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CF 1c Mme Lamia BILEL- Mme Nesrine BOUSSAADA TAIEB

CHAPITRE II
LES GRANDS COURANTS DE LA PENSEE ECONOMIQUE

L’économie est une science qui s’est constituée au fil du temps en réponse aux problèmes
spécifiques à chaque période. On peut distinguer trois vagues dans l’établissement de la pensée
économique moderne :
1. Une véritable réflexion économique a vu le jour au XVI° siècle avec le mercantilisme1. Elle
s’est épanouie à partir du XVIII° avec les physiocrates 2et au début du XIX° siècle avec les
classiques3.
2. L’analyse néo-classique (fin XIX°, début XX°) puis la théorie keynésienne (années 30 puis
après-guerre) ont ensuite profondément renouvelé la pensée économique.
3. Depuis le début des années 1970 de nouveaux courants de pensée continuent à faire
progresser la science économique.

SECTION 1. L’ECOLE CLASSIQUE


La pensée classique est apparue à la fin du 18ème siècle et début 19ème siècle, pendant une période
qui a connu de multiples bouleversements aussi bien sur le plan économique, à travers la
révolution industrielle qu’intellectuelle, à travers l’apparition du courant de libéralisme (laissez
faire, laissez passer).
I. Les postulats de l’économie libérale
Trois hypothèses sont retenues par l’économie libérale :
1. L’homme est rationnel : chaque individu est conscient de ses besoins et connaît ses
ressources et son action est orientée vers la satisfaction optimale de ses besoins sous la
contrainte de ses ressources limitées.
2. L’homme a un comportement égoïste : chaque individu poursuit son intérêt particulier

1
terme vient du latin mercari, « faire du commerce », issu de la racine merx, « marchandise ». Il considère que « le prince, dont la puissance
repose sur l'or et sa Le collecte par l'impôt, doit s'appuyer sur la classe des marchands et favoriser l'essor industriel et commercial de la Nation
afin qu'un excédent commercial permette l'entrée des métaux précieux ».
2
La physiocratie est une école de pensée économique et politique, née en France vers 1750, qui contribue de manière décisive à forger la
conception moderne de l'économie et à placer la réflexion et la pratique de la « chose économique » dans un cadre de référence autonome,
comme une science à part entière; la « physiocratie » est le « gouvernement par la nature ». Le terme est forgé par Pierre Samuel du Pont de
Nemours en associant deux mots grecs : physis (la Nature) et kratos (gouverner).Autrement dit, c’est : « l’idée que toute richesse vient de la
terre, que la seule classe productive est celle des agriculteurs et qu'il existe des lois naturelles basées sur la liberté et la propriété privée qu'il
suffit de respecter pour maintenir un ordre parfait1. »

3
La pensée économique classique se développe en même temps que naissent la société industrielle et le capitalisme moderne. Ces penseurs
sont principalement des philosophes (Condillac, Smith) ou des praticiens (Cantillon, Say, Turgot, Ricardo). Ils cherchent avant tout à expliquer
les phénomènes de croissance, de développement et de répartition des richesses entre les différentes classes sociales.

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3. Les choix sont individuels : l’agent économique agit en fonction de ses seuls besoins et de
sa propre satisfaction.

II. Les principes d’organisation de l’économie :


Sur la base des postulats précédents, les classiques ont défini des principes généraux
d’organisation des activités économiques dont la philosophie est souvent illustrée par : « laissez
faire les hommes, laissez passer les marchandises ». Cela signifie qu’il faut laisser les
mécanismes du marché organiser l’activité économique sans aucune barrière ni intervention de
l’Etat.
1. Le marché et le mécanisme de la main invisible4 : Pour Smith, les hommes sont guidés par
la recherche de leur intérêt personnel. Ainsi, dans le cadre de la concurrence, les
mécanismes du marché assurent la stabilité et l’équilibre, donc le bon fonctionnement de
l’économie. En effet, si un prix ou un salaire s’éloigne de la norme, les forces de la
concurrence, à travers la main invisible, le remettent vite dans le droit chemin.
2. La non intervention de l’Etat : les fonctions de l’Etat doivent être réduites à la satisfaction
des besoins collectifs de sécurité intérieure (la police), la sécurité extérieure (l’armée, la
diplomatie) et de justice. Ces fonctions délimitent le pouvoir de l’Etat gendarme, sans
aucune responsabilité économique. Smith note cependant que l’Etat doit intervenir pour
construire les équipements publics et produire les services pour lesquels le marché se révèle
inefficient.
III. Les apports des principaux auteurs classiques :
1. L’apport d’Adam Smith :
a - La théorie de la valeur et des prix : Smith adopte une théorie de la valeur travail car selon
lui le travail est le fondement de la richesse. Il distingue la valeur d’usage qui est liée à l’utilité
des biens et la valeur d’échange qui exprime le pouvoir d’achat des autres biens. C'est la valeur
d’échange qui détermine le prix naturel des marchandises. C’est-à-dire le prix qui permet de
payer le revenu des facteurs utilisés pour produire le bien. Le prix de marché est déterminé par
la confrontation de l’offre et de la demande et il fluctue autour du prix naturel.
b- La théorie de la répartition : Smith distingue trois facteurs de production le travail, le capital
et la terre. A chacun de ces facteurs correspond un type de rémunération :
- Les salaires rémunèrent le facteur travail

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Dans le domaine socio-économique, la main invisible est une expression (forgée par Adam Smith) qui désigne la théorie selon laquelle
l'ensemble des actions individuelles des acteurs économiques, guidées (par définition) uniquement par l'intérêt personnel de chacun, contribuent
à la richesse et au bien commun. Elle été interprétée par Cropsey5 et Sugden comme La force qui fait de l'intérêt de l'un, l'intérêt des
autres . C'est ce qu'Élie Halévy appelle l'« harmonisation naturelle des intérêts».

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- Les profits rémunèrent le facteur capital


- La rente est la rémunération de la terre, elle est versée au propriétaire de la terre comme
loyer du sol.
2. La loi des débouchés de J,B Say :
Cet auteur énonce la célèbre loi des débouchés suivant laquelle « l’offre crée sa propre
demande ». En effet, pour Say toute production d’un bien offert sur le marché donne lieu à une
distribution de revenus qui sera utilisé en intégralité pour demander des biens ayant une valeur
identique. Ainsi toute crise de surproduction est impossible.
3. La loi de la population de Malthus5 :
Pour Malthus, la population et les subsistances évolueraient indépendamment, la première tend
à augmenter selon une progression géométrique alors que la seconde augmenterait de façon
arithmétique, d’où un déséquilibre résultant de la différence des taux de croissance. Il finirait
par engendrer un niveau de vie insuffisant pour la majorité de la population se transformant
même en misère. Pour concilier entre la population et richesse, Malthus prône la restriction des
naissances.

SECTION 2. LA PENSEE KEYNESIENNE


En 1936 Keynes publie son ouvrage de référence : «la théorie générale de l’emploi, de l’intérêt
et de la monnaie ». Le monde traverse alors la plus longue et la plus grave crise qu’il ait connue.
Les chômeurs se comptent par millions, la production a diminué de près de la moitié et le
commerce international a sombré. Keynes voit dans cette crise la preuve que le marché n’est
pas réglé par la main invisible garantissant l’intérêt général, mais un mécanisme imparfait qu’il
faut surveiller et parfois stimuler.

I. Les postulats de l’économie Keynésienne


Ils sont au nombre de trois :
a- L’irrationalité des individus : selon Keynes, les agents économiques sont myopes et leurs
comportements sont moutonniers6 c'est-à-dire qu’ils n’obéissent pas à une rationalité fondée
sur la connaissance.

5 la natalité est telle que le nombre d’êtres humains tend à progresser de façon plus rapide que la quantité de nourriture. Pour Malthus, cette
règle, valable pour tous les êtres vivants, devait inciter à une restriction volontaire des naissances. A défaut, c’est l’insuffisance de nourriture
qui éliminera les humains en surnombre. Malthus en tirait des conclusions choquantes, même pour l’époque : n’aidons surtout pas les pauvres,
car cela les encouragerait à se reproduire, donc à accroître la fraction de la population menacée par les disettes et la misère. Malthus jouait
donc de cet air de flûte agréable en tous lieux et en tous temps aux oreilles des contribuables : ça ne sert à rien d’aider les pauvres, sinon à
accroître la pauvreté...
6 Un comportement moutonnier représente un acte de mimétisme, une reproduction en attitude et en prise de décision par une série d'agents

économiques exposés à une information ou donnée.

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b- La nécessité d’étudier l’économie selon une logique macroéconomique : Keynes prône


l’analyse de l’économie selon une optique macroéconomique sur les grandeurs globales de
l’économie.
c- Le rôle actif de la monnaie : à la différence de la pensée classique, la pensée keynésienne
considère que la monnaie ne peut pas être considérée comme un voile qui masque les échanges
car l’économie monétaire ne peut pas fonctionner comme une économie de troc. En effet, selon
keynes une partie du revenu peut être thésaurisée ce qui engendre l’éventualité de l’existence
d’un décalage entre la demande et la production et delà, la possibilité de crises de surproduction.
II. Les principes de l’économie Keynésienne :
a- Le circuit Keynésien simplifié : le niveau de la production est déterminé selon Keynes par la
prévision que font les entrepreneurs du niveau de la demande qui s’adressera à leurs produits :
c’est le principes de la demande effective ou encore demande globale anticipée.
La demande prévue est issue des estimations de la demande des ménages et des entreprises
(investissement), de la demande de l’étranger (exportation) et de la demande de l’Etat (dépenses
publiques). En fixant le volume de la production, la demande détermine le niveau de l’emploi
nécessaire à la réalisation de cette production.
b- La détermination des prix : dans le schéma Keynésien, le niveau des prix n’est pas lié à un
équilibre de l’offre et de la demande mais il est issu de la volonté des entrepreneurs de réaliser
leur production avec un niveau de profit jugé suffisant. Cela signifie que les prix découlent du
niveau des salaires, du coût des matières incorporées dans les produits et du coût des
investissements.
c- L’intervention nécessaire de l’Etat : Keynes conclut que l’économie n’atteint que rarement
l’état d’équilibre prévu dans les théories néoclassiques, car le mécanisme des prix n’est pas
efficace et le marché n’assure pas toujours le plein emploi des ressources et la satisfaction
optimale de tous les agents. Keynes préconise donc l’intervention de l’Etat. Celui-ci peut en
effet agir directement sur le niveau de la demande prévue par la politique budgétaire
(augmentation des dépenses publiques pour relancer la consommation), il peut aussi compléter
son action par la politique monétaire (diminution des taux d’intérêt pour relancer
l’investissement).

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