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LA LITTERATURE AU MOYEN AGE

La formation de la langue française

Jusqu’au Vème s. le latin est la seule langue “littéraire” en France. C’est la langue des
hommes de l’Eglise, des hommes cultivés, des “clercs”.

Dés le Vè siècle, à partir du latin reproduit et déformé par les Gaulois, enrichi des
apports germaniques, naît un langage mixte, appelé le “roman”, qui deviendra
l’ancien français du XIème au XIVème s., puis le moyen français aux XIVème et XVème
siècles.

En 813, au Concile de Tours, les évêques recommandent aux clercs de ne plus


prêcher en latin, mais en langue romane pour mieux se faire comprendre de leurs
fidèles.

En 842, le 1er témoignage en roman (donc encore proche du latin) est un document
officiel “les serments de Strasbourg” relatif à l’alliance des deux petits-fils de
Charlemagne, Charles le Chauve et Louis le Germanique, contre leur frère Lothaire.

En 881, apparaît le 1er texte littéraire “la Séquence de Sainte Eulalie”, un poème à la
gloire de la sainte martyre.

La langue du Moyen Age n’a pas d’unité : les dialectes se multiplient. On distingue

- Les parlers du Nord --> langue d’ Oïl


- Les parlers du Sud --> langue d’Oc.

A partir du XIIIème s. le dialecte de l’Ile de France, le francien, s’impose par son


prestige et par son génie propre : il donnera naissance au français !
Qui sont les auteurs au Moyen Age ?

Le Moyen Age est une longue période qui dure presque 10 siècles (5è au 15è) soit
1000 ans. Ce n’est qu’au début du XIème siècle que la littérature de langue française
commence à exister réellement à côté d’oeuvres latines. Mais on peut parler d’une
littérature médiévale qui serait unique et aurait les mêmes caractéristiques. Entre l’an
1000 et la fin du Moyen Age, soit 500 ans plus tard, la société, les mentalités, les
productions littéraires vont beaucoup évoluer.

Au Moyen Age, une oeuvre n’est pas le fait du travail d’un auteur unique. Des
remaniements successifs, dûs autant aux jongleurs qu’aux copistes ou aux clercs.
Ce sont des oeuvres “anonymes” :

LE JONGLEUR
Dans toutes les occasions de fêtes (mariages, banquets, cérémonies) le jongleur est
un élément essentiel, car non seulement c’est un homme de spectacle (danse,
musique, acrobate, tours de magie) mais aussi il récite des poèmes qu’il a appris par
coeur. Il compose aussi lui-même des vers qu’il ajoute aux précédents récités ; d’où
des versions différentes qui font sans cesse évoluer le texte initial. C’est lui qui
transmet oralement les oeuvres littéraires où la mémoire joue un rôle important.
Les jongleurs vont de château en château ou de foire en foire : montreurs d’animaux,
acrobates, récitants professionnels, ils diffusent les oeuvres littéraires qu’ils
remanient à volonté.

LE COPISTE
Lui aussi fait évoluer le texte initial en copiant le manuscrit. Dans ce travail, le copiste
intervient avec sa personnalité : il lui arrive de rajouter, de retrancher une partie d’un
texte, d’en moderniser la langue. De plus, il travaille parfois de mémoire, parfois sous
la dictée d’un jongleur. Si sa mémoire lui fait défaut, il “inventera”.

A partir du XIIIème s., le public souhaite des cycles : le copiste va rassembler dans un
même manuscrit des épisodes pris ça et là d’une histoire et les recopie dans un
ordre plus ou moins cohérent. Tous ces remaniements s’expliquent par le désir
d’adapter au goût du public, qui change sur 3 siècles, une oeuvre donnée.

LE CLERC
C’est un homme cultivé, passé par l’université, appartenant à l’Eglise : ils sont
généralement pauvres et mettent leur culture au service d’un seigneur. Avec sa
culture classique, il remanie des oeuvres existantes qui servent de canevas, et
souvent, il crée lui-même une oeuvre originale qui n’a rien à voir avec l’inspiration
populaire.

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Quels thèmes ont influencé la littérature du Moyen
Age?

La littérature du Moyen Age a été influencée par les évolutions de la société au cours
de cette période (du XIème au XVème siècle), des mentalités et des évènements de
son histoire.

Deux évènements ont un retentissement particulier sur la mentalité et la littérature de


cette époque :
 Les Croisades
 La guerre de Cent ans.

1. Les Croisades

Il y a eu huit Croisades, qui se sont déroulées entre 1095 et 1291. Ce sont des
expéditions militaires pour délivrer la Terre sainte des Infidèles (les musulmans).
L’Eglise appelle les chevaliers des royaumes catholiques à libérer le tombeau du
Christ. Des milliers de pèlerins les accompagnent. Ils installent en Orient le royaume
de Jérusalem. Les troupes de l’Islam les menacent et les Croisades se succèdent
mais s’achèvent par la perte de Jérusalem en 1291.

La Croisade c’est :

 Un voeu religieux par lequel on rachète ses fautes


 Une extraordinaire aventure : on voyage dans des contrées inconnues,
perspectives de combats glorieux, butins précieux…

La littérature de l’époque traitant des croisades est essentiellement représentée par :

− Geoffroy de Villehardouin (1150-1213) a écrit l' “Histoire de la Conquête de


Constantinople” relatant les évènements de la IVème Croisade qui devait être une
croisade de conquête et aboutit à la prise de Constantinople en 1204.

− Jean Joinville (1224-1317) a écrit : “Le livre des saintes paroles et des bons faits
de notre saint roi Louis”. Il accompagne Saint Louis à la croisade d’Egypte en
1248.

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2. La Guerre de Cent ans

Elle débute 46 ans après la dernière croisade, soit en 1337. Les origines de ce conflit
entre la France et l’Angleterre sont anciennes et complexes.

En 1152, la Normandie, le Maine, l’Anjou, l’Aunis, la Saintonge et la Guyenne


appartiennent à la couronne d’Angleterre qui possède ainsi plus de territoires en
France que le roi de France lui-même. De plus, s’y ajoutent des conflits de
succession : en 1328, le roi de France, Charles IV meurt sans laisser de fils.
Edouard III d’Angleterre réclame la couronne en tant que petit-fils de Philippe le Bel
(1285-1314) par sa mère. En réponse, Philippe VI de France confisque quelques
années plus tard la Guyenne, possession anglaise en Aquitaine.

C’est ainsi que le conflit se déclenche --> affrontement dans l’ouest où les deux
camps veulent assurer leurs positions en Bretagne : les anglais pour maintenir toutes
leurs routes commerciales, les français pour maintenir la suzeraineté du roi de
France. D’où une guerre continuelle pendant près d’un siècle !

En 1422, le nouveau roi de France, Charles VII, accède au trône et règne sur un
royaume quasi inexistant :
− Les Anglais ont la Normandie, la Bretagne, les Pays de Loire, la Guyenne,
l’Aquitaine
− Le duché de Bourgogne, hostile à la couronne de France, possédent les
territoires : du Nord de la France, avec la Belgique et les Pays-Bas, jusqu’à la
Bourgogne.

C’est alors que Jeanne d’Arc se met à la tête des armées françaises et délivre
Orléans tenue par les Anglais, puis fait sacrer le roi Charles VII à Reims en 1429.
Elle fut brûlée vive par les Anglais en 1431 à Rouen. Puis en 1435, la Bourgogne
signe une alliance avec Charles VII dont la puissance s’affirmait de plus en plus.
Entre 1445 et 1450, il libère peu à peu l’ensemble du royaume de la présence des
anglais. Tant de guerres et de pillages ont laissé la France dans un état lamentable.
Le nouveau roi Louis XI aura pour tâche de restaurer la puissance du royaume.

La littérature du XVème traitant de la Guerre de Cent ans est essentiellement


représentée par :
- Jean Froissart (1337 - 1400) a écrit les "Chroniques" décrivant la Bataille de
Crécy, le siège de Calais et les Bourgeois de Calais...
− Charles d’Orléans (1394-1465). Ses thèmes : les évènements de sa vie
personnelle, ses mariages, son long exil en Angleterre...
− Philippe de Commynes (1447-1511), a écrit une oeuvre consacrée au règne de
Louis XI, et une autre consacrée aux ambassades d’Italie pour le nouveau roi
Charles VIII, et ses Mémoires (1498).

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Les grands genres littéraires du XI éme au XIII ème
siècle

L’écrivain du Moyen Age est intimement lié à la société dans laquelle il vit : c’est elle
qui le fait vivre : pour un poème récité, une composition, le jongleur, le clerc reçoit du
seigneur ou des notables quelques pièces d’argent, un repas, des vêtements,... Il
ne peut pas exister sans elle, ni contre elle ! L’écrivain partage donc les valeurs, les
croyances, les goûts de la communauté : cette minorité qui détient le pouvoir !
A partir du XIIIème siècle avec l’apparition des bourgs et de la bourgeoisie, se
développe une littérature plus populaire, dîte bourgeoise, d’inspiration comique et
satirique.

Ses oeuvres reflètent les idéaux de cette communauté :

1. les chansons de geste, qui glorifie la chevalerie


2. la littérature courtoise, qui relate les relations de la société seigneuriale
3. la littérature satirique, qui dénonce les abus.

1. Les chansons de geste

Les poèmes et chansons de geste (vient de l’italien “gesta” qui signifie “acte, fait
accompli”) racontent les aventures d’un chevalier, des évènements historiques
passés, démontrant bien l’idéal de la société féodale : respect absolu des
engagements féodaux entre suzerain et vassal, morale chevaleresque, qualité
guerrière au service de la foi. Le chevalier obéit à un code d’honneur très exigeant :
mépris de la fatigue, de la peur, du danger, et est irrémédiablement fidèle à son
seigneur. Le chevalier vit pour la guerre ; il est fier de ses exploits guerriers !

L’Eglise essaie de détourner vers la Croisade l’énergie violente de ces hommes


passionnés de combats. Les chansons de geste évoquent des guerres “saintes”
contre les Infidèles (= les musulmans). Toute une communauté se reconnaît dans
ces oeuvres qui exaltent les valeurs chevaleresques.

Exemples :

- la Chanson de Roland (1070) : grand poème racontant les exploits de Roland,


neveu de Charlemagne, notamment la bataille de Roncevaux contre les
Sarrasins, dans un dialecte anglo-normand. La plus ancienne et la plus célèbre
de nos chansons de geste. Charlemagne y incarne l’autorité ferme quand il parle
à Roland, l’humanité et la sensibilité lorsqu’il pleure, le courage militaire et le sens
de la justice quand il venge Roland.

- La Charroi de Nîmes (1250) de Garin de Monglave. Le héros est Guillaume


d’Orange, cousin de Charlemagne, qui devint moine à la fin de sa vie. Guillaume
combat contre les Sarrasins et s’empare de Nîmes en y introduisant un “charroi”
de tonneaux dans lesquels sont cachés des chevaliers.

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- Renaut de Montauban” (début XIIIème s.) de Doon de Mayence. Il s’agit d’une
lutte menée par Charlemagne contre ses barons révoltés. Renaut et ses frères
sont entrés en lutte contre Charlemagne. Renaut fini par se soumettre et meurt
saintement.

Chrétien de Troyes (1135-1190), clerc lettré, fondateur du genre romanesque, né à


Troyes, vivait à la cour de Marie de Champagne, fille d’Aliénor d’Aquitaine :

- Perceval ou le Roman du Graal (1180) : Perceval part à la quête du Graal, vase


sacré où l’on aurait recueilli le sang du Christ sur la Croix. Sa démarche
symbolise l’itinéraire spirituel à la recherche de Dieu.

- Lancelot ou le Chevalier à la Charrette (1177) : Lancelot pour plaire à la reine


Guenièvre, épouse du roi Arthur, ne cesse de mettre sa vie en péril. Il consent
même au risque de se déshonorer à monter sur la charrette infamante des
prisonniers.

- Yvain ou le chevalier au Lion (1177) : Yvain, chevalier d’Arthur, tenté par


l’aventure chevaleresque a délaissé son épouse Landrine. Pour regagner son
coeur, il doit accomplir une série d’épreuves. Un lion qui l’a sauvé l’accompagne
dans les dangers.

- Erec, Cliges,

2. La littérature courtoise

La société féodale apporte une nouvelle valeur à l’idéal chevaleresque : le service de


l’amour, qui met les préoccupations amoureuses au centre de la vie. Le chevalier
courtois ne combat plus pour Dieu, la France ou son seigneur (comme dans les
chansons de geste), mais pour sa dame, à qui il doit le “service d’amour”. Les
romans courtois sont écrits pour un public de cour ; il conte des aventures
amoureuses assorties d’exploits héroïques et enrichit de fines analyses de
sentiments.
Apparaissent alors les premiers romans “bretons” empruntés aux vieilles légendes
celtiques et dominés par la figure d’Arthur, roi glorieux de “Bretagne” et entourés de
vaillants chevaliers qui siègent autour d’une table Ronde. Les romans ont pour cadre
la “Bretagne” (Cornouailles, Pays de Galles, Irlande ainsi que l’Armorique en
France).
Dans les romans de la Table Ronde la cour imaginaire du roi Arthur devient le
modèle idéal des cours réelles : non seulement le chevalier est brave, mais il a en
plus le désir de plaire (importance de la beauté physique, des toilettes, des parures).
Parceque les femmes sont présentes, le chevalier doit avoir des attitudes élégantes,
des propos délicats. A côté des tournois et des banquets, il prend plaisir aux jeux
(échecs), à la musique, à la poésie... Pour plaire à sa dame, il doit maîtriser ses
désirs, mériter à travers une dure discipline, l’amour de sa Dame, amour qui cultive
le désir et qui fait du plaisir charnel la récompense suprême après une longue
attente. Cet idéal est celui des gens de “cour” (d’où le mot “courtoisie”) relaté par
toute une littérature en tant que modèle à imiter.

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Si les romans courtois montrent aussi des chevaliers traîtres, c’est pour mieux mettre
en lumière l’image idéale du chevalier courtois, qui peu à peu influencera réellement
les moeurs.

L’inspiration de ces oeuvres a été également d’ordre folklorique. Le folklore est en


quelque sorte un fond commun de tous les trouveurs (la bergère auprès de la
fontaine). Le folklore est un des éléments fondateurs de la matière de Bretagne
(=Angleterre). Elle est apparue avec Geoffroy de Monmouth qui a écrit Historia
Regnum Britanniae et Wace qui a écrit le Roman de Brut. Ces deux oeuvres
racontent la fondation légendaire de la Grande-Bretagne ainsi que les aventures du
roi Arthur et de la Table Ronde. Le fait que les trouveurs (troubadours et trouvères)
reconnaissent l’origine de leur inspiration montre qu’ils considèrent leurs oeuvres
comme opposées à la matière antique, et devient ainsi une véritable littérature
indépendante du latin, à rôle social.
Les troubadours (en langue d’Oc) et trouvères (en langue d’Oïl) sont des poètes
musiciens auteurs de chansons d’amour qu’ils chantent en s’accompagnant à la
vielle.

Exemples :

− Tristan & Iseut, (fin XIIème s.) grand poème racontant la légende de deux amants
vivant un amour interdit et affirmant leur droit à la passion contre les lois sociales
et religieuses. Cette légende est née en France, mais les anglais (Tristan &
Yseut), les allemands (Tristan & Isolde), les italiens et les danois ont chacun leur
version, imitée ou traduite du français. Initialement de Thomas et Béroul, deux
poètes anglo-normands.
− Le Lai du Chèvrefeuille, le Lai du Laostic (1160-1170) : de Marie de France, la 1ère
femme de lettres – XIIème siècle. Elle vécut à la cour du roi d’Angleterre Henri II
Plantagenêt et son épouse Aliénor d’Aquitaine (mère de Richard Coeur de Lion),
devenue reine d’Angleterre en 1154 après avoir été reine de France en 1137.
Dans de courts récits en vers appelés “lais”, elle conte des aventures d’amour
chevaleresque, inspirées des légendes bretonnes.
− Le Roman de la Rose : 1ère partie de Guillaume de Lorris écrite de 1225 à 1230,
puis 2ème partie de Jean de Maeung, écrite vers 1270.

3. La littérature satirique

Textes critiques et moqueurs s’adressant toujours à la classe dominante pour


rappeler une exigence morale ou religieuse, comme l’exige la tradition.

Exemples :
− Le Roman de Renart, suite de poèmes indépendants les uns des autres. Récit de
la lutte de Renart le goupil contre Ysengrin le loup : satire légère et amusée de la
société féodale sur la justice et la religion. Renart est la parodie du vassal qui ne
respecte pas l’idéal féodal ou incarne un certain discours critique sur la société
féodale, mais en aucun cas émane d’une critique “populaire” contre la noblesse :
c’est le divorce entre un idéal et une réalité misérable. C’est pessimiste mais ne
propose aucune solution de changement.
− Le Roman d’Alexandre de Pierre de Saint Cloud
− Fabliaux de Jean Bodel

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Nouveau statut littéraire au XIV ème – XV ème siècle

Un travail d’écriture de plus en plus raffiné dans la création littéraire, le


développement des villes et l’essor de la bourgeoisie, les valeurs féodales
s’essoufflant, amènent des changements profonds dans le statut littéraire à partir du
XIVème siècle : la prose va trouver ses lettres de noblesse !

1. la poésie lyrique
2. la prose
3. le théâtre

1. La poésie lyrique

Elle innove : nouveaux genres lyriques apparaissent (rondeaux, ballades).

Exemples :

− Ruteboeuf (1230-1285), d’origine champenoise, il vit à Paris et fréquente


l’université. Contemporain de Saint Louis, il écrit à Paris pour le public bourgeois.
Il a une vie de misère, vivant péniblement de sa plume. Poète aux prises avec la
réalité quotidienne, il exprime les tourments de l’âme, présente une peinture
réaliste de la vie quotidienne : “Vie de Sainte Helysabel”, Miracle de Théophile”,
Complainte des IX joies de Notre Dame”, “Discorde de l’université et des
Jacobins”, “Nouvelle complainte d’Outremer”, la Pauvreté de Ruteboeuf”, la
Griesche d’hiver”, la Complainte de Ruteboeuf”.

− Jean Froissart (1337-1410) : surtout connu pour ses “Chroniques” a également


été un poète courtois : le Paradis d'Amour, la Prison Amoureuse, Méliador...

− Charles d’Orléans (1394-1465). Son père : Louis d’Orléans, frère du roi Charles
VI, célèbre pour sa culture ses goûts artistiques. Sa mère : Valentine de Milan, qui
contribue à introduire en France la Renaissance italienne. Il a un destin
chaotique. Il est blessé et fait prisonnier à Azincourt (1415). 25 ans en captivité
en Angleterre et finit ses jours à la cour de Blois. Sa poésie chante l’amour, la
mélancolie de l’exil, célèbre la beauté de la nature. Ses oeuvres poétiques sont
des ballades et des rondeaux. Le plus connu :

“Le temps a laissé son manteau,


De vent, de froidure et de pluie
Et s’est vêtu de broderie,
De soleil luisant clair et beau...”

− François Villon (1431-1463), né à Paris, d’origine humble, est reçu maître ès arts
à la Sorbonne, condamné à la potence pour meurtre puis gracié, puis inculpations
et emprisonnements se succèdent. C’est le poète le plus connu du Moyen Age :

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“la Ballade des Pendus” 1463 – “la Ballade des Dames du temps jadis”, “ le Lais
ou le Petit Testament” 1456 – “le Testament ou le Grand Testament” 1461.

“Dites-moi où, n’en quel pays


Est Flora la belle romaine
Archipiades, ni Thaïs
Qui fut sa cousine germaine
Mais où sont les neiges d’antan ?”

2. La prose

Jugée moins artificielle que la poésie, elle la remplace ! L’Historien nouveau arrive :
écrivain au service d’un roi ou d’un grand seigneur. Il défend une politique, l’explique,
raconte des évènements.
Les chroniqueurs du Moyen Age, Villehardouin, Joinville, Froissart, Commynes, ont
été les premiers à plier peu à peu la langue française à la prose, plus facile à
exprimer la vérité historique que les vers.

Exemples :

− Geoffroy de Villehardouin (1150-1213) : issu d’une famille de Champagne, il


devient l’un des chefs de la IVème Croisade.
“Histoire de la conquête de Constantinople” (prise en 1204).
“Histoire de Saint Louis”, est son oeuvre. Il décrit les vertus de Saint Louis – les
chevaliers de Saint Louis avec la 7ème Croisade à laquelle Joinville a participé).

− Jean Joinville (1224-1317), gentilhomme champenois, devient l’ami et confident


de Saint Louis qu’il accompagne à la Croisade d’Egypte en 1248.
“Livre des saintes paroles et des bons faits de notre roi Saint Louis” : une vie de
Saint Louis achevée en 1309, dédiée à Louis le Hutin, futur Louis X.

− Jean Froissart (1337-1410) grand voyageur, fréquente les cours, les princes et
amasse des documents, il écrit des “Chroniques” relatant l’histoire de la guerre de
Cent Ans.

− Philippe de Commynes (1447 – 1511) : attaché à Charles Téméraire, duc de


Bourgogne, puis conseiller intime de Louis XI dont il devient le confident. Il nous
fait découvrir le roi Louis XI en même temps qu’un grand moment de l’histoire, la
Guerre de Cent ans, Charles VIII. Commynes, seul, est considéré comme
historien (les autres sont des historiographes) cherchant à pénétrer les causes des
évènements et porter des jugements instructifs de ce monde dans une langue
française riche.
Ses “Mémoires”, rédigées de 1489 à 1498 consacrées aux règnes de Louis XI et
de Charles VIII : études psychologiques nuancées, une réflexion politique
profonde qui fait de lui notre premier historien.

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3. Le théâtre

a- Théâtre religieux :

Exemples :
− “le Mystère de la Passion” (1450) de Arnoul Gréban
− “le Miracle de Théophile” (XIII ème s.) de Ruteboeuf
− “le Jeu d’Adam” (XII ème s.) anonyme.

Le théâtre religieux sort de l’enceinte de l’église pour donner un véritable spectacle


aux représentants de toutes les classes sociales.
Les premières pièces de théâtre sont liées aux cérémonies du culte où l’on joue :

 à Noël : les différents épisodes racontés par les évangiles, l’annonce faite aux
bergers, la naissance du Christ dans l’étable...
 à Pâques : le procès du Christ, sa montée au calvaire, sa mort.

Le spectacle se déroule dans l’église et en latin, et est représenté par les moines et
les prêtres. Peu à peu, les conditions de représentation changent : on invente des
décors multiples, la mise en scène est de plus en plus importante. On sort de l’église
et on joue sur le parvis. Les acteurs sont désormais des clercs, organisés en troupe,
et à partir du XIIIème siècle, le français remplace le latin. Le texte lui-même évolue :
de plus en plus, on mêle des épisodes drôles ou grotesques tirés des Ecritures
saintes.

b- Théâtre comique :

Ecrit pour faire franchement rire un public urbain mettant en scène marchands rusés,
maris trompés, bourgeois naïfs, femmes légères, mégères...
Genre très vivant, très apprécié du public, qui répond au goût du vrai spectacle, au
plaisir de l’émotion et du rire de tout amateur de théâtre.

Exemples :

− “La Farce de Maître Pathelin” (1460) de Guillaume Alexis, clerc normand très
érudit. Pathelin avocat dupe le drapier Guillaume mais est lui-même dupé par le
berger Agnelet.

− De Adam de la Halle (1235-1285), dit Adam le Bossu, trouvère né à Arras.


“Le jeu de la Feuillée” (1275), histoire d’un moine berné.
“Le jeu de Robin et de Marion” (1285), la bergère Marion échappe au chevalier
qui l’a enlevé et retrouve Robin qu’elle aime.

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LA MUSIQUE AU MOYEN AGE

Comme la peinture, la sculpture ou l’architecture, la musique reçoit des influences de


l’histoire de la vie sociale, des thèmes privilégiés de chaque époque.

L’installation des Papes à Rome dés le 1er siècle et la célébration du culte chrétien
étant officiellement autorisé en 313 par l’édit de Milan, l’Eglise va affirmer son pouvoir
culturel. Héritière des synagogues, l’Eglise des premiers temps mêle les traditions
païennes, gréco-romaines et celles du culte judaïque.
C’est l’influence juive qui domine sur les premiers temps de la musique chrétienne.
On discerne aujourd’hui encore la parenté entre les chants des liturgies hébraïques
et catholiques qui nous rappelle que le christianisme est né au sein du judaïsme, que
durant la période apostolique, il se répand d’abord parmi les juifs de la diaspora et
que Jérusalem demeure alors sa capitale. Les offices chrétiens se modèle sur le
culte hébraïque : ils ont le même fond, les textes et les psaumes de l’Ancien
testament. D’ailleurs on a toujours du vocabulaire hébraïque qui n’a jamais été
traduit : Alleluia, Amen, Hosannah...
Lors des cérémonies au Temple de Jérusalem, on joue de la trompette, de la harpe,
de la flutte ; mais lorsque les synagogues sont créées après l’exil à Babylone, il n’y a
plus d’instrument (sauf le shofar, = corne de bélier qui n’émet que 2 ou 3 notes). En
s’éloignant de son berceau juif, le christianisme épouse certaines traditions
musicales des pays qu’il évangélise.
A l’origine, c’est le prêtre à l’église qui chante en lisant des textes de l’Ancien et
Nouveau testament, ou chante en prononçant des paroles sacrées dans le but de les
graver dans les mémoires des fidèles. La beauté de la voix est indifférente. On s’en
moque. On chante pour prier et d’abord avec son coeur !
Cependant le peuple a besoin de chanter sa foi en dehors de la liturgie. Il y a alors
des hymnes, des compositions ecclésiastiques composées par les prêtres pour
l’enseignement des fidèles.

Ex. Hymnes syriaques de Saint Ephrem d’Edesse (360-378)


Hymnes grecques de Saint Grégoire de Nazianze
Hymnes latines de Saint Hilaire de Poitiers
Saint Césaire recommande de faire chanter les hymnes pour occuper les fidèles
durant les longs offices auxquels ils ne comprennent pas grand chose !

Il faut savoir que la musique uniquement instrumentale n’existait pas encore ! Elle
n’apparaîtra qu’au 16è siècle ! Au Moyen Age, les instruments sont là pour soutenir
les voix ! C’est donc le chant qui est l’élément essentiel, accompagné ou non
d’instrument(s) de musique !

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1. MUSIQUE RELIGIEUSE

Entre le VIème et XVème siècle, la structure des églises se modifie, la vie collective
religieuse demandent des édifices plus vastes. L’art roman (XIème et mi-XIIème s.) crée
des espaces intérieurs réduits, aux murs massifs, percés de petites ouvertures
supportant des voûtes basses. A partir du milieu XIIème siècle grâce à des innovations
techniques, l’architecture gothique permet de construire des voûtes de plus en plus
hautes. Le coeur et la nef, très éclairés, privilégient la dimension verticale, symbole
de l’élévation spirituelle !

A la monodie (= 1 voix), forme primitive de l’écriture musicale, succède la polyphonie


(plusieurs voix) qui correspond à l’élévation des voûtes gothiques (Beauvais 48 m
de haut : 1242-1322).

La monodie

A la messe, on alterne chants et lectures psalmodiées. Un répertoire liturgique


englobe des psaumes dont les textes sont fournis par la Bible. Des hymnes, des
cantiques spirituels à caractère populaire, sont parfois accompagnés de flûte, voire
même de danses.
Le pape Grégoire 1er le Grand oblige les pontifes à une réforme codifiant les chants
dans le but d’unifier les oeuvres diverses émanant des Eglises grecque, romaine,
carolingienne, hispanique, etc... Ce qui se réalisera au cours des VIIIème et IXème
siècles. Un grand pas vers l’unité est accompli par Pépin le Bref et son fils
Charlemagne, tous les deux admirateurs du chant romain, qu’ils introduisent dans les
églises gallo-franques. Ils apportent certaines modifications qui sont bien accueillies
à Rome. Ce chant romano-gallican serait la base du chant grégorien proprement dit.

Le chant Grégorien, réservé aux voix d’hommes exclusivement homophone (= à


l’unisson), a un rôle de prière collective. Les chants grégoriens des messes sont les
plus simples pour être compris par le peuple et par le clergé inférieur à qui ils sont
destinés.
Le plain-chant (“cantus planus”) ou grégorien sont de paisibles mélodies contrastant
avec les chants naïfs et grossiers des chorales villageoises. C’est un chant simple,
aux voix égales, d’un mouvement uniforme. Le cantus planus trouve son idéal dans
un unisson. Aucune considération artistique ou esthétique dans cette recherche de
l'unisson. Il favorise le recueillement, en commun, à l’unisson, coupant court aux
tentations de lyrisme personnel, d’abandon au plaisir purement vocal, à la virtuosité
de l’exécutant. C’est vers le XVIème s. qu’apparaîtra un système de notation
alphabétique (A= la, B= si bémol, C= ut, etc...). Dès le XI ème siècle, la portée de 4
lignes se répand dans toute l’Italie, le pays le plus avancé dans ce domaine, puis
passe en France. La portée de 5 lignes apparaîtra en Espagne au XIII ème siècle.
D’abord il y a 6 notes (ut, ré, mi, fa, sol, la). Le “si” n’apparaîtra qu’au XVI ème siècle.
La notation permet d’innombrables promesses : c’est une phase aussi importante
que passer du parlé à l’écriture ! C’est la phase annonciatrice de la Renaissance !
Avec l’avènement de la polyphonie, c’est l’arrêt de mort du plain-chant grégorien !

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La polyphonie

Dans la fin du IXème siècle, on superpose des parties vocales ou instrumentales


formant des quartés ou des quintes parallèles. Au XIIème s. apparaît le “déchant”,
mouvement contraire des voix. Le chant à la voix organale prend sa place de
dessus, accompagnée d’un chant dont la voix passe à une voix inférieure, ce qui
donne plus de libertés, comme le double mouvement (quand une voix monte l’autre
descend, et réciproquement).
Cette découverte va permettre toutes les combinaisons du contrepoint. C’est Paris
qui vit les premiers fruits de ces nouveautés et fait au XIIèmesiècle son entrée dans
l’histoire musicale. L’école Notre-Dame est devenue rapidement un des principaux
foyers musicaux de l’époque : apparition de l’ organum (ou contrepoint) fleuri. Là, le
“déchanteur” de la voix organale brode des vocalises de plus en plus libres sur la
mélodie de la voix inférieure chargée de soutenir les déchants, “discantum tenere”
d’où le terme de “teneur”, puis un peu plus tard de “ténor”.

Ensuite, on place des paroles sur les vocalises de l’organum, nommé “petit texte”, en
latin “motetus”, donc “motet”. Cela permet une grande liberté de style avec une
grande indépendance des voix : parfois chacune d’elle chante des textes différents.
Le motet devient de plus en plus un exercice de pure technique où le compositeur
s’évertue à bien séparer les voix.

Plusieurs musiciens franco-flamands ont poussé à l’extrême le développement de la


polyphonie et l’épanouissement du “contrepoint” (=l’art de faire chanter
simultanément deux ou plusieurs mélodies différentes) avec parfois quelques excès
dans l’emploi du “canon”.

Ce sont des moines qui d’abord enseignent la musique ; puis apparaissent des
compositeurs, qu’on appelle “Maître de Chapelle”.

En même temps, apparaît un théâtre lyrique religieux issu de la messe, le “drame


liturgique”, qui se joue sur le parvis de l’église avec alternance du chant et de la
parole.

Ex. Ruteboeuf (“le miracle de théophile”),


Guillaume de Machaut : Le jeu de Daniel, le jeu d’Adam et Eve,
le roman de Fauvel
Maîtres de chapelle de Paris les plus connus : Léonin – Pérotin le Grand.

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2. MUSIQUE PROFANE

Durant toute l’époque médiévale, à côté d’une inspiration purement religieuse,


subsiste une représentation de thèmes et personnages profanes qui devient de plus
en plus réaliste avec le développement de la bourgeoisie et l’affaiblissement
progressif des valeurs féodales.
A la fin du Moyen Age, à travers l’Europe, se crée en peinture et en sculpture, un
courant raffiné, plus humain, essentiellement en France avec l’Art Flamboyant, et en
Italie avec la peinture de Sienne. Musicalement, les oeuvres sont des compositions
lyriques épiques, des chants célébrant l’amour, l’histoire, les métiers, et colportés par
des chanteurs ambulants, accompagnés parfois de jongleurs dont les troupes
reçoivent bon accueil jusque dans les monastères. C’est en pays d’Oc, au XIème s.,
qu’apparaissent les premières poésies lyriques en style simple mais raffiné, et que se
développe l’art nouveau des troubadours (sud France) et trouvères (nord France). Ils
chantent des chansons d’amour, courtoises, pieuses, satiriques, à personnages
( pastourelles, odes...).

Les troubadours sont les premiers poètes-musiciens qui abandonnent le latin pour la
langue commune, notamment la langue d’Oc. Il ne faut pas oublier que seuls les
gens d’Eglise sont capables d’enseigner la musique. Et toute musique distinguée
prend modèle dans les chants ecclésiastiques. Les troubadours sont des
gentilshommes qui cessent d’être uniquement des guerriers comme leurs ancêtres,
reçoivent une culture dans les abbayes et font pour leurs pairs la musique savante
de l’époque. Le caractère de passe-temps aristocratique n’empêche pas les
premières chansons des troubadours d’être passablement grivoises (celles de
Guillaume d’Aquitaine, preux, croisé 1071-1127). Il y avait des chansons courtoises,
des chansons de geste qui sont de longs poèmes avec ritournelle permettant au
chanteur de reprendre haleine.

Les trouvères les plus connus sont : Chrétien de Troyes (Lancelot, Perceval),
Guillaume de Poitiers, petit-fils de Richard Coeur de Lion.
Les chansons des trouvères descendent du château vers le peuple qui les a adopté
et simplifié.

Les ménestrels sont des roturiers attachés à une grande maison (non ambulants
comme les jongleurs). Ils font des compositions gaillardes sur les bergères, leurs
héroïnes habituelles. Ces gaillardises prennent le pas sur les subtilités de l’amour
courtois et sont perpétuées à travers les chansons de route de l’infanterie française.
L’art des troubadours est mort à force d’ésotérisme. Celui des trouvères sombre à la
même époque (fin XIIème) dans une médiocrité triviale.

Ex. Thibaut de Champagne - Adam de la Halle (pastorale “le jeu de Robin et


Marion”) - Guillaume de Poitiers, duc d’Aquitaine.

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3. LE XV ème SIECLE

L’école franco-flamande

L’affaiblissement qui ressemble presque à une agonie du royaume de France,


coïncide avec la fortune de la Maison de Bourgogne qui outre ses terres
bourguignonnes possède l’Artois, le Luxembourg, la Flandre, le Hainaut, les Pays-
Bas hollandais. C’est un des Etats les plus riches et les plus peuplés de l’Europe qui
s’était constitué sous des princes ambitieux, intelligents et très cultivés.
Le faste des ducs de Bourgogne s’accorde à merveille avec l’opulence des villes du
Nord passées sous leur souveraineté. Leur règne ouvre à d’innombrables échanges
commerciaux, spirituels, artistiques, des provinces de bonne race, en plein essor.

Dans une période aussi vivante, les vocations ne peuvent manquer d’y naître,
favorisées encore pour la musique étroitement liée à l’aristocratie par les goûts et les
besoins de la plus brillante des cours. L’épanouissement va être rapide et superbe.
La peinture est l’expression admirable et complète de la Flandre, dont le centre
magnifique est Bruges qui attire des artistes français, allemands, hollandais de
l’époque qui se sont tous naturalisés peintres flamands !
Pour la musique ce rôle est joué par Cambrai, puis plus tard Dijon où réside la cour
des ducs de Bourgogne qui devient un centre encore plus actif. Aucune autre ville ne
représente un pôle d’attraction et d’enseignement qui permet de parler d’une école
musicale flamande que Cambrai.

D’autre part, quelle que soit l’origine de ces musiciens, leur langue à tous est le
français, dans la vie et dans leurs oeuvres. Ils composent très rarement sur des
textes flamands. Ils ne cessent de perfectionner, de ciseler la chanson française
qu’ils répandent aux quatre coins de l’Europe, car ils sont cosmopolites dans l’âme.
De plus, ils envahissent et colonisent l’Italie, y occupent les plus hauts rangs, y
exercent une longue influence. Et les Flamands, les Hollandais de naissance sont les
plus empressés à s’expatrier ainsi.

Enfin, une fois la paix rétablie, la cour du roi de France regroupe de nombreux
musiciens.

Renaissance italienne

Au XVème siècle en Italie, l’art ne se limite pas à une fonction uniquement religieuse. A
travers le culte de l’Antiquité, l’artiste redécouvre le monde qui l’entoure et recherche
les règles du « Beau ». L’homme placé au centre de la création devient la source
principale d’inspiration.

Moyen Age 15/66


L’Italie, à la pointe des arts plastiques, n’occupe qu’une place insignifiante dans la
créativité musicale au XVème s. dominée totalement par les franco-flamands.

C’est seulement au passage au XVIème siècle qu’un renouveau se dessine à Mantoue


à la cour d’Isabelle d’ESTE, qui reçoit les plus grands artistes du temps : Léonard de
Vinci, Le Titien, L’Arioste...

Les Instruments

Au Moyen Age, les instruments ne sont là que pour soutenir les voix :

− la harpe (troubadours et trouvères),


− le luth (d’origine arabe – mentionné dans le Roman de la Rose au XIIIème s.),
− la vielle, très répandue sous Charlemagne. Se modifie et prend le nom de viole
au XVème s. (troubadours et trouvères)
− le cor, appelé aussi l’olifant (mentionné dans la Chanson de Roland, lorsque
Roland se trouve en difficulté, il sonne le cor à Roncevaux dans les Pyrénées).
− l’orgue : instrument roi du Moyen Age dans les églises et les cathédrales.
− les tambours, cymbales, timbales, clochettes, marquent le rythme.

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L’ ART PICTURAL AU MOYEN AGE

Jusqu’au XIIème siècle l’art roman est exclusivement religieux et se traduit par des
peintures murales dans les églises et les chapelles.

Pourquoi des chapelles peintes ?

Elles sont construites sur les routes médiévales ou muletières, qui suivent la ligne
des crêtes (pour passer d'une vallée à l'autre) et être visibles de loin. C'est un repère
dans le paysage, une halte pour se recueillir, un abri pour la nuit. De même, elles
sont construites à l'entrée du village à l'écart de l'agglomération. Ainsi la
communauté est protégée des fléaux que pourraient véhiculer les voyageurs.
Destinées à être vues de loin puis longées de près, les chapelles étaient souvent
peintes à l'extérieur. Sans entrer dans l'édifice sans même s'arrêter, le passant peut
adresser un signe de croix ou une courte prière aux personnages peints sur les
façades. Ceux-ci sont souvent des "saints protecteurs ou guérisseurs". Les peintures
murales sont un moyen d'évangélisation. Le faible coût de la peinture murale la rend
accessible à tous. Formés en Piémont (Italie) les peintres vont et viennent sur les
territoires de la Maison de Savoie ou bien émigrent en Provence.

Deux groupes de peinture se distinguent :


- en Bourgogne et une partie de l’Auvergne = peintures “brillantes” à fond sombre
- de la Loire au Languedoc : peintures blondes à dominante ocre jaune, ocre
rouge, le noir et le blanc, du cinabre pour les chairs. Les verts sont plus rares. Le
bleu est généralement réservé pour les vêtements du Christ.

A la seconde moitié du XIIIème siècle et pendant le XIVème siècle, l’art religieux ne


dispose plus d’amples espaces sur les murs des églises, remplacés par des percées
: vitraux, roses, triptyques exécutés à la détrempe, statues, etc... qui décorent les
murs.

Mais ce que perd l’église est acquis à l’art profane, dans les châteaux, palais fortifiés,
hautes salles des donjons, dans les demeures seigneuriales des petites villes…
---> ce n’est pas de la grande peinture mais du grand décor !

Oeuvres d’artisans réduites à quelques thèmes conventionnels : combat du Centaure


et de la Sirène, un tournoi, deux chevaliers luttant dans une forêt, paysage de
chasse, etc...

Puis ce sera les “chambres peintes”, en grande vogue chez les Valois :

- Fin XIIème, la reine de Brabant a son portrait peint sur les murs du château
d’Etampes dans une scène de chasse,
- Mahaut d’Artois fait exécuter en 1330 par Girard d’Orléans “l’Imagier de la Vierge
de Langres” ainsi que d’autres peintures dans les châteaux du roi.

Moyen Age 17/66


- Jean II le Bon commande à Jean Coste en 1349 pour Vaudreuil “Une vie de
César”.
- Au Louvre, existe un “profil” de Jean le Bon exécuté sur un mur par son peintre
Girard d’Orléans.

La miniature française a reçu diverses influences : de Sienne, d’Angleterre, des Pays


Bas... Le cadre est parfois réalisé comme une architecture, avec des colonnettes et
des arcatures qui l’encadrent, dans un style monumental gothique.

L’art de l’enluminure se pratique à partir du XIIIème siècle dans des ateliers laïques
comme l’orfèvrerie émaillée. Les manuscrits sont réalisés souvent avec des marges
ouvragées d’une floraison ornementale très riche : bordure de jardinet, figurine de
caprice, etc...

Cette invasion des marges fait penser à l’illustration romantique :

- “Psautier du duc de Berry” de André Beauneveu,

- “les Petites Heures de Notre-Dame” de Jean Pucelle, enluminé de Noir et Blanc,

- les illustrations de Guillaume de Machaut de la Morgan Library avec un rose léger


et un vert pâle, colorent des figures rêveuses dans de discrets paysages. Très
raffiné !

- Les “Grandes Heures” et les “Belles Heures” du duc de Berry, exécutées par
Jacquemart de Hesdin.

- Les “Très Riches Heures” du duc de Berry (avant 1416) exécutées par les frères
Limbourg qui construisent un univers complet où le songe de la vie se mêle
étroitement à la vie même, châteaux étudiés avec une précision d’orfèvre,
paysages romanesques des chasses et promenades en forêt, paysages avec
paysans exécutant de grands travaux de la terre, paysages visionnaires
surplombés de blocs erratiques, déchirés de gouffres.

- La “Bible de Jean de Vaudetar” peint par Jean de Bandol dit Jean de Bruges.

- Les “Heures de Boucicaut” réalisées par Jacques Coene de Bruges. Il y insère la


figure de l’univers, et les 4 éléments (terre, eau, air, feu). Nombreuses figures et
épisodes animés.

- Les “Antiquités judaïques”, oeuvre de Jean Fouquet. Il y dépeint une poésie


matinale et paisible de la Loire mêlés de ses souvenirs d’Italie où il a fait le
portrait du pape Eugène IV qui lui vaut une grande renommée. Peintre officiel de
Charles VII et de Louis XI, il réalise aussi les “Heures d’Etienne le Chevalier”.

Les peintres connus de cette époque sont : Van Eycke, les Limbourg, les Malouel,
les Broederlam, Van der Weyden, Lochner (allemand), Conrad Wytz, Pacher
(autrichien, maître en 1467-mort en 1498).

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Au XV ème siècle, deux directions de la peinture néerlandaise :

- Van Eyck
- Van der Weyden, Dirk Bouts, Haarlem (1420-1475), Hugo van der Goes (franc-
maître à Gand en 1467-mort en 1482), Gérard David (mort 1523), Memlinc (mort
1494) rhénan, élève de Van der Weyden.

La peinture se substitue à la sculpture comme moyen d’expression et surtout comme


procédé de connaissance de l’univers. On voit se développer le goût de l’infiniment
petit, une certaine philosophie du microcosme, une passion du détail minutieusement
exécuté.

Les peintres et les hauts-lissiers (tapissiers) collaborent. L’art de la haute-lisse est


pour l’Occident ce que la fresque est pour l’Italie. Au XIVème siècle, la tenture satisfait
ce goût de la chose rare, précieuse, lentement travaillée, qui est au coeur de cette
civilisation.
Avec le vitrail, c’est peut-être l’expression la plus originale de son génie. Par ces
vastes tentures, se maintenait la grandeur antique du style.

Par la suite, la peinture évoluera vers un style tout à fait différent : le monde paisible
aux figures immobiles dans la paix des objets, des êtres et pensées va exploser !
L’inanimé prend vie, l’objet devient homme, des insectes, des démons velus armés
de pinces se répandent dans un crépuscule qu’éclairent des feux de forge et des
brasiers d’incendie, des machines volantes dans les cieux, etc... Telles sont les
visions de Jérôme Bosch (1460-1516), puis plus tard Breugel l’Ancien ranimera les
petites créatures extraordinairement vivantes du psautier d’Utrecht...

Le XIVème siècle respectera ce caractère fonctionnel et le XVème siècle de la fin du


Moyen Age verra le développement du génie classique qui règnera pendant deux
siècles...

Ce n’est plus l’architecture qui prévaudra, mais la peinture !

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L’ARCHITECTURE AU MOYEN AGE

Par les Croisades, à Byzance même et en Asie, l’expansion expose l’Occident à des
contacts, à des pénétrations.
L’homme, à partir du XIème s. est défini par un système social et par une activité
intellectuelle.

L’architecte, l’imagier et le peintre sont unis au philosophe et au poète, et tous


concourent à élever une sorte de cité de l’esprit.
Ex. “Divine Comédie” de Dante, théâtre religieux, décoration peinte ou sculptée ont
échangé leurs ressources. Cette puissance de cohésion entre les divers ordres de la
recherche et de l’invention est le trait de grandes époques.

Sans doute les grecs et les romains ont réalisé des constructions énormes, des
monuments colossaux, tentant de nous montrer que c’est l’oeuvre d’une race plus
grande et plus forte que la nôtre ! Mais cette tendance au colossal est un signe de
dérèglement et de déclin.
Par la suite, au Moyen Age, les églises et les châteaux respectent l’échelle humaine,
combinent savamment les volumes spacieux et hauts.
En architecture, la pierre est la matière du Moyen Age. Elle est la bâtisse et le décor
incorporé dans la structure. Les cadres des miniatures du XIIIème s. sont un cadre
architectural, le meuble est un monument d’architecture. L’art du Moyen Age est
dominé par l’architecture : logique constructive, raisonnement sur les rapports de
force et des formes. L’architecture médiévale et les arts qui en dérivent sont la
langue commune à toute la chrétienté d’Occident, traduisant les mêmes
connaissances , le même ordre intellectuel, dans un idiome intelligible à tous.

La propagation européenne du style gothique, élaboré en 3 générations par les


constructeurs de l’Ile de France, s’est faîte grâce à ses qualités : la variété des
modèles et la liberté du choix, dans la différence des matières, et le travail local crée
des effets nouveaux. L’art s’accorde avec le milieu où il s’implante. L’activité du
Moyen Age est double. Il est à la fois sédentaire et nomade, local et européen. Elle
est d’une grande richesse car mêlée des restes de la civilisation antique, des
vestiges des cultures barbares et des apports d’Orient. Les caravanes et les
croisades ont apporté leurs lots de connaissances d’Asie et d’Afrique.

Le développement de l’Institut monastique a répandu au loin (par les missionnaires)


nos vieilles civilisations mêlées des savoirs des moines d’Egypte et ceux des Celtes.
Cette fusion, cet universalisme de l’Art Médiéval a préparé un changement, un
enrichissement de la “teneur humaine” de l’européen, favorisé par des échanges
incessants et a ainsi trouvé son expression la plus haute et la plus intelligible dans
l’invention de l’architecture et la combinaison des images.

Tout étant en Dieu, il ne se refuse à rien. Il prend le tout de l’homme depuis le bas
jusqu’à ses extases, ses visions. Au XIIème s., on dirait que la percée chrétienne
éprouve le besoin de posséder l’univers et de se posséder. Mais c’est le XIII ème s. qui
impose l’ordre des hiérarchies et qui distribue l’ordonnance des cathédrales.

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La métamorphose de l’Occident est due à divers évènements essentiels :

- La stabilisation des Barbares, leur admission dans la communauté chrétienne,


- La cession de la Normandie aux Scandinaves ( en 911), Rollon le Viking, qui
désormais attaché à notre sol continue leurs conquêtes vers la Bretagne
(=Angleterre) et la Sicile. Mais pour ce qui nous concerne, cette fois-ci ce n’est
plus de l’extérieur comme une brusque irruption du monde barbare, mais de
l’intérieur vers l’extérieur. Après une période d’hésitation, ils ont accepté les
règles de la société féodale et sont passés à cette époque de pirates à
marchands.
- Les Hongrois (turco-mongols) convertis, retournés contre les envahisseurs venus
des steppes.
- Les Arabes commencent à reculer. La reconquête de l’Hispanie (= Espagne)
devient une des croisades de l’Occident, pour y chasser les musulmans. Avec
l’aide de Cluny, reconstruction chrétienne de l’Espagne qui se rattache à
l’Occident, avec la prise de Tolède, ancienne capitale des Goths en 1085.
- Les Sarrasins sont battus dans le détroit de Messine en 1005 et perdent
définitivement la Sardaigne en 1022.
- A l’autre extrémité du bassin de la Méditerranée, les princes Bagratides libèrent la
Transcaucasie et ainsi affirment leurs victoires sur l’Islam, en construisant des
monuments considérables sur toute la voie.

Tous ces faits sont d’une importance capitale. La Méditerranée redevient le chemin
naturel de la navigation et des échanges. Occident et Orient cessent d’être séparés.
Le commerce de Byzance, de Venise, de Gênes, de Pise, noue des réseaux plus
serrés.
Au nord, dés la fin du Xème siècle, la Baltique joue un rôle analogue et s’ouvre au
négoce des Flamands.

C’est à cette même époque que se constituent en Occident deux formations


politiques :
 Le Saint-Empire romain germanique
 La monarchie capétienne.

Le Saxon OTTON, roi de Germanie, est sacré empereur à Rome en 962. Hugues
Capet est élu roi de France en 987. Bien que son domaine personnel se limite à l’Ile
de France, le territoire de la Francie Occidentale va de la Flandre au comté de
Barcelone. Mais il est le roi, et ses descendants travailleront sans relâche à accroître
la terre du roi.

A l’intérieur d’une civilisation féodale et monastique, se met à grandir une civilisation


urbaine et marchande qui quitte la campagne pour la ville ! Une nouvelle classe naît.

Le pouvoir des rois est lié à la possession du domaine, qui est étroit et entrecoupé.
La monarchie y ajoute un patrimoine de souvenirs. Le prestige de ses fondateurs et
l’autorité d’une magistrature morale, héritée de l’Empire Romain. Ce qui fait que, peu
à peu, elle acquiert l’instinct d’une politique dynastique, attentive aux alliances et aux
héritages agrandissant le domaine (Ile-de-France) aux proportions du pays, tout en
faisant l’unité profonde d’un peuple (malgré des mésaventures comme la répudiation
d’Eléanor d’Aquitaine, qui en se mariant à Henri II Plantagénêt, roi d’Angleterre, livre
toute la France occidentale à l’Angleterre et ce pour 100 ans !).

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Nous avons vu la Normandie naître de la dernière invasion des Barbares en Gaule
(les Vikings). Fixés sur le sol, ils bâtissent dans leur vaste duché, des châteaux et
des églises, au style rigoureusement défini, jusqu’en Angleterre qu’ils ont également
conquis, et succèdent ainsi à l’art des constructeurs saxons. Les rois de la mer
devenus seigneurs terriens continuent leurs aventures en chassant les grecs du Sud
de l’Italie et les Sarrasins de la Sicile. Ils y mettent en place des rois qui seront
séduits par les raffinements de Byzance et de l’Islam (tableaux de mosaïque, portes
de bronze..). Le génie normand se voit encore dans les basiliques des Pouilles.
On a beaucoup bâti également en Espagne pour sa reconquête chrétienne. Du type
orientalisant de Oviedo (Asturies) on est passé à des formes importées par la
collaboration des ordres monastiques français qui y ont envoyé des moines
bâtisseurs.
Par contre, la Germanie Ottonienne reprend les thèmes de la grandeur carolingienne
avec plus de puissance et de richesses sévères.

Au XIIème s., on voit grandir 2 systèmes :


− au Nord de la Loire: l’art roman (XIème et XIIème)
− au Sud de la Loire : l’art gothique (XIIème au XVème).

L’Art Roman

L’Art Roman persiste en Allemagne jusqu’au XIIIème siècle et plus tard encore en Italie
et en Espagne.

L’Art Roman avait un réseau d’ornement sous des apparences monstrueuses :


chimères, bêtes, homme dans la bête...
− aux chapiteaux : série de captures chimériques,
− aux tympans des églises : sceau de l’Apocalypse,

Moyen Age 22/66


− les gargouilles.

L’Art Roman est caractérisé par un décor extérieur. Les solutions constructives
proviennent de l’architecture carolingienne (couverture en charpente + tours de part
et d’autre du chevet). Cet Art Roman du XIème s. se prolonge au-delà du XIIème s.
selon les régions. C’est plutôt un art de certaines régions que d’une certaine époque.
On rencontre cet art roman en Italie du Nord et Centrale, en Catalogne, dans le Bas-
Languedoc, en Provence, puis il remonte la vallée du Rhône et de la Saône, les
pays du Rhin et dans l’Europe Centrale. L’Art Roman est riche de ressources et de
solutions variées. Sa technique adopte de plus en plus la pierre pour toutes les
parties de l’édifice (excepté à l’Est et au Nord qui conservent longtemps la
couverture en charpente) ce qui lui confère par sa puissance et son unité, une
imposante grandeur.

Cependant, l’art roman en pays méditerranéen d’origine orientale n’est pas la


formule universelle de l’Occident. Dans cet autre climat moral, l’art carolingien
subsiste avec beaucoup de vigueur.
Sous l’invasion normande, l’architecture anglo-saxonne connaît une ère de grandeur
analogue à celle des pays du Rhin ! C’est en Germanie que se déploie la tradition
architecturale de l’Empire avec une politique ottonienne énergique. C’est là que la
construction, parfois sur des programmes considérables, apparaît le mieux comme le
signe de l’autorité et de la grandeur.

S’y développe aussi l’art des stuqueurs, des bronziers, des orfèvres et surtout de la
décoration des manuscrits (les enluminures).

De grands travaux sont nécessaires suite à l’infiltration des eaux du Rhin (-->
renforcer les piliers, surélever les murs...), plus l’incendie de 1159. Ces expériences
ont conduit au développement d’une architecture renouvelée. Dés le XIIème s.
commence à se voir en France la diversité de ses groupes régionaux, ainsi que la
famille des églises de pèlerinage. Apparaît, à la 1ère moitié du XIIème siècle un élément
nouveau, qui va transformer radicalement le système de construction et qui va
évoluer très rapidement en France : l’ogive, l’arc de renfort bandé diagonalement
sous les voûtes pour les soulager (=arc boutant).
L’arc-boutant, l’ogive, puis l’arc-brisé constituent essentiellement l’art gothique.

L’Homme roman prend conscience de lui-même dans l’art roman. Maturité historique
qui favorise l’audace des programmes, la richesse des ressources, la puissance
morale des institutions urbaine et monastique. Les villes, centres d’un territoire, pôles
d’attraction naturels pour un pays, en drainent les forces et en concentrent les
traditions et les expériences. Elles sont liées les unes aux autres par le commerce,
par la communauté des statuts, née de l’imitation des chartes. L’institution
monastique se propage au loin par les filiations ; elles ont l’ampleur de formation
urbaine avec leurs écoles, leurs ateliers d’art et d’industrie, leurs forgerons, leurs
orfèvres, leurs maçons... Elles agissent sur le monde ! Elles ont une force
d’organisation des foyers d’action.

Alors que les grecs n’ont considéré leur architecture que verticalement, les maîtres
du Moyen Age ont eu à résoudre le problème des composants obliques, du contre-
butement, etc... et par un raisonnement admirable, ils se sont progressivement
appliqués à spécialiser chaque membre selon sa fonction. C’est par là que leur
architecture est proprement un art de penser ! Les grecs ayant adopté une fois pour

Moyen Age 23/66


toutes la solution simple des piédroits et des plates-bandes en variant les mesures
harmonieusement.

L’église monastique est à la fois l’église des moines et l’église des pèlerins. Elle
abrite des corps saints et attire la dévotion des fidèles. Dans le chevet se trouvent les
chapelles abritant les reliques des saints en plus de celles qui peuvent être dans la
crypte. La basilique romane est une sorte de reliquaire immense ouvert à tous.

L’Art Gothique

Si le XIème siècle a été celui des grandes expériences romanes, le XIIème siècle est la
grande époque des expériences gothiques : un art roman par les masses et par
l’équilibre, mais gothique par la structure.

C’est en terre normande qu’il faut chercher les premières ogives et c’est dans la
région parisienne que les exemples sont le plus nombreux. C’est en Ile-de-France
que se sont créés les déambulatoires tournants.
L’Art Gothique s’exprime avant tout dans les cathédrales.

La cathédrale naît avec les communes, grandit et se couvre de statues et de


verrières. Là où naît la grande commune, la grande cathédrale apparaît d’autant plus
vaste et plus hardie que la commune est mieux armée et mieux assise, l’esprit
communal plus vivant.
L’église des clercs est trop étroite et trop sombre. Ce n’est plus la voûte écrasée
sous laquelle les pauvres gens qui vivent à l’ombre des monastères viennent
craintivement à l’heure des offices entendre la voix de l’Eglise dans l’obscurité, mais
c’est désormais une maison commune sonore et lumineuse, que le flot des hommes
peut envahir à toute heure, capable de contenir toute la ville, pleine de tumulte les
jours de marché, de chants les jours de culte, le tocsin les jours de révolte, la voix du
peuple tous les jours : la cathédrale, beauté mystique, d’une grande idée qui contient
le secret d’un monde !

Le Maître d’Oeuvre à qui s’adressent la commune et l’évêque ne sait à peu près rien
d’autre que son métier. Derrière lui la tradition romane-byzantine, confuse, qu’il
possède mal, devant lui, un problème à résoudre : bâtir un édifice assez vaste pour
contenir les habitants d’une cité. Il connaît bien sa matière, la pierre de France,
friable, facile à travailler. Il a son compas, son niveau d’eau, son fil à plomb, son
équerre. Autour de lui de bons ouvriers de même esprit, croyants, sans aucun doute
social, sans aucun doute religieux. Il possède un bon sens clair, une bonne logique
libre et droite. Une nouvelle fonction apparaît, très complexe, qui va absorber la vie
du siècle :le Maître d’Oeuvre !
Le Maître d’Oeuvre est un homme de son temps. Il conçoit un “squelette” où toutes
les pressions sont équilibrées et transmises (par la fameuse croisée d’ogives). Entre
l’arc-boutant et la voûte, l’édifice est comme une carcasse de cétacé géant
suspendue dans l’espace, que la lumière du ciel traverse dans tous les sens. Il parait
flotter dans les airs.
Exemples : Durham GB 1104, Morienval 1115, Paris, Bourges, Chartres, Beauvais
1247, Saint Denis, Reims, Laon, Sens...

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L’architecture de l’Art Gothique ne veut pas d’obscurité. Elle aime la lumière. Le
vitrail glorifie la lumière. On en met aussi dans les pièces des châteaux et des
maisons bourgeoises.

La cathédrale vit de la vie de ses bâtisseurs : une génération élève un étage en plein
cintre, une autre abandonne un bras de transept à moitié construit, ajoute une
couronne de chapelles, change le profil des tours, les multiplie ou les laisse
inachevées, fait flamboyer une rose (gothique) au front d’une nef romane
débarrassée de son berceau... la cathédrale monte, s’abaisse, s’étend avec nos
sentiments et nos désirs.
Là où les guerriers circulaient, ce sont maintenant les artistes et les marchands qui
circulent, diffusant “l’idée française”.
Des Maîtres d’Oeuvre français sont appelés de partout : Philippe Chinard chez
Frédéric II, Pierre d’Angicourt chez Charles d’Anjou en Sicile, Eudes de Montereau a
accompagné Saint Louis en Palestine pour fortifier Jaffa, Guillaume de Sens (le
meilleur) à Canterbury en GB pour faire la nef, Martin Ragevy et Villard de
Honnecourt en Hongrie, Mathieu d'Arras qui venait d’Avignon est appelé pour faire
les plans de la cathédrale et le pont de Prague, et bien d'autres architectes sont
appelés en Pologne, Finlande, Espagne, etc...
Quelques architectes célèbres : Jean d’Orbais a bâti Reims, Robert de Luzarches
Amiens, Pierre de Montereau la Sainte Chapelle...

Les Bénédictins, les Dominicains, les Cisterciens surtout fondent des Maisons et des
Ordres qui répandent sur l’Europe l’esprit vivant (Ordre des Templiers, Ordre de
Calatrava, Ordre Teutonique…) portent d’un bout à l’autre de la terre chrétienne, une
continuité d’action, une grande unité morale du catholicisme.
Les Maîtres d’Oeuvre arrivent avec un plan basique inspiré de cathédrale d’Amiens,
Reims Chartres ou Notre-Dame. Puis, le choix fait dans les grandes lignes, la
construction va pouvoir commencer après avoir rencontré tous les corps de métier
(les corporations). La construction d’une cathédrale dure 2 à 3 siècles. Les
architectes locaux succèdent aux Maîtres français, les maçons et les imagiers se
recrutent de plus en plus au sein des corporations locales et selon les saisons, la
nature des travaux, les négociations, les guerres, la paix, le financement disponible,
en final, les réalisations sont différentes de ce qui avait initialement été prévu !

Dans le premier art gothique, on trouve la tribune et les 4 étages (voire 5 : Bourges --
> baies + galeries) d’absides aux fenêtres étagées.

L’Art Gothique nous fait connaître l’humanisme, sa conception de l’homme et ses


rapports avec l’Univers. Il le montre avec ses exigences, ses misères et les
grandeurs de son destin.
Il le prend à tout âge, toute condition, maniant l’outil, subissant des maux. La partie
haute de Reims proclame la gloire de la justice de Dieu et la gloire de la patience
humaine ! Cet humanisme représenté et figuré, a de plus une sympathie pour tout ce
qui vit, respire, une compassion, une cordialité, une douceur des Evangiles, une
bonhomie formidables.
Il embrasse le tout et met l’homme au centre. Cette image de Dieu est toute
l’humanité.

Moyen Age 25/66


En comparaison, la statuaire grecque est incomplète : c’est une affirmation
catégorique de l’homme qui est voué à une solitude ! Le Moyen Age baigne l’homme
de toutes parts dans le courant des êtres et des choses. Cet art est esprit ! Il honore
les travaux de l’intelligence : l’ordre des symétries et des correspondances, la loi des
nombres.

Le Gothique Rayonnant

La 2ème moitié du XIIIème s. innove dans les formes, en poussant un raffinement


extrême, dangereux même. Plus d’étage, mais une élévation verticale infinie aux
fenêtres hautes qui éclairent les nefs avec des baies immenses qui prennent la
lumière en plein ciel (la 1ère cathédrale est celle de Chartres), le triforium est vitré et
tend à se confondre avec les fenêtres hautes, développement considérable des nefs
latérales.

Moyen Age 26/66


L’ Art Gothique ce sont les vastes fenêtres supérieures, les arcades et son triforium
ajouré, et bien sûr, les roses colossales (vitraux).

Beaucoup de lumière pour satisfaire la vue et l’esprit :

- Lumière du triforium percé vers l’extérieur,


- Lumière des grandes fenêtres descendues plus bas,
- Lumières des rosaces,
- Éclairage intérieur par l’évidement : annulation des masses inutiles en faveur du
développement des piliers (piles) dans l’espace.

Le Gothique Flamboyant

Il tient son nom de l’effet de flamme onduleuse que donne le réseau de nervures qui
se dresse infiniment. Issu du style curvilinéaire anglais importé lors de la guerre de
Cent Ans. Jamais l’architecture d’occident n’a été plus voisine de luxe ornemental
dans sa profusion sans but ni rapport avec la construction. Grand art pittoresque, aux
formes onduleuses, aux flammes de pierre, qui procède par touches et fait vibrer les
effets. Exemple de gothique flamboyant dans l’architecture civile : le Palais de
Justice de Rouen.

 la cathédrale de Beauvais : travaux commencés en 1247. Coeur terminé en


1272. Les voûtes portées par des piles (=piliers) trop grêles et arcs-boutants aux
culées de section trop minces s’écroulent en 1284. On rajoute des piles
intermédiaires sous les grandes arcades et aux voûtes des arcs supplémentaires.
Le transept est achevé début XVIème siècle. Une flèche de 153m est ajoutée. Elle
s’écroule en 1573.

 La cathédrale de Cologne : commencée en 1248. Coeur terminé en 1320.


Consacrée en 1322. La nef n’est entreprise qu’en 1350 malgré l’achèvement du
transept. Les travaux, extrêmement lents, s’interrompent en 1559 pour ne
reprendre qu’en 1824.

L’Art Gothique français classique importé en Angleterre y évolue rapidement vers le


décor baroque, dont les éléments nous reviennent à leur tour pour s’implanter et
devenir la forme suprême de l’art médiéval : le style flamboyant !
Il semble que l’art flamboyant soit la conséquence naturelle et nécessaire du principe
gothique, mais il en est la déviation : le rôle de l’architecture comme tonique de la
civilisation est terminé en Occident, du moins pour cette époque.

La peinture gothique resserrée sur d’étroits espaces dans les cathédrales du Nord
vont trouver sur les murs d’Italie, un vaste champ de recherches et de combinaisons
nouvelles. Les ateliers toscans propagent au loin leurs précieuses icônes.

C’est le début d’un autre âge : l’âge moderne !

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LA TAPISSERIE AU MOYEN AGE

Depuis le Moyen Age, “Tapisserie” signifie plusieurs genres d’ouvrages, différents par
leur technique, leur aspect ou leur utilisation. Il s’agit de travaux de laine et de soie,
relevés parfois de fils d’or ou d’argent, dont les fils de chaîne et les fils de trame,
entre-croisés à la main, sur un métier, permettent la création d’un tissu présentant
des personnages, des paysages ou des motifs décoratifs.

Il ne peut s’agir d’oeuvres brodées, exécutées à l’aiguille, comme celle très connue
de la “Tapisserie de Bayeux” (70m de long sur 0,50 m de haut) dîte la “Tapisserie de
la reine Mathilde” qui est une broderie représentant Guillaume le Conquérant
vainqueur à la bataille de Hastings contre le saxon Harold. Il deviendra roi
d’Angleterre.

Il existe deux sortes de tapisserie, variations d’une même technique : haute-lice et


basse-lice. Le résultat final est identique. La disposition de leurs chaînes au moment
du tissage est différente :

En haute-lice, le métier se tient verticalement et la chaîne est tendue à la


verticale,
En basse-lice, le métier se tient horizontalement et la chaîne est tendue à
l’horizontale. Des pédales permettent de mouvoir les fils de chaînes tendus.

Au Moyen Age, la chaîne des tapisseries est grosse et compte seulement 4 ou 5 fils
au centimètre. La construction des métiers ne permet pas de tendre complètement
les tissus : ce manque de rigidité provoque, après achèvement de l’ouvrage, un
déplacement des fils, variable selon les parties travaillées. Ces défauts se
transformeront en qualités, car il accentuera le côté expressif du travail.

Les liciers teintent eux-mêmes les matières premières qu’ils utilisent. Au Moyen Age,
il n’y a que très peu de couleurs franches. Traitées au tartre, les laines acquièrent
une solidité de tons qui ont traversé les siècles. Les couleurs sont d’origine végétale
et animale (insectes).

Dans les demeures royales et princières du Moyen age, les tapisseries constituent
un moyen efficace de lutter contre le froid. Aux tapisseries murales, sont assorties les
garnitures des lits, des sièges, des tapis de pied. De cette uniformité est venue
l’habitude des suites, des tentures aux différentes pièces, relatant les épisodes
successifs d’un cycle, d’une histoire. Elle reste en honneur jusqu’au XIXème siècle.
Les tapisseries marquent l’importance et la fortune de leurs possesseurs. Les
“chambres à tapisserie” ne sont pas un décor fixe : on les change par vanité, par
plaisir ou par habitude, à chaque saison.

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LES ORIGINES DE LA TAPISSERIE

Les Tapisseries chinoises


Les plus anciennes oeuvres encore existantes sont les restes de tissus de soie, les
“kosseus”, confectionnés en Chine, sous la dynastie Tchou (722-206 av.JC). Les
oeuvres réalisées sous la dynastie Tang (518-906 ap JC) sont d’une rare perfection.

Les Tapisseries coptes


En 640, les Arabes envahissent l’Egypte. La tapisserie, plusieurs fois centenaires,
s’adapte lentement au goût des vainqueurs, les ornements de soie multicolore se
substituent à la laine.
Au XIIème siècle, les décors continus reproduits pour les califes dans tous les
territoires soumis à la domination musulmane, les Croisades, mettent un terme à
cette efflorescence qui ne va pas sans susciter l’admiration des seigneurs francs, qui
s’émerveillent des productions textiles des infidèles et souhaitent posséder les soies,
les tissus brochés ou brodés de l’Islam.
Mais des ateliers de tapisserie auraient existés en France 50 ou 60 ans après
l’invasion musulmane, refoulée à Poitiers en 732.

LES ATELIERS DE PARIS

L’absence de texte, la pénurie des vestiges, nous laissent dans l’ignorance quant aux
ateliers parisiens de haute lice jusqu’à la fin du XIVème siècle. Par contre, ce que l’on
sait, c’est que le roi Jean le Bon, dans un inventaire de 1350, possédait 237 “tapis”
(avec fleurs de lys et armoiries) destinés à ses appartements, et à ceux de ses fils.
Ces tapis étaient livrés par des artisans ou marchands parisiens : Clément le Maçon,
Jehan du Tremblay, Philippe Doger ou Dogier...

Jusque vers 1360, les dessins sont géométriques, à compas (lignes arrondies au
moyen de compas) et des armoiries. Ensuite, oiseaux, petits animaux, “bestelettes”,
commencent à apparaître. En quelques années, vers 1370, une véritable révolution
s’opère dans l’ornementation des tissus : figuration de scènes religieuses et laïques,
compositions diverses à personnages, représentations de paysages et même de
scènes contemporaines.
Au XIIIème siècle, Paris a la réputation d’être la capitale intellectuelle de l’Occident. Au
XIVème siècle, son rayonnement va à l’Europe entière. Le roi Charles V et ses frères,
les ducs d’Anjou, de Berry et de Bourgogne, sont des mécènes avisés. Une véritable
Cour commence à se former dans l’entourage du souverain. La richesse et le luxe se
manifestent dans la plupart des domaines des Beaux-Arts. Une telle ambiance
favorise le développement de la tapisserie, qui, sans oublier son caractère utilitaire
(lutter contre le froid) commence à devenir une technique recherchée. Charles V et
ses frères multiplient les commandes aux hautes-liciers. Les initiatives de ces
mécènes avisés et promoteurs de travaux incomparables stimulent efficacement les
efforts des tapissiers contemporains (citons Stendhal : les Grands, en donnant les moyens
matériels de réaliser des chefs d’oeuvre, ont permis à certains artistes de se révéler dans toute
l’ampleur de leur génie), dont Nicolas Bataille, fournisseur attitré de la Maison Royale, qui
livra entre 1387 et 1400, 250 tapisseries et tapis.

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Nicolas Bataille

L’oeuvre la plus connue de Nicolas Bataille est la tenture de l “Apocalypse” d’Angers.


Les dessins et les patrons sont réalisés par le fameux artiste flamand Jean de
Bondolf, dit Jean ou Hennequin de Bruges, qui en 1371 reçoit le titre de Peintre du
Roi. Cette tenture était commandée par le fastueux duc Louis d’Anjou, au service
duquel Nicolas Bataille fut rattaché. La tenture de l’Apocalypse est constituée en 7
pièces de 24 m X 7 m. A la mort du duc Louis d’Anjou (1387), Nicolas Bataille
réalisera des travaux de moindre envergure (s’il n’y a plus de Grands pour demander de
grandes réalisations pour eux-mêmes, les artistes de génie ne pourront plus se révéler complètement
et ne réaliseront que des travaux plus petits…)

1389, pour le duc de Touraine : “l’Histoire de Theseus et l’Aigle d’Or”


1390, pour le duc d’Orléans, trois tentures remarquables : l’histoire de
Pentéasillée, reine des Amazones – l’histoire de Beuve de Hanstonne – les
aventures des enfants de Renaud de Montauban.
1395, pour le duc de Bourgogne, plusieurs tapisseries dont “les chevaliers avec
des dames” - “le château de Franchise” – “l’histoire de Godefroy de Bouillon” –
“l’hisoire de Bertrand Du Guesclin” – deux sujets de “Bergers et bergères”...
1397, terminée en 1400, exécutée avec Jacques Dourdin : la tenture de “Joutes
de saint Denis” faîtes “toute d’imagerie d’or et de fin fils d’Arras” commémorant la
réception du duc d’Orléans, frère de Charles VI, et de son cousin le duc Louis II
d’Anjou, dans l’ordre de chevalerie, évènement de mai 1389 suivi de fêtes
mémorables.

Jacques Dourdin

En 1376, il vend deux chambres complètes de tapisseries au duc de Savoie,


Amédée VI, dit le comte Verd. Entre 1386 et 1397, il exécute 17 tentures pour le duc
de Bourgogne. La reine Ysabeau de Bavière et le duc d’Orléans lui passent aussi
des commandes. En 1400, Nicolas Bataille meurt. Sa veuve continue durant un
temps à diriger l’atelier. Jacques Dourdin qui s’était associé à Nicolas Bataille pour
réaliser les “Joutes Saint-Denis” reprend le flambeau.

Après l’”Apocalypse”, deux autres ouvrages importants sont sortis des ateliers
parisiens :
“Les neufs Preux” (le roi Arthur trônant sous de larges architectures), 3 grandes
pièces, tenture destinée au duc de Berry. Un pendant féminin “les Preuses” a été
réalisé, surmonté des armes du Berry, qui a appartenu au roi Charles VI, neveu
du duc de Berry.
La “Présentation au Temple” (musée du Centenaire à Bruxelles) 1 pièce - aspect
simple et sculptural des draperies, expression sereine et calme des personnages.
Rapprochement et ressemblance entre les personnages féminins et la Vierge des
“Heures” du duc de Berry.

Les ateliers de Paris disparaîtront suite aux misères et malheurs engendrés par la
Guerre de Cent Ans, la bataille d’Azincourt en 1415, au profit des ateliers d’Arras.

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LES ATELIERS D’ARRAS ET DE TOURNAI

Ils ont probablement été créés fin XIIIème siècle, comme ceux de Paris. Mais alors que
les liciers parisiens allaient être dispersés ou ruinés par l’occupation anglaise (1418-
1436), la prospérité des métiers d’Arras sera hors d’atteinte. Leur renommée
deviendra internationale, au même titre que les Gobelins plus tard !

En 1369, le mariage de Marguerite de Flandre, fille de Louis de Mâle, avec Philippe


le Hardi, annonce un rattachement d’Arras au duché de Bourgogne, devenu effectif
en 1384. L’alliance du duc Philippe le Bel avec le roi d’Angleterre (1419) permet aux
ateliers d’Arras de continuer à s’approvisionner en laine issue des contrées
d’Angleterre. Ils conservent ainsi la possibilité de vendre librement leurs productions
et surtout de réaliser les commandes des ducs de Bourgogne, protecteurs avisés
des arts et des lettres, de Philippe le Hardi (1341-1404) fils du roi Jean le Bon et
frère de Charles V, de Jean sans Peur (1371-1419), de Philippe le Bon (1396-1467).
C’est là que les ateliers d’Arras sont leurs plus éclatants succès : ils portent très loin
le nom d’une cité florissante à la tête d’une province frontière ouverte à toutes les
activités de l’art français, sans rejeter les influences flamandes. Suivent les villes
comme Lille, Tournai, Cambrai, Valenciennes. Arras et Tournai bénéficient du vaste
mouvement artistique et intellectuel provoqué par les fastes des “Grands ducs
d’Occident”.

La fameuse “Bataille de Roosebecke” qui relate l’histoire de la bataille de Charles V


et de Louis de Male, beau-père de Philippe le Hardi, contre les Flamands en révolte.
Mise sur les métiers en 1387, soit 5 ans après l’évènement, la tapisserie est réalisée
avec des laines relevées de soie et de fils de Chypre, fait environ 295 m2. Peu
maniable, trop lourde, elle a été coupée en trois gros morceaux en 1406, puis à
nouveau chacun d’eux en deux. En 1536, l’inventaire de Charles Quint précise
qu’elle est “fort vieille et fort usée”.
Les ateliers d’Arras du temps de Philippe le Hardi (75 tapisseries exécutées pour lui)
réalisent également des tapisseries religieuses, comme par exemple :
“L’Histoire de saint Piat et de saint Eleuthère” en 1402. Les récits accompagnés de
commentaires explicatifs devaient occuper initialement deux pièces de tapisserie,
divisée en 18 scènes, destinées à orner les dossiers des stalles les jours de fête. Il
n’en reste que 14, 6 consacrées à saint Piat et 8 à saint Eleuthère. L’ensemble
mesure 22 m de long sur 2,25 m de haut.

Dans les tapisseries d’Arras du XVème siècle, les principales oeuvres sont les cinq
pièces à sujets courtois, relevés de fils d’or :
“L’offrande du coeur” (musée du Moyen Age), influencé par l’art des frères
Limbourg qui ont réalisé les célèbres enluminures des “Très riches Heures” du
duc de Berry.
“La résurrection” (au Louvre), longue et étroite : 2,40 X 0,77, relevée de fils
d’argent doré.
“Le Roman de Jourdain de Blaye” (musée municipal de Padoue)
“Les Chasses” de Chatsworth House (Victoria & Albert Museum de Londres)
inspirées des enluminures du Livre de la Chasse de Gaston de Foix, dit Gaston
Phébus, 1370 - 4 pièces.
“La Passion du Christ” de La Seo de Saragosse – 2 pièces.

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Autres tapisseries connues en provenance des ateliers d’Arras :

“L’histoire de Clovis” 1440 – 6 pièces. Offertes pour le mariage de Charles le


Téméraire et de Marguerite d’York en 1468. Puis elles passent à la maison
d’Autriche lors de l’union de Marie de Bourgogne (fille de Charles le Téméraire) et
de Maximilien 1er. Elles échoient ensuite chez François de Guise, puis chez son
frère Charles de Guise qui les offre à la cathédrale de Reims en 1573.

“La Prise de Jérusalem par Titus” – 4 pièces. Signalées dans les inventaires de
Jacqueline de Bavière, veuve du 2e fils de Charles VI en 1419, dans ceux du
Pape Paul II en 1457 et dans ceux d’Anne de Bretagne en 1514. Ces pièces
appartenaient au cycle antique, avec “l’Histoire de Tarquin” – celle de Herkenbald,
de Trajan et celle de Jules César.

Le cycle de la Guerre de Troie, exécuté sur une période de 50 ans. On peut voir
au Victoria & Albert Museum de Londres la tapisserie qui relate “Entrevue de
Penthésitée et de Priam”, “le combat de Penthésilée aux côtés des Troyens”,
“l’Armement de Pyrrhus” ; au MET de New York : “Andromaque et Hector” et
“Hector et Priam”.

LES ATELIERS DE TOURNAI

La tenture de “Gédéon” – 8 pièces – commencée en 1449, achevée en 1453.


Commandée par le duc de Bourgogne Philippe le Bon, destinée à orner la salle
de l’Ordre de la Toison d’Or, fondé en 1429 par lui.
La tenture de “L’Histoire de saint Pierre” – 10 pièces (6 à Beauvais, 1 au musée
du Moyen Age, 1 au musée de Boston), destinée à commémorer la fin de la
Guerre de Cent Ans : le mot “paix” inscrit partout !.
Les “Sept Sacrements” (baptême-mariage-extrême-onction- ordre-confirmation-
communion).

Pasquier Grenier

Fabricant de tapisserie “à la marche” ou en basse lice, il est “marcheteur” en 1449.


Il reçoit des commandes des ducs de Bourgogne, grâce à la perfection de ses
travaux très attrayants :
1459, à Philippe le Bon : une “Histoire d’Alexandre”, rehaussée de soie et de fil
de Chypre – 7 pièces.
1461, au prince Philippe le Bon : une “Passion de notre Seigneur” et une
chambre de tapisserie avec des “Paysans” et des “Bûcherons”.
1462, il vend “L’histoire d’Esther et d’Assuérus” - 6 pièces - et “L’histoire du
Chevalier au cygne”.
1466, ce sont “Les chambres d’orangers” et de “Bûcherons” destinés à la
duchesse de Bourbon et la duchesse de Gueldre.
1472, Charles le Téméraire (fils et successeur de Philippe le Bon) reçoit une
pièce de “la Guerre de Troyes”.

Moyen Age 32/66


Le domaine des ducs de Bourgogne intégrant le royaume de France en 1477 (sous
Louis XI), les métiers à tisser ont été remontés en terre bourguignonne, dans le
centre du royaume de France, Bourges, Tours, Angers, Blois, où des ouvrages
textiles libérés d’influences étrangères pourront être achevés. Les industries
somptuaires ne peuvent prospérer que dans le voisinage de la Cour, par conséquent
les liciers parisiens se réfugient et reprennent l’exercice de leur profession dans la
région de la Loire, dénommé “ateliers de la Loire”, fin XVème début XVIème siècle. Il y a
à cette époque aussi, des liciers nomades, fuyants leurs villes natales en guerre,
errant de cité en cité, de château en abbaye, prêts à s’arrêter selon les hasards des
commandes. Ainsi ils réalisent de nombreuses tapisseries religieuses exécutées
pour des églises ou des monastères dispersés dans le royaume. C’est l’ultime legs
des traditions du Moyen Age. Exécution certes lente, mais favorisant les novateurs,
effaçant progressivement une civilisation et ses conceptions artistiques qui fera place
aux apports progressifs de la Renaissance...

De cette fin XVème siècle, citons les tapisseries les plus connues : les « mille fleurs » !
Tapisserie aux fonds entièrement semés de fleurettes, tissées aux alentours de
1500. Existe en nombre considérable, formant un groupe, celui des mille-fleurs.
Réalisme attrayant, admirable harmonie, excellente association de leur coloris, ce
qui les place parmi les réussites les plus accomplies du goût français !
A fond bleu ou à fond rose, les mille-fleurs ont leurs variantes et leurs répétitions.
Ces tapisseries auraient été réalisées par des liciers nomades.

Les plus connues :

“La vie seigneuriale”, 6 pièces à fond bleu (Promenade – Départ pour la chasse –
Lecture – Broderie – Bain – Scènes galantes). On pense qu’elles ont été tissées
dans les ateliers des bords de “la Loire”.

“La Noble Pastorale” – 3 pièces - les plus parfaites mille-fleurs (au Louvre) :
danse-Cueillette des fruits – Jeu de la marelle – Tonte des moutons – Travail de
la laine). Elles sont tissées pour Chenonceaux.

“La Dame à la Licorne” – fin XVème siècle – 6 pièces – réputation internationale.


Sur chaque pièce une ou deux figures féminines entre un lion, symbole de la
noblesse d’épée (chevalerie) & une licorne, symbole de l’incorruptibilité de la
noblesse de robe. Ils tiennent des bannières armoriées. Elles évoquent les 5
sens. La 6ème tapisserie avec la devise “mon seul désir” avec les lettres A et P
demeurent inexpliquées. Elles sont mises sur le métier vers 1480.

Moyen Age 33/66


LE MOBILIER AU MOYEN AGE

Au Moyen Age, rares sont les meubles dans les châteaux, plus rares encore dans les
demeures citadines et presque inexistants dans les maisons paysannes.
Pour construire des meubles solides et résistants, le chêne est le bois le plus
employé en France jusqu'au XVIème siècle (1650 pour l'Angleterre), puis vient le
noyer auquel succèdera l'acajou.
La Bourgogne, le Languedoc, la Provence ainsi que l'Italie et l'Espagne préfèrent le
noyer. Dans presque toutes les provinces, les bois fruitiers sont utilisés en fonction
des besoins (poirier, pommier, merisier). Les résineux sont employés en charpenterie
et en huisserie.
A partir du XVIIIème siècle, les meubles se multiplient et se diversifient. La demande
de bois est forte, et les menuisiers font appel à des essences très variées qui ont
chacune leur propriété.

Les corporations s'organisent :


A l'époque carolingienne (VIIIème au Xème siècle) les « huchiers » (=charpentiers)
commencent à s'organiser en corporations laïques même si leurs ateliers sont
installés dans les communautés religieuses. De génération en génération, la
transmission des secrets du métier, l'initiation et le recrutement de nouveaux
compagnons se font par l'apprentissage. A la suite d'une division du travail, certains
artisans délaissent le gros oeuvre ( la charpenterie) pour réaliser des coffres, bans,
sièges à "menus bois", d'où le nom de "menuisier", chargé d'exécuter les parties
mobiles de la maison, d'où le nom "mobilier".

LES STYLES DU MOYEN AGE

Il n'y a pas un style médiéval unique, mais une série de styles qui évoluent en
s'inspirant des éléments décoratifs de l'architecture.

L'époque romane (XI-XIIème siècles)


Armoires, tables, bancs, coffres ou bahuts, servent à "transbahuter" les tapisseries,
les vêtements ou l'argenterie, d'un château à l'autre, dans les temps où il faut fuir
brusquement soldats et pilleurs. Cette nécessité de déplacements rapides et
fréquents explique le petit nombre de meubles alors en usage.

Les premiers décors


Ils sont empruntés aux motifs sculptés dans la pierre, tels que dés, cubes en léger
relief ou encore des dents de loup. Les entrelacs et paluettes se retrouvent parfois
dans les pentures en fer forgé des façades des coffres : l'évolution des techniques de
construction des meubles permet progressivement de renforcer les assemblages et
de renoncer aux lourdes peintures de fer forgé.
A partir du XVème siècle, les panneaux sont sculptés de motifs géométriques puisés
dans le répertoire architectural : croix, rosaces, étoiles, cercles, torsades, damiers,
animaux, végétaux stylisés.

Moyen Age 34/66


Les premiers meubles
- le coffre : essentiellement pour contenir le linge et les objets familiers allant de la
vaisselle aux bijoux.
- Les tables : planches épaisses et à peine dégrossies posées sur des tréteaux
mobiles.
- Les armoires
- Les lits (ou châlits) : planches assemblées, enrobées de courtines ou tentures
surmontées d'un pavillon (garde la chaleur l'hiver)
- Les premiers sièges : deux types : les chaises et les faudesteuils
- Les chayères, ou chaires : sorte de trônes
- Les faudesteuils : sièges d'honneur réservés aux nobles et aux évêques. Ces
sièges d'apparat, d'assise assez haute, sont souvent complétés par un tabouret
d'appui pour les pieds.
- Le banc roman : à 2 ou places, comporte également des dossiers, accotoires. Le
siège est recouvert d'étoffe et de coussins.
- La selle : tabouret rond à 3 pieds divergents.

L'époque gothique ( XIII au XVème siècles)

3 styles gothiques successifs : les gothiques lancéolé, rayonnant, flamboyant.

Les décors et les motifs


Le gothique lancéolé mi XIIè à mi XIIIème
Des arcatures se rejoignent en forme de pointe de lance, ou de lancette, croisée
d'ogives qui les enserrent. Cette période où les formes élancées sont sobres et
géométriques s'appelle parfois le gothique primitif.
Le gothique rayonnant mi XIIIè à fin XIVème
Egalement formes ogivales mais surchargées d'ornements naturalistes (feuillages
fleuris, boutons, rosaces...).
Le gothique flamboyant XVème siècle
Entrelacs nerveux et feuillages déchiquetés, surmontés de pignons, de bourgeons et
clochetons fleuris.

Les meubles
Dans les nouveautés par rapport au roman, certains coffres comportent à la base un
tiroir destiné au rangement des tentures et tapisseries.
A la fin XVème et tout le XVIème siècle, apparaît le motif "à plis de serviette", encore
appelé "en parchemin".
- Le dressoir : coffre à porte surélevé, parfois muni de deux tiroirs de rangement,
destiné à présenter l'orfèvrerie. Ce meuble d'apparat prendra le nom de buffet.
- Les armoires : grandes et profondes
- Les lits : surmontés d'un pavillon suspendu. Aux quatre angles des colonnettes
supportant des panneaux.
- Les tables : toujours des planches et tréteaux, en attendant les tables à l'italienne
de la Renaissance.

Moyen Age 35/66


ANNEXES

Moyen Age 36/66


L’AVENTURE DES CROISADES
1095 – 1270

Deux siècles d’épopées et d’affrontements Chrétienté contre Islam.

Rappel des faits :


L’empereur Constantin le Grand (270-337) qui a fait du christianisme la religion
officielle de l’empire romain, a fait édifier sur l’emplacement du tombeau du Christ,
« l’Eglise de la Résurrection ». Les visiteurs affluent de toute part, et les Arabes ne
s’en offusquent pas encore, car ils font d’appréciables bénéfices sur diverses taxes
de ces pèlerinages.
A partir de 622, Mahomet entame ses conquêtes mais l’invasion musulmane
n’interrompt pas la venue des pèlerins. Par la suite, cette affluence de pèlerins finit
pas susciter des craintes, les autochtones craignent qu’elle ne dégénère en invasion,
et jugent bon d’en freiner le cours. Chrétiens d’Orient et d’Occident vont subir
progressivement toutes sortes d’offenses, de vexations, de violences, et le prix pour
entrer à Jérusalem devient exorbitant !

Puis, en 1076, les turcs ont :


- enlevé Jérusalem aux tribus fatimides d’Egypte,
- enlevé la puissante cité Antioche à l’empereur grec de Constantinople, Alexis
Comnène,
- annexé la Haute-Syrie,
- envahi la quasi totalité de l’Asie mineure.

Depuis cette domination turque, la situation ne s’est pas améliorée, et la chrétienté


tout entière est indignée. Les pèlerins rapportent de leur épopée qu’aucune
protection ne garantit leur bourse ni leur vie, que le Saint Sépulcre lui-même est
devenu l’objet d’outrages révoltants. La délivrance et la garde des Lieux Saints
deviennent alors une priorité dans toute l’Europe.

Menacé jusque dans sa capitale, Alexis Comnène, qui règne sur des débris de ce
que fut l’Empire romain d’Orient, se tourne alors vers ses frères Chrétiens d’Occident
pour implorer leur assistance.

Désormais, pendant deux siècles, les soldats du Christ et de Mahomet vont


s’affronter sur fond de politique, d’intérêts particuliers, de vengeance et de dévotion.
La présence européenne finira par s’incliner militairement devant un ennemi toujours
supérieur en nombre.

Parmi les pèlerins, les plus éclairés ont rapporté des éléments fondamentaux de
connaissances jusqu’alors inconnues chez les européens. Ils transmettent ainsi les
lumières d’une science traditionnelle qui va vivifier l’Occident pendant tout le Moyen
Age.

Moyen Age 37/66


LA 1ère CROISADE
1096 - 1099

C’est au concile de Clermont (27.11.1095), sous le pape Urbain II, que la décision de
s’armer contre l’Orient est ratifiée. Les outrages au Saint Tombeau, les appels
d’Alexis Comnène, la supplique des pèlerins, la menace des conquêtes turques, y
ont contribué.

Ils seront un million à attacher sur leur poitrine la croix de drap rouge, signe de leur
engagement. Certes, la tradition chrétienne primitive interdit les recours aux armes
en quelque situation que ce soit. C’est sous Saint Augustin qu’apparaît l’idée de
guerre contre les hérétiques que les armes spirituelles ne peuvent pas convaincre.
Elle va s’appliquer indistinctement à tous les ennemis de la foi.

A tous ceux qui prendront la croix :


- tous les pêchés seront absous,
- leurs familles et leurs biens bénéficieront de la protection de l’Eglise,
- ils seront exempts d’impôts,
- ils seront à l’abri de toute poursuite pendant leur absence.

Toutefois, un clerc ne peut partir sans l’approbation de son supérieur, une fidèle sans
le conseil d’un prêtre, un jeune marié sans le consentement de son épouse. Une fois
prononcé, le voeu est irrémissible !

Le désir de libérer la Terre Sainte devient une passion universelle. Tous les peuples
reçoivent la même impulsion : le sauvage Ecossais aux jambes nues, Comtes,
chevaliers... Ceux qui prennent la Croix se hâtent de vendre leurs biens à bas prix
comme s’il s’agissait de racheter leur liberté ou leur vie...

Dés le début, il y a deux mouvements bien distincts :

- les nobles, animés d’une soif ardente de gloire, de combats et d’aventures


lointaines,
- les manants, qui ne peuvent qu’espérer une existence différente en quittant leur
condition misérable dans la société féodale.

En revanche, tous nourrissent une grande dévotion pour la terre qu’à foulée le Christ
et souhaitent évincer les infidèles (=les musulmans).
Les nobles (princes, chevaliers, capitaines) vendant ou engageant leurs fiefs pour
mettre leurs armées sur pied, préparent sans hâte leur itinéraire, agissant avec
prudence, en hommes de métier.
Les manants, s’attroupent sans ordre dans les campagnes, peu armés, sans
formation militaire, mal encadrés, mais impatients de marcher contre les infidèles.

Moyen Age 38/66


LA CROISADE POPULAIRE

Des bandes populaires, sans aucune structure, sont les premières à s’ébranler. Des
familles entières se mettent en route derrière Pierre L’Ermite qui se charge du
commandement. Comme ces armées risquent par leur nombre d’affamer les pays
qu’elles doivent traverser, il a été décidé qu’elles ne partiront pas en même temps, et
suivront des routes différentes pour se rejoindre à Constantinople. De là, elles
passeront le Bosphore, et descendront la Syrie jusqu’à Jérusalem.

Sous prétexte de venger le meurtre de Jésus, dont ils vont reconquérir le tombeau,
ils massacrent les juifs partout où ils les rencontrent. La violence amène la violence:
avec les juifs on tue aussi des chrétiens, on pille pour se procurer des vivres. En
Hongrie et en Bulgarie les désordres sont tels que la population s’arme et rejette les
Croisés sur la Thrace, après en avoir tué beaucoup. De 100.000 au départ, il ne
reste que 30.000 pèlerins devant Constantinople, après 4 mois de marche et de
misères. Leur route, depuis le Rhin, est parsemée de cadavres.
A Constantinople l’empereur Alexis Comnène, peu rassuré par ce secours qui lui
arrive dans sa lutte contre les musulmans, s’empresse d’en faciliter l’écoulement
vers l’Asie. Pour franchir le détroit du Bosphore, il met à la disposition de ces
premiers Croisés tous les vaisseaux de sa flotte afin qu’ils attendent de l’autre côté
les corps d’armée des nobles. Impatients de combattre et de piller, les croisés
décident cependant d’attaquer sans délai la ville de Nicée (= Iznick)) située à 2 ou 3
jours de marche.
Malheureusement, les turcs avertis de leurs intentions, se précipitent à leur rencontre
et c’est un grand carnage. 20.000 trouvent la mort. Pierre L’Ermite regagne
rapidement Constantinople et y attend l’armée régulière. On est en 1096, fin de cette
croisade populaire...

LA CROISADE DES NOBLES

100.000 chevaliers et 600.000 fantassins. Chaque chevalier emmène avec lui entre 5
et 10 servants, choisis parmi l’élite. Il y a aussi des lanciers, des archers, des
albalètriers, plus ceux qui manipulent les machines de guerre avec leurs auxiliaires.
Tous sans exception sont hommes de guerre et prennent différentes routes sous
différents chefs.
Les Français du nord et les Lorrains passent par l’Allemagne et la Hongrie, avec à
leur tête Godefroy, duc de Bouillon et de Basse Lorraine, descendant de
Charlemagne par les femmes, né en 1058 dans le Brabant. Il a engagé et vendu la
plupart de ses terres, sa principauté de Stenay et son duché de Bouillon afin de
couvrir les frais d’expédition. Ses frères l’accompagnent, ses cousins et beaucoup
d’autres comme le comte Hugues de Vermandois, frère du roi de France Philippe 1er,
Robert Courte-Heuse, duc de Normandie, fils aîné de Guillaume le Conquérant...
Les Français du midi suivent Raymond IV de Saint Gilles, comte de Toulouse,
accompagné de son épouse Elvire de Castille. Il laisse l’administration de ses Etats à
son fils Bertrand pour prendre le commandement d’une armée d’aquitains et de
provençaux. Après avoir franchi l’Adriatique, la Grèce et la Macédoine, cinq armées
se retrouvent devant Constantinople. Elles regroupent des Lorrains, des Flamands,
des Provençaux, des Français et des Normands.

Moyen Age 39/66


Ils veulent venger le désastre des bandes de Pierre l’Ermite à Nicée et décident de
faire le siège de Nicée. Il durera un mois et demi. En vain, car les grecs reprennent
leur ancienne possession. Ils quittent alors Nicée en 1097 pour se rendre à
Jérusalem. Ils se séparent en deux corps : un par l’intérieur des terres, l’autre longe
les côtes.

Pour traverser l’Asie mineure, les deux armées traversent des lieux solitaires et
arides. Les Croisés souffrent. Des petits escadrons turcs tournent sans cesse autour
d’eux, enlèvent les retardataires et les malades, empêchant qu’on s’écarte pour aller
chercher des vivres, du fourrage ou de l’eau. La deuxième armée, après trois jours
de marche, rencontre à Dorylée une troupe de cavaliers turcs, menée par le sultan
Qilidj-Arslâm. Un messager est envoyé à Godefroy de Bouillon qui arrive quand déjà
un grand nombre de têtes sont coupées par les turcs et l’armée sur le point d’être
écrasée. Qilidj-Arslâm et sa troupe s’enfuient en voyant Godefroy et abandonne sur
place le trésor royal qu’il ne quittait jamais. Si Godefroy, chevalier de la foi, est
irréprochable, les autres princes et barons, eux, montrent à chaque instant leur
faiblesse d’homme et leur soif de conquête.
Après la bataille de Dorylée, la marche reprend vers la puissante cité fortifiée
d’Antioche, clef de la Syrie, passage obligé vers la Palestine. Les Croisés ne sont
plus que 300.000 lorsqu’ils arrivent devant les murs d’enceinte (10 km) d’Antioche.
Là, les pèlerins devront faire face à 8 mois de siège, aux froidures de l’hiver, aux
fièvres, à la peste, à la famine. Las de nombreuses privations endurées depuis leur
départ, les pèlerins ont la foi qui chancelle et se livrent à la débauche.
Raymond d’Aiguilhers ou d’Agiles, chapelain du comte de Toulouse et chroniqueur
de la croisade, relate le siège d’Antioche, la campagne de Judée et la prise de
Jérusalem.
Beaucoup de Croisés désespérant de ne jamais arriver à Jérusalem ont quitté
l’armée pour retourner en Europe. Le 13 janvier 1099, les Croisés (50.000 hommes)
repartent ne laissant qu’une faible garnison dans la cité d’Antioche. Ils longent la
Méditerranée afin de rester en communication avec les Gênois et les Pisans qui leur
fournissent des vivres. On approche du but !

LA BATAILLE DE JERUSALEM

Les navires pisans et génois amènent sur les rivages syriens, outre les vivres, des
hommes d’armes et des machines de guerre. Le 7 juin 1099, du mont Carmel, les
Croisés aperçoivent Jérusalem. Ils tombent à genoux, embrassent la Terre Sainte et
crient “Jérusalem ! Dieu le veut !” La ferveur et la joie emplissent les coeurs.
Le 15 juillet 1099, les Croisés investissent la ville de Jérusalem et c’est une véritable
boucherie : pendant deux jours, les rues se transforment en abattoir. Vieillards,
femmes, enfants, religieux sont massacrés. Massacres également dans la mosquée
(70.000 hommes). Les juifs sont rassemblés dans leur synagogue puis brûlés vifs.
Les monuments des saints et le tombeau d’Abraham sont détruits. Pendant une
semaine les musulmans sont massacrés. Le combat terminé, les Croisés déposent
leurs armes, changent de vêtements, purifient leurs mains sanglantes, et pieds nus,
chantent des hymnes et des cantiques sacrés, vont visiter les Lieux saints avec une
dévotion ardente. Godefroy de Bouillon est nommé souverain de Jérusalem (il meurt
en 1100). Pierre l’Ermite retourne en France et se retire dans le monastère qu’il a
fondé. Il ne restera que 300 chevaliers auprès de Godefroy.

Moyen Age 40/66


Mais l’Europe est refroidie quand elle voit revenir si peu de monde d’une expédition
aussi gigantesque et 50 ans s’écouleront avant qu’une autre croisade soit entreprise
pour soutenir les chrétiens de Palestine. (Le Tasse relate l’épopée de Godefroy de
Bouillon dont il est le héros dans sa “Jérusalem délivrée”).

La croisade a permis la délivrance des Lieux Saints, mais aussi de mettre un terme
au fléau des guerres privées. L’Occident débarrassé, le temps d’une croisade, de ses
féodaux va-t-en-guerre, va voir monter deux puissances nouvelles : la royauté et les
communes. Les routes du commerce vers l’Orient s’ouvrent, l’industrie se réveille
pour fournir des armes, harnais, vêtements... les artisans comme les marchands vont
se multiplier et devenir ces bourgeois qui s’opposeront aux nobles le moment venu...

LA 2ème CROISADE
1147 – 1149

Comme son père Louis VI avait affermi son pouvoir sur les seigneurs partis en
première croisade et qui se sont ruinés pour aller à Jérusalem et souvent n’en sont
pas revenus, on déconseille à Louis VII, pieux, de prendre la Croix. Aucun roi n’a
pris part à la 1ère croisade. Cette fois, Conrad III, empereur d’Allemagne, veut partir,
Louis VII s’engage aussi.
Bernard de Clairvaux, fondateur de l’abbaye de Clairvaux (ordre cistercien) conseiller
du pape Eugène III, est chargé par ce dernier de prêcher un nouveau départ en
Palestine. Il obtient l’adhésion massive des barons et celle de Louis de France avec
son épouse Aliénor d’Aquitaine. Suger, l’abbé de Saint-Denis et administrateur du
royaume, tente de s’y opposer en vain.
L’armée allemande arrive la première à Constantinople. Les grecs les attendent : ils
égorgent les retardataires, mettent de la chaux à la farine vendue, Manuel Comnène
(petit-fils d’Alexis) crée une fausse monnaie qu’on donne aux pèlerins quand ils ont
quelque chose à vendre, et qu’on leur refuse quand ils ont quelque chose à acheter.
Ils doivent faire face à la famine, aux attaques surprises des turcs, la soif et la fatigue
: c’est un désastre général. Un petit nombre de rescapés se replie sur Nicée et
rejoint l’armée française qui s’avance en bon ordre vers Antioche où est installé
Raymond de Poitiers, oncle de la reine Aliénor. Arrivés à Satalie (= Antalya)
impossible d’aller plus loin. Les chrétiens campent sous les murs de la ville, exposés
aux intempéries et aux attaques des musulmans. Le roi Louis VII et ses barons
montent sur des vaisseaux prêtés par le gouverneur grec en abandonnant les
pèlerins à qui le gouverneur a promis de les faire conduire par voie de terre.
Promesse non tenue : ils meurent de faim ou sous les flèches des turcs. Certains
accusant le Christ de les avoir trompés, se convertissent à l’Islam.

Lorsque Louis VII arrive à Antioche, il est somptueusement reçu par l’oncle d’Aliénor
qui séduit la reine pour qu’elle intervienne auprès du roi en sa faveur : il revendique
les droits de Constantinople sur Antioche et veut reconquérir certaines provinces qu’il
a perdues le long de l’Oronte. Le roi devient jaloux, d’autant plus que la reine fait de
somptueux cadeaux à un jeune turc. La reine dit son intention de se séparer du roi.
Ce dernier la fait enlever de force et ils quittent secrètement la ville de nuit suivis des
barons et de l’armée en direction de Jérusalem.

Moyen Age 41/66


Quelques années plus tard, en 1152, le divorce va être prononcé. Aliénor se
remariera avec Henri Plantagenêt futur roi d’Angleterre, et fera de l’Aquitaine une
province anglaise, et du même coup, sera la base d’interminables rivalités de la
guerre de Cent Ans.

Arrivés à Damas, on décide de prendre la ville, perle de l’Orient, ville sainte de


l’Islam. Mais les princes chrétiens se disputent la peau de l’ours avant de l’avoir tué.
Le choix du comte de Flandre comme prince de Damas est contesté par les autres
barons. Comme la cause d’un seul homme est moins motivante, on se bat avec
beaucoup moins de zèle, ce qui laisse le temps aux musulmans d’arriver et aux
barons de Jérusalem, accusés de trahison par les barons croisés, de négocier avec
les assiégés. Devant le danger que représentent les fils de Zengui dont le redoutable
Nur al-Dîn, il faut lever le siège (4 jours, du 24 au 28 juillet 1148) et rentrer à
Jérusalem.
Le roi Louis de France et l’empereur Conrad d’Allemagne regagnent l’Europe,
indignés et déçus. Ils se sont ridiculisés aux yeux des musulmans qui les ont vus
rebrousser chemin sans livrer bataille. Ils repartent plein de ressentiment, laissant
derrière eux l’espoir déçu des uns, la méfiance des autres et une noire amertume
dans le coeur de leurs propres troupes.

La 1ère croisade a au moins atteint son but : délivrer Jérusalem ! La 2ème croisade,
simple pèlerinage princier, sans aucun résultat positif, a inutilement répandu le sang
chrétien. La Palestine se trouve affaiblie, le prestige des guerriers diminué, l’Islam
renforcé et les Croisés ne rapportent que la honte ou comme Louis VII qui ne voyage
pas dans le même bateau que sa femme Aliénor, le déshonneur.
Après leur départ, Salah al-Dîn, Saladin pour les Occidentaux, sultan de Damas et
du Caire, reprend 50 villes ou places fortes, dont Jérusalem.

LA 3ème CROISADE
1189 – 1191

A la nouvelle perte de Jérusalem, la consternation est vive en Occident. En 1188, le


roi d’Angleterre Henri II (qui mourra en 1189) et le roi de France Philippe Auguste
décident de se croiser, ainsi que Richard Coeur de Lion, fils d’Henri II, le comte de
Flandres, les ducs de Bourgogne, de Blois, et bien d’autres barons, chevaliers,
évêques de France et d’Angleterre. Un impôt est créé pour couvrir les frais de
l’expédition, la dîme saladine (=dixième partie de leur mobilier et de leurs revenus).
Elle est due par ceux qui renoncent à partir. Seuls sont exemptés les couvents de
Cîteaux, des Chartreux et de Fontevrault. Les autres religieux ne peuvent y
échapper, mais sont récalcitrants et invoquent “ceux qui vont combattre pour l’Eglise
ne doivent pas commencer par la piller !”.

Jusque là, les premiers capétiens vivaient en bons propriétaires du revenu de leurs
domaines. Lorsqu’ils partaient, leurs vassaux venaient auprès d’eux faire le service
de leur fief, conformément à leur serment. Sous Philippe Auguste, cela revient cher
de mettre une armée sur pied parceque les vassaux n’accordent plus leurs services
aussi facilement. Il faut alors louer des mercenaires qui vendent fort cher leur
courage. Les bandes armées ou “compagnies” qui en temps de paix désolent le
territoire vont constituer un fléau qui ne disparaîtra qu’à la fin de la guerre de Cent
Ans.
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En 1190, le roi Philippe II Auguste fait son testament et confie le gouvernement du
royaume à sa mère et ses oncles de Champagne, en fixant soigneusement les
limites de leurs pouvoirs et en organisant l’administration afin qu’elle puisse
fonctionner en son absence.
Les rois de France et d’Angleterre, Richard Coeur de Lion, veillent à la bonne
conduite de leurs armées, ordonnant une stricte discipline afin d’éviter les
débordements des expéditions précédentes. Il n’y aura plus de non-combattants qui
gênaient l’avance des soldats. Ces princes partent en 1191 pour la Palestine. L’un
embarque à Marseille, l’autre à Gênes. L’empereur germanique Frédéric de
Hohenstaufen, dit “Barberousse”, prend aussi la Croix. Il avait participé à la 2ème
croisade aux côtés de Conrad III, et il impose également un règlement sévère pour
éviter les désordres des foules en marche. Il part avec ses plus illustres lieutenants,
dont Frédéric de Souabe, en 1189.
Ils arrivent devant Constantinople, et la guerre éclate. Les allemands sont
vainqueurs. Barberousse s’avance en Asie mineure. Devant Iconium, ils livrent
bataille. Barberousse est à nouveau vainqueur. Il continue sa route et à cause de la
chaleur se baigne dans une rivière et meurt d’hydrocution le 10 juin 1990 à 70 ans.
C’est un vrai désastre dans les armées allemandes. Frédéric de Souabe ne parvient
pas à maintenir l’ordre et les armées se fractionnent : une partie retourne en Europe,
l’autre est capturée par Saladin. Les 1000 à 2000 hommes restant se rallient à
Frédéric de Souabe près de Saint Jean d’Acre.

Des barons français arrivent avec Philippe Auguste près de Saint Jean d’Acre,
auprès de Guy de Lusignan, avec des génois, des pisans, des danois et des
norvégiens. Les Croisés veulent reprendre Saint Jean d’Acre. Richard Coeur de Lion
épouse Bérangère de Navarre dans sa terre nouvellement conquise, Chypre.
Le 12 juillet 1191, après un siège de 3 ans, la ville tombe aux mains des Croisés qui
recherche un port pour débarquer en Terre Sainte puisque les armées maintenant
arrivent par mer et donc contourne Constantinople.
102.000 chrétiens vont périr dans le siège de St Jean d’Acre qui va se révéler inutile.
Richard Coeur de Lion, orgueilleux, blesse ses alliés et se conduit alors en Maître de
la croisade. Philippe Auguste, excédé, malade, décide de quitter la Palestine. De
retour en son royaume, il intrigue avec Jean sans Terre, le frère cadet de Richard,
dont il exploite l’irréflexion et la jalousie, et s’empare des possessions françaises des
Plantagenêts, et envahit la Normandie en 1193.
En décembre 1191 puis en juin 1192, ils approchent des lieux saints que Saladin a
rendu déserts pour éviter toute tentative d’assaut ou de siège. Richard et Saladin
négocient des accords : une trêve de 3 ans, 3 mois et 3 jours, Jérusalem sera
ouverte aux pèlerins.. Le duc de Bourgogne considère ces accords comme une
désertion et une trahison. Lui aussi en a assez des combats. Il mourra quelques
jours plus tard.

Richard embarque le 9 oct 1192 à Saint Jean d’Acre et fait naufrage près des côtes
d’Italie. Il veut éviter de traverser la France : Philippe Auguste se serait emparé de
lui ! Il emprunte donc les routes d’Allemagne, dissimulé sous les vêtements d’un
simple pèlerin. Mais il est reconnu par les soldats du duc Léopold d’Autriche, arrêté
et jeté en prison.

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Il le garde un an avant de le livrer à l’empereur d’Allemagne, Henri VI, qui le garde
en prison (avec un apport financier de Philippe Auguste) et le libère en 1194 après
paiement d’une forte rançon rassemblée par sa mère Aliénor d’Aquitaine, qui a mis à
contribution le peuple anglais, les riches comme les pauvres ! Il entre en guerre avec
Philippe II Auguste pour tenter de reprendre ses terres. Il meurt en 1199 d’une flèche
alors qu’il assiégeait le château de Chalus dans le Limousin. Son frère Jean sans
Terre lui succède.

La 3ème croisade a ruiné l’Angleterre, sans parler de l’immense rançon exigée par
Henri VI d’Allemagne pour libérer leur souverain qui laisse dans leur mémoire le
souvenir de ses exploits. Quant à Philippe Auguste, elle a permis d’affaiblir ses
grands vassaux et de rattacher la Normandie à la France.
Saladin meurt en 1193 et son vaste empire est laissé à ses 17 enfants qui s’en
disputent les territoires. Mais le frère du sultan, Malik al-Adil, bon administrateur,
tolérant, complaisant envers les Occidentaux, adopte une politique de coexistence
pacifique. Avec lui, le monde arabe va connaître enfin une ère de paix et de
prospérité : il établit avec les Croisés des échanges commerciaux, et permet
l’installation en Egypte de marchands italiens.

LA 4ème CROISADE
1202 – 1204 La prise de Constantinople.

Cette croisade a été relatée par Geoffroy de Villehardouin, sénéchal de Champagne,


sur la demande de Jeanne de Navarre.
Ils embarquent en 1203 et traversent la Méditerranée grâce à la puissante marine de
Venise. Arrivée à Constantinople début 1204. Après d’innombrables conflits et
querelles, ils investissent Constantinople. L’assaut se fait par la mer le 12 avril 1204.
Les vainqueurs reçoivent l’ordre d’épargner la vie des habitants mais le pillage ne
peut être évité. Geoffroy de Villehardouin écrit :”il y fut si grand gain que nul ne
saurait dire le nombre d’or, d’argent, de vaisselle, de pierres précieuses, de draps de
soie, d’hermines...Et bien que le monde fut racheté, jamais il n’y eut en une cité
autant de gagné”. Pendant une semaine, Constantinople est une orgie monstrueuse.
Le comte Baudoin de Flandre reçoit le gouvernement de Constantinople et ses
territoires. Cependant en 1205, une révolte générale grecque se prépare et Baudoin
est capturé le 14 avril 1205 puis décapité.
Rien n’a été tenté lors de cette croisade pour délivrer Jérusalem. Seule Venise a su
tirer parti de l’expédition en accroissant son commerce avec l’Orient et établir ses
comptoirs dans de nombreuses îles grecques. Les français finiront par abandonner
leur conquête.

LA 5ème CROISADE
1219

L’Eglise aux prises avec l’hérésie cathare a déclenché la croisade contre les
albigeois ! D’autre part, une bonne partie de la chevalerie chrétienne a été envoyée
outre-Pyrénées pour lutter contre les maures (les sarrasins d’Espagne). A cette
époque surgit la “Croisade des Enfants”, en 1212. C’est une migration rassemblant

Moyen Age 44/66


90.000 enfants venus d’Allemagne et de France. Beaucoup périssent de faim et de
fatigue. Quelques milliers arrivent à Marseille où ils sont entassés sur des navires.
Certains feront naufrage, les autres seront conduits chez les musulmans et vendus
comme esclaves.

Philippe Auguste donne à Jean de Brienne le titre de roi de Jérusalem, et il part en


1210 avec quelques centaines de chevaliers et arrive à Saint Jean d’Acre. Son faible
royaume est attaqué de toutes parts. En 1218, débute une campagne d’Egypte
menée par Pelage avec des Croisés venant de Frise et du Rhin dans le but de
prendre la ville de Damiette. La ville est conquise et n’est plus qu’un vaste cimetière :
de 70.000 habitants, il n’en reste que 3.000. Les Croisés y restent 3 mois, puis en
juillet 1221 marchent sur le Caire, sur ordre de Pelage. Mais avant d’arriver à
Damiette, les musulmans détruisent les digues du Nil, les eaux du fleuve se
répandent partout et la flotte de Pelage est enlisée dans un océan de boue. Les
envahisseurs battent en retraite. Fin de la 5ème croisade.

LA 6ème CROISADE
1229

L’empereur d’Allemagne Frédéric II (1194-1250) épouse Yolande, fille et héritière de


Jean de Brienne, roi de Jérusalem en 1225. La France est en guerre contre les
Albigeois contre lesquels elle a organisé une croisade, et Louis VIII est en prise avec
le roi Henri III d’Angleterre.
Frédéric II a hérité de la Sicile par sa mère et est élu roi des romains. Il tergiverse
pour partir car il craint pour ses titres, les italiens supportant mal d’être sous la tutelle
de l’empereur d’Allemagne et redoute les intrigues en son absence. Il ne partira pas
cette fois-ci et sera excommunié par le pape. Il faut savoir que Frédéric II admire la
civilisation musulmane, parle leur langue, connaît les mathématiques, l’astronomie,
les sciences naturelles... Il se montre très tolérant en matière de culte et
spécialement l’Islam dont il a adopté les moeurs : il a un harem ! Des liens amicaux
se créent avec le sultan du Caire, Al-Kamel.

Frédéric II marche à la tête de mercenaires arabes sur Rome d’où il chasse le pape
en 1227. L’année suivante, il réorganise son départ et fait voile vers l’Orient avec
3000 hommes. C’est un politique et non un guerrier qui part. Devant Jérusalem, Al-
Kamel et Frédéric II conviennent d’un faux siège pour trouver un accord et signe le
traité de Jaffa le 13 février 1229. Frédéric restera 2 jours dans les lieux saints. Il s’y
couronne lui-même sans cérémonie religieuse, assisté de ses troupes et des
chevaliers de l’Ordre Teutonique dont il va faire sa garde personnelle. Les latins
d’Orient ne reconnaîtront pas le roi de Jérusalem. Il regagne rapidement l’Europe
après avoir renforcé l’ordre des Chevaliers Teutoniques qu’il va enrichir et auxquels
lui et ses successeurs vont offrir la Prusse à conquérir sous prétexte
d’évangélisation. Frédéric II est excommunié à nouveau par le pape et le combattra,
lui et ses successeurs. Il exile le pape Innocent IV en France. Il mourra en 1250
(empoisonné par son fils naturel). Ses 2 fils légitimes, Conrad et Manfred
continueront sa lutte contre le pouvoir de la papauté, fidèles à son exemple.

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LA 7ème CROISADE
1248 – 1250

Les Francs sont chassés de Jérusalem en 1244 par les hordes de Gengis Kahn, chef
des mongols. Baudoin II en informe le saint siège. Le pape Célestin IV convoque un
concile oecuménique à Lyon en juin 1245. La croisade y est prêchée. Louis IX (Saint
Louis) décide de prendre la tête de la 7ème croisade pour la reconquête de la ville
sainte. Sa mère et ses conseillers essaient de l’en dissuader, mais Louis IX
s’obstine. Le roi, son épouse la reine Marguerite, ses trois frères, Robert d’Artois et
les ducs d’Anjou et de Poitiers, ainsi que des chevaliers et leurs épouses, avec le
sire de Joinville, futur chroniqueur et ami de Louis, qui vend tous ses biens pour
l’accompagner.
Le 28 août 1248, la flotte royale embarque au port d’Aigues-Mortes qu’il vient
d’acheter. Ils arrivent un mois plus tard à Chypre. Là, il reçoit la visite des envoyés du
Khan des Mongols, ennemis des musulmans, qui lui offre son aide. Ils ne se
comprennent pas.
En 1249, 1.800 vaisseaux chrétiens font voile vers l’Egypte. En juin, ils débarquent à
Damiette et prennent la ville. Saint Louis retourne à Saint Jean d’Acre et en fait sa
demeure. Il restera trois ans en Palestine, répare et fortifie les places maritimes
toujours tenues par les Croisés. Pendant son absence, la reine Blanche meurt en
décembre 1252. Il pense alors à son retour et n’embarque qu’au printemps 1254.
Après le départ de Louis IX, il n’y a plus de Francs que dans quelques villes. En
1260, les peuples musulmans entreprennent la reconquête sur les chrétiens et sur
les Mongols. Ils égorgent, tuent, pillent les villes des chrétiens, exécutent les
Templiers. De toutes parts, l’empire chrétien s’effondre et le grec Michel III vient de
reprendre Constantinople aux barons latins. En 1268 : chute d’Antioche.

LA 8ème CROISADE
1270 L’aventure de Tunis.

Peu après la chute d’Antioche, Louis IX veut à nouveau se croiser. Ses barons, ses
fils, par affection pour le roi et par respect pour ses volontés le suivent. Le fidèle de
Joinville refuse cette fois de partir. Les seigneurs qui l’accompagnent n’ont pas assez
d’enthousiasme pour vendre leurs terres et se ruiner. Louis IX leur promet de
pourvoir aux dépenses du voyage et leur assure une solde. Le 1er juillet 1270, Saint
Louis embarque d’Aigues-Mortes, non pas pour la Palestine mais pour Tunis, comme
lui a conseillé son frère, car Tunis serait le réservoir de la cavalerie égyptienne ! Ils
accostent à Carthage à la mi-juillet et doivent affronter la canicule, une épidémie de
peste. L’armée est rapidement décimée et le roi lui-même succombe le 25 août 1270.
Son fils Philippe III le Hardi lui succède et rentre en France avec les Croisés. Louis
IX sera canonisé en 1297 sous le règne de son petit-fils Philippe Le Bel.
Les turcs reprennent Constantinople en 1453.

Fin des croisades, fin du Moyen-Age !

Moyen Age 46/66


Voici un extrait de l’épilogue du livre de Amin MAALOUF intitulé « Les croisades
vues par les Arabes - La barbarie franque en Terre sainte ». Ed. J’AI LU.

« … pour l’Europe occidentale l’époque des croisades état l’amorce d’une véritable
révolution, à la fois économique et culturelle. En Orient, ces guerres saintes
allaient déboucher sur de longs siècles de décadence et d’obscurantisme. Le
progrès c’est désormais l’autre, le modernisme c’est l’autre. Fallait-il s’engager
résolument sur la voie de la modernisation en prenant le risque de perdre son
identité ? Ni l’Iran, ni la Turquie, ni le monde arabe n’ont réussi à résoudre ce
dilemme ; et c’est pourquoi aujourd’hui encore on continue d’assister à une
alternance souvent brutale entre des phases d’occidentalisation forcée et des
phases d’intégrisme outrancier, fortement xénophobe.

Le monde arabe a connu les croisés barbares qu’il a vaincus mais qui, depuis, ont
réussi à dominer la Terre. Le monde arabe ne peut se résoudre à considérer les
croisades comme un simple épisode d’un passé révolu. On est souvent surpris de
découvrir à quel point l’attitude des Arabes, et des musulmans en général, à
l’égard de l’Occident, reste influencée, aujourd’hui encore, par des évènements
qui sont censés avoir trouvé leur terme il y a sept siècles.

Dans un monde musulman perpétuellement agressé, on ne peut empêché


l’émergence d’un sentiment de persécution. Il est clair que l’Orient arabe voit
toujours dans l’Occident un ennemi naturel. Contre lui, tout acte hostile, qu’il soit
politique, militaire ou pétrolier, n’est que revanche légitime. Et l’on ne peut
douter que la cassure entre ces deux mondes date des croisades, ressenties par
les Arabes, aujourd’hui encore comme un viol !

Moyen Age 47/66


LA GUERRE DE CENT ANS
1337 - 1475

D’abord quelques mots sur la formation du peuple anglais qui nous amènera
naturellement à la Guerre de Cent ans…

Formation du peuple anglais

Dés le IVème siècle, une peuplade venue de Saxe, en Germanie, les Saxons,
envahissent la « Britannia » ainsi appelé par les Romains. Puis au VIIIème siècle, ce
sont les Angles venus du Nord ! Depuis, on l’appelle « Angleterre » (= la terre des
Angles, le pays des Angles). Si l’élément anglo-saxon est prédominant dans le
peuple anglais, il n’est pas la plus ancienne, car depuis la préhistoire, des vagues
d'envahisseurs se succèdent les unes après les autres et c'est un vaste brassage
ethnique.
Sous le règne du romain Claude (41-54) la conquête de l'île se fait rapidement, les
roitelets celtes conservant dans les négociations leurs titres et une apparence de
pouvoir, et l’île fut baptisée "Britannia".
En 122, l'empereur Adrien fait construire le gigantesque mur de 120 km (à
l’emplacement de la frontière écossaise actuelle), version britannique du "Limes". La
romanisation se fait comme toujours par l'incorporation de la Bretagne dans les
institutions politiques et administratives de l'Empire, par la mise en place d'un double
réseau routier et urbain, et par l'intégration de l'île dans les circuits commerciaux du
monde romain. Au IVème siècle c’est le christianisme qui constitue un autre facteur de
romanisation.
Le milieu du IVème siècle voit le début des incursions saxonnes, avec en même temps
les Scots d'Hibernie (Irlande) et les Pictes (de Calédonie) qui franchissent le mur
d'Adrien en 367 puis en 383.
Divisée en 5 provinces, la Bretagne craque de toute part et en 410 les derniers
légionnaires romains quittent le sol breton (=anglais).
Les Angles et les Saxons s'installent et ravagent le pays. Les Bretons appellent des
mercenaires pour les aider à lutter contre les Scotts et les Pictes. Ensuite, il a fallut
leur résister : grande victoire au Mont Badon. La légende veut que le roi Arthur,
champion de la lutte contre les Saxons, gagne cette bataille. Mais toute la Bretagne
passe sous la domination des envahisseurs, sauf le pays de Galles qui a préservé la
culture gaélique. Ils divisent la Bretagne en 7 royaumes (Kent, Wessex, Essex,
Sussex, Mercie, East Anglie et Northumbrie). Vers 596-597, les Anglo-Saxons se
convertissent au christianisme.
Puis, les invasions danoises commencent vers la fin du VIIIème siècle et dureront
jusqu'à la mi XIème siècle.
Ensuite, la menace des Vikings devenant constante, il faut unifier les différents
royaumes Saxons et instaurer des divisions administratives plus faciles à contrôler,
et à partir du Xème siècle, on parle de "roi de toute l'Angleterre".

La crainte des Danois et des Vikings ont poussé les souverains à multiplier les
fondations pour constituer un réseau de places fortifiées (tous les 30 km). La fin des
incursions Vikings se situe en 1066 à la bataille d'Hastings. Le roi d'Angleterre
Edouard (1042-1066) est mort sans héritier, la couronne est revendiquée par le
Moyen Age 48/66
norvégien Harold Hardraada, le comte Saxon Harold de Wessex et le duc de
Normandie Guillaume le conquérant, ascendant Viking et cousin au 2ème degré du roi
Edouard. Les Norvégiens sont battus par les Saxons. Puis le duc de Normandie
Guillaume le Conquérant affronte le roi saxe Harold à Hastings et le tue d'une flèche
dans l'oeil : cette victoire des normands est brodée sur la fameuse tapisserie de
Bayeux brodée par la reine Mathilde, épouse de Guillaume. Guillaume est couronné
roi d'Angleterre dans l' Abbaye de Westminster le jour de Noël : c'est la fin de
l'Angleterre saxonne !

LA DYNASTIE ANGLO-NORMANDE (1066 - 1154)

Les nobles Saxons sont expropriés et leurs terres données aux chevaliers normands
qui ont accompagné Guillaume. Ils constituent la nouvelle aristocratie ! Eglises et
cathédrales romanes remplacent les édifices saxons, les sièges épiscopaux et les
bénéfices religieux sont données aux Normands, méprisant la population autochtone,
ses croyances et ses saints. L'Angleterre devient un pays où cohabitent, plus que ne
se mêlent, deux populations distinctes et sourdement hostiles : la masse des Saxons
(1,5 à 2 Millions) et les Normands, à peine 10.000.
Guillaume le Conquérant meurt en 1087. Ses successeurs Guillaume II le Rouge
(1087-1100), Henri 1er (1100-1135) ont du mal à préserver l'union de la Normandie et
de l'Angleterre. A la mort d'Henri 1er en 1135, sa fille Mathilde (veuve de l'empereur
allemand Henri V) doit disputer la couronne à Etienne de Blois, neveu du roi défunt.
S'ensuit une guerre civile jusqu'en 1152 à la faveur d'un compromis, la couronne
reviendrait au fils de Mathilde et de son second mari, le comte d'Anjou Geoffroy
Plantagénêt. Deux ans plus tard, Henri Plantagénêt devient roi sous le nom de Henri
II Plantagénêt, avec qui débutera la dynastie anglo-angevine.

Moyen Age 49/66


LA DYNASTIE ANGLO-ANGEVINE (1154 - 1399)

En moins de dix ans, Henri II Plantagénêt (1154-1189) devient l'homme le plus


puissant de la chrétienté. Fils de Geoffroy Comte d'Anjou et de l'Impératrice
Mathilde, son père lui cède en 1149 le duché de Normandie. A sa mort l'année
suivante, il hérite du Maine, de la Touraine et de l'Anjou. En 1152, il épouse Aliénor
d'Aquitaine, divorcée du roi de France Louis VII, et apporte ses principautés du quart
Ouest de la France : Poitou, Aquitaine, Gascogne, Auvergne. De plus, son accession
au trône d'Angleterre étend ses possessions outre-Manche. Il a reçu l'Angleterre par
sa mère, mais était avant tout un prince français né dans le royaume de France,
parlant le français et consacrant beaucoup de son temps à ses provinces françaises
(21 ans sur 34 de règne).
C'est au XII - XIII siècle qu'un droit unique et centralisé s'affirme définitivement sur
les coutumes locales : c'est la "Loi Commune" (the Common Law).

Lors de la dynastie des Plantagénêts, le roi de France Louis VII et Philippe Auguste
décident de ramener à l'obéissance leurs vassaux récalcitrants. Charles IV de
France meurt sans héritier : deux prétendants se font face : Philippe Valois, cousin
germain du roi défunt, Edouard III (1327-1377) tout juste monté sur le trône
d'Angleterre, neveu de Charles IV par sa mère Isabelle de France, fille de Philippe Le
Bel.
La noblesse française réunie a préféré le Valois à l'anglais, invoquant la "Loi Salique"
(qui remonte aux Francs Saliens -au nord des Pays-Bas- Clovis, excluant les
femmes dans l'accession au trône).

Edouard III souhaite obtenir la possession en pleine souveraineté de l'Aquitaine.


Philippe VI de Valois ne peut l'accepter. Edouard III est donc poussé à entrer en
guerre pour protéger les villes drapières flamandes sur lesquelles les français ont
des visées : ces villes constituent le débouché principal des exportations de laine
anglaise et les négociants londoniens ont tout intérêt à ce que ces villes restent
indépendantes.
Et c'est le début de la guerre de Cent Ans !

Les guerres entre Plantagénêt et Capétiens n'ont fait que renforcer le caractère
"anglais" de la monarchie anglo-angevine.

La Guerre de Cent Ans

Evincé de la succession à la couronne de France, Edouard III déclenche la guerre de


Cent Ans. En 1347, il prend Calais (épisode des Bourgeois de Calais). Son fils aîné,
le prince de Galles et d'Aquitaine, dénommé le "Prince Noir" (en raison de la couleur
du vêtement qui recouvre son armure) est de son vivant un véritable héros de
légende, le meilleur chef de guerre de son temps et un seigneur fastueux. Il tient à
Bordeaux une cour brillante où sont cultivées toutes les vertus de la Chevalerie.

Moyen Age 50/66


Il part de Bordeaux à l'automne 1355 et ravage tout le midi de la France jusqu'à
Carcassonne et Narbonne. Il pille de nombreuses villes et en ramène de précieux
butins. L'année suivante, il dévaste avec le même acharnement le Limousin,
l'Auvergne, le Berry et le Poitou.

Le roi de France Jean II le Bon avec une armée considérable de 40.000 hommes va
à sa rencontre. Les deux armées s'affrontent au sud de Poitiers. C’est la défaite ! Le
"Prince Noir" bat et fait prisonnier le roi de France Jean II le Bon qui s'engage à
payer une rançon de 3 millions d'écus d'or à l'Angleterre et lui abandonne Calais et
tout le Sud-Ouest de la France.

Pendant ce temps, la France sombre dans la misère, l'anarchie et la guerre civile.


Jean le Bon n'ayant pu s'acquitter de sa rançon, meurt en Angleterre (en prison 3
ans) et c'est le dauphin Charles V qui prend la couronne. Avec l'aide du connétable
Bertrand du Guesclin, un seigneur breton, il rétablit l'ordre intérieur royal.
En effet, depuis la défaite de Poitiers et la paix de Brétigny, la plupart des
mercenaires loués par les Anglais et les Français pour faire la guerre ont cessé d'être
payés. Au lieu de quitter le royaume et d'aller ailleurs proposer leurs services, ils
s'organisent en bandes armées, « les Grandes Companies », et profitent de leur
nombre et de leur force pour mettre le pays à feu et à sang. Commandés par des
aventuriers de toutes origines, ils s'établissent dans quelque lieu sûr d'où ils
rayonnent dans les contrées d'alentour, et y entassent les produits de leurs pillages.
Pour leur échapper, les villes n'ont d'autres solutions que de leur verser de grosses
sommes d'argent. Les campagnes sont à leur merci. La France n'arrive pas à bout
de ces routiers pilleurs et rançonneurs. Ce banditisme sévit partout en Europe. Le
gouvernement semble n'avoir aucun moyen de les mettre hors d'état de nuire.
Charles V pense alors que le seul moyen de s'en débarrasser est de s'arranger avec
eux pour les entraîner vers une expédition à butins riches. Charles V charge du
Guesclin de négocier avec leurs différents chefs. Le prétexte est la lutte contre les
Sarrasins (=musulmans), une guerre civile en Espagne. C’est une guerre violente et
meurtrière où les Grandes Compagnies sont majoritairement décimées !

Puis, à la reprise de la guerre contre l'Angleterre, du Guesclin adopte une tactique de


guérillas évitant les grandes batailles. Il reprend en moins de 10 ans la presque
totalité des possessions anglaises.

A la mort de Charles V en 1390, son fils Charles VI lui succède. Il devient fou (1392).
Sa folie exacerbe la lutte entre les partis Armagnacs (partisans du duc d'Orléans, son
frère) et Bourguignons (partisans du duc de Bourgogne, Jean sans Peur, son cousin)
qui veulent prendre le pouvoir. Jean sans Peur fait assassiner en 1407 Louis
d'Orléans, le frère du roi, et s'empare du pouvoir. Le pays est ensanglanté par une
véritable guerre entre les deux partis.

La France divisée, subit en outre une défaite contre les Anglais à la bataille d’
Azincourt (25/10/1415). Toute la haute noblesse combattante est massacrée : on y a
perdu les 3/4 au moins de lignées nobles du royaume de France, et donc sans
descendance du côté mâle.

Moyen Age 51/66


Les Bourguignons promettent des réformes à la bourgeoisie parisienne et deviennent
maîtres de Paris (1418). En décembre 1418, le dauphin Charles (futur VII) devient
Chef des Armagnacs, se proclame Régent du Royaume. Les Armagnacs assassinent
Jean sans Peur (1419), les Bourguignons passent une alliance avec Henri V de
Lancastre, nouveau roi d'Angleterre. Mais Henri V et Charles VI meurent deux ans
plus tard. Henri VI devient roi de France et d'Angleterre !

C'est alors que Jeanne d'Arc éveille le sentiment national en faveur du dauphin
Charles VII et prend la tête de son armée pour reconquérir le sol français. Elle délivre
Orléans (1429) des anglais, fait sacrer Charles VII à Reims en 1429, mais échoue
devant Paris où elle est blessée et capturée par les Bourguignons qui la livre aux
anglais ! Elle est jugée comme "hérétique" et brûlée à Rouen en 1431. Charles VII et
le duc de Bourgogne finissent par s'allier en 1435 ce qui permet au roi de reprendre
Paris et reconquérir la Normandie (1450) et la Guyenne (1453). La capitulation de
Bordeaux (1453) met fin à la guerre. Les Anglais n'ont plus que Calais !

La fin de la guerre de Cent Ans est suivie d'une véritable renaissance économique et
a consolidé le pouvoir royal. Charles VII et son fils Louis XI doivent cependant
affronter et réduire les ultimes résistances des princes. Malgré la dévastation et le
dépeuplement des campagnes, la production agricole reprend peu à peu. Les
paysans s'affranchissent de la tutelle seigneuriale. L'essor du commerce et de
l'artisanat est encouragé par le roi. La bourgeoisie des villes accumule des fortunes
considérables, tel le négociant Jacques Coeur (de Bourges) qui devient "Argentier"
du roi.

Au sortir de la Guerre de Cent Ans, le royaume est exsangue. En un siècle de


guerres, de destructions, de famines et d'épidémies, la France a perdu près de 40 %
de sa population. L'instabilité monétaire a ruiné les nobles. Les désordres et la crise
font que l'agriculture est particulièrement touchée et de nombreuses terres ont été
reconquises par les forêts ou les marais. Le redressement des campagnes est plus
lent que celui des villes.

Moyen Age 52/66


LE MOYEN-AGE ORIENTAL :
BYZANCE ! L'AUTRE ROME...

Le vaste empire romain va être disloqué. Entre le IVème et le Vième siècle, de


grands chefs barbares, Alaric, Attila, Clovis, Théodoric, déferlent sur l'Italie et les
autres parties de l'Empire en Occident. Les anciennes classes dirigeantes romaines
sont détruites et l'Occident sombre dans le chaos d'une époque qui est celle du haut
Moyen Age.
La phase suivante, c'est la Renaissance avec le renouveau de l'étude et de la culture
qui se développe en Italie à partir de 1400 et ailleurs à partir de 1500.
La redécouverte de la littérature et de l'art de l'Antiquité gréco-romaine restés enfouis
pendant tant de siècles dans l'ignorance et l'analphabétisme, marque la fin du Moyen
Age et ouvre la voie aux conquêtes du monde occidental moderne.
Entre le vieil Empire de Rome et la Renaissance, s'intercale la grande aventure de
BYZANCE, qui dure 11 siècles et est un trait d'union d'une importance capitale entre
l'Antiquité et le monde moderne.

Aux éléments qui avaient fait l'unité de l'Empire romain :


- Le droit romain et l'organisation de l'Etat
- L'héritage des traditions de la culture hellénique

S'ajoute un troisième facteur d'organisation, plus puissant que les autres :


- Le christianisme !

Il faut rappeler que le monde des Balkans et de la Russie occidentale ont la source
de leur culture à Byzance, qui leur a transmis un héritage riche de traditions et de
découvertes. Ex. le christianisme orthodoxe, l'alphabet cyrillique et le genre de vie de
ces peuples...

Le renouveau de la pensée grecque à la Renaissance n'aurait pas été possible si les


érudits byzantins n'avaient pas étudié et transmis la littérature antique.

La civilisation byzantine repose sur 2 grandes forces principales :


- L'évolution de l'Empire Romain
- La naissance du Christianisme

Vers le IIIème siècle, l'empire romain écrasé sous le poids de l'Administration Centrale
et de la lenteur de la lointaine bureaucratie, l'Empereur Dioclétien divise
l'administration entre 2 empereurs :
- Un empereur pour l'Occident,
- Un empereur pour l'Orient.

Dioclétien se réserve l'Empire d'Orient. Les mesures qu'il prend pour enrayer la
désagrégation de l'empire romain prépare indirectement l'empire byzantin, en
insufflant des forces et accordant une importance nouvelle aux possessions d'Orient.
Les fondements nouveaux et robustes introduits pour soutenir l'Etat romain allaient
constituer l'Empire de Byzance !

Moyen Age 53/66


A l'époque de Dioclétien, le Christianisme qui allait jouer un si grand rôle dans la
civilisation byzantine, se répand dans toute l'Europe malgré les obstacles
innombrables qu'on lui opposent :

- Les persécutions cruelles des Chrétiens, car leur idéal spirituel et moral les met
en conflit avec la loi romaine.
- La multitude des religions et des doctrines, philosophes qui luttaient pour gagner
des peuples de l'Empire romain. Les plus rudes concurrents étaient les doctrines
philosophiques païennes : le stoïcisme et le néo-platonisme.

LE STOICISME réduisait la mentalité romaine avec son idéal d'ordre social et sa


morale strictement positive. Deux siècles après Jésus Christ, l'empereur Marc-Aurèle
en a fait son maître à penser et fut alors à l'apogée de sa gloire.

LE NEO-PLATONISME, doctrine trop abstraite et trop intellectuelle, n'avait pas une


large audience populaire. Elle se réclame des vues les plus élevées de Platon, elle
ne faisait pas seulement appel à la raison, mais dépassait les limites de la pensée
rationnelle, et faisait place au désir d'une expérience mystique absolue. Elle
s'adresse à l'élite, aux esprits capables de dominer la complexité métaphysique.

Mais, ni le stoïcisme, ni le néo-platonisme ne se penchaient sur les humbles sans


instruction, les esclaves du dernier échelon des sociétés grecques et romaines, ou
celui des travailleurs écrasés sous leur tâche ...

Ce sont les religions à mystères qui apportent quelques consolations à la vie rude et
aux privations de la grande masse du peuple. Au début, les romains ne voient pas
dans le Christianisme autre chose qu'une nouvelle religion à mystères, une variante
locale du Judaïsme, et ainsi il fut toléré.

Le Christianisme commence à se répandre dans l'empire romain, et sa structure


permet une diffusion rapide :

- Le grec et le latin couramment parlés dans tout le pays, sont aussi les langues du
Christianisme,
- Le réseau des villes et des voies romaines favorise l'élargissement des frontières
du monde chrétien. A la différence des Juifs qui détestent les Gentils (=les
étrangers) et se tiennent à l'écart de leur monde, ils empruntent à l'Etat romain
ses caractéristiques administratives et se donnent une organisation religieuse
particulière.

Lentement, la nouvelle Eglise chrétienne développe son rituel et sa doctrine propres,


où elle assimile bien des points pris aux religions et aux philosophes des différents
peuples de l'Empire, dont les Juifs, mais aussi païennes, comme certaines de leurs
dates ; Noël le 25 décembre pour concurrencer une fête de Mithra sans que la date
exacte de la naissance du Christ soit connue (elle ne l'est toujours pas d'ailleurs). Le
Christianisme ajoute donc une autre force : celle de son attrait universel !

Moyen Age 54/66


En 303, Dioclétien demande aux chrétiens de reconnaître la nature divine de
l'empereur et de lui rendre un culte : ils refusent. Dioclétien réagit en ordonnant les
grandes persécutions et la démolition de leurs églises, brûlent leur livres sacrés,...
ces mesures sévères produisent l'effet inverse, car certaines victimes sont devenus
des martyrs, et nombre de païens romains sont impressionnés par l'ardeur et le
courage des chrétiens.

En 305, Constantin succède à Dioclétien et donne au Christianisme un statut légal


dans l'empire. Il trouve que Rome la capitale est très éloignée de l'Empire de l'Est.
C'est en Orient que l'Empire affronte des ennemis tels que les tribus germaniques
massées le long du Danube et les perses d'Anatolie. C'est vers l'Orient que
convergent les principales routes de commerce et c'est là que le Christianisme a ses
centres principaux, dont Jérusalem, lieu de la mort et de la résurrection du Christ,
dans laquelle Constantin autorise la construction de plusieurs églises.

Constantin choisit Byzance (grec) qu'il nomme Constantinople (="ville de Constantin"


- actuellement Istanbul) installée sur un site stratégique magnifique, promontoire de
la mer de Marmara. La cour impériale discute de philosophie grecque et récite
Homère, mais envoie aussi des missionnaires dans le Proche-Orient, et fait convertir
la Russie.

C'est à Byzance qu'est mis au net tout le droit romain (code civil et code pénal). En
effet, le grand Empereur du VIème siècle, Justinien, lègue à Byzance tout un
ensemble confus du raisonnement juridique romain, suranné ou contradictoire, afin
de le rendre cohérent. En 528, il désigne une commission de 10 membres pour
classer toutes les constitutions publiées par les empereurs romains en un code
unique. Une autre commission établit 50 volumes des décisions les plus importantes
rendues par les juristes. Le code est si clair et si cohérent que par la suite il sert de
modèle pour les lois de la plupart des nations européennes.

Dans le domaine de l'art, Byzance est à la fois conservatrice et innovatrice. Les


byzantins sauvegardent bien des chefs-d'oeuvre de la sculpture grecque ou romaine,
et apportent un style qui influence toutes les nations en contact avec elle.
Ils construisent des églises à Rome, Milan, Naples et bâtissent pratiquement toute
une cité byzantine à Venise. En Russie, de nombreuses villes sont édifiées sur le
modèle de Constantinople.
Constantinople est rempli de reliques sacrées de saints de la Passion ; elle est
consacrée à la Vierge que le peuple vénère comme la protectrice spirituelle de la cité
contre tous ses ennemis.

Le mysticisme chrétien et les ordres monastiques sont florissants à Byzance. Le


premier ermite du IVème siècle est Antoine-le-Grand d'Egypte (qui fait partie de
l'Empire jusqu'en 650). L'austérité de son exemple attire d'autres ermites qui ne
tardent pas à se grouper autour de lui pour former la première communauté
monacale. Rapidement le monachisme se répand dans toute l'Asie Mineure et dans
toute la Grèce, et au VIème siècle, il est en route vers l'Europe Occidentale où il va
prendre racine. La vie des moines illustres inspire la littérature la plus lue à Byzance.
Au milieu du VI ème siècle, Constantinople compte 85 monastères !

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Pour beaucoup d'historiens, le principal mérite de Byzance est l'influence civilisatrice
qu'elle exerce sur les peuples avec lesquels elle entre en contact. Byzance,
désormais appelée Constantinople, domine les routes maritimes et terrestres :

 De la Russie méridionale et du Danube : les bateaux chargés de


fourrures, blé, sel, caviar, miel, or, cire, esclaves (essentiellement des
slaves d’où leur nom) ...
 Des riches jardins d'Anatolie et des greniers d'Egypte : blé, céréales,
fruits...
 D'Asie, Chine, Inde, Ceylan : ivoire, ambre, porcelaine, pierres
précieuses, cannelle, sucre, musc, gingembre, et beaucoup d'autres
épices et médicaments ...
 D'Occident : raisin, céréales...
 De plus, les eaux du Bosphore et de la mer Marmara regorge de
poissons...

On appelait cet endroit la "Corne d'Or" !

Constantin fait de Constantinople une nouvelle Rome (avec 7 collines), fait venir des
membres des familles nobles de Rome afin de constituer une nouvelle classe
sénatoriale et les installe dans de somptueuses demeures. Elle allait être une cité
chrétienne. Il fait construire Sainte-Sophie (l'église de la Sagesse Sacrée) et embellir
d'autres églises, comme celles des Saints Apôtres, où parmi les 12 tombeaux qui
symbolisent les sépultures des apôtres, il en fait élever un 13ème pour lui, car il se
considère comme l'égal d'un apôtre, ce que feront d'autres empereurs par la suite.

En 330, inauguration de Constantinople par Constantin.

En 537, Justinien inaugure la grande église Sainte-Sophie. Elle est le fleuron de la


cité, de la capitale, du coeur du monde byzantin. Byzance est un mélange en
constante évolution de la Grèce, de l'Europe et de l'Asie, une métropole de
commerce et de civilisation. Elle attire à elle les juifs, les musulmans, les russes, les
italiens, les espagnols, les égyptiens.

Pendant 11 siècles, Byzance (de 330 à 1454) modèle d'urbanisme romain et de piété
chrétienne. D'innombrables statues antiques ornent les édifices publics ! Byzance
disposent d'hôpitaux gratuits, d'un échange urbain, d'une organisation de lutte contre
l'incendie. Comme à Rome, des aqueducs acheminent l'eau pure pour la population,
les fontaines et des égouts souterrains évacuent les déchets de la cité.

Constantinople, construite pour tenir tête aux hordes barbares et aux armées
musulmanes, est le plus solide avant-poste du Christianisme en Orient : 21 km de
triple remparts et 50 portes fortifiées.

Le Christianisme étant devenu la religion obligatoire de l'Empire, l'Etat a le plus


grand intérêt à définir et à préserver le dogme de l'Eglise. Il a fallu trouver des
réponses à une foule de problèmes nouveaux qui allaient de la discussion la plus
subtile d'un point doctrine jusqu'au détail pratique le plus commun.

Moyen Age 56/66


Cette exigence d'une élaboration toujours plus poussée provoque une série de
réunions, connues sous le nom de "concile oecuménique" auxquelles participent
l'empereur et les évêques afin de discuter des questions en litige et de définir la
conduite qu'il fallait suivre (conciles de Nicée en 325, Constantinople en 381,
Chalcédoine en 451, Ephèse en 481 et le 7ème à Nicée en 787).

Tous ces conciles se réunissent pour débattre des problèmes théologiques mettant
en cause des dogmes fondamentaux comme celui de la Trinité ou la double nature
du Christ, ou bien encore, les rôle et fonction des icônes dans le culte chrétien. La
lutte contre les icônes dure 1/2 siècle. Le conflit entre les principes de l'Etat et de
l'Eglise s'atténue du fait que l'Eglise accepte la notion d'une société chrétienne
constituée.

Dés 1054, les turcs migrent à l'ouest et prennent Bagdad en 1055. En 1071, l'armée
byzantine et l'armée turque s'affrontent : les byzantins sont défaits et l'empereur fait
prisonnier. Les turcs prennent possession des terres réduisant considérablement
l'Empire byzantin. Quand les turcs victorieux entreprennent d'enlever la Terre Sainte
aux Arabes, l'inquiétude des occidentaux devient très vive d'où l'idée d'une Croisade
pour libérer les Lieux Saints de Palestine. En 1095, sous la conduite de Pierre
L'Ermite la première Croisade arrive et se fait massacrée par les turcs. Il y a eu au
total 8 croisades. En 1453, les turcs reprennent définitivement Constantinople !

Avec la chute de sa capitale, Constantinople, l'empire byzantin cesse d'exister. Trait


d'union entre le monde antique (Empire Romain) et le monde moderne (la
Renaissance), Byzance a rempli jusqu'au bout sa mission historique !

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Et pour les gastronomes, voici une excellente recette du Moyen Age, le plat préféré
de Hugues Capet, que nous avons préparé et apprécié, et que nous vous
recommandons !

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LA FIN DU MOYEN AGE

La fin du Moyen Age est signalée par les évènements suivants :

 Migrations en masse,
 Fin de la civilisation byzantine, par la prise de Constantinople par les turcs en
1453,
 Fin de la civilisation arabe, retranchée au Maroc et à l’Afrique du Nord : Sélim 1er
(1517), turc, envahi l’Egypte et en chasse la dynastie des Mamlouks et la culture
ottomane (=turque) se substitue à la culture arabe !

La France est épuisée par la guerre anglaise de Cent Ans. La vieille technique
militaire va être détruite et remplacée par des inventions qui supprimeront les
armures.
La Bourgeoisie, constante collaboratrice du roi capétien, va tenir un rôle très actif.
Pas de cohésion sociale qui aurait pu permettre de grandes entreprises. En même
temps, la monarchie est menacée par la brusque expansion de la maison de
Bourgogne, héritière des Flandres. Il y a Paris d’une part, et Dijon-Bruges-Gand
d’autre part. C’est dans ces grandes villes ducales et en Italie que se font des
expériences innovatrices.

Dans la première moitié du XVème siècle, le cadre de l’existence, la vie morale et un


certain ordre des pensées appartiennent encore au Moyen Age, mais l’Homme et
l’espace se construisent sur des données toutes différentes. Elle trahit le besoin de
reconstruire et colorer l’existence :

- Traiter une oeuvre d’art comme une féerie (tapisserie, peinture...)

- Lors des fêtes raffinées, les costumes étaient étranges (sous Charles VI
notamment) et magnifiques (duc de Berry).

- La foi : plus de pratiques dévotes, mais l’”Imitation” : le plus délicat, le plus


profond, le plus efficace roman de la vie chrétienne : plus d’aventure compliquée,
mais du rêve, des visions les plus éblouissantes, en communion avec Dieu !

- L’obsession de la mort, les danses macabres, la sorcellerie...

- L’astrologie : la science est la destinée ! Les Arabes nous ont fait connaître
l’ancienne technique mésopotamienne de la divinisation par les astres et appris à
tracer le réseau étoilé. La représentation des constellations change. L’astrologie
place l’Homme au centre d’une composition de forces lointaines.

- Au moment ou meurt la chevalerie, elle se ressaisit par la fiction des chansons de


geste, les romans de la Table Ronde. Y a t’il une pensée politique dans la Toison
d’Or fondée par les ducs de Bourgogne ? ou l’Etoile, fondée par Jean le Bon ?
Rien de semblable au vigoureux génie qui animait les moines militaires de Terre

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Sainte, mais plutôt une rêverie brillante, sans relation avec la vie concrète du
siècle.

- Le décor des palais s’enrichit des figures préférées de leurs songes (histoire de
Troie, de Médée et de Jason, vie de César :commandée par Jean le Bon à son
peintre Girard d’Orléans pour son château de Vaudreuil), images de preux et
preuses, etc... à voir la très célèbre tapisserie de Bayeux relatant la bataille de
Hasting dont Guillaume le Conquérant est sorti vainqueur puis devenu roi
d’Angleterre, lire les Très Riches Heures du Duc de Berry, voir la tenture des “12
Travaux d’Hercule”, ancêtre mytique des ducs de Bourgogne ; lire le roman de
Thèbes, le Chevalier au Cygne, le Roman d’Arthur, etc...

Pour le Roi de France, la Grèce et Rome sont des “miroirs” de chevalerie et


d’héroïsme qui ajoutent de grands noms et de belles histoires aux tapisseries.

A cette époque de fin de Moyen Age se développe le goût du rare et du singulier.


Jean de France, duc de Berry, 3ème fils de Jean le Bon, frère du roi Charles V et
Philippe le Hardi, a durant sa longue vie (1340-1416) été sensibilisé à la chose très
rare et très belle. Dans tous ses palais de Bourges et Poitiers, à l’hôtel de Nesle,
face au Louvre de son frère le roi, dans ses châteaux d’Etampes et de Melun-sur-
Yèvre, il fait exécuter de vastes travaux et y réunit des trésors de curiosité, en
médailles antiques, en camées, en ivoire, en meubles de marqueterie, en bijoux, en
livres.

Orient byzantin et Orient arabe sont remis au goût du jour un instant suite aux
voyages en France des empereurs Andromic & Manuel, et par la croisade de
Nicopoli, un désastre, d’où le comte de Nevers rapportait des étoffes précieuses à
son oncle le duc de Berry (voir “les Très Riches Heures” du duc de Berry et les
miniatures des “Antiquités judaïques” où figurent des costumes orientaux).

C’est tardivement que l’Italie s’est éveillée à la passion encyclopédique, alors qu’en
France dés le XIIIème siècle, un humanisme est déjà fortement défini : on s’intéresse à
toutes les puissances et à tous les visages de la vie, aux hommes, aux bêtes, aux
plantes...

Au XVème siècle, l’Italie entre dans un autre âge, un monde nouveau : c’est la
Renaissance italienne !

Dés lors est mis en lumière un trait éternel de la vie italienne :

son aspect méditerranéen,


son aptitude au bonheur qui est une force qui emplit d’un sentiment
nouveau, d’une allégresse, d’une heureuse acceptation du destin que le
Moyen Age n’a pas connu.

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CONCLUSION

Les influences orientales et les influences barbares inaugurent le Moyen Age, et les
influences méditerranéennes accompagnent et précipitent son déclin.

Une civilisation originale, un art de penser ont vu le jour en Occident de l’Europe. Au


moment où débute l’art roman, les circonstances historiques sont favorables aux
échanges. Le prestige du vieil Orient, de l’Orient byzantin, de l’Islam s’exerce sur la
chrétienté avec largeur. L’Occident est submergé par la richesse et la diversité des
apports lointains qui lui viennent de civilisations éclatantes.

Rien de ce qu’il reçoit n’est absorbé par lui avec passivité, il multiplie les expériences
constructives à l’intérieur des données qu’il accepte et y fait paraître un esprit
nouveau. Un art n’est pas seulement fait de traditions internes et d’influences
extérieures, mais aussi de recherches qui lui donnent sa règle propre, son
originalité. Les divers facteurs et les relations qui les unissent changent selon les
temps et les lieux, et c’est de ces inégalités qu’est faîte l’histoire !

1000 ans se sont écoulés entre la Chute de l’Empire Romain d’Occident et le début
de la Renaissance.

Des empires se sont faits et défaits, des petits Etats se sont formés, embryons des
nations d’aujourd’hui. Invasions et conflits se sont succédés, Chrétiens et
Musulmans ont affermi leur influence, les sociétés se sont organisées en fonction de
nouvelles réglementations, de nouvelles lois, de nouveaux codes, brouillons des
législations futures...

Le monde moderne s’est mis en place lentement et difficilement pendant ces dix
siècles !

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SOURCES

- “Chronologie du Moyen-Age” de Yves D. Papin – Ed. Gisserot


- “Histoire de la France” de D Rivière – Ed. Hachette
- “Mémento de la Littérature fançaise” de Hélène Potelet – Ed. Hatier
- “Histoire de la musique” de Paule Druilhe et JF Favre – Ed. Hachette
- “ Une histoire de la musique” de L Rebatet – Ed. Robert Laffont Bouquins
- “Moyen Age Roman et Gothique” de H. Focillon – Ed. Livre Poche
- “Histoire des institutions de l’époque franque à la Révolution” de
Harouel+Barbey+Bournazel+Thibaut-Payen – Ed. PUF
- “La Tapisserie et le Tapis” de Roger-Armand Weigert – Ed PUF
- “L’Aventure des Croisades” de Pierre Ripert – Ed. Destins de l’Histoire de France
- "Mahomet et Charlemagne" de Henri Pirenne - Ed. Quadrige PUF
- « Byzance » Ed. Time-Life – Les Grandes Epoques de l’Homme

POUR EN SAVOIR PLUS

− “Charles le Grand – Charlemagne” de Jean Favier – Ed. Fayard


− “Jean de Berry” de Françoise Autrand – Ed. Fayard
− “Louis XI” de Jean Favier – Ed. Fayard
− “Aliénor d’Aquitaine” de Régine Pernoud – Ed. Livre de Poche
− "Anne de Bretagne" de Georges Minois - Ed Fayard
− “Jeanne d’Arc” par Anatole France – Ed. Alive
− “Bérengère et Richard Coeur de Lion” de Cloulas et Denieul – Ed. Hachette Lit.
− « Marco Polo - Le Livre des Merveilles » Ed. Poche Découverte
− “Le livre du Graal” - Ed. Gallimard – La Pléiade
− “Les Chroniqueurs et Historiens du Moyen Age” – La Pléïade
− “Chroniques” de Jean Froissart – Ed. Livre de Poche Lettres Gothiques
− “Mémoires” de Philippe de Commynes – Ed. Livre de Poche Lettres Gothiques
− “Chronique des abbés de Fontenelle “ (Saint Vandrille) par le frère Pascal Prédié
Ed. Les Belles Lettres.
− “le Mesnagier de Paris” par Odile Redon – Ed. Livre Poche Lettres Gothiques
− "La Cour Anjou-Provence, la vie artistique sous le règne du Roi René" de Robin -
Paris 1985
− "le Roi René, prince, mécène, écrivain, mythe" de Coulet, Planche et Robin - Aix
en Provence - 1985
− les livres de Jeanne Bourin
− « la Révolution Industrielle du Moyen Age » de Jean Gimpel – Ed. Seuil Histoire
− « The Pillars of the Earth » de Ken Follett – Ed. PAN
− « les Croisades vues par les Arabes » de Amin Maalouf – Ed. J’ai Lu
− « La ville en France au Moyen Age » de Chédeville/LeGoff/Rossiand – Ed. Seuil
Histoire.
− « le Moyen Age en Lumière » Manuscrits Enluminures des Bibliothèques de
France. De Jacques Dalarun – Ed. Fayard.

Musée du Moyen Age : Boulevard Saint Germain - Paris 6ème

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LEXIQUE

Anthropologie
"Science et description de l'homme". Ensemble des sciences qui étudient l'homme.
Anthropologie sociale, culturelle = branches de l'anthropologie qui étudient les institutions et
les techniques dans les diverses sociétés. Anthropologue : savant qui s'occupe
d'anthropologie.
Arianisme
Hérésie des ariens qui niait la consubstantialité du Fils avec le Père et fut condamné au
concile de Nicée (en 325). Arien : partisan de l'arianisme.
Ascète
Personne qui mène un vie austère. Personne qui s'impose des privations.
Canon
Loi ecclésiastique, règle, décret des conciles en matière de foi et discipline. Le droit canon:
droit ecclésiastique fondé sur les canons de l'Eglise. Age canonique : 40 ans --> âge
minimum pour être servante chez un ecclésiastique. Être d'un âge canonique = respectable.
Canoniser : mettre au nombre des saints suivants les règles et avec les cérémonies
prescrites par l'Eglise.
Capitouls
Nom des anciens magistrats municipaux de Toulouse. Les "Capitouls" ou "Consuls".
Cathare
(du grec Katharos = "pur"). Les cathares sont une secte manichéenne du moyen-âge (XI-XIII
s.)répandue surtout dans le midi et préconisant une absolue pureté de moeurs. Ex. l'Hérésie
cathare, les châteaux cathares...
Cathédrale
Faîte pour la circulation de foules immenses.
Chanoine
Dignitaire ecclésiastique, membre du chapitre d'une église, cathédrale, collégiale ou de
certaines basiliques.
Episcopat
Dignité, fonction d'évêque. Temps d'occupation d'un siège par un évêque. Corps des
évêques. Ex. épiscopat français. Episcopal : qui appartient à l'évêque : palais épiscopal,
ornements épiscopaux. Les épiscopaux = les membres de l'Eglise épiscopale (opposé à
presbytériens).
Erratique
lat. "erraticus" = errant.
Etats Généraux
Réunion des 3 états : le clergé, la noblesse et la bourgeoisie.
Qui n'est pas fixe, qui n'est pas régulier, qui change de place, situé à un endroit inhabituel.
Franciscain
Religieux de l'ordre fondé, au début du XIIIè s. par St François d'Assise.
Hérésie
Doctrine, opinion émise au sein de l'Eglise catholique et condamnée par elle comme
corrompant les dogmes. Théologien coupable d'hérésie. Principales hérésies : adanisme,
arianisme, calvinisme, protestantisme, quiétisme, socinianisme, jansénisme, luthéranisme,
manichéisme, montanisme...
Hérétique
Lat. ecclésiastique dans la religion catholique, ceux qui ont abandonné la foi catholique, celui
qui a été baptisé et qui combat les dogmes de la foi.
Hermes
Nom d'une divinité grecque correspondant à Mercure.
Inquisition
Procédure particulière de recherche et de combat de l'hérésie de la part des évêques, légats
et à partir de 1198 des Cisterciens. Enquête, recherche. Juridiction ecclésiastique
d'exception instituée par le pape Grégoire IX pour la répression dans toute la chrétienté, des
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crimes d'hérésie, des faits de sorcellerie et de magie. Inquisiteur : personnage officiel chargé
de procéder à des enquêtes.
Lai
12è s. du celtique irlandais "laid" --> poème narratif ou lyrique au Moyen Age (Marie de
France a écrit le Lai du Chèvrefeuille").
Laïc, laïque
Qui ne fait pas partie du clergé, qui n'a pas reçu les ordres de Cléricature, en parlant d'un
chrétien baptisé (ex. tribunal laïc , juridiction laïque), qui est indépendant de toute confession
religieuse. Ex : Etat laïque, l'enseignement laïque (opposé à confessionnel).
Loi Salique
(en opposition à la Loi Romaine) Parmi les nombreuses lois barbares du Ve au IXe siècle, la
plus importante est la Loi Salique. C'est la mise par écrit en latin (sous réserve de quelques
gloses en tudesques) des règles coutumières élaborées par les Francs au cours de leur
passé. Ce texte a connu plusieurs versions : la plus ancienne est peut-être antérieure au
baptême de Clovis et une révision a encore été effectuée à l'époque de Charlemagne. La
grande majorité des articles concerne le droit pénal et tarifie minutieusement l'extinction du
droit à la vengeance (la précision de ces tarifs éliminait les discussions stériles qui pouvaient
s'envenimer dangereusement). Un tiers de la composition pécuniaire est versé au roi, c'est le
"Fredum" ou argent de la paix. Les indemnités varient avec la qualité de la victime et la
gravité des corps et blessures. Le rachat du vol, surtout de bétail, occupe une place
primordiale montrant que les usages se sont formés dans le cadre d'une société
foncièrement rurale. On trouve aussi dans la loi salique quelques titres concernant la
procédure et quelques dispositions relatives au droit privé, notamment aux successions
(exclusion des filles de la terre des ancêtres alleux) --> d'où l'on a tiré à tort au moment de la
guerre de Cent Ans l'exclusion des femmes de la succession à la couronne de France. Plus
tardive, mais proche de la loi salique, la loi ripuaire a été rédigée sur ordre de Dagobert au
VIIè s. pour l'Austrasie.
Les barbares implantés en Gaule sont proportionnellement peu nombreux, cependant le
mélange des populations de races différentes pose de délicats problèmes juridiques. Les
gallo-romains avaient leur "Droit Romain" et les francs la "Loi Salique". Au tribunal, on
respectait la personnalité des Lois dans le "Regnum Francorum". Chacun suit la "loi" de ses
origines. La question posée au plaideur était : "sous quelle loi vis-tu ?". la réponse était :
romaine ou salique.
Légat
Ambassadeur du Saint Siège.
La "Marche"
Vers 795, Charlemagne crée la "Marche" de Catalogne avec à sa tête un "marquis".
Médiéval
Relatif au Moyen-Age. Médiéviste : spécialiste de l'histoire du Moyen Age. Médiévisme :
étude ou connaissance et goût du Moyen-Age.
Monachisme
Vie de moine, état de moine, institution monastique. Monacal : relatif aux moines à leur vie,
leur état : mener une vie monacale.
Oecuménique
Religion à caractère universel. Oecuménisme : mouvement favorable à la réunion de toutes
les églises chrétiennes en une seule.
Orthodoxe
Conforme à un dogme religieux ou à une doctrine : théologie orthodoxe. Qui concerne les
Eglises chrétiennes d’Orient, séparées de Rome depuis 1054. Congrès réunissant des
catholiques romains, des orthodoxes et des protestants. Orthodoxie : Ensemble des Eglises
chrétiennes d’Orient. Avoir toujours une opinion orthodoxe – syn. Conformiste.
OTTON, empereurs germaniques (4).
OTTON 1ER le Grand (912-973) : souverain habile et sage. Il s'appuie sur l'Eglise pour
soumettre ses vassaux, se fait proclamer roi d'Italie en 951. Il arrête l'invasion hongroise et
slave en 955. Couronné empereur du Saint Empire Romain par le pape Jean XII en 962.

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OTTON II (955/973-983) : son fils. Couronné roi de Germanie en 961 puis empereur du Saint
Empire en 967, du vivant de son père. Il maîtrise les révoltes de Souabes et de Bavière et
l'invasion danoise, mais ne parvint pas à maintenir l'autorité allemande en Italie.
OTTON III (980/983-1002) : son fils. Couronné roi de Germanie en 983. Sous son règne,
l'Eglise s'empare du pouvoir politique par l'entremise de l'archevêque de Mayence. Sacré
empereur en 996, il se fixe à Rome et se fait remarquer pour son érudition et ses qualités
politiques. Il fait pape Sylvestre II son maître français Gerbert d'Aurillac, et tente de
ressusciter un empire romain chrétien. La Germanie tombe dans l'anarchie. Rome se
soulève contre lui et l'oblige à fuir à Ravenne en 1001.
OTTON IV de Brunswick (1175 ou 1182-1218) neveu de Richard Coeur de Lion qui lui
donne le duché d'Aquitaine. Elut roi des romains en 1198, il doit affronter Philippe de Souabe
qui est assassiné. Il devient empereur germanique en 1208. Il envahit la Sicile en 1210 et est
excommunié. Les anciens partisans de Philippe de Souabe en profite pour élire un autre
empereur : Frédéric II. Le roi de France, Philippe Auguste soutient Frédéric II (ils ont fait une
croisade ensemble !). OTTON s'allie alors au roi d'Angleterre et au comte de Flandre contre la
France, mais est battu à Bouvines (1214) et Frédéric est vainqueur.
Paganisme
Nom donné par les chrétiens de la fin de l'empire romain aux cultes polythéistes. Ex. le
paganisme hellénique.
Prélat
Haut dignitaire ecclésiastique (cardinal, archevêque...) ayant reçu la prélature à titre
personnel. Prélat = "porté en avant, préféré". Prélats domestiques : certains clercs de la
maison du pape.
Profane
Etranger à la religion.
Régalien
Droits régaliens du roi de percevoir les revenus des évêchés vacants, de pourvoir aux
bénéfices pendant le temps de la vacance. Régale : droit royal, droit considéré comme
inhérent à la monarchie.
Le Roi René
Né à Angers en 1409- mort à Aix-en-Provence en 1480). Deuxième fils de Louis II d'Anjou et
de Yolande d'Aragon, il reçut de nombreux fiefs : les duchés de Bar, de Lorraine et d'Anjou,
le comté de Provence, ainsi que la royauté théorique sur Naples et la Sicile et Jérusalem.
Marié à Isabelle de Lorraine.
Hostile au duc de Bourgogne, Philippe le Bon, qui le vainquit et le fait prisonnier à Bulguéville
en 1431, il est libéré en 1436 et parvient à occuper Naples et à y régner (1438-1442). Il ne
peut empêcher les Aragonais de reconquérir sa capitale. Il regagne alors la Provence et la
France où il soutient Charles VII. Plus heureux dans sa vie privée que dans ses actions
publiques, il est un mécène protecteur des Arts et des Lettres malgré ses besoins d'argent.
Erudit et collectionneur, ce souverain s'entoure d'artistes et de savants et tient à Aix-en-
Provence une des cours les plus policées et les plus fastueuses de son siècle.
Schisme
Séparation d'un groupe de croyants rejetant l'autorité gouvernant leur Eglise. Le schisme est
une contestation de la discipline ecclésiastique et non, comme l'hérésie, une corruption des
dogmes. Le Grand Schisme d'Occident (1378-1417) : un schisme de 39 ans écartèle
l'Eglise qui vient à peine de retrouver son équilibre après le long "exil" d'Avignon.
Sémite
Se dit des différents peuples appartenant à un groupe ethnique originaire d'Asie occidentale
et parlant des langues apparentées (sémitiques). Celui qui appartient à un groupe de
langues d'Asie occidentale et d'Afrique, présentant des caractères communs. Ex : les
Arabes, les juifs sont des sémites. Avoir un type sémite : israélite.
Antisémitisme : racisme dirigé contre les juifs.
Souverain
Roi au-dessus de ses sujets dans le royaume.
Suzerain
Roi au-dessus des seigneurs et de ses vassaux.

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Triforium
Rang de baies ou de galeries de moindres importances pratiqué dans les murs latéraux au-
dessus des bas-côtés dans une cathédrale.
Vase de Soissons
Clovis promet à un évêque de lui restituer un vase sacré faisant partie du butin. Un guerrier
s'y étant opposé, Clovis s'incline. Mais l'année suivante lors d'une inspection militaire, il lui
reproche l'état déplorable de ses armes, et l'exécute par surprise.

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