Vous êtes sur la page 1sur 9

Introduction – Le pouvoir romain :

territoires, formes et évolutions

a) Cadre spatial : Rome, l’Italie, la Méditerranée

1/3. Rome se situe en Italie centrale, à proximité de la côte méditerranéenne : la « côte


Tyrrhénienne » (DIAPO).

 Par ses contours, la Péninsule italienne constitue une entité géographique cohérente :
une bande de terre étroite, bordée par la mer Adriatique et la mer Tyrrhénienne, et
isolée du continent par les Alpes.
 A l’intérieur, c’est un espace montagneux : (1) l’Italie est traversée par une arête
montagneuse : l’Apennin ; (2) la côte tyrrhénienne compte quelques plaines
(marécageuses), elle est percée par quelques petites vallées fluviales (le Tibre,
l’Arno) ; (3) la principale vallée est celle du Pô, au nord.

Son site est constitué d’une multitude de collines en bordure du Tibre :

 Le cœur de la cité s’est constitué sur la rive gauche du fleuve Tibre, à quelques
kilomètres en amont de l’estuaire du fleuve Tibre (DIAPO) : ce fleuve permet un
accès aisé à la mer Tyrrhénienne (port d’Ostie), dont la côte est par ailleurs peu
hospitalière.
 Son territoire est composé d’un certain nombre de collines, en réalité plus nombreuses
que les seules « sept collines » qui lui ont donné son surnom (DIAPO) : Quirinal,
Viminal, Esquilin, Caelius, Aventin, Palatin, Capitole.
 Dans les premiers siècles, elles ont une fonction défensive primordiale.

2/3. La tradition romaine fixe la fondation de la cité au VIIIe siècle1. A cette époque, l’Italie
est composée d’une mosaïque de peuples nombreux et d’origines diverses (DIAPO).

La plaine qui se déploie entre le Tibre et les monts Albains – la seule plaine d’Italie centrale –
est occupée par les Latins (et les Sabins).

1
L’érudit Varron est celui qui propose la date canonique de 753 av. n. è., qui sera reprise par l’ouvrage de
référence sur la fondation de Rome : l’Histoire romaine (Ab Vrbe condita libri) de Tite-Live.

1
 La découverte d’urnes cinéraires caractéristiques, en forme de cabanes, permet
d’attester leur présence sur place depuis le Xe siècle au moins.
 Ils vont constituer les peuples de base de la cité de Rome à l’époque historique.

Au nord du Latium se déploie une autre civilisation brillante à l’époque archaïque : les
Etrusques :

 La civilisation étrusque a pour foyer la Toscane.


 Mais entre le VIIIe et le Ve siècle, elle devient la grande civilisation de l’Italie : son
territoire s’étend : (1) au nord jusqu’à la plaine du Pô, (2) au sud jusqu’au golfe de
Naples (Campanie), (3) ce qui inclut le Latium et Rome (parmi de nombreuses autres
populations sous influence étrusque).
 Après le Ve siècle, les Etrusques vont être progressivement conquis et absorbés par les
Romains-Latins, au point de former une autre composante majeure de la population
« romaine » à l’époque historique.
 Sur le plan culturel, les Etrusques apportent à Rome :
(1) l’écriture2,
(2) le mode de vie urbain (plan des villes en damier, architecture sacrée…),
(3) un certain nombre d’évolutions matérielles et techniques (irrigation, techniques
minières, artisanat…),
(4) des éléments religieux qui deviendront centraux (la Triade capitoline Jupiter-
Junon-Minerve, l’art divinatoire sous forme d’auspices ou d’haruspicine…).

L’Italie du centre et du sud compte de nombreux autres peuples, qualifiés de « tribus


sabelliennes » (elles sont désunies politiquement, mais ont une certaine unité culturelle).

 Parmi eux, les Samnites occupent un vaste territoire montagnard d’Italie centrale : le
Samnium.
 Mais l’Italie centrale est occupée par de nombreux autres peuples « sabelliens »
fragmentés (Sidicins, Ausones, Aurunces, Volsques, Herniques…).
 L’Italie du sud est notamment occupée par les Lucaniens (issus des Samnites), les
Bruttiens (issus des Lucaniens), parmi d’autres tribus sabelliennes.

2
Qu’ils semblent eux-mêmes avoir reçue des Phéniciens, plutôt que des Grecs (hypothèse discutée).

2
3/3. Par ailleurs, l’Italie archaïque est au carrefour de grandes civilisations expansionnistes.

Les Phéniciens (en particulier les habitants de Tyr) développent une présence commerciale en
Méditerranée occidentale à partir du Xe siècle av. n. è.

 Tyr fonde ses principales colonies Occidentale dès la fin du IXe siècle, surtout en
Afrique (Carthage, Utique…), et secondairement en Espagne (Cadix).
 L’entreprise de colonisation phénicienne prend son plein essor au VIIIe siècle : en
Occident, elle touche aussi la Sicile et la Sardaigne ; les Phéniciens explorent aussi la
côte italienne.
→ A cette date, des colonies de Phéniciens s’installent à Rome même.
 Un tournant à lieu au VIIe siècle, quand Carthage gagne en puissance : dès lors, la
cité d’Afrique prend le contrôle des autres colonies phéniciennes d’Occident, et fonde
à son tour de nouvelles colonies.
→ Désormais hégémonique et expansionniste, elle entre ainsi en concurrence avec les
Grecs (qui colonisent aussi l’Occident) et les Romains (qui commencent à devenir une
puissance locale en Italie centrale).
 L’influence des Phéniciens sur les Romains est complexe : (1) ils leur transmettent
l’alphabet de manière indirecte3 ; (2) les Romains leurs doivent aussi un certain
nombre de compétences en navigation et en agriculture4.
 Les Romains pensent leurs rapports originels avec les Phéniciens ou moyen du mythe
de Didon et Enée : deux héros unis par amour passionné, puis déchirés par un amour
déçu. → En langage géopolitique, une relation de grande proximité et de concurrence5.

Les Grecs ont entamé leur mouvement vers l’Occident dans les pas des Tyrrhéniens.

 Ils s’installent en Sicile et dans le Sud de l’Italie (dite « Grande Grèce »), entre le
VIIIe et le VIe siècle.
 Ils commercent avec les Romains dès le VIIe siècle.
 Dès cette époque « archaïque », les Grecs exercent notamment une forte influence sur
le droit et les institutions de la cité romaine.

3
Via la civilisation étrusque (hypothèse discutée).
4
Mais cette transmission de savoirs est bien plus tardive : elle est le résultat des guerres puniques des IIIe-IIe
siècles et de la victoire de Rome sur l’Empire de Carthage.
5
L’Enéide de Virgile explique que la rivalité entre Rome et Carthage est originelle, qu’elle date des fondateurs
Didon et Enée, et que son onde de choc s’est propagée jusqu’aux guerres civiles auxquelles Auguste a mis fin en
emportant la victoire totale qui lui a permis de restaurer une paix « jupitérienne ».

3
→ En la matière, par comparaison avec les grands modèles politiques de l’Antiquité 6,
on peut dire que la cité romaine est une « cité grecque », au sens où l’organisation du
pouvoir par les Romains s’inspire de la politeia grecque7.
 Au fil des siècles, l’influence grecque sera massive : elle concernera aussi les cultes,
l’art et les spectacles, la littérature et la philosophie, la médecine et les sciences, etc.
→ Rome va progressivement s’helléniser sur le plan culturel, en adoptant en bloc les
formes de la culture grecque, qu’elle va aussi profondément adapter à ses propres
conceptions8.

Au nord de la zone d’influence romaine, l’Europe est surtout occupée par les Celtes :

 Le noyau de cette civilisation se constitue au XIIe siècle, en Europe centrale (entre


Lorraine et Tchéquie) : c’est la civilisation de Hallstatt.
 Elle se diffuse ensuite largement dans l’essentiel de l’Europe continentale : pendant la
période de La Tène (Ve-Ier s.), les Celtes s’étendent notamment dans l’ouest-gaulois, la
péninsule ibérique… et jusqu’en Anatolie !
 Au IVe siècle, avant notre ère, les Celtes s’installent dans la plaine du Pô : en Gaule
cisalpine (en 390 ou 387, ils vont même jusqu’à s’emparer de l’essentiel de Rome).

Les mondes punique, grec et celtique seront progressivement absorbés dans le monde romain
à l’époque républicaine, de même que les royaumes hellénistiques de l’Orient méditerranéen,
et qu’un multitude d’autres civilisations qui ne constitueront jamais de puissances
concurrentes (par ex. les Ibères).

Au-delà de cette date, l’époque impériale met Rome aux prises avec d’autres voisins qui, eux,
ne seront jamais intégrés à l’Empire : notamment l’Empire des Parthes (qui constitueront la
frontière orientale du monde romain) et les Germains (qui constituent la limite septentrionale
du monde romain, au-delà de la ligne Rhin-Danube).

6
I.e. ceux qu’on observe en Egypte, en Orient, dans le monde celtique, etc.
7
Comme les Grecs des cités, les Romains ne se doteront jamais d’une constitution écrite : la constitution relève
du droit coutumier, ce qui la rend très modulables, et ce qui laisse une grande marge dans l’appréciation de son
respect ou de sa transgression.
8
Horace, poète romain, caractérise la relation entre la Grèce et Rome dans son vers le plus connu : Graecia
capta ferum victorem cepit et artis intulit agresti Latio (« La Grèce, conquise, a conquis son farouche vainqueur
et a porté les arts au Latium sauvage »). Lettres, II, 1, 156.

4
b) Cadre conceptuel : potestas, imperium, auctoritas, auspicium9

L’ensemble de ce cours est une réflexion sur le pouvoir et l’autorité : comment le pouvoir
s’obtient, puis s’exerce ? qu’est-ce qui fonde l’autorité, et comment s’articule-t-elle au
pouvoir qu’elle légitime ? Or, les Romains se sont eux-mêmes dotés de catégories morales ou
juridiques qui constituent le cadre du pouvoir (potestas, imperium) et de l’autorité (auctoritas,
auspicium).

1/4. L’auctoritas désigne l’autorité qui procède d’une forme de supériorité humaine.

 Sur le plan étymologique, la notion est construite sur la racine aug-, sur laquelle est
construit le verbe augere (« augmenter ») ou le nom auguria (« augures »), qui
désigne des signes émis par les dieux en guise d’avis sur les affaires publiques10. En
dérive aussi l’adjectif augustus, qui deviendra le surnom de l’empereur Auguste.
 Dans l’ensemble, elle désigne donc une forme d’éminence, de supériorité, qui élève le
détenteur d’une auctoritas un peu au-dessus de ses contemporains. Elle n’a pas de
valeur juridique formelle, mais elle désigne une qualité, conférées par une expérience,
un savoir-faire, des connaissances, une sagesse… qui donne un poids singulier à la
parole d’un individu, indépendamment de tout cadre légal.
 Bref, c’est une source de légitimité (au-delà de la simple légalité), fondée dans la
personne (soit les attributs de la personne publique, soit les vertus de la personne
privée). Son effet est décisif : ainsi Auguste prétendra fonder une nouvelle monarchie,
non pas en s’attribuant des pouvoirs supérieurs aux autres, mais une autorité
supérieure aux autres11.

2/4. L’auspicium est une notion de droit sacré : elle désigne le pouvoir de communiquer avec
les dieux de la cité, au nom de la cité, conféré aux gouvernants (magistrats).

 Auspicium est issu d’une contraction de l’expression avis spicere : « observer (le vol)
des oiseaux », considéré comme le signe et la manifestation de l’avis des dieux12. Sur
cette base, l’auspicium désigne le pouvoir de « prendre les auspices », c’est-à-dire de
rechercher des « signes » selon des rites prédéfinis13.
9
D’après J. France, F. Hurlet, Institutions romaines. Des origines aux Sévères, Paris, 2019, p. 36-47.
10
En français, c’est l’origine de la notion d’autorité (autorisation, etc.) mais aussi de la notion d’auteur (au sens
intellectuel, littéraire, artistique).
11
Auguste, Res Gestae, 34, 3.
12
Cette observation prend deux formes : observer le ciel au moyen du bâton rituel (lituus) ou observer le
comportement des poulets sacrés (rite du tripudium).
13
La « prise d’auspices » avant des actions publiques diffère de la « prise d’augures », compétence des prêtres,
qui consacre de manière durable des personnes sacrées (rois, prêtres), à des lieux sacrés (templa), des cérémonies

5
 A Rome, tout acte public ou toute décision politique importante doit être précédé
d’une consultation des dieux pour connaître leur avis. C’est donc un droit et un devoir
indissociablement lié à l’exercice du pouvoir : par conséquent, il appartient aux
magistrats. Plus précisément, les « auspices majeurs » sont réservés aux magistrats à
« imperium », tandis que les « auspices mineurs » sont pris par les autres magistrats14.
Quant aux prêtres, ils ne détiennent pas le pouvoir religieux, mais font office
d’experts-conseils auprès des magistrats (pour leur indiquer les procédures, les assister
dans leur interprétation des signes, etc.).
 L’auspicium renforce la légitimité des actes du gouvernement en réhaussant la
décision des magistrats par l’autorité des dieux : en l’occurrence, Jupiter. A l’inverse,
tout acte accompli sans respecter cette procédure peut se voir frapper de nullité : il se
voit alors réduit à un acte privé, qui n’engage pas la cité (dont l’unité est scellée par le
patronage des dieux).

3/4. L’imperium désigne le pouvoir supérieur : le pouvoir de contraindre, d’ordonner


l’exercice de la « violence légitime »15, dans le domaine civil comme dans le domaine
militaire.

 Après leur élection, lors de leur investiture, les magistrats supérieurs (depuis les rois
des origines) reçoivent simultanément l’auspicium et l’imperium : ou plutôt, ils
reçoivent d’abord l’auspicium, duquel procède leur imperium.
 L’imperium porte sur tous les domaines civiques. On considère en règle générale qu’il
a deux aspects. En matière civile, l’imperium domi est le pouvoir de convoquer toutes
les assemblées civiques (assemblée du peuple, conseil du sénat, tribunaux) et de juger.
En matière militaire, l’imperium militiae est le pouvoir de lever des armées et de
conduire la guerre. Ces deux aspects incombent aux mêmes magistrats, en fonction du
lieu où ils se trouvent : l’imperium militaire ne s’exerce qu’en-dehors de la ville, où le
magistrat a toute autorité sur ses troupes, et où au contraire les assemblées et tribunaux
ne peuvent être réunis.
 A partir d’Auguste, l’imperium qui désignait le ressort de compétence des magistrats
supérieurs en vient à désigner le territoire sur lequel ce pouvoir s’exerce. L’empire ne
désigne plus seulement un pouvoir, mais également un territoire.

sacrées (augures du salut).


14
A l’exception des magistrats plébéiens (tribuns et édiles) : les auspices portent la trace du monopole originel
du pouvoir et des prêtrises par les Patriciens.
15
Dans la théorie du sociologue allemand Max Weber (1864-1920), l'Etat peut se définir par le « monopole de la
violence physique légitime » (Monopol legitimer physischer Gewaltsamkeit).

6
4/4. La potestas désigne le pouvoir de décider et d’agir, constitutif de toute magistrature.

 La potestas désigne tout pouvoir civil : (1) depuis le pouvoir du « chef de famille »
(pater familias), qui a déjà une dimension publique en tant que cellule de base de la
cité, (2) jusqu’au pouvoir de la plus haute magistrature de la République, la censure,
(3) en passant par toutes les autres magistratures, qu’elles soient doublées au non d’un
imperium.
 Au sein de la cité, on ne saisit pas bien la différence ou la limite entre la potestas, qui
confère aussi aux magistrats le pouvoir de juger, et l’imperium domi.

c) Cadre chronologique : Royauté, République, Empire

La période pendant laquelle l’histoire de la Rome antique est documentée s’étend sur un
millénaire. Au cours de cette longue histoire, la cité de Rome étend largement son emprise
territoriale (au point de former un Etat territorial réparti sur trois continents) et voit ses formes
politiques évoluer considérablement. Afin d’ordonner l’analyse de ces évolutions, on
distingue donc trois ensembles au sein du millénaire romain.

1/3. La période royale (jusqu’au VIe siècle) correspond à la période des origines, entre
préhistoire et histoire, durant laquelle la cité de Rome advient.

 C’est une période très peu documentée. (1) Les traces archéologiques sont d’autant
plus rares que le site de Rome a été occupé sans discontinuer de cette époque jusqu’au
présent : les réaménagements perpétuels et le développement urbain rendent malaisé
l’accès aux strates archaïques, et l’interprétation des rares données est toujours
délicate. (2) Quant aux indications littéraires, elles ont été rédigées bien après cette
histoire et relèvent pour l’essentiel de la légende.
 En somme, on ignore à peu près tout de l’histoire de Rome à cette période, dont le
souvenir est l’objet d’un récit mythique. Cependant, le mythe n’est pas sans intérêt
pour l’histoire : le mythe est un récit de fiction, qui esquisse une théorie du passé (à
travers ses différents épisodes) et des concepts (à travers les figures que sont ses héros
et ses divinités). S’il oblitère les faits, il exprime ce que les Romains des siècles
suivants ont considéré comme le legs essentiel de cette période d’origine.

7
 Sur le plan politique, c’est le moment où des populations de l’âge du fer, structurées
en clans et en tribus dirigées par des chefs de guerre, se coalisent et forment à la fois
l’embryon du centre urbain et les institutions fondamentales de la cité : une assemblée,
un conseil et un gouvernement de type royal ou monarchique.

2/3. La République correspond à la période des cinq derniers siècles avant notre ère (Ve-Ier s.
av. n. è.). Elle tient son nom du régime politique qui se met progressivement en place, dans
lequel le pouvoir est partagé et régulièrement redistribué par des élections.

 Son histoire est structurée par deux dynamiques majeures : la complexification des
institutions politiques et l’expansion de la domination romaine à l’ensemble du bassin
méditerranéen.
 On peut diviser cette longue période en sous-ensembles : (1) la République ancienne,
où sont progressivement inventées les institutions de la République (Ve-IVe siècles),
(2) la République moyenne, où Rome conquière le monde méditerranée (IIIe-IIe
siècles), (3) la République tardive, où le système entre en crise et prend fin en tant que
régime de pouvoir partagé (env. 133-31 av. n. è.).
 Cette période est bornée par des dates conventionnelles : 509, date de la chute
mythique de la royauté, et 31 ou 27, dates emblématiques de l’invention d’un nouveau
régime qui signe la fin de la République. Cependant ces dates sont avant tout de
symboles : la transition d’un régime à l’autre est toujours progressive.

3/3. L’Empire correspond à la période des cinq premiers siècles de notre ère (Ier-Ve s. de. n.
è.). Dans son ensemble, il correspond à une période de restauration d’un régime monarchique,
dont les formes sont cependant très différentes de la royauté archaïque. Sa désignation peut
prêter à confusion, puisque la notion même d’« empire », polysémique, recouvre plusieurs
sens qui peuvent parfois se contredire.

 L’« empire de Rome » désigne le vaste ensemble territorial qui passe sous
domination romaine au cours de la période dite de la République (puis qui est encore
élargi à la marge par la suite). De ce point de vue, il existe bien un « empire de Rome
» à l’époque républicaine. Dans l’ensemble, c’est un territoire assujetti à la cité.
 L’« Empire romain » désigne à la fois un nouveau système politique (la monarchie
mise en place par Auguste et ses successeurs après 31 av. n. è.) et la période
historique correspondant aux siècles pendant lesquels ce système prévaut.

8
 Cette période de cinq siècles très évolutifs mérite elle-aussi d’être subdivisée. Du point
de vue du système politique, on distingue le Principat (Ier-IIIe siècle) et le Dominat
(IIIe-Ve siècles). Du point de vue chronologique, on distingue le Haut-Empire (Ier-IIIe
siècles) et l’Antiquité tardive (IIIe-Ve siècles). Ces deux blocs sont séparés par la
grande « crise du IIIe siècle », dont la nature et l’ampleur font débat.

Dans ce cours, on se limitera à l’étude du Principat et du Haut-Empire, caractérisés sur le plan


intérieur par l’invention d’une monarchie sur la base des institutions de la République, et sur
le plan extérieur, par le maintien relatif de la « paix romaine » (pax romana). Après le IIIe
siècle, quand la pression extérieure devient permanente, l’Etat est renforcé, militarisé et
christianisé : ces évolutions seront l’objet d’un autre cours.

Vous aimerez peut-être aussi