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Empire romain

d'Occident
provinces indépendantes à l'Ouest de
l'Empire romain

L'Empire romain d'Occident est une


convention entre historiens désignant la
partie occidentale de l'Empire romain (en
latin Pars occidentalis) depuis
l'instauration de la Tétrarchie
(« gouvernement à quatre ») par
l'empereur Dioclétien en 285. Il est
important de préciser d'emblée qu'il ne
s'agit pas d'un État indépendant séparé
de la partie orientale : l'Empire romain
reste un et indivisible malgré le partage
des responsabilités, principalement
militaires, entre plusieurs empereurs.
Ainsi, si Rome reste la capitale officielle,
Milan sera la résidence des empereurs
d'Occident jusqu'en 402, puis Ravenne.

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Empire romain
d'Occident
Imperium
(la)

Romanum
(Pars
Occidentalis)
293/395–476/480
Vexillologi
e

Carte de l'Empire romain


d'Occident à son
extension maximale, en
395.
Informations
générales
Statut Empire
Capitale Milan
(286–402)
Ravenne
(402–476)
Langue(s) Latin
(officiel),
grec koinè,
langues
celtiques,
langues
germanique
s, langue
punique,
langues
berbères
Religion Religion
romaine
polythéiste,
puis
christianis
me nicéen
à partir de
380 (édit de
Thessaloni
que)
Monnaie Solidus,
Aureus,
Denier,
Sesterce
(voir
Monnaie
romaine)
Superficie
Superficie 4 410 000
(en 395) km²
Histoire et
événements
286 Division de
Dioclétien
395 Mort de
Théodose
Ier
Séparation
définitive
de l'Empire
476 Déposition
de Romulus
Augustule
Dissolution
Empereur
395–423 Flavius
Honorius
425–455 Valentinien
III
475–476 Romulus
Augustule
Entités Entités
précédent suivantes
es : :

Royau
Empire me
romain hérule
Royau
me
ostrogo
th
Royau
me
wisigot
h
Royau
me
suève
Royau
me
vandale
Royau
mes
francs
Royau
me des
Burgon
des
Royau
mes
anglo-
saxons
Domain
e britto-
romain
Armori
que
britto-
romain
e
Domain
e gallo-
romain
Vascon
ie
Domain
e
berbéro
-romain

L'Empire romain d'Occident exista de


façon intermittente entre les iiie et
ve siècles, après l'instauration de la
Tétrarchie et les épisodes où l'autorité
impériale fut détenue par un seul
empereur, à l'instar de Constantin Ier
(324-337), de Julien (361-363) et de
Théodose Ier (392-395). Ce dernier fut le
dernier empereur romain à régner
effectivement sur la totalité de cet
Empire. À sa mort, en 395, l'Empire fut
définitivement réparti entre un Occident
et un Orient romains. La disparition de
l'Empire romain d'Occident est
conventionnellement située au moment
de l'abdication de l'empereur-usurpateur
Romulus Augustule, le 4 septembre 476.
Cette date détermine, toujours
conventionnellement, le début d'une
nouvelle ère de l'Histoire de l'Europe : le
Moyen Âge.

Lors de l'abdication de Romulus


Augustule, Odoacre, le général romain
d'origine hérule qui le déposa, serait bien
devenu empereur, mais, en raison de son
origine barbare, fut seulement reconnu
« patrice » d'Italie par l'empereur d'Orient
Zénon. Ainsi, Odoacre dut faire
allégeance au dernier empereur
d'Occident légitime Julius Nepos (474-
480), qui se trouvait alors en Dalmatie
romaine, et se déclarer vassal de
l'empereur d'Orient Zénon.

Ainsi, on peut noter que la chute de


Ravenne et la déposition de Romulus
Augustule n'eurent rien de spectaculaire,
en tout cas beaucoup moins que le sac
de Rome en 410. Un empereur d'Occident
persistait en Dalmatie jusqu'en 480, puis
l'empereur d'Orient devint l'unique
empereur du monde romain (avec
suzeraineté, plus formelle qu'effective,
sur les souverains barbares). Néanmoins,
l'Empire romain d'Occident ne s'en releva
jamais. Par la suite, malgré une
reconquête effective mais partielle par
l'empereur Justinien Ier (527-565), il
faudra attendre le sacre de Charlemagne
(800) pour voir le retour d'une autorité
impériale en Occident.

Histoire

La crise du iiie siècle

Avec l'assassinat de l'empereur Sévère


Alexandre le 18 mars 235, l'Empire
romain connaît une période d'instabilité
de cinquante ans, désignée sous le nom
de crise du troisième siècle. Durant cette
même période, l'ascension de la
belliqueuse dynastie sassanide en Perse
commença à menacer sérieusement l'est
de l'Empire : en 259, l'empereur Valérien
fut capturé par Chapour Ier, et mourut en
captivité l'année suivante.

Gallien, son fils aîné, qui régnait à ses


côtés depuis 253, lui succéda et
poursuivit la guerre face aux Sassanides.
Son propre fils, Salonin, et le préfet du
prétoire Silvanus, résidaient à Colonia
Agrippina (Cologne) pour renforcer la
loyauté des légions locales, ce qui
n'empêcha pas le gouverneur local des
provinces germaniques, Postume, de se
rebeller. Il attaqua Colonia Agrippa, et
dans la confusion qui suivit la mort de
Salonin et Silvanus, se proclama
empereur des Gaules, avec Augusta
Treverorum (Trèves) pour capitale. Ce
nouvel Empire s'étendit bientôt sur les
provinces germaniques et gauloises,
ainsi que sur l'Hispanie et la Bretagne,
posséda son propre sénat et ses propres
consuls.

Vers la même période, les provinces


orientales firent sécession sous le
commandement de la reine Septimia
Bathzabbai Zénobie, formant l'empire de
Palmyre. Ce n'est qu'en 272 que
l'empereur Aurélien parvint à réintégrer
ce territoire à l'Empire romain. L'Est étant
désormais sûr, il se tourna vers l'Ouest et
reprit, un an plus tard, l'empire des
Gaules.

La Tétrarchie

Article détaillé : Tétrarchie.

Les tétrarques.

Les frontières de l'Empire restèrent


globalement en paix durant le reste de la
crise du iiie siècle, même si au moins huit
empereurs furent tués, souvent par leurs
propres troupes, entre la mort d'Aurélien
en 275 et l'avènement de Dioclétien, dix
ans plus tard.

La division politique de l'Empire romain


débuta sous Dioclétien. Il fonda la
Tétrarchie en 293 en ajoutant deux
césars pour seconder chaque auguste,
Maximien ayant déjà été désigné César
(285-286), puis Auguste de l'Occident.
Les césars seront Galère dans la
préfecture d'Illyrie (Orient) et Constance
Chlore dans la préfecture des Gaules
(Occident). Ce système divisa l'Empire en
quatre parties avec chacune sa
résidence impériale, en plus de Rome
(qui reste l'unique capitale de l'Empire),
afin d'éviter les troubles qui avaient
marqué le iiie siècle. Ainsi, en Occident,
les capitales étaient Mediolanum (Milan)
pour Maximien Hercule et Trèves pour
Constance Chlore. Le 1er mai 305, les
deux Augustes abdiquèrent et furent
remplacés par leurs Césars.

Le système de la Tétrarchie ne tarda pas


à s'effondrer après la mort prématurée
de Constance Chlore, en 306. Son fils
Constantin Ier fut proclamé Auguste de
l'Ouest par les légions de Bretagne. Une
crise s'ensuivit, durant laquelle plusieurs
prétendants tentèrent de s'approprier la
partie occidentale de l'Empire. En 308,
l'Auguste de l'Est, Galère, organisa une
conférence à Carnuntum qui refonda la
Tétrarchie en divisant l'Empire entre
Constantin Ier et Licinius. Grâce à une
série de batailles dans l'Est et l'Ouest,
Licinius et Constantin stabilisèrent leurs
parties respectives de l'Empire, et à partir
de 313, ils entrent en compétition pour la
domination de l'Empire. Lors de la
bataille de Chrysopolis, en 324, Licinius
est capturé par Constantin, puis exécuté
l'année suivante.

La Tétrarchie avait vécu, mais l'idée de


diviser l'Empire entre deux empereurs
devait rester. Les empereurs les plus
doués le réuniraient sous leur férule,
mais à leur mort, il serait de nouveau
divisé entre l'Est et l'Ouest.
Deuxième division

Division de l'Empire après la mort de


Théodose (395).

L'Empire romain était réuni sous un seul


empereur, mais à la mort de Constantin
Ier (337), une guerre civile éclata entre
ses trois fils, divisant l'Empire en trois.
L'Ouest fut réunifié en 340 sous Constant
Ier, puis tout l'Empire en 353 par
Constance II. Deux ans plus tard, ce
dernier, écartelé entre l'agitation des
Germains et la guerre contre les
Sassanides, nomma son cousin Julien
César et l'envoya en Gaule.
En 360, Julien fut proclamé Auguste par
ses soldats mutinés et rassemblés
devant le palais des thermes de Cluny, et
Constance II mourut l'année suivante, le
laissant seul maître de l'Empire. Julien
fut tué en 363 en combattant les
Sassanides, et son successeur, Jovien, le
commandant de la garde impériale, fut
tué l'année suivante.

Division finale

Après la mort de Jovien, l'empire


retomba dans une période d'instabilité
politique. En 364, Valentinien Ier
s'imposa. Il divisa aussitôt l'empire, en
offrant la partie orientale à son frère
Valens. Aucune des deux ne fut stable
avant longtemps, car les conflits
s'intensifiaient avec les éléments
extérieurs, notamment les Huns et les
Goths. En outre, un problème de taille
pour l'Ouest était la réaction politique
causée par le paganisme dominant
contre les empereurs chrétiens. En 379,
Gratien, fils et successeur de Valentinien
Ier, refusa de porter le titre de pontifex
maximus, et en 382, il priva de leurs
droits les prêtres païens et fit retirer
l'autel païen de la Curie.

En 388, Magnus Maximus, un général


populaire et puissant, s'empara du
pouvoir à l'Ouest et força Valentinien II, le
frère de Gratien, à fuir vers l'Est pour y
quérir de l'aide ; l'empereur d'Orient
Théodose Ier le remit promptement sur le
trône. En 392, Valentinien II fut assassiné
par le magister militum Arbogast, un
Franc païen, et un sénateur nommé
Eugène fut couronné. Il fut renversé deux
ans plus tard par Théodose, qui gouverna
l'Orient et l'Occident pendant deux ans,
jusqu'à sa mort (395). C'était la dernière
fois qu'un empereur unique gouvernait la
totalité de l'Empire. Théodose le Grand le
divisa entre ses deux fils : à Arcadius,
l'ainé, l'Orient, à Honorius, le cadet,
l'Occident.
Une brève période de calme s'ensuivit
pour l'Empire d'Occident sous Honorius,
contrôlé par le Vandale Stilicon, et
s'achève avec l'assassinat de ce dernier
en 408. Les chemins des deux empires
se séparèrent alors franchement : si
l'Orient entame une lente reconstruction
et consolidation, l'Occident commence à
s'effondrer.

Invasions de l'empire (100-500).

Déclin économique

Tout au long de son histoire, l'Empire


d'Occident connut un déclin économique
constant, qui contribua à sa chute finale,
tandis que l'économie de l'Empire
d'Orient restait stable, notamment grâce
aux richesses de l'Asie Mineure. L'Orient
pouvait entretenir une armée importante,
renforcée au besoin de mercenaires, là
où l'Occident n'en était plus capable.

Avec l'affaiblissement du pouvoir central,


les empereurs perdirent le contrôle des
frontières et des provinces, ainsi que de
la mer Méditerranée, surtout après que
les Vandales se furent emparés de la
province d'Afrique (429-439). Avec
l'instabilité économique, les institutions
romaines s'effondrèrent. La plupart des
envahisseurs exigeaient un tiers des
pays conquis à leurs sujets romains, et le
chiffre était encore plus élevé quand
plusieurs tribus envahissaient la même
province.

De larges surfaces entretenues avec soin


furent abandonnées à cause de
l'instabilité politique. Ce fut là un coup
sévère porté à l'économie, qui reposait en
grande partie sur l'agriculture.

L'ouvrage La Banque, de Babylone à Wall


Street, de Colling, met l'accent pour sa
part sur une asphyxie du système
bancaire au iiie siècle dans l'Empire
romain d'Occident, les évêques de Rome
condamnant alors toute sorte de prêt à
intérêt[1], à la différence de ceux de
Constantinople.

Chute de Rome et fin de l'Empire


d'Occident

Article détaillé : Déclin de l'Empire


romain d'Occident.

Les deux empires en 476.

Après la mort de Stilicon en 408, le règne


de Honorius est rythmé par les
usurpations et les invasions, notamment
de Vandales et de Wisigoths. En 410,
Rome fut pillée par des armées non
romaines pour la première fois depuis
l'invasion gauloise de -390. En dépit de
quelques victoires remportées par des
généraux talentueux, notamment Aetius
en Gaule (bataille des champs
Catalauniques), l'instabilité provoquée
par les usurpateurs à travers tout
l'Empire d'Occident ne put être enrayée
par de faibles empereurs, et favorisa les
conquêtes germaniques. Au ve siècle,
leurs chefs se firent eux-mêmes
usurpateurs. En 475, Flavius Oreste,
ancien secrétaire d'Attila, chassa
l'empereur Julius Nepos de Ravenne et
proclama empereur son propre fils,
Romulus Augustule.
En 476, Oreste refusa d'accorder aux
Hérules d'Odoacre le statut de fédérés,
poussant Odoacre à s'emparer de
Ravenne et à envoyer les insignes
impériaux à Constantinople, s'établissant
comme représentant de l'empereur en
Italie. Si le pouvoir romain se maintint
dans des poches isolées après 476,
Rome elle-même était gouvernée par des
barbares, et le contrôle de Rome sur
l'Occident avait pris fin.

Le dernier empereur

Il est généralement convenu que l'Empire


d'Occident a disparu le 4 septembre 476,
lorsque Odoacre déposa Romulus
Augustule.

Julius Nepos, depuis son réduit de


Dalmatie, était reconnu comme empereur
romain d'Occident par l'empereur d'Orient
Zénon ainsi que par le général romain
Syagrius, gouverneur d'une enclave
romaine au Nord de la Gaule, entre la
Loire et la Somme. Odoacre, nouveau
maître de l'Italie, commença à négocier
avec Zénon, qui finit par lui accorder le
titre de « patrice d'Italie », le
reconnaissant comme son vice-roi en
Italie (et donc son représentant en
Occident). Dans le même temps, Zénon
insista pour qu'Odoacre rende hommage
à Julius Nepos comme empereur
d'Occident. Odoacre accepta, allant
jusqu'à frapper des pièces au nom de
celui-ci dans toute l'Italie. Il ne s'agissait
cependant que d'un geste purement
politique, et Odoacre ne rendit aucun
territoire à Julius Nepos. Ce dernier fut
finalement assassiné en 480, et Odoacre
conquit peu après la Dalmatie.

Romulus Augustule fut épargné par


Odoacre qui, bien qu'ayant assassiné son
père, eut pitié de lui et lui donna une
pension et une villa en Campanie, villa
qui devint un monastère. On trouve trace
de lui au milieu des années 500, ce qui
laisse à penser qu'il aurait survécu à
Julius Nepos.

La perpétuation de l'autorité romaine


et de la romanité en Occident

La suzeraineté romaine sur les rois


barbares

L'assassinat du dernier empereur


d'Occident Julius Nepos (480) eut deux
conséquences.

Premièrement, l'empereur d'Orient Zénon


devient le seul empereur du monde
romain. Ainsi, en Occident, il est
intéressant de constater que les rois
barbares, qui avaient contracté un fœdus
romain, avaient unanimement reconnu
l'autorité de l'empereur Zénon, et ce afin
de faciliter le gouvernement sur des
territoires majoritairement romanisés et
christianisés.

Deuxièmement, le général Syagrius se


retrouve sans appui politique et sans
soutien militaire. Pour rappel, Odoacre
avait été reconnu en tant que patrice
romain par l'empereur Zénon en 476,
faisant de lui le vice-roi de ce dernier en
Italie et son représentant en Occident. Or
le général Syagrius prétendait également
au titre de patrice, se posant donc en
rival d'Odoacre. La mort de Julius Nepos
incita Odoacre et Zénon à se débarrasser
de ce général trop indépendant.

Ainsi, en Occident, les foedus romains


étant transférés à Odoacre, représentant
de l'autorité impériale, celui-ci charga
Clovis, roi du peuple fédéré des Francs
d'envahir le domaine gallo-romain et
d'évincer Syagrius. Abandonné par ses
alliés wisigoths, celui-ci fut vaincu à la
bataille de Soissons en 486. Sous cet
angle, cet épisode peut être perçu
comme une simple guerre civile au sein
du monde romain.

Plusieurs évènements ultérieurs iront en


ce sens : Clovis célébra sa victoire à
Soissons par un triomphe « à la
romaine » en 486 ; l'empereur Zénon
chargea Théodoric, roi du peuple fédéré
des Ostrogoths, de « restaurer l'autorité
impériale » en Italie entre 488 et 493 face
à un Odoacre devenu trop menaçant ;
l'empereur Anastase Ier octroya le titre
romain de « consul en Gaule » à Clovis ;
et les populations romanisées
continuèrent à vivre sous la loi romaine.
Ainsi, la romanité persista en Occident et
les Barbares y prenaient part.

L'Empire byzantin à son apogée


territoriale, durant le règne de
Justinien dont les conquêtes sont en
orange.
La reconquête romaine de la
Méditerranée occidentale

L'Empire romain (appelé


conventionnellement Empire byzantin à
partir de 629) eut des prétentions sur les
anciens territoires occidentaux de
l'empire tout au long du Moyen Âge. Au
vie siècle, deux prétextes donnèrent
l'occasion d'une action militaire de
reconquête. Premièrement, les Romano-
berbères d'Afrique du Nord appelèrent
Constantinople à l'aide à la suite du
renversement du Vandale Hildéric,
favorable aux Romains, par Gélimer.
Deuxièmement, les Ostrogoths, toujours
fédérés, devenaient à leur tour
menaçants.

Profitant de cette situation avantageuse,


les campagnes des généraux Bélisaire et
Narsès permirent à l'empereur Justinien
de reconquérir une grande partie de la
Méditerranée occidentale : l'Afrique
vandale fut reprise en 533, puis l'Italie
ostrogothique (Guerre des Goths, 535-
553) ainsi qu'une partie de l'Espagne
wisigothique (Hispania). De plus, alors
que les Francs et les Wisigoths, toujours
peuples fédérés, confirmèrent leur
allégeance à l'empereur romain, les
Britto-romains perpétuèrent la fiction de
la persistance de l'autorité romaine sur
l'île de Bretagne et en Armorique (voir
également la légende arthurienne). Ainsi,
au moment des Guerres de Justinien
(533-553), on pouvait encore trouver en
Gaule des descendants de soldats
romains qui continuaient à combattre « à
la romaine », organisés en cohortes
(avec numéros de cohorte, enseignes et
autres ornements), au sein des armées
franques et armoricaines (britto-
romaines).

Néanmoins, bien que la reconstitution de


l'Empire parut alors à portée de mains,
l'influence des tribus barbares avait
fortement marqué ces anciennes
provinces romaines, à la fois
culturellement et économiquement. La
fiscalité pesant lourdement sur les
territoires reconquis, il coûta très cher à
l'Empire romain de se maintenir dans ces
régions où la culture et l'identité
romaines, ciments de l'empire, avaient
été sérieusement endommagées, bien
que la question de la romanité reste
encore sujette à caution. Les
descendants de Romains se disent
toujours Romains, les tribus assimilées,
elles, étaient fières de prendre part à
cette glorieuse civilisation.
La fin de la fiction de l'autorité romaine
et derniers feux de la romanité en
Occident

En Occident, l'intégration progressive des


populations barbares, minoritaires, aux
populations romanisées, majoritaires,
finit par donner naissance à une nouvelle
civilisation chrétienne, plus médiévale, y
marquant la fin de l'Antiquité tardive et le
début du Haut Moyen Âge. Au sein de
cette nouvelle civilisation, les références
romaines de plus en plus lointaines
finiront par disparaître bien que certains
souverains tenteront encore de rétablir
l’Empire romain, notamment
Charlemagne (768-814) et Otton I° (936-
973). Dans ce contexte, le passage au
Moyen-âge se concrétisa par le fait que
les souverains barbares n'eurent plus
besoin de la suzeraineté romaine pour
assurer le gouvernement de leurs
territoires.

Ainsi, le premier souverain à passer le


cap fut le Mérovingien Théodebert I°, roi
franc de Reims (future Austrasie, peu
romanisée). Celui-ci cessa de battre
monnaie à l'effigie de l'empereur dès 537.
Il fut suivi par le Wisigoth Léovigild, qui
profita du début de la reconquête de
l'Espagne romaine (570) pour cesser de
battre monnaie à l'effigie de l'empereur.
Seuls, les Mérovingiens (hors de
l'Austrasie) perpétueront encore un
temps leur allégeance envers l'empereur
(qui deviendra une simple alliance
militaire avec Constantinople). Dans le
même temps, les Britto-Romains furent
définitivement écrasés à la bataille de
Dyrham par les Saxons dès 577.

Parallèlement, le début des invasions


lombardes en Italie (568), des raids
avaro-slaves dans le Nord des Balkans
(569) et la reconquête wisigothique (570)
entraîna une perte de contrôle de
Constantinople sur ces territoires, ce qui
fit diminuer le poids de l'élément latin au
sein de l’Empire romain, la Méditerranée
orientale, l'Italie méridionale et la Sicile
étant fortement hellénisées (ces deux
dernières seront, d'ailleurs, les seules
reconquêtes justiniennes durables). En
conséquence, en 629, alors que
l’empereur Héraclius mettait fin à une
terrible et longue guerre avec les Perses
sassanides (602-628), il proclama le grec
comme langue officielle de l’Empire et
prit le titre de « Basileus ». L'Empire
romain désormais médiéval est dès lors
conventionnellement appelé « Empire
byzantin ». Ainsi, la romanité byzantine
perdit sa vocation universelle pour se
confondre avec une identité gréco-
orientale très chrétienne.
Enfin, le dernier reliquat de la romanité
antique en Occident ne sera autre que
l'exarchat byzantin de Carthage, qui
restera encore intact et fortement
romanisé (Afrique romaine) jusqu'à la
conquête arabo-musulmane des
territoires nord-africains (647-711). Par la
suite, les Romano-berbères seront
progressivement islamisés et arabisés
jusqu'au xiie siècle.
Géographie

Superficie et divisions
administratives

Carte animée de la République puis


de l'Empire romain, dont celui
d'Occident.

À la mort de Théodose Ier et lors de la


division définitive de l'Empire en une
partie orientale et une partie occidentale
(395), ce dernier hérita de la Préfecture
des Gaules, de la majeure partie de la
Préfecture d'Italie, de l'Afrique et de
l'Illyrie, tandis que l'Est obtient la
Préfecture d'Orient et deux diocèses
Illyriques. À son tour, la Prefecture d'Italie
était composée de quatre diocèses :
l'Italie (deux diocèses), l'Illyrie et
l'Afrique ; celle des Gaules d'un grand
nombre de diocèses : Gaule (deux
diocèses), Hispanie et Bretagne. Il
convient de souligner que Illyrie était
divisée entre les deux Empires, et que
cette division fut une source du conflit
qui commença à se profiler à partir des
dernières années du iiie siècle.

La superficie totale de l'Empire


d'Occident était de plus de 2,5 millions de
km2, avec une population difficile à
quantifier mais qui, selon toute
probabilité, ne devait en aucun cas être
inférieure à 25 millions d'habitants.

Population

Au cours d'un siècle, on assiste dans le


monde romain d'Occident à un déclin
démographique généralisé dû aux
guerres, aux famines et aux épidémies.
L'installation de peuples barbares dans la
quasi-totalité des régions de l'Europe
occidentale et de l'Afrique ne suffit pas à
compenser les pertes subies par les
populations locales. Ces groupes
ethniques, généralement d'origine
germanique, représentèrent toujours une
part modeste dans le total de la
population romaine ou romanisée,
probablement en dessous de 8 % à 10 %.

Pour illustrer la faiblesse numérique des


tribus barbares, on se souviendra que les
Lombards, lorsqu'ils envahirent l'Italie
dans la seconde moitié du vie siècle,
formaient une horde composée d'environ
120 000 personnes y compris personnes
âgées, femmes et enfants.

Villes

Au tournant du ive siècle et du ve siècle,


Rome était encore la ville la plus peuplée
de l'Empire, parties occidentale et
orientale confondues. Lors du règne de
Valentinien Ier (364 - 375), on estime, sur
la base des rations de nourriture
distribuées, que la Ville devait compter
pas moins de 800 000 habitants (d'autres
sources évoquent des chiffres encore
supérieurs, voir tableau). Ce chiffre
demeura quasi inchangé jusqu'à la
première décennie du ve siècle, c'est-à-
dire jusqu'au premier sac aux mains des
Wisigoths d'Alaric (410). S'ensuivit une
baisse de la population mais, encore aux
alentours du milieu du ve siècle, il semble
que la population de Rome n'était pas en
deçà de 650 000 habitants[2] Ce n'est
probablement qu'après le second sac
mené par les Vandales (en 455) que
Rome perdit son rang de première cité de
l'Empire, dépassée non seulement par
Constantinople, mais aussi par les
grandes métropoles d'Orient d'Alexandrie,
Antioche et peut-être même
Thessalonique.

Carthage, avec 150 000 à


200 000 habitants ou plus, constituait
selon toute probabilité la seconde
agglomération urbaine de l'Empire
d'Occident. La ville, forte de son
immémoriale vocation commerciale, était
en outre placée au cœur d'une riche
région agricole et exportait des denrées
alimentaires jusqu'en Orient. En Afrique,
trois autres villes moyennes jouissaient
d'une certaine prospérité : Leptis Magna,
berceau de la dynastie des Sévères qui,
après une période de décadence, avait
vécu une certaine reprise sous
Théodose ; Timgad, important centre
donatiste, et enfin Caesarea (l'actuelle
Cherchell, Algérie), où naquit Priscien,
peut-être le plus grand grammairien latin
tardif.

La ville d'Aquilée.

L'Italie pouvait encore se prévaloir de


plusieurs villes relativement peuplées et
riches économiquement, au premier rang
desquelles Mediolanum (Milan), capitale
impériale tout au long du ive siècle, et
Aquilée, qui fut pourtant détruite par les
Huns autour du milieu du ve siècle. Parmi
les autres cités importantes, on comptait
Bononia Bologne et Ravenne. Cette
dernière devint en 402 la capitale de
l'Empire romain d'Occident et conserva
ce rang jusqu'à sa chute en 476.

La ville la plus peuplée et importante


d'Illyrie était probablement Salone (près
de l'actuelle Split), en Dalmatie, avec une
population de plus de 50 000 habitants,
tandis que deux agglomérations
frontalières et à l'origine camps
militaires, Carnuntum et Aquincum
(l'actuelle Budapest), conservaient une
certaine importance stratégique. Ces
deux villes possédaient deux
amphithéâtres, un pour les garnisons et
un pour la population civile. Carnuntum
fut décrite par Ammien Marcellin, dans la
seconde moitié du ive siècle, comme une
ville léthargique et en mauvais état, mais
animée par la présence de nombreux
militaires installés dans les environs ou
dans le centre-ville[3].

L'Ibérie avait subi des évolutions au cours


du ive siècle, la ville d'Hispalis (l'actuelle
Séville) s'imposant comme le centre de
la Bétique, tandis que Carthago Nova
(Carthagène) restait le principal point
d'ancrage urbain de la zone orientale du
Diocèse. Non moins importants étaient
Tarraco (Tarragone), Osca (Huesca) et
Caesaraugusta (Saragosse), au nord de
la Péninsule.

Parmi les villes les plus importantes et


les plus peuplées des deux diocèses
gaulois, on trouvait Augusta Treverorum
(Trèves, aujourd'hui en Allemagne),
capitale impériale à l'époque des
Tétrarques et encore au début du
ve siècle siège de préfecture. Arelate
(Arles), un temps centre urbain le plus
dynamique de la Gaule Méridionale, était
également devenue, au début du
ve siècle, capitale de préfecture. Le plus
grand centre de la Gaule centrale était,
selon toute probabilité, Lugdunum (Lyon).

En Bretagne, la seule ville d'importance


était Londinium, l'actuelle Londres, suivie
de noyaux urbains de dimension
modeste, soit d'origine militaire, soit
développés à partir d'agglomérations
fondées par les Celtes (comme Calleva
Atrebatum, l'actuelle Silchester). Aquae
Sulis (Bath) était une station thermale
connue depuis le ier siècle. L'abandon de
la Bretagne par les légions romaines au
début du ve siècle entraîna la décadence
de ces centres urbains, qui se poursuivit
généralement lors du Haut Moyen Âge.
Londres, quasiment vidée de ses
habitants, dut en pratique être refondée
par Alfred le Grand au ixe siècle.

Superficie et population des principales villes de l'Empire[4]

Ville Superficie (hectares) Population (habitants)

Rome 1 800 - (ive siècle) environ 1 000 000

Capoue 180 70 000

Mediolanum 133 50 000

Bologne 83 30 000

Augusta J. Taurinorum 47 20 000

Verone 45 20 000

Augusta Praetoria 41 20 000

Nova Roma (Constantinople) 1 400 (ive siècle) 500 000 environ

Leptis Magna 400 100 000

Augusta Treverorum 285 50 000

Nemausus 220 70 000

Vindobona 200 60 000

Londinium 140 50 000

Lutèce 55 20 000

Alexandrie 900 500 000 - 1 000 000

Carthage 300 200 000 - 300 000

Villes fondées ou conquises par les Romains en Italie (fond vert)


Villes fondées par les Romains dans les provinces de l'Empire (fond jaune)
Villes conquises par les Romains hors d'Europe (fond bleu ciel)
Héritage
Les envahisseurs germains qui
s'établirent sur le territoire de l'Empire
d'Occident maintinrent un grand nombre
de lois et traditions romaines. La plupart
des tribus germaines étaient déjà
christianisées, quoiqu'en majeure partie
arienne. Elles se convertirent rapidement
au christianisme nicéen, qui devint par la
suite le catholicisme, accroissant la
loyauté des populations romanisées
locales ainsi que reconnaissance et
appui de la puissante Église catholique
romaine. Leurs lois furent bientôt
enrichies par l'apport du droit romain. Le
système de droit civil est fondé sur celui-
ci, en particulier le Corpus juris civilis
compilé sur ordre de Justinien.

Langues romanes en Europe

La langue latine ne disparut jamais


véritablement. Combinée aux langues
germaines et celtes voisines, elle donna
naissance aux langues romanes
actuelles, comme l'italien, le français,
l'espagnol, le portugais, le roumain, le
catalan, l'occitan et le romanche. Le latin
influença également les langues
germaniques comme l'anglais, l'allemand
ou le néerlandais. Sous sa forme « pure »,
il survit en tant que langue de l'Église
catholique romaine (les messes furent
dites en latin exclusivement jusqu'en
1965) et servit de lingua franca entre de
nombreuses nations. Il resta longtemps
la langue des médecins, des juristes, des
diplomates et des intellectuels.

L'alphabet latin, complété avec quelques


lettres (J, K, W, Z), est aujourd'hui le
système d'écriture le plus employé dans
le monde. Les chiffres romains
continuent à être employés, mais ont été
remplacés le plus souvent par les
chiffres arabes.

Le rêve d'un Empire romain, universel et


chrétien, avec un seul souverain à sa tête,
séduisit de nombreux rois et empereurs.
Charlemagne, roi des Francs et des
Lombards, fut même couronné empereur
romain par le pape Léon III en 800.
Plusieurs souverains du Saint-Empire
romain germanique, dont Frédéric
Barberousse, Frédéric II de Hohenstaufen
et Charles Quint, tentèrent de donner
corps à ce rêve, mais tous échouèrent.

Un héritage visible de l'Empire romain


d'Occident est l'Église catholique
romaine, qui remplaça peu à peu les
institutions romaines en Occident par les
siennes, aidant même à négocier la
sécurité de Rome à la fin du ve siècle. Au
xe siècle, la majeure partie de l'Europe
centrale, occidentale et du Nord avait été
convertie à la foi catholique et
reconnaissait le pape comme vicaire du
Christ.

Notes et références
(en) / (it) Cet article est partiellement ou en
totalité issu des articles intitulés en
anglais « Western Roman Empire (http
s://en.wikipedia.org/wiki/Western_Ro
man_Empire?oldid=150902966) »
(voir la liste des auteurs (https://en.wik
ipedia.org/wiki/Western_Roman_Empir
e?action=history) ) et en italien
« Impero romano d'Occidente (https://i
t.wikipedia.org/wiki/Impero_romano_
d%27Occidente?oldid=24942661) »
(voir la liste des auteurs (https://it.wiki
pedia.org/wiki/Impero_romano_d%27O
ccidente?action=history) ).
1. Cette condamnation prendra
quelques siècles plus tard un aspect
canonique, avec le canon 10 du
Concile in Trullo
2. «...alla metà del V secolo...si può
immaginare che il totale della
popolazione [di Roma] dovesse
essere qualcosa di più dei due terzi
di un milione.» Cit. d'Arnold H. M.
Jones, Il Tramonto del Mondo Antico,
Bari, Casa Editrice Giuseppe Laterza
& Figli, 1972, CL 20-0462-3, pages
341-342 (titre de l’œuvre originale :
Arnold H. M. Jones The Decline of
the Ancient World, Lonmans, Green
and Co. Ltd, Londres, 1966)
3. (es) Tim Cornell et John Matthews,
Atlante del mondo romano, Novara,
Istituto Geografico de Agostini, 1984,
p. 142.
4. On estime la population à 250 à 500
habitants par hectare dans les villes
fondées par les Romains (fond vert).
Source : « Dalle città dell'Impero
Romano alle campagne dell'Età
Medioevale » (http://www.problemisti
cs.org/campagna.citta/impero.roma
no.html) [archive], références
bibliographiques : [1] (http://www.pro
blemistics.org/campagna.citta/biblio
grafia.html) [archive]

Voir aussi

Articles connexes

Chronologie de l'Empire romain


d'Occident
Déclin de l'Empire romain d'Occident
Province romaine, Gouverneur romain,
Liste de voies romaines,
Antiquité tardive, Notitia dignitatum,
Dynastie valentienne
Liste des diocèses de l'Empire romain,
Liste des provinces du Bas-Empire
Bibliographie

Henning Börm, Westrom. Von Honorius


bis Justinian. Stuttgart 2013.
(ISBN 978-3-17-023276-1)
Averil Cameron (éd.), The Cambridge
Ancient History 13/14, Cambridge
1998–2000.
Neil Christie (en) , The Fall of the Western
Roman Empire. Londres 2011.
(ISBN 978-0-34-075966-0)
Alexander Demandt, Die Spätantike.
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Adrian Goldsworthy, The Fall of the
West. London 2009.
Guy Halsall (en) , Barbarian Migrations and
the Roman West, 376–568. Cambridge
2007. (ISBN 978-0-521-43543-7)
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(ISBN 978-0-330-49136-5)
Michel De Jaeghere, Les Derniers
Jours : la fin de l'Empire romain
d'Occident, Les Belles Lettres, 2014
(ISBN 978-2-251-44501-4)
[présentation en ligne (http://www.lesb
elleslettres.com/livre/?GCOI=2251010
0107850) [archive]].

Liens externes
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