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CHAPITRE V.

LA CROISSANCE ECONOMIQUE

PRÉLIMINAIRES MATHÉMATIQUES

A. Taux de croissance : temps discret.

Taux de croissance g de la variable X entre l’année t et l’année t+1:

X t +1− X t
gX=
Xt
et
X
t +1
1+ gX= X
t

Taux de croissance moyen sur plusieurs années:

X t +1=(1+ g) X t

X t +2 =(1+ g)nX t

Le taux de croissance moyen entre l’année 1 etl’année n est donné par:


g=¿ ¿ ¿

B. Approximation log du taux de croissance


Lorsque X t +1est proche de Xt, on peut utiliser

X t +1− X t
gX= ≈ ln X t +1−lnX t => différence en log = taux de croissance.
Xt

En effet, ln y ≈ y-1 lorsque y  1 et 

X t +1− X t
gX= ≈ ln X t +1 / X t =ln X t+1 −ln X t
Xt

C. Si une variable y en temps discret croit au taux constant a,


sa valeur à la date t est donnée par la formule suivante :
t +1
X t =(1+a) X0
D. Temps continu

La dérivée de la variable X par rapport au temps est par convention


notée Ẋ . Supposons que X = f(t).
∂ f (t)
Ẋ = indique la variation instantanée de x en t.
∂t
Le taux de croissance de cette fonction, noté gX est défini comme le
rapport de cette variation temporelle à la valeur de la fonction f en un
instant t du temps, soit :
∂ f (t)
Ẋ ∂t
gX= =
X f (t)
Dans la plupart des applications économiques, la fonction f s’écrit
souvent comme le produit de plusieurs variables qui dépendent ou pas
du temps.

Ex. f ( t )=kh(t )α l (t ) β

Pour calculer le taux de croissance de X en fonction du taux de


croissance de ces autres
variables, on utilise la propriété suivante :
Ẋ ∂lnf (t)
gX= =
X ∂(t)
Ainsi, le taux de croissance d’une variable qui dépend du temps c’est la
dérivée du logarithme de cette variable par rapport au temps. Ainsi, pour
l’ exemple ci haut, l’on aura :

lnX =lnf ( t )=lnk+ α ln h ( t ) + βln l(t)

La dérivation de cette expression par rapport au temps donnera :

∂ lnf (t ) ∂ lnk ∂ lnh (t) ∂ ln l( t)


= +α +β  gx=α . gh+ β . gl
∂ (t) ∂(t ) ∂(t) ∂(t)

gh et gl désignent les taux de croissance des variables dont l’évolution


au cours du temps est décrite par les fonctions h et l respectivement.

E. La règle de 70.

Une autre manière d’interpréter les chiffres de la croissance consiste à


utiliser la relation suivante:
ln(2)
Si le taux de croissance est de x%, alors le PIB double en ln(1+ x )
années .
La règle de 70

Cette règle permet d’obtenir une estimation du nombre d’années


nécessaires pour que la valeur d’une variable donnée double.
La règle de 70 est principalement utilisée par les économistes afin de
calculer la durée nécessaire pour que le PIB d’un pays soit doublé et a
pour but de montrer les effets de la croissance cumulée.
Tout comme le calcul des taux d’intérêt composés, il est possible
d’utiliser le taux de croissance du PIB en tant que diviseur.

Par exemple, si le taux de croissance de la Chine est de 10 %, la règle


de 70 prédit une période de 7 ans ou 70/10 pour doubler le PIB du pays.

Cette règle est déale pour des taux de croissance stables. En effet, cette
technique peut être appliquée dans n’importe quelle situation où une
croissance stable est attendue sur le long terme.
En revanche, la règle de 70 est peu adaptée à des situations où le taux
de croissance varie de manière dramatique.

F. Quelques dérivées importantes


1
- Log (x) : dérivée = x
- x : Dérivée ¿ αx
α α −1

1−γ
x
En particulier : Dérivée = x−γ
1−γ
- Fonction quadratique : (x−b)2 où b est une constante, la dérivée =
2(x−b)
quelques exemples :

Augmenter de 50 %, c’est être multiplié par 1,5.


- Diminuer de 50 %, c’est être multiplié par 0,5 (ou encore divisé par
2).Augmenter de 3 %, c’est être multiplié par 1,03.
- Diminuer de 3 %, c’est être multiplié par 0,97.

NB : augmenter de 200 %, c’est être multiplié par 3 : on prend ce qu’on a


déjà, et on y ajoute deux fois la même quantité ).
De façon générale, pour augmenter une quantité de p %, on la multiplie
par 1+p/100
Pour diminuer une quantité de p %, on la multiplie par 1- p/100
SECTION I. INTRODUCTION : QU’EST CE QUE LA CROISSANCE

La croissance économique est l’augmentation de la production à long


terme. Elle est différente de l’ expansion qui est l’augmentation des biens
et des services sur une courte période.
Il s’agit d’un focus sur le long terme car, pour parler de croissance, le
phénomène ne doit pas être temporaire mais durable sur une longue
période.
La croissance économique est un phénomène récent. Elle est la
caractéristique des économies de marché nées de la Révolution
industrielle. Elle se généralise vraiment à la fin du XXe siècle et au début
du XXIème siècle.
C’est la révolution industrielle entre 1820 et 1870 qui a provoqué la
croissance économique dans les pays européens et aux USA.
L’invention de la machine à vapeur et la possibilité, grâce à cette
nouvelle énergie, d’utiliser des machines a permis le démarrage de la
production industrielle et d’énormes gains de productivité.
La croissance économique détermine le niveau de vie. Le niveau de vie
d’un pays dépend de sa capacité à produire des biens et des services.
Les écarts de niveaux de revenu (découlant de la production) entraînent
également des écarts de niveaux de vie entre les pays
Du point de vue d’un pays en particulier, le niveau de vie varie beaucoup
dans le temps. Au Royaume-Uni, au cours du siècle passé, le revenu
moyen mesuré par le PIB par habitant a augmenté d’environ 1.3% par
an. Soit un doublement tous les cinquante ans.

Croissance économique, fluctuations et cycles.

La croissance économique que l’on mesure le plus souvent par le taux


de croissance du Produit Intérieur Brut, est un phénomène de long
terme, animé de fluctuations de court terme.
Précisément, ce phénomène de longue durée se caractérise par :
- des cycles de longue période avec des phases de plusieurs
décennies d’expansion ou de dépression
- A plus court terme, à l’intérieur d’un cycle long, la croissance
connait des fluctuations conjoncturelles pouvant provoquer
chômage ou inflation.
I.1.Les concepts.

La croissance inclusive : est une croissance élevée et soutenue,


diversifiée entre les secteurs. Elle inclut une large partie de la population
active du pays et offre des opportunités égales d’accès aux marchés et
aux ressources.
La croissance effective : A court terme, la croissance est tirée par la
demande des agents économiques qui achètent des biens et des
services. Cette croissance est appelée la croissance effective, celle que
l'on constate pendant une période donnée.
Le terme de productivité fait référence à la quantité de biens et services
produite en une heure par un travailleur.

La croissance potentielle
La croissance potentielle est celle qui se réalise dans le moyen et long
terme. Elle peut être définie comme celle réalisant le niveau maximal de
production sans accélération de l'inflation, compte tenu des capacités de
production et de la main d'œuvre disponible.
C’est le niveau du PIB normalement accessible par la nation, compte
tenu de l'état des techniques et des ressources de l'époque; il est indiqué
par la tendance économique fondamentale;
Elle provient du renouvellement de l‘offre de biens et services offerts par
les entreprises.
Par contre la croissance effective qui provient du produit effectif ou
produit d'équilibre qui est le PIB effectivement atteint par la nation à un
moment donné du temps; il peut s'écarter, peu ou prou, de manière
positive ou négative, du produit potentiel.
Cette croissance potentielle ne peut être mesurée directement, elle doit
être calculée à partir d’un modèle décrivant l’appareil productif et sa
dynamique. L’étude de la production potentielle et par ricochet celle de
l’évolution de la production autour de ce niveau permet de connaitre
avec plus de précision si le pays, même se situant dans une phase
d’expansion, évolue en plein ou en sous régime.
L'écart de production (output gap) est la différence entre la production
effective et le niveau de la production potentielle dont le niveau est
conçu comme un indicateur d'offre.
Par conséquent, l'écart de production représente l'excès (ou
l'insuffisance) de la demande et permet de juger de la situation dans le
cycle économique.
Emergence Economique
En dépit de l’attrait populaire que le concept exerce dans le contexte
politique actuel, l’émergence peut désigner une progression de
l’économie vers un état de développement intégral, résultant d’une
dynamique de croissance économique forte, soutenue et inclusive.
Dans la littérature générale sur l’émergence économique, il est question
principalement de trois groupes de facteurs qui en constituent à la fois le
contenu et le fondement :
 une croissance économique forte et soutenue sur une longue
durée (durable);
 une compétitivité et une attractivité solides sur les marchés
nationaux et étrangers, démontrant ainsi une grande ouverture sur
le marché mondial;
 et une transformation des structures économiques conduite par
une forte dynamique d’industrialisation et de diversification.

Le développement économique.

Le développement économique est un phénomène plus large que la


croissance. Il se traduit par une transformation des structures
économiques et sociales, par des progrès de l ’espérance de vie, et des
taux de scolarisation ou des réductions de l’inégalité.
Précisément : le développement économique correspond à l’ensemble
des transformations structurelles (économiques, sociales, politiques) qui
accompagnent et entretiennent la croissance économique.
Ces transformations sont structurelles ( industrialisation, urbanisation,
salarisation, tertiarisation…) et qualitatives (transformations des
comportements, amélioration de la santé, allongement de l’espérance de
vie, progrès des connaissances…).
Le développement est un phénomène qualitatif alors que la croissance
économique est un phénomène quantitatif.

I.2. La Croissance Economique dans le Monde

- Hétérogénéité de la croissance dans le monde


Les données relatives au PIB réel par habitant montrent que les niveaux
de vie varient largement d’un pays à l’autre.
Les pays les plus pauvres ont des niveaux de revenu que l’on ne
constate plus dans les pays développés depuis longtemps.
Les taux de croissance qui peuvent sembler faibles deviennent élevés
dès lors qu’ils sont cumulés sur plusieurs années.

Tableau n°3 : Historique de la croissance économique

Source : Maddison, L’économie mondiale, une perspective millénaire,


2001.

Dans le long terme, c’est le taux de croissance de la capacité d’offre de


l’économie qui détermine l’augmentation de la richesse et du bien-être
de l’économie, ce taux de croissance n’est pas prédéterminé.

Ainsi, en 1913, le PIB de l’Argentine était de 70% supérieur à celui de


l’Espagne. Après la seconde guerre mondiale, celui de Ghana dépassait
de près de 50% celui de la Corée du sud.
Mais en 2000, le PIB par habitant de l’Espagne était 50% supérieur à
celui de l’Argentine, celui de la Corée était 10 fois supérieur à celui de
Ghana. Ces trajectoires divergentes reflètent des écarts de croissance
persistants au fils des années.
R. Fogel a pronostiqué qu’en 2050 les trois premières économies du
monde seront la chine (avec 40% du PIB mondial), les états unis (14%)
et l’Inde (12%), loin devant l’union Européenne (5%).
Actuellement, les perspectives économiques de l’Afrique subsaharienne
sont positives avec un taux de croissance de 5,3 % en 2012 et 5,6% en
2013, contre 5% en moyenne avant la crise. Si l‘on exclut l'Afrique du
sud, le taux de croissance de la région devrait atteindre 6%.
L'écart entre croissance du PIB global et du PIB par habitant devient
négligeable dans les pays industrialisés. L’écart reste important dans les
pays en développement, particulièrement en Afrique. Avant d’améliorer
le niveau de vie, la croissance du PIB global doit compenser la
croissance démographique.

I.3. Le niveau de vie dans le monde


Pour mesurer le niveau de vie, il faut diviser le PIB par le nombre
d’habitants : c’est le PIB par habitant ou PIB par tête. Le terme
croissance économique fait alors référence à l’élévation du PIB par tête
au cours du temps, même si parfois ce terme est souvent employé pour
l’augmentation du PIB.

Le classement d'un pays en termes de niveau de vie peut varier. Cela


dépend du taux de croissance moyen au cours d'une longue période de
temps. Les pays les plus riches du monde n'ont aucune garantie de le
rester tout comme les pays les plus pauvres.

Tableau n° 3. Top 30 des pays par PIB/hab.

PIB/HAB (usd)

107865

91219

76667
74433
65696
61582
56935
55926
55236
53598
53129
51316
49910
49129
48557
47058
46747
46079
42568
42514
41197
37853
34878
34135
33546
32406
29433
26152
25662
23117
Tableau n°4 : top 10 des pays les plus riches et les 10 pays les plus
pauvres

PAYS PIB/HAB PAYS PIB/HAB


Luxembourg 107865 Gambie 534
Norvège 91219 Mozambique 519
Suisse 76667 Malawi 486
Irlande 74433 Sierra Leone 462
Qatar 65696 Madagascar 422
Danemark 61582 Congo (rep. dem.) 409
Suède 56935 Niger 396
Australie 55926 Liberia 352
Singapour 55236 Centrafricaine (rep) 335
Pays-Bas 53598 Burundi 213

Tous les 1er juillet, la Banque mondiale revoit sa classification des


économies du monde. Cette actualisation repose sur les estimations du
revenu national brut (RNB) par habitant pour l’année précédente (calculé
avec la méthode dite de « l’Atlas ». Au 1er juillet 2016, les critères sont
les suivants :
- un PIB par habitant inférieur ou égal à 1 025 dollars définit les pays
à faible revenu ;
- un PIB par habitant compris entre 1 026 et 4 035 dollars définit les
pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure
- un PIB par habitant compris entre 4 036 à 12 475 dollars définit les
pays à revenu intermédiaires de la tranche supérieure ;

Ces estimations actualisées sont prises en compte dans les lignes


directrices opérationnelles de la Banque mondiale pour déterminer
l’éligibilité aux financements de l’institution.

Tableau 5. : Évolution des indicateurs économiques de quelques


pays.

Pays Indicateur
1960 1980 2000 2010 20151
s
NIGERI PIB/hab 515 774 679 973 2548
A USD 2000
1
Perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays, $us constant 2000 jusque 2010 et
$US constant 2005 pour 2015.
PIB
millions
23
USD 2000 57031 83382 155323 464282
276
constants

Croissanc
2.65
e du PIB
PIB/hab
1727 4217 4407 5618 11159
USD 2000
PIB
millions 12565 51335 76899 109675 2319.42
BRESIL
USD 2000 2 1 3 0 0
constants
Croissanc
-3.95
e du PIB
PIB/hab
3395 5335 4652 5794 7575
USD 2000
PIB
AFRIQU
millions 14512 20470
E DU 59058 289661 416312
USD 2000 5 3
SUD
constants
Croissanc
1.28
e du PIB
PIB/hab
444 361 124 152 385
USD 2000
PIB
millions
RDC 6769 9512 5837 9438 29.709
USD 2000
constants
Croissanc
6.92
e du PIB
Source : A partir de la base des données de perspective monde/
université de sherbrook.
Tableau commenter. Quels constats peut on faire entre le taux de
croissance d’une économie et son volume de production ?

I.4. Croissance et variation du niveau de vie


La croissance économique doit permettre qu’au cours du temps à la
population d’avoir à sa disposition de plus en plus de biens et services.
Tableau 6 : variation du niveau de vie
PAYS PIB/HAB 1980 PIB/HAB 2017
Luxembourg 42637 107865
Norvège 48538 91219
Suisse 54891 76667
Irlande 17108 74433
Danemark 36378 61582
Suède 31094 56935
Australie 29922 55926
Singapour 13309 55236
Pays-Bas 30076 53598
Gambie 548 534
Mozambique 190 519
Malawi 407 486
Sierra Leone 488 462
Madagascar 622 422
Congo (rep. dem.) 845 409
Niger 517 396
Liberia 845 352
Centrafricaine (rep) 546 335
Burundi 280 213

On constate dans ce tableau les faits ci-après :


A) certains pays ont vu leur niveau de vie augmenté au cours du
temps :

- Le Luxembourg entre 1980 et 2017, le niveau de vie de la


population a été multiplié par environ 2.5, en Irlande par4.3, au
Singapour par 4.1.

B) Par contre, la situation s’est plutôt inversée pour les 10 pays les
plus pauvres en 2017. En dehors du Mozambique où le niveau de
vie a été multiplié par 4, tous les autres pays sont en 2017 plus
pauvre qu’en 1980 ! Les niveaux de vie des populations de la Rdc,
de la Centrafrique, du Libéria ont pratiquement été divisés par
deux.

C) Par ailleurs, un luxembourgeois avait en 1980 un niveau de vie 78


fois plus élevé qu’un centrafricain, ce rapport est passé à plus de
320 fois.
En conséquence, des écarts de taux de croissance peuvent engendrer
des écarts importants de niveau de vie au bout d’un siècle.

I.5. La croissance : un enjeu primordial de la politique économique

Susciter la croissance, l’entretenir ou l’accélérer est un des principaux


enjeux de la politique économique, sans doute le principal dans une
perspective de long terme. C’est aussi l’un de plus difficile à cerner : la
quête des déterminants de la croissance n’est pas aisée. Il s’agira donc
de procéder par étape.
Premièrement, il est primordial de retracer les trajectoires des différents
pays au fil de temps, ce qui permet de dégager quelques faits stylisés
marquant la croissance dans le monde.
Cette première analyse descriptive peut être complétée par l’analyse des
déterminants de la croissance .
Une autre approche plus élaborés utilise les modèles
macroéconomiques pour détecter les déterminants de la croissance.

I.6. Faits stylisés sur la croissance.

Nous dégageons cinq faits stylisés sur la manière dont la richesse a


augmenté au cours du temps dans différents nations.

Fait stylisé n°1. Les grandes ruptures de la croissance mondiale

La croissance du revenu mondial connait, sur très longue période, des


accélérations abruptes ; cependant, la croissance rapide du revenu par
habitant apparait comme un phénomène récent.
Angus Maddison a construit une mesure du PIB par tête moyen dans le
monde depuis le début de notre ère.
On distingue quatre grandes périodes :
• De la préhistoire à la fin du Moyen Âge, le revenu moyen dans le
monde fluctue autour de 100 dollars par habitant et par an.

• Il double entre 1400 et 1800. Il décolle véritablement avec la


révolution industrielle et dépasse 1 000 dollars à la veille de la
Seconde Guerre Mondiale.
• Entre 1930 et 2000 le niveau de vie mondial a été multiplié par plus
de cinq sur cette période.
• D’après les prédictions de Maddison, il atteindra 11 700 dollars en
2030.

L’analyse de cette information montre que la croissance du revenu


mondiale connaît sur très longue période de ruptures de tendance
abrupte.
A une échelle plus courte, les ruptures de croissance peuvent être
reliées à des changements de l’organisation du monde favorable au
développement des échanges.
Elles peuvent résulter d’innovations technologiques majeures ou de
nouvelles formes d’organisation économique. Cependant, ces éléments
ne sont pas suffisant pour expliques ces ruptures.
En effet, la compréhension des ruptures relève plus de l’histoire que de
l’économie. En effet, l’histoire de la croissance économique depuis 1917
est marquée par :
• Deux crises mondiales, celle de 1929 et celle de 2008
• Une période d’expansion rapide (les trente glorieuses)
• Les deux chocs pétroliers de 1973 et de 1979
• Les deux vagues d’innovations technologiques (la découverte du
moteur à explosion, les technologies de l’information et de la
communication en 1990)

Fait stylisé n°2. Inflexions du PIB/tête

Le PIB par habitant et la productivité peuvent connaitre des inflexions


significatives à moyen terme, qui ne sont pas nécessairement synchrone
entre pays industrialisés.
Certains pays sont parvenus à rattraper le niveau de vie des plus
avancés, mais d’autres sont restés en marge de la croissance mondiale ;
les inégalités de revenu ont augmenté très fortement au cours des 19
ème et 20 ème siècles.
Le progrès technique a accru les inégalités de revenus en augmentant le
taux de chômage, aussi en abaissant le salaire relatifs des salariés peu
qualifiés.

Fait stylisé n°3. Les inégalités de revenu dans le monde

Le lien entre croissance économique et inégalités des revenus est


naturellement double : la croissance influe sur les inégalités et les
inégalités rétroagissent sur la croissance.
La question des inégalités de développement entre pays ne doit pas
faire oublier qu’à très long terme, l’amélioration du niveau de vie
apportée par le progrès technique et le développement, joue un rôle
déterminant dans l’évolution des revenus.
C’est ici qu’interviennent les politiques de redistribution directe des
richesses. En effet, les pauvres doivent l’amélioration de leur revenu au
développement de leur pays plutôt qu’aux effets directs de l’aide
publique internationale..
Des effets cumulatifs des petits différentiels de croissance du PIB par
tête, entre pays conduisent, sur longues périodes, à des écarts des
revenus très importants. Les pays en développement ont connu entre
1960 et 2000, une croissance du revenu par habitant historiquement
forte, au rythme de 2.3 % par an.

En 2009, selon la Banque Mondiale, le rapport des PIB par tête en


dollars internationaux de 2005, allait de 1 à 286, entre la République
Démocratique du Congo (286 dollars par habitant et par an) et le Qatar
(82978 dollars).
Les cinq pays les plus riches du monde sont le Qatar, les Emirats Arabes
Unis, Norvège et Singapour. Les cinq plus pauvres sont tous en Afrique
subsaharienne ; La République Démocratique du Congo, le Burundi, le
Libéria, l’Erythrée et le Niger.
L’inégalité a augmenté considérablement au cours des deux derniers
siècles.
L’examen de L’indice de Gini (de la distribution mondiale des revenus)
est passé de 0.5, en 1820 à 0.64 en 1950 et 0.66 en 1992. Il s’est
encore accru depuis, pour atteindre 0.71 en 2002 (Milanovic, 2009).
Fait stylisé n°4 : Convergence économique.

Selon le quatrième fait stylisé, l’examen des PIB par tête, révèle qu’une
certaine convergence s’est produite en Europe et en Asie, alors que les
grands pays africains n’ont progressé qu’en terme absolu et en terme
relatif. Ainsi, certains pays restent à la traîne de la croissance mondiale.

SECTION II. LA MESURE DE LA CROISSANCE: LE PIB ET SES


LIMITES

II. 1. LE PIB, mesure de la croissance économique.

La croissance économique est mesurée par le pourcentage de variation


annuelle du produit intérieur brut. C’est un agrégat de la comptabilité
nationale mesurant le résultat final de l'activité de production des unités
productrices résidentes sur le territoire national.
Comme tous les agrégats, le P.I.B. est un instrument de mesure et un
indicateur du dynamisme économique du pays. Le rythme de son
évolution se traduit en périodes de croissance, de stagnation ou de
récession.
La plupart des pays utilisent le P.I.B. comme baromètre de leur activité
économique, ce qui rend possibles et compréhensibles les comparaisons
de taux de croissance entre les différents pays.
Un autre élément est important lorsque l'on s'intéresse à l'évolution au
cours temps de la production, c'est la croissance démographique. Selon
que l'on s'intéresse à l'évolution du poids économique global d'un pays
ou à l'amélioration du niveau de vie moyen de ses habitants, on
distinguera :
 le PIB total;
 le PIB par habitant.
La distinction est d'autant plus importante que la croissance
démographique est forte. L'écart entre croissance du PIB global et du
PIB par habitant devient négligeable dans les pays industrialisés ;
cependant, cet écart reste important dans les pays en développement,
particulièrement en Afrique. Avant d’améliorer le niveau de vie, la
croissance du PIB global doit compenser la croissance démographique.
II.2. Les limites du PIB

Le PIB a souvent été jugé partiel et même partial dans la mesure où il


n’évalue que la production économique (Mankiw & Taylor 2008).
En outre, la croissance n’est pas nécessairement synonyme de
développement dès lors que les richesses qui en résultent ne sont pas
réparties de manière équitable.
 En effet une augmentation des dépenses de défense ou des
investissements dans les dispositifs de sécurité consécutive à des
menaces extérieures ou terroristes accroissent le PIB mais
n’augmentent pas le bien- être.

 Le PIB ne s'intéresse qu'à l'aspect quantité (quantité de biens


produits,...), sans prendre en compte l'aspect "qualité" (qualité de
l'environnement, qualité de la vie, du produit,...). Une forte
augmentation des quantités produites peut être acquise par
exemple au prix d'une dégradation de l'environnement
(pollution,...). Dans ce cas, la croissance du PIB surestime la
véritable amélioration du bien-être pour la population.

 Non seulement le PIB ne mesure que des quantités, mais il ne


mesure que les quantités échangées officiellement. Les biens et
services qui sont produits à l'intérieur d'une famille par exemple
(repas, nettoyage, garde des enfants,...) ne sont pas
comptabilisés; mais sitôt qu'ils sont produits par des tiers et font
l'objet d'un échange officiel (cantines, restaurants, entreprises de
nettoyage, femmes de ménage, garderie d'enfants,...), ils sont
comptabilisés. L'économie souterraine (travail en noir,...) n'est pas
comptabilisée non plus. C'est la valeur d'échange plutôt que la
valeur d'usage qui est considérée.

 taux de croissance est un indicateur trop global pour toujours


constituer un objectif en soi pour la nation. Exemple : croissance
liée au développement d’industries lourdes au service du secteur
militaire qui satisfait le désir de puissance des dirigeants sans
améliorer le bien-être des populations.

La croissance peut se faire au profit des :


- services du gouvernement
- investissements privés
- consommation privée
- Entreprises étrangères

Le partage entre ces composantes détermine en partie l’intérêt des


diverses catégories de la population pour la croissance
économique. Il s’agit donc de déterminer ce qui croit effectivement,
quels biens, quels secteurs, quels services ?
 Le PIB intègre des éléments qui peuvent correspondre à une
réduction du patrimoine de ressources naturelles. L'exportation de
pétrole, de bois tropicaux,..., accroît le PIB, même si elle
s'apparente à l’occasion à un pillage en règle des ressources
naturelles.

 Le PIB ne tient pas compte des aspects d'équité ou de satisfaction


des besoins essentiels (Basic needs) de la population.
Dans le cas des pays en développement par exemple, il n'existe
pas de relation évidente entre le PIB par habitant et des indicateurs
sociaux comme l'espérance de vie, l’alimentation, la santé, la
scolarité,...
Certains pays, dont le PIB par habitant est très faible (SriLanka,
Chine,...), font montre d'indicateurs sociaux plus favorables que
ceux d'autres pays au PIB par habitant bien plus élevé, parce que
la priorité dans la réalisation du PIB est donnée aux produits
permettant de satisfaire les besoins de base de la population.

 Il néglige les inégalités ; le revenu vient de la production, la


croissance du PIB devrait améliorer le RN. Si la répartition des
revenus de la croissance est très inégalitaire, elle devient source
de conflits et d’instabilité politique.
 Il n’appréhende pas les externalités positives ou négatives liées au
processus de production.
 La mesure de la croissance par le PIB n’a pas été conçue pour
évaluer la qualité de la croissance et ne constitue pas une mesure
du bien-être et de son évolution.

 Le PIB ignore les dommages causés aux stocks environnementaux


et les destructions de capital aussi bien que les gains de qualité
des biens et des services qui vont de pair avec la croissance des
flux de quantité.

Compte tenu des imperfections du PIB, d’autres indicateurs sont


proposés, mais ils souffrent eux-aussi d'imperfections.
Les éléments supplémentaires que l'on souhaite prendre en compte par
rapport au PIB (ex : environnement,…) sont souvent difficiles à évaluer.
Des indicateurs composites ont également été mis sur pied, comme
l’indicateur de développement humain (IDH), mais son objectif est
différent ; il n’est pas de mesurer une évolution macro-économique.
L'IDH, indicateur de développement humain, a été construit pour pallier
les défaillances du PIB.
L’I.D.H. est construit à partir de 3 critères :
• L’espérance de vie à la naissance
• L’indice de savoir (taux d’alphabétisation et taux de
scolarisation)
• Le PIB par habitant.
Il est compris entre 0 et 1. Plus il est proche de 0, plus il est faible. Il
présente à son tour des limites car il ne tient compte que de 3 critères
socioculturels.
La notion de développement durable nécessite de corriger le PIB pour
tenir compte de l’épuisement des ressources naturelles et de la
dégradation de l’environnement.
Cependant, le PIB reste une première approximation de l’amélioration du
niveau de vie. Cette mesure doit être prise pour ce qu’elle est, c’est-à-
dire un indicateur dont l’observation n’emporte pas le fait que la
croissance ainsi mesurée soit durable.

SECTION III. LES DÉTERMINANTS DE LA CROISSANCE.


Les théories de la croissance se sont attachées a expliquer les
déterminants de la croissance de la production des pays même si la
quête des déterminants de la croissance n’est pas aisée.

La croissance peut avoir comme déterminants deux ensembles


d’éléments.
III.1.1. Les ressources disponibles
Les travaux inspirés par la théorie de croissance ont identifié plusieurs
ressources:
i. le travail : La force de travail ainsi que la quantité de facteur travail
disponible
ii. le capital physique.
iii. Le capital humain (caractérisant la qualité du travail et résultant
d'une accumulation antérieure opérée dans l'enseignement),
iv. La technologie :
v. La qualité des institutions…

III.1.2. La productivité des facteurs

A côté de ces facteurs de production, on peut mentionner un autre


déterminant de la croissance économique : la productivité de ces
facteurs. Il s’agit de l’amélioration de la productivité de l’ensemble des
facteurs de production, par exemple une amélioration de la productivité
des travailleurs, une utilisation des machines plus performantes.

L’analyse descriptive débouche sur une comptabilité de croissance qui


isole la contribution des différents facteurs.

III.3. Quelques conclusions des études de la croissance


économique

Les principales conclusions des travaux de Xavier Sala-i-Martin


soulignent qu'il n'y a pas qu'un seul déterminant simple de la croissance
économique.
Sur une plus longue période, l'expérience historique, suggère que
l'extension des libertés économiques à savoir la liberté d'entreprendre,
la liberté de circulation des personnes et des biens est une condition de
la croissance.
Sur le très long terme, Angus Maddison identifie trois processus
interdépendants qui ont permis l'augmentation conjointe de la population
et du revenu : la conquête ou la colonisation d'espaces fertiles et
relativement peu peuplés, le commerce international et les mouvements
de capitaux, l'innovation technologique et institutionnelle.
Pour Daron Acemoglu, il y a quatre causes fondamentales de la
croissance :
- l'environnement naturel,
- la culture,
- les institutions et
- la chance.
CHAPITRE II. LES GRANDS COURANTS D’ANALYSE DE LA
CROISSANCE
Nous analysons ici les théories de la croissance des premiers
économistes classiques jusqu' à Joseph Schumpeter.

SECTION I. CONCEPTION DES AUTEURS CLASSIQUE

La conception des auteurs classiques s'articule autour d'une croissance


entraînée par l’accumulation du capital. Ces auteurs avaient déjà perçu
la nature des mécanismes de croissance dans une économie de marché
(Smith, 1776) et les limites possibles de cette croissance (Ricardo,
1821).

Adam Smith

Adam Smith a souligné que c’est la division du travail qui améliore la


productivité et permet l’accumulation des richesses. Adam Smith
expliquait la spécialisation et la croissance économiques par les
rendements croissants que procure la division du travail et leur assigne
pour seule limite la dimension du marché.

Selon Smith, la division du travail est le vecteur du progrès technique, il


permet des gains de productivité, mais la taille du marché (de la
demande) doit être suffisante pour absorber le supplément de
production.

Ricardo et Stuart Mill.

Ricardo et Stuart Mill abandonnèrent le point de vue d’Adam Smith. A


partir de ces auteurs, c’est l’hypothèse des rendements décroissants qui
est retenue par la majorité des économistes.
Pour Ricardo, Cette loi des rendements décroissants vise à expliquer
que le rendement d'exploitation des terres agricoles diminue avec la
hausse de la population.
Ce principe s'explique par le fait que les terres les plus fertiles sont
exploitées en priorité et qu'avec l'augmentation de la population, des
terres moins rentables sont aussi exploitées.

Le mécanisme ricardien

Suivant Ricardo, l’économie se heurte à la décroissance des rendements


agricoles.
Cette décroissance se traduit par une redistribution des revenus au
détriment des profits et au bénéfice ce de la rente foncière.
La diminution du taux de profit entraîne une diminution du taux
d’accumulation du capital et du taux de croissance de l’économie.
Pour lui, l’économie tend vers un état stationnaire – c’est-à-dire un état
sans dynamisme et sans croissance.

Cependant, le commerce international permet d’importer des biens


agricoles dont les prix sont plus faibles et de contourner ainsi les
difficultés internes de production. Le progrès technique permet
d’accroître la productivité du travail.

En résumé, les classiques partagent une vision quantitativiste ou


extensive de la croissance.

Joseph Schumpeter

Joseph Schumpeter met en évidence le rôle primordial des innovations


technologiques avec le processus de destruction créative. En effet, la
croissance n’est pas un phénomène linéaire (comme dans la vision
d’une croissance par simple accumulation de capital) mais suit une
évolution heurtée au gré des innovations techniques. C’est un processus
permanent de destructions et de créations.

Le moteur de la croissance selon Shumpeter

Il retient comme moteur de la croissance l’action de l’entrepreneur dont


la fonction consiste à ’introduire de nouveaux biens, de nouvelles
méthodes de production, une nouvelle organisation industrielle, ou
encore d’explorer de nouveaux marchés.

La croissance comme phénomène quantitatif est ici subordonnée au


à des changements qualitatifs qui viennent de l’intérieur du système
économique : disparition des anciennes combinaisons productives qui
perdent leur rentabilité avec l’apparition de nouvelles combinaisons. La
discontinuité essentielle de l’innovation (différent d’un flux continu)
permet d’articuler l’analyse de la croissance et des fluctuations.

La contribution de Schumpeter restera longtemps isolée. C’est avec les


travaux de Harrod (1948) et Domar (1946) que la croissance redevient
un objet d’analyse économique dans la continuité de la révolution
keynésienne.

I.1.Le Modèle Keynésien HARROD-DOMAR

Dans le contexte de la crise de 1929 Keynes affirme qu' il peut exister


un équilibre de sous-emploi, c'est à dire un équilibre dans lequel toutes
les forces productives ne sont pas employées. ⇒On se trouve alors face
au chômage.
Cela se produit quand l’incitation à investir n’est pas suffisamment forte.
Il n'y a pas assez de consommation et trop d'épargne. L’équilibre ne sera
rétabli que grâce à l'intervention de l’Etat.
Harrod et Domar prolongent Keynes sur plusieurs plans :
 le rôle important de l’investissement et de la demande
 les doutes sur la capacité du capitalisme à assurer le plein emploi
(des hommes et des machines)
 le raisonnement en termes de déséquilibre.
Contrairement à Keynes, Harrod et Domar s'intéressent au long terme.

I.1.1. La croissance instable selon Harrod


La théorie de la croissance de Harrod se fonde sur la comparaison entre
3 taux de croissance: taux de croissance, garanti , effectif et naturel.
Le taux de croissance garanti
Harrod propose un modèle de croissance équilibrée, c'est à dire avec
plein emploi des ressources.
Le taux de croissance garanti (ou nécessaire) Gw (warranted) = c'est
le taux de croissance qui permet à l’économie de suivre un sentier
d’équilibre, c’est la condition pour que les producteurs soient satisfaits de
ce qu’ils font.
Pour que les producteurs soient satisfaits en effet, il faut que
l’investissement planifié par les entreprises I* puisse être mis en œuvre,
c'est-à-dire qu’il soit égal à l’épargne globale. (I* = S)
Il formule les hypothèses ci-après :
- un seul bien produit,
- les facteurs de production sont non substituables.
Harrod utilise le principe de l’accélérateur. Le principe de l'accélérateur
stipule que les entrepreneurs fondent leurs projets d’investissement non
pas sur le niveau de revenu mais sur la variation du revenu.

L'accélérateur d'investissement

L’approche par les investissements porte le nom de l’accélérateur. En


effet, le lien entre l’investissement et la demande anticipée est au cœur
du mécanisme appelé accélérateur de l’investissement.

Pour produire plus, les chefs d’entreprises doivent accroître leurs


capacités de production, c'est-à-dire embaucher et investir.
Or ces opérations de recrutement et d’investissement prennent du
temps. Les chefs d’entreprises, au moment où ils doivent prendre
leurs décisions, ne savent donc pas quelle sera le niveau de la
demande au moment où leurs capacités de production seront
opérationnelles. Ils doivent donc anticiper cette demande .

L’intérêt de ce mécanisme du point de vue de l’analyse cyclique est de


mettre en évidence le fait que l’Investissement peut connaître de fortes
variations dans le temps et ainsi entraîner des fluctuations importantes
du cycle économique.

En effet au point de retournement du cycle, une faible variation du


revenu national peut provoquer une forte augmentation des
investissements.

L’investissement correspond aux flux de dépenses réalisées par une


entreprise dans le but d’accroître son stock de capital et de remplacer la
partie du stock de capital qui est devenue obsolète.
Formellement, on a :

It = λ (K*t – Kt-1) + δ Kt-1



It = dépenses investies durant la période t,
K*t = stock de capital désiré pour la fin de la période t,
Kt-1 = stock de capital disponible au début de la période t,
λ= vitesse à laquelle le stock de capital s’ajuste au niveau désiré et
δ= taux de dépréciation du capital.

Les principaux déterminants du niveau de capital désiré ( K*) par une


entreprise sont les suivants:
 La demande attendue par l’entreprise pour le futur;
 Le coût d’usage du capital.

Le coût d’usage du capital (rc) = ∑ du taux d’intérêt réel (r) et du


taux de dépréciation du capital : rc = r + δ

 Les profits, dans la mesure où ils représentent la capacité qu’a


l’entreprise de financer son investissement avec ses ressources
propres.

Le modèle de l’accélérateur établit donc un lien entre le niveau de


l’investissement et la variation attendue de la production.

II.1.1. La formulation traditionnelle du mécanisme de l’accélérateur.


Elle repose sur les deux éléments suivants :

1. D’une part, il est supposé qu’il existe une relation stable entre le stock
de capital dont une firme souhaite disposer (K*) et le niveau de la
production (Y).
En particulier, il est supposé que le stock de capital désiré pour une
période donnée est proportionnel au niveau de la demande (ou
production) anticipée pour cette période :

K*t = αY*t (1)

En effet, une augmentation de la DG, volet consommation, amène les


entreprises à faire un investissement supplémentaire appelé
investissement induit noté Ii.

Ii est différent de l’investissement de remplacement effectué lorsque les


matériels sont usés, noté Ir.

L investissement induit dépend de la variation du revenu national :


Ii = α∆Y
α = coefficient d’accélération et correspond à la part du revenu
supplémentaire destiné à l’investissement.

Cette relation d’accélération est compatible avec l’idée que


l’investissement est bien plus volatile que la production.

2. D’autre part, il est supposé que les firmes peuvent ajuster rapidement
leurs dépenses d’investissement (I), de sorte que le stock de capital
existant est amené à son niveau désiré durant la période considérée;

Supposons qu’il n’y a pas de dépréciation du capital, on a :


It = K*t+1 – Kt (2)
En substituant (1) dans (2), on obtient :
It = α [Y*t+1-Yt ]
Cette relation implique que le niveau de l’investissement est
proportionnel aux variations attendues de la demande.

Il en résulte que :
- L’investissement sera positif durant les périodes d’expansion,
durant lesquelles le PIB a tendance à augmenter, négatif durant les
périodes de récession, durant lesquelles le PIB a tendance à
diminuer.

Il en résulte également que :


- L’investissement augmentera lorsque la croissance s’accélère, ce
qui aura pour effet de renforcer l’expansion économique, et à
diminuer lorsque la croissance décélère, ce qui aura pour effet
d’amplifier la récession économique.

Le mécanisme de l’accélérateur prédit de fortes fluctuations de


l’investissement. Il constitue donc une explication potentielle du rôle
important joué par l’investissement dans la dynamique du cycle
économique.

L'intérêts de cette analyse est ainsi :


 de proposer une explication simple de la volatilité de l’investissement;
 de fournir une réponse à la question de savoir pourquoi les
économies fluctuent parce que certaines composantes de la
demande finale sont très volatiles.
Ex.Une augmentation du revenu national de 1 million de dollars entraine
un nouvel investissement de 2 millions, le coefficient d’accélération sera
de 2.
Ce concept est illustré dans le tableau suivant :

II.1.2.Tableau n°2 : Les effets de l'accélérateur

Année 0 1 2 3 4 5 6
Quantité demandée
par les ménages
(ventes) 1 000 1 000 2 000 3 000 3 500 3 500 3 400
Nombre de
machines
nécessaires pour
produire 10 10 20 20 35 35 34

Investissement induit 0 10 10 5 0 0
(Ii, machines
supplémentaires)
Investissement de
remplacement (Ir) 1 1 1 1 1 0
Investissement total 1 11 11 6 1 0

L' analyse de ce tableau démontre les effets de l’ accélérateur sur base


des hypothèses suivantes :

 Durée de vie de la machine 10 ans;


 L’ année 0 : acquisition de la machine;
 L annee1: l’entreprise doit remplacer une machine;
 Chaque machine permet de produire 100 unité par an;
 Il n y a pas d innovation;
 L entreprise ajuste ses décisions d investissement afin que la
capacité de production corresponde à la demande des ménages.

Ce tableau permet d’illustrer les effets ci après de l’accélérateur :

1. I ↑ lorsque D↑, lorsque le PIB ↑ càd si ∆Yt+1 >∆Yt. Ex. Entre l’ année
1 et l’année 2 : la demande double mais l’investissement est multiplié par
11. C'est l’effet de l’accélérateur.
2. l'investissement est constant même si le revenu national augmente, si
∆Yt+1 = ∆Yt. Cas illustré entre l’ année2 et l’année3, la D↑ de 1000,
mais I est constant.

3. l’investissement peut diminuer même lorsque le PIB augmente, si la


variation est plus faible que celle de la période précédente ; si ∆Yt+1
<∆Yt, passage de l’ année3 et l’ annee4, la D↑ de 500, les I↓ de 11 à 6
machines.

4. l’ investissement se compose uniquement de Ir, si le PIB stagne Yt+1


= Yt; voir année 4 vers année 5.
5. l’investissement peut chuter fortement même si le PIB↓légèrement.
Passage de l’année 5 à l’année 6. D↓ de 100 et I nul.

Cependant de nombreux autres facteurs influencent l’accélérateur.En


effet, les investissements des entreprises dépendent aussi de leurs
anticipations de demande, du taux d’ intérêt...
Les keynésiens estiment donc que les interactions entre les effets
multiplicateurs et accélérateurs déterminent la profondeur et la durée
d’une récession ou d’une période de croissance.

On sait que I* = S

S : S = s.Y avec 0 < s < 1. Il s'agit de l'épargne ou encore de


l'investissement réalisé, ou investissement ex post.

L'investissement ex ante et ex post peuvent différer si l'investissement


est trop important par rapport à la demande qui va se manifester.
A l’équilibre, on doit avoir l’égalité entre l’investissement désiré et
l’épargne :
I = S => α (ΔY) = s.Y=> ΔY / Y = s/α Condition de la croissance
équilibrée =>Gw = s/α

Il y a deux manières d'interpréter ce résultat :


1- Gw = taux de croissance qui permet l'égalité I = S => A ce taux, les
plans d’investissement sont parfaitement coordonnés avec les plans de
consommation (ou épargne).
2- Gw = taux de croissance qui permet l'égalité entre I désiré (I lié à
l'accélérateur) et I réalisé (S) => A ce taux, il y a plein emploi des
capacités de production.
Gw dépend du comportement des entrepreneurs (α) et des
consommateurs (s). Si s et α demeurent constants, la croissance sera
régulière, c'est à dire à taux constant.

Le taux de croissance effectif (G) : Le "fil du rasoir"


Le taux de croissance effectif (ou constaté) du revenu appelé G
correspond à l' accroissement dans une période unitaire de la production
totale exprimée sous forme d’une fraction de la production totale.
Il est égal à la croissance constatée du revenu (ou production) national.

Relation G (taux de croissance effectif) et GW (taux de croissance


garanti)
1. G <Gw => demande effective < demande prévue => (accélérateur)
↓ I(investissement) => (multiplicateur) ↓ Y(production) => excédent de
capital => ↓ I (investissement) => ↓ demande => ↓ G => récession =>
G <<Gw

2. G >Gw => demande effective > demande prévue => (accélérateur) ↑ I


=> (multiplicateur) ↑ Y => pénurie de capital => ↑ I => ↑ demande
=> ↑ G => inflation => G >>Gw
Dans les deux cas, l'écart entre G et Gw s'accroît. C'est pourquoi la
croissance est dite en équilibre en fil de rasoir.
L'instabilité de la croissance est inhérente à l'économie capitaliste. L'Etat
doit intervenir pour éviter que s'enclenche la spirale de récession, ou
pour en limiter les effets.

Le taux de croissance naturel Gn

C’est le taux qui permet le plein emploi des facteurs de production. Il


s’agit donc du taux auquel l’économie doit croître pour éviter le
chômage.
Taux de croissance naturel = ∑ taux de croissance de la population
active (n) et de la productivité du travail (μ).
Il dépend de la croissance de la population active, mais aussi du capital
existant et des progrès de productivité.
Condition de la croissance équilibrée de plein emploi => G = Gw =
Gn => G = s/α = n + μ
Selon Harrod il est très difficile d’atteindre cette égalité, du fait que ces
taux dépendent de 4 paramètres exogènes et indépendants : s, α, n et μ.
s relève des préférences des agents, α, et μ dépendent des conditions
techniques, n dépend de la démographie.
La réalisation spontanée du plein emploi ne peut être que fortuite.
De plus, si jamais cet équilibre est atteint, il est «hautement instable»,
tout écart accidentel hors du chemin de la croissance équilibrée,
entraîne cumulativement l’économie de plus en plus loin de l’équilibre
économique.
 Si Gn<Gw: du fait de la barrière du plein emploi, G, est au mieux
égal à Gn et donc on aura G<Gw . Principe d’accélération => ↓ I ;
principe du multiplicateur => ↓ Y => excédent de capital => ↓ I => et
ainsi de suite.
On rentre dans un processus cumulatif vers la dépression : crise et
chômage s’installent de façon durable. Le taux d'épargne est trop élevé
par rapport au taux de croissance naturel ; c'est la situation
diagnostiquée par Keynes (S>I). L'équilibre Gn = Gw sera restauré (au
niveau de Gn) par la baisse de s.
 Si Gn>Gw: G sera supérieur à Gw la plus part du temps. Il y a
pénurie de capital, l’offre ne suit pas la demande. Les investisseurs
savent qu’ils n’ont pas assez investi, ils vont alors augmenter leurs
investissements, qui, par l’effet multiplicateur fera augmenter la
demande, ce qui encouragera de nouveau les investissements et ainsi
de suite.
L’économie rentre alors dans un processus cumulatif d’expansion tiré par
la demande. Surchauffe et inflation. Si ce n’est pas le cas, chômage
structurel croissant.
Il est donc quasiment impossible pour des économies en croissance de
connaître un plein emploi continu. D'où intervention de l'Etat.

I.1.2. Domar et les deux effets de l'investissement


Evsey Domar économiste américain, montre la difficulté de réaliser une
croissance équilibrée de plein emploi dans 2 articles parus en 1946 et
1947.
Il suppose que l'économie se trouve en situation de plein emploi et
s'interroge sur les conditions à réunir pour que le plein emploi se
prolonge.
La double nature de l’investissement
Pour DOMAR, l'investissement est une dépense génératrice de revenus
mais aussi un créateur de capacités de production nouvelles.
Puisque l’investissement augmente la capacité de production et crée du
revenu, quel doit être le taux de croissance de l’investissement de
manière à rendre l’augmentation du revenu égale à celle de la
production pour que des capacités de production ne restent pas
inutilisées ?
Domar essaie d’établir une telle équation qui intègre les deux natures de
l’investissement : l’effet revenu, du côté de la demande et l’effet
capacité, du côté de l’offre.

1) L’effet "revenu" de l’investissement : le côté demande de l’équation :


L'effet de revenu signifie qu'en vertu du jeu du multiplicateur ,
l'investissement engendre un accroissement plus que proportionnel du
revenu distribué.
2) L’effet "capacité" de l’investissement : le côté offre de l'équation :
L'effet de capacité mesure l'augmentation de la capacité productive de
l'économie induite par l'investissement. L'effet de capacité dépend de la
productivité du capital appelée δ. C'est une constante dont la valeur
dépend des techniques existantes. Soit I l’investissement annuel de
l’économie. Alors I.δ = accroissement du potentiel de production de
l’économie.

La difficulté d'atteindre une croissance de plein emploi


Le plein emploi se maintient si le supplément de revenu parvient à
absorber le supplément de production => effet de revenu = effet de
capacité => variation de la demande = variation de l'offre => ΔI/s = I.δ
(2)
=> ΔI/I = s.δ (3)
Cette dernière équation (3) renseigne que pour maintenir le plein emploi,
le taux de croissance de l’investissement doit être constant et égal à s.δ.
Dans une économie de marchés où les décisions sont prises de manière
décentralisée, il n'existe pas de forces endogènes permettant un
équilibre spontané. La croissance sans chômage ne peut avoir lieu que
de manière exceptionnelle.
L'Etat peut jouer un rôle en stimulant la demande sans augmenter I ou
en modifiant la répartition des revenus (la baisse de s freine la hausse
de I nécessaire au maintien du plein emploi).

Conclusion sur le modèle Harrod-Domar :

Le modèle de Harrod-Domar montre l’instabilité du sentier de croissance


équilibrée : tout écart du sentier mènera à une expansion ou à une
dépression cumulative et s’écartera de plus en plus de l’équilibre.
Apport du modèle: possibilité d'expliquer les fluctuations et les cycles
d'affaires par l'écart entre G et Gw. Par contre, ces résultats s’opposent
au sentiment de confiance dans la croissance retrouvée des Trente
Glorieuses.
Limites :
- comportement d’investissement des entrepreneurs défini en terme
frustes qui sont ceux de l’accélérateur simple et leurs erreurs
d’anticipation amplifiées par le multiplicateur.
- constance du coefficient de capital => neutralité du progrès technique.
Le progrès technique est neutre au sens de Harrod si, à taux d'intérêt
constant, il laisse inchangées les parts relatives des facteurs.
- modification possible de la répartition du revenu
- aspects monétaires et financiers pas pris en compte.

Cependant, Evsey D. Domar a désavoué son propre modèle en 1957


pour analyser la croissance, s’alignant sur Solow.
Malgré tout, cette approche reste très populaire et utilisée.

Chapitre III. Le Modèle de Croissance néoclassique.

La théorie néo-classique considère que le progrès technique est


exogène, c'est-à-dire dû à des facteurs externes. Le modèle de
croissance exogène le plus connu est le modèle de Solow.

II.1. Le modèle de Solow

Dans les années 1950, Robert Solow (Prix Nobel 1987) propose une
théorie formalisée de la croissance qui repose sur l’accumulation de
capital.
l’objet principal du modèle est d’expliciter le rôle des technologies
retenues par les entreprises et des préférences des consommateurs
dans la détermination du taux de croissance de régime régulier

Ce modèle s’écarte des conclusions de Harrodd et de schumpeter sur


les aspects ci-après :
- Solow s’oppose à Harrod (1939, 1948) qui affirme que dans le
long terme, le taux de croissance de l’économe dépend de sa
capacité à surmonter les déséquilibres qui surviennent en chemin,
en raison de la nature du processus de croissance
- Par rapport à la vision schumpéterienne, Solow refuse d’ envisager
la croissance comme le résultat de changements qualitatifs et d’un
processus de destruction créatrice qui ouvrirai la voie à une
analyse qui met l’accent sur les déformations de la structure
productive.

Le modèle de Solow est construit autour de deux équations : une


fonction de production et une équation décrivant l’accumulation du
capital. La fonction de production décrit la manière dont les facteurs de
production se combinent entre eux pour réaliser une production donnée.

- Les hypothèses du modèle de Solow

Le modèle de Solow repose sur les hypothèses suivantes :


Hypothèse 1 : Les pays produisent un seul bien homogène qui sert à la
consommation et à l’investissement.
Y CI

Hypothèse 2 : La production se fait en concurrence pure et parfaite. Donc


la valeur de la production permet de rémunérer exactement le capital et le
travail.

En d’autres termes, le taux d’intérêt (r), c'est-à-dire la rémunération d’une


unité du capital est égale à la Productivité marginale du capital (PmK) et le
taux de salaire (w), c'est-à-dire la rémunération d’une unité de travail est
égale à la Productivité marginale de travail (PmL).
Y  PmK . K  PmL. L

Y  wL  rK

Ainsi, le taux de salaire et le taux de profit sont respectivement


déterminés par les pro-ductivités marginales du travail et du capital.
Hypothèse 3 : La technologie de production est exogène et peut être
représentée par une fonction de production néoclassique basée sur des
facteurs substituables : le capital (K) et le travail (L) ;

Y  f K ; L]

Hypothèse 4 : La consommation est une fonction de consommation


Keynésienne du type :
C  c.Y  S  1  c Y  sY

c : propension marginale à consommer et s : taux d’épargne.

Hypothèse 5 : Le taux participation à l'emploi de la population est constant.


Si la population croît au taux n, l’offre de travail L augmente à ce taux n.
dlog (L) dL/d t L̇
= = =n
dt L L

Dans le modèle de Solow, la croissance de la population est exogène et


ne réagit pas aux variations du niveau de vie.

Le niveau de l’emploi est ici supposé égal à la taille de la force de


travail: le plein emploi est garanti et le problème de coordination
disparaît par hypothèse.

Dans les deux prochains paragraphes, nous analyserons les deux


équations importantes du modèle de Solow : la fonction de production
agrégée et les décisions d’accumuler du capital.

II.1.1. Les deux équations de base du modèle de Solow.

II.1.1.1. La fonction de production agrégée

Le modèle de Solow repose sur le fait qu’on peut résumer le


fonctionnement de l’économie par une fonction de production. Une
fonction de production est une relation quantitative entre inputs et
outputs, entièrement déterminée par la technologie, qui décrit en termes
physiques quelle est la quantité d’inputs nécessaires et suffisants pour
produire une quantité quelconque d’outputs, par unité de temps.

Il s'agira ici de présenter cette fonction de production agrégée et d'en


préciser la forme.
La fonction de production agrégée est au cœur de la croissance
économique. Le modèle de Solow s’appuie sur une fonction de
production néoclassique qui fait dépendre le produit Y dedeux facteurs
de production : le capital (K) et le travail (L),

La production de l’économie est notée Y. On peut alors écrire :

Y =F (K , L)(1)

Solow pose l’hypothèse de substituabilité de ces deux. Tout se passe


comme si l’économie avait le choix entre un menu de techniques impliquant
différentes combinaisons de travail et de capital. La productivité marginale
du capital est décroissante : chaque unité supplémentaire de capital décroit
sa productivité marginale.

La fonction de production est déterminée par l’état de la technologie


comprise au sens large. Elle inclut les techniques de production, mais
aussi les modes d’organisation du travail et de la société.

Il est supposé dans un premier temps que la technologie est


donnée. Il n’y a donc pas de progrès et la fonction de production
reste la même au fil du temps.
Solow utilise une fonction de production Néoclassique.

Une fonction de production est dite néo-classique si elle vérifie les


trois propriétés suivantes :

Propriété 1 : Les rendements factoriels sont décroissants. En d’autres


termes, la productivité marginale du capital et du travail est décroissante.

Y  2Y
 0 et 0
K K 2

Y  2Y
 0 et 0
L L2

Les rendements factoriels décroissants signifient que la production


augmente lorsque la quantité d’un seul facteur de production augmente,
mais cette augmentation est d’autant moins importante que la quantité
initiale du facteur est élevée. Ceci est vrai pour le capital et le travail.

On suppose donc à la fois des rendements décroissants du travail et des


rendements décroissants du capital. Cette propriété renvoie au fait qu’il
n’est pas possible d’accroître la production par travailleur indéfiniment en
augmentant simplement le nombre de machines que ces derniers
utilisent.

Propriété 2. Les rendements d’échelle constants. Cela signifie que si


on double ou triple la quantité utilisée de tous les facteurs, la production
doublera ou triplera également. Les deux facteurs de production sont
variables.

Cela est vrai quelle que soit la proportion dans laquelle on augmente les
facteurs de production. On pourra donc écrire :

F (aK , aL)=aY (2)

L’égalité sera vérifiée quelle que soit la valeur de a. On dit que la


fonction de production est homogène de degré un.

La justification de cette hypothèse est qu’il est raisonnable de penser


qu’en dupliquant les facteurs de production, on dupliquerait aussi la
production. En d’autres termes, si on doublait la population et le stock de
capital de la RDC par exemple, la production de la RDC doublerait
également.
La conséquence de l’existence de rendements à l’échelle constants est la
suivante :

Y F( K , L)
y= =
L L
K L
L L [ ]
=F ; = F [ k; 1 ]

On a utilisé l’homogénéité de la fonction de production pour obtenir ce


résultat. Cette homogénéité permet de représenter la relation entre la
production par travailleur et le stock de capital par travailleur.

La production par travailleur est la production totale divisée par le


nombre de travailleurs.
On utilise des lettres minuscules pour représenter les variables
mesurées en unités par travailleur.
On va appeler f la fonction F lorsque son deuxième argument est égal à
un. On peut alors écrire :

F(k ,1) ≡ f (k ) (4)

Cette notation souligne le fait que la production par travailleur ne


dépend que d’une chose : la quantité de capital par travailleur.
Graphique n° 34: La fonction de production

Ce graphique fait clairement apparaitre les rendements décroissants du


capital par travailleur. En effet, on constate que la pente de la courbe
diminue lorsque le stock de capital par travailleur augmente.

La courbe est concave du fait de l’hypothèse de rendements factoriels


décroissants. Une même augmentation du stock de capital (Δk) par
travailleur fera plus augmenter la production si le stock de capital par
travailleur initial est faible que s’il est élevé (Δy0 >Δy1).

Propriété 3 : les conditions d’INADA

Propriété 3-1 : Lorsque le capital (le travail) tend vers 0 la productivité


marginale du capital (travail) tend vers l’infini.
lim PmK   lim PmL  0
K t 0 Lt  

Propriété 3-2 : Lorsque le capital (le travail) tend vers l’infini, la productivité
marginale du capital (travail) tend vers 0.
lim PmK  0 lim PmL  0
K t   Lt  

Ainsi, en utilisant la production par travailleur, on peut affirmer :

- f(0) = 0 : sans capital, on ne peut pas produire;


- f’(0) = ∞ : la productivité marginale du capital par tête tend vers
l’infini quand son niveau est faible
- f’(∞) = 0 : la productivité marginale du capital par tête tend vers 0
quand son niveau est élevé
- f’(k) > 0 : la production augmente avec le capital par tête
- f’’(k) < 0 : la productivité marginale du capital est strictement
décroissante (f est concave)

II.1.1.2. L’équation dynamique fondamentale de l’accumulation du


capital

On a vu que la seule chose qui fait augmenter la production par


travailleur est une augmentation du stock de capital si on suppose que la
technologie est donnée. Il faut à présent se demander comment ce stock
de capital peut évoluer.

Dans une économie fermée et sans Etat, le PIB est utilisé soit pour la
consommation soit pour l’investissement. Ainsi, l’équilibre est
systématiquement assuré entre l’offre et la demande globale,
l’économie est supposée pleinement coordonnée, de telle sorte que le
produit est réparti entre la consommation C et l’investissement K.
Ce qui permet de formuler l'hypothèse suivante :

Y =C + I

Cette première égalité est complétée par celle qui définit l’épargne.
L’épargne (S) est définie par la différence entre le revenu et la
consommation :

S=Y −C

Comme il s’agit aussi d’une définition, cette deuxième égalité est


toujours vraie.

Pour rappel (hypothèse 4) La consommation obéit à une règle «


comportementale » et est proportionnelle au revenu. L’épargne, qui est
la partie du revenu non consommée, est elle-même proportionnelle au
revenu;

Si nous combinons les deux définitions, on obtiendra une expression qui


sera toujours vraie.

On remplace alors Y dans l'expression de S par sa valeur dans :


S= ( C+ I )−C

Après simplification, nous aurons :

S=I

Cette égalité traduit le fait que la production est repartie entre les
consommateurs et les entreprises. Ce qui n’est pas consommé, donc
épargné, peut être investi et vice versa.

On obtient alors l’identité comptable fondamentale, celle de l’égalité


entre épargne et investissement en économie fermée sans Etat.
Puisque tout le revenu disponible est soit consommé, soit épargné, la
fonction d’épargne se dérive de la fonction de consommation (cfr cours
de macroéconomie).

S=C+ I

On peut donc écrire une fonction d’épargne de la forme : S=sY


S représente l’épargne totale du pays. Le paramètre s mesure le taux
d’épargne ou encore la propension à épargner. Ce taux d'épargne est
par hypothèse constant, ce qui implique que les pays riches et les
pauvres épargneront la même proportion de leur revenu.

Solow reprend l’hypothèse selon laquelle l’épargne est proportionnelle


au revenu. Comme l’investissement est égal à l’épargne, on peut déduire
que l’investissement est lui aussi proportionnel au revenu :

I =S=sY

=>
I =sY
Avec ces éléments, on peut décrire l’évolution du stock de capital.

- La variation du stock de capital

Le capital est un stock tandis que l’investissement est un flux. Le stock


de capital est constitué des investissements passés. L’investissement
d’une année vient s’ajouter au stock de capital initial.

En outre, chaque année, une partie du stock de capital doit être


remplacée. C’est ce qu’on appelle la dépréciation du capital. Ce
phénomène décrit le fait que les machines utilisées s’usent et vieillissent,
et qu’elles finissent par partir à la casse.

Pour tenir compte de ce phénomène de dépréciation du capital, nous


allons supposer qu’il se fait à un taux constant δ. En d’autres termes,
chaque année les amortissements représentent une part constante δ du
capital :

Dépréciation = δ.K

Le stock de capital au début d’une année sera donc égal au stock de


capital du début de l’année précédente auquel s’ajoutera
l’investissement de l’année précédente mais se retranchera
l’amortissement de l’année précédente.

Formellement, en termes algébriques, on va introduire un indice


pour le temps, t, qui numérote les années.
On pourra alors écrire :

K t +1=K t + I t −δ K t
Ou encore :
K t +1=¿

En rappelant que δ K treprésente la dépréciation du capital et It


l’investissement réalisé au temps t.

Plus précisément, le stock du capital est déterminé par deux flux:

 L’investissement : le stock de capital augmente lorsque les


entreprises achètent de nouveaux équipements.
 La dépréciation : Le stock de capital diminue avec la dépréciation
de ce dernier. A mesure que le stock vieillit il doit être déclassé.
Dans une économie fermée, sans dépense gouvernementales,
l’investissement est égal à l’épargne des ménages.

L'expression de la variation du stock de capital Kt+1 = Kt + It−δ.Kt peut


être réécrite de la manière suivante:

K t +1=K t +sY t−δ K t


K t +1−K t =sY t −δ K t

 ΔK t =sY t−δ K t
Où ΔK t représente la variation du stock de capital au cours de l’année t,
qui est aussi un flux.

L’intérêt de l’expression ΔKt = sYt− δKt est qu’elle ne fait plus intervenir
que des flux.
Pour traduire cette dernière expression en termes de flux par travailleur,
il suffit d’en diviser les deux côtés par le nombre de travailleurs Lt.

Supposons que la population croit au taux n


Dans ce cas :
Lt +1=(1+ n)Lt

Définissons respectivement le capital par tête et la production par tête au


temps t, soient :

Kt
k t=
Lt
Yt
yt =
Lt
Si nous divisons les deux côtés de l’équation de l’accumulation du
capital par Lt, nous aurons :
K t +1 K t sY t δ K t
= + −
Lt L t Lt Lt
K t +1
=k t + sy t −δ k t
Lt
Lt+1
En utilisant l’identité Lt =
1+n
Nous aurons :
K t +1 1
=k t +1= (k ¿ ¿ t +sy t−δ k t )¿
Lt +1 1+ n

sy t
k t+1 = +¿ ¿ ¿
1+n
Cette expression a une interprétation très intuitive. En effet, elle signifie
que la variation du stock de capital par tête correspond exactement à la
différence entre l’investissement total par tête (syt) et l’investissement
nécessaire à remplacer la fraction du stock de capital par tête qui s’est
dépréciée (1- δkt).

En effet, si on souhaite simplement garder constant le stock de capital


par tête, on doit investir tout juste suffisamment pour compenser
l’amortissement, qui est égal à δkt.
Pour rappel la production par tête est une fonction du stock de capital
par tête, c'est à dire que y = f(kt), d'où on aura :
k t+1 =s ¿ ¿ ¿

Il s’agit de l’équation centrale du modèle de Solow. Elle est très


simple, elle ne fait intervenir qu’une seule variable et deux paramètres.
Elle est fondamentale, puisqu’elle implique que la variation du
stock de capital par tête ne dépend que du stock de capital par tête.

NB : sf(kt) = l’épargne par unité de travail et (1- δkt) =


l’investissement par unité de travail requis pour que le rapport du
capital au travail reste constant.

Toute l’évolution de l’économie va donc pouvoir être analysée à partir de


celle du stock de capital par travailleur.

Le diagramme de Solow
Représentons d’abord graphiquement la relation entre la production, la
consommation et l’investissement.
Graphique n° 35. Production, consommation et investissement

y Le revenu est consommé


Production y = f(k) ou épargné :

y  ci
Production par travailleur

Production Consommation
par travailleur L’épargne est égale à
par travailleur l’investissement :

c i  s  y


y Investissement i= s × f(k)  y  f k 

On a donc:

i  s  f k 
Investissement
i par travailleur

Capital par travailleur k

Ce graphique renseigne qu’à technologie et population données, la


production dépend de la taille du stock de capital par travailleur. Ce
stock diminue avec la dépréciation. Par ailleurs, l’accroissement de la
population crée une autre source de consommation du capital, car il faut
fournir du capital aux nouveaux travailleurs.
II.1.2. La croissance dans le modèle de Solow

Dans ce Paragraphe, nous allons décrire comment l’accumulation de


capital favorise la croissance dans le modèle de Solow. En d’autres
termes, il s’agit de démontrer que l’accumulation du capital physique est
la source de croissance économique dans ce modèle.

A cette fin, nous allons commencer par nous intéresser à la situation


vers laquelle l’économie converge (I) avant de regarder ce qui lui arrive
en amont de cette situation (II).

1. L’état stationnaire

En économie, un état stationnaire désigne une économie dont les


activités sont relativement stables, ne favorisant ainsi ni la croissance ni
la décroissance de celle-ci.

C'est une situation dans laquelle l’économie croît à un taux constant.


Une économie à l'état stationnaire correspond en définitive au stade où
elle a atteint un niveau optimal, un niveau d'équilibre entre la croissance,
la consommation et la démographie.

Une économie, quelle que soit sa situation initiale, converge à long


terme vers un équilibre stationnaire. Dans le modèle de Solow, cet état
est atteint lorsque le stock de capital par unité de travail ne varie plus.

En particulier, le stock de capital par travailleur y reste constant. Nous


allons baptiser k la valeur stationnaire du stock de capital. L’équation
d’accumulation du capital nous permet de préciser cette valeur :

∆ k=sf ( k ) −(δ +n)k=0

sf ( k )=(δ +n)k

1) Cette expression montre que le stock de capital stationnaire est


déterminé par le fait qu’il permet une production telle que l’épargne
va tout juste permettre de compenser les amortissements.
2) Chaque fois que l’épargne excède l’investissement requis,
l’intensité capitalistique (le ratio du capital au travail) augmente.
Chaque fois que l’épargne est en deçà de l’investissement,
l’intensité capitalistique diminue.
L’équilibre est atteint quand l’épargne est égale à l’investissement
requis, soit à l’intersection des deux courbes.

L’état stationnaire représente l’équilibre long terme de l’économie.


Toutes choses étant égales, le stock de capital par heure-travaillée finit
par se stabiliser.

A ce niveau de capital, l’investissement est égal à l’usure du capital


(l’amortissement). Il n’y a donc plus de variation de K / L c’est-à-dire de
k.
Comme l’investissement compense exactement les amortissements, le
stock de capital reste constant. Cette condition peut se traduire
graphiquement.

Graphique n° 36 : l'état stationnaire

(δ+n)k
y

Production y = f(k)
c

ഥ Investissement I= sf(k)

݇ത k

Ce graphique permet de constater qu’il y a un seul état stationnaire qui


correspond à une seule valeur du stock de capital par travailleur k . Il y a
donc aussi une seule valeur du revenu par tête y

Puisque le stock de capital par tête est par définition constant à l’état
stationnaire, la production par tête sera elle aussi constante. L’état
stationnaire correspond donc à une situation de croissance nulle.

Il est à noter que la forme de la fonction de production permet d’assurer


que l’état stationnaire est unique. En effet, avec l'hypothèse de
rendement du capital est décroissant, la courbe qui représente l’épargne
devient de moins en moins raide au fur et à mesure que le stock de
capital augmente et finit donc forcément par couper la droite qui
représente la dépréciation du capital. A ce niveau, l'amortissement
rattrape l’investissement.

2. La convergence vers l’état stationnaire

Le mécanisme économique dans ce modèle, caractéristique d’une


économie en concurrence parfaite, lie l’intensité capitalistique au prix relatif
des facteurs de production.

Supposons qu’une économie démarre avec un stock de capital k0 inférieur


à celui de l’état stationnaire k , c'est à dire que nous supposons que
l'économie est pauvre avec un faible capital par tête.

1er cas : k0< k

Quelle va être son évolution ? Le graphique suivant permet de répondre


à cette question.
Graphique n° 37. La convergence vers l’état stationnaire

(δ+n)k
y


ഥ Investissement I= sf(k)

݇ Ͳ ݇ത k1 k

On constate qu’en k0, l’épargne est supérieure à l’amortissement, la


courbe sf(k) est au-dessus de la droite (δ+n) k, cela signifie donc qu’au
cours de l’année le pays va investir plus que ce qui est nécessaire pour
compenser l’amortissement. Le stock de capital va donc augmenter et se
rapprocher de sa valeur stationnaire k .

Le même raisonnement s’applique tant que le stock de capital n’a pas


atteint sa valeur stationnaire, c’est-à-dire à gauche du point
d’intersection entre les deux courbes.
Supposons à présent que le pays a dépassé le stock de capital
stationnaire, i.e. l'économie est très riche. Dans ce cas, l’amortissement
est supérieur à l’investissement. Le stock de capital va donc diminuer et
se rapprocher de son niveau stationnaire.

On voit donc que toutes les économies, quel que soit leur stock de
capital de départ, vont se diriger vers le même état stationnaire. Elles
aboutiront donc au même stock de capital par travailleur donc au même
revenu par tête.
Autrement dit; la dynamique du modèle Solow fait converger le capital par
tête vers la valeur k . Ainsi, quelle que soit la richesse initiale d’un pays, le
niveau de capital par tête convergera vers la valeur k .

Ce résultat est un des résultats principaux du modèle de Solow. C’est ce


qu’on appelle la convergence des économies.
On peut remarquer de plus, que plus le stock de capital est proche de sa
valeur stationnaire, moins l’écart entre l’épargne et l’amortissement est
élevé. On peut donc conclure que la croissance d’un pays sera d’autant
plus lente que son stock de capital sera proche de sa valeur stationnaire.

Analyse en terme des prix relatifs,

Suposons que δ = 0

Dans ce cas, la dynamique peut se présenter comme suit :

- Si sf(k) > (δ+n) k sf(k)/k>n

sf(k)/k = peut être interprétée comme le taux de croissance du stock de


capital et n le taux de croissance de la population.

Ainsi, quand le taux de croissance du stock de capital excède celui de la


population, face à la rareté relative du travail, le taux de salaire est
relativement élevé par rapport au taux de profit t, ce qui entraîne une
substitution de capital au travail.

Dès lors que les rendements du capital sont décroissants, le stock de


capital augmente plus vite que la population mais à taux décroissant. Le
taux de croissance du capital tend vers celui de la population.

- sf(k)/k<n
Si le taux de croissance du stock de capital est relativement plus faible
que celui de la population, le taux de salaire est relativement bas par
rapport au taux de profit. Ainsi, le travail est substitué au capital. Le taux
de croissance du stock de capital converge vers celui de la population.

Pour obtenir ce résultat nous faisons l’hypothèse suivante : parfaite


flexibilité des prix des facteurs et parfaite flexibilité de la technique de
production. Cette hypothèse est nécessaire pour assurer cette stabilité
globale

Enseignement du modèle : Sous la condition qu’ils aient le même taux


d’épargne s et le même taux de croissance de la population n, tous les
pays du monde devraient dans le long terme connaître le même niveau
de vie avec le même capital par tête et la même consommation. Le
corollaire de cet enseignement est que les pays ne convergeront pas
vers le même niveau de vie si le taux d’épargne ou (et) le taux de
croissance de la population ne sont pas identiques entre les pays.

II.1.3. Statiques comparatives

La statique comparative permet d’étudier l’évolution du capital/travailleur


à partir d’un état stationnaire et suite à un choc qui provient d’un
changement dans l’environnement économique.
Alors, on peut se poser la question suivante : peut-on s'assurer une
croissance économique au long terme par le biais d’une des mesures
suivantes ?
Hausse du taux d’épargne (ou taux d’investissement)
Baisse de la croissance démographique

1. Une augmentation du taux d’épargne


Le modèle de Solow peut connaître deux états. Le premier est l’état
stationnaire.
Le second est la convergence vers l’état stationnaire et l’économie se
comporte différemment dans ces deux états.

a) Modification de l'épargne et croissance à l’état stationnaire

Si à partir d’un état stationnaire les consommateurs augmentent leur


taux d’épargne
s1  s2 > 0 cela se traduira nécessairement par une augmentation du
taux d’investissement dans l’économie.
Quel serait l’effet d’un tel choc sur k et y ? Nous pouvons répondre à
cette question grâce à un graphique.

Graphique n°38 :Modification de l'épargne et croissance à l’état


stationnaire.

y Consommation de capital
(δ+n)k

s2f(k)
B

s1f(k)
A

…augmente le stock
de capital de l’état
stationnaire.

k1* k2* Capital par travailleur (k)

Ancien état Nouvel état


stationnaire stationnaire

Pour rappel,la croissance est nulle à l’état stationnaire. L’épargne ne


peut donc pas avoir d’effet sur la croissance à l’état stationnaire.

Cependant, une modification de l’épargne peut avoir des répercussions


sur l’économie.
Comme représenté dans le graphique ci haut, supposons que le taux
d’épargne augmente et passe de s1à s2, ce qui entraine un déplacement
vers le haut de la courbe d’épargne.
Elle coupe désormais la droite qui représente les amortissements (la
dépréciation) au point B, situé au-dessus et à droite du précédent point
A.

L’augmentation du taux d’épargne se traduit donc par le passage à un


nouvel état stationnaire qu’on peut comparer au précédent. Par
définition, le taux de croissance y est le même et il est nul (rappel, le taux
de croissance est nul à l’état stationnaire quel que soit le niveau de cet
état stationnaire).
En revanche, le nouveau stock de capital stationnaire est clairement
supérieur au précédent. Cela implique que la production a augmenté.
⇒ On peut donc conclure que l’augmentation du taux d’épargne dans le
modèle de Solow se traduit à terme par une augmentation du stock de
capital et de la production par habitant.
⇒ Ce résultat a une implication pour l’hypothèse de convergence. On
peut en effet faire remarquer que deux économies ne convergeront vers
le même revenu que si elles ont le même taux d’épargne. Si ce n’est pas
le cas, elles convergeront vers des états stationnaires différents.

⇒ On pourrait tenir le même raisonnement pour deux économies dont


les taux de dépréciation sont différents. C’est pourquoi on parle de
convergence conditionnelle.

N.B. Il faut souligner qu’il s’agit ici de la convergence des revenus

b) La règle d’or d’accumulation du capital.

A l’état stationnaire, toutes les économies aboutiront à un taux de


croissance nul. On peut se demander comment la consommation est
affectée par les variations du taux d’épargne.

La consommation est soumise à deux effets contradictoires :


- l’augmentation de la production augmente le revenu ;
- mais une part plus importante du revenu est épargnée et investie.
Par conséquent, l’effet total d’une augmentation du taux d’épargne sur la
consommation est ambigu.

On peut cependant prédire qu’il sera positif si le taux d’épargne initial est
faible. En effet, l’état stationnaire initial sera caractérisé par un stock de
capital faible. La productivité marginale du capital sera donc élevée.

 L’augmentation du revenu permise par l’augmentation du stock de


capital sera donc importante et compensera l’augmentation du taux
d’épargne.
 L’augmentation du taux d’épargne se traduira alors par une
augmentation de la consommation.

En revanche, si le taux d’épargne initial est déjà élevé, le stock de capital


initial sera élevé et la productivité marginale du capital très faible.
 L’augmentation du stock de capital se traduira donc par une très
faible augmentation du revenu qui ne suffira pas à compenser
l’augmentation du taux d’épargne.
 L’augmentation du taux d’épargne se traduira alors par une baisse
de la consommation.

On peut déterminer le taux d’épargne qui maximise la consommation. On


obtient alors ce qu’on a appelé la règle d’or d’accumulation du
capital.

Supposons que nous ayons la situation suivante représenté par le


graphique n°39.
Graphique n°39 : Taux d’épargne et « règle d’or »
y Consommation de capital
(δ+n)k

Production y = f(k)

Lequel des 2 états


stationnaires est
socialement préférable?
Investissement I2= s2 f(k)
c2

c1 Investissement I1= s1 f(k)

I2
I1

Capital par travailleur k

L’état stationnaire optimal est celui qui maximise la consommation. Cette


condition est réalisée quand la pente de la fonction de production est
égale à la pente de la consommation de capital.

On peut donc retenir l’idée qu’il n’est pas optimal d’épargner ni trop ni
trop peu. Si on épargne trop peu, l’économie manquera de capital et la
production sera faible, ce qui limitera la consommation.
Si on épargne trop, on produira beaucoup mais cette production ne
servira qu’à financer des investissements et pas à être consommée.

Graphique 40 : Taux d’épargne et règle d’or


y Consommation de capital
(δ+n)k

Production y = f(k)

Investissement I*= s* f(k*)


c*

i*

Capital par travailleur k

Ces conclusions ne sont cependant valables que si on se place à l’état


stationnaire, c’est-à-dire si on laisse le temps à l’économie de s’adapter
à son nouveau taux d’épargne.
Hors de l’état stationnaire, les choses peuvent être différentes.

c) Modification de l'épargne et croissance hors de l’état stationnaire

Supposons qu’il existe deux économies absolument identiques et qui


disposent au départ du même stock de capital k0, inférieur au stock
stationnaire.

La seule différence entre elles est leur taux d’épargne. La première


connaît un taux d’épargne faible (s0) alors que la seconde a un taux
d’épargne élevé (s1).

On sait que ces deux économies finiront à des états stationnaires


différents où la première aura accumulé moins de capital que la
seconde. Mais que peut-on dire de leur taux de croissance en amont de
leur état stationnaire ?

Impact d’une différence de taux d’épargne sur l’état stationnaire et la


croissance hors de l’état stationnaire.

Graphique n°41: Modification de l'épargne hors de l’état


stationnaire
Le graphique permet de voir que l’économie qui épargne le moins sera
aussi celle qui accumulera du capital le moins vite.

En effet, les deux économies partent avec le même stock de capital,


donc la même production et les mêmes amortissements. Celle qui
épargne le plus va investir plus que l’autre, ce qui se traduira par une
formation nette de capital plus élevée.

Comme c’est l’accumulation de capital qui détermine la croissance, on


peut dire sans ambiguïté que l’économie qui épargnera le plus croîtra
plus vite que l’autre.
 On peut donc conclure que, hors de l’état stationnaire,
il existe une relation positive entre le taux d’épargne et
le taux de croissance.

On peut utiliser le même graphique pour analyser la transition entre un


état stationnaire à épargne faible et un nouvel état stationnaire lorsque le
taux d’épargne a augmenté (passage du point A au point B).

On voit que lorsque le taux d’épargne augmente, l’investissement


devient instantanément plus élevé que l’amortissement. Le stock de
capital se met donc à augmenter.
Cependant, au fur et à mesure que le stock de capital augmente, la
productivité marginale du capital diminue, et l’accumulation de capital se
ralentit.
Après un saut initial, le taux de croissance diminue pour tendre vers zéro
lorsque l’économie se rapproche de son état stationnaire. Cela peut être
résumé par un graphique :
Graphique n°42. Evolution du revenu lorsque le taux d’épargne
augmente

La croissance est nulle au départ puisque l’économie est à l’état


stationnaire. Soudain, à la date t0, le taux d’épargne augmente.
L’accumulation de capital redémarre et la production se met à
augmenter. La croissance est positive.

Peu à peu cependant, l’accumulation de capital se ralentit et l’économie


atteint son nouvel état stationnaire. La croissance redevient nulle.
On peut donc conclure qu’une augmentation définitive du taux d’épargne
ne provoque qu’une croissance temporaire.

2. Une hausse de la croissance démographique

Lorsque le modèle de base de Solow peut être analysé en faisant


l’hypothèse que la population constante, et donc de force de travail
constante, c’est-à-dire n =0. L’équation d’accumulation du capital à l’état
stationnaire sera donc :

∆ k=sf ( k ) −δ k =0

sf ( k )=δ k

Sur le long terme, il est peu réaliste de faire l’hypothèse de population


constante. Au contraire, nous remarquons une croissance très
importante de celle-ci au niveau mondial, et pratiquement dans tous les
pays du monde.
Si n est le taux de croissance de la force de travail. Le taux de
croissance du capital par travailleur sera donc égal égal, comme
souligné, à l’investissement par travailleur, diminué des amortissements
(par tête) et de taux de croissance démographique, c’est-à-dire :
sf ( k )=(δ +n)k

Supposons que le taux de croissance de la population augmente. Ainsi,


la courbe (+n) k se déplace en pivotant vers le haut et réduit pour un
pays l’épargne par tête, on épargne la même chose mais il faut le
partager avec plus de personnes et donc le capital par tête diminue
comme nous pouvons le voir sur le graphique suivant. De plus comme le
capital par tête dans l’économie diminue, la production par tête diminue.
Une croissance démographique plus forte diminue le stock de capital par
travailleur et donc réduit le stock de capital qui correspond à l’état
stationnaire de l’économie. Le modèle de Solow prédit donc que les pays
à fort taux de croissance démographique auront, ceterisparibus, un
revenu par habitant plus faible.

Graphique n° 43. Croissance démographique

y
(δ+n2)k

(δ+n1)k

sf(k)

k 2* k 1* k
Capital par
travailleur

II.2. Deux extensions au modèle de Solow

1. Le modèle de Solow avec progrès technique


2. Le modèle de Solow avec capital humain
II.2.1. Le modèle de Solow avec progrès technique

Pour intégrer le progrès technique de façon systématique, il faut modifier


la fonction de production agrégée pour y faire apparaître un paramètre
de productivité. Le progrès technique est conçu comme une manne qui
tombe du ciel et qui affecte instantanément toute l’économie.

Ce progrès technique assure une plus grande efficacité dans la mise en


œuvre des facteurs de production.

L'intuition est la suivante : si la productivité totale des facteurs croît


constamment dans le temps cela peut engendrer une croissance durable
de l’économie.
Solow choisit donc d'ajouter la productivité totale des facteurs dans la
fonction de production. Celle-ci contient donc un facteur qui capte la
productivité de chaque travailleur.

Choisissons à nouveau une fonction de production de type Cobb


Douglas :

Y  F ( K , A Lt ) K  ( AL)1
=

A représente alors l’évolution de la technologie sous la forme d’un


progrès technique renforçant le travail (“laboraugmenting”) ou “neutre au
sens de Harrod”.

NB. Le progrès technique est instantané ; il n’y a pas d’apprentissage.


Notons également que ce progèrs est purement organisationnel dans la
mesure où le travail et le capital sont appréhendés simplement comme
des quantités de facteurs sans considération de leur dimension
qualitative

Le progrès technique correspond à la croissance de A dans le temps :


une unité de travail devient alors plus productive, en effet le paramètre
qui mesure la productivité n’affecte que le travail. Ce type de progrès
technique permet d’économiser le travail.

L’hypothèse que le progrès affecte la productivité du travail peut


s’interpréter de deux façons équivalentes :
- d’abord, elle signifie que le progrès technique réduit le nombre de
travailleurs nécessaires pour produire une quantité donnée. Si A double,
il faudra deux fois moins de travailleurs pour produire la même chose.

- ensuite, elle signifie que le progrès augmente la production des


travailleurs. Le doublement de A a le même effet sur la production totale
qu’un doublement de la population active.

Pour tenir compte de ce phénomène, on appelle AL la quantité de


travail effectif.

A. La neutralité du progrès technique

Un progrès technique neutre a pour propriété de laisser inchangé l’


équilibre entre le capital et le travail au cours du déplacement temporel
de la fonction de production. Les propriétés de neutralité sont liées à la
manière dont le terme représentant le progrès technique intervient dans
la fonction de production.

Il existe différents types de progrès technique:

1) Neutralité au sens de Harrod

Un progrès technique neutre au sens de Harrod porte sur le travail et


permet une croissance au cours de laquelle le rapport capital-produit
reste inchangé, à coût réel du capital inchangé.

Yt= F(Kt , At・Lt).

2) Neutralité au sens de Solow


Un progrès technique neutre au sens de Solow porte sur le capital et
permet une croissance au cours de laquelle le produit par tête reste
inchangé, pour un taux de salaire réel inchangé. Yt= F(At・Kt, Lt).

3) Neutralité au sens de Hicks


Un progrès technique neutre au sens de Hicks porte sur la production et,
à proportion des facteurs inchangée (Kt / Ltconstant), la répartition du
produit entre rémunération du capital et rémunération du travail reste
inchangée.
Yt= AF(Kt , Lt).

N.B. Seul un progrès technique neutre au sens de Harrod est compatible


avec une croissance équilibrée à taux constant de l’économie.
B. L'équilibre de long terme avec progrès technique

Pour rappel, le progrès technique (efficacité du travail) croit au taux


exogène g, en d’autres termes, c'est une « manne tombée du ciel » ⇒
on se désintéresse de son origine et fait partie des hypothèses du
modèle.
¿
At
=g
At
Les variables sont toujours exprimées en unité da travail effectif.
Chaque variable est donc divisée par la quantité AtLt, c'est à dire qu'elle
se mesure comme la quantité totale de travail disponible dans
l’économie Ltpondérée par l’efficacité de ce travail, c’est à dire At.
On note donc :
 K
k
AL
 le stock de capital par unité de travail effectif
 Y
y
 AL la production par unité de travail effectif. La
Y  F ( K , AL )
fonction de production étant à rendement d’échelle
constants, la fonction de production par unité de travail s’écrit :
 Y K
y F( ,1) 
AL = A L ( y est concave et croissante)
Si nous adoptons une fonction de production du type cobb douglas,
Y  F ( K , AL ) K  ( A L)1
=
La fonction de production per capita (c'est à dire par tête) est donnée par
y  k  ( A )1
En divisant par la quantité AL l’équation d’accumulation du stock du
capital et en utilisant I  sY , on détermine l’évolution au cours du temps
du stock de capital par unité de travail effectif

La dynamique de l’économie

La dynamique de l’économie est représentée par celle du rapport du


capital au travail mesuré en unités efficaces,

sf ( k )=(δ +n+ g)k


g étant le taux de croissance exogène de la technologie.

Avec le progrès technique, le stock de capital par travailleur et la


production par travailleur augmentent en permanence.
A l’état stationnaire le taux de croissance du stock de capital est le
même que celui de la production par tête, et correspondent tous les deux
au taux de croissance de la productivité : g.

A l’équilibre, le taux d’épargne qui est égal au taux d’investissement


n’a aucun effet sur le taux de croissance puisque les gains de
productivité sont supposés exogènes.

En revanche, un taux d’épargne et donc un taux d’investissement plus


élevés permettent d’augmenter l’intensité capitalistique de la production
et, par suite, le niveau de la productivité du travail.

Quand le taux d’épargne augmente, le taux de croissance du capital et


du produit est temporairement supérieur au taux de croissance
d’équilibre.

Dans ce cas nous avons un sentier de croissance équilibrée. En effet,


lorsque le capital, la production, la consommation et la population
croissent à un taux constant, l’économie est dite suivre un sentier de
croissance équilibrée.

Ainsi, le modèle de Solow est compatible avec une croissance soutenue


de laproduction par travailleur, même à l’état stationnaire. Cependant, la
croissance à l’état stationnaire n’est pas expliquée par le modèle.

En effet, c’est uniquement parce qu’on suppose une augmentation


exogène de la productivité que la croissance se poursuit à l’état
stationnaire. Si on pose g = 0, la croissance à l’état stationnaire est nulle.
On retrouve ainsi le modèle de Solow sans progrès technique, qui n’est
qu’un cas particulier du modèle avec progrès technique.

C. LE RESIDU DE SOLOW

Solow a proposé une comptabilité de la croissance de la production Y


pour un progrès technique A affectant la productivité globale de capital
physique K et du travail.
Si l’évolution au cours du temps de la production , du capital et du travail
est directement observable et mesurable , en revanche celle de la
productivité globale des facteurs ne l’est pas .
Comment quantifier le progrès alors qu’on ne peut pas l’observer
directement. Elle peut être obtenue de façon résiduelle : c’est le résidu
de Solow.
Solow appliquait le modèle néoclassique des facteurs de la croissance à
l’économie des Etats-unis entre 1909 et 1949. Dans ce modèle, le taux
de croissance de la production totale devait correspondre à la somme
pondérée des taux de croissance des inputs, soit le capital et le travail.
Mais il n’y avait pas d’égalité de sorte qu’il subsistait un résidu étonnant.

Le résidu de Solow est par définition la croissance qui n'est pas


expliquée par l'accumulation des facteurs (travail et capital
essentiellement). Les travaux empiriques ont montré que sur une longue
période, le résidu de Solow était quantitativement important, expliquant
entre 40 et 60 % de la croissance.

L'interprétation habituelle du résidu de Solow est la productivité globale


des facteurs (PGF), c'est-à-dire la productivité que ne s'explique pas par
l'accumulation des facteurs (accumulation du capital, croissance de la
population ou augmentation du travail).

La principale explication qui nourrit le résidu de Solow est donc le


progrès technique. Toutefois, suite à la publication de l’article de Solow,
les observateurs ont rapidement compris que ce n’était pas le progrès
technique uniquement.
En en effet, tout ce qui peut concourir à rendre plus efficace l'utilisation
des facteurs productifs va alimenter le résidu de Solow : c'est le cas des
institutions (politiques, juridiques ou économiques), y compris les
fluctuations climatiques, les guerres, les erreurs de mesure, etc.

De nombreux travaux ont montré aussi que la corruption, le respect de


l'Etat de droit, l'absence d'arbitraire jouent sur la croissance d'une
économie.
Le progrès technique semble néanmoins la première source du résidu de
Solow. Comme son nom l'indique (résidu), le progrès technique n'est pas
explicitement pris en compte dans le modèle de Solow. Il est exogène.

Solow repose son analyse sur une fonction de production agrégée et


prend en compte le progrès technique:

Y = A F(K, L)

La variable A représente le progrès technique. Cette formulation


suppose que le progrès technique, ) à travers A vient augmenter la
productivité du capital et du travail.
On appelle ce paramètre la productivité globale des facteurs ou
productivité totale des facteurs (PTF). Cette PGF est supposée capter
l’impact des aspects non tangibles du progrès qui permet au travail et au
capital d’accroître leurs productivités.

La méthode proposée par Solow pour mesurer la croissance de la PTF


repose sur la deux hypothèses : l’hypothèse de rendements d’échelle
constants et de concurrence parfaite.

Le principe est le suivant : avec l'hypothèse des rendements d’échelle


constants, une hausse de la PGF équivaut à une hausse de 5 % de la
quantité de capial et de travail.

La deuxième hypothèse se justifie par le fait que les quantités de


facteurs de production ne croissent en général pas dans les mêmes
proportions. On a donc besoin de connaître la productivité marginale de
chaque facteur de production pour lui attribuer la part de la croissance
qui lui revient. En effet, dans une économie concurrentielle, chaque
facteur est rémunéré en fonction de sa productivité marginale.

Raisonnons sur une fonction de production de type Cobb-Douglas :


1
Y  AF ( K  L )

Avec 0< <1 et 0<1-α<1

Le coefficient α est compris entre zéro et un. Il mesure la part du capital


dans le
revenu. α représente la part de la rémunération du capital dans le revenu
total.

Elle dépend de la productivité du capital et du ratio du capital au produit


intérieur brut.
1-α mesure la part du travail dans le revenu. On estime en général que
αK est environ égal à 0,3 et (1-αK) à 0,7.
Dans ce cas, la croissance de la production entre deux périodes s’écrit
en logarithme de la manière suivante:
log Yt  log Yt 1   (log K t  log K t 1 )  1 - α(log Lt  log Lt 1 )  log At  log At 1
X
X d’une variable X quelconque, est
Sachant que le taux de croissance
approximativement égal à log X t  log X t 1 , on peut faire l’approximation
suivante : 


Y K L A
 1 
Y K L A

Comme souligné précédemment, si on désigne par k et y l’output par


travailleur et le capital par travailleur respectivement, cette équation
s’écrit :
A y k
 
A y k
Si les marchés du travail et du capital sont concurrentiels, les facteurs de
production sont rémunérés à leurs productivités marginales, α et (1- α)
représentent dans ce cas les parts du capital et du travail dans le
revenu.

Pour décomposer la croissance du produit, il est nécessaire de posséder


une information sur les valeurs de α et de 1-α . Il s’agit respectivement
des élasticités de la production par rapport au capital
Y K Y L
K  L 
K Y et au travail K Y

Y K L A
 K  L 
Y K L A .
Le problème de la mesure de la contribution relative des différents
facteurs de production et du progrès technique est donc lié à celui de la
mesure des élasticités. L’hypothèse de concurrence parfaite selon
laquelle les facteurs de production sont rémunérés à leur productivité
marginale permet de calculer ces élasticités:
Y rK
 r  K 
K Y

Y wL
 w  L 
L Y

Avec r et w les coûts unitaires en termes réels du capital et du travail.


Les élasticités  et 1-α peuvent alors être mesurées par la part
respective du capital et du travail dans le revenu national. C’est pourquoi
les taux de croissance des facteurs de production sont pondérés par leur

part respective :

Y K L A
 Pk  Pw 
Y K L A


rK wL
PK  Pw 
Avec Y
et Y . Comme Solow suppose des rendements
constants, la rémunération des facteurs à leur productivité marginale
Y Y
Y K L  1  Pk  Pw
épuise le produit
 : K L

Solow peut dans ce cadre mesurer les élasticités du produit par rapport
 uniquement sur la base de la connaissance de la part des
aux facteurs
salaires dans le revenu. Le taux de croissance du progrès technique est
alors mesuré par la composante du taux de croissance du produit qui
n’est pas imputable aux taux de croissance des facteurs de production
pondérés par la part de leur rémunération dans le produit.

Sous les hypothèses de concurrence parfaite et de rendements


constants, les taux de croissance du résidu de Solow représentent en
effet une mesure pure du taux de croissance du progrès technique
augmentant la productivité globale des facteurs.

II.2.2. Le modèle de Solow avec le capital humain

Le modèle de croissance par accumulation du capital peut aussi inclure


un deuxième facteur de production accumulable : le capital humain.

Les populations actives des différents pays ont des niveaux différents de
formation et de capital humain, ainsi pour expliquer les différences entre
les pays, la fonction de production dépend maintenant du travail qualifié.

Supposons maintenant que la production est réalisée en combinant le


capital physique (K) avec le travail qualifié (H) suivant une fonction
Cobb-Douglas
1
Y  K  ( AH )
H représente le travail qualifié ;
A représente un progrès technique renforçant le travail. A croit au taux
exogène g.

le capital humain est obtenu en consacrant du temps à l' éducation et à


la formation. Soit u la fraction du temps qu'un individu réserve à l’
éducation ainsi qu'à l'apprentissage et L la quantité totale de travail de
base (non qualifié) utilisée dans la production.
Nous supposons que le travail non qualifié devient qualifié après une
période
d’apprentissage u selon la relation :

Ht= euLt

où est une constante positive. Si la fraction du temps qu'un individu


réserve à l’ éducation ainsi qu'à l'apprentissage u = 0; dans ce cas H =
L, c'est à dire que la production ne peut se réaliser qu'avec du travail
non-qualifié.

Une croissance de u implique une croissance de la quantité effectivede


travail utilisé dans la production.
On peut calculer l'effet d'un accroissement de u par la dérivée logarithme
de l'équation Ht= euLt

dlogH/du = 

En effet,
LogH H / u
 
logH= u+logL⇒ u H
Ce qui signifie q'une variation de u de 1 unité engendre une croissance
du travail qualifié H de  x100)%.

Le capital physique est accumulé par l’investissement financé par


l’épargne
K  skY - K

où sKest le taux d’investissement et d est le taux de dépréciation.

Ce modèle peut être ré exprimé avec les variables par tête:


ainsi y = Y/L ⇒ k = K/L et h = H/L pour avoir:
y  k  ( A h )1
Le long d’un sentier de croissance équilibré, y et k vont croitre au taux
constant g du progrès technique.

Ce modèle peut être résolu en utilisant les variables d’ état qui sont
constant sur le sentier de croissance équilibré. Divisons donc la fonction
de production ci haut par Ah pour avoir:

~y  kˆ
Le taux de croissance du modèle de Solow avec le capital humain à
l’état stationnaire que nous ne calculerons pas ici permet d'indiquer que
Certains pays sont riches car ils ont un taux d’investissement en capital
physique élevé et/ou un taux de croissance démographique faible et/ou
un progrès technique fort et/ou ils consacrent une fraction importante de
la vie de la population à l’éducation (eu).

Avec ses rendements décroissants du capital et son progrès technique


exogène, le modèle de croissance néoclassique a des implications
empiriques fortes.

II.2.3.Convergence : inconditionnelle et conditionnelle

Une des implications la plus importante du modèle de Solow est que les
conditions initiales de l’économie n’entrent pas dans la détermination de
son état stationnaire, qui dépend seulement de paramètres tels que le
taux d’épargne, la dépréciation du capital et, du taux de croissance
démographique.

Ainsi, deux économies comparables par la valeur de ces paramètres


mais partant de conditions initiales différentes devraient donc converger
vers le même état stationnaire : si l’une d’elles était plus pauvre au
départ, elle devrait rattraper la seconde.

Cette prédiction, appelée « convergence inconditionnelle », est certes


forte mais pas forcement implausible : les PVD ayant un stock de capital
par travailleur bien plus faible que les pays industriels, on pourrait
supposer à priori que le taux de rendement du capital y serait supérieur,
et que le capital aurait ainsi tendance à migrer vers le Sud, facilitant la
convergence des économies.

Ce mécanisme fondé sur la mobilité du capital a été vérifiée en pratique


par Baumol (1986) qui a pu montrer ’à partir d’un échantillon de 16 pays
industriels ayant en 1870 des niveaux de revenu par habitant très
inégaux (Japon, Finlande, Suède, Norvège, Allemagne, Italie, Autriche,
France, Canada, Danemark, Etats-Unis, Pays-Bas, Suisse, Belgique,
Grande-Bretagne et Australie) et pour lesquels Maddison (1982) avait
reconstruit des données de revenu par habitant depuis 1870, la
convergence était frappante.

Les pays qui avaient le revenu le plus élevé en 1870 sont aussi ceux qui
ont connu les plus faibles taux de croissance durant le siècle suivant.
Cependant, De Long (1988) a montré qu’en élargissant l’échantillon à
d’autre pays (Argentine, Allemagne de l’Est, Irlande, Nouvelle Zélande,
Portugal, et Espagne) la convergence disparaissait.

La raison est la suivante : En prenant des pays qui tous, à la fin de la


période, étaient devenus riches, alors que certains d’entre eux étaient
pauvres au début, il était clair que Baumol allait trouver la convergence ;
en d’autres termes, son interprétation des chiffres de Maddison souffrait
d’un « biais de sélection ». En fait, le résultat de Beaumol n'est pas
surprenant.

La convergence inconditionnelle ne semble tenir qu’à l’intérieur de


groupes régionaux a posteriori homogènes comme l’OCDE.
Mais en l’état actuel de la recherche empirique, il ne semble pas y avoir
de trace statistique claire de ce que les pays les plus pauvres rattrapent
les plus riches, tout au moins à l’échelle mondiale.
Si la convergence inconditionnelle n’est pas vérifiée, la convergence
conditionnelle peut être vérifiée.

Elle prédit que chaque pays converge vers son état stationnaire propre,
caractérisé par des valeurs particulières des paramètres de son
économie pouvant différer de celles d’autres pays.
Ainsi, le principe de la convergence redeviendrait compatible avec des
taux de croissance de la productivité égaux ou plus fort dans les pays
industriels que dans les pays en voie de développement.

Une seconde implication du modèle de croissance néoclassique


concerne directement l'éventualité d'un retour à une période de
stagnation lors du 21ème siècle. Sous les hypothèses du modèle
néoclassique, une condition nécessaire etsuffisante de la croissance
consiste en un progrès technique soutenu. Même si le modèle ne dit rien
sur la source de ce progrès, on imagine difficilement ce dernier s'arrêter.

Une troisième implication du modèle de croissance néoclassique est


qu’à long terme, les politiques économiques affectent le niveau de
revenu par tête mais pas sa croissance: une mauvaise gouvernance ne
peut pas affecter la croissance de long terme puisque cette dernière ne
dépend que du progrès technique exogène.

L’exemple de la divergence économique qui s’est opérée entre Haiti et la


République Dominicaine nous amène cependant à remettre en question
cette conclusion.
Croissance exogène et politiques

Dans le modèle de Solow, La contribution des différents facteurs de


production n’épuise pas le taux de croissance du produit. Il existe un
résidu appelé « résidu de Solow ».

Exemple :
Le taux de croissance de l’économie = 4 %.
Le taux de croissance du travail est de 2 % et sa part dans le produit de
60 %,
Le taux de croissance du capital de 1 % et sa part dans le produit de 40
%,
 alors la contribution de ces facteurs au taux de croissance du
produit est de 1,6 % et le taux de croissance du progrès technique
est de 2,4 %.

Une politique de croissance est destinée à affecter la croissance


potentielle, c’est-à-dire les fondamentaux démographiques,
technologiques et institutionnels.

Elle peut avoir plusieurs dimensions.

- Une politique de stimulation de la croissance de la population)


augmentera le taux de croissance potentiel.
- Il en sera de même d’une politique de soutien à l’éducation ou à la
R&D qui conduirait à augmenter durablement le taux de croissance
de la productivité.
- En revanche, une politique visant à augmenter le taux d’épargne
ou une politique visant à augmenter le taux de dépenses allouées
à la R&D publique ou privée déplaceront le sentier de croissance
mais n’en augmenteront pas le rythme.

- L’aide à l’investissement : Il s’agit d’aider au financement de


l’investissement en infrastructure (barrages, route) et/ou en
équipement

C’est probablement là le principal résultat du modèle: il est illusoire de


vouloir augmenter durablement le taux de croissance en augmentant le
taux d’investissement.

L’accélération, quand elle se manifeste, est temporaire. Pour le cas de


l’aide, si l’économie est à l’état stationnaire d’un modèle de Solow, l’aide
ne peut qu‘augmenter temporairement le revenu par habitant.
Si l’économie en en train de converger vers un état stationnaire, l’aide
peut accélérer la convergence.
Imaginer le contraire serait croire en la possibilité d’éliminer toute forme
de rareté.

Test :

Hypothèse : 2 liens à tester:

- (1) L’aide va dans l’investissement


- (2) L’investissement donne de la croissance

Si la relation (1) se vérifie, l’aide et l’investissement doivent être


corrélées positivement.
Sinon, soit l’aide est consommée et non investie, le rendement de
l’investissement n’est pas intéressant, il n’existe pas des mécanismes
incitatifs pour l’investissement.

Certes, il est toujours possible de considérer que l’accumulation de


capital humain, comme d’ailleurs de capital physique, est porteuse de
changements qualitatifs susceptibles de rompre avec des rendements
décroissants. Mais cela n’a rien d’avéré à moyen et long terme (Solow,
1997, p.74-78)

Cette architecture analytique, conçue dans un cadre de concurrence


parfaite, reste curieusement à la base du consensus actuel de politique
économique qui met l’accent sur les fondamentaux technologiques et
institutionnels comme déterminant du trend de croissance et sur la
stabilisation macroéconomique comme moyen d’éviter toute divergence
par rapport à ce trend.

Cette architecture devient, d’une certaine manière, une condition


préalable de la croissance.
Application. Décomposition de la croissance des Tigres asiatiques
1960

Source : estimations de Kim et Lau [1994]

Sources de croissance dans les pays d’Asie

- Les analyses des sources de la croissance ont, toutefois, révélé


des caractéristiques de leur croissance bien différentes par rapport
à celles des économies industrialisées.
- la croissance de la PTF n’a contribué que de 21 % en moyenne à
la croissance à long terme de la Corée, de Hong Kong, de
Singapour et de Taiwan
- Le reste est attribuable surtout à l’accumulation de capital et à la
croissance de l’emploi.
- dans le cas des pays européens, du Japon et des États-Unis, la
contribution de la PTF à la croissance était en moyenne, durant la
même période, proche de 60 %
Ainsi selon Krugman :

La croissance tirée par le progrès technique et les gains d’efficience peut


être soutenue à long terme car elle élargit en continu les possibilités
techniques de l’économie.

En revanche, l’accumulation des facteurs de production est


nécessairement soumise à la loi des rendements décroissants. La
croissance basée sur l’accumulation des facteurs est donc susceptible
de ne pas s’avérer durable.

De nombreux analystes ont vu dans la crise asiatique survenue en 1997-


1998 (chapitre 6) une manifestation de ce défaut de soutenabilité de la
croissance.
CHAPITRE VII : LA CROISSANCE ENDOGENE

Le modèle de croissance endogène suppose que la croissance


économique est déterminée par des mécanismes économiques. En
d'autres termes, cette croissance dépend du comportement des agents
économiques et des actions de politique économique : la productivité de
l'économie peut ainsi être augmentée en augmentant le stock de
connaissances, des infrastructures publiques et du capital humain
(éducation et formation des travailleurs).

Les nouvelles théories vont donc considérer le taux de croissance


comme endogène c’est à dire résultant des activités économiques elles-
mêmes. La croissance, selon cette théorie est auto-entretenue.

En effet, l’efficacité de la production dépend des interactions entre les


acteurs économiques, donc du niveau et de mode de développement.

En outre, le progrès technique résulte de la succession des grandes


innovations et inventions à la marge suscitées par un ensemble
d’incitations économiques, bref de tous les éléments qui concourent à
élever l’efficacité de combinaison de travail et de capital.

Nous pouvons épingler quelques hypothèses suivantes qui gouvernent


le fonctionnement du modèle de croissance endogène :

 La productivité marginale du capital (humain ou physique) n’est


pas décroissante comme chez Solow. Elle est constante et donc
ne dépend pas du stock de capital déjà accumulé.

 La présence des externalités dans les facteurs de croissance.


Ainsi, le rendement privé d’un investissement en capital physique,
humain ou dans de nouveaux produits est toujours inférieur à son
rendement social.

Prenons l’exemple des investissements dans la recherche, ces


derniers bénéficient, avec des rendements décroissants, aux
firmes qui les ont consentis; si les rendements privés de la
recherche et développement étaient constants, les firmes y
investiraient des sommes infinies.
Maintenant, les avancées scientifiques ou techniques issues de la
recherche privée vont bénéficier aux autres entreprises impliquant
par la même des rendements sociaux plus élevés que les
rendements privés.
 Il y a en général deux secteurs dans l’économie. Le premier
secteur contribue au bien être présent des individus (agit sur le
stock de production).
Le deuxième secteur contribue au bien être futur des individus, il
va agir sur la croissance de cette production. Ce deuxième
secteur pouvant être formel (Secteur de Recherche et
Développement, éducation) ou informel (Information acquise sur le
tas, apprentissage).

Ainsi, pour modéliser la croissance économique comme un phénomène


endogène, l’hypothèse de la décroissance des rendements des facteurs
de production accumulables (le capital humain et le capital physique) doit
être remise en question en considérant les externalités liées à
l’accumulation de capital.

SECTION I. LE MODÈLE AK

Alors que le modèle de Solow est largement utilisé comme modèle de


référence de la croissance économique, il en reste que beaucoup des
spécialistes de la croissance économique le considère toujours peu
satisfaisant quant à son pouvoir explicatif du processus conduisant à
cette croissance économique.

La fonction de production dans le modèle de Solow peut prendre la


forme suivante:
1
Y  AF ( K  L )
Avec 0< <1 et 0<1-α<1

Ces restrictions signifient que le paramètre α ne doit pas dépasser 1, ce


qui revient à dire que cette fonction de production présente des
rendements marginaux décroissants dans l'accumulation du facteur
capital.

Ainsi, pour endogénéiser la croissance, il est utile de se débarrasser


complètement de cette propriété des rendements marginaux
décroissants

Une façon de le faire est de poser que α = 1, ce qui donne:


Yt  At K t
ainsi, le modèle AK peut être dérivé très facilement de celui de Solow
mais avec   1 :



L’équation Yt  At K t implique que la production est proportionnelle au
stock de capital.
La production se fait uniquement avec du capital dont la productivité est
 est constante. Les autres hypothèses sont identiques à celles du
A et
modèle de Solow sans progrès technique.

Dans ce modèle; les politiques publiques peuvent influencer le taux de


croissance de l’économie de manière permanente.

Nous pouvons utiliser les mêmes méthodes que celles utilisées dans le
modèle de Solow pour dériver l'accumulation du capital physique. Ainsi
l'accumulation du capital physique provient de la fraction du revenu que
le individus investissent plutôt que consomment.

K t  sY  K t

La dynamique d’accumulation du stock de capital montre que la


variation du stock de capital au cours du temps est égale à
l’investissement net de la dépréciation du capital,  représentant la taux
de dépréciation du stock de capital. L’investissement est une fraction
constante de la production ( It  sYt ).

L’évolution du taux de croissance de long terme est déterminée par


l'évolution du taux duproduit par tête à long terme.

Nous supposerons pour simplifier que la taille de la population est égale


à 1 (L=1) et que la population est constante, c'est à dire qu'elle ne croit
pas: n =0.

De cette manière, les variables en lettre capital peuvent aussi être


interpretées comme des variables par tête.

Considérons le diagramme ci-dessus. La ligne δK indique le montant de


l'investissement nécessaire pour remplacer le capital déprécié. la courbe
sY donne l'investissement en fonction du stock de capital.
Graphique n° 44. Le modèle AK.

Comme la production est linéaire en K, cette courbe est une droite, ce


qui constitue une des caractéristiques essentielles du modèle AK.
Comme le graphique l'indique, nous supposons que l'investissement
total est supérieur à la dépréciation.

Si une économie qui débute au point K0 avec sY>δK, c'est à dire que
l’investissement total est supérieur à la dépréciation. Dans ce cas, la
croissance ne s’arrête jamais. Cela est vrai en tout point situé à droite
de K0.
Cette croissance perpétuelle se justifie, par référence au modèle de
Solow originel, au fait que dans le modèle de Solow, chaque unité de
capital ajoutée grâce à l’épargne contribue de moins en moins à la
production du fait des rendements décroissants (α <1).

En d'autres termes, chaque nouvelle unité de capital est légèrement


moins productive que la précédente. De ce fait, l'investissement total finit
par atteindre le niveau de la dépréciation, ce qui implique l'arrêt de
l'accumulation du capital par tête.

I.1. Croissance dans le modèle AK

Dans le modèle AK, nous avons des rendements constants (α = 1) : le


produit marginal de chaque unité de capital supplémentaire est toujours
A. Ainsi, le produit marginal du capital ne diminue pas lorsqu'une
nouvelle unité du capital est ajoutée.
On peut clairement voir cela en procédant comme suit:

1. Nous prenons le logarithme de la fonction de production: Yt  At K t ⇒


log Y (t )  log A  log K (t ) .
2. Nous prenons la dérivée par rapport au temps (voir travaux
Y K 

pratiques): Y K . Le premier terme à droite étant une constante
disparait car A ne change pas au cours du temps.
3. Divisons les deux membres de l'équation de l'accumulation du capital
par K

K t  sY  K t
  
K sY K K sAK K K
     sA  
K K K = K K K et nous obtenons K
Y K Y
  sA  
Donc, Y K , ce qui donne Y
Ces transformation algébriques donnent un résultat clé du modèle AK: le
taux de croissance du PIB est une fonction croissante du taux
d’investissement. Ceci signifie que le taux de croissance de l'économie
est toujours égal à sA   .

Par conséquent, les politique économique qui accroissent


l'investissement ont un effet permanent sur le taux de croissance, c'est à
dire augmentent aussi le taux de croissance du PIB et cela, de manière
permanente.

Ce résultat peut être interprété dans le contexte du modèle de Solow


avec α <1.
Dans ce cas la droite sYest une courbe est le Sentier de Croissance
Equilibré est atteint en K*quand sY=(car n = 0) :

Le paramètre α mesure la courbure de sY: quand a est faible alors la


courbure est forte et sYcroise δ à une valeur faible de K*.
Quand α augmente, la courbure se réduit et l’intersection a lieu pour une
valeur plus élevée de K*.

A partir d’un K0<K*initial donné, la transition vers le Sentier de


Croissance Equilibré prend de plus en plus de temps.
Le cas α = 1 est un cas limite où la dynamique de transition ne s’arrête
jamais.
Ainsi, le modèle AK génère la croissance de manière endogène, même
si la population ou le niveau technologique ne croît dans le modèle.

I.1. 1. Les Propriétés du modèle AK:

 Absence de dynamique transitoire comme chez Solow.


L'économie atteint immédiatement une croissance régulière.

 Le taux de croissance de l'économie dépend du taux d'épargne


national (et non plus seulement le niveau atteint par le PIB par
habitant).

I.2. Critique du modèle AK :

Ce modèle attribue un poids disproportionné au capital physique dans le


processus de croissance. Le progrès des connaissances repose
entièrement sur l’accumulation de capital physique.
Le modèle est trop simple pour décrire correctement la réalité.

Cependant, le modèle AK ouvre une voie de recherche : des rendements


constants dans les facteurs accumulables permettent d'endogénéiser
le taux de croissance de l’économie.

On peut prolonger l’idée première du modèle AK en élargissant la notion


de capital. Les facteurs accumulables ne se limitent pas au capital
physique. Ils incluent également le capital humain, capital public, capital
social...

SECTION II. LE MODELE DE LUCAS : L’EFFET DU CAPITAL


HUMAIN SUR LA CROISSANCE

Accumuler du capital humain est un autre moyen de soutenir le


processus de croissance. En effet, même si un pays ne peut pas
accroitre son offre de travail indéfiniment, il peut améliorer la qualité de
sa force de travail.

Lucas part de l'idée que les différences des taux de croissance


observées entre les pays peuvent s'expliquer par les différences dans le
rythme d'accumulation de capital humain.

Le capital humain est l'ensemble des aptitudes et qualifications


productives d'un individu. C'est un input de la fonction de production et
ce concept n'a rien à voir avec les qualités humaines, morales, ou
autres.
C'est un stock accumulable de plusieurs façons, en particulier par
l'éducation. Le caractère durable et productif de ces aptitudes conduit à
lui donner le nom de capital. L'adjectif humain précise qu'il ne peut être
dissocié de l'individu qui le possède.

Ainsi, Lucas suppose qu'il y a deux facteurs de production accumulables


dans l'économie; le capital physique et le capital humain.

Ainsi, en plus d'accumuler le capital physique pour produire de


machines, l'économie produit aussi des travailleurs mieux formés. Ces
travailleurs avec un niveau de formation élevée produirons plus des
biens et de services avec leur force de travail.

Lucas suppose également la présence d'effets externes de l'éducation.


En effet, ce modèle considère que l’accumulation du capital humain
produit des externalités positives car la formation d'un individu permet
l’amélioration du niveau de ceux avec lesquels il travaille.

En effet, la connaissance d'un individu permet d'améliorer celle des


autres. Un travailleur est plus productif dans une ville que s'il travaille
dans le désert parce qu'il bénéficie des connaissances des autres et
apporte des connaissances aux autres.

Le niveau moyen de capital humain dans une société est un facteur de


production pour chaque entreprise de cette société, sans pour autant
que cet input soit une variable de choix pour ces entreprises, c'est une
externalité.

Cette accumulation est endogène, car plus la croissance est importante,


plus les individus et les Etats peuvent consacrer des sommes à
l’éducation et à la formation.

Si les rendements sont décroissants dans l’éducation, la rentabilité de se


former finit par buter sur les rendements décroissants et l’économie
converge vers un état stationnaire dans lequel chaque travailleur atteint
le même niveau d’éducation que la génération précédente.

Si au contraire l’accumulation de capital humain présente des


rendements constants, chaque génération atteindra un niveau
d’éducation supérieur à celui de ses parents.
II.1. Eléments de base du modèle

Lucas [1988] a donc proposé un modèle de croissance endogène qui


repose sur l'accumulation de capital humain; les individus devant arbitrer
entre travailler pour produire ou consacrer leur temps à accumuler du
capital humain afin d'être plus productif.

II.1.1. Les hypothèses

On considère
- une économie de N agents. Pour simplifier supposons que le
- taux de croissance de la population est nul.
- Chaque agent (i) est doté à l'instant t d'un niveau de capital humain
hi (t ).
- Lucas suppose que
- tous les individus sont identiques et dotés du même niveau de
capital humain hi ( t )=h(t ).
- Le stock global de capital humain est H ( t ) =h ( t ) . N et
N
- le capital humain moyen dans la société est h a ( t )=h ( t ) N =h(t)

L'hypothèse importante, qui permet d'endogénéiser la croissance


économique, est que à chaque période, chaque agent dispose d'une
unité de temps qu'il affecte dans une proportion

(u) à la production de bien et (1-u) à l'accumulation de capital humain.


Donc, dans la production, l'input travail efficace est à l'instant t : (u)H.

Lucas suppose, que la quantité produite dépend non seulement du stock


de capital physique, du stock de capital humain H, du temps u consacré
à l'activité de production, mais aussi du niveau moyen de capital humain
dans la société ha.

La fonction de production de l'économie se déduit de la fonction de


production de chacun des individus qui la composent et se présente
comme ci-après :

Y  AK  (u H )1 ( H a )

- u ∈[0 1] est la fraction du temps consacré au travail
- Ha = capital humain moyen de l'économie (externalité d’éducation)
Le terme  représente l'externalité positive du niveau de capital humain
dans la société. L'élasticité de la production par rapport au niveau moyen
de capital humain est positive.

Au niveau agrégé, la présence d’externalités se manifeste entre pairs,


dans le milieu parental, au niveau d’éducation des professeurs, dans le
milieu professionnel.
L'intuition est qu'une population où le niveau moyen de capital humain
est élevé améliorera la productivité de chacun. Il s'agit donc d'une sorte
de compétence collective liée aux échanges d'information entre agents.

II.2.Les lois d'accumulation du capital physique et humain

Les lois d'accumulation du capital physique et humain sont les


suivantes :

II.2.1. Accumulation du capital humain

La production de capital humain, moteur de la croissance, se fait à


rendement constant, ce qui assure une croissance auto entretenue à
taux constant.
La production de capital humain (l'éducation) d'un individu se fait selon
une technique de type linéaire grâce à du capital humain :
Elle est formulée de la manière suivante :

ΔH = δ[(1- u)H]β
On peut remarquer, en effet, que le capital humain est l'input essentiel
dans la production du capital humain. La motivation derrière cette
hypothèse est que le capital humain d'une génération est un facteur
important pour soutenir la formation du capital humain de la prochaine
génération.

- δ = productivité du capital humain dans le processus de production


de l’éducation;
- (1-u) : fraction de temps endogène allouée à l’éducation  coût de
la formation puisque l’individu renonce à la production de biens de
consommation et donc au revenu associé à cette activité en se
formant.

- β = 1 ⇒les rendements sont constants.


L'hypothèse ad hoc du modèle est que l'exposant de H dans
l'équation de l'accumulation du capital, β est égal à 1. Si l'exposant
de H était inférieur à 1 l'accumulation deviendrait de plus en plus
difficile et ΔH/H tendrait vers zéro lorsque H augmente.

Si l'exposant de H était supérieur à 1, ΔH/H tendrait vers l'infini et la


croissance de l'économie serait explosive.

Comment expliquer que l'accumulation du capital humain se fasse


à rendements constants et non décroissants ?

 Lorsque on raisonne pour un agent à durée de vie limitée, Il est


évident qu' un individu jeune, apprend plus vite qu'un individu plus
âgé. Il est aussi évident , que la productivité « naturelle » peut
diminuer au cours de la vie.

 De plus, l'incitation à s'éduquer devient plus faible lorsqu'on vieillit,


compte tenu de l'espérance de vie.

 Mais Lucas se place dans un modèle où l'accumulation des


connaissances se réalise entre les générations qui se transmettent
leur stock, où le niveau initial de capital humain d'un agent est
déterminé par celui dont il a hérité de la génération précédente.

 Ce processus intergénérationnel est modélisé par un agent à


durée de vie infinie. Dans ce cadre, les raisons de supposer des
rendements décroissants de l'accumulation du capital humain
disparaissent.

II.2.2. Accumulation du capital physique

La production totale de l’économie est répartie entre l’investissement en


capital physique et la consommation. L’équation de l’accumulation du
capital physique est ainsi :

ΔK = Y - C
 1 
ΔK = AK (u H ) ( H a ) - C

En effet, Lucas suppose qu'il n'y a pas de dépréciation du capital.


II.3. L’impact de l’accumulation de capital humain sur la croissance

En partant de l'équation d'accumulation du capital humain, ΔH = δ[(1-


u)H]βet en supposant que la fraction du temps consacré à l’éducation (1-
u)est constant à l’état régulier, que le taux de croissance de la population
est nul, nous pouvons donc exprimer cette équation en variables par
tête.

Après quelques calculs algebriques, le taux v de croissance du capital


humain par tête est constant et égal à :

v  h / h   [(1 - u)]

On peut ainsi souligner que sous l'hypothèse de linéarité dans


l'accumulation de l'éducation, dans la fonction de production, l'efficacité
du travail croît au taux endogène, δ(1-u), comme elle croissait au taux
exogène, g, dans le modèle de Solow.

II.3.1. Les taux de croissance d'état régulier.

On procède par déterminer les taux de croissance d'état régulier du


capital humain et physique.

1ère étape : de l'équation Δh = δ[(1- u)h]β , on a donné l'expression du


taux de croissance du capital humain en fonction du paramètre δ et du
temps (1-u) imparti à l'accumulation de ce facteur.

Rappel, pour que le taux de croissance du capital humain soit constant à


l'état régulier, il est nécessaire que u soit constant.

2ème étape
La productivité marginale du capital physique est :
PmK = Ak
 1
(u h )1 ( ha )
ssi h=ha

En prenant sa dérivée logarithmique :


Pmk k h
 (  1)  (1     )
Pmk k h
En règle générale, à l'état régulier, la productivité marginale du capital
physique est constante. Donc en égalisant le taux de croissance de la
productivité marginale du capital à zéro :

k (1     )
g v
k (  1)
On obtient le taux de croissance du capital physique par tête à l'état
régulier, en fonction du taux de croissance du capital humain. A l'état
régulier les variables par tête, c, y et k, croissent au même taux, qui est
constant.
La résolution du modèle aboutit donc à une expression du taux de
croissance à l’état régulier qui dépend du taux de croissance du capital
humain.

Ainsi, le capital humain est le moteur de la croissance à long terme. 


le taux de croissance de la production par habitant dépend de celui du
capital humain. La croissance est endogène au sens où elle dépend du
temps consacré à la formation 1- u.

L’accumulation du capital humain permet de soutenir la croissance à


long terme en agissant directement sur la productivité de la main-
d'œuvre mais aussi au travers des externalités positives que cette
amélioration engendre.

La résolution du problème d’optimisation donne également des résultats


intéressants.

Lucas (1988) constate en effet que la présence des externalités peut


accroître le taux de croissance mais elle n’est pas nécessaire pour
obtenir la croissance à long terme.

Point important : la présence d'externalité n'est pas nécessaire à


l'obtention de croissance soutenue ou endogène (contrairement au
modèle AK). Seul suffit β=1.

Une autre implication du modèle concerne l'explication de la persistance


des disparités de niveaux de développement.

Deux économies possédant initialement le même ratio k=h peuvent


connaître des trajectoires divergentes. Le pays qui possède la plus
grande quantité de chacun des deux facteurs aura aussi une rentabilité
de ces facteurs plus élevée.
Par conséquent, les facteurs mobiles auront tendance à émigrer vers ce
pays, ce qui enclenchera une dynamique de divergence des niveaux de
développement entre les deux pays.

D’après ce cadre théorique, la croissance des économies émergentes


d’Asie s’explique essentiellement par les investissements en capital
humain.

II.3.2. Éléments empiriques: lien entre croissance et éducation

Les régressions de Barro et Sala-i-Martin (1995, chapitre 13) sur un


grand échantillon de pays et sur la période 1965-1985:

• Le nombre moyen d'années de scolarisation est significativement


corrélé avec la croissance future
• Les dépenses publiques d'éducation ont un impact positif sur la
croissance économique.

Cependant, malgré le boom de l’éducation qu’ils ont connu, bon nombre


de pays pauvres n’ont pas connu de décollage économique.

En général, la littérature empirique souligne l’absence de corrélation


entre le niveau moyen d’éducation et les taux de croissance.
L’accumulation de capital humain semble être une condition nécessaire
mais non suffisante du décollage et de la croissance.

SECTION III.L’ACCUMULATION DES CONNAISSANCES (modèle de


Romer)

L’économie des idées est à la base des théories de la croissance


endogène qui accordent une place fondamentale à l’économie de la
connaissance et tente d’endogénéiser le progrès technique.

D’où vient donc le progrès technique qui est sous-jacent à la croissance


économique?

Les théories de la croissance endogène introduisent une idée simple : le


progrès technique résulte de la recherche de profit des inventeurs et des
firmes. Par conséquent, il résulte du fonctionnement même de
l’économie. C’est cette idée que Paul Romer a développé.

Le modèle de Romer étudie les effets de l’accumulation des


connaissances.
C’est en produisant avec de nouvelles technologies qu’une économie
accumule de l’expérience, et des connaissances qui à leur tour
favorisent l’introduction de nouvelles technologies et donc la croissance.
On est face à un phénomène endogène.

 Connaissance et externalité positive

De plus les connaissances produisent des externalités positives : les


nouvelles connaissances accumulées dans une entreprise se répandent
soit par imitation soit par l’emploi de salariés qui ont acquis de nouvelles
compétences dans d’autres entreprises. L’accumulation des
connaissances est sans limite.

 Rôle d’un stock initial de connaissance

On peut se demander si l’un des facteurs décisifs de l’accumulation de


connaissances n’est pas l’existence d’un stock de connaissances initial.
C’est ce qu’implique le caractère cumulatif des connaissances. Cela
signifie que toute innovation s’appuie sur les connaissances disponibles,
donc les innovations passées.

 .La dynamique des économies

Le caractère cumulatif des connaissances a des implications de


première importance pour la dynamique des économies. Il implique en
effet qu’une économie pourra innover d’autant plus qu’elle disposera
déjà d’un stock de connaissances important.

Si on suppose que le stock de connaissances détermine la productivité,


cela signifie qu’une économie initialement plus productive verra sa
productivité croître plus rapidement que les autres.

Dans les théories de la croissance, le terme de technologie à un sens


particulier : la technologie est la manière dont les inputs sont transformés
en output pendant le processus de production.

Avec une fonction de production Cobb Douglas par exemple, Y = Kα


(AL)1−α; A est un indice représentant le niveau technologique du pays.

III.1. Rôle des idées: les idées en tant que bien

Romer a notamment formalisée cette économie des idées dans le


schéma suivant :
Les biens privés sont rivaux et excluables. La rivalité signifie que
l'usage d'un bien par un agent en empêche l'usage(la consommation ou
la production) par les autres. Par exemple, un habit.
Excluabilité : on peut exclure certains agents de l'utilisation de ces biens.

Certains biens ne sont pas rivaux (non-rivalité) et certains non


excluables. Une idée, comme le théorème de Pythagore, peut être utilisé
par tout le monde car il n'y a pas de droit de propriété.
En effet, le principe du brevet donne un droit de propriété sur certaines
inventions ; ainsi, un bien breveté devient un bien excluable.
Ainsi,
- Un bien rival excluable est un bien privé
- Un bien non rival est un bien public
- Un bien non excluable est une externalité

Un bien public est un bien non rival qui fait l'objet d'une consommation
collective (Justice, défense nationale…).
Une externalité est un bien non excluable : on ne peut pas empêcher un
agent de consommer ce bien.

Les idées peuvent en effet être partagées, au contraire des autres biens.
Deux personnes peuvent utiliser en même temps la même idée, ce qui
n’est pas le cas d’une fourchette. cela implique que :

III.1.1. Les idées ont une utilisation non-rivale :

Il n’y a pas de rivalité dans les consommations. Ce n’est pas parce


qu’une entreprise utilise la formule de Pythagore qu’elle en réduit l’intérêt
pour les autres entreprises.

 Mais les idées peuvent être protégées (on peut exclure d’autres de
les utiliser) grâce
- au secret ;
- aux droits de propriétés (brevets).

En tant que bien, elles ont donc deux dimensions : rivalité et degré
d’exclusion.
Les biens dont l’utilisation est non-rivale et qui ne sont pas protégés sont
habituellement appelés les biens publics (défense nationale ou R&D de
base).

Biens protégés : tous les bénéfices et retombées de leur utilisation


peuvent être récupérés par leur producteur ;

– Dans le cas non-protégé, certains bénéfices profitent à d’autres


producteurs que celui qui a produit le bien (spillovers= externalités).

 Lorsqu'il existe des externalités positives : il y a sous sous-production


(ex la recherche de base) ;
 En cas des externalités négatives : il y a une surproduction
( pollution). D’où la nécessité de la régulation publique.

III.1.2. Utilisation non-rivale implique des rendements croissants

Pour un état donné des connaissances - on peut poser que les


rendements d'échelle sont constants pour les facteurs de production
habituels, qui sont des biens rivaux, tels que le travail, le capital et la
terre (l'utilisation de ces facteurs empêche leur utilisation simultanée par
une autre personne).

Autrement dit, étant donné le niveau de la technologie concernant la


façon de produire, il est vraisemblable que la duplication d'une
entreprise, en conservant les mêmes quantités de travail, de capital et
de terre, permette d'obtenir deux fois plus de production.

Mais lorsque les idées sont introduites en tant que facteurs de


production, les rendements d'échelle tendent à devenir croissants.
Il y a des rendements d’échelle croissants lorsque chaque unité
supplémentaire coûte moins que le coût unitaire moyen des unités déjà
produites.
En effet, s’il existe des coûts fixes pour le développement d’une idée, les
coûts marginaux sont ensuite très faibles.

La plupart des industries de hautes technologies (pharmacie, logiciels…)


répondent à ce critère.
III.1.3.Rendements croissants :concurrence imparfaite

Les rendements d’échelle croissants impliquent une concurrence


imparfaite. Le découvreur d’une idée a souvent une rente de situation
(brevet) qui tend à la création d’un monopole.

III.2. Eléments de base du modèle

Une microfondation associée à une modélisation macroéconomique


permettent d’expliquer la croissance dans le modèle de Romer. Les
fondements microéconomiques permettent une prise en compte de la
réaction des agents économiques aux modifications de leur
environnement économique.

Ces fondement sont aujourd’hui considérée comme indispensable pour


une évaluation cohérente des politiques économiques

Ainsi, le progrès technique n’est plus désormais considéré comme


une manne tombée du ciel. Les entreprises vont l’endogénéiser et
vont fournir un effort de R&D en anticipant les profits qui peuvent
en résulter.

III.2.1. Les fondements microéconomiques reposant sur la distinction


entre trois secteurs :

1. Le secteur de la recherche : il produit des idées protégées par des


brevets.
2. Le secteur des biens intermédiaires : il transforme les idées en
moyens de production à l’aide de brevets. Il est régi par des
rendements d’échelle croissants et une concurrence imparfaite.
3. Le secteur des biens de consommation : il obéit à des rendements
d’échelle constants et à une concurrence parfaite.

En modélisant ces trois secteurs avec des équations idoines, on finit par
retrouver les modèles macroéconomiques avancés.

III.2.2. Modélisation macroéconomique,

Le modèle de Romer endogénéise le progrès technique en introduisant


la recherche de nouvelles idées par des inventeurs intéressés par les
profits qu’ils peuvent obtenir grâce à leur innovation.
Le modèle vise à expliquer pourquoi les pays développés bénéficient
d’une croissance soutenue.

Il y a deux éléments fondamentaux dans le modèle de croissance


endogène de Romer : une équation décrivant la fonction de production et
un ensemble d’équations décrivant la manière dont les inputs évoluent
dans le temps.

La fonction de production agrégée :

Y = Kα(ALY)1−α;
où :
 αest un paramètre compris entre 0 et 1.
 LYest le travail consacré à la production.
Pour un niveau donné de la technologie, A; cette fonction de production
a des rendements constants en K et en LY.

Mais, si l’on considère que les idées (A) sont aussi un facteur de
production, la technologie a des rendements croissants :
La présence des rendements croissants résulte de l’utilisation non-rivale
des idées.

Lorsque les rendements sont constants par rapport au capital et au


travail, ils sont nécessairement croissants quand on ajoute les idées : si
l'on double le travail, le capital et les idées, la production fait plus que
doubler.

Les équations d’accumulation du capital et du travail sont similaires à


celles du modèle de Solow

K  sKY  K

L
L n
L’équation clé est celle décrivant l’évolution du progrès technique. Dans
le modèle néo-classique, le terme de productivité A croît à un taux
constant de manière exogène. Dans le modèle de Romer, l’évolution de
A est endogénéisée.

A(t) est le stock des idées qui ont été inventées jusqu’au temps t. Par
conséquent Ȧ donne le nombre de nouvelles idées inventées à chaque
moment.

Dans la version la plus simple du modèle, nous avons


Ȧ = LA
où LAest le nombre de personnes consacrant leur temps à la recherche
de nouvelles idées et est le taux auquel ils trouvent de nouvelles idées.

Par conséquent,
L = LY +LA

D’autre part, peut dépendre (positivement ou négativement) des idées


déjà trouvées :
= A; <1;

La productivité moyenne de la recherche peut dépendre du nombre de


personnes qui consacrent leur temps à la recherche et développement
en tout point de temps.

En effet, le nombre de découvertes simultanées d'une même idée


augmente avec le nombre de chercheurs, c'est qu'on appelle
externalité de duplication. Pour tenir compte de cette externalité, ce
qui entre dans la production de nouvelles idées n’est pas LA; mais LA; où
∈[0;1] qui traduit la duplication des efforts de recherche.

Ainsi l’évolution du stock de connaissances est donnée par :


λ ∅
Ȧ=ρ . L A . A
<1

Les équations = A et Ȧ=ρ . L A . A montrent un aspect très important des


λ ∅

modèles de croissance économique.


Les chercheurs individuels, qui sont petits comparés au reste l’économie,
prennent comme une donnée, et observent des rendements constants
dans la recherche.

Dans l’équation= A,un chercheur produit nouvelles idées. Au niveau


global, la fonction de production de nouvelles idées n’a pas
nécessairement des rendements constants : même si varie très
faiblement face aux actions d’un chercheur individuel, il réagit très
clairement aux variations de la recherche totale.

Exemples :
– <1 : externalités associées à la duplication ;
– >0 : “être sur les épaules des géants” (Newton) – externalités
positives dans la recherche.
Ainsi, les idées nouvelles favorisent la recherche future essentiellement
gratuitement (sous la forme d'effets externes).
Le taux de croissance, et le montant sous-jacent d'activité inventive,
tendent par conséquent à être sous-optimaux au sens de Pareto, en
raison des distorsions liées à la création de biens et de méthodes de
production nouveaux.

III.3. Croissance dans le modèle de Romer.

Quel est le taux de croissance le long du Sentier de Croissance Equilibré


dans ce modèle ?

Hypothèse: Avec une constante,  un facteur d’émulation entre


chercheurs et  qui traduit l’influence du stock d’idées sur la découverte
de nouvelles idées.

En supposant que la population croît à un taux n, à l’équilibre le capital


par tête croit à la même vitesse que la connaissance, la main d’œuvre
scientifique à la même vitesse que la population totale (L A croit au taux
n). On a donc un taux de croissance g égal à :

 n
g
1 

Ainsi, deux facteurs permettent d’augmenter la croissance.

- Un  proche de 1, un signe de nouvelles idées plus faciles à


trouver lorsque le stock des idées est plus important (il est plus
facile d’inventer l’avion lorsque l’on a déjà théorisé la gravité) et

- un  élevé (les chercheurs coopèrent et se répartissent le travail


plutôt que d’être en concurrence) permettent de l’optimiser. Ce
modèle assez simple dévoile toute l’importance d’une politique de
recherche.

En résumé:

Les théories de la croissance endogène permettent une microfondation


des modèles de croissance néoclassiques fondés sur le progrès
techniques.
La clef de ces modèles réside sans doute dans les rendements d’échelle
croissants de l’économie de l’innovation et l’incitation à la R&D que
constitue l’espoir d’un monopole technologique.

Ces mécanismes reposent notamment sur l’incitation à innover ou


l’apprentissage par la pratique, c’est-à-dire le fait qu’un travailleur
accumulera d’autant plus d’expérience qu’il aura produit beaucoup.

Une autre famille de modèle de croissance considère les


infrastructures, ou plus généralement les dépenses publiques
comme un facteur de production supplémentaire susceptible de
bloquer la baisse de rendements marginaux du capital.

Il convient de souligner que l’importance des dépenses publiques dans


la théorie de la croissance endogène suggère que l’intervention de l’Etat
repose ici sur un effet d’offre. Ceci peut justifier les politiques
d'infrastructures, l'aide publique au développement...

Une partie de la littérature a concerné les applications de la croissance


endogène à d'autres domaines. Les aspects concernant les liens entre
croissance et commerce international , croissance et secteur financier ,
croissance et répartition du revenu ont été abondamment commenté
dans la littérature et les plus curieux pourront y puiser des précieuses
informations .

Dans le cadre de ce cours, on s'est contenté de présenter quelques


modèles canoniques de croissance endogène.

Enfin, la croissance économique dépend de tous les éléments qui


concourent à élever l’efficacité de combinaison de travail et de capital.

CROISSANCE, STRUCTURE DE L’OFFRE ET STRUCTURE DE LA


DEMANDE

 La croissance du produit est déterminée par celle de la


productivité, laquelle est le résultat du comportement
d’optimisation des consommateurs et des producteurs.

 Dans ces conditions, les préférences des consommateurs


orientent la structure de la demande, la structure de l’offre et,
finalement, le taux de croissance.
 Si la demande s’adresse plutôt à des secteurs où les gains de
productivité sont faibles, le taux de croissance sera faible.

L’observation enseigne que le classement des industries en termes de


gains de productivité change au cours du temps et que, pour chaque
ligne de produit, le taux d’apprentissage finit par diminuer.

C’est pourquoi une économie pourra continuer à croître si elle a la


capacité de faire évoluer sa composition sectorielle de telle façon à
rester sur la frontière des gains de productivité.

La possibilité d’obtenir une croissance équilibrée sur cette base éclaire


certains aspects de ce qui a été considéré comme des miracles
économiques (Lucas, 1993).

Les pays émergents sont ceux qui parviennent à produire pour une
demande extérieure qui s’adresse à des productions où les gains de
productivité sont élevés.

Les modèles de croissance endogène enseignent que les préférences


des consommateurs pour des biens de différentes qualités et les
dotations en capital humain déterminent le taux de croissance
d’équilibre.

Il s’ensuit que les pays riches se spécialisent dans les produits de haute
qualité et les pays pauvres dans les produits de basse qualité (Stokey,
1991 ; Young, 1991).

Ce type de spécialisation, qui implique des écarts persistants de


performance, est contrarié par l’ouverture au commerce international.

Le pays pauvre décide de déplacer sa force de travail vers des


productions nouvelles qui bénéficient de forts taux d’apprentissage,
mais qui s’adressent à la demande étrangère.

Le panier des biens produits est désormais différent du panier des biens
consommés par les ménages domestiques, et c’est ce qui assure une
augmentation du taux de croissance d’équilibre
CHAP VIII. LA NOUVELLE ÉCONOMIE INSTITUTIONNELLE (NEI)

Les institutions sont souvent décriées ou encensées pour leur rôle dans
la promotion de la croissance. Dans les modèles de croissance
endogène, la qualité des politiques économiques peut influencer les taux
de croissance de l’économie à long terme.
Acemoglu et al. (2002) affirment que parmi les pays colonisés par les
Européens au 16ieme siècle, ceux qui étaient relativement riches sont
aujourd’hui pauvres en comparaison des pays qui étaient initialement
plus pauvres. Comment expliquer un tel renversement?
 Par le type d’institutions que les pays colonisateurs ont imposé aux
pays colonisés: des institutions extractives ont été mises en place
dans les pays riches en ressources naturelles, elles avaient pour
but d’enrichir le colonisateur plutôt que de se concentrer sur la
prospérité du pays.
Dans les zones moins bien dotées en ressources naturelles, l’incitation à
soumettre les populations était moins forte ce qui a permis de ne pas
brider le développement d’institutions favorisant la prospérité de l’espace
colonisé.
L’expansion ou le déclin des pays autrefois colonisés s’expliquerait donc
principalement par des facteurs exogènes, institutionnels, liés à la
colonisation.
La NEI couvre de multiples domaines, allant des droits de propriété et
des coûts de transaction à l’asymétrie d’information.
Les différents modèle de croissance endogène ont associé la PGF au
progrès technique. Or la PGF désigne de manière plus générale tout ce
qui concourt à élever l'efficacité des combinaisons de travail et de
capital.

Une dimension importante est l’organisation juridique règlementaire et


sociale des activités productives que l’on peut regrouper sous le terme
générique d’institution formalisé par Douglas North.

A la suite de R. Coase, l’accent a été mis sur les coûts de transaction


qu’induit un environnement institutionnel de faible qualité et sur
l’importance de sécurité de contrat.
Par exemple, les précautions qu’exige un investissement seront d’autant
plus grandes que l’environnement juridique, fiscal et social sera incertain.
Depuis la fin des années 1990, les économistes ont exploré de manière
systématique le lien entre institutions et croissance de long terme.

Des études empiriques ont cherché à construire des indicateurs de la


qualité des institutions puis à les relier à l’évolution du PIB par tête, qui
mesure le niveau de développement.

Cependant, les liens entre institutions et croissance complexe, non


linéaire et que son exploration n'est encore qu'à ses débuts.

SECTION I. COUT DE TRANSACTION


Coase (1937) et Williamson (1975, 1985) se sont notamment intéressés
aux formes d’organisation des échanges dans un régime capitalistique.
Ils ont noté que les échanges faisant appel au marché engendrent des
coûts de transaction si les deux parties n’ont pas toutes les informations
importantes pour l’échange.
La transaction, ou échange, implique au moins deux agents, qu’il
s’agisse de plusieurs firmes ou d’unités opérationnelles différentes au
sein de la même organisation. Le niveau d’analyse n’est donc pas
l’individu, la firme, le contrat ou le marché (comme dans la théorie néo-
classique) mais bien la transaction.
Un coût de transaction est un coût lié à un échange économique, plus
précisément une transaction sur le marché.
Dans la théorie économique classique qui postule comme cadre
analytique une concurrence pure et parfaire sur le marché, les coûts liés
aux transactions faites sur ce marché ne sont pas pris en compte. Ce
coût n'existe simplement pas dans le cadre de la concurrence pure et
parfaite.
Le cout de transaction peut être direct (commission de Bourse) ou
indirect (coût de prospection, temps et effort passés à la négociation et à
la vérification de la transaction, etc.).
L'ensemble des coûts induits par ces actions forment les coûts de
transaction. Il existe 3 catégories de couts de transactions :
a) Coûts liés à la recherche de l’information : prospection,
comparaison du rapport qualité/prix des différentes prestations
proposées, étude de marché, le temps passé à découvrir les bons
prix etc.
b) Coûts de négociation et de décision : il s’agit des coûts qui sont
propres au contrat tels que des coûts de négociation et de
conclusion d'un contrat pour chaque transaction etc.
c) Coûts de surveillance et d’exécution : contrôle de la qualité de
la prestation, vérification de la livraison etc. Ce sont des coûts liés
à l'incertitude.

Si l'on doit à Ronald Coase le concept de coût de transaction, c'est


cependant Oliver Williamson qui est considéré comme le fondateur de la
théorie des coûts de transaction.
Les travaux de Williamson se situent explicitement dans le prolongement
de ceux de R. Coase. Ces travaux vont permettre d'expliciter le concept
de coût de transaction et préciser certaines hypothèses-clés pour
comprendre en particulier dans quels cas la firme s'impose comme mode
de coordination, c'est-à-dire dans quelles conditions l'intégration d'une
activité dans la firme sera préférée au recours au marché.
I.1. Les axiomes comportementaux
Puisque les transactions sont engagées et conclues par des êtres
humains, les axiomes comportementaux (rationalité limitée et
opportunisme) doivent être précisés. (Williamson, 1998) pose deux
hypothèses relatives aux comportements des agents.
I.1.1. La rationalité limitée (boundedrationality) : il faut entendre
limitée non pas dans le sens d’irrationnel, mais dans le sens où les
individus n’ont pas tous les éléments pour effectuer un choix purement
rationnel, c’est-à-dire qui envisage l’ensemble des solutions possibles.
Pour rappel, la rationalité économique est un mode de raisonnement
ayant pour finalité de maximiser, sous contrainte budgétaire, l'utilité (ou
la satisfaction) pour le consommateur, le profit pour l'entrepreneur, ou
tout autre objectif qui aurait été choisi.
Lorsque l'environnement est complexe, les individus ne peuvent pas
envisager tous les événements possibles et calculer parfaitement les
conséquences de leurs décisions. En d’autres termes, ils n'optimisent
pas comme le soutient la doctrine économique traditionnelle, mais qu'ils
s'arrêtent une fois qu'une solution leur parait satisfaisante.
En effet, la rationalité des êtres humains est restreinte par leurs limites
cognitives qui ne leur permettent pas à la manière des ordinateurs
d'obtenir une vue synoptique de toutes les situations dans lesquelles il
se trouve, avec pour chacune, une analyse en termes de coûts et de
bénéfices.
Il ne peut donc pas optimiser son choix, c'est-à-dire sélectionner
objectivement le meilleur de tous les choix possibles. En revanche, il
peut sélectionner le meilleur choix possible du point de vue de ses
propres critères de satisfaction.
Par ailleurs, la connaissance complète des situations complexes est
presque toujours fragmentaire et incomplète. L’individu ne dispose pas
d'un accès illimité à l'information, notamment parce que s'informer
demande à la fois des ressources en termes d'argent, de temps, mais
aussi en capital social.
Enfin, un individu réel n'a pas toujours une vision claire de ce qu'il veut :
bien souvent ses préférences sont amenées à évoluer en fonction du
temps et des situations qu'il traverse. Ses préférences peuvent
également apparaître contradictoires ou bien encore après coup. Il faut
donc supposer des individus aux préférences floues.
Pour mieux comprendre la différence entre la rationalité classique et
limitée, il est possible d'établir le tableau suivant.
Tableau n°7 : Rationalité classique et limitée

Rationalité classique Rationalité limitée


Accès illimité à Accès limité à
l’information l’information
Capacité cognitive Capacité cognitive
d’optimisation de satisfaction
Vision claire des Vision floue des
préférences préférences

Dans l'optique d'Herbert Simon, les choix des individus sont toujours
rationnels, ils font l'objet d'un processus de sélection en vue du meilleur
choix subjectivement possible, mais cette rationalité est limitée par
l'environnement.
I.1.2. L'opportunisme des agents
L'opportunisme renvoie au présupposé conventionnel selon lequel les
agents économiques sont guidés par des considérations d'ordre
personnel dans le cadre d'un comportement stratégique"’ (O. E.
WILLIAMSON 1975, p. 26).
Autrement dit l'opportunisme est une tendance des agents à agir dans
leur propre intérêt au détriment de leurs partenaires. C'est une
conséquence de la rationalité limitée. Comme le contrat ne peut pas
prévoir toutes les alternatives possibles, un agent peut être tenté
d'adopter un comportement opportuniste pour favoriser ses intérêts au
détriment de ceux des autres, c'est-à-dire qu'ils recherchent leur intérêt
personnel avec une certaine ruse.
L’opportunisme peut s’exercer ex-ante ou ex-post.
- L’opportunisme ex-ante : s’exerce lorsqu’il y a tricherie avant
passation du contrat entre partie, par exemple en cachant des
informations ou des intentions, communication des informations
erronées. Cet opportunisme est rendu possible par l’asymétrie de
l’information et renvoie au problème anti sélection.
- L’opportunisme ex-post : qui se manifeste lorsqu’il y a tricherie
dans l’exécution du contrat ou à la fin du contrat, ou en exploitant
les éléments non- écrits du contrat pour tirer avantage
d’événements imprévus. Cet opportunisme est lié à l’incomplétude
des contrats et à la rationalité limitée. Il renvoie au problème du
hasard moral.

En résumé, L'opportunisme se manifeste dans un contexte d'asymétrie


de l'information, d’incomplétude des contrats, et de rationalité limitée. Le
risque d'opportunisme accroît les coûts de transaction (coût de
négociation et de supervision d'un contrat) et incite à l'internalisation de
la transaction.
Ce concept a été critiqué violemment par ceux qui cherchent à établir
une théorie économique sur la base de la notion de confiance.
De ces axiomes comportementaux, on peut souligner deux
enseignements. Comme les agents ont une rationalité limitée et des
comportements opportunistes, il est impossible d'établir des contrats
précis et complets. Toute transaction comporte donc un risque
irréductible. A partir de là, lorsque les actifs sont très spécifiques,
l'incertitude et la fréquence des transactions entrainent une hausse des
coûts, ce qui finit par rendre souhaitable le recours à l'organisation.
Ainsi, plus l'incertitude est forte et plus l'internalisation apparaît comme
un moyen d'économiser les coûts de transaction lié au recours au
marché.

SECTION II. LES DROITS DE PROPRIÉTÉ.


La qualité des institutions économiques est étroitement liée à la sécurité
des droits de propriété, sur lesquels pèsent de multiples menaces, telles
que l’expropriation pure et simple par l’État, une protection insuffisante
des contrats ou le non–respect des obligations (défaillance de
l’emprunteur, dénonciation d’un contrat, etc.).
Les droits de propriété définissent des droits d'usage sur les ressources.
A ce titre, ils ont donc des conséquences économiques, que ce soit en
termes d’incitations et de distribution des richesses dans la société.
II.1 : L'analyse économique des droits de propriété
Les droits de propriété sont analysés en économie de marché car toute
l’économie de marché est un vaste système d’échanges de droits de
propriété. Toute vente est un transfert de droit de propriété contre
rémunération (abusus).
Ainsi l’échange ne considère pas seulement les biens échangés dans
leur matérialité physique, mais l’ensemble des droits attachés aux
différents biens, matériels et immatériels ; l’échange de ces biens est
donc défini comme l’échange des droits attachés à leur possession (par
exemple le droit de percevoir un loyer pour un bien immobilier). La valeur
d’un bien ne dépend donc pas seulement de sa teneur matérielle, mais
aussi de ces divers droits de propriété qui y sont attachés.
II.1.1. Valeur économique, typologie des droits de propriété.
Le droit de propriété concerne le droit dont dispose le propriétaire d’un
bien pour :
- l’utiliser comme il le veut (usus). L’usus sont les différents droits
d’utiliser la ressource, de la consommer, de la détruire ;
- En tirer du bénéfice (fructus). Le fructus est le droit d’exploiter le
bien économiquement et d’en tirer une rémunération ;
- S’en séparer (abusus). L’abusus, c’est le droit de le céder
définitivement à un tiers la ressource.
Remarque : c’est de là que provient la notion d’usufruit (usus-fructus)
La théorie économique des droits de propriété distingue deux types de
droits : - les droits liés à la possession : le droit d’utiliser (usus) une
ressource dans certaines conditions spatiales, légales,
environnementales, temporelles… - les droits de transfert (fructus et
abusus) : le droit de donner, de louer ou de vendre un droit lié à la
possession à une autre personne.
A chaque droit de possession peut être associé un droit de transfert (par
exemple, le droit d'utiliser un appartement et le droit de le transférer à
une autre personne : un locataire).
Par exemple, la propriété d’une terre définit donc un ensemble de droits
de possession (construire sur cette terre, la cultiver, exploiter le sous-sol,
faire payer un droit de passage, chasser sur cette terre, etc…) et les
droits de transferts associés à chacun de ces droits de possession (louer
cette terre, la prêter pour un usage précis, la vendre).

SECTION III. LA NOUVELLE ÉCONOMIE INSTITUTIONNELLE ET LA


CROISSANCE ÉCONOMIQUE.
La science économique a longtemps ignoré la question des institutions.
En effet, la théorie néoclassique les considérait comme une variable
exogène
North (1990, p.5) considère que « les institutions sont les règles du jeu
d’une société, ou de manière plus formelle, les contraintes qu’elle
s’impose et qui modèlent les interactions humaines ». Elles consistent à
la fois en des contraintes informelles (sanctions, tabous, coutumes,
traditions et codes de conduite) et de règles formelles (constitutions, lois,
droits de propriété).
Les institutions formelles sont les règles écrites qui définissent en
majorité le système politique et le système économique. Les institutions
économiques sont le droit de la propriété et le droit des contrats. Les
institutions politiques déterminent la structure de l’État et les procédures
de décision politique. Pour la production et les échanges, la qualité des
droits de propriété est essentielle. Ils déterminent la capacité de la
société à accumuler et à utiliser des facteurs de production. Les
institutions politiques jouent en outre un rôle déterminant dans la
configuration et la préservation de ces droits de propriété.
Les institutions informelles ont pour spécificité d’être implicites et
codifiées par l’expérience (les croyances religieuses, les valeurs
traditionnelles, coutumes, religions, éthiques).
III.1. Mesure des variables institutionnelles
De nombreux indicateurs différents ont été utilisés dans les régressions
pour prendre en compte les mesures gouvernementales — variables de
forme du système politique (démocratie ou autocratie), indicateur de
stabilité politique, de politique budgétaire et d’autres politiques et
mesures des droits de propriété.
i. Forme du système politique
Selon North (1995, p. 25) : la croissance économique est possible à
court terme avec des régimes autocratiques, la croissance économique à
long terme suppose un État de droit et la protection des libertés civiles et
politiques.
ii. Politique budgétaire et dépenses de l’État
La politique budgétaire et les dépenses de l’État en matière d’éducation,
de santé et d’infrastructures ne désignent pas directement les
institutions, mais elles constituent souvent de bons indicateurs du cadre
institutionnel institué par un gouvernement.
iii. Droits de propriété
Des droits de propriété insuffisamment protégés augmentent les coûts
de transaction et font donc obstacle au développement économique.
Plusieurs indicateurs rendent compte de la qualité des droits de
propriété.
Il s’agit par exemple de :
- la prime du marché noir (voir Barro et Sala–i–Martin, 1995). La
prime du marché noir sert fréquemment d’indicateur général des
distorsions des échanges, du taux de change et d’autres
distorsions des prix. Elle obtient habituellement le signe négatif
anticipé dans les régressions de croissance et s’avère assez
robuste Elle témoigne du pouvoir discrétionnaire d’un État à
émettre des licences et des autorisations pour les transactions
économiques internationales. On peut de ce fait la considérer
comme une restriction aux droits contractuels et aux droits de
propriété.

- Le taux de dépréciation est comparable au taux d’inflation car il


tient compte du fait que la dévaluation est une forme indirecte
d’expropriation parce qu’elle taxe la détention d’avoirs liquides.

- La part d’argent protégé par contrat. Le concept d’argent


protégé par contrat repose sur l’idée que la part d’argent détenue
sous forme de devises est plus importante dans une économie où
les droits de propriété et les droits contractuels ne sont pas sûrs,
celle–ci étant calculée comme la part de devises dans la masse
monétaire M2.

- Mauro (1995) utilise une mesure de la corruption, qui agit comme


une taxe sur les transactions.

- Le Guide international des risques pays (International Country


Risk Guide, ICRG) est un indicateur élaboré par un organisme
privé d’évaluation des risques à l’intention des investisseurs
étrangers potentiels. Il comprend des mesures de la
dénonciation des contrats par l’État, du risque
d’expropriation, du respect du droit et de la qualité de la
bureaucratie.

- Le risque de défaut de paiement du pays est un indicateur du


risque de défaillance sur la dette souveraine fourni par
InstitutionalInvestor, une autre agence privée d’évaluation des
risques.

iv. Stabilité des institutions politiques : la qualité des institutions


politiques est exclusivement mesurée par rapport à leur incertitude
ou à leur instabilité — ce qui permet, d’éviter la controverse relative
aux mérites comparés des institutions démocratiques et des
institutions autocratiques au plan de l’efficience économique.
Les dix variables souvent retenues pour mesurer la stabilité des
institution politiques sont les suivantes :
1. Nombre d’assassinats par millier d’habitants
2. Remaniements majeurs de gouvernement
3. Changements majeurs de la constitution
4. Crises majeures de gouvernement
5. Nombre de changements inconstitutionnels ou imposés
dans le gouvernement et Éventuellement de son contrôle
effectif de la structure des pouvoirs de la nation (coups
d’État)
6. Tout changement illégal ou imposé au sein du
gouvernement, toute tentative de changement de ce type
ou toute rébellion armée aboutie ou avortée dont l’objectif
est l’indépendance à l’égard de l’administration centrale
(révolutions)
7. Toute élimination systématique, par emprisonnement ou
exécution, de l’opposition politique dans les rangs du
régime ou de l’opposition (purges)
8. Variables muettes correspondant aux pays avec génocides
impliquant des victimes politiques ou des victimes civiles et
politiques
9. Variables muettes correspondant aux pays en guerre
10. Variables muettes pour les guerres civiles sur le territoire
national.

La mesure de l’instabilité des institutions politiques repose donc sur une


analyse en composantes principales, de ces dix variables couramment
employées dans la littérature.
III.2. Résidu de Solow, rôle des institutions et croissance
économique.
Les analyses empiriques qui testent la relation entre les institutions et la
croissance économique tentent de vérifier deux hypothèses.
Hyp1. Un meilleur environnement institutionnel accélère l’accumulation
du capital et conduit à une allocation plus efficiente du capital humain et
physique. Ces deux facteurs accroissent la productivité, parce qu’un
meilleur environnement institutionnel réduit les coûts de transaction et de
transformation.
Hyp2. Cette diminution des coûts accroît la production et les échanges
— autrement dit, le développement économique.
Comme développé précédemment, la théorie moderne de la croissance
a réellement débuté avec le travail de Solow (1956), qui a examiné
l’influence relative des différents facteurs et constaté que l’augmentation
des facteurs de production n’expliquait qu’une part modeste de la
croissance de la production.
Le plus influent était le facteur A, appelé résidu de Solow. Ce qui revient
à affirmer qu’une grande part de la croissance reste encore à expliquer
par des facteurs extérieurs au modèle économique.
C’est donc le cas des institutions qui sont ainsi une autre explication très
importante de la capacité de développement des pays ; qu’elles soient
politiques, juridiques ou économiques.
Dans de nombreux pays en voie de développement, les problèmes
institutionnels sont des barrières très difficiles à franchir qui perpétuent le
cercle vicieux du sous-développement.
Les variables institutionnelles influencent doublement les niveaux de
revenu. Tout d’abord, elles influencent la productivité, c’est–à–dire le
résidu de Solow, et ensuite, à travers l’accumulation du capital, elles
modifient le taux d’investissement et donc, indirectement, le niveau de
revenu.
III.3. Modélisation des institutions

Pour examiner l’importance des institutions comme un déterminant de la


croissance économique, un simple modèle économétrique est souvent
utilisé.
Le modèle régresse une variable macroéconomique pertinent pour un
pays donné sur des indicateurs mesurant ses institutions, des mesures
de sa politique macroéconomique et sur une série des variables
exogènes. La spécification économétrique prend souvent la forme
suivante
Le modèle de synthèse

X i =a+b∗institutions+ c∗politique+d∗Z +u


- Xi représente la variable macroéconomique d’intérêt,
- Institution représente la qualité des institutions
- Politique représente une série d’indicateurs de politique
macroéconomique
- Z est un ensemble de variable de contrôle exogène, incluant des
variables géographiques qui captent les dotations de base du
pays.

Les paramètres pertinents à identifier sont b et c, les effets des


institutions et des politiques macroéconomiques sur la performance
économique. Une stratégie simple serait d’estimer cette équation en
utilisant la méthode de moindre carrée.
Cependant, les institutions sont endogènes, et les variables de politiques
macroéconomiques pourraient l’être aussi.
Ainsi, pour l’estimation des paramètres, on peut utiliser des variables
instrumentales selon la procédure des doubles moindres carrés.
Cependant, pour identifier la causalité, l’identification de la corrélation
bivariée entre Institutions et croissance peut être améliorée si on peut
supposer que la croissance économique peut être affectée par d’autre
déterminants ou variables de contrôle.

Des relations plus sophistiquées entre les variables pertinentes peuvent


être quantifiées en utilisant des outils économétriques plus robustes.

Une variante

Une variante du modèle empirique déterminant le lien entre institution et


croissance peut être écrit de la manière suivante :


- Yit = log du PIB/hab. du pays I au temps t
- Inst = un ensemble de mesures de la qualité des institutions
- k = un vecteur de k autre variables explicativesµ
- ε = terme de l’erreur
- α, β, , et k = vecteur de paramètres à estimer

Une variante de ce modèle peut être utilisé, par exemple avec une
influence retardée des institutions.
Un coefficient positif pour β reflète une positive association entre
institutions et développement. Cependant, corrélation ne signifie pas
causalité. Etablir la causalité dans cette équation est difficile pour
plusieurs raisons.

Premièrement : la corrélation entre la variable Instet Yit peut être


influencée par l’existence des variables non observée Zit qui affectent
simultanément la qualité des institutions et le développement
économique. Dans ce cas, il existe une corrélation trompeuse (en
anglais spurious corrélation) entre variables, mais aucune relation de
causalité entre ces variables.

Deuxièmement : la corrélation peut résulter d’une double causalité entre


Yit et Inst .

Troisièmement : identifier la relation peut être difficile si les variables sont


sujets aux erreurs de mesure.

Quatrièmement : Pour un certain nombre des pays, il n’existe pas des


longues séries de données sur les instituions et le développement, ce
qui pose le problème de petite taille de l’échantillon et de biais de
sélection avec beaucoup des variables manquantes.

Le modèle de Rodrik

L’économiste Dani Rodrik a élaboré un modèle d’ensemble permettant


de régresser le revenu par habitant par rapport à trois facteurs : les
institutions, l’intégration, et la géographie. Le modèle se présente
comme suit :

log ( y i ) =μ+α INS i+ β ∫ ¿i + γ GEOi +ε i ¿ (1)

Avec, yi : le revenu par habitant ;


INSi : variable représentant les institutions ;
INTi : variable représentant l’intégration économique ;
GEOi : variable représentant la géographie, et
εi : l’erreur.

Les travaux de Rodrik ont amené à tirer des conclusions sur le rôle des
institutions dans la croissance économique :
 La qualité des institutions est fondamentale dans la mesure où
elles permettent la protection des droits de propriété, la gestion des
conflits, et le maintien de l’ordre. C’est le cas de la chine et l’Ile de
Maurice qui ont enregistré de forte croissance.
 L’intégration économique et la géographie ne sont pas
déterminantes.
 De bonnes institutions se développent, mais peuvent prendre des
formes hétérodoxes ; il n’existe pas une forme d’institutions unique.
Il faut les adapter aux réalités du terrain.
 La nécessité de soutenir les réformes institutionnelles pour pouvoir
maintenir une croissance économique durable.
 Les gouvernements des pays ont un rôle central : protection des
minorités, gestion des infrastructures, gestion de la politique
commerciale vis-à-vis de l’extérieur.
 Les institutions formelles et informelles sont complémentaires.
Dans certains pays les règles coutumières jouent un rôle primordial
dans les équilibres sociaux et politiques. Parfois, les institutions
formelles peuvent se servir des institutions informelles dans
l’élaboration des règles formelles (une coutume devient une règle
de droit positif).

- Diagnostics de la croissance

L’idée que les bonnes politiques pour accélérer la croissance sont


spécifiques à un pays donné est maintenant généralement acceptée.

C’est pourquoi Hausman, Rodrik et Velasco (HRW, 2008) ont proposé


une méthode pour identifier les principaux obstacles à la croissance
dans un pays donné.

Ils proposent d’utiliser un arbre de décision pour identifier le plus


important problème rencontré par un pays donné, à un moment donné
(les contraintes peuvent changer au cours du temps).

L’objectif est d’éviter les analyses qui présentent une liste exhaustive
des contraintes (il y a généralement des contraintes à tous les niveaux
dans les PED), ainsi que d’engager autant de réformes que possibles
dans tous les domaines à la fois.

Par exemple, tout en haut de l’arbre de décision, la question à trancher


est de savoir si la faiblesse de l’investissement privé et de la création
d’entreprises est due à une insuffisante rentabilité intrinsèque (la
rentabilité d’une activité avant que sa valeur ajoutée soit partagée entre
les différentes parties prenantes) ou bien au fait que l’on ne puisse
trouver de financement en quantité suffisante à un taux abordable.

Si l’analyse montre que la contrainte active est du côté de la rentabilité,


deux possibilités sont à étudier :

la faible rentabilité peut être due à des problèmes structurels, comme


- la mauvaise localisation géographique,
- l’absence d’infrastructures ou de capital humain, d’une part,

Elle peut également être la résultante des défaillances de l’État ou des


marchés d’autre part.

Dans le cas où existent des activités à rendement élevé, le problème est


l’appropriation des rendements par les individus qui se lancent dans ces
activités.
- Si ceux-ci ne sont pas en mesure de s’approprier les résultats de
leurs investissements (en capital physique ou humain),
l’investissement privé restera faible.

Parmi ces défaillances, on peut épingler la taxation excessive et la


corruption, mais aussi tout ce qui constitue des « défaillances du marché
». Parmi celles-ci, un accent particulier est mis sur ce qui est nomment
self-discovery, qui peut être définie comme la capacité des agents à
innover en recherchant systématiquement les opportunités les plus
profitables.

HRW montrent que le Salvador est bloqué par l’absence de possibilité


de ce type, qui fait que les investisseurs potentiels ont toujours tendance
à se tourner vers un petit nombre de secteurs plus ou moins
traditionnels, secteurs dans lesquels la concurrence a tendance à être
fatale étant donné la petite taille du marché.

HRW mentionnent également le problème de l’absence de rentabilité


d’un investissement dans un seul secteur, alors qu’il est possible qu’un
ensemble d’investissements coordonnés dans un groupe d’activités qui
constitueraient des débouchés les unes pour les autres (soit par
l’utilisation d’intrants, soit par la demande créée par les revenus
additionnels) soit viable.
Si la rentabilité intrinsèque est bonne, et que les développeurs d’activité
reçoivent une part substantielle du rendement de leurs investissements,
la faiblesse de l’investissement privé peut s’expliquer, alternativement,
par le coût prohibitif de l’argent emprunté au niveau international ou
national.

Sur cette base, de nombreuses études de cas ont été entreprises, de


manière autonome (Afrique du Sud), ou sur financement extérieur,
généralement de la Banque mondiale.

Le cadre analytique apparaît pertinent pour structurer l’analyse, mais son


utilisation est plus problématique car il est difficile de démontrer de
manière indiscutable qu’une contrainte est plus active qu’une autre dans
des économies où pratiquement toutes les contraintes sont actives à un
degré ou un autre.

On peut se demander de plus si le problème est bien posé à la base : il


se peut que la faible croissance ne soit pas liée à la faiblesse de
l’investissement privé.
Par ailleurs, il a été reproché à cette approche de se concentrer sur le
problème de la croissance et non sur celui de la réduction de la pauvreté
(ou la croissance inclusive), ce qui nécessiterait en plus de prendre en
compte la création d’emploi ou la réduction du sous-emploi, ainsi que les
déterminants spécifiques de la pauvreté.
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Economic Performance”.
- NORTH. D., 2005.« Le processus du développement
économique », traduit de l’anglais par LE SEAC’H M, Ed
D’Organisation.
- SAMUELSON-NORDHAUS 1998.« Economie », Economica,
16ème édition.
- SLOMAN J. et WRIDE A. 2011. « Principes d'économie », Edition
Pearson, 7ème édition.
- WILLIAMSON S., « Macroeconomics », chapitre7, Pearson,
diverseséditions
- WILLIAMSON O.,1994 .« Les Institutions économiques du
capitalisme », Paris, Interéditions,
TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION GÉNÉRALE.

1. Le circuit économique.
2. Le Produit Intérieur Brut.
2.1. Trois approches pour calculer le PIB
2.2. PIB nominal et PIB réel
2.3. Le PIB par habitant (ou per capita, par tête)
2.4. Le PNB (RNB ou Revenu national brut
2.5. Le PIB en PPA (purchasing power parity, parité des pouvoirs
d’achat)
2.6. Le PIB potentiel vs PIB effectif
2.7. La Politique économique.

CHAP. I. LES FLUCTUATIONS ECONOMIQUES DE COURT TERME

SECTION I : DEFINITION ET OBSERVATION DES CYCLES


ECONOMIQUES.
I.1. Définition
1.1.1.Une phase de retournement :
1.1.2.Une expansion :
- Différence entre expansion et croissance
- Différence entre expansion et surchauffe
- Expansion : analyse Keynésienne et néo- classique
1.1.3.Un sommet
1.1.4.Un ralentissement puis une récession.

I.2. L'observation des cycles économiques


I.2.1. La durée d'une phase
I.2.2. L'amplitude d’une phase
I.2.3. Les périodicités des cycles.
• Les cycles courts de KITCHIN
• Les cycles intermédiaires de JUGLAR
• Les cycles longs de KONDRATIEFF

SECTION II. L’ANALYSE CONJONCTURELLE


II.1. But et aspects de l’analyse conjoncturelle
II.2. Les outils de l’analyse conjoncturelle
II.2.1. Typologie des indicateurs conjoncturels
a) Indicateurs coïncidents, retardés ou avancés
b) Indicateurs simples et indicateurs composites
II.2.2. Les indicateurs d’activité
a) Les indicateurs d’offre.
b) Les indicateurs de demande

II.2.3. Traitement statistique


a) Correction pour variations saisonnières
b) Lissage
c) Calcul du taux de croissance

II.3. Acyclique, procyclique ou contracyclique

CHAPITRE II. CYCLES ET TENDANCES

SECTION I : DÉCOMPOSITION ENTRE CYCLES ET TENDANCES


I.1. Rappel sur les séries chronologiques
I.2. Cycle et tendance
I.2.1. Le lissage par moyenne mobile.
I.2.2. Estimation économétrique
I.3. Tendance stochastique.
I.4. FiltreHodrick-Prescott
I.6. Quelques illustrations des Fluctuations économiques

SECTION II : ELEMENTS DESCRIPTIFS DU CYCLE ECONOMIQUE

II.1. FAITS STYLISES


II.1.1. Trois Faits Majeurs Relatifs aux Fluctuations Economiques
II.2. La dynamique des cycles economiques
II.2.1. Cycles déterministes
II.2.2. Cycles stochastiques
CHAPITRE III. LES THEORIES

SECTION I : LE MODÈLE DE BASE DES FLUCTUATIONS


ECONOMIQUES : DEMANDE GLOBALE ET OFFRE GLOBALE

I.1. La demande agrégée


I.1.1. Déplacements de la courbe DA
i.2. Courbe d'offre agrégée (OA)
I.2.1. L' offre agrégée de long terme
I.2.2. L' offre agrégée de long terme
1. La théorie néo-classique des erreurs de perception ou des
interprétations adaptatives
2. La théorie keynésienne de la viscosité des salaires ou salaires
rigides
3. La théorie néo-keynésienne de la viscosité des prix ou rigidité
des prix
I.2.3. Déplacements de la courbe OA de court terme
I.3. Equilibre de long terme
I.3.1. Deux causes de récession
1.3.2. Réponses politiques à la récession

SECTION II. L’ANALYSE KEYNÉSIENNE DU CYCLE ÉCONOMIQUE


II.1. L'accélérateur d'investissement
II.1.1. La formulation traditionnelle du mécanisme de l’accélérateur
repose sur les deux éléments suivants :
II.1.2. Tableau n°2 : Les effets de l'accélérateur
II.1.3. Modèle macroéconomique de Samuelson

SECTION III : LE CYCLE DES STOCKS

SECTION IV. LA THEORIE DU CYCLE ECONOMIQUE REEL

IV.1. La distinction entre impulsion (ou choc) et propagation.


IV.2. Chocs technologiques
IV.2.1. Le choc de productivité temporaire
IV.2.2. Le choc de productivité est permanent

CHAPITRE IV. LA STABILISATION DU CYCLE ECONOMIQUE


SECTION I. COMMENT LES POLITIQUES CONJONCTURELLES
PEUVENT-ELLES AGIR SUR LES FLUCTUATIONS ÉCONOMIQUES ?

I.1. LES POLITIQUES DE STABILISATION


I.2. Rôles des politiques conjoncturelles de relance.
I.2.1. Politiques budgétaires de relance
I.2.2. Politiques monétaires de relance
I.3. Politiques monétaires restrictives et politiques budgétaires
d’austérité.
I.3.1. Politique monétaire en cas de surchauffe,
I.3.2. Politiques budgétaires d'austérité
I.4. Les politiques de rigueur procyclique.

SECTION II. LES FACTEURS STABILISANTS (+) ET


DÉSTABILISANTS (-) DU CYCLE

II.1. (+) La consommation.


II.2. (+) Les stabilisateurs automatiques
II.3. (-) Les stocks.
II.4. (-) L'investissement des entreprises

CHAPITRE V. LA CROISSANCE ECONOMIQUE


PRÉLIMINAIRES MATHÉMATIQUES

SECTION I. INTRODUCTION : QU’EST CE QUE LA CROISSANCE

I.1. La Croissance Economique: définitions des concepts.


I.2. La Croissance Economique dans le Monde
I.3. Le niveau de vie dans le monde
I.4. Croissance et variation du niveau de vie
I.5. La croissance : un enjeu primordial de la politique économique
I.6. Faits stylisés sur la croissance.

SECTION II. LA MESURE DE LA CROISSANCE: LE PIB ET SES


LIMITES
II. 1. LE PIB, mesure de la croissance économique.
II.2. Les limites du PIB

SECTION III. LES DÉTERMINANTS DE LA CROISSANCE.


III.1. Analyse descriptive
III.1.1. Les ressources disponibles
III.1.2. La productivité des facteurs
III.2. Les Modèles de croissance
III.3. Les principales conclusions

CHAPITRE VI. LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE CHEZ LES


CLASSIQUES

SECTION I. CONCEPTION DES AUTEURS CLASSIQUE

I.1. Le Modèle Keynésien HARROD-DOMAR


I.1.1. La croissance instable selon Harrod
I.1.2. Domar et les deux effets de l'investissement

SECTION II. Le Modèle de Croissance néoclassique.

II.1. Le modèle de Solow


II.1.1. Les deux équations de base du modèle de Solow.
II.1.1.1. La fonction de production agrégée
II.1.1.2. L’équation dynamique fondamentale de l’accumulation du
capital
II.1.2. La croissance dans le modèle de Solow
II.1.3. Statiques comparatives
II.2. Deux extensions au modèle de Solow
II.2.1. Le modèle de Solow avec progrès technique
II.2.2. Le modèle de Solow avec le capital humain
II.2.3. Convergence : inconditionnelle et conditionnelle

CHAPITRE VII : LA CROISSANCE ENDOGENE

SECTION I. LE MODÈLE AK
I.1. Croissance dans le modèle AK
I.1. 1. Les Propriétés du modèle AK:
I.2. Critique du modèle AK :

SECTION II. LE MODELE DE LUCAS : L’EFFET DU CAPITAL HUMAIN


SUR LA CROISSANCE

II.1. Eléments de base du modèle


II.1.1. Les hypothèses
II.2. Les lois d'accumulation du capital physique et humain
II.2.1. Accumulation du capital humain
II.2.2. Accumulation du capital physique
II.3. L’impact de l’accumulation de capital humain sur la croissance
II.3.1. Les taux de croissance d'état régulier.
II.3.2. Éléments empiriques: lien entre croissance et éducation

SECTION III. L’ACCUMULATION DES CONNAISSANCES (modèle de


Romer)
III.1. Rôle des idées: les idées en tant que bien
III.1.1. Les idées ont une utilisation non-rivale :
III.1.2. Utilisation non-rivale implique des rendements croissants
III.1.3. Rendements croissants :concurrence imparfaite
III. 2. Eléments de base du modèle
III. 2.1. Les fondements microéconomiques
III. 2.2. Modélisation macroéconomique,
III.3. Croissance dans le modèle de Romer.

CHAP VIII. LA NOUVELLE ÉCONOMIE INSTITUTIONNELLE


Section I. COUT DE TRANSACTION
I.1. Les axiomes comportementaux
I.1.1. La rationalité limitée (boundedrationality) :
I.1.2. L'opportunisme des agents

SECTION II. LES DROITS DE PROPRIÉTÉ.


II.1 : L'analyse économique des droits de propriété
II.1.1. Valeur économique, typologie des droits de propriété.

SECTION III. LA NOUVELLE ÉCONOMIE INSTITUTIONNELLE ET LA


CROISSANCE ÉCONOMIQUE.
III.1. Mesure des variables institutionnelles
III.2. Résidu de Solow, rôle des institutions et croissance économique.
III.3. Modélisation des institutions

BIBLIOGRAPHIE

LISTES DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES

LISTES DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES

Graphique 1 : Diagramme de flux circulaire


Tableau 1 : Calcul du PIB réel et Nominal
Graphique 2 : Evolution du PIB RDC : 1960-2017
Graphique 3 : Evolution du PIB Afrique du Sud : 1960-2017
Graphique 4 : Evolution du PIB du Brésil de 1960 à 2017
Graphique 5 : PIB effectif et PIB potentiel
Graphique 6. Un Aperçu des Fluctuations Economiques de Court
Terme
Graphique 7 : Le cycle de Kondratieff.
Graphique 8 : cycles de Kondratieff, de Juglar et de Kitchin.
Graphique 9 : la procyclicité entre 2 variables
Graphique 10 : Procyclicité : correlation avec le pib
Graphique 11 : Procyclicité des importations
Graphique 12 : Niveau de prix
Graphique 13 : Prix et pib
Graphique 14 : Consommation
Graphique 15 : Investissement
Graphique 16 : Courbe de demande agrégée
Graphique 17 : Déplacements de la courbe DA
Graphique 18 : Courbe OA de long terme
Graphique 19 : Courbe OA de court terme
Graphique 20 : Equilibre de long terme
Graphique 21 : Contraction de la demande agrégée
Graphique 22: Choc négatif sur l'OA et stagflation
Graphique 23 : Réponse à un déplacement de l'OA
Tableau 2 : Les effets de l'accélérateur
Graphique 24 : Accélération de l’investissement et fluctuations cycliques
Graphique 25 : Stockage et lissage de la production
Graphique 26 : Le cycle de Stock
Graphique 27 : le cycle des stocks des pays de l’OCDE
Graphique 28 : Cycle traditionnel
Graphique 29 : Cycle économique réel
Graphique 30 : Choc de productivité temporaire
Graphique 31 : Choc de productivité permanent
Graphique 32 : Chocs d’offre et de demande dans un cadre offre
agrégée- demande agrégée
Tableau 3 : Historique de la croissance économique
Tableau 4 : top 10 des pays les plus riches et les 10 pays les plus
pauvres.
Tableau 5. : Évolution des indicateurs économiques de quelques pays.
Tableau 6 : variation du niveau de vie
Graphique 33 : Comparaison des taux de croissance du PIB entre le
Brésil et la RDC.
Graphique 34 : La fonction de production
Graphique 35 : Production, consommation et investissement
Graphique 36 : L'état stationnaire
Graphique 37 : La convergence vers l’état stationnaire
Graphique 38 : Modification de l'épargne et croissance à l’état
stationnaire.
Graphique 39 : Taux d’épargne et « règle d’or »
Graphique 40 : Taux d’épargne et règle d’or
Graphique 41: Modification de l'épargne hors de l’état stationnaire
Graphique 42. Evolution du revenu lorsque le taux d’épargne augmente
Graphique 43. Croissance démographique
Graphique 44. Le modèle AK.
Tableau 7 : Rationalité classique et limitée

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