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THÈME I : L’EUROPE FACE AUX

RÉVOLUTIONS

Chapitre n°1 : La Révolution française : une nouvelle


conception de la nation

Introduction :

• 2 révolutions dites « atlantiques » :


• En Angleterre (XVIIe siècle) => avènement du parlementarisme face au roi

• Aux États-Unis (1776-1783), indépendance => « No taxation without representation »

• En France :
• Société d’ordres sous forme de de pyramide
- Noblesse (2% de la population) ; rôle = combattre
- Clergé (1% de la population) ; rôle = prier
- Tiers état (97% de la population / 85% ruraux - 15% citadins) ; rôle = travailler

PB : Comment construire un nouvel ordre politique et social auquel la population adhérerait, et gérer
les tensions qui peuvent en découler ?

I. Avant 1789
A/ Une monarchie fragile et incapable de se réformer

• Crise économique : hivers rigoureux entrainent de mauvaises récoltes 1786/1789 => hausse des
prix des aliments

• Disettes, impôts intolérables pour le peuple

• Des émeutes éclatent : Paris, avril 1789, le patron Réveillon parle de diminuer les salaires

• La misère qui se répand entretient ainsi le risque de révolution.

• Crise politique : soutien de la guerre d’indépendance des États-Unis + mauvaise gestion = déficit
de 117 millions de livres en 1788

• Nécessité d’augmenter les impôts y compris pour les privilégiés


• Opposition de la noblesse et du clergé : le royaume est paralysé
• Ministres de la justice inefficaces : Loménie de Brienne, Calonne, Necker

En 1789, la monarchie française est dans une situation de blocage : l’État est ruiné et ne parvient
pas à se réformer, ce qui est problématique dans un contexte où, du fait de la cherté des denrées
alimentaires, les populations sont de plus en plus hostiles aux privilèges. La situation apparaît
particulièrement éruptive.

B/ Un contexte intellectuel favorable à la remise en cause de l’absolutisme et de la société


d’ordres

Au XVIIIe siècle, les privilèges de la noblesse et du clergé apparaissent comme étant de plus en
plus anachroniques. La bourgeoisie émerge au sein du tiers état et obtient un rôle économique et
social très important qui la pousse à contester les privilèges. Il s’y développent des idées invitant à
repenser l’ordre social.

PB : En quoi le contexte intellectuel de la fin du XVIIIe siècle encourage une remise en cause de la
monarchie absolue ?

Les philosophes des Lumières remettent en cause l’idée du droit divin ainsi que l’influence de
l’Église. Ils diffusent leurs idées dans des salons, des cafés et dans des loges maçonniques et
permettent l’émergence d’une opinion publique notamment au sein de la bourgeoisie.

II. 1789-1792 : l’échec de la monarchie constitutionnelle


A/ Le moment 1789 et la proclamation de nouveaux principes

Les tensions accumulées depuis le début du règne de Louis XVI explosent en 1789, c’est la
Révolution française.

PB : En quoi les principes proclamés par les révolutionnaires marquent-ils une rupture avec la
monarchie absolue ?





• États généraux à Versailles en mai 1789


• Cahiers de doléances rédigés par les paysans dans les villages pour exposer leurs revendications
• Opposition noblesse et clergé VS tiers-état : vote par ordre VS vote par tête
• Le tiers-état fait sécession et se proclame Assemblée nationale le 17 juin 1789
• Serment du Jeu de Paume le 20 juin 1789 : veut donner une constitution à la France et transfère la
souveraineté du roi au peuple

• 9 juillet 1789 : formation de l’Assemblée constitutionnelle, renvoi de Necker


• Prise de la Bastille le 14 juillet 1789
• Grande Peur dans les campagnes : révolte des paysans contre les nobles
• Abolition des privilèges dans la nuit du 4 août 1789
• 26 août : Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen
• Fin août : reconnaissance du principe de souveraineté nationale, fin de l’Ancien régime

B/ La monarchie constitutionnelle : une tentative pour fixer un cadre à la Révolution

Initialement, les députés de la Constituante ne pensent pas à établir une république. Ils
souhaitent encadrer le pouvoir du roi et construire une monarchie constitutionnelle comme au
Royaume-Uni.

PB : En quoi la mise en place d’une monarchie constitutionnelle doit-elle permettre de concilier les
positions des révolutionnaires les plus ardents avec celles des partisans de la stabilité ?

• Automne 1789 : pas d’amélioration de la situation économique + poursuite de l’agitation


révolutionnaire

• 5 octobre 1789 : les femmes marchent sur Versailles et forcent le roi à s’installer aux Tuileries
• Juin 1791 : Fuite de Varennes = Louis XVI fuit la Révolution mais est reconnu dans une auberge
avant d’être ramené à Paris => perte de confiance en la monarchie

• Législative (octobre 1791 - septembre 1792) : Nouvelle assemblée qui partage le pouvoir avec le
roi

• Opposition bourgeois/sans-culottes qui demandent des mesures démocratiques et l'instauration


d’une République

• 3 pouvoirs selon la Constitution de 1791 :


• Exécutif , détenu par le roi (droit de véto) et ses ministres = applique les lois

• Législatif, détenu par l’Assemblée Législative = crée et vote les lois

• Judiciaire, détenu par les tribunaux (juges et jurés) = surveille le respect des lois

• 4,3 millions de citoyens actifs contre 23,7 millions de citoyens passifs


• Craignant des mesures de redistribution des richesses, les bourgeois tiennent les plus modestes à
l’écart

C/ Une société française divisée face à la Révolution

Si les révolutionnaires ne cessent de célébrer l’unité retrouvée de la nation comme lors de la Fête
de la Fédération le 14 juillet 1790, la France reste profondément divisée.

PB : Qui sont les français qui s’opposent à la Révolution ?

• Lois révolutionnaires controversées :


• Abolition des privilèges => émigration de la noblesse qui essaye de rétablir la monarchie depuis
l’étranger

• Mise en circulations des assignats => aggravation de la crise financière + augmentation des prix

• Politique religieuse :
- Nationalisation des biens du clergé dès octobre 1789 et vente dès septembre 1790 pour
rembourser la dette

- Constitution Civile du Clergé le 12 juillet 1790 => opposition prêtres réfractaires/


constitutionnalistes

• Contre-révolution : révoltes fédéralistes et guerre civile de Vendée en 1793

En 1792, la Révolution fait face à trois dangers :

• Ennemi intérieur (contre-révolution)

• Ennemi extérieur (monarques européens désireux de rétablir l’Ancien Régime)




• Divisions entre les révolutionnaires (sans-culottes/bourgeois)

Tous ces camps se retrouvent dans la nécessité de faire la guerre :

• Le roi et ses soutiens imaginent qu’un retour de la royauté est possible


• 20 avril 1792 : déclaration de guerre à l’Autriche => début des guerres révolutionnaires qui
dureront jusqu’en 1815.

III. 1792-1799 : la Première République

A/ Une révolution qui s’emballe

Pour affronter les difficultés de la guerre, les révolutionnaires se radicalisent. Le 10 août 1792,
les sans-culottes prennent le château des Tuileries et emprisonnent le roi. Le 21 septembre, les
députés abolissent la monarchie et proclament la République. Une nouvelle assemblée, la
Convention est élue. La première question posée est celle de l’avenir du roi.

PB : En quoi le procès de Louis XVI illustre-t-il la radicalisation de la Révolution ?

• La Convention est divisée en 3 partis :


• Les Girondins = 20% ; contre la mort du roi

• Les Montagnards = 30% ; pour la mort du roi

• La Plaine = 50% ; indécis

• Certains Girondins passent Montagnards => mort du roi le 21 janvier 1793


• Après la mort de Louis XVI : les Montagnards prennent le pouvoir
• Comité de Salut Public autour de Robespierre => politique de Terreur (septembre 1793 - juillet
1794)

• 2 aspects de la Terreur :
• Politique = répression des opposants + 500 000 prisonniers, 100 000 exécutés

• Sociale = mesures de redistribution des richesses + école obligatoire

• Les Français sont traumatisés et pensent que Robespierre voudrait établir une dictature : il est
renversé par les membres du Comité de Salut Public lors du coup d’État du IX Thermidor en
juillet 1794


B/ Les femmes dans la Révolution

Les hommes ne sont pas les seuls à faire la Révolution, les femmes y jouent même un rôle actif,
notamment en 1789 lorsqu’elles ramènent le roi à Paris le 5 octobre. Pourtant, si elles obtiennent
certains droits (divorce en 1792), elles sont résolument mises à l’écart de la scène politique.

PB : Pourquoi les femmes, pourtant bien présentes en 1789, sont peu à peu écartées des dynamiques
révolutionnaires ?

1. Les femmes, des actrices à part entière de la Révolution

• Spectatrices des débats lors des États généraux


• Membres de clubs en province, 1er club parisien à accepter les femmes en 1791
• Les Cordeliers et les Jacobins restent exclusivement masculins
• Certaines femmes assistent aux délibérations = les tricoteuses
• Club de tricoteuses des Citoyennes Républicaines Révolutionnaires créé le 10 mai 1793
• Chute de la Gironde entre le 31 mai et le 2 juin 1793, attroupements féminins autour de la
guillotine

• Stéréotypes et mythologies féminines

2. La place des femmes, au coeur d’une querelle juridique

• Femme<Homme, justification naturaliste selon les hommes des Lumières : « il crée, elle procrée »
(Y. Ripa)

• Constitution de 1791 : femmes = citoyennes passives


• Condorcet, défenseur de la cause des femmes :
• Les femmes doivent être élisantes et éligibles

• Vision biologique absurde

• Universalisme de la Révolution ≠ Restrictions liées aux citoyennes passives

• Olympe de Gouges, militante féministe proche des Girondins, autrice de la Déclaration des Droits
de la Femme et de la Citoyenne, guillotinée en novembre 1793

• Répression de la sans-culotterie des femmes à partir de 1794-1795


• Automne 1793 : décret Amar => clubs féminins interdits
• Journées de Thermidor (juillet 1794) : répression sévère des « tricoteuses de Robespierre »
• Mise à l’écart totale des femmes par la Convention le 20 mai 1795

C/ Une République universaliste… et guerrière

De 1792 à 1815, la France est en guerre de manière quasiment continue avec les autres pays
européens. Elle en vient à dominer une partie importante de l’Europe continentale, et diffuse ainsi
les idées révolutionnaires.

PB : Comment la France exporte-t-elle les idées de la Révolution par-delà ses frontières ?

• La France est en difficulté face aux armées coalisées


• Danton proclame la Patrie en Danger en 1791
• Septembre 1792 : Victoire de Valmy = sauvetage de la Révolution
• Levée en masse de 300 000 soldats pour repousser les ennemis
• Loi Jourdan, 1798 : conscription obligatoire pour tous les hommes entre 20 et 25 ans
• Les guerres mènent à des victoires françaises :
• Campagnes d’Italie contre les Autrichiens (1796-1799) => le général Napoléon Bonaparte
s’illustre lors de batailles comme celle du Pont d’Arcole

• Mise en place de républiques soeurs

IV. 1799-1815 : le Consulat et le Premier Empire : une réponse autoritaire


aux contradictions de la Révolution

A/ De Bonaparte à Napoléon : une dérive autoritaire

Après la chute de Robespierre, on assiste à une réaction bourgeoise. Un nouveau régime, le


Directoire, voit le jour. Plus modéré, il cherche une voie médiane entre le retour à l'Ancien régime et
les excès de la révolution. C'est toutefois un régime fragile, renversé lors du coup d'État du 18


brumaire (novembre 1799) mené par Napoléon Bonaparte. Celui-ci met en place un régime
personnel qui prétend « achever la révolution ».

PB : Pourquoi la révolution française, porteuse d'un projet émancipateur, entraîne-t-elle finalement


l’affirmation d'un pouvoir autoritaire ?

• Napoléon fait un coup d’État en 1799 => instauration du Consulat, Napoléon devient Premier
consul

• D’abord consul pour 10 ans en 1799 puis à vie en 1802


• Sacré empereur en 1804 à Notre-Dame de Paris => accentuation de l’autoritarisme
• Réformes votées par plébiscite (= référendum)
• Opposants muselés par le préfet de police de Fouché
• Paix d’Amiens en 1803 = popularité relative de Napoléon
• Émergence d’une noblesse d’Empire, hauts placés de l’État
• Grande armée : victoires militaires, Austerlitz, Iéna, Wagram => légitimation de Napoléon
• Résistance de l’Angleterre : Aboukir (1799), Trafalgar (1805) + financement de la résistance
européenne

• Inefficacité politique : placement des membres de la famille Bonaparte sur les trônes d’Europe
(ex : Joseph en Espagne en 1808)

• Emballement de Napoléon dans la guerre => Campagne de Russie en 1812, défaite de Leipzig en
1813

• Abdication à Fontainebleau, puis exilé sur l’île d’Elbe


• Retour au pouvoir de Napoléon après les Cent Jours
• Exil jusqu’à sa mort en 1821 à Sainte-Hélène après la défaite de Waterloo en 1815
On peut retenir deux choses du parcours de Napoléon : la guerre est nécessaire à la légitimité
impériale mais conduit à sa perte. Aussi, en diffusant la Révolution et ses idéaux, notamment l'idée
nationale, la France sapait les bases même de l'Empire qu'elle était en train d'essayer de construire.

B/ Napoléon Bonaparte : héritier ou fossoyeur de la Révolution ?

Le consul Bonaparte et l'empereur Napoléon cherchent à effectuer un tri dans l'héritage


révolutionnaire et à fournir des assises solides au nouveau régime. Un nombre important des


institutions mises en place par Napoléon existent encore aujourd'hui : on parle de « masses de
granit ».

PB : Comment Napoléon, en mettant en place de nouvelles institutions, effectue-t-il un tri dans


l'héritage révolutionnaire ?

Les masses de granit

• Croissance économique :
• Banque de France, 1800

• Franc germinal, 1803

• Nouvelles élites :
• Lycées, 1802

• Légion d’honneur, 1802

• Universités, 1808

• Baccalauréat, 1808

• Centralisation du pouvoir :
• Conseil d’État, 1799

• Préfets, 1800

• Cour des comptes, 1807

• Acquis de la Révolution :
• Code civil, 1804

• Code pénal, 1810

• Réconciliation nationale :
• Concordat, 1801

Conclusion :

Napoléon reprend un certain nombre d'héritages révolutionnaires : la volonté de construire une


nation, l'insistance sur la propriété, le droit de vote, la reprise des positions bourgeoises et
conservatrices (défavorables aux sans-culottes, aux femmes et aux ouvriers). Il arrête la Révolution
en faisant un tri.

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