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Histoire de la Pensée

Economique
L’ÉCOLE CLASSIQUE
SAÏD CHAHI 2018 - 2019
L’ÉCOLE CLASSIQUE
L’économie Expression utilisée pour la première fois par Karl Marx dans le livre
politique I du Capital;
Marx précise dans Le Capital : « Je fais remarquer une fois pour toutes que
classique j’entends par économie politique classique toute économie qui, à
partir de William Petty, cherche à pénétrer l’ensemble réel et
ultime des rapports de production de la société bourgeoise, par
opposition à l’économie vulgaire qui se contente des apparences,
rumine sans cesse pour son propre besoin et pour la vulgarisation des plus
grossiers phénomènes les matériaux déjà élaborés par ses
prédécesseurs, et se borne à ériger pédantesquement en système et à
proclamer comme vérités éternelles les illusions dont le bourgeois aime à peupler
son monde à lui, le meilleur des mondes possibles. »
L’ÉCOLE CLASSIQUE
L’économie Le caractère scientifique de l’économie politique classique est justifié par
l’intérêt qu’elle porte au fond des choses en cherchant à aller au-delà des
politique
apparences.;
classique Le caractère vulgaire de l’économie mercantiliste est justifié par l’intérêt
qu’elle accorde justement aux apparences des choses en se bornant
généralement à produire des observations sur la circulation des marchandises
tout en restant prisonnière de son approche empirique à caractère commercial;
Pour Marx, l’opposition scientifique ≠ vulgaire ne correspond pas
obligatoirement à une succession chronologique des pensées classique et
mercantiliste puisqu’on retrouve des contre exemples dans les deux systèmes de
pensée : W. Petty est considéré comme un classique à côté de Smith, Ricardo et
Mill, alors que Malthus et Say, par exemple, sont considérés comme vulgaires.
L’ÉCOLE CLASSIQUE
L’économie Cette distinction paraît pour nombre d’historiens économistes
politique comme étant moins marquée dans les faits que ne l’expose
Marx;
classique :
La majeure partie des historiens économistes considèrent que
les économistes classiques sont ceux qui ont produit des
l’opposition analyses d’économie politique durant une période de
scientifique presque un siècle allant du dernier quart du XVIIIème
≠ vulgaire siècle jusqu’à la veille du dernier quart du XIXème siècle
(1775 – 1875).
L’ÉCOLE CLASSIQUE
Ces économistes se partagent un certain nombre de points communs dont
on peut rappeler l’essentiel :
Points Ils ont tous essentiellement produit des analyses économiques en
termes réels, en évitant généralement l’intégration de considérations
communs monétaires dans leurs corpus théoriques;
entre les Ils ont tous focalisé leur attention sur les problèmes de la valeur, de la
répartition des richesses, ainsi que de la croissance de ces richesses ;
économistes Ils ont tous délibérément tenu l’Etat à l’écart des circuits
classiques économiques et loué la liberté individuelle des agents économiques
dans la poursuite de leur intérêt personnel, ainsi que la liberté du
commerce extérieur.
LA PENSÉE DE SMITH
Philosophe et économiste écossais;
Professeur de philosophie morale à l’université de
Glasgow en Ecosse à partir de 1752;
A publié son premier livre « Théorie des sentiments
moraux » en 1759 ;
A découvert l’économie dont il se propose d’étudier
ADAM SMITH
(1723-1790) les fondements et d’approfondir l’analyse;
LA PENSÉE DE SMITH
Les résultats de son travail de réflexion sur
l’économie lui permettent de publier en
1776 « Recherche sur la nature et les
causes de la richesse des nations »
(RDN) :
Lien pour télécharger librement l’ouvrage :
ADAM SMITH https://crm-pour-pme.fr/prepa_HEC/prepa_HEC_richesse_nations.pdf
(1723-1790)
LA RICHESSE DES NATIONS

1776

Traduit en
1843
ADAM SMITH
(1723-1790)
LA RDN : LE CONTENU
Table des matières.
ADAM SMITH
• INTRODUCTION ET PLAN DE L'OUVRAGE
(1723-1790
)

• LIVRE I : Des causes qui ont perfectionné les facultés productives du travail, et de
l'ordre suivant lequel ses produits se distribuent naturellement dans les différentes
classes du peuple
• Chapitre 1 : De la division du travail
• Chapitre 2 : Du principe qui donne lieu à la division du travail
• Chapitre 3 : Que la division du travail est limitée par l'étendue du marché
• Chapitre 4 : De l'origine et de l'usage de la monnaie
• Chapitre 5 : Du prix réel et du prix nominal des marchandises, ou de leur prix en
travail et de leur prix en argent
• Chapitre 6 : Des parties constituantes du prix des marchandises
LA PENSÉE DE SMITH
• Chapitre 7 : Du prix naturel des marchandises, et de leur prix de marché
ADAM SMITH • Chapitre 8 : Des salaires du travail
(1723-1790 )
• Chapitre 9 : Des profits du capital
• Chapitre 10 : Des salaires et des profits dans les divers emplois du travail et du capital
• Chapitre 11 : De la rente de la terre
ADAM SMITH • LIVRE II: De la nature des fonds ou capitaux, de leur accumulation et de leur emploi
(1723-1790)
• INTRODUCTION
• Chapitre 1 : Des diverses branches dans les quelles se divisent les capitaux
• Chapitre 2 : De l'argent, considéré comme une branche particulière du capital général
de la société, ou de la dépense qu'exige l'entretien du capital national. - Des banques.
• Chapitre 3 : Du travail productif et du travail non productif, de l'accumulation du
capital
LA PENSÉE DE SMITH
• Chapitre 4 : Des fonds prêtés à intérêt
ADAM SMITH • Chapitre 5 : Des différents emplois des capitaux
(1723-1790) • LIVRE III: De la marche différente des progrès de l'opulence chez différentes
nations
• Chapitre 1 : Du cours naturel des progrès de l'opulence
• Chapitre 4 : Comment le commerce des villes a contribué à l'amélioration des
campagnes
• LIVRE IV : Des systèmes d'économie politique
• INTRODUCTION
• Chapitre 1 : Du principe sur lequel se fonde le système mercantile
• Chapitre 2 : Des entraves à l'importation seulement des marchandises étrangères qui
sont de nature à être produites par l'industrie
LA PENSÉE DE SMITH
• Chapitre 3 : Des entraves extraordinaires apportées à l'importation des pays avec
ADAM SMITH lesquels on suppose la balance du commerce défavorable
(1723-1790) • Chapitre 5 : Des primes et de la législation des grains
• Chapitre 7 : Des colonies
• Chapitre 8 : Conclusion du système mercantile
• Chapitre 9 : Des systèmes agricoles ou de ces systèmes d'économie politique qui
représentent le produit de la terre soit comme la seule, soit comme la principale
source du revenu et de la richesse nationale
• LIVRE V : Du revenu du souverain ou de la République
• Chapitre 1 : Des dépenses à la charge du souverain ou de la République
• Chapitre 2 : Des sources du revenu général de la société ou du revenu de l'État
• Chapitre 3 : Des dettes publiques.
LA PENSÉE DE SMITH
Dans cet ouvrage, divisé en cinq livres, la pensée
économique de l’auteur est élaborée autour de cinq axes
fondamentaux :
La division du travail;
La théorie de la valeur;
La théorie de la répartition;
La croissance; et
ADAM SMITH
(1723-1790) Le commerce extérieur.
I) LA DIVISION DU TRAVAIL CHEZ SMITH
Smith considère que c’est le travail qui constitue la seule source
d’enrichissement pour les nations.;
Le travail dans la perspective smithienne est étendu à tous les secteurs de
l’économie, et notamment l’industrie (contrairement à la perspective
physiocrate);
la division du travail permet l’accroissement de la richesse puisqu’elle
assure une hausse de la productivité du travail à travers essentiellement
l’amélioration de l’adresse et l’habileté des travailleurs et, partant,
l’amélioration de leur puissance productive;
La grande diversité industrielle est justifiée par la division technique du
ADAM SMITH travail qui se trouve généralement à l’origine des différences de
(1723-1790) productivité entre les secteurs et entre les pays.
UN EXEMPLE ILLUSTRATIF DE LA DIVISION DU
TRAVAIL : LA MANUFACTURE D’ÉPINGLES
Dans la RDN, Smith écrit :
« Prenons un exemple dans une manufacture de la plus petite importance, mais
où la division du travail s'est fait souvent remarquer : une manufacture d'épingles.
Un homme qui ne serait pas façonné à ce genre d'ouvrage, dont la division
du travail a fait un métier particulier, ni accoutumé à se servir des instruments
qui y sont en usage, dont l'invention est probablement due encore à la division
du travail, cet ouvrier, quelque adroit qu'il fût, pourrait peut-être à peine
faire une épingle dans toute sa journée, et certainement il n'en ferait pas une
vingtaine. Mais de la manière dont cette industrie est maintenant conduite, non
seulement l'ouvrage entier forme un métier particulier, mais même cet ouvrage
ADAM SMITH
est divisé en un grand nombre de branches, dont la plupart constituent autant
(1723-1790) de métiers particuliers…
UN EXEMPLE ILLUSTRATIF DE LA DIVISION DU
TRAVAIL : LA MANUFACTURE D’ÉPINGLES
Un ouvrier lie le fil à la bobine, un autre le dresse, un troisième
coupe la dressée, un quatrième empointe, un cinquième est employé
à émoudre le bout qui doit recevoir la tête. Cette tête est elle-même
l'objet de deux ou trois opérations séparées : la frapper est une
besogne particulière; blanchir les épingles en est une autre; c'est
même un métier distinct et séparé que de piquer les papiers et d'y
bouter les épingles; enfin l'important travail de faire une épingle est
divisé en dix-huit opérations distinctes ou environ, lesquelles, dans
certaines fabriques, sont remplies par autant de mains différentes,
ADAM SMITH quoique dans d'autres le même ouvrier en remplisse deux ou trois.
(1723-1790)
UN EXEMPLE ILLUSTRATIF DE LA DIVISION DU
TRAVAIL : LA MANUFACTURE D’ÉPINGLES
J'ai vu une petite manufacture de ce genre qui n'employait que dix
ouvriers, et où par conséquent quelques-uns d'eux étaient chargés de
deux ou trois opérations. Mais, quoique la fabrique fût fort pauvre et,
par cette raison, mal outillée, cependant, quand ils se mettaient en
train, ils venaient à bout de faire entre eux environ douze livres
d'épingles par jour : or, chaque livre contient au delà de quatre mille
épingles de taille moyenne. Ainsi ces dix ouvriers pouvaient faire entre
eux plus de quarante-huit milliers d'épingles dans une journée; donc
chaque ouvrier, faisant une dixième partie de ce produit, peut
ADAM SMITH être considéré comme faisant dans sa journée quatre mille huit
(1723-1790) cents épingles…
UN EXEMPLE ILLUSTRATIF DE LA DIVISION DU
TRAVAIL : LA MANUFACTURE D’ÉPINGLES
Mais s'ils avaient tous travaillé à part et indépendamment les
uns des autres, et s'ils n'avaient pas été façonnés à cette
besogne particulière, chacun d'eux assurément n'eût pas fait
vingt épingles, peut-être pas une seule, dans sa journée, c'est-
à-dire pas, à coup sûr, la deux cent quarantième partie, et pas
peut-être la quatre mille huit centième partie de ce qu'ils sont
maintenant en état de faire, en conséquence d'une division et
d'une combinaison convenables de leurs différentes
ADAM SMITH opérations.
(1723-1790)
UN EXEMPLE ILLUSTRATIF DE LA DIVISION DU
TRAVAIL : LA MANUFACTURE D’ÉPINGLES
Dans tout autre art et manufacture, les effets de la division du travail
sont les mêmes que ceux que nous venons d'observer dans la
fabrique d'une épingle, quoiqu'en un grand nombre le travail ne
puisse pas être aussi subdivisé ni réduit à des opérations d'une
aussi grande simplicité. Toutefois, dans chaque art, la division du
travail, aussi loin qu'elle peut y être portée, donne lieu à un
accroissement proportionnel dans la puissance productive du
travail. C'est cet avantage qui parait avoir donné naissance à la
séparation des divers emplois et métiers. »
ADAM SMITH Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776, Édition Folio Essais,
(1723-1790) 1976, p. 38-39.
I) LA DIVISION DU TRAVAIL CHEZ SMITH
Smith se propose de répondre à une question importante : pourquoi la division du travail naît et
se développe-t-elle ? Smith répond que c’est grâce notamment aux possibilités de l’échange
qui s’offrent à l’homme dont le penchant naturel est constitué par son désir d’échanger avec les
autres. Smith écrit à ce propos : « Cette division du travail, de laquelle découlent tant d'avantages, ne doit pas
être regardée dans son origine comme l'effet d'une sagesse humaine qui ait prévu et qui ait eu pour but cette opulence
générale qui en est le résultat ; elle est la conséquence nécessaire, quoique lente et graduelle, d'un certain penchant
naturel à tous les hommes qui ne se proposent pas des vues d'utilité aussi étendues : c'est le penchant qui les
porte à trafiquer, à faire des trocs et des échanges d'une chose pour une autre… Ainsi, la
certitude de pouvoir troquer tout le produit de son travail qui excède sa propre
consommation, contre un pareil surplus du produit du travail des autres qui peut lui être
ADAM SMITH nécessaire, encourage chaque homme à s'adonner à une occupation particulière, et à
(1723-1790) cultiver et perfectionner tout ce qu'il peut avoir de talent et d'intelligence pour cette espèce
de travail »
I) LA DIVISION DU TRAVAIL CHEZ SMITH

La division du travail comporte une grande limite


dans son développement : la dimension du marché.
En d’autres termes, plus le marché est large, et plus la
Limites de division du travail aura tendance à se développer ;
la division Cependant, pour Smith, une autre condition
du travail favorable aux échanges doit être toutefois satisfaite :
il s’agit de la généralisation de la monétarisation
chez Smith de l’économie puisque la monnaie est l’instrument
de l’échange par excellence. Plus donc l’économie
est monétarisée, plus les échanges se
développent et le marché s’élargit, et plus donc
la division du travail se développe.
LIMITES DE LA DIVISION DU TRAVAIL
Smith note dans la RDN que : « puisque c'est la faculté
d'échanger qui donne lieu à la division du travail,
l'accroissement de cette division doit, par conséquent,
toujours être limité par l'étendue de la faculté d'échanger,
ou, en d'autres termes, par l'étendue du marché. Si le
marché est très petit, personne ne sera encouragé à s'adonner
entièrement à une seule occupation, faute de pouvoir trouver à
échanger tout le surplus du produit de son travail qui excédera
ADAM SMITH sa propre consommation, contre un pareil surplus du produit
(1723-1790) du travail d'autrui qu'il voudrait se procurer.»
II) LA THÉORIE DE LA VALEUR CHEZ SMITH
« Il faut observer, écrit-il, que le mot valeur a deux significations
différentes : quelque fois il signifie l’utilité d’un objet particulier, et quelque
fois il signifie la faculté que donne la possession de cet objet d’acheter
d’autres marchandises. On peut appeler l’une valeur en usage, et l’autre
valeur en échange. Des choses qui ont la plus grande valeur en usage n’ont
souvent que peu ou point de valeur en échange et, au contraire, celles qui ont la
plus grande valeur en échange n’ont souvent que peu ou point de valeur en
usage. Il n'y a rien de plus utile que l'eau, mais elle ne peut presque rien
acheter ; à peine y a-t-il moyen de rien avoir en échange. Un diamant, au
contraire, n'a presque aucune valeur quant à l'usage, mais on trouvera
ADAM SMITH
fréquemment à l'échanger contre une très grande quantité d'autres
(1723-1790) marchandises. »
II) LA THÉORIE DE LA VALEUR CHEZ SMITH
La grande question à laquelle Smith essaiera alors d’apporter une
réponse est : comment peut être déterminée la valeur de toute
marchandise, indépendamment des causes de fluctuation de
son prix sur le marché ?
Smith répond alors que « la valeur d'une denrée quelconque pour
celui qui la possède et qui n'entend pas en user ou la consommer
lui-même, mais qui a intention de l'échanger pour autre chose, est
égale à la quantité de travail que cette denrée le met en état
d'acheter ou de commander. Le travail est donc la mesure
ADAM SMITH
(1723-1790) réelle de la valeur échangeable de toute marchandise.»
II) LA THÉORIE DE LA VALEUR CHEZ SMITH

En liaison étroite avec l’analyse des échanges,


Smith se trouve amené à étudier le problème de la
valeur;
Pour Smith, il existe deux types de valeur qui
coexistent : la valeur en usage et la valeur en
échange;
Smith précise ensuite qu’il n’y a pas de corrélation
ADAM SMITH
(1723-1790) positive entre les deux types de valeur.
II) LA THÉORIE DE LA VALEUR CHEZ SMITH
En fait la position de Smith varie en fonction de la nature de la
société au sein de laquelle se déroule l’échange. Smith distingue à ce
propos la société primitive de la société civilisée.
Cas de la société primitive : « Dans ce premier état informe de la société, qui
précède l’accumulation des capitaux et la propriété des terres, la seule circonstance qui
puisse fournir quelque règle pour les échanges, c’est, à ce qu’il semble, la quantité de travail
nécessaire pour acquérir les différents objets d’échange. Par exemple, chez un peuple de
chasseurs, s’il en coûte habituellement deux fois plus de peine pour tuer un castor que pour
tirer un daim, naturellement un castor s’échangera contre deux daims. Il est naturel que ce
ADAM SMITH qui est ordinairement le produit de deux jours ou de deux heures de travail, vaille le
(1723-1790) double de ce qui est ordinairement le produit d’un jour ou d’une heure de travail. »
II) LA THÉORIE DE LA VALEUR CHEZ SMITH
Cas de la société civilisée : « dans un pays civilisé, il n’y a que très peu de
marchandises dont toute la valeur échangeable procède du travail seul. Pour
la plus grande partie d’entre elles, la rente et le profit y contribuent dans de
fortes proportions. »

En définitive, l’analyse de la valeur par Smith sera scindée en deux


composantes : la théorie de la valeur-travail et la théorie du coût de
production.

ADAM SMITH
(1723-1790)
II) LA THÉORIE DE LA VALEUR CHEZ SMITH
(A) C’est le travail qui constitue l’instrument stable de mesure de la valeur
échangeable des marchandises;
La théorie de
Smith explique d’abord que « ne variant jamais dans sa propre valeur, il
la valeur- est la seule mesure réelle et définitive qui puisse servir, dans tous les
travail temps et tous les lieux, à apprécier et à comparer les valeurs de toutes les
marchandises. Il est le prix réel, l’argent n’est que le prix nominal » (La
RDN);
Smith explique, ensuite, que « le prix réel de chaque chose, ce que chaque
chose coûte réellement à celui qui peut se la procurer, c’est le travail et la
peine qu’il doit s’imposer pour l’obtenir » (La RDN);
II) LA THÉORIE DE LA VALEUR CHEZ SMITH
(A) Trois précisions :
Le fait de définir la valeur par référence au travail et la peine dépensés la fera reposer
La théorie de sur la notion de travail commandé qui est distinct du travail incorporé dans la
la valeur- production des marchandises;
Dans la vie pratique, Smith observe que le travail se caractérise par sa forte
travail hétérogénéité, ce qui rend difficile la comparaison entre deux quantités différentes
de travail;
Smith explique que « quoique le travail soit la mesure réelle de la valeur échangeable de toutes
les marchandises, ce n'est pourtant pas celle qui sert communément à apprécier cette valeur. Il
est souvent difficile de fixer la proportion entre deux différentes quantités
de travail. Cette proportion ne se détermine pas toujours seulement par le temps qu'on a mis
à deux différentes sortes d'ouvrages. Il faut aussi tenir compte des différents degrés de
fatigue qu'on a endurés et de l'habileté qu'il a fallu déployer » (La RDN);
II) LA THÉORIE DE LA VALEUR CHEZ SMITH
(A) Voilà pourquoi en théorie c’est la loi de la valeur-travail qui constitue la
référence pour la mesure des valeurs échangeables des marchandises, mais
La théorie de en pratique cette loi demeure difficile, voire impossible, à appliquer;
la valeur- Smith constate, en effet, que « chaque marchandise est plus

travail fréquemment échangée et, par conséquent, comparée,


avec d'autres marchandises qu'avec du travail. Il est donc plus
naturel d'estimer sa valeur échangeable par la quantité de quelque
autre denrée que par celle du travail qu'elle peut acheter » (La
RDN);
Smith se résout finalement à orienter son analyse vers les composantes du
coût de production des marchandises.
II) LA THÉORIE DE LA VALEUR CHEZ SMITH
(B) Smith adopte une autre approche dans cette perspective : la valeur d’une
La théorie des marchandise sera estimée en procédant à la sommation des différents
composantes du coûts ayant été supportés pour sa production;
Smith justifie alors le changement d’approche qu’il adopte par le
coût de changement du cadre d’analyse de sa nouvelle démarche;
production Smith explique, en effet, que si la mesure de la valeur reposant sur le
travail incorporé est valable dans une société hypothétique de
« chasseurs », dans la société réelle, le produit du travail ne revient pas
entièrement à l’ouvrier car il faut le partager avec le propriétaire du
capital qui met l’ouvrier au travail, et même avec le propriétaire du sol
qui impose généralement une rente contre l’exploitation de sa terre;
II) LA THÉORIE DE LA VALEUR CHEZ SMITH
(B) Dans une société moderne, explique Smith, « le prix de chaque marchandise
La théorie des se résout définitivement en quelqu'une de ces trois parties ou en
composantes du toutes trois, et dans les sociétés civilisées, ces parties entrent
coût de toutes trois, plus ou moins, dans le prix de la plupart des
production marchandises, comme parties constituantes de ce prix»;
Smith réoriente alors l’analyse de la valeur vers les facteurs de production en
proposant de déterminer la valeur stable de chaque composante du coût.
Il finit alors par affirmer que « le travail mesure la valeur non seulement de
cette partie du prix qui se résout en travail, mais encore celle qui se résout en
rente, et celle qui se résout en profit » (piège du raisonnement circulaire);
II) LA THÉORIE DE LA VALEUR CHEZ SMITH
(C) Pour Smith :
La gravitation des La valeur réelle des marchandises demeure stable car
prix elle ne dépend pas de la demande;
Par contre, la valeur nominale des marchandises, c’est-à-
dire leur prix du marché, est instable car elle ne cesse de
fluctuer en relation avec les variations affectant l’offre et la
demande;
Mais en général, le prix du marché (prix nominal) gravite
en permanence autour du prix naturel (valeur réelle);
II) LA THÉORIE DE LA VALEUR CHEZ SMITH
(C) Smith écrit à ce propos : « lorsque par une augmentation de la demande effective, le prix du
marché de quelque marchandise particulière vient à s’élever considérablement au-dessus du prix
La gravitation des naturel, ceux qui exploitent leurs capitaux à fournir le marché de cette marchandise ont, en général,
prix grand soin de cacher ce changement. S’il était bien connu, leurs grands profits leur susciteraient tant
de nouveaux concurrents engagés par-là à employer leurs capitaux de la même manière que, la
demande effective étant pleinement remplie, le prix du marché redescendrait bientôt au prix naturel
et peut être même au-dessous pour quelque temps »;
Smith arrive à montrer ainsi que l’analyse du fonctionnement de l’économie
capitaliste ne peut être menée objectivement sans prendre en considération
l’offre et la demande;
Son analyse intègre donc la théorie de la valeur-travail conjointement avec les
mécanismes du marché auxquels le courant néoclassique accordera plus tard le
primat dans ses développements.
II) LA THÉORIE DE LA RÉPARTITION CHEZ
SMITH
Pour Smith, les sources du
revenu sont constituées par :
Le salaire;
Le profit; et
La rente.
II) LA THÉORIE DE LA RÉPARTITION CHEZ
SMITH
Smith considère que le salaire ressort d’une convention entre le patron et l’ouvrier lorsqu’il
(A) écrit : « c’est par la convention qui se fait habituellement entre ces deux hommes (patron
et ouvrier) dont l’intérêt n’est nullement le même, que se détermine le taux commun des
Le salaire salaires. Les ouvriers désirent gagner le plus possible, les maîtres donner le moins qu’ils
peuvent ; les premiers sont disposés à se concerter pour élever les salaires, les
seconds pour les abaisser » (La RDN) ;
Smith pense que les capitalistes (les patrons) sont dans une position de force car ils
sont moins nombreux et mieux organisés;
Cependant, Smith reste convaincu que le salaire ne peut descendre au-dessous du salaire
de subsistance lorsqu’il écrit « Mais quoique les maîtres aient presque toujours
nécessairement l'avantage dans leurs querelles avec leurs ouvriers, cependant il y a un
certain taux au-dessous duquel il est impossible de réduire, pour un temps un peu
considérable, les salaires ordinaires….. Il faut de toute nécessité qu’un homme vive de
son travail et que son salaire suffise au moins à sa subsistance » (La RDN) ;
II) LA THÉORIE DE LA RÉPARTITION CHEZ
SMITH
Smith considère que le minimum de subsistance n’est pas condamné
(A) à rester figé en permanence lorsqu’il écrit : « la rareté des bras
Le salaire occasionne une concurrence parmi les maîtres qui mettent à
l’enchère l’un ou l’autre pour avoir des ouvriers et rompent ainsi
volontairement la ligue naturelle des maîtres contre l’élévation
des salaires » (La RDN) ;

La rareté des bras, par rapport et en liaison avec l’augmentation


rapide du capital, explique pour Smith la tendance même à
l’amélioration relative du pouvoir d’achat des ouvriers et donc de
leurs conditions de vie.
II) LA THÉORIE DE LA RÉPARTITION CHEZ
SMITH
Pour Smith le profit se distingue du salaire car « il se règle sur des principes
(B) entièrement différents et n’est nullement en rapport avec la quantité et
Le profit la nature de ce prétendu travail d’inspection ou de direction » (RDN) ;
Le profit, selon Smith, correspond au revenu des capitalistes qui se règle
sur la valeur du capital employé et varie proportionnellement à
l’étendue de ce capital;
Le taux de profit, selon Smith, n’est pas uniforme dans toutes les activités
car il dépend aussi bien des lieux que des secteurs où l’investissement est
réalisé;
Dans tous les cas, les profits varient en sens inverse des salaires puisque,
en général, si la croissance est à l’origine de l’augmentation des salaires, elle
est en revanche la cause de la baisse des profits;
II) LA THÉORIE DE LA RÉPARTITION CHEZ
SMITH
La baisse des profits est causée, selon lui, par la concurrence à laquelle se
(B) livrent mutuellement les capitalistes car « quand les capitaux de beaucoup de
Le profit riches commerçants sont versés dans un même genre de commerce, leur
concurrence mutuelle tend naturellement à en faire baisser les profits »
(RDN);
Cette situation, selon Smith, est favorable à l’économie tout entière car,
constate-t-il, « dans les pays qui vont en s’enrichissant avec rapidité, le
faible taux des profits peut compenser le haut prix des salaires du travail
dans le prix de beaucoup de denrées, et mettre ces pays à portée de
vendre à aussi bon marché que leurs voisins, qui s’enrichiront moins
vite, et chez lesquels les salaires seront plus bas » (RDN).
II) LA THÉORIE DE LA RÉPARTITION CHEZ
SMITH
Pour Smith, La rente est un prix de monopole car elle correspond au revenu
(C) du propriétaire après déduction des salaires, des services et du profit du
La rente fermier;
Elle varie en fonction de la fertilité de la terre, mais également de la plus ou
moins grande proximité des périmètres urbains;
La rente n’influence pas, selon Smith, le prix des marchandises comme le font
les salaires et les profits, mais au contraire elle se trouve influencée par le niveau
des prix;
Smith note ici que « la rente entre dans la composition du prix des
marchandises d’une toute autre manière que les salaires et les profits ; le
taux élevé ou bas des salaires et des profits est la cause du prix élevé ou
bas des marchandises, le taux élevé ou bas de la rente est l’effet du prix ».
II) LA THÉORIE DE LA RÉPARTITION CHEZ
SMITH
(C) Conclusion : On constate, en définitive, que
La rente l’influence des physiocrates dans la pensée de
Smith s’avère importante et permanente car la
conclusion majeure qu’il dégage de son analyse
de la rente est que l’intérêt des propriétaires et des
salariés évolue en harmonie avec l’intérêt général
contrairement à celui des industriels qui évolue
dans le sens inverse.
III) LA CROISSANCE CHEZ SMITH
La C’est l’accumulation du capital qui constitue, pour
A. Smith, la source de l’enrichissement;
croissance
Elle génère aussi bien l’accroissement de la richesse
(accroissement de la production de biens et de services)
que la hausse de la productivité;
Pour Smith, il existe deux grandes composantes du
capital : le capital fixe et le capital circulant.
III) LA CROISSANCE CHEZ SMITH
Les deux Smith explique à ce propos que « il y a deux manières différentes d'employer un capital
pour qu'il rende un revenu ou profit à celui qui l'emploie. D'abord, on peut l'employer à faire croître des
visages du denrées, à les manufacturer ou à les acheter pour les revendre avec profit. Le capital employé de cette manière
capital ne peut rendre à son maître de revenu ou de profit tant qu'il reste en sa possession ou tant qu'il garde la
même forme. Les marchandises d'un négociant ne lui donneront point de revenu ou de profit avant qu'il les
ait converties en argent, et cet argent ne lui en donnera pas davantage avant qu'il l'ait de nouveau échangé
contre des marchandises. Ce capital sort continuellement de ses mains sous une forme pour y rentrer sous
une autre, et ce n'est qu'au moyen de cette circulation ou de ces échanges successifs qu'il peut lui rendre
quelque profit. Des capitaux de ce genre peuvent donc être très proprement nommés CAPITAUX
CIRCULANTS. En second lieu, on peut employer un capital à améliorer des terres ou à acheter des
machines utiles et des instruments d'industrie, ou d'autres choses semblables qui puissent donner un revenu
ou profit, sans changer de maître ou sans qu'elles aient besoin de circuler davantage; ces sortes de capitaux
peuvent donc très bien être distingués par le nom de CAPITAUX FIXES » (RDN)
III) LA CROISSANCE CHEZ SMITH
La promotion Il est nécessaire d’investir le capital pour qu’il puisse générer de la croissance;
de la Mais ce n’est pas suffisant car il faut, en effet, qu’il soit utilisé d’une manière
productive et efficace;
croissance Pour ce faire, l’épargne, qui doit servir à l’investissement et non à la
consommation, doit être orientée vers le travail productif et non pas vers le
travail non productif;
Smith définit ces notions en expliquant que « il y a une sorte de travail qui ajoute à
la valeur de l'objet sur lequel il s’exerce ; il y en a un autre qui n'a pas le même effet. Le
premier, produisant une valeur, peut être appelé travail productif ; le dernier, travail
non productif. Ainsi, le travail d'un ouvrier de manufacture ajoute, en général, à la
valeur de la matière sur laquelle travaille cet ouvrier, la valeur de sa subsistance et du profit de
son maître. Le travail d'un domestique, au contraire, n'ajoute à la valeur de rien» (RDN)
III) LA CROISSANCE CHEZ SMITH
Le secteur Lorsque l’épargne est accumulée, le secteur recommandé par Smith est le
recommandé par secteur agricole ;
Smith pour la
Smith précise, en effet, que « aucun capital, à somme égale, ne met en captivité plus de
promotion de la
croissance travail productif que celui du fermier. D'ailleurs, dans la culture de la terre, la nature
travaille conjointement avec l'homme. Jamais une pareille quantité de travail
productif, employé en manufactures, ne peut occasionner une aussi riche
reproduction. Dans celles-ci, la nature ne fait rien ; la main de l'homme fait tout. Ainsi, non
seulement le capital employé à la culture de la terre met en évidence une plus grande quantité de
travail productif que tout autre capital pareil employé en manufacture, mais encore, à proportion de
la quantité de travail productif qu’il emploie, il ajoute une plus grande valeur au produit annuel des
terres et du travail du pays, à la richesse et au revenu réel de ses habitants. De toutes les manières
dont un capital peut être employé, c'est sans comparaison la plus avantageuse à la société. »
III) LA CROISSANCE CHEZ SMITH
Le secteur
recommandé par Conclusion :
Smith pour la
promotion de la
Encore une fois, on retrouve dans la pensée de
croissance
l’auteur les ingrédients des réflexions
physiocratiques au sujet de la productivité de la
terre bien qu’il s’en soit suffisamment éloigné en ce
qui concerne le postulat sur la stérilité des activités
commerciales et industrielles.
IV) LE COMMERCE EXTÉRIEUR CHEZ SMITH
Théorie de o Smith est favorable à la libéralisation du commerce international;
l’avantage o Sa position est explicitée dans ses propos : « si un pays étranger peut
absolu nous fournir une marchandise à meilleur marché que nous ne
sommes en état de l’établir nous-mêmes, il vaut bien mieux que
nous l’achetions avec quelque produit de notre propre industrie
employée dans le genre avec lequel nous avons quelque
avantage » (RDN);
o Il en ressort que A. Smith est favorable à l’ouverture commerciale
avec spécialisation de l’économie nationale dans la production des
produits bénéficiant d’un avantage absolu par rapport aux autres pays
partenaires de l’échange.
IV) LE COMMERCE EXTÉRIEUR CHEZ SMITH
Théorie de Pays Partenaires Coût de production du Coût de production du
l’avantage dans l’échange bien X (en heures de T) bien Y (en heures de T)
absolu
Pays A 100 U 85 U

(Spécialisation)

Pays B 90 U 105 U

(Spécialisation)
IV) LE COMMERCE EXTÉRIEUR CHEZ SMITH
Observations sur On peut toutefois se poser la question relative au sort réservé aux pays ne
la théorie du bénéficiant d’aucun avantage absolu pour se convaincre facilement que
commerce l’optique smithienne les exclut d’une façon déterministe de l’échange;
extérieur de Smith la pensée de Smith était très influencée par la position dominante de
l’économie britannique notamment par rapport à ses colonies dont le
rôle en matière d’absorption des produits de l’industrie anglaise était
central;
Smith précise, en effet, que « l’effet du commerce des colonies, dans son
état libre et naturel, c’est d’ouvrir un marché vaste quoique lointain, pour
ces parties du produit de l’industrie anglaise qui peuvent excéder la
demande des marchés plus prochains, du marché national » (RDN)
V) LA PENSÉE DE SMITH SOUS LA LOUPE
EVALUATION
V) APPRÉCIATIONS CRITIQUES DE LA
PENSÉE DE SMITH
Appréciations Certains économistes pensent que Smith a adopté une attitude libérale à
l’endroit du commerce international pour mieux servir les intérêts de la
générales Grande Bretagne, d’autant plus qu’il était très favorable à la politique
colonialiste britannique;
L’intérêt général est assuré involontairement par la poursuite des intérêts
personnels : voilà la vision de Smith sur un libéralisme efficace à tous les niveaux
de la vie économique et sociale puisqu’il précise que l’individu « est conduit par une
main invisible à remplir une fin qui n'entre nullement dans ses intentions; …Tout en ne
cherchant que son intérêt personnel, il travaille souvent d'une manière bien plus efficace pour
l'intérêt de la société…». Cette idée constitue le fondement de toute la doctrine
morale de Smith et prépare le terrain à ce qui deviendra plus tard le concept de
l’homo-œconomicus sur lequel reposera le socle de la doctrine néoclassique.
V) APPRÉCIATIONS CRITIQUES DE LA
PENSÉE DE SMITH
Appréciations
spécifiques Cependant, nombreux sont les
économistes qui considèrent
que Smith n’a fait aucun
apport original à la science
économique.
V) APPRÉCIATIONS CRITIQUES DE LA
PENSÉE DE SMITH
David David Ricardo exprime son admiration pour le travail de Smith
RICARDO explicitement dans la préface de son ouvrage Des Principes de
(1772-1823) l’économie politique et de l’impôt (1817);
Ricardo note que : « en combattant des opinions reçues, j'ai cru
devoir plus particulièrement examiner certains passages des
ouvrages d'Adam Smith qui ne s'accordent pas avec ma manière de
voir ; j'espère néanmoins qu'on ne me soupçonnera pas pour cela
de ne point partager avec tous ceux qui reconnaissent l'importance
de l'Économie politique, l'admiration si justement due à
l'ouvrage profond de cet auteur célèbre »;
V) APPRÉCIATIONS CRITIQUES DE LA
PENSÉE DE SMITH
David Cependant, Ricardo reprochera à Smith son parti pris physiocratique
RICARDO selon lequel dans le travail de la terre, contrairement à l’industrie, la
(1772-1823) nature contribue à la multiplication des richesses;
Ricardo remet clairement en cause cet héritage physiocratique en se
posant la question « La nature ne fait-elle donc rien pour l’homme dans
les manufactures ? N’est-ce rien que la puissance du vent et de l’eau qui font aller nos
machines, et qui aident à la navigation ? La pression de l’atmosphère et l’élasticité de la
vapeur de l’eau, au moyen desquelles nous donnons le mouvement aux machines les plus
étonnantes, ne sont-elles pas des dons de la nature ? …Il n’existe pas une seule
espèce de manufacture dans laquelle la nature ne prête son aide à
l’homme, et elle le fait toujours avec libéralité et gratuitement ».
V) APPRÉCIATIONS CRITIQUES DE LA
PENSÉE DE SMITH
Jean-Baptiste La position de Jean-Baptiste Say est bien plus favorable à l’esprit
SAY (1772-1823) analytique original de Smith ;
SAY note que « la distinction que fait ici M. Ricardo, d'après
Adam Smith, entre la valeur d'utilité et la valeur échangeable,
est fondamentale en économie politique. Peut-être aurait-il
dû remarquer que cette dernière, la valeur échangeable, est
celle dont Smith s'est exclusivement occupé dans tout son
ouvrage, et que c'est en cela que consiste le grand pas qu'il a
fait faire à l'économie politique, à la science de toutes, peut-
être, qui influe plus directement sur le sort des hommes.»
V) APPRÉCIATIONS CRITIQUES DE LA
PENSÉE DE SMITH
Karl MARX • Karl Marx précise que « Adam Smith a appliqué aussi aux biens de l'esprit son
(1818-1883) adage écossais suivant lequel "quand on a fait un petit bénéfice il devient souvent
facile d'en faire de grands" et c'est pourquoi il a mis un soin mesquin à cacher
les sources auxquelles il doit le peu dont il a effectivement tiré
beaucoup »;
• Sur son analyse du prix des marchandises, Marx rappelle que « à maints égards
dans sa présentation du procès de reproduction, donc aussi d’accumulation, A.
Smith n’a fait aucun progrès sur ses devanciers, en particulier les
physiocrates, mais il marque sur eux un recul incontestable. A son illusion,
mentionnée dans le texte, se rattache ce dogme vraiment fabuleux qu’il a
également légué à l’économie politique, à savoir que le prix des marchandises se
compose de salaire, de profit et de rente foncière ».
V) APPRÉCIATIONS CRITIQUES DE LA
PENSÉE DE SMITH
Joseph Pour Joseph Schumpeter « le fait est que la Richesse des
SCHUMPETER Nations ne contient pas une seule idée, principe ou
(1883-1950) méthode analytique, qui fût entièrement nouvelle en 1776 »;
Selon Schumpeter, Smith « ne parcourut que des chemins
battus ; il n’utilisa que des éléments préexistants, mais,
esprit d’une clarté lumineuse, il élabora une œuvre
grandiose, fruit du travail de toute son existence. Son livre vint
à son heure et apporta à son époque exactement ce dont
elle avait besoin, ni moins, ni plus »;
V) APPRÉCIATIONS CRITIQUES DE LA
PENSÉE DE SMITH
Joseph Cette position, à caractère franchement négatif, semble
SCHUMPETER vraisemblablement procéder du manque de prévoyance
(1883-1950)
dont a fait preuve Smith ainsi que du peu d’intérêt qu’il
a réservé au progrès technique dans ses analyses à un
moment où le processus propre à la Révolution
industrielle était en cours et que Smith était témoin des
transformations qu’elle générait pendant les décennies qui
allaient révolutionner l’Angleterre de l’époque.
V) APPRÉCIATIONS CRITIQUES DE LA
PENSÉE DE SMITH
Appréciations Smith vécut à une époque de transition, caractérisée encore par la
domination des idées anciennes notamment mercantilistes et physiocratiques.;
générales Les transformations profondes opérées par la Révolution industrielle dans la
société rendirent le conflit entre les idées anciennes et les nouvelles encore plus
aigu et le dépassement de l’héritage physiocratique en particulier plus ardu;
Smith eut le grand mérite de porter un coup fatal à la pensée mercantiliste
sur sa conception de la richesse puisque pour lui les métaux précieux ne
pouvaient être autre chose que des marchandises;
Il put alors, en considérant le travail comme la seule source de richesse et en
se focalisant sur l’analyse de la valeur, ouvrir la voie vers de nouvelles
réflexions et tracer définitivement le chemin à travers lequel devait progresser
l’économie politique;
V) APPRÉCIATIONS CRITIQUES DE LA
PENSÉE DE SMITH
Appréciations La grande pertinence qui caractérise ses observations ainsi que la
générales richesse de l’exemplification qui marque son œuvre la rendent très
accessible à la lecture;
Son style académique est très attrayant pour le grand public car il
propose un cadre d’analyse et d’observation dans lequel tout lecteur
pourrait se retrouver;
Smith peut se prévaloir objectivement d’avoir grandement facilité
l’analyse de l’économie politique après avoir fait reposer cette
discipline sur ses principaux piliers : l’analyse de la valeur et de la
répartition des richesses ainsi que de leur croissance.

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