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THEME 2 - XVe – XVIe SIECLES

UN NOUVEAU RAPPPORT AU MONDE, UN TEMPS DE MUTATION INTELLECTUELLE

Chapitre 2 – RENAISSANCE, HUMANISME ET REFORMES RELIGIEUSES :

LES MUTATIONS DE L’EUROPE

Introduction
Ce que nous appelons Renaissance est une période de l’histoire européenne qui se caractérise par une
révolution culturelle marquant une rupture franche avec les façons de penser, d’écrire et de représenter
du Moyen Age. C’est un mouvement artistique et intellectuel qui prend modèle de l’Antiquité
considérée comme un âge d’or.
Cette époque, qui se déroule en parallèle aux Grandes découvertes, apparaît comme une ère de progrès
et de développement de l’esprit critique. Dans leur recherche de vérité et de perfection, certains
intellectuels vont être amenés à contester l’autorité de l’Eglise catholique et du clergé. Cette période est
aussi marquée par d’atroces guerres de religion.
I. L’Humanisme et les artistes de la Renaissance
1. L’Humanisme et l’imprimerie
- Déf : l’Humanisme est un mouvement intellectuel né en Italie au XIVe s. qui se diffuse en Europe
durant le XVe et le XVIe s. le terme vient du latin médiéval humanista qui signifie instruit,
cultivé (dans le domaine des « humanités », càd les langues anciennes : hébreu, grec et latin).
Ses acteurs sont des clercs, des savants et des artistes qui se connaissent et entretiennent
des correspondances ou se déplacent pour se rencontrer et échanger leurs idées : parmi les plus
célèbres Erasme, surnommé le « Prince des humanistes »
- Les ambitions et leur état d’esprit :
 Leur ambition : mieux comprendre et expliquer le monde dans lequel ils vivent, renouveler
le savoir en bravant les tabous/les interdits/les dogmes (comme la pratique de la dissection ou
la remise en cause du géocentrisme)
 Leur état d’esprit : avoir confiance en les capacités intellectuelles de l’homme « centre
de toutes choses », l’homme est un être libre, un individu qui peut et doit aspirer au bonheur
sur cette terre, de son vivant. Il peut agir sur son destin grâce à sa maîtrise de la
connaissance.
- Leurs méthodes pour acquérir cette connaissance :
 S’appuyer sur l’autorité des auteurs et savants de l’Antiquité païenne dont une grande
partie des textes est alors récemment parvenue en Occident avec la disparition de l’empire
byzantin (not. Platon largement ignoré au M-A)
 Expérimenter et démontrer, observer et prouver. Ne plus accepter les dogmes et vérités
toutes faites mais considérer la raison comme le principal outil intellectuel (héliocentrisme,
anatomie).
Les humanistes ont soif de connaissances exactes et universelles.
- Le rôle de l’imprimerie dans la diffusion des idées humanistes :
L’invention des caractères mobiles en Allemagne au milieu du XVe (Gutenberg), l’utilisation de
papier à la place du parchemin permettent une baisse du prix des livres et une large diffusion
de la connaissance. Les versions imprimées des textes antiques, en grec, en latin sont
soigneusement établies, revues par les intellectuels humanistes qui ont corrigé les erreurs des
copies du M-A. On propose des versions traduites en langue courante, vernaculaire (cela va
fixer peu à peu les langues nationales – par ex. le toscan s’impose comme l’ « italien »).
- De nouveaux lieux de savoir :
A côté des universités, toujours tenues par l’Eglise, sont créées, à l’initiative de princes ou de
rois mécènes, comme François Ier, de nouvelles écoles, les collèges, qui rassemblent les
savants animés de ce nouvel état d’esprit et permettent la diffusion de la culture plus largement.
2. De nouvelles ambitions artistiques
- Les grands centres de l’humanisme et de Renaissance artistique se confondent et la pensée
humaniste est la ligne directrice des artistes (peintres, sculpteurs, architectes, ingénieurs) cf.
ex. de Michel-Ange et de la chapelle Sixtine.
Les foyers de la Renaissance se trouvent principalement en Italie et en Flandre, mais aussi en
Allemagne, en Angleterre, en France (les châteaux de la Loire dont Chambord sous François Ier).

- Innovation dans les sujets et techniques :


 Sous l’influence des mécènes et du retour aux sources antiques, l’art n’est plus seulement
religieux. Il se laïcise en partie et devient profane : on peint les portraits de contemporains qui
souhaitent passer à la postérité, on représente la nature et de sujets de mythologie. Le corps
humain est célébré, notamment dans sa nudité qui n’est plus assimilée à la représentation
du péché mais à la perfection divine. Les artistes estiment ainsi rendre grâce à Dieu, on ne
passe plus son temps à se repentir et à craindre l’Enfer.
Ex : David de Michel Ange ; la Naissance de Vénus de Boticelli ; les époux Arnolfini de
Van Eyck ; Mona Lisa de Léonard de Vinci
 Le retour à l’Antique se caractérise aussi par la recherche du Beau, de l’équilibre parfait :
on fixe ainsi des canons esthétiques, des proportions idéales pour la représentation des
corps comme pour les bâtiments.
Ex : l’homme de Vitruve par Léonard de Vinci
D’autres artistes recherchent des voies plus naturalistes, ils cherchent à représenter le Vrai
Ex : Ghirlandaio - Portrait d'un vieillard et d'un jeune garçon.
 On élabore aussi de nouvelles techniques : la construction géométrique et la perspective,
le sfumato (dilution des contours dans une sorte de brume bleu-grisâtre à l’horizon), la
peinture à l’huile qui sèche lentement, capte la lumière et permet une grande finesse de
détails (ex : La Vierge au chancelier Rollin de Van Eyck)
Tout ce qui vient du Moyen Age est rejeté comme barbare. C’est à cette époque que l’historien
de l’art Vasari inventera le terme de « gothique » pour dénigrer l’art médiéval.

- Un nouveau statut pour l’artiste :


Les artistes perdent leur statut de simple artisan et deviennent des célébrités admirées et bien
payées. Ils côtoient les princes et le haut-clergé qui sont leurs employeurs-mécènes. Ils
célèbrent leur gloire en réalisant pour eux des œuvres somptueuses (voir des tableaux du
peintre Holbein). Eux-mêmes réalisent leur autoportrait afin de passer à la postérité.
Ex : la peinture de la Chapelle Sixtine par Michel Ange pour le pape Jules II dont il réalise aussi
le tombeau ; autoportrait de Léonard de Vinci ; autoportraits de Dürer.

II. La Chrétienté divisée : la Réforme

Préparation fiche de travail biographies et carte à connaître aussi


1. La critique de l’Eglise catholique
Au XVIe s., l’Eglise catholique est de plus en plus critiquée. On lui reproche :

 Les impôts trop lourds qu’elle prélève


 La vie luxueuse et parfois scandaleuse du haut-clergé (papes, évêques et cardinaux viennent
de grandes familles aristocratiques et ont le comportement de princes laïcs, ils vivent
somptueusement, entretiennent maitresses et bâtards Ex. : Alexandre VI Borgia qui aura 6
enfants de différentes femmes)
 Le manque de vocation des évêques et des cardinaux (Léon X, fils de Laurent de Médicis,
cardinal à 14 ans)
 L’ignorance du bas clergé (les prêtres maitrisent parfois à peine le latin, beaucoup vivent en
concubinage)
 La vente des sacrements (et notamment l’absolution des péchés ou pardon)
Ces abus poussent certains à protester et à réclamer une réforme de l’Eglise (Erasme, Luther). Ils
s’appuient sur une volonté de retour à la lettre de l’Evangile dont ils recommandent la traduction
dans les langues communes afin que son interprétation ne soit plus le monopole du clergé.
2. Les réformes protestantes
- La réforme commence en Allemagne sous l’impulsion de Martin Luther. En 1513, il déclare que
le salut des hommes ne dépend pas de leurs bonnes actions mais de la foi et de la grâce de
Dieu.
Il se fait connaître par l’affaire des Indulgences en 1517 : il critique publiquement l’Eglise
catholique qui vend le pardon des péchés et affiche publiquement ses reproches dans un texte
appelé « les 95 thèses ». Il refuse de se rétracter et est excommunié.
Soutenu par les princes et les bourgeois allemands, il fonde un nouveau culte et ne conserve
que deux sacrements : le baptême et la communion. C’est la naissance du Protestantisme.
- Jean Calvin, un Français, développe la pensée de Luther avec la doctrine de la
prédestination : tous les hommes ne peuvent être sauvés mais seulement ceux que Dieu a
choisi avant leur naissance. Seule compte la grâce. Il s’installe à Genève qu’il dirige avec
intolérance et sévérité.
- En Angleterre, le roi Henri VIII, dont le pape ne veut pas autoriser le divorce, rompt avec Rome
et se déclare chef de sa propre Eglise : l’Eglise anglicane. Il conserve cependant la plupart des
rites catholiques et la hiérarchisation du clergé.

3. Contre-Réforme et guerres de religion


Vidéo sur le concile de Trente : https://www.dailymotion.com/video/xc65qt

- L’Eglise catholique refuse la remise en cause de leur institution par les Protestants et décide de
réagir pour enrayer « l’épidémie protestante ». Cette Contre-Réforme est l’œuvre du Concile de
Trente (assemblée des évêques), réuni de 1545 à 1563. Ce concile fixe l’organisation et les
croyances de l’Eglise catholique :
 Restauration de la discipline de l’Eglise (formation des prêtres, interdiction de vendre les
sacrements…)
 Réaffirmation de la doctrine catholique (l’homme peut assurer son salut par ses actions,
l’Eglise est la seule à pouvoir interpréter les textes religieux)
- D’autres moyens viennent compléter ces décisions :
 Création de l’ordre des Jésuites par Ignace de Loyola, qui diffusent la doctrine catholique
dans leurs collèges et par des missions dans le monde entier.
 Mise en place du catéchisme pour enseigner la doctrine aux enfants
 Renaissance du tribunal de l’Inquisition pour pourchasser les nouveaux hérétiques.
- L’époque n’est pas à la tolérance réciproque et les divisions religieuses débouchent sur un grand
nombre de sanglantes guerres civiles (ex. en France, massacre de la Saint Barthélémy 1572-
3000 morts à Paris, 30 000 dans toute la France) et de persécutions réciproques.
Conclusion :
Bien qu’incomplète et imparfaite (on croit encore bcp aux sorcières et à l’irrationnel), la réflexion des
humanistes préfigure un mode de pensée dont s’inspireront les intellectuels des siècles suivants,
notamment ceux des Lumières : la raison, le doute, l’esprit critique, préliminaires indispensables à tout
progrès.
Dans le domaine artistique, la Renaissance fixe les règles conventionnelles de la peinture et de la
sculpture pratiquement jusqu’au XIXe s.
Dans le domaine politique et surtout religieux, les divisions de l’Europe se renforcent.

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