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Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

CHAPITRE III : INTRODUCTION DU SECTEUR PUBLIC ET DES


ECHANGES EXTERIEURS

Introduction
L’introduction du secteur public et des échanges extérieurs permet d’élargir l’analyse de
l’équilibre sur le marché des biens et services dans le modèle d’inspiration keynésienne. En
effet, dans le modèle simple ou modèle « revenu – dépense », l’analyse de l’équilibre met en
relations les principales composantes de la demande que sont la consommation et
l’investissement.

I. Le secteur public
Le but de l'analyse du secteur public est de se pencher sur les dépenses et recettes de l'Etat, et
de proposer des principes pour l'analyse des impôts. Le secteur public, c'est d'abord le secteur
de l'Etat. Mais, en l'étudiant de plus près, on s'aperçoit que l'Etat est composé d'une multitude
d'administrations très diverses : Etat, collectivités locales, sécurité sociale, … L’Etat agit
économiquement par le biais du budget. Ce dernier est constitué de recettes et de dépenses
correspondant aux ressources et aux emplois publics.

I.1. Les dépenses publiques


Les dépenses de l’Etat se répartissent en dépenses courantes ou ordinaires pour la majeure
partie et en dépenses d’investissement. Ainsi, les dépenses courantes sont principalement
consacrées au maintien des revenus (pour la sécurité sociale et le bien-être de tous), on parle
également de transferts de revenus et des dépenses liées à la défense nationale. En outre, au
Burkina Faso, la plus grande partie des dépenses gouvernementales et des collectivités locales
est consacrée à l'éducation et à la santé publique.

La dépense publique correspond à toutes les formes de dépenses de l'Etat et de ses services
déconcentrés ou décentralisés. Certaines dépenses sont consacrées au fonctionnement des
services (achat de fournitures de bureau ou entretien des routes). D'autres correspondent à des
investissements dans de nouveaux équipements. Une grande partie des dépenses publiques est
destinée aux retraites ou à l'aide sociale.

Nous supposons que ces dépenses publiques (G) sont exogènes (G = G0), indépendantes du
revenu. Elles constituent une injection pour l’équilibre économique au même titre que
l’investissement. Quant aux transferts, ils sont susceptibles de déterminations différenciées.
Généralement, on considère que les transferts obéissent à une détermination principalement

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endogène et secondairement exogène. D’où la relation affine suivante, par exemple s’il s’agit
d’allocations chômage (R) : R = -rY + R0 avec r le coefficient marginal de transfert (0< r <1)
et R0 une composante autonome.

I.2. Les recettes publiques


Au Burkina Faso, ces recettes publiques sont principalement constituées par les impôts. Les
impôts indirects et les droits de douanes forment le noyau de ces impôts.

Les recettes fiscales (impôt sur le bénéfice, impôt sur le revenu, la Taxe sur la Valeur Ajoutée,
etc.) sont la principale composante des recettes de l’Etat. Les recettes de porte ou recettes
douanière sont la seconde composante depuis l’adoption des politiques de libéralisation et
l’application du tarif extérieur commun (TEC) au niveau de l’UEMOA.

Quant aux recettes des provinces et des collectivités locales, elles proviennent des impôts
fonciers et des taxes sur la vente. Les services de recettes ou régies (DGI, DGD, DGTCP) sont
des organes du gouvernement chargé de la perception des impôts. Les collectivités locales ont
des bureaux du trésor à cette fin.

Les ressources publiques (T) sont considérées comme une fuite, fonction du niveau de revenu.
Ainsi, les recettes s’exprime comme suit : T = tY + T0, où t est le taux marginal d’imposition
tel que 0 < t <1 et où T0 représente la composante autonome de cette fonction.

I.3. Le solde budgétaire


Le budget de l’Etat est défini dans le cadre de la Loi de finances. Le solde budgétaire (T-
(G+R)) désigne la différence entre les recettes et dépense définitives de l’Etat (y compris les
charges d’intérêts de la dette publique) pour une année civile. Il y a excédent lorsque les
recettes sont supérieures aux dépenses et déficit dans le cas inverse.

Deux groupes de facteurs peuvent être à l’origine d’un déficit budgétaire. Le premier, d’ordre
conjoncturel, englobe notamment l’insuffisance de la croissance économique. Le second,
d’ordre structurel. Il s’agit de causes plus profondes telles que la croissance démographique,
le chômage, l’endettement...

Le déficit public peut être financé par la fiscalité. Mais lorsque cette dernière est déjà trop
élevée, l’Etat peut recourir à l’emprunt, soit interne (épargne des agents économiques), soit
externe (auprès des organismes internationaux ou d’autres Etats).

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II. Les échanges extérieurs

Les exportations nettes sont la différence entre les exportations totales et les importations
totales. Cela est égal au commerce extérieur, qui est aussi la balance extérieure des paiements
de marchandises.

Quand les importations excèdent les exportations (et la balance des paiements est négative), le
montant indiqué en tant qu'exportations nettes est aussi négatif. Les exportations, telles que
des matières premières (ressources naturelles) et diverses récoltes, sont tous les articles qui
sont vendus à des étrangers. Les importations, au contraire, sont les articles produits par les
étrangers pour lesquels nous dépensons certains de nos revenus.

Le commerce extérieur est un déterminant du niveau de production d’équilibre et du revenu.


Les exportations (X) peuvent être considérées comme injection pour la détermination du
revenu d’équilibre, exogènes par rapport au revenu ; et les importations (M), comme une
fuite, fonction du niveau de revenu. Ainsi, un excédent des échanges extérieurs (X>M)
implique un niveau de revenu d’équilibre supérieur à celui du cas où l’extérieur n’est pas pris
en compte.

Généralement, les exportations sont considérées comme exogène par rapport au revenu donc
on peut écrire : X = X0. Quant aux importations, elles ont deux composantes dont une est
fonction du revenu de l’économie considérée. Par conséquent, les importations (M) :
M = mY + M0, où m est la propension marginale à importer et M0 les importations
autonomes.

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CHAPITRE IV : LE MODELE DU MULTIPLICATEUR SIMPLE

Introduction
Les relations afférentes aux principales composantes de la demande, la consommation et
l’investissement, servent de pilier à la détermination de l’équilibre sur le marché des biens et
services, par un modèle simple d’inspiration keynésienne, le modèle dit « revenu – dépense ».
Ce modèle simplifié a pour objet d’expliquer la relation entre la demande effective et le
niveau de production. Pour ce faire, il est nécessaire d’éliminer l’effet du taux d’intérêt en
isolant la sphère réelle de la sphère monétaire.

I. Le modèle fondamental du multiplicateur

Le nom multiplicateur vient de la découverte que chaque variation d’une unité de certaines
dépenses telle que l’investissement conduit à la variation de plus d’une unité c’est-à-dire à
une variation plus que proportionnelle. Le modèle du multiplicateur explique comment les
chocs sur l’investissement ou sur les dépenses publiques et politiques d’importations peuvent
avoir des conséquences sur la production et l’emploi dans une économie dont les ressources
sont sous-utilisées. Nous introduirons dans une première section le modèle du multiplicateur
le plus simple ou il n’y a ni Etat, ni commerce extérieur.

I.1. La détermination de la production par l’épargne et l’investissement


Les chapitres précédents ont donné une analyse des fonctions de consommation et
d’investissement. Celles-ci sont fondées sur la connaissance des budgets dans les différentes
familles et leurs richesses. En supposant que le revenu est le revenu disponible (PIB). Le
graphique suivant représente les fonctions de consommation et d’épargne nationales.

C,
S

200 E I0
45°

Yd
M’’ M M’

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Chaque point de la courbe de consommation représente la consommation désirée ou planifiée


à ce niveau du revenu disponible. Les deux courbes (C et S) sont étroitement liées et C+S est
toujours égal Yd. Elles représentent des quantités dont la somme est toujours égale à la
première bissectrice, la droite de 45°. Pour simplifier, considérons l’investissement comme
une variable externe ou autonome dont le niveau est déterminé à l’extérieur du modèle soit
200 milliards FCFA par an par exemple quelque soit le niveau du PIB. Cela signifie que la
courbe d’investissement en fonction du revenu est une droite horizontale. Les courbes S et I
se coupent au point E. Ce point correspond au niveau du revenu OM et représente le niveau
d’équilibre de la production dans le modèle du multiplicateur. Il s’agit du niveau d’équilibre
du PIB vers le quel tend la production.

La signification économique du point E est qu’il le point d’équilibre du revenu pour lequel
l’épargne désirée des ménages est égal à l’investissement désiré des entreprises. Quant
l’épargne et l’investissement désiré ne sont pas égaux la production tend à s’adapter à la
hausse ou à la baisse. Les entreprises désirent donc qu’au niveau de production M, leur
investissement soit égal à la distance verticale ME. Les ménages désirent également épargner
le montant ME. Mais dans la réalité, il n’y a aucune nécessité logique pour que l’épargne ou
l’investissement effectif soit égal à l’épargne ou l’investissement projeté. Les agents
économiques peuvent commettre des erreurs ou se tromper dans leurs prévisions des
évènements. Dans ces conditions l’épargne et l’investissement peuvent diverger des niveaux
projetés. Trois cas de figures permettent de voir comment la production s’adapte jusqu’à ce
que l’épargne et l’investissement soient égaux.
Dans le 1er cas : le système est en E où la courbe décrivant ce que les entreprises
veulent investir coupe la courbe d’épargne décrivant ce que les ménages veulent épargner.
Dans ce cas les deux parties sont satisfaites et le PIB reste au point E représentant l’équilibre.
Dans le 2nd cas : le PIB est supérieur à celui du niveau E (par exemple au niveau
M’>M). A ce niveau de Y où la courbe d’épargne est au-dessus de la courbe d’investissement
le système n’est pas en équilibre parce que les ménages épargnent plus que les entreprises ne
sont disponibles à investir. Pour sortir de cette situation les entreprises vont diminuer leur
production et licencier les travailleurs. Cette réaction entraîne donc un recul de graduel du
PIB c’est-à-dire le déplacement à gauche jusqu’à l’établissement de l’équilibre en E.
Dans le 3ème cas : si le PIB est en dessous de son niveau d’équilibre c’est-à-dire en M’’
par exemple, de puissantes forces apparaissent pour le ramener vers la droite jusqu’au point E.

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On constate que les 3 cas mènent à la même conclusion : la seule condition d’équilibre se
situe en E ou se rencontrent les courbes d’investissement et d’épargne. En tout autre point
l’épargne désirée des ménages ne coïncide pas avec l’investissement désiré des entreprises.

I.2.La détermination de la production par la consommation et l’investissement


Hormis l’équilibre entre l’épargne et l’investissement il y aune seconde manière de
déterminer la production. L’équilibre est le même mais la compréhension de la détermination
de la production est plus profonde dans cette 2ème approche. Le graphique ci-dessus représente
la courbe de demande totale en fonction du PIB.

Y = C+I
C, I
C+I

C
E

45°
0
D B Y
M

En fonction du PIB, le niveau de la dépense totale désirée est C + I. La droite à 45° sert à
identifiée l’équilibre. En tout point de cette droite le niveau total de la dépense de
consommation et d’investissement (mesurée verticalement) est rigoureusement égale au
niveau de la production totale (mesurée horizontalement). L’économie est en équilibre au
point où le montant de la dépense désirée représentée par C + I est égal à la production totale.
L’équilibre se situe donc au point E parce qu’à ce niveau la dépense désirée de consommation
et d’investissement est égale au niveau de la production totale.

Il est essentiel de comprendre pourquoi le point E constitue un point d’équilibre. Si le système


doit s’écarter de l’équilibre par exemple au niveau de la production D la droite de dépense C +
I s’établira au-dessus de la droite de 45° si bien que la dépense projetée est plus grande que la
production projetée. Cela signifie en terme de mécanisme d’ajustement que les
consommateurs sont disposés a acheté plus de biens que les entreprises n’en produisent. Face
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à cette situation de déséquilibre les entreprises réagissent en augmentant leur commande.


Elles réembauchent des travailleurs précédemment licenciés et renouvellent leur gamme de
production. En suivant ce type de raisonnement on voit donc que ce n’est que lorsque les
entreprises produisent ce que les ménages et les entreprises projettent de dépenser en
consommation et en investissement ; précisement au point E que l’économie est en équilibre.
Le processus inverse s’enclenche si la production est au-dessus de l’équilibre. En effet,
lorsque les entreprises dans leur ensemble produisent momentanément plus que ce qu’elles
peuvent vendre, elles ont tendance à diminuer leurs activités faisant ainsi baisser le PIB.

I.3. Les effets multiplicateurs


Dans ce modèle simple, la dynamique de court terme du système économique, consécutive à
l’impulsion donnée à un élément de la demande globale, résulte du jeu du multiplicateur.
Dans un premier temps, une variation de la demande entraîne un accroissement équivalent du
revenu, car la production répond à l’augmentation de la demande. Le mécanisme ne s’arrête
pourtant pas là, car l’augmentation de la production contribue à la distribution de revenus
supplémentaires, d’un montant identique. Ces nouveaux revenus influencent d’autres
composantes de la demande globale : la consommation (à travers la Pmc), l’investissement
(effet d’accélérateur), les importations si l’on se situe en économie ouverts (en fonction de la
propension marginale à importer). L’augmentation induite de lala demande provoque à sont
tour une nouvelle hausse de la production, une nouvelle distribution de revenus, et ainsi de
suite.
Parce que la totalité des revenus créés n’est pas intégralement dépensée, les vagues
successives de dépenses et de revenus sont décroissants, et le processus de multiplication
n’est pas infini. A terme, l’augmentation initiale de la demande globale d’une unité aura
provoqué une augmentation du revenu bien supérieure à l’impulsion initiale. L’ampleur de la
hausse du revenu est égale à la valeur du multiplicateur. Prenons le cas d’une économie très
simplifiée pour déterminer celle-ci.

I.3.1. Analyse algébrique


Soit une économie fermée dont la demande globale est composé des dépenses de
consommation des ménages (C) avec = + et des dépenses d’investissements (I0),
également supposées exogènes. L’équilibre sur le marché des biens est égal à :
= +
= + +

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1 1
= + =
1− 1−
= + , la demande autonome et , la valeur du multiplicateur.

On suppose les entreprises augmentent leurs investissements d’un montant ∆I. le nouveau
montant de l’investissement est donc égal à :
I’ = I0 + ∆I
Le revenu d’équilibre devient :
= +
= + + +∆
1
′ = + +∆
1−
Le revenu d’équilibre a donc augmenté de ∆Y avec :
1 1 1
∆ = − = + + ∆ − + = ∆
1− 1− 1−
Si l’investissement a augmenté de ∆I, l’augmentation totale du revenu d’équilibre est donc
égale à :
1
∆ = ∆
1−
Le multiplicateur est le nombre par lequel la variation d’investissement doit être multipliée
afin de déterminer la variation de la production totale qui en résulte. La demande autonome
étant par hypothèse constante, est ici appelé le multiplicateur d’investissement (kI)

I.3.2. Analyse géométrique

I, S S

E’
I’
∆I
E
I

YE YE’ Y

∆Y
Y

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Il s’agit d’obtenir le même résultat que précédemment en utilisant les courbes d’épargne et
d’investissement. Si la Pms est et qu’un flux d’investissement additionnel s’établit ∆I, le

multiplicateur serait de . Ceci entraîne un accroissement du revenu ∆Y. la courbe

d’investissement I subit un déplacement vertical de ∆I pour atteindre le niveau de I’. Le


nouveau point d’intersection (entre S et I) devient E’ ce qui implique un accroissement de
revenu égal ∆Y. En effet, la distance horizontale l’accroissement du revenu ∆Y est égal

fois le déplacement vers le haut de la droite d’investissement.

II. La politique budgétaire et fiscale dans le modèle du multiplicateur

L’une des premières armes à laquelle recourt l’Etat pour tempérer les cycles économiques est
la politique budgétaire et fiscale qui est constituée des dépenses publiques en biens et services
(G), des impôts (T) et des transferts (R). Nous montrerons dans cette section comment aussi
longtemps qu’il y a des ressources sous employées, des variations de G, T et R peuvent
influencer le niveau du Produit Intérieur Brut.

II.1. Impact des politiques budgétaires et fiscales sur la production


La politique budgétaire volontariste, agissant notamment par le biais d’un déficit dit
« structurel », a pour but de conduire à une plus forte croissance de la production nationale.
Les dépenses publiques peuvent en effet provoquer un mécanisme de multiplication en chaine
dont les effets positifs sur l’emploi ont été dégagés par J.-M. Keynes.
Pour comprendre le rôle de l’Etat dans l’activité économique, il nous faut nous pencher sur les
effets de la dépense publique et de l’imposition. Soit la figure suivante

C, I, G
C+I+G
E’
C+ I

45°

YE YE’ Y

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Soit la figure ci-dessus représentant l’effet de G (dépenses publiques en Biens et


service) c’est-à-dire la distance verticale entre la droite C+T et la droite C+I+G. La prise en
compte de G se traduit par un déplacement vers le haut de la demande globale parce que la
dépense publique G exerce le même impact macroéconomique que la dépense privée I. Le
niveau d’équilibre passe donc de E à E’ pour que la dépense projetée totale soit égale à la
production projetée totale. Le point E’ est ainsi le niveau de production d’équilibre quand
nous ajoutons les achats publics au modèle du multiplicateur.
Les impôts supplémentaires diminuent le revenu disponible et ont tendance à réduire
la dépense de consommation. Si l’investissement et la dépense publique ne varient pas, cette
baisse de la consommation réduit alors le revenu et l’emploi. Ainsi dans le modèle du
multiplicateur, des impôts plus sans augmentation des dépenses publiques ont tendance à
réduire le revenu réel. Considérons la figure suivante avec la droite CC représentant le niveau
de la fonction de consommation sans impôt.

Naturellement cette droite CC est irréaliste parce que les consommateurs doivent toujours
s’acquitter des impôts sur leur revenu. Supposons que les consommateurs versent T unités
monétaires d’impôts. Le revenu disponible Yd sera juste inférieur de T unités monétaires au
revenu Y à chaque niveau de production. Ce niveau impôt peut-être représenté par un
déplacement vers la droite de la fonction de consommation de T unités monétaires. Ce

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déplacement apparait ainsi comme un déplacement vers le bas. Si la Pmc est toujours de ,

le déplacement vers le bas sera de × .

Quand les impôts augmentent I et G ne varient pas le revenu disponible Yd baisse ce qui fait
déplacer vers le bas la courbe de consommation CC. La courbe C+I+G devra donc se déplacer
vers le bas aussi. La nouvelle intersection avec la droite de 45° correspond donc à un niveau
d’équilibre inférieur du PIB. L’investissement, les impôts, les dépenses publiques représentent
les flux de dépense autonome qui interagissent avec la dépense de consommation pour
déterminer le niveau d’équilibre de la production nationale.

II.2. Les multiplicateurs de la politique budgétaire


La théorie keynésienne de la détermination du revenu national permet de définir deux
situations biens contrastées : l’écart inflationniste et l’écart déflationniste. Dans les deux cas
l’Etat doit intervenir en régulant la conjoncture de la demande globale par une politique
budgétaire appropriée.
Dans la logique keynésienne de la demande effective, il n’existe aucun mécanisme
économique qui garantie que le revenu d’équilibre soit en même temps le revenu de plein
emploi. Si l’investissement privé est faible, le revenu d’équilibre engendre un chômage
important et un gaspillage de ressources nationales.
Supposons que l’équilibre spontané de l’économie noté Y correspond à Y = 1500 et qu’il soit
assez éloigné du niveau de revenu de plein emploi YPE = 1900. Pour ce revenu de plein
emploi, le total des dépenses projeté soit de 1820. La production globale serait alors
supérieure à la demande globale. Ce déséquilibre est d’un montant égale à 1900 – 1820 = 80.
Cet écart de 80 est appelé écart déflationniste.

C, I

1900
C+ I

1820

45°

YE = 1500 YPE = 1900 Y

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Il représente la quantité qu’il faudrait ajouter à la demande globale pour obtenir le plein
emploi. Un écart déflationniste est donc l’écart qui sépare le PIB potentiel et le niveau
d’équilibre du PIB réel dans le cas où ce dernier est inférieur au premier. L’offre globale étant
supérieure à la demande globale (C+I), les prix devront baisser ; ce qui décourage les
entrepreneurs. La production va donc baisser et le chômage s’accentuera.

L’économie peut aussi se trouver en présence d’une situation d’écart inflationniste.


Supposons pour cela que la demande globale (C+I) détermine un revenu national YE. Ce
niveau de revenu YE est purement virtuel parce que par nature la production et le revenu réel
ne peuvent être supérieurs au revenu de plein emploi des facteurs de production. Il apparait
donc un écart inflationniste matérialisé par la distance GP qui représente la différence entre
les dépenses projetées et l’offre maximale disponible. Un écart inflationniste est donc l’écart
qui sépare le PIB potentiel et le niveau d’équilibre du PIB réel dans le cas où ce dernier est
supérieur au premier. L’offre globale étant inférieure à la demande globale (C+I), les prix
devront augmenter ; ce qui encourage les entreprises à produire davantage et à créer de
nouveaux emplois (baisse du chômage).

C, I

C+ I

45°
YPE YE Y

Dans la logique keynésienne les mesures fiscales et les dépenses publiques peuvent
modifier le niveau d’équilibre du revenu national. En effet, dans le processus du
multiplicateur d’investissement l’essentiel n’est pas de réaliser un investissement privé mais
qu’il y ait une dépense, une augmentation de la demande et une distribution du revenu. Les
dépenses publiques ont aussi un effet multiplicateur identique à celui des investissements
privés. La hausse des dépenses publiques constitue un moyen privilégié pour combler un écart
déflationniste et symétriquement les coupes dans les dépenses budgétaires réduisent plus que
proportionnellement un écart inflationniste. En ce qui concerne les prélèvements, il est

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commode de construire une fonction d’impôt sous la forme = + , avec T0 = impôt


autonome, tY= impôt induit, t = taux d’imposition. Ces impôts diminuent le revenu disponible
des ménages ce qui les oblige à comprimer leurs dépenses de consommation. La propension à
consommer des ménages ne dépend plus alors des revenus distribués par les entreprises mais
du revenu disponible = − . La fonction de consommation keynésienne devient alors :
= + = + − = + − − = + 1− +
Inversement les allègements fiscaux peuvent contribuer à relancer l’économie.
La régulation budgétaire conjoncturelle n’est pas la seule intervention ponctuelle de l’Etat. Il
doit également s’impliquer dans la vie économique par exemple concernant l’investissement,
l’Etat doit poursuivre une politique expansive par des taux d’intérêts faible et par la mise en
place d’une planification indicative.
Le multiplicateur des dépenses publiques
Le multiplicateur de la dépense est l’accroissement du revenu résultant d’une augmentation
d’une unité des dépenses de biens et services. L’effet final sur le revenu d’une unité
supplémentaire de G est le même que celui d’unité supplémentaire de I.
∆ 1
= = = "
∆! 1 −
Le multiplicateur fiscal
Les impôts exercent aussi une influence sur l’équilibre de Y bien que la valeur du
multiplicateur soit plus petite que celle de la dépense.
∆ −
# = =
∆ 1−
Le revenu varie en sens opposé à la variation du prélèvement : une baisse des impôts entraine
une augmentation du niveau de revenu ; une augmentation des impôts entraine une baisse du
niveau de revenu. On observe que la valeur absolue du multiplicateur fiscal kF est supérieure à
1:| #| = . Toutefois, elle est inférieure au multiplicateur de dépenses publiques (puisque

c est inférieur à 1) et à celle du multiplicateur d’investissement. On a donc : | #| <| |

Le multiplicateur du budget équilibré


Une augmentation égale et simultanée des dépenses et des impôts autonomes se traduit par un
accroissement ∆Y du revenu. Le multiplicateur auquel cela donne lieu est appelé
multiplicateur du budget équilibré et est égal à la somme des multiplicateurs des dépenses
publiques et des impôts. Il est connu sous le nom de théorème de HAAVELMO.
&' = + #

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Le multiplicateur des transferts


Le cadre d’analyse précédent est maintenu mais, cette fois, on étudie l’incidence d’une
augmentation autonome des transferts en direction des ménages : ∆R0. On a alors le revenu
disponible pour la consommation qui devient : = − + (, avec ( = ( − )
∆ = ∆( ⁄1 −

+ = =
∆( 1 −
En conclusion on a la hiérarchie suivante : | # | = | + | < | | = | "|

Les freins au jeu du multiplicateur


Pour que le multiplicateur puisse jouer il faut qu’on soit dans une situation de sous-emploi
généralisé ce qui signifie qu’il existe dans l’économie des capacités de production inutilisées.
Dans le cas où cette condition ne serait pas remplie le multiplicateur de revenu risque de se
transformer en un multiplicateur de prix. Aussi une partie de la demande supplémentaire
risque de se porter sur les biens d’équipement et de consommation étrangers. L’impact du
multiplicateur est alors limité par une fuite partielle de la dépense des entreprises. La valeur
du multiplicateur sera d’autant faible que le degré d’ouverture au commerce extérieur est
élevé. En d’autres termes, un pays qui importe beaucoup verra son multiplicateur s’affaiblir.
Ce multiplicateur peut même devenir inférieur à 1, c’est le cas des petits pays comme le
Burkina Faso, la Belgique. Enfin, du point de vue pratique, le multiplicateur ou le processus
de multiplication n’est pas un miracle. Pour que le revenu national augmente effectivement, il
est important que le supplément d’investissement soit reconduit à chaque période.

Conclusion
L’étude de l’équilibre du marché des biens en situation de sous-emploi montre que le revenu
global peut rester durablement à un niveau inférieur à son niveau de plein emploi. Une
augmentation des dépenses publiques peut alors augmenter la demande donc la production.
L’effet de cette augmentation sera amplifié par le mécanisme du multiplicateur. Le théorème
de Haavelmo montre de plus que la politique budgétaire reste efficace, même quand le budget
est équilibré.

Pourtant toutes ces conclusions sont fragiles parce qu’elles ne reposent que sur un
raisonnement d’équilibre partiel. D’autres marchés importants sont négligés alors qu’ils
pourraient être affectés par la politique budgétaire et affecter en retour le marché des biens.
Nous avons par exemple vu que l’investissement dépendait du taux d’intérêt. Or le taux
d’intérêt est déterminé sur les marchés financiers.
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CHAPITRE V : LE MODELE KEYNESIEN EN ECONOMIE FERMEE : LE


MODELE IS-LM OU MODELE H-H

Introduction
Le modèle keynésien à prix fixe et en économie fermée est très connu sous le nom de modèle
IS-LM. Le modèle IS-LM a été proposé en 1937 par John Hicks (Prix Nobel 1972). Ce
dernier l’a construit pour formaliser ce qu’il considérait être le principal apport de Keynes,
c’est-à-dire l’analyse de l’interdépendance des marchés des biens et de la monnaie. Il a été
développé par la suite par Alvin Hansen. C’est pourquoi on parle aussi du diagramme de
Hicks et Hansen. En effet, Hicks et Hansen se donne pour objectifs d’expliquer
schématiquement la pensée keynésienne. Mais ils se placent dans un cadre sensé permettre de
comparer la théorie générale de Keynes et celle des classiques d’où le qualificatif classico
keynésien donné à la démarche de Hicks et de Hansen. Pour être précis, HH ont voulu
démontrer que la théorie keynésienne est un cas particulier de la théorie classique. Les
néokeynésien tenteront de prouver le contraire.

I. La détermination de l’équilibre macroéconomique dans le modèle IS-LM


Le modèle IS-LM est construit pour décrire l’interdépendance entre le marché des biens et
celui de la monnaie. Il est donc constitué de deux blocs principaux : la courbe IS qui décrit
l’équilibre sur le marché des biens et la courbe LM qui décrit l’équilibre sur le marché de la
monnaie. L’équilibre du marché des titres est supposé résulter automatiquement de l’équilibre
réalisé sur ces deux marchés déterminés. Plus précisément l’équilibre du marché des titres est
symétrique de celui du marché de la monnaie. Ce qui explique d’ailleurs chez Keynes la
relation entre la demande de monnaie et le taux d’intérêt.

Par contre l’équilibre du marché du travail est conditionné par l’équilibre macroéconomique
déterminé sur le marché des biens et services et de la monnaie. On peut donc avoir à faire à un
équilibre de sous emploi et par conséquent à un chômage involontaire. C’est en cela que
réside la révolution de la pensée keynésienne. Chez Keynes le niveau de l’emploi est
d’emblée fonction de la demande effective c’est-à- du niveau de la demande qu’anticipent les
entreprises. C’est pour cela que la résorption du chômage passe par l’élévation du niveau de
cette demande anticipée qui est la variable stratégique des entreprises en fonction de laquelle
celles-ci fixent leur niveau d’activité. Par conséquent il ya chômage quand les affaires vont
mal. Pour améliorer les perspectives et activités aux yeux des entreprises, il revient à l’Etat de

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mener des politiques de relance de la demande d’où le fait que l’on assimile souvent le
keynésianisme à l’intervention, à la politique de la relance et à la politique de la demande.

I.1. L’équilibre sur le marché des biens et services : la courbe IS


La courbe IS représente l’équilibre sur le marché des biens. Elle est le lieu géométrique des
points représentent les différents couples de valeur (Y, i) pour lesquels on a l’égalité entre
l’épargne et l’investissement, d’où son nom IS (I et S sont en effet les initiales de «
investment » et « savings »). On pourrait également l’obtenir à partir de l’égalité entre la
demande et la production de biens.

A. La construction de la courbe IS

Pour construire la courbe IS on se sert des quatre schémas suivants :

Les schémas A et C présentent les deux fonctions de comportement qui sont à la base de la
construction de la courbe IS. On a respectivement la représentation de la fonction
d’investissement et la fonction d’épargne. Le schéma B est un graphique de passage pour
traduire l’égalité d’équilibre entre I et S. c’est dans le quadrant D que se construit la courbe
IS. Pour cela il suffit de prendre 2 valeurs différentes de Y sur le schéma C et de passer d’un
schéma à l’autre dans l’ordre des aiguilles d’une montre pour arriver à déterminer le taux

56
Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

d’intérêt i, qui pour la valeur choisie de Y crée l’égalité entre I et S. En supposant que la
relation IS que l’on cherche est une droite on obtient donc deux points qui suffisent pour la
déterminer.

B. Détermination algébrique de la fonction IS


Soient les relations suivantes :
= + +!
= + , = + , ( = ( − ) , = − ,- ! = !
= + − − −) +( − ,- + +!
+ + ( + +! ,-
= − ⟺ = − -/
1− + + ) 1− + + )

0
Il s’agit de l’équation d’une droite de pente
1 21 3

C. Les caractéristiques de la courbe IS


IS est une droite décroissante. Cela signifie que pour maintenir l’égalité entre I et S
quand l’une des deux variables Y ou i, il faut que l’autre évolue en sens contraire. Supposons
en effet que Y augmente, alors S devrait augmenter aussi et pour que I lui reste égal il faut
que celui-ci augmente et pour que cela se produise, il faut que i baisse. Par conséquent quand
Y augmente, i doit baisser pour qu’on ait I=S.
Sur une courbe IS, il y a égalité entre offre et demande globale des biens et services.
A droite de IS il y a excès d’offre et à gauche il y a excès de demande.
La pente de IS dépend à la fois de la propension marginale à épargner et de l’élasticité
de l’investissement au taux d’intérêt. Quand la pente de IS est forte cela signifie que
l’élasticité de l’investissement par rapport au taux d’intérêt est importante et vice versa. Si IS
est verticale cela signifie que l’investissement est totalement indépendant du taux d’intérêt.
Les déplacements de IS peuvent avoir plusieurs causes :
• la modification des fonctions d’épargne et d’investissement ;
• la modification de la politique gouvernementale en matière de dépenses publiques
et/ou d’impôt.
Un accroissement des dépenses publiques ou une baisse des impôts pousse IS à droite et
inversement. De manière générale, toute variation autonome de la demande globale est source
de déplacement de IS.

57
Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

I.2. Equilibre sur le marché de la monnaie


La courbe LM représente l’équilibre sur le marché de la monnaie. On peut l’obtenir à partir de
l’égalité entre la demande de liquidité et l’offre de monnaie. Les initiales LM signifient
justement « Liquidity » et « Money ». Sur le marché de la monnaie, l’équilibre est réalisé
quand l’offre de monnaie M0 est égale à la demande de monnaie Md.

A. Les relations macroéconomiques de base

L’offre et la demande de monnaie


Dans la mesure où on raisonne en courte période, l’offre de monnaie M0 peut être supposée
constante (exogène). Dans la théorie générale, Keynes considère également l’hypothèse
d’exogenéité de l’offre de monnaie. Quand à la demande, elle constitue un point de
divergence sérieux entre keynésiens et classiques et cela de deux manières au moins :
• alors que pour les classiques la monnaie n’est qu’un instrument facilitant les échanges
et ne peut donc être désirée pour elle-même, pour Keynes elle permet d’apaiser l’inquiétude et
l’incertitude des agents et peut donc être désirée pour elle-même ;
• pour les classiques la monnaie ne joue aucun rôle important dans la réalisation de
l’équilibre global. Chez Keynes par contre la monnaie occupe une place d’autant plus
considérable qu’elle peut être cause de déséquilibre au travers des phénomènes de
thésaurisation et de déthésaurisation. Chez Keynes la demande de monnaie s’explique par la
préférence pour la liquidité. Cette préférence pour la liquidité qu’ont les agents s’explique
elle-même par le désir qu’ils ont de faire face à l’incertitude qui caractérise leurs
environnements. La préférence pour la liquidité est définie par Keynes comme « une virtualité
ou tendance fonctionnelle qui fixe la quantité de monnaie que le public conserve lorsque le
taux d’intérêt est donné de sorte que si i est le taux d’intérêt, M la quantité de monnaie et L la
fonction de préférence pour la liquidité, on a M= L(i). c’est par cette voie et de cette manière
que la quantité de monnaie pénètre dans le circuit économique. ». Le taux d’intérêt est donc le
prix de la renonciation à la liquidité.

De manière générale les agents économiques ont une préférence pour la liquidité qui
s’explique par trois motifs qui sont : le motif de transaction, le motif de précaution et le motif
de spéculation.
1. Le motif de transaction. Keynes ne se distingue pas des classiques en considérant que
les agents détiennent de la monnaie parce qu’ils doivent en utiliser pour leurs transactions. Ce
motif de détention de la monnaie s’impose à la fois aux ménages et aux entreprises. Keynes

58
Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

parle du motif de revenu pour les premiers et du motif d’entreprise pour les secondes. Ces
deux demandes de liquidité s’additionnent pour former la demande de monnaie à des fins de
transaction. Comme le nombre de transactions augmente avec le volume de production, la
demande de monnaie à des fins de transaction sera une fonction croissante du revenu.
2. Le motif de précaution. Ce motif de détention de monnaie apparaît dès qu’on tient
compte de l’incertitude dans laquelle se tient l’activité économique. Le motif de précaution
fait apparaître une nouvelle variable susceptible d’affecter la demande de monnaie. Il s’agit
du taux d’intérêt nominal.
3. Le motif de spéculation. La spéculation consiste à acheter un actif pour le revendre en
espérant réaliser une plus-value. Un spéculateur cherche donc à acheter des titres au prix le
plus faible pour les revendre au prix le plus élevé. La grande innovation qu’apporte Keynes à
l’analyse de la demande de monnaie est de montrer que la spéculation sur le marché des titres
implique un motif supplémentaire de détenir de la monnaie. Ce motif de spéculation amène à
préciser la relation entre la demande de monnaie et le taux d’intérêt. Pour cela, il faut d’abord
comprendre qu’il existe une relation précise entre le prix des titres et le taux d’intérêt courant.
Elle a été représentée de façon relativement simple par James Tobin. Tout agent économique
disposant d’une quantité de monnaie spéculative Q se fixe un taux critique ie au dessus du
quel il est prêt à passer ses liquidités. Si i > ie il détiendra tous ses avoirs en titres et si i < ie, il
préférera détenir tous ses avoirs en monnaie. Si i = ie, il sera indifférent à la forme de
détention de ses avoirs.

La fonction de demande de monnaie


La demande totale de liquidité est la somme de la demande de monnaie à des fins de
transaction, de la demande de monnaie de précaution et de la demande de monnaie de
spéculation. La première est proportionnelle au revenu nominal, les deux autres diminuent
lorsque le taux d’intérêt augmente. Une façon simple de tenir compte de tous les déterminants
de la demande de monnaie est la suivante :
4 =5 67 42 =
Avec t = part du revenu que les agents économiques désirent conserver pour satisfaire leur
besoin de transaction et de précaution.
Les encaisses pour motif de spéculation sont exprimées par la relation :
48 = 58 - 67 4 = 5 − -5

59
Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

Avec I0 = quantité de monnaie que les agents économiques souhaitent garder pour maintenir
leur richesse et iL = demande de monnaie proprement spéculative et qui dépend du taux
d’intérêt.
Au total on peut exprimer les fonctions de préférence pour la liquidité par
5=5 + 58 - = + 5 − -5
A partir de ces relations on peut construire la fonction de demande de monnaie
graphiquement :

Dans le cadran A est représenté la demande de monnaie pour motif de précaution et de


transaction qui est fonction du revenu. Ces deux demandes n’étant pas directement liées au
taux d’intérêt, on peut le représenter par une droite verticale parallèle à l’axe des ordonnées.
Dans le cadran B, nous avons la demande de monnaie pour motif de spéculation. Dans sa
partie supérieure la courbe est oblique et montre que la courbe est une fonction décroissante
du taux d’intérêt et pour au taux d’intérêt i égal à ie les agents économiques préfèrent détenir
de la monnaie liquide. La préférence pour la monnaie devient alors infinie. Dans le cadran C,
nous avons la fonction globale de demande de monnaie. Pour les valeurs de taux d’intérêt
supérieures à ie plutôt que détenir de la monnaie, les spéculateurs vont transformer tous leurs
avoirs en titres. Dans la partie horizontale correspondant à la trappe à liquidité, les agents ne
demandent pas de monnaie pour spéculer ni pour effectuer des transactions et tout toute
augmentation de la quantité de monnaie sera destinée à la constitution d’encaisses oisives.

B. L’équilibre sur le marché de la monnaie : la courbe LM


On appelle courbe LM le lieu géométrique des points représentant les différents couples de
valeurs (Y, i) pour lesquels on a l’égalité entre demande et offre de monnaie (L=M).

60
Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

La construction de la courbe LM
La relation entre la demande de monnaie et le taux d’intérêt était non linéaire. Plus
précisément, la demande devient infiniment sensible au taux d’intérêt lorsque le taux d’intérêt
est très faible à cause de la trappe à liquidité. Elle y devient insensible lorsque le taux d’intérêt
est très élevé car il ne subsiste plus que la demande de monnaie de transaction. D’après la
relation que nous venons d’analyser entre la pente de la courbe LM et la sensibilité au taux
d’intérêt de la demande de monnaie, cela implique que la pente de la courbe LM ne sera pas
constante.

La demande d’encaisses monétaire La courbe Liquidity money (LM)

On voit que la demande passe par trois phases. Lorsque le taux d’intérêt est très faible, on
assiste à une situation de trappe à liquidité. La demande de monnaie est alors infiniment
élastique au taux d’intérêt et le taux d’intérêt atteint une valeur plancher i. Cette situation est
qualifiée de trappe à liquidité parce que les spéculateurs absorbent toute la liquidité qui est
mise sur le marché.

Lorsque le taux d’intérêt est très élevé, la demande de monnaie à des fins de spéculation et la
demande de monnaie de précaution sont presque nulles. La demande de monnaie se résume
alors à la demande de monnaie à des fins de transaction, qui ne dépend que du revenu.
L’élasticité de la demande de monnaie au taux d’intérêt est alors nulle.

Entre ces deux situations, la demande de monnaie est une fonction décroissante du taux
d’intérêt. On peut parler du cas standard.

61
Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

Détermination algébrique de la fonction LM

4 = 4 ⟺ 4 = + 5 − -5

4 −5 -5
= +

9
Y est l’équation d’une droite croissante de pente .
2

Les caractéristiques de la courbe LM


• La courbe (LM) est croissante : Dans beaucoup d’applications on ne tient pas compte
des deux cas particuliers de la trappe monétaire et de la fuite devant la monnaie représentées
par les deux extrémités de la courbe. L’expression de (LM) est alors directement celle d’une
droite qui correspond à la courbe intermédiaire de la courbe LM sur le graphique précédent.
• Le fait que la courbe (LM) soit croissante signifie que pour maintenir l’égalité entre L
(demande de monnaie) et M (offre de monnaie) quand l’une des deux variables Y ou i varie il
faut que l’autre varie dans le même sens. En effet si Y augmente, L1 devrait augmenter aussi
et comme M0 est constante il faut que L2 diminue et pour que cela se produise il faut i
augmente. Par conséquent quand Y augmente il faut que i augmente pour avoir l’égalité L =
M.
• Quand on est sur LM il y a par définition l’égalité entre offre et demande de monnaie.
A droite de LM il y a excès de demande de monnaie et à gauche il y a excès d’offre de
monnaie.
• Les déplacements de LM peuvent avoir plusieurs origines :
→ La modification de la fonction de demande d’encaisses de transaction. Ce qui
se répercute sur la vitesse de la circulation de la monnaie et de la demande d’encaisse de
spéculation si les prévisions des agents changent concernant les rendements attendus
des placements futurs.
→ La modification de la politique monétaire par variation de l’offre de monnaie :
un accroissement de la masse monétaire pousse LM vers la droite (et inversement). Ce
qui crée une détente sur le marché de la monnaie et par conséquent une baisse du taux
d’intérêt « ceteris Paribus ».

NB : Traditionnellement, on note i le taux d’intérêt nominal et r le taux d’intérêt réel. Le taux


d’intérêt nominal mesure le nombre d’unités monétaires reçues en intérêt pour un prêt initial
d’un FCFA. Le taux d’intérêt réel corrige l’impact de l’inflation.

62
Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

II. Equilibre global : le schéma IS-LM


Après avoir étudié différemment les différents marchés, il est nécessaire de déterminer à
présent l’équilibre conjoint des deux marchés. C’est ce qu’on appelle l’équilibre global de
l’économie. De plus, l’étude des équilibres nous a montré qu’il existe une infinité de points
d’équilibre donc une infinité de couple (Y, i) qui assure l’équilibre sur le marché des biens et
services et de la monnaie. Lorsqu’on associe les deux marchés dans une représentation unique
on peut observer que l’équilibre simultané sur les deux marchés est réalisé pour un couple
unique (Y, i) correspondant à l’équilibre général de l’économie qui est caractérisé par l’égalité
IS = LM.

II.1. La représentation de l’équilibre


L’équilibre global résulte de la conjonction des équilibres sur les deux marchés déterminants :
celui des biens et services et celui de la monnaie. La représentation graphique de l’équilibre
global (E) correspond donc à des courbes IS et LM. Pour obtenir il suffit de superposer dans
le même plan les courbes IS et LM.

63
Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

La figure ci-dessus obtenue n’est rien d’autre que le « diagramme Hicks-Hansen ». On peut
représenter arithmétiquement cet équilibre par IS = LM.

Le niveau d’équilibre E caractérise une situation correspond à une fonction de consommation,


à une efficacité marginale de capital (EMC), à une préférence pour la liquidité et à une
quantité de monnaie qui reflète une situation donnée dans l’économie. Ye est le produit ou
revenu national d’équilibre macroéconomique. ie est le niveau du taux d’intérêt
correspondant. Le graphique montre 4 zones de déséquilibres.
→ dans la zone 1 : S > I et L > M il y a excès d’offre sur le marché des biens et services
et excès de demande de monnaie sur le marché de la monnaie ;
→ dans la zone 2 : S > I et M > L, il y a excès d’offre sur le marché des biens et services
et excès d’offre de monnaie sur le marché de la monnaie ;
→ dans la zone 3 : I > S et M > L, il y a excès de demande sur le marché des biens et
services et excès d’offre de monnaie sur le marché de la monnaie ;
→ dans la zone 4 : I > S et L> M il excès de demande sur le marché des biens et services
et excès de demande de monnaie sur le marché de la monnaie.

II.2. Détermination algébrique de l’équilibre global


Algébriquement, l’équilibre s’obtient par la résolution du système de deux équations (IS et
LM) a deux inconnues (Y, i).
+ − -, 4 + -5 − 5
:;: = =>: =
1−
+ − -, 4 + -5 − 5
:; = => ⟺ =
1−
@ − A >B − =B − C :B + DB
?=
A= − = − EC

II.3. Le déplacement de l’équilibre


On peut raisonner sur le déplacement de l’équilibre en considérant séparément chacune des
courbes et en imaginant toutes les combinaisons possibles. Imaginons tout d’abord les
facteurs qui peuvent amener la courbe IS à se déplacer et donc le point d’équilibre. Il peut
s’agir d’une variation autonome de la consommation, d’une variation de l’investissement
autonome, d’une augmentation ou d’une baisse des dépenses publiques.

64
Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

L’effet de ces diverses variations sur le taux d’intérêt et/ou le revenu va dépendre de l’endroit
ou IS coupe LM. On peut distinguer 3 zones d’intérêt possibles correspondant à des
phénomènes différents :
→ dans la zone [a, b] lorsque IS1, se déplace vers IS1’ on constate que le niveau du taux
d’intérêt reste inchangé pendant que le niveau du revenu augmente de Y1 à Y’1. On peut ainsi
noter le principe du multiplicateur a pleinement joué dans cette zone.
→ dans la zone [b, c] lorsque IS2 se déplace vers IS2’ cela se traduit à la fois par
l’accroissement du taux d’intérêt qui passe de i2 à i2’ et l’augmentation du niveau de revenu.
On remarque aussi que (Y2’- Y2) < (Y1’–Y1). Cela tient au fait que la hausse du taux
d’intérêt incite les agents économiques à faire des placements sur le marché financier plutôt
qu’à investir ou consommer.
→ dans la zone [c, d] le déplacement de IS se traduit par l’élévation du taux d’intérêt et le
niveau du revenu reste inchangé (Y3 ≈ Y’3) car LM est presque verticale. La forte hausse du
taux d’intérêt fait que les agents économiques sont incités à faire le placement sur les marchés
financiers.

En examinant la situation lorsque le déplacement concerne plutôt LM la structure du nouvel


équilibre va dépendre de la zone LM qui est coupée par IS. Dans la zone [a, b] et [b’, c’]
l’augmentation de la liquidité à double effet. Elle se traduit par l’accroissement des encaisses
des agents qui vont répartir ce surcroit de liquidités entre spéculation et transaction. D’une
part la demande supplémentaire de titres va provoquer une hausse de leur cout et donc une
baisse du taux d’intérêt. D’autre part, l’augmentation des encaisses de transaction va favoriser
65
Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

l’accroissement de la consommation et de l’investissement. Ce dernier sera en outre stimulé


par la baisse du taux d’intérêt.
Dans la zone [c, d] et [c’, d’] on assiste à un phénomène de même type que le précédent mais
dans des proportions amplifiées. La baisse du taux d’intérêt étant forte, elle favorisera
d’autant plus l’investissement dont l’accroissement sera traduit par une hausse du revenu.

III. Les politiques économiques dans le modèle IS-LM

Dans la logique keynésienne l’équilibre macroéconomique peut-être un équilibre de sous


emploi et le chômage involontaire est dû à une insuffisance de la demande à niveau d’activité
trop faible (Ye < Ype). Pour lutter contre le chômage et instaurer le plein emploi, il convient
par conséquent de faire en sorte qu’il soit généré dans le circuit économique un accroissement
du revenu ∆Y = Ype - Ye. Pour qu’il en soit ainsi graphiquement parlant il faut que le point
d’intersection entre les courbes IS et LM soit à la verticale du point correspondant à Ye. Deux
solutions sont alors possibles :
Soit l’Etat mène une politique qui a graphiquement pour conséquence de déplacer IS
vers la droite ;
Soit il mène une politique qui a graphiquement pour conséquence de déplacer LM vers
la droite.

66
Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

i
LM
LM’

ipe
ie

IS’

IS
Ye Ype Y

III.1. La politique budgétaire


La politique budgétaire est la politique qui a graphiquement pour conséquence de déplacer IS
vers la droite (politique expansive ou expansionniste) ou vers la gauche (politique restrictive).
En effet, la courbe IS représentant l’équilibre sur le marché des biens et services, son
déplacement vers la droite traduit une injection supplémentaire sur ce marché par
l’intermédiaire d’une hausse de dépenses gouvernementales. Ces dépenses vont engendrer une
augmentation du niveau d’activité par l’effet de la relance qu’elles ont sur la demande faite
aux entreprises : soit directement par les commandes de l’Etat soit indirectement par
l’augmentation des revenus des ménages.

A. Politique budgétaire d’effet d’éviction


Deux types de politiques budgétaires est à distinguer : la politique de dépense publique et la
politique fiscale. En observant le schéma précédent, on remarque que la politique budgétaire à
deux effets contradictoires. Un effet positif et voulu d’augmentation du niveau d’activité et u
n effet négatif et pervers de hausse du taux d’intérêt. Cette hausse du taux d’intérêt a en effet
pour conséquence ce que l’on appelle effet d’éviction (éviction des dépenses privées par les
dépenses publiques). La politique budgétaire est d’autant plus efficace que l’effet d’éviction
est faible, autrement dit que l’investissement est peu sensible au taux d’intérêt.

B. Le financement de la politique budgétaire


Il y a trois solutions au financement d’un surcroit de dépenses publiques : l’augmentation des
recettes publiques par un alourdissement de la pression fiscale, l’emprunt d’Etat, la création
monétaire.

67
Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

La hausse des impôts est la seule des 3 solutions à ne pas transformer l’augmentation
des dépenses publiques en déficit budgétaire. Mais elle présente a priori le défaut de
contredire l’effet recherché avec l’augmentation des dépenses publiques ; car elle entraine la
réduction du revenu des agents.
Le financement de dépenses publiques par emprunt pose la question de la dette
publique et de sa soutenabilité. Tout dépend de la relation entre le taux d’intérêt et le taux de
croissance de l’économie. La dette publique n’est soutenable que lorsque le premier est
inferieur au second.
Le financement des dépenses publiques par la voix monétaire (planche à billets)
consiste graphiquement à déplacer non seulement IS mais également LM. On a donc ici une
politique économique de type mixte (policy mix).

III.2. La politique monétaire


La politique monétaire consiste à manipuler l’offre de monnaie dans l’espoir d’affecter le
revenu. Elle peut tout aussi bien consister dans une expansion de la masse monétaire
(politique monétaire expansionniste) que dans une contraction de la masse monétaire
(politique monétaire restrictive). Dans cette section nous allons nous intéresser aux effets
d’une politique monétaire expansionniste. Les effets d’une politique monétaire restrictive
pourront s’obtenir par symétrie.

La politique monétaire expansionniste consiste à augmenter l’offre de monnaie dans l’espoir


de faire baisser les taux d’intérêt et de relancer l’activité. Elle a graphiquement pour
conséquence de déplacer LM vers la droite (politique expansive). En effet, la courbe LM
représente l’équilibre sur le marché de la monnaie, son déplacement vers la droite traduit une
injection supplémentaire sur ce marché, autrement dit une augmentation de la masse
monétaire en circulation. Cette injection de monnaie supplémentaire qui techniquement se fait
par la politique d’« Open Market » à un effet sur l’activité nécessairement indirecte.
L’augmentation de la masse monétaire pousse à la baisse du taux d’intérêt ce qui peut susciter
une relance de la demande. Le taux d’intérêt est le mécanisme de transition de la politique
monétaire sur l’activité réelle.

Le graphique montre qu’une politique monétaire expansionniste provoque à la fois une


diminution du taux d’intérêt (i1 < i0) et une augmentation du revenu (Y1 > Y0). L’augmentation
de la masse monétaire crée une offre excédentaire de monnaie qui provoque une diminution
du taux d’intérêt.

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Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

L’effet de la politique est alors transmis au marché des biens (flèche noire) par
l’investissement. La demande globale augmente, ce qui incite les entreprises à produire
davantage. Le revenu augmente, ce qui relance la consommation et enclenche un effet
multiplicateur. C’est donc le taux d’intérêt qui constitue le canal de transmission entre la
sphère monétaire et la sphère réelle. Il s’agit à présent de déterminer ce qui affecte l’efficacité
de ce canal.

L’efficacité de la politique est fonction des élasticités de l’investissement et de la demande de


monnaie par rapport au taux d’intérêt. Plus la première est grande et plus la seconde est faible
et plus la politique monétaire est efficace. Pour visualiser ce résultat, comparons deux pays
qui partent de la même situation, avec la même courbe LM, et qui mettent en œuvre la même
politique monétaire expansionniste. Supposons que la courbe IS du pays B est moins raide
que celle du pays A. Nous savons que cela peut être dû soit au fait que l’investissement est
plus sensible au taux d’intérêt et où que la propension marginale à consommer est plus élevée
dans le pays B que dans le pays A.

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Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

On peut donc conclure que la politique monétaire est d’autant plus efficace que
l’investissement est sensible au taux d’intérêt et la propension marginale à consommer élevée.
Cependant, si on veut déterminer les conditions d’efficacité de la politique monétaire de façon
exhaustive, on doit tenir compte d’une situation particulière que nous avons déjà évoquée : la
trappe à liquidité

III.3. Les politiques pures et mixtes


Les politiques budgétaires et monétaires répondent aux mêmes soucis. Avoir un effet
expansionniste sur l’activité et leur revenu. Mais l’efficacité est en faite complémentaire
puisque les effets de l’une sont importants quand ceux de l’autre sont contrariés et
inversement. Cela s’explique essentiellement par l’influence dissymétrique qu’elle exerce sur
le taux d’intérêt. Alors que l’accroissement de la masse monétaire amène le taux d’intérêt a
baissé, l’augmentation des dépenses publiques le pousse à la hausse. C’est en fonction de
cette différence et de ses conséquences sur la structure du revenu d’équilibre que les pouvoirs
publics déterminent leur choix de mener une politique budgétaire ou monétaire pure ou une
politique mixte combinant les deux (policy-mix). Nous allons voir le policy-mix, le dosage des
deux politiques, peut tout autant se renforcer que se neutraliser. Pour ce faire, nous allons
nous concentrer sur le cas standard et n’étudier que deux configurations. Dans la première
(A), la politique budgétaire est expansionniste mais la politique monétaire est restrictive. Dans
la seconde (B), la politique budgétaire est toujours expansionniste, mais elle est accompagnée
d’une politique monétaire expansionniste.

Le graphique A montre que la politique monétaire accentue l’effet d’éviction. Le taux


d’intérêt augmente encore plus et le revenu encore moins qu’en présence d’une politique
monétaire neutre. Dans le cas qui est représenté, la politique monétaire contrecarre
exactement la politique budgétaire, si bien que le revenu reste constant. Dans tous les cas, un
tel policy-mix est incohérent. Il n’a en effet aucun impact sur le revenu mais implique une
augmentation inutile des dépenses et du taux d’intérêt.

Le graphique B montre que dans ces conditions que ces deux effets se complètent et résultent
en une augmentation du revenu, accompagnée d’une hausse limitée du taux d’intérêt. La
politique monétaire stabilise exactement le taux d’intérêt, l’effet d’éviction est ainsi évité et
l’augmentation du revenu correspond exactement à l’effet multiplicateur.

70
Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

L’étude du policy-mix permet donc de conclure que l’efficacité de la politique budgétaire


dépend de la politique monétaire mise en œuvre et vice versa.

Conclusion
Le diagramme IS-LM décrit une économie où les ajustements se font par les quantités, parce
que les prix sont rigides et qu’il existe un sous-emploi des ressources. On constate alors une
interdépendance des sphères réelle et monétaire.

Dans ce cas, les politiques monétaire et budgétaire peuvent en principe contribuer à amortir
les fluctuations conjoncturelles. Cependant, leur efficacité dépendra d’un certain nombre de
paramètres qui affectent la forme des courbes IS et LM. La question de l’instrument à utiliser
devient alors empirique : il s’agit en particulier de mesurer notamment le multiplicateur des
dépenses, la sensibilité de l’investissement au taux d’intérêt, ou encore la sensibilité de la
demande de monnaie au taux d’intérêt.

Cependant, le modèle IS-LM, même s’il permet d’obtenir certains résultats fondamentaux,
reste très incomplet. D’abord, son application est limitée aux situations de sous emploi. De
plus, il ne permet pas d’étudier l’impact des politiques économiques sur l’inflation, ne serait-
ce que parce qu’il repose sur l’hypothèse de fixité des prix, ce qui restreint son application au
court terme. Par conséquent, pour rendre cette présentation plus complète, il faut introduire
une relation d’échange avec l’extérieur et les conséquences qu’elle peut avoir sur la
détermination de l’équilibre global à l’intérieur d’un pays.

71
Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

CHAPITRE VI : LE MODELE KEYNESIEN EN ECONOMIE OUVERTE : LE


MODELE MUNDELL - FLEMING

Introduction
Jusqu’à présent, nous avons construit toutes les théories que nous avons passées en revue en
négligeant toutes les relations de l’économie avec l’extérieur. Cette hypothèse est bien sûr une
simplification, aucun pays n’ayant jamais été totalement coupé de l’extérieur. En réalité, la
seule économie réellement fermée sur elle-même est l’économie mondiale. En outre, le
développement de tout pays s’établit par de multiples échanges internationaux qui couvrent
des domaines extrêmement vastes. Ces échanges ne se limitent à des flux de marchandises
(biens et services) mais concernant aussi des activités telles que celles des banques, des
assurances et de manière générale des mouvements de capitaux. Par conséquent, une
compréhension de l’équilibre macroéconomique national exige une intégration des échanges
internationaux dans les champs d’analyse afin de construire une représentation de l’équilibre
macroéconomique dans une économie ouverte.

Le modèle de l’équilibre macroéconomique en économie ouverte le plus connu et le plus


utilisé est le modèle Mundell-Fleming2 (M-F). Ce modèle est une extension du modèle IS-LM
dans lequel, aux deux courbes fondamentales qui caractérisent l’équilibre intérieur, les auteurs
ont ajouté une courbe représentative de l’équilibre de la balance des paiements. L’influence
des échanges extérieurs sur l’équilibre macroéconomique va dépendre du régime de change.
Selon que la parité entre les monnaies est déterminée par les gouvernements (régime de
change fixe) ou selon que le coût de la monnaie varie selon le régime de change flexible (ou
flottant), les conséquences ne seront pas les mêmes sur l’économie. Grâce au modèle M-F,
l’on peut analyser les différentes situations de change et faire ressortir les contraintes qu’elles
pourraient faire poser à une économie nationale.

I. La prise en compte de l’extérieur : la balance des paiements

Il convient de distinguer la balance des paiements, document qui nous intéressera


particulièrement ici, du compte du reste du monde. Selon la comptabilité nationale, c’est un
secteur institutionnel fictif puisqu’il ne représente pas en réalité un bilan de l’ensemble des
flux d’échanges internationaux, mais qu’il retrace seulement les opérations économiques de
toute nature entre unité résidentes d’une économie nationale et les unités non-résidentes.

2
Robert A. Mundell (1961), Prix Nobel 1999 et John M. Fleming (1962)
72
Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

I.1. Structure de la balance des paiements

La balance des paiements est le compte qui retrace tous les paiements effectués entre les
agents résidents d’un pays et les non-résidents au cours d’une période donnée. Ces paiements
sont la contrepartie de flux réels ou financiers et donnent lieu à des entrées ou des sorties de
devises.

La balance de paiement repose sur le principe de la comptabilité en partie double. Toute


opération donne lieu à deux inscriptions correspondant à deux flux de sens opposé. En effet, à
toute opération entre un résident et un non-résident sont attachés un flux entrant (du non-
résident vers le résident) et un flux sortant (de sens inverse) ; l’un des deux indique la nature
de l’opération, l’autre son mode de règlement. En balance des paiements, le principe est que
tout flux entrant est comptabilisé en crédit (signe +) et tout flux sortant en débit (signe -). La
balance des paiements d’un pays est composée de trois grands comptes :
- le compte des transactions courantes qui enregistrent les exportations et importations
de marchandises et de services ;
- le compte de capital qui enregistre les transferts de capitaux et les acquisitions d’actifs
non financiers (ex. brevets) ;
- le compte financier dans lequel on enregistre les mouvements financiers donnant lieu
à investissement ainsi que la variation des réserves en devises et les engagements de
l’économie nationale

A. Le compte des transactions courantes


Il comprend plusieurs rubriques dont le solde important est celui de la balance des opérations
courantes. Dans le compte des transactions courantes, on y enregistre les importations (−) et
les exportations (+) dans la rubrique Biens. Le solde de cette rubrique est aussi appelé la
balance commerciale. La seconde rubrique Services enregistre les échanges de services. Il
s’agit par exemple des services de transport, d’assurance, de tourisme, les produits de la
recherche scientifique. La troisième rubrique enregistre les revenus du travail et du capital. Un
résident burkinabè peut par exemple détenir des actions françaises dont les dividendes seront
comptabilisés au crédit de ce compte (+) dans la balance des paiements du Burkina. Enfin, la
quatrième rubrique est consacrée aux transferts unilatéraux privés. C’est dans ce compte que
sont par exemple comptabilisés les fonds qu’un travailleur immigré en Burkina Faso pourrait
renvoyer dans son pays d’origine (+).

73
Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

Les trois dernières rubriques constituent ce qu’on appelle la balance des invisibles. Les
opérations qu’ils enregistrent sont en effet immatérielles, donc invisibles lors de leur passage
à la douane.

B. Le compte de capital
Il enregistre les transferts entre états et les transactions portant sur les brevets. C’est dans ce
compte que sont enregistrés les transferts de capitaux et les acquisitions d’actifs non
financiers. Il ne jouera qu’un rôle secondaire dans nos théories de l’économie ouverte.

C. Le compte financier
Il enregistre toutes les opérations financières, ce qui assez vaste. Une typologie utile consiste
à isoler le compte avoirs de réserves et de regrouper les quatre autres. Les quatre premiers
postes correspondent donc aux flux financiers hors avoirs de réserves. Il s’agit :
• des investissements directs : prises de contrôle d’entreprises à l’étranger,
investissement dans la création ou le développement d’une filiale ;
• des investissements de portefeuille : actions et obligations ;
• des « autres investissements » : prêts, crédits commerciaux ;
• des produits financiers dérivés : primes sur options, intérêts sur swaps.
Le compte avoirs et réserves enregistre les opérations sur les avoirs de réserve. Il s’agit là des
opérations qui portent sur les devises, l’or monétaire et tous les actifs que les banques
centrales peuvent utiliser comme réserve. Ce compte est essentiel parce qu’il nous renseigne
sur l’évolution d’une des composantes de la masse monétaire, comme nous le verrons dans le
chapitre suivant.

D. Erreurs et omissions nettes


Ce compte est probablement le plus étonnant. Il est intitulé « erreurs et omissions ». Il n’aurait
pas lieu d’exister si la comptabilité était parfaite, mais beaucoup d’opérations ne sont pas
comptabilisées dans la balance des paiements. Il existe en effet deux grandes sources
d’erreurs et d’omissions :
• la collecte des données. Certains documents peuvent être égarés, les informations
transmises par les entreprises incorrectes etc. Comme il s’agit d’enregistrer toutes les
opérations de tout un pays, cela fait beaucoup d’occasions de se tromper ;
• la fraude. Les différents trafics (drogue, armes, contrebande etc.) ne sont pas
directement enregistrés. En revanche, les mouvements de devises finissent par réapparaître
dans le circuit économique légal et être enregistrés.
74
Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

Pour respecter l’équilibre de la balance des paiements, on a créé le compte « erreurs et


omissions » dont la seule fonction est de compenser le déséquilibre des autres comptes. Il est
loin d’être négligeable quantitativement.

I.2. La construction de la balance des paiements

Le solde de la balance des paiements est toujours nul. Si l’on désigne par BP la balance des
paiements, BTC, la balance des transactions courantes et BK la balance des capitaux, on a :
FG = FHD + FI = B, JK?C FHD = −FI
Pour saisir les conséquences des échanges internationaux sur l’équilibre intérieur, il nous faut
intégrer l’équilibre de la balance des paiements au modèle IS-LM. Le niveau d’équilibre de la
BTC est fonction du revenu national de sorte que BTC = BTC (Y). Les mouvements de
capitaux sont fonction du niveau du taux d’intérêt de sorte que BK = BK (i).

BTC

BTC 2
BTC 2
A B
BTC 1
BTC 1

Y1 Y2 BK1 BK2 BK

D i2 C
i2

i1 i1

Y1 Y2 BK1 BK2 BK

75
Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

Il s’en suit donc que la BP peut s’écrire de la manière suivante : BP (Y, i) = BTC (Y) + BK (i)
= 0 soit BTC (Y) = BK (i). Cependant rien n’indique a priori que les couples (Y, i)
correspondant à l’équilibre de la BP coïncident avec les couples (Y, i) caractérisant l’équilibre
interne. La BP peut se construire à l’aide des 4 schémas précédents.

Le quadrant (A) : il représente le solde de la BTC. L’échelle des ordonnées est


croissante vers les valeurs les valeurs négatives du solde de la BTC. Cela tient au fait que le
revenu national détermine les importations du pays considéré. Plus le revenu est élevé et plus
les résidents peuvent acheter des produits à des non résidents et ce, sans pour autant que le
montant des exportations varie ;
Le quadrant (B) représente le solde de la BP pour le lequel le montant des transactions
courantes est rigoureusement égal à l’opposé du mouvement des capitaux et des devises
enregistré dans la BK. Sur la 1ère bissectrice BTC (Y) = - BK (i) ou BK (i) = - BTC (Y) ;
Le quadrant (C) indique le montant des mouvements de capitaux qui est une fonction
croissante du taux d’intérêt ;
Le quadrant (D) donne la courbe de la BP qui représente l’ensemble des couples (Y, i)
pour lesquels est réalisé l’équilibre de la BP. Etant donné que l’équilibre de la BP est défini
par les flux nets de devises sur une période donnée, les fluctuations du revenu intérieur et du
taux d’intérêt peuvent se compenser sur la période considérée. Toutefois les variations du taux
d’intérêt et du revenu même si elles se compensent dans le cas de la BP auront des
conséquences sur l’équilibre interne de l’économie. Une augmentation des capitaux se
traduira par une baisse du taux d’intérêt et une sortie de capitaux aura l’effet inverse.

La balance des paiements est ainsi par construction toujours en équilibre : le montant de la
position monétaire extérieure (variation en avoirs et réserve) est égal en valeur absolue, mais
de signe opposé, au solde de la balance globale aux erreurs et omissions près. De plus, en
économie ouverte, toute modification du cours de la monnaie va entrainer une modification
des coûts qui à leur tour modifieraient le niveau du taux d’intérêt.

II. Le taux de change

II.1. La détermination du taux de change

Pour comprendre le processus de détermination du taux de change d’une monnaie on se


placera sur un marché de change libre. Soit le graphique suivant représentant l’offre et la
demande de dollars ($) en contrepartie de l’euro (€).

76
Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

1$ = 1€ A B

T
1$ = 0,85€

C D
1$ =0,77€

60 100 130

Au taux de 1$ = 0,77€ la demande de $ est excédentaire par rapport à l’offre. L’offre s’élève à
60 et la demande est 130. Les échanges d’euros contre des dollars ne peuvent avoir lieu pour
ce niveau de taux de change. L’excédent de la demande de sur l’offre peut être résorbé par
une évaluation du taux de change. Pour un taux de 1$ = 1€ nous avons la situation inverse car
l’offre est supérieure à la demande. Le taux de change aura tendance à baisser pour résorber
l’excédent de l’offre sur la demande. Finalement, le taux de change d’équilibre se fixera au
point T où on a 1$ = 0,85€. Toute modification de l’offre ou de la demande de devises
entraine une modification du taux de change. Or toute modification du taux de change
correspond à une modification de l’équilibre de la BP. Si la BTC est déficitaire, la demande
de devises pour effectuer des règlements extérieurs sera supérieure à l’offre et la monnaie
nationale aura tendance à se déprécier (dévaluation). A l’inverse lorsque la BTC tend à être
excédentaire, la demande de monnaie nationale par les non résidents est plus importante que
la demande de devise exprimée par les nationaux et la monnaie aura tendance à s’apprécier
(réévaluation).

II.2. Régime de taux de change fixe et flexible

Le régime de change est le système par lequel la valeur de la monnaie nationale par rapport
aux autres devises est déterminée. Il existe schématiquement deux types de régimes de
change : les régimes de changes fixes et les régimes de changes flexibles.

A. Le régime de taux de change fixe

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Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

Dans un régime de taux de change fixe les autorités monétaires définissent un taux de
convertibilité de la monnaie. D’une manière générale le cours de la monnaie nationale peut
varier dans le respect des marges de fluctuation déterminées à l’avance. Dans un tel régime de
taux de change la courbe BP ne peut se déplacer dans le plan (Y, i) car les autorités ont choisi
le taux de change de la monnaie nationale et s’engagent à prendre les mesures nécessaires
pour le défendre. Ainsi, face à une situation de déficit prolongé de la BP, on procédera alors à
une dévaluation.

B. Le taux de change flexible


Dans un régime de change flexible, le cours des monnaies est déterminé librement sur le
marché des changes. En d’autres termes, les autorités laissent le cours de la monnaie fluctuer
librement en fonction de l’évolution du marché des changes. En principe sous ce régime la
Banque Centrale n’intervient pas et laisse le marché s’équilibrer librement en vertu des
principes établis par la théorie des parités des pouvoirs.

Cette théorie dit qu’un même bien ne peut être durablement vendu à un prix différent dans
deux pays. En effet si un produit coutait 3$ aux USA il devrait couter aussi 3$ dans n’importe
quel autre pays. En supposant que le taux de change entre $ et € est 1$ = 0 ,85€ ou 1€ = 1,18$.
Dans ce cas le prix du produit devrait être de 3$ aux USA et de 2,25€ dans un pays
quelconque de l’union Européenne. Si pour une raison quelconque le prix du produit passait à
3,5€ en Europe soit donc 3,5×1,18 = 4,13$ la demande de ce produit par les américains
diminuerait. Les exportations européennes seraient donc réduites et les européens auraient un
intérêt à se procurer le produit aux USA. Le résultat final serait que l’Euro se déprécierait en
proportion de l’accroissement du prix du produit. L’on peut donc dire que si le niveau général
des prix s’élève dans pays à un taux supérieur à celui des autre pays alors sa monnaie sera
dépréciée dans les mêmes proportions. Dans un régime de change flexible, toute variation de
taux de change se traduit par un déplacement de la BP dans un plan (Y, i). Une dépréciation
de la monnaie (une augmentation de taux de change) provoque un déplacement de la BP vers
le bas et à droite. La dépréciation doit favoriser les exportations et freiner par contre les
importations. A l’inverse une appréciation de la monnaie se traduira par un déplacement de la
BP vers le haut et à gauche. La conséquence d’une telle appréciation est que les produits
nationaux seront plus chers à l’étranger et les produits étrangers moins chers. On assistera à
une tendance à la baisse des exportations d’un coté et à la hausse des importations de l’autre
coté.

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Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

i BP’
BP

BP’

Y
Nous connaissons les principales caractéristiques de l’équilibre extérieur, il nous faut
maintenant examiner les relations entre les échanges avec l’extérieur et l’activité économique
interne.

III. L’équilibre macro-économique en économie ouverte


Le modèle de Mundell-Fleming est une extension du modèle IS-LM. Pour adapter le modèle
de base au cas d’une économie ouverte, il faut adapter la description du marché des biens par
la courbe IS et celle du marché de la monnaie par la courbe LM. Il faut enfin compléter le
modèle en décrivant l’équilibre sur le marché des changes (III).

Il s’agira de faire ressortir les liens qui s’établissent entre l’équilibre interne et l’équilibre
externe d’une économie.

III.1. Les nouvelles courbes IS-LM

A. La courbe IS
La définition de la courbe IS dans le modèle de Mundell-Fleming est la même que dans le
modèle IS-LM en économie fermée. Sa construction repose donc également sur l’équilibre du
marché des biens. On obtient ainsi l’équation de la courbe IS en écrivant l’égalité entre l’offre
et la demande de biens :
= + +!+ L−4
= + + − ,- + ! + L − 4 − M

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Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

@ E
N= DB + :B + PB + QB − >B − ?
@−A+O @−A+O
Le multiplicateur réel est réduit par la propension à importer. Une partie de l’effet de relance
bénéficie à la production étrangère et non à la production nationale. Le multiplicateur en
économie ouverte est une fonction croissante de la propension marginale à consommer et
décroissante de la propension marginale à importer, nous pouvons désormais affirmer que la
courbe IS sera d’autant plus plate que la propension marginale à consommer sera élevée et la
propension marginale à importer sera faible.

B. La courbe LM
Tout comme la courbe IS, la courbe LM ne subit guère de modifications entre le modèle IS-
LM et le modèle Mundell-Fleming. Sa construction repose sur l’équation d’équilibre du
marché de la monnaie. En reprenant les notations du chapitre précédent, l’égalité entre l’offre
et la demande d’encaisses réelles s’écrit :
>⁄G = = ? N
On peut cependant compléter l’équation de la courbe LM en remplaçant la masse monétaire
par ses contreparties. Elle s’écrit alors :
R + S⁄G = = ? N
La pente de la courbe LM va donc dépendre de la sensibilité de la demande de monnaie à des
fins de transaction au revenu et, surtout, au taux d’intérêt. Ce résultat est le même que dans le
modèle IS-LM en économie fermée. On retrouve également le fait que la position de la courbe
LM dépendra de l’offre d’encaisses réelles. Une augmentation de l’offre d’encaisses réelles
provoquera une diminution du taux d’intérêt quel que soit le revenu d’équilibre initial. Elle
déplacera donc la courbe LM vers le bas.

Il apparaît cependant une nouveauté par rapport à la situation d’une économie fermée. En
effet, l’offre d’encaisses réelles peut varier soit parce que les créances au secteur privé (D)
varient, soit parce que les réserves de devises (R) varient. Cette différence aura son
importance au moment où nous étudierons l’équilibre de l’économie en changes fixes.

III.2. La représentation de l’équilibre global

L’équilibre global de l’économie est atteint quand tous les marchés sont équilibrés
simultanément. Il faut donc que les marchés des biens, de la monnaie et des changes soient
équilibrés. Si c’est le cas, la loi de Walras prévoit que le marché des titres sera aussi équilibré.

80
Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

L’équilibre macroéconomique en économie ouverte peut être représenté par la superposition


du schéma IS-LM et du schéma BP. Par soucis de simplification et afin de rester dans le cas le
plus général nous ne représenterons que la partie pointue de LM.

i LM

BP’

E
ie

IS

Y
Ye

On retrouve dans ce schéma les trois marchés fondamentaux de l’économie que sont : le
marché des biens et services (IS), le marché de la monnaie (LM) et les échanges extérieurs
(BP). L’équilibre est réalisé sur le point E et simultanément pour les trois marchés pour un
couple (Y, i) unique et pour un taux de change donné. Autrement dit, bien qu’il n’apparaisse
pas explicitement dans la représentation le taux de change est un facteur qui participe à la
définition de l’équilibre global. En régime de taux de change flexible, e (taux de change)
intervient comme une variable d’ajustement des flux avec l’extérieur et la courbe BP se
déplacera suivant son évolution. En régime de change fixe, e est a priori indépendant des
échanges avec l’extérieur et donc la BP ne se déplace pas, les ajustements étant réalisés grâce
à des mesures affectant le taux d’intérêt et la quantité de monnaie.

III.3. Les ajustements sous un régime de change fixe

En régime de change fixe, e n’est pas une variable ajustement ; son maintien à la parité se
présente comme une contrainte. La fixité du taux de change (sa faible fluctuation) impose que
toutes les modifications dans l’équilibre, des relations avec l’extérieur soient compensées
d’une manière ou d’une autre au sein de l’économie. L’analyse doit prendre en compte le fait
que la demande qui s’exprime à l’intérieur du pays comprend désormais deux composantes
supplémentaire : les exportations exogènes et les importations qui doivent être soustraites de
la demande globale intérieure puisqu’elle constitue la consommation des produits étrangers de
81
Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

la part des résidents. A cela il faut ajouter les mouvements de capitaux de sort que l’équilibre
externe puisse être écrite de la façon suivante : BP = X - M(Y) + BK(i).
Il s’en suit que l’équilibre macroéconomique en régime de change fixe peut être exprimé par
le système d’équation suivant :
T=U -
54 = V ,-
/W = L − 4 + /X -
L’équilibre étant définie par l’égalité de ces trois fonctions il n’existe qu’un niveau de
revenue d’équilibre avec l’équilibre de la balance des transactions courantes (BTC). Grâce à
ce modèle l’on peut noter que tout accroissement de la demande intérieur ou du revenu ou
tout accroissement de la quantité de monnaie provoque une détérioration de la BTC. En effet,
les exportations étant données et les importations étant fonction croissante du revenu,
l’accroissement des dépenses publiques se traduira par une tendance à la hausse du taux
d’intérêt intérieur. Or cette élévation du taux d’intérêt qui rend les placements financiers plus
attrayants dans le pays favorise l’entrée massive de capitaux spéculatifs ce qui provoque une
augmentation de la liquidité intérieure. La conséquence sera l’établissement d’un équilibre
pour un niveau plus élevé du revenu et du taux d’intérêt.
Lorsque la demande intérieure s’accompagne de la hausse des prix le résultat est sensiblement
différent. Cela est dû au fait que la hausse des prix intérieurs fait augmenter la demande
d’encaisses de transaction tandis que la demande de spéculation tendra à diminuer. Ceci se
traduit par un déplacement de LM qui provoquera une hausse des taux d’intérêt. La
conséquence finale est que bien que favorisant l’afflux des capitaux, la hausse du taux
d’intérêt provoque une baisse de l’investissement. Le revenu d’équilibre aura donc tendance à
baisser.

III.4. Analyse en Régime de change flexible

Une balance déficitaire des BTC entraine la baisse du cours de la monnaie tandis qu’une
balance excédentaire se traduit par une hausse du cours de la monnaie. L’équilibre de la BP de
change flexible devient BP = X(e) - M (Y, e) + BK(i) et l’équilibre macroéconomique sera
représenté par le système d’équation suivant :
T=U -
54 = V ,-
/W = L −4 , + /X -

82
Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

Dans le régime de change flexible l’équilibre macroéconomique est atteint sans qu’il ait
besoin de compenser les excédents et les déficits extérieurs en ajustant le niveau ou le taux
d’intérêt. L’économie est équilibrée grâce aux variations du taux de change. Au total, on peut
penser qu’un régime de change flexible présente un avantage certain par rapport à un système
de change fixe en raison de sa plus grande souplesse. Cependant, dans les périodes
d’instabilité ou on assiste à des fluctuations continuelles des taux de change, l’incertitude
dans laquelle se trouve les agents économiques peut avoir des effets néfastes sur le commerce
extérieur. De plus, les marchés intérieurs sont affectés et les économies déstabilisées par des
fluctuations qui peuvent être largement amplifiées par les mouvements spéculatifs des
capitaux privés internationaux. C’est la raison pour laquelle la plupart des pays ne laissent pas
fluctuer librement le cours de leurs monnaies et que les autorités nationales et internationales
interviennent régulièrement pour limiter les marges de fluctuations de la monnaies.

IV. Les politiques économiques dans le modèle M-F

Même si l’on a à la fois un équilibre interne et externe, il se peut que cet équilibre complet
soit un équilibre de sous emploi. Et comme en économie fermée les pouvoirs publics d’une
économie ouverte mettront en œuvre des politiques expansionnistes pour élever le niveau de
l’activité économique de façon à résorber le chômage. Mais en économie ouverte les
interventions de l’Etat n’ont pas le même impact selon le système de change est fixe ou
flottant. Aussi la lutte contre un déséquilibre interne peut résorber l’équilibre externe et
réciproquement d’où conflits qui posent de délicat problème de choix aux responsables
économiques.

IV.1. Les politiques budgétaires et monétaires en régime de change fixe

A. La politique budgétaire
En économie fermée la politique budgétaire expansive entraine l’accroissement du revenu et
une élévation du taux d’intérêt. Alors qu’en économie ouverte cette même politique entrainera
un e baisse de la BTC et un accroissement de la BK.
Si la dégradation de BTC est plus importante que l’amélioration de la BK, alors la politique
budgétaire en économie ouverte sera moins favorable qu’en économie fermée. Si la
dégradation de la BTC est moins importante que l’amélioration de la BK alors la politique
budgétaire en économie ouverte sera plus favorable qu’en économie fermée. Le résultat

83
Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

dépend donc en particulier de la sensibilité de la BK au taux d’intérêt qui est elle-même


fonction du degré de mobilité internationale des flux de capitaux. Graphiquement cela se
traduit par une pente de la BP plus ou moins forte. Deux situations principales peuvent de ce
point de vue être distinguées :
La mobilité des capitaux est relativement faible ; dans ce cas la BP est moins élastique
que LM au taux d’intérêt ; sa pente est donc plus forte.

i BP’ LM’
LM

E’’

ie E E’

IS’

IS

Y
Ye

Ye est le revenu d’équilibre à la fois interne et externe mais un équilibre de sous emploi. On
cherchera donc à accroitre le revenu Y. Pour se faire une politique budgétaire expansive est
menée ce qui fait glisser graphiquement IS en IS’ vers la droite. Le nouvel équilibre interne en
E’ correspond à un déficit externe car E’ se situe sous BP ou à droite. Etant en change fixe ce
déficit entraine une sortie de devise donc une contraction de la masse monétaire d’où
graphiquement un déplacement de LM vers la gauche en LM’ jusqu’à ce qu’un nouvel
équilibre complet soit atteint comme c’est le cas en E’’. Ce déplacement de LM entraine une
élévation du taux d’intérêt entre E’ et E’’ : l’effet d’éviction joue encore plus fort ; ce qui
explique que le revenu correspond au pt E’’ soit inférieur à celui obtenu en E’.
La mobilité des capitaux est relativement forte ; dans ce cas la BP est plus élastique
que LM au taux d’intérêt ; sa pente est donc moins forte.
La politique budgétaire expansive pousse graphiquement IS vers la droite jusqu’à IS’ par
exemple. E’ est le nouvel équilibre interne mais il correspond à un excédent externe (E’ est
au-dessus de la BP) lequel va donner lieu à une entrée de devise d’où le déplacement vers la
droite de LM jusqu’à ce que l’équilibre complet soit atteint comme c’est le cas en E’’.

84
Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

L’accroissement du revenu d’équilibre est d’autant plus fort que l’effet d’éviction se trouve
ici réduit par une progression très mesurée du taux d’intérêt.

i LM
LM’

E’
BP
E
ie
E’’

IS’

IS

NB : En économie ouverte et en change fixe la politique budgétaire est d’autant plus efficace
que efficace que la mobilité internationale des capitaux est grande.

B. La politique monétaire
Une politique monétaire expansive faisant déplacer LM vers LM’ entraine le déplacement de
l’équilibre de E vers E’. Cette situation correspond à un déficit extérieur (E’ est sous BP) ce
qui engendre des sorties de devises et une contraction de la masse monétaire. Ce qui fait
déplacer à nouveau LM’ vers LM et l’équilibre E’ vers E revenant au point d’équilibre initial.
Cela indique qu’il n’y a aucune progression du revenu.

i LM
LM’

BP
E
ie

E’
IS’

IS
Y

85
Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

Le résultat est le même que la pente de BP soit plus forte ou moins que celle de LM.
NB : En économie ouverte et en régime de change fixe la politique monétaire n’est d’aucune
efficacité.

IV.2. Les politiques budgétaires et monétaires en régime de change flexible

A. La politique budgétaire
Comme dans le cas précédent il convient de prendre en compte le degré de mobilité
internationale des capitaux.
La mobilité de capitaux est relativement faible (la pente de plus forte que celle de
LM). Dans ce cas la politique budgétaire expansionniste pousse graphiquement IS vers la
droite en IS’. Le nouvel équilibre interne E’ correspond à un déficit externe. Il y a par
conséquent dépréciation de la monnaie nationale (baisse du taux de change). Les exportations
sont encouragées et les importations freinées. La BP se déplace donc vers la droite et IS’ se
déplace aussi vers la droite en IS’’. Ce double mouvement se produit jusqu’à ce que
l’équilibre complet soit atteint. On constate que la politique budgétaire entraine un
accroissement substantiel du revenu, même si l’augmentation du taux d’intérêt gène
l’investissement.

BP BP’
i
LM

E’’
E’
ie
E
IS’’
IS’
IS

La mobilité des capitaux est relativement forte (la pente de BP est moins forte que
celle de LM). La politique budgétaire expansive induit un déplacement de IS vers IS’ ce qui
fait passer l’équilibre du point E à E’. Il y a un excédent car E’ est au dessus de BP. Cela se
traduit par une appréciation de la monnaie nationale hausse du taux de change). Les
exportations seront donc découragées et les importations boostées (donner de la vigueur). La
86
Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

balance des paiements se déplacera vers la gauche et le haut et IS’ vers la gauche et le bas
pour aller en IS. L’équilibre complet est atteint quand l’on passe de E’ à E’’. L’augmentation
du revenu s’en trouve globalement contrariée.

i
LM

E’
E’’ BP’
ie BP
E
IS’
IS’’
IS

NB : En économie ouverte et en régime de change flexible la politique budgétaire est d’autant


plus efficace que la mobilité internationale des capitaux est faible.

B. La politique monétaire

i LM
LM’

E
ie E’’
E’

IS’

IS
BP’
BP
Y

La politique monétaire expansionniste entraine un déplacement de LM vers LM’ et l’équilibre


passe de E à E’ ce qui implique un accroissement du revenu et une baisse du taux d’intérêt qui
entraine une baisse de la BTC et de la BK. Cela se traduit globalement par un déficit externe

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Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

donc une dépréciation de la monnaie. La BP et IS se déplacent alors vers la droite et le haut


pour atteindre les positions IS’ et BP’ tel qu’un nouvel équilibre complet soit atteint (position
E’’). Le revenu global augmente considérablement. Le résultat est le même lorsque BP se
traduit par pente mois forte ou plus forte que celle de LM.
NB : En économie ouverte et en régime de change flexible la politique monétaire est très
efficace.

Conclusion
Lorsque l’on adapte le modèle IS-LM au contexte d’une petite économie ouverte, on est
amené à nuancer et compléter les résultats obtenus en économie fermée. D’abord, l’efficacité
des politiques économiques dépend du régime de change en vigueur. Une même politique
efficace dans un régime de change donné peut devenir totalement inefficace dans un autre.

La politique budgétaire est ainsi particulièrement efficace en changes fixes mais totalement
inefficace en changes flexibles parce que ses effets sont neutralisés par l’appréciation de la
monnaie nationale. A l’inverse, la politique monétaire est inefficace en changes fixes parce
que l’augmentation des crédits intérieurs est neutralisée par la diminution des réserves de
changes. Elle est en revanche particulièrement efficace en changes flexibles parce qu’elle
provoque une dépréciation de la monnaie nationale qui relance les exportations nettes. La
dévaluation est un troisième instrument de politique économique qui n’est disponible par
définition qu’en changes fixes. Ses effets sont comparables à ceux d’une politique monétaire
pratiquée en changes flexibles. Elle est donc efficace.

Toutes ces conclusions doivent être nuancées parce qu’elles ne sont valables que dans le cas
d’une petite économie ouverte et en présence d’une mobilité parfaite des capitaux. Si
l’économie est suffisamment grande pour influencer le revenu et le taux d’intérêt du reste du
monde, elle retrouvera une certaine efficacité de ses politiques économiques quel que soit le
régime de change en vigueur. En revanche, le régime de change affectera l’efficacité relative
des différentes politiques.

Enfin, le modèle de Mundell-Fleming ne prend en compte ni les contraintes d’offre de


l’économie, ni la formation des anticipations. La suite de votre cursus vous permettra
d’étudier ces raffinements.

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Cours de Macroéconomie - Licence II SEG

Références Bibliographiques

Blanchard O. et D. Cohen : Macroéconomie, Pearson Education France, Paris, 2004 ;


Bourgain A et Lelièvre V : Macroéconomie : Equilibre et déséquilibre, Lexifac, 2001 ;
Brana S et Bergouignan MC : Macroéconomie, Dunod, Paris, 2003 ;
Burda M. et C. Wyplosz : Macroéconomie : une perspective européenne, De Boeck,
Bruxelles, 2002 ;
Mankiw N.G. : Macroéconomie, De Boeck, Bruxelles, 2004 ;
Méon PG : Introduction à la macroéconomie, Université Libre de Bruxelles, 2008
Mishkin F. : Monnaie, banques et marchés financiers, Nouvelle Horizons, Paris, 2008 ;
Villieu P. : Macroéconomie : consommation et épargne, Repères, La Découverte, Paris, 1997.
Villieu P. : Macroéconomie : l’investissement, Repères, La Découverte, Paris, 2000.

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