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Introduction : définition simple : le Moyen Âge est une longue période de plus de 1000 ans qui
s’étend entre deux grandes ruptures dans l’histoire de l’Occident et du monde méditerranéen :
• la fondation de Constantinople (324), puis, à la fin du IVe siècle, le partage entre Orient et Occident
romains ;
• la chute de Constantinople prise par les Ottomans en 1453 (point de vue oriental) ou la découverte
• cette vision du temps n’existait pas à l’époque : les hommes de la Renaissance ont voulu retourner à
d’inspiration pittoresque ;
• la République naissante, centralisée puis laïque, considère le Moyen Âge comme une période
• le Moyen Âge traîne toujours avec lui ces accusations : combien de fois n’entendons-nous pas dire à
propos d’actes de fanatisme, d’obscurantisme, d’oppression, d’ignorance qu’ils sont dignes du Moyen
Âge ! On réservera l’adjectif moyenâgeux à ces jugements de valeur, donc on ne l’utilisera pas, et on
• dans cette introduction, nous allons définir plus précisément le Moyen Âge sous deux aspects : les
§ Moyen Âge : produit de deux mondes : images diffus dans nos têtes – résultat de la recherche
scientifique/médiévistique
1. L’âge sombre
tournois, foires médiévales avec les métiers, les jongleurs, rôties à la broche
§ Moyen Âge du romantisme : plan de projection de l’homme et son désir d’une monde sans
complexité : idée d’une monde intact et originel – le bon vieux temps – contexte idyllique du
§ autre sentiment : refus radical – partie intégrante de l’évolution de notre disposition mentale
§ contexte des lumières : mouvement philosophique du XVIIe XVIIIe siècle : âge de la raison –
§ différence radicale des prémisses qui sont à la base notre vie individuelle et sociale comparé à
l’homme médiéval
§ définition de l’homme moderne : lien entre action et raison – idéaux collectifs comme égalité,
§ autre raison pour le sentiment d’altérité et d’étrangéité du Moyen Âge : âge sombre, primitif et
§ tensions entre idyllique et terreur aussi raision de la fascination : destination pour des voyages
§ Umberto Eco, Le nom de la Rose : William of Baskerville comme point de lumière dans un âge
sombre
§ conscience de ces traditions et effets mentaux dans l’approche du Moyen Âge important pour la
espace – temps
§ mais reste systématisation et typologie scientifique : différenciation par des liens entre macro- et
microperspective, fluidité des frontières entre les époques et la structuration interne de l’époque
§ centre - périphérie
a/ les invasions
• la partie occidentale de l’Empire romain (Péninsule ibérique, Gaule, Angleterre, Italie, Afrique du
• au-delà des frontières, les peuples germaniques que les Romains qualifient de barbares, en général
organisés en royaumes : poussés par les Slaves et les Huns, ils envahissent le monde romain à partir du
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IV siècle ;
• en 406, les Suèves et les Vandales, avec d’autres franchissent le Rhin ; les Suèves s’installe dans la
• les Wisigoths, stationnés sur le Danube, sont repoussés par l’Empire d’Orient ; mettent à sac Rome
• les Burgondes s’installent de la Suisse actuelle à la Bourgogne et au Lyonnais ente 410 et 490 ;
• les Francs envahissent la Gaule par le Nord à la fin du Ve siècle et la dominent presqu’entièrement
au début du VIe.
• les peuples germaniques ont adopté le christianisme ; les derniers à se convertir sont les Francs,
• les aristocraties sont rapidement converties ; dans les campagnes, il faut attendre au moins deux
Cet Occident médiéval, chrétien et latin, est peu compréhensible si on l’étudie seul sans connaître
2/ L’Empire byzantin
• Byzance : ce mot n'existe pas au Moyen Âge. Il a été inventé par les érudits à l'époque moderne pour
désigner la partie orientale de l'empire romain (Byzance était le nom de la ville grecque qui a précédé
• en 476, lorsque Rome tombe aux mains des Barbares, l'Empire romain continue en Orient sans
rupture ;
• les habitants de cet empire se disent romains, l'empereur “Empereur des Romains” ; les Arabes les
appelaient rûms ;
b/ un modèle politique
• formidable réussite politique : un empereur (basileus) obéi par une administration performante ;
• sert de modèle lorsque Charlemagne se fait couronner Empereur à Rome à la Noël 800 ;
• les lettrés autour de Charlemagne reprirent à leur compte l'idéal impérial tel que défini par Byzance
d'un empereur unique, représentant du Dieu unique, placé à la tête d'un empire à prétentions
universalistes.
a/ un monde nouveau
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• en Arabie au début du VII siècle Muhammad (=Mahomet) prêche une nouvelle religion : l'islam
(islam = mot arabe qui est dans le Coran = la nouvelle religion qui se définit par la soumission à Dieu,
en reconnaissance des bienfaits donnés par Dieu = tel est le sens du mot islam). Les adeptes sont
• de son vivant même l'Arabie, et ses habitants les Arabes, se convertissent à cette religion et
reconnaissent l'autorité politique de Muhammad comme chef suprême de toutes les tribus ;
• Muhammad a prêché dans une Arabie où dominaient un système tribal et l’absence d’État. Il a
rassemblé les Arabes dans une communauté où religion et pouvoir étaient fortement liés ; où
Muhammad détenait le pouvoir religieux (prophète apportant la révélation) et politique (chef de guerre
et d’armée).
b/ la conquête et l’Empire
• dès la mort de Muhammad en 632, les Arabes commencent à conquérir une large partie large partie
• d'où un nouvel empire sous la direction des califes, successeurs de Muhammad comme détenteurs
du pouvoir politique ;
• arabe ? oui, parce que conquis par les Arabes et que ceux-ci vont progressivement imposer leur
langue ; mais, à côté des Arabes, vivaient d'autres populations importantes : Perses, dans l'espace
iranien, Berbères au Maghreb, plus tard Turcs; et des groupes minoritaires comme les Arméniens, les
bout de plusieurs siècles la religion de la majorité des indigènes (mais pas de tous : il existe jusqu'à
• les auteurs arabes du Moyen Âge parlent plutôt de “dâr al-islâm”, le territoire de l'islâm ;
• pour signifier cet espace géopolitique, parlons plutôt de “pays d'Islam” : “Islam” tout court, met
en avant le seul aspect religieux et laisse entendre une unité politique, économique, sociale, culturelle
• aujourd’hui on tente de faire la distinction entre islam et musulman pour religion, Islam et islamique
pour pays d’Islam et la civilisation qui s’y est déployée ; évidemment différent des mots islamisme et
islamiste, d’usage récent, proprement occidental, pour désigner les mouvements politiques qui voient
dans l’application stricte de la Loi musulmane la seule voie d’organisation politique et sociale.
Épilogue : l'Orient - Empire byzantin et pays d'Islam – est, pendant toute la première partie du Moyen
Âge, infiniment plus riche, plus peuplé, plus prospère et plus cultivé que l'Occident ;
• les villes sont en Orient : tandis que la capitale de Charlemagne, Aix-la-Chapelle, compte quelques
• Bagdad, fondé sur les rives du Tigre en 762, devient très vite une capitale cosmopolite et
multiconfessionnelle d’un million d’habitants, carrefour commercial et culturel qui draine toutes les
richesses de l’Orient ;
• l’or est en Orient : le sou d’or byzantin est la monnaie du grand commerce jusqu’en 1204, les Arabes,
maîtres des routes de l’or, produisent avec le dinar une monnaie équivalente ;
• il a rapidement disparu des royaumes germaniques : il faut attendre 1252 pour des villes italiennes
quelques auteurs latins tardifs et les Pères de l’Église ; les sciences n’existent plus ;
• en Orient, le savoir hérité des Grecs se maintient dans l’Empire byzantin ; les Arabes, à Bagdad, se
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l’approprient, avec la science perse, en le traduisant, au IX siècle, et en font la base d’un
Ces désignations sont aujourd’hui discutées, mais vous les retrouvez encore dans nombre de manuels.
Et surtout l’appréciation sur ces périodes et les ruptures qu’elles auraient induites a beaucoup changé ;
deux exemples :
• la croissance économique commence au milieu du VIIIe siècle et non autour de l’an mil ;
• l’époque mésobyzantine, ou byzantine classique, de 641 à la prise de Constantinople par les croisés
(1204) ;
• les débuts de l’islam et les conquêtes (début VIe siècle - 750 : fin du califat omeyyade) ;
• les siècles d’apogée : de 750 aux années 1050 (1055 : entrée des Turcs à Bagdad) ;
• les pays d’Islam face aux facteurs nouveaux : arrivée des Turcs, importance des Berbères, expansion
de l’Occident.
1. Évolutions idéologiques
§ avant tout outil de systématisation et structuration pour se repérer dans une millénaire
histoire
§ focalisation sur une unité de temps mais aussi représentation d’une période de l’histoire :
nouveau, différence par rapport au précédent : valable pour toutes les définitions
d’époques
universalis : Historia Antiqua – Historia Medii Aevi – Historia nova, Moyen Âge de
siècle
§ terme tiroir
§ identité entre l’histoire mondiale et l’histoire sainte avant tout l’histoire chrétienne
§ hommes du Moyen Âge : dernière partie de l’histoire sainte entre la naissance du Christ et
§ cadre référentiel : République romaine – Marcus Tullius Cicero (106-43 av. J.-Chr.)
§ pour la première fois chez Giovanni Andrea de’ Bussi en 1469, éloge de l’humaniste Nicolas
de Cues
antique en général
§ renouveau de l’historiographie
§ conception tripartite de l’histoire : Antiquité comme référence, leur époque comme point de
§ concept de la rupture
§ limite du terme : dans la tradition des humanistes terme fait sens uniquement dans des
§ Italie évident, mais plus problématique pour les autres parties de l’Europe
Frédéric Barberousse (1152-1190) : idée d’un rétablissement de l’empire romain avec une
interprétation germanique
§ la même chose pour les terres découvertes au XVe XVIe siècle : Amériques, Asie, Afrique
§ terme Moyen Âge fait uniquement sens si malgré tout éléments de cohérences pour
Conclusions
spatiotemporel ferme à l’objet des leurs études le Moyen Âge est la résultat d’une
§ pour aller au-delà de la critique et de la polémique propre au terme Moyen Âge il s’agira d’y
mettre de la lumière pour éclairer les spécificités du temps entre 500 et 1500 et de
comprendre peut-être aussi son importance pour notre propre époque ce qui en contexte
québécois voudra dire aussi de comprendre la dimension globale du Moyen Âge comme
référence
§ idée de l’âge sombre renferme son grain de vérité tant qu’il se réfère par exemple aux idées
des humanistes qui étaient les premiers à définir le Moyen Âge comme époque à part
entière
§ sur le plan scientifique : contre un corset ferme pour insister sur les aspects processuels
mais aussi pour ouvrir des perspectives de comparaison dont le potentiel reste en partie
encore à explorer