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Chapitre : L’Europe face aux révolutions

La Révolution française est le mythe fondateur de la France actuelle. À


l’époque, le renversement brutal de la monarchie française s’inscrit dans
un large mouvement de révolutions qui traversent l’Europe et redéfinissent
non seulement la forme de la société et de la politique européennes, mais
également celle du monde dans sa globalité.

Ainsi, la Révolution française et la Terreur qu’elle entraîne marquent


l’Europe. Le règne de Napoléon Bonaparte met fin à cette révolution et
signe l’ère de la domination française sur le continent, jusqu’au Congrès de
Vienne en 1815. La monarchie est rétablie, mais les volontés
antimonarchiques restent présentes, comme l’attestent l’année 1830 et le
Printemps des peuples en 1848. Dans le même temps, la révolution
industrielle transforme durablement les sociétés.

1/ La Révolution française

La Révolution française contraste fortement avec la Glorieuse Révolution


au Royaume-Uni. Au lieu d’une transition sans effusion de sang vers une
monarchie restreinte, le roi et la reine sont décapités à la guillotine. La
révolution dure de 1789 à 1799, alimentée au départ par une économie
médiocre et un manque de représentation sous la monarchie, avant de
tourner à la paranoïa avec le règne de la Terreur.
A) Contre l’absolutisme royal et la société d’ordres

Le début de l’époque moderne (1450-1750) donne naissance à une


nouvelle génération de monarques qui embrassent l’absolutisme royal.
Rassemblant l’État, l’armée et le clergé sous leurs coûteuses capes
royales, les monarques absolus européens recherchent une domination
singulière et complète sur leurs pays. C’est le cas du roi Louis XIV de
France, également connu sous le nom de « Roi Soleil ». De nombreux
philosophes du siècle des Lumières commencent à combattre
l’absolutisme royal par des idées d’autonomie, de droits de l’homme et de
démocratie.

“C’est légal parce que je le veux.”

– Roi Louis XVI

En 1789, la France subit aussi une crise économique. Elle est au bord de
la faillite, les mauvaises récoltes et le terrible hiver de 1788 causent
l’augmentation du prix du pain et du chômage l’année d’après. Des cahiers
de doléances sont remplis par la population, recueillant notamment des
plaintes sur les impôts élevés que la noblesse et le clergé font peser sur le
Tiers-État.
● La noblesse, qui rassemble la noblesse d’épée, de robe et la petite
noblesse, ne paie pas d’impôts et a pour fonction de se battre.
● Le Tiers-État, qui constitue plus de 96 % de la population, travaille,
paie des impôts et a peu de pouvoir décisionnaire.

B) Déroulement de la Révolution française

Le 5 mai 1789, Louis XVI convoque les États généraux, une assemblée
extraordinaire des trois ordres, pour résoudre la crise économique.
Refusant de voter un nouvel impôt, les députés du Tiers-État et quelques
membres de la noblesse et du clergé se jurent de donner à la France une
Constitution : c’est le serment du Jeu de paume. Refusant de perdre la
face, Louis XVI invite les deux autres ordres à se joindre aux députés
dissidents. Le 20 juin 1789, l’Assemblée nationale constituante est alors
proclamée.

Plusieurs réformes sont votées, en voici quelques-unes :

● nationalisation des biens de l’Église ;


● suppression des douanes intérieures ;
● suppression des impôts indirects et de la dîme ;
● création des départements ;
● création de deux ordres de justice, un ordre administratif, pour les
questions opposant citoyens à l’administration, et un ordre judiciaire,
pour les conflits entre personnes privées et les infractions à la loi.
Les députés radicaux, portant le projet révolutionnaire, sont encore
minoritaires à l’Assemblée, mais le peuple, déjà révolté depuis quelques
mois, s’enhardit. Le 14 juillet 1789, c’est la prise de la Bastille, la prison
royale. L’acte est symbolique et met sous pression le Tiers-État, qui abolit
les privilèges de la noblesse et du clergé en août.

Le 5 octobre 1789, c’est la marche des femmes sur Versailles. Tout comme
les milliers d’hommes qui se sont joints au mouvement, elles réclament «
du pain », ainsi que l’installation du roi à Paris. La famille royale est
désormais logée aux Tuileries.

Le roi tente de fuir le pays deux ans plus tard, mais est vite rattrapé. Après
l’échec de la fuite de Varennes, une monarchie constitutionnelle est mise
en place en septembre 1791.

Pendant ce temps, des forces contre-révolutionnaires étrangères se


forment pour s'opposer au nouveau gouvernement vu comme illégitime. En
représailles de l’avancée des troupes prussiennes, une foule armée se
révolte le 10 août 1792. Louis XVI est arrêté lors de la prise des Tuileries et
« suspendu ». L’armée française défait pour la première fois l’armée
prussienne à la bataille de Valmy, à l’est de Paris. Légitimée par cette
victoire, la Convention nationale, héritière de l’Assemblée nationale
constituante, abolit la monarchie le 21 septembre 1792 : c’est le début de
la Iᵉ République.
Image 1. Représentation de la Révolution française par Delacroix

C) La Terreur

La prise des Tuileries du 10 août 1792 est suivie d’une série d’exécutions,
les massacres de septembre, qui entraînent la mort de prisonniers
royalistes sur la base d’une rumeur d’un complot. Des dizaines de milliers
de personnes sont ensuite exécutées par le gouvernement français en tant
qu’ennemis de la Révolution. C’est le régime de la Terreur.
Définition La Terreur : période de violence politique en France entre 1792
et 1794.

On différencie généralement la Première Terreur de août-septembre 1792


et la Seconde Terreur, de septembre 1793 à juillet 1794.

La guillotine est le principal moyen d’exécution. Lors du procès de Louis


XVI, celui qu’on appelle désormais Louis Capet, est condamné à mort pour
haute trahison. Il perd ainsi la tête le 21 janvier 1793.

Ce sont les Montagnards, un groupe de députés dirigé par Danton et


Robespierre, qui institutionnalisent la Terreur. Après avoir éliminé les
Girondins, leurs ennemis politiques, ils s’attellent à défendre la nation
contre les menaces extérieures et intérieures, comme lors de la guerre de
Vendée. Pour y faire face, le gouvernement se dote d’un Tribunal
révolutionnaire et d’un comité de salut public.

Le règne de la Terreur prend fin lorsque son chef, Maximilien Robespierre,


est arrêté et exécuté le 28 juillet 1794. La bourgeoisie reprend plus de
pouvoir et met en place un Directoire en 1795, avec cinq directeurs
détenant le pouvoir exécutif et deux chambres législatives.

Une Terreur blanche, populaire et parfois organisée, se lève en mai-juin


1795 contre les anciens partisans de Robespierre.
2/ Napoléon Bonaparte

A) Qui est Napoléon Bonaparte ?

Napoléon Bonaparte est un chef militaire charismatique. Il profite de


l'instabilité politique de l'après-révolution pour prendre le contrôle du pays
en 1799. Il devient empereur des Français en 1804 et reste au pouvoir
jusqu'en 1815. Son règne marque l'Europe et modifie en profondeur les
institutions françaises.

B) Empereur des Français

La Révolution française s’achève en 1799, mais la France est encore loin


d’avoir pansé les blessures de la révolution, de la Terreur et des dépenses
royales sur les décennies précédentes. Le général Napoléon Bonaparte,
très populaire dans l’armée révolutionnaire, organise le coup d’État du 18
Brumaire an VIII (9 novembre 1799). Il se fait sur deux jours.
Image 2. Représentation du coup d’État des 18-19 brumaire an VIII.

Il se fait nommer Premier Consul, puis consul à vie en 1802. Le régime du


Consulat est en place jusqu’au 18 mai 1804, quand Napoléon est proclamé
Empereur des Français par le Sénat, instaurant le Premier Empire. Le
sacre de Napoléon est officié par le pape Pie VII le 2 décembre de la
même année.

Le Consulat désigne un régime dans lequel 3 consuls se partagent le


pouvoir exécutif.

D’abord sous le Consulat, puis sous le Premier Empire, Napoléon


réorganise la France de manière durable. Ainsi, il établit le Code civil pour
regrouper les lois, crée les postes de préfets pour administrer les
départements, fonde des lycées pour former les futurs cadres ou encore
inaugure la Banque de France.

C) Guerres napoléoniennes

Au niveau de la politique extérieure, Napoléon a de grandes ambitions. Il


entreprend de conquérir l’Europe et avec ses soldats, les Grognards,
envahit et soumet les pays voisins. Sept coalitions se forment contre la
France entre 1792 (guerres de Révolution) et 1815. Les idéaux des
Lumières suivent à la trace les pas de l’armée napoléonienne et
enflamment les populations locales, mettant en danger la monarchie en
Europe.
Image 3. Carte de l’Empire français avant la campagne de Russie de
1812

Napoléon conquiert une grande partie de l’Europe en annexant des régions


au Premier Empire ou en plaçant sa famille sur des trônes. Il échoue
néanmoins à envahir la Russie en 1812, puis perd face à la coalition
étrangère lors de la bataille des Nations à Leipzig en octobre 1813.
Repoussé dans ses retranchements côté espagnol et allemand, il abdique
en avril 1814.

Exilé à l’île d’Elbe, il revient temporairement au pouvoir en 1815 lors de la


période des Cent-Jours. Il est finalement vaincu à la bataille de Waterloo le
18 juin 1815 et abdique quatre jours après. Il meurt durant son exil à l’île
Sainte-Hélène.

3/ Le Congrès de Vienne

Le Congrès de Vienne (18 septembre 1814–9 juin 1815) tente de restaurer


la monarchie en Europe et notamment en France. Le traité de Vienne met
ainsi fin à la domination de Napoléon en Europe et consolide le règne des
anciennes monarchies sur le continent.

Le concert des nations

L’objectif du Congrès est d’établir un nouvel ordre pacifique, monarchique


et contre-révolutionnaire. De nombreux représentants diplomatiques
participent aux festivités de ce premier concert des nations. Les véritables
discussions se font néanmoins en petit comité. Les grandes puissances
ayant vaincu Napoléon, soit l’Empire russe, le Royaume-Uni, le royaume
de Prusse, l’Empire d’Autriche, sont présentes. La France, l'Espagne, le
Portugal et la Suède réussissent à obtenir une place à la table des
négociations.
4/ Système de Metternich

Cette bataille diplomatique orchestrée par Metternich, chef de la diplomatie


autrichienne, entraîne des échanges de territoires et une nouvelle carte de
l’Europe. D’anciennes frontières sont rétablies, comme pour l’Autriche. La
France est encerclée par des États-tampons pour empêcher toute
expansion future. Des États gagnent des territoires, comme l’Empire russe
qui récupère une partie de la Pologne. D’autres se rassemblent, comme la
Confédération germanique, qui fédère certains États allemands.

En septembre 1815, la coalition de la Sainte-Alliance est établie. Elle


regroupe l’empire d’Autriche, l’Empire russe et le royaume de Prusse, à
laquelle s'ajoutent ensuite le Royaume-Uni puis la France, grâce au travail
de son diplomate Talleyrand. Elle a pour but de maintenir l’ordre des
souverains absolutistes.

En France, la Première Restauration instaurée par le congrès de Vienne se


termine par le bref retour de Napoléon au pouvoir lors des Cent-Jours. La
Seconde Restauration échoue quinze ans plus tard des suites des Trois
Glorieuses.
5/ Les Trois Glorieuses : cause et conséquence

Les Trois Glorieuses, ou révolution de Juillet, est un mouvement de révolte


parisien contre le roi Charles X les 27, 28 et 29 juillet 1830.

Charles X signe les ordonnances de Saint-Cloud visant à freiner les


députés libéraux qui s’opposent à lui. La révolte se propage ensuite dans
d’autres pays européens en quête d’indépendance et de nationalisme.

Ce mouvement de révolution donne des résultats mitigés :

● Les Trois Glorieuses entraînent l’établissement de la monarchie de


Juillet, une monarchie parlementaire.
● L’insurrection polonaise contre l’Empire russe échoue en 1831.
● La révolution de la Belgique contre les Pays-Bas se solde par son
indépendance.

6/ Le Printemps des peuples

En 1848, une autre vague de révolution balaie l’Europe. Le Printemps des


peuples touche :

● France
● Allemagne
● Pologne
● Italie
● Pays-Bas
● Danemark
● Empire autrichien

L’urbanisation croissante due aux révolutions agricole et industrielle


accentue les tensions au sein des villes. Les paysans sont en colère parce
qu’ils n’ont pas leur mot à dire en matière de politique. Ils ne jouissent pas
des libertés individuelles, l’économie est défaillante, le tout sous la
surveillance de monarques indifférents. Ces facteurs inspirent les
révolutions européennes de 1848. Malgré la force de la marée
révolutionnaire en Europe, les révolutions échouent largement l’année
suivante et sont violemment réprimées.

En France, cette révolution entraîne la IIᵉ République, qui ne dure que


quatre ans. Elle signe néanmoins l’abdication du roi Louis-Philippe et la
véritable fin de la monarchie française.

7/ Première révolution industrielle

À la même époque, à partir du milieu du XVIIIᵉ siècle jusqu’au milieu du


XIXᵉ siècle, l’activité économique change elle aussi de nature : c’est la
première révolution industrielle. Elle se caractérise par le passage d’une
société agricole à une production de biens manufacturés, grâce à une
mécanisation croissante des usines.

La révolution industrielle trouve d’abord ses racines dans les améliorations


agricoles du début des années 1700. La rotation des cultures et l’invention
du semoir permettent d’augmenter la productivité et, par conséquent, les
revenus et la nourriture pour une population croissante. Ces changements
démographiques créent une main-d’œuvre pour les usines et un marché
pour les produits manufacturés.

Les pratiques artisanales n’arrivent pas à suivre la production brute de


laine, de coton et de lin, d’où la nécessité de développer des machines
pour produire plus de textiles de manière plus efficace. Au milieu des
années 1700, les progrès techniques, comme l’invention de la machine à
filer, du cadre à eau, des pièces interchangeables, de l’égreneuse à coton,
et l’organisation des usines entraînent une croissance industrielle rapide.

La révolution industrielle commence en Grande-Bretagne. Le climat


économique et politique et la richesse inhérente des ressources naturelles
donnent à la nation insulaire un avantage distinct sur les autres pour
s’adapter rapidement à ces changements industriels. La révolution
industrielle s’étend ensuite dans le monde entier, en particulier aux
États-Unis.
Image 4. Représentation de l’industrialisation aux États-Unis en 1857

L’industrialisation de la France est retardée par la Révolution française, les


guerres successives et l’éloignement des centres urbains propices à une
importante main-d’œuvre ouvrière.
L’Europe face aux révolutions - Points clés

● L’Europe de la fin du XVIIIᵉ et du début du XIXᵉ siècle connaît


différents mouvements révolutionnaires et des restaurations.
● La révolution scientifique inspire les Lumières, qui à leur tour
inspirent la Révolution française, elle-même source d’autres velléités
nationales.
● La Révolution française débutée en 1789 aboutit sur le régime de la
Terreur de 1792 à 1794, sous l’égide de Robespierre.
● Napoléon Bonaparte prend le pouvoir en 1799 et devient ensuite
Empereur des Français, établissant le Premier Empire en 1804.
● L’invasion par Bonaparte d’une partie de l’Europe est arrêtée par des
coalitions étrangères. La monarchie est restaurée en Europe par le
Congrès de Vienne en 1815.
● En 1848, le Printemps des peuples voit des soulèvements
nationalistes et indépendantistes en Europe. La IIᵉ République se
met en place jusqu’en 1852.
● La révolution industrielle entraîne le passage à une société de
production de biens manufacturés.

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