines, dites « façon de Chine », sont en bois laqué noir avec
des ornements de bronze. Le règne voit émerger un grand nombre
d’ébénistes venus de toute l’Europe. Les plus connus sont Jean-
François Oeben, Roger Vandercruse Lacroix, Gilles Joubert,
Antoine Gaudreau, et Martin Carlin[312].

D’autres types de meubles voient le jour tels le chiffonnier et la


table de toilette[312].

Vers 1755-1760, les goûts en matière de meubles changent, les


formes deviennent plus discrètes et les influences de l’Antiquité et
du néo-classicisme se font sentir. Les commodes deviennent plus
géométriques et un nouveau type de meuble, le cartonnier, fait son
apparition vers 1760-1765[313].

Bureau du Roi vu de face, palais de Versailles (1760-1769).

Coffre à bijoux de la dauphine Marie-Antoinette (1770).


Salon avec duchesse de l'hôtel de Vallemaré-Dangé (Louvre).

Console rocaille, domaine de Villarceaux.

Commode d'Antoine Gaudreau dans les appartements du Dauphin,


Versailles (1745).
Fauteuil Louis XV.

Canapé, Metropolitan Museum (1754–1756).

Commode laquée de Bernard Van Riesamburgh, Victoria and Albert


Museum (1750-1760).

Louis XV et la peinture

Au début du règne de Louis XV, le thème dominant est le même


qu’à la fin du règne de Louis XIV, à savoir la mythologie et
l’histoire. Plus tard, dans les nouveaux appartements de Versailles
et de Fontainebleau, apparaissent les scènes pastorales et les
portraits[314].

L’artiste favori du roi est François Boucher qui, outre des peintures
religieuses, pastorales et exotiques, peint également des scènes
de chasse pour les nouveaux appartements du roi[315]. Parmi les
autres peintres notables, on peut citer Jean-Baptiste Oudry,
Maurice Quentin de la Tour et Jean-Marc Nattier auquel on doit de
nombreux portraits de la famille royale et des aristocrates[316].

Madame de Pompadour en Diane chasseresse, par Jean-Marc Nattier


(1746).

Chasse au loup en forêt par Jean-Baptiste Oudry (1748).


Madame de Pompadour par Maurice Quentin de La Tour (1755).

La pêche à la ligne par François Boucher, Grand Trianon (1757).

Sculpture

Le style sculptural demeure « grand siècle » pendant la plus


grande partie du règne. Parmi les sculpteurs notables, on peut
citer : Guillaume Coustou, son fils Guillaume Coustou (fils)
(notamment place Louis XV), Robert Le Lorrain, et Edmé
Bouchardon qui crée la statue équestre (terminée par Jean-
Baptiste Pigalle) qui trônait place Louis XV[317] (maintenant place
de la Concorde), sur le modèle de la statue équestre de Louis XIV
de François Girardon sur la place Louis-le-Grand (place Vendôme
à partir du xixe siècle).
À la fin du règne de Louis XV, les sculpteurs accordent une plus
grande importance aux visages. Les principaux adeptes de ce
nouveau style sont Jean-Antoine Houdon et Augustin Pajou qui
sculpte les bustes de Buffon et Madame du Barry. À cette époque,
la sculpture atteint une grande audience grâce aux reproductions
en terre cuite ou en porcelaine[318]. Madame de Pompadour qui
aime la sculpture a encouragé cet art en passant de nombreuses
commandes.

Les Chevaux de Marly par Guillaume Coustou, Louvre (1739-1745).

Louis XV en Jupiter par Coustou, Louvre (1731).


La reine Marie Leszczynska en Junon, par Coustou, Louvre (1731).

Cupidon par Bouchardon, National Gallery of Art, Washington (1744).

Jean-Baptiste Pigalle, Mercure laçant ses sandales ailées, Louvre


(1745).
Statue équestre de Louis XV, par Bouchardon, place Louis XV, détruite
en 1792.

Madame du Barry par Augustin Pajou, le Louvre (1755).

Louis XV et la musique

Le roi, la reine et ses filles sont les principaux mécènes des


musiciens. La reine et ses filles jouent du clavecin sous la
direction de François Couperin. Le jeune Mozart vient à Paris et
écrit deux sonates pour clavecin et violon dédiées à Madame
Victoire, la fille du roi[319]. Le roi lui-même, comme son grand-père,
a appris la danse, mais ne se produit en public qu’une fois en
1725. Le musicien le plus important de la période est Jean-
Philippe Rameau, compositeur de la cour durant les années 1740
et 1750. Il a écrit plus de 30 opéras pour le roi et la cour[320].
En 1725, le roi reçoit à Versailles quatre chefs indiens de
Louisiane (un Missouri, un Oto, un Osage et un Illinois), ainsi
qu'une princesse missourie. Il leur offre divers présents et les
invite à une chasse au lièvre. En souvenir de cette visite, Rameau
compose une partition pour clavecin, Les Sauvages[321].

Louis XV dans l’histoire


Article connexe : Louis XV dans l'art et la culture.

De roi « bien-aimé » à « mal-aimé »

L'inauguration de la statue équestre


du roi, sculptée par Edmé
Bouchardon, sur la place Louis XV à
Paris, en 1763.

Durant une grande partie de son règne, Louis XV est considéré


comme un héros national. Selon Kenneth N. Jassie et Jeffrey
Merrick, à cette époque dans les chansons et les poèmes le roi
est décrit comme le maître, le chrétien. Ses erreurs sont
attribuées à sa jeunesse et à ses conseillers[322]. La statue
équestre d’Edmé Bouchardon est originellement conçue pour
célébrer le rôle du monarque dans la guerre victorieuse de la
succession d’Autriche. Elle représente le roi en faiseur de paix. En
réalité, le traité d'Aix-la-Chapelle (1748) qui clôt cette guerre est
aussi une des causes du changement d'attitude vis-à-vis du roi.
Selon Michel Antoine, cette paix doit beaucoup à l'éducation
morale que le monarque a reçue. En effet, il a été élevé dans l'idée
qu'un souverain chrétien ne devait pas « vouloir agrandir
inconsidérément ses États »[323]. Pour Jean-Christian Petitfils, le
traité d'« Aix-la-Chapelle fut une œuvre tardive de Fénelon »[323]. Si
ce traité est peut-être bon sur le plan de la morale chrétienne, il
dessert politiquement la France et heurte le patriotisme des
Français. Les dames des halles crachent par terre en disant « bête
comme la paix » tandis que se pose la question du sens à donner
à tant d'efforts, tant de dépenses, tant de morts et de blessés,
mais également tant de victoires. Ce que Voltaire résume dans sa
phrase devenue célèbre : nous nous sommes battus « pour le roi
de Prusse ». De fait, c'est lui le vainqueur du traité même s'il n'a
pas gagné la guerre. Ce sentiment est partagé en Europe par
l'impératrice Marie-Thérèse. Lorsque l'ambassadeur d'Angleterre
la félicite du traité, elle lui répond que « des condoléances seraient
moins déplacées ! »[324].

La statue équestre du souverain n'est dévoilée qu’en 1763, après


la guerre de Sept Ans qui n'a pas tourné en faveur de la France,
contrairement à l'autre guerre. L’œuvre de Bouchardon achevée
par Jean-Baptiste Pigalle est alors utilisée par la couronne pour
restaurer la confiance dans la monarchie[325]. Son piédestal est
soutenu par les statues, les quatre Vertus cardinales. Peu de
temps après l'inauguration, on trouve sur le piédestal un distique,
tracé d'une main inconnue, qui témoigne de l’impopularité du roi :
« Grotesque monument / Infâme piédestal / Les vertus sont à pied
/ Le vice est à cheval. » ou selon une autre version : « Ah ! la belle
statue, ah ! le beau piédestal, / Les vertus sont à pied et le vice à
cheval[326]. »

C’est qu’à cette époque Louis XV devient le « mal-aimé »


notamment à cause de ses nombreuses maîtresses. Pour
Emmanuel Le Roy Ladurie, de l’École des Annales, si le roi est bel
homme, intelligent et athlétique, son refus d’aller à la messe et de
satisfaire à ses obligations religieuses contribue à désacraliser la
monarchie[327]. Selon Jassie and Merrick, la confiance dans le roi
s’est progressivement érodée et le peuple blâme et ridiculise sa
débauche. Il est perçu comme celui qui ignore les famines et les
crises, et laisse à son successeur un fond de mécontentement
populaire[322].

Discrédit de la fin du xviiie siècle au début du xxe siècle

Vie privee de Louis XV ou


Principaux événemens,
particularités et anecdotes
de son regne, tome 1,
pamphlet de Barthélémy
Mouffle d'Angerville
imprimé à Londres en
1781.
L'enfant Louis XV jouant aux cartes
avec son précepteur, le futur cardinal
Fleury. Illustration de l'Histoire de
France, cours élémentaire d'Ernest
Lavisse, 1913.

Durant les quelques années qui suivent sa mort, sa vie est


toujours l'objet de pamphlets tel celui de Barthélémy Mouffle
d'Angerville intitulé la Vie privée de Louis XV, ou principaux
événements, particularités et anecdotes de son règne. Imprimé
d'abord à Londres et interdit par la censure française, il est
réimprimé à Neuchâtel, possession du roi de Prusse et diffusé
clandestinement en France avec un grand succès. Une traduction
allemande faite à Neuchâtel est vendue librement en Allemagne
malgré quelques piques contre Frédéric II, la censure prussienne
ayant seulement exigé le retrait de quelques passages concernant
la « guerre des pommes de terre » entre l'Autriche et la Prusse[328].

Au xixe siècle et au début du xxe siècle, l'altération de l'image


royale commencée dès le milieu de son règne se poursuit aussi
bien dans la littérature, que dans l'historiographie et les manuels
scolaires, dont les jugements sont obscurcis par le moralisme laïc
et par la haine de la monarchie[329]. Sainte-Beuve juge Louis XV :
« le plus nul, le plus vil, le plus lâche cœur de roi qui, durant son
long règne énervé, a accumulé comme à plaisir, pour les léguer à
sa race, tous les malheurs[330] ». Selon le petit manuel Lavisse de
1900 : « Il a été le plus mauvais roi de toute notre histoire. Ce n'est
pas assez de détester sa mémoire, il faut l'exécrer. » À partir de la
seconde moitié du xxe siècle, il est progressivement réhabilité et
mieux apprécié[168] même si le regard demeure critique.

Jugements plus mitigés à compter de 1933

À partir du livre de Pierre Gaxotte, Le Siècle de Louis XV (1933), les


choses évoluent et les auteurs prennent des distances avec les
pamphlets et les libelles publiés durant son règne et se fient plus
aux documents officiels. Mais, ils restent gênés par l'absence de
sources provenant du monarque et en particulier par la disparition
de ses archives personnelles dont Louis XVI a hérité[331]. Malgré
tout le regard reste fort critique : de nombreux historiens estiment
que Louis XV ne répondit pas aux grands espoirs de ses sujets.

Selon la New Cambridge Modern History, la politique étrangère


française sous le règne de Louis XV, y compris pendant la phase
de la Régence, donne souvent une impression de faiblesse et
d'incohérence, ballotée entre les intrigues dynastiques et les
cabales. Le régent Philippe d'Orléans et le cardinal Dubois doivent
contenir la faction pro-espagnole du duc du Maine. Le cardinal
Fleury, à partir de 1726, mène une politique plus cohérente mais
doit faire des concessions aux calculs dynastiques dans la guerre
de Succession de Pologne ; à partir de 1740, dans la guerre de
Succession d'Autriche, la France est tiraillée entre la diplomatie
prudente de Fleury et la ligne anti-autrichienne du maréchal de
Belle-Isle. Le marquis d'Argenson, qui succède à Fleury, forme des
plans ambitieux que l'indécision du roi l'empêche le plus souvent
de concrétiser même si les victoires du maréchal de Saxe
permettent, en 1748, d'aboutir à une paix de compromis.
L'influence de la marquise de Pompadour se traduit par la
promotion de l'abbé de Bernis, négociateur de l'alliance franco-
autrichienne de 1756 dont la France tirera plus d'inconvénients
que d'avantages lors de la guerre de Sept Ans. Le redressement
de la politique extérieure sous Choiseul ne suffit pas à annuler les
effets d'une série de défaites ni le déclin des alliés traditionnels de
la France (Suède, Pologne et Empire ottoman) en Europe
orientale[332].

Pour Norman Davies, le règne de Louis XV se caractérise par une


« stagnation débilitante », des guerres perdues, des conflits sans
fin avec les parlements et des querelles religieuses[333]. Jerome
Blum le décrit tel « un perpétuel adolescent appelé à faire un
travail d’homme »[334].

Robert Harris écrit en 1987 : « Les historiens ont classé ce


gouvernant comme le plus faible des Bourbons, un homme qui ne
fait rien, qui laisse les affaires de l’État aux ministres tandis qu’il
se livre à ses passe-temps, la chasse et les femmes »[335]. Harris
ajoute que les ministres étaient nommés et déchus suivant
l'humeur de ses maîtresses, minant gravement le prestige de la
monarchie. Pour Jeffrey Merrick, le gouvernement faible a
accéléré le déclin général du pays qui a mené à la Révolution
française de 1789[336].

Ernst Gombrich estime en 2005 que « Louis XV et Louis XVI, les


successeurs du Roi-Soleil [Louis XIV] étaient incompétents, ils se
contentaient d’imiter leur grand prédécesseur en ne montrant que
l’apparence du pouvoir. Seules la pompe et la magnificence
demeuraient »[337].

Toutefois, le roi a aussi des défenseurs. Quelques historiens


soutiennent que la mauvaise réputation de Louis XV est liée à une
propagande visant à justifier la Révolution française[338]. Dans sa
biographie publiée en 1984, Olivier Bernier soutient que Louis XV
est simultanément populaire et réformateur. Durant ses 59 ans de
règne, la France ne craint jamais d’être envahie malgré la perte de
nombreuses colonies. Il était connu comme Le Bien-aimé pendant
une partie de son règne et de nombreux sujets prièrent pour qu’il
recouvre sa santé à Metz en 1744. Selon cet auteur, le renvoi de
Choiseul, ainsi que la dissolution du Parlement de Paris en 1771,
ne visent qu'à éliminer du gouvernement ceux qu’il considère
comme corrompus. Louis XV a modifié la loi des impôts et tenté
d’équilibrer le budget. Des décisions qui auraient pu éviter la
Révolution française si elles n'avaient pas été abrogées par son
successeur Louis XVI[339].
Famille

Ascendance

Ascendance de Louis XV
32
16. Louis XIII
33. Ma
8. Louis XIV
34.
17. Anne d'Autriche
35.
d'Aut
4. Louis de France
36=34
18. Philippe IV
37=35
d'Aut
9. Marie-Thérèse d'Autriche
38=3
19. Élisabeth de Franc
39=3
M
2. Louis de
France
40. G
20. Maximilien Ier
41.
L
10. Ferdinand-Marie de
Bavière
42. F
21. Marie-Anne d'Autric
43. M
B
5. Marie-Anne de
Bavière

Charles
22. Victor-Amédée Ie
45.
Miche
11. Henriette-Adélaïde de
Savoie
46=3
23. Christine de Franc
47=3
M
1.
Louis XV

Charles
24=22. Victor-Amédée
49=45
Miche
12. Charles-Emmanuel II
50=3
25=23. Christine de Fra
51=3
M
6. Victor-Amédée II
52.
Savo
26. Charles-Amédée d
Savoie-Nemours
53. An
13. Marie-Jeanne-Baptiste
de Savoie
54.
V
27. Élisabeth de Bourb
Vendôme
55. F
L
3. Marie-
Adélaïde de
Savoie
56=3
28=16. Louis XIII
57=3
M
14. Philippe d'Orléans
58=34
29=17. Anne d'Autrich
59=35
d'Aut
7. Anne-Marie d'Orléans
60. J
30. Charles Ier
61
Da
15. Henriette d'Angleterre
62=3
31. Henriette Marie d
France
63=3
M

Descendance

Enfants légitimes

La reine Marie et le dauphin


Louis, par Alexis Simon Belle.

Marie Leszczyńska donne à Louis XV dix enfants, dont trois


meurent en bas âge :

1. Louise-Élisabeth (14 août 1727 – 6 décembre 1759) dite


« Madame » (en tant que fille aînée du roi) ou « Madame
Première » puis, après son mariage, « Madame Infante »,
avec postérité[340] ;
2. Anne-Henriette (14 août 1727 – 10 février 1752), sœur
jumelle de la précédente, dite « Madame Seconde » puis
« Madame Henriette », sans alliance ni postérité ;
3. Marie-Louise (28 juillet 1728 – 19 février 1733) dite
« Madame Troisième » puis « Madame Louise », sans
alliance ni postérité [341] ;
4. Louis (4 septembre 1729 – 20 décembre 1765), dauphin,
avec postérité (père des rois de France Louis XVI, Louis XVIII,
et Charles X) [342] ;
5. Philippe-Louis (30 août 1730 – 7 avril 1733), duc d'Anjou,
sans alliance ni postérité[343] ;
6. Marie-Adélaïde (23 mars 1732 – 27 février 1800) dite
« Madame Quatrième », puis « Madame Troisième »,
« Madame Adélaïde » et enfin « Madame », sans alliance ni
postérité[343] ;
7. Victoire-Louise-Marie-Thérèse (11 mai 1733 – 7 juin 1799),
dite « Madame Quatrième » puis « Madame Victoire »), sans
alliance ni postérité[344] ;
8. Sophie-Philippine-Élisabeth-Justine (27 juillet 1734 –
3 mars 1782), dite « Madame Cinquième » puis « Madame
Sophie », sans alliance ni postérité[344] ;
9. Thérèse-Félicité (16 mai 1736 – 28 septembre 1744), dite
« Madame Sixième » puis « Madame Thérèse », sans alliance
ni postérité[344] ;
10. Louise-Marie (15 juillet 1737 – 23 décembre 1787), dite
« Madame Septième » puis « Madame Louise », en religion
sœur Marie-Thérèse de Saint-Augustin, sans alliance ni
postérité[344].
Enfants illégitimes

Louis XV, comme Louis XIV, a eu un certain nombre d'enfants


adultérins de ses nombreuses maîtresses, à partir de 1733. À la
suite d'une nouvelle fausse couche de la reine en 1738, cette
dernière, lassée par les maternités répétitives, lui ferme la porte de
sa chambre, ce qui facilite l'officialisation de la première favorite
royale, la comtesse de Mailly[345]. Tous ses enfants adultérins,
autres que Charles de Vintimille, sont nés de jeunes filles non
mariées, appelées les « petites maîtresses ». Hanté par les
mauvais souvenirs liés aux bâtards de son arrière-grand-père,
Louis XV se refuse toujours à les légitimer. Il subvient à leur
éducation et s'arrange pour leur donner une place honorable dans
la société, mais ne les rencontre jamais à la cour. Seuls sont
légitimés Charles de Vintimille du Luc et l'abbé de Bourbon.

Avec Madame de Vintimille :

Charles de Vintimille du Luc (1741-1814) dit le Demi-Louis car il


ressemble beaucoup à Louis XV. Marquis du Luc, Madame de
Pompadour tient tellement pour assuré qu'il est de naissance
royale que, souffrant de n'avoir pas d'enfants avec le roi et
désireuse de porter des petits-enfants en commun, elle projette
en 1751 de le marier à sa fille Alexandrine ; il épouse (1764)
Adélaïde de Castellane (1747-1770), dont postérité[346] ;

Peut-être avec Irène du Buisson de Longpré :


Julie Filleul (Marie-Françoise-Julie-Constance Filleul) (1751-
1822). Elle épouse 1°) Abel François Poisson en 1767, marquis
de Vandières, de Marigny, de Menars, etc., frère de Madame de
Pompadour ; 2°) François de La Cropte, marquis de Bourzac en
1783 dont elle divorce en 1793[347].

Avec Jeanne Perray :

Amélie de Norville (1753-1790)[348], qui épouse en 1780 Ange


de Faure[349] (dit « le comte de Faure »[350]). Le roi lui attribue
une pension de 30 000 livres avec réversion à sa fille[351]. La
paternité de Louis XV est tenue pour douteuse par Joseph
Valynseele[352] ;

Avec Marie-Louise O'Murphy :

Agathe Louise de Saint-Antoine de Saint-André (Paris,


20 juin 1754 – 1774), qui épouse en 1773 René-Jean-Mans de
La Tour du Pin, marquis de la Charce (1750-1781)[353] ;
Marguerite Victoire Le Normant de Flaghac[n 5] (Riom,
5 janvier 1768), qui épouse en 1786 Jean-Didier Mesnard,
comte de Chousy (1758-1794), dont postérité, puis en 1794
Constant Le Normant de Tournehem (1767-1814).

Avec la duchesse de Narbonne-Lara :

Philippe, duc de Narbonne-Lara (1750-1834), qui épouse en


1771 Antoinette Françoise Claudine de La Roche-Aymon[354] ;
Louis-Marie, comte de Narbonne-Lara (1755-1813), qui épouse
en 1782 Marie Adélaïde de Montholon, dont postérité[355].

Avec Marguerite-Catherine Haynault :

Agnès-Louise de Montreuil (1760-1837), qui épouse en 1788


Gaspar d'Arod (1747-1815), comte de Montmelas, dont
postérité[356] ;
Anne-Louise de La Réale (1762-1831), qui épouse en 1780 le
comte de Geslin (1753-1796)[356].

Avec Lucie Madeleine d'Estaing :

Agnès-Lucie Auguste (1761-1822), qui épouse en 1777 Charles,


vicomte de Boysseulh (1753-1808)[357] ;
Aphrodite-Lucie Auguste (1763-1819), qui épouse en 1784
Louis-Jules, comte de Boysseulh (1758-1792)[357].

Avec la baronne de Meilly-Coulonge :

Louis-Aimé de Bourbon (1762-1787), dit l'abbé de Bourbon, seul


enfant bâtard que Louis XV reconnaît, en 1762[358].

Avec Louise-Jeanne Tiercelin de La Colleterie :

Benoît-Louis Le Duc (1764-1837), abbé[359].

Avec Catherine Éléonore Bénard :


Adélaïde de Saint-Germain, comtesse de Montalivet (1769-
1850), qui épouse en 1797 Jean-Pierre Bachasson, comte de
Montalivet (1766-1823), dont postérité[360].

Avec Marie Thérèse Françoise Boisselet :

Charles Louis Cadet de Gassicourt (1769-1821), premier


pharmacien de Napoléon Bonaparte qui épouse en 1789
Madeleine-Félicité Baudet (1775-1830) dont postérité[361].

Titulature
1710-1712 : Son Altesse Royale le duc d'Anjou (naissance) ;
1712-1715 : Son Altesse Royale le dauphin ;
1715-1774 : Sa Majesté le roi de France et de Navarre.

Dans l'art et la culture


Article détaillé : Louis XV dans l'art et la culture.

Le règne ainsi que la personne du roi Louis XV ont suscité


plusieurs représentations dans les arts et la culture populaire.

Exposition
Louis XV, passions d'un roi, du 18 octobre 2022 au
19 février 2023, à l’occasion du tricentenaire de son sacre, le
château de Versailles rend hommage au roi Louis XV avec une
exposition de plus de 400 œuvres[362].
Notes et références

Notes

1. Un document de 1725 dans les Archives nationales, rédigé


probablement à l'attention du duc de Bourbon, fait état de ce
« casting royal » : « Des cent Princesses qu'il y a à marier en
Europe, en retranchant 44 qui sont trop âgées pour être
mariées à un jeune Prince [Louis XV a 15 ans], 29 qui sont trop
jeunes, 10 dont l'alliance ne convient pas, il ne reste de ce fait
que 17 Princesses ». Les deux dernières opportunément citées
sont Henriette Louise Mlle de Vermandois et Thérèse
Alexandrine Mlle de Sens, toutes deux filles de Louis III de
Bourbon-Condé. Document présenté à l'exposition "Louis XV,
passions d'un roi", sous la direction de Yves Carlier et Hélène
Delalex, Château de Versailles, Catalogue aux éditions In Fine,
2022.
2. Parmi lesquelles Marie-Barbara de Portugal, Anne de Hanovre,
Amélie de Grande-Bretagne, Charlotte-Amalie de Danemark,
Anna Petrovna de Russie, Anne-Sophie-Charlotte de
Brandebourg-Schwedt, Élisabeth-Thérèse de Lorraine, Henriette
d'Este, Charlotte-Wilhelmine de Saxe-Eisenach, Christiane-
Wilhelmine de Saxe-Eisenach, Marie-Sophie de Mecklembourg-
Strelitz, Théodora de Hesse-Darmstadt, Henriette-Louise de
Bourbon-Condé, et Élisabeth-Alexandrine de Bourbon-Condé.
3. 51 vaisseaux contre 120 en 1744, à l'ouverture des hostilités.
4. Bipartition (cœur et corps) ou tripartition (cœur, entrailles et
corps).
5. Entre 1771 et 1772 le roi Louis XV fait verser la somme
importante de 350 000 livres à Marie-Louise O'Murphy, alors
que Marguerite Victoire Le Normant de Flaghac a atteint l'âge
de 3 ans (Valy, page 129). Au mariage de Marguerite Victoire
avec Jean Didier Mesnard de Chousy, en 1786, le contrat de
mariage est signé par l'entière famille royale. Pendant la
Restauration, Charles X lui fait verser une « indemnité
annuelle » de 2 000 francs sur sa propre cassette et la fait
inscrire sur la liste civile pour une pension viagère de
3 000 francs.

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Voir aussi

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Articles connexes

Ministres de Louis XV
Style Louis XV
Société d'Ancien Régime
Château de Versailles
Us et coutumes à la cour de Versailles
Fêtes à Versailles

Liens externes

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