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Chapitre 2 : Les origines médiévales de l’Etat moderne

(XIVe – XVe siècle)


Cours du 22/11/2022

L’état moderne voit sa genèse à travers 2 éléments :


- Théorique avec l’apparition du concept de souveraineté
- Pratique avec l’apparition au XIIIe et XIVe siècle d’institutions royales jusqu’à la
Révolution française

Rappel historique :

XIIIe siècle  Age d’or européen


XIVe et XVe siècle  Période de grands bouleversements

Le 1er bouleversement majeur du XIVe siècle fut une crise climatique marquée par une
période de plusieurs décennies avec beaucoup de froid et d’humidité impactant de ce fait les
récoltes.

Cette période sera donc marquée par 4 types de crise :

- Frumentaire : Les produits de premières nécessités vont venir à manquer.


- Sociale : Apparition d’émeutes de la faim.
- Economique : De nombreux nobles vont s’appauvrir car leurs terres ont perdu en
valeur suite aux mauvaises récoltes. Cependant, une partie de la population va quant à
elle s’enrichir grâce au commerce, il s’agit de la bourgeoisie.
- Démographique : Apparition de la peste noire qui décimera 25% de la population
européenne.

Depuis l’an 987 et l’avènement de Hugues Capet, on parle de miracle capétien, c’est-à-dire,
les rois de France ont toujours eu un fils pour leur succéder.
Cependant, en 1328, le Roi de France n’a pas d’héritier masculin vivant pour lui succéder et
la Loi du royaume interdit aux femmes de porter la couronne.
La dynastie capétienne prend donc fin et c’est aux Valois de monter sur le trône, ce qui ne
fera pas les affaires d’Edouard III, roi d’Angleterre, qui a des prétentions sur le Royaume de
France, par sa mère.
C’est donc le déclenchement de la Guerre de Cent ans qui fragilisera dans un premier temps le
Royaume suite à de nombreuses défaites :

- Poitiers (1356) : Jean II est capturé et emmené à Londres


- Azincourt (1415) : La chevalerie française est décimée

Puis dans un second temps, la réaffirmation du pouvoir royal :


- Développement d’une mythologie autour de la Monarchie pour donner l’image d’un
roi de droit divin  Jeanne d’Arc et ses voix envoyée pour sauver le Royaume.
- Création d’une armée professionnelle

I. Le principe monarchique
1. Les principes théoriques de la souveraineté royale

Le Roi est désormais doté de 2 corps :

- Physique, fait de chair et de sang, mortel.


- Mystique, qui ne disparait jamais, qui se confond désormais avec l’Etat. (Formule
« Le Roi est mort, Vive le Roi »)

Le roi est suzerain, ce qui signifie qu’il est « seigneur des seigneurs ».
Le concept de suzeraineté tend à disparaître pour être remplace par le concept de
souveraineté.

A. Affirmer la souveraineté du Roi dans le Royaume

Avant 1204 et depuis Clovis, le titre du roi était « Rex Francorum ».


Rex  Roi du peuple de franc
Francorum  Notion de suzeraineté

Ce titre sera remplacé par « Rex Franciae »  Roi de France, ce qui renvoie à la notion de
souveraineté.

C’est grâce à l’utilisation du droit romain que ce changement fut possible.


En 1250, le juriste Jean de Blanot compose un traité sur les institutions.
Il donne la formule : « Rex est imperator in regno suo » que l’on peut traduire par « Le Roi est
empereur dans son royaume ».
Blanot explique que le Roi de France exerce et a les mêmes pouvoirs que l’Empereur romain.
Et parce que le Roi de France est empereur en son royaume, alors il exerce « plena potestas »,
« la pleine puissance ».

2 compétences forment la pleine puissance :

- Plena jurisdictio
- Certa scientia

La 1ère est la pleine diction du Droit, c’est le plein pouvoir de dire le Droit.
La « Plena jurisdictio » renvoie au pouvoir législatif, le Roi est donc la plus haute autorité
juridique et judiciaire du Royaume.

La 2ème est la capacité du roi à comprendre l’intérêt général.


La chose publique n’est sauvegardée que par le Roi, il est le seul garant de l’Etat.

B. Affirmer la souveraineté du roi hors du Royaume

En 1158, l’Empereur Frédéric Barberousse (Opération Barbarossa – 1941) va réunir les


grands spécialistes du droit romain à Roncaglia. Il va leur demander de mettre le droit romain
au service de ses prétentions.
Un traité est édicté où en tant que descendant des Empereurs de Rome, il est décrit comme
étant le « Dominus mundi », maître du monde.

Il informe donc le Roi Louis VII, du fait de son titre, qu’il est son subordonné.
En 1202, le Pape Innocent III va édicter la Décrétale « Per venerabilem ».
Le Pape, officiellement, déclare que le Roi de France ne connait pas de supérieur au temporel.
L’empereur n’a donc aucune légitimité à soumettre le Roi de France.

Cours du 29/11/2022

Querelle idéologique des 2 glaives :

- Le glaive temporel
- Le glaive spirituel

Le Pape prétend exercer un pouvoir théocratique, il se prétend être l’intermédiaire obligatoire


entre Dieu et les rois.
Pour le Pape, l’autorité spirituelle est au-dessus de l’autorité temporelle donc l’autorité
religieuse est supérieure à l’autorité politique.

Puisqu’il existe 2 glaives, le glaive temporel doit être mis au service du glaive spirituel, le
pouvoir politique au service du pouvoir religieux.
Le Roi de France n’a donc pas de supérieur sur le temporel grâce à la Décrétale « Per
venerabilem » mais en a un sur le spirituel.
A ce moment, le roi n’a pas les armes juridiques et théoriques pour s’opposer au Pape.

C’est à la fin du XIIIe siècle que les choses vont prendre une nouvelle tournure.
Les croisades s’achèvent en 1287 après la chute de Saint Jean D’acre, cependant, nombreux
sont les rois qui disent vouloir reconquérir la région.
Philippe IV Le Bel souhaite repartir en croisade mais cela coûte extrêmement cher (bateaux,
soldes, provisions, etc…)
Pour préparer les précédentes croisades, l’Eglise autorisait les rois a prélevé un impôt
exceptionnel sur le patrimoine ecclésiastique, il s’agit de la décime.
Philippe IV prélève donc les décimes mais il ne partit pas en croisade, il utilisa l’argent de cet
impôt pour rembourser ses dettes liées à la rénovation et modernisation de son administration.
Le Pape Boniface VIII reconnait les rois comme souverains dans le temporel mais pas dans le
spirituel, ils restent des hommes qui commettent aussi des péchés.
Cependant, si le Pape affirme qu’il y a une autorité au-dessus du Roi, cela revient à nier la
pleine souveraineté du Roi.

Philippe IV est toutefois justiciable aux yeux de l’autorité ecclésiastique et Boniface VIII va
donc utiliser le prétexte de la décime pour que Philippe Le Bel soit justiciable devant lui 
Ratione Pecatti

Le Pape convoqua donc Philippe à Rome mais il ne s’y présenta pas, Boniface décida donc
d’excommunier Phillipe IV Le Bel.

Le Roi de France va réagir de 3 manières à cela :

- Idéologique : Il ordonne la rédaction d’un traité pour faire nier l’autorité théocratique
du Pape
Antequem essent clerici Avant que n’existe les prêtres / clercs
Les rois sont apparus avant les papes, la royauté avant la papauté, le Pape ne peut donc
pas se prétendre être au-dessus du Roi.
- Politique : Philippe va démontrer au Pape qu’il conserve le soutien de son Royaume.
En 1302, il convoqua au Palais Royal, à Paris, les représentants de la bourgeoisie, de
la noblesse et de l’église française. Il a inventé les Etats généraux.
- Judiciaire : Le Roi mis en accusation le Pape au titre de la « lese majeste », il a porté
atteinte à la majesté du Roi.

Il convoqua donc le Pape à Paris pour y être jugé. L’acte de convocation sera donné par un
des plus proches conseiller du roi, Guillaume de Nogaret.
Selon la légende, Guillaume de Nogaret arriva à Rome en tenue de chevalier, avec des gants
en fer et lorsqu’il se présenta au Pape pour lui remettre la convocation, il gifla avec ces
mêmes gants Boniface VIII et il en mourut quelques temps après.

Vraie ou pas, avec la mort de Boniface VIII, Philippe est débarrassé d’un opposant.
Il téléguida l’élection du nouveau Pape et c’est Clément V (c’est un français) qui fut élu et
pour remercier Philippe, il accepta de quitter Rome pour se placer sous la protection du Roi de
France. La papauté emménagea donc à Avignon, dans ce qui est aujourd’hui connu comme
étant le Palais des Papes.

II. Magnifier et encadrer la fonction royale


La souveraineté, puissance toute suprême soit elle ne se comprend que par le Droit et est donc
encadré par celui-ci.
Il existe des règles/normes dans le Royaume qui encadrent la souveraineté et auquel même le
Roi ne peut déroger, il s’agit des lois fondamentales du Royaume.

A. Magnifier la fonction la royale

Comment le roi diffuse-t-il l’image de souveraineté ?

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