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INTRODUCTION
LA LITTERATURE
LA MUSIQUE
L’ART PICTURAL
L’ARCHITECTURE
LA TAPISSERIE
LE MOBILIER
ANNEXES
LES CROISADES
LA GUERRE DE CENT ANS
LE MOYEN-AGE ORIENTAL : BYZANCE !
LA RECETTE DE LA GALIMAFREE
LA FIN DU MOYEN-AGE
SOURCES - LEXIQUE
C’est vers le 14è – 15è siècle que des Lettrés de l’humanisme italien ont conçu l’idée
d’un “intervalle de plusieurs siècles”, entre 2 âges “medium tempus”, temps du
milieu, de l’intervalle (d’où le Moyen Age) c’est-à-dire entre la culture des Anciens (la
prestigieuse Antiquité) et la culture de leur “Renaissance” (les temps modernes).
Après l’Antiquité, au 5è siècle, les débuts du Moyen Age furent sombres. Il a fallu
faire face et gérer :
- la chute de l’Empire Romain,
- les intégrations ethniques, c’est-à-dire les barbares qui nous ont envahis
- trouver de nouvelles formes d’organisation,
- la crise de réadaptation que traverse l’Europe privée de références et inapte à
fonctionner.
Le Moyen Age a duré 1000 ans (du 5e au 15e siècle). Ces 1000 années ne se sont
pas déroulées de manière uniforme. Seule une période centrale autour de l’an 1000,
de 5 ou 6 siècles, était assez cohérente (de l’expansion des Francs à l’essor des
communes/des bourgs) apparaissant comme l’enfance de l’Europe moderne, le
creuset de sa culture essentiellement latino-germanique.
Les italiens, considèrent une bipartition qui colle parfaitement avec leur culture dans
les siècles qui suivront :
- le haut Moyen Age : du 5è au 10è siècle
- le bas Moyen Age : du 10è au 15è siècle.
Quant aux autres, une tripartition correspond à des modèles sociaux, politiques et
économiques que l’on peut identifier clairement :
Les français
- “l’Antiquité tardive” : les 5è et 6è siècles
- l’époque médiévale : du 7è au 14è siècle
- les temps modernes : le 15è siècle.
Les anglo-saxons, eux, utilisent l’expression “high Middle Age” pour désigner
l’”apogée” du Moyen Age, c’est-à-dire les 12è et 13è siècles.
Ces siècles d’instabilité voient cependant éclore notre langue et notre littérature.
Cette littérature a été influencée par les évolutions de la société au cours de cette
longue période, par les mentalités et les évènements de son histoire...
Mais aussi :
La Féodalité
La Christianisation :
- Construction de cathédrales,
abbayes, monastères, églises
Invention de l’imprimerie
La culture européenne d’il y a mille ans repose sur les monastères et les écoles
épiscopales qui sont des centres de propagande et de diffusion d’identité isolés et
indépendants du contexte local, mais en étroite relation entre eux. Ces centres sont
animés par des intellectuels, moines et clercs de la noblesse, qui, en même temps
que ses activités militaires d’une grande mobilité, et à la recherche de nouveaux
espaces, voit ses horizons s’élargir avec ses charges religieuses qu’elle assure
(envoi de missionnaires).
Le roi Saxon Alfred le Grand (891-901) disait que, pour gouverner avec vertu et
efficacité, le roi doit avoir “des hommes de prières, des hommes de guerre et des
hommes de labeur”.
Du XIème au XIIIème siècle, la société féodale rurale repose sur les liens personnels
qui unissent un suzerain à son vassal. Le vassal doit obéissance et service à son
suzerain. Quant à lui, le suzerain doit protection militaire et juridique à son vassal.
Suzerain lui-même d’un plus puissant Seigneur, et ainsi de suite jusqu’au roi de
France qui est au sommet de cette pyramide hiérarchique. La société féodale est
une société de type pyramidale.
Dés le XIIIème siècle, l’essor des villes transforme peu à peu cette organisation.
Apparaît le début de la spécialisation des métiers, la création de confréries urbaines
socioprofessionnelles, des « corporations », où les bourgeois obtiennent des
privilèges économiques et juridiques qui concurrencent les pouvoirs des seigneurs.
Contexte culturel
− Le contexte culturel est essentiellement religieux : enseignants, étudiants,
hommes de loi dépendent tous de l’autorité religieuse. Ils écrivent et parlent en
latin.
− Mais il y a une volonté de créer une culture profane en favorisant le progrès du
français. Les lois de la société féodale sont rédigées en français et prennent peu
à peu leur autonomie par rapport aux institutions religieuses.
− Une foi ardente anime toutes les couches de la société qui se traduit par les
Croisades, la construction de cathédrales romanes et gothiques (Notre-Dame de
Paris débute en 1163)
− Une vie intellectuelle assurée par des clercs, puis par des universités créées au
XIIIème siècle (la Sorbonne construite en 1200 avec comme 1er directeur Robert
Sorbon en 1252, d’où son nom). Le savoir n’appartient plus seulement aux
moines et aux clercs.
L’esprit sémitique1, au déclin du vieux monde, tenta de conquérir l’Europe par les
apôtres du Christ, comme il allait s’emparer de l’Asie occidentale et de l’Afrique par
l’Islam :
- Mais la religion de Mahomed reste près des sources : le désert, le ciel nu, la vie
immobile !
- La religion de saint Paul (juive), quant à elle, a un cadre moins bien fait pour
l’Europe : le contact des terres cultivées, des bois, des eaux courantes... La
forme mobile et vivante s’est imposée sous une forme sensuelle et concrète qui
la détourne peu à peu de son sens primitif mais s’adapte à la voie de la destinée
naturelle des peuples de l’Occident. L’empreinte est prise. L’apostolat juif peuple
la solitude intérieure des masses oubliées par les civilisations disparues. Son
impitoyable aspiration vers la justice y fortifie l’instinct social. Et c’est grâce à lui,
que l’esprit sémitique effectue lentement en Occident un accord désiré par
Jésus...
Puis l’Eglise, passant outre le sémitisme de saint Paul, rejoint l’esprit fraternel de
celui qui est né dans une étable, qui traîne des bandes de pauvres, qui accueille
les femmes adultères parcequ’elles sortent d’un état social encore plus dur que le
vieux monde, et qu’une insurrection de tendresse virile devient l’universel besoin !
Par dessus le malheur des peuples (invasions répétées des barbares, faim, torpeur,
misère affreuse entre la chute de l’Empire romain en 476, et les Croisades 1095-
1270) une alliance instinctive rapproche les chefs militaires ralliés à la lettre du
christianisme organisé par le haut clergé dont l’esprit devient de plus en plus rude.
Grégoire le Grand (créateur des “chants grégoriens”) ordonne de détruire tout ce
qui reste des vieilles bibliothèques et des temples des anciens dieux ! L’âme antique
est bien morte !
1
Vient de « Sem », fils de Noé. Appartient à un groupe de langues d’Asie occidentale et d’Afrique présentant des caractères
communs : arabe, hébreux...
Quand les Arabes passent, l’Asie nomade mêle son sang à la Gaule gréco-latine (du
sud) et c’est un monde étrange, cruel et pervers, mais de vie intense, égalitaire, plus
libre. Il est séparé du Nord qui commence à se débattre avec les Francs et les
Normands.
A la fin du Vème siècle, l’essentiel de la terre gauloise est passée sous le contrôle
d’envahisseurs germaniques qui ont créé une série de petits royaumes :
Les mérovingiens n’ont aucun sens de l’unité de l’Etat. Le royaume franc apparaît
comme la propriété de la famille mérovingienne et les 4 fils du roi se partagent le
royaume paternel. De trop nombreux partages de succession, une administration
faible, l’absence de bonnes ressources fiscales affaiblissent considérablement la
dynastie franque. Certains rois barbares, incapables de s’élever jusqu’à l’idée d’Etat,
distribuent inconsidérément des terres et privilèges pour avoir la fidélité de grands
aristocrates guerriers. Dans ces conditions, les patrimoines royaux diminuent très
rapidement et au VIIIème siècle, certaines familles sont plus riches que les souverains.
De plus, bien des rois en bas âge accèdent au trône et passent vite sous la
domination des maires du palais : ces grands aristocrates favorisent les débauches
de leurs jeunes maîtres, les “rois fainéants” pour mieux contrôler leur pouvoir...
Le Palais (palatium) : c’est l’ensemble des dignitaires et conseillers qui suivent le roi
dans ses déplacements sans oublier sa garde personnelle. Lieu où les carrières se
décident. Le palais attire dés le VIIème siècle les jeunes aristocrates de la Gaule. Leur
famille les envoie à la Cour recevoir leur éducation et gagner la confiance royale. Le
palais se déplace fréquemment d’un domaine royal à un autre et les dignitaires
chargés de mission publique et de services propres à la cour, le tribunal et le Trésor,
l’accompagnent.
Les V et VIème siècles du haut Moyen Age se distinguent indéniablement par des
conditions de vie difficiles (guerres continuelles, migrations de populations :
Vandales, Hérules, Goths, raids de Saxons et de Frisons), réduction des espaces
cultivables, expansion parallèle des forêts et des marécages, famines, multiples
épidémies (variole, lèpre, peste), ravages de pirates, insécurité.
Au cours des VII et VIIIème siècles du haut Moyen Age, la forêt couvre une bonne
partie du territoire et encercle villes et villages. A l’extérieur de la partie habitée,
s’étend la zone cultivée dépendant du village qui se compose de champs de
céréales, de vignes et de prés. Plus loin s’étire une bande de terre commune
entretenue par la collectivité, pâture et bois, où les hommes ramassent feuilles,
branchages et bois de chauffage, et où les cochons fourragent à la recherche des
glands de chêne dont ils se nourrissent. Au-delà de ces trois zones (zone habitée,
zone cultivée, terres communes) se déploie la forêt qui sert à la chasse et que l’on
ne parcourt qu’occasionnellement.
Le commerce s’effectue par les célèbres voies romaines vers l’Italie et l’empire
byzantin. En retour : importation de soie, épices, objets de luxe (voir récits de
Grégoire de Tours). Dans les campagnes : nombreux guérisseurs, rites magiques...
LA RELIGION
Les célèbres routes romaines construites pour assurer le déplacement des légions
servent pour le commerce et pour les apôtres de la foi qui diffusent en Gaule le
christianisme. Au IVème siècle l’évangélisation des campagnes se fait à grande
échelle. Au Vème siècle le célèbre concile oecuménique de Nicée définit le symbole
des apôtres, coeur du Credo catholique, contre l’arianisme2. D’autres suivront
pendant tout le Vème siècle.
2
Hérésie des ariens, qui niait la consubstantialité du Fils avec le Père, et fut condamnée au concile de Nicée en 325. Hérésie =
doctrine, opinion émise au sein de l’Eglise catholique et condamnée par elle comme corrompant les dogmes. Principales
hérésies : adamisme, arianisme, calvinisme, protestantisme, jansénisme, luthérisme, manichéisme, quiétisme...
Il y avait le clergé séculier (qui vit dans le monde, dans son siècle) et le clergé
régulier (qui vit retiré du monde, dans des monastères, en se soumettant à l’autorité
d’une règle, ex. Saint Benoît = les Bénédictins). Au début des mérovingiens, c’est
l’épiscopat (=les évêques) qui prévaut (plus tard, ce seront les moines qui prendront
le relais). L’évêque a le pouvoir d’ordre. Il peut seul consacrer un autre évêque et
ordonner les prêtres. Il détient aussi un pouvoir de juridiction spirituelle sur le clergé
et sur les fidèles. Sa fonction sociale s’accroît. Porte-parole des populations comme
au temps des invasions, les évêques sont des personnages considérables. Leur
origine sociale n‘y est pas étrangère.
Selon les règles canoniques3, l’évêque est désigné par le clergé et le peuple de la
cité où les grandes familles pèsent d’un poids prépondérant. Son rôle : célébration
du culte divin, prédication, évangélisation. Pour ce faire, il lui faut implanter des lieux
de culte et créer des paroisses dans les villes et dans les campagnes dans tous les
domaines du royaume. De ce fait, l’évêque devient un grand bâtisseur et un grand
administrateur.
Aux siècles suivants, les évêques vont peu à peu annexer dans leur villes les droits
du Comte. Très habile : car aux yeux du peuple, l’évêque est bien souvent le garant
d’une justice fiscale meilleure ! Mais en attendant, devenus gestionnaires des fonds
publics, les évêques sont désormais en mesure de faire réaliser de véritables travaux
publics : construction ou réparation de remparts, l’adduction d’eau, faire élever des
digues contre les inondations, etc...
A côté de cela, il ne faut pas oublier la fonction sociale de l’Eglise soutenue par
l’évêque : instruction, assistance (veuves et orphelins, soin des malades, rachat des
prisonniers...). Aux premiers temps des mérovingiens, le prélat fait facilement figure
de héros, et on comprend qu’un prélat bienfaisant soit porté sur l’autel. Nombre
d’entre eux prendront place dans la cohorte des saints !!!
Dans un pays immense dépourvu d’unité politique où les rois sont faibles, de vastes
territoires se transforment rapidement en principautés indépendantes (Bretagne,
Pays Basque, Aquitaine).
Plus tard, Dagobert, Charles Martel et ses 2 fils Carloman et Pépin le Bref (= le petit)
vont essayer de reconstituer le royaume des francs.
Avec eux arrive la dynastie des Carolingiens !
3
loi ecclésiastique, règle, décret des conciles en matière de foi et discipline. Age canonique : 40 ans , âge minimum pour être
servante chez un ecclésiastique ! Etre d’un âge canonique = respectable !
4
les Hommes du Nord se dénommaient eux-mêmes « Vikings », mais les chroniqueurs carolingiens les appellent
Normands
C’est au IXème siècle sous Charlemagne que la culture trouve un nouveau souffle
dans le monde rural et les villes, au sein des écoles monastiques. L’Europe post-
carolingienne est un vaste territoire où prévaut la tradition carolingienne, sans
domination absolue des Francs.
LA ROYAUTE
Depuis le IXème s. les Normands venus de Suède et du Danemark (les Vikings) ont
pris l’habitude de piller villes et monastères en remontant les fleuves. Rouen et Paris
ont été mis à sac en 847, Nantes en 843, Bordeaux en 844 et 847. Contre ces
envahisseurs utilisant la voie d’eau avec leurs barques plates et rapides (les
Drakkars), la lourde artillerie franque est inefficace. En 911, Charles le Simple
accorde au chef normand Rollon le commandement du comté de Rouen et en
échange, demande à ce que tous ses Vikings se convertissent au catholicisme. Son
nom de baptême sera Robert. Il gouvernera la Normandie aidé de son fils Guillaume
Longue-Epée. Il s’engage à défendre la Seine contre les autres Normands --> ainsi
naît la principauté de Normandie !
Ensuite, en 930, c’est le Midi qui est exposé aux raids des Sarrasins (musulmans
d’Espagne), puis l’Est et le Sud-Est sont envahis par des Hongrois (d’origine turco-
mongole) jusqu’à Nîmes, particulièrement cruels. C’est le roi de Germanie, Otton 1er,
qui écrasent en 955 ces envahisseurs venus de l’Est.
Ces invasions ont affaibli l’autorité des rois carolingiens incapables de repousser
l’envahisseur.
Jusqu’au Xème siècle, le droit de fortification d’une ville était un monopole royal : il
passe aux mains des princes, et est ensuite usurpé par les Comtes. Ces derniers ne
se contentent plus d’être des administrateurs, ils s’érigent eux aussi en chefs
politiques désormais héréditaires : après les principautés indépendantes,
apparaissent des comtés autonomes !
Les papes détenant l’auctoritas sont responsables devant Dieu des rois qui n’ont
qu’une protestas. Le roi doit “orienter les âmes vers le salut” ; il est “vengeur des
crimes, correcteur des erreurs et pacificateur”. Le roi doit conduire le peuple chrétien
vers le salut et protéger l’Eglise et les faibles. Dés lors, le gouvernement carolingien
est théocratique, qui ne sépare plus le domaine politique du domaine religieux, selon
les positions de Saint Augustin.
Les grandes abbayes sont des foyers intellectuels et religieux, mais aussi des
centres principaux du travail matériel, de l’activité artistique et industrielle. La fortune
de l’Eglise est constituée de bien-fonds considérables (obtenus par les impôts des
fidèles et la dîme). Les moines, grands défricheurs, éclaircissent les forêts,
assèchent les marais, fondent des établissements florissants dans des endroits
déserts et hostiles. De plus, tout au long de l’époque franque, les dons des rois, des
grands et des fidèles ont copieusement augmenté le patrimoine ecclésiastique. Les
biens ecclésiastiques ont une double vocation : assurer le culte divin et l’entretien du
clergé, et accomplir la charité chrétienne. Ainsi, un monastère héberge en moyenne
300 pauvres, malades ou voyageurs et 150 veuves.
Mais cette indépendance épiscopale s’est affermie jusqu’à former des principautés
guerrières. Alors progressivement, on a fait marche arrière : l’évêque n’aura plus la
charge des fonctions publiques qui retourne au comte.
A cette époque, la polygamie est encore pratique courante, avec rapt des femmes
(Charlemagne a eu 4 épouses successives et 6 concubines - ses propres filles n’ont
pas été mariées, mais avaient des enfants... ).
Charlemagne prend des mesures pour l’éducation de ses sujets (lui-même ne savait
pas lire !). Les curés sont formés dans les écoles des évêchés et des monastères, et
enseignent à leur tour aux enfants de leur paroisse l’écriture, le calcul, la lecture, le
chant et les rudiments de la Bible. Charlemagne donne l’exemple en créant une
école dans son palais impérial à Aix-la-Chapelle regroupant et formant une élite
sociale d’où sortiront les évêques, abbés, prêtres et aristocrates. Il y encourage les
Lettres et les Arts.
Il appelle auprès de lui des maîtres de qualité, les plus érudits et les plus célèbres de
l’époque, d’illustres savants comme Pierre de Pise et surtout l’anglo-saxon Alcuin qui
conseillera remarquablement Charlemagne en ces matières.
Les ducs d’Ile-de-France se distinguent entre tous les grands seigneurs français par
leur prestige et leur ambition et en 987, c’est le duc d’Ile-de-France, Hugues Capet,
qui est élu roi et commence avec lui la dynastie des Capétiens !
En 987, Hugues Capet est couronné Roi. C’est le début de la dynastie capétienne
qui compte 3 branches :
− les Capétiens directs de 987 à 1328
− les Valois de 1328 à 1589
− les Bourbons de 1589 à 1792 puis de 1815 à 1848.
Les premiers Capétiens n’ont pas réussi à faire reconnaître leur autorité par les
grands seigneurs français. Les guerres féodales, la conquête de l’Angleterre en
1066, la première Croisade (1099), favorisent l’éclosion des « Chansons de Geste »
qui célèbrent l’héroïsme guerrier.
Au XIIème siècle, avec Louis VI le Gros et Louis VII, le pouvoir royal se renforce un
peu. Louis VII participe à la 2ème croisade (1147-1149) jusqu’en Syrie avec son
épouse Aliénor d’Aquitaine. La cour royale accueille dorénavant des grands
seigneurs sous Louis VII (jadis, c’étaient les chevaliers du domaine).
Sous Philippe Auguste (1180-1223), les provinces de Nord de la France et le duché
de Normandie reviennent à la couronne de France. Il fait paver les premières rues de
Paris qui devient la capitale fixe et construire la forteresse du Louvre.
Sous Louis VIII (1223-1226), la pratique des « apanages » est inaugurée, qui donne
des principautés aux princes : risques d'indépendance comme on l'a vu avec la
Bourgogne.
Saint Louis (Louis IX 1226-1270) continue la reconquête des provinces françaises
sous tutelle étrangère, et devient le souverain d’Occident. Il fait édifier la Sainte
Chapelle dans l’Ile de la Cité où se trouve le palais du Roi, qui servira de reliquaire à
la couronne de Jésus ramenée par les Croisés.
C’est le temps des Croisades dont l’idéal est perverti : on pille les villes comme
Constantinople (= Istanbul). Seul Louis IX (St Louis) respecte l’esprit pieux d’origine.
Les Croisades ont un coût exorbitant, on multiplie donc les levées fiscales.
La féodalité est une organisation politique et sociale mise en place dés le IX ème
siècle, reposant sur des liens de réciprocité entre un seigneur suzerain et son vassal
qui en échange le protège et lui accorde une terre à titre de fief. Le système de la
vassalité s’est étendu par la suite : les seigneurs ont été vassaux de grands
seigneurs, eux-mêmes reconnus vassaux du roi (société de type pyramidale). Le
régime féodal s’appuie sur une morale chevaleresque très exigeante : vertus
guerrières, sens de l’honneur et le sentiment de la foi.
Au XIème siècle, pour faire face à l’insécurité et aux raids de pillards, des places fortes
s’élèvent dans les campagnes : des châteaux forts. D’abord construits par le Roi, ce
sont les princes et les comtes qui les maîtriseront. Puis rapidement, ces châteaux
sont passés au service de Grands. Ils ont constitué autour d’eux des bandes
d’hommes en armes, des soldats, des chevaliers qui sont le plus souvent leurs
vassaux. Forts de la puissance que leur donne le château et sa garnison, ils peuvent
résister à la tutelle politique du prince ou du comte, fortifier de nouveaux sites pour
mieux quadriller la région, et fonder sur les terroirs à l’entour, leur propre domination
autonome : seigneurie où ils exercent pour leur propre compte les droits de la
puissance politique.
Le pays est alors quadrillé par une série de châteaux édifiés sur une hauteur : 1
forteresse pour 20 à 30 communautés rurales et 10 châteaux pour 1 comté avec
fossé, palissade, vaste cour avec cabanes, 1 écurie, des magasins, parfois 1
chapelle et au centre le donjon dans lequel vit le châtelain avec sa famille et ses
jeunes guerriers. Ces forteresses sont d’abord construites en bois (le bois est facile à
débiter). Mais les incendies et les guerres locales très nombreuses vont favoriser la
construction en pierre avec des tours rondes et des remparts en pierre. Ces
châteaux sont nombreux dans le Midi où la féodalité est épanouie et où les nobles
ont conservé l’habitude de vivre en ville.
Le Sire administre la Justice (du sang !), perçoit des amendes, des taxes (la Taille),
exige des paysans des contributions à l’édification ou l’entretien de la forteresse,
service de garde, corvées de construction de routes, ponts, et pour lui et ses
hommes, des droits de gîte. Pour ceux qui traversent sa seigneurie, il perçoit des
droits de péage, de transit, d’entrepôt, sur les marchandises qui circulent par terre ou
par eau. Il contrôle les foires et les marchés. Il taxe les étrangers de passage. Il
détourne vers ses coffres et ses greniers une part de la production, demande des
redevances aux ruraux qui viennent moudre leur blé dans son moulin, cuire le pain
dans son four, porter le raisin en son pressoir, etc...
A partir du XIIème siècle, les moeurs des féodaux s’adoucissent : les seigneurs
goûtent un nouvel art de vivre, fait d’élégance et de raffinement. Sous l’influence
d’Aliénor d’Aquitaine et de ses deux filles (fils = Richard Cœur de Lion), la cour
devient le centre de la vie mondaine et les femmes y occupent une place privilégiée.
A côté de l’héroïsme guerrier, se développe le “service d’amour” : « l’esprit courtois »
est né. Le chevalier courtois est au service de sa dame, généralement une femme
mariée de haut rang, à qui il voue un véritable culte et qu’il sert comme le vassal sert
son suzerain. Les troubadours créent la poésie courtoise qui célèbre l’amour et la
femme.
Les habitants des villes (bourgs) appelés « bourgeois » cherchent à avoir un droit de
regard sur la gestion de la ville, et s’unissent. On parle de « commune », sorte de
franchise accordée par le seigneur. C’est l’essor des activités artisanales et
commerciales. Les bourgs sont rattachés à la ville. L’emploi de la monnaie se
généralise (40 deniers = 20 sous = 1 livre). Les transports progressent. Les pillards
de grands chemins aussi ! On construit des ponts de bois ou de pierre. Organisation
de Foires à la porte des villes, sous des tentes. La Champagne est un centre de
négoce particulièrement important, les foires de longue durée se succédant sans
cesse. Les Comtes de Champagne assurent la sécurité des marchands qui font le
voyage. On échange des marchandises (troc) puis on se livre à des opérations
bancaires. Le Droit et les premiers Notaires apparaissent.
Au XIIè siècle, de ce fait, émigration vers les villes : de nombreux ruraux affluent
donc vers les villes, mais le terrain est rare et cher, les places publiques petites, les
rues étroites et sales ; on construit alors des maisons hautes, à encorbellement. Les
communes affirment leur liberté, ont un sceau, des registres...
Les différences sociales s’accentuent : les riches bourgeois exploitent des artisans
qui se regroupent par métier en constituant des « corporations ». Activités et métiers
nouveaux émergent de la société qui se constitue peu à peu pour bâtir les
habitations, paver les rues, apporter de la campagne les légumes et le bois, abattre
les bêtes, les tondre, tanner le cuir, forger le fer et voient leurs intérêts communs
accroître leur solidarité.
La concentration des forces sociales donne une vigueur extraordinaire, celle qui naît
spontanément de la synergie de tous les éléments qui s’accordent dans “la volonté
d’une même but". Les corps de métiers tous ensemble ont créé leur “corporation”
respective, organe central résumant et coordonnant, nécessité impérieuse pour
répondre aux demandes de la puissante commune.
Ces puissantes associations et corporations d’artisans sont dotées de règles propres
et de pouvoirs spécifiques. Elles se doublent de confréries (placées sous la
protection d’un saint). Elles sont contrôlées et surveillées par les autorités
municipales, seigneuriales et royales.
Ces corporations de charpentiers, maçons, tailleurs de pierre, verriers, plâtriers,
plombiers, peintres, vont chercher dans le bas peuple leurs besoins de main
d’oeuvre. Le maître d’oeuvre dessine le plan, distribue l’ouvrage, puis chacun dans
l’indépendance de ses instincts exécute son travail, son oeuvre.
LA RELIGION
En 1095, le pape Urbain II prêche la 1ère Croisade pour délivrer le tombeau du Christ
et les chrétiens d’Orient opprimés par l’Islam. Le pape tire profit de la violence des
chevaliers et canalise leur énergie. Le combat des armes devient l’instrument de la
restauration de la foi. Le pape décline des privilèges pour protéger la personne et les
biens (voire les royaumes) de ceux qui y participent. Le pape s’est adressé
directement aux laïques et d’abord à la chevalerie sans passer par l’intermédiaire
des Rois.
Ensuite, les Sires et châtelains s’approprient à leur tour des églises paroissiales. Les
églises avec leurs droits, leurs impôts (dîme, casuel) font l’objet de transactions
privées (donations, partages, concessions en fief) ce qui conduit à l’émiettement des
patrimoines ecclésiastiques. Nombre de monastères aussi ont vu leur administration
et les biens exploités confiés à des abbés laïques. Mais dans l’ensemble, les
monastères ont même résisté à l’empire féodo-seigneurial.
Ceci correspond à une société en pleine mutation qui cherche des réponses par
l’ascèse, la solitude, le travail, l’étude, le mépris du monde, le combat des armes, la
charité...
- 1015 : le duc de Bourgogne, Robert II, choisit Dijon comme capitale de son
duché
- 1015-1152 : Algérie : domination à l’est des Arabes les Hammabides, et à
l’ouest des principautés berbères Zénata
- 1042-1066 : règne du dernier roi anglo-saxon Edouard le Confesseur
- 1043-1094 : construction de l’actuelle basilique St Marc de Venise
- 1049 : le pape Léon IX condamne la “simonie” (= le mariage des prêtres) et
débute la réforme grégorienne
- 1050 : invention des caractères mobiles en imprimerie, en Asie
- 1056-1147 : Maroc : début conquête du Magreb par les Arabes , les
Almohades
- 1059 : création de la ville de Rouen
- 1066 : victoire d’Hastings remportée par Guillaume le Conquérant, roi des
Normands sur Harold, roi des Saxons. Cette bataille est représentée sur la
fameuse Tapisserie de Bayeux. En 1097, Guillaume est couronné roi
d’Angleterre et a créé un royaume anglo-normand.
- 1095 : une vague antisémite se développe le long de la route des Croisés
- 1096 : massacre des juifs en Rhénanie (Allemagne)
- au 12ème siècle, la royauté adopte la Fleur de Lys et la couleur bleue comme
symbole (empruntée à la symbolique de la Vierge Marie)
- 1114 : développement de l’hérésie cathare dans le midi de la Francie
- 1122-1204 : vie d’Aliénor d’Aquitaine
- 1132 : apparition de la croisée d’ogives dans l’église de Morienval (Oise) ; cela
permettra le gothique...
- 1140 : début du lyrisme courtois
- 1145-1250 : âge d’or du vitrail
- 1163-1182 : construction de Notre-Dame de Paris
- 1185 : 1er pavage des rues de Paris par Philippe Auguste
- 1189-1199 : règne de Richard Coeur de Lion (fils d’Aliénor et Henri
Plantagénet) en Angleterre.
- 1192-1322 : construction de la cathédrale de Cologne
- 1194-1260 : construction de la cathédrale de Chartres (vitraux 1220-1270)
- 1198 : fondation de l’Ordre des Chevaliers Teutoniques
- 1200 : des théologiens “inventent” le Purgatoire ! !
- Fin 12ème et début 13ème siècle : au Danemark est mentionné le prince Hamlet
immortalisé plus tard par Shakespeare
- 13è au 15è siècle : construction de la cathédrale de Rouen
- 1204 : Philippe Auguste s’empare de Château Gaillard (construit par Richard
Cœur de Lion) et la Normandie devient française.
- 1204 : Gengis Khan (de son vrai nom Tamudjin), chef guerrier du clan Mongol
de Sibérie, devient Maître de la Mongolie en exterminant les Tatars avec
l’aide des Kéraïts contre lesquels il se retournera. Il fonde l’Etat Mongol avec
Karakorum pour capitale.
- 1209 : fondation de l’Université de Cambridge par des professeurs et
étudiants fuyant Oxford
- 1214 : la Flandre devient française
Ces deux derniers siècles du Moyen Age déterminent largement l’image que l’on se
fait du Moyen Age. C’est ce Moyen Age là que l’on connaît, à l’aube de l’époque
moderne, et auquel on assimile les siècles précédents.
Grâce au renouveau intellectuel du XIIIème siècle qui a fixé des doctrines politiques et
juridiques, la royauté française s’est affirmée.
Au XIVème siècle avec Philippe Le Bel et ses fils (de 1314 à 1328), les derniers
capétiens directs, s’amorce un renforcement de l’autorité du Roi devenu “empereur
en son royaume”.
Mettre au pas la féodalité et l’Eglise avec l’aide d’une administration qui prend forme,
établir un pouvoir plus centralisé, sont les axes de la politique que vont poursuivre
les Valois de Philippe VI en 1328 à Louis XI mort en 1483 : ce sera la fin du Moyen
Age !
Ces temps d’épreuves ont permis le renforcement des institutions monarchiques que
consacre le règne du pragmatique, prudent, mais autoritaire Louis XI. Il clôt la rivalité
franco-anglaise, s’assujettit les grands féodaux, anéantit la maison de Bourgogne et
dans le lent retour de la prospérité économique, engage la royauté sur la voie d’un
pouvoir souverain.
1. La cour du roi :
De Philippe le Bel à Charles V, les rois n'avaient cessé de s'entourer de
philosophes et de juristes, de construire palais et châteaux, de commander et
de collectionner manuscrits et objets d'art. Le mécénat royal a connu son plus
haut poids sous Charles V et les frères du roi, dont le duc de Berry, n'étaient
pas en reste. Dans leurs hôtels parisiens comme dans les châteaux de leurs
principautés, les ducs de Bourgogne, d'Anjou et de Berry ne cessaient de
renouveler le décor et d'enrichir librairies et collections.
2. La cour pontificale :
A Avignon, à partir du pontificat de Clément VI, le pape et ses cardinaux
attirent peintres et musiciens. Le palais pontifical est une oeuvre d'art en soi,
et les dignitaires de l'Eglise rivalisent pour le luxe de leurs hôtels que l'on
appelait les "livrées".
C’est alors que, par la suite, l'activité artistique s'est déplacée : les princes se
soucient maintenant de leur propre cour.
- C'est Philippe le Bon, duc de Bourgogne, qui attire les artistes.
- Le ("bon") roi René, duc d’Anjou et de Lorraine, Comte de Provence, marié à
Isabelle de Lorraine, entretient en Anjou et en Provence une cour brillante où se
pressent poètes et peintres. Il écrit des poèmes et un roman "le Coeur d'Amour
épris" (Vienne, Nationalbibliothek). Il illustre lui-même un "Livre d'Heures" réalisé
Bien que les caractères mobiles aient déjà été inventés en Chine en 1050,
l'imprimerie ne fit son apparition en Occident qu'au milieu du XVème siècle. Elle fut
tout de suite un instrument au service de l'humanisme. Elle avait été précédée d'une
autre invention de haute portée : le papier ! C'est à la Sorbonne que s'établit la
première presse du royaume. Très vite, l'imprimerie devient à la fois un instrument
d'érudition et un moyen de diffusion. Les premiers imprimeurs parisiens publient à
partir de 1470 des œuvres de l'Antiquité classique et de la Renaissance italienne. En
même temps, on imprime toute une littérature destinée à des bourgeois qui ne
pouvaient pas commander des manuscrits. En 1475, il y a trois ateliers d'imprimerie
dans la capitale, puis, à la mort de Louis XI en 1483, il y en aura 94.
A cette époque, temps rudes, guerre civile, guerre de Cent Ans contre les anglais,
peste effroyable, troubles sociaux, agitation révolutionnaire, famines, hivers rudes,
épuisements économiques. Alors que les conflits entre France et Angleterre se
succèdent depuis 1337, une vaste épidémie se propage à partir de 1346, la Peste
Noire, originaire de l’Inde, s’est répandue en Occident par les navires génois qui
débarquent dans les ports méditerranéens. L’épidémie durera jusqu’en 1353 et tuera
25 millions d’individus, soit environ le tiers de la population.
Charles V le Sage (=le savant, l'avisé) (1338/1364–1380) : succède à son père Jean
II Le Bon, prisonnier des anglais qui mourra en prison. Marié à Jeanne de Bourbon, il
est un roi cultivé, ami des lettres et des arts. Sa cour est celle d'un Valois, mais d'un
Valois savant, ce qui est nouveau. Plus porté sur les constructions et les collections
de livres et d'objets précieux, il se fait traduire Aristote "Politique" et Saint Augustin
"La cité de Dieu", et recherche les discussions avec les théoriciens du droit et de
l'autorité monarchique. Il réunit au Louvre plus de 900 manuscrits précieux, sur tous
les sujets, religieux et profanes, qui forment sa librairie et le premier fond de la
bibliothèque des rois de France. La plupart de ces livres manuscrits se trouvent
aujourd'hui à la Bibliothèque Nationale. Parmi tous les rois de la France médiévale, il
est celui qui cherche le plus fortement à conduire son gouvernement et à appuyer sa
politique sur des principes théoriques essentiellement d'Aristote.
Il fait construire des galeries au Louvre, la forteresse de la Bastille.
Les rois quittent le palais de la Cité, pour l’hôtel St Paul, constitué d’une série de
pavillons décorés avec soin et entourés de jardins. La grande aristocratie oublie la
rudesse des temps et organise des chasses que suivent d’élégantes dames. La vie
de cour sous Charles V resplendit de tous ses feux. Paris est la capitale des modes
aristocratiques.
Les caisses de l'Etat étaient vides et l'agitation ne demandait qu'à reprendre. Charles
VI, sous l'influence de son épouse Isabeau de Bavière, décide à 23 ans de
s'affranchir de la tutelle de ses oncles et gouverner seul. Il rappelle les anciens
conseillers de son père, détestés de la cour, des oncles et de l'aristocratie en
général. On les surnomme les "Marmousets" (= petites figures grotesques et sans
valeur).
Philippe III le Hardi (1342-1404), duc de Bourgogne (dernier fils de Jean le Bon et
frère du duc Jean de Berry) et des Flandres par son mariage avec Marguerite de
Flandres. Il est l'un des princes les plus riches et les plus puissants d'Occident. Il met
les bases de l'empire bourguignon qui menace le royaume de France au XVème
siècle.
Au XVème siècle
Dernier siècle du Moyen Age. Une même politique animera les règnes successifs. La
progression de l’Etat monarchique commencée avec Charles VII se poursuit avec
ses successeurs, son fils Louis XI, son petit-fils Charles VIII (1483-1498), le cousin
de ce dernier Louis XII (1498-1515).
La royauté surmonte les obstacles à son pouvoir : domestiquer la noblesse, contrôler
les corps sociaux et de l’Eglise et des villes, mise à l’écart des Etats Généraux... En
parallèle, elle renforce ses moyens et en crée de nouveaux pour gouverner,
administrer. Elle étoffe ses structures, et devient plus efficace dans ses procédures.
Elle s’apprête à entrer dans les temps modernes, le XVIème siècle, celui de la
Renaissance !
La situation économique tend à s’améliorer. Commence une grande phase
d’expansion. La sécurité est plus grande. Les couples se marient plus tôt et ont
beaucoup d’enfants --> rajeunissement de la population. Dans les villes, les
constructions en pierre se multiplient ; le textile connaît une nouvelle vigueur.
La sécurité favorise les échanges ; les foires de Lyon, Caen et Rouen sont célèbres
sous Louis XI qui favorise le travail de la soie à Tours et Lyon et institue le système
des "Postes" en 1479, toutes les 7 lieues, soit env. 28 km (« les bottes de 7
lieues » !). Il fait noter par les Juristes des régions les "coutumes" de chacune d'elle
afin que l'on use en son royaume "d'une coutume, d'un poids, d'une mesure et d'une
monnaie", et que toutes ces coutumes soient réunies en français dans un livre pour
éviter la "pillerie" des avocats. Il souhaitait que la France soit soumise à une loi
unique. Mais c'est en 1483, l'année où il meurt.
Charles VII (1422 – 1461), fils de Charles VI, est fait sacré à Reims en 1429 grâce à
Jeanne d’Arc (Agnès Sorel est sa célèbre maîtresse). Ayant chassé les anglais petit
à petit, Charles VII réuni l'Etat Français et l'impôt de guerre devient permanent. On
ne parle plus des Etats de langue d'Öl et ceux d'Oc, mais de taux et d'impôts directs
permanents pour tous. L'armée va être permanente et rétribuée : plus de
« compagnies », « d'écorcheurs », qu'on a migrés hors de France comme
mercenaires en Espagne, en Allemagne, en Suisse... pour être éliminés ( merci du
Guesclin !). Il mate ses suzerains et met fin à la guerre civile en plus de celle de Cent
Ans toujours présente. Il restaure la couronne de France dans sa dignité, le pouvoir
royal plus établi que jamais, le royaume uni et en cours de modernisation.
Charles VII s'appuie sur les forces vives des villes pour fortifier l'autorité royale. Il
s'entoure d'habiles conseillers (comme Jacques cœur à Bourges), établit
définitivement la permanence des impôts. Il se heurte à l'opposition des princes et à
l'ambition du duc de Bourgogne, Philippe le Bon, qui règne sur la Flandre et la
Bourgogne. Il souhaite annexer la Champagne et la Lorraine afin de constituer un
état cohérent.
Louis XI (1461 – 1483) son fils, trouve à ses débuts une France dont le royaume est
cerné de principautés, qui, telles la Bourgogne ou la Bretagne, se tiennent pour
indépendantes, et forment des principautés qui comme le duché de Bourbon ou
d'Anjou estiment ne rien devoir au roi ! Deux cas existent : les princes apanagés et
les autres.
Charles VIII (règne 1483-1498), son fils, sera jusqu'à sa majorité sous la tutelle de
sa soeur Anne, épouse de Pierre de Beaujeu de la Maison des Bourbons. Il épouse
Anne de Bretagne et rattache ainsi la Bretagne à la France. C'est sous son règne
qu'est menée la première des campagnes d'Italie (1494) qui se prolongeront jusqu'en
1515, dont l'origine est le legs par René d'Anjou (notre fameux "bon Roi René") à
Louis XI de ses droits sur la couronne de Naples. La deuxième campagne sera
menée par son cousin, Louis XII (règne 1498-1515) qui lui succède. Il signe la paix
avec les coalisés de la Sainte Ligue (Pape Jules II + Etats italiens + Henri VIII
d'Angleterre + Maximilien empereur d'Allemagne + les Suisses).
Le cousin de Louis XII, François 1er, marié à Claude l'une de ses filles, aura la lourde
tâche de redresser la situation dés les premières années de son règne.