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Sommaire

• Remerciements ............................................................................................................ Page 05


• Introduction ................................................................................................................. Page 06
• Leurs origines ..................................................................................................... Pages 07 à 08
• L'organisation des Vigiles ................................................................................... Pages 09 à 16
• Sous la république ................................................................ Pages 09 à 11
• Les magistrats supérieurs
• Les magistrats inférieurs
• Faillite de l'organisation républicaine
• Sous l'Empire ....................................................................... Pages 12 à 16
• Les réformes : une meilleure définition de la hiérarchie et des
troupes
• Une institution qui arrive à maturité
• La fin des cohortes

• Matériels et préventions anti-incendie ............................................................... Pages 17 à 20


• L'équipement ........................................................................ Pages 17 à 19
• Les outils individuels
• Machina Ctesibiana : l'équipement collectif
• La prévention ............................................................................... Pages 20

- Lexique .....................................................................................Pages 21 à 22

- Bibliographie et sitogrpahie ............................................................ Page 23

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Remerciements

Je tiens à remercier Robert Sablayrolles pour son remarquable ouvrage "Libertinus miles. Les
cohortes de vigiles" dont je me suis fortement inspiré pour rédiger ce document. Je vous invite
d'ailleurs fortement à le parcourir pour en apprendre plus à propos des Vigiles.

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Introduction

Les corhors urbana appartiennent à la garnison de Rome, un corps constitué au départ d’affranchis (mais
rapidement remplacés par des citoyens romains), créé pour remplacer les corps d’esclaves mis en place
par les hommes politiques influents de la République. Leur but est de prévenir, sinon de lutter contre les
incendies le jour, et d’assurer une sorte de police la nuit. Ils sont organisés en sept cohortes, répartis
dans sept casernes disséminées à la frontière de deux régions afin de couvrir les quatorze régions de la
capitale. Ils sont commandés par le préfet des vigiles, secondé par le sous-préfet et sept tribuns (un par
cohorte), tous chevaliers.

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Leurs origines

«Annus felicitate populi Romani, pericuh potius ingenti quam clade insigpis» [«Une année de
prospérité pour le peuple romain, marquée d'un grand péril plus que d'une catastrophe» (Tite-Live
59 avant J.-C. - 17 après J.-C., Tome V, 45)] : Tite-Live décrit une des premières alertes sérieuses à
l'incendie dans la ville de Rome. Dès les temps reculés, donc, en 415-414 av. J.-C., l'incendium
Urbis est perçu comme la pire des calamités qui peut menacer la capitale. Il apparait sans doute
avec une certaine ampleur que lorsque fut réalisé le processus d'urbanisation; donc, avant l'épisode
relaté par Tite-Live. Le récit de l'historien sousentend d'ailleurs que le péril de l'incendie fait déjà
partie, à cette époque, des grandes peurs traditionnelles. La lutte contre l'incendie doit déjà être une
des préoccupations des monarques étrusques : les réformes serviennes (fin du IVe ou au du début du
IIIe siècle av. J.-C.)¹ offrent l'image d'une cité suffisamment organisée pour qu'on n'ait pas omis de
s'intéresser aux problèmes de sécurité. Les risques d'incendie et l'ampleur des sinistres sont
proportionnelles à la taille de l'Urbs : les entrepôts de plus en plus nombreux le long du Tibre, les
quartiers populaires surpeuplés et aux constructions serrées constituent des proies de choix pour le
feu. La lutte contre les incendies incombe aux triumviri capitales, aussi appelés triumviri nocturni :
créé entre 290 et 287 av. J.-C., ce collège est constitué de trois membres. Ils secondent les
magistrats dans les fonctions judiciaires et sont chargés de la lutte contre les incendies, bien que l'on
ne sache pas avec précision de quelle façon ils s'organisent,

En 70 av. J.-C., Crassus (115 – 53 av. J.-C.) met sur pieds un premier groupe chargé d'éteindre les
feux. Mais Crassus n'ayant rien d'un philanthrope, en profite pour racheter à bas prix les édifices
sinistrés; laissant ainsi les malheureuses vicitimes face à un dilemme : regarder leur bâtiment partir
en fumée et tout perdre dans l'incendie, ou le céder pour une bouchée de pain à Crassus.

"Comme il voyait que les fléaux les plus ordinaires de Rome étaient les incendies et les chutes des
maisons, à cause de leur élévation et de leur masse, il acheta jusqu'à cinq cents esclaves maçons et
architectes ; et lorsque le feu avait pris à quelque édifice, il se présentait pour acquérir non
seulement la maison qui brûlait, mais encore les maisons voisines, que les maîtres, par la crainte et
l'incertitude de l'événement, lui abandonnaient à vil prix. Par ce moyen, il se trouva possesseur de
la plus grande partie de Rome." [Plutarque, (46 – 125 ap. J.-C.), "Vie de Crassus", II.].

Figure 1 : Reconstitution d'une brigade de vigile par l'association COHORS VII VIGILVM

les dirigeants de l'époque républicaine ne peuvent avoir négligé une menace aussi grave que celle de
l'incendium. Les sources n'offrent pas de réponses uniformes, parce qu'elles décrivent tentôt des
réalités d'époques différentes et n'abordent pas le problème sous un angle identique. Quand Cicéron
(106 –43 av. J.-C.) s'indigne de l'incendie de sa maison et cherche à en rendre Pison responsable,

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"Mais toi, n'étais-tu pas consul lorsque, sur le Palatin, ma propre maison brûlait, non pas en raison
de quelque accident, mais parce qu'on y avait mis le feu, à ton instigation? Y eut-il jamais dans
notre ville un incendie de quelque importance sans que le consul intervînt à la tête des secours?
Mais toi, à ce moment-là précisément, près de ma demeure, chez ta belle-mère dont tu avais fait
ouvrir la maison pour vider la mienne, tu siégeais non pour éteindre, mais pour organiser
l'incendie, et toi, le consul, tu fournissais presque les torches enflammées aux furies de Clodius"
(Cicéron, In Pis·., XI, 26), il n'ont pas la sérénité et l'impartialité des juristes Pomponius (juriste
romain du milieu du IIe siècle) ou Iulius Paulus (160-230 ap. J.-C.), qui donnent dans leurs écrits
un résumé succinct et objectif de ce que sont les institutions républicaines.

Cicéron est un témoin direct, sans doute au fait des réalités de son temps, mais prisonnier de
querelles partisanes; Pomponius ou Iulius Paulus sont dégagés de toute polémique sur la période
républicaine, mais celle-ci ne les intéresse que dans la mesure où elle éclaire les réalités impériales,
et leur témoignage est souvent flou, parfois inexact. Le mérite d'une organisation rationnelle,
adaptée à l'ampleur du danger, revint à Auguste, peut-être parce que les dernières décennies de la
république et les années de guerre civile avaient vu les incendies croître en taille et se multiplier en
nombre.

La création des cohortes de vigiles, en 6 ap. J.-C. de notre ère, marqua un tournant important dans
l'histoire de la sécurité urbaine. C'est ce que souligne le juriste Iulius Paulus qui, deux siècles plus
tard, met en relief la part prépondérante prise par Auguste (63 av. J.-C. - 14 ap. J.-C.) dans
l'évolution de la lutte contre l'incendie à Rome : "Chez les Anciens, trois hommes étaient chargés de
lutter contre le feu et, comme ils effectuaient des surveillances de nuit, ils étaient appelés les
Nocturni. Les édiles et les tribuns de la plèbe s'y joignaient parfois ; et il y avait aussi, de surcroît,
un détachement d'esclaves publics de faction près des portes et des murs, qui pouvait être appelé en
cas de nécessité. Il existait aussi certains corps d'esclaves privés qui éteignaient les incendies, soit
contre paiement, soit gratuitement. En définitive, le Divin Auguste préféra que ce devoir
s'accomplisse sous sa supervision." (Iulius Paulus, "Digeste", I - 15.). Dans la pensée de Iulius
Paulus, les réformes d'Auguste représentent donc la charnière entre une longue période de
tâtonnements et d'inefficacité et une ère d'organisation rationnelle. Même si le texte de Iulius
Paulus, dans sa concision, a peut-être l'inconvénient de schématiser l'évolution en faisant la part
trop belle à l'oeuvre augustéenne, il n'en demeure pas moins vrai que c'est Auguste qui donne
l'impulsion décisive, en créant un corps de troupe spécifiquement destiné à lutter contre l'incendie.

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L'organisation des Vigiles :

Il faut, tout d'abord, distinguer les magistrats supérieurs des magistrats inférieurs; si les triumvirì
nocturni que mentionne Iulius Paulus ont joué un rôle incontestable et si, leur fonction spécifique
est la prévention et la lutte contre l'incendie, ils dépendent toutefois des magistrats supérieurs dont
ils suivent les directives pour l'exécution de leur tâche.

- Sous la République

Les magistrats supérieurs

La présence de magistrats supérieurs (consuls, édiles, tribuns de la plèbe) et de |magistrats


inférieurs (triumviri) dans les textes de Iulius Paulus et de Cicéron n'entraîne donc pas une
contradiction : il y a simplement rapport hiérarchique entre les premiers et les second.
Comme toute fonction qui touche à l'ordre matériel de la cité, la lutte contre l'incendie paraît
devoir être attribuée en priorité aux édiles qui ont la charge des problèmes municipaux. Et,
peu de temps avant la création des vigiles, au début du règne d'Auguste, ce sont bien les
édiles qui paraissent diriger les opérations en ce domaine. C'est en qualité d'édile
qu'Egnatius Rufus acquit une immense popularité par sa politique active dans l'extinction
des incendies de l'Urbs [Velleius Paterculus (19 av. J.-C. - 31 ap. J.-C.), Π, 91, 3 et Dion
Cassius (150-235 ap. J.-C.), Livre III, 24, 4-5]. La même année, sans doute en 22 av. J.-C.,
Auguste enjoind aux édiles de se montrer vigilants et confie à ces magistrats la troupe de
six cents esclaves destinés à assurer la partie matérielle de la tâche. Les textes le confirment
pour le début de la période augustéenne et il est naturel d'en voir là l'héritage de la
tradition républicaine.

En regardant de plus près l'affaire de l'incendie criminel du Forum en 210 avant J.-C. par un
groupe de Capouans, nous comprenons alors que c'est vraisemblablement l'importance du
sinistre qui détermine l'intervention de l'édile ou du consul: tant que l'incendie reste
circonscrit à une zone limitée et qu'il ne résulte pas de projets criminels, l'édile le prend en
charge. Si, au contraire, il prend des proportions telles qu'il met en péril l'existence même de
la cité, ou s'il se révéle être le fruit d'un complot, le consul remplaçe alors l'édile aussi bien
dans sa tâche de prévention (organisation des rondes et des piquets) que dans celle de la lutte
proprement dite (disposition des forces, manoeuvres) et de la répression (recherche des
coupables).

D'après Cicéron, les tribuns de la plèbe peuvent également intervenir. Les triumuiri
nocturni ont été traduits en justice pour avoir failli dans l'accomplissement de leur devoir
[Valerius Maximus (Historien romain du Ier siècle ap. J.-C.) ,VIII, 1, damnationes 5 et 6] :
M. Mulvius, Cn. Lollius et L. Sextilius ont été accusés d'être arrivés trop tard pour éteindre
un incendie sur la Via sacra; quant à P. Villius, il se voit reprocher sa négligence dans
l'inspection des postes de garde. Ce sont les tribuns de la plèbe qui déposent l'accusation
devant le tribunal populaire.

Les magistrats inférieurs


Si les édiles et consuls sont en haut de l'organisation et jouent le rôle de l'autorité supérieure,
si les tribuns de la plèbe, dans ce cas comme dans bien d'autres, font office d'inspecteurs et
de garants de la tâche accomplie, les rôles subalternes appartiennent aux triumuiri nocturni
et à leurs associés.

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Triumviri nocturni

La fonction est attestée pour la première fois à propos d'un certain Cn. Flavius, devenu
édile en 304 av. J.-C.) : résumant la carrière antérieure de cet ancien scribe, fils d'affranchi,
Tite-Live cite Licinius Macer (historien romain, 105 - 66 av. J.-C.) : "Celui-ci (Cn.
Flavius) avait, peu de temps auparavant, cessé d'être scribe d'après Licinius Macer; il
avait, avant son édilité, obtenu le tribunat et avait été deux fois triumvir : une fois triumvir
nocturnus et une fois triumvir coloniae deducendae" (Tite-Live, LX, 46, 3). On peut donc
envisager que les triumviri noctumi sont une institution permanente de la République, au
moins à partir du IVe siècle. La tâche qui est confiée à ces magistrats est le contrôle et la
surveillance nocturne de la cité au moyen de piquets de garde au nom évocateur (vigiliae).

Il y a, en 186 av. J.-C., deux collèges distincts, l'un de triumviri capitales, l'autre de trìumviri
noctumi, leurs actions sont coordonnées par le consul. les trìumvirì capitales sont créés en
290 av. J.-C., si l'on en croit Tite-Live (Tite-Live, Per., XI, 8).

Trìumvirì nocturni ou trìumviri capitales, ce sont les responsables sur le terrain de la lutte
contre l'incendie, à l'époque républicaine, est un collège de magistrats inférieurs, sans doute
élus par l'assemblée populaire et responsables devant elle. Comme toutes les charges de cette
sorte, elle ne doit certainement pas être conservée plus d'un an par son titulaire.

Les quinqueviri uls cis Tiberini

En 186 av. J.-C., aux triumviri capitales sont adjoints, d'après Tite-Live (Tite-Live,
XXXLX, 14, 10. Voir supra note 18.), les quinqueviri uls cis Tiberim, plus spécialement
affectés aux problèmes de l'incendie. Un seul texte fait référence à ce collège : un passage de
Pomponius, conservé au Digeste². Les termes utilisés par Tite-Live laissent penser que si
les quinquevirì uls cis Tiberìm ont été créés pour la circonstance, l'historien s'étend plus
longuement sur cette mesure et sur sa portée.

Les quinquevirì uls cis Tiberìm semblent exister antérieurement à 186 av. J.-C. constituant
un des collèges traditionnels de magistrats de la république romaine. Le texte de Tite-Live
apporte une double information : la subordination des quinquévirs aux triumvirs et la
détermination de leur tâche concrète (suae quisque regionis praeessent).

Quant au rôle concret des quinquévirs sur le terrain, il semble s'étendre uniquement aux
deux rives du fleuve (l'expression uls cis Tiberini ne laisse aucun doute là-dessus) et chacun
a la responsabilité d'une regio, comme le souligne le lien étroit qu'établit la tournure suae
quisque. Les quinquévirs ont ainsi chacun la charge d'un secteur de la ville, même si on peut
se demander dans quelle mesure cette prise en considération de la réalité géographique et
démographique. La formule de Tite-Live pour désigner leurs charges est bien vague
(aedificiis praeesse), il faut imaginer les quinquévirs responsables de la surveillance des
bâtiments, organisant pour ce faire patrouilles et piquets de garde. Les quinquévirs
préfigurent donc là les tribuns des cohortes de vigiles.

L'existence d'un collège permanent de quinqueviri uls cis Tiberini pendant toute la période
républicaine paraît vraissemblable, on peut penser, d'après Pomponius, que cette institution
se perpétue sous l'empire. L'organisation du service des vigiles par Auguste concentre entre
les mains du préfet des vigiles toutes les responsabilités en matière de lutte contre l'incendie.
Les quinquévirs n'ont donc plus de raison d'être. Le texte de Pomponius paraît cependant

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décrire une réalité encore existante à son époque, même s'il offre pour l'existence de ces
magistrats une explication curieuse et peu convaincante, qui tendrait à prouver que la
fonction originelle de ce collège lui échappe³. La fonction de Cistiber reste toutefois bel et
bien attestée à la fin du II siècle de notre ère : un M. Antonius Gaionas, d'origine grecque
ou orientale, est qualifié de Cistiber sur son épitaphe. Quoi qu'il en soit, même s'ils ont
subsisté jusqu'au IIe siècle de notre ère, les quinqueviri uls cis Tiberini ne peuvent plus à ce
moment-là être liés à la lutte contre l'incendie.

Faillite de l'organisation républicaine

Si Tite-Live demeure peu précis sur les charges exactes des quinqueviri, il est muet sur les
moyens concrets qui leur sont donnés pour remplir leur devoir. On peut déduire de divers
passages que, sous la responsabilité des quinqueviri, des vigiliae sont établies en différents
points de la cité et que des patrouilles circulent pendant la nuit, Nous ne connaissons ni leur
nombre et leurs effectifs. La description de l'organisation que fait Iulius Paulus dans les
extraits conservés au Digeste fait seulement état de «familia publica circa muros et portas
disposita» (Iulius Paulus, Dig., 1, 15, 1).

Ce sont donc les esclaves publics qui constituent l'essentiel des forces disponibles contre
l'incendie, répartis en petites unités, à la périphérie de la cité. La seule donnée chiffrée qui
nous soit parvenue appartient à la période augustéenne; en 22 av. J.-C.., dans sa première
tentative d'organisation du système de lutte contre l'incendie, Auguste place 600 esclaves
sous les ordres des édiles curules. L'ensemble de l'effectif républicain ne doit pas dépasser
trois ou quatre cents individus dans le meilleur des cas, ce qui laisse une troupe dérisoire
dans chaque région. Cette faiblesse numérique du corps des soldats du feu fait de l'incendie
une des calamités les plus courantes et les plus désastreuses de la Rome républicaine.

Trois raisons principales expliquent cette faillite : l'insuffisance de moyens (plus


particulièrement de moyens en personnel), le partage complexe et sans doute mal défini des
responsabilités, tant au sommet que parmi les subalternes et enfin la présence, à tous les
niveaux d'autorité, de magistrats élus, qui mêlent leurs intérêts politiques à leurs occupations
de fonctionnaires. Il appartient à Auguste de remédier à cet état de fait et de doter l'Urbs
d'un système cohérent de lutte contre l'incendie.

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Sous l'Empire

Plusieurs auteurs anciens relatent l'événement, preuve du


retentissement qu'eut cette mesure durant toute l'Antiquité.
Strabon (64 av. J.-C.- 25 ap. J.-C.), Suétone (70 – 122 ap. J.-C.),
Dion Cassius et les juristes Ulpien (170 – 223 ap. J.-C.) et Iulius
Paulus font ainsi mérite à Auguste d'avoir créé les cohortes de
vigiles.

Cependant, ces textes, laissent l'impression d'une mise en place


rapide d'une structure définitive et efficace; seul, Dion Cassius,
développe longuement l'histoire du principat augustéen, montant
des décisions prises avec prudence et précautions; son récit est
sans doute celui qui reflète le mieux la réalité historique.
C'est la pression des événements qui fit évoluer la pensée
d'Auguste et l'amena pour finir à enrôler les cohortes de vigiles.
Plusieurs affaires montrent la dramatique insuffisance des forces
disponibles.
Figure 2 : Reconstitution d'une brigade de vigile
par l'association COHORS VII VIGILVM
Auguste, se contente d'accroître les effectifs et confirme les édiles dans leur rôle de responsables
(Dion Cassius, LUI, 24, 4 et LTV, 2, 4 : voir supra note 10) : les six cents esclaves placés à la
disposition des édiles curules doivent pallier le manque de moyens en personnel. Quand il crée la
grande Rome et en établit le découpage géographique et administratif, Auguste entreprend bien sûr
de réorganiser en même temps le service d'incendie et après un premier échec, il crée les uicorum
magistri et «Les rues furent confiées à des magistrats issus du peuple que nous appelons uicorum
magistri; quant à la troupe d'esclaves qui était aux ordres des édiles pour éteindre les incendies,
elle fut confiée à ces magistrats» (Dion Cassius, LV, 8, 7).

L'essentiel de la réforme d'Auguste consiste à enlever aux édiles le commandement des forces anti-
incendie, et à transférer celui-ci à des hommes de basse condition (ingenui ou liberti) directement
choisis par l'empereur ou son représentant, le préfet de la Ville. La présence de nombreux affranchis
dans le corps des uicorum magistri renforce cette impression de mainmise directe du pouvoir sur
l'institution. L'intention d'Auguste n'est pas moins l'élimination progressive des anciennes
institutions républicaines jusqu'alors constituées de magistrats sénatoriaux.

La dernière étape de l'évolution intervient en 6 ap. J.-C.. Auguste fait un pas supplémentaire dans
l'organisation de forces spécialisées directement dépendantes de lui. Il enrôle donc sept cohortes
d'affranchis, les répartissant régulièrement pour la surveillance des quatorze régions de l'Urbs. A
leur tête est placé un chevalier. Ces nouvelles dispositions ne sont cependant que provisoires dans
l'esprit d'Auguste, si l'on en croit Dion Cassius, mais la démonstration de leur efficacité sur le
terrain arrive à convaincre le princeps.
Le pragmatisme d'Auguste laisse imaginer une création empirique, peu à peu retouchée en fonction
des besoins. L'image des premières cohortes de vigiles contraste avec ce que le tableau de Iulius
Paulus ou de Suétone qui sont Prisonniers de leur époque.

Toutefois, aucun chiffre précis ne peut être avancé sur les effectifs des vigiles augustéens,
l'organisation et la répartition de ces premières cohortes posent un problème encore plus ardu car il
n'existe aucunes sources. La création du corps, en 6 ap. J.-C., étant bien, à l'origine de cette
disposition provisoire, destinée à répondre à une situation momentanée, on peut se demander si

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Auguste encadre, dès les débuts, ces compagnies d'affranchis par des centurions et des tribuns
destinés à faire par la suite une carrière régulière dans l'armée. Le premier préfet des vigiles attesté
est Q. Naevius Macro, préfet de Tibère (Empereur de 14 – 37 ap. J.-C.); les premiers centurions et
tribuns appartiennent aux règnes de Tibère et Néron (Empereur de 54 – 68 ap. J.-C.) . On ne peut
dire comment s'effectue la transition entre une troupe d'affranchis enrôlés pour les besoins de
l'incendie de 6 ap. J.-C. et une institution parfaitement intégrée dans la garnison urbaine, au moins
en ce qui concerne le cursus des officiers.

Auguste légue ainsi à ses successeurs une troupe de vigiles qui ont fait, sur le terrain, la preuve de
leur efficacité. Si bien des traits de ce corps original sont déjà fixés (recrues d'origine affranchie,
commandement confié à un chevalier, cohortes au nombre de sept) celui-ci n'en doit pas moins
évoluer. Et si cette évolution est sans doute déjà inscrite en filigrane dans la création augustéenne, il
n'est pas certain qu'elle soit prévue par Auguste. La réalité quotidienne fait en effet vivre aux vigiles
une perpétuelle contradiction : destinés à assurer la sécurité de Rome, ils sont membres de la
garnison urbaine, comme les urbaniciani ou les prétoriens; recrutés parmi les affranchis, ils voient
un fossé infranchissable entre eux et les soldats citoyens de l'Urbs, qui sont considérés et se
considérent de surcroît comme l'élite de l'armée.

Les réformes : une meilleure définition de la hiérarchie et des troupes

Le premier élément de rapprochement entre les vigiles et les autres troupes de l'Urbs est
l'existence d'un encadrement commun : centurions et tribuns, sont, en effet, les futurs
officiers des cohortes urbaines et prétoriennes (voir infra p. 146 et 165). Ce circuit classique
(vigiles, statores, urbaniciani, prétoriens pour les centurions; vigiles, urbaniciani, prétoriens
pour les tribuns) est attesté pour la première fois au milieu du 1er siècle ap. J.-C..
Le commandement d'unités permanentes de 500 hommes ne peut être confié qu'à des gens
de métier. Tibère qui, malgré son attachement aux valeurs républicaines, n'hésite pas devant
des mesures radicales en matière militaire4. Une inscription mutilée d'Ostie atteste de
l'existence de tribuns des vigiles à l'époque de Tibère, et le premier centurion des vigiles
connu, Rufellius Severus, exerçe probablement cette charge durant le règne de Tibère.

De même, lorsqu'en 31 ap. J.-C. les vigiles encerclèrent le sénat sous les ordres de leur
préfet Graecinius Laco et de leur ancien préfet Macro. L'autorité supérieure est, à la même
époque, entre les mains d'hommes d'expérience et de confiance : les préfets Laco et Macro
jouent un rôle primordial dans la chute de Séjan. Le relief particulier pris en la circonstance
par la préfecture des vigiles confirme la nécessité de ne confier ce poste qu'à un homme sûr.
Ainsi, la présence au niveau du commandement supérieur de personnages bien en cour
rapproche les vigiles des prétoriens : le préfet des vigiles est, comme le préfet du prétoire, un
des hommes-clé de la cité et le passage de l'un à l'autre poste, fréquemment attesté, est le
meilleur témoignage de cette situation (voir infra, p. 82-87.).

Cette parenté de structures entre les vigiles et les troupes plus huppées de la garnison
urbaine influe probablement sur l'image que les soldats ont d'eux-mêmes et sur celle que la
population à d'eux. Une étape fut franchie avec la loi Visellia de 24 ap. J.-C.. Celle-ci
accorde aux affranchis de statut «Latin Junien» la pleine citoyenneté après six ans de
service chez les vigiles "«Militia ius Quiritium Latinus accipit si inter uigiles Romae sex
annos militauerit ex lege Uisellia» (Ulpien, 3, 5)."
Il faut remarquer toutefois que ces diverses dispositions ne visent pas les mêmes catégories
sociales : participer à la reconstruction des édifices de l'Urbs ou gérer une minoterie n'est à

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la portée que d'affranchis substantiellement riches et pas forcément enclins à dépenser leur
argent pour le bien public5.

Figure 3 : Reconstitution d'une brigade de vigile par l'association COHORS VII VIGILVM

L'engagement chez les vigiles, ne peut être le fait que de classes pauvres, qui trouvent déjà
dans la solde et le pain quotidien des avantages matériels non négligeables. Plus qu'une
mesure incitative, la loi Visellia semble donc la sanction logique d'une situation
implicitement inscrite dans la législation augustéenne. Si le corps des vigiles représente,
pour certains affranchis, un moyen de s'intégrer à la communauté sociale, cette fonction
ouvre de nouvelles perspectives de promotion.

En faisant d'eux des citoyens au sens propre du terme, la loi Visellia accorde aux affranchis
le ius Quiritium, c'est-à-dire le droit de pleine propriété. Les biens du vigile affranchi ne
revient plus ainsi, lors de sa mort, à son patronus : il en dispose désormais librement et ses
héritiers ne peuvent en être dépossédés. De même, il reçoit le ius conubii et peut donc, au
terme de son service, contracter un mariage légal. Ses enfants naissent de condition libre et
citoyens. Enfin, il peut lui-même briguer des fonctions que son statut lui rende
inaccessibles.

Place des vigiles dans la garnison

Les vigiles sont parfois utilisés comme les cohortes prétoriennes ou les cohortes urbaines,
bien avant d'être complètement assimilés à la garnison urbaine.

Sous les ordres du préfet Laco, elles assurent le maintien de l'ordre et préviennent
d'éventuelles réactions des cohortes prétoriennes que l'on sait dévouées à leur préfet. Tibère
et son conseiller militaire du moment, Macro, l'ancien préfet des vigiles, jouent donc
sciemment un des corps de la garnison urbaine contre l'autre. L'épisode de 31 ap. J.-C. à
administré la preuve qu'on pouvait faire appel aux vigiles comme à une troupe de métier en
cas de crise grave et qu'on peut, avec succès les opposer aux prétoriens, même s'ils

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paraissent a priori moins redoutables. Si, au IIIe siècle encore, dans le domaine juridique,
Ulpien ne juge pas inutile de rappeler la condition de soldat des vigiles sur le terrain, les
vigiles de Macro et Laco ont, presque deux siècles auparavant, montré qu'ils sont des
milites à part entière.

Tacite en revanche, ne les fait pas figurer aux côtés des armées de Rome lorsqu'il brosse le
tableau des forces de l'empire (Tacite, An.,I, 16).. Cependant, Tibère ne les a pas oubliés
dans son testament "«Il fit par testament des dons à un grand nombre de bénéficiaires...
mais également à tous les soldats sans exception et à la plèbe romaine, individuellement»
(Suétone, Tib., 76); et Caligula (Empereur de 37 - 41 ap. J.-C.) , qui, par intérêt plus que
par respect filial, devient le fidèle exécuteur testamentaire de son grand-oncle et père
adoptif. L'important est que, pour la première fois, les vigiles sont mis sur un pied d'égalité
avec le reste de l'armée : ils touchent individuellement 75 drachmes et, seuls, les prétoriens
et les urbaniciani sont mieux traités, avec, respectivement, 250 et 125 drachmes.

L'histoire donne raison à Tibère et Caligula : les crises du pouvoir, au 1er siècle, mettent en
évidence le rôle que peut jouer les vigiles dans la stratégie militaire et politique de l'Urbs.

Une institution qui arrive à maturité

Domitien favorables aux vigiles

En un peu plus d'un demi-siècle d'existence, les vigiles ont fait leurs preuves, tant en matière
de lutte contre l'incendie qu'en matière militaire, domaine où ils tiennent leur place aux côtés
des autres troupes de l'Urbs lors des diverses crises du 1er siècle.

Leur attitude, en 69 ap. J.-C., leur vaut certainement la sympathie des Flaviens (dynastie
impériale de 69 à 96 ap. J.-C.), et de Domitien (Empereur de 81 à 96 ap. J.-C.). La
confirmation de leur efficacité et la confiance des Flaviens fait vraisemblablement d'eux les
bénéficiaires des réformes qui affectent alors la garnison urbaine. Dans la réorganisation des
troupes de l'Urbs qu'il entreprend, à la fois par souci d'économie et par précaution politique

Les vigiles sont envoyés à Ostie dès la fin du 1er siècle, et non à l'époque d'Hadrien
(Empereur de 117 à 138 ap. J.-C.). Si Vespasien (Empereur de 69 à 79ap. J.-C.) à été
l'instigateur de la mesure, c'est sans doute à Domitien qu'il revient de tirer les conséquences
de cette réforme.
Cela ne peut se faire sans un accroissement des effectifs.
Domitien ajoute un quartum Stipendium à la solde de
l'armée, enrôle une dixième cohorte prétorienne et
compléte donc, l'effectif des vigiles que les incendies,
nombreux et importants, de la période flavienne mettent
en évidence.
La multiplication de postes à l'échelon supérieur de la
hiérarchie peut, s'expliquer par la multiplication des
tâches confiées aux vigiles, mais elle peut aussi trouver
son origine dans une augmentation de la troupe confiée
aux ordres du préfet des vigiles. Domitien porte le
nombre vigiles alors composé de 500 hommes par
centurie depuis la période augustéenne, à 700.
Figure 4 : Caserne des vigiles d'Ostie

15
Les cohortes de vigiles obtiennent à la période flavienne l'essentiel de leurs structures, et
leur mission comme leur place dans la garnison urbaine est désormais parfaitement définies.
Les cohortes ont désormais leurs cadres et leurs traditions ainsi qu'une hiérarchie bien
établie. Les vigiles se rapprochent par là des autres troupes stationnées à Rome et, tout
naturellement, les principales les plus élevés en grade sont, comme leurs camarades
prétoriens ou urbaniciani, appelés au centurionat. Au même registre appartient le sénatus-
consulte qui réduit de six à trois ans la période probatoire permettant au Latin Junien miles
vigilum de devenir citoyen de plein droit.

Au IIe siècle, les vigiles acquièrent le droit au frumentum publicum, qui fait d'eux les égaux
des Romains de Rome. Une inscription de l'époque sévérienne montre que cet accès au blé
public intervient au bout de trois années de service.

La fin des cohortes

Les périodes flaviennes et séveriennes est donc l'apogée des cohortes de vigiles ; Dioclétien
(Empereur de 284 à 305 ap. J.-C.) affaiblit considérablement la puissance des vigiles «A
partir de là, même les forces de la Ville furent, pour ainsi dire, dépecées; on diminua le
nombre des cohortes prétoriennes et celui de la masse sous les armes» [Aurelius Victor
(historien et homme politique romain 327-390 ap. J.-C.), Epit. de Caes., 89, 47]. Toutefois,
les vigiles existent toujours comme le répportent certains textes relatant la célébration de
leur fête tradionnelle en 362 ap. J.-C., sous l'empereur Julien (Empereur de 355 à 361 ap. J.-
C.). C'est Valentinien I (Empereur de 364 à 375 ap. J.-C.), qui soit entre 364 et 375
supprime définitivement les cohortes de vigiles. Par ailleurs, il remplace les cohortes
urbaines par les officiâtes, réformant ainsi d'un seul coup toute la structure policière de la
cité.

La meilleure définition des nouvelles institutions est donnée par la Notitia Urbis
Constantinopolitanae qui organise le corps avec des individus pris dans différentes
corporations. Celle du bâtiment doit fournir l'essentiel de l'effectif, mais d'autres artisans
peuvent être requis. Il ne s'agi pas là d'une innovation, mais simplement l'application de ce
qui se pratique depuis longtemps. En 111 ap. J.-C., Pline le jeune (61 à 112 ap; J.-C.)
envisage déjà d'organiser un collegium fabrum de 150 hommes pour parer aux risque
d'incendie. «Maître, c'est à toi de voir si tu juges utile de créer un collège d'ouvriers jusqu'à
concurrence de cent cinquante hommes» (Pline Ep., X, 33, 3).

Une recommandation, adressée par Constantin au préfet du prétoire Eugarius, montre


d'ailleurs que le choix de ces collegia est dicté par des questions d'effectifs : il convient de
multiplier les forces disponibles contre l'incendie et donc de recruter parmi les corps les plus
nombreux ou les plus répandus : «II convient que Ton Honneur envoie des lettres à tous les
juges pour que, dans toutes les places où il y a eu des dendrophores, ils soient rattachés aux
collèges de centonarii et de fabri, parce qu'il est important de multiplier la capacité en
personnel de ces collèges» (Cod. Théod., XTV, 8, 1. Daté du 18 septembre 315).

De l'organisation augustéenne ne subsiste donc que le préfet des vigiles, qui survit, à Rome
comme à Constantinople, à la réforme de 364-375.

16
Matériels et préventions anti-incendie

- L'équipement

La référence fondamentale en la matière est le texte de Iulius Paulus conservé au Digeste et relatif
aux devoirs du préfet des vigiles : «Sciendum est autem praefectum uigilum per totam noctem
uigilare debere et coerrare calceatum hamis et dolabris...» (Iulius Paulus , De Officio Praefecti
Vigilum, Dig., 1, 15, 3). Cette description évoque, à travers le préfet, le vigile en action, le juriste
Iulius Paulus ayant ici habillé le préfet en miles gregalis. Trois éléments distinguent ce vigile en
patrouille : les chaussures, la hache (dolabra) et le seau (hama). Iulius Paulus précise en effet que
le préfet qui accompagne ses hommes doit être «calceatus» ; Il est donc vraissemblable qu'il
s'agisse là des caliga traditionnelles des soldats.

Les outils individuels

Les outils individuels que Iulius Paulus assigne par ailleurs aux vigiles sonr la hache et le
seau. Iulius Paulus utilise le terme technique : dolabra. Il s'agit d'une hache terminée par
un tranchant d'un côté et par une pointe de l'autre6. Le seau est naturellement l'instrument
indispensable du vigile. Il peut s'agir de seaux légers et résistants, confectionnés en cordage
ou en spart enduits de poix, comme ceux découverts dans les mines et qui servent à
l'exhaure7. Il se peut aussi que les vigiles aient à leur disposition des seaux plus solides, en
bois ou en bronze dont on a également trouvé des exemplaires dans les mines.

Une des pièces de l'équipement du vigile tire vraisemblablement son surnom de sparteolus
et les hypothèses les plus diverses sont émises sur l'origine de ce sobriquet : pour les uns la
couleur de ses vêtements, semblable à celle du spart, pour d'autres leur texture, pour d'autres
les seaux que les vigiles portent en permanence dans leurs patrouilles, pour d'autres les
cordages qu'ils utilisent. dont le seul moyen pratique de les transporter est de les enrouler
autour de la taille et de l'épaule, à la manière d'un baudrier. Cet accoutrement pouvait valoir
aux vigiles leur surnom de sparteoli et le qualificatif technique de baltearii.

Si le seau et la hache constituent en quelque sorte l'emblème du vigile, l'équipement des


soldats ne se limite cependant pas à cela. Pline déplore d'ailleurs lors de l'incendie de
Nicomédie : «Et par ailleurs nulle part aucune pompe, aucun seau, aucun enfin de ces
instruments nécessaires à la lutte contre l'incendie» (Pline, Ep., X, 33). Afin d'évacuer les
décombres d'un incendie, le Vigile dispose sans doute de grappins qui permettent de haler
les pièces les plus volumineuses. Le gradé responsable de cette opération primordiale porte
un nom dérivé de l'outil qui symbolise sa fonction. Telle paraît être la destination la plus
vraisemblable de l'uncus et de son utilisateur. On a prêté aux vigiles de nombreux
instruments (perches, éponges, couvertures, balais) sur la foi d'un texte d'Ulpien, mal
interprété parce que séparé de son contexte : «Le vinaigre aussi que l'on tient prêt pour
éteindre l'incendie ainsi que les couvertures et les pompes, les perches aussi et les échelles,
les chiffons, les éponges, les seaux, les balais font partie de l'équipement, de l'avis de la
plupart des auteurs et en particulier de Pegasus» (Dig., XXXIII, 7, 12, 18).

Le pouvoir solvant du vinaigre lui permet en effet de mieux pénétrer les peaux et les tissus et
donc de rendre les centones plus résistantes à l'action du feu. Il est possible que les vigiles
utilisent ce procédé : ils devoivent en effet se protéger de la chaleur pour pouvoir approcher
les foyers d'incendie et peut-être se servent-ils alors de centones imbibées de vinaigre pour
assurer leur protection individuelle. Dans cette même optique de protection individuelle, une

17
il semble que les Vigiles (ou au moins certains d'entre eux) possèdent une arme; Mais les
rares représentations sont trop endommagées pour emettre une certitude à ce sujet.
Machina Ctesibiana : l'équipement collectif

Parmi l'instrumentum susceptible de rendre service en cas d'incendie, Ulpien décrit les
pompes, siphones. Enfin le grade de siponarius est attesté parmi les vigiles, sur les listes de
la cinquième cohorte en 205 et 210 ap. J.-C. et sur une épitaphe. La pompe à incendie fait
donc partie de l'arsenal des vigiles. Une description précise et détaillée en est donnée par
Héron d'Alexandrie (Ingénieur, mécanicien et mathématicien grec du 1er siècle ap.J.-C.) :
c'est en fait l'adaptation aux nécessités de la lutte contre l'incendie de la «machina
Ctesibiana» décrite par Vitruve.

«On appelle siphon un instrument qui verse l’eau en soufflant ; les Orientaux s'en servent.
Dès qu'ils apprennent qu'une maison est en feu, ils courent avec leurs siphons pleins d'eau
et éteignent l'incendie; en projetant l'eau vers les parties supérieures, ils nettoient aussi les
voûtes.» (Isidore de Séville, "Les Étymologies", XX - 6 - 9.)

Deux pistons actionnés par un balancier articulé opérent dans deux cylindres un mouvement
alternatif de va-et-vient (fïg. 5). Les cylindres possédent chacun deux orifices munis de
valves, l'un pour laisser pénétrer l'eau, l'autre pour la refouler dans le tuyau de sortie de la
pompe; les valves se ferment et s'ouvrent alternativement suivant le mouvement du piston.
Entre le retour des deux branches est inséré un tuyau horizontal qui pouvait pivoter. Le
circuit ainsi constitué peut se fermer ou s'ouvrir suivant la position du tuyau horizontal
supérieur dont la paroi sont percée d'un trou à chacune de ses extrémités. Pour augmenter la
pression, il suffit de fermer momentanément le circuit et de continuer à pomper.

Figure 5 : La pompe de Héron d'Alexandrie.


Les vigiles de Rome sont être très tôt équipés de ces machines; sans compter logistique
nécessaire pour déplacer l'engin, il faut pour actionner la pompe un homme à chaque

18
extrémité du balancier articulé, un homme à la lance pour diriger le jet et une équipe plus ou
moins nombreuse pour remplir le réservoir. Le siponarius des inscriptions est le gradé
responsable de la manoeuvre; il a sous ses ordres l'équipe des servants de la pompe.
L'alimentation du réservoir s'effectue peut-être sous les ordres de l'aquarius. Toutefois la
seule pompe équipée de la lance et du système de rotation décrit par Héron est celle de la
mine de Sotiel Coronada découverte en 1888 à Valverde (Huelva, Espagne).

A une moyenne de 60 coups de balancier par minute, le débit de


la pompe est de 3600 litres/heure si le rendement est de 100%
(soit 1/2 litre par piston). La pression naturelle imprimée par un
coup de balancier était de 0,0086 bars environ puisque la surface
de l'orifice de la lance est de 3 cm2; on peut considérer que le
système de Héron permet de multiplier par dix ou vingt la
pression naturelle.

La pompe de Sotiel Coronada peut atteindre ainsi des pressions


de 0,086 à 0,17 bars probablement (Domergue, Mines de la
Péninsule Ibérique, p. 459). On peut imaginer des cylindres de
capacité supérieure : une pompe découverte dans une mine de la
Sierra de Cartagena, par exemple, possède des cylindres de 1,9
litre de capacité chacun et le corps de la pompe n'est pas
beaucoup plus volumineux que celui de la pompe de Sotiel
Coronada (dimensions hors tout : 0,74 m de large χ 0,80 m de
haut). Le débit de cet engin est évalué à 7200 1 / heure, et la
pression créée par la lance pivotante à la sortie est de 0,17 à 0,34
bars130.

La capacité des pompes antiques est donc restreinte et seuls des


feux peu importants ou des débuts d'incendie peuvent être
combattus par ce moyen. L'absence de tuyaux diminue
Figure 6 : Antlia Ctesibiana (Musée
archéologique de Madrid via également l'efficacité des pompes. La portée de la lance
http://100falcons.wordpress.com/ n'excéde néanmoins pas dix à quinze mètres.

Plusieurs auteurs attribuent aux vigiles des machines de jet du type de la ballista, en arguant
de la nécessité fréquente d'établir des coupe-feu et en développant en op(tio) ba(llistarum)
l'abréviation OPBA des inscriptions de la cinquième cohorte (Domaszewski, Dobson 1967,
Rangordnung, p. 10). Si les vigiles disposent de ballistae, c'est jusqu'à l'époque des Sévères,
pour bombarder des bâtiments et les abattre. Remarquons d'abord que, comme toute pièce
d'artillerie, la balliste est une arme de combat en terrain découvert et qu'elle n'est efficace
que si une certaine distance libre sépare l'arme de l'objectif à atteindre. Les rues de Rome,
étroites et tortueuses, se prêtent mal à ce genre d'exercice.

Force est donc de reconnaître que les ballistes ne sont guère utiles aux vigiles et que, s'ils les
utilisent, cela reste tout à fait exceptionnelle.

19
- La prévention

Le nombre considérable de soldats enrôlés dans les cohortes de vigiles a souvent étonné : 3500 ou
7000 hommes pour assurer la sécurité en matière d'incendie dans une cité qui ne dépassait pas le
million d'habitants est un record dans le genre.

Conscients de leur impuissance devant un feu déjà développé, les vigiles doit prévenir l'incendie ou,
du moins, l'attaquer à son tout début. Il faut donc être présent partout et à tout moment, mais surtout
la nuit où les risques sont plus grands. La tâche première du vigile est, par conséquent, la ronde
nocturne en s'assurant que chaque foyer possède le matériel nécessaire en cas d'incendie.

"Et puisque, pour la plupart, les incendies sont causés par la négligences des habitants, ile (le
préfet des vigiles) doit faire fouetter ceux qui ont été imprudent au sujet des feux, ou bien épargner
le fouet et leur donner un sévère avertissement."Iulius Paulus ("DIG", I-15)

De plus, le service nocturne étant naturellement plus pénible que le service diurne, il fallait prévoir
des relèves, Végèce (écrivain romain de la fin du IVᵉ et du début du Vᵉ sièclee ) recommandait
quatre vigiliae de trois heures,

Cependant les incendies restent un des fléau de Rome et celui qui se déclenche sous le principat de
Néron, en 64 ap. J.-C. Ne fut pas le seul et ce, malgré les dispositions prisent à ce moment comme
le mentionne Tacite : "L"eau étant détournée abusivement par certains particuliers pour leur
propre usage: pour qu'elle puisse couler de façon plus abondante en plusieurs endroits et être à la
disposition du public, il établit des surveillances, avoir un matériel nécessaire de secours à
disposition dans une endroit facile d'accès; Enfin les habitants ne devaient pas avoir de murs
mitoyens. Ces mesures bien accueillies contribuèrent à l'embellissement de la nouvelle ville." Tacite
("Annales", XV-43-4,6,)

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Lexique

La «réforme servienne», attribuée anachroniquement à Servius Tullius, et attestée à la fin du


IVe ou au du début du IIIe siècle av. J.-C., propose une répartition des citoyens en cinq classes,
¹ selon leur fortune (le cens). Ces cinq classes sont divisées en centuries et en deux groupes
d'âge (juniores et seniores). Les juniores (de 17 à 45 ans) devant servir dans l'armée active, et
lesseniores (de 46 à 60 ans) dans la réserve.

«Parce qu'il était difficile (ou malséant? voir infra note 35) pour les magistrats d'accomplir
une tâche officielle le soir, on créa les quinqueviri cis et ultis Tiberim afin qu'ils pussent agir
en qualité de magistrats» (Dig., I, 2, 2, 31). Dans son édition du Digeste, T. Mommsen
pensait que les termes et ultis Tiberim étaient une interpolation introduite par les
compilateurs. Il appuyait sa conviction sur un autre paragraphe du Digeste, où les mêmes
² quinquévirs étaient appelés Cistiberes par Pomponius (Dig., I, 2, 2, 33) et sur le texte de
Tite-Live (XXXLX, 14,10), où il lisait «quinquevirì uti cis Tiberini... praeessent». Mais le
terme Cistiber peut fort bien être une abréviation d'époque impériale pour quinquevirì uls cis
Tiberini ; quant au texte de Tite-Live, il n'y a aucune raison de préférer la leçon «uti cis
Tiberini» à la leçon «mus cis Tiberini» (voir infra note 28). 27 W. Weissenborn posait déjà la
question dans son édition de 1875

La fonction originelle des quinquévirs n'est pas mentionnée par Pomponius, qui avait
simplement conscience que leur création était en relation avec une tâche nocturne.
L'explication qu'il propose («inconueniens erat...») n'est guère convaincante, à moins de
³ donner à inconueniens un sens concret : en effet la surveillance de nuit, où les risques
augmentaient de façon considérable, était une lourde charge qui pouvait difficilement
(inconueniens?) se cumuler avec une activité diurne. Ce sens de inconueniens est attesté
(TLL, vol. VII, col. 1019-1020, sens 1).

Le rassemblement des cohortes prétoriennes dans un camp unique à Rome, en 23, en est la
4 preuve : on insiste souvent sur le rôle de Séjan (Préfet du prétoire 15-31 ap. J.-C.) en la
circonstance (Durry 1938, Cohortes, p. 45), mais force est de reconnaître que, même si
l'ambitieux préfet du prétoire eut l'initiative, elle n'en reçut pas moins l'approbation de Tibère.

Les termes des dispositions en question sont précis et ne laissent pas place au doute : l'édit de
Claude accorde la citoyenneté à un affranchi Latin Junien capable de faire construire et
d'équiper un navire d'une capacité minima de 10000 modii de blé; les affranchis visés par la
5
mesure de Néron devaient posséder une fortune de 200000 sesterces au moins et en investir
100000 dans les opérations de reconstruction. Enfin, Trajan accorde la citoyenneté à
raffranchi Latin établissant une entreprise capable de moudre cent modii de blé par jour et qui
la gére pendant trois ans au moins.

6 L'utilisation de la dolabra pour démolir les murailles ou combler les fossés est largement
attestée : voir, entre autres, Tite-Live, LX, 37, 8; XXI, 11; Tacite, An., III, 46; Hùt, II, 20.

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Ces seaux ont été découverts en grand nombre dans les mines de la région
de Carthagène, mais leur diffusion paraît avoir été limitée à cette région de
l'Espagne : trois modèles différents se distinguent :
7
Petits - 0,23 à 0,27 de diamètre pour 0,23 à 0,28 m de hauteur
Moyens - 0,40 de diamètre pour 0,48 à 0,58 m de hauteur,
Grands - 0,50 à 0,70 m de diamètre pour 0,80 à 0,90 m de hauteur

C'est plutôt cette dernière catégorie qui aurait été utile aux vigiles

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Bibliographie et sitogrpahie

- François Bérard - LE ROLE MILITAIRE DES COHORTES URBAINES


- Robert Sablayrolles - LES COHORTES DE VIGILES
- Landry Meens - Les officiers de la garnison de Rome sous le Haut-Empire
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Vigiles_urbains
- La Toge Et Le Glaive - Au feu, les pompiers - les Vigiles à Rome.

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