Vous êtes sur la page 1sur 17

HISTOIRE DE LA PENSEE

ECONOMIQUE

INTRODUCTION GENERALE

Dr Soro Nahoua
mariejudithsoro@gmail.com
INTRODUCTION GENERALE
Les définitions de l’économie
Des définitions qui changent avec le temps et selon les systèmes de
pensée.
 L’économie comme science des richesses : la philosophie grecque,
l’école classique (Adam Smith, Jean Baptiste Say), Karl Marx.
 Comment la richesse est et doit être le plus rationnellement produite,
échangée, répartie, employée.
 L’économie, science de l’échange marchand et des prix : école
néo-classique (Léon Walras, Carl Menger, Stanley Jevons…)
 C’est à travers l’échange que la valeur d’un bien ou d’un service se
manifeste; cet échange s’opère à travers les marchés. Ces marchés
fixent le niveau général des prix, l’économie devient alors une science
des prix. N’est économique que ce qui peut se traduire par un prix.
 L’économie comme science de la rareté et des choix efficaces:
théorie libérale au XXème siècle (Lionel Robbins).
 Les agents économiques ont des besoins illimités alors que leurs
ressources sont limitées, se pose alors le problème de choix.
INTRODUCTION GENERALE

Les définitions de l’économie


Les définitions de synthèse
L’économie est la science qui étudie comment les ressources rares sont
employées pour la satisfaction les besoins des hommes vivant en société ;
elle s’intéresse, d’une part, aux opérations essentielles que sont la
production, la distribution et la consommation des biens et, d’autre part,
aux institutions et aux activités ayant pour objet de faciliter ces opérations.
Edmond Malinvaud
 l’objet de l’économie porte sur des notions: besoins, ressources, hommes
vivant en société, opérations et institutions.

L’économie est l’étude de la façon dont l’homme et la société choisissent


avec ou sans recours à la monnaie, d’employer des ressources productives
rares qui sont susceptibles d’emplois alternatifs pour produire divers biens,
et les distribuer en vue de la consommation, présente ou future, des
différents individus et groupes qui constituent la société. Paul Samuelson
 Que produire ? Comment produire ? Pour qui produire ?
INTRODUCTION GENERALE
Les définitions de l’économie
La multiplicité des définitions due à:
 La complexité de la réalité socio-économique qui est évolutive
L’objet de l’économie porte sur les notions: besoins, ressources, hommes
vivant en société, opérations et institutions.
- L’économie européenne du moyen âge dominée par les principes moraux et
religieux
- Celle du 16ème et 17ème siècle caractérisée par la recherche des moyens
d’enrichissement d’une nation.
 La complexité du comportement des individus qui forment la société
L’économiste appartient à la société dont il porte les valeurs morales. Il ne
peut être neutre:
Si idéologie nationalisme: objet de l’économie = étude de l’utilisation des
ressources pour la puissance nationale.
Si idéologie socialisme : objet de l’économie = la recherche des moyens de
satisfaction des besoins essentiels de la communauté.
INTRODUCTION GENERALE

Pourquoi faire l’histoire de la pensée économique?


Selon Joseph Aloïs Schumpeter, il existe trois arguments:
les «avantages pédagogiques»: les manuels les plus récents ne permettent
pas de saisir l'importance des problèmes et la validité des méthodes
utilisées par les économistes;
faire surgir des idées nouvelles et glaner des leçons utiles pour le présent à
partir des différentes explorations tentées par les auteurs du passé;
l'histoire de toute science dévoile les démarches de l'esprit humain.
John Maynard Keynes (Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la
monnaie, chapitre 24, 1936)
«Les hommes d’action qui se croient parfaitement affranchis des influences
doctrinales sont d’ordinaire les esclaves de quelques économistes passés. Les
illuminés du pouvoir qui se prétendent inspirés par des voies célestes
distillent en fait des utopies nées quelques années plus tôt dans le cerveau de
quelque écrivailleurs de Faculté » .
INTRODUCTION GENERALE
Quel point de départ pour l'histoire de la pensée économique?
Une histoire de la théorie économique privilégiant l'élaboration des
concepts, des instruments d'analyse, débute par des auteurs:
 du début du XVIIIe siècle, qualifiés de «pré-classiques»(Boisguilbert ou
Cantillon )
 de la seconde moitié du XVIIIe siècle (François Quesnay ou Adam Smith).
Mais pour une approche plus globale de l'histoire de la pensée économique
doit aussi prendre en compte :
 les premières réflexions économique développées de l'Antiquité
 la naissance de l'économie
 le mercantiliste.
INTRODUCTION GENERALE
Quel point de départ pour l'histoire de la pensée économique?

La pensée économique peut être découpée en trois grandes


phases:
 La pensée économique antique et médiévale (grecs,
romains, arabes)

 Les précurseurs de l’économie moderne (Mercantilisme,


Physiocratie)

 L’économie moderne (qui débute avec Adam Smith).


La pensée économique antique et médiévale
1. La pensée économique de l’Antiquité orientale et grecque
Le mot économie vient du grec:
- Oikos = la maison, en tant qu’unité sociale et économique
- Nomos = l’ordre, la loi.
 L'économie serait donc l'art de bien administrer une
maison (village, région, Etat etc.).
Les penseurs grecs sont des philosophes qui subordonnent
l’économie à la politique : c’est l’art d’administrer ses
biens ou sa cité.
La perception de l’économie dans la société antique peut être
analyser à partir de quatre figures: Thalès, Xénophon, Platon et
Aristote.
La pensée économique antique et médiévale
1. La pensée économique de l’Antiquité orientale et grecque
Thalès (625-547 av. J-C)
Il n’a jamais écrit sur l’économie, mais son histoire donne l’un des
premiers exemples de spéculation économique.
- Ses nombreux calculs astronomiques lui permirent de prévoir la
période chaude durant laquelle la récole d’olive serait abondante.
- Il loua tous les pressoirs à olives des régions de Milet et de Chios
quand ils n'intéressaient personne et donc les a eux à bas prix.
- Ces prévisions s’avérèrent exactes. Lors de la récolte, Thalès détenait
le monopole de pressoirs fortement demandés.
- Il sous-loua les pressoirs aux conditions qu'il souhaitait et obtint une
très grande fortune.

 Stratégie financière reposant sur la loi de l’offre et de la


demande, ou du monopole et de ses conséquences.
La pensée économique antique et médiévale
1. La pensée économique de l’Antiquité orientale et grecque
Xénophon (426-355 av. J-C)
- Il est le premier à employer le terme économie.
- Il a écrit « L’économique » : un dialogue entre Socrate et Ischomaque, autour
du thème de l’administration d’un domaine agricole.
- L’ouvrage porte également sur les stratégies d'accroissement des richesses.
 Celui qui connait l’art ou « la science » de l’économie est de facto un
bon gestionnaire, et ce dans toute situation.
- Dans « Les Revenus », il propose de multiplier les exploitations agricoles et
industrielles dans l'Attique, et d’exploiter à plein rendement les mines d'argent
du Laurion.
 Les ouvrages de Xénophon portent sur la manière de gérer un domaine
agricole, et sur l’économie domestique.
 L’économie apparait comme l’art de satisfaire les besoins d’une société.
 Xénophon apparait comme le précurseur de la microéconomie
(demande, valeur et rapport valeur - demande).
La pensée économique antique et médiévale
1. La pensée économique de l’Antiquité orientale et grecque
Platon (427 à 347 av. J-C)

- A travers son dialogue « La République », il aborde l’économie comme la


gestion des biens et des personnes de la façon la plus juste possible
dans la cité idéale.
- Il défend l’idée d’une société divisée en trois classes
(magistrats/philosophes, gardiens et travailleurs/producteurs, en ordre
décroissant). Le droit de propriété n’est réservé qu’à la classe inférieure des
producteurs.
- Nécessité de poser une limitation de la fortune et des biens de chacun.
- Il propose un modèle social et économique basé sur le collectivisme à
plusieurs niveaux (biens, terres, …) tout en ne remettant pas en cause le
principe de l’Etat.
 Une forme d’organisation sociale basée sur la communauté des
biens.
La pensée économique antique et médiévale
1. La pensée économique de l’Antiquité orientale et grecque
Aristote (384 à 322 av. J-C)
- Différence fondamentale entre économie naturelle (économique) et
économie d’argent (chrématistique).
• L’accumulation de la monnaie pour la monnaie est une activité contre
nature et qui déshumanise.
• L’agriculture et le métier‚ permettent de fonder une économie naturelle.
 Les échanges et la monnaie servent uniquement à satisfaire les
besoins de chacun.
 La monnaie ne peut « faire de petits »
– Différenciation entre valeur subjective et valeur commerciale d’un
bien.
 Il est le précurseur des notions de valeur d’usage et de valeur
d’échange à travers la différenciation qu’il fait entre valeur subjective et
valeur commerciale d’un bien.
La pensée économique antique et médiévale
2. La pensée économique judéo-chrétienne
L’Ancien Testament :
- l’absence de propriété perpétuelle sur la Terre
- une redistribution périodique
- interdiction de prêts à intérêt
- hiérarchisation des activités économiques selon leur honneur: l’agriculture
la première et le commerce la dernière.
Le Nouveau Testament:
- encourage l’homme à mettre en valeur ses talents, en faisant fructifier des
placements ,
- le travail de la terre, de l’industrie et du commerce valorise les talents,
- mais l’accumulation et l’utilisation superflue des richesses est interdite.
- une répartition équitable des biens.
 Séparation entre chrétiens et juifs. Ces derniers assuraient la fonction de
banquier interdite par le christianisme.
La pensée économique antique et médiévale
3. La pensée économique de l’époque médiévale
Au Moyen âge :
- un renouveau des échanges commerciaux
- une multiplication des opportunités de profit.
 Les théologiens décrient la moralité, le caractère licite ou illicite des
mécanismes économiques contraires à la morale chrétienne.
Saint Thomas d’Aquin (1225-1274)
- Les marchands doivent pratiquer un juste prix.
- L’activité commerciale doit être légitimée par un apport réel de richesse au
produit via sa transformation, son transport ou son caractère vital.
- Le prêt doit être sans intérêt. L’intérêt doit se manifesté par l’estime, la
gratitude ou l’amitié. Le temps ne peut être une marchandise, il appartient
à Dieu.
- La propriété privée permet de mettre de l’ordre car chacun sait ce qu’il doit
faire
La pensée économique antique et médiévale
4. La pensée économique de l’époque moderne
Grands changements:
- Changement radical des mentalités et de la vision du monde
- Réforme protestante de Luther : réaction contre le système des indulgences.
- Jean Calvin défendit le prêt à intérêt, en préconisant un taux modéré de 5%.
Max Weber (L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, 1905). :
- le travail devient une nouvelle vertu et non le seul moyen de survie
- le travail est à l’origine de la richesse et de son accumulation
- Le travail et la richesse qu’il produit concourent à la gloire de Dieu
- le temps est précieux
- l’épargne devient une vertu
 La pensée protestante lève de nombreux obstacles moraux à l’activité
économique.
En Espagne, l’école de Salamanque (des jésuites) justifie la propriété privée et
la liberté des échanges.
 Les guerres de religion à la suite de la Réforme ont fait émerger l’idée du
libre-échange formulée plus tard par Hugo Grotius (juriste).
Plan
Introduction à la pensée économique
I. les précurseurs de l’économie moderne
Chapitre 1 : Les mercantilistes
Chapitre 2 : les physiocrates
II. La révolution industrielle
Chapitre 3 : Les classiques
Chapitre 4 : Les socialistes
Chapitre 5 : Les néo-classiques
III. La crise du capitalisme
Chapitre 6 : La crise du capitalisme
Chapitre 7 : La pensée Keynésienne
IV. L’évolution de l ’économie après 1945
Chapitre 8 : Les différentes écoles libérales
Chapitre 9 : La pensée post-keynésienne
Références

Jean Boncoeur et Hervé Thouément (2013), Histoire des


idées économiques Tome 1 de Platon à Marx, CURSUS,
Armand Colin, 5e édition.
Jean Boncoeur et Hervé Thouément (2013), Histoire des
idées économiques Tome 2 De Walras aux
contemporains, CURSUS, Armand Colin, 5e édition.
Ghislain Deleplace, Christophe Lavialle (2017), Histoire
de la pensée économique, 2e édition, DUNOD.

Vous aimerez peut-être aussi