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LICENCE 1 –HISTOIRE MODERNE

COURS MAGISTRAL

Jean-Luc CHAPPEY et Vincent DENIS


Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Lundis 9h30-11h30 (Amphi I)


Mercredis 12h-14h (Amphi N)
Contacts

Responsables du Cours Magistral :


jean-luc.chappey@univ-paris1.fr
vincent.denis@univ-paris1.fr
Enseignant référent L1 en histoire moderne :
Sebastien.Schick@univ-paris1.fr
LA FRANCE DES LUMIÈRES
DE LA MORT DU ROI-SOLEIL À LA RÉUNION DES ETATS-GÉNÉRAUX
(1715-1789)
Introduction générale
L’intitulé du cours porte sur l’histoire d’une période de l’histoire de la France
moderne : le XVIIIe siècle.
Nous avons choisi de limiter notre cours à une période précise allant de la
mort de Louis XIV (septembre 1715) à la réunion des Etats-généraux (mai
1789) marquant le début de la Révolution française.
Cette période peut être elle-même divisée en trois moments politiques
différents :
1. 1715-1722 : la Régence de Philippe d’Orléans
2. 1722-mai 1774 : le règne de Louis XV (1710-1774), arrière-petit-fils de
Louis XIV.
3. 1774-1789 : le règne de Louis XVI (guillotiné le 21 janvier 1793).
La France du XVIIIe siècle… du « Grand Siècle » à la Révolution
française : entre nostalgie, téléologie et… fantasmes
Après Louis XIV, la France du XVIIIe serait celle du déclin politique
et moral : la perte du prestige et l’affaiblissement de la « grandeur »
de la France ; la mauvaise réputation des rois du XVIIIe siècle (Louis
XV et Louis XVI) ; le libertinage… qui aurait conduit à la Révolution
française.
Un imaginaire et des fantasmes…
Pourquoi étudier la France des Lumières ?
Le cours a été construit autour de trois perspectives générales :
1) Une histoire politique de l’absolutisme (régime politique), des
institutions de l’Etat et des résistances. Comme une très grande
majorité d’états européens du XVIIIe siècle (à l’exception des
Provinces-Unis et des cantons suisses qui sont des républiques
ou le Saint-Empire romain germanique), la France est une
monarchie.
La particularité de la monarchie française est qu’elle est définie
comme « absolue », c’est-à-dire « sans limite » : les pouvoirs du roi
sont présentés comme illimités. Cette absolutisme politique s’appuie
sur le statut particulier du roi comme est considéré comme un
personnage sacré (roi thaumaturge). En France, aucun pouvoir n’est
au-dessus du roi : le roi de France est « souverain » dans son royaume.
Pouvoirs de faire la loi, de créer de nouveaux impôts, de déclarer la
guerre ou la paix, de nommer les ministres, d’emprisonner les sujets
(lettre de cachet…) à la Bastille.
Pouvoir centralisé et concentré autour du roi : la cour de Versailles ; le
Conseil du roi ; les intendants dans les provinces.
Le roi est entouré de sujets (les habitants du royaume) qui lui doivent
obéissance. Le corps du roi reste sacré et s’attaquer au roi constitue un
crime de lèse-majesté : en mars 1757, Robert-François Damiens est
écartelé pour avoir tenté d’assassiner le roi.
Si l’autorité royale reste forte, elle est néanmoins limitée par 1/ des
contre-pouvoirs au sein même des institutions royales (les parlements
et le droit dit de remontrance) 2/ des oppositions et des résistances.
Transformation de l’Etat et des formes de gouvernement :
bureaucraties et expertises. Apparition de nouveaux outils
d’administration des hommes et des territoires (les statistiques).
On assiste à un renforcement des actions de l’Etat (dans d’autres états
européens, on parlera de « despotisme éclairé »).
L’Etat est à l’origine de réformes profondes : dans le domaine agraire,
de l’aménagement du territoire (Ecole des Ponts et chaussées créée en
1747) dans la gestion des villes, dans le domaine de la lutte contre les
épidémies (Société royale de médecine créée en 1776) ou dans le
domaine religieux (édit de tolérance accordé aux protestants en 1787).
Oppositions, contre-pouvoir et résistances :
Critiques : Louis XV (le « mal aimé ») et Marie-Antoinette (« l’Autruchienne ») face à
« l’opinion publique »
On a pu partler d’une « désacralisation » du pouvoir royal
Comment peut-on définir l’absolutisme du XVIIIe siècle ?
2. La société d’ordre en question
La société française du XVIIIe siècle (autour de 18 millions en 1715 ;
20 millions en 1750) est organisée sur le modèle de la société
médiévale : les individus qui sont nés dans le royaume sont des sujets
du roi. Ils sont tenus par là à certaines obligations (payer les
impôts…), mais n’ont pas les mêmes fonctions ni les mêmes
privilèges. La société est divisée en trois ordres, héritage du modèle
féodal :
1. Le Clergé séculier et régulier (1%) : « ceux qui prient ».
2. La noblesse (2%) : « ceux qui combattent ».
3. Le tiers-état (97% des Français) : « ceux qui travaillent ».
Hétérogénéité et inégalités :
Clergé : haut et bas clergé (évêque et curé)
Noblesse : grande et petite noblesse (finances)
Tiers-états : bourgeois, paysans (85%) et artisans
Un monde de privilèges : seuls les membres du tiers-état (et parmi
eux, principalement les paysans) paient des impôts ; très grandes
inégalités financières.
L’emprise de la communauté et la cascade de devoirs :
- Le royaume : être sujet du roi
- La paroisse / le diocèse / la confrérie : être catholique
- Dans les campagnes : La seigneurie ou être dépendant du
seigneur
- Dans les villes : La corporation ou être dépendant des règles du
métier (apprentis ; compagnons ; maîtres).

Les fêtes, vitrines de la société d’ordre : calendrier religieux ;


processions et parades

Jean II Michel, La Procession des corps saints à Toulouse (vers 1700)


Immobilisme et résignation ? Une société en mutation :
/ circulations et voyages : essor des transports et des déplacements
entre campagnes et villes ; essor des voyages et des circulations
européennes. Essor des villes portuaires (Nantes, Bordeaux, La
Rochelle) et des échanges dans « l’espace atlantique » (grand
commerce, Caraïbes et esclavages).
/ Promotions et déclassements : anoblissement ; instruction et
carrières administratives ; mariage (…)
/ Individualisme et réputation : les portraits individuels ; le régime
médiatique

Joseph DUCREUX
Nancy, 1735 - Paris, 1802
Portrait de Marie-
Adélaïde Clotilde Xavière
de France, dite Madame
Clotilde (1759 -1802),
jouant de la guitare
Tensions et contestations : la « rébellion française » (Jean Nicolas)
- Les révoltes urbaines
- La « guerre des farines »
- Contrebandes et brigands (Mandrin)
- Les conflits générationnels
3. Questions sur les Lumières

1. Les « philosophes » des Lumières (L’Encyclopédie de Diderot et


d’Alembert)
Montesquieu,Voltaire, Rousseau, Diderot (…)

Un mouvement subversif ? Non… les Lumières


n’ont pas fait la Révolution française !
2) Progrès et découverte du monde
- Le progrès, la civilisation et le « doux commerce »
- Voyages, commerces et colonies.
- Imaginaires impériales : Pèlerinage à l’île de Cythère (1717) de
Jean-Antoine Watteau ; Les Indes galantes (Jean-Philippe Rameau,
1735)
- La conquête de la « nature » : Histoire naturelle, colonisation et
classification : Linné et Buffon
- Variétés humaines et races
3) Croyances, sociabilités et pratiques culturelles : Une « crise de la conscience
européenne » (Paul Hazard, 1935)
- Sentiment religieux et déchristianisation
- Imprimés, lectures et publics
- Sociabilités (salons, cafés et loges maçonniques)
Plan du Cours magistral

Séance 1 (18-20/09) : Le royaume de France dans l’Europe à la mort de Louis XIV.

Thème 1 – Pouvoirs, contre-pouvoirs


Séance 2 (25-27/09) : Institutions et administrations de la Monarchie absolue. (JLC)
Séance 3 : Finances, financiers et fiscalités. (VD)
Séance 4 : Guerre et politique étrangère. (VD)
Séance 5 (16-18/10) : Dieu, l’Église et le roi. (JLC)
Séance 6 (23-25/20) – Lumières et opinion(s) publique(s). (JLC)

Pause pédagogique du samedi 28 octobre au lundi 6 novembre.

Thème 2 - Société
Séance 7 : Seigneurs et paysans. Les campagnes françaises au 18e siècle. (VD)
Séance 8 : Villes et dynamiques urbaines : commerces, cultures et marginalités. (VD)
Séance 9 : Les élites et les noblesses. (VD)
Séance 10 (27-29/11) – Économie et Consommation. (JLC)

Thème 3 – Crises
Séance 11 : Révoltes populaires et rébellions urbaines. (VD)
Séance 12 (11-13/12) : Impossibles réformes et contestations. (JLC)
Séance 13 (18-20/12) : La France en 1789 (avant 14 juillet). (JLC)
Premières lectures :

Olivier Chaline, La France au XVIIIe siècle, Anne Conchon & Frédérique Leferme-
Belin (Sup), 2012. Falguières, Le XVIIIe siècle (1715-1815),
Hachette Supérieur, 2007.
Pour aller plus loin :

Pierre-Yves Beaurepaire,
La France des Lumières,
1715-1789, Belin,
Références, 2014.
Des atlas sur la France

Jean Boutier, Atlas de l’histoire de Christian Grataloup, Charlotte


France, La France moderne, du Becquard-Rousset, Atlas historique
XVIe au XIXe, Autrement, 2006. de la France, Les Arènes, 2020

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