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SOMMAIRE
INTRODUCTION
Caligula
Si le poids de l'hérédité se fait sentir chez certains des « douze Césars » (de César à
Domitien) évoqués par Suétone (→ Vie des douze Césars), les empereurs sont surtout classés par
l'historiographie antique en bons et en mauvais, en fonction de leur attitude repectivement
favorable ou défavorable envers le sénat. Il y a des cas pathologiques (→ Caligula, Commode)
et des parvenus grisés par le pouvoir (→ Vitellius). Il est aussi des personnages sans caractère
(Julianus, de mars à juin 193), portés à un pouvoir éphémère par la garde prétorienne, qui attend
d'eux une récompense. Les empereurs sont de plus en plus d'origine militaire et provinciale.
Parviennent ainsi des séries d'empereurs espagnols (→Trajan, Hadrien), syriens (les
Sévères) ou illyriens (de Claude II à Dioclétien). Cela peut donner de curieux résultats :
sous Élagabal (218-222), prêtre sémite d'un dieu-soleil oriental, un danseur est fait préfet du
prétoire, un cocher préfet des vigiles, un coiffeur préfet de l'annone, et l'empire échappe tout
juste à l'obligation d'adorer le dieu nouveau venu. Ainsi les empereurs se suivent et ne se
ressemblent pas.
Claude Ier
D’abord appelé Octave, Auguste (27 avant J.-C.-14 après J.-C.) reçoit son titre après
sa victoire à Actium contre Antoine (31 apr. J.-C.). Son principat apparaît comme l’une des
périodes les plus brillantes de l’histoire romaine. Tibère (14-37), adopté par Auguste, lui succède
en tant qu’empereur et met en place une rigoureuse administration financière. En 27, malade, il se
retire à Capri et laisse le pouvoir à Séjan, préfet du prétoire. Il fait exécuter ce dernier pour avoir
convoité le trône (31). S’ensuit ce qui fut présenté par les partisans du sénat comme une époque
de terreur. Charismatique au début de son règne, Caligula (37-41) change brusquement de
caractère, gouverne en tyran et de se faire assassiner.
Néron
Antonin le Pieux
Commode
Marc Aurèle (161-180) succède à son père adoptif, Antonin. Il entreprend une politique
de centralisation administrative et de guerres contre les Barbares. Il est un fervent stoïcien. Son
fils, Commode (180-192), abandonne la politique militaire de l’Empire pour une politique de
terreur. Il mourut assassiné.
L'armée est une armée de métier, recrutée un peu partout dans l'Empire. Mais les soldats
vont souvent opérer loin de leur pays d'origine. Les opérations de conquête se poursuivent
(Bretagne, Dacie). Au IIe siècle, la politique défensive, déjà sagement amorcée sur certaines
frontières, tend à se généraliser. L'Empire s'entoure de retranchements au nom significatif
de limes, frontière. Le limes n'est pas une ligne de défense impénétrable, et des échanges
économiques ont lieu avec les pays barbares, surtout après la conquête de la Dacie sous Trajan,
qui étend les possibilités du commerce.
Le danger du voisinage se fait pourtant sentir : les Barbares du Nord et de l'Est, qui
suivent les voies commerciales, sont souvent en mouvement. Sous Néron, Sarmates et Roxolans
bougent déjà aux abords du Danube. Sous Marc Aurèle, leur menace devient sérieuse. Mais la
population de l'Empire n'est pas encore concernée. Elle jouit de cette paix tant vantée, des
communications intérieures sûres, voies rapides ou mer sans pirates.
Caracalla
Les provinces, gouvernées les unes par les délégués de l'empereur, les autres par ceux du
sénat, bénéficient de régimes divers. Les cités ont des statuts non moins variés. Chaque cité
possède sa physionomie propre. Le monde romain est le cadre d'un vaste brassage de population.
Les Italiens sont partis pour l'Orient et l'Occident. Les esclaves orientaux se sont enracinés à
Rome. Affranchis, ils sont montés dans la hiérarchie sociale. L'attribution du droit de cité à tout
l'Empire, en 212, par l'édit de Caracalla, sanctionne le résultat de ce chassé-croisé. Mais tous se
sentent, en définitive, animés d'un patriotisme romain destiné à survivre longtemps.
L'ORIENT
L'Égypte, considérée comme patrimoine impérial, et dont le pittoresque suscite une vague
d'égyptomanie esthétique et religieuse, est un grenier à blé qui jouxte ce foyer intellectuel,
cosmopolite et turbulent que demeure Alexandrie. La Grèce propre est un désert, mais Athènes
est un musée et une université. L'Asie Mineure prospère sous l'autorité d'une très riche
bourgeoisie hellénisée. La Syrie bénéficie des échanges caravaniers actifs avec un Orient lointain.
Tous ces pays de l'Orient romain ont adopté les institutions de Rome sans perdre l'usage
de la langue grecque et de maintes traditions hellénistiques. La vie intellectuelle y est active.
Seuls songent à se révolter les Juifs, qui se heurtent longtemps à l'incompréhension des
empereurs.
Aux Ier, et encore plus aux IIe et IIIe siècles, la place de l'Orient dans l'Empire est devenue
singulièrement importante. C'est de l'Orient lointain que des caravanes apportent des produits
exotiques. C'est sur les rives de l'Euphrate que les légionnaires vont monter la garde face
aux Parthes, puis aux Sassanides. C'est de Syrie que viennent les marchands, dont les colonies
sont établies dans chaque port de l'Empire. C'est d'Orient enfin que viennent les nouveautés en
matière religieuse.
L'OCCIDENT
L'Occident s'est très vite romanisé, à l'exception des campagnes, où certains continuent à
parler punique ou gaulois. L'Espagne est fortement colonisée. Elle donne à Rome plusieurs
empereurs et des écrivains (Quintilien, Sénèque, Lucain, Martial). La Narbonnaise n'a rien à
envier à l'Italie sous le rapport de la romanisation. La Gaule chevelue, à première vue plus
sauvage, a été fortement pénétrée et mise en valeur. Elle voisine avec une Germanie romaine très
active, du fait de la présence des légions, et dont les villes, issues des camps, ont une
physionomie originale. La Sicile et l'Algérie sont des terres à blé, grandes pourvoyeuses de la
capitale impériale. En Afrique romaine, de vastes domaines existaient là où il n'y a plus
aujourd'hui qu'un désert. Partout, les élites participent pleinement à la civilisation et aux
institutions de Rome. Dans des cités bien bâties, honorées de subventions impériales, les notables
se disputent les fonctions publiques et dépensent avec vanité pour l'embellissement de leur patrie.
L'ITALIE ET ROME
Au regard de ces provinces actives, l'Italie apparaît, dans sa plus grande partie, déserte ;
elle est découpée en grands domaines d'élevage extensif, que possèdent les sénateurs, obligés de
placer une partie de leur fortune en terres italiennes.
Rome est en quelque sorte le revers des provinces. Par la fiscalité, l'annone, elle se
nourrit, en parasite, du produit du reste de l'Empire. Le Ier siècle est celui de la « décadence » des
moralistes classiques. La convergence des richesses prises au monde, d'une monarchie de
parvenus et d'une populace désœuvrée fait de Rome le foyer d'un luxe délirant, d'une débauche
légendaire et d'un parasitisme sordide. Les enrichis, fiers de leur réussite, mènent la vie
caricaturée par Pétrone dans le Satiricon. Les pauvres ramassent les miettes, vont regarder
mourir les condamnés, les gladiateurs et les fauves à l'amphithéâtre, consacrent une partie de leur
temps à la relaxation que procurent les séjours dans les thermes publics ou privés. Ce tableau
prête le flanc aux descriptions mal intentionnées des historiens des empereurs (Suétone) et a
provoqué depuis lors maints commentaires sur le caractère primitif de ces comportements
plaqués de luxe plus que de civilisation.
ORIGINALITÉ DU JUDAÏSME
Le judaïsme se situe en marge, bien que ses exégètes aient été contaminés par l'hellénisme
et la philosophie platonicienne. Son caractère national a été estompé par le prosélytisme des Juifs
auprès des païens, prosélytisme favorisé par leur dispersion même, leur diaspora, qui les a
répandus dans les villes. Après la révolte de Judée (66-70), réprimée par Vespasien et Titus, et
les révoltes juives de 115 et de 135, la dispersion s'accentue. L'attitude du pouvoir romain à
l'égard des Juifs est complexe : respect de principe pour une religion nationale, sanctions à la
suite des révoltes nationalistes. Les Juifs ont pu cependant édifier librement leurs synagogues, et
leur omniprésence a ouvert la voie à l'expansion du christianisme.
Le Bas-Empire
Septime Sévère
L'époque des Sévères (193-235) accélère l'évolution du principat vers le dominat. Ces
empereurs d'origine libyenne et syrienne établissent un régime autoritaire, dans lequel une théorie
classique a vu la revanche des masses paysannes opprimées sur la bourgeoisie urbaine et les
grands propriétaires. Le pouvoir impérial affiche un caractère de plus en plus militaire.
Aurélien
Après 235, l'anarchie politique s'installe. La multiplication des empereurs rivaux fait
donner à une série d'entre eux le nom de « trente tyrans ». En Gaule, un empire indépendant,
fondé par Postumus en 258, se maintient même pendant quelques années et s'étend sur l'Espagne
et la Bretagne. C'est Aurélien qui y met fin en 274.
Quand l'anarchie s'atténue, comme c'est le cas sous les Sévères et sous les premiers
empereurs illyriens, après 268, toutes les décisions impériales semblent dictées par les nécessités
de l'état de siège que subit le monde romain. Les problèmes d'argent entraînent un dirigisme
accru. L'État s'arroge des monopoles, les métiers sont constitués en corporations, tandis que les
bureaux se militarisent. Le sénat, quant à lui, est devenu le simple conseil municipal d'une
capitale désertée par les empereurs.
LES MUTATIONS DE LA SOCIÉTÉ
Dans son ensemble, l'Empire résiste bien, mais les provinces ont été localement ruinées
par les fréquents passages des armées romaines comme barbares.
L'armée se sédentarise sous la forme de soldats-paysans, prêts à la moindre alerte. Elle
joue aussi un rôle accru de police contre le brigandage, participe à la construction des remparts
des villes et finit par se charger de la collecte des impôts et d'une partie de la justice. La
population subit ce régime. Les riches sont victimes de confiscations et de réquisitions. S'ils sont
des notables dans leur cité (décurions), ils sont responsables de l'impôt et paient pour les autres.
Leur condition, de plus en plus ingrate est rendue héréditaire. Le commerce est bloqué :
au mont Testaccio, où s'entassent les restes d'amphores du port de Rome, aucune ne porte de date
postérieure à 255. En 252 enfin, la peste s'est mise de la partie. Après avoir payé tribut aux
Barbares, Rome se résigne à les accueillir : à partir de 276, l'empereur Probus établit des colons
goths et vandales en Pannonie. Ce n'est qu'un début.
LA TÉTRARCHIE
Dioclétien
En 286, deux empereurs, Dioclétien en Orient et Maximien en Occident, gouvernent le
monde romain. En 287, ils prennent respectivement les titres de Jovius et d'Herculius. En 293,
pour faire face à l'extension géographique et économique de l'Empire, un système original de
partage quadripartite du pouvoir se met en place, la tétrarchie. Maximien prend pour césar
l'ancien préfet du prétoire Constance Chlore, chargé de la Bretagne et de la Gaule. Peu après,
Dioclétien fait de même avec Galère, qui devient responsable de la péninsule balkanique. La
défense de l'Empire s'appuie donc sur les quatre résidences impériales de Trèves (Constance),
Milan (Maximien), Sirmium (Galère) et Nicomédie (Dioclétien), tandis que Rome reste la
capitale officielle, toujours désertée par les princes.
LA RÉORGANISATION CONSTANTINIENNE