Vous êtes sur la page 1sur 22

PHILO MORALE :

Chapitre 1 : perte des valeurs

Celui-ci s'est totalement effondré dans les années 70. Depuis, nous n'avons plus de valeurs, mais chacun continue à
avoir ses valeurs. Le triomphe de la science, mais aussi le triomphe de la technique, qui a conduit lui-même au
triomphe du capitalisme. La science est née avec Galilée au tournant du XVIème siècle à Florence, en Italie. On
expliquait le monde en le référant à un principe créateur : un Dieu. Vision religieuse inévitable et raisonnable

animal qui poursuit un but ; survivre, préserver la vie et se reproduire

L'être vivant a un but : préserver la vie et se préserver soi-même , Pendant très longtemps, quand on regardait la
nature, on ne pouvait pas imaginer que c'était le fruit du hasard. Tout était si bien fait que c'était forcément un
esprit qui l'a fait.

Croyance rationnelle

Quand la pensée rationnelle s'est élevée au VIème siècle avant JC, elle s'est élevée selon les croyances de l'époque,
soit c'est un Dieu qui a créé tout ça.

La très grande majorité des philosophes étaient d'accord sur le fait que la majorité de cet ordre ne pouvait être
expliquée que par l'existence d'un Dieu. On va réfléchir sur Dieu (Aristote, au Moyen-Age : Les preuves de l'existence
de Dieu (selon Saint Anselme).

Galilée se questionne. Il est aidé de ses assistants pour lancer du haut d'une falaise des pierres, et voir laquelle arrive
la première : les deux arrivent en même temps. Ce n'est donc pas le poids qui fait la vitesse ou l'accélération de la
chute. Dans ces conditions, avec la naissance de la physique moderne, on a une vision mécaniste de la nature (telle
cause produit tel effet). Dieu commence alors à être écarté de la chose.

Chez Descartes, on a un Dieu tout de même,mais il est exclu de l'application quotidienne des choses sur Terre.

Jusqu'au milieu du XIXème, la croyance en un Dieu créateur était indispensable. Mais, en 1859, Darwin publie
L'origine des espèces et explique que les êtres vivants sont le fruit d'une évolution, déterminée par la sélection
naturelle. Il n'y a donc plus besoin de Dieu pour expliquer la vie, il est exclu de la nature.

La science triomphe alors de plus en plus vite, la biologie rationnelle naît au début du XIXème. L'ordre du monde est
explicable sans recourir à Dieu. Cas particulier à la création : l'Homme. Nous descendons du singe selon Darwin, mais
nous avons tout de même des particularités que nous n'avons pas hérité de singes. A la fin du XIXème, le dernier
terrain qui échappait jusque-là à la science, c'était l'esprit humain. Alors, naissent les sciences humaines
(anthropologie, sociologie, ...). Rousseau était persuadé que la voix que nous entendons dans notre tête, notre
conscience, c'est Dieu. Mais ce que disent les sociologues, c'est que la voix de la conscience n'est rien d'autre que
celle de la société. Les valeurs changent d'une époque à l'autre, d'une culture à l'autre, …

La voix de la conscience dit ce que la société nous dit, c'est celle de nos parents, celle de nos instituteurs, ...

Alors, la voix de la conscience n'est que la voix de la société (Durkheim). Les sociologues ont chassé Dieu de l'esprit
humain, de la pensée. On observe en Occident depuis 1600 le triomphe progressif de la science. Alors, on a d'un côté
Darwin et sa théorie sur l'évolution des espèces, et de l'autre les chrétiens avec la création d'Adam et Eve. Darwin
peut prouver, il a des procédés scientifiques, des méthodes de vérification, il présente des vérités vérifiées, alors que
les chrétiens n'ont rien à part de pures croyances.

Alors, avec le triomphe de la représentation scientifique du monde, Dieu n'a plus de présence avérée, il est devenu
l'objet de pures croyances. Alors, le monde est devenu dépourvu de valeurs. Les progrès scientifiques sont venus
éroder les valeurs jusqu'à les détruire, même s'ils ne sont pas les seuls à y avoir participé.

2. Le triomphe de la technique et du capitalisme


La technique devient rationnelle, elle ne se montre pas, elle s'apprend à l'école. Plus les sciences progressent, mieux
on comprend le monde et plus on est capable d'avoir des techniques plus élaborées (bombe nucléaire, radiographie,
...).
Il ne pouvait pas y avoir une révolution industrielle (de l'artisanat à l'industrie) sans qu'on mette des machines

En quoi la révolution industrielle vient-elle affecter la vision que l'homme a du monde ?

Il y a une vision matérialiste de la nature. Avec les progrès techniques et scientifiques, l'homme a de moins en moins
peur de la nature.

Avant, on la considérait comme la création de Dieu (sacralisation), on la respectait. Désormais on l'exploite à


outrance, jusqu'à la détruire.(potentiel économique). La puissance de l'homme a complètement changé son rapport
à la nature, il est au-dessus, il est tout puissant, la technique nous permet de dépasser la nature

Pour créer une usine, il faut du capital, des investisseurs, ... Le point de départ, c'est l'argent (matière première,
payer les ouvriers, ...), contrairement aux petites boutiques où le point de départ, c'est le savoir-faire artisanal.

L'objectif, c'est de vendre le plus possible pour faire le plus d'argent possible, alors une concurrence s'installe entre
toutes les entreprises, il faut produire le moins cher possible avec la meilleure qualité possible.

Le capitalisme nécessite des progrès techniques permanents (exemple des smartphones toujours plus performants,
5G, ...).

Si on ne modernise pas les chaînes de production, ce qu'on produit va coûter trop cher.(maximiser les profits)

Le capitalisme est le moteur du développement de la technique, laquelle va nécessiter les progrès de la science.

Ce système de surproduction n'a pas de limites, il entraîne la destruction de la planète, mais il ne s'arrête pas pour
autant, Le XXème a inventé la consommation de masse,

c'est-à-dire la société de consommation. Elle est apparue avec le fordisme et le taylorisme. En 1929, aux Etats-Unis, il
y a un énorme krach boursier qui entraîne le chômage de millions de travailleurs américains. C'est la misère, alors il y
a un frein immédiat à la société de consommation.

Mais, dès les années 40, avec l'effort de guerre, les usines tournent à plein régime, et l'industrie américaine reprend
de plein fouet. En Europe, c'est seulement après la guerre et la reconstruction que cela reprend.(mad men).

Tout ce qui est produit doit être consommé. On invente alors tout un tas de systèmes pour vendre : l'invention du
crédit, les publicités, ...La société de consommation cherche à faire de nous des individus emportés par leur désir, on
a pas envie de se priver, elle a besoin qu'on soit comme tels. Le capitalisme du XIXème était celui des puritains, ceux
qui avaient une morale très austère.

Le puritanisme favorise le développement du capitalisme, mais il n'a déjà plus besoin de ça. Alors, on bascule dans
l'hédonisme

cf. Les contradictions culturelles du capitalisme, Daniel Bell, 1979

Dans ce livre, Belle définit le capitalisme des ancêtres comme celui de puritains qui travaillaient pour avoir une place
au paradis, et confirme le basculement à partir des années 50 dans une société de consommation hédoniste.

Lipovetsky, philosophe et anthropologue, reprend dans un essai sur l'individualisme contemporain les analyses de
Bell, selon lesquelles l'hédonisme est la philosophie du capitalisme contemporain.

La publicité, les médias, ... tout est fait pour qu'on ait envie d'acheter et qu'on ne dise pas non à nos désirs. On nous
encourage à dépenser, à céder à nos pulsions, à jouir de la vie, et on y résiste si on a une morale qui nous dit que la
seule chose qui compte c'est la hauteur d'âme , Ce sont les débuts de la contre-culture américaine.

Les valeurs traditionnelles restent, alors la jeunesse bout, elle veut aussi avoir de l'argent et jouir de la vie, la barrière
dressée contre les désirs se rompt.

Puis apparaît le mouvement hippie au milieu des années 60, avec la contestation contre la guerre du Vietnam
(monstruosité et révolte contre l'impérialisme américain) et contre le Maccarthysme, et la paranoïa du marxisme (cf.
Blacklist Hollywood). Le mouvement hippie, c'est les drogues, la libre sexualité, la libération du désir (notamment
chez les femmes), la libération contre le patriarcat, …
Mai 68, c'est le basculement qui a vu la mort de la morale et l'institution de l'hédonisme, la destruction des valeurs.

Chacun fait ce qu'il veut, chacun peut vivre comme il en a envie, chacun a ses valeurs et ses croyances,

Alors, c'est un effondrement de la morale : ce qui compte, c'est jouir de la vie. Les parents veulent que leurs enfants
réussissent socialement et professionnellement, mais leur priorité reste l'argent. Le capitalisme a eu raison de la
morale, désormais nous ne cherchons qu'à nous faire plaisir.

La population est de plus en plus décomplexée à l'égard de l'affirmation de son intérêt propre, de la violence, ... (ex :
les partisans de Trump qui ont envahi le Capitole). Ils sont prêts à la violence pour faire valoir leur parti (moyens de
plus en plus fréquents).Violence, cancel-culture, ... tous les moyens sont bons, même les plus violents et brutaux.

Effondrement de la morale, établissement de l'hédonisme, mais il y a quand même des valeurs, les valeurs de
chacun. Nous assistons donc à un développement des techniques et par conséquent du capitalisme.

Le capitalisme exige de nous des attitudes parfaitement immorales (écraser les autres, mépriser ceux qui sont au-
dessus, être sans scrupules, cynisme, ...). Il y a là une perte des valeurs traditionnelles.

Situation des valeurs aujourd'hui


La situation aujourd'hui est celle d'un pluralisme des valeurs.

Libération de la condition féminine, homosexualité, ... on voit apparaître des gens qui

revendiquent une différence, qui revendiquent une égalité de droits pour se faire reconnaître au sein de la société.

Dans les années 60, les sociétés occidentales adhèrent massivement à des valeurs fondamentales. "Travail, famille,
patrie", les ouvriers étaient fiers, ceux qui n'avaient pas d'enfants étaient égoïstes,

Après mai 68, l'amour est libre, ... Les valeurs communes d'une société se sont effondrées pour donner lieu à une
multiplicité de valeurs (pluralisme).

Quand les valeurs sont communes, partagées, elles ont une consistance.

Par exemple, dans une société fortement religieuse où nul ne peut dire qu'il ne croit pas en Dieu, on est obligé de
faire comme si on y croyait, sinon on est mis à l'écart, méprisé,

A l'inverse, aujourd'hui, la pratique religieuse est minoritaire, il est donc difficile d'ignorer ceux qui ne croient pas en
Dieu. Désormais, les valeurs sont sorties du champ de la vérité (rationnelle, scientifique).

cf. Le crépuscule du devoir, Lipovetsky, 1992

On n'exalte pas les commandements supérieurs, on les décrédibilise.

On flatte les désirs immédiats (le désir, la passion de l'égo), on ne se voit plus en train de se sacrifier pour des causes
supérieures. Les individus sont devenus extrêmement égoïstes, ne cherchent que leurs intérêts.

Quand mes valeurs sont les miennes, ce n'est pas une grande cause, c'est une

préférence, c'est ma culture et c'est moi qui la défend (pas la liberté, la justice, la liberté

de droits, ...). Ceux qui manifestent dans la rue sont seulement ceux qui sont impliqués (les hommes n'ont pas leur
place dans une manifestation pour les droits des femmes, les blancs n'ont pas à défendre les droits des noirs, ...).

Au fond, le but dernier de notre vie c'est l'hédonisme, le plaisir. Étant donné cet hédonisme dominant dans la société
de consommation, il n'y a plus aucun sens à se sacrifier pour les autres.

cf. Critique de la Raison pure, Kant, 1781

L'opinion est une croyance subjective qui n'a aucune raison subjective, la vérité est une

croyance qui est fondée objectivement et pour la foi, il y a des raisons subjectives.

Il n'y a donc pas de raisons objectives pour justifier une croyance.


cf. Nietzsche

Si on croit en quelque chose alors même que cette croyance ne peut être fondée, c'est parce qu'on en a besoin.

Des gens sont prêts à mourir pour ce qu'ils croient être vrai, est-ce que le sang qu'ils versent est la preuve de la
vérité de leur croyance ? Non, cela veut dire qu'ils préfèrent mourir plutôt que de renoncer à leur foi, à leurs
croyances (incapable d'évaluer la valeur de leus croyances, c'est ce qu'on appelle le fanatisme (incapables d'écouter
les arguments des autres, aveuglment total)) Nous avons donc besoin de croire, qui enferme l'individu dans un
système.

cf. Les fondements naturels de l'éthique, Jean Pierre Changeux, 1993

Les groupes (animaux ou humains) où il y a une entraide mutuelle survivent mieux, la survie de tous est mieux
assurée. Pourquoi se préoccuper du bien-être des autres avant de se préoccuper de soi-même de manière égoïste ?
Pour mieux survivre, il y a toujours un intérêt, ici l'intérêt de survie. Au fond, c'est par égoïsme que nous sommes
altruistes.

cf. Théorie du choix rationnel (modèle scientifique dominant aujourd'hui)

Le capitalisme l'a emporté contre le communisme (cf. chute du mur de Berlin 1989). Tous

les pays communistes sont mis à l'économie de marché. Les gens ne travaillent que par intérêt, que s'ils peuvent en
tirer profit. En fait, on travaille pour aller consommer.

Les valeurs sont alors posées par intérêt (besoins). Les valeurs vont simplement être ce qui justifie intellectuellement
ce qu'on fait, notre comportement (justifié par nos besoins). Donc, lorsque l'on parle de la perte des valeurs, de
l'effondrement des valeurs, cela ne veut pas dire qu'il n'y en a plus, mais qu'elles sont plurielles, partagées, elles ne
sont plus que l'expression de préférences.

Chapitre 2. Les théories contemporaines de la valeur


1. Les morales factuelles Il faut examiner la façon dont la science porte son regard sur le monde.

Pour se faire, on va invoquer les sciences de la nature puis les sciences humaines.

a. Les valeurs pour les sciences de la nature

Les seules causes admissibles sont celles qu'on peut justifier, mesurer (exemple de l'arc-en-ciel, pour les croyants
c'est Dieu qui nous touche et pour les scientifiques c'est la diffraction de la lumière).

Dieu en tant que cause n'est pas concevable, recevable. Dans les religions, il est considéré comme un pur esprit hors
du monde, alors il n'est pas observable avec les sciences, Dieu était là avant le monde et le monde est une création
de Dieu, alors il est extérieur. Cette conception du monde est née avec Galilée. Il arrête de demander pourquoi, dans
quel but Dieu a fait ça. La posture scientifique est apparue lorsqu'on a arrêté de chercher pourquoi Dieu avait créé
ça, il a fallu concevoir la nature comme une mécanique.

La vie de n'importe quel être de vivant est importante pour lui-même, mais elle n'est pas importante en soi, ainsi est
le fonctionnement du vivant. Si on prend la posture du scientifique sur la réalité, le monde apparaît comme
complètement dépourvu de sens et de valeurs. Alors, il n'y a pas de but, pas de finalité, donc pas de raison d'être. Il y
a des causes, mais pas de raisons.

A la fin du XIXème, on a vu l'émergence de sciences humaines, c'est-à-dire qu'on a commencé à examiner des faits
pour expliquer les sociétés humaines (apparition de la sociologie, de la linguistique, étude du psychisme humain, ...).

Les sciences humaines, qui s'appuient sur l'expérience, font des hypothèses vérifiables, mesurables, quantifiables
(les enquêtes en sociologie se font grâce à des probabilités, des statistiques).

b. Les valeurs pour les sciences humaines

Les valeurs sont observables, sauf que ce qu'on a observé à partir du moment où des scientifiques sont allés
observer les sociétés humaines dans le monde, c'est l'extrême variété des systèmes de valeurs.
Toutes les sociétés favorisent ce qui permet l'entraide entre les uns et les autres, ce qui semble assurer leur survie.
Certains soulignent les points communs des sociétés pour trouver au fond une sorte de nature humaine, mais on ne
peut ignorer les différences. Par exemple, la notion d'honneur dans les sociétés patriarcales du XVIIIème avec les
clans et les familles opposée à celle des sociétés individualistes occidentales modernes,

Alors, les valeurs sont des inventions humaines. Si elles étaient rationnelles, on aurait pu les justifier. Mais comme
les valeurs sont relatives (diverses et variables), c'est qu'on a pas encore trouvé de système de valeurs qui puisse
convaincre les humains (la diversité des humains justifie le fait qu'elle n'est pas rationnelle).

Chaque société crée des valeurs. Les sciences humaines s'interdisent de juger, elles ne font que constater, observer,
et ne pas dire si c'est bien ou mal. Ils se doivent d'être objectif, de mettre leurs propres valeurs de côté et observer
de l'extérieur. Alors, quand ils réussissent, ils constatent la grande diversité des valeurs, ils les considèrent comme
des créations humaines, ce ne sont pas des faits objectifs, ils ne sont ni vrais ni faux.

cf. Race et histoire, Lévi-Strauss, 1952

Les sciences humaines détruisent la consistance des valeurs, elles les enfoncent dans le subjectivisme.

c. La naturalisation de la morale
Est considéré comme moral le souci d'autrui, l'altruisme (à l'inverse de l'égoïsme, quand il va jusqu'à léser les
autres), en fait toutes les morales nous invitent à être altruistes. Il y a chez les êtres vivants des penchants à
l'entraide. Par exemple, chez les oiseaux ou les mammifères qui défendent leurs petits contre les prédateurs ou les
agresseurs éventuels, jusqu'à se mettre en danger.

On observe alors des comportements altruistes, en particulier chez les êtres humains (solidarité, entraide, ...).

Les naturalistes expriment l'avantage que cela représente en termes de survie de l'espèce.

Par exemple, un crocodile qui attaque un buffle, et un deuxième buffle qui arrive pour défendre l'autre et chasser le
crocodile. Le second ne tire aucun avantage au final, c'est un coût sans bénéfice, il y a eu une réelle entraide basée
sur de la pure générosité, c'était une exposition au danger totalement inutile en ce qui concerne sa propre vie.

Le philosophe Adam Smith ainsi que Hume appelle ça la sympathie, on peut appeler ça la sympathie, la bienveillance
ou même la pitié (comme Rousseau ou Schopenhauer).

S'il y a un penchant qui gouverne le comportement, c'est loin d'être moral Chez les gens qui ne peuvent pas
s'empêcher de se soucier des autres,

Traditionnellement, les femmes sont généreuses, altruistes, elles se soucient des autres, elles ont le souci du soin.

cf. In a different voice, Carol Gilligan, 1982

Comme les femmes sont formatées à s'occuper des autres, elles ne peuvent s'en

Empêcher. Alors leurs actions ne sont pas considérées comme morales, elles le font parce qu'elles en ont besoin,
tout comme les parents envers leurs enfants , A quel moment le comportement des parents devient-il moral ?
Exemple des parents avec un enfant handicapé, qui se sacrifient par amour pour leur enfant (sacrifice d'argent, de
temps pour soi, ...). On est pas admirables si on le fait par besoin, en revanche quand on commence à se sacrifier,
que l'on fait un effort de volonté, cela devient réellement admirable.

Il n'y a pas de moralité ces actes si ces derniers sont instinctifs.

La condition de possibilité de la morale, c'est la réflexion, le choix, la décision, en fait

c'est la liberté. Un élan/penchant naturel de s'occuper des autres, ce n'est pas considéré comme moral, ni estimable.

Mais, quand ça devient une valeur, que l'on fait des efforts, des sacrifices, pour l'honorer, quand on s'oblige à faire
les choses, c'est à ce moment-là que ça devient moral.

Alors, on se rend compte qu'on ne peut fonder les valeurs morales sur la naturalisation de la morale (qui est une
destruction de la morale, on est toujours intéressés, égoïstes).
Exemple de la théorie de la lumière

Il faut que notre théorie soit non contradictoire pour qu'elle puisse être vraie, mais il ne suffit pas qu'elle soit
cohérente.

L'hypothèse scientifique, c'est que s'il n'y a plus de Dieu, plus de Mère Nature (qui nous auraient fait dans un but
précis), il n'y a plus de finalités. Un homme n'est alors là que pour survivre.

Dans un contexte où la morale s'effondre, le but dans la vie est alors le plaisir, le bien-être (hédonisme), être bien
entouré, gagner suffisamment pour avoir de bonnes conditions de vie, ...Une seule chose compte, le bien être.

2. Le bien être comme souverain bien


Le premier philosophe utilitariste, qui a d'ailleurs fondé ce mouvement, c'est Bentham. En Angleterre, la révolution
industrielle a été la plus précoce, et tout le monde n'agit que pour son utilité (cf. Marx).

Ce n'est pas une morale égoïste, mais nous cherchons le bien-être du plus grand nombre.

Pour Bentham, il y a deux choses qui vont motiver l'altruisme : la bienveillance, la sympathie, l'intérêt au bien-être
de l'autre, et la législation, le rôle d'autrui, la réputation.

cf. Introduction aux principes de morale et de législation, Bentham, 1789

Le conséquentialisme est un élargissement de l'utilitarisme, au fond on évalue un acte non pas par l'intention de son
auteur, mais par son objectif.

cf. L'utilitarisme, Stuart Mill, 1861

Les utilitaristes ont détaché la valeur de l'acte de l'agent, et notamment des intentions de l'agent, et ils ont évalué
l'acte en fonction des bienfaits. Par exemple, s'il y a un enfant qui est en train de se noyer et qu'on se jette à l'eau
car on nous a promis une récompense, l'acte est bon, quelque soit l'intention du nageur. On évalue alors l'acte en
fonction de ses conséquences, si les autres en tirent profit, si ça fait avancer le bien-être de la société.

Les conséquentialistes sont tous utilitaristes, mais les utilitaristes ne sont pas tous conséquentialistes.

Ceux qui sont utilitaristes (mais pas conséquentialistes) défendent et promeuvent d'autres valeurs comme la liberté,
la justice, Tout ce qui peut donner une consistance et une crédibilité aux valeurs, on ne le situe

pas sur le plan de la vérité.

Les valeurs ne sont pas des absolues universelles, ce sont des créations de sociétés

variées.L'anthropologie vise à relativiser les valeurs. Si on examine les sciences, les valeurs s'effondrent, elles sont
relativisées et rabattues du côté des croyances pour chaque société.

S'il n'y a pas de dieux pour dire ce qui est bien ou ce qu'il faut faire, le but de la vie est alors d'en profiter.

cf. Le slogan "Just Do It" de Nike : réaliser vos rêves, faites ce que vous voulez faire, …

Aujourd'hui, la conception d'une vie réussie, c'est une vie agréable (et donc une réussite

financière).

Exemple de la vie d'un surfeur à la cool, idéal imposé après mai 68 (contrairement à la vie d'un homme d'affaires :
métro, boulot, dodo). Le bien-être, le plaisir et le bonheur semblent être des candidats à la vie bonne. S'il n'y a plus
rien à faire de la vie, autant être heureux.

a. Y a-t-il un devoir d'être heureux ?

Dans Fondements de la métaphysique des mœurs (Kant, 1785), le devoir que Dieu impose est de prendre soin de soi
et de sa santé. Un devoir est considéré comme quelque chose de pénible, un sacrifice douloureux et difficile.
C'est souvent chez les enfants que l'on retrouve une pauvre estime de soi. Si toute leur enfance ils ont été dégradés,
sous-estimés, s'ils ont toujours été dépréciés, ils seront toujours dans l'auto-punition, le sacrifice de son propre
bonheur, ils n'auront aucune confiance en soi, ils se détruiront eux-mêmes.

Le bien-être et le bonheur sont un des buts que chacun se fixe dans la vie. La plaisir fait du bien, il est inévitable,
mais la douleur fait fuir, on a pas envie de la sentir (cf. Descartes : la douleur et le plaisir sont des manières de nous
apprendre ce qui est bien ou pas pour le corps).

Le plaisir et la douleur nous font savoir ce qui est utile ou pas à notre corps (sorte d'indicateur naturel).

Si on a obtenu le plaisir en étant malhonnête, injuste, est-ce que c'est bien ?

cf. Les empereurs romains meurtriers et intimidants,

est-ce que ça les rend sublimes d'avoir été plus heureux que les autres ? Si on a beaucoup de plaisirs, est-ce que c'est
une vie digne sous le prétexte qu'il y a beaucoup de plaisirs ? Est-ce que c'est ça la vie bonne, juste, estimable ?

Si la vie est agréable, est-ce qu'elle est estimable pour autant ? Non.

Exemple : quelqu'un qui a obtenu la vie qu'il a rếvé d'avoir en trahissant ses amis, ne peut plus se regarder dans la
glace. Parfois, il faut faire des sacrifices pour obtenir ce qu'on veut. Plus on fait de sacrifices, plus on a de douleurs,
plus la réussite est grandiose.

Faut-il fuir ses souffrances et prendre la voie de la facilité quitte à être injuste ? L'estime de soi, la fierté, est
conquise par les sacrifices et les douleurs que nous nous sommes infligées (ex : alcoolisme, dépendance à la
cigarette, vanité, ...). Si on s'abandonne à la voie de la facilité, on se trouve nul, lâche, on perd de l'estime de soi.

On accepte de souffrir aujourd'hui pour avoir beaucoup moins de douleurs demain : c'est ce qu'on appelle le calcul
des plaisirs.

cf. Épicure : tout plaisir n'est pas à rechercher, et toute douleur n'est pas à fuir.

Si tu veux être heureux, détache toi des plaisirs superflus, détache toi de tout : tu es alors sage, heureux, parce que
tu as été capable de mettre en ordre ta sagesse (travail long, laborieux).

Epicure renonce à énormément de plaisirs pour pouvoir être vraiment heureux à peu de frais. Sur sa trajectoire de
philosophe, ce qui est le plus important c'est sa sagesse. Il peut être fier d'avoir réussi sa vie et d'avoir fait son
bonheur grâce aux sacrifices qu'il a fait. Au fond, ce qui fait la valeur de ses plaisirs, c'est qu'il y est parvenu par la
force de sa volonté.

cf. "Introduction aux principes de morale et de législation" de Bentham, 1789

Bentham, fondateur de l'utilitarisme, définit le bien comme le plaisir et le mal comme la douleur (Marx définissait les
utilitaristes comme des marchands de tapis). D'après Bentham, nous sommes exposés au plaisir et à la douleur. De
temps à autre, on s'inflige des douleurs et ça nous coûte, on fait des sacrifices. Les stoïciens veulent devenir
indifférents à la douleur. Tant que nous sommes vivants, nous sommes exposés au plaisir et à la douleur.
Néanmoins, on ne peut s'empêcher de vouloir fuir la douleur et de rechercher le plaisir.

Comment des individus, qui parfaitement catholiques et élevés dans l'idée que le plaisir, c'est la tentation du diable,
peuvent-ils élever le plaisir au niveau du bien ?

cf. L'utilitarisme, Stuart Mill : "L'utilitarisme est une doctrine plus profondément religieuse que tout autre"

Si on ne peut pas s'empêcher de rechercher le plaisir et de fuir la douleur, n'est-ce pas

ainsi que Dieu l'a souhaité ? Dieu n'est pas méchant, alors, se faire plaisir est bien : Dieu ne peut pas en être

mécontent, il est content de notre bonheur.

cf. Kant : "Agit toujours par devoir, jamais par intérêt"

On a pas de raisons objectives d'y croire, rien ne justifie ces croyances.


b. Est-ce un devoir de rendre les autres heureux ?

Cet utilitarisme classique consiste à dire que mon plaisir équivaut à celui de l'autre, il serait donc parfaitement
injuste de favoriser mon plaisir à celui d'autrui (égalité). L'utilitarisme va défendre l'idée selon laquelle le bien, c'est
de favoriser au possible le bien-être de tous.

cf. La théorie des sentiments moraux, Adam Smith, 1759

cf. Déontologie ou science de la morale, Bentham, 1834

Nous avons un penchant naturel à nous soucier des autres (par Dieu ou la nature), une capacité à être affecté par la
douleur ou le plaisir des autres (idée de contagion des sentiments, par exemple comme quand quelqu'un rigole, on
rigole avec lui). La nature m'a détaché de moi même, elle m'invite à me préoccuper des autres (souffrir avec, faire
plaisir à). La sympathie, par exemple, c'est de ressentir avec l'autre.

L'utilitarisme se base alors sur un raisonnement théorique (égalité, pas de raison de me privilégier sur les autres), et
la motivation (je me fais plaisir en faisant plaisir, inclination sensible qui nous motive à nous soucier des autres).

Pour des auteurs comme Bentham, deux éléments jouent : la réputation et la législation.

Réputation : si j'ai trahi quelqu'un, ça finit par se savoir. Il y a un coût social à un comportement asocial. L'intérêt le
plus strict est alors d'avoir un bon comportement.

Législation : sanctionner les comportements égoïstes (vols, mensonges). On a peur d'aller en prison, alors on fait ce
qu'il faut (si on aide pas une personne en train de se noyer, c'est une non-assistance à personne en danger).

Bentham essaie de joindre l'égoïsme et l'altruisme : ce que je fais, je le fais pour le plus grand nombre.

Exemple de but extrêmement recherché chez les anglo-saxons : la réussite.

Bill Gates est milliardaire, mais a créé des centaines de milliers d'emplois dans le monde

Alors, on ne peut pas prétendre que la nature ou Dieu nous ait voué aux autres, il n'y a pas de moyens de justifier
rationnellement le fait de vouloir faire plaisir aux autres et les aider (cf. Durkheim).

Il n'y a donc pas de valeur morale à s'occuper de son propre plaisir, mais ça en a une si on s'occupe du plaisir des
autres ? Il n'y a pas de moyens de justifier la poursuite du bien-être d'autrui comme une valeur.

On avait vu la situation de l'époque contemporaine par rapport aux valeurs, et donc par rapport à la perte des
valeurs, même s'il existe toujours des valeurs, qui ne sont plus partagées : elles ont perdu toute solidité, toute
consistance.

Néanmoins, depuis une vingtaine d'années, on observe des individus qui se battent pour leurs valeurs (exemple des
antispécistes qui mettent le feu à une rôtisserie, baignent de sang des boucheries). On voit de plus en plus des gens
prêts à imposer leurs valeurs car ils les pensent justes (alors qu'elles sont subjectives et infondées). Les valeurs sont
devenues relatives, arbitraires, subjectives et donc fragilisées.

Quand les sciences s'attachent aux valeurs, elles les relativisent, elles mettent en place ce qu'on appelle la
naturalisation de la morale : on lui donne un fondement naturel (la sélection naturelle : certains penchants à
l'altruisme sélectionnés pour leur avantage en terme de survie, les groupes et individus s'entraident pour mieux
survivre). Ce n'est pas la morale, mais l'intérêt : on s'occupe des autres pour mieux survivre, il y a une destruction de
la moralité.

La naturalisation de la morale, c'est donc la destruction des valeurs (on aide les autres

parce qu'on veut survivre).

Alors, on se rend compte que lorsqu'on essaye d'appuyer les valeurs sur des faits, cela contribue à détruire la morale
(au fond, on ne penserait qu'à soi, on est tous égoïstes, cyniques). Naturaliser la morale, c'est prétendre qu'on subit
une ruse de la nature.
Les valeurs sont alors des préférences, c'est une question de goûts. Quand on parle en termes de préférences ou de
désirs, cela veut dire qu'il n'y a pas de raison.

La plaisir n'est pas une valeur. Hoffman, psychologue spécialiste de l'empathie et spécialiste des enfants, s'interroge
sur l'intériorisation des règles morales.

3. Raison, devoir et sentiment (principes de la morale)

Comment la raison peut-elle être au fondement de la morale ?

L'auteur de la vie, que ce soit Dieu ou la Nature, nous aurait créé dans un but, en leur faisant savoir ce qu'ils doivent
faire. Donc, la vie humaine a un but, elle va dans une certaine direction : le bien.

Si Dieu n'existe pas, si la nature n'est pas une bonne mère, pourquoi suis-je là ? Pour rien, c'est comme ça et c'est
tout.Etre en vie, c'est alors être attaché à la vie. S'il n'y a pas de créateur, on est là pour rien.

Exemple : l'extinction des êtres humains est proche, alors il est difficile de prendre en considération un auteur.

La science ne fait que souligner les côtés incertains de cette croyance, elle ne la nie pas (elle fait naître le doute). On
ne peut pas accepter, en tant que philosophe rationaliste, que Dieu existe et définisse le bien.

cf. Critique de la Raison pure, Kant, 1781

La raison ne peut plus démontrer l'existence de Dieu.

On ne peut pas fonder rationnellement les valeurs, la raison est impuissante pour définir des valeurs.

Qui fixe les valeurs, puisqu'on n'arrive pas à établir les valeurs avec la raison ?

On fixe nos valeurs selon nos préférences et notre plaisir, pour notre bien-être et notre bonheur.

La raison intervient pour être efficace.

Que dois-je faire pour être heureux ? pour n'avoir jamais de souffrances ?

Si on s'attache à des désirs non naturels/artificiels (plaisirs de la bonne chair, ..), qu'on s'y attache fortement, on
peut les perdre facilement et être malheureux. Alors, il faut se détacher au maximum des plaisirs superflus.

La raison instrumentale, ou l'intelligence, met en œuvre des moyens pour parvenir à une

fin. Les buts sont fixés par les préférences, les désirs, puis l'intelligence met en place

des moyens pour y parvenir. Si on fait des choses qu'on pense être ignobles, on ne suit pas nos propres valeurs, alors
on se méprise. Mais, si on fait tout proprement, dans le respect de nos valeurs, on peut être fier de soi.On ne peut
pas être heureux si on se méprise, si on a une faible estime de soi (parce qu'on a pas été en accord avec nos valeurs).

Aujourd'hui, la raison ne parvient plus à fonder des valeurs, elle n'est plus qu'un instrument au service des buts fixés
par nos désirs.On abandonne alors la raison comme fondatrice des valeurs.

Et le devoir ? Le devoir, c'est la conscience morale (Rousseau).

Nous avons tous cette petite voix en nous, la voix de la conscience (sentiment moral).

Nous avons une conscience morale, c'est comme si on avait Dieu en nous.

Les groupes humains ne peuvent survivre que s'ils arrivent à régler pacifiquement leurs

problèmes ("tu ne tueras point"), la société condamne les mauvais comportements.

Ces règles morales, ce sont les voix de la société, des parents, des profs, ... Ce sont des normes communes, des
normes sociales.
Exemple du complexe d'Oedipe (selon Freud) : Le petit garçon nourrit dans son esprit la haine de son père, c'est un
ennemi mais aussi un idéal. Quand l'enfant accepte que sa mère ne soit plus sienne, il intériorise les règles de son
père, il accepte la loi du père et s'y soumet. Ainsi est créé la conscience.

Quand l'enfant accepte, il reconnaît la règle et l'intériorise, l'intériorisation des règles paternelles fait naître la
conscience morale.

La conscience morale ne pourra jamais être autre chose que l'intériorisation des interdits, des normes sociales et
morales d'une société donnée.

Et, quand est-il des sentiments ?

Les sentiments moraux sont éduqués par la culture, alors ils sont arbitraires et discutables.

cf. Adam Smith : "La morale, c'est la sympathie"

Par exemple, les parents s'occupent avec leurs enfants, qu'ils aiment. Mais est-ce qu'on a du mérite à faire ce qu'on
fait en tant que parents ? Non, car si on le faisait pas on serait malheureux. Tous les parents font ce qu'ils estiment
devoir faire.

Alors, il n'y a plus de valeurs (ni le bonheur, ni le bien-être, ni la raison, ...), les valeurs se sont effondrées, ou plutôt
tout le monde a des valeurs, mais elles leur sont propres. Il est impossible de vivre sans valeurs, sans normes, mais
elles sont relatives.

Ce relativisme des valeurs est extrêmement dangereux, parce que c'est à chacun ses valeurs (mai 68, liberté
tolérance). Dès les années 80, on a vu apparaître la dédiabolisation du FN, si toutes les opinions se valent, "moi je
suis raciste alors j'ai le droit de penser ça". Les journalistes ont rendu acceptable les pensées du FN.

Alors, si toutes les valeurs se valent, au nom de quoi des pensées sont interdites ?

Ce sont les intérêts communautaires qui sont en jeu. Beaucoup de ceux qui défendent les valeurs le font parce qu'ils
sont concernés.

La défense des valeurs aujourd'hui (qui ne peut s'appuyer sur des arguments rationnels)

n'est assurée que par intérêt (les femmes défendent les droits des femmes, les noirs défendent les droits des noirs,
...). Des groupes se focalisent autour de valeurs et combattent pour, ils sont prêts à tout.

En conséquence, si les valeurs sont subjectives, arbitraires, on ne peut pas les discuter, parce qu'elles ne s'accordent
pas (modes de vie incompatibles, ex : partisans de l'esclavage et anti-faschistes).

Il y a un relativisme des valeurs (qui viennent de l'éducation et de l'histoire personnelle). Alors, si les valeurs sont
relatives (préférences), alors il y a forcément un intérêt derrière.

Exemple : les gens du FN revendiquent l'incompatibilité de leur culture avec celle des musulmans ("valeurs
incompatibles").

Le relativisme des valeurs est très inquiétant : il conduit à la guerre contre tous, chacun veut défendre sa
communauté, ses croyances, à moins qu'on puisse résonner et discuter.

Chap. III – Sens et existence de la liberté


1. L’éveil de la liberté

2. L’existence de la liberté

a. Preuve de la liberté

b. Inconscient et liberté

c. La force des désirs

1. L'éveil de la liberté
Qu'est-ce qui fait que chez l'être humain va naître le sentiment de l'estimable, les sentiments moraux (honte,
culpabilité, ...). Chez les animaux, on observe pas ce genre de choses.

Exemple : un chien fait une bêtise, il a les yeux tristes : il ne connaît pas le sentiment de culpabilité, il a juste peur de
l'agressivité de son maître.

S'il est apparu chez l'être humain une expérience de la valeur, des sentiments moraux,

c'est en vertue d'un écart entre l'homme et l'animal.

D'où vient cet écart entre l'homme et l'animal ?

cf. Frantz Leval (primatologue) : "il n'y a pas de rupture qualitative entre l'homme et l'animal", ainsi nous sommes
des animaux. On peut se dire que si l'homme a des particularités qui le distingue des animaux, il les doit à ses
capacités intellectuelles hors normes (boîte crânienne, ... éléments justifiés).

L'accroissement de l'intelligence chez l'homme a permis des capacités que même les

animaux les plus intelligents n'ont pas : émergence du langage, par exemple.

Les êtres humains ainsi que les animaux disposent d'organes de phonation ainsi que des capacités à étendre des
sons. Les animaux sont dans le présent immédiat : ils sont incapables de dire ce qu'ils ont fait hier ou ce qu'ils feront
demain. Ils sont dans l'instant. Les animaux ont une mémoire, mais pas de souvenirs.

Les animaux font des outils en vue de leurs besoins, une fois qu'ils sont satisfaits ils n'ont plus l'usage de leurs outils,
et ils n'en fabriquent pas d'autres.Quand des animaux semblent avoir des comportements qui semblent anticiper
l'avenir, c'est juste instinctif, ils ne sont pas réfléchis. Chez les animaux, il n'y a pas d'anticipation de l'avenir.

On dit que le langage, c'est la capacité de dire quelque chose en son absence. Une gazelle, face à un lion, se rend
bien compte du danger. Mais, en son absence, elle ne se représente pas l'idée du lion. S'il n'y a pas de signes, elle n'y
pense pas. Les animaux ne peuvent pas parler et raconter, contrairement aux humains. La capacité du langage à se
référer à des choses, des situations, des évènements, en leur absence, nous permet de nous rappeler le passé et
d'anticiper l'avenir. Quand les êtres humains commencent à avoir des outils et des activités de production de plus en
plus sophistiqués, c'est parce qu'ils pensent à l'avenir et le préparent. Les hommes sont capables d'anticiper un
avenir plus lointain que leurs craintes et leurs désirs actuels, s'ils pensent que c'est utile (achète un pull pour l'hiver
froid, ...). Grâce à la pensée, on va pouvoir se projeter dans l'avenir et agir pour le préparer.

Nous voyons l'avenir avec la pensée.

L'homme a commencé à avoir une alternative autre que le désir. Dans l'instant présent,

comme un animal, il a des désirs (désirs du moment), puis, parce qu'il pense à l'avenir, il

ne se laisse pas distraire. Il s'impose une activité

C'est l'éveil de la liberté : un être humain s'impose une activité car il pense à l'avenir,

alors qu'avant ses désirs l'emportait, il a le pouvoir de se gouverner soi même pour soi

même.

En vertu de cette liberté, nous pouvons résister à nos désirs parce que nous pensons à l'avenir. Alors,
l'accroissement de la boîte crânienne - et donc des capacités intellectuelles de l'être humain - se traduit par
l'invention du langage articulé, lequel nous permet de parler et de raconter ce qui n'est pas là, de parler de l'avenir
ou du passé, et donc de "voyager dans le temps" (cf. Turwin), pour préparer l'avenir.

Quand on renonce à nos désirs pour préparer l'avenir, on prend en quelque sorte notre vie en main.

Eveil de la liberté chez l'être humain : accroissement de la boîte crânienne et donc des

capacités intellectuelles, envisager un avenir plus lointain que nos désirs et nos craintes
Seul l'homme, dès lors qu'il accepte le langage articulé, il peut déborder ses sentiments et désirs et envisager en
pensée l'avenir.Ainsi naît la liberté. La liberté, si elle est la conduite de soi-même, suppose la pensée, la réflexion, la
détermination et la volonté (faire des efforts pour atteindre ses objectifs).

2. L'existence de la liberté

Spinoza, auteur rationaliste du début de la deuxième moitié du XVIIème siècle, affirme que Dieu est tout, et nous ne
sommes que des modes de l'existence de Dieu. Il y a donc une nécessité implacable de la liberté. Selon lui, le
sentiment de liberté, c'est : "La liberté consiste uniquement dans le fait que les hommes sont conscients de leurs
appétits et ignorants des causes par lesquels ils sont déterminés".

Il y aurait donc des causes cachées qui déterminent les comportements.

ex : jaloux maladif voit sa compagne se comporter d'une manière qu'il trouve incorrect, il se fâche et trouve sa
réaction normale.

Pour Nietzsche, dans Le Crépuscule des idoles, 1888

"Si l'on a conçu les hommes libres, c'est à seule fin qu'ils puissent être jugés et condamnés, afin qu'ils puissent
devenir coupables. Par conséquent il fallait absolument que chaque action soit conçue comme voulue, que l'origine
de toute action fut conçue comme résident dans la conscience". Il y a trois choses à prendre en considération : la
liberté n'est pas une illusion, l'inconscient existe, et notre faiblesse face aux désirs.

a) La preuve de la liberté

La question qui se pose, c'est savoir si on a du pouvoir sur nos actes ou si on peut les transformer, ou alors s'il y a des
forces qui déterminent des actes (pulsions, instincts, désirs, ..).

cf. Deleuze "nous sommes des machines"

Pourqioi la pensée a-t-elle été sélectionnée dans la lignée qui a conduit à l'Homo Sapiens, notre espèce ?

Nous avons une pensée sans effet, qui n'agit pas sur la vie ?

Si la pensée n'avait pas eu la moindre efficacité sur nos actes, jamais on aurait changé de comportement par rapport
à l'animalité dont on sortait.

Nous avons la volonté, la capacité de nous forcer, pour améliorer la qualité de notre vie, maintenant ou plus tard.

Bien que notre volonté soit limitée, elle n'en est pas pour autant dépourvue de force, grâce à laquelle on arrive à
résister à des désirs, et à travailler pour réussir à vivre ensemble.

"Si l'on a conçu les hommes libres, c'est à seule fin qu'ils puissent être jugés et

condamnés, afin qu'ils puissent devenir coupables. Par conséquent il fallait absolument que chaque action soit
conçue comme voulue, que l'origine de toute action fut conçue comme résident dans la conscience".

En gros, on a conçu les hommes libres pour pouvoir les condamner et les punir.

On ne pouvait pas punir une personne si on ne pensait pas qu'elle était coupable, un être humain ne peut être puni
que s'il est coupable.

On peut obtenir des autres un comportement sans punir.

Les humains ne décident pas de leurs actes, et un autre décide d'empêcher les autres d'avoir tel ou tel
comportement, et les punit pour, il veut qu'ils se sentent coupables et feint l'indignation.

Très généralement, les sentiments moraux sont la preuve de l'existence de la liberté.

Sans eux, il n'y aurait pas de culpabilité, de honte, ...

La première preuve, c'est la théorie de l'évolution des espèces : jamais un organe tel que
la pensée n'aurait été sélectionné s'il n'avait aucun pouvoir, s'il n'apportait aucun avantage de survie.

Tous les outils, tout ce qu'on a fabriqué autour de nous, toutes les règles que l'on s'impose pour vivre ensemble et
régler nos problèmes et difficultés, prouve que la pensée a une efficacité sur le comportement humain.

Deuxièmement, nous n'aurions pas de sentiments moraux si nous n'avions pas un certain pouvoir sur nous-même
qu'on appelle la liberté. L'existence de la liberté est donc incontestable.

b) Inconscient et liberté

cf. Freud, Interprétation d'un rêve, 1899

Comment se forme l'inconscient ?

Le garçon fait de sa mère son objet de plaisir exclusif, parce qu'elle est source de toutes ses satisfactions et plaisirs,
sauf que le père est le concurrent. Alors, vers 4-5 ans, il y a un conflit terrible entre le désir de voir son père
disparaître et l'idéalisation de ce dernier, son identification à lui. A ce moment là, il renonce à son désir et tout désir
incestueux devient tabou. L'inconscient est donc né du refoulement : les désirs inacceptables sont refoulés
dansl'inconscient, comme c'est le cas des traumatismes. Le refoulement, l'enfouissement, dans l'inconscient, est une
réaction de survie.

Traumatismes : refoulement des parents, rejet, insatisfaction

Lorsqu'on a un désir qu'on ne veut pas avoir mais qu'on ne peut s'empêcher d'avoir, on le refoule. Pourquoi ?

Si on n'avait pas à assumer un désir, on n'aurait pas à le refouler.

Exemple : un enfant a des désirs homosexuels mais vit dans une famille homophobe, il le refoule, par peur du rejet.

Dès lors qu'on a de la pensée, on ne peut pas éprouver un désir si on ne peut pas en être responsable.

Un désir, quand il est trop fort, peut emporter la volonté.

Exemple : je veux travailler mais je n'ai pas réussi, j'ai regardé la télé. Maintenant, je m'en veux, je me sens coupable
: la volonté a échoué face au désir, et c'est de ma faute, j'ai dit oui à mon désir.

Nous recevons les désirs (de notre corps, de notre éducation, ...), on ne les a pas choisis, mais le simple fait de les
éprouver et qu'ils se proposent à une volonté, comme des motifs d'action, nous sommes obligés de nous les
approprier. Mes désirs, même si je ne les ai pas choisis, je les éprouve.

Les désirs ne sont refoulés que s'ils sont insupportables, que si on ne peut les assumer.

Le refoulement a alors pour condition de possibilité la responsabilité. Si on ne se sent pas coupable d'avoir une
relation incestueuse, on ne le refoule pas. On a une responsabilité à l'égard de notre existence.

Il n'y aurait pas d'inconscient si on n'avait pas la responsabilité de nos actes. On s'accable d'une responsabilité mais
nous n'avons jamais suffisamment de pouvoir pour être en à la hauteur.

L'inconscient a comme condition de possibilité un pouvoir sur soi : la liberté, mais la liberté limitée. Ce n'est pas
l'inconscient qui limite cette liberté, mais il la présuppose.

c) La force des désirs, la faiblesse de la volonté

Les désirs ne sont pas des forces extérieures à moi, même si ce n'est pas moi qui les ai choisis.

C'est de ma faute si mes désirs sont trop forts, ce sont mes désirs, ma convoitise, mon envie, alors je ne peux que
m'en vouloir. C'est de la mauvaise foi que de le nier.

Exemple : un soldat est torturé, il lâche les noms de ses camarades résistants, car la
douleur est trop forte. On peut dire que c'est pas sa faute, c'est excusable. Mais, le soldat ne peut s'empêcher de se
dire qu'il aurait pu résister encore un peu. Nous avons un pouvoir sur notre vie, des efforts de volonté, plus ou moins
étendus selon notre éducation. Il y a un pouvoir sur soi, mais il est limité.

Depuis les années 70, la liberté est contestée : la raison n'étant pas capable de fixer les buts, il n'y a que les désirs qui
en soient capables. Le désir est injustifié, on a juste envie de le faire, il fixe des buts et nous pousse à agir. Dans cet
univers post mai 68, le concept de liberté n'a aucun sens : si ce sont mes désirs qui gouvernent ma vie, je ne suis pas
réellement libre.

Il y a avait avant une contestation de la notion de liberté : les désirs étaient liés au corps, et à côté l'âme savait ce qui
était bien ou inclinait la raison, qui permettait de décider quoi faire pour bien agir et faire le bien.

En conséquence, on refusait de satisfaire nos désirs, on les interdisait car ils étaient des tentations dont il fallait se
garder. La liberté, c'était de se libérer des désirs et savoir ce qu'on avait à faire. La conception hédoniste a tendance
à rejeter cette façon de rejeter les désirs, il faut au contraire se faire plaisir. Désormais, tous les jours, on pense à
l'avenir et on doit s'obliger à le préparer. On est alors capable de discipliner ses désirs.

Nous qui préparons notre avenir, nous sentons bien que le travail que l'on fait aujourd'hui portera ses fruits bien
plus tard. La liberté est alors la capacité de résister à des désirs actuels, et la pensée est la capacité à envisager nos
besoin futurs, à préparer aujourd'hui l'avenir.

IV. La valeur de la liberté

La pensée émerge avec le langage articulé chez nos lointains ancêtres (protolangage, langage syntaxe). Ils
commencent à réfléchir, anticiper l'avenir, fabriquer des outils, ...Lorsqu'on retrouve des squelettes d'êtres humains
avec des outils sophistiqués, dont la fabrication des outils est séparée de l'usage : nos ancêtres ont fabriqué des
outils pour préparer l'avenir (outils sophistiqués qui prennent du temps).

La fabrication des outils n'est pas faite par un seul homme, mais par un groupe, qui communiquait.

La pensée comme anticipation de l'avenir a toujours été au départ une pensée commune, ce n'est pas un homme qui
pense tout seul, c'est un groupe qui pense et qui prépare l'avenir. Dès que les êtres humains se sont mis au travail,
un effort qu'ils se sont imposés pour satisfaire tout le monde, ils ont distribué le travail selon les compétences et
capacités des membres de la communauté. Des exigences ont pesé sur ces membres : "tu fais ton boulot, même si ça
te coûte, et tu le fais bien". C'est une pression sociale qui est exercée sur chacun des membres.Ici se dégage la
responsabilité.

1. Estime et volonté

Comment peut-on conquérir l'estime des autres ?

Chaque culture a ses propres normes (ce qui est permis ou non).

Est-ce que, pour être estimé par quelqu'un, il faut partager les mêmes valeurs

Si l'on en croit l'anthropologue moderne, ceux qui ne sont pas de ma culture ne vont pas

valoriser ce que je fais.

Exemple : Gérard D'aboville traverse l'Atlantique à la rame, sous un prétexte humanitaire, mais en réalité c'est un
défi qu'on se lance, pour soi, pour la gloire.

On a des capacités, des limites, on se construit une ambition autour de ça, et on travaille ou non pour obtenir ce
qu'on veut.

Il y a alors d'un côté ceux qui font les efforts pour avoir la vie qu'ils veulent et que même en cas d'échec, ils ne
peuvent pas s'en vouloir parce qu'ils ont vraiment essayé, et d'un autre côté il y a ceux qui ne font pas les efforts et
qui se plaignent de ne pas avoir la vie qu'ils veulent. On ne peut pas estimer quelqu'un qui ne fait pas les efforts de
volonté pour obtenir ce qu'il veut. On mesure l'estime à la force de volonté que quelqu'un met dans ses ambitions
(sacrifices et efforts).

cf. Les passions de l'âme, Descartes, 1649

"Je ne remarque en nous qu’une seule chose qui nous puisse donner juste raison de nous estimer, à savoir l’usage de
notre libre arbitre, et l’empire que nous avons sur nos volontés.

Il n'y a que les seules actions qui dépendent de ce libre arbitre pour lesquelles nous puissions avec raison être loués
ou blâmés."

La seule chose qui donne de la valeur à nos actes, c'est les efforts de volonté. Les personnes loyales, fidèles, ont une
force de volonté face aux tentations. Un acte a de la valeur si l'acte a été déterminé par des efforts de volonté
intenses, si on a résisté à des désirs très forts (exemple de l'alcoolique ou du fumeur accro).

2. La valeur de la liberté

L'altruisme qu'on considère comme admirable, c'est l'altruisme qui a nécessité des sacrifices.

Chacun poursuit ses propres buts qu'ils pensent être bons. Les buts n'ont pas de valeur, c'est nous qui conférons de
la valeur aux choses, qu'on considère importantes. Un acte, un objectif, un but atteint, n'a de valeur que s'il est
mérité Le but n'a de valeur que par les efforts de volonté que l'on fait pour les atteindre

Au fond, les buts n'ont pas de valeur. Alors, quel est le vrai but de la vie ?

On se rend compte que la seule chose qui soit estimable, c'est la force de la volonté (je fais ce que je veux, bien que
je rencontre des obstacles et des difficultés). On fait des efforts de volonté pour parvenir à des objectifs fixés. Par
exemple, on veut rentrer dans une école, on bosse dur et on est reçu : au final, on est fier, on l'a mérité. Les efforts
de volonté ne sont pas un plaisir, mais ils sont estimables.

L'exécution de la pensée exige des forces de volonté. On voit l'émergence d'un mode de

conduite de soi inédit : pour l'animal, c'est l'instinct, et pour l'homme, c'est la pensée.

Dès l'enfance, l'homme déploie sa capacité à envisager l'avenir, à envisager les conséquences de ses actes.

Dès que la pensée commence à se développer, l'enfant est capable de faire des efforts.

On voit se déployer la pensée et la volonté. La seule chose qui a de la valeur, ce n'est pas tant les buts que nous nous
fixons que les efforts de volonté, lesquels font de nous des êtres libres, capables de se conduire eux-mêmes.

On a un pouvoir sur nous-même, faible, mais pas nul.

En vertu de ce pouvoir, on dira de chacun qu'il est responsable (devoir, pouvoir, efforts). "Si tu n'as pas fait les
efforts suffisants, c'est de ta faute".

En 1781, dans Critique de la raison pure, Kant réfléchit sur les sciences expérimentales qui se développent à
l'époque. Il aboutit à une réalité : une entité ne peut être dite exister, que si on peut en faire l'expérience. Si on ne
peut pas en faire l'expérience, on ne peut pas établir son existence.impact dans la philosophie pratique de Kant 1786
mœurs critique de la raison pratique.Dans ces deux textes, Kant affirme qu'il y a un fait irréductible : le fait de la
morale en moi. Cette morale ne donne aucun contenu, c'est l'esprit lui-même qui va devoir en donner un.

La morale dit ce qu'on doit faire, elle appelle à la responsabilité, à résister à ses pulsions, à être libre.

Depuis Kant, puisque Dieu a disparu de l'horizon des hommes, on assiste à une responsabilisation des hommes, qui
se gouvernent eux-mêmes, libres. La science exclut Dieu du champ de la connaissance et de la vérité. Il devient une
option psychologique, existentielle, de la morale des autres. On est passé d'une hétéronomie (le fait de suivre une loi
qu'on ne s'est pas donner soi-même, la loi de la nature ou la loi de Dieu) à une autonomie (obéir aux règles qu'on
s'est donné soi-même).

C'est là la situation moderne de l'homme : on décide de nos propres règles, même si on


croit en Dieu.

L'homme devient méprisable s'il ne parvient pas à assumer ce qu'il a décidé de faire. En

revanche, il a une grande estime de soi s'il réussit, il est admiré, ce qui force le respect

(accomplir sa volonté, être libre).

Le but fondamental de nos vies, c'est alors la liberté, seule chose à avoir véritablement

de la valeur.

Mais, un deuxième objectif s'impose à nous : le bonheur.

Kant souligne dans les Fondements de la métaphysique des moeurs, : "Il y a cependant une

fin que l'on peut supposer réelle chez tous les êtres raisonnables (en tant que des impératifs

s'appliquent à ces êtres, considérés comme dépendants), par conséquent un but qui n'est

pas pour eux une simple possibilité, mais dont on peut certainement admettre que tous se

le proposent effectivement en vertu d'une nécessité naturelle, et ce but est le bonheur." Alors, il y a un but qu'on
devrait poursuivre : la liberté. Et, il y a un but qu'on poursuit tout le temps : le bonheur.

Il ne saurait y avoir de bonheur sans bien être (cf. les stoïciens). Le bonheur, c'est d'avoir accompli sa fin, et d'être en
accord avec la nature. On fuit la douleur parce qu'on croit que c'est mal, et on cherche le plaisir parce qu'on croit
que c'est bien (les stoïciens veulent ne rien sentir, ni mal ni bien). Mais, notre corps nous impose sa sensibilité (on
repousse la douleur et on recherche le plaisir). Le bonheur ne peut pas se définir indépendamment du bien-être. On
ne peut pas être heureux dans la douleur, quand bien même on a accompli notre destinée bonheur. Mais, le
bonheur n'est pas estimable : si je suis heureux, si mon bonheur dépend d'une attitude de sagesse, le bonheur est
mérité.On peut dire que le bonheur peut être mérité, mais dans sa dimension de bien être, c'est de la chance (ni
maladie ni accident).

Le bonheur est agréable, il est poursuivi, tout le monde le cherche, mais il n'est pas estimable, on ne peut pa dire
que ce soit une valeur (distinction de Kant dans Critique de la raison pratique entre ce qui a du prix et ce qui a de la
valeur, de la dignité). Il y a une fin, c'est la recherche du bonheur. On ne peut pas y échapper, il faut juste faire
attention de ne pas y sacrifier de la valeur. Exemple : les stars qui ont tout pour être heureuses (succès, vie riche, ...)
qui dépriment. En fait, certains n'ont rien fait pour mériter leur bonheur. Ils ont une vie agréable mais vide, creuse,
ils ont juste profité des circonstances avantageuses (la plupart du temps, ils se réfugient dans l'alcool et les drogues
pour oublier leur vacuité).

Alors, il y a deux fins de l'homme :

- la liberté (qui nous confère de la valeur) : nous avons une pensée et une volonté.

Nous ne pouvons pas ne pas vouloir la liberté, l'estime de soi (on ne supporte pas le mépris de soi). Si on ne fait
jamais rien, on se croit nul, la vie est insupportable et on veut en finir. Si on travaille, ce n'est pas que pour gagner de
l'argent, mais aussi pour gagner en estime de soi, pour se donner de la valeur.

- le bonheur (il a du prix, mais pas de valeur, il ne nous grandit pas) : on le recherche, mais on ne doit pas l'obtenir au
détriment de l'estime de soi. Si on se méprise, on ne peut pas être heureux.

Par exemple : après une dure journée de travail, on s'autorise un verre en terrasse. On l'a bien mérité, le plaisir est
entier, on a ce sentiment de devoir accompli qui permet de goûter le plaisir. L'estime de soi est la condition du
bonheur.
On ne sait pas ce qu'on doit faire, à part être libre. Depuis les années 70 (post mai 68), notre époque est relativiste
en matière de valeurs, elle est pluraliste (il n'y a pas de valeurs, c'est une question d'opinions).

Il y a en revanche une vérité des valeurs, une vérité vraie : la liberté est la valeur par excellence.

Tout le monde est obligé d'en convenir, c'est un fait universel.

3. Nécessité et universalité de la valeur de la liberté

Il y a des nécessités de fait, et des nécessités de raison (cf. Leibniz).

Nécessité de fait : les lois de la nature. Il y a une attraction universelle : si on prend un corps lourd et on le lâche, il
tombe jusqu'au sol selon une accélération donnée.

Pourquoi est-ce ainsi ? Est-ce que ça aurait pu être différent ?

La nécessité de fait, c'est quand on constate que la matière obéit nécessairement à des règles, qui auraient pu être
différentes. C'est une loi, mais on ne sait pas pourquoi. Il faudrait qu'il y ait une attention de la part d'un Dieu ou de
quelque chose qui nous surpasse.

Les nécessités physiques, qu'on observe dans le monde, auraient pu ne pas exister ou être différentes.

Alors, il y a une nécessité de fait (contingente, physique) et une nécessité physique (ne peuvent pas être autrement,
établies par la démonstration).

Le lien entre la valeur et le mérite est un lien logique, ça ne peut pas être autrement. On ne peut pas accorder de la
valeur aux actes si on en a pas le mérite.

Exemple : œuvres d'un animal (toile d'araignée, nid d'oiseau), le fruit de la sélection naturelle. On ne va pas accorder
du mérite à l'animal, ni même l'applaudir. Mais l'homme, lui, mérite qu'on le félicite. Construire une maison, ce n'est
pas dans son instinct : efforts de réflexion, ingéniosité humaine.

Évidemment, la condition pour qu'on accorde de la valeur à un acte, c'est que cet acte ait supposé des efforts de
volonté qui font qu'on le mérite (cf. Théorie des sentiments moraux, Adam Smith, 1759).

Une volonté, des désirs, un acharnement, des compétences, nous poussent à y arriver.

Il y a une grande différence entre compétences (ex de l'haltérophile : entretien du corps, mérite) et les capacités (on
ne peut pas admirer quelqu'un qui a une bonne ouïe). La valeur d'un acte dépend des efforts de volonté qu'on a
développés pour atteindre un but, mais aussi de la valeur des plaisirs qu'on a sacrifié.

Il n'y a pas de valeur sans mérite, et pas de mérite sans efforts de volonté.

Il ne peut pas y avoir de valeur d'un acte ou d'une personne si cette dernière n'est pas l'auteure de ce qu'elle est et
de ce qu'elle fait.Il y a un lien évident entre les efforts de volonté qui font la liberté et la valeur. Quand la pensée et
la volonté ont commencé à s'éveiller chez l'humain, il n'a pas pu s'empêcher de s'en vouloir et de se trouver nul.

Aucun peuple n'admire la lâcheté, et tout le monde admire le courage. Exemple des aristocrates à l'époque : ils se
croient supérieurs, mais ils doivent le prouver. Ils s'exposent à des duels d'honneur, ce qui montre leur courage
(l'honneur vaut mieux que la vie, il est capable de surmonter l'instinct de conservation).

Il préfère la mort au déshonneur, ce qui le distingue des esclaves, qui préfèrent le déshonneur à la mort (en
principe). L'aristocrate montre sa supériorité morale en montrant qu'il sait se tenir, et adopte les codes et mœurs de
la cour. Ce qui est universel, c'est que la liberté est à la base de toutes les aristocraties du monde ("je fais ce que j'ai
décidé de faire").On a cru longtemps que la différence entre l'Occident et les autres cultures, c'était qu'il n'y avait
pas d'individus, chacun ne faisait que son rôle, sa fonction.

Didier Fassin, dans La question morale (2013), observe qu'on porte désormais attention aux subjectivités des
agents, en réaction contre la vision classique de normes imposées
La liberté, entendue comme une force de volonté qui permet de réaliser un but, est nécessaire.

C'est une évidence. Or, elle est contestée.

Les efforts de volonté ont toujours été valorisés, mais depuis les années 70, notre société les a condamnés.

Notre culture est devenue insensible aux efforts de volonté : on les consent comme un moyen d'obtenir ce qu'on
veut, mais on ne trouve pas qu'ils ont de la valeur.

Pourquoi nous nous sommes aveuglés sur la valeur de la liberté ?

4. Les raisons de l'aveuglement contemporain à l'égard

1) La mort de la métaphysique

La métaphysique, si on en croit Aristote, c'est la science des premières causes et premiers principes, au-delà de la
nature (la physique étudie l'ici-bas). Cette métaphysique est critiquée par les empiristes (il faut se contenter de ce
qu'on peut observer), mais aussi par Kant dans Critique de la raison pure : "n'est connaissable que ce qui est un objet
d'expérience possible". Il dit aussi qu'il est rationnel de croire en Dieu, même si on ne peut pas le prouver. Le
développement et le succès de ces sciences, ainsi que leur capacité à se saisir du réel, va confirmer des règles pour
atteindre la vérité Quand les sciences expérimentales se développent, la métaphysique devient de plus en plus
contestée (se base uniquement sur la déduction et le raisonnement, réalités qu'on ne peut pas voir).

La métaphysique est encore plus attaquée aujourd'hui, elle est perçue comme absurde : pour réfléchir, elle ne
s'appuie que sur des faits et des expériences.

2) L'hédonisme contemporain

En France, avec mai 68, il y a une révolte de la jeunesse contre la morale, elle la condamne pour le triomphe de
l'hédonisme.

Il y a un rejet du patriotisme, des valeurs du travail, du modèle familial, ...

La morale veut faire payer le plaisir : pas de contraintes, pas de contrôle de soi. Jouissons sans entraves, triomphe de
l'hédonisme.

3) La situation post-coloniale

La situation de décolonisation conduit à reconnaître d'autres modes de vie, cultures,

valeurs, ...

Mais, il fallait particulariser nos valeurs (liberté fondamentale pour la France, pas pour la (Chine). Alors, comme il ne
faut pas les déclarer comme étant les meilleures, il est devenu important de dénigrer nos propres valeurs. En France,
on a presque honte de dire qu'on valorise l'effort, le mérite et le travail. On se justifie par le fait que cela nous
apporte plus de plaisir à la suite. Personne ne fait un effort pour le plaisir, mais pour l'estime de soi, pour la
grandeur. Alors, aujourd'hui, on a presque honte de dire qu'on valorise l'effort (exemple de ceux qui prétendent
faire un marathon pour le plaisir), dominés par l'idéologie hédoniste. Nous ne sommes plus capables d'admettre que
les efforts de volonté, même s'ils font mal, nous rendent fiers. C'est l'estime de soi qui ressort des efforts qu'on fait,
mais étant donné la situation contemporaine, on a honte d'avouer qu'on a envie de faire des efforts. Il est devenu
difficile de reconnaître les efforts de volonté comme ayant une valeur.

5. Ontologie et épistémologie de la valeur

L'ontologie, c'est la science de l'être et l'épistémologie, c'est la théorie de la science, de la connaissance en général.

L'ontologie de la valeur : quelle est la réalité de la valeur ?

On ne peut pas dire que les valeurs sont des choses, des objets, ce ne sont pas des faitsnaturels (un fait est
contingent, il aurait pu être différent). Mais, Si les valeurs sont des faits, ce sont des illusions humaines
John Stuart Mill, dans L'utilitarisme, dit qu'au fond, ce qui importe pour un acte, c'est les avantages qu'il apporte, et
non les intentions. Par exemple, si on donne de l'argent à quelqu'un pour sauver un enfant de la noyade, l'acte est
quand même bon. Mais, c'est la finalité qui est bonne, l'acte et l'intention sont intéressés. On ne peut pas dire que la
qualité morale d'un acte lui soit attachée. Alors, il n'y a pas de valeurs dans le monde, ce ne sont pas des choses.

Tout ce qu'invente l'homme une fois arraché de ses pulsions n'est pas naturel : la culture, les règles de
comportement, l'organisation sociale, les techniques, ... Les hommes se contrôlent pour préparer l'avenir, et
inventent des règles pour vivre ensemble.

C'est à ce moment-là que surgit la valeur, la volonté arrive dès qu'on veut faire quelque chose.

Il n'y a pas de volonté sans estime du pouvoir de volonté (qui fait la fierté) et sans honte de la faiblesse de volonté
(qui fait le mépris de soi).

La volonté est faible, et il y a de nombreux obstacles et difficultés, c'est pourquoi on admire ceux qui ont une telle
force de volonté qu'ils atteignent leurs buts. C'est en vertu de ces obstacles que la réussite est méritoire, estimable.

L'épistémologie de la valeur : comment puis-je m'assurer que c'est vrai ? Il y a une logique implacable : s'il n'y a pas
de volonté chez un être vivant, il n'y a pas de mérite, pas de valeur, pas de gouvernement de soi. Mais, si une pensée
et une volonté émergent, émerge nécessairement la liberté comme valeur. C'est une nécessité logique, et non pas
une nécessité physique.Dire qu'une volonté ne veut pas la liberté est contradictoire.On peut désirer être soustrait de
ses responsabilités (dépression), mais on ne peut pas vouloir ne pas avoir de volonté.Il y a une nécessité logique qui
rattache la volonté et la liberté.

Tous les buts qu'on peut poursuivre dans la vie sont liés à des conditions : milieu social, culturel, époque, ...

On est pas élevé dans l'estime, le respect, si on a une vie agréable.Si porter du bien être à ma vie n'apporte pas de
valeur à ma vie, pourquoi apporter du bien être dans celle des autres m'apporterait de la valeur ?

Apporter du plaisir à quelqu'un, en quoi c'est moral ?

Exemple : apporter du bien être à quelqu'un de mauvais, ça ne va pas l'améliorer.

Toutes les valeurs se sont effondrées, mais ce qui fait la valeur, c'est le mérite, en mettant des efforts de volonté.

La valeur d'un acte, quel qu'en soit le but, a de la valeur selon les efforts qu'on fait.

Les efforts de volonté qu'on fait forcent le respect. Quoiqu'on veuille, si on ne fait pas un effort de volonté pour
l'obtenir, on ne l'obtient pas.

Ce sont les efforts de volonté qui donnent de la valeur à ce qu'on fait.

La valeur d'un acte ne tient pas au but qui est poursuivi mais aux efforts de volonté

qu'on a fait pour réaliser cet acte.

Il faut regarder la manière d'agir avec liberté, et non pas le contenu des actes ou des buts. Fais ce que tu veux
pourvu que tu aies décidé.

Exemple d'un homme bousculant femmes et enfants dans un incendie

Un comportement est honteux quand il y a une force en nous qui nous pousse à faire quelque chose qu'on ne voulait
pas. Dans ce cas-là, on est esclave. On est libre quand on résiste et qu'on fait ce qu'on a décidé de faire.

La valeur du comportement se détermine à la manière d'agir : fais ce que tu veux mais pourvu que tu l'assumes.

La volonté qu'on met dans un acte fait la valeur d'un comportement ou d'un acte.

Alors, peut- on tout vouloir ? Est-ce que c'est bien dès qu'on l'a voulu ?

Nietzsche disait que la liberté c'est être capable de sacrifier des milliers d'hommes dont soi-même, de sacrifier ses
intérêts, son égoïsme pour des grandes choses.
Est-ce qu'on peut tout assumer, même la violence et la haine ? Est-ce qu'un pédophile peut assumer son désir (cf.
Sade dans La philosophie dans le boudoir assume ses crimes sexuels).

V. Le choix concret

Comment choisir telle chose plutôt que telle autre ? Peut-on tout choisir ? Est-ce qu'on peut tout vouloir ?

De toute évidence, non.

On ne peut pas vouloir perdre la liberté ou la responsabilité. On peut le désir, mais on ne peut pas le vouloir. On ne
peut pas vouloir ne plus vouloir.

On ne peut pas ne plus vouloir de la pensée et de la volonté.

À quelle condition obéit la volonté ?

On s'est rendu compte que la volonté s'est éveillée chez nos ancêtres dès qu'il y a eu de la pensée (langage), et
l'anticipation de l'avenir.

Dans le présent, ils sont obligés de s'efforcer pour satisfaire un besoin futur. Ils doivent se contraindre et faire un
effort de volonté : le travail.

La volonté est alors née de la pensée. Un animal a des désirs et des pulsions, et ce sont les seuls moteurs de son
existence. L'être humain essaye de préparer l'avenir. Il satisfait ses désirs actuels, mais se contraint pour préparer
l'avenir.

L'humain agit sous les impulsions, il réfléchit et travaille aussi. La volonté est en fait une conséquence de la pensée.
C'est parce qu'on pense à l'avenir qu'on travaille, qu'on fait des efforts de volonté, aujourd'hui.

1. Raison et volonté
On ne peut pas vouloir sans raison.

Il faut distinguer vouloir et désirer. Quand je désire, il n'y a pas de raison. Par exemple, les enfants qui mangent
beaucoup de chocolats puis tombent malades, c'était pas raisonnable.

Les désirs nous poussent par une convoitise, une attirance, sans qu'on pense aux Conséquences. Si l'enfant veut
remanger des chocolats, il va se limiter, même s'il n'en a pas envie, car il pensera aux conséquences. Le désir, je
l'éprouve en moi, je le reçois comme un sentiment.

Quand on a des désirs, ceux-ci nous emportent et nous poussent à faire des choses qu'il ne voulait pas faire : le désir
n'est pas rationnel.Besoins et désirs. L'animal a des besoins, l'homme a des désirs. L'homme serait conduit à avoir
des désirs délirants : toujours plus. Il faut faire preuve de tempérance, être modéré en toute chose. Bon exemple
avec l'alcool et la nourriture : si on en abuse, on se met en danger. Le désir peut ne pas être raisonnable.

La volonté, c'est une déterminations que l'on met dans ce qu'on a compris.

Il ne peut pas y avoir de volonté sans réflexion préalable.

l'âne de Buridan : deux seaux d'avoine à quantité et distance égales d'un âne

Certains disent qu'il doit y avoir quelque chose qui pousse forcément l'âne vers un

plutôt qu'un autre, et d'autres, comme Descartes, disent que l'âne peut trancher, sans

raison.

En fait, selon Leibniz, quand on fait un choix, il y a une petite différence.

Exemple : on rentre dans un bus vide, pourquoi une place plutôt qu'une autre ?
Il y a des motifs qui nous poussent à faire telle chose plutôt qu'une autre. Ce qui détermine le choix, c'est un désir,
un accident, quelque chose de superficiel : rien de raisonnable, rien de rationnel.

Exemple : on demande à quelqu'un de choisir pour nous, et ça ne nous plaît pas : ce n'était pas mon choix.

Quand nous n'avons pas de bonnes raisons de faire telle chose plutôt que telle autre, nous n'arrivons pas à choisir,
ce qui détermine le choix, c'est quelque chose d'irrationnel. Je ne peux pas choisir si je n'ai pas de raison. Si j'ai été
poussé par un désir sans m'attendre aux conséquences, que je n'ai pas fait preuve de rationalité, je le regrette, mon
choix ne me convient pas.

Quand on décide de quelque chose, notre acte nous échappe et on arrive à autre chose

que ce qu'on voulait.

Quoiqu'il en soit, ou bien on arrive à faire ce qu'on a décidé de faire en planifiant des buts et les moyens pour les
atteindre et on est satisfaits. Si on fait face à quelque chose d'imprévu, il est difficile de faire un choix, notre acte
nous échappe et on parvient au contraire de ce qu'on voulait, par faute de compréhension suffisante de la
situation.Un acte est réussi si on a bien réfléchi et qu'on assume, que le choix est pleinement rationalisé. Si on a eu
une bonne raison d'agir comme ça, ce n'est pas notre faute, on peut pas nous accabler et on continue d'assumer la
décision prise.C'était une mauvaise décision, mais je pouvais pas le savoir, car j'avais bien réfléchi. La condition pour
assumer une décision, c'est de bien réfléchir avant. Si la décision prise conduit à la catastrophe, on n'a pas réfléchi
aux conséquences. Par exemple, un groupe de copines met le feu à la boîte aux lettres d'une camarade pour se
venger, l'immeuble prend feu et 3 personnes meurent.

L'acte libre, c'est l'acte qui a été éclairé par la raison, quand on a bien réfléchi, quand on a été sérieux et non
insouciant et négligeant.

L'acte éclairé par la raison, réfléchi, c'est le mien. La liberté, c'est quand on sait ce qu'on

fait, c'est mon choix, que j'assume. Ce que disait Descartes, c'est qu'être libre et agir en fonction de sa volonté (et
non pas de désirs), c'est agir en toute connaissance de causes.

Le choix libre est le choix éclairé par la raison.

Il y a deux choix possibles : ma raison a décidé pour moi, ou le désir m'emporte. Dans ce cas-là, le choix est non-libre,
spontané, instinctif (comme un animal), mais pas libre au sens que je sais ce que je fais.

La vie insouciante amène des désagréments.

2. Raison et respect de la liberté


En fait, quand on réfléchit sur ce qu'on doit faire ou non, on peut réfléchir sur les désirs.

Est-ce qu'on a le droit de les satisfaire ?

Au moins certains d'entre eux (faim, soif) tant qu'on ne porte pas atteinte aux autres.

Le désir est souvent innocent, mais pas systématiquement.

De quel droit tu te privilégies sur les autres ?

Ce n'est pas normal, pas juste, et pourtant je le fais, au détriment des autres.

Certains prônent le fait de refuser à certains plaisirs de la vie pour permettre à ceux dans le besoin d'avoir une vie
décente.

Pourquoi je ne le fais pas ? Parce que j'en ai pas envie, j'aime mes privilèges.

Quand tu agis, respecte toujours les autres, sois juste.

Il n'y a pas de raison de se privilégier sur les autres, ce n'est pas parce que c'est agréable que c'est bien.

La raison nous conduit à respecter les autres et leur volonté.


Le respect, c'est la prise en considération de la volonté d'autrui, de ce qui fait sa dignité.

Le respect s'adresse à une personne qui a de la force de volonté : il est respectable, estimable.

Respecter quelqu'un, c'est respecter sa volonté.

Quand on décide à la place de quelqu'un, on ne le respecte pas.

Quand on décide de quelque chose, on fait un effort pour l'obtenir.

Il faut qu'il y ait de la volonté pour qu'il y ait du respect.

Un enfant commence à devenir respectable quand on lui demande de faire quelque chose de difficile pour lui, et
qu'il le fait.

Si on a ni pensée ni volonté, le respect n'est pas possible (on ne respecte pas réellement les animaux).

On s'est aperçu que la volonté force le respect, l'admiration. La force de la volonté donne du mérite.

La liberté des autres, c'est quand ils font ce qu'ils veulent avec des efforts de volonté.

cf. Phénomène de l'esprit, Hegel, 1807

Le travail permet à l'homme d'avoir du pouvoir sur lui et du pouvoir sur la nature, le travail est la condition de la
liberté.

Quand je veux être libre, j'écoute ma raison. Je fais un choix, je fais ce que je veux, pourvu que je respecte la volonté
des autres. Le respect d'autrui comme valeur est alors rationnellement fondé.

Ce qui fait de la valeur, c'est le travail, les efforts qu'on fait.

Qu'est-ce qui donne de la valeur et du sens à la vie ?

Les efforts de volonté qu'on fait pour être quelqu'un de bien, pour se battre pour la liberté de soi et des autres.

Quand je suis libre et que je fais ce que je dois faire, je dois respecter les autres et me soucier de ce qu'ils veulent.

Je dois privilégier la justice face à mes intérêts propres.

Conclusion

Le but de ce cours était de chercher si on pouvait fonder rationnellement les valeurs, alors que l'ancien régime
valorisait l'honneur, et donc les privilèges (il y a eu tout un tas de valeurs injustes : esclavagisme, sexisme, ...).

La variété des situations de valeurs est née des injustices et des violences, autrement dit des entorses à la liberté.

Chacun ses valeurs, mais des fausses valeurs sont inventées par ceux qui en bénéficient.

Cette variété de valeurs est un écran de fumée : la seule valeur qui tienne, c'est les efforts de volonté.

Quand ma volonté est souveraine, je suis libre.

Si je n'y arrive pas et que mes désirs m'emportent, je m'en veux et je me sens coupable.

On peut fonder rationnellement la liberté comme étant la seule valeur possible.

Vous aimerez peut-être aussi