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UNIVERSITE VIRTUELLE DU SENEGAL

LICENCE I – SCIENCES ECONOMIQUES ET GESTION

Année : 2014 - 2015

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1 Introduction
Parmi les courants qui ont marqué l'histoire de la pensée économique nous pouvons
retenir :

 le mercantilisme,
 la physiocratie,
 l'école classique,
 l'école néoclassique,
 le marxisme,
 le keynésianisme
 et le monétarisme.

2 Section 1 : Les courants de pensée de


l'économie politique
2.1 Le mercantilisme (1450 - 1750)
Ce terme provient du latin « mercari » qui signifie faire du commerce.

Le mercantilisme est un courant de pensée qui considère que la richesse d'un pays
dépend de la quantité d'or, d'argent ou de métaux précieux qu'il possède.

Ces métaux précieux peuvent être gagnés notamment grâce à un excédent de la


balance commerciale.

Le mercantilisme a pris plusieurs formes :

 le mercantilisme métalliste ou primitif,


 le mercantilisme industriel ou colbertisme
 et le mercantilisme commercial et financier ou commercialisme.

2.1.1. le mercantilisme métalliste ou primitif

Il fut pratiqué par l'Espagne et le Portugal. Il se caractérise par la recherche d'or


dans les mines des colonies et la mise en place d'une réglementation limitant les
sorties d'or.

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2.1.2. le mercantilisme industriel ou colbertisme

Il fut pratiqué par la France. Il porte le nom de Jean Baptiste COLBERT (1619-
1683) ministre des finances du roi français Louis XIV.

Cette forme de mercantilisme repose sur l'idée que l'or et l'argent peuvent être
acquis grâce à un excédent de la balance commerciale. C'est-à-dire que les
exportations soient supérieures aux importations.

Il faudrait notamment accroître les exportations de produits industriels ou


manufacturés. Pour cela l'Etat se doit d'aider au développement des industries.

COLBERT contribua à la création de beaucoup de manufactures ou d'industries


appartenant à l'Etat Français.

2.1.3. le mercantilisme commercial et financier ou commercialisme

Il fut pratiqué par des pays comme l'Angleterre et la Hollande.

Il repose principalement sur l'idée que c'est par le commerce qu'un pays gagne l'or
et l'argent qui lui permet de s'enrichir. Les pays doivent alors créer de grandes
compagnies commerciales qui vont échanger avec le monde.

Parallèlement il faudrait aussi abaisser les taux d'intérêt pour rendre le crédit
commercial moins cher et ériger des barrières à l'entrée des produits étrangers afin
de favoriser les produits locaux.

2.2 La physiocratie ( 1750 - 1775)

Ce mot vient d'un physiocrate Pierre Samuel Dupont de Nemours ( 1739 - 1817 )
. Il signifie le pouvoir de la nature.

Cette philosophie économique fut défendue par des auteurs dont le chef de file était
François QUESNAY (1694 -1774).
Son ouvrage majeur est le « Tableau Économique » paru en 1758.

Les physiocrates rejettent la thèse mercantiliste. Ils estiment que seule la terre est
créatrice de richesses.

La terre multiplie la matière. C'est en cultivant la terre (l'agriculture) qu'on crée une
richesse nouvelle qualifiée de « produit net ».

Ils distinguent aussi trois classes :

 la classe productive ou classe des agriculteurs,


 la classe des propriétaires fonciers
 et la classe stérile (artisans , commerçants , professions libérales , fonctionnaires
etc.).

François QUESNAY donna une description de la circulation de la richesse créée par la


classe productive dans un tableau économique.

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Exemple :
Supposons qu'en début de période la classe productive dispose de la totalité du
revenu national soit 5 milliards de F.CFA : la circulation du revenu peut être
présentée par le tableau suivant :

Commentaires du tableau :
La classe productive a utilisé 2 milliards pour des achats nécessaires au maintien de
leur production et leur subsistance, 2 milliards pour payer les loyers des terres aux
propriétaires fonciers et 1 milliard pour acheter des produits à la classe stérile.

De leur côté les propriétaires fonciers utilisent leurs 2 milliards en achetant pour 1
milliard de produits agricoles à la classe productive et 1 milliard de produits à la
classe stérile.

La classe stérile a reçu 1 milliard de chaque classe soit au total 2 milliards.


Elle les utilise en achetant des produits alimentaires et des matières premières à la
classe productive.

Avec ce tableau F. QUESNAY est considéré comme le précurseur de la Comptabilité


Nationale.
Les physiocrates étaient aussi des libéraux. Ils préconisaient la liberté du commerce.

Ils estimaient que c'est « le laissez-faire » et le « laissez -passer » qui permettaient


d'obtenir de bons prix pour les produits agricoles.

Par leur philosophie libérale ils furent aussi considérés comme les précurseurs de
l'école classique.

2.3 L'école classique (1750 - 1870)

Le fondateur de l'école classique est Adam SMITH (1723--1790). Il publia en 1776


son ouvrage majeur « La recherche sur la nature et les causes de la richesse des
nations ».

Il considère que ce qui est bon pour un individu est bon pour la collectivité car les
intérêts particuliers s'identifient à l'intérêt général.

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L'exaltation de l'individualisme et de la libre concurrence le conduit à prescrire qu'il
faut « laissez- faire » les individus et « laissez-passer » les marchandises. Et une «
main invisible » conduira l'économie vers un équilibre de plein emploi.

Une économie où le rôle de l'Etat sera limité à la fourniture des biens collectifs
(assurer la sécurité, la défense du territoire, la justice ...) et à la surveillance de
l'observation des règles de la concurrence : c'est la thèse de « l'Etat Gendarme ».

D'autre part A.SMITH pense que le travail est le facteur essentiel sur lequel repose la
valeur des biens. Et la division du travail est un élément essentiel pour la croissance
de la richesse d'un pays.

Il aura plusieurs disciples parmi lesquels : David RICARDO, Jean Baptiste SAY et
Thomas MALTHUS.

David RICARDO (1772--1823)

Dans son ouvrage « Principes d'Economie Politique » publié en 1817 insista à son
tour sur l'importance de la division du travail comme facteur de croissance de la
richesse des nations et comme fondement du commerce international.
Il construisit aussi une théorie de la répartition des revenus en rente foncière, salaire
et profit.

La rente foncière est le revenu des propriétaires fonciers. Elle est versée par les
entrepreneurs capitalistes. Et elle est égale à la différence entre le produit d'une
terre et le produit de la terre la moins fertile.

Le salaire ou prix du travail est déterminé par l'offre et la demande de travail. Mais il
tend à s'ajuster à son prix naturel. Le prix naturel du travail est celui qui fournit aux
ouvriers les moyens de subsistance.

Le profit est un revenu de nature résiduelle c'est-à-dire ce qui reste du produit après
le paiement des salaires et de la rente foncière par les entrepreneurs.

Jean Baptiste SAY (1767-1832)

Il publia en 1803 son ouvrage « Traité d'Economie Politique ». Il s'est rendu célèbre
par sa « loi des débouchés » selon laquelle l'offre crée sa propre demande.

En d'autres termes toute production de biens entraîne la distribution des revenus


nécessaires à leur acquisition. Une des conséquences est l'impossibilité d'une crise
de surproduction.

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Thomas MALTHUS (1766-1831)

Il s'est surtout rendu célèbre par sa thèse sur la population. Il publia en 1798 son
ouvrage « Essai sur le principe de population » qui est une recherche sur les causes
de la grande misère qui sévissait à la fin du 18ème en Angleterre.

Il estime que la population livrée à elle-même augmente en progression géométrique


alors que les biens de subsistance augmentent en progression arithmétique.

En d'autres termes il y a un écart entre la très forte croissance de la population et la


croissance modérée de la nourriture ; un écart source de misère.

Et si rien n'est fait la misère va prospérer et à terme la nature va se charger d'établir


l'équilibre en décimant les couches pauvres.
Il faudrait alors freiner la croissance de la population.

T.MALTHUS a inspiré et continue d'inspirer la politique de contrôle des naissances à


travers le monde.

3 Section 2 : La science Économique


3.1 Le courant néoclassique
Parmi les nombreux auteurs qualifiés de néoclassiques nous pouvons retenir :

 Stanley JEVONS (1835 - 1882), ouvrage majeur« Théorie de l'économie


Politique » en 1871
 Léon WALRAS (1834 -1910), ouvrage majeur« Eléments d'économie politique
» en 1874
 Vilfrédo PARETO (1848--1923), ouvrage majeur « Cours d'économie politique
» en 1896-1897

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Les néoclassiques sont considérés comme les héritiers des classiques du fait de leur
philosophie libérale. Cependant ils s'en distinguent par leur thèse sur la valeur des
biens.

Pour ces néoclassiques, la valeur d'un bien dépend de son utilité marginale c'est-à-
dire de l'utilité de la dernière unité disponible d'un bien.

Exemple :
Si un individu dispose d'une très faible quantité d'eau, cette eau a une grande valeur
car elle lui permet de satisfaire un besoin vital tel que boire.

S'il dispose d'une quantité d'eau plus importante il pourra satisfaire des besoins de
moins en moins urgents tels que se laver, cuisiner ... arroser le jardin.
Ainsi l'utilité de l'eau ira en diminuant pour se fixer sur celle de l'arrosage.

Les néoclassiques sont les fondateurs de la microéconomie, cette branche de


l'économie qui étudie notamment les comportements individuels des
consommateurs, des producteurs et les marchés.

3.2 Le courant marxiste ou matérialiste

Karl MARX (1818--1883), ouvrages importants : « Le manifeste du parti


communiste » en 1848 avec F.ENGELS et « Le capital » en 1867.

L'analyse marxiste est dominée par le « matérialisme historique », une théorie qui
constate que les systèmes économiques sont en changement permanent

Par exemple l'économie capitaliste s'est substituée à l'économie féodale. Cette


dernière s'est substituée à l'économie esclavagiste.

Dans tous ces systèmes nous avons une classe dominée et une classe dominante.
La classe dominée dans l'économie esclavagiste est constituée des esclaves et la
classe dominante des maîtres.

La classe dominée dans l'économie féodale est constituée des serfs et la classe
dominante des nobles ou seigneurs.

La classe dominée dans l'économie capitaliste est constituée des travailleurs ou


prolétaires et la classe dominante des capitalistes ou bourgeois.

Le fondement de la domination dans l'économie capitaliste est la propriété des


moyens de production. Dans une telle économie les travailleurs sont exploités par les
capitalistes qui leur extorquent la plus-value.

La plus-value est du travail non payé. C'est la différence entre la valeur produite par
la force de travail et la valeur de la force de travail.

L'ampleur de l'exploitation du travailleur est mesurée par le taux d'exploitation ou


taux de plus-value.

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Le taux d'exploitation ou taux de plus-value (TPL) se définit comme le rapport entre
la plus-value (PL) et le capital variable ou valeur de la force de travail (V) :

Le taux de profit (Π) est le rapport entre la plus-value (PL) et la somme du capital
variable (V) et du capital constant ou valeur de l'équipement et des matières
premières (C ) :

Le taux de profit tend à baisser.


L 'origine de la baisse tendancielle du taux de profit :
K. MARX rappelle que la plus-value (PL) n'est produite que par le capital variable (V)
et non par le capital constant.

Or la concurrence pousse les capitalistes à augmenter le capital constant au


détriment du capital variable.

Cela se traduit par une hausse de la composition organique du capital


( Ko ) c'est-à-dire du rapport capital constant ( C) sur capital variable (V) et une
baisse du taux de profit(Π) si le taux de plus-value (TPL) reste constant.

Démonstration : nous avons vu que :

Ko = composition organique du capital


= C/V et C = Ko V
TPL = taux de plus-value ou taux d'exploitation

Nous pouvons réécrire la formule donnant le taux de profit :

On remplace C par son expression en fonction de Ko c'est-à-dire C= Ko V

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On voit que si le TPL est constant, une hausse de Ko entraîne une baisse du taux de
profit (Π).

Par ailleurs K.MARX estime que l'exploitation des travailleurs ne pourra être éternelle
à cause notamment de la contradiction entre la recherche effrénée du profit et le
versement de salaires de subsistance ou de misère à la grande majorité de la
population constituée par les travailleurs.

Cependant l'économie capitaliste subsiste toujours montrant que les prédictions de K


.MARX ne se sont pas encore réalisées.
Les raisons sont multiples :

 la baisse du taux de profit suppose la constance du taux de plus-value or avec le


progrès technique celui-ci ne peut être une constante.
 l'apparition d'une classe moyenne qui s'est enrichie avec le développement du
capitalisme.
 etc.

3.3 Le courant keynésien

Ce courant a comme chef de file John Maynard KEYNES (1883-1946).


Son ouvrage majeur est la « Théorie Générale de l'Emploi de l'Intérêt et de la
Monnaie » en 1936.

KEYNES s'est singularisé notamment par sa critique des thèses des classiques et
néoclassiques.
C'est un contemporain de la grande crise économique de 1929. Et une de ses
préoccupations était de trouver une solution à cette crise.

Une solution qui ne pouvait provenir des classiques et néoclassiques car cette crise
était la manifestation de l'inadéquation de leur thèse.

KEYNES s'est aussi fait remarquer par sa « loi psychologique sur la consommation »
et son «multiplicateur d'investissement».

3.3.1-La critique des thèses classique et néoclassique

Elle est marquée notamment par le rejet de la loi des débouchés de SAY et la
contestation de l'hypothèse de concurrence pure et parfaite.

 le rejet de la loi des débouchés de SAY :

Pour KEYNES l'offre ne crée pas sa propre demande. Il y a des fuites dans le système
de production.

L'entreprise ne réinvestit pas automatiquement tous ses bénéfices.


Et le salarié n'offre pas toute son épargne aux entreprises qui veulent investir, il peut
garder une partie sous une forme liquide.

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Pour KEYNES c'est la demande qui commande l'offre, plus précisément la demande
effective.
Cette dernière est la demande anticipée de biens et services par les entrepreneurs.

Et la crise de 1929 aurait pour origine une insuffisance de la demande effective.

 la contestation de l'hypothèse de concurrence pure et parfaite :

Les marchés de biens et services sont en général des « marchés imparfaits »: c'est-
à-dire des marchés où ne règne pas la concurrence pure et parfaite.

KEYNES constate que sur les marchés on trouve notamment des oligopoles , des
barrières à l'entrée et un manque de transparence.

Bref des facteurs contraires aux conditions qu'exige la concurrence pure et parfaite.

3.3.2- La « loi psychologique » keynésienne sur la consommation :

Pour Keynes :

Quand le revenu augmente la consommation et l'épargne augmentent.


Mais la part de la consommation diminue au profit de l'épargne.
Par exemple :

C = aY+b = 0,8Y+140
Y= Revenu
b= consommation incompressible ou autonome=140
a = propension marginale à consommer=C' ; avec 0< a<1

La propension marginale à consommer « a » est un coefficient qui nous renseigne


sur la variation de la consommation finale lorsque le revenu varie.

« a » est positif donc si Y augmente la consommation augmente.


Par ailleurs, la part de la consommation dans le revenu est appelée « la propension
moyenne à consommer ».
C'est le rapport entre la consommation et le revenu.

On constate que la propension moyenne à consommer ou la part de la


consommation dans le revenu diminue lorsque le revenu augmente.

La part de l’épargne augmente quand le revenu augmente


Par exemple :

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Keynes définit l'épargne comme la partie non consommée du revenu.
E=Y-C
E = Y - ( aY + b ) = Y - aY - b
E=Y(1-a)-b
Si (1 - a ) = s = propension marginale à épargner (PmE)

Avec a= 0,8 et b = 140 , nous aurons


s = (1-0,8) = 0,20
E = sY - b = 0,2OY-140
E'= s = 0,20 >0
Donc si Y augmente l'épargne augmente aussi.

La propension moyenne à épargner (PME) représente la part de l'épargne dans le


revenu.

On constate que la propension moyenne à épargner ou la part de l'épargne dans le


revenu augmente lorsque le revenu augmente.

3.3.3-Le multiplicateur d'investissement

En cas d'insuffisance de la demande effective l'Etat peut augmenter ses dépenses


d'investissement en demandant à la Banque Centrale de lui créer de la monnaie.

Cela va pousser les entreprises à produire plus et distribuer des revenus pour
satisfaire la demande de l'Etat. Cette augmentation des revenus va entraîner une
hausse de la consommation ...

Par exemple :
Si Δ I = 100 milliards de FCFA
et a = propension marginale à consommer= 0,8
Nous aurons le tableau simplifié suivant :

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Σ Δ Y = 100 + 80 + 64 + 51,20 +......
Σ Δ Y = 100 + 100 (0,80) + 100 (0,80)2 + 100 (0,80)3 + .....

L'augmentation de l'investissement public a un effet plus que proportionnel sur le


revenu national.
Et l'effet sera d'autant plus important que la propension marginale à consommer «
a» est élevée.

Par ailleurs la conception keynésienne du rôle de l'Etat par rapport à l'économie est
une conception « d'Etat -Providence ».

3.4 Le courant monétariste

Les monétaristes sont aussi des libéraux dont le chef de file est Milton FRIEDMAN
(1912-2006), prix Nobel d'économie en 1976.

Ce dernier a publié plusieurs ouvrages dont : « Une théorie de la fonction de


consommation » en 1957 ; « Capitalisme et liberté » en 1962 et « Histoire monétaire
des Etats-Unis » en 1963 avec Anna SCHWARTZ.

Milton FRIEDMAN et ses disciples de l'école de Chicago privilégient l'évolution de la


quantité de monnaie dans l'explication des crises économiques.
Ainsi lorsque la création monétaire est excessive elle provoque l'inflation.

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Lorsqu'elle est insuffisante elle entraîne la récession comme pour la crise de 1929. Il
faudrait alors réguler la quantité de monnaie en circulation pour éviter ces
problèmes.

Contrairement aux keynésiens, les monétaristes estiment que la politique budgétaire


est inefficace car elle crée l'inflation. Il faudrait plutôt une politique monétaire.

La science économique est redevable à tous ces courants de pensée que nous
venons brièvement de présenter.

La science économique est aujourd'hui éclatée en plusieurs branches parmi


lesquelles : la comptabilité nationale, le commerce international, l'analyse monétaire
etc.

Consommations intermédiaires augmente le taux de protection effective diminue. Si


le droit de douane sur les consommations intermédiaires diminue le taux de
protection effective augmente.

3.5 Schéma de synthèse

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