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Lycée Masséna
Histoire
Première – Tronc commun
Année scolaire : 2023- 2024.
HISTOIRE
THÈME I :
« L'Europe face aux révolutions ».
INTRODUCTION :
L'année 1789 est une rupture historique majeure en France, en Europe et dans le monde, au point qu'elle
marque le passage de l'époque Moderne à l'époque Contemporaine. La période révolutionnaire s'ouvre en mai
1789 à Versailles (ouverture des États Généraux). Elle ne s'achève qu'en 1815 (bataille de Waterloo qui met fin à
la puissance française ; Restauration avec le retour au régime monarchique sous Louis XVIII et Charles X, frères
de Louis XVI ; Congrès de Vienne, qui fixe les frontières et les rapports de puissance en Europe pour l'essentiel du
XIXème siècle). Elle est marquée par différentes périodes (Monarchie Constitutionnelle, Convention, Directoire,
Consulat, Empire) et se montre extrêmement dense en événements marquants. Tout le XIXème siècle européen est
marqué par l'onde de choc de la Révolution, pendant laquelle de nombreux éléments de notre vie
quotidienne sont nés.
Problèmes :
- En quoi la Révolution fut- elle une rupture historique ?
- Comment a- t- elle donné naissance à une France nouvelle ?
- En quoi exprime-t-elle une nouvelle conception de la Nation ?
Plan d'étude :
Problèmes :
- Comment passe-t on- de la contestation de la Monarchie absolue de droit divin aux États Généraux de
Versailles, puis à la Révolution proprement dite ?
- En quoi la Révolution est- elle une rupture / un tournant historique majeur ?
- Comment la Monarchie absolue de droit divin s'est- elle effondrée et par quoi a-t-elle été remplacée ?
b- La fête de la Fédération (14 juillet 1790) : l'unité de la Nation et le triomphe des idéaux
de 1789.
Un an après la prise de la Bastille, la Fête de la Fédération marque le triomphe des idéaux de 1789 et le
dernier moment véritable d'unité nationale. Sur le Champ de Mars, environ 100 000 parisiens se rassemblent
pour jurer fidélité à « La Nation, la Loi, le Roi ».
Serment de La Fayette, sur l'Autel de la Patrie, en présence du texte de la Constitution et en présence des
représentants de l’Église, devant le roi, la Garde Nationale et le peuple de Paris : « Nous jurons de rester à
jamais fidèle à la Nation, à la Loi et au Roi, de maintenir de tout notre pouvoir la Constitution décrétée par
l'Assemblée Nationale et acceptée par le Roi […] et de demeurer unis à tous les Français par les liens
indissolubles de la Fraternité. »
La Révolution était apparemment terminée. Elle ne faisait en fait que commencer...
(1) La France est dans une situation de crise généralisée à la veille de 1789 (financière, fiscale,
économique, sociale...) : la réunion des États Généraux s'impose comme une nécessité, bien qu'elle soit très
risquée pour le pouvoir. Pour connaître l'état de l'opinion, les cahiers de doléances sont rédigés dans toute la
France : un énorme besoin de réforme s''exprime dans toute la France (Tiers- État).
(2) Dès leur ouverture (05 mai 1789), les États Généraux sont bloqués et ne peuvent faire ce pour quoi ils
ont été convoqués. La tension monte et éclate dans la seconde moitié de juin (du 17 au 23). La Révolution
commence donc à Versailles. Rapidement, elle déborde sur Paris, qui s'engage massivement derrière le
Tiers- État et impose au roi un rapport de force : c'est la prise de la Bastille (14 juillet 1789), qui fait
définitivement basculer la France entière dans la Révolution. La monarchie absolue de droit divin et la
société d'ordres s'effondrent avec l'abolition des privilèges (nuit du 04 au 05 août 1789) et la Déclaration
des Droits de l'Homme et du Citoyen (26 août 1789) : une France nouvelle est née durant l'été 1789.
(3) Devenue une démocratie / monarchie constitutionnelle, la France célèbre son unité et son nouveau
régime lors de la Fête de la Fédération (14 juillet 1790). Pourtant, les divisions apparaissent, qui vont mener
à la chute de la Monarchie et à la proclamation de la République : la question religieuse (Constitution Civile
du Clergé, 12 juillet 1790) envenime rapidement la situation, le roi commet l'erreur de s'opposer à l'Assemblée
Nationale (« Monsieur Veto ») et surtout de fuir (« fuite à Varennes » du 20- 21 juin 1791), et la France
commence très mal une guerre qui menace rapidement Paris et révèle la complicité du roi avec les rois
d'Europe (Autriche, Prusse) contre la Révolution. Le « manifeste de Brunswick » (25 juillet 1792)
provoque l'attaque et la prise des Tuileries (10 août 1792), la chute de la Monarchie et la proclamation de
la République (21 septembre 1792).
Problèmes :
- Comment la chute de la Monarchie relance- t- elle la Révolution en donnant naissance à la République ?
- A quels dangers la République est- elle confrontée et pourquoi y répond- elle par la Terreur ?
- Pourquoi le régime républicain ne parvient- il pas à trouver un équilibre ?
La Terreur est une période brève (entre mars et juin 1793 à juillet 1794) mais extrêmement violente, qui
a durablement marqué notre mémoire et notre histoire. Encore aujourd'hui, elle anime des débats d'historiens,
parfois passionnés (entre Jean- Clément Martin et Reynald Sécher notamment), en particulier sur ses excès les plus
meurtriers (le cas de la « guerre de Vendée »). Sans trop entrer dans les détails, il convient de comprendre la
portée de ce bref et intense moment historique.
(1) La chute de la monarchie (10 août 1792), la proclamation de la République (21 septembre 1792),
l'exécution de Louis XVI (21 janvier 1793) et la levée en masse de 300 000 hommes (mars 1793) relancent la
Révolution, qui doit désormais faire face à des attaques de toute l'Europe coalisée contre elle (Autriche,
Prusse, Espagne, Angleterre, Pays- Bas, Piémont), ainsi qu'à de graves troubles intérieurs (« guerre de
Vendée », soulèvement fédéraliste). Dans ce contexte, l'affaiblissement de l’État, les divisions entre les
révolutionnaires et la pression populaire née de la crise économique favorisent la montée en tension et
l'adoption de lois d'exception pour redresser la situation de la France par tous les moyens : c'est la Terreur.
Celle- ci doit ramener l'ordre à l'intérieur en écrasant les ennemis de la République, et défendre les
frontières attaquées, afin de sauver la Révolution. La violence est un outil privilégié pour atteindre ces
objectifs rapidement. Elle est alors extrême (surtout en Vendée et dans les principales villes, dont Paris) et prend
différentes formes (guillotine, massacres...). Le Gouvernement Révolutionnaire l'organise (Comité de Salut
Public notamment), les Représentants en mission la relaient dans tout le pays, et les Sans- Culottes la
pratiquent à la base de la société.
Cet épisode bref (du printemps 1793 à l 'été 1794), grandiose et terrible, a puissamment marqué les
consciences et l'Histoire, en divisant profondément et durablement les Français sur la question de la
République. La Terreur a été vue comme la guerre des « deux France », l'ancienne et la nouvelle, dont Victor
Hugo donne une image saisissante dans son dernier roman (Quatre- Vingt- Treize, 1874), et elle est toujours un
objet de recherche et de débats pour les historiens (Jean- Clément Martin notamment). De grandes figures de
l'Histoire s'y sont distinguées : Danton, Robespierre (« l'Incorruptible »), Saint-Just (« l'Archange de la
Révolution »), Desmoulins, Hébert...
(2) La Terreur cesse avec la victoire de Fleurus (26 juin 1794) et la chute de Robespierre (10 thermidor an
II - 27 juillet 1794). Commence alors la République ou la Convention « thermidorienne », qui cherche à
apaiser la France en éliminant les forces extrêmes (royalistes et Sans- Culottes). Celle- ci débouche à partir
de 1795 sur une nouvelle Constitution, un nouveau régime républicain : le Directoire (1795- 1799). Plus
favorable aux bourgeois, excluant les plus pauvres de la citoyenneté, mais ayant toutefois une réelle dimension
démocratique, il est une forme de République oligarchique d'inspiration romaine. La France devient la
principale puissance en Europe, mais le pouvoir politique est divisé et fragile, ce qui permet à l'armée et à
des généraux ambitieux (Bonaparte) de devenir l'arbitre de la vie politique avant de se forger une image
d'« homme providentiel ».
Problèmes :
- En quoi Napoléon Bonaparte est- il une synthèse / fait- il le lien entre l'Ancien Régime et la Révolution ?
- Comment son œuvre intérieure et extérieure a- t- elle donné naissance à la France et à l'Europe
contemporaines ?
a- Du Consulat à l'Empire :
L'année 1802 marque un tournant : non seulement Napoléon parvient à contraindre l'Angleterre à la paix
(paix d'Amiens, un an après la paix de Lunéville avec l'Autriche) mais en prime il met fin à la division
religieuse du pays (Concordat). Sa popularité est immense : il est le pacificateur de la France et de l'Europe. Il
tente alors de renforcer son pouvoir et de le pérenniser : par le plébiscite du 02 août 1802, Napoléon devient
Premier Consul à vie.
Le 18 mai 1804, le Sénat le proclame « Empereur des Français », sous le nom de Napoléon Ier. A la suite de
la proclamation, un plébiscite fait approuver par une écrasante majorité de français « l'hérédité de la dignité
impériale ».
En deux ans, le « Premier Consul » est donc devenu « Empereur des Français ». Un nouveau pouvoir
impérial et une nouvelle dynastie règnent en France. Cette situation relance rapidement la guerre en
Europe.
c- L'Europe napoléonienne.
Voir la carte « L'histoire de Napoléon ».
Une Europe vaincue, envahie et réorganisée.
L'Europe coalisée contre la France est progressivement battue, conquise et réorganisée par la force des
armes, à l'occasion de campagnes militaires marquées par des batailles décisives :
- Trafalgar, 21 octobre 1805 : les Anglais gardent la maîtrise des mers face aux Français et leurs alliés
Espagnols. Cette suprématie permet à l'Angleterre de dominer hors d'Europe, et de maintenir son commerce
avec les Indes, qui lui permet de financer les coalitions successives contre la France et la rend inattaquable
par la France.
- Austerlitz, 02 décembre 1805, « la bataille des trois empereurs », un an après le sacre, contre les
Russes et les Autrichiens : la plus grande victoire de Napoléon.
- Iéna, 14 octobre 1806, victoire décisive contre la Prusse, qui va donner naissance au nationalisme
allemand et contribuer à transformer tout le XIXème siècle.
- Eylau, 08 février 1807 : la plus grande charge de cavalerie de l'histoire militaire.
- Friedland, 14 juin 1807, remportée contre la Prusse et la Russie, qui implique la paix de Tilsit avec la
Russie.
- Wagram, 5-6 juillet 1809 : victoire décisive contre l'Autriche.
- la campagne de Russie, 1812 : défaite totale, tournant du règne et début de la fin de l'empire.
- Leipzig, 16-19 octobre 1813 : principale défaite de Napoléon, à un contre deux et la trahison de ses
alliés.
- Waterloo, (18 juin 1815 : défaite finale de Napoléon contre la Prusse et l'Angleterre, qui entraîne la fin
de l'Empire.
Il en résulte :
- Une France agrandie : 130 départements (des villes comme Bruxelles, Amsterdam, Hambourg,
Turin, Florence ou Rome sont des villes françaises).
- Des pays frontaliers battus, envahis, soumis et gouvernés par des membres de la famille de
Napoléon : Espagne, Royaume de Naples, Confédération du Rhin...).
- Le cas particulier de la Pologne, conquise au XVIIIème siècle et partagée entre l'Autriche, Prusse
et Russie. Restaurée entre ces nations pour les prendre à revers.
- Les États « alliés » : militairement vaincus et contraints à une alliance avec la France.
- Les États « ennemis » : l'Angleterre, le Portugal et la Sardaigne.
- Un « blocus continental » (1806- 1814):l'Angleterre dominant les mers depuis Trafalgar (1805), et
la France n'étant plus capable de couper la route des Indes par la Méditerranée, elle cherche à ruiner le
Royaume- Uni en interdisant tout commerce avec l'Europe.
- La naissance du sentiment national en Europe. Avec la Révolution, la France est le premier
« État- Nation » d'Europe : les Français forment un peuple (une Nation) qui s'est librement donné son
État (la République) dont ils défendent les frontières attaquées par des ennemis. Puis, en gagnant la
guerre, les Français envahissent l'Europe et diffusent l'idée de Nation. Le sentiment national naît alors en
Italie, en Allemagne (après la défaite prussienne de Iéna en 1806), en Russie (la campagne française de
1812 provoque chez les Russes « la Grande Guerre Patriotique »), en Espagne (la conquête française est
violemment rejetée et combattue par une alliance menée par l’Église et les royalistes : les Espagnols
s'unissent contre les Français). Ce sentiment était déjà présent en Angleterre depuis la fin du Moyen Age
et l’Époque Moderne. C'est un élément fondamental qui structure tout le XIXème siècle, et qui donne
naissance à l'unification de l'Italie, puis de l'Allemagne (qui sera l'une des causes les plus profondes des
deux guerres mondiales au XXème siècle).
- L'effondrement et le Congrès de Vienne (1812- 1815) :
La campagne de Russie est le tournant de l'Empire et le début de son effondrement.
La Grande Armée qui entre en Russie est le plus importante jamais connue à l'époque (plus de 600 000 hommes
dont la moitié de Français). Elle remporte une série de victoires mais le général russe Koutouzov refuse le combat
en entraînant les Français toujours plus loin dans le pays et pratique la politique de la « terre brûlée » (tout ce qui
ne peut être emporté est détruit pour qu'il ne reste aucun ravitaillement aux Français). Malgré tout, Napoléon arrive
à Moscou pour y passer l'hiver. Mais la ville est victime d'un gigantesque incendie. Les Français doivent donc
rebrousser chemin en plein hiver sans y avoir été préparée et sans avoir pu se reposer, sans aucun
ravitaillement possible, et avec une armée russe préservée et combative sur ses arrières. C'est un désastre
total pour Napoléon : environ 75 000 hommes sortent vivants de Russie...
Les « alliés » s'unissent donc contre Napoléon : l'Autriche et la Prusse rejoignent l'Angleterre et la Russie.
Napoléon ne parvient pas à reprendre l'initiative de la guerre lors de la « bataille des nations » de Leipzig (1813).
Dès lors, l'invasion de la France est inévitable. Battu, Napoléon abdique et est déporté à l'île d'Elbe. Mais
Napoléon s'en échappe et reprend le pouvoir. Il a besoin d'une grande victoire décisive : il n'aura qu'une défaite
définitive à Waterloo (1815) face aux Prussiens et aux Anglais. Il doit donc abdiquer une seconde fois, et est
déporté en captivité à l'île de Sainte- Hélène, en plein cœur de l'Océan Atlantique (sous surveillance anglaise). Il
y meurt en 1821. Louis XVIII (frère de Louis XVI) revient à Paris après un long exil : commence alors une
nouvelle période, la Restauration (1815- 1848).
La chute de l'Empire provoque un redécoupage des frontières de l'Europe (Congrès de Vienne, 1815), qui
resteront très stables jusqu'en 1914, mis à part l'unification de l'Italie (le « Risorgimento », 1859- 1870) et de
l'Allemagne (1866- 1870). La France garde ses frontières de 1789 mais doit payer d'énormes indemnités de
guerre. Les principaux ennemis de Napoléon gagnent des territoires (Russie, Prusse, Autriche), notamment
sur la Pologne qui disparaît à nouveau. L'Autriche retrouve son rôle de principale puissance continentale et
reprend sont influence sur le Nord de l'Italie. Les monarchies sont partout restaurées.
Pourtant, le sentiment national continue d'alimenter d'importants événements révolutionnaires en France
et en Europe, notamment en 1830 et en 1848. La « question nationale » et la « question libérale » structurent
tout le XIXème siècle jusqu'en 1914 : ce sont des héritages de la Révolution Française.
(1) Napoléon commence son ascension pendant le siège de Toulon en 1793 pendant la Terreur. La chute de
Robespierre (1794) le menace, mais il revient en se chargeant de la répression royaliste à Paris en 1795. Il
dirige alors la campagne d'Italie (1796- 1797), qui lui permet de se couvrir de gloire et qui met un terme à la
guerre contre l'Autriche (traité de Campo- Formio, 1797). Fondant sa conquête du pouvoir politique sur la
gloire militaire, il mène la campagne l’Égypte (1798- 1799) afin de soumettre l'Angleterre, mais c'est un
échec.
(2) En France, le pouvoir du Directoire est fragile, et un coup d’État se prépare au bénéfice de Bonaparte. Il
a lieu les 18 et 19 brumaire an VIII (09 et 10 novembre 1799). Il donne à la France un nouveau régime (le
Consulat). La Constitution met un terme à la Révolution et Napoléon devient Premier Consul. L'œuvre
politique est considérable : en quelques années, les fondations de la France contemporaine sont posées (les
« masses de granit »). Tandis que la guerre en Europe se poursuit, le Consulat évolue à partir de 1802 vers
l'Empire.
(3) Le nouveau pouvoir impérial (1804- 1815) fait la synthèse entre la Monarchie de droit divin (Ancien
Régime, pouvoir absolu d'un chef unique) et la Révolution (République, DDHC, citoyenneté, élections,
assemblées), ce que révèle notamment la comparaison des portraits de sacre de Louis XIV et de Napoléon Ier.
Les victoires de Napoléon transforment l'Europe (Austerlitz 1805, Iéna 1806, Wagram 1809...) et donnent
la prééminence à la France, qui compte alors 130 départements. Elles fondent la légende napoléonienne. Mais
l'Angleterre résiste et l'Europe subit le « blocus continental ».
En 1812, la campagne de Russie est un désastre absolu, qui mène à la chute de l'Empire (Waterloo, juin
1815) et à la Restauration (1815- 1848). Napoléon meurt en 1821 sur l'île de Sainte Hélène au milieu de
l'océan Atlantique. Tout au long du XIXème siècle, l'Europe est agitée par les héritages de la Révolution
(révolution de 1830 et « Printemps des Peuples » de 1848, unification de l'Italie et de l'Allemagne).