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Thomas GAINSBOROUGH

1727 - 1788

Contexte historique
En Angleterre En France
- 1727 - 1760 : George II - 1715 - 1774 : Louis XV
- 1760 - 1820 : George III - 1774 - 1792 : Louis XVI

L'époque
18ème : siècle des Lumières (1715-1788)
- 1665 : grande peste : Londres est dépeuplé ! Suivi l'année suivante en 1666 du grand incendie
qui détruit tout Londres ! (A savoir : c'est pour fuir cette grande Peste que les jeunes aristocrates anglais ont été
invités à entreprendre le Grand Tour afin d'être épargnés ! puis c'est devenu très à la mode au 18ème siècle).
- 1719 : Defoe écrit "Robinson Crusoé" et en 1726 : Swift écrit "Gulliver's Travels"
- 1730 : la Révolution Industrielle commence en Angleterre. 1738 : révoltes ouvrières dans le sud de
l'Angleterre puis dans le Yorkshire en 1739.
- 1759 : inauguration du British Museum à Londres.
- 1763 : traité de Paris qui donne à l'Angleterre la possibilité de créer un vaste empire colonial. La
France est provisoirement mise hors jeu de cette compétition.
- 1782 : James Watt invente la machine à vapeur !

Les gens de son époque

Ecrivains : Voltaire, Diderot, Montesquieu, Rousseau, Restif de la Bretonne...


Peintres : Van Dyck, Constable, Turner, Wright, Boucher, Watteau, Fragonard, de la Tour, Lancret ...
Musiciens : suprématie allemande et autrichienne : Bach, Haendel, Rameau, Hayden, Mozart...

Sa vie
Né en 1727à Sudbury dans le Suffolk. Dernier enfant d'une famille de 9 (5 garçons + 4 filles). Son père
n'étant pas très fiable, il doit travailler très tôt. Grâce aux relations que la famille avait dans le Suffolk, il
commence sa carrière artistique poussé par sa mère, peintre amateur (tableaux de fleurs). Il est
toujours resté proche de ses frères et soeurs qu'il a toujours aidés tout au long de sa vie.
En 1740, à 13 ans, il quitte Sudbury pour Londres et entre en apprentissage en peignant des visages
et des paysages. Son premier maître est un français : Hubert François GRAVELOT (1699 - 1773),
graveur et dessinateur. Il découvre le style Rococo français. Il aide Gravelot dans des décorations,
dans la réalisation de "The Heads of Illustrations Persons of Great Britain" pour Thomas Birch. Ces
portraits sont pour certains très proches du style Rocaille français (ex. portrait de Francis Russel, 2nd
Earl of Bedford).
Les publications "Livre ornamens" 1734 by J.O. Meissonier, "Forme Rocaille" 1736 by Mondor,
"Cartouches pittoresques" 1743 by Babel, lui fournissent des exemples où il apprend les lignes flowing
des détails de la décoration française qui ne l'ont jamais quitté.
Il entre dans le monde de l'art à Londres au moment du grand intérêt pour le design et l'art français : "il
avait déjà fait toutes les découvertes sans avoir perdu la passion de la recherche". Avantage : il est
dans l'équipe de Gravelot, lui-même élève de Boucher. Il y avait à l'époque une folie pour toutes ces
choses françaises parmi les artistes du cercle de Frédérik, Prince de Galles. Watteau et les peintures
"watteauesques" sont très demandés. Ces dernières sont réalisées par des artistes anglais, donc d'un
oeil étranger sur l'art français contemporain. Par la suite, Lancret, Boucher et Fragonard intérèressent
beaucoup Gainsborough qui, rendant visite aux portraitistes français tels que Jean-Baptiste Van Loo,
Roubiliac, les pastels de Latour et Perroneau, ont provoqué chez lui une émulation immédiate dans les
réalisations qui suivront.

Gainsborough 1 / 4
L'Art Français influence la communauté des artistes anglais et Gainsborough, initié par Gravelot, en a
été inspiré pendant toute sa carrière. Pour un certain nombre d'artistes travaillant en Angleterre, tels
que Tillmans 1684-1734, Mercier 1689-1760, Dandridge 1691-1755, Laroon 1679-1772, Nollekens
1702-1748, tous les travaux exécutés alors sont tous une imitation franche de Watteau, dont certains
même lui ont été attribués.

Introduit par Gravelot, Gainsborough fréquente la "Society of Artists" créée en 1760, puis la "Royal
Academy" créée en 1768 dont il est membre fondateur. Gravelot, membre de "Old Slaughter's Coffee
House Set", qui est un "Rendez-vous de la Gentry de toutes les langues et nations, artistes et autres" y
introduit Gainsborough formé au goût de ses contemporains d'avant garde notamment grâce à son
association avec Gravelot et Francis Hayman 1708-1776 également membre du "Old Slaughter".

Gainsborough collabore avec eux dans l'illustration de livres, et de manière plus importante, dans une
série de décorations pour le Vauxhall Gardens qui, avec le Founding Hospital, fournit au jeune artiste
tout ce qui était nouveau dans l'Art Britannique.

Gainsborough réalise de nombreuses "conversation pieces qui ne sont pas d'invention anglaise
comme on a pu le croire, mais tirées de portraits hollandais et français, de petit format, de manière à
réaliser des portraits à personnage unique, ou de famille regroupée, en intérieur ou à l'extérieur, se
parlant ou ne se parlant pas, montrant parfois une froide indifférence, ou posant avec aisance à
l'extérieur dans un décor naturel, posant avec une satisfaction évidente dans leur équipement sportif,
ou encore avec un livre négligemment tenu, dans une position artificielle comme le ferait un teen-
ager...

Au début de sa carrière, Gainsborough exploite la classe moyenne désireuse d'être montrée


naturellement. Ensuite, avec l'influence de Hayman, il ira du petit au grand format, d'un portait unique à
un groupe, et sa technique sera variée et compliquée. Quand il commence à peindre dans l'atelier de
Hayman, celui-ci lui fait réaliser les arrières-plans en paysage de ses portraits de famille, si bien que
parfois les tableaux sont exposés comme étant de Gainsborough. Là, Gainsborough a beaucoup
appris sur les paysages (il faut savoir qu'à l'époque les petits portraits étaient payés "à la tête". C'est
pourquoi il était moins cher pour Hayman d'utiliser Gainsborough pour les paysages, et se réservait les
"têtes"!). Leur association bientôt évolue et Gainsborough passe du statut du jeune artiste qui aide
Hayman, à celui de peintre, vers 1740, qui enseigne à Hayman tout ce qui est de compétence
"francisée", imaginative et sensible. Hayman est jugé conventionnel dans la comparaison de son travail
de portraits de groupe de Jonathan Tyers et sa famille, promoteur de Vauxhall Gardens, avec les
portraits de groupe réalisés par Gainsborough à la même période.

D'autres influences importantes sur l'art de Gainsborough doivent être mentionnées :

- William HOGARTH 1697 - 1764


Catalogué indépendant de la tradition artistique anglaise, contre l'Académie, individualiste. Ces
"conversation piece" reflètent sa propre version de l'art du French Boudoir. Hogarth a beaucoup fait
pour que les artistes anglais fassent connaître leurs travaux. Il a encouragé Gainsborough à
réaliser un paysage en 1748. Les sujets des tableaux de Hogarth (quelques séries célèbres : "Le
Mariage", "Le Mari Trompé"...) sont très satiriques. L'influence de Hogarth, combiné à celui de l'Art
Français, montre qu'une autre tradition, celle du réalisme, était courante vers 1740, et
Gainsborough en faisait partie.

- Joshua REYNOLDS
Très caricaturiste. Avec lui, Gainsborough a compris qu'en matière de portraits, on ne peut pas
durer avec la manière dont il s'y prenait. Il avait bien été tenté par lui, mais ses excès devenaient
des sujets de plaisanteries qu'il se faisait à lui-même.

Gainsborough 2 / 4
L'art hollandais l'a beaucoup influencé avec ses petits tableaux de cabinet de la vie quotidienne,
portraits de petits formats (comme Vermeer), paysages agréables, bords de mer plaisants. Cet art
hollandais a influencé l'Art Français, qui en retour, a influencé l'Art Anglais et en particulier
Gainsborough. Les peintres hollandais n'étaient pas acceptables pour les arbitres académiques en
France comme en Angleterre, mais tout le monde les achetait, du duc de Choisel en France à la
massive importation pendant la période 1747 - 1751 en Angleterre. Gainsborough les a imité au début
de sa carrière.

Après le départ pour la France de Gravelot fin 1746, Gainsborough s'établi comme peintre indépendant
à Londres, vendant des tableaux de paysages et des dessins. En 1747, il épouse Margaret Burr, fille
naturelle de Frederick, Prince de Galles. Ils ont une fille, Maragaret, qui meurt cette même année. Son
père meurt en 1749.
Il continue de peindre des paysages originaux imitant les hollandais. Dans les années 1750, il vit bien,
a accès à une société plus conviviale, une société de musique et d'art, ce qui est son "way of life". Il est
membre du Club de Musique à Ipswich.

En 1755, le Duke of Bedford lui commande un paysage qu'il peint dans le goût français à la Boucher et
Fragonard. Ce sera le cas pour tous les portraits que l'aristocratie près d'Ipswich (the Hon, Richard
Savage Nassau, William Wolaston) lui commendera.
Une de ses pièces maîtresses est le portrait quil a fait à Ipswich pour son propre plaisir, l'image
magique de ses deux "daughters chasing a butterfly" 1756. L'évocation de la fragilité de l'enfance
montrant un intérêt croissant pour les enfants et leur univers, et en cela Gainsborough était un
précurseur. Seul Chardin au 18ème peint des enfants en mouvement.

Après avoir peint pour la clientèle de Ipswich, Gainsborough décide, lors de l'hiver 1758 - 1759, de
faire une tournée dans les Midlands en tant que portraitiste itinérant, réputé pour la ressemblance
exacte ("exact likeness").
Puis en 1759, il décide de vivre dans la ville thermale de Bath, endroit à la mode où la riche clientèle
privilégiée lui passe des commandes. Il ne se sent pas encore, à ce stade, de risquer une carrière à
Londres alors dominé par les portraitistes Hogarth, Ramsay et Reynolds, étoile montante, Wilson,
paysagiste qui après 6 années en Italie revient à Londres lui aussi.
Thickeness l'aide à trouver ses quartiers dans la ville thermale qu'est Bath. En 1763, il emménage
dans le quartier chic et sera voisin du Duke of Bedford. Tout de suite, il a beaucoup de travail. Si
l'histoire de l'Art Britannique est celui de l'histoire des portraits, de demeures et d'animaux,
Gainsborough, s'en plaignant toujours, est bien forcé de s'adapter à cette situation. Grâce au flot
constant de visiteurs de toutes conditions et en dépit du contrôle des finances par son épouse, il mène
une vie conviviale, voire facile, de par la quantité énorme de travail et son indulgence pour cette ville
vivante. Il n'a qu'un rival sérieux, William HOARE 1707-1792, conventionnel, qui peut produire
rapidement des portraits cheap, à la manière de Hudson.

En 1760, il est tout à fait à la mode avec ses portraits de Ann Ford, Mrs Philip Thickeness. En 1761, il
envoie quelques unes de ces oeuvres à Londres pour une exposition publique fort appréciée, et le
voilà à présent en compétition directe avec les artistes basés à Londres, tels que Reynolds, Hudson...
la Society of Artists de Londres offre l'opportunité aux artistes provinciaux de se faire connaître et
d'élargir leur clientèle et pour Gainsborough, son spectre de réalisation de portraits.
Il a envoyé une série de 14 portraits full-length pour fixer ses marques (full-length = portrait sur pied. Il
y a aussi "half-length" et les "three-quarters length"). Entre 1760 et 1772, il réalise une série
impressionnante de 12 full-length, augmentant ses prix considérablement.

Gainsborough a subit l'influence exceptionnelle de Van Dyck qui donne des leçons aux portraitistes :
comment installer les personnes assises, avec pose élégante et touche de sensibilité. Il enseigne à
Gainsborough, qui n'est jamais allé à l'étranger, comment élargir et améliorer son propre art en l'invitant
à observer ses tableaux (de Van Dyck). Les paysages de Gainsborough sont imaginaires ou copiés sur
des oeuvres de Maîtres anciens.

Gainsborough 3 / 4
Il quitte Bath en 1774 précipitamment, comme il avait quitté Ipswich, pour Londres afin de veiller à ses
intérêts dans la Royal Academy et y établir une base solide au centre de l'art. Sa célébrité était telle
qu'il a été invité à devenir membre fondateur de l'Academy en 1768, ce qui a provoqué son retrait de la
Society of Artists. Il est présenté à George III, à queen Charlotte, et peint pour la famille royale
quelques portraits. En 1777, retour spectaculaire à la Royal Academy avec des portraits Full-Length.
En 1782, Gainsborough est célèbré comme un artiste qui a atteint un degré de génie dans le domaine
du goût, content de lui, d'avoir atteint une célèbrité professionnelle que peu peuvent atteindre et aucun
exceller!"

Son art est plus sophistiqué qu'au début. Il a transformé le style Rococo en un monde privé
romantique, pratiquement entièrement visuel. Il y a des analogies avec la musique qu'il a beaucoup
aimée dans ses scènes pastorales et ses ambiances arcadiennes, et avec la littérature du 18ème siècle.
Gainsborough meurt le 2 août 1788 d'un cancer de la gorge. Il a exigé de simples funérails et fut
enterré près de son ami Joshua Kirby.

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