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RÉSUMÉ

De 1789 à 1814, la France subit de profonds


changements politiques. Avec la Révolution
française, l'État est repensé : on passe d'une
monarchie absolue à une monarchie
constitutionnelle, puis à une république. Le peuple
gouverne, même si en réalité ce sont les hommes
riches qui gouvernent. La Ire République est
instable, les révolutionnaires ne parviennent pas à
s'accorder sur la politique à mener. Finalement,
cette république est un échec et conduit Napoléon
Bonaparte au pouvoir. Il crée le Consulat, puis se
déclare empereur et fait de la France un empire qui
terrorise les pays voisins.
Comment, entre 1789 et 1814, la France traverse-t-
elle des transformations politiques majeures qui
redéNnissent l'État ?

I La Révolution française de
1789 à 1791 : une nouvelle
conception de la nation

A L'année 1789

1. De la convocation des États généraux


à la monarchie constitutionnelle
L'année 1789 est marquée par une série de dates
importantes. La convocation des États généraux en
mai permet aux membres du tiers état de faire
remonter leurs doléances. Comme ils sont déçus par
les débats, ils décident de proclamer une Assemblée
nationale le 17 juin. Le 20 juin, c'est le serment du
Jeu de paume, un moment symbolique durant lequel
les révolutionnaires promettent de se doter d'une
constitution. Le 9 juillet 1789, le roi Louis XVI cède :
la monarchie absolue devient monarchie
constitutionnelle.

Le 5 mai 1789, environ 1 200 députés sont réunis au


château de Versailles pour l'ouverture des États
généraux. Pendant un mois, rien ne se passe car les
États généraux sont paralysés par un désaccord sur
la procédure du vote. La monarchie, le clergé et la
noblesse souhaitent que la tradition du « vote par
ordre » soit maintenue : un ordre, une voix. À l'inverse,
les députés du tiers état réclament le « vote par tête »
: un député, une voix.

Le 17 juin 1789, les députés du tiers état tentent un


coup de force : ils se proclament « Assemblée
nationale ». Dans une déclaration, les députés
a^rment que puisqu'ils représentent 96 % de la
nation, ils ont le droit de voter seuls les réformes qui
s'imposent. Cet acte est révolutionnaire, il place la
souveraineté nationale au-dessus de la souveraineté
du monarque. Pour la première fois en France, la
nation, par l'intermédiaire de ses représentants élus,
s'impose comme un pouvoir politique indépendant et
supérieur au roi. Louis XVI contre-attaque par la
répression et la censure : il déclare la nouvelle
Assemblée nationale « illégale » et fait fermer la salle
des États généraux.

Le 20 juin 1789, les députés de l'Assemblée nationale,


rejoints par quelques députés progressistes de la
noblesse et du clergé, transgressent de nouveau
l'autorité royale en se réunissant dans la salle du Jeu
de paume. C'est un symbole fort : la nation existe
partout où ses représentants sont réunis,
indépendamment de la volonté du roi. C'est dans
cette salle que les députés prêtent le « serment du
Jeu de paume » par lequel ils se promettent de rester
unis pour rédiger une constitution déNnissant les
nouvelles règles du royaume.

Léopold Morice, Le Serment du Jeu de paume, haut-relief en


bronze du monument de la République, 1883
© Wikimedia Commons

Devant la détermination des députés du tiers état et


le nombre croissant de députés de la noblesse et du
clergé qui rejoignent l'Assemblée nationale, Louis XVI
cède. Le 9 juillet 1789, il accepte l'Assemblée
nationale. Les députés la rebaptisent « Assemblée
nationale constituante ». La monarchie absolue
n'existe plus et la transition vers une autre forme de
monarchie, la monarchie constitutionnelle,
commence.

2. De la prise de la Bastille aux grandes


journées de la Révolution
Le 14 juillet 1789, les révolutionnaires prennent la
Bastille, un événement symbolique qui reste
aujourd'hui dans les mémoires. Durant l'été 1789, la
Grande Peur s'installe : les seigneurs craignent pour
leur vie après l'attaque des paysans. Ces
événements conduisent, dans la nuit du 4 août 1789,
à l'abolition des privilèges. Les 5 et 6 octobre 1789,
ce sont les « grandes journées » de la Révolution : le
peuple prend le contrôle sur le roi de France.

Le 12 juillet 1789, les Parisiens apprennent que le roi


a renvoyé Necker, le ministre des Finances favorable
à l'Assemblée nationale. Au Palais-Royal, espace très
fréquenté, Camille Desmoulins annonce une attaque
imminente des troupes royales et appelle les
Parisiens à trouver des armes pour se protéger. Le 13
juillet 1789, la situation dégénère en insurrection : les
bourgeois de Paris annoncent qu'ils prennent le
contrôle de la ville et que, pour en défendre les
habitants, une armée de citoyens dirigée par le
marquis de La Fayette est créée sous le nom de «
Garde nationale ». La nation se consolide : elle a
désormais une Assemblée, une capitale et une
armée. Le 14 juillet 1789, le peuple est devant la
prison de la Bastille, qui est également un dépôt
d'armes et de poudre à canon. Le peuple exige qu'on
le laisse entrer pour s'y servir mais le gouverneur de
la Bastille refuse. La Bastille est prise par la force. La
révolution du peuple bascule dans la violence : la tête
coupée du gouverneur est promenée comme un
trophée. Cet événement a une forte portée
symbolique : le peuple parisien démontre à la
monarchie que la soif de liberté et d'égalité est plus
forte que la peur de mourir.

Prise de la Bastille, anonyme, entre 1789 et 1791


© Wikimedia Commons

3. La Déclaration des Droits de l'homme


et du citoyen
L'Assemblée vote la Déclaration des Droits de
l'homme et du citoyen le 26 août 1789. Ce texte
synthétique de 17 articles révolutionnaires énumère
les « droits naturels, inaliénables et sacrés de
l'homme » acquis grâce à la Révolution française.

La Déclaration des Droits de l'homme est aussi une


déclaration des devoirs du citoyen. En effet, les
députés déNnissent des « bornes » à la liberté qui ne
peut être totale. Les libertés d'opinion et d'expression
impliquent le devoir de ne pas en abuser aNn de ne
pas « troubler l'ordre public ». De même, tout citoyen a
le devoir d'obéir aux lois, sinon « il se rend coupable
de résistance ». L'égalité proclamée est une égalité
civile qui n'élimine pas les inégalités de richesse.

© Wikimedia Commons

B La naissance d'une monarchie


constitutionnelle
Depuis 1789, les débats à l'Assemblée nationale ont
notamment pour but de mettre en place une marche
constitutionnelle. Un an après la prise de la Bastille,
la fête de la Fédération a lieu, à laquelle le roi
participe. Le roi et le peuple semblent réconciliés. Le
3 septembre 1791, une constitution est adoptée :
c'est la naissance de la monarchie constitutionnelle.

Lors de la fête de Fédération, tous les acteurs de la


révolution de 1789 se réunissent sur le Champ-de-
Mars pour participer à une cérémonie. Le roi et sa
famille, les députés, la Garde nationale, le peuple de
Paris et de la province commémorent ensemble la
prise de la Bastille. Ils montrent leur unité et se
félicitent du travail accompli. Le roi fait le serment de
protéger l'Assemblée nationale et de respecter la
Constitution.

La fête de la Fédération, Charles Thévenin


© Wikimedia Commons

Le 3 septembre 1791, la première Constitution


française donne naissance à une monarchie
constitutionnelle. Dans ce régime politique, la
souveraineté nationale est permise par l'existence
d'une Assemblée législative élue qui a le pouvoir de
voter les lois, le budget et la guerre. Rebaptisé « roi
des Français », Louis XVI voit ses pouvoirs
considérablement limités.

La Constitution de 1791 a des


limites. Le droit de vote dépend
du niveau de richesse de
REMARQUE chaque citoyen. Seuls les
Français qui payent une
certaine somme d'impôt, le cens, peuvent voter.

C La fragilisation de la monarchie
constitutionnelle
Le nouveau régime ne fait pas l'unanimité. En effet,
si la majorité des Français soutiennent la monarchie
constitutionnelle, certains lui sont hostiles. Les
ennemis intérieurs, le roi et les contre-
révolutionnaires (notamment ceux attachés à la
religion) font tout pour affaiblir et renverser la
monarchie constitutionnelle. Le roi tente de fuir,
mais il est arrêté par les révolutionnaires, ce qui crée
des tensions entre les révolutionnaires. Les ennemis
extérieurs, notamment les monarques des pays
voisins, fragilisent également la nouvelle monarchie
en menaçant d'attaquer s'il arrive quelque chose à
Louis XVI.

Louis XVI reste hostile à la révolution. Il use et abuse


du droit que la Constitution lui a donné de s'opposer
aux lois votées par l'Assemblée législative : c'est son
droit de veto. Cette stratégie d'obstruction du roi est
soutenue par les contre-révolutionnaires :

des nobles qui n'acceptent pas l'abolition de leurs


privilèges ;
les Français les plus attachés à la religion
catholique qui considèrent que la Révolution est
allée trop loin contre la religion.
La question religieuse fragilise en effet la monarchie
constitutionnelle. En avril 1791, le pape Pie VI
condamne la Constitution civile du clergé,
encourageant de nombreux prêtres réfractaires à
refuser de prêter serment.

Dans la nuit du 20 au 21 juin 1791, le roi et sa famille


déguisés quittent le palais des Tuileries. Reconnu,
Louis XVI est arrêté à Varennes. Le 25 juin 1791, il est
ramené à Paris entouré par les soldats de la Garde
nationale, comme un prisonnier. La fuite du roi
entraîne des tensions au sein de l'Assemblée
législative : les députés se divisent au sujet de l'avenir
de la monarchie constitutionnelle :

À droite, les députés « modérés » comme Barnave


souhaitent maintenir le roi.
À gauche, les députés « radicaux » comme Brissot
et Robespierre souhaitent fonder un régime sans
roi, c'est-à-dire une République.
Le 17 juillet 1791, des manifestants parisiens se
rendent sur le Champ-de-Mars pour déposer sur
l'autel de la patrie une pétition réclamant la
proclamation de la république et le suffrage universel
mais La Fayette ordonne à la Garde nationale de tirer
sur la foule. Pour la première fois, des
révolutionnaires tirent sur d'autres révolutionnaires.
Cet événement démontre les désaccords entre
révolutionnaires : alors que certains veulent stopper
la révolution, d'autres veulent la poursuivre.

La monarchie constitutionnelle est aussi confrontée à


des ennemis extérieurs. Beaucoup de nobles français
ont émigré au début de la révolution. Réfugiés dans
les monarchies voisines comme l'Autriche et la
Prusse, ils organisent la contre-révolution. Ils
reçoivent l'aide des monarques européens qui voient
d'un mauvais œil les événements français. En effet,
ils craignent une contagion révolutionnaire en Europe
et s'inquiètent du sort réservé à Louis XVI après son
arrestation. D'ailleurs, dans une déclaration adressée
aux Français en août 1791, l'empereur d'Autriche et le
roi de Prusse avertissent qu'ils sont prêts « à agir
promptement et avec les forces nécessaires » si
l'intégrité physique de Louis XVI est mise en péril. À
l'été 1791, la France est donc menacée d'invasion.

IILa Ire République de 1792 à


1799

A La proclamation de la république

1. La patrie en danger
Une question divise l'Assemblée : « Faut-il déclarer la
guerre à l'Autriche ? » Le roi y est favorable : il espère
la défaite des armées révolutionnaires qui faciliterait
le rétablissement de l'absolutisme. Les députés sont
divisés. Finalement, la France déclare la guerre à
l'Autriche le 20 avril 1792, mais elle est battue. Le 11
juillet 1792, l'Assemblée législative décide de réagir
par un décret qui proclame « la patrie en danger » :
tous les citoyens sont encouragés à défendre la
France.

Si le roi veut la guerre, les députés de l'Assemblée,


eux, sont partagés :

À droite, les députés « modérés » pensent qu'une


guerre victorieuse pourrait consolider les acquis de
la révolution et même assurer leur diffusion dans
toute l'Europe.
À gauche, les députés « radicaux » craignent que la
guerre fragilise la révolution par son coût Nnancier
et humain.
La France déclare la guerre à l'Autriche le 20 avril
1792. Peu nombreuse, mal équipée et désorganisée,
l'armée française est rapidement mise en échec. Les
troupes étrangères envahissent le Nord-Est et la
capitale parisienne est menacée.

Le 11 juillet 1792, l'Assemblée législative décide de


réagir par un décret qui proclame « la patrie en
danger ». Concrètement, il s'agit d'une sorte d'état
d'urgence qui fait de la défense du territoire l'objectif
prioritaire. Tous les citoyens sont appelés à s'engager
volontairement dans l'armée. Les Gardes nationaux et
les troupes de volontaires vont vers Paris.

Parmi les troupes volontaires,


on trouve les volontaires
marseillais qui popularisent «
REMARQUE le chant de guerre pour l'armée
du Rhin », surnommé La
Marseillaise. Ce chant a été composé à
Strasbourg par l'o^cier Rouget de Lisle le 26
avril 1792.

2. Un climat d'insurrection : la prise des


Tuileries
Dans Paris, le climat tourne bientôt à l'insurrection.
Le peuple se méje de Louis XVI et de Marie-
Antoinette. Pour les révolutionnaires parisiens les
plus radicaux, surnommés les « sans-culottes », le «
roi des Français » complote contre la nation et
organise la contre-révolution depuis son palais des
Tuileries. Ils décident alors d'assiéger ce palais.
Louis XVI est destitué : il n'est plus roi.

Le 1er août 1792, les Parisiens ont connaissance du «


manifeste de Brunswick ». Dans ce texte, écrit par un
noble émigré à la demande de Marie-Antoinette le 25
juillet 1792, les monarques européens menacent de
détruire Paris si Louis XVI n'est pas rapidement rétabli
dans ses fonctions de monarque absolu de droit
divin. En réaction, le peuple réalise un nouveau coup
de force le 10 août 1792 avec la prise des Tuileries,
où vit la famille royale.

Le 10 août 1792, avec l'aide des Gardes nationaux


dont fait partie le jeune o^cier Napoléon Bonaparte,
les sans-culottes assiègent les Tuileries défendues
par les Gardes suisses qui sont massacrés. La famille
royale se réfugie dans l'Assemblée législative. Sous la
pression des sans-culottes qui l'envahissent, les
députés votent la suspension du roi. Le 13 août, la
famille royale est incarcérée à la prison du Temple où
Louis XVI est rebaptisé « Louis le dernier ». La nation
se sépare du roi.

Les sans-culottes parisiens


Domaine public, © Wikimedia Commons

3. Une nouvelle assemblée et la


proclamation de la république
Une nouvelle Assemblée nationale constituante est
élue. Cette nouvelle Assemblée prend le nom de «
Convention nationale ». Deux groupes de députés
s'opposent, les Girondins et les Montagnards. Grâce
à la victoire des Français à Valmy en 1792, la
révolution retrouve un nouveau souke. La Ire
République est olciellement proclamée le 22
septembre 1792, Louis XVI est exécuté en 1793.

Sur les bancs de droite, les députés Girondins ont


pour chef de Nle Brissot. Révolutionnaires modérés,
ils souhaitent conserver le suffrage censitaire car
ils se méNent de la violence des sans-culottes.
Soucieux de maintenir l'ordre, ils veulent avant tout
respecter les lois et protéger les libertés.
En haut des bancs de gauche, les députés
Montagnards sont dirigés par Danton, Marat et
Robespierre. Révolutionnaires radicaux, ils
souhaitent l'adoption du suffrage universel car ils
sont soutenus par les sans-culottes. Ils veulent
avant tout établir l'égalité politique et sociale, quitte
à limiter les libertés.

Le 20 septembre 1792, la France remporte la victoire


de Valmy. Stoppées à 200 kilomètres de Paris, les
armées étrangères et les nobles émigrés se replient.
À Paris, cette victoire crée un climat d'euphorie qui
débouche sur le vote de deux décisions majeures par
la Convention :

l'abolition de la royauté, votée à l'unanimité le 21


septembre 1792 ;
la proclamation d'un nouveau régime politique, la
république, le 22 septembre 1792 : c'est « l'An I de
la république ».
Un procès est organisé contre Louis XVI. Il est accusé
de 33 crimes dont celui « d'avoir trahi la nation et
d'avoir fait couler le sang des Français ». Après trois
mois d'enquête et deux semaines de jugement, le
verdict tombe le 15 janvier 1793 : Louis XVI est
déclaré coupable de « conspiration contre la liberté
publique et d'attentats contre la sûreté de l'État ».
Condamné à mort, il est guillotiné le 21 janvier 1793
sur la place de la Révolution et sa tête est montrée au
public venu nombreux.

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