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Louis XVI

roi de France et de Navarre de 1774 à 1792


Louis XVI

Louis XVI en costume de sacre, huile sur toile de Joseph-Siffred


Duplessis (1777).
Titre
Roi des Français
13 septembre 1791[a] – 21 septembre 1792[b]
(1 an et 8 jours)
Gouvernement Ministres de Louis XVI
Ministres de la Convention
Prédécesseur Lui-même (roi de France)
Successeur Aucun (Convention nationale)
Roi de France et de Navarre
10 mai 1774 – 13 septembre 1791
(17 ans, 4 mois et 3 jours)
Couronnement 11 juin 1775,
en la cathédrale de Reims
Premier ministre René de Maupeou
Baron de l'Aulne
Comte de Maurepas
Comte de Vergennes
Cardinal de Loménie de Brienne
Jacques Necker
Baron de Breteuil
Jacques Necker
Comte de Montmorin Saint-Hérem
Gouvernement Ministres de Louis XVI
Prédécesseur Louis XV
Successeur Lui-même (roi des Français)
Dauphin de France
20 décembre 1765 – 10 mai 1774
(8 ans, 4 mois et 20 jours)
Prédécesseur Louis de France
Successeur Louis-Joseph de France
Biographie
Dynastie Maison de Bourbon
Nom de naissance Louis-Auguste de France
Date de naissance 23 août 1754
Lieu de naissance Château de Versailles
(France)
Date de décès 21 janvier 1793 (à 38 ans)
Lieu de décès Place de la Révolution, Paris (France)
Nature du décès Décapitation
Sépulture Basilique Saint-Denis
Père Louis de France,
dauphin de France
Mère Marie-Josèphe de Saxe
Fratrie Marie-Thérèse de France (demi-sœur)
Marie-Zéphyrine de France
Louis-Joseph-Xavier de France, duc de Bourgogne
Xavier de France duc d'Aquitaine
Louis XVIII
Charles X
Clotilde de France
Élisabeth de France
Conjoint Marie-Antoinette d'Autriche
Enfants Marie-Thérèse de France
Louis-Joseph de France, dauphin de France
Louis-Charles de France, dauphin de France puis
prince royal
Sophie de France
Héritier Louis-Joseph de France (1781-1789)
Louis-Charles de France (1789-1792)
Religion Catholicisme
Résidence Château de Versailles
Palais des Tuileries
Prison du Temple
Monarques de France
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Louis XVI, né le 23 août 1754 à Versailles sous le nom de Louis-


Auguste de France, est roi de France et de Navarre du
10 mai 1774 au 13 septembre 1791, puis roi des Français jusqu’au
21 septembre 1792. Alors appelé civilement Louis Capet, il meurt
guillotiné le 21 janvier 1793 à Paris.

Fils du dauphin Louis de France et de Marie-Josèphe de Saxe, il


devient dauphin à la mort de son père. Marié en 1770 à Marie-
Antoinette d'Autriche, il monte sur le trône en 1774, à dix-neuf ans,
à la mort de son grand-père Louis XV.

Héritant un royaume au bord de la banqueroute, il lance plusieurs


réformes financières, notamment portées par les ministres Turgot,
Calonne et Necker, comme le projet d'un impôt direct égalitaire,
mais qui échouent toutes face au blocage des parlements, du
clergé, de la noblesse et de la cour. Il fait évoluer le droit des
personnes (abolition de la torture, du servage, etc.) et remporte
une grande victoire militaire face à l'Angleterre, à travers son
soutien actif aux indépendantistes américains. Mais l'intervention
française en Amérique achève de ruiner le royaume.
Louis XVI est principalement connu pour son rôle dans la
Révolution française. Celle-ci commence en 1789 après la
convocation des états généraux pour refinancer l'État. Les
députés du Tiers, qui revendiquent le soutien du peuple, se
proclament « Assemblée nationale » et mettent de facto un terme
à la monarchie absolue de droit divin. Dans un premier temps,
Louis XVI doit quitter le château de Versailles — il reste le dernier
monarque à y avoir habité — pour Paris, et semble accepter de
devenir un monarque constitutionnel. Mais avant la promulgation
de la Constitution de 1791 qui fait de lui le dernier roi de France de
la période dite de l'Ancien Régime, la famille royale quitte la
capitale et se voit arrêtée à Varennes. L'échec de cette fuite a un
retentissement important dans l'opinion publique, jusque-là peu
hostile au souverain, et marque une fracture entre conventionnels.

Devenu roi constitutionnel, Louis XVI nomme et gouverne avec


plusieurs ministères, feuillant puis girondin. Il contribue
activement au déclenchement d'une guerre entre les monarchies
absolues et les révolutionnaires, en avril 1792. La progression des
armées étrangères et monarchistes vers Paris provoque, lors de la
journée du 10 août 1792, son renversement par les sections
républicaines, puis l’abolition de la monarchie le mois suivant.
Emprisonné puis jugé coupable d'intelligence avec l'ennemi, celui
qui est appelé par les révolutionnaires « Louis Capet » est
condamné à mort et guillotiné sur la place de la Révolution à
Paris. La reine et la sœur du roi Élisabeth connaissent le même
sort quelques mois plus tard.

Néanmoins, la royauté ne disparaît pas avec lui : après s’être


exilés, ses deux frères cadets règnent sur la France sous les noms
de Louis XVIII et Charles X, entre 1814 et 1830. Le fils de
Louis XVI, emprisonné à la prison du Temple, avait été reconnu roi
de France sous le nom de « Louis XVII » par les monarchistes,
avant de mourir dans sa geôle en 1795, sans avoir jamais régné.

Après l'avoir d'abord considéré soit comme un traître à la patrie


soit comme un martyr, les historiens français adoptent
globalement une vue nuancée de la personnalité et du rôle de
Louis XVI, en s'accordant généralement sur le fait que son
caractère n'était pas à la hauteur des circonstances
exceptionnelles de la période révolutionnaire.

Naissance, ondoiement et baptême


Louis-Auguste[c] de France naît au château de Versailles le
23 août 1754 à 6 h 24 du matin[a 1].

Il est le cinquième enfant et troisième fils du dauphin Louis de


France (1729-1765), le quatrième avec sa seconde épouse Marie-
Josèphe de Saxe. De l'union de ce couple sont nés au total huit
enfants :

1. Marie-Zéphyrine de France (1750-1755) ;


2. Louis de France (1751-1761), duc de Bourgogne ;
3. Xavier de France (1753-1754), duc d'Aquitaine ;
4. Louis-Auguste de France, duc de Berry, futur Louis XVI ;
5. Louis Stanislas Xavier de France (1755-1824), comte de
Provence, qui deviendra roi sous le nom de Louis XVIII en
1814 (reconnu comme tel dès la mort de Louis XVII en 1795
par certaines puissances européennes) ;
6. Charles Philippe de France (1757-1836), comte d'Artois, qui
deviendra roi sous le nom de Charles X à la mort du
précédent ;
7. Clotilde de France (1759-1802), reine de Sardaigne de 1796 à
1802 par son mariage avec le roi Charles-Emmanuel IV de
Sardaigne ;
8. Élisabeth de France (1764-1794), elle partage jusqu'aux
derniers instants le sort de la famille royale. Elle est
guillotinée.

D'un premier mariage avec Marie-Thérèse d'Espagne, Louis avait


eu une fille Marie-Thérèse de France (1746-1748).

De nombreuses personnes sont là pour constater la venue du


nouveau-né : l'accoucheur de la famille royale Jard ; le chancelier
Guillaume de Lamoignon de Blancmesnil, le garde des sceaux
Jean-Baptiste de Machault d'Arnouville et le contrôleur général
des finances Jean Moreau de Séchelles, des porteurs, gardes du
corps et la sentinelle. Le dauphin, en robe de chambre, accueille
chacun en disant : « Entrez, mon ami, entrez vite, pour voir
accoucher ma femme. »

Peu avant la naissance, Binet, le premier valet de chambre du


dauphin, a dépêché auprès de Louis XV, le grand-père du futur
bébé, un piqueur de la Petite Écurie pour lui annoncer la naissance
imminente alors que le roi avait pris ses quartiers d'été au château
de Choisy-le-Roi. Juste après la naissance, le dauphin envoya
quant à lui l'un de ses écuyers M. de Montfaucon annoncer cette
fois-ci la nouvelle de la naissance proprement dite. Sur la route,
Montfaucon croisa le piqueur qui, tombé de cheval puis mort peu
de temps après[b 1], n'avait pu porter le premier message. L'écuyer
apporta donc au roi les deux messages simultanément : celui de
la naissance à venir et celui de la naissance survenue. Ainsi averti,
Louis XV donna 10 louis au piqueur et 1 000 livres à l'écuyer avant
de se rendre immédiatement à Versailles.

Immédiatement après sa naissance, le bébé est ondoyé[d] à


l'église Notre-Dame de Versailles[7] par Sylvain-Léonard de
Chabannes (1718-1812)[8], aumônier du roi.

Quand le roi entre dans la chambre, il saisit le nouveau-né et le


prénomme Louis-Auguste avant de le nommer immédiatement
duc de Berry. Le bébé est aussitôt confié à la comtesse de
Marsan, gouvernante des enfants de France, avant d'être conduit
dans son appartement par Louis François Anne de Neufville de
Villeroy, duc de Villeroy et capitaine des gardes du corps du roi[a 2]

La nouvelle de la naissance est annoncée aux souverains d'Europe


alliés de la couronne ainsi qu'au pape Benoît XIV. Vers 13 heures,
le roi et la reine Marie Leszczyńska assistent à un Te Deum dans
la chapelle du château. Les cloches des églises de Paris se
mettent à sonner et, le soir, un feu d'artifice est tiré de la place
d'armes et allumé de la main du roi au moyen d'une « fusée
courante », de son balcon[9].

Jeunesse et préparation au pouvoir (1754-


1774)

Dans l'ombre du duc de Bourgogne

Louis-Auguste, duc de Berry


par Jean-Martial Fredou,
entre 1760 et 1762.

Le nouveau-né souffre d'une santé assez fragile durant les


premiers mois de sa vie. On dit de lui qu'il a un « tempérament
faible et valétudinaire »[10]. Sa nourrice, qui est aussi la maîtresse
du marquis de La Vrillière, ne donne pas assez de lait. Sur
l'insistance de la dauphine, elle est remplacée par Madame
Mallard[a 3]. Du 17 mai au 27 septembre 1756, le duc de Berry et
son frère aîné, le duc de Bourgogne, sont envoyés au château de
Bellevue sur les conseils du médecin genevois Théodore Tronchin,
afin d'y respirer un air plus sain qu'à Versailles[a 4].

À l'instar de ses frères, le duc de Berry a pour gouvernante la


comtesse de Marsan, gouvernante des enfants royaux. Cette
dernière favorise, d'une part, le duc de Bourgogne en tant
qu'héritier du trône, et d'autre part le comte de Provence, qu'elle
préfère à ses frères. Se sentant délaissé, le duc de Berry ne la
portera jamais vraiment dans son cœur et, une fois sacré roi, il
refusera toujours d'assister aux fêtes qu'elle organisait pour la
famille royale[a 5]. La gouvernante est notamment chargée
d'apprendre aux enfants la lecture, l'écriture et l'histoire sainte.
Leurs parents surveillent de près cette éducation, la dauphine leur
enseignant l'histoire des religions et le dauphin les langues et la
morale. Il leur apprend notamment que « tous les hommes sont
égaux par droit de nature et aux yeux de Dieu qui les a créés »[11].

En tant que petit-fils du roi, le duc de Berry est tenu comme ses
frères à un certain nombre d'obligations et de rituels : ils assistent
tant aux enterrements royaux (qui ne manquent pas entre 1759 et
1768) qu'aux mariages des personnages importants de la cour et
se doivent d'accueillir malgré leur jeune âge les souverains
étrangers et les hommes d'Église notamment. C'est ainsi qu'en
mai 1756, trois nouveaux cardinaux leur rendent visite :
« Bourgogne (âgé de 5 ans) les reçut, écouta leurs discours et les
harangua, tandis que Berry (22 mois) et Provence (6 mois),
gravement assis sur des fauteuils, avec leur robe et leur petit
bonnet, imitaient les gestes de leurs aînés »[12].

En grandissant, les petits-fils du roi doivent passer des jupons de


leur gouvernante aux mains d'un gouverneur chargé de l'ensemble
des activités éducatives. Après avoir pensé au comte de Mirabeau
(père du futur révolutionnaire), le dauphin choisit pour ses enfants
en 1758 un homme plus proche des idées monarchiques : le duc
de La Vauguyon, prince de Carency et pair de France. Ce dernier
appellera ses élèves les « Quatre F » : le Fin (duc de Bourgogne), le
Faible (duc de Berry), le Faux (comte de Provence) et le Franc
(comte d'Artois)[13]. La Vauguyon est assisté de quatre adjoints :
Jean-Gilles du Coëtlosquet (précepteur), André-Louis-Esprit de
Sinéty de Puylon (sous-gouverneur), Claude-François Lizarde de
Radonvilliers (sous-précepteur) et Jean-Baptiste du Plessis
d'Argentré (lecteur). Le dauphin demande à La Vauguyon de
s'appuyer sur les Saintes Écritures et le modèle d'Idoménée, héros
du Télémaque de Fénelon : « Vous y trouverez tout ce qui convient
à la direction d'un roi qui veut remplir parfaitement tous les
devoirs de la royauté »[13]. Ce dernier aspect est privilégié car le
futur Louis XVI (et ses frères cadets), n'étant pas destiné à ceindre
la couronne, est tenu à l'écart des affaires, on ne lui apprend pas à
gouverner[14].
Le duc de Bourgogne héritier
de la couronne et grand frère
du duc de Berry, mort en
1761, par Jean-Martial
Frédou.

L'usage de la cour était que les enfants royaux passassent de leur


gouvernante au gouverneur à l'âge de 7 ans. C'est ainsi que le duc
de Bourgogne est remis au duc de La Vauguyon le 1er mai 1758,
peu avant son septième anniversaire, quittant ainsi les robes
d'enfant pour les habits masculins. Cette séparation d'avec sa
gouvernante est difficile pour elle comme pour lui, et le duc de
Berry se trouve lui aussi attristé par ce déchirement soudain. Le
duc de Bourgogne est admiré par ses parents et par la cour.
Intelligent et sûr de lui, il n'en demeure pas moins capricieux et
convaincu de sa supériorité. Il questionne un jour ses proches en
leur disant « Pourquoi ne suis-je pas né Dieu[15] ? » Tout semble
montrer qu'il sera un grand roi.

Un événement anodin va pourtant changer la destinée de la


famille royale : au printemps 1760, le duc de Bourgogne tombe du
haut d'un cheval en carton qu'on lui avait offert quelque temps
plus tôt. Il se met à boiter et les médecins lui découvrent une
grosseur à la hanche. L'opération qu'il subit n'y fait rien. Le prince
est alors condamné à rester dans sa chambre et ses études sont
interrompues. Il souhaite pour être consolé retrouver son petit
frère, le duc de Berry. C'est ainsi que dès 1760, le futur roi passe
exceptionnellement aux mains du gouverneur avant d'atteindre
l'âge de 7 ans. La Vauguyon recrute pour lui un second sous-
précepteur[a 6]. Les deux frères sont dès lors éduqués ensemble, le
duc de Bourgogne se distrayant en collaborant à l'éducation de
son jeune frère, et ce dernier s'intéressant davantage à la
géographie et aux arts mécaniques. L'état de santé du duc de
Bourgogne s'aggrave néanmoins et on lui diagnostique en
novembre 1760 une double tuberculose (pulmonaire et osseuse).
La cour doit se rendre à l'évidence : la mort du prince est aussi
imminente qu'inéluctable. Ses parents se trouvent dans « un
accablement de douleur qu'on ne peut se représenter[16]. » Dans
l'urgence, l'enfant est baptisé le 29 novembre 1760, fait sa
première communion le lendemain et reçoit l'extrême-onction le
16 mars 1761 avant de mourir en odeur de sainteté le 22 mars
suivant, en l'absence de son petit-frère, alité lui aussi par une forte
fièvre.

Héritier de la couronne de France

La mort du duc de Bourgogne est vécue comme un drame pour le


dauphin et la dauphine. Cette dernière déclarera : « rien ne peut
arracher de mon cœur la douleur qui y est gravée à jamais »[17]. On
installe le duc de Berry dans les appartements de son grand frère.
Le 18 octobre 1761, le même jour que son frère Louis Stanislas
Xavier, Louis Auguste est baptisé par l'archevêque Charles Antoine
de La Roche-Aymon dans la chapelle royale du château de
Versailles, en présence de Jean-François Allart (1712-1775), curé
de l'église Notre-Dame de Versailles. Son parrain est son grand-
père Auguste III de Pologne, représenté par Louis-Philippe, duc
d'Orléans, et sa marraine est Marie Adélaïde de France[18].

Louis de France (par Anne-


Baptiste Nivelon, 1764),
dauphin et père du futur
Louis XVI ; mort en 1765.

Louis-Auguste se distingue déjà par une grande timidité ; certains


y voient un manque de caractère, comme le duc de Croÿ en 1762 :
« Nous remarquâmes que des trois Enfants de France, il n'y avait
que Monsieur de Provence qui montrât de l'esprit et un ton résolu.
Monsieur de Berry, qui était l'aîné et le seul entre les mains des
hommes, paraissait bien engoncé[19]. » Il se montre néanmoins
parfois à son aise devant les historiens et philosophes se
présentant à la cour[e]. Il fait également preuve d'humour et de
repartie[21]. La Vauguyon[f] et le prédicateur Charles Frey de
Neuville[23] remarquent même chez le jeune homme d'assez
grandes qualités pour en faire un bon roi.
Sur le plan intellectuel, Berry est un élève doué et consciencieux. Il
excelle dans les matières suivantes : géographie, physique,
écriture, morale, droit public, histoire, danse, dessin, escrime,
religion et mathématiques. Il apprend plusieurs langues (latin,
allemand, italien et anglais) et savoure quelques grands
classiques de la littérature comme La Jérusalem délivrée,
Robinson Crusoé ou encore Athalie de Jean Racine[a 7]. Son père
se montre néanmoins intransigeant et le prive parfois de chasse
au moindre relâchement[24]. Élève studieux, il se passionne pour
plusieurs disciplines scientifiques. Selon l'historien français Ran
Halévi[25] : « Louis XVI a reçu l’éducation d’un « prince des
Lumières » — C’était un monarque éclairé ». Les professeurs
d'histoire Philippe Bleuzé et Muriel Rzeszutek précisent que :
« Louis XVI connaissait le latin, l’allemand, l’espagnol, maîtrisait
l’anglais parfaitement, pratiquait la logique, la grammaire, la
rhétorique, la géométrie, l’astronomie. Il avait une culture
historique et géographique incontestable et des compétences en
économie ». Ils estiment qu’« il est très influencé par Montesquieu,
qui lui inspire une conception moderne de la monarchie détachée
du droit divin »[26].

Le destin du duc de Berry allait encore être bouleversé par un


événement anodin. Le 11 août 1765, le dauphin son père fait une
visite à l'abbaye de Royallieu et revient à Versailles sous la pluie.
D'une santé déjà précaire et affligé d'un rhume, il est pris d'une
violente fièvre. Il parvient à faire transporter la cour au château de
Fontainebleau pour changer d'air, mais rien n'y fait et son état
empire au fil des mois. Après une agonie de 35 jours, le dauphin
meurt le 20 décembre 1765 à l'âge de 36 ans[27].

À la mort de son père, le duc de Berry devient donc dauphin de


France. Il a 11 ans et a vocation à succéder immédiatement au roi,
son grand-père, qui en a 56.

Dauphin de France

Fin de l'éducation

Louis-Auguste est désormais dauphin, mais ce changement de


statut ne l'exonère pas de poursuivre son éducation, bien au
contraire. La Vauguyon recrute un adjoint supplémentaire pour
enseigner au dauphin la morale et le droit public : le père
Guillaume François Berthier. Le gouverneur incite le duc de Berry à
penser de lui-même en lui appliquant la méthode du libre examen.
Pour ce faire, il lui demande de rédiger dix-huit maximes morales
et politiques ; le dauphin s'y emploie avec efficacité et parvient à y
prôner notamment le libre commerce, la récompense des citoyens
ou encore l'exemple moral que se doit d'afficher le roi (allusion à
peine voilée aux frasques de Louis XV). L'ouvrage est récompensé
par La Vauguyon, qui le fait même imprimer[28]. Le dauphin rédige
même un ouvrage dans lequel sont relatées les idées inspirées
par son gouverneur : Réflexions sur mes Entretiens avec M. le duc
de La Vauguyon ; il y forge notamment sa vision de la monarchie
en énonçant par exemple que les rois eux-mêmes « sont
responsables de toutes les injustices qu'ils n'ont pas pu
empêcher »[29]. Sa mère tempère cet élan libéral en lui inculquant
plus encore les préceptes de la religion catholique ; c'est ainsi que
le dauphin reçoit le sacrement de confirmation le
21 décembre 1766 et fait sa première communion le 24 décembre
suivant. En grandissant, Berry commence à sortir davantage et
pratique l'équitation. Il commence également à se passionner
pour l'horlogerie et la serrurerie, deux loisirs qui ne le quitteront
plus[30]. L'abbé Jacques-Antoine Soldini vient conforter l'éducation
religieuse du jeune homme.

Pastel de Marie-Antoinette
réalisé par Joseph Ducreux
en 1769 à l'intention du
Dauphin afin qu'il puisse faire
connaissance de sa future
épouse.

L'éducation proprement dite du dauphin s'arrêtera avec son


« établissement », c'est-à-dire son mariage. Celui-ci sera célébré à
Versailles le 16 mai 1770 avec la jeune Marie-Antoinette
d'Autriche. À cette occasion, l'abbé Soldini adresse au dauphin
une longue lettre de conseils et recommandations pour sa vie à
venir, et notamment sur les « mauvaises lectures » à éviter et sur
l'attention à porter à son alimentation. Il l'exhorte enfin à toujours
rester ponctuel, bon, affable, franc, ouvert mais prudent dans ses
paroles[a 8]. Soldini deviendra plus tard le confesseur du dauphin
devenu roi.

Mariage avec Marie-Antoinette d'Autriche

Plan du souper du jour du


mariage de M. le Dauphin
avec l’Archiduchesse Marie-
Antoinette célébré le
16 mai 1770. Archives
nationales. K/147/14/2.

Le mariage du dauphin est envisagé dès l'année 1766 par Étienne-


François de Choiseul alors que le futur roi n'a que 12 ans. Le
royaume de France étant sorti fragilisé de la guerre de Sept Ans, le
secrétaire d'État trouve judicieuse l'idée de s'allier avec l'Autriche
face au puissant royaume de Grande-Bretagne. Le roi est
convaincu du projet, et dès le 24 mai 1766, l'ambassadeur
d'Autriche à Paris écrit à l'archiduchesse Marie-Thérèse qu'elle
« peut de ce moment regarder comme décidé et assuré le mariage
du dauphin et de l'archiduchesse Marie-Antoinette »[31]. La mère
du dauphin fait néanmoins suspendre le projet dans le but de
maintenir la cour de Vienne dans l'expectative, « entre la crainte et
l'espérance »[31]. « Suspendre » est le terme approprié, puisqu'elle
meurt quelques mois plus tard, le 13 mars 1767. Le projet de
mariage est alors remis sur la table.

Peu après la mort de Marie-Josèphe de Saxe, le marquis de


Durfort est envoyé en mission à Vienne pour convaincre
l'archiduchesse et son fils des bienfaits politiques de cette union.
Les négociations durent plusieurs années, et l'image donnée par
le dauphin n'est pas toujours reluisante : Florimond de Mercy-
Argenteau, l'ambassadeur d'Autriche à Paris, lui signale
notamment que la « nature semble avoir refusé tout don à
Monsieur le Dauphin, […], par sa contenance et ses propos ce
prince n'annonce qu'un sens très borné, beaucoup de disgrâce et
nulle sensibilité »[32]. Malgré ces avis, et malgré le jeune âge des
intéressés (15 ans pour Louis-Auguste et 14 pour Marie-
Antoinette), l'impératrice voit dans ce mariage l'intérêt de son pays
et y donne son accord. Le 17 avril 1770, Marie-Antoinette renonce
officiellement à la succession du trône autrichien et, le 19 avril,
une cérémonie nuptiale est célébrée à Vienne, le marquis de
Durfort signant l'acte de mariage au nom du dauphin.

Gravure du mariage de
l'archiduchesse Marie-Antoinette avec
le dauphin, futur Louis XVI, le 16 mai
1770.

Marie-Antoinette part pour la France le 21 avril 1770 au cours d'un


voyage qui durera plus de 20 jours accompagnée d'un cortège
d'une quarantaine de véhicules[33]. Le cortège arrive à Strasbourg
le 7 mai. La cérémonie de « remise de l'épouse » s'effectuera au
milieu du Rhin, à égale distance entre les deux rives, sur l'Île aux
Épis. Dans un pavillon construit sur cet îlot, la jeune femme troque
ses vêtements autrichiens pour des vêtements français, avant de
ressortir outre-Rhin, vers un cortège français et à côté de la
comtesse de Noailles, sa nouvelle dame d'honneur[34]. La
rencontre entre le dauphin et sa future épouse a lieu le
14 mai 1770, au pont de Berne, dans la forêt de Compiègne. Le roi,
le dauphin et la cour sont là pour accueillir le cortège. À sa
descente du carrosse, la future dauphine fait la révérence au roi et
est présentée par lui au duc de Berry, lequel lui fait un discret
baiser sur la joue. Le carrosse royal emmène ensuite le roi, le
dauphin et sa future épouse au château de Compiègne, où une
réception officielle est organisée le soir même pour présenter la
future dauphine aux principaux membres de la cour. Le lendemain,
le cortège s'arrête au carmel de Saint-Denis où Madame Louise
s'est retirée depuis quelques mois, puis il se rend au château de la
Muette pour présenter sa future épouse au comte de Provence et
au comte d'Artois, et où elle fait connaissance avec la nouvelle et
dernière favorite du roi, la comtesse du Barry.
Profil en médaillon de la
dauphine Marie-Antoinette
en 1770, présenté lors de son
mariage.

Le mariage officiel est célébré le lendemain 16 mai 1770 à la


chapelle du château de Versailles, en présence de 5 000 invités.
Là, Marie-Antoinette traverse la galerie des glaces en compagnie
du roi et de son futur époux jusqu'à la chapelle. Le mariage est
béni par Charles Antoine de La Roche-Aymon, archevêque de
Reims. Le dauphin, ceint du cordon bleu de l'ordre du Saint-Esprit,
passe l'anneau au doigt de sa femme et obtient du roi le signe
rituel d'assentiment[a 9]. Puis, les époux et témoins signent les
registres paroissiaux. Dans l'après-midi, les Parisiens venus
nombreux assister au mariage sont autorisés à se promener dans
le parc du château où les jeux d'eau ont été actionnés. Le feu
d'artifice prévu le soir même a été annulé à cause d'un violent
orage. Le dîner est organisé dans la toute nouvelle salle de
spectacle du château ; le repas est accompagné par 24 musiciens
habillés à la turque. Les époux, eux, mangent très peu[a 10]. Peu
après minuit, ils sont accompagnés à la chambre nuptiale.
L'archevêque bénit le lit, le dauphin reçoit sa chemise nuptiale des
mains du roi et la dauphine des mains de Marie-Adélaïde de
Bourbon, duchesse de Chartres, la plus haut placée des femmes
mariées de la cour. L'assistance assiste au coucher des époux, le
roi lance quelques grivoiseries et les mariés sont laissés à eux-
mêmes[a 11]. Le mariage n'est pas consommé cette nuit-là, mais
sept années plus tard.

Les noces continuent d'être célébrées les jours suivants : les


époux assistent à des opéras (Persée de Lully), des pièces de
théâtre (Athalie, Tancrède et Sémiramis). Ils ouvrent le bal organisé
en leur honneur le 19 mai. Les festivités se terminent le 30 mai où
l'on a prévu de tirer un feu d'artifice depuis la Place Louis XV (là où
quelques années plus tard le roi Louis XVI et son épouse seront
guillotinés). Seule la dauphine a fait le déplacement, le roi ayant
voulu rester à Versailles et le dauphin étant devenu las de ces
festivités. Alors que Marie-Antoinette et Mesdames débouchent
sur le Cours la Reine, on leur demande de rebrousser chemin. Ce
n'est que le lendemain que la dauphine apprendra ce qui s'est
passé : durant le feu d'artifice, un incendie s'est déclaré rue Royale,
créant un mouvement de panique ; de nombreux passants ont été
écrasés par des voitures et piétinés par des chevaux. Le bilan
officiel fait état de 132 morts et des centaines de blessés. Les
jeunes époux sont atterrés. Le dauphin écrit aussitôt au lieutenant
général de police Antoine de Sartine : « J'ai appris les malheurs
arrivés à mon occasion ; j'en suis pénétré. On m'apporte en ce
moment ce que le Roi me donne tous les mois pour mes menus
plaisirs. Je ne puis disposer que de cela. Je vous l'envoie :
secourez les plus malheureux »[31]. La lettre est accompagnée
d'une somme de 6 000 livres.

Délicat sujet de la consommation du mariage

Le dauphin par Louis-Michel


van Loo (1769).

La consommation du mariage du dauphin, loin d'être une affaire


privée, va rapidement devenir une affaire d'État : par sa
descendance, ce n'est pas uniquement sa famille mais la
monarchie tout entière que le futur roi doit pérenniser. Mais cette
consommation pleine et entière au sens où l'épouse tombe
enceinte, ne sera effective que le 18 août 1777, soit plus de 7 ans
après le mariage du dauphin, mais une première tentative fut
révélée en 1773.

Pourquoi une telle attente ? Selon l'écrivain Stefan Zweig, Louis-


Auguste est le seul responsable. Victime d'une malformation des
organes génitaux, il aurait tenté chaque nuit d'accomplir son
devoir conjugal, en vain. Ces échecs quotidiens se répercutent
dans la vie de cour, le dauphin devenu roi étant incapable de
prendre des décisions importantes et la reine compensant son
malheur dans des bals et des fêtes. L'auteur avance même que le
roi est « incapable de virilité » et qu'il lui est donc impossible « de
se comporter en roi »[35]. Puis, toujours selon l'auteur, la vie du
couple est rentrée dans l'ordre le jour où Louis XVI a enfin daigné
accepter de faire confiance à la chirurgie. Néanmoins selon
Simone Bertière[36], l'une des biographes de Marie-Antoinette,
cette infirmité physique n'a pas été la cause de la longue
abstinence des époux, puisque le dauphin ne souffrait justement
d'aucune infirmité de ce type. Certes, dès juillet 1770 (soit deux
mois seulement après le mariage), le roi Louis XV profite d'une
absence momentanée du dauphin pour convoquer Germain
Pichault de La Martinière, un chirurgien alors réputé. Il lui pose
deux questions médicales très précises : « Le jeune prince
souffre-t-il d'un phimosis et est-il nécessaire de le circoncire ? Ses
érections sont-elles entravées par un frein trop court ou trop
résistant qu'un simple coup de lancette pourrait libérer ? ». Le
chirurgien est clair : « le dauphin n'a aucun défaut naturel qui
s'oppose à la consommation du mariage. » Le même chirurgien le
redira deux ans plus tard en disant que « nul obstacle physique ne
s'oppose à la consommation »[37]. L'impératrice Marie-Thérèse
d'Autriche s'empare du sujet, refusant de croire que sa fille
pourrait être la cause de cet échec, disant « Je ne saurais me
persuader que c'est de sa part que cela manque »[37]. En
décembre 1774, devenu roi, Louis XVI se fait à nouveau examiner,
cette fois-ci par Joseph-Marie-François de Lassone, médecin de la
cour ; et en janvier 1776, c'est au docteur Moreau, chirurgien à
l'Hôtel-Dieu de Paris, que revient la tâche d'examiner à nouveau le
souverain. Les deux médecins sont formels : l'opération n'est pas
nécessaire, le roi n'a aucune malformation.

Les docteurs Lassone et Moreau avancent néanmoins plusieurs


raisons à ce retard conjugal, le premier parlant d'une « timidité
naturelle » du monarque et le second d'un corps fragile qui semble
néanmoins « prendre plus de consistance »[37]. D'autres auteurs,
comme le biographe Bernard Vincent[38], dénoncent quant à eux
les coutumes de la cour qui, ajoutées à la timidité du roi et à la
fragilité de son corps, ne pouvaient que retarder le moment
suprême. En effet, les époux vivent dans des appartements
séparés, et seul le roi a le droit de rendre visite à son épouse
quand il s'agit de remplir le devoir conjugal. Une fois devenu roi,
Louis XVI vit dans des appartements encore plus éloignés de ceux
de sa femme qu'auparavant, et les allées et venues vers son
épouse se font toujours sous le regard de courtisans curieux,
notamment par la traversée du salon de l'Œil-de-bœuf. L'auteur
ajoute que l'éducation prude et pudibonde des deux jeunes époux,
au moment où ils étaient éduqués chacun dans leur pays, ne les
avait pas disposés à s'abandonner du jour au lendemain aux
audaces des relations conjugales. Car les adolescents, en étant
tenus de passer leur première nuit ensemble[g], furent subitement
confrontés à la vie adulte sans y avoir été préalablement préparés.
Et ni leur éducation, ni leur corps à peine pubère ne pouvaient les
aider à surmonter cette étape. Peu sûr de lui et peu romantique,
Louis XVI trouvera refuge dans l'une de ses activités préférées : la
chasse.

Marie-Louise-Adélaïde
Boizot, Portrait de Louis XVI,
1775

Les mois et les années passent sans que de réels progrès soient
perçus, le couple delphinal et ensuite royal commençant à
s'habituer à cette situation. Marie-Antoinette voit dans cette
période une occasion de « jouir un peu du temps de la jeunesse »,
explique-t-elle à Mercy-Argenteau[37]. Un semblant de
consommation survient en juillet 1773 où la dauphine confie à sa
mère : « je crois le mariage consommé mais pas dans le cas d'être
grosse »[37]. Le dauphin se précipite quant à lui chez le roi pour lui
annoncer la nouvelle. Il semble en vérité que le dauphin n'a pu que
déflorer son épouse sans aller jusqu'au bout. L'attente est
récompensée le 18 août 1777. Le 30 août suivant, la princesse
écrit à sa mère : « Je suis dans le bonheur le plus essentiel pour
toute ma vie. Il y a déjà plus de huit jours que mon mariage est
consommé ; l'épreuve a été réitérée, et encore hier soir plus
complètement que la première fois [...]. Je ne crois pas être
grosse encore mais au moins j'ai l'espérance de pouvoir l'être d'un
moment à l'autre »[37]. L'accomplissement du devoir conjugal
portera son fruit à quatre reprises puisque le couple royal aura
autant d'enfants, sans compter une fausse couche en
novembre 1780 : Marie-Thérèse Charlotte (née en 1778), Louis-
Joseph (né en 1781), Louis-Charles (né en 1785) et Marie-Sophie-
Béatrice (née en 1786). Après ces quatre naissances, les époux
n'entretiendront plus de relations conjugales. Ces échecs et cette
nouvelle abstinence donneront au roi l'image d'un roi soumis aux
volontés de sa femme. La longue route vers la consommation a
terni au fil du temps l'image du couple. Et l'écrivain Simone
Bertière d'affirmer : « une chasteté volontaire, respectueuse du
sacrement conjugal, aurait pu être portée à son [celui de
Louis XVI] crédit après le libertinage de son grand-père. Mais le
ridicule des années stériles collera à son image, tandis que celle
de la reine ne se remettra pas de sa course imprudente aux
plaisirs frelatés »[39].

Quatre années de vie du couple delphinal

Entre le mariage du dauphin et son sacre s'écoulent quatre


années, pendant lesquelles Louis-Auguste est resté
volontairement éloigné du pouvoir par le roi, comme ce dernier le
faisait auparavant avec son propre fils. Il met donc son temps à
profit pour les cérémonies officielles, la chasse (à courre ou au
fusil), la fabrication de clés et de serrures et les salons de
Mesdames. C'est dans ceux-ci que le dauphin rencontre ses
tantes et ses frères accompagnés le moment venu par leur
épouse. Les jeux, divertissements et pièces de théâtre du
répertoire français y occupent une place importante. Chaque
participant y fait souvent l'acteur, y compris la dauphine ; le
dauphin, lui, y est peu enclin.

Le couple se montre volontiers en public, notamment en


prodiguant quelques instants de réconfort auprès des plus
pauvres. L'historien Pierre Lafue écrit que « populaires sans l'avoir
cherché, les deux époux frémissaient de joie en écoutant les
acclamations monter vers eux, dès qu'ils paraissaient en
public »[13]. Leur première visite officielle à Paris et au peuple
parisien se déroule le 8 juin 1773. Lors de cette journée, le couple
a reçu un accueil des plus chaleureux et la foule nombreuse n'a
cessé de les acclamer. Au programme de cette longue journée,
Louis-Auguste et son épouse ont été reçus à Notre-Dame, sont
montés prier devant la châsse de Sainte Geneviève dans l'abbaye
du même nom avant de finir par une promenade dans les Tuileries,
ouvertes à tous pour l'occasion[a 12]. L'ambassadeur de Mercy
résume la journée en affirmant que « cette entrée est d'une grande
conséquence pour fixer l'opinion publique »[40]. Le couple prend
goût à ces accueils triomphaux et n'hésite pas, dans les semaines
suivantes, à sortir à l'Opéra, à la Comédie-Française ou encore à la
Comédie-Italienne.
Mort de Louis XV

Guidez-nous, protégez
nous, mon Dieu, nous
régnons trop jeunes !
(gravure d'Audibran)

Louis XV en 1774, par


Armand-Vincent de
Montpetit.

Louis XV meurt à Versailles le 10 mai 1774 à l'âge de 64 ans, de la


petite vérole.

Les premiers symptômes de la maladie apparaissent le 27 avril


précédent. Ce jour-là, le roi est à Trianon et a prévu d'aller chasser
avec son petit-fils, le duc de Berry. Se sentant fiévreux, le
monarque suit la chasse à bord d'une calèche. Quelques heures
plus tard, son état s'aggrave et La Martinière lui ordonne de
retourner à Versailles. Il y subit une saignée mais celle-ci ne
produit aucun effet ; deux jours plus tard, le 29 avril, les médecins
font savoir que le roi a contracté la variole, comme plusieurs
membres de sa famille auparavant (notamment Hugues Capet ou
encore le Grand Dauphin). Pour éviter la contagion, le dauphin et
ses deux frères sont maintenus à distance de la chambre royale.
Le visage du roi est couvert de pustules le 30 avril. Ne se faisant
plus guère d'illusions sur son état de santé, il fait venir son
confesseur, l'abbé Louis-Nicolas Maudoux, dans la nuit du 7 mai.
L'Extrême-Onction lui est administrée le 9 mai au soir.

Vers 16 heures le lendemain, le roi rend son dernier soupir. Le duc


de Bouillon, grand chambellan de France, descend alors dans le
salon de l'Œil-de-bœuf pour y crier la célèbre formule : « Le roi est
mort, vive le roi[a 13] ! » Entendant cela de l'autre bout du château,
le tout nouveau monarque jette un grand cri[37] et voit accourir
vers lui les courtisans venus le saluer ; parmi eux la comtesse de
Noailles, qui sera la première à lui décerner le titre de Majesté. Le
roi s'écrie : « Quel fardeau ! Et l'on ne m'a rien appris ! Il me semble
que l'univers va tomber sur moi[13] ! » La reine Marie-Antoinette
aurait quant à elle soupiré : « Mon Dieu ! protégez-nous, nous
régnons trop jeunes »[37].

Roi de France et de Navarre (1774-1791)

Accession au trône et premières décisions

Aussitôt après la mort de Louis XV, la cour se réfugie


provisoirement au château de Choisy-le-Roi, afin d'éviter tout
risque de contagion et de quitter l'atmosphère empuantie du
château de Versailles. C'est à cette occasion que le nouveau roi
prend l'une de ses premières décisions : celle d'inoculer
l'ensemble de la famille royale contre la variole[a 14]. Le but de
cette opération est d'administrer à très faible dose dans le corps
humain des substances contaminées, le sujet devenant par la
suite immunisé à vie. Néanmoins, le risque est réel puisqu'une
dose trop importante peut faire contracter la maladie et par là
causer la mort du patient. Le 18 juin 1774, le roi reçoit donc cinq
injections et ses frères seulement deux chacun[h]. Les premiers
symptômes de la variole apparaissent rapidement chez le roi : il
souffre de douleurs aux aisselles le 22 juin, est pris de fièvre et de
nausée le 24 ; quelques boutons apparaissent le 27 et une légère
suppuration survient le 30. Mais la fièvre retombe le 1er juillet et le
roi est définitivement hors de danger. L'opération est donc un
succès, tant pour lui que pour ses deux frères chez qui les
symptômes ont été presque imperceptibles[a 15].

Médaille commémorative du Sacre à


Reims de Louis XVI le 11 juin 1775

Parmi les premières décisions notables du nouveau monarque,


nous pouvons en relever trois autres : il fait enfermer Madame du
Barry[i] et prend le nom de Louis XVI et non celui de
Louis-Auguste Ier comme la logique le voudrait, afin de se placer
dans la lignée de ses prédécesseurs. Enfin, il convoque tous les
ministres en place, intendants de province et commandants des
forces armées neuf jours plus tard. Pour l'heure, il s'isole dans son
bureau pour travailler, correspondre avec les ministres, lire des
rapports et écrire des lettres aux monarques européens.

Louis XVI avec les chevaliers de


l'ordre du Saint-Esprit après son
sacre.

L'économie du Royaume de France était entrée en récession


depuis 1770. Ainsi, Louis XVI commence immédiatement à
diminuer les dépenses de la cour : il diminue les « frais de
bouche » et les frais de garde-robe, le département des Menus-
Plaisirs, les équipages de chasse comme ceux du daim et du
sanglier, la Petite Écurie (passant ainsi le contingent de 6 000 à
1 800 chevaux), et enfin le nombre de mousquetaires et de
gendarmes affectés à la protection du roi[a 16]. Son frère le comte
d'Artois le soupçonne d'avarice en le qualifiant de « Roi de France
et avare »[13]. Le roi fait profiter les plus pauvres de ces économies
en faisant distribuer 100 000 livres aux Parisiens particulièrement
démunis[13]. De surcroît son premier édit, daté du 30 mai, exempta
ses sujets du « don de joyeux avènement », impôt perçu lors de
l'accession au trône d'un nouveau roi, et dont le montant s'élevait
à vingt-quatre millions de livres[42]. D'après Metra, « Louis XVI
semble promettre à la nation le règne le plus doux et le plus
fortuné »[43].
Ministres et nouveau gouvernement

Le nouveau roi décide de gouverner seul et n'envisage pas de


déléguer cette tâche à un chef de gouvernement. Néanmoins, il lui
faut un homme de confiance et d'expérience pour le conseiller
dans les décisions importantes qu'il aura à prendre. C'est la tâche
de l'homme qu'on appelle officieusement le « Principal ministre
d'État ». Louis XVI en nommera successivement sept pendant son
règne :

Jean Frédéric Phélypeaux de Maurepas (1774-1781) ;


Charles Gravier de Vergennes (1781-1787) : il exerce ce pouvoir
de facto car officiellement le roi se passe de principal ministre
pendant cette période ;
Étienne-Charles de Loménie de Brienne (1787-1788) ;
Jacques Necker (1788-1789) ;
Louis Auguste Le Tonnelier de Breteuil (1789) ;
Jacques Necker à nouveau (1789-1790) ;
et enfin Armand Marc de Montmorin Saint-Hérem (1790-1791).

La fonction prend fin avec la promulgation de la Constitution de


1791.

Marie-Antoinette suggère au roi de nommer à cette fonction le


duc de Choiseul, ancien ministre de Louis XV tombé en disgrâce
en 1770. Le roi refuse de le nommer principal ministre d'État mais
consent tout de même à le réintégrer à la cour. Il assiste à
l'entrevue entre celui-ci et la reine et lui lance en guise d'affront :
« Vous avez perdu vos cheveux, vous devenez chauve, votre
toupet est mal garni »[44].

Selon l'historien Jean de Viguerie dans son ouvrage intitulé


Louis XVI, le roi bienfaisant, les deux ministres qui auront le plus
d'influence auprès du roi Louis XVI durant la majeure partie de son
règne sont, dans un premier temps, le comte de Maurepas, puis à
la mort de ce dernier en 1781, le comte de Vergennes[45].

Jean-Frédéric Phélypeaux,
Comte de Maurepas, par
Louis-Michel van Loo (vers
1725-1730).

À défaut de suivre l'avis de son épouse, le roi choisit d'opter pour


le comte de Maurepas, sur les conseils de ses tantes[a 17]. Cet
homme d'expérience, disgracié par Louis XV en 1747, avait pour
beau-frère Louis Phélypeaux de Saint-Florentin et pour cousin
René Nicolas de Maupeou. Le 11 mai 1774, soit dès le lendemain
de la mort du monarque, Louis XVI écrit à Maurepas la lettre
suivante :
« Monsieur, dans la juste douleur qui m'accable et que je partage
avec tout le Royaume, j'ai pourtant des devoirs à remplir. Je suis
Roi : ce seul mot renferme bien des obligations, mais je n'ai que
vingt ans. Je ne pense pas avoir acquis toutes les connaissances
nécessaires. De plus, je ne puis voir aucun ministre, ayant tous été
enfermés avec le Roi dans sa maladie. J'ai toujours entendu parler
de votre probité et de la réputation que votre connaissance
profonde des affaires vous a si justement acquise. C'est ce qui
m'engage à vous prier de vouloir bien m'aider de vos conseils et de
vos lumières. Je vous serai obligé, Monsieur, de venir le plus tôt
que vous pourrez à Choisy, où je vous verrai avec le plus grand
plaisir »[44].

Deux jours plus tard, le 13 mai 1774, le comte de Maurepas vient


auprès du roi à Choisy pour lui témoigner sa reconnaissance et
s'engager à son service. Ayant à ses côtés un ministre d'État, il ne
reste plus au roi qu'à convoquer le premier conseil au cours
duquel il lui faudra décider s'il garde ou non les ministres déjà en
place. Ce premier conseil n'aura pas lieu à Choisy mais au château
de la Muette, la cour ayant dû à nouveau déménager car
Mesdames souffrent des symptômes de la variole. Le premier
conseil se tient donc au château de la Muette, le 20 mai 1774. Le
nouveau roi n'y prend aucune décision, se limitant à faire plus
ample connaissance avec les ministres en place et à leur donner
la ligne de conduite qui doit être la leur : « Comme je ne veux
m'occuper que de la gloire du royaume et du bonheur de mes
peuples, ce n'est qu'en vous conformant à ces principes que votre
travail aura mon approbation »[44].

Le roi procède à un remaniement des ministres progressif. Le


changement commence le 2 juin 1774 par la démission du duc
d'Aiguillon, Secrétaire d'État de la Guerre et des Affaires
étrangères. Loin de l'exiler comme le veut la coutume, le roi lui
alloue la somme de 500 000 francs. D'Aiguillon est remplacé aux
Affaires Étrangères par le comte de Vergennes, diplomate réputé
pour être compétent et travailleur, « le plus sage ministre que la
France eût rencontré depuis longtemps, et le plus habile qui se
trouvât aux affaires en Europe » selon l'historien Albert Sorel[46].

Résidant au château de Compiègne pour l'été, le roi, conseillé par


Maurepas, entreprend de remplacer quelques ministres à des
postes où une grande compétence est nécessaire. C'est ainsi que
Pierre Étienne Bourgeois de Boynes est remplacé par Turgot à la
Marine, le premier étant écarté pour incompétence et légèreté
manifestes, le second nommé à ce poste avant tout pour son
administration efficace en tant qu'intendant de la généralité de
Limoges[a 18]. Turgot est néanmoins retiré très rapidement de la
Marine pour devenir Contrôleur général des finances en
remplacement de Joseph Marie Terray ; il est remplacé dans son
précédent poste par Antoine de Sartine, ancien lieutenant-général
de police[j]. Le portefeuille de la Justice passe de Maupeou à
Miromesnil. Le duc de la Vrillière reste à la Maison du Roi tandis
que le Secrétariat d'État à la Guerre est confié au comte de Muy en
remplacement d'Aiguillon. Muy mourra un an plus tard et sera
alors remplacé par le comte de Saint-Germain.

Au 24 août 1774, date à laquelle le nouveau gouvernement est


entièrement formé, les ministres en place sont donc les suivants :

Principal ministre d'État : le comte de Maurepas ;


Contrôleur général des finances : Turgot ;
Garde des Sceaux : Armand Thomas Hue de Miromesnil ;
Secrétaire d'État à la Guerre : Louis Nicolas Victor de Félix
d'Ollières, comte de Muy ;
Secrétaire d'État à la Marine : Antoine de Sartine ;
Secrétaire d'État aux Affaires étrangères : Charles Gravier de
Vergennes ;
Secrétaire d'État à la Maison du Roi : Louis Phélypeaux de Saint-
Florentin, duc de la Vrillière.

L'annonce du nouveau gouvernement est largement saluée et le


peuple danse en foule dans les rues[44].

Cérémonie du sacre

Article connexe : Sacre des rois de France.


Couronnement du roi Louis XVI.

Le 11 juin 1775, en la cathédrale de Reims, il est sacré selon la


tradition remontant à Pépin le Bref. Le dernier sacre, celui de
Louis XV, a eu lieu le 25 octobre 1722 ; depuis, le principe même
de cette cérémonie a été très critiqué par le mouvement des
Lumières : L'Encyclopédie et les philosophes critiquent le rituel, n'y
voyant qu'un exacerbation du pouvoir de Dieu et une comédie
destinée à maintenir les peuples dans l'obéissance[47]. Le
contrôleur général des finances, Turgot, reproche au monarque
cette cérémonie coûteuse évaluée à 760 000 livres ; peu de temps
auparavant, Nicolas de Condorcet a écrit à Turgot pour lui
demander de faire l'impasse sur « la plus inutile et la plus ridicule
de toutes les dépenses » de la monarchie. Turgot pense alors à
faire une sorte de sacre allégé, probablement près de la capitale, à
Saint-Denis où à Notre-Dame, pour réduire les coûts[47].
Cependant, pieux et très attaché à l'œuvre de ses prédécesseurs,
même s'il est décidé à redresser la situation économique mal en
point, le roi ne recule pas là-dessus et maintient la cérémonie avec
autant de faste que prévu.

La cathédrale Notre-Dame de Reims, lieu emblématique des


sacres des rois de France, est métamorphosée pour les festivités,
un véritable bâtiment étant construit à l'intérieur, avec balustrade,
colonnes, lustres, faux marbres... C'est aussi la première fois
depuis Louis XIII que le roi est marié au moment de son sacre, ce
qui rend possible le sacre de son épouse consort. Mais le dernier
sacre d'une reine, celui de Marie de Médicis le 13 mai 1610 à la
basilique Saint-Denis, avait eu lieu comme un sombre présage,
Henri IV ayant été assassiné le lendemain ; du reste la reine, dans
la construction absolutiste du pouvoir, avait vu son importance
politique diminuer. Décision est finalement prise de ne pas sacrer
Marie-Antoinette. Elle assiste à la cérémonie depuis la plus grande
des tribunes, avec les femmes importantes de la Cour[47].

La cérémonie est présidée par l'archevêque de Reims Charles


Antoine de La Roche-Aymon, celui-là même qui avait baptisé et
marié le dauphin. La cérémonie dure près de six heures - une loge
permettant aux spectateurs de se reposer a été aménagée
derrière la tribune de la reine[47] ; toutes les étapes ont lieu, le lever
du roi, l'entrée, le serment, le rituel de chevalerie, les onctions, la
remise des insignes, le couronnement, l'intronisation, la grand-
messe, l'hommage des pairs, la messe-basse et la sortie. Selon la
tradition, le prélat prononce la formule suivante en posant la
couronne de Charlemagne sur la tête du souverain : « Que Dieu
vous couronne de la gloire et de la justice, et vous arriverez à la
couronne éternelle »[44]. Conformément au rituel, le roi se rend
ensuite dans le parc de la ville pour guérir les écrouelles des
quelque 2 400 scrofuleux venus pour l'occasion, leur adressant à
chacun la formule cérémoniale : « Le roi te touche, Dieu te
guérisse ».
Le couple royal gardera un très bon souvenir de la cérémonie et
des festivités consécutives. Marie-Antoinette écrira à sa mère que
« le sacre a été parfait [...]. Les cérémonies de l'Église [furent]
interrompues au moment du couronnement par les acclamations
les plus touchantes. Je n'ai pu y tenir, mes larmes ont coulé
malgré moi, et on m'en a su gré [...]. C'est une chose étonnante et
bien heureuse en même temps d'être si bien reçu deux mois après
la révolte, et malgré la cherté du pain, qui malheureusement
continue »[48].

Premières mesures économiques et financières de Turgot

À peine la cour revenue à Versailles le 1er septembre 1774, le roi


s'entretient quotidiennement avec Turgot pour préparer les
mesures de redressement économique du pays. L'ancien
contrôleur général des finances, l'abbé Terray, avait suggéré une
proclamation officielle de banqueroute de la France, devant le
déficit de 22 millions de livres existant à l'époque[a 19]. Turgot
refuse de proposer la banqueroute et suggère un plan plus
simple : faire des économies. Il dit pour cela au monarque : « Si
l'économie n'a précédé, aucune réforme n'est possible »[44]. Il
encourage donc le roi à poursuivre la réduction des dépenses de
la cour qu'il avait déjà commencée.

Turgot est par ailleurs un partisan du libéralisme économique. Le


13 septembre 1774, il fait adopter par le conseil du roi un texte
décrétant la liberté du commerce intérieur des grains et la libre
importation des céréales étrangères. Le risque d'augmentation
soudaine des prix en cas de mauvaise récolte est néanmoins réel.
C'est ce qui surviendra au printemps 1775 : une rumeur de famine
imminente emplit le pays ; les prix flambent et les boulangeries de
Paris, Versailles et quelques villes de province sont pillées ; des
émeutes surviennent mais sont vite réprimées. Cet épisode est
aujourd'hui connu sous le nom de « guerre des farines ». Cette
révolte populaire du règne de Louis XVI est considérée comme le
premier avertissement du peuple face aux difficultés
économiques du pays et aux réformes inefficaces du pouvoir royal
à les résorber[a 20].

Rappel des parlements

Lit de justice au Parlement de Paris,


Pierre-Louis Dumesnil, 1715.

Depuis le xive siècle jusqu'en 1771, les Parlements disposaient


d'importants pouvoirs en matière civile, politique et judiciaire.
Parmi les 15 parlements existant à la fin du règne de Louis XV, la
compétence du Parlement de Paris s'étendait sur les 75 % du
Royaume de France. Chaque décision d'un parlement avait valeur
de loi ; de plus, chaque décret royal ne pouvait être applicable que
s'il avait préalablement été enregistré (c'est-à-dire avalisé) par le
parlement compétent. Au fil des siècles, le pouvoir des
parlements n'avait cessé de s'étendre au point de devenir un
pouvoir autonome pouvant rivaliser avec l'absolutisme royal. Une
brochure parlementaire de 1732 ira loin dans ce sens en précisant
que le roi « ne peut contracter avec ses peuples que dans le sein
du parlement, lequel, aussi ancien que la Couronne et né avec
l'État, est la représentation de la monarchie tout entière »[44]. Las
de cet accroissement des pouvoirs des parlements, Louis XV et
avec lui le chancelier Maupeou entreprennent en 1771 de retirer
purement et simplement aux parlements leurs pouvoirs, charges
et privilèges qu'ils s'étaient octroyés au fil du temps. La nouvelle
magistrature, organisée en Conseils supérieurs, fut cantonnée à
rendre justice gratuitement et limitée dans son droit de
remontrance.

Dès son avènement, Louis XVI va revenir sur cette réforme. Le


25 octobre 1774, il convoque tous les magistrats exilés à une
réunion qu'il présidera le 12 novembre suivant au Palais de justice
de Paris. Devant les parlementaires réunis, il leur adresse ces
mots : « Je vous rappelle aujourd'hui à des fonctions que vous
n'auriez jamais dû quitter. Sentez le prix de mes bontés et ne les
oubliez jamais ! [...] Je veux ensevelir dans l'oubli tout ce qui s'est
passé, et je verrais avec le plus grand mécontentement des
divisions intestines troubler le bon ordre et la tranquillité de mon
parlement. Ne vous occupez que du soin de remplir vos fonctions
et de répondre à mes vues pour le bonheur de mes sujets qui sera
toujours mon unique objet »[44]. Le soir même, des feux d'artifice
sont lancés au Pont Neuf et au Palais de justice pour saluer ce
retour[a 21].

Face à un tel revirement, il est nécessaire de s'interroger sur les


motifs ayant poussé Louis XVI à rappeler et rétablir les
parlements. Il peut sembler étrange en effet que le roi ait de lui-
même choisi d'affaiblir son pouvoir. Dauphin, il avait écrit à
plusieurs reprises son opposition à la puissance étendue des
parlements, affirmant notamment qu'ils « ne sont point
représentants de la nation », qu'ils « n'ont jamais été et ne peuvent
jamais être l'organe de la Nation vis-à-vis du Roi, ni l'organe
souverain vis-à-vis de la Nation », et que leurs membres sont
« simples dépositaires d'une partie » de l'autorité royale[49]. Une
des raisons peut résider dans la popularité qu'avaient alors les
parlements exilés. En effet, malgré leur manque de
représentativité du peuple, ils étaient soutenus par celui-ci[a 22]. Ils
affichaient publiquement leur adhésion aux idées nouvelles et à la
nécessité de respecter les droits naturels : le roi ne devrait donc
plus être qu'un simple mandataire du peuple et non un souverain
absolu. Le roi, dans sa jeunesse et dans l'inexpérience
caractérisant son début de règne, aurait donc en partie agi pour
recueillir un important soutien populaire ; c'est, rappelons-le, ce qui
s'est passé dans les rues de Paris immédiatement après
l'annonce du rappel des parlements. L'autre raison résiderait dans
l'écoute attentive et suivie des conseils du comte de Maurepas,
qui estimait que « sans parlement, pas de monarchie[13] ! »

Attentif à son image auprès du peuple et confiant dans les


conseils de Maurepas face à la complexité du sujet, Louis XVI
revient donc sur des privilèges que Maupeou qualifiait au moment
de son renvoi de « procès qui durait depuis trois cents ans »[13] et
qu'il avait fait gagner au roi. Ce rappel des parlements va rendre
illusoires les tentatives de réformes profondes que le roi
envisagera d'entreprendre les années suivantes, ce qui contribuera
à nourrir le climat révolutionnaire qui se prépare déjà. Madame
Campan, femme de chambre de Marie-Antoinette, écrira plus tard
que « le siècle ne s'achèverait pas sans que quelque grande
secousse vînt ébranler la France et changer le cours de ses
destinées »[13].

Réformes et disgrâce de Turgot

Anne Robert Jacques Turgot


(école française, château de
Versailles).

Pour assurer le devenir du royaume, Turgot va entreprendre une


profusion de réformes visant à débloquer le libre fonctionnement
politique, économique et social de la société, et à mettre au pas
les parlements.

Comme l'explique en 1854 l'historien Victor Duruy : « C’étaient là


de bien grandes nouveautés ; Turgot en projetait d’autres plus
redoutables : abolition des corvées qui pesaient sur les pauvres ;
établissement sur la noblesse et le clergé d’un impôt territorial ;
mais amélioration du sort des curés et vicaires, qui n’avaient que
la plus petite portion des revenus de l’Église, et suppression de la
plupart des monastères ; égale participation de l’impôt par
création d’un cadastre ; liberté de conscience et rappel des
protestants ; rachat des rentes féodales ; un seul code : un même
système de poids et mesures pour tout le royaume ; suppression
des jurandes et maîtrises qui enchaînaient l’industrie ; la pensée
aussi libre que l’industrie et le commerce ; enfin, comme Turgot
s’occupait des besoins moraux aussi bien que des besoins
matériels, un vaste plan d’instruction publique pour répandre
partout les Lumières »[50].

Turgot souhaite en effet abolir plusieurs pratiques jusqu'alors bien


établies : suppression des jurandes et corporations, suppression
de certaines coutumes interdisant par exemple aux apprentis de
se marier ou excluant les femmes des travaux de broderie[a 23].
Abolition aussi du servage et de la corvée royale. Dans le plan de
Turgot, la corvée serait remplacée par un impôt unique à tous les
propriétaires fonciers, ce qui étendrait le paiement de l'impôt aux
membres du clergé et de la noblesse.

Turgot s'attelle aussi à un projet « révolutionnaire » de mise en


place d’une pyramide d’assemblées élues à travers le royaume :
municipalités de communes, d’arrondissement puis de province et
une municipalité de royaume. Lesdites assemblées ayant pour but
de répartir l'impôt direct, de gérer les questions de police,
d'assistance et de travaux publics.

Ce vaste projet de réformes ne manque pas de rencontrer un


certain nombre de détracteurs, à commencer par les
parlementaires. Turgot peut compter sur l'appui du roi, qui ne
manque pas à plusieurs reprises de pratiquer le « lit de justice »
pour appliquer ses décisions. À partir d'une remarque d'un ouvrier
de sa forge, il dira encore en mars 1776 : « Je vois bien qu'il n'y a
que Monsieur Turgot et moi qui aimions le peuple »[51]. Le soutien
du roi est perçu comme capital pour le ministre, qui dira au
souverain : « Ou vous me soutiendrez, ou je périrai »[13]. Les
opposants se font de plus en plus nombreux et dépassent au fil
du temps le cercle des parlementaires. Une coalition se forme
contre Turgot et regroupe, aux dires de Condorcet, « la prêtraille,
les parlements routiniers et la canaille des financiers »[13]. Certes,
le peuple et les paysans accueillent à bras ouverts les édits
abolissant les maîtrises, les jurandes et la corvée royale ; des
troubles éclatent même à la suite de l'excès d'enthousiasme[a 24].
Néanmoins, le roi commence à recevoir des lettres de
remontrance des parlements, et à essuyer des critiques émanant
de la cour. Louis XVI tempère et rappelle aux parlements que les
réformes entreprises n'ont pas pour but de « confondre les
conditions »[13] (clergé, noblesse, tiers-état).

Le ministre commence à baisser dans l'estime du roi, qui ne se


prive pas de dire que « M. Turgot veut être moi, et je ne veux pas
qu'il soit moi »[52]. La disgrâce devient inéluctable quand Turgot
prend part au vote visant à démettre de ses fonctions le comte de
Guines, ambassadeur à Londres, accusé de pratiquer une
diplomatie visant à faire entrer la France dans la guerre. De Guines
est un ami de Marie-Antoinette et cette dernière demande au roi
de punir les deux ministres ayant demandé la démission du
comte, à savoir Malesherbes et Turgot. Écœuré par cette
demande, Malesherbes démissionne du gouvernement en
avril 1776. Le roi prend ses distances avec Turgot et condamne
l'ensemble de ses réformes : « On ne doit pas faire des entreprises
dangereuses si on n'en voit pas le bout. », affirme Louis XVI[40]. Le
12 mai 1776, une double nouvelle éclate : Turgot est renvoyé, et le
comte de Guines est fait duc. Turgot refuse la pension qui lui est
proposée, énonçant qu'il ne doit « pas donner l'exemple d'être à la
charge de l'État »[53].

Certains historiens[a 25] réfutent l'idée selon laquelle le roi avait


purement et simplement cédé à sa femme. La décision de
congédier Turgot (et surtout d'élever de Guines) serait davantage
l'« achat » du silence du comte, lequel aurait été au courant de
beaucoup de choses sur la diplomatie française risquant de
mettre le roi dans l'embarras. Une autre raison du renvoi résiderait
aussi dans le refus de Turgot de financer l'intervention de la
France dans la guerre d'indépendance des États-Unis, le mauvais
état des finances du Royaume ne le permettant pas. Quoi qu'il en
soit, cet épisode sera pour les historiens l'illustration parfaite de
l'ascendant de la reine sur son mari, et constituera les prémices
de l'état de faiblesse du roi vis-à-vis de sa femme ; l'historienne
Simone Bertière écrit qu'à chaque victoire de la reine, « le prestige
du roi est entamé, son autorité décroît d'autant que le crédit de
celle-ci augmente. Ce n'est là qu'apparence [mais] l'autorité, elle
aussi, se nourrit d'apparence. »[37] Turgot lui-même, dans une
lettre écrite à Louis XVI le 30 avril 1776 que ce dernier lui a
renvoyé sans même l'ouvrir, lance au roi cet avertissement :
« N'oubliez jamais, Sire, que c'est la faiblesse qui a mis la tête de
Charles Ier sur un billot »[44].

Turgot est remplacé par Jean Étienne Bernard Clugny de Nuits, qui
s'empresse de revenir sur les principales réformes de son
prédécesseur, rétablissant notamment les jurandes et les corvées,
affirmant qu'il peut « culbuter d'un côté ce que M. Turgot a culbuté
de l'autre »[13]. Mais le ministre se montre rapidement
incompétent, et le roi de déclarer « Je crois que nous nous
sommes encore trompés »[13]. Louis XVI n'a pas le temps de le
démettre de ses fonctions, Clugny de Nuits mourant subitement le
18 octobre 1776 à l'âge de 47 ans.

Réformes et démission de Necker

Portrait de Jacques Necker,


par Joseph-Siffrein
Duplessis.

En octobre 1776, Louis XVI a besoin d'un ministre des finances


capable d'entreprendre des réformes mais non de tout détruire ; il
confie à Maurepas : « Ne me parlez plus de ces maçons qui
veulent d'abord démolir la maison »[13]. Il pense alors à Jacques
Necker, banquier originaire de Suisse réputé pour son art de
manier l'argent et son souci d'économie. Une triple révolution :
c’est un banquier roturier, un étranger (Genevois) et de surcroît un
protestant. Le roi le nomme tout d'abord « directeur du Trésor » (le
poste de contrôleur général des finances est attribué pour la
forme à Louis Gabriel Taboureau des Réaux) car Necker,
protestant, ne peut accéder pour cette raison au Conseil du roi
attaché au poste de contrôleur général. Néanmoins, le roi le
nomme « directeur général des finances » (le nom a été changé
pour lui donner plus d'importance) le 29 juin 1777, sans pour
autant admettre le ministre au sein du Conseil.
Necker et Louis XVI remettent sur le métier les réformes les plus
essentielles du royaume, l'ambition du ministre étant de renflouer
les caisses de l'État sans écraser les contribuables ni irriter les
riches et les propriétaires. Necker comprend que les dépenses
ordinaires du royaume sont financées par l'impôt ; il faut en
revanche trouver un moyen de financer les dépenses
exceptionnelles comme celles engendrées par la guerre
d'indépendance des États-Unis. Necker crée alors deux systèmes
lucratifs à rendement immédiat : l'emprunt et la loterie. Les deux
systèmes rencontrent un vif succès auprès du peuple. Cependant,
ces mesures ne montrent leur efficacité que sur le court terme, car
il faut emprunteur des fonds pour verser aux prêteurs leur rente
viagère et verser les lots aux gagnants. À long terme, la dette
s'alourdirait de plus en plus et il fallait trouver à nouveau le moyen
d'établir une véritable réforme structurelle.

Pour l'heure, Necker propose au roi de supprimer les parlements


et intendants de province, et de les remplacer par des assemblées
provinciales recrutées, sur proposition du roi, dans le clergé, la
noblesse et le tiers-état ; le roi s'engageant à favoriser la noblesse
d'épée et non la noblesse de robe. Ce projet de réforme
institutionnelle, déjà mis sur la table sous Turgot, a pour objectif
qu'à terme toutes les assemblées soient directement élues. Bien
qu'expérimentée à Bourges et à Montauban, cette réforme est
unanimement condamnée par les intendants, les princes et les
parlementaires. La réforme est donc vouée à l'échec et ne verra
finalement pas le jour.

Necker entreprend parallèlement une série de mesures populaires.


Il fait tout d'abord affranchir les derniers serfs du domaine royal
par une ordonnance du 8 août 1779[54]. Refusant l'abolition sans
distinction de la servitude personnelle, il abolit toutefois dans tout
le royaume le « droit de suite », et affranchit tous les « main-
mortables [les serfs] des domaines du roi », ainsi que les
« hommes de corps », les « mortaillables » et les « taillables » [d'où
vient l'expression « taillable et corvéable à merci »][54]. Cette
ordonnance avait été favorisée par l'intervention de Voltaire, qui
avait plaidé en 1778 la cause des serfs de l'abbaye de Saint-
Claude du Mont-Jura[54]. Il autorise en outre les « engagistes qui
se croiraient lésés » par cette réforme à remettre au roi les
domaines concernés en échange de contreparties financières[54].
Afin de favoriser l'imitation de son acte royal d'affranchissement
des serfs dans les domaines royaux, l'ordonnance précise que
« considérant bien moins ces affranchissements comme une
aliénation, que comme un retour au droit naturel, nous avons
exempté ces sortes d'actes [d'affranchissement] des formalités et
des taxes auxquelles l'antique sévérité des maximes féodales les
avaient assujettis »[54]. Néanmoins l'ordonnance n'est guère
appliquée[54], et le servage persiste localement jusqu'à la
Révolution qui l'abolit avec les privilèges lors de la célèbre nuit du
4 août 1789. Le 8 août 1779, un édit autorise les femmes mariées,
les mineurs et les religieux à toucher des pensions sans
autorisation (notamment celle du mari en ce qui concerne les
femmes mariées)[55]. Il abolit en outre la question préparatoire,
infligée aux suspects, et rétablit l'institution du mont-de-piété.

À cette série de réformes « républicaines » et à l'expérimentation


malheureuse des assemblées de provinces va s'ajouter une erreur
politique du ministre qui lui sera fatale. En février 1781, il adresse
au roi un Compte rendu de l’état des finances destiné à être publié.
Il révèle pour la première fois au grand public l'usage détaillé des
dépenses publiques et dévoile, dans un souci de transparence,
tous les avantages dont bénéficient les privilégiés de la cour. Ces
derniers désavouent le ministre et dénoncent en retour, avec
l'appui d'experts en finances, le bilan en trompe-l'œil que le
ministre fait de son action, masquant la dette de 46 millions de
livres laissée par les dépenses de guerre, et soulignant au
contraire un excédent de 10 millions[a 26]. « La guerre qui avait si
bien réussi contre Turgot recommença sous son successeur »,
explique Victor Duruy.

Louis XVI et Necker ne peuvent tenir longtemps devant


l'opposition des privilégiés. Le ministre finit par perdre la
confiance du roi, celui-ci ayant lancé en commentant le bilan du
ministre : « Mais c'est du Turgot et même pis[13] ! » Necker
demande au roi d'intégrer le Conseil mais, face au refus du
souverain, il lui remet sa démission qui sera acceptée le
21 mai 1781[56]. Selon l'historien Jean-Louis Giraud-Soulavie, la
lettre de démission était presque insultante puisque rédigée sur
un simple « bout de papier de trois pouces et demi de long sur
deux et demi de large »[57].

Principaux remaniements au cours du ministère

En 1775, le duc de la Vrillière démissionne du ministère de la


Maison du Roi et est remplacé à ce poste par Malesherbes.
Malesherbes quitte le gouvernement en avril 1776, il est
remplacé par Antoine-Jean Amelot de Chaillou.
Turgot est renvoyé de son poste de contrôleur général des
finances le 12 mai 1776, et est remplacé quelques mois après
par Jacques Necker, après les deux éphémères Clugny de Nuits
et Taboureau des Réaux.
Le 13 octobre 1780, le Secrétariat d'État à la Marine par de
Sartine au marquis de Castries.
Philippe Henri de Ségur est nommé secrétaire d'État à la guerre
le 23 décembre 1780.
Necker démissionne le 19 mai 1781 et est remplacé par Jean-
François Joly de Fleury.

Ministère Vergennes

Maurepas meurt de la gangrène le 21 novembre 1781. Louis XVI


décide alors de se passer de principal ministre afin de pouvoir
vivre une période de « règne personnel »[58]. Comme le ministre le
plus important après Maurepas était alors Vergennes, ce dernier
joue officieusement un rôle de conseiller auprès du roi bien qu'il
n'en ait pas la reconnaissance officielle. Cette situation perdurera
jusqu'en 1787 où Loménie de Brienne reprendra officiellement le
poste de Maurepas.

Projet de réforme et renvoi de Calonne

Louis XVI en 1786.

Portrait de Calonne en 1787


par Élisabeth Vigée-Lebrun

Après la démission de Necker, le poste de contrôleur général des


finances est successivement occupé par Joly de Fleury et
d'Ormesson. Le 3 novembre 1783, sur les conseils de Vergennes,
Louis XVI nomme à ce portefeuille le Charles Alexandre de
Calonne, un homme intelligent et doué d'un don pour la
communication[a 27], qui avait auparavant fait de remarquables
preuves comme intendant de la généralité de Metz. Calonne est à
titre privé couvert de dettes, et déclare au sujet de sa nomination :
« Les finances de la France sont dans un état déplorable, jamais je
ne m'en serais chargé sans le mauvais état des miennes »[59].
Pour résorber cette situation, le roi le gratifie de 100 000 livres de
frais d'installation et de 200 000 livres en actions de la Compagnie
des eaux de Paris[a 28].

Dans un premier temps, Calonne s'emploie à rétablir la confiance


des Français en s'efforçant d'exploiter les ressources déjà
existantes dans le royaume, et à encourager l'initiative industrielle
et commerciale. Puis, dans un second temps, il entreprend une
réforme prudente mais déterminée du royaume. Dans un discours
donné en novembre 1783 devant la Chambre des comptes, il
évoque l'idée d'un « plan d'amélioration générale », en
« régénérant » les ressources plutôt qu'en les « pressurisant », afin
de « trouver le vrai secret d'alléger les impôts dans l'égalité
proportionnelle de leur répartition, ainsi que dans la simplification
de leur recouvrement »[44]. L'objectif à peine voilé est ainsi de
réformer l'ensemble du système fiscal et ce faisant de combler le
déficit de l'État.

Le 20 août 1786, Calonne présente au roi son plan d'action se


décomposant en trois volets :

égalité de tous devant l'impôt (suppression des privilèges


fiscaux de la noblesse et du clergé, création d'un impôt unique
assis sur les revenus de la propriété foncière (la « subvention
territoriale ») ;
retour à la libre circulation des grains ;
création d'assemblées nouvelles élues par les propriétaires et
qui devront associer les sujets du Roi à l'administration du pays.

Ce programme, assure Calonne au roi, « vous assurera de plus en


plus de l'amour de vos peuples [et] vous tranquillisera à jamais sur
l'état de vos finances »[60].

Le programme de Calonne lui permet d'entreprendre de grands


projets visant à relancer le développement industriel et
commercial ; ainsi, il encourage la rénovation du port du Havre,
celui de Dieppe, de Dunkerque et de La Rochelle et contribue à la
réfection de l'assainissement des villes de Lyon et Bordeaux. Il
crée également de nouvelles manufactures. Il est à l'origine de la
signature du traité Eden-Rayneval le 26 septembre 1786, traité de
commerce entre la France et la Grande-Bretagne.

Estampe mise en couleur, gravure par


Claude Niquet d'après un dessin de
Very et Girardet, représentant
l'Assemblée des notables tenue à
Versailles le 22 février 1787.

La réforme fiscale et institutionnelle de Calonne fait dire au roi :


« Mais c'est du Necker tout pur que vous me donnez là ! »[13] Face
aux réticences des parlements, il convainc Louis XVI de
convoquer une Assemblée des notables, réunissant des membres
du clergé, de la noblesse, des corps de ville, voire délégués des
cours souveraines, non pas élus mais désignés par le roi[k].
L'objectif de cette assemblée est de faire passer les principaux
points de la réforme en les soumettant à l'avis (et donc
potentiellement à l'approbation) de ses membres. L'assemblée se
tient à Versailles le 22 février 1787. Calonne, devant les 147
membres réunis, tente de faire passer sa réforme ; seulement,
l'aveu qu'il fait du déficit public de 12 millions de livres émeut
l'assistance[a 29]. Et Calonne perd tout espoir de persuasion quand
il justifie son projet de réforme en énonçant : « On ne peut pas
faire un pas dans ce vaste royaume sans y trouver des lois
différentes, des usages contraires, des privilèges, des exemptions,
des affranchissements d'impôt, des droits et des prétentions de
toutes espèces ! »[13] Devant le tollé provoqué au sein d'une
assemblée de notables réticents à approuver une réforme dont ils
seraient les victimes, Louis XVI ne se sent pas la force de contrer
les opposants et désapprouve son ministre.

Les protestations contre le projet de Calonne sont légion, la


majorité des opposants estimant qu'elle va trop loin, une poignée
pensant qu'elle est insuffisante et par conséquent mauvaise.
Calonne se justifie le 31 mars en s'écriant à travers une brochure :
« Peut-on faire le bien sans froisser quelques intérêts
particuliers ? Réforme-t-on sans qu'il y ait des plaintes ? » Marie-
Antoinette demande ouvertement le renvoi du ministre ; furieux,
Louis XVI la convoque en présence du contrôleur général des
finances, la réprimande en lui demandant de ne pas se mêler
d'affaires « auxquelles les femmes n'ont rien à voir » et la fait sortir
en la tenant par les deux épaules[61]. Calonne est remercié le
8 avril 1787, jour de Pâques.

Le fiasco de l'assemblée des notables est perçu chez certains


historiens comme le véritable point de départ de la Révolution. Le
biographe Bernard Vincent estime par exemple qu'il « n'est pas
illégitime de faire commencer la Révolution française avec l'échec
de Calonne et la fronde des notables de 1787 plutôt qu'avec la
prise de la Bastille ou la réunion des états généraux, comme le
font la plupart des manuels scolaires. Après ce fiasco, beaucoup
en effet (mais Louis XVI était-il de ceux-là ?) eurent le sentiment
qu'une déchirure irrémédiable venait de se produire dans le tissu
du pays et qu'une nouvelle histoire était déjà en mouvement[a 30]. »

Affaire du collier de la reine

Article connexe : Affaire du collier de la reine.

Cette section est trop longue. Elle pourrait gagner à être


raccourcie ou répartie en plusieurs sous-sections.
Il est également possible que sa longueur crée un déséquilibre
dans l'article, au point d'en compromettre la neutralité en
accordant à un aspect du sujet une importance disproportionnée.
Le Collier de la Reine,
reconstitution en zircone,
château de Breteuil

Conçu au début des années 1770 par les bijoutiers Charles-


Auguste Böhmer et Paul Bassenge, ce collier de 2 800 carats avait
été proposé à la vente à Louis XV pour l'offrir à son ultime
maîtresse Madame du Barry, mais le roi mourut avant de l'acheter.
À deux reprises, en 1778 et 1784, la reine Marie-Antoinette refuse
le bijou bien que le roi soit prêt à le lui offrir.

L'un des personnages clés de cette affaire est le cardinal de


Rohan, évêque de Strasbourg et ancien ambassadeur à Vienne.
Débauché, il est amoureux de la reine Marie-Antoinette.
Seulement, il n'est pas apprécié de cette dernière puisqu'il s'est
ouvertement moqué de sa mère, l'impératrice Marie-Thérèse
d'Autriche[a 31]. C'est en voulant revenir dans les grâces de la reine
qu'il va être escroqué dans l'affaire du collier. Dans la nuit du
11 août 1784, il attend une femme dans le bosquet de Versailles :
il pense qu'il s'agit de la reine, mais c'est en fait une prostituée,
Nicole Leguay, qui vient à sa rencontre, déguisée et envoyée par
Jeanne de Valois-Saint-Rémy, également appelée Madame de La
Motte. La fausse reine confie au cardinal : « Vous pouvez espérer
que le passé sera oublié »[62]. Madame de La Motte déclare peu
après au cardinal que la reine souhaite se procurer le collier à
l'insu du roi, quitte à le payer en plusieurs fois : le rôle de Rohan
serait donc de faire l'achat au nom de Marie-Antoinette. Elle remet
alors au cardinal un billet de commande apparemment signé par
la reine mais en fait par Louis Marc Antoine Rétaux de Villette qui
a imité la signature. Rohan n'y voit que du feu et passe ainsi
commande auprès des deux bijoutiers pour une somme de
1 600 000 livres payables en quatre fois, la première échéance
survenant le 31 juillet 1785[a 31].

Le 12 juillet 1785, la reine reçoit la visite au Trianon de Böhmer,


l'un des deux bijoutiers. Il lui donne le billet de la première traite
avant de s'éclipser ; ne comprenant rien à cette démarche, la reine
brûle le billet. Le 1er août; ne voyant rien venir, Böhmer interroge
Madame Campan, la femme de chambre de Marie-Antoinette, qui
l'informe que le billet est détruit. Böhmer s'écrie alors : « Ah !
Madame, cela n'est pas possible, la reine sait qu'elle a de l'argent à
me donner[60] ! » Le bijoutier annonce à Madame Campan que la
commande a été passée par Rohan sur ordre de la reine. N'en
croyant rien, la femme de chambre lui conseille d'en parler
directement à la reine. Il est reçu le 9 août 1785 par Marie-
Antoinette qui, entendant le récit, tombe des nues. Elle lui avoue
ne rien avoir commandé et avoir brûlé le billet. Furieux, Böhmer
rétorque : « Madame, daignez avouer que vous avez mon collier et
faites-moi donner des secours ou une banqueroute aura bientôt
tout dévoilé »[60]. La reine en parle alors au roi et, sur les conseils
de Breteuil, alors ministre de la Maison du Roi, il décide de faire
arrêter Rohan.

Louis René Édouard de Rohan.

Le cardinal Rohan est convoqué le 15 août 1785 par le roi : il


avoue son imprudence mais nie être l'instigateur de l'affaire, faute
qu'il rejette sur Madame de La Motte. Il est arrêté le jour même en
habits liturgiques dans la Galerie des Glaces, alors qu'il se rend à
la chapelle du château pour célébrer la Messe de l'Assomption. Il
est embastillé le soir même mais il prend soin de faire détruire par
son secrétaire certains documents qui, par leur absence,
dissimulent la vérité sur le véritable rôle de Rohan. Ce dernier est
accusé de deux choses : escroquerie et crime de lèse-majesté.
Louis XVI lui laisse le choix d'être jugé par le Parlement de Paris
pour le délit ou par lui-même pour le crime. La seconde option a
l'avantage de juger l'affaire discrètement sans tout dévoiler au
grand jour mais Rohan choisit néanmoins d'être jugé par le
Parlement.

Le procès du cardinal Rohan se tient en mai 1786. Le prévenu est


soutenu par les membres influents de la Maison de Rohan et par
les évêques et le Saint-Siège. L'opinion publique est également en
faveur de son acquittement puisque l'histoire de la signature
fabriquée ne convainc pas le peuple[a 32] et la reine, ayant brûlé le
billet, ne peut prouver son innocence. Rohan est acquitté par un
arrêt du 31 mai 1786 par 26 voix contre 22. Convaincu de la
culpabilité de l'homme d'Église, Louis XVI l'exile à l'Abbaye de la
Chaise-Dieu.

Le roi et la reine, et plus largement le système monarchique lui-


même, sont les victimes de cette affaire puisque montrés du doigt
par le peuple. Marie-Antoinette est effondrée, confiant à son amie
Madame de Polignac : « Le jugement qui vient d'être prononcé est
une insulte affreuse [mais] je triompherai des méchants en triplant
le bien que j'ai toujours tâché de faire »[60]. La tenue d'un procès
public a eu pour effet un déballage par la presse et une sympathie
pour le cardinal Rohan. Spectateur de la sortie triomphale du
cardinal de la Bastille vers son lieu d'exil, Goethe remarque : « Par
cette entreprise téméraire, inouïe, je voyais la majesté royale
minée et bientôt anéantie »[62].

Redressement de la marine française et visite du chantier


de Cherbourg

Louis XVI visitant le port de


Cherbourg le 23 juin 1786 (gravure
sur bois du xviiie siècle)
Au lendemain de la guerre d'indépendance des États-Unis,
Louis XVI entreprend d'améliorer la marine française pour donner
au royaume les moyens de se défendre en cas de nouvelle guerre.
En 1779, il choisit d'établir à Cherbourg une base navale et décide
notamment d'y construire une digue de 4 kilomètres de long entre
l’île Pelée et la pointe de Querqueville. Sur la question coloniale,
Louis XVI prend la même année en 1784 deux mesures
contradictoires : l'offre de primes aux armateurs de navires
négriers et en décembre « les ordonnances des Iles sous le Vent »,
promulguant une amélioration du sort des esclaves à Saint-
Domingue[63].

Louis XVI entame à partir du 20 juin 1786 un voyage à Cherbourg


pour voir l'avancement des travaux. Hormis le sacre de Reims et la
fuite à Varennes, il s'agit du seul déplacement provincial du
souverain pendant son règne. Accompagné de Castries et de
Ségur, il est accueilli partout chaleureusement par la foule et
distribue au peuple des pensions et exonérations fiscales[a 33]. La
visite du chantier commence dès l'arrivée du roi le 23 juin :
parcourant la rade en canot, il écoute sur l'Île Pelée les
explications du directeur des travaux le marquis de Caux, inspecte
la fosse du Gallet et préside un grand dîner le soir-même[a 33]. Le
lendemain 24 juin, il assiste à plusieurs manœuvres maritimes à
bord du Patriote ; un témoin raconte que le roi y fait des
« questions et des observations dont la sagacité étonnait les
marins qui avaient l'honneur d'approcher ». Il écrit à Marie-
Antoinette : « Je n'ai jamais mieux goûté le bonheur d'être roi que
le jour de mon sacre et depuis que je suis à Cherbourg »[64].
L'historien de la mer Étienne Taillemite s'interroge en 2002 :
« Acclamé à chacune de ses apparitions par une foule aussi
immense qu'enthousiaste, il pouvait mesurer la ferveur royaliste
qui demeurait alors celle du peuple puisque [lors de ce voyage]
aucune fausse note ne put être remarquée. Comment ne comprit-
il pas qu'il possédait là un atout majeur capable de contrer toutes
les intrigues du microcosme versaillais et parisien ? »[65]. Le
même historien ajoute : « [On pouvait rêver que le roi] saurait
mener la rénovation du royaume comme il avait su conduire à
bonne fin celle de sa marine »[65].

Principaux remaniements du ministère

Après la mort de Vergennes le 13 février 1787, Louis XVI


nomme au Secrétariat des Affaires étrangères le comte de
Montmorin.
Renvoyé le 9 avril 1787, le Garde des Sceaux Miromesnil est
remplacé à ce poste par Lamoignon.
Ministère Brienne (1787-1788)

Le Cardinal Loménie de Brienne, Huile


sur toile, École Française (vers 1770)
Château de Versailles et de Trianon.

Vergennes meurt le 13 février 1787 ; ce n'est que le 3 mai de la


même année que Louis XVI renoue avec la tradition de nommer
un Principal ministre d'État, ce qu'il fait en appelant à ce poste
Étienne-Charles de Loménie de Brienne, qui devient également
chef du Conseil royal des finances (le poste de contrôleur général
des finances ayant été attribué pour la forme à Pierre-Charles
Laurent de Villedeuil après un court passage entre les mains de
Michel Bouvard de Fourqueux).

Bras de fer entre le roi et le parlement

Archevêque de Toulouse, connu pour être athée et réputé pour


avoir des mœurs dissolues, Brienne avait présidé l'assemblée des
notables et à ce titre attaqué Calonne et son projet de réforme.
Désormais responsable des affaires, il est poussé par le roi à
continuer les efforts de son prédécesseur médiat ; il reprend donc
à son compte l'essentiel du projet qu'il avait lui-même condamné.
Criant à la trahison, les notables se manifestent : face à une telle
résistance, le roi et son ministre décident de dissoudre purement
et simplement l'assemblée le 25 mai 1787. Les lois passent donc
par le chemin ordinaire de leur enregistrement par le parlement, ce
qui là non plus n'est pas une mince affaire.

Le parlement commence pourtant à valider le principe de la libre


circulation des grains et la mise en place d'assemblées
provinciales et municipales. Néanmoins, le 2 juillet 1787, les
parlementaires refusent d'enregistrer l'édit créant la subvention
territoriale nécessaire pour réduire le déficit. Le 16 juillet, les
parlementaires persistent dans leur refus, invoquant, comme La
Fayette avant eux[a 34], que « seule la Nation réunie dans ses états
généraux peut consentir un impôt perpétuel[66]. »

Las des résistances du parlement, Louis XVI le convoque le


6 août 1787 en lit de justice : la seule lecture des édits par le roi
leur donne force de loi. Le lendemain pourtant, le parlement
prononce la nullité du lit de justice, une première dans la vie
monarchique. Une semaine plus tard, le magistrat Duval
d'Eprémesnil déclare qu'il est temps de « débourbonailler »[44] et
de rendre au parlement ses pouvoirs. Calonne, contre qui une
information est ouverte pour « déprédations »[44], se réfugie en
Angleterre, ce qui fait de lui le premier émigré de la
Révolution[a 34].
Séance du parlement le
19 novembre 1787 en présence du roi
au fond à gauche (musée de la
Révolution française).

Le 14 août 1787, à l'initiative de Brienne, le roi exile le parlement à


Troyes. Chaque parlementaire reçoit une lettre de cachet et
s'exécute. L'accueil dans Troyes est triomphal[a 34] et les
parlements de province se solidarisent, ainsi que la Chambre des
comptes et la Cour des aides. Le roi capitule le 19 août en
renonçant officiellement à l'édit de subvention territoriale et
promet la convocation des états généraux pour 1792. Le
parlement revient à Paris sous les applaudissements de la foule.
Celle-ci montre du doigt Calonne, Brienne et Marie-Antoinette,
dont on brûle les effigies[a 35]. L'agitation gagne alors la province.

La subvention territoriale ayant été abandonnée, Brienne ne voit


plus qu'un seul moyen pour renflouer les caisses du royaume : le
recours à l'emprunt. Convaincu, Louis XVI convoque le parlement
en « séance royale » pour le 19 novembre 1787, en vue de lui faire
accepter un emprunt de 420 millions de livres sur 5 ans. Lors de
cette session, les parlementaires s'insurgent contre cette forme
inusitée de « séance royale » et demandent la convocation des
états généraux pour 1789[a 35]. Le roi accepte l'idée sans préciser
de date et demande le vote immédiat de l'emprunt, déclarant :
« J'ordonne que mon édit soit enregistré »[44]. Le duc d'Orléans lui
lance : « C'est illégal ! » et le roi de lui répondre : « Si, c'est légal.
C'est légal parce que je le veux ! »[67]. À la suite de cette séance du
19 novembre, l'emprunt quinquennal est lancé et les frondeurs
sont punis : les conseillers Fréteau et Sabatier sont arrêtés et le
duc d'Orléans est exilé sur ses terres de Villers-Cotterêts.

Édit de Versailles et abolition de la question préalable

L'édit de tolérance de Versailles, signé


par Louis XVI en 1787.

Durant l'hiver 1787-1788, le parlement entre dans une sorte de


« trêve » puisqu'il enregistre sans difficulté plusieurs textes royaux
parmi lesquels :

d'une part, l'édit de tolérance de Versailles (daté du


7 novembre 1787 et enregistré le 29 janvier 1788) redonnant
aux protestants un état civil ainsi que le droit d'exercer leur culte
en privé ;
d'autre part, le décret royal du 1er mai 1788 abolissant la
question préalable.

Dans le même temps, Malesherbes se penche sur une possible


émancipation des Juifs de France[a 36].
Vers la convocation des états généraux

Dans les premiers mois de 1788, Louis XVI et ses ministres


Brienne et Lamoignon envisagent de cantonner les pouvoirs du
parlement aux seules questions de justice et de réserver la
vérification et l’enregistrement des actes royaux, édits et
ordonnances au profit d'une « cour plénière » dont les membres
seraient nommés par le roi[a 36]. S'insurgeant contre cette idée, les
parlementaires anticipent cette réforme institutionnelle et publient
le 3 mai 1788 une Déclaration des lois fondamentales du royaume
dans laquelle ils rappellent notamment qu'ils sont seuls gardiens
de ces lois et que la création de nouveaux impôts est du ressort
des états généraux[68]. Furieux, le roi réagit deux jours plus tard en
cassant cette déclaration et en demandant l'arrestation des deux
principaux instigateurs de la révolte, d'Eprémesnil et Monsabert
qui, après s'être réfugiés dans l'enceinte du parlement, finissent
par se rendre avant d'être emprisonnés[a 37].

La Journée des Tuiles du 7 juin 1788


par Alexandre Debelle,
(musée de la Révolution française).

Le 8 mai 1788, Louis XVI convoque à nouveau un lit de justice et


fait enregistrer sa réforme. Lamoignon annonce le transfert d'un
pan entier des compétences du parlement au grand bailliage (47
tribunaux d'appel), et de surcroît le contrôle sur les lois du
royaume ne sera plus effectué que par la « Cour plénière »
toujours en projet. Mais à peine l'édit du 8 mai promulgué, la
plupart des parlements entrent en résistance, comme ceux de
Nancy, Toulouse, Pau, Rennes, Dijon, Besançon et Grenoble ;
plusieurs villes sont le théâtre d'insurrections, comme à Grenoble
lors de la Journée des Tuiles du 7 juin 1788. À la date fixée pour la
première séance de la Cour plénière, le peu de pairs et de ducs
ayant fait le déplacement à Versailles se résignent à errer dans les
couloirs du château faute de participants ; un témoin rapporte que
la réforme est « morte avant d'être née »[60].

Le 21 juillet 1788, une assemblée des trois ordres du Dauphiné se


réunit sans autorisation au Château de Vizille, non loin de
Grenoble : l'assemblée comprend 176 membres du tiers-état, 165
membres de la noblesse et 50 membres du clergé. Emmenée par
Antoine Barnave et Jean-Joseph Mounier, l'assemblée décrète le
rétablissement des États du Dauphiné et réclame la tenue rapide
des états généraux du royaume, avec le doublement du nombre de
députés du tiers-état et l'instauration du vote par tête.

Face à ce mouvement d'une telle ampleur, le roi et Brienne


annulent la création de la Cour plénière et, le 8 août 1788,
annoncent la convocation des états généraux pour le
1er mai 1789. Durant l'été 1788, l'État cesse ses paiements pour
six semaines et, le 16 août, l'état de banqueroute est proclamé.
Brienne démissionne le 24 août 1788 (il sera créé cardinal le
15 décembre suivant).

Ministère Necker (1788-1789)

Devant la banqueroute de l’État, Louis XVI fait de nouveau appel à


Necker, le 25 août 1788. Necker prend donc le portefeuille des
finances avec le titre de directeur général des finances et, fait
nouveau, est également nommé Principal ministre d'État en
succédant ainsi à Brienne. Le Garde des Sceaux Lamoignon laisse
quant à lui sa place à Barentin.

Désastre économique

Parallèlement à l'état de cessation des paiements et de


banqueroute du royaume, le climat de l'année 1788 est
calamiteux : à un été pourri ravageant les récoltes, l'hiver glacial
donne des températures de - 20 °C qui paralysent les moulins,
gèlent les fleuves et défoncent les routes[a 38]. Le blé manque et le
peuple a faim.

Le début de l'année 1789 voit éclater en France plusieurs émeutes


dont certaines sont violemment réprimées ; le prix du pain et le
contexte économique en sont les principales causes. Au mois de
mars, les villes de Rennes, Nantes et Cambrai sont le théâtre de
violentes manifestations ; à Manosque, l'évêque est lapidé car
accusé de collusion avec les accapareurs de grains[a 39] ; des
maisons sont pillées à Marseille. Petit à petit, les émeutes
gagnent la Provence, la Franche-Comté, les Alpes et la Bretagne.
Du 26 au 28 avril, l'« émeute du Boulevard Saint-Antoine » est
sévèrement réprimée par les hommes du général suisse le Baron
de Besenval qui, ayant reçu les ordres donnés à contrecœur par le
roi[a 39], fera tuer quelque 300 manifestants. C'est dans ce climat
de violence qu'allaient s'ouvrir les états généraux.

Préparation des états généraux

Article connexe : Convocation des états généraux de 1789.

Les parlementaires, jouissant jusque-là d'une grande popularité,


vont rapidement se déconsidérer auprès de l'opinion en dévoilant
imprudemment leur conservatisme. Le 21 septembre 1788 en
effet, le Parlement de Paris et d'autres parlements avec lui
demandent que les états généraux soient convoqués en trois
chambres séparées votant par ordre comme ce fut le cas lors des
précédents États généraux de 1614, empêchant ainsi toute
réforme d'ampleur.

Louis XVI et Necker sont en revanche partisans d'une forme plus


moderne en encourageant le doublement du tiers état et le vote
par tête (passant ainsi à un nombre de voix par député, et non par
ordre qui aurait pour effet d'opposer le tiers-état, comptant pour
une voix, au clergé et à la noblesse, comptant ainsi pour deux). Ils
convoquent l'Assemblée des notables le 5 octobre 1788 pour
traiter ces deux points ; au sein de cette assemblée se distinguent
deux camps : celui des « patriotes » favorable au doublement du
tiers et au vote par tête, et celui des « aristocrates », partisan des
formes de 1614. L'assemblée des notables se réunit à Versailles à
partir du 5 novembre. Hormis quelques députés tels que le comte
de Provence, La Rochefoucauld et La Fayette, l'assemblée se
prononce à une très large majorité en faveur des formes de 1614,
les seules à être selon elle « constitutionnelles »[44]. Le roi
maintient sa position et se tourne à nouveau vers les parlements,
l'avis de l'assemblée des notables n'étant que consultatif.

Le 5 décembre 1788, le Parlement de Paris accepte le doublement


du Tiers mais ne se prononce pas sur la question du vote par
ordre ou par tête. Louis XVI se fâche et déclare aux
parlementaires : « c'est avec l'assemblée de la Nation que je
concerterai les dispositions propres à consolider, pour toujours,
l'ordre public et la prospérité de l'État »[60]. Le 12 décembre, le
comte d'Artois remet à son frère le roi un mémoire condamnant le
vote par tête[60]. Le 27 décembre, après que Louis XVI a dissous
l'assemblée des notables, le Conseil du roi se réunit et accepte
officiellement le doublement du Tiers ; le système de vote, par
ordre ou par tête, n'est pas encore réglé. Le décret royal précise en
outre que l'élection des députés se fera par bailliage et à la
proportionnelle ; de plus, il est décidé que de simples curés, en
pratique proches des idées du tiers-état, pourront représenter le
clergé.

Cahier de doléances
d'Angers (1789).

Le 24 janvier 1789 paraissent les lettres royales donnant des


précisions quant à l'élection des députés. Le roi y déclare
notamment : « Nous avons besoin du concours de nos fidèles
sujets pour nous aider à surmonter toutes les difficultés où nous
nous trouvons »[60]. Tout français de sexe masculin âgé d'au
moins 25 ans et inscrit au rôle des contributions peut prendre part
au vote. Pour la noblesse et le clergé, la circonscription est le
bailliage et la sénéchaussée (suivant les régions) ; pour le tiers
état, le suffrage s'opère en deux degrés à la campagne
(assemblées de paroisse puis assemblées de chef-lieu) et en trois
degrés dans les grandes agglomérations (assemblées de
corporation, assemblées de ville et assemblées de bailliage ou de
sénéchaussée)[a 40].

Chaque assemblée de chef-lieu a pour mission de réunir les


doléances dans un cahier dont un exemplaire est transmis à
Versailles. La plupart des revendications qui y sont exprimées
sont modérées et ne remettent pas en cause le pouvoir en place ni
l'existence de la monarchie[a 41].

Les intellectuels dont Marat, Camille Desmoulins, l'Abbé Grégoire


et Mirabeau, s'adonnent à la rédaction de nombreux pamphlets et
articles. Parmi ces publications, celle de Sieyès intitulée Qu'est-ce
que le Tiers-État ? rencontre un vif succès ; l'extrait suivant est
resté célèbre :

« Qu'est-ce que le Tiers-État ? Le plan de cet Écrit est


assez simple. Nous avons trois questions à nous
poser :
1° Qu'est-ce que le Tiers-État ? Tout.
2° Qu'a-t-il été jusqu'à présent dans l’ordre
politique ? Rien.
3° Que demande-t-il ? À y devenir quelque chose. »

Le 2 mai 1789, sont reçus à Versailles l'ensemble des députés.


Sur un total de 1 165, 1 139 sont présents (les députés de Paris
n'étant pas encore désignés) : 291 du clergé (dont 208 simples
curés), 270 de la noblesse et 578 du tiers état[a 42]. L'historien
Jean-Christian Petitfils note que les « élus des deux premiers
ordres eurent droit à l'ouverture des deux battants de la porte,
tandis que ceux du tiers durent se contenter d'un seul[69] ! »
Le 4 mai, soit la veille de l'ouverture des états généraux, une
messe solennelle est célébrée en l'église Saint-Louis en présence
de la famille royale (sauf le dauphin, trop malade pour quitter sa
chambre). L'homélie du célébrant, l'évêque de Nancy Monseigneur
de La Fare (par ailleurs député du clergé), dure plus d'une heure.
Le prélat commence par une maladresse en prononçant ces
mots : « Sire, recevez les hommages du clergé, les respects de la
noblesse et les très humbles supplications du tiers état »[70]. Puis
il se tourne vers Marie-Antoinette et stigmatise ceux qui dilapident
les deniers de l'État ; s'adressant ensuite à nouveau au roi, il
déclare : « Sire, le peuple a donné des preuves non équivoques de
sa patience. C'est un peuple martyr à qui la vie semble n'avoir été
laissée que pour le faire souffrir plus longtemps »[44]. De retour au
château, la reine s'effondre et le roi s'indigne[a 43]. Le lendemain,
5 mai 1789, s'ouvriront les états généraux et, par là même, la
Révolution française.

Politique extérieure

Portrait de Vergennes,
Secrétaire d'État des Affaires
étrangères de 1774 à 1787,
par Antoine-François Callet
Louis XVI est épaulé dans la politique étrangère par Charles
Gravier de Vergennes de 1774 à la mort de ce dernier le
13 février 1787.

Rôle dans la guerre d'indépendance américaine

Article connexe : France dans la guerre d'indépendance des États-


Unis.

Contexte

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Raisons de l'implication du roi

La détermination dont le roi a fait preuve dans l'accession à


l'indépendance des États-Unis intrigue ses biographes[l].

La plupart d'entre eux voient dans l'implication de Louis XVI une


vengeance des échecs subis par le royaume de France lors de la
guerre de Sept Ans, à l'issue de laquelle le pays a perdu ses
possessions d'Amérique du Nord. Ainsi, la révolte des Treize
colonies survient comme une occasion inespérée de faire subir
une défaite à l'adversaire.

Cependant, certains historiens et biographes comme Bernard


Vincent[a 44] avancent une autre cause : celle de l'adhésion de
Louis XVI aux idées nouvelles et son appartenance potentielle à la
franc-maçonnerie : « Que dans les débuts de son règne il ait été
membre de l'Ordre ou simple sympathisant ou visiteur
occasionnel, l'attention mesurée mais sans doute réelle que
Louis XVI voua aux débats d'idées maçonniques ne peut, lorsque
vint le moment, que renforcer sa détermination à voler au secours
des insurgents d'Amérique »[a 45]. L'action des francs-maçons n'est
en effet pas anodine dans l'accès des États-Unis à l'indépendance,
comme en témoigne notamment le soutien apporté par la loge
française des Neuf Sœurs.

Le roi a pu également être influencé par Victor-François, duc de


Broglie qui, dans un mémoire daté du début de 1776, attire
l’attention du souverain sur la réalité du conflit entre la Grande-
Bretagne et les colonies américaines. Il s’agit ici, lui dit-il, d’« une
révolution absoluë, […] d’un continent qui va se séparer de l’autre »
et qu’« un nouvel ordre […] va naître. » Il ajoute qu’il est de l’intérêt
de la France « de profiter de la détresse de l’Angleterre pour
achever de l’accabler[71].

Actions dans le déroulement du conflit

Combat de la Belle Poule et de


l'Aréthusa,
par Auguste-Louis de Rossel de
Cercy.
L'intervention de la France auprès des colons américains se
déroule tout d'abord dans la clandestinité. En septembre 1775,
Julien Alexandre Achard de Bonvouloir se rend sur place pour
étudier les possibilités d'une assistance discrète auprès des
insurgés[72]. Ces tractations aboutissent, en 1776, à la vente
secrète d'armes et de munitions et par l'octroi de subsides pour
deux millions de livres[73]. Beaumarchais reçoit du roi et de
Vergennes l'autorisation de vendre poudre et munitions pour près
d'un million de livres tournois sous le couvert de la compagnie
portugaise Rodrigue Hortalez et Compagnie. L'acheminement de
poudre, armes et munitions s'opère moyennant un échange avec
du tabac de Virginie ; le premier convoi, capable d'armer
25 000 hommes, atteint Portsmouth en 1777 et joue un rôle
crucial dans la victoire américaine de Saratoga[a 46].

Combat d'Ouessant, juillet 1778


Huile sur toile par Théodore Gudin

Peu après la victoire de Saratoga, le Congrès américain envoie à


Paris deux émissaires pour négocier une plus grande aide
française : Silas Deane et Benjamin Franklin. Rejoints par Arthur
Lee, ils parviennent à signer avec Louis XVI et Vergennes deux
traités engageant les deux pays : le premier, un traité « d'amitié et
de commerce », dans lequel la France reconnaît l'indépendance
américaine et organise une protection mutuelle des échanges
maritimes ; le second, un traité d'alliance signé à Versailles le
6 février 1778, stipulant que la France et les États-Unis feraient
cause commune en cas de conflit entre la France et la Grande-
Bretagne. Ce traité fut l'unique texte d'alliance signé par les États-
Unis jusqu'au traité de l'Atlantique nord du 4 avril 1949[a 47]. Un
mois après la signature du traité, Conrad Alexandre Gérard est
nommé par le roi ministre plénipotentiaire auprès du
gouvernement américain ; Benjamin Franklin devient quant à lui
ambassadeur de son pays à la cour de France.

Selon Vergennes, ministre des Affaires étrangères, la décision de


s'allier avec les Américains a été prise par Louis XVI seul, de
manière souveraine. Il en témoigne dans une lettre datée du
8 janvier 1778 au comte de Montmorin alors ambassadeur en
Espagne : « La décision suprême a été prise par le roi. Ce n'est pas
l'influence de ses ministres qui l'a décidé : l'évidence des faits, la
certitude morale du danger et sa conviction l'ont seules entraîné.
Je pourrais dire avec vérité que Sa Majesté nous a donné du
courage à tous »[74]. Cette décision s'avère risquée à plus d'un titre
pour le roi : risque de défaite, risque de banqueroute, et aussi
risque de voir arriver en France en cas de victoire les idées
révolutionnaires peu compatibles avec la monarchie.
Débarquement de l'armée française à
Newport (Rhode Island) le
11 juillet 1780, sous le
commandement du comte de
Rochambeau

Les hostilités entre les forces françaises et britanniques s'ouvrent


lors du combat du 17 juin 1778 : la frégate HMS Arethusa est
envoyée par la Royal Navy au large de Plouescat pour attaquer la
frégate française Belle Poule. Malgré de nombreuses victimes, le
royaume de France en ressort vainqueur. Louis XVI s'appuie sur
cette agression britannique pour déclarer la guerre à son cousin
George III du Royaume-Uni le 10 juillet suivant ; il déclare alors :
« les insultes faites au pavillon français m'ont forcé de mettre un
terme à la modération que je m'étais proposée et ne me
permettent pas de suspendre plus longtemps les effets de mon
ressentiment »[75]. Ordre est alors donné aux navires français de
combattre la flotte anglaise. Le premier affrontement entre les
deux flottes a lieu le 27 juillet 1778 : c'est la Bataille d'Ouessant,
qui voit sortir de ce combat la France victorieuse et Louis XVI
adulé par son peuple.
Alors que l'Espagne et les Pays-Bas décident de se joindre au
conflit aux côtés de la France, Louis XVI entreprend d'engager ses
forces navales dans la guerre d'Amérique. Parallèlement à cette
nouvelle étape dans le conflit, Louis XVI signe le 9 mars 1780 une
déclaration de neutralité armée liguant la France, l'Espagne, la
Russie, le Danemark, l'Autriche, la Prusse, le Portugal et les Deux-
Siciles contre la Grande-Bretagne et son atteinte à la liberté des
mers.

Le roi charge le comte Charles Henri d'Estaing de commander la


flotte envoyée en aide aux insurgents américains. À la tête de 12
vaisseaux de ligne et de 5 frégates, il transporte avec lui plus de
10 000 marins et un millier de soldats. La Flotte du Levant quitte
Toulon le 13 avril 1778 pour arriver au large de Newport (Rhode
Island) le 29 juillet suivant. Hormis une victoire à La Grenade, le
commandement du comte d'Estaing se caractérise par une série
d'échecs cuisants pour la France, illustrée notamment par le Siège
de Savannah au cours de laquelle il perd 5 000 hommes.

Vue générale de la capitulation de Yorktown le


19 octobre 1781, avec le blocus de la flotte
française. Le rôle de Grasse a été essentiel
dans cette victoire.

Poussé par son allié espagnol, Louis XVI fait rassembler près de
Bayeux environ 4 000 hommes, le but étant de débarquer sur l'Île
de Wight puis en Angleterre par Southampton. Le roi est réticent
sur l'opération et pense alors, sinon à envahir l'Angleterre, du
moins maintenir dans la Manche les navires anglais, affaiblissant
du même coup leur participation outre-Atlantique. Mais la flotte
franco-espagnole ne peut déloger les navires anglais chargés de
protéger l'île et change donc de cap ; la dysenterie et le typhus
frappent les hommes, et ni le commandant de cette armée Louis
Guillouet d'Orvilliers, ni son successeur Louis Charles du Chaffault
de Besné ne parviennent à une confrontation directe avec la flotte
anglaise. Le projet doit être abandonné.

Sur les conseils de Vergennes, du comte d'Estaing, et de La


Fayette, Louis XVI de concentrer les forces de la flotte française
sur l'Amérique. C'est ainsi que Jean-Baptiste-Donatien de Vimeur
de Rochambeau est placé à la tête d'un corps expéditionnaire le
1er mars 1780 de 5 000 hommes. Il quitte Brest le 2 mai 1780 et
arrive à Newport le 10 juillet suivant. Le 31 janvier 1781, Lafayette
demande à Vergennes et à Louis XVI de renforcer la puissance
navale française et d'accroître l'aide financière au profit des forces
américaines. Le roi est convaincu du bien-fondé de ces
demandes ; il octroie aux États-Unis un don de 10 millions de
livres et un prêt de 16 millions et, le 1er juin 1781, il fait partir de
Brest l'argent ainsi que deux cargaisons d'armes et
d'équipements[a 48]. Quelques semaines auparavant, l'amiral de
Grasse était parti de Brest à destination de la Martinique pour
apporter des renforts en navires et en hommes. La tactique
combinée de l'infanterie franco-américaine et de la flotte de
l'amiral de Grasse permettent d'infliger de lourdes pertes à
l'escadre de l'amiral Thomas Graves et par là même de la flotte
britannique : la Bataille de la baie de Chesapeake puis la Bataille
de Yorktown aboutissent à la défaite de l'Angleterre. Le
19 octobre 1781, le général Charles Cornwallis signe la
capitulation de Yorktown.

La participation du royaume de France dans la victoire des États-


Unis est célébrée sur tout le territoire américain et Louis XVI n'est
pas oublié : pendant des années, le roi est l'objet de
manifestations enthousiastes organisées par le peuple
américain[a 49]. Le traité de Paris, signé le 3 septembre 1783 entre
les représentants des treize colonies américaines et les
représentants britanniques, met fin à la guerre d'indépendance. Le
même jour est signé le traité de Versailles entre la France,
l'Espagne, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas : aux termes de cet
acte est notamment l'appartenance à la France du Sénégal et de
l'île de Tobago.

Impacts de l'indépendance américaine sur la France

L'indépendance américaine est sans conteste une victoire pour la


France et pour son roi, lequel a largement contribué à la victoire
des insurgés. Néanmoins, la naissance de ce nouveau pays a
permis de faire connaître sur le sol français un exemple de
démocratie qui n'a pas attendu pour mettre en application les
idées nouvelles : Déclaration d'indépendance, émancipation des
Noirs dans les États du Nord, droit de vote des femmes dans le
New Jersey, séparation des pouvoirs, absence de religion officielle
et reconnaissance de la liberté de la presse notamment.
Paradoxalement, ces idées révolutionnaires que Louis XVI a
contribué à faire naître en favorisant l'indépendance américaine
seront à l'origine de sa chute. Car, comme le dira plus tard le
journaliste Jacques Mallet du Pan, cette « inoculation américaine
a infusé [l'esprit républicain] dans toutes les classes qui
raisonnent »[76].

Relations avec l'Angleterre

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Relations avec l'Autriche

En 1777, le frère de Marie-Antoinette Joseph II se rend en France


pour convaincre le roi de donner son appui pour que l'empire
autrichien puisse annexer la Bavière et commencer le
démembrement de la Turquie. Louis XVI rejette cette demande et
la France, contrairement au premier partage de la Pologne
intervenu en 1772, ne prend pas part au conflit.
Le traité de Teschen est signé le 13 mai 1779 entre l'Autriche et la
Prusse le 13 mai 1779 et met fin à la guerre de Succession de
Bavière. La France et la Russie sont garants de son respect.

Louis XVI s'oppose avec fermeté aux prétentions de Joseph II du


Saint-Empire concernant la réouverture des bouches de l'Escaut
au commerce des Pays-Bas autrichiens, malgré les pressions que
Marie-Antoinette a exercées sur son époux.

Relations avec la Suisse

Article connexe : Histoire de Genève#XVIIIe siècle.

À partir de 1782, une coalition de rebelles prend le pouvoir en


Suisse. La France, contrairement à ce qu'elle avait fait pour les
États-Unis, contribue à la répression de cette rébellion et envoie
des renforts pour rétablir le pouvoir en place. Vergennes justifie
cette intervention en affirmant qu'il fallait éviter que Genève ne
devienne « une école de sédition »[60].

Relations avec la Hollande

En juillet 1784 éclate en Hollande la révolte des « patriotes »


demandant au stathouder Guillaume V d'Orange-Nassau qu'il
renvoie le conservateur duc de Brunswick. La France prend le parti
des « patriotes » et les soutient toujours lorsque Guillaume V est
destitué en septembre 1786. Seulement, ce dernier est rétabli
dans ses fonctions en 1787 : les « patriotes » sont écrasés et la
France essuie un échec diplomatique cinglant.

Autres relations diplomatiques

Il poursuit la politique traditionnelle française d'appuyer des


missions catholiques au Proche-Orient. Face au vide créé par
l'interdiction de la Compagnie de Jésus (les Jésuites) en 1773, il
choisit les Lazaristes pour les remplacer dans les missions en
territoire ottoman. Le Pape Pie VI accepte ce changement,
symbolisé par la prise en charge du centre des missions
catholiques en Orient, le lycée Saint-Benoît à Constantinople, par
la Congrégation de la Mission de Saint Vincent de Paul, le
19 juillet 1783.

Débuts de la Révolution

Déclaration autographe de Louis XVI


adressée aux Français à sa sortie de
Paris le 20 juin 1791; cette déclaration
retrace les principaux événements du
règne de Louis XVI depuis le
14 juillet 1789. Archives Nationales.
États généraux

Article connexe : États généraux de 1789.

Ouverture (5 mai 1789)

Ouverture des États généraux à


Versailles, 5 mai 1789, Auguste
Couder, 1839, Musée de l'Histoire de
France (Versailles).

Les états généraux s'ouvrent le 5 mai 1789 vers 13 heures par une
séance solennelle d'ouverture dans la salle des Menus-Plaisirs à
Versailles. L'événement se passe dans des conditions difficiles
pour le roi, car depuis plus d'un an, le petit dauphin Louis Joseph
Xavier François est malade, ce qui ne favorise pas le contact entre
le roi et le tiers-état. Le dauphin mourra le 4 juin, ce qui affectera
profondément la famille royale [pertinence contestée][77].

Lors de la séance, le roi trône au fond de la salle ; à sa gauche


siègent les membres de la noblesse, à sa droite ceux du clergé et,
en face, sont assis ceux du tiers-état. Louis XVI a revêtu pour
l'occasion le manteau fleurdelysé de l'Ordre du Saint-Esprit et un
chapeau à plumes où luit notamment le Régent[78].

La cérémonie débute par un bref discours du roi dans lequel il


déclare notamment : « Messieurs, le jour que mon cœur attendait
depuis longtemps est enfin arrivé, et je me vois entouré des
représentants de la Nation à laquelle je me fais gloire de
commander »[a 43]. Il expose ensuite brièvement le cap de
redressement des finances mais prévient toute tentative de
réforme : « Une inquiétude générale, un désir exagéré
d'innovations se sont emparés des esprits, et finiraient par égarer
totalement les opinions si on ne se hâtait de les fixer par une
réunion d'avis sages et éclairés »[78].

Sous un tonnerre d'applaudissements[a 50], le roi laisse la parole au


Garde des Sceaux Barentin. Ce dernier fait l'éloge du souverain,
rappelant que les Français ont grâce à lui une presse libre, qu'ils
ont fait leur l'idée d'égalité, et qu'ils sont prêts à fraterniser[a 50] ;
mais dans sa déclaration ne sont traités ni le mode de votation
des trois ordres, ni l'état des finances du royaume.

Puis vient le tour de Necker. Durant un discours de plus de 3


heures (prononcé par un assistant au bout de quelques minutes),
il se perd dans de vaines flatteries et rappelle l'existence du déficit
de 56 millions de livres. Ne présentant aucun plan d'ensemble et
n'annonçant rien de nouveau, il déçoit son auditoire. Il affirme
enfin sa position concernant le mode de votation, en se
prononçant en faveur du vote par ordre.

Le roi lève enfin la séance. Pour beaucoup de députés, cette


journée fut ennuyeuse et décevante[a 51].
Débats autour du mode de votation

Le 6 mai, les députés du tiers état se réunissent dans la grande


salle et prennent, comme en Angleterre, le nom de communes[a 51].
Ils proposent au clergé et à la noblesse, qui dans l'immédiat
votent séparément, de procéder ensemble à la vérification des
pouvoirs des députés, mais ils se heurtent à un refus des deux
ordres.

Le 11 mai, les députés de la noblesse décident, par 141 voix


contre 47, de se constituer en chambre séparée et de vérifier de
cette manière les pouvoirs de ses membres. La décision est plus
nuancée chez le clergé où, à un écart de quelques voix, il est
également décidé de siéger séparément (133 pour et 114 contre).
Des conciliateurs sont désignés pour atténuer les divergences
mais ils avouent leur échec le 23 mai.

Le 24 mai, Louis XVI demande en personne que les efforts de


conciliation se poursuivent. Il ne dialogue pas cependant
directement avec les membres du tiers, puisque Barentin joue le
rôle d'intermédiaire.

Le 4 juin, le dauphin Louis-Joseph de France, meurt à l'âge de 7


ans. Le couple royal est très affecté par la disparition du
prétendant au trône, mais cet événement survient dans
l'indifférence générale[a 52]. Son petit frère Louis de France, futur
Louis XVII, porte désormais à 4 ans le titre de dauphin.
Proclamation de l'assemblée nationale (17 juin 1789)

Article connexe : Assemblée constituante de 1789.

Le 17 juin, les députés du Tiers prennent acte du refus de la


noblesse de se joindre à eux. Forts de l'appui de plus en plus
présent du clergé (plusieurs membres les rejoignent
quotidiennement), et estimant représenter « les quatre-vingt-seize
centièmes au moins de la nation »[79], ils décident par
l'intermédiaire du représentant qu'ils ont élu, le mathématicien et
astronome Jean Sylvain Bailly, de s'autoproclamer assemblée
nationale et de déclarer purement et simplement illégale la
création de tout nouvel impôt sans leur accord. La constitution de
cette assemblée, proposée par Sieyès, est votée par 491 voix
contre 89.

Le 19 juin, le clergé décide de se joindre au tiers état. Le même


jour, le roi s'entretient avec Necker et Barentin. Necker propose un
plan de réformes proche des revendications du Tiers : vote par
tête et égalité de tous devant l'impôt notamment. Barentin, quant
à lui, demande au roi de ne pas céder face aux revendications et
lui déclare : « Ne pas sévir, c'est dégrader la dignité du trône »[80].
Le roi ne décide rien pour le moment et propose la tenue d'une
« séance royale » le 23 juin où il exprimera ses volontés.
Serment du Jeu de paume

Article connexe : Serment du Jeu de paume.

Les députés du Tiers demandent qu'on


les laisse entrer dans l'hôtel des
Menus Plaisirs, Lucien-Étienne
Mélingue.

Le 20 juin, les députés du Tiers découvrent que la salle des


Menus-Plaisirs est close et barrée par des gardes-françaises.
Officiellement, on y prépare l'assemblée du 23 juin ; en réalité,
Louis XVI a décidé de fermer la salle puisque, non seulement
écrasé par le deuil de la mort du dauphin mais surtout influencé
par la reine, Barentin et d'autres ministres, il se sent trahi par un
tiers état qui lui échappe et ne souhaite pas de réunion jusqu'à
l'assemblée du 23[a 53].

Le Serment du Jeu de Paume,


20 juin 1789, Louis-Charles-Auguste
Couder (1790–1873), 1848, Musée de
l'Histoire de France (Versailles).

Les députés du Tiers décident alors, sur proposition du célèbre


docteur Guillotin, de trouver une autre salle pour se réunir. C'est
alors qu'ils entrent dans la salle du Jeu de paume, située à deux
pas. C'est dans cette salle que l'assemblée, à l'initiative de Jean-
Joseph Mounier[a 54], se déclare « appelée à fixer la constitution du
royaume » puis, à l'unanimité sauf une voix, elle prête le serment
de ne « jamais se séparer » tant qu'une nouvelle constitution ne
sera pas donnée au royaume de France. Elle déclare enfin que
« partout où ses membres sont réunis, là est l'Assemblée
nationale[60] ! »

Le 21 juin, Louis tient un conseil d'État à l'issue duquel le plan


proposé par Necker le 19 juin est repoussé, malgré le soutien des
ministres Montmorin, Saint-Priest et La Luzerne.

Séance royale

Article connexe : Séance royale du 23 juin 1789.

Mirabeau répondant à Dreux-Brézé,


burin gravé en 1889 par Alphonse
Lamotte d'après le haut-relief de Jules
Dalou (Salon de 1883).

La séance royale décidée par le roi s'ouvre dans la grande salle de


l'hôtel des Menus-Plaisirs, en l'absence de Jacques Necker mais
en présence d'une troupe largement déployée pour l'occasion.
Louis XVI y prononce un bref discours dans lequel il fait part de
ses décisions. Constatant le manque de résultats des états
généraux, il rappelle les députés à l'ordre : « Je dois au bien
commun de mon royaume, je me dois à moi-même de faire cesser
vos funestes divisions ». Il déclare être favorable à l'égalité devant
l'impôt, à la liberté individuelle, à la liberté de la presse, à la
disparition du servage, et à la suppression des lettres de cachet
qu'il décidera le 26 juin ; en revanche, il déclare nulle la
proclamation de l'assemblée nationale du 17 juin et maintient sa
volonté de faire voter les trois ordres séparément. Il rappelle enfin
qu'il incarne la seule autorité légitime du royaume : « Si, par une
fatalité loin de ma pensée, vous m'abandonniez dans une si belle
entreprise, seul je ferais le bien de mes peuples, seul me
considérerais comme leur véritable représentant »[44]. La séance
est levée et les députés sont priés de sortir.

Les députés de la noblesse et la majorité de ceux du clergé


quittent alors la salle ; les députés du Tiers sont, quant à eux,
tendus et intrigués par la présence massive des troupes. Au bout
de plusieurs minutes de flottement, le député d'Aix Mirabeau
intervient et s'adresse à la salle : « Messieurs, j'avoue que ce que
vous venez d'entendre pourrait être le salut de la patrie, si les
présents du despotisme n'étaient toujours dangereux. Quelle est
cette insultante dictature ? L'appareil des armes, la violation du
temple national pour vous commander d'être heureux ! […] Catilina
est-il à nos portes[44] ! » Face au tumulte provoqué par cette
harangue, le grand maître des cérémonies Henri-Évrard de Dreux-
Brézé s'adresse alors à Bailly, doyen de l'Assemblée et du Tiers,
pour lui rappeler l'ordre du roi. Le député rétorque : « La Nation
assemblée ne peut recevoir d'ordre ». C'est alors que Mirabeau
s'interpose et, selon la légende, lui répond cette célèbre phrase :
« Allez dire à ceux qui vous ont envoyé que nous sommes ici par
la volonté du peuple et que nous n'en sortirons que par la
puissance des baïonnettes »[60]. Informé de l'incident, Louis XVI
aurait alors lâché : « Ils veulent rester, eh bien, foutre, qu'ils
restent[44] ! » Une révolution bourgeoise et pacifique vient ainsi de
s'accomplir et il faut désormais au roi opter entre l'acceptation de
la monarchie constitutionnelle ou l'épreuve de force. Il semble
s'orienter vers la première solution tandis que son entourage se
montre plus intransigeant, notamment son frère le comte d'Artois
qui accuse Necker, ce banquier libéral, de trahison et
d'attentisme[81].

Défection de l'armée

Le surlendemain 25 juin, la majorité des députés du clergé et 47


députés de la noblesse (dont le duc d'Orléans, cousin du roi) se
joignent au Tiers état. Louis XVI cherche à donner le change et, le
27 juin, ordonne « à son fidèle clergé et à sa fidèle noblesse »[82]
de se joindre au Tiers ; paradoxalement, il fait déployer autour de
Versailles et de Paris trois régiments d'infanterie, officiellement
pour protéger la tenue des états généraux, mais en réalité pour
pouvoir disperser les députés par la force si cela s'avère
nécessaire[a 55]. Seulement, plusieurs compagnies refusent de se
soumettre aux ordres et certains soldats jettent leurs armes avant
de venir dans les jardins du Palais-Royal se faire applaudir par la
foule. Les « patriotes » parisiens suivent de près les mouvements
de l'armée et, lorsqu'une quinzaine de grenadiers insoumis sont
enfermés dans la prison abbatiale de Saint-Germain-des-Prés, 300
personnes viennent les libérer : « Les hussards et les dragons
envoyés pour rétablir l'ordre crient "Vive la Nation !" et refusent de
charger la foule »[82].

Louis XVI mobilise alors autour de Paris 10 nouveaux régiments.


Le 8 juillet, Mirabeau demande au roi d'éloigner les troupes
étrangères (suisses et allemands), ce à quoi le souverain rétorque
que son seul but est de protéger les élus ; pour ce faire, il propose
même de transférer le siège de l'assemblée nationale à Noyon ou
Soissons[a 56].

Assemblée nationale constituante

Renvoi de Necker (11 juillet 1789)

L'Assemblée nationale proclamée le 17 juin 1789 prend le nom de


Constituante le 9 juillet. Pendant ce temps, le roi renvoie Necker
(dont il a peu apprécié l'absence lors de la séance royale du
23 juin) pour le remplacer par le baron de Breteuil, monarchiste
convaincu. Il appelle le maréchal de Broglie au poste de Maréchal
général des camps et armées du roi, réinstauré pour faire face aux
événements.
Prise de la Bastille (14 juillet 1789)

La Prise de la Bastille.

Article connexe : Prise de la Bastille.

L'annonce du renvoi de Necker et de la nomination de Breteuil et


de Broglie mettent Paris en effervescence[83]. À partir de ce
moment, les manifestations se multiplient à Paris ; une d'entre
elles est réprimée aux Tuileries, faisant un mort côté
manifestants[a 57].

« C’est ainsi que l’on se venge des


traitres. »
Gravure de 1789 dépeignant des
soldats ou des miliciens portant les
têtes de Jacques de Flesselles et du
marquis de Launay sur des piques.

Le 13 juillet, les 407 grands électeurs de Paris (qui avaient élu


leurs députés pour les états généraux) se réunissent à l'Hôtel de
ville de Paris pour se constituer « comité permanent ». Ils fondent
une milice de 48 000 hommes encadrée par des gardes-
françaises et adoptent comme signe de reconnaissance la
cocarde bicolore rouge et bleu, aux couleurs de la ville de Paris (le
blanc, symbole de la nation, est inséré dans la cocarde tricolore
née dans la nuit du 13 au 14 juillet)[84].

Le matin du 13, Louis XVI écrit à son frère cadet, le Comte


d’Artois : « Résister en ce moment, ce serait s’exposer à perdre la
monarchie ; c’est nous perdre tous. […] Je crois plus prudent de
temporiser, de céder à l’orage, et de tout attendre du temps, du
réveil des gens de bien, et de l’amour des Français pour leur
roi »[85].

Il ne reste plus aux manifestants qu'à trouver des armes. Le


14 juillet, une foule estimée à 40 000-50 000 personnes[a 58] se
présente devant l'Hôtel des Invalides. Les officiers réunis sous les
ordres de Besenval sur le Champ-de-Mars refusent à l'unanimité
de charger contre les manifestants. C'est ainsi que ces derniers
s'emparent librement à l'intérieur des Invalides d'environ
40 000 fusils Charleville, un mortier et une demi-douzaine de
canons[a 58]. Il ne manque plus que de la poudre et des balles, et
l'idée se répand que la forteresse de la Bastille en regorge.

Vers 10h30, une délégation des électeurs de Paris se rend auprès


du gouverneur de la prison Bernard-René Jordan de Launay pour
négocier la remise des armes demandées. Après deux refus,
Launay fait sauter 250 barils de poudre ; l'explosion est
considérée à tort comme une charge contre les assaillants.
Soudain, un ancien sergent des gardes suisses entouré de 61
gardes-françaises arrive des Invalides avec les canons volés et les
place en position d'attaque contre la Bastille. La forteresse
capitule, la foule s'y engouffre en libérant les 7 prisonniers
enfermés et s'empare des munitions. La garnison de la Bastille,
après avoir massacré une centaine d'émeutiers, est conduite à
l'Hôtel de ville tandis que la tête de Launay, décapité sur le trajet,
est exposée sur une pique. Ignorant tout des événements,
Louis XVI ordonne trop tard que les troupes stationnées autour de
Paris évacuent la capitale.

Le lendemain 15 juillet, le roi apprend à son réveil du grand-maître


de la garde-robe François XII de La Rochefoucauld les
événements de la veille. Selon la légende, le roi lui demande :
« C'est une révolte ? » Et le duc de La Rochefoucauld de répondre :
« Non, Sire, c'est une révolution »[80].

À partir de ce jour, la Révolution est irréversiblement enclenchée.


Louis XVI, qui ne peut choisir qu'entre la guerre civile et la
résignation, consent à capituler devant les événements.

Toujours le 15 juillet, le roi se rend à l'Assemblée pour confirmer


aux députés qu'il a ordonné aux troupes de se retirer des alentours
de Paris. Sous les applaudissements des députés, il conclut sa
venue en disant : « Je sais qu'on a osé publier que vos personnes
n'étaient point en sûreté. Serait-il donc nécessaire de vous
rassurer sur des bruits aussi coupables, démentis d'avance par
mon caractère connu ? Eh bien, c'est moi qui ne suis qu'un avec la
Nation qui me fie à vous : aidez-moi en cette circonstance à
assurer le salut de l'État ; je l'attends de l'Assemblée
nationale »[86]. En s'adressant directement à l'Assemblée nationale,
Louis XVI vient de reconnaître officiellement son existence et sa
légitimité. Aussitôt, une importante délégation conduite par Bailly
se rend à l'Hôtel de ville de Paris pour annoncer au peuple les
dispositions du roi et ramener le calme dans la capitale. Dans une
ambiance festive et dansante, Bailly est nommé maire de Paris et
La Fayette est élu par l'Assemblée commandant de la Garde
nationale.

Rappel de Necker et adoption de la cocarde tricolore par le roi


(16-17 juillet 1789)

Cocarde plissée bleu-blanc-


rouge.

Le 16 juillet, le roi tient un conseil en présence de la reine et de ses


deux frères. Le comte d'Artois et Marie-Antoinette demandent au
roi de transférer la cour à Metz pour plus de sécurité mais le
souverain, soutenu par le comte de Provence, la maintient à
Versailles[a 59]. Il regrette plus tard de ne pas s'être éloigné de
l'épicentre de la Révolution[60]. Il annonce en outre dans ce conseil
qu'il va rappeler Necker et donne l'ordre à Artois (dont il reproche
la philosophie répressive) de quitter le royaume, faisant du futur
Charles X l'un des tout premiers émigrés de la Révolution.

Necker revient donc au gouvernement avec le titre de contrôleur


général des finances. Sont également rappelés Montmorin aux
Affaires étrangères, Saint-Priest à la Maison du Roi et La Luzerne
à la Marine. Necker ne tardera pas à comprendre que le pouvoir
réside désormais à l'Assemblée nationale[a 60].

Le 17 juillet, Louis XVI prend la route de Paris pour aller à la


rencontre de son peuple. Accompagné d'une centaine de députés,
il a choisi de se rendre à l'Hôtel de ville, devenu le centre
symbolique de la contestation populaire. Il est reçu par le nouveau
maire, Bailly, qui s’adresse à lui en ces termes : « J’apporte à Votre
Majesté les clefs de sa bonne ville de Paris : ce sont les mêmes
qui ont été présentées à Henri IV, il avait reconquis son peuple, ici
le peuple a reconquis son roi »[87]. Sous les cris de « Vive la
Nation ! », il se fait apposer sur son chapeau la cocarde tricolore. Il
pénètre ensuite dans l'édifice en passant sous la voûte formée par
les épées des gardes nationaux. C'est alors que le président du
collège électoral, Moreau de Saint-Méry, le complimente : « Le
trône des rois n'est jamais plus solide que lorsqu'il a pour base
l'amour et la fidélité des peuples »[86]. Le roi improvise alors un
petit discours au cours duquel il déclare approuver les
nominations de Bailly et La Fayette ; se montrant alors à la foule
qui l'acclame en contrebas, il lance à Saint-Méry : « Mon peuple
peut toujours compter sur mon amour »[88]. Enfin, à la demande de
l'avocat Louis Éthis de Corny, on vote l'érection d'un monument à
Louis XVI à l'emplacement même de la Bastille[86].

Comme le note l'historien Bernard Vincent en commentant cette


réception à l'Hôtel de ville : « Avec la prise de la Bastille, le pouvoir
suprême venait bel et bien de changer de camp »[a 61].

Grande Peur (19 juillet - 6 août 1789)

Article connexe : Grande Peur.

L'Assemblée nationale régnant désormais sur le pays, les


intendants du roi quittent leur poste dans les provinces. Une
grande peur gagne alors la paysannerie française : on craint en
effet que les seigneurs, pour se venger des événements survenus
à Paris, ne mandatent des « brigands » contre le peuple des
campagnes.

Ajoutée à la faim et à la crainte des accapareurs de blé, la grande


peur incite les paysans à créer des milices un peu partout en
France. À défaut de tuer les brigands imaginaires, les membres de
la milice incendient les châteaux et massacrent des comtes
notamment. L'Assemblée, hésitante face à ces exactions, décide
de calmer le jeu. Néanmoins, la peur gagne la ville de Paris où, le
22 juillet, le conseiller d'État Joseph François Foullon et son
gendre Berthier de Sauvigny sont massacrés sur la Place de
Grève.

Abolition des privilèges (4 août 1789)

Article connexe : Nuit du 4 août 1789.

Pour mettre fin à l'instabilité régnant dans les campagnes, les


ducs de Noailles et d'Aiguillon lancent à l'Assemblée constituante
l'idée de faire table rase de tous les privilèges seigneuriaux hérités
de l'époque médiévale. C'est ainsi qu'au cours de la séance
nocturne du 4 août 1789 sont supprimés les droits féodaux, la
dîme, les corvées, la mainmorte et le droit de garenne notamment.
L'assemblée affirme l'égalité devant l'impôt et l'emploi, abolit la
vénalité des charges et tous les avantages ecclésiastiques,
nobiliaires et bourgeois.

Bien que Louis XVI affirme dans un courrier du lendemain à


Monseigneur du Lau, archevêque d'Arles, qu'il ne donnera jamais
sa sanction (comprendre son accord) à des décrets qui
« dépouilleraient » le clergé et la noblesse[89], l'Assemblée
continue de légiférer dans ce sens jusqu'au 11 août. Les décrets
d'application seront pris les 15 mars et 3 juillet 1790.

Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (26 août 1789)

Article connexe : Déclaration des droits de l'homme et du citoyen


de 1789.
Déclaration des droits de
l'homme et du citoyen, Le
Barbier, 1789, huile sur toile,
71 x 56 cm, Paris, musée
Carnavalet. La Monarchie,
tenant les chaînes brisées de
la Tyrannie, et le génie de la
Nation, tenant le sceptre du
Pouvoir, entourent la
déclaration.

Le rapport rendu le 9 juillet par Jean-Joseph Mounier présentait


un ordre de travail pour la rédaction d'une Constitution débutant
par une déclaration des droits[90]. Cette déclaration devait servir,
en tant que préambule, à proposer à l'univers un texte « pour tous
les hommes, pour tous les temps, pour tous les pays »[44] et
codifier l'essentiel de l'esprit des Lumières et du Droit naturel.
L'idée était également d'opposer à l'autorité royale l'autorité de
l'individu, de la loi et de la Nation[a 62].

Le 21 août, l'Assemblée entame la discussion finale du texte,


déposé par La Fayette et inspiré de la Déclaration d'indépendance
des États-Unis. L'adoption du texte s'opère article par article, pour
finir le 26 août, date à laquelle les députés commencent à
examiner le texte de la Constitution elle-même.

La Déclaration fixe à la fois les prérogatives du citoyen et celles de


la Nation : le citoyen par l'égalité devant la loi, le respect de la
propriété, la liberté d'expression notamment, et la Nation par la
souveraineté et la séparation des pouvoirs entre autres. Le texte
est adopté « en présence et sous les auspices de l'Être suprême,
un dieu abstrait et philosophique.

Les débats, houleux, surviennent au milieu de 3 catégories de


députés qui commencent à se démarquer les uns des autres : la
droite (aristocrates), les partisans du statu quo comme
d'Eprémesnil ou l'abbé Maury ; le centre (Monarchiens) conduits
notamment par Mounier et favorables à une alliance entre les roi
et le tiers-état ; et enfin la gauche (patriotes), elle-même
composée d'une branche modérée favorable à un veto minimal du
roi (Barnave, La Fayette, Sieyès) et d'une branche extrême
comptant encore peu de députés (Robespierre et Pétion
notamment).

Veto royal (11 septembre 1789)

À la suite de l'adoption du texte final de la Déclaration des droits


de l'homme et du citoyen le 26 août, l'Assemblée se penche à la
question du droit de veto du roi. Après quelques jours de débats,
lesquels se sont déroulés en l'absence du principal intéressé, les
députés votent le 11 septembre, à une très large majorité (673
voix contre 325), le droit de veto suspensif proposé par les
patriotes. Concrètement, le roi perd l'initiative des lois, et ne
conserve que le droit de promulgation et le droit de remontrance.
Louis XVI accepte cette idée par esprit de conciliation, grâce à
Necker qui, ayant négocié cette option avec les patriotes, a su
convaincre le roi d'accepter le droit de veto ainsi voté[a 63].

Néanmoins, les députés ne concèdent au roi le droit de veto que si


ce dernier avalise les décrets de la nuit du 4 août. Dans une lettre
du 18 septembre, Louis XVI écrit aux députés qu'il agrée l'esprit
général de la loi mais qu'en revanche des points importants n'ont
pas été étudiés, notamment l'avenir du traité de Westphalie
consacrant les droits féodaux des princes germaniques ayant des
terres en Alsace. Pour toute réponse, l'assemblée somme le roi de
promulguer les arrêtés des 4 et 11 août. Outragé, Louis XVI
concède cependant le 21 septembre qu'il accepte l'« esprit
général » de ces textes et qu'il les publierait. Satisfaits, les
députés octroient le 22 septembre (par 728 voix contre 223) le
droit de veto suspensif pour une durée de six ans. Dans la foulée,
ils votent l'article de la future constitution selon lequel « le
gouvernement est monarchique, le pouvoir exécutif est délégué au
roi pour être exercé sous son autorité par les ministres »[82].

Retour du roi à Paris (6 octobre 1789)

Article connexe : Journées des 5 et 6 octobre 1789.

La marche des femmes sur Versailles, le 5 octobre, telle


que vue par l'hagiographie des journées révolutionnaires.
Malgré son retour au gouvernement, Necker ne parvient pas à
redresser les finances du royaume. Il recourt donc au traditionnel
remède à l'emprunt : deux emprunts sont lancés en août 1789,
mais les résultats sont médiocres. Necker se rend donc en dernier
recours à l'Assemblée pour lui proposer une contribution
extraordinaire qui pèserait sur l'ensemble des citoyens, et qui
équivaudrait au quart des revenus de chacun ; d'abord réticente à
voter cet impôt lourd, ladite assemblée l'adopte à l'unanimité,
convaincue par les mots que lui a lancés Mirabeau : « Votez donc
ce subside extraordinaire […] la hideuse banqueroute est là : elle
menace de consumer, vous, vos propriétés, votre honneur […] et
vous délibérez[80] ! » La levée de cette contribution ne résout
cependant pas les difficultés économiques du pays, le pain
devenant de plus en plus rare et le chômage de plus en plus fort
(une des conséquences de l'émigration des aristocrates, parmi
lesquels beaucoup d'employeurs).

L'opinion publique s'émeut de cette impasse et, sensible aux


poussées contre-révolutionnaires de la cour et du roi (que l'on
surnomme désormais Monsieur Veto), se méfie de plus en plus du
souverain et de son entourage. Par exemple, dans la chanson La
Carmagnole, composée probablement lors de la journée du
10 août 1792 :

« Monsieur Véto avait promis


D’être fidèle à sa patrie ;
Mais il y a manqué.

Ne faisons plus quartier. »

Cette méfiance se change bientôt en révolte quand le peuple


apprend qu'au cours d'un dîner donné le 1er octobre à Versailles
en l'honneur du régiment de Flandre (venu prêter main-forte à la
défense de la cour), certains officiers n'ont pas manqué de fouler
aux pieds la cocarde tricolore et de crier « À bas l'Assemblée ! », le
tout en présence de Louis XVI et de la reine[44].

Les Parisiens apprennent la nouvelle, relayée et amplifiée par les


journaux ; Marat et Desmoulins en appellent aux armes contre
cette « orgie contre-révolutionnaire »[a 64]. Selon les registres
officiels, ne sont entrés dans la capitale depuis 10 jours que « 53
sacs de farine et 500 setiers de blé »[60] ; face à cette pénurie, le
bruit court que du blé est abondamment conservé à Versailles et
en outre que le roi envisage de transporter la cour à Metz[a 64]. Les
Parisiens veulent donc ramener le blé et retenir le roi, quitte à le
ramener dans la capitale.

Le 5 octobre, une foule de femmes envahit l'Hôtel de ville de Paris


pour faire part de ses doléances et informer qu'elle va marcher sur
Versailles pour en parler à l'Assemblée et au roi lui-même.
Conduites par l'huissier Stanislas-Marie Maillard[a 65], environ
6 000 à 7 000 femmes, ajoutées à quelques agitateurs déguisés,
se rendent à pied à Versailles, « armées de fusils, de piques, de
crocs de fer, de couteaux emmanchés sur des bâtons, précédées
de sept ou huit tambours, de trois canons et d'un train de baril de
poudre et de boulets, saisis au Châtelet »[60].

Apprenant la nouvelle, le roi rentre précipitamment de la chasse et


la reine se réfugie dans la grotte du Petit Trianon[a 65]. Vers 16
heures, le cortège des femmes arrive devant l'Assemblée ; une
délégation d'une vingtaine d'entre elles est reçue dans la salle des
Menus-Plaisirs, qui exige que le roi promulgue les décrets des 4 et
11 août et signe la Déclaration des droits de l'homme. Une horde
de citoyennes survient alors dans la salle, criant : « À bas la
calotte ! À mort l'Autrichienne ! Les gardes du roi à la
lanterne[60] ! »

Louis XVI accepte de recevoir cinq des femmes du cortège,


accompagnées du nouveau président de l'Assemblée, Jean-
Joseph Mounier. Le roi leur promet du pain, embrasse l'une de ces
femmes (Louison Chabry, âgée de 17 ans[a 66]), laquelle s'évanouit
sous le coup de l'émotion. Les femmes ressortent en criant « Vive
le roi ! » mais la foule hurle à la trahison et menace de les pendre.
Elles promettent alors de retourner voir le roi pour obtenir
davantage. Louis XVI donne alors à Jérôme Champion de Cicé,
Garde des Sceaux l'ordre écrit de faire venir du blé de Senlis et de
Lagny ; il promet également à Mounier qu'il promulguera le soir
même les décrets des 4 et 11 août, et qu'il signera également la
Déclaration. Se montrant enfin au balcon aux côtés de Louison
Chabry, il émeut la foule qui l'acclame alors.

La Fayette et la famille royale à


Versailles, le 6 octobre.

Vers minuit, La Fayette arrive au château en tête de la Garde


nationale et de quelque 15 000 hommes ; il promet au roi
d'assurer la défense extérieure du château et lui assure : « Si mon
sang doit couler, que ce soit pour le service de mon roi »[44]. Le
lendemain matin, après une nuit passée à camper sur la place
d'armes, la foule assiste en son sein à une bagarre opposant des
manifestants à plusieurs gardes du corps ; des émeutiers
entraînent alors la foule à pénétrer dans le château par la porte de
la chapelle, restée étrangement ouverte. S'ensuit alors un véritable
carnage où plusieurs gardes sont massacrés et décapités, leur
sang badigeonnant le corps des meurtriers. Ces derniers
cherchent les appartements de la reine, s'écriant : « Nous voulons
couper sa tête, fricasser son cœur et ses foies, et cela ne finira
pas là[91] ! » Empruntant des couloirs secrets, le roi et sa famille
parviennent à se retrouver ensemble sous les cris de « Le roi à
Paris ! » et « À mort l'Autrichienne ! » venant du dehors. La reine
lance alors à son mari : « Vous n'avez pas su vous décider à partir
quand c'était encore possible ; à présent nous sommes
prisonniers »[60]. Louis XVI se concerte alors avec La Fayette ; ce
dernier ouvre la fenêtre donnant au dehors et se montre à la foule
qui lui crie « Le roi au balcon ! ». Le souverain se montre alors à la
foule sans dire un mot tandis que celle-ci l'acclame et lui demande
de revenir à Paris. Des voix réclamant la reine, La Fayette dit à
celle-ci de venir également à la fenêtre : « Madame, cette
démarche est absolument nécessaire pour calmer la
multitude »[60]. La reine s'exécute, modérément acclamée par la
foule ; La Fayette lui baise la main. Le roi la rejoint alors en
compagnie de ses deux enfants et déclare à la foule : « Mes amis,
j'irai à Paris avec ma femme et mes enfants. C'est à l'amour de
mes bons et fidèles sujets que je confie ce que j'ai de plus
précieux »[60].

Après 7 heures de route[a 67], le cortège arrive à Paris, encadré par


la Garde nationale et les têtes fraîchement coupées de la matinée.
Des chariots de blé accompagnent également la famille royale, si
bien que la foule déclare qu'elle ramène dans la capitale « le
boulanger, la boulangère et le petit mitron »[82]. Après un détour
protocolaire à l'Hôtel de ville, le cortège parvient au Palais des
Tuileries, où la famille royale élit malgré elle son dernier domicile ;
un mois plus tard, l'Assemblée siège à la Salle du Manège, non
loin de là. Le 8 octobre, les députés Fréteau et Mirabeau
proposent[1] d'instaurer le titre de roi des Français à la place de
celui de roi de France. L'Assemblée adopte[2] cette nouvelle
titulature le 10 octobre, et décide le 12 octobre que le souverain ne
sera pas titré[3] « roi des Navarrais » ni « des Corses ».
L'Assemblée officialisera ces décisions par un décret[92] du
9 novembre. Louis XVI commence à utiliser la nouvelle titulature
(orthographiée « roi des François ») dans ses lettres patentes à
partir du 6 novembre[4]. Le 16 février 1790, l'Assemblée décrète[5]
que son président devra demander au roi que le sceau de l'État
porte la nouvelle titulature. Le nouveau sceau est utilisé dès le
19 février, avec la formulation « Louis XVI par la grâce de Dieu et
par la loy constitutionnelle de l'État roy des François ». Et
l'Assemblée décide par décret[6] du 9 avril 1791, que le titre de roi
des Français sera désormais gravé sur les monnaies du royaume
(où figurait toujours celui de roi de France et de Navarre : Franciæ
et Navarræ rex). Le titre est ensuite maintenu dans la constitution
de 1791.

Politique de déchristianisation et réactions du roi

Article connexe : Déchristianisation (Révolution française).

Dès les premiers mois qui vont suivre le début de la Révolution,


l'Église et le clergé vont être la cible de la politique nouvellement
menée ; comme l'affirme l'historien Bernard Vincent, « c'est cet
aspect de la Révolution, cet acharnement contre l'Église, que
Louis XVI, non seulement homme de foi mais profondément
convaincu d'être dans sa fonction un émissaire du Tout-Puissant,
aura le plus de mal à admettre. Il ne l'admettra d'ailleurs jamais,
malgré les concessions publiques que jour après jour sa situation
lui impose de faire »[a 68].
L'un des premiers actes de cette volonté de déchristianiser les
institutions s'opère par le décret du 2 novembre 1789 par lequel
l'Assemblée, à l'initiative de Talleyrand, décide à 568 voix contre
346 que les biens du clergé serviront à combler le déficit
national[93].

Le 19 décembre 1789, l'Assemblée met en circulation 400 millions


d'assignats, sortes de bons du Trésor, destinés à éponger les
dettes de l'État. La valeur de ces assignats était à terme garantie
par la vente des biens du clergé ; néanmoins, l'émission excessive
de ces bons aura pour conséquence une forte dépréciation, allant
jusqu'à 97 % de leur valeur.

« Décret de l'Assemblée national [sic]


qui supprime les ordres religieux et
religieuses. Le mardi 16 février
1790. » Caricature anonyme de 1790.
« Que ce jour est heureux, mes sœurs.
Oui, les doux noms de mère et
d'épouse est bien préférable à celui
de nonne, il vous rend tous les droits
de la nature ainsi qu'à nous. »

Le 13 février 1790, l'Assemblée vote l'interdiction des vœux


religieux et la suppression des ordres religieux réguliers, hors
institutions scolaires, hospitalières et caritatives. Les ordres tels
que les Bénédictins, les Jésuites et les Carmélites sont déclarés
illégaux. Dans plusieurs villes, de violents heurts opposent les
catholiques royalistes aux révolutionnaires protestants, tels à
Nîmes où, le 13 juin 1790, les affrontements font 400 morts[a 69].
La Constitution civile du clergé est votée le 12 juillet 1790,
remplissant d'effroi Louis XVI en personne. Désormais, les
diocèses seront alignés sur les départements récemment créés : il
y aura donc 83 évêques pour 83 diocèses (pour 83 départements),
et en outre 10 « évêques métropolitains » à la place des 18
archevêques existants. Mais la réforme, décidée sans
concertation ni avec le clergé ni avec Rome, prévoit également
que les curés et les évêques seront désormais élus par les
citoyens, même non catholiques. N'ayant plus de revenu à la suite
de la vente des biens du clergé, les prêtres seront donc des
fonctionnaires publics rémunérés par l'État mais devront, en
contrepartie, prêter serment de fidélité « à la Nation, à la loi et au
roi » (article 21). La constitution coupe les membres du clergé en
deux camps : les prêtres jureurs (légèrement majoritaires), fidèles
à la constitution et au serment de fidélité, et les prêtres
réfractaires, refusant de s'y soumettre. La constitution civile du
clergé et la Déclaration des droits de l'Homme seront
condamnées par le pape Pie VI dans le bref apostolique Quod
aliquantum, ramenant au sein de l'Église quelques prêtres jureurs.
L'Assemblée se vengera par le biais du décret du
11 septembre 1790 rattachant au Royaume l'État pontifical
d'Avignon et le Comtat Venaissin.

Le 26 décembre 1790, Louis XVI se résigne à entériner la


constitution civile du clergé dans son intégralité. Comme il l'avait
indiqué à son cousin Charles IV d'Espagne dans une missive
envoyée le 12 octobre 1789, il signe à contrecœur ces « actes
contraires à l'autorité royale » qui lui ont été « arrachés par la
force »[80].

Fête de la Fédération (14 juillet 1790)

Article connexe : Fête de la Fédération.

La fête de la Fédération, tableau de


Charles Thévenin, musée Carnavalet

Deux jours après le vote de la constitution civile du clergé, et pour


fêter le 1er anniversaire de la Prise de la Bastille, le Champ-de-
Mars est le théâtre d'une cérémonie de grande ampleur : la Fête
de la Fédération.

Orchestrée par La Fayette au nom des fédérations (les


associations de gardes nationaux de Paris et de province), la Fête
de la Fédération rassemble environ 400 000 personnes, en ce
compris les députés, le duc d'Orléans venu de Londres, les
membres du gouvernement donc Necker, et la famille royale. Une
messe est présidée par Talleyrand, entouré de 300 prêtres en étole
tricolore.

Louis XVI prête solennellement serment en ces termes : « Moi, roi


des Français, je jure à la Nation d'employer le pouvoir qui m'est
délégué […] à maintenir la Constitution décrétée par l'Assemblée
nationale et acceptée par moi et à faire exécuter les lois »[60]. La
reine présente son fils à la foule sous les acclamations.

Le roi est acclamé tout au long de cette journée et les Parisiens


viennent dans la soirée crier sous ses fenêtres : « Régnez, Sire,
régnez[13] ! » Barnave reconnaît : « Si Louis XVI avait su profiter de
la Fédération, nous étions perdus »[80]. Mais le roi ne profite pas de
la situation : pour certains historiens[a 70], le roi veut éviter une
guerre civile[m] ; l'autre explication vient du fait que le roi a peut-
être déjà entrepris de quitter le pays.

Fuite et arrestation à Varennes (20-21 juin 1791)

Article détaillé : Fuite de Louis XVI et arrestation à Varennes.

Face à la déliquescence de son pouvoir, Louis XVI ne choisit pas


d'abdiquer, estimant que l'onction reçue lors de son sacre et le
caractère séculaire de la monarchie l'en empêchent. Par
conséquent, le roi opte pour la fuite hors du royaume [réf. nécessaire].

Après un plan d'enlèvement mené par le comte d'Artois et Calonne


impossible à mettre en œuvre, et une tentative d'assassinat de
Bailly et La Fayette projetée par Favras en 1790, le roi construit un
plan d'évasion du royaume en direction de Montmédy où l'attend
le marquis de Bouillé, puis vers les provinces belges de l'Autriche.
Les historiens divergent quant à la finalité même du projet. Selon
Bernard Vincent, si le roi avait réussi à trouver refuge à l'est,
« alors cela changeait tout : une vaste coalition pourrait se former
- alliant entre autres l'Autriche, la Prusse, la Suède, l'Espagne et
pourquoi pas l'Angleterre - qui mettrait la Révolution à genoux,
prendrait appui sur la France profonde, renverserait le cours de
l'histoire et rétablirait le roi Louis et le régime monarchique dans
leurs droits immémoriaux »[a 71]. La date de l'évasion est fixée au
20 juin 1791 ; les modalités pratiques tels que la production de
faux passeports, les déguisements et le transport notamment
sont confiées à Axel de Fersen, amant de la reine et désormais
appui de la famille royale.

Le 20 juin, vers 21 heures, Fersen fait venir à la Porte Saint-Martin


la berline qui servira à transporter la famille royale. À minuit et
demi, le roi déguisé en valet de chambre, la reine et Madame
Élisabeth montent dans une voiture de louage pour rejoindre la
berline où sont déjà installés le dauphin, sa sœur et leur
gouvernante Madame de Tourzel. La voiture prend alors le départ ;
Fersen accompagne la famille royale jusqu'à Bondy où il prend
congé d'elle.

Le 21 juin à 7 heures, le valet de chambre s'aperçoit de la


disparition du roi. La Fayette, l'Assemblée nationale, puis la ville de
Paris tout entière apprennent la nouvelle ; on ne sait pas encore
s'il s'agit d'un enlèvement ou d'une évasion. Le roi a fait déposer à
l'Assemblée un texte écrit de sa main, la Déclaration du roi,
adressée à tous les Français à sa sortie de Paris, dans lequel il
condamne l'Assemblée qui lui a fait perdre tous ses pouvoirs et
exhorte les Français à revenir vers leur roi. De fait, dans ce texte
rédigé le 20 juin, il explique qu’il n’a ménagé aucun effort tant qu’il
« a pu espérer de voir renaître l’ordre et le bonheur », mais lorsqu’il
s’est vu « prisonnier dans ses États » après que sa garde
personnelle lui eut été retirée, lorsque le nouveau pouvoir l’a privé
du droit de nommer les ambassadeurs et de déclarer la guerre,
lorsqu’on l’a bridé dans l’exercice de sa foi, « il est naturel, dit-il,
qu’il ait cherché à se mettre en sûreté »[95].

Ce document ne fut jamais diffusé dans son intégralité. D'une


part, Louis XVI y dénonce les Jacobins et leur emprise croissante
sur la société française. D'autre part, il y explique sa volonté : une
monarchie constitutionnelle avec un exécutif puissant et
autonome vis-à-vis de l'Assemblée. Ce document historique
majeur, traditionnellement appelé « le testament politique de
Louis XVI » a été redécouvert en mai 2009[96]. Il est au Musée des
Lettres et Manuscrits à Paris. Le roi commente son sentiment sur
la révolution, en critique certaines conséquences sans pour autant
rejeter les réformes importantes comme l'abolition des ordres et
l'égalité civile.

Pendant ce temps, la berline continue vers l'est, traversant la ville


de Châlons-sur-Marne avec 4 heures de retard sur l'horaire prévu.
Non loin de là, à Pont-de-Sommevesle, l'attendent les hommes de
Choiseul ; ne voyant pas arriver la berline arriver à temps, ils
décident de s'en aller.

L’arrestation du roi et de sa famille à


Varennes.

À 8 heures du soir, le convoi s'arrête devant le relais de Sainte-


Menehould puis reprend sa route. La population s'interroge sur la
mystérieuse voiture, et très vite s'ébruite la rumeur selon laquelle
les fugitifs ne sont autres que le roi et sa famille. Le maître de
poste, Jean-Baptiste Drouet, est convoqué à l'Hôtel de ville : face à
un assignat à l'effigie du roi qu'on lui tend, il reconnaît le souverain
comme étant l'un des passagers du convoi. Il se lance alors à la
poursuite de la berline avec le dragon Guillaume en direction de
Varennes-en-Argonne, vers laquelle se dirigeait la voiture. Prenant
des raccourcis, ils arrivent avant le convoi et parviennent à
prévenir les autorités quelques minutes seulement avant l'arrivée
du roi. La famille royale arrive vers 10 heures et se heurte à un
barrage. Le procureur-syndic Jean-Baptiste Sauce contrôle les
passeports, qui semblent en règle. Il s'apprête à laisser repartir les
voyageurs quand le juge Jacques Destez, qui avait vécu à
Versailles, reconnaît formellement le roi. Louis XVI avoue alors sa
véritable identité ; il ne parvient pas à convaincre la population
qu'il envisageait de regagner Montmédy afin d'y installer sa
famille, d'autant plus que le maître de poste de Châlons arrive à ce
moment précis, porteur d'un décret de l'Assemblée enjoignant
d'arrêter les fuyards. Choiseul, qui a réussi à rejoindre le roi,
propose à ce dernier de faire dégager la ville par la force, ce à quoi
le roi lui répond d'attendre l'arrivée du général Bouillé ; mais celui-
ci ne vient pas et ses hussards pactisent avec la population. Le roi
confie alors à la reine : « Il n'y a plus de roi en France »[97].

Le retour du cortège à Paris.

Informée le 22 juin au soir des événements qui se sont déroulés à


Varennes, l'Assemblée envoie trois émissaires à la rencontre de la
famille royale : Barnave, Pétion et La Tour-Maubourg. La jonction
s'opère le 23 juin au soir à Boursault. Le cortège passe la soirée à
Meaux et reprend le lendemain la route de Paris, où l'Assemblée a
déjà décrété la suspension du roi. Une foule immense s'est
massée le long des boulevards pour voir passer la voiture de la
famille royale ; les autorités ont placardé des affiches sur
lesquelles il est écrit : « Quiconque applaudira le roi sera bastonné,
quiconque l'insultera sera pendu »[98]. Durant le trajet, le roi
conserve un calme exemplaire comme le note Pétion : « Il
semblait que le roi revenait d'une partie de chasse [...] il était tout
aussi flegme, tout aussi tranquille que si rien n'était arrivé [...]
j'étais confondu de ce que je voyais »[60]. Quant à Marie-
Antoinette, elle constatera en se regardant dans un miroir que ses
cheveux avaient blanchi[a 72].

L'Assemblée décide d'entendre le couple royal sur l'affaire de


Varennes. Louis XVI fait seulement savoir qu'il n'avait pas eu
l'intention de quitter le territoire national : « Si j'avais eu l'intention
de sortir du royaume, je n'aurai pas publié mon mémoire le jour
même de mon départ, mais j'aurais attendu d'être en dehors des
frontières »[60]. Le 16 juillet, on lui apprend qu'il est innocenté et
qu'il serait rétabli dans ses fonctions dès qu'il aura approuvé la
nouvelle constitution.

Pour l'historien Mona Ozouf, la fuite manquée du roi a brisé le lien


de l'indivisibilité du roi et de la France, car, explique-t-elle, elle
« présente aux yeux de tous la séparation du roi et de la nation : le
premier, tel un vulgaire émigré, a couru clandestinement à la
frontière ; la seconde rejette désormais comme dérisoire son
identification au corps du roi, qu'aucune restauration ne
parviendra plus à faire revivre ; par où, bien avant la mise à mort
du roi, elle accomplit la mort de la royauté »[69].

Préparation de la Constitution

La Fusillade du Champ-de-Mars :
Lafayette au Champ de Mars ordonne
de tirer sur le peuple, Ary Scheffer
Texte original de la Constitution de
1791 conservé aux Archives
nationales

L'idée républicaine, déjà en chemin, va s'accélérer subitement à


l'occasion de la fuite manquée du roi. Le 24 juin 1791, une pétition
réclamant l'instauration d'une République réunit 30 000 signatures
à Paris[a 73]. Le 27 juin, les Jacobins de Montpellier réclament à
leur tour la création d'une République. Thomas Paine fonde à la fin
juin le club de la Société républicaine, aux idées plus avancées que
celui des Jacobins, au sein duquel il élabore un manifeste
républicain, où il appelle les Français à en finir avec la monarchie :
« La nation ne peut jamais rendre sa confiance à un homme qui,
infidèle à ses fonctions, parjure à ses serments, ourdit une fuite
clandestine, obtient frauduleusement un passeport, cache un roi
de France sous le déguisement d'un domestique, dirige sa course
vers une frontière plus que suspecte, couverte de transfuges, et
médite évidemment de ne rentrer dans nos états qu'avec une
force capable nous dicter sa loi »[99]. Cet appel est placardé sur
les murs de la capitale puis, le 1er juillet 1791, sur le portail de
l'Assemblée nationale ; cette initiative ne manque pas de choquer
un certain nombre de députés, lesquels se désolidarisent de ce
mouvement : Pierre-Victor Malouet parle de « violent outrage » à la
Constitution et à l'ordre public, Louis-Simon Martineau demande
l'arrestation des auteurs de l'affiche et Robespierre, enfin, s'écrie :
« On m'a accusé au sein de l'Assemblée d'être républicain. On m'a
fait trop d'honneur, je ne le suis pas[100] ! »

Le 16 juillet, le Club des Jacobins se déchire sur la question de la


république ; l'aile majoritaire hostile à un changement de régime
se rassemble autour de La Fayette et crée le Club des Feuillants.
Le 17 juillet, le Club des Cordeliers (dirigé par Danton, Marat et
Desmoulins notamment) lance une pétition en faveur de la
république. Le texte et les 6 000 signatures sont déposées sur
l'autel de la Patrie érigé au Champ-de-Mars pour la 2e Fête de la
Fédération du 14 juillet précédent. L'Assemblée ordonne la
dispersion de la foule : Bailly ordonne la loi martiale et La Fayette
fait appel à la Garde nationale. La troupe tire sans sommation
malgré les ordres reçus et fait plus de 50 morts parmi les
manifestants. Cet épisode tragique, connu sous le nom de
Fusillade du Champ-de-Mars, va constituer un tournant dans la
Révolution, aboutissant dans l'immédiat à la fermeture du Club
des Cordeliers, à l'exil de Danton, à la démission de Bailly de sa
fonction de maire de Paris à l'automne, et à la perte de popularité
de La Fayette dans l'opinion.
Pièce de deux sols représentant
Louis XVI (1791).

L'Assemblée poursuit la rédaction de la Constitution à partir du


8 août et adopte le texte le 3 septembre. Précédée de la
Déclaration des droits de l'homme, elle reconnaît l'inviolabilité du
roi, écarte la Constitution civile du clergé (réduite au statut de loi
ordinaire), maintient le suffrage censitaire et prévoit la nomination
des ministres par le roi hors de l'Assemblée. Pour le reste,
l'essentiel du pouvoir est dévolu à l'Assemblée, élue pour deux
ans. En revanche, rien n'est prévu en cas de désaccord entre les
pouvoirs législatif et exécutif : le roi ne peut dissoudre
l'Assemblée et celle-ci ne peut censurer les ministres. Ce texte
jugé plutôt conservateur déçoit les députés de gauche[a 74].

Les sources d’archives relatives aux membres de la Garde


constitutionnelle de Louis XVI sont décrites par les Archives
nationales (France)[101].

Louis XVI prête serment à la nouvelle Constitution le


14 septembre. Le président de l'Assemblée, Jacques-Guillaume
Thouret (après s'être rassis) déclare à Louis XVI que la couronne
de France est « la plus belle couronne de l'univers », et que la
nation française « aura toujours [besoin] de la monarchie
héréditaire »[102]. Le roi signe[103] la Constitution. Elle sera ensuite
sous la sauvegarde du député Jean-Henry d'Arnaudat (ancien
conseiller au parlement de Navarre), qui dormira avec jusqu'au
lendemain. Le 16 septembre, la Constitution est publiée[104] dans
la Gazette nationale. L'Assemblée constituante se réunit la dernière
fois le 30 septembre pour laisser place, dès le lendemain, à
l'Assemblée législative.

Politique extérieure

L'un des premiers domaines qui va échapper au roi est celui de la


politique extérieure, qu'il avait jusqu'alors menée avec fierté et
efficacité.

La Belgique tout d'abord qui, influencée par l'essor révolutionnaire


de la France, connaît l'indépendance et la déchéance de
l'empereur Joseph II le 24 octobre 1789, lequel est aussitôt
remplacé par son frère Léopold II. L'Autriche reprend le contrôle de
la Belgique et la République liégeoise prend fin le 12 janvier 1791.

Le 22 mai 1790, l'Assemblée profite de la crise de Nootka


opposant l'Espagne (alliée de la France) à la Grande-Bretagne
pour décider qui, du roi ou de la représentation nationale, dispose
du droit de déclarer la guerre. La question est tranchée ce jour là
par le Décret de Déclaration de paix au monde aux termes duquel
l'Assemblée décrète que cette décision n'appartient qu'à elle
seule. Elle affirme en effet que « La nation française renonce à
entreprendre aucune guerre dans le but de faire des conquêtes [...]
elle n'emploiera jamais ses forces contre la liberté d'aucun
peuple ».

Le 27 août 1791, l’empereur Léopold II et le roi


Frédéric-Guillaume II de Prusse rédigent en commun la
Déclaration de Pillnitz aux termes de laquelle ils invitent tous les
souverains européens à « agir d'urgence au cas où ils seraient
prêts » pour organiser des représailles si l'Assemblée nationale
française n'adoptait pas une constitution conforme « aux droits
des souverains et au bien-être de la nation française ». Les
comtes de Provence et d'Artois adressent le texte à Louis XVI en
l'accompagnant d'une lettre ouverte incitant le roi à rejeter le
projet de constitution[a 75]. Louis XVI est affligé par cette lettre,
ayant lui-même adressé peu avant une lettre secrète à ses frères
où il leur indiquait jouer la carte de la conciliation ; il leur reproche
leur attitude en ces termes : « Ainsi vous allez me montrer à la
Nation acceptant d'une main et sollicitant les puissances
étrangères de l'autre. Quel homme vertueux peut estimer une
pareille conduite[60] ? »

Roi des Français et monarchie


constitutionnelle (1791-1792)
Article connexe : Assemblée nationale législative (Révolution
française).
Première constitution de la France

Composition de l'Assemblée
législative en 1791 :
Indépendants ou constitutionnels ;
Feuillants ;
Jacobins, brissotins ou girondins.

Louis XVI est maintenu comme roi des Français par la nouvelle
Constitution. Il est toujours roi « par la grâce de Dieu », mais aussi
« par la loi constitutionnelle de l'État »[105], c'est-à-dire non plus
seulement un souverain de droit divin, mais en quelque sorte le
chef, le premier représentant du peuple français. Il conserve la
totalité des pouvoirs exécutifs, qu'il exerce en vertu de la loi
humaine[106]. Cette constitution maintenait en outre le
changement du titre du dauphin en « prince royal » (qui avait eu
lieu le 14 août 1791).

Le 14 septembre 1791, Louis XVI jure fidélité à ladite constitution.

La nouvelle Assemblée, élue au suffrage censitaire, ne comporte


aucun député de l'ancienne Assemblée constituante. Elle
comprend 745 députés : 264 inscrits au groupe des Feuillants,
136 à celui des Jacobins et 345 Indépendants.
Nouvelle crise économique à la fin de l'année 1791

La France traverse une nouvelle crise à la fin de l'année 1791 :


l'agitation populaire qui gagne les Antilles provoque une réduction
du sucre et du café, et donc la montée de leur prix. La valeur des
assignats se dégrade, le prix du blé augmente et le peuple a faim.

Crises diplomatiques et déclaration de guerre à l'Autriche

Article connexe : Déclaration de guerre de la France à l'Autriche


(1792).

Les 30 octobre et 9 novembre, la nouvelle Assemblée adopte deux


décrets sur l'émigration : dans le premier, elle demande au comte
de Provence de revenir en France dans les deux mois sous peine
de perdre ses droits à la Régence ; le second exhorte l'ensemble
des émigrés à rentrer sous peine d'être accusés de « conjuration
contre la France[82] », passible de la peine de mort. Le roi valide le
premier décret mais oppose son veto à deux reprises au second,
les 11 novembre et 19 décembre. L'Assemblée adoptera plus tard
la loi du 28 décembre 1793 mettant à disposition de la Nation les
biens mobiliers et immobiliers confisqués aux individus
considérés comme ennemis de la Révolution, c'est-à-dire les
émigrés et fugitifs, les prêtres réfractaires, les déportés et
détenus, les condamnés à mort, les étrangers ressortissants des
pays ennemis.
Le 21 janvier 1792, l'Assemblée obtient du roi d'adresser un
avertissement officiel à Léopold II lui demandant de dénoncer la
Déclaration de Pillnitz. L'empereur meurt le 1er mars, sans avoir
répondu à cet appel, mais en ayant pris soin quelques semaines
plus tôt de signer avec la Prusse un traité d'alliance. Son fils
François II lui succède et entend faire plier la Révolution,
affirmant : « Il est temps de mettre la France ou dans la nécessité
de s'exécuter, ou de nous faire la guerre, ou de nous mettre en
droit de la lui faire »[80]. Les Girondins suspectent la reine de
connivence avec l'Autriche. Louis XVI renvoie alors ses ministres
modérés et appelle de Grave à la Guerre ainsi qu'un certain
nombre de Girondins : Roland de la Platière à l'Intérieur, Clavière
aux Finances et Dumouriez aux Affaires étrangères. Ce sera « le
ministère jacobin ». Le 10 juin, Roland avertit le roi qu’il doit
donner son approbation à l’action de l’Assemblée : « Il n’est plus
temps de reculer, il n’y a même plus moyen de temporiser. […]
Encore quelque délai, et le peuple contristé verra dans son roi
l’ami et le complice des conspirateurs »[107]. Louis XVI, devant
cette lettre rendue publique qui est une insulte à la dignité royale,
renvoie Roland et les autres ministres modérés – Servan et
Clavière. Unique preuve de sa sincérité de roi des Français,
Louis XVI, sous l'influence de ce ministère, sanctionne le 4 avril le
décret législatif du 24 mars qui impose dans les colonies l'égalité
des Blancs et des hommes de couleur libres[108].
Un ultimatum est adressé à François II le 25 mars lui enjoignant
de chasser les émigrants français de son pays, lequel demeure
sans réponse. Le roi accepte donc, à la demande de l'Assemblée,
de déclarer la guerre à l'Autriche le 20 avril 1792. Beaucoup
reprocheront au roi ce « double jeu »[a 76] : si la France l'emporte, il
sortira renforcé des événements ; si elle perd, il pourra retrouver
ses pouvoirs monarchiques grâce à l'appui des vainqueurs.

La Révolution ayant désorganisé les forces armées, les premiers


temps sont désastreux pour la France : déroute de Marquain le
29 avril, démission de Rochambeau, désertion du Régiment de
Royal-Allemand notamment. Un climat de soupçon s'ouvre alors et
l'Assemblée, méfiante de la rue et des sans-culottes, décide la
création d'un camp de 20 000 Fédérés à proximité de Paris ; le
11 juin, le roi oppose son veto à la création de ce camp (pour
éviter un affaiblissement de la protection des frontières) et en
profite pour rejeter le décret du 27 mai sur la déportation des
prêtres réfractaires. Face aux protestations de Roland de la
Platière notamment, Louis XVI opère un remaniement ministériel
qui ne convainc pas l'Assemblée.

Journée du 20 juin 1792

Article connexe : Journée du 20 juin 1792.


Journée du 20 juin 1792.
Confrontation entre les insurgés et
Louis XVI. Bouillon et Vérité, 1796.

Caricature de Louis XVI,


coiffé du bonnet phrygien,
buvant à la santé de la
Nation (auteur anonyme,
1792).

Face à la déroute de l'armée, au renvoi des ministres Servan,


Roland et Clavière, et au refus du souverain d'adopter les décrets
sur la création du camp de fédérés et la déportation des prêtres
réfractaires, les Jacobins et les Girondins entreprennent une
épreuve de force pour le 20 juin 1792, date anniversaire du
serment du Jeu de paume. Plusieurs milliers de manifestants
parisiens, conduits par Santerre, sont ainsi encouragés à se rendre
au Palais des Tuileries pour protester contre la mauvaise gestion
de la guerre.

Seul, Louis XVI reçoit les émeutiers. Ceux-ci exigent du roi qu'il
annule ses vetos et rappelle les ministres congédiés. Pendant
cette longue occupation (qui dura de 14 heures à 22 heures[a 77]),
le roi ne cède rien mais garde un calme saisissant. Il affirme : « La
force ne fera rien sur moi, je suis au-dessus de la terreur »[44]. Il
accepte même de porter le bonnet phrygien et de boire à la santé
du peuple. Pétion part lever le siège en assurant au roi : « Le
peuple s'est présenté avec dignité ; le peuple sortira de même ;
que votre Majesté soit tranquille »[60].

Chute de la monarchie

Article connexe : Journée du 10 août 1792.

Face aux avancées autrichienne et prussienne dans le nord,


l'Assemblée déclare le 11 juillet la « Patrie en danger ». Le
17 juillet, quelques jours après la 3e commémoration de la Fête de
la fédération, les fédérés de province et leurs alliés parisiens
remettent à l'Assemblée une pétition demandant la suspension du
roi.

Les événements vont s'accélérer davantage le 25 juillet par la


publication du Manifeste de Brunswick où le duc de Brunswick
avertit les parisiens que s'ils ne se soumettent pas
« immédiatement et sans condition à leur roi », Paris sera promis
« à une exécution militaire et à une subversion totale, et les
révoltés [...] aux supplices qu'ils méritent ». Le couple royal est dès
lors soupçonné d'avoir inspiré l'idée de ce texte[a 78]. Robespierre
demande la déchéance du roi le 29 juillet.

Le 10 août vers 5 heures du matin, les sections des faubourgs,


ainsi que les fédérés marseillais et breton, envahissent la Place du
Carrousel. La défense du Palais des Tuileries est assurée par 900
gardes suisses, leur commandant le marquis de Mandat ayant été
convoqué à l'Hôtel de ville (où vient de se former une Commune
de Paris) avant d'y être assassiné. Le roi descend dans la cour du
palais à 10 heures et se rend compte que l'édifice n'est plus
protégé. Il décide donc d'aller trouver refuge avec sa famille à
l'Assemblée. C'est alors que les insurgés s'engouffrent dans le
palais et massacrent tous ceux qu'ils y croisent : gardes suisses,
domestiques, cuisiniers et femmes de chambre. Le château est
pillé et les meubles dévastés. L'assaut fera plus d'un millier de
morts (dont 600 suisses sur 900)[a 79] et les survivants seront par
la suite jugés et exécutés.

La Commune insurrectionnelle obtient de l'Assemblée la


suspension immédiate du roi et la convocation d'une convention
représentative. Le soir même, le roi et sa famille sont transportés
au Couvent des Feuillants où ils vont rester trois jours dans le plus
grand dénuement.

Transfert de la famille royale à la Maison du Temple

Louis le Dernier et sa famille conduits


au Temple le 13 Aoust 1792 (estampe
de 1792, auteur inconnu).
Le 11 août, l'Assemblée élit un conseil exécutif de 6 ministres et
fixe pour début septembre l'élection de la Convention. Elle rétablit
par ailleurs la censure et demande aux citoyens de dénoncer les
suspects. Elle demande enfin que la famille royale soit transférée
au Palais du Luxembourg mais la Commune exige que ce soit au
prieuré hospitalier du Temple, sous sa garde.

C'est donc le 13 août que la famille royale est transférée, conduite


par Pétion et escortée par plusieurs milliers d'hommes armés. Elle
n'occupe pas pour le moment la grande Tour du Temple non
encore aménagée, mais le logement de l'archiviste réparti sur trois
étages : Louis XVI vit au deuxième étage avec son valet de
chambre Chamilly (qui sera remplacé par Jean-Baptiste Cléry), la
reine et ses enfants au premier étage, et Madame Élisabeth la
cuisine du rez-de-chaussée en compagnie de Madame de Tourzel.
Les membres de la famille peuvent librement se voir mais ils sont
étroitement surveillés[a 80].

Louis XVI occupe son temps entre la lecture, l'éducation du


dauphin et la prière. Il s'adonne parfois au jeu de ballon avec son
fils et à des parties de trictrac avec les dames. La reine s'occupe
également de l'éducation de ses enfants, par l'enseignement de
l'histoire au dauphin et les exercices de dictée et de musique à sa
fille[a 81].
Massacres de septembre

Article connexe : Massacres de Septembre.

La journée du 10 août 1792 a laissé à Paris un climat agité où les


ennemis de la Révolution sont traqués. Les nouvelles extérieures
nourrissent un climat de complot contre celle-ci : franchissement
de la frontière par les Prussiens, siège de Verdun, soulèvement de
la Bretagne, de la Vendée et du Dauphiné.

Les prisons parisiennes renferment entre 3 000 et


10 000 détenus[a 82], constitués de prêtres réfractaires, agitateurs
royalistes et autres suspects. La Commune veut en finir avec les
ennemis de la Révolution avant qu'il ne soit trop tard. Un officier
municipal informe le roi, enfermé à la Maison du Temple, que « le
peuple est en fureur et veut se venger »[80].

Pendant une semaine, à partir du 2 septembre, les insurgés les


plus virulents de la Commune vont massacrer environ
1 300 détenus répartis dans les prisons suivantes : prison de
l'Abbaye, couvent des Carmes, prison de la Salpêtrière, prison de
la Force, prison du Grand Châtelet et prison de Bicêtre.

Victoire de Valmy

Article connexe : Bataille de Valmy.


Le 14 septembre, les Prussiens franchissent l'Argonne, mais les
armées françaises de Kellerman et Dumouriez (successeur de La
Fayette passé à l'ennemi) se rejoignent le 19. L'armée française se
retrouve en supériorité numérique et dispose d'une nouvelle
artillerie que l'ingénieur Gribeauval lui a donnée quelques années
plus tôt sous l'impulsion de Louis XVI.

La bataille s'engage à Valmy le 20 septembre. Les Prussiens sont


rapidement défaits et se réfugient derrière leur frontière. L'invasion
de la France est stoppée nette et, comme l'affirmera Goethe qui
accompagnait alors l'armée prussienne : « D'ici et de ce jour
commence une ère nouvelle dans l'histoire du monde »[82].

Mise en place de la Convention

Article connexe : Élections législatives françaises de 1792.

Composition de la Convention

L'Assemblée législative décide de mettre en place une convention


élue à la suite de la journée du 10 août. Les élections ont lieu du 2
au 6 septembre dans un contexte de peur et de suspicion dû à la
guerre franco-autrichienne et aux massacres de septembre.

À l'issue du scrutin, 749 députés sont élus dont beaucoup de


révolutionnaires déjà connus : Danton, Robespierre, Marat, Saint-
Just, Bertrand Barère, l'abbé Grégoire, Camille Desmoulins, le duc
d'Orléans rebaptisé Philippe Égalité, Condorcet, Pétion, Fabre
d'Églantine, Jacques-Louis David et Thomas Paine notamment.
Alors que les électeurs de Paris ont plutôt voté pour les Jacobins,
ce sont les Girondins qui l'emportent en province.

C'est dans le contexte de la victoire de Valmy qui galvanise les


esprits que la Convention se réunit pour la première fois le
21 septembre 1792, marquant dès son arrivée l'abolition de la
Monarchie.

Abolition de la monarchie et derniers mois


(1792-1793)

Premières mesures de la Convention

La Convention nationale décrète, lors de sa première séance le


21 septembre 1792 que « la royauté est abolie en France » et que
« l'An I de la République française » partira du 22 septembre 1792.
Louis XVI perd alors tous ses titres, les autorités révolutionnaires
le désignent sous le nom de Louis Capet (en référence à Hugues
Capet, dont le surnom est considéré, de manière erronée, comme
un nom de famille). Les décrets bloqués par le veto de Louis XVI
sont alors appliqués.

Le 1er octobre, une commission est mise en place pour instruire


un éventuel procès du roi, en s'appuyant notamment sur les
documents saisis au Palais des Tuileries.

Transfert de la famille royale à la Tour du Temple

Le 29 septembre, le roi, son valet de chambre Jean-Baptiste Cléry


sont transférés dans un appartement du deuxième étage de la
Tour du Temple. Il quitte ainsi le logement de l'archiviste au
prieuré hospitalier du Temple, dans lequel il demeurait depuis le
13 août.

Marie-Antoinette, sa fille Madame Royale, Madame Élisabeth et


leurs deux servantes sont transférées dans l'étage supérieur de la
tour le 26 octobre suivant, dans un appartement similaire à celui
du désormais ancien roi.

Procès devant la Convention

Article détaillé : Procès de Louis XVI.

Mise en place

Louis XVI enfermé à la Tour


du temple, par Jean-François
Garneray (1755–1837)
La Convention nationale avait dès le 1er octobre mis en place une
commission chargée d'instruire le procès. Celle-ci lui remet un
rapport le 6 novembre aux termes duquel elle conclut que Louis
Capet doit être jugé « pour les crimes qu'il a commis sur le
trône »[80]. Un tel procès est désormais juridiquement possible
puisque sous une République, l'inviolabilité du roi n'existe plus.

Le 13 novembre, un débat crucial s'engage sur le point de savoir


par qui le procès sera conduit. Le député de Vendée Morisson
affirme que le roi a déjà été condamné en ayant été déchu. En face
de lui, certains comme Saint-Just réclament sa mort, déclarant
notamment que le roi est l'« ennemi » naturel du peuple, et qu'il n'a
pas besoin de procès pour être exécuté.

Les preuves de la culpabilité du roi sont ténues jusqu'au


20 novembre, jour de la découverte aux Tuileries d'une armoire de
fer dissimulée dans l'un des murs des appartements du roi. Selon
le ministre de l'Intérieur Roland de la Platière, les documents qui y
ont été trouvés démontrent la collusion du roi et de la reine avec
les émigrés et les puissances étrangères ; il affirme également,
sans plus de précision, que certains députés y sont
compromis[a 83]. Bien que selon certains historiens, comme Albert
Soboul, les pièces rapportées « n'apportent pas la preuve formelle
de la collusion du roi avec les puissances ennemies »[44], elles
vont néanmoins convaincre les députés d'inculper le roi. Dans un
discours du 3 décembre resté célèbre, Robespierre prône
solennellement la mort sans délai du roi déchu, déclarant que les
« peuples [...] ne rendent point de sentences, ils lancent la foudre ;
ils ne condamnent point les rois, ils les replongent dans le néant
[...]. Je conclus que la Convention nationale doit déclarer Louis
traître à la patrie, criminel envers l'humanité, et le faire punir
comme tel [...]. Louis doit mourir parce qu'il faut que la patrie
vive »[109].

Après des débats houleux, la Convention décide que Louis Capet


sera bel et bien jugé, le tribunal étant la Convention elle-même.
Elle confirme le 6 décembre que Louis Capet sera « traduit à la
barre pour y subir son interrogatoire »[110]. Saint-Just croit alors
bon de préciser que « ce n'est pas [un monarque] que nous allons
juger ; c'est la monarchie [et la] conspiration générale des rois
contre les peuples »[111]. Le lendemain, Louis XVI et son épouse se
voient confisquer tous les objets tranchants dont ils se servent, à
savoir rasoirs, ciseaux, couteaux et canifs[a 84].

Déroulement

Procès de Louis XVI devant la


Convention nationale
Louis XVI à la prison du
Temple (par Joseph
Ducreux ; collection du
musée Carnavalet).

Le procès de l'ancien roi, jugé comme un citoyen ordinaire et


désormais appelé sous le nom de Citoyen Capet, s'ouvre le
11 décembre 1792. À partir de ce jour, il sera séparé du reste de
sa famille pour vivre isolé dans un appartement du deuxième
étage de la maison du Temple, avec pour seule compagnie celle
de son valet, Jean-Baptiste Cléry. Son logement, sensiblement le
même que celui dans lequel il vivait avec les siens à l'étage
supérieur, mesure environ 65 m2 et comprend quatre pièces :
l'antichambre où se relaient les gardes et dans laquelle a été
accrochée un exemplaire de la Déclaration des droits de l'homme
et du citoyen de 1789, la chambre à coucher du roi, la salle à
manger et la chambre du valet.

Le 1er interrogatoire a lieu le 11 décembre. Vers 13 heures, deux


personnalités viennent le chercher : Pierre-Gaspard Chaumette
(procureur de la Commune de Paris) et Antoine Joseph Santerre
(commandant de la garde nationale). L'appelant désormais sous le
nom de Louis Capet, ils se voient rétorquer par l'intéressé : « Capet
n'est pas mon nom, c'est le nom d'un de mes ancêtres. [...] Je vais
vous suivre, non pour obéir à la Convention, mais parce que mes
ennemis ont la force en main »[112]. Arrivé dans la salle du Manège
au grand complet, l'accusé est accueilli par Bertrand Barère, le
président de la Convention, qui le prie de s'asseoir et lui annonce :
« Louis, on va vous lire l'acte énonciatif des délits qui vous sont
imputés. » Barère de reprendre ensuite un par un les chefs
d'accusation et de demander au roi de répondre à chacun d'entre
eux. Les motifs d'inculpation sont nombreux : massacres des
Tuileries et du Champ-de-Mars, trahison du serment prêté à la
Fête de la Fédération, soutien des prêtres réfractaires, collusion
avec les puissances étrangères, etc. Répondant à chacune des
questions avec calme et brièveté, Louis XVI soutient qu'il a
toujours agi dans le respect des lois qui existaient alors, qu'il a
toujours combattu l'usage de la violence et qu'il a désavoué
l'action de ses frères[113]. Pour finir, il nie reconnaître sa signature
sur les documents qu'on lui montre, et obtient des députés l'aide
d'un avocat pour assurer sa défense. Après quatre heures
d'interrogatoire, le roi est ramené à la Tour du Temple et confie à
Cléry, son seul interlocuteur désormais : « J'étais bien éloigné de
penser à toutes les questions qui m'ont été faites. » Et le valet de
chambre de remarquer que le roi « se coucha avec beaucoup de
tranquillité »[114].

Louis XVI accepte la proposition de défense que lui proposent


trois avocats : François Denis Tronchet (futur rédacteur du Code
civil), Raymond de Sèze et Malesherbes. Il refuse néanmoins l'aide
que lui propose la féministe Olympe de Gouges[113]. Le procès du
roi est suivi de près par les grandes puissances étrangères,
notamment la Grande-Bretagne (dont le premier ministre William
Pitt le Jeune refusa d'intervenir en faveur du souverain déchu) et
l'Espagne (qui fit savoir à la Convention qu'une condamnation à
mort du roi remettrait en cause sa neutralité face aux événements
de la Révolution)[a 85].

Les interrogatoires se succèdent sans rien donner, chacune des


parties campant dans ses positions. Le 26 décembre, de Sèze
s'adresse aux députés en ces termes : « Je cherche parmi vous
des juges, et je ne vois que des accusateurs »[80]. Le 28 décembre,
Robespierre réfute l'idée que le sort du roi soit remis entre les
mains du peuple par le biais d'assemblées primaires ; il affirme en
effet que les Français seraient en ce sens manipulés par les
aristocrates : « Qui est plus disert, plus adroit, plus fécond en
ressources, que les intrigants [...], c'est-à-dire que les fripons de
l'ancien et même du nouveau régime ? »[113].

La conclusion des débats revient à Barère le 4 janvier 1793, au


moyen d'un discours dans lequel il souligne l'unité de la
conspiration, les divisions des Girondins sur l'appel au peuple, et
enfin l'absurdité du recours à celui-ci. La reprise des délibérations
est programmée pour le 15 janvier suivant, où trois points seraient
abordés : la culpabilité du roi, l'appel au peuple et la peine à
infliger. D'ici là, le roi consacre ses journées à la prière et à
l'écriture ; à ce titre, il avait le 25 décembre 1792 rédigé son
testament.

Votes et verdict

Article détaillé : Détail des votes par département.

L'issue du procès prend la forme du vote de chaque député sur les


trois questions évoquées par Barère, chacun des élus votant
individuellement à la tribune.

La Convention se prononce le 15 janvier 1793 sur les deux


premières questions, à savoir :

culpabilité du roi pour « conspiration contre la liberté publique et


la sûreté générale de l'État » : 691 pour et 10 abstentions ;
recours au peuple pour ratifier le jugement : 424 contre, 287
pour, 12 abstentions.

Du 16 janvier à 10 heures au 17 janvier à 20 heures se déroule le


vote relatif à la sentence à appliquer, chacun des votants est
amené à justifier sa position :

366 voix pour la mort immédiate, 34 pour la mort avec sursis à


exécution, 319 voix pour la détention et le bannissement, 2 voix
pour les travaux forcés.

Une partie de l'Assemblée demande un nouveau vote, arguant que


certains députés n'étaient pas d'accord avec la catégorie dans
laquelle leur voix était classée. Le 17 janvier se déroule ce
nouveau scrutin :

361 voix pour la mort immédiate, 26 pour la mort sous réserve


d'examiner la possibilité d'un sursis à exécution (amendement
de Mailhe[115]), 44 pour la mort avec sursis, 290 pour d'autres
peines, 5 abstentions[116],[n].

Le 19 janvier a lieu un nouvel appel nominal : « Sera-t-il sursis à


l'exécution du jugement de Louis Capet ? ». Le vote est terminé le
20 à 2 heures du matin :

380 voix contre le sursis à exécution, 310 pour, soit 70 voix de


majorité pour l'exécution sans délai.

Exécution publique

Article détaillé : Exécution de Louis XVI.

Exécution de Louis XVI sur la place de


la Révolution, (musée de la Révolution
française).

Louis XVI est guillotiné le lundi 21 janvier 1793 à Paris, place de la


Révolution (actuelle place de la Concorde). Avec son confesseur
l'abbé Edgeworth de Firmont, le roi monte à l'échafaud. Le
couperet tombe à 10 heures 22, sous les yeux notamment de cinq
ministres du conseil exécutif provisoire.
Selon son bourreau, il déclare lors de son installation sur
l'échafaud : « Peuple, je meurs innocent ! », puis au bourreau
Sanson et ses assistants « Messieurs, je suis innocent de tout ce
dont on m'inculpe. Je souhaite que mon sang puisse cimenter le
bonheur des Français ».

Dans son ouvrage Le Nouveau Paris, paru en 1798, l'écrivain et


essayiste politique Louis-Sébastien Mercier raconte l'exécution de
Louis XVI en ces termes : « […] Est-ce bien le même homme que je
vois bousculé par quatre valets de bourreau, déshabillé de force,
dont le tambour étouffe la voix, garrotté à une planche, se
débattant encore, et recevant si mal le coup de la guillotine qu'il
n'eut pas le col mais l'occiput et la mâchoire horriblement
coupés ? »[117].

Acte de décès dans l'état civil de Paris


L'acte de décès est rédigé le 18 mars 1793. L'original de l'acte a
disparu lors de la destruction des archives de Paris en 1871 mais
il avait été recopié par des archivistes. Voici ce que dit le texte :
« Du lundi 18 mars 1793, l'an Second de la République française.
Acte de décès de Louis Capet, du 21 janvier dernier, dix heures
vingt-deux minutes du matin ; profession, dernier Roy des
Français, âgé de trente-neuf ans [sic], natif de Versailles, paroisse
Notre-Dame, domicilié à Paris, tour du Temple ; marié à Marie-
Antoinette d'Autriche, ledit Louis Capet exécuté sur la Place de la
Révolution en vertu des décrets de la Convention nationale des
quinze, seize et dix-neuf dudit mois de janvier, en présence 1° de
Jean-Antoine Lefèvre, suppléant du procureur général sindic du
département de Paris, et d'Antoine Momoro, tous deux membres
du directoire dudit département et commissaires en cette partie
du conseil général du même département ; 2° de François-Pierre
Salais et de François-Germain Isabeau, commissaires nommés
par le conseil exécutif provisoire, à l'effet d'assister à ladite
exécution et d'en dresser procès-verbal, ce qu'ils ont fait ; et 3° de
Jacques Claude Bernard[118] et de Jacques Roux, tous deux
commissaires de la municipalité de Paris, nommés par elle pour
assister à cette exécution ; vu le procès-verbal de ladite exécution
dudit jour 21 janvier dernier, signé Grouville, secrétaire du conseil
exécutif provisoire, envoyé aux officiers publics de la municipalité
de Paris cejourd'huy, sur la demande qu'ils en avaient
précédemment faite au ministère de la justice, ledit procès-verbal
déposé aux Archives de l'état civil ;
Pierre-Jacques Legrand, officier public (signé) Le Grand »[119].

Sépulture

Chapelle expiatoire (située dans le 8ᵉ


arrondissement de la ville de Paris en
région Île-de-France)

Il est enterré au cimetière de la Madeleine, rue d'Anjou-Saint-


Honoré, dans une fosse commune et recouvert de chaux vive. Les
18 et 19 janvier 1815, Louis XVIII fait exhumer ses restes et ceux
de Marie-Antoinette pour les faire inhumer à la basilique Saint-
Denis le 21 janvier. En outre, il fait édifier en leur mémoire la
Chapelle expiatoire à l'emplacement du cimetière de la Madeleine.

Hommages
L'abbé Berlier prononce une oraison funèbre depuis Jersey le 21
janvier 1794.
Chaque année depuis 1815, des messes catholiques sont
célébrées en mémoire de Louis XVI, dans de nombreuses
communes de France, le 21 janvier, jour anniversaire de son
exécution.

Monuments funéraires à
la mémoire de Louis XVI
et de Marie-Antoinette,
basilique Saint-Denis.

Deux villes américaines sont nommées Louisville en l'honneur


de Louis XVI dont les soldats soutinrent les Américains contre
la Grande-Bretagne durant la guerre d'indépendance. Il s'agit de
Louisville[120] dans le Kentucky fondée en 1778, et Louisville en
Géorgie fondée en 1786. Une statue du roi, offerte en 1967 par
la ville jumelée de Montpellier, trône devant le Louisville Metro
Hall de la ville du Kentucky.
La place de l'obélisque (ou place Louis XVI) à Port-Vendres
dans les Pyrénées-Orientales, accueille un obélisque qui est le
premier monument construit en France à la gloire de Louis XVI
de son vivant. Pour marquer d'un symbole la naissance de Port-
Vendres, Louis XVI permet à la province de faire ériger à sa
gloire en 1780/1786 ce monument grâce aux architectes du roi
Charles De Wailly puis Louis-Hiver Pons. L'obélisque n'est pas
coiffé d'une statue du monarque mais est orné de quatre bas-
reliefs en bronze sur son socle représentant « La Marine
relevée », « La Servitude abolie », « La Liberté de commerce » et
« L’Indépendance de l’Amérique ». Dépouillé de ses ornements
en 1793, l’obélisque ne retrouve ses bas-reliefs qu’en 1956.
Cinq statues du roi sont encore présentes en France :
La statue de Nantes au sommet de la colonne Louis-XVI.
La colonne est érigée en 1790 et n'est surmontée d'une
statue du roi en empereur romain qu'en 1823. L’œuvre du
sculpteur Dominique Molknecht est remplacée par une
copie du sculpteur nantais Georges Perraud en 1926.
La statue du Loroux-Bottereau en Loire-Atlantique. Située
devant l'église Saint-Jean-Baptiste, l’œuvre originale de
1823 de Dominique Molknecht se trouve actuellement à
l'office de tourisme de la ville ; une copie a pris sa place
devant l'église.
La statue de Plouasne dans les Côtes-d'Armor. Située dans
les jardins du château de Caradeuc, l’œuvre est
commandée en 1826 par la mairie à Dominique Molknecht
pour être placée dans la niche de l’hôtel de ville ; mais étant
achevée après la Révolution de 1830, elle est reléguée au
musée des Beaux-arts de Rennes durant 120 ans. En 1950,
le propriétaire du château de Caradeuc Alain de Kernier
obtient le prêt de cette statue du roi auprès de la mairie de
Rennes, et la place au bout d'une courte allée portant
aujourd'hui le nom d'allée de Louis XVI.
La statue de Sorèze dans le Tarn. Elle est située dans les
jardins de l'abbaye-école de la ville depuis 1857 ; elle est
commandée par le Père Henri-Dominique Lacordaire à
l'occasion de la fête séculaire de l'école[121], pour honorer le
fondateur de l'École Royale militaire de Sorèze en 1776.
La statue de Nant dans l'Aveyron. Elle est visible à l'office
du tourisme, mais elle n'a plus de tête, après avoir été
décapitée trois fois. Le roi avait des palmes du martyre sur
sa tête.
Le square Louis-XVI à Paris avec la chapelle expiatoire élevée à
la mémoire de Louis XVI et de Marie-Antoinette en 1826.
À Cherbourg-en-Cotentin, une rue Louis-XVI honore depuis 1839
la mémoire du souverain et de tout ce qu'il a accompli pour la
ville.
Le 3 mai 1826, place de la Concorde, Charles X pose la première
pierre du monument à la mémoire de Louis XVI. Mais la statue
ne sera en fait jamais édifiée. Son socle servira de base à
l'obélisque de Louxor dressé en 1836. L'actuel pont de la
Concorde portait le nom de Louis XVI avant la Révolution.
Une statue colossale en bronze de Louis XVI, haute de
5,83 mètres a néanmoins été sculptée par Nicolas Raggi. Elle
était gardée au Musée des beaux-arts de Bordeaux.
Commandée en 1825, elle est coulée en 1828. Elle est fondue
en 1941, dans le cadre de la mobilisation des métaux non
ferreux. La destruction a été photographiée[122].
Le cercle Louis XVI est une société littéraire et artistique
nantaise. Fondée en 1760, la "Chambre littéraire de la ville de
Nantes" prend le nom de cercle Louis XVI en 1878. Il loge
actuellement à l'Hôtel Montaudouin.
Statue du Roi Louis XVI à Louisville (Kentucky) devant le Louisville
Metro Hall

L'obélisque de Port-Vendres

Colonne Louis-XVI à Nantes


Square Louis-XVI à Paris

Statue colossale de Louis XVI au musée des Beaux-arts de Bordeaux


avant 1942 (noter le gardien assis à droite pour juger de la grandeur
de l’œuvre)

L'hôtel Montaudouin accueille le Cercle Louis XVI à Nantes

Titulature
23 août 1754 - 20 décembre 1765 : Son Altesse Royale Louis-
Auguste de France, fils de France, duc de Berry ;
20 décembre 1765 - 10 mai 1774 : dauphin de France (à la mort
de son père Louis, il devient l'héritier du trône de France ; le
dauphin de France n'a pas à l'époque le prédicat d'altesse royale) ;
10 mai 1774 - 6 novembre 1789 : Sa Majesté le roi de France et
de Navarre (à la mort de son grand-père Louis XV) ;
10 mai 1774 - 21 janvier 1793 : Sa Majesté le roi de France
et de Navarre (il est toujours considéré comme roi par les
royalistes et par les pays qui ne reconnaissent pas la
République française) ;
6 novembre 1789 - 10 août 1792 : Sa Majesté le roi des Français
(c'est à partir du 6 novembre 1789 que Louis XVI prend[4] le titre
de roi des Français, que l'Assemblée avait adopté[2] le 10 octobre,
et qu'elle officialisera par décret[92] le 9 novembre ; la Constitution,
qui entrera en vigueur le 14 septembre 1791, maintiendra cette
nouvelle titulature).

Généalogie

Ascendance

Ascendance de Louis XVI de France


32. Louis XIV d
France
16. Louis de France
33. Marie-Thérè
d'Autriche
8. Louis de France
34. Ferdinand-Ma
de Bavière
17. Marie-Anne de Bavière
35. Henriette-
Adélaïde de Sav
4. Louis XV de
France
36.
Charles-Emmanu
de Savoie
18. Victor-Amédée II de
Savoie
37. Marie-Jeann
Baptiste de Savo
9. Marie-Adélaïde de
Savoie
38. Philippe
d’Orléans
19. Anne-Marie d'Orléans
39. Henriette
d'Angleterre
2. Louis de
France
40. Bogusław
Leszczyński
20. Rafał Leszczyński
41. Anna von
Denhoff
10. Stanislas
Leszczynski
42. Stanislas Ja
Jabłonowski
21. Anna Jabłonowska
43. Marianna
Kazanowska
5. Marie
Leszczyńska
44. Krzysztof
Opaliński
22. Jan Karol Opaliński
45. Teresa
Konstancya
Czarnkowska
11. Catherine
Opalinska
46. Adam Urie
Czarnkowski
23. Sofia Anne
Czarnkowska
47. Teresa Zales
1. Louis XVI
de France
48. Jean-George
de Saxe
24. Jean-Georges III de
Saxe
49. Madeleine d
Brandebourg-
Bayreuth
12. Auguste II de
Pologne
50. Frédéric III d
Danemark
25. Anne-Sophie de
Danemark
51. Sophie-Amé
de Brunswick-
Calenberg
6. Auguste III de
Pologne
52. Erdmann-
Auguste de
Brandebourg-
Bayreuth
26. Christian-Ernest de
Brandebourg-Bayreuth
53. Sophie de
Brandebourg-
Ansbach
13. Eberhardine de
Brandebourg-
Bayreuth
54. Eberhard VII
Wurtemberg
27. Sophie-Louise de
Wurtemberg
55. Anne-Cather
de Salm-Kyrbou
3. Marie-
Josèphe de
Saxe
56. Ferdinand III
Saint-Empire
28. Léopold Ier du Saint-
Empire
57. Marie-Ann
d'Autriche
14. Joseph Ier du
Saint-Empire
58. Philippe-
Guillaume de
Neubourg
29. Éléonore de Neubourg
59. Élisabeth-Am
de Hesse-Darmst
7. Marie-Josèphe
d'Autriche
60. Georges de
Brunswick-
Calenberg
30. Jean-Frédéric de
Brunswick-Calenberg
61. Anne-Éléono
de Hesse-Darmst
15. Wilhelmine-
Amélie de Brunswick-
Lunebourg
62. Édouard du
Palatinat
31. Bénédicte-Henriette du
Palatinat
63. Anne de
Gonzague de Clè
Descendance

Le 16 mai 1770, le dauphin Louis Auguste épouse l’archiduchesse


Marie-Antoinette d'Autriche[123], fille cadette de François de
Lorraine, grand-duc de Toscane et empereur souverain du Saint-
Empire romain germanique et de son épouse Marie-Thérèse,
archiduchesse d'Autriche, duchesse de Milan, reine de Bohême et
de Hongrie. Cette union est la concrétisation d’une alliance visant
à améliorer les relations entre la Maison de Bourbon (France,
Espagne, Parme, Naples et Sicile) et la Maison de Habsbourg-
Lorraine (Autriche, Bohême, Hongrie, Toscane). Les époux bien
qu'étant alors âgés de 14 et 15 ans ne consommeront réellement
leur mariage que sept ans plus tard. De leur union, quatre enfants
naissent, mais ils n'auront pas de descendance :

Marie-Thérèse de France (19 décembre 1778 –


19 octobre 1851), dite " Madame Royale ", qui épouse en 1799
son cousin germain le duc d’Angoulême (1775-1844) ;
Louis-Joseph-Xavier-François de France (22 octobre 1781 –
4 juin 1789), premier dauphin ;
Louis Charles de France (27 mars 1785 – 8 juin 1795), duc de
Normandie, second dauphin et futur Louis XVII, surnommé "
l'Enfant du Temple" pendant sa captivité ;
Sophie-Béatrice de France (9 juillet 1786 – 19 juin 1787) dite
"Madame Sophie"
L'archiduchesse d'Autriche Marie-Antoinette
(1755-1793), par Martin van Meytens, (1767)

La reine Marie-Antoinette (1755-1793) et ses


enfants (de g. à d., Marie-Thérèse Charlotte,
Louis Charles et Louis-Joseph Xavier, le berceau
vide devait recevoir la princesse Sophie-
Béatrice, morte à moins d'un an (11 mois) en
1787) par Élisabeth Vigée-Lebrun, (1787)
Marie-Thérèse Charlotte, par Heinrich Friedrich
Füger, après 1795

Le dauphin Louis-Joseph-Xavier, mort à l'aube


de la révolution, en 1789 (le 4 juin), à 7ans et
demi, par Dagotty, vers fin des années 1780.
Louis-Charles de France, dit "L'enfant du Temple"
futur Louis XVII, par Alexandre Kucharski (1792)

Sophie-Béatrice, dernier enfant du roi et de la


reine, morte en 1787 à 11 mois, par Élisabeth
Vigée Le Brun, vers 1786

Le couple a adopté les enfants suivants [réf. souhaitée] :

Armand Gagné ;
Ernestine Lambriquet ;
Jean Amilcar ;
Jeanne Louise Victoire
Galerie de portraits

Le duc de Berry et le comte de Provence, par Drouais, 1757.

Portrait présumé du duc de Berry par Borély.

Le dauphin Louis-Auguste, par Louis-Michel Van Loo, 1769.


Louis, roi de France, par Joseph Duplessis, entre 1774 et 1776.

Louis XVI en costume de sacre par Joseph Duplessis, 1777.

Louis XVI, coiffé d'un bonnet phrygien, 20 juin 1792.


Invasion des Tuileries - ou de Versailles -, 1863.

Les adieux de Louis XVI à sa famille, par Jean-Jacques Hauer.


Les adieux de Louis XVI à ses proches, gravure de 1820.

Gravure de l'exécution de Louis XVI, 1794, par Isidore Stanislas


Helman, d'après Charles Monet.

Portrait

Portrait physique

Durant son enfance, Louis XVI était d'une santé fragile et certains
lui prêtaient une composition « faible et valétudinaire »[124]. Son
corps malingre paraissait être exposé à toutes les maladies
infantiles[b 2]. Puis à 6 ans, selon l'historien Pierre Lafue, « son
visage était déjà formé. Il avait les yeux ronds et gris de son père,
avec un regard qui devait devenir de plus en plus flou à mesure
que sa myopie s'accentuerait. Son nez busqué, sa bouche assez
forte, son cou gros et court annonçaient le masque plein auquel
les dessins satiriques se plairaient, plus tard, à donner un aspect
bovin »[b 3].

À l'âge adulte pourtant, le roi se caractérise par un certain


embonpoint et une taille hors du commun pour l'époque : 6 pieds
et 3 pouces de haut, soit environ 1 mètre 93 (selon l'historien
Jean-François Chiappe), ou : de 1 mètre 86 à 1 mètre 90 selon
d'autres sources[125]. Il est également doté d'une forte
musculature lui donnant une force étonnante : le roi fait à
plusieurs reprises la démonstration de soulever à bras tendu une
pelle contenant un jeune page accroupi[a 86].

Portrait caricaturé

À la suite de la fuite de Varennes de la famille royale, s’ensuit


toute une série de caricatures. Ces dernières représentent Louis
XVI sous les traits d’un cochon, ce qui lui vaut plus tard le surnom
de « roi-cochon »[126],[127].

Personnalité

Caractère et traits de personnalité

Enfant, le futur roi se montre « taciturne », « austère » et


« sérieux »[b 3]. Sa tante Madame Adélaïde l'encourage ainsi :
« Parle à ton aise, Berry, crie, gronde, fais du tintamarre comme
ton frère d'Artois, casse et brise mes porcelaines, fais parler de
toi »[b 3].

Depuis Louis XIV, la noblesse est en grande partie


« domestiquée » par le système de cour. L'étiquette régit la vie de
la cour en faisant du roi le centre d'un cérémonial très strict et
complexe. Cette construction de Louis XIV vise à donner un rôle à
une noblesse qui avait été jusque là souvent rebelle et toujours
menaçante pour le pouvoir royal.

Au sein de la cour, la noblesse voit sa participation à la vie de la


nation organisée en vase clos dans un subtil système de
dépendances, de hiérarchie et de récompenses, et ses velléités
d'autonomie vis-à-vis de l'autorité royale nettement réduites.
Louis XVI hérite de ce système. La noblesse est au service du roi
et en attend des récompenses et des honneurs. Même si
l'écrasante majorité de la noblesse n'a pas les moyens de vivre à
la cour, les textes montrent bien l'attachement des nobles de
province au rôle de la cour, et l'importance que pouvait prendre la
« présentation » au roi.

Comme son grand-père Louis XV, Louis XVI a les plus grandes
peines à entrer dans ce système qui avait été construit un siècle
auparavant par son quadrisaïeul pour répondre à des problèmes
qui ne sont plus d'actualité. Ce n'est pas par manque d'éducation :
il est le premier monarque français à parler couramment anglais ;
nourri des philosophes des Lumières, il aspire à trancher avec
l'image « louis-quatorzienne »[o] du roi en constante
représentation. Cette image du roi simple rejoint celle des
« despotes éclairés » de l'Europe, comme Frédéric II de Prusse.

Bien qu'ayant conservé les longues cérémonies du lever et du


coucher royaux, Louis XVI tente de réduire les fastes de la cour.
Alors que Marie-Antoinette passe beaucoup de temps dans les
bals, les fêtes et les jeux d'argent[p], le roi s'adonne à des loisirs
plus modestes tels que la chasse, les mécanismes tel que la
serrurerie et l'horlogerie, la lecture et les sciences[130].

Le refus d'entrer dans le grand jeu de l'étiquette explique la très


mauvaise réputation que lui fera la noblesse de cour. En la privant
du cérémonial, le roi la prive de son rôle social. Ce faisant, il se
protège également. Si à l'origine la cour sert à contrôler la
noblesse, la situation se renverse très vite : le roi se trouve à son
tour prisonnier du système.

La mauvaise gestion par Louis XV puis par Louis XVI de cette


cour, le refus par les Parlements (lieu d'expression politique de la
noblesse et d'une partie de la haute bourgeoisie judiciaire) de
toute réforme politique, ainsi que l'image apparente - souvent
désastreuse - de capricieuse véhiculée par la reine, dégraderont
peu à peu son image : beaucoup de pamphlets le ridiculisant et
des clichés encore actuellement en vigueur proviennent d'une
partie de la noblesse d'alors, qui supporte mal le risque de perdre
sa place particulière, le décrivant non pas comme le roi simple
qu'il était, mais comme un roi simplet.

Il arrive enfin parfois au roi de réagir étrangement avec son


entourage, en se livrant parfois à des farces enfantines, comme
chatouiller son valet de chambre ou pousser un courtisan sous
une lance d'arrosage[a 87].

La faiblesse que ses contemporains lui attribuaient fera dire au


roi : « Je sais qu'on me taxe de faiblesse et d'irrésolution, mais
personne ne s'est jamais trouvé dans ma position »[44], signifiant
ainsi que sa personnalité n'est pas une cause exclusive des
événements de la Révolution.

Centres d'intérêt

Louis XVI a été longtemps caricaturé comme un roi un peu


simplet, manipulé par ses conseillers, peu au fait des questions de
pouvoir, avec des marottes comme la serrurerie et une passion
pour la chasse.

Cette image est en partie due à son attitude envers la cour, et


surtout en raison des calomnies du parti lorrain et en premier M.
de Choiseul, le comte de Mercy, l'Abbé de Vermond et enfin Marie-
Thérèse d'Autriche.

Grand chasseur, Louis XVI est aussi un prince studieux et érudit,


qui aime autant la serrurerie et la menuiserie que la lecture. Il est
féru d'histoire, de géographie, de marine et de sciences. Il fait de
la marine une priorité de sa politique étrangère, et en a une
connaissance théorique si pointue, qu'il se plaît, quand il visite le
nouveau port militaire de Cherbourg (et voit pour la première fois
la mer), à faire des remarques dont la pertinence stupéfie ses
interlocuteurs.

Géographie

Article connexe : Expédition de La Pérouse.

Louis XVI donnant ses instructions au capitaine de


vaisseau La Pérouse pour son voyage d’exploration
autour du monde, par Nicolas-André Monsiau,
(1817)

Passionné de géographie et de science maritime, Louis XVI


mandate Jean-François de La Pérouse pour effectuer le tour du
monde et cartographier l'océan Pacifique qui restait alors encore
mal connu, malgré les voyages de Cook et de Bougainville. Le roi
est à l'origine de toute l'expédition, tant dans le lancement de
celle-ci que dans le choix du navigateur, en passant par les détails
du voyage. La Pérouse lui-même ayant des doutes sur la
faisabilité de ce projet, il suggère au roi de renoncer au projet ;
comme le note un des amis du navigateur, « c'est Sa Majesté qui a
choisi La Pérouse pour l'exécuter, il n'y a pas eu moyen qu'il s'en
débarrassât »[131].

Le programme de l'expédition est écrit de la main du roi. Le but est


simple : faire le tour du monde en une seule expédition, en
parcourant le Pacifique par la Nouvelle-Zélande, l'Australie, le cap
Horn et l'Alaska notamment, prendre contact avec les civilisations
locales et les étudier, établir des comptoirs, et enfin étudier les
données naturelles rencontrées. Pour cela, un important équipage
de savants et de scientifiques prend part à l'expédition. Très
précis sur ses instructions, Louis XVI autorise néanmoins La
Pérouse « à faire les changements qui lui paraîtraient nécessaires
dans les cas qui n'ont pas été prévus, en se rapprochant toutefois
autant qu'il lui sera possible du plan qui lui est tracé »[132].

L'expédition part de Brest le 1er août 1785 à bord de deux navires :


La Boussole et L'Astrolabe. Le roi n'a plus de nouvelles régulières à
partir du 16 janvier 1788. On pense alors que l'équipage a été
massacré par une peuplade de l'île de Vanikoro[a 88].

En 1791, Louis XVI obtient de l'Assemblée constituante qu'une


expédition soit envoyée à la recherche des marins et savants
perdus. Cette nouvelle expédition, menée par Antoine Bruny
d'Entrecasteaux, se révèle infructueuse. Sur le chemin le menant à
l'échafaud, le roi aurait posé à son valet cette question : « A-t-on
des nouvelles de La Pérouse ? »[a 88].
Chasse

La chasse est un des loisirs préférés du roi ; à l'issue de chaque


sortie, il note dans son carnet le bilan détaillé des pièces abattues
par ses soins. C'est ainsi que l'on sait qu'il ne se passa « rien » le
14 juillet 1789 (c'est-à-dire qu'il ne réussit aucune prise), et qu'au
bout de 16 ans de règne il aura inscrit à son tableau de chasse
1 274 cerfs et un total de 189 251 animaux abattus par lui
seul[a 87]

« Il aime avant tout la chasse. Comme son grand-père il a la


chasse dans le sang. Il chasse cent dix-sept fois en 1775, cent
soixante et une en 1780. Il voudrait bien sortir plus souvent - son
grand-père, lui, sortait jusqu'à six fois par semaine - mais ce n'est
pas possible à cause du travail et de toutes les exigences de son
état. […] Il chasse à courre le cerf, le chevreuil et le sanglier. Il aime
bien aussi les chasses au fusil (appelées « tirés ») pour les
faisans, les bécassines et les lapins. En 1780, dans sa
récapitulation de fin d'année, il dénombre 88 chasses du cerf, 7 du
sanglier, 15 du chevreuil et 88 tirés. Toutes ces chasses sont de
véritables hécatombes. le nombre des pièces varie de mille à mille
cinq cents par mois. La plupart sont des volatiles, mais il n'est pas
rare de prendre le même jour quatre ou cinq sangliers ou deux ou
trois cerfs »[133].
Lecture

Louis XVI lit beaucoup : en moyenne 2 ou 3 livres par semaine. Au


cours des 4 mois passés à la Tour du Temple, il dévorera un total
de 257 volumes[a 87]. Il maîtrise à merveille la langue britannique,
lit quotidiennement la presse outre-manche et traduit
intégralement en français Richard III d'Horace Walpole.

« Après la chasse, la lecture est l'occupation préférée du roi. Il ne


peut pas vivre sans lire. Il est curieux de toute lecture. Il a
constitué lui-même sa bibliothèque. […] Au premier rang de ses
lectures favorites figurent les journaux »[133].

Serrurerie et horlogerie

« De l'habileté manuelle de ce prince et de son goût pour la


serrurerie et l'horlogerie, on a beaucoup parlé. […]. Lui plaît aussi
beaucoup le dessin d'architecture »[133].

Sciences

Comme son grand-père, il se passionne aussi pour la


botanique »[133]. Il aime aussi se promener dans les combles du
château de Versailles pour mieux admirer son parc et ses plans
d'eau.

Le 21 novembre 1783, il assiste au château de la Muette à l'envol


de la première montgolfière, avec à son bord Jean-François Pilâtre
de Rozier. Il assiste à un nouveau vol le 23 juin 1784, cette fois-ci
depuis Versailles, où le ballon baptisé en l'honneur de la reine « La
Marie-Antoinette », s'élève devant le couple royal et le roi de Suède,
emmenant à son bord Pilâtre de Rozier et Joseph Louis Proust.

Rapports personnels avec Marie-Antoinette

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En matière de politique étrangère, la reine a peu d'influence sur


son époux malgré les pressions qu'elle exerce régulièrement sur
lui. Dans une lettre écrite à Joseph II, elle déclare à celui-ci : « Je
ne m'aveugle pas sur mon crédit, je sais que surtout pour la
politique [étrangère], je n'ai pas grand ascendant sur l'esprit du Roi
[…] je laisse croire au public que j'ai plus de crédit que je n'en ai
véritablement, parce que si on ne m'en croyait pas, j'en aurais
moins encore »[44].

Rapports à la franc-maçonnerie

L’historien Louis Amiable le confirme très clairement : « Le roi


Louis XVI était franc-maçon »[134].

Le 1er août 1775 naît à Versailles la loge maçonnique dite des


« Trois Frères Unis ». Soulevant l'hypothèse probable selon
laquelle les « trois frères » en question sont Louis XVI, Louis XVIII
et Charles X, l'historien Bernard Vincent ne confirme cependant
pas cette idée, mais admet qu'une loge établie à deux pas du
château ne pouvait qu'avoir reçu l'assentiment du roi[a 89]. Il
rappelle par ailleurs qu'il a été retrouvé une médaille de Louis XVI
datée du 31 décembre 1789, renfermant le compas, l'échelle
graduée, l'équerre, la poignée de truelle et le soleil. Enfin, pour
consolider son avis sur les accointances du souverain avec les
francs-maçons, Bernard Vincent rappelle que lorsque le roi se rend
à l'Hôtel de ville de Paris pour adopter la cocarde tricolore, il est
accueilli sur les marches par la « voûte d'acier », une double haie
mécanique formée par les épées croisées des gardes nationaux et
qui symbolise les honneurs maçonniques[a 90].

L’historien Albert Mathiez écrit quant à lui que « Louis XVI et ses
frères, Marie-Antoinette elle-même, maniaient la truelle à la Loge
des Trois Frères à l'Orient de Versailles »[135]. Selon Jean-André
Faucher, Marie-Antoinette aurait eu cette phrase en parlant de la
franc-maçonnerie : « Tout le monde en est[136] ! »

Historiographie

Louis XVI, statue colossale de Nicolas


Raggi (1829), commandée par la ville
de Bordeaux en hommage au « roi-
martyr[137] ».
Sous la phase jacobine de la Révolution française, Louis XVI est
traité de « tyran » et considéré comme un traître à la patrie, jouant
double jeu : il aurait fait semblant d'accepter les mesures de la
Révolution française, pour sauvegarder sa vie et son trône, tout en
souhaitant secrètement la guerre, de connivence avec les princes
étrangers qui déclarent la guerre à la France révolutionnaire. De là
naquit la tradition des « Clubs de la Tête de Veau » commémorant
l'exécution de Louis XVI par des banquets où l'on mange de la tête
de veau.

De son côté, le courant royaliste contre-révolutionnaire a dressé


dès la même époque le portrait d'un « roi martyr », conservateur,
très catholique, aimant son peuple mais incompris de lui. Une
importante hagiographie s’est rapidement développée[138].

Sur sa personnalité

Extrait du journal de Louis XVI (1762-


1769).

En 1900, le leader socialiste Jean Jaurès, juge Louis XVI « indécis


et pesant, incertain et contradictoire » . Il estime qu'il n'a pas
compris la « révolution dont lui-même avait reconnu la nécessité
et dont il avait ouvert la carrière » ce qui l'a empêché d'en prendre
la tête pour former une « démocratie royale » car « il en était
empêché par la persistance du préjugé royal ; il en était empêché
surtout par le poids secret de ses trahisons. Car il ne s'était pas
efforcé seulement de modérer la Révolution : il avait appelé
l'étranger pour la détruire »[139].

En 1922, Albert Mathiez le décrit comme un « gros homme, aux


manières communes, [qui] ne se plaisait qu'à table, à la chasse ou
dans l'atelier du serrurier Gamain. Le travail intellectuel le
fatiguait. Il dormait au Conseil. Il fut bientôt un objet de moquerie
pour les courtisans frivoles et légers »[140].

Les historiens de la Révolution française du xxe siècle, Albert


Soboul, Georges Lefebvre, Alphonse Aulard, Albert Mathiez,
s'inscrivent dans la lignée jacobine qui considère que Louis XVI a
trahi la Révolution française.

Un courant historiographique, de réhabilitation, place Louis XVI


dans la filiation des Lumières. C'est par exemple la biographie de
l'historien Jean de Viguerie (université de Lille) (Louis XVI le roi
bienfaisant, 2003). Pour lui, « Nourri de Fénelon, ouvert aux
Lumières, croyant que gouverner était faire le bien, Louis XVI, roi
singulier, prince attachant, ne pouvait qu'être sensible à l'aspect
généreux de 1789, puis choqué - voire révolté - par les dérives
révolutionnaires. Roi bienfaisant, il fut emporté par une tourmente
imprévisible, presque imparable »[141].
Dans la même lignée se situe la biographie de l'écrivain Jean-
Christian Petitfils (Louis XVI, 2005) pour qui Louis XVI est : « un
homme intelligent et cultivé, un roi scientifique, passionné par la
marine et les grandes découvertes, qui, en politique étrangère,
joua un rôle déterminant dans la victoire sur l’Angleterre et dans
l’indépendance américaine. Loin d’être un conservateur crispé, en
1787, il voulut réformer en profondeur son royaume par une
véritable Révolution royale »[142].

Pour le Dictionnaire critique de la Révolution française de François


Furet, Mona Ozouf (1989), les historiens « ont pu le peindre tantôt
en roi sage et éclairé, désireux de maintenir le patrimoine de la
couronne en conduisant les évolutions nécessaires, tantôt en
souverain faible et imprévoyant, prisonnier des intrigues de cour,
naviguant au jugé, sans pouvoir jamais peser sur le cours des
choses. À ces jugements, il existe des raisons politiques, puisque
le malheureux Louis XVI est pris au premier rang dans la grande
querelle de l’Ancien Régime et de la Révolution ». François Furet
croit en un double jeu du roi.

Sur la fuite de Varennes

Dans l'article spécifique à l'épisode de Varennes, le paragraphe


intitulé Controverses est consacrée au téléfilm Ce jour-là, tout a
changé : l'évasion de Louis XVI, diffusé en 2009 sur France 2, dont
le conseiller historique est l'écrivain Jean-Christian Petitfils. Il y est
montré un Louis XVI, toujours très populaire en province, qui
s'évade de la capitale où il est prisonnier pour organiser un
nouveau rapport de forces avec l'Assemblée afin de proposer une
nouvelle constitution, équilibrant mieux les pouvoirs.

Sur ses procès et exécution

Le procès de Louis XVI s'appuie principalement sur l'accusation


de trahison envers la patrie. En 1847, Jules Michelet et Alphonse
de Lamartine affirment que la monarchie fut correctement aboli
en 1792 mais que l'exécution du roi sans défense était une erreur
politique qui endommagea l'image de la nouvelle
république[143],[144]. Michelet, Lamartine et Edgar Quinet la
comparèrent à un sacrifice humain et dénoncèrent le fanatisme
des régicides[143],[144],[145] Michelet dit que l'exécution créa un
précédent pour la terreur[146].

Les écrivains Paul et Pierrette Girault de Coursac estiment que la


faute des liens de Louis XVI avec l'étranger revient à un parti
réactionnaire qui menait la « politique du pire ». Leur ouvrage de
réhabilitation de Louis XVI (Enquête sur le procès du roi Louis XVI,
Paris, 1982) affirme que l'armoire de fer contenant la
correspondance secrète du roi avec les princes étrangers aurait
été fabriquée de toutes pièces par le révolutionnaire Roland pour
accuser le roi. L'historien Jacques Godechot a vivement critiqué
les méthodes et conclusions de cet ouvrage, estimant pour sa
part que la condamnation de Louis XVI était inscrite d'office dans
son procès, car le souverain déchu était traité comme un « ennemi
à abattre » par les révolutionnaires[147]. Jean Jaurès avait
reconstitué dans un chapitre de sa fresque « ce qu'aurait dû être la
défense de Louis XVI ».

À l'international, certains historiens le comparent parfois à


Charles Ier d'Angleterre et Nicolas II[148],[149] ; ces trois monarques
ont chacun été victime de régicides, ont été en leurs temps
accusés par leurs détracteurs de velléités absolutistes et ont lors
des crises importantes auxquels ils ont été confrontés multiplié
les maladresses, fait preuve de piètres qualités de négociateurs et
se sont entourés de mauvais conseillers précipitant leur pays
dans l'abîme, avant d'être remplacés par des dirigeants
révolutionnaires rendus responsables d'expériences dictatoriales
voire proto-totalitaires[150],[151].

Représentations dans la culture populaire


Le roi Louis XVI a été dépeint sur de nombreux supports
variés[152].

Filmographie

1916 : My Lady's Slipper de Ralph Ince ; Louis XVI y est


interprété par Joseph Kilgour
1922 : Marie Antoinette, das Leben einer Königin de Rudolf
Meinert avec Viktor Schwannicke
1923 : L’Enfant-Roi de Jean Kemm avec Louis Sance
1924 : Janice Meredith d’E. Mason Hopper avec Edwin Argus
1925 : Madame Sans-Gène de Léonce Perret avec Louis Sance
1927 : Napoléon d’Abel Gance avec Jack Rye
1930 : Captain of the Guard de John S. Robertson ; Louis XVI y
est interprété par Stuart Holmes
1931 :
Danton de Hans Behrendt avec Ernst Stahl-Nachbaur
Die Marquise von Pompadour de Willi Wolff avec Hans
Rameau
Un caprice de la Pompadour de Willi Wolff et Joe Hamman
avec Jacques Christiany
1934 : Madame du Barry de William Dieterle avec Maynard
Holmes
1938 :
Marie-Antoinette de Woodbridge S. Van Dyke ; Louis XVI y
est interprété par Robert Morley
La Marseillaise de Jean Renoir ; Louis XVI y est interprété
par Pierre Renoir
Remontons les Champs-Élysées de Sacha Guitry ; Louis XVI
y est interprété par Jean Hébey
1945 : The Fighting Guardsman de Henry Levin avec Lloyd
Corrigan
1946 : L'affaire du collier de la reine de Marcel L'Herbier ;
Louis XVI y est interprété par Jean Hébey
1954 : Si Versailles m'était conté... de Sacha Guitry ; Louis XVI y
est interprété par Gilbert Bokanowski
1955 :
Marie-Antoinette, reine de France de Jean Delannoy avec
Jacques Morel
Napoléon de Sacha Guitry ; Louis XVI y est interprété par
Gilbert Bokanowski
1956 :
Si Paris nous était conté de Sacha Guitry ; Louis XVI y est
interprété par Gilbert Bokanowski
Marie-Antoinette reine de France de Jean Delannoy ;
Louis XVI y est interprété par Jacques Morel
1959 : John Paul Jones, maître des mers de John Farrow ;
Louis XVI y est interprété par Jean-Pierre Aumont
1962 : La Fayette de Jean Dréville ; Louis XVI y est interprété par
Albert Rémy
1970 : Commencez la révolution sans nous de Bud Yorkin ;
Louis XVI y est interprété par Hugh Griffith
1975 : Marie-Antoinette de Guy Lefranc ; Louis XVI y est
interprété par François Dyrek
1978 : On efface tout de Pascal Vidal ; Louis XVI y est interprété
par Jacques Ardouin
1979 : La Nuit de l'été de Jean-Claude Brialy ; Louis XVI y est
interprété par Henri Tisot
1981 : La Folle Histoire du monde de Mel Brooks ; Louis XVI y est
interprété par Mel Brooks
1982 : La Nuit de Varennes d'Ettore Scola ; Louis XVI y est
interprété par Michel Piccoli
1984 : Liberté, Égalité, Choucroute de Jean Yanne ; Louis XVI y
est interprété par Michel Serrault
1988 :
Chouans ! de Philippe de Broca ; Louis XVI y est interprété
par Jean Zaluski
Le Gerfaut de Marion Sarraut ; Louis XVI y est interprété par
Vincent Solignac
1989 :
L'Été de la révolution de Lazare Iglesis ; Louis XVI y est
interprété par Bruno Cremer
La Révolution française de Richard T. Heffron et Robert
Enrico ; Louis XVI y est interprété par Jean-François Balmer
Louis XVI, roi programmé de Patrick Le Gall, documentaire
sur le parcours du monarque jusqu'à la Révolution et son
image après sa mort
1995 : Jefferson à Paris de James Ivory ; Louis XVI y est
interprété par Michael Lonsdale
1996 :
Ridicule de Patrice Leconte ; Louis XVI y est interprété par
Urbain Cancelier
Beaumarchais, l'insolent d'Édouard Molinaro ; Louis XVI y
est interprété par Dominique Besnehard
2005 : Marie-Antoinette minisérie d'Alain Brunard avec Michel
Fau
2006 : Marie-Antoinette de Sofia Coppola ; Louis XVI y est
interprété par Jason Schwartzman
2012 : Les Adieux à la reine de Benoît Jacquot ; Louis XVI y est
interprété par Xavier Beauvois
2018 : Un peuple et son roi de Pierre Schoeller ; Louis XVI y est
interprété par Laurent Lafitte
2023 :
Le Déluge ; Louis XVI y est interprété par Guillaume Canet
Jeanne du Barry ; Louis XVI y est interprété par Diego Le Fur

Télévision

2008 : Nicolas Le Floch de Jean-François Parot avec Louis


Barraud.
2009 : Ce jour-là, tout a changé épisode L'évasion de Louis XVI.
2011 : Louis XVI, l’homme qui ne voulait pas être roi de Thierry
Binisti .
2015 : Secrets d'histoire épisode Louis XVI, l'inconnu de
Versailles[153].

Jeux vidéo

Assassin's Creed Unity : une mission se déroule notamment lors


de son exécution.

Notes et références

Notes

a. C'est le 8 octobre [pas clair] que fut proposé[1] par les députés
Fréteau et Mirabeau d'instaurer le titre de roi des Français à la
place de celui de roi de France. L'Assemblée adopta[2] cette
nouvelle titulature le 10 octobre, et décida le 12 octobre que le
souverain ne serait pas titré[3] « roi des Navarrais » ni « des
Corses ». Le roi commença à l'utiliser (orthographiée « roi des
François ») dans ses lettres patentes à partir du 6 novembre[4].
Le 16 février 1790, l'Assemblée décréta[5] que son président
devait demander au roi que le sceau de l'État porte la nouvelle
titulature. Le nouveau sceau fut utilisé dès le 19 février, avec la
formulation « Louis XVI par la grâce de Dieu et par la loy
constitutionnelle de l'État roy des François ». Et l'Assemblée
décida par décret[6] du 9 avril 1791, que le titre de roi des
Français serait désormais gravé sur les monnaies du royaume
(où figurait toujours celui de roi de France et de Navarre :
Franciæ et Navarræ rex).
b. Il est suspendu le 10 août 1792.
c. Ce prénom ne devient « officiel » que le jour de son baptême, à
savoir le 18 octobre 1761.
d. « Ondoyé » et non « baptisé » (il le sera le 18 octobre 1761),
l'ondoiement étant caractérisé par la seule ablution
baptismale, en attendant de procéder plus tard aux autres
cérémonies qui ont été omises. L'ondoiement était
généralement conféré aux bébés en danger de mort ou ne
pouvant pas être baptisés dans l'immédiat.
e. Ce trait de caractère ne manqua pas d'étonner l'historien David
Hume lors d'une visite à la cour en 1763. Il racontera plus tard
que « le duc de Berry, l'aîné, un garçon de dix ans, s'avança et
me dit combien j'avais d'amis et d'admirateurs dans ce pays, et
qu'il se comptait parmi eux à cause du plaisir qu'il avait tiré de
la lecture de beaucoup de passages de mes œuvres. »[20].
f. « Trempe d'esprit supérieure, discernement et justesse d'esprit
- éclairé, point dévot de complexion - fier, fermé, subordonné,
équitable, bon par raison et non par faiblesse, économe, solide,
ne s'amusant point d'enfantillage, né pour aimer 20 millions
d'hommes et non 5 ou 6 personnes. »[22].
g. L'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche ne voulait pas que le
mariage fût annulé pour non-consommation, car cette union
somme toute politique était importante à ses yeux.
h. Marie-Antoinette ne fut pas inoculée puisqu'elle avait déjà
subie une attaque bénigne à Vienne et était donc immunisée.
i. Il envoie l'ordre suivant au duc de la Vrillière, ministre de la
maison du roi : « Il est nécessaire, comme elle sait beaucoup
de choses, qu'elle soit enfermée, plus tôt que plus tard.
Envoyez-lui une lettre de cachet pour qu'elle aille dans un
couvent de province et qu'elle ne voie personne. Je lui laisse le
choix de l'endroit et de la pension pour qu'elle vive
honnêtement. »[41].
j. À qui Louis XVI, encore dauphin, avait écrit en 1770 à la suite
de la catastrophe du 30 mai, quelques jours après son
mariage. Cf. supra.
k. C'est par ce mode de désignation que l'assemblée des
notables se distingue des États généraux.
l. Et notamment Pierre Lafue, Jean-François Chiappe, Bernard
Faÿ et Éric Le Nabour. Bernard Vincent (op. cit.) s'interroge
quant à lui en ces termes : « Comment se peut-il qu'un
monarque absolu, qui plus est catholique et de droit divin, ait
tout fait - achevant par là même de ruiner les finances de son
pays - pour que les Américains en révolte, majoritairement
protestants de surcroît, puissent (1) rompre le lien colonial les
unissant à l'Empire britannique, (2) proclamer leur
indépendance, (3) rejeter la monarchie, (4) devenir une
république et même jeter les premières bases d'un régime
démocratique ? ».
m. Un témoin de la Fête raconte : « S'il avait eu du caractère, le roi
aurait pu se placer à la tête des fédérés, qui étaient si bien
disposés pour lui qu'un simple mot, un seul signe, aurait suffi à
les rallier autour et à faire d'eux des instruments dociles de
l'autorité royale. »[94].
n. On remarque que 361 est une voix de plus que la somme des
autres votes exprimés : ce qui peut être l'origine de la rumeur
souvent colportée (par exemple sur Herodote.net (https://ww
w.herodote.net/21_janvier_1793-evenement-17930121.ph
p) [archive]) que le roi n'aurait été condamné qu'à une seule
voix de majorité. Pourtant les votes avec réserve de
l'amendement de Mailhe n'étaient pas tous opposés à
l'exécution, ainsi que le montre le vote suivant qui dégage une
majorité définitive de 70 voix pour l'exécution sans délai.
o. Louisquatorzienne : adjectif, s'écrit soit d'un seul mot ou avec
un tiret entre louis et quatorzienne[128].
p. L'historien Bernard Faÿ raconte que le roi s'est une seule fois
laissé à jouer avec la reine et d'autres courtisans, mais y perdit
dans la même partie la somme de 60 000 livres. Il jura alors de
ne plus s'adonner aux jeux d'argent[129].

Références

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biographies / 12 », 2006, 352 p. (ISBN 978-2-070-30749-4,
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3. p. 26. 15. p. 97.
4. p. 26-27. 16. p. 100.
5. p. 28. 17. p. 103.
6. p. 26-35. 18. p. 107-108.
7. p. 44-45. 19. p. 110.
8. p. 73-74. 20. p. 112.
9. p. 68. 21. p. 118.
10. p. 69. 22. p. 114-116.
11. p. 69-70. 23. p. 124.
12. p. 89-90. 24. p. 126.
25. p. 128-129. 47. p. 157.
26. p. 137. 48. p. 168.
27. p. 179. 49. p. 171.
28. p. 179-180. 50. p. 229.
29. p. 193-194. 51. p. 230.
30. p. 196. 52. p. 232.
31. p. 199. 53. p. 233.
32. p. 204. 54. p. 234.
33. p. 185. 55. p. 237.
34. p. 208. 56. p. 238.
35. p. 209. 57. p. 239.
36. p. 211. 58. p. 240.
37. p. 212. 59. p. 244.
38. p. 222. 60. p. 249.
39. p. 225. 61. p. 246.
40. p. 223. 62. p. 250.
41. p. 224. 63. p. 252.
42. p. 226-227. 64. p. 256.
43. p. 228. 65. p. 257.
44. p. 148-153. 66. p. 258.
45. p. 154. 67. p. 261.
46. p. 155-156. 68. p. 264.
69. p. 266. 80. p. 307.
70. p. 270. 81. p. 308.
71. p. 276. 82. p. 309.
72. p. 283. 83. p. 314.
73. p. 285. 84. p. 317.
74. p. 289. 85. p. 321.
75. p. 290. 86. p. 142.
76. p. 297. 87. p. 141.
77. p. 300. 88. p. 183.
78. p. 304. 89. p. 151-152.
79. p. 305. 90. p. 152.
Pierre Lafue, Louis XVI : L'Échec de la révolution royale, Hachette,
1942, 295 p.
1. p. 7. 3. p. 14.
2. p. 8.
Autres
1. Archives parlementaires, 1re série, t. IX, p. 383-384 (https://boo
ks.google.com/books?id=D2XPRREQDtEC&pg=PA383) sur
Google Livres.
2. Archives parlementaires, 1re série, t. IX, p. 397 (https://books.g
oogle.com/books?id=D2XPRREQDtEC&pg=PA397) sur Google
Livres.
3. Archives parlementaires, 1re série, t. IX, p. 411 (https://books.g
oogle.com/books?id=D2XPRREQDtEC&pg=PA411) sur Google
Livres.
4. Collection générale des loix, proclamations, instructions, et
autres actes du pouvoir exécutif, t. 1, 1re partie, p. 321 (https://
books.google.com/books?id=ZZ9bAAAAcAAJ&pg=PA321)
sur Google Livres.
5. Collection complète des Lois, Décrets, Ordonnances,
Réglemens, Avis du Conseil-d'État, t. 1, p. 101 (https://books.g
oogle.com/books?id=ROIxAQAAMAAJ&pg=PA101) sur
Google Livres.
6. Collection complète des Lois, Décrets, Ordonnances,
Réglemens, et Avis du Conseil-d'État, t. 2, p. 349 (https://books.
google.com/books?id=-zc_AAAAcAAJ&pg=PA349) sur Google
Livres.
7. Extrait du registre des baptêmes (1754) de l'église Notre-Dame
de Versailles : L'an mil sept cent cinquante quatre le vingt trois
du mois d'Aoust a été ondoyé un prince, fils de Très haut, très
puissant, et Excellent prince Louis Dauphin de France, et de
très haute, très puissante et excellente princesse Marie Joseph
de Saxe, Dauphine de France, par monsieur l'abbé de
Chabannes Aumosnier du Roy, en présence de nous soussigné
prêtre de la Congrégation de la mission faisant les fonctions
curialles le Curé absent. Signé : LEROUX, prêtre. Archives
départementales des Yvelines
8. Revue des questions historiques, volume 122, 1935, page 237 :
« Sylvain-Léonard de Chabannes, 1760-1812, fils de Louis et de
Françoise Léonarde Galland (contr. mar. 8 février 1717), prieur
de la Mure, chanoine de Vienne, vicaire-général de Clermont en
1750, aumônier du roi en 1753, ondoye à ce titre le duc de
Berry, futur Louis XVI, le 23 août 1754 ; abbé de la Creste, dioc.
de Langres, le 10 octobre 1757 ; vicaire général de Clermont en
1760, abbé de Benévent en 1766 ; décédé à Fresselines,
Creuse, le 22 avril 1812. (Cf. Beyssac, les Chanoines de l'Église
de Lyon, p. 240-241) »
9. Mercure de France, octobre 1754.
10. Liévin-Bonaventure Proyart, Louis XVI et ses vertus aux prises
avec la perversité de son siècle, Paris, 1808, livre 1, tome 1
11. Lafue 1942.
12. Bernard Faÿ, Louis XVI ou la fin d'un monde, La Table Ronde,
Paris, 1981.
13. Lafue 1942
14. de Viguerie 2003, p. 30-46.
15. Éric Le Nabour, Louis XVI : le pouvoir et la fatalité, JC Lattès,
Paris, 1988.
16. Archives départementales de l'Aube, E 1583.
17. Pierrette Girault de Coursac, L'éducation d'un roi : Louis XVI,
Gallimard, Paris, 1972.
18. Registre des baptêmes (1761) de l'église Notre-Dame de
Versailles, Archives départementales des Yvelines.
19. Journal inédit, 1718-1784, Flammarion, Paris, 1906, tome II.
20. John Hill Burton, Life and correspondance of David Hulme,
Édimbourg, 1846, tome II.
21. Louis Petit de Bachaumont, Mémoires secrets pour servir à
l'Histoire de la République des Lettres en France, Londres,
1784, tome I.
22. Archives nationales, K 144, no 13, 13.
23. Abbé Proyart, Louis XVI et ses vertus aux prises avec la
perversion de son siècle, Paris, 1817.
24. Abbé Proyart, Vie du dauphin père de Louis XVI, Lyon, 1788.
25. Ran Halévi, Louis XVI, faut-il le réhabiliter ? dossier in revue
L’Histoire, no 303, novembre 2005, p. 34.
26. Philippe Bleuzé et Muriel Rzeszutek, Un même personnage,
des images contradictoires : Louis XVI (http://www5.ac-lille.fr/
~heg/spip.php?article330) [archive], site de l'Académie de
Lille.
27. Maurice Toesca, Les Grandes Heures de Fontainebleau, Paris,
Albin Michel, 1984.
28. Coursac, op. cit., p. 89-92.
29. Réflexions sur mes Entretiens avec M. le duc de La Vauguyon,
édité à Paris, 1851.
30. Simone Bertière, Marie-Antoinette l'insoumise, éd. de Fallois,
Paris, 2002.
31. Bernard Faÿ, op. cit..
32. Stefan Zweig, Marie-Antoinette, Grasset, Paris, 1933.
33. Marie Célestine Amélie de Ségur d'Armaillé, Marie-Thérèse et
Marie-Antoinette, Didier, 1870.
34. Michel De Decker, Marie-Antoinette : les dangereuses liaisons
de la reine, Paris, Éd. France loisirs, 2006
(ISBN 978-2-7441-9457-3,
OCLC 799350850 (https://worldcat.org/fr/title/799350850) ),
p. 24.
35. Marie-Antoinette, Grasset, 1933, op. cit.
36. Marie-Antoinette l'insoumise, éd. de Fallois, 2002, op. cit.
37. Simone Bertière, op. cit.
38. Louis XVI, Gallimard folio biographies, 2006, op. cit.
39. Marie-Antoinette, éd. de Fallois, Paris, 2002, op. cit..
40. Faÿ, op. cit. [réf. incomplète].
41. (Lafue 1942).
42. Evelyne Lever, Louis XVI, Paris, Fayard, p. 103
43. Evelyne Lever, op. cit p. 103.
44. Le Nabour, op. cit..
45. de Viguerie 2003, p. 139-140
46. Citation de Sorel sur le site 1789-1815.com (http://www.1789-1
815.com/vergennes.htm) [archive].
47. Patrick Demouy, Le sacre du roi : histoire, symbolique,
cérémonial, Strasbourg/Paris, La Nuée bleue, 2016, 287 p.
(ISBN 978-2-8099-1431-3, lire en ligne (https://books.google.fr/
books?id=McUbvgAACAAJ&dq=le+sacre+des+rois+de+france
+patrick+demouy) [archive]), pp. 275-277.
48. Correspondance secrète entre Marie-Thérèse et le comte de
Mercy-Argenteau, éd. Alfred d'Arneth et M. A. Geffroy, 3 vol.,
Firmin-Didot, Paris, 1874, tome II.
49. Le Nabour, op. cit.
50. Victor Duruy, Histoire de France, 1854, tome II, pages 426-427.
51. Evelyne Lever, Louis XVI, Paris, Fayard, 1985, p. 217-218.
52. Abbé de Véri, Journal, 1928, 2 volumes, Tallandier, Paris, 1928-
1930.
53. Lettre envoyée au roi le 18 mai 1776 ; cf. Le Nabour, op. cit..
54. Louis Firmin Julien Laferrière, Histoire du droit français,
Joubert, 1837, p. 510 sq. (texte en ligne sur Gallica et d'autres
sites).
55. François André Isambert, Recueil général des anciennes lois
françaises : depuis l'an 420 jusqu'à la révolution de 1789 (http
s://books.google.fr/books?id=p2cZAAAAYAAJ&pg=PA286&lpg
=PA286&dq=femmes+pensions+%228+ao%C3%BBt+1779%22
&source=bl&ots=ex568WbYxZ&sig=RsNwWBrKdKBcH_ES6-i6A
6rpg6E&hl=fr&ei=U6_ISf7UIJmzjAfiuvTQAw&sa=X&oi=book_re
sult&resnum=1&ct=result) [archive], Belin-Le-Prieur, Verdiere,
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59. Jean-François Chiappe, Louis XVI II. Le Roi, Perrin, Paris, 1987-
1989.
60. Petitfils, op. cit. [réf. incomplète].
61. Petitfils, 'op. cit.
62. de Viguerie 2003
63. Moreeau de Saint-Mery, Lois et constitutions des colonies
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64. « Histoire. La parenthèse enchantée de Louis XVI qui
découvre la mer, en voyage en Normandie » (https://actu.fr/n
ormandie/cherbourg-en-cotentin_50129/histoire-parenthese-en
chantee-louis-xvi-decouvre-mer-voyage-normandie_19363429.
html) [archive], sur actu.fr (consulté le 10 octobre 2019).
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66. Jacques Godechot, op. cit..
67. Le Nabour, op. cit., page 306.
68. Le Nabour, op. cit., page 308.
69. op. cit..
70. Jean-François Chiappe, op. cit.
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l'établissement des États-Unis d'Amérique : Correspondance
diplomatique et documents, volume 2, Paris, Imprimerie
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généalogique normande, no 110,‎avril 2009, p. 69 (ISSN 0294-
7382 (https://portal.issn.org/resource/issn/0294-7382) ).
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Réglemens, Avis du Conseil-d'État, t. 1, p. 57 (https://books.go
ogle.com/books?id=ROIxAQAAMAAJ&pg=PA57) sur Google
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Annexes

Articles connexes

Événements de sa vie

Chronologie de la France sous Louis XVI


Ministres de Louis XVI
Convocation des états généraux de 1789 et États généraux de
1789
Journées des 5 et 6 octobre 1789
Constitution du 3 septembre 1791
Fuite de Louis XVI et arrestation à Varennes (juin 1791)
Journée du 10 août 1792
Procès de Louis XVI
Testament de Louis XVI
Exécution de Louis XVI
Clubs de la Tête de Veau, en commémoration de la mort de
Louis XVI
Versailles

Château de Versailles
Fêtes à Versailles
Us et coutumes à la cour de Versailles
Contexte

Agathe de Rambaud, berceuse des enfants de France


Bourbons
Prétendants au trône de France depuis 1830
Révolution française
Société d'Ancien Régime
Style Louis XVI
Bibliographie

Le symbole renvoie aux ouvrages utilisés pour la rédaction de


cet article.

Ouvrages d'histoire

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