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Université Cheikh Anta Diop de Dakar 2020/2021

Faculté des Lettres et Sciences Humaines

Faculté des Lettres et Sciences Humaines

Département d’Histoire

Enseignant : Mamadou Woury DIALLO (Docteur en histoire médiévale)

G 244 : initiation à l’histoire médiévale : sources et méthodes

Plan du cours

Introduction

Le Moyen Age est une période charnière de l’histoire et de l’évolution de l’humanité qui se
distingue des autres. Le découpage chronologique suscite encore des débats dans la
communauté des médiévistes.

L’histoire médiévale est une des branches de l’histoire qui est enseignée au département
d’histoire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Elle constitue aux côtés des études et
enseignements en préhistoire-archéologie, en Antiquité (égyptologie et Grèce et Rome), en
histoire moderne et contemporaine, l’école historique de Dakar ayant participé, bien avant les
indépendances, avec la faculté de médecine, l’école des fils de chefs de Saint-Louis (école des
otages), l’IFAN, etc. à former les élites intellectuelles du Sénégal et de l’Afrique. La crise de
l’histoire et les débats épistémologiques nés avec l’École des Annales l’ont agité en même
temps que les autres disciplines des sciences humaines et sociales. L’École historique de Dakar
devient un creuset de la recherche sur les sociétés africaines précoloniales et des autres régions
du monde (hors Afrique).

Ce cours est un essai d’initiation à l’histoire médiévale autour de thématiques liées aux
différentes acceptions du Moyen Age, à la chronologie, aux variances de l’histoire médiévale,
à la dette due à l’École des Annales, les thèmes de recherche et d’enseignement privilégiés à
l’École historique de Dakar, etc.

I. Moyen Age ou Époque médiévale : essai de définition

Le Moyen Age n’existe pas, ou plutôt ce n’est qu’une expression. Elle a été forgée par les
hommes de la Renaissance, en particulier les humanistes Italiens : ils voulaient restaurer, tout
en restant chrétiens, la grandeur spirituelle, intellectuelle, artistique et les langues authentiques
de la civilisation de Rome et de la Grèce. Entre eux, les « restaurateurs », et leurs glorieux
modèles, s’étaient déroulés des temps obscurs, encombrés de luttes sans gloire, d’écrits sans
style, de monuments difformes : Pétrarque, dès le XIVe siècle, les appelle les tempora media,
les temps intermédiaires. Les humanistes donnaient au Moyen Age un début (la chute de
l’Empire romain, assimilée à une fin brutale de la civilisation antique) et une fin (la fin du XVe
siècle, quand la reconstruction somptueuse et triomphale de la Rome pontificale manifeste le
triomphe des valeurs « modernes » fondées sur une redécouverte savante de la culture antique).

Ce « Moyen Age », ce millénaire obscur qui s’étendait entre deux périodes glorieuses de
l’histoire de l’humanité, allait tour à tour servir de repoussoir aux uns et de modèle aux autres.

Le Moyen Age est, plus que toute autre période de l’histoire, une construction intellectuelle,
faite pour donner un semblant de cohérence à ce qui n’est en réalité qu’un « entre-deux ».

Ferdinand Lot, La fin du monde antique et le début du Moyen Âge, Paris, Éditions Albin Michel,
1951, 559 p. Nous voici amenés- et préparés – à traiter cette question du « moyen âge », et des
divisions de l’histoire, en général. On sait que l’expression « moyen âge » date du XVIIe siècle :
c’est Christophe Kellner, -Cellarius,-mort, en 1707, professeur d’histoire à l’Université de
Halle, qui l’a employée pour la première fois, en 1688. Elle répondait à un besoin pratique, à
des commodités pédagogiques. Cette période intermédiaire entre l’antiquité et les temps
modernes, suivis eux-mêmes d’une époque contemporaine, répond à une réalité objective ? À
une réalité qui ne soit pas unique ? Peut-on de temps et de milieux divers, ou même de
l’évolution de tous les peuples, dégager un concept du moyen âge qui en représenterait une
phase.

 Les thuriféraires du Moyen Age

La roue de fortune tourne= formule si cher à l’Occident médiéval. L’idéalisation du souvenir


transforme aussi le passé collectif. Un mythe de la « Belle Époque » se crée souvent en faveur
d’hier : les Français du XIVe siècle évoquaient avec nostalgie le « bon temps Monseigneur
Saint Louis ».

Le romantisme commença à renverser le courant. L’amour des ruines se porta des temples
antiques aux châteaux forts ruinés et aux cathédrales inachevés. Le moyenâgeux remplaça le
médiéval, le néogothique séduisit le clergé, la bourgeoisie et les Américains. Le genre
troubadour, les romans de Walter Scott, etc. chaque nation identifiait son nationalisme.
Le XXe siècle a enrichi la passion pour le Moyen Age de nouvelles acquisitions dans le domaine
de la sensibilité, de la technique et de la pensée.

À en croire aujourd’hui ses nombreux thuriféraires, le Moyen Age a tout inventé : l’ogive et la
perspective, cad l’art moderne, le moulin a eau(le machinisme) ; la lettre de change, donc le
capitalisme ; la dialectique, mère de la pensée progressiste, l’amour ; enfin, la mort. Le siècle
et demi qui vient de s’écouler a révélé, grâce surtout au labeur des historiens, des archivistes,
des archéologues, des philologues, un Moyen Age passionnant.

Le Moyen Age –après Saint Augustin- s’est posé le problème et, à sa façon, c’est-à-dire dans
une perspective d’histoire religieuse, d’histoire du salut.

 Les pourfendeurs du Moyen Age

Puis l’idéalisation fait souvent place au dénigrement et à l’oubli.

La Renaissance et l’époque classique avaient vu le Moyen Age en noir. C’était le temps de l’art
dit « gothique », de la barbare scolastique, et les Anglais trouvèrent la bonne formule : the dark
ages, l’âge des ténèbres

La Révolution française de 1789, qui mit fin aux droits féodaux, et en sonna le glas en Europe,
donna au Moyen Age politique et social identifié avec la féodalité un contenu également
méprisable. Féodal devient péjoratif.

Il sera tenté d’exorciser moyen Age de famines, d’épidémies, d’atrocités, de grossièretés, pour
retrouver un Moyen Age de chants sublimes, de cathédrales merveilleuses, de saints admirables.

Pour Henri Berr, le moyen âge n’est ni à exalter ni à déprécier. Considéré objectivement, il
n’est ni progrès ni regrés en bloc. C’est une phase d’incubation. Il y a eu un cataclysme, résultat
de multiples contingences. Mais le monde antique « se faisait vieux », et les migrations
« barbares », non seulement ont brassé les races humaines, mais ont apporté « cette ardeur
juvénile, cette confiante audace, cette aptitude au changement et au progrès dont les
civilisations avancées perdent le privilège et dont la barbarie n’est que la forme inculte et
passagère.

Que le « Moyen Âge » n’ait pas succédé brusquement à l’ « Antiquité », c’est à priori chose
évidente. La notion même d’une période intermédiaire entre les temps anciens et l’époque
moderne a eu peine à naitre. Entrevue peut-être au XVIIe siècle, elle n’a été acceptée par la
science qu’à une date récente. Le concept du médiévisme

1. Au plan chronologique
 Il existe ici des débats qui ne sont toujours pas résolus entre les médiévistes du monde
entier. Certains médiévistes africains ou américains et même européens refusent la
généralisation de la chronologie du moyen âge occidental à toutes les autres zones du
monde.
 En Occident, on retient généralement trois coupures temporelles : le haut moyen âge
(Ve-Xe), le moyen central ou classique (XIe-XIIIe siècles) et le bas moyen âge (XIVe-
XVe siècles)
 Toute coupure est factice en histoire. Rien ne finit, rien ne commence absolument. Le
moyen âge commence-t-il en 395 avec le partage de l’Empire ? Ou en 406, avec la ruée
des Huns et le reflux germanique ? Ou en 476, avec la mort de Romulus Augustule ?
Ou encore entre 630 et 730, avec les invasions musulmanes ? Et quand finit-il ? En
1453, avec la chute de l’Empire d’Orient ? Mais certains lui fixent pour terme
l’invention de l’imprimerie (1440 ?), ou la découverte de l’Amérique (1492). L’esprit
peut-il être satisfait par une division de l’histoire « générale » qui s’ouvre sur un
évènement politique et se clôt sur des circonstances d’ordre intellectuel ou
géographique.
 Pour les économistes, le moyen âge commence au Xe siècle après une période transitoire
qui va des invasions barbares aux Capétiens et qui aboutit à l’économie fermée ; il
coïncide avec l’époque féodale ; et dès la fin du XIIIe siècle, l’économie moderne se
prépare avec le développement des villes et les grands courants commerciaux.
 Le Haut Moyen Age (Ve-Xe siècles)

Quelques causes du déclin de l’Empire romain

Les causes du déclin de l’Empire romain selon Fernand Lot dans son ouvrage : La fin du monde
antique et le début du Moyen Âge, Paris, Éditions Albin Michel, 1951, 559 p.

- Le mal avait, d’abord, une origine politique : l’insuffisante organisation du pouvoir


impérial. Les premiers empereurs ont régné par l’armée ; c’est l’armée, à la fin, qui a
régné par les empereurs. Elle les a faits, défaits, acclamés, tués pour des motifs futiles
ou bas…
- La mécanisation, ou plutôt la « sclérose » de cet Empire dont la vie se retirait, se
manifesta aussi par l’établissement d’un régime de castes. Le colonat se consolide ; les
phénomènes politiques et économiques de la décadence romaine convergent.
- À tous ces principes de décadence, s’ajoutait la « maladie religieuse » ; le christianisme
a été dissolvant pour l’Empire. La société antique a subi de longs déchirements. Même
sans les Barbares, l’Empire était atteint profondément dans sa vitalité. Mais il y a eu les
Barbares ; et leur action a été décisive : ils ont provoqué la débâcle.
- Tout autour de la Romania, une ceinture de populations diverses- Vandales, Goths,
Alamans, Francs, Saxons, Burgondes, Hérules, Alains, Scots, Pictes, Sarmates, Quades,
Maures, Nubiens. Certains de ces Barbares ont imposé leurs services à l’Empire, avant
de lui faire la loi, et s’y sont infiltrés, bien avant de l’envahir. En Orient, il est arrivé que
Rome payât tribut à des barbares pour en tenir d’autres en respect. En Occident, ce sont
les barbares peu à peu qui constituent l’armée. Empires nomades destructeurs des
empires agricoles. Les Barbares s’étaient d’abord romanisés : la Romanie finit par se
« barbariser ». Décadence intellectuelle de l’Occident aussi fut le fait de ces invasions.
Des États romano-germaniques se constituent : vandale, en Afrique ; ostrogothique,
puis lombard, en Italie ; wisigothique, en Espagne ; franc, en Gaule.

Quelques caractéristiques du haut moyen âge :

- Invasions barbares, Cet univers de l’Occident barbare est assez mal documenté. 750
jusqu’un peu au-delà du XIe siècle est une période dans l’histoire de l’Europe où son
poids est plus bas. Les invasions sont venues de toutes parts, avec trois directions
principales. Surgis au-delà des Pyrénées, les Musulmans se répandent à travers la Gaule,
au début du VIIIe siècle. En 732, le reflux commence…Le monde occidental va
trembler durant un siècle encore. Au Xe siècle, l’Europe tremble encore sous les sabots
de la cavalerie magyare ; les Hongrois à leur tour mettent la Germanie, l’Italie, la
Francie à feu et à sang. En 955, Otton le Grand, sur les rives du Lech, les écrase et met
un point final à l’âge des invasions. Les empereurs Trajan et Hadrien sont d’origine
espagnole, Antonin d’ascendance gauloise ; sous la dynastie des Sévères, les empereurs
sont africains, les impératrices syriennes. L’édit de Caracalla accorde en 212 le droit de
cité romaine à tous les habitants de l’Empire. Autant que la réussite de la romanisation,
cette ascension provinciale manifeste la montée des forces centrifuges. » Jacques Le
Goff, La civilisation de l’Occident médiéval…, Jan Dhondt, pp. 27-28.
- L’Empire Mérovingien
- Le monde carolingien est un monde d’illettrés. Seuls les « clercs » savaient lire et écrire.
- Le second assaut barbare sur l’Occident
 Le Moyen Age central ou l’Age classique (XIe-XIIIe siècle)
- Le grand défrichement de la fin du Xe siècle inaugure avec l’effondrement de l’Empire
carolingien et les autres périls la féodalité et le système féodal,

La féodalité : La féodalité c’est d’abord l’ensemble des liens personnels qui unissent entre
eux dans une hiérarchie les membres des couches dominantes de la société. Ces liens
s’appuient sur une base « réelle » : le bénéfice que le seigneur octroie à son vassal en
échange d’un certain nombre de services et d’un serment de fidélité. La féodalité, au sens
strict, c’est l’hommage et le fief. Le seigneur et son vassal s’unissent par le contrat
vassalique. Le vassal prête l’hommage à son seigneur. Le vassal doit à son seigneur le
consilium, le conseil, qui consiste en général en l’obligation de participer aux assemblées
réunies par le seigneur, en particulier de rendre la justice en son nom- et l’auxilium, l’aide,
essentiellement militaire et éventuellement financière. Le vassal doit donc contribuer à
l’administration, à la justice et à l’armée seigneuriales. En contrepartie le seigneur doit à
son vassal protection.

- La Paix de Dieu ou Trêve de Dieu : défendre les personnes pacifiques contre les
déprédations et les ruines, les guerres entre seigneurs, des anathèmes sont prononcés par
l’église contre ceux qui la troublent…Le Synode du Puy de 990 interdit de faire irruption
dans les églises…Le Concile de Narbonne de 1054 codifie toute la législation antérieure
et interdit de tuer un chrétien, car tuer un chrétien revient à verser le sang du christ. Il
pose le principe qu’ « chrétien qui tue un autre chrétien, répand le sang du Christ ». On
y étant encore les périodes de trêve, en y ajoutant les fêtes de la Vierge, de saint Jean-
Baptiste, des Apôtres, toutes les vigiles et les quatre-temps de septembre.
- La formation de la chrétienté et les croisades
 Le bas moyen âge (XIVe-XVe siècle)

Au tournant du XIIIe et XIVe siècle, il n’y a plus de défrichements, de conquête du sol, et même
les terres marginales, mises en culture sous la pression de la démographie pour la chrétienté.
Elle enfante la société de la Renaissance et des Temps modernes, plus ouvertes et, pour
beaucoup, plus heureuse que l’étouffante société féodale.

La peste noire : La peste noire de 1348-1350 fait des ravages sur la population européenne.
Florence aura vu sa population tomber de 100.000 habitants au moins à l’âge de Dante, à
quelque 50.000 après la peste noire. Zurich, ville moyenne sans grande histoire, déclinera (après
la Peste Noire) de 12375 habitants en 1350 à 4713 en 1468.

Angleterre population d’environ 3 700 000 habitants avant la Peste Noire, 2 200 000 environ
en 1377, 3 200 000 vers 1550. Robert S. Lopez, p. 401.

- Les famines
- Les crises, etc.
2. Au plan thématique

Définitions et problèmes

 Les thèmes de l’histoire évènementielle et chronologique


- L’histoire politique (histoire-récit des hauts personnages afin que leurs faits et gestes ne
tombent pas dans l’oubli- une histoire par le haut ou histoire des gloires)
- L’histoire des guerres
 Le territoire des nouveaux historiens

Le renouvellement épistémologique : pluridisciplinarité, longue durée, quantitativisme,


géohistoire…

Les points forts de la nouvelle histoire :

- L’histoire économique, le domaine pionnier


- La démographie historique, l’une des plus belles réussites des historiens français
- L’histoire sociale, qui symbolise la prétention à la globalité
- L’histoire de la culture matérielle (Lénine= auteur du concept, pas de domaine précis
- L’histoire des mentalités : le hollandais Johan Huizinga avec son livre célèbre, Le déclin
du Moyen-Âge (1918) est le pionnier. Elle élargit la psychologie historique. Le livre de
Philippe Ariès, L’enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime paru en 1960 a marqué
un tournant pour l’histoire naissante des mentalités. L’histoire de la mort est beaucoup
plus récente, de même que l’histoire de l’imaginaire.

Pas de problème, pas d’histoire

 Exemples de thèses produites par les nouveaux historiens : la thèse de Georges Duby
sur les Mâconnais, Jean-Pierre Poly confronte la Provence au modèle de la société
féodale de Marc Bloch, les Paysans de Bourgogne de Philippe de Saint-Jacob et le
Beauvaisis de Pierre Goubert, élève d’Ernest Labrousse.
I. Les variances en histoire médiévale : sources et méthodes
1. Occident

La notion d’Occident

- Le mot Occident a pris des acceptions variées :


- L’Occident= domaine de la langue latine opposé à l’Orient, domaine de la langue
grecque,
- Sous Charlemagne, Occident est synonyme d’Empire, d’Europe et de peuple chrétien.
- Les érudits donnent un sens géographique à Europe : une Europe simplement limitée
par le Bosphore et le Don
- Les mots chrétienté et latinité désignent donc l’ensemble des pays européens. Pour le
pape Pie II, l’Europe chrétienne c’est essentiellement l’Espagne, la Gaule, la Bretagne,
la Germanie, la Pologne, la Hongrie et l’Italie. L’Europe des occidentaux, c’est donc
encore la Chrétienté latine. Au XVe siècle, le mot Europe était encore un mot clerc ;
- À la fin du Moyen Age, l’Occident n’est plus simplement la Chrétienté ou la Latinité,
c’est aussi l’Europe. L’Occident ne se définit plus simplement par la religion romaine
ou la culture latine, mais aussi par la liberté politique.
 Les sources

Nous avons les annales, les chroniques universelles, les chroniques locales, la foi semble être
le premier critère d’acceptation des sources d’histoire et le christianisme en est le socle.
L’Ancien et le Nouveau Testament, les traditions ecclésiales, les vies des saints. Peu avant l’an
mil, dans les monastères, les clercs ont inventé un passé idéal. Progressivement, les écrits
deviennent le produit de véritables entreprises collectives au sein des scriptorium monastiques.
Les moines de Reims, de Fleury (Saint-Benoît-sur-Loire), de Saint-Denis archivent, copient,
classent. Cet effort documentaire a parfois laissé des traces telles que les notes de Guillaume de
Malmesbury (De Gestis regum Anglorum) qui visite les monastères britanniques (1115-1135),
ou le souvenir de la mission confiée à Nicolas de Senlis (1202-1203) pour rechercher dans
toutes les « bonnes » abbayes de France les textes sur Charlemagne. Ainsi, les chroniques
s'écrivent, pour une large part, à partir des documents et des archives gardées dans les grandes
abbayes, qui sont alors les sources de la tradition historiographique. Il en va ainsi des chroniques
de Saint-Denis, devenues Les Grandes Croniques de France (1274) au service de la monarchie
capétienne.

Des pratiques spécifiques

1. Importance de la critique historiographique pour deux raisons : les luttes idéologiques


du XIXe siècle ont ainsi engendré des historiographies cléricales ou marxistes qu’il faut utiliser
en connaissance de cause. La seconde tient à l’extrême morcellement d’un monde. D’une ville
à l’autre, d’un comté à l’autre, tout peut changer : il n’y a pas une féodalité, un servage, un
commerce, une structure politique, sociale ou économique évidemment dominante. On doit
partir d’un cas régional

2. Deuxième pratique caractéristique des médiévistes, le recours continuel aux sources.


Très tôt l’étudiant doit être capable de les interroger lui-même. Problèmes de langues…les
sources en langue vulgaire, le français médiéval. Mais il n’y a pas que les sources textuelles, il
y a aussi les œuvres d’art, les constructions architecturales, les fouilles archéologiques, les
monnaies, la musique, etc. l’utilisation de ces sources sera facilité par des ouvrages.
Aujourd’hui, l’étudiant dispose de plusieurs collections de sources traduites et commentées

3. Troisième pratique chez les médiévistes : approche pluridisciplinaire

- Avec la nouvelle histoire ; inventaire de sources massives : les registres de paroisse,


contrats de mariage pour étudier l’endogamie, la mobilité sociale, la fortune ou
l’alphabétisation ; les testaments pour l’analyse du sentiment de mort. Dans ce cas, les
sources ne sont même plus nécessairement écrites : Gabrielle et Michel Vovelle ont
ainsi étudié les autels des morts de Provence.
- L’histoire sérielle repose sur un certain type de sources : celles-ci doivent être sinon
numériques, du moins réductibles à des unités homogènes et comparables.
- Histoire quantitative avec ces sources et les archives notariales
- À côté des sources écrites, les sources non écrites se multiplient. L’archéologie devient
une composante importante de l’histoire médiévale : les fouilles des villages se
multiplient en France, en Pologne, en Angleterre ou en Italie. Cette archéologue se
tourne vers la reconstitution du cadre de vie quotidien et ne se limite plus aux seuls
monuments.

Exemple : pour les croisades, nous avons :

Sources Latines, Grecques, Arméniennes et Syriaques


Les sources latines

Sources de la première croisade

 Sources « primaires » et sources « secondaires »


Sources dites « primaires » parce que rédigées par des témoins directs, clercs ou même
chevalier ; d’autres sources (« sources secondaires ») composées après l’expédition par des
hommes qui avaient eu accès aux premiers textes…

Tous ont également fait œuvre de compilation.

 Les Gesta anonymes

 Sources grecques, arméniennes et syriaques


 Aversion de ces chroniques pour la puissance grecque. p. 192
 « Les chansons de geste organisées en cycles s’attachent à ces évènements qui ont
bouleversé le monde occidental ; à leur tour, les chroniques rapportent des faits avec
une précision souvent louable, et les récits de pèlerins apparaissent comme des journaux
de voyage d’un intérêt remarquable, mais on n’oubliera pas les échos des croisades dans
le monde de la lyrique et dans les fictions de type romanesque. » p. XVII (Introduction
générale)

Conclusion :

Sur bien des points, les chroniques latines apparaissent comme des œuvres de propagande.
Leurs auteurs cherchaient à justifier la croisade, magnifier l’œuvre de Dieu et appeler à de
nouvelles expéditions. P. 196

Ces chroniques manquent de renseignements sur l’adversaire p. 196

 Méthodes

Les VIIIe et IXe siècles ont produit des compilateurs et des auteurs de manuels.

L’archéologie nous a restitué les vestiges, les œuvres, bref, la culture matérielle : archéologie
de l’habitat, des techniques rurales et artisanales, de l’alimentation.

Les chartes ont cessé d’exprimer toute la réalité médiévale. Ainsi, un nouveau Moyen Age est
entrain de naitre, de renaitre. Un Moyen Age sans textes et sans inscriptions émerge dans
l’histoire et ne se contente pas de compléter le Moyen Age érudit que l’on connaissait mais en
modifie l’image en profondeur…
Les textes nous disent le règne de l’épée et le prestige du forgeron dans la civilisation médiévale.

La climatologie historique s’aide des chroniques qui notent les intempéries, les longues
sècheresses, les coups de froid, les réchauffements insolites

Plagiat et compilation

2. Orient
 L’histoire médiévale de l’Orient démarre en réalité au VIIe siècle avec l’avènement de
l’islam. Ce terme sert à désigner le bloc Byzance-Islam.

Les Perses et les Byzantins se sont livrés des guerres sans répit. Ces deux États étaient épuisés
de l’effort qu’ils avaient fourni. C’est alors que parut l’Islam.

« La naissance et l’essor de l’Islam ont l’apparence d’un prodige. Un peuple jusqu’alors presque
inconnu s’était unifié dans l’élan d’une religion nouvelle. Il conquérait en quelques années tout
l’Empire sassanide et, sauf l’ouest de l’Asie Mineure, toutes les provinces asiatiques et
africaines de l’Empire byzantin, e, attendant d’y ajouter la plus grande partie de l’Espagne, la
Sicile et, temporairement, d’autres postes en terre d’Europe. Il frappait aux portes de l’Inde et
de la Chine, de l’Éthiopie et du Soudan occidental, de la Gaule et de Constantinople ; les États
les plus anciens s’écroulaient et, du Syr-Darya au Sénégal, les religions établies s’inclinaient
devant une nouvelle venue qui est celle, aujourd’hui, de quelque trois cents millions
d’hommes. » Claude Cahen, L’Islam. Des origines au début de l’Empire ottoman, Paris,
Librairie Arthéme Fayard/Pluriel, 2010, p. 9.

L’Orient est marqué par les Empires Byzantin, Perse sassanide, musulman ensuite notamment
avec les dynasties omeyyades (661-750), abbasside (750-1258), mamelouk (1250-1517) et
enfin Ottoman (1517-1918).

 Les Orientalistes européens, forcément d’abord linguistes avant d’être historiens, et


dont les préoccupations ont parfois été infléchies par les conditions de la politique ou
des curiosités intellectuelles « occidentales » plus que par la considération des besoins
d’une étude complète de l’Orient pour lui-même. Claude Cahen, op. cit, p. 11.
 Les Arabes avant l’Islam n’ont joué dans l’Antiquité qu’un rôle trop marginal pour que
l’attention de l’historien s’y porte clairement sur eux. En Arabie donc l’élément
essentiel est l’élément bédouin. Organisés en tribus, où ils ne concevaient et ne
supportaient d’autre autorité que l’arbitrage moral d’un shaykh élu, entouré de notables,
les Bédouins compensaient leur passion de « liberté » par une solidarité tribale qui les
lançait dans de petites guerres presque permanentes, tribus contre tribus pour les besoins
de la vendetta ou la razzia alimentaire. Leur religion s’apparente vaguement aux vieilles
croyances sémitiques : la terreur des démons, le culte : rendez-vous autour de pierres
sacrées, pèlerinages qui pouvaient se combiner comme à la Ka’ba de La Mecque, avec
des foires. On distinguait les tribus du nord (nizarites, qyasites) et celles du sud
(yéménites).
 Deux principautés arabes christianisées à l’époque byzantine, les Ghassanides et les
Lakhmides, évoluaient respectivement sous la clientèle de Constantinople et de
Ctésiphon (la capitale sassanide, sur le Tigre). Des hanifs existaient avant Mahomet,
préoccupés d’une religiosité plus haute et d’une conception supérieure de la Divinité.
Tel était le milieu où naquit Mohammed.
 Mahomet : de tous les fondateurs de religion, Mohammed est probablement celui dont
la personnalité a le plus de caractère historique.
 Les Sources :
- Les sources classiques de l’Arabie préislamique sont à peu près toutes extérieures à
l’Arabie. Il y a aussi la découverte des inscriptions dont la valeur moyenne, sauf en
Arabie du sud est maigre. Parmi ces sources, on distingue celles de l’Arabie
méridionale, celles du centre (thamoudéennes), du nord (safaïtiques), enfin des franges
syro-mésopotamiennes (nabatéennes), le dernier groupe en alphabet apparenté à
l’araméen et qui deviendra celui de l’arabe classique. Les poètes, dont le plus connu est
Imroulqays, exprimaient la voix de l’opinion, chantaient les amours, les exploits des
hommes du désert et les grands « jours des Arabes »
- Le Qur’àn (Coran) et le hadith : les hadiths ou tradition ; il s’agit de paroles ou de faits
concernant le Prophète et tenus pour transmis par ses compagnons. Certains hadiths
complètent ou interprètent les enseignements du Coran ; d’autres, sur lesquels repose la
biographie traditionnelle du Prophète due à Ibn Ishaq, rapportent les évènements
saillants de sa vie.
- Les chroniques
- Dictionnaires biographiques et autobiographiques
- Les sources didactiques
- Les traités militaires : Inexistants en Occident médiéval, le phénomène est strictement
oriental. On distingue le plus souvent en général, les traités de furusiyya (tout ce qui
concerne l’art équestre), ceux d’archerie et les précis tactique et d’organisation militaire
comme la Tabsira traitant différents arts. pp. 128-129
- La période mamelouke est faste pour le renouveau de ce genre p. 129
- Autres sources : « On trouve aussi des informations directes ou indirectes dans un
certain nombre de livres communément appelés « Miroirs des Princes », sortes de
manuels d’origine sassanide destinés à l’instruction des détenteurs du pouvoir. Ils
contiennent, parfois, des chapitres généraux sur l’organisation de l’armée, les stratégies
et les tactiques à employer, la motivation des soldats…, et peuvent s’avérer utiles. Le
plus célèbre est sans conteste le Siyasat Nameh du vizir Nizām al-mulk (m. 485/1092),
composé à la demande du sultan seldjouqide Malik Šāh, en 484/1091, qui, poussé par
un souci de la perfection, désirait « qu’à l’avenir, il n’y ait rien de défectueux dans [son]
gouvernement, qu’il n’y ait aucune irrégularité dans la conduite des affaires et que rien
ne soit dérobé à [sa] connaissance ». p. 145

Les certificats de pèlerinage : Le pèlerinage par procuration est très développé à la Mecque
entre le milieu du XIIe et la deuxième moitié du XIIIe siècle

- Les données de l’archéologie


 Méthodes

L’historien médiéval musulman est avant tout un compilateur et un spécialiste du plagiat.

- Méthode d’Ibn al-Athir : raconter des faits, toucher ou approcher la vérité, servir
d’exemple, moraliser, démontrer l’évidence, divertir aussi, etc.

Pour Ibn al-Qalanisi, « Faire œuvre d’historien, c’est ainsi, dans un souci pratiquement affirmé
de clarté, écouter le récit circonstancié fait par l’amir Muğahid Buzān, qui commandait le
détachement damascène lors de l’éclatante victoire de Nūr al-Din sur les Francs, à Inab (en
544/1149), et rapporter ses propos en les abrégeant, en les structurant, peut-être pour éviter «
l’écueil de l’imagination et du sentiment ». p. 88

Dominique Sourdel et Janine Sourdel-Thomine, Certificats de pèlerinage d’époque ayyoubide.


Contribution à l’histoire de l’idéologie de l’Islam au temps des croisades, Paris, Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 2006, 362 pages.

3. Afrique
- L’époque médiévale démarre entre le 8e et le 9e siècle avec le commerce transsaharien,
l’Islam et les grands empire du soudan médiéval ;
- Elle prend fin avec l’effondrement de l’empire songhay en 1591.

Sources :

- Les sources arabes


- Les sources européennes (portugaises)
- Les Tarikhs
- La tradition orale
- L’archéologie, etc.

Méthodes :

4. Ailleurs (les civilisations de l’Amérique précolombienne)

Les civilisations de l’Amérique précolombienne :

- L’Empire Inca
- L’Empire Aztèque
- L’Empire Maya
II. L’École des Annales : la « Nouvelle histoire »
1. Naissance de la nouvelle histoire
 Dorénavant, le but de l’historiographie n’est plus de faire l’inventaire des hauts faits
d’une lignée de princes comme ce fut le cas il y’a 4000 ans avec les prêtres d’Amon qui
nous ont transmis la liste des 30 dynasties de pharaons qui ont régné sur l’Égypte. Il y
a un siècle, ce sont les tenants de l’histoire « historisante ».

Pour atteindre l’homme dans sa quotidienneté, l’histoire a dû faire sa révolution scientifique et


substituer de nouveaux paradigmes à ceux de l’histoire traditionnelle.

 Les précurseurs et influenceurs de cette histoire nouvelle sont simultanément Max


Weber et Karl Lamprecht en Allemagne, Thorstein Veblen en Suède, la New History
de John Dewey et Frederick Turner aux États-Unis et Henri Berr en France qui dès 1900
ouvre la voie avec la fondation de la Revue de synthèse historique. Celle-ci prend
violemment à partie les dogmes de l’histoire positiviste alors dominante et entame une
collaboration avec la sociologie durkheimienne.
 La nouvelle histoire est née officiellement en 1929 avec la création à Strasbourg par
Marc Bloch et Lucien Febvre, des Annales d’Histoire Économique et Sociale. Celle-ci
s’assigne deux directions majeures : l’histoire économique et l’histoire sociale au
détriment de l’histoire politique traditionnelle (histoire-récit ou histoire
évènementielle).
 La nouvelle histoire est dans une large mesure la fille de la géographie. Marc Bloch et
Lucien Febvre sont profondément marqués par le possibilisme géographique de Vidal
de la Blache. Au début des années 1930, tout est en place pour une histoire régionale.
Gaston Roupnel ouvre la voie aux monographies. La 3e génération des Annales donne
naissance à un nouveau type d’histoire : l’histoire sérielle, une histoire qui se proclame
vraiment scientifique, ancrée dans la longue durée et dépassant définitivement le
particulier pour faire des masses l’objet privilégié de sa curiosité.
2. Évolution et révolution épistémologique de la Nouvelle Histoire
 Marc Bloch et Lucien Febvre s’installent très vite à Paris et les Annales avec eux. À la
mort de Bloch en 1944, Lucien Febvre poursuit l’œuvre commune avec la 2e génération
des Annales (Fernand Braudel, Charles Morazé, Georges Friedmann). En 1946, les
Annales deviennent Annales. Économies. Sociétés. Civilisations. Ce nouveau titre
marque l’élargissement des horizons. En 1947, les Annales s’imposent dans le monde
universitaire avec la fondation de la VIe Section de l’École Pratique des Hautes Études.
À la mort de Lucien Febvre en 1956, Fernand Braudel recueille l’héritage avec une 3 e
génération (Emmanuel Le Roy-Ladurie, Pierre Chaunu, etc.).

À partir des années 1950, l’influence de l’École des Annales touche toute l’Europe et presque
le monde entier (Italie, Angleterre), Amérique latine ; les pays socialistes (Pologne, Hongrie).

 Les nouveaux historiens multiplient les manifestes et bilans, recueils d’articles


d’Emmanuel Le Roy-Ladurie et de Pierre Chaunu et surtout les ouvrages collectifs
Faire l’histoire et La nouvelle histoire.

La Nouvelle histoire se situe dans la longue durée (une distinction chère à Fernand Braudel).

Pour les historiens marxistes, Dans Aujourd’hui l’histoire, enquête de la revue « Nouvelle
critique » portent un jugement positif sur les Annales : élargissement des centres d’intérêt,
extension des sources, approfondissement de l’objet historique par le dépassement de
l’unilinéarité.
 La Nouvelle histoire peut être défini selon un collaborateur marxiste de Jacques Le Goff
comme suit : « il n’y a pas davantage une « nouvelle histoire ». On peut certes la définir
sommairement par quelques préoccupations dominantes : l’élargissement du champ
d’observation de l’historien par la découverte de « nouveaux objets », l’appel à un
ensemble de sciences humaines (anthropologie, science économique, sociologie,
psychanalyse), la mise en œuvre de méthodes quantitatives de plus en plus sophistiquées
sur la base d’une documentation sérielle… ». L’histoire devient non pas une science
exacte, mais une science sociale.

L’histoire en tant que science sociale acquit un cadre conceptuel : l’histoire-problème qui se
substitue à l’histoire-récit.

3. Une science globale : l’histoire totale

Selon Yves Renouard :

- Les historiens des XVIe et XVIIe siècles se sont surtout intéressés aux faits militaires
et diplomatiques,
- Ceux du XIXe s y ont ajouté les faits politiques et constitutionnels,
- Ceux du XXe siècle les faits économiques et sociaux,
- Les historiens commencent seulement actuellement à considérer que les faits
intellectuels et artistiques, les structures mentales doivent aussi retenir leur attention :
ils en arrivent donc à faire l’histoire totale, à embrasser une civilisation dans tous ses
aspects, à étudier les hommes dans toutes les manifestations de leur vie et de leur
activité.
4. La longue durée
 Fernand Braudel, à travers son article célèbre « Histoire et Sciences sociales : la longue
durée », paru en 1958 lance la longue durée qui devient l’une des pièces maitresses de
la nouvelle histoire. La répudiation de l’événement découle logiquement de l’abandon
du récit.
 L’événement constitue l’étape d’un avènement : République, liberté, démocratie,
raison. Le fait historique lui tire son sens d’une histoire globale définie en dehors et
indépendamment de lui. Le temps de cette histoire est fait d’une série de discontinuités
décrites sur le mode du continu : la matière classique d’un RÉCIT. L’évènement
traditionnel a le plus souvent un caractère politique : début ou fin de règne, bataille ou
traité…Autant de caractéristiques qui le rendent incompatibles avec les objectifs de
l’histoire nouvelle. L’histoire économique est centrée sur le long terme : cycles
d’expansion et de récession.
 La 3e génération des Annales utilise la longue durée comme programme. Tripartition du
temps de l’histoire : le temps bref, celui de l’évènementiel ; le temps des cycles
économiques, celui de la conjoncture ; enfin, le temps des structures, « d’ampleur
séculaire…l’histoire de longue, même de très longue durée ».
 Limites de la longue durée : en éliminant l’évènement, on supprime les accidents, les
causes partielles, pour ne retenir que les causes profondes se situant à un niveau
macroscopique et dans le long terme.
 Temps court/ Temps long qu’établit le credo braudelien.
5. Les limites de la nouvelle histoire
 Cette nouvelle histoire n’a pas atteint tous les secteurs du savoir et de la recherche,
 Elle peine encore à couvrir toutes les périodes,
 Certaines périodes s’adaptent mal aux méthodes nouvelles (dans les genres par
exemple)
III. Les thèmes de recherches privilégiés en histoire médiévale à l’École Historique
de Dakar
1. Islam médiéval
 Les enseignements dispensés par de grands médiévistes comme Françoise Marie, Penda
Mbow, Brahim Diop et Idrissa tournent essentiellement autour de thématiques ayant
trait l’Islam médiéval, aux Abbassides, à la mosquée et ses annexes dans le monde
arabo-musulman, etc.
 Au niveau de la recherche, peu de thèses sont soutenues sur l’Islam médiéval ici à Dakar.
Les thèmes de recherches portent généralement sur la fiscalité sous les Abbassides, la
naissance de l’Islam, le djihad, les cris de guerres sous les mamelouks, etc.
2. Occident médiéval
 Les enseignements portent sur des thématiques diverses telles que les invasions
barbares, la pensée de Jacques Le Goff, les croisades, la pensée intellectuelle de
l’Occident médiéval, etc.
 Au niveau de la recherche, l’Occident médiéval est le parent pauvre à l’École historique
de Dakar avec peu de mémoires et de thèses soutenues du fait surtout des problèmes
d’accès aux sources.
3. Afrique précoloniale
 Les enseignements portent sur plusieurs modules dont l’Empire songhay, les sources de
l’histoire médiévale africaine et les empires du Soudan médiéval, l’alimentation, etc.
 Au plan de la recherche, des thèses sont soutenues respectivement par les professeurs
Abdoulaye Bathily sur le royaume du Galam, Idrissa BA sur la place des Juifs dans le
commerce transsaharien et par Lamine Faye sur guerres et art de la guerre au
Soudan…Amadou Sarra BA conduit une thèse sur le thème de l’alimentation en Afrique
au Moyen Age.
4. Archéologie médiévale

Depuis le décès de M. Brahim Diop, peu de cours et de travaux portent sur l’archéologie
médiévale. Cette option est de plus en plus remplacée par des études en archéologie
préhistorique, protohistorique et historique.

Cependant, au plan de la recherche des étudiantes comme Khadidiatou Diatta et Khadidiatou


Siwaré conduisent des thèses sur l’archéologie rurale et sur la culture matérielle…

Conclusion

L’histoire médiévale est une des nombreuses branches des sciences sociales traversée par des
débats épistémologiques agitées surtout par l’École des Annales et d’autres écoles historiques.
Le Moyen Age occidental est marqué par des thuriféraires et par des pourfendeurs qui voient
en lui le dark age. La généralisation de sa chronologie aux autres régions du monde est de plus
en plus contestée par la communauté des médiévistes africains, américains, asiatiques, etc.
L’École historique de Dakar doit une grande dette à l’École des Annales. L’essentiel des
travaux et enseignements sont arrimés à la nouvelle histoire.

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