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Une chose est certaine : la dénonciation par Smith du bullionisme mercantiliste a mis le feu
aux poudre. Et la relégation du mercantilisme à des croyances à de simples relations de
pouvoir, sans relation avec une quelconque science économique a conduit à diviser les
économistes eux-mêmes.
Notre « flash back » vise donc à identifier la composante libre échangiste ou libérale dans
l’évolution du mercantilisme, voire de dégager un préclassicisme. Pour cela, nous disposons
d’un ensemble de réhabilitation du mercantilisme dont au moins 3 sont essentielles : celles
de Marx, celle Keynes et celle de l’EHA (Ecole Historique Allemande) et leurs disciples
historiens anglais : Cunningham et Ashley.
Ces franches réhabilitations s’opposent aux relégations (issues d’ »opinions partagées »)
dont il nous faut d’abord exposer la teneur.
Quittant cet univers des controverses, il nous sera alors possible de mettre en évidence
quelques thèses économiques mercantilistes majeures « pré-classiques » (ou tout
simplement modernes).
Introduction
1. 4 vérités
C’est aux physiocrates et aux classiques que l’on doit la dénomination, la défense du
libéralisme économie au XVIIIe a conduit ces auteurs à discréditer cette pensée ancienne
appelée :
‣ « système de commerçants » (Quesnay)
‣ « Système mercantile » (Mirabeau)
‣ « Mercantile system » (Smith)
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Le point de vue dominant sur le mercantilisme anglais est celui de Heckscher et Viner.
Heckscher : « Mercantilism ».
Viner « Studies in the theory of international Trade »
A) Viner
Viner ne souscrit pas totalement à la thèse de Smith. Pour lui, des « idées justes »
expliquent pourquoi les mercantilistes plaidaient pour acquérir « tant d’or ». On peut
résumer ses idées justes :
1. Couvrir les dépenses publiques
2. Épargner et non consommer la richesse
3. Investir en capital en dépensant la monnaie
4. Assimiler le budget du Royaume au budget privé pour le distinguer
5. Considérer que la quantité de monnaie a une incidence sur le niveau des prix
6. Le développement du commerce ne peut être réalisé sans la croissance de la quantité de
monnaie
7. C’est l’abondance ou la rareté de la monnaie qui détermine sa valeur : le quantitavisme
monétaire (TQM)
8. L’appréciation du rôle de la monnaie sur le commerce n’est pas indépendante de celle
que l’on porte sur les autres usages.
L’évènement théorique majeur est pour lui la découverte en 1756 par Hume du mécanisme
appelé SRMSD ou PSFM. Avec ce mécanisme, seul serait viable le libre échange, car le
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SRMSD signifie que la fixation sur la variation su stock d’or est illusoire. L’équilibre de la
balance est est en fait atteint mécaniquement par le simple jeu de l’échange.
B) Heckscher
Il écrit en pleine crise économique (1930’s). Il met en valeur le mercantilisme. Mais ce n’est
qu’une hommage car il a peu d’estime pour les thèses économiques des mercantilistes,
dans lesquels il ne voit pas l’ombre d’une science.
Il juge donc le mercantilisme de ce point de vue et expose à côté de quelques choix justes,
surtout des limites et une insuffisance des résultats.
Il n’est pas surprenant qu’il conçoive les luttes commerciales comme un « drame du
mercantilisme ». Celui-ci étant guidé, dit-il par « une théorie statique des ressources
économiques globales du monde ». Il y aurait donc eu selon lui une victoire du
libéralisme élu point de vue économique et humaine ».
On notera finalement que pour lui le facteur historique est secondaire. Il ignore les liens
entre les intérêts des groupes sociaux d’un côté et le bouleversement économique des
17-18e, qui a vu la bourgeoise et le parlementarisme s’imposer face aux institutions
monarchiques. Son oeuvre restait à approfondir et a été remise en question.
De toutes parts ont fusé des réactions à Smith, Viner, Heckscher et à d’autres. Nous nous
limiterons ici à celle qui visent la réhabilitation des fondements théoriques du
mercantilisme.
Il importe d’abord d’exposer ce que l’on doit entendre par balance des paiements.
Les mercantilismes ne l’ont pas défini dès l’origine de manière cohérente mais très vite ils
ont conçu la forme moderne de la BP.
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Elle permet d’évaluer la variation des réserves VR et son solde (positif ou négatif) à la fin
de la période.
Dans le tableau, le solde de la balance est négative. Donc la variation des réserves est au
crédit.
Il est toujours égal et de signe opposé au solde de la balance courante. On lit en effet ci-
dessus que Em - Am + Vr ≡ X - I = - 140£.
Donc le financement net : Em - Am + Vr ≡ -(X - I) = - (-140) : 140£
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Une idée principale est remise en cause par les défenseurs du mercantilisme : celle de la
confusion par les auteurs mercantilistes entre monnaie et capital. C’est-à-dire entre le
moyen de transaction et les moyens de production. Il leur aurait été alors impossible de
concevoir un autre mode d’accumulation de la richesse, que celui du commerce entre
nations antagoniques.
La rectification de ce jugement erroné a été faite de manière différente par Marx puis
Keynes.
Principal : Ces auteurs contestent le fait que les mercantilistes auraient confondu monnaie
et capital.
• Marx
Il distingue 2 cycles historiques :
1. Cycle du capital commercial : A-M-A’
On dispose d’une masse d’argent A, on achète une marchandise de sorte qu’en la revendant
il s’en dégage un excédent : la plus value.
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C’est sur cette base qu’il réhabilite le mercantilisme. Il dit que les mercantilistes ont bien
perdu l’importance du capital commercial.
Pour Marx, il y a interpénétration dans les 2 cycles :
Dans le 1 : investissement des profits commerciaux dans la manufactures
Dans le 2 : vente sur le marché mondial des produits nationaux
La position de Marx n’est pas qu’une simple réhabilitation, c’est une célébration.
Marx ira jusqu’à dire que les mercantilistes étaient plus « lucides » que ne le seront les
classiques, quant aux ressorts et aux fins de l’activité économique capitaliste.
Keynes est le seul grand économiste moderne à avoir consacré dans son oeuvre (TGEIM :
théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie) un chapitre consacré au
mercantilisme (à part Smith).
Il connait le mercantilisme par la lecture d’Hecksher mais il se détache de ce dernier en
accordant plus de sympathie au mercantilisme. Il entreprend donc sa réhabilitation.
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Keynes dit que les mercantilistes étaient ceux qui faisaient l’éloge de la dépense et
défendaient le luxe. Ce qui a été reproché par beaucoup d’auteurs.
Mais pour Keynes, ceci n’est rien d’autres que la hausse de la consommation et donc du
niveau général de l’emploi.
Il aurait été impossible à leur époque de diminuer le taux d’intérêt qu’en recherchant une
balance commerciale positive.
• L’EHA
Voir C)
L’école historique allemande apparait dans les années 1840. On y retrouve Hildebrand,
unies et surtout Roscher.
On associe à leur travaux ceux des défenseurs du Zollverein (barrières douanières
allemandes), ceci a été développé par List, Von Keyking et Schmoller.
Cette orientation nationaliste est partagée par l’Ecole d’historien anglais du XIXe, Ashley et
Cunnigham (historiens du développement et de la croissance industrielle anglaise) et leur
disciple.
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On admet que cette découverte fut celle de Hume : « Of the balance of trade » (1752). En
fait, la découverte fut antérieure et réalisée par les mercantilistes.
PSFM de Hume
Hume dit : supposons que dans le royaume on ait une baisse de 80% de la quantité de
monnaie.
La quantité de monnaie de monnaie diminue et devient M1, cette baisse de monnaie se
traduit sur le graphique a droite par une hausse des exportations.
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Le SRMSD est donc un mécanisme autorégulateur, par le biais des prix internationaux, des
entrées et sorties de métaux. Il rend illusoire la recherche d’un solde positif de la BC.
Ce sont les mercantilistes qui ont dénoncé l’ »Auri scara famens » (soif exécrable de l’or) et
qui ont élaboré la TQM.
On peut penser que l’exposé mercantiliste décisif du SRMSD a été en 1734 celui de
Vanderlint (on aura un chapitre dédié à son oeuvre « MALT ».
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Les 2 solutions sont : le SRMSD « réel » (emploi et trade) de Locke est en rouge, tandis
que sa TQM lui permettait d’adopter la voie de l’ajustement monétaire M et P (automatique
en bleu)
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Pour un revenu national réel donné, il existe un niveau d’équilibre donné entre la
production et la consommation.
L’hypothèse d’un excès de revenu : la consommation excède la production, cela augmente
les importations et baisse les exportations. De ce fait, on assiste à une inversion du solde de
la balance qui va alors retourner à l’équilibre. L’excès de revenu sera donc résorbé.
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- Cela se traduit par une baisse de la valeur de la monnaie. Un excès de crédit par rapport
à la norme internationale se traduit logiquement par un retour à l’équilibre.
- Consommation qui s’accroit : les exportations diminuent
L’objectif de la balance favorable contient celui du plein emploi ainsi que l’a démontré
Keynes.
Que l’on partage ou non l’opinion de Keynes, il est incontestable que le plein emploi était
le leitmotiv des mercantilistes.
L’argument de l’emploi est l’un des arguments du « protectionnisme ». Il consiste à
défendre les exportations, non en valeur, mais en quantités de travail national qu’elles
représentent.
« Plus les exportations sont importantes, plus le niveau de l’emploi anglais est élevé ».
Dès le 16e (Starkey - 1530) et surtout au 17e (Hales, Malynes, Misselden, Petty, Sheridan,
Bannister) défendent ce point de vue.
Nicolas Barron s’est particulièrement distingué sur ce sujet. À la fin du 17e, il inaugure
l’analyse de la balance comme balance of labor ou employment.
Il propose une mesure des gains sous une forme libérale ou favorable au libre échange
mais évalués en travail. Deux schémas permettent de résumer sa conception.
a)
Les importations aussi peuvent favoriser l’emploi anglais mais pas n’importe lesquelles.
« Soie grège » = soie qui n’est pas encore travaillé, qu’il faut encore travaillé pour
produire des vêtements = importations de MP = développement de l’emploi manufacturier.
« lingots » = pas d’emploi
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b) Le reste
1. Le monde comme entité économique
Pas fait
2. La liberté au service de l’intérêt général des nations
Petty soutenait déjà à la fin du 17ème la diversité des idéaux religieux, tout en défendant
une morale puritaine vocalisant le travail. Au début du 18ème sicle, exposant son modèle
d’économie international, Vanderlint trouve la justification dans les proverbes bibiliques. Au
milieu du 18ème, le Révérend Josiah Tucker plaide tout à la fois pour la liberté du culte, de
l’expression et pour le laisser faire.
Le libéralisme des mercantilistes a donc toujours été conçu comme une lutte contre
les inégalités par la croissance économique.
CONCLUSION GENERALE
Ce qui a fait dire à l’historien Johnson en 1931 qu’injustice était donc faite aux
mercantilistes. Selon lui, ils n’ont nullement négligé l’analyse des facteurs de production et
celle de la croissance économique et pas conséquent « il y a à peine 10% des écrits
mercantilistes qui retiennent seulement la doctrine de la balance commerciale favorable ».
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