Vous êtes sur la page 1sur 77

Semestre 5

Parcours économie et gestion


Section 3 – 4

MODULE : HISTOIRE DE LA
PENSÉE ÉCONOMIQUE

Pr. Rachid EZ ZOUAQ

Année universitaire 2022 / 2023


DEUXIÈME PARTIE :
LES CLASSIQUES

2
Introduction

⚫ L’expression « économie politique classique » est très


vague, elle ne renferme pas un véritable contenu
précis. Son utilisation et sa signification vont ainsi
différer d’un auteur à l’autre. Pour quelques auteurs,
seuls deux ou, à la limite, trois écrivains méritent de
porter le qualificatif de classique. Mais pour la majorité
des auteurs, les économistes classiques sont tous les
écrivains qui ont publié des écrits d’économie politique,
durant la période s’étalant de la fin du 18ème jusqu’en
1870.

3
Introduction

⚫ K. Marx est vraisemblablement le premier auteur à


avoir utilisé cette expression : « J’entends par économie
classique, toute économie qui, à partir de W. Petty,
cherche à pénétrer l’ensemble réel et ultime des
rapports de production de la société bourgeoise par
opposition à l’économie vulgaire qui se contente des
apparences ».
⚫ L’économie politique classique est scientifique parce
qu’elle va au fond des choses, elle ne se limite pas aux
apparences, alors que l’économie mercantiliste est
vulgaire (les mercantilistes se contentent d’observations
empirique touchant le domaine de la circulation des
marchandises…).
4
Introduction

⚫ Parmi les traits communs de cette école, l’évacuation de


l’Etat en tant qu’agent économique, la poursuite de
l’intérêt individuel et la sacralisation de la concurrence
et de la liberté du commerce extérieur méritent d’être
signalés.
⚫ Comparé à l’école physiocrate, le courant classique
parait moins uni. C’est ce qui, dans une certaine
mesure, justifie la présentation adoptée qui s’appuie sur
une analyse individuelle de chaque auteur plus que sur
une étude d’ensemble.

5
Introduction

⚫ Les différences ne manquent pas : Ricardo, le


successeur de Smith a développé son économie
politique par opposition à ce dernier, et il a controversé
avec pratiquement tous les économistes ses
contemporains notamment Malthus et Sismondi.

⚫ L'école classique étend son règne sur un peu plus d'un


demi-siècle. Si l'on veut l'encadrer par des dates on
peut dire qu'elle apparaît en 1776, date de la
publication des « Recherches sur la nature et les causes
de la richesse des nations », œuvre maîtresse d’A.
Smith ; et amorce son déclin en 1848, date de la
parution des « Principes de l'économie politique » de
John Stuart Mill.
6
Introduction

⚫ A. Smith, Considéré comme «le Père fondateur de


l'économie politique », va exercer une influence
considérable sur ceux qui lui succèdent et qui se
référent tous à son œuvre.
⚫ D. Ricardo, figure emblématique de l'école classique
est sans conteste l'auteur majeur de cette école. Avec
lui la pensée classique se confirme et va dominer la
réflexion économique près d'un siècle.
⚫ Parmi les classiques incontournables figurent aussi T-
R. Malthus, auteur influent de son temps, et le
français, J-B. Say vulgarisateur des thèses de Smith,
mais qui s'en démarque, cependant, sur un certain
nombre de points.
7
CHAPITRE 3 :
ADAM SMITH
1723  1790

8
L’auteur

⚫ Moraliste, philosophe et économiste écossais, A. Smith


est né le 5 juin 1723 à Kirkcaldy en Ecosse.
⚫ Il est le fils d’un douanier écossais, qui décède cinq
mois avant la naissance de son fils.
⚫ A 14 ans il entre au collège de Glasgow, puis à 17 ans
à Oxford, où il étudie la philosophie et la littérature.
⚫ Après des études brillantes, il obtient en 1751 à
l’université de Glasgow la chaire de logique, puis celle
de philosophie morale ; il enseigne également
l’économie politique.
⚫ Fort apprécié de ses étudiants, il devient une célébrité
locale et publie en 1759 un recueil de ses cours sous
le titre « Théorie des sentiments moraux ». 9
L’auteur

⚫ Avec « La Richesse des nations », à laquelle tous les


penseurs font référence depuis deux siècles, Adam
Smith fonde l’école libérale classique. Les théoriciens
du libéralisme économique, Malthus, Ricardo ou Mill,
reprennent le texte, le commentent et le complètent.
Même Marx s’en sert pour bâtir ses propres notions
sur la plus-value ou l’exploitation.
⚫ Dans ce gros ouvrage, Smith aborde cinq thèmes
majeurs (la division du travail, le capital, le progrès de
l’opulence, le marché et le commerce, l’action de
l’Etat), mais en les croisant systématiquement pour
souligner les interdépendances entre les faits et les
concepts.
10
L’auteur

ADULÉ DE SON VIVANT, ENTERRÉ SANS FLEURS NI


COURONNE
⚫ 1737 Le jeune Adam quitte son village natal de Kirkcaldy
pour étudier à Glasgow. Il a 14 ans et de belles dispositions
intellectuelles, malgré son étourderie.
⚫ 1751 Il décroche à 28 ans une chaire de logique, puis très
rapidement une chaire de philosophie morale. On vient de
toute l’Angleterre pour assister à ses cours.
⚫ 1759 Son premier livre, « Théorie des sentiments moraux »,
rencontre un vif succès qui le positionne comme l’un des
grands penseurs du pays.
⚫ 1776 Son œuvre maîtresse, « La Richesse des nations »,
révèle son autre talent : l’économie politique.
⚫ 1790 Il meurt seul, sans hommages : la flambée
révolutionnaire française qui menace l’Angleterre occupe trop
les esprits. 11
Contexte historique

⚫ Le courant classique a vu le jour en Angleterre à la fin


du 18ème siècle (avec la publication de l’ouvrage de
Smith en 1776). A cette époque certains parlaient d’une
triple révolution (siècle des lumières) :
- Révolution démographique
- Révolution agricole
- Révolution industrielle
⚫ On assiste aussi à un développement important des
moyens de transport (commerce triangulaire) et des
changements dans les mentalités (surtout au regard du
travail).

12
Contexte historique

Pendant cette période les classiques ont distingué trois


classes sociales :
⚫ Les propriétaires fonciers : louent leurs terres et

perçoivent une rente versée par les fermiers.


⚫ Les travailleurs : offrent leur travail et perçoivent un

salaire des capitalistes.


⚫ Les capitalistes : avancent le capital matériel et

financier pour effectuer des opérations de production et


percevoir un profit.

13
Principes généraux

1- Liberté économique : se base sur les principes


suivants :
La liberté individuelle : liberté du choix de la profession,
liberté d’échanger les produits, liberté du déplacement et
droit à la propriété privé.
Etat gendarme : la non intervention de l’Etat dans la vie
économique : l’Etat doit assurer la sécurité, la justice,
l’ordre publique et la défense nationale.
2- Si l’Etat n’intervient pas et si les individus sont libres,
comment peut-on réaliser la prospérité ? la réponse de
Smith : la notion de l’ordre naturel créée par les
physiocrates était justifiée par Smith en introduisant la
notion de la main invisible.
14
Principes généraux

3- La pensée classique se préoccupait essentiellement des


fondements moraux de l’action humaine qui est au cœur
de l’activité économique.
Chaque individu cherche à maximiser son propre intérêt
 laisser les individus s’enrichir  ils contribuent
involontairement (main invisible)  à la réalisation de
l’intérêt général et à l’enrichissement de la nation.
4- L’importance de la division du travail : le travail
est la source de la richesse (contrairement aux
mercantilistes et aux physiocrates). La valeur d’un bien
repose sur la quantité de travail direct et indirect
incorporé dans sa production.
15
Principes généraux

5- La monnaie est une voile : intermédiaire d’échange


6- Par rapport aux mercantilistes et aux physiocrates, les
classiques ont le mérite d’élaborer des apports théoriques,
presque dans toutes les analyses économiques :
Formule un problème général  explique les causes de ce
problème  formule la solution pour le problème 
donne une justification de la solution.

16
Le thème de la division du travail

A- La division du travail fondement de la richesse :


La richesse de la nation est constituée par « l'ensemble
des choses nécessaires et commodes à la vie » que
permet d'obtenir le travail annuel. Plus précisément, elle
est formée par les biens utiles et agréables produits
annuellement, qui peuvent être consommées par les
habitants et qui assurent la vie du peuple. L'origine de
cette richesse provient de la production matérielle, et la
production est elle-même issue du travail.
Pour augmenter la production afin d'enrichir la nation, il
faut accroître les quantités de travail mises en œuvre et
améliorer la puissance productive du travail, c'est à dire la
productivité (la quantité de biens par unité de travail).
17
Le thème de la division du travail

Pour montrer que la division du travail est un


moyen essentiel pour accroître la productivité du
travail, Smith reprend l'exemple célèbre de la
manufacture d'épingles. Le processus de production
d'épingles et divisé en 18 opérations successives et
distinctes. Chaque ouvrier est affecté à une opération ou
à quelques-unes. Dans cette organisation où les ouvriers
sont spécialisés, on obtient une production beaucoup plus
importante que si chacun effectue toutes les opérations.
La division du travail conduit à une amélioration
spectaculaire de la productivité du travail, grâce à
l'habilité accrue des travailleurs et à leur spécialisation
dans une tâche donnée, aux gains de temps et à
l'amélioration des techniques et l'utilisation des machines.
18
Le thème de la division du travail

B- Division du travail et échange :


⚫ Pour Smith, c'est l'échange qui est la cause de la division du
travail et de la spécialisation. « C'est l'échange, qui
entraîne la division du travail en extension ». Dans
cette perspective la division du travail est conçue comme une
conséquence de l'échange.
⚫ La division du travail peut toutefois être limitée par
l'étendue du marché : si le marché est étroit la division du
travail est limitée et la productivité du travail faible, par
contre si le marché est vaste la division du travail sera plus
approfondie et la productivité du travail plus importante.
⚫ Chercher l’intérêt personnel conduit à réaliser l’intérêt
général grâce à la main invisible dans le cadre de la liberté
économique.
19
Valeur et prix des M/ses : Théorie de la valeur

L’échange est indispensable pour la prospérité : se pose la


question de la valeur d’échange ?
Smith remarque tout d'abord que le mot valeur a deux
significations différentes : la valeur d'usage (qui est
l'utilité de l'objet) et la valeur d'échange (la capacité
d'un bien à acquérir un autre bien). Ces deux valeurs
peuvent s'opposer comme le montre le paradoxe de l'eau
et du diamant. Il conclut que l'utilité (la valeur d'usage)
ne peut servir à expliquer les prix des marchandises.

20
Valeur et prix des M/ses : Théorie de la valeur

Dans ses analyses relatives à la valeur, Smith dresse un


programme en trois étapes :
A- Identifier la mesure réelle de la valeur : une
mesure invariable de la valeur (une unité de compte qui
ne varie pas dans le temps). « L'or et l'argent, comme
toute autre marchandise, varient dans leur valeur, ils sont
tantôt chers tantôt meilleur marché ». Pour Smith seul le
travail remplit ce rôle : la valeur d'une marchandise doit
être mesurée par la quantité de travail qu'elle «
commande » ou achète.
«...Ainsi la valeur d'une denrée quelconque pour celui qui
la possède et qui n'entend pas en user ou la conserver
pour lui-même, mais qui a l'intention de l'échanger pour
autre chose équivaut à la quantité de travail que cette
dernière le met en état d'acheter ou de commander ». 21
Valeur et prix des M/ses : Théorie de la valeur

B- Isoler ses parties constituantes du prix des


marchandises : Pour expliquer comment se détermine
la valeur d'échange d'une marchandise, Smith raisonne
d'abord dans le cadre d'une société primitive et ensuite
dans celui d'une société évoluée.
- Dans une société primitive : l'accumulation du capital
n'existe pas et la terre n'est pas appropriée
privativement. On produit donc avec du travail
uniquement. La valeur d'échange d'une marchandise (la
quantité de travail qu'elle commande) est égale à la
quantité de travail qu'il faut pour la produire.

22
Valeur et prix des M/ses : Théorie de la valeur

- Dans une société évoluée où l'appropriation privée du


sol et l'accumulation du capital ont été introduites, trois
facteurs de production concourent à la production : le
travail, le capital et la terre. Prix réel = salaire + profit
+ rente. Ce sont les trois sources primitives de tout
revenu, comme de toute valeur échangeable. La théorie
de la valeur-travail de Smith se transforme ainsi en
théorie de coût de production, car le prix réel d'une
marchandise est expliqué par les revenus occasionnés par
la production de celle-ci.

23
Valeur et prix des M/ses : Théorie de la valeur

C- distinguer entre prix naturel et prix de marché et


analyser les facteurs qui peuvent expliquer leurs écarts.
Dans l'économie de chaque société, il existe à un moment
et en un lieu donné un « taux moyen ou ordinaire »
(appelé par Smith le taux naturel) qui est celui-auquel on
rémunère habituellement le travail, le capital et la
propriété foncière. Lorsque le prix d'une marchandise est
la somme du salaire, du profit et de la rente payée à leurs
taux naturels Smith parlera alors de prix naturel.
A son prix naturel, une marchandise est vendue «
précisément ce qu'elle vaut ou ce qu'elle coûte réellement
à celui qui la porte au marché ». Il est tel que le
producteur puisse couvrir les frais normaux de sa
production et renouveler son activité. 24
Valeur et prix des M/ses : Théorie de la valeur

Le prix de marché ou prix courant est le prix auquel une


marchandise est effectivement vendue. Il n'est pas
forcement égal au prix naturel. Ce prix est déterminé par
la confrontation entre l'offre disponible (donnée à court
terme) et la demande qui se manifeste au prix naturel,
que Smith qualifie de demande effective (la demande
effective peut être définie comme la quantité de
marchandises que les demandeurs sont prêts à acheter à
des prix naturels c'est-à-dire comme la demande
d'équilibre qui attire effectivement la marchandise sur le
marché puisqu'elle assure aux facteurs de production leur
rémunération naturelle.)
Le prix de marché peut être inférieur, supérieur ou égal
au prix naturel. Cela dépend de la proportion qui existe
entre la quantité offerte et la demande effective. 25
Valeur et prix des M/ses : Théorie de la valeur

Trois situations peuvent être présentées :


⚫ Si O<D : La concurrence entre les acheteurs établira le

prix de marche au-dessus du prix naturel. L'afflux de


capitaux et de main d'œuvre engendre un
accroissement de l'offre, ce qui ramènera le prix de
marché au prix - naturel.
⚫ Si O>D : La concurrence entre les vendeurs fera tomber

le prix de marché au-dessous du prix naturel. Dans


cette situation, les facteurs de production sont
rémunérés à un taux inférieur au taux naturel
(désinvestissement).
⚫ Si O=D, le prix de marché est égal au prix naturel. Cela

signifie que la quantité mise sur le marché est juste


suffisante à remplir la demande effective. 26
La théorie de la répartition

Le prix ou la valeur d'échange d'une marchandise se


décompose en salaires, profits et rente. Pour chacune
de ces catégories de revenus, Smith tentera de
déterminer le taux naturel et le taux courant.
A- Les salaires : Comme toute autre marchandise le
travail a un taux naturel et un taux courant.
 Le taux naturel ou prix naturel du travail est le salaire
de subsistance (SMIG). C'est le salaire qui permet à un
ouvrier non seulement de survivre, mais aussi d'élever
une famille. On peut le mesurer par la valeur des
subsistances nécessaires à l'entretien des travailleurs et
de leur famille. Pour Smith, le salaire de subsistance est
plutôt historique que physiologique. 27
La théorie de la répartition

 Le taux courant ou prix courant du travail est celui que


perçoit effectivement un ouvrier. C'est ce qu'il est convenu
d'appeler salaire réel ou pouvoir d'achat. Sa
détermination peut être présentée en distinguant le court
terme du long terme.
 Dans le court terme, le taux courant est déterminé
sur le marché par la confrontation de l'offre et la
demande de travail. Si O<D le taux de salaire
augmente (afflux de MO  équilibre entre prix
courant et prix naturel) et inversement.
 Dans le long terme deux raisons expliquent la
détermination du taux courant ou salaire réel : la
nature du marché de travail et les mécanismes
démographiques. 28
La théorie de la répartition

- Le marché de travail se caractérise par l'existence des


intérêts antagonistes des ouvriers et des employeurs, et
des rapports de forces inégaux. Les ouvriers désirent
gagner autant que possible, les employeurs cherchent à
payer le moins possible. Mais sur le marché, les choses ne
sont pas égales. Les « maîtres », moins nombreux se
concertent facilement et s'entendent pour que les salaires
ne montent pas. La législation est aussi de leur côté
puisqu'elle reste très discrète quand il s'agit d'ententes
entre les employeurs, alors qu'elle est très vigilante contre
les concentrations des ouvriers.

29
La théorie de la répartition

Dans ce rapport de force, les ouvriers sont beaucoup plus


faibles, ne peuvent imposer des salaires élevés. Ils cèdent
pour avoir de quoi gagner leur subsistance ; ce qui
entraîne une tendance à la baisse des salaires. Mais
cette baisse ne peut cependant tomber au-dessous du
minimum de subsistances, un minimum nécessaire à la
survie de l'ouvrier et de sa famille.
- Les mécanismes démographiques ou plus
précisément la fécondité des ouvriers, expliquent en partie
la détermination du salaire réel ou taux courant. Smith
part ici, de l'idée selon laquelle l'accroissement des
salaires se traduit automatiquement par un accroissement
du nombre d’ouvriers (plus tard. Systématisée par
Malthus. 1798). 30
La théorie de la répartition

B -Les profits et les intérêts : Le profit est la


rémunération du capital employé dans la production. C'est
un revenu lié à l'avance du capital et non celui du travail.
Profit = intérêt pur + prime de risque
Le profit peut se définir comme la rémunération du capital
immobilisé et le risque pris par « L'entrepreneur qui
hasarde ses capitaux » dans une affaire. Le profit se
proportionne naturellement avec le capital employé. Cette
proportion ramenée à l'unité de temps est appelée taux
de profit ; c'est-à-dire le rapport du profit total à la valeur
du capital. Smith considère que les taux de profit ont
tendance à s'égaliser en raison de la concurrence des
capitaux. Etant mobile le capital se dirige là où les
emplois sont plus rentables, ce qui égalise les taux de
profit dans l'ensemble de l'économie. La concurrence des
capitalistes conduit, ainsi à l'égalisation des taux de
profits. 31
La théorie de la répartition

Certains capitalistes, au lieu d'employer eux-mêmes


leurs capitaux dans les affaires, préfèrent les prêter à
d'autres individus qui se chargent de les employer
productivement. Le revenu qu'ils perçoivent en contre
partie s'appelle l'intérêt de l'argent. C'est la part
du profit que les entrepreneurs versent aux
capitalistes, propriétaires du capital qui avancent
l'argent nécessaire au financement de l'accumulation.
Il dépend de l'offre et de la demande des fonds
prêtables, et varie en fonction de l'abondance et de la
rareté des capitaux. Le taux d'intérêt est inférieur au
taux de profit, car le risque des placements est moins
grand que celui des investissements dans les
affaires...
32
La théorie de la répartition

Smith n'a pas réussi à déterminer de façon


satisfaisante, comme il l'a fait pour les salaires, le
taux naturel et le taux moyen des profits. Il a
montré cependant que le taux d'intérêt peut
constituer un bon indicateur ou une valeur
approchée, pour avoir une idée sur l'évolution du
profit : Là où les perspectives de profits sont
élevées, les intérêts payés pour les fonds prêtés
sont élevés et inversement si ces perspectives
sont faibles.

33
La théorie de la répartition

C- la rente : La rente « est le prix payé pour


l'usage de la terre par le fermier ». Elle
représente ce qu'il faut. Payer au propriétaire de
la terre pour avoir le droit d'exploiter. La rente
est aussi un prix de monopole, car elle est liée à
l'exercice d'un pouvoir. Elle n'est nullement en
proportion des améliorations apportées à la terre
par le propriétaire foncier.
La rente rémunère une ressource non produite et
un facteur de production non reproductible, la
terre, qui, appropriée privativement confère un
revenu de monopole qui revient aux propriétaires
fonciers. 34
La théorie de la répartition

Concernant la détermination de la rente, Smith


explique qu'elle est déterminée par les prix des
produits agricoles. Sur les prix agricoles, le
fermier paie les salaires, achète et entretient les
instruments de labourage et les bestiaux, amortit
le capital et prélève un profit. Le reste qui
subsiste constitue la rente. Elle résulte de la
différence entre le prix de la récolte d'une part, et
d'autre part de la somme des charges
occasionnées par cette récolte et les profits
ordinaires qui rémunèrent le capital engagé dans
la production. La rente a donc la nature d'un
surplus différentiel : C'est ce qui reste une fois
rémunérés le travail et le capital.
35
La théorie de la répartition

Quant au rôle de la rente dans la valeur, elle n'a


pas le même statut que le salaire et le profit :
Alors que les niveaux des salaires et des profits
déterminent le niveau du prix, le niveau de la
rente dépend du niveau du prix. La rente entre,
selon Smith, dans la composition des prix des
marchandises de façon différente des salaires et
des profits. « Le taux élevé des salaires et des
profits est la cause du prix élevé ou bas des
marchandises, le taux élevé ou bas de la rente
est l'effet du prix. ».
36
La théorie de la répartition

Ce passage pose un problème de cohérence si on


replace la théorie de la rente dans le contexte de
la théorie de la valeur. En effet dans la théorie de
la valeur Smith explique le prix d'une
marchandise par les parties constituantes, c'est
dire les revenus occasionnés par sa production,
alors qu'en cherchant la détermination de la
rente, il explique que ce revenu est déterminé par
le prix de la marchandise !

37
Le thème de l’échange international

La théorie des avantages absolus de Smith dit


qu’un pays a intérêt à se spécialiser dans la
production des biens pour lesquels il est plus
efficace que les autres, et échanger les surplus de
ces biens contre d’autres biens dont il aurait
besoin. Ce faisant, Smith montre que le libre-
échange est plus efficace que le protectionnisme,
doctrine alors largement répandue.

38
Le thème de l’échange international

L’avantage absolu
On essaie de répondre à la question : « Pourquoi les
pays pratiquent le commerce international ?« c’est-à-
dire qu’on essaie de comprendre pourquoi ils
s’échangent des biens et des services entre eux.
Smith apporte une réponse à cette question avec la
théorie des avantages absolus.
Avant Smith, les Mercantilistes (16ème -17ème) voient
dans le commerce international un moyen
d’augmenter l’entrée de métaux précieux dans le
Royaume. Pour eux, le but de l’échange est
d’accumuler or et argent, car la richesse de la nation
se mesure par les métaux précieux : ceux-ci
permettant de financer l’armée du Roi, ils reflètent
39

donc la puissance du pays.


Le thème de l’échange international

Dans la vision mercantiliste, pour que le pays


s’enrichisse il doit avoir une balance commerciale
favorable, c’est-à-dire exporter plus qu’il
n’importe. Pour ce faire, chacun essaie de mettre
des barrières à l’importation (protectionnisme) et
de favoriser les exportations. Dans ce système,
les intérêts des pays sont donc opposés : si un
pays acquiert de la richesse, c’est au détriment
d’un autre pays, ce que l’un gagne l’autre le perd.
C’est ce que l’on appelle un jeu à somme nulle.

40
Le thème de l’échange international

Dans « La richesse des Nations « Smith se


positionne contre la vision mercantiliste. En
suivant l’argument du jeu à somme nulle, il ne
serait pas possible pour toutes les nations de
s’enrichir simultanément. Smith pense que, au
contraire, l’enrichissement de tous est possible, à
condition de se spécialiser dans la production du
bien que l’on produit mieux que les autres. Cette
réflexion découle de sa théorie de la division du
travail : c’est l’idée qu’on peut être plus efficace
dans la production d’un bien si on se répartit les
tâches. 41
Le thème de l’échange international

Le raisonnement est similaire au niveau des pays,


chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la
production du bien qu’il produit le mieux, et à
échanger le surplus contre d’autres produits.
C’est la division internationale du travail (DIT).
Smith, explique qu’un pays possède un avantage
absolu dans la production d’un certain bien quand
la productivité (la production par heure de travail)
de ce bien est plus élevée que dans les autres
pays. Prenons un exemple avec deux pays et
deux biens, en situation d’autarcie (ils ne
pratiquent pas l’échange) : 42
Le thème de l’échange international

Tableau 1 : Heures de travail nécessaires pour produire une


unité de bien (avant spécialisation):

Portugal Angleterre

1L de vin 10h 20h

1m de drap 20h 10h


30h pour 1m de drap et 30h pour 1m de drap et
Heures et production 1L de vin 1L de vin
totales
60h pour 2m de drap et 2L de vin
43
Le thème de l’échange international

⚫ Au Portugal, un travailleur a besoin de 10h de


travail pour produire 1 litre de vin, tandis qu’en
Angleterre, le soleil étant moins généreux, il
nécessite 20h. Pour le drap par contre, pour en
produire 1 mètre, il faut moins de temps au
travailleur anglais.
⚫ L’Angleterre possède donc un avantage absolu
dans la production de drap, tandis que le
Portugal possède un avantage absolu dans la
production de vin.

44
Le thème de l’échange international

Selon Smith, le Portugal a donc intérêt à se


spécialiser dans la production de vin et
l’Angleterre dans celle de drap. Si chacun cesse
de produire le produit pour lequel il est moins
efficace, et se consacre au produit pour lequel il a
un avantage absolu, on arrive à la situation
suivante : le Portugal affecte 30h de travail à la
production de vin, et l’Angleterre 30h à celle de
drap. Chacun pourra ensuite échanger le surplus
de sa production avec l’autre pays.

45
Le thème de l’échange international

Tableau 2 : Situation après spécialisation :

Portugal Angleterre

30h pour 0m de drap et 30h pour 3m de drap et


Heures et production 3L de vin 0L de vin
totales
60h pour 3m de drap et 3L de vin

46
Le thème de l’échange international

Dans ce second tableau, on constate que chaque pays


s’étant spécialisé dans le bien pour lequel il est le
plus productif, la production totale a été augmentée :
pour un même temps (60h de travail), on a produit
au total 3m de drap et 3L de vin, contre 1m et 1L
avant spécialisation.
En conclusion, chaque pays a intérêt à se spécialiser
dans la production du bien pour lequel il a un
avantage absolu et laisser la production des autres
biens à d’autres pays : « La maxime de tout chef de
famille prudent est de ne jamais essayer de faire chez
soi la chose qui lui coûtera moins à acheter qu’à faire
» (Smith). Ceci n’a de sens que si l’on peut
s’échanger facilement les biens (situation de libre-
47
échange).
Le thème de l’échange international

Un problème apparait toutefois dans cette théorie


si l’un des deux pays possède un avantage absolu
pour les deux produits. Si l’on suit Smith, c’est un
cas où il n’y aurait pas d’échange. David Ricardo
va apporter une autre réponse avec sa théorie
des avantages comparatifs.

48
CHAPITRE 4 :
David RICARDO
1772  1823

49
L’auteur

⚫ Économiste anglais d’origine juive portugaise, Ricardo


est un autodidacte de la pensée économique né en
1772 à Londres quelques 50 ans après la naissance de
Smith.
⚫ Ricardo suivra une voie différente durant sa jeunesse,
de celle empruntée par Smith. Au lieu de s’initier à la
philosophie et à la morale, il s’initiera, sur les conseils
de son père, à la finance, et au lieu de devenir
professeur, il deviendra banquier.
⚫ Ricardo ramassa, en spéculant à la bourse, une fortune
impressionnante, estimée à la fin de sa vie, à plusieurs
millions de livres sterling.

50
L’auteur

⚫ Il a développé une conception nouvelle de l'économie


politique qui tranche avec celle de ses prédécesseurs et
notamment Smith en considérant que le problème
essentiel de l'économie politique est d'expliquer
comment se répartit le produit entre le salaire, le profit
et la rente.
⚫ Ricardo est l’initiateur d’une approche spéculative,
abstraite et hautement théorique des phénomènes
économiques : « son type de raisonnement qui, partant
d’hypothèses simplificatrices censées retenir les traits
essentiels de la réalité à étudier, qui se déroule avec
une cohérence interne inéluctable, a ouvert une voie
qui reste toujours en vigueur aujourd’hui.
51
L’auteur

⚫ Ricardo est un formidable théoricien, mais il s’intéresse


en priorité aux débats intellectuels et politiques de son
temps. Pragmatique, sobre et avisé, Ricardo cesse ses
réflexions et ses analyses une fois qu’il estime avoir
démontré ce qu’il cherchait effectivement à démontrer.

⚫ Les interventions publiques de David Ricardo occupent


une place centrale dans ces différents débats
intellectuels et politiques. La force de son
argumentation tient dans la logique (apparemment)
implacable de son diagnostic

52
L’auteur
Né à Londres 3ème des 17 enfants d'une famille bourgeoise de
18 avril
financiers juifs (d'origine portugaise), ayant émigré des Pays-Bas vers
1772
l'Angleterre juste avant sa naissance.
A 14 ans Ricardo rejoint son père à la bourse de Londes où il
1786
commence à apprendre le fonctionnement de la finance.
lors de vacances particulièrement ennuyeuses passées dans le lieu de
villégiature anglais de Bath, il s'intéresse à l'économie en lisant
1799
Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations
(1776) d'Adam Smith.
Ses premiers écrits, sur les problèmes monétaires des guerres
1809 -
napoléoniennes, paraissent sous forme de trois articles publiés dans le
1810
Morning Chronicle
Il publie un an plus tard Essai sur le haut prix du lingot : preuve de la
dépréciation des billets de banque, où il développe une thèse
1811
quantitativiste selon laquelle l'excès d'émission de billets a contribué à
53
déprécier la devise anglaise lors des guerres napoléoniennes.
L’auteur

Son travail d'agent de change le rend suffisamment riche pour prendre


1814
sa retraite, à l'âge de 42 ans.
Publie Essai sur l'influence des bas prix du blé sur les profits du
1815
capital
Est publiée son œuvre maîtresse, « Des principes de l'économie
1817
politique et de l'impôt »
Entré au parlement britannique après avoir acheté un siège de pair
1819 représentant de Portarlington, une pairie d'Irlande, il siège jusqu'en
1823, l'année de sa mort
Écrit à Malthus quelques années avant sa mort :
« L'économie politique est selon vous une enquête sur la nature et les
causes de la richesse. J'estime au contraire qu'elle doit être définie :
1820
une enquête sur la distribution... De jour en jour, je suis plus convaincu
que la première étude est vaine et décevante et que la seconde
constitue l'objet propre de la science. »
54
1823 Décède à l’âge de 51 ans
La théorie de la Valeur-travail

La place de la valeur-travail occupe une place centrale


dans l’analyse de Ricardo. La théorie de la valeur travail
est une des pierres angulaires de l’analyse Ricardienne.
Pour lui, la valeur des biens reproductibles, à la
différence des biens non reproductibles (c’est-à-dire
les objets dont l'offre est fixe et la quantité est limitée),
est déterminée non pas par leur utilité mais par le volume
de travail direct et indirect nécessaire pour les produire.
La quantité de travail incorporé dans une marchandise
doit être comprise comme celle qui entre directement,
mais aussi indirectement, dans sa production. Il s'agit du
travail direct effectué par le travailleur dans la période sur
une marchandise produite, et du travail indirect, celui qui
a été nécessaire pour produire les moyens de production. 55
La théorie de la Valeur-travail

Ensuite, il détruit lui-même, en grande partie, la théorie


qu'il vient de construire et de généraliser : II annonce
que « l'emploi des machines et des capitaux fixes
modifie considérablement le principe, qui veut que la
quantité de travail consacrée à la production des
marchandises détermine leur valeur relative. »
Ricardo montre ici que la structure des capitaux utilisés
dans la production influe sur les prix relatifs des
marchandises, contrairement à ce qu'il a écrit juste
avant. La prise en compte de la répartition, a aussi, des
effets sur la théorie de la valeur travail.

56
La théorie de la Valeur-travail

Le travail est donc à l’origine de la richesse produite


grâce à ces biens reproductibles qui peuvent à la fois
servir à la satisfaction des besoins de
consommation des agents mais aussi comme biens
intermédiaires dans la production.
Dans son analyse Ricardo, va s’interroger sur ce qui
permet au système de production de fonctionner. Le
fonctionnement du système de production repose pour
lui sur la nécessaire supériorité entre la valeur des biens
reproductibles obtenus par le travail et la valeur des
biens utilisés pour produire. Cette différence est la
source des profits nécessaires au processus
d’accumulation du capital.
57
La théorie de la répartition

La théorie de la répartition des revenus joue un


rôle très important dans la pensée de Ricardo,
car celui-ci cherche à déterminer les règles qui
président au partage de la valeur totale du
produit : Pour expliquer comment s'effectue ce
partage, Ricardo commence d'abord à présenter
sa conception de la rente et exposer ensuite
l'antagonisme entre les salaires et les profits.

58
La théorie de la répartition

 La rente foncière
« La rente est cette portion du produit de la terre que
l'on paie au propriétaire foncier pour avoir le droit
d'exploiter les facultés productives et impérissables du
sol ». La rente est le prix que les fermiers versent aux
propriétaires fonciers pour l’utilisation des terres.
L’origine de la rente :
⚫ La force productive c'est-à-dire le rendement des
terres et leur rareté caractérisent l'agriculture intensive
et donnent lieu à la forme intensive de rente. Cette
conception de la rente suppose l'utilisation de doses de
capital et de travail supplémentaires pour accroître les
rendements des terres décroissants.
59
La théorie de la répartition

 La rente foncière

⚫ La qualité des terres (fertilité) et leur localisation


caractérisent l'agriculture extensive et sont à l'origine
de la rente extensive. Dans le cadre de cette
agriculture, différentes terres sont mises en culture par
ordre décroissant de fertilité et en fonction de leur
localisation, car la croissance de la population oblige à
cultiver des terres de moins en moins fertiles et de
moins en moins bien situées.

60
La théorie de la répartition

 La rente foncière
Ricardo développe une conception différentielle de la rente.
Lorsque la terre fertile est abondante il n’y a aucune raison
pour que la rente apparaisse.
Mais, avec l’augmentation de la population, on utilise les
terres les moins fertiles
 d’où l’apparition progressive de la rente. D’abord elle
apparait sur les terrains de première qualité dès que l’on
utilise les terrains de seconde qualité. Ensuite, sur les terrains
de seconde qualité dès que l’on commence à cultiver les
terrains de 3ème qualité et ainsi de suite.
La rente étant toujours la différence entre les produits
obtenus par l’emploi de deux quantités égales de capital et de
travail.
La mise en culture des terrains de moins en moins fertiles
requièrent des quantités additionnelles de travail pour récolter
la même quantité que sur les terres fertiles.
61
La théorie de la répartition

 La rente foncière
La loi des rendements décroissants découle du besoin de
cultiver de plus en plus de terres en raison de la croissance
des besoins de la population, sachant que chaque unité de
terre supplémentaire qui est cultivée à un rendement moindre
par rapport à la précédente.
Les terres sont en effet de moins en moins fertiles.
Les prix des biens alimentaires augmentent en rythme
inverse des rendements qui décroissent pour chaque nouvelle
terre mise en culture.
Ricardo va ainsi fournir aux économistes le principe du
calcul à la marge.
La rente foncière dépend de la productivité de la dernière
terre cultivée (productivité marginale) par rapport à
la productivité moyenne de toutes les terres cultivées.
62
La théorie de la répartition

 La rente foncière

La forme théorique de la rente foncière développe ici, est de la


rente intensive. Là aussi, la rente à la nature d'un surplus
différentiel. D'où la conclusion de Ricardo : « la rente a
toujours la différence entre les produits obtenus par l'emploi
de deux quantités égales de capital et de travail »
Ricardo déduit de cette conception que c'est la cherté
croissante du prix du blé qui fait monter la rente, et non
l'accroissement de la rente qui fait monter le prix du blé. « Le
blé ne renchérit pas parce qu'on paie une rente ; mais, au
contraire, c'est parce que le blé est cher qu'on paie une
rente».
A la différence de Smith qui affirme que c'est la hausse de la
rente qui conduit à la hausse du prix naturel, Ricardo, lui,
63
conclut que « la rente n'est pas une composante du prix. »
La théorie de la répartition

 Les salaires

Pour Ricardo le travail est une marchandise. Et comme toute


marchandise qui se vend et s'achète, il a un prix naturel et un
prix courant.
⚫ Le prix naturel est « celui qui fournit aux ouvriers les
moyens de subsister et de perpétuer leur espèce sans
accroissement ni diminution » Il s'agit donc simplement du
salaire de subsistance. Le prix naturel du travail ou salaire
naturel n'est pas fixe. Il dépend du prix des biens qui
entrent dans la consommation dans la consommation
ouvrière et varie selon l'époque, les pays et en fonction des
habitudes et des progrès de la société.
⚫ Le prix courant de travail ou salaire de marché est celui que
perçoit réellement l'ouvrier. Il est déterminé par l'offre et la
64
demande de travail.
La théorie de la répartition

 Les salaires

Pour expliquer les fluctuations du prix courant autour du prix


naturel, Ricardo utilise le principe de population de Malthus.
Deux situations peuvent être distinguées :
⚫ Si le prix courant est supérieur au prix naturel, les ouvriers
connaissent une aisance et voient leurs conditions de vie
s'améliorer, ce qui les encourage à augmenter le nombre de
leurs enfants, ce qui se traduira par l'accroissement de la
population. Mais l'augmentation de la population
travailleuse ramènera le prix courant au prix naturel
⚫ Si, inversement, le prix courant est inférieur au prix naturel,
il y aura un appauvrissement de la population et les
ouvriers endurent des privations qui finissent par voir le
nombre de leurs enfants se réduire par des restrictions de
65
naissances ou une forte mortalité infantile.
La théorie de la répartition

 Les profits

Ricardo, à l'instar des autres classiques, considère que la


mobilité du capital conduit à une égalisation des taux de
profit dans les différentes activités où le capital est
engagé. Du fait de l'égalisation du taux de profit,
l'observation de l'évolution dans un secteur permet de
connaître, par extrapolation, cette évolution pour
l'ensemble de l'économie.
Le secteur qui se prête particulièrement à l'analyse est le
secteur agricole. Ricardo définit les lois de l'évolution du
produit total, analyse les salaires et les rentes et montre
que les profits apparaissent comme un résidu.
66
La théorie de la répartition

 Les profits
Le profit du fermier est présenté comme étant « le surplus du
produit de la terre, après que le propriétaire et les travailleurs
sont payés ». Le profit est conçu comme un résidu, c'est-à-
dire, ce qui reste, une fois que les salaires et les autres frais
que nécessite la production ont été payés. Or sachant que la
rente est nulle sur la terre marginale et inexistante dans
l'activité industrielle, la valeur ne se partage qu'entre salaires
et profits, pour le blé de la terre marginale et pour les
produits industriels.
En conséquence, si les salaires restent les mêmes, les profits
ne changeront pas. Par contre les profits seront en hausse ou
en baisse selon la baisse ou la hausse des salaires. Tout ce qui
est susceptible d'accroître les salaires réduit donc les profits. «
Le salaire ne peut augmenter qu'au dépens du profit et vice
versa » affirme Ricardo. 67
La théorie de la répartition

 Les profits
L’accumulation productive dépend quant à elle, de la capacité
de l’économie à générer des profits qui seront investis dans
l’appareil productif. Or ces profits sont déterminés par
possibilité pour le capitaliste de vendre les biens
reproductibles à un prix plus élevés que les salaires de
subsistance. Avec la loi des rendements décroissants qui
rendent plus chers les biens alimentaires, ces salaires ont
tendance à augmenter plus rapidement que les profits, ce qui
correspond à une hausse des salaires réels. La crainte
de l’état stationnaire se manifeste alors par l’impossibilité
d’accumuler du capital.
Pour Ricardo, les rendements décroissants et l’augmentation
plus que proportionnelle de la population ne peuvent que
conduire vers un ralentissement de l’accumulation du capital
en raison de la diminution des profits. 68
La théorie de la répartition

 Les profits

L'arrêt de l'accumulation signifie non seulement l'arrêt de la


croissance économique, mais encore celui de la croissance
démographique car l'accroissement de la population est limité à
long terme par le volume de subsistances disponibles et le
volume constant de la production. Le système ne pourra plus
poursuivre dans la voie du progrès et de l'accumulation, et se
stabilisera. Ce sera une situation stable dans laquelle les
différentes variables économiques et sociales (production,
consommation, revenus, population...) se reproduiront à
l'identique.
La stagnation et l'état stationnaire qui menacent peuvent être
retardés par le progrès technique qui perfectionne les
machines, l'innovation dans le domaine agronomique et
l'ouverture des frontières pour importer du blé moins cher.
69
La théorie du commerce international

 Généralisant le modèle d'Adam Smith, D. Ricardo


propose une justification du libre-échange reposant sur
la théorie des avantages comparatifs.
 Selon cette théorie, même si un pays est moins
performant que les autres dans tous les secteurs, il a
intérêt à se spécialiser dans les produits pour lesquels
il est le plus avantagé ou le moins désavantagé.
 Même en l'absence davantage absolu, un pays, précise
Ricardo, peut se spécialiser dans la production d'un
bien dès lors qu'il possède un avantage comparatif.
 C'est ce qu'il explique en prenant l'exemple devenu
célèbre de la production de drap et de vin par deux
pays, le Portugal et l'Angleterre.
70
La théorie du commerce international

 Généralisant le modèle d'Adam Smith, D. Ricardo


propose une justification du libre-échange reposant sur
la théorie des avantages comparatifs.
 Selon cette théorie, même si un pays est moins
performant que les autres dans tous les secteurs, il a
intérêt à se spécialiser dans les produits pour lesquels
il est le plus avantagé ou le moins désavantagé.
 Même en l'absence davantage absolu, un pays, précise
Ricardo, peut se spécialiser dans la production d'un
bien dès lors qu'il possède un avantage comparatif.
 C'est ce qu'il explique en prenant l'exemple devenu
célèbre de la production de drap et de vin par deux
pays, le Portugal et l'Angleterre.
71
La théorie du commerce international

⚫ A partir de 1819, dans la cadre de son activité de


parlementaire, David Ricardo va militer pour l’abolition
des lois sur les blés, les corn laws, qui étaient des
taxes destinées à dissuader voir à interdire les
importations de blé étranger à plus bas prix, et donc
plus compétitif, que le blé britannique.
⚫ L’analyse de Ricardo complète l’analyse de Smith. En
effet, il ne nie pas le fait que si un pays a un avantage
absolu dans la production d’un bien ou d’un service il
doit concentrer ses ressources dans la fabrication et
l’exportation de ce produit. Mais il rajoute que, même
en l’absence d’avantage absolu, un pays a quand
même intérêt à échanger en se spécialisant en fonction
de ses avantages relatifs. 72
La théorie du commerce international

⚫ La démonstration de Ricardo met en présence deux pays,


l’Angleterre et le Portugal, et deux produits, le drap et le
vin.
⚫ Les coûts de production sont déterminés par la quantité de
facteur de production nécessaire à la production d’un bien.
La valeur d’une marchandise se mesure par la quantité de
travail qu’elle contient (= théorie de la valeur travail). Deux
biens s’échangent en proportion de la quantité de travail
que requière leur production.
⚫ Le Portugal dispose dans l’exemple de Ricardo d’un
avantage absolu pour la production du vin et du drap. Dans
la logique de Smith, l’Angleterre serait gagnante à importer
les deux productions du Portugal, fabriquées à un coût
inférieur. Mais le coût social d’un tel choix pour l’Angleterre
serait inacceptable : terres en friches, fermetures d’usines
textiles, augmentation du chômage, etc.
73
La théorie du commerce international

Le principe de l’avantage relatif ou avantage comparatif


peut s’exposer de la manière suivante : Chaque pays tire
un gain à l’échange en exportant les biens pour lesquels
il dispose du plus grand avantage comparatif en termes
de coût de production (ou de productivité) et en
important ceux pour lesquels il dispose de l’avantage
comparatif le plus faible.
⚫ ou encore

Les pays ont intérêt à se spécialiser dans la fabrication


de produits pour lesquels ils sont les plus avantagés ou
les moins désavantagés.
⚫ ou encore

Lorsque les coûts de production diffèrent d’un pays à


l’autre, chaque pays gagne à l’échange international en
se spécialisant dans la production du bien où 74sa
productivité du travail est la plus forte.
La théorie du commerce international

⚫ Pour déterminer qui a intérêt à échanger quoi, il faut


comparer le coût relatif du drap par rapport au vin en
Angleterre puis au Portugal.

Portugal Angleterre

Travail pour une unité de Vin 80 120

Travail pour une unité de drap 90 100


Coût relatif ou coût comparatif
1,125 (90/80) 0,83 (100/120)
(Drap/Vin)

75
La théorie du commerce international

⚫ D’un point de vue interne, il coûte donc relativement


moins cher à l’Angleterre de produire du drap que du
vin car quand l’Angleterre utilise 1 travailleur pour la
production du vin, elle n’en utilise que 0,83 pour la
fabrication du drap. L’Angleterre a donc un avantage
comparatif en termes de coûts de production pour le
drap (= elle est relativement plus efficace, plus
productive dans la production du drap).
⚫ D’un point de vue interne, il coûte relativement moins
cher au Portugal de produire du vin que du drap car
quand le Portugal utilise 1 travailleur pour produire du
vin, elle en utilise 1,125 pour fabriquer le drap. Le
Portugal a un avantage comparatif en termes de coûts
de production pour le vin (= il est relativement plus
efficace, plus productif dans la production du vin).
76
La théorie du commerce international

Le Portugal est avantagé dans les deux productions (il


dispose d’un avantage absolu pour la production du drap
et du vin car il est capable de les produire à des coûts
inférieurs à ceux de l’Angleterre). Pourtant, selon
Ricardo, l’Angleterre a quand même intérêt à l’échange.
Elle a intérêt à se spécialiser dans la production du drap
car son désavantage comparatif y est le plus faible. Le
Portugal, quant à lui, devra se spécialiser dans la
production de vin car son avantage comparatif y est le
plus élevé.
Angleterre Portugal

(1+1.125) unité de vin (80 + 90) Travail


77
(1 +1.2) unité de drap (100 + 120) Travail

Vous aimerez peut-être aussi