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HISTOIRE DES IDEES, DE LA LITTÉRATURE ET DES ARTS :

Le XIX siècle

Mme Fatiha AFRYAD

S3 : G1/G2

INTROUCTION

Le XIXe siècle en France est une période de profonds changements et d’instabilité politique. Même
si la Révolution française se termine en 1799 avec le coup d’état des brumairiens, l’onde de choc se
prolonge jusque dans le dernier quart du 19e siècle, lorsqu’enfin la France trouve l’équilibre
politique dont les insurgés de 1789 ont rêvé. L’héritage social et culturel de l’Ancien Régime est
lourd, le pouvoir se place avant tout là où se trouve la puissance financière. En même temps, les
bouleversements scientifiques et techniques changent la société française, une nouvelle classe
émerge, celle du prolétariat et des ouvriers, plus mobile, moins conservatrice que les paysans.
Profitant de l’affaiblissement de l’influence de la noblesse et du clergé sur les affaires du pays, la
bourgeoisie libérale et réformatrice s’affirme désormais comme la classe sociale déterminante,
stimulant l’essor industriel. Après la fin des ambitions napoléoniennes, les mutations s’opèrent
lentement sur fond de crises et de ruptures qui reviennent avec une surprenante régularité tous
les vingt ans.

Deux empires (1803- 1814 ; 1852- 1870) , trois monarchies (1815 -1824 ; 1825 -1830 ; 1830
-1848) , deux républiques (1848 -1852 ; 1870) , trois révolutions (1830 , 1848, 1871) .

I. Le Consulat et l’Empire (1800-1814)

Le coup d’état du 18 brumaire n’est qu’un premier pas dans l’ascension


rapide de Bonaparte au sommet du pouvoir. Le Consulat est une
période de réorganisation qui termine la Révolution et jette les bases
de la France contemporaine. Avec l’Empire , proclamé en 1804 , la
France retrouve des ambitions extérieures et une forme du
gouvernement qui rappelle la monarchie d’Ancien Régime .Une
nouvelle constitution , celle de l’an VIII (décembre 1799) ,accorde
l’essentiel du pouvoir à Bonaparte . Premier consul, il concentre entre
ses mains tout le pouvoir exécutif. Il détient aussi une part importante
du pouvoir législatif puisque le droit de proposer des lois lui revient.
Derrière sa façade républicaine, en fait, cette Constitution établit donc
un pouvoir personnel. Acceptée par plébiscite, elle restera en vigueur
jusqu’en 1814 et ne sera que très légèrement modifiée en 1804, lors de
la proclamation de l’Empire. Bonaparte apporte aussi aux français
l’immense soulagement de la paix extérieure. Dès mars 1802, grâce au
traité d’Amines signé avec le Royaume-Uni, La France est en paix, pour
la première fois depuis 1792.

Le sacre de Napoléon 1er, empereur des Français, se déroule en


décembre 1804 à Notre-Dame de Paris, en présence du pape venu de
Rome. Le nouveau monarque absolu du peuple français est désormais
prête à conquérir l’Europe, et peut-être même le monde. Cette
conquête commence cependant par une défaite contre les Anglais
conduits par l’amiral Nelson, qui détruisent complètement la flotte
française à Trafalgar , au large des côtes d’Espagne, en novembre 1805.

Cette défaite va assurer à l’Angleterre la maîtrise des mers et la


poursuite de ses ambitions coloniales aux dépens de la France, son
concurrent principal.
Les différentes mesures prises par Napoléon
1. La première mesure concerne l’administration, avec la création des préfets,
hauts-fonctionnaires nommés par l’État et qui ont pour mission principale de
faire appliquer les décisions du pouvoir central et veiller à l’ordre des
départements (préfectures) dont ils ont la charge.
2. La seconde mesure concerne la création de la Banque de France, chargée de
veiller à l’unité de la politique monétaire du pays. Cette Banque de France,
établira d’ailleurs en 1803 une nouvelle monnaie de franc germinal qui
restera stable jusqu’en 1914.
3. Fidèle à ses idées inspirées du club des Jacobins. Bonaparte poursuit l’œuvre
politique de la Révolution : en 1801 est proclamé le Concordat, par lequel
l’Église et le clergé, tout en conservant le soutien financier de l’État, ne sont plus
associés aux affaires du gouvernement. Le Concordat est un premier pas vers la
séparation officielle de l’Église et de l’État, qui n’interviendra définitivement qu’en
1905.
4. Par ailleurs, l’aspect législatif du pouvoir judiciaire se trouve soigneusement
déterminé par le Code civil (2000 articles), qui définit les droits et les libertés
du corps social, citoyens et corporations .Ouvrage original et unique , il
marque la singularité française en matière de législation, il réaffirme des
acquis de la Révolution , tels que la liberté d’entreprise et de la concurrence ,
ainsi que les droits fondamentaux des paysans en confirmant l’abolition des
privilèges et le droit de propriété . En revanche, le code civil favorise une
société qui repose sur l’autorité paternelle, plaçant les femmes sous la
tutelle des hommes, renforçant le pouvoir des patrons sur les ouvriers. La
famille et la propriété deviennent les piliers de la société nouvelle. La
bourgeoisie, déjà satisfaite du retour à l’ordre, y trouve la consolidation de
ses valeurs.
5. En même temps qu’il rétablit l’ordre, Bonaparte prépare aussi l’avenir. C’est
ainsi qu’il désigne les institutions destinées à fixer durablement la société.
Les lycées, crées en 1802, ont pour mission de former les cadres dont la
nation a besoin. Ils sont destinés aux enfants de la bourgeoisie et à des
élèves boursiers, fils d’officiers ou de fonctionnaires. Apprendre à obéir y
importe autant que l’acquisition du savoir.

En 1809, Napoléon remporte à nouveau une victoire à Wagram, contre les


Autrichiens, ouvrant les territoires de l’Adriatique à l’empire français. En
1811, cet empire a atteint son apogée les membres de la famille de
Napoléon sont à la tête des différents états sujets de l’Empire. En même
temps, l’insatisfaction monte et la résistance s’organise : la Prusse restaure
son armée et la Russie rompt. La retraite de Russie amorce le déclin de
l’Empire. En 1814, l’Europe entre forme une coalition contre la France,
entraînant une confrontation à Leipzig, où les troupes françaises sont
battues. La France est alors envahie et l’empereur doit abdiquer .Il est fait
prisonnier et déporté à l’île d’Elbe, au large des côtes de Toscane. Napoléon
s’en échappe cependant l’année suivante et en mars 1815, il parvient à
reprendre le pouvoir, revenu depuis son départ à Louis XVIII, frère de Louis
XVI.
Mais ce retour est de courte durée, il se conclut par une ultime défaite
contre les Anglais et les Prussiens le 18 juin, à Waterloo (Belgique).

Les Cent jours de Napoléon sont terminés, il est cette fois exilé à
Sainte-Hélène, une petite île située dans l’Atlantique sud, à 6000 kilomètres
de la France. La vie de Napoléon s’achève ici en 1821.

La fin de l’Empire coïncide avec la fin de la période révolutionnaire en France


et de guerres continuelles qui l’ont marquée. Vingt ans de conflits ont fait
plus de trois millions de morts en Europe, la France de 1815 est diminuée
économiquement et socialement profondément divisée ; avec le traité de
Paris qui lui retire la Savoie, son territoire est réduit par rapport à l’état de
ses frontières en 1789. Plus encore, l’image de la France s’est fortement
détériorée, tous ses voisins se méfient désormais de cette nation
révolutionnaire, ambitieuse et guerrière. Associant principalement
l’Angleterre, l’Autriche et la Russie, la Sainte-Alliance est alors formée, elle
prévoit une intervention militaire commune contre la France si la menace se
réveillait à nouveau.

II/ Le retour de la monarchie (18156-1848)

➢ Après l’épisode napoléonien des Cent Jours, la réinstallation de louis XVIII


sur le trône de France en juillet 1815 marque le début de la Restauration et
le retour de la monarchie de droit divin en France. Cependant, le nouveau
roi ne peut ignorer un quart de siècle de réformes et de changements. Il
octroie ainsi au pays une charte, qui n’est pas une constitution car elle
dépend exclusivement du bon vouloir du monarque, mais elle maintient
certains acquis fondamentaux de la Révolution, notamment ceux qui sont à
l’avantage de la bourgeoisie.
✓ La Charte permet aussi la formation de partis , et l’assemblée se
divise aussitôt en trois courants principaux : à gauche ,les libéraux
qui défendent les libertés de 1789 ; au centre les constitutionnels
sont partisans d’une Charte ouverte de démocratique ; enfin , à
droite , les ultra-royalistes , soutenus par la noblesse , souhaitent le
rétablissement des anciens privilèges . La Charte établit également
le’’ suffrage censitaire’’ , par lequel une certaine catégorie de la
population- les plus riches – peut bénéficier , en l’ achetant, du droit
de vote . Sur une population de 32 millions d’habitants que compte
la France à l’époque, environ cent mille personnes bénéficient de ce
droit.

✓ Le règne de louis XVIII (1815-1825)

Il représente une période de calme et favorise une certaine prospérité économique pour le pays.
Dans une atmosphère de relatif libéralisme politique, une réconciliation nationale s’opère entre le
peuple ordinaire et la bourgeoisie d’une part - qui souhaitent éviter un retour à l’ordre ancien – et
d’autre part les ‘’ émigrés’’ de la noblesse qui reviennent au pays, forcés à s’ajuster aux réalités
nouvelles. Un changement de climat intervient cependant lorsque Charles X , frère de Louis XVIII ,
accède au trône en 1825 . Les sympathies de Charles X envers le camp royaliste sont connues, et
une partie de la noblesse croit alors que le moment est venu pour un retour à l’Ancien Régime.
CharlesX se fait d’ailleurs sacrer à Reims, selon la tradition dynastique et l’une de ses premières
mesures est accorder aux anciens propriétaires de bien nationaux une forte indemnité, ce qui
provoque la colère des libéraux. Charles X s’emploie ainsi à affaiblir pendant son règne les
prérogatives de la Charte qu’il juge trop libérales. En mai 1830, il dissout l’Assemblée, espérant
ainsi reconduire une majorité élargie ; le même mois, dans le but de consolider son autorité et de
favoriser de nouveaux débouchés commerciaux aux pays , Charles X ordonne une expédition
militaire contre la ville d’Alger qui est finalement prise en juillet . Toutefois si l’expédition d’Alger
est un succès, la dissolution de l’Assemblée aboutit à un échec, car l’opposition libérale sort
renforcée de ces élections. Charles X tente alors un coup de force : par une série d’ordonnances, il
dissout à nouveau la Chambre, supprime la liberté de la presse et réduit le nombre d’électeurs en
augmentant le ‘’prix’’ du droit au vote (le ‘’ cens’’). Ces mesures les ‘’Trois Glorieuses ‘’, les 27 ,28
et 29 juillet. L’insurrection provoque finalement la chute de Charles X, et son exil.

✓ C’est au duc d’Orléans, descendant de Louis XIII, que revient le trône de France, qu’il
assumera sous le nom de Louis-Philippe. Le nouveau roi n’apporte pas de changements
radicaux à la Charte, mais durant son règne, la menace d’un retour au pouvoir des
royalistes se fait moins pressante. Au plan de l’expression publique, les libertés de la
presse sont fortement réduites à partir de 1835, à la suite d’un attentat manqué contre le
roi. Alors que peuple continue à être tenu à l’écart du pouvoir, le suffrage censitaire est
élargi, ce qui renforce le poids politique de la bourgeoisie libérale, qui bénéficie par
ailleurs de l’expansion économique et industrielle du pays, surtout après 1840.
✓ L’industrie textile, la construction de machines, la métallurgie se développent fortement,
favorisées par l’essor des chemins et fer et l’extraction du charbon. Ces industries
s’installent dans certaines villes et régions (le Nord, Paris, Lyon) où main d’œuvre et
matières premières sont disponibles. Ces développements entraînent la formation d’une
population ouvrière, le prolétariat , réceptive aux idées émergentes de théoriciens
socialistes, dits ‘’utopistes’’, tels que le comte Henri de Saint Simon (1760-1825) et
Fourier (1732 - 1772) , qui dénoncent la société capitaliste naissante , créée par la
bourgeoisie .
III / La seconde République (1848- 1852) :

➢ La fin du règne de Louis-Philippe est précipitée par une crise économique


qui apparaît en 1847, les mauvaises récoltes, la baisse des ventes
industrielles entraîne une montée rapide du chômage et du
mécontentement. L’opposition libérale exige des réformes, les paysans et
les ouvriers réclament du travail. Le gouvernement, inquiété par cette
agitation, interdit le 23 février 1848 un banquet de protestation prévu à
Paris. Une nouvelle fois , la foule parisienne se révolte , organise des
barricades dans la capitale ; le 23 février , le roi renvoie Guizot , son
premier ministre , tandis que la garde royale tire sur les manifestants,
faisant une cinquantaine de morts .
➢ Le roi abdique le lendemain et aussitôt, la République est proclamée. Le
gouvernement provisoire est dirigé par Lamartine, un républicain
modéré, mais il comprend aussi des membres plus radicaux, tels que le
socialiste LOUIS BLANC, ainsi qu’un simple ouvrier, nommé Albert. Le
gouvernement adopte le drapeau tricolore, abandonné depuis la
Restauration. Jusqu’en 1860, Napoléon III mène une politique autoritaire
derrière les apparences démocratiques : les citoyens sont consultés au
suffrage universel lors de plébiscites destinés à soutenir l’empereur. Ce
dernier s’appuie sur l’armée, les catholiques et la grande bourgeoisie qui
profite de l’expansion économique. Les grands travaux d’urbanisme et la
construction des voies ferrées donnent du travail à de nombreux ouvriers
qui soutiennent alors le régime.
➢ A partir de 1862, Napoléon III tente de s’attacher à la petite bourgeoisie et
aux républicains. Il accorde aux français certaines libertés. Il reconnaît le
droit de grève, tolère les syndicats, aux députés de discuter la politique du
gouvernement. Par le plébiscite de mai 1870, les citoyens approuvent cette
évolution de l’Empire. Cependant, dès les premières défaites de la guerre
franco-allemande de 1870, le régime s’effondre.

➢ Par ailleurs, devant une Assemblée réticente, le président cherche à


prolonger de dix ans son mandat, qui doit s’achever en 1852, ainsi qu’il est
prévu par la Constitution . Le 2 décembre 1851, jour anniversaire du sacre
de Napoléon 1er et de la victoire d’Austerlitz, Louis-Napoléon Bonaparte
réalise son propre coup d’État, un peu plus d’un demi –siècle après le 18
Brumaire de son oncle illustre. Il dissout l’Assemblée nationale, restaure
le suffrage universel, rédige une nouvelle Constitution et organise un
plébiscite pour ratifier sa prise de pouvoir. L’armée réprime durement les
insurgés et arrête les opposants dont une dizaine de milliers sont déportés
en Algérie et en Guyane. Bonaparte remporte le scrutin, grâce au nombre
important d’abstentions et au vote conservateur massif des paysans et de
la bourgeoisie des provinces, qui craignent le retour de l’anarchie. Un an
plus tard, le 2 décembre à nouveau, le président contraint le Sénat, dont
les membres sont tous nommés par lui , à accepter une nouvelle
Constitution proclamant Le second empire . La seconde République est
définitivement morte, elle n’a jamais bien vécue.

✓ / Le Second Empire et la France épanouie (1851-1870)
Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon 1er, a conduit les destinées de la France pendant
près de deux décennies du coup d’État de 1851, à la défaite de 1870, durant une période
qualifiée, de Second Empire (le premier Empire étant celui fondé par son oncle). Lui –même, en
restaurant l’empire, a pris pour nom de règne Napoléon III (le nom de Napoléon II étant réservé
au fils de Napoléon 1er, qui n’a jamais régné) . D’emblée, il instauré un régime dictatorial et limité
très strictement la liberté d’expression. Mais au fil des années, le régime a évolué vers des formes
plus libérales, proches d’un régime parlementaire. Pendant ces deux décennies, la France va se
transformer plus vite qu’à aucune autre époque de son Histoire. Elle va s’ouvrir à la révolution
industrielle, se doter d’infrastructures et d’un urbanisme encore en usage, mais aussi jeter les
fondements d’un deuxième empire colonial.

✓ De l’empire autoritaire à l’empire libéral

Napoléon III prend sans attendre des mesures pour limiter la liberté d’expression de la presse
et mettre l’Université au pas. Au demeurant, la grande masse des citoyens et du peuple se rallient
d’assez bon gré , y compris les orléanistes , partisans de la monarchie , et certains leaders
républicains sincères , tels Émile Ollivier ou encore l’historien Victor Duruy . Avec l’impératrice
Eugénie , il anime une vie de cour brillante , aux Tuileries (Paris), à Fontainebleau et à Compiègne ,
sans oublier les stations thermales et balnéaires créées sous son égide comme Deauville , Monte-
Carlo , Biarritz et Vichy. Cette cour est ouverte à toute la bourgeoisie sans esprit de classe et se
montre accueillante pour les gens de lettres. Chacun a droit à une invitation dans le cadre des
« séries » qui se succèdent chaque année à Compiègne.

Après le Congrès de Paris et la naissance du Prince Impérial en en 1856, le régime est à son
apogée. Napoléon III se résout à lâcher du lest. D’autoritaire, l’empire va devenir dès lors
progressivement libéral. Les élections de 1869 donnent 45% de voix à l’opposition. Napoléon III
en prend acte et appelle au gouvernement Émile Ollivier , le chef du « tiers parti », qui rassemble
les orléanistes et les républicains modérés . Cet empire parlementaire reçoit la caution populaire
par le plébiscite du 8 mai 1870 : 7,350 millions de oui, un million et demi de non .

La société française s’est transformée sous l’impulsion de Napoléon III plus vite qu’en aucune
autre période de son Histoire. C’est à cette époque qu’elle a accompli sa révolution industrielle.
L’empereur prend lui-même en main la politique économique et sociale du gouvernement.
Convaincu des bienfaits du libre-échange, il signe en 1860 un traité de libre-échange avec le
Royaume-Uni. Il institue aussi une union monétaire, l’Union latine, qui a englobé jusqu’à la
Première Guerre mondiale de nombreux pays. Enfin, il accorde le droit de grève aux ouvriers.

Enfin, gravement affaibli par la maladie et poussé de l’avent par l’opinion publique, elle –même
manipulée par l’habile chancelier allemand Bismarck, il engage une guerre désastreuse contre

les armées de la Prusse et des autres Êta allemands. Cette dernière et la défaite de Sedan vont lui
coûter son trône et occulter le bilan de son règne et vont tout emporter et même gommer les
acquis incontestables de ces deux décennies.

V/ Les débuts difficiles de la République

➢ Le 4 septembre 1870, apprenant la défaite de Napoléon III à Sedan , des ouvriers et des

députés républicains de Paris proclament la République et forment un gouvernement de


défense nationale. Proclamée le 4 septembre 1870, deux jours après la défaite militaire
de l’Empire à Sedan , la République s’installe dans des conditions difficiles . Encore en
guerre contre l’Allemagne, au printemps 1871, elle réprime l’insurrection de la Commune
de Paris. Son avenir est alors incertain, car la majorité monarchiste de l’Assemblée
nationale prépare une nouvelle Restauration. A partir de 1879, elle s’affirme et ses
institutions sont appelées à être durables. La Troisième République se consacre à la
transformation en profondeur du pays. S’inspirant des idéaux de 1789, elle établit la
liberté d’opinion et d’expression des citoyens ; ceux-ci participent massivement aux
élections qui rythment désormais la vie politique, grâce au suffrage universel.
➢ Les conditions d’une véritable égalité entre tous les Français sont réunies dès leur
plus jeune âge : l’école sera, en effet, le plus solide des piliers de la République, qui
émancipe l’individu tout en cimentant la nation autour des valeurs héritées de la
Révolution Française : liberté, égalité, fraternité.
➢ Surmontant plusieurs crises politiques sérieuses , le boulangisme et l’affaire
Dreyfus , la République paraît consolidée et sortie de son isolement diplomatique
lorsque , résolue , elle fait face à la déclaration de guerre de l’Allemagne , le 3 août 1914 .
Mais il faut jeter t toute la puissance du pays dans la guerre pour obtenir la victoire et le
retour de l’Alsace et de la Lorraine, au prix de pertes humaines et matérielles
considérables. De cette terrible éprouve, la France se remet difficilement. La
République est finalement terrassée par la défaite de mai et juin 1940.
• VI/ Le XIX é : Un siècle de progrès
✓ Les applications de la science

Pour illustrer le XIX siècle, on peut citer aussi bien la machine à vapeur que la Tour Eiffel,
le vaccin contre la rage, le phonographe ou l’anesthésie chirurgicale. C’est là mettre en

relief l’activité scientifique du siècle, ses exploitations techniques et leurs retombées sur le
plan industriel économique. Ainsi le développement de l’électricité, l’utilisation du moteur
à explosion, l’industrie houillère, les fonderies sont à l’origine de concentrations
industrielles ex celles du Creusot ou de la région de Lorraine qui développe l’extraction du
charbon et la métallurgie. Ceci a de nombreuses conséquences : accélération de la
production, recherche d’un abaissement des coûts, nouvelles politiques d’investissements.
Le développement bancaire suit : le XIX siècle est celui des concentrations financières qui
font prospérer les riches investisseurs et disparaître les petits. Le commerce connaît lui
aussi des mutations importantes.

Le domaine médical

Le XIX Siècle voit naître le premier vaccin contre la rage, mis au point par Pasteur, et le
procédé de la pasteurisation, qui permet la conservation des aliments. Développement de la
méthode expérimentale par Claude Bernard : observation des phénomènes, déduction,
vérification par la recréation des conditions de l’expérience. De manière générale, une rigueur
plus grande dans les méthodes d’investigation est à l’origine des progrès médicaux.

On peut croire alors, et c’est ce qui caractérise l’esprit positiviste, que la science,

maîtrisée et utilisée par l’homme, concourt à l’amélioration non seulement matérielle mais
morale et psychologique, trouvant des solutions à tout.

VII/ La littérature au XIX siècle

➢ C’est sous la monarchie de juillet de Louis-Philippe qu’a lieu un véritable réveil de la


création littéraire, plutôt endormie pendant la Révolution et l’Empire. En 1830, Victor
Hugo présente sa pièce Hernani, qui bouleverse les conventions classiques du
théâtre, tout en faisant la synthèse de l’esprit du romantisme , un mouvement autant
artistique que politique par lequel se définissent la plupart des œuvres et des
auteurs de l’époque , tels que Balzac et Stendhal pour le roman , Lamartine et Hugo

pou la poésie , Delacroix et Géricault pour la peinture , Berlioz pour la musique .

A. Le Romantisme
Au XIXe siècle, le romantisme, c’est avant tout une révolte. Révolte contre l’anonymat
auquel soumettent une histoire tyrannique et une urbanisation effrénée. Révolte contre
un monde de plus en plus matérialiste, où la bourgeoisie, de plus en plus riche et de plus
en plus puissante, impose un conformisme désespérant en définissant ce que doivent
être le bon goût et les bonnes mœurs. Révolte contre un avenir qui ne promet plus rien et
contre l’ennui, le dégoût qu’on sent en soi. Révolte contre le rationalisme qui brime les
sentiments. Révolte, enfin, contre le siècle tout entier. À-propos du romantisme,
Baudelaire à écrit : « Le romantisme n’est précisément ni dans le choix des sujets ni

dans la vérité exacte mais dans la manière de sentir. Ils l’ont cherché en dehors, et
c’est en dedans qu’il était seulement possible de le trouver » (Salon de 1846).
Plusieurs auteurs reprendront cette idée : Le romantisme ne réside pas en telle œuvre, en
telle technique ou en tel thème : il est un climat, le climat de la société de tout un siècle , né
sous le signe de la Révolution , grandi dans le prestige de Napoléon … , appelé par la
curiosités de l’exotisme , tourmenté par une crise religieuse et morale , qui le cahote de la
foi au désespoir, de l’individualisme le plus passionné aux plus larges aspirations humaines.
(P. Moreau, préface de Musique et littérature sous la monarchie de Juillet, par J.-M.
Bailbé). Cette manière de sentir, ce climat, c’est d’abord un malaise existentiel que vivent
les jeunes. C’est l’impression d’être laissés-pour- compte à la fois par l’histoire et par la
société de leur temps, d’être incompris. C’est la sensation de vivre dans un monde sans
repères. C’est une éternelle incertitude, une éternelle insatisfaction. C’est une sensibilité
blessée, une mélancolie exacerbée par l’alternance de des désirs et des doutes, des
enthousiasmes et des chagrins. C’est, enfin, un profond sentiment d’ennui – c’est la mal du

siècle. Afin de fuir ce sentiment, les jeunes romantiques se replient sur eux-mêmes et
donnent prééminence à leur vie intérieure. Afin de l’exorciser, ils écrivent ils peignent, ils
sculptent, ils gravent. Ils ont le sentiment d’être en marge du monde et tentent de tromper
leur désarroi en soutenant que la souffrance est le privilège des âmes hors du commun, ce
qui les amène, en bout de ligne, à rechercher l’unicité, l’anticonformisme, la marginalité.
Paradoxalement, les romantiques souhaitent à la fois entretenir les souffrances de leur
âme, qui sont une source d’inspiration, et les apaiser. Cet apaisement trouve deux sources :
d’abord, dans la contemplation de la nature – où s’il arrive quelquefois qu’ils trouvent du
réconfort à travers les paysages, il arrive aussi qu’ils se heurtent à l’hostilité des forces
destructrices qu’elle sait déchaîner - ; ensuite, dans le sentiment religieux, où les
superstitions, le mysticisme et l’occultisme ne sont pas sans trouver leur place. Pour le
définir, nous dirons donc, en somme, que le romantisme est un courant littéraire où domine
le lyrisme, qui connut son apogée entre 1827 et 1848, mais qui a perduré pendant tout le
XIXe siècle et qui a eu une influence considérable non seulement sur la littérature, mais sur
l’art et la société en général . Les origines du romantisme nous montrent qu’il est une
réaction, parfois violente, à la rigidité classique. Cette réaction, on l’a vu, passe par une
sensibilité exacerbée, qui s’est exprimée dans les thèmes abordés par les écrivains, de
même que dans la forme même de leurs écrits.
Dans les premières années du romantisme, on voit se profiler une nouvelle querelle des
Anciens et des Modernes. Les Anciens, c'est-à-dire les défenseurs du classicisme, les
« perruques », contrôlent les théâtres, les maisons d’édition, l’art en général et la
littérature en particulier, le bon goût, quoi. Ils affirment que les romantiques sont des
auteurs dangereux, qui corrompent la jeunesse et les femmes, et sans talent. Ils leur
reprochent leur mise colorée et la barbe qu’ils portent, symbole de leur révolte. Leurs
principes esthétiques sont totalement opposés :
Les classiques Les romantiques

Vérité universelle Vérité personnelle

Type Individu

Respect des règles Refus des règles

Distinction des genres Mélange des genres

Raison Émotions

Mesure Démesure

Bienséance Provocation

En 1830, à la première d‘Hernani, pièce de Victor Hugo, romantiques et tentants de


l’esthétique classique s’affrontent, allant jusqu’à la violence physique. La jeunesse l’emporte : La
victoire du romantisme est alors consacrée. C’est l’énergie des jeunes romantiques, combinée à des
circonstances politiques – le monde change – qui a permis au mouvement de triompher. Sous la
Restauration, et sous la monarchie de Juillet , le pouvoir royal s’affaiblit continuellement , ce qui
laisse de plus en plus de place à la bourgeoisie et à ce qu’on appelait autrefois le Tiers-État La vie
politique est maintenant ouverte a tous . De plus, constant le vide laissé par la « disparition » de
l’Église, les romantiques, qui se voient comme des élus ou des prophètes (Victor Hugo en
particulier), viennent s’installer avec pour mission d’aider le peuple. En effet, Hugo voit le
poète comme un guide qui doit mener l’homme à la vérité et se sent lui –même investi
d’une mission humanitaire et religieuse , « Car le Mot , c’est le Verbe , et le Verbe , c’est
Dieu » ( Les Contemplations, « Suite » ) . Leur engagement politique est guidé par leur aspiration
à un monde meilleur-les romantiques veulent donner un sens à la condition humaine. Ils veulent
créer une société où régneraient la liberté et la fraternité. Ainsi, à la libération de l’art succède la
libération de l’homme.
Jugeant le classicisme suranné et stérile, les romantiques se tournent vers ce que les classiques
avaient laissé de côté : le moyen âge, la renaissance et le baroque. Ils y découvrant des auteurs
dont les préoccupations sont proches des leurs : l’existence futile, la mort inexorable, l’espoir de
rédemption dans l’art, le désir de choquer pour éveiller, l’amour du contraste, l’imagination et
l’invention comme valeurs suprêmes en art. On veut de la grandeur et de la beauté, plutôt que de
la mesure et de vraisemblable. Ce qu’on cherche, c’est la liberté – la liberté dans l’art comme dans
la société. C’est ce que représente le credo romantique : l’artiste doit pouvoir se permettre toutes
les libertés en autant qu’elles servent son art. C’est ainsi que la versification, par exemple, se
trouve fortement assouplie par Victor Hugo, dont la Préface de Cromwell expose la théorie
romantique telle qu’il la conçoit. On refuse donc les limites et les frontières, celles du monde
extérieur comme celles du monde intérieur. L’exotisme est en effet à l’honneur. C’est une façon
de satisfaire le désir d’évasion, de sortir de soi-même. On peut le retrouver dans les récits
historiques (Notre –Dame de Paris), les récits de voyage (España) ou les romans dont l’action se
déroule dans des lieux et temps lointains (le Roman de la Momie, Salammbô). L’Égypte exerce une
fascination particulière sur l’imaginaire romantique en raison de son statut de berceau de toute
civilisation et de son obsession de l’immortalité. Le XIXe siècle est aussi un siècle où on voyage de
plus en plus et de plus loin. De ces périples, les artistes ramènent des paysages, des coutumes, des
philosophies, qui marquent l’imaginaire. C’est à cette influence que l’on doit, entre autres,
l’utilisation des paradis artificiels autre moyen d’évasion et source d’inspiration. De nombreux
artistes font l’expérience de l’opium (Musset) et du haschisch (Gautier, Baudelaire, Nerval). Leurs
visions servent leur art dans des poèmes ou des nouvelles. Mais déjà , le romantisme est fracturé.

✓ Les thèmes romantiques

Le moi La nature L’idéal social Le voyage exotique

Accent sur l’individu Miroir de l’âme Liberté Dans l’espace :

Grande passion Confidente Égalité -Évasion

Mal du siècle Manifestation du divin Fraternité -Contrées sauvages

-Ardeur des passions

✓ Le Héros romantique
Le romantisme s’incarne dans son héros, qui est avant tout un individu plutôt
qu’un archétype, comme il devait l’être au siècle précédent. En effet, les
personnages romantiques ont une histoire, une psychologie, bien avant qu’ils
ne soient mentionnés dans un roman. Le héros de la première vague du
romantisme – celle où l’on cherchait avant tout la libération de l’art – est un
homme sensible, auquel son destin échappe, et dont la société nie les
aspirations. Cela transparaît dans sa façon d’être, son ennui, son
désœuvrement, son désespoir. Pour montrer son refus du monde qui
l’entoure, sa révolte contre les normes bourgeoises, il vit souvent une vie de
débauche : drogue, alcool, conquêtes sont son quotidien (par exemple,
Lorenzaccio, de Musset, ou d’Albert, de Gautier). Il privilégie la bohème. La
seconde incarnation du héros romantique présente encore sensiblement les
mêmes caractéristiques, sauf qu’il est mû par un profond sentiment d’injustice
sociale, injustice qu’il tente de redresser. C’est le héros des grands romans
historiques : Quasimodo, Jean Valjean . Ces héros correspondent à l’idéal de la
seconde vague du romantisme, celle où l’on cherchait, apures avoir libéré l’art,
à libérer le peuple.

Les Grands auteurs :


• François René de Chateaubriand ( 1768-1848) –Atala (1801) - René
(1802) – Le Génie du Christianisme (1802) – Les Mémoires d’outre-
tombe (1848-1850) .
Victor Hugo
• Il est le plus grand auteur romantique et probablement le plus
grand poète du XIXe siècle (il est, en tout cas, le plus prolifique)
• Il voit le poète comme un guide qui doit mener l’homme à la vérité
et se sent lui-même investi d’une mission humanitaire et religieuse,
« car le Mot c’est le Verbe, et le Verbe c’est Dieu »
• Sa Préface de Cromwell expose la théorie romantique telle qu’il la
conçoit
• Hernani , un de ses premières pièces, est restée célèbre pour la
bataille qu’elle provoqua à la première entre les tenants de
l’esthétiques classique et les romantiques.

✓ Œuvres les plus connues


Cromwell / Hernani Les Orientales / Odes et ballades

Ruy Blas / Quatre-vingt-treize Chansons des rues et des bois / Les


Contemplations
Notre-Dame de Paris /Les Misérables
La Légende des siècles

B. / Le Réalisme
Tous les auteurs s’entendent pour dire que plusieurs facteurs principaux sont en cause
dans la naissance de ce nouveau courant littéraire. D’abord et avant tout, le réalisme est
une réaction contre le mouvement romantique. En effet , les abus de lyrisme du
romantisme dont se sont moqués certains romantiques eux-mêmes (Alfred de Musset par
exemple) semblent dépassés et agacent maintenant plus qu’ils ne touchent . D’une façon
non moins importante, il faut noter aussi que les changements sociaux et économiques
amenés par le Second Empire ont des répercussions importantes dans la société et ,
partant , dans l’art et la littérature . En effet, la mécanisation accrue permet maintenant
de produire plus et à meilleur marché. L’industrie se développe, en même temps que les
infrastructures. C’est, en fait, le début de la société de consommation moderne.

D’ailleurs, c’est à cette époque que les premiers grands magasins-les magasins à rayons-
ouvrent leurs portes, sonnant le glas du petit commence (c’est le sujet du roman Au
bonheur des dames, d’Émile Zola). Le système bancaire aussi est en plein essor. Cette
révolution industrielle amène l’accélération de l’ascension sociale de la bourgeoisie aisée,
et des fortunes considérables s’édifient. La tendance au matérialisme se généralise dans la
société.

Enfin, la place grandissante que prend la science au détriment de la littérature dans la


seconde moitié du XIXe siècle ne peut être passée sous silence. Le positivisme et une
doctrine philosophiques et scientifique selon laquelle le monde n’est connaissable que par
l’expérience, l’expérimentation. Le matérialisme grandissant a entraîné un scepticisme
assez généralisé.

En 1855, on refuse au peintre Gustave Courbet l’entrée de l’Exposition universelle- sa


peinture n’en est pas une d’imagination, mais elle reproduit la nature. En protestation, il
expose ses quarante œuvres un peu plus loin, dans le Pavillon du Réalisme, avenue
Montaigne. Son « exhibition » présente la peinture de scènes de la vie la plus banale :
Un enterrement à Ornans, Les Casseurs de pierres, etc . C’est à partir de ce moment
que la critique littéraire s’empare du terme réalisme pour désigner une nouvelle façon
d’écrire.
Le réalisme est, en quelque sorte, une manière d’envisager le réel, de se catonner dans
l’étude de la nature humaine, d’étudier objectivement jusqu’aux basses classes. Tout en
s’intéressant aux sujets contemporains et quotidiens, les auteurs réalistes refusent de se
laisser « emporter » par leur sujet, refusent la subjectivité et l’émotion comme
réformateurs sociaux et moraux. Mais étudier la nature d’une façon objective , ce n’est
pas photographier le réel : « La reproduction de la nature par l’homme ne sera jamais une
reproduction ni une imitation , ce sera toujours une interprétation , car l’homme , quoi
qu’il fasse pour se rendre l’esclave de la nature , est toujours emporté par son
tempérament particulier qui le tient depuis les ongles jusqu’aux cheveux et qui le pousse à
rendre la nature suivant l’impression qu’il en reçoit » .

(Champfleury, Le Réalisme, 1857).

Il est bien certain qu’on ne peut jamais montrer la réalité telle qu’elle est : l’artiste ne peut
que montrer sa vision personnelle du réel – sans compter qu’il est limite par le choix de
son sujet, par son angle d’approche et par la technique de représentation qu’il emploie.

Si les écrivains réalistes cherchent toujours à accrocher leur public, ils souhaitent le faire
non pas en faisant vibrer la corde des émotions, mais en l’amenant à réfléchir sur soi et sur
le monde qui l’entoure. La source principale de leur inspiration est le réel , le présent, où
ils vont chercher aussi bien l’intrigue de leur roman que les caractéristiques du milieu
social et les traits de caractère de leurs pers personnages. Stendhal disait que « le roman
est un miroir que l’on promène le long de la route ». La diffusion du positivisme et le
progrès des études scientifiques entraînent les romanciers à une observation de plus en
plus minutieuse. Le portrait que peint à présent l’écrivain vient non pas de son
imagination, mais de la documentation, mais de vastes enquêtes permettant de resituer
la réalité dans toute son exactitude – qu’on pense, par exemple, à la description de
l’empoisonnement d’Emma dans Madame Bovary et à la reconstitution des journées
révolutionnaires de février 1848 dans l’Éducation sentimentale (deux romans de Gustave
Flaubert) ou simplement à l’explication de la façon dont sont embauchés les commis des
grands magasins dans Au bonheur des dames .

Flaubert , considéré comme le maître de l’école réaliste , soumet le roman à la discipline


des sciences biologiques et physiologiques et préconise l’objectivité . « L e romancier ne
juge pas , ne condamne pas, n’absout pas . Il expose des faits », affirme Champfleury,
premier théoricien du réalisme, dans Le Figaro (août 1856).

Pour le définir, nous dirons donc , en somme , que le réalisme est un courant littéraire
dont la source d’inspiration est le réel , le présent montré de façon objective , qui connut
son apogée dans la seconde moitié du XIXe siècle et qui a eu une influence considérable
non seulement sur la littérature , mais sur l’art et la société en général .

Les origines du réalisme nous montrent qu’il est une réaction à l’abus du lyrisme des
romantiques. Cette réaction, on l’a vu, passe par un besoin d’objectivité qui s’est exprimé
dans les thèmes abordés par les écrivains, de même que dans la forme même de leurs
écrits. Il faut comprendre cependant que, même s’il s’élève contre le mouvement
romantique, le réalisme n’a pu s’en dégager entièrement et en garde de profondes
marques, même dans ses plus grands chefs-d’œuvre.

Le réalisme se caractérise d’abord par l’attention qu’il porte à la psychologie des


personnages qu’il peint. En effet, leurs sentiments, leurs passions, leurs traits de caractère
doivent avoir l’air vrais – qu’ils soient normaux ou non. Il est aussi minutieux dans sa
façon d’aborder les structures et le fonctionnement de la société, qu’il s’agisse de traiter
des réalités économiques, sociales ou institutionnelles. C’est pourquoi, nous l’avons déjà
dit, les méthodes de travail des écrivains réalistes transforment la genèse de l’œuvre en
une exploration, une recherche du document et du savoir – plusieurs, comme Flaubert et
Zola, tiennent des Carnets, qui contiennent leur premier regard sur le réel et montrent
bien à quel point la démarche analytique des auteurs participe de l’invention narrative.

Le réalisme, dans sa façon de représenter la réalité sociale a absolument besoin du


personnage : c’est par lui qu’on peut montrer sa science. De ce fait, le personnage réaliste
a trois fonctions : il est d’abord le « héros » d’une aventure, l’agent d’une action ou d’une
série d’actions telles qu’en offre la vie réelle ; c’est aussi à travers lui que s’inscrit la vision
du monde de l’auteur –c’est lui qui permet la critique sociale -; enfin, il assure la cohésion
de la narration et de la description. Dans le réalisme, en effet, les descriptions ne doivent
jamais être gratuites, comme cela pouvait être le cas dans les œuvres romantiques, où l’on
cherchait à « faire beau » - le réalisme veut « faire vrai ». Pour pouvoir poser un regard
critique sur le monde qui l’entoure, l’autour réaliste devra mettre en scène des êtres
« typiques ». C’est pourquoi il choisira ses personnages dans une population
« quelconque » (des monsieur et madame tout-le-monde). L’auteur réaliste s’intéresse en
général à deux types de héros. Le premier est celui du bourgeois médiocre –on s’intéresse
à ses passions, qui sont elles aussi médiocres, terre à terre et à la façon dont il est
conditionné par sa constitution (pour Zola, en effet, la psychologie de l’homme est
déterminée par la physiologie). Le second type est celui du jeune homme de basse
condition sociale qui aspire à une rapide ascension aux couches supérieures de la société –
on montre alors son apprentissage social, moral, intellectuel et amoureux. Les romans
réalistes sont souvent des romans de l’avidité : la passion y est destructrice.

Afin de faire vrai, non seulement les personnages sont des gens « ordinaires », mais ils
sont toujours clairement identifiés : on connaît leur nom, leur âge, leur famille, leur passé,
voire leur hérédité et leur lignage en plus de leurs traits de caractère. Ils ont une histoire
personnelle que les auteurs réalistes ont à cœur de montrer au lecteur, afin qu’il puisse
saisir entièrement les relations qu’entretiennent ces personnages avec leur entourage de
même que leurs motivations. L’histoire personnelle des héros n’est pas fantaisiste : elle
est inscrite dans la réalité quotidienne du lecteur , qui reconnaît le nom des rues , des
immeubles , des commerces –ce sont ceux du coin de la rue-, les événements politiques e
sociaux qui ont eu lieu à l’époque où se déroule le récit ; il est même possible qu’il
reconnaisse des noms de personnages historiques ou de personnages provenant d’autres
romans . Le cadre réel du récit est essentiel pour que le lecteur admette possibilité que
l’histoire puisse être vraie. C’est ainsi que le retour fréquent de certains personnages, en
approfondissant leur histoire, permet, comme dans la Comédie humaine de Balzac ou les
Rougon Maquart de Zola, l’illusion de la vie.

Les thèmes réalistes


Types sociaux Rapport des Moeurs
classes
.Exclus -Exploitation des -Ambition –égoïsme-hypocrisie
ouvriers, du prolétariat,
.Marginaux : pauvres, -Perte des valeurs morales au profit
par les riches bourgeois
alcooliques, prostituées, etc. des valeurs capitalistes
-Impossibilité d’échapper
. Bourgeois médiocres -Tares héréditaires (la physiologie
à la misère, de changer
influence la psychologie)-soumission
de classe
aux impulsions, aux passions viles
-Déchéance toujours
-Impossibilité de l’amour (ça ne
possible.
marche jamais)
• Le Réalisme balzacien : Observation minutieuse des hommes, volonté de
dévoiler les règles du jeu social. Balzac conçoit de « concurrencer l’État-Civil » avec
La Comédie Humaine. (« Un plan qui embrasse à la fois l’histoire et la critique de la
Société, l’analyse de ses maux et la discussion de ses principes. »)
• Le réalisme « illusionniste » : Stendhal ancre ses fictions dans le monde
contemporain « Le roman est un miroir que l’on promène le long d’une grande
route ». Réalisme subjectif, qui dépend du point de vue d’un auteur.
• Style réaliste : écriture de la précision, forme de discours descriptif, portraits,
utilisation de niveaux de langue adaptés aux situations et aux personnages ;
multiplication de petits détails pour faire « vrai » -Effet de réel ; Utilisation de la
forme romanesque privilégiée (et la nouvelle)
• Auteurs et œuvres principaux : Honoré de Balzac (La Comédie Humaine :
Le Père Goriot, Eugénie Grandet, Les Illusions Perdues..), Gustave Flaubert
(Madame Bovary, l’Éducation Sentimentale) ; Stendhal (Le Rouge et le Noir),
Maupassant (Contes du Jour et de la Nuit).

C/ Le Naturalisme
École littéraire formée autour des frères Goncourt et d’Émile Zola. Des manifestes
sont publiés comme « Le Roman expérimental » de Zola. Les « Soirées de Médan »
réunissent des écrivains cille Huysmans, Zola, Maupassant, Daudet, Vallès … Le
Naturalisme rend compte de la réalité de façon scientifique ; Ce travail porte
surtout sur des personnages déclassés, issus d’un milieu populaire et ravagés par
les passions. On étudie les lois de l’hérédité et l’influence du milieu sur les individus.
–Zola : invente le roman scientifique en étudiant l’influence de l’hérédité du milieu
et de l’Histoire dans le cycle des Rougon-Macquart, Histoire naturelle et sociale
d’une famille sous le Second Empire (1873-1893) ; Roman laboratoire qui démontre
la fatalité d’une hérédité chargée (thèmes de l’alcoolisme, la prostitution, la
folie…).
Le naturalisme, quant à lui, ne fera que pousser à l’extrême les principes du
réalisme. Zola cherche un fondement scientifique au réalisme –il exige en effet du
romancier qu’il étudie la réalité contemporaine avec la précision des sciences
expérimentales et tend à limiter cette peinture aux milieux populaires. Il veut que
les auteurs portent un regard clinique sur la société. Il nie l’importance de
l’imagination des écrivains en soutenant que ce qui compte avant tout pour être un
bon romancier, c’est d’avoir le « sens du réel » (qu’il n’a pas nécessairement
toujours lui-même, dans ses romans). En fait, le naturalisme, c’est Zola.

D/ Le Parnasse
Le mouvement parnassien, dont on attribue la paternité à Théophile
Gautier, prend naissance essentiellement chez des romantiques
désabusés. Les romantiques, en effet, non contents de faire de l’art,
voulaient aussi se mêler de politique et montrer le droit chemin au
peuple. Cette dérive rédemptrice agaça plusieurs jeunes auteurs qui, se
réunissant en un petit cénacle, définirent une nouvelle esthétique ou le
Beau est la valeur suprême. La forme est ce qu’il y a de plus important :
c’est elle, finalement, qui sécrète le sens. Les tenants de cette nouvelle
école préconisent que la poésie doit rester inutile, position qu’ils
résument par la formule ‘’ l’art pour l’art’’. Ses représentants les plus
connus sont Leconte de LISLE (1818-1894), Théodore de Banville (1823-
1891), José-Maria de Heredia (1842-1905 ; Les Trophées) et Sully-
PRUDHOMME (1839-1907) ; il eut l’honneur de recevoir le premier prix
Nobel de littérature en 1901). A l’origine, le Parnasse désigne une
montagne de Grèce autrefois consacrée aux Muses. Désigne ensuite un
groupe de poètes qui s’opposent aux principes du Romantisme et qui
préparent le renouveau de la poésie selon le principe de l’art pour l’art
ou « il n’y a de vraiment beau que ce qui ne sert à rien » (Théophile
Gautier).

La doctrine du parnasse : Le refus du lyrisme, refus de


l’épanchement de soi ; le retour sur un passé mythique (poésies sur les
mythes, les civilisations exotiques, disparues et lointaines) ; le culte de la
forme et du beau (culte de la perfection) –Le style : écriture poétique
privilégiant l’esthétique, la forme contraignante comme le sonnet et le
rondeau), la précision du mot, les jeux de sonorités, les images, une
langue riche et recherchée. –Auteurs : Théophile Gautier, Théodore de
Banville, Leconte de Lisle, J-M de Mérédia…

E. / Le Symbolisme :
Tous les auteurs s’entendent pour dire que plusieurs facteurs principaux son en cause dans
la naissance de ce nouveau courant littéraire.

D’abord et avant tout, le symbolisme est une réaction contre le mouvement réaliste et
contre la froideur de la poésie parnassienne (qui prône l’importance de la forme avant
toute chose, « l’art pour l’art » de Théophile Gautier, pour qui la forme sécrète le sens). En
effet, les abus du naturalisme, qui se complaît à peindre un monde médiocre, répugnent à
certains qu’il serait plaisant de s’évader de la laideur du matérialisme ambiant par la
sensibilité, par l’imaginaire, par le rêve.

Paradoxalement, Mallarmé, figure de proue du symbolisme français, aimait Zola .


Quant à la réaction face à la froideur des écrivains du Parnasse, si elle est réelle , il n’en
demeure pas moins que, de ce mouvement , les symbolistes ont conservé le culte de la
beauté , l’amour de la forme , l’éthique d’un langage recherché et érudit , et l’aidée de la
gratuité de l’art , qui ne doit pas servir de cause mais exister en soi , pour soi-pour les
symbolistes , l’art est une valeur supérieur à la vie.

Le mouvement décadent semble avoir donné le coup d’envoi aux symbolistes. Vers 1880,
une nouvelle bohème se répand en effet dans les cabarets à la mode, au Quartier Latin ou
à Montmartre. Ces néoromantiques marginaux, à la mise volontairement débraillée,
s’imaginent volontiers qu’ils appartiennent à un siècle moribond, qu’ils assistent aux
derniers sursauts d’une civilisation mourante, qu’ils sont des « poètes maudis ». Ils ne
croient plus aux traditions et ne se sentent pas capables de préparer avec fermeté un
renouveau poétique : ils retranscrivent, sans trop se prendre au sérieux, de vagues
langueurs ou de brusques névroses dans une expression vaporeuse ou contournée.
Pourtant, le malaise qu’ils expriment (qui ressemble au mal du siècle romantique poussé à
son extrême) sera bel et bien celui des symbolistes.

Enfin, il est impossible de passer sous silence l’importance de la poésie baudelairienne


dans la naissance du symbolisme : il en est le principal précurseur. En effet, les fleurs du
mal, unique recueil de Charles Baudelaire, s’il ne connut pas le succès (bien pis, il valut à
son auteur une condamnation en justice pour immoralité), marque quand même une
étape décisive dans l’évolution de la poésie française.

Nous toucherons un mot de Baudelaire, puisque son œuvre est essentielle à la


compréhension de tout ce qu’est le symbolisme. Chez Baudelaire, le spleen et l’idéal
amènent des thèmes qui seront repris par les poètes symbolistes. Le spleen, chez lui,
n’est pas seulement une forme exaspérée du mal du siècle ; c’est tout ce qui entoure le
désespoir entraîné par la conscience du passage inexorable du temps, de l’inutilité de
l’existence et de l’impossibilité de la rédemption. Le poète, par la conscience même qu’il a
du caractère futile du monde, se conçoit comme isolé du reste des gens. Il se sent exilé
dans un monde où il n’a pas sa place et il a le sentiment que son message n’est pas
entendu : il est maudit parmi les hommes. Bien entendu, le poète cherche à échapper à
son désespoir par tous les moyens, lorsqu’il ne s’y complaît pas. C’est ainsi que font leur
apparition les paradis artificiels qui peuvent prendre la forme de l’alcool, de la drogue ou
même de la cruauté gratuite – tous les vertiges sont bienfaisants s’ils arrachent l’homme à
l’amère méditation sur son destin. D’ailleurs, pour bien faire sentir son désarroi et son
dégoût, il a tendance à employer des images excessives et choquantes – on peut penser,
par exemple, à Une martyre ou à Une charogne.

Cette angoisse du spleen semble avoir une contrepartie dans l’appel de l’idéal. En effet,
si Baudelaire semble parfois s’être complu à évoquer des images sinistres (comme s’il
trouvait une volupté et une dignité dans la douleur), il parfois, au contraire, évoqué des
moments de grandeur et d’élévation spirituelle. Baudelaire a toujours rendu un culte à la
beauté, et l’Art lui est apparu comme « le meilleur témoignage » de la dignité humaine,
l’instrument le plus précieux de l’ascension vers l’idéal. Pur ou impur, l’idéal de l’artiste
arrache l’homme à son spleen et , au prix d’un effort douloureux , lui promet les bénéfices
de l’oubli .

Cependant, l’Idéal -comme tous les idéaux –est inaccessible, entraînant la souffrance du
poète, qui ne souffre pas que du spleen, mais de la conscience qu’il existe un idéal à jamais
inaccessible. Il voit ainsi dans la mort le seul remède infaillible à toutes ses souffrances :
« N’importe où ! N’importe où ! Pourvu que ce soit hors du monde ! »

Les origines du symbolisme nous montrent l’importance du malaise existentiel (le spleen
de Baudelaire) dans la genèse du mouvement. Cependant, ce malaise va plus loin que le
mal du siècle des romantiques. En effet, l’ennui éprouvé par les symbolistes se double d’un
pessimisme existentiel cause par une extrême lucidité –le monde ne peut pas changer –et
qui procède directement d’une expérience du néant. C’est ainsi que, refusant de
s’épancher dans un sentimentalisme qui lui semble inutile, le poète symboliste semble
réduit à déplorer l’immuabilité de la société et la médiocrité de la vie de ses
contemporains. Le symbolisme est donc en quelque sorte l’idéalisme appliqué à la
littérature. En effet, pour les poètes symbolistes, le monde (laid) qui nous entoure n’est
que le reflet d’un univers spirituel. Le monde visible des choses et des êtres n’est
heureusement qu’une apparence : au-delà se cache un monde transcendant, libéré de
toutes les contraintes du présent. C’est cette réalité que réent d’atteindre les poètes
symbolistes. Mais comment atteindre un univers inconnu ? Comment passer outre les
apparences matérielles du monde ? Les symbolistes cherchent la clef du monde
transcendant dans les secrètes « correspondance », associations imprévisibles des
données des différents sens (toucher, goût, entre autres).

Ils font appel à l’intuition pour percer l’inconscient et établir un rapport entre le monde
visible et l’au-delà inaccessible. C’est ainsi que le vide des apparences peut céder la place
aux vérités du monde intérieur, à l’essence spirituelle des êtres et des choses : refusant la
déchéance et le matérialisme ambiants, ils centrent leur art sur leur vie intérieure.

La poésie symbolisme cherche à vêtir l’idée d’une forme sensible qui, néanmoins, ne
serait pas son but à elle-même, mais qui, tout en servant à exprimer une idée, demeurerait
sujette. Le but du poète n’est donc pas la beauté de l’art mais la Vérité. Cependant, cette
Vérité ne peut paraître nue, elle doit être vêtue des atouts de la poésie, telle que les
symbolistes la conçoivent. Le but du poète est donc, dans une certaine mesure, la
recherche de la Vérité par l’obscurité : il cherche à comprendre l’univers, à traduire en
images-en symboles-la réalité d’un « autre monde » indéfini. C’est la lucidité de cette
entreprise de même que la conscience de son impossibilité qui fait la modernité du
symbolisme, en même temps qu’elle lui imprime la tonalité nostalgique, voire pessimiste,
morbide et désespérée qui le caractérise.
✓ Les apports du Symbolisme
Il est bien certain que , même si les symbolistes considèrent la poésie comme un
instrument de connaissance métaphysique , ils doivent s’attacher à traduire leurs
découvertes par des symboles verbaux . Comment exprimer le parfait avec un langage qui
est, par sa nature même, imparfait ? Pour suggérer une réalité impalpable les symbolistes
cherchent à recourir à un langage lui aussi nouveau –on veut une forme qui traduise les
mouvements intérieurs de la pensée. Mallarmé disait : « Nommer un objet, c’est
supprimer les trois quarts de la jouissance du poème qui est faite de discerner peu à peu ;
le suggérer, voilà le rêve ». Ainsi, la force essentielle de la poésie naît du non-dit : il faut
évoquer, insinuer, faire sentir plutôt que d’affirmer –c’est à ça que sert le symbole. C’est
donc dire que le lecteur est , en théorie , appelé à jouer un rôle beaucoup plus important
qu’auparavant , puisqu’il doit interprétation : plutôt que de se baser sur ce que les mots ,
les vers , les phrases appellent comme signification, il faut s’attarder à ce qu’ils éveillent
comme sensation –la raison est grossière, alors que l’art est subtil.

Cette forme que cherchent les symbolistes ne peut toutefois provenir que des mots
seuls : elle doit puiser aux ressources des autres arts –en particulier de la musique, dont le
pouvoir d’évocation, fascine le poète. C’est ainsi que Verlaine, dans son « Art poétique »,
écrira qu’il faut « De la musique avant toute chose ». Quelques poètes symbolistes
recommanderont, quant à eux, l’emploi du vers libre et du verset, affranchis des sujétions
de la rime et des nécessités de la métrique régulière : avec le vers, rythme et rimes sont
libérés. Mais même lorsque les formes fixes ne sont pas abandonnées (chez Verlaine , par
exemple), la poétique symboliste se reconnaît à l’usage de rythmes nouveaux : on
privilégie une métrique impaire , des rimes et des coupes peu académiques, et on porte
une attention particulière à la musicalité , aux effets d’écho et d’assonance.

✓ Les Thèmes du Symbolisme

Le désespoir du poète La sexualité Le Mal La réalité insaisissable

L’exil. La femme. L’exaltation du Mal. Les correspondances.

L’incompréhension. La cruauté. Le Mal comme Les sens comme outil


force active. d’appréhension du monde.
L’idéal inaccessible. Les amours
déçus. La cruauté –la La recherche de
La déchéance.
déchéance. transcendance-importance
Le désir.
L’appel du néant. du monde des idées plutôt
La beauté du Mal.
que du monde matériel.
F/ La Décadence
Les écrivains décadents présentent la fin d’un monde en déliquescence, ils vont peindre le
monde qui les entoure comme un monde sans avenir, qui ne fera plus de progrès et qui va
s’effondrer. On note dans leurs textes de nombreuses marques de nervosité. Le meilleur
représentant : Huysmans dans ‘’ A rebours ‘’ : il vit dans une désillusion passive et se
contente de contempler ses échecs. Verlaine parle de décadence car il a été tenté.

VIII/ Les différents genres littéraires du XIX siècle

✓ Le théâtre du XIXe siècle

Le théâtre devient un divertissement pour toutes les couches sociales au cours du


XIXe siècle avec une grande vérité de salles et de genres. Le texte de théâtre
connaît cependant un nouveau souffle avec le drame romantique qui s’impose
durant une décennie de 1830 à 1840. Il est théorisé par Victor Hugo dans la Préface
de Cromwell, qui paraît en 1827. Il prône une esthétique de la sensibilité ainsi que
le rejet des règles classiques de lieu et de temps. Aussi, Hugo veut un mélange des
genres et des tons : c'est-à-dire le mélange entre la comédie et la tragédie : la
définition du drame pour Hugo. Il recherche la couleur locale en plaçant ses
drames aux XVIe –XIIe siècles dans des pays exotiques (Espagne, Italie), afin de
faire voyager le spectateur et d’établir une critique feinte de la société française.
Enfin, Hugo mélange le sublime (du personnage, dans ses actes ou exploit par
exemple) e grotesque (de sa condition sociale), et cette dualité se veut
vraisemblable : elle est censé représenter l’Homme dans sa pleine nature. D’autres
formes de théâtre vont cohabiter dans la suite du siècle, par exemple le théâtre de
boulevard avec le vaudeville qui associe divertissement et satire conventionnelle
et qu’illustrent Labiche, Courteline, ou Feydeau. Le théâtre musical s’installera lui
aussi dans la deuxième moitié du siècle avec l’opérette et l’opéra comique que
représentent bien les œuvres d’Offenbach.
L’histoire littéraire garde le souvenir de tentatives de renouvellement à la fin du
siècle comme le Théâtre-Libre et le Théâtre naturaliste et son sombre sur le monde
contemporain (Henry Becque : Les Corbeaux -1882, Octave Mirbeau : Les Affaires
sont les affaires -1903) ou le théâtre symboliste avec sa force de suggestion et ses
correspondances poétiques (Pelléas et Mélisande de Maeterlinck en 1892 que
mettra en musique Debussy). On retient également quelques autres aspects
originaux de la période comme le théâtre de provocation burlesque d’Alfred Jarry
(Ubu roi -1888), le théâtre à la fois lyrique et épique, d’Edmond Rostand avec ses
alexandrins flamboyants ( Cyrano de Bergerac-1899, L’Aiglon -1900) ou les
premières œuvres , catholiques et patriotiques , de Charles Péguy (Jeanne d’Arc -
1897).

✓ Les romans du XIXe siècle


Le roman va devenir le genre dominant par sa diffusion massive entretenue par
l’instruction publique croissante et le développement de la presse et des feuilletons dans
la deuxième moitié du siècle. La plupart des romanciers sont issus de la bourgeoisie et
vivent désormais de leur plume. Le roman devient un genre attrape-tout autour d’une
base minimum : récit en prose, d’une longueur relativement importante, comportant une
part d’imaginaire et s’attachant à des moments de vie des personnages.

✓ Le roman du moi

Voisin de l’autobiographie qu’illustre l’imposant Mémoires d’outre-tombe de


Chateaubriand (1848), le roman autobiographique à la première personne marque
le début du siècle avec le goût pour la confession intime cachée derrière un prête-
nom, en associant lyrisme et narcissisme pour explorer le mal de vivre d’une
génération. Il constitue l’un des apports importants du romantisme à la littérature
avec des œuvres personnelles comme René (Chateaubriand -1802), Corinne
(Madame de Staël-1807), Adolphe (Benjamin Constant-1816) ou La Confession d’un
enfant du siècle (Musset-1836).

Le roman historique
Walter Scott a mis à la mode le genre du roman historique. Les écrivains y cultivent
nostalgie et pittoresque avec un souci de documentation (parfois pesants) et de
recréation du passé en mêlant personnages et faits imaginés à des personnages et
des actions historiques. Quelques titres exemplaires : Les Chouans (Balzac(1829),
Cinq-Mars (Vigny -1828), Notre-Dame de Paris (Hugo -1831), Les Trois
Mousquetaires (Alexandre Dumas père -1844), Le Bossu (Paul Féval-1858). Le genre
se prolonge tout au long du siècle avec quelques œuvres notables comme Le
Roman de la momie (Gautier-1857), Salammbô (Flaubert -1862), Quatre-vingt-
treize (Hugo-1874)… Il est cependant concurrencé par le genre voisin du roman-
feuilleton qui fait la fortune de la presse et le bonheur des prosateurs comme
Eugène Sue avec ses Les Mystères de Paris (18426-1843) et sa fresque pittoresque
et moraliste de la société du temps.

Le roman réaliste
Le roman réaliste : il s’agit d’y produire un « effet de réel » en peignant avec un
souci constant du détail et de la vraisemblance les décors, les personnages et les
faits.
Les expressions de Stendhal (roman=miroir) ou de Balzac (romancier =historien du
présent) montrent dans la première moitié du siècle une voie qu’approfondiront
Gustave Flaubert et Maupassant (préface de Pierre et Jean), puis Zola et son
naturalisme. Le roman du XIXe siècle fera parallèlement une large place au roman
d’apprentissage, en accompagnant les débuts dans la vie sociale des personnages.
Stendhal (1783-1842) a laissé des romans importants, avec des figures
emblématiques comme Julien Sorel ou Fabrice del Dongo dans Le Rouge et le Noir
(1830) et La Chartreuse de Parme (1839) en laissant inachevé Lucien Leuwen
(1835). Entre romantisme et réalisme, l’étiquette qu’on lui attribue est elle aussi
discutable.
Honoré de Balzac (1799-1850) est un créateur d’exception , auteur d’une œuvre
immense qu’il intitulera tardivement La Comédie humaine en classant en trois
groupes les 91 romans , contes et nouvelles écrits entre 1829 et 1848 . Le groupe le
plus important (de très loin) est celui des études de mœurs découpées en « scènes
de la vie privée » (Le Père Goriot, Le Colonel Chabert …), « scènes de la vie de
province » (Eugénie Grandet, Le Lys dans la vallée, Illusions perdues), « scènes de
la vie de parisienne » (César Birotteau, La Cousine Bette…), « scènes de la vie
politique » (Une ténébreuse affaire …) , « scènes de la vie militaire » (Les
Chouans..) , et « scènes de la vie campagne » (Le Médecin de campagne …) . On
trouve ensuite les études philosophiques (La Peau de chagrin, Louis Lambert, Le
Chef-d’œuvre inconnu…), ces dernières œuvres ramenant davantage au fantastique
et au mysticisme qu’au réalisme. La Comédie humaine comprend aussi des études
analytiques (la Physiologie du mariage).

Maupassant : La génération suivante amplifiera cette approche réaliste avec


Gustave Flaubert (1821-1880) dont on doit mentionner au moins deux chefs-
d’œuvre où apparaissent aussi son souci de la perfection du style et son ironie
pessimiste : Madame Bovary (1857) et l’Éducation sentimentale (1869). Son
« disciple », Guy de Maupassant (1850-1893) , maître incontesté de la nouvelle ,
s’est essayé également au roman en approfondissant les observations
psychologiques et sociologiques comme dans Pierre et Jean (1888), Une vie (1883)
et surtout Bel-Ami(1885). De nombreux romancier participent aussi à la création
romanesque dans la seconde moitié du siècle. Les frères Goncourt (Edmond et
Jules) avec leur minutie descriptive et leur écriture « artiste » (Germinie Lacerteux -
1865), Alphonse Daudet (Le Petit Chose -1868) et Jules Vallès (L’Enfant -1879) se
rattachent au genre réaliste. Jules Verne aborde les romans d’aventure et
d’anticipation avec Cinq semaines en ballon en 1863.
Le roman social

À côté de ses œuvres phares de la première la moitié du XIXe siècle, le roman


social (et champêtre parfois) trouve sa place dans la littérature avec les textes de
George Sand (Consuelo-1842, La Mare au diable -1846, La Petite Fadette-1849) et,
un peu plus tard, avec la grande fresque humaniste de Victor Hugo, les Misérables
(1862).

Le roman naturaliste

Émile Zola (1840-1902) est le dernier très grand romancier du siècle : il théorise
dans le Roman expérimental (1880) le naturalisme et donne au réalisme extrême,
au-delà même des bienséances et en prenant en compte la physiologie, une
ambition scientifique en voulant montrer l’influence des milieux sur les individus.
Son œuvre, Les Rougon-Macquart (sous-titrée Histoire naturelle et sociale d’une
famille sous le Second Empire) est une somme romanesque de 20 volumes
présentant à travers cinq générations successives les conséquences du
déterminisme physiologique et social et les manifestations diverses d’une tare
initiale. Ses romans puissants, souvent dramatiques et parfois épiques, montrent
un tableau critique de la société du Second Empire avec la dénonciation de
l’immoralisme des nantis comme dans La Curée (1872), Nana (1879), L’Argent
(1891)… et sa compassion pour le peuple et ses souffrances individuelles et
collectives, par exemple Gervaise dans L’Assommoir (1879), les paysans dans La
Terre (1887), les mineurs dans Germinal (1885) , les soldats dans La Débâcle
(1892)…

La nouvelle et le conte

Le genre narratif est aussi , tout au long du siècle ,largement représenté par la
nouvelle qui exploite aussi bien l’approche réaliste que la veine fantastique : les
grands romanciers ont laissé des traces importantes . Le conte est aussi une mode
d’expression, surtout le conte fantastique dont la mode est lancée en France dès
1829 par la traduction des textes d’Ernst Theodor Amadeus Hoffman publié en
France en 1829 par Honoré de Balzac qui s’en inspire , entre autres pour Maître
Cornélius , l’Élixir de longue vie . L’influence d’Hoffmann se fait sentir également
sur Théophile Gautier dans les Contes fantastiques, Prosper Mérimée pour La
Vénus d’Ille, Colomba. Guy de Maupassant poursuivra dans la même veine, mais
avec un autre style dans Les Contes de la bécasse, Le Horla , Barbey d’Aurevilly
dans Les Diaboliques , Villiers de l’Isle-Adam dans Contes cruels.
X/ La peinture au XIX siècle

Mouvement artistique apparu en France dans les années 1860-1865 dont le nom
vient d’une peinture de Claude Monet, impression, soleil levant. Les artistes
concentrent leurs recherchent sur l’expression de la lumière et l’ombre. Les
couleurs, claires et lumineuses, se juxtaposent sur la toile. Se démarquant
radicalement de la peinture académique, ils libèrent la couleur et annoncent la
grande révolution de la peinture moderne et de l’art abstrait. Il ne s’agit plus de
reproduire la nature, mais bien de représenter la perception. Cette évolution,
visant à traduire les observations et sensations dans un langage nouveau,
s’explique d’autant plus par l’arrivée de la photographie qui supplantera la
peinture dans sa fonction de représentation. Parmi les impressionnistes, Manet et
son élève Berthe Morisot (1841-1904), Bastien-Lepage, Bazille, Fantin-Latour
(1836-1904), Renoir, tous issus du courant naturaliste, peignirent surtout des
figures. Mais la manière impressionniste convenait avant tout au paysage. Les
paysagistes, dont les précurseurs ont été Boudin (1825-1904) et le Hollandais
Jongkind, comptent Monet, dont l’influence sur ses compagnons de lutte fut plus
grande que celle de Manet, puis Sisley, Pissarro. La préoccupation centrale de tous
ces peintres a été l’étude et le rendu les passages d’une tonalité à l’autre.

Édouard Manet (1833-1883) subit d’abord la direction de Couture et se laisse


captiver par Velasquez, Goya, Franz Hals. Il suivit ensuite Courbet et eut plus de
puissance que lui dans l’analyse de la lumière, forçant les peintres à pénétrer les
mystères de tous ses reflets, et le premier ayant osé professer dans ses toiles que
les que les ombres se colorent. On peut blâmer chez Manet la manière inégale et
insuffisante dont certains personnages sont traités, mais c’est parce qu’il a voulu
attacher surtout à ses toiles un effet général. Les personnages dont il a surtout
voulu caractériser l’individualité par des attitudes d’un réalisme séduisant sont
souvent sommairement traités , à larges coups de brosse, et ne détournent pas
longtemps le regard du milieu ambiant où ils vivent et qui seul doit nous intéresser
.
Claud Monet (1840-1926) dont on a fait par la suite le pape de l’impressionnisme,
est d’abord un peintre de marines et de paysages.

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