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Claire JOIGNEAUX-DESPLANQUES

BL. 2022-2023

La fonction de consommation sous toutes ses formes


𝐶𝑡 = la consommation agrégée observée à la période t
𝑌𝑡 = le revenu agrégé observé à la période t
= le revenu courant de la période t

On cherche à déterminer la forme des relations entre ces deux variables et donc à comprendre
les liens entre le revenu courant et la consommation courante dans un pays.
Si on cherche à le faire, c’est que les dépenses de consommation sont une composante très
importante de la demande globale et que savoir ce qui les détermine doit permettre de guider
des décisions de politiques publiques, notamment les politiques budgétaires.

1. La fonction de consommation introduite par Keynes dans la Théorie générale de


l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936)

𝐶𝑡 (𝑌𝑡 ) = 𝐶0 + 𝑐. 𝑌𝑡

Avec c = propension marginale à consommer (PmC) une constante comprise entre 0


et 1

A ne pas confondre avec la propension moyenne à consommer (PMC)


𝐶 𝐶
𝑃𝑀𝐶 = 𝑌𝑡 = 𝑐 + 𝑌0
𝑡 𝑡
On observe que cette propension moyenne à consommer est une fonction
décroissante de Yt

2. La discussion ouverte par le paradoxe de Simon Kuznets


Référence Kuznets (1946), National Product since 1869

→ sur des séries de données à court terme (une décennie), on observe des relations
entre le revenu courant et la consommation courante qui correspondent plutôt bien à
la relation supposée dans la fonction imaginée par Keynes.
→ mais les paramètres de la fonction estimée pour une décennie, ne permettent pas
ensuite sur d’autres périodes de bien estimer la consommation observée quand on
connaît le revenu observé. Comme si la fonction de consommation se modifiait d’une
décennie à l’autre = elle reste affine mais ses paramètres diffèrent, notamment le
terme constant 𝐶0
→ deuxième problème = si on considère des séries de données plus longues (quelques
décennies), alors on trouve une relation stable entre le revenu courant et la
consommation courante mais avec deux différences par rapport à la fonction imaginée
par Keynes =
- le terme constant C0 disparaît
- et la propension marginale à consommer est supérieure à celle observée sur des
séries plus courtes.

1
On a une relation linéaire du type 𝐶𝑡 = 𝑐. 𝑌𝑡
Pour la consommation aux Etats-Unis entre 1869 et 1938, Kuznets donne l’estimation
suivante 𝐶𝑡 = 0.86𝑌𝑡

Remarque : dans ces conditions, la propension marginale à consommer est égale à la


propension moyenne à consommer = c

3. Les différentes modélisations après Keynes


31. Les premières tentatives des keynésiens pour lever le paradoxe de Kuznets
→ Duesenberry et les effets de cliquet
Ref : « Income-consumption relations and their implications », 1948
Ici, une fois un niveau de consommation atteint à une période, quelque soient ensuite
les fluctuations du revenu courant à la baisse, la consommation courante n’est plus
jamais inférieur à ce seuil atteint une fois.

On peut écrire =

Ct = a Max (Y1, Y2, ….,Yt), avec 0<a<1

Ou ce qui revient au même


Ct = Max (a Yt, Ct-1)

→ Brown en 1952 et les effets de cliquet

𝐶𝑡 = 𝐶0 + 𝑐. 𝑌𝑡 + 𝑎. 𝐶𝑡−1

a est une constante, comprise entre 0 et 1, qu’on appelle le coefficient d’inertie et qui mesure
la force de l’effet de cliquet = la façon dont la consommation présente est influencée par la
consommation de la période précédente.
Si a = 0, l’effet de cliquet est nul et on retrouve la fonction de consommation keynésienne =
seul le revenu courant influence la consommation présente
Plus a est proche de 1, plus l’effet d’inertie est fort.

A court terme, une variation à la marge du revenu courant provoque une variation à la marge
de la consommation agrégée égale à c, comme chez Keynes. La propension marginale à
consommer le revenu courant est la même que chez Keynes.

Mais à plus long terme, une variation à la marge de Yt provoque non seulement une variation
de la consommation courante (Ct) mais aussi une variation de la consommation dans les
périodes suivantes. En faisant varier Ct, elle fait varier Ct+1 et en faisant varier Ct+1, elle fait
varier Ct+2, etc…
Par conséquent =
→ la consommation courante d’une période donnée dépend des revenus passés et des
effets qu’ils ont entraînés sur la consommation courante des périodes antérieurs :

En partant de

2
𝐶𝑡 = 𝐶0 + 𝑐. 𝑌𝑡 + 𝑎. 𝐶𝑡−1 (1)

On utilise cette première expression (1) pour écrire un expression de C t-1

𝐶𝑡−1 = 𝐶0 + 𝑐. 𝑌𝑡−1 + 𝑎. 𝐶𝑡−2

et trouver de cette façon une nouvelle expression de C t (qui dépend de Ct-1 ,comme
l’indique cette même relation (1)).
On obtient

𝐶𝑡 = 𝐶0 + 𝑐. 𝑌𝑡 + 𝑎. (𝐶0 + 𝑐. 𝑌𝑡−1 + 𝑎. 𝐶𝑡−2 )

Puis, à l’étape suivante on remplace Ct-2 par sa forme développée grâce toujours à la relation
(1).

𝐶𝑡−3 = (𝐶0 + 𝑐. 𝑌𝑡−2 + 𝑎. 𝐶𝑡−3 )

On obtient

𝐶𝑡 = 𝐶0 + 𝑐. 𝑌𝑡 + 𝑎. (𝐶0 ) + 𝑎𝑐. 𝑌𝑡−1 + 𝑎2 . (𝐶0 + 𝑐. 𝑌𝑡−2 + 𝑎. 𝐶𝑡−3 )


𝐶𝑡 = 𝐶0 (1 + 𝑎 + 𝑎2 ) + 𝑐(𝑌𝑡 + 𝑎𝑌𝑡−1 + 𝑎2 𝑌𝑡−2 ) + 𝑎3 . 𝐶𝑡−3

Et ainsi de suite (à chaque étape on remplace le dernier terme par son expression développée
grâce à la formule (1))

On en déduit que Ct est égale à la limite quand k tend vers l’infini de l’expression suivante

𝐶0 (1 + 𝑎 + 𝑎2 + ⋯ + 𝑎𝑘 ) + 𝑐(𝑌𝑡 + 𝑎𝑌𝑡−1 + 𝑎2 𝑌𝑡−2 + ⋯ + 𝑎𝑘 . 𝑌𝑡−𝑘 ) + 𝑎𝑘+1 . 𝐶𝑡−(𝑘+1)

Comme ak tend vers 0 quand K tend vers plus l’infini,

on en conclut que

𝑘=∞
1
𝐶𝑡 = 𝐶0 + 𝑐. ∑ 𝑎𝑘 . 𝑌𝑡−𝑘
1−𝑎
𝑘=0

On observe que la consommation d’une période dépend bien des revenus de l’ensemble des
périodes qui précèdent.

On observe plus précisément que plus un revenu est situé loin dans le temps moins il influence
la consommation présente. En effet, Yt-k est multiplié par un coefficient ak. plus k est élevé et
plus on se situe à une période reculée par rapport à la période t et plus k est élevé plus ak est
faible.

→ deuxième conséquence = On peut chercher une expression de la propension marginale à


consommer sur le long terme le revenu d’une période donnée.

3
∆𝑌𝑡 → Δ𝐶𝑡 = 𝑐. Δ𝑌𝑡
→ ∆𝐶𝑡+1 = 𝑎. 𝑐. ∆𝑌𝑡 = 𝑎. ∆𝐶𝑡
→ ∆𝐶𝑡+2 = 𝑎. ∆𝐶𝑡+1 = 𝑎2 𝑐∆𝑌𝑡
→ ∆𝐶𝑡+3 = 𝑎3c∆𝑌𝑡
→ ……
→ ∆𝐶𝑡+𝑘 = 𝑎𝑘 . 𝑐. ∆𝑌𝑡

Si on fait la somme de tous les effets cumulés de ∆𝑌𝑡 sur la consommation aux différentes
périodes successives,
∆𝐶 = ∆𝐶𝑡 + ∆𝐶𝑡+1 + ∆𝐶𝑡+2 + ⋯ + ∆𝑌𝐶𝑡+𝑘 avec k qui tend vers l’infini
∆𝐶 = c. ∆𝑌𝑡 (1 + a + a2 + …. ak) quand k tend vers plus l’infini
𝑐
Et donc ∆𝐶 = ∆𝑌𝑡 .
1−𝑎

Ce qui signifie que la propension marginale à long terme à consommer le revenu courant est
𝑐
égale à 1−𝑎

On en conclut :
→ pour les propensions marginales à consommer le revenu courant = la propension
marginale à consommer à long terme est inférieure à la propension marginale à consommer
à court terme

𝑐
en effet c < 1−𝑎 comme a compris entre 0 et 1, (1-a) < 1 .

→ si on s’intéresse à la propension moyenne à consommer, on observe qu’elle reste


décroissante avec le revenu courant. En effet,

𝐶𝑡 𝐶 𝐶𝑡−1
PMC = = 𝑌0 + 𝑐 +
𝑌𝑡 𝑡 𝑌𝑡

Avec cette version de la fonction de consommation, on lève une partie du paradoxe de


Kuznets.

32. Friedman et l’introduction des anticipations adaptatives dans le cadre d’un


arbitrage intertemporel

→ La seule relation stable à court terme selon Friedman entre le revenu et la consommation,
c’est la relation entre la consommation permanente et le revenu permanent.
la relation entre le revenu permanent et la consommation permanente est une relation
linéaire. Elle s’écrit de la façon suivante =

𝐶𝑡𝑝 = 𝑘. 𝑌𝑡𝑝

On note k = la propension marginale à consommer le revenu permanent, c’est aussi la


propension moyenne à consommer ce revenu permanent.

4
Ici Friedman cherche à établir des fondements microéconomiques d’une fonction
macroéconomique. Il raisonne au niveau microéconomique dans le même cadre que celui de
l’arbitrage intertemporel de Fisher (1930)
- la consommation dépend non pas du revenu courant mais de la « richesse » des
agents, c’est-à-dire des flux de revenus actualisés qu’ils anticipent.
- On conserve l’hypothèse d’absence de contrainte de liquidité, qui permet à l’agent
de maximiser son utilité intertemporelle en répartissant dans le temps les
quantités consommées, indépendamment du revenu de la période et en veillant
seulement à rester solvable. Dit autrement : Les individus peuvent emprunter et
prêter au même taux sans autre condition que de rester solvables.

→ Le revenu permanent est défini comme « le flux périodique de recettes constantes Yp, qui
donnerait la même valeur actualisée que les recettes actuelles et anticipées sur un horizon
donné ».
p
On note Yt le revenu permanent qui correspond aux anticipations des agents à la période t
et il est défini par la relation suivante

W c’est la « richesse » de l’agent

Remarques :
→ si le taux d’intérêt r est nul, alors le revenu permanent est la moyenne simple des revenus
présent et futurs anticipés.
→ si l’horizon temporel est infini soit parce que l’individu ne sait pas quand il va mourir soit
parce qu’il cherche à léguer des richesses à ses descendants et qu’on a donc un modèle de
consommation dynastique, le revenu permanent coïncide avec la définition du revenu
donnée par John Hicks dans Valeur et Capital (1939), à savoir la somme que l'on peut
consommer chaque période sans s'appauvrir (c'est-à-dire en laissant intact son patrimoine).
Le revenu permanent = taux d’intérêt x richesse

𝑑é𝑚𝑜𝑛𝑠𝑡𝑟𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 = 𝑜𝑛 𝑐ℎ𝑒𝑟𝑐ℎ𝑒 𝑙𝑎 𝑙𝑖𝑚𝑖𝑡𝑒 𝑞𝑢𝑎𝑛𝑑 𝑇 𝑡𝑒𝑛𝑑 𝑣𝑒𝑟𝑠 𝑝𝑙𝑢𝑠 𝑙 ′ 𝑖𝑛𝑓𝑖𝑛𝑖


𝑌𝑝
𝑑𝑒 ∑𝑡=𝑇
𝑡=1 𝑡−1
(1+𝑟)
𝑡=𝑇 1
= 𝑌𝑝 ∑𝑡=1 (1+𝑟)𝑡−1
1
= 𝑌𝑝 ( 𝑇 𝑝𝑟𝑒𝑚𝑖𝑒𝑟𝑠 𝑡𝑒𝑟𝑚𝑒𝑠 𝑑 ′ 𝑢𝑛𝑒 𝑠𝑢𝑖𝑡𝑒 𝑔é𝑜𝑚é𝑡𝑟𝑖𝑞𝑢𝑒 𝑑𝑒 𝑟𝑎𝑖𝑠𝑜𝑛 𝑒𝑡 𝑑𝑒 𝑝𝑟𝑒𝑚𝑖𝑒𝑟 𝑡𝑒𝑟𝑚𝑒 1)
(1 + 𝑟)
1+𝑟
= 𝑌𝑝
𝑟
Donc YP = r/(1+r) W
r « petit » , r/(1+r) est très proche de r

5
et donc YP est proche de r. W

→ Pour Friedman, 𝑌𝑡𝑝 , le revenu permanent qui correspond aux anticipations que forment les
agents à la période t, dépend de deux facteurs : le revenu permanent qui avait été anticipé à
𝑝
la période précédente 𝑌𝑡−1 et le revenu courant observé par les agents à la période t, Yt, qui
amène les agents à reconsidérer en partie leurs anticipations (rappel = on est dans un modèle
avec des anticipations adaptatives)

On note 𝑌𝑡𝑝 = 𝜆Yt + (1 − λ) 𝑌𝑡−1


𝑝

avec  une constante comprise entre 0 et 1.


Si  est proche de 0, les variations du revenu courant influencent peu le revenu
permanent et donc la consommation. Plus, au contraire,  est proche de 1 et plus ce
sont les variations du revenu courant qui déterminent fortement les fluctuations du
revenu permanent et donc de la consommation.

On en déduit que la propension marginale à consommer le revenu courant est égale,


pour le court terme, à k.

Si maintenant on considère les effets à plus long terme d’une variation du revenu courant
sur la consommation = on s’intéresse à la propension à consommer le revenu courant à long
terme.

Comme pour la fonction imaginée par Brown, une variation de Yt,  Yt, provoque à la fois
des effets sur la consommation de la période t mais aussi sur la consommation des périodes
suivantes.

∆𝑌𝑡 → Δ𝐶𝑡𝑝 = 𝑘𝜆Δ𝑌𝑡


𝑝
→ ∆𝐶𝑡+1 = (1 − 𝜆)𝑘𝜆∆𝑌𝑡
𝑝
→ ∆𝐶𝑡+2 = (1 − 𝜆)2 𝑘𝜆 ∆𝑌𝑡
→ ……
𝑝
→ ∆𝐶𝑡+𝑛 = (1 − 𝜆)𝑛 . 𝜆 𝑘. ∆𝑌𝑡

On en déduit Δ𝐶, l’effet global à long terme d’une variation ∆𝑌𝑡 sur la consommation
𝑝 𝑝 𝑝 𝑝
Δ𝐶 = Δ𝐶𝑡 + ∆𝐶𝑡+1 + ∆𝐶𝑡+2 + ⋯ + ∆𝐶𝑡+𝑛 , quand n tend vers plus l’infini
Δ𝐶 = 𝜆𝑘∆𝑌𝑡 (1 + (1 − 𝜆) + (1 − 𝜆)2 + ⋯ + (1 − 𝜆)𝑛 ) quand n tend vers plus l’infini

Δ𝐶 = 𝜆𝑘∆𝑌𝑡 . (𝑙𝑒𝑠 𝑠𝑜𝑚𝑚𝑒𝑠 𝑑𝑒𝑠 𝑛 𝑝𝑟𝑒𝑚𝑖𝑒𝑟𝑠 𝑡𝑒𝑟𝑚𝑒𝑠 𝑑′ 𝑢𝑛𝑒𝑠𝑢𝑖𝑡𝑒 𝑔é𝑜𝑚é𝑡𝑟𝑖𝑞𝑢𝑒 𝑑𝑒 𝑟𝑎𝑖𝑠𝑜𝑛 (1 −


𝜆)𝑒𝑡 𝑑𝑒 𝑝𝑟𝑒𝑚𝑖𝑒𝑟 𝑡𝑒𝑟𝑚𝑒 1) quand N tend vers plus l’infini
𝟏
𝚫𝑪 = 𝝀𝒌 𝟏−(𝟏−𝝀) ∆𝒀𝒕 = k. ∆𝒀𝒕

Bilan = A long terme, la propension marginale à consommer le revenu courant est donc égale
à k.

Elle est donc supérieure à celle observée à court terme, dont on a vu qu’elle était égale à 𝜆𝑘.
(Comme 𝜆 𝑒𝑠𝑡 𝑖𝑛𝑓é𝑟𝑖𝑒𝑢𝑟 à 1, 𝑎𝑙𝑜𝑟𝑠 𝜆𝑘 𝑒𝑠𝑡 𝑖𝑛𝑓é𝑟𝑖𝑒𝑢𝑟 à 𝑘.)

6
Ici on éclaire bien une partie du paradoxe de Kuznets.

D’ailleurs quand Friedman fait un travail empirique, il trouve une estimation de la fonction de
consommation très proche de l’estimation de Kuznets.

→ Friedman considère, logiquement, que dans le revenu courant, il y a deux composantes aux
yeux des agents = une partie qui correspond au revenu permanent (à l’image que s’en fait
l’agent à cette période en fonction de ses anticipations) et une partie que l’agent considère
comme plus exceptionnelle, liée à des circonstances qui ne se reproduiront pas = Friedman
l’appelle le revenu transitoire pour le distinguer du revenu permanent.
On note 𝑌𝑡 = 𝑌𝑡𝑝 + 𝑌𝑡𝑇
avec 𝑌𝑡𝑇 = 𝑟𝑒𝑣𝑒𝑛𝑢 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑖𝑑é𝑟é 𝑐𝑜𝑚𝑚𝑒 𝑡𝑟𝑎𝑛𝑠𝑖𝑡𝑜𝑖𝑟𝑒 à 𝑙𝑎 𝑝é𝑟𝑖𝑜𝑑𝑒 𝑡

et bien sûr, on conserve l’hypothèse faite par Fisher : Les individus peuvent emprunter et
prêter au même taux sans autre condition que de rester solvables.

→ ce revenu transitoire 𝑌𝑡𝑇 peut être négatif. Dans ce cas, le revenu courant est inférieur au
revenu permanent, mais l’agent considère cette situation comme particulière, liée à un
contexte particulier et cela ne provoque pas d’ajustement de ses dépenses de consommation
à la baisse, malgré un revenu courant qui a pu baisser par rapport aux périodes précédentes.
L’agent économique choisit de lisser sa consommation, elle ne varie pas au même rythme que
son revenu courant. C’est seulement si la baisse de revenu n’est plus considérée comme
transitoire que l’agent révise ses anticipations à la baisse, son revenu permanent baisse et
donc sa consommation aussi. Tant que la baisse est considérée comme transitoire, le revenu
transitoire est négatif, le revenu courant est inférieur au revenu permanent = la propension à
consommer le revenu courant est supérieure à la propension à consommer le revenu
permanent.
Pour les propensions moyennes à consommer, on peut écrire =

𝐶𝑡𝑝 𝐶𝑡𝑝
𝑝  𝑝
𝑌𝑡 + 𝑌𝑡𝑇 𝑌𝑡

→ à l’inverse, quand le revenu transitoire est positif, le revenu courant est supérieur au
revenu permanent (à l’image que l’agent s’en fait) et l’agent considère cette situation comme
temporaire, il n’ajuste pas ses dépenses de consommation à la hausse. Là encore il lisse sa
consommation. Dans ses conditions sa propension à consommer le revenu courant est
inférieure à sa propension à consommer le revenu permanent.
Pour les propensions moyennes à consommer on peut écrire =

𝐶𝑡𝑝 𝐶𝑡𝑝
<
𝑌𝑡𝑝 + 𝑌𝑡𝑇 𝑌𝑡𝑝

Bilan :

7
→ selon les périodes, la propension moyenne à consommer le revenu courant est supérieure
ou inférieure à k. Cette propension moyenne à consommer le revenu courant est donc
instable.
→ ce qui est vrai de la propension moyenne à consommer le revenu courant est vrai aussi de
la propension marginale à consommer le revenu courant = en considérant que le revenu
transitoire est sans effet sur la consommation courante, une variation à la marge du revenu
courant (qui intègre une part transitoire et une part permanente) provoque des effets sur la
consommation totale qui ne sont pas toujours de même ampleur.

Si la propension marginale à consommer le revenu courant n’est plus une constante comme
chez Keynes, alors les démonstrations de l’effet multiplicateur d’investissement ou de l’effet
multiplicateur des mesures de politique budgétaire s’effondrent. On comprend que Friedman
ait déployé une telle énergie à critiquer la fonction de consommation keynésienne.

On peut appliquer ce raisonnement pour expliquer avec les outils de Friedman pourquoi les
personnes à bas revenu ont une propension à consommer plus forte = elles peuvent
considérer que leur revenu permanent est supérieur à leur revenu courant ( = leur pauvreté
est temporaire, elles anticipent que leurs revenus vont augmenter et donc que leur revenu
permanent est plus élevé que leur revenu présent). On trouve donc un résultat compatible
avec les données tirées de l’observation dans les analyses transversales (on compare à un
moment t, la propension à consommer moyenne à consommer des ménages qui
appartiennent à différentes tranches de la distribution des revenus)

33. Un keynésien qui élargit l’horizon temporal des ménages = Modigliani


Référence = Modigliani et Brumberg publient en 1954 : « Utility analysis and the consumption
function: an interpretation of cross-section data », dans un ouvrage collectif intitulé Post-
Keynesian Economics

Ici les ménages cherchent à lisser leur profil de consommation à l’horizon de leur vie entière
et par moments, ils consomment plus que leur revenu courant (et donc ils s’endettent ou ils
désépargnent en puisant dans leur patrimoine) et à d’autres moments ils dépensent moins
pour consacrer une partie de leur épargne à rembourser leurs emprunts passés ou à se
constituer un patrimoine, dans lequel ils pourront puiser pour consommer plus que leurs
revenus courants.

8
Modigliani construit une fonction agrégée de consommation à deux variables : le revenu
courant (Y) et le patrimoine (W).

Dans un article de 1963 ( Ando A. , Modigliani F. (1963) : “The ‘Life-Cycle’ Hypothesis Of


Saving: Aggregate Implications And Tests”, American Economic Review), i l obtient
l’estimation suivante :

C = 0.7Y + 0.06W

A court terme le patrimoine est donné et donc la consommation est très sensible au revenu,
la propension moyenne décroit avec le revenu. On retrouve la fonction keynésienne mais avec
une propension marginale un peu plus faible.

A long terme, c’est le contraire, le patrimoine joue un rôle déterminant et la propension


moyenne et marginale à consommer est égale à 1.
Dans les travaux économétriques, Modigliani trouve qu’à long terme le rapport entre la
richesse (le patrimoine) et le revenu est stable, autour de 5.
Et donc la propension à consommer est égale à 1 puisque
C = 0.7Y + 0.06.5Y = Y

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