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L’assistance aux victimes de séismes

dans le monde gréco-romain


Pierre Sánchez

Introduction

Lorsque les médias contemporains évoquent un séisme, ils accordent


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une place prépondérante aux vitimes, le terme étant employé indifé-


remment pour désigner les personnes qui ont péri ou pour qualiier celles
qui ont survécu : on dénombre les morts et les sans abris, on interroge les
survivants et les sauveteurs, et l’on expose les mesures prises par les auto-
rités pour porter assitance aux sinitrés, tout en lançant un appel à la
solidarité internationale. Ce n’et guère le cas dans la littérature antique 1,
qui ne s’intéresse que rarement au sort des vitimes et aux mesures prise
en leur faveur 2 : plusieurs fateurs expliquent ce phénomène.

Les séismes et leurs victimes


dans la littérature antique

Ni la langue grecque ni la langue latine ne connaissent de terme équi-


valant au mot « vitime » pris dans son sens atuel, qui aurait iguré sys-
tématiquement et de façon proéminente dans les récits de catatrophes. Le
grec préfère employer des périphrases du type « ceux qui ont péri durant
le séisme » ou « ceux qui ont échappé au séisme ». C’et ce qu’illutre
notamment une inscription rhodienne gravée sur un autel dédié « [à la
mémoire] de ceux qui sont morts lors du séisme » (de 227-225 av. J.-C.) 3.
48 victimes au féminin

À cette occasion, un certain Ménécratès fut aussi honoré pour avoir


inancé la contrution du rempart et des mémoriaux « pour ceux qui
ont péri durant le séisme »4. À Nicomédie, on a trouvé une tèle érigée
par un père à la mémoire de ses deux ils et de leur pédagogue « [morts]
dans l’écroulement du tremblement de terre » (de 120 ap. J.-C.) 5. Chez
les auteurs latins, Sénèque parle simplement de « grand carnage » ou de
« foules écrasées » à propos des vitimes du séisme de 62 ap. J.-C.6.
Cette absence de concept de « vitime » dans la littérature gréco-
romaine tient en partie au fait que la majorité des Anciens etimait que
les désastres qualifiés de « naturels » par l’homme moderne, et par
quelques savants et philosophes du monde antique, étaient en réalité des
avertissements ou des châtiments envoyés par les dieux : ceux qui avaient
péri ou qui avaient été blessés n’étaient donc pas considérés comme des
vitimes innocentes qu’il fallait pleurer ou secourir, mais comme des
coupables qui avaient mérité leur sort 7.
Diodore de Sicile fournit l’exemple le plus frappant de ce type d’ap-
proche : à propos du séisme qui frappa le Péloponnèse en 373 av. J.-C.,

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il dit :

quelques physiciens ont mieux aimé chercher la cause nécessaire et natu-


relle de ce phénomène que de le regarder comme un efet particulier de la
colère des dieux. Mais les hommes religieux ont présenté aux impies dans
cet exemple des preuves très vraisemblables de la vengeance célete : nous
tâcherons de les rapporter exatement 8.

Suit un récit détaillé des sacrilèges commis envers Poséidon par les habi-
tants des deux cités ravagées par le séisme, que le pieux hitorien conclut
de la façon suivante : « on remarqua en outre que personne d’autre ne
périt dans le désatre rapporté plus haut que ceux qui s’étaient person-
nellement rendus coupables d’impiété »9.
Aussi, on ne s’étonnera pas que certains auteurs antiques aient
jugé plus important de rapporter les mesures prises par les autorités
pour apaiser les dieux ou pour prévenir leur colère, que de s’intéresser
au sort des vitimes : hucydide relève que les désatres naturels ont été
particulièrement nombreux durant la Guerre du Péloponnèse 10 et il se
plaît à en souligner l’inluence sur la politique extérieure des belligé-
rants : en réation au séisme de 420 av. J.-C, les Athéniens décidèrent
d’ajourner un débat sur l’opportunité de conclure une alliance avec
assistance aux victimes dans le monde gréco-romain 49

Argos et les Lacédémoniens interrompirent les négociations en cours


avec Corinthe 11 ; ces derniers renoncèrent aussi plus d’une fois à entre-
prendre des expéditions militaires à la suite d’un séisme 12. Tite-Live a
répertorié parmi les prodiges les diférents séismes survenus à Rome et
en Italie au il des siècles, ainsi que les rites accomplis sur ordre du Sénat
pour les expier, mais il ne mentionne jamais d’éventuelles mesures prises
en faveur des vitimes 13.
Il arrivait aussi que les séismes soient considérés comme des signes
positifs envoyés par les dieux, notamment lorsqu’ils faisaient jaillir une
source nouvelle, asséchaient une plaine marécageuse, ou révélaient un
filon d’argent, lorsqu’ils abattaient les murailles d’une cité ennemie
ain d’en faciliter la prise d’assaut ou, au contraire, lorsqu’ils mettaient
en fuite des assiégeants ou des pilleurs de temple. Dans ces récits, les
vitimes n’avaient pas leur place, sauf si elles se trouvaient du côté de
l’ennemi en déroute, et elles étaient naturellement considérées comme
des coupables jutement châtiés par les dieux14.
Quant aux scientiiques et aux philosophes antiques qui ont cherché
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des causes naturelles aux catatrophes et qui ont tenté d’en identiier les
signes annonciateurs, ils étaient généralement mus par des considéra-
tions fort éloignées de ce que nous appelons aujourd’hui les préoccu-
pations humanitaires 15. Pour les premiers, il s’agissait surtout de satis-
faire leur curiosité scientiique et de proposer aux eprits sceptiques des
explications plus rationnelles que la colère des dieux ; pour les seconds,
l’étude des catatrophes servait surtout de prétexte à une rélexion sur la
faiblesse de l’homme face aux éléments et sur l’impossibilité d’échapper
à son detin. Au lendemain du séisme qui frappa la Campanie en février
62 ap. J.-C., le moralite Sénèque décida de consacrer un livre entier aux
diférents signes annonciateurs et causes possibles des séismes, mais son
objetif n’était pas de les prévenir ain de sauver des vies humaines : il
s’agissait de montrer que le sage devait se débarrasser de toute peur et
se préparer sereinement à la mort, qui était elle aussi un phénomène
naturel et inélutable 16.
Finalement, on peut relever que la plupart des hitoriens antiques
qui ont décrit en détail les effets des catastrophes naturelles se sont
davantage intéressés aux bouleversements apparus dans le paysage et
aux detrutions de monuments célèbres qu’aux tragédies humaines qui
les ont accompagnés. Leur objetif était de captiver le leteur, tant par
la forme que par le fond du récit, tout en transmettant à la potérité
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des faits dignes de mémoire : les conséquences petaculaires et durables


des catatrophes sur le paysage et sur l’urbanisme étaient plus propres à
remplir cette fontion que le sort de vitimes anonymes.
Par exemple, nous savons que le séisme qui ravagea Rhodes vers
227-225 av. J.-C. détruisit le Colosse, l’une des sept merveilles du monde
antique, ainsi que les remparts et les arsenaux, mais nous ignorons le
nombre des vitimes 17. Dans son exposé du séisme qui frappa la Grèce
centrale en 233/2 av. J.-C., Strabon ne donne que peu d’informations sur
les vitimes (1700 morts à hronion, 800 morts à Scarphée, 25 jeunes
illes tuées à Alpônos dans l’écroulement de la tour sur laquelle elles
étaient montées pour observer le tsunami), alors qu’il décrit avec pré-
cision les changements survenus dans le paysage et les dégâts matériels
subis par les cités 18. Sénèque évoque en détails les detrutions inligées
aux cités de Campanie par le séisme de 62 ap. J.-C., mais il ne consacre
que trois mots – littéralement – aux vitimes, alors qu’il en emploie
sept pour évoquer la mort subite d’un troupeau de six cents moutons 19,
un phénomène qu’il attribue aux émanations mortelles issues du sol

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crevassé 20.
Un texte fait exception : il s’agit du récit donné par Dion Cassius du
séisme qui frappa Antioche en 115 ap. J.-C., alors que l’empereur Trajan
était sur place. L’auteur ne se contente pas de décrire les efets des secousses
sur les bâtiments et le paysage, il donne une description détaillée du sort
des vitimes et il ajoute trois anecdotes relatives à des sauvetages mira-
culeux, dont celui de l’empereur. Son récit et celui qui s’apparente le
plus à ceux que l’on rencontre aujourd’hui dans nos médias :

D’abord, on entendit tout à coup un grand gémissement, suivit ensuite


une violente secousse ; la terre tout entière bondissait, les édiices s’élan-
çaient en haut : les uns, enlevés en l’air, retombaient et se disloquaient ;
les autres, ébranlés de çà et de là, tournoyaient comme au milieu des lots
agités, et, de plus, occupaient une grande partie de l’epace. Le fracas
des bois qui se rompaient et se brisaient, joint à celui des pierres, des
tuiles, était tellement efrayant, il se levait une telle poussière, qu’on ne
pouvait ni se voir, ni se parler, ni s’entendre. Plusieurs personnes, qui
étaient hors de leurs maisons, furent atteintes, enlevées en l’air et vio-
lemment emportées ; puis, précipitées comme du haut d’un escarpement,
elles retombaient meurtries : les unes étaient mutilées, les autres mortes.
Des arbres même furent arrachés avec leurs racines. Quant à ceux
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qui périrent surpris dans leurs maisons, leur nombre et incalculable ;


beaucoup, en efet, furent écrasés par le choc des objets qui tombaient ;
beaucoup aussi furent étoufés sous des monceaux de terre. Tous ceux
qui avaient quelque partie du corps engagée sous les pierres ou les bois,
étaient dans un état déplorable, sans pouvoir ni survivre, ni mourir sur-
le-champ. Néanmoins quelques-uns d’entre eux, sur cette population
innombrable, parvinrent à se sauver ; mais tous ne s’en tirèrent pas sans
soufrance. Quelques-uns y eurent ou les jambes, ou les épaules, ou la
tête mutilée. D’autres vomirent le sang ; parmi eux fut le consul Pédo,
qui même faillit en mourir. En un mot, il n’y eut absolument aucun léau
dont la violence ne se fît alors sentir. La divinité ayant prolongé le trem-
blement pendant plusieurs jours et plusieurs nuits, les habitants étaient
en proie à l’incertitude et à l’embarras : les uns étaient engloutis et tués
par la ruine des édiices ; les autres, à qui, soit un epace vide formé par
l’inclinaison des bois, soit la voûte d’un entrecolonnement permit de
conserver la vie, mouraient par la faim. Lorsque le léau eut enin cessé,
un homme, ayant eu la hardiesse de s’avancer sur les ruines, s’aperçut
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qu’il y avait une femme vivante. Cette femme n’était pas seule, elle avait
un enfant, et s’était soutenue en se nourrissant, elle et son enfant, de son
propre lait. Après avoir écarté les décombres, on la rappela à la vie, ainsi
que son enfant ; puis on se mit à fouiller les autres endroits, et on n’y put
trouver être vivant, excepté un enfant attaché à la mamelle de sa mère
déjà morte, qu’il tétait encore. En retirant les morts, on n’avait plus de
joie d’avoir conservé la vie. Tels furent les malheurs qui accablèrent alors
Antioche ; quant à Trajan, il s’échappa par une fenêtre de la maison où
il était, guidé par un homme d’une taille au-dessus de la taille ordinaire
des hommes, qui s’était approché de lui, en sorte qu’il en fut quitte pour
quelques blessures légères ; mais, comme le tremblement dura plusieurs
jours, il se tint dans le cirque en plein air. Le Mont Casios lui-même
fut tellement ébranlé que sa cime sembla se pencher et se briser jusqu’à
tomber sur la ville. D’autres montagnes aussi s’afaissèrent ; de l’eau sortit
en abondance là où il n’y en avait pas auparavant, comme aussi elle tarit
dans des lieux où elle coulait en abondance 21.
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Séismes et solidarité entre


États dans le monde grec

Quelques témoignages antiques fournissent des renseignements relatifs


à l’assitance aux vitimes de catatrophes : nous savons que certains des
séismes qui ont frappé la Grèce au Ve siècle av. J.-C. ont été meurtriers,
notamment celui qui toucha la Laconie vers 464 av. J.-C. et celui qui
dévata la Grèce centrale en 426 av. J.-C. 22. Diodore parle de 20 000
morts pour le premier épisode et il airme que ceux qui ont eu la vie
sauve l’ont due à la présence d’eprit du roi Archidamos, qui persuada ses
citoyens de se regrouper dans les campagnes en emportant leurs armes,
ain d’être en mesure de se protéger contre une éventuelle révolte des
hilotes 23. Par la suite, les Spartiates irent appel à l’aide de leurs alliés,
mais ce ne fut pas pour porter secours aux vitimes : il s’agissait uni-
quement de mater le soulèvement des hilotes et des Messéniens, qui
avaient efetivement proité du séisme pour prendre les armes et tenter
de secouer le joug partiate 24.

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Il faut attendre le IVe siècle av. J.-C. pour entendre parler pour la
première fois d’une quelconque intervention étatique en faveur des vic-
times : à la suite du séisme qui détruisit Héliké et Boura, en Achaïe, en
373 av. J.-C., les autorités centrales de la ligue achéenne envoyèrent 2000
soldats pour récupérer les corps ain de leur donner une sépulture. Les
cités ne furent pas recontruites, le territoire d’Héliké fut partagé entre
les cités voisines, et nous ignorons ce qu’il advint des survivants 25.
C’et dans le dernier tiers du IIIe siècle que l’on trouve les premières
traces d’une véritable solidarité entre États grecs à la suite de tremble-
ments de terre, mais cette entraide semble ditée autant par des intérêts
politiques et économiques que par des considérations humanitaires : la
ville de Kyténion en Doride envoya une ambassade à la lointaine cité de
Xanthos, en Lycie, ainsi qu’aux rois Ptolémée III et Antiochos III, ain
d’implorer leur secours au nom des liens de parenté – mythiques en l’oc-
currence – qui les unissaient aux Doriens de Grèce centrale. Les ambassa-
deurs expliquèrent que les remparts des cités de Doride s’étaient écroulés à
la suite d’un séisme et que le roi de Macédoine Antigonos Dôsôn en avait
proité pour s’emparer des villes et incendier les maisons. Les Xanthiens
leur répondirent que leur trésor public était à sec et qu’il était impossible
de réclamer des impôts supplémentaires aux citoyens, mais ils consen-
tirent néanmoins à contrater un modete emprunt de 500 drachmes
assistance aux victimes dans le monde gréco-romain 53

ain de venir au secours de leurs parents doriens 26. Pour Xanthos, l’in-
tention d’aider comptait davantage que la somme efetivement allouée
et, plus encore que l’intention elle-même, c’était la publicité donnée à
cette intention qui importait : la cité a trouvé l’argent nécessaire pour
faire graver et ériger dans son santuaire une grande tèle de pierre com-
mémorant l’épisode. Mais ce n’et pas tout : les cités de Doride faisaient
partie de la ligue étolienne qui luttait contre la Macédoine et qui se cher-
chait des appuis du côté de l’Égypte lagide, laquelle contrôlait Xanthos
et s’était plusieurs fois trouvée en conlit avec les rois de Macédoine.
L’appel à une aide extérieure pour la recontrution des murailles des
cités doriennes, encouragé par les autorités centrales de la ligue étolienne,
paraît avoir été aussi l’occasion de resserrer les liens d’amitié entre les
puissances traditionnellement hotiles à la Macédoine27.
Le tremblement de terre qui endommagea Rhodes vers 227-225 av.
J.-C. fournit un autre exemple de solidarité entre États grecs 28. Dans une
perpetive moralite et didatique, l’hitorien Polybe montre comment
les Rhodiens surent tirer parti de la catatrophe pour retrouver rapi-
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dement une situation lorissante et même atteindre un degré supérieur


de propérité : grâce à un subtil mélange de dignité dans leur attitude et
de persuasion dans l’exposé de leurs malheurs, les ambassadeurs dépêchés
dans le monde grec pour solliciter de l’aide obtinrent de la part des sou-
verains et des cités des dons considérables en nature ou en argent. Polybe
en donne la lite détaillée, avant de conclure par un éloge de l’habileté
des Rhodiens, et par une pointe contre la ladrerie des rois de son temps,
qui ne méritaient pas, selon lui, les honneurs insensés que leur décer-
naient les cités, et qui feraient mieux fait de suivre l’exemple de leurs
généreux prédécesseurs. La lite des donations mérite d’être citée :

Hiéron et Gélon leur donnèrent d’abord septante-cinq talents d’argent


pour l’huile dont on se servait au gymnase, une partie tout de suite, le rete
un peu plus tard ; en outre, ils leur envoyèrent des chaudrons d’argent avec
leurs supports, quelques aiguières, dix talents pour les sacriices et autant
pour le rétablissement des citoyens, si bien que le total de leurs dons était
d’environ cent talents. De plus, ils exemptèrent de tout droit d’entrée les
navigateurs rhodiens qui viendraient chez eux et envoyèrent encore cin-
quante catapultes de trois coudées. Enin, après avoir fait tous ces cadeaux,
comme si c’étaient eux les obligés, ils firent élever sur le marché de
Rhodes deux tatues représentant le peuple de Rhodes couronné par celui
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de Syracuse. Ptolémée leur ofrit trois cents talents d’argent, un million


de mesures de blé, du bois pour contruire dix vaisseaux à cinq rangs de
rames et dix autres à trois rangs de rames, quarante mille coudées bien
mesurées de planches de pin quadrangulaires, mille talents en monnaie
de bronze, trois mille talents d’étoupe, trois mille voiles ; de plus, pour la
retauration du colosse, trois mille talents, cent maîtres-maçons, trois cent
cinquante manœuvres et quatorze talents pour le salaire annuel de tous
ces ouvriers ; puis, douze mille mesures de blé pour les jeux et les sacri-
ices, et vingt mille pour la subsitance de dix trières. Il envoya immédia-
tement la plupart de ces dons : pour l’argent, il en versa le tiers. Antigone,
de son côté, donna aux Rhodiens dix mille pièces de bois de huit à seize
coudées pour en faire des palissades, cinq mille solives de sept coudées,
trois mille talents de fer, mille talents de poix séchée, mille mesures de
poix crue ; et il s’engagea en outre à leur verser cent talents d’argent. Sa
femme Chryséis leur ofrit cent mille mesures de blé et trois mille talents
de plomb. Séleucos, le père d’Antiochos, outre l’exemption des droits de
douane dans les ports de son royaume, outre dix vaisseaux à cinq rangs

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de rames complètement équipés et deux cent mille mesures de blé, leur
donna encore du bois, de la résine et du crin, le bois par dizaines de mil-
liers de coudées, le rete par milliers de talents. Prusias et Mithridate sui-
virent ces exemples, ainsi que tous les souverains qui régnaient alors en
Asie, notamment Lysanias, Olympichos et Limnéos. Quant aux cités qui
vinrent en aide aux Rhodiens, chacune selon ses moyens, il serait diicile
d’en dire le nombre 29.

Une partie de ces dons visait à secourir sans distinction l’ensemble


des victimes du séisme : c’est le cas notamment de l’argent et/ou du
blé fournit sans autre précision par Ptolémée, Séleucos, Chryséis et les
dynates de Syracuse « pour le rétablissement des citoyens ». D’autres
donations ont été efetuées dans un but bien précis : pour la fourniture
de l’huile au gymnase, pour les sacriices et les concours, ou encore pour
la retauration du Colosse, qui fut toutefois laissé à terre sur ordre d’un
oracle 30. Mais la plupart des matériaux fournis par les souverains étaient
detinés à la recontrution des arsenaux, des murailles et de la lotte
commerciale et militaire de Rhodes : c’et le cas des palissades, des pièces
de bois de grande dimension, des tissus pour les voiles, du plomb et du
fer pour les agrès, de la résine et de la poix pour l’étanchéité des coques,
du crin pour les cordages et des rations de blé pour les marins. Quant
assistance aux victimes dans le monde gréco-romain 55

aux catapultes ofertes par Syracuse, elles devaient permettre à la cité de


se défendre en attendant la recontrution des murailles.
À terme, le rétablissement de la puissance navale et commerciale
des Rhodiens devait proiter aux vitimes elles-mêmes, mais ce rétablis-
sement était également indipensable aux souverains qui l’ont inancé,
et leur générosité était en partie intéressée. En efet, la puissante cité de
Rhodes, qui était parvenue à conserver son indépendance tout en entre-
tenant de bonnes relations avec l’ensemble des États hellénitiques, était
un ateur incontournable du jeu politique et des réseaux commerciaux
en Méditerranée orientale. Les Ptolémées entretenaient des liens étroits
avec les Rhodiens, car ils avaient besoin de leur lotte pour exporter dans
tout le monde grec les matières premières en provenance de l’Égypte et
de leur empire maritime 31. Quant aux Séleucides et aux dynastes de
Syracuse, ils epéraient proiter de l’occasion pour développer leur propre
commerce extérieur en s’appuyant sur la lotte rhodienne, et c’et pour
attirer les Rhodiens dans leurs ports qu’il leurs ont accordé l’exemption
des taxes portuaires. Cette surenchère dans la muniicence a donc été
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un moyen, pour des souverains souvent rivaux, parfois en conlit ouvert,


et dont certains portaient les titres honorifiques de « Sauveur » ou
« Bienfaiteur », d’aicher leur puissance et leur richesse, et de mani-
feter leur bienveillance à l’ensemble du monde grec tout en s’attirant la
reconnaissance et les faveurs des Rhodiens. On peut penser qu’une cité
moins importante sur le plan tratégique et économique n’aurait pas été
en mesure de susciter autant de générosité 32.
Vingt ans plus tard, probablement à la suite d’un séisme qui frappa
la Carie vers 198 av. J.-C., la dynatie des Séleucides se porta au secours
de l’importante cité portuaire d’Iasos, « tombée dans des malheurs
imprévus ». Nous connaissons le détail des mesures prises en faveur des
vitimes grâce à une lettre de Laodice, la sœur-épouse du roi Antiochos,
adressée aux autorités de la cité :

La reine Laodice au conseil et au peuple des Iasiens, salut. Entendant


souvent mon frère déclarer quelle aide il continue de procurer à ses amis
et alliés et expliquer que, ayant repris possession de votre cité alors qu’elle
était tombée dans des malheurs imprévus, il vous retitua votre liberté
et vos lois et, pour le rete, il s’eforce d’augmenter le corps des citoyens
et d’améliorer sa situation ; de la même manière, moi, choisissant délibé-
rément d’agir en accord avec son zèle et son application continue et, pour
56 victimes au féminin

cette raison, de procurer quelque bienfait aux citoyens indigents et une


commune abondance de ressources pour le peuple tout entier, j’ai écrit à
Strouthiôn, le diœcète, pour que, tranportant dans la cité mille mesures
attiques de blé chaque année pendant 10 ans, il les transmette à ceux
désignés à cet efet par le peuple. Vous ferez donc bien d’ordonner aux
trésoriers, une fois le blé reçu, de le vendre pour une quantité ixe d’argent.
Vous ordonnerez ensuite aux protates et aux autres que vous choisirez de
prendre des mesures pour qu’ils mettent de côté l’argent obtenu sur cette
vente en vue de la contitution de dots pour les illes des citoyens indi-
gents : ils ne donneront pas plus de trois cents drachmes antiochiques à
chacune des illes données en mariage. Si vous vous comportez envers mon
frère et généralement envers notre maison comme il convient, et si vous
conservez le souvenir reconnaissant des bienfaits reçus, alors je m’efor-
cerai de vous procurer tous les autres bienfaits que j’envisage, choisissant
délibérément d’agir en complet accord avec la volonté de mon frère, car je
me rends compte que le redressement de votre cité lui tient tout particu-
lièrement à cœur. Portez-vous bien 33.

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Ce document montre qu’un souverain et son épouse pouvaient collaborer
dans la getion des afaires du royaume, et il prouve que les reines dipo-
saient de ressources propres qui leur permettaient, à elles aussi, de jouer
un rôle de bienfaitrice des cités grecques. Ce texte et aussi le seul qui
mentionne explicitement des mesures prises en faveur des plus pauvres
et de ceux qui avaient eu le plus à soufrir de la catatrophe. Et-ce dû au
fait que ce document émane d’une reine et non d’un roi ? Toujours et-il
qu’Antiochos s’et concentré sur les apets politiques et qu’il a conié à
sa sœur-épouse le soin de s’occuper des apets sociaux. Le sytème mis
en place pour dix ans par la reine Laodice visait trois objetifs : le blé
ofert à la cité devait être vendu à bas prix ain d’assurer la subsitance
aux plus démunis et de les mettre à l’abris des péculateurs, qui proi-
taient des catatrophes pour faire monter les prix des denrées de première
nécessité ; le produit de la vente du blé devait être consacré à la conti-
tution de dots pour les jeunes illes pauvres, ain de les aider à trouver un
mari et soulager ainsi leurs familles ; ces unions devaient déboucher sur
des naissance qui viendraient renforcer le corps civique, conformément
aux intentions d’Antiochos. Notons que la générosité de la reine était
assortie d’une condition qui servait les intérêts du royaume : la cité devait
se monter reconnaissante et reter idèle à la dynatie des Séleucides.
assistance aux victimes dans le monde gréco-romain 57

La prise en charge de l’assistance aux victimes


par le pouvoir impérial romain

Du côté de Rome et de l’Italie, on ne connaît aucun exemple d’assis-


tance aux vitimes de séismes mise en place par l’État romain à l’époque
républicaine 34. La situation change avec l’instauration du régime du
Principat. Désormais, l’empereur contrôle les armées et les ressources
inancières de l’Empire, et il porte le titre de « Père de la Patrie ». Il
doit donc jutiier son pouvoir civil et militaire en veillant à la propérité
et à la sécurité de tous les habitants de l’Empire. Dans l’idéologie impé-
riale, l’assitance aux vitimes de catatrophes apparaît comme un devoir
lié à la charge du princeps et comme un moyen pour celui-ci de mani-
feter sa bienveillance et sa libéralité, tant aux yeux de l’opinion publique
que pour la potérité. Ainsi, la publicité donnée aux interventions du
Prince en faveur des vitimes joue un rôle essentiel, et c’et pourquoi
nous sommes si bien informés pour cette période35.
Dans ses Res Getae, Augute airme que les donations qu’il avait
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faites aux cités de l’Italie et des provinces qui avaient soufert d’un séisme
ou d’un incendie étaient trop nombreuses pour être énumérées 36. Cette
airmation et en partie conirmée par les faits : à la suite du tremblement
de terre qui frappa Chios, Cos et Tralles en 26 av. J.-C., Augute ofrit
de grosses sommes d’argent pour la recontrution des trois villes et il
nomma une commission de sept consulaires chargés de se rendre sur place
ain d’évaluer les besoins et superviser les travaux37. En 15 av. J.-C., l’em-
pereur intervint en faveur de Paphos, puis, encore en 2 av. J.-C., en faveur
de Naples38. Dans l’intervalle, en 12 av. J.-C., il avait payé de sa poche les
impôts dus par les cités d’Asie qui avaient été vitimes d’un séisme39. Ses
libéralités lui ont valu des honneurs considérables : tantôt il fut célébré
comme le nouveau fondateur de la cité, tantôt on adjoignit le nom d’Au-
guta ou de Césarée à celui de la cité, tantôt on intitua des concours à
son nom, et c’et en 2 av. J.-C. qu’il reçut le titre de « Père de la Patrie ».
Son successeur Tibère ne fut pas en rete : après le séisme qui frappa
douze cités d’Asie Mineure en 17 ap. J.-C., il fit un don de 10 mil-
lions de seterces à Sardes, la plus touchée, envoya sur place un ancien
préteur pour évaluer les dégâts et superviser les réparations, et accorda
l’exemption des impôts dus à Rome, pour une durée de cinq ans, à toutes
les cités concernées, ce qui leur permit de diposer de ressources supplé-
mentaires pour leur rétablissement, sans aucun transfert d’argent 40. Pour
58 victimes au féminin

commémorer son gete, l’empereur it frapper quelques années plus tard


des monnaies qui portaient la légende ciuiatibs Asiae retituts (« Les
cités d’Asie ayant été retaurées ») 41.
À partir de ce moment, l’assitance des empereurs aux cités vitimes
de séismes a consité essentiellement en ces trois éléments : une donation
en argent liquide, l’exemption d’impôts pour une durée déterminée et
la nomination d’une commission de sénateurs et d’experts (architetes
et oiciers du génie) préposée aux travaux de recontrution. Presque
tous les empereurs des deux premiers siècles ont eu l’occasion de mani-
feter leur sollicitude et leur libéralité à l’égard des vitimes de séismes
en Italie ou dans les provinces 42. Les Flaviens irent même recontruire à
leurs frais certains monuments publics particulièrement pretigieux, tel
le temple de la Mère des Dieux à Herculanum ou l’horloge de Sorrente,
après le séisme de 62 ap. J.-C. 43. Titus se rendit en personne en Campanie
un an après l’éruption du Vésuve en 79 ap. J.-C., tandis qu’Hadrien, qui
avait fait des dons à Cyzique, Nicée et Nicomédie après le séisme de 120
ap. J.-C., y efetua une visite quatre ans plus tard pour évaluer l’avan-

épreuve 1 | 58
cement de la recontrution et prendre d’autres mesures 44.

Séismes et libéralité des particuliers

La documentation épigraphique montre que les cités sinitrées pouvaient


parfois compter sur leurs propres ressources, ainsi que sur la générosité
des plus riches parmi les citoyens et les résidents étrangers 45. Ainsi, Tacite
souligne que la cité de Laodice, en Asie Mineure, parvint à se relever
« par ses propres ressources » et sans le secours de Rome, suite au séisme
de 60 ap. J.-C. 46. Le plus ancien exemple d’un monument recontruit
à frais privés à la suite d’un séisme remonte à l’année 388 av. J.-C. Il
s’agit du temple d’Apollon à Argos, dont la retauration a été prise en
charge par divers notables qui ont tenu à commémorer leur piété et leur
générosité sur une tèle de pierre 47. Nous avons déjà signalé plus haut
un certain Ménécratès, qui s’et occupé à ses frais de la recontrution
du rempart et de l’éretion des monuments aux vitimes du séisme de
227-225 av. J.-C. 48. Du côté de l’Occident latin, on peut mentionner la
recontrution du temple d’Isis à Pompéi, suite au séisme de 62 ap. J.-C.,
par Numérius Popidius Celsus, ainsi que les travaux de retauration d’un
assistance aux victimes dans le monde gréco-romain 59

temple entrepris à leurs frais par des citoyens d’Aunobaris, en Afrique


proconsulaire 49. On pourrait multiplier les exemples, tant pour la période
hellénitique que pour l’époque impériale 50.
La générosité des particuliers n’était pas totalement désintéressée :
elle leur apportait pretige, reconnaissance et avantages politiques dans
leur cité, et elle leur permettait de passer à la potérité par le biais des
dédicaces sur les monuments ou des décrets honoriiques votés par leurs
concitoyens. C’et pourquoi cette générosité semble avoir été ciblée : on
inançait la recontrution des temples, des bâtiments d’utilité publique
ou des murailles, plutôt que la restauration des maisons privées. Le
meilleur exemple et fourni par le cas de Numérius Popidius Celsinus
cité plus haut : en récompense de sa générosité, il fut admis dans l’ordre
des décurions, alors qu’il n’était âgé que de six ans ! De toute évidence,
c’et son père, un riche afranchi, et de ce fait exclu des honneurs et des
fontions politiques, qui a inancé la recontrution au nom de son ils,
ain d’« acheter » pour sa descendance une promotion sociale à laquelle
lui-même ne pouvait apirer.
épreuve 1 | 59

L’assistance aux victimes de séismes


dans l’Antiquité : un bilan

L’assitance aux vitimes de séismes et bien documentée pour l’époque


hellénitique et pour l’Empire romain, et il semble que cette assitance
était essentiellement d’ordre matériel : on donnait de l’argent liquide, des
vivres ou des matières premières, on accordait des exemptions iscales et
l’on envoyait des experts sur place ain d’aider les cités à se relever. Faut-il
en déduire qu’en dehors de ces deux périodes, les États antiques n’ont
pris aucune mesure en faveur des vitimes 51 ? Je crois qu’il s’agit plutôt
d’un problème historiographique : nous sommes tributaires des choix
narratifs efetués par les auteurs antiques, qui n’ont pas considéré que
cet apet était digne de mémoire. Ce qui a changé à l’époque hellénis-
tique et sous l’Empire romain, ce n’et pas l’attention que l’on portait aux
vitimes, mais l’attention revendiquée par des monarques qui tenaient à
faire connaître au monde entier leur sollicitude et leur générosité, ain de
jutiier le pouvoir qu’ils détenaient et les honneurs qu’ils recevaient de
la part de ceux qu’ils avaient assités. Cette idéologie se relète dans les
60 victimes au féminin

sources littéraires, qui accordent une place essentielle aux faits et getes des
souverains hellénitiques et des empereurs romains. Par ailleurs, le com-
portement des monarques a inluencé celui des cités et de leurs classes diri-
geantes, dont la libéralité était désormais mise en exergue par des décrets
honoriiques et par des inscriptions dédicatoires sur les monuments publics.
Quant à l’absence d’information concernant une quelconque assis-
tance étatique aux blessés eux-mêmes, elle s’explique par la lenteur des
communications antiques : contrairement à ce qui se passe aujourd’hui,
où les nouvelles d’un séisme parviennent aux autorités des États du
monde entier dans les heures qui suivent la catatrophe, il fallait plu-
sieurs jours, voire plusieurs semaines pour faire circuler l’information, et
autant de temps pour envoyer de l’aide sur place. Dans ses conditions, les
États sollicités ne pouvaient rien faire d’autre que d’envoyer de l’argent
pour la recontrution ainsi que des vivres detinés à assurer à moyen
terme la subsitance des vitimes. Pour les mesures d’urgence – premiers
soins, hébergement et ravitaillement rapide – les rescapés d’un séisme
ne pouvaient compter que sur des mesures pontanées, initiées par des

épreuve 1 | 60
individus sur place ou par des cités voisines : c’et ce que prouve le décret
pour un médecin de Samos, qui s’et occupé des blessés lors du séisme
qui frappa sa cité, peut-être celui de 198 av. J.-C. :

Lors des tremblements de terre qui se sont produits chez nous, beaucoup
de gens, par suite de la soudaineté de l’événement, avaient eu à soufrir
de plaies et contusions de toute sorte, réclamant un traitement rapide, il
s’et également partagé entre tout le monde pour porter secours à tous 52.

Si l’on cherche des parallèles du côté des victimes de conflits armés


ou d’autres formes de catatrophes humanitaires, on trouve plusieurs
exemples de ce type de comportement pontané. Pour le monde grec, il
suira de mentionner les décrets de la cité d’Entella en Sicile, qui furent
votés ain de remercier les villes et les particuliers qui l’avaient soutenue
dans l’adversité : malgré l’aide militaire qu’elle avait reçue de ses alliés,
Entella avait été détruite et ses habitants dipersés par les Carthaginois,
probablement au cours de la première guerre punique. Certains avaient
trouvé refuge à Enna ; d’autres, qui avaient été faits prisonniers, avaient
reçu l’assitance de Ségete. Plus tard, la cité fut refondée et repeuplée,
et elle reçut à cette occasion des dons et des vivres de la part de plusieurs
communautés voisines et de particuliers 53.
assistance aux victimes dans le monde gréco-romain 61

Pour le monde romain, on peut citer le cas de cette aritocrate de


Canusium qui prit en charge un groupe de rescapés de la bataille de
Cannes, en 216 av. J.-C., ainsi que l’élan de solidarité qui suivit l’écrou-
lement de l’amphithéâtre en bois de Fidènes, sous le règne de Tibère, sans
oublier les mesures d’urgence prises par l’empereur Néron à l’occasion de
l’incendie de Rome en 64 ap. J.-C. :

Quant aux réfugiés de Canusium, une Apulienne nommée Busa, connue


pour sa naissance et sa fortune, en voyant les Canusiens se contenter de
les recevoir dans leurs murs et leurs maisons, leur procura des vivres, des
vêtements, et même de l’argent pour la route ; en raison de cette munii-
cence, plus tard, la guerre terminée, elle reçut des honneurs du Sénat 54.
Au rete, dans cette calamité, les maisons des premiers citoyens furent
ouvertes ; on trouva partout des secours et des médecins ; et pendant ces
premiers jours l’apet de Rome, tout morne qu’il était, rappela ces temps
antiques, où, après de grandes batailles, les citoyens prodiguaient aux
blessés leurs largesses et leurs soins 55.
épreuve 1 | 61

Néron, pour soulager le peuple fugitif et sans asile, ouvrit le Champ


de Mars, les monuments d’Agrippa et jusqu’à ses propres jardins. Il it
contruire à la hâte des abris pour la multitude indigente ; le nécessaire
fut apporté d’Otie et des municipes voisins, et le prix du blé fut baissé
jusqu’à trois seterces 56.

Manifetement, ce sont les plus fortunés qui se montraient les plus ei-
caces et les plus généreux dans les secours apportés aux victimes, et
c’étaient eux qui donnaient les premiers soins aux blessés : on peut penser
qu’il a en été ainsi à toutes les époques en cas de catatrophe majeure,
dans la mesure où ils étaient les seuls à diposer de l’epace et des res-
sources nécessaires à l’hébergement et au traitement médical des rescapés.
Mais ces initiatives n’ont laissé que peu de traces écrites, du fait que les
vitimes et leurs bienfaiteurs n’ont, le plus souvent, pas eu l’occasion ou
ressenti le besoin d’en faire étalage à l’intention de leurs contemporains
ou de la potérité. En résumé, je crois que les personnes qui avaient été
touchées par des catatrophes naturelles étaient prises en charge dans
l’Antiquité, mais le concept de « vitimes », tel qu’il et employé dans
les médias aujourd’hui, n’exitait pas encore, et cela explique en grande
partie le silence de nos sources à leur égard.
62 victimes au féminin

1 Cet article ne prétend pas apporter du neuf sur le sujet ; il se veut une synthèse
destinée à des non-spécialistes, axée sur la notion de « victime », telle qu’elle a été
abordée dans le cadre de ce colloque. Les catastrophes naturelles dans l’Antiquité,
et notamment les séismes, ont fait l’objet de nombreuses études ces vingt-cinq der-
nières années : Bruno Helly, A. Pollino (éd.), Tremblements de terre, histoire
et archéologie. IVe Rencontres internationales d’archéologie et d’histoire d’Antibes,
Valbonne, 1984 ; Emanuela Guidoboni (a cura di), I Terremoti prima del Mille
in Italia e nell’area mediterranea, Bologna/Roma, Ed. storia – geoisica – ambiente,
1989 ; Giangiacomo Panessa, Fonti greche e latine per la storia dell’ambiente e del
clima nel mondo greco, Pisa, Scuola normale superiore, 1991 ; Emanuela Guidoboni
et al. (ed.), Catalogue of Ancient Earthquakes in the Mediterranean Area up to the
10th Century, Bologna, 1994 ; Gerhard H. Waldherr, Erdbeben. Das ausser-
gewöhnliche Normale. Zur Rezeption seismischer Aktivitäten in literarischen Quellen
vom 4. Jahrhundert v. Chr. bis zum 4. Jahrhundert n. Chr., Stuttgart, F. Steiner,
1997 ; Eckart Olshausen, Holger Sonnabend (éd.), Naturkatastrophen in der
antiken Welt, Stuttgarter Kolloquium zur historischen Geographie des Altertums 6,
Stuttgart, F. Steiner, 1998 ; Holger Sonnabend, Naturkatastrophen in der Antike.
Wahrnehmung – Deutung – Management, Stuttgart, J.B. Metzler, 1999 ; Dieter
Groh, et al. (éd.), Naturkatastrophen : Beiträge zu ihrer Deutung, Wahrnehmung
und Darstellung in Text und Bild von der Antike bis ins 20. Jahrhundert, Tübingen,
Gunter Narr Verlag, 2003 ; Michel Casévitz, « Volcans et séismes dans l’œuvre
de Diodore et de Pausanias », in Éric Foulon (éd.), Connaissance et représenta-

épreuve 1 | 62
tion des volcans dans l’Antiquité, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise
Pascale, 2004, pp. 127-138 ; Emanuela Guidoboni, Jean-Paul Poirier, Quand la
terre tremblait, Paris, O. Jacob, 2004 ; Serge Lancel, « Les hommes de l’Antiquité
face aux séismes », Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres,
Paris, De Boccard, 2005, pp. 1281-1289 ; Johannes Jacobus Louis Smolenaars,
« Earthquakes and volcanic eruptions in Latin literature : relections and emotional
responses », in Miriam S. Balmuth et al., (ed.), Cultural Responses to the Volcanic
Landscape : The Mediterranean and Beyond, Boston, Archaeological Institute of
America, 2005, pp. 311-330 ; Jacques Jouanna et al. (éd.), L’Homme face aux cala-
mités naturelles dans l’Antiquité et au Moyen Âge, (Cahiers de la Villa Kerylos 17),
Paris, de Boccard, 2006.
2 Cf. l’étude statistique fort intéressante de R. F. Newbold, « he reporting of ear-
thquakes, ires, and loods by ancient historians », Proceedings of the Arican Classical
Association 16, 1982, pp. 28-36. Malheureusement, cette analyse ne porte que sur un
nombre restreint d’historiens antiques (hucydide, Diodore, Tite-Live, Tacite et Dion
Cassius).
3 IG XII.1.708 (SIG3 505).
4 IG XII.1.9, ll. 4-6 (cf. Bull. ép. 1954, 197 pour la date).
5 Louis Robert, « Documents d’Asie Mineure V. Stèle funéraire de Nicomédie et
séismes dans les inscriptions », Bulletin de correspondance hellénique 102, Paris, De
Boccard, 1978, pp. 395-408, aux pp. 395-396 : « hrasôn, ils de Diogénès, a dressé
cette stèle de ses deux ils, Dexiphanès âgé de 5 ans, hrasôn âgé de 4 ans, d’Hermès
qui les élevait, âgé de 25 ans. Dans l’écroulement du tremblement de terre il les tenait
ainsi embrassés ». Cf. encore les pp. 398-400 pour d’autres exemples d’épitaphes ou
de dédicaces individuelles liées à des séismes.
6 Sénèque, Questions naturelles VI.1.2 ; VI.29.1.
assistance aux victimes dans le monde gréco-romain 63

7 Gerhard H. Waldherr, op. cit., pp. 221-239 ; Jannis Mylonopoulos,


« Poseidon, der Erderschütterer. Religiöse Interpretationen von Erd- und Seebeben »,
in Eckart Olshausen, Holger Sonnabend (Hrsg.), op. cit., pp. 82-89 ; Holger
Sonnabend, op. cit., pp. 119-159.
8 Diodore XV.48.4.
9 Diodore XV.49.6.
10 hucydide I.23.3 ; Gerhard H. Waldherr, op. cit., pp. 115-129.
11 hucydide V.45.4 ; V.50.5.
12 Thucydide III.89.2-5 ; VI.95.1 ; VIII.6.5 ; Xénophon, Helléniques III.2.23-24 ;
Pausanias III.8.3-4.
13 Tite-Live III.10.6-7 ; IV.21.5 ; XXII.5.8 ; IV.55.1-4 ; V.40.7, etc. ; Gerhard H.
Waldherr, op. cit., pp. 139-165 ; Martine Chassignet, « Les catastrophes natu-
relles et leur gestion dans l’Ab Vrbe condita de Tite-Live », in Robert Bedon, Ella
Hermon, Concepts, pratiques et enjeux environnementaux dans l’Empire romain,
Limoges, PULIM, 2005, pp. 337-352.
14 Cf. par ex. Hérodote VIII.37 ; hucydide VIII.41.2 ; Diodore XVI.56.7-8 ; Strabon
IX.3.8 ; Pausanias X.23.1-8 ; Angelos Chaniotis, « Willkommene Erdbeben », in
Eckart Olshausen, Holger Sonnabend (Hrsg.), op. cit., pp. 404-416 ; Holger
Sonnabend, op. cit., pp. 66-82.
épreuve 1 | 63

15 Cf. par ex. Aristote, Météorologie II.7-8 (365a14-369a9) ; Cicéron, Sur la divina-
tion I.112 ; Pline l’Ancien, Histoire naturelle II.191-211 ; Élien, Nature des animaux
XI.19 ; Gerhard H. Waldherr, op. cit., pp. 47-102 avec d’autres références ; Holger
Sonnabend, op. cit., pp. 159-171 ; Gerhard H. Waldherr, « Naturwahrnehmung
und Naturbewältigung in der Antike am Beispiel von Erdbeben », in Elisabeth
Erdmann, Hans Kloft (Hrsg.), Mensch – Natur – Technik : Perspektiven aus der
Antike für das dritte Jahrtausend, Münster, 2002, pp. 187-214 ; Richard B. Stothers,
« Earthquake prediction in Antiquity », he Ancient History Bulletin 18, Calgary,
University of Calgary, 2004, pp. 101-108 ; Robert Bedon, « Séismes et éruption
volcaniques : réactions du pouvoir et de la société pendant la période impériale », in
Robert Bedon, Ella Hermon (éd.), op. cit., pp. 355-360.
16 Sénèque, Questions naturelles VI.1-32 ; Gerhard H. Waldherr, op. cit., pp. 69-81 ;
Holger Sonnabend, op. cit., pp. 55-57 et 174-180 ; Andrew Wallace-Hadrill,
« Seneca and the Pompeian earthquake », in Arturo de Vivo, Elio Lo Cascio (a
cura di), Seneca uomo politico e l’età di Claudio e di Nerone, Bari, 2003, pp. 177-192 ;
Gareth David Williams, « Greco-Roman seismology and Seneca on earthquakes
in Natural Questions 6 », he Journal of Roman Studies 96, London, Society for the
Promotion of Roman Studies, 2006, pp. 124-146.
17 Polybe V.88.1 ; Strabon XIV.2.5 ; Pline l’Ancien, Histoire naturelle IV.41.
18 Strabon I.3.20. Cf. aussi Pline l’Ancien, Histoire naturelle II.193. Pour d’autres
séismes traités de la même façon, cf. hucydide III.89.2-5 ; III.116.1-3.
19 Sénèque, Questions naturelles VI.1.1-2 ; VI.1.3.
20 Sénèque, Questions naturelles VI.27.1-4.
21 Dion Cassius LXVIII.24.3-25.6 (traduction Etienne Gros, 1866).
22 Thucydide I.101.2, I.128.1 ; Diodore XI.63.1-64.4 ; Plutarque, Vie de Cimon
16.4-9 (464 av. J.-C.) ; hucydide III.89.2-5 ; Diodore XII.59.1-2 (426 av. J.-C.). Pour
64 victimes au féminin

toute cette section, cf. Burkhard Meissner, « Naturkatastrophen und zwischen-


staatliche Solidarität im klassischen und hellenistischen Griechenland », in Eckart
Olshausen, Holger Sonnabend (éd.), op. cit., pp. 242-262 ; Holger Sonnabend,
op. cit., pp. 188-209.
23 Diodore XI.63.1 ; XI.63.5-7 ; Plutarque, Vie de Cimon 16.6-7.
24 Thucydide I.102.1-4 ; II.27.2 ; IV.56.2 ; Diodore XI.64.1-4 ; Plutarque, Vie
de Cimon 16.7-10 ; Lothar Wierschowski, « Die demographisch-politischen
Auswirkungen des Erdbebens von 464 v. Chr. für Sparta », in Eckart Olshausen,
Holger Sonnabend (éd.), op. cit., pp. 291-306.
25 Strabon VIII.7.2. Sur ce séisme, cf. aussi Diodore XV.48-49 ; Pausanias VII.24.5-
25.4 ; Pline l’Ancien, Histoire naturelle II.206 ; Raoul Baladié, Le Péloponnèse
de Strabon, Paris, 1980, pp. 145-157 ; Adalberto Giovannini, « Peut-on démythi-
ier l’Atlantide ? », Museum Helveticum 42, 1985, pp. 28-36 ; Yves Lafond, « Die
Katastrophe von 373 und das Verschwinden der Stadt Helike in Achaia », in Eckart
Olshausen, Holger Sonnabend (éd.), op. cit., pp. 118-123 ; Holger Sonnabend,
op. cit., pp. 1-9.
26 Jean Bousquet, « La stèle des Kyténiens du Létôon de Xanthos », Revue des
Études Grecques 101, Paris, 1988, pp. 12-53 ; Frank William Walbank, « Antigonus
Doson’s attack on Cytinium », Zeitschrit für Papyrologie und Epigraphik 76, Bonn,
1989, pp. 184-192 ; Olivier Curty, Les Parentés légendaires entre cités grecques,

épreuve 1 | 64
Genève, Droz, 1995, no 75, pp. 183-191 ; Stephan Lücke, Syngeneia. Epigraphisch-
historische Studien zu einem Phänomen der antiken griechischen Diplomatie, Frankfurt
a/M, Buchverl. M. Clauss, 2000, pp. 30-52.
27 Les documents émanant des autorités étoliennes et doriennes, apportés par les
ambassadeurs et gravés eux aussi sur la stèle (lignes 73-110), ne laissent planer aucun
doute sur ce point : l’amitié et les liens de parenté unissant les Doriens à Ptolémée y
apparaissent comme un argument récurrent adressé aux Xanthiens.
28 Polybe V.88-90 ; Jörn Kobes, « Rhodos und das Erdbeben von 227 v. Chr. »,
Münstersche Beiträge zur antiken Handelsgeschichte 12, Marburg, 1993, pp. 1-26 ;
Michele R. Cataudella, « Polibio (5,88-90) e il terremoto di Rodi », in Eckart
Olshausen, Holger Sonnabend (éd.), op. cit., pp. 190-197 (discussion sur la date
du séisme).
29 Polybe V.88.5-90.2 (traduction Pierre Waltz, 1921).
30 Strabon XIV.2.5.
31 Diodore XX.81.1-4 ; Richard M. Berthold, Rhodes in the Hellenistic Age,
Ithaca NY, London, Cornell Univ. Press, 1984 ; Jacques-Henri Michel, « Rhodes
ou le dynamisme de l’État-cité à l’époque hellénistique », Chronique d’Égypte 60,
Bruxelles : Fondation égyptologique Reine Élisabeth, 1985, pp. 204-213 ; Sheila
L. Ager, « Rhodes : the rise and fall of a neutral diplomat », Historia 40, 1991,
pp. 10-41.
32 André Laronde, « Séisme et diplomatie : Rhodes en 228 av. J.-C. », in Jacques
Jouanna et al., op. cit., pp. 61-71.
33 Anne Bielman, Femmes en public dans le monde hellénistique, Paris, SEDES,
2002, no 30, pp. 161-165 ; John Ma, Antiochos III et les cités d’Asie Mineure Occidentale,
Paris, Les Belles Lettres, 2004, no 26, pp. 375-377 (traduction Anne Bielman 2002,
légèrement remaniée).
assistance aux victimes dans le monde gréco-romain 65

34 Deux hypothèses ont été avancées par Holger Sonnabend, op. cit., pp. 210-215
pour expliquer cette absence. La première serait de nature institutionnelle et reli-
gieuse : dans un système où les séismes étaient oiciellement considérés et réperto-
riés comme des signes envoyés par les dieux pour indiquer aux hommes que ceux-ci
avaient rompu la pax deorum par leurs actions, les autorités auraient estimé que la
seule démarche à entreprendre, sur le plan oiciel, était d’apaiser les dieux en colère,
et qu’elles ne devaient pas s’opposer à eux en essayant de redresser ce qu’ils avaient
abattu. La seconde serait de nature politique et sociale : dans un système où tout le
pouvoir était détenu par un groupe restreint de nobiles qui veillaient à ce qu’aucun
d’eux n’acquière plus de puissance et de prestige que ses pairs, on aurait estimé que
l’organisation de l’assistance aux victimes par un magistrat en fonction aurait été pour
lui un moyen bien trop eicace – et par conséquent dangereux pour l’équilibre du
système – de se constituer rapidement une clientèle totalement dévouée. Je ne suis pas
totalement convaincu, notamment par la seconde explication. Voir la dernière section
de cette étude.
35 Pour l’ensemble de cette section, cf. Engelbert Winter, « Strukturelle
Mechanismen kaiserlicher Hilfsmassnahmen nach Naturkatastrophen », in Eckart
Olshausen, Holger Sonnabend (éd.), op. cit., pp. 147-155 ; Holger Sonnabend,
op. cit., pp. 209-230 ; Robert Bedon, « Séismes et éruption volcaniques : réactions
du pouvoir et de la société pendant la période impériale », in Robert Bedon, Ella
Hermon (éd.), op. cit., pp. 361-375.
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36 Res Gestae Divi Augusti, App. 4 ; Suétone, Vie d’Auguste 47.2.


37 Agathias, Histoire de Justinien II.17.1-9 ; Strabon II.8.18 ; Wilhelm
Dittenberger, Karl Purgold, Die Inschriten von Olympia, Berlin, A. Asher,
1896, no 53 ; Rudolf Herzog, Koische Forschungen und Funde, Leipzig, G. Olms,
1899, repr. Hildesheim, 1983, pp. 141-150.
38 Dion Cassius LIV.23.7 ; LV.10.9.
39 Dion Cassius LIV.30.3.
40 Tacite, Annales II.47.1-4 ; Velléius Paterculus II.126.4 ; Strabon XIII.4.8 ; Pline
l’Ancien, Histoire naturelle II.200 ; Suétone, Vie de Tibère 48.2 ; Dion Cassius
LVII.17.7 ; Orose VII.4.18.
41 Harold B. Mattingly, Coins of the Roman Empire in the British Museum, vol. I :
Augustus to Vitellius, London, British Museum, 1923, pp. 129, no 70 et pl. 23, no 16.
42 Tacite, Annales IV.13.1 (Tibère à Aigion et Cibyra) ; Malalas X.18 (Caligula
à Antioche) ; Malalas X.23 ; AE 1912, 216 (Claude à Éphèse, Smyrne, Antioche et
Samos) ; Malalas X.43 (Vitellius à Nicomédie) ; Suétone, Vie de Vespasien 17 ; Malalas
X.46 ; Orose VII.9.11 (Vespasien à Corinthe et à Chypre) ; Malalas X.53 (Nerva
en Cilicie) ; Dion Cassius LXVIII.24-25 ; Malalas XI.8-9 ; CIL X 3915 (Trajan à
Antioche et à Alba Fucens) ; Pausanias VIII.43.4 ; Histoire Auguste, Vie d’Antonin le
Pieux 9.1 ; CIG 2721 (Antonin à Stratonicé) ; Dion Cassius LXXII.32.3 ; Philostrate,
Vie des sophistes II.9.3 ; Malalas XII.11 ; Aelius Aristide, Discours 17-21 ; Marie-
Henriette Quet, « Appel d’Aelius Aristide à Marc Aurèle et Commode après la des-
truction de Smyrne par le tremblement de terre de 177/178 après J.-C. », in Marie-
Henriette Quet (dir.), La « crise » de l’empire romain : de Marc Aurèle à Constantin :
mutations, continuités, ruptures, Paris, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, 2006,
pp. 237-278 (Marc Aurèle et Commode à Smyrne et à Nicomédie). On pourrait mul-
tiplier les exemples jusqu’au VIe siècle de notre ère.
66 victimes au féminin

43 CIL X 1406, 1481 ; AE 1902, 40 ; AE 1994, 404 et 413. Pour d’autres exemples
et pour le rôle des empereurs dans la construction publique en général, cf. Marietta
Horster, Bauinschriten römischer Kaiser. Untersuchungen zu Inschritenpraxis und
Bautätigkeit in Städten des westlichen Imperium Romanum in der Zeit des Prinzipats,
Stuttgart, F. Steiner, 2001.
44 Suétone, Vie de Titus 8.4-9 ; Dion Cassius LXVI.24.1-4 (Titus en Campanie) ;
Histoire Auguste, Vie d’Hadrien 21.5 ; Malalas XI.16 ; Inschriten griechischer Städte
aus Kleinasien IX, no 1 et 56 ; Anthologie Palatine (série grecque) XV.6 = (Hadrien
en Orient).
45 Pour l’ensemble, cf. Philippe Gauthier, Les Cités grecques et leurs bienfaiteurs,
Athènes, École française d’Athènes, 1985 ; pour la muniicence à la suite de catas-
trophes, cf. Holger Sonnabend, op. cit., pp. 206-208 et 230-235.
46 Tacite, Annales XIV.27.1.
47 SEG XVII, 1960, 146.
48 IG XII.1.9, ll. 4-6.
49 CIL X 846 ; VIII 15562.
50 Pour le monde grec, cf. Mario Segre, Giovanni Pugliese Carratelli,
« Tituli Camirenses », Annuario della Scuola Archeologica Italiana in Atene e delle
Missioni in Oriente 27-29 [n. s. 11-13] (1949-51 [1952]) no 110, pp. 238-241 ; SGDI
4264 (cf. SEG IV, 1929, 387) ; Tituli Asiae Minoris II.3.905 ; Louis Robert, op. cit.,

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pp. 403-406. Pour le monde romain, cf. CIL IX 1466, 2338, 2638, 3046, AE 1972,
50 ; Yves Burnand, « Terrae motus : la documentation épigraphique sur les trem-
blements de terre dans l’Occident romain », in Bruno Helly, A. Pollino (éd.),
op. cit. pp. 173-182.
51 Je m’écarte quelque peu sur ce point des vues défendues par Holger Sonnabend,
dont les travaux fouillés m’ont été d’une très grande utilité pour l’élaboration de cette
synthèse.
52 Jean Pouilloux, Choix d’inscriptions grecques, Paris, 20032, no 14, ll. 18-22.
53 Laurent Dubois, Inscriptions grecques dialectales de Sicile, Rome, Ecole fran-
çaise de Rome, 1989, no 204-205, 207-209, 211-212, pp. 253-271 ; Leone Porciani,
« I decreti : testo e traduzione », in Carmine Ampolo et al. (a cura di), Da un’ antica
città di Sicilia : i decreti di Entella e Nakone. catalogo della mostra, Pisa, Scuola normale
superiore di Pisa, 2001, pp. 11-25.
54 Tite-Live XXII.52.7.
55 Tacite, Annales IV.63.2.
56 Tacite, Annales XV.39.2.

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