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Histoire de la pensée économique

Julio Ricardo Davalos

Troisième année licence économie-gestion 2018-2019


Table des matières

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

I L’Économie politique classique 6

1 Le principe du libre-échange 7
1.1 Adam Smith (1723-1790) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.1.1 Les enseignements tirés de l’œuvre de Hume . . . . . . 8
1.1.2 La théorie de la valeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.1.3 La théorie de la croissance . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.1.4 Le rôle de l’État . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.1.5 Postérité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2 L’apport de Jean-Baptiste Say . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2.1 Le libéralisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2.2 La loi des débouchés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.2.3 La théorie de la valeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.2.4 L’utilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.2.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

2 L’Économie politique 12
2.1 Les approches théoriques de David Ricardo . . . . . . . . . . 12
2.1.1 La théorie de la valeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.1.2 Les observations majeures de Ricardo . . . . . . . . . 13
2.1.3 La théorie de la répartition . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.2 Le rôle du commerce extérieur dans l’approche de Ricardo . . 14
2.2.1 La théorie des coûts comparés . . . . . . . . . . . . . . 14
2.2.2 L’état stationnaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.3 La contestation du modèle classique par Marx (1818-1883) . . 16
2.3.1 La théorie économique de Marx . . . . . . . . . . . . . 16

3 Du pessimisme de Matlhus à l’optimisme de Say : la critique


de Comte 17
3.1 Les fondements de la thèse de Malthus . . . . . . . . . . . . . 17
3.1.1 Le pessimisme de Malthus (1766-1834) . . . . . . . . . 17

1
3.1.2 Les enseignements logiques de la thèse de Malthus . . 18
3.1.3 La théorie des déséquilibres . . . . . . . . . . . . . . . 18
3.2 L’interprétation économique par Auguste Comte (1820-1906) 19
3.2.1 La doctrine sociale de Comte . . . . . . . . . . . . . . 19
3.2.2 La synthèse de Comte . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

4 La synthèse classique de Mill 22


4.1 L’utilitarisme de Mill . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
4.2 Progrès social . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
4.3 Justice fiscale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
4.4 Pour une répartition spécifique . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
4.5 Égalité des sexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
4.6 L’état stationnaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

II Le Libéralisme économique 26

5 La réhabilitation du raisonnement libéral par les néo-classiques 27


5.1 Approche de la théorie de la valeur chez les néo-classiques
(1830-1880, Jevons, Menger, Walras) . . . . . . . . . . . . . . 28
5.2 L’analyse de la répartition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

6 Le raisonnement néo-marginaliste : les écoles de Cambridge 30


6.1 Le néo-marginalisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
6.1.1 Le raisonnement de l’école autrichienne . . . . . . . . 30
6.1.2 L’École de Fribourg . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
6.2 La logique de l’équilibre général sur la base du raisonnement
marginal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
6.2.1 Les fondements de l’analyse de Walras . . . . . . . . . 36
6.2.2 Les limites de l’approche Walrassienne . . . . . . . . . 36
6.3 L’École de Cambridge et le raisonnement marginaliste . . . . 36
6.3.1 La controverse des deux Cambridge . . . . . . . . . . 37
6.3.2 La synthèse de Marshall . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
6.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

7 La synthèse des théories de la valeur par Marshall et Pareto 39


7.1 Les fondements de l’analyse marshallienne . . . . . . . . . . . 40
7.1.1 Typologie des périodes de Marshall . . . . . . . . . . . 40
7.1.2 Les apports clés de Marshall . . . . . . . . . . . . . . 41
7.2 Anciennement théoriques fondamentaux de Marshall . . . . . 42
7.2.1 La théorie de la demande marshallienne . . . . . . . . 43
7.2.2 La théorie de la production . . . . . . . . . . . . . . . 43
7.2.3 La condition marshallienne de l’équilibre . . . . . . . . 44
7.2.4 Répartition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45

2
7.3 Relation prix-intérêt : l’apport de Wicksell (1851-1926) . . . . 45
7.3.1 La relation prix-intérêt . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
7.3.2 Conditions de l’équilibre monétaire . . . . . . . . . . . 46
7.3.3 L’approche du cycle chez Wicksell . . . . . . . . . . . 46
7.3.4 L’origine du déséquilibre . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
7.3.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
7.4 Les relations entre marché de la monnaie et marché des biens 49
7.4.1 Les thèses de Fisher . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
7.4.2 L’approche de Pigou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
7.5 Le Welfare . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51

8 L’influence des thèses libérales sur le raisonnement keynésien 52


8.1 Les fondements de la pensée keynésienne . . . . . . . . . . . . 52
8.1.1 Les limites de la théorie néoclassique . . . . . . . . . . 52
8.1.2 Propriétés du raisonnement de Keynes . . . . . . . . . 53
8.2 Le keynésianisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
8.2.1 Les disciples de Keynes . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
8.2.2 Le courant de synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
8.2.3 Les courants divergents contemporains . . . . . . . . . 56

9 La Mise en application du néolibéralisme par Hicks, Samuel-


son, Rueff et Allais 58
9.1 Les fondements du courant de Jacques Rueff . . . . . . . . . 58
9.1.1 Approche générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
9.1.2 Analyse principale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
9.2 Propositions et thématiques de Maurice Allais . . . . . . . . . 59
9.2.1 Approche de Maurice Allais . . . . . . . . . . . . . . . 60
9.2.2 Recommandations de politique économique . . . . . . 61

10 La prise en considération de la stratégie des acteurs dans les


modèles et la modélisation 62
10.1 Les structures de marché et libéralisme économique . . . . . . 62
10.1.1 La concurrence monopolistique de Chamberlin . . . . 62
10.1.2 La concurrence imparfaite de Robinson . . . . . . . . 62
10.1.3 Le courant structuraliste . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
10.1.4 La théorie des marchés disputable (Baumol, Willig) . 63
10.1.5 Conséquences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
10.2 De nouveaux modèles pour conforter l’approche libérale . . . 64
10.2.1 Quelques applications théoriques . . . . . . . . . . . . 64
10.2.2 Développement économique . . . . . . . . . . . . . . . 64
10.2.3 Limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
10.3 Conclusion générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65

3
Chapitre introductif : Les
fondements de l’approche
libérale

Deux courants s’opposent au XVIIe siècle : le mercantilisme et la phy-


siocratie.

Les mercantilistes ont considéré que l’essentiel de l’économie reposait sur


l’accumulation de métaux, étoffes etc. Les pays les plus puissants seraient
alors ceux qui seraient les plus aptes à cette accumulation. Ils ont également
remarqué que le commerce permet d’accumuler encore d’avantage, par tous
les moyens imaginables. Ils considèrent le protectionnisme comme essentiel
mais uniquement dans un sens : l’économie dominante (ayant accumulé) doit
pouvoir vendre sans contrainte, les économies qui dépendent d’elle doivent
subir des taxes et n’ont pas le droit de vendre leurs propres biens. Un exemple
français a été celui du colbertisme, donnant lieu à la construction de places
fortes (Saint Malo) et la volonté d’hégémonie sur le monde.

Cependant, si l’accumulation n’est pas associée à la circulation des biens


alors les économies dominantes s’essoufflent. En effet, les économies do-
minées ne peuvent plus acheter les biens des économies dominantes : ces
dernières n’ont plus eu de débouchés à force d’appauvrir les autres, les stocks
massifs ne pouvaient plus servir à rien. L’endettement finit donc par rattra-
per les États mercantilistes (comme la France ou l’Espagne) au XVIIe siècle.
Cet échec de la politique mercantiliste a eu pour effet la fin de la pensée mer-
cantiliste et le début de la recherche de croissance sans risque, cherchant à
éviter le  protectionniste stérile .

Ce sont les physiocrates, derrière Quesnay qui proposeront la première


approche du fonctionnement de l’économie. Quesnay part du constat que
l’accumulation stockée est une entrave à la croissance et se demande pour-
quoi. Ayant été médecin, il a l’idée de comparer l’économie à un corps hu-
main : il y a besoin d’une bonne circulation des marchandises pour qu’elle

4
Introduction Julio Ricardo Davalos

se porte bien, il faut donc que le commerce soit libre. Le libre-échange était
né. Tout blocage, entrave, protection de l’économie doivent être levés pour
permettre l’accélération de l’accumulation. Les physiocrates ne condamnent
cependant pas l’État, ils le limitent simplement au régalien. La thèse de
Quesnay a inspiré Turgot qui l’appliquera à la politique française avec succès.

Les physiocrates feront cependant une erreur : considérant que seule


l’agriculture est productive, ils reposeront tout dessus considérant que les
autres secteurs sont stériles. Pour Boisguilbert, le fait de semer est un gain
de valeur étant donné que l’on passe d’une marchandise inutile à utile. Il
n’a pas non plus anticipé la loi des rendements décroissants, mettant à mal
l’idée de tout faire reposer sur l’agriculture.

Les classiques sont admiratifs des thèses de la physiocratie, veulent com-


prendre les marchés et tentent de justifier leur autorégulation dans la lignée
des physiocrates. Adam Smith mettra sur pied sa théorie de la main invisible
reposant sur la rationalité des acteurs permettant aux égoı̈smes particuliers
de contribuer au bonheur collectif.

La loi de Say a également des fondements physiocrates : partant du


constat que l’accumulation de biens constitue une offre, il en déduit qu’il
faut qu’elle soit libre, l’offre créera toujours sa demande. Chez les classiques
cependant, la monnaie reste un voile permettant simplement d’accélérer la
logique du commerce, il faudra attendre Keynes pour remettre ce principe
en cause. Pour qu’il y ait croissance, il faut donc que l’offre crée sa propre
demande, que la monnaie ne soit qu’un voile et donc que l’épargne soit exac-
tement égale à l’investissement.

Pour les classiques, notamment Walras, la flexibilité des prix permet


d’assurer les équilibres de marché. Le prix doit se réguler par la loi de l’offre
et de la demande. La croissance serait alors garantie par ces trois conditions :
rationalité des acteurs, monnaie considérée comme un voile et flexibilité des
prix.

5
Première partie

L’Économie politique
classique

6
Chapitre 1

Le principe du libre-échange

Dans ce premier chapitre, nous passerons en revue les trois principes


exposés tout à l’heure.

1.1 Adam Smith (1723-1790)


Adam Smith est amené à étudier l’économie à travers l’étude de la mo-
rale, de l’altruisme et de l’égoı̈sme. Pour lui, l’être humain est guidé par
deux forces :
— instinct égoı̈ste pour renforcer sa jouissance individuelle ;
— instinct altruiste pour pouvoir vivre en société.
Dans sa Théorie des sentiments moraux, Adam Smith explique que c’est
l’égoı̈sme qui domine la sphère économique tandis que l’altruisme guide les
sentiments moraux. Dans Recherche sur la nature et les causes de la ri-
chesse des nations, il reprend à son compte la thèse des physiocrates du
circuit permettant la croissance. Il s’intéresse alors à l’efficacité induite par
le marché et montre que l’égoı̈sme de chacun n’est pas contraire au collec-
tif, au contraire. Les intérêts particuliers assureraient donc, par le biais du
marché, aux intérêts collectifs.

Il confère également au marché un rôle de régulation. En effet, il constate


que celui-ci s’autorégule sans intervention, par les prix. L’échange conduit
à la division du travail qui elle-même crée de la croissance et de l’em-
ploi. Il s’oppose alors aux physiocrates concernant l’industrie. Cependant,
il ne s’agit pas de produire dans l’industrie pour obtenir de la croissance
mais plutôt penser à la rendre le plus efficace. Adam Smith sera alors un
précurseur de la concentration de travail à travers son analyse des économies
d’échelle.

Adam Smith est également précurseur concernant la division du travail :


il considère que chaque travailleur spécialisé dans une activité fractionnée

7
1. Le principe du libre-échange Julio Ricardo Davalos

confère un meilleur rendement de la production qu’un travailleur exécutant


toutes les activités.

1.1.1 Les enseignements tirés de l’œuvre de Hume


Adam Smith reprend deux concepts de Hume : l’utilité et l’association
des idées. Ces concepts ont été soulevés par Hume mais non démontrés,
Adam Smith s’attache donc à le démontrer à travers l’économie. Les hu-
mains y sont guidés par leur intérêt personnel et par le jugement que les
autres font d’eux.

Pour Smith, il est tout à fait concevable que l’intérêt individuel ne


converge pas vers l’intérêt collectif, il ne faut pas le corriger mais simple-
ment le reconnaı̂tre. Il considère que les inégalités doivent être admise en
dépit de son souci de l’intérêt de chacun, pour lui, c’est la liberté qui est
la plus importante : elle est condition du progrès, condition de la réduction
des différences malgré les inégalités. Smith est confiant dans le progrès in-
trinsèque à la liberté du marché.

Concernant la richesse, Smith considère que son accumulation est no-


cive : il faut être raisonnable afin de garantir la paix sociale. La liberté
économique ne doit pas avoir de limites mais elle doit être raisonnée. Cha-
cun doit également s’insérer dans la division du travail pour effectuer des
gains de productivité. Cette productivité peut être augmentée par le progrès
technique et Smith considère que cela est bénéfique pour tous. Tout le monde
gagnerait à une augmentation de la productivité puisqu’elle crée plus d’em-
ploi, plus de salaire, plus d’opulence.

1.1.2 La théorie de la valeur


Pour Smith, il existe une valeur d’usage et une valeur d’échange pour
un même bien. La valeur d’usage est une valeur subjective, conférée par
un intérêt individuel, elle ne peut objective, elle ne peut pas représenter son
utilité sociale. En effet, la valeur d’usage est variable selon les circonstances.
La valeur d’échange est alors une solution à ce problème : plus la marchandise
aura nécessité de travail, plus elle sera chère. Pour appuyer le concept de
valeur d’échange, Smith se repose sur trois notions :
— prix d’offre : celui auquel l’entreprise vend ;
— prix de revient : celui qui représente le coût de production ;
— prix naturel : celui qui apparait en fonction de l’usage individuel ou
de l’utilité sociale.

8
1. Le principe du libre-échange Julio Ricardo Davalos

1.1.3 La théorie de la croissance


Pour Menthville, il y a beaucoup d’hommes pour peu de capital et il
faut le corriger par la demande. Menthville, à l’aide de la fable des abeilles,
a constaté que l’épargne nuit à la production : au delà d’un certain seuil
d’épargne, il y aura moins d’investissement possible : il n’y a pas assez de
demande. Smith inverse cette logique : la rareté du capital doit se résoudre
du côté de l’offre. C’est en encourageant l’offre que, en réduisant les taxes, en
incitant à investir. Il faut également inciter au libre-échange pour garantir
la croissance. Plus il y en aura, mieux se portera l’économie.

1.1.4 Le rôle de l’État


Il n’y a cependant pas de remise en cause de l’État : son rôle doit être
minimal, avec trois fonctions principales :
— le devoir du souverain : la défense nationale ;
— le devoir de bienveillance : la protection des citoyens ;
— le devoir de développement du bien public voire de soutien à l’indus-
trie nationale.
Il peut également exister des situations de monopole naturel (rendements
croissants) qui peuvent être appropriés par l’État.

1.1.5 Postérité
Les thèses de Smith ont l’avantage d’avoir pu être appliquées. Que ce
soit dans l’école de Chicago, chez les néoclassiques et néokeynésiens. La
pensée classique demeure féconde : on retient de celle-ci les concepts de
division du travail, de concurrence, les coûts comparatifs et le calcul à la
marge (qui viendra plus tard). C’est en cela qu’Adam Smith est essentiel
dans la construction des théories libérales. Le deuxième auteur que l’on
peut considérer comme essentiel est Jean-Baptiste Say.

1.2 L’apport de Jean-Baptiste Say


1.2.1 Le libéralisme
Jean-Baptiste Say est un théoricien libéral comme Adam Smith. Voulant
s’inscrire dans sa lignée, on considère souvent qu’il en a ruiné l’œuvre. En
effet, pour lui, la quantité produite dépend du capital, du travail et de la
terre. Le capital confère un profit, le travail un salaire et la terre une rente.
Ces trois éléments sont des prix, selon leurs niveaux, on les achètera ou non.
Il faut donc, là aussi que l’offre égale la demande.

9
1. Le principe du libre-échange Julio Ricardo Davalos

Les producteurs sont considérés comme des intermédiaires : ce sont les


consommateurs qui sont responsables de la croissance. Il préconise donc
certaines formes d’intervention de l’État, notamment dans le soutien de la
demande. En effet, pour Say la demande a comme rôle d’orienter l’activité,
il a ainsi une vision quasi-keynsésienne. Il considère que si l’on maı̂trise cor-
rectement la demande, il y aura nécessairement le plein emploi des moyens
de production.

Contrairement aux autres théoriciens, il pense que la monnaie est un


voile sur les échanges donc son utilité est limitée. Il s’agit d’une approche
intéressante car les classiques pensaient que la monnaie était neutre c’est
a dire que ses fluctuations n’importaient pas la sphère réelle cependant, ils
n’allaient pas aussi loin que Say concernant son utilité.

Autre point, sur le marché de l’emploi, s’il y a moins de demande, il y


a du chômage, les travailleurs sont donc obligés de réduire la taille de leurs
familles, corrigeant ainsi le problème du chômage et soutenir le salaire à la
hausse. Say soutient ainsi que la valeur des biens est déterminée par leur
utilité. Mais il ne prend pas en compte le fait qu’il faut du temps. Sa théorie
du plein emploi de tous les facteurs de production affaiblit la thèse de l’au-
torégulation du marché.

En outre, Say pense que l’État n’est pas capable de gérer les monopoles :
il est moins efficace que le privé. Mais il lui donne comme rôle d’aider le privé
en garantissant la stabilité des relations avec les autres tout en protégeant
son territoire.

Enfin, Jean-Baptiste Say considère qu’il ne peut pas y avoir de chômage


permanent en s’appuyant sur la thèse de la population de Malthus.

1.2.2 La loi des débouchés


Pour Say, il faut créer de la production pour créer de la demande : l’offre
crée sa demande. D’après lui, c’est ce qui se passe dans les économies de troc
et le généralise aux économies libérales. Avec un intermédiaire des échanges
cela ne pose pas de difficulté pour Say étant donné que la monnaie est un
voile. Cependant, pour que cette hypothèse soit valable, il faut que
— les coûts de production soit égal aux revenus des facteurs de produc-
tion ;
— les coûts de production soit égal à la demande agrégée.
Il faut donc que la monnaie ne soit jamais thésaurisée (demandée pour elle-
même). La première hypothèse se heurte à la notion de profit : celui-ci doit
être maximisé alors que l’égalité entre coûts de production et revenus des fac-
teurs implique sa nullité. La seconde hypothèse implique que ce qui est offert

10
1. Le principe du libre-échange Julio Ricardo Davalos

soit obligatoirement consommé : cela veut dire que les intentions d’épargne
soient égales aux intentions d’investissement.

On a donc pour Say : I = S. Cela est faux car :


( (
Y =C +I +G Y −C =I +G

Yd = Y − T = C + S Y = Yd + T = C + S + T
⇔Y −C =I +G=S+T
⇔ S = I + (G − T )

Donc on peut dire que l’épargne sert à l’investissement mais aussi à payer
le solde public.

1.2.3 La théorie de la valeur


On reprend la division des revenus de sorte qu’ils se fixent indépendamment
les uns des autres. La valeur d’un bien serait alors la somme des coûts de
la terre, du travail et du capital. Cependant, on ne comprend plus pourquoi
les facteurs peuvent se substituer les uns aux autres si les prix se fixent
indépendamment. Cette approche sera rectifiée par Ricardo.

1.2.4 L’utilité
Son approche de l’utilité n’est pas associée à la rareté ni à celle d’échange
mais plutôt à celle de productivité. Tous ceux qui fournissent une utilité
véritable en échange d’un salaire seront productifs. La notion d’effort est
mesurée en terme d’utilité, c’est ce qui justifie à son avis la notion de profit :
le risque pris surpasserait l’utilité du travail et donc justifierait le fait que le
profit soit plus grand que le salaire.

Lorsque l’on produit un bien durable, la production est véritable, ce-


pendant si ce bien est consommable il n’a pas d’utilité. L’utilité est donc le
produit de deux caractéristiques : l’apport d’une richesse comptabilisable et
son lien avec un effort fourni. La consommation ne sert donc à rien : elle ne
permet pas de contribuer à l’évolution de la croissance.

1.2.5 Conclusion
Pour Say, le libre-échange promet la croissance en plus de se réaliser de
lui-même. L’État n’est qu’appelé à se cantonner à aider le libre-échange à se
réaliser plus vite mais avec une intervention minimale de sécurisation. Malgré
ses erreurs sur l’épargne, il reste le premier théoricien de la répartition.

11
Chapitre 2

L’Économie politique

2.1 Les approches théoriques de David Ricardo


Partant de son point de vue de spéculateur, Ricardo commence à s’intéresser
à l’économie à l’âge de 25 ans. Il comprend qu’il faut devenir propriétaire
foncier pour impacter l’économie et devient membre du parlement anglais.
Ses problèmes principaux sont alors :
— l’inflation ;
— la dépréciation des billets de banque ;
— la hausse du prix de l’or.
Cette dernière est, d’après lui, due à une trop grande émission de billets de
banque convertibles en or.
Ricardo comprend tout de suite les intérêts du libre-échange pour une
économie. Le progrès de la richesse est indispensable mais il tend à entrainer
la hausse des prix et des rentes, pour contrecarrer ces risques il faut que la
concurrence soit accrue. La solution à l’inflation est ainsi la concurrence,
notamment à l’international. Pour Ricardo, ce qui est important est l’indus-
trie, il faut donc faire baisser les prix du blé par exemple avec la concurrence
internationale et ainsi faire baisser le prix des biens des travailleurs et donc
leurs salaires. Pour Ricardo il y a une opposition entre les rentiers, les capi-
talistes et les travailleurs. Il s’opposera farouchement à l’intérêt des rentiers
qui ralentissent l’économie.

Pour Ricardo, l’avenir de l’économie tient à la répartition des revenus


entre les différentes classes. On dépasse ici la vision des physiocrates et
d’Adam Smith d’enrichissement de la nation pour en venir à la répartition
sociale de la richesse. L’analyse n’est plus descriptive, Ricardo propose une
véritable théorie.

12
2. L’Économie politique Julio Ricardo Davalos

2.1.1 La théorie de la valeur


Ricardo part de la notion de profit, c’est-à-dire la différence entre prix
de revient et prix de vente. Le prix varie en fonction des variations de la
monnaie : celles-ci faussent les variations de quantités de travail nécessaires
à la production de marchandises. Plutôt que de renoncer à quantifier la
valeur des biens, il considère que la valeur de la monnaie est le fruit du
travail contenu dans sa fabrication. Le prix d’un bien A est donc le suivant :
qA
PA = (2.1)
qm
Si le prix de A varie alors que la quantité de travail nécessaire pour produire
la monnaie n’a pas bougé alors cela veut dire que c’est la quantité de travail
nécessaire pour produire A qui a varié. En cas de variation de qm alors la
variation du prix de A PA est proportionnelle à celle-ci. Ricardo en déduit
une théorie de la valeur des marchandises. Il constate alors que les variations
de prix sont dues à la variation de la productivité dans l’industrie de l’or et
celle de la production des biens.

2.1.2 Les observations majeures de Ricardo


La théorie de la valeur est possible uniquement si les biens peuvent être
produits de façon pratiquement illimitée. Les biens rares échappent donc à
la théorie de la valeur. La qualité du travail fourni par l’ouvrier contribue
également à déterminer la valeur d’un bien : la qualité supérieure d’une tra-
vail est mieux rémunérée en conséquence.

Les profits comme les salaires font partie des prix des marchandises donc
on ne peut dire que le prix est proportionnel au coût du travail : il est
également dû au coût de l’effort de l’investissement. Les mouvements de
prix dépendent d’avantage des variations des coûts de production et non de
celle des salaires. L’implication pratique pour Ricardo est donc une meilleure
gestion des coûts de production.

2.1.3 La théorie de la répartition


Ricardo veut pouvoir rémunérer chaque classe tout en garantissant la
croissance. Pour cela, il se base sur les travaux de Malthus, c’est-à-dire le
déphasage entre la croissance démographique et la croissance de production
dans l’agriculture à quoi il donne comme solution de donner plus aux capita-
listes pour éliminer le surplus de travailleurs et qui définit le prix d’un bien
au coût de la dernière unité produite (le coût marginal était né). Ce raison-
nement vient du fait que les terres différentes produisaient des denrées avec
des coûts différents : la rente ne reflète donc pas la véritable valeur du bien.

13
2. L’Économie politique Julio Ricardo Davalos

La rente profite donc au rentier qui a une terre médiocre et non à l’exploi-
tant. Ricardo reconnait les problèmes fondamentaux soulevés par Malthus,
mais pour lui le fondement de la répartition se trouve dans le produit de la
vente au coût marginal. Le prix de vente est alors égal au coût du travail
le plus élevé : une terre de qualité différente va nécessiter plus de travail et
donc le produit coutera plus cher.
Ricardo distingue ainsi le prix courant du travail de son prix naturel.
Deux cas sont possibles :
1. si le salaire courant est supérieur au salaire naturel : accroissement
de la demande de travail plus rapide que l’offre, les entreprises sont
donc prêtes à mieux rémunérer ;
2. si le salaire courant est inférieur au salaire naturel : accroissement de
la demande de travail moins rapide que l’offre.
De cette observation, Ricardo déduit qu’il ne faut pas  assister  les pauvres
puisque cela dépend de l’offre et de la demande. De la notion de salaire
naturel, il déduit la notion de profit.
Ce profit est un solde payé après le retrait de la rente (la plus basse possible)
et du salaire (le plus bas possible également). Les profits seront d’autant
plus élevés que les salaires seront bas, puisque Ricardo néglige les rentes
quoi qu’il arrive. L’avenir, pour Ricardo dépendra du niveau de profit, il
faut certes donner du pouvoir d’achat aux salariés mais le plus important
reste de pouvoir investir.

2.2 Le rôle du commerce extérieur dans l’approche


de Ricardo
Ricardo comprend que l’enrichissement est une condition nécessaire mais
non suffisante pour une nation. Il faut alors organiser cet enrichissement.
Comme nous le disions plus haut, l’inflation est une de ses préoccupations
majeures, le problème est que l’accroissement de la richesse tend à élever
les prix des denrées. Il faut éviter cette tendance haussière en réduisant les
coûts de production. Il propose alors la théorie des coûts comparés.

2.2.1 La théorie des coûts comparés


Ricardo propose que les pays vendent lorsque les coûts relatifs de pro-
duction nationaux sont moins élevés qu’à l’étranger et inversement pour
l’achat. Chaque pays produirait alors les marchandises dont il a la meilleure
maitrise. Cela repose sur la proportionnalité des prix à la quantité de travail
nécessaire à produire la marchandise. Autrement dit, si un pays A produit
la même marchandise qu’un pays B avec une quantité de travail moindre,
il doit se spécialiser. Si une économie est plus efficace pour produire toutes
les marchandises, alors elle doit tout produire. Ricardo sait très bien que ce

14
2. L’Économie politique Julio Ricardo Davalos

cas n’arrivera pas, mais ce qu’il veut dire est qu’un pays B a tout intérêt à
dépendre d’un pays A : l’échange permettra de faire des économies.

Prenons deux pays A et B ainsi que deux biens 1 et 2. Le coût en travail


pour les deux produits sont C1A , C2A , C1B et C2B . Pour Ricardo, ce ne sont pas
CA
les coûts absolus qui importent mais leurs rapports : les coûts relatifs C1A .
2
Le commerce est possible dès lors qu’un avantage comparatif se présente : si
C1A C1B
C2A < C2B
, A se spécialise dans la production du bien 1. A doit alors vendre
à un prix intermédiaire entre les coûts des deux pays pour que cela soit
intéressant pour les deux. Le prix sera donc tel que :

C1A P1 C1B
< < (2.2)
C2A P2 C2B

Au delà de la théorie des avantages comparatifs, Ricardo fournit donc une


méthode de fixation des prix.

Règles de Ricardo :
1. Si les prix sont plus faibles en A pour les deux biens alors A produit
tout. Le pays B s’appauvrit et ses prix baissent. Comme la richesse
augmente en A, au bout d’un certain temps, les prix montent. Au
bout d’un moment, la tendance s’inverse entre les deux pays pour
l’un des biens. On aura alors P1A > P1B et P2A > P2B . Les deux pays
se spécialisent jusqu’à la prochaine évolution. Le pays exportateur
vend plus cher que son coût et donc fait un gain à l’échange. Le pays
importateur fait aussi un gain à l’échange.
2. Il y a cependant une nuance au fait que A produise tout. En effet,
si un pays domine tous les autres, il met en péril son avenir : B va
disparaitre et A avec lui. Pour éviter cela, en cas de risque donc, il
est souhaitable de privilégier la spécialisation relative plutôt que la
spécialisation absolue. Il faut donc que chaque pays se spécialise dans
le bien dont il maı̂trise relativement mieux la production.

Ricardo est donc favorable au libéralisme car il garantit le pouvoir et


produit de la richesse, notamment dans le cas britannique. Pour Ricardo,
le libre-échange pour le pays qui le pratique et est porteur d’espoir. Cepen-
dant, il considère comme inévitable l’avènement d’un état stationnaire de
l’économie.

2.2.2 L’état stationnaire


Par obligation de productivité, il faut cultiver les meilleures terres en
premier puis des terres à plus faible rendement au fur et à mesure que la

15
2. L’Économie politique Julio Ricardo Davalos

population augmente. Il y aura donc nécessairement un différentiel de rente


entre toutes ces terres. Cela n’est pas un problème dans un premier temps
mais cela implique que la part de la rente s’élève dans la répartition. Les
capitalistes et travailleurs ont moins à se partager et donc les profits se
réduisent. Les capitalistes ne peuvent donc plus investir et, à terme, on ar-
rive à un état stationnaire de l’économie.

2.3 La contestation du modèle classique par Marx


(1818-1883)
Pour Ricardo les mouvements de prix dépendent des coûts de produc-
tion et pas des salaires, pour Marx c’est l’inverse. Marx prend conscience,
en tant que théoricien, de la réalité ouvrière en Angleterre et en France. Ces
économies étaient très favorables au développement mais cela au détriment
de la condition ouvrière. Il remarque également qu’il existe des crises cy-
cliques qui exposent d’avantage les ouvriers. Il partage quelques constats
de Ricardo mais s’intéresse aux causes profondes de ces crises et les raisons
de leurs impacts sur la classe ouvrière. Marx veut comprendre pourquoi le
libéralisme ne réussit pas à sa tâche.

En tant que philosophe hegelien, il utilise la méthode de son maı̂tre : la


dialectique. Dans l’histoire marxienne, la société se crée sur la base du par-
tage des ressources : le communisme primitif. Cependant, la propriété privée
apparait (pour des raisons spécifiques) et crée une société de classe. Celle-ci
est vouée à la disparition sous ses propres contradictions pour s’achever dans
l’avènement d’un nouveau communisme.

2.3.1 La théorie économique de Marx


Marx reconnait la théorie de la valeur travail 1 mais la trouve inadéquate.
Il parle alors de valeur d’échange. Le capitaliste achète la force de travail
au salarié, c’est-à-dire au prix de sa propre reproduction sociale, le prix mi-
nimal des subsistances de l’ouvrier lui permettant de revenir travailler. Le
capitaliste achète donc une valeur d’usage à une valeur d’échange comme
s’il s’agissait d’une marchandise : la  valeur travail  ne perçoit pas cette
nuance. Le but de cet échange est l’extraction de la plus-value. Cette ex-
traction de plus-value et la baisse tendancielle du taux de profit provoquent
des crises de surproduction, jusqu’à la crise finale menant à l’effondrement
du capitalisme.

1. Cela est faux, la théorie Ricardienne est reprise par les marxistes-léninistes qui
oublient la question du fétichisme de la marchandise, Marx considère la valeur comme une
mystification sociale

16
Chapitre 3

Du pessimisme de Matlhus à
l’optimisme de Say : la
critique de Comte

3.1 Les fondements de la thèse de Malthus


Malthus considère que Ricardo est trop optimiste sur la croissance. Il s’in-
terroge alors sur le développement économique et sur la manière de garantir
la croissance. Il reprend Ricardo et Smith sur ce qui fournit les richesses : les
terres, le travail et le capital. Keynes s’inspirera énormément de Malthus au
niveau de la notion de demande effective et de celle de sous-consommation

3.1.1 Le pessimisme de Malthus (1766-1834)


Loi des subsistances
Malthus est pessimiste car il est d’accord avec la loi des rendements
décroissants. Il pense que cela entraı̂ne nécessairement le fait qu’il n’y aie
pas assez de subsistances pour tout le monde. Il ne faut donc pas aider les
pauvres afin de pouvoir rétablir l’égalité entre subsistances et population.

Théorie de la croissance et déséquilibre


Il ne croit pas à la théorie de l’équilibre de Say, cela le conduit à soutenir
les propriétaires fonciers, censés pouvoir investir et garantir l’avenir. Pour
cela, il faut pouvoir permettre des prix élevés pour les subsistances. Les
crises sont d’ailleurs, pour lui, à cause des prix trop faibles.

Théorie de la population et du développement


Enfin, la production croı̂t à un rythme arithmétique tandis que la popu-
lation croı̂t à un rythme géométrique. Les deux sont donc incompatibles.

17
3. De Malthus à Say : la critique de Comte Julio Ricardo Davalos

Les erreurs d’analyse de Malthus


Pour Malthus, l’optimisme de Say n’est pas justifié quant à l’offre. Il
considère que l’épargne est une thésaurisation, une sous-consommation et
que celle-ci est souvent subie (épargne de précaution). Volontairement, les
consommateurs réduisent leur consommation par manque de confiance. Mais
Malthus oublie que toute l’épargne n’est pas une sous-consommation : les
capitalistes investissent avec. L’épargne est donc un investissement différé.
L’épargne peut donc être productive. Malthus est donc allé trop vite en
besogne en généralisant la sous-consommation de certains.

3.1.2 Les enseignements logiques de la thèse de Malthus


Les causes des crises
Pour Malthus il y a toujours un risque de crise de surproduction. La
raison essentielle est l’excès de capital relativement aux débouchés du fait
de l’excès d’épargne dans l’économie. Pour lui, l’équilibre n’est pas un cas
général mais un cas particulier : le risque qui l’emporte est celui de la crise
économique 1 .

Les remèdes aux crises


L’insuffisance de la demande effective est censée être la cause majeure
des crises de surproduction. Il faut donc réguler la demande. L’État doit
alors intervenir à travers les grands travaux publics qui seront acceptées du
fait de leur effet sur la croissance future. Il conteste alors la théorie ricar-
dienne de la croissance du fait de l’emprunt public.

Le second remède se trouve dans le commerce extérieur. Celui-ci donne


de l’emploi du fait des exportations. Celles-ci soutiennent donc la croissance.

Cependant les remèdes doivent s’adresser aux agents productifs, c’est-à-


dire ceux qui ne créent pas de valeur ajoutée ou qui ne consomment pas par
leur thésaurisation.

3.1.3 La théorie des déséquilibres


Malthus s’inspire de la théorie de la croissance de Ricardo, il est d’ailleurs
plus optimiste que lui vis-à-vis de l’état stationnaire. Il aborde sa théorie
en désaccord avec la loi des débouchés en pensant que se qui prime sont les
déséquilibres.

1. Keynes récupérera et développera l’idée

18
3. De Malthus à Say : la critique de Comte Julio Ricardo Davalos

Pour corriger les déséquilibres, Malthus est favorable au soutien des prix
agricoles pour soutenir les propriétaires fonciers. Il est également pour le
protectionnisme fasse aux produits étrangers : il s’oppose alors aux avan-
tages comparatifs ricardiens. Cependant sa position envers les pauvres le
rendra inaudible.

Malthus a été un précurseur du keynésianisme du fait de sa perception


de la corrélation entre demande effective et richesse générale. C’est la de-
mande qui permet aux entreprises de prendre confiance et de produire. La
population active produit, donc gagne un revenu pour consommer mais aussi
permet la croissance : la source de richesse la plus importante est donc le
travail de cette population. Il faut alors différencier deux types de dépenses :
— celle des salariés : de consommation ;
— celle des capitalistes : de consommation et d’investissement.

3.2 L’interprétation économique par Auguste Comte


(1820-1906)
Auguste Comte est fondateur d’une nouvelle doctrine d’interprétation
philosophique : le positivisme. Il considère trois âges de l’esprit humain :
théologique, métaphysique et positif. Dans ce dernier l’individu ne connait
d’autres vérités que les siennes. Il va essayer d’observer la réalité et en
déduire comment se fait l’économie : il ne faut donc pas débattre de ce
qui détermine l’autre entre offre et demande mais simplement observer ce
qui se passe.
Ce qui est logique, métaphysique et idéologique est pour lui une chimère. Il
faut donc opérer quelques changements dans l’analyse :
— l’économie politique est trop métaphysique, il faut donc la remplacer
par la sociologie ;
— les hommes prennent des décisions en fonction de ce qu’ils vivent,
l’économie dépend donc du vécu et de l’observation (statique sociale) ;
— il faut exposer les lois de l’évolution de l’humanité (dynamique so-
ciale) et alors s’interroger à leur utilité.
Par la sociologie, on observera les faits, on trouvera des cas particuliers puis
on en déduit les  bons  comportements à adopter.

3.2.1 La doctrine sociale de Comte


Son idée est d’ordre social : il y a une notion de pouvoir. Par conséquent,
il considère l’intervention de l’État comme juste. Cependant, le centre de
décision doit être constitué par les industriels et banquiers. Les distinc-
tions entre les classes sociales sont nécessaires. Il ne faut pas donner le
mêmes moyens a tous. Les classes sociales sont nécessaires pour stimuler

19
3. De Malthus à Say : la critique de Comte Julio Ricardo Davalos

le désir d’avoir. Chaque individu doit pouvoir accéder a la position sociale


que ses capacités lui permettent d’occuper. En revanche, ceux qui n’ont pas
les moyens de le faire ne doivent être exclus, ils devront appartenir a une
classe inférieure. Si cette classification sociale est présentée clairement, les
différences sociales ne seront plus perçues comme des injustices. De plus,
il faut donner a ceux qui ont les revenus les plus faibles des conditions de
satisfaction.

Pour lui, grâce à la sociologie, l’on peut démontrer que les classes inférieures
peuvent respecter les classes supérieures : sa réponse à la division de classe
est morale. Il pense d’ailleurs que la rémunération sera nécessairement différente,
il n’y a donc aucun intérêt à discuter de la répartition

3.2.2 La synthèse de Comte


Comte applique cette doctrine sociale au commerce extérieur britan-
nique.
En 1813, on a une suppression des monopoles de la compagnie des Indes dans
le commerce avec les Indes. On observe des caractéristiques, le maintien des
droits sur les cotonnades des Indes alors que les produits anglais ne payaient
pas de droits. Il s’agit d’une réalité surprenante. Peu a peu a mesure que
l’artisanat indien disparaı̂t et que les exportations anglaise augmentent, les
droits protecteur de l’industrie anglaise sont diminués. On s’achemine donc
vers le libre échange. Il ne s’agit pas d’un libre échange naturel mais d’un
libre échange imposé a la colonie. Il se passe la même chose a l’égard de
la Chine a partir de 1842. Les britanniques impose a l’empereur de Chine
de laisser entrer l’opium fabriquer dans les usines britannique. Il s’agit bien
de libéralisme mais d’un libéralisme qui renforce le dominant et affaiblit la
colonie ou affaiblit une économie qui a connue une défaite.

L’économie libérale créatrice de richesse a quand même des raisonne-


ments qui sont assez stupéfiants. Il pointe du doigt des difficultés qui ont per-
duré jusqu’aujourd’hui. Ricardo a toujours été soucieux d’un développement
économique en fonction des avantages comparatif profitable a tous. Auguste
Comte a dénoncé la réalité. Ce que l’économie devrait être n’est pas ce qu’elle
est vraiment. Auguste Comte conclu que le libre échange imposé cause un
appauvrissement généralisé de la colonie. Il est nécessaire de nuancer, les
britanniques ont imposé par étape le libre échange. Ils ne l’ont fait qu’à
partir du moment ou leur supériorité industrielle devenait absolue. Le libre
échange entre un pays riche bien équipé et un pays pauvre sans équipement
moderne conduit a une spécialisation désastreuse pour le second car il perd
toute possibilité de développer ou de maintenir son industrie. Il devient alors
uniquement, un pays exportateur de matière première et de denrée agricole.

20
3. De Malthus à Say : la critique de Comte Julio Ricardo Davalos

Ainsi, pour Comte, Ricardo commet une erreur en analysant les effets de
la spécialisation dans le court terme. Pour lui, à long terme elle est condam-
nable et sera la cause de grands bouleversements. De plus Ricardo raisonne
en terme de coûts de production et que ceux-ci ne sont pas modifiés par
le commerce. Comte déduit de leur réduction du fait du commerce que les
pays agricoles auront plus de mal à les réduire : le libre-échange est alors
plus avantageux pour certains pays, plus développés. Il conduira alors à un
déséquilibre mondial. Comte conclue qu’il faut s’opposer à la spécialisation
et donc limiter le libéralisme économique : il faut les adapter au contexte
économique plutôt que les généraliser sous peine de se retrouver tout de
même en situation de protectionnisme.

21
Chapitre 4

La synthèse classique de Mill

John Stuart Mill (1806-1873) a le mérite de trouver un compromis entre


les thèses classiques de Smith et les critiques d’autres théoriciens libéraux
comme Bastia ou  interventionnistes  comme Marx. Il se positionne très
tôt en défense des arguments malthusiens et est guidé par l’approche utili-
tariste de Bentham. Pour lui, l’homme est une machine à plaisir guidé par
son propre intérêt : il minimise ses peines et maximise ses satisfactions.

4.1 L’utilitarisme de Mill


Mill est un utilitariste  social-libéral . Il remet en cause l’utilitarisme
standard et préconise une forme de réformisme. Libéral, il défend les droits de
l’individu (opposition à la tyrannie, aux opinions imposées). Il est favorable
à un utilitarisme libéral, respectant les droits de chacun. Sa seule différence
avec Ricardo sera surtout de justifier son libéralisme et de proposer des
réformes. Le rôle de l’État sera donc toujours minime mais il pourra toujours
réguler : l’individu n’est pas le seul juge de ses intérêts, l’État peut intervenir
si cela est profitable à tous. Pour son côté social, il va dénoncer les excès du
libéralisme. Les réformes qu’il propose sont :
1. une réforme agraire : une meilleure répartition de la terre (il s’op-
pose donc aux propriétaires fonciers comme Ricardo mais propose
clairement des solutions) pour éviter l’état stationnaire ;
2. une défense du syndicalisme : pour unir le capital et le travail il faut
que les deux puissent négocier. Mill pense que dans ce cas, les deux
auront un meilleur avenir avec de meilleurs salaires et de meilleures
rentabilités ;
3. une fiscalité redistributive : il est pour un impôt avec une redistribu-
tion adaptée en faveur des investisseurs qui sont pour lui le moteur
de la croissance ;

22
4. La synthèse classique de Mill Julio Ricardo Davalos

4. abolition de l’esclavage : avec pour conséquence une opposition aux


empires coloniaux en tant qu’ils sont éphémères et qu’il exploite trop
les travailleurs.

4.2 Progrès social


Pour Mill, chaque individu n’est pas le seul juge de ses intérêts, il faut
mettre en avant les intérêts communs, cependant, il ne faudra pas que l’État
se substitue, il doit encourager et faire de la pédagogie. Il ne doit donc ni
planifier, ni étatiser mais aider à l’association des individus. Il va plus loin
en voyant avant Schumpeter la dynamique de la croissance avec le progrès
technique. Autre type de progrès : le progrès social est important car syno-
nyme de convergence des classes sociales (si les profits sont élevés, pas de
consommation et donc pas de croissance). Il faut donc que travailleurs et ca-
pitalistes contribuent ensemble à l’intérêt de l’entreprise pour la croissance
et non pas en fonction de leur intérêt personnel.

Le salaire prend en compte deux choses : la concurrence et la coutume.


Il faut que le salaire récompense l’effort et donc malgré la loi de l’offre et la
demande de travail il faut que le salaire soit favorable au salarié : il ne doit
pas être minimisé.

4.3 Justice fiscale


Comme Malthus, il comprend que les classes populaires  posent problème ,
il considère qu’elles sont mal gérées et qu’il suffit, selon le principe de
Condorcet, de diffuser le savoir afin que tous progressent. Il ne sert alors à
rien de prêcher l’égalitarisme car avec le savoir, les pauvres peuvent avoir le
pouvoir. Il faut donc les aider en les motivant plutôt qu’en leur redistribuant
du revenu. Il faut aussi lutte contre l’injustice pour donner un environne-
ment favorable à la croissance du fait du bien-être produit. Pour lui, il faut
choisir l’impôt de façon à ce qu’on demande à chaque individu un sacrifice
égal : il s’oppose aux taxations des classes aisées qui serait dés-incitative .
En effet, cela découragerait ceux qui travaillent et ceux qui  donnent du
travail . On retrouve bien la priorité ricardienne donnée à ceux qui inves-
tissent et dans une moindre mesure à ceux qui travaillent.

Il est donc favorable à un capitalisme modéré, préférant la liberté à


l’égalité. La première favorise tandis que la seconde émousse l’esprit de
concurrence et donc fragilise la croissance : cela conforte de gagner autant
mais cela dés-incite à vouloir faire plus (les gains seraient répartis). Les

23
4. La synthèse classique de Mill Julio Ricardo Davalos

socialistes ne tiennent pas compte de la paresse naturelle de l’homme, ils


détruisent le désir de travail.

4.4 Pour une répartition spécifique


Mill considère la notion de profit comme centrale : il n’y a pas d’avenir
pour la nation s’il n’y en a pas. Il n’est pas le fruit d’une exploitation : c’est
la juste récompense de l’entrepreneur. S’il y a profit, il y a fiscalité puisque
qu’il représente un avantage, cependant, comme on le disait tout à l’heure, il
ne faut pas dés-inciter les investisseurs : il ne faut donc pas de taux dégressif
pour l’impôt. Mill propose alors que la répartition ne peut se comprendre
que si l’on comprend une théorie de l’accumulation, théorie centrale de la
loi du capital.

De plus, il devance les théoriciens sur la notion d’amortissement des ma-


chines et de leur entretien. Il considère comme Say que l’offre est le moteur
de la dynamique économique mais seulement en période de croissance : elle
conditionne en effet le volume de l’emploi dépendant de la quantité de capi-
tal. Ainsi, réduire le profit c’est condamner l’emploi. L’épargne n’est pas un
résidu, la hausse de son taux est un déterminant ultime du développement
et de l’emploi, rejoignant ainsi Malthus. Le travail est automatiquement dis-
ponible pourvu qu’il y ait suffisamment de moyens de subsistance : donc
pourvu qu’il y ait de la croissance. L’offre crée sa propre demande si et
seulement si l’investisseur a été incité à investir, le travailleur à travailler et
le consommateur à consommer.

4.5 Égalité des sexes


D’un point de vue malthusien, il faut avoir moins d’enfants pour pouvoir
améliorer la qualité de vie des classes populaires. Pour lui, l’éducation et la
hausse du niveau de vie ralentissent la fécondité : les femmes ont donc un rôle
clef dans l’économie. Leur accès à l’éducation l’aidera a élever leur famille
et leur niveau de vie, il faut donc leur donner les mêmes capacités qu’aux
hommes afin de ne pas brimer des personnes susceptibles de contribuer à la
croissance. Pour cela, il faut changer le rôle économique et social des femmes
en leur donnant des responsabilités. Par ailleurs, il considère qu’une femme
qui élève correctement ses enfants doit percevoir un revenu.

24
4. La synthèse classique de Mill Julio Ricardo Davalos

4.6 L’état stationnaire


Comme Ricardo, Mill pense que la croissance est bornée et se tassant,
c’est un état stationnaire qui prend place naturellement. Mais il pense qu’il
y a une issue : le progrès technique. En effet, le degré de développement et de
motivation des entrepreneurs peut donner lieu à un retour de la croissance.
L’état stationnaire est donc un risque mais pas une fatalité, sous réserve de
justice sociale en faveur des entrepreneurs. Une organisation de l’État dans
ce sens peut alors permettre d’y arriver.

L’état stationnaire peut être également contrecarré par l’échange inter-


national :
1. l’épargne est un facteur de croissance et le capital, conséquence de
l’épargne, en est la contrepartie ;
2. l’échange international est profitable, les avantages comparatifs ne
sont cependant pas les éléments principaux, c’est au contraire la de-
mande relative qui est pertinente : c’est l’intensité de la demande
relative entre deux nation qui donne lieu à la croissance ;
3. ni l’épargne, ni le capital sont infinis donc la croissance est bornée ;
4. mais cette dernière peut être relancée par les entrepreneurs, par le
progrès technique 1 .
Il faut donc toujours récompenser l’investisseur, le profit étant ce qui donne
du travail aux travailleurs. Il rémunère l’entrepreneur dans son effort et sert
à payer l’intérêt.

Mill donne donc une version moderne du raisonnement de Say, avec


une argumentation plus aboutie. Il est présenté aujourd’hui comme l’auteur
moderne de la loi de l’offre et de la demande, comme l’auteur de la théorie
moderne de la croissance mais aussi comme un auteur sur le rôle de la
monnaie. Celle-ci doit bien circuler afin de pouvoir garantir la croissance :
elle est ainsi un simple intermédiaire. C’est avec Mill que les fondement du
libéralisme sont posées.

1. La demande des entreprises est alors soutenue et donc la croissance est de nouveau
repartie

25
Deuxième partie

Le Libéralisme économique

26
Chapitre 5

La réhabilitation du
raisonnement libéral par les
néo-classiques

Les précurseurs des néo-classiques comme Cournot, Gossen et Bentham


ont établi respectivement des théories concernant les duopoles, l’utilité mar-
ginale décroissante et le raisonnement à la marge. Ces éléments sont ma-
jeurs pour pouvoir établir le prix des denrées agricoles. Selon ces auteurs :
les coûts de productions sur les terres les moins fertiles, c’est-à-dire sur le
coûts des terres marginales. Si le prix couvre les coûts des conditions de
fonctionnement les plus rudes alors des profits sont réalisés sur les terres les
plus fertiles. Le prix doit donc être fixé en fonction du coût marginal, c’est
là l’apport majeur de Cournot.

Pour lui, si un produit a un coût minimal alors l’entreprise aura un profit


maximal. Le fonctionnement par le coût marginal permet alors de maximiser
le profit. Cela réfute la thèse de Comte qui raisonne en fonction des stocks.
En effet, selon Cournot, s’il y a des concurrents, tout dépend de la capacité
de réaction de chacun 1 . Cournot est favorable au libéralisme car du fait
de l’intervention des entreprises (via leurs fonctions de réaction), le prix se
régule : cela implique la non intervention de l’État quelle que soit l’endroit.
Ainsi, le libéralisme se justifie par le rôle du prix.

1. cf. cours de L2

27
5. Le libéralisme des néo-classiques Julio Ricardo Davalos

5.1 Approche de la théorie de la valeur chez les


néo-classiques (1830-1880, Jevons, Menger, Wal-
ras)
Jevons se base sur la tarification du chemin de fer pour revoir totale-
ment la théorie de la valeur. En effet, la valeur travail ne suffit pas : il faut
rémunérer le travail avant de vendre le bien. Le coût de production moyen
ne suffit pas non plus parce que celui-ci peut différer d’un lieu de production
à un autre. Il dénonce donc l’approche de Marx et de Ricardo. Il propose
alors une interprétation nouvelle de la valeur via une théorie de l’échange
en s’appuyant sur la notion d’utilité marginale. Il énonce une loi de pro-
portionnalité des utilités marginales aux prix. À l’optimum, le taux
marginal de substitution est égal au rapport des prix des biens :
U mA pA
= (5.1)
U mB pB
Pour Jevons, on peut alors tirer la loi de l’égalité des utilités marginales
pondérées :
U mA U mB
= (5.2)
pA pB
Si les utilités marginales pondérées sont différentes alors le consommateur
doit consommer plus de celle qui est supérieure, si elles sont égales il ne faut
surtout pas modifier les achats.

Bien que séduisante et cohérente, cette analyse est peu satisfaisante.


Pour Ricardo, la valeur d’un bien dépend du coût en travail, ce qui jus-
tifie les modifications de prix. De même, les produits vont s’industrialiser
avec le développement et à ce moment, leur valeur va augmenter et le prix
des denrées vont s’abaisser. Avec la maitrise, les produits industriels vont
également s’abaisser. Finalement, les prix des produits industriels vont bais-
ser plus vite que les denrées. Les théoriciens néo-classiques sont incapables
de justifier de telles fluctuations : ils ne comparent les biens qu’avec l’utilité
mais en rien avec les autres prix. On va alors contester la pertinence de la
théorie de l’utilité marginale puisqu’elle ne peut que justifier les raisons de
l’échange et non les raisons de la valeur relative des biens.

Chez les classiques, on soutient le libéralisme économique pour garan-


tir une croissance rapide. Chez Jevons, la logique est statique : il cherche
à montrer que les capacités de production disponibles doit être employée
de la meilleure manière possible à un moment donné avec le respect de la
liberté d’échange. On passe donc de la recherche de la croissance future à la
recherche du gain maximal immédiat. C’est pourquoi les classiques sont in-
quiets du rôle de l’épargne tandis que Jevons n’en a cure. Les néo-classiques

28
5. Le libéralisme des néo-classiques Julio Ricardo Davalos

vont donc, dans un premier temps, embarrassés par cet angle mort. On gar-
dera la valeur d’échange des classiques pour la croissance et on utilisera
l’utilité marginale en cas de besoin.

5.2 L’analyse de la répartition


Les néo-classiques ne s’intéressent pas à la répartition mais au taux final
de rendement du capital. L’important, pour Jevons n’est pas de savoir quelle
est la part de chaque classe mais de savoir si l’investissement est rentable.
Cela est important, car :
— l’emploi du capital est avantageux s’il permet de différer le moment
où l’on bénéficie des fruits du travail vis-à-vis du moment où l’on doit
en supporter le coût ;
— le rapport de l’accroissement de produits obtenus suite à l’accroisse-
ment de l’investissement détermine le taux d’intérêt. Autrement dit,
investir comporte un risque et obtenir satisfaction veut dire que l’on
peut produire plus : l’investissement se rémunère par l’intérêt car il
garantie la productivité.
Les rendements sont décroissants. Le coût de l’investissement induit cette
acquisition de capital. Le raisonnement de l’entrepreneur n’est plus simple-
ment fonction d’une accumulation de facteur général. Il faut veiller à ne
pas trop prendre de capital. Il emboite le pas de l’approche de Mill. Il faut
une répartition en faveur des salaires. Analyse déterminante sur le principe
d’utilité marginale avec la loi de proportionnalité, elle permet de voir les
limites d’accumulation du capital. Manque de notion d’équilibre : jusqu’où
accumuler ?

29
Chapitre 6

Le raisonnement
néo-marginaliste : les écoles
de Cambridge

6.1 Le néo-marginalisme
Le néo-marginalisme n’est pas les néoclassicismes. Les néo marginaliste
vont reprendre les fondements néoclassiques, et leurs travaux vont aboutir
sur des analyses néolibérales. Le raisonnement à la marge a donnée naissance
à des courants libéraux, profondément, comme l’école autrichienne, l’école
de Vienne qui s’affirme avec les travaux de Menger, l’école de Vienne met
en pratique l’utilité marginale et rentabilité marginale. Menger est le chef
de file, Böhm-Bawerk, Von Mises et Von Hayek. Des économistes convaincus
par le libéralisme économique qui vont inspirer e courant néo libéral. Ils vont
s’efforcer de récupérer les raisonnements néoclassiques, proposer d’appliquer
ces raisonnements à la marge à la politique économique. 3 écoles de pensée
sont issues de ce raisonnement marginaliste : l’école autrichienne = l’école de
Vienne (ou de Fribourg), l’école de Chicago (moderne, courant monétariste
avec Friedmann), l’école de l’offre (le Supply side).

6.1.1 Le raisonnement de l’école autrichienne


L’école est inspirée des travaux de Menger, de Walras qui représente
l’école de Lausanne et de Jevons qui représente l’école de Cambridge. Cette
école va connaı̂tre un essor considérable dans les 3 dernières décennies du 20e
siècle. Le principe commun de ces écoles : le marginalisme. La particularité :
les 3 auteurs qui révolutionnent le raisonnement économique, mais leurs
travaux sont menés de manière indépendante. Ce courant va mener au néo-
libéralisme.
Cette école, comme l’école de Fribourg, va chercher à valoriser l’utili-

30
6. Les Écoles de Cambridge Julio Ricardo Davalos

tarisme et le marginalisme mais pas au niveau de comportement mais au


niveau de politique économique. Quelle politique défendre sur les bases de
raisonnements marginalistes ?

La politique de la concurrence
L’école de Fribourg propose une application de politique de la concur-
rence : pour expliquer l’intérêt de la concurrence et donc du libre-échange,
il faut comprendre que chaque nation gagne à l’échange dès lors que l’uti-
lité marginale qu’elle en retire est supérieure au coût elle va en subir. Le
cout d’une politique concurrentielle : l’ouverture des frontières provoquent
la baisse des prix des produits nationaux donc diminuent les perspectives de
profits des producteurs nationaux. Les prix baissent donc les investisseurs
nationaux gagnent moins car les productions vont s’harmoniser avec l’ouver-
ture. Les entreprises nationales vont comprendre qu’elles peuvent importer
des produits d’ailleurs à moindre prix au lieu de l’acheter cher au niveau
national et ainsi réduire leurs propres coûts de production, elles gagnent
en termes de compétitivité. Ainsi l’ouverture des frontières leur deviennent
profitables. Nos économies ont intérêt d’échanger pour mieux maitriser les
coûts de production. Par le raisonnement à la marge, on peut défendre une
politique de concurrence.

L’intervention de l’état dans l’économie


Le libéralisme ne doit pas exclure l’intervention de l’état. Alors qu’on
doit être favorable à la concurrence et la liberté donc à priori hostile aux
interventions publiques. L’état a un rôle à jouer comme chez les mercanti-
listes : réguler le marché et faciliter les commerces. L’état régule, corrige les
imperfections, favorisent les échanges qu’ils sécurisent, favorisent la concur-
rence, il ne doit pas pour autant être un obstacle aux initiatives privées. Ils
sont hostiles à l’intervention de l’état au niveau de politique économique,
c’est l’initiative privée qui dicte les mesures à retenir. L’état a juste un rôle
régulateur, l’état stabilise.

Le rôle de la monnaie
Les néo marginalistes ont considérer que les échanges doivent être libres
qui peut être trouvée grâce à la monnaie. La monnaie est une garanti de li-
berté, ils affirment que la monnaie donne à l’agent économique, la liberté de
consommer ce qu’il veut, mais aussi de consommer aujourd’hui ou demain
(choix inter-temporels), qu’elle permet soit de consommer, soit d’épargner,
soit d’investir, qu’elle peut aussi permettre de thésauriser. Ces auteurs vont
arbitrer entre le présent et le futur grâce à l’usage de la monnaie. Quand
l’utilité marginale de l’épargne dépasse l’utilité marginale de l’investisse-
ment, il faut épargner. Utilité tirée de l’épargne est supérieure à celle tirée

31
6. Les Écoles de Cambridge Julio Ricardo Davalos

de l’investissement selon cette école. Ils en déduisent que la monnaie a un


rôle important à jouer. Ils sont avant tout des libéraux, cela ne veut pas dire
qu’ils sont tous des monétaristes car certains accordent de l’importance à la
monnaie et d’autres remettent en cause partiellement son rôle.

La notion de la valeur
Ils ont une approche ordinale de la valeur : ils vont classer les choses
par ordre de valeur mais sans pouvoir les quantifier de manière précise. La
valeur d’une chose est l’intensité du désir qu’un individu éprouve pour avoir
ce bien. On n’attribue pas directement une valeur au bien. Cela veut dire
que selon notre désir d’avoir, on va proposer un prix différent. L’équilibre
ne repose pas sur la logique de l’offre et de la demande mais sur l’intensité
du désir. Cette intensité varie d’un individu à l’autre, aussi d’un moment à
l’autre

Le réalisme abstrait
Pour eux il y a des phénomènes concrets imprévisibles donc je ne peux
pas faire des hypothèses d’avance, je ne maitrise pas de manière automa-
tique la politique économique. L’économie se heurte à des comportements
des agents qui craignent des difficultés. Par exemple, la politique contra cy-
clique ne va pas relancer l’économie (principe d’équivalence rocardienne) . . .
Ils perçoivent que finalement les comportements des agents sont beaucoup
plus rationnels qu’on ne veut le croire. Les agents dans leurs anticipations
intègrent leur conjoncture. Nos comportements ont un impact sur le fonc-
tionnement d’une politique économique.

Cette école de Vienne qui veut appliquer en politique économique ces


raisonnements marginalistes en domaine de crédit, en théorie de la produc-
tion et de capital, en théorie des fluctuations économiques, la théorie de
l’entrepreneur et la théorie du calcul économique.

Selon eux, seuls les individus choisissent et ont des objectifs. Le fonction-
nement du marché (de l’économie) repose en priorité sur les échanges. Mais
ce ne sont pas des libéraux aveugles, ils sont favorables aux instituions pour
encadrer le marché. Il faut des règlementations pour que le libre échange
fonctionne sans abus, risques. Ils sont également ce qu’on appelle l’approche
moderne de l’économie positive (et non normative) : ils s’intéressent aux
comportements tels qu’ils sont et non tels qu’ils devraient être. Walras dit
que par l’ajustement on arrive à l’équilibre général mais qui souffre de sur-
production. Mais le comportement que l’on doit suivre, sont les comporte-
ments réels des agents et on n’a pas les modèles théoriques données avec la
parfaite rationalité.

32
6. Les Écoles de Cambridge Julio Ricardo Davalos

Ils défendent la propriété privée, nécessaire pour le calcul économique.Ils


ont favorables pour défendre l’entrepreneur car il prend des risques, car sans
lui c’est le déséquilibre, il faut le protéger. Ils dénoncent les défaillances du
marché mais les considèrent principalement institutionnels, donc corrigibles,
si elles existent donc ces institutions doivent être améliorées. Le marché par-
fait n’existe pas.

L’état est là juste pour réguler, mais ne remplace les initiatives privées,
hostile à l’intervention de l’état car tout fonctionnement public a un coût et
contre-productif. De plus, l’état est instable donc son intervention aura des
effets négatifs que positifs.

La monnaie n’est pas neutre, comme le marché fonctionne librement par


l’effet de la concurrence, pour que le libre échange n’a pas d’entraves l fau
une monnaie qui assure la circulation. La monnaie entreprise donc utile et
pas neutre car la création de la monnaie perturbe l’allocation des ressources
donc impact sur l’économie. Selon cette école, trop de monnaie en circulation
peut créer de l’inflation, instabilité donc le prix de l’argent est réduit donc le
cout de l’investissement se réduit mais en m temps la rentabilité est affectée,
à la baisse, or je pourrais avoir de l’épargne dans l’intérêt de spéculation :
menaces sur la rentabilité des sommes épargnées donc agents craignent cela
donc ne vont pas faire circuler de la monnaie. Les agents risquent de garder
de l’argent car pense que la valeur va baisser (assez proche des monétaristes).

Le capital est une structure de bien hétérogène et spécifique. Il ne faut


pas l’analyser comme une seule variable. Cela signifie que si je suis un par-
ticulier et j’ai capital monétaire = épargne alors ce capital est monétaire,
entreprise (capital productif). Que je sois un consommateur ou que je sois
un producteur, j’attends un rendement mais les rendements du capital pro-
ductif n’est pas le même que capital monétaire. Le capital productif à priori
plus risqué mais garanti une rentabilité plus élevée que capital monétaire, si
taux d’intérêt, monnaie est dévalorisé, épargne ne vaut plus rien. Il faudra
savoir les distinguer pour comprendre la politique économique à mener.

Les phénomènes sociaux sont de plus en plus nombreux et qu’il résulte


toujours de l’action humaine donc que la précarité par exemple le chômage
ou catégories des chômages sont provoquées par des choix politiques économique.
(Les problèmes actuels de migration sont la conséquence de politique économique
d’hier).
Ils ont un raisonnement profondément libéral. Pour eux, l’issu de sortie de
cris e n’est possible que par le libéralisme économique mais dans un environ-
nement réglementé (Banque mondiale, FMI. . . ), il faut donc alléger leurs fi-
nances publiques, sans endettements. . . Ces auteurs néo-marginalistes s’ins-

33
6. Les Écoles de Cambridge Julio Ricardo Davalos

pirent affectivement des principes des marginalistes mais ils trouvent leur
inspiration philosophique des utilitaristes Hume, Locke, chez des philosophes
libéraux : Montesquieu. C’est un libéralisme construit, c’est un libéralisme
fondé sur des bases utilitaristes, il faudra promouvoir le libéralisme s’il ac-
croit l’utilité. Ce libéralisme doit garantir l’utilité dons si l’intervention pu-
blique est néfaste à l’individu, il faut l’l’interdire. Ils sont dans un raison-
nement assez circulaire, largement fondé sur les principes de marginalisme,
dans une approche utilitariste philosophique, seule fonction régalienne de
l’état qui n’initie pas la politique économique.

La portée de l’école autrichienne, de l’école autrichienne au néo


libéralisme allemand
L’école autrichienne va inspirer la politique économique par l’intermédiaire
de l’école de Fribourg. Le principe est celui d’Eucken qui considère que pour
qu’une économie soit efficace, l’économie doit s’organiser et ne peut le faire
que dans un contexte libéral. Selon Eucken, il y a 2 modes d’organisation
possibles :
— Le marché concurrentiel : fonctionnement totalement libre des marchés ;
— La subordination à l’autorité centrale : c’est finalement entre le plan
et le marché. Par exemple la planification française pendant les 30
glorieuses et s’est interrompu en 1995, l’état donne des directions avec
les plans quinquennaux mais le gouvernement est libre des fonction-
nements des orientations, par la concurrence on arrive à un meilleur
résultat et plus vite). Son idée est le libéralisme, le rejet de pla-
nification centrale, des règlementations anti trust contre le mono-
pole des états. Il faut des monnaies saines avec des prix stables alors
l’économie peut fonctionner de façon efficace. Une économie qui s’ins-
pirait de ces mécanismes obtiendra des résultats satisfaisants.

6.1.2 L’École de Fribourg


défend le fait que la monnaie a une importance capitale dans la mon-
naie : il faudra donc corriger tout déséquilibre monétaire. Cette école va vite
s’imposer notamment via son chef de file : Eucken. Cette école considère l’in-
tervention de l’État dans l’industrie comme nécessairement un échec. Elle
défend un marché de concurrence ou subordonné à l’autorité de tutelle. Pour
Eucken, le libéralisme est la condition de l’efficacité : il sera alors favorable
à des lois anti-trusts et à une stabilité des prix.

Le raisonnement est le suivant :


1. seuls les individus choisissent et ont des objectifs (individualisme
méthodologique), cela implique que si l’État intervient, il doit res-
pecter les objectifs individuels en se souciant des fonctions d’utilité

34
6. Les Écoles de Cambridge Julio Ricardo Davalos

des citoyens.
2. l’étude du marché porte sur l’échange et les institutions qui l’en-
cadrent, cela est important car cela veut dire que le marché doit être
encadré par des institutions (par exemple contre les abus de position
dominante dans l’UE).
3. les données ultimes sont ce que les croient et pensent, ce n’est donc
pas une approche normative mais une approche positive. En cher-
chant à comprendre l’économie, on ne peut donc pas se référer à la
concurrence pure et parfaite, il faut la comprendre telle qu’elle-même.
4. le système de prix économise l’information que les acteurs doivent
utiliser dans leurs décisions. C’est ce qui permet de décider d’agir.
5. le marché concurrentiel est entreprenerial, ce sont les entreprises en
concurrence sur le marché qui créent le prix.
6. la propriété privée est une condition nécessaire à la rationalité économique.
Il est respectable de la soutenir si elle donne plus d’utilité à l’agent.
7. les défaillances du marché sont institutionnelles : le marché est im-
parfait mais on peut intervenir pour les corriger ponctuellement. Ce-
pendant, cela ne veut pas dire que l’État doivent y rester.
8. l’interventionnisme est contre-productif et instable : lorsque l’État
commence à intervenir, les agents en exigent d’avantage.
9. la monnaie n’est pas neutre, elle perturbe l’allocation des ressources.
10. il faut donc aider l’économie en tenant compte des libertés indivi-
duelles et en les protégeant.

Leur libéralisme économique est un libéralisme construit philosophique-


ment par la pensée de Hume. Pour cette école, une institution ne peut
intervenir que ponctuellement. Ce libéralisme est utilitariste, c’est pour-
quoi il ne veut pas d’intervention de l’État, celle-ci déformant les intentions
des auteurs. Il faut maintenant savoir si l’économie est en équilibre ou en
déséquilibre permanent. Les néo-libéraux allemands ne tranchent pas sur le
sujet.

6.2 La logique de l’équilibre général sur la base du


raisonnement marginal
Les théoriciens néo-marginalistes pensent qu’il faut une économie poli-
tique de type néo-classique : sans intervention de l’État avec un ajustement
walrassien (par les prix). Pour eux, la régulation est l’objectif de l’économie
walrassienne. Walras irait au delà de la recherche d’un simple équilibre.

35
6. Les Écoles de Cambridge Julio Ricardo Davalos

L’idée est pour eux d’édifier une doctrine capable de concilier le libéralisme
et le socialisme, c’est-à-dire concilier croissance (ou efficacité) et la justice
(ou équité).

Étant contre l’intervention de l’État, ils appellent de leurs vœux cepen-


dant une redistribution automatique du fait de la croissance. Cela fonctionne
sur l’approche de Walras.

6.2.1 Les fondements de l’analyse de Walras


Cet auteur français, mathématicien, réflexion politique et philosophe,
veut construire un modèle mathématique qui permet de définir la situation
d’une économie reposant sur un échange libre des produits, sur la vente libre
de la force de travail, sur la libre circulation des capitaux et la libre location
des terres. Ce modèle serait à l’équilibre et personne n’aurait intérêt à le
modifier.

Chez Walras, l’équilibre est garanti dès lors que les utilités marginales
pondérées sont égales aux rapports des prix, c’est ce qui garantie la satis-
faction de tous. L’équilibre s’impose : il n’y aura jamais de surproduction.
Les fondements de l’approche de Walras se basent sur les notions d’utilité
et de désutilité. Pour le travail, tant que la désutilité est inférieure à l’utilité
retirée du salaire, le salarié continue de travailler et s’arrête quand les deux
sont égales. D’où le fait que les néo-marginalistes, en tant qu’utilitaristes,
s’inspirent de Walras.

6.2.2 Les limites de l’approche Walrassienne


Walras démontre que la libre concurrence garantit l’efficacité et l’équilibre
dans la société. Or, la notion d’efficacité comporte quelques faiblesses. Les
consommateurs égaliseraient les utilités marginales des biens à leur prix et
donc c’est la rareté qui explique la valeur marchande en apparence. Cela
n’est pas satisfaisant car cela n’est pas vrai dans toutes les situations, par
un raisonnement analogue, on pourrait dire que comme l’été la pluviosité est
plus petite et la durée de journée est plus grande, il y a une relation de cause
à effet entre les deux, ce qui n’est pas le cas. Le raisonnement marginaliste
est donc fragilisé.

6.3 L’École de Cambridge et le raisonnement mar-


ginaliste
Il y a deux écoles de Cambridge :
— américaine représentée par Solow et Samuelson, partisans de la théorie
néo-classique de la distribution ;

36
6. Les Écoles de Cambridge Julio Ricardo Davalos

— britannique représentée par Robinson et Passinetti, néo-ricardiens.


Les deux écoles s’affrontent sur ces questions.

6.3.1 La controverse des deux Cambridge


Le Cambridge américain est clairement libéral et raisonne à la marge,
sur la logique de l’utilité. Ses penseurs sont sensible à la notion d’efficacité et
d’équilibre. Ainsi, la répartition ne doit pas se faire selon les intérêts indivi-
duels mais en fonction d’une logique de croissance : il ne faut pas être hostile
à une inégalité entre salaire et profit car cela garantit la croissance et donc
une meilleure redistribution. Tout repose donc sur la logique de croissance
et d’utilité et non sur la logique d’effort réalisé.

Le Cambridge britannique dénonce ce raisonnement et considère qu’il


faut un retour à la vision classique de l’économie car la conception margina-
liste n’est pas la bonne. Il faut donc, à l’instar de ce que pensait Ricardo, un
partage salaire-profit plus équitable. En effet, ils pensent que le Cambridge
américain se repose sur une homogénéité des utilités des biens pour faire
leur agrégation, ce qui n’est pas possible.

Ainsi, la controverse concerne la pertinence de l’outil marginaliste pour


expliquer la distribution du revenu global. Pour les classiques, représentés
par le Cambridge britannique, la mesure de la valeur est objective : elle
se fonde sur les coûts de production. À l’opposé, le Cambridge soutient
donc une approche subjective de la valeur : l’accent est mis sur le goût et
les besoins des individus. Cependant, les deux écoles remettent en cause
l’intervention de l’État.

6.3.2 La synthèse de Marshall


Pour Marshall, les deux Cambridge ont raison car le prix d’un bien
dépend des facteurs de production mais aussi de la valeur que le consomma-
teur est prêt à lui accorder. Il entreprend alors de faire la synthèse des deux
théories à l’aide de la notion de court et long terme. À court terme, c’est
l’utilité qui peut modifier le prix du bien tandis qu’à long terme, ce sont les
coûts des facteurs de production qui les fixe. En effet, à long terme, l’agent a
le temps de réfléchir d’organiser la réduction des coûts : une entreprise doit
alors contrôler ses coûts sous peine de faillite. À long terme, le prix dépend
donc des coûts de production.

37
6. Les Écoles de Cambridge Julio Ricardo Davalos

6.4 Conclusion
Pour conclure, pour garantir l’équilibre, c’est le principe d’utilité margi-
nale qui dicte les comportements. L’utilité croı̂t, atteint un maximum puis
décroı̂t. En fonction de l’offre et la demande, l’utilité marginale évolue donc,
ce qui implique que la valeur évolue. Ce n’est pas que la notion de valeur
qui importe mais aussi son évolution.

38
Chapitre 7

La synthèse des théories de


la valeur par Marshall et
Pareto

Comme nous l’avons vu, la synthèse de Marshall (1842-1924) a réconcilié


les différentes théories de la valeur. Admirateur de Stuart Mill, il sera un au-
teur de synthèse. Il se pose des questions sur le devenir de l’homme lorsqu’ar-
rivera l’état stationnaire (ou l’âge d’or pour Mill). Pour Mill, une société
juste implique la notion de croissance à répartir, un état stationnaire serait
donc une difficulté. Il faut donc que la société adapte ses besoins pour l’état
stationnaire.

Marshall est l’un des fondateurs de l’analyse néoclassique. Mathématicien


à l’origine, il se convertit au libéralisme après un voyage aux États-Unis.
C’est un expérimental alors que les néo-marginalistes sont des déductivistes.
Il est réservé à l’égard des mathématiques dans l’économie : il n’y voit
qu’un outil de simplification du discours. Très individualiste, il a une ap-
proche micro-économique : une politique sera jugée par rapport à son ef-
fet sur le bien-être. Soucieux du progrès social, il considère que celui-ci
repose sur l’industrie, l’épargne (qu’il confond avec l’investissement) et la
coopération volontaire. Il penche donc plutôt du côté des néo-marginalistes
tout en concédant que la thèse des classiques. Son objectif est de devenir un
théoricien opérationnel afin de résoudre les conflits et reprochera à Ricardo
et à Menger de raisonner sur des valeurs qui ne sont pas mesurables.

Le point fondamental de son analyse est l’intégration du temps comme


nous l’avons vu précédemment. Il utilise la statique comparative. Pour lui,
le temps est hétérogène et modifie la structure de l’économie. Il considère
trois moments :
— période du marché (statique) ;

39
7. La synthèse de Marshall et Pareto Julio Ricardo Davalos

— courte période ;
— longue période.

7.1 Les fondements de l’analyse marshallienne


7.1.1 Typologie des périodes de Marshall
Marshall considère la production comme une donnée dans la période :
l’offre ne varie pas tant que les vendeurs vendent à un prix au-dessus de
la valeur de conservation pour eux-mêmes. Ainsi,si cet extrême existe alors
le vendeur se contentera de garder le produit pour lui. Si au contraire, le
vendeur fait des profits, il vend. La rareté s’estompe avec l’entrée d’autres
entreprises et alors le marché arrive à son équilibre. L’ajustement se fait
donc par la demande : si les agents demandent à un prix inférieur au prix
de réservation alors le vendeur ne vend rien et inversement.

En courte période, l’offre peut s’adapter : accélérer ou ralentir. Cepen-


dant les immobilisations sont supposés constantes, l’adaptation se fait donc
sur le facteur travail (embauche et cadences en 3×8), la location de machine
plutôt que l’achat. Là encore, l’ajustement se fait par les quantités malgré
l’obédience libérale de Marshall.

En longue période, on peut agir directement sur l’offre par le biais de


l’investissement. C’est donc cette période qui est la plus importante pour
l’économie. Ici, l’ajustement se fait par l’offre. Sa théorie de la valeur se
définit alors en fonction de cette longue période. Le seul bémol est l’hy-
pothèse de rendements constants qui crée le manque des autres types de
rendements dans son analyse. On a donc le graphique suivant :

40
7. La synthèse de Marshall et Pareto Julio Ricardo Davalos

Figure 7.1 – Offre en fonction de la période

7.1.2 Les apports clés de Marshall


Marshall fait la synthèse des théories de la valeur marginaliste et ricar-
dienne. Les notions principales sont : l’élasticité, l’équilibre, la rente et le
surplus. Pour lui, il y a une confusion entre les théories de Ricardo et de
Jevons sur le rôle de la demande et du coût de production pour déterminer
la valeur d’échange. Jevons a donc raison à court terme et c’est Ricardo qui
a raison à long terme.

La notion de valeur se détermine au point d’équilibre entre l’offre et


la demande. C’est-à-dire que Marshall valide l’approche walrassienne de
l’équilibre. Il introduit la notion de substitution à la marge entre les biens
pour expliquer les déséquilibres temporaires : les consommateurs peuvent
choisir un autre bien qui leur semblera à un meilleur prix avant que l’équilibre
soit atteint, la rareté n’est pas prise en compte. Pour lui, libéralisme et rai-
sonnement à la marge cohabitent car tout converge vers l’équilibre. Modéré
sur la notion d’équilibre général, il s’intéresse d’avantage aux équilibres par-
tiels.

41
7. La synthèse de Marshall et Pareto Julio Ricardo Davalos

Pour Marshall, le revenu (ou la rente) est garanti par le libéralisme, en


ce sens, les effets revenus sont compensés par les effets prix et vice versa.
Nous verrons plus tard que Hicks remettra le raisonnement en cause. C’est
cependant pour cela qu’il considère le libéralisme comme un bon modèle. Le
surplus du consommateur est soutenu au mieux dans un cadre de concur-
rence.

Il propose néanmoins une théorie du monopole, voulant montrer qu’il


peut être plus intéressant de laisser une entreprise fonctionner seule plutôt
qu’en concurrence dans le cas où les rendements sont croissants. En effet,
toutes les entreprises se disputeraient de manière redoutable : il faut donc
n’en laisser qu’une et qu’elle soit publique. On verra par la suite qu’il suffit
que le marché soit disputable pour que cela soit tout de même au bénéfice
du consommateur comme en concurrence(cf. Microéconomie L2).

Il montre également que pour comprendre le comportement des agents,


il faut regarder comment ils réagissent vis-à-vis des prix. C’est la notion
d’élasticité qui va permettre de traduire ces comportements. Pour démontrer
cela, il reprend le raisonnement à la marge : le désir d’avoir diminue avec la
quantité de marchandise dont on dispose. Ce désir est grand si l’achat aug-
mente beaucoup même avec une petite baisse de prix. Plus généralement,
plus l’élasticité prix est grande, plus l’ajustement à l’équilibre sera long, en
effet, si l’agent est insensible au prix, on pourra effectuer de grandes varia-
tions de prix sans risque.

Ainsi, les dimensions fondamentales de Marshall sont la dimension tem-


porelle, de l’équilibre partiel et celle de l’utilité. Dans son modèle, l’utilité
a un rôle à court terme dans la fixation du prix car les agents n’ont pas la
possibilité d’ajuster, c’est ainsi que se fixe l’équilibre. À long terme, ce n’est
plus l’utilité qui domine mais la notion de coûts de production car les agents
cherchent à rentabiliser les efforts réalisés.

7.2 Anciennement théoriques fondamentaux de Mar-


shall
Marshall cherche à comprendre la demande, la production, l’équilibre et
la répartition.

42
7. La synthèse de Marshall et Pareto Julio Ricardo Davalos

7.2.1 La théorie de la demande marshallienne


Pour expliquer la demande, Marshall met en cause le comportement du
consommateur : il réhabilite la fonction d’utilité. Cette dernière est mesu-
rable et l’utilité marginale est décroissante : l’intensité de l’utilité diminue
après chaque unité consommée. Pour lui, la demande est fondamentale au
niveau individuel et collectif : c’est un élément essentiel de la théorie du
bien-être. Il montrera que le bien-être général dépend du bien-être indivi-
duel, c’est leur agrégation. Ainsi, l’État doit s’adapter aux comportements
des agents. La demande a un rôle essentiel dans l’économie : elle est fonction
du prix uniquement (le revenu est donné).

Par hypothèse, les biens ne sont ni substituables ni complémentaires : le


prix de chaque bien, pris individuellement dicte la décision au consomma-
teur. Mais il existe des substitutions à la marge permettant de remplacer
une utilité marginale moindre par une plus grande sans modifier le budget.
Autrement dit, juste avant l’équilibre , l’agent peut modifier son panier
pour augmenter son utilité. Il trouve alors une règle de l’équilibre : si le
prix d’un bien baisse alors l’utilité marginale du numérateur doit baisser
également. À l’équilibre, on a :
U m1 U m2 U mn
= = ... = (7.1)
P1 P2 Pn
L’utilité globale du consommateur est la somme des utilités qu’il retire de la
consommation des différents biens. Et l’augmentation marginale de l’utilité
2
est de plus en plus faible ( dUd2mq < 0).

Marshall s’interroge sur le prix du pain. Il remarque que la diminution


de sa consommation qui devrait être observée suite à l’augmentation de son
prix n’a pas lieu. C’est le cas des biens Giffen. Ces biens sont des biens de
base : leur coût reste faible mais ils sont essentiels dans le revenu. Si leur
prix augmente, les plus pauvres sont obligés d’en acheter. De plus, si le prix
augmente c’est que les autres biens voient leurs prix augmenter et donc que
l’on peut encore moins en acheter, d’où la consommation inchangée voire en
augmentation des biens de base.

7.2.2 La théorie de la production


Marshall rejoint les enseignements de l’école autrichienne, c’est-à-dire
le raisonnement néo-marginaliste fondé sur l’offre. Il privilégie la notion de
désutilité du travail pour expliquer la non augmentation du niveau de pro-
duction. Une entreprise attend donc d’atteindre son rendement maximal
pour arrêter de produire. De plus, les entreprises vont déterminer leur com-
portements au moment de l’arrivée des produits sur le lieu de vente puisque

43
7. La synthèse de Marshall et Pareto Julio Ricardo Davalos

cette dernière n’est pas garantie. L’entrepreneur procède alors à des substi-
tutions à la marge, jusqu’à ce que le coût total d’une production donnée
soit minimisé. Il ne raisonne pas en terme de maximisation du profit car
pour lui la notion des rendements est confuse. Il postule cependant que les
rendements sont décroissants car ils sont liés à la terre.

7.2.3 La condition marshallienne de l’équilibre


La dynamique de l’équilibre est déterminée par l’approche temporelle
de Marshall. L’intérêt est de comprendre si l’équilibre est stable ou non et
non de l’atteindre comme chez Walras. En courte période, on privilégie donc
l’utilité (le désir d’avoir). C’est ici le raisonnement de Menger qui est mis en
avant et permet de démontrer que plus on converge vers l’équilibre, plus les
désirs (du producteur et du consommateur) sont mutuellement compatibles.
En longue période, Marshall donne la priorité à la notion de coût et rejoint
le raisonnement de Ricardo. Cela s’explique par la volonté du producteur de
mieux maı̂triser ses coûts. Ainsi, il y a bien une compatibilité entre l’offre
et la demande. Au delà et en deçà, on a des rentes de situation.

Figure 7.2 – Équilibre marshallien

44
7. La synthèse de Marshall et Pareto Julio Ricardo Davalos

Si la demande est forte alors les producteurs doivent offrir plus, ce qui
réduit le prix.

7.2.4 Répartition
L’objectif pour Marshall est de mieux produire et de mieux répartir.
Selon lui, il existe quatre revenus selon les facteurs de production :
1. la terre qui donne une rente ;
2. le capital qui donne un intérêt ;
3. le travail qui donne un salaire ;
4. l’organisation qui donne un profit.
En effet, l’entrepreneur est rationnel et égalise l’utilité à la marge des ser-
vices dont il est demandeur. Il récupère une rentabilisée maximisée. On a
ainsi w = r. Il ne donne ainsi aucune théorie sur la part qui revient à chacun.

La logique de la répartition n’est donc pas pertinente pour Marshall, ce


qui reste central reste l’équilibre. Il n’étudie pas non plus le lien entre les
prix et l’intérêt. Cela est du au fait qu’il préfère la théorie microéconomique
à la macroéconomie.

7.3 Relation prix-intérêt : l’apport de Wicksell (1851-


1926)
Wicksell fait partie de l’école suédoise. Très attaché aux questions so-
ciales, il se positionne politiquement notamment sur le contrôle des nais-
sances. Il est inspiré par Ricardo, Walras et Mill et non par Marshall. Son
domaine d’étude considère la théorie de la valeur, le capital, la production,
la répartition et les finances publiques.

7.3.1 La relation prix-intérêt


Le constat de Wicksell
Wicksell constate que lorsque le taux d’intérêt augmente, le crédit est
renchéri ce qui implique un niveau d’activité moindre (du fait de l’investisse-
ment) et donc une baisse des prix (du fait de la baisse de la demande) et in-
versement. Les variations de prix et d’intérêt sont donc inversées. Cependant,
en pratique, cela ne se vérifie pas toujours. Lors de la grande dépression, les
deux variations étaient souvent dans le même sens. C’est le paradoxe de
Gibson.

45
7. La synthèse de Marshall et Pareto Julio Ricardo Davalos

L’explication de Wicksell
Wicksell retient une fonction d’investissement de la forme :

I = f (r − i) (7.2)

Avec r le taux d’intérêt naturel ou rendement anticipé du capital nouvelle-


ment créé et i le taux d’intérêt monétaire c’est-à-dire le coût de production
du nouveau capital. Ainsi, plus i est faible, plus l’investissement est ren-
table : il est dans l’intérêt de tous que i soit le plus bas possible.

Le paradoxe de Gibson repose sur l’hypothèse que l’investissement est


positif lorsque la valeur anticipée du capital nouvellement créé est supérieure
au coût de sa production. Si i augmente alors que r reste stable ou croı̂t
moins vite (que les perspectives de rendement se réduisent) alors l’inves-
tissement se réduit comme le prévoit la théorie économique susmentionnée.
Mais si r s’élève plus que i alors l’investissement est en hausse malgré la
hausse de i. Ce qui détermine l’investissement est donc l’écart r − i.

7.3.2 Conditions de l’équilibre monétaire


Cette explication du paradoxe mène Wicksell a une analyse de l’équilibre
monétaire. Pour atteindre l’optimum :
1. le taux monétaire doit être égal au taux d’intérêt : r = i. Le taux
d’intérêt est alors normal, l’investissement est optimal. On reprend ici
l’idée ricardienne affirmant que le taux d’intérêt du marché s’ajuste
au taux de profit à long terme ;
2. si le taux naturel assure l’offre et la demande de capital réel, ceci
revient à dire qu’il garantie l’égalité entre épargne réelle et investis-
sement réel I = S de Say ;
3. si l’équilibre est assuré alors il n’y a aucune raison de pression sur
l’offre ou la demande : les prix restent stables.

7.3.3 L’approche du cycle chez Wicksell


Quelles sont les incidences de variation de r et i sur l’investissement, les
prix et les salaires ?

Le processus cumulatif par propagation


Supposons une économie en situation de plein-emploi. Imaginons une
hausse des prix, le taux réel va alors baisser, le taux d’intérêt i baisse
également. L’investissement va alors augmenter et les prix vont tendre à
la hausse : le processus s’auto-alimente. Cependant, si l’accélération de la

46
7. La synthèse de Marshall et Pareto Julio Ricardo Davalos

croissance économique est supérieure à celle de l’inflation, cela n’a pas d’in-
cidence négative sur l’économie.
[...] Ainsi, le déséquilibre des prix s’explique par le déséquilibre épargne-
investissement. La loi des débouchés de Say se retrouve être un cas particulier
de la théorie économique.
[...]
Le processus cumulatif est-il passager ou bien est-il durable ?
C’est Hicks qui trouvera la réponse à travers l’anticipation que les agents
peuvent en faire. Wicksell a montré comment les hausses de prix modifient
les calculs de rentabilité des investisseurs. On peut en conclure que l’on peut
s’endetter dans une économie de croissance forte, autrement dit, si les inves-
tisseurs savent prévoir efficacement une hausse de prix, ils peuvent décider
d’investir et d’obtenir un bon rendement. Pour Hicks, lorsque l’économie est
à l’équilibre, les investisseurs ont une élasticité d’anticipation supérieure ou
égale à 1. Le processus cumulatif se met alors en marche. Cependant, si les
prix continuent à augmenter, le risque inflationniste augmente : l’économie
se retournerait contre le consommateur.

Le jeu des points de retournement


Wicksell s’interroge sur ces risques de retournement et affirme que le pro-
cessus cumulatif n’est pas problématique étant donné qu’il peut être stoppé.

Facteurs réels :
— par effet d’encaisses réelles, on incite les agents à maintenir la
valeur de leurs encaisses intactes. Quelque soit la variation des prix,
l’objectif principal est de maintenir le niveau des encaisses : la hausse
des prix incite ainsi à réduire les achats pour compenser la baisse des
encaisses réelles. L’effet d’encaisses réelles est donc un frein naturel
au processus cumulatif. Cependant cet effet risque d’être neutralisé
si les agents continuent d’anticiper l’accélération ou le maintien du
mouvement passé ;
— par épargne forcée : lorsque les agents constatent une hausse des
prix, ils craignent un retournement de la situation et réduisent leur
consommation, ils sont alors comme obligés d’épargner, par précaution.
Cela est donc un frein naturel au processus.

Facteurs monétaires :
— en cas de tendance inflationniste, les prix augmentent et donc les
réserves en banque diminuent (la vitesse de circulation de ces réserves
augmente), le taux d’intérêt du marché augmente donc pour désinciter

47
7. La synthèse de Marshall et Pareto Julio Ricardo Davalos

les agents à garder de la monnaie. Le processus cumulatif s’en re-


trouve alors ralenti ;
— processus déflationniste, les banques ont de plus en plus de réserves,
le taux d’intérêt se réduit et incite alors au crédit.
Cela est acceptable à court terme mais cela peut compromettre la valeur
monétaire : les banques centrales seront obligées d’intervenir dans les deux
cas. Comment doivent-elles le faire ?
Wicksell pense qu’elles doivent intervenir sur les taux. Se faisant, il met en
évidence le rôle des banques centrales en tant qu’elles sont un frein au pro-
cessus cumulatif. Il n’y aura alors pas de retour direct à l’équilibre mais une
tendance de retour à l’équilibre car l’intervention de la banque centrale n’a
pas pour objectif d’obtenir l’équilibre mais d’infléchir la tendance en cours.
On a alors les prémisses d’une théorie des cycles.

Cependant, Wicksell n’explique pas d’où viennent les tendances infla-


tionnistes.

7.3.4 L’origine du déséquilibre


Wicksell se demande pourquoi i et r sont différents. Il en conclue que
cela est dû à l’expansion économique qui induit du progrès technique. Ce
progrès technique n’est pas réguliers, il se produit sous la forme de chocs
réels se propageant de façon irrégulière : la rentabilité est alors tout aussi
irrégulière. Le progrès technique implique un sur-ajustement de l’économie :
le taux du marché i est resté stable alors que le taux naturel r a augmenté.
Les agents sont alors en confiance et investissent, entretenant la croissance.
Ainsi, la différence entre i et r est expliquée par le progrès technique.

Cependant, le progrès technique ne sera pas forcément toujours là et le


capital déjà investi subit un rendement décroissant. La productivité mar-
ginale de ce capital décroı̂t alors jusqu’à ce que le taux naturel se trouve
sous le taux du marché. On se retrouve dans une situation où le taux de
crédit est élevé. L’investissement baisse alors et l’activité avec. Le processus
inverse de ralentissement de la croissance est donc lui aussi expliqué par le
progrès technique.

7.3.5 Conclusion
L’apport de Wicksell a été considérable, rattachant l’analyse monétaire
à l’analyse économique par des faits concrets, il inspirera Keynes. Contrai-
rement à Walras, il se base sur les comportements des agents et non sur
des idées abstraites du fonctionnement économique et cela afin de com-
prendre les dysfonctionnements pour y trouver des solutions. C’est le pre-
mier économiste à porter une attention particulière à l’épargne et l’investis-

48
7. La synthèse de Marshall et Pareto Julio Ricardo Davalos

sement. Il raisonne en terme de demande globale afin d’expliquer les théories


quantitatives de la monnaie par le revenu (la quantité de monnaie qui va
déterminer le moyen d’action privilégiant le revenu et donc la demande des
agents) mais aussi la loi des débouchés (il comprend les intentions d’épargne
et d’investissement à travers les variations de masse monétaire : celles-ci font
varier le différentiel r − i et donc modifier les prix et donc les décisions des
agents). Il propose ainsi un rôle aux banques centrales et une théorie des
cycles.

7.4 Les relations entre marché de la monnaie et


marché des biens
Au vu des travaux précédents, les deux marchés sont en relations. On se
penchera ici sur la justification de ces liens à travers la fonction de moyens
de payement notamment de Pigou et FIsher et d’encaisses transactionnelles.

7.4.1 Les thèses de Fisher


Du fait de la notion d’échange, la monnaie n’est pas neutre. En effet,
celle-ci accélère l’échange même si elle n’est pas recherchée pour elle-même.
Fisher sera d’accord avec cette théorie et il en résultera son équation :

MV = PT (7.3)

Ainsi, ce n’est pas la quantité de monnaie qui fait son offre et sa demande
mais sa vitesse de circulation. Ainsi, ce qui est important est de faire circuler
la monnaie. Fisher se distingue sur d’autres points, notamment sur la notion
d’équilibre : pour lui l’équilibre est caractérisé par la stabilité et non par
I = S. C’est donc V qui est le plus déterminant dans une économie ainsi que
les transactions en valeur P T . Plus la vitesse de circulation est importante,
plus on réalise d’économies d’échelles. En effet, la spécialisation permet de
réduire les prix et ainsi d’accélérer les transactions entre les agents. Cela sera
repris par Bomol et Tobin. L’idée de Fisher est de s’éloigner de la dichotomie
réel-monétaire, pour cela il met à jour :
— l’effet liquidité : l’effet sur la demande globale d’un accroissement
de l’offre de monnaie. Si on double la quantité de monnaie sans ac-
croissement des prix, l’encaisse effective de chacun devient supérieure
à l’encaisse désirée, cela réduit la vitesse de circulation de la mon-
naie et donc augmente la demande (M augmente et donc P T doit
augmenter) ;
— l’effet d’encaisses réelles : c’est l’influence d’une hausse du niveau
général des prix sur la valeur réelle des encaisses désirées et effectives
des agents. Cet effet renforce l’effet liquidité. La hausse des prix agit

49
7. La synthèse de Marshall et Pareto Julio Ricardo Davalos

positivement sur la demande de monnaie, le taux d’intérêt diminue


alors. Il en résulte une diminution de la valeur des encaisses effectives :
l’équilibre est retrouvé.
L’objectif principal pour Fisher est donc de stabiliser la demande de mon-
naie. Celle-ci est stable par elle-même et donc la protection de la masse
monétaire devrait donner confiance aux agents. Fisher se demande alors
pourquoi la masse monétaire serait déstabilisée. En situation d’équilibre,
on est dans un cas de prévision parfaite : les agents ont confiance et ne
redoutent pas de problèmes d’encaisses réelles. Une encaisse transaction-
nelles est nécessaire car tout le revenu est utilisé. En situation de prévision
imparfaite, les agents ont aussi une encaisse de précaution. Cette encaisse
dépend de la capacité de l’État à soutenir l’activité et du comportement
des agents. Si l’État a des difficultés à intervenir alors les agents auront
moins confiance. Il n’y aura donc jamais I = S car les agents conservent
une épargne de précaution. Mais c’est la part de monnaie active qui reste
prédominante, ainsi, c’est la gestion des encaisses qui influe sur la quantité
de monnaie demandées : Fisher néglige le taux d’intérêt.

7.4.2 L’approche de Pigou


Pour Pigou, le rôle de la monnaie est aussi centrale dans l’équilibre. Son
analyse a beaucoup évoluée au cours de ses travaux. Il se base cependant sur
une approche en terme de revenu et non sur la formule de Fisher. Il donne
l’équation de Cambridge :
MP
k= (7.4)
R
Pour étudier les comportements des agents, il ne faut pas considérer P
comme le niveau général des prix mais comme le pouvoir d’achat. Pour
Pigou il existerait donc une relation entre la part du revenu k (coefficient
d’encaisses) que les agents veulent garder sous forme d’encaisses et la vi-
tesse de transaction. Quand les agents décident de conserver moitié moins
d’encaisses, la vitesse est alors multipliée par deux. Si l’encaisse augmente
dans sa part du revenu, on peut alors dire que si k augmente alors la vitesse
diminue. En effet, si l’on détient plus d’encaisses, on peut l’utiliser avec une
meilleure parcimonie, par précaution.

Pigou met donc en valeur la fonction de moyen de payement de la mon-


naie. Les autres types d’actifs - réels ou financiers - sont productifs de reve-
nus. Ces revenus peuvent être réels ou monétaires, donc les agents utilisent
l’emploi de leur revenu monétaire soit en encaisses, soit en emploi alterna-
tif. Reste à savoir ce qui motive cet arbitrage. Pour lui, si la productivité
marginale de l’encaisse est supérieure à celle des autres emplois alors l’agent
choisit les encaisses et inversement.

50
7. La synthèse de Marshall et Pareto Julio Ricardo Davalos

7.5 Le Welfare
Les thèses du Welfare viennent de Samuelson. Pour Pigou, le surplus du
consommateur définit le bien-être tandis que pour Hicks, il doit aussi avoir
un effet compensateur.

Pour Pareto, pour garantir le meilleur bien-être (ou optimum), il faut


pouvoir donner le plus possible aux agents sans que cela soit au détriment
d’un seul autre. Cette thèse souffre de la subjectivité puisque la répartition
dépend du jugement. Dans le nouveau Welfare, pour que l’État reste neutre,
il faudra intégrer le jugement de valeur dans la fonction d’utilité sociale :
c’est l’œuvre de Berckson-Samuelson. La fonction d’utilité sociale sera alors
construite à partir de comment les agents définissent leur utilité. Le but
du Welfare est de produire de manière équitable mais cette notion est elle
aussi subjective. Ce qui doit donc s’imposer est la rationalité. Pour Pareto,
cette rationalité optimale et efficace est définie par le fait qu’aucun agent ne
puisse améliorer son bien-être sans baisser celui des autres. Cependant par
la théorie du Welfare on ne peut choisir que de maximiser mais on ne décide
pas la répartition. De plus le bien-être social défini à travers le bien-être
individuel n’est pas déterminable. Ce sont les post-keynésiens qui propose-
ront une solution à ces problèmes. Les néo-classiques se cantonnent donc au
niveau individuel.

Les théoriciens du Welfare adoptent les théories de Wicksell à propos du


lien entre sphère monétaire et sphère matérielle.

51
Chapitre 8

L’influence des thèses


libérales sur le raisonnement
keynésien

Keynes adhère à l’approche de Marshall mais considère que ce ne sont pas


les problématiques prioritaires. Ses travaux sont très marqués par son envi-
ronnement commercial et conjoncturelles. Dans les conséquences économiques
de la paix, Keynes expose les mauvais effets du traité de Versailles. Dans •
il évoque les effets de la crise de 1929 avec ses effets. En 1936, dans •,
il propose une solution à la crise de 1929 avec un retour à la croissance.
Dans Comment financer la guerre ? en 1940, il expose des techniques de
lutte contre l’inflation provoquée par le financement de la guerre. Keynes a
donc comme préoccupation les grands conflits. Alors que tout le destinait
à défendre l’orthodoxie de l’économie anglaise, il se retrouve à inventer un
modèle inattendu.

8.1 Les fondements de la pensée keynésienne


8.1.1 Les limites de la théorie néoclassique
Pour Keynes la théorie néoclassique n’arrive pas à expliquer les lenteurs
de la reprise après un conflit. Elle sait expliquer une économie qui fonctionne
correctement voire le déséquilibre observé mais ne peut proposer de solution
qui ne soit pas sur une durée infinie. En fait, il n’y a pas de théorie de la
croissance néoclassique.

De plus, les néo-marginalistes n’éclairent que sur les comportements in-


dividuels mais pas sur le fonctionnement de l’économie ou d’une nation.
Ainsi, les thèses néo-classiques ne sont pas pertinentes pour l’économie.

52
8. Libéralisme et keynésianisme Julio Ricardo Davalos

Pour lui, la crise économique concerne des milliers d’hommes et on ne peut


donc pas chercher des solutions individuelles. On ne peut pas transposer une
théorie individuelle à une théorie sociale. Il propose donc de nouveau moyens
méthodologique à l’aide de la notion de circuit. L’analyse doit se faire en
termes globaux, de groupe d’agents, d’agrégats, c’est-à-dire en termes ma-
croéconomique. Il est alors en rupture avec les néoclassiques, considérant
qu’ils n’expliquent pas les mêmes phénomènes. Ce qui est pertinent est donc
le niveau d’emploi, le revenu national etc.

8.1.2 Propriétés du raisonnement de Keynes


Keynes raisonne en univers incertain, c’est-à-dire que les agents ne font
pas toujours de bonne anticipation et en courte période 1 . De plus, il considère
que l’analyse en termes monétaires est nécessaire comme Wicksell. Il em-
prunte à ce dernier que les phénomènes monétaires peuvent induire des ef-
fets sur les phénomènes réels : la monnaie n’est pas un voile. Ensuite, il
considère que le plein-emploi est une situation rare : le sous-emploi est du-
rable, l’équilibre de sous-emploi est la situation normale. En effet, l’équilibre
de plein-emploi n’est pas réalisable à court terme. Enfin, c’est par les quan-
tités que se font les ajustements et non par les prix. Chez les classiques, il
faut une flexibilité des prix, flexibilité qui n’est pas opérante à court terme.

Pour finir, Keynes considère que la vente est le but de la production.


Celle-ci génère donc une distribution de revenus pour les travailleurs qui
pourront faire des achats. Ainsi, les agrégats se déterminent les uns par
les autres et forment un circuit qu’est l’équilibre global. La référence est
faite à Quesnay et sa circulation, mais aussi à la loi de Say puisque par
la production on crée des consommateurs. Par cette notion, Keynes s’op-
pose également aux mercantilistes et la notion d’accumulation. Il s’oppose
néanmoins à la circulation de Quesnay en mettant en évidence la notion de
trappe à liquidité qui occasionne des sorties du circuit. L’équilibre global est
donc possible mais pas automatique. La bonne circulation est constituée de
flux monétaires et réels : les entreprises donnent un revenu aux travailleurs
mais ces revenus reviennent par le biais de la consommation, le circuit sera
à l’équilibre lorsque le revenu disponible est totalement utilisé.

Si l’épargne est supérieure à l’investissement alors les entreprises ne


vendent pas assez et produisent moins, il faut alors que l’État investisse.
Dans le cas inverse, la croissance est soutenue, la production augmente :
c’est un déséquilibre car les entreprises investissent au delà de leurs capa-
cités et la création de monnaie s’impose. Dans les deux cas, l’État est là
pour résoudre les déséquilibres. Son intervention est nécessaire et s’établit
1.  À long terme nous seront tous morts 

53
8. Libéralisme et keynésianisme Julio Ricardo Davalos

essentiellement par une politique budgétaire pour encourager ou freiner l’in-


vestissement.

8.2 Le keynésianisme
Les auteurs de la nouvelle école de Cambridge (Caldor, Robinson, Tobin
etc.) reprennent les travaux de Keynes, mais particulièrement le fait que
les hypothèses néoclassiques sont critiquables notamment l’ajustement du
marché. Ils réfutent également le modèle de la concurrence pure et parfaite
ainsi que la théorie quantitative de la monnaie de Fisher. Comme Keynes,
ils ont comme idée que les néoclassiques avaient raison uniquement à long
terme et veulent comprendre le fonctionnement de l’économie et justifier
les raisonnements des néoclassiques mais en les justifiant avec d’autres hy-
pothèses.

8.2.1 Les disciples de Keynes


Ses disciples veulent aller au delà du circuit de Keynes, ils tentent de
réhabiliter le fonctionnement de l’économie de marché : ils ne rejettent pas
le modèle néoclassique car l’État ne peut rester acteur sur le marché à long
terme, au risque de le déséquilibrer. Leurs sujets principaux sont :
— l’élasticité-revenu de la demande de monnaie ;
— le coefficient Q ;
— la taxation des mouvements internationaux des capitaux

L’élasticité-revenu de la demande de monnaie


Tobin va approfondir la question de la monnaie comprise comme non-
neutre avec la notion de coût de transaction. Pour lui, détenir une encaisse
c’est avoir un coût et donc gérer un stock de monnaie. Lors d’un retrait
de liquidité, il y a des coûts de déplacement et de temps. Pour lui, il faut
également raisonner en terme de coût d’opportunité : on renonce aux intérêts
que l’on aurait pu obtenir d’un placement. Ainsi, pour expliquer la trappe
à liquidité, c’est qu’il y a une motivation. La demande de monnaie est donc
guidée par le niveau de l’activité : plus l’activité est ralentie, plus les agents
font de la précaution et inversement. En d’autres termes, lorsque la crois-
sance est présente, l’élasticité revenu de la demande de monnaie est égale
à 1, la trappe à liquidité tend alors vers 0. C’est ainsi que l’on prolonge le
raisonnement vers une théorie de la croissance.

54
8. Libéralisme et keynésianisme Julio Ricardo Davalos

Le coefficient Q
Pour comprendre les investisseurs, il faut tenir compte des coûts d’instal-
lation des nouveaux investissement, le temps des responsables, les délais et
les coûts de formation de la main d’œuvre pour les nouveaux équipements.
Pour que l’investisseur puisse se projeter, contrairement à ce que dit Keynes
sur la simple croissance il faut qu’il tienne compte de :
valeur actualise de la productivite marginale de l0 investissement
Q=
Cout marginal du capital
(8.1)
Si Q > 1 alors l’investisseur doit investir. Cela paraı̂t simple mais le coût
marginal du capital est constant alors que le coût marginal de l’investisse-
ment est croissant. De plus, la productivité marginale de l’investissement est
quant à elle décroissante si la main d’œuvre n’est pas renouvelée. Donc, tant
que la productivité marginale est supérieure à 1 + r, l’investisseur investit.
Tobin prolonge donc la théorie de Keynes et raisonne donc sur un stock de
capital et dans un cadre dynamique et non statique. Ce modèle a permis de
comprendre la récession des années 1970 aux États-Unis.

La taxation des mouvements internationaux des capitaux


Tobin propose la taxation des mouvements internationaux des capitaux.
Il considère une taxe inversement proportionnelle à la durée des transac-
tions afin de décourager les spéculations de court terme. Une taxe de faible
montant permettrait d’obtenir un fort rendement, pourquoi ne pas le faire ?
De plus, cela permettrait de réduire le nombre de spéculations à risque et
d’encourager les investissements contribuant à la croissance.

8.2.2 Le courant de synthèse


Certains théoriciens s’écartent de Keynes en pensant se situer dans le
prolongement, ce sont les post-keynésiens. Plutôt que de rester dans l’op-
tique des néoclassiques avec les raisonnements de Keynes, ils interprètent son
œuvre à leur façon. Le courant de synthèse apparait en opposition afin de
dénoncer la déviance des post-keynésiens considérée comme dangereuse pour
la théorie keynésienne. Il tente alors de concilier la démarche keynésienne
et néoclassique afin de réhabiliter Keynes, considérant les cas de Keynes
comme des cas particuliers. Il s’agit de Hicks, Samuelson, Phillips et parfois
Tobin.

Propositions principale
La référence de ce courant est le modèle ISLM (Hicks) et la courbe de
Phillips. Cette courbe montre que lorsque le chômage augmente, il faut relan-
cer l’économie grâce à une politique monétaire et budgétaire expansionniste

55
8. Libéralisme et keynésianisme Julio Ricardo Davalos

et inversement. L’ajustement se fait par des politiques de stop and go, on


ajuste par les quantités les questions d’équilibre et par les prix les questions
d’inflation.

Les travaux de Leijonhufvud sont également intéressants. Pour lui, les po-
litiques de stop and go peuvent être dangereuses : elles peuvent fonctionner
tout en étant un frein à la croissance. Il propose donc d’autres orientations.
Pour lui, l’économie est nécessairement vouée au sous-emploi, seuls les ajus-
tements de prix permettent d’en sortir. Or, pour Keynes le salaire est rigide
à la baisse donc ce n’est pas tout de suite que les salaires peuvent baisser.
Sans cela, les risques de stagflation augmentent. Ce n’est donc que si la si-
tuation d’équilibre de sous-emploi est longue qu’il faut baisser les salaires et
cette action doit être ponctuelle. On se retrouve ainsi à des préconisations
néoclassiques dans un cadre keynésien.

Pour Modigliani, l’équilibre de sous-emploi est une préoccupation de


court terme et est provoquée par la rigidité des salaires à la baisse sauf dans
un cas : lorsque le taux d’intérêt est très faible. En effet, les agents consom-
mateurs ont une demande de monnaie infiniment élastiques et entretiennent
la trappe à liquidité. De plus pour lui, l’épargne n’est pas un résidu comme
le pense Keynes : elle s’ajuste au cycle de vie. Pour le dire simplement, les
jeunes empruntent et les plus âgés épargnent. Les agents sont rationnels et
prennent les décisions menant à un meilleur revenu. La consommation ne
dépend pas du revenu : elle peut être différée si l’on anticipe un meilleur
revenu demain. Enfin, les entreprises ne cherchent pas à maximiser leur pro-
fit et leur endettement n’a pas d’importance : ce qui importe c’est le prix
de la liquidité (obtenue par l’épargne ou l’emprunt) pour pouvoir investir,
c’est-à-dire la capacité à agir. Il considère ainsi enrichir la thèse keynésienne
par les raisonnements néoclassiques notamment parce qu’il reste favorable
à l’intervention publique

8.2.3 Les courants divergents contemporains


Ces courants s’appuient sur les deux raisonnement tout en les rejetant
et les réhabilitant. Un auteur comme Minsky met en avant les avantages
du courant post-keynésien. Il voit l’utilité de la pensée keynésienne dans
une logique pro-libérale. Cependant, il émet des réserves sur la stabilité
monétaire : dans une optique post-keynésienne, celle-ci soutient la crois-
sance mais il faut tout de même contrôler l’inflation (et donc de la monnaie)
susceptible de la ralentir. Des mesures incitatives du côté de l’offre viennent
en complément pour soutenir l’employeur et le travailleur. Cela n’est pas une
politique libérale mais interventionniste. Pour Minsky cela est convaincant
mais entraı̂ne de l’endettement : les banques centrales sont indépendantes
et ne s’occupent pas de l’intervention. Il préconise donc que les banques

56
8. Libéralisme et keynésianisme Julio Ricardo Davalos

centrales et les gouvernements se coordonnent dans cette politique.

57
Chapitre 9

La Mise en application du
néolibéralisme par Hicks,
Samuelson, Rueff et Allais

Le néolibéralisme s’inspire de l’école de Fribourg et de celle de Chicago.


En France, les auteurs néolibéraux restent isolés, ce sont J. Rueff et M.
Allais. Le but est de montrer que les principes libéraux peuvent suffire à
corriger l’équilibre. Ils ne cherchent ni à démonter l’approche keynésienne
ni plébiciter l’approche néoclassique : ils essayent de valoriser les modes
d’action. Ils veulent démontrer l’efficacité d’un moyen mis en œuvre, tels
des ingénieurs, sans idéologie.

9.1 Les fondements du courant de Jacques Rueff


Suite à la dévaluation de 1928 Rueff est consulté, il est également attaché
à l’ambassade de Londres : il évolue durant la crise de 1929. Ses travaux
portent surtout sur l’offre de monnaie.

9.1.1 Approche générale


À la sortie de la guerre Rueff est pro-européen, il est juge et président
à la cour de justice de la CECA. Pour lui la monnaie doit être vue comme
un ordre social : elle est cruciale pour stabiliser l’économie. Les droits de
propriété doivent être reliés aux richesses existantes. Il tient à la liberté des
prix garantissant les droits et l’équilibre. Le déséquilibre causé par l’infla-
tion entraine la paralysie et donc le désordre social et impose un dirigisme
économique. À l’équilibre, le libéralisme garantie la croissance.

58
9. L’application du néolibéralisme Julio Ricardo Davalos

9.1.2 Analyse principale


Rueff n’est pas favorable au contrôle de la quantité de monnaie en cir-
culation mais est pour la régulation monétaire, c’est-à-dire pour garantir
la stabilité monétaire. La régulation repose sur la sensibilité du marché
monétaire, c’est-à-dire à l’écart entre le taux du marché monétaire et ce-
lui de la banque centrale. Plus l’écart est grand, plus le risque de tension
est grand du fait d’un risque trop élevé pour les banques : un fort écart
est un témoin d’une gestion de risque. Tout écart doit donc être surveillé.
La régulation des balance des paiements se fait donc par le déplacement du
pouvoir d’achat d’une nation déficitaire vers une nation excédentaire. Si une
économie a la capacité d’exporter, alors elle récupère du pouvoir d’achat.
Dans le cas où une monnaie internationales est gagée sur or, cela provoque
de l’inflation mondiale car elle est surévaluée et peut être émise sans limite :
elle déstabilise alors l’économie. La régulation monétaire est donc nécessaire.
Les oscillations du système monétaire proviennent de ce surajustement de
la la monnaie internationale.

La loi Rueff établit une corrélation parfaite entre chômage en Grande-


Bretagne entre 1919 et 1939 et le niveau de salaire réel, comme Pigou. Il s’op-
pose donc à Keynes. Mais les deux approches ne sont pas irréconciliables :
pour Keynes, le salaire est rigide à la baisse, donc le salaire réel ne peut
baisser que par la hausse des prix et donc par la hausse de la demande
effective. Pour Rueff, il faut motiver l’embauche en réduisant le salaire no-
minal et aider les entreprises à financer de nouveaux salaires en accordant
des crédits. La création de monnaie permet ainsi de financer la demande
supplémentaire. Les thèses de Rueff ont été rejetées car elles n’étaient pas
en phase avec les propositions keynésiennes en vogue à la même époque. La
méthode de Rueff a cependant été appliquée avec succès en 1928 par une
dévaluation et aussi en 1958. Trois pays vont s’inspirer des thèses de Rueff :
le Portugal, la Grèce et la Bulgarie. Après les résultats satisfaisants des
politiques de dévaluation, il va approfondir son orientation libérale par la
proposition de l’accroissement de la concurrence. Cela aura de bons résultats
de performance en France.

9.2 Propositions et thématiques de Maurice Allais


Premier prix Nobel français, il fait partie des économistes mathématiciens
comme Rueff.

59
9. L’application du néolibéralisme Julio Ricardo Davalos

9.2.1 Approche de Maurice Allais


Le marché
Son approche du marché est micro-économiste, elle se concentre sur l’al-
location optimale des ressources. L’équilibre général est une situation à la
frontière du possible et de l’impossible c’est-à-dire que le surplus dispo-
nible dans l’économie est nul. Dans ce cas, le bien-être ne peut pas être
augmenté. Le point de vue est donc différent de l’équilibre Walrasien, plus
macroéconomique. Il s’interroge également sur la notion de tarification et
plus précisément sur le prix d’un service public. Pour lui, pour qu’il y ait ef-
ficacité, il est nécessaire de laisser le libre choix aux usagers entre différents
moyens de transports, la tarification se fait au coût marginal et donc à
l’égalité de la demande de services publics avec la capacité d’offre 1 . Allais
propose donc une tarification au coût marginal : l’État ne fait alors aucune
perte (ni profit). Dans le cas où le service public subit un encombrement,
alors la tarification doit être supérieure au coût marginal. Il existe deux
types de secteurs :
— le secteur différencié : là où la technique de production optimale est
mise en concurrence (par exemple l’eau ou l’électricité sont des sec-
teurs gérés par des entreprises différentes) ;
— le secteur non-différencié : la technique de production optimale est
assurée par une unique entreprise avec des prix plus bas que le mo-
nopole (Allais fait alors une anticipation de la théorie des marchés
disputables 2 ).

Le taux d’intérêt
Selon Allais, le taux d’intérêt a quatre influences :
— sur la valeur du capital accumulé ;
— sur l’arbitrage entre épargne et consommation ;
— sur l’intensité capitalistique ;
— sur le prix de la liquidité.
Il constate que les agents n’ont pas tous les mêmes besoins en fonction
de leurs cycles de vie, il s’inspire pour cela de la notion d’épargne et de
consommation. Modigliani s’en inspirera.

La décision sous risque


Il reformule la théorie de l’utilité définie par les néoclassiques. Il ne la
remet pas en cause mais apprécie la ntion de risque par rapport à cette
1. Cf Lindall, la somme des dispositions à payer doit couvrir le coût du bien public.
2. Il considère que les entreprises dominantes peuvent soumettre les autres à leurs
tarification : il faut donc les soumettre à une menace de concurrence crédible constante
pour les obliger à garder une tarification proche du coût marginal.

60
9. L’application du néolibéralisme Julio Ricardo Davalos

utilité. Le goût du risque n’est pas la même selon les agents 3 . Allais va
démontrer que le goût pour le risque dépend aussi de la distribution des
risques pour le même individu. Un agent préfère avoir plus de de chances de
gagner moins que moins de chances de gagner plus 4 .

La monnaie
Allais met en lumière un comportement héréditaire vis-à-vis de la mon-
naie : sa demande en t dépend des variations du revenu en t−1, t−2 etc. Par
la redéfinition de la demande de monnaie, il modifie la théorie quantitative
de la monnaie notamment en intégrant le rythme de la croissance passée au
comportement actuel. Plus l’économie est stable, plus l’agent tient compte
du passé dans sa demande de monnaie. Plus l’économie est troublée, plus
l’agent s’écarte de l’analyse de la période précédant le trouble.

9.2.2 Recommandations de politique économique


Allais préconise une monnaie gagée à 100%, idée également préconisée
par Walras afin d’éviter le gaspillage. Il est favorable à une société sans
classes sociales, la suppression des profits et l’universalité du revenu du tra-
vail. Il appelle de ses vœux la rechercher de la concurrence permettant l’ef-
ficacité par la libre circulation des biens, des capitaux, des informations et
des hommes.

Les thèses néolibérales ont été très contestées en France mais ont été
appliquées en Allemagne puis le sont partout au milieu des années 1980.

3. von Neumann et Morgenstern


4. Paradoxe d’Allais

61
Chapitre 10

La prise en considération de
la stratégie des acteurs dans
les modèles et la
modélisation

Le libéralisme ne s’explique pas uniquement par le rôle de l’État mais


aussi par le comportement des agents notamment dans la relation investissement-
épargne. Certains auteurs vont se pencher sur certains comportements précis
comme celui des entreprises en situation de concurrence monopolistique, de
marché contestable etc. La conclusion est souvent que le libéralisme est une
meilleure solution pour ces situations.

10.1 Les structures de marché et libéralisme économique


10.1.1 La concurrence monopolistique de Chamberlin
Dans ce modèle, on a un petit nombre de firmes avec une entrée libre sur
le marché. Ce qui est particulier est que la demande peut être préférentielle
ou bien fractionnelle. Dans le cas de la demande préférentielle l’agent est prêt
à payer d’avantage. Cela occasionne la demande fractionnelle qui s’oriente
vers les autres entreprises, moins chères. Pour Chamberlin, ce type de marché
ne doit pas être régulé. De plus, c’est la différenciation qui fait la demande
même si le prix reste central.

10.1.2 La concurrence imparfaite de Robinson


Cette concurrence n’est ni de la concurrence pure ni du monopole. Dans
ce cas, l’entreprise qui veut vendre plus doit réduire ses prix d’autant plus

62
10. Stratégie des acteurs dans les modèles Julio Ricardo Davalos

que ses rendements sont croissants. Le problème des rendements croissants


est que cela oblige l’entreprise à vendre à perte sauf sa dernière unité pro-
duite : le libéralisme ne semble pas possible dans le cadre de rendements
croissants. Robinson sauvegarde cependant le libéralisme dans ce cadre avec
les grandes entreprises à rendements croissants, l’idée est que celles-ci doivent
vendre au minimum de leur coût moyen. En effet, le coût marginal n’est égal
au minimum du coût moyen qu’à long terme.

10.1.3 Le courant structuraliste


Certains auteurs sont d’accord avec les analyses précédentes et donc
considèrent que le libéralisme fonctionne même en dehors de la concurrence
pure et parfaite. Cependant, ils se demandent quelle est la relation entre
la structure du marché et le profit engendré. En effet, une concurrence im-
parfaite seule ne justifie pas des prix égaux au coût moyen minimal. Ben
montrera que le libéralisme peut s’appliquer avec l’aide de deux barrières à
l’entrée :
— la publicité ;
— la différentiation.
Ainsi, les entreprises peuvent se comporter comme des monopoles. Du fait
de la différentiation et de la publicité elles visent une partie des consomma-
teurs et ceux-ci gardent le choix grâce à la concurrence qui demeure : l’État
n’a pas besoin d’intervenir.

L’école de Chicago va remettre en cause le courant structuralisme, ces


auteurs considèrent que les entreprises qui peuvent produire des produits
différenciés le peuvent car elles font des économies d’échelle : l’ensemble des
éléments de la différenciation coûtent mais tous ces coûts ne s’additionnent
pas au prix du bien. De plus, les économies d’échelle ne sont pas des barrières
à l’entrée étant donné qu’il existe des grandes et des petites entreprises qui ne
rivalisent pas sur le même plan. La publicité n’est pas non plus une barrière :
elle ne joue qu’un rôle d’information. L’école de Chicago signale ainsi les
dangers du  laisser faire  notamment dans cette opposition entre grandes
et petites entreprises. Krugman (néo-keynésien) reprendra ces critiques à
son compte.

10.1.4 La théorie des marchés disputable (Baumol, Willig)


Le concept trouve ses prémisses dans le travail d’Allais. Les théorciens
du marché disputable partent du principe que l’intensité de la concurrence
n’est pas liée à la structure du marché. En d’autres termes, ce n’est pas
parce que l’on s’éloigne de la concurrence pure et parfaite que le libéralisme
n’est pas opérant. Par les effets de gamme, de multiproduction, les grandes
entreprises vont mieux pouvoir maı̂triser leurs coûts de production et ont

63
10. Stratégie des acteurs dans les modèles Julio Ricardo Davalos

alors la possibilité de vendre moins cher. En maintenant des prix élevés, les
entreprises sont perdantes étant donné que cela attire de nouveaux entrant :
il y a donc une baisse spontanée des prix et on évite les prix de monopoles
malgré un monopole bien présent. Les marchés disputables sont alors définis
comme des marchés où la pression concurrentielle est suffisamment forte
pour que l’État n’aie pas besoin d’imposer quoi que ce soit. Cela a pour
avantages :
— des prix bas : le consommateur est ainsi satisfait ;
— l’absence de gaspillage (efficacité) : les firmes fonctionnent comme
si elles sont en concurrence et donc ne peuvent pas se permettre de
surproduction ;
— l’absence de discrimination de monopole au niveau des prix : tout le
monde achète au même prix ;
— l’optimalité au sens de Pareto.

10.1.5 Conséquences
Sur le plan théorique, le marché contestable permet d’intégrer le prix
comme une variable d’ajustement pouvant modifier le comportement d’une
firme : elle s’adapte et sauvegarde son libéralisme en changeant son prix. Cela
permet également les économies de gamme et donc permet des économies
d’envergure et ainsi de produire à moindre coût par une seule firme plutôt
que par plusieurs firmes spécialisées.

10.2 De nouveaux modèles pour conforter l’ap-


proche libérale
Ces modèles s’inspirent des écoles américaines de l’économie et appa-
raissent avec la mathématisation de l’économie. Le but est d’anticiper en
permanence les comportements des agents.

10.2.1 Quelques applications théoriques


On y trouve notamment :
— La théorie des jeux ;
— Les approches probabilistes ;
— Les approches stratégiques (Nash) ;
— L’équivalence entre optimum et équilibre général (Debreu).

10.2.2 Développement économique


L’économie a été mathématisée notamment par Hicks, Allais et Samuel-
son. Les travaux de comptabilité nationale ont été renforcés notamment par

64
10. Stratégie des acteurs dans les modèles Julio Ricardo Davalos

Timbergen aux Pays-Bas et Stone en Angleterre. Ces données vont être uti-
lisées en économétrie pour permettre des simulations : l’État pourra éviter
un interventionnisme constant et cela lui permet une planification logique.
Ces travaux conforte la théorie économique de la décision (théorie des jeux,
économétrie, théorie du choix public). Le comportement des agents est ainsi
intégré grâce aux travaux de von Neumann (Maximin ou choix prudenciel,
c’est-à-dire le critère de Wald) et Savej (Minimax, cherchant à minimiser
son regret).

10.2.3 Limites
Ces théories reposent sur des hypothèses comme la rationalité des agents
qui mettent une partie d’incertain dans les prédictions. Ainsi, le libéralisme
est une politique soutenable seulement sous ces hypothèses. De plus, les
agents anticipent de plus en plus, ne veulent pas abandonner leur posi-
tion dominante et enfin la mondialisation sont des facteurs qui rendent les
prédictions d’autant plus difficiles.

10.3 Conclusion générale


Le libéralisme a donc pris ses repères petit à petit dans l’histoire, prenant
la position extrême des mercantilistes et menant à des catastrophes avant
de s’imposer par la vision de circuit des physiocrates. Reposant d’abord
sur une certaine naı̈veté (par exemple la loi des débouchés), les auteurs ont
pu remettre en question cette naı̈veté (monnaie gardée pour elle-même),
l’on pouvait alors se demander si les affirmations étaient fausses ou bien si
c’était le libéralisme qu’il fallait questionner. C’est grâce à la synthèse de
Mill que l’on a pu sortir des contradictions entre les différentes théories. Les
économistes se sont ensuite attaqués aux comportements des agents par le
raisonnement néoclassique, raisonnement renforcé par les néo-marginalistes
ainsi que la possibilité du libéralisme. On retiendra également l’analyse de
Wicksell qui montre que certains déséquilibres sont entretenus par l’État :
le libéralisme reste encore une solution.

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