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Thème n°3 Géographie 

: L’Union européenne dans la


mondialisation : des dynamiques complexes :
Chapitre n°2 : Présentation de différents États membres de l’UE :
I/ La Grèce :
A) La mère de l’Europe :
1. La Grèce avant les Grecs :
Au tournant des IIIème et IIème millénaire, des peuples venus du nord de la mer Noire se seraient
installés dans la Grèce actuelle. On les appelle les Achéens, ce sont les ancêtres des Grecs. Par la suite,
plusieurs grandes civilisations se sont succédées autour de la mer Égée, du III ème millénaire avant J.-C,
jusqu’au XIIème siècle avant J.-C. (civilisation minoenne sur la Crète, civilisation mycénienne dans le
Péloponnèse).
Suit alors une période trouble, les « siècles obscurs » (du XIIème siècle avant J.-C jusqu’au VIIIème
siècle avant J.-C.), qui voit l’effacement total des anciens États et l’émergence progressive du modèle des
cités grecques.
2. La Grèce antique :
C’est au cours de la période archaïque (de 800 avant J.-C. à 480 avant J.-C.) que les principales cités
grecques de l’Antiquité font leur apparition (Athènes, Sparte, Thèbes, Delphes…). En même temps, les
Grecs fondent des colonies et établissent leur influence sur la plupart des littoraux européens (Massalia,
Nikaia, Grande Grèce, en mer Noire…)
S’ensuit la période classique (de 480 avant J.-C. à 323 avant J.-C.), la période la plus célèbre de
l’Antiquité grecque : elle débute avec les guerres médiques (490-479), se poursuit avec la terrible guerre du
Péloponnèse (431-404) et s’achève au siècle suivant, avec l’émergence du royaume de Macédoine au nord,
puis l’expédition d’Alexandre le Grand (356-323) pour conquérir l’Empire perse.
Après sa mort, les généraux d’Alexandre (les Diadoques) puis leurs héritiers se disputent
inlassablement son empire pendant les premières décennies de la période hellénistique (de 323 avant J.-C. à
31 avant J.-C.). En même temps, la civilisation hellénique rayonne bien au-delà de la péninsule grecque : de
l’Égypte jusqu’à l’Afghanistan.
Mais petit à petit, les Grecs, victimes de leurs divisions, doivent se soumettre à l’hégémonie de
Rome. Les deux cultures vont s’entremêler : la Grèce devient le second cœur de l’Empire romain, au point
qu’au IVème siècle après. J.-C., Constantin Ier décide de fonder une nouvelle capitale pour l’Empire à
Byzance (bientôt renommée Constantinople).
3. La Grèce médiévale (de 395 à 1453) :
Les successeurs de Constantin décident de partager l’Empire romain en deux (Occident et Orient).
Tandis que la partie occidentale s’effondre puis disparaît en 476, l’Empire romain d’Orient (que l’on appelle
aujourd’hui l’Empire byzantin) est voué à perdurer pendant près d’un millénaire.
Cet État, centré autour de la mer Égée, dispose d’une histoire extrêmement riche et complexe, dont
on peut esquisser ici les principaux traits :
- D’abord, l’Empire romain d’Orient dut résister aux nombreuses invasions barbares qui le
menaçaient à l’Ouest, tout en tenant en respect le colossal Empire sassanide, à l’est. (Vème siècle).
- Par la suite, et notamment sous le règne de Justinien (482-565), les empereurs byzantins tentèrent
de reconstituer l’Empire romain dans sa forme d’antan. Justinien y parvint presque, mais une
épidémie (la peste justinienne) ravagea l’empire à partir de 541 et ruina ses projets.
- L’Empire fit alors face à la fois aux incursions des peuples slaves et aux assauts de l’Empire
sassanide. C’est à Héraclius Ier (575-641) qu’il dut sa survie. Ce grand empereur parvint à
restaurer une situation catastrophique, même si l’Empire byzantin ne retrouva jamais sa
puissance d’antan.
- Peu après, les Byzantins firent face aux assauts multipliés des Arabes (siège de Constantinople de
674 à 678), ainsi que des Bulgares. En même temps, l’Empire fut traversé par de multiples
querelles religieuses (iconoclasme) et dynastiques…
- Ce n’est qu’à la fin du IXème siècle que plusieurs empereurs (la dynastie des Macédoniens)
réussirent à relever l’Empire byzantin, tout en convertissant à l’orthodoxie ses adversaires
Bulgares et Russes. L’empereur Basile II Bulgaroctone (littéralement, « le Tueur de Bulgares »)
parvint à mettre un terme à la menace bulgare au nord de l’Empire, lors de son règne (976-1025).
- Les successeurs de Basile II ne furent pas à sa hauteur et plusieurs familles se disputèrent le
pouvoir inutilement, affaiblissant ainsi l’Empire face à la nouvelle menace des Turcs (bataille de
Mantzikert en 1071) et des Normands.
- Les différents empereurs profitèrent ensuite du phénomène des croisades pour étendre leur
influence en Asie mineure et dans les Balkans. Mais ce mouvement finit par se retourner contre
les Byzantins : en 1204, une série d’évènements malheureux poussa les croisés de la quatrième
croisade à assiéger Constantinople, puis à s’en emparer !
- Les croisés et les Vénitiens se partagèrent la dépouille de l’Empire, mais ils furent finalement
chassés par des Byzantins en 1261 (dynastie des Paléologues). Toutefois, sous ces derniers
empereurs, le territoire byzantin ne fit que reculer, jusqu’à ce qu’en 1453, la capitale soit prise
par les Turcs Ottomans.

4. La Grèce sous les Ottomans (XIVème siècle-1797) :


Les Grecs orthodoxes se retrouvèrent alors sous la domination de Turcs musulmans (sunnites). Ceux-
ci leur appliquèrent le système du « millet » : les conversions étaient rares, mais les chrétiens devaient payer
un impôt supplémentaire et le calife pouvait enlever l’un de leurs enfants pour en faire un. Toutefois, les
Grecs orthodoxes n’étaient pas contraints de servir dans l’armée des sultans.
Bon nombre de Grecs souhaitèrent échapper à ces contraintes, que ce soit en partant pour l’étranger,
en se convertissant à l’islam, ou plus simplement en se réfugiant dans les montagnes qui dominent dans la
péninsule. Les Ottomans laissèrent faire, tant que ces mouvements ne débouchaient pas sur des révoltes
ouvertes. Globalement, la population grecque recula, tant en Grèce qu’en Asie mineure, lors de cette
période.
5. Une indépendance en demi-teinte (1797-Fin du XIXème siècle) :
Au XVIIIème siècle, lorsque l’Empire ottoman entama son déclin, le nationalisme grec commença à
prendre son essor. Grâce à Napoléon, un premier État grec fut fondé en 1797. Au début du XIX ème siècle,
comme dans le reste de l’Europe, le nationalisme prit son essor en Grèce.
Dès 1821, le peuple grec se révolta contre les Ottomans : après de durs revers (siège de
Missolonghi), les Grecs finirent par l’emporter grâce au soutien d’un puissant courant philhellène dans toute
l’Europe (surtout en France et au Royaume-Uni + Empire russe). Mais après 1830, de nombreux Grecs
restaient encore sous la tutelle ottomane. Certains nationalistes souhaitaient accroître le territoire grec afin
d’englober tous les hellénophones : c’est la Grande Idée.
Mais la Grèce n’était devenue indépendante qu’en apparence. En réalité, pendant plusieurs
décennies, les puissances européennes (surtout le Royaume-Uni et la Russie) influencèrent fortement la
politique grecque (on parle de xénocratie).
6. La réalisation de la Grande Idée (Fin du XIXème siècle-1923) :
Malgré son retard de développement, la Grèce était encore travaillée par l’idée d’agrandir son
territoire aux dépens des Turcs (Grande Idée). Le pays réussit peu à peu à chasser les Ottomans d’Europe
(Guerres balkaniques en 1912-1913).
Lors de la Première Guerre mondiale, une violente dispute opposa le souverain, Constantin I er (pro-
allemand), à son premier ministre, Venizélos (pro-entente car partisan de la Grande Idée). Les Grecs,
déchirés en deux, faillirent connaître une guerre civile, jusqu’à ce que le souverain, résigné, n’abdique en
1916. Pleinement ralliée à l’Entente victorieuse, la Grèce, avec le traité de Sèvres (1920), réalisa la Grande
Idée.
Mais elle se heurta alors à une Turquie remobilisée par Mustafa Kemal Atatürk (1881-1938). Juste
après la Première Guerre mondiale, une terrible guerre gréco-turque s’initia (1919-1922) et s’acheva par une
victoire turque : la Grèce dut abandonner ses acquisitions les plus récentes (sauf les îles de la mer Égée).
Pour éviter de nouvelles querelles, il fut décidé un grand déplacement de populations : plus d’un
million de Grecs quittèrent la Turquie pour la Grèce, tandis que 375 000 Turcs firent le chemin inverse.
7. La Grèce depuis 1923 :
Dans les années 1920-1930, la Grèce continue d’être un pays politiquement instable et
économiquement en retard. En 1936, Metaxás mit en place une dictature inspirée de l’Italie fasciste. Mais
cela ne dura pas longtemps, puisqu’en 1941, l’Italie mussolinienne puis l’Allemagne nazie entreprirent de
conquérir le petit État (non sans difficultés !) Le pays fut dévasté par l’occupation.
Juste après, une guerre civile éclata entre communistes et royalistes (1946-1949). Elle se solda par la
victoire des royalistes, soutenus par le R-U et les États-Unis.
En espérant venir à bout des difficultés rencontrées par les hommes politiques, des militaires font un
coup d’État en 1967 : c’est la dictature des colonels. En 1974, la junte militaire tente de forcer Chypre à
s’unir à la Grèce. La Turquie riposte en envahissant l’île : c’est un échec total pour la dictature. Les
militaires admettent leur échec et confient le pouvoir à des civils, qui effectuent progressivement une
transition démocratique.
Une troisième république est proclamée, les anciens chefs de la dictature sont condamnés à mort, le
régime se libéralise…En 1981, le pays rejoint la CEE et, grâce aux subventions européennes, obtient
d’excellents taux de croissance. Mais le pays ne résout toujours pas ses difficultés économiques… Ce qui
conduit à une très sévère crise économique à partir de 2009, dont le pays ne s’est toujours pas pleinement
remis…

B) Géographie de la Grèce :
1. Géographie physique :
La Grèce est le pays le plus méridional des Balkans. On peut diviser la Grèce en trois grandes
parties :
 La Grèce continentale, bien attachée au reste de la péninsule balkanique, au nord.
 La presqu’île du Péloponnèse
 Les différentes îles qui entourent le pays, à l’ouest comme à l’est.

Tout cet ensemble est particulièrement montagneux (80% de la surface du pays) : les vallées et les
gorges se multiplient sur la partie continentale du pays. Le mont Olympe, point culminant de la Grèce,
s’élève à 2917 mètres.
Le pays bénéficie pendant une bonne partie de l’année d’un climat doux (sauf dans sa partie la plus
septentrionale). Toutefois, les étés peuvent y être particulièrement secs (ce qui a provoqué, au cours des
années précédentes, des incendies dévastateurs).

2. Géographie humaine :

On estime qu’il y a aujourd’hui un peu moins de 11M de Grecs. Depuis une dizaine d’années, la
population stagne, voire diminue, du fait de la crise économique. Le taux de fécondité est très bas (1,3
enfants par femme en moyenne) et de nombreux jeunes Grecs préfèrent quitter un pays dans lequel ils n’ont
actuellement aucun avenir. Conjonction logique de ces deux phénomènes, on constate un net vieillissement
de la population (20% de la population a plus de 65 ans, moins de 12% de la population a moins de 15 ans).
Alors que sous l’ère ottomane, bon nombre de Grecs s’étaient réfugiés dans les montagnes, depuis
plus de deux siècles, la population s’est massivement urbanisée et littoralisée. Le pays compte deux
principales agglomérations : Athènes (3,7M) et Thessalonique, au nord (1,1M).

3. L’économie grecque :

Bien que le pays dispose de peu de surfaces cultivables, l’agriculture reste l’un des secteurs clés de
l’économie grecque (trilogie méditerranéenne : blé-vigne-olivier), en contribuant à hauteur de 4% du PIB –
et en embauchant encore 12% de la population active. L’élevage ovin reste très présent dans la péninsule et
la Grèce est encore aujourd’hui l’un des principaux producteurs mondiaux d’olives.

La Grèce n’a cependant jamais été une puissance industrielle. Encore aujourd’hui, le secteur
secondaire n’est responsable que de 17% du PIB en embauchant 15% de la population active. C’est dans
l’industrie maritime que les Grecs excellent. La marine marchande grecque est la première au monde (8% de
la flotte commerciale mondiale, 15% de ses capacités de charge).

Enfin le secteur tertiaire grec repose essentiellement sur le tourisme (33M de visiteurs en 2018).
Différents types de tourisme coexistent : tourisme culturel, balnéaire, naturel…

Malgré ses efforts, la Grèce importe bien plus qu’elle n’exporte (balance commerciale fortement
déficitaire). Ce déficit est un peu compensé grâce à l’envoi d’argent de la diaspora, au tourisme et surtout à
l’atout majeur de la Grèce : sa marine marchande.

4. La crise économique et ses effets sur la Grèce :

En 2010, l’ampleur du déficit budgétaire et de l’endettement public (+ État faible, obèse, corruption,
fraude fiscale, poids de l’économie informelle…) était telle que la Grèce a été contrainte par l’UE de mettre
en œuvre un plan d’austérité afin de recevoir une aide financière. Le gouvernement de l’époque a reculé
l’âge de la retraite à 65 ans, diminué le salaire minimum de 20% et les salaires des fonctionnaires de 35% -
en même temps, le taux de chômage bondit pour atteindre 25% de la population active en 2012 (50% chez
les jeunes).

En 2018, la Grèce semblait avoir renoué avec la croissance (même si le PIB est passé de 350
milliards de $ à 200 milliards de $ actuellement…), le nombre de fonctionnaires a sensiblement diminué, et
le taux de chômage ne cesse de s’abaisser (16,9% en 2020)

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