Vous êtes sur la page 1sur 16

I.

Réal UE 202 / CM 1 : L’Occident du IVe au VIe siècle : de l’Empire romain aux royaumes barbares

I. Réal
CM1

L’Occident du IVe au VIe siècle :


de l’Empire romain aux royaumes barbares
(IVe-VIe siècle)

I / L’empire romain au IVe et Ve siècle

A / Un système politique en pleine mutation


1 - Les pouvoirs impériaux
2 - Une administration exceptionnelle
3 - Crise et réformes du système politique
B / Un Empire en cours de christianisation
1 – Les étapes de la christianisation
2 – L’organisation de l’Église

II / Des mercenaires barbares à la formation des royaumes germaniques dans l’Empire


d’Occident (IVe-Ve siècles)

A / La pression des peuples germaniques

B / La fin de l’Empire d’Occident et la formation des royaumes barbares

III/ La société occidentale à la fin de l’Antiquité


A / Profondément romaine
B / Les nouveaux apports germaniques
C / La domination des élites aristocratiques

Lectures conseillées en complément

- M. KAPLAN (dir.), Le Moyen Âge, Tome 1: IVe- Xe siècle, collection Grand Amphi, Bréal, 1994 : chap.
1 « Les invasions et la fin du monde antique », p.10-47.
- G. BÜRHER-THIERRY, C. MÉRIAUX, 481-888. La France avant la France, collection Histoire de France
ss dir. Joël Cornette, Belin, Paris, 2010 : chap.1 « La Gaule au Ve siècle » p. 21-70
- M. COUMERT, B. DUMEZIL, Les royaumes barbares en Occident, Que sais-je ?, PUF, 2010.
- J.-P. HAMMEL, M. LADRIERE, Héritages. La culture occidentale dans ses racines religieuses, Paris,
Hatier, 1991.
- A-M. HELVÉTIUS, J-M. MATZ, Église et société au Moyen Âge, Ve-XVe siècle, Hachette, 2008, chap..
1, p. 5-19.
- H. INGLEBERT, Atlas de Rome et des barbares, IIIe-VIe siècle, Autrement, 2009.

1
I. Réal UE 202 / CM 1 : L’Occident du IVe au VIe siècle : de l’Empire romain aux royaumes barbares

Petit glossaire des mots utilisés dans ce cours


- Ager/saltus = terre cultivée/terre non cultivée (espace naturel)
- Angon = lance se terminant par un harpon.
- Arien/arianisme = adeptes d’une des croyances chrétiennes qui affirme que le Christ a une nature
humaine et non divine ; condamné au concile de Nicée en 325 et considéré comme une hérésie
(contraire au dogme).
- Cité (civitas) = la plus petite circonscription administrative romaine dirigée par un collège de
« curiales » ; la cité reste le cadre de l’exercice du pouvoir au début du moyen Age : elle est alors
surtout dirigée par le comte et l’évêque.
- Comes civitatis = comte de la cité = magistrat municipal dont la charge est créée au Ve s., au
départ pour défendre la cité et assurer l’ordre, mais aussi pour exercer la justice et percevoir
l’impôt.
- Curie municipale = collège de citoyens siégeant dans le bâtiment du même nom, chargé de
nommer les magistrats municipaux qui administrent la cité (questeur, édile, duumvir..).
- Diocèse = 2ème subdivision administrative (sous division d’une préfecture) dirigée par un vicaire
=> à partir du Ve s., le terme servira également à qualifier la circonscription ecclésiastique dirigée
par un évêque ; dans ce cas, le diocèse correspond à la cité.
- Duumvir = magistrat municipal chargé de faire la police et d’enregistrer les actes notariés.
- Dyarchie = système de partage du pouvoir entre 2 empereurs qui se met en place à la fin du IIIe
s.
- Édile = magistrat municipal choisi par les curiales et chargé des infrastructures urbaines
(construction et entretien des monuments publics comme les aqueducs, théâtre, remparts,
thermes…).
- Episcopus = évêque = à l’origine, guide de la communauté chrétienne d’une cité, il devient le chef
de l’Église à la tête de la cité (chef du clergé), responsable de la prédication et de la diffusion du
christianisme auprès des populations, mais aussi de plus en plus investi, à partir du Ve siècle, de
responsabilités municipales et politiques, au point d’être nommés par les rois germaniques à
partir du VIe.
- Fédérés = voir foedus.
- Foedus = traité passé entre l’État romain et les peuples germaniques qui prévoit leur installation
dans l’Empire, au titre de « fédérés », en échange de leur aide militaire.
- Francisque = hache de combat utilisée par les guerriers germaniques.
- Limes = frontière fortifiée (par des garnisons) établie par les Romains au IIe s. de notre ère, le long
du Rhin et du Danube.
- Pagani = païens/paysans.
- Préfecture = 1ère division administrative dans l’Empire romain, dirigée par un préfet.
- Province = 3ème subdivision administrative (après les diocèses), dirigée par un gouverneur.
- Questeur = magistrat municipal, choisi par les curiales, chargé de lever l’impôt.
- Servus/i = esclaves = individus sans aucun droit juridique, à la différence des hommes libres qui
ont la plénitude des droits. Dépendent totalement de leur maître qui a tous les droits sur eux.
- Scramasaxe = épée courte, sorte de poignard.
- Spatha = épée longue, portée par les guerriers germaniques, arme noble par excellence.
- Tétrarchie = système de partage du pouvoir entre 4 empereurs (2 Augustes et 2 Césars) qui se
met en place au IVe s.
- Umbo = partie en métal, munie d’une pointe, au centre du bouclier germanique.
- Villa = grand domaine foncier appartenant à l’aristocratie.

2
I. Réal UE 202 / CM 1 : L’Occident du IVe au VIe siècle : de l’Empire romain aux royaumes barbares

CM1

L’Occident du IVe au VIe siècle :


de l’Empire romain aux royaumes barbares
(IVe-VIe siècle)

476 est une date symbolique. En réalité, on ne peut pas dire quand finit l’Antiquité et
quand commence le MA => la transition se fait très progressivement entre le IVe s. et le VIe s.

Tout commence avec l’Empire romain : cf. carte

- L’Empire romain a été fondé en 27 avant notre ère par Octave/Auguste. Depuis le IIIe siècle
avt. J-C, Rome n’a cessé de mener des guerres de conquêtes qui s’achèvent au IIe siècle de
notre ère. Ainsi, pendant plus de 5 siècles, le territoire dominé par Rome s’est accru pour
devenir immense.

- Ce territoire est centré autour de la Méditerranée, cœur géographique et économique de


l’Empire (« mare nostrum », le « lac romain »), qui s’étend :
o D’Ouest en Est = de la Bretagne (actuelle Angleterre), la Gaule et l’Espagne, à l’Orient
(moyen Orient actuel : Turquie, Syrie, Palestine, Israël et Egypte).
o et du Nord au Sud :
§ Le « limes » au Nord, ligne fortifiée protégeant l’Empire des peuples germains
du Nord de l’Europe, est formé en partie par le Rhin et le Danube + camps
fortifiés ;
§ L’Afrique du nord (une partie du Maghreb actuel) dont la frontière sud est le
Sahara.

- Tous les peuples vivant à l’intérieur de ces frontières sont devenus profondément romains :
tous les hommes libres sont considérés comme des citoyens romains (depuis 212), parlent la
langue latine (+ leurs langues natales), ont les mêmes lois, les mêmes modes de vie, la même
religion… qu’ils vivent en Gaule, en Bretagne, en Espagne ou en Palestine.

- La société romaine est fondée sur l’esclavagisme :


o Une partie de la population est réduite en esclavage ;
o L’autre est dite « libre », c’est-à-dire possédant des droits juridiques ;
o mais parmi ces libres, se détachent une minorité dominante, l’aristocratie, qui contrôle
le pouvoir et l’essentiel de la richesse.

- Au IVe siècle, l’Empire connaît un grand changement culturel : le christianisme devient la


religion dominante et officielle, qui remplace les cultes polythéistes. Seule autre religion
qui subsiste dans l’Empire romain d’Occident : le judaïsme.

- De l’autre côté des frontières, les peuples voisins admirent les Romains et convoitent leurs
richesses :

3
I. Réal UE 202 / CM 1 : L’Occident du IVe au VIe siècle : de l’Empire romain aux royaumes barbares

o Au nord du limes, il s’agit de populations germaniques : les Germains. En Orient, il


s’agit des Perses… => quels qu’ils soient, les Romains les appellent tous les « barbares »
(terme grec à l’origine, formé sur l’onomatopée « barbarbar… » = ceux qui ne parlent
pas grec, ou ici, latin).
o Les liens entre ces peuples et les Romains sont permanents : liens commerciaux,
conflits militaires, engagement dans l’armée romaine…
o Ce qui explique que les peuples riverains des frontières soient assez romanisés, surtout
lorsqu’ils séjournent plusieurs années dans l’armée romaine.
- A partir du IVe s. la pression des peuples germaniques s’accroit :
o Entrent massivement dans l’armée impériale ;
o Mais aussi, des groupes conduits par un chef de guerre s’installent dans l’Empire, en
partie avec l’accord des empereurs, parfois par la force.

ð Cependant, le terme « d’invasions », longtemps utilisé pour décrire l’entrée des Germains
dans l’Empire, est aujourd’hui à nuancer, car il n’y a pas réellement eu de conquêtes ni
d’invasions massives de ces peuples : on parlera plutôt de « migrations » ou
« d’installations de groupes armés ».

Nous allons voir, dans ce cours, la situation politique de l’Empire romain et son évolution, dans
les deux derniers siècles de son histoire, en suivant le plan ci-dessous :
Ø I / L’empire romain au IVe et Ve siècle
Ø II / Des mercenaires barbares à la formation des royaumes germaniques dans l’Empire
d’Occident (IVe-Ve siècles)
Ø III/ La société occidentale à la fin de l’Antiquité

I / L’Empire romain au IVe et Ve siècle

A / Un État centralisé

L’empire conçu par Octave/Auguste est un État centralisé, dominé par l’Empereur, qui
s’appuie sur une administration très élaborée confiée à l’élite des citoyens (l’aristocratie).
Au début du IVe siècle, il fait l’objet de réformes administratives profondes qui doivent lui
permettre de se renforcer et de mieux défendre ses frontières.

1 – Le pouvoir impérial

L’empereur a tous les pouvoirs : législatif, militaire, judiciaire et religieux (cf. diapo.)

- Depuis le IIIe siècle, le pouvoir s’est fortement militarisé : tous les empereurs sont issus de
l’armée => généraux élus par les leurs légions…
- La difficulté à encadrer l’ensemble du territoire les a conduits au début du IVe s. à partager
le pouvoir entre 4 ou 2 monarques = tétrarchie ou dyarchie
- A la mort de l’empereur Théodose (en 395) l’Empire est définitivement divisé entre ses
deux fils et forme dès lors 2 entités géopolitiques dont les destinés vont diverger : cf. carte
o L’Empire romain d’Occident garde pour capitale la « Ville » (l’Urbs) = Rome.

4
I. Réal UE 202 / CM 1 : L’Occident du IVe au VIe siècle : de l’Empire romain aux royaumes barbares

o L’Empire romain d’Orient prend pour capitale Constantinople, ancienne Byzance,


transformée par Constantin (306-337) en nouvelle Rome.

2 – Une administration exceptionnelle

Par son importance, son efficacité, et le nombre de fonctionnaires qu’elle emploie, l’administration
romaine est un modèle du genre.

- L’Empire est divisé en préfectures / diocèses (12) / provinces / cités : les ordres impériaux sont ainsi
transmis selon cette hiérarchie, l’Empereur étant représenté à chaque niveau par les préfets / les
vicaires / les gouverneurs / les curiales.

- A l’échelle locale : les cités (civitates) qui comprennent un territoire et son chef-lieu. Ainsi, par
exemple, la Gaule compte au moins 114 cités à la fin de l’Empire.
Ø Leur administration est contrôlée par un collège (sorte de petit « sénat » siégeant dans la
curie) composé des curiales.
Ø Ceux-ci sont chargés de nommer chaque année les magistrats municipaux à des fonctions
spécifiques :
o faire la police et enregistrer les actes notariés (les « duumvir »),
o lever l’impôt (« questeur »),
o s’occuper des infrastructures urbaines publiques comme les aqueducs, thermes,
basiliques, théâtre...murailles (les « édiles »),
o rendre la justice (censeur),
o gérer le service des postes (le cursus publicus) et des routes qui traversent le territoire
de la cité.
Ø Tous ces magistrats étaient aidés par une armée de fonctionnaires municipaux.
Ø Un nouveau personnage est apparu au cours du Ve siècle dans les cités, nommé par
l’empereur pour superviser l’administration et remplacer les curiales défaillants : le comes
civitatis (ou comte de la cité) chargé de défendre la cité, mais aussi de la justice et de
percevoir l’impôt.

- Tous ces hauts fonctionnaires sont choisis au sein d’une élite riche et éduquée : l’aristocratie

o Il s’agit d’une minorité de citoyens qui détient la richesse, l’accès à l’éducation et le


pouvoir.
o La loi prévoit pour cette minorité dominante des privilèges : monopole des
fonctions publiques, exemption d’impôts…

3 – Crise et réformes du IIIe-IVe s.

Les crises politiques :


Ø Une très grande instabilité politique au IIIe siècle : la militarisation du pouvoir génère des
coups d’État, chaque armée faisant son empereur : le IIIe siècle voit ainsi 70 empereurs se
succéder (dont 25 usurpateurs) ; seul 2 empereurs moururent de mort naturelle.
Ø Par la suite, du IVe au début du Ve s., la situation est un peu plus stable (grâce au système de
la tétrarchie ou de la dyarchie) permettant à quelques empereurs de s’imposer plus de dix ans

5
I. Réal UE 202 / CM 1 : L’Occident du IVe au VIe siècle : de l’Empire romain aux royaumes barbares

: Dioclétien (284-305), Constantin (306-337), Théodose (383-395) ; ils marquent les derniers
grands règnes déjà très minés par les problèmes financiers qu’ils ont tenté en vain de
réformer.

- La crise financière :
Ø La militarisation du pouvoir s’est faite au profit de l’armée à qui les empereurs octroient des
privilèges financiers et qui nécessite toujours plus de moyens humains et matériels pour
renforcer la défense des frontières : tout cela fait que l’armée coûte de plus en plus cher et
que le Trésor public ne peut répondre à la demande.
Ø Les empereurs ont alors usé de deux moyens pour faire face :
o dévaloriser la monnaie (diminuer le % de métal précieux dans les pièces) avec pour
conséquence une flambée des prix
o augmenter les impôts : la capitatio, impôt pesant sur les hommes libres (constitués en
unités fiscales) et l’annone pesant sur les terres cultivées calculée selon les unités de
surfaces (le jugum).

ð L’augmentation des impôts et l’inflation entrainent une crise sociale importante,


principalement pour la paysannerie qui voit ses ressources diminuer et dont une partie perd
sa terre (à la suite de leur endettement). Les paysans ruinés fuient les campagnes ou entrent
au service d’un grand propriétaire comme colon (système du colonat). Cf CM 2
ð En revanche, la crise financière profite à l’aristocratie qui accapare les terres et augmente ses
revenus fonciers.

B / Un Empire en cours de christianisation

1 – Les étapes de la christianisation

Les trois premiers siècles du christianisme correspondent à la formation et à l’organisation


d’une Église :
- Les premiers prédicateurs après la mort du Christ ont été les apôtres, auxquels s’adjoint
Paul de Tarse : ils ont commencé à convertir à la nouvelle religion de nombreux juifs ou des
croyants polythéistes => les « chrétiens » se multiplient.
- Mais les chrétiens (tout comme les juifs) refusent de rendre un culte à l’empereur, et sont
dès lors persécutés (avec toutefois des périodes d’accalmie) : les persécutions les plus
sévères eurent lieu vers 95, en 250, et en 303.
- Dans le même temps, les chrétiens s’organisent : sous la conduite des apôtres d’abord, puis
de leurs successeurs (les episcopes = les évêques) qui s’entourent de spécialistes de la foi
(diacres, prêtres), les chrétiens sont instruits dans la religion, pratiquent leur culte dans un
lieu spécifique (église), suivent les rites qui s’élaborent peu à peu et la morale de vie
enseignée (nombreux traités de morale écrits par les évêques ou théologiens chrétiens =>
« Pères de l’Église »).

- L’un des grands débats entre théologiens est de définir la nature du Christ (humaine ou divine ?).
Au début du IVe siècle, un prêtre d’Alexandrie, Arius, affirme que Jésus est homme et non Dieu :
cette théorie, qu’on appellera l’arianisme, connaît un grand succès en particulier dans les légions
romaines.

6
I. Réal UE 202 / CM 1 : L’Occident du IVe au VIe siècle : de l’Empire romain aux royaumes barbares

- En 313, les deux empereurs, Constantin (Occident) et Licinius (Orient) proclament l’édit de Milan
qui donne la liberté de culte à tous, notamment aux chrétiens : l’Église chrétienne peut désormais
s’organiser en plein jour et non plus dans la clandestinité.

- En 325, Constantin convoque le concile de Nicée afin de trancher la question théologique de la


divinité de Jésus : les membres du concile (essentiellement des évêques) fixent le dogme qui dit =
le Christ a une nature à la fois divine et humaine.
Ø la doctrine arienne (nature humaine du Christ) est donc condamnée, comme toutes les autres
qui s’écartent de ce dogme.
Ø Ces croyances deviennent des hérésies = croyances chrétiennes condamnées par le dogme
[diapo 10]

- En 337, Constantin se serait fait baptiser sur son lit de mort (probablement par un évêque arien).

- La dernière étape est franchie avec l’empereur Théodose (379-395) qui impose en 380 le
christianisme comme religion officielle de l’Empire et interdit tout autre culte (sauf le judaïsme).
=> met en place un système de théocratie impériale : l’empereur gouverne au nom de Dieu et
dirige l’Église.

Néanmoins, la population est loin d’être devenue entièrement chrétienne à cette date :
ð Seules les élites (aristocratie) sont toutes converties à la fin du IVe s. = l’aristocratie est
devenue massivement chrétienne et participe activement à la diffusion du christianisme.
ð Ainsi qu’une grande partie des populations urbaines ; c’est dans les villes que l’on trouve
les premières églises.
ð Mais les campagnes restent en grande majorité fidèles aux anciens cultes polythéistes en
place depuis des siècles => « pagani » signifie à la fois « paysans » et « païens ».

2 – L’organisation de l’Église

Le principe de la théocratie impériale :


Dans l’Empire romain, la religion a toujours été indissociable de la politique. L’Empereur
portait le titre de « pontifex maximus » (grand pontife) ce qui signifie qu’il était le chef religieux
suprême.

Le choix du monothéisme comme religion officielle s’explique par la volonté de renforcer


le pouvoir de l’empereur et la cohésion de ses sujets :
Ø Tout pouvoir venant de Dieu, chaque détenteur d’un pouvoir sur la terre a des comptes à
rendre à Dieu.
Ø Au sommet de la pyramide des pouvoirs terrestres trône l’empereur, unique représentant
du Christ sur terre.
Ø En tant que chef de l’État, il est aussi le chef suprême de l’Église, puisque l’Église fait corps
avec l’État.
o Édicte des lois concernant l’Église.
o Convoque les assemblée d’évêques (= concile) lorsqu’il est nécessaire de débattre
de points importants concernant le clergé ou la morale chrétienne.

7
I. Réal UE 202 / CM 1 : L’Occident du IVe au VIe siècle : de l’Empire romain aux royaumes barbares

ð Le nouveau régime politique de l’Empire devenu chrétien est donc ce qu’on appelle une
théocratie (gouvernement au nom de Dieu).
ð Lorsque l’empereur d’Occident sera destitué en 476, l’empereur d’Orient se considèrera
comme le seul chef de l’Église.

La hiérarchie ecclésiastique se met en place au cours du IVe siècle :


- Chaque communauté de chrétiens est dirigée par un conseil de prêtres, assistés par des
diacres :
o c’est eux qui organisent le culte pour le « peuple » ;
o ils forment le « clergé ».
- Le « clergé » et le « peuple » (= les citoyens les plus puissants) élisent, parmi les prêtres,
celui qui est le plus à même de les guider : l’évêque (episcopos = « celui qui supervise »)
- L’évêque élu est ensuite « consacré » par d’autres évêques : il reçoit ainsi l’autorité
apostolique, c’est à dire le droit d’exprimer « la parole de Dieu » au même titre que les
apôtres => chaque évêque est en quelque sorte le successeur des apôtres.
- Les évêques des chefs-lieux des provinces (métropoles) se voient dotés par l’empereur de
certains privilèges => les métropolitains
- En 451, le concile de Chalcédoine met en place 5 patriarcats correspondant aux 5 plus
grandes villes de l’Empire : Rome, Alexandrie, Antioche, Constantinople et Jérusalem dont
les évêques portent le titre de « patriarche », doté d’une autorité morale supérieure aux
autres évêques.
- L’évêque de Rome essaye d’affirmer la primauté de Rome en se présentant comme le
successeur de saint Pierre, mais il n’est au départ qu’un patriarche comme les autres.
Certes, le fait qu’il soit dans la capitale de l’Empire lui octroie un prestige énorme.
ð le gouvernement de l’Église reste collégial et soumis à l’autorité de l’empereur.

Dès la fin du IVe siècle, le cadre ecclésiastique s’intègre dans celui de l’administration romaine :
- Chaque cité (civitas) a son évêque et son clergé sous l’autorité de l’évêque.
- L’évêque est assimilé à un magistrat chargé du culte officiel : il dispose d’un budget
conséquent, exerce la justice pour toutes les causes où les clercs sont impliqués, assure
l’assistance aux pauvres, l’enseignement (école pour former le clergé), la prédication, la
protection des veuves et des orphelins…
- Les métropoles (capitales des provinces) ont leur évêque métropolitain (qu’on appellera
plus tard « archevêque ») qui peut réunir les évêques de la province en assemblée =
synode.

Au cours du Ve siècle, la fonction d’évêque s’alourdit :


- L’évêque est au départ un guide spirituel, un « bon pasteur » des âmes, enseignant par sa
prédication les vertus chrétiennes, donnant les sacrements…
- Mais l’évêque assume aussi une tâche administrative de plus en plus lourde : gestion du
budget, enseignement, assistance (distribution de nourriture et de soins), justice au sein
du clergé, approvisionnement de la cité, maintien de l’ordre, défense contre des ennemis…
=> ces multiples fonctions font de lui le « defensor civitatis » = le défenseur de la cité =>
son pouvoir public est donc devenu considérable.

8
I. Réal UE 202 / CM 1 : L’Occident du IVe au VIe siècle : de l’Empire romain aux royaumes barbares

Au VIe s., il sera nommé par le roi : devient un véritable fonctionnaire, chargé de fonctions
politiques en plus de ses fonctions spirituelles, allant régulièrement à la cour, servant le roi comme
conseiller...

Dès le IVe s., l’évêque est toujours choisi parmi les membres de l’aristocratie, bien souvent
parmi les anciens magistrats urbains => s’instaure alors une véritable compétition pour accéder à
cette fonction qui apporte un énorme prestige et le contrôle de richesses : l’élection par « le clergé
et le peuple » perd totalement son sens => dès la fin du Ve s., les évêques sont nommés par les
élites locales ou/et par le roi, la charge épiscopale d’une cité devenant le monopole de certaines
familles aristocratiques.

II / Des mercenaires barbares à la formation des royaumes germaniques dans l’Empire d’Occident
(IVe-Ve siècles)

Les historiens français sont les seuls à parler encore « d’invasions barbares », voire même de
« grandes invasions », pour qualifier l’installation des populations germaniques dans l’Empire
d’Occident entre le IVe et le Ve siècle. Cette expression est encore inconsciemment imprégnée de la
peur de l’envahisseur allemand, grand ennemi de la France entre le XIXe et la première moitié du XXe
siècle.
En fait d’invasions, il s’agit plutôt de l’installation de groupes armés dirigés par un chef, le plus
souvent avec l’accord de l’État romain (à la suite d’un foedus), et parfois par la force à l’issue d’une
expédition militaire d’envergure.
Leur arrivée n’entraîne pas de bouleversement radical dans la société romaine, parce que,
d’une part, ces populations représentent des minorités, quantitativement assez faible en nombre
d’individus par rapport à la population locale romaine, et que, d’autre part, elles sont la plupart du
temps elles-mêmes déjà romanisées.
L’implantation de ces groupes armés à l’intérieur de l’Empire donne naissance, dans la
seconde moitié du Ve siècle, à ce que les historiens appellent les « royaumes barbares » : « barbares »
au sens où ils sont gouvernés par un roi germanique, mais, pour les contemporains, ces royaumes
sont encore très romains dans la mesure où les structures administratives et juridiques romaines sont
en grande partie maintenues.

A / La pression des peuples germaniques

Au Nord du limes, vivent des populations germaniques qui se répartissent par groupes (autour
d’un chef local) (cf. carte) : selon les régions, les Romains leur ont donné des noms qui vont servir à
les définir eux-mêmes et à fabriquer des « peuples » = Francs, Saxons, Alamans, Burgondes, Suèves,
Vandales, Goths... etc… alors même qu’il ne s’agit pas de différentes ethnies, mais de populations
germaniques sans particularisme ethnique ou culturel.

- A partir du IIIe siècle, leurs raids se multiplient en territoire romain : ils franchissent
régulièrement le Rhin ou le Danube pour mener des razzias dans l’Empire et ramener du butin.
o Les armées romaines commencent à essuyer quelques échecs face à ces groupes
armés.

9
I. Réal UE 202 / CM 1 : L’Occident du IVe au VIe siècle : de l’Empire romain aux royaumes barbares

o Pour essayer de les contrer, les empereurs renforcent les garnisons qui gardent la
frontière => mais dans ces garnisons, ils emploient en majorité des mercenaires
germaniques.

- A partir du IVe siècle, des groupes de Germains s’installent aussi dans l’Empire :
o D’abord, en tant que mercenaires dans l’armée romaine où certains font des carrières
brillantes comme par ex. Stilicon, fils d’un général vandale, parfaitement intégré dans
la société romaine, devenu maître des 2 milices d’Occident entre 394 et 408, qui
épousa la nièce de l’empereur Théodose (Séréna), et qui maria sa fille à l’empereur
Honorius (fils de Théodose) dont il avait été le tuteur. [diapo 18 ]
o ou bien, ils constituent des groupes armés qui se mettent au service de l’empereur.
§ Dans ce cas-là, ils forment des armées qui suivent un chef. Selon que celui-ci
est goth ou franc, on parlera de Goths ou de Francs, alors même que ces
groupes sont formés de populations hétéroclites.
§ Rome passe un traité (foedus) avec un chef et ses troupes, lui promettant des
terres et l’assurance d’un ravitaillement, en échange d’un important soutien
militaire = armée axillaire.
§ Les « fédérés » peuvent garder leur organisation propre : leurs chefs, leurs
lois…=> ils sont autonomes à l’intérieur de l’Empire : obéissent à leur chef qui
traite avec l’Empereur.
§ Ils ne sont donc pas intégrés directement dans l’armée romaine comme
légionnaires, mais forment une armée auxiliaire dirigée par leur chef.
ð C’est ce système qui va s’imposer et qui va, à la fin du Ve siècle, finir par échapper au contrôle
du pouvoir impérial.

- A partir de la fin du IVe s., la pénétration des peuples germaniques s’accélère :


o Vers 373, les Goths, qui vivaient dans la basse plaine du Danube, sont envahis par un
peuple venus des steppes d’Asie = les Huns (turco-mongols) => une partie des Goths
passe alors un foedus avec l’Empereur d’Orient qui les installe en Thrace ; mais
l’Empereur ne semble pas avoir rempli les conditions du contrat et laissent ces
populations mourir de faim.
o En 378, mécontents de ce traitement, les Goths fédérés, gouvernés par leur chef
Fritigern, se révoltent contre l’empereur romain d’Orient (Valens) et écrasent l’armée
romaine à la bataille d’Andrinople : l’empereur est tué et les 2/3 de l’armée romaine
anéantis => cette défaite sanglante entraîne un choc moral énorme dans tout l’Empire
+ donne confiance aux chefs germains.
o Dans l’hiver 406-407, le Rhin ayant gelé, plusieurs groupes armés de Germains le
franchissent et pillent la Gaule et l’Espagne : Vandales, Suèves, Alamans…
§ Les Alamans s’installent en Alsace actuelle.
§ Les Suèves s’installent finalement en Espagne,
§ Les Vandales vont progressivement jusqu’à Carthage (Tunisie actuelle)
o En 410, les Goths (venus d’Orient) prennent Rome et la saccage => 2ème choc intense !
o Contraint et forcé, en 416-418, l’empereur d’Occident passe un foedus avec eux et les
installe en Aquitaine => région de Toulouse.

10
I. Réal UE 202 / CM 1 : L’Occident du IVe au VIe siècle : de l’Empire romain aux royaumes barbares

- Au cours du Ve siècle, le sentiment d’appartenance ethnique de ces groupes s’accroit au fur et


à mesure qu’ils s’implantent localement à l’intérieur de l’Empire, fédérés autour d’un chef qui
prend rapidement le titre de roi. Cf. carte
o Les wisigoths en Aquitaine = royaume de Toulouse.
o Les Burgondes dans la haute vallée du Rhône (Genève et Lyon) à partir du milieu du
Ve.
o Les Francs dans les provinces de Belgique (nord de la Gaule) = Tournai (Childéric, père
de Clovis), Cologne, Trèves.

- En 451, lorsque les Huns dirigés par Attila attaquent la Gaule (pillent Metz, Reims, Troyes, cf.
carte), les groupes fédérés conduits par le général romain Aetius défendent le territoire
romain et écrasent les Huns à la bataille des Champs Catalauniques (juin 451, près de Troyes).

ð L’installation des populations germaniques n’entraîne cependant pas de grands


bouleversements dans l’Empire :
o Ils restent très minoritaires en nombre, sauf le long du limes cf. carte
o Ils sont en général déjà très romanisés ; beaucoup sont même convertis au
christianisme sous sa forme arienne.
o Ils respectent les cadres politiques romains => cohabitent avec les élites romaines
qui continuent à s’occuper de l’administration.

B / La fin de l’Empire d’Occident et la formation des royaumes barbares

Au milieu du Ve s. l’empereur d’Occident ne contrôle plus vraiment que l’Italie : la Bretagne,


la Gaule, l’Espagne, l’Afrique du Nord sont en partie autonomes, partagées entre des chefs
germaniques et des généraux romains.

Lorsqu’en 476, le dernier empereur romain d’Occident, Romulus Augustule est déposé par le
général de l’armée d’Italie, d’origine hunnique (mais romanisé), Odoacre, l’événement n’a aucune
répercussion pour les sujets de l’Empire d’Occident.

Les chefs fédérés contrôlent déjà des régions entières qu’ils dirigent à titre de rois.
cf. carte
- Le royaume de Toulouse contrôlé par un roi wisigoth s’est étendu de l’Aquitaine à une
partie de l’Espagne : a été le 1er à se constituer sur la base du foedus de 418 qui les avait
fixés autour de Toulouse.
- Le royaume des Alamans (plaine d’Alsace) se structure peu à peu au cours du Ve s.
- Le royaume burgonde (autour de Lyon et Genève) se constitue et s’étend peu à peu le long
du Rhône et de la Saône, à partir du foedus de 456.
- Plusieurs petits royaumes francs au Nord de Gaule (province de Belgique) étaient
gouvernés par des chefs francs (autour de Tournai, de Cologne, de Trèves).
- Le royaume de Syagrius (général romain) entre la Loire et la Somme (tout le Bassin
Parisien).
- Le royaume suève d’Espagne (à partir de 411), avec pour capitale, Braga.
- Le royaume vandale (en Afrique du Nord, capitale Carthage) est fondé à partir de 429. Les
Vandales se sont imposés par la force et non par un foedus. A partir de 455, ils contrôlent
les îles méditerranéennes (la Sicile, la Sardaigne, la Corse).

11
I. Réal UE 202 / CM 1 : L’Occident du IVe au VIe siècle : de l’Empire romain aux royaumes barbares

- Le royaume d’Italie dirigé par un roi ostrogoth (Théodoric) ne se constitue qu’après 493
(mort d’Odoacre).

Mais il n’y a en fait pas vraiment de rupture pour les populations locales :
- Les structures administratives romaines sont restées en place, du moins à l’échelle des
cités : les cadres qui les gouvernent (magistrats urbains) aussi…
- Aucune persécution religieuse, sauf en Afrique du Nord chez les Vandales.
- Néanmoins, l’Empire en tant que tel (entité territoriale) n’existe plus : il est désormais
partagé entre les différents rois dont certains ont des ambitions hégémoniques. Cf CM 2

III/ La société occidentale à la fin de l’Antiquité

A quoi ressemble la société occidentale entre le IVe et VIe siècle ?

Trois grands traits la caractérisent :


Ø Encore profondément romaine : civilisation urbaine + économie fondée sur l’esclavagisme.
Ø De nouveaux apports culturels d’origine germanique : culture guerrière.
Ø Une société dominée par des élites (romaines et germaniques) qui contrôlent toutes les
formes de pouvoir, la richesse et la culture.

A / Profondément romaine

- La civilisation romaine se caractérise par une grande importance donnée aux villes :
o Dans tous les territoires conquis, les Romains ont fondé des villes, toujours sur le
même modèle : plan en damier, enceinte, bâtiments publics monumentaux comme
les termes, les amphithéâtres, théâtres, aqueducs…
o L’Empire est donc quadrillé par les villes qui servent de supports administratifs :
chefs lieu des cités (circonscription)
§ Un réseau de routes les relie ;
§ Servent de relais au « grand commerce » cad aux échanges internationaux :
grands ports…
o Les campagnes sont organisées pour nourrir les villes, en particulier les ravitailler
en céréales (pain) et en vin.
o Les premières églises y sont construites à partir du IVe siècle.

- Pourtant, les villes ne sont qu’une façade :


o L’essentiel de la population vit à la campagne : très grande majorité de paysans.
o Une économie surtout fondée sur l’agriculture, plus que sur l’industrie.
o Depuis le IIIe siècle, les villes sont en régression, à la fois sur le plan économique et
démographique : baisse du nombre d’habitants, rétraction du tissu urbain
(abandon de certains quartiers).

- L’importance de la culture écrite : la civilisation romaine est une civilisation de l’écrit où


une grande partie de la communication est fondée sur l’écrit :
o La langue parlée et écrite est le latin.

12
I. Réal UE 202 / CM 1 : L’Occident du IVe au VIe siècle : de l’Empire romain aux royaumes barbares

o Sert de support à la diffusion des ordres impériaux, à la rédaction des lois… => l’écrit
est un outil essentiel pour gouverner.
o La culture écrite est héritée de la culture grecque, complétée par les auteurs
romains => culture gréco-latine très riche (ouvrages d’histoire de philosophie,
pièces de théâtre, poésie, traités de morale, de médecine, d’agronomie…)
o L’éducation passe surtout par l’apprentissage des lettres, de la grammaire, de la
rhétorique …
o Depuis le IVe s. cette culture est également devenue chrétienne : nombreux traités
de théologie et d’exégèse écrits par de grands théologiens (= Pères de l’Église).

- Autre trait de la civilisation romaine : l’esclavagisme


o Le droit distingue 2 catégories d’individus : les libres et les esclaves (= servus/i), les
uns ayant des droits civiques, les autres aucun (réduits juridiquement au statut
animal).
o La moitié de la population environ est réduite en esclavage et travaille pour l’autre
moitié.
o Cela permet au système économique de fonctionner : main d’œuvre gratuite
utilisée massivement dans les campagnes (ouvriers agricoles), dans la construction
publique (routes, monuments), dans la fonction publique (postes subalternes),
dans la domesticité…

Ces traits de civilisation vont perdurer au haut MA, au moins jusqu’au VIe-VIIe s.

B / Les nouveaux apports germaniques

Les populations germaniques qui s’installent dans l’Empire sont déjà en grande partie romanisées,
mais elles ont aussi gardé des traits culturels propres. Celui qui domine, est le caractère guerrier.
La civilisation germanique est une civilisation guerrière par excellence !

Nous connaissons les peuples germaniques qui s’installent dans l’Empire par deux types de
sources :
Ø Les sources écrites, mais qui émanent uniquement des auteurs romains et qui donnent donc
une vision très subjective et déformée de ces « barbares ».
Ø Les sources archéologiques qui ont mis à jour des tombes et des habitats :
o Les tombes dites « habillées » (comportant du mobilier = armes, objets, vêtements)
nous renseignent sur la hiérarchie sociale, l’organisation familiale, et les modes
culturelles (vestimentaires, funéraires).
o L’habitat nous renseigne sur la vie quotidienne, les conditions économiques, la culture
matérielle (outils, types d’habitats, autres structures).

Que savons-nous d’eux ?

- Le système politique des Germains est fondé sur la guerre :


o Le « chef » (ou « roi ») est celui qui sait conduire les hommes à la bataille et surtout
à la victoire => ce qui fait le roi, c’est sa capacité à faire la guerre et à conquérir de
nouveaux territoires.

13
I. Réal UE 202 / CM 1 : L’Occident du IVe au VIe siècle : de l’Empire romain aux royaumes barbares

o Tous les hommes libres sont censés porter les armes : les peuple germaniques sont
des « peuples en armes ».
o L’objectif de la guerre est de faire du butin : le chef partage équitablement le butin
après la bataille entre lui et ses guerriers.
o Les élites sont donc forcément guerrières : l’aristocrate est un chef de guerre,
entouré de ses guerriers qui lui ont juré fidélité.

- L’éducation est avant tout guerrière : les jeunes nobles (élite des hommes libres)
apprennent à monter à cheval, à manier les armes… sans doute très jeunes.

- Les Germains sont passés maîtres dans l’art de la métallurgie et en particulier, la fabrication
d’armes très performantes = francisques, lances, épées, scramasaxes, casques… cf. diapo

- La culture est surtout orale :


o les « coutumes » (lois des Germains) se transmettent oralement (spécialistes du
droit qui connaissent les lois de mémoire) => mais pour imiter les Romains, les rois
germains vont les faire mettre par écrit à partir du milieu du Ve s. lorsqu’ils
s’installeront définitivement dans l’Empire romain.
o Les récits mythiques sont véhiculés oralement : chantés par des poètes, ils
racontent surtout les exploits guerriers de super-héros.

- Leur religion est, pour la grande majorité d’entre eux, le christianisme :


o Mais sous sa forme arienne : les Goths, les Vandales, les Suèves, les Burgondes sont
ariens.
o C’est un moyen pour eux de conserver leur identité culturelle et donc de se
différencier des Romains qui sont beaucoup plus nombreux.
o D’autres peuples comme les Francs, les Angles et les Saxons sont restés fidèles à
leurs cultes polythéistes => donc païens (aux yeux des chrétiens).

- Par ailleurs, les Germains partagent aussi beaucoup de traits socioculturels avec les Romains :
è L’esclavagisme.
è L’importance de l’agriculture et du commerce.
è La domination de la société par une élite dirigeante : l’aristocratie.
è Et surtout, des modes de vie et des formes d’organisation politique empruntés à Rome :
les Germains se sont « acculturés » au contact des Romains

Ex cf. diapo : la tombe du roi Childéric (père de Clovis), chef fédéré franc, mort en 481 et enterré
à Tournai, est tout à fait représentative de ces phénomènes d’acculturation : [malheureusement
découverte à la fin du XVIe, cette tombe n’a pas vraiment fait l’objet de fouille, mais on a conservé
une partie du trésor]

- Il portait une bague sigillaire (à la romaine) servant à sceller les actes : elle le représente en
buste, vêtu du manteau romain (chlamyde) tenu par une fibule sur l’épaule droite, et sous
le nom de « rex Childericus » => il se représente donc au service de l’Empire, comme un
général ou un consul ; sans doute était-il un des rois francs fédérés.
- mais elle le montre également avec les cheveux longs, selon la mode franque qui voulait
que les cheveux soit symboles de force et de courage => ses descendants (Clovis et cie)

14
I. Réal UE 202 / CM 1 : L’Occident du IVe au VIe siècle : de l’Empire romain aux royaumes barbares

seront appelés « les rois chevelus ».


- Il était entouré de ses armes, typiquement germaniques = francisque, épée, scramasaxe,
bouclier à umbo.
- Cette sépulture témoigne d’une pratique funéraire typique des Germains : comprenant un
riche mobilier (armes, bijoux), sa tombe est entourée de ses chevaux sacrifiés dans des
fosses voisines comme on le faisait pour honorer un prestigieux chef germain.
- L’ensemble devait former un vaste tumulus qui signalait la présence d’une tombe
exceptionnelle : celle d’un roi, servant ou admirant le pouvoir romain, tout en gardant une
partie de son identité germanique (cheveux long, armes, pratiques funéraires) !

C / La domination des élites aristocratiques

Que ce soit chez les Romains, comme chez les Germains, la société est dominée par une
minorité d’individus qui détient le pouvoir, la richesse et la culture.

- Les textes les nomment « nobles » (nobiles), « illustres », « clarissimes », « grands »,


« potentes » (puissants) => les historiens les qualifient d’aristocrates ou de nobles.

- Le droit romain et germanique les distingue du reste de la population :


o Le droit romain leur reconnaît des privilèges : monopole des hautes charges
publiques, exemption d’impôts…
o Le droit germanique aussi : en cas de meurtre d’un noble, le coupable devra payer
plus cher…

- Cette noblesse se transmet par le sang :


o On naît noble, en ayant au moins un des deux parents qui l’est.
o Le sang véhicule les « qualités nobles » :
§ chez les Romains la capacité à exercer les hautes fonctions publiques.
§ chez les Germains, le courage, la capacité à commander des guerriers… ;

- L’éducation des jeunes nobles les préparent à commander :


o Éducation littéraire chez les jeunes Romains => culture classique gréco-romaine …
o Éducation guerrière chez les jeunes Germains.

- Ils possèdent l’essentiel des richesses :


o Surtout foncières = possèdent de grands domaines, appelés « villas », qui peuvent
faire des centaines d’ha.
o Ou monétaires : trésors tirés des butins de guerre (surtout chez les Germains)
contenant des monnaies, bijoux, objets précieux.
o La crise de la paysannerie a profité aux grands propriétaires qui ont récupéré les
terres perdues par les paysans (endettés, pressurés par les impôts) et ont donc
accru ainsi leurs possessions foncières.
o Ils vivent bien souvent dans leurs grandes maisons, au sein des villas, qui au IVe s.,
dans les régions méridionales de l’Empire (Gaule du sud, Italie, Espagne) se sont
dotées d’un grand confort.

Cf ex. de la villa de Séviac (Gers) et de Plassac (Gironde)

15
I. Réal UE 202 / CM 1 : L’Occident du IVe au VIe siècle : de l’Empire romain aux royaumes barbares

- Ils possèdent le pouvoir :


o Celui de commander à la guerre : les aristocrates germains sont entourés d’une
troupe de guerriers à leur solde, qui leur ont juré fidélité, qui sont nourris et logés…
o Détiennent les hautes charges publiques : dans les cités, en particulier celle de
comte (conservée par les rois germaniques) et celle d’évêque.
o Ils servent de protecteurs au reste de la population qui cherche à se protéger des
crises et des différentes formes d’oppression (impôts, abus des fonctionnaires), en
se plaçant sous la tutelle d’un « patron » protecteur suffisamment puissant.

- Ils sont les premiers à s’être convertis au christianisme :


o D’abord les élites romaines, dès le IVe s (cf. plus haut) ;
o Ensuite les élites germaniques qui finissent par se convertir au christianisme nicéen
§ dès la fin du Ve s. pour les Francs = baptême de Clovis vers 498,
§ au cours du VIe ou VIIe siècle pour les autres peuples. Cf CM 2
o Les élites sont les moteurs de la christianisation = construisent les églises,
fournissent les hautes fonctions du clergé (évêques, prêtres), et financent l’Église
(donations de terres et de biens).

Ces élites sociales ne vont cesser de renforcer leur pouvoir et leur supériorité tout au long du haut
Moyen Age dans le cadre, désormais, des royaumes barbares.

16

Vous aimerez peut-être aussi