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Le XIX siècle
S3 : G1/G2
INTROUCTION
Le XIXe siècle en France est une période de profonds changements et d’instabilité politique. Même
si la Révolution française se termine en 1799 avec le coup d’état des brumairiens, l’onde de choc se
prolonge jusque dans le dernier quart du 19e siècle, lorsqu’enfin la France trouve l’équilibre
politique dont les insurgés de 1789 ont rêvé. L’héritage social et culturel de l’Ancien Régime est
lourd, le pouvoir se place avant tout là où se trouve la puissance financière. En même temps, les
bouleversements scientifiques et techniques changent la société française, une nouvelle classe
émerge, celle du prolétariat et des ouvriers, plus mobile, moins conservatrice que les paysans.
Profitant de l’affaiblissement de l’influence de la noblesse et du clergé sur les affaires du pays, la
bourgeoisie libérale et réformatrice s’affirme désormais comme la classe sociale déterminante,
stimulant l’essor industriel. Après la fin des ambitions napoléoniennes, les mutations s’opèrent
lentement sur fond de crises et de ruptures qui reviennent avec une surprenante régularité tous
les vingt ans.
Deux empires (1803- 1814 ; 1852- 1870) , trois monarchies (1815 -1824 ; 1825 -1830 ; 1830
-1848) , deux républiques (1848 -1852 ; 1870) , trois révolutions (1830 , 1848, 1871) .
Les Cent jours de Napoléon sont terminés, il est cette fois exilé à
Sainte-Hélène, une petite île située dans l’Atlantique sud, à 6000 kilomètres
de la France. La vie de Napoléon s’achève ici en 1821.
Il représente une période de calme et favorise une certaine prospérité économique pour le pays.
Dans une atmosphère de relatif libéralisme politique, une réconciliation nationale s’opère entre le
peuple ordinaire et la bourgeoisie d’une part - qui souhaitent éviter un retour à l’ordre ancien – et
d’autre part les ‘’ émigrés’’ de la noblesse qui reviennent au pays, forcés à s’ajuster aux réalités
nouvelles. Un changement de climat intervient cependant lorsque Charles X , frère de Louis XVIII ,
accède au trône en 1825 . Les sympathies de Charles X envers le camp royaliste sont connues, et
une partie de la noblesse croit alors que le moment est venu pour un retour à l’Ancien Régime.
CharlesX se fait d’ailleurs sacrer à Reims, selon la tradition dynastique et l’une de ses premières
mesures est accorder aux anciens propriétaires de bien nationaux une forte indemnité, ce qui
provoque la colère des libéraux. Charles X s’emploie ainsi à affaiblir pendant son règne les
prérogatives de la Charte qu’il juge trop libérales. En mai 1830, il dissout l’Assemblée, espérant
ainsi reconduire une majorité élargie ; le même mois, dans le but de consolider son autorité et de
favoriser de nouveaux débouchés commerciaux aux pays , Charles X ordonne une expédition
militaire contre la ville d’Alger qui est finalement prise en juillet . Toutefois si l’expédition d’Alger
est un succès, la dissolution de l’Assemblée aboutit à un échec, car l’opposition libérale sort
renforcée de ces élections. Charles X tente alors un coup de force : par une série d’ordonnances, il
dissout à nouveau la Chambre, supprime la liberté de la presse et réduit le nombre d’électeurs en
augmentant le ‘’prix’’ du droit au vote (le ‘’ cens’’). Ces mesures les ‘’Trois Glorieuses ‘’, les 27 ,28
et 29 juillet. L’insurrection provoque finalement la chute de Charles X, et son exil.
✓ C’est au duc d’Orléans, descendant de Louis XIII, que revient le trône de France, qu’il
assumera sous le nom de Louis-Philippe. Le nouveau roi n’apporte pas de changements
radicaux à la Charte, mais durant son règne, la menace d’un retour au pouvoir des
royalistes se fait moins pressante. Au plan de l’expression publique, les libertés de la
presse sont fortement réduites à partir de 1835, à la suite d’un attentat manqué contre le
roi. Alors que peuple continue à être tenu à l’écart du pouvoir, le suffrage censitaire est
élargi, ce qui renforce le poids politique de la bourgeoisie libérale, qui bénéficie par
ailleurs de l’expansion économique et industrielle du pays, surtout après 1840.
✓ L’industrie textile, la construction de machines, la métallurgie se développent fortement,
favorisées par l’essor des chemins et fer et l’extraction du charbon. Ces industries
s’installent dans certaines villes et régions (le Nord, Paris, Lyon) où main d’œuvre et
matières premières sont disponibles. Ces développements entraînent la formation d’une
population ouvrière, le prolétariat , réceptive aux idées émergentes de théoriciens
socialistes, dits ‘’utopistes’’, tels que le comte Henri de Saint Simon (1760-1825) et
Fourier (1732 - 1772) , qui dénoncent la société capitaliste naissante , créée par la
bourgeoisie .
III / La seconde République (1848- 1852) :
Napoléon III prend sans attendre des mesures pour limiter la liberté d’expression de la presse
et mettre l’Université au pas. Au demeurant, la grande masse des citoyens et du peuple se rallient
d’assez bon gré , y compris les orléanistes , partisans de la monarchie , et certains leaders
républicains sincères , tels Émile Ollivier ou encore l’historien Victor Duruy . Avec l’impératrice
Eugénie , il anime une vie de cour brillante , aux Tuileries (Paris), à Fontainebleau et à Compiègne ,
sans oublier les stations thermales et balnéaires créées sous son égide comme Deauville , Monte-
Carlo , Biarritz et Vichy. Cette cour est ouverte à toute la bourgeoisie sans esprit de classe et se
montre accueillante pour les gens de lettres. Chacun a droit à une invitation dans le cadre des
« séries » qui se succèdent chaque année à Compiègne.
Après le Congrès de Paris et la naissance du Prince Impérial en en 1856, le régime est à son
apogée. Napoléon III se résout à lâcher du lest. D’autoritaire, l’empire va devenir dès lors
progressivement libéral. Les élections de 1869 donnent 45% de voix à l’opposition. Napoléon III
en prend acte et appelle au gouvernement Émile Ollivier , le chef du « tiers parti », qui rassemble
les orléanistes et les républicains modérés . Cet empire parlementaire reçoit la caution populaire
par le plébiscite du 8 mai 1870 : 7,350 millions de oui, un million et demi de non .
La société française s’est transformée sous l’impulsion de Napoléon III plus vite qu’en aucune
autre période de son Histoire. C’est à cette époque qu’elle a accompli sa révolution industrielle.
L’empereur prend lui-même en main la politique économique et sociale du gouvernement.
Convaincu des bienfaits du libre-échange, il signe en 1860 un traité de libre-échange avec le
Royaume-Uni. Il institue aussi une union monétaire, l’Union latine, qui a englobé jusqu’à la
Première Guerre mondiale de nombreux pays. Enfin, il accorde le droit de grève aux ouvriers.
Enfin, gravement affaibli par la maladie et poussé de l’avent par l’opinion publique, elle –même
manipulée par l’habile chancelier allemand Bismarck, il engage une guerre désastreuse contre
les armées de la Prusse et des autres Êta allemands. Cette dernière et la défaite de Sedan vont lui
coûter son trône et occulter le bilan de son règne et vont tout emporter et même gommer les
acquis incontestables de ces deux décennies.
➢ Le 4 septembre 1870, apprenant la défaite de Napoléon III à Sedan , des ouvriers et des
Pour illustrer le XIX siècle, on peut citer aussi bien la machine à vapeur que la Tour Eiffel,
le vaccin contre la rage, le phonographe ou l’anesthésie chirurgicale. C’est là mettre en
relief l’activité scientifique du siècle, ses exploitations techniques et leurs retombées sur le
plan industriel économique. Ainsi le développement de l’électricité, l’utilisation du moteur
à explosion, l’industrie houillère, les fonderies sont à l’origine de concentrations
industrielles ex celles du Creusot ou de la région de Lorraine qui développe l’extraction du
charbon et la métallurgie. Ceci a de nombreuses conséquences : accélération de la
production, recherche d’un abaissement des coûts, nouvelles politiques d’investissements.
Le développement bancaire suit : le XIX siècle est celui des concentrations financières qui
font prospérer les riches investisseurs et disparaître les petits. Le commerce connaît lui
aussi des mutations importantes.
Le domaine médical
Le XIX Siècle voit naître le premier vaccin contre la rage, mis au point par Pasteur, et le
procédé de la pasteurisation, qui permet la conservation des aliments. Développement de la
méthode expérimentale par Claude Bernard : observation des phénomènes, déduction,
vérification par la recréation des conditions de l’expérience. De manière générale, une rigueur
plus grande dans les méthodes d’investigation est à l’origine des progrès médicaux.
On peut croire alors, et c’est ce qui caractérise l’esprit positiviste, que la science,
maîtrisée et utilisée par l’homme, concourt à l’amélioration non seulement matérielle mais
morale et psychologique, trouvant des solutions à tout.
A. Le Romantisme
Au XIXe siècle, le romantisme, c’est avant tout une révolte. Révolte contre l’anonymat
auquel soumettent une histoire tyrannique et une urbanisation effrénée. Révolte contre
un monde de plus en plus matérialiste, où la bourgeoisie, de plus en plus riche et de plus
en plus puissante, impose un conformisme désespérant en définissant ce que doivent
être le bon goût et les bonnes mœurs. Révolte contre un avenir qui ne promet plus rien et
contre l’ennui, le dégoût qu’on sent en soi. Révolte contre le rationalisme qui brime les
sentiments. Révolte, enfin, contre le siècle tout entier. À-propos du romantisme,
Baudelaire à écrit : « Le romantisme n’est précisément ni dans le choix des sujets ni
dans la vérité exacte mais dans la manière de sentir. Ils l’ont cherché en dehors, et
c’est en dedans qu’il était seulement possible de le trouver » (Salon de 1846).
Plusieurs auteurs reprendront cette idée : Le romantisme ne réside pas en telle œuvre, en
telle technique ou en tel thème : il est un climat, le climat de la société de tout un siècle , né
sous le signe de la Révolution , grandi dans le prestige de Napoléon … , appelé par la
curiosités de l’exotisme , tourmenté par une crise religieuse et morale , qui le cahote de la
foi au désespoir, de l’individualisme le plus passionné aux plus larges aspirations humaines.
(P. Moreau, préface de Musique et littérature sous la monarchie de Juillet, par J.-M.
Bailbé). Cette manière de sentir, ce climat, c’est d’abord un malaise existentiel que vivent
les jeunes. C’est l’impression d’être laissés-pour- compte à la fois par l’histoire et par la
société de leur temps, d’être incompris. C’est la sensation de vivre dans un monde sans
repères. C’est une éternelle incertitude, une éternelle insatisfaction. C’est une sensibilité
blessée, une mélancolie exacerbée par l’alternance de des désirs et des doutes, des
enthousiasmes et des chagrins. C’est, enfin, un profond sentiment d’ennui – c’est la mal du
siècle. Afin de fuir ce sentiment, les jeunes romantiques se replient sur eux-mêmes et
donnent prééminence à leur vie intérieure. Afin de l’exorciser, ils écrivent ils peignent, ils
sculptent, ils gravent. Ils ont le sentiment d’être en marge du monde et tentent de tromper
leur désarroi en soutenant que la souffrance est le privilège des âmes hors du commun, ce
qui les amène, en bout de ligne, à rechercher l’unicité, l’anticonformisme, la marginalité.
Paradoxalement, les romantiques souhaitent à la fois entretenir les souffrances de leur
âme, qui sont une source d’inspiration, et les apaiser. Cet apaisement trouve deux sources :
d’abord, dans la contemplation de la nature – où s’il arrive quelquefois qu’ils trouvent du
réconfort à travers les paysages, il arrive aussi qu’ils se heurtent à l’hostilité des forces
destructrices qu’elle sait déchaîner - ; ensuite, dans le sentiment religieux, où les
superstitions, le mysticisme et l’occultisme ne sont pas sans trouver leur place. Pour le
définir, nous dirons donc, en somme, que le romantisme est un courant littéraire où domine
le lyrisme, qui connut son apogée entre 1827 et 1848, mais qui a perduré pendant tout le
XIXe siècle et qui a eu une influence considérable non seulement sur la littérature, mais sur
l’art et la société en général . Les origines du romantisme nous montrent qu’il est une
réaction, parfois violente, à la rigidité classique. Cette réaction, on l’a vu, passe par une
sensibilité exacerbée, qui s’est exprimée dans les thèmes abordés par les écrivains, de
même que dans la forme même de leurs écrits.
Dans les premières années du romantisme, on voit se profiler une nouvelle querelle des
Anciens et des Modernes. Les Anciens, c'est-à-dire les défenseurs du classicisme, les
« perruques », contrôlent les théâtres, les maisons d’édition, l’art en général et la
littérature en particulier, le bon goût, quoi. Ils affirment que les romantiques sont des
auteurs dangereux, qui corrompent la jeunesse et les femmes, et sans talent. Ils leur
reprochent leur mise colorée et la barbe qu’ils portent, symbole de leur révolte. Leurs
principes esthétiques sont totalement opposés :
Les classiques Les romantiques
Type Individu
Raison Émotions
Mesure Démesure
Bienséance Provocation
✓ Le Héros romantique
Le romantisme s’incarne dans son héros, qui est avant tout un individu plutôt
qu’un archétype, comme il devait l’être au siècle précédent. En effet, les
personnages romantiques ont une histoire, une psychologie, bien avant qu’ils
ne soient mentionnés dans un roman. Le héros de la première vague du
romantisme – celle où l’on cherchait avant tout la libération de l’art – est un
homme sensible, auquel son destin échappe, et dont la société nie les
aspirations. Cela transparaît dans sa façon d’être, son ennui, son
désœuvrement, son désespoir. Pour montrer son refus du monde qui
l’entoure, sa révolte contre les normes bourgeoises, il vit souvent une vie de
débauche : drogue, alcool, conquêtes sont son quotidien (par exemple,
Lorenzaccio, de Musset, ou d’Albert, de Gautier). Il privilégie la bohème. La
seconde incarnation du héros romantique présente encore sensiblement les
mêmes caractéristiques, sauf qu’il est mû par un profond sentiment d’injustice
sociale, injustice qu’il tente de redresser. C’est le héros des grands romans
historiques : Quasimodo, Jean Valjean . Ces héros correspondent à l’idéal de la
seconde vague du romantisme, celle où l’on cherchait, apures avoir libéré l’art,
à libérer le peuple.
B. / Le Réalisme
Tous les auteurs s’entendent pour dire que plusieurs facteurs principaux sont en cause
dans la naissance de ce nouveau courant littéraire. D’abord et avant tout, le réalisme est
une réaction contre le mouvement romantique. En effet , les abus de lyrisme du
romantisme dont se sont moqués certains romantiques eux-mêmes (Alfred de Musset par
exemple) semblent dépassés et agacent maintenant plus qu’ils ne touchent . D’une façon
non moins importante, il faut noter aussi que les changements sociaux et économiques
amenés par le Second Empire ont des répercussions importantes dans la société et ,
partant , dans l’art et la littérature . En effet, la mécanisation accrue permet maintenant
de produire plus et à meilleur marché. L’industrie se développe, en même temps que les
infrastructures. C’est, en fait, le début de la société de consommation moderne.
D’ailleurs, c’est à cette époque que les premiers grands magasins-les magasins à rayons-
ouvrent leurs portes, sonnant le glas du petit commence (c’est le sujet du roman Au
bonheur des dames, d’Émile Zola). Le système bancaire aussi est en plein essor. Cette
révolution industrielle amène l’accélération de l’ascension sociale de la bourgeoisie aisée,
et des fortunes considérables s’édifient. La tendance au matérialisme se généralise dans la
société.
Il est bien certain qu’on ne peut jamais montrer la réalité telle qu’elle est : l’artiste ne peut
que montrer sa vision personnelle du réel – sans compter qu’il est limite par le choix de
son sujet, par son angle d’approche et par la technique de représentation qu’il emploie.
Si les écrivains réalistes cherchent toujours à accrocher leur public, ils souhaitent le faire
non pas en faisant vibrer la corde des émotions, mais en l’amenant à réfléchir sur soi et sur
le monde qui l’entoure. La source principale de leur inspiration est le réel , le présent, où
ils vont chercher aussi bien l’intrigue de leur roman que les caractéristiques du milieu
social et les traits de caractère de leurs pers personnages. Stendhal disait que « le roman
est un miroir que l’on promène le long de la route ». La diffusion du positivisme et le
progrès des études scientifiques entraînent les romanciers à une observation de plus en
plus minutieuse. Le portrait que peint à présent l’écrivain vient non pas de son
imagination, mais de la documentation, mais de vastes enquêtes permettant de resituer
la réalité dans toute son exactitude – qu’on pense, par exemple, à la description de
l’empoisonnement d’Emma dans Madame Bovary et à la reconstitution des journées
révolutionnaires de février 1848 dans l’Éducation sentimentale (deux romans de Gustave
Flaubert) ou simplement à l’explication de la façon dont sont embauchés les commis des
grands magasins dans Au bonheur des dames .
Pour le définir, nous dirons donc , en somme , que le réalisme est un courant littéraire
dont la source d’inspiration est le réel , le présent montré de façon objective , qui connut
son apogée dans la seconde moitié du XIXe siècle et qui a eu une influence considérable
non seulement sur la littérature , mais sur l’art et la société en général .
Les origines du réalisme nous montrent qu’il est une réaction à l’abus du lyrisme des
romantiques. Cette réaction, on l’a vu, passe par un besoin d’objectivité qui s’est exprimé
dans les thèmes abordés par les écrivains, de même que dans la forme même de leurs
écrits. Il faut comprendre cependant que, même s’il s’élève contre le mouvement
romantique, le réalisme n’a pu s’en dégager entièrement et en garde de profondes
marques, même dans ses plus grands chefs-d’œuvre.
Afin de faire vrai, non seulement les personnages sont des gens « ordinaires », mais ils
sont toujours clairement identifiés : on connaît leur nom, leur âge, leur famille, leur passé,
voire leur hérédité et leur lignage en plus de leurs traits de caractère. Ils ont une histoire
personnelle que les auteurs réalistes ont à cœur de montrer au lecteur, afin qu’il puisse
saisir entièrement les relations qu’entretiennent ces personnages avec leur entourage de
même que leurs motivations. L’histoire personnelle des héros n’est pas fantaisiste : elle
est inscrite dans la réalité quotidienne du lecteur , qui reconnaît le nom des rues , des
immeubles , des commerces –ce sont ceux du coin de la rue-, les événements politiques e
sociaux qui ont eu lieu à l’époque où se déroule le récit ; il est même possible qu’il
reconnaisse des noms de personnages historiques ou de personnages provenant d’autres
romans . Le cadre réel du récit est essentiel pour que le lecteur admette possibilité que
l’histoire puisse être vraie. C’est ainsi que le retour fréquent de certains personnages, en
approfondissant leur histoire, permet, comme dans la Comédie humaine de Balzac ou les
Rougon Maquart de Zola, l’illusion de la vie.
C/ Le Naturalisme
École littéraire formée autour des frères Goncourt et d’Émile Zola. Des manifestes
sont publiés comme « Le Roman expérimental » de Zola. Les « Soirées de Médan »
réunissent des écrivains cille Huysmans, Zola, Maupassant, Daudet, Vallès … Le
Naturalisme rend compte de la réalité de façon scientifique ; Ce travail porte
surtout sur des personnages déclassés, issus d’un milieu populaire et ravagés par
les passions. On étudie les lois de l’hérédité et l’influence du milieu sur les individus.
–Zola : invente le roman scientifique en étudiant l’influence de l’hérédité du milieu
et de l’Histoire dans le cycle des Rougon-Macquart, Histoire naturelle et sociale
d’une famille sous le Second Empire (1873-1893) ; Roman laboratoire qui démontre
la fatalité d’une hérédité chargée (thèmes de l’alcoolisme, la prostitution, la
folie…).
Le naturalisme, quant à lui, ne fera que pousser à l’extrême les principes du
réalisme. Zola cherche un fondement scientifique au réalisme –il exige en effet du
romancier qu’il étudie la réalité contemporaine avec la précision des sciences
expérimentales et tend à limiter cette peinture aux milieux populaires. Il veut que
les auteurs portent un regard clinique sur la société. Il nie l’importance de
l’imagination des écrivains en soutenant que ce qui compte avant tout pour être un
bon romancier, c’est d’avoir le « sens du réel » (qu’il n’a pas nécessairement
toujours lui-même, dans ses romans). En fait, le naturalisme, c’est Zola.
D/ Le Parnasse
Le mouvement parnassien, dont on attribue la paternité à Théophile
Gautier, prend naissance essentiellement chez des romantiques
désabusés. Les romantiques, en effet, non contents de faire de l’art,
voulaient aussi se mêler de politique et montrer le droit chemin au
peuple. Cette dérive rédemptrice agaça plusieurs jeunes auteurs qui, se
réunissant en un petit cénacle, définirent une nouvelle esthétique ou le
Beau est la valeur suprême. La forme est ce qu’il y a de plus important :
c’est elle, finalement, qui sécrète le sens. Les tenants de cette nouvelle
école préconisent que la poésie doit rester inutile, position qu’ils
résument par la formule ‘’ l’art pour l’art’’. Ses représentants les plus
connus sont Leconte de LISLE (1818-1894), Théodore de Banville (1823-
1891), José-Maria de Heredia (1842-1905 ; Les Trophées) et Sully-
PRUDHOMME (1839-1907) ; il eut l’honneur de recevoir le premier prix
Nobel de littérature en 1901). A l’origine, le Parnasse désigne une
montagne de Grèce autrefois consacrée aux Muses. Désigne ensuite un
groupe de poètes qui s’opposent aux principes du Romantisme et qui
préparent le renouveau de la poésie selon le principe de l’art pour l’art
ou « il n’y a de vraiment beau que ce qui ne sert à rien » (Théophile
Gautier).
E. / Le Symbolisme :
Tous les auteurs s’entendent pour dire que plusieurs facteurs principaux son en cause dans
la naissance de ce nouveau courant littéraire.
D’abord et avant tout, le symbolisme est une réaction contre le mouvement réaliste et
contre la froideur de la poésie parnassienne (qui prône l’importance de la forme avant
toute chose, « l’art pour l’art » de Théophile Gautier, pour qui la forme sécrète le sens). En
effet, les abus du naturalisme, qui se complaît à peindre un monde médiocre, répugnent à
certains qu’il serait plaisant de s’évader de la laideur du matérialisme ambiant par la
sensibilité, par l’imaginaire, par le rêve.
Le mouvement décadent semble avoir donné le coup d’envoi aux symbolistes. Vers 1880,
une nouvelle bohème se répand en effet dans les cabarets à la mode, au Quartier Latin ou
à Montmartre. Ces néoromantiques marginaux, à la mise volontairement débraillée,
s’imaginent volontiers qu’ils appartiennent à un siècle moribond, qu’ils assistent aux
derniers sursauts d’une civilisation mourante, qu’ils sont des « poètes maudis ». Ils ne
croient plus aux traditions et ne se sentent pas capables de préparer avec fermeté un
renouveau poétique : ils retranscrivent, sans trop se prendre au sérieux, de vagues
langueurs ou de brusques névroses dans une expression vaporeuse ou contournée.
Pourtant, le malaise qu’ils expriment (qui ressemble au mal du siècle romantique poussé à
son extrême) sera bel et bien celui des symbolistes.
Cette angoisse du spleen semble avoir une contrepartie dans l’appel de l’idéal. En effet,
si Baudelaire semble parfois s’être complu à évoquer des images sinistres (comme s’il
trouvait une volupté et une dignité dans la douleur), il parfois, au contraire, évoqué des
moments de grandeur et d’élévation spirituelle. Baudelaire a toujours rendu un culte à la
beauté, et l’Art lui est apparu comme « le meilleur témoignage » de la dignité humaine,
l’instrument le plus précieux de l’ascension vers l’idéal. Pur ou impur, l’idéal de l’artiste
arrache l’homme à son spleen et , au prix d’un effort douloureux , lui promet les bénéfices
de l’oubli .
Cependant, l’Idéal -comme tous les idéaux –est inaccessible, entraînant la souffrance du
poète, qui ne souffre pas que du spleen, mais de la conscience qu’il existe un idéal à jamais
inaccessible. Il voit ainsi dans la mort le seul remède infaillible à toutes ses souffrances :
« N’importe où ! N’importe où ! Pourvu que ce soit hors du monde ! »
Les origines du symbolisme nous montrent l’importance du malaise existentiel (le spleen
de Baudelaire) dans la genèse du mouvement. Cependant, ce malaise va plus loin que le
mal du siècle des romantiques. En effet, l’ennui éprouvé par les symbolistes se double d’un
pessimisme existentiel cause par une extrême lucidité –le monde ne peut pas changer –et
qui procède directement d’une expérience du néant. C’est ainsi que, refusant de
s’épancher dans un sentimentalisme qui lui semble inutile, le poète symboliste semble
réduit à déplorer l’immuabilité de la société et la médiocrité de la vie de ses
contemporains. Le symbolisme est donc en quelque sorte l’idéalisme appliqué à la
littérature. En effet, pour les poètes symbolistes, le monde (laid) qui nous entoure n’est
que le reflet d’un univers spirituel. Le monde visible des choses et des êtres n’est
heureusement qu’une apparence : au-delà se cache un monde transcendant, libéré de
toutes les contraintes du présent. C’est cette réalité que réent d’atteindre les poètes
symbolistes. Mais comment atteindre un univers inconnu ? Comment passer outre les
apparences matérielles du monde ? Les symbolistes cherchent la clef du monde
transcendant dans les secrètes « correspondance », associations imprévisibles des
données des différents sens (toucher, goût, entre autres).
Ils font appel à l’intuition pour percer l’inconscient et établir un rapport entre le monde
visible et l’au-delà inaccessible. C’est ainsi que le vide des apparences peut céder la place
aux vérités du monde intérieur, à l’essence spirituelle des êtres et des choses : refusant la
déchéance et le matérialisme ambiants, ils centrent leur art sur leur vie intérieure.
La poésie symbolisme cherche à vêtir l’idée d’une forme sensible qui, néanmoins, ne
serait pas son but à elle-même, mais qui, tout en servant à exprimer une idée, demeurerait
sujette. Le but du poète n’est donc pas la beauté de l’art mais la Vérité. Cependant, cette
Vérité ne peut paraître nue, elle doit être vêtue des atouts de la poésie, telle que les
symbolistes la conçoivent. Le but du poète est donc, dans une certaine mesure, la
recherche de la Vérité par l’obscurité : il cherche à comprendre l’univers, à traduire en
images-en symboles-la réalité d’un « autre monde » indéfini. C’est la lucidité de cette
entreprise de même que la conscience de son impossibilité qui fait la modernité du
symbolisme, en même temps qu’elle lui imprime la tonalité nostalgique, voire pessimiste,
morbide et désespérée qui le caractérise.
✓ Les apports du Symbolisme
Il est bien certain que , même si les symbolistes considèrent la poésie comme un
instrument de connaissance métaphysique , ils doivent s’attacher à traduire leurs
découvertes par des symboles verbaux . Comment exprimer le parfait avec un langage qui
est, par sa nature même, imparfait ? Pour suggérer une réalité impalpable les symbolistes
cherchent à recourir à un langage lui aussi nouveau –on veut une forme qui traduise les
mouvements intérieurs de la pensée. Mallarmé disait : « Nommer un objet, c’est
supprimer les trois quarts de la jouissance du poème qui est faite de discerner peu à peu ;
le suggérer, voilà le rêve ». Ainsi, la force essentielle de la poésie naît du non-dit : il faut
évoquer, insinuer, faire sentir plutôt que d’affirmer –c’est à ça que sert le symbole. C’est
donc dire que le lecteur est , en théorie , appelé à jouer un rôle beaucoup plus important
qu’auparavant , puisqu’il doit interprétation : plutôt que de se baser sur ce que les mots ,
les vers , les phrases appellent comme signification, il faut s’attarder à ce qu’ils éveillent
comme sensation –la raison est grossière, alors que l’art est subtil.
Cette forme que cherchent les symbolistes ne peut toutefois provenir que des mots
seuls : elle doit puiser aux ressources des autres arts –en particulier de la musique, dont le
pouvoir d’évocation, fascine le poète. C’est ainsi que Verlaine, dans son « Art poétique »,
écrira qu’il faut « De la musique avant toute chose ». Quelques poètes symbolistes
recommanderont, quant à eux, l’emploi du vers libre et du verset, affranchis des sujétions
de la rime et des nécessités de la métrique régulière : avec le vers, rythme et rimes sont
libérés. Mais même lorsque les formes fixes ne sont pas abandonnées (chez Verlaine , par
exemple), la poétique symboliste se reconnaît à l’usage de rythmes nouveaux : on
privilégie une métrique impaire , des rimes et des coupes peu académiques, et on porte
une attention particulière à la musicalité , aux effets d’écho et d’assonance.
✓ Le roman du moi
Le roman historique
Walter Scott a mis à la mode le genre du roman historique. Les écrivains y cultivent
nostalgie et pittoresque avec un souci de documentation (parfois pesants) et de
recréation du passé en mêlant personnages et faits imaginés à des personnages et
des actions historiques. Quelques titres exemplaires : Les Chouans (Balzac(1829),
Cinq-Mars (Vigny -1828), Notre-Dame de Paris (Hugo -1831), Les Trois
Mousquetaires (Alexandre Dumas père -1844), Le Bossu (Paul Féval-1858). Le genre
se prolonge tout au long du siècle avec quelques œuvres notables comme Le
Roman de la momie (Gautier-1857), Salammbô (Flaubert -1862), Quatre-vingt-
treize (Hugo-1874)… Il est cependant concurrencé par le genre voisin du roman-
feuilleton qui fait la fortune de la presse et le bonheur des prosateurs comme
Eugène Sue avec ses Les Mystères de Paris (18426-1843) et sa fresque pittoresque
et moraliste de la société du temps.
Le roman réaliste
Le roman réaliste : il s’agit d’y produire un « effet de réel » en peignant avec un
souci constant du détail et de la vraisemblance les décors, les personnages et les
faits.
Les expressions de Stendhal (roman=miroir) ou de Balzac (romancier =historien du
présent) montrent dans la première moitié du siècle une voie qu’approfondiront
Gustave Flaubert et Maupassant (préface de Pierre et Jean), puis Zola et son
naturalisme. Le roman du XIXe siècle fera parallèlement une large place au roman
d’apprentissage, en accompagnant les débuts dans la vie sociale des personnages.
Stendhal (1783-1842) a laissé des romans importants, avec des figures
emblématiques comme Julien Sorel ou Fabrice del Dongo dans Le Rouge et le Noir
(1830) et La Chartreuse de Parme (1839) en laissant inachevé Lucien Leuwen
(1835). Entre romantisme et réalisme, l’étiquette qu’on lui attribue est elle aussi
discutable.
Honoré de Balzac (1799-1850) est un créateur d’exception , auteur d’une œuvre
immense qu’il intitulera tardivement La Comédie humaine en classant en trois
groupes les 91 romans , contes et nouvelles écrits entre 1829 et 1848 . Le groupe le
plus important (de très loin) est celui des études de mœurs découpées en « scènes
de la vie privée » (Le Père Goriot, Le Colonel Chabert …), « scènes de la vie de
province » (Eugénie Grandet, Le Lys dans la vallée, Illusions perdues), « scènes de
la vie de parisienne » (César Birotteau, La Cousine Bette…), « scènes de la vie
politique » (Une ténébreuse affaire …) , « scènes de la vie militaire » (Les
Chouans..) , et « scènes de la vie campagne » (Le Médecin de campagne …) . On
trouve ensuite les études philosophiques (La Peau de chagrin, Louis Lambert, Le
Chef-d’œuvre inconnu…), ces dernières œuvres ramenant davantage au fantastique
et au mysticisme qu’au réalisme. La Comédie humaine comprend aussi des études
analytiques (la Physiologie du mariage).
Le roman naturaliste
Émile Zola (1840-1902) est le dernier très grand romancier du siècle : il théorise
dans le Roman expérimental (1880) le naturalisme et donne au réalisme extrême,
au-delà même des bienséances et en prenant en compte la physiologie, une
ambition scientifique en voulant montrer l’influence des milieux sur les individus.
Son œuvre, Les Rougon-Macquart (sous-titrée Histoire naturelle et sociale d’une
famille sous le Second Empire) est une somme romanesque de 20 volumes
présentant à travers cinq générations successives les conséquences du
déterminisme physiologique et social et les manifestations diverses d’une tare
initiale. Ses romans puissants, souvent dramatiques et parfois épiques, montrent
un tableau critique de la société du Second Empire avec la dénonciation de
l’immoralisme des nantis comme dans La Curée (1872), Nana (1879), L’Argent
(1891)… et sa compassion pour le peuple et ses souffrances individuelles et
collectives, par exemple Gervaise dans L’Assommoir (1879), les paysans dans La
Terre (1887), les mineurs dans Germinal (1885) , les soldats dans La Débâcle
(1892)…
La nouvelle et le conte
Le genre narratif est aussi , tout au long du siècle ,largement représenté par la
nouvelle qui exploite aussi bien l’approche réaliste que la veine fantastique : les
grands romanciers ont laissé des traces importantes . Le conte est aussi une mode
d’expression, surtout le conte fantastique dont la mode est lancée en France dès
1829 par la traduction des textes d’Ernst Theodor Amadeus Hoffman publié en
France en 1829 par Honoré de Balzac qui s’en inspire , entre autres pour Maître
Cornélius , l’Élixir de longue vie . L’influence d’Hoffmann se fait sentir également
sur Théophile Gautier dans les Contes fantastiques, Prosper Mérimée pour La
Vénus d’Ille, Colomba. Guy de Maupassant poursuivra dans la même veine, mais
avec un autre style dans Les Contes de la bécasse, Le Horla , Barbey d’Aurevilly
dans Les Diaboliques , Villiers de l’Isle-Adam dans Contes cruels.
X/ La peinture au XIX siècle
Mouvement artistique apparu en France dans les années 1860-1865 dont le nom
vient d’une peinture de Claude Monet, impression, soleil levant. Les artistes
concentrent leurs recherchent sur l’expression de la lumière et l’ombre. Les
couleurs, claires et lumineuses, se juxtaposent sur la toile. Se démarquant
radicalement de la peinture académique, ils libèrent la couleur et annoncent la
grande révolution de la peinture moderne et de l’art abstrait. Il ne s’agit plus de
reproduire la nature, mais bien de représenter la perception. Cette évolution,
visant à traduire les observations et sensations dans un langage nouveau,
s’explique d’autant plus par l’arrivée de la photographie qui supplantera la
peinture dans sa fonction de représentation. Parmi les impressionnistes, Manet et
son élève Berthe Morisot (1841-1904), Bastien-Lepage, Bazille, Fantin-Latour
(1836-1904), Renoir, tous issus du courant naturaliste, peignirent surtout des
figures. Mais la manière impressionniste convenait avant tout au paysage. Les
paysagistes, dont les précurseurs ont été Boudin (1825-1904) et le Hollandais
Jongkind, comptent Monet, dont l’influence sur ses compagnons de lutte fut plus
grande que celle de Manet, puis Sisley, Pissarro. La préoccupation centrale de tous
ces peintres a été l’étude et le rendu les passages d’une tonalité à l’autre.