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Chapitre 0 : Introduction générale : « Qu’est ce que connaître en

HPE »

1. Invention et généalogie :

Connaître en HPE, c’est avoir la capacité de dresser la « généalogie des


Ecoles » qui constituent la science économique. Un schéma sommaire des
grands courants de la pensée économique est par exemple :
Connaître en HPE, c’est aussi interroger le problème de l’invention de la
science économique. Comme le montre Serge Latouche, le problème est
double :
- la Science économique a été inventée, mais ses origines sont
diverses selon le critère choisi (nature du problème, méthodes)
- l’économie comme invention doit pouvoir être caractérisée comme
toute science par sa spécificité dans le savoir humain. Il faut
connaître sa place dans le savoir humain. Il s’agit d’une nécessité
épistémologique. Elle requiert la définition du sujet et de l’objet de
cette connaissance et de la relation du sujet à l’objet d’autre part.

Dès lors que la question de l’invention est posée sous cet angle
« épistémologique », la généalogie ne suffit plus. La datation ou
périodisation historique en histoire de la pensée, prend une allure
particulière

2. Epistémologie et histoire :

La succession des Ecoles, simple synonyme de progrès, devient


« invention de sens », et de sens propre à une époque, parce-que
l’Economie n’est pas une science de la nature mais une science sociale
inscrite dans un cadre historique

Nous appuyons ce point de vue principalement sur les travaux de Marx,


Dilthey, Castoriadis et Habermas. On peut aussi l’exprimer dans le
vocabulaire de Michel Foucault qui distingue des « épistémé » c-à-d des
ruptures épistémologiques ou celui de Thomas S. Kuhn qui distingue des
« paradigmes » c-à-d que les Ecoles sont des paradigmes, elles ne se
succèdent pas mais elles entrent en conflit

a. La définition de l’Economie Politique comme science sociale et


historique : le matérialisme historique de Marx :
- D’une part, Marx a largement contribué à la connaissance
généalogique, étant à l’origine de la distinction entre les Ecoles
classique, physiocratique et mercantiliste
L’invention de l’économie politique a été une de ses préoccupations
comme on peut le lire dans la note V du Chapitre XXV du Livre I du
Capital
- D’autre part, suivant les enseignements de logique et de philosophie
d’Aristote et Hegel, il adopte avec la doctrine du matérialisme
historique et dialectique, une conception de l’invention de
l’économie politique. Cette conception est celle de l’unité entre la
naissance de l’économie politique et l’émergence des rapports de
production capitalistes. Sous sa forme scientifique la plus achevée,
celle de Ricardo, l’Economie politique s’est, selon lui, constituée
comme idéologie de la bourgeoisie, après avoir été celle de
marchands

b. Le refus de la thèse de l’invention :

Marx valorise cette thèse de l’invention contre le naturalisme des


Classiques. Le naturalisme consiste à assimiler les lois économiques à des
lois naturelles, en supposant l’a-historicité de l’objet de l’économie
politique. Cet objet, l’homme et la société supposés appartenir à la nature,
est donc universel et donné.
Ce naturalisme resurgira avec l’Ecole néo-classique sous la forme du
Behaviorisme (comportement). L’universalité supposée est cette fois celle
de la psychologie humaine. Elle devient le fondement d’une science de
l’utilité et de la rareté, ou plus généralement celle du comportement
rationnel. D’un côté Robinson Crusoë, de l’autre, l’ « homoéconomicus »

Le défaut de ces deux approches est d’objectiver les rapports humains


actuels ou immédiats en les supposant acquis ou « objectifs ». Marx a pu
montrer que ces comportements humains sont « réifiés » ou transformés en
chose. L’économie politique ne peut pas alors être conçue comme une
science sociale et historique puisque son histoire est niée. Les problèmes
dont elle traite ne peuvent être ceux du monde vécu.

c. Le refus de l’économicisme et des lois de l’histoire :

A l’opposé, on a pu faire valoir les limites de la thèse du matérialisme


historique. Les critiques émanent :
- D’une part de l’Ecole Néo-kantienne (de Dilthey à Weber et son
« Ethique protestante »)
- D’autre part des philosophes modernes qui ont réintroduit les
dimensions de l’imaginaire (Castoriadis après Freud) et de l’intérêt
de la connaissance (Habermas après Kant)
Ces reconsidérations convergent vers la critique du dictat des lois de
l’histoire, ou déterminisme historique. Elles mettent en valeur le rôle des
représentations, des idées et de l’imagination, dans le développement
historique. Marx aurait nié l’histoire en supposant sa fin connue, car
déterminée par la contradiction principale entre le développement des
forces productives et celui des rapports sociaux de production. Or,
l’histoire ne saurait pas avoir une fin, par définition

Ces critiques constructives admettent cependant « l’ambiguïté » du


discours de Marx, et n’excluent pas la visée émancipatrice, ou
désaliénante, de son contenu. Chaque société subsiste dans l’époque
historique qu’elle construit elle-même.

Conclusion : Le phénomène majeur dont nous partons est la naissance de


l’économie politique avec le Mercantilisme. Le libéralisme d’A. Smith
et de l’Ecole écossaise, parachève ce phénomène en 1776 (RDN)
Contrairement à l’idée commune qui est celle de l’opposition, on
développe la thèse d’une unité entre Economie Politique – Mercantilisme
– Libéralisme

La « Critique de l’économie politique » réalisée par Marx au XIXe


siècle, dans le « Capital », est présentée comme une réaction à ce
phénomène historique et non pas comme une simple critique
« scientifique » de l’œuvre de Ricardo. La critique de l’économie
politique de Marx est celle du capitalisme réel, obscurci par les
classiques

Après et parallèlement à Marx, les fondements épistémologiques de


l’économie politique, sont reconsidérés grâce aux progrès de la
mathématique. A l’issue d’un long processus de maturation, Marshall,
fondateur de l’Ecole de Cambridge, initie la nouvelle Economie Politique,
devenue « Economics ». Cette maturation fut l’œuvre de la Révolution
marginaliste, de ses précurseurs et de ses continuateurs immédiats

Enfin, c’est à nouveau à Cambridge, que se déroule au début du XX la


Révolution scientifique moderne sous l’égide de Keynes. La
« TGEIM » (Théorie Générale de l’Emploi, de l’Intérêt et de la Monnaie)
consacre le triomphe de l’approche macroéconomique
Chapitre 1 : Sir William PETTY (1623-1687)

I. Vie et Œuvre de Petty :

Né en 1623 à Romsey, Petty décède un an avant la glorious révolution de


1687. Il avait 19 ans lors de la première révolution anglaise (1642) et
entreprenait alors son « tour d’Europe ». (France, Allemagne, Pays-Bas)
Il appartient donc au XVIIe siècle anglais, si décisif pour l’Europe et le
monde entier (entre 1620-1664 essor colonial anglais : Amériques, Inde,
Madras, Jamaïque). On est dans un contexte de révolution en Angleterre
et au cours de cette période les anglais vont instaurer le libéralisme

De retour à Romsey en 1646, il continue à étudier la médecine à Oxford


dès 1648. Il sera professeur d’anatomie, puis de musique.
Essentiel fut son séjour, vers 14 ans, au collège de la Flèche à Caen, où
aidé par les Jésuites, il acquiert l’essentiel de la scolastique et des
méthodes aristotéliciennes de raisonnement. Adepte d’une « religion
naturelle », il fera prévaloir la tolérance religieuse dans un milieu marqué
par les conflits entre protestants et catholiques. Libéral en politique, il
défendra donc la démocratie, le peuple et les pauvres.
Sa formation est marquée sur le plan philosophique (théorie du « droit
naturel ») par Hobbes et sur le plan scientifique par Bacon (la méthode
expérimentale – mathématique et physique - qui l’amènera à son
« Arithmétique politique » ou « Calcumania » et à sa démographie
statistique)

De retour à Londres en 1659, Petty renoue avec ses amis, éminents


scientifiques (mathématiciens, médecins) ou théologiens, Wilkins, Wallis,
Wren, et Boyle. Il fait parti des 12 membres fondateurs de la « Royal
Society » créée en 1660 et dont le « Gresham College » était le lieu de
réunion. Le but était de révolutionner le monde scientifique
Sa confrontation avec la réalité historique et politique de l’Angleterre le
conduit à servir la République de O. Cromwell, le conquérant de l’Irlande,
puis à servir les deux pays, en s’établissant dans le Kerry comme riche
gestionnaire d’une vaste propriété foncière, tout en y rédigeant ses
œuvres. Sans cesse en dispute avec les « fermiers » (percepteurs des taxes
et défenseurs du revenu public), il connaitra une fin de vie difficile.
En outre, Petty était un grand entrepreneur et il a rédigé ses œuvres en
Irlande

Son œuvre économique a été en quasi-totalité écrite dans la période


1662-1676 et a été éditée en 1899 : « The economic writings of Sir William
Petty ».

Sa pensée économique : Petty mercantiliste ou non ? Les avis sont


partagés : Marx voit dans son œuvre l’enterrement du mercantilisme,
tandis que Keynes et Schumpeter le voit comme un éminent
mercantiliste. Cette différence s’explique par le fait que Marx a pour
critère de la richesse, la théorie de la valeur travail et de la plus-value
alors que Keynes a pour critère la baisse du taux d’intérêt et l’incitation à
investir

Petty influent ou non : Les avis sont partagés. Le plus grand défenseur de
Petty est Marx qui voit du génie dans son œuvre. Il le considère comme le
Père « fondateur de l’économie politique moderne » et de la statistique
démographique, recopié de Locke et North jusqu’à Adam Smith. Tandis
que Schumpeter considère cette notoriété comme usurpée puisque les
idées de Petty étaient déjà dans l’air à deux points près : la vitesse de
circulation de la monnaie, et l’analyse des revenus par la statistique ou
plus généralement son apport à l’économétrie

II. La théorie de la valeur travail de Petty et la triple dynamique


(Monétaire, Population, Développement)

Petty élabore une théorie de la valeur travail fondée sur l’équation dite
« pono-physiocratique », résumée par son adage « le travail est le père et
le principe actif de la richesse, de même que la terre en est la mère ».
En d’autres termes, il s’agit d’une théorie de la richesse fondée sur deux
facteurs de production : la terre et le travail. Or Petty inclura un troisième
facteur, le capital fixe qu’il réduit à du travail passé, comme le fera
Ricardo après lui. Cette théorie possède un fondement statique et des
développements que résume le schéma ci-dessous :
!

1. La théorie statique :

Dans la théorie statique, ce qui fait la valeur d’une marchandise, c’est la


valeur en terre ou en travail : « parité en terre ou en temps de travail ».
Le même temps de travail appliqué à la terre et à l’extraction de métaux
précieux permet à Petty de définir la rente naturelle Rn. C’est la valeur
intrinsèque de la rente, supposée refléter une égalité entre la
« productivité physique du sol » et la « productivité du travail ».
Cette égalité entre les 2 productivités est le noyau statique de la théorie de
Petty. C’est une expression du naturalisme et l’énoncé « pono-
physiocratique » ou « equal-labour »
L’unité de mesure est le « minimum de subsistance », définie par la
« nourriture d’une journée d’un travailleur adulte ». Il correspond à la
situation où chaque paysan-producteur possède un minimum de 3 acres et
une vache. Il s’ensuit que la rente est le surplus créé au-delà de ce
minimum vital et elle est touchée par le propriétaire foncier (surplus que
Quesnay et les physiocrates dénommeront « produit net »). La valeur du
surplus peut diverger. D’une part, la terre possède une « valeur
extrinsèque » du fait d’économies externes. D’autre part, l’efficience du
travail dépend, outre sa productivité, de la durée du travail

En bref, la valeur du blé est égale à la valeur en terre (Rente naturelle +


Avances) ou à la valeur en travail (Rente naturelle + Minimum de
subsistance)
Mais la théorie de la valeur travail chez Petty est une théorie
dynamique. Il faut donc dynamiser le noyau statique à l’aide de 3
facteurs : dynamique de la population (DP), l’échange international (DM)
et le progrès technique (DD) :
a. Dynamique de la population DP :

La croissance de la population, l’allongement de la durée de vie et les


migrations sauvages sont des moyens d’accroitre la richesse en travail.
Mais celle-ci dépend principalement de la densité de population.
Le problème est celui de la définition d’une unité de mesure de la valeur :
L’unité de mesure de la valeur est le minimum de subsistance.
Par conséquent, la rente est le surplus ou « superlucration » ou
« overplus » créé au-delà de ce minimum vital et qui est approprié par le
propriétaire foncier. On reconnaît le produit net des physiocrates et la
plus-value de Marx.
La rente naturelle Rn = Wt (valeur en salaire) – Wn (nécessaire). Il y aura
donc une rente si la valeur produite en salaire est supérieure à la valeur
nécessaire : Wt > Wn Si la rente existe, c’est parce-qu’il existe des
personnes qui n’ont pas contribué au travail, « spare hands », mais qui
sont nourris à l’aide des produits du travail. Donc cela prouve bien que le
travail produit plus que le nécessaire
Pourquoi la terre est-elle productive ? Petty répond par un exemple sur la
valeur intrinsèque du sol avec le fait que le veau se nourrit grâce à la terre.

b. Dynamique de marché DM :

Le développement du « trade » permet l’échange international et les


exportations. Celles-ci sont pourvoyeuses de métaux précieux et donc de
richesse en travail. Cette croissance du trade dépend de la dynamique
monétaire internationale et de la vitesse de circulation de la monnaie.
Petty élabore un scénario basé sur une réforme monétaire : celle de la
banque foncière
Il suppose une équivalence de l’échange en termes physiques et en termes
monétaires car il assimile les mines de métaux précieux à la terre.
La productivité du travail appliquée à la terre et celle appliquée à la mine
d’or ou d’argent étant identique, cela permet d’écrire une double équation.
En termes physiques « x quintaux de blé ou x acres de terre = y heure de
travail = z quantité de métal extraite ».
En termes monétaires « x rentes = y salaires = z £ »
Au final pour Petty, rente et salaire sont naturels (Rn et W) car selon lui,
ils sont les résultats de la valeur intrinsèque du sol et du travail

La terre possède aussi une valeur extrinsèque qui peut être à l’origine non
pas du surplus monétaire mais de la hausse du surplus monétaire dans les
cas suivants :
- « rente différentielle » due à la fertilité de la terre
- « rente de situation » c-à-d la proximité ou non du marché
- et plus généralement du fait d’économies externes

De même, l’efficience du travail dépend, outre sa productivité, de la


durée du travail et plus généralement du progrès technique

c. Dynamique de Développement DD :

Petty est le défenseur du « trade » et du commerce international dont


l’efficacité dépend du niveau élevé de développement du Royaume grâce
au progrès technique. Ce dernier agit sur la quantité et la qualité du travail
et donc sur la productivité du travail qui peut ainsi être accrue. Le progrès
technique est attaché aux « arts », autre nom que Petty donne aux
qualifications du travail et à la division du travail
Certains feront de Petty un grand théoricien du développement

III. La réforme monétaire : la banque foncière

A. Le contexte :

Dans un monde dominé par la puissance des Pays-Bas et leur organisation


financière (Banque d’Amsterdam), les esprits sont agités par la recherche
de la stabilité monétaire. Le problème économique majeur de l’Angleterre
était celui de la monnaie à cause de l’usure (hausse du taux d’intérêt), de la
dévalorisation et revalorisation permanente des pièces ce qui entrainait
des faillites permanentes des banques privées. Ainsi, nombreux furent ceux
qui militèrent pour la création d’une banque nationale qui sera créée par W.
Patterson sous le nom de la Banque d’Angleterre en 1694.
La tentative des propositions de réforme était auparavant forte parmi les
auteurs. Petty voulait créer une banque foncière.
Le document du cours montre que le prêt à intérêt en Angleterre a été
légalisé progressivement par les lois pour punir l’usure (1495). Cette loi
sanctionne dans la pratique ce qu’elle prétend condamner.

B. Land Bank ou Banque foncière :

A la fin du XVIIième siècle nait l’idée suivant laquelle le redressement


économique peut découler d’une hausse de la création monétaire ou de
l’offre de monnaie sur le modèle de la banque nationale et non pas sur celui
de l’importation des métaux précieux (cas espagnols et portugais)
La nouvelle banque d’Angleterre rencontre à la fin du siècle deux
difficultés :
- La dépréciation des pièces entraînant des coûts de refonte élevés
- L’alternative offerte à la Couronne (au monarque) est attrayante à ses
yeux : la Banque foncière. Mais les réalisations concrètes ont toutes
échouées et ont failli mettre en péril la Banque d’Angleterre
William Potter est le pionnier de la banque foncière en 1640 et émet l’idée
d’une indifférence de la base de création de la monnaie. Créer la monnaie
sur la terre ou sur les métaux revient au même, celle-ci n’étant qu’un
simple moyen d’échange. Il est donc l’un des premiers monétaristes.
Chamberlain (1694) met en œuvre le projet de la Land Bank. Son
principe : « créer l’équivalent en monnaie d’une rente de 100 ans pour 100
fois sa valeur annuelle ». Supposons qu’une terre avec une rente de 10£
annuelle puisse donner lieu à la création de 10 £ x 100 ans x 100 (valeur) =
100000£ qui serait le capital de la Banque foncière. Il suffit de trouver des
souscripteurs c-à-d des propriétaires fonciers qui acceptent. SCHEMA
Chamberlain veut trouver des souscripteurs. S’il les trouve, la base
d’émission de la monnaie c’est 100 ans de revenu foncier c-à-d 100.000 £.
Ces 100.000 £ vont permettre à la banque la création proportionnelle de
papier monnaie légalement accepté. Ensuite, la banque foncière peut faire
des avances de sorte à réaliser des investissements qui vont intensifier le
produit de la terre et donc accroitre la rente. Ces avances sont acceptées,
on produit et apparaît une rente r1. Les propriétaires remboursent les
intérêts du prêt à la banque, etc… Chamberlain pensait que cela
fonctionnait pendant 100 ans.
⇨ La banque foncière participe ainsi au développement des
exploitations agricoles et mobilise des fonds qu’elle peut avancer.

C. Le projet de Banque foncière de Petty : Schéma page 11/12

La Land Bank de Petty se situe entre l’offre de terre et la demande de terre.


Son projet : fonder la monnaie sur la terre. Pour cela, deux étapes sont
nécessaires : connaître la terre et savoir définir sa valeur. Pour cela, Petty
réalise en Irlande la première carte de géographie connue, à l’issue du
recensement dénommé le « Down Survey » (1655-1656)
Il établit en Irlande et en Angleterre où il travaille, en copiant les
hollandais, un recensement et un registre de la propriété foncière

• Du registre à l’évaluation de la valeur « naturelle et intrinsèque »


des terres : la méthode de Petty :
Le registre conduit à une évaluation des titres juridiques de propriété
détenus par la banque foncière. Celle-ci émet en échange de la monnaie
papier gagée sur le sol. L’avantage prévisible est souligné par l’auteur :
« On aura, dit Petty, un matériau pour la monnaie, bien meilleur que l’or et
l’argent ». Les titres devenus monétaires sont donc « échangeables »
L’avantage est celui du contrôle du taux d’intérêt des titres monétarisés.
La banque foncière peut en effet maintenir ce taux à un niveau indépendant
des vicissitudes de toute nature, dont la pire est l’usure. Ce scénario est
bâti autour d’une conception particulière de la relation entre monnaie-
taux d’intérêt-rente

IV. Monnaie, taux d’intérêt et rente :

Par sa théorie de la valeur travail, Petty veut expliquer la valeur de la


rente. On remarque qu’il passe pour cela de l’énoncé « pono-
physiocratique » de l’equal labour, à un énoncé que l’on qualifie de
« financier-métalliste » : la rente monétaire comme revenu de la terre et le
salaire, le revenu du travail. L’énoncé financier-métalliste lie la rente au
taux d’intérêt par l’intermédiaire de la quantité de monnaie. A l’échelle
macroéconomique, la relation est déterminée par des « lois naturelles » :
- Petty est un des premiers théoriciens du taux d’intérêt comme
phénomène purement monétaire : c’est la quantité de monnaie et sa
variation !∆M qui détermine le niveau du taux d’intérêt : i = f (!∆M)
La relation est inversement proportionnelle
- Il définit l’existence de l’intérêt par l’abstinence du propriétaire qui
choisit de prêter plutôt que de produire avec le même capital.
Le risque est aussi une cause de l’intérêt
Petty définit ainsi le niveau maximum de l’intérêt par le montant
de la rente que le même capital tirerait du sol car si i est trop élevé
les gens n’achèteront plus de terre mais échangeront juste de la
monnaie.
- Les variations de i affectent donc les prix de production p. Prix et
taux d’intérêt varient dans le même sens. Une hausse de i élève les
prix de production p et inversement.
- En défendant comme de nombreux libre-échangistes de son époque
la baisse du taux d’intérêt, Petty argumente par la loi naturelle qui
lie la hausse de la rente monétaire à la baisse des prix de production
agricoles lié à la baisse de i Trade!  M!  i! P! 
R! 
!
L’énoncé pono-physiocratique de la valeur de la terre est donc devenu
financier-métalliste. Cependant, il s’avère difficile de concilier les 2,
comme le remarquent tous les analystes de l’œuvre.
Le raisonnement de Petty sur la valeur devient circulaire : les « 3 valeurs
naturelles » se co-déterminent comme ci dessous :

Conclusion: Petty ne parvient pas à trouver un étalon stable de la valeur.


Ceci est du au fait que l’énoncé pono-physiocratique voudrait que la terre
ait une valeur intrinsèque. Or, comme l’a montré Marx, elle ne peut en
avoir, c’est une « masse de matière inorganique ». Marx résume la
conséquence de cette circularité : la terre acquiert sa valeur naturelle ou
rente naturelle par son usufruit, son intérêt ou par la rente de l’argent

C’est en recourant au calcul démographique que Petty voulait concilier


ces deux énoncés. Aidé par les tables de Graunt, Petty définit la durée
moyenne de travail comme étant égal à 21 ans.
La population fait donc de la rente, une « rente capitalisée » (énoncé
financier-métalliste) mais ne permet pas d’expliquer la valeur naturelle
de la terre (énoncé pono-physiocratique). La terre n’a pas de valeur
naturelle, pas plus que le travail n’en aura chez Ricardo

La valeur de la terre qui apparaît comme prix d’acquisition n’est en fait


qu’une rente capitalisée sur « n » années au taux d’intérêt du moment.

V. Les autres apports de Petty par domaine :


1. Fiscalité :

La fiscalité est le point de départ de son œuvre « The Treatise » ou « Traité


des taxes et contributions » en 1662. Petty critique l’affermage des droits
de douane et défend l’assurance. Le but de la fiscalité (politique fiscale
et budgétaire) doit être de favoriser le travail et les activités productives.
Il élabore la première distinction entre travail productif (de valeur)et
improductif.
Il convient, selon lui, de taxer en priorité la richesse et donc le pouvoir
qu’elle procure grâce à une connaissance du revenu national et autres
agrégats que petty construit .

2. L’ « Arithmétique politique »

L’ouvrage posthume « Essai d’arithmétique politique » écrit en 1676 mais


publiées en 1690 fait de Petty l’inventeur de l’économie appliquée voire
de l’économétrie moderne.
La recherche statistique, appliquée à la démographie et à l’économie doit
éclairer les décisions publiques. L’ampleur que Petty donne à cette tâche
se traduit en particulier par : la politique de gestion des ressources en
main d’œuvre (plein-emploi) et la comptabilité nationale (gestion des
revenus et des dépenses). L’arithmétique politique est aussi présente dans le
« Treatise » où l’on trouve la première équation du revenu national

3. Trade, division du travail et productivité :

Par trade, Petty entend implicitement l’activité capitaliste. Le ressort du


« trade » est en effet le commerce international de libre-échange dont le
moyen privilégié est la navigation
Le « trade » est donc similaire à « la division du travail » (d’autant plus
grande que le marché est étendu) laquelle Petty, avant Smith, fait jouer un
rôle déterminant dans l’accumulation
La division du travail accroit la productivité du travail. Petty exemplifie
ce rôle avec l’exemple célèbre du montage d’une montre
Le « tradesman » ( le propriétaire foncier ) s’oppose au « landlord ». La
fonction du dernier peut devenir nuisible au développement favorisé par le
trade.
4. Economie sociale :

Petty expose une doctrine définie par un double impératif. L’impératif


économique du maximum de productivité et un impératif de morale
puritaine. Il considère en effet que la taille de la population n’est rien si elle
n’est pas productive. La morale puritaine du travail conduit à proposer un
ensemble de mesures drastiques destinées aux gains de productivité. Parmi
celles-ci : la discipline accompagnée de sanctions (contre les pauvres,
oisifs), la réduction des pauses, les bas salaires et l’aiguillon du luxe.
Ces impératifs sont toutefois atténués par une éthique favorable aux plus
pauvres (charité) et à la responsabilité publique. Y concourent :
- La défense d’un minimum vital contre les enclosures : la mesure
principale préconisée est celle de l’exploitation minimale de « 3
acres et une vache » par famille
- L’emploi dans le secteur public des exclus du « plein-emploi » ou
de la croissance
- La croissance de la population ou populationnisme : la population
est la richesse et des primes (allocations familiales) doivent stimuler
les naissances
En d’autres termes, Petty réconcilie Winstanley et Harrington. Mais aussi
Thomas More par son refus des enclosures.
En étudiant le développement, Petty range parmi les freins, les facteurs
sociaux que sont les cercles vicieux de la pauvreté : soit les Institutions
soit les structures mentales de la population

5. « Laisser-faire » : libre échange, richesse et pouvoir ( vadere situ


vult )

L’adage « laisser-faire » ( dut a petty )renouvelle le problème


mercantiliste : richesse du prince ou richesse nationale ( des sujets )?
L’intérêt général est, selon Petty, satisfait par 2 moyens principaux : le
commerce international(hausse des exportations )et l’affectation de la
main d’oeuvre dans les emplois plein-emploi .Plus généralement le « libre
échange » a pour but d’aboutir au pouvoir sur les échanges
internationaux . Si les prohibitions des exportations sont en général
nuisibles, il convient cependant d’adopter une politique protectionniste
contre les importations de blé.
La part de l’interventionnisme est donc importante chez Petty, ainsi qu’en
témoigne son idée de libre-échange protégé en faveur de l’Angleterre.
Plus généralement, le libre-échange doit aboutir au pouvoir sur les
échanges internationaux. Le but de l’Angleterre doit être la maitrise du
marché mondial pour « devenir les marchands du monde » car le
commerce international est le véritable pourvoyeur de la richesse
La domination des mers est donc essentielle

6. La théorie quantitative de la monnaie : le rôle de la vitesse de


circulation de la monnaie

Contre la politique mercantiliste du solde excédentaire de la balance


commerciale afin d’acquérir des matériaux précieux, Petty aborde le
problème de la quantité de monnaie en statisticien. La quantité est celle
nécessaire à un pays et elle se définit par une équation quantitative ou
théorie quantitative de la monnaie (TQM) .En supposant que petty avait a
l’esprit l’équation de fisher M quantités de monnaie )x V (vitesse de
circulation ) = P(niveau des prix )x T(masse des transactions des
échanges) (volume échanges) annexe chapitre 7 .4 du chapitre 7 et il
postule que :
La croissance des besoins en monnaie (hausse de P x T) ne requiert pas
celle de la masse monétaire M si V s’accroit et vice-versa si V décroit .
Cantillon formulera clairement cette relation : il est indifférent
d’accroitre M ou V
La hausse de la création de monnaie peut être supplée par la vitesse de
circulation de la monnaie. X>I SOLDE DE LA BALANCE S=X-
I>0SOLDE EXÉDENTAIRE DONC RENTRÉE DE METAUX
PRÉCIEUX

Baltazar gerbier aurait put inspire un peu petty

L’autre critique du mercantilisme s’ensuit :


• Les « lois positives » (celles de l’interventionnisme) sont par lui
condamnées dans les trois registres monétaires suivants :
- La régulation du taux de l’intérêt(qui s’ajuste aux besoins naturels en
monnaie du trade ) « je ne vois aucune raison de chercher à limiter
l’usure (…) » « Treatis »
- L’exportation des métaux précieux ( a fortiori celles des
marchandises :laine ,fils etc …)
- Le cours du change par réeevaluation de la livre par exemple.

C’est sa conception de la monnaie qui conduit Petty à ces critiques.


Le stock monétaire tend naturellement à s’ajuster au trade( oui
exigences de la production » sa célébration citation est « La monnaie
n’est que la graisse du corps politique » (Verbum sapienti )» ou encore
su l’exemple du trade bavardage interminable sur la manière de
résister a la nature »
Chapitre 2 : Adam Smith (1776), Recherches sur la nature et les causes
de la richesse des nations : « Des systèmes d’économie politique »

A. Smith est le père du libéralisme économique et le premier théoricien


de l’autorégulation du marché par la loi de l’offre et de la demande. Il
appartient à l’Ecole Classique Ecossaise. « Lumières écossaises » : est un
mouvement de pensée qui s’est développé au cours du XVIII siècle avec
par exemple comme auteurs David Hume, James Steuart, et Stewart pour
aboutir en 1776 à celui qui va rassembler tous les travaux : Adam Smith

I. Préambule :

Smith débute son livre IV par une définition de l’économie politique


« c’est la branche des connaissances du législateur et de l’homme d’Etat
qui se propose d’enrichir à la fois le peuple et le souverain »
« Deux systèmes ont jusqu’ici constitué l’économie politique : le système
mercantile (principalement britannique) et le système de l’agriculture
(celui des physiocrates français ) »

II. Le but et la méthode du livre IV :

• Le but du Livre IV est de montrer la supériorité du libre-échange


( national et international) ou « système simple et facile de la
liberté naturelle » sur les deux autres systèmes, à savoir
l’agriculture et le système mercantile
• C’est toutefois au premier des deux systèmes le « système
mercantile » que le livre IV est principalement consacré(Chapitre1 a
VIII). Dans ces chapitres, se trouve la célèbre critique du
chrysohédonisme (amour de l’or ainsi que ses développement) que
Smith formule à l’encontre du mercantilisme. Autrement dit, toute
étude du mercantilisme débute par une étude de la critique de Smith.
• La méthode de Smith est à la fois analytique (analyse cout avantage
) car il utilise l’analyse coût-avantage mais aussi historique (voir
pages 2 /10 )

III. La thèse de la balance commerciale favorable et la prohibition
des sorties d’or et d’argent (chap1) :

Dans son œuvre de 1660, «(english treasure and foreign trade) Le trésor de
l’Angleterre et le commerce étranger », Thomas Mun met en avant la thèse
de la balance commerciale favorable ou du solde positif de la balance
commerciale qui consiste à mesurer l’efficience de l’échange
international par le solde positif des exportations (X) sur les importations
(I) en valeur. Si X > I alors S > 0 et donc l’or et l’argent entre dans la
nation puisque l’étranger est endetté. Inversement si I > X
La critique des prohibitions des sorties d’argent réalisée par Mun porte
sur le change. Le fait d’interdire les exportations d’or hausse le coût des
échanges du fait du risque (coût ordinaire de l’emprunt, frais de transport,
et risque dû à la prohibition). Cette hausse du coût rend la charge
défavorable et élève le déficit commercial et donc le solde négatif
s’accroit

Si les exportations d’or sont prohibées, le règlement des sommes dues à


l’étranger par le commerçant doit être réalisé en achetant auprès de sa
banque, une lettre de change sur l’étranger. Le coût de l’obligation
d’achat de cette lettre mesure le coût total engendré par les prohibitions.
Il traduit la dégradation de la valeur de la monnaie nationale par rapport
à la monnaie étrangère et entraine une spirale car ce change défavorable
dégrade encore plus le solde de la balance
Schéma récapitulatif de synthèse page 2/8

Adam Smith critique simultanément la thèse du change défavorable et


de la balance commerciale favorable :

L’erreur des mercantilistes est d’assimiler l’équilibre de la balance


( dont celui des importations ) à l’équilibre des créances et des dettes, ce
qui reviendrait à considérer que le cours ordinaire du change serait
équivalent à la situation de chaque pays dans l’échange(ou « au pair »).
Soit plus brièvement par exemple, en cas de déficit, l’assimilation :
I > X S < 0 change défavorable (suivant le cours ordinaire )est
erronée d’après Smith

« citation voir en ligne » « quand on même on accorderait que le cours


ordinaire du change put être une indication suffisante de la situation
ordinaire des dettes et créances respectives entre deux places, il ne
s’ensuivrait pas de la que la balance du commerce penchât du coté de la
place qui aurait en sa faveur l’etat de la situation ordinaire des dettes et
créances »

La raison est que le cours ordinaire du change ne résulte pas du


commerce bilatéral mais des échanges entre plusieurs places
simultanément. Ainsi, le bilan financier entre deux places n’est pas
identique à celui entre toutes les places (ou plusieurs).en généralisant
a n pays échangistes les transactions agrégées du schéma ci dessus
(a) on doit inférer que On doit donc inférer que le cours ordinaire du
change est par définition incertain
Pour A. Smith, c’est à partir de 1609, année de création de la Banque
(de dépôt )d’Amsterdam, que les conditions du change ont été
bouleversées du fait de l’apparition de l’argent de la banque. Il
propose une longue mais importante digression qui constituera une
leçon (après celle de J.Steuart) sur les origines du crédit moderne.
Ceci renforce l’opposition au principe mercantiliste d’équilibre de
la balance, puisque c’est le déséquilibre du change qui devient la
règle et non l’exception.
Exemple : Ce n’est parce que la Hollande a un change favorable par
rapport à un autre pays que la balance commerciale de la Hollande sera
favorable puisque la Hollande commerce en même temps avec d’autres
pays.Le cours du change n’induit pas une balance commerciale
Smith déplace le problème vers la définition de la véritable richesse : le
produit marchandise : Pour Smith, prohiber la libre circulation de l’or
et de l’argent, c’est mépriser la définition de la richesse. La définition
smithienne de la richesse est « la richesse ne consiste pas dans l’argent ou
dans la quantité de métaux précieux mais bien dans les choses qu’achète
l’argentet dont il emprunte toute la valeur par la faculté qu’il a des les
acheter ». Autrement dit, la véritable richesse de Smith est le produit-
marchandise c-à-d le prix de l’or et de l’argent car « pour tout pays, la
quantité de monnaie suffisante est déterminée par la valeur de la masse de
marchandises qu’elle sert à faire circuler ». Cette valeur est avant tout celle
du produit annuel en marchandises, en particulier le produit
manufacturier résultat du travail
Avec humour smith stigmatise la pratique prohibitionniste dont in
dénonce l’absurdité :le cas de l’or hispano -portugais
Smith critique la pratique prohibitionniste dont il énonce l’absurdité en
prenant le cas de l’or hispano-portugais :
Avec la conquête du nouveau monde La profusion ou abondance de
métaux précieux a conduit les espagnols et portugais à négliger le marché
intérieur pour importer d’Europe toutes les marchandises nécessaires, en
taxant les exportations d’or et d’argent.Il s’en es suivit
La malédiction de l’or des Indes est la conséquence : les métaux précieux
accumulés se déprécient ce qui provoque de l’inflation en Europe.
Donc la consommation ostentatoire espagnole et portugaise croit de façon
extrême tandis que les produits bruts et manufacturés sont importés de
l’Europe productrice.L’OR fuit l’Espagne et s’accumule en europe (shéma
doc cours p3/10 ) la métamorphose choisie par smith (shéma ) est celle du
courant d’eau et de l’écluse soit « Fermez un courant d’eau pour une écluse
;celle ci une fois remplie; il s’écoulera autant d’eau par dessus les portes
que s’il n’y avait point d’écluse »

IV. La critique des autres mercantilistes (Chapitres II à VIII) :

a. Protectionnisme : recensement historique des pratiques


document p4/10

L principe du système mercantile étant posée ( solde positif de la balance


ou excédent ) et accumulation de la richesse sous forme d’or et argent ) les
chapitre II aVII exposent le smoyens mis en oeuvre au cours de l’histoire
pour le réaliser .
Smith élabore un recensement critique des pratiques mercantilistes et
parle pour cela de « 6 moyens ».
Les entraves à l’importation sont de deux types selon la circonstance :
▪ Si les marchandises sont produites par la nation, on parle de
« droits élevés » (Chapitre II)
▪ Si les marchandises sont importées en situation de déficit de la
balance, il s’agit de « prohibitions absolues » (chapitre III)
Les encouragements aux exportations sont de quatre types :
▪ Les « restitutions de droits » ou « drawbacks » (chapitre IV)
▪ Les « primes à l’exportation » (Chapitre V)
▪ Les « traités de commerce » ou faveurs accordées aux marchands
étrangers (Chapitre VI)
▪ « Privilèges » et « Monopoles » accordés aux marchands des
colonies (Chapitre VII)

b. Démonstration de l’inefficience des droits de douane et des


taxes par la théorie du surplus( il adopte une analyse cout
avantages pour discréditer les taxes et droits de douane

Pour démontrer l’inefficience des taxes et des droits de douane, on utilise


la théorie du surplus. On suppose 2 pays libre-échangistes : A est un pays
importateur et B l’exportateur étranger ; le bien X est échangé en quantités
x ; les importations de A s’écrivent : IxA
Hypothèses initiales: CPP, biens substituts parfaits, pxA = pxB, taxe = 0
On étudie l’équilibre sur le marché du bien X sans taxe, puis avec taxe, afin
d’analyser les variations des surplus et en tirer les conséquences
Etape 1 : L’équilibre du marché du bien X dans un pays A en situation de
CPP : (pA* ; qA*) s’obtient tels que : Offre (OxA) = Demande (DxA)
L’équilibre résulte de l’intersection entre l’offre et la demande en
situation de CPP. On obtient alors des prix et quantités d’équilibre
Etape 2 : Pour tout prix de marché PM < pA*, il y aura alors une
demande d’importations IxA = qD1 – qO1 > 0 ou un excès de demande
Etape 3 : L’excès de demande forme la demande d’importations IxA qui
sera satisfaite par l’offre de B dont l’équilibre sur le marché est (PM ; QM)
Etape 4 : Si on applique une taxe unitaire t imposée par A : pxA = pt
Différenciation des prix : national & mondial (pxA = pt) !≠ (pxB = PM)
pxA = pxB (1+t) ou pt = PM (1+t). L’introduction de la taxe entraine une
réduction de la demande d’importations à qdt –qût
Etape 5 : se traduit par une baisse de la demande mondiale : IxAt

En situation d’équilibre de concurrence pure et parfaite, on appelle surplus


du consommateur, l’économie de dépenses réalisée à l’équilibre (p* ; q*)
par le consommateur. Il s’agit de l’aire ABC
Le surplus du producteur mesure la perte de recettes évitée à l’équilibre
(p* ; q*) par le producteur. Il s’agit de l’aire DEF
La démonstration de l’inefficience du protectionnisme est réalisée en
évaluant les gains et les pertes nettes en termes de surplus

Etape 6: Inefficience du protectionnisme et analyse en termes de surplus


6a : l’Etat réalise une recette fiscale RF et voit son déficit commercial
s’amenuiser : au prix PM, les demandeurs sur le marché international
demandaient qm à droite : IxA (t) < QM
6b : Les producteurs nationaux sont favorisés car ils réalisent un gain de
surplus (+) au prix pt
6c : Les consommateurs consomment moins, ce qui se traduit par la
baisse de leur surplus national et international (-) car ils dépensent plus à
l’unité : pt = PM (1+t)
Etape 7 : Le surplus social ou bien-être général se dégrade. La
collectivité enregistre une perte nette de surplus dont ne bénéficie aucun
agent (-)

V. Mercantilisme et physiocratie : la convergence des contradictions

Les contradictions du mercantilisme et de la physiocratie sont


convergentes et amènent vers la restriction du marché intérieur :
- Les mercantilistes restreignent le marché agricole en privilégiant les
« AMM » (artisans-marchands-manufacturiers)
- Les physiocrates discréditent les AMM en défendant l’agriculture
Dans les deux cas, le marché intérieur est restreint. Mais les physiocrates
sont moins conséquents. Leur éloge de l’agriculture se traduit, par
convergence, par la restriction du marché intérieur agricole. Tandis que la
restriction du marché agricole par les mercantilistes leur permet à l’inverse
d’atteindre leur but c-à-d l’éloge des « AMM ».


Conclusion: Smith suggère donc dans son livre IV, contre le


mercantilisme et la physiocratie, de laisser jouer le « système simple et
facile de la liberté naturelle » c-à-d le libre-échange qui est supérieur au
protectionnisme selon lui.

Chapitre 3 : Les fondements mercantilistes du libéralisme économique

Introduction générale : « Le mystère Smith » selon Viner-Schumpeter :

Viner et Schumpeter voient un mystère dans le fait que Smith, critique le


plus radical du mercantilisme, n’ait pas intégré à sa doctrine le
mécanisme du SRMSD (Self Regulating Mechanism of Specie
Distribution) ou TEABC (Théorie de l’équilibre automatique de la
balance des comptes), connu par lui et reconnu comme la cause de
l’effondrement du mercantilisme. En réalité, si Smith n’en tient pas
compte, c’est parce-qu’il ne le pouvait pas au risque de remettre en cause
sa propre théorie réelle de l’échange international. Il n’y a donc pas de
mystère !

I. Le mercantilisme : Le minimum

Définition :

1. Il n’existe pas d’Ecole ou de courant mercantiliste, dans laquelle se


seraient reconnus les auteurs. Toutefois, pour Elie Heckscher, le
mercantilisme est un système de pensée et de pratiques cohérent,
dominé par le pouvoir politique et le protectionnisme commercial.
D’autres comme Viner, discutent les lignes de démarcation entre
« mercantilisme » et « libre-échange ». D’autres comme Blaug y
voient une tendance centrale dans la pensée économique de la fin du
XVI au milieu du XVIII siècle
On connaît autant le mercantilisme par ceux qui l’ont critiqué
comme les physiocrates et Smith, que ceux qui l’ont réhabilité
comme Marx, Schmoller et l’Ecole historique Allemande
2. Les écrits mercantilistes ne sont pas des manuels d’économie. Ce
sont en Europe, des Essais, des Traités, des mémoires, des
pamphlets, le plus souvent rédigés par des conseillers du Prince des
gouvernements, par des Grandes Compagnies de Commerce, des
banquiers, des financiers, des théologiens. John Ramsey Mac
Culloch en a fait pour l’Angleterre un recensement au XIXième
sous le nom de « Early English Tracts on commerce »
3. Le mercantilisme recouvre donc des écrits, des pratiques et des
politiques. De nombreux évènements historiques ont porté
l’étiquette mercantiliste (guerre mercantiliste)

D’où vient le terme générique : On doit aux physiocrates et aux


Classiques la dénomination mercantiliste. La défense du libéralisme
économique au XVIII a conduit ces auteurs à discréditer cette pensée
ancienne appelée « système mercantile » par Smith ou « système des
commerçants » par Quesnay.
Le mercantilisme est associé au chrysohédonisme (amour de l’or) et au
bullionisme (pratiques). Mercantilisme est donc synonyme d’identification
de la richesse par les métaux précieux et cette richesse est associée à la
puissance du prince. On parle d’économie au service du Prince.

Les pratiques et les thèses mercantilistes :


- Anciennes (Moyen-Âge) : La pratique ancienne du mercantilisme
est le bullionisme c-à-d la prohibition des exportations d’or,
d’argent, de bullion et de devise nationale
- Modernes (XVII) : La pratique moderne du mercantilisme consiste
en la recherche d’un solde positif de la balance commerciale
Cette conception moderne apparaît parallèlement aux réflexions sur la
relation entre monnaie et prix dont est issue la TQM. Ceci, faisant suite à
la révolution des prix en Europe due à l’afflux d’or et d’argent du
Nouveau Monde au XVI siècle

II. Le mercantilisme au XVI siècle : Bodin en France et l’Ecole


de Salamanque en Espagne

On peut considérer le mercantilisme comme affirmé au XVII siècle, siècle


au cours duquel s’élaborent 2 choses : d’une part, la doctrine de la balance
commerciale favorable et sa révision par le SRMSD et d’autre part, la
relation entre Monnaie et Prix représentée par la « TQM »
Mais dès le XVI, Jean BODIN en France et l’Ecole de Salamanque en
Espagne, réfléchissaient sur les conséquences néfastes de l’afflux d’or du
Nouveau Monde (inflation) en rompant avec l’idée que les prix variaient à
cause des « mutations » c-à-d des pouvoirs publics.
- L’Ecole de Salamanque élaborent la théorie quantitative de la
monnaie TQM
- Jean Bodin, protectionniste, situe la hausse des prix dans
l’abondance d’or et d’argent

III. La question de la périodisation : Viner

Viner envisage deux lignes historiques de partage entre mercantilisme et


libre-échange :
- Après 1560 disparaissent en Angleterre des institutions
caractéristiques du « protectionnisme total » et
- 1620 est le déclenchement d’une « guerre des tracts » c-à-d une
guerre des écrits mercantilistes opposant les doctrines relatives aux
conséquences d’une absence de régulation des pouvoirs publics sur
les échanges. Le concept de balance commerciale favorable
change alors de signification
IV. Balance commerciale et balance des paiements : du XVIIe au
XVIIIe siècle

L’inventeur de la balance commerciale est DAVANZATI et Antonio


SERRA en a été le diffuseur à partir des enseignements comptables de
PACIOLI
• L’ancienne conception bullioniste a été présentée par Gérard de
Malynes, Milles et Gresham qui défendent l’idée que l’excédent de
la balance commerciale est une nécessité mais qu’elle exige une
prohibition des sorties d’or et d’argent
• La nouvelle conception, celle de Misselden et de Mun, défend l’idée
que la balance commerciale favorable permet l’entrée de métaux
précieux dans le pays
• Sa reformulation au XVIII siècle : la notion même de balance
commerciale favorable est exprimée différemment, mais clairement
par Vanderlint en 1734 jusqu’à sa consécration en 1767 chez
Steuart. C’est le libre-échange qui devient le moyen du solde
positif, dont la dégradation peut résulter du change.


Les débats mercantilistes de cette période ont donc clarifié la distinction


moderne entre « balance commerciale » et « balance des paiements ».

La balance des paiements est un document comptable en deux parties


avec les emplois et les ressources. Du côté des emplois, on enregistre les
importations et les amortissements alors que du côté des ressources, on
enregistre les exportations et les emprunts. On ajoute au crédit la
différence sous forme de variation des réserves (ici solde négatif)
La balance des paiements est un document comptable retraçant les flux
de biens et services, de revenus, de transferts de capitaux, et les flux
financiers d'un pays alors que la balance commerciale exclue les
opérations financières et ne représente uniquement que la différence entre
les X et I de B&S.
La balance des paiements est un compte qui retrace les entrées et sorties
de devise mais aussi un compte qui mesure la variation de l’endettement
sur une période

En calculant les deux soldes :


- Solde de la balance commerciale : X – I = -140 £ (1)
- Solde des opérations financières : Em – Am + Vr = 150 -130 + 120 =
140 £ (2)

Règle de la balance des paiements : le financement net (2) est toujours


égal et de signe opposé au solde de la balance courante (1).
⇨ On dit que la balance des paiements est toujours en équilibre
On détermine ainsi les causes de l’endettement sur la période, en égalisant
les deux soldes : Em + Vr – Am = 140 £ = - X – I = - (- 140 £)
Soit par analogie Em + Vr – Am = - (X-I)

Comment évolue la réflexion des mercantilistes sur la composante


« balance des paiements » :
1. La théorie mercantiliste de la balance ne se réduit pas aux seuls
échanges de marchandises puisque l’échange « d’invisibles » était
comptabilisé par les mercantilistes : le fret, les assurances, les soldes
diplomatiques, les commissions et intérêts
2. La double composante (commerciale et financière) apparaît dans
« balance of accompts » c-à-d la balance des comptes, fin XVII
jusqu’au milieu du XVIII
Vanderlint (1734) définit l’abondance de monnaie par le solde de
la « balance of trade ». Steuart distingue clairement la balance des
paiements « The whole mass reciprocal paiements ». En 1772,
Young utilise « temporal balance of remittance » c-à-d remise et
envoi de fonds. Enfin, Smith traite explicitement du solde entre
« debts and credits »

V. Pourquoi désirer tant d’or :

Contre le mythe du chrysohédonisme, Viner fait valoir plusieurs


arguments de politique économique justifiant la recherche d’un excédent
de la balance et une rentrée d’or. Ce sont les « idées justes » des
mercantilistes. Les fonctions de l’or et l’argent sont au nombre de 8 :
1. Couvrir les dépenses publiques : un état pauvre ne peut couvrir les
dépenses publiques
2. Epargner et non consommer la richesse
3. Investir en capital en dépensant la monnaie
4. Assimiler budget du Royaume au budget privé pour le distinguer
5. Considérer que la quantité de monnaie a une incidence sur le niveau
des prix : Politique monétaire
6. Le développement du commerce ne peut se faire sans la croissance
de la quantité de monnaie
7. C’est l’abondance ou la rareté de la monnaie qui détermine sa
valeur : le quantitativisme
8. L’appréciation du rôle de la monnaie sur le trade n’est pas
indépendante de celle que l’on porte sur les autres usages.
La 5 ième fonction revient à reconnaître le bienfondé de la TQM. Mais les
avis sont partagés sur la politique économique souhaitable : Faut-il
maintenir les prix élevés (inflationnistes) ? Faut-il se contenter de les
suivre, de les diminuer ? Faut-il agir sur la quantité de monnaie en
circulation ? Si oui, comment ?

Une lignée d’auteurs (XVI : Brinklow, Wilson puis au XVII Milles,


Malynes, Mun et enfin Vanderlint au XVIII et Steuart) se rangent sous le
point de vue de la nécessaire diminution des prix. Le moyen est la hausse
de la quantité de monnaie en circulation, grâce à un solde positif de la
balance.

VI. L’argument de l’emploi en relation avec la balance

L’argument de l’emploi est l’un des arguments du « protectionnisme ». Il


consiste à défendre les exportations, non pas en valeur, mais en quantités
de travail national qu’elles représentent. Plus les exportations sont
importantes, plus le niveau de l’emploi anglais est élevé. Fin XVII,
Barbon inaugure l’analyse de la balance comme balance of labor ou
employment. Il propose une mesure des gains sous une forme libérale ou
favorable au libre-échange

« Balance of labor » chez Barbon :

L’emploi et le commerce international : Les exportations sont


synonymes d’accroissement de l’emploi national. Il y a un gain
direct en emploi. En ce qui concerne l’importation, si on importe de
la soie grège/brute, l’importation accroit l’emploi puisqu’il faut la
travailler. En revanche, si on importe des lingots, l’importation
n’accroit pas l’emploi
Barbon est favorable au libre-échange : il l’illustre au travers de
l’exemple de la laine anglaise contre du bacon allemand et
s’interesse aux prohibitions. La prohibition des importations de
bacon serait une erreur car même si dans un premier temps il faudra
le produire ce qui créera de l’emploi, l’emploi lainier demeurant le
plus important, il faudrait plutôt développer cet emploi lainier que
d’accroitre l’emploi de bacon de façon minimale.

Ces analyses sont limitées. Elles ne considèrent pas le niveau des prix et
des salaires. Néanmoins, l’emploi devient une priorité, ce qui a fait dire à
JOHNSON en 1931 qu’injustice était donc faite aux mercantilistes car ils
n’ont pas négligé l’analyse des facteurs de production et il y a à peine 10%
des écrits mercantilistes qui retiennent seulement la doctrine de la balance
commerciale favorable.

VII. La législation mercantiliste

C’est au travers des tracts écrits sous l’autorité des marchands que
s’exprime la littérature relative à la législation sur le commerce. Une
présentation historique de cette législation conduit à retenir 6 catégories :
1. La législation bullioniste
2. Les prohibitions et taxations
3. Les mesures discriminatoires entre industries domestiques
4. La négoce ou réexportation
5. Primes à l’exportation
6. Le protectionnisme en général comme politique international

VIII. L’effondrement du mercantilisme

La thèse développée dans le cours est qu’il n’y a jamais eu


d’effondrement du mercantilisme, supposé relayé par le libéralisme ou
libre-échange.
Or, l’opinion commune suppose une rupture qu’elle situe dans la théorie
de la balance qui serait devenue caduque avec la découverte du SRMSD
ou TEABC de Hume : « tandis que la théorie de la balance du commerce
prône la recherche d’un solde positif synonyme de rentrées de métaux
précieux, celle du SRMSD enseigne que la circulation monétaire entraine
un équilibre des échanges internationaux par le jeu des prix ou la TQM »
La balance selon le mot de HUME devient une « chimère » c-à-d une
illusion.
Or, le SRMSD et la TQM appartiennent aux thèses mercantilistes. On
peut donc les considérer comme le fondement du libéralisme, et non son
opposé.
Les deux exemples sont ceux de Locke et Isaac Gervaise
• La TQM chez Locke et l’absence du SRMSD :

Bien qu’il soit considéré comme l’un des premiers à exposer la TQM,
Locke ne l’utilise pas pour fonder le SRMSD. La cause est qu’il suppose
des ajustements en termes réels (rouge) et non pas monétaires (bleu),
comme le fera Smith après lui. Il ajoutera dans son livre, « Somes
considerations of the lowering of interest », les limites au-delà desquelles
le taux de change ne peut aller sans entrainer des flux de capitaux

On part de l’hypothèse de Locke qui suppose que la quantité de monnaie


soit divisée par 2. Quelles seront les conséquences ?
L’emploi sera divisé par 2 et donc le commerce aussi
Les rentes salaires seront divisées par 2 et donc les prix aussi.
Si les divisions se produisent, les conséquences seront les suivantes :
Les exportations pourront se faire à bas prix
Les importations se feront à prix élevé ce qui engendrera une
baisse des importations
Une émigration de la main d’œuvre

Les importations diminuant et les exportations augmentant, cette situation a


pour conséquence la conséquence bleue donnée par le SRMSD : un
enrichissement avec une entrée de métaux précieux et on en déduit par la
TQM que les prix augmenteront car si M augmente alors P augmente.
Mais si P augmente, les X diminueront et donc le solde s’inverse par le jeu
des prix : X < I et S < 0 : ajustement monétaire

En revanche, la solution de Locke n’est pas celle-ci. Il suppose la


conséquence rouge à savoir l’ajustement réel par le volume du commerce
T et par les prix P

• Le SRMSD d’Isaac Gervaise :

Gervaise explique la distribution « naturelle » ou proprement


internationale de la monnaie par le SRMSD

Gervaise avance que la distribution internationale de la monnaie est


réalisée en fonction de la taille de :
- La population car seuls les produits du travail attirent ou nécessitent
la monnaie
- Ainsi, on peut dire que cette distribution internationale de la monnaie
est liée au revenu national réel déterminé par la productivité du
travail
Le revenu national réel est le résultat et la cause de la production P mais
aussi de la consommation C, les deux étant normalement à l’équilibre.
S’il existe un excès de revenu national qu’on pourrait caractériser par une
arrivée de métaux, la consommation devient supérieure à la production :
C > P. Ainsi, la population doit importer et réduire les exportations car il
faut donner le max que l’on produit à notre population. En résumé, X – I <
0 donc on a une inversion du solde de la balance et un retour à l’équilibre.
Conclusion : Gervaise est celui qui a le mieux intégré dans le SRMSD : la
balance, la production, la consommation, le rôle des taux de salaire et du
taux de change y compris dans l’hypothèse du crédit international.
Le schéma le plus complet du SRMSD est celui de Vanderlint en 1734
sous forme d’un modèle macroéconomique en économie ouverte, modèle
ensuite repris par Hume en 1757. C’est à Hume que l’on impute la
découverte du principe, reconnaissant cependant que Cantillon l’avait
formulé à la même époque. On peut donc considérer qu’il existe une
filiation : Vanderlint – Cantillon – Hume
Chapitre 3 : Jacob Vanderlint : « Money answers all things » (MALT)

I. Généralités :

a. Le contexte :

Les années 1730 de la dynastie Hanovre forment une période particulière


de l’histoire anglaise car c’est une époque de paix. De 1700 à 1850, la
Grande-Bretagne est impliquée dans 137 guerres et rébellions
Elles sont coûteuses et obligent le pouvoir à s’endetter. Le mouvement
« jacobite » est la principale rébellion durable, né du désir de restituer la
couronne à la dynastie Stuart, dépossédée par la « Glorious Revolution »
de 1688. Il est définitivement anéanti à la bataille de Culloden en 1746.
Mais de lourds problèmes financiers subsistent : endettement public,
banqueroutes consécutives à la « South Sea Bubble »
A la crise économique, a succédé le marasme économique ou stagnation :
En 1688, on connaît un pic de croissance pendant 3 années avant d’entrer
dans la période de crise qui débouche sur le marasme ou stagnation.
Vanderlint se pose alors la question de la croissance pour redresser la
situation en 1734

La crise est caractérisée par 3 symptomes principaux :


- Suraccumulation de capital dans les villes (Londres), chômage,
misère, et émigrations vers les colonies d’Amérique
- Débuts timides de la transformation de la production et du travail
agricoles dans le sillage du mouvement des enclosures.
L’agriculture anglaise est en train de se transformer pour devenir
intensive
- Dégradation de la monnaie anglaise et les échanges internationaux
sont dans un état déplorable. L’Angleterre subit la concurrence
directe des Pays-Bas

Schéma de la « South Sea Bubble » :


La South Sea Bubble a entrainé la déstabilisation financière de
l’économie anglaise en 1720. Les relations entretenues par la Cie et
l’ensemble de l’économie ont fait de celle-ci un pivot « à risque »
Ces relations ont pour origine la dette publique qu’il s’agit de consolider :
L’Etat a une dette publique de 9 Millions de £ car il a fait des emprunts. Il
était urgent de rembourser la dette, des financiers ont alors suggéré que la
« Companie des Mers du Sud » rachète les parts de la dette en échange
d’un remboursement à hauteur de 568.000/an avec taux d’intérêt de 6%.
Ceci montre que la « companie » tient en quelque sorte l’Etat dans sa main.
La « companie » est prospère car elle est financée par des souscripteurs
qui recoivent des actions et escomptent des dividendes.
Cependant, en 1720, l’économie a connu un krach car les cours de la
Companie se sont envolés avant de s’effondrer brutalement après la
spéculation. Les banqueroutes, faillites et redressements financiers ont
suivi. L’année 1720 fut aussi celle de la banqueroute du système de Law en
France.

b. Le manifeste libéral : De Ricardo (1823) et Smith (1776) à


Vanderlint (1734)

Marx définit l’économie politique classique anglaise, objet de sa critique


de l’économie politique comme « toute économie qui, à partir de Petty,
cherche à pénétrer l’ensemble réel et intime des rapports de production
dans la société bourgeoise »
Smith et Ricardo constituent le point culminant de l’économie politique,
mais aussi du libéralisme économique. Ricardo dénonce les propriétaires
fonciers et la croissance de la rente qui mène à une économie stationnaire.
Le libéralisme Ricardien possède, comme l’a montré H. Philipson, 2
piliers :
- Les lois du marché autorégulateur
- L’interventionnisme en matière de distribution des revenus et de
monnaie. L’intérêt général sera satisfait si le législateur « s’attache
aux profits du capital »

Vanderlint et MALT sont relégués au rang de contribution mineure, sauf


pour Marx, les deux arguments de Marx étant que :
- Vanderlint est un fondateur de l’économie politique, de la
macroéconomie et du libre-échange qui a précédé les physiocrates.
- Vanderlint se distingue des « économistes vulgaires » en donnant ses
assises au libéralisme. L’éloge de Marx est grandiose car il suggère
que le libéralisme de Vanderlint défend la classe ouvrière

c. Vanderlint et Malt :
Pour Stewart, les idées de Vanderlint sont une anticipation des idées
physiocratiques en ce qui concerne l’impôt unique sur le sol et le libre-
échange. Stewart compare aussi Vanderlint à Hume en disant que Hume
reprend les mêmes éléments que Vanderlint sans pour autant le mentionner

d. La thèse de l’Essai de Vanderlint :

Vanderlint entend démontrer au moyen d’un modèle macro-dynamique à


2 secteurs (agriculture, manufacture ou industrie) qu’une croissance
intensive (celle d’une prospérité générale durable) est réalisable.
Les deux conditions principales sont :
- Le net ralentissement de la croissance de la rente qui suppose le
libre-échange du sol
- Et la compétitivité internationale qui suppose une baisse des prix
de production en travail
La démonstration est réalisée en termes physiques et monétaires et
reformule la TQM puis l’élargit avant Hume au commerce international en
SRMSD ou TEABC
Enfin, Vanderlint souligne avant Steuart et Smith, la difficulté essentielle :
le problème de la croissance en économie ouverte, celui du change ; il
expose alors l’embryon de l’ « étalon or » comme solution au XIX

II. Le modèle macroéconomique en économie fermée :

1. Conditions de croissance du produit net : la hausse de la


superficie cultivable T et la solution de Vanderlint :

Vanderlint adopte un raisonnement macroéconomique en définissant le


produit brut national comme le prix d’offre global de ce produit.
Le PB s’écrit en termes nominaux pour une année donnée : PB = p x Y
= w L + π 
! K+rT
Avec p (niveau général des prix), Y (production de subsistances en
volume), w (taux de salaire nominal) et L (volume d’emploi) donc w L
(masse salariale), π! (taux moyen de profit) et K (masse du capital engagé
dans la production), r (taux de rente) et T (superficie cultivée)
Le modèle étant multisectoriel, il existe donc un produit brut
manufacturier : Produit brut national = PB + PManufacture

Le produit net en termes nominaux correspond au produit brut nominal


YB = p Y = w L + π K + r T auquel on enlève la masse salariale
Produit net nominal => PN = YB – w L = p Y – w L = r T + π K
Le produit net nominal est donc le surplus de la production estimé par
la rente et le profit global, une fois les avances en subsistances nécessaires
à la rémunération de la main d’œuvre déduites
PN croit avec les quantités utilisées de chaque facteur (L, K, T). Toutefois,
la croissance de la superficie cultivable T conditionne les autres (le
produit étant essentiellement agricole, et le progrès technique limité)
La solution de Vanderlint : consiste à dénoncer le rôle de la rente et son
niveau, au moyen de 3 types d’arguments :
1. Un argument Théologique : Dieu a donné la terre aux hommes pour
qu’il la cultive, comme un don collectif et le droit au travail
comme condition du droit au revenu
2. Un argument Sociologique qui témoigne d’une inégalité de
répartition du sol et des richesses –Petty/King- et qui souligne la
défense de la pauvreté d’où la nécessité du revenu minimum
3. Un argument économique +++ :
a. La rente est un prix de monopole inflationniste
b. La rente est une entrave au libre-échange du sol qu’il faut
briser en instituant la concurrence à l’aide de la Couronne.
On appellera ceci le « coup de force de Vanderlint »

a. La rente est un prix de monopole :

Pour comprendre la notion de rente, il faut définir le prime cost « Prc » cad
le prix ou coût de production : Prc = w + c + π ! avec w (salaires avancés),
c (usure du capital fixe), π
! (éventuel profit du fermier)

Raisonnons d’abord en l’absence de rente (r) : l’équilibre prix d’offre/


prix de demande permet la formation du profit soit en raisonnant à la
marge : Prix offre = w + c + !π = prix de demande = PM

Raisonnons maintenant avec rente : La rente est un prix de monopole


(coût de location du sol) et inflationniste, puisque : Prc = w + c + !π + r
A l’équilibre w + c + π
! + r = PM et en passant r à droite w + c + π ! = PM –
r

Il ressort donc deux choses essentielles :


- Vendre la production au prix de marché peut être insuffisant pour
couvrir le Prc du fait de la ponction de la rente
- Profit et rente sont deux revenus antagonistes : si r croit alors π!
doit diminuer ! →   le rôle du fermier comme capitaliste ou
investisseur est remis en cause
On constatera la même chose à l’aide du graphique marginaliste des
coûts que proposera MARSHALL au XIX : Photo

b. « Coup de force de Vanderlint » ou les lois de la concurrence


appliquées au sol :

Vanderlint part de faits observés : il existe en ville un excès de capital et


un chômage croissant du fait du manque de débouchés. Or les débouchés
existent dans l’agriculture, laquelle peut être « modernisée » par
l’implantation de grandes fermes (F) pour absorber la main d’oeuvre.
La condition de « F » est l’accès du capital à la terre « T », qui est aux
mains des propriétaires fonciers. En économie, on dit que « F » et « T »
sont des « produits joins » c-à-d que l’un n’existe pas sans l’autre.
Comment passer alors d’un monopole où la terre est sous contrôle des
propriétaires uniquement, à un régime de concurrence, où la terre
deviendrait une marchandise échangeable ? Quels seraient les avantages ?

Pour répondre à la question, il adopte un raisonnement marginaliste :


Ce qu’il défend implicitement est le graphique 1 : la concurrence qui fait
baisser la rente et qui offre donc des débouchés au capital
Ce qu’il dénonce est explicitement le graphique 2: le monopole de la terre
qui augmente la rente et diminue les débouchés

La demande de F = f (r, T) et l’Offre de Terre T = f (r, F)

Graphique n°1 : traduit la situation d’équilibre concurrentiel sous la loi


de l’offre et de la demande ; offre et demande sont donc flexibles.
L’offre de terre est fonction croissante de la rente c-à-d que plus la rente
s’accroit, plus l’offre de terre s’accroit. A l’inverse, la demande de ferme
est fonction décroissante de la rente
On suppose r1 > r*. Dans ce cas, l’offre de terre est supérieure à la demande
de fermes. La rente doit diminuer pour que l’offre s’ajuste à la demande
⇨ Equilibre concurrentiel est atteint grâce à un ajustement par la baisse
de la rente

Graphique n°2 : traduit la situation d’équilibre de monopole et donc


d’une hausse de la rente (prix du sol) car l’offre est rigide.
Si la demande s’accroit, selon la logique concurrentielle, le prix devrait être
inférieur (r2) mais l’offre étant rigide en monopole, la rente monte à r3
Conclusion : Il revient au même de dire qu’en l’absence de concurrence,
l’offre de terre est RIGIDE. C’est donc la flexibilité de l’offre qui devient
un enjeu. Vanderlint voudra flexibiliser l’offre en s’adressant à la
couronne

• Raisonnement à la marge et flexibilisation de l’offre :


Il s’adresse à la couronne pour qu’elle mette en bail « un lot » à un prix
inférieur (louer la terre) de sorte à entrainer le marché de sa situation
monopolistique vers une situation concurrentielle. Vanderlint a un
raisonnement à la marge pour la flexibilisation de l’offre

Graphique n°3 : Supposons que la quantité demandée s’accroisse, on


constate que la quantité demandée ne peut pas s’accroitre car l’offre étant
rigide (droite verticale), on aurait la même quantité mais à un prix plus
élevé. Donc comment faire pour briser cette rigidité et satisfaire la
croissance de la demande ? Il faut flexibiliser l’offre en la déplaçant à la
marge vers la droite. C’est « l’effet du lot additionnel » qui permet un
pivot de l’offre et ainsi un accroissement des quantités et une rente plus
faible. Plus le lot est grand, plus le pivotement de l’offre est important et
donc plus la rente a tendance à diminuer. Ainsi, la rente diminue et pourrait
tendre vers la rente d’équilibre en situation de concurrence :
⇨ « Coup de force de Vanderlint »

Conclusion : L’effet de la hausse de la superficie cultivable peut être lu


dans l’équation du produit net : PN = YB – w L = p Y – w L = r T + π K
Selon Vanderlint, l’effet de l’extension de la superficie cultivable devrait
multiplier la richesse nationale ou produit net par 4. Pourquoi :
- Baisse du prix d’offre des subsistances P
- Produit brut physique croissant Y
- Baisse du cout en travail w

- Rente décroissante « r »
- Superficie cultivable accrue « T »
- Accumulation du capital dans l’agriculture « K »
⇨ Conséquence : Hausse du taux de profit !π

2. Condition de l’accumulation intensive : la conception de la


monnaie comme capital :

On appelle analyse de la monnaie en termes réels, celle qui suppose les


prix déterminés en termes relatifs. Ainsi le prix de A = ½ de celui de B.
La monnaie explique la transformation des prix relatifs en prix absolus.
Ainsi en supposant Pb = 40, alors Pa/Pb = 20/40 puisque Pa/Pb = ½
⇨ Cette explication est celle de la TQM

Exemple : Soit l’échange de 1000 quintaux de blé (B) contre du drap et du


cuir. On écrit le système des prix relatifs en prenant le blé comme étalon :
blé = 1 ; drap = 1/3 et cuir = ½
On suppose la masse monétaire M donnée ou exogène et d’un montant de
1.000.000.
Le système devient, en désignant par x, le prix absolu de chaque bien :
Blé = x ; drap = 1/3 x ; cuir = ½ x
L’équation qui donne les prix absolus s’écrit par exemple en conservant le
blé comme étalon : 1000x + 1000 (1/3x) + 1000 (x/2) = 1.000.000
= 1000x (1+ (1/3) +1/2)) = 1833,33x d’où x = 1.000.000 /1833,33 = 545,5
Le système des prix absolus s’écrit : blé = 545,5 ; drap= 181,8 ; cuir =
272,7
On suppose ensuite que la masse monétaire M est divisée par 2. Le
nouveau système de prix est obtenu en divisant par 2 les précédents prix.
On en déduit que toute variation de M entraine une variation
proportionnelle du niveau des prix P. Cette relation de causalité et de
proportionnalité entre M et P est appelée théorie quantitative de la
monnaie ou quantitativisme monétaire

On l’écrit au niveau macroéconomique sous la forme de l’équation des


échanges d’Irving Fisher : M x V = P x T avec M x V : flux de monnaie
dépensé et P x T : valeur nominale des transactions

Cette relation de causalité directe entre M et P signifie deux choses :


- les deux sphères : réelle (T) et monétaire (M) sont indépendantes
- la monnaie est donc neutre ou exogène par rapport à la sphère
réelle. Sa valeur ne dépend pas de cette dernière, elle est supposée
déterminée par celle des métaux précieux

Cette conception générale du rôle de la monnaie a été qualifiée de


DICHOTOMIE CLASSIQUE entre le réel et le monétaire. Elle trouve sa
pleine expension dans la loi de SAY qui postule que la monnaie n’est qu’un
voile masquant les échanges réels. Autrement dit, les produits s’échangent
contre des produits (troc) ou encore l’offre crée sa propre demande.
Dans la période mercantiliste, la TQM a été « inventée et
diffusée » (Davanzati), réinterprétée et remise en cause par Vanderlint et
Steuart, puis adoptée par Hume avant d’être léguée aux Classiques
(Smith, Ricardo, Say)
Réinterprétation de la TQM par Vanderlint : consiste à concevoir la
monnaie comme un revenu (et capital) c-à-d un pouvoir d’achat ou
d’acquisition. La quantité de monnaie n’est plus neutre : elle agit sur P
mais aussi sur T, les flux réels ce qui est traduit par son modèle
d’accumulation ou de croissance

• Définition du modèle de Vanderlint :

Vanderlint initie la MACROECONOMIE moderne par un modèle


conjuguant flux réels et flux monétaires, et secteurs d’activité
Ce modèle macro-dynamique à 2 secteurs est un modèle d’accumulation
ou de croissance intensive, en économie fermée et ouverte.
Au cœur du modèle est la baisse du prix des subsistances qui permet de
ralentir la croissance des salaires et d’employer la main d’œuvre libérée
par l’agriculture dans les manufactures en dév (échanges intersectoriels)

Il existe deux formes de croissance ou d’accumulation :


- la croissance dite extensive : lorsqu’elle est l’effet d’une
augmentation des quantités utilisées des facteurs : T, L, K
- la croissance dite intensive : lorsqu’elle est l’effet d’un rendement
accru des dépenses consacrées à la rémunération des facteurs : w, π
! ,
et r : effet de la productivité du travail

Cette croissance est exprimée par l’équation du PN en termes réels :


w π r
PN réel = Y – !( ) L = (! ) K + (! ) T
p p p
Cette équation donne la croissance pour l’année courante du pouvoir
d’achat des revenus des 3 classes et donc celle de la richesse nationale.
L’enrichissement est essentiellement dû au ralentissement de la
croissance des prix p au dénominateur.

La croissance intensive doit permettre la réalisation de l’équilibre


intérieur offre-demande globale en créant les conditions favorables :
- Du côté offre : l’extension de la superficie cultivable, la formation
de grandes fermes productives et donc de la concurrence ; ce dont
bénéficie l’offre « industrielle » (manufacturière)
La baisse des prix de subsistance en est la conséquence
- Du côté demande : la distribution de revenus croissants et non
inflationnistes. Contrairement à la rente monopoliste, les profits et
les salaires croissent suivant les progrès de la productivité du
travail. Ces revenus permettent d’écouler et de reproduire la
production, donc de lui offrir des débouchés
La croissance intensive améliore le bien-être général, selon un modèle
libéral de promotion des revenus et des groupes puisque la croissance des
revenus doit être pour tous (en ville et à la campagne), mais selon son
expression, « according to the ranks » c-à-d en respectant la hiérarchie
sociale

Les échanges internationaux doivent en bénéficier de la façon suivante :


- Dans l’agriculture : Baisse des prix de subsistance -> Hausse de la
productivité et un excédent de main d’œuvre agricole
- Dans la manufacture : Croissance des salaires ralentie car le prix
des biens de subsistance baisse -> Hausse du taux d’emploi de la
main d’œuvre et donc une hausse du produit manufacturier
- Conséquence : Compétitivité-prix internationale en hausse et
donc les exportations s’accroissent

Vanderlint avance dans son Essai qu’une croissance intensive n’est


évidemment possible que si la monnaie est considérée comme du capital
et non comme le laisse penser la TQM, comme un simple moyen
d’échange.

En raisonnant en unités de salaires, il s’agit de savoir comment une £


dépensée permet de créer une valeur multipliée ou un rendement ?
La hausse de la productivité est la réponse : elle fait des « large farms ».
La monnaie apparaît donc comme un capital avancé dont la valeur doit
s’accroitre, et non plus comme un simple intermédiaire d’échange.
Pour MARX, il ne suffit pas seulement de considérer la CIRCULATION
de l’argent, il importe aussi d’identifier la FORME prise par l’argent dans
cette circulation, comme le montre le schéma ci-dessous : téléphone

Horizontalement : l’économie politique dit que la relation M-P se limite à


des mécanismes économiques simplificateurs dans la circulation
Verticalement : la critique de l’économie politique pose une distinction
entre Monnaie et Capital (et/ou d’autres formes de l’argent).
Avant Marx, la théorie économique se limitait à la flèche horizontale

Comment Vanderlint distingue-t-il monnaie et capital :


« flush » (circulation ou monnaie en tant que moyen d’échange) et
« plenty » of money (abondance ou valeur de la monnaie ou pouvoir
d’achat)
M 1
L’équation des échanges : M x V = P x T M = (1/V) P x T ! =! x
P V
T
1
• Vanderlint appelle « money flush », la relation entre ! et T : la
V
demande de monnaie est une demande à des fins de transaction.
1
La circulation des espèces ! ou offre de monnaie doit être
V
proportionnée au volume des transactions pour éviter la croissance
des prix et la baisse de la valeur de la monnaie. Le volume des
transactions est analysé indirectement par la taille de la population.
• Par « plenty of money », Vanderlint entend l’abondance de monnaie,
synonyme de valeur élevée de la monnaie anglaise.
1
En appelant « k » le terme ! : l’équation des échanges devient
V
M
l’égalité de Cambridge de Marshall : ! = k! x Y. Le terme k
P
désigne alors la vitesse de transformation de la monnaie en revenu
M
et ! le niveau d’encaisse réelle
P

Conclusion générale : La dynamique de croissance intersectorielle est


donc impulsée par la révolution agricole

Les deux critiques principales ont été énoncées par :


- D. Vickers qui pense que Vanderlint a oublié la lutte pour le partage
du profit global entre les 2 secteurs. Le secteur manufacturier peut
drainer les capitaux si les profits escomptés sont plus élevés.
- Marx voit dans cette dynamique la formation du prolétariat
industriel urbain et la tendance du salaire à s’aligner sur le
minimum de subsistance. Les profits industriels naissent d’une
exploitation accrue que Marx appelle la plus value relative

En revanche, les historiens pensent que cette révolution agricole fut la


condition d’une amélioration sans précédent en Europe du niveau de vie.
Selon Trevylan, ceci est vrai pour l’Irlande, l’Angleterre et l’Ecosse

III. Le modèle en économie ouverte : l’éloge du libre-échange ou


SRMSD ou TEABC

L’échange mutuellement avantageux entre pays soumis aux mêmes


contraintes de baisse des prix et du « plenty » définit l’économie
internationale au sens de Vanderlint, dont l’image est alors celle d’un
corps unique de nations commerçantes
Le modèle en économie ouverte consiste pour Vanderlint, à étendre à
l’ensemble des nations, le principe du quantitativisme, supposé alors
valoir à l’échelle du monde.
Dans cette hypothèse, le SRMSD/TEABC est une conséquence
immédiate. Sa formulation par Vanderlint est considérée par Jacob Viner
comme l’un des fondements de la théorie du commerce international
L’apport de Vanderlint est d’avoir considéré qu’il existe un facteur de
déséquilibre international : le change monétaire. Ses variations
imprévisibles font de lui un « dreadfull evil » ou « enfer terrible »
Chapitre 3 : Sir James Steuart (1712 Edimbourg- Lancashire 1780) :
La dysharmonie libérale des intérêts

L’œuvre principale de Steuart en 1767 s’intitule « An inquiry into the


Principles of Political economy » ou « Principes de politique
économique de Steuart ». L’essai voulait être un essai sur la politique
économique intérieure dans les nations libres !

L’économie politique : feuille

1705 : LAW est un écossais qui écrit « Considérations sur le numéraire et


le commerce ». Son ouvrage participe à la formation de la Théorie
monétaire et la doctrine des « effet réels »
1732 : Cantillon est un irlandais qui écrit « Essai sur la nature du
commerce en général ». Son ouvrage est important car il est pour certain
l’édificateur de la Théorie du TEABC et de V

1734 : Vanderlint écrit « MALT » modèle macroéconomique


1741 : Hume écrit « Essais moraux et politiques »
1757 : Harris est un anglais qui écrit « Essai sur la monnaie » dans lequel
il propose une première systématisation de la théorie monétaire, comme
composante d’une théorie générale de l’économie.
1767 : Steuart est un écossais qui écrit « Principes »
1776 : Adam Smith est un écossais qui écrit « Richesse des Nations »

1802 : THORNTON est un anglais qui écrit « An Enquiry into the Nature
and Effects of the Paper Credit of Great Britain » c-à-d recherche sur la
nature et les effets du crédit en Grande Bretagne. La théorie monétaire de
Ricardo a été édifiée par THORNTON : bullionisme, avec
réinterprétation de la TQM (basée sur un mécanisme indirect et non
direct entre M-P comme Cantillon et Hume) anticipant WICKSELL (1901)
et critique les « effets réels » de LAW qui s’appelait désormais « La loi
du reflux ».
1805 : MALTHUS « Essai sur le principe de population » et en 1820
« Principes d’Economie politique »
1817 : Ricardo écrit « Principes »

MOODLE

On retiendra 4 caractéristiques dans l’œuvre de Steuart de 1767 :


1. L’articulation entre microéconomie et macroéconomie dans une
théorie monétaire du circuit : schéma 1

L’exposé de Steuart s’affirme comme celui d’une MACROECONOMIE


REGULEE mais construite sur des FONDEMENTS
MICROECONOMIQUES (de la valeur, des marchés et des prix)
puisqu’il suppose des choix individuels. C’est pourquoi la consommation
(donc la demande), joue un rôle central. Il s’agit donc d’un exposé
moderne, celui d’un circuit de la monnaie établi sur les préférences de ses
possesseurs. Economie fermée et économie ouverte doivent concourir à
une balance nationale « demande-emploi » qualifiée de parfaite. Steuart
défend donc une conception nationaliste du haut niveau de l’emploi et de
l’activité

2. L’emploi est donc un mot clef dans le « Principes » :

La réalité de l’emploi donne lieu à la 1Ière analyse de la division du travail


et des activités, qui anticipe celle de Smith (manufacture d’épingles).
Les échanges commerciaux doivent contribuer à dynamiser l’emploi. La
balance est une balance of labor. Lorsqu’elle est défavorable sous l’effet
de la concurrence, l’interventionnisme doit être la règle pour redresser
l’emploi et la demande. Comme Keynes, mais avant lui, Steuart démontre
que l’économie de marché n’est pas autorégulée et ne conduit pas
spontanément au plein-emploi ou à la balance demande-emploi parfaite
Steuart avance deux méthodes d’intervention :
a. La fiscalité qui redistribue les revenus
b. La défense des « industries dans l’enfance » c-à-d des petits
entreprises chez lesquelles prévaut l’imagination et le goût du luxe

3. L’absence d’autorégulation ou le « self-reversing process » :


Steuart est comme Hume, sceptique s’agissant des désirs humains. Il met
en doute l’autorégulation. Ainsi, il analyse la croissance économique
comme un processus qui conduit fatalement à une « inversion » : Schéma
2
L’équilibre est atteint à l’intersection de l’offre et la demande. A
l’équilibre, le niveau général des prix est stable ce qui amène chez Steuart
à la balance demande-emploi parfaite. On est dans une période de
croissance où l’on anticipe des profits favorables et des distributions de
revenus liées à ces anticipations. En conséquence, on observe logiquement
une hausse de la demande. Mais cette hausse de la demande engendre une
pression à la hausse des prix et donc des coûts de production. Mais si les
coûts de production augmentent, les profits baissent

! Balance demande-emploi d’abord parfaite devient déséquilibrée !
Selon Steuart, la demande est la cause principale du déséquilibre, excès
de demande créée par la volonté permanente de la recherche du profit

4. La théorie monétaire de Steuart privilégie la monnaie métallique


tout en défendant la banque et le crédit

Steuart est partisan de la monnaie de banque et va jusqu’à l’extrême en


défendant la monnaie de compte purement symbolique ou imaginaire (ce
qui lui vaudra la critique positive de Marx qui y voit une « lubie »).
Pour lui la monnaie ne serait qu’imaginaire.
Son métallisme le conduit à critiquer la TQM de Locke, Hume et
Montesquieu qui stipule que le circuit monétaire est celui d’un flux
permanent de monnaie qui pour être en équilibre doit être proportionné
au niveau général des prix (sinon inflation) alors que pour Steuart, le
circuit monétaire est celui d’un flux permanent de monnaie qui pout être en
équilibre doit être proportionné à la demande de monnaie issue du trade
(sinon déflation et sous-emploi)

Conclusion : Les influences principales et reconnues de Steuart dans la


pensée économique sont les suivantes :
- Les « infant industries » développées par Hamilton au XIXième
- La conception de la monnaie de banque reprise par TOOKE,
Keynes
- Son œuvre dont une grande partie est reprise voire « pillée » par
Adam Smith sans aucune référence

Chapitre 4 : Karl Marx et « Das Kapital »

I. Introduction :
L’introduction comporte 3 paragraphes :
- P1 est la réponse à la question : quelle présentation de Marx dans les
années 2010 ? « Marx le nain »
- P2 présente l’œuvre de Marx comme une œuvre « unifiée »
- P3 expose simplement la structure de l’œuvre « Das Kapital » ainsi
qu’une biographie succinte

Bernard de Chartres, philosophe et fondateur de l’école de Chartres, est


connu pour sa phrase : « nous sommes des nains sur des épaules de géant ».
Cette phrase a pour origine la mythologie grecque.
L’opinion du XXième siècle, de haute stature, a ainsi élevé sur ses épaules
de géant, le nain Marx, sous prétexte qu’il voyait plus de choses et plus
loin.
L’opinion ou l’actualité n’ont donc pas fait s’effondrer la statue de Marx,
c’est Marx lui même qui le fit. La place du nain n’était évidemment pas la
sienne. Ni inventeur haïssable de la lutte des classes, ni pourfendeur de la
religion, ni promoteur des communismes locaux.
C’est la critique de l’économie politique qui pourrait conférer à Marx la
place de géant lucide dans le contexte du XIXsiècle où il écrivait. Ceci au
même titre qu’Aristote, Kant ou Hegel, pour ne citer qu’eux. Toutefois, se
jucher sur son œuvre pour extrapoler ou construire, expose à de grands
périls (théoriques et à fortiori pratiques) car cela entraine des prises de
position sur « la connaissance historique ou l’histoire, l’analyse des
représentations des hommes sur leur monde et donc de celle de leur
psychologie, les croyances humaines… »

La critique de l’économie politique (CEP) ou Kritik des politischen


Oekonomie de Marx appartient à la tradition de la philosophie critique.
Les deux phases principales de cette tradition furent :
- Dans l’Antiquité avec Aristote vers 320 av J.C
- Au XVIII siècle avec Kant (1724-1804) qui critique la méthode de
pensée qui a précédé son temps
Une synthèse idéaliste a été réalisée avant Marx par Hegel
La CEP s’inscrit dans la tradition Aristote-Kant-Hegel et poursuit ce
projet

Une œuvre unifiée : L’œuvre de Marx est une œuvre unifiée qui débouche
sur la critique de l’économie politique dans « Das Capital » :
- Marx s’est inspiré de la philosophie grecque antique avec Socrate-
Platon-Aristote-Epicure.
- Marx, comme toute l’Allemagne, était fasciné par Hegel. La doctrine
officielle était même hégélienne. Néanmoins, en 1844, Marx rédige
sa 1ière critique de l’idéalisme d’Hegel en se basant sur Feuerbach
- A son époque, les idées socialistes existaient déjà mais il les
qualifiait de « socialisme utopique ». On ne sait pas d’où l’on part et
on ne sait pas où l’on va. Pour Marx, il n’y a pas de théorie du
passage chez les socialistes.
- A son époque, domine l’économie politique anglaise (Smith,
Ricardo) et il réalise la critique de l’économie politique qui pour lui
est insuffisante pour comprendre comment et pourquoi on passe d’un
état de la société à un autre état.
⇨ La critique de l’économie politique de Marx transcende (c-à-d étudie
et déduit les conséquences) les 3 courants de pensée principaux de son
époque :
- La philosophie dialectique allemande : Hegel
- Le socialisme utopique européen : Proudhon
- L’économie politique anglaise : Smith, Ricardo
Il ne faut pas oublier que Marx s’est aussi inspiré du journalisme

Conclusion : On ne peut pas dire que « Das Kapital » est une œuvre
économique car elle a plusieurs origines.

Structure des 3 Livres du « Capital » :


- Le livre I évoque les fondements de la réflexion de Marx : la
marchandise, la valeur et l’échange, la monnaie, la force de travail,
la plus-value et le profit
- Le livre II présente les lois de la circulation et les schémas de la
reproduction
- Le livre III traite des lois de l’accumulation et développe la loi de
la baisse tendancielle du taux de profit qui doit mener à
l’autodestruction du capitalisme. Il évoquera aussi la théorie des
« cycles et crises »

Seul le premier des 3 livres, en 1867, a été lu et corrigé par Marx. Les
livres II et III n’ont pas été corrigés par Marx mais par Hengels. Un 4ième
livre intitulé « Théories sur la plus-value » existe.

Les deux premières phrases du « Capital » de Marx énoncent un objectif :


redéfinir la richesse. Pour Marx, la richesse d’une société serait sa
capacité à accumuler les marchandises. Ainsi, la marchandise sera le
point de départ de sa recherche.
Cette redéfinition rompt avec les précédentes : l’or chez les bullionistes,
la monnaie en circulation chez les mercantilistes, la terre chez les
physiocrates, le travail chez les mercantilistes et les classiques
La richesse devient la forme-marchandise des produits issus de la
dépense en temps de travail. Et donc la valeur des marchandises.
II. Les 5 thèmes fondamentaux de Marx :

Les 4 premiers thèmes fondamentaux constituent la théorie de


l’exploitation de la force de travail et sont développés dans le livre I.
Le 5ième thème est une distinction importante entre la valeur et le prix

1. La valeur : le schéma « VU-VE/TC-TA » :

Marx commence son 1ier principe en disant que : « Ce qu’il y a de meilleur


dans mon livre, c’est la mise en relief du caractère double du travail,
selon qu’il s’exprime en valeur d’usage ou en valeur d’échange »

La valeur ou « forme-valeur » de la marchandise est bifide c-à-d double:


toute marchandise est caractérisée par une valeur d’usage (VU) et une
valeur d’échange (VE) que l’on peut définir ainsi :
- Valeur d’usage : est la propriété d’une chose à satisfaire un besoin
donné ou utilité
- Valeur d’échange : est un rapport quantitatif d’échange entre
deux VU d’espèce différente (pain contre deux carottes)

⇨ Marx disait qu’il y avait une unité dialectique entre les deux valeurs
c-à-d que l’une suppose l’autre. Une marchandise est forcément
caractérisée par ces deux valeurs

Pour Marx, le travail se présente aussi sous un double aspect et serait


l’unité entre le travail concret et le travail abstrait :
Travail Abstrait : renvoie à la simple dépense de force humaine pendant
une certaine durée. C’est le travail qui confère la valeur d’échange à la
marchandise. C’est le travail producteur de la valeur d’échange.
C’est une unité de mesure commune aux travaux concrets.
Travail Concret : renvoie à un travail spécifique par ses gestes. Le travail
concret est le travail producteur de valeur d’usage, L’ensemble des travaux
concrets forme la division sociale du travail (boulanger, boucher)

La condition syne qua non pour que le travail concret donne lieu à
l’échange, c’est que l’on dispose d’une mesure du travail quantitatif.

Au milieu du graphique: lorsqu’on a une marchandise et que l’on


souhaite consommer sa valeur d’usage, on doit nier sa valeur d’échange.
Inversement, si on destine la marchandise à l’échange, alors on doit nier la
valeur d’usage (car si on échange, on ne l’utilise pas)
Unité dialectique : les deux pôles sont unis mais opposés.

Conclusion : La valeur d’échange (ou valeur) de toute marchandise est


égale au temps de travail moyen socialement nécessaire à la production
de cette marchandise (TWSN). Ce temps de travail est appelé travail
abstrait et il se distingue du travail concret.

2. Monnaie, prix et fétichisme : Schéma page 4/11

Marx voulait retracer la genèse de la forme monnaie en étudiant les


formes successives de la valeur, au nombre de 5. Elles sont chacune
solution aux contradictions nées de la précédente. Elles correspondent à
une époque déterminée du développement des échanges.
Les 5 formes successives de la valeur :
1. Forme valeur-simple ou forme accidentelle de la valeur :
20 m toile = 1 habit. L’habit joue le rôle d’équivalent et permet à la
valeur d’usage toile d’exprimer sa valeur relative. Par cet échange, le
travail concret sert d’expression à tout travail humain. Tous les travaux
deviennent du « travail social ». Ce principe est appelé « loi de la valeur »
2. Forme valeur « totale » ou « développée » peut s’écrire soit en
ligne soit en colonne. La forme « équivalent » est fragmentée
3. Forme valeur « générale » s’écrit en accolade. On cesse la
fragmentation. La toile joue ici le rôle « d’équivalent général »
4. Forme argent s’explique par le rôle d’une marchandise particulière
par ses propriétés. La marchandise « or » joue le rôle « d’équivalent
général »
5. Forme prix : en appelant 2£ sterling, les 2 onces d’or, la forme
argent devient « forme prix » de la valeur ou « forme monnaie » de
l’argent. La monnaie est devenue « équivalent général »

La forme prix est donc la forme ultime de la valeur. On la connaît sous


l’expression « prix de marché ». Ainsi générée, la forme prix fait ressortir
la monnaie comme un équivalent général dont le rôle est la mesure de la
valeur ou étalon de valeur des autres marchandises. Mais l’équivalent
général possède aussi deux autres fonctions :
- Moyen d’échange ou de transaction
- Réserve de valeur
- Etalon de valeur
De la FVS à la FM, le principe de « l’équivalence des échanges » est
respecté sur le marché.
• Le fétichisme de la marchandise :

Cette expression signifie que dans la société où la production a pris la


forme de marchandises, se produit une inversion de la représentation telle
que les rapports humains apparaissent comme des rapports entre les
choses (rapport entre les marchandises entre elles)
Le fétichisme est le propre de la forme prix, où la monnaie semble dotée
d’une valeur indépendante des rapports humains

Ici est justifiée la critique de l’économie politique (classique) par Marx :


- En considérant, l’expression monétaire de la valeur (prix) comme
la forme essentielle
- Mais est également ouverte la voie à une interprétation de cette
critique comme projet de désaliénation
⇨ Pour Marx, l’économie classique est fétichiste : ce ne sont pas les
marchandises qui entrent en rapport entre elles, mais des travaux
humains réduits à du travail abstrait

Schéma :

A gauche, Marx part de la valeur qu’il qualifie comme forme essentielle,


pour déboucher au prix qu’il appelle forme phénoménale. Autrement dit,
le prix n’est que le reflet de la valeur et la source de la valeur est le
travail humain
A droite, il y a une inversion : le fétichisme part du prix qu’il considère
comme la forme essentielle pour aboutir à la valeur qu’il considère comme
la forme phénoménale. Les rapports humains deviennent des rapports
entre les choses par l’intermédiaire de la monnaie. Celle-ci est donc
supposée avoir sa propre valeur. On part de l’incompréhensible pour
arriver à l’incompréhensible.

3. La force de travail :

Définition de « force de travail » : « ensemble des facultés physiques et


intellectuelles qui existent dans le corps d’un homme, dans sa personnalité
et qu’il doit mettre en mouvement pour produire des choses utiles »
Néanmoins, cette définition de la valeur de la force de travail conduit Marx
à citer ses prédécesseurs : Petty, Vanderlint, Turgot, Malthus

La force de travail se confond donc avec la personne humaine. Elle se


distingue du travail, qui est la mise en œuvre des facultés humaines durant
une période et dont le résultat est la production de valeur d’usage
Définition de la « marchandise force de travail » : Dans les rapports de
production capitalistes, la force de travail est une marchandise. Les
facultés humaines de production possèdent une valeur d’usage pour
l’acquéreur (le travail), une valeur d’échange pour le propriétaire (le
salaire) ! →  VU = travail et VE = salaire

La force de travail est donc une marchandise particulière qui crée plus
de valeur qu’elle n’en a coûté. Ce supplément de valeur, contenu dans la
valeur du produit total, est appelé « plus-value »

• La conception classique du travail et ses contradictions :

L’analyse classique ne connaît que le travail et non pas la force de travail.


Le travail, associé à l’usure des machines et à la terre, contribue à la
création de la valeur par sa dépense en temps.
L’analyse classique n’étudie la contribution des facteurs qu’en termes
monétaires ou de prix, ou de revenu des facteurs. La valeur ou prix de
production est égale à la somme : salaires + profit + rente
Le montant de salaire est donc l’équivalent du temps dépensé en travail
dans la production. Comme la valeur totale du produit est égale au temps
consacré à sa production, il vient naturellement que le salaire ne peut être
l’équivalent de ce temps, puisqu’il est inférieur à la valeur totale du
produit. Comment, dans ces conditions, expliquer l’existence d’autres
revenus (profit, rente) puisqu’ils ne rétribuent pas le temps de travail ? Soit
la définition de la valeur travail est « fausse », soit l’explication des
autres revenus est en contradiction avec la définition de la valeur elle-
même. C’est H. Trower, ami de Ricardo, qui mit clairement en évidence
l’origine de ce problème.
Telles sont les bases de la critique de Marx : « Le concept de force de
travail manifeste plus qu’une divergence au sein de l’Economie Politique »

4. La genèse de la plus value : schéma « sphère procès » : 6/11

Le schéma « sphères-procès » décrit le cycle du capital industriel en 3


phases : circulation achat – production – circulation vente : A - M – M’ - A’
Ce cycle propre au capitalisme industriel, signifie que le capital, ici la
masse d’argent avancée (A) doit se convertir en une masse (A’), telle que
A’ > A, donc A’ = A + !∆A avec !∆A = profit d’où A’ = A + p
Une masse de capital argent A parcoure les trois sphères : la 1ière est la
circulation, l’argent se métamorphose en marchandises M, lesquelles
doivent générer dans une phase intermédiaire de production, une nouvelle
marchandise M’ telle que M’ > M ou M’ = M + Pl (plus value)
La 3ième phase, la circulation-vente de M’ sur le marché, génèrera A’.
C’est la vente de M’ qui réalise sur le marché, la transformation de la Pl
(excédent en temps de travail) en p (excédent monétaire)

A’ > A ne peut s’expliquer en restant dans la circulation. Ceci est logique !


Le profit ne vient pas de la circulation, cela ne vient pas du commerce
mais de la production. Il importe selon Marx, d’entrer dans « le laboratoire
secret de la production ». Ceci est au coeur du schéma page 6/11

Les concepts déduits par Marx donnent lieu aux définitions suivantes :
⇨ Procès de production : procès de travail + procès de formation de
valeur simple
Procès de travail : signifie que des Hommes utilisent des machines. C’est
la relation entre force de travail (FT) et moyen de production (MP)
Formation de valeur simple : M’ = %c + v. La FT transfère au produit le
%c. La force de travail transfère à M’, la valeur des machines usées
- Procès de production = procès de valorisation du capital au sens
strict car l’excédent de valeur est mesuré en temps de travail
= (M) – (M’) avec M’ = M + Pl
Ce n’est qu’une manière de constater que produire, c’est dépenser du
travail et valoriser le capital fixe installé durant une période de temps
donnée.
⇨ L’équation de la valeur brute de M’ = %c + v + pl et
⇨ L’équation de la valeur nette de M’ = M’ - %c = v + pl = Produit net

• La vente ou réalisation de la plus-value en profit :


La 2nde phase de circulation est la vente de M’, laquelle conduit à un
nouveau capital A’ > A avec A’ = A + !∆A (le profit)
Elle clôt le cycle qui apparaît donc comme un procès de valorisation au
sens large. Celui-ci peut s’écrire A’ = A + p avec p = pl. Le profit (p) est la
somme additionnelle attendue de l’investissement initial.
Marx démontre que le profit est la forme « phénoménale » ou visible de
la plus-value

• On en déduit alors:
o Taux de plus value ou taux d’exploitation de la force de travail :
pl travail non payé surtravail
! =! =! avec v, le salaire ou la
v travail payé travail nécessaire
valeur de la FT c-à-d le travail socialement nécessaire à l’achat des
subsistances permettant au travailleur et à sa famille de se reproduire

pl survaleur
o Taux de profit : p = ! = !
c +  v capital total avancé
La croissance du profit dépend donc de celle du taux de plus-value.
Marx étudie les formes historiques de la plus-value pour illustrer cet
accroissement du taux de plus-value

• Formes de la plus-value :
Marx divise la journée de travail en deux parties, dénommées :
- v : le temps de travail nécessaire (pour obtenir le salaire)
- pl : surtravail c-à-d travail au-delà du travail nécessaire

« J’appelle survaleur absolue, la survaleur produite par allongement de la


journée de travail » → ! Passage d’une journée de 8h à 12h. Mais la
survaleur absolue à des limites et débouche donc sur la survaleur relative.
« Et survaleur relative, par contre, la survaleur issue du raccourcissement
du temps de travail nécessaire »!  → Passage de 5h à 3h de nécessaire.

Cette dernière forme de plus-value correspond à un stade avancé du


progrès technique. Elle suppose une croissance de la productivité du
travail, une intensification des rythmes et une généralisation des 2, aux
branches productrices des biens de subsistance. Alors « v » peut diminuer.

Si A’ = A + p : p le profit est toujours monétaire. Or, le schéma nous dit que


le profit à pour origine Pl, suite à la vente de M’ = %c + v + pl. Se pose
alors un problème que Marx dénomme « problème de la transformation
des valeurs en prix de production »

5. Problème de transformation des valeurs en prix de production :

Quel est le problème : comment la valeur de la marchandise en travail


(créée dans la production) devient-elle prix de la marchandise (dans la
circulation) ?
A = c + v ! →  capital total avancé
c capital constant (machines)
! = !   →   composition organique
v capital variable (humains)
(CoK)
pl
! ! →   taux de plus-value ou taux d’exploitation de la force de
v
travail
pl
pl pl v
Ta u x de profit = ! = ! = c! =
A c +  v +1
v
taux d′exploitation
!
composition organique + 1
Valeur brute du produit = M = c + v + pl avec pl (montant de la plus
value), %c (capital constant consommé)
Coût de production = CP = %c + v
Prix de production = CP + p ou %c + v + p

Tableau 1 : Situation initiale avec diversité des taux de profit par


branche, due à la différence des « CoK »
Marx suppose que l’économie se réduit à 5 grandes branches qui ont toutes
avancé un montant A (1ière col) mais les montants avancés sont différents.
Marx suppose un taux de plus-value de 100%.
La différence des taux de profit est due à la différence dans les montants
avancés entre c et v. Les différences de taux de profit s’expliquent donc par
les différences de composition organique « CoK »

Tableau 2 : Différenciation sur la base du capital constant « consommé


dans la production » et conséquence sur le coût de production (%c + v)
Il suppose que l’usure consommée des machines n’est pas la même.

Tableau n°3 : Péréquation des taux de profit et annulation des écarts


des valeurs aux prix de production
Il s’établit un taux de profit moyen qui va être partagé par toutes les
branches c-à-d que les branches ne recoivent pas leur propre taux de profit
(celui du tableau 1) mais vont toutes en moyenne recevoir 22%. Pourquoi ?
22 % s’impose à toutes les branches, on appelle cela :
⇨ La péréquation des taux de profit, due à la mobilité du capital
⇨ Autrement dit, le capital se déplace là où les espérances de profit sont
les plus grandes

Conclusion : Marx prouve ainsi que :

1. L’excédent tiré de la production globale sous la forme du profit a


bien pour origine la plus-value et donc l’exploitation des
∑ ∑ ∑
travailleurs. On a bien ! pl = ! p = 110 avec ! p = Valeur –
CP
2. Les branches à haute composition organique bénéficient de
transferts de plus-value des branches à faible CoK. Pour Marx, une
entreprise ne peut survivre sans investir dans le progrès technique

III. Les éléments fondamentaux pour l’analyse des crises


capitalistes : les grandes lois tendancielles :

1. Les « schémas de la reproduction » ou l’origine des crises :

Définition du problème : « comment le capital consommé dans la


production est-il remplacé en valeur par une partie du produit annuel et
comment s’enchevêtre t’il avec la consommation de la plus value par le
capitaliste et du salaire par l’ouvrier ». En effet, le capitaliste achète le
matériel et le salarié dépense son salaire pour acheter les produits.
Le cadre théorique :

Marx propose deux modèles de reproduction ou d’accumulation :


- La reproduction simple : sans réinvestissement de la plus-value
- La reproduction sur une échelle élargie : avec réinvestissement de
la plus-value
En distinguant dans l’économie deux secteurs ou sections productives :
- La section I : Production de « Moyens de production » ou M1
- La section II : Production de « Moyens de consommation » ou M2

Les conditions de chacune des reproductions :

- Reproduction simple ou à l’identique → ! c2 = v1 + pl1 : il faut que


le capital de la section 2 soit égal au produit net de la section 1
- Reproduction élargie : Si on accepte que les capitalistes ne
réinvestissent pas toute la plus-value mais qu’ils la consomment avec
R1 = consommation de la plus-value par les capitalistes

! c1 + pl x c2 = v1 + R1 + pl x v1.
« L’économie capitaliste est en équilibre lorsque la production de biens de
production suscite une demande de biens de consommation égale à la
demande de biens de production suscitée par la production de biens de
consommation »

Conséquences :

⇨ Le capitalisme apparaît immédiatement comme un système instable et


exposé aux crises répétitives. Les conditions d’équilibre sont le résultat
de multiples décisions individuelles, largement indépendantes, mais
socialement interdépendantes. Marx qualifie la situation
d’ « anarchie de la production capitaliste ». Elle trouve sa
manifestation concrète dans les crises dites de « surproduction » dont
la conséquence majeure est le chômage d’une partie de la population
ouvrière.
⇨ Selon Rosa Luxemburg : « Ce qui importe n’est pas de se demander :
d’où vient l’argent pour réaliser la plus-value ? Mais d’où vient la
demande ? » Sa propre théorie est donc celle de la demande préalable
et des débouchés extérieurs. L’impérialisme est dans cette hypothèse,
une nécessité.

2 La baisse tendancielle du taux de profit :

La BTTP est la loi qui stipule selon Marx que « le degré d’exploitation
restant le même, un même taux de plus-value se traduirait donc par un
taux de profit en baisse parce-que le volume de valeur du capital
constant, et partant de l’ensemble du capital social croit avec son volume
matériel » :
pl
v pl
π
! =!c diminue car ! degré d’exploitation est fixe et le dénominateur
+1 v
v
c
 ! augmente car le progrès technique demande de plus en plus de capital
v

Six « contre-tendances » (6) peuvent contrecarrer le jeu de la loi :


L’augmentation du degré d’exploitation du travail qui élève le
numérateur ! →  pl/v !
La réduction du salaire en dessous de sa valeur
La baisse des prix des éléments du capital constant : avec le
progrès technique, on peut produire pour moins cher.
La surpopulation relative : mise au chômage de la part de
l’entreprise
Le commerce extérieur, qui soulage les pays avancés par
l’ouverture de débouchés extérieurs
L’augmentation du capital par actions
3. La loi de surpopulation relative (LSP) de Marx :

Le but de Marx est de prendre le contre-pied des « économistes qui


prenant l’effet pour la cause, prétendent expliquer les vicissitudes de
l’accumulation par le mouvement de la population ouvrière qui fournirait
tantôt trop de bras et tantôt trop peu »
En particulier, Malthus et tous les auteurs classiques qui ont soutenu une
théorie « naturaliste-populationniste » de la détermination du salaire
(Ricardo, Mc Culloch, Mill) et les mauvais interprètes de Marx.

a. La loi démographique de Malthus :

• Les subsistances croissent selon une progression arithmétique,


tandis que la croissance de la population se fait de manière
géométrique. Cependant, il existe des freins naturels à la croissance
de la population qui impactent l’équilibre entre l’offre et la demande
de main d’œuvre et donc le salaire d’équilibre (ou minimum de
subsistance). Parmi les freins, se trouve le paupérisme.
• Le chômage est la traduction d’un excédent de main d’œuvre et
correspond donc à une surpopulation absolue au-delà de
l’équilibre. Il se mesure comme un :
STOCK = Offre travail (travailleurs) – demande travail (fabriques) > 0
• Par leur comportement démographique, les travailleurs sont donc
responsables de leur propre misère

b. Une autre théorie naturaliste est celle défendue par JS Mill :


« Théorie du fonds de salaires » ou « du fonds de travail » ou
encore « Théorie de l’abstinence » :
1 : E = Equilibre « naturel » du marché du travail au salaire minimum de
subsistance selon la loi de l’offre et de la demande de travail
2 : L’offre = f (w) est flexible ou sensible aux variations de w. En
revanche, la demande D n’est pas flexible avec w selon Mill : rigidité de la
demande.
⇨ Mill explique la rigidité de la demande ou de LD par la « théorie du
fonds de salaires » :

• D’une part : quel que soit LD, il existe un wd et quel que soit wd, le
salaire unitaire est toujours égal à : w =
Masse des salaires (w) 
!
Nombre de travailleurs (L)
• Ce salaire unitaire croit si w augmente ou si L diminue :
Masse des salaires (w)
w =! 
Nombre de travailleurs (L)
• Par conséquent, sa diminution peut s’expliquer à la manière de
Malthus, par le dénominateur et le comportement démographique
des travailleurs
• Sa hausse provoque une hausse de l’offre (O) et une concurrence
entre les travailleurs. Cette concurrence contribue à faire baisser
« w » et crée du chômage
• Enfin, le numérateur dont dépend Ld, appelé « fonds de salaires », a
pour origine « l’abstinence capitaliste ». Mill définit l’abstinence en
distinguant la demande de biens (consommation) et la demande de
travailleurs (Ld). Seul Ld crée l’emploi. A l’inverse, une hausse de la
consommation diminuerait l’investissement et l’emploi
• C’est pourquoi la partie du capital destinée à l’embauche est dite
provenir de l’abstinence des capitalistes à consommer
⇨ D’où la rigidité de la demande de travail

Remarque : Mill abandonnera lui même cette idée de l’abstinence qui est
apparue comme ridicule plus tard

Marx dénonce l’absurdité des 2 théories :


- la surpopulation absolue de Malthus
- la « théorie du fonds de salaires » de Mill
En exposant la LSP, ou « loi de la surpopulation relative ».

Il élabore une « loi générale de l’accumulation capitaliste » ou plus


simplement une loi de surpopulation relative (LSP) par opposition à la loi
de surpopulation absolue (LSA) de Malthus.
Chez Marx, le capital total avancé A = c + v et l’accumulation capitaliste
est A‘ = A +!ΔA et ce plusieurs fois
« c » : partie du capital avancé qui se transforme en moyen de production
fixe et qui transfère sa valeur au produit (amortissements)
« v » : capital variable qui joue le rôle le plus important dans la LSP
puisque « v » détermine la demande de travail
⇨ La LSP compare les 2 rythmes de croissance de c + v ! → ! Δ! c+Δ ! v
⇨ Et v → Δv +

• La loi générale établie est « la loi de la décroissance proportionnelle


du capital variable et de la diminution correspondante de la demande
v
de travail » : => DL 
v+c
• Marx l’exprime aussi par son corollaire : « l’accroissement absolu
du capital variable et l’augmentation absolue de la demande de
travail suivant une proportion décroissante » et son « complément :
la production d’une surpopulation relative » : v  => DL avec
surpopulation. D augmente moins vite que v c’est pourquoi le
L

problème de surpopulation apparaît.


• La surpopulation n’est plus un stock contrairement à chez Malthus.

La LSR est une loi sur longue période : l’accumulation du capital (c+v)
entraine une croissance des salaires et de la demande de travail. Mais, la
l’accumulation du capital dépend de l’évolution des taux de salaires et de la
c
demande de travail relative (déterminée par ! )
v
La demande de travail croit donc, mais suivant une proportion
décroissante avec un chômage tantot croissant, tantôt décroissant.

Une fois définie comme une loi sur longue période, Marx analyse la
surpopulation relative comme une NECESSITE pour la reproduction
élargie du capital. « Ressort régulier de la production des richesses », la
surpopulation rend possible son « expansion exorbitante ». Elle constitue
« une armée de réserve aux ordres du capital, un surcroit de travailleurs »
dont l’une des fonctions est de peser sur la croissance des salaires
(entraver la hausse de ceux-ci)

Il décrit 4 formes de surpopulation relative :

1. Formes antédiluviennes de surpopulation hors activité nationale :


les inactifs et les immigrés
2. Forme industrialiste : est une forme flottante car il y a des allers et
retours entre les formes 1 et 3. Elle est flottante car liée au processus
« d’appel-rejet » de la main d’œuvre par l’industrie. Elle regroupe
les travailleurs salariés de la Grande industrie.
3. Formes antédiluviennes de surpopulation dans l’activité nationale :
les travailleurs salariés de l’agriculture c-à-d la forme latente (liée à
la pénétration progressive du capitalisme dans l’agriculture) et
l’artisanat c-à-d la forme stagnante (dépendante des besoins de
sous-traitance par l’industrie)
4. Forme antédiluvienne de la pauvreté ou enfer du paupérisme :
paupérisme officiel, classes dangereuses, misérables…

Dernier chapitre : Introduction à l’étude du courant marginaliste :

I. Le marginalisme : un mouvement historique en 3 temps :

a. Le contexte :

L’économie politique connaît un renouveau radical au XIXe : l’émergence


du courant marginaliste (ou « théorie néo-classique »). On peut discuter
des causes de ce renouveau et les situer dans divers ordres. Mais parmi les
faits historiques les plus importants, on ne peut omettre :
1. La critique radicale de l’Economie politique réalisée par Marx
dans « Das Kapital » : celle-ci a jeté un doute sur l’ « Economie
Classique », achevée par Smith et Ricardo, et donc sur la doctrine
du « laisser-faire ». « La pauvreté dans l’abondance » exposée par
Marx, apparaissait désormais crûment aux yeux des économistes et
de l’opinion. L’Economie Politique ne pouvant plus être après Marx,
ce qu’elle était avant Marx.
2. Le conflit des idées au XIXe autour du libéralisme (économique et
politique), et des possibilités qu’il offrait de maîtriser les maux
principaux des économies européennes (crises cycliques, chômage,
inflation notamment lors de la « Grande Dépression » de 1973-98).
Le modèle type du libéralisme fut celui de l’Angleterre, sous Peel
puis Gladstone. Une forme extrême a été celle du
« Manchesterisme » ou ultra-libéralisme. Mais peu à peu, ce
libéralisme a été critiqué et a dû abandonner ses principes. Parmi les
critiques, l’antiétatisme. En effet, le libéralisme victorien (Reine
Victoria) voulait supprimer les entraves ; réduire la part de l’Etat
en réduisant les dépenses publiques, en diminuant l’assistance et les
dépenses sociales
Un contre-courant attirant également des libéraux réformateurs naquit
en Europe, et se diffusa dans la Science économique et la Sociologie.
Le mouvement marginaliste appartient à ce contexte « tendu »
3. L’évolution des connaissances scientifiques a subi un progrès
décisif notamment dans le domaine mathématique et dans celui de la
physique. En mathématique, la dynamique s’imposât et l’analyse
connût un enrichissement sans précédent. Plusieurs mathématiciens
verseront dans l’économie politique pour en renouveler les
méthodes et la définition même

b. Schéma en 3 temps : précurseurs-fondateurs, filiation et


hétérodoxie :

Le mouvement marginaliste est un mouvement séculaire c-à-d que ce


mouvement s’étend sur un siècle :
- Il commence avec ses antécédents ou Précurseurs :
- Eclate avec la révolution marginaliste 1870-1871 (celle des Pères
et de leurs « Ecoles »)
- Pour être renouvelé d’une part par A. Marshall, et d’autre part, par
les hétérodoxes
On appelle précurseurs, les auteurs antérieurs à la révolution marginaliste
de 1870-71 et qui ont contribué à son émergence. Qui sont-ils ? Dupuit,
GOSSEN, THUNEN et Cournot dans son ouvrage « les Recherches ».

On appelle révolution marginaliste, la découverte simultanée par 3


auteurs (les Pères du marginalisme), en des lieux différents, du principe de
l’utilité marginale. Les trois pères fondateurs du marginalisme sont :
! → L’autrichien Carl Menger (1840-1921) qui appartient à l’Ecole de
Vienne

! L’anglais William Stanley Jevons en 1871 dans « Theory of Political
Economy » ou « Théorie de l’Economie Politique » qui appartient à l’Ecole
de Cambridge avec EDGEWORTH

! Le français, Léon Walras en 1874 qui appartient à l’Ecole de Lausanne,
auquel succèdera l’italien PARETO

Avec Marshall, le 2nd marginalisme renouvelle l’approche antérieure :


- Au sein de l’Ecole de Cambridge (Jevons, Edgeworth)
- Sous l’influence de Mill
- Des hétérodoxes

Filiation : les auteurs qui développent les thèses de leurs maitres (Pères)
Hétérodoxes : les auteurs remettant en cause les théories existantes, pour
les réintégrer ensuite dans les corpus existants. Exemple : PIGOU, l’Ecole
de Stockholm avec WICKSELL et CASSEL, HAYEK
Keynes n’appartient pas au marginalisme mais remet en cause la théorie
marginaliste. Il ouvre une ère nouvelle, celle de la « Macroéconomie ».

⇨ Le marginalisme est donc un mouvement historique de la pensée


XIX

La révolution marginaliste inaugure l’Ecole Néo-classique. Celle-ci ne


constitue cependant pas un « bloc unifié » ni du point de vue de l’objet de
l’analyse, ni du point de vue des méthodes. En particulier, l’Ecole
autrichienne issue de Menger se distingue par son épistémologie (critique
mathématiques, et du concept d’équilibre général)

Toutefois, c’est au long de ce mouvement qu’on redéfinit le problème


économique. Pour les classiques, il était celui de la croissance de la
richesse nationale et de sa redistribution entre les classes. Pour les
marginalistes, le problème devient celui de l’échange d’un volume donné
de facteurs de production et de produit. Le sujet de la nouvelle science est
l’individu rationnel maximisant son utilité : l’homo-oeconomicus

L’Economie Politique devient donc la science qui étudie la relation


entre des fins données et des moyens rares donnés et à usage alternatif
(« Essai sur la nature et la signification de la science économique » - 1932)
selon Lionel Robins

Le concept d’équilibre général se substitue à celui du développement. La


science économique devient économie mathématique, même si le recours
aux mathématiques donne lieu à des avis divergents.
On doit distinguer : le premier marginalisme (celui de la révolution
marginaliste 1870-71) et le second marginalisme (critique du premier).
C’est l’œuvre de Marshall (« Principes » – 1890) qui constitue l’œuvre
unificatrice, base d’un renouveau. L’économie politique devient
« Economics » à tels point que des départements sont mêmes créés pour
enseigner l’ « Economie ».

Lorsqu’il écrit la TGEIM en 1936, Keynes remet en cause à la fois les


« Classiques » et les « Néo » grâce aux apports des hétérodoxes qui
inaugurent l’approche libérale du XXième siècle et la « Macroéconomie ».
Notamment Wicksell : la nouvelle théorie monétaire du XXième siècle ;
et Johannsen : la demande effective et le multiplicateur

c. L’organe ou les « Théories Marginales Majeures » TMM :


Les fondateurs et leurs continuateurs ont contribué à la réalisation de TMM
ou théories marginalistes majeures, qui constitueront l’enseignement ou
pédagogie du marginalisme
Sans être limitatif, on peut mentionner 7 TMM (étudiées dans le cadre des
théories du consommateur et du producteur et dans l’équilibre général) :
TMM1 : Loi de la décroissance de l’utilité marginale, ou
définition de la valeur suivant les critères de l’UTILITE et de la
RARETE
Ce sujet est particulièrement traité par l’Ecole de Vienne (Menger).
La théorie de la valeur devient subjective et s’oppose à la théorie
de la valeur travail qui est objective
TMM2 : celle de la détermination de l’équilibre sur le marché. Pour
le consommateur, la TMM2 s’énonce par : à l’optimum, le rapport
Px
des prix entre 2 biens est égal au rapport des utilités marginales : !
Py
Umx
=!
Umy
TMM3 : Théorie de la désutilité de l’offre de travail de JEVONS
TMM4 : Théorie du capital liée au temps, et donc celle du taux
d’intérêt
TMM5 : Le modèle de l’équilibre général de WALRAS
TMM6 : L’optimum de PARETO
TMM7 : Théorie de la répartition selon la productivité marginale
des facteurs

Conclusion : La rupture théorique principale dans l’évolution du


marginalisme se situe dans la définition et les calculs relatifs à l’utilité.
C’est-à-dire dans le passage d’une conception CARDINALE à une
conception ORDINALE de l’utilité. C’est Edgeworth qui fut à l’origine
de ce passage en inventant les courbes d’indifférences, reprises par
PARETO.
Conclusion générale : C’est Pareto qui proposera d’abandonner toute
référence à l’utilité cardinale. L’utilité est une notion ordinale qui suppose
que le consommateur classe les paniers par ordre de préférence.
La carte d’indifférence permet de hiérarchiser les préférences.
Par conséquent la loi de l’utilité marginale décroissante n’est plus
nécessaire pour étudier l’équilibre. C’est la fonction d’utilité qui devient
une fonction indice. Ce sont les préférences qui deviennent le concept
principal (arbitrage travail-loisir initié par Jevons et la théorie du K liée au
temps c-à-d préférences pour le présent Böhm-Bawerk, Fisher, Wicksell).
La théorie du producteur reste quant à elle objective et indépendante
des préférences et donc du débat sur l’utilité : les revenus dépendent de la
productivité marginale des facteurs : Von Thünen

L’économie mathématique connaît son développement au 19ième et 20ième


siècle sous l’influence de Cournot (1801-1877), Walras (1834-1910),
Marshall (1842-1924), Edgeworth (1845-1926) et Pareto (1848-1923)
On appelle « économie mathématique », une approche à la fois théorique
(calcul infinitésimal) et empirique (statistique et économétrique) de la
réalité économique, définie principalement par des échanges entre des
agents indépendants, le principal problème étant celui de l’équilibre
II. L’invention de l’économie mathématique : Antoine Augustin
Cournot (1801- 1877) :

a. Biographie et œuvres :

Cournot est un acteur qui a participé au développement de l’économie


mathématique. C’est le mathématicien Laplace qui le sensibilise aux
mathématiques. Il s’appuiera également sur Lagrange et sur Hachette,
ancien disciple du mathématicien Condorcet, qui lui enseignera la
Mathématique sociale. Il sera aussi soutenu par Poisson.
La tentative de mathématisation en Science sociale qu’il entreprend remet
en cause les travaux d’un seul, Canard
Dans la Préface à ses « Principes de la Théorie des Richesses », il présente
son projet scientifique comme une « révolution » et son œuvre comme une
« œuvre d’analyse critique ».

Parmi les œuvres majeures rédigées par Cournot, on trouve en 1838


« Recherches sur les Principes Mathématiques de la Théorie des
Richesses », œuvre considérée comme le point de départ de toute
l’économie mathématique
Avec cette œuvre, Cournot fera face à Whewell, son principal concurrent et
disciple de Ricardo, qui publiera « a mathematical exposition of some
doctrines of political economy »
Mal comprise, son œuvre de 1838 sera rééditée en 1863, sous le nom de
« Principes de la Théorie des Richesses »

Selon Schumpeter, « le théoricien le plus remarquable de l’époque fut à peu


près totalement méconnu. C’est l’un des esprits les plus remarquables
qu’ait connu notre discipline »
Parmi les marginalistes, c’est Walras qui sera l’héritier direct de la
révolution introduite par Cournot. Ses travaux seront ensuite repris par
Alfred Marshall

b. Les « Recherches » de 1838 ou le programme de


l’économie mathématique :

On appelle marginalisme de Cournot, l’ensemble des thèses soutenues


dans les 12 chapitres des « Recherches » de 1838.
Sa méthodologie est l’économie mathématique c-à-d celle des fonctions
continues et dérivables et par conséquent, le calcul infinitésimal ou calcul à
la marge
Le but est la démonstration d’un équilibre des échanges sur le marché en
quantités MAIS sans référence aux comportements individuels et au
postulat de rationnalité
Cet équilibre est le résultat théorique de plusieurs thèses qui renouvellent la
pensée économique :
L’exposé du paradigme néo-classique, à la valeur utilité près : c-à-d
la définition de la richesse comme valeur échangeable et la mesure
de celle-ci par un système unique de prix relatifs. La démonstration,
reprise plus tard par Walras et Marshall, est connue sous le nom de
« problème de change » chez Cournot

n (n − 1) 
Problème du change chez Cournot : on peut toujours passer !
2
combinaisons de valeurs relatives à un système de (n-1) prix relatifs
Le marché est donc parfait dans la mesure où les agents se réfèrent tous à
un seul et unique prix
Exemple : Soit l’échange de trois marchandises (a, b, c) entre elles.
La matrice des échanges s’écrit :
a b c
a aa ab ac
b ba bb bc
c ca cb cc
n (n − 1)
Il y a ! combinaisons de valeurs relatives (hors diagonale) soit
2
3 (3 − 1)
! = 3 car : ab, ac, bc ba, ca, cb
2
Le système cohérent des (n-1) prix relatifs, soit (3-1) = 2 prix relatifs, est
obtenu en choisissant un étalon, par exemple a.
Alors : ab et ac sont les deux prix relatifs, desquels se déduisent
immédiatement : cb et bc.
⇨ Le système de prix est unique pour tous les agents ce qui rend possible
l’existence d’un équilibre

La seconde thèse est la « loi de la demande » ou « loi du débit » :


Cournot écrit la fonction agrégée de demande D = f (P) c-à-d qu’il
admet que la demande dépend du prix. Elle n’est pas caractérisée à
l’aide des concepts à venir car il les trouve inopérants: utilité,
rareté, satisfaction. Selon lui, les coutumes et la distribution des
revenus permettent de mieux caractériser la demande.
La troisième est la Méthode de maximisation de la recette totale
du monopoleur, ainsi que les effets de la taxation sur les prix de
monopole. Cournot formule que l’équilibre du monopole est donc π !
max et il s’obtient lorsque Rm = Cm
Sa méthode consiste à partir du monopole puis à ajouter
progressivement des entreprises pour arriver au duopole de Cournot
(ou solution de l’entente) et à la situation d’équilibre de concurrence
pure et parfaite mais non-walrasien car il n’y a pas de système
d’équations simultanées.
Il s’attachera à chaque fois à l’analyse de la maximisation du profit

La maximisation du profit en situation de duopole : Sur le marché d’un


bien homogène X, deux offreurs A et B forment un duopole et satisfont une
demande de X, dont l’expression est : Pd : - 2 X + 200
Les fonctions de coût moyen respectives des deux firmes sont CMA = 40 et
CMB = 20.
On se propose :
1. D’évaluer les conséquences d’une première hypothèse : chaque firme
ignore l’autre et se comporte en monopoleur et maximise son propre
profit
2. Puis en adoptant, l’hypothèse de Cournot dite du duopole double
dépendance, de calculer l’équilibre du marché. Donner les quantités
qui seront offertes par chaque firme et les profits alors réalisés
3. Enfin d’illustrer graphiquement à l’aide des fonctions de réaction

Réponse 1 : Hypothèse du monopole : Chaque firme maximise son profit


en ignorant l’autre. La fonction de profit est : π
! = RT – CT = Pd x X –
CM x X. Soit pour chaque firme :
πA = RTA – CTA = (p x XA) – (CMA x XA) = (200 – 2XA) XA – 40 XA. Le
dπA
profit de A est maximum lorsque sa dérivée est nulle soit : ! =0
dXA
200 – 4XA – 40 = 0 XA = 40
πB = RTB – CTB = (p x XB) – (CMB x XB) = (200 – 2XB) XB – 20 XB. Le
dπB
profit de A est maximum lorsque sa dérivée est nulle soit : ! =0
dXB
200 – 4XB – 20 = 0 XB = 45
Le prix unitaire de marché est pour ces quantités p = 200 – 2 x 85 = 30
Dans ce cas, la firme A réalise une perte puisque πA = (40x30) – (40x40) =
- 400. Tandis que la firme B réalise un profit de πB = (45x30) – (45x20) =
450

Réponse Hypothèse de Cournot : On voit que chaque firme a intérêt à tenir


compte de la réaction de sa concurrente pour élaborer sa stratégie afin
d’éviter le risque d’une perte. On modifie : d’abord la demande, laquelle
s’exprime en fonction de l’offre globale cette fois : Pd = - 2 (XA + XB) +
200
Les fonctions respectives de πA et πB seront en conséquences modifiées.
πA = ((200 – 2 (XA + XB)) XA – 40 XA et πB = ((200 – 2 (XA + XB) XB – 20
XB
On annule les dérivées premières pour déterminer les quantités optimales
pour chaque firme :
dπA XB
= - 4XA – 2XB + 200 – 40 = 0 XA = 40 -
dXA 2
dπB XA
= - 4XB – 2XA + 200 – 20 = 0 XB = 45 -
dXB 2
XB XB
Les expressions XA = 40 - et XB = 45 - forment les fonctions de
2 2
réaction de l’offre d’une fire étant donné l’offre de l’autre.
En résolvant, le système formé par ces deux équations (par substitution), on
obtient les quantité d’équilibre : XA = 70/3 et XB = 100/3 et donc la
quantité optimale XA + XB = 170/3
Ces quantités seront offertes au prix de demande p = 260/3, ce qui permet
de déterminer le montant du profit de chaque firme soit π A = 1088,88 et π
B= 2422,22
Toute modification des quantités d’une firme entraine une réaction de
l’autre.

Enfin, Cournot dépasse la situation de concurrence entre producteurs, en la


situant au niveau macroéconomique d’une part et international d’autre part

Conclusion sur Cournot :

⇨ L’essentiel de la théorie néoclassique du producteur et de


l’équilibre partiel vient des « Recherches » de Cournot
⇨ Mais du fait de la différence sur la théorie de la valeur, il n’y a pas
de théorie du consommateur chez Cournot
⇨ Longtemps éclipsée, l’œuvre de Cournot ressurgira avec Nash en
1951. L’équilibre d’un jeu non-coopératif auquel Nash aboutit, est
une solution proche de celle de Cournot. Aussi a-t-on appelé cet
équilibre « Equilibre de Cournot-Nash ». L’influence de Cournot
ira alors grandissante dans certaines reformulations de l’équilibre
« néo-walrassien », et surtout dans le développement de la théorie
de l’organisation industrielle
c. L’épistémologie :

Cournot prend position dans le débat des méthodes et sur l’épistémologie


des sciences. Il s’oppose au positivisme de Comte et à l’Ecole historique
allemande de Schmoller. Il prône plutôt la méthode « probabiliste »,
basée sur la « loi des grands nombres » et qui peut s’énoncer : en général,
on raisonne sur la moyenne.
Cournot peut être dit Kantien, lorsqu’il aborde la question de l’ordre
social. Il reste cependant attaché au libéralisme

III. Aux origines du 2nd marginalisme : Francis Ysidro Edgeworth

a. Biographie et œuvres :

Né en Irlande en 1845, Edgeworth est à l’origine du 2nd marginalisme. Il


applique aux problèmes de la philosophie utilitariste, les méthodes
mathématiques de calculs de variation au moyen du Lagrangien. Son
problème est celui de l’allocation optimale des ressources. Il publie en
1881, Mathematical Psychics dont le point de départ est la théorie de
l’échange de Jevons qu’il remet en cause. Il engage la théorie dans deux
directions principales : la démonstration de l’indétermination de l’équilibre
et sa solution exprimée par les courbes d’indifférence. Il défend ses
théories jusque 1891 sur les incitations de Marshall et de Jevons. Il change
ensuite de centre d’intérêt pour aller vers les statistiques et les
probabilités.
Il contribuera au débat scientifique dans plusieurs domaines, comme par
exemple : la controverse avec les autrichiens (Böhm-Bawerk) sur le coût
d’opportunité, la reconsidération de la théorie du duopole de Cournot et
la révision de la productivité marginale des facteurs.
Il est à l’origine du courant « marshallien » puis de son hégémonie.

b. Le diagramme d’Edgeworth :

Edgeworth révolutionne le premier marginalisme en inventant les


courbes d’indifférence en 1881.
Le diagramme d’Edgeworth permet de démontrer les conditions d’un
équilibre général des échanges en situation de concurrence

Edgeworth représente les préférences de deux agents A et B par une


succession de courbes d’indifférence qu’il regroupe dans une carte
d’indifférence. Il localise deux paniers : le panier de bien Y (qA, 1* ; qA, 2*)
est préféré au panier X (qA, 1 ; qA, 2) car il procure au consommateur A un
niveau de satisfaction supérieur. La carte d’indifférence du consommateur
B est d’abord positionnée de manière inversée par rapport à la carte
d’indifférence de A, puis elle est dans un second temps superposée sur la
carte d’indifférence de ce dernier.
Ainsi, on en déduit que le degré de satisfaction de B croit de manière
opposée à celui de A depuis l’origine.
La synthèse des 2 cartes d’indifférence forme ce qu’Edgeworth appelle le
« modèle coopératif ». C’est de ce modèle coopératif que découle une
zone de mutuel avantage dans laquelle il n’existe qu’une seule solution
optimale : cet optimum unique est tel qu’on ne peut plus en ce point
améliorer la satisfaction de l’un sans dégrader celle de l’autre à l’équilibre :
optimum unique de Pareto

La courbe des contrats est le lieu géométrique des échanges mutuellement


avantageux qui décrit l’ensemble des situations optimales possibles.
Le long de cette courbe, il n’est plus possible d’améliorer la situation de
l’un des échangistes sans détériorer celle de l’autre.
Cette courbe des contrats devient une droite des contrats sous l’hypothèse
de stricte concavité des courbes d’indifférence.

Site de tonton http://rfoudi.univ-lille1.fr


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