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Eric H.

Cline

1177 avant J.-C.


Le jour où la civilisation s’est effondrée

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Philippe


Pignarre

2016
Présentation
Un réchauffement climatique suivi de sécheresse et de famines,
des séismes, des guerres civiles catastrophiques, de gigantesques
mouvements de populations fuyant leurs terres d’origine, des risques
systémiques pour les échanges internationaux… Nous ne sommes
pas en 2015, mais bien au XIIe siècle avant J.-C. ! Toutes les
civilisations de la Méditerranée grecque et orientale (de la Crète à
l’Égypte, de Canaan à Babylone, etc.) se sont en effet effondrées
presque simultanément, il y a plus de trois mille ans. Des régions
entières ont été désertées, des villes détruites et définitivement vidées
de leurs habitants. L’Égypte ne sera plus que l’ombre d’elle-même.
Comment un ensemble de civilisations florissantes a-t-il pu
disparaître aussi brutalement ?
Le grand archéologue américain Eric H. Cline mène l’enquête et
nous raconte la fin de l’âge du bronze sous la forme d’un drame en
quatre actes. Il fait revivre sous nos yeux ces sociétés connectées qui
possédaient une langue commune, échangeaient de multiples biens
(grains, or, étain et cuivre, etc.), alors que les artistes circulaient d’un
royaume à l’autre. Les archives découvertes témoignent de mariages
royaux, d’alliances, de guerres et même d’embargos. En somme, une
« mondialisation » avant l’heure, confrontée notamment à des aléas
climatiques qui pourraient avoir causé sa perte…
Une passionnante plongée dans le passé qui nous oblige à
réfléchir.

« L’ouvrage est somptueux à tous égards. La narration, menée


tambour battant, voisine avec une rigueur scientifique extrême et une
érudition formidable (…). Lisez ce livre. »
Stéphane Foucart, LE MONDE
L’auteur
Eric H. Cline , professeur d’histoire et d’anthropologie, dirige le
Capitol Archaeological Institute de l’université George Washington. Il a
participé à de nombreuses fouilles en Grèce, en Crète, à Chypre, en
Égypte, en Israël et au Liban.

Collection
La Découverte Poche / Sciences humaines et sociales no 449
Copyright
La traduction française de cet ouvrage initialement publié sous le
titre 1177 B.C. The Year Civilization Collapsed par Princeton
University Press en 2014 est parue aux Éditions La Découverte en
2015.

© Copyright 2014, Eric H. Cline. Licensed by Princeton University


Press, Princeton New Jersey, USA in conjunction with their duly
appointed agent, L’Autre Agence. All rights reserved. No part of this
book may be reproduced or transmitted in any form or by any means,
electronic or mechanical, including photocopying, recording or by any
information storage and retrieval system, without permission in writing
from the Publishers.
© Éditions La Découverte, Paris, 2015, 2016, pour la traduction
française.

Composition numérique : Facompo (Lisieux), Mai 2016.

ISBN numérique : 978-2-7071-9198-4


ISBN papier : 978-2-7071-9061-1

En couverture : Jean Maublanc, La Prise de Troie © DEA/G.


DAGLI ORTI/Getty Images.

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réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au
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À James D. Muhly, qui participe activement aux débats sur
les questions évoquées dans ce livre et y initie ses étudiants
depuis près d’un demi-siècle.
Table
Préface
Prologue - L’effondrement des civilisations : 1177 av. J.-C.
Chapitre 1 - Acte I. Des armes et des hommes : le XVe siècle avant
notre ère
Retour chez les Hyksos
Flash-back : la Mésopotamie et les Minoens
Découverte et aperçu sur les Minoens
Retour en Égypte
Hatshepsout et Thoutmosis III
Égypte et Canaan à la bataille de Megiddo en 1479 av. J.-C.
L’Égypte et Mitanni
La rébellion assuwa en Anatolie
« Excursus » : les Hittites, découverte et vue d’ensemble
La rébellion assuwa et la question ahhiyawa
Les Mycéniens, découverte et vue d’ensemble
Une guerre de Troie plus ancienne ?
Quelques remarques pour conclure
Chapitre 2 - Acte II. Une histoire (grecque) à garder en tête :
le XIVe siècle av. J.-C.
La liste égéenne d’Aménophis III
Les archives d’El-Amarna
Cadeaux d’hommage et relations familiales
Or, or des fous, et commerce de haut niveau
L’essor de l’Alashiya et de l’Assyrie
Néfertiti et le roi Tut
Suppiluliuma et l’affaire Zannanza
Hittites et Mycéniens
Chapitre 3 - Acte III. Se battre pour les dieux et son pays :
le XIIIe siècle av. J.-C.
Le navire d’Ulu Burun
Sinaranu d’Ougarit
La bataille de Qadesh et ses suites
La guerre de Troie
Contacts avec l’étranger et la Grèce continentale au XIIIe siècle
av. J.-C.
L’Exode et la conquête israélite
Hittites, Assyriens, Amurru et Ahhiyawa
L’invasion hittite de Chypre
Les épaves des caps Iria et Gélidonya
Chapitre 4 - Acte IV. La fin d’une époque : le XIIe siècle av. J.-C.
La découverte d’Ougarit et de Minet el-Beida
Les relations économiques et commerciales d’Ougarit
et de ses marchands
Destructions dans le nord de la Syrie
Destructions dans le sud de la Syrie et de Canaan
Destructions en Mésopotamie
Destructions en Anatolie
Destructions en Grèce continentale
Destructions à Chypre
Les combats en Égypte et la conspiration du harem
Résumé
Chapitre 5 - Une « parfaite tempête » de catastrophes ?
Tremblements de terre
Changement climatique, sécheresse et famine
Révoltes intérieures
Envahisseurs (possibles) et effondrement du commerce
international
Décentralisation et montée en puissance des marchands privés
Qui étaient les Peuples de la Mer et où allèrent-ils ?
Arguments en faveur d’un effondrement systémique
Passage en revue des hypothèses et théorie de la complexité
Épilogue - Et après…
« Dramatis personae »
Remerciements
Notes
Les civilisations de l’âge du bronze récent en Méditerranée grecque et orientale.
Préface

L’économie de la Grèce est en plein désastre. Des révoltes intérieures


secouent la Libye, la Syrie et l’Égypte, alors que des combattants venus de
l’étranger mettent de l’huile sur le feu. La Turquie craint de se retrouver
impliquée, comme Israël. La Jordanie ploie sous les réfugiés. L’Iran se montre
belliqueux et menaçant, tandis que l’Irak est en crise. Est-on en 2013 après
Jésus-Christ ? Bien sûr. Mais on aurait pu dire la même chose de 1177 av. J.-C.,
il y a plus de trois mille ans, quand les civilisations méditerranéennes de l’âge du
bronze s’effondrèrent les unes après les autres, changeant à jamais le cours et le
futur du monde occidental. Ce fut un moment clé de l’histoire – un tournant pour
l’ancien monde.
Dans le monde grec, en Égypte et au Proche-Orient, l’âge du bronze dura
deux mille ans environ, de 3000 aux années 1200 av. J.-C.
Quand cette ère prit fin, après des siècles de progrès technologiques et
culturels, la plus grande partie du monde civilisé de Méditerranée, une immense
région allant de la Grèce et l’Italie à l’ouest, jusqu’à l’Égypte, Canaan et la
Mésopotamie à l’est, connut une fin brutale. De grands empires et de petits
royaumes qui avaient mis plusieurs siècles à se développer s’effondrèrent
rapidement. Vint ensuite une période de transition que les chercheurs considèrent
parfois comme les premiers siècles obscurs du monde. Il fallut attendre
longtemps pour que s’impose en Grèce et dans les autres régions concernées une
nouvelle renaissance culturelle, au fondement de la société occidentale que nous
connaissons aujourd’hui.
Même si ce livre traite en premier lieu de l’effondrement des civilisations de
l’âge du bronze et de ses raisons, il y a maintenant plus de trois millénaires, il
pourrait receler des leçons pertinentes pour nos sociétés actuelles,
transnationales et mondialisées. Certains prétendront que le monde de l’âge du
bronze récent et notre culture, si dépendante de la technologie, ne sont en rien
comparables. Pourtant, il existe assez de ressemblances entre eux – en
particulier, les liens diplomatiques et les embargos ; les enlèvements et les
rançons ; les meurtres royaux ; les mariages somptueux et les divorces
malheureux ; les intrigues internationales et les opérations de désinformation
militaire ; le changement climatique et la sécheresse ; et même un ou deux
naufrages – pour qu’une attention plus grande portée aux événements, aux gens
et aux lieux d’une époque remontant à plus de trois mille ans ne relève pas du
simple exercice académique d’étude de l’histoire anciennea1. Dans l’économie
globale actuelle et dans un monde qui a été récemment secoué par des
tremblements de terre et des tsunamis au Japon, mais aussi par les révolutions
démocratiques du « printemps arabe » en Égypte, Tunisie, Libye, Syrie et
Yémen, l’avenir et les investissements des États-Unis et de l’Europe sont liés de
manière inextricable dans le système international qui inclut également l’Asie et
les pays producteurs de pétrole du Moyen-Orient. Aussi avons-nous beaucoup à
apprendre d’un examen attentif des vestiges de civilisations pareillement
interconnectées, qui se sont effondrées il y a plus de trois mille ans.
Le fait de débattre des « effondrements » et de comparer l’essor et le déclin
des empires n’est pas nouveau ; des chercheurs s’y appliquent depuis le
XVIIIe siècle au moins, lorsque Edward Gibbon écrivit sur la chute de l’Empire
romain. Le livre de Jared Diamond, Effondrement2, nous offre un exemple plus
récent. Mais ces auteurs ont cherché à comprendre comment un empire ou une
civilisation précis avaient disparu – les Romains, les Mayas, les Mongols, etc.
Ici, nous prenons en compte un système mondial globalisé dans lequel de
nombreuses civilisations interagissent et dépendent, au moins en partie, les unes
des autres. Il n’existe dans l’histoire que quelques cas de tels systèmes mondiaux
globalisés ; celui qui s’est mis en place au cours de l’âge du bronze récent et
celui dans lequel nous vivons aujourd’hui sont parmi les exemples les plus
évidents, et les parallèles entre eux – mieux vaudrait parler de comparaisons –
ont quelque chose de fascinant.
Pour n’en donner qu’une seule illustration, Carol Bell, un académicien
britannique, a récemment remarqué que « l’importance stratégique de l’étain au
cours de l’âge du bronze récent […] n’était sans doute pas très différente de celle
du pétrole aujourd’hui3 ». À cette époque, l’étain n’était disponible en grande
quantité que dans des mines situées au Badakhshan, en Afghanistan, et devait
être transporté par voie terrestre jusqu’en Mésopotamie (l’Irak d’aujourd’hui) et
dans le nord de la Syrie, avant d’être envoyé dans des régions plus au nord, au
sud ou à l’ouest, ce qui pouvait impliquer de traverser la mer, par exemple pour
atteindre le monde grec. Bell poursuit :
La disponibilité de suffisamment d’étain pour produire […] des armes en bronze doit avoir
préoccupé le grand roi d’Hattusa et le pharaon de Thèbes de la même manière que le
ravitaillement en pétrole à des prix raisonnables préoccupe les propriétaires américains de SUVb,
et le président américain aujourd’hui4 !

Susan Sherratt, une archéologue qui a été en poste au musée Ashmolean


d’Oxford avant de rejoindre l’université de Sheffield, commença à plaider en
faveur de telles comparaisons il y a une dizaine d’années. Comme elle l’écrit, il
existe « de vraies analogies utiles » entre le monde de 1200 av. J.-C. et le monde
actuel, y compris l’augmentation de la fragmentation politique, sociale ou
économique, tout comme les échanges directs, « à des niveaux sociaux et sur des
distances sans précédent ». Elle fait aussi remarquer, ce qui est encore plus
intéressant, que la situation à la fin de l’âge du bronze récent présente des
analogies avec nos propres « économie et culture globales de plus en plus
homogènes mais aussi de plus en plus incontrôlables, dans lesquelles […] les
incertitudes politiques dans une partie du monde peuvent considérablement
affecter l’économie de régions distantes de milliers de kilomètres5 ».
L’historien Fernand Braudel écrit que l’histoire de l’âge du bronze « peut
aisément s’écrire sur le mode dramatique : invasions, guerres, pillages, désastres
politiques, pannes économiques de longue durée, “premières mêlées des
peuples” ». D’après lui, elle « peut donc s’écrire, aussi bien sous le signe
dramatique de la violence, [que] sous le signe bénéfique des relations – relations
commerciales, diplomatiques déjà, culturelles surtout6 ». J’ai pris au sérieux les
propositions de Braudel, ce qui m’a amené à présenter l’histoire (ou plutôt les
histoires) de l’âge du bronze sous la forme d’une pièce en quatre actes, dans le
style qui convient à cet exercice avec des retours en arrière, pour que l’on
comprenne le contexte dans lequel sont apparus sur la scène mondiale des
acteurs essentiels avant de la quitter : du Hittite Tudhaliya et Tushratta de
Mitanni à Aménophis III l’Égyptien et Assur-uballit l’Assyrien (un glossaire,
Dramatis personae, est disponible en fin de volume, pour ceux qui veulent
garder à l’esprit les noms et les dates).
Mais notre récit ressemble aussi à l’enquête d’un détective, avec ses
rebondissements, ses fausses pistes et ses indices révélateurs. Pour citer Hercule
Poirot, le légendaire détective belge créé par Agatha Christie qui, rappelons-le,
était mariée à un archéologue7, nous devons utiliser notre « matière grise » pour
rapprocher les différents éléments de preuve à la fin de notre chronique, quand
nous tenterons d’expliquer pourquoi un système international stable s’est
subitement effondré après des siècles de prospérité.
De plus, pour bien comprendre ce qui s’est effondré en 1177 av. J.-C., et les
raisons pour lesquelles il s’agit d’un moment décisif de l’histoire ancienne, nous
devons remonter dans le temps, de même qu’il faudrait remonter au siècle des
Lumières, à la révolution industrielle et à la fondation des États-Unis pour
comprendre les origines du monde globalisé d’aujourd’hui. Bien que mon
premier souci soit d’examiner les causes possibles de l’effondrement des
civilisations de l’âge du bronze dans cette partie de la Méditerranée, je tente
aussi de comprendre ce que le monde a perdu à ce moment décisif, quand les
royaumes et les empires du deuxième millénaire av. J.-C. ont été détruits, et dans
quelle mesure la civilisation a connu un retour en arrière, parfois pour plusieurs
siècles, et a été irrévocablement transformée. La magnitude de la catastrophe fut
gigantesque ; le monde ne connaîtra pas de perte d’une telle ampleur avant la
chute de l’Empire romain, plus de mille cinq cents ans plus tard.

Notes du préface
a. Toutes les notes de référence sont classées par chapitre, à la fin de ce livre, p. 213.
b. « Sport utility vehicle », gros véhicule de tourisme bicorps, très en vogue aux États-Unis [NdT].
Prologue
L’effondrement des civilisations : 1177 av. J.-C.

Des guerriers font irruption sur la scène mondiale, se déplacent rapidement et


ne laissent derrière eux que ruines et désolation. Ce sont les « Peuples de la
Mer », nom sous lequel les chercheurs les désignent aujourd’hui. Pourtant, les
Égyptiens qui ont raconté leur attaque contre l’Égypte n’emploient jamais ce
nom, mais évoquent différents groupes agissant de concert : les Peleset, Tjeker,
Shekelesh, Shardanes, Denyen et Weshesh – des noms à consonances étrangères
pour des peuples visiblement étrangers1.
On sait peu de choses sur eux, au-delà de ce que les Égyptiens nous en disent.
L’origine des Peuples de la Mer est incertaine : ils viendraient, selon une
hypothèse, de Sicile, de Sardaigne, d’Italie, ou peut-être du monde grec,
d’Anatolie occidentale, ou même de Chypre ou de Méditerranée orientale2.
Aucun site antique n’a pu être identifié comme leur terre d’origine ou leur point
de départ. On pense qu’ils se déplaçaient sans cesse, envahissant et détruisant les
royaumes et les pays qu’ils traversaient. Selon les textes égyptiens, ils établirent
un campement en Syrie avant de suivre la côte de Canaan (qui comprend des
parties des actuels Syrie, Liban et Israël) jusqu’au delta du Nil en Égypte.
C’était en 1177 av. J.-C. Au cours de la huitième année de règne du pharaon
Ramsès IIIa. D’après les anciens Égyptiens – et cela a été confirmé par des
découvertes archéologiques récentes –, certains Peuples de la Mer vinrent par
voie de terre, d’autres par la mer3. Ils ne portaient ni uniformes ni équipements
étincelants. Les images anciennes montrent un groupe d’hommes coiffés de
plumes, alors que d’autres portent des calottes ; d’autres encore arboraient des
casques à cornes ou allaient tête nue. Certains avaient une petite barbe pointue et
des kilts courts, une tunique, alors que d’autres étaient torse nu ; d’autres, enfin,
n’avaient pas de barbe et portaient des vêtements plus longs, presque des jupes.
Tout cela laisse à penser que les Peuples de la Mer étaient composés de groupes
très divers, provenant de cultures et de territoires différents. Armés d’épées de
bronze tranchantes, de lances en bois aux pointes en métal brillant, d’arcs et de
flèches, ils arrivaient sur des bateaux, des chariots, des chars à bœufs, des chars.
Même si j’ai pris pour date charnière l’année 1177 av. J.-C., nous savons que les
envahisseurs ont déferlé par vagues successives sur une très longue période.
Parfois, les guerriers arrivaient seuls, parfois ils étaient accompagnés de leurs
familles.

Fig. 1. Prisonniers à Médinet Habou issus des Peuples de la Mer.

Source : D’après Medinet Habu, vol. 1, 1930, pl. 44(avec l’aimable autorisation de l’Oriental Institute de
l’université de Chicago).

À en croire les inscriptions du temps de Ramsès, aucun pays n’est parvenu à


s’opposer à cette masse d’envahisseurs. Toute résistance était inutile. Les
grandes puissances de l’époque – hittite, mycénienne, cananéenne,
chypriote, etc. – furent renversées les unes après les autres. Des survivants
fuirent les carnages ; d’autres se réfugièrent dans les ruines de leurs cités jadis si
fières ; d’autres encore rejoignirent les envahisseurs, renforçant leurs rangs, ce
qui en augmente l’apparente complexité. Chacun des groupes formant les
Peuples de la Mer était en mouvement, mais toujours, semble-t-il, selon sa
motivation propre. Ce pouvait être la promesse de pillages et d’esclaves ;
d’autres pouvaient avoir été contraints par la pression démographique à migrer
vers l’est depuis leurs terres occidentales.
Sur les murs de son temple funéraire de Médinet Habou, tout près de la vallée
des Rois, Ramsès écrit avec concision :
Les pays étrangers firent une conspiration dans leurs îles. Tous les pays furent sur-le-champ
frappés et dispersés dans la mêlée. Aucun pays n’avait pu se maintenir devant leurs armes,
depuis Khatte, Kode, Karkemish, Arzawa et Alashiya, tous détruits d’un seul coup. Ils ont établi
leur camp en un lieu unique, le pays d’Amurru. Ils semèrent la désolation dans la population et
son pays fut comme s’il n’avait jamais existé. Ils se dirigèrent vers l’Égypte tandis qu’un feu
était disposé devant eux. L’ensemble [de ces peuples] comprenait les Peleset, les Tjeker, les
Shekelesh, les Denyen et les Weshesh. Tous ces pays étaient unis, leurs mains [étaient] sur les
pays jusqu’au cercle de la terre, leurs cœurs étaient confiants et assurés : « Nos desseins
réussiront ! »b

Nous connaissons ces lieux envahis, car ils étaient célèbres dans l’Antiquité.
Khatte est le pays des Hittites, dont le cœur est situé sur le plateau d’Anatolie
(l’ancien nom de la Turquie), près de l’actuelle Ankara. Son empire s’étendait de
la côte égéenne à l’ouest jusqu’au nord de la Syrie, à l’est. Karkemish est un
célèbre site archéologique fouillé pour la première fois il y a un siècle par une
équipe qui comptait sir Leonard Wooley, sans doute plus connu pour avoir
exploré l’« Ur des Chaldéens » d’Abraham en Irak, mais aussi T. E. Lawrence
qui avait reçu une formation d’archéologue à Oxford avant que ses exploits au
cours de la Première Guerre mondiale ne fassent de lui le « Lawrence d’Arabie »
d’Hollywood. Arzawa était un lieu bien connu des Hittites, situé à leur portée,
dans l’ouest de l’Anatolie. Alashiya désigne sans doute Chypre, une île riche en
métaux, célèbre pour son minerai de cuivre. Amurru était situé sur la côte du
nord de la Syrie. Dans les pages qui suivent, nous allons visiter tous ces lieux et
raconter leur histoire.
Les six groupes formant les Peuples de la Mer durant l’invasion – les cinq
mentionnés plus haut par Ramsès dans l’inscription de Médinet Habou et un
sixième, les Shardanes, mentionné dans un autre texte important – sont beaucoup
moins précisément connus que les territoires qu’on les accuse d’avoir occupés.
Ils n’ont laissé, quant à eux, aucune inscription et les textes qui les concernent
sont donc presque tous d’origine égyptiennec.
La plupart de ces groupes sont ainsi difficiles à repérer au cours des fouilles,
même si, tout au long du siècle dernier, archéologues et philologues ont multiplié
les tentatives, d’abord à partir des données linguistiques puis, plus récemment,
en étudiant la céramique et d’autres vestiges. Ainsi, les Denyen ont longtemps
été identifiés avec les Doriens d’Homère, de l’âge du bronze égéen. On fait
souvent l’hypothèse que les Shekelesh sont venus de ce qui est maintenant la
Sicile, et les Shardanes de Sardaigne, notamment en raison de similitudes
consonantiques, mais aussi parce que Ramsès fait référence à ces « pays
étrangers » qui auraient fomenté une conspiration « dans leurs îles », et que,
selon cette inscription, les Shardanes, en particulier, seraient venus « de la
mer »4.
Il n’en reste pas moins que les chercheurs ne sont pas unanimes sur le sujet.
Tout un courant considère que les Shekelesh et les Shardanes ne venaient pas de
Méditerranée occidentale mais bien plutôt de Méditerranée orientale et qu’ils
avaient fui en Sicile et en Sardaigne, auxquelles ils donnèrent leurs noms après
leur défaite face aux Égyptiens. Un fait plaide en faveur de cette hypothèse : on
sait que les Shardanes se sont battus à la fois aux côtés et contre les Égyptiens,
bien avant l’arrivée des Peuples de la Mer. S’y oppose le fait rapporté plus tard
par Ramsès III : il aurait établi les attaquants survivants en Égypte même5.
De tous les groupes étrangers actifs dans l’arène de cette époque, un seul a été
bien identifié. On considère généralement que les Peleset, qui font partie des
peuples de la mer, ne sont autres que les Philistins, qui venaient de Crète si l’on
en croit la Bible6. Cette identification linguistique est si évidente qu’elle avait
déjà été suggérée, avant 1836, par Jean-François Champollion, le déchiffreur des
hiéroglyphes égyptiens ; des archéologues spécialistes de la Bible qui fouillèrent,
dès 1899, le site de Tell es-Safi – Gath dans la Bible7 – mirent en évidence un
style particulier de céramiques, d’architecture et d’objets divers, qualifié de
« philistin ».
Même si nous ne connaissons avec précision ni les origines ni les motivations
des envahisseurs, nous savons très bien à quoi ils ressemblaient – on peut voir
leurs noms et leurs visages gravés sur les murs du temple funéraire de
Ramsès III à Médinet Habou. Cet ancien site est riche d’images mais aussi d’une
suite de hiéroglyphes imposants. Les armures des envahisseurs, leurs armes,
vêtements, bateaux et chars à bœufs chargés de biens sont si parfaitement
visibles sur les représentations détaillées qui nous ont été laissées, que des
chercheurs ont publié des analyses sur des personnages précis et même sur les
différents bateaux représentés8. D’autres vues sont plus stylisées. L’une d’elles
montre les étrangers et les Égyptiens engagés dans une bataille navale
chaotique ; des corps d’hommes manifestement morts, flottent, la tête en bas,
tandis que la bataille continue à faire rage à bord des navires.
Fig. 2. Bataille navale contre les Peuples de la Mer à Médinet Habou.

Source : D’après Medinet Habu, vol. 1, 1930, pl. 37 (avec l’aimable autorisation de l’Oriental Institute de
l’université de Chicago).

Depuis les années 1920, les inscriptions et les scènes représentées à Médinet
Habou ont été étudiées et scrupuleusement copiées par les égyptologues de
l’Institut oriental de l’université de Chicago. Cet institut a été et reste l’un des
centres d’étude des civilisations anciennes de l’Égypte et du Moyen-Orient les
plus importants au monde. Il a été fondé par James Henry Breasted à son retour
d’un voyage mouvementé au Proche-Orient en 1919 et 1920, grâce à une
subvention de cinquante mille dollars accordée par John D. Rockefeller Jr. Les
archéologues de l’IO (comme on l’appelle souvent) ont fouillé tout le Proche-
Orient, de l’Iran à l’Égypte et au-delà.
On a beaucoup écrit sur Breasted et les projets de l’IO entamés sous sa
direction, y compris les fouilles réalisées à Megiddo (l’Armageddon de la Bible),
en Israël, entre 1925 et 1939d. Parmi les travaux les plus importants figurent les
études épigraphiques réalisées en Égypte ; les égyptologues recopièrent
soigneusement les textes hiéroglyphiques et les scènes laissés par les pharaons
sur les murs de leurs tombeaux et de leurs palais à travers toute l’Égypte.
Recopier les hiéroglyphes gravés sur les murs et les monuments est très
fastidieux. Cela réclame des heures de travail, et les copistes sont le plus souvent
perchés, en plein soleil, sur des échelles ou des échafaudages, afin d’observer
attentivement des symboles plus ou moins intacts sur des portes, des temples ou
des colonnes. Inutile de préciser que ce travail est d’une valeur inestimable, en
particulier depuis que de nombreuses inscriptions ont été gravement
endommagées par l’érosion naturelle, les touristes, etc. Si toutes ces inscriptions
n’avaient pas été retranscrites, elles seraient devenues indéchiffrables pour les
générations futures. Les retranscriptions de Médinet Habou ont été publiées en
plusieurs volumes, dont le premier est paru en 1930, et les suivants, dans les
années 1940 et 1950.
Même si le débat entre chercheurs se poursuit, la plupart des experts pensent
que les batailles navales et terrestres rapportées sur les murs de Médinet Habou
ont eu lieu presque simultanément dans le delta du Nil ou à proximité. Il est
aussi possible qu’il n’y ait eu qu’une seule grande bataille, représentée sur terre
et sur mer ; certains chercheurs plaident pour une embuscade ayant permis aux
Égyptiens de prendre leurs ennemis par surprise9. Quoi qu’il en soit, le résultat
n’est pas contestable car, à Médinet Habou, le pharaon égyptien déclare
précisément :
Ceux qui ont approché de ma frontière, leur semence n’est plus, leurs cœurs et leur ba [âme] ont
cessé d’exister, pour le temps éternel et infini. Quant à ceux qui s’étaient rassemblés sur la Très-
Verte, une flamme dévorante les arrêta devant les bouches du fleuve, tandis qu’un mur de fer les
encerclait sur le rivage ; ils furent frappés, détruits, abattus sur le bord du fleuve, massacrés,
entassés en pyramides, de la queue à la tête ; leurs navires et leurs biens sombrèrent dans l’eau.
J’agis de sorte que, désormais, tous les pays fassent retraite au souvenir du Pays bien-aimé ; ceux
qui prononceront mon nom dans leurs pays, ils seront consumés10.

Le récit de Ramsès se poursuit dans un document célèbre, connu sous le nom


de papyrus Harris, et dans lequel ses ennemis sont encore une fois nommés :
J’ai renversé ceux qui transgressaient les frontières depuis leurs pays. J’ai détruit les Dénénou
[qui venaient] de leurs îles ; les Tjeker et les Peleset ont été réduits en cendres. Les Shardanes et
les Weshesh [qui venaient] de la mer ont été anéantis, faits prisonniers en une seule fois et
amenés comme captifs en Égypte, (nombreux) comme les (grains de) sable de la berge. Je les ai
établis dans des forteresses, soumis à mon nom. C’est par centaines de milliers que l’on compte
les jeunes gens parmi eux. Je les ai tous taxés chaque année en vêtements et en grains stockés
dans des trésors et des enclos à céréales11.

Ce n’était pas la première fois que les Égyptiens se battaient contre une force
collective de « Peuples de la Mer ». Trente ans plus tôt, en 1207 av. J.-C., au
cours de la cinquième année du règne du pharaon Merneptah, une coalition
semblable de groupes difficiles à identifier avait attaqué l’Égypte.
Merneptah est sans soute plus connu par ceux qui étudient l’ancien Proche-
Orient comme le pharaon égyptien qui, le premier, utilisa le nom « Israël » dans
une inscription de la même année (1207). Il s’agit de la première occurrence, en
dehors de la Bible. Dans l’inscription pharaonienne, le nom – écrit avec un signe
particulier qui indique qu’il s’agit plus d’un peuple que d’un lieu – apparaît dans
la brève description d’une campagne menée dans la région de Canaan, où vivait
le peuple qu’il appelle « Israël »12. Ces phrases font partie d’une longue
inscription qui traite des batailles entre Merneptah et les Libyens, à la frontière
ouest de l’Égypte. Les Libyens et les Peuples de la Mer, bien plus que les
Israélites, monopolisaient l’attention de Merneptah cette année-là.
Ainsi, dans un texte trouvé sur le site d’Héliopolis, daté de « l’an 5, deuxième
mois de la troisième saison [dixième mois] », on apprend que « le vil chef, le
vaincu de Libye envahissait [avec] les Shekelesh et tous les pays étrangers, qui
sont ses alliés, pour violer les frontières de l’Égypte13 ». Les mêmes mots se
retrouvent dans une autre inscription, connue sous le nom de « colonne
du Caire »14.
Dans une inscription plus longue trouvée à Karnak (l’actuelle Louxor), on
trouve des détails supplémentaires au sujet de cette première vague d’incursions
des Peuples de la Mer. Les noms des différents groupes sont cités :
[Début de la victoire que sa majesté a poursuivi jusque dans les terres libyennes] Eqwesh,
Teresh, Lukka, Shardanes, Shekelesh, habitants du Nord venant de toutes les terres […] la
troisième saison, disant : le vil chef, le vaincu de Libye […] descend du pays de Tehunu avec ses
archers – Shardanes, Shekelesh, Eqwesh, Lukka, Teresh, ayant ainsi entraîné l’élite des
combattants et des guerriers de son pays […].
Liste des captifs capturés sur les terres de Libye et des pays qu’il ramena avec lui […]
Sherden, Shekelesh, Eqwesh des pays de la mer, qui n’avaient pas de prépuces :
Shekelesh 222 hommes
Ce qui fait 250 mains
Teresh 742 hommes
Ce qui fait 790 mains
Shardanes –
[Ce qui fait] –
[Ek]wesh qui n’avaient pas de prépuces, tués dont les mains ont été coupées,
[car], ils
n’avaient pas de [prépuces] –
Shekelesh et Teresh qui sont venus comme des ennemis de la Libye
– Kehek et Libyens, 218 hommes ramenés comme prisonniers vivants15.

Cette inscription montre plusieurs choses. Et d’abord que cinq groupes, et non
six, faisaient partie de cette première vague de Peuples de la Mer : les Shardanes
(ou Sherden), les Shekelesh, les Eqwesh, les Lukka et les Teresh. Les Shardanes
et les Eqwesh sont présents deux fois – au cours de cette invasion et de celle,
plus tardive, qui a eu lieu sous Ramsès III –, contrairement aux trois autres
groupes. Deuxièmement, les Shardanes, les Shekelesh et les Eqwesh sont
précisément identifiés comme venant des « pays de la mer », alors que les cinq
groupes sont globalement décrits comme des « habitants du Nord venant de
toutes les terres ». Ce n’est pas très surprenant, car la plupart des pays avec
lesquels le Nouvel Empire égyptien était en relation (à l’exception de la Nubie et
de la Libye) se situaient au nord de l’Égypte. L’identification des Shardanes et
des Shekelesh à des « pays de la mer » renforce l’idée d’un lien avec,
respectivement, la Sardaigne et la Sicile.
La description des Eqwesh comme venant de « pays de la mer » a amené
certains historiens à penser qu’il s’agissait des Achéens d’Homère, c’est-à-dire
des Mycéniens de l’âge du bronze en Grèce continentale, que Ramsès III
identifie peut-être comme les Denyens dans son inscription sur les Peuples de la
Mer vingt ans plus tard. Concernant les deux derniers noms, les chercheurs
considèrent le plus souvent que les Lukka font référence à des peuples venus du
sud-ouest de la Turquie, une région connue à l’âge classique sous le nom de
Lycie. L’origine des Teresh reste incertaine mais pourrait avoir un rapport avec
les Étrusques d’Italie16.
Les inscriptions ne nous en apprennent guère plus, et nous n’avons qu’une
vague idée du lieu où se déroulèrent la ou les batailles. Merneptah dit seulement
que la victoire a « été obtenue sur les terres de Libye », qu’il désigne par ailleurs
comme le « pays de Tehenu ». Néanmoins, Merneptah revendique clairement la
victoire, puisqu’il liste les combattants ennemis tués ou capturés, à la fois le
nombre d’hommes et de « mains ». À l’époque, il était fréquent de couper les
mains des ennemis morts et de les rapporter en témoignage, afin d’en tirer crédit
et récompense. La preuve macabre de cette pratique a été récemment trouvée
pour la période hyksos en Égypte, quelque quatre cents ans avant le règne de
Merneptah, sous la forme de seize mains droites enterrées dans quatre fosses
dans le palais de Hyksos à Avaris, dans le delta du Nil17. De toute manière, nous
ne savons pas si tous les Peuples de la Mer ont été exterminés ou s’il y eut des
survivants, même si cette dernière hypothèse est la plus probable, puisque
plusieurs groupes sont revenus au cours de la seconde invasion, trente ans plus
tard.

En 1177 av. J.-C., comme précédemment en 1207 av. J.-C., les Égyptiens
furent victorieux. Les Peuples de la Mer ne revinrent pas en Égypte une
troisième fois. Ramsès se réjouissait que ses ennemis aient « chaviré, submergés
sur place ». « Leurs cœurs, écrit-il, ont été jetés au loin ; leur âme s’est écoulée.
Leurs armes sont éparpillées en mer18. » Mais il s’agissait d’une victoire à la
Pyrrhus. Bien que l’Égypte de Ramsès III ait été la seule puissance importante à
résister avec succès à l’assaut des Peuples de la Mer, le Nouvel Empire égyptien
ne fut plus jamais le même, probablement à cause des multiples problèmes
auxquels toute la région méditerranéenne dut faire face à l’époque, comme nous
le verrons plus loin. Pendant le reste du deuxième millénaire av. J.-C., les
pharaons successifs durent se contenter de régner sur un pays dont l’influence et
la puissance avaient considérablement diminué. L’Égypte était devenue un
empire de seconde zone ; l’ombre de ce qu’elle avait été. Il fallut attendre le
règne du pharaon Sheshonq, un Libyen à l’origine de la XXIIe dynastie vers 945
av. J.-C. – que l’on peut sans doute rapprocher du pharaon Shishak de la Bible
hébraïque19 – pour que l’Égypte retrouve un semblant de prééminence.
Au-delà de l’Égypte, presque tous les autres pays et puissances du deuxième
millénaire av. J.-C. au Proche-Orient et dans le monde égéen – qui ont marqué
l’âge d’or de ce que l’on appelle maintenant l’âge du bronze – ont périclité et
disparu, soit immédiatement ou en moins d’un siècle. Pour finir, ce fut comme si
la civilisation elle-même avait été rayée de la carte de presque toute la région. La
plupart des progrès des siècles précédents, si ce n’est tous, disparurent de
gigantesques territoires, de la Grèce à la Mésopotamie. Une nouvelle époque de
transition commençait : une époque qui devait durer au moins un siècle, et peut-
être jusqu’à trois dans certaines zones.
La terreur a très probablement régné partout, aux dernières heures de ces
royaumes. Inscrite sur une tablette d’argile, une lettre du roi d’Ougarit, dans le
nord de la Syrie, adressée au roi de Chypre, de rang supérieur, en donne une
illustration :
Mon père, voici que des bateaux d[e] l’ennemi sont venus : [des vil]les miennes par le feu [il] a
brûlé [e]t des choses [bi]en déplaisantes dans le pays ils ont fait. Mon père ne sait pas que toutes
[mes (?)] troupes en pays hittite stationnent, et que tous [m]es b[ateau]x en pays lycien (cinq)
stationnent. [Jusqu’à] présent (?) ils ne me sont pas parvenus (en retour), et le pays est ainsi
abandonné à lui-même. Que mon [pè]re sache cette chose-là ! Or, c’est sept bateaux de l’ennemi
[qu]i m[e] sont venus (sus), et ils nous ont fait de bien mauvaises choses. Maintenant : s’il y a
d’au[tres (?)] bateaux de l’ennemi, informe-m’en [de quelque] manière (?), et que je le sache20 !

Il existe un débat pour savoir si cette tablette est parvenue un jour à son
destinataire à Chypre. Les archéologues qui l’ont trouvée pensaient qu’elle
n’avait sans doute jamais été envoyée. On a d’abord raconté qu’on l’avait
trouvée avec plus de soixante-dix autres tablettes dans un four où elles avaient
été disposées pour être cuites – ce qui était la meilleure façon de les conserver
pendant le rude voyage vers Chypre21. Ceux qui ont fouillé et d’autres
chercheurs ont d’abord pensé que les bateaux ennemis étaient revenus et avaient
mis la ville à sac avant que cette demande urgente ne parte. Cette histoire a
ensuite été répétée à toute une génération d’étudiants par les manuels scolaires,
mais des chercheurs ont montré depuis que la tablette n’avait pas été trouvée
dans un four et, qu’il s’agit probablement de la copie d’une lettre qui a
certainement été finalement envoyée à Chypre, comme nous le verrons.

Les premiers chercheurs ont eu tendance à attribuer aux Peuples de la Mer


toutes les destructions survenues pendant cette période22. Il serait pourtant
présomptueux de leur faire porter l’entière responsabilité de la fin de l’âge du
bronze en Méditerranée orientale et grecque. Ce serait sans doute leur accorder
trop de crédit, car nous n’avons aucune preuve, à l’exception des textes et
inscriptions égyptiens qui laissent des impressions contradictoires. Les Peuples
de la Mer formaient-ils une armée relativement organisée quand ils sont apparus
en Méditerranée orientale, à l’image des croisés disciplinés, venus reconquérir la
terre sainte au Moyen Âge ? Étaient-ils au contraire un groupe de maraudeurs,
peu ou pas organisés, comme les Vikings plus tard ? Ou étaient-ils des réfugiés
fuyant une catastrophe et cherchant de nouvelles terres ? Pour ce que nous en
savons, la vérité pourrait être un mélange de tout cela, voire tout autre chose.
On doit désormais intégrer à l’équation de nombreuses nouvelles données,
disponibles depuis quelques dizaines d’années23. Nous ne sommes plus certains
désormais que tous les sites qui ont été de toute évidence détruits, l’aient été par
les Peuples de la Mer. On peut dire qu’un site a été détruit, preuves
archéologiques à l’appui, sans pour autant savoir par quoi ou par qui. De plus,
tous les sites n’ont pas été détruits en même temps, ni même forcément au cours
de la même décennie. Comme nous le verrons, leur disparition cumulée prit
plusieurs années et peut-être même un siècle.
En outre, même si nous ne connaissons pas avec certitude la cause ou toutes
les causes de l’effondrement du monde de l’âge du bronze en Grèce, en Égypte
et au Proche-Orient, les découvertes contemporaines tendent à montrer que les
Peuples de la Mer n’en sont pas les seuls responsables. Ils ont probablement
autant été les victimes que les agresseurs au moment de cet effondrement24. Ils
pourraient avoir été contraints de quitter leurs pays natals suite à une série
d’événements malheureux et migré vers l’est, où ils se seraient confrontés à des
royaumes et à des empires déjà sur le déclin. Il est également possible qu’ils
aient été en situation d’attaquer puis de vaincre de nombreux royaumes de la
région, précisément parce que ces monarchies étaient déjà sur le déclin et en
position de faiblesse. Dans ce contexte, les Peuples de la Mer auraient seulement
fait preuve d’opportunisme, pour reprendre la formule d’un chercheur, et se
seraient installés en Méditerranée orientale de manière bien plus pacifique
qu’envisagé jusque-là. Nous examinerons en détail ces possibilités.
Néanmoins, les Peuples de la Mer ont été, pendant des décennies de
recherches universitaires, les boucs émissaires idéals, portant la faute d’une
situation qui peut avoir eu des causes beaucoup plus complexes que leur simple
action. Aujourd’hui, le vent a tourné, et plusieurs chercheurs insistent sur le fait
que l’« histoire » d’une vague catastrophique de destructions gratuites et/ou de
migrations a été créée par des chercheurs comme Gaston Maspero, le célèbre
égyptologue français, dès les années 1860 et 1870, et a été consolidée en 1901.
Pourtant, cette théorie se fondait uniquement sur la preuve

Tableau 1 Pharaons d’Égypte et rois du Proche-Orient de l’âge du bronze récent


mentionnés dans le livre, par pays/royaumes et par ordre chronologique

épigraphique des inscriptions, bien avant qu’aucun des sites détruits n’ait été
fouillé, comme c’est désormais le cas. En fait, même les chercheurs qui
épousaient les thèses de Maspero restaient divisés sur la direction suivie par les
Peuples de la Mer, certains pensant qu’ils avaient fini leur parcours dans l’ouest
de la Méditerranée après avoir été vaincus par les Égyptiens, au lieu d’en être
partis25.
De notre point de vue, il est tout à fait possible, nous le verrons, que les
Peuples de la Mer aient été responsables de certaines des destructions de la fin
de l’âge du bronze, mais il est bien plus probable qu’une concaténation
d’événements à la fois humains et naturels – notamment un changement
climatique, la sécheresse, des catastrophes sismiques sous forme de
tremblements de terre en série, des révoltes intérieures et un « effondrement
systémique » – se soient joints en une « tempête parfaitee » qui conduisit l’âge du
bronze à sa perte. Mais, pour comprendre l’importance des événements qui
eurent lieu vers 1177 av. J.-C., remontons trois siècles plus tôt.

Pays Ancien nom #1 Ancien nom #2 Ancien nom #3


Chypre Alashiya
Grèce continentale Tanaja Ahhiyawa Hiyawa
Crète Keftiu Caphtor (Kaptaru)
Troie/Troade Assuwa (?) Isy (?) Wilusa
Canaan Pa-ka-na-na Retenu
Misraim

Notes du prologue
a. K. A. KITCHEN, Pharaoh Triumphant : The Life and Times of Ramesses II, Aris & Phillips,
Warminster, 1982, p. 238-239 ; voir C. M. MONROE, Scales of Fate : Trade, Tradition, and
Transformation in the Eastern Mediterranean ca. 1350-1175 BCE, Ugarit-Verlag, Munich, 2009, p. 33-34 et
n. 28. Certains égyptologues considèrent que la huitième année de règne de Ramsès III est plus ancienne
(1186 av. J.-C.) ou légèrement plus tardive (1175 av. J.-C.). En effet, les dates de l’ancienne Égypte des
pharaons et de leurs règnes ne sont pas absolument établies ; elles sont estimées par approximation et
souvent modifiées en fonction des idées et des désirs de chaque archéologue ou historien ; dans le présent
ouvrage, le règne de Ramsès III dure de 1184 à 1153 av. J.-C.
b. Il existe plusieurs traductions en français de ce texte. Voir C. LALOUETTE, L’Empire des Ramsès,
Fayard, Paris, 1985 ; J. FREU et M. MAZOYER, Le Déclin et la chute du nouvel Empire hittite. Les
Hittites et leur histoire, vol. 4, L’Harmattan, Paris, 2010 ; J. BRIEND et M.-J. SEUX, Textes du Proche-
Orient ancien et histoire d’Israël, Le Cerf, Paris, 1977 ; I. FINKELSTEIN et N. A. SILBERMAN, La Bible
dévoilée (trad. de l’américain par P. GHIRARDI), Bayard, Montrouge, 2002 [NdT].
c. On dispose désormais d’une compilation de tous les textes de sources égyptiennes ou autres
mentionnant les Peuples de la Mer, du règne d’Aménophis III de la XVIIIe dynastie à celui de Ramsès III de
la XXe dynastie et au-delà (M. J. ADAMS et M. E. COHEN, « Appendix : The “Sea Peoples” in Primary
Sources », in A. E. KILLEBREW et G. LEHMANN [dir.], The Philistines and Other « Sea Peoples » in
Text and Archaeology, Society of Biblical Literature, Atlanta, 2013, p. 645-664, et tableaux 1-2).
d. J. H. BREASTED, « Foreword », in Medinet Habu, vol. 1, Earlier Historical Records of Ramses III,
The Epigraphic Survey, IX-XI, University of Chicago Press, Chicago, 1930, p. X-XI ; voir la récente
biographie de Breasted : J. ABT, American Egyptologist. The Life of James Henry Breasted and the
Creation of His Oriental Institute, University of Chicago Press, Chicago, 2011. Comme ce dernier l’indique
p. 230, Rockefeller avait secrètement autorisé le versement de cinquante mille dollars supplémentaires si
Breasted en avait besoin, sans l’en aviser.
e. « Perfect storm » (qui est également le titre choisi pour le chapitre 5) est une expression fréquemment
utilisée en anglais pour désigner une combinaison rare d’événements à l’origine d’une situation
particulièrement dramatique [NdT].
Chapitre 1

Acte I. Des armes et des hommes : le XVe siècle


avant notre ère

C’est aux environs de l’an 1477 av. J.-C., à Peru-Nefer, une ville du delta du
Nil en Basse-Égypte, non loin de la Méditerranée, que le pharaon Thoutmosis III
ordonna la construction d’un grand palais orné de fresques raffinées. Des artistes
minoens de la lointaine Crète, située très à l’ouest, dans la « Grande Verte »
(c’est ainsi que les Égyptiens appelaient la Méditerranée), furent engagés pour
peindre ces fresques. Les images représentées n’avaient encore jamais été vues
en Égypte – des scènes étranges d’hommes sautant par-dessus des taureaux –
peintes al fresco, c’est-à-dire en appliquant la peinture sur le plâtre encore
humide, pour que les couleurs imprègnent le mur lui-même. C’est en Crète qu’ils
avaient appris cette technique et à représenter cette scène. Les images
incomparables ainsi créées étaient désormais à la mode, non seulement en
Égypte, mais dans les palais de la côte, du nord de Canaan au delta d’Égypte,
dans des sites qui s’appellent aujourd’hui Kabri en Israël, Alalakh en Turquie,
Qatna en Syrie et Dab`a en Égypte1.
On sait maintenant que Peru-Nefer, la ville du delta, est l’actuelle Tell ed-
Dab`a. Depuis 1966, le site est fouillé par l’archéologue autrichien Manfred
Bietak et son équipe. La ville s’est aussi appelée Avaris, capitale des Hyksos, les
envahisseurs haïs qui ont dirigé une grande partie de l’Égypte de 1720 à 1550
av. J.-C. environ. Avaris est devenue Peru-Nefer, une métropole égyptienne
importante après sa conquête par le pharaon égyptien Kamosé, ancêtre de
Thoutmosis, vers 1550 av. J.-C.
En quelque quarante ans de fouilles, Bietak a ramené à la vie cette ancienne
cité prospère, capitale des Hyksos, enfouie sous des mètres de sable et de
décombres, mais aussi la métropole égyptienne plus tardive. Il a également
découvert les surprenantes fresques peintes par les Minoens, ou peut-être par des
artisans locaux formés par les Minoens, qui datent du début de la
XVIIIe dynastie (1450 av. J.-C., environ)2. C’est un bon exemple du monde
internationalisé qui commençait à se former en Méditerranée égéenne et
orientale après l’expulsion des Hyksos d’Égypte.

Retour chez les Hyksos


Les Hyksos avaient envahi l’Égypte une première fois vers 1720 av. J.-C., un
quart de millénaire avant le règne de Thoutmosis III. Ils restèrent environ deux
siècles, jusqu’en 1550 av. J.-C. À l’époque de la domination des Hyksos,
l’Égypte était une des grandes puissances de l’ancien Proche-Orient. Les
pyramides de Gizeh, construites sous la IVe dynastie à l’époque de l’Ancien
Empire, avaient déjà presque mille ans. Manéthon, un prêtre égyptien qui vécut
au IIIe siècle av. J.-C., pendant la période hellénistique bien plus tardive, parlait
des Hyksos comme des « rois bergers » – une mauvaise traduction de la phrase
hekau khasut, qui signifie plutôt « maîtres des terres étrangères ». Les Hyksos
étaient des étrangers, des Sémites venus de la région de Canaan, c’est-à-dire de
la région qui comprend les actuels Israël, Liban, Syrie et Jordanie. On trouve des
représentations des Sémites en Égypte dès le XIXe siècle av. J.-C. – par exemple,
un mur peint dans une tombe égyptienne à Beni Hasan, qui montre des
négociants et des commerçants « asiatiques » transportant des marchandises3.
L’invasion de l’Égypte par les Hyksos marqua la fin de la période du Moyen
Empire (d’environ 2134 à 1720 av. J.-C.). Leur succès pourrait être dû à une
supériorité technologique militaire et à leur capacité de première frappe car ils
possédaient des arcs composites à bien plus grande portée que les arcs
traditionnels. Ils disposaient aussi de chars tirés par des chevaux, inconnus en
Égypte.
Après la conquête, les Hyksos régnèrent sur l’Égypte, essentiellement à partir
de leur capitale Avaris dans le delta du Nil, pendant la seconde période
intermédiaire (de la XVe à la XVIIe dynastie), c’est-à-dire presque deux siècles,
de 1720 à 1550 av. J.-C.4. De 3000 à 1200 av. J.-C., c’est la seule période où ce
pays fut dirigé par des étrangers.
Fig. 3. « Asiatiques » à Beni Hasan.
Source : D’après Newberry, 1893, pl. XXX/XXXI (avec l’aimable autorisation de l’Egypt Exploration
Society).

Des récits et des inscriptions datant de la fin de cette période, vers 1550 av. J.-
C., nous livrent certains des conflits qui éclatèrent entre Égyptiens et Hyksos. On
retiendra, en particulier, l’histoire du désaccord entre deux dirigeants,
La Querelle d’Apophis et Seknenre. Dans ce texte – qui pourrait être
apocryphe –, le roi hyksos Apophis se plaint que des hippopotames gardés dans
un étang par le roi égyptien Seknenre, qui régnait sur une autre partie de
l’Égypte, l’empêchent de dormir la nuit. Le reproche est quelque peu absurde car
des centaines de kilomètres séparaient les deux cours royales de Haute- et de
Basse-Égypte. Il est impossible que le roi hyksos ait entendu les hippopotames,
aussi bruyants fussent-ils5. Mais la momie de Seknenre a été découverte par des
archéologues, et les blessures visibles sur son crâne – faites par une hache de
guerre – montrent qu’il est mort brutalement sur le champ de bataille. Une
bataille qui l’a opposé aux Hyksos ? Nous n’en sommes pas sûrs ; il est tout à
fait possible qu’Apophis et Seknenre se soient fait la guerre, que ce soit ou non à
cause d’hippopotames.
Une autre inscription a été laissée par le pharaon Kamosé, dernier roi de la
XVIIe dynastie. À cette époque, Kamosé régnait depuis Thèbes, en Haute-
Égypte. Dans un texte qui date de 1550 av. J.-C. environ, il livre des détails sur
la bataille finale qui le vit triompher des Hyksos, qu’il appelle « Asiatiques » :
Je naviguai vers le nord pour repousser les Asiatiques […] avec ma courageuse armée qui allait
devant moi comme une flamme […]. Les archers en haut des mâts pour détruire leurs places
[…]. Je passai la nuit sur mon bateau, le cœur joyeux. Lorsque la terre blanchit, je fus sur lui, à la
manière d’un faucon et quand vint le temps du déjeuner du matin, je le renversai, je détruisis sa
muraille et massacrai ses gens ; je fis que son épouse descendit jusqu’à la rive du fleuve. Les
soldats de mon armée étaient semblables à des lions chargés de leurs proies, tandis qu’ils
emmenaient les serviteurs, le bétail, le lait, les huiles âdj et le miel, se partageant les biens le
cœur joyeuxa.

Kamosé nous raconte aussi le sort d’Avaris elle-même :


Avaris sur les deux fleuves, je la laisserai vide sans personne à l’intérieur, après avoir saccagé
leurs villes. J’incendierai leurs places transformées en buttes rubéfiées [à un tas de cendres
rouges] pour toujours à cause du tort qu’elles causent à l’intérieur de cette Égypte en l’ayant
livrée pour servir les Asiatiques depuis qu’ils ont fait irruption en Égypte, leur souveraine
[maîtresse].

Et, ainsi, les Égyptiens chassèrent les Hyksos. Ils se réfugièrent à Retenu (un
des anciens noms égyptiens donnés à Israël et à la Syrie, une région aussi
appelée Pa-ka-na-na ou Canaan par les Égyptiens). C’est ainsi que commença la
XVIIIe dynastie, avec Ahmosis, le frère de Kamosé, inaugurant ce que l’on
nomme à présent le Nouvel Empire.
C’est à cette époque qu’Avaris et le reste de l’Égypte furent reconstruits ; et
Avaris changea de nom. Environ soixante ans plus tard, vers 1500 av. J.-C., sous
les règnes de Hatshepsout et Thoutmosis III, c’était à nouveau une ville
florissante, nommée Peru-Nefer, avec des palais décorés de fresques dans le
style minoen représentant des acrobates sautant par-dessus des taureaux et
d’autres scènes de tradition clairement crétoise et grecque, et non égyptienne. Un
archéologue a même imaginé un mariage royal entre un dirigeant égyptien et une
princesse minoenne6. Des mariages ont probablement eu lieu entre des pharaons
égyptiens de la fin de la XVIIIe et de la XIXe dynastie et des princesses
étrangères, en particulier pour renforcer les liens diplomatiques ou un traité
passé avec une puissance étrangère, comme on le verra plus loin, mais il n’est
pas besoin d’imaginer de telles unions à vocation politique pour expliquer
l’existence de murs décorés dans le style minoen en Égypte, car nous avons
d’autres preuves de contacts entre la Méditerranée orientale, l’Égypte et, dans ce
cas précis, le monde grec.
Flash-back : la Mésopotamie et les Minoens
Une multitude de faits et de données archéologiques, des textes, des peintures
prouvent que les Minoens de Crète étaient déjà en relation avec de nombreux
pays du Proche-Orient longtemps avant leurs contacts avec les pharaons
égyptiens du Nouvel Empire. Ainsi, des objets fabriqués par les Minoens ont été
transportés sur la mer Égée et la Méditerranée jusqu’en Mésopotamie, la terre
entre les deux fleuves – le Tigre et l’Euphrate – dès le XVIIIe siècle av. J.-C., il y
a presque quatre mille ans.
On a trouvé des preuves de cet ancien commerce sur le site de Mari sur la rive
occidentale de l’Euphrate, dans l’actuelle Syrie, grâce à des archéologues
français qui, dans les années 1930, ont mis au jour un trésor de plus de vingt
mille tablettes d’argile portant des inscriptions. Ils avaient été alertés par des
habitants qui avaient découvert par hasard ce qu’ils croyaient être un homme
sans tête – et qui se révéla être une statue de pierre, parmi beaucoup d’autres ;
l’une d’elles portait une mention indiquant qu’il s’agissait d’un roi de l’ancienne
ville7. Les textes, en ancien akkadien, provenaient des archives de la
correspondance royale mais certains relataient des faits plus quelconques
concernant les rois de Mari, notamment Zimri-Lim qui régna vers 1750 av. J.-C.
Les tablettes livrent aussi toutes sortes d’informations sur l’administration du
palais et l’organisation du royaume, mais aussi sur la vie quotidienne.
Ainsi, une tablette évoque la glace que Zimri-Lim utilisait l’été pour rafraîchir
ses boissons, qui incluaient du vin, de la bière et des boissons fermentées à base
d’orge, aromatisées au jus de grenade ou à la réglisse anisée. Nous savons qu’il
avait ordonné la construction d’une glacière sur les bords de l’Euphrate,
spécialement conçue pour conserver la glace apportée l’hiver des montagnes
enneigées et utilisée durant les chauds mois d’été. Il déclarait qu’aucun roi avant
lui n’avait jamais construit une telle glacière, ce qui est tout à fait possible,
même si l’ajout de glace dans les boissons n’était pas nouveau dans la région, et
même si un roi avait déjà dû rappeler à son fils que les serviteurs devaient
nettoyer la glace avant qu’elle ne soit ajoutée aux boissons : « Envoie-les
chercher de la glace ! Qu’ils la débarrassent des brindilles, de la bouse et de
toute autre saleté8. »
Les archives gardent la trace du commerce et des échanges avec d’autres
régions de Méditerranée et du Proche-Orient, avec une mention particulière pour
les objets inhabituels que l’on avait pu recevoir. Nous savons aussi grâce à ces
tablettes que des cadeaux étaient fréquemment échangés entre les dirigeants de
Mari et ceux d’autres villes et royaumes, et que les rois échangeaient volontiers
médecins, artisans, tisserands, musiciens et chanteurs9.
Parmi les objets exotiques importés signalés dans les tablettes de Mari, on
trouve une dague et d’autres armes en or de grande valeur avec des incrustations
de lapis-lazuli, mais aussi des vêtements et des tissus « faits à la mode
caphtorienne10 ». Caphtor (ou Kaptaru) était le nom mésopotamien ou cananéen
de la Crète, que les Égyptiens appelèrent plus tard Keftiu. Ces objets avaient
beaucoup voyagé depuis cette île, ce qui augmentait leur coût, dépendant du
travail et des matériaux utilisés, du prix du transport, pour employer des termes
modernes.
On trouve aussi sur une tablette le récit d’une situation inhabituelle, quand
Zimri-Lim, le roi de Mari, envoya en cadeau une paire de chaussures minoennes
venant de Crète au roi Hammourabi de Babylone. Le texte dit simplement :
« Une paire de chaussures en cuir de style caphtorien, transportée par Bahdi-Lim
[un dignitaire] au palais de Hammourabi, roi de Babylone mais qui a été
retournée11. » On en ignore la raison. Peut-être n’était-elle tout simplement pas à
la bonne taille. Le code d’Hammourabi, dans lequel on trouve pour la première
fois la formule « œil pour œil, dent pour dent », plus tard rendue célèbre par la
Bible hébraïque, ne fait pas état de pénalités liées au renvoi d’objets.
Il est assez surprenant que Hammourabi ait renvoyé ces chaussures en cuir,
qu’elles aient été ou non à la bonne taille, car ce devait être un objet rare et
original dans son pays à cette époque, quand on considère la distance qui sépare
la Crète de la Mésopotamie, c’est-à-dire l’actuelle Grèce de l’Irak/Syrie. Un tel
voyage n’était pas à prendre à la légère ; il nécessitait plusieurs étapes et
différents marchands et négociants pour prendre en charge l’objet à tour de rôle.
D’un autre côté, un tel cadeau entre des rois de même rang était une pratique
bien connue dans le Proche-Orient du deuxième millénaire av. J.-C.12. Dans ces
cas-là, les objets en question étaient directement apportés par des émissaires du
roi, ce qu’on appellerait aujourd’hui une ambassade.

Découverte et aperçu sur les Minoens


Tout cela montre clairement que les Minoens de Crète étaient en contact avec
d’autres régions de l’ancien Proche-Orient du milieu à la fin de l’âge du bronze,
au moins à partir de 1800 av. J.-C. Les lettres trouvées à Mari mentionnent des
Minoens, et même d’un probable interprète minoen (ou d’un interprète pour les
Minoens) présent sur le site d’Ougarit, dans le nord de la Syrie, au début du
XVIIIe siècle av. J.-C., où ils recevaient de l’étain envoyé de Mari13. Il semble
néanmoins qu’une relation particulière avec l’Égypte se soit établie au
XVe siècle, aux temps de Hatshepsout puis Thoutmosis III, ce qui explique que
nous commencions notre récit à ce moment-là.
Il est intéressant de souligner que c’est sir Arthur Evans, un archéologue
britannique, qui, au début des années 1900, a donné son nom à la civilisation
minoenne. Nous n’avons en réalité aucune idée du nom que les Minoens se
donnaient eux-mêmes, même si nous savons les Égyptiens, les Cananéens et les
Mésopotamiens avaient chacun le leur pour les désigner. Nous ne savons pas non
plus d’où ils venaient, même si nos soupçons nous conduisent vers
l’Anatolie/Turquie.
Nous savons qu’au troisième millénaire av. J.-C. ils ont établi une civilisation
en Crète, qui a duré jusqu’en 1200 av. J.-C. environ. C’est au cours de cette
période, vers 1700 av. J.-C., que l’île a été dévastée par un tremblement de terre
qui obligea à reconstruire les palais, à Cnossos et ailleurs. Néanmoins, les
Minoens se rétablirent rapidement et leur civilisation s’épanouit de manière
indépendante jusqu’à ce que les Mycéniens, de Grèce continentale, envahissent
l’île, plus tard au deuxième millénaire. La Crète resta ensuite sous domination
mycénienne jusqu’à l’effondrement général, vers 1200 av. J.-C.
Quand sir Arthur Evans commença ses fouilles en Crète, il cherchait l’origine
de pierres dites « de lait » trouvées sur le marché d’Athènes. Les femmes
enceintes ou qui venaient d’accoucher portaient ces « pierres de lait ». Des
symboles y étaient gravés qu’Evans n’avait jamais vus auparavant mais qu’il
identifia comme une écriture. Il en découvrit l’origine sur un site enfoui à
Cnossos (monts Kephala), à côté de l’actuelle ville d’Héraklion en Crète – un
site que Heinrich Schliemann, celui qui découvrit Troie, avait tenté en vain
d’acheter et de fouiller. Evans réussit quant à lui à acheter le terrain et commença
les fouilles en mars 1900. Il continua à creuser plusieurs décennies durant, y
sacrifiant l’essentiel de sa fortune personnelle, et finit par publier ses
découvertes dans plusieurs gros volumes sous le titre The Palace of Minos at
Knossos (« Le palais de Minos à Cnossos »)14.
Avec l’aide de son assistant écossais en qui il avait toute confiance, Duncan
Mackenzie15, Evans mit au jour ce qui semblait être un palais royal. Sans plus
attendre, il baptisa « minoenne » la civilisation qu’il venait de découvrir, nom
inspiré du roi Minos de la légende grecque, censé avoir dirigé la Grèce des
anciens temps, et combattu le Minotaure (moitié homme, moitié taureau) dans
un labyrinthe souterrain du palais. Evans trouva de nombreuses tablettes
d’argile, et d’autres objets, sur lesquels on avait écrit – aussi bien en linéaire A
(qu’on ne sait toujours pas déchiffrer) qu’en linéaire B (une forme primitive du
grec probablement apportée en Crète par les Mycéniens). Il ne découvrit
néanmoins jamais le vrai nom de ce peuple, encore inconnu aujourd’hui, nous
l’avons vu – malgré plus d’un siècle de fouilles ininterrompues, non seulement à
Cnossos mais aussi sur de nombreux autres sites crétois16.
Evans découvrit à Cnossos de nombreux objets importés d’Égypte et du
Proche-Orient, notamment un couvercle en albâtre sur lequel était écrit en
hiéroglyphes : « Le bon dieu, Seweserenre, fils de Ra, Kyan17. » Kyan, l’un des
rois hyksos les mieux connus, régna pendant les premières années du XVIe siècle
av. J.-C. Des objets lui appartenant ont été trouvés dans tout l’ancien Proche-
Orient, mais la manière dont ce couvercle est parvenu en Crète reste un mystère.
Un vase égyptien en albâtre, trouvé beaucoup plus tard, lors de la fouille
d’une tombe sur le site crétois de Katsamba – une des villes portuaires de la côte
nord, liée à Cnossos –, est également très intéressant. Il porte le nom du pharaon
Thoutmosis III : « Le bon dieu Men-kheper-Ra, fils de Ra, Thoutmosis au
devenir parfait. » C’est un des rares objets trouvés dans le monde grec portant
son nom18.
L’historien grec du Ve siècle Thucydide prétend que les Minoens possédaient
des navires et dominaient les mers à cette époque : « C’est Minos qui, selon la
tradition, fut le premier à posséder une flotte ; il établit sa puissance sur la plus
grande partie de ce que nous appelons maintenant la mer grecque » (Thucydide,
Histoire de la guerre du Péloponnèse, I, 3-8). Les premiers chercheurs parlaient
de « thalassocratie minoenne », kratia signifiant « pouvoir » et thalassos,
« mer ». Même si cette supposée suprématie maritime est désormais mise en
cause, on trouve des références à des « bateaux-keftiu » dans des sources
égyptiennes – keftiu étant alors le terme utilisé pour désigner la Crète –, et même
si l’on ignore s’il s’agissait de bateaux provenant de Crète, s’y rendant, ou de
bateaux fabriqués à la manière minoenne19.
John Devitt Stringfellow Pendlebury, qui prit la direction des fouilles sur ce
site après Evans, s’intéressait tout particulièrement aux connexions possibles
entre l’Égypte et la Crète ; il fouilla le site égyptien d’Amarna (la capitale
d’Akhenaton, sur laquelle nous reviendrons) et sur le site de Cnossos. Avant
d’être abattu par des parachutistes allemands en 1941 quand ils envahirent la
Crète, Pendlebury publia même une monographie sur ce sujet, sous le titre
Aegyptiaca, dans laquelle il recense et répertorie tous les objets importés
d’Égypte trouvés à Cnossos et ailleurs en Crète20.
Evans et Pendlebury trouvèrent d’autres objets importés à Cnossos, et on est
désormais certain que les Minoens pratiquaient l’import-export, dans le cadre
d’un réseau commercial reliant de nombreux autres pays en dehors de l’Égypte.
Par exemple, des sceaux-cylindres mésopotamiens et des jarres de stockage
cananéennes datant du milieu et de la fin de l’âge du bronze ont été trouvés sur
plusieurs sites crétois, alors que de la céramique minoenne et d’autres objets
fabriqués, ou au moins leur mention, ont été trouvés en Égypte, Israël, Jordanie,
Chypre et jusqu’en Syrie et en Irak.

Retour en Égypte
Il faut garder à l’esprit que les biens que nous venons de mentionner ne
représentent qu’une infime partie de tous ceux qui traversaient la Méditerranée
car, à la fin de l’âge du bronze, les marchandises échangées étaient le plus
souvent des biens périssables dont il y a peu de chances de trouver des restes
identifiables aujourd’hui. Grain, vin, épices, parfums, bois, tissus ont
certainement presque tous disparu. Les matières premières – l’ivoire, les pierres
précieuses comme le lapis-lazuli, l’agate et la cornaline, les métaux comme l’or,
le cuivre et l’étain – ont depuis longtemps été transformées localement en objets,
en armes ou en bijoux. Aussi, les signes les plus nombreux de l’existence de
routes commerciales et de contacts internationaux ont certainement été effacés,
désintégrés ou ont disparu d’une manière ou d’une autre pendant l’Antiquité.
L’existence d’un commerce de matières périssables est néanmoins attestée par
des écrits ou des scènes représentées sur les murs qui sont parvenus jusqu’à
nous. Ces peintures, inscriptions, références littéraires peuvent servir
d’indications assez sûres si elles sont interprétées correctement. Ainsi, la
représentation de peuples étrangers sur les peintures qui ornent de nombreuses
tombes égyptiennes datant des règnes des pharaons du Nouvel Empire, de
Hatshepsout à Aménophis III, est une preuve concrète et inestimable de
l’existence de relations diplomatiques, commerciales, et de réseaux de transport
aux XVe et XIVe siècles av. J.-C.21.
La première tombe dont les murs peints représentent les peuples grecs, sans
équivoque possible, a été construite sous le règne de Hatshepsout, au XVe siècle
av. J.-C. Dans ces tombes, on voit fréquemment des Minoens, souvent
accompagnés de leurs biens et d’inscriptions qui les identifient clairement
comme venant de l’île de Crète. Ainsi, dans la tombe de Senenmout – architecte,
conseiller et peut-être amant de Hatshepsout – on voit une ambassade grecque de
six hommes portant des vases en métal de facture égéenne22.
Une autre peinture, décorant la tombe de Rekhmire, vizir de Thoutmosis III
(vers 1450 av. J.-C.), met en scène des hommes en kilts typiquement grecs,
transportant des objets également grecs. À proximité, il est écrit : « Venir en
paix. De la part des grands de Crète [étant] des îles qui sont au milieu de la
Grande-Verte, en prosternations, et en inclinant la tête [saluer], [devant/par] la
puissance de sa Majesté, roi de Haute- et Basse-Égypte23. » Il s’agit, sans aucun
doute, de la représentation d’une délégation égéenne venue en Égypte, une parmi
beaucoup d’autres trouvées dans les tombes égyptiennes de cette période.

Fig. 4. La tombe de Rekhmire, et une représentation de Grecs.


Source : D’après Davies, 1943, pl. XX (avec l’aimable autorisation du Metropolitan Museum of Art).

Les peuples grecs ne sont pas les seuls à être représentés dans la tombe de
Rekhmire ; dans d’autres cartouches, au-dessus et en dessous, on voit des
émissaires venus de Punt, de Nubie et de Syrie, accompagnés d’inscriptions.
Même si ce n’est pas prouvé, il est probable qu’on a voulu représenter un
événement majeur du règne de Thoutmosis III, et que les envoyés, ou
marchands, égéens font partie d’une foule de personnes de diverses origines qui
s’était rassemblée ou avait été invitée. Si tel est le cas, cela pourrait être à
l’occasion de la fête du Sed (ou jubilé), qu’un pharaon célèbre la première fois
après trente ans de règne puis de manière irrégulière ; nous savons que
Thoutmosis III organisa au moins trois fêtes de ce genre, ce qui n’est pas
surprenant puisqu’il a régné cinquante-quatre ans24.
Au total, on compte environ quatorze tombes datant des règnes de
Hatshepsout ou de Thoutmosis III, de dignitaires de haut rang et de conseillers,
ornées de fresques représentant des délégations étrangères visitant l’Égypte,
provenant notamment du monde grec, de Nubie ou de Canaan, toutes portant des
produits étrangers25. Dans les neuf tombes datant précisément du règne de
Thoutmosis III, on trouve souvent des délégations étrangères offrant des cadeaux
diplomatiques, remettant un tribut annuel, ou participant à une expédition
envoyée par Thoutmosis III au Liban pour en rapporter des cèdres26.
Il est fait mention de Keftiu, d’hommes-keftiu, de bateaux-keftiu dans de
multiples contextes en Égypte à cette époque, y compris dans des inscriptions
retrouvées dans des temples ou sur des papyrus. Parmi les plus intéressantes, un
papyrus datant de la trentième année du règne de Thoutmosis III (vers 1400
av. J.-C.) fait état de plusieurs « bateaux-keftiu » à propos de l’importation de
matériaux destinés à la marine égyptienne : « Donné à l’artisan [nom de celui-
ci], du bois de revêtement pour le bateau-keftiu » ; « Donné aujourd’hui à
l’artisan Tity pour l’autre bateau-keftiu sur sa demande » ; et « Donné à l’artisan
Ina pour l’autre […] bateau-keftiu »27. De même, une inscription figurant sur le
mur du temple d’Amon à Karnak datant de la trente-quatrième année du règne
de Thoutmosis III évoque également des bateaux-keftiu28.
On ignore si ces bateaux venaient de Keftiu (étaient minoens) ou s’ils étaient
capables de rallier Keftiu (et étaient alors égyptiens), mais il est clair que des
contacts existaient, probablement des contacts directs, entre la Crète minoenne et
le Nouvel Empire d’Égypte sous le règne de Thoutmosis III. Étant donné les
vents dominants, un navire – aujourd’hui comme il y a 3 400 ans – peut voyager
relativement facilement depuis les rivages crétois jusqu’à Marsa Matrouh, sur la
côte nord de l’Égypte, puis jusqu’au delta du Nil. Le retour en bateau est plus
difficile à cause des vents et des courants, mais pas impossible à certaines
périodes de l’année. Il peut également être effectué en suivant le sens contraire
des aiguilles d’une montre, de l’Égypte à Canaan et Chypre, puis vers l’Anatolie
et Rhodes, pour rejoindre ensuite la Crète, les Cyclades, et la Grèce continentale,
avant de revenir en Crète pour rallier, au sud, l’Égypte.
Les peintures et les inscriptions trouvées dans la tombe de Menkheperreseneb,
premier prophète d’Amon29, montrent clairement que les Égyptiens
connaissaient la royauté minoenne et plaçaient ce pays sur le même plan que
d’autres régions étrangères. Sur les murs de cette tombe, on peut voir le « prince
de Keftiu » (Crète) en compagnie du prince des Hittites (d’Anatolie), du prince
de Tunip (probablement en Syrie), et du prince de Qadesh (en Syrie). Le nom
utilisé pour identifier ces personnages, wr – signifiant « prince » ou « chef » –,
est toujours le même30. Cette représentation suggère que ces personnes royales
ont visité l’Égypte pour une occasion, peut-être une occasion très particulière.
Sont-ils tous venus en même temps (peut-être voit-on le même événement sous
des perspectives différentes dans la tombe de Rekhmire ?) ou à des moments
différents ? Nous ne sommes sûrs de rien, mais il est intéressant d’envisager la
possibilité que les principaux personnages de la fin de l’âge du bronze se soient
réunis en Égypte pour un événement important, à la manière dont les grands de
ce monde se rassemblent aujourd’hui pour un mariage royal britannique ou une
réunion du G-8.
Le même mot, wr (« prince ou chef »), est utilisé ailleurs par Thoutmosis III :
au début de ses annales pour la quarante-deuxième année de son règne, où il
mentionne le « prince de Tanaja » – nom donné par les Égyptiens à la Grèce
continentale. Il liste aussi les objets grecs, en particulier un vaisseau en argent de
fabrication keftiuan et quatre bols munis d’anses en argent. Il est intéressant de
noter qu’il les appelle des inw, un terme traduit habituellement par « tribut »,
mais qui, dans ce contexte, signifie plus probablement « cadeau »31. Se livrer à
des opérations commerciales aurait pu être considéré comme indigne d’un roi,
alors qu’échanger des « cadeaux » avec des égaux (ou presque égaux) était tout à
fait acceptable. Nous reviendrons sur ce point dans le prochain chapitre, dans le
contexte du commerce international sous couvert de cadeaux au XIVe siècle
av. J.-C.

Hatshepsout et Thoutmosis III


Le règne de Hatshepsout qui précéda celui de Thoutmosis III, a été le témoin
d’interactions non seulement avec le monde grec mais aussi avec d’autres
régions de l’ancien Proche-Orient. C’est elle, Hatshepsout, qui joua un rôle de
premier plan au début de la XVIIIe dynastie pour créer des relations
internationales et donner à son pays un prestige mondial, par la diplomatie plutôt
que par la guerre. Elle était de sang royal, fille du pharaon Thoutmosis Ier et de la
reine Ahmès – même s’il faut noter que son père avait garanti son rang royal en
prenant épouse dans sa propre famille.
Hatshepsout se maria avec son propre demi-frère, Thoutmosis II, un
arrangement destiné à favoriser le jeune homme qui n’était de sang royal que
d’un seul côté, sa mère étant une épouse de second rang et non la reine en titre.
En se mariant avec Hatshepsout, il gagna une légitimité qu’il n’avait pas. Leur
union donna naissance non pas à un fils mais à une fille, ce qui aurait pu être
désastreux pour la dynastie. Néanmoins, Thoutmosis II eut un fils avec une
femme du harem, le futur Thoutmosis III, destiné à succéder à son père.
Malheureusement, quand Thoutmosis II mourut brutalement, son fils était trop
jeune pour régner. Aussi Hatshepsout devint-elle provisoirement régente. Mais
quand l’heure fut venue de laisser la place, elle s’y refusa. Elle régna plus de
vingt ans, tandis que Thoutmosis III attendait – sans doute avec impatience –
dans l’ombre32.
Pendant ces deux décennies, Hatshepsout commença à porter la fausse barbe
traditionnelle des pharaons et d’autres costumes propres à la fonction, ainsi que
des vêtements d’homme avec une armure en métal pour dissimuler sa poitrine et
ses autres attributs féminins, comme on peut le voir sur les statues de Deir el-
Bahari, son temple mortuaire. Elle changea aussi de nom, lui donnant une
terminaison masculine et non féminine, devenant « le » pharaon Hatshepsout33.
En d’autres termes, elle dirigea comme un homme, un pharaon mâle, et non
simplement comme une régente. Du coup, elle est désormais considérée comme
l’une des femmes les plus illustres de l’ancienne Égypte, à côté de Néfertiti et de
Cléopâtre. Il semble que Hatshepsout ne se soit pas remariée après la mort de
Thoutmosis II, mais elle pourrait avoir pris pour amant son architecte et
intendant en chef, Senenmout ; on a gravé une image de lui, peut-être en secret,
sur le temple funéraire de Hatshepsout dont il avait supervisé la construction à
Deir el-Bahari34.
Cette étonnante dirigeante est à l’origine d’expéditions commerciales
pacifiques en Phénicie (actuel Liban) pour en rapporter du bois et dans le Sinaï
pour trouver du cuivre et des turquoises35, mais la délégation la plus célèbre est
celle qu’elle a envoyée dans le pays de Punt pendant la neuvième année de son
règne et dont le souvenir est resté inscrit sur les murs de Deir el-Bahari. La
situation exacte de Punt reste inconnue des chercheurs et un sujet de controverse.
La plupart considèrent qu’elle se trouvait au Soudan, en Érythrée ou en Éthiopie,
mais d’autres proposent de chercher du côté des rives de la mer Rouge,
notamment dans la région de l’actuel Yémen36.
Cette expédition n’était pas la première envoyée d’Égypte à Punt et ne sera
pas non plus la dernière. Plusieurs avaient eu lieu pendant la période du Moyen
Empire, et Aménophis III y enverra à son tour une délégation, plus tard, au
XIVe siècle av. J.-C. Le récit d’Hatshepsout est cependant le seul à décrire la
reine de Punt – « Eti » selon l’inscription. La représentation de la reine étrangère
a suscité bien des commentaires à cause de sa petite taille, de sa cambrure, de ses
bourrelets et de son large postérieur, ce qui fait que dans les descriptions
modernes on parle de stéatopygie (un abdomen charnu, des cuisses et des fesses
hyperplasiques, voire protubérantes). On voit aussi des palmiers, des animaux
exotiques, et d’autres détails illustrant l’éloignement, ainsi que des navires qui
transportèrent les Égyptiens à l’aller et au retour, avec tous les détails des mâts et
gréements.
Au cours de la trente-troisième année de son règne, un peu après 1450 av. J.-
C., Thoutmosis III envoya sa propre délégation commerciale au pays de Punt. Ce
fait est bien répertorié dans ses annales, comme celle qu’il envoya à la trente-
huitième année de son règne37. Ces délégations font partie des rares cas, avec
l’envoi d’une expédition au Liban pour en rapporter des cèdres, qui mettent en
évidence des opérations commerciales entre l’Égypte et un pays étranger sous le
règne de Thoutmosis III, même si l’on peut penser que ce qui est appelé
« tribut » (inw) sur les peintures murales des tombes des dignitaires sous son
règne correspondait en réalité à des opérations commerciales.
Parmi les destinations les plus reculées avec lesquelles l’Égypte de
Thoutmosis III commerçait apparemment, et dont il a reçu l’inw à trois
occasions différentes, figure une région que les Égyptiens appelaient Isy, qui fait
sans doute référence à la coalition des cités-États du nord-ouest de l’Anatolie
(actuelle Turquie), connue sous le nom d’Assuwa, ou Alashiya, le nom donné à
Chypre à l’âge du bronze. Les scribes de Thoutmosis mentionnent au moins
quatre fois Isy dans différentes inscriptions, notamment à côté de celui de Keftiu
dans sa « Stèle poétique/Hymne à la victoire » : « Si je suis venu c’est pour te
faire piétiner la terre occidentale, les îles Keftiou et Isy étant soumises au respect
que tu inspires, je leur ferai voir Ta Majesté en jeune taureau, le vaillant aux
cornes acérées auquel on ne peut se mesurer38. » Dans les annales qui racontent
sa neuvième campagne – en l’an 34 de son règne (1445 av. J.-C.) –, il est dit que
le « chef d’Isy » a apporté l’inw, constitué de matières premières : du cuivre pur,
des blocs de plomb, du lapis-lazuli, une défense en ivoire et du bois. De la même
manière, dans le rapport de sa treizième campagne – en l’an 38 de son règne
(1439 av. J.-C.) –, on apprend que le « chef d’Isy » a apporté l’inw, composé de
quarante briques de cuivre, une brique de plomb et deux défenses en ivoire. La
plupart sont typiques des cadeaux échangés entre personnes de haut rang au
Proche-Orient à l’âge du bronze39.

Égypte et Canaan à la bataille de Megiddo en 1479 av. J.-


C.
Il se pourrait que l’on vienne de trouver la momie d’Hatshepsout, dans la
tombe répertoriée KV 60 (« Kings Valley, Tomb 60 »), plutôt que dans la sienne
(KV 20), également située dans la vallée des Rois. Elle fait partie des rares
femmes à avoir sa sépulture dans cette vallée réservée aux dignitaires, le plus
souvent des rois égyptiens mâles. Si cette momie est bien celle d’Hatshepsout,
alors, dans sa vieillesse, elle a souffert d’obésité, de problèmes dentaires et d’un
cancer40. Quand elle mourut enfin, vers 1480 av. J.-C., Thoutmosis III, que l’on
soupçonne parfois d’avoir joué un rôle dans cette mort, ne perdit pas de temps
pour s’emparer du pouvoir et se préparer à la guerre dès la première année de
son règne en solo. Il tenta aussi de faire disparaître de l’histoire le nom de
Hatshepsout, en ordonnant la profanation de ses monuments et la suppression de
son nom sur les inscriptions partout où c’était possible.
Quand Thoutmosis III lança sa première campagne – la première des dix-sept
qui émaillèrent les quelque vingt années qui suivirent – il fit tout pour laisser son
nom dans les livres d’histoire, de manière presque littérale, l’itinéraire et les
détails de son voyage et de ses conquêtes de l’année 1479 av. J.-C. étant racontés
pour la postérité sur les murs du temple d’Amon à Karnak. La bataille qu’il
mena à Megiddo (par la suite plus connue sous le nom biblique d’Armageddon),
profitant de cette campagne pour mater une rébellion cananéenne, est la première
dont nous ayons connaissance et dont le récit a été écrit et rendu accessible dans
le but d’édifier ceux qui n’en avaient pas été témoins.
L’inscription indique que Thoutmosis III emmena ses soldats hors d’Égypte
pendant dix jours, jusqu’au site de Yehem dans le nord. Là il s’arrêta pour tenir
un conseil de guerre et décider du moyen le plus efficace d’attaquer la ville
fortifiée de Megiddo et les camps provisoires installés dans les environs par les
chefs cananéens qui s’étaient rebellés contre le pouvoir égyptien au moment de
son accession au trône. Depuis Yehem, on pouvait rejoindre Megiddo de trois
façons : une route passant par le nord arrivait dans la vallée de Jezréel, près de
Yokneam ; une route passant par le sud arrivait dans la vallée de Jezréel à
proximité de Ta’anach ; et une route plus directe arrivait juste en face de
Megiddo41.
Selon le récit écrit, ses généraux suggèrent d’emprunter soit la route du nord
soit celle du sud, parce qu’elles étaient plus larges, ce qui rendait les embuscades
plus difficiles. Thoutmosis répliqua que cette tactique était exactement celle à
laquelle les Cananéens s’attendaient ; ils penseraient qu’il ne serait jamais assez
stupide pour choisir la route directe tant elle était étroite et favorisait les
embuscades. Et donc, précisément pour cela, il choisit d’emprunter avec son
armée la route directe, espérant ainsi prendre ses ennemis par surprise, et c’est
exactement ce qui se passa. Il fallut environ douze heures pour que les Égyptiens
franchissent la passe (connue, selon les différentes périodes de l’histoire sous le
nom de Wadi Ara, Nahal Iron, et/ou de passe Musmus) sans une égratignure et
sans que personne ne soit en mesure de défendre Megiddo ou les camps dressés
alentour. Les forces cananéennes étaient toutes à Yokneam au nord et à Ta’anach
au sud, comme Thoutmosis III l’avait prédit. Sa seule erreur fut d’autoriser ses
hommes à s’arrêter pour piller et razzier les camps ennemis avant de s’emparer
de la ville. Une erreur qui donna le temps aux quelques défenseurs de la cité –
essentiellement des vieillards, des femmes et des enfants – de fermer les portes
de la ville. Cela obligea les Égyptiens à tenir un siège de plus de sept mois avant
que la ville ne tombe entre leurs mains.
Quelque 3 400 années plus tard, pendant la Première Guerre mondiale, le
général Edmund Allenby adopta la même tactique que Thoutmosis III avec le
même succès. Il gagna la bataille de Megiddo et fit des centaines de prisonniers
allemands et turcs, sans souffrir aucune perte, à l’exception de quelques
chevaux. Il admit plus tard qu’il avait lu la traduction anglaise faite par James
Breasted du récit de Thoutmosis III, ce qui l’avait amené à rejouer l’histoire.
George Santayana aurait dit que ceux qui n’étudient pas l’histoire sont
condamnés à la répéter, mais Allenby a montré que le contraire pouvait
également être vrai – ceux qui étudient l’histoire peuvent, s’ils le décident, la
répéter avec succès42.
L’Égypte et Mitanni
Thoutmosis III mena également des campagnes dans le nord de la Syrie,
contre le royaume mitannien, apparu dans les années 1500 av. J.-C., auquel son
ancêtre Thoutmosis Ier s’était déjà affronté43. Le royaume de Mitanni n’avait
cessé de s’agrandir et d’assimiler des régions voisines, comme le royaume
Hurrian d’Hanigalbat. C’est pourquoi il est connu sous plusieurs noms, selon les
périodes et selon ceux qui en parlent ou écrivent à son sujet. Le plus souvent, les
Égyptiens l’appelaient « Naharin » ou « Naharina » ; les Hittites, le « pays de
Hurri » ; les Assyriens, « Hanigalbat » ; et les rois mitanniens en parlaient
comme du royaume de « Mitanni ». On ignore toujours où se situait
Washukanni, sa capitale. C’est une des très rares capitales de l’ancien Proche-
Orient qui aient jusque-là échappé aux archéologues, malgré les indices
prometteurs trouvés sur le terrain et dans les textes anciens. Certains pensent
qu’elle devait se trouver sur le tumulus de Tell al-Fakhariyeh en Syrie, à l’est de
l’Euphrate ; malgré tous les efforts, aucune preuve n’a été apportée44.
D’après différents textes, la population de ce royaume était constituée à 90 %
d’Hurrians, comme on les appelait, sous la domination des 10 % restants : des
chefs mitanniens, sans doute d’origine indo-européenne. Ce petit groupe, qui
venait apparemment d’ailleurs et avait soumis la population indigène et créé le
royaume de Mitanni, comptait une élite militaire connue sous le nom de
maryannu (« guerriers conducteurs de char »), à cause de leur usage de chars et
de leurs prouesses dans le dressage des chevaux. Un texte trouvé à Hattusa, la
capitale des Hittites en Anatolie, contient un traité écrit vers 1350 av. J.-C. par
Kikkuli, dresseur de chevaux mitannien, qui explique comment dresser les
montures en deux cent quatorze jours. C’est un texte sophistiqué, couvrant
quatre tablettes d’argile, mais qui commence simplement par ces mots : « Ainsi
[parle] Kikkuli, le dresseur de chevaux du pays de Mitannib. »
Au cours de sa huitième campagne, en l’an 33 de son règne (vers 1446 av. J.-
C.), Thoutmosis III, comme son grand-père avant lui, lança un assaut sur terre et
sur mer contre le royaume de Mitanni. Il remonta l’Euphrate malgré les
difficultés à avancer contre le courant et le vent, peut-être en représailles contre
le soutien que l’on soupçonnait Mitanni d’avoir apporté à la rébellion
cananéenne, la première année de son règne45. Il fut victorieux des forces de
Mitanni et ordonna que l’on dresse une stèle au nord de Karkemish, sur la rive
orientale de l’Euphrate, en commémoration.
Mais Mitanni ne resta pas longtemps vaincue. En quinze ou vingt ans, le roi
Saushtatar réussit à agrandir une nouvelle fois son royaume de manière
considérable. Il attaqua la ville d’Assur, capitale des Assyriens, s’emparant
d’une porte précieuse en or et en argent pour en décorer son palais de
Washukanni – ce que révèle un texte hittite plus tardif trouvé dans les archives
d’Hattusa – et il se peut même qu’il ait à nouveau affronté les Hittites46. Moins
d’un siècle plus tard, à l’époque d’Aménophis III, au milieu du XIVe siècle
av. J.-C., les relations entre l’Égypte et Mitanni étaient devenues si cordiales
qu’Aménophis épousa non pas une, mais deux princesses mitanniennes.
Mitanni, Assyrie, Égypte. Le monde était de plus en plus relié, même si ce
n’était parfois que dans la guerre.

La rébellion assuwa en Anatolie


De manière surprenante, Thoutmosis III était en contact et entretenait même
peut-être des relations commerciales actives sur de longues distances, avec des
pays situés au nord et à l’ouest de l’Égypte. Il est possible que les contacts avec
Assuwa (ce qui suppose d’accepter qu’il s’agit de la bonne identification d’Isy)
aient été pris par ce dernier plutôt que par l’Égypte. Vers 1430 av. J.-C., Assuwa
se rebella contre les Hittites d’Anatolie centrale et on est en droit de penser qu’il
avait cherché à établir des relations diplomatiques avec d’autres puissances
importantes au cours de la décennie précédant la rébellion47.
La rébellion assuwa, qui n’avait jusque-là intéressé que quelques chercheurs,
est passée au premier plan en 1991, quand un excavateur commença à creuser la
bande d’arrêt d’urgence d’une route située sur le site de l’ancienne Hattusa,
capitale des Hittites – désormais à deux heures de voiture (deux cent huit
kilomètres) à l’est de la ville moderne d’Ankara. La lame heurta un objet
métallique. Sautant de son siège, le conducteur découvrit au milieu de la
poussière, un objet vert, long, fin et étonnamment lourd. Cela ressemblait à une
ancienne épée, ce que confirmèrent les archéologues de la région quand l’objet
fut nettoyé dans un musée local.
Pourtant, ce n’était pas une épée hittite typique ; elle était d’un style inconnu
dans la région. De plus, une inscription avait été gravée sur la lame. Il fut plus
facile de la lire que d’identifier l’origine de sa fabrication. La traduction fut donc
plus vite disponible. L’inscription était écrite en akkadien – la langue
diplomatique de l’âge du bronze dans l’ancien Proche-Orient –, en caractères
cunéiformes (en forme de coins) : i-nu-mamDu-ut-ha-li-ya LUGAL.GAL
KURURUA-as-su-wa u-hal-liq GIRHI.A an-nu-tim a-naDIskur be-li-su u-se-li. Pour
les quelques lecteurs qui ne connaîtraient pas l’akkadien, cela signifie :
« Comme Duthaliya, le Grand Roi, anéantit le pays assuwa, il dédia cette épée
au dieu de la tempête, son seigneur48. »
L’inscription fait référence à ce que l’on appelle la rébellion assuwa, que le roi
hittite Tudhaliya Ier/II écrasa vers 1430 av. J.-C. (« Ier/II » car on ne sait pas très
bien s’il était le premier ou le deuxième roi à porter ce nom). La révolte était
déjà bien connue des chercheurs spécialistes de l’Empire hittite grâce à d’autres
textes, tous écrits en cunéiforme sur des tablettes d’argile, trouvés par des
archéologues allemands fouillant le site d’Hattusa plus tôt au XXe siècle. Mais
l’épée était la première arme – et, de ce fait, le premier artefact – pouvant être
liée à la révolte. Cette inscription indique clairement que d’autres épées restent à
trouver. Néanmoins, avant de poursuivre, il nous faut revenir aux Hittites, situer
Assuwa, et étudier la rébellion. Nous examinerons en quoi cela constitue une
preuve d’un « internationalisme » précoce et, potentiellement, pourquoi cela
pourrait démontrer que la guerre de Troie a eu lieu deux siècles plus tôt et pour
des raisons différentes de celles invoquées par Homère.

« Excursus » : les Hittites, découverte et vue d’ensemble


Il est à noter que les Hittites qui, au deuxième millénaire av. J.-C., formaient
pourtant un grand empire depuis leur pays natal, en Anatolie centrale, ont été
oubliés par l’histoire, au moins leur situation géographique, jusqu’à il y a
seulement deux siècles49.
Les Hittites étaient connus des spécialistes de la Bible hébraïque, où ils sont
mentionnés comme l’un des nombreux peuples en « -ites » (Hittites, Hivites,
Amorites, Jebusites, etc.) qui vivaient à Canaan à la fin du deuxième millénaire
av. J.-C., en relation et parfois sous la domination des Hébreux/Israélites. On
sait, par exemple, qu’Abraham acheta un terrain pour enterrer sa femme Sarah à
Ephron le Hittite (Gen., 23, 3-20), que Bethsabée, l’épouse du roi David, a
d’abord été celle de Urie le Hittite (2 Sam., 11, 2-27), et que certaines épouses
du roi Salomon étaient des « femmes hittites » (1, Rois, 11, 1). Néanmoins, les
premières tentatives pour trouver les Hittites sur les terres bibliques ont été
vaines, malgré la localisation précise donnée à Moïse par le Buisson ardent : « Je
suis descendu pour le délivrer [le peuple d’Israël] de la main des Égyptiens, et
pour le faire monter de ce pays dans un bon et vaste pays, dans un pays où
coulent le lait et le miel, dans les lieux qu’habitent les Cananéens, les Hittites,
les Amorites, les Perizzites, les Hivites et les Jebusites. » (Exode, 3, 7c).
Dans le même temps, les explorateurs des débuts du XIXe siècle comme
Johann Ludwig Burckhardt – un gentleman suisse qui aimait s’habiller en
costume local moyen-oriental pour se faciliter la tâche (et se faisait appeler
« Cheikh Ibrahim ») –, découvrirent les restes d’une civilisation de l’âge du
bronze jusque-là inconnue sur le plateau central de la Turquie. On fit,
finalement, le lien. En 1879, au cours d’une conférence à Londres, A. H. Sayce,
spécialiste reconnu des Assyriens, annonça que les Hittites avaient été localisés
non pas à Canaan, mais en Anatolie ; c’est-à-dire en Turquie et non pas sur le
territoire formé par Israël/Liban/Syrie/Jordanie. Cela a été très largement accepté
et l’est toujours aujourd’hui, même si l’on peut se demander comment la Bible a
pu commettre une telle erreur.
La réponse est tout simplement logique. De la même manière que l’Empire
britannique s’étendait bien au-delà de l’Angleterre proprement dite, l’Empire
hittite s’étendait à l’ouest de la Turquie et au sud de la Syrie. Et, de même que
l’on continue à jouer au cricket et à boire du thé l’après-midi dans les régions de
l’ex-Empire britannique bien après que celui-ci a disparu, on continuait à
partager la culture, la religion et la langue hittites dans d’anciens territoires de
l’Empire hittite – à tel point que l’on fait désormais référence aux Néo-Hittites,
qui s’épanouirent au début du premier millénaire av. J.-C. Au moment où la
Bible a été écrite, entre le IXe et le VIIe siècle av. J.-C. d’après les spécialistes,
les Hittites originels avaient disparu depuis longtemps, mais leurs successeurs –
les Néo-Hittites – étaient bien établis dans le nord de Canaan. Ils entretenaient
assurément des relations avec les Israélites et avec les autres peuples du Levant,
d’où leur mention dans la Bible, qui créa la confusion involontaire des
explorateurs qui, plus tard, cherchèrent les Hittites originels50.
Bien plus, quand les archéologues ont commencé à fouiller des sites hittites et
à traduire enfin les nombreuses tablettes d’argile découvertes, il est devenu
évident qu’ils ne se dénommaient pas eux-mêmes Hittites. Le nom qu’ils se
donnaient était quelque chose comme « Neshites » ou « Neshians », dérivé du
nom de la ville de Nesha (désormais connue et fouillée sous le nom de Kültepe
Kaneshn en Cappadoce turque). Cette ville, siège d’une dynastie indo-
européenne locale, fut florissante pendant deux siècles avant qu’un roi,
Hattusili Ier (l’« homme d’Hattusa »), vers 1650 av. J.-C., n’établisse sa capitale
plus loin vers l’est, sous le même nom d’Hattusa. Aujourd’hui, on continue de
parler des Hittites à leur propos, car leur nom est entré définitivement dans la
littérature savante avant que leur vrai nom ne soit révélé par les tablettes et
traduit51.
L’emplacement de la nouvelle capitale, Hattusa, fut soigneusement choisi. La
ville était si bien située et si bien fortifiée que l’on ne pouvait y accéder que par
une vallée étroite, et qu’elle ne fut occupée que deux fois en cinq siècles
d’existence – sans doute à chaque fois par un peuple voisin, les Kashka. Au
cours des fouilles menées depuis 1906 par des archéologues allemands, comme
Hugo Winckler, Kurt Bittel, Peter Neve et Jürgen Seeher, on a trouvé des
milliers de tablettes d’argile. Parmi elles, figurent des lettres et des documents
qui semblent provenir des archives officielles, mais aussi des poèmes, des récits,
des histoires, des rituels religieux, et beaucoup d’autres textes. Cet ensemble
nous permet de reconstituer non seulement l’histoire des dirigeants hittites, leurs
relations avec les autres peuples et royaumes, mais aussi la vie quotidienne des
gens ordinaires, leur système de croyances, leurs lois – par exemple, cette règle
surprenante : « Si quelqu’un mord le nez d’une personne libre, il devra payer
quarante shekels d’argent52 » (on se demande bien à quelle fréquence cela
arrivait).
On apprend ainsi qu’un roi hittite, Mursili Ier, petit-fils et successeur de
Hattusili Ier, dont nous avons déjà parlé, marcha avec son armée jusqu’en
Mésopotamie, un voyage de plus de mille six cents kilomètres, et attaqua
Babylone en 1595 av. J.-C., l’incendiant en totalité et signant la fin d’une
dynastie vieille de deux siècles, rendue célèbre par Hammourabi, le « roi
législateur ». Puis, au lieu d’occuper la ville, il fit simplement demi-tour avec
son armée pour rentrer chez lui, conduisant ainsi le plus long trajet à pied de
l’histoire. Conséquence inattendue, un groupe jusque-là inconnu, les Kassites,
put occuper Babylone et y régner pendant plusieurs siècles.
Alors que la première moitié de l’histoire hittite est connue sous le nom
d’« Ancien Royaume » et est à juste titre célèbre à cause des exploits de rois
comme Mursili, c’est la seconde moitié qui nous intéresse le plus ici. Connue
sous le nom d’« Empire hittite », elle s’épanouit et atteint des sommets pendant
l’âge du bronze récent – qui commence au XVe siècle av. J.-C. et dure jusqu’aux
premières décennies du XIIe siècle av. J.-C. Parmi ses rois célèbres figure
Suppiluliuma Ier, que nous retrouverons dans le prochain chapitre, qui, grâce à la
conquête de nombreux territoires, donna aux Hittites une position dominante au
Proche-Orient lui permettant de traiter d’égal à égal avec les pharaons du
Nouveau Royaume égyptien. Une reine égyptienne, veuve depuis peu, lui
demanda même l’un de ses fils pour époux, et régner sur l’Égypte à ses côtés.
Comme nous le verrons, on ne sait pas très bien de quelle reine il s’agit, ni qui
était son époux décédé, mais certains chercheurs expérimentés plaident pour la
reine Ankhesenamon, veuve du pharaon Toutankhamon.

La rébellion assuwa et la question ahhiyawa


Revenons maintenant vers 1430 av. J.-C., quand les Hittites et leur roi
Tudhaliya Ier/II tentaient de passer un accord avec une coalition d’États renégats.
Ces États étaient collectivement connus sous le nom d’Assuwa. Ils étaient situés
dans le nord-ouest de la Turquie, à l’intérieur des terres, au niveau du détroit des
Dardanelles où eut lieu, pendant la Première Guerre mondiale, la bataille de
Gallipoli. Les tablettes hittites nous donnent les noms des vingt-deux États alliés
qui se soulevèrent contre les Hittites. La plupart ne nous disent plus grand-chose
aujourd’hui et ne peuvent pas être identifiés à un lieu actuel particulier, à
l’exception des deux derniers de la liste : Wilusiya et Taruisa, qui font
certainement référence à Troie et à sa région53.
La rébellion a semble-t-il commencé alors que Tudhaliya Ier/II et son armée
revenaient d’une campagne militaire dans l’ouest de l’Anatolie. Une fois
informée, l’armée hittite fit simplement demi-tour pour se diriger vers le nord-
ouest, afin de réduire la rébellion d’Assuwa. Le récit hittite explique que
Tudhaliya dirigeait l’armée en personne et remporta la victoire sur la
confédération assuwa. Les textes indiquent que dix mille soldats assuwa, six
cents attelages de chevaux avec leurs conducteurs assuwa et « les populations
conquises, bœufs, moutons [et] les produits de la terre » furent emmenés à
Hattusa comme prisonniers et butin54. Parmi eux se trouvaient le roi d’Assuwa,
son fils Kukkuli et plusieurs autres dignitaires du pouvoir royal et leurs familles.
Pour finir, Tudhaliya nomma Kukkuli roi d’Assuwa, rétablit Assuwa en tant
qu’État vassal du royaume hittite. Mais Kukkuli, à son tour, se rebella
rapidement, avant d’être à nouveau battu par les Hittites. Kukkuli fut mis à mort
et la coalition assuwa, détruite, disparut de la surface de la Terre. Il ne reste
d’elle que le nom moderne « Asie », mais peut-être aussi l’histoire de la guerre
de Troie car, selon les chercheurs, les noms Wilusiya et Taruisa ressemblent
fortement au nom qui était celui de cette ville à l’âge du bronze – également
connue sous le nom d’Ilios – et du territoire environnant, la Troade.
Et c’est maintenant que l’épée trouvée à Hattusa, avec son inscription laissée
par Tudhaliya Ier/II, prend tout son sens, car, comme nous l’avons déjà vu, elle
n’était pas de fabrication locale. Cette épée est du même type que celles utilisées
en Grèce continentale au XVe siècle av. J.-C. C’est une épée mycénienne (ou une
très bonne copie). Pourquoi une telle épée a-t-elle été utilisée au cours de la
rébellion assuwa ? C’est une bonne question, à laquelle nous ne savons pas
répondre. Appartenait-elle à un soldat assuwa, à un mercenaire mycénien ou à
quelqu’un d’autre ?
Cinq autres tablettes hittites mentionnent Assuwa et/ou la rébellion, en plus de
celle qui en donne le plus long récit. Par exemple, l’une d’elles, qui confirme la
totalité de l’événement, commence par ces mots : « Ainsi parle […] Tudhaliya,
le Grand Roi : Quand j’eus détruit Assuwa et revins à Hattusa55. » Le plus
intéressant est un fragment de lettre – malheureusement incomplète mais qui
mentionne par deux fois le roi d’Assuwa et une fois Tudhaliya –, qui fait
également référence à une campagne militaire, cite le nom du territoire
d’Ahhiyawa, de son roi et des îles lui appartenant. La lettre est endommagée et
incomplète ; aussi serait-il présomptueux de donner trop de sens à la référence à
Assuwa et à Ahhiyawa dans un même texte, mais cela semble indiquer que les
deux étaient associés d’une quelconque manière à cette époque56.
On a longtemps pensé que cette lettre – connue sous la référence
KUB XXVI 91 depuis sa première publication allemande – avait été envoyée par
le roi hittite au roi d’Ahhiyawa, mais, plus récemment, on a émis l’hypothèse
qu’elle avait été en fait envoyée par le roi d’Ahhiyawa au roi hittite, ce qui en
ferait la seule lettre jamais trouvée écrite dans cette région et par lui57. Mais de
quel territoire et de quel roi s’agit-il ? Où se trouve Ahhiyawa ? Cette question a
tourmenté les chercheurs pendant une grande partie du siècle dernier mais,
désormais, la plupart s’accordent pour la situer en Grèce continentale et
mycénienne, probablement à Mycènes même. Cette localisation résulte de
l’étude de quelque vingt-cinq tablettes trouvées dans les archives hittites
d’Hattusa qui mentionnent Ahhiyawa dans divers contextes sur une période de
presque trois siècles (du XVe à la fin du XIIIe siècle av. J.-C.), et qui, analysées
de manière exhaustive, ne peuvent faire référence qu’à la Grèce continentale et
aux Mycéniens58. Mais il nous faut à nouveau faire un rapide excursus, cette fois
pour aller à la rencontre des Mycéniens, avant de reprendre le cours de notre
histoire.

Les Mycéniens, découverte et vue d’ensemble


Il y a cent cinquante ans, entre le milieu et la fin du XIXe siècle, la civilisation
mycénienne a commencé à intéresser un large public. On le doit à Heinrich
Schliemann, considéré comme le père de l’archéologie mycénienne. C’est
l’homme que les archéologues modernes adorent détester, d’une part à cause de
ses méthodes de fouilles primitives et, d’autre part, parce qu’on ne sait jamais à
quel point on peut lui faire confiance et s’appuyer sur ses comptes rendus. À la
suite des fouilles qu’il a menées au début des années 1870 à Hisarlik dans le
nord-ouest de l’Anatolie, qu’il identifia comme le site de Troie, Schliemann
décida que puisqu’il avait découvert le côté troyen de la guerre de Troie (ce que
nous examinerons plus loin), il lui appartenait désormais de trouver le site de la
partie mycénienne.
Il lui fut évidemment plus facile de trouver Mycènes en Grèce continentale
que de trouver Troie en Anatolie, car des ruines importantes de l’ancienne ville
étaient toujours visibles, en particulier le haut de la célèbre Porte des lions qui
avait déjà été découverte et partiellement reconstruite plusieurs décennies plus
tôt. Les habitants du village voisin de Mykines conduisirent sans problème
Schliemann au site quand il arriva pour entamer les fouilles au milieu des
années 1870. Il ne possédait aucune autorisation, mais cela ne l’avait jamais
arrêté auparavant, et ce fut encore le cas cette fois-là. Rapidement, il mit au jour
de nombreuses tombes à fosse remplies de squelettes, d’armes et d’or, plus qu’il
n’en avait jamais rêvé. Il le fit savoir en envoyant un télégramme au roi de Grèce
dans lequel il aurait déclaré : « J’ai contemplé le visage d’Agamemnon59. »
Schliemann – qui avait radicalement tort même quand il avait raison – se
trompait évidemment sur la datation des tombes et des vestiges. Nous savons
maintenant que ces tombes à fosse (disposées en deux grands cercles à Mycènes)
datent quasiment du début de la période florissante de la ville et de cette
civilisation, entre 1650 et 1500 av. J.-C., et non pas de l’époque d’Agamemnon
et d’Achille (vers 1250 av. J.-C.). Il a sans doute fait une erreur de quatre siècles,
mais au moins fouilla-t-il au bon endroit. Schliemann était loin d’être le seul
archéologue à étudier ces vestiges de l’âge du bronze – d’autres chercheurs,
comme Christos Tsountas et James Manatt étaient également très occupés par
leurs fouilles et faisaient un travail bien supérieur au sien – mais c’est lui qui a
retenu l’attention du public du fait de ses annonces prématurées concernant Troie
et la guerre de Troie, comme nous le verrons plus loin60.
Schliemann fouilla le site de Mycènes, le site voisin de Tyrinthe et d’autres
quelques années encore avant de retourner à Troie pour des fouilles
supplémentaires en 1878 et dans les années 1880. Il tenta également de fouiller
Cnossos en Crète, mais sans succès. Il revint à d’autres archéologues,
heureusement pour la discipline, de poursuivre les recherches sur les Mycéniens.
Parmi les plus importants, un Américain de l’université du Cincinnati, Carl
Blegen, et un Anglais de Cambridge, Alan Wace, joignirent finalement leurs
efforts pour mener des fouilles qui permirent de comprendre cette civilisation et
son développement de ses débuts à sa fin.
Wace a eu la responsabilité des fouilles à Mycènes pendant plusieurs
décennies à partir des années 1920, alors que Blegen fouilla non seulement le
site de Troie de 1932 à 1938, mais aussi celui de Pylos au sud de la Grèce. Le
premier jour des fouilles à Pylos, en 1939, Blegen et son équipe trouvèrent pour
la première fois quelques tablettes d’argile qui se révélèrent appartenir à
d’immenses archives contenant des textes écrits en linéaire B61. Le début de la
Seconde Guerre mondiale les obligea à interrompre leurs travaux, mais les
fouilles reprirent après guerre, en 1952. La même année, un architecte anglais,
Michael Ventris, prouva de manière définitive que le linéaire B était une version
primitive du grec.
La traduction qui s’ensuivit des textes en linéaire B trouvés sur des sites
comme Pylos, Mycènes, Tyrinthe, Thèbes ou Cnossos, se poursuit de nos jours
et nous livre de nouveaux éclairages sur le monde mycénien. Les textes
confirment des détails déjà connus grâce aux fouilles et permettent aux
archéologues de reconstituer le monde grec de l’âge du bronze, tout comme la
traduction des textes écrits en égyptien, hittite et akkadien a permis à leurs
collègues fouillant en Égypte et ailleurs au Proche-Orient de connaître ces
civilisations. En résumé, la combinaison des vestiges archéologiques et des
inscriptions textuelles a permis aux chercheurs modernes de reconstituer
l’histoire ancienne.
Nous savons maintenant que la civilisation mycénienne a vraiment débuté au
XVIIe siècle av. J.-C., à peu près au moment où, en Crète, la civilisation
minoenne se remettait du terrible séisme qui marque (pour employer la
terminologie archéologique) la transition de la première à la seconde période
palatiale sur l’île. Wace et Blegen ont baptisé les périodes mycéniennes du nom
d’Helladique récent, l’Helladique récent I et II allant du XVIIe au XVe siècle
av. J.-C., l’Helladique récent III se divisant en trois sous-périodes : IIIA pour le
XIVe siècle, IIIB pour le XIIIe siècle et IIIC pour le XIIe siècle62.
Les raisons de l’essor de la civilisation mycénienne restent un sujet de débats
entre archéologues. On a d’abord pensé qu’ils avaient aidé les Égyptiens à
chasser les Hyksos, mais cette hypothèse ne fait pas l’unanimité. Si les objets
trouvés dans les tombes à fosse de Mycènes fournissent une indication, alors les
premières influences venaient de Crète. Ainsi, Evans pensait que les Minoens
avaient envahi la Grèce continentale, mais, plus tard, Wace et Blegen ont
présenté l’argument inverse ; aujourd’hui leur position est unanimement
partagée. Il est désormais évident qu’en prenant le contrôle de la Crète les
Mycéniens prirent aussi celui des routes commerciales vers l’Égypte et le
Proche-Orient. Ils devenaient soudain (ou presque) des partenaires dans un
monde cosmopolite – un rôle qu’ils continueront à jouer au cours des siècles
suivants jusqu’à la fin de l’âge du bronze.
Apparemment, les Égyptiens connaissaient les Mycéniens sous le nom de
Tanaja, que les Hittites appelaient Ahhiyawa, et les Cananéens (à en croire les
textes trouvés à Ougarit, plus loin vers le nord, en Syrie), Hiyawa – c’est du
moins ce que l’on suppose, car ces noms ne correspondent à rien d’autre. Si ce
n’est pas le cas, alors ces peuples auraient été inconnus des Égyptiens et des
autres grandes puissances du Proche-Orient de l’âge du bronze récent ; cela
semble peu probable étant donné la quantité de vaisselle et de vases mycéniens
trouvés dans ces régions dans des contextes datant du XIVe au XIIe siècle av. J.-
C.63.

Une guerre de Troie plus ancienne ?


Si Ahhiyawa désigne à la fois la Grèce continentale et les Mycéniens, et si la
lettre KUB XXVI 91 trouvée à Hattusa prouve qu’Ahhiyawa était impliquée
d’une manière ou d’une autre dans la rébellion des Assuwa contre les Hittites,
que faut-il en conclure ? La lettre elle-même et toutes celles qui font référence à
cette rébellion datent de 1430 av. J.-C., soit deux siècles environ avant la date à
laquelle aurait eu lieu la guerre de Troie (le plus souvent située entre 1250
et 1175 av. J.-C.). Tous les faits ici réunis, y compris l’épée mycénienne portant
une inscription en akkadien trouvée à Hattusa, peuvent très bien n’avoir aucun
rapport les uns avec les autres. Mais on peut aussi les interpréter comme des
indices de l’implication de guerriers de l’âge du bronze égéen dans la rébellion
assuwa contre les Hittites. Si tel est le cas, on peut imaginer que c’est cette aide
qui a été chroniquée dans les rapports hittites contemporains et dont on s’est
souvenu plus ou moins clairement dans les traditions littéraires plus tardives de
la Grèce archaïque et classique – non pas comme la guerre de Troie, mais
comme des batailles et des raids plus anciens menés en Anatolie et qui furent
également attribués à Achille et à d’autres héros achéens légendaires64.
Désormais, les chercheurs s’accordent à dire que même l’Iliade d’Homère
comporte des récits de guerriers et des événements qui ont eu lieu au cours des
siècles précédant la guerre de Troie proprement dite, survenue en 1250 av. J.-C.
Parmi eux, on trouve le bouclier d’Ajax, pareil à une tour, un type de bouclier
qui a disparu bien avant le XIIIe siècle av. J.-C. Il y a aussi les épées « serties
d’argent » (phasganon arguwelon ou xiphos arguroelon) de plusieurs héros, un
type d’épée de grande valeur qui avait disparu bien avant la guerre de Troie. Et
puis il y a l’histoire de Bellérophon, racontée dans le chant VI de l’Iliade
(lignes 178-240), un héros grec qui, de manière évidente, appartient à la période
précédente. Proétos, roi de Tyrinthe, envoie Bellérophon de cette ville de Grèce
continentale en Lycie, en Anatolie. Après avoir réalisé trois travaux et surmonté
bien d’autres obstacles, il reçoit finalement un royaume en Anatolie65.
De plus, l’Iliade rapporte que longtemps avant le temps d’Achille,
Agamemnon, Hélène et Hector – en fait à l’époque de Laomédon, le père de
Priam –, le héros grec Héraclès avait mis Troie à sac. Il n’avait eu besoin que de
six navires (l’Iliade, chant V, lignes 638-642) :
Leur nature était, dit-on, pareille à celle d’Héraclès le Fort, mon vaillant et intrépide père au cœur
de lion. Il vint ici [à Troie] jadis, pour les chevaux de Laomédon. Avec six nefs seulement et bien
peu d’hommes, il mit au pillage la ville d’Ilion et fit le vide dans ses rues66…

Comme je l’ai dit, si l’on cherche un précédent historique qui corresponde à la


tradition pré-homérique des guerriers achéens se battant sur le territoire
anatolien, on trouve la rébellion assuwa qui eut lieu vers 1430 av. J.-C., et qui
constitue le plus grand événement militaire du nord-ouest de l’Anatolie avant la
guerre de Troie ; c’est l’un des rares événements auxquels les Mycéniens
(Ahhiyawans) sont mêlés si l’on se fie aux écrits, comme la lettre hittite
KUB XXVI 91 dont nous avons parlé plus haut. Nous devons aussi nous
demander si cet événement a été le soubassement historique des récits hittites de
la même époque qui rapportent que des guerriers, ou des mercenaires, mycéniens
(ahhiyawan) combattaient en Anatolie, récits qui ont engendré ceux des
tentatives militaires des Achéens sur le sol anatolien qui auraient eu lieu au cours
d’une première guerre de Troie, plus ancienne67. Nous devons encore nous
demander si cette rébellion menaçante, sans doute planifiée depuis longtemps
par les Assuwans, explique leur tentative de rapprochement avec Thoutmosis III
à la fin des années 1440 et au début des années 1430 av. J.-C.

Quelques remarques pour conclure


La grande historienne d’art Helene Kantor a écrit : « Les témoignages qui
nous ont été transmis au cours du temps ne constituent qu’une petite partie de
tout ce qui a dû exister un jour. Tout récipient venu jusqu’à nous […] représente
tous les autres qui ont disparu68. » Il est évident que la plupart des biens qui
allaient et venaient étaient le plus souvent périssables – et ont donc disparu – ou
étaient des matières premières qui ont été immédiatement transformées en divers
objets, comme des armes et des bijoux. C’est pourquoi nous devons comprendre
que le commerce entre le monde grec, l’Égypte et le Proche-Orient à l’âge du
bronze avait lieu à une échelle bien plus importante que l’image qui nous en est
laissée et que nous voyons aujourd’hui à la lumière des découvertes
archéologiques.
C’est sans doute dans cet esprit que nous devons interpréter les peintures de
style minoen que Manfred Bietak a mises au jour dans le palais de
Thoutmosis III à Tell ed-Dab`a, dans le Delta égyptien. Même si elles n’ont pas
nécessairement été réalisées pour satisfaire le caprice d’une princesse minoenne,
elles montrent de manière évidente l’importance des relations internationales, du
commerce et des influences dans le monde ancien de la Méditerranée au
XVe siècle de notre ère, y compris avec la lointaine Crète minoenne.
Nous pouvons résumer cette période de l’histoire en disant qu’elle est celle de
l’essor, sur une base solide, de relations internationales dans le monde
méditerranéen, du monde grec à la Mésopotamie. À cette époque, les Minoens et
les Mycéniens de l’âge du bronze égéen étaient solidement installés, comme les
Hittites en Anatolie. Les Hyksos avaient été chassés d’Égypte, et ce pays entrait
dans ce que nous appelons la XVIIIe dynastie et la période du Nouveau
Royaume.
Néanmoins, comme nous le verrons, ce n’était là que le début de ce qui allait
devenir un « âge d’or » de l’internationalisation et de la globalisation au cours du
XIVe siècle av. J.-C. Ainsi, les campagnes militaires et les opérations
diplomatiques menées pendant de nombreuses années par Thoutmosis III,
immédiatement après les expéditions commerciales pacifiques et les exploits
militaires d’Hatshepsoutd, hissèrent l’Égypte à un niveau de puissance et de
prospérité internationales rare, voire inédit. Du coup, l’Égypte s’imposa comme
l’une des grandes puissances pendant toute la période de l’âge du bronze récent,
aux côtés des Hittites, des Assyriens et des Babyloniens/Kassites, en plus de
nombreux autres partenaires comme les Mitanniens, les Minoens, les Mycéniens
et les Chypriotes, que nous retrouverons, pour la plupart, dans les prochains
chapitres.

Notes du chapitre 1
a. Il existe plusieurs traductions en français, dont nous nous sommes inspiré pour ce passage et le suivant.
Voir P. MONTET, « La stèle du roi Kamos », Compte rendu des séances de l’Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres, no 1, vol. 100, 1956, p. 112-120. Pour une argumentation serrée de la traduction, voir
F. COLIN, « Kamose et les Hyksos dans l’oasis de Djesdes », Bulletin de l’Institut français d’archéologie
orientale, 2005, p. 35-47 [NdT].
b. Une traduction classique qui fait autorité a été publiée en allemand : A. KAMMENHUBER,
Hippologia hethitica, O. Harrassowitz, Wiesbaden, 1961. Pour un exemple moderne d’une tentative de
dressage de chevaux selon les méthodes de Kikkuli, voir à présent A. NYLAND, The Kikkuli Method of
Horse Training, Maryannu Press, Sydney, 2009 (édition corrigée).
c. Voir le débat actuel sur les Hittites et la Bible dans T. R. BRYCE, The World of the Neo-Hittite
Kingdoms, Oxford University Press, Oxford, 2012, p. 64-75. NdT : nous avons repris les dénominations de
Cline, les traductions en français parlent parfois des Héthiens, Amoréens, Phéréziens, Héviens et Jébusiens.
d. D. PANAGIOTOPOULOS, « Foreigners in Egypt in the Time of Hatshepsut and Thutmose III », in
E. H. CLINE et D. O’CONNOR (dir.), Thutmose III : A New Biography, University of Michigan Press, Ann
Arbor, 2006, p. 406, note 1 : « Il n’y a aucune raison de penser que Hatshepsout était une pacifiste, il y a eu
de manière certaine au moins quatre, et peut-être six, campagnes militaires sous son règne, et elle en mena
une en personne. » Voir, précédemment, D. B. REDFORD, History and Chronology of the Eighteenth
Dynasty of Egypt : Seven Studies, University of Toronto Press, Toronto, 1967, p. 57-62.
Chapitre 2
Acte II. Une histoire (grecque) à garder en tête :
le XIVe siècle av. J.-C.

Alors même que le temple mortuaire derrière elles a été dépouillé de ses
magnifiques blocs de pierre et est lentement tombé en poussière, deux
imposantes statues de plus de dix-huit mètres de haut – aujourd’hui encore
appelées par erreur les colosses de Memnon, suite à une identification fautive
avec Memnon, prince éthiopien mythologique tué à Troie par Achille – montent
la garde depuis trente-quatre siècles à l’entrée du tombeau d’Aménophis III à
Kom el-Hetan. Chacune représente Aménophis III, pharaon d’Égypte de 1391
à 1353 av. J.-C., assis. En raison de cette erreur d’identification notamment, les
colosses étaient déjà connus il y a deux mille ans : des Grecs de l’Antiquité et
des touristes romains, familiers de l’Iliade et l’Odyssée d’Homère, venaient les
admirer et ont gravé des graffitis sur leurs jambes. Endommagé au Ier siècle
av. J.-C., suite à un tremblement de terre, l’un des colosses était célèbre pour le
sifflement angoissant qu’il émettait au lever du soleil, quand les pierres se
contractent et se relâchent, au passage du froid de la nuit à la chaleur du jour.
Malheureusement pour le commerce touristique de cette époque, les
restaurations engagées par les Romains au IIe siècle de notre ère mirent fin aux
« pleurs du dieu1 ».
Aussi fascinants soient-ils, ce ne sont pas ces deux colosses qui importent
pour notre récit des principaux événements survenus au XIVe siècle av. J.-C.,
mais bien plutôt le dernier des cinq socles alignés sur un axe nord-sud, dans
l’espace où le temple mortuaire se dressait autrefois. Le tombeau était situé sur
la rive occidentale du Nil, à proximité de la vallée des Rois, en face de la ville
moderne de Louxor. Sur chacun des cinq socles figurait une statue du roi plus
grande que nature, même si elles n’étaient pas aussi massives que les colosses de
l’entrée du temple. La cour où elles se trouvaient comptait environ quarante
statues.

La liste égéenne d’Aménophis III


Sur chacun des cinq socles, comme sur bien d’autres, une série de noms
topographiques sont gravés dans la pierre, à l’intérieur d’un « cartouche-
forteresse », selon la formule égyptienne : une représentation en plan ayant la
forme d’une enceinte ovoïde crénelée. On figurait ainsi une ville fortifiée avec
ses bastions (les protubérances). Chaque cartouche-forteresse était placée sur, ou
plutôt, remplaçait le bas du corps d’un prisonnier, les bras liés dans le dos au
niveau des coudes, une corde autour du cou l’attachant parfois aux prisonniers
situés devant et derrière lui. C’était la manière traditionnelle dont on représentait
les villes et les pays étrangers sous le Nouvel Empire : même si les Égyptiens ne
contrôlaient pas vraiment ces places étrangères ni n’étaient sur le point de les
conquérir, inscrire leurs noms dans des « cartouches-forteresses » était une
convention politique et artistique et peut-être un symbole de domination.
Les noms inscrits sur ces socles forment une série de listes géographiques de
l’ensemble du monde connu des Égyptiens à l’époque d’Aménophis III, au début
du XIVe siècle av. J.-C. Certains des peuples et des sites les plus importants du
Proche-Orient sont mentionnés par les listes, y compris les Hittites dans le nord,
les Nubiens dans le sud, les Assyriens et les Babyloniens à l’est. Prises
ensemble, ces listes sont uniques dans l’histoire de l’Égypte.
Mais ce qui nous frappe immédiatement, c’est que la liste inscrite par le
tailleur de pierre sur le cinquième socle contient des noms jamais mentionnés
auparavant dans des inscriptions égyptiennes. Il s’agit de noms de villes ou de
lieux situés à l’ouest de l’Égypte – des noms étranges, comme Mycènes,
Nauplie, Cnossos, Kydonia et Cythère, gravés à l’avant gauche du socle et sur sa
face latérale gauche, ainsi que de deux noms supplémentaires écrits séparément
sur la droite de l’avant du socle, comme s’ils étaient placés en tête de liste :
Keftiu et Tanaja.
Quel était le sens de cette liste et que représentaient ces noms ? Depuis
quarante ans, des archéologues et des égyptologues débattent de la signification
de ces quinze noms trouvés sur la base de cette statue, que l’on appelle
communément la « liste égéenne ».
Fig. 5a et b. Les colosses et la liste égéenne d’Aménophis III.
Source : Photographies de E. H. Cline et J. Strange.
Ce sont des archéologues allemands qui dégagèrent le socle de cette statue, et
les autres, dans les années 1960 ; mais, dans les années 1970, il fut détruit
accidentellement. Selon une histoire qui reste à prouver, des membres d’une
tribu de Bédouins auraient allumé un feu sous le socle avant de l’asperger d’eau
froide pour tenter de détacher les panneaux sculptés destinés au marché des
antiquités. Selon la version officielle, la destruction aurait résulté d’un incendie
naturel. Quoi qu’il en soit, tout le socle a été brisé en mille morceaux.
Malheureusement, jusqu’à récemment, les archéologues ne disposaient que de
quelques photos en couleurs du socle original, alors que les noms sur cette liste
sont si particuliers et que treize sur quinze n’avaient jamais été vus en Égypte
auparavant… et ne le seraient plus.
Ce que les touristes voient désormais, pour la première fois depuis plus de
trois mille ans, sous un soleil torride (tandis que, dans leur car équipé de l’air
conditionné, ils passent à côté des ruines pour se rendre à la toute proche vallée
des Rois), ce sont les socles des statues et les statues elles-mêmes, remises sur
pied. En 1998, une équipe internationale dirigée par l’égyptologue Hourig
Sourouzian et son mari, Rainer Stadelmann, ancien directeur de l’Institut
archéologique allemand du Caire, reprirent les travaux sur le site de Kom el-
Hetan. Depuis, elle le fouille chaque année et a retrouvé les fragments du socle
de la statue à la liste égéenne, et ceux des voisins. Elle est en train de les
reconstruire et de les restaurer. Après cinq ans d’efforts, elle est parvenue à
reconstituer le puzzle des huit cents fragments de la liste égéennea.
Seuls deux noms de la liste égéenne étaient familiers aux scribes égyptiens,
comme ils le sont aux archéologues modernes – les deux noms qui semblent
servir de titres en tête de la liste : Keftiu, le nom donné par les Égyptiens à l’île
de Crète, et Tanaja, qui semble avoir été le nom égyptien de la Grèce
continentale. Ces deux noms apparaissent dans les textes égyptiens de l’époque
d’Hatchepsout et de Thoutmosis III, presque un siècle plus tôt, mais ne sont
alors jamais accompagnés de toponymes spécifiques de villes ou de régions
grecques.
Les autres noms figurant sur ce socle sont si inhabituels, et cela reste si
frappant aujourd’hui, que le premier égyptologue à les publier en anglais,
l’éminent professeur Kenneth Kitchen de l’université de Liverpool, par peur du
ridicule, a longtemps hésité avant d’en proposer une traduction. Dans sa
première note sur l’inscription du socle, brève – quelques pages dans le
numéro 1965 de la revue universitaire Orientalia –, il remarque prudemment :
« J’ai un peu de peine à publier les idées qui suivent ; le lecteur peut les ignorer
s’il le souhaite. Les deux noms, `Amnisa et Kunusa, ressemblent de manière
presque troublante à Amniso[s] et… Cnossos, d’anciens sites fameux de
colonisation sur la côte nord de la Crète2. »
Au cours des années suivantes, de nombreux spécialistes cherchèrent à
déchiffrer ces noms et leur signification cachée. Le chercheur allemand Elmar
Edel publia la première étude importante en 1966 ; une seconde édition révisée
et corrigée, a été récemment publiée, quarante ans plus tard, en 2005. Dans
l’intervalle, bien des chercheurs ont dépensé beaucoup d’énergie à discuter des
différentes interprétations possibles3.
Premiers sur la liste, après les noms-titres de Keftiu (Crète) et Tanaja (Grèce
continentale), on trouve le nom de quelques sites minoens crétois importants,
notamment Cnossos et sa ville portuaire Amnisos, suivis de Phaistos et Kydonia,
inscrits selon un ordre progressant d’est en ouest. Toutes ces villes possédaient
un palais minoen ou, comme Amnisos, servaient de port à un palais voisin. On
trouve ensuite l’île de Cythère, située à mi-chemin entre la Crète et la Grèce
continentale, puis d’importants sites et régions mycéniens de Grèce continentale,
y compris Mycènes elle-même et sa ville portuaire de Nauplie, la Messénie et,
peut-être, Thèbes en Béotie. Derniers de la liste, viennent les noms de Crète
minoenne, cette fois selon un ordre d’ouest en est, dont Amnisos, inscrite à
nouveau.
Même s’il faut rester prudent, la liste ressemble à un itinéraire, à un voyage
aller-retour entre l’Égypte et le monde grec. Si l’on suit l’ordre des noms, les
voyageurs venant d’Égypte se rendaient d’abord en Crète, peut-être pour rendre
visite à la royauté minoenne et aux marchands que les Égyptiens fréquentaient
depuis presque un siècle. Puis ils poursuivaient, en passant par Cythère, jusqu’en
Grèce continentale pour se rendre à Mycènes – la nouvelle puissance qui
succédait aux Minoens et contrôlait désormais les routes commerciales vers
l’Égypte et le Proche-Orient. Enfin, ils revenaient en Égypte via la Crète, le
trajet le plus rapide et le plus direct, se ravitaillant en eau et en nourriture au
cours d’un dernier arrêt à Amnisos, où ils avaient mouillé brièvement après leur
départ.
Les listes inscrites sur les socles des statues constituent le catalogue complet
du monde connu des Égyptiens au temps d’Aménophis III. La plupart des noms
en question se trouvaient déjà sur d’autres documents et traités ; parmi ces noms
familiers, on trouve celui des Hittites et des Kassites/Babyloniens (sur lesquels
nous reviendrons) aussi bien que des villes de Canaan. Cependant, les noms des
lieux grecs étaient (et restent) exceptionnels, et ont été gravés dans un ordre
particulier. Certains ont même été spécialement retaillés, puisque les trois
premiers ont été refaits (pour aboutir à leur état actuel) avant ou alors que la liste
était déjà exposée4.
À en croire certains chercheurs, cette liste tenait de la pure propagande –
fanfaronnade d’un pharaon qui avait entendu parler de lieux très lointains et
désirait les conquérir ou seulement convaincre son peuple que tel était le cas.
D’autres pensent qu’il ne s’agit pas d’une autoglorification mensongère, mais
que la liste reflète les connaissances factuelles et les contacts existant à cette
époque si lointaine. Cette dernière explication est beaucoup plus vraisemblable,
car nous savons grâce aux nombreuses autres peintures trouvées dans les tombes
des nobles datant du XVe siècle av. J.-C., l’époque d’Hatshepsout et
Thoutmosis III, qu’il existait de multiples contacts avec le monde égéen dans ces
temps anciens, et que des ambassadeurs et/ou des marchands venaient en Égypte
chargés de cadeaux. Il est probable que ce type de contacts se soit maintenu
pendant le règne d’Aménophis III, au siècle suivant. Si c’est le cas, nous
disposons du premier récit d’un voyage aller-retour entre l’Égypte et le monde
grec, un voyage entrepris il y a plus de trente-quatre siècles, quelques décennies
avant que l’enfant roi Toutankhamon ne règne sur la terre éternelle des pharaons.
Il y a une bonne raison de penser que nous avons affaire à la description d’un
voyage de l’Égypte vers le monde grec au début du XIVe siècle av. J.-C., plutôt
qu’à une liste de Mycéniens et de Minoens venus en Égypte. Des objets portant,
gravés dans un cartouche (d’où un nom royal), le nom d’Aménophis III ou celui
de son épouse, la reine Tiyi, ont été trouvés par des archéologues sur six sites à
divers endroits du monde grec – en Crète, en Grèce continentale et à Rhodes.
Quatre de ces six sites figurent sur la liste égéenne.
Il peut s’agir de banals scarabées ou de petits sceaux, mais il y a aussi un
vase : tous portent le cartouche du pharaon ou de son épouse. Les plus
importants sont les nombreux fragments de plaquettes en faïence à double face –
des objets en pâte émaillée, à mi-chemin entre la poterie et le verre –, trouvés à
Mycènes, probablement la ville principale de la Grèce du XIVe siècle av. J.-C.
Ces fragments, une douzaine au moins, proviennent de neuf plaquettes ou
davantage, chacune mesurant entre quinze et vingt centimètres de long, dix de
large et deux d’épaisseur, environ. Toutes, cuites, portaient les titres
d’Aménophis III peints en noir sur les deux faces : « Le bon dieu, Neb-Ma’at-
Ra, fils de Ra, Amenhotep, prince de Thèbes, qui donne la vie5. »
D’après les égyptologues, ces plaquettes étaient déposées dans les fondations.
En Égypte, on les trouve habituellement à des endroits précis sous les temples
ou, parfois, sous les statues du roi6. Elles constituent des sortes de capsules
témoins, rôle qu’elles ont joué depuis les débuts de l’âge du bronze en
Mésopotamie. Il s’agissait sans doute de s’assurer que les dieux et les
générations futures connaîtraient l’identité et la générosité du
donateur/constructeur et la date du bâtiment ou de la statue.
Ce qui rend les plaquettes de Mycènes « exceptionnelles », c’est qu’elles sont
tout simplement uniques dans le monde grec. En dehors de l’Égypte, on n’a
trouvé dans aucun autre site méditerranéen des plaquettes portant le nom
d’Aménophis III. Les premiers fragments ont été trouvés et fait l’objet de
publications par des archéologues grecs à la fin des années 1800 et au début des
années 1900 ; on pensait alors qu’ils étaient en « porcelaine » et le nom
d’Aménophis III n’avait pas encore été clairement reconnu et déchiffré. De
nouvelles plaquettes furent découvertes au fil du temps, y compris à l’intérieur
du temple de Mycènes par l’éminent archéologue britannique lord William
Taylor. Le fragment le plus récemment mis au jour l’a été il y a quelques années
par Kim Shelton, archéologue à l’université de Californie (Berkeley). Il avait été
jeté dans un puits profond.
Aucun de ces fragments n’a été trouvé à l’endroit où les plaquettes avaient été
initialement placées à Mycènes. Autrement dit, nous n’avons aucune idée de leur
usage originel. Mais le simple fait qu’on les trouve sur ce site, et nulle part
ailleurs dans le monde, montre que Mycènes devait entretenir une relation
particulière avec l’Égypte au temps d’Aménophis III ; d’autant plus que l’on y a
trouvé le vase portant son nom et deux scarabées portant celui de son épouse, la
reine Tiyi. Si l’on considère que cette région était aux marges – à la périphérie –
de la région civilisée et connue avec laquelle les Égyptiens étaient en contact à
cette époque, la corrélation entre ces objets et les noms figurant sur la liste
égéenne laisse à penser que des relations internationales inhabituelles s’étaient
probablement établies sous le règne d’Aménophis III.
Les objets importés d’Égypte ou du Proche-Orient retrouvés dans le monde
grec sont d’un intérêt primordial, peut-être en lien avec la liste égéenne. La Crète
minoenne restait, semble-t-il, la principale destination dans le monde grec pour
le commerce venu d’Égypte et du Proche-Orient, au moins pendant la première
partie du XIVe siècle av. J.-C. Néanmoins, étant donné que des objets venus
d’Égypte, de Canaan et de Chypre se retrouvent en quantités à peu près égales en
Crète, il est possible que les biens venus d’Égypte n’aient plus occupé la
première place sur les navires des marchands et négociants assurant la liaison
entre la Crète et la Méditerranée orientale, comme cela avait été le cas au cours
des siècles précédents. Si les représentants et les marchands égyptiens et
minoens avaient dominé les routes égéennes au cours des périodes précédentes,
désormais ils étaient vraisemblablement rejoints, voire remplacés par d’autres
venus de Canaan et de Chypre.
Cette situation internationale plus complexe caractérisa les deux siècles
suivants, mais on constate un changement dans l’importation de biens étrangers
dans le monde grec dès la fin du XIVe siècle av. J.-C. Tandis que l’on observe
une chute soudaine des importations en Crète, elles augmentent
considérablement en Grèce continentale. Si ce basculement – de la Crète vers la
Grèce continentale – dans la quantité de biens importés est exact, on peut penser
(même si ce n’est qu’une hypothèse) que la baisse puis la disparition des biens
orientaux arrivant en Crète sont liées à la destruction de Cnossos vers 1350
av. J.-C., et à la prise de contrôle par les Mycéniens des routes commerciales
vers l’Égypte puis vers le Proche-Orient7.
Fig. 6. Plaquette en faïence d’Aménophis III, trouvée à Mycènes.
Source : Photographie d’E. H. Cline.

La liste égéenne d’Aménophis III témoigne peut-être de ce changement : les


lieux cités sur le socle de la statue sont des sites minoens crétois et des sites
mycéniens de Grèce continentale. Une ambassade égyptienne envoyée dans le
monde grec sous le règne d’Aménophis III pourrait avoir eu une double
mission : confirmer les relations avec un partenaire ancien et fiable (les
Minoens) et en établir de nouvelles avec une puissance émergente (les
Mycéniens)8.
Les archives d’El-Amarna
On ne devrait pas s’étonner de l’existence de la liste égéenne, ou des autres
listes trouvées dans le temple qui dressent le catalogue du monde connu des
Égyptiens au XIVe siècle av. J.-C., car nous avons d’autres preuves de
l’importance accordée à l’établissement de relations avec des puissances
étrangères par Aménophis III, en particulier avec les rois de pays importants sur
les plans diplomatique et commercial pour l’Égypte. Il a conclu de nombreux
traités avec plusieurs d’entre eux et plusieurs mariages pour cimenter ces
alliances. Nous le savons grâce à la correspondance échangée avec les rois –
conservée dans les archives constituées de tablettes d’argile découvertes
en 1887.
On raconte qu’elles ont été trouvées par une paysanne cherchant du
combustible ou de la terre sur le site de l’actuelle Tell el-Amarna, où se situent
les ruines d’une ville autrefois appelée Akhetaton (ce qui signifie « Horizon du
disque solaire9 »). Le fils hérétique d’Aménophis III, Aménophis IV, plus connu
sous le nom d’Akhenaton, y fit construire sa nouvelle capitale au milieu du
XIVe siècle av. J.-C.
Probablement après avoir régné à ses côtés quelques années avant sa mort en
1353 av. J.-C., Akhenaton succède à Aménophis III. Peu de temps après, il
instaure ce que l’on appelle désormais la « révolution d’El-Amarna ». Il ferme
les temples consacrés à Ra, Amon et autres divinités de premier plan, s’empare
de leurs gigantesques trésors, concentrant entre ses mains un pouvoir inégalé en
tant que chef de gouvernement, chef militaire et religieux. Il interdit le culte de
toutes les divinités égyptiennes hormis Aton, le disque du soleil, que lui – et lui
seul – a le droit de célébrer sans intermédiaire.
Certains ont vu là la première tentative pour instaurer un monothéisme – un
seul dieu pouvant être célébré –, mais ce point de vue ne fait pas l’unanimité (il a
fait l’objet de multiples débats universitaires). Pour les Égyptiens ordinaires, il
existait deux divinités principales : Aton et Akhenaton, car le peuple n’était
autorisé à prier qu’Akhenaton : c’est lui qui, ensuite, priait Aton en leur nom.
Akhenaton était peut-être un hérétique, peut-être même un fanatique, jusqu’à un
certain point, mais c’était aussi un stratège et un homme assoiffé de pouvoir bien
plus qu’un zélote. En réalité, sa révolution religieuse n’a peut-être été qu’une
opération politique et diplomatique judicieuse pour restaurer le pouvoir du roi :
un pouvoir qui s’était délité au profit des prêtres sous le règne des précédents
pharaons.
Mais Akhenaton n’a pas remis en cause tout ce que ses ancêtres avaient fait. Il
reconnaissait, en particulier, l’importance des relations internationales, surtout
avec les rois des pays voisins de l’Égypte. Il a maintenu la tradition, instaurée
par son père, des relations diplomatiques et des partenariats commerciaux avec
les puissances étrangères, plus ou moins importantes, y compris avec
Suppiluliuma et les Hittites10. Sa correspondance avec ces rois et gouverneurs est
conservée dans sa capitale : il s’agit des archives d’El-Amarna, constituées de
tablettes d’argile, qu’une paysanne découvrit par hasard en 1887.
Situé initialement dans le « bureau des archives », ce trésor – une véritable
mine – contient la correspondance échangée avec les rois et les gouverneurs, y
compris les dirigeants chypriotes et hittites, les rois babyloniens et assyriens, qui
entretenaient des relations diplomatiques avec Aménophis comme avec son fils
Akhenaton. On y trouve aussi des lettres destinées à ou provenant des dirigeants
locaux cananéens, en particulier d’Abdi-Hepa de Jérusalem et Biridiya de
Megiddo. Les lettres de ces potentats locaux, souvent des vassaux de l’Égypte,
réclament fréquemment de l’aide, tandis que celles échangées entre dirigeants de
grandes puissances (Égypte, Assyrie, Babylone, Mitanni et les Hittites) sont
plutôt des demandes ou des mentions de cadeaux offerts à un niveau
diplomatique beaucoup plus élevé. Les archives d’El-Amarna sont, avec celles
trouvées à Mari, datant du XVIIIe siècle av. J.-C., les premières de l’histoire à
documenter des relations internationales importantes et sur une longue période
au cours de l’âge du bronze en Égypte et en Méditerranée orientale11.
Les lettres, écrites sur environ quatre cents tablettes d’argile, sont en akkadien,
la lingua franca diplomatique alors utilisée dans les relations internationales.
Après leur découverte, beaucoup se sont retrouvées sur le marché international
des antiquités ; aussi sont-elles désormais dispersées dans les musées en
Angleterre, Égypte, aux États-Unis et en Europe, en particulier au British
Museum de Londres, au musée du Caire en Égypte, au Louvre à Paris, à
l’Oriental Museum de l’université de Chicago, au musée Pouchkine en Russie, et
au musée Vorderasiatisches de Berlin (qui, à lui seul, possède presque les deux
tiers des tablettes)12.

Cadeaux d’hommage et relations familiales


Ces lettres – qui comprennent les copies de celles qui étaient envoyées et les
réponses des dirigeants étrangers – nous éclairent sur le commerce et les
relations internationales à l’époque d’Aménophis III et d’Akhenaton, au milieu
du XIVe siècle av. J.-C. La plupart des contacts de haut niveau, d’un roi à un
autre, impliquaient le « don de cadeaux ». Par exemple, une lettre d’El-Amarna
envoyée à Aménophis III par Tushratta, le roi de Mitanni dans le nord de la Syrie
qui avait accédé au trône vers 1385 av. J.-C., commence par les vœux
traditionnels puis évoque les cadeaux qu’il a envoyés, apportés par ses
messagers :
Di[s] à Nibmuareya [Amenhotep III], r[oi d’Égypte], mon frère, ainsi (parle) Tushratta, roi de
[M]itanni, ton frère. Pour moi, tout va bien. Pour toi, que tout aille bien. Pour Kelu-Hepa
[ton épouse], que tout aille bien. Pour ta maison, pour tes femmes, pour tes fils, pour tes Grands,
pour tes guerriers, pour tes chevaux, pour tes chars, et dans ton pays, que tout aille très bien […].
Je t’envoie avec la présente, un char, deux chevaux, un serviteur, une servante, faisant partie du
butin du pays de Hatti. Comme cadeau d’hommage à mon frère, je t’envoie cinq chars, cinq
équipages de chevaux. Comme cadeau d’hommage à Kelu-Hepa, ma sœur, je lui envoie une
paire d’épingles à œillets en or, une paire de boucles d’oreilles, un anneau-mašu en or et un
récipient de parfum plein d’huile douce.
Avec la présente, je t’envoie Keliya, mon ministre en chef, et Tunip-ibri. Que mon frère les laisse
repartir rapidement me faire un rapport, que je puisse entendre les salutations de mon frère et me
réjouir13.

Une autre lettre royale, adressée par Akhenaton au roi kassite de Babylone,
Burna-Buriash II, comprend une liste détaillée des cadeaux envoyés qui occupe
plus de trois cents lignes sur la tablette. On y trouve des objets en or, en cuivre,
en argent, en bronze, des récipients contenant du parfum ou de l’huile douce, des
bagues, des bracelets de cheville, des colliers, des trônes, des miroirs,
des vêtements en lin, des bols en pierre, des boîtes en ébène14. Des lettres
détaillées du même type, comportant de longues listes d’objets, accompagnant
parfois la dot d’une fille donnée en mariage, parfois de simples cadeaux, ont été
envoyées par d’autres rois, comme Tushratta de Mitanni15. Soulignons aussi que
les « messagers » auxquels il est fait référence sont souvent des ministres,
surtout envoyés comme ambassadeurs, mais aussi des marchands, opérant à la
fois pour leur roi et leur propre compte.
Dans ces lettres, les rois s’adressent à leur correspondant comme à un parent.
Même si ce n’était pas toujours le cas, ils se donnent fréquemment le nom de
« frère » ou de « père/fils », pour créer des « partenariats commerciaux16 ». Les
anthropologues ont fait remarquer que cette tentative de créer des relations
familiales imaginaires est fréquente dans les sociétés préindustrielles, en
particulier pour résoudre les problèmes commerciaux en l’absence de liens de
parenté ou de marchés régulés par l’État17. Ainsi un roi d’Amurru écrit-il à son
voisin, le roi d’Ougarit (les deux villes étant situées sur la côte nord de la Syrie) :
« Mon frère, regarde : toi et moi sommes frères. Fils d’un même homme, nous
sommes frères. Pourquoi ne pourrions-nous pas être en bons termes l’un avec
l’autre ? Quel que soit le désir que tu manifesteras en m’écrivant, je le satisferai ;
et tu satisferas mes désirs. Nous formons une unité18. »
Ces deux rois (d’Amurru et d’Ougarit) n’étaient pas nécessairement parents,
même par alliance. Cependant, tout le monde n’appréciait pas ce genre de
raccourci dans les relations diplomatiques. Apparemment, cela irritait les Hittites
d’Anatolie. Un de leurs rois écrit à un autre roi : « Pourquoi devrais-je
m’adresser à vous comme à un frère ? Sommes-nous les fils de la même
mère19 ? »
Il n’est pas toujours évident de comprendre dans quels cas on pouvait
employer le terme « frère », opposé à « père » et « fils », mais cela semble
indiquer un statut ou un âge semblable, alors que la formule « père/fils » permet
de montrer du respect. Les rois hittites, par exemple, utilisaient « père » et
« fils » plus fréquemment dans leur correspondance que les dirigeants des autres
pays importants du Proche-Orient, alors que dans les lettres d’El-Amarna on
trouve presque toujours le terme de « frère », que l’on s’adresse au puissant roi
d’Assyrie ou au roi de Chypre, bien moins important. Il semble que les pharaons
d’Égypte aient considéré les autres rois du Proche-Orient – leurs partenaires
commerciaux –, comme les membres d’une confrérie internationale, quels que
soient leur âge et leur ancienneté sur le trône20.
Fig. 7. Le réseau des relations sociales dont témoignent les lettres d’El-Amarna.
Source : Création de D. H. Cline.

Néanmoins, dans certains cas, les deux rois étaient vraiment liés par mariage.
Ainsi, dans les lettres de Tushratta de Mitanni à Aménophis III, le premier
évoque Kelu-Hepa, la femme du second, comme sa sœur, ce qu’elle était
vraiment (son père l’avait donnée en mariage). De même, Tushratta avait donné
sa propre fille, Tadu-Hepu, à Aménophis III dans le cadre d’un autre mariage
arrangé, ce qui faisait de lui à la fois le beau-frère (« frère ») et le beau-père
(« père ») d’Aménophis. Aussi est-ce en toute légitimité qu’une de ses lettres
commence par ces mots : « Dis au […] roi d’Égypte, mon frère, mon gendre
[…]. Ainsi parle Tushratta, roi du pays de Mitanni, ton beau-père21. » Après la
mort d’Aménophis III, Akhenaton semble avoir pris Tadu-Hepu comme une de
ses épouses (ou en avoir hérité), ce qui autorisait Tushratta à se présenter comme
le beau-père d’Aménophis III mais aussi d’Akhenaton dans différentes lettres22.
Dans chacun de ces cas, les mariages royaux étaient destinés à renforcer les
relations et les traités entre les deux puissances, en particulier entre les deux rois.
Cela donnait ainsi le droit à Tushratta d’appeler Aménophis III son « frère »
(même si, pour être exact, il était son « beau-frère ») et d’en espérer de
meilleures relations avec l’Égypte. Les mariages donnaient lieu à des dots
raffinées, répertoriées dans plusieurs lettres d’El-Amarna. Par exemple, une
lettre adressée par Tushratta à Aménophis III – incomplète et pas totalement
lisible – dresse sur 241 lignes la liste des cadeaux dont il dit lui-même : « Ce
sont tous ceux-ci des cadeaux de mariage de toute sorte, que Tushratta, roi de
Mitanni, a donnés à Nimmureya [Aménophis III], roi d’Égypte, son frère et
gendre. Il les donna en même temps qu’il donna Tadu-Hepu, sa fille, à l’Égypte
et à Nimmureya pour être sa femmeb. »
Il semble qu’Aménophis III ait, plus que tout autre souverain de son époque,
développé ce type de relations dynastiques, puisque nous savons qu’il s’est
marié, et avait dans son harem les filles des rois kassites Kurigzalu Ier et
Kadashman-Enlil Ier de Babylone, Shuttarna II et Tushratta de Mitanni, de
Tarkhundaradu d’Arzawa (dans le sud-ouest de l’Anatolie)23. Il ne fait pas de
doute que chaque mariage renforçait un traité diplomatique et permettait aux rois
d’entretenir des relations quasiment familiales.
Certains rois tentèrent de tirer avantage des liens issus de ces mariages
dynastiques et des dons qui les accompagnaient, renonçant à toute subtilité.
Ainsi, une lettre d’El-Amarna, adressée probablement par le roi kassite
Kadashman-Enlil de Babylone à Aménophis III, mélange les deux :
Et quant à l’or au sujet duquel je t’ai écrit, envoie-moi ce que t[u as sous la main], autant [que
possible], avant que ton messager ne m’[arrive], immédiatement, en toute hâte […]. Si pendant
cet été, aux mois de Tammuz ou d’Ab, tu m’envoies l’or au sujet duquel je t’ai écrit, je te
donnerai ma fille24.

Cette attitude cavalière à l’égard de sa propre fille lui vaut les remontrances
d’Aménophis III : « C’est du joli, que tu donnes tes filles afin d’obtenir une
pépite d’or de tes voisins25 ! » Mais, au cours de son règne, la transaction eut
bien lieu : nous savons grâce à trois autres lettres d’El-Amarna
qu’Aménophis III épousa une fille de Kadashman-Enlil dont nous ignorons le
nom26.

Or, or des fous, et commerce de haut niveau


L’Égypte était particulièrement recherchée comme partenaire commercial par
les rois des autres pays, non seulement parce que c’était une des grandes
puissances de l’époque, mais à cause de l’or des mines de Nubie. Plus d’un roi
écrivit à Aménophis III et à Akhenaton pour réclamer une cargaison d’or comme
si c’était là chose ordinaire – le refrain « l’or dans ton pays, c’est de la
poussière ; on n’a qu’à le ramasser » et d’autres phrases du même type
reviennent sans cesse dans les lettres d’El-Amarna. Dans une lettre, Tushratta en
appelle aux relations familiales et demande à Aménophis III « que mon frère
m’envoie beaucoup plus d’or qu’à mon père » car, dit-il, « dans le pays de mon
frère, l’or est aussi abondant que la poussière27 ».
Mais il semble bien que l’or n’en ait pas toujours été, ce dont se plaignent les
rois de Babylone, en particulier. Dans une lettre envoyée par Kadashman-Enlil à
Aménophis III, il écrit : « Tu ne m’as envoyé comme cadeau d’hommage qu’une
chose en six ans, trente minesc d’un or qui ressemblait à de l’argent28. » Le roi
kassite Burna-Buriash II qui lui succéda sur le trône de Babylone, écrit de même
dans une lettre adressée à Akhenaton : « Mon frère [le roi d’Égypte] n’a
certainement pas vérifié la [cargaison d’]or antérieure que mon frère m’a
envoyée […]. Quand j’ai mis les quarante mines d’or qui m’avaient été
apportées dans un four, pas (même) [dix en] effet sont appa[rues]. » Dans une
autre lettre, il écrit : « Les vingt mines d’or qui ont été apportées ici n’étaient pas
toutes là. Quand ils l’ont mis dans le four, pas même cinq mines ne sont
apparues. [Le… qu]i est apparu pendant le refroidissement ressemblait à des
cendres. [L’or] fut-il [jam]ais identif[ié] (comme or)29 ? »
D’une part, on peut se demander pourquoi les rois de Babylone fondaient l’or
envoyé par les Égyptiens. Il devait s’agir de bribes de métal envoyées par les
rois égyptiens pour leur valeur et non de beaux objets donnés comme cadeaux,
de même manière que l’on peut voir aujourd’hui, la nuit, des publicités
télévisées recommandant aux téléspectateurs de vendre leurs bijoux abîmés ou
vieux contre argent comptant, dont on sait qu’ils seront immédiatement fondus.
Ils en avaient sans doute besoin pour payer leurs artisans, architectes et autres
professionnels, comme certaines lettres le suggèrent.
D’autre part, on peut aussi se demander si le roi d’Égypte savait que la
cargaison qu’il envoyait n’était pas vraiment de l’or : s’agissait-il d’un acte
délibéré ou l’or véritable était-il volé en chemin par des marchands et des
émissaires sans scrupules ? C’était l’hypothèse de Burna-Buriash concernant les
quarante mines d’or mentionnées plus haut ; à moins qu’il n’ait été question
d’offrir à Akhenaton une issue diplomatique à une situation inconfortable :
Mais l’or que mon frère m’enverra, veuille mon frère n’en remettre le soin à aucun délégué mais
que mon frère en fasse personnellement la vérification, que mon frère le scelle et me l’envoie.
Mon frère n’a certainement pas vérifié la (cargaison d’)or antérieure que mon frère m’a envoyée,
(et) ce ne fut qu’un délégué de mon frère qui le scella et me l’envoya30.
Il semble aussi que les caravanes chargées de cadeaux et envoyées par un roi à
un autre aient fréquemment été victimes de vols. Burna-Buriash écrit à propos de
deux caravanes appartenant à Salmu, son messager (et probablement son
représentant diplomatique), qu’il sait qu’elles ont été pillées. Il sait même qui
blâmer : un homme nommé Biriyawaza était responsable du premier vol ; un
autre, prétendument dénommé Pamahu (il pourrait s’agir d’un toponyme pris par
erreur pour un nom de personne), avait perpétré le second. Burna-Buriash
demande à Akhenaton quand il compte poursuivre le second, car cela relevait de
sa juridiction mais, autant que nous sachions, il ne reçut pas de réponsed.
De plus, il ne faut pas oublier que ces échanges de cadeaux à très haut niveau
ne représentaient sans doute que le haut de l’iceberg des échanges commerciaux.
Rappelons une situation analogue, relativement moderne. Dans les années 1920,
l’anthropologue Bronisðaw Malinowski étudiait les îles trobriandaises qui
participaient au cercle d’échanges appelé Kula dans le sud du Pacifique. Les
chefs de chaque île échangeaient des brassards et des colliers faits de
coquillages, les brassards voyageant dans un sens et les colliers dans l’autre. La
valeur de chaque objet augmentait ou diminuait selon le lignage et l’histoire de
celui qui le possédait (c’est ce que les archéologues appellent maintenant la
« biographie » d’un objet). Malinowski s’aperçut que pendant que les chefs
échangeaient brassards et colliers dans les lieux de cérémonie, selon le rituel et
les règles traditionnels, l’équipage des canoës qui transportaient les chefs faisait
du commerce sur la plage se procurant auprès des locaux nourriture, eau et
autres produits de première nécessité31. Ces opérations commerciales terre à terre
constituaient les vraies raisons économiques sous-jacentes de l’échange
cérémoniel de biens des chefs trobriandais, même s’ils ne l’auraient admis en
aucun cas.
De même, nous ne devons pas sous-estimer l’importance des messagers,
marchands et marins qui transportaient les cadeaux royaux et d’autres biens à
travers les déserts de l’ancien Proche-Orient, et probablement sur les mers vers
le monde grec. Il est évident que de nombreux contacts existaient entre l’Égypte,
le Proche-Orient et le monde grec à l’âge du bronze récent ; indubitablement, les
idées et les innovations circulaient par la même occasion. Ces échanges ne
concernaient pas seulement les couches les plus élevées de la société, car ils
avaient aussi lieu dans les auberges et les tavernes des ports et des villes le long
des routes commerciales en Grèce, en Égypte et en Méditerranée orientale.
À quel autre endroit un marin ou un membre d’équipage loin de chez lui,
attendant des vents favorables pour rejoindre la destination prévue ou pour
conclure une négociation diplomatique difficile, pouvait-il échanger des mythes,
des légendes et toutes autres sortes d’histoires ? De telles occasions pouvaient
être des moments privilégiés, où s’exerçaient les influences culturelles de
l’Égypte, du Proche-Orient et du monde grec. Ce type d’échanges entre cultures
pourrait expliquer les points communs entre L’Épopée de Gilgamesh et l’Iliade
et l’Odyssée d’Homère, plus tardives, ou entre le Mythe de Kumarbi hittite et la
plus récente Théogonie d’Hésiode32.
Remarquons aussi que des médecins, des sculpteurs, des maçons et d’autres
travailleurs qualifiés, qui circulaient entre les différentes cours, faisaient partie
des cadeaux échangés entre les dirigeants du Proche-Orient à l’âge du bronze. Si
les mêmes architectes, sculpteurs et tailleurs de pierre travaillaient dans ces
différentes régions, il n’est alors pas étonnant de constater des ressemblances
entre les architectures égyptienne, anatolienne, cananéenne et même grecque. La
découverte récente à Tell ed-Dab`a en Égypte – mentionnée dans le chapitre
précédent –, mais aussi à Tel Kabri en Israël, à Alalakh en Turquie et à Qatna en
Syrie, de murs et de sols peints dans le style grec, prouve que les artisans
s’étaient rendus en Égypte et au Proche-Orient dès le XVIIe siècle et peut-être
tardivement jusqu’au XIIIe siècle av. J.-C.33.

L’essor de l’Alashiya et de l’Assyrie


Grâce aux lettres d’El-Amarna qui datent précisément de l’époque
d’Akhenaton, nous savons que le réseau de relations internationales de l’Égypte
s’est étendu sous son règne, jusqu’à inclure la puissance montante assyrienne,
sous le règne du roi Assur-uballit Ier, monté sur le trône avant la mort
d’Aménophis III. On trouve également huit lettres échangées avec le roi de
Chypre connu des Égyptiens, entre autres, sous le nom d’Alashiyae , ce qui
confirme l’existence de relations avec l’Égypte.
Ces lettres envoyées et reçues de Chypre – qui datent plus vraisemblablement
du temps d’Akhenaton que de celui d’Aménophis III – sont passionnantes, car
elles nous renseignent sur les quantités stupéfiantes de cuivre brut échangées.
Chypre constituait la première source d’approvisionnement en cuivre de la
plupart des grandes puissances grecques et de Méditerranée orientale à l’âge du
bronze récent, comme le prouvent les discussions rapportées dans les lettres, y
compris celle dans laquelle le roi de l’Alashiya s’excuse de n’avoir envoyé que
cinq cents talents de cuivre à cause d’une maladie qui ravageait son îlef. Il
semble que le cuivre brut ait été envoyé sous forme de lingots en forme de peau
de bœuf comme ceux trouvés dans l’épave d’Ulu Burun sur laquelle nous
reviendrons dans le prochain chapitre. Chaque lingot embarqué pesait environ
vingt-sept kilos, ce qui signifie que le chargement mentionné dans la lettre d’El-
Amarna pesait treize tonnes – une quantité dont le roi s’excuse (ironiquement ?)
tant elle serait faible !
En ce qui concerne l’Assyrie, on trouve dans les archives d’El-Amarna deux
lettres d’Assur-uballit Ier qui régna entre 1365 et 1330 av. J.-C. On ne sait pas
exactement à quel pharaon elles étaient adressées : la première commence par
« Dit au roi d’Égypte », et le nom inscrit sur la seconde n’est pas clair ; sa
lecture reste incertaine. D’anciens traducteurs ont suggéré qu’il s’agissait
d’Akhenaton, mais un chercheur au moins a suggéré qu’elle était plutôt adressée
à Aÿ qui avait accédé au trône après la mort de Toutankhamon34. Cette dernière
hypothèse est peu probable étant donné sa date d’accession au trône (vers 1325
av. J.-C.) ; il est plus plausible qu’elles aient été envoyées à Aménophis III ou à
Akhenaton, comme la plupart des autres lettres.
La première est tout simplement un message de salutation et contient une
courte liste de cadeaux, comme « un beau char, deux chevaux, et un noyau de
datte en lapis-lazuli authentique35 ». La seconde, plus longue, contient
l’habituelle demande d’or, accompagnée de la formule habituelle : « L’or dans
votre pays est aussi abondant que la poussière ; il suffit de se baisser pour le
ramasser. » Mais elle contient aussi une comparaison intéressante avec le roi de
Hanigalbat, c’est-à-dire Mitanni, le nouveau roi d’Assyrie se présentant comme
« [l’égal] du roi de Hanigalbat » – faisant ainsi une référence évidente à sa
position dans la hiérarchie desdites grandes puissances de l’époque, dont
l’Assyrie et son roi souhaitaient à tout prix occuper le sommet36.
Assur-uballit ne se vantait sans doute pas sans raison, car il était plus que
l’égal de son contemporain, le roi mitannien Shuttarna II. Assur-uballit avait
vaincu Shuttarna au combat vers 1360 av. J.-C. et avait mis fin à la domination
mitannienne sur l’Assyrie qui avait débuté un peu plus d’un siècle plus tôt,
quand l’ancien roi mitannien Saushtatar avait dérobé la porte en or et en argent
de la capitale assyrienne pour la rapporter à Washukanni, sa propre capitale.
La grandeur de l’Assyrie avait été obtenue en premier lieu aux dépens de
Mitanni. Assur-uballit devint rapidement l’un des acteurs essentiels du monde
international de la realpolitik. Il arrangea un mariage royal entre sa fille et
Burna-Buriash II, le roi kassite de Babylone, ce qui ne l’empêcha pas d’envahir
cette dernière quelques années plus tard après que son petit-fils eut été assassiné,
en 1333 av. J.-C., pour installer sur le trône Kurigalzu II, un roi fantoche37.
Ainsi, les deux dernières grandes puissances de l’âge du bronze récent au
Proche-Orient, l’Assyrie et Chypre, firent leur apparition sur la scène de
l’histoire. Nous avons maintenant la distribution des différents acteurs : Hittites,
Égyptiens, Mitanniens, Kassites/Babyloniens, Assyriens, Chypriotes,
Cananéens, Minoens et Mycéniens, tous présents et représentés. Ils interagirent
entre eux, à la fois positivement et négativement, au cours des deux siècles
suivants, même si certains, comme Mitanni, quittèrent la scène bien avant les
autres.

Néfertiti et le roi Tut


Peu de temps après sa mort, les réformes d’Akhenaton furent abrogées, et l’on
tenta même d’effacer son nom et son souvenir des monuments et des archives.
Cela faillit réussir mais, grâce aux efforts des archéologues et des épigraphistes,
nous savons maintenant beaucoup de choses sur son règne, ainsi que sur sa
capitale, Akhetaton, et même sur sa tombe royale. Nous connaissons également
sa famille, y compris Néfertiti, sa belle épouse, et leurs filles, dont on trouve le
portrait dans de nombreuses inscriptions et sur des monuments.
Le célèbre buste de Néfertiti a été trouvé par Ludwig Borchardt, l’Allemand à
l’origine des fouilles d’El-Amarna (Akhetaton) en 1912, qui l’expédia dans son
pays quelques mois plus tard. Mais le musée égyptien de Berlin ne l’exposa qu’à
partir de 1924. Elle y est toujours, malgré les nombreuses demandes du
gouvernement égyptien, car elle est supposée avoir quitté l’Égypte dans des
conditions pour le moins anormales. L’histoire dit, sans que l’on en soit sûr, que
les archéologues allemands et le gouvernement égyptien avaient passé un accord
pour se répartir les découvertes de manière égale, mais que les Égyptiens
feraient le premier choix. Les Allemands le sachant cherchaient un moyen de
garder le buste de Néfertiti. Aussi l’auraient-ils dissimulé sous de la poussière et
délibérément placé à la fin d’une longue rangée d’objets. Dès que les autorités
égyptiennes eurent passé sans broncher devant le buste invisible sous
la poussière, les Allemands l’expédièrent à Berlin. Quand, en 1924, il fut
finalement exposé, les Égyptiens, furieux, réclamèrent son retour, en vaing.
Nous connaissons aussi désormais le fils d’Akhenaton, Toutankhaton, qui a
changé de nom et régné sous le nom sous lequel nous le connaissons désormais,
Toutankhamon, ou roi Tut. Il n’est pas né en Arizona, contrairement à ce qu’a un
jour prétendu Steve Martin sur Saturday Night Live, et n’est jamais allé à
Babyloneh. Il accéda très jeune au trône, à environ huit ans – à peu près l’âge
qu’avait Thoutmosis III à son arrivée sur le trône, cent cinquante ans plus tôt.
Heureusement pour Tut, il n’y avait pas d’Hatshepsout dans son entourage pour
régner à sa place. Tut régna à peu près dix ans avant de mourir prématurément.
La plupart des détails de sa courte vie ont peu d’intérêt pour notre étude,
consacrée au monde international de son époque. Sa mort est néanmoins
importante, car c’est la découverte, en 1922, de sa tombe qui est à l’origine de
l’engouement international pour l’Égypte ancienne (l’égyptomanie) et a fait de
lui le pharaon le plus connu de tous ceux qui ont régné à l’âge du bronze, mais
également parce qu’il est très probable que ce soit sa veuve qui ait écrit au roi
hittite Suppiluliuma, après sa mort, pour lui demander un mari.
Les causes de la mort de Tut ont fait l’objet d’un long débat – parmi elles, la
possibilité qu’il ait été tué suite à un coup porté derrière la tête –, mais des
études scientifiques récentes, notamment un scanner de son squelette, laissent
plutôt supposer qu’il est mort d’une infection après s’être cassé la jambe38.
Même si on ne pourra jamais prouver définitivement que c’est à la suite d’une
chute de char, comme certains le pensent, on sait maintenant qu’il souffrait de la
malaria mais aussi d’une maladie congénitale, en particulier d’un pied-bot. On a
encore émis l’hypothèse qu’il serait né d’une relation incestueuse frère-sœur39.
Tut fut enterré dans une tombe de la vallée des Rois. Cette dernière ne lui était
sans doute pas destinée à l’origine, ni les nombreux objets extraordinaires
enterrés avec lui, étant donné la soudaineté et le caractère inattendu de sa mort.
Avant qu’elle ne soit découverte en 1922 par Howard Carter, les égyptologues
modernes s’étaient épuisés à tenter de la localiser.
Le comte de Carnarvon avait embauché Carter dans le but précis de trouver la
tombe de Tut. Carnarvon, comme d’autres membres de l’aristocratie britannique,
cherchait à s’occuper tandis qu’il passait l’hiver en Égypte. À la différence de la
plupart de ses compatriotes, il se rendait tous les ans en Égypte sur ordre de ses
médecins suite à un accident de voiture survenu en Allemagne en 1901 – sa
voiture avait fait des tonneaux, alors qu’il tentait de rouler à 30 km/heure, une
vitesse encore jamais atteinte. Blessé au poumon, ses médecins craignaient qu’il
ne survive pas à un hiver en Angleterre. Aussi devait-il le passer en Égypte, ce
qui l’amena très vite à jouer à l’archéologue amateur et à employer un
professionnel, un égyptologue de compagnie40.
Carter avait été inspecteur général des monuments de Haute-Égypte avant
d’obtenir un poste encore plus prestigieux à Saqqarah. Il avait néanmoins
démissionné après avoir refusé de s’excuser auprès d’un groupe de touristes
français qui avait créé des problèmes sur un site en 1905. Il était ainsi facile pour
Carnarvon de l’embaucher puisqu’il était alors sans emploi et s’occupait en
peignant des aquarelles pour les touristes. Les deux hommes collaborèrent à
partir de 190741.
Après une décennie de fouilles couronnées de succès sur un certain nombre de
sites, en 1917, les deux hommes commencèrent à travailler dans la vallée des
Rois. Ils cherchaient précisément la tombe de Tut, qu’ils pensaient bien trouver à
cet endroit. Carter fouilla pendant six saisons, plusieurs mois par an, jusqu’au
moment où les fonds de Canarvon, et peut-être aussi son intérêt, furent presque
épuisés. Carter plaida pour une année supplémentaire, offrant de payer les frais
lui-même, parce qu’il y avait un endroit de la vallée qu’il n’avait pas encore
fouillé. Canarvon céda et Carter recommença à fouiller la vallée des Rois le
1er novembre 192242. Carter, réalisant qu’il avait installé son campement au
même endroit chaque année, décida de le déplacer et de creuser à l’endroit même
de son campement… et, trois jours plus tard, un membre de son équipe mit au
jour les premières marches qui menaient à la tombe. Elle était restée ignorée
depuis des milliers d’années, car son entrée était enfouie sous la terre jetée par
ceux qui avaient creusé à l’emplacement de la tombe de Ramsès IV, mort
presque un siècle après Tut.
Comme Carter avait découvert l’entrée de la tombe alors que Carnarvon était
encore en Angleterre, il lui envoya immédiatement un télégramme puis attendit
son arrivée. C’est le 26 novembre 1922, au milieu des journalistes – comme le
montrent les photographies de ce qui se présentait comme un véritable
spectacle –, qu’ils furent enfin prêts à pénétrer dans la tombe.
Après qu’une ouverture eut été taillée au burin dans la porte, Carter put
regarder attentivement par le trou le corridor menant à la tombe et, au-delà,
l’antichambre. Carnarvon tirait Carter par la veste pour savoir ce qu’il voyait. On
dit que ce dernier répondit : « Je vois des choses merveilleuses », ou quelque
chose d’approchant, et en effet, il raconta plus tard qu’il pouvait voir de l’or,
partout le scintillement de l’or43.
Indubitablement, sa voix devait trahir son soulagement, car pendant la longue
période passée à attendre Carnarvon, il était rongé d’inquiétude : la tombe avait
pu être pillée une fois sinon deux, à en juger par le replâtrage de l’entrée, portant
les sceaux de la nécropole44. La punition qui attendait les pilleurs de tombe dans
l’ancienne Égypte était la mort par empalement, mais cela ne semble pas avoir
dissuadé les très nombreux voleurs.
Quand Carter et Carnarvon réussirent enfin à entrer, il était évident que la
tombe avait bien été pillée, à en juger par le désordre qui régnait dans
l’antichambre, les objets renversés comme dans un appartement ou une maison
qui vient d’être cambriolée, et par les colliers en or roulés dans un mouchoir
abandonné dans l’entrée du corridor, sans doute par des détrousseurs qui, surpris
par les gardiens de la nécropole, avaient quitté les lieux en toute hâte.
Néanmoins, la quantité d’objets trouvés dans la tombe était stupéfiante – Carter
et ses associés passèrent les dix années qui suivirent à la fouiller en totalité et à
tout répertorier, alors même que Carnarvon mourut d’un empoisonnement du
sang huit jours à peine après l’ouverture, d’où l’histoire de la « malédiction de la
momie ».
L’énorme quantité d’objets trouvés dans la tombe de Tut conduisit certains
égyptologues à se demander ce qu’il en était à l’origine pour les tombes des
pharaons dont le règne avait été bien plus long, comme Ramsès III ou même
Aménophis III, toutes pillées depuis longtemps. Il est néanmoins probable que
les quantités impressionnantes trouvées dans la tombe de Tut fussent une
exception, conséquence des cadeaux faits par les prêtres égyptiens, remerciant
Toutankhamon d’avoir abrogé les réformes faites par son père et rendu leur
pouvoir aux prêtres d’Amon, entre autres. Mais, jusqu’à ce que l’on trouve une
autre tombe royale égyptienne, aucune n’est comparable à celle de Tut.
Quand ce dernier mourut, la jeune reine Ânkhesenamon qui était aussi sa sœur
se retrouva veuve. Et c’est là que nous retrouvons la saga du roi hittite
Suppiluliuma Ier, et l’affaire Zannanza, l’un des épisodes diplomatiques les plus
surprenants du XIVe siècle av. J.-C.

Suppiluliuma et l’affaire Zannanza


Après le règne de Tudhaliya Ier/II, les Hittites d’Anatolie/Turquie ont dû se
morfondre un certain temps sous les règnes de dirigeants beaucoup plus
insignifiants. Mais le cours des choses changea vers 1350 av. J.-C., sous le règne
du nouveau roi Suppiluliuma Ier, dont j’ai déjà parlé brièvement à propos de la
correspondance et des archives d’Akhenaton.
En tant que jeune prince agissant sous les ordres de son père, Suppiluliuma Ier
avait aidé les Hittites à reprendre le contrôle de l’Anatolie45. Le renouveau des
Hittites au cours de cette période représentait une menace pour Aménophis III et
son empire, aussi n’est-il pas surprenant que les traités négociés et les mariages
dynastiques qu’il avait arrangés, aient concerné tous les dirigeants des territoires
jouxtant le pays hittite, depuis Ougarit sur la côte nord de la Syrie jusqu’à
Babylone en Mésopotamie, vers l’est, et Arzawa vers l’ouest, en Anatolie. Il
s’agissait en premier lieu de tirer avantage de la relative faiblesse des Hittites au
début du règne de Suppiluliuma Ier puis de limiter leur champ d’action, quand ils
gagnèrent en puissance, sous sa direction46.
Grâce aux archives – en particulier un ensemble de tablettes écrites par son
fils et ultime successeur, Mursili II, qui contiennent les textes connus sous le
nom de Prières au sujet de la peste –, nous savons beaucoup de choses sur
Suppiluliuma Ier. Après avoir régné une trentaine d’années, il serait mort de la
peste rapportée en pays hittite par des Égyptiens prisonniers, capturés au cours
de combats dans le nord de la Syrie. La peste ravagea le pays hittite.
De nombreux membres de la famille royale moururent, dont Suppiluliuma.
Pour Mursili, toutes ces morts et en particulier celle de son père, étaient une
vengeance des dieux pour un meurtre commis au début de son règne et au sujet
duquel il n’avait jamais imploré leur pardon. C’est le propre frère de
Suppiluliuma, un prince hittite du nom de Tudhaliya le Jeune, qui avait été
assassiné. On ne sait pas si Suppiluliuma était directement impliqué, mais il en
avait de toute évidence profité, puisque c’est Tudhaliya qui devait accéder au
trône et non pas lui, en dépit des grandes victoires militaires qu’il avait
remportées pour le compte de son père. Mursili écrit :
[…] ô dieu[x, mes seigneurs,] venez ! Vous êtes intervenus dans cette affaire de Tudhaliya le
Jeune auprès de mon père, à l’instant même, et [plus tar]d. À la suite du cri[me] de Tudhaliya,
mon père […]. Les princes, les seigneurs, les chefs militaires, les notables qui furent impliqués
(dans l’affaire), sont morts à cause de c[ette] affaire. Cette même affaire a également atteint le
pays hittite ; voilà pourquoi le pays [hittite] [a] commencé à dépérir à cause de cette affaire47.

Si on sait que Suppiluliuma a réussi à s’emparer du pouvoir, on n’a pas plus


de détails sur la manière dont cela s’est passé. Néanmoins, on connaît d’autres
événements importants de son règne, grâce à un autre long document – les Actes
de Suppiluliuma – également écrit par son fils et successeur, Mursili II. Il
faudrait un livre entier pour raconter en détail le règne de Suppiluliuma, ce qui
sera sans doute fait un jour. Il suffit de dire ici que Suppiluliuma réussit à
reprendre le contrôle de la plus grande partie de l’Anatolie, en recourant en
permanence à la guerre mais aussi grâce à une diplomatie judicieuse. Grâce à lui,
l’influence hittite s’étendit, tout comme les frontières de son empire loin dans le
nord de la Syrie, où il pourrait avoir détruit la ville d’Alalakh, capitale du
royaume de Mukish48. Ses nombreuses campagnes vers le sud et l’est
l’amenèrent à affronter finalement les Égyptiens, même si ce ne fut pas le cas
avant le règne d’Akhenaton. Il entra aussi en conflit avec le royaume mitannien,
plus loin vers l’est, sous le règne du roi Tushratta. Après de multiples tentatives
– en particulier après ce que l’on nomme la Grande Guerre syrienne, pendant
laquelle il mit à sac Washukanni, sa capitale –, Suppiluliuma remporta
finalement la victoire et soumit le royaume de Mitanni49.
Parmi les autres villes attaquées et détruites par Suppiluliuma en pays
mitannien, on trouve le site de l’ancienne Qatna – l’actuelle Tell Mishrife –
aujourd’hui fouillé par des archéologues italiens, allemands et syriens. De
formidables découvertes ont été faites ces dernières décennies, en particulier une
tombe royale inviolée, dont les murs peints représentent des tortues et des
dauphins en style grec, un morceau d’argile portant le nom d’Akhenaton
(probablement utilisé pour sceller un récipient ou attaché à une lettre), et des
douzaines de tablettes provenant des archives royales, toutes situées à l’intérieur
ou dans les sous-sols du palais. Parmi celles-ci, on a trouvé une lettre datant de
1340 av. J.-C., écrite par Hanutti, commandant en chef de l’armée hittite sous
Suppiluliuma, recommandant au roi Idadda de Qatna de se préparer à la guerre.
Cette lettre trouvée dans les vestiges du palais royal incendié prouve que les
Hittites étaient passés à l’attaque avec succès50.
Suppiluliuma n’ignorait pas la diplomatie qui allait alors de pair avec la
guerre. Il semble même qu’il ait épousé une princesse babylonienne,
probablement après avoir banni sa première épouse (la mère de ses fils) pour une
transgression dont on ne sait rien51. Il maria aussi l’une de ses filles à Shattiwaza,
le fils de Tushratta, qu’il plaça sur le trône de Mitanni en tant que vassal après
avoir envoyé une armée. Mais le mariage le plus intéressant du règne de
Suppiluliuma n’a… finalement jamais eu lieu. L’histoire est connue sous le nom
d’« affaire Zannanza ».
C’est grâce aux Actes de Suppiluliuma, écrits par son fils Mursili II –
également auteur des Prières au sujet de la peste –, que nous la connaissons.
Apparemment, une lettre prétendument envoyée par la reine d’Égypte arriva un
jour à la cour hittite. Elle fut traitée avec suspicion, car elle contenait une
proposition qui n’avait jamais été faite auparavant par un dirigeant égyptien. La
demande était si surprenante que Suppiluliuma douta de son authenticité. On y
lisait tout simplement : « Mon mari est mort. Je n’ai pas de fils, mais toi, dit-on,
tu as de nombreux fils. Et si tu me donnes un de tes fils, il deviendra mon époux.
Jamais je ne choisirai un de mes sujets, ni n’en ferai mon époux52. »
D’après les Actes, la lettre avait été envoyée par une femme appelée
« Dahamunzu ». Mais il s’agit là du mot hittite pour désigner la « femme du
roi ». Autrement dit, la lettre était supposée avoir été envoyée par la reine
d’Égypte. Mais c’était insensé, car les femmes appartenant à la famille royale
égyptienne ne se mariaient pas avec des étrangers. Ainsi, Aménophis III, dans
tous les traités négociés, n’a pas une seule fois offert un membre de sa famille en
mariage à un dirigeant étranger, même si on lui en a souvent fait la demande.
Maintenant, la reine d’Égypte offrait non seulement de se marier avec un fils de
Suppiluliuma, mais déclarait qu’il serait immédiatement pharaon d’Égypte. Une
telle offre ne pouvait pas être prise au sérieux ; la réponse faite par Suppiluliuma
est donc tout à fait compréhensible. Il envoya en Égypte un messager de
confiance, Hattusa-ziti, pour vérifier si la reine était bien à l’origine de la lettre et
si la proposition était sérieuse.
Comme il en avait reçu l’ordre, Hattusa-ziti se rendit donc en Égypte, et revint
non seulement avec une nouvelle lettre de la reine, mais aussi avec son envoyé
spécial, dénommé Hani. La lettre était écrite en akkadien, et non en égyptien ou
en hittite. Découverte sous forme fragmentaire dans les archives hittites à
Hattusa, elle traduit la colère de la reine pour avoir été mise en doute. Citée par
les Actes, elle écrit :
Si jamais j’avais un fils, aurais-je fait part de l’humiliation de ma personne et de mon pays à un
pays étranger ? Et tu ne m’as pas fait confiance, et tu m’as même parlé d’une façon ! Celui qui
était mon époux, il est mort ! De fils, je n’en ai pas ! Jamais je ne prendrai l’un de mes sujets, ni
n’en ferai mon époux ! Et à aucun autre pays je n’ai mandé quoi que ce soit. C’est à toi seul que
j’ai mandé : « Tes fils, dit-on, sont nombreux. Donne-moi alors un de tes fils ! Et pour moi il sera
un époux, mais au pays d’Égypte il sera roi53 ! »

Comme Suppiluliuma était encore sceptique, Hani, l’envoyé égyptien, parla


ainsi :
Mon seigneur, c’est une humiliation pour notre pays ! Si nous avions jamais eu un fils, serions-
nous venus vers un pays qui nous est étranger ? Et réclamerions-nous un seigneur pour nous-
mêmes ? Celui qui était notre seigneur, Niphururiya, est mort. Il n’avait pas de fils. L’épouse de
notre seigneur est veuve. Et nous réclamons un fils de votre seigneur pour régner au pays
d’Égypte, et pour la femme, notre dame, nous le réclamons comme époux ! De plus, nous ne
sommes allés vers aucun autre pays, nous ne sommes venus qu’ici ! Alors, notre seigneur, donne-
nous ton fils54 !

Selon les Actes, enfin convaincu par ce discours, Suppiluliuma décida


d’envoyer l’un de ses fils, Zannanza, en Égypte. Il ne prenait pas de grands
risques, car c’était le quatrième de ses cinq fils. Les trois aînés le servaient déjà
dans différentes fonctions, aussi pouvait-il se passer de Zannanza. Si les choses
se passaient bien, son fils deviendrait roi d’Égypte ; dans le cas contraire, il lui
resterait les quatre autres.
Or les choses tournèrent mal. Après plusieurs semaines, un messager arriva
pour informer Suppiluliuma que les voyageurs avaient été pris dans une
embuscade et que Zannanza avait été tué. Les coupables s’étaient enfuis et
n’étaient pas encore identifiés. Suppiluliuma était furieux ; il était sûr que les
Égyptiens étaient, d’une manière ou d’une autre, responsables de ce qui était
arrivé… et qu’ils l’avaient même peut-être trompé pour qu’il envoie son fils à la
mort. Comme les Actes le rapportent : « Et lorsque mon père apprit l’assassinat
de Zannanza, il se mit à pleurer Zannanza et il s’adressa ainsi aux dieux :
“Ô dieux, moi je n’ai fait aucun mal, mais les Égyptiens m’en ont fait et ils sont
venus attaquer la frontière de mon pays55 !” »
Qui a organisé l’embuscade et tué Zannanza ? Le mystère reste entier. La
question de savoir qui en Égypte aurait pu envoyer la lettre à Suppiluliuma reste
également ouverte, car deux reines, toutes les deux veuves, font de possibles
candidates. La première est Néfertiti, la femme d’Akhenaton ; l’autre,
Ânkhesenamon, la femme du roi Tuti. Néanmoins, étant donné les informations
contenues dans les lettres – la reine n’avait pas d’enfant – et les événements qui
ont suivi le meurtre de Zannanza, le trône d’Égypte revenant finalement à un
homme nommé Aÿ – qui épousa Ânkhesenamon alors qu’il avait l’âge d’être son
grand-père –, la lettre est très vraisemblablement à attribuer à cette dernière. On
ignore si Aÿ a joué un rôle dans l’assassinat du prince hittite, mais comme il
avait beaucoup à y gagner, il est clairement suspect.
Suppiluliuma jura de venger la mort de son fils et dressa des plans pour
attaquer l’Égypte. Dans une correspondance dont il ne reste que des fragments,
Aÿ lui demanda de n’en rien faire, ce qui n’empêcha pas Suppiluliuma de
déclarer la guerre et d’envoyer l’armée hittite dans le sud de la Syrie, où il
attaqua de nombreuses villes et ramena des milliers de prisonniers, y compris de
nombreux soldats égyptiens56. Si on doute qu’un seul individu puisse être à
l’origine d’une guerre, il suffit de se rappeler la guerre de Troie pendant laquelle
les Mycéniens combattirent les Troyens dix ans durant, suite à l’enlèvement de
la belle Hélène, un événement sur lequel nous reviendrons bientôt en détail. Que
l’on songe aussi à l’assassinat de l’archiduc Ferdinand à Sarajevo le 28 juin
1914, souvent considéré comme le déclencheur de la Première Guerre mondiale.
Ironie de l’histoire – nous l’avons vu et cela apparaît dans les Prières au sujet
de la peste de Mursili –, les prisonniers ramenés par l’armée hittite auraient
apporté avec eux une maladie mortelle qui se répandit rapidement à travers tout
le pays hittite. Peu de temps après, vers 1322 av. J.-C., Suppiluliuma mourut de
la peste – devenant peut-être ainsi, après son fils, une nouvelle victime du
contretemps égypto-hittite.

Hittites et Mycéniens
Revenons sur un point au sujet des Hittites. Sous le règne de Suppiluliuma, les
Hittites devinrent l’une des grandes puissances de l’ancien monde, à égalité avec
les Égyptiens, supérieure aux Mitanniens, Assyriens, Kassites/Babyloniens et
Chypriotes. Ils conservèrent ce rang en combinant diplomatie, menaces, guerre
et commerce. Les archéologues qui ont fouillé les sites hittites ont trouvé des
biens échangés avec la plupart des autres pays (que l’on pourrait appeler des
États-nations, pour employer un vocabulaire moderne). De même, des biens
hittites ont été trouvés dans quasiment tous ces pays.
Il existe pourtant une exception et elle est de taille : le monde grec. On ne
trouve presque aucun objet hittite en Grèce continentale, en Crète, dans les
Cyclades et même à Rhodes, en dépit de la proximité de cette île avec la
Turquie. On en a trouvé une douzaine, à comparer aux centaines d’objets
égyptiens, cananéens ou chypriotes importés dans le monde grec. Inversement,
on n’a pas trouvé d’objets mycéniens ou minoens importés dans le pays hittite en
Anatolie centrale, alors que des biens importés de Chypre, d’Assyrie, de
Babylone et d’Égypte ont franchi les montagnes pour se retrouver en Anatolie
centrale. Cette anomalie flagrante dans la structure des échanges dans l’ancien
monde méditerranéen ne se limite pas au règne de Suppiluliuma et au
XIVe siècle av. J.-C. : elle dura presque trois siècles, du XVe au XIIIe siècle
av. J.-C.57
Cela pourrait simplement venir de ce que chacun ne produisait aucun bien
utile à l’autre, ou que les seuls biens échangés étaient périssables (par exemple,
de l’huile d’olive, du vin, du bois, des tissus, des métaux) et se sont depuis
longtemps désintégrés ou transformés, mais il se pourrait aussi que cette absence
de commerce ait été délibérée. Nous découvrirons, au prochain acte, un accord
diplomatique hittite dans lequel un embargo économique contre les Mycéniens
est décrit en toutes lettres : « aucun bateau d’Ahhiya ne doit s’y rendre », il
pourrait s’agir là d’un des premiers embargos de l’histoire.
Comme nous l’avons montré ailleurs58, un tel scénario pourrait s’expliquer par
le fait que les Mycéniens ont activement encouragé les menées anti-hittites en
Anatolie de l’Ouest59. Nous l’avons noté au début de ce chapitre, si
Aménophis III avait envoyé une ambassade dans le monde grec – un fait
rapporté dans ce que l’on appelle la liste égéenne de son temple mortuaire à
Kom el-Hetan –, pour tenter de contenir la puissance montante des Hittites, cette
ouverture égyptienne anti-hittite pourrait bien avoir trouvé un allié bouillant
d’impatience dans le monde grec.
Mais on peut aussi émettre l’hypothèse que l’hostilité et l’absence de
commerce entre Mycéniens et Hittites a été le résultat d’un traité anti-hittite
signé entre l’Égypte et le monde grec sous le règne d’Aménophis III. En bref, il
semble que la politique, le commerce et la diplomatie, tels qu’ils étaient
pratiqués il y a trois mille cinq cents ans, en particulier au XIVe siècle av. J.-C.,
n’aient pas été si différents de ceux qui ont cours dans notre économie
mondialisée aujourd’hui, avec ses embargos économiques, ses relations
diplomatiques, les jeux de pouvoir et les cadeaux échangés au plus haut niveau.

Notes du chapitre 2
a. Le travail sur la liste égéenne a commencé en 2000 ; la totalité du socle a été reconstituée au
printemps 2005, à partir des huit cents fragments. Voir le débat dans H. SOUROUZIAN,
R. STADELMANN, H. HAMPIKIAN, M. SECO ALVAREZ, I. NOUREDDINE, M. ELESAWY,
M. A. LÓPEZ MARCOS et C. PERZLMEIER, « Three Seasons of Work at the Temple of Amenhotep III at
Kom El Hettan. Part III : Works in the Dewatered Area of the Peristyle Court and the Hypostyle Hall »,
Annales du Service des antiquités de l’Égypte, no 80, 2006, p. 405-406, p. 433-435, planches XXIIa, c.
b. Lettre 22, in Les Lettres d’El-Amarna. Correspondance diplomatique du pharaon (trad. W. Moran,
trad. fr. D. Collon et H. Cazelles), Le Cerf, Paris, 1987, lignes 43-49, p. 51-61, en particulier p. 57. De tels
mariages royaux n’étaient pas rares dans l’ancien Proche-Orient ; voir M. LIVERANI, Prestige and
Interest, International Relations in the Near East ca. 1600-1100 B.C., Sargon Press, Padoue, 1990.
c. Unité de poids proche-orientale qui équivaut probablement à cinq cents grammes.
d. Lettre 7, in Les Lettres d’El-Amarna, op. cit., p. 75-76. Voir aussi la lettre 8, dans laquelle Burna-
Buriash se plaint auprès d’Akhenaton d’une autre attaque de ses marchands, pendant laquelle ils furent tués,
in ibid., p. 82.
e. Lettres 33-40, in ibid. La mise en rapport de Chypre avec Alashiya est une histoire universitaire longue
et compliquée. Pour une discussion brève et irrévérencieuse de ce rapport, voir, désormais, E. H. CLINE,
« Cyprus and Alashiya : One and the Same ! », Archaeology Odyssey, no 8/5, 2005, p. 41-44.
f. Lettre 35, in Les Lettres d’El-Amarna, op. cit., p. 200-202. Le mot « talent » est une reconstruction,
mais semble tout à fait logique ici.
g. Le buste figure sur la liste des dix plus importants objets pillés dressée par le magazine Time
(<time.com>, consulté le 18 janvier 2011).
h. Voir les paroles de la chanson chantée par le comédien Steve Martin au cours de l’émission Saturday
Night Live au moment où les États-Unis connaissaient une vague de Tut-mania, à la fin des années 1970. On
trouve de nombreuses copies de ce clip sur Internet, par exemple <www.hulu.com> ou <www.nbc.com>,
consultés le 23 mai 2013.
i. Pour des opinions de chercheurs différentes, consulter T. R. BRYCE, The Kingdom of the Hittites,
Oxford University Press, Oxford, 2002, p. 179. Ce dernier pense que la reine veuve était Ânkhesenamon,
mais Reeves (N. REEVES, The Complete Tutankhamun, Thames and Hudson, Londres, 1990, p. 23) opte
pour Néfertiti. Voir aussi Podany (A. H. PODANY, Brotherhood of Kings : How International Relations
Shaped the Ancient Near East, Oxford University Press, Oxford, 2010, p. 285-289) qui pense qu’il
s’agissait d’Ânkhesenamon.
Chapitre 3
Acte III. Se battre pour les dieux et son pays :
le XIIIe siècle av. J.-C.

Nous ne savons rien des derniers instants du navire qui fit naufrage à Ulu
Burun, (« grand promontoire ») au large de la côte sud-ouest de la Turquie vers
1300 av. J.-C. A-t-il chaviré au cours d’une grande tempête ? A-t-il coulé après
avoir heurté un objet immergé ? Son équipage s’est-il sabordé pour éviter d’être
capturé par des pirates ? Les archéologues l’ignorent, comme ils ignorent la
provenance du vaisseau, sa destination finale et ses escales, mais ils ont pu
récupérer la cargaison qui indique que ce navire de l’âge du bronze venait
probablement de Méditerranée orientale et se dirigeait vers le monde grec1.
On doit cette découverte de 1982 à un jeune pêcheur d’éponges turc. Il
expliqua avoir vu des « biscuits en métal avec des oreilles », reposant sur le fond
marin au cours d’une de ses premières plongées. Son capitaine comprit qu’il
décrivait ainsi un lingot de l’âge du bronze en forme de peau de vache (qui
ressemble à la peau tendue d’un bœuf ou d’une vache). Pour attirer son attention
en cas de découverte, les archéologues de l’Institute of Nautical Archaeology
(INA) de l’université A&M au Texas, lui avaient montré des photos de ce type
d’objets.
Les archéologues à la recherche de ces lingots étaient dirigés par George Bass,
un des pionniers de l’archéologie sous-marine dans les années 1960, alors qu’il
était encore étudiant à l’université de Pennsylvanie. À cette époque, les
scaphandres autonomes permettant de respirer sous l’eau étaient d’invention
relativement récente et les fouilles menées par Bass sur les restes d’un navire au
cap Gelidonya, au large des côtes turques, marquèrent la première expérience
archéologique sur une épave datant de l’âge du bronze jamais conduite par un
archéologue professionnel dans cette région.
Les découvertes de Bass au cap Gelidonya lui permirent de conclure qu’il
s’agissait d’un navire cananéen en route vers le monde grec qui avait coulé vers
1200 av. J.-C. ; mais elles furent accueillies avec beaucoup de scepticisme et de
controverse après la publication de ses travaux en 19672. La plupart des
archéologues avaient du mal à croire à l’existence d’un quelconque commerce
ou à des contacts entre le monde grec et le Proche-Orient à une période aussi
éloignée de l’Antiquité, il y a plus de trois mille ans, sans parler de la capacité
des Cananéens à naviguer en Méditerranée. Bass avait donc juré de trouver et de
fouiller un autre navire de l’âge du bronze au cours de sa carrière afin de
confirmer ses conclusions concernant l’épave du cap Gelidonya. Dans les
années 1980, le navire d’Ulu Burun, qui datait de 1300 av. J.-C. environ, et était
donc plus vieux d’un siècle que celui de Gelidonya, lui en donnait enfin
l’occasion.

Le navire d’Ulu Burun


On pense généralement que ce bateau a dû commencer son voyage soit en
Égypte, soit à Canaan (peut-être à Abu Hawam, dans l’actuel Israël) et faire
escale à Ougarit, dans le nord de la Syrie et peut-être à Chypre. Il aurait ensuite
mis le cap sur l’ouest vers le monde grec en suivant la côte sud de l’Anatolie
(l’actuelle Turquie). Au cours du voyage, l’équipage avait embarqué des barres
de verre brut, des amphores remplies d’orge, de la résine, des épices, peut-être
du vin – et, le plus précieux de tout – environ une tonne d’étain et dix tonnes de
cuivre brut, qui permettaient d’obtenir l’alliage alors le plus recherché : le
bronze.
Grâce à cette cargaison, nous sommes quasiment certains qu’il voyageait du
Levant vers l’ouest, apparemment vers un port grec – peut-être vers l’un des
deux ou trois qui desservaient la capitale Mycènes, ou encore vers une autre ville
importante comme Pylos, sur le continent, Kommos ou même Cnossos en Crète.
Le simple fait qu’un autre navire ait voyagé d’est en ouest à l’âge du bronze
suffit à confirmer les théories de Bass et à changer radicalement l’idée que les
chercheurs contemporains se faisaient de l’importance du commerce et des
contacts, il y a plus de trois mille ans. Trois navires datant de l’âge de bronze ont
désormais été découverts, mais l’épave d’Ulu Burun est la plus importante, la
mieux conservée et la plus complètement fouillée.
Fig. 8. Reconstitution du navire d’Ulu Burun.
Source : Rosalie Seidler/National Geographic Stock (avec l’aimable autorisation de la National Geographic
Society).

Les propriétaires et les armateurs du bateau restent inconnus. On peut émettre


différentes hypothèses sur son origine et sa destination finale. Ce fut peut-être
une entreprise commerciale de marchands égyptiens ou proche-orientaux,
soutenue par un pharaon égyptien ou un roi cananéen. Le navire a également pu
être directement envoyé par un pharaon ou un roi, comme cadeau entre
souverains, comme c’était fréquemment le cas quelques décennies plus tôt à
l’époque amarna. On peut aussi faire l’hypothèse qu’il s’agissait d’un navire
mycénien qui « faisait ses courses » en Méditerranée orientale et avait coulé à
son retour. Les marchands présents à bord auraient acheté des matériaux de base
et d’autres biens introuvables en Grèce, comme l’étain et le cuivre, ou la tonne
de résine de térébenthine (issue de pistachiers) utilisée pour confectionner des
parfums sur le continent, à Pylos, avant d’être réexpédiés en Égypte et en
Méditerranée orientale. Le nombre de scénarios possibles est infini. Si les
Mycéniens étaient les destinataires de la cargaison, alors ils devaient l’attendre
impatiemment car celle-ci contenait assez de matières brutes pour équiper trois
cents hommes d’épées de bronze, de boucliers, de casques et d’armures, sans
compter le précieux ivoire et les produits exotiques. Il est évident que lorsque le
navire coula ce jour de l’an 1300 av. J.-C., environ, une personne, ou un
royaume, a perdu une fortune.
Le navire d’Ulu Burun coula dans des eaux assez profondes – sa proue arrière
repose à quarante-deux mètres de profondeur, et le reste du bateau gît même
encore plus bas, à soixante et un mètres. Plonger à une telle profondeur est
dangereux : on est au-delà de la limite de sécurité des scaphandres. Les
spécialistes de l’INA n’étaient autorisés à plonger que deux fois trente minutes
chaque jour. De plus, à de telles profondeurs, la quantité de gaz inhalé peut avoir
des effets narcotiques. Selon Bass, quand on travaille à une telle profondeur, on a
l’impression d’avoir avalé deux Martini avant de plonger. Du coup, chaque
plongée et chaque mouvement sous l’eau doivent être l’objet de soigneuses
répétitions.
Grâce aux précautions prises et à la supervision d’un ancien officier de
marine, on n’eut à déplorer aucun accident majeur au cours des presque douze
saisons de fouilles qui se sont étalées de 1984 à 1994, l’équipe plongeant au total
plus de vingt-deux mille fois3. En dépit des profondeurs auxquelles les
archéologues devaient travailler, on a ainsi obtenu un plan de l’épave et de sa
cargaison, précis au millimètre près, comme c’est le cas dans les fouilles
terrestres. Des milliers d’objets rapportés sont toujours à l’étude.
Il s’agissait d’un bateau d’une quinzaine de mètres de long, solidement
construit, avec une coque et une quille en bois de cèdre du Liban. La coque avait
été assemblée grâce à un système de tenons chevillés dans des mortaises4. En
Méditerranée, le navire le plus ancien, trouvé le long des côtes chypriotes,
construit grâce à cette technique, était jusqu’alors l’épave de Kyrenia, mais elle
date de l’an 300 av. J.-C., environ, soit plus de mille ans plus tard.
Les lingots de cuivre, plus de trois cent cinquante, ont été particulièrement
difficiles à remonter à la surface. Pendant les trois mille ans passés sous l’eau,
empilés et emboîtés les uns dans les autres sur quatre rangées, beaucoup se sont
en grande partie désintégrés et se trouvent donc dans un état d’extrême fragilité.
Un nouveau type de colle a dû être utilisé par les conservateurs archéologues de
l’équipe de Bass : une substance adhésive qui, injectée dans les restes des
lingots, coagule et durcit après un an sous l’eau. Cette colle permet de faire tenir
ensemble diverses parties d’un lingot décomposé avant de le remonter à la
surface.
Mais il y avait à bord bien plus que des lingots de cuivre. On a vite su que la
cargaison transportée était composée d’un incroyable assortiment de biens, tel un
manifeste international. Les produits provenaient d’au moins sept pays, États,
empires différents. En plus de la cargaison initiale composée de dix tonnes de
cuivre chypriote, une tonne d’étain, et une tonne de résine de térébenthine, il y
avait deux douzaines de rondins d’ébène de Nubie ; environ deux cents barres de
verre brut de Mésopotamie, la plupart bleu foncé, d’autres bleu clair ou violet, et
même ambre/miel ; il y avait aussi cent quarante jarres cananéennes de deux ou
trois tailles différentes, contenant de l’essence de térébenthine, des restes de
raisin, de grenades et de figues, mais aussi d’épices comme la coriandre et le
sumac ; de la poterie neuve, chypriote ou cananéenne, des lampes à huile, des
bols, des cruches et des amphores ; des scarabées égyptiens et des sceaux
cylindriques venus d’autres lieux du Proche-Orient ; des épées et des poignards
d’Italie et de Grèce (certaines pouvaient appartenir à des membres d’équipage ou
à des passagers), dont un incrusté d’ivoire et d’ébène ; on a même trouvé un
sceptre-massue en pierre des Balkans. Il y avait aussi des bijoux en or, des
boucles d’oreilles, un calice ; deux petites boîtes en ivoire en forme de canard
destinées à contenir des cosmétiques ; parmi la vaisselle, des bols en cuivre, en
bronze et en étain ; vingt-quatre ancres en pierre ; quatorze dents d’hippopotame
et une défense d’éléphant. Une statuette en bronze de quinze centimètres
représentant une divinité cananéenne recouverte d’or par endroits – ce pourrait
être la déesse protectrice du navire… une mission qu’elle n’a pas bien remplie5.
L’étain venait probablement du Badakhshan, une région d’Afghanistan, un des
rares endroits où on en trouvait au deuxième millénaire av. J.-C. Le lapis-lazuli
venait de la même région, ayant ainsi voyagé des milliers de kilomètres avant
d’intégrer la cargaison. De nombreux objets comme les sceaux cylindriques en
lapis-lazuli étaient minuscules et auraient pu être perdus au cours des fouilles, en
particulier quand on utilise de grands tuyaux aspirant pour enlever le sable
recouvrant les vestiges. Le fait que cela n’ait pas été le cas témoigne de
l’habileté des archéologues sous-marins fouillant l’épave, d’abord sous la
direction de Bass puis sous celle de Cemal Pulak, le successeur choisi par lui.
L’un des objets les plus petits trouvés à bord est aussi l’un des plus
importants : un scarabée égyptien en or massif. Aussi rare soit un tel objet, celui-
ci est encore plus inhabituel à cause du hiéroglyphe qu’il porte : le nom de
Néfertiti, épouse du pharaon hérétique Akhenaton. Son nom est inscrit de la
manière suivante : « Nefer-neferu-aten » ; une formule que Néfertiti n’a utilisée
que pendant les cinq premières années de son règne, alors que son mari était
totalement occupé à son œuvre hérétique de bannissement de toutes les divinités
égyptiennes à l’exception d’Aton, le disque du soleil que lui – et lui seul –
pouvait prier directement6. Ce scarabée a aidé les archéologues à dater le navire ;
il ne pouvait pas avoir été fabriqué – et du même coup, le navire ne pouvait avoir
pris la mer – avant que Néfertiti ne soit au pouvoir, vers 1350 av. J.-C.
Les archéologues ont fait appel à trois autres techniques pour dater le
naufrage. La datation par le carbone 14 a porté sur les branchages disposés sur le
pont du navire. Les poutres de la coque ont été analysées par dendrochronologie
(comptage des anneaux de croissance des arbres). Enfin, on a pu analyser les
céramiques minoennes et mycéniennes trouvées à bord : selon les spécialistes,
elles dateraient de la fin du XIVe siècle av. J.-C. Ces quatre méthodes de datation
convergent pour fournir la date approximative du naufrage : 1300 av. J.-C., c’est-
à-dire au tout début du XIIIe siècle av. J.-C. (à quelques années près)7.
Des fragments d’une petite tablette en bois, originellement incrustée d’ivoire,
ont été trouvés sur le bateau, préservés dans une amphore dans laquelle ils ont pu
flotter alors que le navire sombrait. Rappelant la « tablette portant des signes
funestes » dont parle Homère (l’Iliade, 6. 178), elle est plus vieille de cinq cents
ans que celles, semblables, trouvées à Nimrud en Irak. Sur cette tablette, pourrait
avoir figuré l’itinéraire du navire ou, peut-être, son identité. Mais la cire sur
laquelle on avait écrit des deux côtés a disparu depuis longtemps, ne laissant
aucun signe interprétable8. On ne sait donc toujours pas si la cargaison était un
cadeau royal, du roi d’Égypte ou de celui de Mycènes, ou si elle appartenait à un
négociant, échangeant des marchandises dans les grands ports méditerranéens.
L’hypothèse a aussi été faite qu’il pourrait s’agir d’achats faits au cours d’un
long voyage commercial, car les matières premières trouvées à bord
correspondent à ce dont avaient besoin les artisans et les ouvriers des palais
mycéniens comme celui de Pylos, pour fabriquer des biens très demandés,
comme les parfums et les huiles, ou des bijoux comme les colliers en perles de
verre.
Il est possible que l’on ignore à tout jamais qui a envoyé ce bateau, où il allait
et pour quelle raison, mais il est évident qu’il contenait, comme un microcosme,
tout ce qui constituait le commerce international ayant cours en Méditerranée
orientale et dans le monde grec, au début du XIIIe siècle av. J.-C. Non seulement
les marchandises provenaient d’au moins sept régions différentes, mais – à en
juger par les objets personnels trouvés dans l’épave – il y avait au moins deux
Mycéniens à bord de ce bateau qui semble être cananéen. De toute évidence, ce
navire ne fait pas partie d’un monde constitué de civilisations, de royaumes ou
de fiefs isolés, mais bien plutôt d’un monde interconnecté grâce au commerce,
aux migrations, à la diplomatie et, hélas, à la guerre : le premier véritable âge
global.

Sinaranu d’Ougarit
Environ quarante ans après ce naufrage, un texte fait état d’un navire
semblable, envoyé par un marchand du nom de Sinaranu depuis Ougarit, dans le
nord de la Syrie, jusqu’en Crète. Il s’agit d’un texte officiel écrit en akkadien, en
caractères cunéiformes sur une tablette d’argile, qui déclare que lorsque le
bateau appartenant à Sinaranu reviendrait de Crète, il ne serait pas redevable de
taxes royales. La partie du texte de Sinaranu, telle qu’on le connaît, se lit ainsi :
« À dater d’aujourd’hui, Ammistamru, fils de Niqmepa, roi d’Ougarit, exempte
Sinaranu, fils de Siginu… Il ne remettra pas au palais son [grain], sa bière, son
huile [d’olive]. Son bateau en provenance sera exempté quand il arrivera de
Crète9. »
Nous savons grâce à d’autres sources que Sinaranu était un riche marchand
(tamkār en akkadien) d’Ougarit qui a vécu et est devenu riche sous le règne
d’Ammistamru II, roi d’Ougarit. Sinaranu semble avoir organisé un voyage aller
et retour vers 1250 av. J.-C., les travaux les plus récents montrant
qu’Ammistamru II a régné entre 1260 et 1235 av. J.-C. Nous ignorons quelle
cargaison le navire rapportait de Crète, même si elle comprenait probablement
des céréales, de la bière et de l’huile d’olive. Mais on a là la confirmation de
connexions commerciales directes entre le nord de la Syrie et la Crète au milieu
XIIIe siècle av. J.-C. Nous connaissons ainsi le nom d’un marchand directement
impliqué dans des transactions économiques et commerciales datant de plus de
trois mille deux cents ans. Le navire d’Ulu Burun et celui de Sinaranu ne
devaient pas être très différents, ni dans leur construction ni dans leur cargaison.
Nous savons aussi que Sinaranu n’était pas le seul à envoyer et réceptionner
navires et cargaisons à cette époque ni à être exempté de taxes par le palais.
Ammistamru II donna des ordres semblables concernant d’autres entrepreneurs
dont les navires partaient en Égypte, en Anatolie ou ailleurs : « À dater
d’aujourd’hui, Ammistamru, fils de Niqmepa, roi d’Ugarit… [texte manquant]…
Bin-yassuba et Bin- ?… et ses enfants pour toujours, de retour de voyages
d’Égypte et de Hatti et du pays-Z [?] sont dispensés de faire rapport au palais et
aux contremaîtres du palais10. »
La bataille de Qadesh et ses suites
Au moment où Sinaranu et d’autres marchands s’activent, Ougarit est un
royaume vassal des Hittites d’Anatolie. C’était le cas depuis le règne de
Suppiluliuma Ier au milieu du XIVe siècle av. J.-C., depuis qu’un traité avait été
passé qui détaillait les obligations du vassal des Hittites11. Le contrôle hittite
s’était étendu vers le sud jusque sur le territoire de Qadesh, plus loin dans le sud
de la Syrie, mais jamais au-delà, les Égyptiens bloquant toute tentative
d’expansion supplémentaire. Une grande bataille entre Hittites et Égyptiens eut
lieu sur le site de Qadesh en 1274 av. J.-C., quinze à vingt ans avant que
Sinaranu n’envoie son navire en Crète. Elle est considérée comme l’une des
grandes batailles de l’Antiquité, et l’un des premiers exemples venus de l’ancien
monde d’une opération de désinformation visant à induire l’ennemi en erreur.
La bataille de Qadesh opposa Muwattalli II de Hatti, qui voulait étendre son
empire plus loin dans le sud en Canaan, et Ramsès II d’Égypte, déterminé à
maintenir la frontière à Qadesh, comme c’était le cas depuis des décennies.
Même si l’on ignore la version hittite de cette histoire, on connaît en détail la
version égyptienne rapportée de deux manières différentes dans cinq temples
égyptiens : le Ramesséum (le temple mortuaire de Ramsès II proche de la vallée
des Rois) et les temples de Karnak, Louxor, Abydos et Abou Simbel. La version
la plus courte, associée à un bas-relief représentant la bataille, est connue sous le
nom de « Rapport » ou « Bulletin ». La version la plus longue est appelée
« Poème » ou « Légende des bas-reliefs »12.
Nous savons que la lutte a été particulièrement cruelle et que la victoire aurait
pu, selon les moments, être remportée par l’une ou l’autre partie. Nous savons
aussi qu’elle s’est terminée par une impasse et que le conflit entre les deux
puissances a finalement été réglé par la signature d’un traité de paix13.
La partie la plus dramatique de l’engagement eut lieu quand les Hittites
envoyèrent deux hommes – des Bédouins Shasou, comme le rapporte le récit
égyptien – espionner les forces égyptiennes mais qui, de manière délibérée, se
laissèrent capturer presque immédiatement par les Égyptiens. Sans doute sous la
torture, les deux espions livrèrent de fausses informations – c’est probablement
l’un des premiers cas connus dans l’histoire humaine – selon lesquelles les
forces hittites n’étaient pas encore arrivées au voisinage de Qadesh, mais
stationnaient encore dans la région d’Amurru dans le nord de la Syrie. Après
avoir entendu cette information, et sans prendre la peine de se la faire confirmer
de manière indépendante, Ramsès II se précipita pour atteindre Qadesh avant les
Hittites, avec la première de ses quatre divisions, la division Amon14.
En fait, les Hittites étaient déjà à Qadesh où ils avaient concentré leurs troupes
en un bloc compact juste au nord-est de la ville, à l’ombre des murailles, et à
l’abri des regards des troupes égyptiennes qui venaient du sud. Comme le
principal régiment égyptien dressait son camp au nord de la ville, les hommes de
Ramsès capturèrent deux autres espions hittites et apprirent cette fois la vérité,
mais il était trop tard. Les forces hittites firent le tour de la ville dans le sens des
aiguilles d’une montre et chargèrent par surprise directement la seconde division
égyptienne, celle de Râ, qui fut presque totalement annihilée. Les survivants
s’enfuirent vers le nord, poursuivis par toute l’armée hittite, et ne s’arrêtèrent
qu’après avoir rejoint Ramsès et les hommes de la division Amon15.
Le sort de la bataille était incertain. On dit qu’à un moment l’armée
égyptienne était au bord de la défaite et Ramsès menacé d’être tué, mais qu’il
aurait, seul, sauvé ses hommes et lui-même. L’inscription portée sur les murs du
temple égyptien rapporte :
Il se lance au galop et pénètre au milieu des ennemis venus du Hatti. Il est complètement seul,
personne d’autre n’est avec lui… Il découvre que deux mille cinq cents chars l’encerclent,
barrant le chemin vers l’extérieur, des chars montés par les guerriers de ce vil ennemi venu du
Hatti et ceux de nombreuses contrées qui sont avec lui.

Le récit passe alors à la première personne, raconté par le pharaon lui-même :


Je t’appelle, ô mon père Amon. Je suis au milieu d’ennemis innombrables que je ne connais
pas… Je m’aperçois qu’Amon vient à mon appel ; il me donne sa main et je suis joyeux… Tout
ce que j’entreprends se réalise… Je lance des flèches de la main droite, j’empoigne de la
gauche… Soudain je m’aperçois que les deux mille cinq cents chars, au milieu desquels j’étais,
gisent, renversés, devant mes chevaux. Aucun parmi eux n’a trouvé d’aide pour combattre…
À cause de moi, ils plongent dans l’eau comme plongent les crocodiles ; ils tombent sur leurs
visages, l’un sur l’autre, et je tue, parmi eux, qui je veux16.

Même si le récit de cette prouesse accomplie par un homme seul est


certainement exagéré, le pharaon ayant évidemment reçu de l’aide, les chiffres
évoqués ne doivent pas être loin de la vérité car d’autres inscriptions parlent
d’une force hittite composée de 3 500 chars, 37 000 hommes d’infanterie,
47 000 hommes au total17. Malgré les exagérations évidentes,
vraisemblablement, d’après les images et le résultat de la bataille, Ramsès II et
les deux premières divisions égyptiennes durent tenir le choc jusqu’à ce que les
deux autres divisions rattrapent les Hittites et les mettent en déroute18.
La bataille prit fin sans vainqueur et la frontière entre les deux empires resta à
Qadesh et ne fut plus remise en question. Quinze ans plus tard, en
novembre/décembre 1259 av. J.-C., à peu près au moment où Sinaranu envoya
un navire d’Ougarit en Crète, un traité de paix – l’un des mieux conservés et des
mieux connus de l’ancien monde – fut signé entre Ramsès II et le nouveau roi
hittite, Hattusili III, Muwattalli II étant mort seulement deux ans après la
bataille. Connu sous le nom de « traité d’argent », il existe en plusieurs copies,
même s’il y a eu deux versions originales, l’une établie par les Hittites et l’autre
par les Égyptiens. La version hittite, en akkadien, gravée sur une solide tablette
d’argent, fut envoyée en Égypte, traduite en égyptien et recopiée sur les murs du
Ramesséum et sur le temple d’Amon à Karnak. De même, la version égyptienne
fut traduite en akkadien, gravée sur une tablette en argent, puis envoyée à
Hattusa où les archéologues la retrouvèrent, il y a quelques décennies19. La
version hittite inscrite sur les murs des temples égyptiens commence ainsi :
Puis vinrent les [trois envoyés royaux d’Égypte…] en compagnie du premier et du second
envoyé du Hatti, Tili-Teshub, et Ramose, et l’envoyé du Carchemish, Yapusili, portant la tablette
d’argent que le Grand Roi de Hatti, Hattusili, a demandé que l’on remette à Pharaon, des mains
de son envoyé Tili-Teshub et de son envoyé Ramose, pour demander la paix à sa majesté le Roi
de la Haute et de la Basse-Égypte, Usimare Setepenre, fils de roi, Ramsès II20.

Treize ans plus tard, après une visite personnelle de Hattusili en Égypte,
Ramsès II épousa l’une de ses filles, un mariage royal destiné à cimenter leur
traité et leurs relations21 :
Alors, le grand roi du Hatti permit que soit emmenée sa fille aînée précédée de nombreux tributs
[comprenant] or, argent, bronze en grande quantité, serviteurs, chevaux, dont le nombre était sans
limite, bétail, chèvres, béliers innombrables – tributs apportés au roi de Haute et Basse-Égypte,
Usimare Setenpere, fils de Rê, Ramsès-aimé-de-Amon, doué de vie. On vint dire à Sa majesté,
pour lui réjouir le cœur : « Vois, le grand roi du Hatti a permis que soit amenée sa fille aînée, en
même temps que les tributs nombreux et toutes sortes de produits… la princesse et les hauts
dignitaires du pays du Hatti les apportent22. »

Il était sans doute préférable que les Hittites et les Égyptiens fassent la paix et
cessent de se combattre, car ils avaient besoin de prêter attention à deux autres
événements qui pourraient bien être advenus vers 1250 av. J.-C. Même si ces
deux événements sont légendaires, et s’il reste à prouver qu’ils ont vraiment eu
lieu, ils résonnent jusqu’à aujourd’hui : il s’agit de la guerre de Troie en
Anatolie, avec laquelle les Hittites ont dû composer, et de l’exode des Hébreux,
auquel les Égyptiens ont été confrontés. Avant d’en débattre, dressons la scène.
La guerre de Troie
À peu près au moment de la bataille de Qadesh, les Hittites se mobilisaient sur
un second front, dans l’ouest de l’Anatolie, pour contenir leurs sujets rebelles
soutenus, semble-t-il, par les Mycéniens23. Il pourrait bien s’agir des actions
délibérées d’un gouvernement pour tenter d’en déstabiliser un autre (que l’on
songe au soutien apporté par l’Iran au Hezbollah libanais, trois mille deux cents
ans après la bataille de Qadesh).
Nous apprenons d’abord, par des textes conservés dans les archives d’État de
la capitale hittite Hattusa, que sous le règne du roi hittite Muwattalli II, dans la
première moitié du XIIIe siècle av. J.-C., un renégat, Piyamaradu, tentait de
déstabiliser la région de Milet, dans l’ouest de l’Anatolie. Il avait auparavant
vaincu le roi Manapa-Tarhunta, un vassal des Hittites dans la même région.
Piyamaradu était sans doute au service des Ahhiyawans (les Mycéniens de l’âge
du bronze), ou tout au moins leur allié24.
Les menées subversives de Piyamaradu continuèrent sous le règne du nouveau
roi hittite, Hattusili III, au milieu du XIIIe siècle av. J.-C., comme nous l’indique
la correspondance connue des chercheurs sous le nom de « lettre Tawagalawa ».
Le roi hittite écrivait au roi d’Ahhiyawa, dont on ignore le nom mais auquel il
s’adresse en donnant du « Grand Roi » et « frère », ce qui implique qu’il était
son égal. Nous avons déjà vu que des termes semblables étaient employés un
siècle plus tôt par les pharaons égyptiens Aménophis III et Akhenaton dans leur
correspondance avec les rois de Babylone, de Mitanni et d’Assyrie. Ce texte
nous éclaire sur la situation du monde grec et les affaires proche-orientales de
l’époque25.
La lettre Tawagalawa traite des activités de Piyamaradu, qui continuait ses
raids en territoire hittite dans l’ouest de l’Anatolie, et qui, apprend-on, venait
juste de se rendre en bateau sur le territoire mycénien – probablement sur une île
de la côte ouest de l’Anatolie – où il avait trouvé asile26. Ce qui était à l’origine
la troisième page/tablette de la lettre (les deux premières étant manquantes) nous
présente aussi Tawagalawa lui-même comme le frère du roi d’Ahhiyawa, qui
était alors présent dans l’ouest de l’Anatolie pour recruter des personnes hostiles
aux Hittites. Curieusement, ce texte montre que les relations entre Hittites et
Mycéniens avaient pu être bonnes par le passé ; on y lit que Tawagalawa avait
autrefois conduit (« monté le char ») en compagnie du conducteur de char
personnel du roi hittite lui-même27.
La lettre fait également référence à un conflit entre Mycéniens et Hittites au
sujet d’une région appelée Wilusa, dans le nord-ouest de l’Anatolie. Cet endroit
nous ramène à la rébellion assuwa, deux siècles plus tôt, car il semble que
Hittites et Mycéniens se soient à nouveau opposés au sujet de ce territoire que la
plupart des chercheurs identifient désormais à Troie et/ou à la région troyenne.
La date de la lettre, le milieu du XIIIe siècle av. J.-C., autorise à se demander s’il
n’y a pas là un lien avec les légendes grecques ultérieures sur la guerre de
Troie28.

On connaît le récit de la guerre de Troie que l’on doit au poète grec aveugle
Homère, au VIIIe siècle av. J.-C., auquel il faut ajouter ce que l’on appelle le
cycle épique (fragments de poèmes épiques supplémentaires perdus) et des
pièces de théâtre grecques plus tardives. Depuis le nord-ouest de l’Anatolie, en
mission diplomatique auprès de Ménélas, roi de Sparte, Pâris, fils du roi Priam
de Troie, avait fait cap sur la Grèce continentale. Une fois sur place, il était
tombé amoureux d’Hélène, la superbe femme de Ménélas. Pâris revint chez lui
accompagné d’Hélène – consentante, à en croire les Troyens, contrainte selon les
Grecs. Fou de rage, Ménélas persuada son frère Agamemnon, roi de Mycènes et
chef des Grecs, d’envoyer une armada d’un millier de bateaux et cinquante mille
hommes contre Troie pour ramener Hélène. Finalement, les Grecs sortirent
victorieux d’une guerre qui dura dix ans. Troie fut mise à sac, la plupart de ses
habitants tués, et Hélène rentra à Sparte avec Ménélas.
De nombreuses questions restent naturellement sans réponse. La guerre de
Troie a-t-elle vraiment eu lieu ? La ville de Troie a-t-elle elle-même existé ?
Qu’y a-t-il de vrai dans l’histoire d’Homère ? La beauté d’Hélène était-elle
stupéfiante au point de justifier de « lancer mille navires » ? La guerre de Troie
fut-elle vraiment provoquée par l’amour d’un homme pour une femme… ou
n’était-ce que le prétexte d’une guerre qui avait d’autres motifs – peut-être le
territoire, le pouvoir ou la gloire ? Les anciens Grecs eux-mêmes n’étaient pas
certains que la guerre de Troie ait vraiment eu lieu – quant à sa date, il existe au
moins treize hypothèses différentes si l’on suit les auteurs de la Grèce antique29.
Au milieu du XIXe siècle, quand Heinrich Schliemann cherchait le site de
Troie, la plupart des chercheurs contemporains pensaient que cette guerre de
Troie n’était qu’une légende et que même la ville n’avait jamais existé.
Schliemann entreprit de leur donner tort. Et, à la surprise générale, il y parvint.
L’histoire a été racontée mille fois et je ne la répéterai pas en détail ici30. Il suffit
de rappeler qu’il a trouvé neuf villes, superposées les unes sur les autres, sur le
site de Hisarlık (Hisarlık en turc), qui fait maintenant consensus chez la majorité
des chercheurs en tant que site de l’ancienne Troie, sans que l’on puisse pour
autant déterminer laquelle des neuf était la Troie de Priam. Depuis les premières
fouilles menées par Schliemann, plusieurs autres chantiers ont été menés à Troie,
en particulier ceux ouverts par son architecte Wilhelm Dörpfeld ; par Carl
Blegen et l’université du Cincinnati dans les années 1930 ; et, finalement, par
Manfred Korfmann et, plus récemment, Ernst Pernicka et l’université de
Tübingen, des années 1980 à nos jours.
La destruction de la sixième cité – Troie VI – reste un sujet de débats. D’abord
datée vers 1250 av. J.-C., on pense désormais qu’elle a eu lieu un peu plus tôt,
vers 1300 av. J.-C.31. C’était une ville opulente, où l’on a trouvé des objets
importés de Mésopotamie, d’Égypte et de Chypre, mais aussi de Grèce
mycénienne. C’était aussi une ville de la « périphérie contestée » – c’est-à-dire
située à la périphérie à la fois du monde mycénien et de l’Empire hittite ; elle
était ainsi prise entre deux feux, entre deux des grandes puissances de l’ancienne
Méditerranée de l’âge du bronze.
Dörpfeld pensait que les Mycéniens s’étaient emparés de la ville (Troie VI)
avant de l’incendier en totalité, et que le récit épique d’Homère avait pris cet
événement comme point de départ. Blegen, qui a fouillé le site plusieurs dizaines
d’année plus tard, n’était pas d’accord et publia ce qu’il considérait comme la
preuve irréfutable d’une destruction d’origine non humaine, d’un tremblement
de terre. Il apporte des preuves positives, comme le fait que les murs ne se soient
pas effondrés sur eux-mêmes, et la manière dont les tours sont tombées, mais
aussi des preuves a contrario, car on n’a trouvé aucune flèche, aucune épée, rien
qui évoque une guerre32. En fait, on sait maintenant que Blegen a trouvé un site
endommagé comme de nombreux autres sites du monde grec, en particulier
Mycènes et Tirynthe sur le continent. On sait aussi que les tremblements de terre
n’ont pas tous eu lieu exactement à la même date à l’âge du bronze récent,
comme nous le verrons.
Blegen pensait également que la cité suivante, Troie VIIa, était une bien
meilleure candidate pour être la ville de Priam. Cette ville fut probablement
détruite vers 1180 av. J.-C., mais elle pourrait avoir été envahie par les Peuples
de la Mer et non par les Mycéniens, même si rien n’est sûr. Nous laisserons pour
le moment cette histoire en l’état, mais nous y reviendrons dans le prochain
chapitre, à propos d’événements survenus au XIIe siècle av. J.-C.
Contacts avec l’étranger et la Grèce continentale
au XIIIe siècle av. J.-C.
Il faut remarquer que c’est à cette époque, vers 1250 av. J.-C., que d’épais
murs de fortification, toujours visibles, furent érigés à Mycènes en Grèce
continentale. Ils étaient accompagnés d’autres projets – peut-être des mesures
défensives – comme ce tunnel souterrain menant à une source à laquelle les
habitants accédaient sans perdre la protection de la ville.
La célèbre Porte des Lions a été construite à l’entrée de la citadelle à la même
période. Elle faisait partie des nouvelles fortifications entourant la ville. Étaient-
elles destinées à la protéger ou avant tout des signes de puissance et de richesse ?
Les murs d’enceinte et la Porte des Lions sont faits d’énormes blocs de pierre –
si imposants qu’on parle aujourd’hui de « maçonnerie cyclopéenne », les
anciens Grecs pensant que seuls les légendaires Cyclopes dotés d’un œil unique
mais doués de force brute, avaient pu les déplacer.
Bizarrement, on trouve une architecture semblable, y compris les galeries
dotées de voûtes en encorbellement et des tunnels secrets menant à des systèmes
d’eau souterrains, non seulement sur plusieurs sites de palais mycéniens, comme
Mycènes et Tirynthe, mais aussi sur des lieux hittites datant quasiment de la
même période33. Les chercheurs discutent pour savoir dans quel sens les
influences se sont exercées, mais les similitudes architecturales suggèrent que les
deux régions étaient en contact et s’influençaient l’une l’autre.
La découverte de céramique mycénienne datant du XIIIe siècle av. J.-C., en
Méditerranée orientale et d’objets égyptiens, chypriotes ou cananéens importés
en Grèce au même moment prouve que les Mycéniens entretenaient alors
d’intenses relations commerciales avec l’Égypte, Chypre, et les autres
puissances de l’ancien Proche-Orient. Ils s’étaient, comme on l’a vu, substitués
aux Minoens pour contrôler ses routes commerciales en pleine expansion.
En réalité, les archéologues qui ont fouillé le site de Tirynthe, dans le
Péloponnèse, en Grèce continentale, ont récemment fait des découvertes qui
montrent de manière évidente qu’un groupe de Chypriotes vivait dans cette ville
à la fin du XIIIe siècle av. J.-C., ce qui conforte l’hypothèse, émise par d’autres
chercheurs, de relations commerciales particulières entre Tirynthe et Chypre à ce
moment-là. Les Chypriotes installés à Tyrinthe travaillaient dans la métallurgie,
la céramique ou la faïence. C’est aussi de cette époque que datent les signes
chyprio-minoens inscrits sur des ustensiles en argile – généralement utilisés pour
le transport du vin, de l’huile d’olive et d’autres marchandises – avant d’être
cuits au four. Même si la langue chyprio-minoenne n’est pas totalement
décryptée, il est évident que cette vaisselle était destinée au marché chypriote34.
Curieusement, les tablettes en linéaire B trouvées à Pylos et d’autres sites en
Grèce continentale ne mentionnent pas le commerce ou les contacts avec le
monde extérieur. Elles se contentent de le suggérer quand elles empruntent des
mots du Proche-Orient pour désigner les objets qui en provenaient. Cela
concerne ceux utilisés pour désigner le sésame, l’or, l’ivoire et le cumin – par
exemple, sa-sa-ma désigne le « sésame » en linéaire B, et vient de l’ougaritique
ššmn, de l’akkadien šammaššammu et du hurrian sumisumi35. On trouve aussi sur
ces tablettes des mots comme ku-pi-ri-jo qui semble signifier « chypriote ». Ce
terme utilisé pour décrire des épices mais aussi les opérations précises de
transformation de la laine, de l’huile, du miel, des vases ou des ingrédients pour
cosmétiques, apparaît au moins seize fois sur les tablettes trouvées à Cnossos. Le
mot est encore utilisé à Pylos comme un adjectif ethnique pour décrire des
personnes associées à la garde des moutons, au travail du bronze, ou à des biens
divers comme la laine, les vêtements et l’alun, ce qui pourrait signifier que des
Chypriotes vivaient à Pylos à la fin du XIIIe siècle av. J.-C.36. De la même
manière, un autre mot, a-ra-si-jo pourrait également faire référence à Chypre,
connu en Méditerranée orientale sous le nom d’Alashiya : a-la-ši-ia en akkadien,
`irs3 en égyptien, a-la-ši-ia en hittite et altyy en ougaritique37.
On trouve aussi une série de noms ethniques d’origine ouest-anatolienne dans
les textes en linéaire B de Pylos, pour désigner des ouvrières. Tous font référence
à des régions situées sur la côte ouest de l’Anatolie, y compris Milet,
Halicarnasse, Cnide, et Lydia (Asie). Selon certains chercheurs, ces femmes
auraient été capturées au cours de raids mycéniens sur la côte ouest-anatolienne
à proximité des îles du Dodécanèse38.
Plusieurs mots en linéaire B trouvés à Pylos et à Cnossos font l’objet de
débats ; d’après certains chercheurs, il pourrait s’agir de patronymes cananéens.
C’est le cas de Pe-ri-ta = « l’homme de Beyrouth » ; Tu-ri-jo = « le Tyrien
(l’homme de Tyre) » ; po-ni-ki-jo = « Phénicien (homme ou épice) ». On trouve
aussi A-ra-da-jo = « l’homme d’Arad (Arvad) », mais uniquement sur les
tablettes de Cnossos39. Certains noms semblent être d’origine égyptienne, mais
peuvent être arrivés en Grèce via Canaan ; c’est le cas de mi-sa-ra-jo
= « Égyptien » et a3-ku-pi-ti-jo = « habitant de Memphis » ou « Égyptien » ; le
terme mi-sa-ra-jo pourrait aussi venir d’une référence proche-orientale à
l’Égypte, car en ougaritique le nom de l’Égypte et de la ville de Memphis était
gHikupta. Curieusement, ce nom figure sur une tablette en linéaire B trouvée à
Cnossos, comme celui d’un individu qui avait la charge d’un troupeau de
quatre-vingts moutons sur un site crétois ; était-il connu comme
« l’Égyptien »40 ?
Tous ces noms d’emprunt et noms de personnes inscrits en linéaire B sur les
tablettes montrent sans ambiguïté que le monde grec était en contact avec
l’Égypte et le Proche-Orient à l’âge du bronze récent. Si aucun rapport ne
documente spécifiquement les échanges, ce n’est pas forcément surprenant, car
nous ne disposons que des archives de la dernière année : les tablettes prises
dans les destructions et calcinées accidentellement étaient normalement effacées
(par frottement sous l’eau) et réutilisées chaque année ou à convenance. Bien
plus, nous savons que les Mycéniens ne les utilisaient que pour rendre compte
des activités économiques des palais. Les « archives du ministère des Affaires
étrangères » ont peut-être été stockées ailleurs, comme les archives d’El-Amarna
en Égypte ou celles de Hattusa en Anatolie.

L’Exode et la conquête israélite


Nous avons donc de nombreuses données, même si elles ne permettent pas de
conclure, sur la guerre et la ville de Troie vers 1250 av. J.-C. Mais nous ne
pouvons pas en dire autant d’un autre événement qui aurait eu lieu à peu près à
la même période. Il s’agit de l’exode des Hébreux d’Égypte, dont on trouve le
récit dans la Bible hébraïque.
D’après la Bible, c’est sous le règne d’un pharaon dont on ignore le nom que
Moïse guida les Hébreux esclaves hors d’Égypte. Après avoir vécu comme un
peuple libre en Égypte pendant plusieurs siècles, ils auraient été réduits en
esclavage. Selon le livre de l’Exode, ils étaient dans ce pays depuis quatre cents
ans, après être arrivés au temps de Jacob, l’un des patriarches, sans doute au
XVIIe siècle av. J.-C. C’était donc à l’époque des Hyksos et ils seraient restés en
Égypte à l’apogée de l’âge du bronze récent, qui comprend la période Amarna.
En 1987, l’égyptologue français Alain Zivie découvrit la tombe d’un homme
appelé Aper-El, un nom sémite, qui fut le vizir (poste officiel le plus élevé) des
pharaons Aménophis III et Akhenaton au XIVe siècle av. J.-C.41.
Quoi qu’il en soit, si l’on suit le récit biblique, les Hébreux emmenés par
Moïse quittèrent l’Égypte à la hâte après que dix plaies envoyées par le dieu
d’Israël se furent abattues sur les Égyptiens, convainquant le pharaon qu’il
n’était pas de tout repos de garder cette minorité en esclavage. Il est dit que les
Israélites commencèrent un voyage de quarante ans qui les conduisit finalement
sur la terre de Canaan et leur donna la liberté. Au cours de cette errance, ils
auraient suivi, le jour, une colonne de fumée, la nuit, une colonne de feu, se
nourrissant de la manne tombée du ciel quand c’était nécessaire. C’est sur le
chemin de Canaan qu’ils reçurent les Dix Commandements sur le mont Sinaï et
construisirent l’Arche d’alliance pour les transporter.
Ce récit de l’Exode est devenu l’un des plus célèbres et des plus importants de
la Bible hébraïque, toujours célébré aujourd’hui au moment de la fête juive de
Pessah. Pourtant, c’est aussi l’un des événements les plus difficiles à confirmer,
soit par les textes anciens, soit par des découvertes archéologiques42.
Certains indices du récit biblique suggèrent que si l’Exode a bien eu lieu, ce
serait au milieu du XIIIe siècle av. J.-C., moment où les Hébreux étaient fatigués
de construire les « villes d’entrepôts » appelées Pithom et Ramsès pour le
pharaon (Exode, I, 11-14). Les fouilles archéologiques réalisées sur les sites de
ces anciennes villes montrent que leur construction a commencé vers 1290 av. J.-
C., sous Seti Ier – qui pourrait donc être « le pharaon qui ne connaissait pas
Joseph » –, et s’est poursuivie sous Ramsès II (vers 1250 av. J.-C.) qui pourrait
être le pharaon de l’Exode.
Ramsès II est bien connu des touristes qui se rendent aujourd’hui en Égypte et
des amateurs de littérature du XIXe siècle, car c’est sa statue du Ramesséum –
son temple mortuaire en Égypte, près de la vallée des Rois – qui inspira à Percy
Bysshe Shelley son fameux poème, Ozymandias :
J’ai rencontré un voyageur venu d’une terre antique
Qui m’a dit : Deux immenses jambes de pierre dépourvues de buste
Se dressent dans le désert. Près d’elles, sur le sable,
À moitié enfoui, gît un visage brisé dont le sourcil froncé,
La lèvre plissée et le sourire de froide autorité
Disent que son sculpteur sut lire les passions
Qui, gravées sur ces objets sans vie, survivent encore
À la main qui les imita et au cœur qui les nourrit.
Et sur le piédestal il y a ces mots :
« Mon nom est Ozymandias, Roi des Rois.
Contemplez mes œuvres, Ô Puissants, et désespérez ! »
À côté, rien ne demeure. Autour des ruines
De cette colossale épave, infinis et nus,
Les sables monotones et solitaires s’étendent au loin.
Le poème fut publié en 1818, cinq ans seulement avant que Jean-François
Champollion ne déchiffre les hiéroglyphes égyptiens. Shelley ne pouvait que
reprendre la traduction fautive du nom de trône de Ramsès II par l’ancien
historien grec, Diodorus Siculus : Ozymandias au lieu de User-maat-re Setep-en-
re43.
Malheureusement, l’identification de Ramsès II au pharaon de l’Exode – que
l’on trouve le plus souvent aussi bien dans les livres savants que dans les livres
populaires – est impossible si l’on reprend la chronologie de la Bible. D’après le
livre des Rois I (VI, 1), l’événement eut lieu 480 ans environ avant que Salomon
ne construise le temple de Jérusalem (vers 970 av. J.-C.), soit vers 1450 av. J.-C.
Mais cette date correspond à la fin du règne du pharaon Thoutmosis III, une
période où l’Égypte était l’une des grandes puissances dominant le Proche-
Orient. On l’a vu, Thoutmosis III tenait fermement le pays de Canaan, après la
bataille décisive de Megiddo en 1479 av. J.-C. Il est très peu probable qu’il ait
laissé les Israélites fuir l’Égypte pour cette région, ou que ses successeurs les
aient autorisés à errer pendant quarante ans avant de se fixer, alors que l’Égypte
continuait à contrôler fermement toute cette région, y compris après le règne de
Thoutmosis III. Rien, par ailleurs, ne traduit la présence des Hébreux/Israélites
dans le pays de Canaan aux XVe et XIVe siècles av. J.-C., ce qui serait le cas si
l’Exode avait bien eu lieu vers 1450 av. J.-C.
Aussi la plupart des archéologues laïques proposent-ils la date de 1250 av. J.-
C. pour l’Exode, ce qui ignore la chronologie biblique mais fait sens d’un point
de vue archéologique et historique. En effet, cette date tombe pendant le règne
de Ramsès II, le pharaon qui acheva la construction des villes citées dans la
Bible, Pithom et Ramsès. Cela correspond aussi approximativement à la date de
la destruction de plusieurs villes cananéennes par une force inconnue et accorde
aux Israélites quarante ans avant de rejoindre et de conquérir Canaan, comme la
Bible en fait le récit, et leur donne encore la possibilité d’arriver à temps pour
être mentionnés par le pharaon Merneptah dans sa « stèle d’Israël » – une
inscription qui date de 1207 av. J.-C., et constitue la première mention d’une
entité appelée Israël en dehors de la Bible44.
Cette inscription, dont j’ai déjà rapidement parlé, date de la cinquième année
du règne du pharaon Merneptah. Sir William Matthew Flinders Petrie l’a
découverte en février 1896 à l’intérieur de son temple mortuaire, près de la
vallée des Rois, face à la ville moderne de Louxor, de l’autre côté du Nil. Sur la
stèle, l’inscription de Merneptah affirme qu’il a conquis un peuple nommé
« Israël », dans la région de Canaan. On lit exactement :
Les chefs tombent en disant : Shalôm, pas un seul ne lève la tête parmi les Neuf Arcs.
Défait est le pays des Tjehenou [Tehenu].
Le Hatti est paisible.
Canaan est dépouillé de tout ce qu’il avait de mauvais.
Ascalon est emmenée,
Gezer est saisie,
Yenoam devient comme si elle n’avait jamais existé.
Israël est détruit, sa semence même n’est plus.
La Syrie [Hurru] est devenue une veuve de l’Égypte.
Tous les pays sont unis, ils sont en paix45.

Même si de nombreux sites fouillés par les archéologues pourraient être mis
en relation avec l’Exode, y compris Hazor en Israël et Tell el-Borg dans le nord
du Sinaï46, aujourd’hui encore objets de fouilles, rien ne peut actuellement
conforter l’historicité de l’Exode – tout n’est que suppositions.
De plus, que peut-on espérer trouver comme témoignage d’Israélites campant
dans le désert quarante ans durant, il y a plus de trois mille ans ? S’ils erraient, et
ne vivaient donc pas dans des structures permanentes, ils se sont probablement
abrités sous des tentes plantées dans le sol, comme les Bédouins aujourd’hui. En
conséquence, un archéologue qui rechercherait des traces de l’Exode n’a aucune
chance de trouver des vestiges de structures permanentes… les piquets de tente
ont disparu depuis longtemps.
De même, les nombreux efforts pour identifier les dix plaies qui se sont
abattues sur les Égyptiens – notamment les grenouilles, les sauterelles, les
furoncles, les taons, la grêle, l’eau changée en sang, et la mort des premiers-nés
égyptiens – ont été infructueux ou non convaincants ; ce n’est pourtant pas faute
d’avoir essayé47. On n’a pas non plus de preuve pour soutenir le récit biblique
des eaux de la mer Rouge qui s’ouvrent. Au total, malgré d’innombrables
tentatives (qui font souvent l’objet d’émissions sur les chaînes câblées) pour
proposer des hypothèses expliquant le phénomène décrit dans la Bible, comme
celle d’établir un lien avec l’éruption du volcan Santorin en mer Égée, aucune
preuve – archéologique, géologique ou autre – n’existe.
On pourrait aussi se demander ce qu’un archéologue pourrait bien trouver
pour prouver que la mer s’est ouverte : les restes détrempés des conducteurs de
chars de pharaon, avec leurs chevaux, leurs véhicules et leurs armes ? Jusqu’à
présent, rien n’a été trouvé en dépit de déclarations prétendant le contraire48. On
ne peut même pas entretenir l’illusion selon laquelle l’ouverture de la mer aurait
été causée par un tsunami (raz-de-marée) après l’éruption du Santorin en zone
grecque, car on sait maintenant, grâce aux analyses carbone 14 et à la datation
d’échantillons de glace, qu’il faut repousser ce cataclysme au moins à 1550 et
même plus probablement à 1628 av. J.-C., tandis que l’Exode date probablement
de 1250 ou, au plus tôt, de 1450 av. J.-C.49. Ainsi, au moins un siècle (de 1550 à
1450 av. J.-C.) et sans doute plutôt quatre (de 1628 à 1250 av. J.-C.) séparent les
deux événements ; toute explication du partage de la mer Rouge et des plaies
d’Égypte par cette éruption est donc totalement irrecevable.
Le livre de Josué raconte en détail la conquête des villes cananéennes par les
envahisseurs israélites. Si l’on se fie à ce récit, on pourrait espérer trouver des
preuves de destruction sur les sites de cette région, comme Megiddo, Hazor,
Bethel, Aï, etc., qui ont été fouillés. Il faut également garder en tête les récits
quelque peu contradictoires que l’on trouve dans le livre des Juges, qui donne
une version légèrement différente (plus longue et moins sanglante) de la
conquête, Israélites et Cananéens vivant côte à côte dans plusieurs villes. Le
problème, que nous avons examiné par ailleurs50, c’est que très peu de preuves
archéologiques corroborent le récit biblique de la destruction des villes
cananéennes à cette époque. On pense maintenant que les sites de Megiddo et de
Lachish ont été détruits plus d’un siècle plus tard, vers 1130 av. J.-C., comme
nous le verrons plus loin, et que d’autres – Jéricho, par exemple – ne montrent
aucun signe de destruction au cours du XIIIe siècle, ou même du XIIe siècle
av. J.-C.
Seule Hazor correspondrait : il est évident que les palais, l’acropole, datant de
l’âge du bronze récent, ont été incendiés et au moins une partie de la ville,
détruite, ce que démontrent la chute des poutres des charpentes et les amphores
retrouvées pleines de farine brûlée. Ces bâtiments – construits à l’époque de sa
grandeur, au XIVe siècle av. J.-C. ; son nom apparaît alors dans les lettres
égyptiennes d’El-Amarna – ont terriblement souffert au cours des destructions,
comme ce fut le cas de la porte de la ville, ravagée « au cours d’un “violent
incendie dévastateur” représenté par la masse de briques en terre cuite tombées
et des cendres de plus d’un mètre et demi de haut51 ». Les fouilles les plus
récentes, dans la partie haute de la ville, montrent la même chose : « épaisses
couches de cendres, poutres en bois brûlées, blocs de basalte pilés, briques en
terre vitrifiées, murs tombés, et statues en basalte mutilées52 ». Ainsi, les vestiges
des structures publiques et religieuses du Stratum 1A dans le centre des
cérémonies mais aussi ailleurs, à Hazor, ont été « totalement recouverts et cachés
par les débris issus de la destruction53 ».
La date de cette destruction fait débat, même si le premier archéologue qui a
fouillé le site, Yigael Yadin, et l’un de ceux qui le fouillent actuellement, Amnon
Ben-Tor, penchent tous deux pour 1230 av. J.-C., environ. Il est néanmoins
possible que la destruction ait eu lieu plus tard, et même au début du XIIe siècle
av. J.-C. Nous attendons toujours les résultats des tests au carbone 14 effectués
sur les jarres de stockage pleines de farine retrouvées au cours de l’été 2012,
pour avoir une réponse scientifique définitive.
L’identité des responsables de cette destruction reste également incertaine. Les
chercheurs qui fouillent le site ont marqué un point en expliquant qu’il ne
s’agissait ni des Égyptiens ni des Cananéens, car des statues appartenant à ces
deux cultures ont été défigurées au cours de la destruction, ce que des soldats de
ces deux armées n’auraient sans doute jamais fait. Les Peuples de la Mer ont
également été innocentés, du fait de l’absence de céramique permettant de les
identifier, et de la distance qui sépare la ville de la mer, même si ces arguments
sont moins convaincants. Globalement, Ben-Tor est d’accord avec Yigael Yadin
pour dire que les Israélites sont les agents les plus logiques de cette destruction,
alors que l’autre codirecteur des fouilles, Sharon Zuckerman constate qu’il y a
eu une période de déclin juste avant la destruction et fait l’hypothèse que celle-ci
pourrait être due à une révolte des habitants eux-mêmes, suivie d’un abandon de
la ville jusqu’au XIe siècle av. J.-C.54.
Pour résumer, même s’il est évident que Hazor a été détruite au XIIIe ou au
XIIe siècle av. J.-C., avant d’être abandonnée un siècle ou davantage, on ne sait
pas exactement quand et par qui. De même, on ignore si l’Exode est un
événement historique véridique ou pour l’essentiel un mythe et une légende – ce
qui intéresse beaucoup de gens à travers le monde. Retourner dans tous les sens
les éléments disponibles ne nous donnera pas de réponse définitive. Il se peut
qu’à l’avenir une découverte, à la suite de fouilles archéologiques pénibles ou
par pur accident permette enfin de répondre. Il se peut même que l’une des
différentes explications de l’histoire de l’Exode soit correcte. Parmi les histoires
alternatives, les Israélites pourraient avoir profité des ravages causés par les
Peuples de la Mer à Canaan pour s’y rendre et en prendre le contrôle ; il se
pourrait aussi que les Israélites aient appartenu au groupe plus large des
Cananéens, et aient déjà vécu sur cette terre ; ou qu’ils y avaient migré de
manière pacifique au cours des siècles passés. Si l’une de ces hypothèses est la
bonne, alors l’histoire de l’Exode a probablement été élaborée plusieurs siècles
plus tard, ce dont plusieurs chercheurs sont convaincus. Il faut aussi rester
attentif à d’éventuelles fraudes ; tant d’affirmations douteuses au sujet des
événements, des peuples, des lieux et des choses liés à l’Exode ont déjà été
faites. Nous serons évidemment encore confrontés à de nombreuses tentatives de
désinformation, intentionnelles ou non, à l’avenir55.
Pour l’instant, ce dont nous sommes sûrs, c’est que les preuves
archéologiques, sous forme de céramiques, d’architecture et d’autres aspects de
la vie matérielle, indiquent certainement la présence des Israélites, en tant que
groupe identifiable, à Canaan, à la fin du XIIIe siècle av. J.-C., et que c’est leur
culture, à côté de celle des Philistins et des Phéniciens, qui a émergé des cendres
de la destruction de la civilisation cananéenne au XIIe siècle av. J.-C. C’est l’une
des raisons pour lesquelles la question de l’Exode nous intéresse ici : les
Israélites font partie des groupes qui ont inventé un nouvel ordre mondial, à
partir du chaos de la fin de l’âge du bronze récent.

Hittites, Assyriens, Amurru et Ahhiyawa


Les derniers rois hittites – en particulier Tudhaliya IV (1237-1209 av. J.-C.) et
Suppiluliuma II (1207- ? av. J.-C.) – ont été très actifs au cours du dernier quart
du XIIIe siècle av. J.-C. ; vers 1237 av. J.-C., alors même que leur monde et leur
civilisation montraient les signes de leur fin prochaine. Tudhaliya ordonna que
l’on grave à environ un kilomètre de Hattusa, la capitale hittite, dans la roche
calcaire à Yazilikaya (le « rocher inscrit »), tout un panthéon de dieux et de
déesses aux côtés de sa propre représentation.
À cette époque, les Hittites étaient en guerre avec les Assyriens de
Mésopotamie. Nous avons déjà croisé ces derniers dans un précédent chapitre, à
propos d’Assur-uballit Ier, à la tête de l’Assyrie au temps des pharaons Amarna ;
ils avaient mis à sac Babylone après qu’un mariage et une alliance entre les deux
pays eurent mal tourné56. Après la brève période de mise en sommeil qui suivit le
règne d’Assur-uballit, les Assyriens étaient revenus au premier plan sous le
règne d’Adad-nirari Ier (1307-1275 av. J.-C.). Au début du XIIIe siècle, c’est sous
sa direction et celle de ses successeurs que les Assyriens s’imposèrent comme
l’une des grandes puissances du Proche-Orient.
Parmi ses faits d’armes, Adad-nirari Ier combattit les Mitanniens, s’emparant,
entre autres, de la ville de Washukanni. Il installa sur le trône un roi à sa solde et
étendit son empire suffisamment loin vers l’ouest pour partager des frontières
avec le pays hittite et approcher les rives de la Méditerranée. Cela avait peut-être
été plus simple qu’il y paraît, puisque, sous Suppiluliuma Ier, les Hittites avaient
déjà infligé une cruelle défaite aux Mitanniens, plusieurs décennies auparavant57.
Puis, après le règne de Shalmaneser Ier (1275-1245 av. J.-C.), qui poursuivit la
politique de Adad-nirari et pourrait avoir signé l’arrêt de mort du royaume
mitannien58, l’un des plus grands « rois guerriers » assyriens, Tukulti-Ninurta Ier,
qui régna de 1244 à 1208 av. J.-C., environ, fit son apparition sur la scène
mondiale. Il suivait les traces d’Adad-nirari, mais tentait peut-être aussi d’égaler
son prédécesseur, un siècle plus tôt, Assur-uballit, en attaquant Babylone. Mais
Tukulti-Ninurta Ier surpassait Assur-uballit : non seulement il vainquit au combat
le roi kassite babylonien, Kashtiliashu IV et le conduisit à Assur, enchaîné, mais
il s’empara aussi de son royaume vers 1225 av. J.-C., régnant lui-même avant
d’installer sur le trône un roi fantoche pour gouverner en son nom. Mais le
succès fut de courte durée, puisque ce dernier, Enlilnadin-shumi, fut
immédiatement attaqué et renversé par une armée élamite venue de ses territoires
de l’est, sur le plateau iranien, aujourd’hui situés dans le sud-ouest de l’Iran. Ce
ne sera pas la dernière fois, et nous rencontrerons bientôt à nouveau les
Élamites59.
En plus de ces autres succès, Tukulti-Ninurta Ier, le roi guerrier assyrien,
vainquit aussi les Hittites sous le règne de Tudhaliya IV, changeant ainsi
radicalement le rapport de forces dans l’ancien Proche-Orient. Certains ont
même émis l’hypothèse qu’il était devenu si puissant qu’il envoya une mine de
lapis-lazuli en cadeau au roi mycénien de la Thèbes béotienne en Grèce
continentale, traversant tout le monde grec60.
En conséquence, au moment des premières attaques des Peuples de la Mer en
Méditerranée proche-orientale, en 1207 av. J.-C., seulement un an après que
Tukulti-Ninurta eut été assassiné par l’un de ses fils, l’Assyrie était devenue,
pour près de deux siècles, l’un des acteurs les plus importants sur la scène
internationale proche-orientale. Depuis longtemps, le royaume entretenait des
liens politiques, commerciaux, familiaux et militaires avec les Égyptiens, les
Babyloniens, les Hittites et Mitanni. C’était, sans aucun doute, une des grandes
puissances de l’âge du bronze récent.
Sous le règne du roi assyrien Tukulti-Ninurta, les Hittites étaient clairement
confrontés à une grave menace contre leur empire et souhaitaient stopper tous
ceux qui tenteraient de se déplacer de la côte jusque sur le territoire assyrien à
l’est. Cette stratégie explique le traité passé entre Tudhaliya IV, roi des Hittites,
et Shaushgamuwa, son beau-frère, en 1225 av. J.-C. Shaushgamuwa était le roi
d’Amurru et contrôlait les régions côtières du nord de la Syrie qui étaient un
accès possible vers le pays assyrien. Dans le traité, on trouve la formule à
laquelle nous sommes désormais habitués : l’ennemi de mon ami est mon
ennemi ; l’ami de mon ami est mon ami. Ainsi, Tudhaliya IV – qui parle de lui-
même à la troisième personne (« Ma Majesté ») – déclare à Shaushgamuwa :
Si le roi d’Égypte est l’ami de Ma Majesté, il sera votre ami. Mais s’il est l’ennemi de Ma
Majesté, il sera votre ennemi. Et si le roi de Babylone est l’ami de Ma Majesté, il sera votre ami.
Mais s’il est l’ennemi de Ma Majesté, il sera votre ennemi. Étant donné que le roi d’Assyrie est
l’ennemi de Ma Majesté, il doit donc être votre ennemi. Vos marchands n’iront pas en Assyrie, et
vous n’autoriserez pas ses marchands à venir chez vous. Il ne traversera pas vos terres. Et s’il
vient sur vos terres, emparez-vous de lui et envoyez-le à Ma Majesté. [Que] cette affaire [fasse
l’objet] d’un serment [de votre part]61.

Ce traité contient deux éléments particulièrement intéressants pour notre étude


de l’ancien monde.
Le premier, c’est que Tudhaliya IV dit à Shaushgamuwa : « [Vous
n’autoriserez aucun ?] navire [d’]Ahhiyawa à aller chez lui [le roi d’Assyrie]62. »
De nombreux chercheurs ont vu là un embargo : celui que nous avons déjà
mentionné au chapitre précédent. Si tel est le cas, bien que l’embargo soit
souvent considéré comme une notion moderne, il semblerait que les Hittites en
aient mis un en place contre les Assyriens, il y a plus de trois mille ans63.
Le second est le fait que, quelques lignes avant, Tudhaliya IV écrit : « Et les
rois qui me sont égaux en rang sont le roi d’Égypte, le roi de Babylone, le roi
d’Assyrie, et le roi d’Ahhiyawa64. » La rature des mots « roi d’Ahhiyawa » n’est
pas ici une faute de typographie ; elle figure sur la tablette d’argile de
Tudhaliya IV. En bref, nous avons une esquisse du traité pouvant être modifiée
par suppressions ou ajouts. Plus important encore, cela nous indique que le roi
d’Ahhiyawa ne pouvait plus désormais être considéré comme de même rang que
les dirigeants des autres grandes puissances de l’âge du bronze récent : les rois
d’Égypte, de Babylone, d’Assyrie et hittite.
On peut se demander ce qui s’est passé dans le monde grec, ou sur la côte
ouest de l’Anatolie, pour en arriver là. L’événement devait être très récent, car
sous le règne d’Hattusili III, le père de Thudhaliya IV, les dirigeants hittites
faisaient référence au roi d’Ahhiyawa comme à un « grand roi », et comme à un
« frère ». Un indice pourrait être trouvé dans un texte ahhiyawa, connu sous le
nom de « lettre Milawata ». Datant probablement de l’époque de Tudhaliya IV,
cette lettre dit clairement que la ville de Milawata (Milet) et sa région sur la côte
ouest de l’Anatolie, où les Mycéniens avaient laissé leur empreinte, ne font plus
partie du royaume ahhiyawan mais sont désormais sous le contrôle des Hittites65.
Par conséquent, le roi d’Ahhiyawa n’était plus un grand roi aux yeux du roi
hittite. Il nous faut néanmoins considérer la possibilité que la « rétrogradation »
par le roi hittite du dirigeant mycénien ait résulté d’un événement d’une tout
autre importance, peut-être survenu dans le monde grec – c’est-à-dire en Grèce
continentale – comme nous le verrons dans le prochain chapitre.
L’invasion hittite de Chypre
Pendant ce temps-là, Tudhaliya IV décidait d’attaquer Chypre. L’île avait été
la principale pourvoyeuse de cuivre pendant tout le second millénaire av. J.-C.,
et il se peut que les Hittites aient décidé de prendre le contrôle du précieux
métal, indispensable à la fabrication du bronze. Nous ne sommes néanmoins pas
certain des motivations de cette attaque. Peut-être cela doit-il être aussi mis en
rapport avec l’apparition dans la région des Peuples de la Mer ou avec la
possible survenue d’une sécheresse en Méditerranée orientale, comme le
suggèrent plusieurs découvertes scientifiques mais aussi des textes anciens
connus depuis longtemps qui parlent d’envois de blé en urgence, depuis Ougarit,
dans le nord de la Syrie, jusqu’à la ville portuaire d’Oura, en Cilicie (sud-est de
la Turquie)66.
Une inscription, à l’origine gravée sur une statue de Tudhaliya, puis recopiée
sur une tablette à l’époque de son fils, Suppiluliuma II, rapporte : « Je me suis
emparé du roi d’Alashiya, de ses femmes, de ses enfants… Tous les biens, y
compris l’argent et l’or et toutes les personnes capturées, je les ai emmenés
jusqu’à chez moi à Hattusa. J’ai réduit en esclavage le pays d’Alashiya, et l’ai
obligé à payer un tribut sur-le-champ67. » Suppiluliuma II ne se contenta pas de
recopier l’inscription faite par son père ; pour faire bonne mesure, il partit à son
tour à la conquête de Chypre. L’inscription rapportant sa propre occupation
militaire raconte :
Moi, Suppiluliuma, Grand Roi, ai rapidement [pris] la mer. Les navires d’Alashiya m’ont livré
bataille par trois fois. Je les ai éliminés. J’ai capturé les navires et les ai incendiés en pleine mer.
Quand j’ai regagné la terre ferme une nouvelle fois, les ennemis venus du pays d’Alashiya sont à
nouveau venus à ma rencontre [pour la bataille] en masse. Je les ai [battus à nouveau]68.

Les attaques navales menées par Suppiluliuma furent incontestablement


victorieuses et il a peut-être réussi à envahir Chypre, mais on ignore pourquoi il
a à nouveau dû se battre et envahir l’île, alors que Tudhaliya IV l’avait fait avant
lui. Peut-être s’agissait-il de tenter de prendre (ou reprendre) le contrôle des
sources de cuivre ou des routes commerciales internationales, dans une période
très tumultueuse. On ne sait pas non plus où a eu lieu la bataille finale : selon les
chercheurs, à Chypre ou sur la côte anatolienne.
Au moment d’accéder au trône, après la mort de son père, Suppiluliuma II prit
le nom de son célèbre prédécesseur du XIVe siècle av. J.-C., Suppiluliuma Ier
(même si le nom du nouveau roi se prononçait de manière légèrement
différente : Suppiluliama et non pas Suppiluliuma). Peut-être souhaitait-il ainsi
imiter ses succès. Au lieu de cela, il présida à la chute de l’Empire hittite. Au
cours de ses opérations contre Chypre, il fit une nouvelle fois campagne avec
son armée dans l’ouest de l’Anatolie69. Dans un article récent, un chercheur
remarque que la plupart des documents datés du temps de Suppiluliuma II
« montrent une instabilité grandissante dans la capitale hittite, et un sentiment de
défiance de plus en plus important » ; peut-être serait-il plus juste de parler de
« malaise » pour décrire la situation, étant donné ce qui allait advenir70.

Les épaves des caps Iria et Gélidonya


En 1993 et 1994, une autre épave d’un ancien vaisseau dont on pense cette
fois, au regard de la céramique transportée, qu’il venait de Chypre, a été fouillée
par des archéologues spécialisés au large des côtes d’Argolide en Grèce
continentale, non loin du site de Mycènes. Connue sous le nom d’épave du cap
Iria, elle date approximativement de 1200 av. J.-C., et pourrait constituer la
preuve que le commerce entre Chypre et la Grèce mycénienne subsistait à cette
époque, malgré les incursions hittites dans l’île71.
À peu près au même moment, un autre navire coula également au large des
côtes anatoliennes, pas très loin de l’endroit où le navire d’Ulu Burun avait fait
naufrage un siècle plus tôt : l’épave du cap Gélidonya, appelée ainsi à cause de
l’endroit où elle repose, est située au large de la côte sud-ouest de l’actuelle
Turquie. Nous l’avons vu précédemment, c’est avec cette découverte que George
Bass lança sa carrière et le nouveau champ de l’archéologie sous-marine, dans
les années 1960. Bass avait conclu qu’il s’agissait d’un navire cananéen se
dirigeant vers le monde grec et que son naufrage avait eu lieu vers 1200 av. J.-
C.72.
Au fil des ans, Bass s’est rendu plusieurs fois sur le site pour explorer les
vestiges avec de nouveaux équipements dus aux progrès considérables faits par
l’exploration sous-marine pendant la seconde moitié du siècle dernier. Il a trouvé
de nouveaux objets qui confirment son idée de départ, selon laquelle le navire
venait probablement du Proche-Orient mais, curieusement, de nouvelles
découvertes tendent à montrer qu’il provenait de Chypre et non de Canaan,
comme le montrent les analyses de l’ancre et de céramiques trouvées à bord73.
Indépendamment de son origine exacte en Méditerranée orientale, le navire du
cap Gélidonya et sa cargaison sont d’une très grande importance, même si l’on
considère le plus souvent qu’ils ne sont pas aussi impressionnants que ceux de
l’épave d’Ulu Burun. Le navire, plus modeste, a souvent été décrit comme ayant
« caboté » d’un port à l’autre, échangeant des biens à petite échelle, et non
comme ayant relié un point à un autre pour assurer une mission diplomatique ou
commerciale directe74. Il n’en constitue pas moins une nouvelle preuve de
l’existence d’un commerce international à la fin du XIIIe siècle av. J.-C., une
époque où les événements tournent mal en Méditerranée orientale et dans le
monde grec.
Chapitre 4

Acte IV. La fin d’une époque : le XIIe siècle av. J.-


C.

Voilà enfin venu le moment que nous attendions depuis longtemps : celui du
dénouement de l’intrigue et du tragique début de la fin d’au moins trois siècles
d’une économie globalisée qui a été la marque de fabrique de l’âge du bronze
récent dans le monde grec et en Méditerranée orientale. Le XIIe siècle av. J.-C.,
comme on le constatera au cours de cet acte final, est davantage marqué par les
malheurs et les destructions que par les relations commerciales et
internationales, même si nous commençons sur une note positive.

La découverte d’Ougarit et de Minet el-Beida


On dit que la chance sourit à ceux qui y sont préparés, mais il peut aussi
arriver que ceux qui ne s’y attendent pas soient touchés par la grâce. La
découverte accidentelle d’un paysan ignorant tout de l’archéologie conduisit
ainsi à celle de la ville et du royaume d’Ougarit, sur la côte nord de la Syrie. En
1929, des archéologues français se rendirent dans la baie de Minet el-Beida, où
une tombe avait été mise au jour. Très vite, les fouilles dévoilèrent les ruines
d’une ville portuaire, désormais connue sous le nom de Minet el-Beida. Huit
cents mètres plus loin dans les terres, au mont Ras Shamra, on découvrit un peu
plus tard la capitale Ougarit1.
Ougarit et Minet el-Beida ont été fouillées sans interruption par les Français
depuis cette date, d’abord sous la direction de Claude Schaeffer, à partir de 1929,
et plus récemment, de 1979 à 1998, sous celle de Marguerite Yon. Depuis 1999,
une équipe franco-syrienne est à l’œuvre2. Tous ces travaux ont mis en évidence
les vestiges d’une ville et d’un port débordants d’activité, prospères, mais
soudainement détruits et abandonnés au début du XIIe siècle av. J.-C. Des objets
provenant de tout l’est de la Méditerranée et de sa partie grecque ont été
retrouvés dans les ruines ; ainsi, à Minet el-Beida, un entrepôt contenait encore
quatre-vingts amphores cananéennes. Malheureusement, elles ont été trouvées
dans les années 1930, une époque où l’on était incapable d’analyser leur contenu
de manière scientifique et rigoureuse3.
À l’intérieur des maisons privées et du palais royal d’Ougarit, de nombreuses
archives ont été mises au jour depuis les années 1950, documentant les activités
économiques de plusieurs marchands et celles de la famille royale. Tous ces
documents et ces lettres étaient écrits sur des tablettes en argile, comme le
voulait l’usage à l’âge du bronze, mais dans le cas présent les textes étaient écrits
dans diverses langues : parfois en akkadien, parfois en hittite, parfois en
égyptien, et parfois même dans des langues moins courantes, comme le hurrian.
Les chercheurs découvrirent également une autre langue qu’ils n’avaient
jamais vue auparavant. Celle-ci fut assez vite déchiffrée ; on la nomme
désormais l’ougaritique. Elle utilise les signes d’un des plus anciens alphabets
connus – dans ces textes, on trouve cependant deux écritures alphabétiques :
l’une qui comprend vingt-deux signes, comme le phénicien ; l’autre qui compte
huit signes supplémentaires4.
Ces textes en ougaritique, dont le corpus est désormais si important qu’une
véritable industrie artisanale s’est mise en place – les études ougaritiques –,
comprennent non seulement des archives et des correspondances de marchands
et du roi, mais aussi des exemples de littérature, de mythologie, d’histoire, de
religion et de tous les attributs d’une civilisation prospère et fière de sa
légitimité. Résultat : la ville d’Ougarit ressurgit de ses ruines et, grâce à ces
textes, on peut saisir la vie quotidienne et les croyances de ses habitants. Ainsi,
on sait qu’ils adoraient un panthéon de dieux, dans lequel El et Baal sont des
figures de premier plan. Nous savons aussi les noms de leurs rois –
Ammistamru Ier et Niqmaddu II – dont on a trouvé les lettres adressées à
Aménophis III et Akhenaton dans les archives d’El-Amarna en Égypte, ainsi que
le dernier – Ammurapi – qui régna pendant la première décennie du XIIe siècle
av. J.-C. Nous savons aussi que les rois d’Ougarit se mariaient avec des
princesses venues de l’État voisin d’Amurru ou du plus puissant royaume des
Hittites, ces mariages dynastiques s’accompagnant de dots dignes d’un roi, au
sens littéral, même si au moins l’un de ces mariages se termina par un divorce
pénible qui eut des prolongements judiciaires des années durant5.
Les relations économiques et commerciales d’Ougarit
et de ses marchands
Pendant toute l’existence de la ville, les citoyens et les rois d’Ougarit
développèrent des relations commerciales. Ougarit jouait sans doute possible le
rôle d’un entrepôt international, des navires de nombreuses nations mouillant
dans le port de Minet el-Beida. Le royaume pourrait avoir prêté allégeance à
l’Égypte pendant la première moitié du XIVe siècle av. J.-C. mais, finalement,
dans la seconde moitié de ce siècle – après que Suppiluliuma eut conquis la
région, aux alentours de 1350-1340 av. J.-C. jusqu’à sa disparition –, il était
devenu un vassal des Hittites. Des textes trouvés dans différentes archives sur ce
site, dont la plupart datent du dernier demi-siècle de son existence, font état de
relations avec de nombreux États, grands et petits, y compris l’Égypte, Chypre,
l’Assyrie, les Hittites, Karkemish, Tyr, Beyrouth, Amurru et Mari. Récemment,
on a pu ajouter le monde grec à cette liste6.
Les tablettes mentionnent également l’exportation de biens périssables,
comme de la laine teinte, des vêtements de lin, de l’huile, du plomb, du cuivre et
des objets en bronze, à destination, en particulier, de l’Assyrie, située loin vers
l’est en Mésopotamie, mais aussi de Beyrouth, Tyr et Sidon sur la côte
phénicienne7. Des objets provenant du monde grec, d’Égypte, de Chypre et de
Mésopotamie ont été trouvés à Ougarit même, en particulier de la vaisselle
mycénienne, une épée en bronze sur laquelle était inscrit le nom du pharaon
égyptien Merneptah, des centaines de fragments d’amphores en albâtre et
d’autres produits de luxe8. Ces biens, et d’autres plus ordinaires, comme du vin,
de l’huile d’olive et de la farine, arrivaient à Ougarit grâce à des marchands
comme Sinaranu, que nous avons déjà croisé dans ce livre, dont le bateau faisait
des allers et retours en Crète au milieu du XIVe siècle av. J.-C. Nous savons que
les Ougaritiens étaient suffisamment riches pour payer aux Hittites leur tribut
annuel : cinq cents shekels d’or, de la laine teinte et des vêtements, ainsi que des
coupes en or et en argent destinées au roi hittite, à la reine et aux hauts
dignitaires9.
Nous connaissons désormais d’autres marchands d’Ougarit qui ont été actifs
plus tard – au moment de la destruction de la ville au début du XIIe siècle –,
grâce à des tablettes supplémentaires, pour la plupart découvertes dans leurs
maisons au cours des dernières décennies, et dont certaines ont bouleversé notre
compréhension des derniers jours de cette ville10. Une de ces maisons, située
près de la partie sud du palais, a reçu le nom de « maison de Yabninu ». Elle n’a
pas encore été totalement fouillée, mais on sait déjà qu’elle couvrait au moins
mille mètres carrés : Yabninu a dû être un négociant prospère. Les quelque
soixante tablettes qui ont été trouvées dans les vestiges de sa maison devaient
d’abord avoir été conservées au premier étage ; elles comprennent des
documents écrits en akkadien, en ougaritique, mais aussi dans une langue que
l’on ne sait pas encore déchiffrer, le chyprio-minoen, surtout en usage à Chypre,
bien qu’on en ait aussi trouvé trace sur de la vaisselle à Tirynthe en Grèce
continentale. Les textes écrits sur les tablettes, de même que les objets trouvés
dans la maison, documentent l’activité marchande de Yabninu, entre autres ses
relations avec Chypre, la côte levantine plus loin vers le sud, l’Égypte et le
monde grec11.
Un autre ensemble de tablettes a été trouvé dans la maison dite de Rapanu,
fouillée en 1956 et 1958. Plus de deux cents d’entre elles ont déjà été étudiées et
les résultats, publiés une décennie plus tard, en 1968. Rapanu était un scribe et
un conseiller de haut rang du roi d’Ougarit, sans doute Ammistamru II (vers
1260-1235 av. J.-C.). Rapanu semble avoir été impliqué dans des négociations
délicates au plus haut niveau. Dans les archives, on trouve un certain nombre de
lettres échangées entre les rois d’Ougarit et de Chypre (Alashiya), écrites au
moment où les Peuples de la Mer menaçaient les deux pays. On trouve aussi des
lettres échangées avec le roi du Karkemish voisin et avec le pharaon de la plus
lointaine Égypte ; ces dernières font état d’incidents sur la côte levantine
impliquant les Cananéens12.
L’une des lettres traite du commerce de l’huile entre Ougarit et Chypre. Elle a
été envoyée par l’avant-dernier roi d’Ougarit, Niqmaddu III, au roi d’Alashiya,
qu’il appelle « père », se présentant comme « votre fils »13. À moins que le roi
d’Ougarit n’ait épousé une princesse chypriote, ce qui n’est pas exclu, il semble
que l’usage du mot « père » s’inscrive dans la terminologie employée à cette
époque pour tenter de créer une relation de type familial, tout en reconnaissant la
supériorité ou l’âge plus avancé du roi de Chypre. Nous avons déjà parlé d’une
autre lettre de cette maison : trouvée, selon Schaeffer, dans un four où elle cuisait
avant d’être envoyée au roi de Chypre, elle raconte l’arrivée de navires ennemis
à Ougarit. Nous y reviendrons plus loin.
Certaines des tablettes les plus récemment découvertes l’ont été dans la
maison dite d’Urtenu, accidentellement mise au jour dans la partie sud du site
pendant la construction d’un abri militaire en 1973. Les archéologues furent
autorisés à fouiller l’énorme tas qui résultait des travaux de terrassement qui
avaient incidemment détruit le centre de la maison, et trouvèrent des tablettes,
dont les contenus ont tous été publiés. Les nouvelles tablettes proviennent des
fouilles minutieuses conduites de 1986 à 1992, dont les résultats ont également
été publiés, puis de 1994 à 2002, dont les découvertes sont en cours d’étude. Ces
archives comptent au total plus de cinq cents tablettes – dont 134 mises au jour
au cours de la seule année 1994 –, supports de textes écrits parfois en
ougaritique, mais le plus souvent en akkadien. La correspondance comprend des
lettres envoyées par les rois d’Égypte, de Chypre, de Hatti, d’Assyrie, de
Karkemish, de Sidon, de Beyrouth et peut-être de Tyr14. L’une des plus
anciennes a, semble-t-il, été envoyée par un roi d’Assyrie – peut-être
Ammistamru II ou Ibirana –, et concerne la bataille au cours de laquelle Tukulti-
Ninurta et les Assyriens vainquirent Tudhaliya IV et les Hittites15.
Comme l’a fait remarquer l’un des archéologues fouillant ce site, les tablettes
montrent que les opérations menées par Urtenu datent du début du XIIe siècle
av. J.-C. Il était d’un rang social élevé, sans doute un des chargés d’affaires
d’une grosse entreprise de négoce appartenant au gendre de la reine, qui
entretenait des relations commerciales avec la ville d’Emar en Syrie intérieure,
comme avec le Karkemish voisin. Il était également impliqué dans des
négociations et des accords commerciaux avec l’île de Chypre, parmi d’autres
entreprises de commerce à longue distance16. De fait, les cinq lettres provenant
de Chypre trouvées dans la maison sont très importantes car on y trouve, pour la
première fois, le nom d’un roi de Chypre à l’âge du bronze : Kushmeshusha. On
dispose de deux lettres envoyées par ce dernier, et de deux envoyées par des
gouverneurs importants de l’île, et, étonnamment, d’une lettre d’un scribe
d’Ougarit qui vivait à ce moment-là à Chypre. Ces cinq lettres ont rejoint les
quatre autres d’Alashiya précédemment trouvées dans la maison de Rapanu17.
Deux lettres supplémentaires trouvées dans cette maison font référence aux
deux « hommes d’Hiyawa » qui, dans le pays lukka, dans le sud-ouest de
l’Anatolie (connu plus tard sous le nom de Lycie), attendaient un navire venant
d’Ougarit. Ces lettres étaient adressées par un roi hittite, probablement
Suppiluliuma II et un officiel de haut rang, à Ammurapi, le dernier roi d’Ougarit.
Ce sont les premières références jamais trouvées au peuple grec dans les
archives d’Ougarit, « Hiyawa » faisant de manière évidente référence au mot
hittite « Ahhiyawa », ce qui, d’après la plupart des chercheurs, désignait les
Mycéniens et l’âge du bronze égéen18.
On a aussi trouvé une lettre du pharaon d’Égypte Merneptah répondant au roi
d’Ougarit – Niqmaddu III ou Ammurapi – qui lui réclamait un artiste afin de
sculpter une statue du pharaon à ériger dans la ville, précisément en face du
temple de Baal. Tout en s’y refusant, le pharaon dressait la longue liste des biens
précieux qu’il envoyait d’Égypte à Ougarit. Ils étaient chargés sur un bateau en
partance pour Ougarit, expliquait-il, et comprenaient plus de cent pièces de tissu
et de vêtements, ainsi que des objets de toute sorte comme du bois d’ébène et des
plaques de pierres rouges, blanches ou bleues19. Remarquons à nouveau que
presque tous ces biens sont périssables et absents des vestiges archéologiques. Il
est donc heureux qu’ils soient mentionnés dans ce texte ; sinon, nous n’aurions
peut-être jamais su qu’ils avaient existé et été échangés entre l’Égypte et
Ougarit.
Une autre lettre de ces archives émane d’un messager/représentant du nom de
Zu-Aštarti, qui rapporte ce qui s’est passé sur le bateau qu’il avait emprunté au
départ d’Ougarit. Il aurait été capturé en chemin. Certains chercheurs ont fait
l’hypothèse qu’il avait peut-être été kidnappé, mais il dit seulement :
Le sixième jour, j’étais en mer. Grâce au vent, je rejoignis le pays de Sidon. Je suis allé de Sidon
jusqu’au pays de Ušnatu, et à Ušnatu, j’ai été retenu. Puisse mon frère savoir cela… Au roi dis
« Si on a pris les chevaux que le roi a livrés au messager du pays d’Alashiya, voici le frère du
messager va venir te trouver : qu’on lui livre ces chevaux »20.

Fig. 9. Les lettres royales dans les archives d’Urtenu à Ougarit (illustration non exhaustive ; les ronds
représentent les individus envoyant ou recevant une/des lettre[s] ; les traits relient les personnes ayant
échangé des courriers ; la taille des ronds est proportionnelle au nombre de lettres).
Source : Création de D. H. Cline.
Il n’est pas évident de savoir ce qu’il entend par « j’ai été retenu » à Ušnatu ni
pourquoi cette lettre figure dans les archives d’Urtenu, même s’il se peut que le
commerce des chevaux ait été sous le contrôle de l’État à Ougarit. Une lettre de
la même époque envoyée par Tudhaliya IV à Ammistamru II, trouvée dans la
maison de Rapanu, déclare que le roi d’Ougarit ne doit pas laisser les chevaux
être exportés vers l’Égypte par des messagers/marchands hittites ou égyptiens21.

Destructions dans le nord de la Syrie


Les différentes archives trouvées dans les maisons d’Ougarit fournissent la
preuve écrite que le commerce et les relations internationales ont été très
importants jusqu’à la fin. De fait, il y a vingt ans, un des chercheurs qui a publié
les lettres trouvées dans la maison d’Urtenu, faisait remarquer que presque aucun
problème n’était mentionné, à l’exception de bateaux ennemis signalés dans une
des lettres, et que les routes commerciales semblaient avoir été ouvertes jusqu’au
dernier moment22. Il en est de même à Emar, sur l’Euphrate, bien plus à l’est à
l’intérieur de la Syrie, où l’on a pu dire que « les scribes avaient fait leur travail
normal jusqu’à la fin23 ».
Pourtant, Ougarit fut détruite, sans doute de manière violente, sous le règne du
roi Ammurapi, le plus probablement entre 1190 et 1185 av. J.-C. Elle ne fut plus
occupée avant la période perse, près de six cent cinquante ans plus tard24. Les
archéologues signalent « la preuve des destructions et de l’incendie dans toute la
ville », y compris « des murs effondrés, les revêtements en pisé brûlés et des tas
de cendres », les destructions atteignant deux mètres à certains endroits.
Marguerite Yon, qui est la dernière à avoir dirigé les fouilles, explique que les
plafonds et les terrasses des maisons des quartiers résidentiels se sont effondrés
et qu’ailleurs les murs ont été « réduits à un tas informe de gravats ». Elle pense
qu’une attaque ennemie – et non un tremblement de terre comme Schaeffer
l’avait envisagé auparavant – a causé les destructions et qu’il y a eu de violents
combats dans la ville, y compris des combats de rue. « La présence de
nombreuses pointes de flèches au milieu des vestiges des maisons détruites ou
abandonnées » en est la preuve, mais aussi le fait que les habitants – huit mille
environ – ont fui en toute hâte et ne sont pas revenus, même pour reprendre les
biens de valeur que certains avaient enterrés avant de partir25.
La date exacte à laquelle ces événements sont arrivés a été récemment
débattue. La preuve la plus convaincante est une lettre trouvée en 1986 dans la
maison d’Urtenu. Elle était destinée à Ammurapi, roi d’Ougarit, et avait été
écrite par un chancelier égyptien du nom de Bey et qui, selon des sources
égyptiennes, aurait été exécuté au cours de la cinquième année du règne du
pharaon Siptah. Ce dernier était l’avant-dernier pharaon de la XIXe dynastie qui
régna entre 1195 et 1189 av. J.-C. environ, c’est-à-dire quelques années
seulement avant Ramsès III de la XXe dynastie. La lettre peut donc être datée
avec une certaine précision, avant que Bey ne soit exécuté en 1191 av. J.-C., ce
qui implique que la ville n’a pas pu être détruite avant cette date. Aussi situe-t-
on le plus souvent la destruction vers 1190-1185 av. J.-C., même si,
techniquement, cela a pu avoir lieu ultérieurement26. Un article récent a montré
que cette date pouvait maintenant être corroborée grâce à une observation
astronomique rapportée sur une autre tablette trouvée à Ougarit. Cette dernière
évoque une éclipse du soleil qui a eu lieu le 21 janvier 1192 av. J.-C., ce qui
implique que la ville n’avait pas été détruite à cette date27.
Contrairement à l’histoire de la fin d’Ougarit telle qu’elle a souvent été
racontée28, on ne peut probablement pas utiliser la célèbre lettre trouvée dans les
archives de la cour V du palais d’Ougarit (archives sud), pour dater ou identifier
les responsables de la destruction. Il s’agit de la lettre qui, à en croire Schaeffer,
avait été trouvée dans un four, avant même d’être envoyée au roi de Chypre. Elle
commence par ses mots : « Mon père, à présent les navires ennemis sont venus.
Ils ont incendié mes villes et fait beaucoup de mal dans le pays. » Selon le
premier rapport, elle aurait donc été trouvée avec plus de soixante-dix autres
tablettes dans un four, où elles étaient placées pour être cuites. Les archéologues
qui menaient les fouilles mais aussi d’autres chercheurs ont d’abord pensé que
les navires ennemis étaient revenus et avaient mis à sac la ville avant que la
demande d’aide urgente ait pu être envoyée ; cette histoire a été maintes fois
reprise dans des textes universitaires ou plus populaires au cours de ces dernières
décennies. Mais, un réexamen récent du lieu de la découverte par de nouveaux
chercheurs montre que la lettre n’a pas été trouvée dans un four, mais qu’elle
était en réalité gardée dans un panier tombé du premier étage après l’abandon du
bâtiment29.
Du coup, même si cette lettre peut être utile pour discuter de la présence de
navires ennemis et probablement d’envahisseurs, il n’est en aucun cas évident
qu’elle date des derniers jours d’Ougarit, ou de la période qui les précède
immédiatement. Et même s’il s’agit de navires appartenant aux Peuples de la
Mer, il est tout à fait possible qu’elle date de la première vague d’envahisseurs,
celle qui attaqua l’Égypte en 1207 av. J.-C., et non de la seconde qu’affronta à
Ramsès III en 1177 av. J.-C.
Le site d’Emar, en Syrie intérieure, avec lequel Ougarit entretenait des
relations, fut également détruit à peu près à la même date, en 1185 av. J.-C., ce
que prouve la date portée sur un document officiel trouvé sur place. Mais, on ne
sait pas de manière certaine ce qui a causé la destruction d’Emar. Sans citer
précisément les Peuples de la Mer, des tablettes trouvées sur le site font
référence à des « hordes » dont on ignore le nom, comme l’ont remarqué
plusieurs chercheurs30.

Fig. 10. Sites détruits vers 1200 av. J.-C.

Le site de Ras Bassit, situé à la frontière nord d’Ougarit a également été


détruit à peu près à la même date. Les archéologues qui l’ont fouillé estiment
qu’il s’agissait d’un avant-poste d’Ougarit qui aurait été « en partie évacué, en
partie abandonné, puis incendié, comme les autres sites de la région » vers 1200
av. J.-C. Ils attribuent cette destruction aux Peuples de la Mer, même si cette
hypothèse n’est pas définitive31.
Le même constat a été fait un peu au sud d’Ougarit, sur le site côtier de Ras
Ibn Hani, peut-être une résidence secondaire des rois d’Ougarit au XIIIe siècle.
Les archéologues qui l’ont fouillé et d’autres considèrent qu’il aurait été évacué
peu de temps avant la destruction d’Ougarit, puis détruit par les Peuples de la
Mer. Au moins une partie du site fut-elle immédiatement réoccupée, comme à
Ras Bassit ; l’étude des céramiques trouvées dans les couches correspondant à
cette réoccupation semble montrer que les Peuples de la Mer sont à la fois les
responsables de la destruction et les nouveaux occupants, une question sur
laquelle nous reviendrons plus loin32.
Peut-être la meilleure, et sûrement la plus récente preuve d’une destruction
généralisée à cette époque a été trouvée à Tell Tweini, site de Gibala, ville
portuaire de l’âge du bronze récent située dans le royaume d’Ougarit, à environ
trente kilomètres au sud de l’actuelle Lattaquié. La ville semble avoir été
abandonnée suite à une « grave destruction » à la fin de l’âge du bronze. Selon
les archéologues qui ont fouillé le site, « la couche datant de la destruction
contient des restes de conflits (pointes de flèches en bronze disséminées dans la
ville, murs effondrés, maisons brûlées), des cendres résultant de l’incendie des
maisons et des fragments de céramique bien conservés chronologiquement liés à
l’effondrement de la ville33 ».
En étudiant ces destructions grâce à « la méthode radiocarbone par niveau
stratigraphique » et « en cherchant des références dans les anciennes sources
littéraires-épigraphiques, les observations astronomiques et la comparaison entre
règnes hittite, levantin, égyptien », les archéologues considèrent pouvoir « dater
de manière précise l’invasion des Peuples de la Mer dans la région nord du
Levant » et pouvoir « fournir la première chronologie assurée de cette période
clef de l’histoire humaine »34. La datation par radiocarbone des couches de
cendre (niveau 7A) a fourni la date approximative de 1192-1190 av. J.-C.35. Mais
s’ils ont pu dater les destructions de ce site de l’âge du bronze récent, les
responsables des fouilles n’ont que des présomptions de preuves de l’implication
des Peuples de la Mer, comme nous le verrons plus loin.
Il faut aussi souligner que cette date (1192-1190 av. J.-C.) se situe de treize à
quinze ans avant que Ramsès III n’affronte les Peuples de la Mer au cours de la
bataille de 1177 av. J.-C. Même les destructions qui ont eu lieu ailleurs précèdent
de huit ans le point culminant du conflit. Peut-être devrions-nous nous demander
le temps qu’il fallait à un groupe de migrants pour traverser la Méditerranée ou
même seulement pour aller jusqu’en Égypte en longeant la côte orientale. Cela
devait évidemment dépendre de leurs capacités d’organisation, de leurs moyens
de transport. Il est donc difficile de répondre de manière définitive.
Il nous faut finalement prendre en compte un site situé plus au sud, Tell Kazel,
dans la région d’Amurru, qui pourrait bien être le site de l’ancienne gSumur,
capitale de ce royaume. Le site a été détruit à la fin de l’âge du bronze et les
archéologues ont émis l’hypothèse crédible que les Peuples de la Mer en étaient
responsables, dans la mesure où Ramsès III le mentionne précisément (Amurru)
dans ses inscriptions sur les Peuples de la Mer. De plus, au niveau correspondant
à l’occupation, juste avant la destruction, les archéologues ont identifié une
céramique mycénienne produite localement et d’autres indications de la présence
de nouveaux habitants venus du monde grec et de Méditerranée occidentale36.
Selon Reinhard Jung, de l’université de Vienne, qui a étudié cette céramique,
« avant les grandes destructions provoquées par les Peuples de la Mer, des
groupes plus petits sont arrivés par bateau à Tell Kazel et se sont mêlés à la
population locale ». Il y voit un exemple d’immigration à petite échelle venue du
monde grec, mais indique que certaines des populations impliquées avaient des
racines plus anciennes dans le sud de l’Italie continentale37. Si c’est exact, cela
montre la complexité de la période et des peuples concernés, à tel point que l’on
pourrait penser que les destructions causées par la seconde vague des Peuples de
la Mer, vers 1177 av. J.-C., ont pu avoir un impact sur des immigrants plus
anciens mais de même origine, déjà arrivés et installés dans l’est de la
Méditerranée, peut-être pendant ou après les premières incursions des Peuples de
la Mer au cours de la cinquième année du règne de Merneptah, en 1207 av. J.-C.

Destructions dans le sud de la Syrie et de Canaan


Au cours de la même période, au XIIe siècle av. J.-C., de nombreuses villes du
sud de la Syrie et de Canaan ont été détruites. Comme dans le nord de la Syrie,
on ignore qui les a détruites et à quelle date. Mais sur le petit site de Deir `Alla,
en Jordanie, on a trouvé dans la couche détruite un vase portant un cartouche de
la reine égyptienne, Taousert. Veuve du pharaon Seti II, on sait qu’elle a régné de
1187 à 1185 av. J.-C. La destruction a donc probablement eu lieu peu de temps
après cette date. Le même raisonnement peut être tenu concernant le site
d’Akko, dans l’actuel Israël, où l’on a trouvé un scarabée de Taousert dans la
couche des débris datant de la destruction38. D’autres preuves de destruction ont
été trouvées à Beth Shan, où les fouilles menées par Yigael Yadin ont montré
que la présence égyptienne avait pris fin de manière violente39.
Parmi tous ceux de la région, les sites les mieux connus où l’on trouve des
preuves de destruction sont ceux de Megiddo et Lachish. Il n’en reste pas moins
que la nature et la date de l’effondrement sont encore largement débattues. Les
deux villes semblent avoir été détruites des décennies plus tard que les sites dont
nous venons de parler. Megiddo comme Lachish semblent avoir été détruites
vers 1130 et non pas 1177 av. J.-C.40.

Megiddo
À Megiddo, dans la vallée de Jezréel de l’actuel Israël, site de l’Armageddon
de la Bible, on a trouvé quelque vingt villes superposées. C’est la septième, avec
ses deux phases appelées VIIB et VIIA, qui a été violemment détruite, soit
respectivement aux XIIIe et XIIe siècles av. J.-C., soit, en une fois au XIIe siècle
av. J.-C.
Depuis qu’une équipe de l’université de Chicago a publié le résultat de ses
fouilles menées de 1925 à 1939, on pensait que la ville VIIB avait disparu entre
1250 et 1200 av. J.-C., et la suivante, VIIA, vers 1130 av. J.-C. On avait trouvé
dans ces strates les vestiges d’un palais cananéen, ou peut-être de deux palais,
l’un construit sur les ruines de l’autre.
D’après les archéologues de Chicago, le palais de la strate VIIB « avait été si
totalement détruit que les constructeurs de la strate VIIA trouvèrent plus
commode d’en aplanir les restes pour construire au-dessus, plutôt que de les
enlever, comme on l’avait fait au cours des reconstructions précédentes ». Les
pièces « étaient remplies de pierres tombées d’une hauteur d’environ un mètre et
demi […] des couches horizontales carbonisées ont été observées là et sur les
murs des pièces situées au nord de la cour […] constituant le sol général de
l’ensemble du palais41 ». On estimait que le palais du niveau VIIA, construit
directement sur les vestiges, s’était maintenu jusqu’en 1130 av. J.-C.
Mais récemment David Ussishkin, archéologue de l’université de Tel-Aviv et
ancien codirecteur de l’expédition Megiddo, a soutenu de manière convaincante
que les archéologues de Chicago avaient commis une erreur d’interprétation
concernant les différents niveaux. Plutôt que celle de deux palais superposés, il
pense que la structure est celle d’un seul palais légèrement rénové au cours de
la période de transition entre VIIB et VIIA, vers 1200 av. J.-C., et qui a donc
connu deux périodes. Selon lui, il n’y eut qu’une seule destruction – un
gigantesque incendie qui anéantit le palais à la fin de la phase VIIA. Selon
Ussishkin, ce que les archéologues de Chicago ont pris pour le « palais VIIB »
n’était que la fondation, ou l’ancienne histoire du palais, tandis que le
« palais VIIA » correspondait à une époque plus récente. Le principal temple de
la ville (le temple de la Tour) fut détruit à la même époque, mais les fouilles les
plus récentes montrent que la plus grande partie de la ville ne l’a pas été ; seuls
les quartiers réservés à l’élite ont été incendiés à ce moment-là42.
Deux objets portant des cartouches égyptiens trouvés dans les débris
permettent de dater la destruction de la strate VIIA vers 1130 av. J.-C. Le
premier est un étui à plumes en ivoire portant le nom de Ramsès III, trouvé
parmi d’autres objets précieux en ivoire dans une pièce du palais, cachés sous les
gravats liés à la destruction43. Cela impliquerait que celle-ci a eu lieu à une date
comprise entre le règne de Ramsès III et 1177 av. J.-C., ou un peu après.
Les objets en ivoire trouvés dans cette pièce du palais font partie des plus
connus trouvés sur le site de Megiddo. Il y avait ainsi des fragments de boîtes et
de bols, des plaques, des cuillères, des disques, des plateaux et des pièces de
jeux, des couvercles de récipients et des peignes, entre autres. On peut les voir à
l’Oriental Institute de l’université de Chicago et au musée Rockefeller de
Jérusalem. On ne sait pas si ces objets en ivoire ont été trouvés en même temps,
ni pour quelles raisons ils se trouvaient dans cette partie du palais. Mais ils ont
retenu l’attention pendant des années, car les objets en eux-mêmes mais aussi les
scènes qui y sont gravées sont caractéristiques d’un style globalisé, on pourrait
parler d’un style international, que l’on trouve sur d’autres sites, comme Ougarit
et Mycènes. Ce style particulier combine des éléments issus des cultures
mycénienne, cananéenne et égyptienne, donnant ainsi naissance à des objets
hybrides très particuliers, caractéristiques de cet âge cosmopolite44.
Le second objet important de Megiddo est le socle d’une statue en bronze sur
lequel est inscrit le nom du pharaon Ramsès VI, qui régna quelques décennies
plus tard, de 1141 à 1133 av. J.-C., environ. Cette pièce n’a pas été trouvée dans
un environnement archéologique sécurisé, mais sous un mur de la strate VIIB,
dans la partie habitée du site. Comme Ussishkin le souligne, ce n’est pas un
contexte de découverte fiable, car la strate VIIB était bien plus ancienne que le
règne de Ramsès VI. Cela signifie que la base de la statue pourrait avoir été
délibérément enterrée dans un trou creusé par un habitant à une époque plus
tardive, par exemple pendant la période VIIA ou même pendant la suivante, celle
de la ville VIB-A, à l’âge du fer. Le socle est généralement considéré par les
archéologues comme faisant partie de la strate VIIA, mais ce n’est qu’une
supposition45.
Les deux objets, de Ramsès III et de Ramsès VI, font toujours l’objet de
débats dans des revues spécialisées, mais la destruction de Megiddo VIIA est
considérée comme postérieure au règne de Ramsès VI, c’est-à-dire vers 1130
av. J.-C. Mais comme la base de la statue de Ramsès VI n’a pas été trouvée dans
un environnement fiable, on ne devrait pas en tenir compte pour dater la fin de
Megiddo VIIA. D’un autre côté, l’étui à plumes en ivoire de Ramsès III était
bien scellé dans la couche de débris de la strate VIIA et peut donc être considéré
comme un témoin fiable pour fixer une date limite avant laquelle la ville ne
pouvait pas avoir été détruite, c’est-à-dire avant le règne de ce pharaon. Cela
correspond bien à ce que l’on sait des dates de destruction de plusieurs autres
sites du Proche-Orient présentés dans ce livre.
Fig. 11. L’étui à plumes en ivoire de Ramsès III de Megiddo.
Source : D’après Loud, 1939, pl. 62 (avec l’aimable autorisation de l’Oriental Institute de l’université de
Chicago).

Cependant, l’archéologie est une discipline en constante évolution, où de


nouvelles données et de nouvelles analyses obligent à remettre en cause les
vieux concepts. En la matière, les études en cours utilisant la datation par
radiocarbone de vestiges appartenant à la destruction de VIIA indiquent
maintenant que 1130 av. J.-C., voire une date plus tardive, est probablement
correct. Si tel est le cas, cela signifierait que Megiddo a été détruite plus de
quarante ans après l’arrivée des Peuples de la Mer dans la région, en 1177 av. J.-
C.a. De toute manière, comme Ussishkin le remarque :
L’absence de sources écrites laisse [ouverte] la question de savoir qui est responsable de la
destruction de la strate VIIA… La ville a pu être attaquée avec succès par des groupes
d’envahisseurs appartenant aux Peuples de la Mer, par des éléments cananéens levantins, par les
Israélites, ou par une force mixte de ces différents groupes46.

En d’autres termes, nous avons à Megiddo la même situation que celle que
nous avons rencontrée au niveau correspondant à Hazor, où les parties de la ville
habitées par les élites ont été détruites sans que les responsables ne soient
identifiés.

Lachish
Lachish, un autre site sur le territoire actuel d’Israël, a également connu deux
destructions approximativement au cours de la même période, si l’on en croit
David Ussishkin qui l’a fouillé de 1973 à 199447. Grâce aux vestiges trouvés
pendant les fouilles sur ce site multicouche au sud de Jérusalem, on peut penser
que les septième et sixième villes (strates VII et VI) correspondent aux dernières
cités cananéennes. C’était une période de grande prospérité pour Lachish, alors
que toute la région était sous contrôle égyptien. C’était une des plus grandes
villes de Canaan à l’époque, six mille personnes vivant sur son territoire ; de
grands temples et des bâtiments publics avaient été construits dans la ville
même48.
La ville correspondant à la strate VII aurait été détruite par un incendie vers
1200 av. J.-C., mais les archéologues qui l’ont fouillée n’ont pas cherché à en
comprendre la cause ni qui en portait la responsabilité. C’est notamment dû au
fait que l’on ne connaît pas la part de la ville qui a été vraiment détruite.
Actuellement, la preuve d’une destruction par le feu n’est évidente que pour les
restes d’un temple (le temple Fosse III) et le cantonnement des domestiques dans
le secteur S49. On peut penser que la destruction a été causée par la première
vague des Peuples de la Mer, arrivée vers 1207 av. J.-C., mais on n’en a aucune
preuve.
La ville correspondant à la strate VI a été la plus étudiée par les chercheurs
jusqu’à ce jour. On sait que les survivants de la destruction de la strate VII ont
tout simplement reconstruit la ville, en partie ou en totalité, et ont continué à
vivre sans changement culturel majeur. La cité correspondant à la strate VI a
sans doute été encore plus riche et plus prospère que celle qui venait juste d’être
détruite, avec un large bâtiment public (le « bâtiment sur piliers ») construit dans
le secteur S, où se trouvaient auparavant des maisons d’habitation. Un nouveau
temple a également été construit dans le secteur P, mais il en reste peu de chose
suite à la destruction survenue plus tard. Des objets importés d’Égypte, de
Chypre et du monde grec, en premier lieu des récipients en céramique, ont été
trouvés dans toute la ville de cette strate, montrant qu’elle entretenait des
relations internationales50.
On pense qu’il y a eu un afflux de réfugiés pauvres dans la ville correspondant
à la strate VI, juste avant que de larges parties de celle-ci ne soient détruites51.
Un bâtiment du secteur S, le bâtiment sur piliers, « fut détruit violemment et
soudainement ; des couches de cendres et des briques de terre cuite tombées au
sol recouvraient toute la structure, et plusieurs squelettes d’adultes, d’enfants et
de bébés ont été trouvés coincés sous le mur effondré52 ». D’autres bâtiments de
Lachish ont également été détruits au même moment, puis la ville fut
abandonnée pendant environ trois siècles53. Selon Ussishkin, « la ville de
niveau VI a été rasée au cours d’une violente destruction par le feu, dont les
traces ont été retrouvées partout où ont été identifiés des vestiges de la strate VI
[…]. La destruction a été totale, la population, liquidée ou chassée54 ».
Les premiers archéologues pensaient que la ville avait été détruite à la fin du
XIIIe siècle av. J.-C., vers 1230 (la ville correspondant à la strate VII aurait été
dévastée plus tôt55), mais grâce à la découverte d’une plaque de bronze portant le
cartouche de Ramsès III et appartenant peut-être au système de fermeture d’une
porte de la ville, on a réévalué la date de la destruction de la strate VI. Cette
plaque faisait partie d’un ensemble d’objets en bronze défectueux ou cassés
enterrés sous les débris issus de la destruction de la ville correspondant à la
strate VI56.
Comme avec l’étui à plumes de Ramsès III trouvé à Megiddo, le lieu où a été
trouvé cet objet à Lachish montre que la ville a dû être détruite sous ou après le
règne de ce pharaon. Aussi Ussishkin a-t-il d’abord daté la destruction vers 1150
av. J.-C., la plaque de bronze n’ayant pas pu être fabriquée avant l’accession de
Ramsès III au trône, en 1184 av. J.-C., et parce qu’il pensait qu’il avait fallu du
temps « pour que cet objet soit utilisé, puis brisé et finalement abandonné et mis
de côté dans ce dépôt constitué d’objets en bronze cassés ou inutilisables57 ».
Plus tard, il révisa cette date et proposa 1130 av. J.-C., quand on s’aperçut
qu’un scarabée de Ramsès IV avait été découvert sur le site, sans doute dans la
même strate, par les archéologues britanniques précédents, et en établissant une
comparaison avec Megiddo VII : si Megiddo avait duré si longtemps, pourquoi
n’en serait-il pas de même pour Lachishb ? Un chercheur a récemment fait
remarquer que l’on avait peut-être trouvé un autre scarabée de Ramsès IV dans
la tombe 570 de Lachish, même si le nom écrit sur les deux scarabées n’est pas
déchiffré de manière incontestable, et si la stratigraphie du lieu où a été trouvé le
premier ne donne pas de résultats probants58.
Ainsi, une fois encore, comme pour les autres sites que nous avons passés en
revue, nous ne sommes certains ni des causes de la destruction, ni même, en ce
qui concerne Lachish, de sa date ; tout ce que l’on peut dire avec certitude, c’est
qu’elle a eu lieu pendant ou après le règne de Ramsès III. Comme l’écrit
Ussishkin : « Il est évident que la strate VI a été détruite par un ennemi puissant
et résolu, mais les découvertes archéologiques ne fournissent pas de preuve
directe quant à la nature et à l’identité de cet ennemi, ni quant aux circonstances
présidant à la chute de la ville59. » Il rappelle que les chercheurs précédents ont
proposé trois candidats : l’armée égyptienne, les tribus israélites et les
envahisseurs appelés Peuples de la Mer ; mais il fait également remarquer
« qu’aucune trace de bataille n’a été trouvée, à l’exception d’une seule pointe de
flèche […], découverte dans le bâtiment sur piliers de la zone S60 ».
Il est très improbable que les Égyptiens aient été à l’origine de la destruction,
puisque Lachish prospérait à cette époque où elle leur était soumise et qu’ils
commerçaient avec elle, comme le montrent plusieurs cartouches royaux trouvés
sur des objets parmi les vestiges. Il est possible que les Israélites, sous la
conduite de Josué, soient responsables de la destruction, comme le prétend
William F. Albright, de l’université Johns Hopkins, même si cette hypothèse date
du moment où l’on pensait que la destruction avait eu lieu vers 1230 av. J.-C.61.
D’après Ussishkin, les Peuples de la Mer sont les responsables les plus
probables de la destruction de la ville correspondant à la strate VI. Il partage
ainsi l’opinion d’Olga Tufnell, qui a fouillé le site avant lui62. Il n’avance
néanmoins aucune preuve de la responsabilité des Peuples de la Mer ; nous ne
faisons que constater le résultat final de la destruction sans indication sur ceux
qui l’ont provoquée. Bien plus, la date de 1130 av. J.-C. semble trop tardive,
d’environ quarante ans, pour accuser les Peuples de la Mer, comme à Megiddo.
Il se peut qu’Ussishkin ait tort de lier la destruction de Lachish à celle de
Megiddo, et de la dater aussi tardivement ; il n’y a aucune bonne raison de faire
ce lien, et il se peut donc que la date qu’il avait choisie initialement, 1150 av. J.-
C. (ou même plus tôt, si la plaque de bronze de Ramsès III n’a été utilisée que
peu de temps), soit en réalité la bonne.
Il est également tout à fait possible que la destruction de la ville correspondant
à la strate VI soit due à un tremblement de terre très important. Les corps de
quatre personnes ont été trouvés dans le bâtiment aux piliers, « apparemment
prisonniers et écrasés par les chutes alors qu’ils tentaient de fuir ». Un enfant, de
deux ou trois ans, aurait « soit été jeté, soit était tombé sur le sol63 ». Ces
découvertes comme l’absence d’armes parmi les vestiges laissent envisager que
la mère nature et non les humains soit la coupable, ce qui peut aussi avoir été le
cas pour d’autres sites de la fin de l’âge du bronze récent64. Mais les
archéologues n’ont trouvé aucune autre preuve d’un tremblement de terre,
comme des murs fendus ou inclinés. Bien plus, le nouveau temple cananéen
construit dans la zone P aurait été pillé et razzié avant d’être incendié, ce qui
suppose une implication humaine65.
Pour résumer, comme à Hazor et Megiddo, on ne sait pas avec certitude qui a
détruit Lachish VI, ou la ville précédente, Lachish VII. Les deux, ou aucune, ont
pu être ravagées par les Peuples de la Mer, ou par quelqu’un ou quelque chose
d’entièrement différent. Comme l’a dit James Weinstein, de l’université de
Cornell :
Alors que les Peuples de la Mer peuvent être coupables de la fin des garnisons égyptiennes dans
le sud et l’ouest de la Palestine, il nous faut garder en tête la possibilité que des groupes qui
n’appartiennent pas aux Peuples de la Mer portent la responsabilité des ruines de villes dans
d’autres parties du pays66.

La pentapole philistine
Ashkelon, Ashdod, Ekron, Gath et Gaza, les cinq principaux sites philistins
situés dans le sud de Canaan, mentionnés entre autres dans la Bible comme
faisant partie de la pentapole philistine, sont particulièrement intéressants.
À la fin de l’âge du bronze récent, les anciennes villes cananéennes d’Ekron et
d’Ashdod ont été violemment détruites et ont laissé place à de nouveaux venus
et à une culture matérielle totalement nouvelle, y compris en ce qui concerne la
céramique, les foyers de cheminées, les bains, les ustensiles de cuisine et
l’architecture. Cela semble indiquer soit un changement de population,
soit l’afflux de nombreux nouveaux venus – les Philistins, suppose-t-on – suite à
l’effondrement de Canaan et au retrait des forces égyptiennes67.
Trude Dothan, professeur émérite de l’université hébraïque de Jérusalem et
ancienne coresponsable des fouilles du site d’Ekron, à l’emplacement de
l’actuelle Tel Miqne, décrit les derniers moments de la ville à la fin de l’âge du
bronze récent de la manière suivante :
Dans le champ I, la partie haute de la ville ou acropole, on peut suivre la destruction totale par le
feu de la ville cananéenne de la fin de l’âge du bronze récent. Ici, la destruction est évidente : les
vestiges d’un grand bâtiment servant de magasin en briques, des restes de figues et de lentilles
dans des jarres de stockage, et un grand silo bien conservé sont enfouis sous les murs de briques
effondrés […]. La nouvelle cité philistine s’installe sur les vestiges du peuplement de l’âge du
bronze récent détruit dans la partie haute de la ville et sur les territoires de la ville basse de l’âge
du bronze moyen68.

La même chose pourrait avoir eu lieu à Ashkelon, où les fouilles récentes ont
mis en évidence la transformation d’une ville occupée jusqu’alors par une
garnison égyptienne en un port de mer dans la première moitié du XIIe siècle
av. J.-C. – probablement juste après le règne de Ramsès III, si l’on en juge par
les nombreux scarabées trouvés qui portent son nom sur un cartouche.
À Ashkelon, néanmoins, il semble que la transition ait été pacifique, pour autant
qu’on puisse le savoir par la zone restreinte fouillée jusqu’à présent. Les
archéologues décrivent « l’apparition soudaine de nouveaux modèles aussi bien
en architecture, dans la céramique, la nourriture, l’artisanat en particulier le
tissage ». Ils relient ces changements aux Peuples de la Mer, en particulier aux
Philistins, et considèrent qu’ils résultent de migrations depuis le monde
mycénien69.
Il n’en reste pas moins que notre compréhension de la situation de Canaan à la
fin de l’âge du bronze récent peut encore changer. Alors que l’article de
référence de Larry Stager, de l’université de Harvard, décrit les Philistins
arrivant à Canaan en « détruisant les villes indigènes et les supplantant avec les
leurs aux quatre coins du territoire conquis70 », Assaf Yasur-Landau, de
l’université de Haïfa, a récemment remis en cause cette représentation habituelle,
comme on le verra plus loin.

Destructions en Mésopotamie
Aussi loin vers l’est qu’en Mésopotamie, des preuves de la destruction
peuvent être trouvées sur de nombreux sites, y compris Babylone, mais on sait
que celle-ci n’a pas été provoquée par les Peuples de la Mer. L’armée élamite
commandée par son roi, Shutruk-Nahhunte, venue une fois encore de l’Iran, au
sud-ouest, causa pour partie cette dévastation.
Shutruk-Nahhunte, parvenu sur le trône élamite en 1190 av. J.-C., régna
jusqu’en 1155 av. J.-C. Bien que le royaume d’Elam (comme d’autres dans la
région) n’ait joué qu’un rôle mineur sur la scène mondiale pendant la plus
grande partie de l’âge du bronze récent, il entretenait des liens avec de plus
grands royaumes grâce à des mariages. Shutruk-Nahhunte avait épousé la fille
du roi kassite babylonien, comme plusieurs de ses prédécesseurs. L’un d’eux
avait épousé la fille de Kurigalzu Ier ; un autre, sa sœur ; un autre, encore, la fille
de Burna-Buriash un peu plus tard au cours du même siècle. La propre mère de
Shutruk-Nahhunte était une princesse kassite, comme il l’écrit dans une lettre
envoyée à la cour kassite, trouvée à Babylone par les archéologues allemands71.
Il s’y plaint d’avoir été tenu à l’écart du trône de Babylone, alors qu’il avait
toutes les raisons de l’occuper, y compris par sa naissance. On sent son
indignation quand il écrit : « Pourquoi, moi, roi, fils de roi, semence de roi,
rejeton de roi, roi des terres, les terres de Babylone et les terres d’E[lam],
descendant de la fille aînée du puissant roi Kurigalzu, [pourquoi] ne suis-je
installé sur le trône des terres de Babylone ? » Plus loin, il menace de se venger,
disant qu’il « détruirait vos villes dém[olirait] vos forteresses, boucherait vos
fossés [d’irrigation], couperait vos orchidées » et proclame : « Vous pourrez
monter jusqu’au ciel, [mais je vous jetterai en bas] en vous tirant par l’ourlet,
vous pouvez aller en enfer, [mais je vous en sortirai] en vous tirant par les
cheveux72 ! »
Il tint parole en 1158 av. J.-C., envahissant Babylone, occupant la ville et
renversant le roi kassite pour installer son propre fils sur le trône. De Babylone,
il rapporta jusqu’à la ville élamite de Suse un célèbre butin constitué notamment
d’une stèle diorite d’environ deux mètres et demi de haut, sur laquelle était gravé
le code d’Hammourabi, mais aussi un monument élevé à la victoire remportée
par Naram-Sin, ancien roi akkadien. Ils furent découverts en 1901 par une
équipe française au cours de fouilles puis envoyés à Paris où l’on peut désormais
les voir au Louvre73.
La campagne menée par Shutruk-Nahhunte était motivée par son désir de
s’emparer des territoires babyloniens et de Babylone elle-même, et il pourrait
avoir tiré avantage des désordres qui secouaient alors la Méditerranée orientale.
On peut tout à fait envisager qu’il ait su qu’il n’y aurait quasiment personne pour
voler au secours du roi kassite. Les campagnes que menèrent ensuite le fils et le
petit-fils de Shutruk-Nahhunte ont certainement aussi été rendues possibles par
la destruction ou la perte d’influence des grandes puissances du siècle précédent.
Néanmoins, aucune des destructions liées à ces activités militaires ne doit être
attribuée aux Peuples de la Mer.

Destructions en Anatolie
À la même époque, plusieurs villes furent également détruites en Anatolie.
Une fois encore, pourtant, les causes sont difficiles à connaître ; et une fois
encore les Peuples de la Mer ont été désignés comme coupables alors même
qu’on dispose de peu, voire d’aucune preuve. Dans certains cas, des fouilles
faites par de nouveaux archéologues contredisent les affirmations et accusations
de longue date. Ainsi, sur le site de Tell Atchana, l’ancienne Alalakh, située près
de l’actuelle frontière turco-syrienne, sir Leonard Woolley pensait que la ville du
niveau I avait été détruite par les Peuples de la Mer en 1190 av. J.-C. Mais des
fouilles plus récentes, menées par Aslihan Yener de l’université de Chicago, ont
fait remonter cette strate au XIVe siècle av. J.-C. et montré que la plus grande
partie de la ville avait été abandonnée dès 1300 av. J.-C., longtemps avant de
possibles incursions des Peuples de la Mer74.
De tous les sites anatoliens mués en champs de ruines juste après l’an 1200
av. J.-C., Hattusa, la capitale des Hittites située sur le plateau intérieur, et Troie,
sur la côte ouest, sont parmi les plus connus. Dans aucun de ces cas, néanmoins,
on ne peut affirmer avec certitude que leur destruction a été causée par les
Peuples de la Mer.

Hattusa
On sait que Hattusa, la capitale hittite, fut détruite et abandonnée peu avant le
début du XIIe siècle av. J.-C. Les fouilles ont mis au jour « des cendres, du bois
carbonisé, des briques en terre cuite, et des scories formées par la fonte de ces
dernières, due à l’intense chaleur dégagée par l’incendie75 ». On ne sait pourtant
pas qui a détruit la ville. Même si certains chercheurs et des auteurs grand public
ont souvent fait porter le blâme aux Peuples de la Mer, c’est essentiellement sur
la base de la déclaration de Ramsès III : « Aucun pays ne peut résister contre
leurs armes, de Khatte… », mais on ne sait absolument pas si, en l’occurrence,
« Khatte » renvoie aux Hittites en général où à ceux de Hattusa en particulier76.
On ignore à quelle date Hattusa est tombée, en particulier depuis que l’on sait
que la ville a été attaquée sous le règne de Tudhaliya IV, peut-être par des forces
loyales à son cousin Kurunta, qui pourrait avoir tenté d’usurper le trône77.
Comme le souligne l’éminent professeur Harry Hoffner, spécialiste des Hittites,
l’habituel terminus ante quem de la destruction finale (c’est-à-dire la date avant
laquelle elle dut avoir lieu) s’appuie sur la déclaration de Ramsès III en 1177 av.
J.-C., ce qui signifie que cette destruction a probablement eu lieu plus tôt, peut-
être vers 1190-1180 av. J.-C. Mais la fiabilité de la déclaration de Ramsès III est
incertaine78.
Dans les années 1980, des spécialistes des Hittites et d’autres chercheurs
émirent l’hypothèse qu’un ennemi plus ancien et mieux connu, les Kashka, qui
vivait au nord-est des territoires hittites, portait la responsabilité de la destruction
de la ville. On pense que c’est ce groupe qui avait mis à sac la ville plus tôt, juste
avant la bataille de Qadesh au début du XIIIe siècle av. J.-C., quand les Hittites
abandonnèrent provisoirement Hattusa et installèrent pour plusieurs années leur
capitale, plus au sud, dans une région appelée Tarhuntassa79. Cela fait davantage
sens, comme James Muhly de l’université de Pennsylvanie l’a écrit :
Il a toujours été difficile d’expliquer comment des commandos de la mer [c’est-à-dire les Peuples
de la Mer] ont pu détruire les massives fortifications […] de Hattusa, située à des centaines de
kilomètres de la mer dans ce qui apparaît aujourd’hui comme une partie assez isolée du haut
plateau central d’Anatolie80.

Des preuves archéologiques indiquent que des parties de la ville ont été
détruites par un feu violent, qui a consumé une partie des villes haute et basse,
l’acropole et les fortifications. Mais il est désormais évident que seuls les
bâtiments publics ont été détruits, y compris le palais et certains temples, ainsi
que certaines portes de la ville. Ces bâtiments ont été vidés, bien plus que mis à
sac, avant d’être incendiés, alors que les quartiers d’habitation dans les parties
haute et basse de la ville ne montrent aucun signe de destruction81. Selon
l’hypothèse du nouveau directeur des fouilles, Jürgen Seeher, la ville aurait été
attaquée seulement après avoir été abandonnée pendant un certain temps, et que
la famille royale eut emporté tous ses biens pour s’installer ailleurs avant la
destruction finale. Si tel est le cas, les Kashka – vieux ennemis des Hittites –
sont plus probablement responsables de cette destruction que les Peuples de la
Mer, même si celle-ci peut très bien n’être intervenue qu’après le considérable
affaiblissement de l’empire hittite lié à d’autres raisons : sécheresse, famine,
rupture des routes commerciales internationales82.
On peut expliquer de la même manière les dévastations visibles sur trois
autres sites bien connus d’Anatolie centrale situés à une distance raisonnable de
Hattusa : Alaca Höyük, Alishar et Maşat Höyük. Ils ont tous été détruits par le
feu à peu près à la même date, même si on ignore si ce sont les Kashka, les
Peuples de la Mer, ou d’autres, qui en portent la responsabilité. Mersin et Tarsus,
dans le sud-est de l’Anatolie, ont également été détruites, même si ces deux
dernières villes se sont relevées et ont été réoccupées83. Le site de Karaoglan,
situé non loin de Hattusa en Anatolie centrale, a également été détruit à la même
époque ; on a trouvé des corps dans la strate correspondante, mais là encore on
n’en connaît pas les responsables84.
On trouve relativement peu de destructions plus loin dans l’ouest de
l’Anatolie. De fait, le chercheur australien Trevor Bryce note que « les sites
détruits par le feu [en Anatolie] semblent limités aux régions est de la rivière
Marassantiya […]. Il n’y a pas de preuves de telles catastrophes plus loin vers
l’ouest. Les fouilles archéologiques montrent que seul un petit nombre de sites
du monde hittite a été vraiment détruit ; la majorité d’entre eux ont tout
simplement été abandonnés85 ».

Troie
Troie, Troie VIIA, est le seul site de la côte ouest de l’Anatolie à avoir été
détruit par le feu au début du XIIe siècle av. J.-C.c. Si Carl Blegen, archéologue à
l’université de Cincinnati, avait d’abord situé la destruction vers 1250 av. J.-C.,
Penelope Mountjoy, une experte reconnue de la céramique mycénienne, l’a
quant à elle estimée à 1190-1180 av. J.-C.86. Pour construire leur ville, les
habitants avaient tout simplement utilisé les vestiges de Troie VIH, qui avait
probablement été détruite par un tremblement de terre bien plus tôt, vers 1300
av. J.-C., comme nous le verrons. Ainsi, les grandes maisons initialement
construites à l’époque de Troie VI avaient été divisées avec des murs de
séparation, plusieurs familles vivant là où habitait auparavant un seul foyer. À en
croire Blegen, ces habitations prouvent que la ville a connu un siège mais, pour
Mountjoy, cela montre seulement que les habitants tentaient de se remettre du
tremblement de terre, en érigeant des baraquements temporaires sur les ruines87.
Néanmoins, il est possible que la ville ait été assiégée, comme le montrent les
découvertes de Blegen et de son successeur, Manfred Korfmann de l’université
de Tübingen, qui fouilla le site de 1988 à 2005.
Les deux archéologues ont trouvé des corps dans les rues de Troie VIIA et des
pointes de flèches fichées dans les murs, et sont convaincus que la ville a été
détruite au cours d’une guerre88. Korfmann, qui réussit enfin à trouver la partie
basse de la ville, où tous ses prédécesseurs avaient échoué, explique :
Le feu et la destruction par incendie sont évidents. Puis, il y a les squelettes ; nous avons trouvé,
par exemple, une jeune fille, sans doute de seize ou dix-sept ans, à moitié enterrée et dont les
pieds ont été brûlés […]. La ville a été assiégée. La ville était défendue, se protégeait. Elle a
perdu la guerre, ses habitants ont été de manière évidente vaincus89.

Étant donné la date de cette destruction, il est difficile d’en accuser les
Mycéniens, comme dans le récit de la guerre de Troie livré par Homère dans
l’Iliade, à moins que les palais mycéniens situés en Grèce continentale n’aient
été attaqués et détruits justement parce que leurs défenseurs étaient loin, se
battant à Troie. Du coup, Mountjoy suppose que les Peuples de la Mer et non les
Mycéniens ont détruit Troie VIIA. Cela va dans le sens de la déclaration de
Ramsès III faite seulement trois ans plus tard, mais ne constitue pas une preuve
substantielle ; cette hypothèse reste de l’ordre de la spéculation90.

Destructions en Grèce continentale


Si les Mycéniens n’ont joué aucun rôle dans la destruction de Troie VIIA,
c’est peut-être parce qu’eux-mêmes étaient attaqués à peu près aux mêmes dates.
Tous les chercheurs s’accordent sur le fait que Mycènes, Tirynthe, Midéa, Pylos,
Thèbes et bien d’autres sites mycéniens en Grèce continentale ont connu des
destructions à peu près en même temps, à la fin du XIIIe et au début du
XIIe siècle av. J.-C.91. Dans son panorama publié en 2010, l’archéologue
britannique Guy Middleton, dresse le sombre tableau des dévastations qu’a
connues la Grèce continentale entre 1225 et 1190 av. J.-C. :
En Argolide et Corinthie, il y eut des destructions à Mycènes, Tirynthe, Katsingri, Korakou et
Iria […]. En Laconie, aux Ménélaion ; en Messénie, à Pylos ; en Achaéa, à Teikhos Dymaion ;
en Boétie et Phokis, à Thèbes, Orchomenos, Gla […] et Krisa, tandis que d’autres sites semblent
avoir été abandonnés sans avoir été détruits ; en Argolide et Corinthie : Berbati, Prosymna,
Zigouries, Gonia, Tsoungiza ; en Laconie : Ayios Stephanos ; en Messénie : Nichoria ; en
Attique : Brauron ; en Béotie et Phokis : Eutresis92.
Comme Middleton en fait plus tard la remarque, on trouve des destructions
supplémentaires entre 1190 à 1130 av. J.-C., à Mycènes, Tirynthe, Lefkandi et
Kynos.
Comme Carl Blegen et Mabel Lang, du Bryn Mawr College, l’avaient déjà
écrit en 1960, il semble qu’il y ait eu « une période houleuse de l’histoire
mycénienne. Des destructions généralisées par le feu ont eu lieu à Mycènes, dans
et hors de l’acropole. Tirynthe a été touchée par le même type de catastrophe. De
même, les palais de Thèbes ont sans doute été pillés et incendiés au cours de la
même période. De nombreux autres bâtiments ont été détruits, et simultanément
abandonnés pour ne jamais plus être habités : parmi les exemples les mieux
connus, on peut mentionner Berbati […], Prosymna […], Zigouries […], et
d’autres lieux plus petits93 ». Il est évident que quelque chose de terrible est
arrivé ; si certains chercheurs y voient avant tout l’étape finale d’une
désagrégation ou d’un effondrement qui aurait commencé dès 1250 av. J.-C.,
Jeremy Rutter du Dartmouth College, par exemple, pense que « la destruction
des palais était une catastrophe sans précédent, aboutissement d’un siècle de
crise du monde grec, le point culminant d’une longue période de troubles qui a
affecté le monde mycénien à partir du milieu du XIIIe siècle av. J.-C. et au-
delà94 ».

Pylos
Alors que les premiers archéologues faisaient remonter la destruction du
palais de Pylos à 1200 av. J.-C. environ, on considère désormais qu’elle a eu lieu
en 1180 av. J.-C., car comme à Troie VIIA, une poterie trouvée dans les vestiges
a permis d’en revoir la datation95. On pense généralement que la destruction a été
très violente, car on trouve de nombreuses traces d’incendie dans les dernières
strates du site, après quoi le palais a certainement été abandonné. En 1939, au
cours de la première saison de fouilles du palais, Blegen notait :
Il doit y avoir eu une déflagration très intense, car à plusieurs endroits les murs intérieurs ont
fusionné en une masse informe, les pierres ont été transformées en chaux, et, au-dessus des
débris carbonisés, noircis et des cendres couvrant le sol, on trouve une couche épaisse de fine
terre rouge carbonisée, résultant probablement de la désintégration des débris des briques
rudimentaires qui devaient former la superstructure des bâtiments96.

Les fouilles ultérieures ont confirmé cette impression initiale ; comme l’a noté
plus tard Jack Davis de l’université du Cincinnati, ancien directeur de
l’American School of Classical Studies à Athènes : « Le principal bâtiment a
brûlé avec une telle violence que les tablettes en linéaire B de la salle des
archives ont été carbonisées, et que des jarres entreposées ont fondu97. » Blegen
lui-même écrit en 1955 que « partout […], on trouve la preuve saisissante des
dévastations par le feu. L’utilisation massive, pour ne pas dire extraordinaire, de
l’utilisation d’ossatures en bois dans la construction des murs en pierres a fourni
un combustible illimité aux flammes, et la totalité de la structure a été réduite à
un monceau de ruines effondrées au cours d’un incendie qui a produit assez de
chaleur pour calciner les pierres et faire fondre les ornements en or98 ».
Auparavant, des chercheurs avaient parfois signalé que des tablettes en
linéaire B trouvées sur le site mentionnaient l’existence de « guetteurs de la
mer », au cours de la dernière année d’occupation du site et ils avaient fait
l’hypothèse qu’ils attendaient et guettaient l’arrivée des Peuples de la Mer.
Néanmoins, on n’est pas certain de ce que ces tablettes évoquent, et même si les
habitants de Pylos surveillaient la mer, on ignore pourquoi99.
En bref, le palais de Pylos a été détruit au cours d’un incendie cataclysmique
vers 1180 av. J.-C., mais on ignore qui (ou quoi) en fut la cause. Comme pour les
autres sites dévastés à la même époque, on ne sait pas si les responsables sont
humains ou s’il faut accuser la nature.

Mycènes
Mycènes a été largement détruite vers le milieu du XIIIe siècle av. J.-C., sans
doute par un tremblement de terre. Elle a connu une seconde destruction vers
1190 av. J.-C., ou un peu avant, pour une raison inconnue, mais qui marque la fin
de la ville en tant que grande puissance.
Cette dernière destruction porte des traces d’incendie. Un des principaux
responsables des fouilles à Mycènes, le regretté Spyros Iakovidis, de l’université
de Pennsylvanie, a souligné que « des feux limités et pas nécessairement
simultanés ont éclaté dans le centre des cultes, la maison Tsountas, une partie du
bâtiment situé au sud-ouest, la maison Panagia II […], et peut-être le palais100 ».
Dans le centre des cultes, par exemple, « l’intensité du feu a permis de préserver
les murs dans leur état originel, à l’exception des arcs101 ».
Dans un dépôt, trouvé sur le chemin surélevé dans la citadelle, les
archéologues ont trouvé une grande quantité de gravats, dont « des pierres et des
briques de terre calcinées, des cendres et des poutres carbonisées » qui
« bloquaient les portes donnant accès aux pièces du sud-est, et s’élevaient à deux
mètres de haut contre le mur de la terrasse au-dessus, qui s’était effondrée
“violemment, d’un seul coup”102 ». Mais on n’a aucune indication sur ce qui en a
été la cause : des envahisseurs, une rébellion interne ou un accident.
Une chercheuse confirmée qui a fouillé Mycènes, Elizabeth French de
l’université de Cambridge, a noté :
Immédiatement après la « destruction de 1200 », quelle qu’en ait été la cause, la citadelle de
Mycènes était dans un grand désordre. Autant qu’on puisse le savoir, quasiment plus aucune
structure n’était utilisable. Le feu et la destruction, combinés, ont été très étendus et nous avons
la preuve qu’une couche résultant d’une vague de boue a recouvert de grandes parties du versant
ouest et supposons qu’elle résulte de pluies intenses sur les débris103.

Néanmoins, French comme Iakovidis remarquent que cela n’implique pas la


fin de Mycènes, car la ville a été réoccupée, même si c’est à plus petite échelle,
immédiatement après. Comme le dit Iakovidis, « c’était une période de
retranchement et de régression accélérée mais pas d’alarme et de désespoir104 ».
De manière intéressante, Iakovidis remarque également que « le contexte
archéologique […] n’offre aucune preuve de migration ou d’invasion de quelque
taille qu’elle soit, comme cause de ces troubles locaux au cours des XIIe et
XIe siècles av. J.-C. Mycènes n’a pas connu une fin violente. Le site n’a jamais
[…] été déserté mais, malgré tout, pour des raisons externes et lointaines, la
citadelle a perdu son importance politique et économique. Le système complexe
de centralisation qui y était installé et qu’elle représentait a été brisé, le pouvoir
qui l’avait créée ne pouvait plus se maintenir et un déclin général a commencé,
pendant lequel le site est tombé lentement et graduellement en ruines105 ». En
d’autres termes, on ne sait pas, suivant Iakovidis, la cause des incendies qui ont
détruit de grandes parties de Mycènes juste après 1200 av. J.-C., mais il écarte
l’idée d’une invasion ou d’autres événements dramatiques, préférant attribuer le
déclin graduel du site au cours des décennies qui ont suivi à l’effondrement du
système palatial et du commerce à longue distance. Les récentes découvertes
d’autres archéologues pourraient apporter la preuve que cette thèse est la
bonne106.

Tirynthe
À peine à quelques kilomètres de Mycènes, les fouilles menées à Tirynthe en
Argolide (Grèce continentale) se sont poursuivies depuis Heinrich Schliemann, à
la fin des années 1800. Des preuves de destruction y ont été trouvées par la
plupart des archéologues et, plus récemment, par Joseph Maran, de l’université
de Heidelberg.
En 2002 et 2003, Maran poursuivit la fouille de deux structures, les
bâtiments XI et XV au sein de la citadelle basse du site, déjà partiellement
étudiées par son prédécesseur, Klaus Kilian. On pense que ces bâtiments n’ont
été utilisés que très peu de temps avant d’être détruits. Dans les débris issus de la
destruction datant de 1200 av. J.-C., ou juste après, Maran a trouvé des objets
intéressants, en particulier un petit fragment d’ivoire portant une inscription en
cunéiforme, qui aurait été soit importé ou utilisé/fabriqué par un étranger vivant
à Tirynthe pendant cette période tumultueuse107.
Selon Maran, la destruction a résulté « d’une catastrophe qui a frappé Tirynthe
[…], [et qui] a détruit le palais et les habitations de la citadelle basse ». Il note
également, à la suite de Kilian, que les « murs onduleux » visibles sur certains
bâtiments montrent que la cause de la destruction a sans doute été un fort
tremblement de terre et que des « fouilles récentes sur le site voisin de Midéa
confortent [désormais] cette interprétation108 ».
Kilian a longtemps affirmé que Tirynthe avait été détruite par un tremblement
de terre qui aurait également touché d’autres sites de l’Argolide comme
Mycènes ; d’autres archéologues soutiennent maintenant cette hypothèse109.
Kilian écrit : « Les preuves sont les restes des bâtiments avec leurs murs et leurs
fondations inclinés et incurvés, mais aussi les squelettes de personnes tuées,
enfouies sous les murs effondrés de leurs maisons110. »
Nous avons vu précédemment que Mycènes avait subi des destructions
considérables vers 1200 av. J.-C., probablement à la suite d’un tremblement de
terre. Comme nous l’avons déjà vu en détail, il existe de solides preuves de la
survenue d’un ou de plusieurs tremblements de terre qui ont sévèrement touché
de nombreux sites en Grèce à cette époque, et pas seulement Mycènes et
Tirynthe en Argolide.
Néanmoins, les découvertes archéologiques résultant des fouilles actuelles ont
montré de manière certaine que Tirynthe n’avait pas été complètement détruite.
La cité continua à être habitée durant plusieurs décennies, des parties
importantes de la ville ayant été reconstruites, en particulier dans sa partie
basse111.

Destructions à Chypre
En Méditerranée orientale aussi, les Peuples de la Mer ont été accusés des
désordres de l’âge du bronze survenus à Chypre, vers 1200 av. J.-C. On a
longtemps pensé qu’il s’agissait d’un cas relativement simple. Il y a trente ans,
Vassos Karageorghis, alors directeur des Antiquités de l’île, écrivait :
La situation pacifique […], devait brutalement changer vers la fin du chypriote II [c’est-à-dire en
1225 av. J.-C., environ]. Même si l’on ne peut pas considérer comme totalement vérifiée
l’assertion fanfaronne des Hittites selon laquelle ils contrôlaient Chypre […], on ne peut pas
ignorer le fait que sous le règne de Suppiluliuma II la situation en Méditerranée orientale était
loin d’être calme112.

Karageorghis allait jusqu’à envisager qu’un « grand nombre de réfugiés » ait


quitté la Grèce continentale quand l’« empire mycénien » (comme il l’appelle)
s’était effondré, et qu’ils soient devenus des pilleurs et des aventuriers qui
avaient finalement atteint Chypre avec d’autres vers 1225 av. J.-C. Il leur
attribuait les destructions qui avaient frappé à Chypre à cette période, y compris
sur les sites importants comme Kition ou Enkomi sur la côte est, mais aussi sur
d’autres sites comme Maa-Palaeokastro, Kalavas-Ayios Dhimitrios, Sinda et
Maroni113.
Le petit site de Maa-Palaeokastro est d’un intérêt tout particulier car il a été
construit pendant la période des troubles, c’est-à-dire à la fin du XIIIe siècle
av. J.-C. Karageorghis qui l’a fouillé, décrit « un avant-poste [militaire] fortifié
extérieur sur le promontoire de la côte ouest ». Il remarque que ce poste était
naturellement fortifié grâce aux pentes abruptes du promontoire et entouré par la
mer sur trois côtés, si bien qu’il n’avait dû être fortifié qu’à l’endroit où il était
relié au reste du pays. Selon lui, cet avant-poste aurait été construit par les
envahisseurs venus du monde grec pour lancer un raid sur Enkomi et Kition
depuis cette enclave, avant qu’elle ne soit elle-même détruite par une seconde
vague de colons venus du monde grec, probablement vers 1190 av. J.-C., qui
s’établirent alors définitivement dans l’île114.
Karageorghis pensait que d’autres enclaves ou avant-postes étrangers de ce
type avaient été créés à Chypre sur des sites comme Sinda et Pyla-
Kokkinokremos. Il avait par exemple remarqué que le foyer d’habitations de
Sinda, situé juste à l’intérieur des terres, à l’ouest d’Enkomi, avait été
violemment détruit vers 1225 av. J.-C. De nouveaux bâtiments et de nouveaux
étages furent ensuite construits directement sur la couche de débris carbonisés,
peut-être par les envahisseurs venus du monde grec115.
Cependant, ces destructions et reconstructions ont certainement eu lieu trop
tôt pour correspondre aux incursions des Peuples de la Mer – du moins à celles
décrites par Merneptah en 1207 av. J.-C., ou Ramsès III en 1177 av. J.-C. Par
conséquent, Karageorghis a fait l’hypothèse qu’une vague plus ancienne de
peuples belliqueux venus du monde grec était arrivée à Chypre avant même les
Peuples de la Mer, en 1225 av. J.-C., au plus tard. L’arrivée, ensuite, des Peuples
de la Mer est visible grâce aux fouilles réalisées à Enkomi, sur la côte chypriote ;
elle « constitue une seconde catastrophe […], que certains chercheurs associent
avec les raids des Peuples de la Mer ». Ce second niveau de destruction, dit-il,
daterait de 1190 av. J.-C. environ116.
Il n’existe néanmoins aucune preuve tangible permettant d’identifier les
auteurs des destructions survenues entre 1225 et 1190 av. J.-C., sur l’ensemble
des sites chypriotes. Il est tout à fait possible que Tudhaliya et les Hittites – qui,
après tout, ont proclamé avoir attaqué et conquis Chypre à peu près à cette
époque – aient provoqué les destructions survenues vers 1225 av. J.-C. De plus,
nous avons déjà indiqué qu’une autre attaque hittite sur l’île avait eu lieu sous le
règne de Suppiluliuma II (qui occupa le trône hittite à partir de 1207 av. J.-C.),
comme il l’a lui-même rapporté. Ainsi, les Hittites, et non les Peuples de la Mer,
pourraient être responsables de la plupart des destructions qu’a connues Chypre
pendant cette période troublée. Un texte envoyé par le gouverneur de Chypre
(Alashiya) semble même montrer que des navires venus d’Ougarit pourraient
avoir provoqué certains des dommages ; mais il est aussi possible que certaines
destructions aient été causées par un ou plusieurs tremblements de terre.
À Enkomi, les archéologues ont découvert des corps d’enfants tués par la chute
de briques en terre de la superstructure du bâtiment, ce qui pourrait accuser la
mère nature et non les humains117.
Le scénario envisagé par Karageorghis a été amendé au profit d’une vision
plus complexe de ce qui s’est passé à Chypre à la fin de l’âge du bronze récent.
Même Karageorghis avait rapidement été convaincu que chaque site en question
n’avait subi qu’une série de destructions et non pas deux ; et qu’elles étaient
intervenues entre 1190 et 1174 av. J.-C., et non en 1225 av. J.-C.118. Une histoire
plus récente de cette période, due à la chercheuse britannique Louise Steel,
considère que « le point de vue traditionnel […] sur cette période est celui d’une
colonisation mycénienne de Chypre (et du Levant de sud) après l’effondrement
des palais mycéniens. Néanmoins […], il n’y a pas eu une simple imposition de
la culture mycénienne sur l’île. Au contraire, les éléments matériels […]
montrent un syncrétisme mêlant plusieurs influences qui reflète la nature
cosmopolite de la dernière identité culturelle [du chypriote tardif]. La culture
mycénienne (ou grecque) n’a pas simplement été transposée du monde égéen à
Chypre, mais s’est mélangée avec la culture chypriote indigène119 ».
Steel remet également en cause les conclusions de Karageorghis et la vision
habituelle de la colonisation grecque de Chypre. Ainsi, plutôt que de voir Maa-
Palaeokastro ou Pyla-Kokkinokremos comme des villes étrangères ou des
« avant-postes défensifs », elle précise que les éléments dont on dispose
semblent indiquer que ces sites étaient des bastions chypriotes locaux, le dernier
ayant été créé, par exemple, pour « garantir le mouvement des biens, en
particulier des métaux, entre les villes portuaires […], et le territoire
chypriote120 ». Elle poursuit en expliquant que « l’interprétation conventionnelle
de Maa-Palaeokastro comme étant un bastion grec reste à démontrer de manière
rigoureuse » et suggère que Maa-Palaeokastro comme Pyla-Kokkinokremos
pourraient constituer de bons exemples de bastions indigènes chypriotes,
semblables aux structures défensives construites à peu près à la même époque en
Crète121.
D’autres chercheurs, comme Bernard Knapp de l’université d’Édimbourg,
font désormais l’hypothèse que la soi-disant colonisation mycénienne si présente
dans la littérature ancienne n’était ni mycénienne ni une colonisation. En fait,
c’était bien plus probablement une période d’hybridation, durant laquelle des
aspects des cultures matérielles des Chypriotes, du monde grec et des Levantins
ont connu un processus d’appropriation mutuelle, et ont pu être réutilisés pour
former l’identité sociale d’une nouvelle élite122. En d’autres mots, nous sommes
à nouveau face à une culture globalisée, reflétant une multitude d’influences à la
fin de l’âge du bronze, juste avant son effondrement.
Par ailleurs, il faut tenir compte des commentaires de Paul Åström sur les
fouilles qu’il a effectuées sur le site de Hala Sultan Tekke, sur la côte chypriote,
près de l’actuelle Larnaca, qu’il décrit comme « une ville partiellement détruite
par le feu et évacuée en hâte ». Ici, vers 1200 av. J.-C., « des objets ont été
abandonnés dans les cours, et des biens de valeur cachés dans le sol. Des pointes
de flèches en bronze – l’une d’elles a été retrouvée fichée dans le mur d’un
bâtiment – et de nombreux projectiles trouvés un peu partout sont d’éloquentes
preuves de guerre123 ». C’est l’un des rares cas d’une attaque ennemie évidente,
mais les attaquants n’ont laissé leur carte de visite ni ici ni ailleurs. Dans le lagon
à Hala Sultan Tekke, on a aussi trouvé récemment la preuve scientifique que la
région avait certainement souffert des effets d’une grave sécheresse à la même
époque, nous y reviendrons124.
Ainsi, nous sommes maintenant face à une situation dans laquelle nos
connaissances habituelles sont remises en cause et les paradigmes historiques
conventionnels renversés ou, tout au moins, questionnés. Alors qu’il est clair
qu’il y a eu des destructions à Chypre juste avant ou après l’année 1200 av. J.-C.,
il n’est pas du tout évident d’identifier les coupables ; les suspects vont des
Hittites aux envahisseurs venus du monde grec et aux Peuples de la Mer, sans
oublier les tremblements de terre. Il se peut tout à fait que l’archéologie révèle la
culture matérielle de ceux qui ont tiré avantage de ces destructions et se sont
installés dans les villes partiellement ou totalement abandonnées, bien plus que
la culture matérielle des véritables responsables des destructions.
Malgré tout, Chypre semble avoir survécu à ces déprédations, intacte pour
l’essentiel. De nombreux éléments montrent que l’île a été florissante pendant le
reste du XIIe siècle et au XIe siècle av. J.-C. Parmi les preuves figurent des textes
égyptiens comme le « rapport d’Ounamon », concernant un prêtre et émissaire
égyptien dont le bateau coula au large de l’île en 1075 av. J.-C.125. Néanmoins, la
résilience chypriote fut le résultat d’une restructuration considérable de son
organisation politique et économique qui permit à l’île et à ses dirigeants de se
maintenir jusqu’en 1050 av. J.-C. environ126.

Les combats en Égypte et la conspiration du harem


De retour en Égypte, nous y trouvons une situation semblable à celle des
autres sites de Méditerranée orientale et du monde grec, malgré quelques
différences. Les Égyptiens avaient relativement bien terminé le XIIIe siècle,
ayant vaincu la première vague des Peuples de la Mer sous le règne de
Merneptah, en 1207 av. J.-C. Le XIIe siècle commença dans le calme, sous le
règne de Seti II et de la reine Taousert, mais quand Ramsès III parvint sur le
trône en 1184 av. J.-C., les événements commençaient à être tumultueux.
Pendant la cinquième puis la onzième année de son règne, il mena des guerres
importantes contre ses voisins libyens127. Entre ces deux guerres, au cours de la
huitième année de son règne, il lutta contre les Peuples de la Mer dont nous
avons parlé. Et puis, en 1155 av. J.-C., après avoir régné trente-deux ans, il
semble avoir été assassiné.
Cet assassinat est raconté dans de nombreux documents, dont le plus long est
le papyrus judiciaire de Turin. On pense que certains de ces documents
pourraient être liés à un autre et avoir fait partie, à l’origine, d’un seul rouleau de
papyrus long de 4,5 mètres. Tous portent sur le procès des accusés du meurtre,
que les égyptologues nomment la conspiration du harem.
La conspiration semble n’avoir aucun rapport avec ce qui se passait par
ailleurs en Méditerranée orientale à l’époque, et n’aurait été qu’un complot
imaginé par une reine secondaire dans le harem royal pour que son fils succède à
Ramsès III. Les quarante conspirateurs accusés, tous membres du harem ou
dignitaires de la cour, furent jugés en quatre groupes. Certains d’entre eux furent
reconnus coupables et condamnés à mort ; plusieurs furent forcés de se suicider
devant la cour. La reine et son fils faisaient partie des condamnés à mort128.
Même si on sait que Ramsès III est mort avant que les verdicts ne soient
prononcés, les documents n’indiquent pas clairement si le complot avait réussi.
Apparemment, ce fut le cas, même si cela n’a été mis en lumière que récemment.
La momie de Ramsès III est connue depuis longtemps. Elle avait d’abord été
enterrée dans sa propre tombe (classée KV 11), dans la vallée des Rois, puis
déplacée par les prêtres pour la mettre en lieu sûr, ainsi que d’autres momies
royales. Elles ont toutes été trouvées en 1881 dans la cache de Deir el-Bahari,
près du temple mortuaire d’Hatshepsout129.
En 2012, des égyptologues et des médecins légistes autopsièrent le corps de
Ramsès III et rapportèrent dans le British Medical Journal qu’il avait eu la gorge
tranchée. Le couteau affûté qui avait provoqué la blessure avait été planté dans le
cou, juste sous le larynx, avait atteint les vertèbres cervicales, coupant la trachée
et détruisant les tissus voisins. La mort avait été instantanée. Par conséquent, au
cours du processus d’embaumement, une amulette représentant l’œil d’Horus
avait été placée dans la blessure, comme protection ou traitement, même s’il était
trop tard pour que le roi survive. De plus, un col épais en lin avait été placé
autour du cou, afin de cacher la plaie (large de 7 centimètres). Seules les
analyses aux rayons X ont permis aux scientifiques de voir à travers l’épais
vêtement et d’identifier la blessure qui avait tué le roi130.
Un second corps, celui d’un homme de dix-huit à vingt ans, connu seulement
sous le nom de « Homme E » a été trouvé avec Ramsès III. Enveloppé dans une
peau de chèvre impure sur le plan rituel et mal momifié, ce corps pourrait être
celui du prince coupable, à en croire les tests ADN qui indiquent qu’il était
probablement le fils de Ramsès III. Les éléments de médecine légale, en
particulier une grimace faciale et des blessures au cou, suggèrent qu’il a
probablement été étranglé131.
Avec la mort de Ramsès III, la grandeur incontestable du Nouveau Royaume
égyptien prenait fin. La XIIe dynastie aura compté huit pharaons avant son
extinction en 1070 av. J.-C., mais aucun n’a rien accompli qui mérite que l’on
s’en souvienne. Naturellement, il aurait été particulièrement remarquable qu’il
en soit différemment étant donné la situation partout ailleurs en Méditerranée
orientale, même si le dernier roi, Ramsès XI, envoya son émissaire Ounamon à
Byblos pour se procurer des cèdres du Liban avant de faire naufrage à Chypre
sur le chemin du retour, vers 1075 av. J.-C.
Résumé
Même s’il est clair que la Méditerranée orientale et grecque a connu des
destructions massives à la fin du XIIIe siècle av. J.-C. et au début du XIIe, on ne
sait pas vraiment qui – ou quoi – en est responsable. La question de l’identité de
ceux qui ont fabriqué la poterie dite « mycénienne IIIClb », présente sur de
nombreux sites en Méditerranée orientale après les destructions survenues vers
1200 av. J.-C., y compris à Ras Ibn Hani et Ras Bassit, près d’Ougarit, reste
notamment sans réponse132. Cette poterie dont on pensait autrefois qu’elle avait
été fabriquée par des Mycéniens déplacés qui avaient fui vers l’est après la
destruction de leurs maisons et des villes de Grèce continentale, semble bien
plutôt avoir été produite à Chypre et en Méditerranée orientale, le plus
vraisemblablement après que les importations de marchandises d’origine
grecque eurent cessé.
Comme l’a déclaré Annie Caubet, du musée du Louvre, à propos de la
réoccupation du site de Ras Ibn Hani, près d’Ougarit : « Il est certain que la
réinstallation sur le site d’une manière stable et continue est indéniable. Ce qui
reste à prouver, c’est que ces nouveaux habitants faisaient partie des Peuples de
la Mer et qu’il ne s’agissait pas d’une population locale revenue après la fin des
troubles133. » D’autres innovations visibles à Chypre et au Levant à cette époque,
telles que l’utilisation de pierres de taille dans les techniques de construction, de
nouveaux rituels funéraires, de nouveaux types de vases134, semblent indiquer
l’existence de contacts avec le monde grec, voire la présence de personnes
venues du monde grec, ce qui pourrait aussi traduire la globalisation qui s’est
poursuivie pendant les années tumultueuses de la fin de l’âge du bronze.
Quant à cette fin elle-même, elle pourrait avoir exigé bien plus que les
dégradations de maraudeurs itinérants telles qu’elles sont rapportées par les
Égyptiens – les « Peuples de la Mer » comme on les appelle maintenant. Si
souvent montrés du doigt par les premiers chercheurs comme uniques
responsables de la fin de la civilisation dans cette zone très étendue, ils
pourraient avoir été autant victimes qu’oppresseurs, comme nous le verrons dans
le prochain chapitre.

Notes du chapitre 4
a. Informations fournies par Israel Finkelstein, Eran Arie et Michael Toffolo ; je les remercie de m’avoir
autorisé à faire état d’études en cours, qui ne sont pas encore publiées.
b. I. CARMI et D. USSISHKIN, « 14C Dates », in D. USSISHKIN (dir.), The Renewed Archaeological
Excavations at Lachish (1973-1994), Tel Aviv University, Tel Aviv, 2004, p. 2508-2513, avec le
tableau 35.1 ; G. BARKAY et D. USSISHKIN, « Area S : The Late Bronze Age Strata », in idem (dir.), The
Renewed Archaeological Excavations at Lachish, op. cit., p. 361 ; idem, « A Synopsis of the Stratigraphical,
Chronological and Historical Issues », in idem (dir.), The Renewed Archaeological Excavations at Lachish,
op. cit., p. 70 ; R. GIVEON, D. SWEENEY et N. LALKIN, « The Inscription of Ramesses III », in
D. USSISHKIN (dir.), The Renewed Archaeological Excavations at Lachish, op. cit., p. 1627-1628, avec
des références plus anciennes. D. USSISHKIN, communication personnelle, 14 mai 2013 : « Quand à la
date de la destruction de Lachish VI que je fixe à 1130 av. J.-C. – j’ai fait cette hypothèse, non pas sur la
base d’une étude par le carbone 14, mais en considérant que les Égyptiens avaient dû occuper Lachish aussi
longtemps de Megiddo et Beth Shan, situés plus au nord ; la statue de Ramsès III trouvée à Megiddo montre
que ces villes ont dû exister jusqu’en 1130, environ. Je maintiens ce point de vue. »
c. Comme la partie du chapitre précédent consacrée à Troie et à la guerre de Troie, cette brève
présentation de Troie VIIa et de sa destruction reprend les informations présentées dans The Trojan War,
écrit parallèlement à ce livre. Rappelons qu’une version en a déjà été publiée avec davantage de références,
dans le Guide Course accompagnant le quatorzième exposé de la série audio intitulée Archaeology and the
Illiad : The Trojan War in Homer and History (Livre audio/The Modern Schoolar, 2006). La reproduction
dans ce livre a été autorisée par l’éditeur.
Chapitre 5

Une « parfaite tempêtea » de catastrophes ?

Grâce aux indices et éléments de preuve réunis, nous voilà enfin capables de
résoudre notre mystère, de comprendre pourquoi le système international stable
de l’âge du bronze récent s’est soudain effondré après des siècles d’existence.
Mais nous devons garder l’esprit ouvert et appliquer « l’imagination à la
science », pour reprendre les mots de l’immortel Sherlock Holmes : « [Nous
sommes à présent] dans le domaine des probabilités… choisissons la plus
vraisemblable1. »
Pour commencer, tout au long du siècle passé, les chercheurs ont le plus
souvent lié la question des Peuples de la Mer à celle de ce que l’on appelle
l’effondrement ou la catastrophe de la fin de l’âge du bronze récent. C’était
particulièrement vrai dans les années 1980 et 1990 : Nancy Sandars publia en
1985 une édition révisée de son livre sobrement titré The Sea Peoples (« Les
Peuples de la Mer »), et, en 1993, Robert Drews, The End of the Bronze Age
(« La fin de l’âge du bronze »). Il y a eu au moins deux colloques universitaires,
ou séminaires, spécialement consacrés à ces sujets, en 1992 et 1997, et de
nombreux autres livres, thèses, conférences plus ou moins sur les mêmes
thèmes2. Mais, comme indiqué au début du présent ouvrage, les dernières
décennies nous ont livré une masse considérable de nouvelles données, qui
doivent être prises en compte car elles ont fait évoluer notre compréhension et
des Peuples de la Mer et des forces complexes qui mirent fin à l’ère de
civilisations brillantes que nous venons d’évoquer3.
En premier lieu, comme nous l’avons souvent souligné dans ce livre, il n’est
pas toujours évident de savoir qui, ou ce qui a causé la destruction des villes,
royaumes et empires de l’âge du bronze récent dans le monde grec et en
Méditerranée orientale. Comme le soulignait récemment un chercheur, la
destruction du palais de Nestor à Pylos, vers 1180 av. J.-C., en est un bon
exemple : « Certains ont suggéré que les auteurs de cette calamité étaient des
envahisseurs extérieurs au royaume, d’autres que le peuple de Pylos lui-même
s’était révolté contre son roi. Les causes précises restent indéterminées4. »
En second lieu, il nous faut bien admettre qu’il n’existe pas actuellement de
consensus parmi les chercheurs sur la (ou les) cause(s) de l’effondrement de ces
multiples sociétés interconnectées survenu il y a près de trois mille ans. Les
coupables récemment désignés comptent notamment « des attaques par des
ennemis étrangers, des soulèvements sociaux, des catastrophes naturelles, un
effondrement systémique, des changements dans la manière de faire la guerre5 ».
C’est à notre tour, désormais, à la suite des chercheurs qui se sont attelés à cette
tâche depuis près de quatre-vingts ans, de tenter d’en déterminer les causes
possibles. Nous veillerons à prendre en compte avec objectivité tous les éléments
de preuve, qu’ils confirment ou infirment nos hypothèses.

Tremblements de terre
Depuis Claude Schaeffer, le premier archéologue à avoir fouillé Ougarit, on a
fait l’hypothèse que les tremblements de terre seraient la cause ou, au moins,
auraient contribué, à la destruction de certaines villes à l’âge du bronze récent.
C’était selon lui la cause de la destruction finale d’Ougarit : il en avait trouvé des
signes convaincants. Ses photographies prises lors des fouilles montrent, par
exemple, de longs murs en pierres déséquilibrés par le choc, un dommage
typique des tremblements de terre6.
Mais on pense généralement que le séisme qui a touché Ougarit date de 1250
av. J.-C., ou d’un peu plus tard. De plus, comme on a trouvé les signes d’une
reprise d’activité dans les décennies qui séparent ce tremblement de terre de la
fin définitive de la ville, on considère le plus souvent qu’il n’a fait
qu’endommager la ville mais ne l’a pas complètement détruite7.
On sait qu’il est souvent difficile de distinguer une destruction due à un
tremblement de terre de celle provoquée par les humains et la guerre. Malgré
tout, plusieurs marqueurs caractéristiques d’un séisme peuvent être repérés par
les archéologues. Il peut s’agir de murs effondrés, réparés ou renforcés ; de
squelettes écrasés, ou de corps retrouvés sous des débris tombés ; de colonnes
renversées, couchées parallèlement les unes aux autres ; de la chute des clefs de
voûte ou des embrasures de porte ; de murs étrangement inclinés ou
anormalement décalés8. En revanche, dans une ville détruite par la guerre, on
trouve le plus souvent toutes sortes d’armes parmi les débris. Ainsi, sur le site
d’Aphek, en Israël, détruit à la fin du XIIIe siècle av. J.-C., tout comme à
Troie VIIA, les archéologues ont trouvé des pointes de flèches fichées dans les
murs des bâtiments9.
Grâce aux récentes découvertes des archéologues, on sait maintenant que la
Grèce, comme la plupart du monde égéen et de la Méditerranée orientale, a été
frappée par une série de tremblements de terre, vers 1225 av. J.-C. qui se sont
poursuivis sur une période de cinquante ans, jusque vers 1175 av. J.-C. Le
séisme mis en évidence et décrit par Schaeffer à Ougarit n’était que l’un d’entre
eux. On désigne désormais cette série de tremblements de terre de l’Antiquité
sous le nom de « tempête sismique » : une faille se « dézippe » en provoquant
des catastrophes en série des années ou des décennies durant, jusqu’à ce que la
pression se relâche le long de la ligne de faille10.
Dans le monde grec, des tremblements de terre ont probablement eu lieu
pendant cette période à Mycènes, Tirynthe, Midéa, Thèbes, Pylos, Kynos,
Lefkandi, aux Ménélaion, Kastanas en Thessalie, Korakou, Profitis Elias et Gla.
En Méditerranée orientale, des dommages sismiques de la même époque sont
également visibles sur plusieurs sites, y compris Troie, Karaoglan et Hattusa en
Anatolie ; Ougarit, Megiddo, Ashdod et Akko au Levant ; et Enkomi à Chypre11.
Et, de même qu’aujourd’hui l’effondrement des bâtiments fait des victimes,
des personnes se trouvant enterrées sous les gravats quand un tremblement de
terre ravage un lieu habité, au moins dix-neuf corps de personnes tuées au cours
de ces anciens séismes ont été trouvés durant les fouilles de villes dévastées à la
fin de l’âge du bronze. Ainsi, à Mycènes, les squelettes de trois adultes et
un enfant ont été trouvés dans le sous-sol d’une maison, à deux cents mètres au
nord de la citadelle, écrasés sous des pierres pendant un séisme. De la même
manière, dans une maison bâtie sur le versant ouest de la crête où est situé le
Trésor d’Atrée, on a trouvé dans le couloir reliant la pièce principale à celle
située à l’avant, le squelette d’une femme d’âge moyen écrasée par la chute
d’une pierre. À Tirynthe, ce sont les squelettes d’une femme et d’un enfant qui
ont été ensevelis à la suite de la chute des murs du bâtiment X dans l’acropole ;
deux autres squelettes humains ont été trouvés à côté des murs de fortification,
où ces personnes ont été tuées et recouvertes par les gravats. De même, près de
Midéa, on a trouvé d’autres squelettes, en particulier, dans une pièce située près
de la porte est, celui d’une jeune fille qui a eu le crâne et la colonne vertébrale
écrasés par la chute des pierres12.
Il nous faut néanmoins convenir que, même si ces tremblements de terre ont
causé de très graves dommages, il est peu probable qu’ils aient suffi à provoquer
l’effondrement complet de la société ; d’autant plus que certains sites ont été,
sans conteste possible, réoccupés et, même partiellement, reconstruits. Ce fut le
cas à Mycènes et à Tirynthe, même si ces villes ne retrouvèrent jamais leur
grandeur perdue13. Aussi devons-nous chercher une explication différente ou
complémentaire de la fin de l’âge du bronze récent dans le monde grec et en
Méditerranée orientale.

Changement climatique, sécheresse et famine


Le changement climatique, en particulier sous la forme de sécheresses
provoquant des famines, est l’une des explications préférées des chercheurs, en
particulier de ceux qui veulent expliquer non seulement la fin de l’âge du bronze
récent mais aussi les raisons qui ont poussé les Peuples de la Mer à commencer à
migrer. Même si les théories défendues par les archéologues reflètent
fréquemment les préoccupations du moment, de la décennie ou même de l’année
au cours de laquelle ils publient, ce type d’hypothèses sur les conséquences d’un
changement climatique à la fin du deuxième millénaire av. J.-C., a été fait
plusieurs décennies avant nos préoccupations actuelles.
Ainsi, la sécheresse a longtemps été l’explication favorite des premiers
chercheurs pour expliquer la migration des Peuples de la Mer à partir de l’ouest
de la Méditerranée vers les terres orientales. Leur postulat était qu’une
sécheresse survenue dans le nord de l’Europe avait obligé la population à migrer
vers le sud, dans la région méditerranéenne, où ils avaient provoqué le
déplacement de populations en Sicile, Sardaigne et Italie, et peut-être dans le
monde grec. Pour trouver des exemples de sécheresse à l’origine de grands
mouvements migratoires, il suffit de penser à ce qui s’est passé aux États-Unis
dans les années 1930 avec la sécheresse ayant engendré le célèbre Dust Bowl
(« bol de poussière ») qui provoqua un gigantesque déplacement de population
depuis l’Oklahoma et le Texas jusqu’en Californie.
À propos de ce type de migration, on parle souvent de « push-pull »
(« pousser-tirer ») : une situation difficile pousse les habitants à partir, alors que
les meilleures conditions de la destination attirent les nouveaux migrants. Guy
Middleton, archéologue britannique, a proposé d’ajouter à cela les notions de
« maintien » et de « capacité » : les raisons contribuant à désirer rester malgré
tout sur sa terre d’origine, et les capacités réelles à partir, comme la connaissance
de la navigation, des routes praticables, etc.14.
Dans les années 1960, il y a maintenant plus de cinquante ans, Rhys
Carpenter, professeur d’archéologie au Bryn Mawr College, avança l’argument
le plus célèbre faisant de la sécheresse un facteur important de la fin de l’âge du
bronze récent dans le monde grec. Il publia un livre très court, mais dont
l’influence fut considérable. Selon lui, la civilisation mycénienne avait été
détruite par une sécheresse prolongée touchant les régions grecque et
méditerranéenne. La chute considérable du nombre d’habitants en Grèce
continentale après la fin de l’âge du bronze constituait son principal argument15.
Mais des recherches archéologiques ultérieures ont montré que la population
n’avait pas autant diminué que ce que Carpenter avait imaginé. De fait, les
déplacements de population vers d’autres régions de Grèce à l’âge du fer avaient
sans doute peu à voir avec une hypothétique sécheresse. Du coup, l’ingénieuse
théorie de Carpenter est passée à la trappe, alors qu’elle pourrait connaître une
nouvelle postérité à la lumière des données récentes16, comme nous le verrons
plus loin.
Laissons donc provisoirement de côté la sécheresse, et examinons la question
de la famine ; longtemps, les chercheurs ont mis en avant des textes qui parlent
sans détours de famines et du besoin de céréales dans l’Empire hittite ou ailleurs
en Méditerranée orientale à la fin de l’âge du bronze17. Ils ont également précisé
que cette situation n’était pas propre aux dernières années de l’âge du bronze
récent.
Ainsi, quelques décennies plus tôt, au milieu du XIIIe siècle av. J.-C., une
reine hittite écrivit au pharaon égyptien Ramsès II : « Je n’ai pas de céréales sur
mes terres. » Quelque temps plus tard, sans doute pour la même raison, les
Hittites envoyèrent en Égypte un négociant pour qu’il se procure de l’orge et du
blé et le rapporte par bateau en Anatolie18. Une inscription du pharaon
Merneptah dans laquelle il déclare qu’il « a demandé à ce que des céréales soient
mises sur des bateaux, pour garder vivante cette terre de Hatti », confirme qu’il y
a eu une famine dans le pays hittite à la fin du XIIIe siècle av. J.-C.19. D’autres
lettres envoyées depuis la capitale hittite montrent l’importance de la crise au
cours des décennies suivantes ; l’auteur de l’une d’elles demande de manière
rhétorique : « Savez-vous qu’il y a eu une famine au milieu de mes terres20 ? »
Des lettres trouvées à Ougarit rapportent l’envoi immédiat d’une grosse
cargaison de céréales aux Hittites. Une lettre adressée par le roi hittite à celui
d’Ougarit est spécifiquement consacrée à une cargaison de deux mille unités
d’orge (ou de céréales). Elle se conclut sur un ton tragique : « C’est une question
de vie ou de mort21 ! » De la même manière, une autre lettre se préoccupe de
l’envoi de céréales par mer, mais insiste sur le fait qu’il faudra beaucoup de
navires. Cela a conduit les premiers archéologues à faire l’hypothèse qu’il
s’agissait d’une réaction aux incursions des Peuples de la Mer, ce que rien ne
prouve22. Même le dernier roi d’Ougarit, Ammurapi, reçut plusieurs lettres du roi
hittite Suppiluliuma II, au début du XIIe siècle av. J.-C. au cours des années qui
ont précédé les destructions finales ; dans l’une d’elles, il lui est fait reproche
d’avoir tardé à envoyer aux Hittites une cargaison de nourriture dont le besoin
était urgent23.
Itamar Singer, de l’université de Tel-Aviv, était convaincu que la famine
survenue à la fin du XIIIe et au début du XIIe siècle av. J.-C. avait été d’une
gravité inédite et qu’elle s’était étendue bien au-delà de la seule Anatolie. Selon
lui, des preuves, textuelles et archéologiques, montrent que « des cataclysmes
climatologiques ont affecté toute la Méditerranée orientale à la fin du deuxième
millénaire av. J.-C.24 ». Il se peut qu’il ait raison, car l’une des lettres trouvées
dans la maison d’Urtenu à Ougarit, dans le nord de la Syrie, parle d’une famine
qui ravageait la ville d’Emar, en Syrie intérieure, au moment de sa destruction,
en 1185 av. J.-C. On peut lire dans cette lettre apparemment envoyée par un
membre d’une entreprise commerciale établie dans cette ville : « Il y a une
famine dans votre [c’est-à-dire notre] maison ; nous allons tous mourir de faim.
Si vous n’arrivez pas rapidement, nous allons nous-même mourir de faim. Vous
ne trouverez pas âme qui vive dans votre pays25. »
Une lettre de Merneptah trouvée dans la maison d’Urtenu montre que même
Ougarit n’y a sans doute pas échappé. Elle mentionne précisément l’« envoi de
céréales depuis l’Égypte pour combattre la famine à Ougarit26 » ; un roi
d’Ougarit écrit à un correspondant inconnu, mais probablement âgé et de rang
royal : « [Ici] avec moi, l’abondance [est devenue] famineb. » On a aussi trouvé
une lettre du roi de Tyr, ville située sur la côte de l’actuel Liban, au roi
d’Ougarit. Il l’informe que son navire qui rentrait d’Égypte chargé de céréales a
été pris dans une tempête :
Le navire que vous aviez envoyé en Égypte, est mort [a coulé] au cours d’une puissante tempête
près de Tyr. Il a été secouru et le maître du sauvetage [ou capitaine] a pris toutes les céréales
contenues dans les jarres. Mais j’ai pris toutes leurs céréales, tous leurs gens, et tous leurs biens
au maître de sauvetage [ou capitaine], et je leur ai [tout] rendu. Et [maintenant], votre navire est
en sécurité à Akko, dépouillé.
Autrement dit, le navire avait soit trouvé un refuge, soit été secouru avec
succès. L’équipage et la cargaison de céréales étaient indemnes et attendaient les
ordres du roi d’Ougarit27. Le navire avait, semble-t-il, trouvé refuge dans la ville
portuaire d’Akko, où l’on peut aujourd’hui s’asseoir à la terrasse d’un restaurant
et imaginer l’intense activité qui devait régner, il y a maintenant trois mille ans.
Mais la cause, ou la combinaison de causes, de la ou des famines en
Méditerranée orientale à cette époque, reste incertaine. Parmi celles à envisager
figurent la guerre, les invasions d’insectes, mais un changement climatique
accompagné de sécheresse est plus vraisemblablement ce qui a transformé une
région verdoyante en désert semi-aride. Néanmoins, jusqu’à récemment, les
textes d’Ougarit et des autres régions de Méditerranée orientale mentionnant une
famine constituaient les seuls indices d’un changement climatique ou d’une
sécheresse, indirects, qui plus est. Des décennies durant, cette question a été
débattue par les chercheurs sous tous les angles possibles28.
Après les découvertes publiées par une équipe internationale de chercheurs
comprenant notamment David Kaniewski et Élise Van Campo de l’université de
Toulouse et Harvey Weiss de l’université de Yale, la question a pu être examinée
à nouveaux frais. Selon eux, on devait pouvoir trouver des preuves scientifiques
directes d’un changement climatique et d’une sécheresse dans la région
méditerranéenne à la fin du XIIIe et au début du XIIe siècle av. J.-C. Leurs
recherches portaient à l’origine sur la fin de l’âge du bronze ancien en
Mésopotamie, c’est-à-dire la fin du troisième millénaire av. J.-C., qui pourrait
être due à un changement climatique, mais ils suggèrent désormais que le même
phénomène a pu se reproduire à la fin de l’âge du bronze récent29.
Grâce aux données recueillies sur le site de Tell Tweini (l’ancienne Gibala),
dans le nord de la Syrie, ils ont noté qu’« une instabilité climatique et un épisode
de sécheresse grave » avaient pu avoir lieu dans cette région à la fin du
deuxième millénaire av. J.-C.30. Ils ont en particulier étudié le pollen conservé
dans des dépôts alluvionnaires à côté du site, qui montre que « des conditions
climatiques de sécheresse ont eu lieu dans la ceinture méditerranéenne de la
Syrie à la fin du XIIIe/au début du XIIe siècle av. J.-C. jusqu’au IXe siècle av. J.-
C.31 ».
Kaniewski et son équipe ont apporté récemment des preuves supplémentaires
d’une sécheresse simultanée à Chypre, grâce à l’analyse de grains de pollen
trouvés dans les sédiments du lac salé de Larnaka situé à Hala Sultan Tekke32.
Leurs travaux montrent qu’un « changement environnemental majeur » a eu lieu
dans cette région à la fin de l’âge du bronze récent et au début de l’âge du fer,
c’est-à-dire entre 1200 et 850 av. J.-C. À cette époque, la région de Hala Sultan
Tekke, un port important à l’âge du bronze récent, était « devenue une zone
désertique [et] les précipitations comme les nappes phréatiques étaient
certainement insuffisantes pour que l’agriculture subsiste33 ».
Si Kaniewski et ses collègues ont raison, on aurait enfin la preuve scientifique
directe attendue par les chercheurs qu’un épisode de sécheresse a contribué à la
fin de l’âge du bronze récent. Ils concluent d’ailleurs que les faits provenant à la
fois des côtes syrienne et chypriote suggèrent fortement « que la crise de l’âge
du bronze récent a coïncidé avec le pic d’une sécheresse qui a duré plus de trois
siècles, il y a 3 200 ans. Le changement climatique a provoqué désastre agricole,
pénurie et famine, précipitant ou accélérant les crises économiques et sociales à
l’origine de migrations humaines régionales à la fin de l’âge du bronze récent en
Méditerranée orientale et en Asie du sud-ouest34 ».
Indépendamment, Brandon Drake, de l’université du Nouveau-Mexique, a
apporté des preuves scientifiques supplémentaires à la démonstration de
Kaniewski et de ses collègues. Dans un article du Journal of Archaeological
Science, il cite trois faits qui montrent également que l’âge du bronze récent a
été beaucoup plus aride que la période précédente. D’abord, des isotopes
d’oxygène extraits de concrétions (spéléothèmes) dans la grotte de Soreq située
au nord d’Israël indiquent que les précipitations annuelles ont été faibles pendant
la transition entre l’âge du bronze et l’âge du fer. Deuxièmement, l’étude des
isotopes stables du carbone de grains de pollen prélevés dans le lac Voulkaria,
dans l’ouest de la Grèce, montre qu’à l’époque les plantes s’adaptaient à un
environnement devenu aride. Enfin, des carottes de sédiments prélevées en
Méditerranée révèlent une baisse de la température de la surface de la mer qui, à
son tour, a pu provoquer une baisse des précipitations sur terre (en réduisant le
différentiel de température entre terre et mer)35. Il fait remarquer que même « s’il
est difficile d’identifier précisément une période précise pendant laquelle le
climat est devenu plus aride », ce changement est probablement survenu entre
1250 et 1197 av. J.-C.c, c’est-à-dire exactement à l’époque qui nous intéresse.
Il relève non seulement une forte hausse des températures dans l’hémisphère
Nord immédiatement après l’effondrement des sites palatiaux mycéniens, qui a
pu engendrer des sécheresses, mais aussi une forte baisse des températures après
leur abandon, ce qui signifie qu’un refroidissement brutal a succédé à la hausse
des températures, d’où « des conditions beaucoup plus froides et arides au cours
des siècles obscurs grecs ». Comme le dit Drake, ces changements climatiques, y
compris la baisse de la température de la surface de la Méditerranée avant 1190
av. J.-C., ont induit de faibles précipitations (ou chutes de neige) qui pourraient
avoir affecté de manière spectaculaire les sites palatiaux, en particulier ceux qui
dépendaient d’une productivité agricole élevée, comme en Grèce mycénienne36.
Israel Finkelstein et Dafna Langgut de l’université de Tel-Aviv, en lien avec
Thomas Litt, de l’université de Bonn en Allemagne, sont venus compléter ce
tableau d’ensemble. Ils ont noté que des fossiles de particules de pollen d’une
carotte de vingt mètres de long forée à travers les sédiments au fond de la mer de
Galilée révèlent une période de sévère sécheresse, à partir de 1250 av. J.-C.
environ, dans le sud du Levant. Une seconde carotte forée sur la côte ouest de la
mer Morte a donné des résultats semblables ; mais les deux prélèvements
indiquent que la sécheresse avait pris fin vers 1100 av. J.-C., permettant à la vie
de reprendre, peut-être avec de nouvelles populationsd.
Mais, aussi passionnantes ces découvertes soient-elles, il nous faut admettre
que les sécheresses sont fréquentes dans cette région et qu’elles n’ont pas
toujours provoqué l’effondrement des civilisations. Une fois encore, il semble
que les changements climatiques, les sécheresses, les famines, même s’ils « ont
un impact sur les tensions sociales, et mènent parfois à une compétition pour
l’accès

à des ressources limitées », ne sont pas des facteurs suffisants pour avoir
causé, à eux seuls, la fin de l’âge du bronze récent, comme Drake le souligne
prudemment37.

Révoltes intérieures
Selon certains chercheurs, des révoltes intérieures ont joué un rôle important
dans la fin de l’âge du bronze récent. Elles auraient été provoquées par la
famine, due peut-être à la sécheresse, à des tremblements de terre ou à d’autres
catastrophes naturelles, ou même à l’interruption des routes du commerce
international qui auraient eu un impact économique considérable dans les zones
affectées et conduit des paysans mécontents ou des membres des classes sociales
inférieures à se rebeller contre les classes supérieures, dans une révolution
ressemblant à celle qui renversa le tsar de Russie en 191738.
Un tel scénario pourrait expliquer ce que l’on voit, par exemple, à Hazor en
Canaan, où il n’y a trace ni de tremblement de terre, ni de guerre, ni
d’envahisseurs. Même si Yadin et Ben-Tor, deux des premiers archéologues à
avoir fouillé ce site ont fait l’hypothèse d’une destruction due à la guerre,
probablement menée par les Israélites, Sharon Zuckerman de l’université
hébraïque de Jérusalem, actuelle codirectrice des fouilles, a récemment estimé
que la destruction correspondant à la strate IA de Hazor, entre 1230 et les
premières décennies du XIIe siècle av. J.-C., avait été causée par une révolte des
habitants de la ville et non par une invasion extérieure. Elle constate :
Il n’y a pas de preuves archéologiques de guerre, comme des victimes humaines et des armes, à
aucun endroit du site […], la conception de la destruction finale de la ville de Hazor à l’âge du
bronze récent, comme résultant d’une attaque soudaine et inattendue contre un royaume
florissant ne correspond à aucun fait archéologique39.

Elle pense plutôt que les « conflits de plus en plus importants et le déclin
progressif, avec pour tournant l’assaut final sur les principaux lieux politiques et
religieux de l’élite de la ville, constituent l’explication alternative la plus
plausible de la destruction et de l’abandon de Hazor40 ».
Même si on ne peut pas douter des destructions observables sur les différents
sites des palais mycéniens et des villes cananéennes, il faut bien avouer que nous
n’avons aucun moyen de prouver que des révoltes paysannes en ont été la cause.
Sans être prouvée, cette hypothèse n’en reste pas moins plausible. Et, une fois
encore, beaucoup de civilisations ont survécu à des révoltes intérieures, gagnant
même parfois en prospérité sous un nouveau régime. Aussi, l’hypothèse de
révoltes intérieures ne suffit donc pas à rendre compte de l’effondrement des
civilisations de l’âge du bronze récent en Méditerranée grecque et orientale.

Envahisseurs (possibles) et effondrement du commerce


international
Parmi les événements qui pourraient avoir nourri les révoltes intérieures, nous
n’avons fait qu’entrevoir le spectre d’envahisseurs étrangers coupant les routes
du commerce international et déstabilisant des économies fragiles sans doute
extrêmement dépendantes de l’importation de matières premières. La
comparaison de Carol Bell entre l’importance stratégique de l’étain à l’âge du
bronze et celle du pétrole aujourd’hui serait particulièrement convaincante dans
cette hypothèse41.
Mais même si elle ne provoqua pas de révolte intérieure, la rupture des routes
commerciales internationales pourrait avoir eu des conséquences redoutables et
immédiates dans les royaumes mycéniens comme Pylos, Tirynthe et Mycènes,
qui devaient importer le cuivre et l’étain nécessaires à la production de bronze,
mais aussi des quantités importantes de différentes matières premières, comme
l’or, l’ivoire, le verre, l’ébène et la résine de térébenthine utilisée dans les
parfums. Alors qu’une catastrophe naturelle, comme un tremblement de terre,
pouvait entraîner une rupture temporaire des échanges commerciaux,
accompagnée d’une hausse des prix, que l’on appellerait aujourd’hui inflation,
une rupture permanente pourrait bien avoir été provoquée par des envahisseurs
étrangers dans les zones concernées. Mais qui étaient ces envahisseurs ? Faut-il
ici évoquer les Peuples de la Mer ?
Au lieu des Peuples de la Mer, les anciens Grecs – des historiens comme
Hérodote et Thucydide dans l’Athènes du Ve siècle av. J.-C. jusqu’au voyageur
plus tardif Pausanias – pensaient qu’un groupe appelé Doriens était venu du nord
à la fin de l’âge du bronze, et avait été à l’origine de l’âge du fer42. Cette affaire a
été beaucoup débattue par les archéologues et les historiens de l’âge du bronze
grec ; parmi les faits pris en compte, il y a un nouveau type de céramique dite
« barbare » (Handmade burnished potterye – « poterie faite à la main aux reflets
dorés »). Mais au cours des dernières décennies il est devenu évident qu’une
telle invasion venue du nord n’avait pas eu lieu à cette époque et que l’on n’avait
donc aucune raison de retenir qu’une « invasion dorienne » avait mis fin à la
civilisation mycénienne. En dépit des traditions de la Grèce classique, il est
établi que les Doriens n’ont rien à voir avec l’effondrement de la fin de l’âge du
bronze récent et qu’ils ne se sont venus en Grèce que bien après ces
événements43.
Bien plus, des études récentes montrent maintenant que même pendant le
déclin du monde mycénien et les premières années de l’âge du fer, la Grèce
continentale a conservé des relations commerciales avec la Méditerranée
orientale. Mais elles n’étaient probablement plus sous le contrôle des classes
supérieures occupant les palais à l’âge du bronze44.
Par ailleurs, dans le nord de la Syrie, on a trouvé de nombreux documents
attestant que des envahisseurs venus de la mer avaient attaqué Ougarit à cette
époque. Même si on sait peu de chose sur l’origine de ces maraudeurs, on ne
peut pas exclure que les Peuples de la Mer en aient fait partie. Des chercheurs
ont récemment souligné que de nombreuses villes-États de la Méditerranée
orientale, en particulier Ougarit, auraient pu être sévèrement frappées par la
destruction des routes commerciales internationales, fragilisées par les ravages
de maraudeurs des mers.
Itamar Singer a par exemple émis l’hypothèse que la chute d’Ougarit pourrait
être due à « l’effondrement brutal des structures du commerce international,
élément vital de l’économie en plein essor d’Ougarit à l’âge du bronze ».
Christopher Monroe de l’université Cornell a replacé ce fait dans un contexte
plus large, soulignant que les riches cités-États de la Méditerranée orientale
avaient été les plus sévèrement touchées par les événements du XIIe siècle av. J.-
C., car elles étaient non seulement des cibles particulièrement attrayantes pour
les envahisseurs, mais aussi les plus dépendantes du commerce international.
Selon lui, la dépendance – ou la dépendance excessive – à l’entreprise
capitaliste, et en particulier au commerce au long cours, pourrait avoir contribué
à l’instabilité économique observée à la fin de l’âge du bronze récent45.
N’oublions pas qu’Ougarit représentait une proie tentante pour les
envahisseurs étrangers, les pirates locaux, comme pour d’éventuels autres
groupes. C’est ce que montre la lettre trouvée dans les archives sud, dans la cour
V du palais d’Ougarit (mais pas dans un four, comme on l’a vu), qui mentionne
sept navires ennemis ayant provoqué des troubles sur le territoire d’Ougarit. Que
ces bateaux aient ou non un lien avec la destruction finale de la ville, de tels
ennemis ont dû perturber le commerce international, vital pour Ougarit.
Quand une situation aussi dramatique se présente aujourd’hui, chacun y va de
son conseil. Les choses n’étaient sans doute pas très différentes à l’âge du bronze
récent. Une lettre trouvée à Ougarit, peut-être envoyée par le vice-roi hittite de
Karkemish, conseille le roi d’Ougarit sur la bonne manière d’affronter ces
navires. Il cite son interlocuteur : « Ce que tu m’as écrit : “On a vu des bateaux
de l’ennemi en mer” », avant de donner ses recommandations : « Eh ! bien,
[sois] très ferme ! En effet, en ce qui te concerne, tes troupes, [tes] cha[rs,] où
donc stationnent-ils ? Ne stationnent-ils pas auprès de toi ? […] Entoure de
remparts des villes tiennes, fais-y entrer troupes et chars, [et] attends[-y]
l’ennemi de pied très ferme46 ! »
Une autre lettre, trouvée dans la maison de Rapanu et envoyée par un certain
Eshuwara, premier gouverneur de Chypre, est évidemment en rapport avec cette
situation. Le gouverneur affirme n’être responsable d’aucun dommage causé à
Ougarit ou sur son territoire par les bateaux, d’autant que ce sont – dit-il – des
bateaux et des hommes d’Ougarit qui commettent des atrocités, et qu’Ougarit
devrait se préparer à se défendre : « Quant aux choses des ennemis, de ces gens
de ton pays, et de tes bateaux, cette chose-là ils l’ont bien faite, et cette
transgression [?], ces [?] gens de ton pays, ils l’ont faite […]. C’est pour
t’informer, pour te mettre en garde, que je t’écris : sache-le ! » Il ajoute que vingt
navires ennemis sont partis vers une destination inconnue47.
Pour finir, une lettre issue des archives d’Urtenu envoyée par un dignitaire de
Karkemish, dans le nord de la Syrie, explique que le roi de ce pays a quitté le
territoire hittite pour porter secours à Ougarit, implorant de nombreuses
personnes, nommément citées, dont Urtenu et les anciens de la ville, de tenir
jusqu’à leur arrivée48. Mais il arriva sans doute trop tard. Dans le cas contraire, il
fut de peu de secours, car une autre lettre, privée, sans doute l’une des dernières
écrites dans cette ville, dépeint une situation alarmante : « Quand votre messager
est arrivé, l’armée avait été humiliée et la ville mise à sac. Nos récoltes, dans les
aires de battage, ont été brûlées, et les vignobles ont été également détruits.
Notre ville est détruite. Sache-le ! Sache-le49 ! »
Nous l’avons vu, les archéologues qui ont fouillé Ougarit affirment que la
ville a été incendiée, que le niveau des débris atteint deux mètres de haut par
endroits, et que de nombreuses pointes de flèches ont été trouvées éparpillées
dans les ruines50. On a également découvert des biens enterrés dans la ville avec,
parfois, des objets précieux en or ou en argent, y compris des statuettes, des
armes et des outils, dont certains portaient des inscriptions. Ils semblent tous
avoir été cachés juste avant la destruction ; leurs propriétaires ne sont jamais
revenus les chercher51. Mais, même une destruction complète de la ville
n’explique pas pourquoi les survivants n’ont pas tenté de la reconstruire, sauf s’il
n’y a eu aucun survivant.
Plus qu’un anéantissement, la rupture des routes commerciales,
l’effondrement de tout le système des échanges, pourrait expliquer le plus
logiquement et le plus complètement pourquoi Ougarit n’a jamais été réoccupée
après sa destruction. Pour citer un chercheur, « le fait qu’Ougarit n’ait jamais pu
renaître de ses cendres, à la différence d’autres villes du Levant qui ont connu un
destin semblable à l’âge du bronze récent, doit tenir à une raison plus importante
que la destruction même52 ».
Mais on peut opposer un contre-argument à cela. Les connexions
internationales d’Ougarit ont apparemment perduré après la fin soudaine de la
ville : on a trouvé une lettre du roi de Beyrouth envoyée à un dignitaire
d’Ougarit (le préfet) qui arriva à destination alors que le roi d’Ougarit avait déjà
pris la fuite53. Autrement dit, Ougarit fut détruite par des envahisseurs et ne fut
jamais reconstruite, même si les relations commerciales internationales se
poursuivaient, au moins partiellement, à ce moment-là.
En fait, les archives Rapanu et Urtenu montrent l’importance considérable des
interconnexions internationales en Méditerranée orientale, y compris à la fin de
l’âge du bronze récent. Bien plus, comme le montrent les quelques textes des
archives Urtenu publiés, ces relations internationales se sont poursuivies avec la
même intensité jusqu’à la destruction de la ville. Cela montre, sans équivoque
possible, que la fin a dû être soudaine, qu’il n’y a pas eu de déclin graduel après
que les routes commerciales eurent été coupées ou à cause d’une sécheresse et
d’une famine, mais qu’Ougarit a été détruite par des envahisseurs,
indépendamment du fait de savoir si ceux-ci ont aussi coupé les routes
commerciales internationales.

Décentralisation et montée en puissance des marchands


privés
Une autre hypothèse récente doit être prise en compte, même si elle pourrait
bien refléter la pensée actuelle sur la décentralisation dans le monde
contemporain.
Dans un article publié en 1998, Susan Sherratt, désormais à l’université de
Sheffield, soutenait que l’arrivée des Peuples de la Mer avait constitué l’étape
finale du remplacement des anciens systèmes politico-économiques centralisés
de l’âge du bronze par de nouveaux systèmes économiques décentralisés,
propres à l’âge du fer – c’est-à-dire le remplacement de royaumes et d’empires
contrôlant le commerce international par des cités-États plus petites et des
entrepreneurs privés faisant des affaires pour leur propre compte. Elle suggérait
que les Peuples de la Mer pouvaient « utilement être vus comme un phénomène
structurel, le produit d’une évolution naturelle et de l’expansion du commerce
international aux troisième et deuxième millénaires, qui apportent avec eux les
semences de la subversion d’économies de commande basées sur les palais
initialement à l’origine de ce commerce54 ».
Aussi, même si elle admet que les routes commerciales internationales ont pu
être coupées, et que certains des Peuples de la Mer ont pu être des migrants
envahisseurs, elle conclut finalement qu’il importe peu de savoir d’où venaient
les Peuples de la Mer, qui ils étaient et ce qu’ils avaient fait. Ce qui compte, c’est
le changement économique et sociopolitique qu’ils ont apporté, le passage d’une
économie contrôlée pour l’essentiel par les palais à une économie dans laquelle
les marchands privés et les entités plus petites bénéficient d’une plus grande
liberté économique55.
L’argument de Sherratt est élégamment présenté même s’il reprend les
hypothèses émises par d’autres chercheurs. Klaus Kilian, qui a fouillé Tirynthe,
avait par exemple écrit : « Après la chute des palais mycéniens, quand
l’économie “privée” s’est établie en Grèce, les contacts avec les pays étrangers
ont été maintenus. Au système palatial bien organisé ont succédé des pouvoirs
plus locaux, certainement moins puissants dans leur expansion économique56. »
Michal Artzy de l’université d’Haïfa a même donné un nom à certains des
marchands privés mis en scène par Sherratt : les « nomades de la mer ». Selon
elle, ils auraient déjà été actifs comme intermédiaires dans l’essentiel du
commerce international aux XIVe et XIIIe siècles av. J.-C.57.
Pourtant, des études plus récentes ont contesté la vision du monde transitoire
proposée par Sherratt. Carol Bell a, par exemple, marqué son désaccord :
Il est simpliste […] d’interpréter le changement entre l’âge du bronze récent et l’âge du fer
comme le remplacement d’un système d’échange administré par les palais par un commerce
entrepreneurial. Le remplacement total d’un paradigme par un autre n’est pas une bonne
explication pour ce changement et la restructuration qui s’en est suivie58.

Même s’il est à peu près certain que l’activité privée a pu être au départ un
sous-produit du commerce palatial, il n’est pas du tout évident qu’elle ait ensuite
été le facteur déstabilisant du système qui l’avait engendrée59. Certains
chercheurs ont souligné qu’à Ougarit, par exemple, même s’il était évident que
la ville avait été brûlée et abandonnée, on n’avait aucune preuve, à partir des
textes trouvés sur place ou des vestiges existants, que cela était dû à des
entrepreneurs privés contestant le rôle de l’État et son contrôle sur le commerce
international60.
En réalité, si l’on combine ce que nous apprennent les textes avec le fait
qu’Ougarit a, sans doute possible, été détruite par le feu et que l’on a trouvé des
armes dans les gravats, nous pouvons répéter que, même s’il existait des germes
de décentralisation à Ougarit, c’est la guerre et les combats qui ont certainement
provoqué sa fin, et que des envahisseurs étrangers en portent la responsabilité.
Un scénario très différent de celui présenté par Sherratt et ses collègues. Que ces
envahisseurs aient été les Peuples de la Mer n’est pas établi, même s’il est
troublant que l’un des textes trouvés à Ougarit mentionne explicitement les
Shikila/Shekelesh, déjà connus grâce aux inscriptions de Merneptah et de
Ramsès III sur les Peuples de la Mer.
Quoi qu’il en soit, même si la décentralisation et les marchands individuels
privés font partie du problème, il est tout à fait improbable qu’ils aient à eux
seuls mis un terme à l’âge du bronze récent. Plutôt que d’accepter l’idée que les
marchands privés et leurs entreprises ont sapé l’économie de l’âge du bronze,
peut-être devrions-nous prendre en compte l’hypothèse alternative selon laquelle
ils auraient tout simplement émergé du chaos provoqué par l’effondrement. C’est
la position défendue par James Muhly de l’université de Pennsylvanie, il y a
vingt ans. Selon lui, le XIIe siècle av. J.-C. n’était pas dominé par « des
aventuriers sur mer, des pirates et des mercenaires flibustiers », mais était plutôt
un monde « de marchands et de négociants entreprenants, exploitant de
nouvelles opportunités économiques, de nouveaux marchés et de nouvelles
sources de matières premières61 ». Du chaos surgissent toujours des opportunités,
au moins pour quelques chanceux.

Qui étaient les Peuples de la Mer et où allèrent-ils ?


Pour finir, revenons aux Peuples de la Mer qui restent pour le moment plus
énigmatiques et insaisissables que jamais. Qu’on les voie comme des aventuriers
sur mer ou comme des populations migrantes, les preuves textuelles et
archéologiques indiquent toutes que, malgré leur nom, les Peuples de la Mer
voyageaient probablement sur terre et sur mer – c’est-à-dire par tous les moyens
possibles.
Voyager par la mer impliquait certainement de suivre la côte et même sans
doute de devoir trouver chaque nuit un port pour être en sécurité. Mais la
question de savoir si les navires ennemis mentionnés dans les textes d’Ougarit
sont ceux des Peuples de la Mer ou de renégats du royaume – comme le dit la
lettre envoyée par Eshuwara, gouverneur d’Alashiya – reste posée62. Dans cette
perspective, il nous faut prendre en compte la lettre que nous avons déjà
mentionnée, trouvée dans la maison d’Urtenu à Ougarit, qui mentionne le
« peuple Shikila » qui, selon toute probabilité, peut être identifié aux Shekelesh
des textes égyptiens. La lettre, envoyée par le roi hittite, sans doute
Suppiluliuma II, au gouverneur d’Ougarit, fait référence à un jeune roi d’Ougarit
qui « ne sait rien ». Pour Singer, comme pour d’autres chercheurs, cela renvoie
certainement à Ammurapi, le nouveau roi d’Ougarit. Dans cette lettre, le roi
hittite souhaite interroger un homme appelé Ibnadushu, capturé par les
Shikila/Shekelesh « qui vivent sur des bateaux », afin d’en savoir plus sur eux63.
On ignore si l’interrogatoire a eu lieu et, si c’est le cas, ce que l’on a pu
apprendre.
On pense en général que ce document est le seul à mentionner par leur nom
les Peuples de la Mer si on excepte les textes égyptiens, même si on a laissé
entendre qu’il devait y en avoir d’autres. L’« ennemi venu du pays Alashiya »
qui attaqua le dernier roi hittite, Suppiluliuma II, sur terre, après avoir mené trois
batailles navales contre les forces d’Alashiya (c’est-à-dire Chypre), pourrait faire
référence aux Peuples de la Mer. De même, une inscription trouvée en 1988 à
Hattusa pourrait indiquer que Suppiluliuma II combattait déjà les Peuples de la
Mer qui auraient accosté sur la côte sud de l’Anatolie et progressaient vers le
nord64. La plupart des documents et des inscriptions contiennent la formule
générale de « navires ennemis » sans nommer spécifiquement les Peuples de la
Mer.
Ces Peuples de la Mer, peut-être, et même probablement, venus par voie
terrestre, ont dû suivre le plus souvent une route côtière, la destruction des villes
leur ouvrant de nouveaux territoires, un peu comme les batailles menées environ
mille ans plus tard par Alexandre le Grand à la rivière Granicus, à Issus et
Gaugamela donnèrent à son armée accès à des régions entières du Proche-Orient.
Assaf Yasur-Landau de l’université d’Haïfa soutient que certains Peuples de la
Mer pourraient avoir entamé leur périple en Grèce avant de franchir les
Dardanelles pour rejoindre la Turquie/Anatolie. D’autres – peut-être même la
plupart, selon lui – auraient simplement commencé leur voyage à cet endroit,
joignant leurs forces à celles qui venaient du monde grec, poursuivant leur route
le long de la côte sud de la Turquie jusqu’en Cilicie à son extrémité est, puis plus
au sud du Levant en suivant une route longeant la côte. S’ils ont bien pris ce
chemin, ils ont dû passer par Troie, les royaumes d’Arzawa et de Tarhuntassa en
Anatolie, les villes de Tarse et d’Ougarit respectivement dans le sud-est de
l’Anatolie et le nord de la Syrie. Certains, voire l’ensemble de ces sites portent
des stigmates de destruction puis (ou) d’abandon qui datent de la période où l’on
suppose que les Peuples de la Mer étaient actifs, mais l’on n’a aucune certitude
sur le fait qu’ils en aient été les responsables65.
Les découvertes archéologiques semblent désormais montrer que la plupart
des sites anatoliens ont été en partie ou totalement abandonnés à cette époque, et
non pas incendiés par les Peuples de la Mer. On peut imaginer que si le
commerce international, les transports et les routes de communication étaient
coupés par les guerres, les famines – ou pour d’autres raisons –, les villes qui en
étaient dépendantes ont pu décliner et mourir, leur population fuyant soit
graduellement, soit brutalement, selon la rapidité du déclin commercial et
culturel. Comme un chercheur l’a récemment écrit :
Bien qu’il soit raisonnable de considérer que la Cilicie et la côte syrienne ont été affectées par les
actions menées par les Peuples de la Mer, dans l’état actuel des choses, aucune preuve
archéologique ou historique de quelque activité que ce soit des Peuples de la Mer en pays hittite
n’existe […], les causes véritables de l’effondrement de l’État hittite semblent intérieures et non
pas extérieures66.

La présentation des résultats obtenus en utilisant la méthode de datation par


radiocarbone à Tell Tweini, le site de la ville portuaire de l’âge du bronze récent,
Gibala, qui faisait partie du royaume d’Ougarit est un très bon exemple
d’accusation sans preuve. Les résultats fournis par le laboratoire ont conduit les
archéologues et leurs collègues à conclure qu’ils avaient la preuve de
destructions causées par les Peuples de la Mer et qu’ils pouvaient les dater
précisément entre 1192 et 1190 av. J.-C.67. Ils écrivent sans précaution :
Les Peuples de la Mer étaient des ennemis venus de la mer de diverses origines. Ils lancèrent une
invasion à la fois depuis la terre et la mer qui a déstabilisé les fondements déjà affaiblis des
empires et des royaumes de l’ancien monde, et tentèrent d’entrer en Égypte et d’en prendre le
contrôle. Les Peuples de la Mer symbolisent la dernière étape d’une longue et complexe spirale
de déclin dans l’ancien monde méditerranéen68.

Même s’il fait peu de doute que la ville ait été détruite à peu près à l’époque
proposée par les archéologues – ce que confirme la datation par radiocarbone –,
en rendre responsables les Peuples de la Mer relève de la spéculation, même si
c’est une possibilité parmi d’autres. On n’a aucune preuve définitive du rôle
attribué aux Peuples de la Mer ; les archéologues soulignent seulement que la
culture matérielle de la colonie qui s’est établie après les destructions fait
apparaître « une architecture de type grec, des céramiques faites localement de
type mycénien IIIC récent, des poteries faites à la main, et des poids utilisés pour
le tissage spécifiques au monde grec69 ». Ils expliquent : « Ces matériaux,
également trouvés sur des lieux où se sont installés les Philistins, sont des
marqueurs culturels de colons étrangers, probablement les Peuples de la Mer70. »
Alors que Tweini pourrait être le meilleur exemple d’un site détruit puis occupé
par les Peuples de la Mer, on n’en est absolument pas certain. Bien plus, comme
Annie Caubet l’a noté à propos de Ras Ibn Hani (voir plus haut), on ne peut
jamais être certain qu’un peuple qui occupe un site après sa destruction soit celui
qui l’a détruit.
On peut continuer à spéculer sur le fait que, dans certains cas, des groupes
désignés comme les Peuples de la Mer pourraient avoir profité du vide créé par
les destructions et/ou l’abandon des villes, qu’ils en aient été responsables ou
non, s’y être installés, interrompant leur périple et laissant leurs artefacts derrière
eux comme cela a peut-être été le cas à Tweini. Dans de telles circonstances, les
Peuples de la Mer ont certainement d’abord mais pas exclusivement occupé les
villes côtières, comme les sites de Tarsin et Mersin sur la côte sud-est de
l’Anatolie. La région de Tell Ta’yinat, à présent frontalière entre le sud-ouest de
la Turquie et le nord de la Syrie, pourrait être dans le même cas ; d’après des
découvertes récentes, elle se serait appelée la « terre de Palistin » à l’âge du fer71.
À vrai dire, des traditions, en particulier littéraires, prétendent précisément
que les Peuples de la Mer ont colonisé Tel Dor, dans le nord de ce qui est
maintenant Israël. Par exemple, l’histoire égyptienne dite « rapport
d’Ounamon », qui date de la première moitié du XIe siècle av. J.-C., fait
référence à Dor comme à une ville des Tjekker ou Sikils (Shekelesh). Un autre
texte égyptien, l’« onmasticon d’Amenemope » qui date environ de 1100 av. J.-
C., énumère les Shardana, Tjekker et Peleset et mentionne aussi les villes
d’Ashkelon, d’Ashod et de Gaza (trois des cinq sites de la pentapole des
Philistins). On a également fait l’hypothèse que des sites situés le long de la côte
Carmel et de la vallée Akko, ainsi que Tel Dan, pourraient avoir été colonisés
par les Peuples de la Mer, en l’occurrence les Shardana ou les Danuna. Sur la
plupart de ces sites, dont ceux comprenant une couche dite « philistine » comme
Ashdod, Ashkelon, Gaza, Ekron, etc., on a trouvé des poteries de style grec
dégénéré et d’autres marqueurs culturels72. Ce pourrait bien être là les seuls
vestiges matériels que nous ayons des insaisissables Peuples de la Mer, mais les
traces archéologiques trouvées sur la plupart de ces sites, y compris loin dans le
nord, semblent plus directement en rapport avec Chypre qu’avec le monde grec.
Il est néanmoins évident qu’il y a là des traces de peuples non cananéens du
XIIe siècle av. J.-C.73.
Remarquons qu’on ne trouve, semble-t-il, aucun vestige de ce type, ni de
destructions semblables, dans la région connue sous le nom de Phénicie, c’est-à-
dire le Liban moderne. Malgré les débats entre chercheurs, on ne sait toujours
pas pourquoi et si c’est simplement un effet d’optique dû aux manques de
fouilles dans cette région par rapport aux régions côtières du Proche-Orient74.
Des différents scénarios proposés pour expliquer les derniers jours de l’âge du
bronze récent en Méditerranée orientale et grecque, c’est la proposition faite il y
a maintenant dix ans par Israel Finkelstein de l’université de Tel-Aviv, qui reste
la plus probable. Selon lui, les migrations des Peuples de la Mer n’ont pas
constitué un événement unique mais un long processus comprenant plusieurs
phases, la première commençant dans les premières années du règne de
Ramsès III, vers 1177 av. J.-C., et la phase finale s’achevant sous le règne de
Ramsès VI, vers 1130 av. J.-C. Il explique en particulier :
Même si les textes égyptiens ne font mention que d’un seul événement, la migration des Peuples
de la Mer s’est étendue au moins sur un demi-siècle et a connu plusieurs phases […]. Elle peut
avoir commencé avec des groupes qui ont dévasté la côte levantine, y compris au nord la
Philistie, au début du XIIe siècle et qui ont été battus par Ramsès III au cours de la huitième
année de son règne. En conséquence, certains d’entre eux ont été regroupés dans des garnisons
égyptiennes du delta. Des groupes venus plus tardivement, dans la seconde moitié du XIIe siècle,
réussirent à mettre un terme à la domination égyptienne au sud de Canaan. Après avoir détruit les
places-fortes égyptiennes […], ils s’installèrent en Philistie, principalement dans les grands
centres d’Ashdod, d’Ashkelon, Tel Miqne, entre autres. Ces personnes – les Philistins que l’on
retrouvera ensuite dans le texte biblique – sont facilement identifiables par des traits dérivés du
monde égéen que l’on trouve dans leur culture matérielle75.

La plupart des chercheurs s’accordent avec Filkenstein pour considérer que les
témoignages archéologiques indiquent que, pour trouver l’origine de la plupart
des Peuples de la Mer, il faut d’abord tourner son regard vers le monde grec,
peut-être avec comme étapes intermédiaires possibles dans ce périple, l’Anatolie
de l’ouest et Chypre76, et non pas vers la Sicile, la Sardaigne ou la Méditerranée
occidentale. Selon Yasur-Landau, s’il s’agissait de Mycéniens, ce n’était pas
ceux qui fuyaient leur palais en ruines, à Mycènes et ailleurs, juste après leur
destruction. Il souligne que, sur les sites anatoliens ou cananéens, on ne trouve
aucune trace du linéaire B ou d’autres traits propres à la prospère période
palatiale du XIIIe siècle en Grèce continentale. Bien plus, la culture matérielle de
ces colons indique qu’ils étaient d’une « culture bien plus humble qui vint
[immédiatement] après », au début du XIIe siècle av. J.-C. Selon lui, il pourrait
s’agir de paysans – et non de guerriers se livrant à des raids – cherchant à vivre
mieux en s’installant dans une nouvelle région. Quoi qu’il en soit, c’était « toute
une population de familles qui cherchait une terre d’accueil77 ». Ce ne sont pas
ces migrants qui auraient causé l’effondrement des civilisations de la fin de l’âge
du bronze récent, mais bien plus probablement des « opportunistes » tirant
avantage de la situation pour occuper de nouveaux territoires78.
Yasur-Landau remet en cause l’idée habituelle d’une conquête militaire de
Canaan par les Philistins :
Les circonstances de leur installation ne renvoient pas à une incursion violente. Des découvertes
récentes faites à Ashkelon montrent que les migrants se sont [en réalité] installés sur un site
désertique, à la place d’un fort égyptien jamais terminé […]. Il n’y a pas de signe probant d’une
destruction violente d’Ashdod […], les signes de destruction mis au jour par les archéologues ne
sont peut-être que des traces laissées par des opérations de cuisson […]. À Eqrôn, le petit village
cananéen […] a bien été détruit par le feu, mais […] il a été remplacé par un autre village
cananéen […], avant l’arrivée des migrants79.

Bien plus qu’une occupation militaire hostile, Yasur-Landau considère que des
mariages interculturels, des familles mixtes, ont maintenu les traditions
cananéennes et égéennes, en particulier dans la sphère privée :
Les vestiges matériels datant du début de l’âge du fer philistin montrent les interactions
intriquées, essentiellement pacifiques, entre les migrants et les locaux […]. Je m’aventurerai en
conséquence à suggérer que l’absence générale de violence au moment de la fondation des villes
philistines […] et la coexistence des traditions culturelles grecques et locales, indiquent qu’il
s’est agi de créations conjointes des migrants grecs et de la population locale, bien plus que
d’une entreprise coloniale80.

D’autres chercheurs partagent ce point de vue : les Philistins n’auraient


détruit, au pire, que les parties des villes où vivait l’élite – par exemple, les
palais et leur environnement – et les quartiers que nous considérons maintenant
comme philistins étaient « de nature mixte et comprenaient des caractéristiques
grecques, chypriotes, anatoliennes, d’Europe du Sud et au-delà81 ».
Apparemment, des éléments totalement étrangers n’ont pas simplement
remplacé la culture matérielle (poterie, modes de construction, etc.) cananéenne
précédente ; il semble bien plus probable que ce que nous identifions désormais
comme philistin résulte d’une hybridation de différentes cultures avec d’anciens
traits cananéens locaux mixés à de nouveaux éléments étrangers82.
Autrement dit, même s’il n’est pas question de nier que de nouveaux peuples
sont venus s’installer en Canaan à cette époque, dans cette perspective, au
spectre du loup-garou sous lequel on a peint les Philistins/Peuples de la Mer se
substitue l’image plus pacifique d’un groupe mélangé de migrants en quête d’un
nouveau départ sur une nouvelle terre. Bien plus que des envahisseurs actifs ne
cherchant qu’à détruire, il pourrait bien davantage s’agir de réfugiés qui ne
livraient pas forcément bataille pour soumettre les populations locales mais qui,
le plus souvent, venaient simplement s’installer parmi elles. Quoi qu’il en soit, il
est bien peu probable qu’ils aient provoqué la fin de la civilisation dans le monde
grec et en Méditerranée orientale83.

Arguments en faveur d’un effondrement systémique


En 1985, Nancy Sandars publia la nouvelle édition de son livre de référence
sur les Peuples de la Mer, dans lequel elle écrit : « Dans les territoires qui
entourent la Méditerranée, il y a toujours eu des tremblements de terre, des
famines, des sécheresses et des inondations, et, de fait, les siècles obscurs
reviennent régulièrement. » Bien plus, note-t-elle, « les catastrophes ponctuent
l’histoire humaine mais sont en général surmontées sans trop de pertes. Elles
sont souvent suivies d’efforts plus importants qui mènent à des succès plus
grands84 ». Que s’est-il donc passé de différent à la fin de l’âge du bronze
récent ? Pourquoi la civilisation ne s’est-elle pas remise ni n’a connu de nouveau
départ ?
Selon Sandars, « de nombreuses explications ont été tentées mais peu ont
résisté. Une série de tremblements de terre sans équivalent, des destructions
agricoles généralisées et la famine, une invasion massive venue de la steppe, du
Danube, du désert – tout cela a pu jouer un rôle ; mais ce n’est pas suffisant85 ».
Elle a raison. Il nous faut donc maintenant examiner l’idée d’un effondrement
systémique, d’une faillite du système avec un effet dominos ou multiplicateur,
dont un réseau international, vivant, mondialisé entre différentes sociétés,
comme celui de l’âge du bronze tardif, ne s’est pas remis.
Dès 1979, Colin Renfrew de l’université de Cambridge, un des plus
importants chercheurs du monde grec préhistorique, avait envisagé la possibilité
d’un effondrement systémique. À l’époque, il l’avait présenté dans les termes de
la théorie de la catastrophe : « la faillite d’un élément secondaire est à l’origine
d’une réaction en chaîne qui prend une ampleur de plus en plus grande, jusqu’à
ce que ce soit finalement toute la structure qui soit amenée à s’effondrer86 ». Une
métaphore potentiellement utile vient à l’esprit : un battement d’ailes de papillon
peut, quelques semaines plus tard, être finalement la cause d’une tornade ou d’un
ouragan à l’autre bout du monde87. Nous pourrions, par exemple, citer l’attaque
par le roi assyrien Tukulti-Ninurta Ier contre les forces hittites tant vantées. La
défaite de ces derniers à la fin du XIIIe siècle av. J.-C., sous le règne de
Thudhaliya IV, pourrait avoir encouragé ensuite le Kashka voisin à attaquer puis
brûler Hattusa, la capitale hittite.
Renfrew résume les traits généraux des effondrements systémiques en les
catégorisant ainsi : 1. effondrement de l’organisation administrative centrale ;
2. disparition de la classe supérieure traditionnelle ; 3. effondrement de
l’économie centralisée ; et, 4. changement et diminution de la population. Selon
lui, plusieurs siècles peuvent être nécessaires pour qu’un effondrement soit
complet, et il fait remarquer qu’une telle situation n’a pas de cause unique,
évidente. Bien plus, à la suite d’une telle catastrophe, il y a une transition vers
une intégration sociopolitique de niveau plus bas et le développement de mythes
« romantiques » portant sur la période précédente mais propres aux âges obscurs.
Cette description ne vaut pas seulement dans le cas de la Méditerranée grecque
et orientale des années 1200 av. J.-C., mais aussi pour des périodes très
différentes, pour les Mayas, l’Ancien Empire égyptien et la civilisation de la
vallée de l’Indus88. Je l’ai dit, d’autres chercheurs, récemment Jared Diamond, se
sont ensuite saisis pour le grand public de cette question des « effondrements » à
travers l’histoire, et de la possibilité d’une montée en puissance puis d’un déclin
des empires, de nature cyclique89.
Il n’est pas surprenant que tous les chercheurs ne partagent pas cette idée d’un
effondrement systémique à la fin de l’âge du bronze récent. Robert Drews, de
l’université de Vanderbilt, par exemple, la réfute car elle ne rendrait pas compte
des raisons pour lesquelles palais et villes ont été détruits et incendiés90.
Quoi qu’il en soit, comme nous l’avons vu, peu de temps après 1200 av. J.-C.,
la civilisation de l’âge du bronze s’est effondrée en Méditerranée grecque et
orientale, et au Proche-Orient, en montrant tous les signes classiques mis en
évidence par Renfrew de la disparition de l’administration centrale et des
économies centralisées jusqu’au remplacement des populations et le passage à
un niveau plus faible d’intégration sociopolitique, sans parler de la genèse
d’histoires comme celle de la guerre de Troie finalement couchée par écrit par
Homère au VIIIe siècle av. J.-C. Bien plus que l’arrivée des Peuples de la Mer en
1207 et 1177 av. J.-C., que la série de tremblements de terre qui ont secoué la
Grèce et la Méditerranée orientale pendant une cinquantaine d’années, de 1225 à
1175 av. J.-C., que les famines et le changement climatique qui pourraient avoir
ravagé ces régions à ce moment-là, ce que l’on observe est le résultat d’une
« parfaite tempête » qui est venue à bout de cultures prospères et des peuples de
l’âge du bronze – depuis les Mycéniens et les Minoens jusqu’aux Hittites,
Assyriens, Kassites, Chypriotes, Mitanniens, Cananéens, et même jusqu’aux
Égyptiens91.
Selon moi et, suivant Sandars, aucune des causes évoquées prise en elle-même
n’a pu avoir un effet cataclysmique suffisant pour provoquer la chute d’une seule
de ces civilisations, sans parler de l’ensemble d’entre elles. Mais elles pourraient
s’être combinées pour produire un scénario dans lequel les répercussions de
chacune d’elles ont été décuplées, ce que certains chercheurs appellent un « effet
multiplicateur92 ». La faillite d’un élément du système pourrait aussi être à
l’origine d’un effet dominos, entraînant partout d’autres faillites.
L’« effondrement systémique » pourrait avoir provoqué la désintégration des
sociétés les unes après les autres, en partie à cause de la fragmentation de
l’économie globale, et la rupture des interconnexions dont chaque civilisation
dépendait.
En 1987, Mario Liverani, de l’université de Rome, porta le blâme sur la
concentration du pouvoir et les modes de contrôle dans les palais, si bien que
lorsqu’ils se sont effondrés, l’importance de la catastrophe a été démultipliée.
Selon lui, « la concentration particulière de tous les éléments d’organisation, de
transformation et d’échange dans les palais – une concentration qui semble avoir
atteint son sommet au cours de l’âge du bronze récent – a eu pour effet de
transformer l’effondrement matériel des palais en une catastrophe plus générale
pour la totalité du royaume93 ». Pour le dire en termes actuels, les dirigeants de
l’âge du bronze du monde grec et du Proche-Orient auraient dû diversifier leurs
portefeuilles, ce qu’ils n’ont pas fait.
Vingt ans plus tard, Christopher Monroe, citant le travail de Liverani,
suggérait que l’économie de l’âge du bronze récent devait son instabilité à sa
dépendance grandissante envers le bronze et d’autres biens prestigieux. D’après
lui, l’« entreprise capitaliste » – dans laquelle il incluait le commerce à longue
distance qui dominait le système palatial au cours de l’âge du bronze récent –
avait transformé les modes d’échange, de production et de consommation
traditionnels de telle manière que, lorsque les invasions et les catastrophes
naturelles étaient survenues avec leur « effet multiplicateur », le système avait
été incapable de survivre94.
Revenant sur la situation à la fin de l’âge du bronze récent dans son livre
Scales of Fate (« Les échelles du sort »), Monroe parle des interactions entre les
différents pouvoirs dans le monde méditerranéen oriental et grec comme d’un
« réseau intersociétal », ce qui recoupe ce que nous avons dit. Comme moi, il
remarque que cette période est tout à fait « exceptionnelle par le nombre de
traités, de lois, de diplomatie et d’échanges à l’origine de la première grande ère
internationale de l’histoire du monde95 ».
Plus intéressant encore, Monroe souligne plus loin que ce réseau avait les
moyens de repousser un effondrement inévitable, que toutes les sociétés
finalement connaissent. « Les révoltes sont réprimées, des matières premières
trouvées, de nouveaux marchés ouverts, le contrôle des prix est instauré, les
propriétés des marchands sont confisquées, des embargos mis en place, et les
guerres menées96. » Il écrit néanmoins également qu’« en général les dirigeants
au cœur du ou des pouvoirs traitent les symptômes bien plus que les causes de
l’instabilité » et conclut que « les destructions violentes de la civilisation
palatiale de l’âge du bronze récent, attestées dans des vestiges archéologiques et
des textes, ont été, comme de nombreux effondrements, le résultat inévitable
d’une perspicacité à courte vue97 ».
Je suis d’accord avec Monroe sauf sur ce point, car je ne pense pas qu’il soit
justifié de faire porter le blâme simplement à une « perspicacité à courte vue »,
étant donné les multiples facteurs que nous avons passés en revue, et que les
dirigeants du passé ne pouvaient prévoir. L’effondrement non anticipé d’un
système – peut-être déclenché par un changement climatique, comme Brandon
Dryke et l’équipe dirigée par David Kaniewski en ont fait récemment
l’hypothèse98, ou accéléré par des tremblements de terre ou une invasion – est
bien plus probable ; mais les mots utilisés par Monroe pourraient nous alerter,
car sa description de l’âge du bronze récent, en particulier sous l’angle de
l’économie et des interactions, pourrait très bien s’appliquer à la société
mondialisée actuelle, qui ressent elle aussi les effets du changement climatique.

Passage en revue des hypothèses et théorie


de la complexité
Je l’ai indiqué au début de ce chapitre, ce que l’on appelle l’effondrement ou
la catastrophe de la fin de l’âge du bronze récent a fait l’objet de multiples
débats entre chercheurs. Robert Drews a tenté de poser le problème de manière
systémique ; chaque chapitre de son livre de 1993 discute une à une toutes les
causes possibles. Il pourrait néanmoins avoir sous-estimé et mal pris en compte
certaines d’entre elles ; il refuse, par exemple, l’idée d’un effondrement
systémique, au profit de sa propre théorie selon laquelle le changement dans la
manière de faire la guerre a été la véritable cause de la catastrophe, une
hypothèse qui est loin de faire l’unanimité dans le monde de la recherche99.
Plus de vingt ans après la parution de ce livre, après un débat qui n’a jamais
cessé et la publication de nouveaux travaux universitaires, il n’existe toujours
pas de consensus sur l’origine de la destruction ou de l’abandon des principaux
sites des civilisations qui ont disparu au crépuscule de l’âge du bronze. On peut
résumer la situation de la manière suivante :

Principales observations
1. Plusieurs civilisations distinctes ont été florissantes entre le XVe et le
XIIIe siècle av. J.-C., en Méditerranée orientale et grecque, des Mycéniens et des
Minoens aux Hittites, Égyptiens, Babyloniens, Assyriens, Cananéens et
Chypriotes. Elles étaient indépendantes, mais bien reliées entre elles, en
particulier grâce à des routes commerciales internationales.
2. Il est évident que de nombreuses villes ont été détruites et que l’âge du
bronze récent comme la vie que menaient les habitants des mondes grec, proche-
oriental et égyptien, ont pris fin vers 1177 av. J.-C., ou peu après.
3. Aucune preuve certaine ne permet de déterminer l’origine de ce désastre,
l’effondrement des civilisations et la fin de l’âge du bronze récent.

Discussion des hypothèses possibles


De nombreux facteurs peuvent avoir provoqué – ou contribué à –
l’effondrement de la fin de l’âge du bronze récent, mais aucun ne semble
expliquer à lui seul la catastrophe.
A. Il est évident que des tremblements de terre ont eu lieu au cours de cette
période mais, en général, les sociétés s’en remettent.
B. Des écrits témoignent de famines, et de nouvelles preuves scientifiques
montrent la survenue d’un épisode de sécheresse et d’un changement climatique
en Méditerranée grecque et orientale, mais là encore bien des sociétés ont
survécu à ce type d’événements.
C. On peut trouver des preuves circonstancielles de révoltes intérieures en
Grèce et ailleurs, y compris au Levant, même si rien n’est sûr. Une fois encore,
les sociétés survivent généralement à ce type de révoltes. Bien plus, il serait
étrange (même si l’expérience récente du Moyen-Orient tendrait à montrer
l’inverse) que des révoltes aient eu lieu sur un territoire aussi important et sur
une si longue durée.
D. On a trouvé des traces archéologiques d’envahisseurs ou, tout au moins, de
nouvelles populations sans doute en provenance du monde grec, d’Anatolie de
l’ouest, de Chypre, ou de plus loin. Des villes ont été détruites, puis
abandonnées ; d’autres ont été réoccupées ; d’autres encore n’ont pas été
touchées.
E. Il est évident que les routes commerciales internationales ont été touchées,
sinon complètement coupées un certain temps, mais la manière dont cela a
affecté les différentes civilisations concernées n’est pas claire – même si
certaines dépendaient entièrement de l’importation de biens étrangers pour
survivre ; que l’on songe aux Mycéniens.
Il est vrai qu’une civilisation peut ne pas se remettre d’une invasion ou d’un
tremblement de terre, ou même mourir d’une sécheresse ou d’une rébellion mais,
pour le moment, faute d’une meilleure explication, la meilleure solution consiste
à penser que tous ces facteurs pris ensemble ont contribué à l’effondrement des
royaumes et des sociétés les plus puissants de cette région. Ainsi, sur la base des
éléments disponibles, l’effondrement du système aurait été causé par une
concaténation d’événements liés par un « effet multiplicateur », chaque facteur
étant affecté par les autres, catalysant les conséquences de chacun d’eux. Peut-
être les habitants auraient-ils pu survivre à un désastre – comme un tremblement
de terre, la sécheresse –, mais ils ne pouvaient pas surmonter les effets combinés
d’un tremblement de terre, de la sécheresse et d’invasions se succédant
rapidement. Un « effet dominos » s’en est suivi, la désintégration d’une
civilisation entraînant la chute des autres. Étant donné le caractère globalisé de
leur monde, l’effet de l’effondrement d’une seule société sur les routes
commerciales et les économies pouvait avoir des effets dévastateurs suffisants
pour conduire à la disparition des autres. Si tel est le cas, ces sociétés n’étaient
pas too big to fail (trop grosses pour faire faillite).
Néanmoins, en dépit de ces commentaires, l’effondrement systémique est
peut-être une explication trop simpliste pour rendre compte de la fin de l’âge du
bronze récent en Méditerranée orientale, égéenne et au Proche-Orient100. Il se
peut que nous devions nous tourner vers la science de la complexité – ou plus
précisément vers la théorie de la complexité – pour mieux appréhender ce qui a
pu provoquer la destruction de ces civilisations.
La science ou théorie de la complexité est l’étude d’un ou de plusieurs
systèmes complexes afin d’expliquer « le phénomène qui émerge d’un ensemble
d’objets en interaction ». Elle est utilisée pour tenter d’expliquer et parfois
résoudre des problèmes aussi divers que les embouteillages, les krachs boursiers,
des maladies comme le cancer, les changements environnementaux, et même les
guerres, si l’on en croit Neil Johnson de l’université d’Oxford101. Ces dernières
années, cette théorie a fait son chemin depuis les mathématiques et la science
informatique jusqu’aux relations internationales, aux affaires et dans d’autres
domaines, mais on a rarement fait appel à elle dans le champ de l’archéologie.
Curieusement, et peut-être de manière prémonitoire, Carol Bell a brièvement
exploré ce thème dans son livre de 2006 sur l’évolution et les changements dans
les relations commerciales de longue distance depuis l’âge du bronze récent
jusqu’à l’âge du fer. Elle notait que cette approche théorique prometteuse
pourrait bien fournir un modèle explicatif pour comprendre l’effondrement et la
restructuration qui s’en est suivie102.
Johnson rappelle que, pour que l’on puisse lui appliquer cette approche, un
problème doit former un système qui « contient un ensemble de multiples objets
ou “agents” interagissant103 ». Dans notre cas, ce seraient les différentes
civilisations actives à l’époque de l’âge du bronze récent : les Mycéniens, les
Minoens, les Hittites, les Égyptiens, les Cananéens, les Chypriotes, etc. Selon la
théorie de la complexité, les comportements des différents agents doivent être
affectés par la mémoire et la « rétroaction » de ce qui a eu lieu dans le passé. Ils
doivent être capables d’adapter leurs stratégies, en partie sur la base de leur
connaissance du passé. Par exemple, les conducteurs automobiles sont
généralement familiers avec les tendances du trafic dans le secteur où ils habitent
et savent donc quel chemin est le plus rapide pour aller travailler ou rentrer chez
eux. Si un embouteillage survient, ils peuvent choisir un chemin alternatif pour
l’éviter104. De même, à la fin de l’âge du bronze récent, les négociants sur mer,
d’Ougarit ou d’ailleurs, ont certainement pris des mesures pour éviter les
bateaux ennemis ou les zones où leurs navires risquaient de croiser des
maraudeurs, y compris la côte du pays lukka (c’est-à-dire la région au sud-ouest
de l’Anatolie plus tard connue sous le nom de Lycie).
Johnson explique aussi que le système est « vivant », ce qui signifie qu’il
évolue d’une manière non triviale et souvent compliquée, et qu’il est également
« ouvert » ce qui implique qu’il peut être influencé par son environnement. Pour
reprendre ses termes, les complexes marchés boursiers d’aujourd’hui – dont les
spécialistes parlent comme s’il s’agissait d’êtres vivants, respirant – peuvent être
influencés par des nouvelles extérieures à propos des revenus d’une société
particulière ou par un événement qui a lieu à l’autre bout du monde. C’est ainsi
que Sherratt – dans son analogie publiée il y a plus de dix ans et que j’ai citée
dans la préface – décrit les ressemblances entre l’âge du bronze récent et nos
propres « économie et culture globales toujours de plus en plus homogènes mais
incontrôlables dans lesquelles […] les incertitudes politiques dans une partie du
monde peuvent affecter gravement les économies de régions à des milliers de
kilomètres105 ». Ces influences, ou facteurs d’agression sur le « système » en
Méditerranée orientale et grecque à la fin de l’âge du bronze récent pourraient
tout à fait être les tremblements de terre, famines, sécheresses, changement
climatique, révoltes intérieures, invasions étrangères et l’arrêt des routes
commerciales.
Soulignons que selon Johnson un tel système est à l’origine de phénomènes
« souvent surprenants, et peut-être extrêmes ». Comme il le dit, cela « signifie
que tout peut arriver – et que si vous attendez assez longtemps, en général ce
sera le cas ». Par exemple, remarque-t-il, tous les marchés boursiers connaîtront
finalement un krach, et tous les trafics routiers des embouteillages. Ils
surviennent le plus souvent par surprise, sans prévenir, même si tout le monde
savait que cela devait arriver106.
Dans notre cas, étant donné qu’aucune civilisation dans l’histoire du monde
n’a finalement échappé à la catastrophe – et comme les causes en sont souvent
les mêmes, ce que Jared Diamond et beaucoup d’autres ont bien montré –,
l’effondrement final des civilisations de l’âge du bronze récent était prévisible,
mais il était difficile de prévoir quand cela arriverait, ou qu’elles s’effondreraient
simultanément, même pour quelqu’un connaissant parfaitement chacune d’elles.
Comme l’écrit Johnson, « même une connaissance précise des caractéristiques
d’une voiture, couleur et forme, n’est d’aucune utilité pour savoir où et quand
surgira un embouteillage sur une nouvelle route. De la même manière,
comprendre les personnalités individuelles dans un bar bondé ne sera pas d’une
grande utilité pour savoir si une bagarre générale aura lieu107 ».
Du coup, en quoi la théorie de la complexité peut-elle servir à expliquer
l’effondrement de la fin de l’âge du bronze récent, si elle est incapable de prédire
quand il a lieu et pourquoi ? Carol Bell remarque que les réseaux commerciaux
en Méditerranée orientale et grecque sont des exemples de systèmes complexes.
Elle cite les travaux de Ken Dark, de l’université de Reading, qui note qu’« au
fur et à mesure que ces systèmes deviennent plus complexes, et que le niveau
d’interdépendance entre leurs différentes parties augmente, maintenir le système
dans un état stable devient plus difficile108 ». Cette « hypercohérence » survient,
selon Dark, « quand chaque partie du système devient si dépendante des autres
qu’un changement qui a lieu à n’importe quel endroit produit l’instabilité du
système pris comme un tout109 ». Ainsi, si les civilisations de l’âge du bronze
récent étaient vraiment globalisées et interdépendantes en termes de biens et de
services, jusqu’à un certain point, alors tout changement dans l’un des royaumes
concernés, que ce soit chez les Mycéniens ou les Hittites, avait des effets sur les
autres et pouvait tous les déstabiliser.
De plus, on sait très bien que les royaumes, empires et sociétés de l’âge du
bronze récent en Méditerranée orientale et grecque peuvent chacun être vus
comme un système sociopolitique individuel. Comme le dit Dark, de tels
« systèmes sociopolitiques complexes manifestent une dynamique interne qui
amène à une augmentation de complexité […]. Et plus un système est complexe,
plus il est susceptible de s’effondrer110 ».
Ainsi, en Méditerranée grecque et orientale de l’âge du bronze récent, nous
avons des systèmes sociopolitiques individuels, différentes civilisations, dont la
complexité allait en augmentant et donc, semble-t-il, plus susceptibles de
s’effondrer. Dans le même temps, nous avons des systèmes complexes – les
réseaux commerciaux – interdépendants et entretenant des relations
compliquées, et donc susceptibles d’instabilité à la minute où un changement a
lieu dans une de leurs parties quelconque. C’est ainsi qu’une dent d’engrenage
appartenant à une machine par ailleurs bien huilée peut tout transformer en tas
de ferraille, tout comme le fait de couler une bielle peut détruire le moteur d’une
voiture.
Aussi, plutôt que d’imaginer une fin générale apocalyptique – même si
certaines villes et royaumes comme Ougarit ont peut-être connu une fin tragique
violente –, il est peut-être plus réaliste de penser que la fin de l’âge du bronze
récent a été chaotique avec des désintégrations graduelles de lieux et de régions
qui entretenaient auparavant des contacts étroits, mais qui se retrouvaient
désormais isolés et diminués, comme Mycènes, à la suite de changements
intérieurs et/ou extérieurs affectant une partie ou plus du système complexe. Il
est évident que de tels dégâts ont entraîné un dérèglement du réseau. Nous
pouvons imaginer un réseau électrique moderne, endommagé par une tempête ou
un tremblement de terre ; la compagnie d’électricité, qui produit encore du
courant, ne peut plus l’acheminer jusqu’aux consommateurs individuels ; on
observe de telles situations chaque année aux États-Unis, dont la cause varie,
d’une tornade en Oklahoma à une tempête de neige dans le Massachusetts. Si la
perturbation est permanente, ce qui peut survenir au cours d’une catastrophe
importante, comme le serait aujourd’hui une explosion nucléaire, finalement la
production d’électricité elle-même cessera. L’analogie vaut pour l’âge du bronze
récent, même si le niveau technique n’avait rien à voir avec le nôtre.
Bien plus, comme Bell le souligne, les conséquences d’une telle instabilité
font qu’au moment où le système complexe s’effondre vraiment, il « se
décompose en unités plus petites », ce qui est exactement ce à quoi on assiste au
cours de l’âge du fer qui suit la fin des civilisations de l’âge du bronze111. Ainsi,
la théorie de la complexité, qui nous permet de pousser plus loin les théories des
catastrophes et de l’effondrement systémique, pourrait être la meilleure approche
pour expliquer la fin de l’âge du bronze récent en Méditerranée grecque et
orientale dans les années postérieures à 1200 av. J.-C. Les vraies questions ne
sont donc pas « qui a fait cela ? » ou « quel événement en a été la cause ? » – car
beaucoup d’événements et de personnes sont impliqués – mais « pourquoi cela
a-t-il eu lieu ? » et « comment cela est-il arrivé ? » Savoir si cela aurait pu être
évité est évidemment une tout autre question.
Néanmoins, en proposant de faire appel à la théorie de la complexité pour
analyser les causes de l’effondrement de l’âge du bronze récent, il se peut que
nous nous amusions à appliquer un terme scientifique (ou, peut-être, pseudo-
scientifique) à une situation dont nous avons une connaissance insuffisante pour
tirer des conclusions définitives. Cela pourrait être une manière de se faire
plaisir, mais cela permet-il à notre connaissance de progresser ? N’est-ce pas
seulement un moyen prétentieux pour présenter un fait assez évident, c’est-à-dire
que des choses compliquées peuvent arriver de multiples manières ?
Il ne fait aucun doute que l’effondrement des civilisations de l’âge du bronze
tardif a des origines complexes. Nous savons avec certitude que de nombreuses
variables peuvent avoir joué un rôle, mais nous ne sommes même pas certains de
toutes les connaître et nous ignorons laquelle a joué un rôle critique – ou plutôt
lesquelles ont été localement importantes tout en ayant peu d’effets systémiques.
Poussons plus loin l’analogie que nous avons faite avec un embouteillage : nous
savons bien quelles sont les variables dans une telle situation. Nous savons
beaucoup de choses sur le nombre de voitures, les routes qu’elles empruntent
(étroites ou larges) et sommes certainement capables de prédire, jusqu’à un
certain point, certaines variables extérieures, comme un blizzard sur
une autoroute. Mais en ce qui concerne l’âge du bronze récent, nous devons
envisager, même si nous n’en sommes pas certains, qu’il existait beaucoup plus
de variables que dans le trafic routier moderne.
Bien plus, l’argument selon lequel les civilisations de l’âge du bronze récent
voyaient augmenter leur complexité, et donc leurs chances de s’effondrer, n’a
pas beaucoup de sens, en particulier quand on considère cette complexité en la
comparant à celle des civilisations occidentales européennes des trois derniers
siècles. Aussi, même s’il est possible que la théorie de la complexité soit utile
pour approcher l’effondrement de l’âge du bronze récent quand nous disposerons
de davantage d’informations détaillées sur les civilisations concernées, elle n’est
peut-être pas d’une très grande utilité à cette étape, sauf en tant que moyen
intéressant d’attirer notre attention sur le fait qu’une multitude de facteurs étaient
présents qui peuvent avoir joué un rôle déstabilisateur et, au final, ont provoqué
l’effondrement du système international en place, qui avait pourtant relativement
bien fonctionné à de multiples niveaux, pendant des siècles.
De nombreux chercheurs continuent de suggérer une progression linéaire
jusqu’à l’effondrement, alors qu’il n’est pas convaincant de considérer qu’une
sécheresse a causé une famine, qui, finalement, aurait été à l’origine des périples
et du désordre des Peuples de la Mer, entraînant un effondrement112. L’évolution
n’a pas été linéaire ; la réalité a été bien plus désordonnée. Il n’y a probablement
pas eu une seule force ou un seul détonateur, mais bien plutôt de nombreux
facteurs d’agression, obligeant les peuples à réagir de manières différentes pour
s’accommoder de la, ou des, situation changeante. La théorie de la complexité,
parce qu’elle nous permet de visualiser une progression non linéaire et une série
de facteurs et non pas un seul, a donc des avantages à la fois pour expliquer
l’effondrement survenu à la fin de l’âge du bronze récent et pour proposer une
voie pour continuer à l’étudier.

Notes du chapitre 5
a. Voir note a, p. 25.
b. RS 18.147 ; traduction en anglais dans D. PARDEE, « Ugaritic Letters », in W. W. HALLO (dir.), The
Context of Scripture, vol. 3 : Archival Documents from the Biblical World, E. J. Brill, Leiden, 2003, p. 97.
La lettre originale contenant cette déclaration n’a pas été retrouvée, mais est citée verbatim dans cette lettre
envoyée en réponse.
c. B. L. DRAKE, « The Influence of Climatic Change ont the Late Bronze Age Collapse and the Greek
Dark Ages », Journal of Archaeological Science, no 39, 2012, p. 1868 ; il explique, précisément :
« L’analyse bayésienne suggère que le changement a eu lieu avant 1250-1197 av. J.-C., sur la base de la
haute probabilité de l’étude a posteriori des assemblages dinokystes/coccolithes. »
d. Voir le communiqué de presse, <www.imra.org> et la publication officielle faite par D. LANGGUT,
I. FINKELSTEIN et T. LITT, « Climate and the Late Bronze Collapse : New Evidence from the Southern
Levant », Tel Aviv, no 40, 2013, p. 149-175. L’Égypte a connu une période semblable de sécheresse, à peu
près à la même époque ; voir C. E. BERNHARDT, B. P. HORTON et J.-D. STANLEY, « Nile Delta
Vegetation Response to Holocene Climate Variability », Geology, no 40/7, 2012, p. 615-618.
e. Je n’ai pas traduit cette expression, suivant ainsi plusieurs historiens dans leurs textes en français : voir,
par exemple, R. TREUIL, P. DARCQUE, J.-C. POURSAT et G. TOUCHAIS, Les Civilisations égéennes du
néolithique et de l’âge du bronze, PUF, Paris, 2008, p. 378 [NdT].
Épilogue
Et après…

Comme nous venons de le voir, pendant plus de trois siècles, à l’âge du


bronze récent – en gros, du début du règne d’Hatshepsout, vers 1500 av. J.-C.,
jusqu’à l’effondrement en 1200 av. J.-C. –, le bassin méditerranéen a vu fleurir
un monde international complexe dans lequel Minoens, Mycéniens, Hittites,
Assyriens, Babyloniens, Mitanniens, Cananéens, Chypriotes et Égyptiens
interagissaient, créant un monde cosmopolite et globalisé, ce qui ne s’est
reproduit que très rarement avant l’époque actuelle. Mais ce même
internationalisme pourrait avoir contribué au désastre apocalyptique qui a clos
l’âge du bronze. Les cultures du Proche-Orient, d’Égypte et de Grèce semblent
avoir été si interconnectées et interdépendantes en 1177 av. J.-C., que la chute de
l’une d’entre elles pourrait finalement avoir provoqué un effet dominos ; toutes
ces civilisations prospères ont été détruites, soit par des actes humains, soit par la
nature, soit par une combinaison fatale des deux.
Pourtant, parvenus à la fin de ce récit, il nous faut reconnaître notre incapacité
à déterminer avec précision la ou les causes de l’effondrement des civilisations
et de la transition entre la fin de l’âge du bronze récent et celui du fer en
Méditerranée orientale et grecque, de même que nous continuons d’ignorer les
origines et les motivations des Peuples de la Mer. Néanmoins, si nous faisons la
synthèse des éléments de preuve présentés tout au long de ce livre, nous pouvons
dégager quelques certitudes sur cette époque charnière.
Nous avons, par exemple, assez de preuves solides pour affirmer que les
contacts internationaux, et peut-être même commerciaux, se sont poursuivis
jusqu’à l’extrême fin de cette période, voire au-delà (ce que certaines études
récentes semblent indiquer1). En témoignent, entre autres, les dernières lettres
trouvées dans les archives d’Ougarit qui révèlent des contacts avec Chypre,
l’Égypte, les Hittites et le monde grec ; mais aussi les cadeaux envoyés par le
pharaon égyptien Merneptah au roi d’Ougarit quelques décennies, au plus, avant
que la ville ne soit détruite. Jusqu’au dernier moment, on ne perçoit pas un
déclin des contacts et du commerce – excepté, peut-être, des fluctuations
d’intensité temporaires – en Méditerranée orientale et grecque.
Mais ensuite, le monde qui avait existé pendant plus de trois siècles s’effondra
et disparut presque totalement. Nous l’avons vu, la fin de l’âge du bronze récent
en Méditerranée orientale et grecque – de l’Italie et de la Grèce à l’Égypte et à la
Mésopotamie – s’est étalée sur plusieurs décennies, peut-être un siècle ; il ne
s’agit pas d’un événement brutal survenu en une seule année. Pourtant, la
huitième année du règne du pharaon égyptien Ramsès III – 1177 av. J.-C., pour
être précis, selon la chronologie utilisée par la plupart des égyptologues actuels –
se distingue, car elle est la plus représentative de toute la période de
l’effondrement. À en croire les récits égyptiens, c’est à ce moment-là que les
Peuples de la Mer ont balayé la région, la ravageant pour la seconde fois. La
même année, de grandes batailles eurent lieu dans le delta du Nil, sur terre
comme sur mer ; l’Égypte se battait pour sa survie ; de grandes civilisations de
l’âge du bronze avaient déjà connu une fin brutale.
De fait, on pourrait dire que 1177 av. J.-C. marque la fin de l’âge du bronze
récent comme l’an 476 marque la fin de Rome et de l’Empire romain
d’Occident. Ces deux dates permettent aux chercheurs de borner la fin d’une
époque importante. L’Italie était envahie, Rome avait été maintes fois mise à sac
au cours du Ve siècle, y compris en 410 par Alaric et les Wisigoths et en 455 par
Geiseric et les Vandales. Outre ces attaques, la chute de Rome a de multiples
causes, et l’histoire en est complexe, ce dont peut témoigner tout historien de
Rome. Il est néanmoins utile, et cela fait consensus dans le monde universitaire,
de lier les invasions d’Odoacre et des Ostrogoths de l’an 476 à la fin des jours
glorieux de Rome.
La fin de l’âge du bronze récent et la transition vers l’âge du fer, entre 1225 et
1175 av. J.-C. environ, ou dans certains endroits, plus tardivement, en 1130
av. J.-C., présentent des similitudes, l’effondrement et la transition s’inscrivant
dans la durée. Prendre comme point de repère la seconde invasion des Peuples
de la Mer – qui donne lieu à une lutte cataclysmique avec les Égyptiens sous le
règne de Ramsès III – permet de dater un moment charnière difficile à cerner et
la fin d’une époque. Il est établi que les grandes civilisations, encore florissantes
dans le monde grec et l’ancien Proche-Orient en 1225 av. J.-C., avaient
commencé à disparaître dès 1177 av. J.-C., et n’existaient plus en 1130 av. J.-C.
Les empires et les royaumes triomphants de l’âge du bronze furent peu à peu
remplacés par des cités-États plus petites au début de l’âge du fer qui suivit. Par
conséquent, le monde méditerranéen et proche-oriental des années 1200 av. J.-C.
est assez différent de celui de 1100 av. J.-C., et complètement différent de celui
de l’an 1000 av. J.-C.
Nous savons, sans doute possible, que cela a pris des dizaines d’années –
voire plusieurs siècles dans certaines régions – pour que les peuples
reconstruisent et recréent des sociétés et accèdent à un nouveau mode de vie les
sortant de l’obscurité dans laquelle ils avaient été plongés. Selon Jack Davis, de
l’université du Cincinnati, par exemple, « la destruction du palais de Nestor, vers
1180 av. J.-C., a été si dévastatrice que ni le palais ni la communauté qui vivait là
n’ont pu s’en remettre […]. La région du royaume mycénien de Pylos est restée,
dans sa totalité, très peu peuplée pendant près d’un millénaire2 ». Joseph Maran,
de l’université de Heidelberg, remarque quant à lui que même si on ignore si les
destructions finales survenues en Grèce ont été simultanées, il est évident
qu’après ces catastrophes « il n’y avait plus de palais, l’usage de l’écriture ainsi
que toutes les structures administratives avaient disparu, et la notion de chef
suprême, le wanax, n’existait plus dans les institutions politiques de la Grèce
antique3 ». En matière d’écriture et de littérature, le même phénomène eut lieu à
Ougarit et dans les autres villes florissantes de Méditerranée orientale au cours
de l’âge du bronze récent ; avec leur effondrement a disparu l’écriture
cunéiforme au Levant, remplacée par d’autres systèmes, peut-être plus faciles à
utiliser4.
En plus des vestiges, des textes nous fournissent les preuves incontestables
des interconnexions et de la globalisation qui ont triomphé dans cette région, en
particulier les relations explicites entre des individus parfaitement identifiés dans
des échanges de lettres. Les lettres d’El-Amarna en Égypte – qui datent des
pharaons Aménophis III et Akhenaton, au milieu du XIVe siècle av. J.-C. –, les
archives d’Ougarit dans le nord de la Syrie – de la fin du XIIIe au début du
XIVe siècle av. J.-C. – et, enfin, celles d’Hattusa en Anatolie – aux XIIIe et
XIIe siècles av. J.-C. – sont des sources très importantes. Les lettres de ces
archives documentent les différents types de réseaux qui existaient
simultanément en Méditerranée orientale et grecque à l’âge du bronze récent, en
particulier les réseaux diplomatiques, commerciaux, de transport et de
communication, tous indispensables pour qu’une économie globalisée
fonctionne sans problème. L’arrêt ou le démantèlement partiel de ces réseaux
interconnectés ne pouvait qu’avoir des effets catastrophiques, comme ce serait le
cas aujourd’hui.
Néanmoins, ni la fin des empires de l’âge du bronze récent en Méditerranée
orientale ni la chute de l’Empire romain d’Occident n’ont été provoquées par
une invasion ou une autre cause unique, mais par de multiples invasions et de
nombreuses causes. Une grande partie des causes des destructions de 1177 av. J.-
C. existaient déjà en 1207 av. J.-C. sous le règne du pharaon Merneptah, trente
ans plus tôt. Des tremblements de terre, des sécheresses et d’autres catastrophes
naturelles ont ravagé régulièrement la Méditerranée orientale et grecque pendant
des décennies. Aussi, rien ne permet d’affirmer qu’un seul incident ait causé la
fin de l’âge du bronze ; il faut bien davantage imaginer qu’elle résulte d’une
série complexe d’événements qui se sont répercutés dans les royaumes et
empires interconnectés en Méditerranée orientale et grecque avant, finalement,
de provoquer l’effondrement de tout le système.
Outre la diminution du nombre d’habitants et la disparition des bâtiments –
des plus ordinaires jusqu’aux palais – les relations entre les différents royaumes
de la région semblent avoir cessé, ou au moins beaucoup décliné. Même si tous
les sites ne se sont pas effondrés et n’ont pas disparu exactement au même
moment – vers le milieu du XIIe siècle av. J.-C. –, ils n’étaient plus
interconnectés ; la globalisation qui avait existé aux XIIIe et XIIe siècles av. J.-C.
appartenait au passé. Comme l’a souligné Marc Van De Mieroop de l’université
de Columbia, les élites ont perdu leur cadre international et les contacts
internationaux qui les avaient aidés à exister, tandis que les biens et les idées de
l’étranger n’arrivaient plus5. Tout était à refaire.
Quand un nouveau monde émergea de l’effondrement de l’âge du bronze,
c’était un nouvel âge, porteur de nouvelles opportunités de développement, en
particulier avec la disparition des Hittites et le déclin des Égyptiens qui, en plus
de diriger leurs propres pays, s’étaient partagé le contrôle de l’essentiel de la
Syrie et de Canaan à l’âge du bronze récent6. Même si on note une relative
continuité dans certaines régions, en particulier avec les Néo-Assyriens en
Mésopotamie, partout de nouveaux pouvoirs se sont installés, marquant le début
de nouvelles civilisations : les Néo-Hittites en Anatolie du sud-ouest, au nord de
la Syrie, et dans des régions plus à l’ouest, les Phéniciens, Philistins et Israélites
dans ce qui avait été Canaan, les Grecs dans la Grèce géométrique, archaïque
puis classique. L’alphabet et d’autres inventions ont surgi des cendres de l’ancien
monde, sans oublier une extraordinaire augmentation de l’usage du fer, qui a
donné son nom à la nouvelle époque – l’âge du fer. C’est un cycle que le monde
a connu encore et encore, et que beaucoup jugent inexorable : l’essor, le déclin et
la chute des empires, suivie par l’essor de nouveaux empires, qui finalement
chutent à leur tour pour laisser place à des empires plus nouveaux encore, en une
séquence répétitive de naissance, croissance et évolution, déclin et destruction,
avant un ultime renouveau sous une nouvelle forme.
L’un des champs actuels les plus intéressants et les plus fertiles de recherche
sur le monde ancien porte sur ce qui s’est passé après l’effondrement de la
civilisation, « après la destruction »… qui mériterait un livre en soi7. Parmi les
recherches, citons le travail de William Dever, professeur émérite à l’université
de l’Arizona, qui enseigne l’archéologie proche-orientale au Lycoming College ;
il écrit à propos de Canaan :
Peut-être la conclusion la plus importante qu’il faut tirer sur ces « siècles obscurs » […], c’est
qu’il n’y a rien eu de la sorte. De mieux en mieux connue grâce aux recherches et aux
découvertes archéologiques, [cette période] émerge comme le catalyseur d’un nouvel âge – celui
qui allait se construire sur les ruines de la civilisation cananéenne et léguerait au monde moderne
occidental un héritage culturel, en particulier grâce aux Phéniciens et aux Israélites, dont nous
continuons à être les bénéficiaires8.

Bien plus, comme l’explique Christopher Monroe, « toutes les civilisations


ont finalement fait l’expérience de restructurations de leurs composants
matériels et idéologiques à travers une destruction et une re-création9 ». C’est ce
à quoi nous assistons au cours des périodes d’essor et de déclin que connaissent
les empires au fil du temps, que ce soient les Akkadiens, les Assyriens, les
Babyloniens, les Hittites, Les Néo-Assyriens, les Néo-Babyloniens, les Perses,
les Macédoniens, les Romains, les Mongols, les Ottomans, etc. Il serait fou de
penser que notre propre monde ne connaîtra pas de fin, et nous sommes peut-être
bien plus vulnérables que nous ne l’imaginons. Alors que l’effondrement de Wall
Street, en 2008, fait pâle figure comparé à l’effondrement de l’ensemble du
monde méditerranéen à l’âge du bronze récent, certains ont suggéré que quelque
chose de semblable aurait pu avoir lieu si les institutions bancaires n’avaient pas
été immédiatement secourues. Le Washington Post a, par exemple, cité Robert
B. Zoellick, alors président de la Banque mondiale, qui aurait dit que « le
système financier mondial a[vait] peut-être atteint un “point d’inflexion” » qu’il
définit comme « le moment où une crise se précipite en débâcle généralisée et
devient extrêmement difficile à maîtriser par les gouvernements10 ». Dans un
monde aussi complexe que le nôtre, cela pourrait suffire à déstabiliser tout le
système et entraîner un effondrement général.
Et si ?
L’âge du bronze récent a été à juste titre considéré comme un âge d’or de
l’histoire mondiale, comme une période qui a bénéficié d’une économie
globalisée florissante. Aussi sommes-nous en droit de nous demander ce que le
monde serait devenu, le cours qu’aurait pris l’histoire, si ces civilisations ne
s’étaient pas effondrées. Que se serait-il passé en Grèce et en Méditerranée
orientale sans cette série de tremblements de terre ? S’il y avait eu ni sécheresse,
ni famine, ni migrants, ni envahisseurs ? L’âge du bronze récent aurait-il malgré
tout pris fin, sachant que toutes les civilisations semblent mortelles ? Tout ce qui
s’est passé par la suite aurait-il tout de même eu lieu ? Le progrès se serait-il
poursuivi ? Des avancées technologiques, littéraires, politiques auraient-elles eu
lieu des siècles plus tôt ?
Ce sont évidemment des questions rhétoriques auxquelles on ne peut pas
répondre, car la fin de l’âge du bronze récent a vraiment eu lieu, et qu’il a
vraiment fallu tout recommencer de la Grèce au Levant et au-delà. De nouveaux
peuples et/ou de nouvelles cités-États comme les Israélites, les Araméens et les
Phéniciens en Méditerranée orientale et, plus tard, les Athéniens et les Spartiates
en Grèce ont réussi à s’établir. Nous leur devons de nouveaux développements et
de nouvelles idées comme l’alphabet, le monothéisme et, finalement, la
démocratie. Un gigantesque incendie est parfois nécessaire pour que
l’écosystème d’une forêt ancienne se renouvelle et prospère.
« Dramatis personae »

Les dates des règnes égyptiens adoptées ici font l’objet d’un large consensus
(voir, par exemple, K. A. KITCHEN, Pharaoh Triumphant : The Life and Times
of Ramesses II, Aris & Phillips, Warminster, 1982 et P. A. CLAYTON, Chronicle
of the Pharaohs : The Reign-by-Reign Record of the Rulers and Dynasties of
Ancient Egypt, Thames and Hudson, Londres, 1994). Cette liste, classée par
ordre alphabétique, ne comprend pas tous les noms mentionnés dans le livre,
mais ceux des principaux dirigeants et de leur entourage.

Adad-nirari Ier. Roi d’Assyrie. Régna de 1307 à 1275 av. J.-C. Conquit le
royaume de Mitanni.
Ahmès. Reine égyptienne, XVIIIe dynastie, vers 1520 av. J.-C. Épouse de
Thoutmosis Ier et mère d’Hatshepsout.
Ahmosis Ier. Pharaon, fondateur de la XVIIIe dynastie. Régna de 1570 à 1546
av. J.-C. Avec son frère Kamosé, il chassa d’Égypte les Hyksos.
Aï. Pharaon, XVIIIe dynastie. Régna de 1325 à 1321 av. J.-C. Chef militaire qui
devint pharaon en se mariant avec Ankhesenamon, après la mort de
Toutankhamon.
Akhenaton. Pharaon hérétique, XVIIIe dynastie. Régna de 1353 à 1334 av. J.-C.
Bannit tous les dieux et déesses à l’exception d’Aton ; fut peut-être
monothéiste. Mari de Néfertiti ; père de Toutankhamon.
Aménophis III. Pharaon, XVIIIe dynastie. Régna de 1391 à 1353 av. J.-C.
Nourrit une importante correspondance avec les autres monarques, trouvée sur
le site d’El-Amarna. Établit des relations commerciales jusqu’en
Mésopotamie et dans le monde grec.
Ammistamru Ier. Roi d’Ougarit. Régna vers 1360 av. J.-C. Entretint une
correspondance avec les pharaons égyptiens.
Ammistamru II. Roi d’Ougarit. Régna de 1260 à 1235 av. J.-C. Au pouvoir à
l’époque où Sinaranu envoya un bateau d’Ougarit en Crète.
Ammurapi. Dernier roi d’Ougarit. Régna entre 1215 et 1190/1185 av. J.-C.
environ.
Ankhesenamon. Reine égyptienne. XVIIIe dynastie, vers 1330 av. J.-C. Fille
d’Akhenaton et épouse de Toutankhamon.
Apophis. Roi hyksos. Régna sur l’Égypte vers 1574 av. J.-C., dans le cadre de la
XVe dynastie. En conflit avec Seknenre, le pharaon égyptien qui régna au
même moment sur une autre partie du pays.
Assur-uballit Ier. Roi d’Assyrie. Régna de 1363 à 1328 av. J.-C. Correspondit
avec les pharaons d’El-Amarna ; un des principaux acteurs du monde de la
realpolitik.
Burna-Buriash II. Roi kassite de Babylone. Régna de 1359 à 1333 av. J.-C.
Entretint une correspondance avec les pharaons d’El-Amarna.
Hammourabi. Roi de Babylone. Régna de 1792 à 1750 av. J.-C. Célèbre pour
son code.
Hatshepsout. Reine/pharaon d’Égypte, XVIIIe dynastie. Régna de 1504 à 1480
av. J.-C. Monta sur le trône en tant que régente de son beau-fils
Thoutmosis III. Régna en tant que pharaon une vingtaine d’années.
Hattusili Ier. Roi hittite. Régna de 1650 à 1620 av. J.-C. Probablement à
l’origine du transfert de la capitale hittite à Hattusa.
Hattusili III. Roi hittite. Régna de 1267 à 1237 av. J.-C. Signa un traité de paix
avec le pharaon égyptien Ramsès II.
Idadda. Roi de Qatna. Probablement vaincu par Hanutti, commandant en chef
de l’armée hittite sous le règne de Suppiluliuma Ier, vers 1340 av. J.-C.
Kadashman-Enlil Ier. Roi kassite de Babylone. Régna de 1374 à 1360 av. J.-C.
environ. Entretint une correspondance avec les pharaons d’El-Amarna ; sa
fille épousa le pharaon d’Égypte Aménophis III.
Kamosé. Pharaon, dernier roi de la XVIIe dynastie. Régna de 1573 à 1570 av. J.-
C. Responsable, avec son frère Ahmosis, de l’expulsion des Hyksos d’Égypte.
Kashtiliashu IV. Roi kassite de Babylone. Régna de 1232 à 1225 av. J.-C.
environ. Vaincu par Tukulti-Ninurta Ier d’Assyrie.
Khyan. Roi hyksos, XVe dynastie. Régna vers 1600 av. J.-C. L’un des rois
hyksos les mieux connus ; des objets portant son nom ont été trouvés en
Anatolie, en Mésopotamie et dans le monde grec.
Kukkuli. Roi d’Assuwa, située dans le nord-ouest de l’Anatolie. Régna vers
1430 av. J.-C. Lança la rébellion assuwa contre les Hittites.
Kurigalzu Ier. Roi kassite de Babylone. Régna de 1400 à 1375 av. J.-C. environ.
Entretint une correspondance avec les pharaons d’El-Amarna. Sa fille épousa
le pharaon égyptien Aménophis III.
Kurigalzu II. Roi kassite de Babylone. Régna de 1332 à 1308 av. J.-C. environ.
Roi fantoche placé sur le trône par Assur-uballit Ier d’Assyrie.
Kushmeshusha. Roi de Chypre. Régna au début du XIIe siècle av. J.-C. L’une de
ses lettres fut trouvée dans la maison d’Urtenu à Ougarit.
Manetho. Prêtre égyptien qui vécut et écrivit à l’époque hellénistique, au
IIIe siècle av. J.-C.
Merneptah. Pharaon, XIXe dynastie. Régna de 1212 à 1202 av. J.-C. Surtout
connu pour sa stèle qui mentionne Israël et son combat contre la première
vague des Peuples de la Mer.
Mursili Ier. Roi hittite. Régna de 1620 à 1590 av. J.-C. Détruisit Babylone en
1595 av. J.-C., mettant fin à la dynastie d’Hammourabi.
Mursili II. Roi hittite. Régna de 1321 à 1295 av. J.-C. Fils de Suppiluliuma Ier.
Écrivit les Prières de la peste et d’autres documents importants sur le plan
historique.
Muwattalli II. Roi hittite. Régna de 1295 à 1272 av. J.-C. Affronta le pharaon
égyptien Ramsès II à la bataille de Qadesh.
Néfertiti. Reine égyptienne, XVIIIe dynastie. Régna vers 1350 av. J.-C. Épousa
Akhenaton, le pharaon hérétique. Pourrait avoir été puissante, dans l’ombre du
trône.
Niqmaddu II. Roi d’Ougarit. Régna de 1350 à 1315 av. J.-C. environ. Entretint
une correspondance avec les pharaons égyptiens pendant la période d’El-
Amarna.
Niqmaddu III. Avant-dernier roi d’Ougarit. Régna de 1225 à 1215 av. J.-C.
environ.
Niqmepa. Roi d’Ougarit. Régna de 1313 à 1260 av. J.-C. Fils de Niqmaddu II et
père d’Ammistamru II.
Ramsès II. Pharaon, XIXe dynastie. Régna de 1279 à 1212 av. J.-C. Adversaire
du roi hittite Muwattalli II à la bataille de Qadesh et, plus tard, cosignataire du
traité de paix avec Hattusili III.
Ramsès III. Pharaon, XXe dynastie ; régna de 1184 à 1153 av. J.-C. Combattit
contre la seconde vague des Peuples de la Mer ; assassiné par les membres de
la conspiration du harem.
Saushtatar. Roi de Mitanni. Régna vers 1430 av. J.-C. Étendit le royaume
mitannien en attaquant les Assyriens et pourrait avoir combattu les Hittites.
Seknenre. Pharaon, XVIIe dynastie. Régna vers 1574 av. J.-C. Au moins une
blessure visible laisse penser qu’il est mort sur le champ de bataille.
Shattiwaza. Roi de Mitanni. Régna vers 1340 av. J.-C. Fils de Tushratta.
Shaushgamuwa. Roi d’Amurru, sur la côte nord de la Syrie. Régna vers 1225
av. J.-C. Signa avec les Hittites, à la fin du XIIIe siècle av. J.-C., un traité
mentionnant Ahhiyawa.
Shutruk-Nahhunte. Roi élamite dans le sud-ouest de l’Iran. Régna de 1190 à
1155 av. J.-C. Lié à la dynastie kassite qui régnait sur Babylone, il attaqua la
ville et renversa son roi en 1158 av. J.-C.
Shuttarna II. Roi de Mitanni. Régna vers 1380 av. J.-C. Entretint une
correspondance avec les pharaons d’El-Amarna. Sa fille épousa le pharaon
égyptien Aménophis III.
Sinarunu. Marchand d’Ougarit, vers 1260 av. J.-C. Envoya un ou des bateaux
en Crète minoenne. Fut exempté de taxes.
Suppiluliuma Ier. Roi hittite. Régna de 1350 à 1322 av. J.-C. environ. Puissant
roi. Étendit les possessions hittites dans la plus grande partie de l’Anatolie et
dans le nord de la Syrie. Correspondit avec une reine égyptienne qui lui
réclamait un fils pour l’épouser.
Suppiluliuma II. Dernier roi hittite. Régna en 1207 av. J.-C. environ. Mena
plusieurs batailles navales et envahit Chypre.
Tarkhundaradu. Roi d’Arzawa, dans le sud-ouest de l’Anatolie. Régna vers
1360 av. J.-C. Correspondit avec les pharaons d’El-Amarna. Sa fille épousa le
pharaon égyptien Aménophis III.
Thoutmosis Ier. Pharaon, XVIIIe dynastie. Régna de 1524 à 1518 av. J.-C. Père
de Hatshepsout et Thoutmosis II.
Thoutmosis II. Pharaon, XVIIIe dynastie. Régna de 1518 à 1504 av. J.-C. Demi-
frère et mari d’Hatshepsout. Père de Thoutmosis III.
Thoutmosis III. Pharaon, XVIIIe dynastie. Régna de 1479 à 1450 av. J.-C. Un
des pharaons égyptiens les plus puissants. Conduisit la bataille de Megiddo au
cours de sa première année de règne.
Tiyi. Reine égyptienne, XVIIIe dynastie. Régna vers 1375 av. J.-C. Épouse
d’Aménophis III et mère d’Akhenaton.
Tudhaliya Ier/II. Roi hittite. Régna vers 1430 av. J.-C. Vint à bout de la rébellion
assuwa, dédicaçant ensuite une ou des épées mycéniennes à Hattusa.
Tudhaliya IV. Roi hittite. Régna de 1237 à 1209 av. J.-C. À l’origine du
sanctuaire de Yazlikaya près de Hattusa.
Tukulti-Ninurta Ier. Roi d’Assyrie. Régna de 1243 à 1207 av. J.-C.
Tushratta. Roi de Mitanni. Régna vers 1360 av. J.-C. Fils de Shuttarna II.
Correspondit avec les pharaons d’El-Amarna. Sa fille épousa le pharaon
Aménophis III.
Toutankhamon. Pharaon, XVIIIe dynastie. Régna de 1336 à 1327 av. J.-C.
Célèbre roi qui mourut jeune, et dont la tombe contenait des richesses
considérables.
Taousert. Reine égyptienne, dernière dirigeante de la XIXe dynastie. Veuve du
pharaon Seti II. On sait qu’elle a régné de 1187 à 1185 av. J.-C.
Zannanza. Prince hittite, fils de Suppiluliuma Ier. Vécut vers 1324 av. J.-C.
Promis en mariage à une reine égyptienne veuve, il fut assassiné tandis qu’il
se rendait en Égypte.
Zimri-Lim. Roi de Mari, sur le territoire de l’actuelle Syrie. Régna de 1776 à
1758 av. J.-C. Contemporain de Hammourabi de Babylone et auteur de
certaines des « lettres de Mari », qui donnent un aperçu de la vie en
Mésopotamie au XVIIIe siècle av. J.-C.
Remerciements

Il y a longtemps que je voulais écrire ce livre. Mes remerciements les plus


sincères vont donc en premier lieu à Rob Tempio, qui a non seulement été à
l’origine du projet mais m’a activement accompagné dans la mise au point du
manuscrit et m’a soutenu dans les difficultés que l’on rencontre toujours jusqu’à
la mise sous presse. Il a aussi fait preuve de beaucoup de patience en attendant le
manuscrit final, remis un peu après la date prévue. Je suis très heureux que mon
livre inaugure la collection « Turning Points in Ancient History », publiée par
Princeton University Press, sous la direction de Barry Strauss et Rob Tempio.
Je remercie aussi le University Facilitating Fund de l’université George
Washington pour ses bourses d’été et mes nombreux collègues et amis, en
particulier Assaf Yasur-Landau, Israel Finkelstein, David Ussiskin, Mario
Liverani, Kevin McGeough, Reinhard Jung, Cemal Pulak, Shirly Ben-Dor
Evian, Sarah Parcak, Ellen Morris et Jeffrey Blomster, avec lesquels j’ai eu des
échanges enrichissants. Je voudrais aussi remercier tout spécialement Carol Bell,
Reinhard Jung, Kevin McGeough, Jana Mynárová, Gareth Roberts, Kim
Shelton, Neil Silberman et Assaf Yasur-Landau qui, sur simple demande, m’ont
envoyé de la matière ou ont répondu de manière très détaillée à des questions
précises, Randy Helm, Louise Hitchcock, Amanda Podany, Barry Strauss, Jim
West et les deux lecteurs anonymes pour leurs commentaires sur l’ensemble du
manuscrit. Mes remerciements vont, enfin, à la National Geographic Society, à
l’Oriental Institute de l’université de Chicago, au Metropolitan Museum of Art et
à l’Egypt Exploration Society qui m’ont autorisé à reproduire certaines
illustrations.
Ce livre donne une version accessible et à jour de mes travaux et de mes
publications sur les relations internationales à l’âge du bronze récent parues ces
vingt dernières années, et, évidemment, des recherches et conclusions de
nombreux autres chercheurs. Ma reconnaissance va aux éditeurs des revues ou
livres collectifs dans lesquels mes travaux ont été initialement publiés, qui m’ont
autorisé à les reproduire, mis à jour et souvent modifiés. Cela concerne, en
particulier, David Davison de Tempus Reparatum/Archaeopress, mais aussi Jack
Meinhardt et la revue Archaeology Odyssey ; James R. Mathieu et la revue
Expedition ; Virginia Webb et l’Annual of the British School at Athens ; Mark
Cohen et les éditions CDL ; Tom Palaima et Minos ; Robert Laffineur et la
collection « Aegaeum » ; Ed White et les Recorded Books/Modern Scholar ;
Garrett Brown et la National Geographic Society ; Angelos Chaniotis et de Mark
Chavalas, entre autres. J’ai pris soin de signaler en notes les publications dans
lesquelles j’ai précédemment discuté les données présentées ici. Toute
paraphrase ou autre emprunt à l’une de mes publications précédentes ou à un
autre chercheur qui ne serait pas sourcés seraient totalement involontaires et
seraient rectifiés, au besoin, dans les prochaines éditions.
Enfin, dernière chose mais non des moindres, je voudrais remercier ma
femme, Diane, pour nos nombreuses conversations stimulantes. Je lui dois
notamment l’analyse des réseaux de relations sociales et la théorie de la
complexité et trouva certaines des métaphores que j’utilise. Je voudrais aussi la
remercier ainsi que nos enfants, pour la patience dont ils ont fait preuve pendant
que je travaillais sur ce livre. Comme toujours, ce texte a bénéficié de la révision
et des retours critiques exigeants de mon père, Martin J. Cline.
Notes

Notes de la préface
1. En cela, je suis d’accord avec J. Jennings qui a récemment écrit sur les processus de globalisation dans
l’ancien monde, J. JENNINGS, Globalizations and the Ancient World, Cambridge University Press,
Cambridge, 2011. Voir aussi S. SHERRATT, « The Mediterranean Economy : “Globalization” at the End of
the Second Millennium B.C.E. », in W. G. DEVER et S. GITIN (dir.), Symbiosis, Symbolism, and the
Power of the Past : Canaan, Ancient Israel, and Their Neighbours from the Late Bronze Age through
Roman Palaestina. Proceedings of the Centennial Symposium W. F. Albright Institute of Archaeological
Research and American Schools of Oriental Research, Jerusalem, May 29-31, 2000, Eisenbrauns, Winona
Lake, IN, 2003. Cet article date d’une dizaine d’années avant que les ressemblances ne soient aussi
évidentes qu’aujourd’hui. Voir aussi, plus récemment, la thèse de doctorat écrite sous ma direction :
K. A. PAUL, Bronze Age Aegean Influence in the Mediterranean : Dissecting Reflections of Globalization
in Prehistory, thèse de doctorat, université George Washington, 2011.
2. J. DIAMOND, Effondrement (trad. de l’anglais par A. Botz et J.-L. Fidel), Gallimard, coll. « Folio »,
Paris, 2009. Voir auparavant le livre de J. A. TAINTER, The Collapse of Complex Societies, Cambridge
University Press, Cambridge, 1988, et celui de N. YOFFEE et G. L. COWGILL (dir.), The Collapse of
Ancient States and Civilization, University of Arizona, Tucson, 1988 ; voir aussi la discussion dans
A. E. KILLEBREW, Biblical Peoples and Ethnicity. An Archaeological Study of Egyptians, Canaanites,
Philistines, and Early Israel 1300-1100 B.C.E., Society of Biblical Literature, Atlanta, 2005, p. 33-34 ; dans
M. LIVERANI, « Exploring Collapse », Scienze dell’antichità : Storia Archeologia Antropologia, no 15,
2009, p. 15-22 ; dans G. D. MIDDLETON, The Collapse of Palatial Society in LBA Greece and the
Postpalatial Period, BAR International Series 2110, Archaeopress, Oxford, 2010, p. 18-19, p. 24 et p. 53 ;
et maintenant dans idem, « Nothing Lasts Forever : Environmental Discourses on the Collapse of Past
Societies », Journal of Archaeological Research, no 20, 2012, p. 257-307 ; K. W. BUTZER, « Collapse,
Environment, and Society », Proceedings of the National Academy of Sciences, no 109/10, 2012, p. 3632-
3639 et K. W. BUTZER et G. H. ENDFIELD, « Critical Perspectives on Historical Collapse », in ibid.,
p. 3628-3631. Sur le développement et le déclin des empires, plus particulièrement du point de vue d’un
système mondialisé, à l’origine de nombreux débats, voir A. G. FRANK, « Bronze Age World System and
Its Cycles », Current Anthropology, no 34, 1993, p. 383-429 ; A. G. FRANK et B. K. GILLIS, The World
System : Five Hundred Years or Five Thousand ?, Routledge, Londres, 1993 ; A. G. FRANK et
W. R. THOMPSON, « Afro-Eurasian Bronze Age Economic Expansion and Contraction Revisited »,
Journal of World History, no 16, 2005, p. 115-172. De plus, une conférence a récemment eu lieu à Jérusalem
(en décembre 2012), intitulée « Analyzing Collapse : Destruction, Abandonment and Memory »
(<collapse.huji.ac.il>), dont les communications n’ont pas encore été publiées.
3. C. BELL, « The Merchants of Ugarit : Oligarchs of the Late Bronze Age Trade in Metals ? », in
V. KASSIANIDOU et G. PAPASAVVAS (dir.), Eastern Mediterranean Metallurgy and Metalwork in the
Second Millennium BC : A Conference in Honour of James D. Muhly ; Nicosia, 10th-11th October 2009,
Oxbow Books, Oxford, 2012, p. 180.
4. Ibid., p. 180-181.
5. S. SHERRATT, « The Mediterranean Economy », loc. cit., p. 53-54. Voir aussi, maintenant,
I. SINGER, « The Philistines in the North and the Kingdom of Taita », in G. GALIL, A. GILBOA,
A. M. MAEIR et D. KAHN (dir.), The Ancient Near East in the 12th-10th Centuries BCE : Culture and
History. Proceedings of the International Conference Held at the University of Haifa, 2-5 May, 2010,
AOAT 392, Ugarit-Verlag, Munich, 2012, p. 451-472.
6. F. BRAUDEL, Les Mémoires de la Méditerranée, Éditions de Fallois, Paris, 1998, p. 174-175.
7. Voir A. C. MALLOWAN (Agatha CHRISTIE), Come, Tell Me How You Live, HarperCollins,
New York, 1976 ; H. MCCALL, The Life of Max Mallowan : Archaeology and Agatha Christie, British
Museum Press, Londres, 2001 ; C. TRUMPLER, Agatha Christie and Archaeology, British Museum Press,
Londres, 2001.

Notes de la Prologue
1. R. G. ROBERTS (The Sea Peoples and Egypt, thèse de doctorat, université d’Oxford, 2008, p. 5)
signale qu’Emmanuel de Rougé a le premier employé l’expression « Peuples de la Mer » [en français dans
le texte] dans une publication de 1867 ; voir aussi T. DOTHAN et M. DOTHAN, People of the Sea :
The Search for the Philistines, Macmillan Publishing Company, New York, 1992, p. 23-24 ;
R. G. ROBERTS, « Identity, Choice, and the Year 8 Reliefs o Ramesses III at Medinet Habu », in
C. BACHHUBER et R. G. ROBERTS (dir.), Forces of Transformation : The End of the Bronze Age in the
Mediterranean, Oxbow Books, Oxford, 2009, p. 60-68 ; A. E. KILLEBREW et G. LEHMANN,
« Introduction : The World of the Philistines and Other “Sea Peoples” », in idem (dir.), The Philistines and
Other « Sea Peoples » in Text and Archaeology, Society of Biblical Literature, Atlanta, 2013, p. 1.
2. Voir, par exemple, le récent débat dans A. E. KILLEBREW, Biblical Peoples and Ethnicity, op. cit. ;
A. YASUR-LANDAU, The Philistines and Aegean Migration at the End of the Late Bronze Age,
Cambridge University Press, Cambridge, 2010, et I. SINGER, « The Philistines in the North and the
Kingdom of Taita », loc. cit.
3. A. RABAN et R. R. STIEGLITZ, « The Sea Peoples and Their Contributions to Civilization »,
Biblical Archaeology Review, no 17/6, 1991, p. 35-42 et p. 92-93 ; B. CIFOLA, « The Role of the Sea
Peoples at the End of the Late Bronze Age : A reassessment of Textual and Archaeological Evidence »,
Oriens Antiqvi Miscellanea, no 1, 1994, p. 1-57 ; S. WACHSMANN, Seagoing Ships & Seamanship in the
Bronze Age Levant, College Station, A&M University Press, Texas, 1998, p. 163-197 ; T. J. BARAKO,
The Seaborne Migration of the Philistines, thèse de doctorat, université de Harvard, 2001 ; idem, « One if
by Sea… Two If by Land : How Did the Philistines Get to Canaan ? One : by Sea – A Hundred
Penteconters Could Have Carried 5,000 People per Trip », Biblical Archaeological Review, no 29/2, 2003,
p. 26-33 et p. 64-66 ; idem, « The Changing Perception of the Sea Peoples Phenomenon : Migration,
Invasion or Cultural Diffusion ? », in N. Chr. STAMPOLIDIS et V. KARAGEORGHIS (dir.), Sea
Routes… : Interconnections in the Mediterranean 16th-6th c. BC. Proceedings of the International
Symposium Held in Rethymnon, Crete in September 29th-October 2nd 2002, université de Crète/Fondation
A. G. Leventis, Athènes, 2003, p. 163-169 ; A. YASUR-LANDAU, « One If by Sea… Two If by Land :
How Did the Philistines Get to Canaan ? Two : By Land – the Trek through Anatolia Followed a Well-Trod
Route », Biblical Archaeology Review, no 29/2, 2003, p. 34-39 et p. 66-67 ; idem, The Philistines and
Aegean Migration at the End of the Late Bronze Age, op. cit., p. 102-121, p. 171-186 et p. 336-342 ;
N. H. DEMAND, The Mediterranean Context of Early Greek History, Wiley-Balckwell, Oxford, 2011,
p. 201-203.
4. R. G. ROBERTS, The Sea Peoples and Egypt, op. cit., p. 1-8 ; N. K. SANDARS, The Sea Peoples :
Warriors of the Ancient Mediterranean, Thames and Hudson, Londres, 1985, p. 117-137 et p. 157-177 ;
L. VAGNETTI, « Western Mediterranean Overview : Peninsular Italy, Sicily and Sardinia at the Time of
the Sea Peoples » in E. D. OREN (dir.), The Sea Peoples and Their World : A Reassessment, University of
Pennsylvanie, Philadelphie, 2000, p. 305-326 ; E. H. CLINE et D. O’CONNOR, « The Mystery of the “Sea
Peoples” », in D. O’CONNOR et S. QUIRKE (dir.), Mysterious Lands, UCL Press, Londres, 2003, p. 107-
138 ; M. VAN DE MIEROOP, A History of the Ancient Near East ca. 3000-323 BC, Blackwell Publishing,
Malden, MA, 2007 (2e éd.), p. 241-243 ; B. HALPERN, « The Sea Peoples and Identity », Scripta
Mediterranea, no 27-28, 2006-2007, p. 15-32 ; G. D. MIDDLETON, The Collapse of Palatial Society in
LBA Greece and the Postpalatial Period, op. cit., p. 83 ; A. E. KILLEBREW et G. LEHMANN,
« Introduction : The World of the Philistines and Other Sea Peoples », loc. cit., p. 8-11 ; J. P. EMANUEL,
« “ŠRDN from the Sea” : The Arrival, Integration, and Acculturation of a “Sea People” », Journal of
Ancient Egyptian Interconnections, no 5/1, p. 14-27. Voir aussi, plus loin, les références concernant la
céramique et d’autres vestiges de la culture matérielle.
5. Voir le débat dans E. H. CLINE et D. O’CONNOR, « The Mystery of the “Sea Peoples” », loc. cit. ;
voir aussi N. K. SANDARS, The Sea Peoples, op. cit., p. 50 et p. 133 ; et désormais J. P. EMANUEL,
« “ŠRDN from the Sea” », loc. cit. ; A. E. KILLEBREW et G. LEHMANN, « Introduction : The World of
the Philistines and Other Sea Peoples », loc. cit., p. 7-8, précisent que les Lukka et les Dananéens sont
également mentionnés dans des inscriptions égyptiennes plus anciennes, du temps d’Aménophis III et
d’Akhenaton ; voir les tableaux 1 et 2 et l’appendice dans M. J. ADAMS et M. E. COHEN, « Appendix :
The “Sea Peoples” in Primary Sources », in A. E. KILLEBREW et G. LEHMANN (dir.), The Philistines
and Other « Sea Peoples » in Text and Archaeology, op. cit., p. 645-664, mais aussi M. ARTZY, « On the
Other “Sea Peoples” », in ibid., p. 329-332.
6. Voir Amos 9-7 et Jérémie, 47-4, où la Crète est désignée sous son ancien nom, Caphtor. Voir
L. A. HITCHCOCK, « “All the Cherethites, and all the Pelethites, and all the Gittites” : A Current
Assessment of the Evidence for the Minoan Connection with the Philistines », in Proceedings of the
11th International Congress of Cretan Studies, 21-27 October 2011, Rethymnon, Crete (à paraître).
7. R. G. ROBERTS, The Sea Peoples and Egypt, op. cit., p. 1-3 ; T. DOTHAN et M. DOTHAN, People
of the Sea, op. cit., p. 13-28. Voir aussi I. FINKELSTEIN, « The Philistine Settlement : When, Where and
How Many ? », in E. D. OREN (dir.), The Sea Peoples and Their World, op. cit., p. 159-161, et
I. FINKELSTEIN (« Is The Philistine Paradigm Still Viable ? », in M. BIETAK et E. CZERNY [dir.],
The Synchronisation of Civilisations in the Eastern Mediterranean in the Second Millennium B.C. III,
Proceedings of the SCIEM 2000-2nd EuroConference, Vienna, 28th of May-1st of June 2003, Verlag der
Österreichischen Akademie der Wissenschaften, Vienne, 2007, p. 517) pour sa description lumineuse de la
manière dont les archéologues bibliques comme Albright identifièrent les Peleset aux Philistins ;
T. DOTHAN, The Philistines and Their Material Culture, Yale University Press, New Haven, 1982 ;
A. E. KILLEBREW, Biblical Peoples and Ethnicity, op. cit., p. 206-234, et A. YASUR-LANDAU,
The Philistines and Aegean Migration at the End of the Late Bronze Age, op. cit., p. 2-3 et p. 216-281, sur
les matériaux identifiés en général comme philistins ; voir aussi, tout récemment, la discussion complexe et
la définition des Philistins chez A. M. MAEIR, L. A. HITCHCOCK, L. K. HORWITZ, « On the
Constitution and Tranformation of Philistine Identity », Oxford Journal of Archaeology, no 32/1, 2013, p. 1-
38 ; L. A. HITCHCOCK et A. M. MAEIR, « Beyond Creolization and Hybridity : Entangled and
Transcultural Identities in Philistia », Archaeological Review from Cambridge, no 28/1, 2013, p. 51-74 ;
ainsi que les débats liés chez L. A. HITCHCOCK, « “Transculturalism” as a Model for Examining
Migration to Cyprus and Philistia at the End of the Bronze Age », Ancient West and East, no 10, 2011,
p. 267-280 et P. W. STOCKHAMMER, « From Hybridity to Entanglement, from Essentialism to Practice »,
Achaeological Review from Cambridge, no 28/1, 2013, p. 11-28.
8. Voir, par exemple, B. CIFOLA, « The Terminology of Ramses III’s Historical Records with a Formal
Analysis of the War Scenes », Orientalia, no 60, 1991, p. 9-57 ; S. WACHSMANN, Seagoing Ships
& Seamanship in the Bronze Age Levant, op. cit. ; R. DREWS, « Medinet Habu : Oxcarts, Ships, and
Migration Theories », Journal of Near Eastern Studies, no 59, 2000, p. 161-190 ; A. YASUR-LANDAU,
« On Birds and Dragons : A Note on the Sea Peoples and Mycenaean Ships », in Y. COHEN, A. GILAN,
J. L. MILLER (dir.), Pax Hethitica. Studies on the Hittites and Their Neighbours in Honor of Itamar Singer,
Harrassowitz Verlag, Wiesbaden, 2010, p. 399-410 ; A. YASUR-LANDAU, « Chariots, Spears and
Wagons : Anatolian and Aegean Elements in the Medinet Habu Land Battle Relief », in G. GALIL,
A. GILBOA, A. M. MAEIR et D. KAHN (dir.), The Ancient Near East in the 12th-10th Centuries BCE,
op. cit. ; J. BOUZEK, « Bird-Shaped Prows of Boats, Sea Peoples and the Pelasgians », in A. VIANELLO
(dir.), Exotica in the Prehistoric Mediterranean, Oxbow Books, Oxford, 2011, p. 188-193.
9. Voir, par exemple, A. RABAN et R. R. STIEGLITZ, « The Sea Peoples and Their Contributions to
Civilization », loc. cit.
10. D’après W. F. EDGERTON et J. A. WILSON, Historical Records of Ramses III : The Texts in
Medinet Habu, vols 1 et 2, University of Chicago Press, Chicago, 1936. NdT : nous avons repris la
traduction proposée par C. LALOUETTE, L’Empire des Ramsès, Fayard, Paris, 1985, p. 312.
11. D’après J. H. BREASTED, Ancient Records of Egypt, University of Illinois Press, Urbana, 1906
(rééd., 2001), vol. 4, p. 201 ; N. K. SANDARS, The Sea Peoples, op. cit., p. 133 ; Voir, désormais,
W. ZWICKEL, « The Change from Egyptian to Philistine Hegemony in South-Western Palestine during the
Time of Ramesses III or IV », in G. GALIL, A. GILBOA, A. M. MAEIR et D. KAHN (dir.), The Ancient
Near East in the 12th-10th Centuries BCE, op. cit., 2012, p. 595-601.
12. Voir, pour les données les plus récentes, D. KAHN, « A Geo-Political and Historical Perspective of
Merneptah’s Policy in Canaan », in ibid., qui compte de nombreuses références supplémentaires.
13. D’après E. EDEL, « Ein kairener Fragment mit einem Bericht über den Libyerkrieg Merneptahs »,
Zeitschrift für Ägyptische Sprache und Altertumskunde, no 86, 1961, p. 101-103 ; voir H. BAKRY,
« The Discovery of a Temple of Mernptah at On », Aegyptus, no 53, 1973, p. 3-21. NdT : plusieurs
traductions existent en français, voir C. LALOUETTE, L’Empire des Ramsès, op. cit.
14. J. H. BREASTED, Ancient Records of Egypt, op. cit., vol. 3, p. 253.
15. Ibid., p. 241, p. 243 et p. 249. NdT : notre traduction reprend celle proposée par C. LALOUETTE,
L’Empire des Ramsès, op. cit., p. 240.
16. Voir la discussion dans N. K. SANDARS, The Sea Peoples, op. cit., p. 101-115 ; E. H. CLINE et
D. O’CONNOR, « The Mystery of the “Sea Peoples” », loc. cit. ; B. HALPERN, « The Sea Peoples and
Identity », loc. cit.
17. <www.livescience.com>, consulté le 15 août 2012.
18. Selon W. F. EDGERTON et J. A. WILSON, Historical Records of Ramses III, loc. cit., planches 37-
39.
19. S. BEN DOR EVIAN, « Shishak’s Karnak Relief – More Than Just Name-Rings », in S. BAR,
D. KAHN et J. J. SHIRLEY (dir.), Egypt, Canaan and Israel : History, Imperialism, Ideology and
Literature : Proceedings of a Conference at the University of Haifa, 3-7 May 2009, Brill, Leiden, 2011,
p. 11-22.
20. RS 20.238 (Ugaritica, no 5, p. 24) ; la publication originale se trouve dans J. NOUGAYROL,
E. LAROCHE, C. VIROLLEAUD et C. F. A. SCHAEFFER, « Mission de Ras Shamra 16 », Ugaritica,
no 5, Guthner, Paris, 1968, p. 87-89. Voir aussi N. K. SANDARS, The Sea Peoples, op. cit., p. 142-143 ;
M. YON, « The End of the Kingdom of Ugarit », in W. A. WARD et M. S. JOUKOWSKY (dir.), The Crisis
Years : The 12th Century B.C. from beyond the Danube to the Tigris, Kendall/Hunt Publishing Co.,
Dubuque, IA, 1992, p. 116 et p. 119 ; R. LEBRUN, « Ougarit et le Hatti à la fin du XIIIe siècle av. J.-C. »,
in M. YON, M. SZNYCER et P. BORDREUIL, Le Pays d’Ougarit autour de 1200 av. J.-C. Histoire et
archéologie. Actes du colloque international ; Paris, 28 juin-1er juillet 1993, Éditions Recherche sur les
civilisations, 1955, p. 86 ; J. HUEHNERGARD, « The Akkadian Letters », in W. G. E. WATSON et
N. WYATT (dir.), Handbook of Ugaritic Studies, Brill, Leiden, 1999, p. 376-377 ; I. SINGER, « A Political
History of Ugarit », in ibid., p. 720-721 ; T. R. BRYCE, The Kingdom of the Hittites, Oxford University
Press, Oxford, 2005 (nouv. éd.), p. 333 (où la numérotation des tablettes est fautive). L’interprétation exacte
de cette lettre fait l’objet d’un débat académique, car il n’est pas certain qu’il s’agisse d’une demande
d’aide, et l’on en ignore le sujet principal. NdT : nous avons repris la traduction originale en français faite
par Nougayrol.
21. C. F. A. SCHAEFFER, « Mission de Ras Shamra 15 », Ugaritica, no 4, Geuthner, Paris, 1962, p. 31-
37 ; voir aussi J. NOUGAYROL, E. LAROCHE, C. VIROLLEAUD et C. F. A. SCHAEFFER, « Mission
de Ras Shamra 16 », loc. cit., p. 87-89 ; N. K. SANDARS, The Sea Peoples, op. cit., p. 142-143 ;
R. DREWS, The End of the Bronze Age : Changes in Warfare and the Catastrophe ca. 1200 B.C., Princeton
University Press, Princeton, NJ, 1993, p. 13-14.
22. Voir, par exemple, les discussions dans N. K. SANDARS, The Sea Peoples, op. cit. ; R. DREWS,
The End of the Bronze Age, op. cit. ; B. CIFOLA, « The Role of the Sea Peoples at the End of the Late
Bronze Age », loc. cit., p. 1-57 ; et les articles des conférences publiées dans W. A. WARD et
M. S. JOUKOWSKY (dir.), The Crisis Years, op. cit., et par E. D. OREN (dir.), The Hyksos :
New Historical and Archaeological Perspectives, université de Pennsylvanie, Philadelphie, 1997. Mais voir
aussi la position inverse défendue dans A. RABAN et R. R. STIEGLITZ, « The Sea Peoples and Their
Contributions to Civilization », loc. cit., et, plus récemment, les articles dans A. E. KILLEBREW et
G. LEHMANN (dir.), The Philistines and Other « Sea Peoples » in Text and Archaeology, op. cit.
23. Voir, par exemple, C. M. MONROE, Scales of Fate : Trade, Tradition, and Transformation in the
Eastern Mediterranean ca. 1350-1175 BCE, Ugarit-Verlag, Munich, 2009 ; A. YASUR-LANDAU,
The Philistines and Aegean Migration at the End of the Late Bronze Age, op. cit. ; et les articles des
conférences publiés dans C. BACHHUBER et R. G. ROBERTS (dir.), Forces of Transformation, op. cit. ;
G. GALIL, A. GILBOA, A. M. MAEIR et D. KAHN (dir.), The Ancient Near East in the 12th-10th
Centuries BCE, op. cit., et A. E. KILLEBREW et G. LEHMANN (dir.), The Philistines and Other « Sea
Peoples » in Text and Archaeology, op. cit. ; voir aussi le bref résumé de la situation dans
L. A. HITCHCOCK et A. M. MAEIR, « Beyond Creolization and Hybridity », loc. cit., et le synopsis dans
K. STROBEL, « Qadesh, Sea Peoples, and Anatolian-Levantine Interactions », in K. A. YENER (dir.),
Across the Border : Late Bronze-Iron Age Relations between Syria and Anatolia. Proceedings of a
Symposium Held at the Research Center of Anatolian Studies ; Koç University, Istanbul May 31-June 1,
2010, Peeters, Leuven, 2013, p. 501-538.
24. T. R. BRYCE, The World of the Neo-Hittite Kingdoms, Oxford University Press, Oxford, 2012, p. 13.
25. R. G. ROBERTS, The Sea Peoples and Egypt, op. cit., p. 1-19. Voir aussi les discussions dans idem,
« Identity, Choice, and the Year 8 Reliefs o Ramesses III at Medinet Habu », loc. cit. ; R. DREWS,
« Herodotus 1.94, the Drought ca. 1200 B.C., and the Origin of the Etruscans », Historia, no 41, 1992, p. 21-
24 ; idem, The End of the Bronze Age, op. cit., p. 48-72 ; N. A. SILBERMAN, « The Sea Peoples, the
Victorians, and Us : Modern Social Ideology and Changing Archaeological Interpretations of the Late
Bronze Age Collapse », in S. GITIN, A. MAZAR et E. STERN (dir.), Mediterranean Peoples in
Transition : Thirteenth to Early Tenth Centuries BCE, Israel Exploration Society, Jérusalem, 1998, p. 268-
275 ; A. E. KILLEBREW et G. LEHMANN (dir.), The Philistines and Other « Sea Peoples » in Text and
Archaeology, op. cit., p. 1-2.

Notes du chapitre 1
1. E. H. CLINE, « Tinker, Tailor, Soldier, Sailor : Minoans and Mycenaeans Abroad », in
W. D. NIEMEIER et R. LAFFINEUR (dir.), Politeia : Society and State in the Aegean Bronze Age,
Aegaeum 12, université de Liège, Liège, 1995, p. 265-287 et références ; voir, plus récemment,
E. H. CLINE, A. YASUR-LANDAU et N. GOSHEN, « New Fragments of Aegean-Style Painted Plaster
from Tel Kabri, Israel », American Journal of Archaeology, no 115/2, 2011, p. 245-261, avec les références.
2. Voir, par exemple, M. BIETAK, Avaris : The Capital of the Hyksos. Recent Excavations at Tell-el-
Dab`a, British Museum Press, Londres, 1996 ; idem, « Egypt and the Aegean : Cultural Convergence in a
Thutmoside Palace at Avaris », in C. ROEHRIG (dir.), Hatshepsut : From Queen to Pharaoh, Yale
University Press, New Haven, 2005, p. 75-81 ; voir aussi, plus récemment, M. BIETAK, N. MARINATOS
et C. PALYVOU, Taureador Scenes in Tell El-Dab`a (Avaris) and Knossos, Austrian Academy of Sciences,
Vienne, 2007.
3. Voir, très récemment, J. KAMRIN, « The Procession of “Asiatics” at Beni Hasan », in J. ARUZ,
S. B. GRAFF et Y. RAKIC (dir.), Cultures in Contact : From Mesopotamia to the Mediterranean in the
Second Millennium B.C., Metropolitan Museum of Art, New York, 2013, p. 156-169.
4. E. D. OREN (dir.), The Hyksos, op. cit.
5. E. F. WENTE, « The Quarrel of Apophis and Seknenre », in W. K. SIMPSON (dir.), The Literature of
Ancient Egypt, Yale University Press, New Haven, 2003, p. 69-71.
6. Par exemple, M. BIETAK, Avaris, op. cit., p. 80.
7. W. HEIMPEL, Letters to the King of Mari : A New Translation, with Historical Introduction, Notes
and Commentary, Eisenbrauns, Winona Lake, IN, 2003, p. 3-4.
8. S. DALLEY, Mari and Karana : Two Old Babylonian Cities, Longman, Londres, 1984, p. 89-93 et,
plus spécialement, p. 91-92.
9. Sur de telles demandes à Mari ou ailleurs, voir E. H. CLINE, « “My Brother, My Son” : Rulership and
Trade between the LBA Aegean, Egypt, and the Near East », in P. REHAK (dir.), The Role of the Ruler in
the Prehistoric Aegean, Aegaeum 11, université de Liège, Liège, 1995, p. 150 ; plus ancien,
C. ZACCAGNINI, « Patterns of Mobility among Ancient Near Eastern Craftsmen », Journal of Near
Eastern Studies, no 42, 1983, p. 250-254 ; M. LIVERANI, Prestige and Interest : International Relations in
the Near East ca. 1600-1100 B.C., Sargon Press, Padoue, 1990, p. 227-229 ; sur les contacts particuliers
entre les Minoens et la Mésopotamie, voir M. HELTZER, « The Trade of Crete and Cyprus with Syria and
Mesopotamia and Their Eastern Tin-Sources in the XVIII-XVII Centuries B.C. », Minos, no 24, 1989, p. 7-
28, et, plus récemment, A. H. SØRENSEN, « Approaching Levantine Shores. Aspects of Cretan Contacts
with Western Asia during the MM-LM I Periods », in E. HALLAGER et S. RIISAGER (dir.), Proceedings
of the Danish Institute at Athens no 6, Institut danois d’Athènes, Athènes, 2009, p. 9-55 ; voir, auparavant,
E. H. CLINE, Sailing the Wine-Dark Sea : International Trade and the Late Bronze Age Aegean, Tempus
Reparatum, Oxford, 1994 (réédité en 2009), p. 24-30, sur la question plus générale des rapports entre le
monde égéen et la Mésopotamie.
10. Voir la liste des objets dans ibid., p. 127, D7.
11. J.-M. DURARD, Textes administratifs des salles 134 et 160 du palais de Mari, ARMT XX, Librairie
orientaliste Paul Geuthner, Paris, 1983, p. 454-455 ; voir aussi E. H. CLINE, Sailing the Wine-Dark Sea,
op. cit., p. 127, D7.
12. Voir la discussion dans ibid. ; idem, « “My Brother, My Son” », loc. cit. ; idem, « The Nature of the
Economic Relations of Crete with Egypt and the Near East during the Bronze Age », in A. CHANIOTIS
(dir.), From Minoan Farmers to Roman Traders : Sidelights on the Economy of Ancient Crete, Steiner,
Munich, G. B., 1999, p. 115-143 ; E. H. CLINE, « Rethinking Mycenaean International Trade », in
W. PARKINSON et M. GALATY (dir.), Rethinking Mycenaean Palaces, Cotsen Institute of Archaeology,
Los Angeles, 2007 (2e éd.), p. 190-200 et E. H. CLINE, « Bronze Age Interactions between the Aegean and
the Eastern Mediterranean Revisited : Mainstream, Margin, or Periphery ? », in W. PARKINSON et
M. GALATY (dir.), Archaic State Interaction : The Eastern Mediterranean in the Bronze Age, School for
Advanced Research, Santa Fé, NM, 2010, p. 161-180, pour plus de références.
13. Voir E. H. CLINE, Sailing the Wine-Dark Sea, op. cit., p. 126, D2, avec des références à de
précédents travaux ; voir aussi M. HELTZER, « The Trade of Crete and Cyprus with Syria and
Mesopotamia and Their Eastern Tin-Sources in the XVIII-XVII Centuries B.C. », loc. cit.
14. A. J. EVANS, The Palace of Minos at Knossos, vols 1-4, Macmillan and Co., Londres, 1921-1935.
15. N. MOMIGLIANO, Duncan Mackenzie : A Cautious Canny Highlander and the Palace of Minos at
Knossos, Bulletin of the Institute of Classical Studies, supplément no 72, université de Londres, Londres,
2009.
16. De nombreux livres sur les Minoens et/ou des particularités de leur société ont été publiés ; voir, par
exemple, R. CASTLEDEN, Minoan Life in Bronze Age Crete, Routledge, Londres, 1993, et J. L. FITTON,
Minoans, British Museum Press, Londres, 2002 ; voir aussi, plus récemment, les articles édités par
E. H. CLINE (dir.), The Oxford Handbook of the Bronze Age Aegean, Oxford University Press, New York,
2010.
17. Sur le couvercle Kyan, voir idem, Sailing the Wine-Dark Sea, op. cit., p. 210, no 680, qui comporte
des références supplémentaires.
18. Sur le vase de Thoutmosis III, voir ibid., p. 217, no 742, où on trouvera d’autres références.
19. E. H. CLINE, « The Nature of the Economic Relations of Crete with Egypt and the Near East during
the Bronze Age », loc. cit., p. 129-130, avec des références plus anciennes.
20. J. D. S. PENDLEBURY, Aegyptiaca : A Catalogue of Egyptian Objects in the Aegean Area,
Cambridge University Press, Cambridge, 1930 ; I. GRUNDON, The Rash Adventurer : A Life of John
Pendlebury, Libri Publications, Londres, 2007. Le livre original de Pendlebury a été réédité en deux
volumes ; voir J. PHILLIPS, Aegyptiaca on the Island of Crete in Their Chronological Context : A Critical
Review, vols 1 et 2, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften/Austrian Academy of
Sciences Press, Vienne, 2008.
21. Comme noté précédemment par E. H. CLINE et M. J. CLINE, « Of Shoes and Ships and Sealing
Wax : International Trade and the Late Bronze Age Aegean », Expedition 33/3, 1991, p. 46-54.
22. D. PANAGIOTOPOULOS, « Foreigners in Egypt in the Time of Hatshepsut and Thutmose III », in
E. H. CLINE et D. O’CONNOR (dir.), Thutmose III : A New Biography, University of Michigan Press, Ann
Arbor, 2006, p. 379 et p. 392-393.
23. La traduction dans l’édition en anglais est celle de J. STRANGE, Caphtor/Keftiu, E. J. Brill, Leiden,
1980, p. 45-46. Voir aussi S. WACHSMANN, Aegeans in the Theban Tombs, Orientalia Lovaniensia
Analecta 20, Uitgeverij Peeters, Louvain, 1987, p. 35-37 et p. 94 ; E. H. CLINE, Sailing the Wine-Dark Sea,
op. cit., p. 109-110, A12, où l’on trouve des informations et des références supplémentaires ; P. REHAK,
« Aegean Natives in the Theban Tomb Paintings : The Keftiu Revisited », in E. H. CLINE et D. HARRIS-
CLINE (dir.), The Aegean and the Orient in the Second Millennium, Proceedings of the 50th Anniversary
Symposium, Cincinnati, 18-20 April 1997, Aegaeum 18, université de Liège, Liège, 1998, p. 39-49 ;
D. PANAGIOTOPOULOS, « Foreigners in Egypt in the Time of Hatshepsut and Thutmose III », loc. cit.,
p. 382-383. NdT : le texte en français se trouve sur <lecahierdecrituredenebty>.
24. L. TROY, « Religion and Cult during the Time of Thutmose III », in E. H. CLINE et D. O’CONNOR
(dir.), Thutmose III, op. cit., p. 146-150.
25. D. PANAGIOTOPOULOS, « Foreigners in Egypt in the Time of Hatshepsut and Thutmose III »,
loc. cit., p. 379-380.
26. Ibid., p. 380-387.
27. La traduction en anglais est due à J. STRANGE, Caphtor/Keftiu, op. cit., p. 45-46. Voir aussi
S. WACHSMANN, Aegeans in the Theban Tombs, op. cit., p. 120 et p. 121 ; E. H. CLINE, Sailing the
Wine-Dark Sea, op. cit., p. 110, A13.
28. J. STRANGE, Caphtor/Keftiu, op. cit., p. 74 ; S. WACHSMANN, Aegeans in the Theban Tombs,
op. cit., p. 119-121 ; E. H. CLINE, Sailing the Wine-Dark Sea, op. cit., p. 110, A14.
29. D. PANAGIOTOPOULOS, « Foreigners in Egypt in the Time of Hatshepsut and Thutmose III »,
loc. cit., p. 380-383.
30. J’ai mis l’accent sur ce point dans une conférence présentée à la réunion annuelle de l’Institut
archéologique d’Amérique ; voir E. H. CLINE, « “My Brother, My Son” », loc. cit., p. 146. Voir aussi idem,
Sailing the Wine-Dark Sea, op. cit., p. 110-111, A16 ; D. PANAGIOTOPOULOS, « Foreigners in Egypt in
the Time of Hatshepsut and Thutmose III », loc. cit., p. 381-382.
31. Ibid., p. 372-373 et p. 394 ; voir aussi le refus de cette interprétation, M. LIVERANI, International
Relations in the Ancient Near East, 1600-1100 BC, Palgrave, Londres, 2001, p. 176-182. Voir auparavant
E. H. CLINE, « “My Brother, My Son” », loc. cit., p. 146-147 ; idem, Sailing the Wine-Dark Sea, op. cit.,
p. 110, A15.
32. P. A. CLAYTON, Chronicle of the Pharaohs : The Reign-by-Reign Record of the Rulers and
Dynasties of Ancient Egypt, Thames and Hudson, Londres, 1994, p. 101-102 ; J. P. ALLEN, « After
Hatshepsut : The Military Campaigns of Thutmose III », in C. ROEHRIG (dir.), Hatshepsut, op. cit.,
p. 261 ; P. F. DORMAN, « Hatshepsut : Princess to Queen to Co-Ruler », in C. ROEHRIG (dir.),
Hatshepsut, op. cit., p. 87-88 ; C. A. KELLER, « The Joint Reign of Hatshepsut and Thutmose III », in
C. ROEHRIG (dir.), Hatshepsut, op. cit., p. 96-98.
33. J. TYLDESLEY, Hatchepsut : The Female Pharaoh, Penguin Books, Londres, 1998, p. 1 ;
P. F. DORMAN, « Hatshepsut : Princess to Queen to Co-Ruler », loc. cit., p. 88. Voir aussi
<www.drhawass.com>.
34. P. A. CLAYTON, Chronicle of the Pharaohs, op. cit., p. 105 ; P. F. DORMAN, « The Career of
Senenmut », in C. ROEHRIG (dir.), Hatshepsut, op. cit., p. 107-109.
35. J. TYLDESLEY, Hatchepsut, op. cit., p. 144.
36. P. A. CLAYTON, Chronicle of the Pharaohs, op. cit., p. 106-107 ; J. TYLDESLEY, Hatchepsut,
op. cit., p. 145-153 ; M. LIVERANI, International Relations in the Ancient Near East, op. cit., p. 166-169 ;
C. A. KELLER, « The Joint Reign of Hatshepsut and Thutmose III », loc. cit., p. 96-98 ; A. M. ROTH,
« Hatshepsut’s Mortuary Temple at Deir el-Bahri », in C. ROEHRIG (dir.), Hatshepsut, op. cit., p. 149 ;
D. PANAGIOTOPOULOS, « Foreigners in Egypt in the Time of Hatshepsut and Thutmose III », loc. cit.,
p. 379-380.
37. Ibid., p. 373.
38. E. H. CLINE, « Achilles in Anatolia : Myth, History, and the Aššuwa Rebellion », in G. D. YOUNG,
M. W. CHAVALAS et R. E. AVERBECK, Crossing Boundaries and Linking Horizons : Studies in Honor
of Michael Astour on His 80th Birthday, CDL Press, Bethesda, MD, 1997, p. 193. NdT : traduction
française H. Doranlo, Rennes égyptologie 2011, <rennesegypto.free.fr>.
39. E. H. CLINE, « Achilles in Anatolia », loc. cit., p. 194-196, avec des références plus anciennes.
40. D. P. RYAN, Beneath the Sands of Egypt : Adventures of an Unconventional Archaeologist,
HarperCollins Publishers, New York, 2010, p. 277, voir aussi p. 5-28 et p. 260-281, pour une discussion
générale de la nouvelle exploration de la tombe KV 60 par Ryan. Voir aussi les nouveaux rapports sur
<guardians.net> (consulté le 29 décembre 2010).
41. Sur la campagne menée par Thoutmosis III et la prise de Megiddo, voir E. H. CLINE, The Battles of
Armageddon : Megiddo and the Jezreel Valley from the Bronze Age to the Nuclear Age, University of
Michigan Press, Ann Arbor, 2000, chapitre 1, avec des références complémentaires ; pour un bref récit, voir
aussi ; J. P. ALLEN, « After Hatshepsut », loc. cit., p. 261-262.
42. E. H. CLINE, The Battles of Armageddon, op. cit., p. 28.
43. J. C. DARNELL et C. MANASSA, Tutankhamun’s Armies : Battles and Conquest during Ancien
Egypt’s Late Eighteenth Dynasty, John Wiley & Sons, Hoboken, NJ, 2007, p. 139-142 ; A. H. PODANY,
Brotherhood of Kings : How International Relations Shaped the Ancient Near East, Oxford University
Press, New York, 2010, p. 131-134.
44. Ibid., p. 134.
45. D. B. REDFORD, « The Northern Wars of Thutmose III », in E. H. CLINE et D. O’CONNOR (dir.),
Thutmose III, op. cit., p. 333-334 ; J. C. DARNELL et C. MANASSA, Tutankhamun’s Armies, op. cit.,
p. 141 ; A. H. PODANY, communication personnelle, 23 mai 2013.
46. T. R. BRYCE, The Kingdom of the Hittites, op. cit., p. 140.
47. J’ai déjà suggéré cela dans E. H. CLINE, « Achilles in Anatolia », loc. cit., p. 196. De plus, pour la
discussion déjà menée du matériel concernant la rébellion assuwa et ahhiyawa, mentionnant des détails
semblables dans les paragraphes suivants, voir idem, The Trojan War : A Very Short Introduction, Oxford
University Press, Oxford, 2013, p. 54-68 ; voir aussi idem, « Aššuwa and the Achaeans : The “Mycenaean”
Sword at Hattušas and Its Possible Implications », Annual of the British School of Athens, no 91, 1996,
p. 137-151, avec des références plus anciennes, et idem, « Achilles in Anatolia », loc. cit. Voir aussi
T. R. BRYCE, The Kingdom of the Hittites, op. cit., p. 124-127, avec des références plus anciennes et la
partie correspondante de G. BECKMAN, G. T. BRYCE et E. H. CLINE, The Ahhiyawa Texts, Society of
Biblical Literature, Atlanta, 2011 (rééd. Brill, Leiden, 2012).
48. Translitération et traduction (en anglais) suivant A. UNAL, A. ERTEKIN et I. EDIZ, « The Hittite
Sword from Bogazkoy-Hattusa, Found 1991, and Its Akkadian Inscription », Muze, no 4, 1991, p. 51 ;
A. ERTEKIN et I. EDIZ, « The Unique Sword from Bogazkoy/Hattusa », in M. J. MELLINK, E. PORODA
et T. OZGUC (dir.), Aspects of Art and Iconography : Anatolia and Its Neighbours. Studies in Honor of
Nonet Ozguc, Türk Tarih Kurumu Basimevi, Ankara, 1993, p. 721 ; E. H. CLINE, « Aššuwa and the
Achaeans », loc. cit., p. 137-138 ; idem, « Achilles in Anatolia », loc. cit., p. 189-190.
49. Sur les Hittites, et les sources qui ont permis d’écrire les paragraphes qui suivent, voir pour l’essentiel
la vue d’ensemble dans T. R. BRYCE, Life and Society in the Hittite World, Oxford University Press,
Oxford, 2002 ; idem, The Kingdom of the Hittites, op. cit. ; idem, The World of the Neo-Hittite Kingdoms,
op. cit. ; B. J. COLLINS, The Hittites and Their World, Society of Biblical Literature, Atlanta, 2007.
50. Voir maintenant T. R. BRYCE, The World of the Neo-Hittite Kingdoms, op. cit., p. 42-49 ; et pages
suivantes sur la question des Néo-Hittites et leur monde.
51. Voir maintenant ibid., p. 13-14 ; et auparavant, idem, The Kingdom of the Hittites, op. cit.
52. Loi hittite no 13 ; la traduction suit H. A. HOFFNER, « Hittite Laws », in M. T. ROTH (dir.), Laws
Collections from Mesopotamia and Asia Minor, Scholars Press, Atlanta, 2007, p. 219.
53. Comme mentionné plus haut, concernant le débat que j’ai eu sur ces sources, y compris les détails
rapportés dans les paragraphes précédents et ceux qui suivent, voir maintenant E. H. CLINE, The Trojan
War, op. cit., p. 54-68 ; voir aussi idem, « Aššuwa and the Achaeans », loc. cit. ; avec des références plus
anciennes, idem, « Achilles in Anatolia », loc. cit., et les passages concernés de G. BECKMAN,
G. T. BRYCE et E. H. CLINE, The Ahhiyawa Texts, op. cit.
54. Sur la translittération et le texte complet, O. CARRUBA, « Beitrage zur mittelhethitischen
Geschichte, I : Die Thuthalijas und die Arnuwandas », Studi micenei ed egeo-anatolici, no 18, 1977, p. 158-
161 ; voir aussi E. H. CLINE, « Aššuwa and the Achaeans », loc. cit., p. 141, pour le débat et des références
supplémentaires.
55. La traduction en anglais est celle de P. H. J. HOUWINK TEN CATE, The Records of the Early Hittite
Empire (c. 1450-1380 B.C.), Nederland Historisch-Archaeologisch Institut i het Nabije Oosten, Istanbul,
1970, p. 62 (voir aussi p. 72, note 99 et p. 81) ; voir aussi E. H. CLINE, « Aššuwa and the Achaeans »,
loc. cit., p. 143, pour davantage de références utiles.
56. Voir ibid., p. 145-146 ; idem, « Achilles in Anatolia », loc. cit., p. 192.
57. Voir les références dans E. H. CLINE, « Bronze Age Interactions between the Aegean and the Eastern
Mediterranean Revisited : Mainstream, Margin, or Periphery ? », loc. cit., p. 177-179.
58. Voir les références dans idem, Sailing the Wine-Dark Sea, op. cit. ; idem, « Aššuwa and the
Achaeans », loc. cit., et idem, « Achilles in Anatolia », loc. cit., pour les arguments en faveur de cette
localisation d’Ahhiyawa ; voir maintenant également G. BECKMAN, G. T. BRYCE et E. H. CLINE,
The Ahhiyawa Texts, op. cit., mais aussi, pour un point de vue opposé, J. M. KELDER, The Kingdom of
Mycenae : A Great Kingdom in the Late Bronze Aegean, CDL Press, Bethesda, MD, 2010 et idem,
« Ahhiyawa and the World of the Great Kings : A re-evaluation of Mycenaean Political Structures »,
Talanta, no 44, 2012, p. 1-12.
59. Pour une courte introduction sur Schliemann, avec une bibliographie supplémentaire, voir maintenant
J. RUBALCABA et E. H. CLINE, Digging for Troy : From Homer to Hisarlik, Charlesbridge, Watertown,
MA, 2011.
60. Voir H. SCHLIEMANN, Mycenae, Brockhaus, Leipzig, 1878 ; C. TSOUNTAS et J. I. MANATT,
The Mycenaean Age, Macmillan and Co., Londres, 1897.
61. C. W. BLEGEN et M. RAWSON, The Palace of Nestor at Pylos in Western Messenia, vol. 1 :
The Buildings and Their Contents, Pt. 1, Text, Princeton University Press, Princeton, NJ, 1966, p. 5-6 ; plus
tôt, C. W. BLEGEN et K. KOROUNIOTIS, « Excavations at Pylos, 1939 », American Journal of
Archaeology, no 43/4, p. 563-564.
62. Sur les approches les plus récentes des Mycéniens, voir les articles dans E. H. CLINE (dir.),
The Oxford Handbook of the Bronze Age Aegean, op. cit.
63. Sur les objets mycéniens trouvés en Égypte et ailleurs au Moyen-Orient, voir idem, Sailing the Wine-
Dark Sea, op. cit., qui contient des références bibliographiques supplémentaires.
64. Idem, « Aššuwa and the Achaeans », loc. cit., p. 149 ; voir, récemment, idem, The Trojan War,
op. cit., p. 54-68.
65. Voir idem, « Achilles in Anatolia », loc. cit., p. 197-198 et idem, The Trojan War, op. cit., p. 43-49,
pour plus de références.
66. HOMÈRE, L’Iliade, L’Odyssée (trad. Louis Bardollet), Robert Laffont, coll. « Bouquins », Paris,
1995, p. 71-72 [NdT].
67. Comme ce fut déjà soutenu in E. H. CLINE, « Achilles in Anatolia », loc. cit., p. 202-203.
68. H. J. KANTOR, The Aegean and the Orient in the Second Millennium BC, AIA Monograph, no 1,
Principia Press, Bloomington, IN, 1947, p. 73.

Notes du chapitre 2
1. E. H. CLINE, « Amenhotep III, the Aegean and Anatolia », in D. O’CONNOR et E. H. CLINE (dir.),
Amenhotep III : Perspectives on His Reign, University of Michigan Press, Ann Arbor, 1998, p. 236-237 ;
H. SOUROUZIAN, « Beyond Memnon : Buried for More Than 3,300 Years, Remnants of Amenhotep III’s
Extraordinary Mortuary Temple at Kom el-Hettan Rise from beneath the Earth », ICON magazine, été 2004,
p. 10-17. Voir la méditation de Mary Beard, professeur de lettres classiques à Cambridge sur ces statues,
<www.timesonline.typetad.com>, consulté le 16 janvier 2011.
2. K. A. KITCHEN, « Theban Topographical Lists, Old and New », Orientalia, no 34, 1965, p. 5-6 ; voir
aussi idem, « Aegean Place Names in a List of Amenophis III », Bulletin of the American Schools of
Oriental Research, no 191, 1966, p. 23-24.
3. Sur la première publication de ces listes, voir E. EDEL, Die Ortsnamenlisten aus dem Totentempel
Amenophis III, Peter Hanstein Verlag, Bonn, 1966 ; idem et M. GÖRG, Die Ortsnamenlisten im nördlichen
Säulenhof des Totentempels Amenophis III, Harrassowitz Verlag, Wiesbaden, 2005. Sur les différents
commentaires, hypothèses et idées des autres chercheurs, voir, par exemple, V. HANKEY, « The Aegean
Interest in El Amarna », Journal of Mediterranean Anthropology and Archaeology, no 1, 1981, p. 38-49 ;
E. H. CLINE, « Amenhotep III and the Aegean : A Reassessment of Egypto-Aegean Relations in the 14th
Century BC », Orientalia, no 56/1, 1987, p. 1-36 et idem, « Amenhotep III, the Aegean and Anatolia »,
loc. cit., qui comprend des extraits des autres travaux publiés.
4. Idem et S. M. STANNISH, « Sailing the Great Green Sea : Amenhotep III’s “Aegean List” from Kom
el-Hetan, Once More », Journal of Ancient Egyptian Interconnections, no 3/2, 2011, p. 6-16.
5. E. H. CLINE, « Amenhotep III and the Aegean », loc. cit. ; idem, « An Unpublished Amenhotep III
Faience Plaque from Mycenae », Journal of the American Oriental Society, no 110/2, 1990, p. 200-212 ;
idem, Sailing the Wine-Dark Sea, op. cit., et idem, « Amenhotep III, the Aegean and Anatolia », loc. cit. ;
J. PHILLIPS et E. H. CLINE, « Amenhotep III and Mycenae : New Evidence », in A. DAKOURI-HILD et
E. S. SHERRATT (dir.), Autochton : Papers Presented to O.T.P.K. Dickinson on the Occasion of His
Retirement, BAR International Series 1432, Archaeopress, Oxford, 2005, p. 317-328.
6. E. H. CLINE, « Amenhotep III and the Aegean », loc. cit., p. 10 ; voir aussi idem, « An Unpublished
Amenhotep III Faience Plaque from Mycenae », loc. cit.
7. Idem, Sailing the Wine-Dark Sea, op. cit., p. XVII, p. XVIII, p. 9-11, p. 35 et p. 106 ; idem,
« The Nature of Economic Relations of Crete with Egypt and the Near East during the Bronze Age »,
loc. cit.
8. Idem, « Amenhotep III, the Aegean and Anatolia », loc. cit., p. 248 ; voir aussi précédemment idem,
« Amenhotep III and the Aegean », loc. cit., et désormais idem et S. M. STANNISH, « Sailing the Great
Green Sea », loc. cit., p. 11.
9. J. MYNÁROVÁ, Language of Amarna – Language of Diplomacy : Perspectives on the Amarna
Letters, Institut tchèque d’égyptologie, Prague, 2007, p. 11-39.
10. Les Lettres d’El-Amarna. Correspondance diplomatique du pharaon (trad. W. Moran, trad. fr.
D. Collon et H. Cazelles), Le Cerf, Paris, 1987. Les passages entre crochets ont été restaurés. Voir lettre 17,
in ibid., p. 110-111.
11. Voir R. COHEN et R. WESTBROOK (dir.), Amarna Diplomacy : The Beginnings of International
Relations, Johns Hopkins University Press, Baltimore, 2000.
12. Voir W. L. MORAN, The Amarna Letters, Johns Hopkins University Press, Baltimore, 1992, pour la
traduction en anglais de l’ensemble des lettres. NdT : nous avons repris la traduction française (réalisée à
partir de la version anglaise) : Les Lettres d’El-Amarna, Le Cerf, Paris, 1987.
13. Lettre 17, in ibid., p. 110-112.
14. Lettre 14, in ibid., p. 103-105.
15. Par exemple, lettres 22, 24 et 25, in ibid., p. 123-132, p. 139 et p. 141.
16. M. LIVERANI, Prestige and Interest, op. cit. ; idem, International Relations in the Ancient Near
East, op. cit., p. 135-137. Voir aussi, plus récemment, J. MYNÁROVÁ, Language of Amarna, op. cit.,
p. 125-131, en particulier sur les lettres d’El-Amarna.
17. Sur ce type d’études anthropologiques, voir le débat dans E. H. CLINE, « “My Brother, My Son” »,
loc. cit., p. 143, comprenant des références et une bibliographie supplémentaires.
18. Lettre d’Ougarit RS 17.166, cité dans ibid., p. 144, suivant la traduction en anglais de M. LIVERANI,
Prestige and Interest, op. cit., p. 200.
19. Lettre hittite KUB XXIII 102, I, p. 10-19, cité dans E. H. CLINE, « “My Brother, My Son” »,
loc. cit., p. 144, suivant la traduction en anglais de M. LIVERANI, Prestige and Interest, op. cit., p. 200.
20. Voir encore E. H. CLINE, « “My Brother, My Son” », loc. cit., pour une précédente discussion plus
approfondie.
21. Lettre 24, in Les Lettres d’El-Amarna, op. cit., p. 139. Voir la discussion récente sur les relations entre
Tushratta et Aménophis III in D. KAHN, « One Step Forward, Two Steps Backward : The Relations
between Amenhotep III, King of Egypt and Tushratta, King of Mitanni », in S. BAR, D. KAHN et
J. J. SHIRLEY (dir.), Egypt, Canaan and Israel, op. cit.
22. Lettre 20, in Les Lettres d’El-Amarna, op. cit., envoyée à Aménophis III ; puis les lettres 27-29,
envoyées plus tard à Akhenaton.
23. E. H. CLINE, « Amenhotep III, the Aegean and Anatolia », loc. cit., p. 248.
24. Lettre 4, in Les Lettres d’El-Amarna, op. cit., p. 69.
25. Lettre 1, in ibid., p. 60.
26. Par exemple, lettre 19, in ibid., p. 113-116.
27. Par exemple, ibid., p. 115.
28. Lettre 3, in Les Lettres d’El-Amarna, op. cit., p. 75-76.
29. Lettres 7 et 10, in ibid., p. 75-76 et p. 91. Voir aussi A. H. PODANY, Brotherhood of Kings, op. cit.,
p. 249-252.
30. Lettre 7, loc. cit.
31. B. MALINOWSKI, Les Argonautes du Pacifique occidental (trad. de l’anglais et présenté par André
et Simone Devyver), Gallimard, Paris, 1963 [1922] ; voir aussi J. P. SINGH UBEROI, Politics of the Kula
Ring, Manchester University Press, Manchester, 1962 ; J. W. LEACH et E. LEACH (dir.), The Kula :
New Perspectives on Massim Exchange, Cambridge University Press, Cambridge, 1983 ; M. MAUSS,
Essai sur le don. Forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques, PUF, coll. « Quadrige », Paris,
1974 [1923-1924] ; et la discussion plus ancienne dans E. H. CLINE, « “My Brother, My Son” », loc. cit.
32. Ce point a déjà été signalé auparavant dans ibid., p. 150, qui contient des références et une
bibliographie plus détaillée.
33. Une fois encore, cela a été précédemment expliqué, dans ibid. Les références et la bibliographie
supplémentaires qui y sont citées incluent C. ZACCAGNINI, « Patterns of Mobility among Ancient Near
Eastern Craftsmen », loc. cit., p. 250-254 ; M. LIVERANI, Prestige and Interest, op. cit., p. 227-229 ; W.-
D. NIEMEIER, « Minoan Artisans Travelling Overseas : The Alalakh Frescoes and the Painted Plaster
Floor at Tel Kabri (Western Galilee) », in R. LAFFINEUR et L. BASCH (dir.), Thalassa. L’Égée
préhistorique et la mer, Aegaeum 7, université de Liège, Liège, 1999, p. 189-201 ; M. BIETAK, « Minoan
Wall-Paintings Unearthed at Ancient Avaris », Egyptian Archaeology, no 2, 1992, p. 26-28. Voir aussi W.-
D. NIEMEIER et B. NIEMEIER, « Minoan Frescoes in the Eastern Mediterranean », in E. H. CLINE et
D. HARRIS-CLINE (dir.), The Aegean and the Orient in the Second Millennium, op. cit. ; P. PFÄLZNER,
« Between the Aegean and Syria : The Wall Paintings from the Royal Palace at Qatna », in D. BONATZ,
R. M. CZICHON et F. J. KREPPNER (dir.), Fundstellen Gesammelte Schriften zur Archäologie und
Geschichte Altvorderasiens ad honorem Hartmut Kühne, Harrassowitz, Wiesbaden, 2008, p. 95-118 ;
P. PFÄLZNER, « The Royal Palace at Qatna : Power and Prestige in the Late Bronze Age », in J. ARUZ
(dir.), Beyond Babylon : Art, Trade, and Diplomacy in the Second Millenium B.C. Catalogue of an
Exhibition at the Metropolitan Museum of Art, New York, Metropolitan Museum of Art, New York, 2008,
p. 219-221 ; L. A. HITCHCOCK, « “Who will personally invite a foreigner, unless he is a craftsman ?”
Exploring Interconnections in Aegean and Levantine Architecture », in R. LAFFINEUR et E. GRECO
(dir.), Emporia. Aegeans in the Central and Eastern Mediterranean. Proceedings of the 10th International
Aegean Conference. Athens, Italian School of Archaeology, 14-18 April 2004, Aegaeum 25, université de
Liège, Liège, 2005, p. 691-699 ; L. A. HITCHCOCK, « “Do you see a man skillful in his work ? He will
stand before kings” : Interpreting Architectural Influences in the Bronze Age Mediterranean », Ancient West
and East, no 7, 2008, p. 17-49 ; E. H. CLINE et A. YASUR-LANDAU, « Aegeans in Israel : Minoan
Frescoes at Tel Kabri », Biblical Archaeology Review, no 39/4 (juillet-août), 2013, p. 37-44, p. 64 et p. 66.
34. Voir Les Lettres d’El-Amarna, op. cit., la note brève de Moran, p. 108.
35. Lettre 15, in ibid., p. 105-106.
36. Lettre 16, in ibid., p. 107-109.
37. M. VAN DE MIEROOP, A History of the Ancient Near East ca. 3000-323 BC, op. cit., p. 131, p. 138
et p. 175 ; T. R. BRYCE, The World of the Neo-Hittite Kingdoms, op. cit., p. 182-183.
38. Z. HAWASS, Tutankhamun and the Golden Age of the Pharaohs, National Geographic Society,
Washington, DC, 2005, p. 263-272.
39. Idem, « King Tut’s Family Secrets », National Geographic, septembre 2010, p. 34-59 ; idem et alii,
« Ancestry and Pathology in King Tutankhamun’s Family », Journal of the American Medical Association,
no 303/7, 2010, p. 638-647.
40. N. REEVES, The Complete Tutankhamun, Thames and Hudson, Londres, 1990, p. 44.
41. Ibid., p. 40-46.
42. Ibid., p. 48-51.
43. Ibid., p. 10.
44. Voir les photographies dans ibid., p. 52-53.
45. T. R. BRYCE, The Kingdom of the Hittites, op. cit., p. 148-159 ; A. H. PODANY, Brotherhood of
Kings, op. cit., p. 267-271.
46. E. H. CLINE, « Amenhotep III, the Aegean and Anatolia », loc. cit., p. 248-249. Sur les mariages
dynastiques d’Aménophis III, voir aussi A. R. SCHULMAN, « Diplomatic Marriage in the Egyptian
New Kingdom », Journal of Near Eastern Studies, no 38, 1979, p. 183-185 et p. 189-190 ; Relations, John
Hopkins University Press, Baltimore, 2000.
W. L. MORAN, The Amarna Letters, op. cit., p. 101-103.
47. Traduction française de R. LEBRUN, Hymnes et prières hittites, Université catholique de Louvain,
coll. « Homo Religiosus », Louvain-la-Neuve, 1980, p. 199. Discuté par T. R. BRYCE, The World of the
Neo-Hittite Kingdoms, op. cit., p. 154-155 (voir aussi p. 188).
48. Voir K. A. YENER, « Recent Excavations at Alalakh : Throne Embellishments in Middle Bronze
Age Level VII », in J. ARUZ, S. B. GRAFF et Y. RAKIC (dir.), Cultures in Contact, op. cit., p. 142-153,
avec des références plus anciennes.
49. Voir T. R. BRYCE, The Kingdom of the Hittites, op. cit., p. 155-159, p. 161-163 et p. 177-180 ; idem,
The World of the Neo-Hittite Kingdoms, op. cit., p. 14.
50. T. RICHTER, « Qatna in the Late Bronze Age : Preliminary Remarks », in D. L. OWEN et
G. WILHELM (dir.), Studies on the Civilization and Culture of Nuzi and the Hurrians, CDL Press,
Bethesda, MD, 2005, p. 109-126 ; M. MEROLA, « Messages from the Dead », Archaeology, no 60/1, 2007,
p. 20-27 ; P. PFÄLZNER, « Between the Aegean and Syria », loc. cit., et idem, « The Royal Palace at
Qatna », loc. cit. Voir désormais T. RICHTER et S. LANGE, Das Archiv des Idadda : Die Keilschrifttexte
aus den deutsch-syrischen Ausgrabungen 2001-2003 im Königspalast von Qatna, Qatna Studien,
Ergebnisse der Ausgrabungen 3, Harrassowitz, Wiesbaden, 2012 pour la publication complète des archives
et A. AHRENS, H. DOHMANN-PFÄLZNER et P. PFÄLZNER, « New Light on the Amarna Period from
the Northern Levant. A Clay Sealing with the Throne Name of Amenhotep IV/Akhenaten from the Royal
Palace at Tall Misrife/Qatna », Zeitschrift für Orient-Archäologie, no 5, 2012, p. 232-248, pour la tablette
cachetée d’Akhenaton, et D. MORANDI BONACOSSI, « The Crisis of Qatna at the Beginning of the Late
Bronze Age II and the Iron Age II Settlement Revival Towards the Collapse of the Late Bronze Age Palace
System in the Northern Levant », in K. A. YENER (dir.), Across the Border, op. cit., p. 113-146, sur la crise
finale vers 1340 av. J.-C.
51. Voir le débat dans G. BECKMAN, G. T. BRYCE et E. H. CLINE, The Ahhiyawa Texts, op. cit.,
p. 158-161.
52. Ce qui suit doit beaucoup à ce qu’on trouve dans T. R. BRYCE, The Kingdom of the Hittites, op. cit.,
p. 178-183. Voir aussi, malgré tout, E. H. CLINE, « A Widow’s Plea and a Murder Mystery », Dig
magazine, janvier 2006, p. 28-30, qui en fait un récit pour les enfants. NdT : traduction française du hittite
par Jean-Pierre Grélois (communication personnelle) d’après l’édition de Hans Gustav GÜTERBOCK,
« The Deeds of Suppiluliuma as Told by his Son, Mursili II », Journal of Cuneiform Studies, no 10, 1956.
53. Il s’agit de la lettre KBo XXVIII 51. Traduction française par Jean-Pierre Grélois.
54. Traduction française par Jean-Pierre Grélois.
55. Traduction française par Jean-Pierre Grélois.
56. Voir T. R. BRYCE, The Kingdom of the Hittites, op. cit., p. 183 et note 130, ainsi que les références.
57. Voir la discussion dans E. H. CLINE, « Hittite Objects in the Bronze Age Aegean », Anatolian
Studies, no 41, 1991, p. 133-143 ; idem, « A possible Hittite Embargo against the Mycenaeans », Historia,
no 40/1, 1991, p. 1-9 ; idem, Sailing the Wine-Dark Sea, op. cit., p. 68-74.
58. Idem, « Amenhotep III, the Aegean and Anatolia », loc. cit., p. 249.
59. Voir T. R. BRYCE, « The Nature of Mycenaean Involvement in Western Anatolia », Historia, no 38,
1989, p. 1-21 ; idem, « Ahhiyawans and Mycenaeans – An Anatolian Viewpoint », Oxford Journal of
Archaeology, no 8, 1989, p. 297-310.
Notes du chapitre 3
1. Les sources, détails et discussions qui ont accompagné cette découverte sont nombreux et variés. Voir
plus particulièrement, G. F. BASS, « A Bronze Age Shipwreck at Ulu Burun (Kas) : 1984 Campaign »,
American Journal of Archaeology, no 90/3, 1986, p. 269-296, idem, « Oldest Known Shipwreck Reveals
Splendors of the Bronze Age », National Geographic, no 172/6, 1987, p. 693-733 ; idem, « Prolegomena to
a Study of Maritime Traffic in Raw Materials to the Aegean during the Fourteenth an Thirteenth Centuries
B.C. », in R. LAFFINEUR et P. P. BETANCOURT (dir.), Techne : Craftsmen, Craftswomen and
Craftsmanship in the Aegean Bronze Age. Proceedings of the 6th International Aegean Conference,
Philadelphia, Temple University, 18-21 April 1966, université de Liège, Liège, 1997, p. 153-170 ;
G. F. BASS, « Sailing between the Aegean and the Orient in the Second Millennium BC », in E. H. CLINE
et D. H. CLINE (dir.), The Aegean and the Orient in the Second Millennium, op. cit. ; C. PULAK,
« The Bronze Age Shipwreck at Ulu Burun, Turkey : 1985 Campaign », American Journal of Archaeology,
no 92, 1988, p. 1-37, idem, « The Uluburun Shipwreck : An Overview », International Journal of Nautical
Archaeology, no 27/3, 1998, p. 188-224 ; idem, « Shipwreck ! Recovering 3,000-Year-Old Cargo »,
Archaeology Odyssey, no 2/4, 1999, p. 18-29 et p. 59 ; idem, « Who Were the Mycenaeans Aboard the
Uluburun Ship ? », in R. LAFFINEUR et E. GRECO (dir.), Emporia, op. cit., p. 295-310 ;
C. BACHHUBER, « Aegean Interest on the Uluburun Ship », American Journal of Archaeology, no 110,
2006, p. 345-363 ; E. H. CLINE et A. YASUR-LANDAU, « Musings from a Distant Shore : The Nature
and Destination of the Uluburun Ship and Its Cargo », Tel Aviv, no 34/2, 2007, p. 125-141. Voir aussi,
désormais, A. H. PODANY, Brotherhood of Kings, op. cit., p. 256-258.
2. G. F. BASS, Cape Gelidonya, Transactions of the American Philosophical Society, vol. 57, pt. 8,
American Philosophical Society, Philadelphie, 1967 ; idem, « Cape Gelidonya and Bronze Age Maritime
Trade », in H. A. HOFFNER Jr (dir.), Orient and Occident, Neukirchener Verlag, Neukirchener-Vluyn,
1973, p. 29-38.
3. C. PULAK, « The Uluburun Shipwreck », loc. cit., p. 188.
4. Ibid., p. 213.
5. En plus des articles déjà cités de C. Pulak, G. F. Bass et C. Bachhuber, voir la liste publiée dans
C. M. MONROE, Scales of Fate, op. cit., p. 11-12, avec un débat complémentaire p. 13-15 et p. 234-238 ;
voir aussi idem, « Sunk Costs at the Late Bronze Age Uluburun », Bulletin of the American Schools of
Oriental Research, no 357, 2010, p. 19-33. Informations mises à jour grâce à l’exposé fait par Cemal Pulak
au cours d’une conférence académique à Fribourg en Allemagne, en mai 2012.
6. J. WEINSTEIN, « The Gold Scarab of Nefertiti from Ulu Burun : Its Implications for Egyptian History
and Egyptian-Aegean Relations », American Journal of Archaeology, no 93, 1989, p. 17-29.
7. Voir, plus récemment, S. W. MANNING, C. PULAK, B. KROMER et alii, « Absolute Age of the
Uluburun Shipwreck : A Key Late Bronze Age Time-Capsule for the East Mediterranean », in
S. W. MANNING et M. J. BRUCE (dir.), Tree-Rings, Kings, and Old World Archaeology and Environment,
Oxbow Books, Oxford, 2009, p. 163-187.
8. R. PAYTON, « The Ulu Burun Writing-Board Set », Anatolian Studies, no 41, 1991, p. 99-106.
9. RS 16.238+254 ; traduction en anglais suivant M. HELTZER, « Sinaranu, Son of Siginu, and the Trade
Relations between Ugarit and Crete », Minos, no 23, 1988, p. 12. Voir aussi, parmi les nombreux débats,
A. CAUBET et V. MATOIAN, « Ougarit et l’Égée », in M. YON, M. SZNYCER et P. BORDREUIL,
Le Pays d’Ougarit autour de 1200 av. J.-C., op. cit., p. 100 ; C. M. MONROE, Scales of Fate, op. cit.,
p. 164-165.
10. RS 16.386 ; traduction en anglais d’après C. M. MONROE, Scales of Fate, op. cit., p. 164-165.
11. I. SINGER, « A Political History of Ugarit », loc. cit., p. 634-635. Pour certaines correspondances
échangées entre les rois à cette époque, voir J. NOUGAYROL, Textes accadiens des archives Sud, Le Palais
royal d’Ugarit 4, Librairie C. Klincksieck, Paris, 1956.
12. T. R. BRYCE, The Kingdom of the Hittites, op. cit., p. 234.
13. Ibid., p. 277.
14. Ibid., p. 236, avec des références supplémentaires.
15. Ibid., p. 235.
16. Traduction anglaise, ibid., p. 237-238 suivant Gardiner. NdT : pour la traduction française,
C. LALOUETTE, L’Empire des Ramsès, op. cit., p. 118-120.
17. T. R. BRYCE, The Kingdom of the Hittites, op. cit., p. 235.
18. Ibid., p. 238-239.
19. Ibid., p. 277-278.
20. Ibid, p. 277, d’après Kitchen.
21. T. R. BRYCE, The Kingdom of the Hittites, op. cit., p. 277, p. 282 et p. 284-285.
22. Ibid., p. 238, d’après Kitchen. NdT : pour la traduction française, C. LALOUETTE, L’Empire des
Ramsès, op. cit., p. 134. Pour une version plus complète, idem, Textes sacrés et profanes de l’ancienne
Égypte, t. I : Des pharaons et des hommes, Gallimard, Paris, 1984, p. 84 et suiv.
23. Une version plus longue des débats sur Troie et la guerre de Troie présentés dans ce chapitre et le
suivant se trouve dans E. H. CLINE, The Trojan War, op. cit., qui a été écrit en même temps que le présent
ouvrage et partage avec lui des parties communes, même si elles sont présentées dans un ordre différent et
peuvent être plus détaillées. Mais les deux livres reprennent un texte déjà publié, avec plus de références,
par l’auteur dans le Course Guide accompagnant le quatorzième cours enregistrés dans la série audio
Achaeology and the Iliad : The Trojan War in Homer and History (livre audio/The Modern Scholar, 2006)
et est reproduit ici avec la permission de l’éditeur.
24. Voir la discussion dans G. BECKMAN, G. T. BRYCE et E. H. CLINE, The Ahhiyawa Texts, op. cit.,
p. 140-144.
25. Ibid., p. 101-122.
26. Ibid.
27. Ibid.
28. Ibid.
29. Voir maintenant la discussion dans E. H. CLINE, The Trojan War, op. cit., avec des références
supplémentaires. Voir aussi, plus généralement, B. STRAUSS, The Trojan War : A New History, Simon
& Schuster, New York, 2006.
30. Voir, par exemple, M. WOOD, In Search of the Trojan War, University of California Press, Berkeley,
1996 (2e éd.) ; S. H. ALLEN, Finding the Walls of Troy : Frank Calvert and Heinrich Schliemann at
Hisarlik, University of California Press, Berkeley, 1999 ; et maintenant, E. H. CLINE, The Trojan War,
op. cit.
31. P. A. MOUNTJOY, « The Destruction of Troia VIh », Studia Troica, no 9, 1999, p. 254-256 et
p. 258 ; voir aussi idem, « Troia VII Reconsidered », Studia Troica, no 9, op. cit., p. 298-299 ; idem,
« Mykenische Keramik in Troia – Ein Überblick », in M. O. KORFMAN (dir.), Troia : Archäologie eines
Siedlungshügels und seiner Landschaft, Philipp von Zabern, Mainz am Rhein, 2006, p. 244-245 ;
E. H. CLINE, The Trojan War, op. cit., p. 90.
32. Voir maintenant la discussion dans ibid., p. 87-90.
33. Voir, par exemple, N. C. LOADER, Building in Cyclopean Masonry : With Special Reference to the
Mycenaean Fortifications on Mainland Greece, Paul Åström Förlag, Jonsered, 1998 ; voir aussi
C. W. SHELMERDINE, « The Palace and Its Operations », in J. L. DAVIS (dir.), Sandy Pylos. An
Archaeological History from Nestor to Navarino, University of Texas Press, Austin, 1998, p. 87 ;
S. DEGER-JALKOTZY, « Decline, Destruction, Aftermath », in C. W. SHELDERMINE (dir.),
The Cambridge Companion to the Aegean Bronze Age, Cambridge University Press, Cambridge, 2008,
p. 388 ; J. MARAN, « The Crisis Years ? Reflections on Signs of Instability in the Last Decades of the
Mycenaean Palaces », in Scienze dell’antichità : Storia Archeologia Antropologia, no 15, 2009, p. 248-250 ;
M. KOSTOULA et J. MARAN, « A Group of Animal-Headed Faience Vessels from Tiryns », in
M. GRUBER, S. AHITUV, G. LEHMANN et Z. TALSHIR (dir.), All the Wisdom of the East : Studies in
Near Eastern Archaeology and History in Honor of Eliezer D. Oren, Orbis Biblicus et Orientalis 255,
Vandenhoeck & Ruprecht Göttingen, Fribourg, 2012, p. 217, citant J. MARAN, « The Spreading of Objects
and Ideas in the Late Bronze Age Eastern Mediterranean : Two Case Examples from the Argolid of the 13th
and 12th Centuries B.C. », Bulletin of the American Schools of Oriental Research, no 336, 2004, p. 11-30.
34. N. HIRSCHFELD, Incised Marks on LH/LM III Pottery, thèse de doctorat, Institute of Nautical
Archaeology, université A&M du Texas, 1990 ; idem, « Cypriot Marks on Mycenaean Pottery », in J.-
P. OLIVIER (dir.), Mykenaïka. Actes du IXe colloque international sur les textes mycéniens et égéens,
Athènes, 2-6 octobre 1990, Diffusion de Bocard, Paris, 1992, p. 315-319 ; N. HIRSCHFELD, « Cypriots in
the Mycenaean Aegean », in E. DE MIRO, L. GODART et A. SACCONI (dir.), Atti e Memorie del Secondo
Congresso Internazionale di Micenologia, Roma-Napoli, 14-20 Ottobre 1991, t. I, Gruppo Editoriale
Internatzionale, Rome/Naples, 1996, p. 289-297, N. HIRSCHFELD, Potmarks of the Late Bronze Age
Eastern Mediterranean, thèse de doctorat, université du Texas, Austin, 1999 ; idem, « Cypro-Minoan », in
E. H. CLINE (dir.), The Oxford Handbook of the Bronze Age Aegean, op. cit., p. 373-384 ; E. H. CLINE,
Sailing the Wine-Dark Sea, op. cit., p. 54 et p. 61 ; idem, « Coals to Newcastle, Wallbrackets to Tiryns :
Irrationality, Gift Exchange, and Distance Value », in P. P. BETANCOURT, V. KARAGEORGHIS,
R. LAFFINEUR et W. D. NIEMEIER (dir.), Meletemata : Studies in Aegean Archaeology Presented to
Malcolm H. Wiener As He Enters His 65th Year, Aegaeum 20, université de Liège, Liège, 1999, p. 119-
123 ; E. H. CLINE, « Rethinking Mycenaean International Trade », loc. cit., p. 195 ; J. MARAN,
« The Crisis Years ? », loc. cit., p. 246-247.
35. E. H. CLINE, Sailing the Wine-Dark Sea, op. cit., p. 50 et p. 128-130. Voir aussi, plus récemment,
C. M. MONROE, Scales of Fate, op. cit., p. 196-197 et p. 226-227.
36. E. H. CLINE, Sailing the Wine-Dark Sea, op. cit., p. 60 et p. 130 (catalogue : E13-14) ;
T. G. PALAIMA, « Maritime Matters in the Linear B Tablets », in R. LAFFINEUR et L. BASCH (dir.),
Thalassa, op. cit., p. 280-281 et p. 291-295 ; C. W. SHELMERDINE, « The Palace and Its Operations »,
loc. cit.
37. E. H. CLINE, Sailing the Wine-Dark Sea, op. cit., p. 60 et p. 130 ; voir aussi T. G. PALAIMA,
« Maritime Matters in the Linear B Tablets », loc. cit., p. 280-281 et p. 291-295 ; A. B. KNAPP, « Spice,
Drugs, Grain and Grog : Organic Goods in Bronze Age East Mediterranean Trade », in N. H. GALE (dir.),
Bronze Age Trade in the Aegean, Paul Åström Förlag, Jonsered, 1991, p. 21-68. Voir maintenant
A. YASUR-LANDAU, The Philistines and Aegean Migration at the End of the Late Bronze Age, op. cit.,
p. 40, tableau 2.1, qui rassemble commodément tous ces items et les suivants, puis sont situés sur une carte,
figure 2.3.
38. E. H. CLINE, Sailing the Wine-Dark Sea, op. cit., p. 50, 68-69, 128-131 (catalogue : E3, E7, E15-
18) ; voir plus récemment J. LATACZ, Troy and Homer : Towards a Solution of an Old Mystery, Oxford
University Press, Oxford, 2004, p. 280-281, qui cite W.-D. NIEMEIER, « Mycenaeans and Hittites in War
in Western Asia Minor », in R. LAFFINEUR (dir.), Polemos. Le contexte guerrier en Égée à l’âge du
bronze, université de Liège, Liège, 1999, p. 141-155 et p. 154 pour des occurrences supplémentaires de
noms de femmes venues de Lemnos et de Chios et peut-être de Troie ou de sa région dans les tablettes de
Pylos.
39. E. H. CLINE, Sailing the Wine-Dark Sea, op. cit., p. 50 et p. 129 (catalogue : E8-11) ; plus ancien,
M. C. ASTOUR, « Greek Names in the Semitic World and Semitic Names in the Greek World », Journal of
Near Eastern Studies, no 23, 1964, p. 194 ; idem, HellenoSemitica, E. J. Brill, Leiden, 1967 (2e éd.), p. 336-
344 ; voir maintenant aussi, C. BELL, « Continuity and Change : The Divergent Destinies of Late Bronze
Age Ports in Syria and Lebanon Across the LBA/Iron Age Transition », in C. BACHHUBER et
R. G. ROBERTS (dir.), Forces of Transformation, op. cit., p. 32.
40. E. H. CLINE, Sailing the Wine-Dark Sea, op. cit., p. 35 et p. 128 (catalogue E1-2) ;
C. W. SHELMERDINE, « Where Do We Go from Here ? An How Can the Linear B Tablets Help Us Get
There ? », in E. H. CLINE et D. HARRIS-CLINE (dir.), The Aegean and the Orient in the Second
Millennium, op. cit., p. 291-299.
41. A. ZIVIE, The Lost Tombs of Saqqara, American University in Cairo Press, Le Caire, 1987.
42. La discussion qui suit à propos de l’Exode est la reprise d’un texte déjà publié, avec des références
supplémentaires, par l’auteur de ce livre. Voir E. H. CLINE, From Eden to Exile : Unraveling Mysteries of
the Bible, National Geographic Books, Washington, D. C., 2007. Sa reproduction a été autorisée par son
premier éditeur.
43. Diodorus SICULUS, 1.47 ; traduit en anglais par C. H. Oldfather, Diodorus Siculus : Library of
History, vol. 303, Loeb Classical Library, Harvard University Press, Cambridge, MA, 1961.
44. Voir la discussion dans E. H. CLINE, From Eden to Exile, op. cit., p. 61-92, avec des références
supplémentaires ; voir aussi J. M. MILLER et J. H. HAYES, A History of Ancient Israel and Judah,
Westminster John Knox Press, Louisville, KY, 2006 (2e éd.), p. 39-41 ; T. R. BRYCE, The World of the Neo-
Hittite Kingdoms, op. cit., p. 187-188.
45. Nous avons suivi la traduction de C. LALOUETTE, Textes sacrés et textes profanes de l’ancienne
Égypte, vol. 1 : Des phraraons et des hommes, op. cit., p. 123-124. Nous avons mis entre crochets les noms
des villes tels que Cline les a orthographiés [NdT].
46. Voir la discussion dans E. H. CLINE, From Eden to Exile, op. cit., p. 83-85 qui comprend des
références supplémentaires ; voir aussi J. K. HOFFMEIER, Ancient Israel in Sinai : The Evidence for the
Authenticity of the Wilderness Tradition, Oxford University Press, Oxford, 2005, ainsi que A. BEN-TOR et
M. T. RUBIATO, « Excavating Hazor, Part Two : Did the Israelites Destroy the Canaanite City ? », Biblical
Archaeology Review, no 25/3, 1999, p. 22-39.
47. Voir la discussion dans E. H. CLINE, From Eden to Exile, op. cit., p. 85-87, avec des références
supplémentaires.
48. On les trouve surtout et facilement sur Internet, voir, par exemple, <www.discoverynews.us>,
consulté le 27 mai 2013.
49. Sur la date de l’éruption, qui a suscité bien des débats entre chercheurs ces dernières décennies, voir
S. W. MANNING, « Eruption of Thera/Santorini », in E. H. CLINE (dir.), The Oxford Handbook of the
Bronze Age Aegean, op. cit., p. 457-474, qui contient des références supplémentaires.
50. E. H. CLINE, From Eden to Exile, op. cit. ; idem, Biblical Archaeology : A Very Short Introduction,
Oxford University Press, New York, 2009 ; idem, « The Sea Peoples’ Possible Role in the Israelite
Conquest of Canaan », in D. DANIELIDOU (dir.), Doron : Festschrift for Spyros E. Iakovidis, Athens
Academy, Athènes, 2009, p. 191-198, avec des références.
51. S. ZUCKERMAN, « Anatomy of a Destruction : Crisis Architecture, Termination Rituals and the Fall
of Canaanite Hazor », Journal of Mediterranean Archaeology, no 20/1, 2007, p. 17, faisant référence et
citant les publications précédentes par Garstang, Yadin et Ben-Tor. Voir aussi désormais A. BEN-TOR,
« Who Destroyed Canaanite Hazor ? », Biblical Archaeology Review, no 39/4, 2013, p. 26-36 et p. 58-60.
52. S. ZUCKERMAN, « Anatomy of a Destruction », loc. cit., p. 24.
53. A. BEN-TOR et S. ZUCKERMAN, « Hazor and the End of the Late Bronze Age : Back to Basics »,
Bulletin of the American Schools of Oriental Research, no 350, 2008, p. 3-4 et p. 6.
54. A. BEN-TOR, « The Fall of Canaanite Hazor – The “Who” and “When” Questions », in S. GITIN,
A. MAZAR et E. STERN (dir.), Mediterranean People in Transition : Thirteen to Early Tenth Centuries
BCE, Israel Exploration Society, Jérusalem, 1998, p. 456-468 ; A. BEN-TOR, « The Sad Fate of Statues
and the Mutilated Statues of Hazor », in S. GITIN, J. E. WRIGHT et J. P. DESSEL (dir.), Confronting the
Past : Archaeological Essays on Ancient Israel in Honor of William G. Dever, Eisenbrauns, Winona Lake,
IN, 2006, p. 3-16 ; A. BEN-TOR et M. T. RUBIATO, « Excavating Hazor, Part Two », loc. cit. ;
S. ZUCKERMAN, « Where Is the Hazor Archive Buried ? », Biblical Archaeology Review, no 32/2, 2006,
p. 28-37, idem, « Anatomy of a Destruction », loc. cit. ; idem, « Dating the Destruction of Canaanite Hazor
without Mycenaean Pottery ? », in M. BIETAK et E. CZERNY (dir.), The Synchronisation of Civilisations
in the Eastern Mediterranean in the Second Millennium B.C. III, op. cit. ; S. ZUCKERMAN, « The Last
Days of a Canaanite Kingdom : A View from Hazor », in C. BACHHUBER et R. G. ROBERTS (dir.),
Forces of Transformation, op. cit., p. 100-107 ; S. ZUCKERMAN, « “The City, Its Gods Will Return
There…” : Toward an Alternative Interpretation of Hazor’s Acropolis in the Late Bronze Age », Journal of
Near Eastern Studies, no 69/2, 2010, p. 163-178 ; A. BEN-TOR et S. ZUCKERMAN, « Hazor and the End
of the Late Bronze Age », loc. cit. ; voir aussi, maintenant, E. ASHKENAZY, « A 3,400-Year-Old
Mystery : Who Burned the Palace of the Canaanite Hatzor ? Archaeologists Take on the Bible during Tel
Hatzor Excavations, When Disagreements Arise over the Destroyer of the City », Haaretz, 23 juillet 2012,
<www.haaretz.com>, consulté le 6 août 2012 ; A. ZEIGER, « 3,000-Year- Old Wheat Traces Said to
Support Biblical Account of Israelite Conquest ; Archaeologist Amnon Ben-Tor Claims Find at Tel Hazor Is
a Remnant of Joshua’s Military Campaign in 13th Century BCE », Times of Israel, 23 juillet 2012,
<www.timesofisrael.com>, consulté le 6 août 2012 ; N. MAROM et S. ZUCKERMAN,
« The Zooarchaeology of Exclusion and Expropriation : Looking Up from the Lower City in Late Bronze
Age Hazor », Journal of Anthropological Archaeology, no 31, 2012, p. 573-585.
55. Voir la discussion, et les références supplémentaires, dans E. H. CLINE, From Eden to Exile, op. cit.,
p. 86-92 ; idem, Biblical Archaeology, op. cit., p. 76-78 ; voir aussi idem, « The Sea Peoples’ Possible Role
in the Israelite Conquest of Canaan », loc. cit.
56. T. R. BRYCE, The Routledge Handbook of the Peoples and Places of Ancient Western Asia : From
the Early Bronze Age to the Fall of the Persian Empire, Routledge, Londres, 2009, p. 85.
57. A. KUHRT, The Ancient Near East c. 3000-300 BC, vol. 1, Routledge, Londres, 1995, p. 353-354 ;
T. R. BRYCE, The World of the Neo-Hittite Kingdoms, op. cit., p. 182-183.
58. Idem, The Kingdom of the Hittites, op. cit., p. 85.
59. E. PORADA, « Sidelights on Life in the 13th and 12th Centuries B.C. in Assyria », in W. A. WARD
et M. S. JOUKOWSKY (dir.), The Crisis Years, op. cit., p. 182-183 ; A. KUHRT, The Ancient Near East
c. 3000-300 BC, op. cit., p. 355-358 ; I. SINGER, « A Political History of Ugarit », loc. cit., p. 688-690 ;
D. T. POTTS, The Archaeology of Elam : Formation and Transformation of an Ancient Iranian State,
Cambridge University Press, Cambridge, 1999, p. 231 ; T. R. BRYCE, The Kingdom of the Hittites, op. cit.,
p. 86 ; idem, The World of the Neo-Hittite Kingdoms, op. cit., p. 182-185. Il faut noter que Singer place le
début du règne de Tukulti-Ninurta en 1233 av. J.-C., plutôt qu’en 1244 av. J.-C.
60. Sur la bataille contre les Hittites, à Nihriya dans le nord de la Mésopotamie, voir, entre autres, ibid.,
p. 54 et p. 183-184 ; Sur le cadeau qui aurait été envoyé à la Thèbes béotienne, voir la première discussion
dans E. PORADA, « The Cylinder Seals Found at Thebes in Beotia », Archiv für Orientforschung, no 28,
1981, p. 1-70 et p. 77 et, plus brièvement, E. H. CLINE, Sailing the Wine-Dark Sea, op. cit., p. 25-26.
61. Traduction de l’anglais à partir de G. BECKMAN, G. T. BRYCE et E. H. CLINE, The Ahhiyawa
Texts, op. cit., p. 61 ; plus ancien, T. R. BRYCE, The Kingdom of the Hittites, op. cit., p. 315-319.
62. Traduction de l’anglais à partir de G. BECKMAN, G. T. BRYCE et E. H. CLINE, The Ahhiyawa
Texts, op. cit., p. 63.
63. J’ai discuté de cette affaire dans plusieurs de mes écrits précédents ; voir, parmi les plus récents,
E. H. CLINE, « Rethinking Mycenaean International Trade », loc. cit., p. 197, où l’on trouvera des
références supplémentaires.
64. Traduction de l’anglais à partir de G. BECKMAN, G. T. BRYCE et E. H. CLINE, The Ahhiyawa
Texts, op. cit., p. 61 ; plus ancien, T. R. BRYCE, The Kingdom of the Hittites, op. cit., p. 309-310.
65. Voir la discussion dans G. BECKMAN, G. T. BRYCE et E. H. CLINE, The Ahhiyawa Texts, op. cit.,
p. 101-122 ; auparavant, T. R. BRYCE, « A Reinterpretation o the Milawata Letter in the Light of the
New Join Piece », Anatolian Studies, no 35, 1985, p. 13-23 ; idem, The Kingdom of the Hittites, op. cit.,
p. 306-308.
66. Ibid., p. 321-322 ; N. H. DEMAND, The Mediterranean Context of Early Greek History, op. cit.,
p. 195. Voir aussi, maintenant, D. KANIEWSKI, É. VAN CAMPO, J. GUIOT et alii, « Environmental
Roots of the Late Bronze Age Crisis », PloS ONE, 8/8 : e71004, 2013, <www.plosone.org>, consulté le
25 août 2013, sur l’éventualité d’une sécheresse à Chypre pendant cette période, sur laquelle nous
reviendrons.
67. Traduction en anglais de T. R. BRYCE, The Kingdom of the Hittites, op. cit., p. 321, d’après
Güterbock, ainsi que la discussion p. 321-322 et p. 333 ; voir aussi la traduction similaire de
G. BECKMAN, « Hittite Documents from Hattusa », in A. B. KNAPP (dir.), Sources for the History of
Cyprus, vol. 2 : Near Eastern and Aegean Texts from the Third to the First Millenia BC, Greece and Cyprus
Research Center, Altamont, NY, 1996, p. 32 et la discussion dans H. A. HOFFNER JR, « The Last Days of
Khattusha », in W. A. WARD et M. S. JOUKOWSKY (dir.), The Crisis Years, op. cit., p. 48-49.
68. Traduction de l’anglais à partir de G. BECKMAN, « Hittite Documents from Hattusa », loc. cit.,
p. 33 ; voir aussi T. R. BRYCE, The Kingdom of the Hittites, op. cit., p. 332 ; I. SINGER, « New Evidence
on the End of the Hittite Empire », in E. D. OREN (dir.), The Sea Peoples and Their World, op. cit., p. 27 ;
I. SINGER, « A Political History of Ugarit », loc. cit., p. 719 et p. 721-722 ; H. A. HOFFNER JR,
« The Last Days of Khattusha », loc. cit., p. 48-49 ; N. K. SANDARS, The Sea Peoples, op. cit., p. 141-
142.
69. T. R. BRYCE, The Kingdom of the Hittites, op. cit., p. 323 et p. 327-333 ; I. SINGER,
« New Evidence on the End of the Hittite Empire », loc. cit., p. 25-27 ; H. A. HOFFNER JR, « The Last
Days of Khattusha », loc. cit., p. 48-49.
70. I. SINGER, « New Evidence on the End of the Hittite Empire », loc. cit., p. 27.
71. W. PHELPS, Y. LOLOS et Y. VICHOS (dir.), The Point Iria Wreck : Interconnections in the
Mediterranean ca. 1200 BC, Hellenic Institute of Marine Archaeology, Athènes, 1999.
72. G. F. BASS, Cape Gelidonya, op. cit. ; idem, « Cape Gelidonya and Bronze Age Maritime Trade »,
loc. cit.
73. Idem, « Return to Cape Gelidonya », INA Newsletter, no 15/2, 1988, p. 3-5 ; idem, « Cape Gelidonya
Redux », in J. ARUZ, S. B. GRAFF et Y. RAKIC (dir.), Cultures in Contact, op. cit.
74. E. H. CLINE, Sailing the Wine-Dark Sea, op. cit., p. 100-101.
Notes du chapitre 4
1. M. YON, The City of Ugarit at Tell Ras Shamra, Eisenbrauns, Winona Lake, IN, 2006, p. 7. La
littérature académique sur ces sites est immense, mais le texte de Yon est bref et facilement accessible
comme, précédemment, A. H. W. CURTIS, « Ras Shamra, Minet el-Beida and Ras Ibn Hani : The Material
Sources », in W. G. E. WATSON et N. WYATT (dir.), Handbook of Ugaritic Studies, op. cit., p. 5-27. Sur
l’histoire politique et économique d’Ougarit, voir aussi l’aperçu général et le résumé de I. SINGER,
« A Political History of Ugarit », loc. cit. Voir aussi A. H. PODANY, Brotherhood of Kings, op. cit., p. 273-
275.
2. A. CAUBET, « Ras Shamra-Ugarit before the Sea-Peoples », in E. D. OREN (dir.), The Sea Peoples
and Their World, op. cit., p. 35-49 ; M. YON, « The Foreign Relations of Ugarit », in
N. Chr. STAMPOLIDIS et V. KARAGEORGHIS (dir.), Sea Routes…, op. cit., p. 41-51.
3. Voir M. YON, The City of Ugarit at Tell Ras Shamra, op. cit., p. 142-143, pour une représentation de
ces amphores in situ, une brève discussion et des références.
4. M. DIETRICH et O. LORETZ, « Ugarit, Home of the Oldest Alphabets », in W. G. E. WATSON et
N. WYATT (dir.), Handbook of Ugaritic Studies, op. cit., p. 81-90 ; M. YON, The City of Ugarit at Tell Ras
Shamra, op. cit., p. 7-8 et p. 44 avec des références supplémentaires.
5. MM. YON, The City of Ugarit at Tell Ras Shamra, op. cit., p. 7-8, p. 19 et p. 24 ;
S. LACKENBACHER, « La correspondance internationale dans les archives d’Ugarit », Revue
d’assyriologie et d’archéologie orientale, no 89, 1995, p. 72 ; I. SINGER, « A Political History of Ugarit »,
loc. cit., p. 623-627, p. 641-642, p. 680-681 et p. 701-704. Les lettres d’El-Amarna envoyées par les rois
d’Ugarit portent les numéros EA 45 et 49, mais peuvent aussi concerner les EA 46-48.
6. W. VAN SOLDT, Studies in the Akkadian of Ugarit : Dating and Grammar, Neukirchener Verlag,
Neukirchen, 1991 ; S. LACKENBACHER, « La correspondance internationale dans les archives d’Ugarit »,
loc. cit., p. 69-70 ; A. MILLARD, « The Last Tablets of Ugarit », in M. YON, M. SZNYCER et
P. BORDREUIL, Le Pays d’Ougarit autour de 1200 av. J.-C., op. cit., p. 121 ; J. HUEHNERGARD, « The
Akkadian Letters », loc. cit., p. 375 ; I. SINGER, « A Political History of Ugarit », loc. cit., p. 704. Voir
maintenant, plus récemment, idem, « Ships Bound for Lukka : A New Interpretation of the Companion
Letters RS 94.2530 and RS 94.2523 », Altorientalische Forschungen, no 33, 2006, en particulier p. 256-
258 ; C. BELL, The Evolution of Long Distance Trading Relationships across the LBA/Iron Age Transition
on the Northern Levantine Coast : Crisis, Continuity and Change, BAR International Series 1574,
Archaeopress, Oxford, 2006, p. 17 ; K. M. MCGEOUGH, Exchange Relationships at Ugarit, Peeters,
Louvain, 2007, p. 325-332.
7. I. SINGER, « A Political History of Ugarit », loc. cit., p. 657-660 ; W. T. PITARD, « The Written
Sources : 2. The Alphabetic Ugaritic Tablets », in W. G. E. WATSON et N. WYATT (dir.), Handbook of
Ugaritic Studies, op. cit., p. 48-51 ; C. BELL, The Evolution of Long Distance Trading Relationships across
the LBA/Iron Age Transition on the Northern Levantine Coast, op. cit., p. 2 et p. 17 ; K. M. MCGEOUGH,
Exchange Relationships at Ugarit, op. cit. ; C. BELL, « The Merchants of Ugarit », loc. cit., p. 180.
8. M. YON, The City of Ugarit at Tell Ras Shamra, op. cit., p. 20-21, avec des illustrations d’objets
discutés p. 129-172, en particulier cette épée, p. 168-169 ; I. SINGER, « A Political History of Ugarit », loc.
cit., p. 625 et p. 676 ; K. M. MCGEOUGH, Exchange Relationships at Ugarit, op. cit., p. 297-305.
9. Ceci est précisé par la tablette RS 17.382 + RS 17.380 ; voir I. SINGER, « A Political History of
Ugarit », loc. cit., p. 635 ; K. M. MCGEOUGH, Exchange Relationships at Ugarit, op. cit., p. 325.
10. S. LACKENBACHER, « La correspondance internationale dans les archives d’Ugarit », loc. cit. ;
P. BORDREUIL et F. MALBRAN-LABAT, « Les archives de la maison d’Ourtenou », Comptes rendus des
séances de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, no 139/2, 1995, p. 443-451 ; F. MALBRAN-
LABAT, « La découverte épigraphique de 1994 à Ougarit (les textes akkadiens) », Studi micenei ed egeo-
anatolici, no 36, 1995, p. 103-111. Sur les discussions précédentes sur la fin d’Ougarit, M. C. ASTOUR,
« New Evidence on the Last Days of Ugarit », American Journal of Archaeology, no 69, 1965, p. 253-258,
et N. K. SANDARS, The Sea Peoples, op. cit.
11. M. YON, The City of Ugarit at Tell Ras Shamra, op. cit., p. 51 et p. 54 ; K. M. MCGEOUGH,
Exchange Relationships at Ugarit, op. cit., p. 183-184, p. 254-255 et p. 333-335 ; C. BELL, « The
Merchants of Ugarit », loc. cit., p. 182-183. Sur la langue chyprio-minoenne, voir N. HIRSCHFELD,
« Cypro-Minoan », loc. cit., avec ses références.
12. M. YON, The City of Ugarit at Tell Ras Shamra, op. cit., p. 73-77, avec des références ; W. VAN
SOLDT, « The Written Sources : 1. The Syllabic Akkadian Texts », in W. G. E. WATSON et N. WYATT
(dir.), Handbook of Ugaritic Studies, op. cit., p. 33-34 ; C. BELL, The Evolution of Long Distance Trading
Relationships across the LBA/Iron Age Transition on the Northern Levantine Coast, op. cit., p. 65 ;
K. M. MCGEOUGH, Exchange Relationships at Ugarit, op. cit., p. 247-249 ; C. BELL, « The Merchants
of Ugarit », loc. cit., p. 182.
13. Texte ougaritique RS 20.168 ; voir I. SINGER, « A Political History of Ugarit », loc. cit., p. 719-720 ;
première publication in J. NOUGAYROL, E. LAROCHE, C. VIROLLEAUD et C. F. A. SCHAEFFER,
Ugaritica, no 5, op. cit., p. 80-83.
14. F. MALBRAN-LABAT, « La découverte épigraphique de 1994 à Ougarit », loc. cit. ;
P. BORDREUIL et F. MALBRAN-LABAT, « Les archives de la maison d’Ourtenou », loc. cit. ;
I. SINGER, « A Political History of Ugarit », loc. cit., p. 605 ; W. VAN SOLDT, « The Written Sources :
1. The Syllabic Akkadian Texts », loc. cit., p. 35-36 ; M. YON, The City of Ugarit at Tell Ras Shamra, op.
cit., p. 22 et p. 87-88 ; C. BELL, The Evolution of Long Distance Trading Relationships across the
LBA/Iron Age Transition on the Northern Levantine Coast, op. cit., p. 67 ; K. M. MCGEOUGH, Exchange
Relationships at Ugarit, op. cit., p. 257-259 ; C. BELL, « The Merchants of Ugarit », loc. cit., p. 183-184.
Voir aussi maintenant, P. BORDREUIL, D. PARDEE et R. HAWLEY, Une bibliothèque au sud de la
ville***. Textes 1994-2002 en cunéiforme alphabétique de la maison d’Ourtenou Ras Shamra-
Ougarit XVIII, RSO 18, Maison de l’Orient et de la Méditerranée-Jean Pouilloux, Lyon, 2012.
15. RS 34.165. S. LACKENBACHER in P. BORDREUIL, Une bibliothèque au sud de la ville. Les textes
de la 34e campagne (1973), Ras Shamra-Ougarit VII, Éditions Recherche sur les civilisations, Paris, 1991,
p. 90-100 ; H. A. HOFFNER JR, « The Last Days of Khattusha », loc. cit., p. 48 ; I. SINGER, « A Political
History of Ugarit », loc. cit., p. 689-690.
16. Ibid., p. 658-659 ; voir aussi maintenant Y. COHEN et I. SINGER, « A Late Synchronism between
Ugarit and Emar », in Y. AMIT, E. BEN ZVI, I. FINKELSTEIN et O. LIPSCHITS (dir.), Essays on Ancient
Israel in Its Near Eastern Context : A Tribute to Nadav Na’aman, Eisenbrauns, Winona Lake, IN, 2006,
p. 123-139 ; K. M. MCGEOUGH, Exchange Relationships at Ugarit, op. cit., p. 184 et p. 335.
17. I. SINGER, « A Political History of Ugarit », loc. cit., p. 719 et p. 720, qui fait la synthèse des
travaux précédents ; P. BORDREUIL et F. MALBRAN-LABAT, « Les archives de la maison d’Ourtenou »,
loc. cit., p. 445.
18. S. LACKENBACHER et F. MALBRAN-LABAT, « Ugarit et les Hittites dans les archives de la
“Maison d’Urtenu” », Studi micenei ed egeo-anatolici, no 47, 2005, p. 237-238 et notes 69 et 76 ;
I. SINGER, « Ships Bound for Lukka », loc. cit., p. 256-258 ; E. H. CLINE et A. YASUR-LANDAU,
« Musings from a Distant Shore », loc. cit., p. 130 ; T. R. BRYCE, « The Hittite Deal with the Hiyawa-
Men », in Y. COHEN, A. GILAN et J. L. MILLER (dir.), Pax Hethitica, op. cit. ; C. BELL, « The
Merchants of Ugarit », loc. cit., p. 184. La lettre du roi hittite (probablement Suppiluliuma II) est référencée
RS 94.2530 ; celle de l’officiel RS 94.2523.
19. RS 88.2158. S. LACKENBACHER, « Une correspondance entre l’Administration du Pharaon
Merneptah et le roi d’Ougarit », in M. YON, M. SZNYCER et P. BORDREUIL (dir.), Le Pays d’Ougarit
autour de 1200 av. J.-C., op. cit., p. 77-83 ; S. LACKENBACHER in M. YON et D. ARNAUD, Études
ougaritiques I : Travaux 1985-1995, Éditions Recherche sur les civilisations, Paris, 2001, p. 239-247 ; voir
la discussion dans I. SINGER, « A Political History of Ugarit », loc. cit., p. 708-712 ; idem, « New
Evidence on the End of the Hittite Empire », loc. cit., p. 22.
20. RS 34.153 ; P. BORDREUIL, Une bibliothèque au sud de la ville, op. cit., p. 75-76 ; traduction de
l’anglais de C. M. MONROE, Scales of Fate, op. cit., p. 188-189. NdT : pour la version française de cette
lettre, nous avons utilisé D. ARNAUD, « Une lettre du roi de Tyr au roi d’Ougarit », Syria, no 59-1-2, 1982,
p. 101-107.
21. RS 17.450A ; voir la discussion dans C. M. MONROE, Scales of Fate, op. cit., p. 180 et p. 188-189.
22. F. MALBRAN-LABAT, « La découverte épigraphique de 1994 à Ougarit », loc. cit., p. 107.
23. A. MILLARD, « Scripts and Their Uses in the 12th-10th Centuries BCE », in G. GALIL,
A. GILBOA, A. M. MAEIR et D. KAHN (dir.), The Ancient Near East in the 12th-10th Centuries BCE, op.
cit., p. 121.
24. I. SINGER, « A Political History of Ugarit », loc. cit., p. 729-730 et note 427 ; A. CAUBET,
« Reoccupation of the Syrian Coast after the Destruction of the “Crisis Years” », in W. A. WARD et
M. S. JOUKOWSKY (dir.), The Crisis Years, op. cit., p. 123 ; M. YON, The City of Ugarit at Tell Ras
Shamra, op. cit., p. 22 ; D. KANIEWSKI, É. VAN CAMPO, K. VAN LERBERGHE et alii, « The Sea
Peoples, from Cuneiform Tablets to Carbon Dating », PloS ONE 6/6 : e20232, 2011, <www.plosone.org>,
consulté le 25 août 2013, p. 4-5.
25. M. YON, « The End of the Kingdom of Ugarit », loc. cit., p. 111, p. 117 et p. 120 ; I. SINGER,
« A Political History of Ugarit », loc. cit., p. 730 ; C. BELL, The Evolution of Long Distance Trading
Relationships across the LBA/Iron Age Transition on the Northern Levantine Coast, op. cit., p. 12 et p. 101-
102.
26. Texte d’Ougarit RS. Voir M. YON, « The End of the Kingdom of Ugarit », loc. cit., p. 119 ;
H. A. HOFFNER JR, « The Last Days of Khattusha », loc. cit., p. 49 ; R. DREWS, The End of the Bronze
Age, op. cit., p. 13 ; I. SINGER, « A Political History of Ugarit », loc. cit., p. 713-715 ; D. ARNAUD, in
M. YON et D. ARNAUD, Études ougaritiques I : Travaux 1985-1995, op. cit., p. 278-279 ; A. YASUR-
LANDAU, « The Absolute Chronology of the Late Helladic IIIC Period : A View from the Levant », in
S. DEGER-JALKOTZY et M. ZAVADIL (dir.), LH IIIC Chronology and Synchronisms. Proceedings of the
International Workshop Held at the Austrian Academy of Sciences at Vienna, May 7th and 8th, 2001, Verlag
der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, Vienne, 2003, p. 236 ; C. BELL, The Evolution of
Long Distance Trading Relationships across the LBA/Iron Age Transition on the Northern Levantine Coast,
op. cit., p. 12 ; M. YON, The City of Ugarit at Tell Ras Shamra, op. cit., p. 127 ; A. YASUR-LANDAU,
The Philistines and Aegean Migration at the End of the Late Bronze Age, op. cit., p. 187 ; D. KANIEWSKI,
E. PAULISSEN, É. VAN CAMPO et alii, « Late Second-Early First Millennium BC Abrupt Climate
Changes in Coastal Syria and Their Possible Significance for the History of the Eastern Mediterranean »,
Quaternary Research, no 74, 2010, p. 212 ; D. KANIEWSKI, É. VAN CAMPO, K. VAN LERBERGHE et
alii, « The Sea Peoples, from Cuneiform Tablets to Carbon Dating », loc. cit., p. 5.
27. KTU 1.78 (RS 12.061) ; voir maintenant D. KANIEWSKI, E. PAULISSEN, É. VAN CAMPO et alii,
« Late Second-Early First Millennium BC Abrupt Climate Changes in Coastal Syria and Their Possible
Significance for the History of the Eastern Mediterranean », loc. cit., p. 5, citant M. DIETRICH et
O. LORETZ, « Der Untergang von Ugarit am 21. Januar 1192 v. Chn ? Der astronomisch-hepatoskopische
Bericht KTU 1.78 (RS 12.061) », Ugarit-Forschungen, no 34, 2002, p. 53-74. À l’opposé, N. H. DEMAND,
The Mediterranean Context of Early Greek History, op. cit., p. 199, citant une publication plus ancienne de
E. Lipinski, pour qui il est improbable que la destruction ait eu lieu à la date tardive de 1160 av. J.-C.
28. Voir, par exemple, N. K. SANDARS, The Sea Peoples, op. cit.
29. Voir A. MILLARD, « Scripts and Their Uses in the 12th-10th Centuries BCE », loc. cit., p. 119 et
I. SINGER, « A Political History of Ugarit », loc. cit., p. 705 avec des références plus anciennes ; voir aussi
W. VAN SOLDT, « The Written Sources : 1. The Syllabic Akkadian Texts », loc. cit., p. 32 ; M. YON, The
City of Ugarit at Tell Ras Shamra, op. cit., p. 44 ; M. VAN De MIEROOP, A History of the Ancient Near
East ca. 3000-323 BC, op. cit., p. 245 ; K. M. MCGEOUGH, Exchange Relationships at Ugarit, op. cit.,
p. 236-237 ; idem, Ugaritic Economic Tablets : Text, Translation and Notes, édité par Mark S. Smith,
Peeters, Louvain, 2011, p. 225.
30. M. YON, « The End of the Kingdom of Ugarit », loc. cit., p. 117 ; A. CAUBET, « Reoccupation of
the Syrian Coast after the Destruction of the “Crisis Years” », loc. cit., p. 129 ; T. L. MCCLELLAN,
« Twelfth Century B.C. Syria : Comments on H. Sader’s Paper », in W. A. WARD et M. S. JOUKOWSKY
(dir.), The Crisis Years, op. cit., p. 165-167 ; R. DREWS, The End of the Bronze Age, op. cit., p. 15 et p. 17 ;
I. SINGER, « New Evidence on the End of the Hittite Empire », loc. cit., p. 25.
31. P. COURBIN, « Bassit Poidaeion in the Early Iron Age », in J.-P. DESCŒUDRES (dir.), Greek
Colonists and Native Populations. First Australian Congress of Classical Archaeology in Honour of
A. D. Trendall, Clarendon Press, Oxford, 1990, p. 504-509, cité par A. CAUBET, « Reoccupation of the
Syrian Coast after the Destruction of the “Crisis Years” », loc. cit., p. 127 ; voir aussi J. LAGARCE et
E. LAGARCE, « Découvertes archéologiques à Ras Ibn Hani près de Ras Shamra : un palais du roi
d’Ugarit, des tablettes inscrites en caractères cunéiformes, un petit établissement des peuples de la mer et
une ville hellénistique », Comptes rendus de l’Académie des inscriptions et des belles-lettres, 1978, p. 45-
64.
32. A. BOUNNI, A. et J. LAGARCE et N. SALIBY, « Rapport préliminaire sur la première campagne de
fouilles (1975) à Ibn Hani (Syrie) », Syria, no 55, 1976, p. 233-279 ; idem, « Rapport préliminaire sur la
deuxième campagne de fouilles (1976) à Ibn Hani (Syrie) », Syria, no 56, 1978, p. 218-291, cité par
A. CAUBET, « Reoccupation of the Syrian Coast after the Destruction of the “Crisis Years” », loc. cit.,
p. 124 ; voir aussi R. DREWS, The End of the Bronze Age, op. cit., p. 14 ; I. SINGER, « New Evidence on
the End of the Hittite Empire », loc. cit., p. 24 ; A. YASUR-LANDAU, The Philistines and Aegean
Migration at the End of the Late Bronze Age, op. cit., p. 165-166 ; A. E. KILLEBREW et G. LEHMANN,
« Introduction : The World of the Philistines and Other Sea Peoples », loc. cit., p. 12.
33. D. KANIEWSKI, É. VAN CAMPO, K. VAN LERBERGHE et alii, « The Sea Peoples, from
Cuneiform Tablets to Carbon Dating », loc. cit., p. 1 et figure 2. Pour une discussion plus ancienne des
découvertes faites sur ce site, voir M. AL-MAQDISSI, M. BADAWY, J. BRETSCHNEIDER et alii, « The
Occupation Levels of Tell Tweini and Their Historical Implications », in R. D. BIGGS, J. MYERS,
M. T. ROTH (dir.), Proceedings of the 51th Rencontre Assyriologique Internationale Held at the Oriental
Institute of the University of Chicago, July 18-22, 2005, University of Chicago Press, Chicago, 2008,
p. 341-350 ; J. BRETSCHNEIDER et K. Van LERBERGHE (dir.), In Search of Gibala : An Archaeological
and Historical Study Based on Eight Seasons of Excavations at Tell Tweini (Syria) in the A and C Fields
(1999-2007), Aula Orientalis-Supplementa 24, Sabadell, Barcelone, 2008 ; idem, « The Jebleh Plain
through History : Tell Tweini and its Intercultural Contacts in Bronze and Early Iron Age », in
K. DUISTERMAAT et I. REGULSKI (dir.), Intercultural Contacts in the Ancient Mediterranean.
Proceedings of the International Conference at the Netherlands-Flemish Institute in Cairo, 25th to
29th October 2008, Uitgeveru Peeters, Louvain, 2011, p. 183-203 ; K. VANSTEENHUYSE, « The Bronze
to Iron Age Transition at Tell Tweini (Syria) », in F. VENTURI (dir.), Societies in Transition : Evolutionary
Processes in the Northern Levant between Late Bronze Age II and Early Iron Age. Papers Presented on the
Occasion of the 20th Anniversary of the New Excavations in Tell Afis. Bologna, 15th November 2007,
Clueb, Bologne, 2010, p. 39-52 ; J. BRESTSCHNEIDER, A.-S. VAN VYVE et G. JANS, « Tell Tweini :
A Multi-Period Harbor Town at the Syrian Coast », in J. MYNÁROVÁ (dir.), Egypt and the Near-East –
the Crossroads : Proceedings of an International Conference on the Relations of Egypt and the Near East in
the Bronze Age, Prague, September 1-3, 2010, Université Charles à Prague, Prague, 2011.
34. D. KANIEWSKI, É. VAN CAMPO, K. VAN LERBERGHE et alii, « The Sea Peoples, from
Cuneiform Tablets to Carbon Dating », loc. cit., p. 1-2.
35. Ibid., p. 1.
36. Voir L. BADRE, « Handmade Burnished Ware and Contemporary Imported Pottery from Tell
Kazel », in N. Chr. STAMPOLIDIS et V. KARAGEORGHIS (dir.), Sea Routes…, op. cit., et la discussion
qui suit ; voir aussi L. BADRE, M.-C. BOILEAU, R. JUNG et H. MOMMSEN, « The Provenance of
Aegean-and Surian-Type Pottery Found at Tell Kazel (Syria) », Egypt and the Levant, no 15, 2005, p. 15-
47 ; L. BADRE, « Tell Kazel-Simyra : A Contribution to a Relative Chronological History in the Eastern
Mediterranean during the Late Bronze Age », Bulletin of the American Schools of Oriental Research,
no 343, 2006, p. 63-95 ; R. JUNG, « “Sie vernichteten sie, als ob sie niemals existiert hätten” – Was blieb
von den Zerstörungen der Seevölker ? », in H. MELLER (dir.), Schlachtfeldarchäologie/Battlefield
Archaeology. 1. Mitteldeutscher Archäologentag vom 09. Bis 11. Oktober 2008 in Halle (Saale) (Tagungen
des Landesmuseums für Vorgeschichte Halle 2), Landesmuseum für Vorgeschichte, Halle (Saale), 2009,
p. 31-48 ; idem, « End of the Bronze Age », in E. H. CLINE (dir.), The Oxford Handbook of the Bronze Age
Aegean, op. cit., p. 177-178.
37. R. JUNG, « Can We Say, What’s behind All Those Sherds ? Ceramic Innovations in the Eastern
Mediterranean at the End o the Second Millennium », in J. MARAN et P. W. STOCKHAMMER (dir.),
Materiality and Social Practice : Transformative Capacities of Intercultural Encounters, Oxbow Books,
Oxford, 2012, p. 115-116.
38. R. DREWS, The End of the Bronze Age, op. cit., p. 7, note 11, et p. 15-16 ; voir, précédemment,
H. J. FRANKEN, « The Excavations at Deir `Alla, Jordan. », Vetus Testamentum, no 11, 1961, p. 361-372 ;
T. DOTHAN, « Some Aspects of the Appearance of the Sea Peoples and Philistines in Canaan », in
S. DEGER-JALKOTZY (dir.), Griechenland, die égäis und die Levante während der “Dark Ages”,
Österreichische Akademie der Wissenschaft, Vienne, 1983, p. 101 et p. 104 ; W. G. DEVER, « The Late
Bronze-Early Iron I Horizon in Syria-Palestine : Egyptians, canaanites, “Sea Peoples” and Proto-
Israelites », in W. A. WARD et M. S. JOUKOWSKY (dir.), The Crisis Years, op. cit., p. 104. Voir aussi,
maintenant, G. GILMOUR et K. A. KITCHEN, « Pharaoh Sety II and Egyptian Political Relations with
Canaan at the End of the Late Bronze Age », Israel Exploration Journal, no 62/1, 2012, p. 1-21.
39. Voir la brève discussion dans J. WEINSTEIN, « The Collapse of the Egyptian Empire in the Southern
Levant », in W. A. WARD et M. S. JOUKOWSKY (dir.), The Crisis Years, op. cit., p. 143, avec des
références plus anciennes.
40. Voir une présentation générale et la discussion dans W. G. DEVER, « The Late Bronze-Early Iron I
Horizon in Syria-Palestine », loc. cit., p. 101-102.
41. G. LOUD, Megiddo II : Season of 1935-39, University of Chicago Press, Chicago, 1948, p. 29 et
figures 70-71 ; voir aussi A. KEMPINSKI, Megiddo : A City-State and Royal Centre in North-Israel, Verlag
C. H. Beck, Munich, 1989, p. 10, p. 76-77 et p. 160 ; I. FINKELSTEIN, « The Stratigraphy and Chronology
of Megiddo and Beth-Shean in the 12th-11th Centuries BCE », Tel Aviv, no 23, 1996, p. 171-172 ; A. NUR
et H. RON, « Armadeggon’s Earthquakes », International Geology Review, no 39, 1997, p. 537-539 ;
A. NUR et E. H. CLINE, « Poseidon’s Horses : Plate Tectonics and Earthquake Storms in the Late Bronze
Age Aegean and Eastern Mediterranean », Journal of Archaeological Science, no 27, 2000, p. 59.
42. D. USSISHKIN, « The Destruction of Megiddo at the End of the Late Bronze Age and Its Historical
Significance », in S. GITIN, A. MAZAR et E. STERN (dir.), Mediterranean Peoples in Transition :
Thirteenth to Early Tenth Centuries BCE, Israel Exploration Society, Jérusalem, 1995, p. 197-219 ; et
communication personnelle, mai 2013.
43. J. WEINSTEIN, « The Collapse of the Egyptian Empire in the Southern Levant », loc. cit., p. 144-
145 ; D. USSISHKIN, « The Destruction of Megiddo at the End of the Late Bronze Age and Its Historical
Significance », loc. cit., p. 214 ; I. FINKELSTEIN, « The Stratigraphy and Chronology of Megiddo and
Beth-Shean in the 12th-11th Centuries BCE », loc. cit., p. 171 ; G. LOUD, Megiddo Ivories, University of
Chicago Press, Chicago, 1939, planche 62, no 377.
44. M. FELDMAN, « Luxurious Forms : Redefining a Mediterranean “International Style”, 1400-1200
B.C.E. », Art Bulletin, no 84/1, 2002, p. 6-29 ; idem, Diplomacy by Design : Luxury Arts and an
« International Style » in the Ancient Near East, 1400-1200 BCE, University of Chicago Press, Chicago,
2006 et idem, « Hoarded Treasures : The Megiddo Ivories and the End of the Bronze Age », Levant, no 41/2,
2009, p. 175-194 ; L. STEEL, Materiality and Consumption in the Bronze Age Mediterranean, Routledge,
New York, 2013, p. 162-169. Auparavant, G. LOUD, Megiddo Ivories, op. cit. ; H. J. KANTOR, The
Aegean and the Orient in the Second Millennium BC, op. cit.
45. J. WEINSTEIN, « The Collapse of the Egyptian Empire in the Southern Levant », loc. cit., p. 144-
145 ; D. USSISHKIN, « The Destruction of Megiddo at the End of the Late Bronze Age and Its Historical
Significance », loc. cit., p. 214 ; I. FINKELSTEIN, « The Stratigraphy and Chronology of Megiddo and
Beth-Shean in the 12th-11th Centuries BCE », loc. cit., p. 171 ; voir aussi désormais A. YASUR-
LANDAU, « The Absolute Chronology of the Late Helladic IIIC Period », loc. cit., p. 237-238 ;
W. ZWICKEL, « The Change from Egyptian to Philistine Hegemony in South-Western Palestine during the
Time of Ramesses III or IV », loc. cit., p. 599-600.
46. D. USSISHKIN, « The Destruction of Megiddo at the End of the Late Bronze Age and Its Historical
Significance », loc. cit., p. 215.
47. Idem, « A Synopsis of the Stratigraphical, Chronological and Historical Issues », in idem (dir.), The
Renewed Archaeological Excavations at Lachish (1973-1994), Tel Aviv University, Tel Aviv, 2004,
tableaux 2.1 et 3.3.
48. Ibid., p. 60-69.
49. Ibid., p. 60-62.
50. Ibid., p. 62 et p. 65-68.
51. Ibid., p. 71 ; G. BARKAY et D. USSISHKIN, « Area S : The Late Bronze Age Strata », in
D. USSISHKIN (dir.), The Renewed Archaeological Excavations at Lachish, op. cit., p. 357.
52. S. ZUCKERMAN, « Anatomy of a Destruction », loc. cit., p. 10, citant G. BARKAY et
D. USSISHKIN, « Area S », loc. cit., p. 353 et p. 358-361 et P. SMITH, « Skeletal Remains from
Level VI », in D. USSISHKIN (dir.), The Renewed Archaeological Excavations at Lachish, op. cit.,
p. 2504-2507.
53. G. BARKAY et D. USSISHKIN, « Area S », loc. cit., p. 361 ; S. ZUCKERMAN, « Anatomy of a
Destruction », loc. cit., p. 10.
54. D. USSISHKIN, « A Synopsis of the Stratigraphical, Chronological and Historical Issues », loc. cit.,
p. 70 ; voir aussi idem, « Lachish : Key to the Israelite Conquest of Canaan ? », Biblical Archaeology
Review, no 13/1, 1987, p. 18-39.
55. Idem, « A Synopsis of the Stratigraphical, Chronological and Historical Issues », loc. cit., p. 69-70,
avec les références des publications plus anciennes.
56. Idem, « Lachish », loc. cit. ; idem, « A Synopsis of the Stratigraphical, Chronological and Historical
Issues », loc. cit., p. 64 avec illustrations en couleurs p. 136 ; voir, aussi, J. WEINSTEIN, « The Collapse of
the Egyptian Empire in the Southern Levant », loc. cit., p. 143-144 ; R. GIVEON, D. SWEENEY et
N. LALKIN, « The Inscription of Ramesses III », in D. USSISHKIN (dir.), The Renewed Archaeological
Excavations at Lachish, op. cit., p. 1626-1628 ; D. USSISHKIN, « A Cache of Bronze Artefacts from
Level VI », in idem (dir.), The Renewed Archaeological Excavations at Lachish, op. cit., avec illustrations.
Voir aussi, désormais, W. ZWICKEL, « The Change from Egyptian to Philistine Hegemony in South-
Western Palestine during the Time of Ramesses III or IV », loc. cit., p. 597-598.
57. D. USSISHKIN, « Lachish », loc. cit.
58. W. ZWICKEL, « The Change from Egyptian to Philistine Hegemony in South-Western Palestine
during the Time of Ramesses III or IV », loc. cit., p. 598, avec des références plus anciennes.
59. D. USSISHKIN, « A Synopsis of the Stratigraphical, Chronological and Historical Issues », loc. cit.,
p. 70.
60. Ibid.
61. Ibid. ; idem, « Lachish », loc. cit., p. 69-72, avec des références aux plus articles plus anciens.
62. Ibid. ; idem, « A Synopsis of the Stratigraphical, Chronological and Historical Issues », loc. cit.,
p. 71-72 ; S. ZUCKERMAN, « Anatomy of a Destruction », loc. cit., p. 10. Voir aussi maintenant
W. ZWICKEL, « The Change from Egyptian to Philistine Hegemony in South-Western Palestine during the
Time of Ramesses III or IV », loc. cit., p. 597-598.
63. D. USSISHKIN, « A Synopsis of the Stratigraphical, Chronological and Historical Issues », loc. cit.,
p. 71, avec des photographies en couleurs p. 127 ; voir aussi G. BARKAY et D. USSISHKIN, « Area S »,
loc. cit., p. 358 et p. 363 ; P. SMITH, « Skeletal Remains from Level VI », loc. cit.
64. Voir, référence plus ancienne, A. NUR et H. RON, « Armadeggon’s Earthquakes », loc. cit. ; A. NUR
et E. H. CLINE, « Poseidon’s Horses », loc. cit. ; idem, « What Triggered the Collapse ? Earthquake
Storms », Archaeology Odyssey, no 4/5, 2001, p. 31-36 et p. 62-63 ; A. NUR et D. BURGESS, Apocalypse :
Earthquakes, Archaeology, and the Wrath of God, Princeton University Press, Princeton, NJ, 2008 ;
E. H. CLINE, « Whole Lotta Shakin’ Going On : The Possible Destruction by Earthquake of Megiddo
Stratum VIA », in I. FINKELSTEIN et N. NA’AMAN (dir.), The Fire Signals of Lachish : Studies in the
Archaeology and History of Israel in the Late Bronze Age, Iron Age, and Persian Period in Honor of David
Ussishkin, université de Tel-Aviv, Tel-Aviv, 2011, p. 55-70.
65. D. USSISHKIN, « Area P : The Level VI Temple », in idem (dir.), The Renewed Archaeological
Excavations at Lachish, op. cit., p. 216, p. 267 et p. 270-271.
66. J. WEINSTEIN, « The Collapse of the Egyptian Empire in the Southern Levant », loc. cit., p. 147.
67. D. M. MASTER, L. E. STAGER et A. YASUR-LANDAU, « Chronological Observations at the
Dawn of the Iron Age in Ashkelon », Egypt and the Levant, no 21, 2011, p. 276 ; voir, auparavant,
M. DOTHAN, Ashdod II-III. The Second and Third Season of Excavations 1963, 1965, Sounding in 1967.
Texts and Plates, `Atiqot 9-10, Israel Antiquities Authority, Jérusalem, 1971, p. 25 ; T. DOTHAN, The
Philistines and Their Material Culture, op. cit., p. 36-37 ; W. G. DEVER, « The Late Bronze-Early Iron I
Horizon in Syria-Palestine », loc. cit., p. 102-103 ; T. DOTHAN et M. DOTHAN, People of the Sea, op.
cit., p. 160-161 ; M. DOTHAN, « Ashdod », in E. STERN (dir.), The New Encyclopedia of Archaeological
Excavations in the Holy Land, Carta, Jérusalem, 1993, p. 96 ; M. DOTHAN et Y. PORATH, Ashdod V.
Excavations of Area G. The Fourth-Sixth Season of Excavations 1968-1970, `Atiqot 23, Israel Antiquities
Authority, Jérusalem, 1993, p. 47 ; T. DOTHAN, « Ekron of the Philistines, Part 1 : Where They Came
From, How They Settled Down and the Place They Worshiped In », Biblical Archaeology Review, no 18/1,
1990, p. 28-38 ; idem, « Reflections on the Initial Phase of Philistine Settlement », in E. D. OREN (dir.),
The Sea Peoples and Their World, op. cit., p. 146-158 ; L. E. STAGER, « The Impact of the Sea Peoples in
Canaan », in T. E. LEVY (dir.), The Archaeology of Society in the Holy Land, Leicester University Press,
Londres, 1995, p. 332-348 ; A. E. KILLEBREW, « Ceramic Typology and Technology of Late Bronze II
and Iron I Assemblages from Tel Miqne-Ekron : The Transition from Canaanite to Philistine Culture », in
S. GITIN, A. MAZAR et E. STERN (dir.), Mediterranean Peoples in Transition : Thirteenth to Early Tenth
Centuries BCE, Israel Exploration Society, Jérusalem, 1998, p. 381-382 ; A. E. KILLEBREW, « Aegean-
Style Early Philistine Pottery in Canaan during the Iron I Age : A Stylistic Analysis of Mycenaean IIIC :
1b Pottery and Its Associated Wares », in E. D. OREN (dir.), The Sea Peoples and Their World, op. cit.,
p. 233-253 ; S. GITIN, « Excavating Ekron. Major Philistine City Survived by Absorbing Other Cultures »,
Biblical Archaeological Review, no 31/6, 2005, p. 40-56 et p. 66-67 ; T. J. BARAKO, « Philistines and
Egyptians in Southern Coastal Canaan during the Early Iron Age », in A. E. KILLEBREW et
G. LEHMANN (dir.), The Philistines and Other « Sea Peoples » in Text and Archaeology, op. cit., p. 41.
Voir aussi maintenant, la courte discussion dans N. H. DEMAND, The Mediterranean Context of Early
Greek History, op. cit., p. 208-210 ; et la discussion détaillée avec toutes les références sur ce qu’étaient la
culture des Philistins et la manière dont ils ont pu interagir avec la population locale cananéenne, dans
A. E. KILLEBREW, Biblical Peoples and Ethnicity, op. cit., p. 197-245 ; idem, « The Philistines in
Context : The Transmission and Appropriation of Mycenaean-Style Culture in the East Aegean,
Southeastern Coastal Anatolia, and the Levant », Scripta Mediterranea, no 27-28, 2006-2007, p. 245-266 ;
idem, « Early Philistine Pottery Technology at Tel Miqne-Ekron : Implications for the Late Bronze-Early
Iron Age Transition in the Eastern Mediterranean », in A. E. KILLEBREW et G. LEHMANN (dir.), The
Philistines and Other « Sea Peoples » in Text and Archaeology, op. cit., p. 77-129 ; A. YASUR-LANDAU,
The Philistines and Aegean Migration at the End of the Late Bronze Age, op. cit., p. 216-334, en
particulier ; A. FAUST et J. LEV-TOV, « The Constitution of Philistine Identity : Ethnic Dynamics in
Twelfth to Tenth Century Philistia », Oxford Journal of Archaeology, no 30, 2011, p. 13-31 ; A. YASUR-
LANDAU, « The Role of the Canaanite Population in the Aegean Migration to the Southern Levant in the
Late Second Millennium BCE », in J. MARAN et P. W. STOCKHAMMER (dir.), Materiality and Social
Practice, op. cit., p. 191-197 ; A. E. KILLEBREW et G. LEHMANN, « Introduction : The World of the
Philistines and Other Sea Peoples », loc. cit., p. 16 ; S. SHERRATT, « The Ceramic Phenomenon of the
“Sea Peoples” : An Overview », in A. E. KILLEBREW et G. LEHMANN (dir.), The Philistines and Other
« Sea Peoples » in Text and Archaeology, op. cit., p. 619-644 ; A. M. MAEIR, L. A. HITCHCOCK,
L. K. HORWITZ, « On the Constitution and Tranformation of Philistine Identity », loc. cit.
68. T. DOTHAN, « Reflections on the Initial Phase of Philistine Settlement », loc. cit., p. 147 ; voir aussi
le rapport très semblable dans idem, « Initial Philistine Settlement : From Migration to Coexistence », in
S. GITIN, A. MAZAR et E. STERN (dir.), Mediterranean Peoples in Transition, op. cit., p. 151. Voir aussi
A. YASUR-LANDAU, The Philistines and Aegean Migration at the End of the Late Bronze Age, op. cit.,
p. 223-224.
69. D. M. MASTER, L. E. STAGER et A. YASUR-LANDAU, « Chronological Observations at the
Dawn of the Iron Age in Ashkelon », loc. cit., p. 261 et p. 274-276 et suiv. Voir aussi, auparavant,
T. DOTHAN, The Philistines and Their Material Culture, op. cit., p. 36.
70. L. E. STAGER, « The Impact of the Sea Peoples in Canaan », loc. cit., p. 348, cité en particulier par
A. YASUR-LANDAU, « The Role of the Canaanite Population in the Aegean Migration to the Southern
Levant in the Late Second Millennium BCE », loc. cit., p. 192. Voir aussi G. D. MIDDLETON, The
Collapse of Palatial Society in LBA Greece and the Postpalatial Period, op. cit., p. 85 et p. 87.
71. D. T. POTTS, The Archaeology of Elam, op. cit., p. 206 et p. 233 et tableaux 7.5-7.6. Voir aussi la
discussion dans R. L. ZETTLER, « 12th Century B.C. Babylonia : Continuity and Change », in
W. A. WARD et M. S. JOUKOWSKY (dir.), The Crisis Years, op. cit., p. 174-176.
72. La traduction en anglais reprend celle de T. POTTS, The Archaeology of Elam, op. cit., p. 233 et
tableau 7.6.
73. Ibid., p. 188 et p. 233 et tableau 7.9 ; T. R. BRYCE, The World of the Neo-Hittite Kingdoms, op. cit.,
p. 185-187.
74. K. A. YENER, « New Excavations at Alalakh : the 14th-12th Centuries BC », in idem (dir.), Across
the Border, op. cit., p. 11-35 ; idem, « Recent Excavations at Alalakh », loc. cit., p. 144.
75. R. DREWS, The End of the Bronze Age, op. cit., p. 9.
76. Sur cette question précise, voir les commentaires de H. G. GÜTERBOCK, « Survival of the Hittite
Dynasty », in W. A. WARD et M. S. JOUKOWSKY (dir.), The Crisis Years, op. cit., p. 55, avec des
références aux publications plus anciennes de Kurt Bittel, Heinrich Otten, entre autres. Voir la discussion
dans T. R. BRYCE, The World of the Neo-Hittite Kingdoms, op. cit., p. 14-15.
77. P. J. NEVE, « Bogazkoy-Hattusa. New Results of the Excavations in the Upper City », Anatolica,
no 16, 1989, p. 9 ; H. A. HOFFNER JR, « The Last Days of Khattusha », loc. cit., p. 48 ;
H. G. GÜTERBOCK, « Survival of the Hittite Dynasty », loc. cit., p. 53 ; T. R. BRYCE, The Kingdom of
the Hittites, op. cit., p. 269-271 et p. 319-321 ; H. GENZ, « “No Land Could Stand before Their Arms, from
Hatti… On…” ? New Light on the End of the Hittite Empire and the Early Iron Age in Central Anatolia »,
in A. E. KILLEBREW et G. LEHMANN (dir.), The Philistines and Other « Sea Peoples » in Text and
Archaeology, op. cit., p. 14-15.
78. H. A. HOFFNER JR, « The Last Days of Khattusha », loc. cit., p. 49 et p. 51.
79. Ibid., p. 46-47, avec des références à des travaux plus anciens de Kurt Bittel, Heinrich Otten, entre
autres ; voir aussi maintenant, I. SINGER, « The Fate of Hattusa during the Period of Tarhuntassa’s
Supremacy », Kulturgeschichten : altorientalistische Studien für Volkert Haas zum 65. Geburtstag,
Saarbücker Druckerei und Verlag, Sarrebruck, 2001, p. 395-403 ; G. D. MIDDLETON, The Collapse of
Palatial Society in LBA Greece and the Postpalatial Period, op. cit., p. 56.
80. J. D. MUHLY, « The Crisis Years in the Mediterranean World : Transition or Cultural
Disintegration ? », in W. A. WARD et M. S. JOUKOWSKY (dir.), The Crisis Years, op. cit., p. 40-41.
81. T. R. BRYCE, The World of the Neo-Hittite Kingdoms, op. cit., p. 12 ; H. GENZ, « “No Land Could
Stand before Their Arms, from Hatti… On…” ? », loc. cit., p. 472.
82. J. SEEHER, « Die Zerstörung der Stadt Hattusa », in G. WILHELM (dir.), Akten IV. Internationalen
Kongresses für Hethitologie. Würzburg, 4-8. Oktober 1999, Harrassowitz, Wiesbaden, 2001 ; T. R. BRYCE,
The Kingdom of the Hittites, op. cit., p. 345-346 ; M. VAN De MIEROOP, A History of the Ancient Near
East ca. 3000-323 BC, op. cit., p. 240-241 ; N. H. DEMAND, The Mediterranean Context of Early Greek
History, op. cit., p. 195 ; T. R. BRYCE, The World of the Neo-Hittite Kingdoms, op. cit., p. 11 ; H. GENZ,
« “No Land Could Stand before Their Arms, from Hatti… On…” ? », loc. cit., p. 469-472.
83. R. DREWS, The End of the Bronze Age, op. cit., p. 9 et p. 11, avec des références ; A. YASUR-
LANDAU, The Philistines and Aegean Migration at the End of the Late Bronze Age, op. cit., p. 159-161 et
p. 186-187, avec des références. Sur Tarsus, voir maintenant S. YALÇIN, « A Re-evaluation of the Late
Bronze to Early Iron Age Transitional Period : Stratigraphic Sequence and Plain Ware of Tarsus-
Gözlükule », in K. A. YENER (dir.), Across the Border, op. cit., p. 195-211.
84. R. DREWS, The End of the Bronze Age, op. cit., p. 9, avec des références.
85. T. R. BRYCE, The Kingdom of the Hittites, op. cit., p. 347-348. D’autres, avant Bryce, ont fait la
même remarque ; voir, par exemple, H. G. GÜTERBOCK, « Survival of the Hittite Dynasty », loc. cit.,
p. 53, citant Bittel ; voir aussi, désormais, H. GENZ, « “No Land Could Stand before Their Arms, from
Hatti… On…” ? », loc. cit.
86. P. A. MOUNTJOY, « Troia VII Reconsidered », loc. cit., p. 300-301 et tableau 1, p. 298 ; idem,
« Mykenische Keramik in Troia – Ein berblick », loc. cit., p. 245-248 ; voir aussi, désormais, E. H. CLINE,
The Trojan War, op. cit., p. 91.
87. P. A. MOUNTJOY, « Troia VII Reconsidered », loc. cit., p. 296-297 ; voir aussi, désormais,
E. H. CLINE, The Trojan War, op. cit., p. 93-94.
88. Voir, par exemple, C. W. BLEGEN, C. G. BOULTER, J. L. CASKEY et M. RAWSON, Troy IV :
Settlements VIIa, VIIb and VIII, Princeton University Press, Princeton, NJ, 1958, p. 11-12.
89. Transcription d’un documentaire de la BBC, The Truth of Troy, <www.bbc.co.uk>, consulté le
17 avril 2012 ; voir aussi, désormais, E. H. CLINE, The Trojan War, op. cit., p. 94-101.
90. Voir P. A. MOUNTJOY, « Troia VII Reconsidered », loc. cit., p. 333-334 ; et maintenant
E. H. CLINE, The Trojan War, op. cit., p. 94.
91. Voir, par exemple, S. DEGER-JALKOTZY, « Decline, Destruction, Aftermath », loc. cit., p. 387 et
p. 390 et la liste des sites dans C. W. SHELMERDINE, « The Palatial Bronze Age of the Southern and
Central Greek Mainland », in T. CULLEN (dir.), Aegean Prehistory : A Review, Archaeological Institute of
America, Boston, 2001, p. 373, note 275.
92. G. D. MIDDLETON, The Collapse of Palatial Society in LBA Greece and the Postpalatial Period,
op. cit., p. 14-15. Voir la discussion supplémentaire dans idem, « Nothing Lasts Forever », loc. cit., p. 283-
285.
93. C. W. BLEGEN et M. LANG, « The Palace of Nestor Excavations of 1959 », American Journal of
Archaeology, no 64/2, 1960, p. 159-160.
94. J. B. RUTTER, « Cultural Novelties in the Post-Palatial Aegean : Indices of Vitality or Decline ? », in
W. A. WARD et M. S. JOUKOWSKY (dir.), The Crisis Years, op. cit., p. 70 ; voir aussi maintenant
S. DEGER-JALKOTZY, « Decline, Destruction, Aftermath », loc. cit., p. 387.
95. Voir, initialement, C. W. BLEGEN et M. RAWSON, The Palace of Nestor at Pylos in Western
Messenia, vol. 1 : The Buildings and their Contents, op. cit., p. 421-422. Pour la nouvelle datation des
destructions de Pylos, voir désormais P. A. MOUNTJOY, « The Destruction of the Palace at Pylos
Reconsidered », Annual of the British School at Athens, no 92, 1997, p. 109-137 ; C. W. SHELMERDINE,
« The Palatial Bronze Age of the Southern and Central Greek Mainland », loc. cit., p. 381.
96. C. W. BLEGEN et K. KOROUNIOTIS, « Excavations at Pylos, 1939 », loc. cit., p. 561.
97. J. L. DAVIS, « Pylos », in E. H. CLINE (dir.), The Oxford Handbook of the Bronze Age Aegean, op.
cit., p. 687. Voir aussi la discussion dans J. L. DAVIS (dir.), Sandy Pylos, op. cit., p. 88 et p. 97.
98. C. W. BLEGEN, « The Palace of Nestor Excavations of 1954 », American Journal of Archaeology,
no 59/1, 1955, p. 32, voir d’autres mentions dans C. W. BLEGEN et M. RAWSON, The Palace of Nestor at
Pylos in Western Messenia, vol. 1 : The Buildings and their Contents, op. cit.
99. Voir, plus récemment, S. DEGER-JALKOTZY, « Decline, Destruction, Aftermath », loc. cit., p. 389,
avec des références sur les pour et les contre, en particulier J. T. HOOKER, « The End of Pylos and the
Linear B Evidence », Studi micenei ed egeo-anatolici, no 23, 1982, p. 209-217, L. BAUMBACH, « An
Examination of the Evidence for a State of Emergency at Pylos c. 1200 BC from the Linear B Tablets », in
A. HEUBECK et G. NEUMANN (dir.), Res Mycenaeae, Vandenhoeck and Ruprecht, Göttingen, 1983,
p. 28-40 et T. G. PALAIMA, « The Last Days of the Pylos Polity », in W.-D. NIEMEIER et
R. LAFFINEUR (dir.), Politeia, op. cit. ; voir aussi, C. W. SHELMERDINE, « Pylian Polemics : The Latest
Evidence on Military Matters », in R. LAFFINEUR (dir.), Polemos, op. cit., p. 403-408, et J. MARAN,
« The Crisis Years ? », loc. cit., p. 245, avec des références.
100. Sp. E. IAKOVIDIS, « Destruction Horizons at Late Bronze Age Mycenae », Philia Epi eis
Georgion E. Mylonan, v. A, Bibliothèque de l’Archaeological Society d’Athènes, 1986, p. 259.
101. W. D. TAYLOUR, « Mycenae, 1968 », Antiquity, no 43, 1969, p. 91-92 et p. 95 ;
Sp. E. IAKOVIDIS, « Destruction Horizons at Late Bronze Age Mycenae », loc. cit., p. 244-245, cité dans
A. NUR et E. H. CLINE, « Poseidon’s Horses », loc. cit., p. 50.
102. K. A. WARDLE, J. CROUWEL et E. FRENCH, « A Group of Late Helladic IIIB 2 Pottery from
within the Citadel at Mycenae : “The Causeway Deposit” », Annual of the British School at Athens, no 68,
1973, p. 302.
103. E. FRENCH, « The Significance of Changes in Spatial Usage at Mycenae », in C. BACHHUBER et
R. G. ROBERTS (dir.), Forces of Transformation, op. cit., p. 108 ; voir aussi E. FRENCH, « Mycenae », in
E. H. CLINE (dir.), The Oxford Handbook of the Bronze Age Aegean, op. cit., p. 676-677.
104. Sp. E. IAKOVIDIS, « Destruction Horizons at Late Bronze Age Mycenae », loc. cit., p. 259 ; voir
aussi G. D. MIDDLETON, The Collapse of Palatial Society in LBA Greece and the Postpalatial Period, op.
cit., p. 100.
105. Sp. E. IAKOVIDIS, « Destruction Horizons at Late Bronze Age Mycenae », loc. cit., p. 260.
106. Voir A. YASUR-LANDAU, The Philistines and Aegean Migration at the End of the Late Bronze
Age, op. cit., p. 69-71 ; voir aussi, désormais, la thèse de C. Sarah MURRAY, Trade, Import and Society in
Early Greece, université de Stanford, 2013, et celle de D. A. ENVEROVA, The Transition from Bronze Age
to Iron Age in the Aegean : An Heterarchical Approach, université de Bilkent, 2012, <thesis.bilkent.edu.tr>,
consulté le 11 septembre 2013.
107. J. MARAN, « The Crisis Years ? », loc. cit., p. 246-247 ; C. COHEN, J. MARAN et M. VETTERS,
« An Ivory Rod with a Cuneiform Inscription, Most Probably Ugaritic, From a Final Palatial Workshop in
the Lower Citadel of Tiryns », Archäologischer Anzeiger, no 2, 2010, p. 1-22 ; M. KOSTOULA et
J. MARAN, « A Group of Animal-Headed Faience Vessels from Tiryns », loc. cit.
108. J. MARAN, « Tiryns », in E. H. CLINE (dir.), The Oxford Handbook of the Bronze Age Aegean, op.
cit., p. 729, citant K. KILIAN, « Earthquakes and Archaeological Context at 13th Century BC Tiryns », in
S. C. STIROS et R. E. JONES (dir.), Archaeoseismology, Fitch Laboratory Occasional Paper no 7, British
School at Athens, Athènes, 1996, p. 63-68.
109. Voir l’ensemble des références dans A. NUR et E. H. CLINE, « What Triggered the Collapse ? »,
loc. cit., p. 51-52, dans lequel ce passage a été initialement publié ; voir aussi idem, « Poseidon’s Horses »,
loc. cit.
110. K. KILIAN, « Earthquakes and Archaeological Context at 13th Century BC Tiryns », loc. cit., p. 63,
cité dans A. NUR et E. H. CLINE, « Poseidon’s Horses », loc. cit., p. 52.
111. Voir A. YASUR-LANDAU, The Philistines and Aegean Migration at the End of the Late Bronze
Age, op. cit., p. 58-59 et p. 66-69 avec des références supplémentaires ; J. MARAN, « Tiryns », loc. cit. ;
G. D. MIDDLETON, The Collapse of Palatial Society in LBA Greece and the Postpalatial Period, op. cit.,
p. 97-99 ; idem, « Nothing Lasts Forever », loc. cit., p. 284.
112. V. KARAGEORGHIS, Cyprus : From the Stone Age to the Romans, Thames and Hudson, Londres,
1982, p. 82.
113. Ibid., p. 82-87 ; sur le changement de datation ultérieur, idem, « The Crisis Years : Cyprus », in
W. A. WARD et M. S. JOUKOWSKY (dir.), The Crisis Years, op. cit., p. 79-86 ; voir aussi, désormais,
V. KARAGEORGHIS, « What Happened in Cyprus c. 1200 BC : Hybridization, Creolization or
Immigration ? An Introduction », in idem et O. KOUKA (dir.), On Cooking Pots, Drinkins Cups,
Loomweights and Ethnicity in Bronze Age Cyprus and Neighbouring Regions. An International
Archaeological Symposium Held in Nicosia, November 6th-7th 2010, A. G. Levantis Foundation, Nicosie,
2011, p. 19-28. Voir aussi N. K. SANDARS, The Sea Peoples, op. cit., p. 144-148 ; R. DREWS, The End of
the Bronze Age, op. cit., p. 11-12 ; S. BUNIMOVITZ, « Sea Peoples in Cyprus and Israel : A comparative
Study of Immigration Processes », in S. GITIN, A. MAZAR et E. STERN (dir.), Mediterranean Peoples in
Transition, op. cit., p. 103-113 ; Voir A. YASUR-LANDAU, The Philistines and Aegean Migration at the
End of the Late Bronze Age, op. cit., p. 150-151 ; G. D. MIDDLETON, The Collapse of Palatial Society in
LBA Greece and the Postpalatial Period, op. cit., p. 83 ; R. JUNG, « Innovative Cooks and New Dishes :
Cypriote Pottery in the 13th and 12th Centuries BC and Its Historical Interpretation », in
V. KARAGEORHIS et O. KOUKA (dir.), On Cooking Pots, Drinkins Cups, Loomweights an Ethnicity in
Bronze Age Cyprus and Neighbouring Regions, op. cit., p. 57-85.
114. V. KARAGEORGHIS, Cyprus, op. cit., p. 86-88 et p. 91.
115. Ibid., p. 88 ; voir la brève discussion dans N. H. DEMAND, The Mediterranean Context of Early
Greek History, op. cit., p. 205-206.
116. V. KARAGEORGHIS, Cyprus, op. cit., p. 89.
117. Sur la destruction d’Enkomi, voir L. STEEL, Cyprus before History : From the Earliest Settlers to
the End of the Bronze Age, Gerald Duckworth & Co., Londres, 2004, p. 188, citant les rapports de fouilles
plus anciennes ; voir aussi P. A. MOUNTJOY, « The End of The Bronze Age at Enkomi, Cyprus : The
Problem of Level IIIB », Annual of the British School at Athens, no 100, 2005, p. 125-214. Sur le texte
d’Ougarit – RS 20.18 (Ugaritica, no 5, op. cit., p. 22) – voir V. KARAGEORGHIS, Cyprus, op. cit., p. 83 ;
publié initialement dans J. NOUGAYROL, E. LAROCHE, C. VIROLLEAUD et C. F. A. SCHAEFFER,
Ugaritica, no 5, op. cit., p. 83-85 ; voir aussi N. K. SANDARS, The Sea Peoples, op. cit., p. 142.
118. R. DREWS, The End of the Bronze Age, op. cit., p. 11-12 ; J. D. MUHLY, « The Role of the Sea
Peoples in Cyprus during the LC III Period », in V. KARAGEORGHIS et J. D. MUHLY (dir.), Cyprus at
the Close of the Late Bronze Age, Leventis, Nicosie, 1984, p. 39-56 ; V. KARAGEORGHIS, « The Crisis
Years », loc. cit.
119. L. STEEL, Cyprus before History, op. cit., p. 187. Voir aussi désormais M. IACOVOU, « Cultural
and Political Configurations in Iron Age Cyprus : The Sequel to a Protohistoric Episode », American
Journal of Archaeology, no 112/4, 2008, p. 625-657, et idem, « Aegean-Style Material Culture in Late
Cypriot III : Minimal Evidence, Maximal Interpretation », in A. E. KILLEBREW et G. LEHMANN (dir.),
The Philistines and Other « Sea Peoples » in Text and Archaeology, op. cit., p. 585-618 (ce dernier travail a
été présenté en 2001 et mis à jour en 2008, mais n’a pas été modifié ensuite, selon l’auteur).
120. L. STEEL, Cyprus before History, op. cit., p. 188.
121. Ibid., p. 188-190 ; voir aussi désormais la discussion sur la poterie trouvée sur ces sites dans
R. JUNG, « Innovative Cooks and New Dishes », loc. cit.
122. I. VOSKOS et A. B. KNAPP, « Cyprus at the End of the Late Bronze Age : Crisis and Colonization,
or Continuity and Hybridization ? », American Journal of Archaeology, no 112, 2008, p. 659-684 ;
G. D. MIDDLETON, The Collapse of Palatial Society in LBA Greece and the Postpalatial Period, op. cit.,
p. 84 ; A. B. KNAPP, « Matter of Fact : Transcultural Contacts in the Late Bronze Age Eastern
Mediterranean », in J. MARAN et P. W. STOCKHAMMER (dir.), Materiality and Social Practice, op. cit.,
p. 32-50 ; voir aussi désormais V. KARAGEORGHIS, « What Happened in Cyprus c. 1200 BC », loc. cit.,
pour ce qu’il pense de cette question.
123. P. ÅSTRÖM, « Continuity or Discontinuity : Indigenous and Foreign Elements in Cyprus around
1200 BCE », in S. GITIN, A. MAZAR et E. STERN (dir.), Mediterranean Peoples in Transition, op. cit.,
p. 83.
124. D. KANIEWSKI, É. VAN CAMPO, J. GUIOT et alii, « Environmental Roots of the Late Bronze
Age Crisis », loc. cit.
125. V. KARAGEORGHIS, Cyprus, op. cit., p. 89-90. Pour la traduction en anglais du « rapport
d’Ounamon », voir E. F. WENTE, « The Report of Wenamun », in W. K. SIMPSON (dir.), The Literature of
Ancient Egypt, op. cit., p. 116-124.
126. L. STEEL, Cyprus before History, op. cit., p. 208-213 ; voir aussi la discussion dans M. IACOVOU,
« Cultural and Political Configurations in Iron Age Cyprus », loc. cit.
127. K. A. KITCHEN, « Ramsesses III and the Ramesside Period », in E. H. CLINE et D. O’CONNOR
(dir.), Ramesses III : The Life and Times of Egypt’s Last Hero, University of Michigan Press, Ann Arbor,
2006, p. 7-11.
128. S. R. SNAPE, « The Legacy of Ramesses III and the Libyan Ascendancy », in E. H. CLINE et
D. O’CONNOR (dir.), Thutmose III, op. cit., p. 412-413 ; auparavant, P. A. CLAYTON, Chronicle of the
Pharaohs, op. cit., p. 164-165. Sur l’ensemble de l’histoire, voir S. REDFORD, The Harem Conspiracy :
The Murder of Ramesses III, Northern Illinois University Press, DeKalb, 2002.
129. P. A. CLAYTON, Chronicle of the Pharaohs, op. cit., p. 165 ; S. REDFORD, The Harem
Conspiracy, op. cit., p. 131.
130. A. R ZINK et alii, « Revisiting the Harem Conspiracy and Death of Ramesses III : Anthropological,
Forensic, Radiological, and Genetic Study », British Medical Journal, no 345, 2012, p. 345,
<www.bmj.com>, consulté le 25 août 2013, et les rapports dans les journaux comme le Los Angeles Times,
USA Today, etc., <www.articles.latimes.com>, consulté le 29 mai 2013.
131. Ibid.
132. Voir I. SINGER, « New Evidence on the End of the Hittite Empire », loc. cit., p. 24 et A. CAUBET,
« Reoccupation of the Syrian Coast after the Destruction of the “Crisis Years” », loc. cit., p. 124, sur les
réinstallations de peuples utilisant de la poterie LH IIIC1 sur les sites comme ceux de Ras Ibn Hani. Voir
aussi désormais S. SHERRATT, « The Ceramic Phenomenon of the “Sea Peoples” », loc. cit., p. 627-628.
133. A. CAUBET, « Reoccupation of the Syrian Coast after the Destruction of the “Crisis Years” », loc.
cit., p. 127 ; voir aussi désormais A. YASUR-LANDAU, The Philistines and Aegean Migration at the End
of the Late Bronze Age, op. cit., p. 166 ; A. E. KILLEBREW et G. LEHMANN (dir.), The Philistines and
Other « Sea Peoples » in Text and Archaeology, op. cit., p. 12, avec des références supplémentaires.
134. L. STEEL, Cyprus before History, op. cit., p. 188-208, citant de nombreuses études précédentes ;
voir aussi A. YASUR-LANDAU, The Philistines and Aegean Migration at the End of the Late Bronze Age,
op. cit., passim.
Notes du chapitre 5
1. C’est ce qu’écrit sir Arthur Conan Doyle dans Le Chien des Baskerville. NdT : Traduction française de
A. de Jassard.
2. Voir, par exemple, N. K. SANDARS, The Sea Peoples, op. cit. ; R. DREWS, The End of the Bronze
Age, op. cit. ; et les articles issus de conférences, publiés dans W. A. WARD et M. S. JOUKOWSKY (dir.),
The Crisis Years, op. cit., en particulier la vue d’ensemble de J. D. MUHLY, « The Crisis Years in the
Mediterranean World », loc. cit., et celle de E. D. OREN (dir.), The Hyksos, op. cit.
3. Voir encore, par exemple, C. M. MONROE, Scales of Fate, op. cit. ; G. D. MIDDLETON, The
Collapse of Palatial Society in LBA Greece and the Postpalatial Period, op. cit. ; A. YASUR-LANDAU,
The Philistines and Aegean Migration at the End of the Late Bronze Age, op. cit. ; et les articles issus de
conférences, publiés dans C. BACHHUBER et R. G. ROBERTS (dir.), Forces of Transformation, op. cit. ;
G. GALIL, A. GILBOA, A. M. MAEIR et D. KAHN (dir.), The Ancient Near East in the 12th-10th
Centuries BCE, op. cit. ; A. E. KILLEBREW et G. LEHMANN (dir.), The Philistines and Other « Sea
Peoples » in Text and Archaeology, op. cit. ; voir aussi les courts résumés et les longues discussions dans
A. E. KILLEBREW, Biblical Peoples and Ethnicity, op. cit., p. 33-37 ; C. BELL, The Evolution of Long
Distance Trading Relationships across the LBA/Iron Age Transition on the Northern Levantine Coast, op.
cit., p. 12-17 ; O. DICKINSON, The Aegean from Bronze Age to Iron Age. Continuity and Change between
the Twelfth and Eighth Centuries BC, Routledge, New York, 2006, p. 46-57 ; E. FRIEDMAN, « Structure,
Dynamics, and the Final Collapse of Bronze Age Civilizations in the Second Millennium », in
K. E. FRIEDMAN et J. FRIEDMAN (dir.), Historical Tranformations : The Anthropology of Global
Systems, Altamira Press, Lanham, MD, 2008, p. 163-202 ; O. DICKINSON, « The Collapse at the End of
the Bronze Age », in E. H. CLINE (dir.), The Oxford Handbook of the Bronze Age Aegean, op. cit., p. 483-
490 ; R. JUNG, « End of the Bronze Age », loc. cit. ; S. WALLACE, Ancient Crete. From Successful
Collapse to Democracy’s Alternatives, Twelfth to Fifth Centuries BC, Cambridge University Press,
Cambridge, 2010, p. 13 et p. 49-51 ; D. KANIEWSKI, É. VAN CAMPO, K. VAN LERBERGHE et alii,
« The Sea Peoples, from Cuneiform Tablets to Carbon Dating », loc. cit., p. 1 ; K. STROBEL, « Qadesh,
Sea Peoples, and Anatolian-Levantine Interactions », loc. cit.
4. J. L. DAVIS, « Pylos », loc. cit., p. 687.
5. S. DEGER-JALKOTZY, « Decline, Destruction, Aftermath », loc. cit., p. 390-391 ; J. MARAN, « The
Crisis Years ? », loc. cit., p. 242. Voir aussi C. W. SHELMERDINE, « The Palatial Bronze Age of the
Southern and Central Greek Mainland », loc. cit., p. 374-376 et p. 381 ; et plus particulièrement l’examen
détaillé des causes possibles dans le monde égéen de l’âge du bronze dans G. D. MIDDLETON, The
Collapse of Palatial Society in LBA Greece and the Postpalatial Period, op. cit., et dans d’autres régions
dans idem, « Nothing Lasts Forever », loc. cit., et la discussion dans C. SARAH MURRAY, Trade, Import
and Society in Early Greece, op. cit., et D. A. ENVEROVA, The Transition from Bronze Age to Iron Age in
the Aegean, op. cit.
6. C. F. A. SCHAEFFER, Stratigraphie comparée et chronologie de l’Asie occidentale, Oxford
University Press, Londres, 1948, p. 2 ; idem, « Commentaires sur les lettres et documents trouvés dans les
bibliothèques privées d’Ugarit », Ugaritica, no 5, op. cit., p. 756, p. 761, p. 763-765, p. 766 et p. 768 ;
R. DREWS, The End of the Bronze Age, op. cit., p. 33-34 ; A. NUR et E. H. CLINE, « Poseidon’s Horses »,
loc. cit., p. 58 ; T. R. BRYCE, The Kingdom of the Hittites, op. cit., p. 340-341 ; C. BELL, The Evolution of
Long Distance Trading Relationships across the LBA/Iron Age Transition on the Northern Levantine Coast,
op. cit., p. 12.
7. O. CALLOT, Ras Shamra-Ougarit X. La tranchée « Ville sud ». Études d’architecture domestique,
Éditions Recherche sur les civilisations, Paris, 1994, p. 203 ; idem et M. YON, « Urbanisme et
architecture », in M. YON, M. SZNYCER et P. BORDREUIL (dir.), Le Pays d’Ougarit autour de 1200
av. J.-C., op. cit., p. 167 ; I. SINGER, « A Political History of Ugarit », loc. cit., p. 730.
8. Voir A. NUR et E. H. CLINE, « What Triggered the Collapse ? », loc. cit. ; discussion complète et
références dans idem, « Poseidon’s Horses », loc. cit.
9. M. KOCHAVI, Aphek-Antipatris : Five Seasons of Excavation at Tel Aphek-Antipatris (1972-1976),
The Israel Exploration Society, Tel Aviv, 1977, p. 8, cité dans A. NUR et E. H. CLINE, « What Triggered
the Collapse ? », loc. cit., p. 34 ; idem, « Poseidon’s Horses », loc. cit., p. 60. Voir aussi désormais A. NUR
et D. BURGESS, Apocalypse, op. cit.
10. Voir A. NUR et E. H. CLINE, « Poseidon’s Horses », loc. cit. ; idem, « What Triggered the
Collapse ? », loc. cit. ; voir aussi, désormais, A. NUR et D. BURGESS, Apocalypse, op. cit.
11. Voir A. NUR et E. H. CLINE, « What Triggered the Collapse ? », loc. cit., p. 33-35 ; avec une
discussion complète dans idem, « Poseidon’s Horses », loc. cit., poursuivant et contredisant la discussion
présentée dans R. DREWS, The End of the Bronze Age, op. cit., p. 33-47 ; voir aussi, désormais, la
discussion dans G. D. MIDDLETON, The Collapse of Palatial Society in LBA Greece and the Postpalatial
Period, op. cit., p. 38-41 ; idem, « Nothing Lasts Forever », loc. cit., p. 283-284 ; N. H. DEMAND, The
Mediterranean Context of Early Greek History, op. cit., p. 198. Sur l’ajout d’Enkomi, voir L. STEEL,
Cyprus before History, op. cit., p. 188 et note 13, avec plus de références.
12. Pour d’autres exemples, voir A. NUR et E. H. CLINE, « Poseidon’s Horses », loc. cit., p. 50-53 et
figures 12-13, avec les références d’origine.
13. S. C. STIROS et R. E. JONES (dir.), Archaeoseismology, Fitch Laboratory Occasional Paper no 7, op.
cit. ; voir à nouveau A. NUR et E. H. CLINE, « Poseidon’s Horses », loc. cit. ; idem, « What Triggered the
Collapse ? », loc. cit. ; également, C. W. SHELMERDINE, « The Palatial Bronze Age of the Southern and
Central Greek Mainland », loc. cit., p. 374-377 ; A. NUR et D. BURGESS, Apocalypse, op. cit. Sur la
poursuite de l’occupation de Tirynthe, voir T. MUHLENBRUCH, « The Post-Palatial Settlement in the
Lower Citadel of Tiryns », in S. DEGER-JALKOTZY et M. ZAVADIL (dir.), LH IIIC Chronology and
Synchronisms, op. cit., p. 243-251 ; T. MUHLENBRUCH, « Tiryns – The Settlement and Its History in LH
IIIC », in S. DEGER-JALKOTZY et M. ZAVADIL (dir.), LH IIIC Chronology and Synchronisms, op. cit.,
p. 313-326 ; voir aussi le commentaire de O. DICKINSON, « The Collapse at the End of the Bronze Age »,
loc. cit., p. 486-487 et de R. JUNG, « End of the Bronze Age », loc. cit., p. 171-173 et p. 175.
14. Voir D. W. ANTHONY, « Migration in Archaeology : The Baby and the Bathwater », American
Anthropologist, no 92, 1990, p. 895-914 ; idem, « Prehistoric Migrations as a Social Process », in
J. CHAPMAN et H. HAMEROW (dir.), Migrations and Invasions in Archaeological Explanation, Tempus
Reparatum, Oxford, 1997, p. 21-32 ; J. YAKAR, « Identifying Migrations in the Archaeological Records of
Anatolia », in B. FISCHER, H. GENZ, E. JEAN et K. KÖROĞLU (dir.), Identifying Changes : The
Transition from Bronze to Iron Ages in Anatolia and Its Neighbouring Regions. Proceedings of the
International Workshop, Istanbul, November 8-9, 2002, Türk Eskiçağ Bilimleri Enstitüsü Yayınları,
Istanbul, 2003, p. 13 ; A. YASUR-LANDAU, « Let’s Do the Time Warp Again : Migration Processes and
the Absolute Chronology of the Philistine Settlement », in M. BIETAK et E. CZERNY (dir.), The
Synchronisation of Civilisations in the Eastern Mediterranean in the Second Millennium B.C. III, op. cit.,
p. 610-611 ; A. YASUR-LANDAU, The Philistines and Aegean Migration at the End of the Late Bronze
Age, op. cit., p. 30-32 ; G. D. MIDDLETON, The Collapse of Palatial Society in LBA Greece and the
Postpalatial Period, op. cit., p. 73.
15. Voir R. CARPENTER, Discontinuity in Greek Civilization, W. W. Norton & Co, New York, 1968.
16. Voir la discussion dans R. DREWS, « Herodotus 1.94, the Drought ca. 1200 B.C., and the Origin of
the Etruscans », loc. cit., p. 14-16, et idem, The End of the Bronze Age, op. cit., p. 77-84 ; voir aussi
désormais B. L. DRAKE, « The Influence of Climatic Change on the Late Bronze Age Collapse and the
Greek Dark Ages », Journal of Archaeological Science, no 39, 2012, p. 1862-1870, qui pourrait donner un
nouveau souffle à la théorie de Carpenter, mais sous un angle différent. Pour un réexamen récent de
l’impact de la fin de l’âge du bronze sur la population et le commerce de la Grèce de l’âge du fer, voir
C. SARAH MURRAY, Trade, Import and Society in Early Greece, op. cit., et D. A. ENVEROVA, The
Transition from Bronze Age to Iron Age in the Aegean, op. cit.
17. Voir I. SINGER, « A Political History of Ugarit », loc. cit., p. 661-662 ; N. H. DEMAND, The
Mediterranean Context of Early Greek History, op. cit., p. 195 ; D. KAHN, « A Geo-Political and Historical
Perspective of Merneptah’s Policy in Canaan », loc. cit., p. 262-263.
18. Texte hittite KUB 21.38 ; traduction en anglais dans I. SINGER, « A Political History of Ugarit »,
loc. cit., p. 715 ; voir aussi N. H. DEMAND, The Mediterranean Context of Early Greek History, op. cit.,
p. 195.
19. Texte égyptien KRI VI 5, 3 ; traduction en anglais dans I. SINGER, « A Political History of Ugarit »,
loc. cit., p. 707-708 ; voir aussi H. A. HOFFNER JR, « The Last Days of Khattusha », loc. cit., p. 49 ;
T. R. BRYCE, The Kingdom of the Hittites, op. cit., p. 331 ; et désormais D. KANIEWSKI,
E. PAULISSEN, É. VAN CAMPO et alii, « Late Second-Early First Millennium BC Abrupt Climate
Changes in Coastal Syria and Their Possible Significance for the History of the Eastern Mediterranean »,
loc. cit., p. 213.
20. Texte hittite Kbo 2810, traduction en anglais dans I. SINGER, « A Political History of Ugarit », loc.
cit., p. 717-718.
21. RS 20.212 ; traduction en anglais dans C. M. MONROE, Scales of Fate, op. cit., p. 83 ;
K. M. MCGEOUGH, Exchange Relationships at Ugarit, op. cit., p. 331-332 ; voir, précédemment,
J. NOUGAYROL, E. LAROCHE, C. VIROLLEAUD et C. F. A. SCHAEFFER, Ugaritica, no 5, op. cit.,
p. 105-107 et p. 731 ; voir aussi H. A. HOFFNER JR, « The Last Days of Khattusha », loc. cit., p. 49 ;
I. SINGER, « A Political History of Ugarit », loc. cit., p. 716-717 avec des références supplémentaires ;
T. R. BRYCE, The Kingdom of the Hittites, op. cit., p. 331-332 ; D. KANIEWSKI, E. PAULISSEN,
É. VAN CAMPO et alii, « Late Second-Early First Millennium BC Abrupt Climate Changes in Coastal
Syria and Their Possible Significance for the History of the Eastern Mediterranean », loc. cit., p. 213.
22. RS 26.158 ; discuté par J. NOUGAYROL, E. LAROCHE, C. VIROLLEAUD et
C. F. A. SCHAEFFER, Ugaritica, no 5, op. cit., p. 731-733 ; voir R. LEBRUN, « Ougarit et le Hatti à la fin
du XIIIe siècle av. J.-C. », loc. cit., p. 86 ; I. SINGER, « A Political History of Ugarit », loc. cit., p. 717,
note 381.
23. La version de la lettre trouvée avait été traduite en ougaritique : KTU 2.39/RS 18.038 ; I. SINGER,
« A Political History of Ugarit », loc. cit., p. 707-708 et p. 717 ; D. PARDEE, « Ugaritic Letters », in
W. W. HALLO (dir.), The Context of Scripture, vol. 3 : Archival Documents from the Biblical World,
E. J. Brill, Leiden, 2003, p. 94-95. Sur les premiers commentaires, voir J. NOUGAYROL, E. LAROCHE,
C. VIROLLEAUD et C. F. A. SCHAEFFER, Ugaritica, no 5, op. cit., p. 722. Voir, plus récemment,
D. KANIEWSKI, E. PAULISSEN, É. VAN CAMPO et alii, « Late Second-Early First Millennium BC
Abrupt Climate Changes in Coastal Syria and Their Possible Significance for the History of the Eastern
Mediterranean », loc. cit., p. 213.
24. I. SINGER, « A Political History of Ugarit », loc. cit., p. 717.
25. Texte d’Ougarit RS 34.152 ; P. BORDREUIL, Une bibliothèque au sud de la ville, op. cit., p. 84-86 ;
traduction en anglais dans Y. COHEN et I. SINGER, « A Late Synchronism between Ugarit and Emar »,
loc. cit., p. 135. Voir ibid., p. 123 et p. 134-135, avec des références aux premières publications faites par
S. LACKENBACHER, « La correspondance internationale dans les archives d’Ugarit », loc. cit. ; voir aussi
I. SINGER, « A Political History of Ugarit », loc. cit., p. 719 et p. 727 ; idem, « New Evidence on the End
of the Hittite Empire », loc. cit., p. 24 ; et plus récemment D. KANIEWSKI, E. PAULISSEN, É. VAN
CAMPO et alii, « Late Second-Early First Millennium BC Abrupt Climate Changes in Coastal Syria and
Their Possible Significance for the History of the Eastern Mediterranean », loc. cit., p. 213.
26. Sur la lettre trouvée dans la maison d’Urtenu (RS 94.2002+2003), voir I. SINGER, « A Political
History of Ugarit », loc. cit., p. 711-712 ; H. A. HOFFNER JR, « The Last Days of Khattusha », loc. cit.,
p. 49.
27. KTU 2.38/RS 18.031 ; traduction en anglais dans C. M. MONROE, Scales of Fate, op. cit., p. 98 et
D. PARDEE, « Ugaritic Letters », loc. cit., p. 93-94 ; voir aussi I. SINGER, « A Political History of
Ugarit », loc. cit., p. 672-673 et p. 716, avec des références plus anciennes.
28. Voir, par exemple, R. CARPENTER, Discontinuity in Greek Civilization, op. cit. ; G. SHRIMPTON,
« Regional Drought and the Economic Decline of Mycenae », Échos du monde classique, no 31, 1987,
p. 133-177 ; R. DREWS, « Herodotus 1.94, the Drought ca. 1200 B.C., and the Origin of the Etruscans »,
loc. cit. ; idem, The End of the Bronze Age, op. cit., p. 58 ; plus récemment, O. DICKINSON, The Aegean
from Bronze Age to Iron Age, op. cit., p. 54-56 ; G. D. MIDDLETON, The Collapse of Palatial Society in
LBA Greece and the Postpalatial Period, op. cit., p. 36-38 ; N. H. DEMAND, The Mediterranean Context
of Early Greek History, op. cit., p. 197-198 ; D. KAHN, « A Geo-Political and Historical Perspective of
Merneptah’s Policy in Canaan », loc. cit., p. 262-263 ; B. L. DRAKE, « The Influence of Climatic Change
ont the Late Bronze Age Collapse and the Greek Dark Ages », loc. cit.
29. Voir, par exemple, H. WEISS, « Quantifying Collapse : The Late Third Millennium BC », in idem
(dir.), Seven Generations since the Fall of Akkad, Harrassowitz, Wiesbaden, 2012, p. VII-24.
30. Voir D. KANIEWSKI, E. PAULISSEN, É. VAN CAMPO et alii, « Late Second-Early First
Millennium BC Abrupt Climate Changes in Coastal Syria and Their Possible Significance for the History of
the Eastern Mediterranean », loc. cit., et, désormais, D. KANIEWSKI, É. VAN CAMPO et H. WEISS,
« Drought Is a Recurring Challenge in the Middle East », Proceedings of the National Academy of Sciences,
no 109-110, 2012, p. 3862-3867 ; voir aussi D. KANIEWSKI, É. VAN CAMPO, J. GUIOT et alii,
« Environmental Roots of the Late Bronze Age Crisis », loc. cit.
31. D. KANIEWSKI, E. PAULISSEN, É. VAN CAMPO et alii, « Late Second-Early First Millennium
BC Abrupt Climate Changes in Coastal Syria and Their Possible Significance for the History of the Eastern
Mediterranean », loc. cit., p. 207. D’autres études ont auparavant utilisé des carottes de glace ou de
sédiments ; voir, par exemple, E. J. ROHLING, A. HAYES, P. A. MAYEWSKI et M. KUCERA,
« Holocene Climate Variability in the Eastern Mediterranean, and the End of the Bronze Age », in
C. BACHHUBER et R. G. ROBERTS (dir.), Forces of Transformation, op. cit., et d’autres auteurs cités
dans B. L. DRAKE, « The Influence of Climatic Change ont the Late Bronze Age Collapse and the Greek
Dark Ages », loc. cit.
32. D. KANIEWSKI, É. VAN CAMPO, J. GUIOT et alii, « Environmental Roots of the Late Bronze
Age Crisis », loc. cit.
33. Ibid., p. 6.
34. Ibid., p. 9.
35. B. L. DRAKE, « The Influence of Climatic Change ont the Late Bronze Age Collapse and the Greek
Dark Ages », loc. cit., p. 1862-1865.
36. Ibid., p. 1862, p. 1866 et p. 1868.
37. Ibid., p. 1866 et p. 1868.
38. R. CARPENTER, Discontinuity in Greek Civilization, op. cit., p. 53 ; voir aussi, auparavant,
M. ANDRONIKOS, « E “dorike Eisvole” kai ta archaiologika Euremeta », Hellinika, no 13, 1954, p. 221-
240, et désormais B. L. DRAKE, « The Influence of Climatic Change on the Late Bronze Age Collapse and
the Greek Dark Ages », loc. cit., p. 1867.
39. S. ZUCKERMAN, « Anatomy of a Destruction », loc. cit., p. 25-26.
40. Ibid., p. 26. Voir, désormais, A. BEN-TOR, « Who Destroyed Canaanite Hazor ? », loc. cit., qui est
en désaccord.
41. C. BELL, « The Merchants of Ugarit », loc. cit., p. 180.
42. Voir la discussion dans R. CARPENTER, Discontinuity in Greek Civilization, op. cit., p. 40-53 ;
R. DREWS, The End of the Bronze Age, op. cit., p. 62-65 ; O. DICKINSON, The Aegean from Bronze Age
to Iron Age, op. cit., p. 44-45 ; G. D. MIDDLETON, The Collapse of Palatial Society in LBA Greece and
the Postpalatial Period, op. cit., p. 41-45.
43. R. CARPENTER, Discontinuity in Greek Civilization, op. cit., p. 40-53 ; R. DREWS, The End of the
Bronze Age, op. cit., p. 52-53 ; N. K. SANDARS, The Sea Peoples, op. cit., p. 184-186.
44. Voir, récemment, C. SARAH MURRAY, Trade, Import and Society in Early Greece, op. cit.
45. I. SINGER, « A Political History of Ugarit », loc. cit., p. 733 ; C. M. MONROE, Scales of Fate, op.
cit., p. 361-363 ; les deux sont cités dans C. BELL, The Evolution of Long Distance Trading Relationships
across the LBA/Iron Age Transition on the Northern Levantine Coast, op. cit., p. 1.
46. RS L 1 (Ugaritica 5.23) ; traduction en anglais dans I. SINGER, « A Political History of Ugarit »,
loc. cit., p. 728, et T. R. BRYCE, The Kingdom of the Hittites, op. cit., p. 334 ; voir aussi N. K. SANDARS,
The Sea Peoples, op. cit., p. 142, et la publication originale dans J. NOUGAYROL, E. LAROCHE,
C. VIROLLEAUD et C. F. A. SCHAEFFER, Ugaritica, no 5, op. cit., p. 85-86. NdT : nous avons repris la
traduction d’origine, qui était en français dans la référence précitée. Voir aussi M. YON, « The End of the
Kingdom of Ugarit », loc. cit., p. 119. Il faut noter que selon W. VAN SOLDT, « The Written Sources :
1. The Syllabic Akkadian Texts », loc. cit., p. 33, note 40, ce texte serait actuellement en vente sur le
marché des antiquités.
47. RS 20.18 (Ugaritica 5.22) ; traduction en anglais citée dans T. R. BRYCE, The Kingdom of the
Hittites, op. cit., p. 334, avec la discussion dans I. SINGER, « A Political History of Ugarit », loc. cit.,
p. 721 ; Voir aussi N. K. SANDARS, The Sea Peoples, op. cit., p. 142 et la publication originale dans
J. NOUGAYROL, E. LAROCHE, C. VIROLLEAUD et C. F. A. SCHAEFFER, Ugaritica, no 5, op. cit.,
p. 83-85. NdT : nous avons repris la traduction d’origine qui était en français dans la référence précitée.
48. RS 88.2009 ; publié par Malbran-Labat, in M. YON et D. ARNAUD, Études ougaritiques I : Travaux
1985-1995, op. cit., p. 249-250 ; une plus ample discussion est dans I. SINGER, « A Political History of
Ugarit », loc. cit., p. 729.
49. RS 19.011 ; traduction en anglais dans ibid., p. 726.
50. Ibid., p. 730.
51. Voir la liste spécifique des lieux où les objets ont été enterrés dans ibid., p. 731.
52. Ibid., p. 733.
53. RS 34.137 ; voir C. M. MONROE, Scales of Fate, op. cit., p. 147.
54. S. SHERRATT, « “Sea Peoples” and the Economic Structure of The Late Second Millennium in the
Eastern Mediterranean », in S. GITIN, A. MAZAR et E. STERN (dir.), Mediterranean Peoples in
Transition, op. cit., p. 294.
55. Ibid., p. 307 ; voir aussi la discussion sur ce sujet dans G. D. MIDDLETON, The Collapse of Palatial
Society in LBA Greece and the Postpalatial Period, op. cit., p. 32-36.
56. K. KILIAN, « Mycenaean Colonization : Norm and Variety », in J.-P. DESCŒUDRES (dir.), Greek
Colonists and Native Populations, op. cit., p. 467.
57. M. ARTZY, « Routes, Trade, Boats and “Nomads of the Sea” », in S. GITIN, A. MAZAR et
E. STERN (dir.), Mediterranean Peoples in Transition, op. cit., p. 439-448. Voir aussi désormais
A. E. KILLEBREW et G. LEHMANN (dir.), The Philistines and Other « Sea Peoples » in Text and
Archaeology, op. cit., p. 12, et M. ARTZY, « On the Other “Sea Peoples” », loc. cit.
58. C. BELL, The Evolution of Long Distance Trading Relationships across the LBA/Iron Age Transition
on the Northern Levantine Coast, op. cit., p. 112.
59. B. ROUTLEDGE et K. MCGEOUGH, « Just What Collapsed ? A Network Perspective on “Palatial”
and “Private” Trade at Ugarit », in C. BACHHUBER et R. G. ROBERTS (dir.), Forces of Transformation,
op. cit., p. 22, citant M. ARTZY, « Routes, Trade, Boats and “Nomads of the Sea” », loc. cit., et
M. LIVERANI, « The Influence of Political Institutions on Trade in the Ancient Near East (Late Bronze to
Early Iron Ages) », in C. ZACCAGNINI (dir.), Mercanti e politica nel Mondo Antico, L’Erma di
Bretschneider, Rome, 2003, p. 119-137.
60. B. ROUTLEDGE et K. MCGEOUGH, « Just What Collapsed ? », loc. cit., p. 22 et p. 29.
61. J. D. MUHLY, « The Crisis Years in the Mediterranean World », loc. cit., p. 10 et p. 19.
62. M. LIVERANI, « La fin d’Ougarit : Quand ? Pourquoi ? Comment ? », in M. YON, M. SZNYCER et
P. BORDREUIL (dir.), Le Pays d’Ougarit autour de 1200 av. J.-C., op. cit., p. 114-115.
63. RS 34.129 ; P. BORDREUIL, Une bibliothèque au sud de la ville, op. cit., p. 38-39 ; voir M. YON,
« The End of the Kingdom of Ugarit », loc. cit., p. 116 ; I. SINGER, « A Political History of Ugarit », loc.
cit., p. 722 et p. 728, avec des références plus anciennes ; voir aussi N. K. SANDARS, The Sea Peoples, op.
cit., p. 142 ; I. SINGER, « New Evidence on the End of the Hittite Empire », loc. cit., p. 24 ; K. STROBEL,
« Qadesh, Sea Peoples, and Anatolian-Levantine Interactions », loc. cit., p. 511.
64. Voir I. SINGER, « New Evidence on the End of the Hittite Empire », loc. cit., p. 27, citant
H. A. HOFFNER JR, « The Last Days of Khattusha », loc. cit., p. 48-51.
65. A. YASUR-LANDAU, « One If by Sea… Two If by Land », loc. cit. ; idem, The Philistines and
Aegean Migration at the End of the Late Bronze Age, op. cit., p. 114-118 ; idem, « Chariots, Spears and
Wagons », loc. cit. Voir aussi désormais I. SINGER, « The Philistines in the North and the Kingdom of
Taita », loc. cit., et, pour une position contraire, K. STROBEL, « Qadesh, Sea Peoples, and Anatolian-
Levantine Interactions », loc. cit., p. 512-513.
66. H. GENZ, « “No Land Could Stand before Their Arms, from Hatti… On…” ? », loc. cit., p. 477.
67. D. KANIEWSKI, É. VAN CAMPO, K. VAN LERBERGHE et alii, « The Sea Peoples, from
Cuneiform Tablets to Carbon Dating », loc. cit.
68. Ibid., p. 1.
69. Ibid., p. 4.
70. Ibid.
71. T. P. HARRISON, « Neo-Hittites in the “Land of Palistin”. Renewed Investigations at Tell Ta’yinat
on the Plain of Antioch », Near Eastern Archaeology, no 77/4, 2009, p. 174-189 ; idem, « The Late
Bronze/Early Iron Age Transition in the North Orontes Valley », in F. VENTURI (dir.), Societies in
Transition : Evolutionary Processes in the Northern Levant between Late Bronze Age II and Early Iron Age.
Papers Presented on the Occasion of the 20th Anniversary of the New Excavations in Tell Afis. Bologna,
15th November 2007, Clueb, Bologne, 2010, p. 83-102 ; J. D. HAWKINS, « Cilicia, the Amuq and Aleppo :
New Light in a Dark Age », Near Eastern Archaeology, no 72/4, 2009, p. 164-173 ; idem, « The Inscriptions
of the Aleppo Temple », Anatolian Studies, no 61, 2011, p. 35-54 ; A. YASUR-LANDAU, The Philistines
and Aegean Migration at the End of the Late Bronze Age, op. cit., p. 162-163 ; T. R. BRYCE, The World of
the Neo-Hittite Kingdoms, op. cit., p. 128-129 ; I. SINGER, « The Philistines in the North and the Kingdom
of Taita », loc. cit. ; A. E. KILLEBREW et G. LEHMANN (dir.), The Philistines and Other « Sea Peoples »
in Text and Archaeology, op. cit., p. 11. Voir aussi, auparavant, B. JANEWAY, « The Nature and Extent of
Aegean Contact at Tell Ta’yinat and Vicinity in the Early Iron Age : Evidence of the Sea Peoples ? »,
Scripta Mediterranea, no 27-28, 2006-2007, p. 123-146 sur Ta’yinat et les Égéens.
72. A. YASUR-LANDAU, « One If by Sea… Two If by Land », loc. cit. ; voir aussi idem, « The Many
Faces of Colonization : 12th Century Aegean Settlements in Cyprus and the Levant », Mediterranean
Archaeology and Archaeometry, no 3/1, 2003, p. 45-54 ; idem, « Why Can’t We Find the Origin of the
Philistines ? In Search of the Source of a Peripheral Aegean Culture », in N. KYPARISSI-APOSTOLIKA et
M. PAPAKONSTANTINOU (dir.), The 2nd International Interdisciplinary Colloquium : The Periphery of
the Mycenaean World. 26-30 September, Lamia 1999, ministère de la Culture, Athènes, 2003, p. 578-598 et
idem, The Philistines and Aegean Migration at the End of the Late Bronze Age, op. cit., avec des références
plus anciennes ; A. A. BAUER, « Cities of the Sea : Maritime Trade and the Origin of Philistine Settlement
in the Early Iron Age Southern Levant », Oxford Journal of Archaeology, no 17/2, 1998, p. 149-168 ;
T. J. BARAKO, « The Philistine Settlement as Mercantile Phenomenon ? », American Journal of
Archaeology, no 104/3, 2000, p. 513-530, idem, The Seaborne Migration of the Philistines, op. cit. ;
A. GILBOA, « Sea Peoples and Phoenicians along the Southern Phoenician Coast – A reconciliation : An
Interpretation of Sikila (SKL) Material Culture », Bulletin of the American Schools of Oriental Research,
no 337, 2005, p. 47-78 ; D. BEN-SHLOMO, I. SHAI, A. ZUKERMAN et A. M. MAEIR, « Cooking
Identities : Aegean-Style Cooking Jugs and Cultural Interaction in Iron Age Philistia and Neighboring
Regions », American Journal of Archaeology, no 112/2, 2008, p. 225-246 ; A. M. MAEIR,
L. A. HITCHCOCK, L. K. HORWITZ, « On the Constitution and Tranformation of Philistine Identity »,
loc. cit.
73. Voir désormais la discussion dans N. H. DEMAND, The Mediterranean Context of Early Greek
History, op. cit., p. 210-212 ; E. STERN, « Archaeological Remains of the Northern Sea People along the
Sharon and Carmel Coasts and the Acco and Jezreel Valleys », in G. GALIL, A. GILBOA, A. M. MAEIR
et D. KAHN (dir.), The Ancient Near East in the 12th-10th Centuries BCE, op. cit., p. 473-507 ;
M. ARTZY, « On the Other “Sea Peoples” », loc. cit., et K. STROBEL, « Qadesh, Sea Peoples, and
Anatolian-Levantine Interactions », loc. cit., p. 526-527. Voir aussi A. GILBOA, « Iron I-IIA Pottery
Evolution at Dor – Regional Contexts and the Cypriot connection », in S. GITIN, A. MAZAR et E. STERN
(dir.), Mediterranean Peoples in Transition, op. cit., p. 413-425 ; A. GILBOA, « Sea Peoples and
Phoenicians along the Southern Phoenician Coast – A reconciliation », loc. cit. et idem, « Fragmenting the
Sea Peoples, with an Emphasis on Cyprus, Syria and Egypt : A Tel Dor Perspective », Scripta
Mediterranea, no 27-28, 2006-2007, p. 209-244, avec une bibliographie supplémentaire ; T. DOTHAN, The
Philistines and Their Material Culture, op. cit., p. 3-4 ; W. G. DEVER, « The Late Bronze-Early Iron I
Horizon in Syria-Palestine », loc. cit., p. 102-103 ; E. STERN, Dor, Ruler of the Seas : Twelve Years of
Excavations at the Israelite-Phoenician Harbor Town on the Carmel Coast, Israel Exploration Society,
Jérusalem, 1994 ; idem, « The Relations between the Sea Peoples and the Phoenicians in the Twelfth and
Eleventh Centuries BCE », in S. GITIN, A. MAZAR et E. STERN (dir.), Mediterranean Peoples in
Transition, op. cit., p. 345-352 ; E. STERN, « The Settlement of the Sea Peoples in Northern Israel », in
E. D. OREN (dir.), The Sea Peoples and Their World, op. cit., p. 197-212 ; E. H. CLINE et D. O’CONNOR,
« The Mystery of the “Sea Peoples” », loc. cit., en particulier p. 112-116 et p. 138 ; A. E. KILLEBREW,
Biblical Peoples and Ethnicity, op. cit., p. 204-205 ; idem et G. LEHMANN (dir.), The Philistines and
Other « Sea Peoples » in Text and Archaeology, op. cit., p. 13 ; T. J. BARAKO, « Philistines and Egyptians
in Southern Coastal Canaan during the Early Iron Age », loc. cit. ; I. SHARON et A. GILBOA, « The SKL
Town : Dor in the Early Iron Age », in ibid., p. 393-468 ; P. A. MOUNTJOY, « The Mycenaean IIIC
Pottery at Tel Miqne-Ekron », in ibid., p. 53-75 ; A. E. KILLEBREW, « Early Philistine Pottery Technology
at Tel Miqne-Ekron », loc. cit. ; G. LEHMANN, « Aegean-Style Pottery in Syria and Lebanon during Iron
Age I », in A. E. KILLEBREW et G. LEHMANN (dir.), The Philistines and Other « Sea Peoples » in Text
and Archaeology, op. cit., p. 265-328 ; S. SHERRATT, « The Ceramic Phenomenon of the “Sea Peoples” »,
loc. cit. La déclaration de Zertal selon laquelle il avait trouvé un site associé aux Shardana à côté de
Megiddo en Israël a été totalement réfutée par Finkelstein ; voir A. ZERTAL, « Philistine Kin Found in
Early Israel », Biblical Archaeology Review, no 28/3, 2002, p. 18-31 et p. 60-61, et I. FINKELSTEIN, « El-
Aghwat : A Fortified Sea People City ? », Israel Exploration Journal, no 52/2, 2002, p. 187-199. Pour la
traduction en anglais du « rapport d’Ounamon » [Report of Wenamun], voir E. F. WENTE, « The Report of
Wenamun », loc. cit. NdT : pour la version française, voir C. VANDERSLEYEN, Le Rapport d’Ounamon,
Safran, Bruxelles, 2013.
74. C. BELL, The Evolution of Long Distance Trading Relationships across the LBA/Iron Age Transition
on the Northern Levantine Coast, op. cit., p. 110-111.
75. I. FINKELSTEIN, « The Philistine Settlements », loc. cit., p. 165 ; voir aussi des propositions
semblables dans idem, « Philistine Chronology : High, Middle and How Many ? », in S. GITIN,
A. MAZAR et E. STERN (dir.), Mediterranean Peoples in Transition, op. cit., p. 140-147, et désormais
I. FINKELSTEIN, « Is The Philistine Paradigm Still Viable ? », loc. cit. ; J. WEINSTEIN, « The Collapse
of the Egyptian Empire in the Southern Levant », loc. cit., p. 147, avait déjà proposé un tel scénario, dans
lequel il considérait que l’effondrement de l’Empire égyptien en Canaan avait eu lieu en deux phases, la
première sous le règne de Ramsès III, et la seconde sous celui de Ramsès VI. Voir aussi, désormais,
A. YASUR-LANDAU, « Let’s Do the Time Warp Again », loc. cit., p. 612-613, et idem, The Philistines
and Aegean Migration at the End of the Late Bronze Age, op. cit., p. 340-341, pour des conclusions
semblables.
76. Voir A. E. KILLEBREW, Biblical Peoples and Ethnicity, op. cit., p. 230-231, pour un résumé des
positions prises précédemment.
77. A. YASUR-LANDAU, « One If by Sea… Two If by Land », loc. cit. ; voir, désormais, la discussion
dans idem, The Philistines and Aegean Migration at the End of the Late Bronze Age, op. cit., p. 335-345 ;
idem, « Chariots, Spears and Wagons », loc. cit. ; T. R. BRYCE, The World of the Neo-Hittite Kingdoms, op.
cit., p. 33 ; A. E. KILLEBREW et G. LEHMANN (dir.), The Philistines and Other « Sea Peoples » in Text
and Archaeology, op. cit., p. 17.
78. Yasur-Landau, communication personnelle, juillet 2012.
79. Idem, « The Role of the Canaanite Population in the Aegean Migration to the Southern Levant in the
Late Second Millennium BCE », loc. cit., p. 193-194 ; voir aussi, désormais, idem, « Chariots, Spears and
Wagons », loc. cit., et auparavant, idem, « Let’s Do the Time Warp Again », loc. cit., p. 615-616.
80. Idem, « The Role of the Canaanite Population in the Aegean Migration to the Southern Levant in the
Late Second Millennium BCE », loc. cit., p. 185.
81. L. A. HITCHCOCK et A. M. MAEIR, « Beyond Creolization and Hybridity », loc. cit., p. 51-56, en
particulier p. 53 ; voir aussi A. M. MAEIR, L. A. HITCHCOCK, L. K. HORWITZ, « On the Constitution
and Tranformation of Philistine Identity », loc. cit.
82. Voir, à nouveau, L. A. HITCHCOCK et A. M. MAEIR, « Beyond Creolization and Hybridity », loc.
cit., p. 51-53, en particulier p. 53 ; voir aussi A. M. MAEIR, L. A. HITCHCOCK, L. K. HORWITZ, « On
the Constitution and Tranformation of Philistine Identity », loc. cit.
83. Voir aussi la discussion pertinente dans K. STROBEL, « Qadesh, Sea Peoples, and Anatolian-
Levantine Interactions », loc. cit., p. 525-526.
84. N. K. SANDARS, The Sea Peoples, op. cit., p. 11 et p. 19. À part Sandars, qui est considérée comme
une experte en la matière, peu d’auteurs se sont aventurés à écrire un livre spécifique sur les Peuples de la
Mer et l’effondrement de l’âge du bronze, à l’exception de A. NIBBI, The Sea Peoples and Egypt, Noyes
Press, Park Ridge, NJ, 1975, et M. ROBBINS, Collapse of the Bronze Age : The Story of Greece, Troy,
Israel, Egypt, and the Peoples of the Sea, Authors Choice Press, San José, CA, 2003. On peut néanmoins se
reporter à la thèse de R. G. ROBERTS, The Sea Peoples and Egypt, op. cit., qui porte le même titre que le
livre plus ancien de Nibbi.
85. N. K. SANDARS, The Sea Peoples, op. cit., p. 11.
86. N. H. DEMAND, The Mediterranean Context of Early Greek History, op. cit., citant C. RENFREW,
« Systems Collapse as Social Transformation », in C. RENFREW et K. L. COOKE (dir.), Transformations,
Mathematical Approaches to Culture Change, Academic Press, New York, 1979, p. 481-506.
87. Voir, par exemple, E. N. LORENZ, « Atmospheric Predictibility as Revealed by Naturally Occuring
Analogues », Journal of the Atmospheric Sciences, no 26/4, 1969, p. 636-64 ; idem, « Predictability : Does
the Flap of a Butterfly’s Wings in Brazil Set Off a Tornado in Texas ? », Présentation faite à la réunion
annuelle de l’American Association for the Advancement of Science, 1972. Voir, désormais, A. YASUR-
LANDAU, The Philistines and Aegean Migration at the End of the Late Bronze Age, op. cit., p. 334, qui (de
son côté) évoque aussi la métaphore du papillon en rapport avec les événements de la fin de l’âge du bronze
tardif.
88. C. RENFREW, « Systems Collapse as Social Transformation », loc. cit., p. 482-487.
89. J. DIAMOND, Effondrement, op. cit. ; voir aussi, maintenant, G. D. MIDDLETON, The Collapse of
Palatial Society in LBA Greece and the Postpalatial Period, op. cit. et idem, « Nothing Lasts Forever », loc.
cit., ainsi qu’auparavant le livre de J. A. TAINTER, The Collapse of Complex Societies, op. cit., et
N. YOFFEE et G. L. COWGILL (dir.), The Collapse of Ancient States and Civilization, op. cit., qui
s’ajoutent aux références de la note 2 de la préface de ce livre.
90. R. DREWS, The End of the Bronze Age, op. cit., p. 85-90, en particulier p. 88 ; voir aussi S. DEGER-
JALKOTZY, « Decline, Destruction, Aftermath », loc. cit., p. 391.
91. Voir la brève discussion dans W. G. DEVER, « The Late Bronze-Early Iron I Horizon in Syria-
Palestine », loc. cit., p. 106-107, sur l’effondrement systémique qui lui semble être survenu en Canaan à
cette période. Voir aussi G. D. MIDDLETON, The Collapse of Palatial Society in LBA Greece and the
Postpalatial Period, op. cit., p. 118-121, sur les nombreuses causes de la catastrophe égéenne, et maintenant
B. L. DRAKE, « The Influence of Climatic Change ont the Late Bronze Age Collapse and the Greek Dark
Ages », loc. cit., p. 1866-1868.
92. M. LIVERANI, « The Collapse of the Near Eastern Regional System at the End of the Bronze Age :
The Case of Syria », in M. ROWLAND, M. LARSEN et K. KRISTIANSEN (dir.), Centre and Periphery in
the Ancient World, Cambridge University Press, Cambridge, 1987, p. 69 ; voir aussi R. DREWS, The End of
the Bronze Age, op. cit., p. 86, et C. M. MONROE, Scales of Fate, op. cit., p. 293 ; tous deux citent
Liverani.
93. M. LIVERANI, « The Collapse of the Near Eastern Regional System at the End of the Bronze Age »
loc. cit., p. 69 ; voir désormais C. M. MONROE, Scales of Fate, op. cit., p. 292-296, pour une critique du
point de vue de Liverani.
94. Ibid., p. 294-296.
95. Ibid., p. 297.
96. Ibid.
97. Ibid.
98. B. L. DRAKE, « The Influence of Climatic Change ont the Late Bronze Age Collapse and the Greek
Dark Ages », loc. cit., p. 1866-1868 ; D. KANIEWSKI, É. VAN CAMPO, J. GUIOT et alii,
« Environmental Roots of the Late Bronze Age Crisis », loc. cit.
99. R. DREWS, The End of the Bronze Age, op. cit. ; voir mon article sur ce livre, E. H. CLINE,
« Review of R. Drews, The End of the Bronze Age (Princeton 1993) », Journal of Near Eastern Studies,
no 56/2, 1997, p. 127-129.
100. Voir la récente discussion sur l’effondrement et ses causes possibles dans G. D. MIDDLETON,
« Nothing Lasts Forever », loc. cit.
101. N. JOHNSON, Simply Complexity : A Clear Guide to Complexity Theory, OneWorld Publications,
Oxford, 2007, p. 3-5.
102. C. BELL, The Evolution of Long Distance Trading Relationships across the LBA/Iron Age
Transition on the Northern Levantine Coast, op. cit., p. 14-15.
103. N. JOHNSON, Simply Complexity, op. cit., p. 13.
104. Ibid., p. 13-16.
105. Ibid., p. 14-15 ; S. SHERRATT, « The Mediterranean Economy », loc. cit., p. 53-54.
106. N. JOHNSON, Simply Complexity, op. cit., p. 15.
107. Ibid., p. 17.
108. C. BELL, The Evolution of Long Distance Trading Relationships across the LBA/Iron Age
Transition on the Northern Levantine Coast, op. cit., p. 15, citant K. R. DARK, Waves of Time : Long Terme
Change and International Relations, Continuum, New York, 1998, p. 65, p. 106 et p. 120.
109. Ibid., p. 120.
110. Ibid., p. 102-121.
111. C. BELL, The Evolution of Long Distance Trading Relationships across the LBA/Iron Age
Transition on the Northern Levantine Coast, op. cit., p. 15. Voir aussi, désormais, A. E. KILLEBREW et
G. LEHMANN (dir.), The Philistines and Other « Sea Peoples » in Text and Archaeology, op. cit., p. 16-17.
112. Voir, récemment, D. LANGGUT, I. FINKELSTEIN et T. LITT, « Climate and the Late Bronze
Collapse : New Evidence from the Southern Levant », Tel-Aviv, no 40, 2013, p. 166.

Notes de l’épilogue
1. Voir, désormais, les travaux de C. SARAH MURRAY, Trade, Import and Society in Early Greece, op.
cit.
2. J. L. DAVIS, « Pylos », loc. cit., p. 687.
3. J. MARAN, « The Crisis Years ? », loc. cit., p. 242.
4. Voir A. MILLARD, « The Last Tablets of Ugarit », loc. cit., p. 122-124 ; T. R. BRYCE, The World of
the Neo-Hittite Kingdoms, op. cit., p. 56-57 ; A. MILLARD, « Scripts and Their Uses in the 12th-10th
Centuries BCE », loc. cit. ; A. LEMAIRE, « West Semitic Epigraphy and the History of the Levant during
the 12th-10th Centuries BCE », in G. GALIL, A. GILBOA, A. M. MAEIR et D. KAHN (dir.), The Ancient
Near East in the 12th-10th Centuries BCE, op. cit., p. 291-307 ; A. E. KILLEBREW et G. LEHMANN
(dir.), The Philistines and Other « Sea Peoples » in Text and Archaeology, op. cit., p. 5-6.
5. M. VAN De MIEROOP, A History of the Ancient Near East ca. 3000-323 BC, op. cit., p. 252-253.
6. S. SHERRATT, « The Mediterranean Economy », loc. cit., p. 53-54 ; T. R. BRYCE, The World of the
Neo-Hittite Kingdoms, op. cit., p. 195.
7. Voir les volumes publiés par G. M. SCHWARTZ et J. J. NICHOLS, After Collapse : The Regeneration
of Complex Societies, University of Arizona Press, Tucson, 2006 et P. A. MCANANY et N. YOFFEE,
Questioning Collapse : Human Resilience, Ecological Vulnerability, and the Aftermath of Empire,
Cambridge University Press, Cambridge, 2010, qui répondent, au moins en partie, au livre de
J. DIAMOND, Effondrement, op. cit. Une conférence sur ce thème s’est tenue à l’université de l’Illinois du
Sud en mars 2013 : « Beyond Collapse : Archaeological Perspectives on Resilience, Revitalization
& Reorganization in Complex Societies ».
8. W. G. DEVER, « The Late Bronze-Early Iron I Horizon in Syria-Palestine », loc. cit., p. 108.
9. C. M. MONROE, Scales of Fate, op. cit., p. 292.
10. D. CHO et B. APPELBAUM, « Unfolding Worldwide Turmoil Could Reverse Years of Prosperity »,
Washington Post, 7 octobre 2008, A1.

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