Vous êtes sur la page 1sur 5

Thème 1 : L’Europe face aux révolutions

Dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, un vent de changement souffle sur une Europe encore largement
dominée par des princes, monarques absolus, gouvernant leurs États sans partage.
En France, la monarchie absolue, de plus en plus critiquée et fragilisée, dirigée par Louis XVI est à bout de
souffle. En 1789, elle s’éteint avec la Révolution Française. Un nouvel ordre politique et social s’impose.
Les Français prennent la parole et passent de la condition de sujets à celle de citoyens.
La Révolution Française puis l’Empire inauguré en 1804 répandent les idées libérales et celle de nations à
travers l’Europe. Malgré la chute de l’Empire en 1815, ces idées continuent à progresser en Europe et
aboutissent aux Révolutions de 1848 baptisées le « Printemps des Peuples ».
Pourquoi la Révolution Française et l’Empire sont – ils à l’origine d’une rupture politique majeure en
France et en Europe ?

Chapitre 1 : La Révolution et l’Empire, une nouvelle conception de la nation.

I. Une nation unie et souveraine ? (1789-1792)


A – Les causes de la Révolution
Après la mort de Louis XIV ( 1715 ), les difficultés s’accumulent autour de la monarchie française.
1. Les causes lointaines
-la crise sociale
Une double inégalité : de naissance et de richesse
La population augmente et entraîne un manque de terre pour les paysans pauvres.

La bourgeoisie d’affaire ( grands marchands ) et la bourgeoisie à talent ( médecins, avocats... ) qui se sont beaucoup
enrichies, aspirent aux privilèges ( exemptions et emplois réservés dans l’armée et l’administration royale ) et au
pouvoir politique de la noblesse. Ils remettent en cause le principe de la monarchie absolue aux nom des idées des
Lumières

Les impôts sont très mal répartis. Les impôts directs ( taille, corvée... ) sont payés par les paysans. Clergé, noblesse et
villes en sont exemptés. Les impôts indirects ( gabelle sur le sel, aides sur le vin ) sont détournés par les fermiers
généraux ( = percepteurs privés ) . La petite noblesse des campagnes, dont les impôts entrent mal, impose au peuple des
impôts et corvées nouveaux.

-la crise politique de la monarchie absolue


Louis XV ( 1715-1774 ) est un roi intelligent mais qui se désintéresse de son métier de roi. Louis XVI ( 1774 - 1792 )
est un roi timide et influençable sans autorité.

L’absolutisme et la société d’Ancien régime sont remis en cause par les philosophes des Lumières. Leurs idées se
répandent par les salons et l’Encyclopédie
Rappel :
– John Locke : tolérance religieuse, stricte séparation entre le religieux et le politique
– Voltaire : Tolérance religieuse, la liberté
– Montesquieu : lutte contre l'absolutisme , "L'Esprit des lois" : la séparation des pouvoirs
– Diderot : la pensée critique , "L'Encyclopédie"
– Jean Jacques Rousseau : la souveraineté, la volonté générale , l’Egalité des hommes

-une crise financière


L’état connaît depuis longtemps de grandes difficultés d’argent ( guerre au Canada 1763, Guerre d’Amérique 1778-
1781 ).
La moitié des recettes sert à payer la dette. Les dépenses de la cour et des pensions déséquilibrent le budget de l’Etat.

Toutes les réformes de l’impôt échouent face à l’opposition des privilégiés.


Toutes ces raisons créent un grand mécontentement mais peu de révoltes. Mais, à partir de 1785, les difficultés
s’accumulent.
2. Les difficultés immédiates
-Une crise économique se développe
Le traité de 1783 ( Turgot ) assure la libre circulation des produits britanniques en France et entraîne la fermeture de
nombreuses industries textiles en France. Les années 1786 à 1788 sont de mauvaises années agricoles ( grêle,
sécheresse ... ) qui entraînent quelques famines et surtout une augmentation des prix et des tensions dans les villes

-La crise financière entraîne la crise politique finale.


Les difficultés de l’agriculture provoquent une baisse des recettes des impôts. Les finances de l’État sont au plus mal.
Le parlement de Paris exilé à Troyes organise la révolte des privilégiés (clergé, noblesse ) en s’appuyant sur le petit
peuple des villes. (Journée des Tuiles à Grenoble ). Ils réclament la convocation des États Généraux.

-La convocation des États Généraux


Louis XVI cède. Il rétablit les parlements, convoque les États Généraux pour résoudre la crise financière et rappelle
Necker un ministre populaire.
Dans chaque province, dans chaque paroisse, on rédige des cahiers de doléances. Chaque ordre est représenté par des
députés. Le roi a accepté le doublement du Tiers Etat.

B – L’année 1789 et ses conséquences


1. La triple révolution de 1789
• La révolte des députés
→ Exigence du Tiers-Etat de transformer les EG en Assemblée nationale
→ Refus de Louis XVI
→ Serment du Jeu de Paume : ( 20 juin ) obj : donner une constitution à la France
→ Le roi finit par accepter la réunion des EG ( 27 juin ) en une seule assemblée nationale et
le vote par tête
L’Assemblée est donc constituante : c’est la fin de la monarchie absolue Constitution : loi
fondamentale qui définit les grands principes politiques et les règles de fonctionnement d’un
Etat

• La révolte du peuple de Paris ( Juillet 1789 )


→ Causes :
– situation de famine et de tension sociale
– reprise en main par le roi ( renvoi de Necker, arrivée de troupes )
– Crainte de représailles et de massacre « une Saint-Barthélémy des patriotes »
→ Prise de Bastille ( 14 juillet 1789 ) ( Symbole de l’absolutisme royal et de l’arbitraire )
→ Louis XVI accepte l’autonomie de la ville de Paris ( Bailly maire ) et confirme les
réformes

• La révolte des campagnes ( Juillet 1789 )


→ Causes :
– Famine et accroissement du nombre de vagabonds
– Crainte d’une réaction de la noblesse
→ Attaque des châteaux nobles d’où la Grande Peur
→ Conséquences : Nuit du 4 août : abolition des privilèges = fin de l’Ancien Régime

Octobre 1789 : le roi et l’Assemblée ramenés à Paris sous le contrôle du peuple

2. La construction d’une France nouvelle


• De nouveaux principes
→ La Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen Liberté d’expression, de culte, égalité
devant la loi, droit de propriété,la souveraineté de la Nation
→ Monarchie constitutionnelle :
– exécutif au mains du roi,
– législatif aux mains de l’Assemblée
– juges élus Donc séparation des pouvoirs mais suffrage censitaire

• Une France remodelée


→ Suppression des impôts seigneuriaux,ecclésiastiques ( dîme) et taxes
→ Départements, districts et communes
→ Poids et mesures ( système métrique )
→ Nouvelle monnaie
• Une France laïque
→ Etat civil laïc
→ Constitution civile du clergé

II. Une nation déchirée et affaiblie ? (1792-1799)


A– Un compromis révolutionnaire impossible
La fête de la Fédération ( 14 juillet 1790 ) et le vote d’une nouvelle constitution semble marquer la
réconciliation entre le roi et les révolutionnaires

→ Mais le roi veut ( secrètement ) rétablir l’absolutisme.


– Veto du roi à de nombreuses réformes ( constitution civile du clergé )
– Fuite du roi et arrestation à Varennes ( juin 1791 ) d’où perte de confiance des
révolutionnaires
Les révolutionnaires se déchirent :
→ Les plus modérés ( les Feuillants ) rétablissent le roi et la constitution
→ les plus démocrates ( les Jacobins) veulent mettre le roi en accusation
→ En avril 1792, les Jacobins et le roi engagent la France dans la guerre ce qui accroît les tensions

Le 10 août 1792 : invasion des Tuileries par les sans-culottes exigeant la destitution du roi ; les
députés finissent par accepter
En septembre 92, une nouvelle assemblée, la Convention vote :
→ l’instauration de la République
→ la mise en accusation de Louis XVI

Louis XVI est condamné à mort pour des actes politiques


→ son opposition aux réformes « voulue par la Nation »
→ sa trahison ( fuite à Varennes )
→ sa violence présumée envers le peuple mais aussi pour des raisons de stratégie révolutionnaire ;
sa mort empêche tout compromis en France et avec les puissances étrangères

B– La République en danger et la Terreur


La Première République ( sept 1792 – mai 1804 ) connaît un déroulement heurté.

Elle doit d’abord faire face à de nombreux dangers.


→ Révoltes intérieures ( Vendée, Chouannerie en Bretagne…)
→ Assaut généralisé des monarchies européennes aux frontières.
→ forte désunion entre Républicains montagnards et girondins

Pour y répondre
→ la Patrie est déclarée en danger ( appel aux volontaires ( Gardes nationaux ) puis à tous les
citoyens )
→ un gouvernement d’exception est mis en place par les Montagnards

La Terreur ( juin 93 – juillet 94 ) est une période de gouvernement d’exception


– mis en place par la Convention nationale
– confié au Comité de salut public, mené par Danton, puis Robespierre
– chargé de mener la guerre par tous les moyens

Les mesures d’exception :


– les libertés individuelles sont suspendues.
– La loi des suspects permet d’arrêter toute personne soupçonnée d’être ennemie de la
Révolution, « les contre révolutionnaires »
– le tribunal révolutionnaire condamne rapidement, le plus souvent à mort sans garantir les
droits des accusés.

500 000 personnes sont emprisonnées, plusieurs dizaines de milliers exécutées


Au printemps 1794, grâce à la levée en masse, les ennemis intérieurs et extérieurs sont écrasés, la
Terreur ne semble plus nécessaire
Pourtant, la Terreur touche alors les députés montagnards eux-mêmes : Danton , puis les Hébertistes
sont éliminés
Robespierre fait de la terreur un moyen d’action politique contre ses adversaires. Enfin Robespierre
lui-même est arrêté en Juillet. 1794 ( Réaction Thermidorienne) Fin de la Terreur.

C. La nation fragilisée et instable : 1794-1799

La révolution cherche ensuite à se stabiliser : Les députés modérés mettent en place un nouveau
système républicain : le Directoire et le suffrage censitaire.

Mais la crise économique et la répétitions des élections chaque année en font un régime très instable
où les Directeurs se maintiennent au pouvoir grâce à l’armée ( qui prend de plus en plus d’influence )

III. Une nation stabilisée et pacifiée ? 1799-1815


A- La fin de la Révolution ?

→Un coup d’État républicain ? ,


– Les directeurs républicains Sieyès et Ducos veulent renverser le Directoire pour renforcer la
République par une constitution plus solide
– En novembre 1799, (Coup d’État du XVIII brumaire ) le général Bonaparte est appelé pour être le
bras armé de ce coup d’État.
– Le 18 brumaire an VIII, les assemblées sont contraintes à reconnaître la fin du Directoire

→Un pouvoir de plus en plus personnel


– Dans la nouvelle constitution, le Consulat, Bonaparte impose ses vues aux 2 autres consuls
– Il concentre le pouvoir exécutif et affaiblit un pouvoir législatif déjà divisé en 4 assemblées
– Ses décisions personnelles sont confirmées par des plébiscites,
– Il se fait prolonger consul à vie en 1802 , puis reconnaître empereur en 1804 ( c’est un retour à la
monarchie = fin de la 1ère République ) ,

→Un pouvoir dictatorial


– Le suffrage universel, rétabli, est un trompe-l’oeil, les élections n’ont aucun poids, les sénateurs, les
maires sont nommés et leurs décisions surveillées.
– Les opposants ( en particulier les Montagnards ) sont traqués et envoyés au bagne ou exilés
– La police secrète de Fouché surveille la population au moyen de milliers d’indicateurs
– La presse est limitée à 4 journaux nationaux et censurée
– La fidélité à l’Empereur est un devoir enseigné dans les lycées et le catéchisme impérial.

Malgré quelques complots ( Exécution du royaliste breton Cadoudal ) et attentats, le régime


napoléonien rétablit la stabilité politique et la paix intérieure.

B- – L’héritage révolutionnaire maintenu

Napoléon Ier dit « La Révolution est fixée aux principes qui l'ont commencée, elle est finie. »
Napoléon cherche à stabiliser davantage la Révolution
→ Il entreprend une réconciliation des Français
– avec les catholiques : signature d’un concordat avec le pape : le catholicisme =
religion privilégiée ( fin de la constitution civile du Clergé ) – aux royalistes :
possibilité de retour en France – aux républicains modérés : des sièges dans les
institutions impériales .

→ Il renforce la mainmise de l’État sur le pays au moyen d’une administration centralisée


– création des préfets

et d’un contrôle social accru par des institutions durables : les « masses de granits »
– Création de la légion d’honneur, des listes de notables ( où sont choisis les
dirigeants)
– Création d’une noblesse d’Empire
– Une éducation laïque uniformisée ( université impériale, lycée impérial,
baccalauréat … )
– Création de la banque de France et d’une nouvelle monnaie , le Franc Germinal
– Contrôle des ouvriers par le livret ouvrier aux mains des employeurs
C- Des conquêtes et des transformations en Europe

→La Révolution a doté la France d’une armée puissante


- une armée de plus en plus massive ( car plus forte population en Europe, levée en masse de
1793, service obligatoire 1798 , Grande Armée = 600 000 hommes )
- une armée moderne ( organisée par Lazare Carnot ), entraînée par les guerres à répétition et
idéologiquement motivée ( au départ 1792 : des révolutionnaires volontaires)
et promouvant des meneurs d’hommes efficaces : Marceau, Kléber, Murat
- donc , une armée rapidement victorieuse ( 1794 : la France n’est plus en danger )

→qui entraîne une expansion et une hégémonie de la France


- Une armée qui enchaîne les conquêtes sous les ordres des républicains puis de Napoléon
- et les occupations et annexions ( 1812 = France des 130 départements )
- et la création d’État vassaux ( Confédération du Rhin, République batave ( Pays-bas …) où
Napoléon place des fidèles ( Murat , roi de Naples) Joseph Bonaparte roi d’Espagne

→ce qui contribue à répandre les idées révolutionnaires en Europe


- imposition d’assemblées élues , du Code civil, abolition des privilèges, du servage, égalité
civile, laïcité.

→mais entraîne une opposition de plus en plus forte et organisée


- Une opposition organisée par l’Autriche et l’Angleterre en plusieurs coalitions successives
que les armées napoléoniennes défont - mais aussi une opposition populaire face aux rigueurs
de l’occupation napoléonienne : révoltes en Bavière, apparition de la guérilla en Espagne
( 1808 – 1814 ) ,
→ et la naissance d’un sentiment national chez les peuples d’Europe
- appel à l’unité de l’Allemagne ( Fichte : Discours à la Nation allemande )
- tableaux Dos et Très de Mayo de Francisco Goya

→l’opposition et la coalition des royautés aboutit à la chute de Napoléon


- Destruction de la Grande Armée pendant la campagne de Russie ( 1811 )
- Défaites napoléoniennes ( bataille de Nations à Leipzig en 1813 ) et invasion de la France
- d’où abdication et exil de Napoléon à l’île d’Elbe ( 1814 ) mais la Restauration des rois
capétiens ( Louis XVIII ) est impopulaire
- d’où tentative de retour au pouvoir de Napoléon ( Vol de l’Aigle ) et campagne militaire des
Cent Jours en avril-juin 1815
- Défaite définitive à Waterloo et détention de Napoléon à Ste-Hélène où il meurt en 1821

Conclusion :
La Révolution française : Une période de rupture qui s’étend sur 25 années

→ Rupture fondamentale en France :


- organisation administrative et politique remodelée.
- vie politique et la pensée politique bouleversée ( notion d’assemblée, droite / gauche … )
- organisation sociale refondée :
- Net recul de l’Église, et aussi de la Noblesse
- Egalité civile ,

→ Rupture en Europe :
- Déstabilisation ou disparition de certains états
- Développement des revendications de liberté , d’égalité
- Développement du sentiment national

Vous aimerez peut-être aussi