Vous êtes sur la page 1sur 744

rchives

du

MONDI--- LISME
Pierre Hlllard

rchives
du
MONDI LISME

De la guerre
contre
L'Ancien et le Nouveau Testament

Éditions Nouvelle Terre


- Le monde en d'autres perspectives -
Du même auteur :

• Lafondadon Bertelsmann et la «gouvernance mondiale», Paris, François-Xavier


de Guibert, 2009
• La décomposition des nations européennes -De l'union euro-atlantique à l'État
mondial, Paris, François-Xavier de Guibert, 2010 (2c édition)
• Minorités et régionalismes dans l'Europe fédérale des régions - Enquête sur le
plan allemand qui va bouleverser l'Europe, Paris, François-Xavier de Guibert,
2013 (5c édition)
• La marche irrésisdble du nouvel ordre mondial - L'échec de la Tour de Babel
n'est pas fatal, Paris, François-Xavier de Guibert, 2013 (2c édition)
• Chroniques du mondialisme, Paris, Le Retour aux Sources, 2014 (2c édition aug-
mentée, 2015)
• Atlas du mondialisme, Paris, Le Retour aux Sources, 2017 (3c édition)

© 2019, Pierre Billard


Tous droits réservés

© 2019, Éditions Nouvelle Terre


- Ldt. «Glujeau Vihan»/ F-29590 LOPÉREC/ Tél.: 02.98.81.47.86 -
e-mail : contact@editionsnouvelleterre.com
www.editionsnouvelleterre.com
I.S.B.N. 978-2-918470-29-8

Tous droits réservés pour tous les pays et dans toutes les langues

Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, est interdite sans
autorisation préalable. Une copie par xérographie, photographie, support magnétique,
électronique ou autre, constitue une contrefaçon passible des peines prévues par les lois
du 11 mars 195 7 et du 3 juillet 1985 sur la protection des droits d'auteur.
Annexe VI : L'Osservatore Politico du 12 septembre 1978,
La liste pecorelli (également parue ds. Chiesa Viva) .... 379
Annexe VII : Photos du buste du cardinal Rampolla
dans la salle des pape~ de la basilique vaticane ....... 385
Annexe VIII: Photos de !'Angelo della Luce dans la basilique
Santa Maria degli angeli e dei martiri à Rome ........ 391
Annexe IX : The Economist de janvier 1988,
« Préparez-vous à une monnaie mondiale» ............... 399
Annexe X : Les Nations unies, communiqué et rapport
sur les migrations de remplacement (mars 2000) ...... 409
Annexe XI : Union franco-britannique (septembre 1956) .......... 419
Annexe XII: Projet de résolution en faveur
des collectivités locales ........................................ 425
Annexe XIII : Résolution sur les principes del' autonomie locale ... 427
Annexe XIV: Portrait de Theodor Herzl (1860-1904) ............... 435
Annexe XV : Démographie, migrations, répartition profession-
nelle et universitaire des Juifs dans le monde
et mariages mixtes/baptême .................................. 43 7
Annexe XVI: Association« Bnei Brith », Kattowitz, mai 1882 ..... 447
Annexe XVII : Association « Esra » ( 1884) pour financer
la colonisation juive en Palestine ........................ 457
Annexe XVIII : Appel à tous les Juifs allemands
à soutenir leur pays (août 1914) ........................ 465
Annexe XIX: Trois documents concernant l'implantation juive
en Palestine en accord avec les gouvernements
allemand et ottoman au début de l'année 1918 ..... 471
Annexe XX: Buts du sionisme allemand pour les Juifs en alle-
magne, dans le monde et pour les minorités en
général (décembre 1918) ...................................... 485
Annexe XXI: La question des minorités à la conférence de la paix
(1919-1920) et l'action juive en faveur de la protec-
tection internationale des minorités (thèse) .......... 507
Annexe XXII : L'attitude et la politique des sionistes
allemands en mars 1933 .................................... 679
Annexe XXIII : Dai/y Express du 24 mars 1933,
Dédaration de guerre
du monde juif à l'Allemagne ............................. 687
Annexe XXIV: Deux courriers du secrétaire général de l'UFCE
adressés à l'auteur présentant les acteurs
en faveur d'une politique ethnico-linguistique
en Europe ( 1999) ............................................ 699
Plan de l'ouvrage

,,,.
1.rc: partie - PRESENTATION ........................................................ 12

Introduction . . . .................. ..... .................................. ........ ...... 15

I. L'Ancien Testament, socle indispensable au Nouveau ........... 39


A - Le Pentateuque ou les cinq Livres de Moise .................................. . 43
B - Les Livres des Rois et les Psaumes à l'époque du roi David ............. 51
C - Une série de prophètes .................................................................. 56

II. La maison de David continuée par le baptême


de Clovis grâce à l'Incarnation ................................................... 115
A - La controverse au sujet du baptême de Clovis ................................ 116
B - L'authenticité du Testament de Saint Remi ................... ................ 121
C - Le Testament de Saint Remi : son application
et son rejet progressif.................................................................... 127

III. La Révolution de 1789 ou la revanche du Sanhédrin ................. 13 5


A - L'arme de désintégration massive: le philosophisme ....................... 138
B - La Révolution de 1789, cheval de Troie des temps modernes ........... 15 2

IY. C émancipation judaïque des temps modernes ........................... 199


A- Le sionisme ; la défense des critères raciaux judai'ques .................... 204
B - Le sionùme et son impact politique ............. ,................................ 209

Conclusion ··········•····•"········································································ 227

2e partie - AN'NEXES .............................................................................. 241

Annexe I : Jacob Frank et les frankistes, lettres hébraïco-zohariques ..... 243


Annexe II : Dossier du dépistage de la drépanocytose ................... ,..... 295
Annexe III: La hiérardue ecclésiastique maçonnisée
sous les pontificats de Jean XXIII et de Paul VI ............... 307
Annexe IV: La maçonnerie à la conquête de l'Église ........................... 315
Annexe V: The Economist de septembre 1990,
«Une alliance permanente» ................ .................... 369
Annexe XXV : Discours de Herbert Kohn et de Theodor Veiter en
1988 & Résolution 192 ( 1988) préparant la charte
européenne des langues régionales ou minoritaires .. 705
Annexe XXVI : Discours de Siegbert Alber présentant l'évolution
des travaux ethno-linguistique en Europe .......... 747
Annexe XXVII : The Te/egraph du 19 septembre 2000,
« Des fédéralistes européens financés
par des chefs de l'espionnage américain» ......... 757
Annexe XXVIII : Le plan mondialiste et la Chine ...................... 7 61
Annexe XXIX : Agence Reuters d'octobre 2018,
« Rothschild vend ses activités fiduciaires» ........ 771
« De l'esprit dépend la matière»

Abbé Joseph Lémann


1re partie

PRÉSENTATION
Introduction

i, cher lecteur, nous avions à résumer Archives du mondialisme, De


Sla guerre contre l'Ancien et le Nouveau Testament, nous dirions que
c'est le tome 2 de I.:Atlas du mondialisme1• Ce dernier consistait à présenter
dans les cinq premiers chapitres les objectifs matériels en faveur d'une gou-
vernance mondiale tandis que les deux derniers chapitres expliquaient les
référents religieux et philosophiques animant, depuis 2 000 ans, les tenants
divers et souvent fratricides de la synagogue talmudique afin d'imposer un
modèle de réorganisation politique du monde en lien avec une spiritualité
bien définie. Afin d'introduire cet ouvrage, nous estimons nécessaire de
rappeler que toute étude sérieuse repose sur deux points inamovibles : les
impondérables de l'histoire et la compréhension d'une ligne directrice per-
mettant de saisir le cours des événements. Depuis que le monde est monde,
de nombreux éléments échappent aux pouvoirs religieux, politique, mili-
taire et financier, ceux-ci fussent-ils armés des meilleurs moyens techniques
et scientifiques. En effet, les fameux impondérables de l'histoire (les pro-
blèmes climatiques, le comportement illogique d'un dirigeant à un moment
crucial historique, la faute à << pas de chance», etc.) peuvent dévier, ralentir
ou carrément bloquer une machinerie bien huilée conçue à l'origine pour
atteindre un but bien défini. L'histoire regorge d'événements de ce type
dans lesquels des groupes de pression ne jouent aucun rôle. Le géologue
français Adolphe Nicolas rapporte les conséquences d'un fait climatique
accélérant la conquête de l'Ouest américain au début du XIXe siècle :

« Si l'année 1816fût appelée l'année sans été,


c'est q.u'un an plus tôt (les 10
et 11 avril 1815), un volcan indonésien (le Tambora) avait explosé, projetant dans
la stratosphère d'énormes masses d'aérosols. Les effets climatiques forent d'une
telle ampleur qu'il neigea tous les mois en Nouvelle-Angleterre (États-Unis) au

1 Pierre Hillard, Atltu du mondialisme, tditions Le Retour aux Sources., 3t ~dition, septembre 2018.
16 ARCHIVES DU MONDIALISME

cours de l'été 1816 et que la perte des récoltes consécutive à ce phénomène poussa
une vague de fermiers affamés à quitter le pays, à la conquête du Middle West2. »

Outre ces événements non contrôlables, le chercheur doit toujours


relever la ligne directrice d'une période historique afin de ne pas se noyer
dans une foule d'informations cachant la cause profonde à l'origine d'un
phénomène. Afin de comprendre la méthode que nous allons utiliser pour
présenter et commenter cet ouvrage, nous allons nous référer à ... Napo-
léon 1er. L'étude de cet homme hors norme est la porte ouverte à la dis-
persion la plus complète pouvant obscurcir la compréhension de la geste
napoléonienne. Que voyons-nous? Un jeune officier d'artillerie s'illustrant
durant le siège de Toulon en 1793, poursuivant tel un jeune Alexandre
des campagnes victorieuses en Italie (1796/ 1797), en Égypte (campagne de
1798/ 1801 se terminant par une défaite avec son successeur, le général Me-
nou) puis, après un retour épique de son séjour chez les Mamelouks, pro-
cédant à un coup d'État en France (le fameux 18 Brumaire, le 9 novembre
1799). Démarrée sous la forme d'un Consulat, la réforme politique de la
France s'est achevée le 2 décembre 1804 par un couronnement, immortalisé
par le peintre David, comme empereur à la cathédrale Notre-Dame sous le
regard quelque peu éberlué du pape Pie VII. Tout en continuant à réformer
le pays (Concordat, Code civil, Franc or, ... ) , les victoires militaires s' accu-
mulent : Iéna, Auerstaedt, Austerlitz, Friedland, Wagram, les plaines russes
et la prise de Moscou. Mais la roue de la fortune tourne. Le refus des Russes
de céder aux ambitions napoléoniennes conduit l'empereur à sonner la re-
traite, ce qui n'empêche pas la Grande Armée d'être anéantie par le froid et
les attaques surprises des Cosaques au cours du terrible hiver 1812. Cette
défaite des armées françaises renforcée par celle de la Guerre d Espagne
conduisent à la première abdication en 1814 et à un exil sur r ile d Elbe.
Après un retour fracassant, les Cent-Jours se terminent le 18 juin 1815 par
2
Adolphe Nicolas, 2050, rendez-vous à risques, ~dition Belin, 200 , p. 8. Comme le rappon~ la
quatrième de couverture au sujer de cet auteur : Adolphe NicolM~ professeur hnm~ l vniwrsitl ~
Montpellier, est géologue. li a lté pmdanr quatn an11les conseiller au ministm tÛ "1 R«herrhe. en ch 1ft' d~s
sciences de l'Univers et de l'environnement. li a reru en 2004 la mlûilk H11rry Hm th l'Unio,r ambiC11i1u
dt glophysitJl,e pour m travaux sur la comprihtnsion tÛ la dynamique urrmre. » Comme auttt ·cmplc,
nous pouvons citer l'explosion du volcan islandais Lald., en 1783 dont le nuage s•étendit sur route
l'Europe occidencaJe bloquant le rayonnement solaire. l'impact désa ·creux sur r~gti ulrurc fut. tel qu<!
le prix du pain monta en France provoquant de nombreux mécontencs. Cc phénomène parmi d!autre
éléments (banqueroute financière de l'État, influcn e maçonniques jud~sation des esprits parmi le
révolutionnaires via les loges, ... ), fut un des éléments aidant à la Révolution de l 89. La mp.réhcn•
sion des référents religieux et philosophiques e. c donc indispensable afin de c.rn.~.r les eau e profondes
à l'origine d'un cacaclysmc social. Par exemple, si le cri es limatiques en Fr.uicc en 169 Il 9 et en
1709 furent terribles et causèrent des centaines de milli rs de morts, dlcs n-c suffirent p dédcnclicr
une Révolution. Pre que un siècle plus rard, le problèmes financiers liés à de m u is rendement r-
coles des années 1784 et suivantes ne furent que des opportunité au crvi c d•une ciste afin dïmpo ~r
par le biais de la Révolution un autre modèle contraire à elui né du baptemc de Clo 1s. us, auron
l'occasion d'approfondir ce thème dans le chapitre 111 con acré aux acteurs de b. Révoluti n ~
INTRODUCTION 17

la défaite de Waterloo face aux Anglo-Prussiens. Le départ sans retour à


Sainte-Hélène scelle définitivement l'histoire unique de cet homme. Face
à un tel phénomène, que doit-on retenir de toutes ces pérégrinations mili-
taires dans l'Europe entière? Pour véritablement saisir la trame de tous ces
événements, il faut s'appuyer sur l'ouvrage fondamental de l'historien et
journaliste Jacques Bainville (1879-1936 3). En effet, son Napoléon, paru
en 1931 donne la clef de ce grand tourbillon : le maintien de la Belgique
et des territoires limitrophes au Rhin dans l'espace français. La conquête
de toute cette zone par les armées de la Révolution à partir de 1792 et son
intégration progressive au territoire national ne pouvaient absolument pas
être acceptées par l'Angleterre, car « Anvers est un pistolet braqué sur l'Angle-
terre» selon les affirmations de son Premier ministre William Pitt. Déjà
l'annexion de la ville de Dunkerque par la France avait été difficilement ac-
ceptée par Londres, ne parlons pas d'Anvers, véritable casus belli. Toutes les
guerres napoléoniennes n'ont pour but que de faire accepter à l'Angleterre
le maintien de la France sur le Rhin, la Belgique étant la plaque tournante
de cette politique. Toute l'action de l'Angleterre est de faire lâcher prise à
la France afin de la ramener à ses frontières de 1792. La politique de blocus
commercial imposée par Napoléon 1er contre Londres poursuit l'objectif de
faire plier le gouvernement britannique. Les guerres contre l'Autriche, la
Prusse, l'Espagne et la Russie ne se comprennent qu'en raison de la volonté
française de contraindre ces pays à ne pas commercer avec l'Angleterre afin
que celle-ci cède aux volontés impériales. Quand l'empereur est à Vienne,
c'est à cause de la Belgique. À Berlin, toujours la Belgique. À Moscou,
encore et toujours la Belgique. Et comme un retour aux fondamentaux
établis par les conquêtes de la Révolution, le sort de Napoléon 1cr se joue et
l achève à Waterloo ... en Belgique.

Si nous appliquons le même raisonnement à l'égard de la Bible hé-


braïque, appelée aussi Tanakh nous observons une véritable pléthore de
textes religieux se subdivisant en trois parties : la Torah (la Loi), les Nevtim
(les Prophètes) et les Ketouvim (les autres écrits ou Hagiographes). En effet,
nous pouvons citer dans la première partie: la Genèse, l'Exode, le Lévitique,
les Nombres et le Deutéronome constituant cette Bible4 • Celle-ci est ac-
3 Outre cet ouvrage, son chef-d,œuvre d,inrelligence se nomme Les conséquences politiques dt '4 paix,
paru en 1920 et annonçant vingt ans à r avance tous les événements conduisant à la Seconde Guerre
mondiale. U ne faut, cependant, pas oublier que le génk de Ba.inville était marqué par le naturalisme
r emp!chant de comprendre les causes profondes de l1 histoire humaine. Son Histoire dt Franct d'une
grande qualité littéraire est marquée par ce tour d'esprit le rendant incapable de saisir le sens profond
du baptême de Clovis et de la mission de Sainte Jeanne d'Arc pour la France ec pour le monde, thèmes
que nous traitons dans le deuxième chapitre.
4 Pour les chrétiens, les cinq textes composant le Tanakh sont appelés le Pentateuque. La différence

entre ces deux mondes se situe dans rinterprétation donnée par les élites rabbiniques et celles de l'Église
quholique.
18 ARCHIVES DU MONDIALISME

compagnée, dans une deuxième partie, d'une multitude de livres se référant


à de nombreux prophètes se subdivisant en trois catégories : 1) les premiers
prophètes (Josué, les Juges, Samuel, Rois); 2) les prophètes seconds (Isaïe,
Jérémie et Ézéchiel); 3) les petits prophètes au nombre de douze : Osée,
Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahoum, Habaquq, Sophonie, Agée,
Zacharie et Malachie. Enfin, dans une troisième catégorie, nous pouvons
dresser une série de livres divisés en trois groupes : 1) Les Trois Livres poé-
tiques (Livres des psaumes, Livre des Proverbes et Livre de Job; 2) Les Cinq
Rouleaux (Cantique des Cantique, Livre de Ruth, Lamentations, Écclésiaste
et le Livre d'Esther); 3) les autres Livres historiques (Livre de Daniel, Livre
d'Esdras et de Néhémie et les Livres des Chroniques, appelés aussi Paralipo-
mènes). Nous pouvons être légitimement désorientés devant cette avalanche
de textes et de livres issus de la Bible hébraïque. Et pourtant, il est possible
de relever un point central autour duquel tout s'agrège: la promesse d'une
lignée messianique aboutissant à l'Incarnation et parallèlement I' exis-
tence d'un mal cherchant à soumettre l'humanité à son empire. Même si
nous allons dévelppper cet élément dans la première partie de cette présen-
tation, nous pouvons déjà l'illustrer à partir du texte hébraïque. Sous l'in-
fluence du serpent tentateur au jardin d'Éden 5, n'hésitant pas à pousser à la
rébellion contre un monde ordonné selon une formule appelée à tarauder
le genre humain jusqu'à la fin des temps, celui-ci n'hésite pas à susurrer :

« Vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal» ( Gen, III, 5 6).

Ève mangea le fruit de l'arbre « au milieu du jardin» entraînant


5
La compréhension du jardin d'Éden elon la vision juive est à cerner à l'a une des répercu ions poli -
tiques, géopolicique et spirituell es: «Jardin où selon la Genèse (chapitre 2), Dieu plara Adam immédia ~
temmt après l'avoir créé. L'.iden contenait "tout arbre agréable à voir et bon à manger ", ainsi que "L'arbre
de vie'' et "l'arbre de la connaissance du bien et du mal". De /'Éden sortait un f/e14ve qui u divisait m
quatre branches : Pichô, Gihôn, le Tigre et /'Euphrate. Après qu'Adam et bve eurent mangé de "l'arbre de la
connaissance ", ils forent bannis de /'Éden, de peur qu'ils ne mangent de ''l'arbre de vie "et ne vivent lternel-
lement. ( ... ) À travers toute la littérature juive, l'JJden est considérl comme /( paradigme de La perfection.
Ainsi, Ézéchiel parle de "/'Éden, le jardin de Dieu '', contmant toutes sortes de pierres précieum (Ez 28, 13)
et des arbres merveilleux qui poussent dans le jardin (Ez 31, 8-10). L'.idm sert aussi à décrire la resta ura-
tion du pays qui avait hé dévastl et qui deviendra finalement semblable au jardin d 'Éden (Ez, 36, 35). La
littirature rabbinique plus tardive distingue deux jardins d'éden : le terrestre, ici-bas, et le ci/este. ( ... ) » in
Dictionnaire encyclopédiqt1e du judaïsme, éditions erf/Robert Laffonr, 2008, pp. 297-298.
6
Pour les citation , nous nous référons à la Bible hébraïque traduite et publiée sous la dJreccion de
Samuel ahen à partir de 1831, cette dernière étant le reflet de la montée en pui sance du judaY me
dan la so iécé françai e aprè 1789. Pour le côté catholique, nou utiliserons la Bible Crampon. Il r
très intéressant de noter que la Bibl hébraïque de Samuel Cahen est dédiée au roi des Français, Loui -
Philippe, fiJs de Philippe tgalité. Dans un texre introductif, amuel Cahen rend homm ge à ce roi
n raison de « l 'adoption d'une loi récente. le commencement d'une ère de véritable égalité». L'auceur fait
référen e à Ja loi du 8 r◄ ·vrier 183 l tipulanc : « À compter du l" Janvier 1831 , les ministres du mite iJraé-
lite recevront des trtlitements du Trésor public ». L'ordonnance du 22 mars 1831 « établit les traitements
des grands rabbins à 3 000 francs par an et celui du grand rabbin du Consistoire central à 6 000 francs »
in hnp://judajsme,sdv.fr/hisroire/hisroriq/consisro/maxw,hrm Él~menr révélateur et en raison d' une
INTRODUCTION 19

Adam dans la faute. La punition divine tomba sans appel avec l'expulsion
de ce couple du lieu-dit, la femme enfantant dans la douleur, l'homme
gagnant son pain à la sueur de son front, 1 ensemble retournant à la fin de
la vie terrestre à la poussière. Cependant, à peine la sentence divine fut-
elle prononcée qu,une renaissance du genre humain est annoncée afin de
contrer la victoire du serpent. Comme nous allons le constater au fil des
pages, nous relèverons une série d,annonces qui, par petites touches pro-
gressives, proclame clairement un renouveau réparant les conséquences de
cette faute. En effet, il est précisé peu après dans cette Bible hébraïque :

«j'établirai une inimitié entre toi et La femme, entre ta progéniture et


la sienne; celle-ci t'écrasera la tête et tu lui blesseras le talon» (Gen, III, 15).

Il est donc annoncé dans le texte hébraïque qu'une femme bénéfi-


ciant d'une descendance jouera un rôle décisif afin d'annihiler l' œuvre du
serpent ayant introduit la souffrance et la mort dans la Création. Il est éga-
lement annoncé que ce même serpent subira le joug de cette femme. C'est
justement cette femme que nous retrouvons citée plusieurs fois parmi les
nombreux prophètes de l'Ancien Testament, plus exactement, une Vierge
ou Almah7 • Cependant, il s'avère nécessaire de cerner la conception du
mal, selon la Bible hébraïque, afin d'en comprendre les conséquences, mais
aussi d'établir des comparaisons avec le catholicisme. L'image du serpent se
réfère au concept du mal désigné par le mot «Satan». Une distinction de

tournure d'esprit propre à sa formation , Samuel Cahen n'hésite à pas à écrire que « la tolérance enfin
est devenue une vlritb, in hnps://www areopage,ner/PDF/Cahen/0 l-Gen%C3%A8se.pdf. Préci ons
aussi que l'ambition de Samuel Cahen de traduire la Bible hébraïque est due -à l' influence de Moses
Mendelssohn en raison de la réédition en 1818 de sa Bible hébraïque en allemand, in https://www.
arcopage,ner/cahen.hrml. Ce dernier a joué un rôle important dans le lancement de la Haskala (« Les
Lumières juives») au XV1JI< siècle, en raison aussi de l' influence protestante de Gotthold Ephraïm
Le sing (1729-1781), fus de pasteur. Coocern:int le rôle de Lessing, Mendelssohn et autres activistes
de la cause, en particulier de r émancipation des Juif dans les années précédant 1789 puis au cours de
cette Révolution, voir le chapitre Ill.
7 Le mot hébreu Almah (11. virginité» au sens physique du terme) est sans ambiguïté comme le rapporte

l'abbé Augustin Léman n ( 1836- 1909) , Professeur d' Écriture Sainte et d~hébreu aux facultés catholiques
de Lyon : " Les Livres Saints prottstmt, en nous tWnnant le vrai sens de ce mot Almah, emplcyé par Isaïe.
Ce mot, tn effet, ne figure que sept fois dam la série des quarante-cinq livres qui constituent l'Ancien Tes-
tament. Or. toujours, 1am au singulier qu'au pluriel, il désigne une vierge ou des vierges : Genès.e, XXIV,
43 {Rébecca), Exode, Il 8 (Marie, sœur de Moïse}, Psaume LVIII, 26, Vulgate LVI/ (les jeunes vierges
musiciennes), Proverbu, XXX, 18-20, Cantique, VI, 8, Cantique, 1, 3, Isaïe, VII, 14. Qu'on parcoure tbus
eu passages, et l 'on comtattra que jamais le mot Almah, dam la Bible, n.e désigne une femme mariée, mais
toujours une jeune vierge rmfermie dans la maison paterne/le et sous la tuttile de ses parents. » in Abbé
Augustin Lémann, La Vierge et /'Emmanuel, Éditions Saine-Remi, 1904, pp. 50-51. Concernant le
prophète Isaïe, Vil , 14, cel ui-d écrie : « Voici que la Vierge ,DnfOit et enfante un fils, et elle lui donne·ra
le nom d'Emmanuel. » Cerce citation vient du même ouvrage. Précisons que cette progéniture ou pos-
térité jndique, pour Je monde chrétien, Ja Vierge Marie donnant naissance à l'Emmanuel (~ Dieu avec
nous ), c'est-à-dire Je Christ rachetant par sa Passion la faute d'Adam et Ève (le péché originel), faute
non reconnue dans la Bible hébraïque. Concernant ce dernier point, c'est un élément essentiel à retenir.
20 ARCHIVES DU MONDIALISME

ce mot est à établir entre le Tanakh et le concept chrétien. Nous restituons


l'intégralité de la définition de ce terme selon les Juifs en nous référant au
Dictionnaire encyclopédique du judaisme :

« À l'origine, le mot ''satan" signifiait dans la Bible hébraïque un ad-


versaire, quelqu'un d'hostile. Ainsi, dans 1 R 11, 14 : "L'Éternel suscita un
adversaire (satan) à Salomon, à savoir Hadad l'Édomite8• " Dans les livres
plus tardifs de la Bible, le mot signifie un être surnaturel qui, dans la sphère
céleste, accuse l'homme devant Dieu. Cette fonction attribuée au satan ressort
particulièrement dans le prologue de job (I - 2) où "le" satan défie la sincé-
rité de la piété de job. Dans ce texte comme dans celui de Zacharie (3, 1-2),
le satan ne peut agir que dans les limites imposées par Dieu et lui est
totalement subordonné (ndla : souligné par nous). On pense que le concept
d'un accusateur céleste de l'homme découlait du désir de ne pas attribuer le
mal à Dieu (comparer 2 S 24, 1 où Dieu incite David à dénombrer le peuple
et 1 Ch 21,1 9où David est provoqué par satan, sans article cette fois). Dans les
apocryphes et les pseudépigraphes, comme dans le Talmud et le Midrach, le rôle
de Satan est nettement amplifié. Alors qu'il n'était qu'un subalterne de Dieu,
il incite maintenant l'homme à désobéir à la volonté de Dieu et prend donc le
nom de Mastémah ("inimitié") dans le livre des jubilés. Il s'appelle Belial dans
le Testament des douze patriarches et Ange des ténèbres dans les manuscrits de la
mer Morte. Cette évolution du concept de Satan est peut-être influencée par le
dualisme perse. Il figure dans de nombreuses croyances populaires et la liturgie
s'y réfère modérément. Le Hachkivénou 10 du soir demande : "Écarte de nous la

8
Il est intéressant de noter que les traductions en français peuvent altérer le document original. Ainsi,
il est écrit : « Hachem ruscita tm enn~mi (ndla : souligné par nous) à Chelomo : ce fut Hadad l'Édomite
qui était de la race royale d 'Édom. » Le texte hébreu utilise le mot de «Satan )) (lt>W et non « ennemi i>) in
Rachi séftr Melakhim 1, les Rois/, Édirions Gallia, 2003, pp. 148-149.
9
Nous devons d 'avance préciser que dans le concept catholique, Dieu n'incite jamais au mal sinon il ne
erait pas la perfection divine e( sans cache. Il laisse l'homme libre accordant à Satan un certain degré
d'activisme. Ainsi, Job fut soumis aux pires souffrances par Satan afin de tester sa fidélité à Dieu dans
cous les moments de son existence. Celui-ci permit cette liberté satanique à l'exception de la mise à
mort de Job qui ne modifia pas, malgré les épreuves, sa piété envers Dieu. Il en va de même avec le roi
David voulant procéder à un recensement de son peuple. Comme l'explique l'abbé Louis Claude Fil-
lion (1843 .. 1927), Professeur honoraire à l'Institut catholique de Paris et consulceur de la Commission
biblique pontifl ale: « La pçmée vint à David, à la suite de m nombreuses victoires - pensée suggérle par
Satan, comme le dit expressément l'auteur des Paralipomènes; mais avec la pumission de Dieu, ajoute celui
du Il' livre des Rois - de faire le rec,numem de son peuplet c'est-à-dire, des hommes dgés de vingt ans et
1114-dmus, capables de porter les armes. Ce pr()jtt n'était pas mauvais m soi. Toutefois, le motifpour lequel
le monarque lavait conçu ltait très imparfait, car il n'irait autre qu'un sentiment d'orgueil, la vaine satis-
faction de faire parade, à ses propres yrux et en face des natiom voisines, de la puissance ~ ses armes. Rien
n'était moins thlorratiqtu qu6 et mouvemtnt de vaine gloire et d'ambition, attendu que la grandeur d1srai/
ne devait comisur que dans son union avec lt Seigne"r, son vrai roi, son tout-puissant protect~r, et non
d,ms la force des ,1rmu et d4ns les coTJquêtes. ~ in Louis Claude Fillion, Histoire d1sraël, peuple de Dieu>
Librairie Lecouzé et Ané, 1927, Tome 1, p. 554.
10
"Fais-nous reposer m paix", premier mot de la deuxième bénédiction rlcitl ( ... ) de l'office quotidim du
i(

soir>) jn Dictionnaire encydopidiq14e du judafsme, op. çit., p. 407.


INTRODUCTION 21

persécution, la peste, la guerre[. .. } et Satan", tandis que les bénédictions ma-


tinales préviennent "le corrupteur Satan". Avant Le mousaf 1 des grandes fêtes,
on inclut égal~ment : "Empêche le Satan de m'accuser", et sous l'influence de
la kabbale, on ajouta six versets bibliques à réciter dont les lettres initiales for-
ment l'acrostiche Kera Satan ("Arrache Satan'') avant la sonnerie du chofar 12 • »

La compréhension du mot« Satan», selon les Juifs, se doit d'être com-


parée à l'enseignement de l'Église catholique. Elle enseigne qu'une hiérarchie
angélique fut créée par Dieu, mais que celle-ci fut soumise à une épreuve
consistant à reconnaître et à adorer la figure de l'Incarnation ou Verbe In-
carné (vrai homme et vrai Dieu) en la personne du Christ. C'était l'anticipa-
tion du Médiateur universel entre Dieu et la Création naissant d'une Vierge.
Or, parmi cette hiérarchie angélique, le plus beau, Lucifer ou « Porteur de
Lumière» (Lux ferre 13 ) lança le vent de la révolte refusant de se soumettre
à l'Homme-Dieu selon une formule ciblée « Non serviam » (« Je ne servirai
pas»). Comme le rapporte l'auteur catholique Jean Vaquié (1911-1992):

« De
plus, il ne voulait pas dépendre d'un Homme-Dieu qui ne serait
pas un pur esprit puisqu'il tirerait de la terre la substance de son corps. Plus
radical encore fut son refus de s'incliner devant la "Mère-de-Dieu" qui serait
un créature simplement humaine et que l'on prétendait lui imposer comme
Reine des Anges. ( ... ) C'est lui, Lucifer, estimait-il, qui était désigné, en toute
logique et donc en toute justice, pour devenir l'adorateur suprême et le média-
teur universel par qui la participation à la vie divine devait s'opérer. Bref,
l'Homme-Dieu lui prenait la place qu'il croyait lui être due, à lui Lucifer, en
toute justice. Telles furent ses pensées en cette épreuve capitale1 • »

11 ~Le mowa/( ... ) est constitué par l'ajo11t, dans le paragraphe i11urmédiaire, dt trois blnldictions» in

ibid., p. 748.
12
Ibid., p. 926. on rnant la llbert~ d'a tion permis p r Dieu ata.n au sujet de Job, on peut me urer
ce pouvoir p r le fuit ·uivanc t « Le mu, dont Dit" Irait le garant tt le soutien da par les amis lui font
dlsormais cruellemmt difaut. la source dt sa soujfr,mct la plus aigui rlsidt "4ns lt taracttrt inexplicable dt
et 'l" 'i/ considère tommt ,uu punition. Enfin, job dlcrit ses sou.ffrancts. Alors qut la ptrtt dt us bitns ne lui
inspire aumnt rlaction particulitrt, le caractirt outrd dt la soumissio11 qu'il maniftstt lors de la mort dt ses
mfontt indique !t smtimtnt confus d'un doublt uanda/e : ,·elui du fuste qui enterre ses enfants. Drr~spect
dom il est désormais l'objet lt ro11ge, mai.s lts commentatturs juifs soulignMt lt caractère incompart1blt du
souffrances physiques qwi lam1bltnt. S'il s'installe sur un tas dt cendm c'tst pour qut ses membres inftrieurs,
envahis de pustules, y suppurrnt. li t:t>mmmct par gratttr dt us ongles le haut dt son corps, couvert dt croàtts-,
mais lorsque ces dtrniirts tombent, il utilise des ttsso11s. Au,-unt soujfra11u n'est stmblab/e à la sienne lui
qui tst frappé de cinquantt plaits, parmi üsquelltr sept orw dt foroncüs tt un corps grouillant dt vers. » ln
I ab Ile "ohen, U11 mo11dt à riparer, préface du Grand Rabbin de Fron e Haîm Korsia> Éditions Albln
Mkh 1, 2017, p. 462.
1
Nous pou von not r que le: prophète Isaïe évoqu l, orgu~il et la chute de Lucifer dans la Bible
hébr îque : «Ah! omme tu ts tombé d11 cit/ a.strt brillant, fils du mati11; tu ts ,1ba1tu 4 ttrrl, toi f{Ui
affaibli sau ils nations l trtes, c'est dans lt schlol (ndl. : séjour des morts dans l'Ancien Testament, lieu
de non r tour et sans louange d Dieu) ffUI tu dtsctnd.rai au fond dt la fosu -», (Isaïe, XIV, l 2, 15).
1
J an V: quié, Abrlgl tk dlm011olJJgi1, J!ditions nlm-Remi, p. 12.
22 ARClilVES DU MONDIALISME

Cette révolte reposait sur le désir du rebelle d, acquérir un pouvoir t


un culte. Ralliant une partie des chœurs angéliques à sa cause, J'en emble
vir opposer la réponse du groupe adverse sous la direction de Saint Mi h l
selon la formule "' Quis ut Deus? Qui est comme Dieu ? > Nou r trouvon
dans cette formule l'exacte opposition à celle, déjà citée adre~ ' par l
serpent a Adam et Ève Vous serez comme des dieux». Or en ontinuant 1
présentation de aran don le modèle catholique, nou rappelon qu. l
Bible hébraïque précise qu'en plus de la femme, le erp nt aura lui au i
une progéniture. Que ignifient ces propo ? Étant un pur e prit ·a d ..
cendance ou po térité ne peut pas etre humaine. ependant l influ n
de son corps mystique ou caché, i l'on peut dire, 'ex r ra ur u, - d
hommes et des nations - se ralliant à on idéal. tt pi -
riruelle trou era on apogée avec l'Anréchri t à la fin d t mp,. 'hi colr
de l'humanité, depuis la faute originelle, est don la lu ttc en cr d u rp
m tiques diamétralement pp és, l'un de endant d'un· Vi rg · ou Almah
permettant le rachat de la faute is ue du jardin d' den t l'autr r roup nr
les ralli' a la ca e de l' ange rebell cher hant an antir 1 R ' d IUJ ti n
avec répercw ion piricuelle t p litiqu .

Caurhentidcé des texte de l' An jen 11 , am nt u in rr n ,


biblique (Patriarche , proph re , .,.) e r mi e ~n dout u, p ut· rt \in\
complerement rej tée- n effet, le rati n · · ont , t nt '
p onnag comme Abraham et M amment it ~ d
dam k aum . Il dm nt d
repo ra pr uve hj codqu n rép cori
' p n<l nt J urim . lo , Id n l'hl 1

' ,ndi n d r onn( icr qt fi· , 1 s


f fo t J rll ~· '
I' m inv nrior
~ c un
i
u li

t
,(Jlfl '111
·ïlra Ju.. O) l U nuh
INTRODUCTION 2

encycliques Divino Affiante spiritu ( 1943) et Humani generis ( 1950) de


Pie XII. Nous serons amenés à citer des extraits de certains de ces texte un
peu plus loin, mais aussi ceux émanant d'universitaires et/ou théologiens
rationalistes afin de montrer le fossé entre ces deux mondes. En attendant
et d'une manière plus prosaïque, nous nous autorisons cette comparaison
archéologique. Lors de l'éruption du Vésuve en 79 apr. J.-C. les nuée
ardentes se sont abattues sur Pompéi ensevelissant les hommes et les animaux
sous une véritable gangue de cendres volcaniques. La chaleur terrible et le
temps ont fait disparaître les corps enveloppés par ces cendres solidifiées
constituant un véritable revêtement recouvrant des victimes disparues
depuis. Ces revêtements sont les preuves de l'existence d êtres humains
ou animaux ayant existé, mais dont on ne possède plus la moindre trace
physique. D'une certaine manière, les textes de l'Ancien Testament sont
l'expression de personnages authentiques, mais difficilement identifiables
archéologiquement. Parfois une heureuse découverte permet de mettre à
jour un phénomène dûment cité dans l'Ancien Testament. Jusqu'à une
date récente, l'existence même du roi David n'était historiquement pas
reconnue par les rationalistes. Comme l'écrit le philosophe, écrivain et
bibliste Maurice-Ruben Hayoun:

« Or, ce n'est que le 21 juin 1993 que fat découvert à Tel Dan, une
localité située au nord d1sraël, un morceau de basalte portant clairement La
mention suivante : "beyt David, la maison ou la dynastie de David1 ". Nous
y reviendrons, car le caractère aléatoire de cette découverte conduit à tirer
l'enseignement suivant : la non découverte d'indices archéologiques concernant
un fait ou une personne ne permet pas de conclure nécessairement à sa non
existence, voire à son absence absolue. Le morceau de basalte, si fortuitement
découvert, provenait d'une stèle triomphale commandée par le roi d'Aram qui
sy vantait d'avoir tué deux rois de la dynastie davidique. Ce monarque ara-
méen qui vivait peu avant BOO avant j.-C. dit avoir tué ]ehoram, roi d'Israël,
et Akhazias, roi de Juda. On peut supposer que cette inscription sur la stèle
a été gravée environ un siècle et demi après la mort de David. Sa découverte
date bien de 1993, mais son existence remonte au moins à neuf ou huit siècles
avant notre ère ... ( ... ). Pour quelle raison trouve-t-on si peu de vestiges dans
cette région du monde? C'est assez simple : toutes ces destructions suivies de
reconstructions rapides ou tardives ont oblitéré la plupart des vestiges archéolo-
giques en raison de leur réutilisation systématique ... La conséquence en est un

15Soulignons que l'expression en hébreu ancien tt la maison ou la dynastie de David ,. est sujette à
controverse chez certains spécialistes qui estiment qu,un marqueur de séparation devrait exister dans ces
mots, changeant leur signiflcation. Des hommes de science comme, entre autres>Anson Raincy (1930-
2011), spécialiste de linguistique de l'époque antique, considhe que cela n>cst pas toujours l~ cas selon
des critères qui font la joie de débats sans fln entre érudits.
24 ARCHIVES DU MONDIALISME

enfouissement toujours plus profond des vestiges archéologiques. Les matériaux


de construction étaient une denrée plutôt rare et les ruines des monuments ou
des habitats détruits presque toujours réutilisées pour ériger de nouveaux édi-
fices. Tel fut exactement le sort de ce morceau de basalte qui s'était détaché d'un
mur où il avait été réutilisé, échappant ainsi à la vigilance des fouilleurs. C'est
pourtant ce modeste morceau de pierre (32 x 22 cm) qui nous permet de dire
aujourd'hui, depuis cette découverte effectuée sous la direction du professeur
Abraham Biran 16, qu'une source extrabiblique matérielle mentionne bien des
membres d'une dynastie dont David fut le fondateur 17 • »

Un autre point se doit d'être abordé concernant les textes hébraïques.


Il s'agit des auteurs de ces livres. Ils sont attribués à Moïse concernant
l'Ancien Testament. Cependant, comment les textes décrivant la mort de
ce dernier ont-ils pu être écrits par le même personnage? Normalement,
quelqu'un d'autre a dû (mais pas pour tout le monde) 18 , au nom de Moïse,
finaliser le document biblique. Il faut considérer que ces livres, même en
ne remettant pas en cause l'authenticité du message inspiré issu du Penta-
teuque, furent, pour certains, revus ou retravaillés (mais textes reconnus
comme canoniques par l'Église comme expression de la Parole divine 19)
autour d'un drame marquant la mémoire juive : la déportation à Babylone
par Nabuchodonosor en 586 av. J.-C. Concernant l'interprétation de ces
Livres, nous présentons les deux mondes de pensée : l'un rationaliste évo-
quant uniquement des faits matériels ou pratiques (certes à ne pas négliger),
mais sous une forme idéologique (étranger à toute forme de Révélation)
avec la notion de faute outrageant Dieu suivie d'une punition 2°, c'est le cas
de l'école représentée par Thomas Rômer 21 ; l'autre étant l'interprétation,
16
Abraham Biran ( 1909-2008) fut le directeur de l'i nstitue d'archéologie Hebrew Union Co/lege de
Jéru lem .
17
Maurice-Ruben Hayoun, le roi David, Perrin, 2012, pp. 13-15.
18
Huit vers c avant la fln du Deutéronome ( 4,5), il est évoqué la more de Moîse. Afin de trouver une
réponse à cette situation, le Talmud (code civil et religieux de la ynagoguc nouvelle élaboré à partir du
II' i 1~ apr..J,- .) propose deux solution (BB, 14b, 15a) : « 1. les huit derniers versets ont ltl écrits
par Josué tt non par Moise ; 2. Dieu a dicté Jes huit dtrnitrs versets à Moise avant sa mort, "et Moïu les a
lcrits dans les larmes". i> in Dictionnaire mcycJopédiq,u du judafsme, op, cit., p. 275.
19 omme le confirme Léon XIII dan on encyclique Providmrissimus Deus (1893) : Ces Liures, m
effet, dictés par J'Esprit-Saint lui-mime, contimnmt des vlritls trts importantes, çachlts et difficius à
interprlttr en beaucoup de points; pour les comprmdre et Jes expliquer. nous aurons donc toujqurs besoin
de la prbente de ce mime Esprit (. t jlrdme, In Mich. 1, 1 O), c'est-à-dire de sa lumiire et tÛ ra grâce,
qu,~ comme les psaumes nous tn avertisstnt longuement, doivent être implorüs par la prière humaine,
accompagnée d 'une vie saintt. ~ in bccp;//w2,vacican,va/contenc/leo-xiii/fr/ençycliQls/documcnts/hf l-
xlii enc 18111893 proyidencisslmus-deus hrml

0
omme 1 ré urne Maurice-Ruben Hayoun : « C'~st la notion de fautt qui se détache avec, pour corol-
laire, lt châtiment,, in Le roi David, op. clt., p. 70.
21 Le Dicti(mnairt encyclopldique du judaïsme précise que la rédaction du Deutéronome e:st sujette à

controver es en matièr de date, depuis les travaux du théologien allemand Julius Wcllhauscn (1844-
1918) en passant par ceux d'Umberco assuco, dit Moshe David Cassuto (1883-1951). Cc Dictionnaire
slgnale l'existence de cinq possibilités dans le temps, Ibid., p. 275. N'oublions pas que ces affirma-
INTRODUCTION 25

s'appuyant sur le principe que la foi éclaire la raison, apportée par l'Église
combattant ce rationalisme. Afin de saisir le cour d'esprit de chacun, nous
présentons les deux concepts. Comme l'écrit l'universitaire Thomas Romer
rejetant systématiquement, lui et son école rationaliste, la Révélation :

« Pour ce faire, les deutéronomistes [les auteurs de /'histoire} retravaillent


les anciens rouleaux de l'époque assyrienne et bâtissent ainsi une histoire
cohérente, divisée en différentes périodes {Moïse, la conquête du pays sous Josué,
l'époque des Juges, des chefs charismatiques précédant la royauté, l'avènement
de la monarchie, l'époque des deux royaumes, l'histoire de Juda depuis la
chute de Samarie jusqu'à celle de Jérusa/em 22). Il s'agit de présenter tous les
événements négatifs - la division de /a royauté en royaume de Juda et royaume
d1sraël ou les invasions assyrienne et babylonienne - comme des conséquences
"logiques" de la désobéissance du peuple et de ses chefs à la volonté de Yhwh. Or
la volonté de Yhwh est justement exprimée dans le livre du Deutéronome, qui
rappelle /'"alliance" ou le traité origine/ entre Yhwh et Israël. C'est Yhwh lui-
même qui a provoqué /'invasion babylonienne pour punir Juda du culte qu'il
rendait à d'autres divinités. ( ... ) Ainsi, /"'histoire deutéronomiste" constitue-
t-elle le premier essai d'écriture d'une histoire complète d'Israël et de Juda, des
origines à la fin 23• »

L'Église apporte une réponse à cette école rationaliste avec les extraits
essentiels de l'encyclique Providentissimus Deus de Léon XIII (1893) que
nous complétons aussi par l'encyclique Divino Afflante Spiritu de Pie XU
(1943) concernant l'interprétation à donner à ces textes. Parmi les réponses
apportées, il faut, entre autres, souligner l'importance de l'humilité pour
mieux comprendre ces documents, chose que les rationalistes imbus de
scientisme oublient complètement :

<< Maintenant, nos adversaires principaux sont les rationalistes ( ... ) se

tion viennent d'auteurs animés d•un esprit .rationaliste rejetant tout surnaturel. Concernant ces textes.
J'l!glise enseigne qu'il cxi ce une unité de pensée ous l'inspiration de l'Espdt Saint. Nous tenon$ à
oullgncr l'antagonisme complet entre ces deux mondes.
22 Mêm~ si nous allons l'évoquer plu largement dan le premier chapitre cc afin de fixer Je lecteur dans

la période du cemps, le royaume de David et de Salomon éclate en deux cncicés à la sulte d'un schisme
provoqué par Jéroboam vers 930 av. J.-C. 11 sensuic que les Dix tribus d'Israël constituent un royaume
d'I ra~l so us l'égide de ce roi dont 13 capitale sera fixée, quelque temps plus tard, à Samarie tandts que
les deux autres tribu restantes (Judi et Benjamin) forment le royaume de Juda avec Jé.rusalem comme
capitale. Le premier royaume disparaît vers 722 v. J.-C. sous les co up de l'Empire assyrièn et le deu-
xième en 586 av. J.- . du fair des Babyloniens avec Nabuchodonosor.
i ~ Thoma Rômer, LïnvmtJon de Dieu. P..ditions du Seuil, 2017, pp. 285-286. D'autres propos de
Romer du même type scronc dté un peu plus loin. La quatrième de couverture indique : .c Spécialiste
mondialement reconnu de J'AncJm Tmamem, il ouupe la chaire ''Milieux bibliqutt" au Collège dt France :
il est /gaiement profimur à la Facultl dt thlologle et de scitnw dis religions dt i'Univmirl dt Lausannt. ~
Le ticre de ce livre ré urne parfaltcmcnc l'esprit ratlonallscc de cet universitaire.
26 ARCHIVES DU MONDIALISME

fondant de même sur leur propre opinion, ont rejeté entièrement même ces
restes de foi chrétienne, encore acceptées par leurs prédécesseurs. Ils nient, en
effet, absolument toute inspiration, ils nient /'Écriture, et ils proclament que
tous ces objets sacrés ne sont qu'inventions et artifices des hommes; ils regardent
les Livres Saints non comme contenant le récit exact d'événements réels, mais
comme des fables ineptes, comme des histoires mensongères. À leurs yeux, il n'y
a pas de prophéties, mais des prédictions forgées après que les événements ont
été accomplis, ou bien des pressentiments dus à des causes naturelles; il n'existe
pas de miracles vraiment dignes de ce nom, manifestations de la puissance
divine, mais des faits étonnants qui ne dépassent nullement les forces de la
nature, ou encore des prestiges et des mythes; enfin les Évangiles et les écrits
des apôtres ne sont pas écrits par les auteurs auxquels on Les attribue. Pour
appuyer de telles erreurs, grâce auxquelles ils croient pouvoir anéantir la sainte
vérité des Écritures, ils invoquent les décisions d'une nouvelle science libre,·
( ... ) [concernant l'interprétation] Il faut donc peser avec soin la valeur des
mots eux-mêmes, la sign.ification du contexte, la similitude des passages, etc., et
aussi profiter des éclaircissements étrangers de la science qu'on nous oppose( ... ).
Il importe, en effet, de remarquer à ce sujet qu'aux autres causes de difficultés
qui se présentent dans l'explication de n'importe quels auteurs anciens, s'en
ajoutent quelques-unes qui sont spéciales à l'interprétation des Livres Saints.
Comme ils sont l'œuvre de /'Esprit-Saint, les mots y cachent nombre de vérités
qui surpassent de beaucoup la force et la pénétration de la raison humaine, à
savoir les divins mystères et ce qui s'y rattache. Le sens est parfois plus étendu et
plus voilé que ne paraîtraient l'indiquer et la lettre et les règles de l'herméneu-
tique; en outre, le sens littéral cache lui-même d'autres sens qui servent soit à
éclairer les dogmes, soit à donner des règles pour la vie. Aussi, l'on ne saurait
nier que les Livres Saints sont enveloppés d'une certaine obscurité religieuse,
de sorte que nul n'en doit aborder L'étude sans gtûde (St Jérôme, Ad paulin.
de studio script. Ep. Lill, 4) : Dieu. l'a voulu ainsi (c'est l'opinion commune
des Saints Pères) ( ... ). À la vérité, quant au passage de la Sainte Écriture qui
attendent encore une explication certaine et bien définie, il peut se faire, grâce
à ttn bienveillant dessein de la Providence de Dieu, que le jugement de l'Église
se trouve pour ainsi dire mûri par une étude préparatoire. ( ... ) Il [l'interprète
catholique} devra suivre /es analogies de la foi et prendre comme modèle la doc-
trine catholique telle qu'elle est indiquée par L'autorité de l'Église. En effet c'est
le même Dieu qui est l'auteur et des Livres sacrés, et de /a doctrine dont l'Église
a le dépôt. ( ... ) Celui qui enseigne les Écritures se gardera aussi de négliger
le sens allégorique ou analogique attaché par les Saints Pères à certaines pa-
roles, surtout lorsque cette signification dlcou/e naturellement du sens littéral
et s'appuie sur un grand nombre d'autorités. ( ... ) La théologie, en effet, ne
tire pas ses principes des autres sciences, mais immédiatement de Dieu
INTRODUCTION

par la révélation. Et aussi, elle ne reçoit rien de ces sciences, comme lui
étant supérieures, mais elle les emploie comme étant ses inférieures et ses
servantes (ndla : tout l'opposé du courant rationaliste). ( ... ) Nous voulons
maintenant appliquer cette doctrine aux sciences du même genre et notamment
l'histoire. On doit s'affliger, en effet, de ce que beaucoup d'hommes qui étudient
à fond les monuments de l'antiquité, les mœurs et les institutions des peuples, et
se livrent à ce sujet à de grands travaux, ont trop souvent pour but de trouver
des erreurs dans les Livres Saints, afin d'infirmer et d'ébranler complètement
L'autorité des Écritures. Quelques-uns agissent ainsi avec des dispositions vrdi-
ment trop hostiles, et jugent d 'une façon qui n'est pas assez impartiale. Ils ont
tant de confiance dans les livres profanes et dans les documents du passé, qu'ils
les invoquent comme s'il ne pouvait exister à ce sujet aucun soupçon d'erreur,
tandis qu'ils refusent toute créance aux Livres sacrés, à la moindre, à la plus
vaine apparence d'inexactitude, et ce même sans aucune discussion. À La vérité,
il peut se faire que certains passages, dans l'impression des diverses éditions,
ne se trouvent pas reproduits d'une façon absolument juste. C'est ce qui doit
être étudié avec soin, ce qui ne doit pas être admis facilement, excepté sur Les
points pour lesquels le fait a été convenablement prouvé. Il peut arriver aussi
que Le sens de quelques phrases demeure douteux; pour le déterminer, les règles
de l'interprétation seront d'un grand secours; mais il serait absolument funeste
soit de limiter l'inspiration à quelques parties des Écritures, soit d'accorder
que L'auteur sacré lui-même s'est trompé. ( ... ) En effet, tous les livres entiers
que l'Église a reçus comme sacrés et canoniques dans toutes leurs parties, ont
été écrits sous la dictée de /'Esprit-Saint. ( ... ) Telle est la croyance antique et
constante de l'Église, définie solennellement par les Conciles de Florence et de
Trente, confirmée enfin et plus expressément exposée dam le Concile du Vatican
(ndla : Vatican I de 1870), qui a porté ce décret absolu : "Les Livres entiers
de l'Ancien et du Nouveau Testament, dans toutes leurs parties, tels qu'ils sont
énumérés par le décret du même Concile de Trente, et tels qu'ils sont contenus
dans l'ancienne édition Vulgate en latin, doivent être regardés comme sacrés et
canoniques. L'Église les tient pour sacrés et canoniques ( ... ), écrits sous l'ins-
piration du Saint-Esprit, ils ont Dieu pour auteur". On ne doit donc presque
en rien se préoccuper de ce que /'Esprit-Saint ait pris des hommes comme des
instruments pour écrire. ( ... ) Les docteurs ont été unanimes à croire que ces
Livres, et dans leur ensemble et dans leurs parties, sont également d'inspiration
divine, que Dieu Lui-même a parlé par les auteurs sacrés, et qu'il n'a rien pu
énoncer d'opposé à la vérit/1- 4• »

Et Pie XII avec Divino Ajflante Spiritu (1943) s'appuyant sur l'ency-

• http://w2.vatican.va/conrenc/lco-xiii/fr/encyclicals/documencs/hf 1-xiii enc 18111893 providcntis


2

simus-deus, html
28 ARCHIVES DU MONDIALISME

clique précédente sans oublier les Conciles de Trente et de Vatican I ainsi


que les écrits de Saint Pie X25 :

« [Rappelant r origine de ces textes] Sous l'inspiration de /'Esprit-Saint,


les écrivains sacrés ont composé les livres que Dieu dans sa paternelle bonté a
voulu donner au genre humain ''pour enseigner, convaincre, corriger, former à
la justice, en vue de rendre l'homme de Dieu parfait, apte à toute bonne œuvre"
(II Tim. III, 16 sq.} ( ... ). Mais parce que, dans les temps modernes, la divine
origine des Saintes Écritures et leur interprétation correcte ont été particuliè-
rement mises en question, l'Église s'est appliquée à les défendre et à les protéger
avec encore plus d'ardeur et de soin. [Concernant la tâche des exégètes] Que
les exégètes, dans l'accomplissement de ce travail, aient toujours devant les yeux
qu'il leur fout avant tout s'appliquer à discerner et à déterminer ce sens des
mots bibliques qu'on appelle le sens littéral. Ils doivent mettre le plus grand soin
à découvrir ce sens littéral des mots au moyen de la connaissance des langues,
en s'aidant du contexte et de la comparaison avec les passages analogues; toutes
opérations qu'on a coutume de faire aussi dans l'interprétation des livres pro-
fanes, pour faire ressortir plus clairement la pensée de l'auteur. Que les exégètes
des Saintes Lettres, se souvenant qu'il s'agit ici de la parole divinement inspirée,
dont la garde et l'interprétation ont été confiées à l'Église par Dieu lui-même,
ne mettent pas moins de soin à tenir compte des interprétations et déclara-
tions du magistère de l'Église, ainsi que des explications données par les Saints
Pères, en même temps que de "l'analogie de la foi". ( ... ) Qu'ils s'appliquent
d'une manière toute particulière à ne pas se contenter d'exposer ce qui regarde
l'histoire, l'archéologie, la philologie et les autres sciences auxiliaires - comme
Nous regrettons qu'on ait fait dans certains commentaires - ; mais, tout en
alléguant à propos ces informations, pour autant qu'elles peuvent aider à l'exé-
gèse, qu'ils exposent surtout quelle est la doctrine théologique de chacun des
livres ou des textes en matière de foi et de mœurs ( ... ). Il n'échappe, en effet, à
personne que la loi suprême de l'interprétation est de reconnaitre et de définir
ce que /'écrivain a voulu dire ( ... ). Or, dans les paroles et les écrits des anciens
auteurs orientaux, souvent le sens littéral n'apparaît pas avec autant d'évidence
que chez les écrivains de notre temps; ce qu'ils ont voulu signifier par leurs
paroles ne peut pas se déterminer par les seules lois de la grammaire et de la

25
Pie XII rappelle que ce pape voulut « qu'il y eût dans la ville de Rome un centre de hautes études relatives
aux l ivres Saints, afin de développer le plus tfficaummt possible, selon l'esprit de l'Église catholique, la
science biblique et toute les études annexes, "il fonda donc l'institut Biblique Pontifical, à confier aux soins
1
de /'illustre Compagnie de jésus : il statua qu il serait pourvu de cours supérieurs et de toutes les. ressources de
l 'émdition biblique et lui donna lui-même du lois et un règlement, affirmant qu'il voulait réaliser en cela le
projet salutaire rt profond" dt Uon XIII.» in ibid., Ajoutons que Saine Pie X est l'auteur d' une constitu-
tion apostolique en 1907 (promulgation d'une loi propre à l'autorité du pape), Lammtabi/i Sane Exitu,
affirmant fauthenticité complète des évangiles canoniques. C 'est le cas de la Vulgate de Saint Jérôme,
version latine de la Bible, garantie de toute erreur.
INTRODUCTION 29

philologie, non plus que par le seul contexte. Il faut absolument que l'exégète
remonte en quelque sorte par la pensée jusqu'à ces siècles reculés de l'Orient,
afin que, s'aidant des ressources de l'histoire, de l'archéologie, de l'ethnologie et
des autres sciences, il discerne et reconnaisse quels genres littéraires les auteurs
de cet âge antique ont voulu employer et ont réellement employés. Les Orien-
taux, en effet, pour exprimer ce qu'ils avaient dans l'esprit, n'ont pas toujours
usé des formes et des manières de dire dont nous usons aujourd'hui, mais bien
plutôt de celles dont l'usage était reçu par les hommes de leur temps et de leur
pays( ... ). [Concernant l'étude des littératures anciennes] Cette même étude
a déjà établi avec clarté que le peuple d'Israël l'emporte singulièrement sur les
autres nations de l'Orient dans la manière d'écrire correctement l'histoire, tant
pour l'antiquité que pour la fidèle relation des événements; prérogative qui est
due, sans doute, au charisme de l'inspiration divine et au but particulier reli-
gieux de l'histoire biblique. Néanmoins, personne, qui ait un juste concept de
l'inspiration biblique, ne s'étonnera de trouver chez les écrivains sacrés, comme
chez tous les anciens, certaines façons d'exposer et de raconter, certains idio-
tismes propres aux langues sémitiques, des approximations, certaines manières
hyperboliques de parler, voire même parfois des paradoxes destinés à imprimer
plus fermement les choses dans l'esprit. En effet, des façons de parler dont le
langage humain avait coutume d'user pour exprimer la pensée chez les peuples
anciens, en particulier chez les Orientaux, aucune n'est étrangère aux Livres
Saints, pourvu toutefois que le genre employé ne répugne en rien à la sainteté ni
à la vérité de Dieu; c'est ce que déjà le Docteur angélique a remarqué dans sa
1
sagacité, lorsqu il dit : "Dans l'Écritttre, les choses divines nous sont transmises
selon le mode dont les hommes ont coutume d'user" (Comment. ad Hebr. cap.
/, lectio 4). (. .. )Personne, toutefois, ne doit s'étonner qu'on n'ait pas encore tiré
au clair ni résolu toutes les difficultés et qu'il y ait encore aujourd'hui de graves
problèmes qui préoccupent sérieusement les exégètes catholiques. ( ... ) Dieu a
parsemé à dessein de difficultés les Livres Saints qt/il a inspirés lui-même, afin
de nous exciter à les lire et à les scruter avec d'autant plus d'attention et pour
nous exercer à l'humilité par la constatation salutaire de la capacité limitée de
notre intelligence. Il ny aurait donc rien d'étonnant si l'une ou l'autre ques-
tion devait rester toujours sans réponse absolument adéquate, puisqu'il s'agit
parfois de choses obscures, très éloignées de notre temps et de notre expérience,
et puisque l'exégèse, elle aussi, comme toutes les sciences et les plus importantes,
peut avoir ses secrets, inaccessibles à nos intelligences et reveches à tout effort
humain 26 • »

D,autres documents ont étoffé le corpus~ les livres d'Esdras/Néhémie

16
hrrp;//w2,vaçlcan,va/conrcnr/plus-xii/fr/encyclkals/documcnts/hf p~xH enc 30091943 diyino-affi
anre-spiriru,hrml
30 ARCIIlVES DU MONDIALISME

et les Chroniques (ou Paralipomènes). Ils ont été écrits à l'époque postexi-
lique de la période perse, après le retour (une partie de la communauté) et
la restauration du monde juif dans le pays de Juda à partir de 536 av. J .-C.
Ces écrits se distinguent de ceux du Deutéronome. Alors que ces derniers
traitent de sujets bien établis (Moïse, obéissance aux lois divines, ... ); ceux
qui suivent obéissent à un autre schéma élaboré aux yc_Jyc siècles, voire le
IIIe siècle av. J .-C. où se mêlent des applications pratiques pour l'installa-
tion de ces populations juives de retour sur leurs terres, l'instauration de
mesures pour protéger l'identité ethnique et religieuse des arrivants, enfin,
une vie religieuse rétablie en conformité totale avec les demandes de Dieu
(rénovation de l'autel, culte sacrificiel, observance des lois, ... ) en lien
avec les fondamentaux propres à l'histoire du pays. Cette période de retour
liée à des éléments pratiques et son étalement dans le temps concernent
Esdras/Néhémie tandis que les Chroniques, sorte de mise en valeur du
passé, se réfèrent à l'histoire d'Israël, de ses origines jusqu'à la destruction
du Temple avec un point central à conserver absolument à l'esprit, véri-
table fil rouge de l'Ancien menant au Nouveau Testament, mais aussi de
l'histoire de France : la mission messianique de la dynastie davidique
en lien avec l'idée d'incarnation. Chacun de ces deux documents se sub-
divise en trois points :

Esdras/Néhémie :

- La construction du Temple au temps de Cyrus et de Darius (Es 1-6)


- Le retour et les activités d'Esdras au temps d'Artaxerxès (Es 7-10,
ndla : point capital que nous verrons en lien avec un élément essen-
tiel dans l'annonce du Messie avec le prophète Daniel)
- L'activité de Néhémie {Ne 1-13)27

Les Chroniques :

- I Chr 1-9 se pose quelques questions. Qui est ce peuple? Quel est le
cadre historique?
- I Chr 10-11 Chr 9 se consacrent à l'histoire de David et de Salomon,
apogée de l'histoire d1sraël, et constitue une époque insurpassable.
- II Chr 10-36 nous présente l'histoire des rois de juda28

Tous ces textes hébreux ainsi que les dires de nombreux prophètes,
authentiquement inspirés, sont rendus vers un seul et même objectif: l'an-

27 Le roi David, op.cit., p. 87.


28
Ibid., p. 88.
INTRODUCTION 31

nonce de l'arrivée d'un Messie appelé à racheter, par Son sacrifice, la


faute originelle et les péchés des hommes. Ce rachat ne concerne pas
uniquement le peuple hébreu; c'est le salut étendu aux Nations comme
nous allons le voir afin de sortir de l'impasse engagée depuis la faute
commise par Adam et Ève. Le terrain est préparé par un événement décisif
qui est la traduction vers 270 av. J .-C. jusqu'à environ 150 av. J .-C. de ces
livres hébraïques en grec par 72 traducteurs (certaines sources disent 70),
appelés Septante et devenant l'Ancien Testament pour les Chrétiens sous le
règne de Ptolémée II (né vers 309 av. J.-C., mort en 246 av. J.-C.). Comme
le rapporte le Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, l'affaire se fit sous
l'égide de traducteurs juifs appartenant à la communauté hébraïque de plus
en plus hellénisée particulièrement nombreuse vivant à Alexandrie et ren-
contrant une difficulté grandissante à l'égard de l'utilisation de leur langue
d' origine 29 • Cette traduction est de première importance pour trois raisons.
Premièrement, l'emploi de la langue grecque (l'anglais de l'époque) sur tout
le pourtour méditerranéen permettait la diffusion du message biblique à
une population autre que celle des Juifs. Les élites hellénisées appartenant à
d'autres civilisations apprenaient l'existence de l'arrivée d'un Dieu rédemp-
teur pour l'ensemble de l'humanité. Deuxièmement, le fait que le lieu de
naissance du Messie ait été annoncé par le prophète Michée (VIIIe siècle av.
J .-C.) dans une petite ville appelée à devenir mondialement célèbre concen-
trait les espérances pour les partisans du Messie, mais aussi les haines pour
ses ennemis prévenus à l'avance de cet événement. C'est le cas d 'H érode
recevant les rois mages venus adorer !'Enfant-Dieu dans cette ville dési-
gnée à l'avance par le prophète Michée causant le trouble auprès de ce roi.

« Et
toi, Bethléem Ephrata (ndla : souligné par nous, Ephrata en
hébre u signifie "lieu de la fécondité"), trop petite pour compter entre les mille
de Juda, c'est de toi que sortira pour moi Celui qui doit être le Dominateur en
Israël do nt l'origine est antique (et remonte) aux jours de l'éternité. A ussi les
livrera-t-il jusqu'au temps où enfantera celle qui doit enfanter, jusqu 'à ce que
29 <( Le témoignage le plus ancien à p ropos de cette traduction et de m origines est fourni par /a lettre d'Aris-
tée, à qtJi l'on accorde ,me part de vraisemblance car d'autres sources (Aristobi,/e, Flavius Josèphe, Philon
d'Alexandrie) viennent corroborer certai,Jes de ses informations qu'elle apporte : l'entreprise de traduction
aurait vu le jour à Alexandrie, sous le règne de Ptolémée Philadelphe et à l'instigation de Démétrios de
Phalère, 1''1 bibliothécaire qui portait tm grand intérêt attx législations étrangères ( . .. ). On sllccorde sur
la localisation tgyptienne de l'entreprise, mais rien ne pemut d 'affirmer q,,/e/Le ait réellement eu lieu à
Alexandrie même. Quant à sa datation, le Ili' siècle av. è.c (ndla: "ère commune"), elle n'est guère remise
en question par les spécialistes. ( ... ) En effet, l'hébreu étant devenu pour elle (ndla : la communauté) une
''langue morte •: une traduction de la Bible s'avérait sans doute nécmaire, ne suait-ce que pour les besoins
liturgiques; on préfère d'aitle,m parler aujourd 'hui de "besoim éducatifs '', plus larges que le strict besoin
litMgique. li esr à noter d 'ailleurs que chez certains historiens la thèse de la commande officielle n'est plus
écartée, et les dei,x thèses exposées ici peuvent être compatibles : l'initiatîve officie/le, d'un côté, correspondait
sans doute, de l'autre, à tm besoin de la communauté juive d'Alexandrie.» in Dictionnaire encyclopédique
du judaïsme, op. cit., p. 94 1.
32 ARClilVES DU MONDIALISME

le reste de ses frères retourne avec les enfants d'Israël. Il se tiendra ferme et 1/
gouvernera avec la force de jéhova, dans la gloire du nom de jéhova son Dieu.
Et ils reviendront (les captifs). Il sera la paix (ndla : souligné par nous)3°.

Troisièmement, le lieu géographique fut, plus tard, déterminant dans


ce domaine, car la diffusion du message divin à partir de Bethléem puis
continuée durant la vie publique du Christ fut facilitée en raison de l'inté-
gration du monde juif dans l'Empire romain, lui-même adossé territoria-
lement à l'Afrique et à l'Asie. Les choses auraient été tout autres si le lieu
de naiss-ance du Messie avait été annoncé au sud de l'océan indien du côté
des Îles Kerguelen. En raison de quelques facteurs énoncés ci-dessus et de
leurs conséquences, le monde juif ne reconnaissant pas le caractère messia-
nique du Christ et le Sacrifice rédempteur de la Croix a voué aux gémonies
la Septante, chose confirmée par le dictionnaire encyclopédique du juda-
ïsme:

«À la longue, la Septante allait être de plus en plus décriée par Les


milieux juifs. On ne s'étonnera donc pas de la déclaration des sages rapportée
par le Séfer Torah (/, 8; ndla : copie manuscrite de la Torah) selon laquelle le
jour où "soixante-dix anciens écrivirent la Torah pour le roi Ptolémée
en grec [ ... ]fat aussi mauvais pour Israël que le jour où le ~au d'or
fat fabriqué, puisque la Torah ne pouvait être traduite adéquatementn
(ndla : souligné par nous)3 1• »

Afin de mieux saisir l'impact des théologiens et/ou universitaires ra-


tionalistes touchant à l'étude de l'Ancien Testament avec des incidences sur
le Nouveau, il est utile de rappeler que l'école théologique allemande a eu
une influence de premier ordre dans l'interprétation de ces livres. Nous
pouvons citer une série de spécialistes du monde germanique dont les tra-
vaux ont eu un impact certain en façonnant les esprits de nombreux théo-
logiens dont les conséquences ont pu être mesurées lors de Vatican II 32 • Les
30
Michée, V, 2·5 in Abbé Augustin Lémann, Histoire complète de l 'idét messianique chn le pt.upk
d1sraël, Éditions Saine-Remi, publié en 1909, p. 50. Le fait qu'il soit précisé que le Messie sera la pai
montre indirectement qu'il venait pour l'humanité entière ec pas uniquement pour les Juifs. Venir seu-
lement pour ces derniers au.x dépens du reste du genre humain n'aurait pas été un signe de paix L1Évan-
gile selon aint Matthieu, 2, 1-12 précise, outre le nom de Bethléem, que le roi Hérode fut bouleversé
ec tout Jérusalem avec lui. Réunissant les prêtres et le scribes afln d'avoir leur avis, ils répondirent cou
que la naissance du Messie était bien située à Bethléem. Cela prouve que les élites Juives de l'époque
étaient inrellecruellemenr bien formées et informées ... quant à la reconnaissanc pratique du Messie,
ce fur autre chose.
jl Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, op. cit., p. 942, cf. note 134.
32
Vatican II (1962- 1965), lancé par Jean XXIII et finalisé par Paul VI, a eu pour objectif d'adapter
l'l! glise au monde. Ce fut, en réalité, le lancement d'un processus de judaïsa.tion du Magistère de
l'Église dont la finalité est d'aboutir à un « catholicisme d'Israël » comme l'avair déjà annoncé le rabbin
~lie Benamoz.egh dans son ouvrage, lsraè"/ et l'humanité. achevé en 1900 et paru en 1914. Pour une
INTRODUCTION 33

noms que nous pouvons aligner sont les suivants : Heinrich Ewald ( 1803-
187 5), Eberhard Schrader (1836-1908), Julius Wellhausen (1844-1918),
Hermann Gunkel (1862-1932), Albrecht Alt (1883-1956), Rudolf Bult-
mann (1884-1976), Gerhard von Rad (1901-1971), Günther Bornkamm
(1905-1990), Martin Noth (1902-1968), Ernst Kasemann (1906-1998),
Hans Conzelmann (1915-1989), Andreas Lindemann (1943-) et un nom
déjà cité, Thomas Rômer (1955-), ... liste non exhaustive. Pourquoi relever
la liste de ces spécialistes théologiens allemands? Ils ont tous en commun
le fait d'être protestants et cette caractéristique n'est absolument pas ano-
dine. Qu'est-ce que le protestantisme sous toutes ses formes {luthéranisme,
calvinisme, ... ) ? C'est un christianisme talmudisé. Afin de bien com-
prendre ces propos, nous devons établir et comparer les différentes caracté-
ristiques essentielles entre catholicisme et judaïsme rabbinique. Le catholi-
cisme affirme que le Christ est le Messie annoncé dans l'Ancien Testament
avec sa Sainte Mère (première amorce dans Gen, III, 15), Fils de Dieu in-
carné (vrai homme et vrai Dieu : l'union hypostatique, l'union de deux
substances) né d'une Vierge non marquée par le péché originel (Immaculée
Conception) et Mère de Dieu, la manifestation divine étant un Dieu trini-
taire et Un à la fois. La Passion de son Fils, mort sur la Croix et ressuscité,
a racheté l'humanité marquée par le péché originel permettant à des âmes
pécheresses de gagner le Ciel à condition de suivre Son enseignement
(confession, etc.) défendu par l'Église avec son premier pape, Saint Pierre,
l'ensemble reposant sur un dépôt de la foi clos définitivement avec Saint
Jean. Depuis la Cène (Jeudi saint) initiée par le Christ avant sa Passion et
confirmée le jour de la Pentecôte avec la descente du Saint-Esprit sur les
Apôtres, ces derniers, premiers évêques, sont en mesure de renouveler ce
Sacrifice de la messe transformant réellement le pain et le vin en corps et
sang du Christ (sacrifice non sanglant, transsubstantiation) même si cette
transsubstantiation reste masquée pour nos sens. La transmission de ce sa-
cerdoce via ces premiers évêques assure la succession apostolique, c'est-à-
dire la transmission des pouvoirs et de l'autorité inaugurés par le Christ et
les dispensateurs de la grâce par les sacrements. Le prêtre est en mesure de
célébrer la messe rappelant le Sacrifice de la Croix, mais aussi de pardonner
les péchés en tant que « transparent du Christ» tandis que le pape, véritable
vicaire assisté de l'Esprit Saint, assure la défense de la foi. Pour la syna-
gogue rabbinique, le «profil>> est absolument repoussant et inadmissible.
Elle reconnaît Jésus en tant que personnage historique, mais, en aucun cas,

compréhension complète du sujet, voir notre livre, Atlas du mondialisme, où nous présentons la preuve
de cette judaïsation des structures de l'Église avec la pièce d'archive d'origine en anglais de la revue
américaine Look (janvier 1966) expliquant avec force de détails et photos, l'appui et le rôle des élites
juives dans cette affaire (B'nai B'rith, Congrès juif mondial, ... ) sans oublier les commentaires de ces
derniers dans le chapitre 7.
34 ARClilVES DU MONDIALISME

comme le Messie annoncé dans l'Ancien Testament. Le véritable Messie


attendu doit assurer la gloire et les honneurs aux Juifs et uniquement à eux.
Toutes les caractéristiques clefs citées ci-dessus et défendues par l'Église
sont une abomination à faire disparaître, car représentant des souillures (les
fameuses quelipot)3 3 empêchant le retour du Dieu des Juifs. Le protestan-
tisme, né au XVIe siècle sous l'influence de la gnose , de sectes similaires
aux Rose-Croix en liaison avec la synagogue talmudique et la Kabbale, pré-
sente un profil moins insultant que le catholicisme abhorré. En effet, la
religion réformée s'est coupée d'éléments décisifs définissant le catholi-
cisme. Les protestants reconnaissent bien << Marie » comme Mère du Christ,
mais en lui retranchant certains éléments qui sont : le culte marial, le
dogme de l'immaculée Conception (non marquée par le péché originel) et
!'Assomption (montée au Ciel d'un corps intact). Comme il a été précisé au
début de l'introduction, la Bible hébraïque reconnaît l'existence d' une
femme écrasant la tête du serpent ainsi que l'existence d'une progéniture
(Gen, III, 15). Cependant, elle ne reconnaît pas l'existence du péché origi-
nel, du rôle de «Marie» Mère de Dieu, coopératrice de la Rédemption
Qésus-Christ n'étant pas le Messie incarné pour le monde rabbinique), de
sa mission de médiatrice, et a fortiori, du dogme de l'immaculée Concep-
tion. En comparant ces critères avec le protestantisme n'admettant pas le
rôle essentiel de la Vierge Marie selon les qualités reconnues par le catholi-
cisme, la religion réformée est considérée par le judaïsme rabbinique
comme moins corrosive. Ces considérations plus favorables sont renforcées
par le fait que le pasteur est un fonctionnaire comme le rabbin et, en aucun
cas, un homme consacré comme peut l'être le prêtre. Or, ce dernier (le
prêtre pas l'homme) est en mesure depuis son ordination d'être l'outil de
Dieu avec la confession (absolution des péchés) et la messe (renouvelle-
ment du sacrifice non sanglant de la Croix). Le protestantisme sous toutes
ses formes considère, après la consécration, le pain et le vin comme ... tou-
jours du pain et du vin rappelant uniquement d'une manière symbolique la
Cène et non comme une transformation surnaturelle en Saintes Espèces.
De tels «atouts» ne peuvent que complaire à la synagogue. À défaut de tout
détruire, le protestantisme est une forme dégradée du catholicisme devenu
perméable au « Non serviam >> rabbinique et, selon le vieil adage, pour la

33 Cf. Atlas du mondialisme) chapitre 7, en particulier la réforme lourianlque.


~ Comme le rapporte Monseigneur Henri Delassus ( 1836-1921) : « Pour ttrt admis dans la gnost, il faut
confesser lts deux dogmes fondamentaux dt la gnose rtstaurlt : la foi à l'lmanation tt lt salut par la scitnct
(gnose). Lt dogme dt /'lmanation tsl opposl à celui d'un Ditu crlauur. Lt salut par la scitnct tst opposé au
salut par /a foi. » in La conjuration antichrltitnne, Éditions Koncre Kulcure, paru à l origine en 1910,
p. 451. La gnose, héritière de cultes à mystère du monde antique, a frayé avec l'élite rabbinique révoltée
contre le catholicisme naissant. En réaction à celui-cl, le Talmud fut élaboré, pour l'essentid, à partir
environ de 100 apr. J.-C. jusqu'à environ 500 apr. J.-C. (code dvil et religieux du monde rabbinique) lié
à la Kahbalt («réception » en hébreu) qui est la forme ésotérique du judaïsme d'essence anti-catholique.
INTRODUCTION 35

synagogue rebelle ... « faute de grives, on mange des merles.» Il en va de


même avec l'islam dont les fondamentaux sont identiques ou susceptibles
de ne pas scandaliser le judaïsme talmudique : la non reconnaissance du
péché originel35, un Dieu unique (surtout pas trinitaire), Jésus reconnu
comme simple prophète (surtout pas le Messie incarné 36), pas de sacerdoce
rappelant la transcendance selon le modèle catholique; Marie n'est pas
mère de Dieu, reconnue comme mère de Jésus, mais comme pour la reli-
gion réformée, le principe de l'immaculée Conception et son élévation glo-
rieuse au Ciel sont écartés. Le protestantisme et l'islam présentent des ac-
cointances sur des sujets clefs qui ravissent et tranquillisent le monde rab-
binique37. Concernant le protestantisme, les caractéristiques défendues par
cette religion pèsent lourd. En effet, elle refuse le sacrifice propitiatoire
pour la rémission des péchés. Elle rejette aussi l'autorité divine dirigeant le
magistère incarné dans une tradition apostolique, transmettrice du sacer-
doce, en charge du dépôt de la foi et de son interprétation infaillible, et

3, Rien que ce point rend l'islam absolument sans danger pour la synagogue. En effet, l'Ancien Testa-
ment, que le catholicisme accomplit, insiste sur la nécessité d' un Messje pour racheter la faute d'Adam
et Ève d'où la mission du Christ (vrai Dieu et vraj homme). Si l'on nie le péché originel, l' Incarnation
n'a pas lieu d'être ce qui ravit le monde rabbinique. La doctrine de l'islam sur ce point, entre autres, ne
contrarie pas un élément essentiel rejeté par la synagogue talmudique.
6
' Le mot « Messie» n'a pas le même sens par rapport au catholicisme. Il est employé dans l'islam pour
désigner Jésus dans la sourate 4 : 171. Indirectement, ces propos rappellent la complète opposition entre
ces deux religions : << Ô gms du livre (chrhims), n'exagérez pas dans votre religion, et ne dites d'Allah que
la vérité. Lt Messit jésus, fils de Marit, n'est qu'un messager d'Allah, Sa parole qu'il envoya à Marit tt un
souffle (dt vie) venant de Lui. Croytz donc en Allah et en Ses messagers. Et ne ditts pas "Trois". Cessez! Ce
sera meilleur pour vous. Allah n'est qu'un Dieu unique. li est trop glorieux pour avoir un enfant. C'est à
lui qu'appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la te"e et Allah suffit comme protecteur.» Jésus, qui
n'a pas été crucifié, est un des cinq prophètes avec Noé, Abraham, Moïse et, bien entendu, Mahomet.
Rappelons que l'islam ne reconnaît pas la distinction entre le spirituel et le temporel entraînant des
conséquences politiques se heurtant à des pays (encore) marqués par la civilisation chrétienne. Cette
dernière opère la subordination du pouvoir politique au pouvoir spirituel quant à leur finalité respec-
tive, tout en maintenant l'autonomie du pouvoir politique dans son domaine propre de compétence
que n'ordonne pas le pouvoir spirituel. Par exemple, la mosquée de Paris, juridjquement obéissant au
droit français, apparrient de droit à l'islam. Le Coran, religieux et politique à la fois (incréé selon la
foi musulmane), est supérieur au droit français comme à toute forme de constitution. Si un musulman
affirme le contraire, certains de ses coreligionnaires risquent de lui faire passer un sale moment. L'his-
toire enseigne que lorsque deux peuples aux civilisations opposées occupent le même territoire, c'est le
peuple à la démographie la plus force et aux convictions religieuses les plus grandes qui impose ses vues.
Sauf miracle retournant radicalement la situation, nous connaissons l'avenir de la France et de l'Europe.
À cela, il ne faut pas oublier la religion élaborée par la synagogue nouvelle, le noachisme, pour les non-
Juifs (les Goyim) que des musulmans conscients de son existence se gardent bien de faire connaître à
leurs coreligionnaires en raison des critères de base identiques à ceux de l'islam. Voir le chapitre III pour
de plus amples informations.
37 oncernant la haine talmudique à l'égard du Christ, l'abbé Augustin Lémann apporte cette infor-

mation de première importance : "Pour affaiblir la portlt dts miraclts de jlsus, les rabbins les ont encore
attributs à la vertu du nom ineffable de ]lhova dont Jisus aurait su dérober la vlritabk prononciation, m
pénétrant ucrèttmtnt dans le Saint des Saints, ouvert au seul grand Prêtre, une fois l'an. Ceci se lit dans
le livre Tholedot-Yeschu (Histoire de jésus), en hlbreu-rabbinique, ouvr111e le pl,u blluphim11toir• 'l"i
ait ltl lcrit 1ur Jl1iu-Chrish in Histoire complète de l'idée messianique, op. cit., p. 384, note de bas
de page 4.
36 ARCHIVES DU MONDIALISME

dispensatrice des sacrements. En raison de ces caractéristiques, le protes-


tantisme ouvre la porte au rationalisme; c'est-à-dire à un concept consis-
tant à dire que ce qui ne peut être expliqué par la raison humaine n'existe
pas ou n'a pas lieu d'être doublé du principe naturaliste conduisant au rejet
d'une religion révélée : la religion catholique. Le principe de la révélation
divine, sous l'autorité de l'Église, est passé à la trappe. C 'est tout le contraire
du catholicisme. Ce rappel est nécessaire, car il a façonn é les structures
mentales des théologiens allemands qui , protestants 38 , ont systématique-
ment fait l'impasse concernant l' idée du surnaturel dans la mission sacrée
de la royauté davidique devant donner naissance, comme le rappelèrent
méthodiquement les prophètes, à une Vierge ou Almah et son Fils, le Mes-
sie, annonce dont on trouve le premier écho dans la Genèse III, 15 déjà
évoquée. Il est vrai que le protestantisme donne une grande importance à
l'homme et, en raison de ce rationalisme permanent, mesure toute chose en
fonction de la personne humaine. Le propre de cette religion est de s' ap-
puyer sur l'Écriture seule (sola Scriptura), en rejetant l'autorité de la Tradi-
tion, associée à un libre examen permettant à chaque fidèle de se faire son
propre interprète de la parole divine. Inévitablement, un tel raisonnement
se répercute sur le politique mettant à l'honneur la nature humaine de cha-
cun seule en mesure d'avoir une considération juste des choses en raison de
son jugement personnel inégalable. Que l'on compare avec le catholicisme,
plus particulièrement la deuxième strophe du Magnificat où, en raison
d'une grâce particulière, c'est le Créateur qui s'abaisse vers sa créature et
non l'inverse :

« Il
s'est penché sur son humble servante, désormais tous les âges me di-
ront bienheureuse39• »

Bien entendu, ce concept est absolument étranger aux mondes pro-


testant et musulman ce qui rend bien des services à la synagogue talmu-
dique. Les travaux immenses engagés par ces théologiens allemands, sans

8
" À propos de cet esprit protestant établissant une distinction entre le Jésus historique et le Jésu
dogmatique, comme le rapporte l'abbé Louis-Claude Fillion s'appuyant sur les propos d'un pa teur
protestant allemand Kalthoff devenu incrédule, mais lucide sur ses coreligionnaires : «jlsus est devenu
pour la théologie protestante (libirale) le rlcipimt dans lequel chaque théologien verse le conttnu de sa propre
penslt. ,; in Louis-Claude Fillion, Professeur d' Écriture aintc et d'hébreu, membre de la Commission
biblique pontiflcaJe, l'Évangile mutill et dlnaturl par les rationalistes contemporains, Éditions Saint
Sébastien, 2016, p. 130. Julius Wellhausen, dont nous avons déjà cité le nom, révèle par ses propos son
e prit compliqué et. 4( freudien » propre à l'ensemble de ses confrères : « la vie~ jlsus, qui apparaissait
autrefois sur le programme~ la litt/rature thlologiqut et des cours de théologie, a étl réduitt depuiJ quelque
temps à des "Problèmes de la vie de jlnM". » in ibid., p. 134. Chez ces gens•là, tout est problème, compH·
qué sur un fond de pessimisme insoluble propre au protestantisme. Inévitablement un tel état d'esprit
s'est répercuté sur leur étude concernant l'Ancien Tesrament ... cr pas dans le bon sens.
39 On retrouve le même concept dans Saine Luc 1,48.
INTRODUCTION 37

oublier leurs homologues européens et américains animés, pour la plupart,


du même état d, esprit issu de la pensée officielle universitaire amie du
monde, sont comparables aux milliers de pages, voire des dizaines de mil-
liers, concernant r épopée napoléonienne. Nous sommes abreuvés d,infor-
mations bibliques en tout genre, souvent intéressantes mais ne délivrant
pas le message essentiel tel qu'il avait été ciblé comparativement dans un
autre domaine, par Jacques Bainville avec on Napoléon dont le sort était lié
à la Belgique incluse dans l'orbite française. Il en va de même pour ces re-
cherches académiques se voulant sérieuses (mais étant surtout rationalistes)
apportant des explications utiles d,ordre archéologique , linguistiques,
architecturales, etc., mais dont la tram de fond est absolument ignorée,
incomprise voire méprisée : l'annonce d'une Incarnation en liaison avec
le messianisme au sein de la Maison de David, la préparation sur le
temps long du peuple hébreu à hériter de cet honneur, enfin, l'idée d'un
renversement du mal présent et temporairement vainqueur au début
dans la Genèse, celui-ci cherchant à conserver cet acquis, ses droits et sa
domination sur le genre humain afin de continuer à mériter le titre de
« Prince de ce monde». C'est tout l'enjeu de ce livre de tenter d'expliquer
en quatre parties avec près de 29 chapitres d'archives inédites françaises,
allemandes, italiennes, anglaises et hébraîques, qui seront insérées dans
cette présentation, que les fondamentaux de l'Ancien Testament ont abouti
logiquement au Nouveau Testament marquant l'avenir de l'humanité reli-
gieusement et politiquement jusqu'à la fin des temps, en premier lieu la
France, le nouvel Israël, et cela d'une manière indélébile. Nous ne com-
mettrons pas l'erreur de Marcion (85 apr. J.-C., 160 apr. J.-C.) 40 donc le
tour d'esprit embrumé par les influences rabbiniques fut de vouloir rejeter
l'Ancien Testament mettant ainsi à mal les annonces messianiques concréti-
sées sur le Golgotha. Pour cela, nous présentons quatre chapitres complétés
par une conclusion : 1. L'Ancien Testament, socle indispensable au Nou-
veau; Il. La Maison de David continuée par le baptême de Clovis grâce à
l'Incarnation; III. La Révolution de 1789 ou la revanche du Sanhédrin et
IV. L'émancipation judaîque des temps modernes. L'objectif de ces quatre
chapitres est aussi de montrer, sur le cours des siècles, les oppositions di-
verses et farouches au modèle annoncé dans la Genèse.

° C'est encore un théologien allemand protestant luthérien, Adolf von Hamack (1851 ... 1930), origi-
naire de la communauté germanique de Livonie (aujourd'hui l'Estonie), qui est à l'origine d"u_nc étude
sur Marcion.
-I-

L'Ancien Testatnent,
socle indispensable au Nouveau
I

T
epuis la faute commise au jardin d'Éden, l'annonce d'une res-
D tauration est proclamée. Cependant, elle va se faire progressi-
vement, par petites touches, afin de préparer la grande mission capable de
mettre à bas la victoire du serpent. Et pour cela, un peuple amalgamé de
différents groupes ethniques (clans et tribus) va être sélectionné et détaché,
comme un bloc de marbre, de la communauté humaine afin de conduire
à bien cet idéal : le peuple hébreu, en rappelant que la première mention
archéologiquement prouvée de l'existence du mot «Israël» tourne autour
de 1210 av. J.-C. :

« La première attestation claire d'Israël en dehors de la Bible se référant


à /'Israël "biblique" se trouve dans la stèle du pharaon Mérenptah, que l'on
peut dater entre 1210 et 1205. Cette stèle de granit, mesurant 3, 18 mètres de
haut sur 1,61 mètre de large et 31 centimètres d'épaisseur, relate les victoires du
roi d'Égypte lors d'une campagne dans le Levant. On y trouve notamment les
affirmations suivantes : Une grande joie est advenue en Égypte et la jubilation
monte dans les villes du Pays bien-aimé. Elle parle des victoires qu'a rempor-
tées Mérenptah ( ... ). Israël est détruit, sa semence même n'est plus. La Syrie
(Hourrou) est devenue une veuve pour l'Égypte. Tous /es pays sont soumis; ils
sont en paix41• »

Il faut, toutefois, rappeler un fait que nous allons être amenés à déve-
lopper. Vhumanité de cette époque est très violente, d'une sensualité exacer-
bée et prête à toute forme de bestialité (génocide, sacrifice d'enfants, mœurs
déréglées, ... ), d'une dureté de cœur et d'une sauvagerie extrême que les
esprits démocrates-chrétiens d'un Occident efféminé, au moment où nous

41
L'invention dt Dieu, op. cit. , p. 99; signalons que El, terme sémitique ancien, désigne la divinité que
l'on retrouve dans Israël «signifiant "que El règne ': "que El soit maitre". • in ibid., p. 104. Le Diction-
naire mcyc/opidique du judaïsme précise que .: El est le Urmt ginirique qui sert à disigner Dieu dans k
monde sémitique. (... ) El n'est pas utilisé comme un nom personnel de Ditu. On le trouve essmtitliemmt
dans les livres poétiques dt la Bible( ... ).» in ibid., p. 284.
40 ARClilVES DU MONDIALISME

écrivons ces lignes, ne peuvent même pas imaginer ... eux-mêmes n'ima-
ginant pas l'état de leur dégradation. Face à une violence des âmes d'une
époque d'essence démoniaque (et l'expression n'est pas théorique), il fallait
utiliser des outils extrêmement coercitifs afin de canaliser des instincts hu-
mains follement débridés encore plus déchaînés que ceux des bêtes les plus
féroces. Par conséquent, l'emploi de méthodes pour configurer un peuple
nouveau - et c'est le cas du peuple hébreu en formation appelé à recevoir
dans sa proche chair, tel une couveuse, le Messie - nécessitait un compor-
tement de la part d'un Dieu dont la seule pédagogie efficace et constructive
ne pouvait être que l'application de mesures extrêmement sévères afin de
garder ce peuple dans le droit chemin. Le Dieu d'amour présent dans le
Nouveau Testament était déjà bien actif dans l'Ancien car il appliquait un
principe éternel : « Qui aime bien, châtie bien!» Et Dieu les aime, ces Hé-
breux, vu le nombre de fois où Il a dû briser ces « nuques raides» après une
de leurs nombreuses désobéissances aux préceptes divins. Avant d'expliquer
et de présenter le polissage progressif et surtout rugueux amenant à l' émer-
gence d'un peuple sacerdotal appelé à accueillir en son sein le Messie, il est
nécessaire de rappeler les différentes utilisations du mot «Dieu>> évoluant
dans le cours de l'histoire hébraïque (en contact avec les référents religieux
des civilisations païennes : Égypte, Mésopotamie, ... ) en raison des inci-
dences de certains termes et de leurs répercussions théologiques et gram-
maticales (Dieu Un, Dieu trinitaire, divinité du Messie, ... ). Dieu s'est fait
connaître successivement sous différents noms car, dans ce travail prépara-
tif, Il s'est dévoilé progressivement afin d'amener un peuple à remplir une
grande mission messianique. Le Dieu des nations est le même que celui des
Hébreux, ce peuple bénéficiant, toutefois, d'un lien privilégié appelé Révé-
lation lui permettant de connaître les noms particuliers portés par l'Être
divin. Pour cela, nous nous référons aux propos de l'abbé Augustin Lémann
(1836-1909), Juif converti au catholicisme et devenu prêtre comme son
frère jumeau Joseph (1836-1915), professeur d'Écriture Sainte et d'hébreu:

« a) ':Au commencement, les Di~ux42 (ndla : Elohim, mot original uti-

0
Gen. I,l, avec la forme P/ohim au pluriel, «les Dieuu (Ploha ou El au singulier, «Dieu»). Élohim
« tst lt Urmt lt plus usité pour désigner Dieu. Maigri s4 formt plu rit/ (d 'intmsiti ou tÛ majtstl), il tst
habitutlltmtnt accompagné d'un ""bt au singulier. lt vtrbt est au p/uriû quand lt sujtt disignt ks anges
ou lts divinités paftnnts. » in Danielle Ellul, Apprendrt l'hlb,n bibliqut par les textes, Édjtions du Cerf,
p. 57. Ajoutons à ces propos les explications apportées par les traductions bibliques avec les cxtruts de
l'Ancien Testament interlinéaire hébreu-français, ouvrage de référence académique édité par les Édi-
tions Biblio comprenant trois textes : 1) Le texte hébreu traduit est cdui de la Bibli11 Htbr11ic11 Stuttg11r-
,ensi11 (BHS), 2) Le texte français est celui de la Traduction Œcumlniqut "4 /a Bibk (TOB) et 3) la Bible
en.français courant (BFC). Le nom de Dieu est exprimé dans l'Ancien Testament avec quatre consonnes
imprononçables par la tradition hébraïque. Dans le texte hébreu issu de la BHS, le Tétragramme a deux
voc-aJisations convcntionn.e llcs: .m ,:,, ou ,ili J1' . Néanmoins, lorsque le Tétragramme est précédé du
mot ~xi.K, sa vocalisation est modiflée en n .,:i_' ou:, · .1i1 ,' Ainsi, ces quatre consonnes ont une pro-
:CANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 41

lisé dans la Bible hébraïque) a fait le ciel et la te"e. "(Gen. I, 1). Le verbe
exprimant l'actio.n est au singulier et il a pour sujet un nom pluriel: les
Dieux. Tournure remarquable qui indiquait plusieurs personnes ne faisant
qu'un seul agent, un seul Dieu.
b) "Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance ... Voici
qu'Adam est devenu semblable à l'un de nous ... Allons, descendons, confondons
leur langage." (Gen. 1,26; III, 22; XI, 7). La pluralité des personnes divines
était indiquée par des verbes au pluriel: Faisons, allons, confondons, et par des
pronoms au pluriel: Notre, nous.
c) "Écoute, ô Israël! jéhova nos Dieux, jéhova est un" (Deut. VI, 4).
Ce précepte de Moïse en tout temps la prière par excellence des juifs, se faisait
remarquer par une triple répétition du nom de /'Être suprême43 • Dieu s'est
nommé d'abord au singulier, jéhova, ensuite au pluriel, nos Dieux, puis au
singulier, jéhova. Ce pluriel indicateur des personnes divines, précédé et suivi
de Jéhova, nom de l'essence (ndla : souligné par nous), exprimait que la
Trinité est comme enveloppée dans l'unité.
d) "Dites à Aaron et à ses fils : C'est ainsi que vous bénirez les enfants
d'Israël : 'Que jéhova vous bénisse et qu'il vous conserve. Que jéhova vous
montre son visa~e et qu'il ait pitié de vous. Que ]éhova tourne son visage vers
vous, et qu'il vous donne la paix'. C'est ainsi qu'ils invoqueront mon nom sur
les enfants d'Israël, et je les bénirai. " (Nomb. VI, 23-27). Trois fois le nom
sacré de jéhova en avant de la bénédicti~n partielle .f
e) "Que Dieu nous bénisse, Notre Dieu, que Dieu nous bénisse!" (Ps.
LXVI, 8; LXVII, 8)
"Saint, saint, saint, est jéhova, le Dieu des armées; toute la te"e est
pleine de sa gloire. " (Isaïe, VI, 3). Allusion aux trois personnes divines dans
les mots : Saint, saint, saint, et à l'unité d'essence dans le mot Dieu au singu-
/ier44. » ... Et l'abbé Augustin Lémann d'apporter des précisions:

« En effet, si les noms de Dieu (Elohim), de fils de Dieu se trouvaient


décernés, dans les Écritures, à d'autres qu'au Messie; des restrictions signifi-
catives indiquaient que, pour ceux-là, ces dénominations devaient s'entendre
dans un sens restreint, métaphorique, tandis que, pour le Messie, elles devaient
être prises selon le sens strict et absolu. La 1ère restriction était que le mot Elo-

nonciation originelle inconnue à laquelle les massorètes « ont ajout/ des signt.s de vocalisations». Le terme
}thovah est une forme qui s'est largement diffusée par la suite en raison d,une défor:marion de la voca-
lisation massorétique • '4rgtmtnt ripandut » dans les traductions bibliques. « Le Tltragrammt divin est
aimi rtmp/acl entrt autrts par elohim signifiant KDi~» ttlou «Ditux• tl sow-mtnulant pour son pluriel
une pJuralitl tk divinités qui sont autant de partits intigranus du Di~ Unique. • in Thomas Rômer, Lt.s
100 mots dt la Bible, Presses Universitaires de France, 2016, p. 127 et p. 45.
43 Soulignons que l'expression « lm suprhnt • est une référence kabbalistique; cf. note 239.

•~ Abbé Augustin Lémann, Histoirt compltte de l'idit mtssùzniqut chez le p~plt d1srail, Éditions Saint-
Rcmi, publié en 1909, pp. 287-288. ·
42 ARCHIVES DU MONDIALISME

him n'est jamais communiqué aux créatures, anges, princes, justes, etc., qu'au
nombre pluriel, tandis que le singulier, Eloha, reste réservé pour le seul vrai
Dieu et pour le Messie. (. .. ) Une seconde restriction indicative était que si le
nom d'Elohim se trouvait, dans la Bible, communiqué à des créatures, celui de
jéhova ne l'est jamais, par la raison qu'il est le nom de l'essence divine qui est
incommunicable. Or le nom de Jéhova, étant l'un des noms du Messie, ainsi
qu'il l'a été démontré plus haut, l'attribution de ce nom était non seulement
une preuve que le Messie serait Dieu, mais encore une indication péremptoire
que les autres noms d'Elohim, de Dieu, de fils de Dieu, qui lui étaient égale-
ment décernés, devaient s'entendre, à son égard, non pas dans un sens restreint
et métaphorique comme pour les créatures, mais dans un sens strict et absolu.
Un troisième indice se trouvait dans cette annonce formelle que le Messie ne
serait autre que Dieu lui-même. Le Seigneur, en effet, ayant dit par lsaïe45 :
"En ce jour-là, mon peuple connaîtra mon nom; car moi, moi-même qui par-
lais, me voici!" et ailleurs : "Dieu viendra lui-même et vous sauvera", il s'en
suivait que tous les passages bibliques où les noms d'Elohim, de Dieu, de fils
de Dieu, se trouvaient attribués au Messie, devaient s'entendre d'une filiation
naturelle et nullement d'une filiation d'adoption 46• »

Enfin, concernant la fameuse désignation Dieu en Yahweh (ortho-


graphe utilisée par la Bible Crampon) dont l'identité est révélée à Moïse
lors du fameux épisode du buisson ardent. Thomas Rômer apporte les ex-
plications suivantes :

« Lorsque l'on a commencé à mettre par écrit les textes qui, plus tard, se-
ront réunis dans la Bible, on n'écrivait que les consonnes, comme c'est encore Le
cas aujourd'hui en hébreu moderne ou en arabe, langues dont les alphabets sont
consonantiques. En version consonantique, le nom propre du dieu qui apparaz"t
au chapitre 2 de la Genèse et très fréquemment dans la suite s'écrit Y-h-w-h et
ces quatre lettres sont à l'origine du terme "tétragramme" par lequel on désigne
le nom du dieu d'Israël, C 'est seulement plus tard, entre Les ///' et X siècles de
l'ère chrétienne, pour garantir la bonne prononciation des textes sacrés, que des
savants juifs, appelés les massorètes, mot araméen signifiant les ''gardiens", ont
élaboré plusieurs systèmes de vocalisation, dont l'un d 'eux - celui de la famille
de Ben Asher - lest finalement imposé4 7• >>

Après avoir défini les différentes catégories d'appellation de «Dieu»,

0 I aï , LIJ, 6. Nou r,ral teron un peu plus loin des prophètes, en particulier Isaïe, dont le 66 oracles,
m me s' ils ont pu onnaî tre une mulc lplicité de transcriptions cc des opies, constituent une cule et
même uni té (oracle cc prophète).
"t> Hiuoire çomp/ètt de l'idét messianique, op. cit., p. 305.
47 L'invention de Dieu, op. cit., pp. 38-39.
!!ANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 43

nous allons présenter les trois catégories présentant par étapes les éléments
annonciateurs du Messie :

A) Le Pentateuque ou les cinq Livres de Moïse


B) Les Livres des Rois et les Psaumes à l'époque du roi David
C) Une série de prophètes

A) Le Pentateuque ou les cinq livres de Moïse

En résumant le premier point, ce Messie est de la descendance d'Abra-


ham. Ce dernier, descendant de la race de Sem (un des trois fils de Noé), a
engendré divers peuples dont le peuple hébreu. Parmi les douze tribus de ce
peuple,celledelatribudeJudaaboutitauMessietenantlesceptre(signeduchef
suprême), affirmation faite à Abraham, Isaac et Jacob, permettant la revanche
proclamée dans le jardin d'Éden après le triomphe temporaire du serpent.
Les points clefs de la Genèse affichant cette généalogie indiquant la direc-
tion entamée depuis le jardin d'Éden peuvent être synthétisés en six points :

1) « je mettrai une inimitié entre toi et la femme, entre ta des-


cendance et sa descendance. Celle-ci brisera ta tête, et toi tu lui
mordras le talon.» (Gen. III, 14,15)
2) « Béni soit Jéhovah, le Dieu de Sem!» (Gen. IX, 26,27)
3) « En toi seront bénis tous les peuples de la terre.» (Gen. XII, 3);
« Dans ta postérité seront bénies toutes les nations de la terre. »
(Gen. XXII, 18), propos adressés à Abraham.
4) « En ta race seront bénies toutes les nations de la terre.» (Gen.
XXVI, 4), propos adressés à Isaac.
5) « Toutes les tribus de la terre seront bénies en toi et en ta race.»
(Gen. XXVIII, 14), propos adressés à Jacob.
6) « ( ••• ) Toi, Juda (ndla: tribu qui donnera la Sainte Vierge et son
Fils), tes frères te glorifieront,· le sceptre ne sera point ôté à Juda,
le législateur, à sa race, jusqu'à ce que vienne Schiloh (ndla :
sceptre), à lui les nations rendront hommage.» (Gen. XLIX, 1,
2, 8-10) 48 •

Concernant les patriarches Abraham, Isaac et Jacob, nous retenons


quelques éléments préparant le chemin menant au Messie et les caractéris-
tiques qui l'accompagnent. Nous pouvons présenter essentiellement quatre
événements comme signes avant-coureurs et préparatoires annonçant le

◄s Ces cicatîons viennent toutes du livre de l' abbé Augustin Lémann, in L'histoire complète de l'idée
messianique, op. cit., pp. 16- 18.
44 ARClilVES DU MONDIALISME

descendant de l'Almah : 1) La guerre contre les cinq rois avec Melchisé-


dech, 2} Le chêne de Mambré, 3) Le sacrifice d'Isaac et 4) La destinée de
Jacob.

1) C'est la Genèse XIV, 18-20 qui rapporte qu'Abraham, après une


victoire contre Chodorlahomor et des rois qui étaient avec lui, vit surgir un
homme considéré comme une préfiguration du Christ en la personne de
Melchisédech, roi de Salem (Jérusalem) et prêtre d'El Elyon (du Très-Haut) :

Melchisédech, roi de Salem (ndla: abréviation de Jérusalem), apporta


<<

du pain et du vin; il était prêtre du Dieu Très-Haut. Il bénit Abram 49 et dit:


Béni soit Abram par le Dieu Très-Haut, qui a créé le ciel et la terre ( .. .}. Et
Abram lui donna la dîme de tout5°. »

Et Dom de Monléon de commenter :

« L'épisode de Melchisédech constitue l'un des types les mieux établis de


l'Ancien Testament. Le prince apparaît comme une figure du Christ. Comme
le Sauveur, il est roi et prêtre : c'est même à son ordre sacerdotal que le Messie
appartiendra. ( ... ) Le sacrifice de Melchisédech est une figure du sacrifice de
l'autel. C'est bien un sacrifice, en effet, que le roi de Salem offrit, lorsqu'il se
présenta avec le pain et le vin. À quoi bon notifier qu'il était prêtre du Très-
Haut, s'il ne fit que procurer aux troupes d'Abram, un ravitaillement, dont
celles-ci d'ailleurs, gorgées de butin, n'auraient eu que faire?(. . .) Or, le pain et
le vin constituent la matière du sacrifice de l'autel, dans lequel ils sont conver-
tis au Corps et au Sang de jésus-Christ. Enfin, la supériorité du sacerdoce du
Christ sur Aaron, se trouve elle-même annoncée dans ce passage [puisque c'est
Abram, ancêtre des Lévites, qui paie la dîme à Melchisédech, prototype du
Sauveur et qui s'incline sous sa bénédiction}5 1• »

2) Vépisode du « Chêne de Mambré » continue à sculpter le modèle


d'avenir. Abraham, assis devant sa tente, vit arriver trois hommes. Selon
l'Église, ces personnages étaient la représentation de la Sainte Trinité déjà
49 C'est à partir de la Genèse XVII, 5 que Dieu prénomme ce personnage du nom d'Abraham car «ptrt
d'une fouit dt nations » comme le rapporte la Bible hébraïque.
so La version de la Bible hébralque est de la même eau avec une orthographe un peu différente : « Mal-
ltitstdtlt, roi tk Chaleme, fit apporter du pain et du vin: il /tait le prêtre du Dieu suprhne,· il lt blnit
(Abramt), et dit: "qu'Abramt soit blnit du Dieu suprême, crlattur du ciel tt dt la tt"t " ( .. .).• l n ~
www,arcopagc,nc;t/PDF/Cahc;n/0I -Gen%C3%A8sc.pdf. pp. 36-37. Le fait de se présenter avec du pain
et du vin est t·annonce d'un sacerdoce frayant le chemin au Christ .
.si Dom Jean de Monléon, Histoire Sainttt /~s patriarches, Ex.pédhions pamphiliennes, pp. 59-60.
Concernant les extraits cc les explications tirés de l' Histoire Saintt, nous nous appuyons sur les travaux
de Dom Jean de Monléon (1890-1981 ). moine bénédictin, exégète réputé concernant ces recherches
théologiques et historiques.
!!ANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 45

annoncée au patriarche qui s'empresse de les recevoir dignement par un


bon repas. Il est intéressant de noter que la Bible hébraïque, sous la direc-
tion de Samuel Cahen, évoque bien trois personnages, mais considérés par
Abraham au singulier :

« Il
leva les yeux, regarda, et voici trois hommes placés près de lui; en les
voyant, il courut au-devant d'eux, de l'entrée de la tente, et s'inclina à terre; il
dit : "maître.' Si j'ai trouvé grâce à tes yeux, ne passe pas devant la tente de ton
serviteur";» (Gen. XVIII, 1-3) 52 •

3) Dans le cas du fils d'Abraham, Isaac, Dieu demande au père de


sacrifier son fils unique53 , plus exactement, Il autorise une épreuve suprême
afin de tester son dévouement complet54 • Lors de la pérégrination du père,
déchiré par cette demande, et de son fils en direction du mont Moriah, lieu
du dénouement tragique, nous avons la restitution du chemin de Croix
du Christ vers le Calvaire. En effet, Abraham charge le bois sur le dos de
l'innocent55 , son fils, comme le rapporte la Bible hébraïque (Gen. XXII, 6).
La Bible Crampon dit la même chose :

Et Abraham prit le bois de l'holocauste, et le mit sur Isaac, son fils,


«
lui-même portait dans sa main le feu et le couteau, et ils s'en allèrent tous les

52
hnps·//www.areopa~.nçc/PDF/Cahcn/Ol-Gcn%C3%A8se,pdf. p. 45. La Bible du Chanoine Cram-
pon rcs.ciruc aussi cc point singulicL Dom de Monléon rapporte: •À ks approcher. upnuian~ il sentit
émaner de 1nm penon,us qi«/que chose qui itllit ullnnmr au-dessus de /'homme. dit Saint Augustin. qui/
ne put buter que Dieu ne fot m eux de 11UUJim particulière. Lz liturgie de l'Église S()11ligne, dam un ripons
de l'Office au tnnps de la QuinqUJtglsime, qu'il en vit "Trois "' et q"ïl en adora •un "'. » in Hisu,ire Sirinte,
lti patriarches, op. rit., p. 86.
s3 Gen. XXII, 1-14.
}' ~us retrouvons le mtme phénomène de mise à l'épreuve avec Moïse et Scphora. En effet, Yahveh
ordonne à Moïse de se rendre en Égypte afin d'obtenir la libération des Hébreux. Au moment du dépan
avec son épouse Séphora, une véritable attaque céleste surgit au point de menacer de mort Moïse (Exod.
IV, 24) . Comment comprendre cet acte violent? Saint Augustin l'explique par le fait que le deuxième
fils de Moïse n'éraie pas circoncis. Or l'adhésion à la Loi divine passait, entre autres, par une obéissance
absolue dont cc ritud. Scphora, qui à l'origine n'avait pas voulu circoncire son deuxième füs, se chargea
d procéder rapidement à la mise en praà.q ue du rite en utilisant une pierre tranchante. lndirccccmcnr,
ces faics révèlent d' un côté, que Dieu pour marquer son serviteur au fer rouge l'obligeant à obéir à ses
ordres sans discussion possible et, de l'autre, la manière rapide pollr effectuer la circoncision (une pierre
tranchante) soulignent le caractère c robwtc• des personnes de cette époque soumises à la rude alltorité
du Très-Haut et, dans le contexte de cet.t e période, ne pou-va.nt comprendre q~ cc genre de méthode
pour être formé selon les désirs divins. I:Ancim Tmammt intnlilliaiw hibrn-franpzis utilise le mot
• &igncur » pour désigner cette atnque œlestc in Alliance bib/ùpu 1'niverulk, 2011, p. 185.
ss I:ahbi Augustin Umann précise que des vestiges de croyances subsistent dans d 'anciens écrits rabbi-
niques. • comme im prol.ontnnrnz de liuuntion 'l"e ks faifs ont portk du-Tllnl les Jiècks mosaiqt«S s,n k:s
h1Jmmes ~ nlltion susritis de DieM œnrme sipes de lizvmir.. À1' mjn d7.sll4C. dont il en diJ «1p/Abrah4111
prit Je bqiJ pqur /1,oûw1,wu ri k mit s11r lU111C•, k trllitl Breschith Nbba 11j011U : c-Com11U cwn qai porte
une croix .su-r m lpauln~. Mmu riflai.on dans /i,ntique 011U1'1lte Pesilna : •htuzc porta k bois œm1N'
l'homm~ p.oru sa croix» (Bmch. &zb., 1ut.~ 56. fol 55,2. C,nnmenuiw J'IIT ks Llv~~ /es Nombra n k
Deu.tirontmu. Pe.sih~ foL 54, 1) in Histoire œmplhe fk J'ùlle messiatiqw, op. rit., p. 89.
46 ARCIIlVES DU MONDIALISME

deux ensemble. »

Le sacrifice d'un fils 56 ne pouvait absolument pas être agréé par


Dieu 57 qui fit arrêter le geste par l'intervention d'un ange. Ceci fait dire à
l'abbé Louis-Claude Fillion :

« Est-il
besoin de dire qu'on ne saurait trouver la moindre analogie entre
le sacrifice demandé par Dieu à Abraham et l'horrible coutume des sacrifices
humains, qui existait déjà et qui se prolongera pendant des centaines d'années
chez les Cananéens, chez d'autres peuples alentours, chez les Hébreux eux-
mêmes? Ce fut simplement une épreuve de la foi du patriarche; et le Seigneur,
en arrêtant sa main prête à frapper, montra qu'il avait en horreur les rites san-
guinaires que les faux dieux du pays étaient censés exiger de leurs adorateurs58 • »

Au sujet de cette demande de Dieu à Abraham de sacrifier son fils


Isaac, il est utile d'avoir une explication comparative donnée par la partie
juive à cet événement après les explications catholiques. Pour cela, nous
nous référons aux travaux d'Hervé élie Bokobza qui, dans son ouvrage De
56 C'est le cas de Jephté qui, à la tête de ses soldats, menait une guerre contre le roi des Amorrhéens. Prêt
à fondre sur les ennemis d'Israël, il fit une promesse à Dieu ... mais une promesse vraiment inconsidérée
et surtout anci-mosaïque : offrir en holocauste (en sacrifice) le premier qui sortirait de sa maison à son
retour victorieux de la guerre. La victoire acquise, la première personne qui sortit de sa demeure fur ...
sa fille. Atterré de la situation, car il aimait sa fille, Jéphté était prisonnier d,un vœu solennel qu'il ne
pouvait pas passer à la trappe car adressé à Dieu. En même temps, le sacrifice d,un être humain était
absolument réprouvé par la Loi mosaïque et Jephté avait dérogé à celle-ci. C'est au contact des idolâtres
de tout poil que les Hébreux, dans des moments de grande faiblesse, plongèrent dans des sacrifices
humains quitte à y associer inconsidérément Yahweh. Jepthé, en raison d'un tel vœu, révèle qu,il était
contaminé par ces rituels païens. Comme nous l,avons déjà écrit, mais il est nécessaire de le redire, les
Hébreux devaient être menés avec une extrême fermeté, comme le prouve la lecture de l' Histoire Sainte,
car le moindre relâchement conduisait ce peuple à la perdition païenne, sous-entendu l'impossibilité
de concrétiser l'arrivée physique du Messie. Dans cette optique et dans l'esprit de ce temps dur et
âpre, un vœu même inconsidéré reste un vœu (surtout adressé à Dieu) et il doit être exécuté quitte à
faire réfléchir le reste du peuple afln de lui faire prendre conscience de l'importance de l'utilisation des
mots et de la nécessité de ne pas dévier de la bonne direction issue du mosaïsme. Malheur aux esprits
légers! D,une certaine manière, Dieu impitoyable à l'égard de ce peuple capable de plonger dans les
sacrifices humains, mais en même temps un peuple unique, le fut aussi dans sa punition à l'égard de
Jepché acquis à ces méthodes. La réponse divine fut en quelque sorte:« Puisque tu es acquis au principe
du sacrifice ... eu commences avec ta fille ».
57
Pourtant, les Juifs au cours de l'Ancien Testament vont pratiquer des sacrifices d'enfants maudits par
Dieu d'une manière radicale. N'ayant pas exterminé des peuples dont le comportement démoniaque
portait aux sacrifices d, enfants, les Hébreux, à leur concacc, vont faire de même comme le souligne le
Psaume CVI, 34-42 tiré de la Bible hébraïque : « Ils n'exterminèrent pas les peuples que ]thova Leur avait
dit (d'exterminer). Ils se mlltrent aux nations, tn apprirent les œuvres. Ils adorèrent leurs idoles, lesquelles
dtvinrent pour eux un piège. Ils sacrifièrem aux dieux infernaux leurs fils et leurs filks. Ils répandirent le
Jang innocent, le sang de leurs fils tt dt l.eurs filles, qu'ils avaient sacrifiés aux idoles dt Kmâan (Canaan},
et k pays fut souillé dt sang. Ils se rendirent impurs par leurs œuvres et ils se prostituèrent par leurs actions.
La colère de Ithovah s'enflamma contre Jon peupü et il eut horreur de son hmtage. Il ks livra aux mains
des nations, ceux qui les haïssaient IÛ>minèrem sur eux. Leurs mnnnis les opprimèrent tt ils furent courbls
sous leur puissance.»
58
Histoire d'Israël, peuple dt Dieu, op. cit., (tome 1), pp. 81-82.
I.!ANCIBN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 47

la violence juive, apporte une vue fort utile à la compréhension de cet évé-
nement majeur de l'Ancien Testament :

le sacrifice d'Isaac représente l'épreuve ultime d'Abraham, au point


« ( ••. )
que toutes les autres ne peuvent avoir de sens si Abraham ne surmonte pas aussi
celle-là. Pour servir Dieu, Abraham est prêt à renoncer à tout. Il est prêt à lais-
ser tout son idéal, même si cet idéal n'existe que ( ... ) pour la gloire divine. ( ... )
Un dilemme cornélien s'il en est, puisqu'il s'agit de mettre Abraham à l'épreuve
de choisir entre l'une des deux voies qui s'offrent à lui; ou bien de satisfaire le
"caprice" d'un instant du Dieu unique et, en conséquence, de mettre fin à toute
la spécificité monothéiste, ou de ne pas céder à cette requête afin de sauver le
monothéisme "contre" Lui-même. C'est en cela que sacrifier son fils pour Abra-
ham revient à "sacrifier" Dieu!( ... ) [Monothéisme mis à l'épreuve du sacrifice
humain} Cette idée peut nous aider à mieux cerner l'enjeu du sacrifice d'Isaac.
En effet, on pourrait être amené à penser que, même si la Torah n'a jamais exigé
de sacrifice humain, cela ne suffit pas à écarter l'éventualité d'un sacrifice, qui
pourrait bien répondre à une offrande, sans que cela soit forcément imposé par
Dieu. Il fallait par conséquent que "l'occasion" d'offrir un sacrifice humain à
Dieu se présentât pour attester du refus absolu de Dieu d'une telle offrande.
C'est comme si nous disions que ce sacrifice d'Isaac place Dieu à l'épreuve du
sacrifice humain. Ainsi, en arrêtant la main d'Abraham au moment où il s'ap-
prête à tuer son fils, l'ange de Dieu vient lui signifier non seulement la fin de
non-recevoir d'un tel sacrifice, mais aussi lui montrer que même lorsque Dieu
est impliqué, puisque c'est Lui même qui demande à Abraham de se soumettre à
cette épreuve, il n'y a aucune légitimité à tuer en Son nom. ( ... ) ce qui compte,
c'est qu'Abraham ne peut connaître l'enjeu de la foi monothéiste dans ce qu'elle
à de rejet des cultes anciens, s'il n'accepte pas d'être l'acteur de cette mise à
l'épreuve. C'est pourquoi Abraham choisit l'option la plus difficile, qui est celle
de tenir jusqu'au bout, dans une démarche patiente et attentive de ce que Dieu
attend de lui, afin d'éclairer le monde du bien-fondé de la foi au Dieu unique.
( ... )Ainsi, lorsqu'il reçoit en réponse que l'intention divine n'a jamais été que
soit sacrifié Isaac en son honneur, Abraham comprend que l'enjeu est ailleurs.
C'est à partir de ce dénouement que toute son attitude fait sens. Certes, Abra-
ham est convaincu depuis le début que, s'il obtempère jusqu'au bout de cette
logique, et que l'enfant est finalement sacrifié, c'est tout le message monothéiste
qui s'effondre en même temps. Ce qu'Abraham découvre par cette épreuve en
revanche est que c'est précisément par l'acte d'une demande de sacrifice humain
non aboutie, que les valeurs monothéistes, celles d'Abraham s'est forcé à initier
toute sa vie, peuvent enfin faire sens. ( ... ) Ici, Abraham trébuche dans le fait
qu'il accepte certes de jouer un rôle qui met en péril et en danger les valeurs
monothéistes, mais une fois l'épreuve accomplie, le non dénouement de la re-
48 ARClilVES DU MONDIALISME

quête divine, constitue l'aboutissement ultime de cette épreuve. ( ... ) C 'est en


cela que désormais nous apprenons, avec Abraham, que le sacrifice humain est
à ce point rejeté par Dieu que, même lorsqu'un tel sacrifice et à l'initiative de
Dieu Lui-même, il n'y a aucune légitimité à tuer en Son Nom 59 • »

4) Enfin, le cas de Jacob est intéressant car les choses concernant la


destinée du genre humain se précisent avec lui. La distinction entre Juifs et
Gentils commence à se faire jour. Elle se fait dès la grossesse mouvementée
de Rébecca, épouse d' Isaac, attendant des jumeaux luttant entre eux. Elle
fut avertie par Dieu qu'elle attendait deux enfants qui fonderaient deux
peuples rivaux comme le précise la Bible hébraïque de Samuel Cahen :

« Les
enfants s'entrechoquaient dans son corps; alors elle dit : "S'il en
est ainsi, pourquoi suis-je donc?" Et elle alla consulter l'Éternel. L'Éternel lui
dit : "Deux peuples sont dans ton ventre, et de tes entrailles se sépareront deux
nations, l'une de ces nations plus forte que l'autre, le plus grand servira Le
moindre."» (Gen. XXV, 22-23)

Mettant au monde des jumeaux, le premier nouveau-né, appelé Esaü,


était roux et velu tandis que le second, tenant le talon de l'aîné dans sa main,
fut appelé Jacob; c'est-à-dire celui qui « supplante6° », indiquant par là sa
capacité à le faire tomber. Frères, certes, mais au caractère dissemblable.
Esaü est un chasseur énergique et viril tandis que Jacob est doux et paisible.
En tant qu' aîné, Esaü jouissait de prérogatives dans trois domaines : 1) Le
pouvoir d'offrir des sacrifices publics en portant des vêtements sacerdotaux,
2) Sa position d'aîné lui octroyait le droit d'une double part d'héritage à la
mort du chef de famille et 3) En cas d'absence du père, l'aîné, présidant les
cérémonies domestiques, pouvait bénir les autres membres de la famille. Ces
prérogatives n'étaient pas inamovibles d'autant plus que l'oracle divin avait
annoncé à la mère bien des bouleversements. En effet, la chose se manifesta
lors du fameux « plat de lentilles». Au retour d'une chasse trépidante, Esaü
demanda à se rassasier auprès de son frère Jacob en train de préparer un
repas de lentilles. Ce dernier, en retour, lui demanda de lui vendre son droit
d'aînesse. Un tel acte montre qu'il devait connaître les révélations divines
faites à sa mère sur sa destinée providentielle. La créature reste soumise au
desiderata du Créateur ... même si cela déplaît aux autres créatures. Profi-
tant de l'appétit à satisfaire de son frère, il proposa donc ce marchandage ...
accepté par Esaü. Que révèle ce type de comportement chez ce dernier?
Si on avait à résumer la nature de celui-ci, on dirait qu'Esaü est un simple

59 Hervé élic Bokobza, Dt la violence juive, Les Acteurs du Savoir, 2018, pp. 70-80.
60
Histoire Sainte, /es patriarches, op. dt., p. 61 .
!!ANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 49

estomac sur deux pattes. Les lentilles über a//es6 1 priment sur un état, pour-
rions-nous dire, une dignité représentée par le droit d'aînesse lié au caractère
religieux. Esaü n'en a cure. C'est son estomac qui s'impose, sous-entendu ses
sens. Saint Paul était plus lapidaire résumant ce genre de situation par des
formules du type : le «profane Esaü 62 >> ou encore « l'homme animaf> 3 ». Mais
il faut voir les choses d'une manière plus incisive avec les répercussions poli-
tico-religieuses dans l'avenir. Esaü représente celui qui n'accorde pas ou peu
de considérations pour les affaires spirituelles qui commandent tout le reste.
Il maintient les apparences de la conformité et du légalisme d'apparat, mais
conserve un appétit uniquement dirigé vers les biens terrestres. Selon la Tra-
dition de l'Église, il préfigure le monde juif, aîné de tous les peuples à l' ori-
gine, mais dont les désirs purement charnels conduisirent au rejet complet
de l'enseignement du Christ proposant un programme spirituel (une Jérusa-
lem céleste : l'Église) et, en aucun cas, une revanche matérielle rétablissant la
gloire d'Israël aux dépens des autres peuples de la terre, précepte qui ne sera
pas compris par le reste de la communauté. Cette situation a été accentuée
par le fait que, par la suite, Jacob s'est fait passer pour Esaü avec le soutien de
sa mère afin d'obtenir la bénédiction de son père quasi aveugle, transmission
de cette bénédiction capitale dans l'esprit de ce temps car dépendant de la
venue du Messie. Cette perspective a été expliquée par Dom de Monléon :

« Au sens allégorique, Esaü représente ici le peuple juif: c'était lui qui,
parmi les peuples de l'Ancien Testament, possédait le droit d'aînesse, c'est lui qui
portait la robe sacerdotale et qui seul pouvait offrir à Dieu des sacrifices dignes
d'être exaucés. Mais il préféra les avantages de la vie terrestre; il voulut jouir
tout de suite des biens et des satisfactions d'ici-bas. Et c'est ainsi qu'il fut écarté
au profit de son frère le plus jeune (ndla : Jacob),· c'est-à-dire de la Gentilité,
comme Notre-Seigneur l'annonçait à ses contemporains : "le Royaume de Dieu
vous sera enlevé, et il sera donné au peuple qui en portera les fruits". ( ... ) Si
Jacob a menti en répondant : je suis Esaü, comment qualifierions-nous l'affir-
mation de Notre-Seigneur disant de Saint jean-Baptiste: C'est lui qui est Élie.
Car enfin, le Baptiste n'est pas Élie, nous le savons avec une certitude abso-
lue. Lui-même l'a déclaré de façon péremptoire lorsque la question lui fut posée
publiquement par les envoyés officiels du Sanhédrin : Es-tu Élie? Lui deman-
dèrent-ils. Et il répondit : je ne le suis pas. La déclaration de jésus et celle de son
précurseur sont manifestement contradictoires et inconciliables, si l'on s'en tient
à la lettre du texte. Pour les accorder, il faut comprendre qu'elles ne se situent pas
sur le même plan. Saint Jean parle au sens littéral,· et il répond qu'il n'est pas

61 « Par-dessus tout » expression utilisée, dans un autre domaine, par August Heinrich Hoffmann von
Fallersleben (1798-187 4) .
62 Épître aux Hébreux, XII, 16.

63 1'~ Épître aux Corinthiens, Il, 14.


50 ARCHIVES DU MONDIALIS:rvŒ

Élie, parce que de fait, en chair et en os, il ne l'était pas; le prophète du Carmel
et Lui sont très certainement deux personnalités distinctes. Notre-Seigneur au
contraire parle au sens allégorique. ( ... ) C'est celui-là qui est Élie, c'est-à-dire :
l'homme que vous attendez sous le nom d'Élie, vous l'avez devant vous. Par son
zèle, par sa vertu, par son austérité, Jean ressemble tellement à ce prophète, il
en a tellement l'esprit qu'on ne peut l'appeler en vérité un nouvel Élie. ( ... ) Le
seul dessein de Jacob, sa seule préoccupation dans cette scène était d'accomplir
la volonté de Dieu. Il connaissait la prophétie qui le concernait; il savait qu'il
devait, dans les décrets divins, supplanter son frère. ( ... ) En Dieu, Jacob était
Esaü, parce que Dieu l'avait décidé ainsi, parce qu'il avait transféré sur lui les
privilèges de son frère 64 • »

Concluons que, sur son lit de mort, Jacob réunit autour de lui ses
douze fils les nommant un à un comme les représentants à la tête des douze
tribus d'Israël avec, pour chacune d'entre elles un rôle et une mission, en
64
Histoire Sainte, les patriarches, op. cit., pp. 166-167 et pp. 186-187. Voir Mt, XXI, 43. Une chose est
sûre, ce comportement n'eut pas d'incidence par la suite car cet homme, malgré une vie entrecoupée
d'épreuves, bénéficia de la vision dite« échelle de Jacob » (Gen. XXVIII, 22), vision mystique reliant le
Ciel et la terre avec des anges montant et descendant, rappelant la destinée particulière de cet homme
appelé à avoir dans sa descendance une femme dont le Fils doit assurer le rôle de médiation interrom-
pue depuis l'action du serpent au jardin d,Éden. À la fin de sa vie, Jacob, suivant l,antique tradition de
transmission de la bénédiction, décida de le faire à ses petits-fils, Manassé (l'aîné) et Ephraïm {le cadet),
enfants de Joseph. Cet acte fut d'une très grande importance en raison du comportement de Jacob
annonciateur du passage de la synagogue à l'Église : « Manassé, qui était l'ainé, se trouvait sous la main
droite du vieillard. et Ephraïm, le cadet, sous sa main gauche. Mais alors, contre toute attente, Jacob croisa
ses mains; le texte hébreu dit qu'il "les rendit intelligentes•: voulant indiquer par là que le Patriarche
savait parfaitement ce qu'il faisait. Puis il posa la droite sur la tête du cadet et la gauche sur celle de l'ainé.
Demeurant ainsi les mains en forme de croix, il bénit solennellement les deux enfants. » Joseph crut à
une méprise de son père en raison de la faiblesse de ses yeux en essayant de décroiser les bras de celui-ci
afin que la main droite aille sur la tête de l'aîné et la main gauche sur celle du cadet. Il n'en fut rien.
<< Mais Le Patriarche résista : "Je sais, je sais, mon fils. dit-il. Celui-ci aussi (Manassé) sera chef dt peuples

et sa race se multipliera. Mais son cadet (Ephraïm) sera plus grand que lui et sa descendance se multipliera
parmi les nations. '\, in Histoire sainte, les Patriarches, op. cit., pp. 370-371. Le commentaire de l'Église
comme l'écrit Dom de Monléon est: « Car il voyait clairement, dans la lttmitre prophétique, qu'Ephraim,
quoiqu'étant le moins âgé, jouerait, dans /'histoire d 'Israël, un rôle plus important que son frère. Au sens
allégorique, Jacob, bénissant, les mains croisées, Ephraim et Manassé, reprlsente le Christ transférant, par le
mystère de la Croix, les privilèges de la synagogue, qui était l'ainù, à la ca.dette, c'est-à-dire l'lglise. » Ibid.,
p. 372. Voir l'exceptionnelle Annexe I : Jacob Frank et les frankistes, Lettres hébraico-zohariques
présentant, pour la première fois en français, la doctrine frankiste à partir des écrits (les originaux en
hébreu) du maitre Gacob Frank) et de ses disciples, in Ben Zion Wacholder Ph. D, revue spécialisée
de l'Union Co/Lege-jewish Institute of Religion, Cincinacti, Sheldon H. Blank Editor, Maticiahu Tsevat,
Associate Edicor, offprint from Hebrew Union Co//ege Annua/, Vol. LII1, 1982, pp. 265-293. ous
avons expliqué ce qu'est le &ankisme, mouvement de subversion de Juifs faussement convertis au catho-
licisme, dont la finalité est d'éradiquer l'Incarnation en in.filtrant et en pervertissant les plus hautes
sphères de l'Église (Vatican II étant leur « réussite » temporaire, en attendant leur tentative finale à la
fin des temps), au profit d'une autre d'essence, l' Antéchrist, celui-ci étant en fin de course une forme
d,incarnarion satanique (voir l'Atlas du mondialisme); Jacob Frank se présentant comme le successeur
de Jacob. Comme le rapporte Gershom Scholem , professeur à l'université hébraïque de Jérusalem :
« Car comme le Zohar (ndla : ouvrage de la mystique kabbalistique juive) l'explique, le premier Jacob est
parfait, mais le dernier Jacob est parfait en tout et il compliura [la mission de Jacob] en tout.» in Gershom
cholem, le messianisme juif, Calmann-Lévy, 1974, p. 214 .
:CANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 51

particulier en bénissant celle de Juda devant donner la Sainte Vierge et son


Fils. Comme nous l'avons déjà écrit, depuis la faute au jardin d'Éden, Dieu
sculpte patiemment, par étapes, mais vigoureusement, le peuple désigné à
engendrer le Messie rédempteur pour réparer la faute commise par Adam et
Ève. Le processus est étalé sur le temps long car il s'agit d'élever spirituel-
lement le peuple hébreu à un insigne honneur, celui de recevoir le Messie
incarné. Pour cela, ce peuple doit être épuré de toutes les contaminations
spirituelles et morales propres aux populations de cette époque marquées
par des perversions en to~t genre avec, en arrière-fond, caractéristique
incompréhensible pour les rationalistes et libertins de tout poil, l'esprit
démoniaque engendrant ce désordre. Rappelons les propos de la Genèse,
XLIX, 1, 2, 8-10 déjà cité :

Le sceptre ne sera point ôté à Juda, le législateur, à sa race, jusqu'à ce


«
que vienne Schiloh (le sceptre), à lui les nations lui rendront hommage. » Et
Dom de Monléon d'ajouter :

« Et
de fait, lorsque les Romains placèrent sur le trône de Palestine Hé-
rode, qui était un Iduméen et non plus un descendant de Juda, ceux des Juifs,
qui avaient conservé intacte la foi d'Abraham, comprirent que les temps étaient
proches (ndla : c'est le cas du vieillard Siméon 65 ). »

B) Les Livres des Rois et les Psaumes à l'époque du roi David

Le deuxième recueil préparant la venue du Messie et possédé par


les Hébreux au retour de la captivité à Babylone renferme les livres des
rois et les psaumes de David. Concernant les livres, nous relevons le can-
tique prophétique dans l'annonce faite à Anne, mère de Samuel signifiant
le « demandé de Dieu 66 » :

« Les
adversaires du Seigneur le craindront, et il tonnera sur eux du haut
des cieux, le Seigneur jugera les confins de la terre, et il donnera l'empire à son
Roi, et il élèvera la puissance de son Christ. » (Premier livre de Samuel, 11, 10,
citation tirée du livre de l'abbé Augustin Lémann 67).

Cependant~ ce sont les Psaumes de David, dits Psaumes messia-


6
~ Histoire aintt, les patriarches, op. cit.,. p. 383.
66 Histoire sainte, le roi David, op. cir., p. 13.
67
Dans le as de Ja Bible hébraïque de Samuel Cahen il esr écrit à la fin: « ( ••• ) Il donnera la victoire à
son roi et donnera la gloire de son oint. »
52 ARCHIVES DU MONDIALISME

niques, qui sont les plus percutants en rappelant que Dieu jure solennelle-
ment à ce roi son alliance éternelle68 • Nous en retiendrons deux qui sont les
psaumes : 1) le XXI et surtout 2) le CIX69 • Concernant le premier psaume,
nous citerons quelques versets particulièrement uoublants car ils évoquent
inévitablement la Passion du Christ : les moments précédents sa mort (pha-
risiens qui l'insultent, le défient, sarcasmes en tout genre, ... ), la soif tenace
au moment des souffrances, les conséquences physiques du supplice de la
Croix sur le corps humain qui est distendu sous le poids de la douleur avec,
plus particulièrement, des répercussions sur des os encore plus visibles, la
période immédiate suivant sa mort (tirage au sort de son vêtement, ... ).
Les Juifs récusent ce type de comparaison. Ils peuvent se comporter ainsi,
cependant, c'est faire preuve d'un bel entêtement devant quelques passages
qui donnent à ce psaume tiré de la Bible hébraïque sous la direction de
Samuel Cahen un caractère annonciateur plus que troublant. Ce dernier
précise dans le sommaire présentant ce psaume qu' Un Israélite pieux dans
le malheur invoque le secours de jéhova dont il se croit délaissl'0 (. •• ) » ••• dom-
mage vraiment qu'il soit incapable de donner un nom à ce Juif pieux. Nous
nous bordons à citer quelques versets d'essence christique :

1) Psaume XXI

Les nombres entre parenthèses indiquent les numéros des versets.

« Mon
Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné? Pourquoi es-tu
loin de mon secours, des paroles, de mes cris» (2); « Tous ceux qui me voient
se moquent de moi, écartent les lèvres, secouent la tête» (8); « Qu'il expose sa
plainte à Jehova; il le tirera d'affaire, il le préservera car il lui plait» (9). « je
me suis écoulé comme de l'eau; tous mes os se disloquent,· mon cœur est devenu
comme la cire, fondu au milieu de mes entrailles» (15). « Ma force s'est dessé-
chée comme l'argile; et ma langue s'est attachée à mon palais, et tu mas réduit
à la poussière de la mort. » ( 16) (( Car des chiens m'ont entouré, une horde de
malfaiteurs m'a assiégé, comme Je lion - mes mains et mes piedi' 1• » (17) «je
61
La promesse de Dieu faite à David est : «J'ai contractl ailianct avtc mon llu ; fai fait et ;erment
David, m()n servlttur : jt VMIX affermir 14 raet pour toujours, ltablir ton trônt poNr toutes ks glnbtrtions.
}'établirai sa postlritl pour jamais, tt son tr6nt a-ura lts jours IÛs cieux. Je lai jurl unt fois par mil sainutl;
non, je ne mrntirai pas à David, s4 postlritl subsistera lttrneUtmmt, son trônt smz dnuznt moi commt k
soleil: commt la Junt, il est ltabJi pour toujours, tt k tlmoin qui est au ciel tJt fidJ/e. • (Ps. LXXXIX 4, 5,
30, 36, 37, 38, Bible Crampon, termes similaires dans la Bible h.ébraiquc)
69
Précisons que dans la Bible hébraîque, çcs psaumes sont numérotés XXII et CX.
10
bups;//www,arcopa&c ner/PDF/Cahen/13-Psaumes pdf, p. 45.
11
Nous reprenons les informations apportées par la Biblia Hebrai(a Stuttgartmsia (BHS), la Trt.u:iw-
tion (Eçumlr,ique dt la Bible (TOB) ec la Bible en franrais courant (BFC). l'ensemble étant ex.trait
!!ANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 53

compte tous mes os; eux, ils contemplent, me regardent. » ( 18) « Ils se distri-
buent mes vêtements, et sur mon habillement ils tirent au sort.» (l 9) ( ... ).

2) Psaume CIX

Ce psaume doit être cité et expliqué dans son intégralité en raison de


son importance prophétique messianique72 • Il est subdivisé en sept parties :

«jéhova a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que


j'aie fait de tes ennemis l'escabeau de tes pieds. 2) jéhova étendra de Sion. Le
sceptre de ta puissance. Domine au milieu de tes ennemis. 3) Ton peuple te sert
d'une pleine volonté. Au jour de ton exaltation, dans les splendeurs du lieu
saint. De mon sein avant l'aurore, À toi la rosée de ta génération. 4) ]éhova
a juré et il ne s'en repentira point : Tu es Prêtre pour l'éternité à la manière
de Melchisédech. 5) (0 jéhova), le Seigneur est à ta droite, Il brise les rois au
jour de sa colère. 6) Il jugera les peuples, il remplira (la terre) de cadavres, Il
écrasera la tête (de ses ennemis) dans tout l'univers. 7) Il boira dans le chemin
de l'eau du torrent; c'est pour cela qu'il élèvera la tête. »

Dans la première partie de ce psaume, des versets de 1 à 4, c'est


un Dieu (Jéhova) qui s'adresse à un autre Dieu (Adonaï, à mon Seigneur)
révélant la divinité du Messie et l'abbé Lémann d'ajouter :

« Le
mot Adonaï: Seigneur, est maintes fois appliqué dans la Bible à
Jéhova lui-même. Si David voulant désigner le Messie ne l'appelle pas simple-
ment, ]éhova, mais Adonai: c'est que son intention était de dire que le Messie
était son Seigneur, son Dieu. Or, il ne pouvait exprimer cette intfntion avec
de l'Ancien Testament interlinéaire hlbrtu-français, ouvrage de référence académique édité par les tdi-
tions Biblio, concernant le verbe • percer » utilisé en français pour parler de la cruciflxion du Christ.
Les traductions officielles de ces trois organismes sont pour TOB: te Des chiens me cernent; unt bandt dt
malfaiteurs m'entoure : iû m'o,.t p,rcl les mains et les pieds » in Ancien Ttstamtnt inttrlinlairt, 2c édition,
Paris, Société biblique française, 2011 , p. 201 O. Pour BFC : cc Unt bande dt malfaitturs m'tnctrck. cts
chitns ne me laissent aucune issue; il, •'0111 lii pieds tt mainu in ibid., La BHS traduit cc verbe par
« Iû m'o#I c""I » (,l1D, ·P:"I). La traduction issue de la TOB traduit le verbe cerner par le verbe percer.
Tandis que la BFC emploie le verbe lier. Dans le dictionnaire hébreu, le verbe transitif « percer ,. a plu-
sieurs traductions possibles : ipl, nip, ip;, j:'11:l in Marc Cohn, Nouveau dictionnaire français-hibrtu,
Tel-Aviv, Librairie Larousse, Paris, 1986, p. 515 . Précisons que le verbe «cerner » révèle indirectement
que les pieds et les mains sont, en quelque sorte, encerclés par quelque chose. Le clou qui transperce est
visible de. part en part à chaque bout du corps traversé. D'une certaine manière, chaque bout de cc clo·u
«cerne », 4( encercle » ou • enserre» les pieds et les mains (plus précisément, les poignets).
72
L'abbé Lémann précise : 4( Cm un psaume prophltJqut tt il n'a que le Christ ou lt Messit pour objet, 4
savoir : sa divinité, son sacerdoce lttrnel, son rtgne lttrtul. On sait qut le nom dt Christ est tlquiv,llent dt
celui de Messie. Ct nom de Messie(... ) stgnifie proprement "oint".» in l'Histoirt compl;tt dt l'idlt messia-
nique, op. cit,, p. 24.
54 ARCHIVES DU MONDIALISME

le mot Jéhova qui ne reçoit jamais de pronoms, de suffixes. Il a donc choisi le


mot Adonaï: qui reçoit des suffixes ( ... ), Adonaï qui signifie à mon Seigneur,
Domino meo73• »

Cette appellation fait q u,Adonaï (« à mon Seigneur») est accueilli à


égalité avec Dieu, assis à sa droite, honneur suprême qui ne peut pas être
accordé à aucune créature, fur-elle angélique, mais au «Seigneur» de David,
le Messie. Ce fut d'ailleurs la faute de Lucifer de vouloir prétendre se his-
ser au même niveau du trône du Très-Haut7 4 et qui fut foudroyé sur place
pour cette inconséquence. Seul un «Être» de même substance que Dieu
peut s'asseoir à sa droite (la place d'honneur) tandis que les ennemis défi-
nitivement soumis servent de marchepied ou, plus exactement, d'escabeau
à Adonaï. Les versets 2 et 3 indiquent une montée en puissance puisque
J éhova s, exprimant à la troisième personne («étendra») prend les choses en
mains afin de permettre au Seigneur de David, à partir de Sion (Jérusalem,
siège del' Arche sainte), et par le sceptre exprimant l'autorité et la puissance
suprême d'imposer· son empire à tous ses ennemis. Le peuple fidèle contri-
buant à l'extension de son règne bénéficiera de la «génération éternelle de la
Personne du Christ» grâce à Jéhova qui lui « communique tous ses biens, tous
ses droits et tout ce qu'il est lui-même75 • » Les affirmations divines prennent
un tour plus précis (verset 4 : « Tu es Prêtre pour l'éternité à la manière de
Melchisédech») avec le rappel d'un point déjà évoqué concernant ce Prêtre
du Dieu Très-Haut76 , titre attribué par Jéhova à Adonaï. L'attribution de
la prêtrise accordée d'ordinaire à l'homme qui, de par sa nature, est pétri
de faiblesses (faim, soif, ... ) et de souffrances (physiques, ... ) concernera
aussi Adonaï puisque Jéhova lui confère le sacerdoce. Cet Adonaï aura une
part de substance ou hypostase humaine, connaissant et compatissant à ce
type de nature, à l'exception du péché originel. Dans ce passage, un point
supplémentaire est apporté puisque nous avons rapporté plus haut que le
Messie sera de la tribu de Juda. Or, la prêtrise établie à l'époque de Moïse
est celle d'Aaron appartenant à la tribu de Lévi. C'est donc le passage d'un
ministère sacerdotal à l'autre qui est précisé dans les propos de Jéhova :

« De
même que Melchisédech avait exercé les fonctions sacerdotales, sans
être de la race d'Aaron, /'Écriture le nommant uniquement Prêtre du Très-
Haut; de même le Messie exercera son ministère sacerdotal, sans être de la tribu
73 Ibid., p. 28.
7◄ " Tu as dit dans ton ctzur : je monterai au ciel, j'élèverai mon trône au-dessus des étoiles du ciel, j t m'assié-
rai sur la montagne de réunion, au flanc ·septentrional, je monterai sur les hauteurs des nuages, j t serai
assimilt au Très-Haut. » (Isaîe, XIV, 13-14, Bible hébraïque)
75 Histoire complète dt l'idée messianique, op. cit., p. 33. L'abbé Lémann précise que l' expression 11. avant
l'aurore » équivaut à "' avant lt$ ttmps ,., « avant les astres ,., c'est-à-dire "' dt toutt lttrnitl ,. in ibid., p. 34.
76 Voir les notes 50 et 51.
CANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 55

de Lévi, dont Aaron et tous les prêtres après lui devaient descendre. Le Messie
sera de la tribu de juda77 • »

Ce lien avec Melchisédech revêt une importance extrême puisque ce


dernier s, est présenté devant Abraham avec du pain et du vin afin d, offrir
un sacrifice en actions de grâces en raison de la victoire du patriarche face
à ses ennemis. Or cet acte non sanglant a été repris par le Christ lors de la
Cène. Et c, est le sacrifice - lui - sanglant et définitif sur la Croix pour la
rémission des péchés qui a parachevé l'ensemble. Cet acte eut des consé-
quences inouïes car, outre la victoire mettant fin au désordre apporté par la
désobéissance d'Adam et Ève, il permettait grâce aux supplices de la Croix
de détourner les aspirations prédatrices de la nature humaine de mettre à
mort ses semblables en vue de cérémonies sacrificielles religieuses d'essence
satanique. L'exutoire sublime de la Croix centré sur la personne du Christ,
s'anéantissant en prenant tout sur Lui, rend impossible les sacrifices hu-
mains concernant ceux ralliés à sa cause. Nous devons bien comprendre
que l'acte du Golgotha a permis d'apaiser la psychologie tourmentée de
l'homme. Les strophes 5 à 7 indiquent, d'abord, que toute opposition à
cet événement messianique venant des chefs des peuples sera écrasée inexo-
rablement. On retrouve le même motif dans le psaume II de David 78 • Mais,
dans cette affaire, ce Messie à la fin des temps « écrasera la tête {de ses enne-
mis) dans tout l'univers», image similaire que l'on retrouve dans les propos
déjà relevés de la Genèse parlant d'une femme écrasant de son talon la tête
du serpent, annoncée au début du message biblique à l'aube de l'humanité.
Ce psaume s'achève par une formule apparemment sibylline : « Il boira dans
le chemin de l'eau du torrent, c'est pour cela qu'il élèvera la tête», propos que
l'abbé Lémann explique:

les Livres saints, les eaux bouillonnantes des torrents sont la fi-
« Dans
gure des tribulations et des souffrances. ( ... ) le fleuve de sang qui s'échappera
de tous ses membres [du Messie] au jour de sa passion se mêlera au torrent des
souffrances qu'il aura endurées durant sa vie mortelle pour la rémission des
péchés du genre humain. ( ... ) parce que, dans le cours de sa vie mortelle, le
Messie se sera abaissé pour la gloire de jéhova et le salut du genre humain, qu'il
77
Histoire complète de l'idée messianique, op. cit., p. 35.
78
Les princes tiennent ensemble conseil, contre ]lhova, contre son Christ: Brisons leurs liens, Secouons
« ( ••• )
leur joug!( .. . ) », cication du psaume tirée du livre de l'abbé Lémann. Dans la version dirigée par Samuel
Cahen, celui-ci ajoute, dans le sommaire précédant ce psaume II, cette erreur diffusée depuis plus de
2 000 ans, attribuant aux Juifs un rôle les mettant au-dessus des autres peuples. Il lance, en parlant de
ce Messie, une « exhortation à ces ptuplts de st soumettre au roi israllitt pour qut Ditu dans sa colère nt les
anéantisse pas». Comme nous l'avons déjà indiqué à la note 30, le Messie vient pour toute l'humanité,
chose que nous allons continuer à souligner dans les pages suivantes. Les Juifs, rebelles à la Révélation,
continuent de croire qu'ils ont le droit à un traitement les mettant au-dessus des autres peuples. Or les
textes prophétiques prouvent le contraire.
56 ARCHIVES DU MONDIALISME

sera élevé au plus haut des cieux (... )79• »

Ainsi, les textes bibliques présentés dans les points A et B devaient


permettre d'éclairer les Hébreux de l'avenir qui les attendait : le Messie
naîtrait de la famille royale de David issue de la tribu de Juda, il serait roi,
sacré par Dieu, oint (Christ signifiant «oint»). Cependant, il était pré-
cisé que l'établissement de son règne ou royauté passerait, d'abord, par des
souffrances, des humiliations et la mort. Ce dernier point fut tragiquement
oublié par la plupart des Juifs.

C) Une série de prophètes

Le troisième point traité passe en revue toute une série de prophètes


ayant annoncé l'arrivée du Messie. Nous devons établir deux parties dans
ce point C : 1) La première partie passera en revue de nombreux prophètes,
ceux qui ont agi sans écrire et surtout ceux qui ont écrit. 2) La deuxième
partie se concentrera sur Isaïe. Comme il a été précisé dans l'introduction,
des textes bibliques ont été revus et les oracles des prophètes n'échappent
pas à la règle. Cependant, comme nous l'avons déjà écrit, une multipli-
cité des transcriptions et des copies n'implique pas une négation de l'unité
des oracles ni une unicité du prophète qui les proclame. Des rationalistes
comme Thomas Rômer ont une réflexion purement terrestre évacuant l'idée
même de la Révélation 80 • Ces textes inspirés annoncent le rôle d'incubateur
du peuple hébreu en faveur du Messie à venir pour l'ensemble du genre
humain, oracles suscitant parfois la stupeur devant des affirmations qui,
par la suite, ont pris forme plusieurs siècles plus tard.

79 Histoire complète dt l'idée mmianique, op. cit., pp. 44-45.


80
Au sujet de l'Ancien Testament, l'esprit rationaliste de Thomas Rômer s'exprime ainsi : « En ce qui
concerne /'utilisation dt la Bibl, dans la reconstruction de /'histoire d'Israël et dt Juda. on assistt depuis un
certain temps à une polimique entre ''maximalistes", pour qui la Bible a raison jusqu'à preuvt i"lfatablt
du contraire~ tt "minimalistes", pour qui la Bible n'tst pas unt source valable pour reconstruire /'histoire de
la fin du de-uxitmt et dt la première moiti/ du prtmier mi/linaire avant notrt èrt; tout au plus permet-elle
dt comprendre lts positions idéologiques de certains courants du judaïsme naissant à, la fin de flpoque perse
ou au début dt l'époque helllnistique. Les deux positions sont difficiles à maintenir: la position maximaliste
est contraire 4 la dlontologit dt l'historien; quant à la position minimaliste, elle nlgügt le fait que ks textes
bibliques, aussi idéologiques qu'ils soient, peuvent néanmoins garder des traces d~vlntmmts historiques et dt
traditions anciennes.» in L'invention de Dieu, op. cit., p. 24.
!!ANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 57

1) Les prophètes en action

Nous pouvons établir deux classes de prophètes : ceux qui agirent


sans laisser de traces écrites et ceux qui le firent. Parmi les prophètes s' ex-
primant de vive voix et dont les actions ont été rapportées, nous pouvons
relever pour la période environ 1095-890 av. J .-C. : Samuel, Gad, Nathan,
Ahïas, Séméïas, Addo, Hananie, Élie et Élisée tandis qu'on peut nommer
une série de « prophètes écrivains» du IXe siècle av. J .-C. jusqu'au retour de
l'exil babylonien en 536 av. J .-C. : Joël, Michée (déjà cité) 81 , Osée, Amos,
Abdias, Jonas, Nahum, Habacuc, Zacharie, Saphonie, Isaïe, Jérémie, Ezé-
chiel et Daniel 82 • Nous alignons quelques-uns de ces messages messianiques
(souvent des extraits) accompagnés de quelques commentaires.

- Prophète Joël

« Et après, je répandrai mon Esprit sur toute chair, ( ... ) et je répandrai


mon Esprit en ce jour-là!, et je ferai des prodiges dans le ciel et sur la terre,
( ... ), mais quiconque invoquera 'f!lOn nom sera sauvé.» (II, 28-32)

Commentaire : C'est le genre humain dans sa totalité qui est appelé


à la foi, principe du salut, sans distinction.

- Prophète Jérémie

En ces jours-là, dit le Seigneur, on ne dira plus : "l'Arche de


« ( ••• )
l'alliance du Seigneur"! On ny pensera plus, on ne s'en souviendra plus. On
ne la regrettera pas et elle ne sera plus rétablie. En ce temps-là, Jérusalem sera
appelée le trône du Seigneur. Toutes les nations sy rassembleront au nom du
Seigneur( ... ).» (III, 14-17)

Commentaire : La période de l'Ancien Testament, époque prépara-


toire, correspondant aux éléments qui faisaient sa gloire (l'Arche) passera
à une étape supérieure transformant la Jérusalem de la synagogue en la
Jérusalem de l'Église, trône du Seigneur (la Jérusalem spirituelle) au profit
de toutes les nations.

« Les joursviennent, dit le Seigneur, où je susciterai à David un Germe


juste, Roi il régnera, et il sera sage, il fera l'équité et la justice sur terre, ( ... ) et
81
Cf. note de bas de page 30.
12
Toutes les citations des prophètes viennent du livre de l'abbé Augustin Lémann (Histoirt compütt dt
l'idlt messianique) à l'exception de Zacharie, extraite de la Bible Crampon.
58 ARCHIVES DU MONDIALISME

voici son nom dont ils l'appelleront: jéhova notre justice.» (XXIII, 4,5)

Commentaire : « Germe» terme utilisé pour désigner le Messie issu de


la Maison de David dont la perfection sera au service spirituel de l'humani-
té entière. Les Juifs, depuis 2 000 ans, attendent leur Messie pour rehausser
la gloire d,Israël. Cette prophétie affirme le contraire puisqu,11 sera sage,
équitable et juste sur l'ensemble de la terre, au profit du genre humain.

« Les jours viennent, dit le Seign,eur, où je ferai avec la maison d1sraël


et la maison de Juda une alliance nouvelle, non selon l'alliance que j'ai faite
avec leurs pères, ( ... ), mais voici l'alliance que je ferai avec la maison d1sraël.
j'imprimerai ma loi dans leurs entrailles, et je l'écrirai dans leur cœur, et je
serai leur Dieu et ils seront mon peuple ( ... ). >> (XXXI, 31-34)

Commentaire : Ces propos annoncent une alliance inaugurée, à l' ori-


gine au Sinaï, entre les Hébreux et Dieu (Yahweh) passant à une étape supé-
rieure, « l'alliance nouvelle», rendue possible en raison d, une rééducation
(laborieuse) des Hébreux en vue de les préparer à recevoir le Messie incarné.

« Les jours viennent, dit le Seigneur, où j'accomplirai la bonne parole


que j'ai dite à la maison d'Israël et à la maison de Juda. ( ... )je ferai germer
à David un Germe de justice, et il exercera l'équité et la justice sur la terre.
( ... ) Jéhova notre justice. ( ... ) Et parmi les prêtres et les lévites, il ne man-
quera jamais devant moi un homme pour élever l'holocauste brûler l'offrande
et immoler la victime tous les jours (. .. ). » (XXXIII, 14-22)

Commentaire : Là aussi, il y a le rappel de la descendance davidique,


le Messie, désigné par l'expression « Germe de justice» dont la mission
concernera l'humanité entière (les Nations) en liaison avec un holocauste
annonçant le Sacrifice perpétuel et non sanglant de la messe.

- Prophète Ézéchiel

« Voici ce que dit le Seign,eur Dieu à Jérusalem ... ( ... ),j'en agis avec
toi comme tu as agi toi-même, toi qui au mépris de ton serment as rompu
l'alliance! Mais moi je me souviens de l'alliance que j'aie faite avec toi. Aux
jours de ta jeunesse, et je la ratifierai pour toi à jamais! ( ... ) j'établirai mon
alliance avec toi.» ( ... ) (XVI, 3, 55-63)

Commentaire : Le renouveau annoncé avec l'arrivée du Messie effa-


cera les iniquités commises permettant à ceux qui le souhaitent vraiment de
:CANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 59

se rétablir spirituellement dans le cadre de la nouvelle alliance.

- Prophète Zacharie, a) Extraits tirés de la Bible Crampon puis,


b) Passages tirés de la Bible hébraïque afin de comparer les deux textes.

a) Tressaille d'une grande joie, fille de Sion! Pousse des cris d'allé-
«
gresse, fille de Jérusalem! Voici que ton Roi, vient à toi; il est juste, lui, et
protégé de Dieu; il est humble, monté sur un âne, et sur un poulain, petit
d'une ânesse.» (ndla: souligné par nous, Zach., IX, 99, Bible Crampon).

b) « Tressaille beaucoup de joie, fille de Tsione, pousse des cris de joie,


lerouschalaïme, voilà que ton roi vient à toi; il est juste et victorieux, modeste,
et monté sur un âne et sur le poulain, fils de l'ânesse. » (Bible hébraï-
que)

Commentaire : Comme on le sait, le Christ, arrivant à Jérusalem le


jeudi Saint et acclamé par la foule des Juifs, avant leur retournement, ne
, , ,
s est pas presente sur un pur-sang.

a) « Le bon pasteur : L'indocilité du troupeau, cause de ses malheurs,


( ... ), Le bon pasteur, sa vigilance pour protéger ses brebis, ( ... ) Las de ses brebis,
il brise sa première houlette (ndla : bâton surmonté d'un crochet métallique
caractéristique utilisée par les bergers pour saisir une brebis, un agneau, ... )
et réclame son salaire. (. .. ). je pris ma houlette Grâce et je la brisai, pour
rompre mo_n alliance que j'avais faite avec tous les peuples. Elle fat brisée en
ce jour-là, et ainsi les plus misérables du troupeau qui faisaient cas de moi,
connurent que telle était la parole de Yahweh. Et je leur dis: "Si vous le trouvez
bon (ndla : le pasteur), donnez-moi mon salaire; sinon, n'en faites rien. "Et
ils pesèrent mon salaire, trente sicles d'argent8 3 (ndla : souligné par nous).
(Zachar., XI, 4-12)

« En
ce jour-là, Yahweh établira un rempart autour des habitants de
Jérusalem, et celui qui chancelle parmi eux sera en ce jour-là comme David, et
la maison de David sera comme Dieu. ( ... ) Et je répandrai sur La maison de
David et sur l'habitant de Jérusalem un esprit de grâce et de supplication, et ils
tourneront les yeux vers moi qu'ils ont transpercé. Et ils feront le deuil
de lui, comme on fait le deuil sur un fils unique; ils pleureront amère-

83
La Bible Crampon précise aux notes de bas de page 12, 14 et 15 : « Trtnte sicles d'argent, environ
435 g se/on /es meilleures estimations (14,5 g le sicle); c'était le prix d'un esclave (Exod. XXI, 32). ( ... )
Suite du départ du bon pasteur: schisme et manque d'unité. Après avoir repoussé le bon pasteur, lsrail vivra
désormais sous /a conduite de mauvais pasteurs.» (Zachar., XI). Nous rappelons que le Christ a été vendu
pour 30 deniers.
60 ARCIIlVES DU MONDIALISME

ment sur lui, comme on pleure amèrement sur un premier-né. En ce


jour-là, le deuil sera grand à Jérusalem, ( ... ).Eton lui dira: "Qu'est-ce
que ces blessures à tes mains!" Et il répondra: 'J'ai refU ces coups dans
la maison de mes amis" (ndla: souligné par nous).» (Zachar. XII, XIII)

b) « Et j'ai dit : je ne vous ferai plus paître; que la mourante meure,


que la retranchée soit retranchée, que celles qui restent dévorent l'une la chair
de l'autre. Je pris ma houlette Noam, et je la brisai, pour détruire l'alliance
que j'avais contractée avec tous les peuples. Et elle fat détruite en ce jour, et les
pauvres brebis qui espèrent en moi reconnurent ainsi que c'était la parole de
Jehowah. je leur dis: si cela est bon à vos yeux, donnez-moi ma récompense, si-
non laissez. Et ils pesèrent ma récompense trente (pièces) d'argent (ndla:
souligné par nous).» (Bible hébraïque de Samuel Cahen, XI, 9-12)

« En ce jour, lehowah protégera les habitants de Ierouschalaïme Uérusa-


lem); le plus faible parmi eux sera comme David, et la maison de David comme
Dieu, comme l'ange de Dieu (qui marche) devant eux. ( ... ) Et je répandrai sur
la maison de David et les habitants de Ierouschalaïme un esprit de grâce et de
compassion, et ils regarder9nt sur moi à cause de celui qu'ils ont percé, et
ils seront affligés sur lui comme l'on s'afflige sur un (fils) unique, et ils
pleureront amèrement sur lui, comme on le fait pour l'ainé (ndla : sou-
ligné par nous). En ce jour le deuil sera grand à Ierouschalaïme ( ... ). » (Bible
hébraïque de Samuel Cahen, XII, 8, 10-11).

« Luidit-on (ndla : au Seigneur) : Que sont ces plaies au milieu


de tes mains P Il dira : C'est que j'ai été battu dans la maison de ceux
qui m'aimaient (ndla : souligné par nous).» (Bible hébraïque de Samuel
Cahen, XIII, 6)

- Prophète Daniel, nous retenons trois éléments importants, pour ne


pas dire édifiants : a) La statue aux pieds d'argile et de fer, b) les
soixante-dix semaines d'années et c) l'homme vêtu de lin. Rap-
pelons que ce prophète vécut à Babylone, selon la Tradition de
l'Église, avant et après l'édit de Cyrus (né vers 600 av. J.-C., mort
vers 530 av. J.-C.), vainqueur des Assyriens, permettant le retour
des Juifs sur la terre d'Israël. Une partie le fit tandis que le reste fit
souche en Mésopotamie.

a) La statue aux pieds d'argile et de fer résulte d'un rêve de Nabucho-


donosor que Daniel interprète. En effet, ce roi avait eu comme vision celle
d'une énorme statue, à la fois resplendissante et menaçante, que le prophète
!!ANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 61

décrit (extrait) : « Sa tête était en or très pur; sa poitrine et ses bras étaient
d'argent; son ventre et ses cuisses, d'airain; ses jambes, de fer,· ses pieds, partie
de fer, partie d'argile. Tandis que vous la regardiez, une petite pierre se déta-
cha de la montagne, sans que les mains d'aucun homme l'eussent tou-
chée84, elle vint heurter les pieds de la statue, et ceux-ci furent mis en miettes.
Le colosse s'écroula lourdement : alors le fer, l'argile, l'airain, l'argent et L'or
furent broyés et réduits en poussière, comme les débris de paille qui restent sur
l'aire en été, une fois que le blé a été battu. Ces parcelles furent emportées par
le vent, dans toutes les directions, sans qu'on puisse en trouver aucune trace. Au
contraire, la pierre qui avait frappé la statue, s'amplifia et devint une grande
montagne, qui remplit toute la terre. Voilà, ô roi, le songe que vous avez eu 85 • »

Cette succession de quatre métaux, comme le rapporte Dom de


Monléon, représente quatre empires qui ont exercé une hégémonie uni-
verselle pour, ensuite, s'écrouler : l'empire assyrien, l'empire médo-perse,
l'empire d'Alexandre et l'empire romain; chacun représentant une matière
(l'or, l'argent, l'airain et le fer lié à de l'argile). Ces empires se sont suc-
cédé jusqu'à l'époque du Christ. Et le prophète Daniel de conclure devant
Nabuchodonosor :

« Et dans les jours de ces rois, le Dieu du ciel suscitera un royaume qui
ne sera jamais détruit et dont l'empire ne sera pas donné à un autre peuple;
il brisera et consumera tous ces royaumes, et il subsistera éternellement. C'est
pourquoi, tu as vu une pierre se détacher de la montagne, non par des mains;
et elle brisa le fer, l'airain, l'argile, l'argent et l'or; le grand Dieu a fait savoir
au roi ce qui sera après cela ( ... ) 86 • »

Pour les Pères de l'Église, cette « petite pierre» qui tombe et frappe
la statue au point de la faire vaciller et s'écrouler, comparable aux débuts
humbles du Christ, est l'expression déjà utilisée par le prophète Isaïe pour
désigner l'arrivée du Messie 87 •

84 Voir la note 135.


85
Histoire sainte, le prophète Daniel, op. cit. , pp. 49-50. Cette description est dans la Bible hébraîque
(Daniel II , 32-43).
86 Daniel Il, 44,45 (passage extrait de la Bible hébraïque).
87
~ C'est pourquoi ainsi parle Je Seigneur Yahweh : "Voici que j'ai mis pour fondement tn Sion une pit"t,
une pierre éprouvée, angulaire, de prix, solidement poslt : qui s'appuiera sur elle avec foi ne foira pas. ",.
(Bible Crampon, Isaïe, XXVIII, 16). Le commentaire traitant des propos tenus par Isaïe indique que
cette petite pierre représente le Messie, selon les doctews de l' Église, comparaison qui n'est évidemment
pas reconnue par les Juifs. Concernant l'utilisation du mot •Sion» dans ces propos, le Dictionnaire
encyclopédique du judaïsme précise : • Le nom "Sion", ou "mont Sion"• finit par s'itmdre à toute la ville
biblique, agrandit par David et ses successeurs, lts rois de Juda. Sion strt de synonyme à toute la ville de
jlrusalem dans Mkhée 4.7 ("l'Éternel régnera sur elle dans la montagne de Sion") et 4,8 ("fille dt Sion'') et
surtout dans /sait et lts Psaumes.» in Dictionnaire tncyclopldique du judaïsme, op. cit. , p. 955.
62 ARCHIVES DU MONDIALISME

b) Les fameuses soixante-dix semaines d'années du prophète Daniel


trouvent un écho dans un oracle du prophète Jérémie évoquant une capti-
vité des Hébreux durant soixante-dix ans à Babylone. Cette ville tombe, en
537 av. J .-C., sous la férule des Perses de Cyrus. Déjà réduits en esclavage
par les Assyriens à partir de 606 av. J .-C., les Hébreux passèrent sous la
coupe des nouveaux conquérants :

« Et lorsque les soixante-dix ans seront accomplis, je ferai rendre compte


de leur péché au roi de Babylone et à cette nation ( ... ) 88 • »

C'est Cyrus qui par un édit, en 536 av. J .-C., autorisa les Juifs à
retourner dans leur pays. Mais le retour au pays, pour certains, ne signifiait
pas l'abrogation de la Loi de Moïse. Les Hébreux étaient encore appelés à
vivre sous ce modèle pendant plusieurs siècles. Les soixante-dix semaines
d'années du prophète Daniel ont une tout autre signification. Nous resti-
tuons l'extrait capital de ce prophète, bénéficiant de cette révélation divine,
à partir de la Bible Crampon en rappelant que ce sont les mêmes propos
dans la Bible hébraïque. Des faits politiques doublés d'un renouveau reli-
gieux y sont présentés, en particulier le temps à attendre pour l'arrivée du
Messie et les conséquences pour les Juifs refusant «l'oint» avec, ensuite,
la destruction de Jérusalem et du Temple. D'une manière sous-jacente, les
troupes romaines commandées par Titus et leurs actions destructrices en
70 apr. J .-C. sont annoncées :

« ( ... ) Sois donc attentif à la parole et comprends la vision. Soixante-


dix semaines89 ont été déterminées sur ton peuple et sur ta ville sainte pour
enfermer la prévarication, pour sceller les péchés et pour expier l'iniquité, et
pour amener la justice éternelle, pour sceller vision et prophète et pour oindre
le Saint des Saints. Sache donc et comprends : depuis la sortie d'une parole
ordonnant de rebâtir Jérusalem jusqu'à un oint9°, un chef, il y a sept semaines,
et soixante-deux semaines,· elle sera rebâtie, places et enceinte, dans la détresse
des temps. Et après soixante-deux semaines, un oint sera retranché, et personne
pour lui. Et le peuple d 'un chef qui viendra détruira la ville et le sanctuaire, et
88
Jérémie, XXV, 12.
89
Dans la Bible hébraïque, l'expression complète est s.oixante-dix semaines (d'années).
90
Le terme<< oinc » est utllisé identiquement dans la Bible hébraïque de Samuel Cahen, Nous rappelons
les propos de l'abbé Augustin Lémann: << Ce nom de Messie, m hébreu( ... ), signifie proprement "oint".»
Histoire complète de l'idée messianique, op. cit. , p. 24. Le terme de «oint » est confirmé par le Diction-
naire encyclopédique du judaïsme : « Le terme français vient de l'hébreu machiah via le grec et le latin,
qui signifie "oint ". Sauveur et rédempteur qui apparaitra à la fin des temps. Le terme se rencontre pour la
première fois dans le Lévitique {IV, 3-5), appliqué au ' prêtre oint ". Il désignait à l'origine toute personne
in-vestie d 'une mission dt'vifle, telle que le prêtre, prophète, roi et même Cyrus le Perse, considéré comme
exécutant une volonté divine (ls XLV, 1) ( .. . ) lsaït et Jérémie prophétisèrent l'avènement d 'un roi issu. de La
maison de David et dont le règne serait glorieux. » Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, op. cit. , p. 660.
!!ANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 63

sa fin sera dans l'inondation, et jusqu'à la fin il y a1,ra guerre, ce qui est dé rété
touchant la dévastation. Il conclura une alliance ferme avec un grand nombre
pendant une semaine; et, au milieu de la semaine, il fera cesser Le sacrffice et
l'oblation, et sur l'aile des abominations viendra un dévastateur, et cela j1'squ 'à
ce que la destruction et ce qui a été décrété se répandent rnr le dévastt> 1• )

Nous devons d'abord expliquer le sens du mot « semaine d ann >.


C'est, si l'on peut dire, une unité de mesure que nous retrouvon dan le
Lévitique XXV, 3-6. Une semaine d'année correspond à ept ans e subdivi-
sant en six ans permettant d'ensemencer la terre et de tailler la vigne tandi
que la dernière année, le sabbat, on laisse son champ et a vigne en repo . Il
suffit ensuite de multiplier à volonté ces semaines d'années : deux main
d'années font 14 ans, trois semaines d'années font 21 ans, etc. Lorsqu'il t
dit à Daniel que 70 semaines (d'années) s'écouleront avant quel int n ar-
rive, cela donne : 490 ans. Mais ce bloc est découpé en trois tranche in ..
gales: 7 semaines d'années (49 ans), 62 semaines d années (434 an ) et un
semaine d'année (7 ans). Et c'est là où révélations bibliques inspir e t l
faits historiques authentifiés se conjuguent. En effet, il est pr cisé qu pt
semaines d'années (49 ans) s'écouleront à partir d'un ordre lançant la r -
construction de Jérusalem. Le règne d' Artaxerxès (dit longue main) d
av. J .-C. à 424 av. J .-C. et son implication dans les affaires bibliqu sont
confirmés par les historiens même si des zone en clairs-oh urs d meur n.t
pour expliquer cette période historique 92 • Comme le rapporte Pi n Briant,
professeur d'histoire de !'Antiquité à l'université de Toulou -II 1 Mirail :

« [Concernant Jérusalem] Pour en ji,ger,disposons d abord de


1J01'S
Livres bibliques Ezra et Néhémie. lis rapportent qu avec Ja pennission active
d'Artaxerxès, ces deux judéens effectuèrent des missions à ]éru a/em .· le premier
dans la septième année d'Artaxerxès (458) · le se ond dans la vingtième arm e
(445). ( ... ) Esdras revint à jér1,salem, porteur d'une lettre royal .1-- -:).
De manière à permettre au temple et aux sacrificts de retrouver leur splendeu,
des moyens matériels sont attribués: des offrandes du roi lui-menu et de/. our,
des dons versés par les ]t,déens habitant en Babylonie, de vases pour le temple ·
en outre, ordre est donné at4x trésoriers de Transeuphratène de déii rer Euln
ce qu'il demandera ( ... ). Sur tous ces points, les mesures prises par rta:t:erxts
s'inscrivent en continuité parfaite avec ce/Les décidé.es a-nt riei"em nt par .yru
et par Darius. Il est possible, et même probable, qu 'Esdras ait obtenu également
L'autorisation de poursuivre les travaux de construction du temple. Mai Ar..
taxerxès va plus loin _puisque interdiction est faite (aU;~ 4,;,torités satrapiques)

91
Dani 1 IX, 24-27.
9l La Mlsopotamit, Édifions Belin, ouvrage collectif, 2017, p. 89 .
64 ARClilVES DU MONDIALISME

"de lever impôt, redevance et tribut" sur les desservants du temple. Comme on
l'a déjà signalé (chapitre XII, 4), un seul parallèle est attesté : c'est l'exemption
de tributs et de corvées que les ancêtres de Darius avaient accordée aux 'Jar-
diniers sacrés" qui travaillaient les terres de l'Apollon d'Aulai. ( ... ) Comme à
Esdras, Artaxerxès remit des lettres à Néhémie; les unes étaient adressées "aux
gouverneurs du-delà du fleuve": elles leur enjoignaient de faciliter le voyage du
]udéen et de ses compagnons; d'autres lettres étaient adressées à Asaph, "inten-
dant du paradis royal", auquel il était enjoint de fournir du bois de charpente
''pour les portes de la forteresse du Temple et pour les murs de la ville", ainsi
que pour la maison dans laquelle Néhémie projetait de se retirer {Néh. 1.1-
10). ( ... ) Au-delà des nombreuses discussions qui subsistent sur un texte plein
d'embûches et de chausse-trapes, un point semble acquis. Si, comme Esdras, il
a été mandaté par le Grand Roi, Néhémie, à la différence d'Esdras, a reçu une
fonction officielle, celle de gouverneur {pehâ) : lui-même se pose en contraste
avec les gouverneurs qui l'ont précédé dans cette charge (5. 14-17). Son ressort,
c'est "le pays de Juda" (5.14), c'est-à-dire cette province (medinah) qui, sur des
monnaies du IV siècle, est dénommée Yehüd. ( ... ) Il paraît donc que, de Cyrus
à Artaxerxès, il y a une très grande continuité de la politique royale( ... ). Il est
plus probable que, du point de vue perse, la mission de Néhémie était d'établir
une nouvelle assiette des prélèvements tributaires et de garantir la régularité de
leur perception ( ... ) 93 • »

Si nous retenons les dates de 4S8 et 44S, période où fut relancée la


reconstruction de Jérusalem et du Temple, nous nous retrouvons en accord
avec l'annonce faite au prophète Daniel avec le processus lancé (officiel-
lement) vers 4S8 av. J .-C. En reprenant cette date, même si des variantes
de quelques années existent selon les spécialistes de cette époque, amor-
çant le lancement des travaux réhabilitant Jérusalem, nous retrouvons, en
déroulant les trois étapes faites à Daniel, une logique aboutissant à l' appa-
rition publique de l'Oint. De 4S8, retranchons les sept semaines d'années
(49 ans, période correspondant environ à la reconstruction de Jérusalem),
nous sommes en 409 av. J .-C. Soixante-deux semaines d'années (434 ans)
s'écoulent et nous aboutissons à 25 apr. J.-C. Ajoutons la dernière semaine
d'année (7 ans) et nous tombons sur la période de la vie publique du Christ
(32 apr. J.-C.) aboutissant à sa mort. Comme il a été déjà précisé, ces
écrits de Daniel comme beaucoup d'autres ont été revus (transcriptions et
copies, mais unité des oracles). Il n'en reste pas moins que ces documents
(inspirés, n'en déplaise aux rationalistes) ont été rédigés avant que n'arrive
celui appelé, par les chrétiens, le Rédempteur. La prophétie de Daniel - que
le lecteur lise une nouvelle fois ce texte - est surprenante quand on sait

93
Pierre Briant, Histoire de l'Empire perse, Fayard, 1996, pp. 601~603.
CANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 65

l'existence historiquement prouvée du Christ (Messie pour les uns, simple


homme pour les autres et mis à mort, mais dont l'action est reconnue par
tout le monde), sans oublier les conséquences historiques évoquées dans
ce texte conduisant à la destruction du Temple et de Jérusalem {le général
romain Titus et ses légions 94) mettant fin, définitivement, aux sacrifices
mosaïques dans ce sanctuaire sacré pour les Juifs. On ne peut que s'étonner
(admirer même) de l'application pratique d'une annonce faite bien avant
sa réalisation historique.

c) Parmi les prophéties de Daniel, nous retenons une troisième qui


est « L'homme vêtu de lin 95 ». Cette révélation apporte des informations sur
la fin des temps d'autant plus intéressantes qu'il faut les comparer à la
doctrine du frankisme dont le programme officiel est présenté, nous le
rappelons, en Annexe 196 . L'ange de Dieu, vêtu de lin, révèle que les Juifs
connaîtront de nombreuses tribulations en évoquant toute une série de
personnages de Syrie et d'Égypte qui, tantôt en flattant les Juifs, tantôt
en les maltraitant violemment, marqueront leur histoire. La chose fut par-
ticulièrement concrète avec un roi appartenant à la dynastie grecque des
Séleucides, Antiochus Epiphane (né vers 215 av. J .-C., mort en 164 av.
J .-C.) dont la politique anti-juive fut particulièrement violente. Tout en
massacrant de nombreuses populations de Judée, il voulut conduire une
politique d'hellénisation du pays allant jusqu'à souiller le Temple en y of-
frant des sacrifices de pourceaux (absolument contraires aux sacrifices régle-
mentés depuis Moïse) après l'avoir vidé de ses objets précieux et placé des
idoles païennes. C'était, selon la formule consacrée, «l'abomination de la
désolation>► car le culte mosaïque était brisé. La famille des Maccabées dont
Mattathias et ses fils, Simon et Juda, a entraîné une partie des Juifs de Judée
à combattre cette politique par la guerre, celle-ci étant dirigée aussi contre
d'autres Juifs favorables à une hellénisation culturelle qui, indirectement,
condamnait à mort le culte mosaïque et les diverses prophéties annonçant
et préparant l'arrivée du Messie, de l'Oint .. Cette lutte se traduisait aussi
en rivalités entre « grand prêtre97 >> et leurs clans respectifs défendant un des
deux courants. Transposée à notre époque issue de Vatican II (2019), c'est
une lutte entre le monde de la tradition et le monde conciliaire adepte de
la« modernité» en faveur du syncrétisme religieux. Cette histoire de révolte
est relatée dans les deux premiers Livres des Maccabées. Après des combats
acharnés, les Juifs « tradis' » réussissent à rétablir leur culte dans le Temple
94
Destruction de Jérusalem renforcée par l'empereur Hadrien après la révolte mâtée dans 1e sang de
.Bar-Kokhba de 132 à 135 apr. J.-C. après une guerre acharnée contre les Romains.
9
Daniel., X, 4.
96
Annexe I : Jacob Frank et les fran.ldstes, Lettres hébraico-zoha.riques,.; cf. nota 64 et 18S.
4(

97
Dans la reljgion mosaïque, le grand-prêtre (Kohtn Gadof) est 1e titre que portait le premier des
prêtres. C'est, si l'on peut se permettre cette comparaison, le pape » de la religion ancienne israélâte.
4(
ARCHIVES DU MONDIALISME
66

environ trois ans après son interdiction ce qui n'empêcha pas le combat de
se poursuivre plusieurs années encore98 • La connaissance de cet événement
historique est à saisir car il s'agissait d'anéantir le culte mosaïque préparant
l'arrivée du Messie, du Prêtre. Les siècles qui précèdent 1 arrivée de 1 Oint
sont une accumulation de tentatives d éradication des promesses bibliques
particulièrement bien développées avec Isaïe. Mais pour comprendre le
message adressé à Daniel, il faut conserver à l'esprit qu'Antiochus Epiphane
est, à cette époque de sacrifice défini par l'Ancien Testament, ce que l'Anté-
christ sera à la fin des temps, c est-à-dire cherchant, lui aussi, à annihiler la
forme supérieure et accomplie de la Loi mosaïque : le Sacrifice de la messe.
Comme l'expliquent les Pères de l'Église sous la plume de Dom de Monléon :

Mais elle annonce en même temps, en second plan, ce qui arrivera


« [ .•• ]
sous le règne de l'Antéchrist. Lui aussi, cet insigne ennemi de Dieu et de la
religion, prétendra abolir entièrement l'Église du Christ. Il en persécutera les
fidèles avec la cruauté la plus barbare, il mettra tout en œuvre pour les faire
apostasier : toujours cependant il y aura parmi ceux-ci des hommes intrépides,
qui braveront le martyre, et soutiendront le courage de leurs frères. Il profanera
les églises, fera cesser sur toute la terre la célébration publique du Saint
Sacrifice (ndla : point clef que le frankisme a instauré avec Vatican II
dans le cadre de la modification du rite d'ordination en juin 1968 et
tentera plus violemment encore à la fin des temps 99), et ne tolérera plus
aucune manifestation de la religion chrétienne 100 • »

Il est précisé dans cette prophétie de Daniel que cette période de vio-
lences inouïes durera 1290 jours, soit trois ans et demi. Et l'ange, de pro-
longer cette durée en ajoutant solennellement qu'il faudra attendre jusqu'à
1335 jours 101 • Toujours selon Dom de Monléon :

98
La fête d'Hanoucca rappelle le rétablissement du culte d'origine.
99 Avec l'apparition de la Salette en 1846, reconnue par l'Égüse comme Lourdes et Fatima, la Sainte
Vierge rappelle, entre autres (nous laissons le soin au lecteur curieux de lire l' intégralité de ce message
édifiant avec les explications en se référant au livre de Paul-Étienne Pierrecoun, De la Salette à Diana
Vaughan , ESR, 2018) que l'Antéchrist naîtra de l' union d'un évêque et d' une religieuse hébraïque. Des
catholiques considèrent que la réforme du rite d'ordination avec le Pontifica/ù Romani, en juin 1968 ,
a pour objet de détruire le sacerdoce fondé par le Christ ; c'est-à-dire faire du prêtre un simple laïc
dégu.isé avec ou sans soutane. C'est une opinion à ne surtout pas rejeter quand on connaît le dégoût
de la synagogue nouvelle à l'égard de l' Incarnation et son prolongement avec la messe. Détruire le
sacerdoce, c'est détruire la messe et le Sacrifice non sanglant qu.i s'y déroule depuis 2000 ans mettant
ainsi fin à la Révélation. L'Église, après avoir rejeté Vatican II et retrouvé le chemin de la Tradition avant
le défi ultime. se prononcera définitivement sur cette question centrale - la validité du sacerdoce - car
c'est la chose essentielle à détruire, la souillure suprême (la que/ipa), pour la synagogue rabbinique. On
peut déjà se référer à cc site très pointu sur la question : hnp://www.rorc-sanqifica org/indexl .html
100
Histoire sainte, op. cit., p. 178.
101
Daniel, XII, 11-12 {Bible Crampon) : • Heureux celui qui attendra et arrivera jusqu'à mille trois cent
trente-cinq jours!» •
!!ANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 67

« Lesupplément de 45 jours représente donc, d'après Saint Jérôme, ;hé~-


doret, la Glose et les autres, le délai qui doit s'écouler entre la mort de l'Ante-
christ et la solennelle apparition du Fils de l'homme, quand Il viendra dans
102
tout l'éclat de Sa majesté, pour juger les vivants et les morts • »

2) Le prophète Isaïe, le témoin messianique

Le personnage d'Isaïe se doit d'être vu à part car c'est lui qui renforce
l'annonce déjà faite dans la Genèse d'une femme et de sa progéniture (ou
postérité) appelée à jouer un rôle déterminant dans le renouveau. Durant
l'ère patriarcale et les premiers siècles du mosaïsme, l'accent est mis sur
un Dieu se révélant peu à peu devant un peuple qu'Il façonne et instruit.
Lépisode du buisson ardent où Dieu se révèle à Moïse sous l'appellation de
Yahweh 103 avec une «mission/commando» clairement définie à accomplir
est le passage à une étape supérieure. Avec Isaïe, homme du VIIIe siècle av.
J.-C., selon la Tradition de l'Église, nous passons à une autre étape puisqu'il
éclaire le rôle premier d'une femme, d'une Vierge (Almah), rendant pos-
sible le salut. Avant de présenter les passages clefs du personnage, nous
devons rappeler que ces textes inspirés au nombre de 66 se subdivisent en
trois parties distinctes dont la première catégorie, soit 39 oracles, corres-
pond à l'époque historique de ce prophète. Comme il l'a été déjà écrit,
certains de ces textes ont été revus. Cependant, on doit conserver à l'esprit
que les personnes héritières des écrits d'Isaïe, comme le rappelle la Tradi-
tion de l'Église, ont œuvré dans le respect de ces révélations (car inspirées)
présentant une remarquable unité de vue (unicité du prophète) concernant
l'arrivée du Messie, situation similaire que l'on retrouve dans le clergé de
l'archevêché de Reims, l'archiviste et chanoine Flodoard par exemple au
Xe siècle, maintenant dans ces archives ecclésiastiques l'esprit inspiré de
l'évêque Saint Remi à l'égard de Clovis 104 • On trouve donc des thèmes

Histoire saime, le prophète Daniel, op. cit., p. 184.


102

103
Comme à la note de bas de page 42, nous utilisons pour les traductions bibliques les extraits de
l'Ancien Testament inter/in/aire hébreu-français, ouvrage de référence académique édité par les Éditions
Biblio comprenant trois textes : 1) Le texte hébreu traduit est celui de la Biblia Htbraica Stuttgartmsia
(BHS), 2) Le texte français est celui de la Traduction Œcuml.niqut dt la Bible (TOB) et 3) la Bible en
français courant (BFC). Concernant le terme YHWH, la BHS l'écrit :i,:,,, la manifestation de Dieu à
Moïse (Livre de l' Exode, Chapitre III, verset 14) se fait ainsi (les lettres en capitales viennent du texte
d'origine avec les versions TOB et BFC). TOB : Dieu dit à Moïse: ''JE SUIS QUI JE SERAI. " Il dit :
4(

"Tu parleras ainsi aux fils d'Israël: jt SUIS m'a envoyé vers vous."» in Ancien Ttstammt interlinéaire,
2c édition, Paris, Société biblique française, 2011, p. 181. BFC : « Dieu die/ara à Moïse: "JE S U/S QUI
JE SUIS. '' \.ilici donc ce que tu diras aux Israélites: ''JE SUIS m'a envoyé vers vous. "» Traduction des mots
hébreux de la BHS : Je suis/ qui/ je suis il'ilN , VJN i1';'1N in ibid.
104
Et cc n'est pas l'effet du hasard. Voir chapitre II.
ARClllVES DU MONDIALISME
68

concernant une Vierge enfantant un fils, les royaumes de Juda et d'Israël,


de la Syrie, du rôle dévastateur de l'Assyrie et du comportement rebelle ~e
nombreux Juifs (certains dirigeants et une partie du peuple) contre les lois
et prescriptions divines. La deuxième tranche d'oracles, 40-55, souligne
la fin de l'exil babylonien. Enfin, _la troisième tranche d'oracles, 56-66, se
concentre sur l'exaltation de «Sion», sous-entendu de la Jérusalem spiri-
tuelle ... l'Église. Concernant les propos d'Isaïe, nous devons nous focali-
ser sur les chapitres allant de sept à douze. Ils peuvent être subdivisés en
trois parties : a) La politique du royaume d'Israël (Samarie) et de la Syrie
à l'égard du royaume de Juda, b) Une rébellion de la part d'une partie des
Hébreux du royaume de Juda envers l'autorité supérieure etc) La mission
dévastatrice des rois d'Assyrie à divers degrés, Teglath-Phalazar ou Senna-
chérib, envers l'ensemble du peuple hébreu. Cependant, avant d'aborder
ces points, il est nécessaire de faire un rappel historique soulignant les
origines du cadre politico-religieux dans lequel le prophète Isaïe évolue et
se projette.

N'en déplaise à certains, les Hébreux ont été sélectionnés au sein


du genre humain pour accomplir une double mission. D'abord, héritiers
d'une mission divine confiée à Abraham, celle-ci se précise au fil du temps,
patriarche après patriarche, pour être canalisée par les prophètes dont nous
avons vu la liste et les propos pour certains. Ceux-ci ont chacun apporté
des informations plus ou moins importantes, mais allant toujours dans la
même direction: l'idée d'un renouveau spirituel avec l'arrivée d'un Messie
afin d'abattre les conséquences du péché d'Adam et Ève; ces derniers ayant
permis au serpent de soumettre le genre humain à ses volontés. Ceci n'est
pas une simple formule. Si l'on s'en tient aux référents catholiques, il faut
rappeler que les dieux et déesses de l' Antiquité ne sont que des représenta-
tions matérielles d'un culte d'essence satanique se nourrissant de sacrifices,
en particulier humains (adultes et enfants). La chute au jardin d'Éden a
entraîné une soumission de l'humanité détournée de sa finalité première :
la vision béatifique. Or, comme le rappelle Saint Paul :

« ( •.• )Je dis


que ce que les païens offrent en sacrifice, ils l'immolent à des
démons, et non à Dieu; or je ne veux pas que vous soyez en communion avec
les démons. Vous ne pouvez boire à la fois au calice du Seigneur et au calice des
démons; vous ne pouvez prendre part à la table du Seigneur et à la table des
;
demons 105 ( ....
) »

Ces propos, compréhensibles pour un véritable catholique, sont ab-

105
Saint Paul, pc Épître aux Corinthiens (X, 20-21, Bible Crampon); cf. note 112.
!!ANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 69

solument ridicules ou vides de sens pour le rationaliste, l'athée, l' agnos-


tique, le protestant, le juif talmudiste ou libéral, le libertin, l'adepte d'une
religion philosophico-religieuse (le boudhisme, ... ) ou encore celles refu-
sant d'admettre l'existence du péché originel (1' islam, l'hindouisme, ... ) ;
bref, cela fait du monde! À ce sujet, il est symptomatique de constater que
ces groupes sont tous unis, certes par des voies différentes, pour aboutir au
même résultat : le rejet de l'Incarnation avec ses répercussions politico-spi-
rituelles; conséquence convenant tout à fait au monde talmudo-kabbaliste
qui abhorre ce point central dans son combat depuis 2 000 ans. Que ce fait
les fasse réfléchir : être apparemment si différents (certains diraient être
«libérés»), mais avoir une tournure d'esprit commune repoussant ou mé-
prisant ce point clef permettant à la synagogue nouvelle de ricaner d'aise.
Malgré tout, nous demandons à ces personnes de faire l'effort de pour-
suivre œtte lecture afin, au moins, de connaître la logique du processus
amorcé avec Abraham et ses successeurs, sous un angle qui n'est pas le ratio-
nalisme. Le peuple hébreu a reçu en dépôt le soin, d'abord, de défendre
le monothéisme afin de faire connaître un Dieu voulant reconquérir le
terrain perdu depuis l'Éden, terrain largement occupé par la partie adverse
via le paganisme et ses dieux multiples. Ensuite, la deuxième mission du
peuple hébreu est de «produire» dans sa chair le Messie. Pour cela, deux
choses étaient absolument indispensables. Dans un premier temps, il fal-
lait que le peuple hébreu fût littéralement expurgé de toutes les influences
extérieures venant du monde païen à l'origine de l'idolâtrie, de sacrifices
humains, de sciences occultes et magiques (traduisez d'essence satanique).
Déjà, tout naturellement dans la vie de tous les jours, nous ne devons
chercher à fréquenter que ceux qui nous élèvent par leur droiture morale.
Il en va de même pour les Hébreux dont, malheureusement, la fréquenta-
tion de peuples aux mœurs dévoyées à certains moments de son histoire
les incitait à reproduire le même schéma. Cette prudence conduisant à ne
pas se mêler à ces peuples contaminants se traduisait aussi dans le rejet de
mariages avec les habitants de ces contrées. En effet, c'était introduire le
germe du paganisme et ses conséquences perverses dans l'ADN de l'âme
du peuple hébreu. On oublie trop souvent dans la lecture de ces passages
bibliques que l'apport biologique de personnes non israélites, héritières
de mœurs païennes d'essence satanique, se traduit aussi par une contami-
nation spirituelle pour la descendance. L'âme du peuple hébreu marquée
par des influences extérieures néfastes se détournait ainsi de sa mission
initiale : rendre possible l'Incarnation. L'enjeu du combat terrible engagé
par le serpent, même si celui-ci ne savait pas comment la chose se finalise--
rait, contre Dieu se situe là. C'est dans ce sens éminemment spirituel qu'il
faut comprendre l' An.den Testament et non .«s'exciter» sur les inscriptions
70 ARCHIVES DU MONDIALISME

d'une stèle ou les fragments d'un papyrus qu'il ne faut certes pas mépri-
ser car ils sont fort utiles pour la compréhension de cette époque ... mais
ce n'est pas le cœur du sujet! Des passages bibliques sont clairs et nets
concernant ces points et, nous le reconnaissons, terriblement offensants
pour tous les adeptes du principe « vivre d'amour et d'eau fraîche» :

Lorsque Yahweh, ton Dieu, t'aura fait entrer dans le pays dont tu vas
«
prendre possession, et qu'il aura chassé devant toi beaucoup de nations, les
Héthéens, les Gergéséens, les Amorrhéens, les Chananéens, les Phéréséens, les
Hévéens et les Jébuséens, sept nations plus nombreuses et plus puissantes que toi,
et que Yahweh ton Dieu, te les auras livrées et que tu les auras battues, tu les
dévoueras par anathème, tu ne concluras pas d'alliance avec elles et tu ne leur
feras point grâce. Tu ne contracteras point de mariage avec elles, tu ne donne-
ras point tes filles à leurs fils, et tu ne prendras point leurs filles pour tes fils;
car elles détourneraient de marcher après moi tes fils, qui serviraient
d'autres dieux (ndla : souligné par nous); la colère de Yahweh s'enflamme-
rait contre vous, et il te détruirait promptement. Mais voici comment vous
agirez à leur égard : Vous renverserez leurs autels, vous briserez leurs stèles,
vous abattrez leurs aschérim (ndla: singulier aschera, déesse antique) et vous
livrerez au feu leurs images taillées 106 • »

Nous pouvons observer une continuité d'application de la Loi mo-


saïque, même si parfois elle n'a pas été toujours respectée dans le cours de
l'histoire juive 107 , après le retour en Judée autorisée par le roi perse Cyrus.
Esdras au yc siècle a rétabli les us et coutumes de la Loi en liaison avec
Néhémie. Il a, en particulier, obtenu en collaboration avec Séchénias que
des femmes étrangères aux mœurs hébraïques avec leurs enfants, mariées à
des Hébreux, soient renvoyées hors de Judée. Même si nous traitons plus
106
Deut. , Vil, 1- 5 (Bible Crampon). Faut-il croire que ces interdictions one leur raison d 'être car,
lorsqu' elles ne sont pas respectées, elles sont utilisées pour détruire les nations héritières et fidèles aux
préceptes issus de l' Incarnation. Comme nous l'avons déjà relevé dans noue livre, Atlas du mondialisme,
c' est l'arme utilisée par la partie adverse pour éteindre ces foyers de civilisations. Le gnostique Richard
de C oudenhove- Kalergi (1894- 1972) et premier président de la Paneurope dans son ouvrage paru en
1925, Praktischer Idealismus, considéra.it le christianisme comme un « judaïsme régénéré», encoura-
geant les courants migratoires et le métissage(• la race du.futur, nlgroïdo-eurasienne »). Il évoquait d ' une
manière révélatrice l' idée que « Dans une Europe orientalisét, l'aristocrate du futur ressemblera davantage
à un brahmane et à un mandarin qu'à un chevalier. » Cf. Atlas du mondialisme, 3c édition, pp. 266- 268 .
Le « Pacte de Marrakech n, cerces non contraignant, signé par la France en décembre 2018 est dans la
continuité des idées de Coudenhove-Kalergi. Tout migrant arrivant clandestinement en France (et en
Europe) bénéficiera de l'appui des juges et des magistrats complaisants (et d 'associations humanitaires
droits de l' hommiste dévouées à leur cause) pour leur permettre de rester sw le sol national . On a
jamais vu le corps de la magistrature renvoyer en masse des migrants; voir chapitre Ill.
107 C'est le cas, entre autres, de Bethsabée mariée à un Hérhéen (un non-juif) , Urie. Celui-ci servait

dans l' armée du roi David qui le fit périr afin d'épouser sa femme (Ile Livre de Samuel, XI) . Ceci révèle,
outre les faiblesses inhérences à l'âme humaine, que les meiJleurs d'entre eux comme David, appelé à
avoir une descendance plus que glorieuse, se dérobaient parfois à ces prescriptions divines.
!!ANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU CUVEAU 71

longuement du sujet dans le chapitre IV, nous pouvons déjà annoncer que
nous trouvons dans les documents officiels du sionisme allemand une vo-
lonté farouche de défendre les valeurs israélites qui, par certains aspects,
font penser aux réformes d'Esdras œuvrant en faveur de la revitalisation des
mœurs authentiquement juives. Enfin, signalons par avance qu il n'est pas
interdit de considérer les lois de Nuremberg du 15 septembre 1935, Gesetz
zum Schutze des deutschen Blutes und der deutschen Ehre (<Loi sur la protec-
tion du sang allemand et de l'honneur allemand 108 »)comme une sorte de
contre-miroir ou un négatif du monde germanique par rapport aux mesures
énoncées dans le Deutéronome ou chez Esdras. Cependant, il faut toujours
garder à l'esprit, comme nous l'avons déjà écrit, que ces mesures propres
à l'Ancien Testament avaient pour but de maintenir les Hébreux loin de
la contamination païenne d'essence démoniaque afin de permettre l' ar-
rivée du Messie au sein d'un peuple spirituellement débarrassé de toute
forme de corruption (le nazisme était aux antipodes de cet idéal) :

« [Esdras est informé des mariages des juifs avec les femmes étrangères;
sa douleur] Lorsque j'appris cette affaire, je déchirai mes vêtements et mon
manteau, je m'arrachai les cheveux de la tête et la barbe, et je m'assis consterné.
( ... ) [Prière d'Esdras], [Le commandement divin touchant les mariages] et
[Réforme d'Esdras, le peuple, témoin du deuil d'Esdras s'engage par serment à
suivre ses directions] Maintenant, ô notre Dieu, que dirons-nous après cela?
Car nous avons abandonné vos commandements que vous nous aviez prescrits
par l'organe de vos serviteurs les prophètes, en disant: le pays dans lequel vous
entrez pour en prendre possession est un pays d'impureté, souillé par les impu-
retés des peuples de ces contrées, par les abominations dont ils l'ont rempli d'un
bout à l'autre avec leurs impuretés. Et maintenant, ne donnez point vos filles
à leurs fils, et ne prenez point vos filles pour vos fils, et n'ayez jamais souci de
leur prospérité ni de leur bien-être ( ... ). Pendant qu'Esdras, pleurant et pros-
terné devant la maison de Dieu, faisait cette prière et cette confession, il s'était
réuni auprès de lui une assemblée très nombreuse d'israélites, hommes, femmes
et enfants~ car le peuple versait beaucoup de larmes. Alors Séchénias, fils de
]éhiel, d'entre les files d'Elam, prit la parole et dit à Esdras : "Nous avons péché
contre notre Dieu en établissant chez nous des femmes étrangères, appartenant
à la population du pays. Et maintenant, il reste à cet égard à Israël une espé-
rance. Concluons maintenant une alliance avec notre Dieu, en vue de renvoyer
toutes les femmes et les enfants issus d'elles, selon le conseil de mon seigneur et de
ceux qui .c raignent devant les commandements de notre Dieu. Et qu'il soit fait
108
Ces lois stipulent, entre autres,. l'interdiction des mariages encre Juifs, plus exactement de confession
juive, ec citoyens allemands selon le précepte nazi de la ll trahison de la race» (Rassmverral) · si ces
mariages existent déjà, ils sont annulés même ceux célébrés à l'étranger; les rdations sexuelles cxtra-
conj ugales ent.re Juifs et Allemands sont prohibées, etc.; voir chapitre IV où nous développons le sujet.
72 ARCHIVES DU MONDIALISME

selon la Loi. " ( ... ) [Convocation] On fit passer une proclamation dans Juda
et Jérusalem, pour que tous les fils de la captivité se réunissent à Jérusalem; et,
d'après l'avis des chefs et des anciens, quiconque n'y serait pas arrivé dans trois
jours, aurait tous ses biens confisqués et serait lui-même exclu de l'assemblée
des fils de la captivité. ( ... ) Esdras, le prêtre, se leva et leur dit( ... ) Et mainte-
nant, confessez votre faute à Yahweh, le Dieu de vos pères, et faites sa volonté;
109
séparez-vous des peuples du pays et des femmes étrangères • »

Parmi ces citations, nous devons en relever une rappelant l'attribu-


tion de ce pays par Dieu à Moïse dont la conquête fut mise en œuvre par
Josué. Dans un extrait du texte ci-dessus, il est précisé que ce pays, aux
populations diverses, occupé par des païens, est souillé par des impuretés
multiples. Et c'est justement ce territoire que Josué, à la tête de ses troupes
entraînant tout le peuple hébreu, se lance à la conquête qui commence avec
la prise de Jéricho. Précédée de six jours de préparatifs consistant à sonner
du chofar (sorte de trompette ondulée) devant r arche tout autour de la
ville, l'affaire est réglée le septième jour d'une manière complète par l' exter-
mination totale de tous les êtres vivants de cette cité, hommes, femmes
comme animaux avec interdiction de rebâtir la ville. Le texte est clair :

Josué dit au peuple : "Poussez des cris, car Yahweh vous a livré
« ( ••• )
la ville. La ville sera dévouée par anathème à Yahweh, elle et tout ce qui s'y
trouve" (. .. ). (les élites dirigeantes) livrèrent à l'anarchie tout ce qui se trou-
vait dans la ville, hommes et femmes, enfants et vieillards, même les bœufi, les
brebis et les ânes, par le tranchant de l'épée ( ... ). En ce temps-là Josué jura,
en disant: "Maudit soit devant Yahweh l'homme qui se lèvera, et rebâtira cette
ville de Jéricho 110 '' ! »

Avec de tels propos et de tels actes, Josué, obéissant aux ordres de


Dieu, serait tombé sous la loi édictée par le juriste juif américain, d'origine
polonaise, Raphaël Lemkin (1900-1959), forgeant le mot « génocide 111 ».
De telles mesures au dépens des païens se répéteront dans de nombreux
passages bibliques en sachant aussi que ces mêmes païens sauront massa-

1°' J cr Livre d'Esdras, IX, 3- 12 et X, 1-11 (Bible Crampon) ; voir chapine IY.
110 Livre de Josué, VI, 17,21 cc 26 (Bible Crampon) . L'extermination n'est pas tot2le car Ra.hab, hli-
tantc de la ville qui avait fourni les éJéments permettant sa conquête, ne fut pas tuée, dlc et les
personne qw s'étaient réfugiées dans sa demeure. Parce que Ra.hab et des proches avaient reconnu la
religion mosaïque comme l'authentique voie de salut. ih furent acceptés et incorporés à l:a communau.té
hébraïque. Comme le précise Dom de Monléon : • &zhtzb tievtlil t/4,u "1 Sf1iu lpoiun Sa/"""'> fils th
NallSSon tt prince de Lz tribu Je jw. U qui l,û wzlut l'imipt ho11nrur tÛ comptn p11mii ln 4 ~ " "
Messit. » in Hist•i"' sai-ntt, Joni tt la ]aies, up. cit., tome 3, p. 26.
111
Raphaël Lcmkin, .Axir R"k in Oce11pitJ E#ropt, Carnegie Endowmcnt for lnrcmational Pace, 1944,
pp. 79-95.
CANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 73

crer des Hébreux lors de belles revanches. De tels massacres à cette époque
et sur tous les continents étaient chose courante. En revanche, comment
expliquer que Dieu puisse autoriser un chef et son peuple à éliminer toute
une population, animaux compris? L'affaire est délicate à expliquer car le
lecteur français et les Européens en général, largement déchristianisés (sur-
tout en 2019) et aux référents philosophiques marqués par une vision pure-
ment matérielle des choses, manifesteront leur incompréhension et leur
réprobation face à de tels actes. Nous leur demandons de suspendre leur
conception vue sous l'angle purement terrestre et de considérer l'ensemble
sous un autre aspect : l'angle spirituel. Comme il a été écrit au début de
cette présentation, le cœur de l'affaire réside dans une victoire du serpent
au jardin d'Éden qui, entraînant Adam et Ève dans la désobéissance à la
loi de Dieu, plonge l'humanité sous sa dépendance. Cela se traduit par un
engagement religieux sous forme d'idoles représentant des êtres de pierre
et/ou de bois, mais, en filigrane, une adoration adressée à des entités démo-
niaques112 soumettant l'homme à ses pires instincts avec des débauches en
tout genre. Un tel engagement de la nature humaine renforçait celle-ci sous
une emprise si perverse que l'on pourrait traduire une telle situation par un
mot : la possession. Si le lecteur ne croit pas à l'existence de forces démo-
niaques, les propos tenus ici sont ineptes. Qu'il passe outre et qu'il se force
à en saisir le déroulement. L'endurcissement des cœurs et des âmes de ces
païens était tel que, sauf grâce particulière, leur retour vers un meilleur jour
moral et spirituel était impossible. Ces populations saoulées par leurs dé-
bauches obscurcissant et abrutissant l'intelligence et le libre arbitre étaient
en quelque sorte l'outil utilisé par le serpent afin de garder son empire 113 •
Le peuple hébreu, malgré ses rechutes et ses révoltes, était l'arme de com-
bat utilisée par Dieu pour récupérer ses droits ravis par le serpent dans le
jardin d'Éden. Pour reprendre des expressions oiseuses propres à l'Occident
décadent en ce début de XXIe siècle : le dialogue, le droit à la différence
ou encore la concertation dans le cadre vivifiant d'un enrichissement et
d'un épanouissement mutuel capable de rehausser la compréhension entre
peuples n'étaient pas ... dans le style de l'époque. Les Hébreux soutenus
divinement et les peuples païens soumis, là d'une manière démoniaque,
se battaient à mort par maîtres interposés. Le main tien en vie de ces po-
m Cf. note 105.
113
Nous retrouvons le même tour d•esprit dévoyé avec un personnage déjà évoqué dont la mission est
de la première importance : Jacob Frank. Lui et ses adeptes se convertirent faussement au catholicisme
en 1759. Comme le rappelle Gershom Scholem, se référant aux travaux du premier spécialiste de Jacob
Frank, Alexandre Kraushar (1843-19 31) : « Mais loin de reculer, Franlt leur imposa son idial d'avilisse-
ment dans toutt son ho"tur. La vitlk de son départ pour k baptême. de Lvov, k 14 jujJ/et 1759. il organisa
à Iwany unt célébration stcrttt de ritt orgiastiqru qu'un manuscrit consuiu par Kraushar dlcrit dans tous
ses dltails. Franlt et tous les assistants, "frtres et sœurs ", se divêtirmt complètement, se mirent à genDux, bai-
sèrent la crqix et st livrèrent devant elle à 11n rite effrlni de dibauche. • in Gersh.om Scholem, Aux origines
nligieusts du judaismt laiqut, Calmann-Uvy, 2000, p. 216.
74 ARCHIVES DU MONDIALISME

pulations littéralement possédées, prédatrices et sataniquement violentes,


car sous l'emprise du « Prince de ce monde», interdisait la mise en forme
de l'Incarnation promise infailliblement par Dieu à la Maison de David,
celle-ci devant conduire, en bout de course, au sacrifice du Christ sur la
croix. Détruire les conséquences négatives issues de la faute commise au
jardin d'Éden, plongeant l'humanité sous le joug satanique, ne pouvait pas
être réglé de manière hygiénique. Pour des lecteurs habitués à être bercés
par une société ultra-matérialiste (en 2019) où le compte en banque, les
agios, le PIB, les 3 o/o de déficit à ne pas dépasser et imposés par l'Union
européenne de Bruxelles, son café crème au bistrot du coin, une vie sans
contraintes, ses «clopes» pour les uns, la nourri rure végane pour d'autres
ou encore la recherche effrénée des plaisirs de la vie, alpha et oméga de
l'existence des esclaves amoureux de ce monde; nous admettons aisément
que la chose soit incompréhensible car quasiment plus personne ne croit au
surnaturel. Et pourtant, tout le fil rouge de l'Ancien Testament se résume
à un combat acharné, une véritable lutte aux couteaux, où chacun des pro-
tagonistes cherche à annihiler la partie adverse en vue de la réussite ou non
de cette fameuse Incarnation déterminant spirituellement l'avenir du genre
humain. Comme le souligne avec finesse l'abbé Augustin Lémann dans ce
long passage concernant l'idolâtrie et ses conséquences :

« De tous les cultes qui ont pris possession de Lnomme, il n'en est aucun,
sauf le christianisme, qui ait eu plus d'étendue et de solidité qtte l'idolâtrie.
Cela tient aux attraits qu'elle présenttlit. Quels étaient ces attraits? D 'abord
une science occitlte qui semblait devoir satisfaire la uriosité innée de l'homme.
Elle n'était, à la vérité, qu'un bizarre et monstrueux assemblage d'idées et de
pratiqius étranges, souvent diaboliques, mais e/Je ne laissait pas qtu de frapper
l'imagination par ime multitude de représentations fantastiques. En face des
brillantes promesses des secrets de- la natttrt et des secrets de l'avenir que cette
science occulte prétendait découvrir, la Révélation mosaïque devait paraitre
nue, froide et stérile. Elle répondait peu à l'inquiète curiosité de /1homme. Tan -
dis que le culte établi par Moise était tout entier da.ns la prière et le sacrifice de
l'autel, /'idolâtrie se pretait attx vaines inquisitior,s de l'esprit par les pratiques
les plus variées et les plus mperstitieuses. Il y en avait déjà assez pour attirer
et séduire l'esprit urie1,x et chercheur des Juifs. Un autre attrait de l idoldtrie
était la satisfaction des sens q·u,elle procurait. Le corps, en effet, y rencontrait,
comme l'esprit et plus que l'esprit, des satisfactions intimes et incessantes dans
le culte des idoles, dam des fêtes sensuelles, des cérémonies pleines de prestige,
des sacrifices mystiques et i1lfâmes. Adonis (Thammus} et Wnus la phénicienne
(Astarté) formaient le centre du ct'1te. Une hiérarchie nombreuse de prêtres
de tout rang ajoutait à ce culte un éclat des cérémonies> la pompe· des proces-
!!ANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 75

sions. Au fond des temples les plus importants, on entretenait de nombreuses


troupes de jeunes filles, qui, consacrées à la déesse de la nature, se prostituaient
sans pudeur et enchaînaient les âmes au culte des faux dieux par les pratiques
d'une profonde dépravation mêlées à celles du plus aveugle fanatisme. Enfin,
les initiations sanglantes et les sacrifices humains, crime capital des races cha-
nanéennes, formaient, pour séduire les Hébreux, un des attraits de leur culte
et peut-être le plus fort de tous. La superstition et la débauche effrénée
engendrent la volupté sanglante du meurtre et du suicide (ndla : sou-
ligné par nous). Les tyrans les plus voluptueux ont été les plus cruels. Aussi
trouvons-nous toujours le sang mêlé au vin et aux joies charnelles dans les
cérémonies bachiques et tumultueuses de la Vénus syriaque. Ses adorateurs,
dans leur frénésie, se mutilaient eux-mêmes. Quant aux sacrifices humains, ils
naissent de la lutte de la conscience chargée de crimes contre une dépravation
qui lui pèse. Plus cette dégradation est profonde, plus le cri de la conscience est
violent, plus elle pousse l'homme aux pratiques d'une pénitence exagérée, à une
expiation sanglante, au sacrifice de lui-même et des autres. Les Chananéens,
troublés par leurs propres excès, cherchaient dans les sacrifices humains un
moyen d'apaiur la colère de leurs dieux offensés. La crainte et l'espérance, ces
grands mobiles des actions humaines, étaient au fond de ce culte barbare qui
entraînait, par la contagion de l'exemple, les Israélites à immoler eux-mêmes
leurs enfants au Moloch incandescent. Ces sacrifices épouvantables semblaient
comme un gouffre qui donnait le vertige à ceux qui s'en approchaient. Pour peu
qu'ils eussent les sens troublés d'avance, l'abîme les entraînait, et d'eux-mêmes,
ivres et furieux, ils sy précipitaient avec ardeur. Il existait donc pour la nature
dépravée de l'homme des côtés malheureusement séduisants dans le paganisme
oriental, Or, si on se rappelle maintenant que, dans le sang du peuple juif,
bouillonnaient toutes les ardeurs du ciel embrasé sous lequel il avait tour à
tour dressé ses tentes et bâti ses villes; que ce peuple aimait avec fureur tout ce
qui parle au sens, on conviendra que les moyens employés par le démon contre
le premier objet de la mission de ce peuple, la conservation et la propagation
de la croyance au Dieu un et créateur, étaient vraiment redoutables. ]éhova,
qui avait opéré tant de merveilles pour se former un peuple, et qui veillait
en Père sur le double objet de sa mission, ne devait pas le laisser sans secours
contre les entreprises de Satan. Aussi, s'était-il empressé de le prévenir et de
le prémunir. Il l'avait prévenu par des exhortations réitérées et solennelles :
"Lorsque le Seigneur votre Dieu vous aura fait entrer dans la terre qu'il a pro-
mise avec serment à vos pères Abraham, Isaac et Jacob ... , prenez bien garde
de ne pas oublier le Seigneur qui vous a tirés du pays d'Égypte, de la maison
de servitude. Mais vous craindrez le Seigneur votre Dieu, nous ne servirez que
lui seul. Vous ne servirez point les dieux étrangers d'aucune des nations qui
vous environnent. Parce que le Seigneur votre Dieu, qui est au milieu de vous,
76 ARCHIVES DU MONDIALISME

est un Dieu jaloux114 ". Il l'avait prémuni de plusieurs manières : D'abord,


en l'isolant des. autres nations, et comme en l'emprisonnant dans la Palestine,
à l'abri de tout contact étranger. Lorsqu'on veut garder un parfum précieux,
facile à s'évaporer, on le renferme dans un vase robuste et bien clos. Ainsi avait
fait Dieu. ''Au sud et à l'est, il avait entouré Israël d'une ceinture de déserts;
au nord, il avait élevé devant lui les montagnes infranchissables du Liban. Il
n'avait même pas permis qu'il atteignît jusqu'aux rivages de la Méditerranée,
la grande voie de communication entre les peuples d'alors; il avait échelonné
sur le côté des guerriers puissants, avec qui les Israélites furent constamment en
guerre et qu'ils ne purent jamais complètement subjuguer. De là, la nécessité de
vivre isolés dans cette terre de Chanaan, en grande partie inaccessible à l'étran-
ger". Non content d'avoir séparé physiquement Israël du reste du monde, Dieu,
pour le prémunir davantage l'avait encore séparé moralement par une législa-
tion religieuse, politique et civile dont les prescriptions et les rites étaient en
opposition directe avec ce qui se pratiquait parmi les autres nations. De là un
éloignement réciproque et comme naturel entre Juifs et Gentils. Mais en même
temps qu'elle tenait Israël à l'écart, cette Loi, par ses multiples prescriptions,
le ramenait sans cesse à l'idée du vrai Dieu. Tout, en effet, dans la législation
mosaïque, tendait à ce point capital: pas un rite, pas une cérémonie qui ne fût
pour ainsi dire destinée à rappeler au peuple le Dieu créateur et unique. Séparl
des nations idolâtres par la configuration de son territoire et par sa législation,
le peuple hébreu l'avait encore été d'une manière formelle par la défense divine
de contracter avec ces nations des alliances matrimoniales : "Vous ne contrac-
terez point de mariage avec elles. Vous ne donnerez point vos filles à leurs fils,
ni vos fils n'épouseront point leurs filles. Parce qu'elles séduiraient vos fils et
leur persuaderaient de m'abandonner et d'adorer des dieux étrangers plutôt que
moi". À toutes ces précautions divines que l'on ajoute encore la voix incessante
des prophètes d'action et prophètes écrivains, qui, durant plusieurs siècles, se
succèdent pour réveiller la conscience du peuple, flétrir l'idolâtrie, proclamer le
Dieu unique, et l'on conviendra que le peuple élu se trouvait fortement armé
pour résister victorieusement aux assauts que l'enfer allait lui livrer 115 • »

Cependant, le cours des événements ne prit pas le chemin indiqué,


car la communauté juive fut secouée· par un événement déterminant, l' écla-
tement du pays en deux entités respectives : les royaumes de Juda et d'Is-
raël. L'affaire est répercutée dans les Rois et les Chroniques, c'est-à-dire par
des représentants de la cause judéenne comme l'écrit Thomas Rômer 116 •

11
Deutéron., VI, 10- 15.
'
ll.S LJ• •
nts101re tomp ll~te at
J I" J
ta'lt mmûtniqut, op. tit., pp. 166-170.
1 6
'. l'invention .de Dieu, op. tit.• p. 139. Cet év~ncmcnt en rapporté par ceux resté$ fidèles aux prtscrip-

tlons de la Loa mosalquc rendant possible l'Incar112tîon. Romcr et autres rationalistes ne peuvent pas
le comprendre.
!!ANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 77

Le déroulement de l'affaire, en se référant aux prescriptions mosaïques,


conduisit logiquement à r anéantissement complet du royaume d'Israël et
à un royaume de Juda rabaissé et détruit, mais non annihilé. À l'origine,
Salomon, dont on ne possède aucune preuve de l'existence historique (pour
les rationalistes), termina son règne vers 930 av. J.-C. dans des faiblesses à
r égard du respect à accorder au code mosaïque. Sa mort correspondait à un
moment de mécontentement de la part de la population tiraillée entre pres-
sions fiscales et influences idolâtriques 11 7 • Son fils Roboam ne sut pas faire
le poids face à un officier de la cour, Jéroboam, qui exigea un changement
de politique. Devant le refus du jeune roi, Jéroboam soutenu par dix des
douze tribus d'Israël décida de faire sécession et se proclama roi. Comme le
rapporte Thomas Romer :

« Selon la Bible, le "fondateur" du Royaume du Nord est un dénommé


Jéroboam qui, d'après le récit de 1 Rois 12, s'était d'abord révolté contre Salo-
mon et dut ensuite s'enfuir en Égypte. À la mort de Salomon, il revient et
négocie en tant que porte-parole des tribus du Nord avec Roboam, le fils et
successeur de Salomon. À la suite de l'échec de ces négociations, il devient
selon le récit biblique, roi d'Israël. Il réside d'abord à Sichem avant de forti-
fier Penouël. Le même récit relate ensuite que Jéroboam, après avoir fondi son
propre royaume avec les tribus du Nord, aurait fait construire deux sanctuaires
à Béthel et à Dan où il aurait érigé des statues bovines, représentant le dieu qui
avait fait sortir les Israélites d'Égyptt 118 • »

Jéroboam, ce prince d,Orléans avant t>heure, nracina 1idolatrie


dans son nouveau royaume entraînant une partie du peuple hébreu dan
cette funeste voie 11 9 qui fut maintenue pendant près de 200 ans (chute de
Samarie vers 722 av. J .-C.) par tous ses successeurs avec différentes dynas-
ties (Omri, Jehu, ... ). 11 faut rappeler que le culte mosaïque était codifié.
Les célébrations religieuses ne pouvaient se faire qu au temple de Jérusa-
lem. Or, ces rois d'Israël ont multiplié les lieux de culte appelés Hauts-
117
l" Livre des Rois, 1- 1 . alomon eue des femmes non hébraiqucs in i que de enfant et trige à 1
fln de sa vie des s n tuaires, de hauts lieu , hors de Jérusalem qui était normalement le cul endroit
habilité à célébrer le ultc mosaïque.
116
l.'inv,mio,, dt Di_tu, op. cit., p. 14 . eule les tribus de Juda et de Benjamin fücnt all cance
Roho m.
119 I.: esprit calculateur du personnage se révèle par les propos suivants : ~ Et jlrobot1m diJ diins on carur:

"Mainunam lt royaumt pourrait bitn utourntr à ÛI. maison dt D11uid. i c, p<Uplt montt po r filin n
sarrifices dans la maisor, dt Yahweh, à ]lrusal,m. lt œur tk ce peuplt rttoMrntra son l'tlf1UUT. à Rob m..
roi dt Juda. ils me tueront tt rttourntro1tt à Roboam, roi dt Juda ". Après litrt onsulti, le roï fit da:. ut -.i
d'or, et il dit au peuple : ':.tssez /o,,gtn,rps uous lm montls jbusa/m, ! lsr«ii wU. ton Di(11 tpli t' foi.t
monter du pays d'Égypte Il plafll l'un ~ ces wa-u.x à Blthtl, et il mit linmr à D 11. e fat J. Mne <> casioa
H.

de plchi, car le p1up/4 allait jusqui> Dan u/artr l'un des V(aU.'<'. jbobo1U11.fit ·• mt ""11so11 tÛ h 11tt litUJ. t't
il fit dts prltm pris parmi k peuplt, qui n'itaitnt pas des mfants de Utn. • (1 tt Liv~ des Rois, XII 6-31
Bible Crampon).
78 ARCHIVES DU MONDIALISME

lieux (ou bamôt construit sur les hauteurs ou collines), dans l'ensemble du
royaume ayant pour capitale Samarie où des célébrations mêlant, avec cous
les degrés divers, rites propres à Yahweh et dévotions païennes de dieux
des contrées alentours jalonnaient la vie de ces Hébreux oublieux des pré-
ceptes mosaïques. Il n'y a pas pire méthode que de mélanger l'authentique
avec le falsifié en collant des caractéristiques propres à l'idolâtrie 120 aux
principes yahvistes ... excellent moyen pour troubler les esprits. Ce syncré-
tisme religieux à la mode antique peut être comparé à la réunion amorcée
à Assise sous l'égide de Jean-Paul II, en 1986, rencontres poursuivies par
la suite en 2011 et en 2016, mettant sur le même pied d'égalité la religion
catholique fondée par le Christ et les autres religions et philosophies en
cout genre niant toutes le péché originel et l'Incarnation. Pour ce faire une
idée du modèle religieux inauguré dans le royaume d'Israël, c'est l'esprit
d'Assise avant l'heure considérant de la même manière l'erreur et la vérité,
cette dernière devant être diluée dans un grand tout spirituel propre à ra-
vir le serpent soucieux d'éteindre à tout prix au sein de ce peuple hébreu
la source messianique. Le mal est toujours contaminant car cet état des
choses a déteint aussi sur le royaume de Juda avec la multiplication, là
aussi, de hauts lieux et les dérives qui les accompagnent, cependant, d'une
manière moins soutenue. Les conséquences de ces déviations pour les deux
royaumes furent différentes comme nous allons le voir. Thomas Rômer
rappelle l'imprégnation de l'idolâtrie et ses préceptes des royaumes d'Israël
et, avec des variantes, de Juda :

En Israël, Yhwh devint définitivement la divinité la plus impor-


« ( ..• )
tante( ... ). Yhwh a d'abord été vénéré dans le Nord surtout comme un "baal",
c'est-à-dire un dieu de l'orage ressemblant à certains égards au dieu Baal d'Ou-
garit (ndla : ancienne cité du Moyen-Orient). Il n'a pas été le seul dieu
vénéré en Israël; peut-être a-t-il d'abord été subordonné à El (notamment dans
le cas du sanctuaire de Béthel). ( ... ) Par la suite, Yhwh intégra apparemment
les traits d'El ainsi que des traits solaires ( ... ).Jusqu'à la chute de Samarie en
722 avant notre ère, le culte de Yhwh n'était pas exclusif, comme le montre le
prisme de Nimroud (ndla : site archéologique d'une cité assyrienne), dans
lequel Sargon II relate la prise de la capitale du royaume du Nord : 'Je comp-
tais pour prisonniers 27 280 personnes ainsi que leurs chars et les dieux en qui
ils se confiaient. " ( ... ) On constate que, dans le royaume de Juda, durant les
/X' et VIII' siècles, Yhwh devint le roi principal, dieu de la dynastie davidique

12
°Comme l'écrit Thomas Rômer: « Quatre textes bibliques mentionnent le mot Molck (ndla: prononcer
"mèlek") en lien avec des sacrifices d-'enfonts. ( ... ) Le mot mèlek est souvent employé dans la Bible hébraïque,
plus de cinquante fois, pour caractériser Yhwh. Il tst donc possible que des sacrifices d'enfants lui aient été
offerts en tant que Yhwh-Mèlelt. » in ibid., p. 181.
!!ANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 79

et dieu national de Juda. Il absorba les fonctions du dieu solaire et combina


les fonctions de deux types de dieux, El et Baal. Le temple de Jérusalem était le
centre de la royauté de Yhwh, bien qu'il existât d'autres sanctuaires yahwistes
et, dans les campagnes surtout, les bamôt121 • ( ••• ). »

Alors que l'engagement des rois d'Israël dans l'idolâtrie mâtinée de


yahvisme fut complet 122 , les choses allèrent aussi dans le même sens dans
le cas du royaume de Juda héritière de la maison de David avec, toutefois,
des moments de reprises en main. C'est cette situation, même chaotique,
qui permit d'assurer l'avenir, c'est-à-dire, ne l'oublions surtout pas car
c'est le point central dans l'Ancien Testament, la mise en forme d'un cadre
permettant d'aboutir à l'Incarnation. Même si l'idolâtrie s'exerça dans les
hauts lieux voire même dans le temple de Jérusalem, alors que la chose
était formellement interdite 123 , nous pouvons distinguer trois catégories
parmi les rois de Juda variant dans leur respect à accorder ou non aux lois
mosaïques. Ceux qui furent fidèles sont : David, Ezéchias et Josias; ceux
qui par faiblesses laissèrent des cultes célébrés dans les hauts lieux : Asa,
Josaphat, Joas, Amazias, Ozias ou Azarias et Joatham 124 et, enfin, ceux qui
carrément tombèrent dans l'idolâtrie la plus complète : Salomon, Roboam,
Abia, Joram, Ochozias, Athalie, Joas, Amazias, Achaz, Manassé, Amon,
Joachaz, Joakim, Jéchonias ou Joachin et, enfin, Sédécias 125 • Pour résumer
la situation, les résultats du tiercé sont : trois excellents, quatre négligents
et quinze à mettre au rebut.

Nous avons évoqué ci-dessus la nécessité pour le peuple hébreu, dans


un premier temps, d'être expurgé de toutes influences païennes afin de pou-
voir « produire» dans sa chair un Être divin incarné, une double nature :
divine au-dessus de toute souffrance tout en étant exempté de la marque
du péché originel et humaine connaissant les affres des êtres d'ici-bas. Ce
peuple hébreu était la couveuse, l'incubateur nécessaire pour mener à
bien cette mission. Mais, ce n'était pas suffisant car, et c'est le deuxième
121
Ibid.• p. 163 et p. 185.
122
Concernant le peuple du royaume d'Israël, en dehors d'un petit groupe resté fidèle aux principes
mosaïques, c'est-à-dire une élite (sous-entendu une minorité, caractéristique que l'on constate dans
les moments d' effondrement où seules quelques personnes lucides émergent et résistent), l'essentiel de
la population joua sur les deux tableaux à la fois le Dieu de Moïse cc Baal ou Moloch (ou mèlek). Ce
peuple versatile s'attira les reproches du prophète Élie : « jusques à quand clocherez-vous des deux côtés?
Si Yahweh est Dieu, allez après lui; si c'est Baal, allez après lui! » (1 <r Livre des Rois, XVIII, 21, Bible
Crampon).
123 « Vous détruirez entièrement tous les lieux où les nations que vous allez chasser servaient leurs dieux, sur

les hautes montagnes, sur les collines et sous tout arbre vert. Vous renverserez leurs autels, vous briserez leurs
stèles, vous livrerez au feu leurs aschérim, vous mettrez en pièces les images taillées de leurs dieux, et vous
ferez disparaître de ces lieux jusqu'à leurs noms.» (Deutéron., XII, 2,3, Bible Crampon).
124
Précisons que Joas et Amazias pratiquant un entregent religieux tombèrent à la fin dans l'idolâtrie.
125 Histoire complète de /'idée messianique, op. cit., pp. 174-175.
80 ARCHIVES DU MONDIALISME

temps, cette Incarnation devait passer par une femme déjà annoncée dans
la Genèse III, 15. Cette femme, appartenant à la nation hébraïque, non
marquée par le péché originel et issue de la maison de David, était la clef
de voûte de toute l'architecture, la finalité d'un immense combat amorcé
dès le jardin d'Éden. De l'humanité issue d'Adam et Ève, au sein duquel
un peuple fut extrait, malaxé, façonné, éduqué, souvent violemment répri-
mandé et à nouveau formé, a surgi au sommet, telle une pointe de diamant,
l'unique personne capable de recevoir en son sein l'Être divin : la Sainte
Vierge, cette dernière dont l'existence ne fut possible qu'en raison de tout
un travail préparatoire. Alors que la communauté hébraïque s'est scindée
en deux, le royaume d'Israël et le royaume de Juda, et que les menaces des
peuples païens au VIIIe siècle av. J .-C. se font de plus en plus pressantes, le
prophète Isaïe, tout en mettant en garde ceux rebelles aux lois mosaïques et
aux conséquences désastreuses de leur comportement, lève le coin du voile
en annonçant solennellement que le salut doit venir d'une femme, d'une
mère aux caractéristiques bien précises. Ses avertissements sont dus à la
triple éonjuration menée contre l'existence même de la maison de David.
La première est celle des rois coalisés de Samarie (capitale du royaume
d'Israël) et de Syrie sous l'égide de Phacée et de Razin dont l'objectif est
de renverser le roi de Juda, Achaz, descendant du roi David, avec exter-
mination de sa famille au profit d'une dynastie étrangère 126• La deuxjème
menace se renforce avec l'impiété du roi Achaz qui, ne comprenant pas
l'essence même du respect à apporter aux Lois de Moïse, pactise avec le
roi assyrien Teglath-phalasar III tandis qu'une partie de ses propres sujets
fait cause commune avec les rois de Samarie et de Syrie. Enfin, la troi-
sième conjuration est celle menée par le nouveau roi assyrien Sennachérib
à l'égard du successeur d' Achaz, le roi Ézéchias, politique de destruction
déjà entamée par les rois assyriens Salmanazar et Sargon. Comme il a été
déjà précisé dans ce texte, la descendance du roi David est absolument capi-
tale127 puisqu'elle doit engendrer l'A/mah et l'Emmanue~ rendant caduque
les conséquences de la faute commise au jardin d'Éden. Les propos d'Isaïe,
126
Nous pouvons établir un parallèle dans cette volonté d' anéantissement de la famille royale des-
cendance du roi David avec la situarion française dans la première moitié du XV siècle où le c gentil
Dauphin ~ (futur Charles VII) faillie roue pe.rdre au profit de la dynasrie anglaise après la signature du
fameux Traité de Troyes en 1420. La situation fut miraculeusement renversée grâce à l'intervention
de Sainte Jeanne d,Arc. Caractéristique qui n'est pas duc au hasard car elle d.o it êcrc mise en parallèle
avec le bapt me de Clovis et la mission capitale menée par l'évêque Saint Remi avec. en coile de fond ,
l'héritage de la Maison de David rehaussée par l'Incarnation ; voir chapitre III.
127
Nous rappelons cette promesse de Dieu faite à David déjà présentée à la note de bas page 68 : • J'ai
contractl alliance avec mon llu; j'ai fait u unnmt à Dav~ mon serviteur : jt veux affermir ta race pour
toujours, établir ton trônt pour toutts l.ts gin/rations. j'établirai sa posttritl pour jamais, tt son trône aura
les jours tks cieux. ]t l'ai juré unt fois par ma sainteté; non. jt nt mmtirtzi pas à Dllvid, sa postérité subsis-
tera éurntlltmtnt, son tr~nt sua devllnt 1Mi comme le soleil; comme la /unt, il est établi pour toujours, et
le thnoin qui tsl au citl ut fidilt.,. (Ps. LXXXIX, 4, 5, 30, 36, 37, 38, Bi.ble Crampon, termes similaires
dans la Bible hébraïque)
l!ANCIBN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 81

même revus par certains après l'exil babylonien, offrent une remarquable
unité des oracles et unicité du prophète bien avant la mise en pratique de
leurs affirmations.

a) La conjuration des rois d'Israël et de Syrie face au royaume de


Juda et la réponse du prophète Isaïe

La coalition de ces deux rois est d'asservir le royaume de Juda et de


faire disparaître sa dynastie afin de la remplacer par une famille étrangère,
vassale du roi de Syrie 128 • Isaïe vers 740 av. J.-C., conscient de l'évolution
de la situation qui n'était que l'extinction pure et simple de la famille de
David, s'adresse directement au roi Achaz afin de lui faire comprendre que
son comportement contraire à la Loi de Moïse ne peut conduire qu'à la
catastrophe. Face à son endurcissement et dans l'espoir de le voir se re-
prendre, Isaïe lui révèle l'importance et la conservation de sa famille devant
donner naissance au Messie :

<<Et Isaïe dit : Écoutez, maison de David : Est-ce trop peu pour vous, de
fatiguer les hommes, que vous fatiguiez mon Dieu? C'est pourquoi, le Seigneur
lui-même vous donnera un signe : Voici que la Vierge a conçu, et elle enfante
un fils, et elle lui donne le nom d'Emmanue/1 29• »

Cette annonce révèle que la conjuration de Samarie et de la Syrie était


vouée à l'échec et que la maison de David était appelée à subsister. Cepen-
dant, de tels propos n,interdisaient pas de voir la disparition du royaume
de Juda en tant que nation souveraine. Même si dans ces écrits biblique ,
1
Dieu a juré assistance à la race de David, comme nous l avons indiqué au
psaume LXXXIX, Il a dans ce même psaume précisé que !,inconduite de
certains coûterait cher :

« Si ses fils abandonnent ma Loi, et ne marchent pas selon mes o,rdon-


nances ,· s'ils violent mes préceptes,, et nobservent pas mes commandements ; j e
punirai de la verge Leurs transgressions, et par des coups leurs iniquités1 0 • »
128 La Vierge et l'Emmanutl, op. cit. , p. 15.
m ls. VU, 13-14 (Bible Crampon). Dans la Bible hébraïque, le terme de • Vierge • est traduit par jeune
fille ».
130
Ps. LXXXIX. 31-33 (Bible Crampon, propos similaires dans la Bible hébraïque). En effet~les roi de
la Maison de David ne sont pas restés fidèles aux principes énoncés. Politiquement, ils ont perdu leur
couronne. Les propos d'lsaïe vont dans le mmc s,ens quand il dit à.Achaz ~• Si t>Ous n, m,J", p41, uo'US
nt subsisterez pas.• (ls. VII, 9), Nous avons de.ux formes de royautés dans cette affaire. La prcmlère rst
une royauté temporelle, terrestre incarnée par la Maison royale de David à la rttc d' un Êr.a.t . Cc der-.,.
82 ARCHIVES DU MONDIALISME

Cet extrait est très important car nous le retrouvons dans l'esprit
et dans la lettre dans le fameux testament de Saint Remi lors du baptême
de Clovis. Comme nous l'expliquons dans le chapitre Il, ce baptême fut
dans la continuité des promesses faites par Dieu à David avec, comme
événement intermédiaire entre ces deux phénomènes historiques ... l'In-
carnation, véritable substrat de la monarchie française 131 • En toue cas, les
menées militaires des royaumes de Samarie et de Syrie se brisèrent sur une
résistance interdisant la prise de Jérusalem et, par voie de conséquence, la
disparition de la Maison de David. Cela n'empêcha pas ces deux roi de
continuer à ravager le royaume de Juda dans l'espoir de voir le représen-
tant judéen céder à leurs volontés. Parallèlement à ces événements, il faut
revenir à l'expression utilisée par Isaïe évoquant une «Vierge» donnant
naissance à un fils appelé «Emmanuel» (<< Dieu avec nous 132 »). Comme
nous l'avons indiqué à la note de bas de page 7, le terme exact pour tra-
duire le mot« vierge» (exempt de rapport sexuel) en hébreu est« Almah 1 ».
Comme l'écrit l'abbé Augustin Lémann :

« La pro~estation de l'ancienne Synagogue n'est pas moins formelle.


Après avoir entendu des lèvres d'/saïe l'oracle relatif à l'Almah, elle n'a cessé,
jusqu'à l'ère chrétienne, d'affirmer, de proclamer, qu'il /agissait d'une Vierge.
Les preuves de cette affirmation sont encore visibles, palpables, aujourd'hui.

nier n'était pas assuré de perdurer si les souverains de cette dyna. tic dé obéissaient aux princip édi -
tés par le Dieu de Moïse. 'est ce qui Ùst pas é. La deuxième royauté, ell , e t spirituelle ec ét rnelle
puisque l'assurance de la descendance davidique permettant 1•arrivée du Me ie, d l'Oint c t promi c
d' une manière irrévocable pour l'ensemble de l'humanité. LÉglise succède à la ynagogu . ommc
l'écrit avec justesse l'abbé Augustin Lémann: 1e ( ... ) li tn sera de ces deux royautés comme des deux Tma-
ments eux-mêmes : Le Nouveau Testament ,u viendra pas détrnire l'Ancien : il le complétera tt le perfection-
nera; de même, /a royauté spiritiulle d11 Messit, loin de supprimer le trône dt David, Lui apportera un éclat
tt 1'n empire qit'il ne connaissait pas. >• La Vierge et /'Emmanuel, op. cir.• p. 346.
131
Caractéristique essentielle qu'un journaliste comme Éric Zcmmour, Juif héritier del' prie de la HaJ-
kala (« le Lumières juives"), un cacholiquc libéral comme Philippe de Villiers et tant d' ucre oubli nt
complètement ou font cout pour qu'on l'oublie.
132
Dans l'Ancien Testament, le nom d'Emmanuel esc réservé uniquem nt au Fil de la VI rge. epcn-
dant, nous trouvons d'autres noms pour le désigner: «j éhova notre justice (expres ion qu l'on rctrouv
dans la Bible hébraïque de amucl Cahen, Jérém., XXIII, 6), Fil.s de Dieu, Celui à qtû le mptre ( ché-
Loh), Christ, Ange du Testament, Ange de la face, David, Germe, Orimt, le Juste, auveur, Roi, Pasteur,
Lumière, le Serviteur, Fils de l'homme ». Parfois, l'expression esc étendue à des prêcre ayant reçu l'huile
sainte. Ainsi, dans la Bible hébraïque, il est utilisé à leur égard l' expr ssion : 11 Ne touchez pas à mes
oints. >> (I Chronique, XVI, 22). Enfin, signalons que le prophète Isaïe utilise une formule annonçant le
Christ, vraiment homme et vraimenc Dieu (union hypostatique) : 11 En ce jour-là, le erme dt Yahweh
fera l'ornement et la gloire et le fruit de la terre( ... ). >) (Is., IV, 2, Bible Crampon), formule double ave le
,< Germe de Yahweh>, exprimant sa nature divine et le «frujt de la terre,> rappelant on origjne humain .
Ces propos condamnent la gnose.
133
Même le réformateur Martin Luther ( 1483- 1546) précise- que le mot Almah signifie «vierge >> (Jung-
frau) et non jeune fille (Junge Frau), ex.pression que l'on trouve dans de écrit parus en l 43 : « Du
Schem Hamphoras (Du nom ineffable) et de la lignée du Christ, Vom Schem Ham_phoras und dt11 Geschtecht
Christi»; in http://www.lurherische-bekennmisgemeinde.de/MARTIN%20LUTHER%20UND%2o
DIE%20JUDEN,hcm
!!ANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 83

Elles se trouvent consignées dans les célèbres versions ou traductions de la Bible


hébraïque en langue grecque et chaldéenne, c'est-à-dire dans la version des
Septante et les Targums. Par une providence divine, trois siècles environ avant
jésus-Christ, tous les livres de la Bible hébraïque furent traduits en langue
grecque à l'usage des Juifs répandus alors dans tous les pays où l'on parlait la
langue hellénique. Pareille traduction ne saurait donc être suspecte et accusée
de parti pris, d'autant que, lorsqu'elle parut, ce fut un événement si important
134
pour les juifs alexandrins, qu'ils le célébrèrent par une fête annuelle • Or, de
quelle manière, le mot Almah est-il traduit dans la version des Septante? Par le
terme ( ... ) la Vierge dans le sens strict: "Voici que la Vierge concevra et enfan-
tera". Les Targums ou paraphrases chaldaïques ne sont pas moins affirmatifs.
On sait que lorsque la langue hébraïque tomba en désuétude parmi les Juifs
de Palestine à partir de la captivité de Babylone, on éprouva le besoin de tra-
duire l'Ancien Testament, pour que tous pussent le comprendre, dans la langue
qui avait remplacé l'ancien hébreu, c'est-à-dire en chaldéen. Cette traduction,
d'abord orale, fut plus tard consignée par écrit. Or il existe deux targums, écrits
à l'aube de l'ère chrétienne, celui d'Onkelos qui est sur le Pentateuque, celui de
Jonathan ben Uzziel qui est sur les Prophètes. De quelle manière le Targum de
Jonathan traduit-il l'Almah d'lsaïe? Également par le terme de Vierge. - On-
kelos eût fait de même, s'il avait traduit les Prophètes. On en a la preuve dans sa
traduction des deux passages du Pentateuque où le mot Almah est employé soit
à l'égard de Rébecca (Gen. XXIV, 43), soit à l'égard de Marie, sœur de Moïse
(Exod. Il, 8). C'est par le terme de "Vierge" qu'il a, par deux fois, traduit le
mot hébreu. On peut donc affirmer que la tradition de l'ancienne Synagogue
est d'accord avec /'Écriture pour reconnaitre dans l'annonce d'/saïe le miracle
à venir d'une Vierge concevant et enfantant sans cesser d'être vierge 135 ( ••• ). »

134Comme nous l'avons indiqué à la note de bas de page 3 1, les Juifs par la suite one considéré cette
traduction d' une manière négative aussi grave pour eux que le « Veau d 'or» du temps de Moïse. On les
comprend.
m La Vierge et t'Emmanuei, op. cit., pp. 51-52. Dans la continuité de ces affirmations concernant
la Vierge et on Fil , nous pouvons aligner quelques citations (Bible Crampon qui ne diffère pas en
dehors de quelques mots de la Bible hébraïque) particulièrement étonnantes de quatre prophèt s :
l aïe, Jérémie, Ézéchiel et Daniel, propos tenus, et pour certains retravaillés, mais toujours inspirés,
plusieurs siècles avant l'arrivée du Christ. (<Avant d'être au travail, elle a enfanté; avant que ses douleurs
ne vinssent, elle a mis au mo11de un enfant mâle. Qui a jamais entendu rim de parei/ qui a jamais rien vu
1

de semblable?» (Is. LXVI, 7,8); « Car Yahweh a crié une chose nouvelle sur la terre: une femme ento-urera
un homme. (ndla : portera un homme dans ses flancs , Jérém. , XXXI, 21 -22) ; « Et Yahweh me dit: "Ce
>)

portique sera ftnné; il ne s'ouvrira point, et personne ntentrera par là, car Yahweh, le Dieu d'Israël, est entré
11
par là; et il sera formé. (Éz.éch., XLIV, 2) et l'abbé Augustin Lémann de rapporter le commentaire de
)>

aint Augustin : « Admirable est cette vision du prophète, a lcrit l'évêque d'Hippone, mais plus admirable
encore en est l'accomplissement. Car qu'est-cr à dire, que la porte du sanctuaire est toujours formée? inon
que Marie devait toujours demeurer vierge. Que signifient ces paroles : l'homme ne passera point par cette
porte? Sinon que Joseph son époux n'a jamais violé son intégrité virginale. Que veulent dire ces paroles :
que le Seignettr tout seul est passé par cette porte? Sinon que le Saint-Esprit l'a rendue féconde par sa divine
opération. Et que signifient encore celles-ci : qu'elle demeurera éternellement formée à l'égard du Seigneur
même? ~inon que Marie est toujours vierge; c'est-à-dire vierge avant son enfantement, vierge dans son
84 ARCHIVES DU MONDIALISME

b) La conjuration contre le roi Achaz continue avec la compli-


cité d'une partie de son peuple

L'affaire se corse autour de ce roi judéen qui voit les menaces monter
en puissance. Parallèlement à sa recherche d'une alliance avec le rude roi
d'Assyrie Teglath-Phalasar III (règne de 7 45 à 727 av. J .-C. 136), les sou-
verains de Samarie et de Syrie continuent à exercer des pressions sur le
royaume de Juda avec d'autant plus de facilité que certains habitants (de
Jérusalem et de certaines autres villes) se liguent contre leur propre souve-
rain. La dynastie davidique est donc menacée de l'extérieur et de l'intérieur
en raison d'une rébellion d'une partie de son propre peuple. Là aussi, nous
observons une tentative d'éradication de la Maison de David comme source
messianique. Dans cette affaire, Isaïe tient des propos propres à la situation
du moment, mais établit aussi un comparatif avec le comportement d'une
partie des Hébreux de ce royaume de Juda rebelle à ce messianisme, reflet
futur de ces mêmes Juifs qui ne reconnaîtront pas quelques siècles plus tard
le Christ. Il alerte et annonce les conséquences désastreuses de cet engage-
ment conduisant à une vie d'errance et de souffrance. Ces prévisions sont
particulièrement ciblées dans deux oracles inspirés dont nous présentons
les extraies suivis des explications.

« Yahweh me parla encore, en ces termes : parce que ce peuple a méprisé


les eaux de Siloé qui coulent doucement, ( ... ) le roi d'Assyrie et toute sa puis-
sance, ( ... ) il pénétrera en Juda( ... ), il montera jusqu'au cou et le déploiement
de ses ailes couvrira toute /1étendue de ton pays, ô Emmanuel ( ... ) et qu'il
enfantement, et vierge après son enfantement. » in ibid., pp. 103-104 et enfin Daniel dont nous avons
déjà vu la prophétie décrivant une immense statue parée de plusieurs métaux (cf. note 85). Il est dit,
comme nous (>avons rapporté, qu'( .. . ) • une petite pie"e se détacha de la montagne, sans que les mains
d'aucu11 homme t'eussent touchée », cerce « petite pierre » rappelle l'humble nouveau-né de Bethléem dont
la naissance du sein de la Vierge Marie n'est due en aucune façon au commerce avec un homme.
16
Pour avoir une idée du style de ce roi> il faut se rapporter à Georges Roux (1914-1999, ancien
médecin de l' Iraq Petroleum Company, considéré par les assyriologues comme un grand spécialiste de la
Mésopotamie), il écrit que face à des ennemis qu>il • "fracassa comme des pots", selon sa propre expression
(. ..), [il] mérite d'être considéré comme k vi rilabte fondateur de l'empire. ( ... ) C'est !gaiement Teglath-Pha-
lazar qui introduisit en Mésopotamie ta pratique des dlportations de masse avec brassage des popul.ations.
Dlporttr les habitants des pays insoumis n'était pas chose nouvelle, mais jamais ces opérations n'avaient
atteint de telles dimensions. Cm ainsi qu )au cours des campagnes syriennes du début du règne, 30 000
habitants de la rlgion de Hama furent transplantés dans Je Zagros et remplacés par 18 000 Araméens de la
rive gauche du Tigre. On est surpris d'apprendre que ces dlptacements forcés touchèrent particulièrement ta
Babylonie d'où 65 000 hommes, femmes et enfants en 744 et 150 000 en 729 furent transfirés en Assyrie.
Cette politique fut poursuivie par les successeurs de Teglath-Phalazar tt l'on a estimé à quatre millions et
demi le nombre total de personnes déplacées par les Assyriens à /'intérieur de l'empire en trois siècles environ.
( ... ). » Et Georges Roux de préciser dans cette affaire avec cc roi judécn qu'«Achaz, roi de Juda, pressé
par les Damascènes et les Israélites, appelle les Assyriens à l'aide. Teglath-Phalazar prend Damas et l'annexe,
ravage lsrai/, dont le roi est assassiné, et refOÎt la soumission de son successeur Osée (732). » in Georges
Roux> La Mésopotamie, Seuil, 1995, pp. 351-356.
!!ANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 85

m'avertit de ne pas suivre la voie de ce peuple, en disant : n'appelez pas conju-


ration tout ce que ce peuple appelle conjuration; ( ... ). Et il [Yahweh] sera un
sanctuaire; mais aussi une pierre d 'achoppement et un rocher de scandale pour
les deux maisons d'Israël. ( . . . ) Beaucoup d'entre eux trébucheront, ils tombe-
ront et se briseront, ( ... ). Lie le témoignage, scelle l'enseignement dans le cœur
de mes disciples. ( ... ) Quand ils vous diront : consultez ceux qui évoquent les
morts, et les devins qui murmurent et chuchotent, répondez 137 : Un peuple ne
doit-il pas consulter son Dieu? Consultera-t-il les morts pour les vivants? ( ... )
Si le peuple tient un autre langage, il n'y a point pour lui d'aurore. Il errera
dans le pays, accablé de misère et affamé, et, quand il aura faim, il maudira,
dans sa fureur, son roi et son Dieu. Il élèvera ses regards en haut, et les abaissera
vers la terre : et voici la détresse, l'obscurité, une sombre angoisse; il sera rejeté
dans les ténèbres 138 • » ( ... ) Mais il n'y a plus de ténèbres ( ... ). Car un enfant
nous est né, un fils nous a été donné; l'empire a été posé sur ses épaules, et on
lui donne pour nom : Conseiller admirable, Dieu fort, Père éternel, Prince de
· 139 ( ....) »
la paix

Rappelons, une nouvelle fois, que certains de ces textes ont été revus,
n'impliquant pas toutefois une négation de l'unité des oracles ni une unicité
du prophète qui les proclame. Il n'en demeure pas moins qu'ils indiquent des
événements qui ont pris corps bien après. Dès le début, le texte compare la
Maison de David aux « eaux de Siloé » coulant doucement, mais dédaignées
par une grande partie du peuple, les deux maisons de Juda et d'Israël. En
effet, depuis 930 av. J.-C., le peuple hébreu s'est scindé en deux avec la créa-
tion d'un État schismatique composé de Dix tribus, le royaume d'Israël 140
qui s'est coupé ·de la Maison de David (tribus de Juda et de Benjamin) au
sein duquel doit émerger le Messie selon les promesses divines. Outre la ré-
bellion des Dix tribus, forme de « protestantisation » avant l'heure, la situa-
tion se dégrade donc encore plus puisqu'une partie du peuple appartenant
aux deux tribus restées fidèles à cet idéal semble prendre le même chemin.
Poussé à son terme, c'est tout le projet messianique qui est sur le point de
s'écrouler rendant impossible la Rédemption, en bout de course, la Croix
du Golgotha. En reprenant les propos d'Isaïe, nous devons, d'abord, sou-
ligner l'importance de l'expression les « eaux de Si/oé ». Siloé est une source
d'eau disponible à Jérusalem en dehors de l'eau de pluie, plus exactement
en provenance de la colline d'Ophel située au sud du mont du Temple. En
m Dans cc passage de la Bible hébraïque de Samuel Cahen, les «devins » sont désignés par les expres-
sions : Oboth er lidonimt que l'on peut traduire par « nécromanciens » et « esprits des morts ,._
138 Is., VIII, 5-22 (Bible Crampon)

139 Is., IX, 1, 5 (Bible Crampon)

Ho Ce royaume d' Israël est définitivement rayé de la carte vers 722 av. J.-C. avec la prise de la capitale,
Samarie, par Salmanazar V (règne de 727 à 722) et dont le successeur, Sargon II 1égnanr de 722 à 705,
continue le travail. Ce royaume devient une province assyrienne.
86 ARCHIVES DU MONDIALISME

dehors de l'aspect allégorique de l'eau qui apaise la soif spirituelle, l'utili-


sation de ce mot n'est pas anodine car il signifie «/'Envoyé». C'est même
cette expression, signifiant «Messie», qui est utilisée par 1) Moïse, 2) le
patriarche Jacob 141 et 3) par le Christ à l'égard d'un aveugle qu'il guérit :

- Moïse:

a) « Moïse dit : Ah! Seigneur, envoyez votre message par qui vous vou-
drez l'envoyer 142 • », et b) « Il dit: de grâce, ô mon Dieu, envoie donc celui que
tu voudras envoyer. »

- Jacob:

a) « Le sceptre (ndla : Schiloh, marque du commandeur) ne s'éloignera


point de Juda, ni le bâton de commandement d'entre ses pieds, jusqu'à ce que
vienne Schiloh 143 ; » et b) « Le sceptre ne sera point enlevé à jehouda, ni le
législateur d'entre ses pieds (sa postérité), jusqu'à ce qu'il arrive à Schilo, et que
les peuples s'assemblent auprès de lui. »

- Le Christ:

a) « "Va, lave-toi dans la piscine de Siloé" (mot qui se traduit par « En-
voyé»). Il partit, se lava et s'en retourna voyant clair144 • »

Par la suite, le texte évoque et décrit l'invasion assyrienne venant


du grand fleuve (l'Euphrate) dont le successeur royal dans cette affaire est
Sennacherib, roi de 705 à 681 av. J.-C., ravageant la Judée (terre consacrée
à Dieu d'où l'expression« ô Emmanuel») et qui ne put se saisir de Jérusalem
d'où la formule« Il atteindra jusqu'au cou 145 ». C'est surtout la mise en garde
141
Pour Moïse cc Jacob, nous mettons les deux versions utilisant parfois des verbes similaires : a) la Bible
Crampon et b) la Bible hébraïque de Samuel Cahen ,
142
Exod., IV, 13.
143
Gen ., XLIX, 10.
H-t Jean. , IX, 7 (Bible Crampon). À ce sujet, t>abbé Augustin Lémann écrit: .c Or, pourquoi jlsus donnt-
ra+il un pareil ordre à l'aveugle, réservant aimi à l'eau de Si/ol le prodige dt /a pltine guérison ? Afin dt
confirmer lt rapport prophétique tt mystique qui existait, se/on /es croyances juives, entre lui, lt Messit tt
cette fontaine. Ct miracle qu'il pouvait opérer d'une manière imtantanée, ]bus, /'Envoyl dt Dieu, voudra
qu'il ne Sf parachève qu'au contact d'une eau qui /t figurait, non seulement depuis des siècles, par /e nom
mystl rieux qu'elle portait, mais encore par des caractères hydrologiques particuliers et les phénomènes mer-
vei//eux. » Et de se référer aux propos de Saine Jérôme : " Ce miracle nous apprend qut /'aveug/emmt des
juifs tt dt tous /es incrédules nt peut être guéri que par /a doctrine des taux du Christ (ndla: de l'Envoyé). »
in La Vierge et /'Emmanut/, op. cit., p. 268.
145 Comme le rapporte Georges Roux : « Mais hzechias (nd/a : successeur d'Achaz), encouragé par /e pro-

phète Isaïe, refuse obstinlmtnt d'ouvrir /es portes de ]lrusa/em. On arrive à un compromis : /es Assyriens se
retirent et la vi//e est épargnée, mais à que/ prix : Ezechias a dû livrer trente talents d'or, huit cents talents
d'argent, "toutes sortes dt trésors précieux, ainsi que ses fi/les, son harem, ses musiciens hommes et ftmrr.us"
!!ANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 87

adressée à l'égard des conjurés du moment (conjuration commencée avec


Achaz), mais concernant aussi ces Juifs du futur, rebelles aux« eaux de Siloé »
(au Messie) à qui ce texte s'attaque, mais qui seront balayés en se heurtant à
la pierre ... la fameuse pierre évoquée dans les paragraphes précédents (pro-
phète Daniel, ... ). La formule« scelle l'enseignement dans le cœur de mes dis-
ciples» concerne les Juifs fidèles à ces promesses qui comprendront le sens de
ces prophéties aux temps messianiques, comme le vieillard Siméon lors de la
présentation au temple du très jeune Enfant/Messie, à la différence des autres
incrédules. La révolte des sujets d' Achaz cherchant à abattre la Maison de
David, source devant aboutir au produit fini si l'on peut dire, le Messie, est
la préfiguration de la plupart de ces Juifs qui, face à Pilate, rejetant le Christ
descendant direct de cette Maison, auront cette référence bien terrestre :

« Les Princes des prêtres répondirent: "Nous n'avons de roi que César 146 • "»

En poursuivant la lecture de cet oracle, les conséquences de cette


rébellion sous le règne d'Achaz, mais prenant une ampleur encore plus
vive dans les temps futurs, conduisent ces Juifs, rebelles à la mise en forme
de la mission octroyée à la Maison de David, à s'engager dans une fausse
religion faite de magie, les fameux devins qui, dans le texte d'origine de la
Bible hébraïque, sont désignés par les mots Oboth et les lidonime (« nécro-
manciens» et «devins/esprits des morts»). C'est l'annonce en filigrane de
l'émergence de cette fameuse kabbale pratique en activité depuis au moins
deux mille ans, forme mystique et ésotérique du judaïsme talmudique (sans
oublier le Zohar) 147 , se référant à la magie, à la théurgie (pour communi-
quer avec les «bons» esprits) et à la goétie (magie pour évoquer les mauvais
esprits) empruntant des procédés issus de la Perse, de l'Inde, de l'Égypte ...
Ces méthodes sont la marque de fabrique de la synagogue nouvelle avec un
peuple juif, depuis la destruction du Temple en 70 apr. J .-C. par les troupes
romaines de Titus, devenu errant dans le monde. C'est ce que dit cet ex-
trait parlant du peuple « il errera» suivi d'une avalanche de maux aux sens
propres mêlés aussi à des connotations spirituelles (faim, détresse, tribula-.
tions, obscurité et blasphème 148). Et pourtant, l'antidote existe, comme le
précise le chapitre suivant utilisant des mots clairs indiquant une naissance,

tt même, selon la Bible, "les lames d'or dont il avait couvert les portes et les linteaux du temple de l'Éternel''.
JI a aussi dû évac-uer plusieurs de us dtls et les donner aux Philistins. )Il in La Mésopotamie, op. cit., p. 365.
1 6 Jean., XIX, 15 (Bible Crampon).
1 7
" Cf. note 183.
14.8 Termes identiques utilisés dans la Bible hébraïque. Nous pouvons relever un passage du Deutéro-

nome attribué à Moïse concernant les malédictions lancées par Yahweh aux Juifs ne respectant pas la
Loi et son accomplissement : « Tu tâtonneras en plein midi, comme t'aveugle dans l'obscurité; tu ne réus-
siras pas dans tes voies; tu seras tous les jours opprimé et dépouillé, sans personne qui vienne à ton secours. »
Deutér., XXVIII, 29 (Bible Crampon)
88 ARClilVES DU MONDIALISME

un fils à qui on attribue toute une série de grandes qualités ne pouvant être
que celles que l'on donne à Dieu (Conseiller admirable, Prince de la paix,
... ) et dont« l'empire a été posé sur ses épaules 149 », expression rappelant cette
grosse barre de bois portée par !'Emmanuel durant sa marche au Golgotha
lui permettant de récupérer son empire sur les hommes temporairement
ravis par le serpent au jardin d'Éden. Il faut ajouter un autre point révéla-
teur du rejet hargneux de ces textes par la synagogue nouvelle à partir des
IVe et vc siècles apr. J .-C. avec l'enracinement triomphant du christianisme
même si des contrecoups se sont fait sentir violemment comme l'arianisme
voulant désarticuler la Trinité 150 • En effet, les autorités de l'Église, fortes
de tous les textes préparatoires de l'Ancien Testament annonçant l'arrivée
messianique avec des caractéristiques bien définies, comme nous venons de
le voir, s'attirent l'ire des Juifs prétendant que le Messie n'est toujours pas
venu et qu'il faut patienter. Ce «Messie», étant toujours aux abonnés ab-
sents, conduisit les autorités rabbiniques à mettre sur pied une batterie de
mesures pour ne plus évoquer l'idée messianique et, surtout, à ne pas s'inté-
resser aux textes de l'Ancien Testament l'évoquant. Indirectement, l' exis-
tence de ces mesures prouve que certains Juifs étaient penchés dans l'étude
de ces textes bibliques, mais aussi, parallèlement, que d'autres élaboraient
malheureusement des calculs plongés dans des fumées d'ésotérisme afin de
tenter de donner une date de son arrivée créant des polémiques sans fin en
raison du néant de cette attente. C'est ce courant réprimé qui ressurgit, au
XVIe siècle, avec la réforme lourianique que nous avons traitée dans l'Atlas
du mondialisme, associant l'arrivée de ce <<Messie» rendu possible grâce à
l'action du peuple juif détruisant les impuretés {les quelipot, sous-enten-
du le catholicisme et les États s'inspirant politiquement de cette religion)
contraires aux préceptes tamuldo/kabbalistiques. C'est en passant par le
fameux tiquoun (« réparation») aux normes de la synagogue nouvelle que
le «Messie» pourra revenir et rétablir la gloire d'Israël1 51 • L'abbé Augustin
Lémann bénéficiant d'une connaissance de son milieu d'origine a été en
mesure de présenter ces condamnations rabbiniques par des explications et
les éléments suivants :

Trois ou quatre siècles après l'ère chrétienne, vint un temps où, au de-
<<

dans de la synagogue, on se sentit à bout de calculs et de supputations. D'autre


part, au dehors de la synagogue, la religion chrétienne commençait, après ses
luttes sanglantes, sa lutte apologétique et faisait succéder aux victoires de ses
1 9
" La Bible hébraïque de Samuel Cahen écrit: « Car un mfant nous tst né, un.fils nous a été donné; la
domination repose sur son épaule; on le nomme miracle, Conseiller du Dieu puissant, du Père éternel, du
prince de la paix. »
m On peut penser qu'Arius (né vers 250 et mort vers 335 apr. J.-C.), ayant vécu à Alexandrie en Égypte
forte d'une communauté juive importante, a dCl subir une« légère» influence de sa part.
is, Voir la note de bas de page. 33.
!!ANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 89

martyrs les victoires de ses docteurs. Ce fut alors que, pour prévenir une plus
grande défaillance au-dedans et pour se mettre à l'abri des arguments et des
lumières du dehors, le rabbinisme forma une résolution désespérée, celle d'inter-
dire, d'étouffer et d'enterrer la question messianique. Tous les rabbins se mirent
à maudire les chercheurs du Messie. Qu'on écoute leurs funèbres souhaits :

- « Tous les termes qui étaient marqués pour la venue du Messie sont
passés», dit rabbi Rava. (Sanhédrin, fol. 97, 2)
- « Maudits soient ceux qui supputeront les temps du Messie», dit le
Talmud de Babylone. (Gemar., Tr. Sanh., cap. XI)
- « Puissent leurs os se rompre», dit rabbi ]ochanan. Roschamaa, ch. I,
fol. 5, 2)
- « Périsse leur âme», dit rabbi Ephraïm. (Ir Gibborim, fol. 28, ch. 1,
n° 54)
- « Que l'enfer les engloutisse», dit rabbi Abarbanel. (Roschamaa, ch. I,
fol. 5, 2)
- « Que la géhenne les dévore», dit rabbi Matthatia. (Nizzachon,
num. 334)
- « Que leur cœur éclate et que leurs calculs s'évanouissent», dit rabbi
Maïmonide. (Hal. Melach. cap. XII, § 5)

Mais ce qui est inouï et ce qui confond toute pensée, c'est qu'on a mau-
dit ceux qui s'efforçaient de vaincre leurs ténèbres par de légitimes lumières,
c'est qu'on ait invoqué la perdition et l'enfer contre les chercheurs du Messie
annoncé et attendu. ( ... ) Le rabbinisme les justifia donc en invoquant la raison
de sûreté générale. ( ... ) C'est ainsi que le rabbinisme, après avoir demandé aux
prophètes des espérances qu'ils nç pouvaient lui donner, a jeté les Livres saints
de désespoir; qu'il a renié les prophéties anciennes et authentiques pour écouter
les talmudistes, les kabbalistes, les illuminés. Il {le rabbinisme} a eu recours à
des anathèmes, maudissant son roi et son Dieu. ( ... ) Sa vénération pour les
saintes Écritures diminua donc peu à peu. Des maitres nouveaux, des écoles
nouvelles, des livres nouveaux surgirent au milieu de Juda di~persé et exilé et
prirent le pas sur Moïse. Lorsque l'école de Tibériade eut rédigé la Mischna (an.
189 après j.-C.), explication et supplément du Pentateuque, la Mischna fut
préférée au Pentateuque. Lorsque plus tard furent rédigés les deux Talmuds de
Jérusalem et de Babylone (an. 422 et 505), ces Talmuds, à leur tour, furent pré-
férés à la Mischna. C'est dans les pages de ces Talmuds 152 qu'ont été concentrées
152Précisons que la diffusion des textes religieux juifs en Europe, plus particulièrement le Talmud de
Babylone, est à signaler. Les travaux de l'universitaire Lorraine de Meaux; spécialiste du monde russe,
rappellent que la première version imprimée du Talmud de Babylone date de 1523 à Venise sous l'égide
de Daniel Bomberg. Cependant, la version la plus ancienne en Europe remonte à 1342. Après être passé
dans différentes familles juives, ce texte fut en possession des descendants du rabbin Simon Gunzburg
(1506-1585), ancêtre direct d'une grande famille de banquiers juifs russes du XIX~ siècle. Cc Talmud
90 ARCHIVES DU MONDIALISME

et comme parquées les écoles juives depuis le Y siècle jusqu'au XVI/Je


siècle (ndla : Remarque très intéressante qui, indirectement, fait référence,
à partir du XVIIIe siècle, à la Haskala, les Lumières juives, réorientant le
judaïsme d'une autre manière sans pour autant enlever son caractère anti-
catholique), à tel point que le programme des études sy est formulé dans ce
dicton célèbre : "La Bible est l'eau, la Mischna est le vin, le Talmud est la
liqueur aromatique. Qui s'occupe de la Bible fait quelque chose d'indif-
férent; qui s'occupe de la Mischna, mérite récompense; qui s'occupe du
Talmud fait, de toutes les actions, la plus méritoire". (Cod. Sopherim, cap.
XV; ndla: souligné par nous) ( ... ). JI fallait empêcher le peuple de retourner
aux prophéties, on y a réussi. Sombre, mais savante diversion, le Talmud n'est
pas autre chose. La Bible était trop claire, les soixante-dix semaines de Daniel
étaient trop claires; le 22e psaume de David était trop clair; le 53e chapitre
d'lsaïe était trop clair ( ... ) 153 • »

de Babylone fut retrouvé au XVIIIe siècle comme le rapporte cette universitaire : « L'érudit Chayim
Josef David Azulai trouva le manuscrit chez les descendants de Sim~n [Gunzburg] à Pftrsu en 1754. La
notice actuelle de la bibliothèque de Munich précise : "Il s'agit du seul manuscrit au monde qui contienne, à
l'exception de deux feuilles manquantes, le texte complet du Talmud de Babylone, y compris des traités non
canoniques : Derekh Eretz zuta, Pirkei Azzai, Kat/il, Sôferîm et Girîm. Il comporte également des te-xtes ne
se rapportant pas directement au Talmud. Grâce aux nombreuses entrées des noms des propriétaires, il est
possible de suivre l'histoire de ce manuscrit, qui fut écrit en France en 1342. Selon l'entrée d'un manuscrit
d'une Bible aujourd'hui conservée à la Bibliothèque nationale et universitaire de Hambourg, ce Talmud était
en la possession des Ulma, une famille de commerçants juifs, à Pfersee près d'Augsbourg en 1772. Plus tard,
il fut vendu au prieuré augustin de Po/Ling (en Haute-Bavière). Après la dissolution du monastère en 1803,
le manuscrit fat transféré avec d'autres ouvrages de grande valeur à la bibliothèque de la cour de Munich,
aujourd'hui La Bibliothèque d'État de Bavière"» in Lorraine de Meaux, Une grande famille russe : les Gu,z-
zburg, Perrin, 2018, page 421, noce de bas de page 13.
153
La Vierge et l'Emmamul, op. cit., pp. 298-303. Pour montrer que les Juifs ont devant eux des textes
particulièrement révélateurs, nous reprenons la quasi-intégralité de ce chapitre LIii (Isaïe) directement
de la Bible hébraïque donc on peut dire qu'il évoque l'histoire d' un homme (en fait pour l'Église, le
Messie) qui, après avoir été frappé puis conspué par les Juifs devant Pilate, connaît le martyr : « ( ... )
Méprisé et abandonné des hommes, homme de douleur et familiarisé avec La soujf,ance, et comme quelqu'un
qui cache sa face devant nous, nous le méprisions et ne ftmes pas attention à lui. Mais il a porté nos infirmités,
il s'est chargé de nos douleurs, et nous, nous le considlrions comme un lépreux, frappé de Dieu et tourmenté.
Il a été blessé à cause de nos plchés, brisé pour nos iniquités; il a souffert pour que nous eussions la paix, et
par sa meurtrissure nous ,1vons été guéris. Tous nous avons été égarés comme des brebis; nous suivions chacun
notre voie, mais lehovah a fait que le péché de nous tous l'atteignît. IL a été pressuré, mais, humble qu'il était,
il n'ouvrit pas la bouche. Enlevé par la coercition et le jugement, et panni ses contemporains qui est-ce en
parla? dt ce qu'ilfi" retranché du pays des vivans (ndla: faute d'orthographe propre au texte d'origine},
de ce que le châtiment lui est venu du plché de mon peuple? On plaça sa sépulture près des méchans (ndla :
idem pour l'orthographe) et son monument tumulaire (ndla : le Christ esr mis dans un tombeau creusé
dans le roc) près des orgueilleux parce qu'il ne commit pas de violence et qu'il ny eut pas de tromperie dans sa
bouche. Mais il a plus à Jehovah d'aggraver ses souffrances,· si tu livres son âme comme victime, il verra ime
postérité et vivra longtemps et la volonté de Iehovah. (Libre) de la peine de son âme, il se rassasie de la vue;
par son intelligence, mon serviteur, le juste ramène à la justice plusieurs dont il a porté les iniquités! C'est
pourquoi, je lui assigne son partage parmi les grands; il partagera le butin avec les puissans (ndla: idem pour
L'orthographe; puissants en ayant suivi la voie du Christ), parce qu'il a exposé sa personne à la mort, qu'il a
été compté parmi les malfaiteurs, qu'il a porté le péché de plusieurs et qu'jJ a intercédé pour les malfaiteurs
(ndla: pensons aux propos du Christ sur la Croix à l'égard du bon larron).» À la lecture de ce texte, on
ne pense pas vraiment à Confucius, Vishnou, Mahomet ou encore à Bouddha. Cf. note 186.
!!ANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 91

c) Salmanazar, Sargon et Sennacherib: nettoyage et conséquences

Pour se faire une idée de ces rois assyriens et de leurs méthodes, nous
pourrions les comparer par certains aspects à des «Attila». Là où ils pas-
saient, ils anéantissaient 154 • Leurs actions, mais aussi les causes expliquant
cette liberté d'action, sont particulièrement bien décrites dans les textes
d'Isaïe X où il est évoqué, entre autres, les exterminations, le malheur à
ceux qui font des lois d'iniquité, l'encouragement fatal donné à l'impiété
et à l'idolâtrie à Samarie (capitale du royaume d'Israël) ainsi que les consé-
quences dévastatrices de tels errements. Ce fut, en effet, le cas avec Salma-
nazar qui ravagea le royaume de Samarie (chute de la capitale en 722 av.
J.-C.) en déportant la population à Halahha, au nord de Ninive et dans les
monts Zagros en Haute-Mésopotamie, politique poursuivie par son succes-
seur Sargon Il. Avec le temps, ces populations déracinées se sont fondues
au sein des populations locales. Cette histoire a donné naissance à l'idée des
Dix tribus perdues d'Israël au-delà du Sambatyon 155 :

« On
trouve dans des textes assyriens postérieurs de la région du Hubur,
des individus porteurs de noms yahwistes que l'on identifie comme les déportés
de Samarie 156 • »

Vers 700 av. J.-C., Sennachérib, fils de Sargon Il, tenta de régler
le sort du royaume judéen dirigé par Ézéchias de la même manière que
celui du voisin du nord. Il est rapporté que l'attaque ultime qui devait dé-
154 C'est le cas dans sa guerre contre le royaume de Juda avec le siège de la ville de Lakish en 701 av. J.-
C. qui, après sa prise par les Assyriens, vit les hommes rués candis que les femmes cr les enfants furent
déportés.
iss « Nom légendaire à un fle,we au-delà duq,ul 011 croyait que les dix tribus perdues se trouvaient en exil. La
11ature miraculmse de ce fleuve, mggérü par Le Talmud (Sanh 65b) est dlve/oppée dans la Midrach : pendant
La semaine, la traversée du fleuve est rendue impossible par un jet permanent de pie"es qui ne s'apaise que
le chabbat (GnR 11,6). ( ... ) Des détails sur cette légende circulaient dès l'époque du Second Temple tt Pline
L'Ancien Lts a inclus dans son Histoire naturelle (77 è.r). ( ... ) Au XVII' siècle, avec le regain du messianisme
juif,' Le thème fia à nouveau exploité par Manassé ben Israël (Miqveh Israël, chap. X Lemberg, 1847) et
par Les adeptes sabbataïstes, réunis autour de Nathan de Gaza, qu firent circuler après La mort de Sabbatai
Tsevi la légende qu 'il s'était rendu auprès des dix tribus perdues, au-delà du Sambatyon. » in Dictionnaire
encyclopédique d" judaïsme, op. cit., p. 915. Concernant les faux Messies et SabbacaïTsevi, cf. note 180.
En raison de ces événements historiques, la dispersion de ces populations peur expliquer la politique de
certains dirigeants d'Israël et de certains représentants de la communauté juive dans le monde à l'égard
de pays comme la Syrie et l'Irak depuis les années 1990 dans le cadre du « Grand Israël».
156 La Mésopotamie, op. cit. , p. 690. Ces faits hisroriquemenc prouvés sont relatés dans les textes

bibliques : • Le roi d'Assyrie emmena lsrail captif en Assyrie; il Les établit à Hala, sur Les rives du Ha-
bor, fleuve de Gosan et dans les villes des Mèdes. » (lie Livre des Rois, XVIII, 11, Bible Crampon).
Certains historiens et chercheurs estiment, sans être catégoriques, que la petite communauté juive
qui vivait dans l'Azerbaidjan iranien descend des Juifs déportés de Samarie. Cette petite communau-
té, environ 25 000 personnes, a émigré en Israël dans les années 1950, in hctps·//books googlc,fr/
books?id=2If7G9nAXuIC&redir csc=y
92 ARCHIVES DU MONDIALISME

truire Jérusalem, anéantir la Maison de David et, par voie de conséquence,


rompre la lignée messianique interdisant l'arrivée du Messie fut réglée par
l'arrivée de l'ange de Dieu qui, littéralement, faucha l'armée du roi assy-
rien, contraignant ce dernier à faire rapidement demi-tour 157 • Événement
surnaturel pour les uns, impossibilité et stupidité sans nom pour les autres;
le débat est partagé entre ceux qui n'excluent pas un acte miraculeux et les
rationalistes adeptes des réalités purement terrestres. Il n'en reste pas moins
que, d'un point de vue historique, le retour du roi assyrien sur ses terres
se fit dans une discrétion absolument anormale pour ces chefs guerriers
prêts à étaler leur puissance et leur gloire devant leurs peuples. Comme le
rapporte Georges Roux :

(ndla : Sennacherib) avait atteint Péluse (ndla : Tell-el-Farama,


« Il
cité située à l'extrême nord-est du delta du Nil), lorsque son camp fut ra-
vagé ''par l'ange de l'Éternel", dit la Bible, "qui sortit cette nuit-là et frappa
185 000 hommes dans le camp des Assyriens", ''par un flot de rats des champs
qui se répandit chez eux pendant la nuit, rongeant les carquois, rongeant les
arcs et aussi les courroies des boucliers", raconte Hérodote, ''par une pestilence"
(épidémie), dit l'historien juif Flavius Josèphe, plus terre à te.rre. Les annales
assyriennes sont évidemment muettes sur ce triste épisode dont l'existence même
est controversée et rejetée par de nombreux assyriologues 158 • >>

Le royaume de Juda frôla donc la catastrophe. Ce ne fut rien par rap-


port à l'autre partie de la famille hébraïque. L'anéantissement du royaume
d'Israël vers 722 av. J .-C. fut peaufiné, si l'on peut dire, par la suite. Les
massacres et les déportations avaient déjà vidé l'ensemble du pays selon une
image ou expression biblique terrible par sa signification :

« Il restera un grapillage, comme lorsqu'on secoue l'olivier, deux, trois


olives au haut de la cime, quatre, cinq aux branches de l'arbre 159 • »

Cependant, -les quelques rescapés résidant encore dans le défunt


royaume d'Israël annexé à l'empire assyrien au.raient pu être le substrat
permettant une relance démographique juive. Il n'en fut rien. C'est le fils
de Sennacherib, Assarhaddon (roi de 680 à 668 av. J.-C.), qui se chargea de
faire le vide absolu en déportant et en saupoudrant les débris de ce peuple
dans son empire en échange de quoi, d'autres populations issues de ces
157
« Cette nuit-là, l'ange de Yahweh sortit et frappa, dans le camp des Assyriens, cent quatre-vingt-cinq mille
hommes; et quand on leva le matin, voici que âtaient tous des cadavres. Et Sennachérib, roi d'Assyrie,
ayant levé son camp, partit et s'en retourna, et il resta à Ninive. ~ (lie Livre des Rois, XIX, 35-36, Bible
Crampon).
158
La Mésopotamie, op. cit., p. 367.
m Isaïe, XVII, 6 (Bible Crampon, la formule est quasi identique dans la Bible hébraïque de Cahen).
!!ANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 93

vastes contrées furent expédiées pour peupler l'ancienne Samarie. La poli-


tique du grand remplacement fut, dans ce cas, effective. Pour terminer avec
les prophéties d'Isaïe, nous présentons les extraits d'un oracle annonçant
l'arrivée du Messie malgré toutes les épreuves traversées par les Hébreux
en raison de leur comportement rebelle conduisant, à la lecture des textes
sacrés, à subir de véritables raclées de la part du divin pour les remettre sur
le droit chemin. Après la disparition du royaume d'Israël vers 722 av. J .-C.,
le royaume de Juda a connu des hauts et des bas par rapport à l'héritage de
Moïse. Comme il a été précisé, alors que la lignée messianique au sein de
la Maison de David et sa finalisation avaient été solennellement jurées, le
maintien de la royauté terrestre dépendait du comportement spirituel des
monarques successifs, caractéristique que nous retrouvons dans le cours
de la monarchie française. Or, la faiblesse de nombre d'entre eux, selon
les référents bibliques, conduisit au délabrement d'un état d'esprit puis
à la chute du dernier bastion étatique hébraïque sous les coups de Nabu-
chodonosor. Les choses se firent en deux étapes. Après une occupation de
Jérusalem, en 597 av. J .-C., conduisant à la déportation de l'élite judéenne
et à la vassalisation du pays, ce dernier fut définitivement broyé après une
tentative de résistance de son dernier roi, Sédécias. Jérusalem et son temple,
après un siège de plusieurs mois, furent détruits en 586 av. J .-C. tandis que
la population fut déportée dans l'empire babylonien. Cependant, malgré
tous ces malheurs, la persistance d'un renouveau est assurée dans un texte
qui, écrit bien avant l'arrivée du Christ, prend une consistance particulière
en connaissant la suite des événements :

« Un rameau sortira du tronc de fessé, et de ses racines croîtra un rejeton.


Sur lui reposera /'Esprit de Yahweh, esprit de sagesse et d'intelligence, esprit de
conseil et de force ( ... ). Il jugera les petits avec justice ( ... ). Et il arrivera en
ce jour-là : la racine de Jessé, élevée comme un étendard pour les peuples, sera
recherchée par les nations, et son séjour sera glorieux160 • ( ••• ) »

A ces
passages, il faut ajouter que ce texte exprime un retour à une
paix générale touchant la terre entière. La royauté terrestre davidique n'est
donc plus. Cette famille perdure, mais retournant à l'obscurité de ses ori-
gines comme Jessé résidant à Bethléem, père du futur roi David, avant
l'arrivée du prophète Samuel. Cette famille royale est abattue, comparée
à un simple tronc dont les racines subsistantes autorisent un renouveau,
un rameau, un miracle pour l'ensemble de l'humanité (« étendard pour les
peuples») et non pour les Juifs uniquement. En des termes comparables,
nous trouvons des propos similaires avec Job :

160 ls ., XI, 1, 2, 4, 10 (Bible Crampon).


94 ARCHIVES DU MONDIALISME

« Un arbre a de l'espérance : coupé, il peut verdir encore, il ne cesse pas


d'avoir des rejetons. Que sa racine ait vieilli dans la terre, que son tronc soit
mort dans la poussière, dès qu'il sent l'eau, il reverdit161 • »

Ce rappel évoquant un renouveau est d'autant plus significatif que


l'expression utilisée pour parler de la racine de Jessé « élevée comme un éten-
dard» fait indirectement référence au fameux « serpent d'airain». Pour sa
compréhension, il faut revenir à Moïse qui subit dans le désert du Sinaï,
pour la énième fois, la rébellion des Juifs contre son autorité établie par
Dieu. Et comme d'habitude pour calmer ces « nuques raides», un coup de
«schlague» divine s'est abattu sur eux avec une invasion de serpents occa-
sionnant des morsures entraînant des brûlures, voire la mort. Assaillis de
toute part par ces reptiles, les Hébreux supplièrent Moïse qui, après avoir
prié, fit dresser un poteau au milieu du camp devant le tabernacle repré-
sentant un serpent d'airain (alliage de cuivre) qu'il suffisait de regarder
afin d'être guéri des morsures. C'était la manifestation d'un acte de foi.
L'explication apportée par Dom de Monléon s'appuyant sur Saint Augustin
et Saint Ambroise en lien avec l'acte néfaste occasionné par le serpent au
jardin d'Éden est la suivante :

« "C'est à la persuasion du serpent, écrit Saint Augustin, que L'homme


est tombé et a été condamné à mort. Ne convenait-il donc pas que, pour figurer
cette condamnation à mort, le serpent même fat attaché et élevé sur l'instru-
ment du supplice? C'était un symbole expressif de la mort du Sauveur sur la
Croix". ( ... ) C'est en figure que le serpent d'airain a été attaché sur un gibet. Il
annonçait au genre humain le véritable crucifié, celui qui détruisait le venin
du vrai serpent, c'est-à-dire le diable". Cette image, justement parce qu'elle a
quelque chose qui heurte notre sensibilité, est destinée à nous faire comprendre
à quel point le Christ nous a aimés. Lui qui n'a jamais commis le péché, il a
pris une chair faite à la ressemblance du péché, figurée ici par le serpent. Dans
cette chair, il a payé la punition due au péché : c'est pourquoi le serpent est mis
en croix. Mais il n'a pris que la ressemblance, il n'a pas pris le péché: comme ce
serpent, qui avait la figure d'un animal venimeux, mais qui n'en avat't pas le
venin. Il était d'airain pour marquer la force invincible de jésus, dans les ten-
tations comme dans les souffrances, pour manifester aussi que la croix durèra
éternellement, et que rien ne pourra prévaloir contre elle 162 • »

Chose remarquable, nous observons une parfaite continuité de pen-


sée et d'objectif dans ces écrits. Après Moïse, Isaïe, c'est dans le même ordre

161 Job., XIV, 7-9 (Bible Crampon) . Peut-être que l'enfant du Temple ...
162
Histoire Sainte, Mo ïse, op. cit., pp. 240-241.
!!ANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 95

d'idée que le Christ s'inscrit. Celui-ci recevant de nuit Nicodème, membre


du Sanhédrin 163 , un des rares pharisiens à reconnaître le Messie après une
période de grand doute, lui fit comprendre sa mission divine. Suspendu sur
la croix en signe d'expiation des fautes de l'ensemble de l'humanité afin
de rétablir le lien entre le ciel et la terre, le Christ par cet acte attirait les
regards de ceux voulant se sauver. Il rappela à Nicodème la mission et la
continuité avec le poteau sur lequel était fiché le serpent d'airain parache-
vant ainsi le travail de reconquête entamée avec Moïse :

« Comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, il faut de même que


le Fils de l'homme soit élevé afin que tout homme qui croit en lui [ne périsse
point, mais qu'il} ait la vie éternelle164 • »

Comme nous avons pu le constater, le comportement des Hébreux


alterne entre rébellion et élan véritable en conformité avec les Lois de
Moïse. L'idolâtrie est la lèpre de ce peuple le plongeant, dans les moments
de faiblesse, dans des actes pervers (sacrifices d'enfants, ... ). Ce qui est
frappant à la lecture historique des enfants d'Israël jusqu'à leur déportation
à Babylone concernant la population du royaume de Juda, c'est la persis-
tance et le caractère répétitif de ses plongeons sur des siècles accompagnés
de monumentales punitions de Dieu pour les remettre sur le droit chemin.
La déportation des Hébreux par Nabuchodonosor semble être le coup de
grâce pour ce peuple. L'effondrement de l'empire sous les coups de Cyrus
II permet, en 536 av. J.-C. et avec l'accord de ce dernier, le retour des Juifs
dans leurs contrées d'origine, en rappelant que tous ne prirent pas le che-
min vers la Terre promise en raison d'une relative facilité de vie en Méso-
potamie. Le tournant majeur pour les Hébreux de retour de captivité de
Babylone, c'est la disparation absolument complète de l'idolâtrie. Le Dieu
de Moïse a triomphé. On ne parlera plus de culte rendu à Mèlek mâtiné
de yahvisme ou de sacrifices sur les hauts lieux. Mais alors que l'obstacle
de l'idolâtrie et de ses conséquences étaient enfin franchis, un autre écueil
surgit : ridée d'un Messie guerrier, conquérant et impitoyable au service
uniquement du peuple juif au détriment du reste de l'humanité. En effet,
de expressions bibliques semblent aller dans cette direction. On peut rele-
ver quelques exemples comme :

163 Le anhéddn, sorte de Haute Assemblée créée à l'origine par Moïse avec soixante-dix anciens d'Israël
(Nom. , XI , 16, Bible hébraïque), était constitué de trois hambres : Chambre des grands prêtres et
prêtres, Chambre de s dbes, Chambre des anciens. Le Sanhédrin était, d'une certaine manière, le
Con eil suprême de la nation véritable substitut de la monarchie israélite disparue. Il exerçait une
aucoriré doctrinale, judiciaire et administrative. On retrouve ce Sanhédrin avec Napoléon 1c,, voir
chapitre Ill.
164 Saine Jean, IX, 14- 15 (Bible Crampon).
96 ARCHIVES DU MONDIALISME

- « Demande, et je te donnerai les nations en héritage, pour domaine les


extrémités de la terre. Tu les briseras avec un sceptre de fer» (Ps., II,
8-9, Bible Crampon).
- « Ceins ton épée sur ta cuisse, ô héros ( ... ). Tes flèches sont aiguës; des
peuples tomberont à tes pieds; elles perceront le cœur des ennemis du
roi» (Ps., XLV, 4-6, Bible Crampon).
- « Tous les rois se prosterneront devant lui; toutes les nations le servi-
ront» (Ps., LXXII, 11, Bible Crampon).
- « Yahweh a dit à mon Seigneur: Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que
je fasse de tes ennemis l'escabeau de tes pieds» (Ps., CX, 1, Bible
Crampon).
- «je recueillerai les restes d1sraël; ( ... ), celui qui fait la brèche monte
devant eux; ils font la brèche, ils franchissent la porte, et par elles ils
sortent; leur roi passe devant eux et Yahweh est à leur tête» (Michée,
II, 12, 13, Bible Crampon).
- « ( ..• ) et il rassemblera les bannis d1sraël; il recueillera les dispersés de
Juda des quatre bouts de la terre, ( ... ) Ils voleront sur l'épaule des
Philistins à l'Occident; ils pilleront de concert les fils de l'Orient» (Is.,
XI, ~ 2, 14, Bible Crampon).

De tels extraits, pris littéralement, indiquent une direction guerrière


qui, peu à peu, a imprégné les élites rabbiniques. Avant de rapporter les
noms de quatre documents ayant retourné et empoisonné ces esprits, il est
nécessaire de rappeler que ces propos découlaient des conséquences de la
faute commise au jardin d'Éden. Les descriptions guerrières, les violences,
les combats propres à ces textes soulignaient l'importance vitale de réduire
à néant la victoire du serpent et de tous ceux alliés à sa cause. Le monde
rabbinique ne comprit pas à cette époque (et ne comprend toujours pas en
2019) que les victoires temporelles acquises par Josué, David et autres hauts
responsables du peuple hébreu étaient la période préparatoire nécessaire
préfigurant la victoire spirituelle du Messie, ce dernier s'adressant désor-
mais à l'ensemble du genre humain (les Nations) et non pas seulement à son
<< peuple-outil». Quand Isaïe proclame l'étape succédant à celle commencée
avec Moïse, c'est-à-dire annonçant la mission du Messie :

« li
répandra la justice parmi les nations ( ... ), Il ne criera point, il ne
parlera pas haut, ( ... ), // annoncera la justice en vérité» (Is., IXII, 1, 2, 3,
Bible Crampon).

Ces propos ne désignent pas un être belliqueux imposant par la force


ses vues. L'expression « il ne criera point» signifie d'ailleurs qu'il agira par la
!!ANCIEN TESTAMEN't SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 97

douceur et la persuasion. Nous avons déjà cité le prophète Michée (V, 2- 5;


cf. note 30) où il est précisé qu'il sera la paix, expression que l'on ne donne
pas à un conquérant sanguinaire. Bien au contraire, c'est un Messie souf-
frant qui est annoncé, expression essentielle, qui n'a pas été comprise par
les élites rabbiniques de cette époque. Elles n'ont retenu que les apparences
de certains textes bibliques violents configurés, en réalité, dans le but pre-
mier de vaincre la faute issue de l'Éden afin de passer à un monde nouveau.
L'allégorie de ces derniers est devenue vérité première pour les dirigeants
religieux de la synagogue. Et pourtant! Nombre de ces textes soulignaient
que la voie empruntée par le Messie était tout autre. Le psaume XXI de Da:.
vid ou encore les écrits du prophète Zacharie par exemple, que nous avons
traités, n'évoquent pas vraiment un nouveau Tamerlan. Ces élites juives
avant l'arrivée de l'Oint ont matérialisé un idéal messianique à leur unique
profit aux dépens du gen~e humain (et cela continue) en dépit des déclara-
tions multiples des prophètes. Pour expliquer une telle déviance, nous lais-
sons le soin à l'abbé Augustin Lémann d'expliquer ce trait psychologique :

«Accomplies en partie au retour de la captivité de Babylone, lors de la


reconstitution de l'État juifpar Esdras et Néhémie, ces prophéties viennent toute
se parfaire, s'accomplir définitivement dans une construction plus haute, plus
excellente, parce qu'elle n'est plus matérielle, mais spirituelle, l'Église de ]ésus-
Christ. C'est pour avoir délaissé, puis méconnu le double objet de ces prophéties,
l'un temporel, relatif à l'ancienne Jérusalem terrestre, l'autre spirituel, relatif à
la Jérusalem des âmes, œuvre du Messie, que le peuple juif s'est égaré et s'égare
encore. Ce premier accomplissement temporel des prophéties, soutien et figure
d'un second accomplissement spirituel, la Providence divine l'avait délicatement
aménagé, ainsi que toutes les descriptions symboliques du règne du Messie, si
fréquentes chez les prophètes, pour fixer l'attention et les désirs du peuple juifdu
côté du Rédempteur promis. Si les prophètes, en effet, s'étaient bornés à annon-
cer, sous une forme nue et directe, que l'œuvre du Messie ne devait consister, en
son premier avènement, que dans une rédemption des âmes; que les biens dont
il serait le dispensateur ne seraient que des biens d'ordre spirituel, délivrance
du joug du démon, rémission des péchés, effusion des grâces, les Juifs charnels,
dont le nombre était sans contredit le plus grand, se fussent médiocre-
ment intéressés à la venue du Messie et au royaume qu'il devait établir
(ndla : souligné par nous). Ne rencontrant dans le texte des prophéties rien
de ce sensible et de cet éclat vers lesquels les entraînait leur nature, ils n'eussent
point tardé à traiter les biens spirituels promis pour les temps du Messie, et même
les prophéties qui en faisaient l'annonce, avec ce dédain dont leurs pères avaient
usé autrefois à l'égard de la manne, don de Dieu : "Pourquoi nous avez-vous fait
sortir de l'Égypte?" Avaient reproché à Moïse les juifs du désert; ''pourquoi nous
98 ARCHIVES DU MONDIALISME

avez-vous amenés en ce lieu affreux, où l'on ne peut semer; où ni les figuiers,


ni les vignes, ni les amandiers ne peuvent venir, et où l'on ne trouve pas même
d'eau pour boire? ... Notre âme n'a plus que du dégoût pour cette nourriture si
légère!" (Nombr., XX, 5; XXI, 5). Notre âme n'a plus que du dégoût! C'est
avec le même dédain que les descendants de ces Juifs charnels en seraient
venus à parler des biens promis pour les temps du Messie, biens encore
plus légers à l'extérieur que la manne elle-même, puisqu'ils ne devaient
être que spirituels, se rapportant uniquement à l'âme, et invisibles comme
elle (ndla : souligné par nous). D'avance la plupart des juifs se fussent laissés
envahir à l'égard de ces· biens d'un dégoût criminel. La bonté de Dieu para au
danger par la manière dont elle inspira les prophètes et conduisit leur plume.
Ceux-ci dire la vérité, en annonçant que les biens que le Messie apporterait à
la terre seraient des biens d'ordre spirituel; mais cette vérité, ils la voilèrent en
la couvrant d'un revêtement riche et éblouissant, de ces belles images, de ces
gracieuses métaphores empruntées à tout ce que la nature et la société offrent
de plus attrayant et de plus délectable. Ils annoncèrent donc qu'aux temps du
Messie, "des sources d'eau vive jailliraient au milieu du désert sablonneux, et le
changeraient en un jardin de délices; que les charmes de l'innocence primitive
revivraient; que les serpents seraient sans venin, et que les plus fiers animaux
dépouilleraient leur férocité naturelle". Ils annoncèrent la rédemption des âmes
et l'établissement de l'Église sous le couvert d'événements et de personnages à
la fais historiques et figuratifs, tels que la fin de la captivité de Babylone, le
retour du peuple juif dans le pays de ses pères, une réédification merveilleuse de
Jérusalem. Et qu'on le sache bien, rien n'était plus enraciné dans la croyance des
juifs que cette persuasion d'après laquelle les événements les plus importants de
leur histoire et leurs personnages les plus illustres étaient des esquisses de l'avenir.
Les prophètes étaient là pour rappeler sans cesse au peuple tout ce qu'il y avait
de symbolique dans sa vie et dans celle de ses grands hommes. Mais ils avertis-
saient aussi qu'il nefollait pas se rattacher à des espérances trompeuses
de biens temporels, et que la rédemption par le Messie ne serait que celle
annoncée origi.nairement dans l'Éden, lors de la première des prophéties,
faite par Dieu lui-même: "l'établirai des inimitiés entre toi et la femme,
entre ta descendance et la sienne ; elle t'écrasera la tête "; c'est-à-dire une
revanche contre le Serpent séducteur. une réintégration dans l'innocence
origi.nelle et dans tous les biens qui en étaient l'accompagnement (ndla:
souligné par nous car c'est vraiment le point clef évoqué dès le début de
l'introduction). Malheureusement, la direction des prophètes ne fut pas suivie.
C'est aux images dont ils avaient revêtu la vérité pour la rendre plus frappante,
plus .attrayante que le peuple juif s'est attaché et s'attache encore 165 ( ••• ). »

t<i) Abbé Augustin Lémann, L'avenir de Jtrusalem, Éditions Saint-Rcmj, paru à l'origine en 1901,

pp. 165-168.
!!ANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 99

Cette incompréhension des élites juives à capter le sens véritable des


messages prophétiques se doit d'être reliée au contexte historique. Depuis
le retour de l'exil babylonien et le rétablissement du cadre religieux issu
de la Loi de Moïse avec Esdras et Néhémie, les Juifs ont connu différentes
occupations et/ou influences (grecques, macédoniennes, romaines) qui ont
contribué à blesser l'orgueil de ce peuple se considérant comme à part en
raison d'un héritage spirituel ancien et unique. Le goût de la revanche, le
besoin de se libérer du joug étranger, la volonté de favoriser le retour aux
gloires d'antan ont permis l'émergence d'un idéal religieux falsifié modelant
un Messie conquérant et dominateur au profit du seul peuple juif. Dans cette
affaire, il faut en priorité cibler les élites (le Sanhédrin). Le peuple occupé
à ses occupations de vie de tous les jours était bien éloigné de ces débats.
Cependant, il allait en subir le contrecoup et être manipulé avec aisance
le jour de la parution du Messie devant Pilate. Il est vrai que l' empoison-
nement intellectuel des élites rabbiniques a, par capillarité, touché même
inconsciemment la masse de la population. L'exemple, en bien comme en
mal, vient toujours d'en haut. Une influence issue des intelligences dévoyées
des plus grands docteurs et prêtres du monde mosaïque, et cela sur plu-
sieurs générations, rendait ce peuple perméable prêt à condamner !'Envoyé
attendu avec tant d'espérance depuis Moïse. Cette évolution fut rendue pos-
sible en raison d' écrïts qui ont acidifié les intelligences devenues rebelles à
la véritable espérance messianique. On peut relever quatre textes présen-
tant des éléments justes mêlés à des erreurs, méthode vicieuse permettant,
comme nous l'avons déjà écrit, de réunir le vrai et le faux pour, finalement,
égarer complètement le maximum de monde : 1) Le Livre d'Hénoch, 2) le
Schemonéh Esréh Berakôt (les dix-huit Bénédictions), 3) les Psaumes de
Salomon, et 4) la Sybille hébraïque. Nous présentons en quelques lignes les
points clefs de chacun d'entre eux.

1) Le Livre d'Hénoch

Cet ouvrage écrit environ deux siècles avant l'arrivée du Messie se


compose de cinq parties dont la deuxième traite du Christ.

a) Éléments justes : Il est évoqué l'arrivée du Messie désigné sous


différents noms (le Fils de l'Homme, l'Élu ou encore le Fils de Dieu). Paré
de grandes et belles qualités, il est même appelé « lumière des nations».

b) Éléments oubliés/tronqués ou faux: Les éléments glorieux de ce


100 ARCHIVES DU MONDIALISME

Messie sont évoqués à l'exception des souffrances et humiliations qu'Il doit


endurer pour permettre la Rédemption.

2) Le Schémonéh Esréh Berakôt (les dix-huit bénédictions)

Composé de dix-huit petites prières exprimant louanges et remer-


ciements. Sa rédaétion est estimée au ye siècle av. J.-C. pour les onze pre-
mières bénédictions. En revanche, les autres sont considérées comme ayant
été rédigées après (pas de date précise).

a) Éléments justes : Un sauveur est appelé devant apporter gloire et


salut

b) Éléments oubliés/tronqués ou faux : C'est un Sauveur qui est,


certes, puissant, mais la case intermédiaire, c'est-à-dire les souffrances du
Messie (la Rédemption) pour la gloire et le salut ne sont pas évoquées. Qui
plus est, c'est la puissance d'Israël qui doit être mise à l'honneur 166 •

3) Les Psaumes de Salomon

Ces psaumes ont été rédigés environ une soixantaine d'années avant
la naissance du Christ et l'expression «Salomon» n'a rien à voir avec le fils
de David (sans autres indications).

a) Éléments justes : Le Messie est mis en valeur avec le rappel de la


promesse que Dieu a faite à David pour sa postérité.

166
I.:abbé Augustin Lémann apporte une information cxtrêmemenc intéressante : « DepuiJ lt christia-
nisme; une 19' bénldiction, qui est plut~t une imprécation, a hi lnslrlt entre la Jl' et la 13"; elle tst tÛJnc
la 1~. Dirigée contre les chrltiens, elle a hl supprimée dans les éditions modernes, mais elle se trouve dans
celle de Cr11covie. le rabbin Samuel le Petit en est l'auttur. En voici lt ttxte : "Qu 'aucune espérance ne soit
pQur les apostats de la religion, tt que tous les hérétiques, quels qu'ils soient, périssent subitement. Que le
royaume de l'orgueil soit déraciné tt brisé au plus t~t durant nos jours. Béni soit, Seigneur notre Dieu, qui
détruit les impies et humilie les superbes!" Le Talmud, traité Beraltôt, fol. 28 verso, fait connaitre contre qui
hait prononcée cette abominable bénédiction : "La blnldiètion contre les mécréants fut composée à Yabna"
glose de l'larchi "longtemps après la composition de l'ordinaire de l'office, vm le temps de /'inconduite du
Nazaréen, qui enseignait une doctrine contraire aux paroles du Dieu vivant. "Saint Jérôme n'ignorait pas
l'abominable binldiction : "Conviés par Je Seigneur à faire pénitence, et ensuite les Apôtres, les juifs jusqu'à
ce jour persiJtent à blasphémer, et, trois fois par jour, dans toutes leurs synagogues, ils anathématisent le
nom chrétien sous le vocable des Nazaréens." (S. jlrôm, Comm. sur !sait, Liv. Il, chap. V. vers. 18, 19). »,
Histoire complttt de l'idlt messianique, op. cit., p. 225, note de bas de page .2.
!!ANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 101

b) Éléments oubliés/tronqués ou faux : C, est un Messie guerrier


et dominateur par la force et la terreur. Là aussi, le Christ souffrant pour
l'humanité entière est évacué.

4) La Sybille hébraïque

Cet ouvrage fait partie d, une série d, oracles et seul le troisième livre
et, plus exactement, les vers 97-828 portent ce titre de « Sybille hébraïque»
composée vers 150 av. J.-C. par un Juif d'Alexandrie (le nom n'est pas
donné).

a) Éléments justes : Les empires se succèdent, le Messie arrive et les


païens se convertissent.

b) Éléments oubliés/tronqués ou faux : Malgré des références aux


prophètes {Isaïe, Ézéchiel, Daniel, Zacharie, ... ) , l'auteur (le nom n, est pas
donné) n, évoque pas une seule fois les souffrances du Christ et sa mort,
En revanche, c, est un Messie guerrier qui commande des armées et livre
batailles.

C, est donc tous ces textes 167 qui vont imprégner les élites juives plu-
sieurs générations avant l'arrivée du Christ. D'une certaine manière, les
espérances matérielles ont pris le pas sur les espérances spirituelles. On
comprend à la lecture des différents résumés que l'état d'esprit qui animait
les pharisiens et les sadducéens adeptes, pour ces derniers, d'un épicurisme
.hérité de l'hellénisme, était aux antipodes de celui qui se présentait comme
le Messie. Et l'abbé Augustin Lémann de préciser :

« L'examen
de la littérature juive antérieure à l'ère chrétienne ne présente
donc aucun vestige d'un Christ rédemptçur par la souffrance. L'idée qui ressort
est celle d'un prince, le prince spécial du peuple juif, qui viendra établir sur la
terre un royaume idéal où Dieu sera servi comme il le désire. Quelquefois, il
apparaît comme le vengeur des droits de Dieu et l'exterminateur des impies ;
c'est un Messie guerrier qui porte l'épée- et qui brise les nationsi ou bien qui
détr11,it ses ennemis d'un · mot de sa bouçhe. D'autres fois, /Jieu lui-même se
charge de venger sa propre cause ... Les Juifs à çette époque, n'ont pas rêvé rlun
Messie e~piateur et soujfrant• 68 • »

167 Ces informations som extraites du livre Histoirt ,omplète dt /'idée T11tssi11niq"t, ap. rit., pp. 222-230.
168
Ibid., p. 230.
102 ARCHIVES DU MONDIALISME

Avec un tel arrière-fond, les choses ne pouvaient que mal se terminer


pour le Messie. Cette classe dirigeante rabbinique à l'esprit formé, mais
dévié par ces écrits corrupteurs, recherchant l'opulence et la jouissance
d'une situation sociale propre à toute élite oublieuse de ses devoirs, ne
pouvait pas admettre une autre voie que celle qui forgeait leurs esprits égo-
ïstes. Des signes avant-coureurs étaient visibles comme nous l'avons écrit
au sujet d'Hérode recevant les rois mages venus adorer !'Enfant-Roi né à
Bethléem. Les élites rabbiniques savaient, en raison de leur formation reli-
gieuse, que le Messie devait naître dans cette bourgade ... d'où l'émoi parmi
elles. Ceci explique la réaction d'Hérode qui fit massacrer les nouveaux-nés
et les très jeunes enfants de Bethléem et des alentours (Saint Matthieu,
II, 16-18, Bible Crampon) afin d'éliminer tout risque de développement
messianique. Ce comportement est lé reflet d'une connaissance et d'une
formation intellectuelle bien réelle, mais tordue, qui prouve malgré tout
que ces élites étaient bien au courant que « quelque chose» allait se passer.
Le même phénomène peut être souligné da·ns le cas de Saint Jean-Baptiste.
Son ascétisme, son élévation spirituelle et son apostolat auprès d'une foule
admirative étaient si développés si rayonnants que le Sanhédrin envoya une
délégation afin de lui demander s'il était le Messie. Même si la réponse fut
négative, le fair que la plus haute magistrature religieuse du monde hébreu,
à cette époque 1 ait envoyé des représentants auprès de Saint Jean-Baptiste
prouve, là aussi, qu'elle savait que 1) le Messie, Fils de Dieu, était une réalité
qui devait se produire comme l'annonçaient de nombreux textes bibliques
et que 2) la période en question correspondait à ce qui avait été annoncé en
particulier avec le prophète Daniel. D'une certaine manière, tout le monde
était sur ses gardes : les uns dans l'espérance pour les quelques Juifs restés
fidèles aux annonces bibliques, les autres prêts à cogner dur pour éteindre
cette «mèche» messianique remettant en cause leurs convictions erronées
et leur statut social. Toute la vie publique du Christ est une lutte en raison
de 1' opposition farouche du Sanhédrin à sa mission. La notion du Messie
Fils de Dieu est un concept parfaitement admis par ces élites rabbiniques
qui ne remettront jamais en cause cette donne. Elles ne font que reprocher
au Christ des' adjuger cet honneur. Le passage concernant la question posée
par le Christ aux pharisiens au sujet du Messie, fils et seigneur de David
(voir psaume CIX) est révélatrice :

« Les pharisiens étant assemblés, jésus leur fit cette question : "Que
vous semble du Christ? De qui est-il fils?" Ils lui répondirent: "De David".
Comment donc, leur dit-il, David inspiré d'un haut tappelle-t-il Seigneur, en
disant : "Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu'à
ce que je fasse de tes ennemis l'escabeau de tes pieds? Si donc David l'appelle
!!ANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 103

Seigneur, Comment est-il son fils?" Nul ne pouvait rien lui répondre, et, depuis
ce jour, personne n'osa plus l'interroger169 • »

Dans ces propos du Christ en lien avec le psaume CIX, les phari-
siens n'arrivent pas à comprendre que le Messie est, à la fois, Fils de Dieu,
le supérieur de David, son Seigneur, tout en étant son descendant direct
biologiquement parlant via sa mère, la Vierge, l 'Almah. Il a, si l'on peut se
permettre cette remarque familière, les « deux casquettes». En des termes
plus huilés et plus fins, l'abbé Augustin Lémann résume la chose par cette
belle formule :

C'est là le mystère des deux natures du Christ dans l'unité de sa Per-


<<

sonne divine : fils de David par sa génération temporelle, le Seigneur de


David par sa génération éternelle 170 (ndla: souligné par nous).»

Compte tenu que le «dialogue» entre le Christ et les élites rabbi-


niqu.es était sans issue, Il fut arrêté par les gardes du Sanhédrin au jardin
de Gethsémani. Et là aussi, nous retrouvons dans le comportement des
dirigeants suprêmes des propos révélateurs de leur formation intellectuelle.
Ces derniers ne critiquent jamais le Christ au sujet de l'existence du Fils
de Dieu ou Messie. Ils l'admettent sans ambages. S,adressant au Christ,
la question du Grand Prêtre indique sa connaissance du sujet et non son
rejet:

<< ''Si tu es le Christ, dis-le-nous ( ... ). Tu es donc le Fils de Dieu?"» JI


Leur répondit : "Vous le dites, je le suis 17 1• "»

Cette déclaration signa Parrêt de mort du Christ qui n'était pas obli-
gé de suivre cette voie douloureuse pour permettre la rédemption du genre
humain. Un mot, un souffle de sa part suffisaient pour éteindre le feu
aJlumé au jardin d Éden. Et pourtant, il le fit sur ordre de son Père. Il se
sacrifia. Comme le rapporte Dom de Monléon :

« Le péché de la nation juive, ce n'est pas d'avoir mis le Christ à mort,


puisque cette mort était prévue et voulue par Dieu, c'est de l'avoir exécuté avec
des sentiments de haine, en refusant solennellement de le reconnaître pour le
Fils de Dieu, en l'accablant d'outrages et de coups, et en proclamant à grands
cris qu'elle ne voulait pas d'autre roi que César1 72 !»
169 Saint Matthieu, XXII, 41-46 (Bible Crampon).
170 Histoire complète de l'idlt messianique, op. cit., p. 328.
171 Saint Luc, XXII, 66, 70 (Bible Crampon).

m Histoire Sainte, Josué et les Juges, op. cit., pp. 161-162.


104 ARClllVES DU MONDIALISME

La mort sur le Golgotha fut la touche finale, rendant possible la Ré-


demption du genre humain devant des membres du Sanhédrin moqueurs
et plus ou moins inconscients 173 , inaugurée à l'origine par cette fameuse
formule au jardin d'Éden ravagé par l'influence du serpent :

« Et je
mettrai une inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa
postérité; celle-ci te meurtrira à la tête, et tu la meurtriras au talon 174 • »

La boucle est désormais bouclée avec le sacrifice du Christ accom-


plissant et parachevant ce qui avait été annoncé dans le cours de l'An-
cien Testament, ce dernier étant l'indispensable marche-pied permettant
la réussite du projet messianique donnant forme au Nouveau Testament.
Le culte mosaïque était définitivement clos. Cependant, cette Rédemption
ne conquit pas tous les cœurs et de nombreux Juifs restèrent obstinément
opposés à cette reconnaissance et délivrance messianique en calcifiant leur
idéal religieux. Au même titre que des textes avaient corrompu ltesprit
des élites juives avant l'arrivée du Messie, la même chose continua dans la
conservation et même dans l'amplification de l' ei:reur. On peut relever au
cours du premier siècle apr. J... c. quatre documents renforçant le phéno-
mène et, à cela, il faut ajourer t>influence de deux personnages. Ces textes 175
sont d'autant plu~ intéressants à connaître que l'on reconnaît des germes
anti-christiques appelés à se développer dès le premier siècle de r ère chré-
tienne et encore plus violemment par la suite : 1) Les Targums, 2) Le Livre
des Jubilés, 3) Le IVe: Livre d'Esdras et 4) L2Apocalypse de Baruch. Enfin,
complétons avec l'influence de rhistorien Josèphe et de Philon le Juif.

113 L Livre d~ la Sage e rédigé encre 100 eJ 50 av. J.-C., appelé aussi Sagesse de Salomon, exprime à
l'avance les souffran c du Christ et les moqueries de ceux (le Sanhédrin) l'ayant condamné ; " (. ., )
Qut notre foret soit 111 Joi de la justice ; (t qui tstfaib/1 est jugé bon à rim. Traq"ons 1/anc le juste. puisq,l i/
nous incommode, qu 'il est ço.ntrafre à n.otrt manitrt d'agir, qu'il ,ious rtproche t/1 violer la lt,i, tl nous accuse
dt démentir noire lducati(m. Il prltend possldtr la ,onnaissanct dt Dit1', et se nomme Fils du Seignt>Ur. 1/
,st pour nous la condamnati<m dt n()s pnisüs, sa vue seule nous est insupportabk ,· car sa vit nt res1emhlt
pas à ce/Je de-s autres, et s.es voi(s sont 1-tranges. Dans s11 pensé,~ nous som,nts d'impures scories, il lviu notrt
manière dt t1i1Jrt çomme un, ioui/lure; il prorlam, heureux lt sort des justes.A,, se vante J'11,voir D,èu pour
Père. ¼yons donc se ce qu'il dit est vrai, et tXami11ans ce q"'il lui a"ivwz au sortir~ cette vie. Car si lt-
justt est Fils dt Dieu, Di, u prendra 1.a "'fenst, et le délivrera dt la main de ses adversaires. Soume,tons-./e
aux. outrages et aux tQ.urments. afin dt co11naltr1 sa résignation. ,, de jug,r s11, p4titnce, Con"4mnons-le à unç
mQrt hontt1J-1e. c(lr, selon q,,t'i/ l.t dit, Di111 aur4 soUt:·i de lui. Telles sont lrurs pms/11, mais ih st tromptnt;
leur malice les a 4vt1Jglls. , (Livre de la Sagcqc, Ile 10-21, Bible: Crampon). Ajoutoll.l que cc Livre de
la Sage$se ou Sag~sse de Salomon n'est pas rcconn~ par le protestantisme ~t le judaïsme talmudiqp.e.
174 Gen. , lll, 15 (Bible Crampon).
17s Informations en.r~hes du livre Histoire G<Jmplitt de /"id.le messianique, op, c-it., pp .. 230-244.
:CANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 105

1) Les Targums

Ce sont des écrits ou paraphrases de la Bible hébraïque en langue vul-


gaire ou en araméen datant du 1cr siècle apr. J .-C. Ces textes se subdivisent
en deux parties : c~lui d'Onkelos sur le Pentateuque et celui de Jonathan
ben Uzziel sur les prophètes.

a) Éléments justes : les écrits des prophètes sont reconnus avec la


reconnaissance de ce Messie souffrant (homme des douleurs, ... ) .

b) Éléments oubliés/tronqués ou.faux : Si les caractéristiques du


Messie annoncées par les prophètes des temps bibliques sont acceptées,
la personne historique du Christ souffrant n'est pas reconnue en tant que
telle. Fait essentiel appelé à se développer plus tard avec la mystique juive
(Isaac Louria et consorts), il est même écrit qu' « Il s'agit du peuple juif lui-
même destiné à souffrir pour l'humanité. »

2) Le Livre des Jubilés

Ce document, écrï't en hébreu et en araméen, est daté autour de


40 apr. J.-C. Il est appelé aussi la «petite Genèse» ~L'auteur est un Juif de
Palestine dont le nom n'est pas donné. Il n'y a pas un élément positif dans
ce texte pouvant être relevé.

a) Éléments oublié,/tronqués ou faux : Le Messie n'est même pas


évoqué. Comme dans le cas précédent, ç' est le peuple juif qui est la pierre
angulair~ du système avec un cran supérieur. Il n'est pas le porteur des
péchés du moµde. En revançhe, après des souffrances dues aux fautes du
passé suivies de la dispersion de son peuple, Israël obtiend14 un bonheur
temporel et une félicité complète, l'ensemble étant teinté de milléna--
risme.

3) Le IV' Livre d'E,dras

Rédigé autour de 100 apr. J,-C., cet ouvrage apocryphe relate des
visions q u' auraient eues Esdras,
106 ARCHIVES DU MONDIALISME

a) Élément juste : Ces écrits évoquent l'existence du Messie.

b) Éléments oubliés/tronqués ou faux: Là aussi une forme de mil-


lénarisme se fait jour. Un homme surgit au milieu d'une guerre généra-
lisée opposant tous contre tous. Sa présence retourne la situation car les
hommes décident de se liguer complètement contre lui. Cependant, ce
Messie détruit toutes les oppositions permettant l'établissement d'un règne
de 400 ans. Mais ce Messie meurt ainsi que tous les hommes conduisant à
un silence complet durant sept jours suivi d'une résurrection générale. Le
Très-Haut apparaît dans sa splendeur afin d'établir un jugement complet et
définitif. Outre ces faits, il n'y a pas l'ombre d'un Messie souffrant et expia-
teur.

4) L'Apocalypse de Baruch

C'est un ouvrage paru à la fin du 1cr siècle de l'ère chrétienne. Sa


composition s'inspire du Jyc Livre d'Esdras. Le nom de l'auteur n'est pas
indiqué.

a) Élément juste: Le Messie est évoqué.

b) Éléments oubliés/tronqués ou faux : Malgré les vicissitudes du


moment, le Messie triomphant et guerrier apportera au peuple juif la plé-
nitude sur les Gentils (les non-juifs ou Goyim) 176 •

Après avoir cité ces quatre documents renforçant l'état d'esprit des
Juifs dans leur refus de reconnaître le Christ comme Messie, nous devons
évoquer l'influence de deux personnages contribuant à la perpétuation de
ces idées : a) l'historien Flavius Josèphe (né vers 38 et mort vers 100 apr.
J .-C.) et b) Philon le Juif (né vers 20 av. J .-C. et mort vers 45 apr. J .-C.).

176 La réforme lourianique, que nous avons traitée dans l'Atlas du mondialisme, reprend ces idées an-

ciennes avec une forme de remodelage. Indirectement, l'évolution du judaïsme talmudique au cours des
2 000 ans, avec l'émergence de différents« Messies», montre que cout était déjà en germe avant l'arrivée
du Christ avec les quatre documents cités, et renforcé par la suite par d'autres textes et penseurs dès
le premier siècle de l'ère chrétienne. Pour mesurer cet impact, citons Gershom Scholem au sujet de la
refonte du judaïsme au XVIe siècle : « C'est le juifqui a entre m mains la clé du tiqoun («réparation») du
monde, à savoir la séparation progressive du bien et du mal par le moyen de l'accomplissement des comman-
dements de la Torah. ( ... ) Cette rédemption nationale d'Israël symbolise ici une réalité plus intérieure. Elle
figure la rédemption du monde. » in Gershom Scholem, Sabbatai Tsevi, Éditions Verdier, 1983, p. 57 et,
du même auteur, Le messianisme juif, Calmann-Lévy, 1974, p. 101.
!!ANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 107

a) Flavius Josèphe né à Jérusalem, Juif devenu citoyen romain, est


l'auteur de deux ouvrages : La guerre des juifs et les Antiquités judaïques.
Bénéficiant de la protection de l'autorité impériale, en particulier Vespa-
sien (né en 9 et mort en 79 apr. J .-C.), il est un courtisan lettré assuré
d'une pension à vie. Dans le premier ouvrage relatant les révoltes juives
de 66 et de 70 apr. J .-C. tout en adulant l'empereur, il révèle que les Juifs,
méprisants à l'égard des autres peuples, étaient fidèles à l'idée d'un Mes-
sie guerrier. En revanche, dans le deuxième ouvrage, il cible, entre autres,
ses remarques sur Jésus, homme sage, faisant des choses extraordinaires et
enseignant. Malgré ces qualités, il fut condamné au supplice de la croix.
Cependant, il n'évoque pas le Christ souffrant clôturant les annonces mes-
sianiques faites par l'Ancien Testament.

b) Philon le Juif est un philosophe hellénisé, tournure d'esprit qui l'a


conduit à vouloir établir une adéquation entre la foi juive et la philosophie
grecque. L'élément essentiel caractérisant son œuvre s'appelle l' allégorisme,
méthode consistant à tout mettre au niveau de l'abstrait ou d'une idée
morale. Certes, cette méthode est utilisée dans l'Ancien Testament à une
certaine dose et comme un outil explicatif, mais non comme la quintes-
sence absolue. Chez cet auteur, les grands personnages bibliques (Abel,
Isaac, Jacob, Moïse, David, Daniel, ... ) préparant la voie au Messie sont
transcrits à la «sauce» philosophique grecque. C'est-à-dire qu'il natura-
lise. Par exemple, l'arche de Noé n'est pas une réalité, mais une image
du monde. L'idée d'un Messie souffrant et rédempteur est, évidemment,
contournée. Et l'abbé Augustin Lémann de rapporter les propos fort judi-
cieux de Charles Lenormant, auteur de De la divinité du christianisme résu-
mant fort bien l'état d'esprit de Philon le Juif que l'on peut désigner par un
seul mot : la gnose 177 •

« L'orgueil philosophique l'ayant gagné, c'est par ses propres forces qu'il
espère arriver à tintuition divine. De là, cette greffe contre nature de la philo-
sophie de Platon sur le mosaïsme. Le système entier des allégories de Philon n'est
autre chose que l'annihilation des faits de direction et de promesse de l'Ancien
Testament, par leur transformation en un symbole de la pure conception phi-
losophique178. »

C'est donc tout ce corpus de textes et de penseurs qui vont figer l'es-

m Voir le livre d'Alain Pascal riche en informations (et les autres), La pré-Kabbale, les ésotérismes contre
la tradition chrétienne, Édicions les Cimes, 2016.
11s Histoire complète de /'idée messianique, op. cit., p. 242. A Alexandrie où vivait une forte communauté
juive hellénisée, la formule associant l'union de pensée entre Platon et Philon était: « Ou Platon philo-
nise ou Philon platonise. » in ibid., p. 243.
iOS ARCHIVES DU MONDIALISME

prit juif dans une attitude violemment rebelle au christianisme 179 condui-
sant celui-ci à donner naissance à des « Écoles de pensées» (Cérinthiens,
Ébionites ou encore Nestoriens) à ne voir dans le Fils de Dieu proclamé par
la toute jeune Église catholique pour les uns une simple formule d' adop-
tion, pour d'autres une sainteté plus grande ou encore une union morale
supérieure, mais transitoire avec Dieu. Dans cette ébullition des idées, de
controverses spirituelles et philosophiques multiples, mais aussi de haine
and-christique dans les premiers siècles suivant l'affirmation de la Sainte
Trinité, l'islam était déjà en préparation. Dès le premier siècle, il s'ensuivit
l'apparition d'une multitude de faux Messies fruits des télescopages d'élu-
cubrations d'esprits égarés, situation appelée à perdurer ... jusqu'à la fl'n des
temps. La foule juive, qui n'avait pas voulu du Christ et avait opté pour
Barabbas, eut toujours le chic pour continuer la tradition consistant à se
jeter sur un « chef de bande». Nous présentons la liste nombreuse de ces
faux Messies au nombre de 25 selon l'abbé Augustin Lémann. En repro-
duisant fidèlement la liste, nous précisons d'abord que certains ne sont pas
nommés, mais seulement désignés par l'expression «autre». Ensuite, nous
serons amenés à citer deux autres faux Messies qui ne sont pas rapportés
sous la plume de l'auteur. Nous tenterons d'apporter quelques explications

179 Cet esprit de rébellion du monde rabbinique contre le Christ s'illustre clairement par le comporte-
ment suivant comme le rapporte l';mcien rabbin, David-Paul Drach (1791-1865), converci au catho-
licisme (même si, concernant son engagement en faveur de la Kabbale chrétienne, nous devons rester
rétif) et dont nous apporterons quelques renseignemeois supplémentaires concernant le personnage :
« Nous qui, par état, avons longtemps muigné le Talmud et expliqué sa doctrine, après m avoir suivi un
cours spécial, pendant de longues années, sous les docteurs israélites lts plus renommés de ct sièck; nous qui
avons, par la grâce d'en haut, abjuré les faux dogmes qu'il pricht, nous tn parltrons avec connaissance dt
cause et avec impartialité. Si, d'une pari, nous lui avons consacré nos plus belles annlrs, d'autre part, il ne
nous est plus rim. Nous dirons et qui le recommande, et qui lt condamne .. . [Or, dans la Ghcmara] (ndla:
commentaire du texte à partir de la Mischna), il y a au moins cmt passages qui attaqumt la mémoire de
notre adorable Sauvtur, la puretl plus qu'angéliqut de sa divine mèrt, l'immacullt Rtine du Ciel. ainsi que
le caractère moral des chrétiens, que le Talmud reprlsmtt comme adonnés aux crimes les plus abominabks.
On y trouve des passages qui déclarent que les préceptes de justice, d'équité, dt charité envers le prochain, non
seulement ne sont pas applicables à l'égard du chrétien, mais font un crimt à celui qui agirait autrement. "Le
1
Talmud dlftnd expressément dt sauver de la mort un non-juif, de lui rendre les effets perdus, etc., d tn avoir
pitié; Traité Ab<Jda-Zara, fol. 13, verso, fol. 20, recto; traitl Baba-Kamma, fol. 29, verso. Les rabbins disent
encore : Puisque la vie de l'idolâtre est à la discrétion du juif, à plus forte raison son bim" (ndla : ajout de
la note a). Dans la Mischna, on rmcontrt à ptint quatre ou cinq de ces passages impies, haineux atrocement
intolérants; encore y gprdt+on 14ne certaine mesure dans les IX/'rmions. ¼ici la cause de cette réserve :
dans l'édition du Talmud que Frobm, imprimeur de Bâle, exlcuta en 1581, les censeurs Marcus Marinus~
!talus Brixiensis, Petrus Cava//trius supprimèrent les principaux passages que nous vmons de signaler, ainsi
que le traité tntitr Abodll-Zar4 (De l'idolâtrie). On sait que les rabbins considèrent les chrétiens comme des
idolâtres (ndla : comme l'islam) parce qu'ils rmdent un culte de latrie (ndla : adoration) à ]/sus-Christ
et dt dulie (ndla : culte r~ervé ilUX J~inu) à la Sainte Vierge et autres saints. Mais quel9ue temps après,
les Juifs rétablirent, dans unt ldilion qu'ils publièrent 4 Cracovie, toutes les suppressions op/rées 4 B41,.
T,,uttfois, ces passages rlintégrls ayant soulevé l'indignation des hlbraisants chrltiens, le synotk juif, réuni m
Pologne en 1631 ,n pr'!crivit k retrançh,menl dans les éditiqns qui d~aient se faire subslquemment, p11r-
1

.fOn encyclique h/ôr4ïque dont nouJ transcrirons le passage suiv(lnt : ... "C'est pourquoi nous vous enjqignons,
sou, peine d'excommuniC1'1ion m(lj,ure, de ~t rien imprimfl' dtzns ks lditions à veni,, soit de la Mischna, soit
de la Ghemara, 1ui ait rapport, en bien ou ,n maJ, aux actes de Jésus le Nazar/en ... No,u ,oiu ,-joiptnU
CANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 109

. :
a' ce SUJet

« 1) Theudas, en Palestine, l'an 45, 2) Simon le Magicien, en Pales-


tine, de l'an 34 à l'an 3 7, 3) Ménandre, même époque, 4) Dositée, en Pales-
tine, de l'an 50 à l'an 60, 5) Bar-Kokhebas, en Palestine, l'an 138, 6) Moïse,
dans l'île de Crète, l'an 434, 7) julien, en Palestine, l'an 530, 8) Un Syrien,
sous le règne de Léon l1saurien, l'an 721, 9) Sérénus, en Espagne, l'an 724,
10) un autre en France, l'an 1137, 11) Un autre en Perse, l'année suivante,
12) Un autre à Cordoue, l'an 1157, 13) Un autre, dix ans plus tard à Fez, l'an
1167, 14) Vers la même époque, un autre, en Arabie, 1167, 15) Peu après, un
autre, vers /'Euphrate, 16) Un autre en Perse, l'an 1174, 17) David-A/musser,
en Moravie, l'an 1176, 18) Un autre durant la vie du R. Sal. Adrath, l'an
1280, 20) Ismaël-Sophi en Mésopotamie, l'an 1497, 21) Le rabbin Lem/en,
en Autriche, l'an 1500, 22) Un autre en Espagne, l'an 1534, 23) Un autre
dans les Indes orientales, l'an 1615, 24) Un autre en Hollande, l'an 1624,
25) Zabathaï Tzévi, en Turquie, l'an 1660 80 • »

Il faut constater que l'auteur, en 1909, était particulièrement bien

m con1lquence IÛ lai11er en blanc, uns ce1 lditions, les endroits qui ont tr11it à Jln,s k N1U11rlm,
et de mettre à '4 p'4ce un cercle comme celui-ci O (ndla : souligné par nous), qui avertira lts rabbins
tt lts maitres d'lcolt d'enstlgntr à la jtuntsst cts endroits dt vivt voix seulement. Au moyen dt ctttt précau-
tion, les savants d'entre les Nazarltns (chrltiens) n'auront plus dt prlttxtt de nous attaquer à ce sujet."» in
David-Paul Drach, Dt l'harmonie entre l'.iglist tt la Synagogue, Paul Mellier Libraire-Éditeur, tome 1,
p. 122 et pp. 166, 167 et 168. Une thèse a été faite au sujet de ce dernier par Paul Catrice, Un exemple
dts relations judlo-chrttiennts en France dans la prtmitrt moitié du XIX' siècle, Paul Drach, ancien rabbin
et orientaliste chrltitn, (1791-1865), deux romes, thèse présentée pour le doctorat de théologie devant la
Faculté de théologie de Lille sous le patronage de Monsieur le Chanoine Henri Renard, ancien Doyen
de la Faculté, 1978. Nous avons déjà signalé l'érudition des abbés Lémann connaissant et citant les
travaux de l'ex-rabbin Drach. Or ce dernier s'est violemment opposé à Adolphe Franck-Bernard (ndla:
cf. note 192) à la suite de la parution de son étude en 1843. Paul Catrice écrit que« Paul Drach ltn
prend vigourtustmtnt aux tendances hégéliennes et panthéistiquts dt Franclt. » in ibid., p. 782. Étonnant
que les abbés Lémann n'aient pas relevé cet élément. Par ailleurs, Paul Drach évoque l'existence d'une
bonne kabbale (authentique et antique) transmise oralement du temps de l'ancienne synagogue et une
fausse kabbale faite de magie et de superstitions ridicules diffusée par la « synagogue infidèle» (Paul
Cacrice à partir de la page 776). L'ex-rabbin Drach exalte l'existence d'une bonne kabbale chrétienne
qui aurait permis à des Juifs de se convertir au christianisme comme le rapporte Paul Cacrice : le domi-
nicain Sixte de Sienne, Paul Ricci, professeur de philosophie à Pavie, le Français Paul Carret et Samuel
Ben Nahmias. Il cite aussi Pic de la Mirandole, Jean Reuchlin et Knorr de Rosenroth « trois chrltitns
qui ont pénltrl lt plus en avant dans les mystdritusts profondeurs de la cabale judaïque» selon l'ex-rabbin
Drach (p. 778). L'existence d'une« bonne kabbale chrétienne» doit être rejetée car elle est l'outil habile
permettant de détruire la Sainte Trinité, caractéristique que nous n'avons pas précisée concernant l'ex-
rabbin Drach dans la 1rt édition de l'Atlas du mondialisme, mais ajoutée dans les éditions suivantes. Cf.
notes 190 à 195. Rappelons qu'à la parution du livre de Pic de la Mirandole, Neuf cents conclusions, en
1486, il affirmait 1 entre autres que « Nulle science nt nous apportt davantage dt certitude au sujtt dt la
divinité du Christ que la magit et la cabale». Ce livre fut condamné par l'Église car mettant la magie et
la cabale au-dessus du témoignage des Évangiles, in Chaim Wirszubski, Pic dt la Mirandole tt la Cabale,
suivi de Gershom Scholem, Considérations rur l'histoire dts dlbuts dt la cabale chrétienne, Éditions de
l'Éclat, 2007, pp. 189-190.
• 80 Histoire complète dt /'idlt mtssianiqut, op. cit., pp. 385-386, note de bas de page 2.
110 ARClllVES DU MONDIALISME

renseigné et conscient de l'impact de tous ces faux Messies issus de bagarres


philosophico/ spirituelles et de mysticisme fleurant bon l' Oboth et l' lido-
nime181 entre différents clans juifs se nourrissant et, parfois, alimentant, il
ne faut pas l'oublier, des troubles politiques 182 par la suite dan~ de nombreux
pays comme, par exemple, avec Sabbataï Tsevi et ses fidèles dans le monde
ottoman. Ces connaissances sont d'autant plus importantes que l'abbé Au-
gustin Lémann en vient même à donner dans une note de bas de page, en
plus de la liste ci-dessus, le nom de la ville où fut enterré Sabbata{ Tsevi :
Dulcigno au sud-ouest de l'actuel Monténégro. Une telle érudition n'est
pas donnée à tout le monde. Cette connaissance subtile de ces mouvements
d'essence révolutionnaire qui ont tant impacté la vie des Goyim largement
inconscients de l'origine profonde des troubles politiques 183 nous oblige,
cependant, à nous interroger sur une lacune proprement sidérante. Les
frères Augustin et Joseph Lémann, juifs issus d'une famille aisée ashkénaze
de Lyon, convertis et devenus prêtres ont apporté des informations prou- .
vées et sourcées absolument extraordinaires. Ces intelligences hors normes,
d'une immense culture et polyglottes avaient des contacts multiples en

181
Cf. notes 137 et 147.
182
Concernant les mouvements messianiques : « La croyance grandissante selon laquelle le salut divin se-
rait prlcédl de hev/1 Machiah ("les douleurs de /'enfantement'ï venait nourrir l'idle que celles-ci pourraient
tt-re synonymes de désordres politiques. «Quand vous voyez de grands empires en guerre entre eux, disaient
les rabbins, attendez-vous à l'avènement du Messie» (GnR 42,7). De même, et parce que l'on croyait que le
Sauveur viendrait "quand /es hommes dlmplreront de /a Rédemption" (Sanh 97a), les explosions de violence
antijuive ont invariablement donné naissance à de nouveaux mouvements messianiques. » in Dictionnaire
encyc/opldique du judaïsme, op. cit., p. 701. Des noms rapportés par ce Dictionnaire et non cités par
l'abbé Augustin Lémann sont: Abou Isa al-Isfahani et Youdghan en Perse au VIIIe siècle; David Alroy
au Kurdistan vers 1146 dont les partisans fidèles sont appelés « menahémites »; Abraham Aboulafia au
XIIIe siècle faisant appel à des procédés mystiques et David Réouvéni qui, en 1524, donna aux Juifs des
espérances messianiques au sujet de Jérusalem qui devait être arrachée aux musulmans in ibid., p. 702.
183 « À cause des enseignements messianiques du Zohar, des événements tels que les conversions forcies en

Espagne (1391), /a prise de Constantinople par /es Turcs (1453) et l'expulsion des Juifs d'Espagne (1492)
furent considérés à leur tour comme /es signes annonciateurs de l'arrivée imminente du Messie. » in ibid., Le
Zohar (ou Livre de la splendeur), ouvrage majeur de la mystique juive (la • Bible » kabbalistique si l,on
peut dire) officiellement attribué à Moïse de Léon au XlUC siècle, donne un caractère psychologique
particulier à ceux qui s'en imprègnent sans oublier les répercussions spirituelles et politiques. Pour
résumer ce livre essentiel : « La symbolique du Zohar s'organise autour de cinq mythes centraux: le processus
cosmogonique et l'élaboration initiale des dix imanations (seflrot) de la divinitl éternelle (En SofJ; une
description détail/le de la relation dynamique, dans le domaine des émanations divines, entre les éléments
de la sefirah Oin ('Justice 'ï et de Hèsed ("Charité", "Miséricorde 'ï; la symbolique sexuelle dans la relation
entre les éllments masculin et féminin au sein du monde divin; /a lutte entre le montk du mal, à gauche, le
Sitra ahra {«l'Autre Côté», la gauche) qui représente le domaine du pouvoir satanique; enfin, la description
apocalyptique de la Rldemption, le rôle du Messie et celui de rabbi Simlon et de son groupe à l'intérieur de
et processus, » in ibid., p. 1106. Concernant rabbi Siméon ayant vécu au ne siècle apr. J .-C., ce diction-
naire précise : « Les rlcits traditionnels de sa vie clandestine et des miracles qu'il accomplit durant ces treize
années de vie en retrait du monde ont contribul à en faire le père de l'lsotlrisme mystique juif et l'auteur du
Zohar (nd/a: thèse rejette par de nombreux spécialistes). La tradition juive a maintenu à travers les siècles
sa renommée jamais entamée de saint homme et de ''mage" miraculeux.» in ibid., p. 950.
~ANCIEN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 111

France et à l'étranger leur permettant d'acquérir des informations et des


documents de première main. Nous pourrons encore le constater dans le
chapitre III. Nous avons indiqué que dans la liste de ces faux messies, il en
manquait au moins deux. En effet, le successeur messianique de Sabbataï
Tsevi fut Baruchya Russo qui, vers 1700, fut le chef de l'aile radicale des
sabbatéens dans l'Europe balkanique, plus précisément à Sa1onique 184 • Ce
nom n'est pas cité par ces auteurs dans leurs ouvrages. Un tel oubli est éton-
nant. Mais il y a mieux si l'on peut dire. En effet, l'autre figure marquante
de ces faux Messies s'appelle Jacob Frank 185• Les abbés Lémann ne l'ont ja-
mais cité, comme ils ne parlent jamais de la Haska/a (« les Lumières juives»)
apparue au XVIIIe siècle 186 , principe permettant de conserver l'esprit juif
dans la sphère du privé tandis que la partie publique est laïcisée, désinfec-
tée si l'on peut dire, avec le rejet du catholicisme au bénéfice de la syna-
gogue nouvelle, libre de favoriser une religion humanitaire d'inspiration
noachide, les droits de l'homme, parmi les Goyim. Cet oubli est d'autant
plus étonnant que des informations de première main existaient. Le livre
de l'avocat juif polonais, Alexandre Kraushar est absolument essentiel car
l'auteur s'est appuyé sur des archives inestimables traitant du frankisme
pour la plupart détruites par la destruction des bibliothèques de Varsovie
en 1939. Ce livre en deux tomes est paru ... en 1895. Les frères Lémann ne
le citent pas. C'est le même cas avec la thèse de Samuel Karppe publiée en
1901 187 expliquant l'influence du Zohar, œuvre majeure de la Kabbale, sur
le catholicisme (en particulier un point clef consistant à déformer et à
18
◄ Le mmianismt juif, op. cit. , p. 135.
185
Nous avons présenté la pensée frankiste dans notre livre « Atlas du mondialisme » en nous référant,
entre autres, à l'ouvrage polonais fondamental en deux tomes du spécialiste Alexandre Kraushar (avo-
cat juif polonais, 1843-1931). Une traduction française du livre de Kraushar aux Éditions Hadès est
disponible depuis 2017 . L'Annexe 1, «Jacob Frank et les frankistes, lettres bébraïco-zobariques »,
que nous présentons est un élément clef pour comprendre l'idéologle frankiste. Comme le rapporte le
Dictionnaire mcyclopldique du judafrmt : « Tout tn n'étant pas un érudit, Jacob Frank (1726-J 791), lt
chtf du mouvemtnl, était un ptrsonnagt ambitieux et charismatique. JI fat inf/umd par lts doctrines dt
Sabbataï Tsevi, tout d'abord dans sa Podolie natale, puis en Turquie, où il entra en relation avec les dunmth
(ndla : «apostat»), autre secte sabbatlenne. C'est alors qu'il commença à st présenter comme la réincarna-
tion du faux messit du XVII' siècle, Sabbataï Tstvi, dont il déclarait vouloir parachtvtr la mission. Il élabora
une théologie kabbalistique qui était un amalgame dt croyances juives tt chrétiennes. La théologie dt Frank
restait toutefois moins élaborle que cellt dt Sabbataï Tsevi. Selon son système, assez voisin dt la théorie dt la
Trinité chrétimnt, la tiaturt divine comportait trois incarnations séparées, lt "Prtmitr': Sabbaiaï Tstvi, le
"Saint Seigneur", qui n'ltait autre que Jacob Frank lui-mimt, tt enfin la "Damt •: un Messit ftminin, ou,
comme /'appelait encore Frank, la "Vitrgt •: c'm-à-dirt une combinaison dt la Chtkhinah (nd/a : présence
dt Dieu dans lt mondt) tt dt la Vierge Marit. ~ in ibid., p. 380.
186
À la note 153, nous présentons une citation de l'abbé Augustin Lémano qui parle de l' influence du
Talmud sur le monde juif(« parqué» selon son expression) du VC au XVIIIe siècle ... oui, mais après?
Entre son livre paru en 1909 et le XVIII~ siècle, qu'est devenu ce judaïsme? Dans quelle direction s'est-
il engagé? Pas d'information de sa part.
187 Samuel Karppe, Etudt sur les origines et /a nature du Zohar, précldie d'une ltudt sur /'histoire de la

Kabbale, thèse présentée pour le doctorat à la Faculté des lettres de l'université de Paris, publiée en
1901. Cette thèse porte en épigraphe des propos révélant l'état d'esprit de cet auteur: cc À la mémoire dt
Ernest Renan tt James Darmtsttttr, leur 1/èvt reconnaissant. »
112 ARClllVES DU MONDIALISME

détruire la Sainte Trinité 188) favorisant l'émergence d'une Kabbale chré-


tienne (Pic de la Mirandole, Reuchlin, ... ) qui n'a pas lieu d'être puisque
le dépôt de la foi est clos définitivement avec Saint Jean. Cette me-
nace avait été soulignée par Johann Albrecht Widmannstadt ( 1506-15 57),
orientaliste catholique et diplomate allemand, qui collectionna de nom-
breux écrits cabalistiques, mais assista aussi à des conférences données par
les maîtres de Pic de la Mirandole, comme Dattilo, en 1527 189 • Selon Gers-
hom Scholem, Widmannstadt voit « dans la cabale non pas un témoignage
de la vérité chrétienne, mais, bien au contraire, un "cheval de Troie" que les
cabalistes chrétiens, dans leur extrême nai'veté ( ... ) auraient laissé entrer dans
leur propre domaine. ( ... ) le jugement formulé par Widmannstadt manifeste,
sur ce point du moins, une compréhension assez rare du caractère authentique
de la cabale, ainsi que de l'ambiguïté qui s'attachait à l'entreprise des cabalistes
chrétiens, surtout lorsqu'elle se fondait- comme chez Pic de la Mirandole - sur
un syncrétisme consciemmen·t affirmé comme une valeur positive190 • »

Samuel Karppe souligne, dans sa conclusion, les désordres apportés


par la Kabbale en lien avec le Zohar (la Bible des cabbalistes) conduisant à
se focaliser sur l'idée messianique 191 • Cette thèse de 1901 n'est pas rappor-
tée dans les écrits des abbés Lémann. Mais, il y a mieux. En effet, à notre
connaissance, la première étude francophone évoquant Jacob Frank en lien
avec la Kabbale et le Zohar est celle d'Adolphe Franck-Bernard (1809-
188 Selon la terminologie kabbalistique, les 10 Se.fi rot constituent le reflet intérieur de Dieu (Sagesse,

puissance, miséricorde, majesté, ... ) à partir duquel émane sa toute-puissance rejaillissant sur la créa-
tion. Semblable à une construction mécano, comme le rapporte Samuel Karppe : « Lts Stfirot Sagesse,
Grâct, Victoire constituant la colon11e de droitt sont les voies dt grâce et lts Sefirot lnttlligt.nce, justice,
Magnificence constituant la colonne de gauche sont les voies de justice, les quatre Sefirot du centre consti-
tuant La colonne du milieu sont les médiatrices entre les unts tt les autres. ( ... ) La division trinitaire que
nous avons maintenue dans l'exposition des Sefirot est le groupement le plus fiiquent qui se rencontre dans le
Zohar. ( ... ) Lt Zohar arrivé à la dernitre des Sefirot exprime son principe trinitaire sous la forme suivantt :
"De mime que l'union sexuelk repose sur trois termes (mâle, femelle, trait d'union), ek même l'union de
toute chose ne peut txisttr, nt peut ltre une source de bénédiction que par le nombre trois (Ill, 296 a, b). "»
in ibid., pp. 386-389.
ts 9 Pic de la Mirandole et la Cabale, suivi de Gershom Scholem, Considlrations sur /'histoire des débuts
de la cabale chrétienne, op. cit., p. 436.
t9o Ibid., pp. 438-439. Gershom Scholem précise que Pic de la Mirandole fut le premier non-juif à pro-
mouvoir la Kabbale chrétienne. Mais ce phénomène de référence à la Kabbale (d'exégèse cabalistique)
avait commencé bien avant, méthode promue par des Juifs eux-mêmes. C'est le cas d'Abraham Abulafla
témoignant de ce phénomène au XIIIe siècle, d' Abner de Burgos devenu, après baptême, Alphonse de
Valladolid vers 1320 associant l'ange Métatron, propre à l'ésotérisme juif (mystique de la Mnlt11b11h
ou « Chu divin») à la deuxième personne de la Trinité (le Fils, ... méthode permettant de dénaturer
et de pervertir la Sainte Trinité comme c'est le cas avec Jacob Frank) qui est le« messager», caracté-
ristique propre à l'ensemble des cabalistes du XIIIe siècle selon Gershom Scholem in ibid., pp. 448-453.
19 l « C'est ainsi qu'au XVII' siècle, Sabbataï Tsevi st fonde sur la Kabbale pour amasser la foule autour de ses

doctrines; c'est ainsi que plus tard frankistts et zoharistes peuvent ltre entralnls aux pires excts de doctrines
et de mœurs. ( ... ) [Le mysticisme juif] tend, aprts le Zohar, tout d'abord à absorber et à supplanter tous les
éléments métaphysiques, et descend des hauteurs de La spéculation dans les régions de la masse, pour agir sur
cette masse et pour devenir, à certaines heures, une source d'agitation et de rlvolution parmi ks juifs. ( ... )Les
l.!ANCIBN TESTAMENT, SOCLE INDISPENSABLE AU NOUVEAU 113

l 893 192)auteur de La Kabbale ou la philosophie religieuse des Hébreux parue


en 1843. Évoquant la fausse conversion au catholicisme de Jacob Frank et
de ses disciples, il ajoute en conclusion ces propos évoquant un syncrétisme
des religions où, dans cette affaire, le catholicisme doit perdre ses caracté-
ristiques clefs {Incarnation, Sainte Trinité, Transsubstantiation, dogme de
l'immaculée Conception, ... ) à la différence des autres religions dont les
concepts spirituels et philosophiques essentiels, semblables au noachisme 193
(islam, ... ), n'ont jamais inquiété, sur le fond, la synagogue nouvelle :

« Aussi la secte des zoharistes, même après avoir embrassé le christia-


nisme, a-t-elle conservé son cachet particulier, la disciple à la fois militaire et
monacale, et probablement ses anciens dogmes. Le but de son fondateur, autant
qu'on en peut juger par la conduite extérieure et par les lettres qu'il adressait
à ses anciens frères pour les engager à recevoir le baptême, paraît avoir été de
conduire les juifs à travers le christianisme à un mysticisme particulier, fondé
sur la doctrine du Zohar et sur l'ancienne idée de la suprématie du peuple juif
(cf. Annexe I : «Jacob Frank et les frankistes, lettres hébraïco-zoha-
riques »). C'est surtout le principe de la foi que Frank cherchait à accréditer
parmi les siens et parmi les juifs en général; c'est grâce à ce principe et par son
seul concours qu'il prétendait leur révéler des vérités inconnues jusqu'à lui.
Dans ce cas, le christianisme n'eût été à ses yeux qu'une simple préparation à
la doctrine nouvelle, absolument ce que le judaïsme est aux yeux des chrétiens.
Telle paraît avoir été aussi l'opinion de Sabbatai Tsevi, par rapport à toutes les
religions actuellement existantes, tant la musulmane que la chrétienne. Il pen-
sait que l'homme n'étant jamais entièrement abandonné de Dieu, il y a dans
tous les grands cultes de la terre quelque chose de saint et de vrai, et que la
tdche du véritable Israélite, c'est-à-dire de celui qui a pris pour base de
sa foi la Kabbale et le Zohar, était d'attirer à lui les éléments de sainteté
répandus dans les autres religions, afin de les leur rendre ensuite enno-
blis et purifiés par ses propres croyances (ndla : souligné par nous). C'est
sans doute en vertu de ce principe qu'il adopta lui-même l'islamisme, comme
Frank, à son exemple, adopta la religion catholique, et qu'il attira sur ses pas

nlo-ltabbalistts (... ) firent dans leurs doctrines unt grandt part aux joies, aux passions tt mJmt à la dis-
solution, tt non contents d'en profmtr la doctrine ils joignirent l'txtmplt. Franclt, surpris, pendant son
séjour à Laslturtn, chez unt ftmmt dt mauvaises mœurs, dit, moitil cynique tt moitié naif, qut «la passion,
elle aussi, /tait Jans les vuts dt Dieu, puisqu'tllt ltait». Sabbatai Tsevi n'avait-il pas avant lui formulé et
principe: «Heureux ctlui qui sait bannir la souffrance». ( ... ) Lts nlo-ltabbalistts ( ... ) portent lt poids dt
la religion Jans la foi, Jans lt sentiment rtligitux. ,. in Étudt sur lts origines tt la naturt du Zohar, op. cit.,
pp. 586-588.
1n Adolphe Franck-Bernard, selon les informations apportées dans cc livre, était Professeur agrégé à
la Faculté de Paris, Professeur de philosophie au collège royal de Charlemagne. Dans sa controverse
avec David-Paul Drach, Adolphe Franck-Bernard le traitait de" bouffon dt sacristie,. in Un extmplt des
relations judlo-chrltitnnts en France dans la première moitit du XIX' sièclt, op. cit., p. 783; cf. note 18S.
m Voir chapitre III, cf. notes 2S2 et 2S3.
114 ARClilVES DU MONDIALISME

un nombre considérable de ses partisans. On ne saurait mieux caractériser cette


manière de voir qu'en l'appelant une sorte d'éclectisme religieux : et en effet,
ne trouve-t-on pas quelque chose de semblable, je ne dis pas seulement dans
le néoplatonisme, mais dans les écoles religieuses et philosophiques d'Alexan-
drie194 ? Le caractère commun de ces différentes écoles, n'est-ce pas d'avoir voulu
embrasser dans une même conviction, sinon dans un même système, le chris-
tianisme et les éléments les plus saints de la philosophie païenne, la mythologie
grecque transformée par l'interprétation symbolique et la plupart des anciennes
religions de l'Orient 195 ?»

Ces écrits sur un sujet ciblé de 1843, 1895 et 1901 sont inconnus des
abbés Lémann, fait étonnant pour de tels érudits. Cependant, leur mérite
est d'avoir souligné l'importance de la lignée messianique annoncée dès la
Genèse, répercutée à maintes reprises par de nombreux prophètes, pour se
concrétiser en la personne du Christ. Le Nouveau Testament a pu prendre
forme en raison de tout ce travail d'arrière-fond. Le message véhiculé par
l'Ancien Testament est absolument indispensable. Le dénigrer ou le rabais-
ser, c'est faire le jeu de la synagogue nouvelle estimant que celui qui est
appelé le Messie né à Bethléem, selon les chrétiens, est le résultat d'une
mauvaise ii{terprétation des textes bibliques. Les religions opposées à la
reconnaissance du Christ comme Fils de Dieu incarné, les courants phi-
losophiques ou encore de simples particuliers remettant en cause l'Ancien
Testament, en particulier l'annonce et l'arrivée de ce Messie, s'attaquent en
leur rendant un fier service 196 au seul élément que les élites juives depuis
2 000 ans refusent catégoriquement d'admettre et combattent avec la plus
grande des énergies : l'Incarnation avec ses conséquences spirituelles et
politiques.

19~ Nous avons cité Arius, à l'origine de l'hérésie arienne dénaturant la Trinité, qui avait fréquenté ce
milieu à Alexandrie.
195 Adolphe Franck, La Kabbale ou la philosophie religieuse des Hébreux, Arbre d'Or réédition 2009,

pp. 280-281. . . .
196 Ces religions, ces divers courants philosophiques et ces pamcuhers font, sans le savoir pour la plu-

part, du marcionisme appliqué.


- II -

La maison de David continuée par


le baptême de Clovis grâce à l'Incarnation

A près avoir présenté le fil directeur constituant l'Ancien Testa-


ment avec les conséquences spirituelles et politiques, nous le
prolongeons avec le baptême de Clovis qui est, comme nous allons le voir,
dans. la continuité de la Maison de David parachevée par l'Incarnation
donnant corps au Nouveau Testament. Ce passage à une étape supérieure
institue le principe de la médiation. Nous avons déjà eu l'occasion de l'ex-
pliquer dans l'Atlas du Mondialisme. Le prêtre («Transparent du Christ»)
jusqu'au pape (« Vicaire du Christ») sont des médiateurs entre le Ciel et la
terre, caractéristique rendue possible en raison de l'anéantissement accom-
pli sur le Golgotha rappelé lors du sacrifice non sanglant à la messe. Il
ne faut pas confondre l'homme aux qualités et aux défauts variables et la
fonction sacerdotale permettant, à partir de l'ordination, la transmission
des mérites obtenue sur la Croix, c'est-à-dire le pardon des péchés via la
confession et la transformation du pain et du vin réellement en corps et
sang du Christ 197 (la transsubstantiation). Ce qui est vrai dans le domaine
spirituel l'est aussi dans le domaine politique puisque le baptême de Clovis
inaugure une lignée royale, rendue possible par l'Incarnation, faisant du
monarque l'intermédiaire ou le médiateur temporel, un nouveau David
ou «lieutenant», entre le Christ et le royaume de France en préparation.
Un parallélisme peut être établi, d'un côté, entre cette monarchie française
naissante et sa mission et, de l'autre~ la royauté hébraïque inauguré~ par le
roi David. L'abbé Joseph Lémann en souligne la gémellité :

« Lorsqu'on étudie, en les comparant l'une avec l'autre, la France et la


Judée, on est frappé des singulières et mystérieuses harmonies que Dieu s'est plu

t97 Le sacrifice du Christ, issu de la tribu de Juda, institue un nouveau sacerdoce mettant fin défini-
tivement à celui de la tribu de Lévi instaurée par Moïse, bascule annoncée à l'avance par le prophète
Malachie : « Que l'un d'entre vous ne ftrme-t-il plutôt Les portes pour que vous n'embrassiez pas mon autel
en pure perte! Je ne prends pas plaisir en vous, dit Yahweh des armées, et je n'agrée pas L'offrande de votre
main. Car, du Lever du soleil à son coucher, mon nom est grand parmi Les nations, et en tout lieu on offre à
mon nom de l'encens et une oblation pure (ndla: sous-entendu le Messie), car mon nom est grand parmi
Les nations, dit Yahweh des armées.» (Malac., I, 10,11, Bible Crampon).
116 ARCHIVES DU MONDIALISME

à établir entre les deux pays. La Terre promise et la terre de France! ( ... ) Toutes
les deux centres du monde et de la vie des nations, l'une dans les temps anciens,
l'autre dans les temps nouveaux. Toutes les deux présentant aux regards de l'his-
toire les deux plus augustes familles de rois qui aient jamais régné : ici David
avec sa postérité; là Clovis, Charlemagne, Saint Louis et leurs descendants.
Toutes les deux la terre des lis : le lis de fessé (ndla : Jessé père de David 198 ) et
le lis de France. Toutes les deux terres de Marie : l'une comme sa patrie, l'autre
comme son royaume 199 • ( ••• ) Toutes les deux enfin, ornées de la même devise:
car la devise de Judée était celle-ci: "Digitus Dei est hic, dans ce qui m'arrive,
c'est le doigt de Dieu". Et la devise de France dit: "Gesta Dei per Francos ': les
gestes de Dieu par les Francs. ( ... )À la Judée revient l'honneur d'avoir préparé
l'avènement du Messie et d'avoir porté son berceau; à la France revient celui
d'avoir étendu son règne et protégé son Église. Elles sont, avec Rome, les deux
seules nations qui aient eu le glorieux rôle d'être chargées de l'universel, c'est-
à-dire des intérêts de l'humanité : la nation juive, par le Messie qu'elle a pré-
senté à toute la terre,· la nation française, par son action au service de l'Église
catholique et romaine. ( ... ) La ressemblance est tellement frappante, qu'elle se
rencontre, hélas! jusque dans les fautes. Si Israël a dressé la Croix sur le Golgo-
tha, le peuple de France devait dresser l'échafaud de Louis XVP 00 ( ••• ). »

A- La controverse au sujet du baptême de Clovis

Cependant, cette transm1ss1on messianique démarrée avec les Hé-


breux, mais rejetée par eux sur le Golgotha fut l'objet d'un véritable passage
de témoin à une autre nation, !'Israël du Nouveau Testament, la France.
Cette bascule ne fut possible qu'avec l'accomplissement de l'Incarnation,
élément incontournable que certains zélateurs déclarés en faveur de la dé-
fense de la France se gardent bien de préciser. C'est le cas, entre autres, du
journaliste Éric Zemmour et de l'ancien homme politique et fondateur du
parc d'attractions à thème historique du Puy-du-Fou, Philippe de Villiers
dont les livres et les conférences permettent d'évoquer des sujets flattant le
patriotisme, mais en l'engageant sur une voie de garage en évitant de rap-
peler le point fondamental à l'origine de la civilisation française, méthode
tout à fait satisfaisante pour la synagogue nouvelle. Tout d'abord, nous res-
198 Les promesses de salut accordées à Israël, à condition de reconnaître ses erreurs à l'égard de Yahw~h
et de se reprendre, se trouvent dans les propos du prophète Osée : t1.]e serai comme la rosit pour Israel,·
il croîtra comme lt lis.» (Osée, XIV, 6, Bible Crampon).
199 C'est la consécration du royaume de France à Notre-Dame par Louis XIII avec la signature d'un édit,

le 10 février 1638, suivie de sa publication solennelle.


200 Abbé Joseph Lémann, L'entrée des Israélites dans la sociétl française, Éditions Saint-Remi, paru à l' ori-

gine en 1886, pp. 416-418. Concernant la mise à mort de Louis XVI, cf. note 245.
LA MAISON DE DAVID CONTINUÉE PAR LE BAPTÊME DE CLOVIS... 117

tituons l'intégralité d'une réponse que nous avons faite sur le site Amazon,
le 24 septembre 2018, pour commenter l'ouvrage d'Éric Zemmour, Fran-
çais par les lois de la Révolution de 1789 et du décret Crémieux en 1870,
dont le but est de confondre et de fondre Israël et la France dans le même
creuset, alors que le pays des rives du Jourdain, en raison de son and-chris-
tianisme, a une mission radicalement différente 201 :

« Éric Zemmour est un homme de grande culture. Il tranche par rapport


à de nombreux journalistes et choque souvent par ses propos en dénonçant, par
exemple, l'invasion migratoire en France et en Europe. Il est vrai que le test de
la drépanocytose fait uniquement aux nouveaux-nés originaires d'Afrique du
Nord ou subsaharienne (comme le précisent les textes officiels) permet de savoir
dans le cadre de l'Association française pour le Dépistage et la Prévention des
Handicaps de L'Enfant (AFDPHE) qu'environ 40 % des naissances en France
viennent de ces contrées (9 % en Bretagne et presque 75 % en lle-de-France)2°2 •
Cependant, même si cet ouvrage dit des choses justes, Éric Zemmour insuffl,e
dans ses propos un tour d'esprit ne correspondant pas aux caractéristiques propres
de la civilisation française. Par certains aspects, nous pouvons constater que ces
référents vont dans le sens du noachisme, religion exclusivement réservée aux
non-juifs (les Gentils) émanation de la synagogue dont les fondamentaux sont le
rejet de l'Incarnation et du sacerdoce catholique ... tout l'opposé du catholicisme
trinitaire. À cela, il ne faut pas oublier les répercussions politiques comme, par
exemple, le baptême de Clovis instaurant le principe, sous l'égide de l'évêque
Saint Remi, que le roi de France est le "Lieutenant du Christ': caractéristique
qui a perduré jusqu'au sacre de Louis XVI. Cet élément fondamental rappelant
le rôle de médiateur du roi de France entre ses sujets et son suzerain, c'est-à-dire
le Christ, fut solennellement réaffirmé par la Triple donation de Sainte jeanne
d'Arc, le 21 juin 1429 à Saint-Benoit-sur-Loire. Éric Zemmour se garde bien
bien d'évoquer cet événement capital relaté dans le ''Breviarium Historiale"
envoyé en juillet 1429 au pape Martin V, document qui a servi par la suite,
entre autres, à la béatification puis à la canonisation de Sainte jeanne d'Arc
(ndla: nous expliquons tout cela après avoir traité le cas de Philippe de Vil-
liers). Comme il l'écrit dans son livre, il ne croit ni à la résurrection du Christ
ni au dogme de l'immaculée Conception ce qui est logique pour une personne
de confession juive. Cependant, cela n'empêche pas Éric Zemmour d'affirmer
qu'un Français doit être marqué par le catholicisme via l'Église, sa pompe, le
culte des images, un style, le tout en lien avec Rome et Athènes. Nous rappelons

201Éric Zemmour, Dmin français, Albin Michel, 2018.


Annexe II : Dossier du dépistage de la drépanocytose, test appliqué en France aux nouveaux-nés
20.2

originaires d,Afrîque du Nord et d,Afrique subsaharienne (idem pour les populations des Antilles, île
de la Réunion, Guyane et Mayotte) avec explications concernant la maladie. Voir aussi le chapitre III
où nous développons le sujet.
118 ARClilVES DU MONDIALISME

que pour être catholiques, nous n'avons pas à faire le tri entre ce que l'on aime
et ce que l'on n'aime pas dans cette religion. En effet, pour être catholique, il
faut croire à la résurrection du Christ et au dogme de l'immaculée Conception.
L'auteur en vient même à faire un chapitre sur Saint Louis appelé le "roi juif"
dans le but de le confondre avec le sacre du roi David, méthode permettant de
rappeler, certes, une source d'inspiration propre à la monarchie française, mais,
d'une manière habile, de faire passer à la trappe le principe de l'Incarnation
à l'origine du parachèvement de l'Ancien Testament. Les fondamentaux de la
royauté française exprimés lors du sacre à Reims n'ont de valeur qu'en raison
de la proclamation de la divinité du Christ. Éric Zemmour de par ses référents
religieux et philosophiques ne peut pas défendre ce type de civilisation qui a
perduré 1300 ans de Clovis à Louis XVI (ndla: Idem concernant les musul-
mans, les protestants, les bouddhistes, les hindouistes, les maçons, etc.). À
cela s'ajoute une distinction entre le public et le privé prôné par Éric Zemmour.
Comme le rapporte le journaliste Emmanuel Berreta (Le Point du 8 avril
201 O) dans un article intitulé: "Qui est vraiment Éric Zemmour ?", ce dernier
n'hésite pas à affirmer: "C'est comme moi, je m'appelle Éric, Justin, Léon. Mais
à la synagogue, je m'appelle Moïse". Un catholique ne peut pas adopter cette
manière de raisonner. Il n'est pas étonnant de voir ce journaliste être fidèle aux
principes de 1789 anti-catholiques dans leur essence avec la rupture du bap-
tême de Clovis et à Napoléon ltr qui a enraciné ces principes. Par ailleurs, il
égratigne les Rothschild et certains aspects du judaïsme sans aller plus avant. Il
critique la Charia, mais se garde bien de remettre e,n cause le Talmud et la Kab-
bale d'essence anti-catholique. Parmi les grands hommes, il admire Clémenceau
alors que ce dernier acquis aux intérêts anglais empêcha, en octobre 1918,
l'armée alliée de Franchet d'Espèrey présente en Europe centrale de fondre sur
Berlin vide de toute résistance ce qui aurait permis de casser l'Allemagne. L'An-
gleterre ne le voulait absolument pas et Clémenceau fut l'agent docile de cette
politique concrétisée par le Traité de Versailles en 1919 dont la France paya la
note en 1940. Enfin, soulignons cette incongruité de mettre sur le même pied
d'égalité le maréchal Pétain et le général de Gaulle. Pétain a voulu combattre
les principes de 1789 remplacés par le triptyque "Travail, Famille, Patrie" en
luttant contre la franc-maçonnerie (fermeture des loges, cf. Bernard Fay203 ).
203
Bernard Fay, Les Documents Maçonniques 1941-1944, Librairie française, 1986. Les propos appor-
tés par t• éditeur au début de cet ouvrage faisane exactement 1015 pages précisent que : « D'octobre
1941 à juin 1944 parurent 33 livraisons d'une rtvut d'un intérêt exceptionnel : Les Documents Maçon-
niques. Cette publication avait administrativement son siège à Vichy et elle se plaçait sous le haut patro-
nage du Maréchal Pétain, puis par la suite elle publia divers encarts de responsables de l'État français tels
que l'amiral Darlan, Pierre Pucheu, le Général Bergeret, /'Amiral Platon notamment. Le directeur de la
revue, l'historien Bernard Faj, avait été nommé Conservateur dt la Bibliothèque Nationale, mais surtout il
était le séquestre des archives de la Franc-maçonnerie et les bureaux de cette revue étaient tout simplement
situés dans le temple maçonnique de la rue Saulnier, transformé sous l'Occupation en "Musée des Sociétés
Secrètes". Deux rédacteurs en chefi Robert Vallery-Radot et jean Marquès-Rivière assisteront ainsi pendant
3 ans Bernard Faj dans une tâche prodigieuse et inédite de classement et de publication d'archives maçon-
LA MAISON DE DAVID CONTINUÉE PAR LE BAPTÊME DE CLOVIS... 119

De Gaulle en 1944145 a rétabli les principes de la maçonnerie et ceux de 1789.


La tournure d'esprit d'Éric Zemmour est imprégnée de la Haskalah ("les Lu-
mières juives''), liée à la sécularisation de la société en lien avec le noachisme,
c'est-à-dire contraire aux fondamentaux de la civilisation française née du bap-
tême de Clovis sous l'égide de l'évêque Saint Remi, ce dernier rappelant que le
non respect des principes de ce baptême conduirait à des punitions. Monsieur
Zemmour, votre livre sous des apparences agréables et avec, parfois, des propos
justes, ne défend pas authentiquement la France et sa civilisation, méthode per-
mettant de conduire des Français patriotes sous de mauvais cieux ... le "catholi-
cisme d'Israël" avec ses répercussions politiques et spirituelles comme l'a si bien
expliqué le rabbin Élie Benamozegh dans son livre, Israël et l'humanité 204 • »

C'est dans la même continuité d'esprit que nous trouvons chez Phi-
lippe de Villiers, catholique libéral avec un revêtement donnant les appa-
rences du classicisme. Il suffit de l'entendre ou de le lire évoquer les saints
et les saintes pour s'en convaincre. En effet, il parle de Remi, de Martin,
de Geneviève, de Jeanne, etc., comme s'il parlait d'anciens camarades de
promo' de l'ENA, expressions typiques utilisées par une mentalité mar-
quée par le libéralisme. En effet, il devrait dire Saint Remi, Saint Martin,
Sainte Geneviève, Sainte Jeanne, etc. Ceci n'est absolument pas anodin. Le
fait de préciser que ces personnes sont saintes, c'est indirectement rappeler
un lien avec le Ciel, sous-entendu d'une autorité supérieure à l'homme,
d'une Vérité éternelle exprimées dans le catholicisme enraciné dans le sacri-
fice du Messie sur la Croix. En évacuant la sainteté de ces personnes dont
l'action a été conforme aux préceptes énoncées par le Christ leur octroyant
des grâces particulières, il met tout au niveau du terrestre ... il naturalise;
état d'esprit que l'on doit à Vatican II même si cela avait commencé bien
avant. Bien entendu, ce n'est pas Éric Zemmour de confession juive qui
le lui rappellera. Philippe de Villiers est l'auteur d'un livre sur Clovis205
niques concernant la France, mais /gaiement le monde entier. Pour des raisons sur lesquelles il n'est pas
besoin d'insister, Les Documents Maçonniques publièrent de stuplfiantes rlvllations sur le rôle de la
Franc-mafonnerie dans les pays en guerre contre l'Allemagne, et bien entendu sur l'affiliation maçonnique
de Roosevelt, sur la puissance des Loges aux USA et en Grande-Bretagne, sur la connexion entre Maçonnerie
et Intelligence Service, sur la campagne belliciste mente par lt Grand Orient de France et les maçonneries la-
tines auprès des obédiences anglo-saxonnes. Tous les articles consacrés à ces matières relèvent donc d 'un double
intérêt : d 'une part, ils éclairent rétrospectivement Je fonctionnemer,t complexe des propagandes respectives
de l'État français et de sa "Révolution Nationale" (auxquels se rattache cette revue ainsi que l'essentiel des
activités anti-maçonniques de l'époque) et de la Collaboration, dont en rlalité de nombreux responsables
étaient franc-maçons ou proches des loges. En réalité, l'intérêt documentaire extraordinaire des Documents
Maçonniques se situe en dehors de ce contexte. Plusieurs pays avaient, depuis Je XVIII' siècle, mis un terme
ou interdit l'activité maçonnique. Aucun n'avait, depuis la publication par /'Électeur de Bavière des archives
des ''Illuminés" (ndla : voir le chapitre 7 de l'Atlas du mondialisme traitant de ce sujet au. paragraphe 9),
entrepris d'éditer des études de cette qualité. On peut donc remarquer que les 33 livraisons de cette revue
constituent la plus solide documentation jamais publiée sur la Franc-Maçonnerie mondiale. » Ibid., p. 7.
204 Élie Bénamozegh, Israël et l'humanité, Albin Michel, 1961.

20 ) Philippe de Villiers, Le mystère Clovis, Éditions Albin Michel, 2018.


120 ARCHIVES DU MONDIALIS~

dont il ressort essentiellement deux points : la date du baptêm·e initiale-


ment située le 25 décembre 496 à Reims après la victoire de Tolbiac est
fixée chez cet auteur en 508, tandis qu'il mise cette conversion devant la
tombe de Saint Martin l'apôtre des Gaules à Tours en 506 206 , à la suite
d'un pèlerinage. En dehors des dates où des appréciations dans le temps
peuvent êtres sujettes à discussions 207 , l'affirmation consistant à se foca-
liser uniquement sur un pèlerinage de Clovis conduisant à sa conversion
devant la tombe de Saint Martin, en 508, est à rejeter. En effet, la figure
de proue dans cette affaire n'est pas Saint Martin, même si ces mérites sont
indéniables dans son action en faveur de l'évangélisation de la Gaule, de
son aura et (peut-être) d'un grâce particulière accordée au guerrier franc,
mais l'évêque Saint Remi de Reims dont la mission fut le phare auquel les
rois mérovingiens, carolingiens et capétiens ont dû constamment se référer
via les sacres ... sans oublier les papes comme nous allons le voir ci-après.
Dans les conflits qui ont pu naître entre les autorités temporelles et spi-
rituelles, ce n'est jamais Saint Martin qui est évoqué, mais l'évêque Saint
Remi et son fameux Testament. Parler de la conversion de Clovis devant
la tombe de Saint Martin, en référence à son manteau coupé en deux dont
une moitié fut donnée à un pauvre, en évacuant l'héritage de la Maison de
David parachevé par l'Incarnation et transmis par l'évêque de Reims, fait
essentiel jamais évoqué par Philippe de Villiers, c'est rompre avec l'idée
d'une transmission au cœur de l'histoire de France. Avant même de passer
en revue les documents permettant de rétablir une réalité qui fait toujours
mal aux esprits libéraux, le fait de ne pas nommer les prescriptions édictées
par l'évêque Saint Remi, c'est rompre obligatoirement le prolongement de
la monarchie française - reposant sur l'Incarnation qui, par définition est
anti-talmudique et anti-kabbalistique pour les Juifs pratiquants, et anti-
Haskala ou anti-Lumières juives zemmourienne - avec les promesses de
Dieu faites à la Maison de David du temps de l'Ancien Testament. Or ce
texte biblique annonçant un Messie libérateur dans le cadre de l'Incarna-
tion mettant fin au rôle de la synagogue et du Temple, comme nous l'avons
présenté dans le premier chapitre, est le substrat indispensable donnant
naissance au Nouveau, véritable marche-pied pour la monarchie française.
Affirmer le contraire, c'est valoriser le marcionisme, caractéristique qui
structurel' esprit libéral de Philippe de Villiers. Par la suite, comme nous le
verrons dans ce chapitre, la mission de Sainte Jeanne d'Arc a été, d'abord et
avant tout, une réaffirmation des clauses politico-spirituelles énoncées lors
du baptême de Clovis. Ce baptême fut aussi l'occasion de rappeler les mises
en garde adressées à ce roi converti, sous l'éclairage spirituel de l'évêque
206
Ibid.• p. 292.
207
Des informations sont apportées page 397 du livre de Philippe de Villiers. Cependant, les affirma-
tions ne sont suivies d•aucunc source dClment répertoriée.
LA MAISON DE DAVID CONTINUÉE PAR LE BAPTÊME DE CLOVIS... 121

Saint Remi pas de Saint Martin, au même titre que le prophète Samuel fut
le tuteur du jeune David. Les promesses divines adressées à la Maison de
David, l'Incarnation, le Nouveau Testament, le baptême de Clovis sous la
direction de l'évêque Saint Remi et la mission de Sainte Jeanne d'arc sont
d'un seul tenant. Détruire un des maillons rend obligatoirement service à
la synagogue nouvelle et, dans cette affaire, la Révolution de 1789 a comblé
d'aise la caste talmudo-kabbalistique en raison de la mise à mort du fameux
médiateur, le lieutenant du Christ Louis XVI, permettant à ce monde de
rebelles de reprendre le dessus ... pour le moment. Philippe de Villiers se
garde bien de l'affirmer en raison d'une influence typiquement naturaliste.
Pour cela, il peut dire comme ce fut le cas à l'émission de télévision BFM,
interrogé par la journaliste Ruth Elkrief le 11 octobre 2018 au sujet d'Éric
Zemmour: « Éric, on t'aime2° 8 • » On est loin de l'esprit d'un Saint Louis qui
fut plus énergique à l'égard des Juifs, opposants radicaux au Messie. C'est
l'Incarnation issue de la Maison de David qui est à l'origine de l' émer-
gence, via un évêque inspiré, d'un modèle politique qui a rendu possible
le baptême de Reims faisant de Clovis le premier roi de France, le premier
lieutenant du Christ prolongé jusqu'à Louis XVI; tout cela en opposition
à la synagogue et au Temple qui n'ont plus leur raison d'être. Philippe de
Villiers, avec l'état d'esprit qui pour le moment le caractérise, ne tiendra
jamais de tels propos. Quant à Éric Zemmour, sa confession religieuse lui
interdit d'adhérer et de propager ces principes si contraires à ceux de la
Révolution de 1789, qu'il chérit tant, ennemie du catholicisme.

B- L'authenticité du Testament de l'évêque Saint Remi

Afin de cerner les causes profondes de la situation sans issue - hu-


mainement parlant - dans laquelle nous nous trouvons en ce début d'année
2019, les travaux extraordinaires d'un prêtre du XIXe siècle, l'abbé Léonard
Dessailly (1831-1907), nous aideront à diagnostiquer le mal, mais aussi à
trouver le remède. L'étude magistrale de ce prêtre permettant de saisir la
trame de l'ensemble est un ouvrage paru en 1878 : Authenticité du grand
testament de Saint Remi2°9 • L'agonie de l'Empire romain étalée sur plusieurs
générations prit fin officiellement en 476 avec la déposition de son der-
nier empereur à Ravenne, Romulus Augustule. La Rome des césars n'est
plus. Dans cet Occident fracturé ainsi que malmené politiquement et spi-
208
hups://www,bfmrv com/mediaplayer/video/philippe-de-villiers-face-a-ruth-elkricf-1108272,html
:io 9
Abbé Léonard Dessailly, Authenticité du grand testament dt Saint Remi, J.-B. Dumoulin, Librairie
Éditeur, 13, Quai des Grands Augustins, Paris, 1878, réédité en octobre 1996. L'original de ce livre est
disponible sur le site Internet Ga/Jica.
122 ARCHIVES DU MONDIALISME

rituellement sous l'autorité de différentes tribus germaniques (Wisigoths,


Burgondes, Suèves, ... ), mais aussi par l'hérésie arienne 210 , une tribu en
particulier émerge appelée à bouleverser tout le continent européen, mais
aussi le monde : les Francs sous la direction d'un chef, Clovis (466 ?-511).
Issu de la dynastie des Mérovingiens, ce chef valeureux et païen était marié
à Sainte Clotilde, fidèle au catholicisme trinitaire. Selon l'évêque Grégoire
de Tours (538 ?-594), auteur d'une Histoire des Francs, Clovis sur le point
d'être défait à la bataille de Tolbiac en 496 face aux Alamans supplie le
« Dieu de Clotilde», en échange de sa conversion, de lui donner la victoire.
Cette grâce lui fut accordée. Dans cette affaire, nous trouvons une simili-
tude de comportement chez l'empereur Constantin avec sa victoire en 312
face à un autre empereur élu, Maxence, lors de la bataille du Pont Milvius
en 312. Après la défaite de ce dernier, Constantin officialise le christia-
nisme dans l'Empire avec l'Édit de Milan en 313.

Le cheminement spirituel de Clovis démarra sous les auspices d'un


religieux, mais aussi d'un visionnaire politique, l'évêque Saint Remi
(437 ?-533) 211 • Grâce à cet homme, nous nous rapprochons du cœur
nucléaire permettant de comprendre la naissance de la civilisation fran-
çaise. Après avoir été formé pour recevoir le baptême, Clovis et environ
3 000 hommes de sa garde rapprochée se convertirent au catholicisme tri-
nitaire en 496 212 • Cette conversion fut courageuse car le premier roi de
France, désormais catholique avec ses plus proches soldats, était devenu
un étranger spirituel au sein de son peuple resté fidèle au paganisme. Que
de difficultés pour un chef de commander un peuple ne partageant pas les
mêmes référents religieux. Et pourtant! Même s'il n'est pas interdit d'ima-
giner que son chef suprême pût être saisi de quelques doutes, il ne faillit
point dans la foi nouvelle proclamée à Tolbiac. CÏovis était un homme au
cœur haut placé. Ce baptême rendit possible l'union du peuple gallo-ro-
°
21
Cette hérésie insuffiée par le prêtre Arius (256-336) originaire d> Alexandrie, haur lieu du judaïsme
rebelle, professait des concepts qui ne pouvaient que complaire à la synagogue nouvelle car établissant
des distinctions dans la double nature du Christ. En effet, pour Arius, le Fils, étant une créature, ne
pouvait pas être de la même substance que le Père. Indirectement, cette affirmation remettait en cause
la Sainte Trinité. On reconnaît bien là l'influence et l'éternel combat de la synagogue nouvelle à ne pas
reconnaître le pdncipe de l'Incarnation et ses conséquences. C 'est le Concile de Nicée en 325 qui prit le
dessus en affirmant le caractère« consubstantiel» (unité ec identité de substance) encre le Fils et le Père
que l'on retrouve dans le Credo. Le premier Concile de Constantinople en 381 confirma et entérina les
afftrmations du Concile de Nicée avec la proclamation de la divinité du Saint-Esprit. Notons aussi que
dans l'arianisme, les chefs des tribus germaniques convertis à cette hérésie concentraient à la fois leurs
pouvoirs politiques tout en s'arrogeant ceux de chef de l'Église.
2
t1 Comme nous le rapporte l'abbé Dessailly : « Saint Remi était lt fils d'Emilius, noble gallo-romain,
et Sainte Cilinie, qui turent dans leur jeunesse Saint Principe, évêque de Soissons. Ils eurent de plus un
troisième fils, qui fut le père dt Saint Loup, s-uccesseur de Saint Principe sur le siège dt Soissons ( ... ). » in
Authenticité du grand testament de Saint Remi, op. cit., p. 5, note 1.
212
Nous conservons cette date tant que des documents irréfutables et consultables prouvant le contraire
ne seront pas présentés.
LA MAISON DE DAVID CONTINUÉE PAR LE BAPTÊME DE CLOVIS... 123

main et d'une tribu germanique soumise à un commandement catholique


avec la bénédiction de l'Église. De cette alliance avec les autorités ecclésias-
tiques, Clovis se montra fort généreux en distribuant à Saint Remi de nom-
breux domaines, villages et propriétés permettant à l'Église de se fortifier et
de former une nouvelle génération de prélats solidement revivifiés à la foi
catholique authentique. L'hérésie arienne était condamnée à disparaître. La
compréhension de cette époque et du rôle essentiel de l'évêque Saint Remi
sont rendus possibles, comme le rapporte l'abbé Dessailly, grâce à deux
documents : La vie de Saint Remi de l'archevêque de Reims Hincmar (806-
882) et Histoire de l'Église de Reims du chanoine archiviste et chroniqueur
Flodoard de Reims 213 (894 ?-966). C'est à partir de ce socle qu'il est pos-
sible de prouver l'authenticité d'un document rédigé par le saint évêque et
_dont la teneur représente la marque de baptême indélébile de la civilisation
française : son grand testament 214 • Pour une véritable compréhension de
ce texte sacré alignant dans la première partie toute une série de legs et de
biens, nous présentons les passages essentiels de la seconde partie avec les
commentaires del' abbé Dessailly en notes de bas de page 215 • Il faut rappeler
que ces propos sont similaires (promesses et mises en garde) à ceux tenus
par Dieu en faveur de la pérennité de la Maison de David :

« ( ... ) Que le présent testament, observé fidèlement et inviolablement


par mes frères et successeurs les évêques de Reims, maintenu et défendu par
les rois des Francs, mes très chers fils, que j'ai consacrés au Seigneur dans le
baptême, par le bienfait de jésus-Christ et la coopération de la grâce du Saint-
Esprit, obtienne de leur protection à tout jamais une force inviolable et per-
pétuelle dans toutes ses dispositions. (... ) Seulement, par égard pour l(l famille

213 Concernant le testament de Saint Remi, nous utiliserons les recherches de l'abbé Dessailly s'ap-
puyant sur les travaux d'Hincmar et del' Histoire de l'.iglise de Reims de Flodoard. Au sujet de ce dernier,
ce prêtre a utilisé, comme il le précise lui-même, l'édicion de l'Académie de Reims publiée sous la direc-
tion de M. Lejeune en 1854. Nous précisons au lecteur que nous utiliserons aussi la version traduite de
Flodoard dans son édition de 1824 qui est~ une réimpression à l'identique (noir et blanc) d'un ouvrage
patrimonial ancien et libre de droits de la Bibliothèque Nationale. de France (bnffr), accessible en ligne
dans sa bibliothèque numérique Gallica (gallica. bnffr)», ainsi que l'indique la quatrième de couverture
du livre. Nous verrons aussi dans ces pages les éléments prouvant l'authenticité des écrits dç Flodoard.
214
Comme l'explique l'abbé Dessailly, il a été attribué deux testaments à Saint Remi : un petit et un
grand. Le premier est une version résumée qui est probablement de la main d'Hincmar («Aussi croyons-
nous de plus en plus qu'il est l'auteur du petit testament, bien qu'on ne puisse l'affirmer absolument» in Au-
thmticitl du grand testament de Saint Remi, op. cit., pp. 255-256). En revanche, le grand testament est
directement issu de la plume de l'évêque Saint Remi. L'abbé Dessailly, dans une analyse très rigoureuse
distinguant les écrits de ces deux testaments en lien avec les travaux de Flodoard, souligne et explique
la teneur et les conséquences politico-spirituelles de celui rédigé par cet évêque. En dehors de cette
précision au sujet de ces deux textes, nous nous concentrerons sur l'importance du grand testament
« composé de deux parties très distinctes et inséparables, la partie des donations et celle des sanctions. Le petit
testament ne renfermant que des legs mobiliers et pécuniaires( ... ).» in ibid., p. 374.
215 L'intégralité de ce testament est présenté aussi dans l'ouvrage de Flodoard dans le livre premier,

chapitre XV111, pp. 62-79.


124 ARClllVES DU MONDIALISME

royale2 16, que, de concert avec mes.frères et coévêques de la Germanie, de la


Gaule et de la Neustrie, et pour l'honneur de la Sainte Église et la défense des
pauvres, j'ai choisie pour être élevée à tout jamais à la majesté royale, que j'ai
baptisée, tenue sur les fonts de baptême, enrichie des sept dons du Saint-Esprit,
et sacrée de l'onction du Saint-Chrême, si quelque jour cette famille, tant de
fois consacrée au Seigneur par mes bénédictions, rendant le mal pour le bien,
usurpe, ravage ou détruit les églises de Dieu, et s'en déclare l'ennemie ou laper-
sécutrice, j'ordonne que les évêques de la province de Reims soient convoqués et
lui fassent d'abord des remontrances; qu'ensuite l'Église de Reims, s'adjoignant
sa sœur, l'Église de Trèves, aille une seconde fois trouver le roi. La troisième
fois, que trois ou quatre archevêques des Gaules seulement soient convoqués et
fassent des remontrances au prince, quel qu'il soit, en sorte que la longanimité
de la tendresse paternelle diffère jusqu'au septième avertissement, si les premiers
n'obtiennent aucun succès. Enfin, si au mépris de toutes les remontrances, il ne
dépose pas cet esprit d'obstination incorrigible, s'il refuse de se soumettre à Dieu
et de participer aux bénédictions de l'Église, que tous prononcent contre lui la
sentence prononcée il y a longtemps par le roi prophète David, sous l'inspira-
tion du même Esprit-Saint qui anime aujourd'hui les évêques( ... ). Que dans
chaque église on prononce contre lui toutes les malédictions que l'Église pro-
nonce contre la personne de judas qui a trahi Notre-Seigneur Jésus-Christ, et
contre les mauvais évêques;( ... ). il ne faut pas douter que ce qui est vrai pour
le chef ne soit aussi vrai pour les membres. Il ne faut changer qu'un seul mot
par interposition : "Que ses jours soient abrégés, et qu'un autre reçoive l'auto-
rité royale". Si mes successeurs les archevêques de Reims négligent d'accomplir
ce que j'ai ordonné, qu'ils soient frappés de malédictions et qu'ils subissent
les peines portées contre les princes. ( ... ) Mais si Notre-Seigneur jésus-Christ
daigne entendre les prières que je fois splcialement, en présence de la présence
divine, pour cette race royale2 17, afin que, fidèle aux instructions qu'elle a re-
çues de moi, elle persévère dans la sage administration de l'État et la protection
de la sainte Église de Dieu, qu'aux bénédictions que le Saint-Esprit a versées
par ma main pécheresse sur la tête de son chef, le même Esprit-Saint joigne
d'autres bénédictions plus abondantes; que de lui sortent des rois, des empe-
reurs, qui, pour le temps présent et pour l'avenir, suivant la volonté de Dieu
et l'accroissement de sa Sainte Église, soient fortifiés par sa grâce et affermis
216
« li est remarquable que l'élection faite par Remi et par ses coévlques n'ait pas porté r,ommiment sur la
personne de Clovis, ni sur celle de ses fils. C'm la famille royale qu'ils ont élue. ( ... ) Leur choix a donc
produit un effet plus étendu qu'une élection ordinaire : ce n'est pas un prince ici qui est choifi, c'est toute une
race» in Authenticité du grand testament de Saint Remi, op. cit., p. 345. Le lecteur doit comprendre et
retenir ce point en rapport avec les promesses divines faites à la Maison de David. C'est une caractéris-
tique que l'on doit absolument conserver à l'esprit; cf. note 130.
117
Le droit français qui réglait la succession royale était donc la combinaison du principe électif avec
le principe héréditaire. « ( ... ) En baptisant et en sacrant Clovis, c'était sa race même qu'il sacrait. Le grand
homme dont nous forons ressortir plus loin le génie politique, entendait fonder la stabilité du pouvoir en
même temps qu'il fondait la monarchie. » in ibid., p. 346.
LA MAISON DE DAVID CONTINUÉE PAR LE BAPTÊME DE CLOVIS... 125

dans la justice et l'équité; puissent-ils conserver le royaume et en reculer


chaque jour les limites; puissent-ils être élevés aussi sur le trône dans la
maison de DaviJl 18, c'est-à-dire dans la Jérusalem céleste, pour y régner
éternellement avec le Seigneur 19 (ndla : souligné par nous) (. .. ). »

Ces propos d'inspiration davidique, véritables« Tables de la Loi» pré-


cédées par le rappel des biens en tout genre légalement obtenus par l'Église
de Reims, ont été la référence absolue pour les autorités ecclésiastiques,
mais aussi politiques pendant des siècles. Ce phénomène ne fut possible
qu'en raison de la conservation de documents et pièces d'archives constam-
ment renouvelés, transmis et protégés surtout en raison des périodes de
troubles 220 (invasions vikings, incursions musulmanes jusqu'à Poitiers, féo-
dalité revendicative, ... ). Grâce à l'abbé Dessailly, il nous est possible de
connaître toute une série d'événements prouvant l'existence et le caractère
indépassable du grand testament dans les rapports entre l'Église et la jeune
monarchie française dès la disparition de l'évêque Saint Remi. Nous cite-
rons, d'abord, différents faits pour, ensuite, décrire plusieurs événements
significatifs prouvant le poids de ce texte faisant plier les plus hautes auto-
rités. En effet, quelques dizaines d'années après la mort de cet évêque, sous
l'épiscopat de Romulfe, vers 595, l'archidiacre Sonnace réclama et obtint
auprès du roi Childebert, roi d'Austrasie, la restitution de biens d'église
spoliés par l'autorité politique 221 • Un phénomène identique se produisit
avec Saint Rigobert, archevêque de Reims de 696 à 733, qui obtint auprès
de Dagobert III et de ses successeurs régnant sous son épiscopat une charte
d'immunité et sa confirmation au profit de l'Église 222 • Comme nous l'avons
218
Et Pabbé DessaHly d'ajouter ces paroles prophétiques: te La Royauté a voulu l'Église à l'arrière-plan; la
Révolution veut l'anéantir : de là les négations contre le ttstament de l'Ap6trt dts Francs. Mais ces nigations
sont impuissantts contre la vérité. La Royauté, sans l'Église qui /'avait faite, n'a pu subsisttr; la Révolution.
qui veut L'abattre, n'a jamais amonceli que des ruints. Qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille pas, l'Église qui
avait fait la France, aura seule un jour la puissance de la refaire.» in ibid., p. 347.
219
Authenticité du grand testament de Saint Remi, op. cit., pp. 60-68. Tout l'opposé du livre de Philippe
de Villiers.
22
° Face à des aléas milita.ires et politiques accaparant des biens appartenant à l'Église après la more de
Saint Remi, l'abbé Dessailly ajoute ces propos significatifs: « [Les archevêques de Reims] durent dipen-
ser unt partit de leur zèle et dt leur énergie à lutter contrt les usurpateurs, pour rentrer en possession des biens
spoliés. À tous les instants, comme nous allons le raconter, ils se voyaient obligés de justifier de leurs droits
de possession, dt produire, par conséquent, leurs titres et d'en démontrer l'autorité. li y avait donc nécessité
pour eux de veiller sur ces titres avec le plus grand soin. Aussi, à chaque épiscopat, l'une des premières préoc-
cupations du nouvel évlque était dt fairt ratifier leur validité par lt roi et quelquefois mime par Je souverain
pontife. Cette quantité d'actes, de revendications, de confirmations, de privilèges et d'exemptions, multiplia#
les archives, entourait les titres de proprilté d'une certitude absolue, et rendait impossibles leur disparition
ou leur altération. Le grand testament, principal titre de propriété de L'Église de Reims, eut donc en sa faveur
toutes les sauvegardes( ... ). >tin ibid., pp. 113-114.
221 Ibid., p. 114. Cf. Flodoard, Livre second, chapitre IV, pp. 143-144.

222
Authenticité du grand testament dt Saint Remi, op.cit., p. 115. Cf. Flodoard, Livre second, cha-
pitre XI, pp. 167-168 : • Enfin, il obtint du roi Dagobert des lettres d'immunité pour son église, lui remon-
trant que sous les rois francs ses prldlcmeurs. depuis le temps de Saint Remi et du roi Clovis, par lui baptisé, elle
126 ARCIIlVES DU MONDIALISME

déjà indiqué, les faiblesses à certains moments du pouvoir royal sous les
Mérovingiens face à une féodalité toute puissante remettaient en cause les
biens récupérés par l'Église. Dès qu'une autorité politique s'affermissait,
les restitutions se faisaient jour toujours en référence au grand testament
de l'évêque Saint Remi. C'est le cas avec les archevêques Tilpin vers 764,
Wulfaire vers 812, Ebbon vers 822 ou encore Hincmar en 846 223 • C'est en
particulier sous l'épiscopat de ce dernier que le grand testament de Saint
Remi brille de tout son éclat. En effet, la féodalité du IXe siècle et même le
roi Charles le Chauve (823-877) n'hésitèrent pas à spolier des biens appar-
tenant à l'Église. Il est vrai que dix ans de siège vacant à Reims avant l' arri-
vée d'Hincmar avaient ouvert l'appétit de nombreux princes cupides qui
s'étaient largement servis pour agrandir leurs domaines et accroître leurs
richesses. La nomination de cet archevêque énergique mit fin de manière
spectaculaire à ce type de comportement. L'arme de dissuasion massive
qu'utilisa Hincmar fut le grand testament de Saint Remi. En effet, ce prélat
se présenta au roi muni des textes adéquats qui firent plier le souverain
ainsi que tous les juges de sa cour. L'ordonnance de Charles le Chauve de
846 annonçait solennellement la restitution èle tous les biens et propriétés
enlevés à l'Église en y ajoutant l'élément déterminant :

« ( ••. ) Et pour tout dire en un mot, après nous être fait représenter le
testament de Saint Remi en assemblée générale, et en présence de tous nos fidèles
tant de l'ordre ecclésiastique que de l'ordre laique, nous rendons et restituons en
toute intégrité à l'église Notre-Dame et de Saint Remi, et à l'archevêque Hinc-
mar, l'évêché tel que nous lavons reçu de Foulques, prêtre; abrogeons toute
concession faite à nos fidèles, et voulons que sans opposition aucune, et nonobs-
tant toute disposition contraire, ledit archevêque en reprenne la propriété, pour
en disposer, lui et ses successeurs, comme on doit toujours des biens de l'Église,
c'est-à-dire pour l'utilité de l'Église de Dieu. Promettons que désormais nous
ne permettrons rien de semblable contre la maison de Dieu; et, au nom du
Seigneur tout-puissant, fils de la Sainte Vierge, conjurons nos successeurs de
ne jamais rien entreprendre contre cette Sainte Église. Et afin que cet acte de
notre autorité soit plus certain et stable dans /avenir, et son authenticité pré-
vale contre les ennemis de cette sainte Église, nous l'avons signé de notre main,
et y avons fait apposer le sceau de notre anneau. Donné le premier octobre l'an
sixième du règne du très glorieux Charles, indiction huitième, Fait en Anjou,
·à Avegy224 • »
avait toujours été libre et exempte de toute servitude et charge publique. ( .. . )Rigobert obtint encore confir-
mation de ces Lettres, soit du fils même de Dagobert, soit des autres rois qui régnèrent pendant son épiscopat.
( ... ) Ces actes de l'a1'torité royale existent encore aujourd'hui aux archives de la sainte église de Rheims.»
213 Ibid., p. 88 et pp. 119-123. Cf. Flodoard, Livre troisième, chapitre I (ordination d'Hincmar), p. 214

et Livre second, chapitre XVII, p. 183, chapitre XVIII, p .. 189,. chapitre XIX, p. 193.
224 Flodoard, Livre troisième, chapitre IV, pp. 221-222.
LA MAISON DE DAVID CONTINUÉE PAR LE BAPTÊME DE CLOVIS... 127

Une affirmation et une reconnaissance d'une telle ampleur ont été


maintes fois réitérées en particulier dans le domaine spirituel sous les ponti-
ficats des Papes Sylvestre II (999-1003) et Urbain II (1088-1099). Concer-
nant Sylvestre II, ancien archevêque de Reims et donc fin connaisseur de
toutes les archives conservées relatant le grand testament de Saint Remi, il
n'hésita pas dans une lettre adressée à Arnulf à la tête de son archevêché
à lui rappeler le droit légitime des biens gérés par l'Église « selon la teneur
inviolable du testament du bienheureux Remi, apôtre des Francs2 25 • » C'est
dans la même veine que nous relayons l'appui d'Urbain II à ce principe qui,
confronté à un litige dans les relations juridictionnelles entre les évêchés
des villes d'Arras et de Cambrai, permit le règlement de ce problème, dans
le cadre d'un Concile provincial tenu en 1092, au profit d'Arras en réfé-
rence au texte de Saint Remi 226 •

C- Le Testament de Saint Remi : son application et son rejet progressif

En dehors des biens et propriétés réservés à l'Église et du respect


à apporter à sa hiérarchie, il ressort du grand testament de Saint Remi
un point essentiel rappelant que ce n'est pas uniquement la personne de
Clovis qui est concernée, mais toute une «famille royale ( ... ), [que] j'ai
choisie pour être élevée à tout jamais à la majesté royale, que j'ai baptisée,
tenue sur les fonts de baptême, enrichie des sept dons du Saint-Esprit, et sacrée
de l'onction du Saint-Chrême ( ... ). » Avec Saint Remi, c'est toute une race
royale qui est sacrée. Or cet évêque ponctue c~ testament de malédictions
et de bénédictions. Dans le premier cas, toute une graduation de mises en
garde est insérée dans le texte en cas de comportement indigne de l'au-
torité royale vis-à-vis des commandements de l'Église, épouse mystique
du Christ. Une persévérance d'actes hostiles aux exigences de ce baptême
conduit à la déchéance de cette royauté avec cette sentence terrible : « Que
ses jours soient abrégés et qu'un autre reçoive sa royauté. » Inversement, un
comportement fidèle de cette race royale aux principes énoncés par ce bap-
tême assure à celle-ci bénédiction permettant un bon gouvernement au

225Authenticité du grand testament de Saint Remi, op. cit., p. 137. Pour de tels propos, l'abbé Oessailly
s'appuie sur la référence suivante : Patrologie latine, t. CJOQUX p. 273, Silvmtr papa Arnulpho remmsi,
anno 999.
226
Ibid.,. pp. 144-146. Concernant ces affirmations, l'abbé Dessailly écrit: «Les actes du Concile dt
Reims de 1092 sont aussi rapportés dam le tome Il dts Actts de la Province ecclésiastique de Reims, publiés
dans cette ville en 1842. Cet ouvrage les emprunte aux Miscea//ma dt Baluze, qui, les regardant commt iné-
dits, les avait tirés du manuscrit 4841 de la bibliothèque de Colbert, dont il avait la garde. Mais en réaliti,
ils étaient imprimés depuis 1516, dans la Chronique de Belgique, ouvrage posthume de Ferry de Locres, dont
lts diverses œuvres sont tstimùs. » in ibid., p. 146.
128 ARCHIVES DU MONDIALISME

profit du royaume de France et, indirectement, du monde. Peu de Français


connaissent l'existence de ce document absolument déterminant dans l'his-
toire de notre pays. C'est en raison de cette marque décisive qu'on ne peut
comprendre l'action et le combat de Sainte Jeanne d'Arc (1412-1431) qu'à
l'aune de la pensée de l'évêque Saint Remi. Ces personnages sont intime-
ment liés. En effet, l'action de la Sainte Pucelle fut, certes, de « bouter les
Anglais hors de France» qui, comme elle l'a rappelé lors de son procès, sont
aimés de Dieu ... mais chez eux. Cependant, ce fut surtout l'occasion pour
la bergère inspirée de Domrémy2 27 de rappeler d'une manière solennelle au
dauphin Charles (futur Charles VII) l'importance du grand testament de
Saint Remi lors d'un acte notarié du mardi 21 juin 1429 à Saint-Benoît-
sur-Loire228. Cet acte était une manière d'affirmer que le Christ est le vrai
Roi de France tandis que le souverain est son Lieutenant chargé de tenir
le royaume en «commende», c'est-à-dire un bien consacré à Dieu, afin de
créer les conditions matérielles dans la gestion et le développement du pays
en conformité avec les Lois de l'Église permettant à ses sujets de gagner le
Ciel. Ce moment historique d'une immense envergure appelé la « Triple
donation» se présente ainsi :

«Jehanne dit à Charles : "Sire, me promettez-vous de me donner ce


que je vous demanderai?" Le roi hésite, puis consent. "Sire, donnez-moi votre
royaume". Le roi, stupéfait, hésite de nouveau; mais, tenu par sa promesse et
subjugué par l'ascendant surnaturel de la jeune fille: ''jehanne, lui répondit-il,
je vous donne mon royaume". Cela ne suffit pas : la Pucelle exige qu'un acte
notarié en soit solennellement dressé et signé par les quatre secrétaires du roi,·
après quoi, voyant celui-ci tout interdit et embarrassé de ce qu'il avait fait :
"Voici le plus pauvre chevalier de France : il n'a plus rien. "Puis aussitôt après,
très grave et s'adressant aux secrétaires : "Écrivez, dit-elle : Jehanne donne le
royaume à jésus-Christ. '' Et bientôt après: ''Jésus rend le royaume à Charles229 ". »

227 Apprécions l' humour divin qui fit naître Sainte Jeanne d'Arc dans la localité de Domrémy, " Dom >1

étant l'abréviation latine de Dom us, ce qui nous donne « la maison de Remi ». Ajoutons à cela sa date
de naissance du 6 janvier qui est celle de l'Épiphanie (signifiant (( Manifestation »), date à laquelle les
rois mages rendirent visite et hommage au divin Enfant ... Roi des nations. À.sa manière, Dieu est pour
la France un pédagogue.
22a Pour une bonne compréhension de ces événements, il faut se référer à un ouvrage de première main,
celui de Louis-Hubert et Marie-Christine Rémy, la vraie mission tk Saintt ]ehanne d'Arc, Les amis du
Christ Roi de France, 2012. Ces auteurs rendent un vibrant hommage au Père Jean-Baptiste Ayroles
(1828-1921) dont les travaux ont joué un rôle immense dans le fait que Jeanne d'Arc ait été déclarée
vénérable en 1894, béatifiée en 1909 et canonisée en 1920. Le pape Uon XIII récompensa ce prêtre par
un Bref (texte ou document à caractère privé propre au pape) le 25 juillet 1894, in ibid., p. 73. Lors de
la béatification de 1909, Saint Pie X reçut le Père Ayroles en audience privée. Il faut aussi $e référer aux
travaux de Monseigneur Henri Delassu.s (1836-1921), La mission posthume dl Saintt Jeanne d'Arc. En--
fin, nous signalons la parution récente d,un ouvra.ge consacré au Père Jean-Baptiste Ayroles de la Com.-
pagnie de Jésus, Œuvres compllmentaires, lcrits sur Jeanne d'Arc et autres écrits, Éditions GdG, 2018.
229
Ibid,. p. 31.
LA MAISON DE DAVID CONTINUÉE PAR LE BAPTÊME DE CLOVIS... 129

Qu'est devenu ce glorieux document, véritable résumé de la science


politique française? Nul ne le sait sauf Dieu. En revanche, nous avons la
certitude historique de la véracité de ces propos en raison d'un texte rédigé
durant l'été 1429 à l'intention du pape Martin V, le Breviarium historiale,
relatant cet échange et retrouvé en 1885 par le comte Hugo Balzani 230 •
Le poids de ce document est tel que nous pouvons lire dans le « Décret
pontifical d'introduction de la cause de béatification et de canonisation de la
vénérable servante de Dieu ]ehanne d'Arc, vierge, dite la Pucelle d'Orléans» du
27 janvier 1894 sous la direction du cardinal Cajetan, Préfet de la Sacrée-
Congrégation des Rites, les propos suivants :

« ( .•. ) elle ajouta qu'elle était envoyée de Dieu pour faire lever le siège
d'Orléans et pour conduire le prince à Reims où, Jésus-Christ étant déclaré
suprême Roi de France (ndla : souligné par nous), Charles recevrait en son
lieu et place la consécration et les insignes de la royauté23 1• »

Comment comprendre la rupture avec la Révolution de 1789, puis


l'émergence de Vatican II achevé en décembre 1965 et l'application de ces
directives si contraires aux demandes et aux prescriptions de l'évêque Saint
Remi, l'ensemble ayant été à nouveau rappelé d'une manière extraordinaire
et unique dans l'histoire de l'humanité avec l'intervention de Sainte Jeanne
d'Arc? Certes le Prince de ce monde n'est pas innocent dans cette évolution
ainsi que la « synagogue de Satan» comme se plaît à la définir l'apôtre Saint
Jean. Les émanations issues directement de ce monde infernal se sont tra-
duites en courant de pensées et/ou philosophiques comme le rationalisme,
le naturalisme, la promotion de l'homme avec la Renaissance et divers cou-
rants religieux (protestantisme sous toutes ses formes, kabbale chrétienne,
hérésies et sectes diverses) malmenant puis brisant une unité spirituelle
et politique catholique à son apogée au XIIIe siècle, en particulier sous
le règne de Saint Louis. Nous pouvons relever la première fêlure dans ce
monde ordonné avec les rapports violents entre le monarque Philippe le
Bel (1268- 1314) et le pontificat de Boniface VIII (1294-1303). L'élément
majeur se dégageant de ce conflit qui ne fera que croître en puissance dans
les siècles suivants résulte de la volonté du roi de se dégager de l'autorité
spirituelle du pape et des sanctions possiblement encourues en cas d' éloi-
gnement des principes catholiques. Cela se traduisit dans le cas de Philippe

230
« Ce document sera tout dt suite connu en France par une rrvue qui, bien que faisant autorité, reste
confidentitlle, la ''Bibliothèque de /'École des Chartes" (octobre 1885, p. 649-660). Le Père Ayroles en par-
lera en 1890, mais son ouvragt ne fat tirl qu'à 500 txtmplaim. » in ibid., p. 38. Comme ils le précisent
eux-mêmes, Louis-Hubert et Marie-Christine Rémy ont eu i-occasion de consulter ce document à la
Bibliothèque vaticane, in ibid., p. 29.
2 1
J Ibid., p. 369.
130 ARCIIlVES DU MONDIALISME

le Bel par sa volonté d'imposer les biens de l'Église 232 • Ce phénomène


consistant à se dégager progressivement de l'autorité spirituelle et ·coerci-
tive papale signifiait que les rois de France, nouant une alliance avec leur
clergé, limitaient l'action et les prérogatives des pontifes romains. L'Église
de France acquérant une plus grande autonomie par rapport à Rome et liée
par de multiples contacts et intérêts purement matériels au pouvoir royal
s'éloignait de l'autorité du pape, ce dernier étant infaillible en tant que
Vicaire du Christ en matière de doctrine. Cette laïcisation progressive du
politique amorcée sous Philippe le Bel continua à enfler sous le règne de
Charles VII avec l'application de la « Pragmatique Sanction de Bourges» en
1438. Il est terriblement décevant de voir un roi qui avait eu l'immense pri-
vilège d'assister à la proclamation de la « Triple donation», par une envoyée
de Dieu comme Sainte Jeanne d'Arc, s'engager dans une voie amorçant le
gallicanisme 233 • Le mouvement étant amorcé, il ne s'arrêta pas avec la mise
en forme du « Concordat de Bologne» de 1516, conclu entre François 1cr
et Léon X, remplaçant la « Pragmatique Sanction de Bourges». Dans cette
affaire, le roi renforçait son pouvoir sur · l'Église de France en particulier
dans le choix des nominations entérinées ensuite, après examen du candi-
dat, par le pape. Après l'investiture, le prélat devait prêter serment de fidé-
lité au souverain qui lui donnait sa charge (investiture temporelle). Cette
laïcisation de la politique française accélérée en ce début du XVIe siècle
par un François 1cr imprégné de l'esprit rebelle propre à la Renaissance 23 4,
permit par la suite à un cardinal de Richelieu de poursuivre une politique
de conquête de territoires au détriment du combat premier à mener : la

232 Le chartiste Jean Favier dans une monumentale œuvre consacrée à Philippe le BeJ souligne que les
problèmes se situaient dans trois domaines : 1) la concurrence que se faisaient les justices ecclésiastiques
et laïques, 2) la collation des bénéfices, c'est-à-dire la possibilité pour le Saint-Siège d'attribuer un
bénéfice ou ensemble de biens au profit de l'Église pouvant entrer en concurrence et g~ner le pouvoir
temporel et 3) la décime, impôt levé sur les clercs ou plus exactement les « temporels ecclésiastiques »
pour le financement des croisades, celle-ci pouvant devenir lourde en cas de renouvellement rapproché
dudit impôt, in Jean Favier, Philippe le Bel, Fayard, 1978, pp. 254-255.
m Le gallicanisme ecclésiastique ou doctrinal au cours des siècles, tout en voulant limiter la primauté
spiricueJle papale via la supériorité des décisions des conciles, réduit aussi les pouvoirs des pontifes en
ne reconnaissant pas leur influence dans le domaine du temporel.
234
Ce roi n'hésita pas à s'allier à Soliman le Magnifique (1494- 1566) afin de prendre à revers l'empereur
Charles Quint. Ces princes européens n'avaient pas compris ou ne voulaient pas comprendre qu'il était
plus important de ma1triser puis de vaincre le protestantisme, arme de guerre de la synagogue, que de
se disputer sur le contrôle de tel territoire ou de telle voie maritime. Avec la diffusion du protestan-
tisme et de son alter ego à partir de 1717, la franc-maçonnerie naturaliste, nominaliste et humaniste,
véritable dépendance de la synagogue kabbalo-talmudique, ces deux monarchies ont disparu en raison
de l'imprégnation progressive des élites de ces pays par ces concepts hostiles au catholicisme. Avec le
recul, l'expression (< Bien mal acquis, 'nt profite jamais» prend toute sa valeur. Ajoutons que la Ligue ou
la Sainte Union tenta de renverser le cours des ch.oses dans la deuxième moitié du XVIr siècle en s' oppo-
sant à cette laïcisation progressive du pouvoir royal via le gallicanisme, la (( raison d'État», les alliances
avec des hérétiques (protestants et Turcs). Les objectifs de la Ligue peuvent être étudiés en s'intéressant
à la vie et au combat d'un personnage de premier plan, Jean Boucher (1549-1646), in Michel Defaye,
jean Boucher, théologien de la Ligue parisienne, chantre de la croisade, Éditions Saint-Remi, 2012.
LA MAISON DE DAVID CONTINUÉE PAR LE BAPTÊME DE CLOVIS... 131

lutte contre une religion talmudo-judaïsante, le protestantisme 235 • L' aban-


don progressif des principes défendus dans le grand testament de l'évêque
Saint Remi se refléta aussi - et ce n'est pas l'effet du hasard - par une
remise en cause de son existence dès le XVIIe siècle, le fameux et vénéneux
« Grand Siècle», permettant une indépendance accrue du pouvoir civil vis-
à-vis du pouvoir religieux. Louis XIV ( 1638-1715) ne saisit pas l'obligation
demandée au prince lors de la cérémonie du sacre de Reims de respecter
et d'appliquer intégralement des principes premiers hérités de Saint Remi
(protection et coopération sans malignité avec l'Église, combat à mener
contre toute forme d'hérésie, ... ). Il persévéra dans cette voie consistant à
se détacher des référents catholiques dans une politique contraire à l'auto-
rité et à la mission du pape avec l'adoption, en 1682, de la « Déclaration
des Quatre Articles». Celle-ci renforçait drastiquement l'émancipation du
temporel face au spirituel en définissant les « libertés de l'Église gallicane».
Tout en rejetant la royauté du Christ sur la France 236 , cette mesure annon-
çait avant l'heure la « Constitution civile du clergé», promulguée en 1790
par un Louis XVI rétif, cette dernière soumettant complètement l'Église de
France au pouvoir révolutionnaire d'essence judaïque237 • Cette Constitu-
tion civile n'était que l'aboutissement logique d'un rejet du spirituel corn-

235 Cette situation était encore dénoncée par les élites politiques catholiques dans la première moitié du
XVIIe siècle. L'abbé Dessailly rapporte avec justesse une chose absolument ignorée de nos contempo-
rains : « À cette époque de foi profonde, les agissements de la politique n'étaient pas examinés comme de nos
jours, simplement au point de vue des intérêts matériels. L'honneur et les principes chrétiens, tel était le point
de départ de toutes les discussions. » in Authenticité du grand testament de Saint Remi, op. cit., p. 17 4. Qui
peut comprendre cela en 2019 ?
236L'apparition de Jésus-Christ à Sainte Marguerite-Marie, le 17 juin 1689 à Paray-le-Monial, est une
demande, mais aussi une mise en garde adressée à Louis XIV demandant que la personne du roi, la
France et son peuple soient consacrés à Son Sacré-Cœur tout en Lui érigeant un sanctuaire. Il s'agissait
de revenir à l'esprit du grand testament de l'évêque Saint Remi rappelé par la Triple donation qu'un
Philippe de Villiers n'évoque évidemment pas. Le refus de ce roi et de Louis XV d'obéir à cette requête
permit la montée en puissance de tous les principes maçonniques et noachides - permettant de judaïser
les esprits (ou de faire des <c juifs de synthèse » selon l'expression du journaliste Serge de Beketch) -
parmi la haute noblesse, la bourgeoisie et le haut clergé nourrissant ainsi. leur haine du catholicisme.
Fore de ces nouveaux relents crypto-judaïques, le Tiers-État put se déclarer « Assemblée constituante »
exactement 100 ans après la demande de Jésus-Christ à cette religieuse, le 17 juin 1789. C'était la fin de
cette monarchie née sur les fonts baptismaux de Reims. Louis XVI, enfermé au Temple, jura de procé-
der à cette consécration dès son retour à la liberté. La chose ne se fit pas. Cependant, Notre-Seigneur a
bien promis à Sainte Marguerite-Marie la victoire : «je régnerai malgré mes ennemis». Cette affirmation
va de pair avec l'annonce faite à Fatima en 1917, le Sacré-Cœur étant indissociable du Cœur Immaculé
de Marie: c<À /afin, mon Cœur Immaculé triomphera ~ (13 juillet 1917). En raison de ces révélations à
Fatima, la Russie a un rôle à jouer dans ce renouveau.
m La Révolution de 1789, enracinée par Napoléon 1cr, est d'essence judaïque. Quand Robespierre
mit sur pied le culte de « l'i!.tre suprême» en 1794, cette mesure n'était que l'application du principe
de l' En-Sof ou « Dieu infini» propre à la Kabbale, c'est-à-dire la mystique juive. Ce n'est pas l'effet
du hasard si les Juifs récitent une prière pour la République dans les synagogues depuis le XIXe siècle,
in hup;/ /www,akadem,ocg/medias/documencs/docl-rexre-pciece-republique.pdf Comme le précise ce
document, « Cette prière est récitée durant l'office public du Chabat matin, entre la prière de Cha'harit et
celle de Moussa] »
132 ARCHIVES DU MONDIALISME

mencé dès Philippe le Bel dans les affaires de l'État 238 • C'est cette logique
étalée sur plusieurs siècles qui fit rouler la tête de Louis XVI, le 21 janvier
1793, dans le panier prolongeant l'échafaud. Il est utile de rappeler que ce
roi avait été marqué, du temps de sa jeunesse, par des idées se rapprochant
des Lumières, en particulier par rintermédiaire de son précepteur, La Vau-
guyon. Comme l'écrit l'historien Jean-Christian Petitfils :

« On note d'abord une insistance toute particulière sur l'égalité originelle


de l'humanité: 'Je dois respecter tous les hommes comme égaux et indépendants
par le droit de là nature" (Deuxième entretien). Même si dans l'esprit de ses
maitres, cette égalité naturelle, commune à tous les êtres, ne procède pas des
préceptes encyclopédistes, mais de la Révélation divine, ce rappel prend une
connotation quelque peu subversive par rapport à l'ordre social de l'époque.
Curieusement, à deux reprises, · l'expression ''Être suprême239 " remplace "Dieu".
Glissement sémantique révélateur ; le christianisme des dévots s'était lui aussi
imprégné inconsciemment du vocabulaire des Lumières. jésus-Christ n'est cité
que cinq fois et le Saint-Esprit, une fois. Après l'égalité, la liberté: ''La liberté
esrun des droits de l'homme; le gouvernement a été établi pour la conserver... "
Belle formule annonciatrice de 8940 ( ••• ). »

De telles références révèlent la contamination des esprits chez le


roi comme pour les élites 241 de cette époque et Jean-Christian Petitfils ne
semble pas se rendre compte de la nature judaïque de tels préceptes 242 • En
effet, ce fameux « Être suprême» asséné au jeune Louis XVI, trouve direc-
tement son origine dans les écrits de la Kabbale sous le terme de l'En-Sof
(«Dieu suprême ou infini»). C'est le principe kabbalistique qui a «bercé»
l'héritier du trône marquant son âme et sa psychologie. Lors du sacre à
Reims, le 11 juin 1775 accordant des grâces particulières, la rencontre de
celles-ci avec les principes émanant de là synagogue ne pouvait conduire
qu'à de profondes contradictions insolubles dans la psyché du roi Louis
XVI. C'est le même En-Sof que l'on retrouve chez Robespierre, en 1794,

m Nous avons repris un extrait de la préface faite pour le livre de Paul-Étienne Pierrecourt, De la Salette
à Diana Vaughan, op. cit., 2018.
239 L'expression « tue suprême» trouve son origine dans les écrits de la Kabbale sous le terme de l' En-
Saf (« Dieu $Uprême ou infini») in Gershom Scholem, Le mmilmisme juif, op. cit., p. 92. Ce principe
de l' En-Sof se retrouve aussi dans la 9e symphonie de Beethoven (« L'Ode à la joie~, inspirée du poète
allemand Friedrich von Schiller) exprimant cette idée d'une divinité infinie, d'un « Père bien-aimé» se
tenant « au-dessus de la voûte étoilée». Comme nous allons le voir, nous retrouvons l'expression 41 ttre
suprême» sous la plume de nombreux (évolutionnaires ce qui n'est pas du cout l'effet du hasard.
240 Jean-Christian Petitflls, Louis XVI, 1754-1786, Perrin, 2005, tome 1, pp. 53-54.
241 Nous a_llons le constater dans la politique de Louis XVI et des aristocrates entourant le roi en faveur

de Cerf Beer.
242 NQus reprenons un exrrait que nous avons écrit pour la préface du livre de Louis-Hubert Rémy, De

la Passion de Notre-Seigneur ]bus-Christ à la Passion de l'Église, Éditions ACRF, 2018.


LA MAISON DE DAVID CONTINUÉE PAR LE BAPTÊME DE CLOVIS... 133

lors du lancement du « culte de la Raison et de !':Être suprême». Ces ca-


ractéristiques prouvent le degré de contamination des élites françaises,
monarchie capétienne comprise, par des concepts venus tout droit de la
synagogue. La Révolution de 1789, d'essence satanique, a atteint ses buts
que les dirigeants rabbiniques aspiraient à voir disparaître 243 : la rupture du
baptême de Clovis, reflet d'un pacte reposant sur un catholicisme hon~i,
et la disparition du Lieutenant du Christ le 21 janvier 1793 244 au profit
d'une autre métaphysique. Cet événement fut plus qu'une mise à mort;
ce fut un contre-baptême qui fut célébré, véritable « messe noire sacrifi-
cielle», l'échafaud servant d'autel servi par ses «prêtres», pour certains
inconscients de leurs actes. Jean-Christian Petitfils rapporte lui-même ce
fait sans, cependa_n t, souligner l'origine kabbalistique du phénomène, tout
juste après la décapitation du roi :

« Un
Brestois monta sur la plate-forme et, retroussant ses manches, y
plongea son bras et en aspergea les assistants en signe de bénédiction : "Frères,
dit-il, on nous a menacés que le sang de Louis Capet retomberait sur nos
têtes! Eh bien qu'il y tombe! Louis Capet a lavé tant de fois ses mains dans le
nôtre24 5 ''. »

signe de bénédiction» comme l'écrit cet historien ... Quelle sym-


« En
bolique extraordinaire! En effet, ce rituel de sang rappelle celui accompli
par Moïse comme le rapporte le Livre de !'Exode en lien avec ses prêtres :

« Puis
s'étant levé de bon matin, il bâtit un autel au pied de la mon-
tagne, et dressa douze stèles pour les douze tribus d1sraël. Il envoya des jeunes
gens, enfants d'Israël, et ils offrirent à Yahweh des holocaustes et immolèrent
des taureaux en sacrifices d'actions de grâces. Moïse prit la moitié du sang, qu'il
mit dans des bassins, et il répandit l'autre moitié sur l'autel. Ayant pris le livre
de l~lliance, il le lut en présence du peuple, qui répondit: "Tout ce qu'à dit
Yahweh, nous le ferons et nous y obéirons". Moise prit le sang et en aspergea

243 Dans une circulaire à la date du 3 mai 1889, il n'est pas étonnant de lire que «M. Zadoc Kahn, grand
rabbin de Paris, annonce qu'un service d'actions dt grt1cts sera clllbrl dans toutes lts synagogues franfaim à
l'occasion des fttes du Centenaire de 1789. » in Abbé Joseph Lémann, La prlpondlranct juive, ses origines
(1789-1791), tome 1, pp. X-XI, note 1.
24 4 La mise à mort du lieutenant, du e< bras droit» du Christ, Louis XVI, fut un crime gravissime. Cet

homme aux qualités humaines certaines, mais malhcureus.e ment marqué par les idées libérales de son
temps, eut sOrement la prescience, une forme de fulgurance, de cet acte de mise à mort et des consé-
quences pour la France quelques minutes avant l'instant fatal : «je meurs innocent tk toui lts cri.mes
qu'on m'imputt. ]t pardonne aux auteurs dt ma mort et je prit Ditu que lt sang que vous alltz rlpandre ne
retombe Jamais sur /iz. France.» in Louis XVI, 1786-1793, Tome 2, op. cit., p. 52 l. Ce roi paya les erreurs
de ses prédécesseurs qui n'avaient pas voulu obéir aux demandes du Citl.. La Ftance a payé et eh paiera
le prix lourd ... Jusqu'à quand?
~5 Ibid.
134 ARCIIlVES DU MONDIALISME

le peuple, en disant : "Voici le sang de l'Alliance que Yahweh a conclue avec


vous sur toutes ces paroles246 ". »

Dans le prolongement de ce texte, le Lévitique affirme l'importance


du prêtre et du sacrifice :

« Moïse prit la poitrine


du bélier d'installation et la balança en offrande
devant Yahweh : ce fut la portion de Moïse, comme Yahweh l'avait ordonné à
Moïse. Moïse prit de l'huile d'onction et du sang qui était sur l'autel; il en fit
l'aspersion sur Aaron et sur ses vêtements, sur les fils d'Aaron et sur leurs
vêtements, et il consacra ainsi Aaron et ses vêtements, ses fils et leurs vêtements
avec lui2 47 • »

Ces propos de l'Ancien Testament annonçaient le Christ qui, avec


la Croix, a sublimé la nouvelle Alliance se traduisant par l'instauration
du sacerdoce catholique et le Sacrifice non sanglant de la messe. Pour la
synagogue, cette «nouveauté» à la fois abominable et sacrilège, se doit
d'être effacée afin de revenir à l'ancienne conception permettant, selon elle,
d'attendre le véritable« Messie» apportant la gloire seulement à Israël. Pour
y arriver, il faut nettoyer et désinfecter le monde de tout ce qui rappelle la
mission du Christ avec ses répercussions spirituelles et politiques. Dans la
doctrine kabbalistique, comme nous l'avons expliqué dans le premier cha-
pitre, les éléments négatifs et contraires à la venue du «Messie» des Juifs
et aux idéaux de la synagogue nouvelle sont appelés les quelipot248• La mort
du roi Louis XVI et tout le rituel en arrière-fond consistant à détruire un
modèle issu de la nouvelle Alliance ne furent qu'une étape, la suivante étant
l'anéantissement de l'Église et, plus exactement, la disparition complète de
l'idée <l'Incarnation prolongée par le sacerdoce. Pour réussir 1789, il fallait
un travail d'avant-garde minant la structure politique et spiri ruelle de la
France et de l'Europe.

24 6 Exode, XXIV, 4-8 (Bible Crampon).


247 Lévitique, VIII, 29-30 (Bible Crampon).
248 Cf. notes 33 et 151.
- III -

La Révolution de 1789 ou
la revanche du Sanhédrin

C e ne sont pas les disettes, les famines et les crises financières qui
sont à l'origine profonde d'un bouleversement comme 1789.
Comme nous l'avons déjà précisé au début de cette présentation, ces élé-
ments matériels ont aidé, ont accéléré et ont été utilisés pour procéder à
une bascule complète rendant possible le passage d'un monde à un autre
monde, ... mais ils n'en sont pas les moteurs. Ce qu'il faut découvrir, nous
dirions même scruter, ce sont les personnes, certaines discrètes, qui agissent,
ordonnent, conseillent, imposent. Il faut s'intéresser à leur origine sociale,
à leur formation spirituelle et philosophique, à leurs liens professionnels et
amicaux permettant d'établir des réseaux d'influence, des relais, d'activer
des sources de financement. Pour la France ayant vécu 1 300 ans de Clovis
à Louis XVI sous un régime politique faisant du roi le lieutenant du Christ,
passer à la « Déclaration des droits de l'homme et du citoyen» sous l'égide
de<<l'Être suprême>> implique obligatoirement que des courants contraires,
violents et anciens ont rongé les soubassements spirituels du pays avec des
conséquences politiques et économiques. Une métaphysique a succédé à une
autre. Il s1 avère donc nécessaire de connaître le «nouveau-né», ses antécé-
dents familiaux et ses ambitions futures. Déjà dans l'Atlas du mondialisme,
nous avons évoqué et expliqué la bascule opérée à la Renaissance en liaison
avec le protestantisme accordant une primauté à l'homme, la créature se
considérant de plus en plus comme source première du pouvoir et du savoir.
La mise à l'honneur, dès cette période, des principes païens au dépens du
catholicisme s'est nourrie d'influences qui, toutes, remettent en cause les
principes de cette religion : l'Incarnation, la Sainte Trinité, le statut de la
Sainte Vierge et le rôle de médiateur, le pape pour les affaires spirituelles, le
roi pour les affaires temporelles entre le Ciel et la terre. Toutes les hérésies
(arianisme, bogomiles, catharisme, hussisme, etc., la liste est longue) pré-
sentent toujours le même format consistant à vider le catholicisme de ses
traits essentiels et, par ricochet, conduire à des réformes politiques typique-
ment naturalistes en France, en Europe et pour la planète. Ce phénomène a
136 ARClilVES DU MONDIALISME

particulièrement fleuri durant la période de la Renaissance 249 où des esprits


orgueilleux ont concocté des plans qui, tous, obéissent au même schéma
d'unité mondiale avec seulement des appellations différentes. L Utopia de
Thomas More (1478-1535) paru en 1516, qui s'est récupéré après en se
convertissant, décrit un monde unifié sans propriété privée et sans monnaie
tandis que les habitants sont obligés de déménager tous les dix ans afin
de ne pas s'enraciner. C'est l'éloge du nomadisme. Une religion unique
encadre le genre humain mettant à l'honneur un Dieu immense et inexpri-
mable présentant tous les critères de l' En-Sof ou Dieu infini de la Kabbale.
Le moine français Émeric Crucé en 1623 fait paraître un ouvrage, Le nou-
veau Cynée2 50 ou discours d'État représentant les occasions et moyens d'établir
une paix générale et liberté du commerce pour tout le monde, dans lequel le
monde unifié et régi par une monnaie unique est encadré par une religion ·
promouvant l'indifférenciation religieuse sauf conéernant les critères clefs
du catholicisme. La capitale planétaire est Venise, haut lieu du monde de
la finance et de la création du mot «ghetto». Nous pouvons continuer
avec Francis Bacon, auteur en 1627 de La Nouvelle Atlantide, exprimant
l'idéal d'un monde unifié avec encouragement donné à l'amélioration des
performances intellectuelles et physiques, ancêtres du transhumanisme 251•
D'autres courants de pensée imprégnés de gnose comme les Rose-Croix ont
contribué à diffuser des préceptes nourrissant ce type d'idéal de l'homme
centre de toute chose dont on retrouve des traits dans le protestantisme de
Luther ou de Calvin puis, ensuite, dans la franc-maçonnerie, née officielle-
ment en 1717. C'est, en effet comme par hasard, deux protestants anglais
(James Anderson et Jean-Theophile Désaguliers, ce dernier descendant de
huguenots immigrés en Angleterre) qui sont à l'origine de l'apparition offi-
cielle de ce mode de pensée dont le triptyque de référence est : le nomi-
nali$me (pas de vérité officielle, celle-ci étant évolutive), le naturalisme
(pas de reconnaissance d'une religion révélée comme le catholicisme) et la
primauté donnée à l'homme. Ce corps de doctrine, résumé en 1723 dans
249
Avant même la Renaissance, nous pouvons observer des sursauts cherchant à briser un modèle
catholique. C'est le cas, par exemple, avec le premier chef d'État mondialiste de l'ère chrétienne en la
personne 'd e Frédéric II de Hohenstaufen ( 1194-12 50).
°
25
Cynée en référence à Cinéas, le conseiller du roi grec antique Pyrrhus.
251
Dans cet ouvrage, il est présenté un véritable condensé de cet idéal transhumaniste avant l'heure :
« Prolonger la vit ,· rendre, à quelque dtgrl, la jtunmt; retarder lt vieillissement ; ( ... ) augmenter tt lltver
le drl bral; mltamorphost d 'un corps dans un autre ; fabriquer dt nouvellts tspècts ,· transplanter unt tspèct
da.ns une autrt; rendre les esprits joyeux, et ks mettre dans unt bonnt disposition (ndla : mesure qui fait
penser à la drogue, le «soma », d'Aldous Huxley dans Lt meilleur dts mondes). ,. in Francis Bacon, La
Nouvelle Atlantide, Flammarion, 2000, p. 133. C'est dans la même continuité d'esprit avec le livre de
H. G. Wells traduit en français, Lt nouvel ordrt mondial, ~ditions du Rubicon, 2018 (paru à l',o rigine
en 1940) dont nous avons écrit la préface. Cet auteur évoque l'idée d'un monde technocracique unifié
avec une humanité déracinée et interchangeable à souhait : « Nous pouvons anticiper unt rapidt transfor-
mation dt kt face du mondt au for et à mesure que sa population tst distribule tt redistributt selon les allas
dts besoins changeants dt la production lconomiqut. ,. in ibid., p. 168.
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 13 7

un document appelé Les Constitutions d'Anderson prit une teinte particu-


lière dans un texte de 1738 avec une modification du chapitre 1 ajou-
tant le terme de « noachisme ». Avant de citer le paragraphe officiel, nous
devons rappeler le sens du mot « noachisme ». C'est une religion humani-
taire, constituée de sept lois, élaborée par la synagogue talmudique pour
les non-juifs. Les critères essentiels caractérisant le noachisme sont : 1) Un
Dieu unique (surtout pas trinitaire), 2) Jésus est reconnu comme un simple
prophète, mais, en aucun cas, comme le Fils de Dieu incarné (c'est le cas de
l'islam) et 3) Destruction du sacerdoce catholique rappelant le principe de
l'Incarnation. Les Juifs, conservant leur religion propre en attente de mes-
sianisme, sont le peuple prêtre encadrant une masse humaine considérée
comme les« prosélytes de la porte 252 ». La version remaniée de 1738 affirme:

Un maçon s'oblige à observer la loi morale comme un vrai noachide; et


«
s'il comprend droitement le métier, jamais ne sera stupide, athée ni libertin sans
religion, ni n'agira jamais contre sa conscience ( ... ) , c'est-à-dire d'être hommes
bons et vrais, ou hommes d'honneur et de probité, n'importe les appellations,
religions ou croyances qui les distinguent; car ils s'accordent tous sur les trois
grands articles de Noé1 53 ( ••• ). »

Apparemment, ce noachisme n'était pas visible et encore largement


inconnu du monde politique et religieux français au XVIIIe siècle. En fait,
le revêtement de ce noachisme fut le paganisme mis en valeur à partir de
la Renaissance 254 • Paganisme littéraire, paganisme philosophique et paga-
nisme politique n'étaient que la manifestation d'un tour d'esprit présen-
tant une religiosité faisant référence aux dieux antiques, mais qui, surcout,
évacuaient les fondamentaux du catholicisme. C'est le Siècle des Lumières.
Ce noachisme est si intimement lié à la maçonnerie, en particulier le Rite
écossais ancien et accepté, qu'on le retrouve inscrit à son 21 c degré inti-
tulé « Noachite ou chevalier prussien 255 ». Comme nous allons le voir, les
élites politiques, mais aussi religieuses en France, au cours du XVIIIe siècle,

2 2
s Élie Benamozegh, Israël tt l'humanitl, Albin Michel, préfacé par Aimè PaJlière> 1961 l Pour ce rabbin,
il s,agic d'instaurer un «catholicisme d1srail•, in ibid., p. 290. Il ne parle jamais de mettre en place
un « islam d'Israël» parce que, cout simplement, les critères fondamentaux de cette religion sont déjà
inclus dans le noachisme. Ce n,est pas le cas du catholidsme~qui doit être profondément remanié afln
d'être conforme aux normés noachites selon les vues de la synagogue. Vatican li est l' outU pour cela.
m http;/lwww.gadlu,infoltexœs-fondate,urs-de-la-franc-maconne,rie/constitutions-danderson-_173g
2
H Paganisme que l'on retrouve bien avant, cf une manière sourde et préparatoire, avec des personnages
d'influence comme Marcilc Ficin (1433-1499) qui a marqué des esprits <;Ortimc Laurent de Médicis
ou Pic de la Mirandole. L'ouvrage de monseigneur Gaume, le ver rongeur dans les sôcUtts modernts ou
lé paganisme uns l'éducation, explique les origines de ce paganis111e qui ~date à la Renâlssancc pour
déteindre ensuite en prnfondeur sur les mentalités. Paganisme destructeur du èathollcisme qui rend un
fier service à la synagogue au profit du noachistne.
25
s https; //w;ww. hiram, be/blog/2010/04/ 13/noachism(ket-myrhc-de--larchel
138 ARCHIVES DU MONDIALISME

ont fréquenté les loges. D'emblée, il faut préciser qu'une grande partie de
ces élites contaminées par ces idées s'engageaient dans cette voie par faci-
lité, volupté, inconscience, pour finalement s'encanailler dans des mystères
apparemment anodins. Esprits creux, manipulables à souhait et surtout
décatholisées, elles ont été utiles pour allumer le feu révolutionnaire (nuit
du 4 août, ... ). Par la suite, beaucoup de ces grands nobles et bourgeois
ont été emportés par le tourbillon révolutionnaire pour finir guillotinés ...
de parfaits idiots utiles bons qu'à une chose : faire de l'engrais! Il n'en est
pas de même pour une poignée de personnes décidées et calculatrices, ce
qui n'interdisait pas de furieuses rivalités internes qui, au sein de quelques
loges (les Philalèthes liés aux Amis réunis, ... ), ont œuvré véritablement
pour asseoir un régime aux ~acines radicalement différentes de celles issues
du baptême de Clovis. La Révolution de 1789 fut l'enracinement d'une
religion humanitaire devant tuer la France, le nouvel Israël, issue de la Mai-
son de David via l'Incarnation. Pour comprendre le dynamitage de cette
France, nous devons étudier les choses en deux temps. A) Nous allons voir
les acteurs et les moyens utilisés au cours du XVIIIe siècle pour conquérir
les esprits parmi les élites dirigeantes. B) Nous étudierons ensuite comment
les «Jéroboam» au service de la synagogue nouvelle ont permis de casser
l'alliance proclamée lors du baptême de Clovis sous l'égide de l'évêque
Saint Remi permettant l'intrusion d'un tour d'esprit utile au monde tal-
mudo-kabbilistique.

A) L'arme de désintégration massive : le philosophisme

D'un point de vue général, le philosophisme, incarné par des Vol-


taire, d'Alembert, Rousseau, Diderot et tant d'autres esprits révoltés rappe-
lant le souffle del' antique serpent dans l'Éden, a promu l'idée d'une société
nouvelle, régénérée, universelle, tolérante à toute forme de religion respec-
tueuse de la diversité, mais aussi, indirectement, ouverte à tous les cou-
rants migratoires accueillant l'homme vu de manière indifférenciée dans
un cadre mondial politiquement organisé. Toutes les religions sont bonnes
et tous les hommes sont égaux! Telles furent les maximes proclamées à qui
voulait l'entendre. Cet aspect niveleur fut particulièrement approuvé par
les tenants du judaïsme qui ont su trouver des portes-voix comme Mira-
beau pour la France ou Christian Wilhelm von Dohm pour l'Allemagne.
Avant d'évoquer ces personnages et leurs relais, ils' avère nécessaire de saisir
l'intérêt d'une telle mutation comme le souligne l'abbé Joseph Lémann :
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 139

« En
résumé, quel est le résultat que veut atteindre le philosophisme? Ce-
lui-ci : entraîner et pousser tous les hommes à former un nouvel ordre social où
tous seront égaux et libres, sans qu'il soit tenu aucun compte, à l'avenir, de la
dignité de chrétien. La dignité d'homme, uniquement la dignité d'homme, telle
sera la condition d'introduction dans la société nouvelle. La dignité d'homme!
Mais, à moi philosophisme, elle me paraît largement suffisante pour qu'on
ait la facilité et le droit de se présenter dans les rangs de la société que je veux
former. Je proclame que les avenues de cette société doivent être ouvertes à
n'importe qui, pourvu qu'il fasse honneur à son nom d'homme, sans qu'il soit
besoin d'examiner quelles sont ses croyances à quelque Révélation, ni quel est le
Dieu qu'il adore. Des hommes dignes, voilà ce que je réclame, voilà ce que je
cherche. À mes yeux, il n'y a plus ni dignité de chrétiens ni indignité des juifs.
Qu 'on fosse des hommes de tous les avilis, de tous les dégradés, et leur place est
toute marquée dans ma société à moi256 ! »

Et pourtant! Dans cette galerie de philosophes, il y en a un qui


émerge par son diabolique talent, mais aussi par un antisémitisme total :
Voltaire 257 • Comment peut-on associer cet esprit philosophique favorable
au syncrétisme religieux, à un monde ouvert avec ce comportement haineux
à l'égard des Juifs? Les propos du philosophe de Ferney étaient à double
tranchant. En effet, même si ses dires étaient peu amènes à l'égard de la
gent judaïque, son action en faveur de « Écrasons l'infâme» (sous-entendu
l'Église) consistant à détruire ses caractéristiques fondamentales afin de la
fondre dans une religion universelle à la sauce noachide, sans oublier les ré-
percussions sur les structures politiques françaises vidées de leurs référents
issus du baptême de Clovis, ouvrait une voie royale à la synagogue nouvelle
débarrassée de sa concurrente honnie. Les mots de ce philosophe à l'égard
des Juifs étaient blessants, mais ces derniers, mus par une conscience d'être
un peuple élu appelé à durer, continuaient à conserver intacts leur foi, leurs
mœurs, leurs réflexes, mais aussi leur rancune à l'égard d'une religion haïe,
le catholicisme, que Voltaire et ses amis 258 , ô ironie, voulaient abattre. Dans
2 56Abbé Joseph Lémann, L'entrée des israélites dans la société française, ESR, paru à l'origine en 1886,
.pp. 309-310.
m Parmi ces diatribes anti-juives que la République française se garde bien de répercuter via la très
défectueuse« Éducation nationale», nous pouvons rel~ver: « Enfin, vous ne trouverez en eux qu'un peuple
ignorant et barbare, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition, et à
la plus invincible haine pour tous les peuples qui les tolèrent et qui les enrichissent. li ne faut pourtant pas
les brûler. » in Dictionnaire philosophique, vol. XXX, pp. 462-463 ou autre gracieuseté : « Ma tendresse
pour vous n'a plus qu'un mot à vous dire», puis après une longue diatribe ami-juive mais aussi anti-catho-
lique, Voltaire ajoute au sujet du monde judaïque « Vous êtes des animaux calculants; tâchez d'être
des animaux pensants.» (Ndla: souligné par nous), ibid., pp. 492-493. Voir le sic~ Internet Gallica
qui présente l'intégralité de cette œuvre: hctps://gallica,bnf.fr/ark:/12148/bpc6k375370/f466,ima,ge
2)8 Voltaire a outragé les juifs, mais il a outragé bien davantage la divin~ figure du Christ. Punition : le
«
voltairianisme est devenu profit pour les juifs. Comment cela? En affaiblissant, hélas! Chez les populations
devenues voltairiennes l'esprit de foi et la gravité des mœurs antiques, de telle sorte que n'étant plus protégées
140 ARCHIVES DU MONDIALISME

cette affaire, le monde juif conservait ses atouts, ses buts et sa vocation tan-
dis que le chrétien à l'esprit abâtardi, débarrassé de l'enseignement et de la
prudence de l'Église, se retrouvait nu, malléable tel un jouet et perméable
à toute forme d'idéologie ou de spiritualité rejetant l'Incarnation. Les pa-
roles profondes de l'abbé Joseph Lémann connaissant son milieu d'origine
devraient faire réfléchir tous les adeptes de l'athéisme, les identitaires (sou-
vent) païens, les partisans du nazisme, du socialisme, du national-sionisme
et autres libéraux ennemis, chacun à sa façon, du catholicisme :

« Autre caractère à signaler dans la physionomie de ce petit groupe, ca-


ractère qui s'aperçoit même chez les Israélites des sociétés secrètes : dans leurs
avances, il y aura toujours une limite, derrière laquelle se retrouve et se dresse
le vieux judaïsme. Ils n'abandonnent pas leurs fortes positions séculaires :
prudence que n'imitent pas les chrétiens dégénérés. On se méprendrait fart
si l'on s'imaginait que dans la formation de la société humanitaire les juifs, qui
sy sont rencontrés avec ces chrétiens, les ont imités dans le mépris et l'abandon
de leurs convictions religieuses. Loin de là! Il y a cette différence capitale entre
chrétiens et juifs qui s'abouchent vers la fin du XVI/Je siècle, que les premiers
font complètement litière de leurs traditions catholiques et mœurs évangéliques,
tandis que les seconds s'abstiennent soigneusement d'abandonner leurs tradi-
tions sinafques, et surtout le lien de race. Ils pourront sans doute, par la suite
surtout, varier sur l'interprétation à donner au Messie qu'ils attendent toujours
et sur le plus ou moins de valeur de certaines pratiques rituelles; mais le Déca- ·
logue de Moïse, ils le gardent; le dogme de l'unité de Dieu, ils le gardent; la
robuste constitution de la famille israélite; ils la gardent; l'union fraternelle,
ils la gardent, et ils gardent aussi l'espoir de la domination universelle.
Toutes ces réserves constituent une farce immense avec laquelle ils entrent dans
la société humanitaire, tandis que les chrétiens dégénérés ou simplement philo-
sophes livrent tout. Le petit bataillon de juifs avancés prêterait à des études fart
intéressantes. Nous bornant à les indiquer, nous signalerons encore ce troisième
caractère : ils ont lté les intermldiaires entre la grande société civile et
l'étroite socilté des juiveries. Chose surprenante, quand ils entreprirent le
rapprochement, ils trouvèrent peut-être moins d'obstacles du côté de la première
que du c6té de la seconde. Auprès de la société civile, le pont-levis n'était que
trop abaissé, dans les croyances affaiblies et les mœurs dégénérées. Il ne l'était
pas auprès du peuple enfermé dans les juiveries, lequel était resté défiant, ti-:-

par et qui faisait leur sùplrioriti, èts populations tâtéts) déglnltlts, tn un mot volt11iritnnts; dtt>itndrotlt.
plus faciltmtnt, dans dts étapes inconscientes, la proie dts juifs en affaires privlts, puis ltùr proü di.ms lts
ajfairts pubiiqtm, Vt,ild èommtnt les Juifs ont pu dire avec une vlritl implacable : "Si VoltiiÎté nôùi a ttl
funeste, le voltairianisme nous d ltt éminemment utile". » in L'entrée des lsrallîtts dans kt socit'té ftançaist,
"P; clt., p. 314. Concerfiàfit cette txpression, l'abb~ Joseph Umann s'appuie sur une citàtion tirée des
ÀrchitJes im,tlitts, juin t '878, p, 324,
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 141

mide, soupçonneux2 59 • ( ••• )Ainsi ont cheminé les juifs lorsqu'il s'est agi de Jaïre
une trouée pour apparaître dans la société. Une petite troupe d'entre eux, plus
hardis que les autres, se sont encouragés, se sont mis en quête, et sont devenus
graduellement les initiateurs de leurs frères plus timides2 60 • »

Cependant, pour avoir une vue encore plus ajustée des éléments pré-
paratoires permettant la revanche du Sanhédrin sur la monarchie française,
nous devons évoquer quatre personnes dont les écrits et l'engagement poli-
tique pour certains ont permis de préparer le terrain, à la veille de la Révo-
lution, en faveur de la reconnaissance du judaïsme : 1) Gotthold Ephraim
Lessing (1729-1781), 2) Moses Mendelssohn (1729- 1786), 3) Christian
Wilhelm von Dohm (1751-1820), et 4) Honoré-Gabriel Riqueti de Mira-
beau ( 1749-1791). Précisons que leurs activités se recoupent, nous obli-
geant à reprendre l'action de l'un d'entre eux éclairée sous un autre angle.
Nous devons aussi signaler l'utilisatior, d'un document de première main
de René Le Forestier (1868-1951, agrégé d'allemand en 1902 et docteur
ès lettres en 1916 comme le rapporte le site de la Bibliothèque Nationale
de France261 ), Les illuminés de Bavière et la franc-maçonnerie allemande, qui
est une thèse présentée en 1914. Beaucoup de bêtises ont été rapportées au
sujet des illuminés de Bavière, créés le 1er mai 1776, et de son fondateur
Adam Weishaupt (17 48-1830). Ce n'est pas le cas du travail extraordi-
naire de René Le Forestier qui est une œuvre incontournable en raison de
l'utilisation systématique de pièces d'archives qui sont toutes présentées
sur plusieurs pages au début de sa thèse en trois parties : a) Les archives
secrètes de la Maison royale de Bavière, b) La Bibliothèque de l'Université
de Munich et c) Les archives de la Loge Ernest au Compas de Gotha 262 • Ces
pièces d'archives ont quasiment toutes disparu avec les bombardements de
la Seconde Guerre mondiale.
29
s Ce tte caractéristique est duc à l'entreprise talmudo-rabbinique totale surs ces populations. C'est au
XVIIIe siècle avec la HasltaJa («. les Lumières juives ») qu' une émancipation a commencé. Émancipation
qui ne signifie pas rejet des traits fondamentaux de la pensée judaïque talmudiq~e ... l'anti-catholi-
cisme. Concernant cette emprise rabbinique et la révolte de certains, les propos de Mirabeau concer-
nant Moses Mendelssohn sont révélateurs. Cf. note 267.
260
L'en1rlt dts lsrallites dans la socilti française, op. cit., pp. 358-360.
26 1
https;//data.bnf.fr/fr/ 11911598/rene le forestier/ Cette thèse a été rééditée en 2001 aux Éditions
Archè.
262
Dans cette thèse, René Le Forestier remercie tous les conservateurs traitant ces pièces d'archives
et lui ayant permis la mise en forme de cette étude : « Les recherches dans ces trois archives ont été ren-
dues possiblts tt fructueuses par l'txtrlmt obligeance de Jeurs c,mservateurs. L'auteur doit unt particulière
reconnaissance à l'ancien Directeur des Archives secrètts dt la Maison royale de Bavière, M. Je Chevalier dt
Boehm, à M. Je Conseiller Dr Jochner et à M. le Secrétaire Intime Dr J. Weiss ; à l'ancien Conservateur de
la bibliothèque de l'Université de Munich, M. le Dr Schnorr de Carosfold tt à son Conservateur actuel M.
le Dr Georges Wolff; à M. le Conseiller de Justice Boettner. Maitre en Chaire dt la Loge Ernest au Compas,
qui a bien voulu admettre un profane dans /a bibliothèque de la Loge et mettre à sa disposition tous les
documents qui n'étaient pas scellés par le secret maçonnique» in René Le Forestier, Les illuminés de Bavière
et la fran o-maçonntrit allemande, ARCHt Milan, 2001, p. 10, note de bas de page 1.
142 ARCHIVES DU MONDIALISME

1) Gotthold Ephraim Lessing

Luthérien et fils de pasteur, caractéristique qu'il faut signaler car c'est


dans la suite logique des choses, il promeut l'indifférenciation religieuse
et admire le judaïsme. C'est cet homme libre penseur 263 qui joua un rôle
déterminant dans l'ascension et le développement des idées de Moses Men-
delssohn avec qui il se lia d'·amitié. Son engagement en faveur de la recon-
naissance de toutes les religions considérées apparemment à valeur égale
est frappant dans son œuvre, Nathan le Sage, mettant en présence trois
spiritualités (judaïsme, christianisme et islam). La religion juive est, mal-
gré tout, portée au pinacle en raison du beau rôle donné au héros Nathan,
dont le comportement souligne une forme de supériorité morale et intellec-
tuelle. Ceci fait d!re à l'abbé Joseph Lémann au sujet de son auteur:

Il passa avec armes et bagages sous les tentes d'Israël, attiré par l'af
« ( ••• )
faction qu'il porta, toute sa vie, à Mendelssohn et à la grande famille juive2 64 • »

2) Moses Mendelssohn

Pour comprendre Moses Mendelssohn, il faut s'appuyer essentielle-


ment sur ... Mirabeau qui est l'auteur d'un ouvrage portant un triple titre :
Sur Moses Mendelssohn, Sur la réforme politique des juifs : et en particulier
sur la révolution tentée en leur faveur en 1753 dans la Grande-Bretagne, paru
en 1787 à Londres dont l'original scanné est disponible sur Gallica 265 • En
étudiant la vie de Mirabeau, nous comprendrons mieux son engagement en
faveur de la cause judaïque et de sa connaissance incroyable d'éléments clefs
propres à ce milieu. La vie et l' œuvre de Mendelssohn sont le reflet d'une
mutation du judaïsme au XVIIIe siècle déjà évoquée et expliquée dans cette
présentation sous le terme de Haskala. Dans !'Atlas du mondialisme, nous
avons mentionné l'action de Mayer Amschel Rothschild à Francfort en
faveur de la Haskala et dans cette affaire, Mendelssohn eut sa part :

Concernant le cas allemand, sans le nommer, Fritz Backhaus évoque


«
la marque du sabbatéo-frankisme au sein des élites juives de Francfort dans les

263 René Le Forestier apporte cette information intéressante que Weishaupt avait été marqué, pendant
un certain temps, par une œuvre de Lessing, Ernst und Falk : « Dialogue où Lessing assigne à la franc-
maçonnerie un but idéal qu'aucune association humaine n'est capable d'atteindre.» in ibid., p. 529, note 1.
264 L'entrée des Israélites dans '4 société française, op. cit., p. 361.
265 https://gallica.bnf.fr/ark:/ I 2148/bpç6k4 l 68 lh.image
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉD~ 143

années 1780 sous l'influence - et ce n'est pas l'effet du hasard - du réformiste


Moses Mendelssohn promoteur de la Haskala. Un groupe juif sous la direction
du rabbin Pinchas Horowitz défendait le judaïsme talmudique tandis qu'un
autre groupe, appelé« Neuerer » ou « Neologen » (termes intraduisibles évo-
quant la nouveauté), promouvait des réformes éducatives et religieuses dans
l'esprit de la Haskala. Mayer Amschel Rothschild se rangeait du côté de ces
derniers et travaillait dans ce sens avec le protestant luthérien Simon Moritz
von Bethmann dans les domaines de l'éducation. Un collaborateur proche de
Mayer Amschel, Siegmund Geisenheimer, opposant énergique au judaïsme tra-
ditionnel est à l'origine de la création, dans les premières années du XJ)(t siècle,
de deux loges maçonniques accueillant à la fois les juifs et les chrétiens2 66 • »

Comment expliquer une telle influence de la part de Mendelssohn


dans cette mutation du judaïsme? Nous le savons par Mirabeau, très lié à ce
milieu, et qui voue à ce personnage une admiration sans bornes. Fils d'un
maître d'école pauvre, le jeune Moses mène une vie rude avec seulement
quelques lectures, mais pas n'importe lesquelles, qui le préparèrent à passer
à la vitesse supérieure à la suite de quelques rencontres décisives et révéla-
trices d'un changement d'état d'esprit dans le monde juif:

« [Mendelssohn] ne fut occupé dans sa jeunesse et dans le peu de moments


qu'il arracha aux soins de sa subsistance que des ouvrages du fameux Maimo-
nide réformateur de la religion et de la philosophie des Hébreux. Le hasard lui
avait procuré la connaissance d'un homme qui se trouvait dans une situation
toute pareille : contrariétés semblables de la nature et du fort, pauvreté voisine
de la misère, mêmes obstacles, mêmes goûts; et l'on peut même dire même pas-
sion dominante, puisque l'unique consolation des adversités de la vie consistait
pour eux dans la recherche et l'examen des grandes vérités dont la découverte
est peut-être la jouissance la plus pure que la perfectibilité de l'homme lui ait
préparée. Ce compagnon d'infortune et d'études était un autre juifappelé Israel
Moyse, natif d'une petite ville de Pologne nommé Hari Zamols, située entre
Cracovie et Lemberg dans le territoire qui forme la province qu'on nomme
aujourd'hui la Galicie. Cet Israel Moyse, maître d'école à Berlin et l'un des
hommes remarquables de sa nation, avait l'honorable mttlheur d'être tour-
menté par les rabbins pour sa manière de penser libre, fière et dégagée
de préjugés. Chassé plusieurs fois de la commu-nion, obligé d'errer en
Pologne sans appui, sans secours, dépourvu de toutes ressources, objet
de la haine amère et de la continuelle persécution des talmudistes ortho-
doxes, (ndla : souligné par nous) il tomba dans une mélancolie profonde qui
266 Fritz Backhaus (directeur du musée juif de Francfort), Mayer Amschel Rothschild, Herder, 2012,
pp. 122-130. Concernant ce passage, il est disponible à partir de la 2c édition de notre Atlas du mon-
dialisme à la note de bas de page 464.
144 ARCHIVES DU MONDIALIS~

a terminé ses jours par une mort prématurée2 67 • »

Entre temps, il communiqua ses connaissances en mathématiques et


la maîtrise de l'hébreu au jeune Moses qui bénéficia de l'appui aussi du rab-
bin Frankel de Dessau; d'un jeune médecin juif de Prague, Kisch, qui l'ini-
tia au latin; du docteur Salomon Gumperz pour la philosophie spéculative
et les langues étrangères (le français et l' anglais 268 ). Et Mirabeau d'ajouter :

« C'est surtout au fameux M. Lessing, connu de Mendelssohn en 1754


que l'on attribue le développement de l'esprit et la direction des talents du
philosophe juif69 • »

Mais c'est la publication de Jérusalem ou pouvoir religieux et judaïsme


en 1783 qui déclenche chez Mirabeau une admiration complète puisque
cet ouvrage présente tout un programme philosophique d'organisation de
l'État, frère jumeau de la première constitution de la République de Virgi-
nie rédigée en 1776 comme il le constate lui-même. On y trouve l' ordon-
nancement typique de l'esprit des Lumières mais aussi des propos tenus
par un Secrétaire d'État prussien, Christian Wilhelm von Dohm, que nous
traitons ci-après : tolérance religieuse, droits civils et emploi honorable et
lucratif accordés à tot1,t le monde, peu importe les référents religieux, le
tout, selon Mendelssohn, dans le cadre de l'Être suprême 270 • Cette adhésion
267
https;//gallica,bnf.fr/ark-112148/bpr6k4168lh/f73.image, pp. 3-5. Maimonide est marqué par la
philosophie grecque, en particulier par Philon le Juif dont nous avons vu la manière de penser.
268
Ibid. , pp. 4-7.
269Ibid. , p. 14.
270
Ibid., pp. 23-27. A nouveau, on peut relever les oppositions internes à cette époque au sein du
monde juif dans les propos de Mirabeau : « Cet ouvrage tut le sort dt plus d'un le-rit excellent. Il attira
des persécutions à son auteur; car il parait refuser aux prêtres de quelque communion que ce soit dt pouvoir
pardonner à l'apôtre dt la tolérance et les rabbins nt virent pas sans indignation que l'humanité- et la vérité
semblaient plus chers à Mendelssohn que les rêves tlnlbreux des talmudistes. » in ibid., p. 28. Cette situa-
tion est également relevée par l'abbé Joseph Lémann qui prédse que Moses Mendelssohn était fidèle aux
observances mosaïques et aux prescriptions talmudiques, mais que son refus de mieux comprendre le
christianisme le fit tourner vers le philosophisme/philosophie. C'est sa traduction de la Bible hébraïque
en allemand, influençant plus tard Samuel Cahen, qui fit rugir le milieu rabbinique: • Les lsrallites, ses
coreligionnaires, ne connaissaient guère la Bible, en particulier le Pentateuque. "Les interprètes rabbiniques
et cabalistes m avaient défiguré le sens simple et primitif au point de faire dire à ce code tout, exceptl son
véritable contenu" [selon l'historien Heinrich Graetz]. Mendelssohn en entreprit, pour m enfants, une
traduction en langue allemande et la livra ensuite au public. Première traduction juive-allemande qui eût
encore paru, elle allait populariser la lecture dt la Bible et l'usage de l'allemand parmi les lsrallitts; ce fat
un événement. Les rabbins, surtout ceux dt Pologne, se persuadèrent qu'un incendie philosophique léchait
déjà les murs des juiveries et en menaçait les habitudes. Ils avaient ptut-êtrt raison. "Ils prévoyaient q~e
la jeunesse juive apprendrait la langue et la littérature allemandes, au détriment dt l'ltude de /'Écriture et
du Talmud" [selon l'historien Heinrich Graetz]. La lecture du Pentateuque traduit par Mendelssohn fat
donc défendue à Furth, en juin 1779, et, Je 17 juillet suivant, la peine de bannissement de la Synagogue fat
décrétée à Hambourg contre quiconque userait de ce Pentateuque. En dlpit dt cette slvlrité, toute la jeunesse
israélite dt l'Allemagne se rangea avec enthousiasme du côté de Mendelssohn et se mit à étudier avec ardeur. »
in L'entrée des Israllitts dans la société française, op. cit., pp. 367-368.
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 145

complète au syncrétisme religieux sous l'égide d'un Dieu immense enca-


drant une société planétaire (un monde unique) se doit d'être reliée aux
ouvrages précités de Thomas More, de Francis Bacon, du moine Émeric
Crucé, de Lessing ou encore de H. G. Wells ... Ce qui fait dire à Mirabeau:

« Rien
n'approchait de la profonde vénération qu'il avait conçue pour
l'être suprême. Il en était pénétré jusqu'au degré d'enthousiasme que comportait
la sagesse et la modération de son esprit. Ami intime de Lessing dès ses premiers
pas dans la carrière de l'étude, il chérissait la mémoire de ce grand homme mort
avant lui, comme celle d'un bienfaiteur et d'un maître271 • »

3) Christian Wilhelm von Dohm

Cet archiviste et secrétaire au département des Affaires étrangères


du royaume de Prusse eut, lui aussi, une influence déterminante dans les
années qui précédèrent la Révolution de 1789 avec la parution, en 1781,
de son livre, De la réforme politique des juifs ( Über die bürgerliche Verbes-
serung der juden), dont le tout premier impact en France eut lieu en 1784
avec l'abolition du péage corporel en Alsace comme le rapporte Dominique
Bourel du CNRS dans la préface faite à cet ouvrage272 • Celui-ci est de la
première importance car il fut véritablement «pillé», selon l'expression de
Bourel, par Mirabeau dans la rédaction de son livre ( 1787) au titre simi-
laire cité plus haut envoyé, par la suite en 1788, au ministre Malesherbes
chargé sous l'égide du roi Louis XVI d'une grande réforme sur les Juifs 273•
L'influence va encore plus loin puisque von Dohm fit parvenir, un peu plus
tard, un exemplaire de son livre à l'abbé Grégoire, dont le rôle dans l' éman-
cipation des Juifs en France fut significatif, avec une dédicace :

«Au citoyen Grégoire, membre du Conseil des Cinq-Cents de la part de


M. de Dohm 274 • »

Christian Wilhelm von Dohm est un pur produit des Lumières et


son livre est le reflet d'un monde de pensée violemment opposé au christia-
nisme trinitaire. Avant de passer en revue les passages clefs de cet ouvrage,
il faut signaler que même si Dohm fut louangé par le monde rabbinique
et les goyim de service, certains ont souligné chez lui une pointe négative
21 1
hnps;//pllïca,bnHr/ark;/12t48/bpt6k4168Ih/fZ3,imagc, p. 37.
272
Christian Wilhelm von Dohm, Dtla riforme politique des juifs, Stock/Judaïsme, Israël, 1984, p. 19.
273 Ibid., p. 11.
27
◄ Ibid. , p. 20, note de bas de page 1.
146 ARClilVES DU MONDIALISME

concernant la gent judaïque. Cela se voit dans le titre en allemand de cet


ouvrage qui n, est pas tout à fait le même dans sa version française. En
effet, von Dohm utilise le mot Verbesserung («amélioration») pour dési-
gner des Juifs marqués par des éléments négatifs (moraux et religieux) en
raison de leur vie de reclus, en tant que victimes du monde chrétien sur
des siècles, et qui doivent l extirper de leurs conditions pour pleinement
mériter le nom d,homme libre. Cette considération fut réfutée par Men-
delssohn lui-même275 • En tout cas, dans cet ouvrage largement favorable
à l'émancipation des Juifs dans le cadre d,un État libéral accueillant une
population diverse, il est mis à l'honneur le monde antique, plus particu-
lièrement romain, au sein duquel, comme l'écrit Dohm, les Juifs bénéfi-
ciaient de droits en tout genre 276 • Comme pour ses comparses du Siècle des
Lumières imprégné de paganisme, il nourrit une haine profonde à l'égard
du catholicisme. Il est vrai qu, en tant que fils de pasteur luthérien, son tour
d'esprit ne pouvait que s, exprimer ainsi. .. dans le moule du système du
philosophisme si l'on peut dire. Après des études de théologie luthérienne,
il s'engage dans le droit, les belles-lettres et l'histoire. Doll1,inique Bourel
apporte une information de première main qui ouvre une porte donnant
accès à l'arrière-cour où se trame véritablement l'histoire du monde:

« Il achève ses études à Gottingen puis est nommé, grâce à Mauvillon


(la plume de Mirabeau), professeur de finances publiques et de statistique au
Collegium Carolinum de Cassel (1776-1779)2 77 • >>

Ces propos révèlent l'enchevêtrement de liens d'amitié ou profes-


sionnel entre personnes partageant un idéal commun. Il faut souligner que
cette carrière se faisait dans une atmosphère dans laquelle la maçonnerie,
275 Ibid., p. 18.
276
« L'empereur Claude concéda à tous les Juifs les droits, dont jusqu'alors les Juifs d'Alexandrie seulement
avaient joui et ordonna expressément qtu dam toutes les villes de l'Empire, même en Grèce, il y eût égalité
de privilèges entre eux et les atures citoyens. la religion juive avait acquis une espèce de considération pré-
férablement à toutes les autres alors tolérées dans l'Empire romain. Ses patriarches, auxquels on avait laissé
le pouvoir suprême dans toutes les affaires ecclésiastiques, reçoivent les titres les pl11s honorables dans les lois
romaines. Les Juifs fttmlt admissibles à tous les emplois tant civils que militaires jusq1t'en 418 ( ... ).>>Ibid. ,
p. 53.
m Ibid. , p. 13. Il est précisé : (< Ses études alterneront avec des fonctions de sec.rétaire chez le grand pédagogue
Basedow (1771-1772), de maltre des pages du prince Ferdinand de Hohenzollern (1773) ou de jo1,rnaliste:
après l'éphémère Encyclopedische Journal (J 174) il sera le corédacteur en chef(1775-1778) de l'un des plus
célèbres journaux du temps, le Deutsche Museum. ( ... ) Il édite et préface le Compte-rendu de Necker.>>
in ibid., Le « Collegi um Carolinum » fut fondé en 1709 par Karl von Hessen-Casscl ( 1654-1730); son
arrière-petit-flls, Charles de Hesse-Cassel (1744-1836), fut le successeur de Junius Frey, petit cousin
de Jacob Frank, à la tête des « Frères asiatiques>> (mélange de judaïsme, de Kabbale, de magie et de
christianisme) en 1786. C'est lui qui fit le discours de clôture du fameux congrès de Wilhelmsbad, en
1782 dont le rôle ne fut vraiment pas anodin dans les préparatifs menant à la Révolution de 1789, in
Les Illuminés de Bavière et la franc-maçonnerie allemande, op. cit. , p. 368. Nous avons développé tout
cela avec les preuves dans notre Atlas du mondialisme.
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 14 7

l'ésotérisme, le frankisme et l'Ordre des Illuminés de Bavière se côtoyaient


et se développaient aussi rapidement que des champignons après une pluie
d'automne. En raison de son étude minutieuse de pièces d'archives dûment
épluchées, il faut rappeler que les activités des Illuminés de Bavière sont
connues et prouvées grâce à l'étude de René Le Forestier. Le gouvernement
bavarois avait pris conscience qu'Adam Weishaupt et sa garde rapprochée
comme Adolphe von Knigge, Bode ou Zwack menaient des actions délé-
tères contraires à la sécurité de l'État bavarois sans oublier les répercussions
à l'étranger et les liens avec certains groupes sympathisants à l'égard de ces
Illuminés. Par conséquent, la police bavaroise était aux aguets et furetait
afin de les coincer. Le filet se renferma sur Zwàck grâce à une perquisition
surprise dans un logement qu'il occupait à la fin de l'année 1786. Des
documents de premier plan furent saisis permettant la pêche au gros. Nous
reproduisons le passage assez long, mais indispensable à connaître afin de
cerner la puissance de ce groupe et le sérieux des résultats de l'enquête :

« En effet, les papiers trouvés chez Zwack faisaient la lumière pleine et


entière sur les débuts de l'Ordre. Plus de deux cents lettres de Weishaupt adres-
sées à Zwack, Massenhausen et Hertel, de septembre 1776 à février 1785, la
plupart datées de 1776 à 1781, des lettres de différents Aréopagites : Knigge,
Costanzo, Zwack, Bassus, le journal de Zwack révélaient chez leurs auteurs des
ambitions démesurées et des opinions religieuses peu orthodoxes. La cachette
contenait encore le chiffre et le calendrier de /'Ordre, les termes géographiques,
la liste des membres admis de 1776 à 1779, les Statuts des Illuminés, les Statuts
Réformés, les instructions pour les recruteurs, le texte du Revers, la Cérémo-
nie primitive de l'initiation. Pour comble de malheur, il se trouvait, parmi
ces documents, des pièces terriblement accusatrices en apparence, telles que les
procès-verbaux de réception des étudiants en droit Sutor et Bauof, contenant
des questions qui paraissaient attribuer à /'Ordre le droit de vie et de mort sur
ses membres, des notes de Zwack indiquant les conquêtes faites par la Société
au point de vue politique, des pensées sur le suicide écrites de sa main, de lui
encore une dissertation où se trouvait l'éloge de l'athéisme, une proposition de
fonder un Ordre de femmes2 78, une collection d'empreintes de cachets, enfin,
sous le titre de Cabala Major, la description d'une machine infernale pour
conserver les papiers secrets, celle d'une serrure incrochetable, trois recettes ad
procurandum abortum, d'autres pour préparer l'aqua fontana (sic), de l'encre
sympathique, des herbes vénéneuses, pour contrefaire les cachets, pour procurer
278 René Le Forestier indique ceci en note de bas page : « Ce projet, de la main de Zwack, faisait remar-
quer q,u les sœurs ft/uminées pourraient fournir à /'Ordre de l'argent, des nouvel/es secrètes et sûres et des
renseignements utiles pour compléter les Portraits des Franc-Maçons dissolus. Il proposait de les diviser en
deux classes : les vertueuses et les dépravées. On s'attacherait les premières en leur procurant de bons livres
et les autres en leu.r dormant /'o ccasion de satiifaire en secret letm passions. » in ibid., p. 500, note de bas
de page 1.
148 ARCHIVES DU MONDIALISME

fororem uterinum. Ainsi la plupart des accusations lancées contre les Illuminés
se trouvaient justifiées : c'étaient des impies, des conspirateurs qui voulaient
ruiner la religion, asservir le gouvernement civil, des empoisonneurs, des faus-
saires, des criminels de droit commun. Le gouvernement ordonna immédiate-
ment de dissoudre les Sociétés de Lecture qui pouvaient subsister encore et qu'il
considérait comme des Loges d1lluminés masquées. Les documents confisqués
forent remis à Utzschneider, Gruenberger, Cosandey et Renner avec ordre de
les trier et de faire des extraits des plus remarquables. Un rescrit du 2 janvier
1787 chargea les archivistes v. Eckartshausen et v. Schneider de collationner
ces extraits avec l'original, d'en dresser procès-verbal, d'adresser un rapport au
Cabinet en y annexant les pièces intéressantes et de conserver provisoirement le
reste dans les Archives. Les commissaires se mirent à l'œuvre sans retard; dix-
huit pages de procès-verbaux des séances de la commission du 5 au 9 janvier
et 92 pages d'extraits des documents saisis chez Zwack témoignent de leur zèle.
Les documents communiqués à !'Électeur [de Bavière] lui parurent si probants
qu'il ordonna de les faire connaître au public. Le 26 mars 1787, il en parais-
sait un recueil sous le titre de : "Quelques écrits originaux de !'Ordre des Illu-
minés trouvés chez l'ancien conseiller de Gouvernement, Zwack, au cours d'une
perquisition faite à Landshut, le 11 et 12 octobre 1786, et imprimés sur l'ordre
de son Altesse Électorale". La préface invitait tous ceux qui douteraient de
! 'authenticité des documents à se rendre aux Archives Privées où les originaux
leur seraient présentés. Ce volume de plus de 400 pages contenait la plus grande
partie de la correspondance saisie et reproduisait les procès-verbaux signés par
Sutor et Bauer, la Cabala Major, bref tout ce qui pouvait faire partager aux
lecteurs l'horreur que ces papiers suspects avaient inspirée à l'Électeur79 • »

Il était nécessaire de souligner la solidité del' étude de René Le Fores-


tier et des preuves alignant l'influence de !'Ordre des Illuminés car Chris-
tian Wilhelm von Dohm a vécu dans cette atmosphère qui touchait les
élites politiques, économiques et religieuses allemandes. Nous avons cité
plus haut que son embauche au Collegium Caroligium de Cassel (haut lieu
de la maçonnerie allemande et du frankisme avec Charles de Hesse-Cas-
sel) était due à Mauvillon, plume de Mirabeau. Or ce Mauvillon avait, un
temps, travaillé au service du duc de Brunswick280 • Enfin, même si nous
279
Ibid., pp. 499-501. René Le Forestier ajoute:« Sitôt que ks Écrits originaux furent connus à Maymu,
beaucoup d'llluminés dt cttte ville donnèrent kur démission. » in ibid. , p. 501.
280
Œuvres de Mirabtau (les écrits) avtc une introduction et des notts par Louis Lumet : «Jacques Mau-
vi//on [1743-1794}, major du corps dt glnie, était attaché au service du duc de Brunswick. Pendant un
de m voyages m Allemagne, Mirabeau avait apprécié ses qualités de travailleur appliqué et soigneux, ses
principes philosophiques, ses connaissancts en économie politique et en art militaire, et l'avait choisi comme
col/aborattur régulier, aprts avoir essayé vainement de l'obtenir comme agent secret.» in https·//gallica
bnf.fr/ark•/12148/bpt6kZ5070s/f9,item,tcxrelma&c,zoom, p. V, note de bas de page 1. Gershom Scho-
lem précise : «Leduc Ferdinand (de Brunswick] (1721-1792), un des grands protecteurs de l'ésotérisme
maçonnique et membre de /'Ordre asiatique [des Frères asiatiques]. » in Gershom Scholem, Du frankisme
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 149

serons amenés à évoquer plus largement le rôle d'un autre personnage dans
la deuxième partie de ce Ille chapitre coopérant avec la politique de Louis
XVI au sujet de l'émancipation des Juifs, nous devons citer le nom du
Juif alsacien Cerf Berr (1726-1793). Il fut à l'origine de l'initiative per-
mettant la traduction en français du livre de von Dohm 281 • Bien entendu,
cette mesure se fit en liaison avec d'autres personnages acquis à ces boule-
versements. En tout cas, les espérances affichées de Dohm sont clair;es et
imprégnées de références tout à fait plaisantes pour la synagogue nouvelle.
Considérant que l'Angleterre et la Hollande ont ouvert la voie, même si
des améliorations restent à faire, les Juifs doivent avoir les mêmes droits
politiques et religieux que les autres citoyens tout en ayant la possibilité
d'exercer n'importe quel métier sans aucune restriction. La recherche du
bonheur à la convenance de chacun dans le cadre d'un « Être suprême»
personnalisé se développant sous la direction d'un État omnipotent est la
marque de fabrique de l'ouvrage. Pour lui, le fanatisme n'a qu'une seule
figure et nous ne citons que cet exemple :

les juifs se seraient conservés plus éclairés si, dans la suite


« Il est clair que
du temps, des Pères de l'Église voués au fanatisme n'eussent porté des monarques
faibles à abQlir les sages règlements de leurs prédécesseurs, et à s'imaginer qu'ils
donnaient des preuves de leur zèle pour une religion dont la charité fait la base,
en tr4itant sans charité ceux qui ne la professaient pas2 82 • »

4) Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau

Le rôle de Mirabeau se doit d'être connu car son action en faveur


d, un renversement de 1, ordre établi en France depuis Clovis a commencé
avant 1789. Comme on peut s,en rendre compte à la lecture de son livre au

au jacobinisme. Gallimard/Seuil, 1981, p. 56. note de bas de page 38. C'est cc m~mc Ferdinand de
Brunswick qui fü le discours d• ouverture du congrès de Wilhelmsbad en 1782. in René Le Forestier. Les
Illuminés dt Bavitre et la franc-maçonnerit allemande, op. dt.• p. 368. Comme on peut le constater, on
retrouve un véritable maillage de personnes liées à la maçonnerie et à l'ésotérisme avec tous les degrés
et grades divers.
28 1
De la réforme politique dts fui.fi. op. dt,. p. 14. Information confirmée par l'abbé Joseph Lémann,
L'entrée des lsrallites dans la société française. op.çit.• pp. 448-449.
282
Ibid.• p. 54. Vabbé Joseph Umann avait cerné les conséquences de cet ouvrage en cinq points: « J)
Il est adressé et dldil aux souverains, pm.que comme un programme que la Révolution rendra obligatoire,
2) Il étale la thlorie de l'État indifférent en religion, neutre, athle, et, ce qui est plus grave, dominateur de
toutes les religion1, 3) Il passe l'épongt de l'oubli sur le sang du Golgotha, 4) Il proclame la substitution ek
l'État à l'Église pour les soins à donner aux gin/rations humaines et 5) li avertit le clergl catholique d'avoir
à se taire quand les juifi seront invités à entrer dans la société civile, et le. menace, s'il s'y oppose. » in l 'entrit
des Israélites dans la socilté française. op. cit., pp. 370-372.
150 ARCHIVES DU MONDIALISME

triple titre, il a largement puisé dans les travaux de Dohm 283 • Son ouvrage
révèle aussi une incroyable connaissance de la vie de Moses Mendelssohn
comme nous l'avons relaté. Comment a-t-il pu puiser de tels renseigne-
ments? Envoyé par le gouvernement de Louis XVI en Prusse, périodes' éta-
lant de 1786 à 1788, il eut l'occasion de fréquenter un salon berlinois qui
lui permit de s'approcher de ce monde obscur, c'est-à-dire de connaître la
vie de Moses Mendelssohn et de rencontrer Christian Wilhelm von Dohm,
comme le rapporte l'historien juif allemand Heinrich Graetz (1817-1891)
auteur, en plusieurs tomes, d'un monumental ouvrage, Histoire des juifs:

«Àcette époque, il n'était bruit à Berlin que de la jeune et belle Hen-


riette de Lemos, femme du docteur Herz, aussi remarquable par son esprit
que par sa beauté. Les membres des cercles élégants affluaient dans son salon.
Les diplomates sy rencontraient, entre autres Mirabeau, dans la tête duquel
s'amoncelaient déjà les nuages gros d'orage de la Révolution, et pour lequel
les Juifs conservent une vive reconnaissance (ndla : souligné par nous).
Durant sa mission diplomatique secrète à Berlin (1786), Mirabeau était un
des hôtes assidus de cette demeure ... Bientôt les dames de la plus haute société
ne firent nulle difficulté de se mettre en relation avec Henriette Herz, et son
cercle de jeunes juives, attirées qu'elles étaient par le charme de leur conver-
sation séduisante. On se traitait presque d'égales à égales. Au nombre de ces
jeunes juives, il y avait les filles de Mendelssohn 284 • »

En raison de ces contacts, on sait, de sources sûres, que Mirabeau s'est


nourri d'une ambiance lui permettant d'acquérir un bagage de connais-
sances du monde juif, de ses traditions et de son passé ce qui permet de
283 Rien que cet extraü du livre de Mirabeau révèle une tournure d•esprit préparant les grands courants
migratoires nécessaires à la mise en forme d'une gouvernance mondiale sur des États-nations lézardés et
fragmentés en groupes ethnico-religieux sous l'égide d•un .Ètre suprême: « Toutt société est composée de
petites sociétés privlts, qui, chacune, ont des principes particuliers, inspirent à leurs membres des sentiments
et des préjugés à part et tracent à leur activité un cercle déterminé. Le monde subsiste cependant et les nations
bien, c'est-à-dire librmient gouvernées, prospèrent. Le gentilhomme et le bourgeois, l'artisan et le laboureur,
le militaire et cefoi qui ne l'm pas, le savant tt le non lettré posent des barrières entre eux et cependant
habitent et servent le même pays. Que le chrétien et le circoncis, soit juif, soit musulman, sectateur d'Ali ou
d 'Omar, du pape ou de Luther, de Socin ou de Calvin s'écartent les ,ms des autres : le grand et noble emploi
du gouvernement consiste à faire en sorte que chacune de ses divisions tourne au profit dt la grande société
du moins par un plus vif degré d'attachement pour elle fondé sur une plus grande jouissance de la liberté.
On ne peut pas douter de bonne foi que tks traitements meilleurs n'extirpassent les préjugés dt religion qui
empêchent les enfants de Moyse d'être plus sociables. Le Juif e$t plus homme encore qu'il n,e$t juif.» in
lmps://gallica,bnf.fr/ark;/12148/bpt6k4168 l h/fl 36,image, pp. 65-66.
284 Ibid., p. 379 . L abbé Joseph Lémann s'appuie sur les travaux d'Heinrich Graetz, Histoire des juifs,

Tome XI, pp. 15 7-158 et il ajoure que « Ce fut dans ce salon que Mirabeau se lia avec Dohm, l'auteur du
livre de la "Réforme de la situation politique des juifs"; dans ce salon qu'il fut mis au courant dt la vie et
des grandes qualités de Mendelssohn qui venait de mourir, et que les disciples de Mendelssohn devinant le
puissant orateur et le considérant comme l'héritier dt leur maître, "le presûrent d'élever sa voix de tonnerre
en faveur des juifs opprimés" [se référant aux propos de Graetz, pp. 191 et 192 du même ouvrage].» in
ibid., p. 380.
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 151

mieux comprendre son action en leur faveur par la suite.' Son ouvrage au
triple titre paru en 1787 s'inspire très largement des travaux de von Dohm
auxquels il rend un fervent hommage à la fin 285 • Mais là où l'on atteint un
degré sidérant de cette connaissance intime de l'histoire du monde juif,
c'est dans la dernière partie de son œuvre intitulée De l'acte de naturalisa-
tion porté en 1753 dans la Grande-Bretagne en faveur des juifi. Il y évoque
une tentative de naturalisation des Juifs étrangers en 1753 qui ne se fit pas,
mais peu s'en fallut. Cependant, appréciant la libéralité du système anglais,
Mirabeau ne désespère pas d'une évolution positive. Son ouvrage est un
moyen de rappeler les relations entre l'Angleterre et les Juifs et du moment
funeste où~ en 1290, ceux-ci furent expulsés du pays par Édouard 1cr286 •
C'est avec satisfaction qu'il décrit leur retour en raison d'un accord conclu
entre Cromwell et le « vénérable rabbin 287 » Menasseh ben Israël, représen-
tant les Juifs de Hollande dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, condui-
sant à une source de profit pour la représentation judaïque comme pour le
pays d'accueil. Et là où il révèle ses connaissances 288 , mais aussi ses propres
référents philosophiques face à une communauté chrétienne considérée
comme un butor, c'est en évoquant l'idée que le monde juif pourrait être
tiraillé, pour certains naturalisés vivant dans le pays d'accueil, par le sou-
hait d'un retour en Palestine. Il en profite aussi pour rappeler que d'autres
Juifs sont campés sur une opposition farouche face au monde des rabbins
combattant, pour certains, des espérances messianiques :

« Quant
à l'espoir ou même à la certitude du retour en Palestine, elle n'a
pas plus d'influence sur la conduite civile des juifi, que dans d'autres opinions
religieuses sur les autres mortels. Elle n'empêche pas surtout que conformément
à la nature et à la raison humaine, les juifi ne préfèrent le sol où ils se trouvent
le moins mal ( ... ) que le Talmud, auquel les adversaires des juifi prétendent
qu'ils accordent tant de confiance et que du moins ils regardent comme un
recueil des décisions de leurs Sages, leur défend de songer à aucun retour en
Palestine par la violence, ou de faire un seul pas vers ce but qui ne soit pré-
cédé des miracles et des signes extraordinaires qu'annoncent nos livres sacrés.
Aussi toutes les tentatives des Langallerie, des David Alroy (Perse), des
Zabathai Tzevi (en Turquie) et autres protecteurs de ce genre qui en

285 « Voilà l'estimable et salutaire doctrine que M . Dohm avait exposé dans son ouvrage. » in https;//gallica,
bnf.fr/ark;/l2148/bpt6k4168lh/060 image. (Sur la riforme politique des juifs), p. 90.
2s6 « Les Juifs restèrent trois siècles et demi dans cet état d'exil. Mais le gouvernement anglais, une fois répu-
blicain, la Hollande devint à plusieurs égards un objet d'émulation pour la Grande-Bretagne et les avan-
tages de la tolérance universelle et de celle des juifs en particulier n'échappèrent point aux observateurs. » in
hccps://gallica.bnHr/ark:/12148/bpt6k4168 l h/fl 64,image, p. 94.
287 Ibid., p. 95.
2ss
Avec des exceptions quand on connait l'histoire du noachisme et des prétentions de la synagogue
nouvelle à favoriser l'émergence d'un Israël glorieux.
152 ARCIDVES DU MONDIALISME

voulaient seulement aux bourses des Juifs opulents n'ont-elles pu réussir


(ndla : souligné par nous). Ces prétendus Messies n'ont fait ni révolutions,
ni fortune. Eh! Comment dans une situation libre et prospère ne ferait-il pas
bientôt oublier ce Roi-Messie dont la venue suppose toujours un état d'esclavage
et d'oppression pour la nation juive? ( ... ) L'attente du Messie ne les empêchera
pas plus d'être de bons citoyens que celle du retour de]. -C. annoncé par Justin
le Martyr, Irénée, Tertullien, Lactance, Sulpice et tant d'autres n'en a rendu les
chrétiens incapables. ( ... ) En un mot, les folies des Talmudistes ne seront pas
plus dangereuses que les erreurs des pères de l'Église quand les juifs jouiront de
tout le bonheur dont ils sont susceptibles2 89 • »

C'est donc avec toutes ces «qualités» que Mirabeau a pu agir dès les
premiers jours de la Révolution pour démolir une France dont les origines
voulues par l'action opiniâtre de l'évêque Saint Remi devaient, aux yeux du
monde rabbinique, disparaître. Et l'abbé Joseph Lémann, conscient du rôle
d'outil qu'avait cet homme au service d'une cause supérieure, n'a pas hésité
à résumer la situation de manière lapidaire :

«À
la tribune française, il sera magnifique et terrible; et, lorsqu'il pro-
noncera sa fameuse phrase : "La Révolution fera le tour du monde", il se rap-
pellera peut-être qu'il a rencontré en Allemagne celui qui est habitué à faire ce
tour depuis longtemps, le Juif-Errant. Il aura mis sa main dans la sienne290• »

B) La Révolution de 1789, cheval de Troie des temps modernes

Nous pouvons distinguer trois périodes : 1) Les préparatifs avant


1789, 2) La matrice révolutionnaire et 3) La réforme napoléonienne ou
Haskala nous voilà!

1) Les préparatifs avant 1789

Le point de départ de l'émancipation des Juifs de France se situe en


Alsace. Toutefois, il est nécessaire d'avoir une vue d'ensemble de la présence
juive en France à la veille des événements révolutionnaires. Cette commu-

289
bups;//gallica.bnf fr/ark;/12148/bpr6k4168th/fl93,image. p. 115 et P· 123.
290 L'entrée des lsrallites dans la société française, op. cit.• p. 381.
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 153

nauté se subdivisait en trois groupes : 1) Les Juifs originaires d'Espagne et


du Portugal (séfarades) essentiellement présents à Bordeaux et Bayonne;
2) Les Juifs avignonnais venant aussi d'Espagne présents dans le Comtat-
Venaissin, et 3) Les Juifs d'Alsace et de Lorraine (ashkénazes) originaires,
pour l'essentiel, du Saint Empire romain germanique. Le traitement poli-
tique et économique de ces populations juives qui n'avaient pas la nationa-
lité française était différent selon le lieu géographique et, chose qu'il faut
toujours souligner, les rivalités internes dans ce milieu étaient grandes. Hier
comme aujourd'hui des luttes parfois extr~mement violentes secouent ces
communautés entraînant parfois des comportements vexatoires et humi-
liants entre elles. Nous aurons l'occasion de citer un bel exemple de mépris
et de rejet d'un groupe adressé à un autre un peu plus loin. Ce fut à partir
de l'Alsace, l'épicentre étant Strasbourg, que l'affaire démarra en raison
d'une situation double comme le rapporte une étude précise de l'abbé Jo-
seph Lémann : d'un côté, le cas des paysans alsaciens fabriquant de fausses
quittances car subissant l'usure des Juifs, de l'autre, ceux-ci étant so~mis
à des mesures vexatoires ou, en tout cas, contraignantes. Il est nécessaire
de rappeler en quelques lignes les causes expliquant la situation des Juifs
à l'époque de Louis XVI. À l'origine, la cité de Strasbourg au Moyen-Âge
était une ville libre gouvernée par un sénat. C'est en 1349 que les magistrats
décidèrent d'interdire aux Juifs d'y habiter et d'y acquérir des biens-fonds
en raison de la pression populaire soupçonnant la communauté hébraïque
d'avoir empoisonné les puits de la ville. Ces mesures furent intégrées parmi
les lois de la municipalité strasbourgeoise. En dehors de très courtes excep-
tions conduisant à un relâchement dans l'application de ces lois, celles-ci
demeurèrent en vigueur pendant des siècles à Strasbourg. Forte de la posi-
tion de cette ville sur le Rhin, voie commerciale très importante reliant
l'Italie du Nord, via la vallée rhénane, aux Pays-Bas, la communauté juive,
profitant de l'activité économique intense, avait crû en nombre en Alsace
sans pouvoir résider en permanence dans la cité. Les commerçants de la
communauté pouvaient vaquer à leurs occupations durant la journée, mais,
le soir, la coutume était de sonner du cor afin de prévenir les Juifs qu'ils
devaient quitter la ville. En aucun cas, il ne leur était possible d'y passer
la nuit même en louant une simple chambre dans une auberge, n'y d'être
propriétaire de quoi que ce soit au sein de la cité. Rattaché à la France de
Louis XIV en 1681 (après l'intégration de l'Alsace en 1648 à la suite du
Traité de Westphalie), Strasbourg, en tant que ville libre régie par cette
fameuse loi municipale, n'accepta son rattachement au royaume de France
qu'à la condition de maintenir son statut particulier y compris les mesures
édictées à l'égard des Juifs depuis 1349. La réponse du Roi-Soleil voulant
fixer la France sur le Rhin fut de respecter le droit particulier strasbour-
154 ARCHIVES DU MONDIALISME

geois ... situation qui perdurait au moment de l'arrivée de Louis XVI sur le
trône en 177 4 à la mort de son grand-père Louis XV. La première fissure
apportée à cette situation séculaire se fit sous l'action du Juif alsacien Cerf
Beer (1726-1793). Habitant Bischeim dans les alentours de Strasbourg, il
devait comme tous ses coreligionnaires quitter Strasbourg le soir au son du
cor. Une certaine aisance caractérisait la vie de cet homme qui était chargé
de l'approvisionnement en grain de l'Alsace et de la Lorraine ainsi que
de l'armée française dans ces deux provinces. Il y remplissait cette fonc-
tion avec efficacité au point que Louis XVI lui conféra le titre de « Direc-
teur général des fourrages militaires2 91 ». Dans cette zone de forte activité
commerciale en lien avec la vallée rhénane et le sud de l'Allemagne, Cerf
Beer était aussi le conseiller de commerce du landgrave de Hesse-Darms-
tadt, de la maison Palatine de Deux-Ponts et des princes de Nassau 292 • Ces
faits sont d'une grande importance car ces familles étaient imprégnées des
idées libérales des Lumières et les idées maçonniques n'étaient jamais très
loin. Les relations professionnelles de Cerf Beer montrent le milieu dans
lequel il évoluait et des informations qu'il pouvait obtenir. Il était au ser-
vice du landgrave Louis IX de Hesse-Darmstadt dont deux fils, Frédéric et
Christian de Hesse-Darmstadt éraient, comme l'écrit Gershom Scholem,
« sympathisants de /'Ordre [asiatique] et de toutes les doctrines ésotériques2 93 ».
Sa femme, Caroline de Palatinat-Deux-Ponts-Birkenfeld, était largement
acquise aux idées des Lumières et entretenait des contacts étroits avec les
représentants de l'Aujkliirung allemande (« Les Lumières») comme Johann
Gottfried Herder, Christoph Martin Wieland, Goethe et Frédéric II de
Prusse ... ami de Voltaire 494 •

L~ début de la bascule se présenta quand Cerf Beer demanda en


1767 aux magistrats le droit de résider dans la ville en hiver en raison de
l'insécurité sévissant entre Strasbourg et Bischheim. La demande fut faite
en août 1767. Au mois de décembre, il n'y avait toujours pas de réponse.
291
L'entrée des lsraélim dam la société franfaise, op. cit., p. 99.
292 ibid., p. l 00.
-' Du frankisme au jacobitlisme, op. cit., p. 51.
29
294 Le mariages entre ces différences familles princières créent de véritables lab.yrinthes. On s'y perd

presque. ependant, iJ ne faut absolument pas négliger l'étude de ces mariages car les informations
t les influences se cransmecraienc de famille en famille ... un véritable réseaucage. Nous ne citerons
qu' un exemple, mais de taHle. Une des filles de Louis IX de Hesse-Darmstadt, Amélie, s'était mariée à
Charles-Louis de Bade. De cerce union naquirent plusieurs enfants. Parmi eux, Louise Augusta de Bade
qui devine impératrice en épousant Alexandre 1cr de Russie (1777-1825). Or, comme nous l'avons écrit
dans l'Atlas du mondip/isme, en nous appuyant sur les informations de l'avocat juif polonais Alexandre
Kraushar, auteur de l'étude fondamentale parue en deux cornes en 1895 concernant la vie de Jacob
Frank, que le tsar ec son conseiller d>ambassade à Paris, Nesselrode (donc la mère était la fille du ban-
quier Gontard à Francfort), étaient en contact avec la famille Frank et plus parckulièremenc avec sa fille
Ève. Ils lui rendirent visite plusieurs fois en 1813. in Alexandre Kraushar, Jacob Frank et le mouvement
frankim, Éditions Hades, Tome 2, 2017, p. 234.
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 155

Et pourtant, Cerf Beer obtint gain de cause en janvier 1768 en raison de


l'appui du duc de Choiseul, ministre de Louis XV, demandant aux magis-
trats qu,une « demeure momentanée» fût accordée au quémandeur 295 • Cette
information incroyable révèle qu'il bénéficiait d'un appui venant du plus
haut cercle du pouvoir politique. D'autres exemples de ce type suivront.
Les informations très référencées de l'abbé Joseph Lémann émanant, pour
la plupart, des archives nationales de Paris et de Strasbourg n'apportent
pas l'élément que nous aimerions vivement savoir. Comment un Juif alsa-
cien issu d'un milieu social de la classe moyenne de l'époque, appartenant
à une communauté ne bénéficiant pas véritablement de considération de
la part des sujets du royaume de France et n'ayant pas la nationalité fran-
çaise, a pu obtenir un soutien en si haut lieu? Il n'est rien dit à ce sujet et
c'est vraiment dommage. En tout cas, l'appui du duc de Choiseul fut le
sésame permettant à Cerf Beer et à sa famille d'obtenir le droit de résider
momentanément à Strasbourg au début de l'année 1768. Mais ouvrez une
porte ... elle ne se referme plus. Le momentané devint permanent car Cerf
Beer réussit à obtenir l'appui du marquis de Monteynard pour prolonger
son pied-à-terre strasbourgeois 296 • Cette présence lui permit d'acquérir en
secret, « et sous le nom d'un tiers» en 1771, l'hôtel de Ribeaupierre qui
appartenait à Charles-Théodore, duc de Deux-Ponts, électeur palatin, mais
aussi. .. duc de Bavière, le même personnage à l'origine de la dissolution
(officielle) des Illuminés de Bavière 297 • Cette situation, rendue possible avec
l'appui d'un intermédiaire (le fameux tiers), passait par le chevalier de la
Touche, lieutenant général des armées du roi. Elle fut conservée secrète
pendant 14 ans permettant à Cerf Beer d'acquérir d'autres logements, en
pardculier pour ses gendres, Alexandre Lévy et Wolf Lévy 298 • Le pot aux
ro es fut découvert en 1784 avec la mort du chevalier de la Touche qui ser-
vait de paravent. Cerf Beerse présente devant les magistrats strasbourgeois
stupéfaits en leur présentant les titres de propriété. La réaction immédiate
fut de la part de ces autorités de ne pas reconnaître l'acquisition de l'hôtel
de Ribeaupierre. Afin de débloquer la situation, Cerf Beer sortit une arme
de destruction mas ive en présentant aux magistrats à nouveau stupéfaits
les lettres patentes de naturalisation accordées par Louis XVI. Cerf Beer
en tant que Français, en raison de ces papiers, avait le droit légitime d'être
propriétaire de ces divers logements. L'abbé Joseph Lémann a publié les
Lettres patentes de naturalisation du roi issues des Archives nationales :

m L'entrée des Israélites dans la société française, op. cit., pp. 102-103.
296 Ibid., p. 104. Et comme l' écrit l'abbé Joseph Lémann quelques lignes plus loin: «Mais Cerf Beertst

dans la place, il ne songe plus qu'à s'y maintenir et à consolider sa position.»


2,,., Ibid. , pp. 105- 107.
298 Ibid., p. 108.
156 ARCIIlVES DU MONDIALISME

« Voulant donner au sieur Cerfbeer (ndla : orthographe du document)


un témoignage particulier de la satisfaction, que Nous avons des services qu'il
a rendus et qu'il continue de Nous rendre, autant de zèle et d'intelligence que
de désintéressement et de probité. À ces causes, et de notre grâce spéciale, Nous
avons accordé et accordons audit Cerjbeer, à ses enfants nés ou à naitre en légi-
time mariage, les mêmes droits, facultés, exemptions, avantages et privilèges,
dont jouissent nos sujets naturels ou naturalisés. En conséquence permettons
audit Cerjbeer d'acquérir par achat, donation, legs, succession, ou autrement,
tenir et posséder dans notre royaume tous biens, meubles et immeubles de
quelque nature qu'ils puissent être( ... ).

Donné à Versailles, l'an de grâce 1775, au mois de Mars.

Signé : Louis299 »

Pour les magistrats, la situation était délicate : s'opposer à Cerf Beer,


c'était s'opposer au roi, mais pas uniquement à l'autorité royale. Fait révé-
lateur d'un état d'esprit propre aux élites de cette époque, outre le duc
de Choiseul, le marquis de Monteynard et le chevalier de la Touche déjà
signalés dans leur appui apporté à Cerf Beer, il faut ajouter d'autres noms
comme : le marquis d'Argenson, le maréchal de Contades, le comte de
Ségur et le comte de Brienne300 • Ces deux comtes furent successivement mi-
nistres d'État. Une bataille juridique s'engage, dès 1784, entre Strasbourg
arc-boutée sur le respect à avoir vis-à-vis du droit municipal et l'autorité
royale. Elle continuait quand éclata la Révolution. En tout cas, dans l'es-
prit des Lumières touchant ces élites jusqu'au roi, l'octroi de la nationalité
française se justifie. En reprenant une formule déjà exprimée par Mira-
beau caractérisant l'atmosphère générale de cette époque : « Le juif est plus
homme encore qu'il n'est juif», complétée par la formule aux conséquences
profondes de l'abbé Joseph Lémann : « La signature royale a ouvert à Cerf
Beer tout le royaume3° 1• »
m Ibid., p. 11 2. Le précepteur du jeune Louis XVI, La Vauguyon. a fait du «bon » travail. Nous
rappelons que lors du sacre à Reims, le roi jurait qu'il devait lutter contre toutes les hérésies. Dans le
contexte de l'époque où le socle teligieux et politique était le catholicisme, n'est-on pas en droit de
se dem ander si Louis XVI n'a pas violé les promesses du sacre? {>ar ailleurs, comme nous l'avons déjà
écrit, il aurait été très utile de connaître tous les maillons intermédiaires servant de relais encre Cerf
Beer et Louis XVI.
300
Ibid., p. 117.
301Ibid., p. 131. Le fait d'octroyer la nationalité française à une personne de confession juive, alors
que c'était contraire à la mission d•un roi de France devant lutter contre les hérésies, principes solen-
nellement rappelés lors du sacre de Reims, ouvrait la voie à d•autres naturalisations du même· type. Et
en toute logique, ce qui est fait pour les Juifs se doit d'être étendu à d'autres personnes apparcenanr à
d'autres religions (musulmane, bouddhiste, hindouiste, etc.). Après tout, en reprenant la formule de
Mirabeau qui va prendre forme avec la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen : « Un musu,l-
man, un bouddhiste ou un hindouiste sont plus hommes encore qu'ils ne sont musulman, bouddhiste
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 157

L'action de Cerf Beer ne s'arrêta pas là. Nous avons déjà signalé qu'il
avait joué un rôle dans la traduction en français du livre de Christian Wil-
helm von Dohm ami de Moses Mendelssohn 302 • Indirectement, un tel fait
révèle le haut degré de relation de cet homme avec des acteurs favorables
aux Lumières. En raison des problèmes en Alsace (usure, quittance, etc.),
une démarche particulièrement révélatrice de l'existence d'un réseau allant
au-delà des frontières du royaume de France prit forme:

« Les Juifs
d'Alsace s'étaient adressés à Mendelssohn et l'avaient
prié de rédiger un mémoire qui devait être soumis au Conseil d'État de
Louis XVI a.fin d'engager ce corps à envisager avec pitié leur position mal-
heureuse. Le philosophe et régénérateur juif se refusa à faire lui-même cette
rédaction, persuadé qu'elle n'eût pas abouti; il pensait, avec juste raison, qu'il
fallait, pour combattre ces préjugés avec efficacité, la plume d'un non israélite,
comme il le dit lui-même dans une de ses lettres au baron de Hirschen. Dans
ce but, il s'adressa au jeune Dohm, qui vivait à Berlin en qualité de conseil-
ler militaire et qui accepta la proposition, animé par son sentiment du bien
public et par l'esprit de tolérance dont il était redevable à l'ami de Lessing.
L'ouvrage fat publié à Dessau, patrie de Mendelssohn, en 178l3°3 (ndla:
souligné par nous). »

C'est avec ces diverses tensions en Alsace, mais aussi entraides entre
personnes soucieuses d'améliorer la situation des Juifs que furent publiées
les Lettres patentes de Louis XVI en juillet 1784 consistant, à la fois, à pro- .
téger les chrétiens, mais aussi à améliorer la condition de la communauté
hébraïque. Ce texte n'est que la conséquence d'un tour d'esprit propre au
Lumières puisqu'il permet de faire entrer le monde juif au sein de la nation
française avec, toutefois, des dérogations qui peuvent surprendre voire cho-
quer le lecteur de 2019. N'oublions pas que le roi de France, même marqué
par une touche libérale comme Louis XVI, avait encore des réflexes en fa-

ou hindouiste. » Ce 9'cst qu•une affaire de temps pour faire en sorte que tout le monde profite de ces
libéralités toutes noachides. Avec une nuance concernant l'islam. Cette religion, dont les fondamen-
taux ne heurtent pas les caractéristiques du noachisme émanant de la synagogue nouvelle, n'établit pas
toutefois de distinction entre le spirituel et le temporel. Ajoutons aussi que l'islam rejette l'usure. Pour
roue le reste, il y a concordance.
302
Cf. note 281.
303 L'entrét des lsrallius dans la socitté française, op. cit., pp. 374-375. Et l'abbé Lémann de rapporter

ces faits au sujet des Juifs alsaciens : « lis eurent rtcours à Mendelssohn, à l'occasion des suites de l'lpt'sode
des fausses quittances ( ... ). Cerf Betr, qui était en relation avec Mendelssohn, lui envoya tous ks docu-
ments. ~ Ibid., note 1 : ajoutons que pour ces affirmations, l'abbé joseph Lémann s'appuie sur les travaux
d'Heinrich Graecz, Histoire dts juifi, Tome XI, p. 66. Il est m~me ajouté que Cerf Beer aida von Dohm
à envoyer six cents exemplaires de son livre à Paris. Mais compte tenu que l'envoi en France avait été
fait sans autorisation, ils furent mis au pilon, in ibid., pp. 375-376 en référence aux Archives israélites,
18661 p. 641 et p. 642.
158 ARCHIVES DU MONDIALISME

veur de la protection de la religion catholique, c'est-à-dire l'âme du pays 304 •


Les vingt-cinq articles constituant les Lettres patentes intègrent juridique-
ment les Juifs à la sphère nationale où se mêlent à la fois des interdits, des
abrogations, mais aussi des facilités. Ainsi, le péage corporel, taxe mettant
les Juifs au niveau des animaux lors de leur itinérance d'une ville a une
autre, est supprimé (initié dès janvier 1784 305 ). Le principe de l'usure leur
est enlevé tandis qu'en échange, ils peuvent posséder leur propre demeu~e
sans avoir à y subir l'arbitraire (une expulsion forcée par exemple) et jouir
d'une entière li bercé de commerce. Point essentiel, si l'autorisation leur
est donnée de s'engager dans des travaux agricoles, les Juifs ne peuvent pas
acquérir le sol du royaume. Cette interdiction révèle l'organisation poli-
tique de la France reposant sur un fond catholique. Dans la logique de
cette époque, le sol de France revient de droit uniquement aux habitants
appartenant à la civilisation du pays né du baptême de Clovis. Esc-ce inju-
rieux d'en exclure les Juifs? L'abbé Joseph Lémann rétablit une vérité et une
réalité historique par les propos suivants :

« Les
juif, lorsqu'ils étaient possesseurs de la Palestine, ne reconnais-
saient à personne, à aucune nation, à aucune religion, le droit d'acquérir la
moindre parcelle du territoire sacré. Jamais la Loi de Moïse n'eût autorisé un
enfant d1sraël à vendre son champ à un étranger. Il n'est donc pas étonnant
que les catholiques, devenus à leur tour le peuple de Dieu, aient sauvegardé
leur territoire en excluant les juif de son acquisition, comme les Juif avaient
sauvegardé leur Terre sainte en excluant les nations de sa possession. Ce n'est
qua partir de 1789 ( ... ) que les juif commenceront à se plaindre et à crier à
l'injustice. Pourquoi? Parce qu'alors un droit public nouveau, le droit huma-
nitaire, les droits de l'homme, ai,ra été substitué au droit chrétien. Imprudence
qui permettra aux juif de devenir propriétaires et d'envahir tout à leur aise
l'héritage du peuple chrétien ( ... ). Louis XVI fat souverainement prudent,
souverainement politique en statuant que les juif demeureraient exclus de la
possession de ce sol de France, relevant du Christ. Leur interdire l'acquisition

304 L'abbé Joseph Lémann a consulté ces pièces d'archives, en particuHer, le travail préparatoire (appe-
lé « mémoire secret») rendant possible la mise en forme des articles composant ces Lettres patentes.
Concernant ce mémoire secret, « Le roi institua une commission composée de MM. de Miroménil Dagues-
seau, de BeaumQnt, de Sauvigny, Taboureau. Ceux-ci se firent remettre; d'une part: Les réflexions du. baron
de Spon, président du Conseil d'Alsace, de M. de La Galaizière, du cardi11al de Rohan et du maréchal de
Contade (tous chargés de /'administration de La province d'Alsace); d'autre part: Les représentations des Juifs
furent étudiées avec soin par la commission. Et /'11,n de ses membres, M. de Miroménil, rédigea ce mémoire
secret qtte nous avons découvert, et dans Lequel se troi,vent en préparation tous les articles qui composent Les
lettres patentes de 1784. >> Ibid., p. 33, note de bas de page 1.
305 N 'oublions pas, toutefois, que cette taxe permettait indirectement de suivre les déplacements de ces

Juifs en France qui pouvaient, pour certains, transmettre des informations ou des courants d'idées ...
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 159

du sol, c'était sauvegarder la France comme pays catholique3°6• »

Louis XVI, le premier démocrate-chrétien de par sa formation héri-


tée de La Vauguyon, a cru établir une forme de stabilité et d'apaisement
entre son peuple et une communauté étrangère à la civilisation chrétienne
du pays. Cette situation pouvait-elle durer? Accorder des droits en partie,
c'est, tôt ou tard, s'entendre réclamer des droits supplémentaires dans le
cadre d'un catholicisme libéral conduisant à l'émancipation complète. On
peut d'avance affirmer que son ancêtre Saint Louis n'aurait sûrement pas
agi de la même man~ère. Cependant, les esprits du XVIIIe siècle étaient fort
éloignés des•exigences des fonts baptismaux de Reims 307 • En tout cas, cette
politique d'émancipation déplaisait à certains Juifs, surtout avec l'accéléra-
tion de son principe à partir de 1788. Les rivalités entre Juifs peuvent être
violentes et Cerf Beer demande même à Malesherbes d' œuvrer afin de favo-
riser un rapprochement entre les Israélites de France. Il est vrai que la lettre
des Juifs de Bordeaux du 8 mai 1788 adressée aux représentants israélites
entourant Malesherbes est un modèle d'animosité et de mépris clairement
affichés le tout exprimant un racialisme de supériorité bon teint :

« Nous avons reçu la lettre que vous nous avez fait l'honneur ( ... ) Nous
devons vous assurer du même secret ( ... ) que, de notre côté, nous vous recom-
mandons sur votre mission ( ... ) afin que rien de ce que vous avez à traiter ne
vienne à la connaissance des Juifs avignonais et allemands, qui ne pourraient
que nuire infiniment à notre principal objet de conserver notre corporation,
par les démarches et les sollicitations qu'ils feraient pour sy opposer, et être
confondus avec nous sous la seule dénomination générale de Juifs ( ... ) Vous
connaissez trop toute incompatibilité des usages, coutumes et manière de vivre
des autres juifs d'avec les nôtres, pour ne pas, à cette occasion, la faire valoir
comme vous le devez. Et, sans avouer ouvertement, dans les conversations que
vous aurez, la différence qui existe entre leurs mœurs et les nôtres, pour ne pas
trop les déprécier, ni convenir qu'il y en ait aucune dans le dogme religieux,

306
L'entrée des israélites dam la société française, op. cit. , pp. 56-5 7. L'abolition de cette mesure catholique
(droir de propriété) à répercussion politique par la Révolution de 1789 a ouvert la « Maison France»
aux populations du monde entier. L'immigration trouve sa source sur ce point. Il faut souligner aussi
un point important qui est l'article VI parmi les vingt-cinq constituant ces Lettres patentes. Ce dernier
n'autorisait les mariages parmi les Juifs d'Alsace qu'avec l'assentiment royal. N'était-ce pas une manière
de réguler la démographie juive afin qu'elle ne devînt pas trop importante par rapport à la population
chrétienne alsacienne? En tout cas, l'abbé Joseph Lémann, fore compréhensif à l'égard de la politique
de Louis XVI concernant le monde judaïque, s'élève furieusement contre cette mesure, in ibid., p. 62.
307 Cette politique d'émancipation, qui se voulait graduelle, s'est même accélérée en 1788, à l' initiative

de Louis XVI, avec la création d' une Commission sous l'égide de Malesherbes réunissant les Israélites
les plus distingués des diverses parties de France : Furcado, Gradis, Lopès-Dubec pour Bordeaux; Cerf
Beer pour l'Alsace; Beer Isaac Beer pour Nancy; Lazard et Trevel pour Paris, ec Fonseca pour Bayonne;
in ibid., p. 445.
160 ARCIDVES DU MONDIALISME

vous pouvez représenter qu'ils le surchargent de beaucoup de cérémonies ridi-


cules, d'idées rabbiniques, et qu'ils sont en quelque manière tellemenJ asservis
à toutes sortes de superstitions ou de bigoteries, que cela les a encort rabaissés
à nos yeux, au point de ne nous être jamais permis avec eux d'alliances sous les
liens du mariage. Peut-être s'il était absolument besoin, ne serait-il pas difficile
de justifier par quelques recherches la supériorité originaire qu'on a toujours
reconnue aux juifs portugais, et la tradition qui s'est toujours conservée jusqu'à
nos jours qu'ils descendent, sans aucun mélange, des anciens chefs de la nation
juive; qui furent enlevés de Jérusalem par Nabuchodonosor avant la captivité
de Babylone, et qui furent conduits en Espagne3° 8 ( ••• ). »

Voilà la situation au moment où la Révolution est sur le point d, écla-


ter. Même si celle-ci va reconnaître la citoyenneté aux Juifs en septembre
1791, force est de reconnaître que le travail avait été bien préparé et lancé
par une monarchie capétienne dont la mission, héritée d,un pacte convenu
à Reims sous l'égide de l'évêque Saint Remi reprenant et continuant celui
de la Maison de David par le lien de l'Incarnation, ne respectait plus ce
point fondamental que la synagogue nouvelle d, essence « catholicide », se-
lon les principes établis par l'Église, n'avait plus sa raison d'être. La recon-
naissance royale, oublieuse de son passé et des exigences héritées du pacte
de Reims car imprégnée des Lumières, officialisait et intégrait graduel-
lement le monde judaïque talmudo-kabbalistique, celui-ci étant violem-
ment opposé aux fondements mêmes de la civilisation française. Ces deux
mondes ne pouvaient pas coexister ensemble. L'un devait céder la place à
l'autre. Par la suite, les révolutionnaires français imbibés de maçonnisme et
de son frère nourricier, le noachisme, émanation de la synagogue, firent le
travail que des générations rabbiniques avaient rêvé de voir disparaître : un
principe vieux de 1 300 ans proclamant le roi lieutenant d,un Christ, d'un
Messie abhorré allait être enfin supprimé. Ce n, est pas l'effet du hasard si
l'abbé Grégoire, déjà cité, curé d'Emberménil, fut le lauréat d'un concours
couronné par la Société royale des sciences et des arts de Metz, le 23 août
1788, dont le titre annonce le retour victorieux du Sanhédrin, Essai sur la
régénération physique, morale et politique des juifs. Le style ampoulé, pom-
peux et marqué par des termes appropriés, révélant une intelligence gavée
de préceptes maçonnico-noachides, affirme avec force un monde nouveau
si contraire aux obligations de son ordination le faisant prêtre :

« Un
siècle nouveau va s'ouvrir,· que les palmes de l'Humanité en ornent
le frontispice, et que la postérité applaudisse d'avance à la réunion de vos cœurs.
Les juifs sont membres de cette famille universelle qui doit établir la fraternité

308
Ibid., pp. 452-453.
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 161

entre tous les peuples; et sur eux, comme sur vous, la Révélation étend son voile
majestueux. Enfants du même père, dérobez tout prétexte à l'aversion de vos
frères, qui seront un jour réunis dans le même bercail; ouvrez-leur des asiles où
ils puissent tranquillement reposer leurs têtes et sécher leurs larmes; et qu'enfin,
le Juif, accordant au chrétien un retour de tendresse, embrasse en moi son conci-
toyen et son ami309 • »

2) La matrice révolutionnaire

Alors que la situation financière de l'État s'apparente à une ban-


queroute, la convocation des États généraux par Louis XVI en mai 1789
échappe à l'autorité royale. La proclamation du Tiers-État comme Assem-
blée constituante, le 17 juin; la prise de la Bastille le 14 juillet _; puis la nuit
du 4 août aboutissant à la suppression des privilèges féodaux conduisent,
le 26 août, à la « Déclaration des droits de l'homme et du citoyen» dont
le préambule précise que cela se fait sous les auspices de « !'Être suprême>>
qui n'est que « !'Être infini», l' En-Sof de la Kabbale; le fameux «Dieu»,
que nous avons déjà évoqué, situé au-delà de la voûte céleste dans le poème
de Schiller, un adepte des Lumières. Cette formule est reprise dans la 9c de
Beethoven («Ode à la joie») avec, aussi, les fameuses Giitterfanken, les
« étincelles divines» qui, dans la Kabbale, sont au nombre de 268 selon
Isaac Louria310 • Cette Déclaration des droits de l'homme n'a pas été pré-
parée quelques jours avant la date de proclamation. Elle est le fruit ty•
pique des réflexions de personnes qui, en loge, ont ciselé les mots et les
phrases constituant la nouvelle métaphysique régissant la France depuis
1789. Parmi les révolutionnaires de pointe et pour la plupart affiliés aux
loges, nous pouvons signaler 11 abbé Sieyès qui s' ~st fait connaître par la
fameuse brochure, «Qu'est-ce que le Tiers-État>>, parue en janvier 1789,
et dont on connaît le retentissement. Cependant, il existe une autre œuvre
préparatoire aux droits de l'homme, bien moins connue, qui révèle la com-
préhension de l'auteur au sujet de la source véritable à l'origine des mani-
festations matérielles de la Révolution : << Préliminaire de la Constitution
française, reconnaissance et exposition raisonnée des Droits de l'homme et
du citoyen» présenté le 20 juillet 1789 au Comité de Constitution 311 • Le
mot qu'il utilise et réutilise plusieurs fois est «métaphysique». Il a compris

309 https;//galliça,bnf.fr/ark;/ l 2I48/bpc6k46653g/f20 Limage, p. 194.


:,io Sabbatai Tsevi,. op. cit., p. 49. Les dernières lignes d'essence kabbalistique du poème de Schiller
reprises par Beethoven disent : « Pressèm-tu le Criateur, monde? Cherche-le par-delà le firmament!»
311 hrtps·//gallica.bnf,fr/ark:/12148/bpt6k41690~f3,imaguextelmage ·
162 ARClllVES DU MONDIALISME

que le nouveau régime était en train d,instaurer une nouvelle métaphysique


signant l'arrêt de mort du précédent. Le mot est utilisé de nombreuses fois
et nous ne citons qu'un court extrait, mais significatif:

car, par exemple, quand on a parlé pour la première fois, d'une


« ( ..• )
Constitution Nationale à donner à la France, c'était de la métaphysique.
Quand on a démontré que le Pouvoir Législatifappartenait à la Nation et non
au Roi, c'était de la métaphysique. Quand on a voulu voir dans les Députés aux
États-Généraux, de vrais Représentants, et qu'on a tiré de ce mot si fécond, les
vérités les plus utiles, c'était de la métaphysique. Quand on a, pour la première
fois, distingué le Pouvoir Constituant des Pouvoirs constitués, et en particulier
du Pouvoir Législatif, c'était de la métaphysique. ( ... ) Quand on a prononcé
le nom d'Assemblée Nationale, et qu'on l'a considérée comme préférable aux
États-Généraux de France, c'était de la métaphysique. Quand les Députés du
Tiers-État, devenus Députés des Communes, se sont ensuite regardés comme la
Nation, et sont constitués en Assemblée Nationale, c'était de la métaphysique.
( ... ) Quoi qu'on fasse, il faut s'attendre à voir traiter la métaphysique politique
pendant quelques années, comme la philosophie _morale l'a été durant un demi-
siècle, et par les mêmes raisons. ( ... ) Encore une observation. Si nous avions à
faire une Déclaration des Droits pour un peuple neuf, quatre mots suffiraient:
égalité des droits civils, c'est-à-dire, protection égale pour chaque citoyen, dans
sa propriété et dans sa liberté; et égalité des droits politiques, c'est-à-dire, même
influence dans la formation de la Loi, etc. 312 ( ... ). »

Signalons que dans cette période de remous violents, 1, abbé Joseph


Lémann rappelle le poids significatif de la loge des « Philalèthes » au sein des
« Amis réunis» dont la correspondance avec l'étranger était abondante313 •
Mais dans cet incendie révolutionnaire, l'élément déclencheur lançant la
politique d'intégration des Juifs dans le concert de la nation française, le
véritable allume-gaz dans cette affaire, fut le déjà nommé abbé Grégoire
dans une lettre révélatrice du 23 février 1789 au Juif Isaïe Bing de Metz :

« Dites-moi donc, mon cher Bing, à la veille des États généraux, ne de-
vriez-vous pas vous concerter avec d'autres membres de votre nation, pour récla-
mer les droits et les avantages des citoyens? Plus que jamais, voici le moment...

Aimez toujours votre inviolable ami


3 12
Ibid., pp. 7-16.
m Pour ces affirmations, il s'appuie sur l'énorme travail du Père Nicolas Deschamps, d'une érudition
époustouflante et d'une précision chirurgicale : Lts sociétés secrètes et la société ou philosophie de l'his-
toire contemporaine, Éditions ESR, parues à l'origine en 1882, trois tomes faisant presque 2 000 pages,
véritable concentré d'informations sourcécs qui n'ont aucune chance d'être présentées dans les cours
d'histoire de !'Éducation dite nationale. Cf. note 323.
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 163

Grégoire,
curé d'Emberméni/3 14 »

Cette lettre fut suivie d, effet comme le rapporte avec moult informa-
tions l'érudit abbé Joseph Lémann. En effet, la convocation des États géné-
raux par Louis XVI vit affluer des députés munis des cahiers de doléances
émanant de la population. Cependant, les Juifs d'Alsace, de Lorraine et des
Trois-Évêchés, n,étant pas citoyens français, n'avaient pas pu participer au
débat national. Il n'en reste pas moins qu,ils obtinrent le droit d'être député
pour chacune de leurs provinces respectives 315 après avoir fait rédiger leurs
propres cahiers de doléances au sein de leur communauté. Munis de tous
ces documents remis au garde des Sceaux de Louis XVI, ils se rendirent à
l'Assemblée siégeant à Versailles. Toute 1, affaire fut menée par l'abbé Gré-
goire, député de la Lorraine, qui avait reçu les fameux cahiers des représen-
tants juifs de la part du garde des Sceaux pour les présenter ensuite lors des
débats publics. Ajoutons que sa bonté libérale le poussa à accueillir ces Juifs
dans son propre logis 316 • En cout cas, il se lança, à multiples reprises, dans la
bataille à la tribune de l'Assemblée dès le 3 août 1789 pour favoriser la prise
en compte de la question juive ... sans succès. À peine la Déclaration des
droits de l'homme et du citoyen adoptée, l'abbé Grégoire repart à l'attaque
en présentant une motion aux députés qui ne fut pas autorisée à être lue
devant les représentants de l'Assemblée ·=

« Messieursles députés, vous avez consacré les droits de l'homme et du


citoyen, permettez qu'un curé catholique élève la voix en faveur de cinquante
mille juifs épars dans le royaume, qui, étant hommes, réclament les droits de
citoyens. Arbitres de leur sort, vous bornerez-vous, Messieurs, à une stérile com-
passion? N'auront-ils conçu des espérances qui pour voir doubler leurs chaînes
et river leurs fers, et par qui? ... par vous, les représentants généreux d'un
peuple dont vous avez cimenté la liberté en abolissant l'esclavage féodal. Vous
avez proclamé le roi Restaurateur de la liberté; il serait humilié de régner sur
des hommes qui n'en jouiraient pas : cinquante mille Français se sont levés
esclaves, il dépend de vous qu'ils se couchent libres3 17 !»

Cet échec ne découragea pas l,abbé Grégoire fort d'une arrière-garde


capable comptant, outre les députés et Cerf Beer, les 500 Juifs de Paris
unanimement derrière le prélat progressiste. La preuve en est que le soir
314 La prépondérance juive, op. cit., pp. 95-96.
m « Les députés d'Alsace étaient: D. Sintzheim et S. Seligman Wittersheim; les députés de Lo"aine : Mayer-
Marx et Berr-lsaac-Be" ,· les dlputls de Metz et des Trois-Évichls: Goudchaux, Mayer Cahn et Louis Wolf.»
in ibid., p. 96, note de bas de page 3.
316 Ibid., p. 97.
317
Ibid., p. 100.
164 ARCHIVES DU MONDIALISME

du 26 août clôturant },adoption de la Déclaration des droits de l'homme,


les Juifs de Paris rédigèrent la requête à l'Assemblée nationale demandant à
être admis en tant qµe citoyens :

« [.A.fflrm~nt]: « Sans doute, et nous aimons à le penser, votre justice ne


demand1tit point à être sollicitée, ni prévenue par nos vœux. En restituant à
l'homme sa dignité première, en le rétablissant dans la jouissance de se$ droits,
vous n'avez entend'ltl, faire aucune distinction entre un homme et un autre
homme,· ce titre nous appartient comme à tous les autres membres de la société,·
les droits qui en dérivent nous appartiennent donc également. ( ... ) Aussi nous
1ommçs certt#ns désormais d'avoir une existence différente de celle à laquelle
nous avions été vouét jff-sq11,'ici. Lç titre d'homme nous garantit celui de citoyen;
et le titre dç citoyen nous donnera tous les droits de cité, toutes les facultés
civiles, dont nous voyons jouir, à côté de nous, les membres d'une société dont
nous faisQr,s partie3 18 • »

L'abbé Joseph Léma11n écrit avec raison qu,une telle assurance ne


pouvait résulter que d'une çonnaissance profonde des choses se passant
dans les c.oulisses 319 : Cela n'empêcha pas l'ensemble d, aboutir à un échec
tandis que les députés juifs n, étaient toujours pas autorisés à pénétrer dans
},enceinte de l'Assemblée ... jusqu'au 14 octobre 1789 grâce à l'entremise
de l'abbé Grégoire, c~est son président, Berr-Isaac-Berr, qui sut habile-
ment utiliser les propos les plus doux, mais aussi ceux en acçointance avec
la religion humanitaire noachide du texte de la Déclaration des droits de
l'homme permettant la première percée en faveur du monde judaïque:

« C'est au nom dç l'Éternel, 4uteur de-toute justice et de toute· vérité, au


nom de ce Die11, qui, en donnant les mêmes droits, a prescrit à tous les mêmes
devoirs,· ç'e!t au nom de l'humanité outragefe depuis tant de siècles ( ... ) que
n(}us venons, aujourd½ui, vous conjurer de vouloir bien prendre en considéra-
tion lçur destinée déplorable. ( ... ) Qu, les hommes nous regardent comme
318 « Adresse présmtée 4 l'Asttmb/ée nationale lt 26 août 1789, par les juifs résidant à Paris, - Elle est signée
par J. Go/dschmidt, président, Abraham Lo.pts Lagouna, vice-président, Wtil, Benjamin Fernandès, Mar-
fkJcl,le Lévi, ttç. » in ibid., pp. 112-113, noce de bas de page 1. Et l'abbé Joseph Lémann de faire cecce
consc.-ration lucide : « Une pareille assurance de langage ne supposerait-elle pas une connaissance préalable,
approfondie, dt ce q"i st préparait! Des hommes tenus à l'écart de la socilté, s'ils n'avaient été au courant
(dans les coulisses) de la rédaction, d~ but et de la p()rtte- de la /)éclaration des droits, auraient-ils présenté
des C()nclusions si assurées, le 26 août, le 1-oir mime du VOit dt la Diclararion? l'ignorance n'est-tilt pas
accompagnée de plus de timidité et de réserve, surtout dans les premières démarches?» in ibid.
319 Une deuxième adresse, celle des Juifs d'Alsace, se référant aux travaux préparatoires en leur faveur
de la parc des Juifs de Paris, fµc présentée à lAensemble de la population alsacienne («Adresse des Juifs
alsaciens au peuple d'Alsace») afin d'adoucir leurs relations avec les chrétiens. Une celle politique révèle
une coordination fort habile entre les deux communautés juives (Paris/Alsace) ce qui n'emp~cha pas les
représentancs Juifs alsaciens de rappeler maladroicement que les créances que leur devaient les popula-
tions chréciennes d'Alsace devaient ~tre réglées ... in ibid., p. 116.
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 165

leurs frères I (ndla : le poème de Schiller repris par Beethoven dit la même
chose : Alle Menschen werden Brüder, « Tous les hommes seront frères»)
Qu'une réforme absolue s'opère dans les institutions si ignominieuses auxquelles
nous sommes asservis, ·et que cette réforme, jusqu'ici trop inutilement souhaitée,
que nous sollicitons les larmes aux yeux, soit votre bienfait et votre ouvrage3 20 ! »

Pour les parlementaires largement issus des loges maçohniques et


psychologiquement bercés depuis des années pàr uhe musique digne de la
« Flûte enchantée», de tels propos déclertchèrent tin réflexe pavlovien en
prenant en considération cette requête. Une nouvelle tentative fut lancée
en décembre 1789 avec une caractéristique particulièrement ironique
dans ce sens que l'émancipation juive était accolée à celle des protestants,
des comédiens et des ... bourreaux321 • Et ironie supplémentaire, parmi les
députés chargés de plaider leur cause, un homme émerge en faveur des Jùîfs ...
Robespierre dont les structures mentales à angle droit plus que psyéhot1gides
étaient en parfaite adéquation avec l' esptit des loges. Coficernant les Juifs,
les propos tenus sont la parfaite réplique philosophiqüt des étrits que 1' on
retrouve dans ceux de Mirabeau, Mëndelssohfi ou encore von bohm :

« On vous a dit sur les juifs des choses infiniment exàgéréei et souvent
contraires à l'histoire. Les vices des juifs ttdissent de l'avilissement dans lequel
vous les avez plongés; ils seront bons quand ils pourront trouver quélqùe àvan-
tage à l'être ... je pense donc qu'on ne peut les priver des droits sacrés que leur
donne le titre d'homme3 22 • » ·

Le résultat de cette demande tomba après deux jours de délibérations


(23 et 24 décembre 1789). La demande en faveur des Juifs fut ajournée.
En revanche, grâce à Robespierre 323 , les bourreaux obtinrent gain de cause .
.n o Ibid., pp. 118-119.
m Du temps de l'Ancien régime, les Juifs et les protestants (mlme sii c,oricernant cs:es derniers, Louis XVI
avait commencé à procéder à leur reconnaissance juridique) étàient privés des droits civils en raison de
leurs religions contraires à celle du royaume de France, aù m6me titre que les comédiens et les bour-
reaux exerçant des métiers considérés comme infâmes.
322 Ibid. , p. 129. L'abbé Joseph Lémann s'appuie sur les ptopos exttàlts d'un organe de ptesse, Lt Moni-

teur de décembre 1789, pp. 503-504.


m Ibid., p. 130. Dans l'étude des documents de l'époque, eh partkulicr Lt Monittur, l'abbé Joseph
Lémann a relevé quelques noms des députés les plus actifs en faveur de l'émancipation juive, outre
Rdbespierte et sans tous les citer : l'abbé Grêgoire, Mounîet, Adrien Duport qui finalisera l'o€trdi
de l'acquisition de la nationalhé frànçaise aux Juifs eri septembre 1791, Mirabeau, ~a.tleyrand, Sète,
Beauharnais, là Rochefoucauld-Liancourt, Roederer, Sléyès, Necker, Camille Desmoulins; : .. ; in ibid.,
pp. 143-144. Or Ges noms avec d_'auues, hous tes retrouvons dans des loges maç~hhiques aux àppel-
lations v-atiées gràce âüx travaux du Père Oesdiàmp,, Ce sont dès dizaines et des dizai~es de noms, et
nous nolis bornons à présenter un extrait du docùme~t ~atàh~ de~ 789_ poùr en oiteë q:u el~~e!-tl~s: ~_Lts
coftvtnts généraux dt Id maronntrit; convoqués à Pam par lt com,tt dmcttur dis phJ/4/jthts J sy ltattnt
rlunif. Lturs comitéJ stcttts y avalent trditl èt dts articles splcifUJ dans Id tire11ilzirt Jt eonvoeation, tt dt
166 ARCHIVES DU MONDIALISME

Nous avons déjà eu l'occasion de souligner l'incroyable érudition des abbés


Lémann et de l'immense travail de recherches sourcées effectué par ces
deux frères. Grâce à eux, il va être possible d'aligner des informations que
la partie adverse, c'est-à-dire le monde républicain, s'est bien gardée de dif-
fuser. Quand on ne peut pas· nier une information dûment référencée, on se
tait en espérant que le silence fera passer la nouvelle dévastatrice au-dessus
d'une population bien éloignée des coulisses de l'histoire. La Révolution
de 1789 est, d'abord et avant tout, l'instauration d'une nouvelle métaphy-
sique, chose que nous avons déjà confirmée par les propos des révolution-
naires eux-mêmes. Elle n'est pas une finalité, mais une étape dont le but
lointain est d'aboutir à une gouvernance mondiale324 doublée d'un mélange
des populations considérant l'humain d'une manière indifférenciée en lien
avec des structures mentales alignées sur ses «dogmes»; c'est-à-dire la reli-
gion humanitaire noachide des droits de l'homme. Le fait de casser les
caractéristiques propres à la France issue du baptême de Clovis, c'était enle-
ver une barrière de protection offrant, désormais, le pays au tout venant 325 •
À partir du moment où les nouveaux principes affirmant qu'un Juif est
plus homme encore qu'il n'est juif, c'est obligatoirement ouvrir la porte
dans le temps à d'autres populations issues d'autres religions. Pourquoi
refuser la nationalité française à ces personnes «plus hommes encore que»,
selon la formule de Mirabeau, peu importe la marque religieuse et, par
au papier et moins encore à l'impression (liv. JI, chap. V ô- VII) n (ndla : souligné par nous). Un club,
ou loge de propagande, u forma pour l 'exlcution. Son objet et la /isu de ses principaux membres sont ainsi
indiqués dans des papiers trouvés chez le cardinal de Bernis et dont nous avons eu la communication. » Avant
de présenter quelques noms, rappelons que le cardinal de Bernis (1715- 1794) fut un ecclésiastique
et diplomate au service de Louis XV, ambassadeur à Vienne, Venise et Rome, cout en étant un poète
galant et un ami de Voltaire. Il est un exemple typique de cette élite religieuse et politique du XVlllè
siècle absolument pourrie amoureuse de « bons mots » révélateurs d' une tournure d'esprit semblable à
une fosse d'aisance : «je prlflre le paradis pour son climat, mais l'enfer pour ses fréquentations.» Citons
à présent quelques noms : « Liste des honorables membres qui composent le club de la propagande, lequel
s'assemble rue de Richelieu, 26, à Paris : l'abbé Siéyès, le comte de Praslin, le prince de Broglie, le vicomte
de Rochambeau fils, le comte de Mirabeau, Chapelier, Duport, le vicomte de Beauharnais, le duc de la
Rochefoucauld, Dupont de Nemours, Robespierre, le vicomte dt Noailles, l'abbé Grégoire, le marquis de
Montalembert, Chamfort (secrétaire de Ta//eyrand, rédacteur du Mercure), Roederer, jurinnt Du/uc, à Lyon,
libraire rt imprimeur chargl de l'envoi de livres en pays étrangers, Lachapelle aide de camp dt M. de Lafa-
yette, Gouvion, major-gin/ra/ de la garde nationale, l'abbé Fauchet (ndla: nom à retenir que nous allons
retrouver), ... ». Loge des «Amis réunis » : « Baboeuf, Chapelier, Dupont, Hébert, Laclos, Marat, Saint-Just,
... ». Loge des « Philalèthes ou Chevaliers bienfaisants »: « le prince de Hesse, Mesmer, Cagliostro, ... ». Loge
de la fC Candeur » : « Lafayette, le marquis dt Monttsquieu, Laclos, le marquis de Lusignan, le prince de
Broglie, ... ». Loge des « Neuf Sœurs » : « le duc de la Rochefoucauld, Bailly, Plrion (ndla : avocat et maire
de Paris) ... » in Les sociétés secrètes, op. cit., pp. 137-140.
324 Nous l'avons prouvé avec les affirmations du révolutionnaire Anarchasis Clootz dans notre livre,
Atlas du mondialisme. Nous présentons les passages clefs de la pensée révolutionnaire avec les extraits de
La République universelle et La République du genre humain (cf. notes 340 à 368).
3zs Cette protection permettant le maintien des caractéristiques de la France et des pays chrétiens en
général a été bien résumée par f abbé Joseph Lémann : « Qu'iraient-ce, en effet, que les nations chré-
tiennes? D'admirables communautés d'hommes et de peuples unis par la foi, par la tradition, par la langue,
par les mœurs, par le sol, ( ... ). N'irait-ce pas le Christ qui en était la base? N'était-ce pas Lui leur angle de
ri.union?» in La prépondlrance juive, op. cit., pp. 54-55.
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 167

ailleurs, l'attribuer aux Juifs. Si l'on applique cette reconnaissance à la gent


jud~ïque, tôt ou tard, on doit accepter que la « Maison France» accepte la
venue et la naturalisation de populations issues d'autres civilisations. Il faut
être logique et aller jusqu'au bout du raisonnement : les principes de 1789
ouvrent la porte à l'immigration, à la reconnaissance de peuples indifféren-
ciés car « plus homme encore» que leurs référents religieux. Les députés juifs
présents à l'Assemblée, le 24 décembre 1789, après avoir essuyé un énième
blocage firent ce constat implacable : ·

nous nous confions à vous tous,· et votre respect connu


« Nosseigneurs,
pour les droits de l'homme, l'impossibilité où vous êtes aujourd'hui de
vous mettre en contradiction avec tous ces actes de sagesse et de justice
qui sont émanés de vous (ndla : souligné par nous), la douleur que vous
auriez de déshonorer, par une injusttce éclatante, une constitution qui doit
faire le bonheur de la France et l'objet de l'admiration des étrangers : tout nous
garantit que notre cause, qui a trouvé hier tant d'adversaires parmi vous, trou-
vera en vous tous, aujourd'hui, autant de soutiens et de défenseurs3 26 • »

Face à une telle logique, la partie d'en face resta muette. Comment
expliquer ces blocages successifs qui vont se répéter 14 fois pour, finale-
ment, aboutir lors de la quinzième tentative à la naturalisation de la com-
munauté juive en France en septembre 1791 ? Avant d'exposer les deux
raisons essentielles, nous alignons toutes ces tentatives avortées : 1) le
24 décembre 1789, comme nous l'avons vu; 2) le 28 janvier 1790, les
droits civils accordés aux Juifs de Bordeaux par Henri II sont confirmés,
mais nouvel ajournement pour les Juifs d'Alsace; 3) le 26 février 1790, le
duc de la Rochefoucauld-Liancourt demande la mise en forme d'un état
civil pour les Juifs, la mesure est repoussée; 4) le 16 avril 1790, les Juifs
d'Alsace sont placés sous protection de la loi et de l'Assemblée nationale
(nous allons en voir un peu plus loin la raison), mais le nouveau statut est
ajourné; 5) 30 avril 1790, profitant d'un décret accordant la nationalité
française aux étrangers résidant en France depuis au moins cinq ans, ten-
tative de l'élargir à la communauté juive ... sans succès; 6) 20 juillet 1790,
abrogation de toutes les charges et redevances qu'on exigeait des Juifs, mais
la question de la naturalisation n'est pas traitée; 7) et 8) le 25 août et le
2 septembre 1790 alors que les protestants ~ont admis dans l'organisation
judiciaire, l'Assemblée ne l'étend pas aux Juifs; 9) le 18 janvier 1791, l'abbé
Grégoire, devenu président de l'Assemblée, relance le sujet qui est, à nou-
veau, bloqué par les parlemeotaires; 10) le 7 mai 1791, l'évêque apostat
Charles-Maurice de Talleyrand fait un rapport à l'Assemblée concernant la

32 <> Ibid., pp. 188~189.


168 ARCHIVES DU MONDIALISME

liberté complète des cultes. Les Juifs tentent d'y accoler la question del' état
civil, mais cela est rejeté par l'Assemblée; 11) le 20 mai 1791, liquidation
des dettes des communautés juives sans pour autant aller plus loin. À cela,
il faut ajouter les trois tentatives d'introduction du sujet par l'abbé Gré-
goire entre août et décembre 1789, nous arrivons à 14 essais infructueux.
Si ces projets ont échoué, cela est dû à deux causes. La première était que,
certes, les Juifs voulaient obtenir la naturalisation, pour autant ils voulaient
conserver leurs spécificités, leurs coutumes; c'est-à-dire vivre sous un ré-
gime particulier permettant l'obtention de la nationalité française, mais, en
même temps, avoir le droit d'être régi par les lois rabbiniques (les fonctions
de juges), bref, un régime particulier. La deuxième raison a été signalée avec
la protection des Juifs d'Alsace par l'Assemblée nationale. Le motif de cette
protection est le suivant révélant aussi la situation tendue sur le terrain :

« L'autre motif des hésitations et des ajournements de l'Assemblée fat


l'irritation croissante des populations de l'Alsace. Au récit, qu'on avait fait à la
tribune, des usures énormes des juifs dans ce malheureux pays, du chiffre Légal
de leurs hypothèques sur les terres, qui se montait à 12 millions, et de la haine
que nourrissait contre eux la population, l'Assemblée nationale avait été déjà
péniblement impressionnée. Mais, lorsque des informations s~res et pru-
dentes vinrent encore lui apprendre que les populations étaient frémis-
santes de rage à la pensée que ces usuriers allaient devenir leurs conci-
toyens, l'Assemblée devint soucieuse (ndla : souligné par nous). Devant
un état de choses qui menaçait de soulever en Alsace une insurrection contre le
gouvernement, en même temps qu'une persécution contre les juifs, elle hésita, et
malgré les menées pressantes et puissantes des intéressés, elle temporisa, trouva
le moyen de retarder jusqu'à la fin,· mais à la dernière heure, une inflexible
logique, ( ... ), lui imposera l'émancipation 327 • »

Pour que l'Assemblée, finalement, cède et passe à l'acte bien des élé-
ments ont été nécessaires. Les informations de première main apportées par
l'abbé Joseph Lémann permettent de saisir l'ampleur du phénomène qui fut
tout sauf spontané. L'auteur insiste sur le rôle prégnant de la communauté
juive de Paris (environ 500 personnes à l'époque) qui, pour créer les condi-
tions nécessaires à l'obtention des droits civils n'hésita pas à jeter « à la
Seine, ses syndics particuliers, ses rabbins3 28 >> (annonce de la Haskala en toile
de fond). Les figures de proue de ce mouvement parisien étaient, en réalité,
deux Juifs alsaciens: Cerf Beer et Berr-lsaac-Berr (représentant la Lorraine à
l'Assemblé'e nationale et grand connaisseur du Talmud). Comme le rapporte

m Ibid.• pp. 169-170.


m Ibid., p. 175.
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 169

et le prouve l'abbé Joseph Lémann, c'est le recours aux faubourgs et à la Com-


mune qui vont faire basculer rAssemblée nationale du côté de la cause juive.

« En dehors de l'Assemblée nationale, il y a de véritables pouvoirs : /'Hô-


tel de Ville, les districts et les clubs. Là se préparent les agitations de la rue,
les menaces, les complots ... Les clt1:bs avaient un moyen d'action qui s'appelait
le sabbat (ndla : souligné par nous); c'était une association de dix hommes
dévoués, prenant l'ordre de tous les jours, que chacun d'eux donnait ensuite à
dix hommes appartenant aux divers bataillons de la garde nationale de Paris;
tous les bataillons et toutes les sections recevaient à la fois la même proposition
d'émeute, la même démonstration contre les autorités constituées. L'oppression
de l'Assemblée nationale par la Commune et les districts, tel fat donc le carac-
tère distinctif de la Révolution. En rupture avec son souverain, cette Assem-
blée présomptueuse était obligée d'accorder en bas ce qu'elle refusait en haut :
l'obéissance. On décrétait les lois dans l'Assemblée, mais on les recevait, prépa-
rées, de /'Hôtel de Ville et des tlubs. Eh bien, les Israélites étaient, évidemment,
trop perspicaces et trop retors pour ne pas mettre à profit cette confusion des
pouvoirs. Toujours ajournés et déboutés par l'Assemblée, ils se retournèrent vers
/'Hôtel de Ville, vers la Commune et se concertèrent avec la force occulte pour
obliger la force légale et législative à s'occuper d'eux et à leur être favorable. Un
de leurs historiens les plus complets n'a pas cru devoir cacher cette manœuvre.
"Fatigués, dit-il, par les mille et inutiles efforts qu'ils avaient tentés pour obte-
nir les droits civils, ils imaginèrent un dernier moyen. Voyant qu'il était impos-
sible d'obtenir, par la raison et le bon sens, ce qu'ils appelaient leurs droits, ils
résolurent de forcer l'Assemblée nationale à approuver leur émancipation ... Ils
ne savaient que trop que le pouvoir n'était plus entre les mains de l'Assemblée,
mais dans celles des divers partis de la capitale, qui, dans leur zèle révolution-
naire, dominaient tout, le roi, l'Assemblée, le pays entier! C'est donc à eux que
s'adressèrent les juifs de Paris, de l'Alsace et de la Lorraine3 29 • "»

Le nom d'un homme est rapporté par l'abbé Joseph Lémann, lar-
gement inconnu devant l'histoire. Et pourtant! Son action fut décisive
pour la cause judaïque: c'est l'avocat Godard désigné à Paris; en 1791, par
l'expression « le jeune avocat dts ]uifs330 ». Les documents rél'èlent une coo-
.m Ibid., pp. 192· 193. L'abbé Joseph Lérnann s'appuie, dans la dernière partie, sut les travaux d'Hein•
rich Graetz, Tome XI , p. 211.
.HoIbid,, pp. 193• l 94. Il ajoute cette information à conserver à l'esprit: « Or; la Providence a permis qut
son porttftuillt concernant les Juifs, sts papiers d'avocat 41voul à leur cause, soient tombls tntrt nos mdins.
C'est 4 Marseillt que now avons fait, il y a vingt-cinïJ ans, ctttt dlcouvertt f élit tst vraiment ptlcieuse,
putsqu';lk noùJ ptrmtt dt rlvller J l'aidt dt Jocumtnls authentiques tt inéohttJtablts, ~ dtrniJrt fhast Jt
l'émantipation juive: sa phast jactJbin,, » Et l'abb4 Umartn dfâ.joutcr en tlotc de _bàS de page : « PlusieurJ
de m tlocumtnts pqrtmt· lt cachet de l'H4ttl dt Ville ou dt la 1'iùnicip11U1I dt Paris, avec les signaturts
autographes dt personnages connus. Le pi>rteftultle contient lgaltmtfit 111 miHutts où broûllloHJ dt tous
/ 1 , discours dt Godard tfl faveur dts J.uJfi '"'" un bon nombre dt letttts qui lui ont lté adreJslls, iHldités
170 ARCIIlVES DU MONDIALISME

pération étroite entre d'un côté Cerf Berr et Berr-Isaac-Berr et de l'autre


cet avocat dont les conciliabules avaient lieu au 56 de la rue des Blancs-
Manteaux à Paris avec, en plus, des échanges épistolaires 331 • L'abbé Joseph
Lémann s'appuyant sur les documents de l'avocat Godard, mais aussi les
écrits d'Heinrich Graetz explique et rapporte cette politique d'usure enta-
mée dès janvier 1790 auprès des représentants de l'Assemblée nationale
en profitant, aussi, de la fantastique complaisance de plusieurs prêtres et
évêques dans cette affaire : ·

« Or, un jour de réunion générale de la Commune à /'Hôtel de Ville,


tout à coup, les portes s'ouvrent, et cinquante gardes nationaux se présentent,
tous juifi, et décorés de la cocarde. À leur tête se trouve le jeune et enthousiaste
avocat Godard. ''Messieurs, dit-il en s'adressant aux membres de la Commune,
[les juifi, qui sollicitent de l'Assemblée nationale, et qui attendent de sa sagesse,
une Loi qui leur soit favorable, attachent donc une grande confiance aux suf
frages honorables qui les environnent dans cette capitale, et dont ils ont déjà
éprouvé tant de salutaires effets. Ils oseront dire, MM., qu'ils en sont dignes}
(ndla : ajout à partir de l'original) par le zèle patriotique qui, dès le moment
de la Révolution, a transporté leur âme, les a couverts de l'armure civique, et
en a fait de braves et infatigables soldats, entièrement dévoués au salut et à la
prospérité de la Nation". Il ajoute et fait remarquer que, sur cinq cents juifi
qui existent à Paris, plus de cent se sont enrôlés dans la garde nationale, et
sacrifient leur temps, leur zèle, leurs forces, à la défense de la Constitution. Go-
dard demande alors aux représentants de la Commune en faveur de ses clients
un certificat moral qui lui permette de se présenter, au nom de la ville
de Paris, devant les députés de l'Assemblée nationale, et de les amener
de la sorte à faire une loi favorable aux juifs (ndla : souligné par nous).
Il prononce ces paroles où l'action jacobine n'a jamais été, certes, plus visible :
"Ce n'est pas faire la loi, mais c'est la préparer par l'opinion; c'est exercer la
plus haute des puissances; c'est rendre les œuvres du législateur plus faciles, et
transformer, pour ainsi dire, à l'av4nce, ses intentions en décrets : en sorte que
tous les genres de gloire, Messieurs, semblent vous être réservés. Tantôt vous
secondez une loi déjà faite, en la consacrant promptement par l'opinion; tan-
tôt c'est une loi à faire que vous préparez par des actions, par des faits, par un
ensemble de conduites que les législateurs semblent vous demander, et dont ils
ont besoin pour opérer tout le bien qu'il est dans leur désir de vous faire. Il n'y a
et introuvables ailleurs.» Ibid., note de bas de page 1. Pour information, les documents et les travaux de
l' avocat Jacques Godard (1762-1791) sont présentés sur les sites de la BNF et de Gallica.
331
«. Les lettres adressüs à Godard. conservüs au milieu de ses papiers, portent toutes cette indication de rue
et de numéro. La rue de la Vieille-Parcheminerie prit, vers l'an 1257, le nom de la rue des Blancs-Manteaux
à cause du coutume des Servius ou serviteurs de la Vierge qui s'y établirent. Elle existe encore à Paris avec
cette dénomination. Un certain nombre de familles juives y habitaient en 1789. Godard avait donc élu
domicile en plein quartier juif.» in ibid., p. 197, note de bas de page 1.
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 171

point de préjugés qui puissent résister à cette puissance incalculable de l'opinion


qui prépare la loi, ou de la loi qui est secondée et consacrée par l'opinion 332• "»

La réponse positive à cette harangue fut donnée par le président de


l'assemblée de la Commune, un prêtre, l'abbé Mulot. Comme on peut le
constater des religieux à l'esprit décapé par les Lumières ou, plus précisé-
ment noachisé (Sieyès, Grégoire333 , ••• ), ont secondé la montée en puissance
de la Révolution. L'ensemble prit un tour supérieur à la suite de l'initiative
des représentants juifs, conseillés par Godard, de faire le tour de toutes les
sections de Paris. À cette époque, la capitale était subdivisée en 60 districts

332 Ibid., pp. 200-201. Propos complets et objectifs confirmés à partir de roriginal disponible sur
Gallica, in https://gallica,bnf.fr/ark:/12148/bpc6k4667ld/f4.imag~ avec la réponse de l'abbé Mulot
p. 1O. L'en-tête du document d, origine se présence ainsi : « Discours prononcé le 28 janvier 1790 par
M . Godard, avocat au Parlement, l'un dts représentants dt la Commune, en présentant à l'Asumblü
générale dt la Commune une députation dts juifs dt Paris.» Ce discours fut suivi de la présentation d'un
document, le même jour, intitulé« Pétition des Juifs établis en France adressée à l'Assemblée nationale,
le 28 janvier 1790, sur l'ajournement du 24 ,décembre 1789 » répondant à une adresse des Juifs de
Bordeaux envoyée à cette Assemblée. Les signataires de cc document se présentant comme « lt.s très
humbles tt très obéissants serviteurs» sont : Mayer-Marx, Ber-lsaac-Berr, David Sinczheim, Theodore
Cerf-Berr, Lazard-Jacob, Trenelle, père, sous la direction de Cerf Berr, « ci-devant Syndic-général des
juifs. ,. Cette pétition de 107 pages, outre les demandes en faveur de la naturalisation des Juifs, souligne
les problèmes en Alsace au sujet des prétendus 12 millions d'hypothèques (selon eux) sur les terres de
cette province n'étant pas appelée à devenir, malgré ses détracteurs, « unt colonie juive » (pp. 79-80) ou
encore rend hommage à Mirabeau dans sa compréhension du monde juif et à son œuvre sur Moses
Mendelssohn (p. 94). Mais surcout, cc document révèle les accointances profondes de cc milieu (Cerf
Berr et les autres) avec les acteurs acquis à la cause des Lumières en France et à l'étranger, en particulier
la Prusse et l'Autriche sous l'influence de Moses Mende.lssohn promoteur de la Haska/a. On peut
relever, encre autres, ce passage édifiant en demandant au lecteur de se rappeler des propos de Mirabeau
sur le docteur Herz marié à Henriette de Lemos (cf. note 284). Après avoir souligné l'importance du
monde juif à Berlin et à Vienne, ces auteurs ajoutent : « C'm à Berlin qu'm mort tn 1786_/t fameux
Moses Mendelssohn, l'un des plus grands philosophes tt dts meillttm écrivains du sièclt; glnit vraiment rart
à qui les Allemands ont donnl le titrt dè Platon moderne tt à qui ils dtstintnt un monument public. ( ... )
À Berlin, c'tst à un juif, au célèbrt Docteur Hertz, qut lt Roi a confié l'lducation dt ses enfants tt ce Juif a
lt titre dt conseiller aulique (ndla: conseiller particulier) du Roi. » in hctps://gallica.bnHr/ark:/12148/
bpc6k466644/f52,image, pp. 46-47. L'influence du monde juif au sein de la Maison royale de Prusse
est soulignée par ces propos. Or, nous devons renforcer ce trait, déjà relevé dans l'Atlas du mondialisme,
par le poinc suivant. Le banquier personnel du roi de Pruss~, le Juif Isaac Daniel ltzig, était membre cc
contributeur financier de }'Ordre des t< Frères Asiatiques» dirigé par Charles de Hesse Cassel, successeur
de Junius Frey, petit-cousin de Jacob Frank in Dufrankismt au jacobinisme, op. cit., p. 49. L'engagemenc
financier d' ltzig est confirmé par Jacob Kan, spécialiste des relations judéo-chrétiennes et professeur
d'histoire sociale à l'université hébraïque de Jérusalem, concernant la fondation d'une loge à Berlin :
« ( ... ) f tzig obtint unt lettre d'approbation dt la part du roi Frédéric Guillaume - dont il itAit le banquier
de confiance (ndla : souligné par nous) - qui affirmait que lt roi consentait à "tolérer la loge tn question
et à /a protlgtr aussi longtemps qu'tllt nt s'oritnttrait pas vers l'i/luminisme". » in Jacob Katz, juifs tt
francs-maçons tn Europe (1723-1939), Cerf, 2011, p. 96. Cerf Berr et ses acolytes étaient vraiment très
proches de ce monde fangeux.
m On peut illustrer ce dévoiement catholique, contraire à la doctrine de l'Église, par les propos d'un
autre prêtre, Bertolio, qui, lors d'une autre séance à l'Hôtel de Ville concernant les Juifs, n'hésitait pas
à proclamer : « Hâtons-nous dt leur faire oublier lts crimes dt nos pères. Soyons empressés dt rendre aux
juifs ce qu'ils nauraitnt jamais dû perdre : leur droit dt citoyens qui est immuable comme la nature qui le
leur donne. » in La pripondlranct juivt, op. cit., p. 205 . Il semble que ce prêtre avait oublié l'histoire
du Golgotha.
172 ARClilVES DU MONDIALISME

et en 48 sections. L'initiative fut menée par quatre Juifs 334 dont l'objectif
était de recueillir les signatures des représentants de chaque section afin
de leur faire approuver la demande d'émancipation du monde judaïque. À
l'exception des fripiers de la section de la halle, 47 sections donnèrent un
avis positif'3 35 • Fort de cette reconnaissance quasi unanime, l'avocat Godard
et l'abbé Mulot se rendirent à l'Assemblée nationale, le 25 février 1790, à la
tête d'une députation afin d'obtenir gain de cause. Heinrich Graetz utilise
une formule plus juste :

pour lui demander [à l'Assemblée nationale}, ou plutôt pour la


« (. •• )
forcer de signer le décret concernant les }uifs336 • »

Dans cette affaire, l'abbé Joseph Lémann a fait une trouvaille extra-
ordinaire dans les papiers appartenant à l'avocat Godard : la minute de
la pétition déposée au nom de la Commune sur le bureau de l'Assemblée
nationale. Nous reproduisons l'intégralité du document [avec les ruptures
du texte figurées ainsi : (... )] qui, indirectement, révèle bien des pressions
dans les coulisses du pouvoir révolutionnaire :

«ADRESSE

De l'Assemblée des représentants de la Commune à l'Assemblée nationale


sur l'admission des juifs à l'état civil

Messieurs,

La destinée de la plupart des juifs du Royaume est encore indécise. Peut-


être attendiez-vous qu'une opinion fortement prononcée vint fortifier vos géné-
reuses intentions et accélérer le moment de votre justice. Nous nous félicitons
d'être les premiers à vous porter cette opinion : elle n'est pas la nôtre seulement,
elle est celle des nombreux districts de cette capitale,· et c'est Paris tout entier
qui vous parle en ce moment par notre organe.
(. .. ) À l'instant de la Révolution, les Juifs de Paris, par leur courage,
leur zèle, leur patriotisme, ont acquis des droits à la reconnaissance publique.
Nous Lés avons vus avec nous, tllcorls du signe national, nous aider J conqué-
rir - èt tous les jours ils nous aident à conserver - notre pàtrimoine commtm,
334
Les quatre Juifs s'appelaiertt M~dothée Polak, Jacob Ttencl, Goldschmidt (rentier) et le bijoutier
}~cab Lazard; in ibid ; p; 206, liütc de bas de page 1. L' àuteur péédse qu'Heinrkh Graetz confümt! ce
fait (tome XI; i,, 216) ,
m S'àppuyàfit sur Id propos d'Heintieh Gtaett, l'abbé Jôseph Lémàiiii tâpporte : « // ny ttii iJùt lti
revtndturs dt la lutllt qui rtfasittnt dl dônlitr ltur cdnsenttffltnt; cat Jls rld.outaitfit la concu"enü. ,, in
tbJd., p, 208 (Hèiiitich Otaètz, Tome x.t; pp 216417).
3
" /b/J,; p. 210 (Tamt XI, p. i17).
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 173

Ah! Messieurs, s'ils ont contribué à la conquête de la liberté, pour-


ront-ils être condamnés à ne pas jouir de leur propre ouvrager (ndla :
Tiens! Ils auraient donc joué un rôle dans la Révolution? En tout cas,
c'est ce que dit la Commune ... l'abbé Joseph Lémann fait le même constat
pour la période 17~9/ 1790). S'ils sont de vrais citoyens, sous quel prétexte le
titre leur en serait-il refusé? Nous osons dire qu'ils le mériteraient comme une
réponse, s'il ne leur était pas dû comme un acte de justice.
(. .. )Au nom de l'humanité et de la patrie (ndla : formule typique
de la religion humanitaire des droits de l'homme noachide), au nom des
qualités sociales des juifs, de leurs vertus patriotiques, de leur vif amour de la
liberté, nous vous supplions de leur donner le titre et les droits dont il serait in-
juste qu'ils fussent privés plus longtemps. Nous les regardons comme nos frères,
il nous tarde de les appeler nos concitoyens. Ah! Déjà nous les traitons comme
tels; notre intérêt nous fait un besoin d'être confondus avec eux, notre intérêt
nous donne le droit de réclamer votre justice et pour eux et pour nous. Accélérer
leur bonheur et le nôtre;

Arrêté par nous, commissaires nommés par la Commune, Hôtel de Ville,


ce 24 février 1790.

Signé: Godard,
l'abbé Bertolio,
Duveyrier,
l'abbé Fauchet3 37 • »

Cette pétition est révélatrice de toue un travail de fond des instances


juives susnommées à Paris pour mettre en mouvement un mécanisme en
faveur de l'accueil de cette population dans la communauté nationale. Ce-
pendant, malgré l'accueil positif de l'évêque apostat, Charles-Maurice de
Talleyrand, occupant le fauteuil de la présidence de l'Assemblée nationale

m Ibid., pp. 2 10-2 11. L'abbé Fauchet, devenu év~que constitutionnel (ayant prêté serment à la Consti-
tution civile du clergé), fut guillotiné en 1794. Toutes ces manœuvres sont confirmées par l'avocat
Achille-Edmond Halphen, secrétaire du Consistoire israélite de la circonscription de Paris, dans un
ouvrage paru <:n l 851 et intitulé, Rteut il des Lois, Décrets, Ordo,ma11us, avis du Constil d 'État, a"êtis et
règlements canctrnant les Israélites depuis la Rivolutio11 de 1789 : « Le 25 février suivant, une députation de
la municipalité de Paris Je rendit à l'Assemblée pour la prier de comprendre les Israélites de la capitale dans
les dispositions du décret du 28 janvier. L.e 26 mai 1791, la municipalité de Paris fit encore une démarche
semblable. Parmi les représen,ants de la capitale qui déployèrent le plus de zèle pour l 'émancipation des Israé-
lites, nous sommes heureux de signaler l'abbé Mulot et l'abbé Bertolio. Ces deux ecclésiastiques, animés des
vrais sentiments chrétiens, soutinrent ks droits des Israélites avec autant d'éloquençe qut de grandeur dame.
dans les séances de l'Assemblée des représentants de la commune des 28 tt 30 janvier 1790. Rendons aussi
hommage au talent et à la persévérance de Godard, a-vocat au Parlement et représentant de la commune, qui,
chargé par les Israélites de plaider leur cause auprès de la municipalité et de l'Assemblée, se dévoua à cettç
mission moins en avocat qu'en défenseur enthousiaste des droits de la justice et de l'humanité.» in https·I/
gallica,bnf. fr/ark;/l 2148/bpc6k 11666 Ic/f42.imag,, p. XXXVIII.
174 ARCIIlVES DU MONDIALISME

lors de la réception de cette pétition, comme nous l'avons relevé, les choses
bloquèrent en raison des craintes vives des députés au sujet des Alsaciens
violemment remontés contre les Juifs. Cependant, ces attaques à répétition
commencèrent à porter leur fruit et là aussi, c'est Talleyrand qui permit
l'ouverture des portes grippées du temple. En effet, à partir d'un rapport
de mai 1791 rédigé de sa main, concernant la liberté complète des cultes,
sous-entendue la possibilité d'élever des édifices religieux, les représentants
juifs saisirent la balle au bond. Jouissant désormais du droit de bénéficier
d'édifices religieux ayant pignon sur rue, ils soulignèrent au Conseil géné-
ral de la Commune l'ambiguïté d'une situation où la reconnaissance de la
citoyenneté française ne leur était toujours pas reconnue. Ce fut le déclic.
Se référant au rapport de Talleyrand, un arrêté de la municipalité de Paris
du 26 mai 1791 sous l'égide de son maire, Bailly, signala l'illogisme de la
situation auprès de l'Assemblée nationale :

«( ... )pour la presser d'étendre formellement aux juifs de la capitale la


conséquence des principes bienfaisants qu'elle vient encore de consacrer sur la
liberté des opinions religieuses3 38 • »

Même si la demande fut ajournée, la situation devenait intenable.


Les pressions sourdes des représentants de la Commune et la logique ma-
thématique de la Déclaration des droits de l'homme n'établissant aucune
différence parmi le genre humain « plus homme encore que» peu importe la
marque religieuse fit qu'un député jacobin, Adrien Duport, avec le soutien
large de l'Assemblée nationale obtint l'octroi de la nationalité française en
faveur de la gent judaïque le 27 septembre 1791. Ce fut la quinzième ten-
tative et ce fut la bonne. La reconnaissance de la Déclaration des droits de
l'homme conduisait, tôt ou tard, à ce résultat. S'y opposer, c'était indirec-
tement ne plus respecter un texte «sacré» proclamé, urbi et orbi, le 26 août
1789. C'est d~ailleurs dans cet esprit de logique que le député Régnault de
Saint-Jean-d'Angély fit taire les quelques récalcitrants en leur assénant le
coup de grâce :

«Je
demande qu'on rappelle à l'ordre tous ceux qui parleront contre cette
proposition car c'est la Constitution elle-même qu'ils combattront. »

Et nous compléterons par la déclaration victorieuse toute noachide


du député Adrien Duport dont les propos ont eu vraiment de l'avenir :

338 ibid., p. 216.


LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 17 5

«je crois que la liberté des cultes ne permet plus qu'aucune distinction
soit mise entre les droits politiques des citoyens à raison de leur croyance. La
question de l'existence politique des juifs a été ajournée, cependant, les Turcs,
les musulmans, les hommes de toutes les sectes, sont admis à jouir en France des
droits politiques. je demande que l'ajournement soit révoqué, et qu'en consé-
quence, il soit décrété que les juifs jouiront en France des droits de citoyens
actifs339. »

De tels propos similaires 'à ·ceux tenùs par tant d'autres (Mendels-
sohn, von Dohm, Mirabeau, Sieyès, Grégoire, etc.) ne sont que la consé-
quence d'influences anciennes présentées dans ce livre. Tous les révolu-
tionnaires partageaient cet «idéal» planétaire politiquement organisé, de
populations mélangées et de religion noachisée ... le peuple juif étant à
part, bien entendu. Seule la vitesse d'exécution du projet pouvait créer des
différences parmi les représentants révolutionnaires acquis à cette nouvelle
métaphysique. Afin de décrire le tableau de cette affaire, nous présentons
les extraits essentiels et révélateurs de cette politique parfaitement expri-
mée par le révolutionnaire Anarchasis Cloots ( 175 5-1794) dont la tour-
nure d'esprit est imprégnée de références kabbalistiques (métempsycose,
etc.) : La République universelle parue en .1792 et La République du genre
humain en 1793, annonçant le nouveau cours historique de la France à
cette époque jusqu'à aujourd'hui, sans oublier l'Église, au moment où nous
écrivons ces lignes (2019), mais aussi du monde. Les originaux scannés de
ces deux livres sont disponibles sur le site Gallica.

m Le Moniteur du 28 septembre 1791. L'original de ce journal affichant les propos du député Adrien
Duport cr ceux des autres parlementaires sont directement disponibles sur le lien suivant : hrrps://www,
retronews,fr/journall&azerre-narionale-ou-le-monireur-univcrsel/28-seprcmbre-1791 / 149/ 1302103/2
Concernant les Juifs obtenant la nationalité française à l'égal de leurs homologues chrétiens, l'abbé
Joseph Léman fait cette remarque logique: (( Par cette déclaration qu'en politique il était homme comme le
chrétien et que le chrétien ne lui était nullement supérieur et n'avait pas d'autres droits que ceux qu'il possé-
dait lui-mime, /'Israélite va être autorisé à se prlstnter partout, à concourir ou intriguer partout, à disputer
n'importe quel poste dans la société. On ne pourra plus lui rien interdire, lui rien soustraire, lui barrer quoi
et soit. Si les circonstances ou l'ambition le portent dans le voisinage du trône tt mimt vers le rang suprême,
qui donc pourra lui en fermer l'accès? Qui en aura le droit? Il est homme, citoyen, prétendant, comme tout
le monde!» in La prlpondlrance juive, op. cit., p. 236. Que le lecteur de 2019 remplace le mot «juif»
par «bouddhiste», ((hindouiste» ou encore ((musulman» ((( plus homme encore que») ... et il aboutit au
même résultat à une échelle plus grande, situation valable en France, en .Europe et dans tous les États
du monde se référant aux droits de l'homme, religion humanitaire d'esprit noachide. Les référents
religieux et philosophiques d'un État façonnent une politique, d'une certaine manière, conduisent à
des conséquences matérielles spécifiques. « De l'esprit dépend la matière», comme l'écrit fort justement
l'abbé Joseph Lémann, formule que nous utilisons comme épigraphe de ce livre, in La prépondérance
juive (Tome 1), op. cit., p. 177.
176 ARCIIlVES DU MONDIALISME

- La République universelle

« Un corps ne se fait pas la guerre à lui-même et le genre humain vivra


en paix lorsqu'il ne formera qu'un seul corps, la NATION UNIQUE3 40 • ( ••• )Ils
(ndla : les hommes) se rangeront sous l'oriflamme du genre humain en s'écriant
avec transport: une nation, une assemblée, un prince341 • (. •• )Mépris aux rai-
sonneurs pervers ou stupides qui oseraient encore nier la possibilité de l'établis-
sement universel des Droits de l'Homme342 • ( ••• ) Au reste, le peuple fera justice
lui-même de l'absurde catholicisme. L'Église romaine est un édifice bâti sur
l'infaillibilité; on ne saurait en ôter une seule pierre sans que toute la fabrique
ne s'écroule. Déjà la plupart des hommes libres se refusent à courber la tête en
vils esclaves dans un confessionnal,· or, sans la confession, point de communion,·
il est oiseux d'entendre la messe lorsqu'on renonce à l'absolution du sacerdoce3 43 •
( ... ) C'est sur les débris de tous les trônes que nous bâtirons l'édifice de la Répu-
blique universe/le344 • ( ••• ) Tant que la plupart des Franfais assisteront aux
sorcelleries de la messe, tant qu'ils croiront que trois font un, et que la
partie est plus grande que le tout, et qu'un corps existe en plusieurs lieux
à la fois, et qu'un homme efface les péchés d'un homme, il sera difficile
de les guérir de la duperie du fantôme royal (ndla: souligné par nous). La
royauté est une espèce de prêtrise non moins absurde que tout autre sacerdoce345 •
( ... ) La France libre se lèvera un jour pour jeter un cri éclatant et unanime :
point de roi, point de prêtres3 46 • ( ••• ) La France n'ayant plus ni provinces, ni
généralités, ni seigneurs, ni vassaux, ni bourgeois, ni paysans, ni villes, ni vil-
lages; la France nivelée en paisibles communes est devenue une cité paternelle.
La cité de Philadelphie (ndla : formule ésotérique pour dire « gouvernance
mondiale») dont l'enceinte embrassera nécessairement tout l'univers, toute la
famille anthropique (ndla: qui est en rapport avec l'espèce humaine). L'unité
nationale et souveraine sera exprimée par un seul mot : Philadelphie. Toutes
les villes et les cours disparaitront à l'aspect imposant et consolant de Phi/a-
3
◄o hups;ll&aJlica.bnf,fr/ack:/12148/bpt6k64369303 rexrelmage. p. 7; l'expression «NATION UNI-
QUE » est écrite en lettres capitales dans le document d'origine de 1792. Nous avons déjà présenté ce
texte dans l'At/as du mondialisme.
3•t1 Ibid., p. 16.
m Ibid., p. 21.
,.. 3 Ibid., p. 30.
344
Ibid., p. 41 .
345
Ibid., p. 99. Ces propos ami-catholiques, que nous retrouvons dans l'Annexe I au sujet de Jacob
Frank, ont été suivis d'effet. La franc-maçonnerie s'est infiltrée dans la hiérarchie de l'Église afin de la
rendre compatible avec une gouvernance mondiale (ou République universelle). Les annexes présentées
montrent ce travail de sape d'infiltration à partir de documents originaux en français et en italien ;
Annexe VI : 011erv11tore Politieo du 12 septembre 1978, La liste Pecorelli, la. liste des prélats affi-
liés à la maçonnerie; Annexe III : La hiérarchie ecclésiru,tique maço.Qnisée s.ous les pontificats de
Jean XXIII et de Paul VI; Annexe IV: La maçonnerie à la conquête de rÉglise.
346
Ibid., p. 100.
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 177

delphie. L'Europe, et l'Afrique, et l'Asie, et l'Amérique se donneront la


main347 dans la cité vaste et heureuse de Philadelphie. (ndla : souligné
par nous). j'ai démontré géographiquement, politiquement, physiquement,
moralement que la commune de Paris sera le point de réunion, le fanal central
de la communauté universelle3 48 • ( ••• ) Nous trouverons encore de puissants
auxiliaires, de fervents apôtres dans les tribus judaïques, qui regardent
la France comme une seconde Palestine. Nos concitoyens circoncis nous
bénissent dans toutes les synagogues de la captivité. Le Juif, avili dans
le monde, est devenu citoyen français, citoyen du monde par nos décrets
philosophiques. Cette fraternisation alarme beaucoup les princes alle-
mands; d'autant plus que la guerre ne saurait ni commencer ni durer, en
Allemagne, sans l'activité, l'intelligence, l'économie et le numéraire des
Juifs. Les magasins, les munitions de toute espèce sont fournis par les ca-
pitalistes hébreux et tous les agents subalternes de l'approvisionnement
militaire sont de la même nation. Il ne faudra que s'entendre avec nos
frères les rabbins pour produire des effets étonnants, miraculeux (ndla:
souligné par nous). j'ai reçu à cet égard des réponses infiniment satisfaisantes
de mes commettants du Nord. La cause des tyrans est tellement désespérée que les
aliments les plus sains se changent pour eux en poison subtil. On accusa les juifs,
dans les siècles des ténèbres, d'empoisonner les sources ou les puits,· et voici que
dans notre siècle lumineux, les juifs, en fournissant des viandes pures, aideront
l'humanité à exterminer la tyrannie. Nous détruirons les oppresseurs, en faisant
avaler aux hommes le poison de la vérit/3 49 • ( ••• ) Cette heureuse tendance des
hommes de tout climat ( ... ) nous annonce l'approche du nivellement final: la
souveraineté universelle, la nation unique, le PEUPLE HUMAJN3 50 • »

- La République du genre humain

« Nous poserons la première pierre de


notre pyramide constitutionnelle sur
la roche inébranlable de la souveraineté du genre humain 351 ( ••• ).j'ai dit, et le

347 Ces projets de blocs continentaux, imaginés par Cloots, ont été repris (entre autres) dans un numéro
de The Economist de septembre 1990 promouvant un marché transatlantique et l'émergence d' unions
régionales (Euro-Asia, Confuciana, ... ). Gardons à l'esprit que c'est un prototype avec des possibilités
de variantes. Ce sont des projets théoriques que l'idéal mondialiste cherche à concrétiser ... ce qui n'est
pas gagné d'avance. Annexe V : The Economist de septembre 1990, « Une alliance permanente i..
¼◄s Ibid., pp. 162-163. D'autres personnes pensent plutôt à Jérusalem.
349 Ibid., pp. 186-187.
3so Ibid., p. 189. Le 11. PEUPLE HUMAIN» est là aussi en lettres capitales dans le document d'origine.

Concernant ces propos négatifs (le mot est faible) sur la monarchie française, l'Église et le catholicisme
en général. on peut logiquement se dire que les élites rabbiniques peuvent êue satisfaites qu,un .c idiot
utile» à l'esprit retourné par le noachisme fasse le travail à leur place.
3s t
hup://gallica,bnf fr/ark:/ 12 I48/bpr6k86072x/f6,image. p. 2.
178 ARClllVES DU MONDIALISME

répète, que le genre humain est Dieu ( ... ). C'est le genre humain régénéré que
j'avais en vue lorsque j'ai parlé du Peuple-Dieu dont la France est le berceau et
le point de ralliement. La souveraineté réside essentiellement dans le genre hu-
main entier; elle est une, indivisible, imprescriptible, immuable, inaliénable,
impérissable, illimitée, absolue, sans bornes et toute-puissante3 52 ( ••• ). La ré-
publique universelle remplacera l'église catholique3 53 (ndla: souligné par
nous). (._. .) Les décrets seront très rares lorsque la constitution de l'univers
sera faite, lorsque les droits de l'homme seront en exercice sur un globe
divisé politiquement en mille cases départementales3 54 (ndla : souligné
par nous). ( ... ) La somme de bonheur sera si grande pour chaque portion de
l'empire, qu'il y aura une sollicitude générale pour le maintien de l'ordre établi.
Oui, citoyens, l'Univers sera un jour aussi jaloux de l'unité du genre humain,
que vous l'êtes maintenant de l'unité de la France3 55 ( ••• ). Tout s'explique, tout
s'éclaircit avec la souveraineté du genre humain ( ... ). L'étranger/ Expression
barbare dont nous commençons à rougir3 56 ( ..• ). Nous voyons à Paris, à
Londres, à Madrid, à Amsterdam, plaider sa cause d'un Persan, d'un
Indien, d'un Chinois, d'un Péruvien, d'un Turc, d'un Cafre, d'un Armé-
nien357. On discute en Europe les intérêts d'un habitant des Antipodes;
m Ibid., p. 4.
m Ibid., p. 21. Ces volontés, nous les trouvons parmi de nombreux acteurs. Signalons l'existence du
cardinal Mariano Rampolla del Tindaro (1843-1913), franc-maçon appartenant aux échelons supé-
rieurs lucifériens (OTO : Ordo Ttmpli Orimtis) au service du pape Léon XIII et qui faillit lui succéder
en 1903. Par un coup de pouce de la Providence, c'est Saint Pie X qui arriva sur le trône de Saint Pierre.
Son action permit de recarder le développement du modernisme dans l'Église. Cette inflltratioo , sans
oublier les relais au service de Rampolla, ont perduré après sa mort ... cela a donné Vatican Il. Lire le
riche ouvrage d'Henri Barbier, Le réseau Rampol/a et l'lclipse de l'Église catholique, Éditions Fatima-
Christ-Roi, préface de Pierre Hillard (à la 2e édition), 2018. Élément révélateur, ayant failli succéder
à Léon XIII , un buste du cardinal Rampolla se trouve dans la salle des papes (comme s'il était l'un des
leurs) présentant sur un mur de marbre l'ensemble des pontifes de Saint Pierre à Jean-Paul II (années
de leur mort) dans la basilique vaticane (vidéo le prouvant sur le site des Éditions Nouvelle Terre). En
2 000 ans d'histoire, il y a eu des milliers de cardinaux dans l' Église. Posons-nous la question: pourquoi
ce cardinal est-il le seul à avoir obtenu ce curieux privilège d'avoir son buste dans la salle des papes? Ce
buste de Rampolla fut installé en 1914; c'est-à-dire par Benoît XV qui, auparavant, avait été le protégé
de ce cardinal (cf. note 490). Cette infiltration se double de satanisme. Pour illustrer cela, nous pou-
vons citer la statue Angelo de la Luce à l'allure méphistophélique reposant sur une pyramide, installée en
2000 dans la basilique Santa Maria degli Angeti e dei martiri à Rome. Annexe VII : Photos du bu.ne du
cardinal Rampolla dans la salle des papes de la basilique vaticane. Annexe VIII: Photos de l'Angelo
della Luce dans la basilique Santa Maria degli Angeli e dei martiri à Rome. La maison battut par les
vents, le roman du Vatican, aux Éditions Saint-Remi, 2015, par Malachi Martin (1921-1999), un reli-
gieux irlandais ayant vécu dans l'encourage de Jean XXIII, a évoqué sous forme romancée et de manière
habile des aspects des coulisses du Vatican particulièrement horribles.
35 ~ Ibid., p. 23. Dans notre livre, Atlas du mondialisme, nous avons présenté la carte départementale de

la France en damiers parue en 1789. Dans l'esprit de Cloots et de ses coreligionnaires, le même pro-
gramme doit s'appliquer à l'échelle planétaire ... vision toute technocratique.
355
lmp://gallica bnf,fr/ark:/ l 2148/bpc6k86072x/f27.image. P· 23.
356
Ibid., p. 24.
357 Ibid., p. 26. Dans cette filiation philosophico-ésocérique, on retrouve cet état d'esprit, déjà rappelé

dans cet ouvrage, chez Wells lorsqu' il affirme dans le chapitre 12 de son livre intitulé Ordre mondial
en devenir la nécessité de déplacer des pans entiers de populations en fonction d'intérêts économiques
au sein de la gouvernance mondiale : « Nous pouvons anticiper une rapide transformation de la face du
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 179

et l'on doutera si une assemblée représentative des deux hémisphères


peut exister pour le bonheur permanent de l'humanité I Je ne connais de
barrière naturelle qu'entre la terre et le firmament3 58 (ndla : souligné par
nous). ( ... )Mais pour effacer tous les prétextes et tous les malentendus et pour
ôter aux tyrans, à nos ennemis, une arme perfide, je demande la suppression
du nom Français, à l'instar de ceux de Bourguignon, de Normand, de
Gascon 359 (ndla: souligné par nous). Tous les hommes voudront appartenir à
la république universelle; mais tous les peuples ne voudront pas être Français.
La prévention de l'Angleterre, de l'Espagne, de l'Allemagne, ressemble à celle
du Languedoc, de l'Artois, de la Bretagne, qui substituèrent leur dénomina-
tion particulière à celle de la France; mais aucune de ces provinces n'aurait
consenti à porter le nom d'une province voisine. Nous sommes les déclarateurs
des droits de l'Homme, nous avons renoncé implicitement à l'étiquette de l'an-
cienne Gaule ou France. Une renonciation formelle nous couvrira de gloire,
en avançant d'un siècle les bénéfices d'une république universelle. Il serait très
sage et très politique de prendre un nom qui nous concilierait une vaste contrée
voisine; et comme notre association est une véritable union fraternelle, le nom
de Germain nous conviendrait parfaitement. La république des Germains, par
l'heureuse influence d'un préjugé souvent homicide, ne tarderait pas à s'étendre
sur tous les cercles germaniques. La conformité des noms amène la conformité
des choses. Universels de droits, Germains de fait, nous jouirons incessamment
des bénédictions de l'universalité. Ceux qui ne sentiraient pas la philosophie
de cette pensée, seraient aussi récusables au tribunal de la raison qu'un sophiste
qui prétendrait que les articles de la Déclaration des droits n'appartiennent pas
à tous les hommes, à tous les climats3 60 ( ••• ).j'ai prouvé par différents écrits que
Dieu n'existe point. Les hommes qui admettent cette chimère doivent se tromper
non moins lourdement sur beaucoup d'autres objets; et ce défaut de jugement,
cette maladie morale est déplorable. Cela donne la clef de toutes les duperies
dont les charlatans affl,igent l'humanité. Celui qui admet un dieu raisonne
mal, et un mauvais raisonnement en produit d'autres. Ne soyez pas l'esclave du
ciel si vous voulez être libre sur la terre (. .. ). Quiconque a la débilité de croire

monde au fur et à mesure que sa population est distribuée et redistribuée selon les allas du besoins changeants
de /a production économique. >i in le nouvel ordre mondial, op. cit., p. 168. Ces propos de Wells, annoncés
entre autres par Cloots, trouvent leur aboutissement, par exemple, dans les travaux de l'ONU favorable
à ces déplacements humains en encourageant les migrations et les mélanges de populations que l'on
peur scientifiquement prouver par le test de la drépanocytose dans le cas de Ja France (voir Annexe li).
Annexe X : Les Nations Unies, communiqué et rapport sur les migrations de remplacement (mars
2000).
m Ibid., p. 26.
m Ibid., p. 29. Un exemple de disparation de la France fut tenté par le gouvernement français, en sep-
tembre 1956, en liaison avec le gouvernement britannique afin de créer une union franco-britannique.
Tentatives faites déjà en 1420, lors du Traité de Troyes, et à nouveau, en juin 1940, avec le général de
Gaulle et Jean Monnet. Annexe XI: Union franco-britannique (septembre 1956).
360
Ibid., pp. 29-30.
180 ARCHIVES DU MONDIALISME

en dieu, ne saurait avoir la sagacité de connaitre le genre humain, le souverain


unique3 61 ( ••• ). Les têtef faibles qui voudront un dieu en trouveront un sur la
terre, sans aller chercher je ne sais quel souverain à travers les nuages. La sou-
veraineté étant nécessairement despotique, gardons-nous bien de l'attribuer à
toute autre puissance que le genre humain ( ... ). La question sur l'existence de
Dieu (Theos) est mal posée; car il faut savoir préalablement si le monde (Cos-
mos) est un ouvrage. Demandez donc la question préalable, et vous passerez
à l'ordre du jour dans le silence de vos adversaires stupéfaits362 • Vous cherchez
l'Éternel dans le monde, et je le trouve hors du monde3 63 • Quelque chose existe
éternellement : c'est une vérité simple; mais n'allons pas nous perdre dans les
spéculations d'une nature divine et créatrice, pendant que tout s'explique avec
la nature palpable et visible. je nie l'existence d'une nature créée, et vous ne
m'endormirez pas avec votre prétendue nature créatrice et motrice. je ne veux
point de fabrique, et par conséquent point de fabricateur. Le bon sens rejette le
premier moteur d'un mouvement éternel( ... ). [Concernant l'éducation] Que
les lycées, les instituts nationaux fassent écrouler les temples d'un dieu étran-
ger, sinon point d'autre éducation nationale que les écoles de l'alphabet et de
/'arithmétique. L'instruction se propagera universellement lorsque la guerre sera
bannie du monde3 64 ( ••• ). [Considérant l'âme différemment de la concep-
tion catholique] Ensevelissez-moi sous la verte pelouse pour que je renaisse
par la végétation : métempsycose admirable dont les mystères ne seront jamais
révoqués en doute (ndla: Expression révélatrice de la contamination des
esprits chez les révolutionnaires. La métempsycose est appelée gilgoul
dans la Kabbale ... Adolf Hitler tient des propos similaires 365) . ( ... ) La
nature est une bonne mère qui se plait à voir naitre et renaitre ses enfants sous
des combinaisons différentes3 66 ( ••• ). Le morcellement des peuples engendre la
guerre. Il s'agit donc de trouver un mode de gouvernement fondé sur un prin-
cipe qui nous assure la paix perpétuelle( ... ). Tout autre souverain que l'impé-
rissable genre humain est une chimère ridicule, un hors-d'œuvre fugitif, une
fonction provisoire3 67 ( ••• ) . Cette proclamation de foi se termine par la pré-
sentation à la Convention nationale d'un projet de décret en trois articles
posant les fondements de l'unité du genre humain souverain amorcé par
la Révolution de 1789 et proclamé fièrement par Cloots : « L'an premier

361
Ibid., p. 32.
362
Ibid., pp. 32-33.
363 Ibid. , p. 33.
3~ Ibid., p. 34.
365 Ibid., p. 35; cf. note 472.
366 Ibid., pp. 35-36.
367 Ibid., p. 38.
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 181

de la République française est l'an premier de la République universelle3 68 • »

Comme on peut le constater, les principes de la Révolution de 1789


ont mis en place une nouvelle métaphysique mettant fin à un système poli-
tique né sur les fonts baptismaux de Reims. Ces principes sont en harmonie
avec ceux du monde judaïque promoteur de la Haskala. Ainsi, la popula-
tion juive, étrangère pendant des siècles sur le sol de France, a intégré la
communauté nationale. Ce changement de paradigme, dû à la Déclaration
des droits de l'homme, a ouvert la porte à d'autres populations issues de
religions diverses. En raison de l'acquis révolutionnaire, en 2019, de nom-
breux habitants venant des quatre coins de la planète possèdent la natio-
nalité française, la double nationaJité ou résident en tant qu' étrangers en
France. Quelques années de séjour dans le pays leur permettront d'acquérir
la pleine citoyenneté. Cette caractéristique eut été in:ipossible selon les lois
de l'Ancien Régime. La jouissance de la nationalité française devait être en
correspondance avec la civilisation chrétienne du pays. L'évolution depuis
1789 ne peut que combler d'aise la synagogue nouvelle si ardemment op-
posée au modèle catholique lié à un cadre politique spécifique et détesté
car s'inspirant du testament de Saint Remi. La France, en tant que Fille
aînée de l'Église, devait être abattue en priorité par rapport à d'autres pays.
Comme l'a justement remarqué l'abbé Joseph Lémann, le rejet du christia-
nisme de la sphère politique permit d'établir un vide désormais occupé par
une religion humanitaire, la Déclaration des droits de l'homme, d'essence
Ibid.• p. 43, Ces affirmations de Cloots peuvent être illustrées par la mise en forme de 1•autonomie
) Cis

locale en Europe gràce aux travaux du Congrès des Pouvoirs locaux et régionaux de l'Europe au sein du
Conseil de l'Europe dont les ambitions accompagnent celles de la Commission européenne parce que
c' esr la même famille de pensée. En juin 1980. le juriste allemand Alfons Galette (1914-2006) élabora
un rapport, « Les institutions régionales en Europe». qui. s'inspirant du modèle germanique, posa les
fondements d'une réorganisation politique locale (villes et communes) des pays du Vieux Continent.
Parmi le groupe de travail, on peut noter la présence du Belge Lucien Harmegnies. Grâce aux travaux du
journaliste Yann Moncomble. il est possible de savoir qu' Harmegnies était membre du comité de • l'Ins-
titut d ,étl'dts mondialiste» in l'irrlsistible expansion du mondialisme, Faits tt Documents, 1981 , p. 231,
présence confirmée sur leur site : bttpillwww,recim,org/elu/Lucien-fr.htm C'est le même personnage
qui, à partir des travaux du juriste Galette, a élaboré la résolution 126 (1981) aboutissant à la «Charçe
européenne de t•autonomie locale » en 1985. Cette Charte est le document de référence du Conseil des
Communes et des régions d'Europe (CCRE) à Bruxelles qui fut un temps dirigé par l'ancien président
de la République française. Valéry Giscard d'Estaing. Façon poupée gigogne, le CCRE est membre de
l'institut planétaire Cités et Gouvernements locaux unis (CGLU) créé en 2004 regroupant, out1e son
représentant européen, six autres organismes du même type présents sur chaque continent (en tout
sept sections régionales) s'occupant eux aussi des affaires locales dans de nombreux domaines {lutte
contre la pollution, culture, égalité des genres, finances locales, droits de l'homme, etc.), in hctps;II
www.uclg,oq~/fr/ocganisarion/muccure/scctions Pour la période 2016/2019, Anne Hidalgo, maire de
Paris est membre du comité directeur du CGLU, in https;//www,uclg org/fr/ocpnisation/presidencc
Nous avons là une application de l'idéal révolutionnaire de CloQts. lui ou un autre, en faveur d'une
République universelle dans tout ce qui a traie à la gestion des affaires locales du plus bas au plus haut
de l'échelle : au niveau de chaque pays européen. puis au niveau de l'Europe, enfin à l'échelle plané-
taire sur chaque continent. Annexe XII : Projet de rétolution en faveur des collectivités locales;
An~exe XIII: Résolution sur les principes de l'autonomie locale.
182 ARClilVES DU MONDIALISME

noachide. Ce concept convenant parfaitement au monde judaïque lui per-


met d'encourager, à l'échelle planétaire, sa vision du genre humain à deux
niveaux. C'est le rabbin Élie Benamozegh, reprenant l'idéal ancien de la
synagogue à l'égard des non-juifs, qui pose le cadre général. Nous reprenons
un extrait de ses dires à partir de l'Atlas du mondialisme:

« Nous, juifs, nous avons nous-mêmes en dépôt la religion destinée au


genre humain tout entier, la seule religion à laquelle les Gentils soient assujet-
tis et par laquelle sont sauvés et vraiment dans la grâce de Dieu, comme l'ont
été nos Patriarches avant la Loi. Pouvez-vous supposer que la vraie religion
celle que Dieu destine à toute l'humanité date seulement de Moïse et porte
l'empreinte d'un peuple spécial? Quelle contradiction! Apprenez que le plan de
Dieu est plus vaste. La religion de l'humanité n'est autre que le noachisme,
non qu'elle ait été instituée par Noé, mais parce qu'elle remonte à l'al-
liance faite par Dieu avec l'humanité en la personne de ce juste. Voilà
la religion conservée par Israël pour être transmise aux Gentils (ndla :
souligné par nous) ( ... ).je vous invite à tourner vos efforts vers ce qui existait
avant que l'idée fût venue à Pierre d'imposer la Loi mosaïque aux Gentils et
à Paul d'exempter de la Loi les juifs eux-mêmes, en quoi ils se trompaient tous
deux comme s'ils n'avaient rien connu des données essentielles de leur judaïsme.
Il s'agit de revenir à l'antique principe : le mosaïsme pour les juifs (et pour
ceux qui, étrangers à Israël par la naissance et sans y être aucunement tenus,
veulent cependant lui appartenir), et la religion des Patriarches pour les Gen-
tils. Et comme cette religion dont nos prophètes ont annoncé le triomphe pour
les temps messianiques comme religion de l'humanité convertie au culte du vrai
Dieu n'est autre que le noachisme, on peut continuer à l'appeler le christia-
nisme, débarrassé toutefois de la Trinité et de l'Incarnation, croyances
qui sont contraires à l'Ancien Testament et peut-être au Nouveau (ndla:
souligné par nous). ( ... ) Quant à la personne de jésus dont vous ne me parlez
pas, je vous dirai cependant, parce que cela a son importance et que peut-être
la question est très légitimement au fond de votre pensée, que pourvu qu'on
ne lui attribue point la divinité, il ny aurait aucun mal à faire de lui
un prophète (ndla : c'est le cas avec l'islam), à le considérer comme un
homme chargé par Dieu d'une auguste mission religieuse (ndla : souligné
par nous), sans pour cela altérer en rien l'antique parole de Dieu et sans abolir
pour les Juifs la Loi mosaïque comme ont prétendu faire ses disciples dénaturan_t
en cela ses enseignements formels. Voyez plutôt Matthieu V, 17-19. L'avenir du
genre humain est dans cette formule. Si vous arrivez à vous en convaincre, vous
serez bien plus précieux à Israël que si vous vous soumettiez à la Loi israélite.
Vous serez l'instrument de la Providence de Dieu envers l'humanité. ( ... ) je ne
voudrais point vous parler avec une trop grande hardiesse, mais cependant
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 183

je ne puis vous taire que ce devoir exclut le sacerdoce catholique (ndla:


souligné par nous) ( ... ).Avant toutes choses, je voudrais que vous vous persua-
diez bien que cette religion noachide dont vous me dites entendre parler pour la
première fois, et la plupart des gens sont dans ce cas, n'est pas une trauvaille que
j'ai personnellement faite, encore moins une invention de ma façon, une sorte
d'expédient de polémique plus ou moins heureuse. Non, c'est un fait étudié,
discuté à chaque page de notre Talmud et aussi généralement admis par
nos Docteurs qu'il est peu connu, disons même méconnu ailleurs (ndla:
souligné par nous) ( ... ).Ajoutez à cela que ce fait est le nœud même du sujet
qui nous occupe. Seul il peut nous expliquer les incertitudes et les diversités de
tendances qui se sont manifestées sur la question de la Loi mosaïque à l'ori-
gine du christianisme. Nous voyo.ns là le point central où le déchirement s'est
opéré entre le judaïsme et le christianisme et il est allé en s'accentuant de plus
en plus. Le judaïsme opère une distinction entre les juifs et les Gentils.
D'après ses enseignements, les premiers se trouvent soumis comme prêtres
de l'humanité (ndla : souligné par nous) à la règle hiératique mosaïque; les
seconds, les laïques dans l'humanité ne sont soumis qu'à la seule an-
cienne et perpétuelle religi.on universelle au service de laquelle les juifs
et le judaïsme tout entier ont été placés (ndla : souligné par nous). Le
christianisme au contraire opéra la plus fâcheuse confusion, soit en imposant la
Loi aux Gentils avec Pierre et Jacques et les judaïsants avec eux, soit en abolis-
sant avec Paul cette même Loi pour les Israélites eux-mêmes. Considérez bien
tous ces faits en eux-mêmes et dans leurs rapports entre eux et vous verrez que ce
noachisme qui vous étonne n'est pas autre chose que le messianisme, cette
forme authentique de christianisme dont Israël fat le gardien et l'organe
(ndla : souligné par nous). ( ... )je vous répète que cela n'exclut pas d'ailleurs
la possibilité pour tout noachide, le laïque de l'humanité, qui se sent appelé au
sacerdoce humanitaire, autrement dit à la Loi d1sraël, d'user du droit qui lui
appartient, sans qu'il en ait jamais le devoir, ne l'oubliez pas, d'embrasser le
mosaïsme, qui n'est pas autre chose que ce sacerdoce lui-même(... ). Bien loin de
le laisser tomber dans le pur rationalisme, notre Tradition fait au prosélyte
noachide, appelé plus tard prosélyte de la porte (ndla: souligné par nous),
une condition formelle d'accepter cette même religion, non point du tout comme
le simple produit de la raison humaine, mais comme un enseignement de la
Révélation divine ( ... ). je ne cesserai de vous répéter que le noachide est bel et
bien dans le giron de la seule Église vraiment universelle, fidèle de cette
religion comme le juif en est le prêtre, chargé, ne l'oubliez pas, d'ensei-
gner à l'humanité la religion de ses laïques, comme il est tenu, en ce qui
le concerne personnellement, de pratiquer celle des prêtres (ndla : sou-
ligné par nous). (... ) Voilà l'expression exacte de la doctrine du judaïsme369 • »

369 Aimé Pallière, Le sanctuaire inconnu, ma conversion au judaïsme, Éd. Saint-Remi, 2014, pp. 118-132.
184 ARClilVES DU MONDIALISME

Les principes de 1789 entrent parfaitement dans cette logique. Il


suffit de relire les p~opos des Mirabeau, von Dohm, Grégoire, Sieyès et,
plus précisément, ceux d'Anarchasis Cloots pour se rendre compte que le
nouveau système établit par la Révolution convient tout à fait aux normes
de la synagogue nouvelle. Celle-ci doit tout faire pour que cela perdure et,
pour cela, il était nécessaire aussi que l'Église bascule dans le même système
de pensée. Ce fut Vatican II dont les nouveaux paradigmes furent encoura-
gés par le monde judaïque en lien avec un clergé libéral largement complice
comme nous l'avons prouvé et expliqué dans l'Atlas du mondialisme en pré-
sentant, entre autres, le dossier de la revue américaine Look (janvier 1966)
acquise à ce changement avec un titre évocateur, « Comment les Juifs ont
changé la manière catholique de penser». Les Français ont désormais l'âme
bien lessivée et sont largement inconscients de leur chute. L'abbé Joseph
Lémann parlait, à son époque, des « chrétiens dégénérés3 70 ». Que dirait-il
aujourd'hui? La société française, dont les principes ont essaimé en Europe
grâce aux conquêtes napoléoniennes, présente un aspect purement maté-
rialiste et utilitaire considérant l'être humain d'une manière indifférenciée.
Depuis plusieurs dizaines d'années, des courants migrato.ires issus de popu-
lations extra-européennes affluent, d'un côté, en raison des volontés d'un
patronat apatride soucieux de bénéficier d'un coût d'exploitation le plus
bas possible, de l'autre, parce que le système républicain, ennemi du catho-
licisme, cherche à éteindre complètement toute trace caractérisant l'âme de
la civilisation française. Parmi toutes ces populations extra-européennes,
celle qui manifeste la vitalité démographique la plus importante arrivant en
France est originaire d'Afrique du Nord et d'Afrique subsaharienne comme
le prouve scientifiquement le test de la drépanocytose 371 • De confession
musulmane, cette population comme nous l'avons vu précédemment pré-
sente des caractéristiques religieuses aux antipodes des préceptes catho-
liques. En revanche, des liens multiples et concomitants avec le noachisme
lié à la maison mère, le judaïsme, font que cette population musulmane
numériquement croissante en France (comme en Europe) interdit encore
plus l'espoir d'un retour aux antiques valeurs de la civilisation française 372 •

370
L'entrée dts Israélites dans la société fr,mfaist, op. cit., p. 312; formule utilisée plus d'une fois dans
ce livre.
371
Cf. Annexe II.
372
Il faut, toutefois, rappeler que les sociétés musulmanes défendent encore des valeurs conserva-
trices contraires aux préceptes du nouvel ordre mondial, valeurs qui one désormais déserté le monde
occidental. N'oublions pas non plus que ces musulmans (sans oublier les Arabes chrétiens) one eu à
souffrir des guerres menées ·par le monde anglo-saxon lié à Israël avec des pays européens complaisants
au Moyen-Orient. Ces populations peuvent avoir une légitime colère à l'égard de cous ces pays. Pour
cette raison, elles peuvent être instrumentalisées pour aviver les tensions avec les Européens. Faisons le
constat suivant : les Français sonc pris en étau encre un système politique né en 1789 donc les principes
sont en harmonie avec la synagogue nouvelle et une population musulmane croissante étrangère à la
civilisation du pays. Humainement parlant, l'avenir de la France est sans issue ... idem pour l'Europe.
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 185

À qui cette situation peut-elle donc rendre service? Il est toujours intéres-
sant de connaître l'avis du monde juif à l'égard de l'islam. Le Dictionnaire
encyclopédique du judaïsme apporte des informations édifiantes :

« Comme le judaïsme, l'islam insiste sur l'unicité de Dieu; le Coran


rejette expressément l'idée chrétienne de Trinité (ndla : comme le noachisme
, élaboré par la synagogue nouvelle pour les non-Juifs ... y compris les mu-
sulmans). Dieu s'est révélé lui-même par les prophètes. ( ... ) À l'époque où
Mahomet fit son apparition, de nombreux juifs vivaient en Arabie. Il existait
déjà à l'époque de Salomon des relations commerciales très développées entre
l'Arabie et le peuple d'Israël. La Bible hébraïque contient un bon nombre de
références aux relations étroites qui unissaient Arabes et juifs; le livre de job, de
même que celui des Proverbes contiennent de nombreux mots arabes. En outre,
quelques paragraphes de la Michnah font référence aux juifs vivant dans lapé-
ninsule d'Arabie. ( ... ) L'influence du judaïsme apparaît nettement et une pro-
fusion d'éléments attestent la profondeur et la pérennité de son enseignement.
Le nom même de /'Écriture sainte de l'islam, le Coran, dont on pourrait croire
qu'il est d'origine purement arabe et qui signifierait "lecture" ou "récitation':
est également considéré comme un emprunt au mot hébreu ou araméen miqra,
que les rabbins utilisent pour désigner /'Écriture ou la Torah. La principale
source juive qu'utilisa Mahomet ne fut pas la Bible, mais une version tardive de
la Aggadah (ndla : littéralement "récit", partie non juridique des textes rab-
biniques classiques) qui lui fut transmise oralement. Ceci est particulièrement
visible quand on considère les nombreuses références faites dans le Coran aux
"prophètes" ayant précédé Moïse. On notera au milieu de ces références la place
particulière réservée à Abraham. Abraham est l'ami (de Dieu) - '1brahim al-
Kahalil" - ,· il n'est ni juif ni chrétien,· en tant que véritable monothéiste, on le
considère au contraire comme le premier musulman, le premier à s'être soumis
inconditionnellement à la volonté d'Allah. Tandis que Le judaïsme est une reli-
gion de la Halakhah (ndla : partie de la littérature rabbinique traitant des
obligations religieuses des Juifs à l'égard de Dieu comme à l'égard de leur
prochain), l'islam est une religion de la charia, les deux expressions désignant
la même réalité, à savoir la loi délivrée par Dieu, qui règle chaque minute et
chaque aspect de la vie du croyant : le droit, le culte, L'éthique, le comportement
social. Halakah et charia sont toutes les deux fondées sur la tradition orale
appelée hadith en arabe et torah chè-be-al peh ("loi orale 'ï en hébreu. Dans
les littératures juive et arabe, la tradition orale revêt deux aspects différents,
l'un légal, l'autre moral. Dans les deux cas, la forme est identique : il s'agit de
maximes sans lien précis entre elles et de courtes anecdotes. Il existe encore de
grandes similitudes entre islam et judaïsme quant à la logique du raisonnement
qui préside à la formation religieuse; ce phénomène, comme nous l'avons vu, ne
186 ARCHIVES DU MONDIALISME

relève pas d'une pure coïncidence inhérente à la nature des choses; nous sommes
au contraire en présence, comme l'attestent les termes identiques utilisés dans
les deux traditions, du résultat d'un contact direct. De fait, dans les deux reli-
gions, l'étude des éléments purement juridiques est considérée comme relevant
du culte, les grandes figures de l'islam et du judaïsme ne sont pas des prêtres ou
des moines, mais des interprètes de la loi divine révélée. Les scientifiques ont
par ailleurs remarqué que la loi religieuse des musulmans s'était principalement
développée en Iraq (Babylone), région qui, à cette époque, comportait le centre
d'études rabbiniques le plus important. Cette étroite interaction entre islam
et judaïsme est perceptible également dans les lois qui gouvernent la taharah,
la pureté et la propreté rituelles, qui sont les mêmes dans les deux religions, le
même terme étant utilisé dans les deux cas. Ces lois concernent les interdits
portant sur la nourriture et les boissons, sur le contact avec les organes génitaux,
sur les pertes blanches et sur le contact avec les cadavres et les charognes - toutes
pratiques qui rendent impurs du point de vue rituel et empêchent les personnes
affectées d'accomplir les devoirs religieux, tels que la présence aux lieux du culte
et la récitation des Écritures. La prière présente aussi des traits caractéristiques
communes aux deux religions. Dans l'islam, la qualité première et essentielle
de la prière est la niyya, l'intention, qui correspond littéralement à la kavva-
nah juive, sans laquelle la prière est incomplète. Quant aux lois alimentaires
prescrites par la religion juive, la plupart furent rejetées par Mahomet (ce
dernier les considérant comme une punition infligée aux juifs); il ne retint que
l'interdiction de manger du porc, du sang et des charognes, mais il décréta que
l'abattage de tous les animaux, effectué selon le rite, était permis dès l'instant
où la nourriture était destinée à la consommation humaine. Parmi les obliga-
tions et les devoirs - qui, tant dans l'islam que dans le judaïsme, sont considérés
comme des devoirs religieux incombant à tout croyant - , le zakat de l'islam
correspond à la tsedaqah (l'acte de charité) du judaïsme. La prise en charge des
veuves et des orphelins est un devoir religieux dans l'islam aussi bien que dans
le judaïsme, et il est également recommandé dans l'islam de visiter les malades
en des termes identiques à ceux employés par la Aggadah 373 • »

Pour la synagogue nouvelle, le modèle politique né du baptême de


Clovis ne doit absolument pas être rétabli et l'Église conciliaire, ennemie
de la Tradition depuis Vatican II, doit continuer à macérer dans son jus.
En effet, ce sont les principes de 1789 qui ont permis l'entrée du monde
judaïque («plus homme encore que» selon la formule consacrée) au sein de la
société française et la naturalisation de cette communauté. Imaginons l'hy-
pothèse suivante : un événement d'une ampleur inouïe se produit et bou-
leverse tout de fond en comble; la divine Pr~:>Vidence permet le retour d'un

373
Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, op. cit. , pp. 497-499.
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 187

roi de France du style Saint Louis respectueux des promesses du Testament


de l'évêque Saint Remi et de la Triple donation de Sainte Jeanne d'Arc pro-
clamés solennellement lors du sacre à Reims parallèlement à l'arrivée d'un
pape remettant à l'honneur la Tradition de l'Église en jetant à la poubelle
de l'histoire tout le concile Vatican Il. Reprenant et s'inspirant de l'en-
seignement catholique classique et débarrassée des influences financières
de groupes transnationaux, la politique royale ferait perdre la nationalité
française aux Juifs. Et les musulmans? Eh bien, cela serait l'application du
même menu avec déchéance de la nationalité française ·e t retour, d'accord
ou non, en Afrique sans oublier aussi le renvoi dans d'autres contrées des
populations issues d'autres religions (bouddhiste, shintoïste, hindouiste,
... ). Dans ce livre, nous avons présenté deux modèles politiques avec des
conséquences radicalement différentes, l'un s'inspirant du catholicisme
et l'autre des principes de 1789. La synagogue nouvelle et son enfant, la
République, ne veulent absolument pas d'un retour à la véritable marque
de la civilisation française qui doit être détruite. Est-ce que les musulmans
peuvent être des outils utiles ou non pour les élites rabbiniques et maçon-
niques au service de cette politique spécifique? Si ces populations ont été
autorisées à s'installer en France, est-ce par altruisme? Posons-nous laques-
tion. Voyons aussi les conséquences. Est-ce que leur présence croissante
peut s'avérer utile au monde maçonnico-rabbinique cherchant à éradiquer
l'âme catholique française née à Reims? Est-ce que le Juif français Vincent
Peillon, i~olâtre républicain 374 , et ses comparses du système tous animés
du même état d'esprit verseraient des larmes à l'idée que les valeurs clas-
siques françaises disparaissent complètement au profit d'un monde musul-
man adepte d'un Dieu unique (pas trinitaire), d'inspiration noachide et ne
reconnaissant pas l'Incarnation? Si les musulmans veulent rester en France
qu'ils soient de nationalité française, double nationalité ou résidents étran-
gers, quel régime politique avec ses référents religieux et philosophiques
doivent-ils défendre et quel régime politique avec ses référents religieux et
philosophiques doivent-ils combattre? Nous laissons le soin au lecteur de
conclure ...

3) La réforme napoléonienne ou Haskala, nous voilà!

Il est nécessaire de rappeler le rôle essentiel de Napoléon 1~r en fa-


veur de l'émancipation des Juifs. A première vue, la chose paraît inutile.

374
Né en 1960, homme politique et philosophe, il est l'auteur d'un livre fort révélateur à ce sujet: La
Révolution française n'est pas terminée, Seuil, 2008.
188 ARClllVES DU MONDIALISME

Après tout, ces Juifs sont devenus français en 1791. Que faire de plus?
C'est mal connaître ce monde travaillé par des rivalités internes. En effet,
au moment de l'intervention de l'empereur en 1806, quinze ans se sont
écoulés révélant une distance perpétuelle entre Juifs fraîchement natura-
lisés et Français chrétiens. Certes, des siècles et des siècles d'animosité et
de rancune et surtout, l'incompatibilité spirituelle complète entre ces deux
mondes, ne pouvaient pas être effacés en quelques années. Cependant, un
autre élément de poids continuait à tracer une frontière invisible entre les
deux communautés : le Talmu~, « la haie de la Loi375 », sous-entendu celle
écartant la Loi de Moïse, selon l'expression même des rabbins. C'est le
maintien d'un véritable fatras de lois régissant la vie de tous les jours du
Juif. Ce monde juif, Bonaparte l'a connu lors de sa campagne en Égypte et
il le retrouve après ses victoires sur les champs de bataille où les blessés et
morts sont souvent dépouillés, notamment par la gent judaïque. L' empe-
reur en fait même le constat :

Ce sont de véritables nuées de corbeaux. On en voyait aux combats


«

d'Ulm qui étaient accourus de Strasbourg pour acheter des maraudeurs ce qu'ils
avaient pill/376• »

Justement, l'Alsace continuait à causer des soucis au pouvoir poli-


tique car l' usure continuait à tourmenter les populations chrétiennes. À
son retour d'Austerlitz, l'empereur passant par Strasbourg fut assailli par les
récriminations à l'égard de l'usure juive comme le rapporte l'abbé Joseph
Lémann. Une décision impériale s'imposait pour régler le problème. Elle
prit forme à partir de trois séances préparatoires : le 30 avril 1806 où Napo-
léon 1 r prononça la fameuse formule citée plus haut; le 17 mai 1806 avec
Ja décision suivante :

« li faut assembler les États généraux des juifs, je veux qu'il y ait une
synagogue généraie des juifs à Paris377 • »

Enfin, la 3 séance du 21 mai 1806 imposait un sursis d ' un an aux


créances juives et annonçait une convocation de ces États généraux juifs.
L'objectif est, comme le rapporte l'abbé Joseph Lémann, de « mettre les juifs
au rang, leur fairç emboiter le pas dans son Empire378 • » Les premières séances

37
s La prépondérance juive, Napollon l" tt les Israélites, Éditions ESR, Tome 2, p. 7. Cependant, n'ou-
blions pas que les rituels mosaiques, depuis l'Incarnation, n'ont plus de sens.
6
,., Ibid. , pp. 15- 16. " Paroles prononcits par Napollon au Conseil d 'État (slance du 30 avril 1806). Cités
par Graetz, Tome XL p. 623. »
m Ibid., p. 24 .
.mi Ibid., p. 31.
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 189

se firent dans le cadre de deux assemblées hébraïques distinctes, le 26 juil-


let 1806 et le 9 février 1807. Napoléon 1cr avait décidé de scinder en deux
l'organisation hébraïque en s'appuyant sur des personnages ayant participé
aux réformes du monde juif sous le règne de Louis XVI puis dans le cadre
de la Révolution. La première était une assemblée laïque, mais composée
de nombreux rabbins, qui prit le nom d' «Assemblée des Notables» dirigée
par Abraham Furtado 379 , originaire de Bordeaux, que nous avons déjà cité.
En effet, il faisait partie de la Commission mise sur pied par le roi Louis
XVI en 1788 et dirigée par Malesherbes pour améliorer le sort des Juifs 380 •
Cette assemblée exprime les désirs de la représentation nationale juive;
c'est l'expression politique. La deuxième assemblée est d'essence religieuse
et constituée des rabbins les plus éminents de la science judaïque. C'est une
forme de concile hébraïque ou « Grand Sanhédrin 381 » présidée par David
Sintzheim désignée par l'appellation « Nasi », chef ou prince 382 • Le nom de
Sintzheim, nous l'avons déjà relevé dans la liste des auteurs à l'origine du
discours prononcé le 28 janvier 1790 en faveur de l'émancipation des Juifs
sous la direction de Cerf Berr383 en liaison avec l'avocat Godard. Or Sintz-
heim, rabbin de Strasbourg, talmudiste de renom et connu pour sa piété,
était le beau-frère de ... Cerf Beer 384 (décédé en 1793) qui avait travaillé
en liaison étroite avec Louis XVI et dont nous avons vu l'engagement en
faveur de sa communauté. Pour les Juifs de cette époque et, en particulier,
pour Sinczheim son président, la résurgence du Sanhédrin après sa dispari-
tion avec l'instauration du christianisme crée un émoi considérable auprès
du monde judaïque. D'ailleurs, son président l'exprima clairement lors de
la première séance :

« En
fixant mes regards sur ce Conseil suprême, mon imagination fran-
chit des milliers de siècles. je me transporte au temps de son institution et mon
cœur ne peut se défendre d'une certaine émotion que vous partagez sans doute
avec moi385 • »

379L'abbé Joseph Lémann précise : « Abraham Furtado descendait d'unt dt w familles israllitts du Portu-
gal qui cachaient soigneusement le secret dt l(ur croyance, pour pratiquer, dans la profondeur dts plus obscurs
souterrains, ln principales drlmonits du culte dt leurs ancêtres.» in ibid., p. 53. En d 1autrcs termes, cela
s'appelle un marrane.
38
°Cf. note 307.
381 Cf. note 163.
382 La prépondlranu juive, op. cit., p. 36. Cet auteur rapporte une précision indiquant que l'idée de la
création du « Grand Sanhédrin» a dû être soufflée à Napoléon 1e, par Abraham Furtado> président de
l'Assemblée des Notables, selon l>historien Heinrich Gractz (Tome XI, p. 282), in ibid., p. 41, note de
bas de page 2.
383 Cf. note 332.

la prlpondlrance juive, op. cit-> p. 54.


38•

m Ibid., p. 39.
190 ARCHIVES DU MONDIALISME

Dans cette histoire de deux assemblées, comme nous allons le voir,


les questions politiques et religieuses s'enchevêtrent sous l'égide de trois
commissaires nommés par Napoléon 1cr - Jean-Étienne Portalis, Étienne-
Denis Pasquier et Louis-Mathieu Molé 386 - dont le but était de coordonner
les débats et d'en rapporter les propos à leur maître suprême. Sur ordre
de l'empereur, ces trois commissaires demandèrent la constitution d'un
« Comité des Neuf» constitué d'israélites distingués de l'Assemblée des No-
tables387. Qui plus est, une mission de l'ombre chargée de canaliser les
rapports entre l'empereur et l'autorité judaïque avait été instaurée en la
personne du ministre de l'Intérieur, Jean-Baptiste de Champigny. L'objectif
déclaré est de faire du monde juif une communauté traitée politiquement,
juridiquement et administrativement de la même manière que le reste de la
population française, chose pas évidente, car deux clans s'opposent, reflets
des idées controversées de la Haskala, chères à Moses Mendelssohn :

deux mondes] s'accusent, ouvertement, pour la première fois, des


« [Ces
divergences. Suscitées par la philosophie du XVIIP siècle, elles ne feront qu'aug-
menter et partageront Israël en deux camps; elles portent sur les coutumes
talmudiques. Il y a le parti des pieux qui y reste cramponné. Il y a le parti des
progressistes qui veut qu'on les sacrifie sur l'autel de la nouvelle patrie adop-
tive. Deux rites, également, sont en présence, qui ne se supportent pas, le rite
portugais et le rite allemand, comme, autrefois, Jérusalem et Samarie. Enfin,
l'élément laïque se dresse en face de l'élément rabbinique : perfide nouveauté,
introduite par Napoléon 388 • >>

C'est lors de la seconde Assemblée des Notables (29 juillet 1806)


qu'une série de douze questions sont posées afin d'harmoniser les rapports
judaïques avec les principes laïcs issus de la Révolution française :

«- 1) Est-il licite aux juifs d'épouser plusieurs jèmmes?


- 2) Le divorce est-il permis par la religion juive? Le divorce est-il va-
86
' Cet homme, comte de son état, était réputé pour sa morgue et son manque de diplomatie, en par-
ticulier, devant la représ ncacion israélite. Peut-être une certaine gêne jouait chez cet homme qui était
d 'origine juive et qu'en face ... il le savait. Les Mémoires du chancelier Pasquier rapporte le point sui-
vant : « Une ârconstance, qui était personnelle à M. Molé, ajoutait encore à /'horreur que les formes de son
l1mgage inspiraient à ceux qu'it avait mission de ramener. On tenait assez généralement pour certain que son
arrière-grand-mère, fille de Samuel Bernard, ct/èbre financier de la fin du règne de Louis XIV, était d'ori-
gine jtûve et i/ n'était pas permis de douter que la grande fortune dont jouissait sa fomiile ne vint presque
entièrement de cette alliance. À la vérité, i/ prétendait que le judaisme de Samuel Bernard était une pure
fiction, fondée sur le hasard d'un nom de baptême, plus usité, en effet, chez les juifs q11e chez /es chrétiens. »
in hrçps://gallica.bnf.fr/ark-/12 l 48/bpr6k36756k/cexreBrur. (Tome I, chapitre X).
387
Ce mini état-major était constitué des personnes suivantes : Furtado, Avigdor, Andrade Quifs por-
tugais) ; Jacob Lazare, Moyse Lévy, Beer Isaac Berr Ouifs allemands) et Segré, Cologna, Cracovia Ouifs
itaUens), in ibid., p. 48, noce de bas de page 1.
388
Ibid., p. 55.
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 191

/able sans qu'il soit prononcé par les tribunaux et en vertu de lois
contradictoires à celles du Code français?
-3) Une juive peut-elle se marier avec un chrétien et une chrétienne
avec un juif? Ou la loi juive veut-elle que les Juifs ne se marient
qu'entre eux,
- 4) Aux yeux des juifs, les Français sont-ils leurs frères ou sont-ils des
étrangers?
- 5) Qu 'est-ce que la loi leur prescrit à l'égard des Français qui ne sont
pas de leur religion ?
-·6) Les juifs français regardent-ils la France comme leur patrie? Ont-
ils l'obligation de la défendre? Sont-ils obligés d'obéir aux lois et de
suivre les dispositions du Code civil?
- 7) Qui nomme les rabbins?
- 8) Quelles sont leurs fonctions?
-9) Leur autorité n'est-elle fondée que sur l'usage?
-1 O) Plusieurs professions sont-elles interdites aux Juifs?
- 11) L'usure est-elle permise légalement?
-12) L'usure est-elle permise à l'égard des étrangers3 89 ?»

L'Assemblée des Notables répondit positivement, le 4 août 1806, à


toutes les questions impériales 390 et, peu de temps après, le Grand San-
hédrin, après des propos dégoulinants d'éloges à l'égard de l'empereur
(comparé au Messie 39 1), flt de même. Cependant, de toutes les dispositions
acceptées avec entrain, une seule fut refusée de manière inflexible par ces
deux assemblées : celle concernant les mariages mixtes, la loi du sang (élé-
ment révélateur, cf. chapitre IV). En effet, les représentants juifs ne vou-
laient absolument pas reconnaître ce genre d'union avec des chrétiens. Plus
habilement pour faire accepter ce refus, ils considèrent que ces mariages
judéo-chrétiens ne seraient pas bénis par les rabbins sans être anathématisés
pour autant. L'acrobatie verbale pour faire passer cette opposition fut de
rappeler avec justesse que les prêtres catholiques n'accepteraient pas, eux

389
Ibid. , pp. 65-66.
m « ( ... ) que lrur religion leur ordonne de regarder comme loi suprême la loi du Prince en matière civile et
politique; qu'ainsi, lors même que leur Code religieux ou les interprùations qt/on lui donne renfermeraient
des dispositiôm civiles ou politiques qui ne srraimt pas en harmonie avec le Code français, ces dispositions
cesseraient dès lors de les régir, puisqu'ils doivmt avant tout reconnaître La loi du Prince et lui obéir.» in
ibid., p. 70. Ec l'abbé Lémann d'ajouter dans la foulée que « /a Loi de Moïse était rangée a"-dessous du
Code Napoléon. »
391 Se référant au prophète Isaïe parlant de Dieu répandant son Esprit, le rabbin Sintz.heim ajoute que

le Très-Haut« a choisi Napoléon pour le placer sur le trône de la France et de !1ta/je; on doit lui appliquer
/es paroles de mon texte : ''je répandrai mon esprit sur lui. "» ou encore les propos du rabbin Cologna,
vice-président du Sanhédrin : «//est donc vrai que le génie prodigieux de l'immortel Napoléon, émanation
de l'esprit vivifiant de !'Éternelle Sagesse( ... ). Ce génie créateur, qui parmi les mortels est le mieux formé à
L'image de Dieu, en suit lçs traces sublimes.» in ibid., pp. 58-60.
192 ARClilVES DU MONDIALISME

aussi, de bénir de pareilles unions. La huitième et dernière séance du Grand


Sanhédrin, le 2 mars 1807, entérina les demandes napoléoniennes à l'ex-
ception du mariage 392 • Malgré le blocage concernant ces mariages mixtes,
Napoléon 1cr fut satisfait de l'engagement des deux assemblées 393 qui se
concrétisa par un décret, le 17 mars 1808, par l'admission d'un Consistoire
central israélite à Paris avec ses ramifications partout en France. Cepen-
dant, pour l'abbé Joseph Lémann, la faute immense de l'équipe gouverne-
mentale entourant l'empereur est d'avoir mis sur le même pied d'égalité le
Talmud et la Loi de Moïse, Talmud dont des passages recèlent des propos
and-chrétiens comme nous l'avons déjà évoqué et, indirectement, sont en
opposition avec les caractères fondamentaux de la civilisation française.
Cette pratique ne fut pas perçue par les autorités françaises, entre autres,
par Molé dont la déclaration permettait à la psychologie juive de conserver
intact des réflexes antiques :

« Sa Majesté, en échange de l'auguste protection qu'Elle vous accorde,


exige une garantie religieuse de l'entière observation des principes énoncés dans
vos réponses. Il faut que ces réponses ( ... ) puissent être placées à côté du Tal-
mud et acquièrent ainsi, aux yeux de tous les juifs de tous les pays et de tous les
siècles, la plus grande autorité possible3 94 • »

Et l'abbé Joseph Lémann de préciser immédiatement après :

« À côté du Talmud I Jamais bévue et maladresse d'un gouvernement ne


s'étalèrent plus énormes, et jamais les juifs ne pratiquèrent plus habile finau-
derie. Napoléon veut les faire renoncer à leurs vieilles habitudes anti-sociales,
et eux font officiellement reconnaître et consacrer par son gouvernement le
Talmud, aliment de leurs haines et de leurs roueries!( ... ). Et ainsi, avec l'agré-
ment et, même, la connivence du gouvernement, le Talmud est solennellement
reconnu comme Code religieux. Nous le répétons, nous insistons, il n'était pas
possible de commettre une plus lourde faute, moralement et historiquement.
Moralement : on amtonce devant tout Paris, devant toute l'Europe, qu'on va
réformer les Juifs et on leur permet de faire partir cette réformation du Talmud
qui les a toujours pervertis : inquiétant cercle vicieux qui sautait aux yeux et
que, sans doute, le nouveau dogme de la liberté de conscience empêcha d'aper-

392
Le compte-rendu officiel du Grand Sanhédrin fut de dire concernant ce sujet : (( ( ... ) Les mariages
entre israélites tt chrétiens, contractés conformément aux lois du Code civil, sont obligatoires et valables
civilement; et, bien qu'ils ne soient pas susceptibles d'itre revêtus des formes religieuses, ils n'entraineront
aucun anathème. i. in ibid., p. 78.
393
Ce refus des deux assemblées auraient dô faire réfléchir l'empereur. Le respect de la loi du sang
indiquait, indirectement, le maintien d'un modèle de pensée propre à une communauté et sa volonté
de perpétuadon contraire aux caractéristiques à l'âme française.
394
Ibid., p. 98.
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 193

cevoir ou de briser3 95 • »

Les conséquences de ces mesures instaurées par l'empereur, d'esprit


déiste, permettaient d'affaiblir une société civile française vidée de toutes
références au catholicisme depuis la Déclaration des droits de l'homme de
1789 sous l'égide de « l'Être suprême», situation noachisée qui ne pouvait
que complaire à la synagogue nouvelle débarrassée sur le terrain politique
et morale de sa rivale l'Église; tout en maintenant intactes les caractéris-
tiques propres de ce monde talmudo-kabbalistique, désormais intégré à la
citoyenneté française, ennemi virulent de ce qui fait la France depuis Clo-
vis. Qui plus est, cette situation était renforcée par des querelles violentes
internes, d'essence messianique ou laïcisée, entre ces communautés juives;
certaines voulant s'émanciper du Talmud tandis que d'autres cherchaient
à le conserver, caractéristiques aboutissant tôt ou tard au déversement de
leurs acrimonies dans le monde des Goyim. Le communisme, le libéra-
lisme ou encore le sionisme 396 ne sont que les conséquences de ces querelles
internes qui se sont répercutées dans la vie des nations chrétiennes. Nous
devons ajouter un autre point dans la panoplie napoléonienne. Comme il
l'a déjà été écrit, le décret du 17 mars 1808 instaurant le Consistoire cen-
tral organisant le culte israélite fut proclamé dans le « Bulletin des Lois».
Cependant, ce décret était accompagné d'un autre, publié le même jour. Il
fit l'effet d'une douche froide car il restreignait les droits accordés aux Israé-
lites. Nous ne présentons que les six titres de ce décret et la clause finale qui
suffisent à eux-mêmes pour comprendre l'effet de surprise ... momentané :

« - 1) Les prêts faits par les Juifs à des mineurs, à des femmes, à des
militaires sont déclarés nuls.
- 2) Leurs créances frauduleuses ou usuraires sont annulées.
m Ibid. , pp. 99-100. Deux exemples parmi plusieurs peuvent illustrer les propos de l'abbé Lémann: le
mariage mixte et les rapports entre Français chrétiens et Français juifs. À la question « Une Juive pèut-
ellt se marier avec un chrétien tt une chrétienne avec un juif?», la réponse fut : • La prohibition ne s'ap-
plique qu'aux peuples idoldtm; et /t Talmud die/are formellement qut les nations modernes ne le sont pas,
puisque, comme nous, elles adorent le Ditu du ciel tt de la terre (ndla : sauf qu'il faut savoir les concepts
qu'on y met, choses que leurs représentants se gardent bien de préciser).~ Pour l'autre question: «Aux
yeux des juifs, les Français sont-ils leurs frères ou sont-ils des étrangers?», la réponse fut : «A1~ yeux des
juifs, les Français sont leurs frères et nt sont point étrangers. L'esprit des lois de Moise est conforme à cette
manière de considérer les Français.. . Et cette doctrine est pro/mit par le Talmud. » in ibid., pp. 99-100.
396 Winston Churchill avait parfaitement compris les rivalités existant entre ces différentes communau-

tés juives dans un article paru, le 8 février 1920, dans l'I//ustrattd Sunday Herald et intitulé «Zionism
versus Bolchevism » accompagné du sous-titre, « Un combat pour l'âme du peuple juif>>. Il y expose le
rôle prégnant de certains Juifs dans l'histoire et, en particulier, dans la révolution bolchevique (comme
plus tard Alexandre Soljénitsyne) et les oppositions farouches entre clans rivaux adhérant, pour les uns,
aux principes des Lumières, pour les autres, au sionisme. Cet article révèle sa connaissance profonde
des événements historiques. Enfin, précisons que le documentaire d'Hervé Ryssen, intitulé « Les Juifs,
le com~unisme et la révolution russe de 1917 », explique clairement le rôle d'une faction juive dans ces
événements révolutionnaires, in https;//www.youcube,com/watch?v=nHuNr6Vl tFg
194 ARCHIVES DU MONDIALISME

-3) Leur négoce est subordonné à des conditions de probité et à des


mesures de prudence.
- 4) L'Alsace est interdite à de nouveaux juifs.
- 5) Les autres départements de l'Empire ne seront accessibles aux juifs
qu'autant qu'ils y seront exclusivement agriculteurs.
- 6) Tout juif conscrit devra faire son service militaire sans pouvoir se
faire remplacer.

Les dispositions contenues au présent décret auront leur exécution


pendant dix ans (ndla : souligné par nous), espérant qu'à l'expiration de
ce délai, et par l'effet des diverses mesures prises à l'égard des juifs, il n'y aura
plus aucune différence entre eux et les autres citoyens de notre Empire; sauf
néanmoins, si notre espérance était trompée, à en proroger l'exécution, pour tel
temps qu'il sera jugé convenable3 97 • »

Comment expliquer cette apparente volte-face de l'empereur? On


pourrait traduire cette attitude par l'expression « mesure de discipline» en
raison du comportement des Juifs usuraires continuant, par des moyens
détournés, à pressurer les Alsaciens chrétiens ou encore à leur refus très
prononcé de servir sous les armes comme le rapporte l'abbé Joseph Lé-
mann. D'une certaine manière, ce décret impérial était la reprise d'une
méthode contraignante pour les faire rentrer dans le rang, version moderne
s'inspirant de la sévère autorité divine à l'époque de l'Ancien Testament.
L'empereur voulait les dompter. La différence dans cette affaire est que
Dieu avait un temps infini pour corriger ce peuple. Ce n'était pas le cas de
Napoléon 1cr dont les propos présentés dans la clause, accordant un délai
de 10 ans, ont dû faire sourire les élites rabbiniques habituées depuis des
lustres à entendre des princes et autres tyrans à vouloir imposer leurs lois.
Ces derniers sont passés, enterrés, disparus tandis que le peuple juif, lui,
continue d'exister. Quelques années après la parution de ce double décret
avec sa partie coercitive, l'empereur respirait à pleins poumons les embruns
de l'île de Sainte Hélène tandis que les Juifs, débarrassés de cette clause,
entraient de plain-pied dans la société française.

Nous terminons ce chapitre III en rappelant que le grand mouvement


instauré par la Révolution de 1789 et de son apôtre, l'empereur Napoléon
1cr, a permis la bascule d'un monde à un autre dont le symbole parfait
est l'émergence d'une famille appelée à régenter l'avenir des Goyim : les
Rothschild. Dans l'Atlas du mondialisme, nous ayons eu l'occasion d' évo-
quer la vie de son fondateur, Mayer Amschel Rothschild, acquis à la Has-

397 Ibid., pp. 269-273.


LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 195

kala, dans ses liens très étroits avec le frère de Charles de Hesse-Cassel
à la tête de l'ordre des « Frères asiatiques», Guillaume de Hesse-Cassel.
Ce dernier, la plus grande fortune d'Allemagne à la fin du XVIIIe siècle,
avait confié la gestion et la protection de ses finances à Mayer Amschel au
moment de l'invasion de son État par les troupes napoléoniennes. Il est
intéressant de connaître le compte-rendu de cette histoire, sans en oublier
les conséquences, par un témoin de cette époque: Jean-Baptiste de Marbot
(1782-1854), lieutenant-général qui termina sa vie comme Pair de France
en 1845. Acquis à l' orléanisme, il fut chargé aussi de l'éducation mili-
taire de l'aîné des fils de Louis-Philippe, le duc de Chartres (1810-1842).
Les Mémoires laissées par Marbot, acteur et témoin d'une époque trouble,
révèlent l'émergence d'un monde nouveau, d'une puissance financière dont
Napoléon a permis la naissance :

« Obligé de quitter Cassel à la hâte pour se réfugier en Angleterre,


/'Électeur de Hesse, qui passait pour le plus riche capitaliste d'Europe, ne pou-
vant emporter la totalité de son trésor, fit venir un juiffrancfortois, nommé
Rothschild, banquier de troisième ordre et peu marquant, mais connu pour la
scrupuleuse régularité avec laquelle il pratiquait sa religion, ce qui détermina
l'Électeur à lui confier quinze millions en espèces. Les intérêts de cet argent
devaient appartenir au banquier qui ne serait tenu qu'à rendre le capi-
tal (ndla : souligné par nous). Le palais de Cassel ayant été occupé par nos
troupes, les agents du Trésor français y saisirent des valeurs considérables, sur-
tout en tableaux; mais on ny trouva pas d'argent monnayé. Il paraissait cepen-
dant impossible que, dans sa fuite préçipitée, !'Électeur eût enlevé la totalité de
son immense fortune. Or, comme d'après ce qu'on était convenu d'appeler les
lois de la guerre, les capitaux et les revenus des valeurs trouvées en pays ennemi
appartiennent de droit au vainqueur, on voulut savoir ce qu'était devenu le
trésor de Cassel. Les informations prises à ce sujet ayant fait connaître qu'avant
son départ, /'Électeur avait passé une journée entière avec le Juif Rothschild,
une Commission impériale se rendit chez celui-ci, dont la caisse et les registres
furent minutieusement examinés. Mais ce fut en vain : on ne trouva aucune
trace du dépôt fait par /'Électeur. Les menaces et l'intimidation n'eurent aucun
succès, de sorte que la Commission, bien persuadée qu'aucun intérêt mondain
ne déterminerait un homme aussi religieux que Rothschild à se parjurer, voulut
lui déférer le serment. Il refusa de le prêter. Il fut question de l'arrêter; mais
l'empereur s'opposa à cet acte de violence, le jugeant inefficace. On eut alors
recours à un moyen fort peu honorable. Ne pouvant vaincre la résistance du
banquier, on espéra le gagner par l'appât du gain : on lui proposa de lui lais-
ser la moitié du trésor s'il voulait livrer l'autre à l'administration française;
celle-ci lui donnerait un récépissé de la totalité, accompagné d'un acte de saisie,
196 ARClilVES DU MONDIALISME

prouvant qu'il n'avait fait que céder à la force, ce qui le mettrait à l'abri de
toute réclamation; mais la probité du juiffit encore repousser ce moyen, et,
de guerre lasse, on le laissa en repos. Les quinze millions restèrent donc entre
les mains de Rothschild depuis 1806 jusqu'à la chute de l'Empire en 1814.
À cette époque, /'Électeur étant rentré dans ses États, le banquier francfortois
lui rendit exactement le dépôt qu'il lui avait confié. Vous figurez-vous quelle
somme considérable avait dû produire, dans un laps de temps de huit années,
un capital de quinze millions entre les mains d'un banquier juif et francfor-
tois ! ... Aussi, est-ce de cette époque que date l'opulence de la maison des frères
Rothschild, qui durent ainsi à la probité de leur père la haute position finan-
cière qu'ils occupent aujourd'hui dans tous les pays civilisés3 98 • »

Fore d'un matelas financier, les cinq fils Rothschild (Salomon à


Vienne, Nathan à Londres, James à Paris, Charles à Naples, Anselme à
Francfort) partirent du bon pied pour régenter la haute finance européenne
en lien avec d'autres familles juives du même acabit. Le XVIIIe siècle fut
le siècle de la trahison de l'aristocratie française qui, sauf quelques indivi-
dus têtes hautes, plongea avec délices dans les turpitudes d'un monde de
pensée qui balaya l'Ancien Régime d'autant plus facilement que ces mêmes
personnes participèrent à sa destruction. Nous avons déjà eu l'occasion
de citer de nombreux aristocrates maçons particulièrement actifs dans les
événements de la Révolution. Ces pauvres gens, qui trahissaient l'esprit de
leurs ancêtres, n'avaient pas compris qu'ils sciaient la branche sur laquelle
ils étaient assis. La Révolution de 1789 enracinée par Napoléon procéda
à une passation de pouvoir de l'aristocratie au « sang bleu» à une autre
forme d'élite constituée de grandes familles pratiquant largement, comme
ces anciennes familles, l'endogamie, mais exaltant la victoire d'autres va-
leurs bien éloignées de celles définissant la civilisation française : la banque
et la Torah sur fond de « demain à Jérusa/em 399 ». En guise de conclusion
révélatrice, l'évêque apostat Charles-Maurice de Talleyrand dont les talents
intellectuels furent mis au service d'un monde si contraire aux demandes .
398
hups;//gallica.bnf.fr/ark:/ 12148/bpr6k202272q/f32 I ,image. pp. 310-311.
399
Cette passation de pouvoir se fic même dans l'attribution de particules. Les cinq fils Rothschild
furenr anoblis par l'empereur d'Autriche en 181 7. Le père du célèbre banquier et philanthrope Maurice
de Hirsch (1831 - 1896), ami de l'héritier du trône d'Angleterre, le futur Édouard VU, Jacob Hirsch. fut
anobli par Maximilien 1cr de Bavière. en 1818. en devenant Jacob von Hirsch auf Gereuth. Enfin, le
banquier juif russe. Horace Gunzburg, est fait baron (Prtiht" von Gunzburg) en 1870 par le prince de
Hesse, famille dont nous avons déjà signalé la libéralité d'esprit. L'ouvrage de Lorraine de Meaux, déjà
mentionné, raconte le mariage d'un des fils du fondateur de la banque Gunzburg en 1877, Salomon,
avec Henriette Goldschmidt liée à la banque du même nom, mais aussi à une autre, Bischoffsheim.
Tous les participants venus célébrer cette union à Paris, mais présents aussi pour signer un contrat
concernant la dot du jeune couple, appartiennent à ces nouvelles dynasties succédant aux familles
d'Ancien Régime devenues moribondes. Comme l'écrit l'auteur : « On rttrouvt la signaturt des Fould,
Stern, Bischoffihtim, Bttr, Bamberger, Hirsch, Cahen d'Anvers, Ptreire, Kann, Monttfiort ( .. . ). » in Une
grande famille russe: les Gunzburg, op. cit., p. 59.
LA RÉVOLUTION DE 1789 OU LA REVANCHE DU SANHÉDRIN 197

du testament d'un autre évêque, Saint Remi, vit après sa mort son magni-
fique hôtel à Paris, rue Saint Florentin, occupé par Alphonse, le petit-fils
du fondateur de la dynastie Rothschild 400 • Charles-Maurice de Talleyrand
issu du Périgord cédait la place au Jourdain.

Abbé Joseph Lémann, Rothschild, Éditions Saint-Remi, extraits des contemporains


400 0° 173, 2 février
1896, p. 7, note de bas de page 1.
- IV -

L'émancipation judaïque
des temps 01odernes

e XIXe siècle se présente comme celui où tout est possible : c'est


Ll'ère de la science conquérante. Les différentes communautés
juives intégrées aux sociétés européennes et, en particulier au circuit politi-
co-financier, prennent une part essentielle au développement économique.
Précédemment, nous avons cité toute une liste de grands noms de la fi-
nance réunis pour le mariage d'une famille appartenant à la banque. Véri-
table photo d'une époque, cet événement résume à lui seul les véritables
maîtres du pouvoir. Parmi tous les pays du vieux continent marqués par
l'émancipation juive, il y en a un qui émerge et impose le ton à l'ensemble
de l'Europe, c'est l'Angleterre, plus précisément, la City de Londres, et son
Empire où flotte l'Union Jack. Le siècle qui suit la défaite de Waterloo en
1815 est le règne de la toute-puissance de ce pays en lien avec les Rothschild
de Londres utilisant des relais grâce à des grands capitaines d'industrie et de
la finance. Cecil Rhodes (1853-1902) en est le parfait prototype. Émigré
en Afrique australe, il favorise l'émergence de la puissance diamantaire de
Beers. Cependant, cette réussite, il la devait au clan Rothschild de Londres :

« Bénéficiant
du financement de Rothschild, Cecil Rhodes racheta un
grand nombre de petits intérêts miniers, se retrouva rapidement en position
de monopole et devint intrinsèquement lié à la puissante maison Rothschild.
Bien qu'on ait mis au crédit de Rhodes d'avoir transformé le groupement de
mines De Beers en plus grand fournisseur de diamants du monde, son succès
était largement dû au soutien financier de Lord Natty Rothschild, qui détenait
plus d'actions ·dans la société que Rhodes lui-même. Rothschild soutenait non
seulement Rhodes dans ses projets miniers, mais également sur les questions de
suprématie de la race britannique et d'expansion de l'Empire401 • »

Par la suite, il crée toutes les conditions permettant la naissance de


trois pays : la Rhodésie du Sud et la Rhodésie du Nord, devenant plus tard
-'Gerry Docherty & Jim Macgregor, l'Histoire occultée - Les origines secrètes de la Première Guerre
01

mondiale, Éditions Nouvelle Terre, 2017, p. 39.


200 ARCHIVES DU MONDIALISME

le Zimbabwe et la Zambie, et il pose les jalons en faveur de la future Afrique


du Sud qui voit le jour, après sa mort, en 191 O. Acquis à une gouvernance
mondiale en lien avec les États-Unis, ·il estime que le monde anglo-saxon
doit constituer la colonne vertébrale de ce monde unifié. Conscient del' en-
jeu et d'un facteur temps immense pour réussir cette entreprise, il prépare
la mise en forme des « bourses d'études» Cecil Rhodes (Rhodes Scholarships)
consistant à recruter des étudiants brillants et acquis à un nouvel ordre
mondial unificateur afin de les aider à occuper plus tard les postes les plus
variés possible (politique, finance, journalisme, justice, armée, ... ). Mort
prématurément en 1902, c'est son fils spirituel, Alfred Milner (1854-1925)
qui matérialise le projet avec l'arrivée des premiers «élus» à Oxford en
1904 402 • Ces ambitions soutenues par une kyrielle d'hommes de la même
trempe (Lionel Curtis, Philipp Kerr, ... ) ont été magnifiquement expli-
quées dans un ouvrage de l'historien américain Carroll Quigley ( 1910-
·1977403 ). Parallèlement à ces développements, certains représentants du
monde judaïque lorgnent sur la Palestine comme territoire à récupérer au
profit des Juifs. Ce territoire étant sous tutelle ottomane, la mise en œuvre
d'un tel projet s'avère compliquée d'autant plus qu'une part importante du
monde juif des affaires, et on peut même dire, la quasi-totalité, est contre.
C'est le cas du richissime Maurice de Hirsch 404 en opposition avec le fon-
dateur officiel du sionisme, Theodor Herzl ( 1860-1904405 ) qui en a fait
l'amère constatation ... à ses débuts. L'effervescence d'un nationalisme juif
voulant exprimer ses valeurs propres se fait jour et celui-ci, en particulier en

402
bttp;//www.rhodessçholatoc&I Parmi les nombreux boursiers depuis 1904, citons le président amé-
ricain Bill Clinton. Le lecteur doit bien comprendre que l'action de Rhodes consistant à favoriser des
unions régionales dans le cadre d'une gouvernance mondiale se perpétue jusqu'à nos jours (2019). On
peut signaler cet exemple : la Convention sur l'avenir de l'Europe en 2001/2004 préparée sous l'égide
de Valéry Giscard d' Estaing a été adoptée à Rome en octobre 2004. Soumise à référendum en 2005 en
France et aux Pays-Bas, sous 1•appellation de "Traité établissant une constitution pour 1•Europe Ji>, elle a
été refusée par ces deux pays. L'oligarchie européiste, n•obéissant pas à la démocratie quand cela impacte
ses intérêts, a retravaillé le texte appelé " Traité de Lisbonne», adopté par la voie parlementaire en 2007
en France. Lors de l'élaboration de cette Convention, celle-ci était flanquée d'un Secrétariat piloté par
John Kerr. Lui et son équipe avaient un rôle incontournable puisqu'ils centralisaient et rédigeaient la
quasi-totalité des textes servant de bases de travail à la Convention. Or le CV de John Kerr disponible
sur le site du gouvernement britannique· révèle, outre ses qualités d'ambassadeur à Washington ou de
son action à la tête de la compagnie pétrolière, la Shell, qu'il fut membre du comité de direction Rhodes
(Rhodts Trust) de 1997 à 2010 chargé de sélectionner les étudiants appelés à un bel avenir selon la doxa
mondialiste, in https;//www parliaroem,uk/bio&raphics/lords/lord-kerr-of-kinlochard/3708
403
Carroll Quigley, Histoire secrète dt l'oligarchie anglo-américaine, Éditions le Retour aux Sources,
Préface de Pierre Hillard, 2015.
404
Lors de discussions vives, Maurice de Hirsch ne comprenait pas les volontés de Herzl de favoriser
un courant migratoire juif vers la Palestine. Cet homme d'affaires encourageait plutôt cette émigration
vers l'Argentine dans le cadre de lajewish Coloniuztion Association à partir de 1891. Cela déplaisait for-
tement à Herzl qui n'hésita pas à lui écrire dans une lettre du 3 juin 1895 : • ltous ltts un grand juif en
matière monttairt, moi, jt suis un juif d'esprit. » Theodor Herzl, The Complett Diarits of Theodar Htrd,
édité par Raphaël Parai, Volume 1, 1960, p. 26
4
os Annexe XIV: Portrait de Theodor Henl (1860-1904)
L'ÉMANCIPATION JUDAÏQUE DES TEMPS MODERNES 201

Europe centrale et en Russie, est particulièrement vivace. Une telle situa-


tion favorise des conflits de plus en plus vifs entre populations chrétiennes
et juives. Les pogroms en Russie ne sont que les conséquences, comme l'a
bien expliqué Alexandre Soljénitsyne, de rapports anguleux entre ces deux
mondes. On peut d'ailleurs établir des similitudes, dans le cas russe, avec
l'exemple alsacien du temps de l'Ancien Régime et du régime napoléonien
entre paysans chrétiens et usuriers juifs :

« Mais, la réforme majeure d'Alexandre Il [ 1818-1881 ], historiquement


la plus signifiante, véritable tournant dans l'histoire russe, l'émancipation des
paysans, l'abolition du servage en 1861, se trouva être justement préjudiciable
aux juifs et, pour beaucoup d'entre eux, ruineuse. Les bouleversements socio-
économiques d'ensemble qui ont accompagné l'abolition du servage ( ... ) ont
considérablement aggravé, au cours de cette période de transition, la situation
matérielle de la grande masse de la population juive. La transformation sociale
consista dans le fait que la classe des paysans, avec ses millions et ses millions de
sujets privés de tout droit, y compris celui de se déplacer, cessait d'exister, ce qui
réduisait d'autant, par comparaison, le degré de liberté obtenu par les juifs. La
transformation économique, dans le fait que le paysan, sorti de sa dépendance, ·
avait désormais moins besoin des services des juifs, libéré qu'il était de l'inter-
diction très stricte de procéder à la vente de ses propres produits et à l'achat de
marchandises autrement que par un intermédiaire désigné à cet effet (dans les
provinces occidentales, c'était presque toujours un juif). Et aussi dans le fait
que, pour éviter la faillite, les propriétaires fonciers, privés désormais du travail
gratuit des serfs, furent obligés de s'occuper eux-mêmes de leur exploitation dans
laquelle un rôle éminent était auparavant dévolu aux Juifs en tant qu'afferma-
taires ou intermédiaires dans les affaires commerciales les plus diverses. Notons
que le crédit pour l'achat des terres, introduit en ces années-là, évinçait le juif,
en tant que pourvoyeur de fonds, de la vie des propriétaires. Le développement
des associations d'entraide et de crédit mutuel eut pour effet de libérer le
peuple de la tyrannie de l'usure406 (ndla : souligné par nous). »

Ce climat de tension entre les mondes russe et juif a conduit un des


représentants judaïques, Léon Pinsker (1821-1891), favorable à un mouve-
ment d'émancipation et migratoire de la communauté israélite, en particu-
lier vers la Palestine, à faire un bilan sans illusion :

« Il faut être aveugle pour ne pas voir que les Juifs sont le ''peuple élu "de
la haine universelle407 • » •

06
' Alexandre Soljénicsyne, Deux site/es ensemble, 1795-1995, Fayard, Tome 1, p. 162.
"°7 Ibid., Tome 1, p. 283.
202 ARClilVES DU MONDIALISME

Dans cette affaire et bien avant Herzl, Pinsker n'était pas le seul à
promouvoir cette idée dans le cadre des «Amants ~e Sion» (Hovevei Tsion).
Déjà, on peut citer le rabbin Tsvi Kalisher (1795-187 4) qui fut à l'origine,
en 1836, d'une lettre adressée à la famille Rothschild de Berlin estimant que
la rédemption messianique passait par la mise en place d'un courant migra-
toire afin de remettre à l'honneur la Terre Sainte408 • Cette idée de messia-
nisme est ancienne comme nous avons pu le constater avec la liste des faux
Messies présentée par l'abbé Lémann depuis le 1cr siècle apr. J .-C. (Simon le
Magicien, Shimon Bar-Kokhba en 132 apr. J.-C. et les autres). Cependant,
des oppositions violentes déchiraient les communautés juives entre elles.
Certaines estimaient que seul Dieu, le Messie des Juifs, était en mesure de
redonner la gloire à Israël miraculeusement et surnaturellement, tandis que
d'autres considéraient que seuls des hommes déterminés pouvaient abou-
tir à ce résultat positif. À cela, il faut ajouter aussi d'autres rivalités entre
groupes juifs, les uns considérant qu'il fallait favoriser l'assimilation (une
sphère publique neutre) dans le cadre de la Haskala (ce qui n'empêchait
pas toute une gamme de nuances en ce domaine), tandis que d'autres, les
sionistes, estimaient qu'il fallait conserver les caractères du monde judaïque
et les traduire en actes politiques. Ces différends violents ont pu être souli-
gnés dans le refus d'une partie du monde rabbinique d'accepter que le pre-
mier Congrès sioniste se tienne à Munich en 1897. Face à cette opposition
farouche d'une faction juive and-sioniste, Theodor Herzl s'est rabattu sur
la ville de Bâle en Suisse409 • Ce premier congrès n'est que le prolongement
d'un XIXe siècle déchiré entre, d'un côté, les partisans de l'antisémitisme
inquiets d'une montée en force de cette communauté au sein des sociétés
européennes et, de l'autre côté de la barrière (pour certains groupes), la
défense farouche des caractères juifs. Ces rivalités ont atteint un sommet
avec le nazisme dont, nous le verrons, les caractéristiques racialistes sont la
version « miroir inversé» des préceptes judaïques sionistes. En effet, nous
devons rappeler que le judaïsme a toujours défendu une vision raciale de
son peuple, condition qui perdure toujours en 2019. Nous avons déjà cité
les mesures édictées par Esdras, après le retour de l'exil à Babylone, rejetant
les femmes étrangères mariées à des Hébreux ainsi que leurs enfants 410 • Il
ne faisait que remettre à l'honneur des principes que l'on retrouve, par
exemple, dans le Deutéronome VII, 1-5 411 • Ces mesures, dont le but était
de maintenir les Hébreux loin de la contamination païenne et de ses
dérives, poursuivaient l'objectif, comme nous l'avons écrit plusieurs

08
" http://zionism-jsrae1 ,com/bio/kalischer biography.htm
409
hccps· //www. ipost,com/Feacures/In-Thespoclight/This-Week-In-Histocy-Herzl-rabbis-clash-on-Z
i2n.wn
"'° Cf.note 109.
411
Cf. note 106.
CÉMANCIPATION JUDAÏQUE DES TEMPS MODERNES 203

fois, de faire en sorte que ce peuple ne soit pas infecté spirituellement


afin de le préparer à recevoir dans sa chair, via une femme d'exception
(Almah) issue de la Maison de David et exempte du péché originel, le
Messie. Ces lois raciales et protectrices de l'Ancien Testament avaient
leur justification concernant l'arrivée du Messie. Elles n'étaient plus
nécessaires après son arrivée avec la conversion des païens au christia-
nisme. Or, la non reconnaissance du caractère messianique du Christ a
conduit les Hébreux rebelles à conserver cette mesure auto-centrée sur
leurs personnes et à s'enorgueillir d'un titre particulier les mettant au-
dessus du lot du reste de l'humanité dans l'attente d'un Messie toujours
espéré et ... à leur service. Ce trait de caractère, propre au monde judaïque
et magnifiquement révélé avec l'Assemblée des Notables et le Grand San-
hédrin face à Napoléon 1cr, était en conflit avec des pays dont les références
étaient, elles aussi, d'ordre racial. Or, c'est le cas de t>Allemagne dont la
nationalité reposait sur le droit du sang, caractéristique qui avait été à nou-
veau confirmée par la loi du 22 juillet 191.3 sous le règne de Guillaume II.
Tout au long du XIXe siècle, l'idée d'une cohésion sociale volkisch (qui a
trait aux particularismes propres d'un peuple et de ses racines : culture,
coutumes, ... ) était l'élément de référence dans les milieux nationalistes
germaniques 4 12 • Ce droit du sang germanique s'est heurté de plein fouet au
droit du sang hébraïque qui, nous le rappelons, affirme que l'on est juif par
ses parents ou, au moins, par la mère. Le nazisme cherchant à conserver in-
tactes les caractéristiques propres du monde germanique ne pouvait qu'être
en opposition par rapport au monde hébraïque et, plus précisément, le mi-
lieu sioniste allemand qui, lui, voulait mettre à l'honneur le particularisme
judaïque comme nous allons le voir un peu plus loin. Ces deux mondes
dans une rivalité amorcée au XIXe siècle rejetaient l'un, les Lumières pour
les Goyim allemands, l'autre, la Haskala pour les Juifs. Ces deux particu-
larismes centrés sur le droit du sang exposé et mis en valeur dans la vie et
l' or.ganisation politique (sans oublier l'idée de «pureté» raciale) ne pou-
vaient pas cohabiter ensemble en Allemagne sachant que de nombreux Juifs
se considéraient comme le « peuple élu» et certains Allemands, sous l'ins-
piration du nazisme déjà en préparation dans certains milieux au cours du
XIXe siècle, comme un « peuple de seigneurs» (Herrenvolk). Tôt ou tard une
hiérarchisation devait surgir, l'un des deux «supérieurs» devant soumettre
politiquement l'autre considéré comme «inférieur». Avec un tel concept,
412
L'historien antisémite allemand Heinrich von Treitschke (1834-1896) considérait l'influence juive
comme étrangère à la vie allemande, in Kevin B. Macdonald, Le national-socialisme, une stratégie lvo-
lutionnaire et antijuive de groupe, Pierre Marteau Éditeur, Milan, 2012. Concernant cet auteur, la
quatrième de couverture précise : « NI en 1944, professeur de psychologie à la California State University
de Long Beach, Kevin McDonald est l'un des principaux représentants de la psychologie tvolutionnaire,
discipline qui se sert notamment de la notion de «stratégie de groupe» pour étudier des catégories humaines
larges, qui peuvent aller jusqua des peuples ( ... ). »
204 ARCIIlVES DU MONDIALISME

cela ne pouvait que mal se passer. Il s'avère donc nécessaire de relever les
principales étapes aboutissant aux années 1930 qui, par la suite, ont conti-
nué leur « petit bonhomme de chemin» dans le cadre de documents favo-
risant les · textes ethno-linguistiques et noachites de l'Union européenne et
des États-U nis 413 •

A- Le sionisme : la défense des critères raciaux judaïques

Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, nous pouvons relever par-


mi les grands promoteurs de la pureté raciale des noms comme. Houston
Stewart Chamberlain (1855-1927), auteur de La Genèse du XJXe siècle, dont
l'influence fut grande sur de nombreux responsables nazis (Adolf Hitler41 4,
Alfred Rosenberg, ... ). Défenseur de cette pureté raciale et antisémite, cela
ne l'empêchait pas de reconnaître chez certains groupes juifs, notamment
les Juifs sépharades, des qualités à imiter et à appliquer à d'autres peuples,
le monde germanique en particulier:

« Voilà de la noblesse au plein sens du mot, voilà l'authentique noblesse


de race! Belles statures, nobles têtes, dignité parfaite dans le discours et dans
415
le maintien • » Ou encore : « Les Juifs méritent l'admiration, car ils ont agi
avec une absolue sûreté selon la logique et la vérité de leur être, et jamais le ver-
biage humanitaire (auquel ils ne se sont associés qu 'autant qu'ils y trouvaient
avantage) ne leur a fait oublier un seul instant la sainteté des lois physiques.
Sachons reconnaître avec quelle maîtrise ils utilisent la LOI DU SANG
(ndla : en lettres capitales dans le document d'origine) pour répandre leur
domination : la souche principale reste sans tache, pas une goutte de sang étran-
ger ne sy infuse416 ( ••• ). »

Cependant, l'homme qui fut la figure de proue dans cette affaire


s'appelle Benjamin Disraeli (1804-1881), Juif converti à l'anglicanisme
lui permettant d'entamer une carrière politique le propulsant au poste de
Premier ministre sous le règne de la reine Victoria. Ses livres comme Co-
ningsby ou la nouvelle génération ( 1844), Tancrède ou la nouvelle croisade

3
•U Le 26 mars 1991, le Congrès américain a adopté le noachisme comme socle de la société américaine
dans le cadre de l'Education Day, in hups-//www,congress gov/bill/102nd-congress/house-joint-reso-
lurion/ J04/tcxt
•••
41
Adolf Hitler était présent à l'enterrement de Stewart Houston Chamberlain.
} hccps·//fr,wikisource org/w/index php?tirlc=Page·Chamberlain - La Gen%C3%A8se du XIXe si
%C 3%ABcle, tome I,djyu/444&aqion-edic&redlink-l. p. 371.
416
Ibid., pp. 438-439.
L'ÉMANCIPATION JUDAÏQUE DES TEMPS MODERNES 205

(1847 417 ) et Lord George Bentinck, A Political Biography (1852) vont dans
le sens de la pureté raciale et de la supériorité du judaïsme. Il exerça une
influence réelle sur des personnages comme Chamberlain, Gobineau et
consort dans cette voie racialiste. John Efron, professeur d'histoire juive
à l'université de Berkeley418 , relève dans son ouvrage, The Defenders of the
Race, que les concepts racialistes n'étaient pas l'apanage des seuls antisémites
et/ ou nationalistes. En se référant aux travaux de ce dernier, des scienti-
fiques sionistes allemands comme « Elias Auerbach, Aron Sandler, Felix Teil-
haber et lgnaz Zollschan étaient poussés par un fart besoin de mettre fin aux
mariages mixtes et de préserver la pureté raciale des juifi419 ». Les lois raciales
de Nuremberg, promulguées par les au~orités nazies en septembre 1935 en
faveur de la protection du sang allemand, ont appliqué la même recette,
mais en défaveur des Juifs. Cet auteur américain signale aussi que Felix
Teilhaber (1884-1956), inquiet de la démographie juive allemande peu vi-
goureuse, défendait le principe d'un soutien apporté aux familles judaïques
fécondes financées par des couples juifs avec peu ou sans enfants420 • Dans la
même lignée de pensée, John Efron ajoute ce fait révélateur concernant les
défenseurs de la pureté raciale juive : l'emploi de mots co.mme « volonté421 »

417
Cet ouvrage évoque la vie d'un jeune lord anglais, Tancrède, qui ayant atteint l'âge de la majorité
décide de se rendre en Terre Sainte. Homme de foi et en opposition au matérialisme de l'Europe, il
cherche à trouver un apaisement spirituel lors de sa visite de Jérusalem. Sa rencont.re avec un mystérieux
financier juif, Sidonia, lui ouvre les portes de l'Orient. Il est utile de préciser le nom de la personne qui
se cache derrière ce nom de Sidonia. Le traducteur de cet ouvrage, Frédéric Gesse, précise : «//s'agit bien
sûr des Rothschild (ou, dans la fiction, des Sidonia-Rothschild). les romans de Disraeli étaient géntralemtnt
considérés comme des romans à clé (quoiq11e lui-mime s'en défendit). Celles qui accompagnaient les réédi-
tions de "Tancrède" indiquaient pour le personnage de Sidonia: "Baron Lionel Nathan de Rothschild". » in
Benjamin Disraeli, Ta11crède ou la no11velle croisade, Fayard, 2004, p. 203, note de bas de page 1. Dans
les propos de « Sidonia-Rothschild », on reconnaît bien l'état d'esprit consistant à rejeter l'Incarnation
avec ses conséquences. Le but est de cout judaïser; c'est-à-dire à retourner à la source primitive dans
l'attent du« vrai» Messie, mesure passant par la destruction de l'Église. Dans une réponse à Tancrède,
Sidonia précise : «Je crois q,u Dieu parla à Moïse sur le mont Horeb et vous croyez qu'il fut crucifié dans
la personne de ]isus, sur le mont du Calvaire. L'un et l'autre étaient, du moins, charnellement, des enfants
d 'Israël ; ils parlaient en hébreu aux Hébreux. Les prophètes étaient tous des Hébreux, les apôtres étaient tous
des Hébreux. les églises d'Asie, qui ont disparu, furent fondées par un Hébreu; et l'église de Rome, qui dit
qu'elle durera éternellement, et qui a converti cette ile à la foi [l'Angleterre} de Moise et du Christ m triom-
phant des druides, de Jupiter Olympien et de Wotan, qui l'avaient tour à tour conquise, fut aussi fondée par
un Hébreu( ... ).» Ibid. , p. 130. Le Sidonia-Rothschild se garde bien de préciser que ces Hébreux, passés
à une étape supérieure, sont devenus catholiques en reconnaissant le Christ souffrant et ressuscité, la
Sainte Trinité, le dogme de l'immaculée Conception et son Assomption, principes que les Juifs rejettent
formellement, comme les musulmans d'ailleurs.
418
http://jewishsrudies,berkeley,edu/people/john-efron/
419
Le national-socialisme, une stratégie évolutionnaire et antijuive dt groupe, op. cit., p. 64. Ces passages
sont expliqués par John Efron présentant les convictions de ces quatre personnages in John Efron, The
Deftndm of the Race : ]ewish Doctors and Race Science in Fin de Siecle Europe, Yale University Press,
1994, pp. 127-166.
420
Ibid., p. 152. Teilhaber proposait l'octroi de 500 à 750 reichsma.rks par femme et par an pour chaque
enfant au-delà de deux, in ibid.
420
Leni Riefenstahl (1902-2003) a filmé le congrès du parti nazi à Nuremberg en 1934 dont le thème
officiel était: « Le triomphe de la volonté» (« Triumph des Willens»).
206 ARCHIVES DU MONDIALISME

et «bataille», typique du langage volkisch des nationalistes allemands, uti-


lisés par le sionisme, expressions que l'on retrouve aussi dans les organisa-
tions étudiantes juives-allemandes, dont Elias Auerbach était un membre
actif, pour décrire la destinée du peuple juif422 • Nous retrouvons ce concept
racialiste chez les Juifs, particulièrement bien expliqué chez le sioniste éco-
nomiste et sociologue Arthur Ruppin (1876-1943), n'hésitant pas à les
subdiviser en trois groupes avec des notions développées (les titres de ces
chapitres sont : « Principaux types», « Groupes ethniques isolés», « Types
étrangers», « Pureté de race», « Caractéristiques mentales») qui n'ont rien
à envier aux méthodes des théoriciens racialistes nazis à l'égard des groupes
ethniques germaniques :

« Au point de vue race, trois types peuvent se distinguer parmi les Juifs
d'aujourd'hui. Le premier comprend les juifs dont le caractère ethnique est
resté sans changement appréciable depuis les temps anciens, ceux qui habitent
encore leurs contrées d'origine dans le Proche-Orient (Babylone, Perse, régions
de l'intérieur en Syrie et Asie Mineure), et sont désignés sous le nom de juifs
orientaux. Le second type comprend que les juifs chez lesquels l'élément médi-
terranéen s'est trouvé renforcé par des mélanges avec les Arabes ou les Euro-
péens du sud. Les principaux d'entre eux sont les juifs qui s'installèrent en
Espagne pendant l'occupation mahométane, et qui, plus tard, sous la domina-
tion chrétienne, adoptèrent la langue espagnole. En hébreu, l'Espagne s'appelle
"Sephard"; d'où le nom de Séphardiques donné à ces Juifs. Le troisième type
principal est celui des juifs chez qui, durant les migrations de Palestine ou de
Babylone vers les Balkans et l'Europe Orientale, l'élément alpin a été renforcé
par mélange avec les races slaves ou de Proche-Orient. En outre, durant les XIX'
et XX' siècles en particulier, ils ont reçu une petite quantité de sang nordique..
Leurs principaux représentants sont les juifs de l'Europe centrale et orientale,
qui, depuis le Moyen-Age, ont parlé allemand ou yiddish, ce dernier dérivé de
l'allemand. On les appelle les juifs askénaziques. En hébreu, askenazi signifie
"allemant1 23 ". »

Et l'auteur de préciser que << quelques sectes se sont séparées du tronc


judaïque» : les Samaritains avec son centre religieux au mont Garizim près
de Sichem en Palestine; les Karaïtes n'acceptant que la Bible et rejetant la
tradition orale du Talmud présent en Syrie, sur les côtes de la mer Noire424 ;
les Marranos du Portugal et d'Espagne faussement convertis au christia-

m Ibid., p. 136. C'est ce programme que nous allons présenter dans les pièces d'archives de cet ouvrage.
423
Arthur Ruppin, Les Juifs dans le monde moderne, Payot, 1934, p. 18. Ce livre précise que cet auteur
est chargé de cours de sociologie juive à l'université hébraïque de Jérusalem.
" Arth~r Ruppin précise que, lors de la conversion des Khazars au judaïsme au 1x~ siècle, beaucoup de
24

ces derniers sont devenus Karaïtes, la Crimée étant leur bastion, in ibid., p. 19.
CÉMANCIPATION JUDAÏQUE DES TEMPS MODERNES 207

nisme et continuant à observer leurs rites ancestraux; ceux de Salonique


et de Constantinople faussement convertis, là aussi, mais à l'islam (les
Donmeh) ; les Juifs yéménites descendants de tribus arabes ayant embrassé
le judaïsme au VIe siècle apr. J .-C.; les Bene Israel vivant à Bombay et ses
environs en Inde descendant de ces Juifs yéménites immigrés; les Juifs du
Caucase issus de tribus caucasiennes converties; les Juifs bokhara origi-
naires de Mésopotamie et de Perse; enfin, quelques types étrangers de type
négroïde 425 • Arthur Ruppin, dans les chapitres consacrés à la « Pureté de
race» et aux « Caractéristiques mentales», précise que :

« Les juifs eux-mêmes ne peuvent pas être qualifiés de race pure. Dès
l'antiquité, ils furent le produit du crozsement de plusieurs races, et ils ont,
depuis lors, reçu d'autres éléments ethniques étrangers ( ... ). La classification
ethnique usuelle, basée sur les caractères physiques, n'étant que d'une valeur
limitée, on peut se demander s'il ne serait pas possible d'établir une meilleure
classification en se servant de certaines particularités mentales. ( ... ) Beaucoup
d'anthropologues affirment que les juifs présentent une plus grande uniformité
mentale que physique, et qu'ils ont une mentalité particulière qui les distingue
des autres peuples européens. Ce ne peut être par un simple accident que les
juifs, tout au long de la grande Dispersion, se sont adonnés au commerce; et ils
n'auraient pu, au cours de milliers d'années, y avoir maintenu leur position,
s'ils n'avaient surpassé leurs rivaux en étant plus imaginatifs, plus ingénieux et
plus actifs. ( ... ) Cette aptitude a été la cause, dans la vie intellectuelle des juifs,
de l'écrasante importance donnée au Talmud, dont l'étude exige une dialectique
rapide et sûre. À son tour, l'étude du Talmud a contribué à développer ces apti-
tudes chez les juifs, d'autant plus que les Talmudistes de renom étaient tenus en
haute estime et pouvaient s'allier aux plus riches familles. Le développement de
la rapidité de pensée fait partie de la tendance générale à rationaliser l'activité
humaine tout en réprimant les instincts qui gouvernent la vie des races pri-
mitives. D'autre part, les juifs sont peu favorisés au point de vue de certaines
autres aptitudes, telles que la puissance d'observation, l'art de commander les
hommes, l'habileté administrative, etc. 426 »

De tels propos avaient été clairement énoncés dans un autre ouvrage

m Ibid., p. 21.
426
Ibid., pp. 22-26. Fort de ces nombreuses recherches dans le racialisme propre aux Juifs, Arthur
Ruppin a présenté plusieurs tableaux dans son livre paru en 1934 concernant différents aspects de leur
vie. Pour cette annexe, nous avons retenu les six tableaux les plus explicites. Dans l'ordre, Tableau I :
nombre et pourcentage des Juifs dans divers pays; Tableau V: Migrations juives, 1881-1930; Tableaux
XIII et XIV : Répartition professionnelle des Juifs; Tableau XXI : Fréquentation des universités et
écoles d'enseignement supérieur du type universitaire par les Juifs; et Tableau XXII: Mariages mixtes
in Annexe XV: Démographie, migrations, répartitions profe,s sionnelles et universitail'es des Juifs
dans le monde et mariages mixtes/baptêmes.
208 ARCHIVES DU MONDIALISME

intitulé The jews of To-Day, paru en 1913, révélateurs de l'état d'esprit à


l'ensemble du monde sioniste allemand et mondial :

« Nous pouvons donc admettre sans réserve le haut potentiel intellectuel


des juifs et nous avons raison de souhaiter préserver ce type d'humain supérieur
( ... ) comme une entité distincte, sans mélange, car c'est la seule façon de pré-
server et de cultiver le caractère de cette race. Toute race de qualité supérieure
dégénère rapidement lorsque ses membres s'unissent à une race inférieure, et
c'est au sein du peuple hébreu que le juif trouve naturellement son égal et qu'il
peut le plus aisément s'associer. On ne peut catégoriquement affirmer que le
métissage des juifs avec d'autres races engendre invariablement une postérité
dégénérée( ... ), mais il est certain, néanmoins, qu'avec le métissage le caractère
de la race se perd et que les descendants d'un mariage mixte ont peu de chances
d'hériter de dons exceptionnels. ( ... ) Le mariage mixte étant clairement nui-
sible à la conservation des haute~ qualités de la race, il s'ensuit qu'il est néces-
saire de tenter de l'empêcher et de préserver le particularisme juif 27 • »

Que le lecteur remplace les mots «hébreu» et «juif» par les mots
«aryen» et «germanique» en plaçant cet extrait dans un discours pronon-
cé par un responsable du Ille Reich ... il ne fera pas la différence. Cette
similitude de pensée se retrouve aussi dans celle du Juif sioniste allemand
Joachim Prinz (1902-1988) qui, dans un livre paru en 1934, intitulé Wir
Juden ( « Nous, les Juifs»), n'hésitait pas à écrire :

« Nous voulons que l'assimilation soit remplacée par une nouvelle loi : la
déclarp,tion d'appartenance à la nation juive et à la race juive. Un État fondé
sur le principe de la pureté de la nation et de la race ne peut qu'être honoré et
respecté par le Juif qui déclare son appartenance à son propre peuple(. .. ). Car
seul celui qui honore sa propre race et son propre sang peut respecter et honorer
la volonté nationale des autres nations428 • »

Les propos de Joachim Prinz font écho aux lois de Nuremberg adop-
tées l'année suivante, en septembre 1935, par r appareil d'État nazi qui
a instauré toute une série de mesures afin de protéger et de préserver les
caractéristiques raciales du peuple allemand. En tout cas, le respect ne fut
pas réciproque car Joachim Prinz fut expulsé d'Allemagne en 1937 avec
429
sa famille • Accueilli aux États-Unis, il devint après la Seconde Guerre
427
Arthur Ruppin, The ]ews of To-Day, G. Bells and Sons LTD, préface de Joseph Jacobs, Londres,
1913, pp. 226-228.
428

42
Joachim Prinz, Wir ]uden, verlegt bci Erich Reiss, Berlin, 1934, pp. 154-155.
~http:l(www,joachimprinz,com/loachim Prinz/Home.html-; le site dédié à Joachim Prinz se garde
bien de signaler ces propos ci-dessus tirés de son livre, WJr ]uden, pp. 154-155.
CÉMANCIPATION JUDAÏQUE DES TEMPS MODERNES 209

mondiale président du Congrès juif américain. Un tel parallélisme entre ces


deux mondes fait dire à Kevin B. MacDonald :

« En un sens et de façon très étrange, l'idéologie nationale-socialiste


était le reflet inversé de la traditionnelle idéologie juive. Comme le judaïsme,
elle insistait beaucoup sur la pureté raciale et sur la primauté des intérêts du
groupe ethnique sur ceux de l'individu. Comme les juifs, les nationaux-socia-
listes accordaient une grande importance à l'eugénisme. Comme chez les Juifs,
l'un de leurs soucis majeurs était d'unir les membres du groupe afin qu'ils
acceptent les objectifs collectifs; il fallait aussi insister sur l'altruisme au sein
de l'endogroupe et sur la solidarité en vue d'atteindre ces buts. Ces deux groupes
possédaient de très puissants contrôles sociaux internes qui sanctionnaient les
individus négligeant les objectifs collectifs ou tentant d'exploiter le groupe pour
leur compte personnel. Les nationaux-socialistes édictèrent un large éventail de
mesures visant les juifs en tant que groupe, notamment des lois contre le ma-
riage mixte et les relations sexuelles, ainsi que des lois empêchant les groupes de
se fréquenter et restreignant les possibilités économiques ou politiques des Juifs.
Ces lois étaient identiques aux sévères contrôles sociaux existant au sein de la
communauté juive et ayant pour but d'empêcher les relations sociales avec des
Gentils et de favoriser à l'intérieur du groupe un haut degré de collaboration
économique et politique430 • »

B- Le sionisme et son impact politique

Fort de tous ces éléments, il est nécessaire de connaître l'évolution du


sionisme allemand en lien avec le sionisme mondial. L'idéal des personnes
de ce milieu, mais aussi leurs problèmes et leurs rivalités internes ont eu
des répercussions en Allemagne et dans le monde et, en particulier, un
impact direct sur le Traité de Versailles en 1919. Ces répercussions poli-
tiques et philosophiques continuent à se faire jour jusqu'à notre époque
(2019). Les travaux et les explications de l'universitaire Jehuda Reinharz
apportent un éclairage sur ce monde varié 43 1• En effet, avant d'évoquer les
430
Le national-socialisme, une stratégie évolutionnaire et antijuive de groupe, op. cit., pp. 86-87.
4 1
Né en 1944 à Haïfa, Jehuda Reinharz a fait ses études en Allemagne puis aux États-Unis dans les
domaines de la science et de la religion au Jewish Theologicai Seminary of America, à Harward et à
l'université Brandeis. Il est l'auteur de nombreux ouvrages dont Dokumente zur Geschichte des deutschen
Zionismus, 1882-1933 [« Documents sur l'histoire du sionisme aiiemand, 1882-1933 »], Mohr, 1981, qui
est un recueil de plus de 200 pièces d'archives issues d' une multitude d' instituts juifs essentiellem,ent
en Israël précédé d' une présentation d' une trentaine de pages. La liste de leurs noms, sans oublier
des personnes bien ciblées, est si longue que nous nous bornons à n'en citer que quelques-uns : Ar-
chives Weizmann, Instituts Leo Baeck de Jérusalem et de New York, Yad Vashem, Archives Schocken,
Dr. Arnold Paucker, Dr. Joseph Walk, Dr. Hans Tramer, professeurs Gershom Scholem, Ernst Simon ...
210 ARCIDVES DU MONDIALISME

activités de « l'Union sioniste pour l'Allemagne» (Zionistische Vereinigung


for Deutschland, ZVID) qui voit le jour en 1897 lors de deux réunions
successives à Bâle, le 28 août, et à Francfort-sur-le-Main, le 31 octobre, il
s'avère utile d'étudier les prémices de ce monde que l'on peut dater. C'est
en 1882 que l' « Association Bnei Brith » voit le jour à Kattowitz en Silésie,
province allemande, désormais polonaise depuis 1945, sous la direction de
Selig Freuthal et de Moritz Moses 432 • Le judaïsme allemand du XIXe siècle,
marqué par des motifs religieux à l'égard de la Palestine, passa à une étape
supérieure à partir des années 1880 avec l'ajout d'éléments moraux et phi-
lanthropiques en raison du développement de l'antisémitisme en Europe
occidentale, mais aussi en raison des difficultés multiples et croissantès de
la diaspora juive dans le monde russe (pogroms) après le meurtre du tsar
Alexandre Il en 1881. Cette « Association Bnei Brith 433. », s'engageant à
protéger ses coreligionnaires dans tout l'Est européen en liaison avec des
associations du même type en Russie, en Roumanie et en Autriche, publie
à la fin de l'année 1882 un magazine intitulé Der Colonist dont le sous-
titre était « Magazine en faveur de l'émigration des juifs des pays dans lesquels
les droits d~ l'homme ne sont pas assurés434 ». Ce fut le premier organe du
judaïsme allemand traitant de la question palestinienne. Et c'est à l'initia-
tive de cette Association que fut organisée une conférence, en novembre
1884, réunissant les différents comités les << Amants de Sion» d'Europe de
l'Ouest et de l'Est dont les discussions reposèrent sur la colonisation de la
Palestine. Ils' ensuivit la création d'un comité central sous la direction d'un
personnage déjà cité, Léon Pinsker. Il n'est pas possible d'énumérer toutes
les associations juives qui naquirent par la suite en sachant que certaines
disparurent tandis que d'autres fusionnèrent. Signalons, cependant, la créa-
tion au début de l'année 1884 de l'Assodation « Esra »· à Berlin dont le but
officiel était de réunir des fonds en faveur de la colonisation des terres en
Palestine afin de couvrir les frais inhérent à cette politique 435 • La diversité
des associations juives allemandes poussa Nathan Birnbaum436 à organi-
ser, en 1891, avec Max Bodenheimer (futur collaborateur de Herzl) une
L'institut Léo Baeck du nom d'un rabbin (1873-1956) décerne une récompense, le « Prix Léo Baeck».
Parmi les heureux bénéficiaires, nous pouvons citer la chancelière Angela Merkel qui reçut ce prix en
2007 en raison de son engagement, entre autres, à l'égard d' Israël, in https://www,juedische-allge-
mej ne. de/allgemei n/leo-baeck-preis-2007-fuer-angela-merkel/
432 Annexe XVI: Association« Bnei Brith », Kattowitt, mai 1882.
433
Ce « Bnei Brich » silésien, littéralement « Fils de l'Alliance» tire son nom d'une association maçon-
nique du même nom définie ainsi : « "Les Fils de l'Alliance", organisation maçonnique juive fondée le
13 octobre 1843, à New York, au Café Sinsberner par douze juifs immigrés d'Allemagne. » in Tribune juive,
n° 997, 13 au 19 novembre 1987, p. 18. Précisons que cette organisation n'accepte que des Juifs en
son sein.
434
Dokumente zur Geschichte des deutschen Zionismus, op. cit., p. XXII.
435
Annexe XVII : Association « Esra » (1884) pour financer la colonisation juive en Palestine.
436
Nathan Birnbaum (1864-1937) est l'inventeur du mot «sionisme», in hccps:/ /www.jewishvirrualli-
brary.ocg/nathan-birnbaum
!!ÉMANCIPATION JUDAÏQUE DES TEMPS MODERNES 211

conférence à Paris réunissant les personnalités acquises à la cause sioniste


annoncée dans le journal de Hambourg, Menorah, par une formule plagiant
les propos de Karl Marx :

« Sionistes de tous les pays, unissez-vous437 ! »

La parution du livre de Herzl, L'État des juifs, en février 1896 fut


accueillie favorablement par les associations les « Amants de Sion» en
Allemagne accélérant le processus avec le Premier congrès sioniste à Bâle
et la création, au même moment, de son homonyme allemand en 1897.
« L'Union sioniste pour l'Allemagne» (ZVfD) se vit très rapidement re-
procher de ne pas servir loyalement les intérêts du Reich en promou-ne
v.ant une action en faveur des Juifs et non du peuple allemand tout entier.
Ces critiques venaient, certes, de milieux antisémites germaniques, mais
aussi d'organismes juifs acquis à l'assimilation ou encore refusant, pour
des motifs religieux, l'engagement laïc du mouvement sioniste. Au cours
de toute son existence, la politique de ce dernier a été de prouver ou de
tenter de prouver qu'il n'existait aucun conflit entre la défense des intérêts
nationalistes juifs et le fait d'être citoyens allemands. Ces affirmations se
trouvaient, en particulier, proclamées par l'organe de presse officiel de la
ZVfD, l' lsraelitische Rundschau devenu, sous la direction de son rédacteur
Heinrich Loewe, Jüdische Rundschau en 1901, dont la parution cessa en
1938 438 • Ces reproches étaient d'autant plus soutenus que les dirigeants sio-
nistes allemands travaillaient étroitement avec la maison mère, << l'Organi-
sation sioniste mondiale» (Zionistische Weltorganisation, ZWO). Comme le
rapporte Jehuda Reinharz, les membres du ZVfD fournissaient une grande
part du personnel du ZWO dont le siège se trouvait à Cologne de 1905 à
1911, puis à Berlin de 1911 jusqu'à 1920. À partir de cette date, le siège du
ZWO fut transféré à Londres avec une présence importante du judaïsme
américain et polonais, déménagement indiquant indirectement qui était le
vrai patron dans l' affaire 439 •

À l'époque où les bureaux se trouvaient à Cologne, David Wolffiohn et


<<

Otto Warburg étaient membres du "Comité d'Action restreint" du mouvement


sioniste mondial. Dans les années qui suivirent à Berlin, Arthur Hantke et Otto
Warburg étaient membres de ce comité. De 1905 à 1911, David Wolffiohn, un
des membres fondateurs de /'"Union sioniste pour l'Allemagne", officia comme
437
Dokumente zur Geschichte des de"tschm Zionismus, op. cit., p. XXVI.
138
Jehuda Reinharz précise que les revues sionistes en Allemagne de 1897 à 1938 étaient estimées au
nombre de 39, in ibid., p. XXVIII.
439
Cet universitaire rapporte : « "L'Union sioniste pour L'Allemagne" perdit son rôle centrai concernant /a
formulation de La politique sioniste, mais conserva une position importante dans La mise en forme de L'idéo-
logie sioniste.» in ibid. , p. XXXVII.
212 ARCI-IlVES DU MONDIALISME

président de /'"Organisation sioniste mondiale" tandis qu'à partir de 1911,


ce fut Otto Warburg, président du "Comité d'Action restreint", jusqu'à ce que
Chaïm Weizmann prit la suite en 1920 et que le bureau central de l'orga-
nisation mondiale soit transféré à Londres. Les directions de !"'Organisation
sioniste mondiale" et de !'"Union sioniste pour l'Allemagne" étaient, avant
1920, largement identiques. Ainsi, de 1911 à 1920, Arthur Hantke agissait,
en même temps, en qualité de président de l"'Union sioniste pour l'Allemagne"
et de membre du "Comité d'Action restreint". De nombreuses personnes qui
dirigeaient /"'Union sioniste pour l'Allemagne" dans les années 1920 firent
leurs premières armes dans les bureaux berlinois de !"'Organisation sioniste
mondiale" comme Kurt Blumenfeld, Richard Lichtheim et Martin Rosenblüth.
Tous les bureaux importants de /"'Organisation sioniste mondiale" se trou-
vaient en Allemagne et leurs publications paraissaient dans le pays. L'étroite
coopération entre /"'Union sioniste pour l'Allemagne" avec /"'Organisation
sioniste mondiale" trouvait aussi son expression dans. le fait que les mêmes
bureaux se trouvaient dans le même bâtiment à Berlin au 8 de la Sachsische
Strasse. Les sessions du "Comité d'Action restreint" tenues à Berlin amenaient
souvent une grande partie des dirigeants sionistes d'Europe de l'Est en contact
direct avec la pensée et l'idéologie du mouvement allemand qui, peut-être, les
influençaient, au même titre qu'eux aussi influençaient de leurs côtés les sio-
nistes allemands440 • »

Le point qui ressort de la première génération des sionistes allemands


est une sorte de double loyauté en tant que citoyen du ne Reich qui jon-
glait, à la fois, avec une véritable participation culturelle, économique et
politique à la vie de l'Allemagne tout en s'engageant en faveur de la Pales-
tine. N'exprimant pas une véritable religiosité judaïque, ils se considéraient
malgré tout comme les véritables représentants de la culture juive en com-
munion de pensée avec leurs coreligionnaires au-delà des frontières, phéno-
mène qui s'est renforcé au cours de la Première Guerre mondiale au contact
de la diaspora éparpillée en Pologne russe, pays baltes et Ukraine. Cepen-
dant, pour ces sionistes de la première heure, l'Allemagne restait le point
d'ancrage de leur judaïté. Mais une bascule se produisit avec la deuxième
génération sioniste vers les années 1910. Une forme de rejet de l'Allemagne
wilhelmienne (avec aussi toute une variété de nuances dans cette affaire)
se fit jour avec, d'un côté, un renforcement de l'idée de favoriser l' amélio-
ration de vie de la communauté juive mondiale et, particulièrement, en
Palestine et, de l'autre, un refus de l'industrialisation à outrance du pays
conduisant à une volonté de retour à la nature, de la camaraderie et des joies

Ho Ibid. , pp. XIX et XX.


:CÉMANCIPATION JUDAÏQUE DES TEMPS MODERNES 213

simples. Ce phénomène qui a touché l'ensemble de la jeunesse allemande


de cette époque, chrétienne et juive, était désigné par l'expression les Wtin-
dervogel (« les oiseaux migrateurs»). Dans la foulée, ces jeunes sionistes se
radicalisèrent en considérant que l'assimilation au peuple allemand n'était
pas souhaitable. Cette tendance des jeunes nationalistes juifs se manifesta,
en mai 1912, lorsque la « Résolution de Posen » du ZVID (ndla : ville alle-
mande, désormais polonaise depuis 1945 - Poznan) proclama que la Pales-
tine et son avenir juif primaient sur tout le reste, sous-entendu l'Allemagne
et ses intérêts, mesure causant une réprobation de la part des sionistes les
plus âgés comme du monde judaïque allemand n'adhérant pas au sionisme
en général. L'histoire du judaïsme a toujours été celui des fractures et des
rivalités entre groupes. Sur ce point, ce fut particulièrement patent. Cepen-
dant, le phénomène ne prit pas au moment de la guerre de l 914 ~En effet,
la haine à l'égard de la Russie tsariste en raison de son comportement à
l'égard des Juifs souda l'ancienne et la nouvelle génération parmi les sio-
nistes allemands et les autres communautés judaïques n'appartenant pas à
ce milieu. Les propos de Heinrich Loewe du 7 août 1914, rédacteur du Jü-
dische Rundschau, rappelant les gloires anciennes d'Israël, « la bravoure des
Maccabées», la résistance à l'oppresseur avec Shimon Bar-Kokba, furent
énoncés pour demander à tous les Juifs allemands, peu importaient leurs
convictions, d'être unis autour de l'empereur pour vaincre « les barbares de
l'Est 44 1 ». Durant les quatre années de guerre, un modus vivendi fut possible
entre tous les Juifs malgré les différences d'opinion. Cette guerre fut aussi
pour certains dirigeants juifs allemands une tentative, dans les territoires
conquis de la Russie tsariste, de rallier les Juifs à leur cause. Cependant, le
ZVfD n'appuya pas cette politique à l'Est de l'Europe car elle craignait des
répercussions conduisant à confondre les ambitions du sionisme avec les
buts de guerre allemand. Le sort des Juifs de la Palestine importait plus et,
dans ce domaine, les dirigeants sionistes obtinrent les sympathies des diri-
geants politiques allemands, plus particulièrement le ministère des Affaires
étrangères en liaison avec une Turquie ottomane progressivement acquise à
l'affaire. Cette tendance se confirma avec le soutien déclaré du gouverne-
ment du neReich, au début de l'année 1918, aux objectifs sionistes de co-
lonisation en Palestine442 surtout après la reconnaissance d'un foyer juif par
441
Annexe XVIII : Appel à tous les Juifs allemands à soutenir leur pays (août 1914). Précédem-
ment, nous avons cité les travaux de John Efron concernant les racialistes sionistes, en particulier Elias
Auerbach. Ce dernier avait une sœur, Johanna, qui était mariée à Heinrich Loewe, in Deftnders of the
Race, op. cit., p. 128.
442
Annexe XIX : Trois documents concernant l'implantation juive en Palestine en accord avec
les gouvernements allemand et ottoman au début de l'année 1918. Jehuda Reinharz précise que le
gouvernement allemand du }Ic Reich soutint la création d'un « Comité allemand pour la Palestine » qui
prit fin en 1919 pour réapparaître en décembre1926, après l'entrée de l'Allemagne de Weimar dans la
SDN. I.:objectif déclaré était de gagner au profit du sionisme le soutien des cercles gouvernementaux
et privés, en particulier le ministère des Affaires étrangères, à la cause palestinienne, in Dokumente zur
214 ARCHIVES DU MONDIALISME

le oouvernement britannique, le 2 novembre 1917, avec la « Déclaration


Balfour443 ». Comme nous l'avons prouvé dans l'Atlas du mondialisme, un
élément clef entrait en jeu : le contrôle de la production de pétrole et son
acheminement. L'affaire du « Bagdad Bahn », immense voie ferrée partant
de Hambourg et traversant les zones pétrolifères de Kirkouk et de Mossoul
pour aboutir au Koweït, devait permettre à Berlin d'établir un contrôle sur
l'Autriche-Hongrie et l'Empire ottoman; c'est-à-dire de dominer un espace
allant de la mer du Nord jusqu'au Golfe persique aux dépens de l'Empire
britannique. Ces intérêts stratégiques et énergétiques étaient liés aussi à
l'implantation d'une colonie juive en Palestine. Toute la question dans
cette affaire était de savoir si ce renforcement de la présence juive en Pales-
tine, la gestion des richesses pétrolières en Mésopotamie et autres atouts
stratégiques de cette zone géographique devaient se faire sous la direction
de Berlin ou sous la direction de la City de Londres en lien avec Wall Street.
Dans ce domaine, une sourde rivalité déchirait les différents mouvements
sionistes comme l'a révélé en juillet 1937 la Commission Peel, instaurée
par le gouvernement britannique. L'ancien Premier ministre anglais Lloyd
George, interrogé par cette Commission, révéla le fond de l'histoire. Nous
republions l'extrait issu du rapport de 400 pages de la Commission Peel
déjà présenté dans l'Atlas du mondialisme:

le lancement de la Déclaration Balfour fat, à cette époque, "mo-


« ( .•• )
tivé à des fins de propagande"; et il souligna la gravité de la position dans
laquelle étaient les Alliés. Les Roumains avaient été écrasés. L'armée russe était
démoralisée. L'armée française était incapable de lancer une offensive à une
large échelle. Les Italiens avaient subi une défaite sévère à Caporetto. Les sous-
marins allemands avaient coulé des milliers de tonnes de cargaison de bateaux
anglais. Aucune division américaine n'était à notre disposition dans les tran-
chées. Dans cette situation critique, on pensait que la sympathie de la commu-
nauté juive ou son antipathie, orienterait substantiellement la cause alliée vers
une issue favorable ou non. En particulier, la sympathie juive pour les Alliés
conforterait le soutien de la communauté juive américaine et gênerait le désen-
gagement militaire de l'Allemagne ainsi que son renforcement économique sur
le front Est. Voici les circonstances dans lesquelles le gouvernement britannique
Geschichu des deutschen Zionismus, 1882-1933, op. cit., p. XXXVI. Ajoutons aussi que le gouvernement
austro-hongrois a apporté son soutien au sionisme.
"'
3 1
' • • • é . · Carro 11 Quig ley a prouvé que le véritable auteur de cette Déclaration est,
L untversuaue am ncam

en fait, Alfred Milner, le fils spirituel de Cecil Rhodes. Comme le précise cet historien : « La Palestine,
cependant, occupait une position particulière parmi les mandats en raison de la Déclaration Balfour de
1917, qui disposait que la Grande-Bretagne verrait favorablement l'établissement d'un foyer national pour
les Juifs en Palestine. Cette Déclaration, toujours connue sous le nom de "Déclaration Balfour", devrait plu-
tôt s'appeler la "Déclaration Milner", tant ce dernier en fut le concepteur réel et, apparemment, son soutien
majeur dans le Cabinet de guerre. li fallut attendre le 21 juillet 1937 pour que ce fait soit rendu public
( ... ).»In Carroll Quigley, Histoire secrète de l'oligarchie anglo-américaine, op. cit., p. 263.
!!ÉMANCIPATION JUDAÏQUE DES TEMPS MODERNES 215

promulgua la Déclaration Balfour: "les chefs sionistes [nous informa Lloyd


GeorgeJ nous ont donné une promesse formelle que, si les Alliés s'enga-
geaient à fournir des moyens facilitant l'établissement d'un foyer natio-
nal pour les juifs en Palestine, ils feraient de leur mieux pour rallier les
sentiments et le soutien des Juifs à travers le monde entier à la cause des
Alliés. Ils ont tenu parole" (ndla : souligné par nous). Afir,, d'informer les
juifs du monde entier de cette Déclaration, des millions de tracts circulèrent
dans toutes les communautés juives. Ils furent largués depuis le ciel au-dessus
des villes allemandes et autrichiennes et largement diffusés à travers la ceinture
regroupant des communautés juives allant de la Pologne à la mer Noire. Les
puissances centrales, entre-temps, avaient reconnu l'importance militaire de
l'engagement juif Au moment de la Déclaration Balfour, le gouvernement .
allemandfaisait tout ce qu'il pouvait pour gagner le mouvement sioniste
à sa cause; et après la Déclaration, il se hâta, en lien avec son allié
turc, de formuler une proposition rivale. Une compagnie régie par une
charte fut envisagée au profit des sionistes allemands (ndla : souligné
par nous). Elle aurait eu une forme limitée d'auto-gouvernement local et un
droit d'immigration vers la Palestine. À la fin de l 917~ on savait que les Turcs
étaient désireux d'accepter un accord dans ses grandes lignes. Mais, avant que
les concessions ne soient finalement confirmées à Constantinople, la Palestine
était aux mains du général Allenby4 44 • »

Cet extrait révèle les rivalités entre groupes sionistes et, dans cette
affaire, ce sont les représentants des milieux anglo-saxons et français qui
eurent gain de cause. Le transfert du siège de « l'Organisation sioniste mon-
diale>> de Berlin pour Londres en 1920 est la conséquence de cette vic-
toire. Cependant, force est de constater qu, en dehors de certains sionistes
du monde germanique n'ayant sûrement pas apprécié le comportement de
leurs homologues dans cette affaire, ces sionistes allemands ont finalement
rallié les autres organisations afin de permettre à la diaspora juive d, obtenir
des droits substantiels liés au renforcement de leur présence en Palestine 445 •
C'est patent à la lecture du compte-rendu de « l'Union sioniste pour l' Alle-
magne>>, en décembre 1918, par son représentant Kurt Blumenfelds. Le
discours que tient cet homme est tout simplement l'acte préparatoire des
différentes associations sionistes allemandes, américaines, canadiennes, ...
afin d'intégrer tout un corpus politique, juridique et administratif en fa-
veur de la protection des Juifs, sans oublier l'avenir de la Palestine, mais
aussi de toutes les minorités ethniques et religieuses s'extirpant de l'auto-
rité étatique dans le cadre du Traité de Versailles en préparation. Dans
444
hccps://palesrinianmandate files wordpress.com/2014/04/cm-5479.pdf, pp. 23-24.
-us Cf. note 439 dans laquelle Jehuda Reinharz rappelle l'évolution du sionisme allemand après la
Première Guerre mondiale.
216 ARCHIVES DU MONDIALISME

ce discours rejetant le principe de l'assimilation héritée des Lumières ou


Haskala, il est clairement établi un programme d'émancipation des Juifs en
Allemagne et dans tous les États du monde où ils se trouvent sans oublier
le même programme pour cout groupe ethnique désireux de s'affranchir de
l'autorité centralisatrice de l' État. Nous ne citons que quelques passages
tirés de l'annexe XX446 :

« L'idée selon laquelle tous les groupes humains ont le droit de développer
librement leur spécificité s'est imposée et indiquera la direction de l'évolution
étatique de tous les peuples. ( ... ) La reconnaissance de la nation juive que
nous exigeons de l'État ne consiste pas, par exemple, à nous faire confirmer
par l'opinion publique non juive qu'il existe une nation juive, mais à ce que
l'État reconnaisse ceux qui revendiquent appartenir au peuple juif comme un
élément égal en droits au sein de l 'État allemand. ( ... ) Le fait qu'aujourd'hui,
un nombre extraordinairement élevé de juifs occupent des postes de direction
dans la vie de l'État [allemand] est une conséquence de l'ancienne politique
juive. ( ... ) Notre volonté de transformation de la vie juive en Allemagne,
au sens démocratique et dans l'esprit national-juif, doit être concrétisée
surtout par la réforme de la collectivité juive. ( .. . ) Si des implantations
massives de Juifs se produisent en Allemagne, il va de soi que nous exer-
cerons le droit à une autonomie nationale complète (ndla : souligné par
nous) , car il existera alors en Allemagne, pour le peuple juif, toutes les possibi-
lités que nous devons apporter pour le développement. ( ... ) La pensée patrio-
tique, à elle seule, constitue également la base politique nécessaire du congrès,
car actuellement seul un peuple peut poser des exigences politiques. La protec-
tion des droits des minorités est accordée aux peuples et, aujourd'hui,
la politique mondiale ne comprend pas d'autre désignation communau-
taire. ( ... ) Nous voulons être représentés au grand Congrès mondial juif,
la Constituante du peuple juif. Le Congrès mondial ne sera pas seule-
ment le symbole de l'unité du judaïsme, mais aussi le porteur de l'in-
fluence politique mondiale de la force du peuple juif. D'un seul coup, le
judaïsme allemand peut s'intégrer, en termes de politique mondiale, au
grand peuple juif en participant, en t4nt que membres, conscient de son
patriotisme, du souli vement généraljuif(ndla: souligné par nous) ( ... ). »

Nous pouvons imaginer que ces propos ont dû irriter des patriotes
allemands soucieux de la défense des traditions germaniques. Le dévelop-
pement du nazisme, nourri par la crise de 1923 puis amplifié par l' effon-
drement de la bourse de Wall Street en 1929 engendrant une grande misère

446
Annexe XX : Buts du sionisme allemand pour les Juifs en Allemagne, dans le monde et pour les
minorités en général (décembre 1918).
CÉMANCIPATION JUDAÏQUE DES TEMPS MODERNES 217

sociale, a été en partie une réponse à ces ambitions sionistes allemandes


et mondiales 447 • Le lecteur a à sa disposition l'intégralité de la thèse de
Nathan Feinberg448 , parue en 1929, qui explique clairement le processus
de reconnaissance dans tous les domaines du fait minoritaire (école par-
ticulière, utilisation de la langue minoritaire dans tous les secteurs de la
société, droits civils, religieux et politiques, ... ) lors du Traité de Versailles,
en particulier avec la mise en place à plusieurs niveaux, comme l'indique le
texte officiel, de « différents corps électifs de l'État». Tous les dirigeants à la
tête de cette entreprise sous l'égide d'un ancien collaborateur de Theodor
Herzl, Léo Motzkin, étaient juifs et pour la plupart acquis à la cause sio-
niste. Ce travail, comme l'explique Feinberg, s'est fait avec l'appui du Pré-
sident américain Wilson et de nombreuses associations juives dont les B'nai
B'rith 449 • Le lecteur peut comparer le programme présenté par « l'Union
sioniste pour l'Allemagne» en décembr~ 1918 et celui défini par le Traité
de Versailles en français et en anglais. Nous pouvons relever de nombreuses
convergences. Nous avons un modèle de principes élaborés et énoncés sur
plusieurs années par les milieux sionistes qui, ensuite, ont été gravés dans
le marbre d'un Traité mettant fin pour vingt ans à la Première Guerre mon-
diale. Admirons la persévérance! Ces principes sont logiques car ils ne sont
que la conséquence « en amélioré» des droits du citoyen proclamés par
la Révolution de 1789 au profit du fait minoritaire. Il faut, cependant,
aller encore plus loin. Poussée à son terme, la protection des minorités
conduit immanquablement à l'éclatement des États laissant la place à une
multitude quasi-infinie de communautés humaines régies par leurs propres
langues, habitudes religieuses, coutumes, etc. De telles dispositions sont
excellentes et accompagnent le noachisme. Cette religion émanant de la
synagogue nouvelle pour l'ensemble des Goyim colle parfaitement à la hié-
rarchisation souhaitée par les élites rabbiniques : Un peuple-prêtre régi par
le judaïsme talmudo-kabbalistique en attente de son <<Messie» encadrant
une humanité, simples prosélytes de la porte, pulvérisée en une myriade de
communautés linguistiques et religieuses se référant aux fondamentaux du
noachisme; voilà la structure achevée du nouvel ordre mondial. Et encore!

447
Il ne faut pas oublier le rôle du soutien des élites anglo-saxonnes à l'égard du nazisme comme l'a
bien expliqué l' historien Antony Sutton dans Wail Street tt l'ascension de Hitler, Éditions le Retour aux
Sources, 2012. Jehuda Reinharz précise qu'avec la montée en force du nazisme, lors du dernier Congrès
sioniste tenu à Francfort en septembre 1932 sous le régime de la République de Weimar, les sionistes
allemands condamnèrent toute forme de nationalisme annonçant qu'ils combattraient pour le respect
et l'égalité des droits des Juifs en Allemagne, in Dokummtt zur Gtschichte des dtutschm Zionismus,
1882- 1933, op. cit., p. XLVI.
448
Annexe XXI : La question des minorités à la Conférence de la paix de 1919-1920 et l'action
juive en faveur de la protection internationale des minorités (thèse de Nathan Feinberg}.
449
Nathan Feinberg précise que le président Wilson a prononcé un discours à Washington, le 28 no-
vembre 1918, devant les représentants de l'ordre des B'nai B'rich, six jours avant son départ pour
l'Europe (cf. la page 42 de sa thèse).
218 ARCIDVES DU MONDIALISME

La finalité de la finalité sera de passer à l'étape supérieure en fusionnant ces


multiples communautés de Goyim en une humanité indifférenciée, celle-
ci étant formée de « Mustapha Menier» hors-sol tel que décrit dans Le
meilleur des mondes d, Aldous Huxley. Cependant, ces ambitions prendront
beaucoup de temps et cela ne peut se faire que sur des générations. En tout
cas, on peut constater que le mouvement de protection des minorités voulu
par de nombreux responsables juifs au niveau national et mondial a été
accepté par les politiques de la République de Weimar qui ont coopéré avec
les dirigeants sionistes. En effet, l'Allemagne de cette époque s'est engagée à
respecter les droits des minorités (juives et autres). Comme nous l'écrivions
dans notre livre, Minorités et régionalismes :

« Après les soubresauts dus à la Première Guerre mondiale, ces minori-


tés allemandes représentent un poids certain de plusieurs millions d'individus,
répartis en Europe centrale et orientale. Les recensements opérés dans l'entre-
deux-guerres permettent d'obtenir une photographie du peuplement germanique
éparpillé sur l'ensemble du territoire Est-européen. Un ouvrage, Die Nationa-
litaten in den Staaten Europas (« Les nationalités dans les États d,Europe »),
édité par la Maison Braumüller en 1931 offre une large vue d'ensemble. Il
est Le résultat du travail d'un organisme, le Congrès des Nationalités, dont le
siège se trouvait à Genève. Son Secrétaire général s'appelait Ewald Ammende.
Les données rassemblées dans ce recueil couvrent non seulement l'ensemble des
minorités allemandes en Europe, mais aussi les minorités hongroises, juives,
lituaniennes ( ... ) L'exploitation de ce livre est intéressante à plus d'un titre. En
effet, il est le fruit des recherches du Congrès des Nationalités dont l'existence
s'étale de 1925 à 1938. Ce Congrès renaît avec un autre nom en 1949 sous
La forme d'un institut dont le rôle est absolument capital pour l'élaboration
de tous les textes en faveur de la protection des minorités depuis les années
1980 dans Le cadre de l'Union européenne : l'Union Fédéraliste des Commu-
nautés Ethniques Européennes (UFCE, Fôderalistische Union Europaischer
Volksgruppen, FUEV). Enfin, il faut sign.aler que parmi les rédacteurs
de cet ouvrage dus à des auteurs de différentes nationalités, nous trou-
vons entre autres Léo Motzkin 450, Secrétaire-général du Comité lors de
'°° Ewald Ammende, Die NationaLitiiten in den Staaten Europas, Vienne-Leipzig, Éditions Braumüller,
1931 , avant-propos, p. IX. Par un petit livre complétant le précédent, des données chiffrées pour les
minorités en Europe one été ajoutées. Cet ouvrage a été publié en 1932 par la même maison d'édition.
Dans l'avant-propos, Ewald Ammende remercie les personnes ayant participé à la rédaction de cet
ouvrage : l'ancien député slovène au Parlement italien, Josip Wilfan; le député russe au Parlement
estonien, le Dr. M. Kurtschinsky; le Dr. D . Lewickyj, député ukrainien au Parlement polonais de Sejm;
Dr. F. Maspons i Anglassell, membre de l'Académie des droits de Barcelone ; Léo Motz.kio, Président-
Directeur du Comité de la délégation juive à Paris; Dr. P. Schiemann, député allemand au Parlement
de Lettonie et G. v. Szüll, député hongrois au Parlement de Tchécoslovaquie in Ewald Ammende, Die
NationaLitiiten in den Staaten Europas, Ergiinzungen, SammLung von des Europiiischen Nationalitiiten-
Kongresses, in Kommission bei Wilhelm Braumüller, Wien-Leipzig, avant-propos, juin 1932.
~ÉMANCIPATION JUDAÏQUE DES TEMPS MODERNES 219

la rédaction du mémorandum en faveur de la protection des populations


juives enregistré le 10 mai 191!14 51 (ndla: souligné par nous).»

Il faut savoir que Léo Motzkin continua dans cette voie en faveur de
la protection des minorités dans le cadre de la Société des Nations (SDN~.
Or, à sa mort en 1933, son successeur fut Nahum Goldmann qui créa par
la suite, en 1936, le Congrès juif mondial dont le premier secrétaire fut
Gerhart Riegner, dont les Mémoires nous ont servies pour la rédaction
de l'Atlas du mondialisme, en particulier, pour le rôle des différentes asso-
ciations juives dans la préparation et la mise en forme de Vatican 11 452 •
La dernière annexe disponible de « l'Union sioniste pour l'Allemagne453 »,
datant de mars 1933, consiste à affirmer la nécessité à continuer de manière
intensive les « missions germano-j'l!,ives à l'ordre du jour» malgré la menace
du moment454 • Cette politique ne pouvait pas continuer ainsi, même si, en
août 1933, «l'Accord Haavara» (ndla: «transfert») fut signé entre le gou-
vernement d'Adolf Hitler, la représentation sioniste allemande et !'Agence
juive pour la Palestine afin de permettre, moyennent des arrangements fi-
nanciers, une émigration des Juifs allemands en Terre Sainte455 • Pour com-
prendre l'atmosphère du moment largement tendue, il faut rappeler que le
Daily Express du 24 mars 1933 a présenté en première page un titre expli-
cite : « La Judée déclare la guerre à l' Allemagne 456 ».

De nombreux éléments ont permis l'ascension au pouvoir d'Adolf


Hitler. Des raisons internes propres à la détresse économique du peuple
allemand en 1933, mais aussi des volontés de certaines hautes sphères d'un
monde anglo-saxon 457 n'ayant pas réussi à imposer Trotsky, à la suite de la
révolution bolchevique en Russie, ont permis l'arrivée du nazisme. Dans le
con texte de l'époque, des milieux anglo-saxons voulaient la peau de Staline,
ce dernier ne désirant pas d'une révolution d'essence messianique à l'échelle
mondiale, initialement dévolue à Trotsky. Adolf Hitler a été un outil voulu
par certains milieux qui devait être opposé au monde russe pour le détruire
afin de faire rentrer ce pays dans le rang du nouvel ordre mondial anglo-
saxon. Le livre de H. G. Wells, Le nouvel ordre mondial, paru en 1940 et
451
Pierre Hillard, Minorités et rlgionalismes, Éditions François-Xavier de Guibert (dirigées par les Édi-
tions Artège) , 5c édition, p. 8 l.
452
Gerhart Riegner, Ne jamais désespérer, soixante années au service du peuple juifet des droits de l'homme,
Éditions Cerf, 1999.
453
Annexe XXII : L'attitude et la politique des sionistes allemands en mars 1933.
454
Les naz.is sont au pouvoir depuis janvier 1933.
m hups·//www.yadvashem.org/odoc pdf/Microsoft%20Word%20-%203231.pdf, Nous avons dévelop-
pé ce point dans l'Atlas du mondialisme.
6
H Annexe XXIII: Dai/y Express du 24 mars 1933, Déclaration de guerre du monde juif à l'Alle-
magne.
457
Se référer au magnifique livre d'Antony Sutton, WaLL Street et l'ascension de Hitler, op. cit.
220 ARCHIVES DU MONDIALISME

déjà cité, explique très bien ces oppositions internes entre clans mondia-
listes. Cet objectif, le « petit père des peuples» l'a rendu caduc en cassant
l'Allemagne nazie en 1945. Pour certains milieux anglo-saxons, to~t était à
refaire. En tout cas, pour la compréhension du nazisme, il s'avère utile de
connaître son dirigeant suprême. Un livre apporte une aide précieuse à cet
effet. Les Propos intimes et politiques d' Adolf Hitler458 , recueillis sur l'ordre
de Martin Bormann459 , sont révélateurs de l'état d'esprit de cet homme et
de ses ambitions. Il est malheureux de voir certains patriotes français se
référer au nazisme, ennemi de la France. Ces mêmes patriotes devraient
uniquement s'appuyer et faire connaître l'élément fondamental propre à la
civilisation française, le baptême de Clovis dont la signification fut rappe-
lée par Sainte Jeanne d'Arc, et non chercher des« excitants» outre-Rhin (ou
ailleurs). Le nazisme est d'essence satanique irrigué par l'occultisme comme
l'a bien expliqué l'universitaire britannique Nicholas Goodrick-Clarke 460 •
Même si le monde anglo-saxon, dont les racines se nourrissent de référents
mélangeant pêle-mêle, maçonnisme, noachisme et judaïsme talmudique et
kabbalistique4 61 , se doit d'être combattu par tout patriote français, cela ne
veut pas dire non plus qu'il faille se ranger de l'autre côté; c'est-à-dire faire
allégeance à un système pervers symbolisé par une croix tordue et un chef
vociférant. L'intérêt des dires tenus par Hitler dans ce livre est d'avoir une
photo de l'homme qui, en privé et sans filtre, dit ce qu'il pense du nazisme,
de la guerre, du bolchevisme, du judaïsme, de la religion et de l'homme en
général. Cependant, il ressort essentiellement de ces propos une tournure
d'esprit similaire à celle des révolutionnaires de 1789 462 : la haine du chris-
tianisme avec des influences kabbalistiques, en particulier la métempsycose
ou gilgoul, et un amour idolâtre du monde antique :

« Cela va de soi : du point où nous sommes, nous n'avons pas la possibi-


lité de regarder ce qui se passe sur d'autres plans. C'est pourquoi l'homme a
forgé l'idée sublime d'une toute-puissance dont il vénère les forces. Nous ne
voulons pas fabriquer des athées. ( ... ) Le front russe nous apprend quelque
chose : ils ne croient en aucun dieu et savent pourtant mourir. Quand le natio-
nal-socialisme aura prévalu un peu plus longtemps, il deviendra impossible de
458
François Delpla, Hitler - Propos intimes et politiques 1941-1942 et 1942-1944, Nouveau monde
éditions, deux cornes, 2018. François Delpla est normalien ec agrégé d'histoire.
m Comme l' écrie François Delpla dans son introduction, ce sont les secrétaires Heinrich Heim et Hen-
ry Picker, sous la direction de Martin Bormann, qui sont à l'origine de ces prises de noces. Cet auteur
mec en garde concernant la parution du livre d'Hitler, Libres propos sur La guerre et la paix, craduct fr.
0

de François Genoud (Flammarion, coll. «Temps présent», 1952), qui comporte de nombreuses erreurs.
460
Nicholas Goodrick-Clarke, The Occult Roots of Nazism, Tauris Parke Paperbacks, 2004.
461
Nous rappelons que le 26 mai 1991, les États-Unis one adopté, par la voix de leur Congrès, le noa-
chisme (les sept lois) comme socle de la société améri~aine, in https://www.congress.gov/bill/ 102nd-
congress/house-joinc-resolucion/ 104/cexc
62
~ N 'oublions jamais que la Révolution de 1789 a enfanté le communisme et le nazisme.
!!ÉMANCIPATION JUDAÏQUE DES TEMPS MODERNES 221

penser autrement. À la longue, le national-socialisme et le christianisme ne


pourront plus cohabiter. ( ... ) Non, cela ne signifie pas une guerre. La solution
idéale serait de laisser la religion dans un état de survie, où elle n'aurait
qu'à s'occuper d'elle-même dans un affaiblissement croissant (ndla :
Avec de tels propos, on pourrait penser qu'Hitler aurait été satisfait de Va-
tican II); dans ce cas il ne faudrait pas recourir à la création d'un ersatz, ce
serait horrible. ( ... ) Le coup le plus dur qui ait frappé l'humanité, c'est
l'avènement du christianisme (ndla : souligné par nous). Le communisme
est un enfant illégitime du christianisme. L'un et l'autre sont des inventions du
juif. C'est par le christianisme que s'est insinué dans le monde le mensonge
délibéré en matière religieuse. Le bolchevisme pratique un mensonge du même
ordre quand il prétend apporter la liberté aux hommes alors qu'en fait il ne
cherche qu'à les réduire en esclavage. ( ... ) Sans le christianisme, il n'y aurait
pas eu l'islam. L'empire romain, sous une domination germanique, se serait
développé en une domination mondiale. L'humanité n'aurait pas connu cinq
siècles de ténèbres. Qu'on ne me dise pas que le christianisme a apporté l'inté-
riorité. Cette évolution aurait eu lieu de toute façon. La suite de l'empire ro-
main, ce fut le néant pendant des siècles463 • ( ••• ) je me dis que dans la durée,
tout ce que l'État obtient par un pacte avec les Églises c'est de se simplifier
provisoirement l'existence, car tôt ou tard les sciences exactes en dévoileront le
caractère nuisible. ( ... ) C'est pourquoi je ne suis pas d'avis qu'il faille se jeter
maintenant dans un combat contre l'Église. Le mieux est de laisser le christia-
nisme s'éteindre doucement. Une mort lente a aussi quelque chose d'apaisant :
le dogme du christianisme s'effrite devant la science. ( ... ) Quand la connais-
sance de l'univers s'élargira( ... ), alors le dogme chrétien dévoilera toute absur-
dité. (. .. ) Le christianisme a certainement atteint les sommets de l'absurdité.
C'est pourquoi son édifice un jour s'abattra totalement. La science a déjà im-
prégné l'humanité dans sa totalité. Plus le christianisme s'accrochera à ses
dogmes, plus vite il déclinera. ( ... ) Jt me paraîtrait insensé, au-delà de toute
expression, de faire rétablir un culte de Wotan. Notre vieux panthéon était
démodé et incapable de se soutenir quand le christianisme est arrivé. Ne meurt
que ce qui est mûr pour disparaître! Tout le monde antique vivait à cette
époque soit dans des systèmes philosophiques, soit dans le culte des idoles! Il ne
faut pas non plus souhaiter que l'humanité entière s'abêtisse. La meilleure mé-
thode pour se débarrasser du christianisme est donc de le laisser s'éteindre. ( ... )
Si, dans 1 000 ou 2 000 ans, la science change d'avis, cela ne veut pas dire que
son point de vue précédent était mensonger; la science ne ment absolument pas,
elle s'efforce de voir exactement les choses derrière la frontière des connaissances
acquises. Elle ne se trompe pas consciemment. Le christianisme, lui, ment : il
s'est empêtré dans un conflit avec lui-même. ( ... ) je me représente donc l'avenir
463
Propos intimes et politiques, Tome 1, op. cit., pp. 26-28.
222 ARCHIVES DU MONDIALISME

ainsi : d'abord, à chacun sa croyance; la superstition aura également toujours


un rôle à jouer. Le parti est débarrassé du risque de devenir un concurrent pour
l'Église. Il doit être bien clair que l'Église ne se mêlera plus des affaires de
l'État. ( ... ) Nous veillerons à ce que l'Église n'enseigne plus jamais rien qui
contredise nos propres enseignements. Nous continuerons à enseigner notre doc-
trine national-socialiste, et la jeunesse n'entendra plus que la vérité464 • ( ••• )
Que le monde antique ait été si beau, si serein et si léger s'explique par
l'absence de deux fléaux: la syphilis et le christianisme! (ndla : souligné
par nous). Le christianisme était un pré-bolchevisme, la mobilisation des
masses d'esclaves par le juif afin de miner l'État465 ( ••• ). Le christianisme a re-
tardé de mille ans l'épanouissement du monde germanique466 • ( ••• ) je ne doute
pas un instant - mais beaucoup ne le comprennent pas encore - que d'ici une
centaine d'années tous les postes de commandement de l'Allemagne seront occu-
pés par des SS. La SS pratique la sélection raciale; du moment que les condi-
tions de la pureté raciale sont remplies, cela perd toute importance qu'un
homme soit originaire d'une région ou d'une autre - qu'il vienne de Norvège ou
d'Autriche467 • ( ••• ) Cela fait souvent de la peine, de vivre dans un monde où o.n
n'est pas encore conscient du visage que montrera le monde du futur. je peux
cependant dire une chose aux bau.fleurs de viande : il sera végétarien 468 ! Beau-
coup de Juifs n'ont pas non plus pris conscience du caractère destructeur de leur
existence. Mais qui détruit la vie expose la sienne à la mort et ce qui leur arrive
n'est pas autre chose. (.... ) Nous ne savons pas quel sens attribuer au processus
qui voit le Juif détruire d'autres peuples. Il se trouve que la nature l'a créé
ainsi, pour que grâce à son œuvre de décomposition, il mette en mouvement
d'autres peuples, alors les Paul et les Trotsky sont les Juifs les plus respectables,
parce qu'ils ont le plus contribué à cela. Par leur action, ils provoquent une
défense, elle suit leurs actes, comme le bacille suit le corps qu'il fait succomber.
469
Dietrich Eckart m'a dit un jour qu'il n'avait connu qu'un Juif décent, Otto
Weininger (ndla : 1880-1903, auteur de Sexe et caractère), qui s'est donné la
mort quand il a compris que le Juif vivait de la décomposition d'autres
470
peuples • ( ••• ) La guerre finira, et il me restera une dernière tâche: voir com-
ment clarifier encore le problème des Églises. Condition nécessaire pour assurer
pleinement la nation allemande. Je ne m'occupe pas des dogmes, mais je ne
supporte pas qu'un curé s'occupe des affaires terrestres. Le mensonge organisé
464
Ibid., pp. 126- 132.
m Ibid., p. 156.
466
Ibid., pp. 162- 163.
467
Ibid., p. 214.
468
Ibid., p. 250.
469
Comme le rapporte l'historien britannique lan Kershaw, Dietrich Eckart (1868-1923) fut un pro-
tecteur important auprès d'Adolf Hitler quand celui adhéra au DAP (Deutsche Arbeiterpartei devenant
plus tard le parti nazi, le NSDAP) avec la carce n° 555 en septembre 1919, in Hitler, 1889-1945, Flam-
marion, 2008, p. 108 et p. 129.
470
Ibid., p. 278.
L'ÉMANCIPATION JUDAÏQUE DES TEMPS MODERNES 223

doit être enrayé de telle sorte que l'État soit le maître absolu. ( ... ) Le Christ
était un Aryen, mais Saint Paul s'est servi de sa doctrine pour mobiliser la pègre
et organiser un prébolchevisme; avec cette irruption, la belle clarté du monde
antique a été perdue. ( ... ) Un indigène dans son île rend au moins hommage
aux forces de la nature. Mais le christianisme est la chose la plus folle qui
soit sortie d'un cerveau humain illuminé, une moquerie envers le divin.
Un nègre, avec son fétiche, écrase de sa supériorité quiconque croit sé-
rieusement à la transsubstantiation (ndla : souligné par nous; propos
similaires à ceux d'Anarchasis Cloots concernant son rejet du catholi-
cisme471). je ne peux pas remplacer la conception de l'au-delà qu'ont les chré-
tiens, car elle est intenable. La conceptîon de l'éternité trouve son fondement
dans l'espèce. L'esprit et l'âme retournent certainement dans le cycle gé-
néral, de même que le corps. Ainsi, nous fertilisons de notre apport le
fonds dont de nouvelles vies procèdent (ndla : propos d'Hitler similaires
au principe de la métempsycose déjà évoquée avec A. Cloots, héritier de cet
"idéal" kabbalistique, comme ses amis révolutionnaires, le gilgoufi 72 ). [Le
Juif] je dis seulement: il doit partir. S'il meurt en route, je n'y peux rien. je
vois seulement une chose : l'élimination complète (die absolute Ausrottung)
s'ils ne s'en vont pas de leur plein gré. Pourquoi verrais-je un juifd'un autre œil
qu'un prisonnier russe473 ? ( ... ) S'il n'y avait pas eu le christianisme, qui sait
comment l'histoire européenne aurait évolué? Rome aurait conquis toute l'Eu-
rope et la ruée des Huns se serait brisée sur les légions. Rome a été brisée par le
christianisme, pas par les Germains ou les Huns. Ce que le bolchevisme met en
scène aujourd'hui sur un fondement matérialiste-technique avait été accompli
par le christianisme sur un fondement théorique-métaphysique( ... ). On ferait
mieux de parler de "Constantin le traître" et de ''julien le Fidèle", au lieu de
nommer le premier "le Grand" et le second "l'Apostat474 ". »

Dans l'Atlas du mondialisme, après avoir présenté Jacob Frank et sa


doctrine, nous avons qualifié Hitler de« golem frankiste ». Nous réemployons
cette expression car cet homme, véritablement possédé, a fait le travail - une
étape en fait dans une lignée messianique passant par rebond à différents hé-
ritiers ou «Messies>> dévoués à la cause, selon l'expression propre au milieu,
grâce à« la rédemption par le péché» - dont rêvait Jacob Frank (« rédemp-
tion d'Israël en soumettant le monde») et qui verra son achèvement suprême
avec l'Antéchrist475 . Il suffit de lire le passage de l'annexe I où celui-ci pré-
voit, entre autres, « le massacre imminent des Juifs au sein de toutes les grandes
47 1
Cf. note 345.
472
Ibid., pp. 282-284. Cf. note 365 .
473
Ibid. , pp. 465-466.
474
Ibid., p. 482.
475
Cf. Annexe I. Nous pouvons affirmer que les néo-conservateurs américains et leurs affidés sonr les
héritiers spirituels du frankisme.
224 ARCI-IlVES DU MONDIALISME

et petites nations d'Europe dans le cadre de l'Apocalypse476 », comme le rapporte


Ben Zion Wacholder, pour mieux saisir les ambitions poursuivies. Les mas-
sacres de la guerre ont été de véritables offrandes sacrificielles permettant,
pour les continuateurs de cette pensée, de passer à une étape supérieure. La
Seconde Guerre mon d1a · fim aux am b'1t1ons
. l e mtt . . 477 , en avance sur
nazies
son temps dans certains domaines (eugénisme à la sauce « Lebensborn » par
exemple), au profit d'un autre courant du mondialisme and-chrétien. En
revanche, et c'est normal dans l'esprit de ce milieu, l'aspect protection des
groupes ethniques a continué à perdurer car il s'agit toujours de fragmen-
ter l'humanité selon des normes politiques, juridiques et administratives
déjà établies dans le Traité de Versailles 478 • Nous avons évoqué ci-dessus le
« Congrès des Nationalités» dont les manifestations se sont étalées, de 1925
à 1938. Celui-ci éditait une revue, Nation und Staat («Nation et Etat»), en
faveur des minorités dont la parution s'est arrêtée en 1944. Or, comme nous
l'avons expliqué dans notre livre, Minorités et régionalismes (avec les sources),
la numérotation des Congrès de l'UFCE («Congrès européens des nationa-
lités») est dans la continuité de celui d'avant la Seconde Guerre mondiale.
Le dernier Congrès de 1938 était le quatorzième. Le premier congrès euro-
péen des nationalités de l'UFCE à Genève du 16 au 18 mai 198 5 s'afficha
comme le quinzième. Il en va de même avec la revue Nation et État, arrêtée
en 1944 et qui a réapparu sous un autre nom, Europa ethnica, dont le pre-
mier numéro sous ce titre a paru en 1961. Cependant, la numérotation de
cette nouvelle revue est la. suite exacte du dernier numéro paru en 1944.
Concernant l'Union européenne, nous rappelons que deux grands textes
en faveur de l' ethnicisation du vieux continent, la Charre européenne des
langues régionales ou minoritaires et la Convention-cadre pour la protection
76
• Le surnaturel a son importance dans cette affaire et le monde de 2019, matérialiste à souhait, ne
saisie plus cec état de chos s. li fauc comprendre - ce n'esc pas évident et nous l'admettons aisément -
que dans l'esprit de Jacob Frank et de ses adeptes dévoyés, l'offrande d'une partie du peuple Juif pareil
à un sacrifi e permet d'obtenir en échange un «bien» . Poussé à l'extrême, le sacrifice d'une partie
importante de l' humanité, pareil à une offrande, permet, selon cette idéologie messianique, de préparer
1 rerrain autorisant la mise en forme de 1< l'idéal» frankisce; c' esc-à-dire rendre possible « l' incarnation»
satanique en la personne de l'Antéchrist. N'oublions pas aussi que le sacrifice promu par le frankisme
esc une singerie sanglante; c'est-à-dire la contrefaçon du Sacrifice non sanglanc de la messe.
n Le nazi me s'est particulièrement bien distingué en matière d'extermination dans le cadre du « Ge-
ntralplan Ost» et de l'«Aktion Refohard». Dans le premier cas 1 il s'agissait de favoriser l'é mergence
d ' un Empire germanique dans cour l'Est européen, une sorte de planification territoriale de grande
ampleur, avec établissement de colons allemands au détriment des populations locales traitées, dans
les meilleurs des cas, en esclaves. I.:Aktion Reinhard est le nom de code exterminant, après l'assassinat
en juin 1942 de Reinhard Heydrich, de nombreux Juifs et Tsiganes. On peut dire que ces éliminations
de personnes n'obéissant pas aux critères raciaux du Ille Reich avaient été précédées par l'opération
baptisée « Aktion T4 », politique eugéniste consistant à éliminer les personnes handicapées physiques et
mentales. Concernant ce dernier point, nous pouvons faire le constat suivanc : près de 96 % des femmes
en France enceintes d' un fœcus trisomique 21 se font avorter. Le nazisme éliminait ce type de personne
après la naissance candis que les sociétés occidentales en ce début de XXIe siècle, en raison d' une science
médicale plus élaborée, le font avant.
478 Cf. Annexe XXI.
!!ÉMANCIPATION JUDAÏQUE DES TEMPS MODERNES 225

des minorités, sont entrés en vigueur sauf en France qui ne les a pas ratifiés.
Nous avons largement expliqué et développé dans Minorités et régionalismes
les origines profondes de ces textes s'inspirant de la spiritualité politique
germanique, en particulier le développement de la régionalisation en Europe
selon le modèle des Lander. En effet, tous ces documents ont été préparés
par des responsables-allemands, certains mêmes étant les anciens présidents
de la Paneurope Allemagne comme Siegber Alber. Tous ces éléments doivent
être additionnés à la régionalisation, à la coopération transfrontalière dont
le but officiel est de transformer les frontières étatiques en frontières admi-
nistratives479 sous l'égide d'un institut européen, en fait allemand, l' Asso:
dation des Régions Frontalières Européennes (rARFE), fondé en 1971. A
cela, il faut ajouter les eurorégions réunissant au moins deux régions de
part et d'autre d'une frontière étatique défunte afin de créer une nouvelle
entité territoriale échappant à l'autorité nationale, sorte de gros départe-
ment à l'échelle de l'Union européenne. Les euro-districts entrent aussi dans
le cadre de cette politique. Le Traité d'Aix-la-Chapelle, signé le 22 janvier
2019 480 entre le président Macron et la chancelière Merkel, permet d'aller
plus en avant en faveur de la fédéralisation du continent, concernant les
collectivités territoriales, en accordant selon l'expression de l'article 13 des
« compétences appropriées481 ». La promotion du phénomène ethnico-linguis-
tique par l'intermédiaire de ces textes liés à la régionalisation renforcera

479 Comme le rappellent les textes officiels de l' ARFE : "L'objectif de l'action mente au sein des régions
frontalières et lt but poumtivi au travers de la coopération transfrontalière sont la suppression des obstacles tt
des facteurs de distorsion exista!ll entrt cts rlgions, ainsi que le dépassement de la frontière, tout au m·oins la
rlductio11 de son importance à une simple frontière administrative. » ln Charte de l'ARFE du 1cr décembre
1995, paragraphe [Il 3-2. Nous avons traité largement de la coopération transfrontalière (institut,
organisation, histoire, ... ) dans notre livre, Minorités et régionalismes.
https;//www,elysee,fr/emmanucl-macron/2019/01 /22/signacure-du-craice-franco-allemand-d-aix-la-
80

chapetlc
4111 Tous les éléments de cc Traité d'Aix-1~-Chapelle seront renforcés avec l'instauration progressive
d' une 11 Assemblée parlementaire franco-allemande» décidée conjointement, le 6 novembre 2018, par
11 Assemblée nationale et le Bundestag. Cette innovation supranationale devra être composée de cin-
quante parlementaires issus de chacune des assemblées des deux pays (Arc. 2) avec le renforcement
des coopérations entre les commissions (Art. 11 ), en particulier, avec la participation réciproque aux
réunions des commissions des affaires européennes (Art. 12), in bnp;//www2.asscmblec-nationale.fr/
starie/gr franco allemand/Accord-parlemencaire-20181106,pdf Pour comprendre ce ·Traité d'Aix-la-
C hapelle tentant de favoriser l'achèvement du marché unique avec la convergence économique, sociale
et fiscale (An. 1); renforçant des liens militaires entre les deux pays avec la création d'un Conseil
franco -allemand de défense et de sécurité dans le cadre de l'Alliance atlantique (Art. 4) avec la possibi-
lité, tôt ou tard, pour notre voisin d' outre-Rhin d'être co-décisionnaire concernant la force de frappe
française ou encore en favorisant l'admission de l'Allemagne en tant que membre permanent du Conseil
de sécurité des Nations Unies, "'priorité dt la diplomatie franco-a/Jemandt» comme l'indique l'article 8
(méthode menant la France désindustrialiséc sous la dépendance économique d'une Allemagne plus
solide, par certains côtés, mais aussi de ses faiblesses, pensons entre autres à la situation catastrophique
de la Deutsche Bank), nous évoquions déjà cette évolution supranationale et technocratique dans notre
livre« La décomposition des nations européennes» (2004) en nous appuyant sur les travaux d'un insti-
tut politique allemand lié à l'appareil politique de Berlin : le Centrum for angtwandte Politikforschung
(le CAP). Une étude parue en 2003 expliquait les cinq possibilités d'avenir de l'Union européenne
226 ARClllVES DU MONDIALISME

encore plus l'effet de désintégration progressive de la France comme de tous


les États dans le cadre d'entités territoriales autonomes et rivales entre elles
permettant l'émergence d'une Europe des tribus 482 • Afin de souligner que
l'Allemagne est vraiment à la manœuvre dans cette affaire, dans l'ordre,
nous présentons deux lettres du Secrétaire général de l'UFCE, qu'il nous
484
avait adressées en 1999 483 , confirmant le rôle des représentants allemands ;
la première page d'un discours du rapporteur et avocat Herbert Kohn, en
1988, à l'origine del' élaboration de la Charte des langues régionales accom-
pagnée du discours de son rapporteur général, le juriste autrichien Theodor
Veiter. Leurs travaux ont permis la mise en forme pratique de la résolution
192 (1988) sur les langues régionales ou minoritaires 485 • Enfin, nous présen-
tons le discours de 1993 de l'avocat et député européen Siegber Al ber, expli-
quant l'évolution de tous ces travaux486 • Sur le temps long, ces documents
germano-européens rendront service aux populations extra-européennes qui
exigeront la reconnaissance de leurs particularismes ethno-linguistiques avec
des droits politiques dans toute l'Europe. On peut même dire que les véri-
tables gagnants de cette politique sont ce type de populations à la démogra-
phie nourrie par les apports migratoires incessants.
concernant l'l!tac de droit, la dynamique, l'organisation, l'élargissement et la politique extérieure. Co-
difiées en cinq niveaux, du pire (l'échec complet de l'UE), en passant par des intermédiaires, à sa réus-
site totale ec dans cous les domaines (supranationalité aboutie), les strates sont les suivantes: <Titanic,
Noyau européen fermé, Méthode Monnet, Espace d'influence ouvert ec Superpuissance». Nous avons
présenté ce tableau da11s La décomposition des n(ltions e11ropétnnes. Cependant, il est encore disponible
directement sur le site du CAP sous le titre 4( E11ropas Zukunft- Fünf EU - Szmarim », in lu.tp://www.
cap.lmu,de/download/2003/2003 cap szenarien.pdf Enfin, ajoutons que les masques tombent en fa-
veur du supranational. Lors d'un discours prononcé à la Fondation Konrad Adenauer, le 21 novembre
2018, la chancelière Merkel n'a pas hésité à affirmer que la souveraineté des États-nations devait dis-
paraîcre ("'- Nationaistaam, soliten heure bereit sein, Souverii11itiit abzugebm »), déclaration révélant que,
désormais, nous sommes dans la dernière ligne droite devant aboutir à l'idéal mondialiste, in https;//
www kas.de/veransraltungsberichre/derail/-/conren r/-das-hecz-der-dcmokrarie-
~2Nous avons expliqué tout cela dans notre livre, Minorités et régionalismes.
3Annexe XXIV: Deux couniers du Secrétaire général de l'UFCE adressés à l'auteur p.résentant
les acteurs en faveur d'une politique etholco-Hnguistique en Europe (1999).
11
• Parmj rous les intervenants en fav~ur d'une Europe fédérale promouvant le régionalisme et la défense

des principes ethno-linguistique , signalons l'existence d'un institut allemand, le Bund der Vertriebenen
(le BdV, la Fédération des réfugiés) regroupant 21 associations représentant les diverses populations
germaniques expulsées d' Europe centrale vers l'Allemagne dans ses nouvelles frontières de 1945 (Silé-
siens, Poméraniens, Sudètes, Allemands du Banat, du Siebenbürgen, ... ). Nous avons décrit et expliqué
l'action de cet institut dans notre livre, Minorités et régionalismes. Le président de l'Association des
Sudètes en 2019, Bernd Posselt (ancien député allemand au Parlement européen), a été pendant de
nombreuses années le bras droit d'Otto de Habsbourg quand ce dernier a succédé à Richard de Couden-
hove-Kalergi, en 1972, à la tête de la Paneurope. Rappelons qu'Otto de Habsbourg fut mis à ce poste
sur proposition du président de la République, Georges Pompidou, ancien de la Banque Rothschild
et ancien trésorier de la Paneurope France dans les années 1960. Par ces quelques lignes, nous voulons
faire comprendre au lecteur l'existence de multiples réseaux régissant l'activité de ces élites, in ~
www.incernational-paneuropean-union.eu/#/FRA/L'histoire de l'UPI
os Annexe XXV : Discours de Herbert Kohn et de Theodor Veiter en 1988 avec la résolution 192
(1988) préparant la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires
86
" Annexe XXVI : Discou.rs de Siegbert Alber présentant Pévolution des travaux ethnico-linguis-
tiques en Europe (1993).
Conclusion

, objectif de cette présentation a été de tenter d'expliquer que


L les affirmations messianiques de l'Ancien Testament (prophètes,
psaumes, ... ) ont conduit à l'émergence du Nouveau via la Maison de Da-
vid. Le temps précédant l'arrivée du Messie est une période de lutte entre
les mondes divin et infernal pour faire dévier le peuple hébreu appelé à
recevoir en son sein l'Incarnation. Tout le cours de l'histoi~e découle de
cet événement permettant l'émergence de sociétés bâties selon des critères
catholiques, mais subissant aussi des contrecoups violents (hérésies, Ré-
forme, 1789, ... ) avec des. répercussions dans toutes les parties du monde
n' appartenant pas à la sphère occidentale via la colonisation ou encore des
compagnies commerciales (par exemple : la British East lndia Company)
passant par des comptoirs commerciaux (Hong-Kong, Macao, ... ). C'est
le développement de cet état d'esprit que nous avons voulu expliquer dans
les Ile, Ille et IVe chapitres avec ses répercussions politiques. Dans la doxa
mondialiste, la progression de ce nouvel ordre mondial passe par des étapes
ou « les douleurs de l'enfantement>>, pour reprendre une expression kabba-
listique (crises économiques violentes, révolutions et guerres), permettant
l' instauration d'un modèle politico-spirituel adapté à une période de temps
pour, en bout de course, aboutir au rêve sublime des princes du mondia-
lisme : la gouvernance mondiale abolissant la Révélation. Nous avons cité
et publié les photos d'un homme dont l'action, dans le domaine spirituel,
a déterminé tout le XXe siècle jusqu'au moment où nous écrivons ces lignes
(2019) : le cardinal Rampolla. Bien qu'il ait échoué à être élu sur le trône
de Saint Pierre en 1903, ce personnage a créé tout un réseau rendant pos-
sible la continuité de ses objectifs après sa mort en 1913 : l'assimilation de
l'Église aux «dogmes» de la synagogue talmudo-kabbalistique ou « catho-
licisme d'Israël» pour reprendre l'expression du rabbin Élie Benamozegh
grâce à l'intrusion frankiste. Ses fils spirituels ont permis l'émergence de
Vatican II, véritable 1789 dans l'Église devenue conciliaire. Ce qui était
nécessaire dans le domaine religieux devait l'être aussi dans le cadre poli-
tique. Le travail, bien amorcé avec la Révolution de 1789, devait passer à
228 ARCIIlVES DU MONDIALISME

la vitesse supérieure et, dans cette affaire, un « cardinal Rampolla » dans


le monde temporel s'avérait nécessaire. Ce fut Josef Hieronim Retinger
(1888-1960 487). Comme nous allons le constater, Rampolla et Retinger ont
été les mâchoires de la même tenaille mondialiste appelée à mettre en forme
le nouvel ordre mondial. L'une n'allait pas sans l'autre. Avant de rappeler
les points essentiels de l'activité politique de cet homme, il est nécessaire
de souligner ses origines et ses accointances. Né en Pologne, son père, Josef
Stanislaw Retinger, était un homme de loi au service du comte Wladyslaw
Zamoyski (1853-1924). Ce dernier devint son tuteur à la mort du père de
Retinger en 1897. Même si cela reste une hypothèse, il ne serait pas éton-
nant de découvrir chez Josef Retinger des influences frankistes, en particu-
lier en lien avec son tuteur, compte tenu de son engagement bien ciblé dans
les hautes sphères politico-financières en faveur de la cause mondialiste.
En effet, ses origines familiales étaient situées dans le sud de la Pologne,
comme la famille de sa mère, résidant dans une zone géographique autour
de Cracovie connue pour l'implantation de familles frankistes. Joseph Re-
tinger était citoyen polonais. Cependant, son nom n'est pas vraiment à
consonance slave. Il est possible d'affirmer, à partir de sources sûres, qu'il
était d'origine juive. En effet, la lecture des actes de baptême de la cathé-
drale de la ville de Tarn6w en Pologne le prouve. C'est le 16 novembre
1827 que son grand-père paternel, Stanislaw (né en 1814), s'est converti,
à l'âge de 13 ans, du judaïsme au catholicisme avec ses cinq frères : Teodor
(né en 1816), Leopold (né en 1819), Antoni (né en 1823), Jakub (né en
1825) et Karol (né en 1827). En fait, ce sont leurs parents (donc les arrières
grands-parents de Josef Retinger) qui ont poussé à ce baptême de conver-
sion. Ils s'appelaient Filip et Ewa Rôttinger devenus Retinger. Il n'est pas
précisé l'époque de changement de nom 488 • Comme nous l'avons signalé
ci-dessus, la progression de l'idéal mondialiste n'a pu se faire qu'en raison
du travail respectif du cardinal Rampolla dans le domaine spirituel et de
Josef Retinger dans le domaine temporel en liaison avec une multitude de
disciples dévoués à la cause. Un tel degré de connivence dans les objectifs
s'explique aussi par le fait qu'il faut toujours conserver à l'esprit que, de
tout temps, ces élites oligarchiques se connaissent, se recrutent et s'en-
traident même si, parfois, des rivalités violentes peuvent surgir entre elles.
Or à partir d'une pièce d' archive de première main, concernant Rampolla/
Retinger, il est possible d'affirmer qu'ils se connaissaient et s'estimaient.

Lettre en français de Josef Retinger à Luigi Gedda (1902-2000,


487
Un ouvrage de référence existe, mais en anglais : M. B. Bikupski, War and Diplomacy in East and
West, A Biography ofJozef Retinger, Roudedge, 2017.
488
Archives de la cathédrale de Tarnow (Pologne) , Liber natorum et baptisatorum, Vol. 3, 1810-1833,
p. 58. Le nom de jeune fille d'Ewa n'est pas donné.
CONCLUSION 229

dirigeant d'une association catholique italienne, «Azione Cattolica ») du


17 juillet 1949 (retranscription d'un passage à partir de l'original avec les
fautes d'orthographe et les mots manquants) :

« ( ••• )Mon père était un homme de loi qui a acquis une fortune consi-
dérable. D'autre part ma famille maternelle vivait à l'ombre de l'Université de
Cracovie et était tellement imprégné de l'esprit académique que je compte neuf
professeurs d'université parmi proches parents.
Moi aussi baptisé par le prince évêque de Cracovie le Cardinal Duna-
jewki, depuis ma plus tendre enfance je me destinais à l'Église. Mon père étant
mort, quand j'avais neuf ans l'influence décisive dans la formation de mon
caractère était dans les mains du comte Wladyslaw Zamoyski, mon tuteur, chef
d'une grande famille polonaise d'une rectitude presque proverbiale.
Pendant les années de mon adolescence je me préparais à ma vie ecclésias-
tique et à l'âge de dix-huit ans je devais partir à Rome, où la bienveillance
du cardinal Rampolla m'a réservé une place dans l'Académie dei Nobili
Eclesistict-4.89 (ndla : souligné par nous) quand une semaine avant mon dé-
part je me suis décidé de prendre le chemin, qui me semblait plus difficile, de
servir ma foi et ma patrie en qualité laïque490 • »

Avec cet extrait, nous avons la preuve que le cardinal Rampolla


connaissait le jeune Josef Retinger qui avait à ce moment-là - en 1906 -
18 ans, sa famille et son tuteur, le comte Wladyslaw Zamoyski. Le cardinal
'Rampolla pour l'aspect spirituel (annonçant Vatican II) et Josef Retinger
dans le domaine du temporel (construction européenne) ont constitué la
«sainte» famille mondialiste à la source des événements (l'acte de naissance
en quelque sorte) permettant l'accélération et la mise en forme du nouvel
ordre mondial au cours du X.Xe siècle et jusqu'au XXIe siècle, en 2019.

Même si nous allons essentiellement résumer ses activités après 1945,


il faut rappeler qu'il fut au service du président mexicain Plutarco Calles
(1877-1945), franc-maçon de son état, qui joua un rôle important dans
sa lutte violente et sanglante contre les populations catholiques de 1926
à 1929 ainsi que contre le clergé, les fameux « Cristeros » ou « Vendéens
mexicains». Il fut aussi au service du général Sikorski à la tête d'un gou-
vernement polonais en exil à Londres durant la Seconde Guerre mondiale.
Son engagement européiste se manifesta d'une manière solennelle lors d'un
m L'Académie des nobles ecclésiastiques fondée en 1701 par le pape Clément XI, devenue par la suite
l'Académie pontificale ecdésiastique, forme le corps diplomatique du Saint-Siège. Rappelons que Paul
VI, qui a finalisé Yatican Il, est passé par cette Académie.
90
~ Dépôt d'archives de Josef Hieronim Retinger, 1280/Rps, Szufladki 1-6, Pudlo I-XXIX, lettre de sept
pages de Josef Retinger à Luigi Gedda, 17 juiller 1949, p. 2, in Tht polish Library POSK. 238-246 King
Street, Hammersmith, W6 ORF, Londres. Cf. note 353.
ARCIDVES DU MONDIALISME
230

491
discours tenu, le 7 mai 1946, à l'institut britannique Chatham House
afin de poser les bases de l'unité européenne492 . Les choses allèrent très
vite puisqu'il fut à l'origine, la même année, de la création de la « Ligue
Européenne de Coopération Économique» (LECE 493 ) posant les jalons
en faveur d'un marché commun européen où l'on trouve, pour sa section
française, le père du futur président de la République française, Edmond
Giscard d'Estaing494 . Différents in_stituts promouvant l'unité de l'Europe
avaient vu le jour après 1945. Réunis afin de donner naissance au « Mou-
vement européen», créé en novembre 1947, sous la direction de l' Anglais
Duncan Sandys (gendre de Winston Churchill), la chose prit forme en
raison de l'action de Joseph Retinger qui en devint son Secrétaire-géné-
ral495. C'est en raison de ce travail d'arrière-fond que Retinger put lancer
le Congrès de la Haye en mai 1948 sous l'égide de Winston Churchill tout
en étant, là aussi, Secrétaire de l' ensemble 496 • Ce Congrès de la Haye est
le socle qui a permis le lancement officiel de la -construction européenne
donnant naissance à la « Communauté Économique Européenne» ou CEE
avec le Traité de Rome en 1957 puis, par ricochet, à l'Union européenne
en 1992. Enfin, il joua un rôle déterminant dans la création, en 1954, d'un
institut d'influence réunissant la crème politique, économique, financière
et journalistique européenne et mondiale : le Bilderberg. Comme à son
habitude, il fut, comme le rapporte le site officiel de cette institution, son
Secrétaire jusqu'à sa mort en 1960 497 . Dans l'esprit de cet homme, l'unité
de l'Europe passait par des liens très étroits avec les États-Unis conduisant,
sur le long terme et à condition d'aboutir à une harmonisation des intérêts
euro-américains (ce qui n'est pas évident), à la création d'un bloc unifié.
C'est pourquoi ils' engagea à favoriser l'émergence d'un« Comité américain
pour une Europe unie» (American Committee on United Europe,« ACUE»),
en mars 1949, dont les dirigeants, comme l'écrit l'universitaire suisse Nico-
las Stenger, étaient tous issus des services secrets des États-Unis (William
Donavan, Allen Dulles, Thomas Braden 498 , ... ). Ces informations avaient
91
Cet institut britannique fut créé au lendemain de la Première Guerre mondiale par un des fils spi-
rjtuels de Cecil Rhodes, Lionel Curtis. Son homologue américain est le Council on Fore-ign Relations
(CFR).
492
hups://www.cvce.eu/ comenr/publ icacion/2002/4/ 17/9bfcae37-96f9-4187-83d5-346e9cfda4b 1/pub
lishable en pdf
493
http://lece-france.eu/
494
https://www.cvce.eu/concenc/ publicacion/2007/ 11 /2 l /2d9b7t75-4806-4d 1d-9dfa-451 bfaOa8b7f/ pu
blishable fr.pdf
495
https://www cvce.eu/recherche/ unic-concenc/-/ unic/04bfa990-86bc-402f-a633- l 1f39c9247c4/2721
66ae-84b2-466b-9cfa-4df511389208
496
https;//www.cvce.eu/obj/invimion de joseph recings;r au congres de l europe de la baye fevr
ier l 948-fr-1322f975-ça95-4fl6-bdb5-d 156 Il 945a7f.hcml
497
hccp://bilderbergmeecings.co,uk/jozef-retinger/
498
N. Stenger, O. de Rougemont, Les intellectuels et l'Europe au XX' siècle, Presses Universitaires de
Rennes, 2015, p. 177. L'ancien nom de Chatham House était« Royal lnstitutt of International Ajfairs».
CONCLUSION 231

déjà été révélées dans le journal anglais, le Dai/y Telegraph du 19 septembre


2000. Le chercheur Joshua Paul de l'université Georgetown à Washington a
pu consulter des archives déclassifiées. Ainsi, on sait grâce à ces documents
que près de 53 o/o du financement du« Mouvement Européen» venaient des
représentants des services secrets américains pour l'année 1958 499 • Joseph
Retinger a fait du bon travail en faveur de la cause européiste et sa mort, en
1960, n'arrêta pas le mouvement. L'unité de l'Europe n'était qu'un secteur
de l'activité mondialiste. La finalité du projet est d'aboutir à une gouver-
nance mondiale. Tout le problème, mais l'immense problème, est d' accor-
der et de hiérarchiser les intérêts politiques économiques et financiers de
grands groupes anglo-saxons, allemands 500 , russes, chinois, israéliens, turcs,
etc., sur un fond de spiritualité bien défini (le noachisme pour les Goyim)
afin de mettre sur pied une entité rêvée depuis des siècles. Comme nous
allons le voir un peu plus loin, en 2019, cela coince de partout. Au len-
demain de 1945, certains ne voulaient pas entrer dans le jeu. Ce fut le
cas de Staline. Sa mort entrouvrit une porte définitivement ouverte en
1989 avec la chute du mur de Berlin. Cependant, après plusieurs années
de pillage de l'économie russe par certains oligarques dévoués à la cause
anglo-saxonne, une faction oligarchique a su mettre en selle Vladimir Pou-
tine dont les objectifs sont de défendre les intérêts de la Russie dans le
cadre d'un nouvel ordre mondial politique, économique et juridique res-
pectant les intérêts de chacun en lien avec une ONU modernisée (temple
du maçonnisme, rappelons-le) parallèlement à des Unions régionales 501
respectueuses des normes de chaque groupe selon ses propres termes 502 •

m Annexe XXVII : The Telegraph du 19 septembre 2000, « Des fédéralistes européens financés
par des chefs de t>espionnagc américain ». Comme le précise le document, Joseph Retinger, Robert
Schuman er l'ancien Premier ministre belge, Paul-Henri Spaak, furent les véritables employés de leurs
parrains américains.
500
Dans les conflits d'intérêts encre les États-Unis et l'Union européenne ou, plus exactement avec
l'Allemagne au sujet de son industrie automobile, un article très intéressant du Handelsblatt (journal
économique allemand) du 13 septembre 2018 estime que le dialogue est l'unique chance pour Berlin de
régler le conflit commercial avec Trump (« Dia/og ist Deutsch/ands einzige Chance im Handelskonjlikt mit
Trump »). L' article précise qu' un « Dialogue économique structuré germano-américain » a été lancé afin
d'aplanir ces problèmes. Ce journal ajoute que l'Allemagne est le seul pays de l'UE à avoir mis en place
un tel outil pour traiter avec les États-Unis. Si les différends sont aplanis, gageons que la France risque
de payer les pots cassés, in hccps://www.handclsblarc.com/meinung/kommencare/kommenrar-djalog-
ist-deurschlands-einzjge-chance-im-handelskonfükc-mit-crump/23065802.hcml?ticket=SI-61198-l9e-
j Ucnr9z4ol l jccocY-ap5
501
Sur route la planète, mais à différents degrés, des Unions régionales tentent de se renforcer parallèlement
à l' instauration de mesures liberticides (droit d'expression de plus en plus restreint, vie privée de moins
en moins privée, etc.). C 'est le cas de l'ALENA, créé le 1er janvier 1994, devenu (<Accord Canada-États-
Unis-Mexique1> (ACEUM, United States-Mexico-Canada Agreement), après sa signature le 30 novembre
2018, à la suite des pressions du présidentTrump souhaitant, selon lui, une meilleure défense des inté-
rêts américains. Concernant les censures, il est intéressant de lire l'article 19.17 (chapitre 19) pour les
sociétés de technologies, les fameux GAFA (Goog/e, Amazon, Facebook et Apple), inscrit dans ce Traité.
502
La création de l'Union économique eurasiatique, le 1c, janvier 2015, est un des morceaux du puzzle
de la gouvernance mondiale en préparation, in hctp;//www.eaeunion org/>lan~=en
232 ARCHIVES DU MONDIALISME

503
Son discours de Valdaï de 2014 est très clair à ce sujet • Son alliance
avec la Chine, pays promouvant une « route de la soie» terrestre et mari-
time, comme nous l'avons expliqué dans l'Atlas du mondialisme, permet
largement de tenir tête face au monde anglo-saxon partagé entre une fac-
tion partisane de coopérer avec ce type de construction m~ndialiste tan-
dis qu'une autre cherche à conserver le statut premier des Etats-Unis sur
les autres puissances, en particulier le maintien de la pérennité du dol-
lar comme monnaie de réserve en lien avec le pétrodollar. Concernant la
Chine, la normalisation des relations avec ce pays en 1972, sous la pré-
sidence Nixon avec en arrière-fond l'appui de son conseiller à la Sécu-
rité nationale, Henry Kissinger, fut essentielle en faveur du nouvel ordre
mondial. C'est le journaliste et chercheur Yann Moncomble (1953-1990)
qui, en 1981, avait parfaitement compris la finalité de ce projet dont nous
publions un chapitre essentiel prouvant l'utilité de l'Empire du Milieu à
l'élaboration de cette vaste architecture 504 • En effet, la Chine est le der-
nier morceau du puzzle intégré à l'organisation planétaire grâce au rôle des
milieux financiers ( Chase Manhattan Bank, ... ) et des instituts mondialistes
anglo-saxons, particulièrement canadiens ( Council on Foreign Relations,
Chatham House, Canadian lnstitute of International Affairs, ce dernier s' ap-
pelant depuis le Canadian International Council ou CIC, ... ), permettant
la création d'un institut mondialiste chinois en 1949, le Chinese People's
lnstitute of Foreign Affairs (le CPIFA505 ). Si la Chine a pu économique-
ment se développer, ne l'oublions pas, c'est grâce aux capitaux anglo-saxons
bénéficiant de relais internes dans ce pays 506 • La montée en puissance pro-
gressive de la Chine lui permet, désormais, de constituer un des piliers de
l'organisation politique mondiale. Malgré ces atouts, ce pays connaît de
nombreuses faiblesses : une démographie déséquilibrée s'appuyant, pen-
dant des décennies, sur l'enfant unique essentiellement masculin et un
endettement national sans cesse croissant, soit plus de 35 000 milliards de

503
hccps;//www.yourube com/warch?v-oyrYbjb l AX,8
50
Yann Moncomble, «L'irrésistible expansion du mondialisme », Faits tr Documents, 1981, pp. 121-

128. Annexe XXVIII : Le plan mondialiste et la Chine. À la lecture de ce document, nous pouvons
admirer chez Yann Moncomble une sorte de prescience.
505
hup·//www.cpifa,ocg/en/
506
Il est possible de dater l'influence de l'oligarchie américaine en Chine autour de l'année 1915 par
l'entremise de la Fondation Rockefeller. Comme le rapporte l'historien Frank Ninkovich, c'est en
octobre 1906 qu'Ernest DeWitt Burton de l' université de Chicago écrivit à Wallace Buttrick, membre
du bureau éducatif de la Fondation Rockefeller, afin de lancer le projet de création d'une université en
Chine modelée sur celle de Chicago. L'idée se concrétisa avec la création d'un comité médical (China
Medical Board, CMB) suivi de la décision de lancer la construction de la première école de médecine à
Pékin en 1915 considérée, selon les propres termes de John D. Rockefeller, comme la chose la plus utile
pour s'attirer la sympathie de la population. peu importe les changements de gouvernements, in The
Rockefeller Foundation, China and Culture Change, published by Organization of American Historians,
1984, pp. 799-820. Information consultable à partir de ce lien, in hcrp;//www3.nccu.cdu.rw/--10(cnzo/
Ninkovich%20Rockcfdlcc%20Foundarion pdf
CONCLUSION 233

dollars 507 • Malgré ces faiblesses, l'acceptation de la monnaie chinoise, le


yuan, dans un panier de monnaie (les Droits de Tirage Spéciaux, les DTS
créés en 1969), le 1er octobre 2016, à côté de quatre autres devises (dollar,
8
euro, yen et livre sterling) fut présentée comme un succès par le FMl5° • En
raison de tout ce travail de fond, il était donc possible de prévoir la création
d'une monnaie mondiale, le« Phoenix» (ou un autre nom), comme s'est plu
à l'expliquer en janvier 1988 la revue The Economist, annonçant « à l'hori-
zon 2018 » cette révolution planétaire 509 • N'oublions jamais que ces élites
ont une fantastique capacité à élaborer un projet à très long terme. Voilà
pour la théorie! Pour la pratique, de nombreux éléments se heurtent entre
factions oligarchiques. La finalisation du projet consistant à aboutir à un
réglage harmonieux entre les intérêts de chacun n'est pas une mince affaire.
Une chose, cependant, semble prendre une direction déterminée, la fin du
dollar roi rabaissé dans le cadre d'une sorte de démolition contrôlée, avec
l'émergence d'une nouvelle entité monétaire dématérialisée s'appuyant sur
un panier de monnaie. Les discussions au sein de la Banque des Règlements
Internationaux (la BRI, la Banque des banques, siège à Bâle) doivent être
parfois vives. Chacune des parties se bat pour obtenir une pondération de sa
monnaie qui, pour le moment, a été fixée à la date du 1cr octobre 2016 par le
Conseil d'administration du FMI selon les critères suivants : 40, 73 % pour
le dollar américain, 30,93 % pour l'euro, 10,92 % pour le yuan, 8,33 %
pour le yen et 8,09 % pour la livre sterling510 • Le FMI précisait dans un
communiqué du 1cr décembre 2015 que :

« En application de la méthode actuelle d'évaluation du D TS, adoptée


pa,: Le Conseil d'administration en 2000, le panier du DTS est révisé tous les
cinq ans, à moins que les circonstances ne justifient une révision anticipée dans
l'interva/Le511 (ndla : en effet, un changement peut vite se produire).»

Les États-Unis constatent que leur dollar est de plus en plus rejeté

~
01
hccps://commodity,com/dcbt-clock/china/ (situation en février 2019).
508
https://www,imf.org/fr/Ncws/Articles/2016/09/30/AM16-PR16440-IMF-Launches-Ncw-SDR-Bas
ket-Including-Chjnese-Renminbj
509 Annexe IX: 1( Préparez-vous à une monnaie mondiale- (Th, Eeonomût, janvier 1988). L'idée
d' une monnaie planécaire avait écé déjà proposée par Keynes, en 1944 lors des Accords. de Bretton
Woods, le Bancor. La City de Londres ne put imposer son modèle au profit du dollar. À nouveau, un
rapport du FMI du 13 avril 2010 sous l'égide de son directeur, Dominique Strauss-Kahn, 41.Âccumu-
latio~ and lnternatio~al monetary stability», évoquait l'idée d'une monnaie mondiale appelée le Ban-
cor'. an https-//www.1mf.ocg/external/np/pp/en&l2010/04131 O.pdf, p. 26. Cette proposition a déplu
fu~1eusement à la _faccio~ américai~e souh~itam l_e maintien du dollar. Dominiqu.e Strauss-Kahn a payé
cherement la remise à 1honneur d un pro,ec ancien. Nous avons déjà évoqué cc point à la fln de notre
livre, Atlas du mondialisme.
510
https://www,imf,org/fr/News/Articles/2016/09/30/AM16-PR16440-IMF-Launchcs-New-SDR-Bas
ker-Including-Chincsc-Renm inbi
5 11
https://www imf.ocg/fr/News/Anicles/2015/09/14/0 I /49/prl 5543
234 ARCHIVES DU MONDIALISME

et les Bons du Trésor américain trouvent de moins en moins d'acquéreurs.


Il est vrai que l'État fédéral américain est endetté à plus de 22 000 mil-
512
liards de dollars, situation qui ne peut pas durer éternellement • Dans le
bouleversement qui se prépare en défaveur de l'empire yankee, une faction
politique, financière et militaire de Washington tente de redresser la barre.
En effet, il s'agit de prendre le contrôle du Venezuela, riche en pétrole et en
or, afin d'obtenir des gages énergétiques et aurifères 513 permettant à leurs
représentants d'avoir suffisamment de cattes dans leur jeu pour marchander
à leur avantage (ou en limitant les dégâts) face aux Etats membres inclus
dans ce panier des DTS au sujet de ce fameux pourcentage de pondération.
Saura-t-elle rafler la mise? En face, la Russie et la Chine ne sont pas dupes.
Esc-ce que ces deux pays vont observer passivement la chose? Si Moscou et
Pékin veulent casser le dollar et faire tomber les États-Unis de leur piédestal,
ils doivent agir afin que Washington ne puisse pas mettre la main sur ces
énormes richesses vénézuéliennes. D'une certaine manière, un blocage rus-
so-chinois contraignant les États-Unis à faire marche arrière rendrait un fier
service à la City de Londres. Quel avenir pour le Venezuela? Va-t-il résister
ou devenir la Syrie de l'Amérique du Sud 514 surtout si d'autres États de la
région interviennent? Comme nous avons eu souvent l'occasion de le dire
et de récrire, la Russie et la Chine sont des acteurs en faveur, eux aussi, du
nouvel ordre mondial et d'une monnaie planétaire. L'agence Reuters rap-
porte que lors du Sommet du GS, en juillet 2009, ces deux pays poussaient
à l'émergence d'une unité monétaire mondiale comme s'est plu à le rappeler
Arkady Dvorkovich, conseiller économique du Kremlin 515 • Nous retrouvons
cette même ambition dans les propos du gouverneur de la Banque de Chine,
Zhou Xiaochuan appelant, la même année, à une plus grande implication
51 2
lmps://www.bloomberg com/news/arricles/2019-02-12/u+narional-debr-soars-co-a-record-22-cril
lion-chan, il suffie de regarder le site US National Dtbt Clock: real timt affichant différents compteurs
mesurant l'endettement américain dans de multiples domaines pour être pds de vertige devant une
situation allant droit dans le mur, in httpd/www.usdebrclock.org/
m D'un point de vue général, les matières premières (minerais, gaz, pétrole, terres rares, ... ) sont l'objet
de rivalités croissa ntes entre grandes puissances. L'histoire de l' humanité est une lucce permanence afin
d'acquérir ces ri hcsses qui , pour certaines, commencenc à se raréfier. Retenons, ct;pendant, qu' une
valeur indémodable est appelée à devenir un véritable Graal pour l'ensemble du genre humain : l' eau
potable!
514
i les choses tournent mal dans cette région, cela pourrait déclencher des mouvements migratoires
<lonr certains se déverseraient vers les États-Unis favorisant une situation de chaos Une celle situation
permettraic l' instauration de la loi martiale à partir de nombreux textes, que nous avons présentés et
expliqués dans La marche irrésistible du nouvel ordre mondial et l'Atlas du mondialisme, donnant les
pleins pouvoirs à l'administration américaine. Circonstance aggravante, la situation financière catas-
trophique du pays est celle que le président Donald Trump pourrait devenir le parfait bouc émissaire
d'une Amérique traversée par des tensions internes multiples (rivalités idéologiques, raciales, mouve-
ments indépendantistes californien, texan, ... ). Que cela soie le président Trump ou son successeur, ces
troubles violents menant à la guerre civile ne sont pas du toue à exclure.
~is Reutm, « Russia, China to push global currency at GB Summit», juillet 2009, in https·//www
reuters com/arricle/us-g8-summir/russia-china-ro-push-global-currency-ar-g8-summir-idUSTRE-
5662YJ20090707
CONCLUSION 235

des « Droits de tirage spéciaux» au sein d'un système monétaire internatio-


nal centralisé sous l'égide du FMI comme le rapporte la très mondialiste re-
vue du CFR, Foreign Affairs516 • C'est sous l'angle d'une répartition équitable
(pour le moment) des intérêts de chacun que ces deux puissances cherchent
à favoriser l'instauration d'une architecture mondialiste composée d'Unions
régionales. Force est de constater que les élites de la Haute-finance passent
allègrement par-delà les frontières. Ainsi, nous pouvons relever une véritable
rotation d'anciens représentants de Goldman Sachs, membres pour certains
démissionnaires pour d'autres, au sein de l'administration Trump (Steve
Mnuchin, Gary Cohn, Steve Bannon, Dina Powell, Jay Clayton, ... ). Alors
que cette Administration est accusée, par certains, de collusion avec Moscou,
nous trouvons Goldman Sachs mais aussi JP Morgan fortement engagées
dans l'économie russe comme le souligne la revue Forbes5 17 • Nous constatons
le même phénomène avec la Chine où Goldman Sachs a conclu un accord
à hauteur de 5 milliards de dollars avec un fonds souverain chinois, China
lnvestment Corporation (CIC), afin de favoriser des investissements dans
des industries de la santé ou des manufactures aux États-Unis 518 • D'autres
éléments entrent en jeu dans cette lutte entre partisan de l'hégémonie amé-
ricaine (mondialisme unilatéral) et ceux acquis à une répartition équitable
des intérêts de chaque Union régionale (mondialisme multipolaire ou pla-
nétarien à la Poutine), politique précédant celle consistant à fusionner en-
suite toutes ces Unions en une seule et unique « Région Monde». En effet,
l'Union européenne, touchée par une paupérisation grandissante 519 et une
invasion migratoire qui est voulue, voit des mouvements dits populistes se
développer (Hongrie, Italie, .. . ). Ces partis constituent des acteurs opposés
à de nombreuses mesures édictées par la Commission européenne. Sur terre,
rien n'étant gratuit, il est révélateur de constater que l'ancien conseiller du
président Trump, Steve Bannon, s'est engagé, dans le cadre d'une fondation
créée en janvier 2017, << The Movement», basée à Bruxelles, à soutenir tous
516 Foreign Affeirs, < China and the international monetary System», décembre 2017, in https://www.
foreîgnaffairs,com/arcides/as ia/2017-12-19/chjna-and-international-monecary-sysrem
) l "Forbes, What sanction?JP Morgan and Goldman Sachs become top three investmelll banks in Russia »,
7

avril 2017, in hnps://www.forbes .com/sices/kenrapoza/2017/04/25/whac-sanctions-jp-morgan-and-


goldman-sachs-bccome-rop-three-jnvescmenc-banks-jn-russia/#576da 12b 14be
m ,< Goldman Sachs and Chirla lnvestment Corporation establish $5 Billion fond to invest in United
States Companies », novembre 2017, in https://www goldmansachs,com/ media-relations/press-releases/
currenc/goldman-sachs-chjna-invescmenc-corporation-fund.hcml Malgré la guerre commerciale encre
ces deux pays, celle-ci pourrait peut-être s'apaiser en crois étapes selon un rapport de cette instance
financière (mars 2019), in https;//www.cnbc com/2019/03/04/goldman-sachs-prediccs-whac-a-us-
china-trade-deal-would-look-like html
519 Le phénomène des Gilets Jaunes commencé en octobre 2018 en France est révélateur de la détresse

économique de nombreux Français. Lors de multiples conférences suivies des questions, nous avions
répondu, il y a plusieurs années, que les Français se réveilleraient à partir du moment où le frigo serait
vide. On y est! Vraiment dommage pour le peuple français de ne pas avoir réfléchi - avant que les maux
ne se fassent jour - aux inconséquences politiques des différents gouvernements simples courroies de
transmis.sion de l'oligarchie bruxelloise chapeautée par la Banque des Règlements lncernationaux (BRI).
236 ARCHIVES DU MONDIALISME

ces mouvements populistes afin de les aider à contrecarrer les mesures de la


Commission européenne. Se dec ' 1arant « chreuen
' · s1on1ste
· · 520 », 1·1 a ra 11·te' au-
tour de lui des représentants, issus de partis politiques catalogués «d'extrême
droite» dans de nombreux pays européens, favorables à un courant appelé
par certains« national-sionisme». LUnion européenne est donc le champ de
bataille entre partisans d'un continent soumis à la loi américaine avec la ~ré-
éminence du dollar et de l'autre, celle de la City de Londres, véritable Etat
dans l'État, cherchant à dissoudre cette monnaie et, de facto, la puissance
de Washington, au profit d'une unité monétaire supranationale. Ce phéno-
mène doit être lié aussi à l'enjeu des populations extra-européennes essen-
tiellement musulmanes qui, important leurs particularismes en raison d'un
poids démographique croissant, accentuent les tensions avec les popula-
tions de souche européenne étrangères à leur monde de pensée. Les peuples
du vieux continent sont véritablement pris en étau entre certaines factions
oligarchiques défendant les intérêts d'Israël dans une politique de tension
contre les pays musulmans tandis que d'autres factions promeuvent le cos-
mopolitisme, les migrations et la diversité accentuant ainsi les désordres
et les troubles en tout genre en Europe. Le « Pacte de Marrakech » est un
excellent outil pour y arriver. Bref la tenaille est parfaite pour déstabiliser et
écarteler les États européens. Parallèlement à cett~ bataille, il est nécessaire
de lier les éléments précités à l'affaire du Brexit. La sortie du Royaume-
Uni de l'Union européenne à la suite du référendum du 23 juin 2016 qui
doit, théoriquement, avoir lieu le 29 mars 2019 521 , a -été voulue par la City
qui, outre une vision planétaire due à sa fonction de plate-forme financière
pour les multinationales, les compagnies d'assurance et les banques (sans
oublier le rôle du Commonwealth), cherche à visser, pareil à une construc-
tion mécano, les différentes Unions régionales à l'instar de plaques de tôle
sous sa dépendance dont l'Amérique, le tout sous l'égide d'une mç>nnaie
mondiale. Comme il l'a été souligné, nous assistons donc à une bagarre à
mort entre patriotes américains, soucie~x de maintenir leur pays au som-
met, et les supranationalistes de la City s'appuyant sur une faction de l'élite
américaine ralliée à sa cause 522 dont le but est de ramener Washington au
520
bttps;//www,cimçsofisrael,com/at-zoa-evenc-bannon-asks-jews-ço-join-his-war-on-gop-cscablishmen
il.
521
Au mornent ou' nous écnvons
· ces 1·1gnes, nen
· n' est sur. Peut-etre que la dace sera repoussée. Peu
A A

importe le respect ou non de cette échéance, la tête dirigeante de l'Angleterre est située à la City et
non au Parlement britannique. Elle imposera ses vues tôt ou tard quitte (peut-être) à élaborer quelques
mesures afin de ménager une Union européenne bien fragile. Si un retard se produit, cela signifie aussi
que des batailles en coulisse ont vraiment cours. Le fin mot de l'histoire réside dans les difficultés à
obtenir un réglage délicat respectant les intérêts économiques, politiques et financiers entre la Grande-
Bretagne, avec en arrière-fond la puissante City de Londres, et les instances de l'Union européenne.
m David Rockefeller (1915-2017, co-fondateur du Bilderberg avec Joseph Retinger, et de la Trilaté-
rale), ancien patron de la Chase Manhattan Bank, n'hésitait pas à écrire dans ses Mémoires avec une
grande franchise : 4( Certains croient mime que nous faisons partie d'une cabale secrète agissant contre les
CONCLUSION 237

rang d,une simple composante de cette gouvernance mondiale ou directoire


mondial. Nous avons déjà évoqué ces enjeux dans le chapitre 7 de tAtlas
du mondialisme. Cette politique engagée dans la création d'une gouver-
nance mondiale et d'une recomposition politique et financière complète
sous la coupe de la Çity de Londres a été évoquée dans r annexe V ( The
Economist de septembre 1990, « Une · alliance permanente 523 »), revue qui
n, est que le porte-voix des intérêts de la City. En effet, on peut constater
que différentes. Unions régionales composent cette gouvernance mondiale
dans laquelle les Amériques du Nord et du Sud sont littéralement liées à
une Europe via l'Angleterre faisant le pont tandis que d'autres blocs (Euro-
Asia, Islamistan, ... ) se constituent pour redessiner la carte d'un monde
unifié. Si nous avons là un prototype qui n'est pas définitif dans ses détails,
il est malgré tout l'expression des vues générales des dirigeants de la City.
Ces derniers sauront-ils aller jusqu'au bout? Là est la vraie question! Dans
ces projets d, architecture mondiale, nous pouvons relever une concordance
de ces objectifs ave·c le fondateur de la Paneurope, Richard de Coudenhove-
Kalergi (1894-1972). Cet eurasien partisan d, une Europe fédérale dont
nous avons cité les réalisations en faveur d'une Europe unie et de la pro-
tection des groupes ethniques 524 , entre autres, avec le soutien des dirigeants
de la Paneurope Allemagne, a tenu un discours prémonitoire, en 1950, en
recevant le premier Prix Charlemagne attribué aux personnes dévouées à la
cause européenne. Certains passages prennent un relief particulier depuis
la signature du Traité d,Aix-la-Chapelle en lien avec les projets de la City
de réorganisation de la planète en Unions régionales. Cependant, Couden-
hove-Kalergi se garde bien d, évoquer les caractéristiques de la City de
Londres. Nous avons déjà présenté rintégralité de son discours dans notre
livre, La décomposition des nations européennes, (annexe 11) paru en 2004.
Nous présentons quelques extraits toujours d'actualité :
grands intérêts des États-Unis et ils représentent ma famille tt moi comme des inttrnationalistes ; ils (ndla :
les "méchants") vont jusqu'à prétendre que nous conspirons avec d'autres capitalistes dans le monde pour
construire une structure politique et économique mondiale plus intlgrée - un seul monde, si vous voulez. Si
c'est ce dont on m'accu11, je plaid, coupable et j'en "'" fier. ( ... ) Les États-Unis ne peuvent pas échap-
per à leurs responsabilités mondiales. Le monde d'aujourd'hui réclame une direction des affaires mondiales et
notre pays doit répondre à cette demande. Au XXI' siècle, il ne peut y avoir de place pour les isolationnistes;
nous devons tous être des internationalistes. » in David Rockefeller, Mémoires, Paris, Éditions de Fallois,
2006, pp. 475-476.
m Une formule latine en bas à gauche illustre cette carte de The Economist, "Haec tabula mundi vix
seria est», dont la traduction reflète le caractère « vicelard » de ces auteurs typique de ce milieu : « Cette
carte est à peine sérieuse».
524
Nous rappelons que les ,, Principes fondamentaux» régissant la Paneurope et fixés à Strasbourg e~
1995 présentent un catalogue conforme au mondialisme : • Une Europe fortt et politiquement unie»,
« l'auto-détermination des peuples et le droit des groupes ethniques au développement culturel, politique et
économique»,« les droits de l'homme », « [la Paneurope] respecte l'apport du judaïsme et de l'islam à notre
esprit et çulture dont ils forment une partie intégrante.,., « lvolution de l'Union européenne vers une entité
politique, y compris dans le domaine de la sécurité et de la défense», in http;//www.international-paneu-
ropean-union,eu/conrenr/downloads/PEU programrne,pdf
238 ARCHIVES DU MONDIALISME

« L'Union Charlemagne ne doit ( ... ) pas seulement être érigée en tant


qu'union économique, mais en tant qu'alliance de six États: Allemagne, France,
Italie, Belgique, Pays-Bas et Luxembourg. Il s'agit" ici ni plus ni moins que
d'un renouvellement de l'Empire carolingien su-r une base démocratique, fédé-
rale et sociale ( ... ). La prise de position de l'Amérique et de l'Angleterre sera
absolument décisive pour la mise en forme de "l'idée Charlemagne". J'arrive
d'Amérique et je peux vous assurer que les Américains seraient heureux d'avoir
des Alliés forts et puissants sur le continent européen. Cela leur ôterait le souci
de toujours voir se répandre le sang de leurs hommes sur les champs de bataille
européens. Et l'Angleterre? N'est-ce pas sa politique traditionnelle depuis des
siècles d'empêcher l'unification du continent par crainte de voir ce continent
uni se dresser contre les Britanniques? Ce n'est que maintenant avec la signa-
ture d'un pacte atlantique que cette crainte est devenue sans objet depuis que
l'Angleterre, l'Amérique et l'Europe s'associent dans un système de défense com-
mun. ( ... ) La réalisation d'une "Fédération Charlemagne" est pour cela dans
les intérêts des Anglais comme des Américains. L'Union atlantique devien-
drait ainsi une fédération à trois avec l'Empire britannique comme pont
entre l'Amérique et l'Europe 525 . » (ndla : souligné par nous)

Toute la question est de savoir si ces ambitions verront le jour d, au-


tant plus que cela passe par le rabaissement du monde américain. Il est pos-
sible de relever sur cette carte de t> annexe V que la Turquie est séparée de
l'Europe formant avec d'autres États une entité géographique musulmane
distincte tandis que les pays du sud-est du vieux continent (Roumanie,
Bulgarie, Grèce, Serbie, ... ) r~joignent le monde orthodoxe (Euro-Asia).
D 'autres modifications, certaines pouvant même être radicales comme un
basculement de l'Europe vers l'Eurasie, peuvent voir le jour et le discours
de Coudenhove-Kalergi de 1950 montre que rien n'est définitif:

Mais le chemin qui mène à une Europe unie, de l'Islande à la Turquie


<<

comme de la Finlande au Portugal, est encore loin 526 • »

L'architecture de la gouvernance mondiale doublée d'une monnaie


supranationale est un concept acquis; cependant l'harmonisation des dif-
férentes entités entre elles reste de mise. Avec la Turquie d'Erdogan rétive
à l'Union européenne 527 , nous sommes éloignés en partie du modèle pro-
posé par Coudenhove-Kalergi. En tout .cas, pour parvenir à cet état final
m _Le discours intégral est disponible en allemand, in https://www karlspreis.de/de/preimaeger/richard
-o akola us-graf-coudenhove-kalecgi-19 50/ rede-von-richard- ni kolaus-g raf-co udehove-kalergi
526
Ibid., . En c,out~ franchise, nous avons cru en 2004 que l'ouverture des négociations d'adhésion de
la Turquie à 1 Umon européenne allait vraiment aboutir. Selon la bonne vieille formule, il ne faut pas
vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué.
m Ec encore! Des discours d'Erdogan, certains menaçants, prônent une entrée dans l'UE; situation
CONCLUSION 239

d'unité planétaire et d'essence liberticide 528 , la chose ne peut se faire que


dans un chaos complet. L annonce par le groupe Rothschild, en octobre
2018, de la cession de ses activités fiduciaires (sociétés, fonds de placement,
... ), comme le précise l'agence Reuters 529 , est révélatrice d'une mutation en
cours, d'autant plus que celle-ci doit être réglée pour les premiers mois de
l'année 2019. Cette gigantesque opération doit être reliée aux propos de
The Economist annonçant à« l'horizon 2018 » une monnaie mondiale. Une
devise monétaire supranationale doit voir le jour et l'empire américain fort
de son dollar doit être évincé. Élément qui doit être signalé comme un clin
d' œil à l'histoire, l'agence Reuters précise innocemment que la dynastie
Rothschild a financé la Grande-Bretagne dans sa guerre contre Napoléon.
Seul l'empire de la finance a le droit d'exister.

Au-delà des crises en tout genre qui s'accumulent {le Moyen-Orient


avec l'Iran 530 en particulier, l'Ukraine, le retrait des États-Unis du Traité sur
les missiles à moyenne et courte portée, etc.), nous pouvons conclure sur
un point qui n'est jamais évoqué. On peut prévoir la fin d'un monde quand
les États qui le composent n'obéissent plus aux lois naturelles. Le phéno-

ubuesque quand on connaît aussi les relations compliquées de la Turquie avec les États-Unis dans le
cadre de l'OTAN.
523 Nous observons de nombreux signes avanc-coureurs : volonté de favoriser une monnaie dématéria-
lisée, puçage sous la peau, caméras multiples avec identification faciale, vocale et/ou digitale ou encore
notadon des citoyens qui , en fonction de leur comportemen t civique correct ou non selon les critères
établis (ne pas payer un cickec de transport, fumer dans un train, etc), se retrouvent sur des listes noires
ne bénéficiant ainsi plus d'avantages (financiers, offres d'emplois refusées, des écoles interdites aux en-
fanes de parent inciviques, ecc.) sur une certaine période de temps, in hnps://www.reucers.com/arricle/
us-china-credir/china-ro-bar-people-wich-bad -social-credir-from-planes-mios-jdUSKCN GS l los La
hin e est un modèle du genre qui fait rêver l'oligarchie mondialiste adepte de ces méthodes sur coute la
plaoèc ... officiellement, pour notre sécurité. Cene période que nous vivons (2019) est le galop d'essai
pré danr la dernière ligne droite (la plus terrible) évoquée dans l,Apocalyp e de saine Jean (XIII, 14-
16). e dernier parle de ,da Bête» séduisant les habitants de la terre ec «fit qu'à tous, petits et grands,
riches et pa1'vres, libres et esclaves, on mit ,me marqtu sur la main droite ou sur le front et que nul ne pût
acheter ou vendre s'il n'avait pas la marque du nom de la bite ou le nombre de son nom (ndla : 666). »
529 Annexe XXIX : Agence Reuters d'octobre 2018, « Rothschild vend ses activités fiduciaires ».

no La politique américaine (l' administration Trump) a dénoncé l1 accord de Vienne du 14 juin 2015
portant sur le nucléaire iranien. Afin de tenter de contourner ces sanctions, la France, le Royaume-Uni
ec l'Allemagne ont créé, le 31 janvier 2019, l'INSTEX (Instrument for Supporting Trade Exchanges) dont
l' objectif esr de faciliter le transactions commerciales entre ces trois acteurs économiques de l'UE et
l' Iran. En matière de crise, nous n'avons que l'embarras du choix: sur cous les continents, nous avons
des foyers d' instabilité. Ajoutons à cela le poids de la dette de 164 000 milliards de dollars (225 o/o du
PIB mondial en 2018) et la volatilité des bourses de la planète dont l'évolution se fait sous le joug du
trading algorithmique (plusieurs centaines de millions de transactions par seconde effectuées par des
robots) . La moitié de ces transactions en bourse aux États-Unis et un tiers en Europe se fait sous l'égide
de ces robots déconnectés des fondamentaux économiques pouvant entraîner un krach éclair comme le
rappelle Marko Kolanovk de New York University, ... patron des dérivés chez JP Morgan. Comme le
rappelle le titre de cet article de Capital (29/ l l/2018) : « La crise de 2019, celle qui ridiculisera toutes les
autres?» in https;//www,capical,fr/entreprises-marches/la-cdse-de-2019-celle-qui-ridiculisera-rnutes-
les-aucrcs-1317882; pour ceux qui one vu les films « Terminator » avec Arnold Schwarzenegger, ces
robots algorithmiques sont l' équivalent de Skynet.
240 ARCHivEs DU MONDIALISME

mène est visible dans les sociétés matériellement développées en 2019 où


la cellule familiale classique est largement remise en question. La volonté ·
d'améliorer les qualités physiques et mentales de l'homme dan's le cadre
d'un transhumanisme de plus en plus présent est, là aussi, un facteur révé-
lateur d'une humanité abolissant toutes les frontières. Tout est permis. Et la
France dans tout cela? À celui à qui il a été beaucoup donné, il sera beau-
coup demandé en retour. Cela est vrai aussi pour les pays. La France héri-
tière d'un baptême prestigieux, dont on peut établir un parallèle saisissant
avec la mission de la Maison de David, a renié ses engagements magnifi-
quement présentés par Saint Remi. Marquées par des régimes politiques et
spirituels révolutionnaires qui les défigurent et plongées dans les intrigues
du monde si contraires à la civilisation et à leurs missions d'origine, l'Église
et la France ne peuvent, à vue humaine, que disparaître. Cependant, nous
restons assurés que si ces deux mondes ne connaîtront pas les épreuves
infligées au royaume de Samarie, définitivement anéanti en 722 avant
J.-C., au moins subiront-ils celles qui se sont abattues sur le royaume de
Juda.

Pierre Hillard,
12 mars 2019
2epartie

ANNEXES
ANNEXEI

Jacob Frank et les frankistes


Lettres hébraïco-zohariques
244 ARCHIVES DU MONDIALISME

Jacob Frank and the Frankists


Hebrew Zoharic Letters 0

BEN ZION WACHOLDER


Hthrl'OJ Union Collt1~Jewisl lnstiluu of Religion, Cincinnati
11Us publicatiol\ reproduca and interpreu lM Hebrew-Zobaric letter wriueo
by three dùcipla of Jacob Frank in 18oo and addrated to the Jcwa of
Hunpry. The docummt may be'dmded into two pans. Pan one contains cop-
ies of two leuers ascribed lO Jacob Frank wriuen in a76? and a768. The t«Ond
pan. writaen in a8oo, affinn• tbat rrank's predictions conœming European
Jewry are soon to be ralized. The document as a wholc represenu a frantic
attempt to sustain d1e Frankist mcwffllent nearly a decade afœr the Mutcr's
death. According to our docummt. Frank foresaw the doom of Europc's
Jewry unleu the Jews adopted ..the boly faich of Edomt i.e. Christianity. The
conversion to Christianity. however, was to scne as an instrument leading to
Oniltianity's uhimate dd'cat. The patriardl Jacob, mncamated in Frank. was
destined to rise as tuaers leader in its war against Edom. The signifnnce of
this,document la in its rcpresentation of Frank's a.n formulation of both his
messianic rok and the movemeru•s doctrine. Of the Frankist literature, our
text it w only one which purporu to reproduœ the Master'1 own worcls in
Hebrew.

INTRODUCTION
The Hebrew-Zoharic leu.cr, written apparcntly in 18oo to the Jews of
Hungary by the thrcc lcading disdplcs of Jacob Frank, ia made available
here for the fint lime together with a transcription, and an English tran.,
lation and commentary. Peter Bttr publish~ a German translation of a
aimilar letter in 181s, but the Hebrew-Aramaic original is lost. 1 A similar
lcuer addrcssed to the Jews of Bohemia was published by N. Porga in
The effons of M1lblll M >AqA made dùs publication poaible. 1e1tpras my deep graûtude
to Dr. and Mn. Sidney Peerltsa for mwng available thisdocument. Rabbi Isaac Neuman
was ntremely htlpfw in its tranacription and eluddation. Herbm Patwr 1w carefully read
Michael
t~ ldttt maklng valuable contributiom to its transcription. 1 am allo grateful to
Meyer for h1s instrucùve tuggauons. Arydl Azriel and Judith Bluntdn ba•e cootributed to
the transc:ripdon œthe doculllfflL Jan KatUW has bttn of tmnendous auistance ,to .me- in

d6
r....,.~
the wriông ol. tbis article.
( a)
l""--"""
Ulwna 111Mf M._..,_ .u,, ~ • wA ......... rflipls,,I S..
C--W.r, • CcM.IW Peter lftr. Bnann. ,sa,, pp. s•H59- ln some
casea, Bc:tt's archetype acema to have differed from our copy~Page I lme 18 dting De\lter•
onomy gt:a dlbff waa n01 in Beer'1 VC>fflF or was omiued by him. Allo ablenlla page ,t line
8 Ki ,.i ._, "f à11i. Page s line 7 note lbat the words .. Riae O virgins of brael" an, miuln1.

0
!ir~ de ~en Zion Wacholder P~. D, revue spécialisée de l'Union College-Jewish Jnstitute of Religion,
Cmcmattl Sheldon H. Blank Ed1tor, Matitiahu Tsevat, Associate Editor, offprint from Hebrew Union
Co/lege Annual, Vol. Llll, 1982, pp. 265-293.
ANNEXE! 245

Jacob Frank et les frankistes


Lettres hébraïco-zohariques 1
BEN ZION WACHOLDER
Hebrew Union College-Jewish Institute of Religion, Cincinnati

Cette publication reproduit et interprète la lettre hébraïco-zoha~ique écrite


par trois disciples de Jacob_~rank en 1800 et_ adressée au_~ Juifs ~e Hon-
grie. Le document peut se d1v1ser en deux parties. La prem1ere contient des
copies de deux lettres attribuées à Jacob Fr~, ~crites en 1767 et 1_768. La
seconde, rédigée en 1800, affirme que les préd1ct1ons de Frank relatives à la
juiverie européenne se réaliseront prochaine_ment. L'ensemble du d?cument
constitue une tentative forcenée de soutenir le mouvement frank1ste près
d'une décennie après la mort du Maître. Selon ce texte, Frank a prédit le
sort tragique que connaîtrait la juiverie d'Europe jusqu'à ce que les Juifs
adoptent « la foi d'Edom », c'est-à-dire le christianisme. Cette conversion
est toutefois censée servir à provoquer la défaite ultime du christianisme. Le
patriarche Jacob, réincarné en Frank, était destiné à s'imposer comme chef
d'Israël dans la guerre de son peuple contre Edom. L'importance du docu-
ment tient à ce qu'il emploie les termes mêmes dans lesquels Frank présente
son propre rôle messianique et la doctrine du mouvement. Notre texte est le
seul de toute la littérature frankiste qui se propose de reproduire les propres
termes du Maître en hébreu.

INTRODUCTION
La lettre hébraîco-zoharique - écrite, semble-t-il, en 1800 et adressée aux Juifs
de Hongrie par les trois principaux disciples de Jacob Frank - est publiée ici
pour la première fois avec une transcription, ainsi qu'avec une traduction et
un commentaire en anglais3 • Peter Beer a publié la traduction allemande d'une
lettre analogue en 1823, mais l'original hébraïcoaraméen est perdu4 • Une lettre
similaire adressée aux Juifs de Bohême a été publiée par N. Porges en 1894.
1 Ndî (Wikipedia): Le Sepher ha-Zohar (Livre de la Splendeur), aussi appelé Zobar (1ifT), est l' œuvre
maîtresse de la Kabbale, rédigée en araméen. La paternité en est discutée : il est traditionnellement
attribué à Rabbi Shimon bar Yohaî, Tana du deuxième siècle, mais la recherche académique considère
aujourd'hui qu'il fut rédigé par Moïse de Le6n ou par son entourage entre 1270 et 1280. Il s'agit d'une
exégèse ésotérique de la Torah ou Pentateuque.
2
Ce sont les efforts de Mulza/ M'Aish qui ont rendu possible la présente publication. J'en exprime ma
profonde gratitude au Dr et à Mme Sidney Peerless. Le Rabbin Isaac Neuman a été d'une aide considé-
rable dans la transcription et l'élucidation de cette lettre. Herbert Paper l'a lue avec une grande attention,
apportant ainsi une précieuse assistance à sa transcription. Je sais gré également à Michael Meyer de ses
suggestions fort instructives. Aryeh Azriel et Judith Bluestein ont contribué à la transcription du docu-
ment. Jan Katzew m' a été d'un grand secours dans la rédaction du présent article.
3 NdT: eux-mêmes traduits ici de l'anglais.
4
Geschichte, Lehren und Meimmgen aller bestandenen und noch bestehenden religiôsen Sekten der Juden
und der Geheimlehre oder Cabbalah, Peter Beer, Brunn, 1823, pp. 329-339. Dans certains cas, l'archétype
de Beer semble avoir différé de notre copie. À la page 2, ligne 18, la citation du Deutéronome 32/2 ne figu-
rait pas dans le texte de Beer ou }l été omise par celuî-ci. On relève aussi l'absence, en page 4, ligne 8 du
passage «Kilo' davar req hu ·». A la page 3, ligne 7, les mots« Levez-vous, ô vierges d'Israël» font défaut.
BF.N llO~ WACHOl.Df.R

1894. M. Wischnitzer princed another cop addressed to the Jews of Tar-


tary in 1914. The document consists of a single shcet, 37_ cm ~y 24 cm,
folded and containing four pages. Pages I and 2 have th1rty hnes each.
Pages has twenty-eight lines and Page 4 has fifteen lines for a total of one
hundred and three lines. The leuer~s signatories, appearing in the tan
three lines of the document, Shlomo ben Elisha Shor, hls brother Nathan
Nat.a. and Yeruham ben Hananiah led the Frankist movement after the
Master"s death in 1791. The letter is addressed to the Jewish communities
of Hungal")' but contains no specific addressee. This would indicatc that
the epistle was carried by messengers who recited it to the faithful and
sympathizers. Unfortunately, the letter does not con tain the place of com-
position or, for that malter, a formai date. The assu.mption that the leuer
was composed in 1800 rests on line 28 of page 2 , i.e., "this year 56o'
( 179'/ 18oo). There existed many copies of this document, known as "the
red leuer'' to symbolize the link betweenAdom and Edom, red and Rome.
As was mentioned abovc, Peter Beer's German translation was bascd on a
copy that differed slighùy from ours. One of those differences wa. the
color of the ink. The ink of our copy is black.
The lcucr is very imponant since it rcveals the mindsct of lhe leading
Frankists in 1800. doing 50 in their own words rathcr than in a .Polish or
German paraphrase. 2 Most of the ex tant evidence conccrning the
Frankjsr movemcnt consists of documents wriuen in Poli h , which was a
foreign longue for the writen. The Polish documents in our po~sion
probably were translated from Hcbrew and Yiddish originals or
reconstiluted th novo by members of the second or thîrd generation for
whom Polish had become a native tongue. Furthcrmorc, the lettcr quotes
verbatim the cndre contents of Jac.ob Frank's own two lctten of 1767~ Of
the massive Frankist cvidence. as far as we know, these two letters are the
only texts that carl be said 10 have been penned by Jacob Frank himself. ·
They provide first-hand testimony of Frank's literdry and intellectual acu-

ha ~ditiou, cveo wht'n Bttr•s texl tttms to reflu1 tht wording found in our document. bis
translation divergn substantialt)· from ~ one pr~o~ h~r~. e.g., w'ttlwà (3: 14-) which he
translarn "vnüu ..... ret~tJ a misreading (wcQZWJ\). Beer does not provide a commentary
lhough he does indu.de partnthfflcal ~xpbnations. Cf. N. Porga, "Texte d~ b lrttre
ad~uh par les Frankistes." REJ v. 19~ (1894), pp. 181- 188. M. Wischniuer in MntllirtJ IÙ
tacad• • ~ bs SdnttJ dt St. Pdml,t,t,,rg. Vol. 11 no. t ( a914) pp. t - 1g. Thne ktters,
acconUng to Scholern wer~ compoied. in Offenbach. Cf, Scbolem 1"he Hofülat of Sin/'
COl!IUIMlory vol. 51 (lanuary 1971 ). p. 68. Paru of dù leucr were quoted by Jakob Abraham
Braw~r► Colils;,oll Vi,tlaultla (Jmualem 1956), pp. t69-a74.
(2) F.or exampl~. lb~ Slor,,a Pa,ul,u . .i collection of Ja.)ings attributed to Jacob Fraol
known to us only in a Poli1h translation. See n, Worâ of tA. Masln. Abo Aleunder
Kraushar'sFrcrd i Ftoniim Pol.sty, Crakow, 18g5t I voh1n1es, based alsoon Potish mftDOin.
For a bibliography on Frank comult C. ~ m , E~Jvdiwo, vol. 7, rot. 57.
ANNEXE! 247

M. Wischnizer a imprimé une autre copie adressée aux Juifs de Tartarie en


1914. Ce document consiste en un feuillet unique de 3 7 x 24 cm, plié et
comportant quatre pages. Les pages 1 et 2 comprennent trente lignes cha-
cune, la page 3 vingt-huit lignes, et la page 4 quinze lignes, ce qui représente
au total total cent-trois lignes. Les auteurs de la lettre, dont les noms appa-
raissent sur les trois dernières lignes du document, sont Schlomo ben Elisha
Shor, son frère Nathan Nata et Yeruham ben Hananiah, qui ont pris la tête du
· mouvement frankiste après la mort du Maître en 1791. La lettre est adressée
aux communautés juives de Hongrie, mais ne porte le nom d'aucun destina-
taire particulier. Cela tendrait à indiquer qu'elle fut portée par des messagers
qui en récitèrent la teneur aux fidèles et sympathisants. Malheureusement, la
lettre n'indique pas le lieu où elle a été rédigée, ni d'ailleurs la date formelle
où elle l'a été. L'hypothèse selon laquelle elle fut écrite en 1800 repose
sur une indication de la ligne 28 de la page 2 : « en cette année 560 » (soit
1799/1800). Il existe de nombreuses copies de ce document, connu comme
étant « la lettre rouge», ce qui symbolise le lien entre Adom et Edom : rouge
et Rome. Comme indiqué ci-dessus, la traduction allemande de Peter Beer
reposait sur une copie différant légèrement de la nôtre. L'une des différences
était la couleur de l'encre. Notre copie est écrite à l'encre noire.
Cette lettre a beaucoup d'importance, car elle révèle ce qu'était lamenta-
lité des dirigeants du frankisme en 1800, et elle l'expose avec leurs propres
mots, plutôt qu'en une formulation polonaise ou allemande 5• La majeure
partie de l'abondante documentation relative au mouvement frankiste se
compose en effet de textes écrits en polonais par des individus pour qui
c'était une langue étrangère. Les documents polonais en notre possession
ont sans doute été traduits d'originaux en hébreu et en yiddish ou reconsti-
tués de novo par des membres de la deuxième ou de la troisième génération,
pour qui le polonais était devenu une langue maternelle. En outre, la lettre
cite intégralement le contenu des deux lettres de Jacob Frank de 1767. Pour
autant que nous sachions, ces deux lettres sont les seuls textes de l'énorme
documentation frankiste dont on puisse dire qu'ils ont été écrits par Jacob
Frank lui-même. Elles témoignent directement des qualités littéraires et in-

De plus, bien que le texte de Beer semble refléter le libellé trouvé dans notre document, sa traduction
diverge substantiellement de celle qui est présentée ici; en effet, il a traduit « ve 'edveh » (3 : 14) par
« verlies ihn », montrant ainsi qu ' il a mal lu. Beer ne fournit aucun commentaire, bien qu'il donne des
explications entre parenthèses. Cf. N. Porges : «Texte de la lettre adressée par les Frankistes », REJ
v. 29 ( 1894), pp. 282-288. M. Wischnitser, in Mémoires de l'académie impériale des Sciences de St.
Petersbourg, vol. 12, n° 2 (1914), pp. 1-19. Selon Scholem, ces lettres ont été rédigées à Offenbach.
Cf. Scholem, « La sainteté du péché», Commentaire, vol. 51 (janvier 1971 ), p. 68. Certaines parties de
cette lettre ont été citées par Jakob Abraham Brawer, Ga/itsyah Viyehudeha (Jérusalem, 1956), pp. 269-
274. s C'est le cas, par exemple, de la Slowa Panskie, collection de pensées attribuées à Jacob Frank et
dont nous ne connaissons qu'une traduction polonaise. Voir Les Paroles du Maitre. C'est le cas aussi du
livre d' Alexander Kraushar Frank i Frankisci Po/scy, Cracovie, 1895, 2 volumes, qui repose également
sur des mémoires polonais. Pour une bibliographie de Frank, on consultera l' Encyc/opedia Judaica de
G. Scholem, vol. 7, col. 57.
JACOB FRASK A OTHE FRANKISTS: HEBREW ZOHARlC LETrEU

men. Frank reputcdly rcferrcd to himsclf as a J,rosdak, somcone who


could not find his way in absuuse rabbinic texts. His two lctters, howcver,
reveal a deep undentanding of the Jewish sources. Only the possession of
a deep understanding enabled him to expand upon traditional cxegesis.
He could not only àte the Bible and Zohar with case, but also makc up
lines that imitated the biblical and Zoharic style and spiriL a
Frank writes in an obscure manner, avoidingdirect speech, con\1eying
his meuage through the use of biblical and Zoharic citations. The style of
gluing rogether a variety of biblical and Zoharic liocs f rustrates the
rcader.
Nevenheleu, the general message comes through and may be summa-
rized as follows:
1) Frank predicts the impcnding slaughter of the Jews in all the
major and minor nations of Europe as part of the apocalypse.
2) The salvation of the Jews rcsts upon thcir accepting the faith of
Edom, i.e. Rome.
5) Jacob Frank is the reincarnation of Jacob the patriarch.
4) Jacob Frank will lead lsraers redemption by conquering the
world, including the Catholic Church.
Writing in 1800, about a decade after the master•s dnth, the followcn of
Frank reiterate these four dogmas maintaining that Jacob Frank was not
dead and that be would rise to lead the movement towards its eschatolog-
ical destiny ~•
The document divides hself into two parts: Frank's messages and the
currcnt lcttcr. The firat partis introduœd by an addrcss to the Jcwish
com1nunitics of Hungary (lines 1-1 page 1), preliminary words to the fint
of Frank's letten (lines ~-4 page a), the body of the lirst letter (lines 4i-to
page 1). preliminary words IO the second lcuer (lin~ 10-11 page 1), the
second lcttcr itself (line I t page 1 to linc 11 page 1) and an oral message
addresaed to several Jewish communitics in Poland, carried by the signa-
tories of our document (Unes t 1-16 page i). The second part, which com•
prises the remaindcr of the lettcr (line 16 page 2-line I a page 4), urges the
Frankist1 to retain faith in their mastcr.
Were the letten attributed to Jacob Frank actually writtcn by him? 1t is
impossible to answer the question unequivocally. If they are not
authentic, it would have to be presumed that Frank's threc lcading disci-
ples forged the documents. Sucb an assumption seems implausible. lt ia
one thing for a single penon to manufacture such a correspoodenœ; it is
••tc~,...,.. ....,._
(3) t:61neVfCMI ,,,.,,.,,_~ aao_.,....,__~--••••; 1:to ._,.
(4) Li.ne 7 Page j <,:7).
ANNEXE! 249

tellectuelles de Frank. Celui-ci était connu pour parler de lui-même comme


d'unprosdak, c'est-à-dire quelqu'un qui ne s'y retrouve pas dans_ les !e,xte~
rabbiniques abscons. Seule la possession d'une profonde persp1cac1te lut
permit d'élargir l'exégèse traditionnelle. Il était capable non seulement de
citer avec aisance la Bible et le Zohar, mais aussi de composer des textes
6
imitant le style et l'esprit. bibliques et zohariques •
Frank écrit de manière obscure, évitant le discours direct, ne communi-
quant son message que par l'emploi de citations bibliques et zohariques. Son
style consistant à agglutiner divers textes bibliques et zohariques a de quoi
déconcerter le lecteur.
Mais l'ensemble du message n'en passe pas moins et peut se résumer
ainsi :

1) Frank prédit le massacre imminent des Juifs au sein de toutes les


grandes et petites nations d'Europe dans le cadre de l'apocalypse.
2) Le salut des Juifs dépend de leur acceptation de la foi d'Edom, c'est-
à-dire Rome.
3) Jacob Frank est la réincarnation du patriarche Jacob.
4) Jacob Frank dirigera la rédemption d'Israël en soumettant le monde, y
compris l'Église catholique.

Écrivant en 1800, soit dix ans après la mort du maître, les continuateurs
de Frank réitèrent les quatre dogmes en maintenant que Jacob Frank n'est
pas mort et qu'il se lèvera pour conduire le mouvement jusqu'à son destin
eschatologique7.
Le document se compose de deux parties : les messages de Frank et la
présente lettre. La première partie est introduite par un message à l'adresse
des communautés juives de Hongrie (lignes 1 et 2, page 1), l'avant-propos
de la première des lettres de Frank (lignes 3 et 4, page 1), le corps principal
de la première lettre (lignes 4 à 20, page 1), l'avant-propos à la seconde
lettre (lignes 20 et 21, page 1), la seconde lettre elle-même (de la ligne 21,
page 1, à la ligne 21, page 2) et un message oral adressé à plusieurs commu-
nautés juives de Pologne, porté par les signataires de notre document (lignes
21 à 26, page 2). La seconde partie, qui comprend le reste de la lettre (de
la ligne 26, page 2, à la ligne 12, page 4 ), prie instamment les frankistes de
garder foi en leur maître.
Jacob Frank a-t-il vraiment écrit les lettres qui lui sont attribuées? Il est
impossible de répondre avec certitude à cette question. Si elles n'étaient pas
authentiques, il faudrait en conclure que les trois principaux disciples de
Frank ont commis des faux. Mais une telle hypothèse semble peu plausible.
Produire un faux quand on est seul est une chose; le faire en collaboration
6
l : 6 lemifqad le 'ayalta; 1 : 10 meheshbon 'avonatam; 2 : 10 'otan shebabayit yamutu babayit.
7
Ligne 7, page 3 (3 :7).
BEN ZION WACHOLDER

another for at least three people to collaborate on a fabricaùon. The prob-


lem of what to indude and what co exdude in such a forgery would proba-
bly result, in disagreement. Moreover, as far as is known, the Frankists
have no history of conscious misquoting of their master. Unlcss proven
otherwise. it must be presumed that the letters and message auributed to
Frank are genuine.

TRANSLATION

FRANKIST LETTERS

Address
He who is the master of peacc, may he give blessing and peace to you
and to the en tire House of Israel [who are] scattered in the lands of
Hungary.
lntroductory
Our beloved Hou~ of Israel! You should know that our holy lord,
while still in the castle of Rome in Czestochowa. wrote a holy letter to the
city of Brod, and these are bis sacred words:
Franlc's First Lelin
Hear me ye stouthcarted, you who are far n-om delivcrance' and who
are shrewd in their ways. 1 Who among you fcars the Lord?3 Who can hcar
the voicc, rhc voice that comes from the wildcrness of the nations? Woc
unto you whcn the mighty lion awakens to remembcr the ramf It is
written, For the Lord will not do anything unless He reveals His secret(to
4
His prophets]; But if. indced, you are t.hc childrco of the Holy One
Blessed be He how is it tha.t it has not been rcvcaled to you what sball
occur m the end of days, in these times? But surely th~ early predictions
have already been fulfilled, and the new prfflictions' 1 foretell from
8
beginning Lo end. Thcrefore, let them be ready to weep and to cry out
concerning Krakow and its surroundings. Moum, gird younclves in
sackdoth, cry out in the streets; 7 for a fire has gone forth from Heshbon,'
Nota. lo Trwlaliofl.

( 1) (.sa. 46: •~.


(2) Cf. Prov. a~15 [and Jobs: 1,J
(3) ba. 50: to.
(i) AfflOl5:7.
(5) Isa. 41;9.
(6) lu. 45: •o.
(7) j,r. 1:8.
(8) Num. z a: 18.
ANNEXE! 251

quand on est au moins trois en est une autre, car la difficulté de savoir quoi
inclure et quoi exclure d'un tel texte serait sûrement source de désaccords.
En outre, pour autant qu'on sache, les frankistes ne sont pas connus pour
avoir jamais fait de fausses citations de leur maître. Sauf démonstration du
contraire, force est donc de présumer que les lettres et le message attribués
à Frank sont authentiques.

TRADUCTION
LETTRESFRANKISTES

Message
Celui qui est le maître de la paix, qu'il vous donne bénédiction et paix, à
vous et à toute la Maison d'Israël [qui est] dispersée sur la terre de Hongrie.

Introduction
Notre bien-aimée Maison d'Israël! Vous devez savoir que notre saint
seigneur, qui se trouve encore dans le fief de Rome à Czestochowa, a écrit
une sainte lettre à la ville de Brod; voici ses paroles sacrées :

Première lettre de Frank :


Écoutez-moi, les cœurs fermes, vous qui êtes loin de la délivrance8•9 et
ceux dont les sentiers sont tortueux 1°. Qui d'entre vous craint le Seigneur? 11
Qui peut entendre la voix, la voix qui vient du désert des nations? Malheur
à vous lorsque le puissant lion se réveillera et se souviendra du bélier ! Il
est écrit : Car le Seigneur ne fait rien sans qu ' Il ait révélé Son secret [à Ses
prophètes] 12 • Mais si, vraiment, vous êtes les enfants du Très Haut (qu'il soit
béni), comment ne vous a-t-il pas été révélé ce qui se produira à la fin des
jours, en ces temps? Or, voici que les premières prédictions se sont réalisées
et que j'en fais de nouvelles, du début à la fin 13• Qu' ils soient donc prêts à
pleurer et à se lamenter au sujet de Cracovie et de ses alentours. Prenez le
deuil, ceignez-vous du cilice, lamentez-vous dans les rues 14 ; car il est sorti
un feu de Hésebon 15, [le nombre] de leurs péchés, et il consumera la cité.

Notes de traduction

8
Isa. 46 : 12.
9
NdT : Pour traduire toutes les citations bibliques, j ,ai suivi autant que possible le texte de la traduction
du chanoine Crampon.
°
1
Cf. Prov. 2 :15 [et Job 5 :13].
11 lsa. 50 :10.
12
Amos 3 :7.
q Isa. 42 :9.
14
Jer. 4 :8.
15
Nomb. 21 :28.
[5] JACOB fRA NK AND THE FRANKISTS: HEBREW ZOHARIC LE1TE.RS 269
[the number] of their sins, and it shall consume the city. 9 Who shall die by
the sword, who by hunger, by plague or in captivity? 10 Thcir corpses shall
lie likc dung on the ground, 11 and dogs shall lick thcir blood. u Bchold the
storm of the Lord, His wrath has gone fonh, a whirling tempest; it wiU faU
upon the head of the wicltcd 11 [For a fire is kindlcd by my anger] and it
shall burn to the depths of HeU. 14 And it shall corne to pass that the one
who escapes the sword shall be caugbt in the trap. 11 Therefore. let them
be ready to weep, to cry out for them. But let them be ready to cry out for
your town and in your surroundings. A nation is about to rebcl 11 ( against)
the nation of the sons of Edom with a baule cry as the king presses against
the other king. Let them purify themselvcs and make themselvcs white' 7
and condemn the guilty. But none of the wickcd will undcrstand, only
chose of rcal understanding will know 18 that anyone who bas a spark of
the seed of Abraham, Isaac, and Jacob must enter into the holy faith of
Edom, and whoever will accept this creed with love will be saved from aU
of thcm [the persecutions] and will merit ail of the consolations promised
in lsaiah and in ail the Prophcts.
I would like to write at greater length, but a hint sufficcs for one of wis-
dom and understanding. •• And I shaU condude witb [the bleuing of] life.
Jacob Jozef Frank
Introduction lo FranJc's Second Leltn
The preceding letter was written in 5517 (1-,6617). And in ~ year
5518 (1767/8). while be was still in Cit.ttochowa, be wrOle a second leuer
to ail Jewry. And thesc arc his holy words:
TIN Second utur
A voice, a mighty voicc was awakened from on high to the workl bclow.
Our eyes were opened whcn a ballst came down from on high to the man y
sides of the world. A meUifluous voice11 came down from on high to the
world below~
Awaken yc slumbering sleepers from the slccp that is in your nostrils,
(g) Jer. 4:8.
( 10) Cf. u,.,,_,.TOff/ iu Ro,la H...,.,_ liturg)t.
(ll) Cf. jer. 16:4.
(1 •> 1 Kinp 11:58.
( as) Jer. 1s: 1g.
( t4) Dtut. 5,1:...
(1s) J~r. ~ ! 18.
( 16) Cf. TatJUm Ps. 55:7.
(17) Dan. 11: 10.
d. rabbinic commenaaries referring to maàank computations.
( t8) Dan. 1t: &Oi
( 1g)7.ohar 1 26b, t8ob.
(IO) &Il - planct. .aar. comct. etc..
(ta) Zobar l 114ga.
ANNEXE! 253

Qui mourra par l'épée, qui par la faim, qui par la peste, qui en captivité 16 ?
Leurs corps seront comme du fumier sur le sol17, et les chiens lècheront
leur sang 18 • Contemplez la tempête du Seigneur, Sa colère s'est levée, telle
un orage tourbillonnànt; elle fondra sur la tête des impies 19 • [Car le feu de
ma colère s'est allumé] et il brûlera jusqu'aux profondeurs de l'enfer2°. Et
il arrivera que celui qui échappe à l'épée soit pris au piège21 • Qu'ils soient
donc prêts à pleurer, à se lamenter sur eux-mêmes. Mais qu'ils soient prêts
aussi à se lamenter pour votre ville et la région qui vous entoure. Une nation
est sur le point de se rebeller22 [contre] la nation des fils d'Edom avec un
cri de guerre, tandis que son roi marche sur l'autre roi. Qu'ils se purifient et
se blanchissent23 et qu'ils condamnent les coupables. Mais nul méchant ne
comprendra, seuls les intelligents sauront vraiment24 que quiconque porte
une étincelle de la semence d'Abraham, d'Isaac et de Jacob doit entrer dans
la sainte foi d 'Edom, et quiconque recevra cette foi avec amour sera sauvé
de toutes [les persécutions] et méritera les consolations promises par Isaïe
et tous les Prophètes.
Je voudrais en écrire davantage, mais une simple allusion suffit aux
gens sages et intelligents25 • Et je concl.urai par [la bénédiction de] la vie.

Jacob Jozef Frank

Introduction à la seconde lettre de Frank


La première lettre a été écrite en 5527 [1766-67]. Et durant l'année 5528
[1767-68], alors qu'il se trouvait toujours à Czestochowa, il a écrit une se-
conde lettre à toute la juiverie. Et voici ses saintes paroles :

Seconde lettre
Une voix, une voix puissante s'est élevée au plus haut des cieux, s' adres-
sant au monde d'ici-bas. Nos yeux se sont ouverts lorsqu'une sphère26 est
descendue des hauteurs sur les nombreuses parties de ce monde. Une voix
suave27 est descendue des hauteurs sur le monde d'ici-bas.
Réveillez-vous, dormeurs, du sommeil qui est dans vos narines, et vous

16
Cf. Unetaneh Toqef dans la liturgie de Rosh Hashanah.
17
Jer. 16 : 4.
18
I Rois 22 : 38.
19
Jer. 24 : 18.
20
Deut. 32 : 22.
Jer. 24 : 18. ~ NdT: je n'ai trouvé aucune trace de ce texte à l'endroit indiqué, qui n'existe d' ailleurs
21

pas dans ma Blble Crampon.


22
Cf. Targum, Ps. 55: 7.
23
Dan. 12 : 10.
2
• Dan. 12 : 10; cf. les commentaires rabbiniques relatifs aux calculs messianiques.
25
Zohar I 26b, 28ob.
26
Sphère : planète, étoile, comète, etc.
27
Zohar I 2492.
Bt~ llON WACHOLOER [6]

and you who do not know. The)' look but cannot see; their ean are dosed;
their heans are heavy; they sleep and do not know the Torah that is stand-
ing in front of them, and do not pay attention, and do not know what they
see· they look but cannot see.
The Torah has raised its voicc, Look ye fools! Open your eyes and you
shall know. There is no one who pays attention. Is there anyone to incline
his ear? For how long will you be in the darkness of your willful evil? Seek
to know, and light that is brilliant shall be revealed to you intime. etc. 22
Surely you are wise and you know how to conciuct a battle using a bow.
When one pulls the bow lightly, it does not shoot far; when one pulls the
bow with strength and lets them [lhe arrows] go, then the arrow shoots
very far. Thus, know that at this time it moves slow.ly. You should know
also that their ùme is beginning that you will forget your wives and )'Our
children on account of the cvil dccrec, since it cornes from the Lord Him-
self.
For ail of the emperors and kings, even of the kingdom of Prussia the
dukC$ and the princes of all the world will bate you exceedingly. When
the)' sce a Jew they wiJI direct their spiule at him; and pleasure will turn
into a plague, and troubles will corne, the likes of which ha,·e ncver becn
s en in the world.
Vou think tha1 what I am writing you now rcsembles the first letter
which has 1101 becn fuJfillcd so far. This is not the case. For what was said
in the first letter was the awakcner. And this cpistle shall be your guide for
what shall take place in the fut ure in aJl of the rountries, great and smafü
Poland Lithuania and all of Ru sia, Hungary, Walachia, Moldavia, Tar-
tary and the ntire Ottoman Empire, France and all of Germany,
Bohemia, Moravia. and the lands of Prussia, and in ail places where Jcws
live. Woe, woc on this timef On account of what i intended against you
your wives and your children. Those who will be found in their bouses will
be slain in the houses and there will be no one to bury them on account of
the multitude of the corpses, and those in the fields will die in the fields
and the dogs will devour them. I cannot w1ite too much of what is about to
happen to the world; a hint [suffices] for the wise. And if 1 were towritc to
you in detail, therc would not be enough paper.
I aJn informing you that there sha1J be no order [lit. wheel] in the world
until the Law of Moses is·fulfillcd, until they have entered the holy creed
of Edom. ~ wc find that Jacob had promiscd to üau Ler my lord pass
beforc his servant. and I will lead on slowly untiJ I shall corne to my lord in
23
Seir. And as il is written concerning Moses, And Moses dispatthed mes-
(u) Zobar 1 ,6 ab.
(a,) ~n. ,,: 14.
ANNEXE! 255

qui ne savez pas. Ils regardent, mais ne voient pas ; leurs oreilles sont ~!oses ;
leurs cœurs sont lourds ; ils dorment et ne connaissant pas la Torah qu Ils ont
en face d'eux, et ils ne prêtent pas attention, et ils ne savent pas ce qu'ils
voient; ils regardent, mais ne voient pas.
La Torah a élevé sa voix. Regardez, vous autres ! quvrez les yeux et
vous saurez. Personne ne prête attention. N'y a-t-il personne pour tendre
l'oreille? Combien de temps encore resterez-vous dans les ténèbres de votre
malfaisance volontaire? Cherchez à savoir, et la brillante lumière vous sera
révélée en temps utile, etc. 28
Vous êtes assurément sages, et vous savez comment mener bataille à
l'aide d'un arc. Lorsqu'on bande l'arc légèrement, il n'a guère de portée,
mais lorsqu'on le bande avec force et qu'on les tire [les flèches], elle vole
très loin. Sachez donc qu'actuellement, elle se déplace avec lenteur. Vous
devez savoir aussi que le temps a commencé où vous oublierez vos épouses
et vos enfants à cause d'un décret mauvais, car ce dernier vient du Seigneur
Lui-même.
Car tous les empereurs et tous les rois, même dans le royaume de Prusse,
ainsi que tous les ducs et princes du monde entier, vous voueront une haine
extrême. Lorsqu'ils voient un Juif, ils lui crachent dessus; et le plaisir tour-
nera en tourment, et les difficultés viendront, telles qu'on n'en aura jamais
vu dans le monde.
Vous pensez que ce que je vous écris ici ressemble au contenu de la
première lettre, qui ne s'est pas encore accompli. Tel n'est pas le cas. Car
ce qui fut dit dans la première lettre avait pour but d'éveiller. Et la présente
épître vous servira de guide en vue de ce qui va se produire dans tous les
pays, grands et petits : la Pologne, la Lituanie et toute la Russie, la Hongrie,
la Valachie, la Moldavie, la Tartarie et tout l'Empire ottoman, la France et
toute l'Allemagne, la Bohême, la Moravie et les terres de Prusse, ainsi que
partout où vivent des Juifs. Malheur à cette époque ! À cause de ce qu'on a
l'intention de vous faire, ainsi qu'à vos femmes et à vos enfants. Ceux que
l'on trouvera chez eux y seront mis à mort, et il ne se trouvera personne
pour les ensevelir à cause de la multitude de cadavres; et ceux qui seront
dans les champs y périront et seront dévorés par les chiens. Je ne puis trop
en écrire quant à ce qui est sur le point d'arriver au monde; une allusion [est
suffisante] pour les sages. Et si je devais entrer dans les détails, je n'aurais
pas assez de papier.
Je vous informe qu'il n'y aura aucun ordre [littéralement: aucune roue]
dans le monde avant que la loi de Moïse ne soit accomplie, avant qu'ils ne
soient entrés dans la sainte foi d'Edom. Conformément à ce que Jacob avait
promis à Esaü, que mon seigneur prenne les devants sur son serviteur, et je
conduirai [mon troupeau] avec lenteur jusqu'à ce que j'arrive chez mon sei-
29
gneur, à Séir • Et ainsi qu'il est écrit au sujet de Moïse, celui-ci a dépêché
28
Zohar I 161b.
29
Gen. 33 : 14.
JACOB FJlANK AND THE FRANKlST · HEBU:W ZOHARIC UTTERS

sengen to Edom.14 Anyone who is of the Sttd of Abraham, Isaac and


Jacob must follow this holy crttd of Edom. [The Lord comes from Sinaï
and shines forth to them from Seir] and be cornes from bis holy myriads. 25
Through bis holiness there shall shine the primeval light; it shall come as a
sign of the end of lime. You shall make strife.
And it surely be clay, And as the tocs of the feet were pan of iron, and
part of clay, so pan of the kingdom shall be strong and pan thereof bro-
ken. H And 1.say to you that the weak shaU smitc the strong. 11 Werc thcy
wiset they would understand this (1l'D]; they would perceive tbcir end.11
And be signed bis holy name [i.e. Jacob Jozef Frank].
Ff'tffll's Oral MtSS11ft
Also when be left Czestechowa in the year 5585 [ 1772'5] be dispatched
us, the signatories bclow, to a number of towns, to Lublin, Lwow, Brod
and to other towns, as bis embauy. to inform all who fear the Lord that
they ltnow that there will corne a time when ail the Jews will be forœd 'lo
become apostates; for the decrtt bas corne from the Lord Himself, what-
ever the form. And anyonc who shall enter into the sbadow of faithfulneu
of the Housc of the God of Jacob, the God of Jacob will be bis suppon so
that he not losc the worlds. 11 For in his shadow we shall live in the midst of
the nations,11 and you shall not be derisivc lest they tighten your ~ins.
The N,w Masagt
And now. our beloved, the entire House of Israel! Wc wish to inform
you of what the Lord has bestowed upon us, that tlûs ycar. 56o, omitting
the thouaands [ 179ri 18oo); tbere shall be a period of tribulation for the
Jews when each of the messianic pangs about which be (Frank] has written
in bis holy epistlc will be fulfdled. Our hearts lament. For how can we see
the trouble that will befall our people, and the destruction of our birth-
place,31
lt is incumbent upon us to give you the final waming. to do and to ful-
fill what be bas wriuen in bis [Fran1t·,1 holy epi.stle. For therc il $lill hope
for your ultimate end. H Know that now the time bas come, the time to act

<a•> Num. 10: 14. .


(15) Deut. as:•; alto cf. 8ffl- p. S5S ·\\'ben~ atrum btub. and it SUffl)' willt then
salvation will come...
(ri) Dan. 1;41.
(17) a . Joel 4: 10.
(al) Deut. 51:19; cf. Targum Jonathan and Rashi.
(19) Berûot S 1a: thh world and the world to Q>Ole.
(50) Lam. 4: 10.
(s1) F.athet-8:6.
(31) Jtt. -,•a6.
ANNEXE! 257

des messagers à Edom30 • Quiconque est de la semence d'Abraham, d'Isaac


et de Jacob doit suivre cette sainte foi d'Edom. [Le Seigneur est venu du
Sinaï, il s'est levé pour eux de Séir] et il est sorti du milieu des saintes
myriades 31 • À travers sa sainteté brillera la lumière primitive ; elle arrivera
comme un signe de la fin des temps. Vous entrerez en lutte.
Et ce sera assurément de l'argile. Mais comme les orteils des pieds étaient
en partie de fer et en partie d'argile, ce royaume sera en partie fort, et il sera
en partie détruit32 • Et je vous le dis : le faible abattra le fort33 • S'ils étaient
sages, ils comprendraient cela; ils considéreraient la fin qui les attend34 • Et
il a signé de son saint nom [à savoir Jacob Jozef Frank].

Message oral de Frank


Également quand il a quitté Czestochowa en l'an 5533 [1772-73], il nous
a dépêchés en ambassade, nous les soussignés, auprès de plusieurs villes
- Lublin, Lviv, Brod et autres - pour informer tous ceux qui craignent le
Seigneur que viendra un temps où tous les Juifs seront forcés de devenir
apostats; car le décret est venu du Seigneur Lui-même, quelle qu'en ait été
la forme. Et à quiconque entrera dans l'ombre de la fidélité à la Maison du
Dieu de Jacob, le Dieu de Jacob prêtera Son appui pour qu'il ne perde aucun
des deux mondes 35 • Car à son ombre nous vivrons parmi les nations36 , et
vous ne devrez pas .être moqueurs, de crainte qu'elles ne serrent vos rênes.

Le nouveau message
Et à présent, nos bien-aimés, toute la Maison d'Israël ! Nous voulons
vous informer de ce que le Seigneur nous a octroyé, à savoir qu'en cette
année 560, en omettant les milliers [1799-1800], il y aura une période de
tribulations pour les Juifs lorsque se sera accompli chacun des tourments
messianiques au sujet desquels il [Frank] a écrit dans sa sainte épître. Nos
cœurs se lamentent. Car comment pourrais-je voir le malheur qui atteindra
mon peuple et comment pourrais-je voir l'extermination de ma race37 ?
Il nous incombe de vous donner l'instruction finale de faire et d'accomplir
ce qu'il [Frank] a écrit dans sa sainte épître. Car il y a de l'espérance pour vos
38
derniers jours • Sachez que le temps est maintenant venu, le temps d'agir au

30
Nomb. 20: 14.
31
Deut. 33.2; voir aussi Beer, p. 333 : « Quand le cours d,eau se libérera des glaces, ce qui arrivera sans
nul doute, alors viendra le salut.»
32
33
Dan. 2: 42. - NdT: la traduction Crampon emploie l'adjectif «fragile», et non pas «détruit».
Joel 4 : 10.
34
Deut. 32 : 29; cf. Targum Jonathan et Rashi.
35
Berakot 5 : l 2 ; à savoir ce monde et le monde à venir.
36
Lam. 4 : 20.
37
Esther 8 : 6.
38
Jer. 31 : 16.
BEN ZIO~ WACHOLOER [8]

on behalf of the Lord: abolish thy Torah. 33 And this is also what the sages
of blessed mcmory meant by (the son of David will not corne] until the
entire kingdom shaU turn [to apostasy];U when ail of [the leper's skin]31
turned white then he, the Ieper, was declared pure and his servants pure
as well, as is cxplaincd in the book Seror Hamor. 31 ·

The timc has arrived of which Jacob promised, ..1 shall corne to my lord
in Seir.'' For up until now we have not found that be bas gonc [to Scir]. For
our holy lord Jacob, the most perfect of ail, thechosen of the patriarchs,17
unîtes the two sides. lt is hc who is the bar [bridgc]st from one extremc to
the ultimate extrcme, and the ultimatc is the most beloved. He (Frank]
who lies in the ground shaJl risc up31 to say, Risc, 0 Virgins of lsracl. 40
Surcly he is not dcad. For it is he who has lcd us on the path of truth to the
holy creed of Edom. For anyone who is of the seed of Abraham, Isaac and
Jacob must follow the path that they showed. For thcy [the patriarchs]
show the way by which their childrcn shall walk at the end of days. 41 Like
Abraham who wcnt to Egypt41 and Isaac who wcnt to Abimelcch, and
Jacob. the chosen of the patriarchs. who wcnt from Beer Sheba- hc went
forth from the state of faithfulness [i.e. from the land of Israel] And be
went to Haran, 43 the other [evil] domain. 44 For ncccssarily in the places
that are most sinful there you will find redemption, as it is cxplaincd in the
Zohar.
And there hc reachcd the well and found Rachel,•• and rolled the rock
away front the mouth of the well; and came to Laban and he became bis
servant, and chose his [Laban's] portion and lot. 4' Then be went to Esau,

(33) Ps. 119: 1a6; allo Rashi on this venc and Mishna Bernot g:5. The Muordic ~xt
roda l,efm, which mana "they voided." which the nbbi transformed into an imperative
r~.a<ling, Aafm,., abolàsh t Il il in the rabbinic sente lhat Frank understood the •use. Scholem,
however, (nott I or introduction) rendered the phrase •they have made void thy law ...
(34) Sanb. 97a.
(!5) Ln. •~: .,.
(S6) $mw H•..,. by Abraham Saba, Venice •s66 (printed faaimile Brooklyn 1g6o) vol.
5, Leviùc\ls, col 91.
(~7) Zohar Gennia as&t.
(58) B«r (1tt now , of (omrMntary) undersaands tlus to .m nn t.hat Frank saved to link
Judaism and Chrisûanity.
(39) Job 19:15.
(40) No such SttipturaJ referenœ.
(◄ a) 1Ahar ~llftb • 47b.
(41) Zohar Ge~ 148a.
(4!) Gcn. 18:10.
(44)Zohar GenêSÎs 147a.
(4s)Rachel wu th~ jewish name of Frank·• daugh,er, better know-n by ha- bapdsanal
name, Eva. alluded to below.
(46) Zohar ~nesi~ 161 b. ·
ANNEXE! 259

nom du Seigneur : abolissez votre Torah39 • Et c'est aussi ce que les sages de
bienheureuse mémoire voulaient dire par [le fils de David ne viendra pas] avant
que le royaume entier n'ait viré [à l'apostasie ]40 ; quand toute la [peau du lé-
preux]41 sera devenue blanche, lui, le lépreux fut déclaré pur, et ses serviteurs
furent déclarés purs aussi, comme il est expliqué dans le livre Seror Hamor4 2•
Le temps est venu où doit s'accomplir la promesse de Jacob: «Je viendrai
vers rµon seigneur à Séir». Car jusqu'à présent, nous n'avons pu constater
qu'il fût venu [à Séir]. Car notre saint seigneur Jacob, le plus parfait de tous,
l'élu d'entre les patriarches43 , unit les deux côtés. C'est lui qui est la barre
[le pont] 44 entre un extrême et l'extrême ultime, celui-ci étant le plus aimé.
Celui [Frank] qui git sur le sol se lèvera45 pour dire Levez-vous, Ô Vierges
d'Israël 46 • Il n'est assurément pas mort. Car c'est lui qui nous conduira sur la
voie de la vérité, vers la sainte foi d 'Edom. Car quiconque est de la semence
d'Abraham, d'Isaac et de Jacob doit suivre la voie qu'ils ont montrée. Car ils
[les patriarches] montrent la voie que leurs enfants doivent suivre jusqu'à la
fin des temps 47 • Comme Abraham qui est allé en Égypte48 , comme Isaac qui
est allé vers Abimélec, et pomme Jacob, l'élu des patriarches, qui est parti
de Bersabée, c'est-à- dire de la terre de la fidélité [celle d'Israël], pour se
rendre à Harân49 , l'autre domaine [celui du mal] 50 • Car c'est forcément dans
les lieux les plus peccamineux que vous trouverez la rédemption, ainsi qu'il
est expliqué dans le Zohar.
Là, il trouva le puits et rencontra Rachel5 1, et il fit rouler la pierre pour dé-
gager l'ouverture du puits; et il vint à Laban dont il fut le serviteur, et il choi-
sit sa part et son lot [de Laban]5 2• Puis il alla à Esaü, mais sa tâche n'était pas

Ps: 119 ~ 126; s~r ce vers, voir aussi ~ashi et Mishna Berakot 9 : 5. Le texte mésotérique dit heferu, qui
3
~
s1~mfie « lis ont vidé!>,_ce que les rabbms ont ~nsformé en une formule _impérative, haferu, abolissez!
C est en ce sens rabbm1que que Frank a compns le vers. Scholem, toutefois (cf. note 4 de l'introduction)
a rendu ce passage par « ils ont annulé Votre loi».
40
Sanh. 972.
41
Lév. 13: 13.
42
Seror Hamor, par Abraham Saba, Venise 1566 (facsimilé imprimé à BrookJyn en 1960), vol. 3. Lévi-
tique, col. 92.
43
Zohar - Genèse 1562.
44
Beer (voir la première note du commentaire) interprète cela comme signifiant que Frank a servi à unir
le judaïsme et le christianisme.
45
Job 19: 25.
46
Pas de référence scripturaire.
47
Zohar- Genèse 147b.
48
Zohar - Genèse 148a.
49
Gen. 28: 10.
so Zohar - Genèse 14 72.
51
Ra~hel é~it le ?om juif de la fille de Frank, mieux connue sous son nom de baptême Eva, comme il y
est fait allus1on ci-dessous.
52
Zohar - Genèse 161 b.
(9] JACOB FRANK AND THE FRANKISTS: HEBREW ZOHARIC LETTERS

· but bis wk has not yet been finished. He bas rollcd away the rock, but he
has ( not) replaced it, the rock, as yeL And he has not gonc unto Seir. For
ail this was only a prcparation, to tcach the way of Jacob [Frank] the most
perfect of all, in the end of days. As it is written in the Zohar, Jacob,
Jacob," the firstjacobis pcrfcct; the lastjacob[Fraok] is the most perfcct
of all! And be will completc cverything.
As it is wriuen in the Zohar, thcre is a son of man Uacob Frank] in the
form of Adam. and a woman in the form of E\'e (Eva Frank). 41 And they
shall act cunningly and wisely for the sakc of the Lord. etc. l t is incumbcnt
upon U$ to follow his paths, for the paths of the Lord are straight and the
righteot.1$ wallt in them. This also is the meaning of MG.Sa dwna. •• And the
bean may not rcveal it to the mouth. But it is writtcn: Thus thou shalt lcad
the blind in the way which tbcy do not know and in the paths which thcy
do not undentand I shall make thcm go. 1 shall makc. light in.thcir dark-
ness and their crooked ways into a straigbt path.H And this explains why
Jacob rendered honor to bis Lord.11 From thcn on: The lord when you
. go fonh from Seir, whcn you step forth Crom F..dom11 [will be fulfdled.)
And alao: Who is it that is coming from Edom, etc. [will be fulfillcd]13 as it
is written in the Tanna tkl,, EliyaAu: ln the end of time the angels 1hall be
scarching for the Lord. The sca will say, He is not witb me, and the depths
will say, He is not with meeither. Where will they fi'nd Him? ln Edom, as it
is written, who ahall come fortb from Edom?14 Whoever shall follow him
into the holy creed and ding to the House of Jacob will find protection in
His shadow, we will live among the nations;" and as it is f unher written.
Let us go up to the mountain of the Lord. to the Housc of the Gocl of
Jacob,.and He wiU tcach us of His ways, [and we will walk in His pat.lu. For
out of Zion ahall go fonh Torah and the word of the Lord from
jcrusalem]... For it il a lengthening of tife for those who find them.
[Torah].11 They shall merit to be among those who cling to the Lord,11 as
it i writtco, And thcre you shall seek the Lord your God. and there you

<•n> Zohar Leviticua .,aa.


(48) Cf. Zohar Genai5 a86b.
(49) la 11a 1.
(50) ha. 41: a6.
(51) Zohar Cenesil 161b.
(51) Jtadga 5~4.
(5s) la &,: •·
(M) s• ~ Z• Ch. 19- Friedman ed. (1901) PP· 18, ag.
(55} Lam. 4:10.
<&6> ha. 1:s alludlng ao Jacob Frank..
(57) Prov. 4:tt.
(si) Cf. Deul- .f :4.
ANNEXE! 261

encore finie. Il a fait rouler la pierre, mais ne l'a [pas] encore remplacée. Et il
ne s'est pas rendu à Séir. Car tout cela n'était qu'une préparation pour ensei-
gner la voie de Jacob [Frank], le plus parfait de tous, à la fin des temps. Comme
il est écrit dans le Zohar, Jacob, Jacob53 , le premier Jacob est parfait; mais le
dernier Jacob [Frank] estleplusparfaitdetous ! Etilcomplèterachaquechose.
Ainsi qu'il est écrit dans le Zohar, il existe un fils de l'ho~e [Jacob
Frank] sous la forme d'Adam et une femme sous la forme d'Eve [Eva
Frank]5 4- 55 • Et ils agiront avec ruse et sagesse pour le compte du Seigneur, etc.
Il nous incombe de suivre ses voies, car les voies du Seigneur sont droites,
et les justes les suivent. Tel est aussi le sens de masa duma5 6 • Et le cœur _n e
peut le révéler à la bouche. Mais c'est écrit : Je conduirai les aveugles par
un chemin qu'ils ne connaissent pas, je les mènerai par des sentiers qu'ils
ignorent, je changerai devant eux les ténèbres en lumière, et les lieux mon-
tueux en plaine57 • Et cela explique pourquoi Jacob a rendu honneur à son
Seigneur5 8• Dès lors : Seigneur, quand tu sortis de Séir, quand tu t'avanças
des campagnes d'Edom59 [s'accomplira]. Et aussi: Qui est celui-ci qui vient
d 'Edom, etc. [s'accomplira]60 , comme il est écrit dans le Tanna debe Eliya-
hu : À la fin des temps, les anges chercheront le Seigneur. La mer dira : Il
n'est pas avec moi ; et les abysses diront : Il n'est pas avec moi non plus. Où
Le trouveront-ils? À Edom, comme il est ·écrit, qui viendra d'Edom61 ?Qui-
conque le suivra dans la sainte foi et restera attaché à la Maison de Jacob
trouvera protection dans Son ombre, sous laquelle nous vivrons parmi les
nations62 ; et comme il est encore écrit, Venez et montons à la montagne du
Seigneur63 , à la maison du Dieu de Jacob, Il nous instruira de Ses voies [Et
nous marcherons dans ses sentiers. Car hors de Sion s'avancera la Torah,
ainsi que la parole de Dieu depuis Jérusalem] 64 • Car elle est la vie pour ceux
qui la trouvent [dans la Torah]65 • Ils mériteront d'être parmi ceux qui sont at-
tachés au Seigneur66 , comme il est écrit: De là Vous chercherez le Seigneur,

n Zohar - Lévitique 138a.


>' Zohar - Genèse 186b.
ss NdT : Il est frappant de voir Frank. non seulement se désigner comme étant « le fils de l'homme»,
expression par laquelle Jésus-Christ se désignait Lui-même: Satan est décidément le singe de Dieu. Il
est frappant aussi que Frank se constitue en nouveau couple originel avec sa fille ( ... ).
S6 Is. 21 : 11.
s7 Is. 42 : 16.
ss Zohar - Genèse 161 b.
59 Juges 5 ~ 4.
60
1s. 63 : 1.
61
Seder Eliyahu Zuta Ch. 19. Friedman éd. (1902), pp. 28 et 29.
62
Lam. 4: 20.
63
~dT: J'ai systématiquement s~bstitué au nom «Yahweh», employé par le chanoine Crampon, le mot
Seigneur(= Adona(), que les Juifs préfèrent employer pour désigner Dieu, car ils évitent de L'appeler
par Ses noms.
64
ls. 2 : 3, faisant allusion à Jacob Frank - NdT : ceue dernière affirmation est absolument re.nversan~
surtout lorsqu'on sait qu' lsaïe est le prophète qui a annoncé la Passion du Christ. et de quelle manièr~
frap~ante ! Il y~ donc ici, ~n quelque .sorte, substitution de Frank à Notre Seigneur, l'intéressé étant
pratiquement érigé en Mess te ( ... ) ...
65
Prov. 4 : 22.
66
Deut. 4 : 4.
2 74 K[S ZION WAC:HOL0 ER [ 10)

shall find Him if you seek Him with ail of your heart and ail of your soul. 59
From there nece§Sarily, sine~ through darkness light is known,• 0 as it is
written: Even when I clweU in dark11ess, the Lord is my light. •• And soon
you will merit the consolations He bas promised us through His servants,
the Prophets. Whoever enters the Hou~ of Jacob [Frank] will cenainly
find the well of living waters.
Our beloved! Know that had we wanted to write everything in dctail
therc would not be enough paper. Wc have mercly \\'ntten a bit of the
hidden; give a little bit to the wise and he [they] will bccome even wiser. 82
For in all Scripture as well a~ in all the anàent books, you will fmd that
we possess the truth and you will truly know thatit is nota vain matter. Pay
dose attention and you will findI
If you are willing and asscnt to our wor<h13 to carry out what he wrote
in his holy episde, the God of Jacob will be your support/" and He will
guard you from all cvil and from ail the Messianic pangs. And you shall
merit the enjoyment of the land of Jacob,85 an inheritance that has no
bounds." And goodncss will be yours forever. And let me concludc with
[the blessjng of] life.
Franciszek Wolowsky, formerly named Shlomo ben Elisha Shor of
Ruhatin
Michael Wolowsky. formerly named Nathan Nata ben Elisha of
Ruhatin
Jerzedrzy Ocmbeitz formerly named Yeruham ben Haniniah
Llppman of Czortkow

COMMENT ARY
First Lftter
Beforc the address proper, the leuer begins with a bJessing, uHc ~ho is
t~e master of pcace etc.'' This points towards the midlël$hic interpreta-
uon of the .. Song of Songs by Solomon.. 1: 1 (lisl&lomo is interpreted as lnii
m,l&ashalont slulo. 1 i.e .. God). Herc it functions as an invocation of the
Deity.
(69) De-ut. 4:1g.
(6o) Zohar ~nais 161 b.
(61) Apparent! not in Scriptur~.
(62) Prov. 9:9.
(63) Isa. a: 19.
(f>.t) Cf. ~ 146~5.
(65) Isa. sS:14: Cf. Rashi ad t«v,,,, and Bavli Shabbat 118a.
(66) l.am. , :, .
. N~~C--,,tary
(,) Madrash Rabbah. Song of Sonp 1: 1. Rashi oJ l«v•.
ANNEXE! 263

ton Dieu, et tu le trouveras, si tu le cherches de tout ton cœur, et de toute


ton âme 67 • De là nécessairement, car c'est par les ténèbres qu'est connue
la lumière68 , ainsi qu'il est écrit: Bien que je demeure dans les ténèbres, le
Seigneur est ma lumière69 • Et vous mériterez bientôt les consolations qu'il a
promises par le truchement de Ses serviteurs, les Prophètes. Quiconque entre
dans la maison de Jacob [Frank] y trouvera sûrement le puits des eaux vives.
Nos bien-aimés! Sachez que si nous avions voulu tout écrire en détail, le
papier nous aurait manqué. Nous avons seulement écrit une petite partie de
ce qui est caché : donne un peu au sage, et il deviendra plus sage 70 •
Car toutes les écritures et tous les livres anciens vous apprendront que
nous possédons la vérité, et vous saurez vraiment que ce n'est pas une chose
indifférente poli! vous. Prêtez attention, et vous trouverez !
Si vous suivez de bon cœur nos paroles71 , pour accomplir ce qu'il a écrit
dans sa sainte épître, le Dieu de Jacob sera votre soutien72, et Il vous gardera
de tout mal et tous les tourments messianiques. Et vous mériterez de jouir
de la terre de Jacob 73 , un héritage qui n'a pas de limites. Et la perfection sera
vôtre à jamais. Je conclurai par [la bénédiction de] la vie.
Franciszek Wolowsky, anciennement appelé Schlomo ben Elisha Shot,
de Rohatyn
Michael Wolowsky, anciennement appelé Nathan Nata ben Elisha, de
Rohatyn
Jerzedrzy Dembeitz, anciennement appelé Yeruham ben Haniniah
Lippman, de Szortkow.

COMMENTAIRE

Première lettre
Le texte de la lettre est précédé d'une bénédiction : « Celui qui est le
maître de la paix,etc. » Cela évoque l'interprétation midrashique du « Can-
tique des Cantiques de Salomon» (1 : 1) (lishlomo s'interprète comme /emi
shehashalom she/0 14, c'est-à-dire Dieu). Et cela fait ici office d'invocation
de la Divinité.

67
Deut. 4 : 29.
68
Zohar - Genèse 161 b.
69
Pas de référence scripturaire apparente.
70
Prov. 9 : 9.
71
1s. l : 19.
72
Ps. 146: 5.
73
1s. 58 : 14 : cf. Rasbi ad locum et Bavli Shabbat 118a.
74
Midrash Rabbah, Cantique des Cantiques 1 : l, Rashi ad locum.
{11] JACOB FRANK ASO THE FRA KISTS: Hf.BREW lOHARIC I.E"l l::RS

"The en tire House of lsraer: this is a standard formula th roughout the


document drawing a distinction bctwccn Israel and ythudi, using the latter
in a pejoraùve sense. 2 Hungary was an important ccnter of the Frankist
movement.' Thcre is good reason to believe that similar letters were
addressed to other Frankist enclaves. Morcover, the writcrs no doubt
hoped to auract adherents from the general Jewish population. ln a
sense, therefore the lcttcr was dcsigncd for propagandistic cffect. The
two introductory lines to the body of the first lettcr (lines 3-4 page 1) arc
concise, containing the clcmcntal information of whcn and whcrc Frank
wrotc the epistlc and to whom it was addressed. By choosing the letten of
1767 and 1768 rather lhan any olher message that Frank promulgated
throughout his activities, the writcn scem to point to their unusual signifi-
cance. lt would seem that these lcucrs signalled a new turn in Frankist
a
dogma. Apparently 1767 marked reevaluation of Frank's intellectual
dependcnce upon the Shabbatcan movement, commencing with a procla-
mation of Frank's own role as the prophct of lsracl. lt is worth noting that
1767 was a year of political turbulence in Poland. What nceds emphasis is
that the entire document contains no apparent allusion to the
Shabbateans or their doctrine which had been instTUmcntal in the
launching of the Frankists. The introductory sentcnœ points out that the
letter was composed while Frank was in detention which had begun in
176o in the Roman tower (Jasna Gora) of Czcstochowa in Poland. The sig-
nificance of this point ~ems to be that hc was a captive of Rome, i.e., Esau.
This theme is fully developcd in the body of the document. TM authors
ltrel$ that lhe wording i quotcd verbatim: thcse are his sacred words."•
0

1-..rank's two letters conflatc biblkal and Zoharic quot2tions with bis own
words. But the citations, whcther from Scripturc or l.ohar, are rarely let•
t~r perfect.1 He adds or subtnacts in order to focus upon his own message.
though sornetimes the changes may be attributable to imprecise memory.
At any rate, accuracy of citation did not appear mandatory. The biblical
and Zoharic references given in this article are therefore not intcnded to
convey exactitude. but n1ther act as a general guide to the author•s intel•
lectual baggage. lt is important to remember", howcvcr. that Frank•s inter-
est wu not in sources f>er u, but only insofar as they served to fr.tme- his
own message.
Whcn Frank speaks in the first penon or constnicts bis own wording.
the style is apocalypùc, rcminiscent of the prophetic formulations found
(1) -M
a::s, 1~17 ,wa,11.; 1:u. ,:3. t:g. 1:14~•~18-.,,..,..
(5) Genhom Scholetn. •franl.Jacob... B...,.,,...J""'--, Vol. 7 col. 57.
(4) , ....
(~ ,~ 16. t: ,&--to.
ANNEXE! 265

« Toute la Maison d'Israël» : telle est la formule standard qui, tout au long
du document, établit une distinction entre Israël et les yehudi, ce dernier terme
étant employé dans une acception péjorative75 • La Hongrie était un centre
important du mouvement frankiste 76 • Il y a donc de bonnes raisons de croire
que des lettres analogues ont été expédiées à d'autres enclaves frankistes. En
outre, les rédacteurs espéraient sûrement attirer des adhérents appartenant à
donc ici, en quelque sorte, substitution de Frank à Notre Seigneur, l'intéressé
étant pràtiquement érigé en Messie. ( ... ) ... l'ensemble de la population juive.
En un sens, par conséquent, la lettre était conçue aux fins de propagande. Les
deux lignes d'introduction précédant le corps de la première lettre (troisième
et quatrième ligne de la page 1) sont concises et contiennent des informations
de base sur le moment et le lieu où Frank a écrit l'épître, de même que sur les
destinataires de celle-ci. En choisissant les lettres de 1767 et.1768 de préfé-
rence à tout autre message que Frank avait diffusé durant sa période d'activité,
les rédacteurs ont probablement mis l'accent sur l'importance exceptionnelle
de ces textes. Les deux lettres semblent, en effet, marquer un nouveau tournant
dans le dogme frankiste. Apparemment, ~l y a eu en 1767 une réévaluation de
la dépendance de Frank par rapport au mouvement sabbatéen, à commencer
par une proclamation du rôle de Frank en tant que prophète d'Israël. Il est bon
de noter que 1767 fut une année de turbulences politiques en Pologne. Ce qu'il
importe de souligner, c'est que le document ne contient aucune allusion claire
aux sabbatéens ou à leur doctrine, qui avait pourtant été utile au lancement
du mouvement frankiste. Il ressort de la phrase d'introduction que la lettre a
été rédigée tandis q4e Frank étant en détention, laquelle avait commencé en
1760 dans la tour romaine (Jasna Gora) de Czestochowa, en Pologne. Cette
précision est importante, car elle indique que Frank était alors captif de Rome,
c'est-à-dire d'Esaü, thème pleinement développé dans le corps du document.
Les rédacteurs insistent sur le fait qu'ils citent Frank textuellement : « Telles
sont ses saintes paroles» 77 • Les deux lettres confondent des•citations bibliques
et zohariques avec les propres paroles de Frank. Mais ces citations - qu'elles
soient tirées de l 'Écriture ou du Zohar, sont rarement fidèles à cent pour cent7 8,
car l'auteur effectue des ajouts ou des soustractions pour mieux faire ressortir
son propre message, bien que ces variations puissent parfois être attribuées
à une mémoire imprécise. En tout état de cause, l'exactitude des citations ne
lui semblait pas obligatoire. Les renvois bibliques et zohariques figurant dans
cet article ont donc pour objet non d'être exacts, mais de guider le lecteur
dans le bagage intellectuel de Frank. Il importe cependant de se rappeler que
Frank s, intéressait aux sources non pour elles-mêmes, mais uniquement dans
la mesure où elles servaient de cadre à son message.
Lorsque Frank parle à la première personne ou construit son discours, le
style est apocalyptique et rappelle les formulations prophétiques trouvées
75
1 :3, 2 :27 - bet yusra 'el; l :21, 2 ;3, 2 :9, 2 :24, 2 :28 - yehudi.
76
Gershom Schol~m. « Frank, Jacob», Encyclopedia Judaica~Vol. 7, col. 57.
77
1 : 14. - NdT : A p~ir d'ici, les notes en bas de page ne comportant aucune lettre et ne se pré:SCDtant
que sous forme de cb1ffres ~exempl;e s: 1 :5-6 ou 2 :8) renvoient à la première ou à la seconde épître de
Jacob Frank (1 et 2), les chiffres suivants renvoyant aux lignes du document.
78 1 :16 : 2 :IR-20.
BEX ZION WAC:HOLDER [ 12]

in the Dead Sea Scrolls or in apocalyptic wrirings. Occasionally he


becomcs apologetic. but at all times he repeats the old tradiùon that the
messianic era would be preccdcd by an immense catastrophe.• But Frank
does contribute something ncw. This is the need to be circumspect. Hr
addresses bis followers harulozim bt>orlwta• (shrcwd in their ways),
allucling to Proverbs 2: 15. 7 Before concluding, Frank writes that he would
have liked to speak at greater length,1 but was, under the circumstances,
constraincd not to do so. lt is clcar that Frank was alluding herc to a
message which he would not, or perhaps could not, divulge in writ~ng, cvi-
dcndy because he cxpected his messages to be in1erceptcd by the C";atholic
Church or by his Jewish enemies. The absence of direct speech frcquently
obfuscates the understanding of man y phrases. But this obfuscation,
though part of the then current style. may have bccn intcntional. 1t would
seem that Frank uses rhe language of the Zohar as a code.
Frank cmploys different styles of writing for different parts of the let-
ter. Assertions that urge the Jews to be baptised are formulated in simple
Hebrcw which would have been understandable to the Catholic censors.
But rcferences to thr ulùmate destruction of Christianity arc couchcd in
abstruse Hebrew or Aramaic lines that only bis lcarncd disciples couJd
dccipher . .For example, the Aramaic in lin~s 15-16 page 1 are seemingly
incohercnt. But an analysis of thosc phrases shows that thcy recall the
midrashic intcrprctation of va,;tro,,,u ~rlJah which is in Gcnesis
25:22,25 ...Thcchildren pressed hard on cach othcrin herwomb, and she
said, ·1f this is how it is with me, what does it mean ?' So she went to seek the
guidance of the Lord. The Lord sai" to her, 7wo nations are in your
womb. two ~oples, going thcir own ways from binh. One shall be
stronger than the other; the older shaH be a servant to the younger ..... The
tradition interpreu these lines as the beginning of the struggle between
the descendants of Jacob and Esau. i.e. Edom in our letter; a struggle
which originated in Rcbccca•s womb and which will end i.n meuianic timc
with lsrael's victory. •• Frank seems to hint herc at what bccomcs clcarcr in
the second letter: the baptism of the Jews constituted part of the mcssianic
pangs necessary to effect the ultimate downfall of Christianity, 11 which is
refcrrcd to throughout the document as Edom.

(6) Cf, MaJachi 4:5.


(7) 1;5.
(8) 1 :9.
(9) ··tach of tM twins wu eager to Ilay the otber.• ~ais Rabbah &,, 6, page 68a,
Albeckon~.
(10) Cf. Targum Jonathan and Nachmanida on Genesâs 15:u.1s.
( 1 •) IJ~ - pangs. 1:a8, 4: 10. Scholem (note a to introduction) argua that in w
episd~ Edom 11 not to be rr~red as a rtterenc.e to Onisûanity but to Frank·, own new
ANNEXE! 267

dans les manuscrits de la mer Morte ou les écrits apocalyptiques. L'auteur


devient apologétique à l'occasion, mais à tout moment, il répète la tradi-
tion ancienne selon laquelle l'ère messianique sera précédée d'une immense
catastrophe79 • Toutefois, il apporte bel et bien quelque chose de nouveau
en mettant l'accent sur la nécessité de se montrer circonspect. Il s'adresse
à ses disciples comme à des hane/ozim be 'orhotam ( ceux dont les sentiers
sont tortueux), citant ainsi Proverbes 2 : 15 80 • Avant de conclure, il écrit qu'il
aurait aimé en dire davantage 81 , mais que les circonstances l'obligent à s'en
abstenir. Il fait là clairement allusion à des choses qu'il ne veut ou ne peut
divulguer par écrit, manifestement parce qu'il craint que l'Église catholique
ou ses ennemis juifs n'interceptent ses messages. L'absence de discours
direct obscurcit le sens de nombreuses phrases. Mais cet obscurcissement,
quoiqu'inséparable d'un style alors courant, était peut-être intentionnel82 • Il
semble que Frank utilise la langue du Zohar comme un code.
Frank varie de style d'écriture d'une partie du document à l'autre. Ses ex-
hortations aux Juifs pour qu'ils se fassent baptiser sont formulées en un hé-
breu basique qu'auraient pu comprendre d'éventuels censeurs catholiques.
Mais ses allusions à la destruction ultime du christianisme sont formulées
dans un hébreu abscons ou dans un araméen que seuls ses disciples érudits
étaient capables de déchiffrer. Par exemple, le libellé des quinzième et sei-
zième lignes en araméen de la page 1 semble incohérent. Mais une analyse
de ces phrases montre qu'elles constituent un rappel de l'interprétation mi-
drashique du vayitrosesu beqirbah, qui figure dans Genèse, 25 :22, 23 : « Les
enfants se heurtaient dans son sein, et elle dit : "S'il en est ainsi, pourquoi
suis-je enceinte?" Elle alla consulter le Seigneur; et le Seigneur lui dit :
"Deux nations sont dans ton sein; deux peuples, au sortir de tes entrailles,
se sépareront; un peuple l'emportera sur l'autre, et le plus grand servira le
plus petit83 ."»La tradition interprète ce passage comme le début de la lutte
entre les descendants respectifs de Jacob et d'Esaü, lequel désigne Edom
dans la lettre en question; cette lutte a pris naissance dans le sein de Rebecca
et s'achèvera dans les temps messianiques par la victoire d'Israël84 • Frank
semble suggérer ici ce qui devient clair dans sa seconde lettre, à savoir que
le baptême des Juifs s'inscrit dans les tourments messianiques qu'il faudra
subir pour rendre possible l'effondrement ultime du christianisme85 , désigné
partout dans le document sous le nom d 'Edom.
79
Cf. Malachi 4 : 5.
80
1 : S.
81 1 : 9.
82
NdT : cest à cet ésotérisme - propre à toutes les sectes poursuivant des buts inavouables - que Ion recon-
naît q~'un message est vicié. C'est lu~ q~i, a c.ontrario, fait tout le prix de lexotérisme traditionnel de l'Église
catholique, dont les apôtres et les m1ss10nna1res ont toujours avancé à visage découvert, quoi qu'il dût leur
en coOter.
83
<<Chacun des jumeaux avait envie de tuer l'autre.» : Genèse Rabbah 63, 6, page 682; Albeck sur vayitrosesu.
84
Cf. Targum Jonathan et Nachmanides sur Genèse 25 :22, 23.
85
Havalim - tourments, ~ :28, 4 :10. Scholem (première note de l'introduction) soutient que dans la
lettre, le nom Edom renvoie non pas au christianisme, mais à la nouvelle religion personnelle de Frank,
J COB fRANK AND THE FRANKIST : HEBREW ZOHAlllC LETI.ERS

The rcbelling nation, "a nation is about to ttbcl [against] the nation of
the sons of Edom with a baulc cry as the king presses against the other
king,'' 11 refers to the descendants of Jacob who will be rising against the
nation of Edom. i.e. Rome. Herc Frank faits to statc the victor, relying on
the rcader's awareness that the older, i.e., üau, will submit to the
younger, i.c ..,Jacob. u To makc doubly sure that the Zoharic me~ge will
be undcrstood as a code, Frank concludes with a statement paraphrasing
Daniel 12: 1o .. Let them purify thcmselves and make themselves clean and
white," and, "the wickcd will not undentand but thosc of real understand-
ing will know ." Thi5 i1 to say that Frank was writing with cunning in
addrcssing two ~udienœs, those who could understand simple Hebrew
only, and othen who possessed a key to the hidden mcaning. Put in plain
language, Frank says that anyone who is truly a descendant of the patri-
archs must undergo baptism in order to merit the con50lations
announccd by the prophets of old. But for the discerning. be announces
Jacob's ultimate victory over Esau on the way to Zion. This appcars to be
the meaning of the statement that "anyone who acœpts the faith of Rome
... will merit the consolations promised by lsaiah and alJ the prophecs." 1•
Convcnion to Christianity was a ncœssary, if cvil, prettquisitc for Israers
redemption.
FranJc•$ S,cond utln
What is implicit in the first lcncr becomcs expliàt in the second. Frank
begins with an_extensive quotaùon from the Zohar 1, 161 b which beœmcs
the leitrnotif of his own mcsaagc. ln the Zohar. the pas.sage aerves as a
comment on Genesis so:57 (°Thereupon Jacob took fresh rods of white
poplar '), a verse that reveala how the patriaTCh outwitted Laban. for the
author ofthc Zohar, tbis serves as an introduaion to the problem of why
Scripturc deala al length with matten that 1ttm inconsequential or even
debasing? (e.g., Jacob's brttding of spoued shffp). The answer, accord•
ing to the Zohar, is that the 1toriea of Jacob are but modela of what will
happen in the end of day1. Jacob, while io Har-•n. felt it necessary to auc-
cumb to idol wonhip. 11 but repudiated it upon his return to the Holy
Land. Acoording to Frank, when Israel is in plut it <>ught to foOow the

creed.. TWI obtcu.r a tM dif(ermct bttween appearanœ aod reali1y in the lcttff. Frw•s
aDUliom to Edom were intended to give an appearanœ that his followen ougbt to acœpa
Cbrudanity. To be aure, tlùs w• only a trick to mislead che authoritin.. ln Frank·, aaked
fàth, Edom, i.e... Ouistianity, will be ddat~d.
(H) 1:1 ..
( a!) a. Genais •~=
(14) 1:18. 19,
1, aod traditional c;ommenwy.

hs) cr.
GeMIÏI s~•-
ANNEXE! 269

Le passage « Une nation est sur le point de se rebeller [contre] la nation


des fils d 'Edom avec un cri de guerre, tandis que son roi marche sur l'autre
roi »86 renvoie aux descendants de Jacob, qui se lèveront contre la nation
d 'Edom, c'est-à-dire Rome. Frank omet ici de désigner le vainqueur, s'en
remett~nt à la sagacité du lecteur, censé savoir que c'est le plus vieux, Esaü,
qui se soumettra au plus jeune, Jacob 87 • Pour s'assurer doublement que le
message zoharique sera compris comme étant codé, Frank conclut en para-
phrasant Daniel 12 : 10 : « Qu '_ils se purifient et se blanchissent» et« Mais nul
méchant ne comprendra, seuls les intelligents sauront vraiment». Autrement
dit, Frank écrivait avec ruse à l'attention de deux catégories de lecteurs :
ceux qui ne comprenaient que l'hébreu basique et ceux qui possédaient la
clé du message caché. Dit en termes simples, Frank soutient que quiconque
descend authentiquement des patriarches doit se soumettre au baptême pour
mériter les consolations annoncées par les prophètes de l'ancien temps.
Mais à l'intention de ceux qui comprendront, il annonce la victoire ultime
de Jacob sur Esaü sur la route de Sion. Tel semble être le sens du passage
« Quiconque accepte la foi de Rome [ ... ] méritera les consolations promises
par Isaïe et tous les Prophètes88 ». En résumé, la conversion au christianisme
- quoique détestable - est une condition préalable à la rédemption d'Israël.

Seconde lettre de Frank


Ce qui était implicite dans la première épître devient explicite dans la
seconde. Frank commence par une longue citation de Zohar, 1, 161 b, qui
devient le leitmotiv de son propre message. Dans le Zohar, ce passage sert
à commenter Genèse 30 :37 («Jacob prit des baguettes vertes de peuplier,
d'amandier et de platane»), vers qui révèle comment le patriarche s'est mon-
tré plus malin que Laban. Pour l'auteur du Zohar, cela sert d'introduction
au point de savoir pourquoi }'Écriture traite longuement de questions qui
semblent anodines ou même dégradantes (par exemple, l'élevage par Jacob
de brebis tachetées). La réponse, selon le Zohar, est que les histoires de Ja-
cob ne sont que des modèles de ce qui se produira à la fin des temps. Jacob,
quand il est à Harân, ressent la nécessité de succomber à l'idolâtrie89 , mais
il abjure cette dernière une fois rentré en Terre Sainte. Selon Frank, Israël,
lorsqu'il est en galufO, doit suivre la résignation des patriarches à partager

ce qui obscurcit la distinction entre apparence et sens réel de l'épître. En fait, les allusions de Frank
à Edom visaient bien à fa~e croire que ses disciples devaient accepter le christianisme, ce qui était
assurément une astuce destmée à tromper les autorités. Dans la religion exaltée de Frank, Edom _ Je
christianisme - sera vaincu.
86
1 :14.
87
Cf. Genèse 25 : 13 et les commentaires de la tradition.
88
1 :18, 19.
89
Cf. Genèse 35: 2.
90
Ndî : en exil.
ftt:~ ZION WA< :HOLOER

patriarchs' willingness to share in the beliefs and practices of the pagan


nations. But he insists that be is God's instrument through whom Israel
will be redeemed. 11 ln the first letter, hè announce.s himself as the
prophet to whom God has revealed the s«Tet that redemption was
approaching, provided that certain conditions were met. The Zoharic
quotation at the beginning of the second letter repcau the same daim
implying that he heard a heavenly voice that no one else perceived. 17 The
voice was powerful and ought to have been audible to everyone but the
people. on account of their sinfulness, were in a deep trance, hearing
nothing. 11
Frank urges action to hasten redemption. lt was through him that the
people would awaken from their slumber and hcar the heavenly voice of
the Torah that was descending upon the world. •t Curiously, Frank
alludes to the military training of his f ollowers as part of this awakening.
Not only do they lcarn how to use a bow and arrow, the)' must also lcarn
from the way the arrow bchaves. 10 To achieve maximum cffectiveness,
one must pull the bow with force; so also JîlUSl Israel act with utmost ruth-
lessness. 21 There was no other choice, for the predicted apocalypse was at
hand, the nations of Europe were about to destroy Jewry. To sa,·e them.
Frc1nk cxhorts the Jcws to conven to Christianity, but not to forget to arm
thernsclvcs as a unit. This was modeled after Jacob. who on the one band
made peacc with Esau, and on the oth~r made prcparations for war.H
According to the Zohar. this mcans that Jacob followed the pagan way of
lîfe whcn associating with Laban or Esau.u This contrasted sharply with
the attempt of the Jews to live a Jewish lifc in the Diaspora. Frank
advocates. therefore, that whcn among the ~nùlcs, the Jews must accept
,heir faith. ln a w3y, Frank anticipates the assimilationist point of vicw
that was incipient in Western Europé.
Most interesùng is Frank's discussion of the contents of th~ first letter.
He dcfends himself against the charge that one cou Id not trust his proph-
ecies since the prcdictions of the first letter had not been rcalizcd. 24 This
apology tells us that Frank was in a quandary. The wording of the fint
message implies that the predictions of the impcnding doo.m would be-
(16) 1:8.9.
(17) 1:11.
(a8) t:11-i6.
(a9.) a:a6-a8.
(ao) 1: 18, .tg. Tht1 Franüsts conducted rnilitary manftl~nA
<u> cr. wnesis s•: 19.
(u} Cf. (;,enêli$ ,a :8, g and Rashi o4 l«Pe.
(15) 2:4..6.
(•4) a:~.
ANNEXE! 271

les croyances et les pratiques de·s nations païennes. Mais Frank insiste sur
le fait qu'il est l'instrument de Dieu par lequel interviendra la rédemption
d'Israël 91 • Dans la première lettre, il s'annonce comme étant le prophète à
qui Dieu a révélé le secret de la venue prochaine du salut, laquelle est subor-
donnée à certaines conditions. La citation zoharique figurant au début de la
seconde lettre réitère la même prétention en donnant à croire que l'intéressé
a entendu une voix céleste perçue par lui seul92 • La voix était pourtant puis-
sante et aurait dû être audible par chacun, mais le peuple, à cause de ses
péchés, était dans une transe profonde et n'entendait rien93 •
Frank préconise vivement d'agir pour hâter la rédemption. C'est par lui
que le peuple se réveillera de sa torpeur et entendra la voix céleste de la
Torah descendant sur le monde 94 • Curieusement, il parle de la formation
militaire de ses disciples comme faisant partie de ce réveil. Non seulement
ils apprennent à se servir d'un arc et de flèches, mais ils doivent aussi ap-
prendre comment se comporte la flèche 95 • Pour obtenir le maximum d'effi-
cacité, il faut bander l'arc avec force; ainsi Israël doit-il agir, et avec la plus
grande brutalité96 • Il n'y avait pas d'autre choix, car l'apocalypse prédite
était proche, et les nations d'Europe étaient sur le point d'éliminer les Juifs.
Pour sauver ceux-ci, Frank les exhorte à se convertir au christianisme, mais
à ne pas oublier de se former en unité armée. Il suit en cela l'exemple de
Jacob, qui d'un côté a fait la paix avec Esaü, mais de l'autre s'est préparé à
la guerre97 • Selon le Zohar, ce comportement signifie que Jacob a adopté le
mode de vie païen en s'associant à Laban et Esaü98 • Cela contraste singuliè-
rement avec la tentative des Juifs de mener une existence juive au sein de la
Diaspora. Frank préconise donc que lorsqu'ils vivent au sein de la Gentilité,
les Juifs acceptent la foi de cette dernière. D'une certaine façon, il anticipe
ainsi le point de vue assimilationniste qui commençait alors à se faire jour
en Europe occidentale.
Très intéressant est le commentaire de Frank sur la teneur de sa première
lettre. 11 se défend de l'accusation selon laquelle on ne peut faire confiance
à ses prophéties puisque les prédictions de sa première lettre ne se sont pas
réalisées 99 • Cette apologie nous montre qu'il se débat dans un dilemme. Le
libellé de son premier message laissait entendre que les prédictions de ruine

91
1 : 8 et 9.
92
1 : 22.
93
1 : 22-26.
94
I : 26-28.
95
1 : 28, 29. Les frankistes ont procédé à des manœuvres militaires.
96
Cf. Genèse 3 1 :19.
97
Cf. Genèse 32 :8, 9 et Rashi ad /ocum.
98
2 : 4-6.
99
2 : 6-9.
J.~COB FRA~K AND THE fRANKISTS: HEBREW ZOHARIC LETTERS 2 79

realizcd immediateJy. As thcsc prcdictions failcd to matcrialize, Frank


defends himsclf by claiming tbat bis prophccies in the prcceding message
were misunderstood, since they were only adumbrations f~r the message
of the second letter. ln other words, Frank insists that what was said in the
past was to be undentood mctaphorically whilc what he is saying now is to
be ta.ken literally. What we find herc is the inevitable weakness of secrs
who have to deal with the prcscnt. Aware of the problem that some of bis
adhcrents were losing faith in bis predictionsJ Frank raises the intensity of
bis rhetoric. 11 Unes 6-g page 2 depict the imminent slaughter of Euro-
pean Jewry with stark vividncss. He lists most of the nations of Europe as
well as the Ottoman Empire to dispute the bclief that one is to distinguish
between nations that tolerate the Jews and th~ that do not. Ail of them,
major and minor, including the relatively bc~ign Prussia, would partici-
patc in the annihilation ofJcwry. Concluding with the repeated daim that
he is unablc to enter into grcater detail, he leaves much to the imagina-
tion. This anùcipates the problcm of resolving prediction with fact.
The remaindcr of the lctter is devoted to an exegesis of the biblical
account ofJacob as it penained to the Frankist movcmcnt. The patriarch,
Frank says. promised to visit his brother in Scir: "let my lord go on ahead
oE bis servant, while I t.ravel slowly at the pace of the cattle before me and
at the pace of the children until I come to my lord in ~ir'· (Genesis 55: 14).
ln traditional exegcsis. ~r and Edom are frequently synonyms of Esau,
which in l.oharic parlance refcn to Rome," and by extension to the
Roman Catholic Church. Genesis ~!= 14 therefore means that Jacob
promise<) to come and to submit to Rome. a promise, according to Frank,
that was nevcr kept. The apparent baptism of the Jcws would. Frank
arpcd, carry out the patriarchal promise. lt would as well lead to the ulù~
mate defcat of Rome. ln support of his cxcgesis of Jacob•s visit to Esau.
Frank cites Moses' d~alings with the king of Edom. Moses dispatched mes•
sengen to the king of Edom requesting frtt pmage through bis land, a
rcquest that wu denied. Frank ~xplains this to mean that Moses left the
task of defeating Edom unfinished. Jacob·s promise to retum to Edom
and Moses' failure to defeat the Edomite king left it to Jacob Frank to
carry out the prercquisites that would bring about braeJ•s triumph.
This is also supported by Moses' words in Deuteronomy s2:1, "The
Lord cornes from Sinaï and &bines fonb to them from Seir, and hecomes

(15) 1:15.
(16) Ronw is mcorioocd only once in thia docutnfflt. 1 :,. Cf. G. CA>hal ..ûau • a symbol
in Early Medieval Thought:• in]_. M--' orwl 11..,,,,,.;,.-,-, Slwlin, cd. A.. Altmann_.
lbnud fn:M. tg67, pp. 19-4~ apedally p. •7• Aho Scholem (noce a lnaroduaioo), pp.
4 l-'70.
ANNEXE! 273

imminente allaient bel et bien se réaliser dans l'immédiat. Or, tel n'a pas
été le cas. Frank se défend toutefois en prétendant que les prophéties de
son message précédent ont été mal comprises, car elles n'étaient que des
esquisses en vue du message de sa seconde épître. Autrement dit, il souligne
avec insistance .que ses propos passés sont à comprendre métaphoriquement,
tandis que ses propos actuels sont à prendre au pied de la lettre. On a là
un exemple de la faiblesse inévitable des visionnaires quand il s'agit pour
eux de se colleter avec le présent. Conscient du fait préoccupant que cer-
tains de ses disciples perdaient foi en ses prédictions, Frank élève le niveau
d'intensité de sa rhétorique 100 • Les lignes six à neuf de la page 2 dépeignent
l'immense massacre de la juiverie européenne avec une vivacité frappante.
Frank énumère la plupart des nations d'Europe, ainsi que l'Empire ottomàn,
afin de combattre l'opinion selon laquelle on doit établir une distinction
entre les nations qui tolèrent les Juifs et celles qui ne les tolèrent pas. Toutes,
grandes et petites - y compris la Prusse, pourtant relativement bienveillante
- prendront part à l'annihilation de la juiverie. Concluant par l'affirmation
répétée qu'il ne peut entrer dans les détails, il laisse une grande place à
l'imagination de ses lecteurs, et il anticipe ainsi la difficulté de faire cadrer
les prédictions avec les faits.
Le reste de 1~ lettre est consacré à l'exégèse de l'histoire biblique de
Jacob, car celle-ci fait partie des références du mouvement frankiste. Frank,
le patriarche, promet de rendre visite à son frère à Séir : « Que mon seigneur
prenne les devants sur son serviteur, et moi, je suivrai doucement, au pas
du troupeau qui marche devant moi, et au pas des enfants, jusqu'à ce que
j'arrive chez mon seigneur, à Séir» (Genèse 33 : 14). Selon l'exégèse tra-
ditionnelle, Séir et Edom sont souvent synonymes d'Esaü qui, dans la tra-
dition zoharique, renvoie à Rome 101 et, par extension, à l'Église catholique
romaine. Genèse 33 : 14 signifie donc que Jacob a promis d'aller se sou-
mettre à Rome, promesse qui, selon Frank, n'a jamais été tenue. Le baptême
apparent des Juifs aurait pour effet, selon Frank, d'accomplir la promesse
patriarcale. Il pourrait même conduire à la défaite ultime de Rome. À l'appui
de son exégèse de la visite de Jacob à Esaü, Frank cite les tractations de
Moïse avec le roi d 'Edom. Moïse envoie des messagers au roi d 'Edom pour
lui demander le droit de passer sur ses terres, requête qui est rejetée. Selon
Frank, cela signifie que Moïse laisse inachevée la tâche consistant à vaincre
Edom. La promesse de Jacob de retourner à Edom et le fait que Moïse n'a
pas vaincu le roi édomite ont laissé à Jacob Frank le soin de réunir les condi-
tions du triomphe d'Israël.
Cette interprétation est soutenue par les paroles de Moïse dans Deutéro-
nome 32 :2 : «Le Seigneur vient du Sinaî. Il nous est apparu de la montagne
IOO 2: 13.
101 · . nn ée q_
R?men ' est ment10_ u' une 1~1s
Ç', • dans ce document: l : 3. Cf. G. Cohen <<Esau as a symbol in Early
Med,eval Thought~>, ~ Jew1sh Me11eval and Renaissance Stud~es, éd. A. AJtmann, Harvard Press, 1967,
pp. 19- 48, en part1cuher p. 27. Vorr également Scholem (première note de l'introduction), pp. 41-70.
. REN ZIO~ W.-\CIIOLDER [ 16)

from bis holy myriads." As Frank cxplains it. tbis verse links the fulfill-
ment of Sinai, i.e., the Torah with chatof Seir. The Torah cannot fully be
realized unless the patriarch·s promise to his brother to visit him in Seir is
kept. The second Jacob, that is Frank, will pay the indebtedness incurred
by the firstjacob. Frank fully exploitcd his name by interchanging it with
the Zoharic exegesis of the patriarch Jacob. 17 lndircctly, this scrved to
free the Frankist movement Crom its Shabbatean antcccdents, pointing
out thatjacob, not Shabbatai Sevi, was to be the true messiah. 28 The rela-
tionship ofJacob Frank and Shabbatai Sevi must be viewed on the basis of
other documents as well. ln this leuer, howevcr, contrary to Scholcm,
there scems to be no reliance upon S~abbateanism. That Jacob Frank was
the metamorphosis of bis ancient namesake became a central dogma of
the Frankist movcment.
The peroration takes advantage of Deuteronomy 32: 2 ("and he shall
shine forth from Seir,'), using it as evidence for Isracl's dcfeat of Rome on
its march to Zion. Israel will hav·e to make war with Rome. 28 [lt shall corne
as a sign of the end of time. Vou shall make strife .] Characteristically t this
is stated in Zoharic language as pan of the code found in these leners. As
ifdus werc not clear cnough, Frank gocs on to cite Daniel 2 :4 2 more or
less verbatim: 30 .. And as the toes of the fttt wcre part of iron and part of
clay, so part of the kingdom shall be strong. and pan thcrcofbroken." ln
lines wo êlnd a 1 of page a Frank daims that the last two words of this verse
"minah ûverah .. (part thcrcof broken) revcal for the disccrning Franlt's
ultimatc crushing of Rome. He repeats his daim that Israel will defeat
Rome with a statement of his own: "And I say that the weak, i.e., Israel,
will ovcrcomc the mighty. i.e., Rome:' What is novel in the second lcttcr is
Frank s daim that hc was the reincarnation of the patriarch Jacob, and if
the latter embodicd the bcginning of Israel, Frank personified Israers
redeemer in t be end of days.
Frank's Oral M,ssagt
Llncs a 1-26 of page 2 bridge the two parts of the document. The
cmbassy sent by Frank in 1772/ 177'j reiterates the daim that Jacob Frank
was the rccmbodimcnt of the patriarch. The ancient passages wh1ch
everyone assumed referred to the son of Isaac actually pointe<! to bis liv-
ing eponym. His orders, no malter how cxtreme. must be carried out even
if they involve apostas y. The purpose of àting this ernbassy lies not in its
(a7) aa5, ,6. 18.
(i8) Genhom Sc.holem. SAaM,eai Stvi GJtd Il# SA.'6altan MOWffllJtt na His üj-.. Am
Oved, Tel Aviv, t974.
(tg) t : 18.
(50) 1: •~••o.
ANNEXE! 275

de Séir [ ... ]Il vient du milieu d'une multitude de saints». Ainsi que Frank
l'explique, ce vers relie l'événement du Sinaï - à savoir la publication de
la Torah - à celui de Séir. La Torah ne peut s'accomplir pleinement que si
est finalement tenue la promesse du patriarche faite à son frère de lui rendre
visite à Séir. Le second Jacob, à savoir Frank, s'acquittera donc de la dette
contractée par le premier Jacob. Frank a exploité pleinement son prénom en
l'échangeant contre l'exégèse zoharique du patriarche Jacob 102 . Indirecte-
ment, cela servit à libérer le mouvement frankiste de ses antécédents sabba-
téens en donnant à entendre que Jacob, et non Sabbataï Tsevi, était appelé à
devenir le véritable messie 103. La relation entre Jacob Frank et Sabbataï Tsevi
est à considérer aussi à la lumière d'autres documents. Dans cette épître, tou-
tefois, et contrairement à l'opinion de Scholem, Frank semble s'en remettre
au sabbatéisme. Que Jacob Frank fût la métamorphose de l'antique pro-
phète portant son nom devint un dogme essentiel du mouvement frankiste.
La péroraison du texte s'appuie sur Deutéronome 32 : 2 («Il nous est
apparu de la montagne de Séir » ), qu'elle prend pour preuve de la victoire
d'Israël contre Rome dans la marche vers Sion. Israël devra faire la guerre
à Rome 104 . [Elle arrivera comme un signe de la fin des temps. Vous entrerez
en lutte] . De façon caractéristique, ces affirmations sont rédigées en lan-
gage zoharique, selon le code découvert dans ces lettres. Et comme si ce
n'était pas encore assez clair, Frank cite Daniel 2 :42 plus ou moins textuel-
lement105 : « Mais comme les orteils des pieds étaient en partie de fer et en
partie d'argile, ce royaume sera en partie fort, et il sera en partie fragile».
Aux vingtième et vingt-et-unième lignes de la page 2, Frank prétend que
les deux derniers mots de ce vers («minah teverah» : en partie détruit) ré-
vèlent aux initiés la défaite ultime de Rome sous sa propre action. Réitérant
l' affirmation selon laquelle Israël vaincra Rome, il exprime cette réflexion
personnelle : «Et je vous le dis : le faible, c'est-à-dire Israël, abattra le fort,
c ' est-à-dire Rome». Ce qui est nouveau dans la seconde épître, c'est la pré-
tention de Frank d'être la réincarnation du patriarche Jacob, et de même que
celui-ci personnifiait les débuts d'Israël, Frank personnifiait le rédempteur
d 'Israël à la fin des temps.

Message oral de Frank


Les lignes 21 à 26 de la page 2 font le lien entre les deux parties du
document. L'ambassade envoyée par Frank en 1772-1773 réitère la pré-
tention selon laquelle Jacob Frank était la réincarnation du patriarche : les
antiques passages de l'Écriture dont tout le monde croyait qu'ils renvoyaient
au fils d'Isaac faisaient en réalité allusion à son vivant éponyme. Ses ordres,
quelque extrêmes qu'ils pussent paraître, devaient donc être exécutés, quand
bien même ils impliquaient une apostasie. Si cette ambassade est citée ici, ce
102
2: 15, 16, 18.
103
Gershom Scholem. Shabbatai Sevi and the Shabbatean Movement in His Lifetime. Am oved, Tel
Aviv, 1974.
104 2 : l 8.
105
2 :19, 20.
JACOB FRANK AND THE fJlANKISTS: HEBREW ZOHARIC LElTERS

contcn~ but in its historical context. The question might be asked: By


what authority did the authors of this lcttcr rcpresent the mastcr? They
answer tbîs question b)' citing that. Frank himself had sent the~ to aa as
bis messengers. The date of the embassy may also be of significanœ since
it was at the beginning of 1773 that the advandng ltussian troops liber..
ated Frank from exile. Again, as in the second lettcr, Frank tends to
become apologetic by threatening those who mod him with dire conse-
quences.11
Tlu CutTffll Messag,31
The first line of lhis message is perhaps the most important one, since it
gives the purpose of the entire document. Seventecn years after the
author's ernbassy to thè Jewish communities of Poland, Frank's predic-
tions of doom bad not corne true. Page a linc 17 assures the reader that
Frank's prophecies would be fuUy rcalized in that very y.ear ( 17w18oo).
This is the core of the message. The remaindcr of thè l.etter is a commen-
tary on Frank's own correspondence. Contrary to Frank's prcdictions, the
Jcwry of Poland and Hungary rctained its csscntial homogcneity and only
a scattcred few acceptcd Frank's call for baptism. The authors>howcver,
i.nsist that ail of Frank's predictions would soon be litcrally realiled.
lndecd, this document was tcrmcd the final waming prior to the destruc-
tion awaiting Jewry. 31 Numerous proofs arc adduccd from Scripturc.
Zohar and other sources that this was the caac.
What remains is to note the new matcrial introduccd in this message.
We gain an insight inw Frankist thought by the exegcsis of Psa1m
1 19: • 16... lt is lime to do for the Lord; Destroy thy Ton1h!" The sense in
which this verse is cited, although rootcd in the mishnaic tradition,34
refleas the radical aspects of the Frankiat movcment. In ordcr to fulfill
the requiremcnta nccessàry for the coming of the Mcssiah, it would be
incumbcnt upon Israel to rcpudiatc the Law. Such an inteTprctation of~ .
1 1 g: 1a6 ttveals how far the Frankist sect had suayed from mainstream
Judaism. From its very beginning, observance of the c.ommandments was
the main goal of Israel. No one bcforc Frank, not even Jesu1, had bccn
extremc in the repudiation of the commandments.16 Wbat was this repu•
diation of the Law? According to the writera, citing Sanhedrin 97a, • the
son of David will not come until the endre kingdom becomes apostate.'~
Israel .. according to our document. is not excludèd, but must aJso bttome
(sl) 1:16.
<a•l 1 :.&.4: ••·
tss) 1:so-,: 1.
(Sf) Cf. Milhraah 1"11lof g:J.&n,li (;i#i,a 6o •• TIJlltllM 14b.
(JJ) C(,. G. Scholcm on Shahbarai Sfti.
ANNEXE! 277

n'est pas pour son contenu, c'est pour son contexte historique. La question
qui pourrait se poser est la suivante : en vertu de quelle autorité les auteurs
de cette lettre représentent-ils le maître? Ils y répondent d'avance en préci-
sant que Frank lui-même les a envoyés pour être ses messagers. La date de
l'ambassade a peut-être aussi son importance, car c'est au début de 1773 que
par leur avance, les troupes russes ont mis fin à l'exil de Frank. Comme dans
la seconde lettre, Frank tend, là encore, à devenir apologétique en menaçant
de sévères conséquences ceux qui se moquent de lui 106 •

Le message actue/101
La première ligne de ce message est peut-être la plus importante, car elle
indique l'objet du document tout entier. Sept ans après l'ambassade envoyée
par Frank auprès des communautés juives de Pologne, les sombres prédic-
tions de ce dernier ne s'étaient pas réalisées. Mais le lecteur trouve à la
vingt-septième ligne de la page 2 l'assurance que les prophéties de l'intéres-
sé se réaliseront pleinement cette arinée même ( 1799/1800). Là est le cœur
du message. Le reste de la lettre est un commentaire sur la correspondance
de Frank. Contrairement aux prédictions de celui-ci, la juiverie de Pologne
et de Hongrie garda l'essentiel· de son homogénéité, et seuls quelques indi-
vidus, çà et là, donnèrent suite à l'appel de Frank au baptême. Les auteurs
insistent cependant sur le fait que toutes les prédictions de Frank se réalise-
ront à la lettre. Ils présentent même ce document comme constituant le tout
dernier avertissement avant la destruction de la juiverie 108 . De nombreuses
preuves sont tirées de l'Écriture, du Zohar et d'autres sources le cas échéant.
Il reste à considérer les nouveautés introduites dans ce message. On suit
la pensée frankiste en examinant l'exégèse qu'elle fait du Psaume 119 :126:
« Il est temps pour le Seigneur d' intervenir : ils détruisent Ta Torah ! » Le
sens dans lequel ce vers est cité, quoiqu 'enraciné dans la tradition mish-
naïque109, reflète les aspects radicaux du mouvement frankiste. Pour remplir
les conditions nécessaires à la venue du Messie, il incomberait à Israël de
répudier la Loi. Une telle interprétation du Psaume 119 : 126 révèle à quel
point la secte frankiste s'est écartée du courant Judaïque dominant. Dès ses
débuts, Israël a eu pour but principal l'observance des commandements, et
nul avant Frank, pas même Jésus, ne s'était montré aussi extrême dans la
répudiation de ceux-ci 11°. Quelle fut cette répudiation de la Loi? Selon les
auteurs, citant Sanhédrin 972, « le fils de David ne viendra pas avant que le
royaume entier n'ait viré à l'apostasie». Selon le document en question, Is-
raël n'est pas exclu, mais doit devenir apostat. Shemad, c'est-à-dire l' apos-

106
2 :26.
107
2 :26-4 : 12.
IOB 2 :30-3 : 1.
109
Cf. Mishnah Berakot 9 :5, Bavli Gittin 60a, Temurah 14b.
11
°Cf. G. Scholem sur Sabbataï Tsevi.
BEN ZION W.\ CHOLDf.R ( 18]

apostate. Shnnad. or apostas y. was a prerec1uisite for the coming of the


Messiah. Hcre the lctter touches on a central point of Frankist thought.
The question is whether antinomianism, which in time became a main
tenet of the movemcntt was the ultimate goal of the Frankists, or whether
it originally had been intended as a mere strategem to plcase the Chris•
tians. There is no doubc that antinomianism became a focal point of the
sert, but a number of lines in this document may indicate that, atone time
at least, antinomianism was only an ephemeral aspect of Frankist theol-
ogy. CertainJy this document. summarizing Frankist thought, does not
make it a chief tenet. 1t would last from the time of conversion to the time
when Israel defeats Edom. The phrase, '~lt is time to do for the Lord;
Destroy thy Torah!'~ was traditionally interpreted as sanction for a minor
violation of the Law in order to lead to a more perfect observance. The
authors of this letter maintained chat antinomianism had been prescribed
in the Torah in order to achicve its ideal in the Mcssianic Era. The quote
from $erm- Hamor thal when a leper's skin was completely white he was
dedared clean is interpreted here to condone the temporary acceptance
of baptism. Abraham Saba, the author of the Seror Hamor, composed his
book c..1500 in the aftermath of the Spanish and Portuguese Expulsions~
when many Jews were forccd to acccpt Christianity.
The repudiation of the Law, like the outbreak on the skin, would be of
limited duration. u At the end hrctel would be healcd of its sores and
would observe the commandments as well. And now that the time of
Jacob's return to Seir was not distant, the period when Jews were to pose
~ Chrisdans would nor last long. 1f I r-ead this lcuer correctl)·, the writ~rs
auemptcd to impr~ss upon the peopl that antinomianism w~ only a
strategcm rather than a truc element of Frankist doctrine. The authors of
this lcttcr as5ur~ us that Jacob Frank, who died in December of 1791 . was
alive in 18oo. This boast may rest on the Talmud and Zohar tradition lhat
Jacob the patriarcb did not dic. 31 In the rabbinic sources, however, the
daim is metaphorical. ln our document it is litera), asserting the Master's
immortaJjty. Frank's immortality is mentio11ed once again: ..and he who is
in the dus~ wm rise lO say: Arise ye vfrgins of Israet"31 Frank 's daughter,
whose Jew1sh name was Rachel and baptismal name Eva. symbolized these
virgins. She was recognized as ber father's apost~. Th~ letter refers once
again to ber: ~There Î5 a man in the image of Adam and a woman in the

(36) Cr. Rashi B. S..nb~rin 97~ uncensored.


(s7) '"Jacob did not die: • lohar Genesis •5sh, f48b; Zohar Exodus •• ab. 175'>-
u8) The Frankists mad~ il appw- as though thcy were quoting Scripcu~. Note: this is
not in Bttr's aramJaûon.
ANNEXE! 279

tasie, est donc une condition préalable à la venue du Messie 111 • Ici, la lettre
touche un point central de la pensée frankiste. La question est de savoir si
l'antinomianisme 112 , qui a fini par devenir un élément essentiel du mouve-
ment, était l'objectif ultime des frankistes ou bien s'il a été conçu comme
un simple stratagème pour complaire aux chrétiens. Il ne fait aucun doute
que l' antinomianisme est devenu une doctrine centrale de la secte, mais plu-
sieurs lignes du document indiquent peut-être qu'à un certain moment du
moins, il ne fut qu'un aspect éphémère de la théologie ·frankiste ; en tout
cas, cette lettre, qui résume la pensée de la secte, ne fait assurément pas de
lui un principe majeur. Il n'était censé durer qu'entre le temps de la conver-
sion et celui où Israël vaincrait Edom. La phrase« Il est temps pour le Sei-
gneur d'intervenir : ils détruisent Ta Torah ! » était généralement interprétée
comme la sanction qu'appelait une violation mineure de la Loi, afin d'ame-
ner à une observance plus parfaite de celle-ci. Les auteurs de cette lettre
maintenaient que l 'antinomianisme avait été prescrit dans la Torah afin que
l'idéal de celle-ci pût se réaliser dans l'ère messianique. La citation de Seror
Hamor selon laquelle un lépreux était déclaré propre quand sa peau avait
entièrement blanchi s'interprète ici comme une tolérance de l'acceptation
temporaire du baptême. Abraham Saba, l'auteur de Seror Hamor, a écrit son
livre aux alentours de 1500, après l'expulsion des Juifs d'Espagne et du Por-
tugal, lorsque de nombreux Juifs étaient forcés d'accepter le christianisme.
La répudiation de la Loi, comme l'apparition de taches sur la peau, ne
devait durer qu'un temps limité' 13 • À la fin, Israël guérirait de ses lésions
cutanées et observerait à nouveau les commandements. Et maintenant que
le retour de Jacob à Séir n'était plus très éloigné, la période durant laquelle
les Juifs devaient se faire passer pour chrétiens ne durerait pas longtemps.
Si je lis cette lettre comme elle doit être lue, les auteurs ont cherché à bien
faire comprendre aux gens que l' antinomianisme était un simple stratagème,
et non pas un véritable élément de la doctrine de Frank. Ils nous assurent
que Jacob Frank, qui est mort en décembre 1791, était vivant en 1800. Cette
fanfaronnade s'appuie peut-être sur la tradition talmudique et zoharique aux
termes de laquelle le patriarche Jacob n'est pas mort 114 • Selon les sources rab-
biniques, cependant, cette affirmation est purement métaphorique. Alors que
dans le document considéré, elle est prise au pied de la lettre et affirme l 'im-
mortalité du Maître. L'immortalité de Frank est mentionnée à nouveau: « Ce-
lui qui git sur le sol se lèvera 115 pour dire Levez-vous, Ô Vierges d'Israël 116 ».
La fille de Frank, dont le prénom juif était Rachel et qui avait été baptisée
sous le prénom d'Eva, symbolisait ces vierges. Elle était reconnue comme
111
NdT: parallèle étonnant avec les prophéties chrétiennes qui, elles, ne parlent que du retour en gloire
du Messie (Jésus-Christ, bien sOr).
112
NdT: D'après le dictionnaire Littré, nom donné, dans l,.Église protestante, à la doctrine qui enseigne
qu'il est resté dans l'homme assez de bonté morale pour saisir le bien par amour pour Jésus-Christ, sans
la crainte de la loi et de l'enfer.
113
Cf. Rashi B. Sanhedrin 97a non censuré.
114
«Jacob n'est pas mort»: Zohar Genèse 235b, 248b; Zohar Exode 141b, 175b.
IIS Job 19: 25.
ll 6 T.Pl;: fr~nl..-ii;:tpi;: fnnt minP. fip ~ÎtPr l'P~ritnrP Nil•,-.,.)., n,:>hn,1r4'>ftac, ~""" la ....... ~,.,.t;,u,. on ,.11 .. .-.... A ,-1,,. 0 - - -
(19) JACOB fll:\NK A. D THE fRANKI rs: Ht:BRE\\' ZOHARIC. LETTERS
image of Eve•• (line 18 of page 3), alJuding to father and daughter, respec-
tively.
Ourdocumentcontains some puzzling lines. For example, page 4 line 8
"in all of Scripture and in all the ancient books, you will find that we pos-
sc,5 the truth: a kl davar Ttf/ Jn,> vtd6f vetiJ&Jral.a, thac this is nota vain
malter, pay attention and you will find." The phrase vtdoq veti.sJaluû., comes
from the talmuclic commentaton who use it to condude an abstruse anaJ-
ysis of Tosafot. alening the reader to study the material with care. But
what is intcnded herc by this phrase is not apparcnL Note also that r,q
appears to be the only word in the lctter that has vocalization,
em·phasizing once again the significanœ of the statemcnt. u Ordinarily,
one might assume that tbis phrclSe. '•a la' davar req" is a gcmatria, a
numerological concoction that contains the date of the coming of the Mcs-
siah. ~ total value of this phrase adds up to 567 which could only be
translatcd as 18o6/ 18o7 in the Gregorian calendar,. As was pointed out
above, this letter was apparcndy written in 179'i 18oo., scven years beforc
the date implicd in our ~matria. The difficulty with this construction is
that seven years would be too protractcd a period for a messianic prognos.-
ùcation. lt is possible that this phrase "it is not a vain mattcr'' is not a
gcmatria, and that the note ••pay attention and you will find" which fol-
1.ows i~ alludcs instead to Rashi's commcntary to DeuL s1:47. Rashi
undcrstands "it is nota vain matter" in light of the verse's conclusion: °For
it is your lifc and thcreby you will livc long in the land which you are going
over the Jordan to possess." According to Rashi, the phrase .. it is nota vain
matter" auures Israel of God's promise that it will inherit the land beyond
the Jordan. ln our lcttcr, tJùs rcaping the rcward promises the followen
of Frank the impending Messia nie fulftllmenL
lt is interesting that the writcrs repeat abo Frank.'s ultimate goal, the
defcat of Rome. They do thi1 by dting Massa> DMaalt, which thcy go on lo
say ought to remain the sect"s code sobriquet, Ma.uo> DMMIM is a quote
from baiah 21:11 "An oracle for Duma; someonc shouts tome from
Scir." M4U4' lhmtaA was the sect's code word, but its symbolism has ncver
bcen explained. ln light of this leuer, however. somc of the mystcry of dûs
phrase can be unraveled~ Datait is ta ken as a s,ynonym for Edom. sinœ in
lsaiah a 1: 1 1 it is parallel with Seir. But Du""'1 bas cwo other mcanings~ 1n
Gcoesis 15: 14Dutalt is listed togcther withMWfflltl'·andMOIS4 1 • This line
is traditionally interprcled mctaphorically. One must hear insults, bcar
them and be silent. For the Frankists, therefore, Massa, Du1ll4A waa a
warning to keep the secrets of the sect to thcmselvcs. But Datai, has yet

(39) 1 :6 , •.,.. may have a,.,.. unda th~ ~""f.


ANNEXE! 281

étant l'apôtre de son père. La lettre fait de nouveau allusion à elle : « Il ex~ste
un fils de l'homme sous la forme d'Adam et une femme sous la forme d'Eve
(ligne 18, page 3), ce qui fait allusion au père et à sa fille.
Le document comporte des passages pour le moins dérou!ants. Par
exemple celui-ci, à la huitième ligne de la page 4 : « dans toute l ' Ecriture et
dans tous les anciens livres, on constate que nous possédons la vérité : ki Io '
davar req hu 'vedoq vetishkah, que ce n'est pas une chose indifférente pour
vous, prêtez attention et vous trouverez». L'expression vedoq vetishkah
vient des commentateurs talmudiques, qui s'en servent pour conclure une
analyse abstruse des Tossafot 11 1 en exhortant le lecteur à étudier avec soin la
matière en question. Mais l'intention qui est derrière ce passage n'apparaît
pas. On notera aussi que req semble être le seul mot de la lettre qui comporte
une vocalisation, ce qui met à nouveau l'accent sur l'importance du pas-
sage 118. D'ordinaire, il est permis de considérer que le passage «kilo' davar
req » est une gematria 119 , une concoction numéro logique indiquant la date de
la venue du Messie. La valeur totale de cette phrase est 567, ce qui ne peut
se traduire que par 1806/ 1807 dans le calendrier grégorien. Comme indiqué
ci-dessus, la lettre semble avoir été écrite en 1799/1800, soit sept ans avant
la date suggérée dans notre gematria. L'inconvénient de cette construction
est qu'un délai de sept ans serait trop long pour des pronostics messianiques.
Il est possible que l'expression « ce n'est pas une chose indifférente pour
vous» ne soit pas une gematria et que l'avertissement «prêtez attention et
vous trouverez», qui suit immédiatement, fasse en réalité allusion au com-
mentaire de Rashi sur Deut. 32 : 4 7. Rashi comprend << ce n'est pas une chose
indifférente pour vous» à la lumière de la conclusion du vers: « C'est votre
vie, et par l'accomplissement de ·cette parole, vous prolongerez vos jours sur
la terre dont vous allez prendre possession en passant le Jourdain». Selon
Rashi, l'expression « ce n'est pas une chose indifférente pour vous» assure
Israël de la promesse divine qu'il héritera la terre au-delà du Jourdain. Dans
la lettre, cette annonce de la récolte du fruit promis donne aux disciples de
Frank l'assurance que l'avènement du Messie est imminent.
Il est intéressant de noter que les auteurs réitèrent le but ultime de Frank,
à savoir la défaite de Rome. Ils le font en citant Massa ' Dumah, dont ils
persistent à dire que cela doit rester le surnom codé de la secte. Massa '
Dumah est une citation d 'Isaïe 21 : 11 « Oracle sur Duma. On me crie de
Séir». Massa' Dumah était le nom codé de la secte, mais son symbolisme
n'a jamais été expliqué. Eu égard, cependant, au contenu de la lettre, il est
possible de percer une partie du mystère de cette expression. Dumah est à
prendre comme un synonyme d' Edom, car dans Isaïe 21 : 11, il est employé
117
NdT (Wikipedia) : Les Tossafot ou Tossefot (hébreu: m!>oin «ajouts») sont des commentaires du Tal-
mud qui datent de la période médiévale.
118
1 : 6 - li peut y avoir un patah sous_l'ale/de l'ayalta (NdT : je laisse à l'auteur l'entière responsabilité
de cette note érudite et assurément fort pertinente ... )
119
NdT (Wikipedia): La gematria (;i"i't,ll"l, aussi «guématrie» ou «gématrie») est une forme d'exégèse
propre à la Bible hébraïque, dans laquelle on additionne la valeur numérique des lettres et des phrases
afin de les interpréter.
8.E~ ZIO~ W.-\C:HOl.l>ER

another mcaning, since it is sometimes read as ruma as in Joshua 15:52,


which the Frankists took as Rome. Ma.sa) DunuJ& , therefore, was t~ken to
be a codeword for the ultimate fulfillment of the oracle against Rome.• 0
lt is remarkable that the writers of this leuer not only kepL the master's
doctrine without any substantial alteration, but that they repeated the
daim that the Frankist doctrines wcrc intended not to destroy the Law but
to fulfill it. They invoke specifically only two works. the Tanna dthe Eliyahu
(a midrash composed in the earl)' Middle Ages) and the $eror Hamor by
Rabbi Abraham Saba ben Jacob (c:omposed in the last decade of the fif-
teenth century), but they also put forth the contention that all rabbinic
sources, espccially the Zohar, predicted the coming of Jacob Frank.
Among uall the ancicnt books," the Frankists undoubtcdly included the
Talmud. The citation that ''the son of David will not corne until the entire
kingdom tums to apostasy.. is attributed in the letter to the l,azal, the Sages
of the Talmud, as is recorded in Sanhedrin 97a. Thus, in spi te of their
reputation among the Christians as anti-Tahnudists, which was encour-
aged by the Frankists themselves. this letter wishes to impress the reader
that alJ sources including the Talmud presaged the coming of Jacob
Frank. 41 ln view of the intcrpretation given above, that the,Frankists' anti-
nomianism was intcnded only as a stratagem, our document predicts the
ultîmate unification of aJI Israel under the Frankist banner. The con,,er-
ion to Christianity was part of the mes ianic pang nccessary for the ulti-
mate fulfillment of the Torah.
Ali in all, this letter reflects an attempt by the Frankisu to keep alivc the
movemcnt that was threatcned with dissolution after the master·s death.
Eva was still alive and the authors of the document who had dcvotcd their
lives to the cause would not admit failurc. They put their hopc in the reit-
eration of Frank's apocalypùc prcdictio91s toclaim that the mastcr's return
wa pending perhaps in the year 18o6/ 1807. Our leuer con tains, in a
capsule the history of the Frankist. sect during it\ apogee~

(40) Targum Jonathan Gentih as· 14;. allô Midra.sA Hapdl,l 4' lon,a.
(41) Cf~GJKU. F ~ Sliftu,.ti. Breslau. 1868.
ANNEXE! 283 ·

parallèlement à Séir. Mais Dumah a deux autres sens. Cette ligne s'inter-
prète ordinairement de façon métaphorique. Il faut entendre les insultes, les
supporter et rester silencieux. Pour les frankistes, par conséquent, Massah '
Dumah était l'avertissement de garder par-devers soi les secrets de la secte.
Mais Dumah a encore un autre sens, car on le lit parfois ruma (cf. Josué
15 : 52), que les frankistess ont interprété comme désignant Rome. Masa'
Dumah a donc été retenu comme mot codé pour l'accomplissement ultime
de l'oracle contre Rome 120 •
Il est remarquable que les auteurs de cette lettre aient non seulement
conservé la doctrine de leur maître sans aucune altération de fond, mais
aussi répété l'affirmation selon laquelle les doctrines frankistes avaient pour
but, non de détruire la Loi, mais de l'accomplir. Ils n'invoquent expressé-
ment que deux ouvrages, le Tanna debe Eliyahu (un midrash 121 rédigé durant
le haut moyen âge) et le Seror Hamor du Rabbin Abraham Saba ben Jacob
(écrit dans la dernière décennie du quinzième siècle), mais ils n'en pré-
tendent pas moins que toutes les sources rabbiniques, en particulier le Zohar,
ont prédit la venue de Jacob Frank. Parmi « tous les anciens livres», les fran-
kistes incluaient assurément le Talmud. La citation « le fils de David ne vien-
dra pas avant que le royaume entier n'ait viré à l'apostasie» est attribuée à
la lettre aux hazal, les Sages du Talmud, comme il est rappelé dans Sanhé-
drin 972. Ainsi, malgré la réputation d'anti-talmudistes que les frankistes se
sont acquise chez les chrétiens et qu'ils ont du reste eux-mêmes encouragée,
la lettre a pour but de faire croire au lecteur que toutes les sources, y compris
le Talmud, ont annoncé la venue de Jacob Frank 122 • Eu égard à l'interpréta-
tion fournie ci-dessus selon laquelle l 'antinomianisme de Frank était censé
n'être qu'un stratagème, le document en question prédit l'unification ultime
de tout Israël sous la bannière frankiste. La conversion au christianisme fai-
sait partie des tourments messianiques nécessaires à l'accomplissement final
de la Torah.
L'un dans l'autre, cette lettre reflète une tentative des frankistes de main-
tenir en vie leur mouvement, menacé de dissolution après la disparition du
maître. Eva était encore vivante, et les auteurs du document, qui avaient
consacré leur vie à la cause, se refusaient à admettre l'échec. Ils plaçaient
leur espoir dans la répétition des prédictions apocalyptiques de Frank et pré-
voyaient le retour imminent du maître, peut-être en 1806/1807. Cette lettre
résume l'histoire de la secte frankiste à son apogée.

120
Targum Jonathan, Genèse 25 : 14; également Midrash Hagado/ ad /ocum.
121
NdT (Wikipedîa) : midrash (w,,1.); pluriel midrashim, o,w,11:l) est un tenne hébreu désignant une
méthode d'exégèse hennéneutique, comparative et homilétique, parmi les quatre méthodes réunies sous
le nom de Pardès.
122
Cf. Graetz, Fraenkenscher Stiftung, Breslau, 1868.
JACOB FRA K AND T HE FUNIUSTS: HEIUW ZOHAllC LE1TE.llS

A transcription and faaimiles of the four pages of the Peerleu manu-


script follow here on facing pages~.
Beneath the Hebrcw text on each page variant readings taken from the
Tartary <,,>, - Wischnitser and the Bohemian (D'D - Porges,
manuscripts, respectively, are noted line by line. (See Note I of Introduc-
tion.)
ANNEXE! 285

On trouvera ci-après une transcription et des facsimilés des quatre pages


du manuscrit « Peerless » sur des pages en vis-à-vis.
Sous le texte hébreu, des variantes de lecture extraites, respective-
ment, des manuscrits tartares (ii)p - Wischnitser et le Bohémien (C')::l -
« Porges », sont notées ligne par ligne (cf. note 4 de l'introduction).
286 Bt:N ZION WACHOLDfR [22]

'M,r n•l ;,1, ai'7.i :,:,,:a ~,.,, r:rr ,,. a,;r,,., •z, (1
,,,aw,ac n,l,11.2:a a•i11,11J:, (2
'7l1..,, uinl :ur 1l'TIJl u',w .iip:, t,,ac:,w n,--:o ,nn .,_.,,., n':a u,:i,:-nc Cl
l', '~:la ,.,. 1J7lW / P"'m 11nl ,,r, ,rrp ln::)1.) ln:, llCrt,OlJWl (4
ac,,p 'np 'np:a r,z,w', 1
m:2 ,z, mnrn11:a crn'JJ:, :,p111l a..p,rn:,
:, . , , (5
ac', ,:, :i,n, M'r•tc', 1pœ', aa,:a, :,,,ac ,rn• ,, ,,., ,,, a•z,r:, ,::1,1.2::1 (6
:,'n,u ac', ,,.c:, :t"lP" l'l:a nnac me, n,o :r,,1 ac'~ ,:2,
a,:,'71 ':, :w,, (7
'li n,rrm ,a:1 :m, n1J1W1M:, a,:a 1',',:, an•t:a l''C1' -,,0::1 ,,:,-.w :m ,i:,', (8
acpac,p 'lrl' ',r 11D0:11llll11 ':2:Jll'J ,n,11 "'""
Dn1l1J llll'n1J :ar •• ,, / n,1,rc ,,DO D'pW rlln ,.,,.,,:, ;a•n,:a•::10,
n,,,.
n•Wln7J 1'17l (9
(10
'lD ',J t1.)11:) an~l •:,n, 'llt'n ~,., :ir,', :n,ac, :a,n', :if'I ,,, ',~n, (1 J
a,n, n i 'JJ 'mnnz, :nc11 :m•n·':t n,,o / Dll1 M 1pp'r 01:i',:,:n :m,ac:i <12
n:,'n nno:, '"'no• :a,n:, 'l~ ol:i :,,:n n.'nM 'nllw ,, ,ip•n1'nn• (13
anao:, ,:a~~ ,:,llJ'J ,n,ac, i,:,'J D'il • 11:r,,
anDON i»o'n •:,=', ,n,ac, <1,
:a,, ',p :'1ll11K 'l:I au.,,ac 10:nOll IU.nlC IC'fflt =•m:a~o, mn'J•:,p 'llri' '1J (15
r:rm ',::, ll'l' ac"1 a,,r, ,,,r,:n u:a'Jn,, ,,,:an.•·ao-n., 'r:ap', ac'n) 1p1:2 (16
n,'J ,'r.,n,::,m :apr, PffJ' a.i,:sac ,,,ll '11'l ,., '':1'W '7J .,,. 1l'l' a•',•~1.>:n (17
ffll.)flln ',:,', :,:,y,, D'n:m 'JJJ' :a:,10 n,:, ',:i~• ,z,, 0111 ',w rnp:, <1s
1•=~ '1 CMl .,,l'1:t ~ffl:I~ ''" ,1,1,::2 .~K'lln ',,:n ,,,.,:1 cr~:, (19
r,pn nlw:> :2n:,J :n / PlJ'iD '1'11' a••n::a 01,c,an 1rz,90 e•~'n (20
::IPJ' /
1M1rr ',',:,', 'l&' n,iac :u,~ llOROlJl't,l :1r :>''l u•m •:,w n":,pn nJ1r:n (21 1

IC'Jl',J / ll'n:, l'l''' t'n"nD 11ac atnn', M'r»z) ,,,. 1"'7p, 1',p ',p / P'''1n (2l
t'll"l ,,,nat 1nn'J ac're .,,n• 1tn1z:,•1J ',p em r,oo :m~', •'re ,noac c21
-~'" ,,,~, 1"l111 l'D'nO 1lVJII M'n r'J,,,011•n' .,, ,,,,·nn::a Ml'l"Y 1':>'Z,1 (24
:,z,:1 1•n• _.,, 1•n•1R • ..,, l:l"DP nD''P .,,.,.,. l'n' • .,, 1'1l"l (25
11n2n, l'l''' ,nnD 1'WDC ,a,~mc ,,.,, ne, .,,.,,,. tamn •~ nmn ,,1,:,nœ (26
,,,,n,ri, 101wn m:i ,,,,.m :m ,, / :rn,11'l"t'1111l n•'n ruw,, 1aœ n•', (27
an• a,z,,n •'m / ,,,, un:i i•:u, rn.,l ro', •',ina, nm', ,'?lnoac (28
pvnz,', :n,; u•• 1m', nl'P:, a,,.,z,w:, anwp:1 ac-,p MrWC', , . :1~:, ann,, (29
,nn 1, i,c p1n,o', rm, i"1:, "' ~=.,, m» nwp:, ~.,z,., ~ (30

(D')l1 (,1)p nw,i•) •11',n


't'rrffilUO ffllC' , l (f · D'lt'll ·p l (1 ar'nNt, (7 fU', P :J (6 ~ 1 p l (l
,,,, 2 (17 a,,r,., p (16 ~.-. I , "P 3 _.,_, l (H ~ P l (14 MJCn 2 (Il
m,an~(» rr,n,,:. m ran, CJ6 r'r.anoo ~ :-rcno ;i <24 1,
n~~ ~ , :s <
JACOB FRANK AND THE FllANKlSTS: HE.allEW ZOHARIC LEITERS
BEN ZION WACHOLOER

:n,iJ.i • •, m,xn m"•J 'VDWn• Dn'I ,'rftn, ~ ,nm •" t,,:i l''l :mn (t
"='1 ErO:m;, -,,, o..._ nmo., ,._ ~,_, .,,, m,iap:, ~ m', ':m ''M (2
IPM1 n'I Ml ,,.. .,,_,. nac •i••~ 111m mnac mr a;,r,, .,,, at,r., (J
D1::IWVI DIII / D'1tll r"ff :r:, ln , .. m,1 ~ ,iJ', m'1,m.,n, mr.n (4
,,.,. ,, 1, l'1 lfllfl D"PN 1'71' nni:s mJaa ,m m'1 ~,, ,.., (5
'1= ~ n,,:r, 1'nn :m,m a:,', :rff' mn n,-, ,,n.,
:r:r nn,n (6
1'1"Da,m, ~-,,.,, r,an i1., r,n m, ,o,,,, m,t', ,a,, 'm11•'M 1l":n nu'11l:r (7
n,m a.,,, :,'10 t»n, nr11 ,,., ~ nwm 11,, i,p ,,., (8
rw Mr.l nr., '11 ,,, '11 / cr,,;,, aw rw ma,pn., ;,l, 10~ n,MD, (t
:r:r 1'11 n•::1::1 ,mz,• n'=• 1m1 cc,~, m'W2 'm m,'71 m•;i', ~ oo
M-U' ~.,,.,, :n~ vne• :nflW
Qfflll u,.,1'="W a•im., lN ~ 11:1 (l l
/ ffl'Znl ID"'1"1 i, 'D m'1 l110'1 "1:,, •2• D'71r.1 'w nm'1 ,,n,w :,ni 02
m'1 rnz, •u:n, ,,.2.,
pt1011', n1'irtm m'J ::11n» :un •n••:t aan (13
m::110J)'I' 1"1Jn, ;,wz, irnnw ,, ~ 111M a,w n1':n ,._ •n'nw (14
in 1J ~11 'l111 Il i13' 1n', rrm., lP,,I' ,rsz,w ,m ml -,. fflP1I (15
rml ~ 'D '11, a,,ac'n, :IR n'Jr1 :ll'm P'ml / :,,,,_ 'ml 'M lm (16
.,,., I ma-,. mv,, ,rr., :m TM n-om 2'"1 pnr a:r,x (17
"°"
mm •RP 1•21 na acœ r, n11"1
a,,n .,:,a, .,,,,r,c •= ,, rn:u rnp "'" ~-m (ta
nsp 1D '10ft 11:ua, l'niD n.,m 1"'11, n~m ~ (19
VJ:,,W ,-,, -nlJ.i M ;,,. l"mnw a,1, "m1I 'lll r i ~ ~M :U'D1 (lO
33(D)mnoo 1n11~ m / mv,, m• anm DIMnl'I 12'2' u•1J Mt ,'r»' (21
,ra.,, :m'n tt'n1"'1 ,m ,,,.,.., :='1 mm'1 crznrm i2m11 mw 1"',pn m~ (22
n, D'• ,w 1n'1 ,:, .,, -,,., ,.,,:,-, uzm n,n~ im"J ._.-,, (23
ff'.1'I' 1n ~ ,;:t'
13' • .,. ,-wn ,,.,
m., ,;m ann :n'fi., ~ / ,or.1'11M1:r:r " vro,,w
'M :,,:y, 2Pr ':t'M n~'1 MUD.1'z:n 1'rll c•• ,zn (25
(24

ni,r, / miQ11 ~ 11 'lffl'1M 'M DNn CMl::I ff'll2 ~ •:, nm'M (26
llltffl NID• 1lffll 'n 1Jl'IW m:tD D:n D'l'11D Ult1 ',rtr n1 l ~ U'~ (27
ln2D ln:,tt cr'r.ftl 'na.~ ~ cr-n:,,'J ;n1 n, :r:,, ., cr-1pn ca
1nJ ICIZl' , n 1lru mac,', 'Du 1'1t ~ / U'l'J :m, nat 'm ,rrp (29
mn', nfflJIC,, :n:IIM m'1 ,,,,.,., ',trm ~ U'ffl ll'ffl~ lh:»Cl (30
i,r,,;.,..,:a(IJ
man,a,w
~p l(!)nnQJ(IO .,.,_.,,ca
,.,..,,..,.:,ml ,..,,,.,a1
""11n,>(7 ,,..,,,,,
.a w,201 _,u,
"TftP(3

ni :ITO'ID p 2 (Jf Id, :l'l'VID P :a UI


JAOOB FRANK AND THg RANJUSl'S: KUUW ZOHAJUC LE1ïDS 189
KEN llO~ WACHOLDF.R

nr., 10• ,nn, =n,_,,.., mpn r ,,, ,, ,.,p :in:,m 2n,w :m ~p"1 <1
~ n'O'»J:, » ,.,.innw ,, "'"" ,,,..., :n m, ,n,,n ,,e:, :1', n,n., 1
(2
,m:, ,ns iDOl iacum crn:n, ,,n,wZ), ,,m,
ac,:, nn D., iD:, ,,,, (3
i'mw ll'II) ac', 1,..,, ,:, :,,,,., ,mac ',ac ac,39 lPr n,a:i:,w nr., ri:n <~
ni~• ,n:nz,:, • .,,,, 11J'"" :ipr 11:,w u',&t ,,,,~ i,11:,w n11:, nr:, ,, (5
11,nan nin1:, :,1p ,r :,sp:, l1J rr,lD., an:n r-mo ,~n~ ,,nan ~~ (6
1,m n1J 1', ,.,,,l, "9nr n,.,,n:i a,p ,,,., a,~ ~• .,, ,n l':in (7
pnr a:n:i• r,m an:w ,z, ,, ana ,w rrrp:, n,:i nmc ,..,,:2 un• T'11:t• (8
lt'IID'r '110l (JCJ:ll'l) D,~ll 1::11:>'rw ,.,,:, :,,,:,;m.,,:, a:1,,,,::1,.,,., n,:,11J :lpJ'l (9
iaa.D atl' n~• ,n:i,r.,., :n,r, ,~•:.', pns'1 cr-,sz,', i'r.lw a:n3 11J:, oo
,..,., :u,n ,,., .,.,rr .,.., -~ll M1lZ)"êVJ1 . , ~ P'Dl rlW (11
aup,11 n:,wn 1z,n at',,:= ar:i au,,ro ltPffl •:, / i:m::i ian::11l:> annac 02
• ',e Dac., nac 'rr1, ,m na aw •~, ,ac', ri., art ,:m:i ,ac,lll:, 03
ac-, m / ,.,., ,'r.l ,,,,., :r~m :rpa,,n ,,:n ,m M'11:i,., ac~i ,c:, o•
~,,. o,:s,,,,:n> ,~,.,:, <•"> ,,..,, ~• 1:uc:, na .,.,.1• ai••:, natt:, nl3 ~l os
:ipr i'r•,..
,-n:, n,,i:s, :uz,,:, pi :,,:, :11 » ,:, ,,,., i'r.l a"1
06
:ann:i cr',w :,am1p :ipr :IPI' ,m,;, •'~ .,,,_,,, '110:i M?'Q1 ~,-,. 07
a-., acmu l'l ,:i ,n,,, ,, ,:n,::i r'z,:, ',:,.i ,uu, an:n •~ a~ us
1':rrrl ,'r', at:J"lrm 1JrU11 / ,,:,, ,,., ,z,,:,rr, ,,.,,pr., :nm au,11:, annac, (t9
:mmcR -,:, tac=• ,,., / '1ll a:s ,,.,, a~p,,s ,:, ,:,,, a•,r ':) (20
ffll'llll1 ,,,, •" r,-o a,,,,,
,,,,-,,:n :i•n:) ',:sac :r'u 1', :,,z,,e', aa'mi (21
m ~~ i,rz,., a,wp,z,, -,,.', a:rJD', ,,.rm a~n m..,,• u,:i, 1', (22
,,,w in•ll '" :rn• 1acn, ,:no''~,,,, :r,am', ,,., i•p,• ::ipr (23
•:21 aun:s MYD a,,a ao :n •z, m, / ,,,, oi,ac ~ ,,Dl (24
cnnn, am 'l •" ,me a,:, ,:, me ~:.',a., ,wpl' ,,n,"9 ,:r'M (25
Dml7.) ac :n ,z, ,ww, lffllll ,,,,. 1Ull' 1,•m ,iz,11,a , - (26
non~ lPr n•= ,,._ Pl1--i m:a rnp;, n,:i ,,,,. i'r• ,7.n (27
'M ,:, ,:, 'M mrn u, W"D,, rr,u :,,u , ~ r,z,, ,;.1l (28

~ p ~ (14 ., ,,:,Pl (t ltWQ P (7 mMW P :1 (5 ~ p2 a,', :O'nnD, l (l


~ P l (21 :en ffD Pl (JO ,110 p l 'WUID p (17
JACOB FRAN& AND TH! fRANIUSl"S: HUUW ZOHARIC LETrlRS •9•
BEN ZION WACHOLDER

a., D"n ,-,,. ,~ ,,,nrrnaa :c',l1 ,,:nm ui,,, lPr ,:1',ac n•l (1
~:r'M ':t nac an n•Pl, W''m ':a a•p~,:, n, m,:,r, 1::,,, a:,,acn,', (2
~-- ,:, m r'mi rn:u ~n• 10nm uz, •:, _,,,, aw ,nacm, (3
D'IC'll:t 1'1lr .,,, u', ft'Dl.W n,z,m:, ~., ,:m ~n, ,., ,,. ':t ~ (4
,nn i2'l1:nc / D"n a•z, ,aa:, KR'~ :2Pr n'l" aa•• ,z,, (5
u~::, pi .,,,2:, p,ec,, • ., ~, ~ n1,a,1:1 :n~., Mi, ,r-:, me (6
a,,-,:, m, ,,,m:, ',,:2 ,, ,,, a,:,n,, mn', 1n, 011,~:, orn (7
an:, p:, 901 11', ~ :umu ,nn, une ,,,..,., ,ac1m, c,,nnp;, (8
:sn:»» :1mw :m DMP'n ,2,,:1,., ,rn.n, :cacn me n:,wn, pm (9
a•'lln:s 'r.m, n1r,:1 ',:m m"Vlri a:,,m :r:t' lPr "- 1r1p (t o
r,, a:,', :1,., ":t'l a,,sz, ,~ :,a,,u ~,, nw om'r~',) m'r~:,', ,,,m <11
:D"fC D''0KI D'nl 'D' (12
ro:a~ ,,.. Jr'M ,~ :m'nl D1PD 'Pl:'1 'pon',an P'Tllrll ( ll
1'D:rlll ,r',ac 1:1 RJ UU a,pz, 'Pl:S ',cm"-n ',tg~ (14
t'm'IICpvllft1J 11,m'', "l"Jn 1:1 mn,, a,pz, 'Pl:1 r":mn 'rrrJ"' (15

Qlll , ~ pn 2 (9 ._,.. ~ :'l'CM 2 (5 .,.., 2 nmn Pl (3 Q'1 P (2


-.,. :D'ft'ID p 2 ~,o,._,, p ~ (14 ,O,ftii ~ 2 (13 rd, :crrc,m p :1 ffl'l'n :nit :crnnD, l
,.,_.,.,,.• • p ~ 111M p ,_.., 2 -.,o,m,, .,a,-rm, 2 ,,-ml" p a1tfflr 2 (15
(ag] JACOB FRANK AND THE RANKJS'l'S: HUUW ZOHARIC 1EITllS
ANNEXE II

Dossier du dépistage
de la drépanocytose
296 ARCffiVES DU MONDIALISME

HAUTE AUTORIT~ DE SANT~

DÉPISTAGE NÉONATAL DE LA DRÉPANOCYTOSE EN


FRANCE

QUESTIONS/ RÉPONSES

SOMMAIRE

Quelques repères chiffrés .......... ................... ................ .............. ........ ........... ... .. ...... ............ 2
Qu'est-ce que la drépanocytose ? ... .. ...... .... ........ ................. ... ........................... ..... ......... ..... 2
Combien d'enfants drépanocytaires naissent chaque année en France et dans le monde? . 3
Pourquoi dépister la drépanocytose dès la naissance ? ..... .... ................................ ............... 4
Comment le dépistage néonatal de la drépanocytose est-il actuellement organisé et réalisé
en France? ......... ...... ... ..... ........ ... ... ....................... .......... ..... ........... ... ... ................. .............. 4
Comment ce dépistage se passe-t-il en Europe ? .. .......... .. ......... .......................................... 4
Pourquoi la HAS ne préconise-t-elle pas d'étendre ce dépistage à tous les nouveau-nés en
métropole ? ......... .. .. ............ ..... .. .. ............ ..... .................. ......................................... ............. 5
Quelles questions la découverte d'une hétérozygotie chez un nouveau-né soulèvent-elles ? 5
Annexe .......... ...... ... .. ..... ... ..... .......... ............ ........... .............................................. ................. 6

Questions/Réponses - Dépistage néonatal de la drépanocytose - Service Presse, mars 2014 1


ANNEXE II 297

Quelques repères chiffrés :


• 382 cas de drépanocytose détectés à la naissance en France, 310 en métropole, 72
Outre-Mer (observés en 2012)
• 309 858 nouveau-nés dépistés (2012) ; 271 887 en métropole, 39 971 en Outre-Mer
• Au niveau mondial, environ 312 000 nouveau-nés drépanocytaires en 2010
(estimation)

Qu'est-ce que la drépanocytose ?


La drépanocytose 1 est une maladie liée à une mutation génétique à l'origine d'une anomalie de
l'hémoglobine des globules rouges, qui assure le transport de l'oxygène à tous les tissus et organes. Il
s'agit d'une maladie grave, rare et peu connue en France, qui toucherait environ 10 000 personnes
(tous âges confondus).
La drépanocytose se manifeste de manière très variée selon les personnes. Elle se caractérise par
une anémie, une obstruction des vaisseaux pouvant provoquer d'importantes douleurs et par une
sensibjljté aux infections bactériennes. En France, l'âge moyen au décès des personnes
drépanocytaires a augmenté depuis les années 1980, passant de 22 ans sur la période 1980-1985 à
34 ans sur la période 2001-2004 et 40 ans sur la période 2005-2008.

Aspects génétiques
Il s'agit d'une maladie à transmission autosomique récessive, c'est-à-dire que pour que la maladie
apparaisse, deux copies du gène muté doivent être transmises, l'une par la mère et l'autre par le père.
Un enfant avec deux exemplaires de la mutation est dit homozygote SS. ·
Lorsqu'un seul exemplaire du gène muté (appelé allèle S) est présent, l'enfant est hétérozygote AS,
c'est-â-dlre qu'il n'est pas atteint de la drépanocytose. Il peut éventuellement transmettre la mutation à
sa future descendance.
La mutation génétique impliquée dans la synthèse d'hémoglobine anormale associée à la
drépanocytose serait apparue Il y a des milliers d'années au sein de populations de régions d'Afrique
subsaharienne, et probablement d'Inde, fortement exposées au paludisme, en conférant au porteur
(d'une seule copie du gène muté) une certaine protection contre le paludisme parasitose dont la
cellule cible est le globule rouge et transmise par l'anophèle femelle.

1
EllCOfe appelée anémie falclfonne.

Questions/Réponses - Dépistage néonatal de la drépanocytose - Service Presse, mars 2014 2


298 ARCHIVES DU MONDIALISME

Mode de transmission de la drépanocytose : maladie à transmission autosomique récessive

Le terme « autosomique » signifie que les deux gènes en cause dans la maladie sont situés sur l'une
des 22 autres paires de chromosomes que les chromosomes sexuels (X et Y), les« autosomes». La
maladie peut donc apparaître aussi bien chez une fille que chez un garçon. Chaque individu porte
deux copies de chaque gène : une copie héritée de la mère et une copie héritée du père. Le terme «
récessif» signifie que les deux copies du gène doivent être altérées pour que la maladie apparaisse.
Ainsi, les parents d'un enfant atteint de la maladie ne sont peut-être pas malades eux-mêmes, mais
ils sont tous les deux « porteurs » d'au moins un exemplaire du gène défectueux (ils sont
hétérozygotes AS, cf. ci-dessous). Dans ce cas, le risque d'avoir un enfant atteint de la
drépanocytose pour un couple où les deux parents s~nt « porteurs », est de un sur quatre à chaque
grossesse.

Les deux parents portent le gène muté(« S »), mais ne sont pas malades (mais hétérozygotes).

L'enfant SIS a récupéré les deux gènes mutés de son père et de sa mère : il est atteint de
drépanocytose (homozygote SS).

Les enfants AIS ne sont pas malades mais sont porteurs du gène muté et risquent de le transmettre
à leur descendance.

L'enfant A/A n'a hérité d'aucun gène muté, ni celui de sa mère ni celui de son père, il possède deux
gènes non mutés: il n'est pas malade et ne risque pas de transmettre la maladie.

A/$ I
+
Â/S A/S

S/s
Homozyvot• tan - ~ ma.de
•~po,tau,W'I

Combien d'enfants drépanocytaires naissent chaque année en France et dans


le monde?

En 2012, 382 cas de drépanocytose ont été identifiés en France chez les nouveau-nés (310 cas en
métropole, 72 Outre-Mer) dans la population des 309 858 nouveau-nés ayant bénéficié d'un dépistage
2
pour la drépanocytose (271 887 en métropole, 39 971 Outre-Mer).
En métropole, 310 cas de drépanocytose ont été identifiés parmi les 271 887 nouveau-nés qui ont
bénéficié d'un dépistage (soit 34% de la population néonatale dépistée). La prévalence est ainsi de
0, 11 % dans la population dépistée.
La majorité des cas identifiés est regroupée en lie-de-France (plus de 60%, 189 cas, loin devant la
région Rhône Alpes (6,9%, 22 cas) et la Région Centre (5%, 16 cas).
Outre-mer, 72 cas de drépanocytose ont été identifiés parmi les 39 971 nouveau-nés qui ont bénéficié
d'un dépistage (soit 100% de la population néonatale dépistée). La prévalence est ainsi de 0,19%
dans la population dépistée. .
La fréquence des cas de drépanocytose détectés est globalement stable sur la période 2006-2012
dans la population dépistée.
L'absence de données fiables dans la plupart des pays rend difficile l'estimation du nombre de
personnes réellement touchées dans le monde. Selon de récentes estimations (2010), 5,4 millions de
personnes seraient porteuses de l'allèle S et environ 312 000 nouveau-nés seraient atteints de

2 Ce dépistage concerne tous les nouveau-nés dans les DOM et les nouveau-nés de parents originaires de zone
géographique à risque en métropole.

Questions/Réponses - Dépistage néonatal de la drépanocytose - Service Presse, mars 2014 3


ANNEXE Il 299

drépanocytose dans le monde, en majorité en Afrique sub-saharienne (75,5%), de façon moindre en


zone arabo-indienne (16,9%), en Amérique du Nord et du Sud (4,6%), en Eurasie (3%), l'Asie du Sud-
Est n'étant pas concernée.

Pourquoi dépister la drépanocytose dès la naissance ?


L'objectif est de mettre en place dès la naissance une prise en charge spécialisée et des mesures
préventives des complications infectieuses pour l'enfant atteint de drépanocytose (antibioprophylaxie
quotidienne et attention particulière portée aux vaccinations) ainsi que des mesures
d'accompagnement auprès des parents (information sur les manifestations cliniques précoces, sur le
mode de transmission de la maladie, sur la conduite à tenir en cas de fièvre ou de crises
douloureuses, sur les mesures à prendre en cas d'urgence, ou encore une sensibilisation sur
l'importance d'un suivi rapproché), avant que les premiers symptômes n'apparaissent. La prise en
charge ultérieure concerne de multiples complications aiguës et chroniques liées à des anémies et
des phénomènes vaso-occlusifs.

Comment le dépistage néonatal de la drépanocytose est-il actuellement


organisé et réalisé en France ?
Il est réalisé dans le cadre du dépistage de maladies rares à la 72ème heure de vie à partir d'un
prélèvement sanguin au talon du nouveau-né, par les personnels soignants des maternités.
Dans les DOM, le dépistage de la drépanocytose est réalisé chez tous les nouveau-nés. En France
métropolitaine, il concerne les nouveau-nés dont les parents sont originaires de régions à risque. Une
liste régions à risque de drépanocytose et des critères larges de ciblage ont été publiés par
l'Association Française pour le Dépistage et la Prévention des Handicaps de l'Enfant ('AFDPH) dans
le bulletin épidémiologique hebdomadaire Guillet 2012) cf. liste ci-dessous.

Critères de ciblage des nouveau-nés à risque de syndrome drépanocytalre majeur en France


métropolitaine, 2012 3

Départements français d'outre-mer : Antilles, Guyane, la Réunion, Mayotte


Tous les pays d'Afrique subsaharienne et le Cap-Vert
Amérique du Sud (Brésil), Noirs d'Amérique du Nord
Inde, Océan Indien, Madagascar, Île Maurice, Comores
Afrique du Nord : Algérie, Tunisie, Maroc
Italie du Sud, Sicile, Grèce, Turquie
Mo en-Orient : Liban , S rie, Arabie Saoudite, Yémen, Oman

1- Les deux parents doivent être originaires d'une région à risque.


2- Un seul des deux si le deuxième n'est pas connu.
3- S'il existe des antécédents de syndrome drépanocytaire majeur dans la famille.
4- S'il existe un doute our les critères 1, 2, 3.

Comment ce dépistage se passe-t-il en Europe ?


En Europe, le dépistage néonatal de la drépanocytose concerne essentiellement cinq pays : France,
Royaume-Uni, Espagne, Belgique, Pays-Bas. Il y est pratiqué de façon très différente, tant en ce qui
concerne l'étendue du territoire (sur sa totaJité ou seulement dans certaines régions) que des
populations dépistées (ensemble des nouveau-nés eUou les plus à risque).
En Europe, la France a été pionnière, avec un dépistage de la drépanocytose à la naissance mis en
place sur la totalité du territoire national depuis 2000. C'est également le cas au Pays-Bas depuis
2006. Il est réalisé en routine :

3 Galactéros F, Bardakdjian-Michau J, Roussey M, Suzan F, Paty AC, De Montalembert M, et al. Numéro

thématique. La drépanocytose en France : des données épidémiologiques pour améliorer la prise en charge.
BEH 2012;(27-28):-311 .

Questions/Réponses - Dépistage néonatal de la drépanocytose - Service Presse, mars 2014 4


1

300 ARCHIVES DU MONDIALISME

en Espagne, au sein des maternités de quelques provinces, de façon systématique ou ciblée ;


en Belgique, dans deux villes, de façon systématique ;
au Royaume-Uni, en Angleterre, en Ecosse, en Irlande du Nord, de façon systématique mais pas
au Pays de Galles.

Pourquoi la HAS ne préconise-t-elle pas d'étendre ce dépistage à tous les


nouveau-nés en métropole ?
Ce rapport" est fondé sur une revue de la littérature scientifique portant sur :
les aspects épidémiologiques de 1a drépanocytose, l'efficacité et l'efficience d'une stratégie de
dépistage systématique versus ciblé,
les stratégies actuelles de dépistage néonatal de la drépanocytose en Amérique du Nord et en
Europe.
La drépanocytose étant une maladie rare à l'échelle du territoire national, l'expertise tant sur la
maladie que son dépistage est concentrée auprès des professionnels de santé impliqués dans les
centres de référence et la structure en charge de la gestion de ce dépistage (AFDPHE) et de quelques
associations de patients. En raison de cette forte concentration de l'expertise et au vu des difficultés
de gestion des liens d'intérêts, des auditions ont été organisées afin de s'assurer que l'ensemble des
arguments scientifiques ont été identifiés. Ces auditions ont permis de recueillir les positions
argumentées de spécialistes de la drépanocytose et de son dépistage de divers horizons et
disciplines, parties prenantes à ce dépistage à différents titres ainsi que des représentants
d'associations de patients.
La HAS a ainsi auditionné des experts médicaux de la maladie, des représentants de l'Association
Française du Dépistage et de la Prévention des Handicaps de l'Enfant (AFDPHE) en charge de la
gestion des dépistages néonataux, des experts en sciences humaines et sociales ainsi que des
représentants d'associations de patients. ·
La HAS souligne dans son avis qu'il n'y a pas d'éléments permettant de justifier la pertinence d'une
stratégie de dépistage néonatal systématique de la drépanocytose en France métropolitaine.
L'efficacité d'une stratégie de DNN de la drépanocytose à tous les nouveau-nés en métropole ne peut
être démontrée, en raison des Inconnues tant épidémiologiques que démographiques, et dès lors
l'évaluation de l'efficience d'une telle stratégie de dépistage n'est pas réalisable.
Des données robustes illustrant un manque d'efficacité de la stratégie ciblée actuelle ne sont pas non
plus disponibles. Il a notamment été constaté :
des taux stables de détection des cas de drépanocytose en France métropolitaine (et
d'hétérozygotie AS), alors que la part de la population dépistée augmentait :
ainsi qu'un nombre de cas potentiellement manqués faible ~mais non quantifié}, en majorité par
absence d'évaluation du risque (et non par échec du ciblage) .

Quelles questions la découverte d'une hétérozygotie chez un nouveau-né


soulèvent-elles ?
La découverte éventuelle d'une hétérozygotie chez un nouveau-né est indissociablement liée au
dépistage néonatal de la drépanocytose. L'objectif premier du dépistage néonatal de la drépanocytose
n'est pas la recherche du trait drépanocytaire. Cependant les tests utilisés identifient inévitablement
des hétérozygoties. Cette découverte soulève la question de l'Information à délivrer autour de cet état.
Il s'agit en effet d'une Information complexe qui peut être associée è des interrogations et
incompréhensions quant aux conséquences tant sur la santé, qu'en termes de projets familiaux. Des
pratiques d'information hétérogènes ont été rapportées dans la littérature, tant dans les pays anglo-
saxons qu'en France.
La HAS aborde ces aspects dans le rapport réalisant :
un état des connaissances sur les éventuelles conséquences au plan médical du trait
drépanocytaire dans la littérature,

" Dépistage néonatal de la drépanocytose en France : Pertinence d'une généraUsatlon du dépistage à l'ensemble
des nouveau-nés
5
(étude observationnelle et avis d'experts)

Questions/Réponses - Dépistage néonatal de la drépanocytose - Service Presse, mars 2014 5


ANNEXE Il 301

et un état des débats quant aux conséquences de l'information en termes de projets familiaux,
pour le nouveau-né, et sa famille.

La HAS a souligné que le contenu de l'information devrait faire l'objet d'un consensus et que sa
délivrance devrait permettre un temps d'échange entre parents et professionnels de santé formés.

Annexe

Dépistage systématique, ciblé

« Dépister » consiste à réaliser au sein d'un groupe de personnes ne présentant pas de symptômes
apparents d'une maladie, des tests performants simples et rapides permettant de distinguer celles qui
ont un risque faible d'être porteuses de la pathologie et celles dont le risque est suffisamment élevé
pour justifier la poursuite de la procédure diagnostique. Il s'agit de s'assurer que le dépistage permet
effectivement d'atténuer les problèmes de santé et qu'il ne revient pas seulement à allonger la durée
pendant laquelle les personnes se savent malades. Le dépistage doit pouvoir conduire à modifier le
processus de la maladie.

En fonction de la population cible, un dépistage peut être :


• soit systématique, la population recrutée étant non sélectionnée (en dehors d'un critère d'âge
éventuellement) ;
• soit ciblé lorsqu'il s'adresse à une sous-population sélectionnée sur des critères préalablement
définis, lesquels permettent de la considérer comme à « haut » risque (en général facteurs de risque
mis en évidence dans la littérature). Une sous-population est considérée à haut risque pour une
maladie ou un trouble donné si la prévalence de cette maladie ou de ce trouble est beaucoup plus
élevée dans cette sous-population que dans la population générale.

De façon générale, comment évalue-t-on la pertinence d'un dépistage ?


Que la question porte sur la population à dépister et/ou sur la technique utilisée pour le réaliser, et
quelle que soit la maladie considérée, l'évaluation de la pertinence d'un dépistage consiste à évaluer,
dans un premier temps, la balance entre les bénéfices de santé attendus et les risques associés au
dépistage, et le cas échéant, dans un second temps, le différentiel de coOts rapportés au différentiel
de résultats de santé associés.

Questions/Réponses - Dépistage néonatal de la drépanocytose - Service Presse, mars 2014 6


302 ARClilVES DU MONDIALISME

ÎABLEAU Vl.1 ~ DtPISTAGE DE LA DRtPANOCYTOSE EN 2017

Nombre de Nombre de % de la ~~!~~.~.~~~~·-·--··········~~~.~.!~~! .. _._.._._...


....
NN testés NN testés l tl sur NN
toutes poCplublaéeon SOM sur tous NN testés
Drépanocytose testés
maladies Drépano
Alsace 23 922 8 862 37,05% 9 1/2 658 1/985
.. ~.~~~. ~ .t.~?.~~~~~--~~~~(~~........... }.~!.?... .... ..........~ .~?.~............ }~!~~~-· ......... ..<?.... .... ...... . ~!:............ ....~!.-.......... .
..~~~. 1.~~.1.~~ ........ ............ .... ...n~~·~······· ..... ~.~.47. .... ......... ~~!~.~~ ..... . ..... . .~ .. .. . ..... . ....~!.~~ .$~.L ......~!.~A~!t ..
.. ~~~~~.............................. ~n ............. ..... ~~ ............ .~.~i~t(?..............?...............~1.-................~1.-.. ....... .
..~~~.T>~~ .. .................. ..... ~I~?.t .......... .. .P~~.... .......... ~~!~t~ .............4...............~!.E'l~......... Y~'?~ ......
··~~~!~,~.~ . ····................. ..... J~.~~.<?.......... .. ... ~ .~~~ .......... .. ..~!~t~.. .............~...............~!.4.~~?.........1 !.~'J.1. .......
..~~.~~~!....................... ... .... .?$.~?l .... ...... ... ~.~~~···· ·•····· .2.'t!~~.~ .. .......... ~?. ..............~!.~}~~ .. .. .... ~!.~~!. ...... .
.~~~.~P.~~.~~~~~~~~·~· ·· · ·· .... ~~?~~ ......... .... .~ .~~t ............~?.!~~~·············1 ......... ... .~!.'t.~~1 ... ... . ..~!.~.~~ .. ....
. ~~~.~~~.~~~~~~~ ...... .. . ..... . . ... ~~ .~~ ········ .. ·· · .. .2 .~.$.~ . ......... .~.3!~~ (?... .... .. ... .4............~!.l~~} .......~!.?1.~ ..... .
0

Ile de France 177 556 123 751 69,70% 251 1/707 1/493
:~:~~~~~~~~~.~~ii: i~~::: : : :~:~:~i~:: : : :::: .·: :~i:~;i:: : : : : : ;~~~~:~:: ::::::::::~:.:·::::: .:: : ~i~:1.~::::::.:::~z~:;:j( : :
1
. ~l~~~s~~ .... ....................... ~ !.~.. .. ......... .~?~~ ....... ......~.6!~!.~ .........6......... . ~/.1.1~.~ ......... ~!~CJL .... .
.. ~.~~~.~~,.~.~~ ....... ...........1?. ~.o~ .............. ~.7~~ ····· ... ... ~.3'.~~~............~....
..... .. . ~~-~.~~? . ...
~~-~.1!7 ... .
.~~dl.:~!~~~~.~ ............. ... }?.~':+} .......... 1~.1~1... ..... }J!~?_'~, ... , .... ~~ ......... ..1/.~Y!.'t.. .... 1f.~~~ . .. .
.. ~~~~~~~~. ~~~~l~l.~.. .... .....':+.~.~':+.L ..........~~n~ ...........
2.~!~~~ .. , .. .... ~~ ........... .~!.4.'t.~L .......~!~.0 7, .. ..
..~~~~•~~!~ .................... ..}J 1.~~ ... ...... ...... ~ .~~7. ... , ........~H.~~............. 1t ............~,.~.~~~- ........~!.4~.... ..
PACA + Corse 62 129 30184 48,58% 10 1/6 213, 1/3 018
. ~.~nt.~~~~~........... ............. , . .~ ~!J ............ .9~?. .. ......... JYt':+.~ .......... ~ ........ ...... !.~.~n ...... .1!.~~~..... .
1

Pays de Loire
Angers 25 343 4 293 16,94% 6 1/ 4 224 1/716
Nantes 29 725 4 757 16,00% 8 1/ 3 716 1/595
. ~.~ ~!~~lto~.~.~~,!~,~~............. .. ~ .~61 ... . .... .~}~?. .. ,.... .... ~.6!1~~ . ..~.. .. .... .. - *~ .~~1... .... ~!.~~?~ ...
.. ~!~~r~!~ ........................ ~9.J~?. ........... 1.~-~.~.... ,. .. .2:4!9.~~............?........... .~!.~}?~... . ....~!.~~2. ... .. .
Rh&ne-Alpes 90144 31 771 35,24% 37 1/2 436 1/859
Sous Total 728 341 2n 008 38,03% 421 1/1 730 1/ 658
Guadeloupe<-> 4 620 5 030 109% 10 1/ 462 1/ 503
.·~~i.~:~~:.·:: : . : : : : .: : :: ::i:~~.~·.:: :::: ~.::1. :~~~ : ..:: :: ::: .:·. ;~~~ :: :.:·:: ~::· : ~i.:·:·.:·:... ~/~~~::·.: : ·: :~i:~~~:. . .
Martinique 1-> 3 595 3 634 101% 7 1/514 1/519
: ~~~~~~: ::: . ::::::::::::::::.::.i~~i:::: . :: : : ·: ù~i .: ~: ·.:~··:~
:~~:··::·::·:::.:i :.:.:··:::.::~ià~::: ··::::.·:~àji ::.:::
~~~.~I~~ ... .................... ~.~ ~4.~.............. ~~ ~~~ ............ ~<?~~ -......... ...L ...... .....~!.~.!.~.~......... ~!.~ !~~--···
. ~t.~1~.~re.~~.~14:1.~~~~~-- .. ..... ... JL .................. ~ .. .. ,............ ?.o/o................<?.... .... ......~!:. ............1/•........ ..
Polynésie, Nouvelle
Calédonie, Wallis et 8 057 30 0,37% 1 1/8 057 1/30
Futuna
Sous Total 47 620 39 997 83,99"/o 7S 1/ 635 1/ 533
TOTAL 7759'1 317005 t/639
(,) fn Manlnlqu, ,t tn Guadtloup,, lt dlplsta~ dt la drtpanocytos. tst rloUsl sur p/act ,t lts outres dlplstagts sont ,,01/sb par la rtgion lit dt Franc,.
(1) us moladn œmptablllsls nt ùtnn,nt compt, qu, da syndromts drlpanocytalrts mo{turs (SOM) : SS ; Sl)(hol; SC; SOPun/ab ; SOotob ; ASAntil/es ;
ASOman ; SE ; SLtpore.

---------■ ASSOCIATION FRANÇAISE POUR LE OtPISTAGE ET LA PRtVENTION DES HANDICAPS DE L'ENFANT


Page 61
ANNEXE II 303

Î ABLEAU Vl.2 --+ Dt PISTAGE DE LA DRtPANOCYTOSE EN 2017

Malades Syndrome Drépanocytalre Hétérozygotes HbS


~oNmt:~~:se -··········-············- ········-··-······-···-···-·· ~ ··-·-··--··;;~-~~·~·~~···············--······- ···
Drépanocytose SOM SS SC S6thal Autres w AS AS sur les AC Autre
CJ. zl cz> SOM NN ciblés anomalie

Alsace 8862 9 5 4 o o o 170 1/52 36 1


dont Est Mosellan•lorralne 1196 O O O O O O 6 1/199 2 O
: ~q~:i~~.~~ : :::. : .: . : .: : : : : : :i~~i::::::.::: .: ~:: : :: :~:: .:::;::: :::::?.:.:::: : :~:::::·::::: : ::~::::. : : : :~~~ : : :::::i/~7. : ::: :::~:~::: : :~:~:::::
..~~~~...... .... .. ...... ............~.~-... ..... .... ..'?...........?...... ~ ........?.... .......?.......... .....?........... ...?.... .....~(.-.......... ...'?.. .. ......'?..... .
..~~~.':'-?~~ ......... ... ............} .~~.~ ..............~......... .} ..... .. ~ ........?... ·•......?... ........... .'?... ....... ... ~.~ .........~/.~~ ......... ~.~.. ......~......
. ~~~!~~·~·· ·· ·· ··· ·................ }~~.~......... .. ...~.......... I .. .... ~ ........?...........?...... .. .......?.... ..... .. .~l~ ... .... .~!.~~ ........ ?~ ......... 1. . .. ..
Centre 6 204 19 18 1 o o o 291 1/21 54 15
::~~~.~P.~~~:~~~~:~~:::::::::::~
Franche-Comté
:~j~:::::::::::::i4 ::::::::::3?:::::::i::::::::
2 851 o
~
1
:::::::::::?
o
::::::::::::·::?
o
::: : : ::::~~~:
63
: ::::::i1//~4::
45
: ::: :::~~:::::::::i
9 11
: :::::
·~3.,5~····· ····· ;;·~··· ···· ~s~····s;······~·~··········s···············:,······· ····467~······~i;i,···· ·· ~·~ss···--4s4···
·· u~·d~·F~~~~--... ···.... ······· ·~
. ~~:~~~~i~~~~~~~~~~~: ~~ : : : : :~~j:: : : ::: ::~:: :: : : i::::::~::: : ::~:: :::: ::~::::·: : : : :::~:: : ::::::~:ù: ::: : ~/~~:::: : ::~:~:: : : :~:~::::
, ~l.r_n~~~~~···•···· .. .. ......... .Y6.~ ..... ... .....~...........L .... ~ ........?...........?...... ........?.... ........ .~.1L ... }/.~~ .... .,... ~J .. ... ..., .... .

.~~.~;~;.~~.'~"!....... . .......~ ~~~.... ......~. ... . .?............... .~..........~.............~.......... ~.~~ ·····•· ~~.~~ . .....?.~......~.. . .
.~!~.,.~~~,~~.!~ ........... ..... ~.'?.~.~.~ ....... ... .~~ .. ..... ...~... ....1........?...........?...... .. ... ... .'?..... ....... ~~.~ .. ..... .~( ~~ ...,.....!.~....... J~.... .
.~!'~~-~~.~ .~~ ~~1~.1~., .... ... ..~~D.t ...... .... ~~ .. ...... l. ... ... ~ .. ... L .........?.......... .. ...?........... Y~!. ... ... .~!.~~·•·•·····~•L ..... ~... ..
~~~~~.n~I~ ... ........ .... . .$} ~?... . ...... ~.L ... ...?... ...J ..... ...~... ........?............ .~.. ......... ~J~ ........~f.~.t ....... J~.. ..... ~.L .
PACA + Corse 30 184 10 6 1 3 o 1 335 1/90 125 138
,. ~.~?!.~~,.~.. . ............... ... ... .. 9.~.2 .... . .......... ~, . .... ., ... ~ . ... ... ~ ........?.... ,.... ..? ....... ,, .....?...... ....... .6.. .. . ....~(.~~.~ .. .... ...2... .......~. . ... .
Pays de Loire
Angers 4 293 6 5 1 o o o 222 1/19 38 12
Nantes 4 757 8 s 2 1 o o 182 1/26 41 20
d.o?~.~~l~~u ~h.~r~~.t.~s ............. .. .2. ~~?... ..... .... ~ ..... ..... ~ ......~ .......?.........o.... ... ,.......o........ . ...'!.~ .. .......~/.~~ .. .. .... ~~ ...... ~~ .... .
Picardie ...... .. ..... .. ~. ~~~. ... .. .....?.. ........?.....~ ...... ~ ......,....<?..... ... .••..?. .. ... .... H~ .... .... ~/.~~ .........':t.?........ ~..... .
Rhône-Alpes 31 771 37 27 4 4 2 o 723 1/ 44 161 140
Sous Total 2n 008 421 301 88 24 8 9 8 1n 1/ 33 2 059 927
. ~~~d~~!'~p~<~.. .... ... . .. ,. .. .1 ~~.?............ ~~ ... ... .. .L ... .~ ........~ ..........?.............. .?....... .. }~~·•·•··· ~(.~~. 114 1
.~~ya~e .. .... ...... ........ ?.9.~?.. .........}~ .. .....?L . .11 .....~......... .?........... o. .. ..... . ..!.2~ .. .. ...~!.11... ::::: ·~;~::::::: :~::::::
~•r~l~l.9.u~.<~ . ...... ... ... ...... J ~~L ........ .l. .........L ... .~ ........~ .. ........~. .............?. ........ ~.4~ ... .....~/.~~......... ~.~ L ... .YL ..
Mayotte 9 493 13 9 o 4 o 1 444 1/21 2 1

: :::;:~~: ~t :i,i~~;;. :: : : .;jt •:·•:.T: .·:!·. •t·•:· :::•:: : : • •.f:•. : • :3:t ::: B?9: •: : j : •:f ·:
Polynésie. Nouvelle .
Calédonie, Wallis et 30 1 1 o o o o 1 1/30 o o
Futuma
Sous Total 39 997 75 47 22 6 o 1 2 151 1/ 19 491 44
TOTAL 317005 ~ uo 30 8 10 10528 s/30 2 550 97t
(1) Ce groupe~, la forme mo/orltalrt de SOM
(2) Sont comptoblllsü les pro/fis SS lt SC conffrmls et non conffrmls
(J) Syndromes Thalasslmlqun majeurs (fJ.,halossJmlt ma/turt ,t E~"thalasslmlt)

Page 62
304 ARCIIlVES DU MONDIALISME

ÎABLEAU Vl.3 ...... tvoLUTION DU DtPISTAGE DEPUIS 2006* - DRtPANOCYTOSE

MITROPOLE 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
NN testés
,......................... ....214 181 223 964 235 905 242 673 253 466 262 683 271887 279 903 290 893 295 951 292 871 277 008
........................ ,. ... .. ................ ... .... ...... ..... , ........... ...... .. ,.,, ............. .... .. ............ .. , ......... , ... , ................................ .

.. ~-~·~ ·~·~ ·~'~~~!.....?~.~ -····~-~'.~~.~ ...~.~ :~.~ .~ .. }~:~~ ... ~~~.~~ . ~~:~.~ .. ?.~'.~.~.~...~.~:!.~~.. Y:~~~ ...?.~:~.~.~... ?.~:?t~ .. }~'.~~~ ..
NN SDM 285 326 297 314 344 305 310 353 397 387 356 421
lnc ldbenlce 1/2789 1/21415 1/2694 1/2527 1/2343 1/2603 1/2546 1/2221 1/1969 1/1969 1/2088 1/1730
go
1 ae
lnc!bdle_nce 1/752 1/687 1/794 1/m 1/737 1/861 1/Sn 1/793 1/733 1/765 1/823 1/658
c1 ee
...Hz HbSC.> 5 873 5 996 6 297 6 189 6 915 7 051 7 126 7 465 7 859 8 072 8172 8 377
, ....... ... .... .... ....... ., .... , ............. ...... ' . . .... .... . . . . . . . . .. . . . . .. . . . . . . . ., . .. . . . . . . . .. . . . ... .... . . . .. . ... .. . . . . . . ... . .. . . .. . .. .. . . . .. .. . .... . . . . .. . .. . .. .. ... ' . . . . . .. . . .
'

Incidence Hz 1/36 1/37 1/37 1/39 1/37 1/37 1/38 1/37 1/37 1/37 .1/36 1/33
..~~~~-~,~~~ ............. ....... .... ............. ............. ····· ···•· ..... ... ........ ...... ........ .... , ....... ........ ... ..... .. .. ... ... .. ... ..... ... .... ., ......... ..

OUTRE-MER
.... .... ,.testés
NN 39....
..... , ......... .... ., . . .... 486 39 094 ...40
...................... 274
... ...... 39 268. .......38. ...536
.................. 37 594 37 971 36 844 37 582 39 409 39 349 39 997
,. .. ..... ....... . . ..... .......... , .. .... .... . ...... . .......... . .... ... ... , ....... .... .......................... . .
NN SOM 90 56 64 89 68 69 72 88 88 79 75 75
lnc ldben,ce 1/439 1/698 1/629 1/44i 1/567 1/545 1/527 1/1+19 1/427 1/499 1/525 1/63;
go
1 ae
Hz HbSW 2 207 2 003 2 057 2 050 1 985 1901 1910 1893 1836 1 966 1 988 2 151

. . ,. ,. ,. . . ..,. . ,. ,.. . . . . . ., . . . ,. . . . . . ,. .... . . .. . . ... .. ·- · · · • ·" •"· · ·- · · · . . ... . . . . . . . . . .


, I , ., • , , 0 ,, 0 , , • .. , ,. • , .. • • . . . • .. • .. • • • I • • I t • • • • • , • • , • t • • • • • , .. , , • f • ; • • • .. , .. , 1 o • , • • • , • • • • • ~ • , • • • • \ .. • .. , • • • • • • • • • • o • • • • • .. • • • • • • ~ • ,. • • • • • • • • • • • .. ♦ • .... • • # .. • • I • • • • • • .. • • " • o. • • • " • • • • .... • • • • •

Incidence Hz 1/18 1/20 1/20 1/19 1/19 1/20 1/20 1/19 1/ 20 1/ 20 1/ 20 1/19
~~~~&).~,~~~

TOTAL FRANCE
NN testés • • • • •• " •• " . . . . . . . . . . . . ,
252 828
' • • • •
263 114 276134
• . . . . . . . . ... . . . . . . . , • • • • •
281982
• • .. .. • • • • • • • • • • • • .. •
292 041 300 277 309 858 316 747 328 475 335 36o 332 220 317 005
• • • • • • • • • • • • • # . • .. .. • • ... . .... . . . ...... , • , • • • • • • .. , . . . . . . . . . . . . . . . . . . , . . . . . . . . .. .. .. . . . . . . . . . . . . . . . . , .......... . , ..

% de pop ciblée 30% 31,50% 32,50% 33,50% 34,20% 35,73% 37,06% 38,18% 39,64 % 41,45 % 41.98% 40,85%
.......... , ..... , .. , ........ ... .. ....... ,. , .. ......... ..... .... . .................... ·· ······ ............ ................................... ...... .. ....... ................... .... ... ... ... ....... .
NN SOM 375 405 361 403 409 374 382 441 485 466 431 496
lnclldben ce 1/ 2249 1/ 2065 1/2352 1/ 2089 1/2086 1/2247 1/2189 1/1881 1/1708 1/1736 1/t836 1/1564
go a1e
lnc!d eénce 1/ 674 1/650 1/765 1/700 1/714 1/803 1/811 1/718 1/6n 1/720 1/711 1/639
c,b 1 e
Hz HbSW 8 o6o 7 999 8 354 8 239 8 900 8 952 9 036 9 358 9 695 10 038 10 160 10 528
,.,, ....... ... . ......... ........... ............ ,. ...., .... ., ................................. ... ............ .... .... ...................... .... .............................. , .................. . . , .... , .... ... ..... . ........ ... . ... .

Incidence Hz 1/31 1/33 1/ 33 1/34 1/33 1/34 1/ 34 1/34 1/34 1/33 1/33 1/3o
Hb~~ -c!~I~ . . ....................... __ ................. . ........ ,. ............... ,..... .... .. ..... . . . ..... , ... ..... .. ..
• BI/on ltobll et pa,tlr dis rapports annuels non rloctuollsls.
(V Hltlro1ygote HbS

- - - - - - - - - A S S O C I A T I O N FRANÇAISE POUR LE DtPISTAGE ET LA PR~ENTION DES HANDICAPS DE L'ENFANT _ _ _ _ _ _ _ __


Page63
ANNEXE II 305

ÎABLEAU Vl.4-+ DRtPANOCYTOSE - BILAN GLOBAl AU 31/12/2017 DEPUIS L'ORIGINE


DU DtPISTAGE*

Nombre de
SS SC SSthal Autre Totat<-> Fréquence
NN testés
Alsace
........ .................... .... ... ....... ....................... ...........81.................19
136 933 12
. .. ...................... ... . . ...... .1.. " ................113 1/1 212
. ............... ........... ... ..
Aquitaine 78 957 58 22 5 1 86 1/918
......... ... . ............ ... . ......, ........................................ . . ................ . . ...... . ... ............... .... .., ... ...... . ... ..... ... ., .......... .... . . ....... ........
Auvergne
...... 38 635
. ..... .......... ..... . .............. ............... 13 3 o o 16 1/2 415
, ............ . .... ....... , ............ ............ ....... .... ... ........ . .............. . .... . .... . . ... ..... ......... ... ...

.. ~~.~ ~~--·····················••·~~.~.~...........~~ ............ !. ............. ~ .............~ ............ ~~ ..........~(~~!. ...... .


.. ~~~~ ........................... ~~ .~~~ .......... ~ ........... ?~.............~~.............~ ............ !.?..........~(~?.~ ...... .
Centre
.. . . . . . . . . .. . . .... . .. . .. . .................... .... .
77 246 .. . ... . . . . . ........ .
123 ........... .
24. ' • • , •• , .. ... . .
8
. . . .. . . . .
o
. . ... . . . . . . ... . . . . ,
155
• •••••••• ♦ • •••••• •
1/498
•••• • - ., • • ••••••

Champagne-Ardenne
..... 58 507
. ............. ..... ................ . .................... .... . . ..............45... .... . .... ..................
13 7
...... ......... o . ........ ........
. ............... 65 ....... . . 1/900
... ..... ....... .
.
Franche-Comté
.. , . . .. . .... . . . . . . . ...... . - •••• • • ' ••• •
45 109
••• ♦ ..... ... ... . ...... ... .
14
........ . .. .
o
. . . . . . .. . .. . . . . . . . . . . . .
3
. . . . . . . . . . . . . . .... .
1 . ... . ........ .
18
~ . . ... . . . . . . . .
1/2 506
1 . . . . . . . . . . . . ... .

Ile de France 2 203 749 2 887 902 288 19 4 096 1/538


···· ········ ....... ...... ... ... . ......... .............. ... ... . .. ......... ... ............. ... ... . .......... .......... ... ............. ................. ..... .... . . .... ..... . ... ....... . .. .
...Languedoc-RoussRlon 184 263 37 4 2 o 43 1/4 285
, .... ..... , ... ... ..... ........ ............ .. .......... ... ... . .................. ............... .............. ........................... . ..... ........... ... .... ·····•··•·
Umousln 25 814 20 6 2 o 28 1/922
. . ... .. ... .. .. . .... .. ... ... . . . . . .... . ... .. . . . . ............. . ......... . ... . ... . .. .... . . . ... ...... ... .......... . ..... . . ...... . . . ....... . . . . ...... . .... . ... .. .. · ··•• 4 • •

lorraine 84 632 44 10 6 1 61 1/1 387


• • .- • o o • • • • # • ♦ o • o ♦" • • , • o • 1 • • ♦ ♦ • o o • • o • • • t f o • • o • ♦ o o , t • , ♦ • ♦ o o ♦ • ♦ • t • • • • • ♦ • ♦ • • 6 • t ♦ • • t , • o • o • • • • • .. ♦ • o f o o o • • o • • • • ♦ , • t t , t t • • • • • o ♦ ♦ ~ • • , • o • , o • • 1 ♦ 6- • " t o o o 6 • , ~ * • •• o

. ~~.1-~~~~~ .......... ., .......~ ?.E~.......... !.'!. .......... } ~.............t ............~ ............~~~..........~!.~ ., ~~.... .
Nord-Pas de calais 239 464 103 22 10 o 135 1/1 774
..... , . .. .. .... .. . ' . .. .. ... .. ' .. .... ... .,. .. ... . ' .. .. ....... . . ......... ' . ................ . ... ... ..' ... ......... ' ..... .. .... . . ...... .. ...... .. .... '.. .. ...
,

Normandie 111 799 134 34 8 o 176 1/ 635


. . .. .. . .. . .. . . .. ... .. .. .' .. ..., ,. . .. , .. . .. . .. .. ........... . . . . . .. ..... . ..... . . .. . .. .. . . .. .. . ... . . . . . ... .. ... . .. . .. .... .. ...... ... .. . .. . . . ....... . .... .
PAC>. + Corse 530 143 68 25 44 o 137 1/3 870
Pays de Loire + Poitou
Angers 69 303 77 18 5 0 100

Nantes 80843 53 19 8 1 81
Picardie. . ..... .... . ... .. . .... 78 790 81 24 7 0 112 1/ 703
.. . . ... . .... . .. .. .... . . .. . . ... ... ..... . .
Rh6ne-Alpes 445 664 298 53 30 4 1/1 158
Sous Total 463 4 724 828 28 6 035 4 307 1/783 1 237
209 659 709 551 132
Guadeloupe .... ..... .... ... .... .. . . . . ...... . . ... . . ... . . .. . . . .. .. . ... ....... . . - . . . ...1/..296
25 t
.... -· ... .,.
Guya~~- 143 811 388 235 13 o 636 1/ 226
.... ,. ....... . .. ....... ······-·· . . . .. . ..... . .. ... ... ... .... ···- ··.., .. .. . --· ·· . . .. ..
Martlnlque •#••·· - ····· . .. ... 150 505 304 102 23 7 436 1/ 345
. . .... .. . .. .... ···· ·-· ... ..... . . . .... ... ... . .. .. .
10 221 1/ 659
~~Y~~e . .. .. ... .. . - .. ..145 ....571
2-11 0 0

Réunion 330497 77 3 6 1 87 1/ 3 799....


..... .... . . . ~

St ~i.erre_e~ ~l~uelo.~ . 2 0 0 0 0 0
_.
1/-.... ...
... .... __
Polynésie, Nouvelle
Calédonie, Wallis et 453 2 0 0 0 2 if-
Futuna
S.ous Total 980 498 1 533 472 n 9 2 091 1/ 469
TOTAL S 705 326 5 840 s709 'J'I 8126 1/702

(1) t, malodef compto.b/l/sl6 ,,, tiennent c.omptt que da syndromu dlponocyt.oJr, maJ•ulS (SOM) : SS : Sf\thol : SC , SDPun/od ; SOorob :
ASAfll/llts1 ASOmOII ; Sf ; SLepore.
• BJLan 1/obll depuis 1, dlbul de l'activlt4, t) d11s datff dlff'r,ntes-s.lon les1Tg/011s 4 parrlr des roppa,ts annuels-non ,,actuollsh.

Page 64
306 ARCHIVES DU MONDIALISME

Drépanocytose
(Population ciblée)
1995/2000-2017

France métropolltalne DOM


(population ciblée) (population globale)
4,7 millions NN 0,9 million NN
6035SDM 2091 SDM +
1:783 1:469

- - - - - ---ASSOCIATION FRANÇAISE POUR LE OtPISTAGE ET LA PRtVENTION DES HANDICAPS DE .L'ENFANT _ _ _ _ _ _ __


Page 65
ANNEXE III

La hiérarchie ecclésiastique
maçonnisée sous les pontificats
de Jean XXIII et ·de Paul VI
308 ARCHIVES DU MONDIALISME

UNA VISIONE DELLO STATO DELLA


GERARCHIA ECCLESIASTICA
DURANTE E DOPO
GIOVANNI XXIII E PAOLO VI

aro Don Villa, massonico "Corrlere Partenopeo· del


C il 12 settembre 1978, durante i
gloml del breve pontiflcato dl
G1ovannl Paolo I, la rMsta ..Osservatore
luglio 1991)1.
Né meno prestlgiose sono le sue cre.-
denzlall ln campo cattollco post-oonci-
Polttlco" del giornalista Mlno Pecorelli, liare, che offrono garanzia cl sicura e
membro della loggia P2, (pol misterio- profonda conoscenza anche di quel-
ssmente assassfnato 1120 marzo 1979, l'amblente: all'epoca (e cloè, proprio
quasi certamente ln connessione con le net 1978), in cui con autorevoJissiml
vicende dl quella succursale masso- esponentl del mondo massonioo colla.
nlcaQ ptj)bficava, sotte Il titolo: "La Gran boro al llbro dl propagartda dl quella
Loggia Vatlcana", un elenco di 121 socletà, intitolato: "La Llbera
personaggf, nella quasi totaJltà eccle• Muratorla", edlto dalla Sugar, egli te-
_.!, lnposfzk>nedl spk:co nel mondo neva cattedra in ben tre unlversltà
cabolico, tracui non pochi cardinali, che pontiflcle: la Gregortana, I'Antonianum
sarebbero atatl lscntU alla massoneria. e li Marlanum, oltrec:hé al "Colleglo
IJ Peco,efU poteva oontare su tontJ dl lntemaztonale Paullnum". Per non
lnformazione di prima mano, essendo partare della sua assidua collaborazio.
massone lui $tesso. lnoltre, è ben noto, ne alla rMsta delle Edlzloni Paoli\e
nonostante ognl oontorslonedegll attuall •vita Pastorale•, destlnata alla "forma-
dirlg~mtl P8I dimostrare ~ contrario, aJ. zione• dei saœrdoti secondo le direttlve
l'lnoenuo "mOndo profano" che Il "Se• vatlcano-secondlste, sulJe cui colonne
1.elo· costituJ~ uno del cosiddetti eglj, con grande zelo, propugna la cau-
Landrnarks", e cioè del punti tissi e sa della massoneria.
rinunc ablll della •11.bera muratoria",
• 1 come, del resto, ha autorevolmente Questalmpressione apparetanto meno
sottolineato lo stesso attuale Gran Ma- azz.ardala ove si considerl che, sem,>re
estro del Grande Oriente d'llalla nef suo net citato libro dl Padre Espc:>sito ·Le
llbrp: "FUoaoflJI ct.Jla masaonena" Grandi Concordanze tra Chleea e
(t,4a.rsHio ed. 1987). Non per nulla la Masaonerla", a~· 420, nell'appen-
sommaautontà del penslero massonlco, dice blbllograflca, 1Autore ci infomia
Al>ert Plke, defini&ce qWMla sètta: "La che, tra i protagonisU dei dialoghl
ye,a Sflnge, coperta fin sotto Il lMta bllaterall tra esponenti della Chiesa e
dall• Nbble aocµmulata■I lntomo ad della massonerla. svoltlsl negli annl tra
NIi col puuredel eecoH", e SPieoa il 1966 e il 19TT, vi fu il saJeslano Don
che t'58, "lntenzl~mente", rnginna 1 noml ♦ posalblle avanzare dubbl dJ ap- Vincenzo Miano, segretario del ~
suoi steesl lnlzJatl (A. Plke, "Morale and partenenza". rtato per I non credentl" e autore dl un
do~", Bastogi ed., 1986., vol. IV). Flgu- Ore, clô cf\8 "rtauJta" al Padre Espostto Ubro lntltolato: "Il Segretarlato ~ 1non
rfamocl gll aJtrl 1 ln materia dl maasonerla è somrnamen- credentl e la Masaonerla" (Ravenna
t. .ttendlblle anzltutte> perchéegll &te. 1979), Rlferisce aJ rlguardo, Il Padre
li motlvo per cul Le invto, in OQpia, questa so attuta, alla nota 1 dl pag. f67 del• Espoeito, che Don Miano partecipô a tutti i
vecchla lista $,Oll$Cltandola a rlproport.a $1 l'opera cttata che Il Gran uae.tro della detti dialoghl, "Dlualrando pol le potlzlo-
Suoi letton, è che • circostanza, ch'lo sap- rnaasoneria, Giordano Gambertnl, gU ha nl maturate aHa Sacra Congregazlone
1 pia, den8SS\Jo glornale sin qui tatta rîlavarel preatato la aua aulstenza "nelJa steau• per la dottrlna della Fede • allo ateao
- 1 dubbl SUiia sua attendlbllltà debbono ra dl tutto II llb~" Ce quel "tutto" Ill dfce Paolo Vt, cne aegutva e lncor~lava
ritenersi superaU. funga!). lnaltr~1 egJI è tra I plù quallflcati queatl lnc.onbi ...
Ne slamo debltorl al ~ollno Padre ~ espertl ln quesuonr massonlche, su cul ha Poste queste premesse, cl si demanda: se
sarlQ ~•lto c•, na, auo llbro lntlto- abbondantemente scritto: membro ad questa era la sltuazlone del 1978, quale
lato: "le grandi conçordlftz• tra Chie• honorem, per sua stessa dlchiarazlone, sarà quella del 1992, tanto più se lo$Se vero
e Maasoneria'' (Nardin! edit 1987), rlft- delta loggla "Gaetano Ruffo• dl RocceUa qu•nto ri$Ulta da quell'elenco, e cioè che il
rendosl ad easa, aJla nota 2 dl ~lna Jon~. si professa pubbHcamente ",nas- cardinal Baggîo, per tantl annl preposto aJla
358, C()sl testualmente si eaprlme; -per ao,- fin Ml profondo dello aeJrlto" nominJ dei nuovi vescovl, era entrato ln
quJnto ci rteurta, solo su pochl'8lmf (vedasi ~a sua iotervista aJ penodico loggia fln daJ 1957?
2 •chietJa viva• • Luglio.Agr,slo 1992
ANNEXEill 309

UNE VISION DE L'ÉTAT


DE LA HIÉRARCHIE ECCLÉSIASTIQUE
PENDANT ET APRÈS
JEAN XXIII ET PAUL VI

Cher Don Villa,

Le 12 septembre 1978, pendant les jours du bref pontificat de Jean Paul I,


la revue Osservatore Politico du journaliste Mino Pecorelli, membre de
la loge P2 (mystérieusement assassiné par la suite, le 20 mars 1979,
presque certainement en connexion avec les affaires de cette succursale
maçonnique!) publiait, sous le titre « La Grande Loge Vaticane», une
liste de 121 personnages, presque tous des ecclésiastes, occupant des
positions en vue au sein du monde catholique, parmi lesquels un certain
nombre de cardinaux, qui seraient inscrits à la franc-maçonnerie.
Pecorelli pouvait compter sur des sources d'information de première
main, étant lui-même maçon. De plus, on sait, malgré toutes les contor-
sions que les actuels dirigeants peuvent faire pour démontrer le contraire
à l'ingénu « monde profane», que le «secret» constitue l'un des soi-
disant « Landmarks », c'est à dire les points fixes et immuables de la
« libre maçonnerie», comme, du reste, 1 a admirablement souligné le
même actuel Grand Maître du Grand Orient d'Italie dans son livre, Phi-
losophie de la maçonnerie (Marsilio Éd. 1987).
Ce n'est pas pour rien que la grande autorité de la pensée maçonnique,
Albert Pike, définit cette secte : « Le vrai Sphinx, recouvert jusqu'au
cou du sable qui s'est accumulé autour de lui au fil des siècles», et il
explique que celle-ci, «intentionnellement», trompe ses propres initiés
(A. Pike, Morais and dogma, Bastogi Ed., 1986, yol. IV). On n'imagine
pas les autres !

La raison pour laquelle je vous envoie, ci-joint, cette vieille liste, en


vous invitant à la reproposer à vos lecteurs, est que - chose qui, à ma
connaissance, n'a été rapportée par aucun journal - les doutes sur sa
fiabilité doivent se considérer comme étant dépassés.
Nous sommes gré au paulien Père Rosario Esposito qui, dans son
livre intitulé Les grandes concordances entre Église et Maçonnerie
(Nardini Ed. 1987), se référant à celle-ci, dans la note 2 de la page
358, s'exprime textuellement ainsi : « en ce qui nous concerne, seu-
lement sur quelques rares noms il est possible d'avancer des doutes
310 ARCHIVES DU MONDIALISME

Per meglio chiarire le idee sui significato e Siamo convinti che ,


sui motivi della convafida di Padre Esposlto passata la grande tem-
all'elenco del Pecorellf. riteniamo opportu- pesta. colora che in av-
no aggiungere che, net contesta del libro, venire si occuperanno
essa è tinalizzata a dimostrare la perfetta di storia della Chiesa,
compatibilità tra l'appartenenza alla Chiesa non potranno prescin-
Cattolica e la ades1one alla massoneria: se dere da questa massic-
sono massoni tanti cardinali , vescovi e altrl cia penetrazione sino ai
autorevoli ecclesiastici, sottintende l'Auto- plù alti gradl della Ge-
re, è evidente che ogni cattolico puô entrare rarchia eccleslastlca -
in loggia, senza alcun scrupolo di tradire la veriflcatasi sull'onda del
propria Fade! Concilia Vatlcano 11 • da
Nel concludere questa mia accompagna- parte di esponenti dl
toria, mi permetto di rlcordarle che questa quella sètta che, da se-
lista toma oggi attuale, sla perché nell'ulti- coll , ha fatto della di-
moconcistoro Giovanni Paolo Il ha imposte struzione della Chiesa
la berretta cardinalizia a due degli ecclesia- Cattolica il suo obiettivo
stici in essa indicati: Mons. Fiorenzo prlmario!
Angellni e Mons. Vlrglllo Noè, sia perché, dott.
ln questi giorni, è alla ribalta delle cronache Carlo Alberto Agnoll
giudiziarie il crack del Banco Ambrosiano
con le relative pesanti compromissioni di
quelJa loggia P2 di Gelii, Sindona, Calvi e
Ortofani, che cosl grande lmportanza ebbe NOTE
nelle vicende e nelle manovre della finanza
vaticano-secondista. 1 a Sono masaone flno al
Il nome di questa l~gia, del resta, è sem- profondo del cuore e
pre sulla cresta dell onda: esso, lnvero, è dello splrlto, ma, per ob-
tornato alla ribalta in relazione al processo bedire alla "forma" della
per la strage alla stazione di Bologna, al- Chiesa cul appartengo,
non posso avere l'lscrl-
l'omicidio dl Olof Palme e al gigantesco zlone tegale• (Dlchlara-
traffico di droga e di arrni con la Siria di zlone del Padre Rosario
Hatez Assad, sterminatore dei cristiani del Esposlto ad un Conve-
Ubano, scoperto nel dicembre scorso. gno massonlco).

Cuesta fotografia documenta il primo incontro pubblico e utnclale Ira esponenti della Ch esa Cattolica e della rnassoneria
aw nuto al cinema Astor" di Savona il 15 glugno 1969. Del personaggi sedutl al ta olo, 11 terzo da sinistra è il Padre Rosano
4

Espos,to e Il terza da destra il Gran Maestro della massonorla ltaliana Glordano Gamberlnl. Quosl'ulthno lu Ira i fonda orf della
~c hiesa Gnostlça· itali<lna.
di cuI ricopre la canca dl e•
scovo" sotto lo pseudonlmo
di Ju lianus. LA ÙCh iesa
Gnostica ~ è la ·chiesa··
satanista. ufficialrnente ton-
data in Francia dal masso e
Jules Doinel. nel 1888 in
segulto a suoI colloqui con
m1steriose entità spiritan(cf r
M. Moramarco - · Enc clope-
dia della Massonenar. ed.
C.E.S.A.S., 1989, vol. Il,
pag~ . 71 e 72, anche con
rifenmento alla notizie sui G.
M. Gamberini}. Fu appunto il
Gamberini che prepose Uclo
Gelli alla Loggia P2 G,ova
ricordare che, nel quadro
dell'ecumenismo vat1cano-
secondista. quel Gran Mae-
stro collabora alla redazione
della cosiddett a "Bibbia
concordata'' con la traduz_io•
ne del Vangelo secondo San
Giovanni, cosl caro al mas-
soni per le farnetJcanti lnter-
pretazioni esoteriche che
sono soliti fornirne.

"Chi8sa viva" • lvglio·Agosto 1992 3,


ANNEXE Ill 311

sur l'appartenance».
Maintenant, ce qui «apparaît» au Père Esposito en matière de ma-
çonnerie est hautement fiable, avant tout parce que lui-même at-
teste, en note 1 de la page 167 du livre cité, que le Grand Maître
de la maçonnerie, Giordano Gamberini, lui a offert son assistance
« tout au long de la rédaction de tout le livre» (et ce «tout» en dit
long!). De plus, il est l'un des experts les plus qualifiés en questions
maçonniques, sur lesquels il a écrit abondamment : membre ad honorem,
de par ses propres déclarations, de la loge « Gaetano Ruffo» de Roccella
Jonica, il se professe publiquement« maçon jusqu'au plus profond de
l'esprit» (si vous lisiez son entretien accordé à la revue maçonnique
Corriere Partenopeo de juillet 1991 ).
Ses créances au sein du monde catholique post-conciliaire sont tout aus-,
si prestigieuses, qui offrent la garantie d'une sûre et profonde connais-
sance de cet environnement : à l'époque (c'est-à-dire justement en 1978)
il collabora avec d'éminentes personnalités du monde maçonnique, à la
rédaction d'un livre de propagande de cette société, intitulé La Franc-
Maçonnerie, édité par la Sugar, alors qu'il enseignait dans trois uni-
versités pontificales : la Grégorienne, l 'Antonianum et le Marianum,
en outre du « Collège International Paulinum ». Sans parler de sa col-
laboration assidue avec la revue Vita Pastolare, destinée à la « forma-
tion» des prêtres selon les directives « vaticano-sec·ondistes », dans les
colonnes de laquelle il défend avec zèle la cause de la franc-maçonnerie.

Cette impression apparaît d'autant moins téméraire lorsque l'on


considère que, toujours dans le livre de Padre Esposito, Les grandes
concordances entre Église et Franc-maçonnerie, à la page 420, dans
l'appendice bibliographique, l 'Auteur nous informe que parmi les pro-
tagonistes des dialogues bilatéraux entre représentants de l'Église et de
la franc-maçonnerie, qui se sont déroulés entre 1966 et 1977, il y avait
le salésien Don Vincenzo Miano, secrétaire du « Secrétariat pour les
non-croyants» et auteur d'un livre intitulé Le Secrétariat pour les non-
croyants et la Franc-maçonnerie (Ravenna 1979). Père Esposito écrit à
ce propos que Don Miano participa à tous les dialogues susmentionnés,
« illustrant ensuite les positions mûries à la Congrégation pour la
doctrine de la Foi et au même Paul VI, qui suivait et encourageait
ces rencontres.»

Ces prémisses ainsi faites, on se demande : si telle était la situation en


1978, quelle peut-elle bien être en 1992, surtout si ce qui résulte de cette
liste est vrai, c'est-à-dire que le cardinal Baggio, préposé pendant de
312 ARClilVES DU MONDIALISME

ANNO XXII-N° 231


LUGLIO-AGOSTO N. 7
\CEHSILE 01 FOAMAZIONE. INFOAMA2JONE E CULTURA
OIRETTORE AOPOHSA81LE: aac. doll. Luigi Vila
Dluwone • Aedaziotll • Amtnlnl9ltazble:
Operaie Oi Mn ll'nlnKOlaUI o &Mrtce CM!ti
Via G. Galllel. 121
25123 BrtiSda • Tel (030) 30 95 -44
•LA VER/TA
VI FARA LIBER/•
(Jo. 8, 32)
~--:
SPmlZIONf 1t AUON..wlTO POSTAU • GRUPPO llll70
Especllllon e n ~ poe&el . Groupe llll70

onlnal1o L 50.000,......,,. L 100.000, -


(IIWW9 ~ 1 P., r....-o L 70.000 + ~ ~
copia L 5.000, atNVa&a L S.000

~ rlcflinMdr.lorloNM1'9llwlalea: Operaledl Me,lli hnmecoletao E.dllJlceCM116


• 2:5123 B!ftda. Via G. Oalltl. 121 • C.C.P. n. 11193257
!dot. Trt>. 8fesela n. 5811990 • dol 16-11·1990 1 INIIIOICrilll, anche M non pubbicell, non YengOflO ratiluill
~ O.P. ·BtMcla (911 Aua, ICffle torto la aua penonue ~
ANNEXE ID 313

nombreuses années à la nomination des nouveaux évêques, était rentré


en loge dès 1957?

Pour mieux éclairer les idées sur le sens et les motifs de la convalidation
de la liste de Pecorelli par le Père Esposito, nous retenons comme oppor-
tun d'ajouter que, dans le cadre du livre, celle-ci est finalisée à démon-
trer la parfaite compatibilité entre l'appartenance à l'Église catholique
et l'adhésion à la maçonnerie : l 'Auteur sous-entend que si autant de
cardinaux, d'évêques et de hautes figures ecclésiastiques sont maçons, il
est évident que chaque catholique peut entrer en loge, sans aucun scru-
pule et trahir sa propre Foi !

Pour conclure, je me permets de vous rappeler que cette liste est au-
jourd'hui de nouveau d'actualité, tant pour le fait que lors du dernier
consistoire, Jean-Paul II a imposé la mitre de cardinal à deux des ecclé-
siastes repris dans la liste : Mons. Fiorenzo Angelini et Mons. Virgilio
Noè, que parce que, ces jours-ci, le krach de la Banco Ambrosiano est
revenu sur le devant de la scène judiciaire, avec les relatives et impor-
tantes compromissions de cette loge P2 de Gelli, Sindona, Calvi et Orto-
lani, qui eut une si grande importance dans les affaires et les manœuvres
de la finance « vaticano-secondiste ».
Le nom de cette loge, par ailleurs, est toujours au sommet de la vague
médiatique : celle-ci, en effet, a refait surface en relation avec le procès
concernant l'attentat de la gare de Bologne, avec l'assassinat d'Olof
Palme et au gigantesque trafic de drogue et d'armes avec la Syrie de
Hafez el Assad, l'exterminateur des chrétiens du Liban, qui a été décou-
vert en décembre dernier.

Nous sommes convaincus que, la grande tempête passée, ceux qui s'oc-
cuperont à l'avenir de l'histoire de l'Église, ne pourront pas faire abs-
traction de cette pénétration massive jusqu'aux plus hauts degrés de la
Hiérarchie ecclésiastique - qui s'est vérifiée dans le sillage du Concile
Vatican II - de la part de représentants de cette secte qui, depuis des
siècles, a fait de la destruction de l'Église Catholique son objectif prin-
cipal.

ENCADRÉ (cf. moitié inférieure de l'article original reproduit page 310 (N.d.É.)]

Cette photographie fait référence à la première rencontre publique et


officielle entre dignitaires de l'Église Catholique et de la franc-maçon-
nerie, qui s'est déroulée au cinéma «Astor» de Savona, le 15 juin 1969.
314 ARCIIlVES DU MONDIALISME

Parmi les personnages assis à la table, le troisième à partir de la gauche


est le Père Rosario Esposito et le troisième à partir de la droite est le
Grand Maître de la maçonnerie italienne Giordano Gamberini. Ce der-
nier fut parmi les fondateurs de l' « Église Gnostique» italienne, au sein
de laquelle il assume les fonctions d' «évêque» sous le pseudonyme de
« Julianus ». L' << Église Gnostique», et l '«église» sataniste, fondée offi-
ciellement en France par le maçon Jules Doinel, en 1888, suite à ses
rencontres avec de mystérieuses entités spiritueHes ( cf. M. Moramarco,
Encyclopédie de la Franc-maçonnerie, Ed. CESAS 1989, vol. II, pp. 71-
72, aussi en lien avec les informations sur G. M. Gamberini). Ce fut jus-
tement Gamberini qui proposa Licio Gelli à la loge P2. Il est bon de rap-
peler que, dans le cadre de l 'œcuménisme vaticano-secondiste, ce Grand
Maître collabora à la rédaction de la soi-disant « Bible concordée» avec
la traduction del 'Évan.gile selon Saint Jean, si cher aux maçons pour les .
délirantes interprétations ésotériques qu'ils ont l'habitude de lui donner.

Article de Carlo Alberto Agnoli


paru dans l'édition de juillet-août 1992 de Chiesa viva
[cf. couverture de la revue reproduite page 312 (N.d.É.)]
ANNEXEIV

La maçonnerie,,
à la conquête de l'Eglise
ANNEXE IV 317

Carlo Alberto Agnoli

iAMAÇO~RIE
A LA CQNQUETE
DE L'EGLISE

PUBLICATIONS DU « COURRIER DE ROME »


318 ARCHIVES DU MONDIALISME

&lition originale :

U MASSONERIA AU.A
CONQUISTA DELLA CHIESA

.Edit.ioni lnternation!ll!_ dj Letteratura~, Scknu


Ro~

Propriété, littlràirt·ré~ervl~

ia traduction, l'adaptation totale ou paniell~


la reproduction par quelque moyen que ce soit
y compris microfilms, films, photocopies sont résérv6es dans tous pays.
ANNEXEIV 319

PRÉFACE

. Nous ne nous· proposons pas; danS'--tes quelques:··pagès{de·i,roûver


la v6racit6, nom par nom, de la fameuse liste de prélats maçons publiée
le 12 septembre 1978 par le journaliste Mino Pecorelli, à la suite de
multiples autres listes qui avaient déjà filtr6 dans la pi-esse._ .En· (ait,
comment.exclure que Pecorelli, qui était un membre de la loge -n ,··ou
.de ·toute façon -très:proche de Licio--Gelli, ·vénérable de·: la·.plus .fameiise.
et .tristement .cél~bre loge maçoMique italienne, ait pu·avoir introduit
des noms pour mieux brouiller-les pistes,,.ou nuire à quelque;adversaire)l
Certes, co~ nous le.verrons mic;ux;·ily a laconfrontation·significative·
de· ·l a lis~ de ,r .Panorama »·•.du· 10 aoQt ..1976. Mais.cet-élément.aussi
n•esi.pas en soi décisif.
nes·personnages fortement suspects d'e.tte.affili~s à la~-maçonnerîe
pourraient aussi,' en réalit6, .ne>pas ê~. inscrits .à Ja ··secte~~mais être
seulement;par leurs id6es,.très proç~s. ·ses
de 'positjonf-C.' ~tjus~ment
pour cette raison que nous avons estimé oppo~n de n«fp~ ~proouire
entièrement la liste parue·dans l'Osservatore Politico et que nous avons
pensé que les positions individuell~ -~vaient etre ~valuœs cas ·par·~--
Çe·que nous tenons•pàr contre ~-démontrer~c~~t'._1; fiabilit6 g~nfrale
de-la liste Pecorelli, symptome d•une p6nétration de la maçonnerie dans
les plus· -hautes . hi~rarchies eccl6siastiques~ ,· pénétration: si profonde
qu!elle conduit à semer ·Ie doute que cette secte·ait _pratiquement pris la
barre de cette Église catholique q~ -dans.:l e_·secret. de -ses. loges, ell~
320 ARCIDVES DU MONDIALISME

6 LA MAÇONNERIE À LA CONQuêTB DE L'âilJSB

avait depuis des si~les jur6 ~ détruire, et qu'elle est·en trahi dtipiloter
vers les écueils d'un naufrage désastreux dont seule la main. puissan~'-
de Dieu pouml la sauver. . ·
ANNEXEN 321

CHAPITRE.I

MINO· PECORELLl ET LA .« GRANDE LOG};


VATICANE~·=UNE 'RÉVÉLATION SUR LA
PÉNÉTRATION MAÇONNIQUE.-DANS:'i/ÉGLÎSE

Aussi bien chez les maçons que dans .le milieu . catholique ~diti~
nalistc des rumeurs insistantes circulaient-.depuis JlP ·certai.n.-~mps -SU(
une··infiltration massive de la maç~nnene dans les ~pl~J hautes -charges
ecclésiastiques. ·Les 17· et_:25 aoOtJ978, · l'agence-de ·press.e·.Euro_itali~
diffusait carr6ment_ avec. num6ros et:dates .d~inscription,. l ,ta ~te, -•les
noms· de -quatre ·« papabili »·- .en vue -du ..,proçhain/concl•v.o~·: Enfin,: le
12 septembre 1.978, la revue « ·Osser:vatof'-•:Pt,liticq. :-.\ d~·-joumaliste
connu MinQ·Pecorelli publiait un-article _intitu16 :«.La .G r~ .Ltige -Vati-
cane »·dans·lequel il donnait.la ~iste d~ 133 ecclési.astiques ~t de -8:8'1trei
personnalités· influentes dans -le milieu·_catholique. Le tout accompagn6
des dates.
d'adhésion,
. . . .numé~
.
de..r,natricules-·:·~t
,. , ·, .
sigles. maço~niques.
.. . . . . - ~ .'

Le journaliste ne pœtjsait pas .cominent, i\ ~tait venu en ·po~session


d.e ce~ liste, . mais op sait que c~~tah.une pel'Sorine ~ proche du «·véné-
rable ». Lici9_GelO.et .de.l~. tris~ment ~1~9~:;J~~--:~ :..
A ·noter que dans la liste en qu~tio·n_-étaicnt. ~ i. indiqu68, ay~
t6férences d,immatriculation ·et d'inscription. à la-;secte, les quatre car-
dinaux dont avait parlé J~ agence Euroitalia, et'. pr6cis6ment les très impor-
322 ARClilVES DU MONDIALISME

8 LA MAÇONNERIE À LA CONQutœ DE L'OOLISB

tants Sebastiano Baggio, Salvatore Pappalardo, Ugo.Poletti c,t Jean-vii:


loL
r
L' authenticit6 de cette liste a fait objet de polémiques. Si elle est
véridique, elle serait bouleversante, car elle prouverait que déjà au moins
depuis 1978 (ou même, comme nous Je verrons plus loin, depuis 197~)
la maçonnerie, depuis toujours condamnée et ex6cr6e comme la secte
del' Antéchrist, avait acquis un pouvoir d'autant plus démesuré qu'il est
occulte et incontrolable, sur l'Église catholique toute entière.
Étant donnée l'importance .~Jcepû9nnelle de cette question qui jette.
de longues ombres de souPÇ<>n sur la hiérarchie ecclésiastique conciliaire="
et même sur son enseignement, nous estimons très utile de faire le point
sur la question à partir d~ éléme~ts.eo a;io~;po~S$ÎOO,~dontbeauc°'-'p·
sont consécutifs .à.I' ~clè ·de ~eço_rè)li~, ~
. Ava~t,. d' aill~urs,. d~ d~v~!op~( -~ o~ ·,uJe~·:·~t ·i?<>~t, qùf .J.~-~\~t~ur;
pu1sse. se ·rendre compte des d1fficult6s dans lesquelles, abstraction fattc
de certains. personnages de façade indispensables, se d6bat q~iconque
veut v~rifier l'appartenance d'une ou de plusieurs personnes à cette sec~
nous estimons n6cessaire d'illustrer 'bri~vement la question du se:cret.
franc-maçon.
ANNEXE IV 323

CHAPITRE:JI

UN PRÉALABLE INDISPENSABLE':
'LE SECRET ·~ÇONNIQUE.

Quoi qu~e'1.disent ~s partisans pub~iês1 ~1.- maçoriJ:i~ne··atoujours-6~


.c f reste. une .- soci6t6 sèc~te ·agissant à.l'insu:<te··tous,··~tfotêrrn&tiàirê
de personnages,·au.contraire, connus et souvent ,n!me-t~fconnus·; ~s
.do~~ l'_appartenance à la secte. !C5te.~nto~~=d"1,plus ·rjgô~i:é1ix_·mystère.
~ ~rsorinages se -~ilc~ntre~t_-~s: d~ -~~~~ons_·~~ -~ -~ ~~,.--~~-delà
des·daverg~~~s ·~parentes ~~_ pes.~ésaccQrd~ - ~~~ .~ ,~~-~ :-~~'. appa-
rais~n~.au ·«·monde profan~--~ -~-p:,ur réaliser·des pl_ans et ~ -program-
7

mes communs qui doivent res~i'iricon·nus ~du pu61i~~·Çel~--~--~~ ~~l!Dontœ


recemment P.~ .l '~ai~ connu~ de la:loge ~- ~ liµ/iiel!e it/ondaient
des hommes d·'itiqùene,s politiquel'efidéologiquei =Jès _plus•dïversès d
en·apparence··~contradictoires..
~t qu '-on~ne :vienne,pas·dire.-queJa-~ :6tait UJlC. .Jogc·~:atypique -»·et
« ~6voy6e ». ,C~eat: l'historien .officiel.Jnçontcst6.de la ;ID8ÇQJJ.nerie, le
professeur Aldo Mola, lui,-même,•qui affinnQ ~ans.une intervi~w au jour-
nal « Il Sabat0:.».•du 26 septembre :l99iÏ'~-~lon l~:.r6su~,-dujo,Umaliste
- que I• P2 .~ ~ fut.pas.'. UM.logé dévoyée,.maii .on dur/Q·sacrifier.pour
que-l-~on ..-ne. <!,écouv.re !pas que .la Jéritable ·maç~ri~:-éta# cquv.em.~.
Ce qui. d•ailleurs, est.apparu .très.clair à tous :à ~Ia ·suite,des.enquetes du
7

324 ARCHIVES DU MONDIALISME

10 LA MAÇONNERIE À LA -CONQuêTE DE I}àoüSB·

juge Cordova qui ont révélé tout un pullulement d~ loges. «.dévoy~ ~


de mèche avec la mafia (sicilienne); la carnorra . (napolitaine) et ·ta·
.« n'F&ngheta » . (calabraise), et plongées jusqu'au ·cou dans le «:m.-f
ché »· des adjudications truquées et des pots-de-vin.-Ces révélations--~,
été si sensationnelles et si ·nombreuses que ·- ·c'est- un~ nouvelle ·récente
- le 17 avril 1993 le professeur Giuliano di Bernardo; qui était jusqu~à-
récernment Grànd Maître du Gran~·Orient d'Italie, a fondé·une nouvelle
« obédience ~ maçonnique, dénommée·<~ Grande·Loge Régulière d'Ita-
lie» pour p~ndre ses distanc~::t assez tardivement, _il C$t vrai~~ ·aveë
1

une organisation qui est·désormais ·totalement discréditée~


·Pour·démontrer lagravité~ l'importance et le caractère essentietd~
secret. maçonnique,. nous rapi>Qrtons •~i-~près, e~trait.\d~-r-:1J.'1ibro :cqm+.-
plet9 :dei rituali masjonj~i .»-[- ,~ .li~ çpmpl~t..dœ .rituels maçonni~
1
ques]- publié en 1946' par Salvatore Farinà '(33°, :C~est-à-dire le plus haut
degr6 du Rite &ossais Ancien· et _Accepté),:- un èxtrait de· la.formule ' du
serment- de l'apprenti-maçon,- c~est-à-dire· de celùi quf.~t admis au pl'.C.;
mier degré de la « lumi~re.• · initiatique·i serment prononcé facé ;aut
1

.1Jrères·. », quj y.assistent debou~ et I'~~-~ la .main po,ur ~n ~ffi~r:la


g~vité .et .1 ! importançe; ~hjsi que l~ dangers -~~quels s'expose.le diyuJ:.
gateûr imprudent':· i - · • . .. • l " l.

1
« Moi, r.N.N~.•- librement et .s.pontaném~nt, .a v~. µne pleine et
profonde·00nvictio1,1 de Jll9D Ame, .avec une absolue ei.'.i.nébranlable
Qlont6 ·; :en p~~ce·d\l Grand .A~hitecte.:de.- ~Pniver(;_
y_
.- Je promets ot.jµre de ne jamais ·révéler 1~~-sêcrèts.dê la franc-
. .maçonn~rie,;,
~~ 4~ ~ faire con~~ttre·à ~~pn~ -~ 9~i -.~ :~~ ~y~I~; so~~
peine d'avoir la gorge ir.nchée, le cœ.~r ~).a;languè amt,ehé.s, I~
entrailles déchir6es, que le cadavre de mori èorps soitimis en Ïnor~
ceaux:, puis brOlé, et-· "duit 1.en-·poussi~re~ éparl)illé :au. ~-venttpour
1

rexécration· de·ma ·mémoire' et ,mon infamie·~ternelle ·;


• je promets·etjure.de ·p~ter-aide.cfassistànœ ~ïtousiJes:-~ res
Francs~Maçons:r6pandus sur· la surfaœ-• 4a.:terre ~.
Un~ ·autre, formule •Significative, de_serment:·;maçonniqu~~.analogue~
mais· différen~~: est · rapportée· dans :« n Sabatot'» :du .~30:juin;·J 990i-:pàr
ANNEXE IV 325

LA MAÇONNERIB À U CONQutrs DE L~ânJsE . 11

<;nano:·-Accame-.qui ·la prend .dans ~r.~·_Emulation Ritual .~.~(c."un~ritQel :~


répandu .à·partir :du·. -x~nr si~le-:dans?lès-. ,loges '. i811glai$CS :»( ett.:introduit
en "ltalie~en.1976,-.Liv.io•- Salvil\i.- é~f.Grand; Maître;:EUé-:a~·été.1pÙbliée.
par, les «:.&Jizioni-Soc_~:-Erasmo.·»- du Grand ,Orient d:ataliei
En voici le-texte ·:

« Afin,d~empêcher·que-.n8$-arts:secrets.-·et,;nos ·mys~res =cachés


puissent être·improprement~~nus·'par faute,de·mon ,impruden~
je jure solennel1ement d' observe~fces·=dj_v.ers ·points-~ -sans·.alléguer
prétextes, ..6quivoques ··ou::- r6sèrve r·inentale';'ld'·al:)Cune sorte, sous
..peine;<~11 violant ·mêmel-un seul -d-~entre eux, d·'avoir ma g~, ma
tJ.~.s.,r.e.s~s.l;·r~d.m..a/td.bim. ou à la d.d~u.g.d.r. o~
if.e.r.d.m.a.r~d~v. :o~ ·24o;.».

Er,-voicl:Ja.'signifièation-derœs~initiales;·.~lon :r~x.plication;foumiè 1

dans :une,conf6rence ·publique;--~r.. :l i,-profeueùr.-!Aldo-:Mol,-.~éj.à :_èit6:'!


1

~ )
~ g.t/.di·- t ··signifie ~ • ·•goJa· tagliata -af-tondo:~_(~~1a··.gorge-:~triùi;
ch6e:-'net) ; .rf.s.d.s·.r/ ::1-« lingua·sttappatà~della.-:sua~~radice. j;.:-(~ ·la.
'langue·8JT&Ch6e ·à sa:racine):;-s~~.l.r.d.m~:-.: ~ sèpelliment9. 'S()tto _1~
riv•. del . ~are . ~r(=.-.,:en~erremen~--~ui ·iJe 11~rivag~ ;d~ ..,la ~mer)_;.
a.l.d:b.m:•.:·«~al livello.della bassa,inarea:»::·(=au·niveau·èle'.! iùn~
basse) ·; :d.d~u.g.d.r.: ~\:4(•distan7.a =-di'::una\:.gomena .della~~a!lK(•-·•
._ une distance•d.'une·.amarre.1du:rivage):1;':à.i,i;f.;.t.r.d.m a.T•.èi~~~ot~24o.\.:
~~-adove -il '. flusso .:e-•.ritluss<f della :inaJ'ea arriva ·regolarmenté due
• '. ' f .. • . . •• . •' . .

.volte ogni ·24 ore:»:(= ~ .oo•:le·flux .'et lo.ieflux::~ -la .-mar6e artivenJ
4

.'·r6guli~remcnt deux·fojs .toutes·.]es;-24 ·heures)/

Dans cet article :inti tul~.«··CtJlvi•hiJrr<11rshiJK1)~~-Accame .obSè~.é com•


menrla-mon du _banquier italien Roberto Calvi1sousJ~ pont ~ ~ }!~,es
Noirs'· »·de Londres rappelle singuli~rement:ce~rituel :.

«,- En-fait'" commente•t-il -·.si ·-l'onr.est~6trangl6.-p11:·:pendai'son


';la·.gorge ·se :bri~:•; net,tandis ·que:la iângue:~ sort _de~·sen:;Jogeme~~
'naturet Le·:-cadavi:e .du, banquiof ;•fut ·-ttouvé···à·~.Ja -distan~):• ~~-un~
-amarre idu trivagè, là .oo ·'le .1eflux- do-::la~Tami~:rencontre':,Jo--flu.x.
1
326 ARCHIVES DU MONDIALISME

l2. LA MAÇONNERIE A,u CONQutœ•DB"l:~'OOLISB

-~de la·mar6e. Et si l'on n'a pas.l!enterrernenJ dans_le sable;~ilïres~.


~-pourtant toujours ·ta coîncidence dù fait que la hauteur du.: lieu,,9«
:a.été retrouvé·le.cadavre de Calvi:correspond-exactement:au niveau:
·où le sable·-se trouverait,s'il n'y avait ·pas ·les lev.~ -. c onstrui~
:•artificiellement. Ce qui suffit pour autoriser"au·moins ~l~hypot~se
·que, derrière le suicide de Calvi, banquier catholique ·mais ,aussi1
;·maçon de Ja.·loge P2 (puisque;,même:-au,niveau-ecclésiastiqueïf
.·existe des connections avec--la maçonnerie) :se. cache-en réalité·un
,homi~ide rituel maçonnique.
, Hypoth~ qui :.circule dans les ,milieux: -maçonnique$ eux-
!rnêmes~.J'ai même des .raisons.de penser qulil;ne déplait:.p~· à. la
inaçonnerie,elle-même qu'on le croie, èn.démonsttation-de.sa tén6-·
breuse puissance ·• ·

.Toujours(à.propos du :secret.maçonnique.··dans,un opuscule-non·daté


publié ,à· Rome dans -la·,seconde·:moiti~ ~ .:- ann6cs·:.clnquaDte;~:intitul~
« L'essence du secret maçoMique •~ cité in « Massoni' e massoneria »
_du Père.Giovanni Caprile SJ. (Ed~t. ·«.L a-Civilta-Cattolica·-*•·•1958, p~;:18)-
on peut lire ces paroles··significatives,:

·« La maçonnerie ·est toute enti~~ un secret pour le:monde pro-


fane. Secret d'hommes, secret d'idées·,-secret de choses et de:fait$.:.
(Les ennemis) ont .raison de craindre -la pratique·:d'1 _ secre~_,parœ
que.c'est.une anne subtile et puissante.entre les mains:deJa,sagesse
et. de la .bont6. La _pens6e ronstante.-de cette. année . ,insaisissable
les ··obsède~ annie:·dont on. ne sait pas -qui·..sontrl~s--·_soldats, _ni
combien ils sont, ni·où üs sont, ni.ce qu'ils font, •ni de.;qùels:moyens
ils disposent..• Leur hostilit6 p~nçue ·est désorientée par rigno--
rance .dans laquelle ils sont.des-choses qui -~nt;reach6es dans
leurs plis,--le.sceau de nàtr&.v.olonté et J?influence:dc;AQtœ:.esprit.»;
(les -italiques sont .de.l'auteur)~

Par ailleurs, · dans. le :livre «. OeheimbündQ·.-in.. Tyro, . ...,[= Soci6t6s


secrètes au Tyrol] d'.Helrnut Reinalte (Athesia; ed. ,-1982). ~:.;nous.appre-
nons que, dans la loge·maçonnique.fondée à·Innsbruck.à·l'autornne·1799;
avec en majorit6 -des 6tudian~ ·italiens, un du thèmes.~fondamentaux de·
ANNEXE IV 32 7

,t.A MAÇONNBRŒ À 1A: CONQuA"œ ·oB'L~OOUSB l3

discussion•:de--P-acte ·de·:la·::constitqtion:çde-·la·~loge.: fut: .celui~·d ~établir ·


·~,-quand un ·membre méritait-la peine··œ. ·mort pour.-·avoir :.~vélé ---1e·
secret» 1·• ·En ~cette.circonstance; . un des,.frères f on<tateurs,. nomm&Gian-
ni.ni,:composa·.un ,.œglement{en·,\cers·- dans. lequel -0n·:pouvait lirt. :

..«Celui:qui -révèle .Je ;secrct.·-qu!il:tombe7mo~


Qu'il le fasse.par_méchanceté Qu-par·.foliê~
Car Ja ·,loi utile :ne ;s'occupe 1que·:du,.dommage ·»2•

En -conclusion de·cette question;-- rappelons·que .«-.le -secret )dè:.l ~lirt~,


titution·.»;-:selon CC:"que·~ rapporte le;~-Dizionarip ~masso~o::~: dei-Luigi
Troisi,. (Ed . .Bastogi, :Foggia,.J 987) ·. est -.un~\d~_-Landmarks:~,v.;--Pierres.
miliaireskc' est-à,-ciire un.·de ·ces ,ac'fondements-jnchangcables•:et:inchaa~
gés qui font de l'lnstitution.:maçonniqùe ce qu,~elle es,t,·.:et··sans .Je8quels
elle_· serait quelqùe: chose-de;complètement:."différeµt- ~
L'importance de·. ce .« Landmark·~.est .tene·-que ·Ie, .~-frere:».. :maçon
est:" continuellement •rappel6 .à son :«; observ~ce· >►...par-.Je~signe:·même·du
salut :maçonnique. · En .fai~·, d~s ··un\« :Vademecum, :de ,~~ àpp~nti -Fran~
1

Maçon» -publié par le·, « T.rès ·Sagè :~ Ja.:Va)lœ_1du~.Tibrc .~·.-en·)-94.8 :et


réédité cette·ann6e par les.Éditions:Brenner;-nous.-_pouvonsJirei

POSIDON-.~ -L'QRD~~'.P.omn ~tre..debout':~(k .i /DRDRE ~


on .mehla ·main '·droite?sous_;la: gQrge, ~avec·les-q u~..doigts :droita-1

et le pouce ouvert en. forme .d'équerre;!:et~le bras:-gauche.--pendant.


le fong· du ·:corps.
SIGNE DE •SALUT.,':En~étant..«:k :-L~ORDRE>h 9n:_étend te
bras et•la-main , droite.horizontalement.vers ·l'épaule·muite.-~-e.t··on
.le laisse .ensuite tomber-•;le long· du· côté.droit~du::eorps,.forman~
ainsi la figure .d'une .6querre~- Ce -signe, dit guttural;·signifie ··que.
.Je franc ..-,,,açon .préférerait ·avoir.:. la•gorge·- trancMe~plu~t...que <k
manquer.·à.son:serment et de·, révéler lu secrets:maç.onniques:-:(op.
:eit.~:pp~·45 et 46 ·: les 'italiques:·sont de.nous).

'(ffOp. ·clt, pp. 23().:231 1


(2) :Id., p. 230.


328 ARClilVES DU MONDIALISME

,14 .LA MAÇONNERŒ À LA ·coNQuêTE DB L'OOLISB

Couper-la gorge est, d6ci~ment, en maçonnerie, .une:véritable obses-


sion:!
ee~long .préambule est .là pour dire ·qu~n. serait tout .à fait bon .de
question;·. pour ne pas ·dire .'ridicule,. de pr6tendre: certifier .. et~~vérifi~t
l'app~nance d'une personne à la maçonnerie de I• même façon qu'on·
certifie les informations sur Pierre ou Paul.'ali Bureau d'État- Civil.:«.l/r(
maçon découvert ne sert plus... Un maçon ·notoire est-souvent peu-utile
à l'idée qu'il professe»,. déclara -un jour le Grand = M~tre ·adjoint de _1~
maçonnerie italienne G. Francecco (Todisco : « Le quattro massonerie.»
in « n Mondo .-. ·18 février· 1950).
.Il est donc évident que la maçonnerie, dont le systè~:-de.1pou.yoirr@I·
de-domination est dlJ, de façon notoire,- aux in.fillratioa, dans~les,.org~
nisations politiques, f administratives, . culturelles, .économiques··et·dans.
l'Église elle-même, a -tout intérêt à:·maintenir. cac~ les ·noms. de ~ -
1
·

adeptes, et cet in~rêt.est d'·autantplus grand quo-1'-organisme infiltré:.est


1

étranger à là·secte.
Comment, donc, vérifier.. l'appartenance ·d'une ·personne à-1a:,franc-:
maçonnerie ·? A cet égard. .il ·faut garder présent à l'esprit. qu~iLs' agit
d'une·.sociét6 ~te très -vaste.: le nombre.d'inscrits en Italie s'élève .à
quelques dizaines .de mille, tandis•qu'en··Angleterre il s~agit. plutôt do
centaines de mille, et aux U.S.A. carrément de quelques (peu] millions.
Dans une ·structure -aussi étendu~ (il y a des ·toges maçonniques dans.
tout le monde) et nombreuse, nonobstant ,les menaces terribles adressées
à ceu~ qui violent le secret. -mais qui ne peuvent ~tre mises à exécution
que dans des cas extrêmes pour ne pas alarmer excessivement l• sociét6
civile, des·fuites ~ . nouvelles-sont in6vitables. On considère; par.exem~
pie que. le.cas..n'est pas du tout rare.- de fi:ancs~maçons qui,'-repentis, .se
convertissent au catholicisme et, <>µvertement ou par personQC$ inte~
s6es~ révèlent les secrets qui sont venus à leur connaissance.;
D'autre .'part, il y.a à l.'intérieur-de la.maçonnerie dc. lourdes ~ âpres
oppositions-entre diverses• o~iences •~ D suffit de citer, .pour,l~lf:a)ie,
celle ~ connue entre la maçonnerie .dite du « Palazm 'Gi~dniani » .et
celle dite de « Piazza del Gest) •, et mame des oppositions en~ loges~
Nous ne pouvens pas ici entrer dans .la nature et' les limites<4e ces.~s~
sensions,. cependant même la r6vélaûon de DOIJIS~d.e.1.~ pal1ie adv~~
peut entrer dans le cadre de ces.dispute$.
ANNEXE IV 329

LA MAÇONNBRIE ~ .LACONQ\Jtra DBlL~éciUSB 15

J . Ensuite, '.·les· cas-- ne ··manquen~-··pas.·;:·~à/ i~dépe~damment. d~t-toUte


•infraction à robligation-du-·secret. les autorités.des :sectes .divulguent de
simples: noms . ou ; des -listes entjères:;, pour:.=.démontrer,r pat:)exemple,.
rimportance .culturelle·;ou ~sociale .~Jeur ·institution•. ou·,son!. caractère
.insoupçonnable. !Ce:-fut, par .exemple.~ ·dans·-cet ordre d~idées-~que. dan~
une-interview parue.dans« La Stampa»·du23::mars· 1990,.' celuiquiJtait
.alors le .Grand.Maître D.i Bernardo .fit. remarquer_.}~ affiliation..à:la -rnaço_n.;
nerie du président des U.S.A. George Bush.
D'autres listes ou des simples ~oms ·peuvent ~tre ·divulgués•par· des
«francs-tireurs» qui se servent de secrets appris·en loge dans ·ùn but de
chantage.ou par dépit ou pour des -vengeances ou:d~ autres ..fins person-
nelles.
n·n'est même pas à exclure :<i~~à:~l,l-: certain ~pment ·et- pour ·des
motifs particuliers, ·1es éentrales du pouvoir.·· idéologique décid~nt .·de
sacrifier une loge ·entière ou une partie -d'une loge, .comme· un joueur
d'échecs n'hésite pas à sac~fier un pion ou un fou, afin .d'atteindre des
objectifs ~terminés. D est vraisemblable·que cela ait aussi été 1~ cas de
la loge P2. En fait 1'6crivain .connu Pie.r_C~~,-~pécialiste d~ la P2, dans
sa biographie de Licjo Gelli (« Le Vénérablt -~• Gribaudo et Zarotti ed.,
J993, p. '361) définit le scandale de -hl P2 ·èoinme « un scandale.calculé
et.~tudi6 preparé~ dans .sa stratégie, ~ur _ lt pàpier ».
_Certainement, quoi qu'il ~n soit;•il ..~~agit ·_de.c~.ince~tudes:don~ la
maçonnerie tire profit .sans :préj~g~i'f ·compris.:dans .J.a ~Qn~~~ti~n
des événements historiques dont elle a.été la protagoni~t~/:~nsj, ...pàr
exemple, tandis que,:d'un côté, eUe re~~n~i9ue:comme -$8~prop~. ~.. ·
. tion·, 1~ Révolu.tion française~ de _rau~,. àJrave~ d'autres auteurs,.:elle
la répudie, en maintenant toujours ce clim~t.d'.éq~iyQque et de bivalence_
·qui _·constitue un des aspects caractéristiques ·~u .~ret maçonnique.
·Réçemment, l'~istorien officiel de la.~~,' Al~Q·Molla, ~_déjà~çjté,.dans
'son livre « Histoire de la maçonnerie des origin~ 4 no~ jo~r~·:.. (~Qm-:
piani ed., 1992), se référant aux. &Jdés..' d'un.:auteur.contemporain, un.
certain Charles Porset, nie qu'il ·y·ait eu de nomb~ ·maçons protago-
nistes ou ·pr6curseurs de la Ré~~lution de 89, et en ·:particu~er_Siéy~,
,Çondorcet,. d' Aiem~rt.· .Diderot .et .Robe~pierre.1 n, .._c on~1t_- pou~t
:ainsi çe qui a toujours 6té affinn6 _par d':autres hist~riens .autorisés ~la
.secte .qui, jndubitablemen~ ont eu &eœ:s aux archiv~ des.·J~es, mac:.
330 ARCHIVES DU MONDIALISME

J6 "LA MAÇONNBRŒ A LA CONQutœ DB ·r,taouse

cessibles aux·~« profanes:•~-Le fait est que.·1e demierJivre..de Molla·a:·é~:


écrit dans une situation difficile dans laquelle/ avec les 'affaires dèrla-P2,·
et des·systèmes de dessous de .tables (= ·.« tangentopoli ·»)r il fallait~traÎ'.lf:
quiliser le publie alarmé par-r~mergence.du -pouvoir ·obscur-.des :logé,;
impliquées dans· les-trafics- les- plus: louches et·.dans·:cte·. :ténébreuses
menées ·politiques; et.·présenter,)a -maçonnerie comme-:une ·associatio~
inoffensive de velléitaires, priv6'-de'réelle incidence·sur, la·vie:et·sur;.J~
gouvernements des nations,:·
ANNEXE IV 331

CHAPITRE III

LES LISTES DE «PANORAMA» ET DE « O.P. »


LEUR VALEUR PROBATOIRE

,. 'Nous avon~ ainsJ ·siiu~Je···probl~~~ ·(lu .'.~ ~~)il.~~nniqu:è:·e( ~


~i~ficµlt6s q~e .~~co~~ quiconque .ve~t :jd~ntj~~•\)1e_~~rai.~~çt{51u~ Jµ~
le plan .d'upe simple .~nquê~ historiqµ~:·:: quel$ ~vén~meP.ts:~P.Qi1en( \ç·:
se~ de la maçonnerie ~i quels c;,rit ~té le~ hofD.(1'.leS dont fçette]n$tjtuti~Î(
(est $Crv~~. au·delà_.d~~ .:~ci~ ~es·.
4uelqu~. ~igrutàfr~f~ qui':::do1.v~·~t
s~e~poser. publiquement ·pc,µr:, J)Ou_voif .sou~nït 'facè..au :püblî~)
• , .. .. ' " c,.. • ! 1
qµ~:~ 'I•"
,,1 •. . , .
• .,

~çonnerie ·n~e~t pas un~ ·.s oci~_ ::.~ te .et' de -ce~x des··~f~dept~
q~i préfèrenJ manifes~r pûbliquem.~nt leu.r prop~e·~ffili~~Qrl~ )\u_:~PQi_nt
-~),ous é~ sommes~· iiou~ pou~VOD$ . ~nal~Jl)~~~-- ~~ - ~e~i(:.f Jli~9,t~t J~-
questî.Qf1.d~ '14 fiabiJit6 '.qµe _J'9n _d~jt ~ttri~u~ l 14 Ji~te ~e f .«;•-q.f~~!](4~~r~
P:o~itico,i.·du. J2 ~ptembCC: 1978 et ~-:):elle, ·:précédentë, :~~ 980s.
i,P~rama »: 'du. l O·aoOt 197~_.; Eli~~· se .i'6.Y~le~t -.~tre.1~ prii)cipal~
_liste~. dè~_prélà~ _·p~te~d\lrnen~._ad~é~'tm~··-1:. l.~:ina~oil~è~i.:~ùi àierif élt
pubhées depuis que, en .17 J7, ·a été' fond~ cette:·mstitution •

(3)· 11 existe. bien ..sOr, des·-listes ~ - ~ -~ ,-~ ·pr61~ts:~~Qos.·. ~ -~~ant~!


fOWni• , ·.un p,ttre ·anti-maçoo· connu·par rea-~ ·Ol4.,de-~-:rnaç,onnerie G~}_(~~berini.
mars·ces listes sont·sans·int6ret ·so reférant'à .dës:•personna;es.de ,la:fin::du:>fynr~iàclo.
ou 4-. ~ t du XIX' si~Je, pour la.plupa,t oubli6s.
332 ARCHIVES DU MONDIALISME

J8 LA MAÇONNERIE À LA CONQuaTE.DB L'ÉGLISE

Il faut noter que ,les noms qui figurent·.dans les· deux •-Jis~.~~nt
presque les mêmes : la différence est que ~-O.P. ·~ omet d~QX. no~·rap-
portés· par.- Panorama »,. et en ajoute ·huit autres. qui. ne. ifigurent ..P-~~
dans éette dernière .-evue...
Quelle valeur pouvons nous attribue.- à ces listes-? Avant tout -iJ"{~~
dire que ce ~rait une grave e~ur que de les liquider comme.absolu.me,.t·
non fiables, comme. l'a fait~ de manière. expéditive.,i. le joumalistè<~
« Panorama » au sujet de la liste qu'-il a lui-même publiée. Il a, .en f~t;:
spécifié que ces noms« circulaie~-depuis quelq~s mois» au Vatican{
Il est, donc raisonnable d, en d6duire que dans un milieu aussi qualifi~
elles trouvent, pour le moins, quelque crédit
Elles en -trouv~ent tant qµe (v..-«:30 giorni•t.··.dU .l_l,~OV~ll)bre.- tm
pp. 30 sq.)4' quelqu~ c.ardinaux:.~.ifemandèr:.e,.i avéçJnsisianèê qùe l'~n
fasse la lumière• et ··que Paul VI, pat l'intermédiaire.: de Monseign~ur
Benelli, alors éveque, puis cardinal, confia discrètement et confi~enti~,~
lement les enquêtes au Commandant G6néral de l'arme des Carabiniers
(rien que ça!), le général Enrico Mino, en attirant particulièrement·~n
attention sur la per:sonne de 1'évêqu~ Bugnini, auteur de la réforme li~~.
gique,· discut6e et r6volutionnai_re: ~ joum~ste dè.'·« 30 ._giomrf'raft
porte que. s~ .la· basè' ~e ~s infomiati'?n.~/ ~t o~fider d~- ~aut jàrig
~~prima.sa convic_tion que la liste était vrai_e· (id. p.:32). De nouvelles
vé_rificatfons' plus . approfondies de la· ,iste· d~ · ~ Panorâma 'tu~nt ~ - ,!

4emand~s au même général vers la-mi de 1977 par 1è Cardinal Gfuse~


Si~~f!Chevêque de Gênes, personnage imponant,_éyidemmentJnsatisf~\
d~ voir _rester à l~urs postes .de commandement dans ·l'Église .des··~ù 1

$0n.nes en .forte odeur de µtaçonnerié. Mais le général'Mino, .1~1l·~t~


b~ ~ ~-• même ann~. 'Sê pr6cipi~ ~vec ~on- hélicoptbre· sur !è·. ~~~~
<;;oveUo, en Calabre, trouvant ainsi la rnort dans des circonstànèes ·:qu~
~ 30 gior,a_i ~- de novembre··1992 (pp. )+.3~) indiquè~comme forte,:neri~
suspec~. ~-porlalJI ainsi d~ .la tomlie:-: ·çomme.nte tcette rèvue :!~-l~j
résultats di la seconde enqulte ~~- ~ •~tëtit ·eosuitè à expliquer -·p0µii,·
suit notre journaliste ..,, .de mys~riêuses communications
. . . .
t6léphonique• ·'~
, :·(4) .,-301~1 -dmu l'tgllu e~danl k'monde·.-.;n ·catholi~ue·ay~t~·6diti~
en ~italien, -français, allemand. anglais, .espagnol et ·portuaais et ·diffude ~ E-.uope. ~
dans ·les cieux Amâiqua. Son nouveau direcceur~ost-l~~t du Q>naeil. Italico
Oiullo AndreoUi.
ANNEXE IV 333

dont1es ~nregistrements ·existent -:au·-,cours··desquelles{l:ïièj_o=Gelli}·vën~~


,able·;marionnettis~ .- (de. ~a.J9ge ,·f2)-·par1ait,<le Ja:~\l~.8$ion :di( géntràl
Mino<avant :même.:~ que; ~ ,-demier:ne(:meurè:.dans/le.:~trâgiquç}acddent
a6rien.• ~ .
Pourquojr.:cette:listé'1rouva-t-elle-tant ~:~e ".C ~k a~··:~ àtican?i-.-e .~est
·6~demment parce qu'elle devait.être:·_présentée ;~v~~quèlque.app~~
~..v.éracité..L!histoire··~'. rapportée ·W,•le~journàlis~·\@::-«-;~0~ 1
~wmji•;~~
est donc :vraisemblable; se19~ 1aquelle.Jèette,Jiste:a~tait:.~t€e J~dig~~ü)-
la1basc ~ :~docu~ents~photocopiés au;s~ège :d~ q!8Jld Orient,dUtaU~~-~
IÛl jeune e~ployé :~. neveu d.'un religieux:~:qui~=en:;présenc~1di( s~1t onc,lè.
œmit-.·le·tout .à Mgr .Benelli, ~ors-;Substitut .- dè::Ja,;S~étairerie.;d·~État,
lequel les·fit jurer:,tous.les ·deux,:<qilils.~n/~taient-pà$.. en1tt.~i~.~de~entili
~r.:une.question.- aussi1grave..~:.:(çf:.:aussL«iitSâbatoi»ë..d~l~10~oOtJ•99.ll
-~z
pp_; 1_.-=sq~>1
:-: 1!D est .cenain·qu~un jeu de photoèopiC$~de~ces?êloeùm~nt$~~iseïn~
blablement •de.seconde·génération, ~~_iten-po~ion-duïêardinai.:Staffa.
,,:JO . gio~i~-»::du :6 juin ~1992.en ·rep~u!t-aussi tr9i~~
Mais. :.:voici:·,qu'après ~la ; listeÇde·:· i.;P~rama··:~ ~~rii~q~~n~~;~
P.«·Oss,rvatore ..Politico,•»t.de Pecorelli;i··qui.:ajoutè/ çommo·~ n:~1~a::)w ,
:d'autres·noms. ·Mino,Pecorelli,'. C.Omme èe1a.résulte.des-act~:de.·la:coi:n-
mission.~ <l'enquête.··parlementaire.!sur:·:cettè.~-lqg~,~ste.meo~~.l~bn,r.~\
membre de Ja •P2:, -:. ses.paroles-:sont·celle$::de;. quelqµ;!,~n.-: <Ïui•~ t daris::lès
secrets:•Dans.le préambu)e;à_-la-lis~~ te,;riblemenl ;ga_m ~-à~la,dif/ér~~
1 •t
tk ~eUe -~ -,-..Panorama.~'J de -:'n(,mbreusét,dates ·nu,nérQS.· d~ùxJrte,~
d:'~cription~. ce ·qui~'.lut· .éonfè~: u-._:-ton ,de: grande,.- fi~ilité.~~j~-dit/ ~n:
~'1m6, .être ,y.enu.en·· possessiomde l~Jiste le ~S..ao~t p~ent):11 îniit~:
donc ·I~ pape -·Luciani,. aussitôt. ~près· son ·élecdon;/à,·u~:·con~lè'~rig~u~
muxt et ,il:eon~lût avec-ces.paroles;·: :, en publiant.:ë.ette}~te d·~ ecclés~
tiques/ peut être,affiliés.d ·la.maçonnerie, t:iousrestùr4o~~offr.ir- une.peti-._
contributiofi. :(à. -1$. :clarté.:dans: 1~Église ;càth9µque)~:i~o"·}line?.pluie:_{df
tUmentis, ·ou, .dan,.·1a~siknce, .l:'épuration;_»i{le$.:gt&S~S(}Jl~~PQUS}~.
Jl:nty. eut. rû!la:~( pluie,~, ni même. l!épuration.i~e\serait~~9ue:~
quë/ peu de ,jours. aprè$, ·•.Jean-Paul~t,~,-qub--·avaJt.•·,,,anif~té)t rinre~
dè·~ttre.- la main à .la.question.:d.e 1:i~o.R.,~1;-defai,;e~.-la;,.lumi~rt!~~
lù1~:Jes_:prélat, présU1118$ i~cr.l~ i~.la:~ç_o~erie.:1~~ ~.il ~n~::~~~~! ~~­
mait-·:évidemment pas·,(ct,...~O:giomht.~:V9.-9;;;1993i:.PP~ 45A~i ·-:tmoumt
334 ARCHIVES DU MONDIALISME

20 LAMAÇONNERIBÀLACONQUmDBL'éousB

dans lès -circonstances que· tout le inonde··connaît -~::1andis ·que -:MiDQ.


Pecorelli ·fut· 4' liquid6 » à.coups· ·de pistolet quelques: mois ·plus·,·.tard,.
p~sément Je 2O·mars 1979. -Pourquoi Pecorelli -fut-il tu6 .?:A:œ .:qu~:i~-
·semble, non pas pour cette liste, ou. du moins, non seulement pour œ~
liste.·. Mais c'6tait une· personne: •:.comme· on ra dit:~~ ,qui· .~nnaissàit:
.beaucoup de:secrets, et il n~6tait _pas facile·de le d6savouer.:
Raisonnons ùn peu.:·Pecorelli publie ._ liste ;. le :Vatican•est:d6jà ·eq
6moi à.cause des 616ments·en possession de quelques cardinaux·i.nfluentÎi•
et des bruits inqui6tants courent dans ·toute la-p6ninsule. Quelle ·occasio1i.
plus opportune pour·que ·tous les- «-·list6s» ·se r6unissent pour-d6mentii
avec· une grande publicit6 une accusation d'autant plus indigne•qu'ellë
est -accompagn6e de doM6es qui, si elles :sont .fausses,·•:ne peuvent.etrë
que- le fruit d'une ·ignoble· invention;. et··.qu'ils demandent;eux-même&
\Hie enquaœ .clarificatrice, à partir de l'analyse graphologiqùe des siglr4
en-.bas de page des .documents qui appuyaient l'accusation:1
nfaut r1connattn-qus-c, manqru de détMntis ,, cc.·1ilenù;·80ulignl
aussi par« Il Mtssag,ro:». dl, 29 mat 1981- (p{ 3).- sont atrl~mau '16;·
quenu·· ,n .,m-ml1M1 ~ •qu 'iu;.rft'lunt :1a11· w,le,u .·,l'indic~s--ù ·~:tra
f TIPIÛ ÎmpOrliJnel.
-Mais ceci est encore peu. Avant tout, en fait; on a dit que cRs avant leur
publication les.futures listes de« Panorama» et d~ ,O.P. » avaient·trou~
une confirmation significative.. Nous ·avons·<Mjà vu, en -fait, ·que:·robjet.
principal de l'enqDete ·aurait d0 ltre Mgr Bugnini, ~ peu aim6 des pr61~
.traditionalistes pour.avoir prq,a~ cette fameuse ~forme liturgiquo~qui~,
boulevers6·de mani~ie -inouie. le rite mill6naire de.Ja·Sainte-Messe.:& ·
bien :1en juillet .J975; ce pr6I• 6tait 6limin6 de la .Curie ~Romaine·etreo
septembre, envoy6 comme-nonce en Iran, etc~est-lui-m~~ dans son livrè
·intitul6 « La r'forme liturgiqut »qui teC011nut que son ,1oignement·fut dO.
aux preuves d'appartenance à la secte recueillies.'à:u ~.(cfi~JQ
giomi,.»··du· ll.11.1992, pp. 31 et 32)~-Naturellemeni Bugnini, dans·-~
livre; aoutient qu'il s'agit d~une « perfide calomniè~•~ Il fautcependari~

~s.,~
croire qu•ils'agissait de preuves trà solides ai PaulVL qui avait 6troite.;
ment-collabor6 avec lui à la-r6forme liturgiq~.;.travaillant ·· à.~ ·~~t6$·
pendant des heures et des heures (cf•.«.30 giorni-,,A6.1992._pp. ·49
et dont·l' attitude face à la maçonnerie 6tait-:comme.nous.le:,venons.m~:
plus loin~ hautement favorable, se d6cida lun telpa&t.
ANNEXE IV 335

LA MAÇONNERJB À LA CONQtJm·DBïL•lnt ISB 2'Î.

l.a.liste ·.de PecorelU fut confiriœe. encore:plua,.trois-.:~t··plus{tàrd,


quand.. Je cas de la loge_P2:- 6clata av~:bruiL .En.-œtte,.:çitèoostan~~·:<>.n
d6couvrit la bà 6troite collaboration:avec -1~ franc:.maçonnerie.-d~un:~
aonnage lJà important. -Marcinkus~:-pr6s~dent de l'I.Ok.:Celùi~Létait.
mentionœ dans la liste. mais.•on reley~;la·certitude.traumatisantt.~queJo
Vatican ·6tait largement impliqu6 ·-dans:- cette: affaire.:opscu~~à:partii :de.
la. dche· de liquidation .des .biens .du ·.Saint~iège:en :.Italie· ~nfi~·--:a.u
financier de!• loge P2. Michc:J ,Sindona,.s,ai:-·.le.~~aJrSergio G~
·sur les ~ds de Paul ·VI' :lw-même•.En faitftoutle.:monde s.!en.-~
vient, autour de Marcinkus un ~lide ~ ·se. .forma. à.partir1du plus1haùt
f()mmetde la hi6rarchie·vaticane,.~ :ce prélat ra~ tranquille à•son.PQs~ë-
encore de nombreuses.ann6e& :Et·cela·malgr6 _que, à·c e:.qu~~ :N.iclc
-Tosches, ~ Pun ·des <plu.s . fameux ,journalistes ,:des JJ.&A_.~1daos~·Wl ·Jivœ
interview qui .fut consid6r6:à-bon droitcomme:.~·le.m6mori~l posthume
de.Michel ·Sindona. », Jean-Paul II. pour payer•~ 250 miUions.de. dollars
que ·l~LO.R. dut. verser•pour -.cette affaire!à f 6tatJtalien- -aiJ:~nsid6.-t
devoir:recourir carr6ment à la proclamation·d~un~i·Annde·Sain~~~~~:
dinaire_ .celle de 1983 6•. -Il est superflu de rappelei:.le discl6dit q•!~~
affaire t6n6breuse jeta sur la bi6rarchio eccl6si.stique d~.alors èt.:à:traYer&.
elle; sur l'Église toute enti~re~
Lo plus ~ -c~est que bien·que.beaucoup·crann6es)&e·,:I_Oient:~~
Mea.•depuis,·sa publication,. la_liste:.de.-P.eC.orelli -gank~son. ~it6 i~
continue l 6clairer.do nouveaux.. faits:~ .l~içbronique jµdici•_...,-liog.1,
faisœa .ici allusion. en particulier,iau plus retentissant .eJ._. plus,a4i~~
des scandales qui ont emport6 le gouvernement ·des. partis•.:celv.l 4q
Ministàœ 4c,·la Sant6. d6fini, pari~~Panorama: •-~ 4u;~1~ ·.oo~emb.œ, 1993
commo-une ·escroquerie qui, en·yingt aoJ,-a.co0t6 au contribuable.italien
111:moins 40 000 .milliards de-lireL
Eh bien f dans cette affaire. un nom 6merge, celui du cardinal Fio-
mw) Angelini, qui figure _ dans la:liste 4~~:0.f.,.~;~ ~ pn~,~n.Joge
à. la·~ 1.ointaine du- J4:pctobre •~~~...(num6ro.- -m•ti:t~1~)4/00S,
nom·de loge -t i~ à la façon maçonnique, des·lettres -initiales dU:.pr6nom
et du nom-~ ANfl). :Sur ce pr6l&1. nomm6:· cardinal.-dansJ'avant-demier

(5) Nick Toecha,~!ll Mi#eto·S ,,.._~,~pr·- ..1"6.J»~lll~ .


(6) Id.. p. 282.
336 ARCHIVES DU MONDIALISME

22 LA MAÇONNBR]E À'LA CONQutrB DB L'tclUSB

consistoire··par Jean-Paul ·u. :et. cjui depuis '. 198S.·occupe·1a·• charge:œ


prâident du « Conseil pastoral pontifical des ··Services de sant6 ~, ,c~
justement en cette ann~ là par Jean-Paul Il lui-m8me, on a eu connai~
sance de ses 6troits contacts avec le fameux Duilio Poggiolini, DirectetR
~n6ral du Service Pharmaceutique National. Nous ne voulons pu·ici·
nous arreter sur les faits qui .ont valu à ·ce ·monseigneur le :surnom dè
»,
é Sa Sant6 mais -seulement -souligner :que; comme par hasart:PogJ
giolini est, comme:Calvi et Sindona, membre de la loge P2-.:- A ce sujet.
en fait;-dans la revue «'Panorama »·du -14·novembre -1993. 6tant -donn6
que te· militantisme maçonnique.de Poggiolini est·teJlement:connu···que
dans le milieu pharmaceutique on rappelle en plaisantant «.Loggiolini ~~
~ -journaliste Laura Masagnani.,: se -~f6rant à>•ce · personnage,:·~t::
;« naturellement, c'est quelqu'un ·de discut6: ·Tout le monde sait qu~,,
est le prot6g6 du cardinal Fiorenzo Angelini. Et tout le monde sait quo
c'est un maçon;·membre de la loge P2, ·code E 'l8.9l.:carte 2247.;Tout
autant ·connu est le fait qu'il ·enwtient.·d'excellents·,rapports•·•* :les
industries pharmaceutiques dirig~ par des. maçons »:·
On ne peut pas ne pas etre frapp6 par ces· 6troits contacts :.entre un_
cardinal et un repr6sentant connu d'une secte qui, jusqu'au concile œc~
m6nique yatican II. a 6t6 la plus anathémati~ dans des· centaines·~
documents pontificaux dans toute l'histoire bi-mi116naire de l'église e&
qui, par la bouche d'un de se-1 plus hauts repr6sentanta,·le Orand.Maîlle-
du Grand Orient de France,;Jacques Mitterand, homonyme de 'l'ancien
Pr6sident; •':il' auto-d6finit encore aujourd'hui-:·. comme ··~iai ~ ·Contre-
Église•• l•;
-~·_>Un au~ panni les ~pisodes les plus·retentissants de ·«·tangentopoli•
(àt ~« Monopoly » dea dessous-de-table)• est •.celui · des" 92 milliards de
lires en titres d'état pay'8 par la Montedison ·. aux partis,:.Ces titreS~.ont

(7) .Cit6 in Reo6 Valnwe. « T•llliard 1•apo,1a1 ~~ '1971, ·p. 51! .


(8)' Dans son ·c Hiltow M la maçonMrw ,n ltaJw· d•a orlgùiù 4''·/à R ~
~ • (Nuova Italia ed., 1975, ·p. 156) Carlo Fnncovich.-qui appartient l la.croupe
satn:inte dea hiaaoriographea officiels de la maçonne.rie. rapporte que d6jl. ~ ua
rappon de la police des ffabsbours du 3 aoOt 1756, qui râumait un programme m~
nique, disparu dcpuia. intitul6 • /s1rut.ion~ ltoliana •• on disait clair et net que l'objectif
poursuivi par la maçonne.rie 6tait depuis Ion celui··c d'$wh ,o,,, lo trlnM ·• •
rUM;,w Il fflOIIM ..., ww Npubllqw ,uuv.ruU. ••
ANNEXEIV 337

LA MAÇONNERIE Au coNQutœ œ t•OOIJSE. ·n


6t6 recyclés par 1·•1.0.R. -·qui fait ainsi sa réapparition sur ·1a sc~ne·des
grands scandales en encaissant, grâce à des manœuvres bancaires Çt<>nr.
plexes à l'étranger, une énonne provision de nombreux milliards de- lires
(cf.« Il Corriere della Sera -» du .15.1.1994 sous le titre . ~.Et~ainsi Di
Pietro s.'est mangé un autre fou »). ·cette ·provision,· par -son . montan~.
~nonne,·constitue une preuve du fait que les responsables du .Vati.can .
&aient parfaitement conscients de la provenance illicite de cet argent ··
·Alors, .qui.a dirigé cette opération ·?
Pour·rEnimont [Sociét6 pétrolière semi-publique]~·c.'est Luig( Bisi-
gnani membre notoire de _la P2 (cf•.« Co~re della Ser~·.,, du JQ janvier-
1994, p. S, sous le titre· «·Ainsi fut ·bénie l'opéraûon. •·c!C. T. ··~); ..tandis
qu'au Vati~ on pari~ de Mgr Donato de Bonis lequel Jussi .i ._coînci~.
dence déconcertante ~ figure dans la liste de Pecorelli comme ·b1scrit à
la maçonnerie le 24Juin 1968, .matricule. 321/02, ·nom de .loge ·« Do&-
debo » (= DONato DE BOnis).
C'était lui .c rhomme cll de l'I.O.R. ·chargé-4'assurer·la•liaison ent~
la commission des'. ~inq cardinaux qui girent lesfi~ei_du_Vatican tt·
l'orgaM larq'" qui prlside ,~instilu_t-~'('« La Stampa.» du 10.1_~}994 SOU!
le titre .« .Di Pktrp ~u11,··IUT. ~ .IJIOnseigne~:de. l~l~Q.R. »);
ANNEXE IV 339

CHAPITRE IV

D'AUTRES PREUVES DE VÉRIDICITÉ

U~ des per~onnage& le~· plus•:b~t plac~,' indiq~és-: dan~.-J~·~iste~·de


'( O.P~·.~ est .cenain~ment.· l~_·è•dinal AgostinQ ·Casaroli~ qui .occupa·pen-
dant pi'~sieùrs!année$ .fa <:luirj~:~e·~ec~~i~.4' É~t,·~'èst~à-Oinda ~barge
la plus prestigieuse dans ~l'Eglise~··après èêlle·du Pape.
Eh t,ie~. f,.s~r~f ~ppart_e~nan~·· d~ çe ~~-~,~:.à:•~·- Jt:'~~n~~e, ~un:e.une
~ -gra~e ~UV~~ çlont.~(?~S parl~~ns'. ply~· loi~--ri}- X.. UD· :~~~ ~gni-
ficati~ fou~ p~ Je;= f~ns ipaulini~1:\-~~$~Q.,~POS~t~.J?ans un ._livre au
titre-PJOgramqt~,.~ .-~ ~· qr~,,:Ço,ç~rd(lnzf (~~-,C,hiesa-. , .~~so,ae_~ »
(~ Les.O~<Jes .- Conco,clap~," ('n~:,t'~gl_t~-e.~,..la..~aço~netj~) ·-pub.lié.
eo 1987, içh~z réditeur -~ardiqi (maçon) d~. ~Qg,n~; ~lüi-cf rapporté
que.· Cas.âr<)U;.··.lc;, /20.oqt~bn,.f~-,1-~8~,.\, .J:~i~n: ~ ~lé&rationsf:~u
4~ ~ve~~~~~ -:- l'9.N.\J,,;-pro~on~j}~ .~ f~sli~~.~ai~~-~atrick; ·à
New""~9~, ':~ ,.~re.J1~ro6Ji~;-•4•'un~.-~de.e~vo~~ -~-~~nt .-lo.--Ç9_n~q,u·,,.sqr
lequ~l ~ .•(~ --~ p~~J •e~_/de,,f _.,ra~r «:•.altu_t~. q~ ~s-conç~r~.c ~ ,,.,~
l'Eglis.e ,1 Jo .maçonnerie peuv.ent .ltr:e._coras.idér:.é~s -.çomme .~quis~ tk
fait» (op. cit., p. 210).
DaJ\S! son,compterrendu, Padre Esposito :·fait•obseTY.er-.que ·le:caroinaJ
1
1

a utilis6··~~ ·.ce.!.sennon. au,.:moinsAleux.rifois ·1les·~ parolc;s.i.mêmes .qui


oQvrent;e.t d6signènt la·bullo.::« In ~minenti ap.osto.latus-spec-ula-.~j'. bull~
340 ARCHIVES DU MONDIALISME

26 LA MAÇONNERIE À LA CONQutrE DE L'OOLISB

par laquelle le Pape Clément XII, en 1738, avait prononçé la pre~l~


excommunication contre la maçonnerie, mais dans un contexte-.et _un~
valeur inversés, de façon à re-communier ce qui avait été excommwüé'
(op. cit., pp. 210-211).
La personne du cardinal Casaroli remet ensuite en m6moire une·autn;
liste de prélats indiqués comme appartenant à la maçonnerie : celle paruè
dans le numéro de juillet 1976 de la rewe française« lntroibo ».. .Cette.'
revue, catholique, et donc d'une facture tout_à fait différente de celle .d~
journal de Pecorelli, rapportai_t, avec plus. d'un·an d'avance, comme.celle!
de notre cardinal, les noms de nombreux autres ecclésiastiques qui :figu~
reront ensui~ dans les listes de« Panorama·» et de« O.P. » •.Avec. un~
différence, ~pen~nt ·; :la ljs~ ,4,' ~-ln~roP,P rrt ?,->rte.·! ~:.4~!e~·Jl' affiliatioq
mais non les numéros de cartes, tandis que,·comme <iri'l'a .vu~ - ·• :Pano1
rama» ne reproduit ni les unes ni les autres, et «·O.P. »., le plus compte~::.
les publie tous les deux.
On note, en outre, entre ta ·Hste d' lntroibo et.celle de Pecorelli quel:-
q~~. différen~s. dans }es ~tc.s -.f appliçati~~-. -~ -~m~l~·!ogi9u~\9~en
déduire qu~ la seconde.ne déqve pas.4e la p~~-~~ ~ .que_~ plus gran~~
s~j~çïté ~t 59n_~ractère ~~ustit s~expliq~ent pa1)~ .ta!t que:. .r~P~-~ H
1

était un homme.de.
. . loge et,.çomme tel,
. plus .
a u
.·. . ..~Qurant
'
d~
...
secJCts:~
. .
\ '
la:
. .. '·· ·-·· '
~ ,.
secte. Mau si les chose, $t présentent ainsi, on-doit en déduire. ~ .la
liste::4e'. lntroibo doit 8tr~ c~nsidlrle comme ûne;ëon/rbntâtion ûlié.rieuri
dès ·deux "listes déjà citées~Et alors.Ott"' ne peut pas-
ne. pàs,: 'être: frâp~
par ·I.e tait' que•cès deùx listes 'ont recours aux ~êines rioms~ :parmi ,tes:-
quels~: ~tre·.ce~u~ de·~ro~i,;:iildi_q ~ '. ~~~ ~~ .~a~:~te .d•în~p~o~
que ·Ja hste de «·O:P;' »·, ·on trouve ·aussf ceùx· du car4mal 'Suenens; <ht
1

cardinal Baggio; dii êârdinal 'Pellegrino, \de Mgr Bugnint, ôë' Mgr"':Ânge1
Uni. d~ l'6~!que de T~hte~ Mgr Gottardi, e~;·_ .
Parmi les ~oms ·qui rcssorteqt' dans·la liste.de Pecorèllî"'figure ·au~î
çè,ui du fameux P~re piariste Ernesfo·Balduccî~ :disparu dans uri•'~ ident
de ~là circulation lè 26 avril 1992, ét au··sujèt ·duquel ~r1'-~ Ossei,,_â'tl,,.
sa:
Romam>}•~·.à r occision de'sàl moi•~exprima' profQnde·6môtion~et-~
1

douleur.
Eh ·bien ·1:une-connaissance superficiellè de l' œuvrecde:ctffœre:sùffit
paur-.-se:rendre-compte-que nous avons·à-faire- à .un homme profondément
impr6gn6 ·de&·enseignements de ·la :togè. Nous~·-nous ··limiteroJJS.:- t .~glane,
ANNEXE IV 341

l:IA.MAÇONNERŒ·. LA CONQœTE DE L'ÉOÙSB ·27/

quelques,citations de son iivre.i« l/Uomo='P.ldnetario,.-~:<tl/Hom~e


i*
planétaire·»·· (ed~·.-~ Cuttura ··delJa Pacè \SéJi;.:DomêniçdJ~~ -i:Fie~ole;
1990f:·~«-· Qûè ·cêlui~qui :se déèlare:éncore .àthiei-ou-.nüJri~té}ioü,·l~iqut;
ét-quf a·besoin 'il-~un chrétie"n:pour·:compléief'lti-~érîi dès rèp~~~e!'J4tié!ii3. 1

sûr:l'avant-scèn'é·; de-··la·=·~Jtùrë;·~ qù 'il. ~i·"mi:cherche ·p~>it··~ :·--suis


~on.~
qu'un·Jiom~ ·»· ( ~i~ît~~;~~p>(7.~)~ .~lùs'. ·Join; ·côminên~f!tï .-ra ~tçncorit~
«\tcuihéruquèr'>>~a, Assfsè . d~ 27 oëfu~re J986t il s' êxprîm~·ai)isi~f.(Nôih.
"shtnm~s. airis~ au m~ment:dii.rè~iê~:1~~ f oinptei:_'~t{ â~~ëe}i/<i}M.n~ :t~}lq
re-Ugions sôni: éoniraihies··tJe :se '"révêle°lpqùr.'p,45q,i~eil~:,si/ni~;}5iJifj,fl,~
• ! • ' , t f • '' • " t •.• " . .., • 1 91. , "" ) " ·, · " \ ' • " ' .A , • • .. , . , • ' ,.,. ,

.duclioni symboliques: de.·grou'pis_Jiuma.ins~ ~ déf ~YS!~nies__.J#~~-ogi~és ~~


i4~~•e:) ~-~~?JJn .~u:.~r~!,:·~~~:J~t;~it
~(~. ~~c,1/..~~ rin.io,: feçit .~os_.i:·.(_ 1

tJ;/tr::;..::z1:f:tz;eqtJ~:t~~i;~;r.tt:Jt~f.~~1
t1e!)ff ~- ~o~r -~ :~r~o9.s.~_1:~1~~-~u1)~~~~~~ :_l.!1d~~.: p~}~l~~~~~1~,._9Q~~
cr~tion de._l'~om.m~); aveç_ lffle yarumt~(P.qJUt'!,(ft,. 4,.S4.Y<?,IT: (lll,,~Jl~ ·4P,t
ltr~ pris.e.-non·,êi,~.ie~fqutmais:comnië•iin f r.ag~~i :4u:toJ4;~ d~ii.i'pi/,
e~oi~;;ç~c;iil:~~~--k._ f~~~f:~:~~-:=ç~,;,;a{!~i f~~-~{~:~-~·:.~_~#l\ê_j{i{/ip~
~!t/IJ~~~Pf~fO~~~f'fS:~(Je;f~
~~f._aµs,1 ~~Q.~~!t~ ~ t.(•~:-.:/?.·, ~?~): > 4/~~
caçM-du futut 9~1::!U),lt:.~!'ÇPt~ ~~; r?~éler;;~tflUl}.'f!,~~~~ il!t ~'-! /Uff.qrf~~.41
lq.mqrt.~ ·'""tes ;lff:.r~l!8iô~:P.isfqnt8:~/,jÇ._ ~~~; ·rn.gt_
A ~et,}~~~ejg~~.
ment du 32!! ·du .Rite.:~o~sf:IÜ:4~ci~~ :#.,f_~c.,c,pfét.ljq14: ·_ è9.nt;lù~~·Jl9fr1-,
~~Ur$~ ~u,; le·~l!?r~:~ Bal4~C.~4 '. f1Ve~'. ce~-· 9it~ti~~,,:4 :~/r4q.lis~.pou~
versant,t :ft t '4g~ :d ef fl~uplf!i·:,é.lJil ·dll fl,ji. ,L'dge de$ '.$ ~'!~~es(~s.j
fini. •'Comb.kn··m,'Jjppar~,l\,v_r~l,;\:,~1:4jo.ivd~hui; -'~ ,.plu:~~ ·.q!(e/!Jl.i~~che:
adr~ssait. q~ _çh_rét~risJ,d,_i.f~n;,e,_ mp$~·-~t :Qui _,oua;,:llll'~e~:.~ f votr..,
SauJ!-ur,·f.;.:,t(id., :P~.l6~)~-~ .!~~-PQ~o~j t~i~oppon.un ·4~ rap~J~f ptjQY;~1
~ent,qui ~c;$t•ce:Frjedricb;Nietzçh~ ·:A~ ,faµforit~:duqµehJ~::fè.r;e;Baldueçj
se(féfè~~pour-i:~p~~ierJésus-~~t,~n ~agè~•r,t\uteur~reJitr~(auttes~fl~un
~\'l'e -dont/ le,',_titre,~ç«-«;l/A.ntéçbdJ.,;_~,f.. ~ -:: déjà.!tQut ~;Wl::-,PfOgram~~,~J:C~
philosophê préconise··ùn·~, :Surhomme:~~:è~;~ibé~::,.~:de :toptrprécepte:eti~~
tout f~in:~~Jordro:m~ral_;~~~ itop_p9Se Dio~y·sos;.'_ dieu•-.de:.la:joie,~u;·Naza-
réent j>rédicateur-.d~.une:~·~orale·d;estJayest<»· ,.( , . ~u,'t/elâ,_·:-dui bien. ii~d~
mali»;.:•àphodsme -~il!:.l29):.·sa:·.pens6er~ ·compris-.le,.:mythe ·de.- 1-'-étemel
-retourûe.s(:toutê.~imprégi16e.;.·~ i~estd0Qtones. ,_:gnQ~tiq~es;:qJ.Jii~<sé1qi()~s
plus\•autori~:;~uteurs ..de. traités,·~maç~nniques ;fAlbert ·Bik~;:René'i.Gué,~
342 ARCHIVES DU MONDIALISME

28 LA MAÇONNBRIE À"LA CONQ1.$œ.DBL'W.USB

non~ :etc.) ;constituent -la· moelle de,la maçonnerie, ·e.t que .,. -:évidemmënt
-:·Balducci ·,partag~ en ~de partie.
Un aun-e des ~rsonnages les.plus.en-vue de la liste-de:«·O.~...:,-~-:~{
certainement le .cardinal.Léo .Suenens, primat de Belgique..Eh bi~n~.Jp
24~9.197Q, ce préla~ : .fait ~s préçédent dans .les.annales ·de l,'.Égli~i
belge :~· tint une importante conférence _dans un~ réunion.·.maço.nniq~~i
organîsœ par la haute maçonnerie juive du B.'nai_B'rith (cf.1.Y~~l6~~j
comble,. ~ Les professioMe~.~ _fa,iti-racis,r,e ~? -~~s-__l~8!~.·P··~J:Q\.
Ce': fait .révèle, pour le .moins,;une surprenante proximité. av~ --~~~e:_ sµr,
laquelle l'Église pr.écondliaire jetait l'anath~m~, comme sur sa _p,riîièi~
pale .et implacable ennemie..
L'indice e~t déjà, en l_ui-même, très gravç et d'autant plus sigtft{i~t.it
que·M.gr.S~enens est le représentant trè, ~toris6 de « fax Çh_risti ·»,::üp~ 1
organisatio~. ~ont ,l'engagement.politico-social écrase celùi _p~pre~~t
religieux·· jusqu'à le faire disparaître~ Cela ~ssort de façon 6viden~;
même pour les plus ~aîfs/ d~' la lecture dè _son :manif.este-su(l~ d~sar~
mement dé· mai ·l 982~ dans lequel Dieu; J6sus, la Vjerg~ èf 1~ ;..Sain~
ne sont m8me pas noinmés~et OÙ ·tout le discours est .centr6:_'-substàn~
. tiellement, sur la perspectivè de(ce.Gouvernement. ~ondial ou Républi~
que Universelle auquel la maçonnerie aspiré depuis .ses origines;·~mmè
cela apparaît déjà dans les • ·Constitutions d' AndersQn ,.. de ·1123/ textè
fondamental de la 'secte franc-maçonne~..
Une confirmation ul~rieure-très grave de la liste Pecorelli vient d~u.ne:
interview parue dans l'hebdomadaire~ OggÏ'»· du 17 juiri·.1981 -sous·)I~
titre .. « Salvini m'a confié des ·noms•.d'insoupço,anables »...~Dans: -cetu(
interview, :Brmanegildo Beneditti de· Massa .earrar.,.très bien ..infonné~
ancien-Grand Orateur-du-Grand Orient d'ltalie, .et do,-c, lcomm~·il,le~dit
lui-m8mè, .numéro,2·de la maço_nneri6 italienne,. puis expuls6 pouravoir
eu ,des -démélés: -avec .-Licio Gelli·.et:les Grands Maîtres ·qui 1'appuyaient;.
après avoir indiqu6 ·comme. ·membre$ de la: P2 ~presque .·sQrs. OianlÛ.1
AgnelU, et le comte Augusta. ·"n plus de.Victor Emmanuel ._:. Sav.oiè,·,
venant ensuite au monde eccl6siastiqu~-.0•fit µne..d6claration._q,liluous,.
paraît important de rapporter .en entier. :« ·Dans, la ·maçonner-ie .~.,dit-il~-~
ANNEXEIV 343

LA MAÇONNERIB'Àl~A.CONQU~TlfDB VÉGUSB 29

l/histoire·est pleine de·cardilima et:de~prêtres::~ott ·parltiit-:de Mgr·Bet.:


taw, ,de Mgr Casarolt du èardinal Poletti, . dtipère -Caprile~~, directer,,,
de « Civiltà Cattolica » et·du·éardinal MarèinJcus;:J.'homtne/des fuµmc~s :
tJu:Vatican; celui qu!on appelle le·«·bœiquier.de.Dièù;~:On ~.:commencé
à parler-dè ··ces gens-à~partir âe-·1970l' Soyons:·-clairs, ·ce-:·1ï'étaie,.tpàs
des bavardages ·de couloir;··c:!étaient ·des;•in/ormàtions,· . réie-nées-~·que
no111 ée~gions, -~ous, •aa ·so~t.-.ü •~ ·11UJfonnerïf1italie_nne ~~~-
. ··: ... . .. . ·~.~· ,. ... : ·• -~... : :!·.,r~...-.. · · j t •f• · t·.-·!:- ,: ..·.:' . <'. ;~ ~-71:':~:·,:.~~, .K,··:.~. -~·'='-~·~:::·":~:~._}••, ~',:i __
.A part.deux 1mpréc1s1ons,..s~s .1 mpo~~;~n ~ .-qQ1J19u_s ç9n_~l1)~,
(Marcinkus était-év~~e·e~_n_ on\~~diri~,--_èt l~,- père.G.apljJ~: jéstjijê~ '.~_ ~t
un rédacteur très important, \màis ·non le·directeur de«·Civiltà Câtt~l~~)~
ce .qu'il ressorta~t ~e.. ~tte .décJ~ratjon. prono~~ der1~ ~u~i,~;:furi
~fp_uJs6 ~t 4~~n..déçu qui Q,~ pl~s-_intç~(à__~entjr el à bro~i!1~r 1~ pi~~-
et qui ~•a e11, à:c~ qu'il.semblé, ~uçµ_n.:_rapport:_â:vêc_les·_eèçl~j8$tfqu~
~entionné~(·-·..d·':ob H~t ab$urd,e::a~t,s~pj)Osei (de :sà:,·pàrt· une' inten.tiori
<liffamatoiJe,.
·
-:',Ç_';é.talt.;·
, .· , .. ., ' ~~. ,,, • · ~ï .. ·ll ,

1) qµe;.les,noms;qu!iha~eµ6s SCi-~Uv.e~t-tou.r;dan~.·~~~Jis~e❖f?~~qr.e#i:.{
• • • . J .. '- . • • . • .

2) qu'il: nê ·~ ,,agissalf°:pàs·.. <iê r:; ~·bru1tf,i{\'~J1lÏènt;Us~aÛt9nsés~ ; mâfs:


bien.<l'~ ! informations··,iiervlis i:?qµi' coùteÏ1t·au.*.idmmetsv· lesj,l~s"-êlèr
-V ~
.
de ')a·m,açonnerie''tialiennë·
•j~,: -. , :'' .. -~ ~,'. ,.
. .:· .i .•

,·t 'f -
~;~i J .: ··, ..:
.
D ne semble pas-·qu~auc'ùn ·des··p~i~ts ':tm~c-.e~l~~~t~~jt,)ni~rve~~
J)()ur. chercJ)er qu~ll.~,4µ.:~~\lt.dig.oi~i~ Ae~l~•~ -•ç~:>nn~~~~;_ilQ~9b$tant
la.gréP)~ diffµsio.Q.,dQJJ ;J.l_QµY~O~wP.Ubli~...;dans Ùn \hebdomadaire. natio-
.n.al • gran~-.ti,.ag~~
·~ .·paroJes··}def-1:·èx' G~d-, ·_Orate_~r-~o~~ ~•.êfonne~ti.1 ~OCÇASihn--'.d~une
6nième-'Çonfrontation:en:~qui =concem~ lâfiabilit6·~e -la>1is~'P~orellt{t
parmi· tes· ·ecclésiastiques·.nientionnés :;par.(Benedetti/ .:figure ten ! fait lê
fameùx •père jésuite·;Qioy~ni~·Gapril~;·: Cè·de~iër/qui lX>~t,àvait:6t4
pendant de Jnomb~uses•·;a~n~·~·.lè :'champion,4e~-J~·anti~maçônhis~-~~ta..!
lien, effcctuà/ ap~~JlfC9~ci~~ ,::Vati~n:n,:·un ·viragè:·~ -180-degrés:.:..eè:
s•
virage .fuf \tadicàl~}qü '11..: 16:~pôlissa •;à j>artici~r:avêè:~ Don;,iVinctnzo
;Miano, ·Padre·1Rosafi~}~8spôsito/ don' Franco Molinari~ professeur à là
« Cattolica ; /de···Milàn ê(dr~utres prêtres-= moins ç~nn~s~·.:à .uti ·groûpë
préposé auxdi.alogue~.~glise~maçonnerie,. qut établit. des.-·contacts ét -des
rencontres ·publiques :aveç:=les _plus. grands·dignitaires··italiens·~âe~~çeue
ARCHIVES DU MONDIALISME
344

:30 LA MAÇONNERIE -À LA :CONQuêTE DE l.'OOIJSE

secte·•~.:.Et çe n~est-pas tout. ·Caprile en -ani-va·à écrire, en:collaboraiio~


aveç :un:autre jésuite .~spagnol, Pad~ ·José .ferrer .Benim~lli, Un li~
intitulé. .·.« M~sonetia .e ·,Chiesa :.Cattolica;..ieri, .,- oggi •e.~.dpma,,i:.»~~
(.~, Maçonnerie .et _Église·.catho~que_hier;:.aujo~rd'bui_e~--de.ll)ai~-~~]\(ecl~
Paoline~ i1979)~ .livre dans-lequel.f·même si-c'était en ~itant -lln.,au~,,-~~
leurs .-: confrères,.: le ·Père :Riquet · ~·on ,:~n . arrivait ·à-~,souhaite,r. :qU:' entr(
l'Église-et la maçonnerie-on.parvienne,.-.à_parti( d~un-~ œc.u~éniSJD~}i~
c~urs .>~ i_niti~. à.~n << ~c~m~nisme.des i~tell~_g~~~~ ~~ _ 4~~ .<:lrcfrj~~-\~}~i
c~est-à-dire~-ne'- .de moms qu'à la fusion, .·Y CQ,mpns .sur .le _,plan·:4,~
c·royances~· ~entre ··christianisme ·e( maç<>nnerle;-.entre ·Église.. ·ët:.:Con~
Églis~ t
Une é~ième v_érificatio~_de ta·~isJ~ dè Pecorellte~ d~.ç~llcrde.r Pan~
rama'>> ·que nous·proposons ·au leèteur êsï _.~Ile télativi aµ .~i-vitç, :Pad~
Dav~de Maria Turoldo,:mort le 6 févner ·1_99t exalté par·ses··ad~~~~e~~-
comme ·«prophète ·>> et «poète=» des temps nouv~x. ·.~h ~ie~.) p n.,.~,\
forcé de .reconnaître -que celui-là aussi était-.un :catholique ·et : ùif frè~
«,sui :generis-»._.. : partisan ;oonvainctitdu divorce .au moment~<iui.-~f~reJtr
du~ orga,lisé pàr.des _.catltoliq~~~contre·~tte J~stitution, .eQ:l9~ 1., - ~~
~anctuaire ~e. Tirano,·. il bri~"un .-~hapel~f et e_n éparpill~ il~ grai~j.•_aq
milieu des fidèles en.criant:« Ça-suffit avec ces supe~titions ~u_M9yef!~
Age•t »-. On·admettra que de la part d'un ·-« ·Serviteur de·Marie';. cè-soit
un geste plutôt déconcertant.r . =;
,~a «.dévotiorï» pourJésus.:christ-·venait'cl~àilleurs ·au même moulé:~
.dans te numéro du 26.5.1988 de «'Panorama »/ e11'fai~.Uécrivait à:p~
pos de 1•exposition des crucifix dans les lieux public.&'.:.' «qu~il ·soit ou
non accroché ..auxi murs .ne-chan_g~ f rieo. :·Le.;cniQifix.Jle .'(au~·_.pl~.~ rieo
po~r. -~Je .moµde ·d'-aujour.c;l',hui ~, il, l)e . dit.:: plus.-:_,pt;n·.-Jk ~tte(;soci~!t~~
auJou(d~hui le-~cifix, .~n soi. ne ~pr6sente:plus, tjen.\,J ..e~c~cjij~:..PQ~~
moi ic:est .Oscar Romero.-- t~~,' ç'est.le p~u~~~.LqtQel:)~ing tu~t!·:~ .,SQq\
les no1~!d~Afrique du -Sud, c•est Mandela.en:prison~.~;.ce-sont.là.les.~vraià
C{llcifix -J ~ •·
On peut.se demander-t :Y:~a~t•il--donc.rlieu -de s~~tonner~de trouvet.un

(1 oj Op. cit.; p. 178. .


(11) -Georges Virebeau·c.;P.nlau·et /tllllè-màç'Oü.~; .cit-,.:~ ·'l'?"!-t4~bs.italiquer;nê'
;ont-.pu dans l'.original. · · ·
ANNEXE IV 345

~re·de cet acabit·1dans..une: ou plusieuts. . lisle$,maç9nni_qucs ·?~A~·no~


avis, . non .. '
-;: ·::· -.Le dernier, 'mais.certainement.!pas.par"o~ d 'importan~f••· ~s··per-
sonnag~ de la ·liste -dont ·.DOUS•.e~aminons :les :positions~~est-="Je. c.ardjnaJ
Jean·.Villo~ qui:·.fut .pendant de. longu~., .~ nées lQ Seç_~ .t ai~t d~État de
Paul Vl,:·puis de.Jean~Paul II, jusqu'à.~~ mort)~~rvenu~ l~--9~3.. l9'Z9~. ~Çe
cardinal, dont le nom fut publié clans le mensuel·«·Lectures Françaises .-»
dans une liste d, ecclésiastiques c~rtainem~nt i~rits à la maçonnerie, et
dont les noms· parurent to~s.- _da,n sJ'-~ cl.e de Pecorelli, . .exceptiori faite.
de celui du cardinal Liénart, écri.vit au directeur .de · la rev.ue ·Ja·Jettre
suivante ~ ·· · · - ·

Le cardinal.Jean ·viliot .
Secrétaire -d'État
présente ses ·salutations distingù~-à tv{onsieur:Je Dir~teur:de
« Lect,!Jres Fra~çaiae~ ~~ :Ayan!:.appri~ r~mm~nt·· qu~ _vo~·. rew~~-
~n~ son nu~éro de septemb~ l.~?~., av_ait.me~ti~~-né·:~O{l·~OP,l e~
:le ·présentant · commet.maçon, ·. le.::~tzr4ir,al~.Vi~wt.Jlécl~re,·..de fla.
l • • ,. . ' ' .. ' · J • ;~ J. .t° • l "' ~ ' , . '-. ,· ~ . · . .,

!Mnfè.r~ ·~ ·f/~ f~nnell~.-~qu_~!l'.'~·.'4 /~ij -~ --~:~'fC."~!:: m9~nt de


sa .vie ~e moindrè rapporf.avec·l!J frfl~c~~çor,Jl.en~:rµ à':'CC ~aucune
-· • • •, , .. ,; • •• ~ .4 • ,.,. 41 ►

autre société secrète. Il adhère j,Je,nement aux co,idànrnat,ons pro-


noncées-par les'Souvèrains ·po~tifes;·
Le Cardinal ·vmot prie le Dirëcteuide:--«·~turès -Françaises·»..
de bien·-vouloir, lui envoyer~'1ri~exemph~ij-e?,du' numéro qµi publiera
ce démenti, et.par-:avance·-il ·le remercie>~
Watican, 3l~l0~l976·
Jean Cardinal .Villot 12

Aprè~•:Sf·rnQrt;~~ndaQt;_on . tmuva·dans ses affai.-efun -l iv~ intitul6


~-Vi~. et- perspectiv~&.,4e'.J•Jnmc-~çoonerje ttaditionnell~~~- ~ -:Jean
Toumiac,:. Orapd Q(ateur .d~t•Ja~91JU14.e:1.Loge;National~ :4e.F~ce. ·Sur
la.couv~rture Q.~·Ç.e·llv.re-flgu~erit. ~eu~•dédicaces manuscrites :à.: ViUQt,
une d~ ._r.uteu~}~i--même .~t);au.~ ~~- Orand-·Maître·d~_. la même· loge.
:Face ~-:~ ~~oe..ument.Ja:-déclaration :4i formellea> .du ~cardinal :.d~.- ~i~woir
' . · •! ~ _.: , -~;;t"-~~\
(1·2)~~;3èiJtii,r.9~Jlut~1.2il2.-1'99!i:'p~ :S3:et du .10.12.1992. ·p d o~.
346 ARClilVES DU MONDIALI ME

32 LA MAÇONNBRIB À LA CONQŒJ'B DB L'éoUSB

jamais eu « à ·aucun moment de sa vie le moindre rapport avec la frané!.,


maçonnerie », apparaît, franchemen~ peu ~ible.
Du reste· les positions ~logiques et les idéeaux de Villot 6taicot
notoirement ceux des -cardinaux Suenens, Poletti, Cuaroli, de l'6v@que
Gottardi de Trente, etc. qui figment avec lui dans la liste d' « lntroibo,»,
dans celle de « Panorama » et dans celle de l' « Osservatore Politico·»~
ANNEXE IV 347

CHAPITRE .V

Q(JELLES. CONCLUSION~ TIRER


SI LA LISTE EST-VRAIE ?
LE JUGEMENT DE « PANORAMA,. ~ MAIS IL ·Y AVAIT
D'AUTRES CARDINAUX, POUR NE PARLER QUE DE
CEUX-LÀ, TRÈS SUSPECTS MtME EN DEHORS DE
CEITE LISTE. - LA DÉCLARATION DE LlCH'fENAU. •
CARDINAUX GRANDS ÉLECTEURS ;. «·LOGE DE
SAINT-PIERRE,. ; LE CARDINAL LiÉNART.ET
VATICAN Il. - L.'ŒCUMÉNISME CONCILIAIRE DANS
LE JUGEMENT D'UN 33°. - LE ~ GRAND INITIÉ,.
OSWALD .WIRTH ET SA RELIGION

La gravit6 des implications qui dérivent •de la conclusion que -les


listes de «· O.P. » et' de «·Panorama • sont, .pour le .moins en très grande
partie, v6ridiques, ne peut échapper à personne. En realit6, la revue
« Panorama »· elle-mê~ justement ·dans son · nutœro déjà cit6 du
10 aoOt 1976, en ~m-~ ntant sa li.ste, qu'elle 'définissait pourtant comme
non. fiable.et.(ausse, .n'h6sitait pas .à affinner:: «.Si la_.liste était authe,.:._
tiqiu l'Église .serait aux nuµ,&S .des maçons...Paul.Vl. .en aura# .é tl car-
rément entouré. Ou plut8t, ce sont eux qui lui.aur.aient servi ·de grands
348 ARCHIVES DU MONDIALISME

34 LA MAÇONNERIE À LA CONQlmŒ DE L'OOLISE

.électeurs et qui l'auraient piloté dans les plus importantes déèî,iQns_


prises durant ces treize années de pontificat. Et, encore avant, ce so~
eux qui aur~ient poussé le Concile Vatican Il sur la .route des réforrnu;·-,~
Cette déduction apparaît comme une évidence, si l'on considère que
la liste comporte les noms de deux cardinaux (Villot et Casarol.i). qui
n'ont été rien moins que Secrétaires d-'État du Saint-Siège, et celui ~r~
autre cardinal (Poletti) qui a l'époque était même Cardinal VicailC .de
Rome, c'est-à-dire le représentant de Paul VI dans le gouvemementdü. ..
Diocèse des papes.
Plus alarmant encore est le fait qu'il y ait de très forts éléments pouf
estimer que ces listes n'étaient pas exhaustives. Par exemple de .très
graves indices d'initiation maçonnique existent pour le cardinal Franz
Koenig, archevêque influeot de Vienne, qui fut, avec le cardinal Suenens:
, • l

et d'autres, l'un des principaux promotèurs des-innovations conciliaire~-:


Koenig,-en., fai_t, qui.a été le grand._élect~u.r qe Jean:-P~ul .ll,1~,.~sti~diq~~
par Aldo Mola, historien offi~iel_de ,la·rnaçom)erie jtalienne~·-au . ~ondi-:
tionnel •mais, corpme il le .~it)~i 7même,--~r,Ja-base ,de&. infonnati(jns.
1

d_'~n « ~ignitaire ,très haut p~'é et très ~,~~ ~formé du .Pplauo ·.G!~r~
tm,ano » • .comme membre d•une. loge fermée . romain~, dont faisaient
partie Cesar~ Merzagora, Marcello Sacc"·cci, Giuse\l~·Caradonna, Luigi
Preti, Eugenio Cefis, Guido C~rli~: EnricQ Çucd~ Michel Sindona, e~
même temps. que beaucoup· d~~utres personnasies célèbre.~ et très'. célè-
bres i•.
Même la revue·italienne·«,Jl Bârghesi·»'du =ts ·ao'Ofl.976, elle aussi,
parla de son affiliation présumée à la maçonnerie. · :- "'-.- ,: ; ._ : . :.. ..• . ·
Une autre preuve à charge, très grave pour le cardinal Koenig, résulte
du fait qu'il fut, avec le Grand Maître Délégué de la maçonnerie autri-
chienne, le Docteur Kurt Baresch, le promoteur de -la commission qu(

. ::· ( 13) Aldo Mola, « Storia ·dilla Mauoneria ital~'dalù origine ai ni>stn glomi ,•.
Bompiani ed., 1992, p. 744. :: ._- ~ • ~ ·" ·:.. · : ·:•: .,n., .•-j;ti~\3-\f) l';:(-.· ..•.~> (
. . (14) Sur l.a part qu'a eue Koenig dans la <Uclaratioo de Uchtenau:·_qui ,• ~ ènsuit~
ébruit6e, contrai~~ment aux acco~. par le haut,dig~itaire de _la m~o~Clj~-~~If.Appel
et par le th&>log1en Herbert Vorgnmler en 1975, vo,r Manfred Adt~. ~.D~ ·FJ·~imaur~r
und dtr Vatilcan », Claus P. Clausen Verlag, Lippstadt. 1985, ·pp. ·12Ysq:te·téxte·c1e•1â
d~laration se trouve aussi in Jos6 A. Fener. Oiovane Caprile c 1MassOM';ia~l ·chiua
cattollc(l.». Pia Società San Paolo, 1979, pp. 191-194.
ANNEXE IV 349

LA MAÇONNERIB A·U CONQutrB ·DE,L'ÉOUSB 35

approuva, ·en grand secret,· la-« Déclaration:~·de Lichtenau:.du~-~-Juillet


,1970;,rédigée -par Rolf ·Appel, -:membre·du Sénat ·des .Grandes-~Loges
R6unies.·· de la maçonnerie allemande.. .Cette ,déclaration~, -élaborée.- ·et.
signée;·par:, une·-commission ·mixte :maçonnic~tholique;:.4ébute, .de
façon;incroyable; par une.invocation au.·Grand'Architecte!de tUniver$, .
c!est-à-dire au·- dieu de -la -maçonnerie;':et- :-se. .conclut-·eo: souhaitant:·la
révocation de toutes les·.-innombrables-condamoations émises·-par-l'Églis~
Catholique contre cette secte au cours--des .siècles;--et en ·particulier-.des·
canons -du ..Code·- de . droit ·canon ~-de· ,.t.9l7.: qui- jnfligent.~aux· ·maçons
rexcommunication~--Ce·•·souhait, il·"faut le rappeler, fut ~nsuite:·exauœ-:
1

par. Jean~Paul II avec ·la promulgation :dti-:nouveau.-: «-codex juris .-c an~-
nici :• -de 1983 •~.
Un~autre., nom de·cardinal qui ,ne fi'gure ·.pas dans: !)~·liste.- Pec~lli :est
celui d, AntoniQSamorè=--.aujourd:'hui,défun~, défîni.p~ .«:30~giomi;_»âu-4
avril ·1993 (p. 51) ·c01nme -un -<~., grand pionnier.·»>, •· en~même ~temps~que
Koenig;~« du dialogue:eath~inaçonnique ,»!.Cet ~~é.siastjque·est-indiqué
par Pier Carpi, écrivain et journaliste .P2··oonnu.-.~..: grand.ami du ·-v.én6rable
Licio·Gelli ·.,.·~ans~unednterview-~accordée,-à. ·la ·revue..-;«J;'Europeo »·.du.
12;12iJ.987 sous:le titrei«:Dan~-la loge·de Saint-Pierre,»,;commeün.-mem~
bre actif et influent de lai Loge!Ecclesia ~~ Cette loge,:•selonCarpi~agi~t
au Vatican sous la dépendance directe du-duc de K~nt,!Grand-·Maître de la
Grande Loge Mère d~Angl~terr.e.! Elle est d6finie par-G ellt,~ns~ses·confi~
dences ·à son ami:~rivain,;:comme «·très !puissante•-~:et, serait~composée
(t.seulement (de) cardinaux;etde~prélatside haut rang~·{id.~p.-..53):.
Une nouvelle analogue, nous -, arrive ·du)Mexiquè,,•;rappottéè :parù.J~
revue. mexicaine·.catholique. «,progressiste·• --~ Proceso .:......du:~12.:octobœ;
1

1992·· : le Commandeur-.du.Conseil Suprême de la maçonnerie me~caine


Carlos Vasquez Rangel, cQmmentant. le départ pour Rome. .du-:Grand
Maî~ de~• ~açonnerie de ce pays, Enrique Oliv~s .~an~a,·eour y
assumer. la charge d•ambassadeur auprès du Saint-Siège, déclai:a ·:· ·

1t-•Certainemenfïl~·trouvera.là--[au··V:aticanJ ·beœiéoûp 'il~ ·•réac;.


1

1,Ï<!1:'llàires, mais aus,i beaucoup 4e frères maçons : _da_


1 lt~ •
ns les .hauts
,.
~l'(:l~).i °é~CtXlrnù.:IJ1tROIMj._.tof 14t~(33.-1),.~bre-:'1992!.~~U1t:g ~~- ::pôflvo1r
occuli..au ·.va1ican prlpar, k -prochain .-Conclave ~~
350 ARCIDVES DU MONDIALISME

36 ~ MAÇONNERIE À LA CONQuara DB L~OOUSB.

quartiers qui-fonnent:le.territoire du·Vatican fonctionnent ·q ~:


loges maçonniques. Quelques: uns des-hauts fonctionnair.eit:~ .
Vatican sont maçons. Ils appartiennent comme nous au Rite-;Écost
sais, mais -sous-forme indépepdante (c'est à dire qu~ils -SODl-:rel\éA,
directement au duc de Kent, comme l'affirme Carpi). Mênu:_dt:inl
les pays où l'Église ne peut pas.agir., ils expliquent·leur-activjté
secrètement, par l'intermédiaire dès loges,» 16
Pour en revenir;aux ·cardinaux en poste à rq>Oque de la .listéf~nîai~.
ne figurant .pas sur la liste de Peccorelli, .et sur lesquels .subsistent,néani
moins des-soupçons fondés d'affiliation-et:des preuves ~Ores.de.-sym~1
thies maçonniques, nous citerons : Richard Cushing, archevêque-de.· ~
ton, qui fit dans cette ville, en·1965 et en 1966,-deux conférences::dans
des loges franc-maçonnesP, et qui participa en.même.temps que.d'·a u~
prélats..à des·. ~ r~unions .conviviales.»•-~ avec: -~ ·rep~ntants .de.J ~
maçonnerie.; le cardinal Avelar Brandie;, Vilela; arch~vêque.de S~o :Sa14
vador de Bahia, qui .le 26 décembre l975-en arriva ~ment:~célébrc~
une messe de Noël pour les membres de la loge maçonnique « Liberté.~i
de sa ville et pour leurs familles •~.et le cardinal Ams, auquelfut.confé~
en 1.976 « une haute d6coration maçonnique.~•
.En se _référant toujours au milieu américain, la revue« Renaissànci
traditionnelk » dans- son num6ro 27 de juillet 1976 (p•.200) rapporte .que,
la presse maçonnique, avait annonœ avec.·satisfaction que le 28:~
1976 le cardinal Cooke avait .assist6 à un grand--banquet .dans··lequeJ
6taient intervenus 3 000 maçons de la Grande Loge .de New York..~et -~
cette occasion il avait pris la parole .pour déplorer .·« les -malentendus

(16) Fem,r Benimeli, Capri~« MasSOMria • Chiuo cattollca », cit.. p. 116•


P• (17).
. u
• Padre R. Esposito, • O•rondi conco-'---- '-.C~sa .•. . ·-.,.
ffMMUJSlJIU.
.."'Mria . ~,,. cit.,
~, - ,
36
(18) Perrâ- Benimella, Caprile. « MasUHNria c CJw,a cattoUca », p•.148..
(1-9) Id., p. 150.
(20~ Cil in Oeorges Virebeau,-« Pnlau .,fra,tc.-maçon, -~.Publications Henry Cos,
ton, Paria, 1978, p. 127.
ANNEXE IV 351

t.A MAÇONNERIE À' LA CONQutrs DB VOOUSB 37

·passés~·». •et ✓éxprim~ respoir·. que .les -mêmes .malentendus· ne:'- comp~
mettraient pas :le. . «·rapprochement entre. Église ·et maçonnerie:-»-21 •
.-Un cardinal ,dont le-.nom ne ,figure :pas:dans ·Ja:lisJe-.de Pecorellhni
dans·celJe de'« Panorama»,.mais, qui apparaît ·.dans_celle;:4éjà·-cit6e,:4u.
périodique:_ «.- Introibo » de juillet 19;76, est:.Achille Liénan; ~.éyêque~de
LilJe. Le·nom de ce prélat était déjà_inclus ·dans·une·-liste ·de··bauts;.ecç~~--
siastiques.maçons publiée pat l'hebdomadaire italien·« Il Borghese:»,
Liénart aurait été initié à la maçonnerie :à ~Cainbrai·dans·.la .lointain~
année,. 1912, et: en .·-1924.il .aurait- .été :.élevé,:~rrément :au-:J<J?:-;du Rito
1
Écossais ancien.et ·accepté.:Sur.590.litde··mort;·selon,:J~revu~ -:fi"ançai~
« ·rra4ition-lnformation »;.1 n9: ~ 7', p.,:2 t,.Jil.-se·.seraif'exclamé,t\.«~Humaine;
ment parlant,: l~Église-.est perdue-»~:
Et l'on. ,est-forcé:; de ·reconnai1ie ;que,-.sachant ce!~qu~iLsembleJ~qu~ff
devait savoir sur les infiltrations.maçonniques dans ·1?Epoµse:du-Christ
« humainement .parlant,»dl :avait.deJtrès·. bonnes:·raisons-:de::s~e.xprime:
de œ.tte façon ..Llénart était un·.personnag~ ·très :·significatif ef important,
parce. te,. ·:eli plus.:d ~être ·Je· présiden.t -.de:Ja Conf~rence ·Épisoopale--.dc.
France •,.ce fut .lui qui, ·Je -14.octob~ 196i, .à•.1 •occasion~:de:la·premiè~
séance des .travaux du '. Concile,.- fut à-l'origine. de Ja .a:évolte contre les
programmes ,de-1• Curie romaine~.: en~repoussant..les!noms:.iprQpQsés:par
la Curie-pour;·laicomposition-.defdiv.ersestcommissions~~.
ll posa .ainsi ·les ·basesr·pour,:la mise·en-.disëussion ,œt~usJ~s:travallX
pr6paratoires ~--et popr~Y.introduction .- de -ces..,«. nouveautés-~166nciliaires
I

qui; au bout de quelquesPlustreS, ·allaient.modifiet>wfondéni~nt:la_litur--


gie, .la physionomie~même:.~ J ~\çancept ·d'Église . /:!~ién~:~t:•énsuite..
l'un des chefs :de.ce groupc.;Qrganisé·de pères•conciliaire$:·de_.. r-Europe.
du.Norcl;-:de.tendancê onvertefuent:.libérale, ·:qui' ~ussit:à;prendrcde,-gou-i-

(21) • /ntro~~~-ciL,'.; P.·2 •:Oeorges· Virebeau. «.P"1ats ctfrancs.-maçons •• cit..


p. 12. .
(22) Ralt>h ·-Wiltgen·-c .~â •iRhin,-,c,jerte,dan.f·. tt'•iT,b,-.• .. tad!.·du,Cklre, ..J973, p~ 16.
(23) Cf... Peter Hebblethwaite;c,Giovœuù XXlll1 :i(Papa del ConcUw-'», ·Rusconi
cd., .1989.:&i: 618 •.
(24) ·Aujourcrhui r~gli~ n•~ plus pr6sentée comme :l'arche-de salut!'·au'! milieu
dès e~u.-.::d~_.. monde,<~ - l~uniqµe: vraie,.foi ,-au,~milieu·..des· nombreu-.·fausse$•.mais
comme.une ,y~e ,de.:~danco•..-.n pe'1.: meilleure.que,-lèà~nombœusès.;autiu~
(25) ·Cf• • ,30:•Joun.-.~' 1 juillet, 1992,. p. 45. ·
352 ARCIIlVES DU MONDIALISME

.:33. 'CA MAÇONNBRŒ ·A,J:A·toNQtJm DB·L~aGLISB

·vernail ·du·Concile~ en le pilotant .\fers.des rivages nouyeau~tet;in~.


dus•. Panni- les;repr6sentants ,es plus 6minents .de·ce· groupe fiJuraie~,
Je cardinal Koenig et le cardinal:Suenens•.Le-nom de ce-dernier se trouve
aussi bien.dans -la liste·de',~Panorama• que·dans-cello de .PecorelJi~:=~
ron -sait.qu!iJ fut.ensuite le grand 6lecteur de Paul ·VI 26• lequel le:nomma
imm6diatement comme modérateur du :Concile. à côt6. du cardinal.Aga~
gianian ~~-~-
Les condiûons œ -l'église~à-·1'6poque-de .Paul YI et·!de Jean.~
6tant œlle.1-là, on ·ne,.doit. pas·st 6toMer que ·te ·baron-=Yy.es .Marsaudo~
33t ~ .la maçonneriè.de, Rite Écossais ancien·:et•accept6; ·~ mb~ d~-
Conseil :'Suprême. de .France de •la-maçonnerie,.-dans:·son/Jivre}·.intjtu~
« L'œcuménisme W·par un franc-maçon:de.tradition ,. i'•livre·.pr6fac6.:par
Charles Riandey,_·Souverain;.Grand Commandeur:.de·ce·mê~·- Co~·
Supra~:ait pu; <lb =tes:premiers ·mois: de·:1.964; ;et, donc. bien ~vant .~
fin 1:du·Concile-:Vatican::Ili-el .lâ, r6dactio1rde ··ses:-doçµments ;·les :.p l~
~volutionnaires:·"•à savoir, les •d6claration.~conciliaires c-..Nostra. •œtatt.•~
etA Dignitatu :humanœ-.~--; krire ·des.lignes·qui--devraien~ .faire-..féfl6chit
4

chaque ;catholique,

.«·(Les-catholiques)'.;•~expliquait=Marsaudoil· ~na<dn.raient.~
()ubl~r. qu-:chaqaw ·ro,,,_:(c~ ost-à-diro :chaquej·religion~· ND~~ )
·notion ·tk. libert' tk pou,,
,c
conduit.à:Di,u:et.a, ·flevront -maintenir:•dan.s.~cc,-:coiuag,uu.
!qui·iS•·i -ce:·;ujet-:911. p111t.-1,l'OÏIIN~
JHIIWr Ü Nl'Obdioll ,arfN M 1101 logn IIUJEOllniqlUI ~:1_1111 ét.n~
·d ,u 111agnifUJru1Mnt .10,a ,. :1)6,,,. d~ Saint-lvnw .~!;

.& àilleurs; :ap~s·-avoif exalté•·la ·RP.IOLCn/OM :voulu.pàif>1èali_


XXIII; ..la UBERTÉ DE CONSCIENCE~ (les majuscules ~&Ont·.dans ,.~
texte),.il ajoute;

• -no~ pensons qN~1U1fra,,c~~9ri.~1nê.-t'6:ç.j:,a.om:·114 paurro.

(26). Ibid. l - • • •

(27) ·Yves Manauclon "·l - ' ~ •-= • ·,__ · ·• .;...~: ' -,.- ~~
V.itiano, Plria. ·1964. p.,1·21.; par .. 1 r ~ ~ .• , . . , ~ ...... .
(28) Id., p. -120.
ANNEXE IV 353

.U .MAÇONNERJB!llA:t.'ONQµb·D E"LZLISB. 39

qùe ·1 6 /IÜCit1r·-1t111S-aucUM•rutriction. .do-rbûltats-:·i mvulibla


du .Concile-~~
En - p œf-·: du..-~te_ •il~avait·kri~:!~ -cr.sen,. ·iJ~univenalis~.
.qui .·waat :au)our. ~ ·RotM: ,s&i;~r.aiment!.ia8~.(c'~t~retdef·
,maçons) rais~ d•!êw.· ~ consé~~·.n o~-,-..~ns~pas:igno4
,.,..J6·.Conc.ik et:iu!'conslqueacu.:»Jt
,A··notre ;àvi,:un·, ~c-~tbolique :èligœ.:--··œ: :DOm:if.devrmt:.beaue()up.
nioina..s.'en .f6liciter, Bo:fait. à:.I• p~ .S~ :du,~tname;·li~ .119ùs.1.ç pren~
!que.le baron Marsaudon,·•se. r6clamap't:de) la.4 :th6ologia•··6v.olutionnistè•
.de Teilhard de Chardin, (th6ologie qui-/sp6cialement l ::ttaYelS\le ·.f tœ
de itab~ norpm6..ensuito-~inal par .Jean-fa~ D ~ur-scs :«~m6ri~•
doctrinau~ et·.~ dliaire.1/eut une 'graitdë_'ïnfluèn~ . Jur,Vatiéan,Il):•- -
baite que Je·concept.de ·Die~~qui~. à.la fin~··1,r6vau~ ~-~i(celui ·4~....:.,,.ê'
conjonctio~··• · l!,, scie~i; ,et ,ù· la·~ystiqui' ~:,1411.::pcè~nfiUsormai.r
pouibls ·-•~ · Dana ~.cette /~njonction·:.1e ·poinf Om6ga .teilhardièn((ç'est~
à-dire Dieu) «.coincidera finalement .avec·rinfini.·matWmatiq~'~;:dans
,Je ~texte·d'un·•·r1lativilmc.~taphysique:»tpJac6··~ .()··_, ,.nn,;aù-:ré{.;.
·kment 'loignl da·dogfflU q1,.!i1.r,-~awa.,1w•rien \d:'Ïms(!IÙ·..'~l•;
. Mais.:pn -devrait ·encore ·ptua.s•4!arme(•dif fajt qu~··l~. J>arôii•:~arsaa►:
doo,~mme le signaJe:J~6diteur dans ·1a pr6fece:* ·Sôii~!,v~.·~ t·discipl~
de ~ ·~·Grand:Initié•q,-fut.Oswald·Wir.th \.f'~ anJ!Jl-.ûifc9-,.i!,i~g~·
1

1t~.1ata,au,e;_ 1~
;:cà1111M.>. ë~. ~ ir.
_. ~·
..o.,• :i:,nn,::tiump"' '" le\,. :~ù .}îà,t· ~-=liv~/:~ Lis..
' .. ' ' • , ., ,,... . • ' . .. f ~ •• . "" ' ...
·Tarou:·~ :·~···1eque1'·09Jrouve- c1es·: ph~r.comme:·~ 1es•- --ivantei~W~:~
Diable~:~t-'-k :grand),g1ni:ïnaiiq• ·=gnttc..:duq'"~·:!Î~~,iq,lissini'ili/.r,
miraclei·•:~~i•i;ù.-'bïtn~·:1~~ ,~ .·4t'tkur 'diàboliqw :-',ïoU:.t;~,i~.tr<,iu•~t;
lmpuù1an1tt 'iwiü:·~vôn,•:!avoi~ i. 4iab'6.~ _eorp,·.(les-·:gras:);ont.• -·
letèxte)ppui.inflûnc;r-latm1,u·èt_pour.:a .,irtf.f;•tiéf~l• ~tkhQ,:,
354 ARCHIVES DU MONDIALISME

40 U. MAÇONNERiB tk11À·CONQu!œ DB L•OOIJSB

de ·nous-mimes -~-.J'. ::·w ·encor, ,:,.·,rsur la ""e·~rso~ ·ne··peut:régner


s'ü ne fait alliance avec k Princè:dé ce Monde -»~.
-A noter ·que Wirth souhaitait. lui-aussi; .,comme son:disciple M~ù-:
don, ·.et: comine·toute .Ja·:maçonneriè, •i~·•nmité religieuse. de.·:l-'1.u.unatiift
1

fondée,.·sur;l'ésotérisme commun.:tl-'·toutu: lu.;tèligions;·»~ii. o~est~à:~i~


·sur •• fusion œcurénique de·toutes .les .religions indistinctemeni-~ettë
fusion se·réalisera grâce « à la rholœ lueiflmnne contn .ks dogiiî#
r.égnana ..~?. et la nouvelle>foi syncrétiste sera plac6e:sous.:la'. pr6sidén~
d!.uni• pape~ • d'un nouveau·genre;:~nsi ttoriiphera ce que::Wirth.:ap~ll~
le?c·:catholicisme, ifuégral ·,.- tt··ce·: pape:sera"«.le·• Souveraln~:Ponti/e-r.~
· '.,•L~
toute ■ •---!•~
.croyante..»·38
..~t

(34) Id., p. 213.


(35) Id., p. 250.
(36) Id.; p. 229.
(37) Id., chap. V. «- Il Papa ». p. 150.
(38) Cf. è JO Jow, ·»-du 9.9.1993~ p.,29 toUa ·le,lilre «MauOMria/
a Valicano~.
C:Or.t19_,,,,.,_
. . •.
ANNEXE IV 355

Le :~'1Jel,de_. no~;:~ ;pqµ~i\~r~~.:!çti~:':~J,;lii~:;~ -~~9J~~~~l


C011Jid6r6e ~rn~-.~~-~i~~.,d;~ .v ~-~~ .~~~).P ~è~~--P~~--ë~~~i~
1

par d'au~.-~~9<i•~~e.\:~t q1z11 ·:~ t p~~~~~~~~-!~f~P~9~U-~q ·.fidè~


~ -cell~ q~• ~•rc.q_la~J·.~~~~ i~~-,µ,~ -~-~P~.~-~--'~~t,P\9.Jin_ Ji!~~':'f~M~i}r~~
•u~;~~!-~-· ~~~~.~~9,m~~te~~!~):~ .J?~:1l:Q~-;~~~;~~~~·~•~
m6n~te (f( Pl~s,J~~f,~~t· l.:tt~ -~,~L~~~~~Jt~1 ..m~l~.f.-~ -~~-~~-!Y~
du Grand Ç)nen~ ~t 'à ·e'1.soustraire l~:_d oç~o~-t~·:~~us.ÇO)l~~nbe_l~•·
~'~~ f~~-i l/~ti<;9'1~~-f,;#iJJi.~ i~J~1~5.-~•1.l ~~.CJl:li ~\l-
ent d~ fai~ qU:~, :!~~i ,-i.JOU~~bl.~~qµ~~t ~ -f~~'A
I ·i-~~m'1 -.~ ~t~~~~~;· ,~
no~ pu~b~J>~~J:q.p;f_~;_.~q~:$C~l.c;~~~--~~~;.f ,~~t~· -~ ê~e pas
l:O~ _-~--e~stant~ ;,1èg~ dµ·.Q~~d J>i:ïe~~:-4'!~lj.~r:.~·l' exclus1on,_.don.c, d~
·ceux. d'-Au
I
~,..li'\
. ' ~ ·~~; . ., ~:7•.. -~:~ ?;,,n~
....~.:Joap_Q, .ét.canaè~v ~-plu~,:""~nr6es.
•· ·~,;~f"~~~~~'. ·>.-.
1 - , . .
A~!chapi~:~ ~PQU~)lOUS'-~P.ltrleSt"-ffo~~;dé -~~ontrerJê$.nûSOQS
IJOQT~-~~C?~l~;-~~;~~.f: tii-:'droit::œ·~wi1$id6rétiguê;:.1a~.nste.:Péci>~lli.,~t
1..-geijie.pf.b.Jç9qipl~t~,i
Ayaiiti~rtsi/d6fipii1les,~contours~;4e-:1 n-. travaiiit;s~oOQ$::rç~p~no-.
356 ARCIIlVES DU MONDIALISME

42 LA MAÇONNERJB·À LA CONQUm DB L'f.ousE

toutefo~ et .noua la· panageons, rinterrogation ·qui in6vitablement.~~


versera .J!esprit de tios lecteurs. l savoir : ?« Si telle.~t la situati~·-~ -
1978, -ou ·plutôt en 1976,-quelle sera celle·d~aujourd'huVt»·., ~ -
noms de pr61m ont 6t6 -indiquâ·par -la presse,.ces demim-e• -~-
comme suspects.d•appartenance·l la maçoMerie,.ou du· moin&_de-~ _
lusion avec elle~ On parle m&me d'une..autre liste de 28·eccl6siastiques-
maço~ 16:emmen_tvenue en possession de la magistrature au:CQUrS.~
enquêtes du juge Cordova ·iUr lea_.affaires·criminelles. dans lesqueliet. ~
_franc-maçonnerie paraît -l arge~nt.irnpliqu6e~. Sans-affronte(~-~
velles accusations. nous DQUS limiterons à observer que, ·panni ~es-~
de la liste:Pecorelli, figurait ·aussi celui du cardinal Sebastiano BaggiQ
(no~.~: l~e JS~~ matricµ~ .~~64Q, ~~ ~~~~scrt.P~~ t4.J:,li~r):.
Or ~ catd•OAI ~t -~ f~,~..la C~ngr6ga~9~ .des.~veques, :Q.t f;k)œ iri~.
·pos6 l, .~\~~~~~~- ~~'~(noy_~~ux·-~v~ues~ et jl-r lai~-~--~ ~~~r
nonobstant ·t•accusati~:'.'° --~ ~~- _:encore· pendant··~t~-Jcng~
ann6es. Il eat logique d'eri:d6dùiœ:què/ai'les accusations rapport6es ~
, Panorama •• « lntrorbo »,·. « ucturu Françaisu ». et par le ~~_,
niqœ de ragence Euroitalia.(v.:,upra. p. 1) sont exactes,·ilait.iriond6
les dioœses du monde_entier d•inscrits aux loges et que la sitùation. .IOin
de a•a,n61iorer, aille~-~Pen empirant. o•aïneun c•est une.carac-::
f:6~stique des ·pouvoiri OCCUI~; ~ -d~nc·incontr61~ ·qtle·d• 6tèndre.-:~~-
jours plus leurs ·propres ·racines-jiisqu't·ènvahir·èntilrement.~com~i~
ferai~ une tumeur "'8)i~_le:~rps Agreu6/u··cardinal'Siri{dü'. res~.
qui~--:·comme noua l~avo~ \v.li;.:a_'6tàit beaucoup··~ œ ta·.:quèstioni
·exprima en f6vriet·1988 l deux'joutnalistea=. c1e-.ao~,ïomi '»-1â:erain~
-q ~ la ·secte puisse en ârriver à manipuler les Conclav~ et .dond t 6lim'
·un « pape~ ·l eux•~.
On doit, de toute'•façon~ noter, ,nl,u•nï.ëresi:ia·,,,.,,;.j~t qui :801'I~~
1

no1re- ,1,uœ; d auquel nou /ailou.ralsncnt·alhuion tk IIIOIIU~llldr


/ :• .: .....~! : ,~,;; •
1

(39f ·«.ii Sabalo • du 30 man 1911~ dina·le ·coatelte ·dè l'article··«'L'Offlffl M!'4
Lo,- • clans un entsefilet. p.: 25. 1naitu16··• Ci IOM-~:..•vn:'tliàJo1ô-;'tàll:.Siri ~~il
·. ,!,.
(«>) •Parmi loa·autres ~n:wmll • .Jan.XXID •-.. rappor11 avec Ja ~
~ rappelons ici brihemena lo.&6moianaae d6coocertant de Fnnço Bellepaodi, anc:ie.Q
Cam&ier de Cape et d•q,6e c1e· Sa Saintet6. charp de. couis' 'd 'Hiatont modeine .•
runivenit6 d•Jnnsbruck. joumalille et 6c:rivaio. dans IOft livre~ NicliîtaroftCàUi·~. W
Pilional EP BS td.. Rome. •via Ccnelia~. lp6ci11emeat·.-. ~$9-62 .• \7~~19,
ANNEXE IV 357

'ginali~ que!-l~attitude:de· Jearr.xxill.-èle Paul~Vl:et'~ Jean;.PaulU face


·1t: i. maçonnerie:, esc malheumasemen&.:~icalement diff6rento ~-~ celle
de tous ceux qui les .ont pr6œdés sur le-Trône; de- Piel'lel,·
..Le ·25 .septembre 1964 paraissait dans-le journal :français:«-Jwënal.~
une .inter-view;accord~ ~ le ·baron·.:YvÀ1',Marsaudon,. d6jà~_t6, ·ministre
du Conseil .-Suprame de ·-France ·de la maçonnerie:de~rite ~kossais··t=Jea&-
Ândœ Faucher.,! interview.que ·te.P~œ:·paulinien: R()S&Âo:Esposite1.~
:duit dans'son .livre intitul6·.«-.·Ld-:grandi·.Concoi~lra:C'"8~~M~~
!ioMria:• ·(= Les·Grandes .concordanées·~ntre ·Église et-.~ ~ri~~ecL
Nardini,!'1981;.·p~·.·391 ):
Nous en :teproduisons,:ici •-les.parties :saillantes-f
Faucher::~;« .fou, cn,c-·bie1' coMu~k-·PQfM:J~-~~I
MarsâUdon_;.:,~ J~,1au,trù:IU .à~Mgr·.ilonétilli,~:nonèc-aposto(i~
;qua~ Paru; Il m'a' reçi., plusieunfoù ·à-·la·nonciature:et à·diveni,
occuiQ,u~-~u·.t st:::venu··.d imo1t.J®mici#:da·.&lkv--:a t.& ~
()ise.'.·QuandJ'at.:.,tilt,,noffllM'= ministre. ~-.~i-~Ortlre,:d6/Mali., ·. jlai
manif~:au>nonce mu fMrpkxitli •~aiuè ta fflôn:JIPpar1111a11Ce-
·~·la·!,mtiçonnerie..~1Mgr llonealU •!~w,uellU /onuU.111at:M
,.,,-...t1an,.·la'""'fOIIMIW:.i-.
-Fauchet'::<:,~Voü-·'.a!i,.îJ.,wiu aprà·ton _-.·,uwi1io1fir'la.•tiaN-·~
. Marsaudon~•OtifU m'a reçu1(r eœ~~lgQndolfo~• ·'ma qualitlt
u Ministre hnlrite.t/ë:'l~Ordre ·t k M~:-t""•t. ·U,-mf4.ilonM:S!R)I"';
diction .,.::,,..,,,_no,,,-lanl.1011:eneo""'f-ld•polll"ww;••n
û ·rapproehe,,,.nt •ntn ·W ÉgU,•1yeo11111N:.tl#ffl;•IIIIYrllÉglu•
. d la MOfon,,.,.\Mr--Tradülon:"

=
• relies 1rimisaesJfl1ne·f•t•S-·s'~nef"-q._·le dDIO
éant~dollft4 1

~clo)i·, ,jtiiô~t;~·tete•~:~ -~w,~à:.çi~).,1.,., ~-w


par.:""1r.•~·• i ~ - :.J&.d6dicace, auiYallà;~
.~ 1,:.-a~~d~ANGELO··R oNCAll:J"ir~J.l~
guer?. ,:.Mélembria:'J' ~onc.e)~~oligui:1··pq·.k_: Cârdinal· ·de 1

-~ .., stRomaine
tS~•; . . . . t- ·P·, alriaÏd.lé
. ..·ae·
.. -..v,.,,,,,,.....Y'f
~~i.. ~:,P. APs:
. 1
· ·:SOUi
')~~_
·:.~~,q .JI.Qffl
<:. •·..· --~
1 ~ .-- ·,
vvvrnj . · ··• · ·dai~' . · · · · ·· ·· · ··· ,. · · ·,·, 'JI"'~. , "
1ean.~: .p.,ra;• . aa~ . P9'1'~~:~3•-·~ ~oa~tSâ
~ •--Mt·l a - A u...-déa·~Pouv-1:Ait
358 ARCHIVES DU MONDIALISME

" LA MAÇOINUI A·LA CONQU8l'B DB L'DJSB

Pape de ta Paix/ Au ftle de tous les CblfAiea1./>A rAmi


les Hommes/ A IOII Aquste coarimuMeur / Sa Sli_.le,Papet/
c1e-.
Paul VI•·
Phis ~ t le Grlncl Ma1be de la maçonnerie italienne; Vi~
Gaito, s'est exprim6 à deux occasions au sujet des rapports entre ,la
maçonnerie et Jean xxm : la pœmi~ fois dans une interview à Fabio
Andriola parue dans • L'ltalia 1,ltÏlnallale » du 26 janvier 1994. et-la
seconde dans une interview l Giovanni Cubeddu parue dans «JO
giomi » de "vrier 1994. Nous rapportons. dans rordre. dm exlrli11 des
textes de cea deux interviewa :

• On du qa J,an XXIII a"' m'a,,,"""DnMri•


initil 4l la
bail nonce d Paril. J~ ,apport, ce qlli dit. Du""'•
qua,ufil
dan.r
1111M11agu j'ai laUi de nombr,u Glp,cll qlli IOIII fflWIMll1
,naçOMU1•1 » ( « llllia Setlimanale » ).
· Dans « 30 gionu » par contle, Gaito dit : • R lfmbi., da ra,,.
qw k l"'IN J,an a '" initU 41 Paru et a participl aMX uawua
da Loga d lnanbul. Quanti ,,.,.,. j'ai ko,,11 lu ltilrarclùa
1ccll1üutiqua pari,,dan, ks ltomllie1 tk l '""'"1ne comme cllllN
d. l'Miwn j'a; 11' _,,, i"''IM 'a,a lamtu » ( « 30 giorni • ).

Pace à des cNclarationa IUlli aueori._ et publiques. le fait que.


~mmen&. le Vatican n'ait pu estim6 devoir intervenir avec del
c16mends vigoureux et documentâ aou lal11e sra•emeat perplu•• •
Quant à Paul VI, sa position face à la franc-maçonnerie a 6œ_ si c•èst
possible. encore plus favorable que celle de son pr6dkesRur.
- Le Pàre paulinien Rosario Eaposito, penonnqe important. pn,fes-
•~ dans dive~ univenilâ pontificales. grand partisan de raccœl
égbse-maçonnene, rappone en fait qu'il • ,,ava;, et aacourageau .~
les rencontres publiques qui, dans un esprit de fnremit6 œcumâûque,
euaent lieu dans la p6riode 1969-lffl. eon ~ t l n t s de l'église Cl
(~I) ,.._ . _ . "'8Milt.,
~p.420.
L.,,.,.. ~- aa 0-• • _ _,,,_ .• ,

(42) J.A. ,.__ O. Clprili. • ..... m.• Oh• c ,. . ,, Ill. . . ., cil..


pp. 125-127.
ANNEXE IV 359

LA MAÇONNBIUB À·LA <DfQUIIBœvtom,

• ·hlata clignitaim de la secCB franc-1111ÇOOne. Baposito. parle œ·œa


acontres en connaissmce de ca1•se parœ qu'il en fut le prota&Onia1e
awc Don Miano, sec~re du ~ a t aux Non-Croyanll. avec·t•tva-
que Ablondi, prâjdent de la Commission Épiscopale pour l'œcuffl6..
nisme. (dont le nom. cDlftlM par hasard, owr, la UN Pecorelli ~, œU.
•«Panorama •Jet avec l'influent Pà'e Caprile de« Civilta Canolica ».
Du.c:6(6 maçonnique ~t praque toujours ptâent le Orand Mai~ Oior-
duo Oamberini, qui .fut ensuite impliqu6 avec 6clat dans l'affaire ~
flanqu6 une fois ou l'autre de hauts repr6sentants .du Grand Orient d'Ita-
lie et. uoe fois. d'un replâentaat-de la Grande Loge Nationale de
Pranœ43• A noter qu'Eaposito, dans une incerview au p6riodique maçon-
nique • Coniae Partenopeo • s'est ~lar6-« ~on jusqu •au plus pro-·
/Ollll M (ion) upril. ajoUlllllt: ~lkmaat solùlmre awo au. je partage
""": ~1 Constitution,, lu Landnuula, .J., Alltiqu&r Daoin•: j, ·IMÜ
""""1Mnt ~c e,a • 411•
c·est toujoun le marne ., m Esposil0°·qui~'6crivait clans La ,RiwdaC
Mas1onico • de juillet 1978 : • I~ Plu dominicain F•lb: MorUon, uà
connu COffllM fondauur d,, l' Uniwniu inl~mationale :« Pro D«>:•~:._,u
confiait un jow avoir pa,U, ,awo c~lui qui bail al,on ·Mgr.:M'1)1Jlin.i ~
rapports tU1ostrera autant .fflln l'tglis• et. la MaçonMm.. MonMi
me dù : MM ,,n1ratû,n.M pMsua JHu·qw-Ja pau .soil {aïu. '1tlre là I

tk,a • ~. Le religieux commente en observant que. plus quc,d•aq1e « pr,;


vi.rlon •, cela aurait~ le1 cas-de parler d'une « tUcùion,, ·-qu ►insuice
1
le. monseigneur lombant.-devenu1P♦auhVJ, ialisa daurles-~remps -qu~il-
avait annc>ncâ 46•
Du reste, en parlant des rappor1I eatœ Montini e1~1a lllaÇOllllaie ·oa
ne peut pu oublieri que. non seulement. Je cardinal .Sueaens (v; .,,_.

(43) • ~ ,.,,.,... •• • XDI. rf 5.,juiu.1•19'1.


<44> J.A. Ptner;·o. c.,u.. .,-. ,,.,,..•nu. c..1c.w~ ,:,,,.
('5)1bidea.
. (46) • JO JOfln • du 3.9.1993. l'lltide-d.Aadlwa TCll'llialL iatilul6 c t.u,.., •
S. lmùw,,a ._ p. S7. IOUMkR ,11 o.e,-, dalu la Villa•· PldaM de caa·l6anioa
claaa ton liV19 • A o,lfi llfOIIC di PO/M •: (A cblqM fflOII da Pape). Giulio Andreocli
llppGi'le que l'un des iDlefflDlfttl lui dit.,.; slfWd. IIÙ lltOqMIU!q,,•u ydWlll,dl~,.
llttljorill _,.,..,. •.. sw ceae rwnioa cr..~ ...,_ • 11 P-,. .,. . , . •tu:...-
.. .a.1 du '-••-•c•ilM S-, Lai, Lana ed..' ~99J.. -p. 202,..
360 ARCHIVES DU MONDIALISME

p. 38) dont le nom fia-e sur Il liste de « O.P. • et cle « Panorama·~•


son grand Secteur, mais aussi que u nomillllion fut pœœd6e. favotme
et probablement d6cid6e dans une espàce de• prlconclaw • qui 's'6taic
tenu dans la villa de Grouafenata d'l:Jmbeno Ortolani. memtJœ: f ~
de la Pl et indiqu6 par certains comme le ~table cesveau de la laie
maçonnique de Ucio Gelli ".
L'attitude favorable de Paul VI, face l la franc-maçonnerie. se ~ -
fala aussi dans la conr1111œ qu'il acconiait au tris1emeot ~tn Michèl
Sindona. 6galemen1 memble de la P2. qui fut condamn6 aux travau
fOlds comme mandant du meurue Ambrololi et qui "8it l'ami ·de Mc.
tini depuis 1'6poque oîa celui-ci 61ait cardinal l Mitan•. C'est, en·fait.
lui, par l'intenœdiaire du cardinal Ouetri. qu'il chqea de liquider une
bonne partie du palrimoiae immobilier du Saint-S~ge •. Toujows à ~
pos de Montini nous 11e pouvou pu DOUi dispenser -de citer un •
acte, bien plus clair et significalif. Nous nous Nfmunl à la 16,eptioa
oaldelle. en audience publique. d'une ....,OWion de·la baule maçoa-
Mrie juive, le B'aai e• ridl. qui eut lieu le 3 juin 1971. et qui fut CODDIII
du monde •lier à uavaa les pages de • L·ouef'WIION Romano -~~ C.c
n'est pas pour rien que. à la mort de Monlini, la «.lwi#a JltWonicai•
<• Revue Maçonnique) de juillet 1978 publia un ll1icle de rex-Orlnd
Matbe de Il maçonnerie italienne Giordano Gambedlli. au contenu f~
tement apoloa61ique. dans lequel oa lit enue auua: ·• pow no,u c~ ar
la 1110n d6 celld q,,i a,Jail IOmber la condanulalion .tJ. CUNIII XJl -d
â ,a IIICCI,_,,,,. C'a,ef)-4ùw c'a, la pm,ûàwfou qu IIWIUI lc.dw/
• la ,,,,, 1t'tlllM t1U,iola ocdMtak, w • _, t1·11odiUM ,. _~,.,
"8GÇOfll.:,.

((!!) Nid.a T_._ • 1 -.n ~ . . . ._ %J t ce Jd.. pp. 61-G; 71•1-I-


~> pp. 131-141. .. . .
(49) 1-..,eif ia ~ .,._.1..tlNll;. ,,,,,,._ ••--.,. , •• .._ Nllils,; _·.
(~) 1. Pener Beniaelli. O. Caplile •a,.,.....• a..., c-lb •• de.. p. 91. A
rocc:atoa dl la fflOl1 • Jlln xxm. Oatnberilli aflit w1i ••of , reaa Ira,...-.
. . . . . . . , _ . lldlll.fir.llif:cM.....,..,,,,..,t-•'5J ■...,,
•a•t,.,... ,.....,cw1,,.,,·1,---,w..,,..-,. •.__,,.wiltl.,.,_
., • ..,.,.,,..,,..,,_,..,., At,es ■ 1na.••Cll'œMlllMll.pma1n1lill
~ • Pl?II Vl.aou •vo,w lo __,.., -=•••in va. . ... . _.
1111• •,.... IIIDfPDldi
••as.•0.11• cr 1111.__._,._ .. •·••·
7.00ll61w.·
1111 affi._
ANNEXE IV 361

~ MAÇON,&t.B A-LA CQNQU8rB œ,t•n na 47

Bt pour 1a-,,.,.a~ /où dalu l'lamoîr, la ""'fOIU pe,,wnt.tt!lllrs


llolnlnage"" IOIJINa,, ,.,.,. ~ ,o,u ambigullh ni conirodicliOl&I '»~~~
·~·· ·Pour en venir, enfin. à Jean-Paul U. .ses manifestalions de bienveü;.
lance et d'estime face à la secte franc-maçonne ont "6, elles aussi; mat~
heureusement trb explicites. En r6alil6. il a ieçu des Ml6gations des
loges du a•nai B'ridt.au moins trois fois: la premiàe le 22 mars 1984.
la deux~me le 19-avril .1985 et la troisitme le 6 d6celllm .J990. Au
coun de la premike audience. .iJ -adlessa aux d61quâ des paroles de
cbalemeuse bieavenue lm appelHt•« CMn-.'Olllû.• et poursuivan~:

• ~ ,,,;, uù ~ tk w,ui.aca.Hlir au.-sV.a,iça,,._sVaus·lle


1111 , ~ • dirig,onu nanona,a et·inlemaliono,a tk l'Aisocio-
lion jllive bien COIIIU# donl le mg, est ma ~Unis;. ,,.,;s~.
1

}luta.nt la u,.
l'«liviû 1 'ltend do,u de nombrai pt111. 1 compris Roww.1fi c ~-
dM a.•,uu B'rillt"COlflrC la· Di/ftun!llion..: &
Hrset~d!o,,wm,n du .P111111U .I 13 ,Olftbl,d propos: «·eo.....
al HIIII •Uu 4'+«Mla ,o,,....,,,,.,.
ftNIIIIIIW·. . /,.,_•sa

~·b secOiide,aaclience·fut .beaucoup plus·sipificadve~que-......,


dente p11œ qu'elle eut lieu 1-roccasion des œl6bradons du .20' anai-
venaiN d'un des plus impoNIIIS documents. du €oncile Vatican·.n. Il
d6ctaralion Nostra -.,_, 'sur. l'oriaine .et ~ contenu ~ -laquelle. la
maçonnerie du B~nai··B'rilh IIWlit e,, uu inflw,tce tU.tcm,ûttwc, à tra--
vers des n6gocilûons ·avec le.cardinal Sea. comme -on. -en ·eut coanaia:-
MACe par un anlcle>aen.-dc>aacl paru-.le,25 jlnvier ·J966 .dus. la revue
lfflfflCaine « Look•"·
û .B:nal Btrida ftd l'un da ùutilulz pro,nolftn
• œs clllbratiolu-~~rotiMU. en:.nillne &empa,que· Ja·.Facul16
TMologique cte. .1•umveni9', Polld(ale.. Baiol·:lbomls d'kpn et

(SI) •
• r~•.. .,...
O...~-• Gld:dlff r-. _, IJMJ.,-,~. . . Ja ,..,.,,._.~•••••
~ .,. \.- •~ ~
,,:,,••_; ... i·~· ;' :. , ";Â, •. ~., ..: cf ...... . ,... .- . , ., , , .. . ··; , , ~ .
(52) Voir• œ aill UN dl,_..._ le lwa ••_,.-, ,.., apmfwi . _
l 11 ., \o .- 4 t j, > • ~ \ ,fi'

,.,,,..•. •o.,, .. ,,« ...~-. ed. Hlllly C-0-. Plris. 1910.... ~ ...
(53) cr.1·611lioa belllbaedein: dl •t·0a.m-....... ,...25,._a,dl ,,._
,.11 La•.....,lfh• •-.ta,.....
o..,. .,,.., ....
1;•• . • to.s.ttU.,. ,. a. p1tt"f1 . _ ~••••-1t1•11a 1 in•
362 ARClilVES DU MONDIALISME

.. tAMAÇ<NaalLACXIQJtnlœL.... ne

d'-llllla orpnisaliona calholiquesM -: liali, CIiie ffllÇOMlrie .appo,aît.


face au monde entier, sa sipabn soua le document conciliaiœ et .a
~on. à cette occasioa, par Jean-Paul U, validait et confinnait cette
paaemi-' œvendiqu6e. L'audience de 1990 enfin. fut relï6e..et no1tpat
hasard. à un anniversaiie, le 25• de « NMtra Mlale •·
Cette panicipation du B'nai B'rith au Concile Vlliclft D com1œ
fOlœ d61erminante et inspiralrice d'a lltDÎIII un des documenll fonda-.
meneaux de ces assises ne peut que d6concerta'. Et cela d'autaot plus.
ai l'on considlre que ceue orpnisalion est depuis des ann6es.au .cealr,O
d'lpres pol6miques l cause de contacts, par l'intenn6diaire de ses . .
tentants distingu6s, avec le trafic des stupffianta et avec le milieu•
ricain", ainsi que pour la faveur et le soutien que lui acconte la.revue
« Playboy », la plus fameuae ~ pornographique du monde, engqéa
aussi dans la diffusion de la « culture de la ctrosue •"· Le B'nai B'rilb.
enfin. s'est signa~ par la lutte sans quartier qu'il meme aux U.S.A. dus
le but d'effacer des institutions de ce pays toute ttaœ de christianisme".
Ceci dit. on ne peut raisonnablement pu consid6ra' comme un bawil
le fait que Jean-Paul U ait choisi comme son • ~ologien de la Maison
Pontifical~ ~ le dominicain Oeoraea Cottier, auceur d'un essai inliwl6
c Un regard cathoüqw iur la ntaçonMrw •• p1n1 dans les nwnâm 4r
et 5 de 1987 de la Rev11e • NOWJ et Vci.na », et tgalement dina Ici
num6ros 2 et 3 de la m6me ann6e de la Revue du Secœllriat pour. le&
non croyants • ANisnw et Dialogw •. Dans cet essai, Cottier
« dialogue et collaboration • entre iglise et maçonnerie non seulemoal
sc,u•
dans le domaine des grande& liches qui a'illlpOICnt l l'humani• touta
entià-e comme « la survie des ~ • et celle « de la cultiR •• « •
prob~mes de la paiJt et de la auene » et ainsi de suite. llllis aussi « sui
(54) a. •ce l8jll . . . . r. r--w ht#lli,M .._ ._ • .,.,_;,,,,T,..;.
~ A:D·~. •· (c'ac-~4" •Lo,_ wnll,., rA.D.l. • qui • le bru op6'llioaael
da B • B _ritb). Wllhin11oa. 1992. ainsi••• 1111n W-ffll dia ..... 6di__, • Dopa
lltc. · - ~ pp.502aq.t1603 ... · · · :◄
(55) Cf. YIIID Moncomble. • U ,..,.,.
Paris 1990. pp. 9S ... (......... p. 99). ,
la""'I f . . , M,.,,,.. _,.lfnfz,.
· ~ , ~·
(56> enu...a Râer • ,,,,_,. ., _ , . • ••,.,. a'riâ•,.,-. ed.. ,_.
1993. pp. 10., ... .. . . . , . .. ,: _ .•.
(51) UI eac1 R PÎCNII •a IIM . . . . . . ....,g-.90 111111 •el J Ill. (l'J.~
..,..,~GC11D·•·-~ .
ANNEXE IV 363

LA MAÇQNNBRE A LA <DIQU8rB DB L•D na-

lea Ylleu11 ~... • el c - le ~ stricremeal cloclrillll » dans le,.


quels, 6videmmeot. il pense que l'église a quelque chose l appreacbe
de la maçonnerie l laquelle elle doit s'associer dans , la commune
« iecherche de la vhi~ ». L•affinnati~ oa 1• admeara, est plut& ~ae
de la pan d·un ,qrisentant d'une lasdmûon qui s'affinne d•ongine
divine. arche de la wri~ œvS6e et du salut. et qui maincmant. au
contraùe. reconnait devoir aller à 1'6cole d•une aUCJe institution. •ou au
moins devoir, avec elle, se meure l la œcheidle d'une vâi~ 6vi....
ment encore inconnue. D'autant plus ~ae si ron ·consi~ que. il
faut le nppeler, la nouvelle compagne de route a 6~ dans Je pas5' 111
coun de 245 ans. mfb6matîtN par la Hiâmdrie eccl6siaslique awimn
590 fois~.
Et pourtant la confiance que Jean-Paul .n aaribue à -Coaier eat si
pande qu'il l'a aomiœ prûident de la Commission Th6ologique• qui
devrait Jftparer ce Jubi16 du Troisiàne mitl6naire qui sembloconSlimer
l'objectif majeur de son long aouvemement.
Du sate, comme <Mjl indiqu6. Karol Wojtyla eai.ceJui q u i , ~
aux vœux de la maçonnerie mondiale, a promulgu6 en l983 le nouveau
code de ctroi, canon qui,~ deux siàcla-et demi..efface .eexco~
nicalion cooue les adhâents à la franc-maçQnnerie.
Dans ce contexle on ne peut pas s'6tonner que, dans 18demier cooai>-
toiœ, il ait 6lev~ au cardinalat deux personnages qui figurent .dans Il
liste Pecorelli, et pr6ciMment Fiorenzo Angelini. tndiqu6 comme inscrit
l la secte depuis le 14 octobre 1957, indicatif de loge ANFI. lllllricule
14/005, et Virgilio Nœ, qui est menûonn6 affili6 la 3 avril 1961. indi~
CMif de loae VINO._ 1111&ricule 43652/21.
D'ailleurs on ,a <Mjà vu qu•un • graad .~ • de Jeaa-Paul D •
"' ce cardinal Koenia • la liens llà 6tn>ita avec la maçonnerie ont
~ illusbâ i,.r-·nous. et que l~bistorien de -la secte,.Aldo Mola. indique
comme lo bts probable ldepre d',une r i a ~ et lrù puis11111e toae
romaine.
On ne peut pu Mlliaer noa plus le fait4U11Jcaa-hul·Raerail -mem-
<51> cr.• JO J.,, •• , mil '"'· p. 33.
~,,.ai.,• ........... cil..
(59) ,. Rourio BlpOSito • W ,,...
p. 33'. Dans cet oump. • clllp. IX. le P
•a;o.llÛqllt• ROIIIY·
,._ilo ICWlipo Il .... • ~•-,u.aa
364 ARCHIVES DU MONDIALISME

50 LA-ltA<XJNQUtœDBLWPB

la du .ROIiiy ~ une IIIOCillioa non _ . mais .d,empœiaœ


maçonnique incontestable. fond6e le 23 "vrier 1905 par ravocat mlÇGI
Paul Harris de Olicago et par IIOil IUbel col~pes. maçons comme·
lui•. La nouvelle est parue dans la revue officielle du Rowy.ilaliea .~·
9 sepœmble 1986, daDa une leale inlitul6e: « Une lftCision ,sur l!ani•

œwe de la maçonnerie italienne «Hiram• de nov-•


cle -: La maçonnerie v•t-elle l Canossa ? •• .eptoduite- ensuice daas:là
la meme ann6e, sous la sipature de bmberlo Mosci, Oouvemeur-·cll
20)-diSlrict rotarien. Dans cet anicle, l roccasion d'une·- r6unionrdl
ROlary de Turin au cours de laquelle inrervint Armando Corona. qui.
"-it alon Grand Matue de la Maçonnerie italienne. l'auteur~ avoirt
eul" les « valeurs spirituelles communes l la maçonnerie et aux ROlllj
Clubs • flit remarquer que d6sonlllis 1•exconununicadoll à I ' ~ dc
la maçonnerie a disparu et en me.ne temps la incerdits canooiques:-
r6prd des ROlary Clubl. A l'appui de sa thàe il afti~ • U ar semble
pu que c;e&te affinnaaion autoriMO et pllblique ait jamais ~ -~ •
que • le P"/M J,an-Ptllll Il 1111.,,,,,_ ·a , • Pal Htll'rU jellow,•.ew,,J
l-dire 1111 l'Ollrien.
Ce a•at pas pour rieD, en fait. que ·le pape··Wojtyll a. "à pllll. . .
npises, ,eçu • Vllicln·da d61'111ioas du llocary • louant les ~
cipel inspil'lleUII de œllll IIIOCÏllion••. Le fait est d~autant plus d6coD-
certant quand on uit que la • Rowy Fouadation • appuie la diffusiall
du • B11lt.1;,, da la BOltM Voloftt, MOlllliak ,. orpne n6o-pllen et - -
postique du « Lucia Trust •• ex. « Lucifer TNlt • (cf~ le suppl6nleat:lli
_. 1 de 1995 de ce « Bullecin • ).
C'est l la lum~ de ces flics que roa doit analyser une afflnne•;,,.
du Padie Rosario Espolito, ~ fois• qui, clw 1011 livre incitul6
c UI 1rtllldu .C Olll:Ol'tla,,c .,,, t,u. ., ~ I N ·», (Nardini ed..~
1987) pute w aeulemellt, comme le fit ea son temps Mar Montilli,
d•une «paix• ...,. les deUI inl1ÎlUliQIII. m a i l ~ d'une'~
d'icMea et de paopwnmea ea11e Il himn:bie ecc16ailllique ,o,t~
liaiN et la leCII fltu: ■ 50••·
(fi) ....... , . .. . .
(61) P.l:or 8'a li •"',,...cr■rr • ■ -.tll..f,:Mà
ANNEXEIV 365

51

,_...,..._cenlalen.mdorWetblmcow, . . •llle

......,
aeal n'a•t-H pas "' acommunN poar •
• mom ...... .-... 1e nchfoes,
tbtses, mail pu mfme,
n,,-••• lde••De••
nest tellement sOr de ce qu'il IOUdeat ~ ~•nt son enpaemen1
pour une 6cloite collaboradon eoae église et maçonnerie, et ses pan6-
oriques l l'6gud de ceae demiàle. dans le n• 2 de • Vito PO#Orak •
de 1993, et r6pondant à un prkle qui lui n,prochait SOD pbilo-
lDIÇOIIOisme pn,clam4, il pouvait nnquillemeat Kriœ :

«A,,,..,,,_, ~prùa j'ai p,kW qw J'•oub ~ "


tlialog• (encse église el maçonnerie) dan, l'u,,rit tù l'tgU....
Chaq• fois qw l'occœion s•,n al prlmttl~, J'ai du qw je
.,;, tt qw j'ffllaub n*r 1111 fiû luunbk tt tlhot de la Sain#
tgliu, """'1wld IMoNllllollM&"'°" 4' ,o llodrûw ar na.
f"ado• ,a,u ,uqdou Ill ratrkllolu. Je• ri~,~ encon mai,,.
ltlUIIII. C'eSI jllllllMIII dan, Ctl esprit qu, "'ÎMIII l'i,,.,,_
.,.,., ., s.,,,.,.., PolllVn (,vidcmment des « conciliaùea »;
et non cenainementdes ~ r s N.D.A.).dM CoacU. ,, û,....
lwwu Co,npa11t0111 • ..,,,.,,,. J- ,.,,,,,. 1- """°lu 4INC Ili
,,..,.,,,,.,. ».
366 ARCHIVES DU MONDIALISME

TABLE DD MATIÈRES

Pr6face ··········-·········-·····--···...........___............_................--.•.•. _.. .s


Chapitre I - Mino Pecorelli et Ja.· «: Grande-loge· Vaticane . . ~~ une
rév6lation, sur ·Ja p6n6tration-maçonnique .~ -rÉglise.._.i.'._...... 7

Oiapitre·ll - Un pœalable indispensable~:.:le ·secret•jmaçonnique... 9

Cbapitte m --Les listes de « Panorama~ etde·-c..O.P.. ••~Leur-valew-


probatoire .•.. - ... ,..- ......-....__........................~···--·----·--···· 17
Chapitre IV - D'autres preuvès de.v6ridiciœ....--.............._......... 2S
Chapitre~v ~ Quelles·. co~Ju,iQD$ ·:tµa"···~ ;1àJ iste_ :_·.est ·vraie'·7. Le
jugement de ~:P.n~~F~;..~fis~rfav~t~t.• u~ cardinaux,
pour ne parler·que ~ .-~~~ - ~ --sus~.:-rn!me en dehors
de cette liste":~:f.:.a dklaration <Je .Lichtenau. ~,~oaux grands
~lecteurs: : ·., :Loge~ Sain.t-Pie~·•::;~J~ ~nal U6nart ~ Yati-
can n..~-·J;:~u~nisme·conciliaire·• ·le jugement d'un 33°.
-· le:·« .grand'.initi6·)►.:· ÔSWald:Wirth el':sa religion .•••••- ••~··········· 33
•Chapitre·VI~>,·J.•:-~ :~liJ'.Yf et Jean-Paul ll et leur attitude
envers .là·~·maçonneiiê :~·de..J'excommunicaûon .aux· «lf8Ddes ·
concord.anœs '* ~. . ..... ~_.•. ,...........................................................,........ 41
ANNEXE IV 365

51

,-...- doac œ nllpu, aatorW et Mell COIIIIII, . . •Ille

......,
_ , n'a-t-il pat ._. aconununN poar ses t!Mses, mals pa même,
- molDi ........ IIOlll lt ach!t•, . . . . . . . . . lole•Mlle.,..,

0 est tellement s0r de ce qu'il IOUdeot ~ ,q,f,tant son enppmenc


pour une 6aoite collaboradon cotte église et maçonnerie. et ses pan6-
&Yriqucs à I'6ganl de ceae derniàc. dans le n• 2 de • Vila Pastorale •
de 1993, et rq,ondant à un prkle qui lui ,eprochlit soa pbilo-
U...-sme proclam6, il pouvait cranquillemeat Krite :
« A ,,,..,,,, rqrüa j'ai p,kW qw j'.,.,. ~ ~
dilloi'" (enae église el maçonnerie) dan.r ,.uprit tù 1•t,u....
Chaq• fois qw l'occo,ion s',n ut prlmttl~. J'ai du qw je
IIIÎI « qw j'tnlffllh r•*' un fils humble tl tllvot tk la S..
tgliu, """"-"' IMolUlldonMU.,_,,, 4' ,o ll«lrlM a,r ~
fl'Ollon M111.uqdo111 Ill mlritlio111. J, I. rlpite encon main-
''"""'· c•cn juslenwtl dan, Ctl espril q,M, aÎNld l'iuft61W-
et non œrlainement des ,.._1$
1Nld., SouNnabu Poldl/n (6videmment des« conciliaires•~
N.D.A.), • CoacU. et û,....
6rlu Compa1110t11 1M Wl1GI~ J. ,..,,.. Il ""'°lu .,_ la
,,..,,,,,.,,. ».
ANNEXE IV 367

PUIUCAffOPe
DO • COUUIQ DB ROMB »

•UTaABIIIGN•aCOIIMlllllâ•
-L~
............
...,.......'°'
• La Ml&lt\GS DB PAIIIIS IIO
•"--,_.T__,
.....,.... ,...,,.,.
• MDff. . . .

• 9elX ANALYTIQIS • • Ca alli • - - • ..,_,tta


•. LA •NOUVILL& ndoLGGa• • 2IO,.._ l■ P
• • 80CIJMINTS fONnftCAUX DS IA IAINfrd Mllff.,_X•
2 .......... ,._. 16,cJA .(T_, I: ..,,..._ T... 2:'MI,...) Lta~:eDP
• flUNCIPa CATltOUQIJKI POUa kUID . . . . . 1 LW"4 BSl 111
ca 1'DIPS DTllAOIIDINAIUS.,. cam
(Actn ~ TMotoci,• SI Il • • • O. 19N) • a,.._ •p·
• LA liduLocll N Jl:AN-PAUL D ff L'III llff D'aaA1-•
Ytl. Il. TOMI 1. • • 18DIMPT01t HOMINIS •
• CONDIJl'n N SAINT.fi& X DANI LA Wl'DCDNIDI&
MODUNISMS • OISQUISITIO •
1eqe,c . . . . . . . . . . . . . . . . a 1 • rfa
. ~usa n ~ - ...... Ctedh v• ■
tAala•'Z'~ . . . . Slll•••law. 1916
• LA 1'MDfflON YIYANIS ft VAflCAN ■
..........
....... 19P

...........
:,,....... ...
• LA ftADfflON CAIIIOUQUII NUl'-AU tna acDMNll
• ffAT \'DITAI • .... 1 clOfA UNIN•
• lo■ su AMIIIIO .aa,... ..,
~:
•Dl , •
• Alall••11rf
• . . . . . . ,, fllX r,
ANNEXE V

The Economist de septembre 1990,


« Une alliance permanente»
370 LE MONDIALISME EN ARCHIVES

A standing alliance
FYOU feel like setting up an alliance with some, The curious thîng in 1990 is chat so many p<..."0- What history
I body, you should ask yourself the following ques,-
rion: which is more important, ideas or geography?
pic, including so many apparent liberals, have opred
for geography. Sorne of the supporters of a srronger
divided, technology
has reunited
For good liberals che'-answer seems obvious. ldeas, European Communicy want to trengthen it mainly
of course. They are universal and absolute, geogra, in order m assen the separateness of Europe from
phy is merely local and relative. Ally yourself with America: not differencc, in serious matters of prin,
the man who shares your beliefs, not just the chap ciple, jusc separaceness. Sorne of the people who re,
nextdoor. acr to the victory over communism by as uming chat
1l :::: ~.W..» . , :-::-::::,oc

this means the end of NATO are tugged by the same the northern part of Yugoslavia-are a single conti• .
Europe,by,itself instinct. Both lots are wrong, if nent. le is semi,attached to Latin America by a·thin
ideas corne first. This article argues.that it is high neck of land, just as it is on the ordinary map. ~
rime for an ideas,based reassessment of what Eu, This Euro.-America is separated from its nearest
rope and America mean to each other. neighbour, Euro.-Asia, the place running from Len- ,
The popular myth sees the United States, in ingrad and Belgrade to Vladivostok and Kam:
terms of international politics, as merely an occa, chatka, by a narrow but frequently turbulent stretch ·
sional visitor to the shores of Europe. The Ameri, of water. Way back in 1-iistory the two used to·be ,
cans are the people who originally left Europe be, part of the same cultural land,mass, but a disconnec•
cause they couldn't stand it: they wanted more tion occurred about 500 years ago. To the sou th of 1
freedom from authority of church and state, more them-both, the ·Muslün continent is a slightly widet
scope to enrich themselves. Having reached their sea away. Large oceans stretch between all three of 1
new world, they kept moving westwards, away from these and the remoter continents of the Confucian
Europe. This period escablished the American view and Hindu worlds.
that the Europeans were a bunch of stuffy dead, This is a decorative way of saying that Ameria1
beats, and the European view that the Americans and part of Europe have something big in common
were a rowdy rabble. See Mark Twain on the first that they share with nobody else, not even the other
count, the young Rudyard Kipling on the second. part of what used to be called Christendom. They
The estrangement was temporarily and reluctantly are the children of the RRE, the Renaissance, the·
interrupted in 191 7, and again in 1941, but only Reformation and the Enlightenment: chose.·three
because the Americans could not afford to let any, interconnected upheavals ofthe.fifteenth, sixteenth
body (the Germans, on those occasions) dominate and eighteenth centuries that created the modem
Europe. world.
So runs the popular myth. ln a rough and ready The RRE was a flowering of individual con-
way, it is true enough; popular myths generally are. sciousness, of the realisation that in every aspeçt:of
In particular, it is true thac the American interven, life-religion, the arts, politics, economics---each
tions in Europe in the first and second world wars individual has to t~ke responsibility for what h~
were made for American reasons. Of course they does. lt took its purest form in Protestantism,
were. Even after the eighteenth and nineteenth cen, though it is now accepted in most of the CathqÛ~ .
~ries-the time when Amedea most obviously world; but those three great upheavals all took placé
drew away from Europe-the United States felt it outside the Orthodox zone of Christianity.
had a vital interest in the fate of 3,000-mile--away Of course, the RRE' s ideas splashed over the
Europe. America felt this because it saw it was part physical boundaries of Euro.-America. Look at the
of the same entity as Europe, in a way that did not architecture of Leningrad, or Japan's polishing of
apply ro any other se<:tion of the world. the Protestant work ethic. But Euro.-America is
lt is a useful mental exercise to re.-draw the map where these ideas came from, and where they ·are
pf rhe world so that ît shows bodies Qf id~, not most at home. It is no accident that the dividing·Une.
Jumps of land. On this_new map North America.and between Eastern Europe~s true antkommunist
the western part of Europe---up to, and including revolutions of 1989.:.90 and fts bogus or non,revot~
the Finns,, the Balts, the Poles, the Hungarians and tions-between Poland! I:Iungary, East Germany,
ANNEXE V 371

Une alliance permanente

Si vous envisagez de aéer une alllance avec quelqu'un, posez-vous la question suivante : entre les
idées et la géographie, qu'est-ce qui re~ le plus d'importance? Pour tout bon libéral, la réponse
semble évidente: les Idées, bien sOr. Elles sont universelles et absolues, tandis que la &'°graphie est
purement locale et relative. AIiiez-vous avec quelqu'un qui partage vos convictions, pas avec votre
voisin de palier.

Ce que /'histoire a séparé, la technologie l'a rapproché

ttrangement, en 1990, nombreux sont ceux qui, y comprfs de fervents libéraux, ont choisi la
géographie. Certains partisans d'une Communauté européenne plus solide souhaitent la renforcer,
et ce principalement pour revendiquer la séparation de l'Europe et de l'Amérique: on ne parte pas Ici
d'une différence concernant d'importantes questions de principe mals bien d'une séparation. Une
partie de ceux qui considèrent que la victoire sur le communisme sonne le glas de l'OTAN est guidée
par ce même Instinct séparatiste de l'Europe. Pourtant, ces deux opinions se trompent, si l'on
privilégie les Idées. Le présent article soutient qu'il est grand temps de repenser la relation
Europe/Amérique en se concentrant sur les Idées.

Le mythe populaire veut qu'en termes de politique internationale les ltats-Unls ne soient qu'un
touriste occasionnel sur les côtes européennes. Ce sont les Américains qui, lassés, ont décidé de
quitter l'Europe : Ils souhaitaient plus de liberté vis-à-vis de l'autorité de l'~gtise et de la Nation, plus
de possibilités de s'enrichir. Après l'obtention de leur nouveau monde, Ils n'ont cessé de prendre
leurs distances avec l'Europe. Cette période a assisté à l'émergence de deux visions : les Européens
sont des parasites étroits d'esprit aux yeux des Américains, et les Américains sont considérés comme
des « prolos braillards » par les Européens. Il suffit de songer à Mark Twain pour le premier point,
puis à Rudyard Klplf ng pour le second. À contrecoeur, cet éloignement entre les deux puissances a été
temporairement Interrompu en 1917 et en 1941 pour la simple et unique raison que les Arnérfcafns
ne pouvaient pas se permettre de laisser qui que ce soit (en l'occurrence, les Allemands) dominer
l'Europe.

Ainsi va le mythe populaire. D'une certaine manière assez sommaire, il y a un fond de vrai. C'est la
particularité des mythes populaires. Notamment, Il est vrai que les Interventions américaines en
Europe durant la Première et la Seconde guerre mondiale ont été motivées par des raisons purement
américaines. Bien entendu. Même après les xvm• et XIX- siècles (période pendant laquelle
l'Amérique s'est clairement détachée de l'Europe) les ltats-Unis étaient convaincus que l'Europe,
pourtant située à plus de 3 000 kms, était d'un intérêt capital. L'Amérique était en effet consciente
d'appartenir à la même entité que l'Europe, et d'avoir bien plus de points communs avec elle qu'avec
n'importe quelle autre région du monde.

Redessiner la carte mondiale pour représenter des ensembles d'idées et non pas des territoires peut
s'avérer être un exercice mental assez utile. Sur cette nouvelle carte, l'Amérique du Nord et la pJrtle
occidentale de reurope (y compris la Finlande, les pays baltes, la Pologne, la Honarfe et le nord de la
Yougoslavie) forment un seul et même continent. Une petite bande de terre relfe ce continent à
l'Amérique latine, comme sur la vraie carte.
372 LE MONDIALISME EN ARCHIVE

10 SURVEYl)EF.ENOE
1
ANNEXE V 373

Cette Euro-Amérique est séparée de son plus proche voisin, l'Euro-Asie, qui s'étend de Lénl.-.rad et
Belgrade jusqu'à Vladivostok et le Kamchatka, par une petite étendue d'eau souvent houleuse. Dans
un passé lointain, les deux continents appartenaient au même territoire culturel, mais un fossé s'est
creusé entre eux, il y a environ 500 ans. Au sud de l'Euro-Amérique et de l'Euro-Asie se trouve le
continent Musulman, séparé des deux autres par la mer. D'immenses océans séparent ces trois
continents des continents plus lointains représentant les mondes Confucéen et Hindou.

Tout cela est une façon imagée de dire que l'Amérique et une partie de l'Europe ont un énorme point
commun, qu'elles ne partagent avec personne d'autre, et même pas avec cette autre région
autrefois connue sous le nom de Chrétienté. Ce sont des enfants du RRL (Renaissance, Réforme et
siède des Lumières) : ces trois bouleversements imbriqués et survenus au XV-, au xv1• et au xv11•
siède, qui sont à l'origine du monde moderne.

Le RRL était caractérisé par l'épanouissement de la conscience individuelle et de la réalisation que


dans le moindre aspect de la vie (religion, arts, politique, économie), chaque individu est responsable
de ses actes. Cette idée est présente sous sa forme la plus pure dans le Protestantisme, bien qu'elle
.s oit désormais acceptée dans la plupart du monde Catholique. Toutefois, ces trois grands
bouleversements sont tous survenus en dehors de la zone orthodoxe de la Chrétienté.

Bien s0r, les idées du RRL ont dépassé les frontières physiques de l'Euro-Amérique. Il suffit de
s'attarder sur rarchitecture de Léningrad, ou encore sur le modèle japonais de l'tthique protestante
du travail. Mals l'Euro-Amérique est le berceau de ces idées, et c'est justement là que celles-ci
prospèrent. Ce n'est pas un hasard si la ligne de séparation entre les révolutions antl~munistes
de 1989-1990 en Europe de l'Est et les non-révolutions (entre la Pologne, la Hongrie, l'Allemagne de
l'Est, la Tchécoslovaquie, la Slovénie et la Croatie d'une part et la Roumanie, la Bulgarie et le sud de
la Yougoslavie d'autre part) lo.-.e la ligne de séparation entre l'Euro-Amérique et l'Euro-Asie.

la disparition de rAtlantique

Tout le monde sait que l'Europe et l'Amérique sont liées par cet ensemble d'idées. Ce que tout le
monde ne sait pas, en revanche, c'est à quel point l'entrave physique qui les sépare (plus de
3 000 kms d'océan Atlantique, que les Américains d'aujourd'hui ont traversé en 1492) est en train de
disparaitre grice à la technologie de la fin du XX- siècle. Observez le graphique sur cette page.

la part des échanges commerciaux entre l'Europe et l'Amérique a diminué au cours de ces soixante
dernières années. En effet, par rapport à 1930, les deux puissances font désormais davantage
d'affaires avec d'autres réglons nouvellement riches. Toutefois, rAmérique investit bien plus en
Europe de nos Jours que par le passé, tan<IJs que la part d'investissements euroJ)fffls en Amérique
est presque lnchanpe. Ce qui n'était alors qu'un mince filet de voyageurs transatlantiques est
devenu un véritable raz-de-marée de touristes dans un sens comme dans rautre. Les Américains
ach~tent plus de livres Européens et les Européens éclusent plus de sodas américains. Trois-quarts
des Américains ont des origines européennes, à peine moins qu'en 1930. Et ainsi de suite.

Certes ces chiffres soulèveront des objedions, mais la plupart d'entre eux reflète tout simplement le
rétrécissement du monde au cours de ce siède. C'est Indéniable, mals là n'est pas la question. Le fait
est que le rétrécissement du monde a eu un Impact particulier sur les deux moitiés de l'Euro-
Amérique. La disparition de cette étrange fracture que représente l'océan Atlantique, permet
374 LE MONDIALISME EN ARCHIVES

czechoslovakia Slovenia and Croatia on the one ures simply reflect: the fact that a.Il the world has l,e.
band andR.omania, Bulgaria and southem Yugosfa- ~o~e a ·snyitler place during this. centu(Y. That is
via on the other-nms precisely along that dîviding true, but it is beside tli~ppint. The point is that the
line between Euro-America and Euro-A:sià. diminution ·of the world has a special effect on the
two halves of Euro-America Bv relll0ving th ,sun-
The Atlantic repealed . dering awkwardness of the Atlantic, it enàblcs them
That Europe and America are link~ by this body of to behave more like the single entity they are in the
.ideas i$ a commolilplace. What is not yet so widely wôrld of ideas, ·
realised is the extent to which the physical impedi~ ln the 1990s the (ea} map of. the world is looking
ment between them-the 3,000 miles of the Atlan- more llke thatimaginary on~ The physiéal gap be-
tic oc;ean, over which those Americans-to-bè tween Europe and America is becoming relatively
jumped in 1492-is being shrunk to vanishing.- insignificant. The movement of ~pie and in-
point by late-twentieth-eentury tcchnology. l:ook at formation and goods and money over the Atlantic
the chan on this page. . is easier, and bigger, than evel' before. Europeans
The proportion of their total trade thaJt Europe and Americans have corne to know cach other•s
and America do with each other has gone clown scenery and wines and woik-habîts and p0$t•work
over the past «) years, because·both of th~m now do· pastimes. The notlon of the United .States as an oc-
more business with other, newly-rich parts of the casional visitor to the politics ot: Europe, SÇllfl'fÎng
world' than they did in 1930, But Amerita invests breathlessly o~r when the olô place gets'i nto a par-
rdatively far more in Euro~ now than.it did then, ticular mess, is hopelessly out of daJe. lùnds up
while the share of European investmeni going to thosewho had worlëed outthat hv 1990 tbere have
America is ahnost unehanged. A mere-trickle of -alreadv been Amctiqm soldiers in Europe, mœt of
uansAtlantic travellen has becomo a two-way-flood the time just peace(ully polishing theîr kit, for five-
of jet-borne touriats. AmeriœN buy mote EUCQ- ninths.ofithe cumnt·ccnnuy.
~ books and Europeans 6Will mq_re Âmerican Something e1ie. happening in the 19908 that
ao.tdrinb. Three-quirtera of Americana tdll come aboula aitnpllfy the recœnection of~America.
ofBuropr,n tock, not much legs than in f930. ·And At last,_the •o}Qgibl balanœ. between d1e two
l.)OD, • aides ot the Attantlc is tt1Uib1f. mn. 1or mœt of
Ya,,lt will be objeeted. but many of these fiw thù œntunr the po ·e i the tudidenœ have
ANNEXE V 375

désormais à ces deux moitiés de se comporter comme l'entité indissociable qu'elles sont dans le
monde des idées.· ·. •.

Dans les années 1990, la-vraie carte du monde ressemble bien plus à cette carte imaginaire. Le fossé
physique entre l'Europe et l'Amérique devient relativement négligeable. Le mouvement des
personnes, des informations, des biens et des fonds à travers l'Atlantlque est bien plus simple et
important qu'autrefois. Les Européens et les Américains ont appris à découvrir leurs paysages, vins,
habitudes de travail et loisirs respectifs. L'Idée selon laquelle les âats-Unis ne seraient qu'un visiteur
occasionnel du monde politique européen, parcourant l'Europe sans relâche dès que celle-cf se
trouve en difficulté, est totalement désuète. Qui parmi vous avait compris que pendant plus de la
moitié de ce siècle les soldats américains présents en Europe ont passé la plupart de leur temps à
patiemment lustrer leur équipement plutôt qu'à faire la guerre?

Toujours dans les années 1990, un autre évènement devrait simplifier le rapprochement de l'Euro-
Amérique. L'équilibre psychologique entre les deux côtés de l'Atlantique est finalement plus ou
moins égal. Pendant la majeure partie de ce siècle, le pouvoir et la confiance émanaient de
l'Amérique. Ce sont les Américains qui ont sauvé l'Europe d'Hitler et de Staline, ce sont ces mêmes
Américains qui ont mis en place le plan Marshall et reconstruit l'économie mondiale. Désormais, avec
l'aboutissement du marché unique de la Communauté européenne et l'émergence de nouvelles
Idées d'unité, l'Europe retrouve peu à peu cette confiance perdue. Les Américains, à l'origine de
cette initiative, sont relativement détendus à ce sujet. C'est le moment idéal pour envisager une
nouvelle pensée Euro-Américaine.

On efface tout et on recommence

Maintenant, la pensée émergente veut que les individus situés de part et d'autre d'un océan
Atlantique en vole de disparition doivent condure une alliance. Dans le monde des ltats-nations,
l'idée d'une année permanente a fait son chemin lorsque les pays ont réalisé qu'il n'y avait pas
réellement d'lntérlt à aéer une année pour répondre à un défi donné, de la dissoudre à la fin dudit
défi, puis d'en aéer une nouvelle plus tard. Ils ont donc inventé l'armée permanente, après s'ftre
assurés d'avoir une unité Interne pour la soutenir.

Le monde euro-américain se trouve désormais plus ou moins au mfme stade que l'état-nation
autrefois. Une alliance s'est aéée en 1917, puis une nouvelle fols en 1941. La troisième alliance s'est
forgée en 1949, toujours dans l'optique de faire face à une aise : la présence des Russes sur l'Elbe.
Cette aise est désormais passée, mals l'Euro-Amérique peut en voir d'autres se profiler à l'horizon.
Elles sont seulement hypothétiques mais peuvent se produire et avoir d'horribles conséquences. Il
serait fou de démanteler cette atlfance lorsqu'il est très probable qu'il soit nécessaire d'en aéer une
nouvelle sous peu. Ces 40 dernières années ont prouvé à l'Euro-Amérique que son unité interne était
suffisamment stable pour supporter une alliance permanente. Il est temps de reconnaitre
formellement qu'une alliance est nécessaire.

De part et d'autre de l'Atlantique, cette alliance poussera certaines personnes à reconcevoir leur idée
de l'histoire: Du côté européen, il sera nécessaire d'accepter que cette nouvelle entité que l'Europe
essaye de aéer (qu'il s'agisse d'une fécMration, d'une confédération ou moins) fera partie d'une
structure plus vaste et souple comprenant l'Amérique du Nord. Cela ne devrait pas plaire à ces
376 LE MONDIALISME EN ARCHIVES

CE
came from America. lt was the Americans who re~ there is a large Ghance of having to make a e
cued Europe from Hiclér, saved it fro,ni Stalint ar.- bef9re long. The past 40 years have shoWf\_
ranged the Mar.&hall plan,. rebuilt the •world econ.- America chat it ha.s enough internai unity fo s
0my. Now, \l{Ïth the European Community's single a standing alliance. I.:et it formally ackn0wledge
~ market appr6athing completîon and new ideas for need for ,one. ,
unicy growing out of it, the Europeans are recover- On eath sicle ef the Atlantic, this wilLinvdly
ing some of -their lost self-confidence. And the adjustrn~nt to so,me people's picture ofJûstG •
Americans, having urged them to do so, seem rea- the ·European sicle it will oe necessary to acaept
sonably relaxed about it. lt is a good moment to die new entity Europe is trying t0 creat~w
contemplate a new Euro--American though.t. it fiaishes up as federationf eonfederati00 0r so
tfüng l~will be patt of another, wider,Jooser
Having to start all over ~gairi tity that inolµdes North-~meFicâ. This willno
The new tho.ught is thanhe people on thetwo s1des tlïe,taste·0fEur0peans who want t0 ·re-mâke . ·
of this narrowing Atlantic.,neecl a.standing alliance. in orcler to maFk themselves 0fEfrom Ameliica.
In the world of nation-scates, the idea of the stand- Eurgpeans, withJuck, do•not waat sueh a Euro
ing army came into existence when countmè$.-11eal:.. ln tlle United States it wilLb>e neceSSAI.v. to
ised that it was noi much good i:.aisfng an. army to <!~pt tJ"iat a's ~ll of histeryihas comefull-Gircle.·fi
deal with a specific challenge, disbanding it when 1500s at1d 1~ the Americans sail~ awa
the ,challenge was over, and then having·to s art ail' Europe. ln the 1700s theymade cl\eir fonnàl b
over again later on. So they invented the standing wi~h it, because they had to ,be .indepenien
army, once they were sure they had enough intemal wbat th~y-:wanteà, ln ,rhe .l800s, their o
unity to support it. they pushed w.estwax:ds to the Pacifie. The
The Euro-Atnerican world is now. a,t muçh the newever, was not <::cassable, or not iA the;
same .stage as the nation-scat.e was.then. It raised an Atlantic had been. In the ·1900s theAmeà
alliance jn 1917, and again in 1941. lt did it a thlrd bad to tum bacl( to Eui:ape, three tirnes-.
rime in 1949, once again tQ deal with a s~ifie œf,. th•yœund they did not.want, andcould
sis, the Rus.,îans on the Blbe. That CJÎSÎI . haa re. to Jet i go. te nell in J .band-basket. The;
treated. But Euro-America can see oth ~saib tinue to have wwer(ul interests mother .
crises looming ahead; t~y ma.y. no haJ11!1'™'....wf th~ w,rJd. &> wi~the Europeans.. But tihey sn·
odds ax:e the.y will, a if tbe,ytiQ ~ '~ lw,;- ae fong last recognise that they. are .
rible. lt seems dea;y ~ ~lwièit t iane l w.hen • er, · Q{nQwhere else, in a ~
ANNEXE V 377

Européens qui souhaitent reconstruire l'Europe dans l'optique de se détacher de YAmérique. Avec un
peu de chance, la plupart des Européens ne veut pas d'une telle Europe.

Pour ce qui est des ltats-Unis, il sera temps d'accepter que la boude est boudée. Dans les années
1500 et 1600, les Américains se sont éloignés de l'Europe. Dans les années 1700, ils ont offlàalisé la
rupture : ils devaient obtenir leur indépendance pour faire ce qu'ils voulaient Dans les années 1800,
leurs propres hommes ont avancé vers l'Ouest, vers le Paàfique. Il n'était pourtant pas possible de
traverser le Paàfique, ou en tout cas, pas de la même manière que l'Atlantique. Dans les années
1900, les Américains ont dQ revenir vers l'Europe, à trois reprises, car Us se sont rendu compte qu'ils
ne voulaient pas, et ne pouvaient pas se permettre, de la laisser partir à vau-l'eau. Ils auront toujours
des intérêts puissants dans d'autres régions du monde, tout comme les Européens. Mais ces deux
puissances devront admettre qu'elles sont liées l'une à l'autre, plus qu'avec n'importe qui d'autre, et
ce de manière permanente.
fondineri
compromesso ,
·1 partito
unista

ltalcasse:
sgonfiando
arrestan
che
malë
li fo·

G
382 LE MONDIALISME EN ARCHIVES

L a lista
dei presun ti massoni

ABLONDI Albtrt.o: 5/9/19M . Matricola 7/24.11 • ALA Cv• (DiretlON uflicio par affari .ccl. d1wia • membro per edu-
ecovo di _Livorno> cu. Cau..>
ABRECH Pio: 2'7/11/1967 • Matricola 63/143 • APJ Caiutan• . CAPRILE Giovanni: &19/1857 •· Mauicola 21/014 - GlCA
ce di awdio Con«~u.ione dei V aco,·i > IDirN&.ore .Civihà cauolica• >
ACQUAVIVA Sabino: 3/12/1969 • Matricole. 275169 • CAPtrrO Giuaeppe: 16/11/1971 • Matrioola 81Z/63 - GJ-
SABA <Prof--,re di 10eioloCi• relig. atn.JnlVfflità di Pa• CAP ·
dova> CASAROIJ Acoedno: 3119/1967 • Matrioola U/078- CASA
ANGEIJNI YlOmuo: 14/10/195i · • Mac.ricola 14/006 • <Miniaro Aftari Eaeri>
ANFI CERRtrn Flaminio: 2/4/1980 • Matriool& '7112154 • CEFLA
ARGENTIERI Benedetto: 11/3/1970 • Mauicola 298/a • <Capo Ufflcio Univnti Concre1uion. Sc.adU
BEA (laico all'amm. Pau. S. Sede> Cianocehi Mario: 23/8/1982 • Muricola 123/a • CIMA <pre-
BAGGIO 14/8/1957 • Muricola &V2640 - SEBA <cardinale lac.o)
Preleu.o Conc,ecuione VeecovU CHIAVACCJ Enrioo: 217/1970 • Mauioola 121/St • CHIE
BALBONl Danw. 23nl1968 - Mauicola 79/14 • BALDA <Pro!. di monle Unlvenita di FiNnae>
<Aleiaenc. alla Biblioc.eca Vaucana> CONTE C&nnelo: 28N1987 - Matricda WON • OONCA
BALDASSARRISalvaCON: 19/2/1958- MaU'icola "315/19 . CSELE AMllandro: 2S/3/1NO • Mat.ricola U&4I09 • AL·
BALSA (Arci~ ,ia di Ravtnna) CSE
B~UCCJ Erneno: 18/511988 • Matricola 1452/3. Erba • DADAGIO Lwcl: 8/10,1867 • Mau-iool& 43/b • LUDA <Ar-
<"1'Cioeo ICC>lopio) cavMCOYo di Lero. nWWO in ~$p1&na)
BASA.DONNA Em•t.o: 14/911"3 • Matricola 81243 - D'ANTONlO Emio: 21NlN8 • Mau-ioola tt~ - EDA
BASE <Prelat.o d'onon di Milano> <Vnoovo di Trivent.0>
BATTEW a,ulio: 2'/8/1868 • Matricola ?S/a -GIBA <lalco DE BONIS Donat.o: MN1968 • Matricola 3W02. DON•
rnentbro div... Meademàe ecitntUlehe> DEBO <pNlalO lac. Opere di Nlia"ione>
BEOESCHI Lortnz.o: 1912/1• • Matricola 24/0U • BELO DEL GALLO ROOCAGIOVANr-Lwci: 1SN1t• • Maui-
BELLOU Lui&i: 814/~ · Matricol& 22/04 • BELLU (Rel • cola lœ/61 • DEGAR CPn&alO d'aoûcamera>
t.oN Hminuio lomb&rdo> DEL MONTE Aldo: t.5NUMJ9 • Mau-iml& 32/012 • ADEL-
MO <Veecovo di Novaral
BELLUCCI ct.o: 4/6/1N8 - Mauioola 12/217 - CLEBE FALTIN Daniele: 418/19'10 • Mau-icola 9/1207 - FADA
<VHCO\·o coadiut.ort dJ Fermo> FERRA.JOU Giu~: 24/11/1989 • Mauicola OOl/125 •
BETTAZZI Lw&i: 11/5/1866 • Matricola 1347/4& • LUBE GIP'E <membto Con11&1io affari pubblid della Chieta>
(Vescc,yo di lvra) FRANZONJ Giovanni: 2/3/lNO · Matrioola 2246/47 -
BIANCHI Giovanni: 23/10fl969 • Mau-icola 2261/U • BIGI FRAGI
BIFFI Fftnco: 15/8/1959 • Mauicola 6423 • BIFRA CRettore GEMMJTJ Vito: 25/311968. Mauic:ola W13 - VJGE <Ccn-
della La1.eranen•> &N&uione per i Veecovi>
BICARELLA Mario: ~/1984 - Matrieola 21/014 . BIMA GIRARDI Giwio: 819119'10 • Mauicol& H71/&2. GIGI
<Prelat0 di Victn&&> GIUSTE'n'I Mallimo: 12/411970 - Mauicola 13J065 • Oiu•
BONICEW Gaetano: 12/~1958 · Matricola 63/1428 • ma
BOGA <Ve11eovo di Albano> GOTTARD1 AMaandro: 13/6/lSS · Mat.ricola 243'7/14.
BORETTJ Giancarlo: 21/3/1965 • Mac.ricola 0/241 • BORGl ALOO <Arc. di ~t.0l
BOVONE Alberto: 30/4/1987 • Matr.icola ~3 • ALBO GOZZINI Mario: 14N1970 • Mau-icola 31/1 t • MAGO
<SoitONCrecario chi S. Ufflaio> GRAZIANI Carlo: Zl/7/1961 • Mau-icola 1W3 - GRACA
BRINI Mario: 13/7/1968 • Mauiool& 15670 . MABJU <Arci • (Ret.tcre cW Sèminario Minore aJ Vaticano>
veecovo titdare di AICi•• S.re~rio Chi•• Orienwi. è GREGAGNIN Antonio: 19/10/1967 • Mau-icola 8/4,5 •
w,o dei 3 rMmbri della Pontiflcia Commiaione per la Rua- GREA <Giwilot iKNtun aJ Vicariat.o, Tribwial• prima
ala> ia&&nU eau• ma,r.)
BUGNJNJ Annibale: 23/4/1913 · Mau-klola 136W?S . GUALDRINI Fr&noo: 22/S/1961 . Ma,ricola 21/352. GU-
BUAN <pronwwo ln Iran> FRA <Ret.tore del Capranioa>
BURO Michele: 21/311969 • Mauioola 140/t . BUMI <Pre• ILARl Annibele_: 18/3/1969 • Mau-iaoJa 43/86 - ILA <Cap-
lato membro Ponûficia Cornmiaâone per l'Amerioa IA,dnt> peUano di Sua Sanùlâl
CACCIA Va.LAN A&Oltjno: 6111/1980 · Macricola 13/164 . LAGHI Pio: 24/8/1969 • MacricoJa Of538 · LAPI <Nwuio in !
ACA <Secre~rio di 'Sc.alo> Ar&•Minal
CAMEU Umberto: 17/11/1960 • Mauicola 911436. CAMO LAJOLO Giovanni: 27n/t870 • Mau-icoJa 2/1397 • LAGl
/

4
ANNEXE VI 383

ROMlTA riorenio: 21/4/l~ • Matricola 62/l~ • FlRO


,membro Coruiglio Aff1ri pubblici della Chi-' cmor,o: era aotl. ConJ. Clero>.
LANZONJ Angelo: 24/9/1966 • Matricola 81324. • LANA ROOGER l1ano: l8/.Vl968 • Matricoha 319/13. IORO fC11p•
<Capo ufficio 6-gNteria di S'-Ac.o) pttlano di S.S.>
LEVI Vircmo: 4/7/1958 • Matricola 241/3 • VD.-E Met di• ROSSANO Pieu-o: 12/2/1968 • Matrioola 34~1/a • PIRO
reuoN dtll'O-rvatoN Romano> <Setrou.rio del S.Cretariac.o per i non criltianll
LOZZA Lino: 23n/1969 • Matricola 12/768. LOL! <Canoel• RO\'ERA Vir,llio: 12/6/1864 · Matricola 32/14 . ROVJ
l1ere den· Accademi, romana S. Tommuo d' Aquino• di R.. SABATTANI Aurelio: 22/6/1919 • M&uicola 87/43 . ASA
ligione cattolica> . <Arc. ti di Oiu~in ana: Primo S.Cretario Supremo S.·
MACCHl Paequale: 23/t/1958 • Matricola 5463/2 • MA.PA Jna,un Apo11ohc:a >
<Minuianc.e S.,Nieria di St.ato, Secrec.ario di Paolo Vl> SACCKE'J'Tl Giuho ~1959 • Matricola (»91/b · SAOl
MANCINI halo: 18/3/1968 • Matricola 15&1/142 • MANI <March. .: del..aio al cov•natore>
(Cappellano di Sua Sanùtâ> SALERNO Franceaco: 415/1882 • Mat.ricola 0437/1 . SA·
MANFRlNl Enrico: 21/2/1868 • Mat.ricola 968/c • MANE FRA <Prtlato refendario alla S.Cnaiura • JMmbro alla Pre•
Clak:o conwhore della Ponûficia Commi•iont per rarc.e • · fèttura AuJ F.c. >
cra) SM'TANGELO Franonco: 12/11119?0- Mauioola 3210N
MARCHISANO Franceeco: 4/2/1961 • Mac.ricola 453613 • - mASA <Sosùtuto Promotore di Giusûzia • diCena:>re del
FRAMA<Sot~retario Congregazion• Swdi> vincolo>
MARCINKUS Paolo: 21/8/196? • Matricola 43/649. MAR• SANnNI Pie1.r0: 23/8/1964 • Mauioola 3218/11 • SAPI <Of•
PA IPN"liriente dell'hcicuto 0pere di a.lieiont> ftciale • viot official• al vie&riato>
MARSILI Salv1tw,re: ~/1983 - Matricola 1278149 . $AL- SAVORELLl Fernande: 14/1/1989 • Mat.ricola OOC/51 •
MA ,At,.,tr O.S.B. di Finalpia> SAFE
MAZZA Antonio: 14/4/1911 • Matrioola 054/329 • MANU SAVORELLl Reno: 12/8/18 • Mairicola 3U88'l • RESA
<Vescovo tiLdi Velia. NgNttariogeneralè per l'AnnoSanco SCANAGA'M'A Gaec.ano: 23/9/1971 • Mau-ioola 421023.
1975) OASCA <Co114Nguione. per il clero, • membro Cornrnlalo-
MAZZI Ventrio: 13/10/1968 • Matricola 052/1 • MAVE nt per f!>'"J)lll e Loreto)
<Mtm'bro Conlidio.affari pubblici della Chi...> SCHASCHING Giovanni: 181311•. Matricola 8574/23.
MAZZONI Pler'Luigi: 14/8/1958 - Mauicola S8fT - PILUM OISCHA («awia> .
<Contrecazione per i Veacovi> SCHŒRANOMario: 317/1959 - Matricola 14/36'1 . MA-
MA VERNA Lui&i: 3/6/1988. Matricola 441/c • LUMA CV• sau <VteCOVO titolue d'Acrlda. Ordbwio milha,e -
~~o di Chiavari. allliaenie &tMrale ptr l"At.ione e&tt.olic:a 11tali&> _.
1ta.bana.) SEMPRONl Domenico: 16/4/UMI0 ~ Matricola 00,12 •
MEN SA Albino: 23n/1959 • Macricola 53/23 • MEN A <Ar- DOSE <Tribww• del Vicariato>
oiveecovo c:IJ Vercelll) · SENSI Giuaeppe Maria: 2/11/1887. Maa-kx>la t•li/47.
MESSINA Culo: 2V3/1970 - Macr~la 21/<HO - MEC.A GIMASE <Arc. dt.. di Sardl Nunaio ln PONQCallo)
MESSIN A ZANONJ Ad.•: 25/9/1868 • Matrloola Ct&/329 SPOSITO Lws.J: D/1011817 • Mat.rioola 539102 • SPOLU
· AMEZ <Pon~ftda Comnulll°"41 per -1i arohM eoclttiatûe! ,,.,-
MONDUZZJ Dine,: U/3, 1987 - Mau-icol• 100/2. MONDI 111.alia. amminaarat.ore pau-imonio dalla Sede_A_J>OaOJioa)
<RtC&ente alla PNfeuun. et.Il& C&M. Pontif1ci&) SUENENS Leo: 15N1887 • Matricola 21/M • LESU <Bna•
MONGU..W D&lmuio; 16/2/1889 • Matricola 2145fl2 • xtll•>
MONDA CDomenioano. prote.ore di Morale •Il' Angelà- TRABALZIN1 Dlno: &n/1985 • Mauioola 8lJ968. TRADJ
('IU ffl di Roma> CVNCovo di Riec!, aUlliliaN Rama Sud>
MORGANTE Marcello: 22/7/19SIS • Mau-loola 7810381 • TRAVIA Ancœ!o: 15/S0/1887 - Mat.ricda 18/141- ATRA
MORMA <V-.,ovo cil Atooli Pio.eno> <Arc. t.h. Terminl 1m..... 1:1..... n .... di Sua Sanùtâ>
NATAlJNl Teno: 17/6/1987 • Maw6cola 21144d • NATE TROCCHI Vit.l.Orio: 1117/1982 • Mauioola 3/888 • TROVl
<Viet pNfett.0 ~nto Arob ivio ~NCO Vaùcano) <l,ioo avvocato c:oAdll.oriale .....l&rio cWla CcNMwu. di
NlGRO Carmelo: 21/12/19?0 • MatriCOla 23/1M - CARNl StalO Vatleano
~t.oN del 8-ùn&rio Pont.lflcio ~ t & l d l llu.ridici> TUCCI Robwco: 21/811867 • M&lorioola '2/68 . TURO Œ>i-
NOt ViJ1Wo: 814/1861 • Mauioola · 1 • VJNO Cc.ri• NUON Omerale della Radio Vaùcana>
monitn) TUROLDO 0.Yid: W8/1987 ~ Matricola 191/4' - Dat\l
PALESTRA Vit.iorio: 816/1868 • Matrlcola 075/43 - PAVl VALE Gioraio: 14/2/1971 • Ma1.riooaa 16/328 • VAGI (Cap-
<Oiren10r. dtl vincolo alla Sacra Roca• promou,re di Giu• pellano di SS»
stiz.ia dtllo Su.to Vat..> VERGARl Piero: 14-12-1110. Matrieola 3241/6. PIVE
(arande prol.OCOllillta alla S.Cnawn>
PAPPALARDO Salvacon: 15/4/1818 • Matricola t34107 - VILLOT J•n: 8/811986 • Matriool& 041/3. JEANNJ <Zwi•
SAI.PA (Card, Arc. dl Palermo> CO) <$etNU.riO di Scato>
PASQUALET'n GOU&rdo: W6/1NO • Matrieola 4/231 • ZANOO Lino: 5N1168 • Matricola 219M. L1ZA <Arc. Tl•
GOPA I01are di Adrianopoli. N unzio ~olioo a ripoeo. Membro
PASQUINELU Oan\t: 1J/1/1N8 • Mat.licol& 31/124 • d.U. r.v•rerula ,abbrica di a ·eg,o>
PADA <Conllidi... alla nwwawra di Madrid>
PELLEGRINO Micb.a.: 2N1NO • Matricola 362/36 . Pal·
ml <giâ An:. cU Tarlno>
•••
PIANA Gàannloo: 2/9/1970 • Mauiool,a 314/&a OJPI FREOI Franceaoo ~ieco. 1412/1983 Mat.rioala tG/87 .
PlMPO Mario: 16/311'70 • Ma\rioola 793/U • PIMA <ViM• Depennat,,o da1 m.ac&io ma .
riat.o Uffldo a&ri 1mtnll> TlJtEW Soùro: 1SN118:t • Matrioola 125719&. TIRSO
PINTO Plo Vito: t/4/18'70 • Mauiaola 3317/U. PIPM o CRESTI 0.Valdo: 22N19U • Maaioola 1U1/8&. CRtSO
PIMPJ <&dde&to -Cret- Supnmo Tribw\ale c-..•wra ROTARDI Tho~3/811ta • Ma\ricola lee&J:M. TROTA
A olic:a) __... OllBASIO 1-inO! 171$/1973 • Matrioola 1328197. ORBI
~LE'M'I Uao: 17/2/.1989 • M.a\rioola 32/1425 • UPO (Vaoa, DRUSILLAlwla: 12/10/1863. Mat.ricola lsm/M . DRUSI
rio di S.S.> CROSTA Se.na.: 11/11/1983 • Matrlool& t'IIU , __ • "'RO
ffU . . -- ~ .
RIZZI Mario: 16/9/1989 • Mat.ricola G/179. MARl <Capo
RATOISI Tico: 22/11/1983 • MaU'icola 1642/'14. TRATO

~1-
Ufficio Con&NCuione Chieee Orienwi>

"Chltavlva"
0
1
ANNEXE VII

Photos du buste
du cardinal Rampolla
dans la salle des Papes
de la basilique vaticane
386 LE MONDIALISME EN ARCIDVES

Entrée des « Musée du Trésor» et «Sacristie» au sein de la basilique Saint-


Pierre de Rome où l'on découvre ...
ANNEXE VII 387

... Sous le regard de St. Pierre, la liste des papes (à droite) lui ayant succédé,
de Saint Lin en 76 , à Jean-Paul Il en 2005 et, faisant presque face à celle-ci , ...

.. . le buste d'un certain cardinal Rampolla (en haut à gauche) surplombant


une plaque de marbre gravée en son honneur, ...
388 LE MONDIALISME EN ARCHIVES

... dont on sait que sa présence en ce lieu signifie qu 'il aurait dû succéder au
pape Léon XIII en 1903, n'aurait été le veto de l'empereur François-Joseph .

Détail de la plaque, gravée comme il se doit en latin, ...


ANNEXE VII 389

... à savoir : (( MARIAN US . RAMPOLLA . DEL . TINDARO


TITULAIRE · DE · SAINTE · CÉCILE [DU TRANSTÉVÈRE]
ÉTANT· DÉVÔT · DU · BIENHEUREUX · PIERRE
ET· AYANT· COMME · ARCHIPRÊTRE · DE · LA· BASILIQUE
OFFERT · À · CETTE · DERNIÈRE · UNE · SPLENDEUR · INSIGNE
L'ORDRE · DES · CHANOINES
PLEIN · DE · RECONNAISSANCE · ENVERS · CE · GRAND · HOMME
PERPÉTUE · SA· MÉMOIRE
ANNÉE· 1914»
ANNEXE VIII

Photos de l'Angelo della luce


dans la basilique Santa Maria
degli Angeli e dei martiri à Rome
392 LE MONDIALISME EN ARCHIVES

Entrée de la basilique Sainte-Marie-des-Anges-et-des-Martyrs sur la place de la République


à Rome, dédiée aux martyrs chrétiens censés avoir construit les thermes de Dioclétien (fin
du 3° siècle apr. J.-C.). On y a conservé une ligne méridienne monumentale, tracée au XVlll 0
siècle, à proximité de laquelle on a entreposé ...
ANNEXE VIII 393

... le très mal nommé «Angelo della luce » («Ange de la lumière»), sculpture d'un certain
Ernesto Lamagna qu'on a placée sur une pyramide à l'inquiétante éloquence et au sommet
de laquelle, si l'on y regarde bien, un mauvais esprit de passage a esquissé un semblant
rl 'CFil lt 1minP.1 JX - IP.~ V;:1nrl;:1IP.~ ;:111r;:1iAnt-ilc:: 11nA nni 1\/AIIA fnic:: Am,~hi Rnm0?
394 LE MONDIALISME EN ARCIDVES

Et quel que soit l'angle .. .


ANNEXEVID 395

... sous lequel on considère cet «Ange de lumière», .. .


396 LE MONDIALISME EN ARCIDVES

... il faut avouer qu'on cherche désespérément son côté «lumineux»!


ANNEXEVlll 397

Une dernière tentative , mais las : si cette ange irradie d'une quelconque qualité,
c'est bien de quelque chose de fort sombre!

Et tout cela sous les auspices les plus louables : «LE CHRIST HIER, AUJOURD'HUI ET
POUR TOUJOURS-Grand Jubilé 2000 / Sous le pontificat du pape Jean-Paul II/ Le cardinal titu-
laire* William Henry Kee/er I Le recteur et curé Mons. Renzo Giuliano». Mais l'enfer n'est-il pas
pavé des meilleures intentions?

* « Cardinal Titulaire» : lorsque le pape nomme un cardinal («crée» un cardinal), il lui attribue un « titre cardi-
nalice», lien symbolique avec la ville de Rome. Pour W. H. Keepler, son titre est : « Santa Maria degli Angeli»
(«Sainte-Marie-des-Anges») - chaque cardinal se voit ainsi confier un titre le rattachant au clergé romain et
témoignant de sa proximité de l'évêque de Rome et de sa soumission à ce dernier.
ANNEXEIX

The Economist de janvier 1988,


« Préparez-vous
à une monnaie mondiale »
CAN BRITAIN KEEP BOOMING? page 1o
TAKESHITA COMES TO TOWN pagesH·20
INVESTMENT BANKS PULL BACK page 12
PERESTROIKA'S FIRST TEST page 35

Get ready for a


world currency
402 LE MONDIALISME EN ARCHIVES

. Tl IV •
. JANUARY 91918
. '
-' COll<HlllSl
Vobn930ef'IIN7632

LEADERS· <.

~t 'rcady for the phoenix -♦~---·-· . . • • • • • • • • • • _. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9


Can Briwn keep boomingl ......... ·-·····••♦-••········ ,.r.: 10 ·
. . . . . . . . . . . . .•. . . . . . . . . . : • • • - . . . . . . .. -. . .

Pany pooptrs !or the ~ t s ....................................-:..."' .........- ........-....... l l ·


British information: 0fficially it', secret ............--...•..··-·-·~..--♦ 12 · . . . . . . . .. : . . . . . . . . . . .

lnvcstm.e.nt banks rerum to èarth-·:•.:....... ..:.., .....~.......:_ __, .......-..~-:....... ·;12


• "' • \ • • ,,;

'Maa-na Carta Af1ha.niCf\lis •.,...............·~ ........................ _·...........................................,._.,.. 13


..,, ,, Il ,., •

Getreedy .
Toys: A boardpme for the brave. ..................................- ~.......~.-...: .............-...... 14 · ~mincnà and bUÂnalCDcD J

~ 1
att ffOWiNr tired ·of.brins·e» ·
~~îbeiarm',~ ·
n;ady fur. wodd aJJ.ffllCY,. ~ .,:
WORW'°1Jl1~~ÇUWNT ~ -~- ·su~ FINANŒAND·~CE that1,_t~ way thmp_are ~
q, .9. A.brid ~çurtffl9·
real~,Nta1HS.~ ..
• boolis the daUit 7c,; ,
~
.
..
.
,~,,
,
.~ ... ~ .......
'"' .t ,.,.-\. , #"
V

..

r ""' 1

Perettroib'1-tat -~
Th&! pd b Mr àorb.ëhnJ. :
anini•--~ · ··.
~ - - Qf it}ji .
wnhd.Plll,5.
~
ANNEXE IX 403

l\NUARY 9 1988·
•1 ..,.,.., ... ,,. -·
11 H· .
l(Ofl()fllPd
, : ,......
..~. ,· ': ;~ ' ., : ., • J • • "•. • ... , • •• ;

·,• ,·)

' , .
404 LE MONDIALISME EN ARCHIVES
ANNEXE IX 405

Préparez-vous au phœnix
Il est probable que d'ici trente ans, les Américains, les Japonais, les Euro-
péens et de nombreux habitants des pays riches, mais également de pays
relativement pauvres, payeront leurs achats avec la même monnaie. Les prix
ne seront pas communiqués en dollars, en yens ou en deutsche marks, mais,
disons, en phœnix. Le phœnix sera la monnaie privilégiée des entreprises et
des acheteurs parce qu'elle sera plus pratique que les monnaies nationales
actuelles, qui , d'ici là, seront perçues comme la cause pittoresque de nom-
breuses perturbations de la vie économique à la fin du vingtième siècle.
Au début de l'année 1988, tout cela aurait été considéré comme une pré-
diction farfelue. Les propositions de monnaies uniques potentielles s'étaient
multipliées cinq ou dix ans auparavant, mais elles pouvaient difficilement
prévoir le recul économique de 1987. Les gouvernements des principales
économies essayaient de faire évoluer sensiblement le système vers plus
de régulation des taux de change, un préliminaire logique, peut-on penser,
à une réforme monétaire radicale. Mais, faute de coopération au niveau de
leurs politiques économiques sous-jacentes, ils n'ont fait que le rendre cala-
miteux et ont provoqué l'augmentation des taux d'intérêt qui fut à l'origine
du krach boursier d'octobre. Ces événements ont ainsi échaudé les partisans
de la réforme des taux de change.
Le krach boursier leur a enseigné qu'un simulacre de coopération poli-
tique pouvait être bien pire que pas de coopération du tout, et que, jusqu'à
ce qu'il soit possible de mettre en place une coopération réelle (c'est-à-dire
jusqu'à ce que les gouvernements renoncent à certaines de leurs préroga-
tives en matière d'économie) toute nouvelle tentative de fixer les taux des
devises serait vouée à l'échec.
Mais malgré tous les problèmes rencontrés par les gouvernements pour
atteindre et (plus dur encore) pour respecter les accords internationaux en
matière de politique macroéconomique, la conviction que l'on ne peut pas
laisser les taux de change fluctuer librement ne cesse de croître. Rappelons-
nous que les accords du Louvre et ses prédécesseurs, les accords du Plaza de
septembre 1985, étaient des mesures d'urgence pour parer à une crise due à
l'instabilité monétaire. Entre 1983 et 1985, le dollar s'est apprécié de 34 %
par rapport aux devises des partenaires commerciaux des États-Unis; et,
depuis lors, il s'est déprécié de 42 %. En quatre ans, de telles variations ont
biaisé le modèle des avantages comparatifs internationaux bien plus specta-
culairement que les forces économiques sous-jacentes n'auraient pu le faire
en une génération.
Au cours des derniers jours, les principales banques centrales mondiales,
effrayées par la perspective d'un nouvel effondrement du dollar, sont de
406 LE MONDIALISME EN ARCHIVES

nouveau intervenues conjointement sur les marchés des devises (voir page
70). Les ministres férus du marché, comme M. Nigel Lawson en Grande-
Bretagne, ont été convertis à la cause de la stabilité des taux de change. Les
autorités japonaises considèrent très sérieusement la possibilité de schémas
similaires au système monétaire européen (SME) pour les principales éco-
nomies industrielles. Indépendamment de l'échec fâcheux des accords du
Louvre, la conviction persiste selon laquelle quelque chose doit être fait
pour les taux de change.
Et quelque chose sera fait, de manière presque certaine au cours de l'an-
née 1988. Et, peu de temps après que le prochain accord sur les devises sera
signé, il se passera la même chose que la fois précédente. Ce sera un échec.
Les gouvernements sont loin d'être prêts à subordonner leurs objectifs
nationaux à des fins de stabilité financière internationale. Plusieurs autres
retournements des taux de change, quelques krachs boursiers supplémen-
taires et probablement une ou deux récessions seront nécessaires avant que
les hommes politiques acceptent d'affronter cette problématique sans tergi-
verser. Tout cela annonce une série confuse de situations d'urgence, suivies
de mesures de court terme, suivies d'autres urgences, et cela durera jusqu'à
bien après 2018. À l'exception de deux éléments. Avec le temps, les dom-
mages provoqués par l'instabilité des monnaies vont graduellement aug-
menter; et les tendances mêmes qui seront à l'origine de cette augmentation
seront celles qui rendront possible l 'Utopie d'une union monétaire viable.

La nouvelle économie mondiale


Le changement le plus notable dans l'économie mondiale depuis le début des
années 1970 est que les flux d'argent ont remplacé le commerce de marchan-
dises en tant que force influant directement sur les taux de change. Du fait de
l'intégration inexorable des marchés financiers mondiaux, les différences de
politiques économiques nationales ne peuvent que légèrement perturber les
taux d'intérêt (ou les perspectives quant aux taux d'intérêt futurs), mais elles
provoquent cependant des transferts massifs d'actifs financiers d'un pays à
l'autre. Ces transferts submergent les flux des revenus commerciaux du fait
de leur impact sur la demande et sur l'offre des différentes devises, et donc
de par leurs effets sur les taux de change. Dans la mesure où les technologies
de télécom.munication continuent de progresser, ces transactions seront de
moins en moins onéreuses et de plus en plus rapides; en l'absence de coor-
dination des politiques économiques, les devises ne peuvent donc qu'être de
plus en plus volatiles.
Une autre tendance se dessine en parallèle : la croissance continue des
opportunités de commerce international. Celle-ci est également un avantage
apporté par les progrès technologiques. La baisse des coûts de transport va
ANNEXE IX 407

permettre à des pays situés à des milliers de kilomètres de se faire concur-


rence sur leurs marchés respectifs. La loi du prix unique (selon laquelle,
une fois que les prix seront convertis en une monnaie unique , une marchan-
dise aura le même prix partout) s' imposera de plus en plus. Si les hommes
politiques le permettent, les économies nationales suivront leurs marchés
financiers et deviendront toujours plus ouvertes au monde extérieur. Et cela
s' appliquera au marché du travail autant qu'à celui des marchandises, en
partie par l'intermédiaire des mouvements de population, mais également
grâce à la technologie, qui permet de séparer le travailleur du lieu où il doit
livrer son travail. Les opérateurs informatiques indiens traiteront les salaires
des New-Yorkais.
Tout cela a pour conséquence de faire disparaitre lentement les frontières
économiques nationales. Et avec cette tendance, l'appel à une union moné-
taire regroupant au moins les principales économies industrielles semble
irrésistible à tous , à l'exception des cambistes et des gouvernements. Dans
la zone phœnix, l'ajustement économique aux variations des prix relatifs se
passera en douceur et de manière automatique; de manière similaire à ce
qui se passe aujourd'hui entre les différentes régions des grandes économies
(un résumé pages 74-75 explique ce processus). L'absence de tout risque de
devise stimulera le commerce, les investissements et l'emploi.
La zone phœnix imposera des contraintes strictes aux gouvernements
nationaux. Il n' y aura rien de tel, par exemple, qu'une politique monétaire
nationale. L'approvisionnement mondial en phœnix sera déterminé par une
nouvelle banque centrale, qui sera peut-être la descendante du FMI. Le taux
d' inflation mondial, et par conséquent, avec des marges réduites, chaque
taux d'inflation national, sera de sa responsabilité. Chaque pays pourra re-
courir aux taxes et aux dépenses publiques pour contrebalancer les baisses
temporaires de la demande, mais il devra emprunter plutôt qu'imprimer de
la monnaie pour financer ses déficits budgétaires. Faute de pouvoir recourir à
la taxe par l' inflation, les gouvernements et leurs créditeurs seront contraints
de mieux pondérer leurs programmes d'emprunts et de prêts. Cela implique
une importante réduction de leur souveraineté économique, mais les ten-
dances qui rendent le phœnix si attrayant impacteront à terme cette même
souveraineté, quoiqu'il arrive. Même dans un monde de taux de change plus
ou moins flottants, les gouvernements ont vu leur indépendance en matière
politique faire l'objet d'un examen de la part d'un monde extérieur peu ami-
cal.
Alors que le changement de siècle approche, les forces naturelles qui
poussent le monde vers l'intégration économique offrent un large choix aux
gouvernements. Ils peuvent soit se laisser porter par le courant soit opter pour
la construction de barricades. Préparer l' avènement du phœnix implique de
408 LE MONDIALISME EN ARCHIVES

signer moins de prétendus accords sur les politiques et plus d'accords effec-
tifs . Cela signifiera permettre puis promouvoir activement l'utilisation par le
secteur privé d' une monnaie internationale, en parallèle avec les monnaies
nationales existantes. Cela permettra aux gens de voter avec leurs porte-
feuilles pour une transition potentielle vers une union monétaire totale. Le
phœnix commencera certainement par un cocktail de monnaies nationales,
ce que sont actuellement les droits de tirage spéciaux. Puis , avec le temps,
sa valeur par rapport aux monnaies nationales n'importera plus, parce que
les gens choisiront de l'utiliser pour des raisons pratiques et pour la stabilité
de son pouvoir d'achat.
L' autre option , pour préserver l'autonomie des décisions politiques, im-
pliquera la multiplication de nouveaux contrôles vraiment draconiens des
flux commerciaux et de capitaux. Ce choix sera l'occasion pour les gouver-
nements de vivre un moment inoubliable. Ils pourront manipuler les varia-
tions des taux d'intérêt, mettre en place des politiques monétaires et fiscales
sans inhibition et s' attaquer à l'inflation galopante qui en découlera avec
des politiques sur les prix et les revenus. Avec en perspective une paralysie
totale de la croissance. Laissons sa chance au phœnix à l'horizon 2018 et,
quand il arrivera, accueillons-le comme il se doit.
ANNEXE X

Les Nations Unies, communiqué


et rapport sur les migrations
de remplacement (mars 2000)
410 ARCHIVES DU MONDIALISME

Nouveau rapport sur les migrations de remplacement publié par la Division de la population des Nations Unies

'•)
~ Communigué de nresse
'

Nouveau rapport sur les migrations de remplacement IUlblit.lW'-


Ia Division de la iwpulation 4es Nations Unies
La Division de la population du Département des affaires économiques et sociales a publié un nouveau
rapport intitulé « Migration de remplacement: est-ce une solution pour les populations en déclin et
vieillissantes?». Le concept de migration de remplacement correspond à la migration internationale dont
un pays aurait besoin pour éviter le déclin et le vieillissement de la population qui résultent des taux bas de
fécondité et de mortalité.

Les projections des Nations Unies indiquent que, entre 1995 et 2050, la population du Japon ainsi que
celles de pratiquement tous les pays d'Europe va probablement diminuer. Dans de nombreux cas,
comprenant l'Estonie, la Bulgarie et l'Italie, des pays vont perdre entre un quart et un tiers de leur
population. Le vieillissement de la population sera généralisé, élevant l'age médian de la population à des
.hauts niveaux sans précédents historiques. Par exemple, en Italie, l'age médian augmentera de 41 ans en
2000 à 53 ans en 2050. Le rapport de support potentiel, c'est-à-dire le nombre de personnes en age de
travailler (15-64 ans) par personne de plus de 65 ans, diminuera souvent de moitié, de 4 ou 5 à 2.

Le rapport se concentre sur ces deux tendances remarquables et cruciales, et examine en détail le cas de
huit pays à basse fécondité (Allemagne, Etats-Unis, Fédération de Russie, France, Italie, Japon,
République de Corée et Royaume-Uni) et deux régions (Europe et Union Européenne). Dans chaque cas
on considère djfférents scénarios pour la période 1995-2050, en mettant en relief l'impact que différents
niveaux d'immigration auraient sur la taille et le vieillissement de la population.

Les principaux résultats de ce ratpport comprennent:


• Les projections indiquent que, daris les prochaines 50 années, les
populations de presque tous les pays développés deviendront plus petites et
plus vieilles, en conséquence de la faible fécondité et de l 'accroissement de
la longévité. Par contre, la population des Etats-Unis augmenteni de
presque un quart. La variante moyenne des projections des Nations-Unies
indique que, panni les pays étudiés dans ce rapport, c'est l'Italie qui subira
la plus grande perte .relative de population, moins 28 pour cent entre 1995
et 2050. La population de l'Union Européenne surpassait celle des Etats-
Unis de 105 millions en 1995, mais sera inférieure de 18 millions en 2050.

• Le déclin de la population est inévitable, en l'absence de migration de


remplacement. La fécondité peut rebondir dans les décades à venir, mais
peu de spécialistes croient qÙ'elle poum remonter suffisamment dans la
plupart des pays pour atteindre le niveau de remplacement dans un futur
prévisible.

• Tous les pays el régions étudiés dans ce rapport auront besoin


d'immigration pour éviter que leur population ne diminue. Cependant le
niveau d'immigration, relatif à l'expérience passée, varie beaucoup. Pour
l'Union Européenne, une continuation des niveaux d'immigration observés
dans les années 1990s suffirait à peu près à éviter une diminution de la
population totale, tandis que pour l'Europe dans son ensemble, il faudrait
deux fois le niveau d'immigration observé dans les années l 990s. La
République de Corée n'aurait besoin que d'un niveau modeste
d'immigration, mais c'est cependant un changement majeur pour un pays
qui jusqu'ici était un pays d'émigration. L'Italie et le Japon auraient besoin
d'une forte augmentation de leur nombre d'immigrants. Par contre, la
htlp:J/www.un.°'9/eaa/populJdloolpublk:ationl/mlgnltion/pr...tr.htm 1/2
ANNEXE X 411

Nouveau rapport sur les migrations de remplacement publié par la DMslon de la population des Nations Unies

France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis pourraient conserver leur nombre


d'habitants avec moins d'immigrants que ce qu'ils ont reçu _dans le passé
récent

• Les nombres d'immigrants nécessaires pour éviter un déclin de la


population totale sont beaucoup plus grands que ceux qui ont été envisagés
dans les projections des Nations-Unies. La seule exception concerne les
Etats-Unis.

• Les nombres d'immigrants nécessaires pour éviter les déclins de la


population en age de travailler sont plus grands que ceux nécessaires pour
éviter les déclins de la population totale. Dans quelques cas, comme ceux
de la République de Corée, de la France, du Royaume-Uni ou des Etats-
, Unis, ils sont de deux à quatre fois plus grands. Si de tels flux d'immigrants
se produisaient, les immigrants d'après 1995 et leurs descendants
constitueraient une fraction impressionnante de la population totale en 2050
- entre 30 et 39 pour cent dans le cas du Japon, de l'Allemagne et de
l'Italie.

• Relativement à la taille de leur population, l 'Jtalie et l'Allemagne auraient


besoin du plus grand nombre d'immigrants pour conserver la taille de
leurs populations d'age actif. L'Italie aurait besoin en moyenne chaque
année de 6.500 immigrants par million d'habitants et PAllemagne de 6.000.
Les Etats-Unis auraient besoin du plus petit nombre - 1.300 immigrants
annuellement par million d'habitants.

• Les niveaux d'immigration nécessaires pour éviter le vieillissement de la


population sont beaucoup de fois plus élevés que ceux qui sont nécessaires
pour éviter le déclin de la population. Maintenir à leurs niveaux les
rapports de support potentiel demanderait dans tous les cas des volwnes
d'imrnigratîon sans aucune commune mesure avec l'expérience passée et
avec ce que l'on peut raisonnablement attendre.

• En l'absence d'immigration, on pourrait maintenir à Jeurs niveaux actuels


les rapports de support potentiel en augmentant la //mile supérieure de
l'age actifà environ 75 ans.

• Les nouveaux défis posés par des populations en déclin el vieillissantes


exigeront le réexamen fondamental de beaucoup de politiques et de
programmes établis, avec une perspective à long terme. Les questions
cruciales qu'il faut examiner comprennent: (a) les ages appropriés pour la
retraite; (b) les niveaux, types et natures des prestations de retraite et de
soins de santé pour les personnes âgées; (c) la particil)Cltion à l'activité
économique; (d) les montants des contributions des travailleurs et des
employeurs pour financer les retraites et soins de santé des retraités; et (d)
les politiques et programmes ayant trait aux migrations internationales, en
particulier aux migrations de remplacement et à l'intégration de grands
nombres d'immigrants récents et de leurs descendants.

On peut accéder à ce rapport sur le site internet de la Division de la population

(hnp://www,up.org/~J2Qpulation/uopQJl.h1m). Pour plus d'information, s'adresser au bureau de Mme.


Hania Zlotnik, Directeur de la Division de la Population, Nations Unies, New York 10017, USA; tel: +1-
212-963-3179, fax +1-212-963-2147.
412 ARClilVES DU MONDIALISME


Division de la Population
Départment des Affaires Économiques et Sociales
Nations Unies
New York

LES MIGRATIONS DE REMPLACEMENT: S'AGIT-IL D'UNE SOLUTION AU


DÉCLIN ET AU VIEILLISSEMENT DES POPULATIONS?

RÉSUMÉ ANALYTIQUE

La Division de la population de l'Organisation des Nations Unies observe les tendances


en matière de fécondité, de mortalité et des migrations dans tous le pays du monde, ce qui lui
pennet d'établir les prévisions et les projections démographiques officielles de l'Organisation.
Parmi les tendances démographiques révélées par ces données, deux d'entre elles sont
particulièrement saillantes : le déclin et le vieillissement de la population.

En centrant son attention sur ces deux tendances marquantes et majeures, la présente
étude se penche sur la question de savoir si les migrations de remplacement offrent une solution
au déclin et au vieillisserncnt des populations. Ce type de migrations se rapporte aux migrations
internationales qui s'avéreraient nécessaires pour compenser le déclin des populations, la baisse
des populations d'âge actif et pour neutraliser le vieillissement de l'ensemble des populations.

L'étuçie calcule l'importance des migrations de remplacement et examine les


répercussions possibles de ces migrations sur la taille et la structure par âge pour un assortiment
de pays qui connaissent un profil de fécondité commun qui se situe sous le niveau de
remplacement. Huit pays sont examinés : Allemagne, États-Unis d'Amérique, Fédération de
Russie, France, Italie, Japon, République de Corée et Royaume-Uni. Deux régions sont aussi
comprises : l'Europe et l'Union européeMe. La période visée s'étend grossièrement sur un demi-
siècle, c'est--à-dire de 1995 à 2050.

Selon les projections démographiques de l'Organisation des Nations Unies (variantes


moyennes), il est prévu que le Japon et pratiquement tous les pays d'Europe connaîtront une
diminution de leurs populations au cours des 50 prochaines années. Ainsi, la population de l'Italie
qui se situe à 57 millions actuellement devrait décliner pour atteindre 41 millions d'ici à 2050. La
population de la Fédération de Russie devrait passer de 147 à 121 millions entre 2000 et 2050. De
même, la population du Japon qui s'élève à 127 millions actuellement passerait à 105 millions
d'ici à 2050.

Outre la diminution en nombre d'habitants, le Japon et les pays d'Europe connaissent un


processus de vieillissement relativement rapide. Ainsi, au Japon, au cours du prochain demi-
ANNEXEX 413

siècle, l'âge moyen de la population devrait augmenter d'environ huit ans, c'est-à-dire de 41 à 49
ans. Et la proportion de la population âgée de 65 ans ou plus devrait augmenter pour passer de
17 % actuellement à 32 %. De même en Italie, l'âge moyen de la population passera de 41 à 53
ans et la proportion de la population âgée de 65 ans ou plus qui est de 18 % actuellement atteindra
35%.

Se fondant sur ces évaluations et ces projections, la présente étude envisage cinq
scénarios différents s'agissant des courants migratoires internationaux nécessaires pour atteindre
des objectifs ou des résultats démographiques spécifiques pour les huit pays et les deux régions
visés ci-avant. Ces scénarios sont les suivants :

Scénario 1. La variante moyenne des projections qui figurent au. World Population
Prospect$ de l'Organisation des Nations Unies, Révision de 1998.

Scénario II. La variante moyenne de la Révision de 1998, modifiée en présumant une


migration zéro après 1995.

Scénario III. Ce scénario prévoit et présume une migration nécessaire pour assurer le
maintien de la population totale au niveau le plus élevé possible à
défaut d'une migration après 1995.

Scénario IV. Ce scénario prévoit et présume une migration nécessaire pour maintenir
le total de la population d'âge actif ( 15 à 64 ans) à son plus haut
niveau à défaut d'une migration après 1995.

Scénario V. Ce scénario prévoit et présume la migration requise pour assurer le


maintien du rapport de soutien potentiel, c'est-à-dire le rapport de la
population d'âge actif ( 15 à 64 ans) à la population âgée (65 ans et
plus) au niveau le plus élevé qu'il serait possible d'atteindre à défaut
d'une migration après 1995.

Les chiffres relatifs au nombre total et aux moyennes annuelles des migrants pour la
période 2000-2050 pour chaque scénario figurent au tableau l. Le scénario I montre le nombre de
migrants présumés pour les huit pays et les deux régions dans la variante moyenne des
projections des Nations Unies. Ainsi, dans le cas des États-Unis, le nombre total de migrants pour
la période de 50 ans s'élève à 38 millions et la moyenne annuelle s'établit à 760 000. Le scénario
Il présume une migration zéro pour l'ensemble de la période; les populations qui en résultent et
les structures d'âge sont fournies dans le texte du présent rapport.

2
414 ARCHIVES DU MONDIALISME

Tableau 1. Nombre net de migrants par pays ou region


et scenarios, 2000-2050 (Milliers)

Scénario I II m IV V
Pays ou région Variante Variante Population Groupes d'âge Rapport constant
moyenne moyenne avec totale constants 15-64/65 ans
migration zéro constante 15-64 ou+

A. Chiffres totaux
Allemagne 10200 0 17 187 24330 181 508
États-Unis 38000 0 6384 17 967 592 572
Fédération de 5448 0 24 896 35 756 253 379
Russie
France 325 0 1473 5459 89 584
Italie 310 0 12 569 18 596 113 831
Japon 0 0 17 141 32 332 523 543
République de -350 0 1 509 6426 5 128 147
Corée
Royawne-Uni 1 000 0 2 634 6247 59722
Europe 18 779 0 95 869 161 346 1356932
Union européenne 13 489 0 47 456 79 375 673 999
B. Chiffres annyels (mo~enne)
Allemagne 204 0 344 487 3 630
États-Unis 760 0 128 359 11 851
Fédération de 109 0 498 715 5 068
Russie
France 7 0 29 109 1 792
Italie 6 0 251 372 2268
Japon 0 0 343 647 10471
République de -7 0 30 129 102 563
Corée
Royaume-Uni 20 0 53 125 1 194
Europe 376 0 l 917 3 227 27 139
Union européenne 270 0 949 1588 13 480

Sauf en ce qui concerne les États-Unis, le nombre de migrants nécessaires au maintien du


niveau de la population totale (scénario Ill) est beaucoup plus important que les chiffres présumés
à la variante moyenne des projections des Nations Unies (scénario I). Ainsi, en Italie, le nombre
total des migrants s'élève à 12,6 millions (ou 251 000 par année) au scénario III alors qu'il
n'atteint que 0,3 million (ou 6 000 par année) au scénario 1. S'agissant de l'Union européenne, les
chiffres respectifs sont de 47 millions et de 13 millions (ou. 949 000 par année et 270' 000 par
année).

Au scénario IV où il s'agit de maintenir constant le niveau de la population d'âge actif ( 15


à 64 ans), le nombre des migrants est encore plus important que celui qui figure au scénario Ill.

3
ANNEXE X 415

Ainsi en Allemagne, le nombre total des migrants s'élève à 24 millions (ou 487 000 par année) au
scénario IV alors qu'il n'atteint que 17 millions (ou 344 000 par année) au scénario m.

Le graphique I offre une comparaison standardisée en présentant les courants migratoires


exprimés en millions d'habitants en l'an 2000. Cette comparaison démontre que, rapporté à la
taille du pays,. le nombre de migrants nécessaires pour assurer le maintien du niveau de la
population d'âge actif (section IV) au cours de la période 2000 à 2050, est le plus élevé en Italie
avec 6 500 immigrants annuels par million d'habitants, suivi de l'Allemagne avec 6 000 ·
immigrants annuels par million d'habitants. Parmi les pays et les régions examinés dans le présent
rapport, les États-Unis auront besoin du moindre nombre d'immigrants, c'est-à-dire 1 300 par
million d'habitants pour éviter une diminution de sa population d'âge actif.

Au scénario V, le nombre d'immigrants qui permet de maintenir ce rapport potentiel


constant peut être extrêmement important. Ainsi, au Japon, le nombre total des migrants au
scénario V s'élève à 524 millions ( 10,5 millions par année). S'agissant de l'Union européenne, le
nombre total des migrants dans le même scénario est de 674 millions (ou 13 millions par année).

Graphique 1. Nombre annuel moyen net des migrants nécessaires au maintien, entre
2000 et 2050, du niveau de la population d'âge actif, par million d'habitants en l'an 2000

7000~
C:
n,
--- -·-··- · - -· -· 6000.~
.0
n,
5000~
V)

40005
-·-
30ooE
Loo
n,
Q.
2000~
C:
n,
1000.~
~
France Allemaane Italie Japon .République Fédération Royaume- Etats-Unis Europe
0
Union Européenne •
de Corée de Russie Uni

· N.d.É. : Pour une meilleure lisibilité, le tableau ci-dessus a été agrandi ec légèrement modifié - avec
l'accord de l'auteur -, la légende verticale située à droite s'étant initialement trouvée à gauche.
416· ARCHIVES DU MONDIALISME

Principales conclusions tirées de la présente étude :

• Au cours de la première moitié du 21 e siècle, les projections indiquent que les


populations de la plupart des pays développés connaitront une baisse et deviendront
plus âgées en raison d'une fécondité insuffisante pour assurer le remplacement et
d'une longévité accrue;

• A défaut de migrations, le déclin des populations sera supérieur aux projections et


leur vieillissement ira en s'accélérant;

• Bien que la fécondité soit susceptible de connaître des remontées au cours des
prochaines décennies, ils sont peu nombreux à croire que la fécondité dans la plupart
des pays développés puisse augmenter suffisamment pour atteindre des niveaux de
remplacement dans un avenir prévisible. Ceci rend inévitable une baisse des
populations en l'absence de migrations de remplacement;

• Le déclin préw des populations et leur vieillissement auront des conséquences


profondes et de portée considérable, obligeant les gouvernements à réviser beaucoup
de leurs options et programmes économiques, sociaux et politiques, y compris ceux
concernant les migrations internationales;

• S'agissant de la France, des États-Unis, du Royaume-Uni et de l'Union européenne, le


nombre des migrants nécessaires pour compenser le déclin des populations est soit
inférieur soit comparable aux récentes expériences. Bien que cela soit aussi
applicable à l'Allemagne et à la Fédération de Russie, les courants migratoires des
années 90 se sont avérés relativement importants en raison respectivement d'une
réunification et d'une dissolution;

• En ce qui concerne l'Italie, le Japon, la République de Corée et l'Europe, un niveau


d'immigration beaucoup plus important que dans le passé sera nécessaire pour
compenser la baisse des populations;

• Le nombre des migrants nécessaires pour compenser la baisse de la population d'âge


actif est nettement plus important que celui requis pour compenser la baisse de
l'ensemble de la population. Que ces nombres plus importants de migrants
représentent un choix à la portée des gouvernements dépend dans une large mesure
des circonstances sociales, économiques et politiques d'un pays ou d'une région
donné;

• Si les âges de la r~ite demeurent grosso modo ce qu'ils sont à l'heure actuelle,
l'accroissement de la population d'âge actif par le biais d'une migration internationale
demeure~ pour le court et le moyen tenne, le seul choix permettant de réduire
l'importance de la baisse;

5
ANNEXE X 417

• La gamme des niveaux de migration nécessaires pour compenser le vieillissement des


populations (c'est-à-dire pour maintenir un rapport de soutien potentiel) est
extrêmement large et exige dans tous les cas de figure une immigration beaucoup
plus importante que dans le passé;

• Le maintien des rapports de soutien potentiels à leurs niveaux actuels uniquement en


ayant recours.à une migration de remplacement semble inaccessible en raison du
nombre extraordinairement important des migrants qui s'avéreraient nécessaires;

• Dans la plupart des cas, les rapports de soutien potentiels pourront être maintenus à
leurs niveaux actuels en augmentant la limite supérieure de la population d'âge actif à
environ 75 ans;

• Les nouveaux défis résultant de la baisse et du vieillissement des populations


exigeront une série de réévaluations objectives, complètes et approfondies de
beaucoup d' options et programmes économiques, sociaux et politiques. De telles
réévaluations devront être abordées dans une perspective à long tenne. Dans le
contexte de ces réévaluations, les questions fondamentales seront les suivantes :
a) l'âge approprié de la retraite; b) les niveaux, les types et la nature des prestations de
retraite et de soins de santé destinées aux personnes âgées; c) la participation de la
population active; d) la contribution des employés et des employeurs aux prestations
de retraite et de soins de santé destinées à une population âgée de plus en plus
importante; et e) des politiques et des programmes relatifs aux migrations
internationales, notamment les migrations de remplacement et l'intégration d'un
nombre important de migrants récents et de leurs descendants.

6
ANNEXE XI

Union franco-britannique
(septembre 1956)
420 ARCHIVES DU MONDIALISME

1.

2.
There wu another reason, too, that the French prune mlnlster
proposed thls radical plan.

Tension was growlng at thls tlme along the border between


l1J"NI and Jordan. France wa1 an ally of Israel and ~ l n of
Jordan. If events got out of control there, French and Brtttsh
• l!--mallthlsto1fr1end soldlers could soon be tlghtlng each other.
When Brltaln and France nearly marrled Wlth the Suez Issue on the boll Mollet could not let such •
Mrtca ay Nilrie ' " - - dlsaster happen.
.-.....C.. ~ Document
secr.tdocument

.......
......... Fonnerty MCl'tlt documenta
unearthed from die National
SO, when Eden tumed down hls request for a union between
France and Britaln the French prime mlnlster came up wlth
........... Ardltv• have ahown lrttaln
and franœ c:onakl.-.d •
'"union" ln the 11509.
enother proposai.

This tlme, white Eden wu on a HAVE YOUR SAY


vlslt to Parts, he requested that , , w. _.... ..,_ .._.
On 10 September 1956 French France be allowed to Join the waldi .._ ..._ Waw ._.
Prime Mlnlster Guy Mollet Brttlsh Commonwealth. we . _ . __._willta . . . .
errfved ln London for talkt wlth
hls Bttttsh counterpart, Anthony The rNJor ewnt of the year wee the
f.<Mn. SUczapllode
A secret document trom 28
September 1956 records the
surprtslngly enthuslastlc wey
a..., CDoll. UK
"
TheM were troubled thn• for Mollet'• Frence. l!gypt's the Brlttsh pnunler reaponded
Prffldent G,imel Abdel Neuer Md MtlonallMd the Suez C•n•I to the proposai when he dlseu9Md lt wlth hls Cabinet
....._ and, •• ,r that WH not enough, he was elso t>Ysy fundlng Secretarv, Sir Norman Brook.
_......, seperatista ln French Algerte, tuelllng a bloody mutlny that WH
...__! c:ottJng the c.ountr('• cofC)fllal maltera dur. It aavs: •sir Norman Brook asked to see me thls momlng end
"'""·+, tta-
Tr Monsieur Mollet wu ready to tlght back and h• wu
told me he hed come up from the country consequent on a
talephone conversation from the prime mlnlster who 1s ln
r ntl•,tal:91-t determlMd to get Brftaln's help to do lt. Wiltshire.
AIMlnlàe--
fom\erfy aecret documents held ln Brtteln's National Archlvfl "The PM told hlm on the telephone that he thought ln the llght
VtdeoMd A&,clo ln London, whlch have jaln vtrtually unnotlced alnce belng of hll talks wlth the French :
reluaed two dec.de9 ago, revHI the exu.ordlnary proposai
Mollet w • about to make. • "That we should glve lmmedlate conslderetion to Fren01
........ 111
Jolnlng the Commonwealth
Hwa~~ The followlng If an extract from
-" '~
~,... • 8r1tJsh pemment cabloet
peper of the dey. lt reeds ~
• "That Monsieur Mollet had not t.hought ther9 nNd be
dlfflculty cwer France eoceptlng the headshlp of her
lpedllleporia Majuty
•when the Frendl Prime
Mlnllter, Mon•'8ur Mollet W. . • "That the French would welcome a common citizen.ship
lfl0RT recently ln London he rwllad arrangement on the lrish bea"
WEAllEl wlth the pr1me m lnlster the Sfflng th... words for the flrlt tlme, Henri SOutou, profassor
poHlblltty ot • union ~een
ONlHISDAV
EDffl)Q'ILQG
the Unit.ad Klngdom end
Franc:..•

Mollet wea duperate to hlt


~ .......... ,,
.....,, q -
or contemporary hlatory et Pens's Sorbonne UnJwralty almost
felJ off hls chalr.

Stammerlng repe,atadly he uld : "RNlly I am atuttertng


back et Na...,-. He was 1110 an
Anglophile who admlred Brlteln
....,_
..... IGUIIIM, bec:au.e thls ldee 1s so prepœteroua. The ldea of Jolnlng the
Commonwealth and acc:eptlng the hudshlp of Her ~ t y
both for tt:s h.Sp ln two worid wars and lts blOAOmlng welfare would not have gone down well. If thla had been suggested
,tete. mor9 ,-œntly Mollet mlght heve found hlmse.lf ln court."
ANNEXE XI 421

(1.) Quand la France et le Royaume-Uni songeaient à convoler

Les Archives officielles britanniques ont dépoussiéré d'anciens documents confidentiels


révélant que le Royaume-Uni et la France avaient envisagé un «rapprochement» dans les
années 1950.

Le 10 septembre 1956, Guy Mollet, Président du Conseil français, est anivé à Londres pour
des négociations avec son homologue britannique, Anthony Eden.

La France de Guy Mollet traversait alors une période difficile. Le Président égyptien Gamal
Abdel Nasser avait nationalisé le canal de Suez et, comme si cela ne suffisait pas, s'attelait
également au financement d'un mouvement séparatiste en Algérie française en alimentant une
mutinerie sanglante qui a coûté cher aux colonisateurs du pays.

Monsieur Mollet était prêt à riposter et déterminé à demander de l'aide au Royaume-Uni pour
y parvenir.

Ces anciens documents confidentiels, conservés dans les Archives officielles britanniques à
Londres et déclassifiés il y a une vingtaine d'années, révèlent l'extraordinaire proposition que
Monsieur Mollet s'apprêtait à faire.

Voici un extrait d'un document officiel du cabinet britannique de l'époque:

« Lors d'un récent séjour à Londres, le président du Conseil français, Monsieur Mollet, a
évoqué la possibilité d'une union entre le Royaume-Uni et la France.»

Mollet cherchait désespérément à riposter contre Nasser. C'était un anglophile qui admirait
l'aide apportée par les Britanniques lors des deux guerres mondiales et l'État-providence
florissant du pays.

(2.) Une dernière raison se cache également derrière le plan radical du président du Conseil.
À cette époque, les tensions s'intensifiaient à la frontière entre Isra!l et la Jordanie. La France
était un allié d'lsra!l tandis que le Royaume-Uni était un allié de la Jordanie. Si la situation
venait à s'envenimer, les soldats français et britanniques auraient très bien pu devoir
s'affronter sur le champ de bataille.

Avec la crise de Suez sur le feu, Monsieur Mollet ne pouvait résolument pas laisser Wle telle
situation se produire.

Document confidentiel

Alors, lorsqu' Anthony Eden déclina cette demande d'union franco-britannique, le président
du Conseil français lui fit une autre proposition.

C'est cette fois pendant une visite de Monsieur Eden à Paris que Monsieur Mollet évoqua la
possibilité d'adhérer au Commonwealth.
422 ARCHIVES DU MONDIALISME

3.
Tutboob
Natlonallst MP Jacques Myard was slmllarty stunned on belng
shown the papers, saylng : •1 tell you the truth, when I read
that 1 am qulte astonlshed. I had a good opinion of Mr Mollet
before. 1 thlnk I am golng to revlse that opinion.

"I am Just amazed at readlng thls because slnce the days 1


was leamlng hlstory as a student I have never heard of thls. 1t
1s not ln the textbooks."

lt seems that the French prtme mlnlster dedded to quletty


forget about hls strange proposais.

No record of them seems to exlst ln the French archives and lt


1s dear that he told few other mlnlsters of the day about them.

This mlght well be because aft:er Brttaln declded to pull out of


Suez, the battle agalnst President Nasser was lost and all talk
of union dled too.

lnsœad, when the-EEC was bom the followlng year, France


teamed up wlth Germany whÎle Brltaln watched on. The rest, lt
seems, 1s hlstory.

Oocument's A Hamage OJrdlal wlll be broadc.ast on Radio If at


2000 GMT on Monday.

• !-mail thls to I trlend a Pr1ntable vers1on

FEATURES, VIEWS, ANALYSIS

Ghocttown
t"' CN111._ houlint
bubble Dûtll?"
The~Naglant
. . ~Wortd'-.old..t
dcWe~deftedan
MIPiN
W.lkN
~--.. ...
___,.V

principal ,s.,iel
Palun-.rcauit

MostPopularNow

Trafflc to thl, site le currently 324Mt below normal

Help I Prtvecy and cooltla pollcy I News sources IAbout the B8C I Contact
423

Un document confidentiel du 28 septembre 1956 révèle la réaction étonnement enthousiaste


du Premier ministre britannique, qui en discuta avec son secrétaire de Cabinet, Sir Norman
Brook.

Voici ce qu'on peut y lire:« Sir Norman Brook m'a convoqué ce matin et m'a annoncé être
rentré à Londres à la hâte suite à une conversation téléphonique avec le Premier ministre, qui
se trouvait à Wiltshire.

« Le Premier ministre lui a annoncé au téléphone qu'après ses échanges avec son homologue
français il estimait:

• « Qu'il faudrait examiner sans délai l'adhésion de la France au Commonwealth


• « Que Monsieur Mollet ne pensait pas que l'acceptation de la souveraineté de Sa
Majesté soulève des difficultés

• « Que le peuple français serait favorable à une citoyenneté commune sur le modèle
irlandais »

En apprenant ces mots, Henri Soutou, professeur d'histoire contemporaine à la Sorbonne


(Paris) est tombé des nues.

En bégayant, il a déclaré: « J'en bafouille tellement cette idée est absurde. L'idée d'une
adhésion de la France au Commonwealth et de son acceptation de la souveraineté de Sa
Majesté n'aurait pas été bien reçue. Si Monsieur Mollet avait fait cette proposition à notre
époque, il se serait probablement retrouvé devant les tribunaux.»

(3.) Manuels scolaires


À la lecture de ces documents, le député nationaliste Jacques Myard était tout aussi
décontenancé. « Je vais vous dire, quand je lis ça, je suis sidéré. J'avais une plutôt bonne
opinion de Monsieur Mollet avant. Je crois que je vais revoir ma position », a-t-il déclaré.

« Je suis très surpris à la lecture de ces documents parce qu'il n'en a jamais été fait mention
dans les cours d'histoire lorsque j'étais étudiant. Les manuels scolaires n'en parlent pas.»

Il semblerait que le président du Conseil français ait décidé d'oublier ces étranges
propositions.

Il n'en existe aucune trace dans les archives françaises, et il est clair que très peu de ministres
étaient au courant à l'époque.

Mais peut-être est-ce aussi lié au fait qu'après la perte de la bataille contre le président Nasser
suite au retrait du Royaume-Uni du canal de Suez, tout débat sur une éventuelle union n'avait
plus lieu d'être.

À la place, après la création de la CEE l'année suivante, la France s'est alliée à l'Allemagne
pendant que le Royaume-Uni était simple spectateur. On connaît la suite.
ANNEXE XII

Projet de résolution en faveur


des collectivités locales
426 ARCHIVES DU MONDIALISME

CONSEIL DE L'EUROPE
COUNCIL OF EUR.OPE
CONFtRENCE CONFERENCE
DES POUVOIRS LOCAUX OF LOCAL AND REGIONAL
ET ittGJONAUX DE L'EUROPE AUTHORfflES OF EUROPE

Strasbourg, 1~ 27 ••1 1?80: CPL. (-15) 5


Final

QUINZIEME SESSION -
(Strasbourg, 10-12 juin 1980)
RAPPORT SUR
"LES INSTITUTIONS REGIONALES t:N .EUROPE"·
.
( 1)
(Rapporteur · : M. A. GALETTE)

I. PROJET DE RESOLUTION
pr4sentl par la
Commission des Structure• et dea Finance• Locales (2)

(1) Dana le ·cadre de ce rapport le te~e "Jnatitutiona r4g1onales"


est entendu cOffllle c011prenant tout•• l••
entit4a de gouvern.,...nt
s1tu,es entre le niveau 1nf4rieur dea collectiv1t4a localet
( ,·ommunee) et le Gouvern. .nt ce"tral.

(2) Approuvl à 1•unan1 ■1tl par la C:O..iaalon le 23 avril 1~d0


Membres de la ·COffllll1aa1on: MM. Har11;nies (Pt4s1dent>,
Serg~nt (Vic-Pr4aident), Aant~es, Î:Îndtoft (Remplaçant:
Xavatsmark), Brlncat, Bruagaar, Bucci, .Cantieni, De Carolis,
blaz, Eriksson, tktlnNann (Reaplaçant : Galette), Hahn, fltsrh•n,
Junker, Kazanc1, df La Moussaye, Sir Duncan Lock, l'Ivi'rez oel
Manzano (Remplaçan · a Lôpe& Vega), Madeira, Aaler, Meaney, ·
Mme Mitilinaiou, MM. Petursaon, Sechiotia, Smart, Seller,
Van w nghe, Zachariad•s.
L~• noma dea -br•• qui ont ·prl• part au vote sont aoulignés
Secr6talre d• la Colaiaaiou : P.M. •iu.1·r
ANNEXE XIII

Résolution sur les principes


de l'autonomie locale
428 ARCHIVES DU MONDIALISME

CONFERENCE CON}"'ÉRENCE
OF LOCAL AND REGIONAL D~ POUVOIRS LOCAUX
AUTHORmES OF EUROPE ET RÉGIONAUX DE L'EUROPE

SIXTEENTH S~ION SEIZIÈME SE.5.510N


27-29 October 1981 .27-29 octobre 1981

RESOLUTION 126 (1981)1 RtSOLUTION 126 (1981)'


on the principlu of local Hll-,ouernment aar lu principu de l'autonomie locale

The Conference, La Conférence,

Whereas, in the conditions of the modem Estimant que, dans les conditions de l'Etat
statc, the genuine autonomy of local authorities is moderne, la véritable autonomie des collectivités
an indispensable element of democratic govem- locales constitue un élément essentiel de gouver-
ment and essential to safeguarding the rights and nement démocratique et de protection des droits
liberties of the citizen in bis local community ; et des libertés du citoyen dans sa communauté
locale;
Whereas this autonomy is threatened es- Constatant que cette autonomie est remise en
pecially by the growing .entanalement of the re- cause notamment par l'imbrication croissante des
sponsibilities of the various levels of govemment, responsabilit~ des diff&ents ni•eaux, par des
by increasingly detailed and meddlesome adminis- ré1lementations administratives et financières de
trative and financial reaulations and by frequently plus en plus <Mtaillées et tatillonnes ainsi que par
excessive controls : des contrôles souvent excessifs ;

Recalling the European Charter of Municipal Rappelant la Charte euro~nne des libertés
Liberties adopted by the General Assembly of communales adopt~ par les Etats généraux des
European Municipalities at Versailles in 1953 ; communes d'Europe .en 1953 à Versailles;

Further rccalling the Declaration of Principles · Rappelant également la Déclaration de prin-


on Local Autonomy which it itself proposed in cipes sur l'autonomie locale qu'elle a proposée
Resolution o4 (1968) and which was taken up by dans sa Résolution 64 ( 1968) et qui est reprise
Recommendation 61S (1970) of the Parliamentary dans la Recommandation 61S (1970) de l'Assem-
Assembly: bl~ parlementaire ; ·

Noting the failure of the Committee of Min- Constatant que le Comité des Ministres n'a
isters to take action on this recommendation and pas donné suite à cette recommandation ni adopté
to adopt the proposed Declaration of Principles ; la dklaration de principes proposée ;

Considering that the lack of an official Euro- Considérant que l'absence d'un texte officiel
pean text defining the common principles of local euro~n ~finissant les principes communs de
self-government remains a serious omission which l'autonomie locale reste une grave lacune que le
the Council of Europe, as the guardian of demo- Conseil de l'E~rope, en tant que gardien des
cratic principles and human rights in Europe, principes démocratiques et des droits de l'homme
ought surely to rectify. en Europe, se doit de combler,

1. Debatcd by the Confenmce and adopted on 29 Odobu 1981. 1. Dilcuuion par la cooNreace le 29 octobre 1981 et adoption
3rd Sitting (see Doc. ÇPL (16) 6, Part 1, draft resolution lors de la 3• IÛDCC (voir Doc. CPL (16) 6, partie I, projet de
presented hy the Committee on Local Structures and Fioanœ, rétolutioo pr&enti& par la coœmvsèotl des • ~ et des
Rapporteur : Mr L. Harmcsnles). ranances locales, rapporteur: M. L. Harmepies).

-1-
ANNEXE XIII 429

Resolution 126 Résolution 126

Decides to submit to the Committee of Min- !Mcide de soumettre au Comité des Ministres
isters the draft European Charter of Local Self- le projet de Charte ~ e de l'autonomie
Govemment which is annexed hereto, with the locale. dont le texte figure en annexe à la pré-
request that it : sente r&olution, en lui demandant :
- urgently transmit the text for opinion to - de le transmettre d'urgence pour avis à la
the next Conference of European Ministers re- prochaine Conférence des ministres euro~ns
sponsible for Local Govemment, which is duc to responsables des Collectivités locales, qui doit se
be held in Lugano (Switzerland) from S to 7 Oc- tenir du S au 7 octobre 1982 à Lugano (Suisse) ;
tober 1982 :
- proceed, in the light of this opinion and - de procéder, compte tenu de cet ayis ainsi
of that of the Parliamentary Assembly, to adopt que de celui de rAssemblée parlemen~, à
such a European Charter of Local Self-Govemment radoption d'une telle Charte européennt de l'au-
and invite member states to accede to it : tonomie locale, en invitant les Etats membres à y
adhérer;
- make provision that : - de prévoir :
- this Charter shaU have the status of a - que cette charte devra avoir un caractère
convention. conventionnel,
- each Contracting Party shaJI consider it- - que chaque Partie contractante devra se
self bound by at least twenty paragraphs of the considérer comme liée par au moins vin,t para-
Charter which shall be notified to the Secretary graphes de la charte à notifier au Secrétaire
General at the time of ratification and of which at G6néraJ au moment de la ratification et dont au
least ten must be chosen from among the basic moins dix devront etre choisis parmi les principes
principles (paragraphs marked by an asterisk), de base (paragraphes marqués par un astérisque),
- the Contracting Parties shall be required - que les Parties contractantes devront
to send to the Sccretary General, at five-yearly présenter au Secrétaire Gén&al. à des intervalles
intervals, reports on the application of such pro- de cinq ans, des rapports relatifs à l'application
visions of the Charter as they have accepted, as des dispositions de la charte qu'elles auront
wcll as on the situation with regard to those pro- acceptées ainsi qu•à la situation concernant les
visions by .wh~ch they are not bound, dispositions par lesquelles elles ne sont pas li~,
- these reports shall be communicated to - que ces rapports seront communiqués
the Conference of Local and Regional Auth~rities pour avis à la Conférence des pouvoirs locaux et
of Europe for an1opinion. • régionaux de l'Europe 1•

1. As the opinions of t.be CLRAE must, in acco.rdance widl J • Les avis et. la C'PLRE de\'aat, coaform6taent l l'article l .b
Article l.b of . its C'hart~,. be sub,nittcd to the ParUamentary de sa ~harœ. b IOWllil il l'Allembi& parle.,nmtaiff pour
Assembly for an opiuiot,. th~ latter will thu, 'abo ban u ari&, celle-d aura .i.pai 6-1 ment la poaibilli6 de pn:ndre
opportunity to CXP'fll .i t, view1 on the report, of lhe Contractina pctlitioa sur la rappo,11 des Parties coab'Ktlala.
Parties.

-2-
430 ARCHIVES DU MONDIALISME

Ruolution 126 Râo/ution 126

Appe,rdiJt AMUe

. . . d e ~ Nitpfa'.18 de l'atwmle loeale

Preamble l'rNmbule
The Joçal autboritia are one of tbe main fowl. Les collectmt& locales constituent l'un des princi-
dations of a democratic state. The riaht of citmm to paux fondements d'un Etat <Mmocratique. Le droit des
participate in the conduct of public affairs il one of the dtoyem de participer à la gestion des affaires publiques
democratic principles that are slwed by ail tbe mcmber fait partie des principes d6mocratiques communs 1 tous
states of the Council of Europe. lt is at the local leYel los Etats membres du Conseil de l'Europe. C'est au
that this right can bat be exercised. Tbe existence of niveau local que ce droit peut etre
le mieux exercé.
local authorities with rea1 respomlbDitiea mûes pou• Vmstence de collectm* locales investies de respon-
ible an administration which is both effecti,e ud dOle aabilit& effectives rend possible une administration à la
to the citizen. fois efftcaœ et proche du citoyen.
The safeauarding and reinforœment of local autou• La difeme et le reaforœment de l'autonomie locale
omy in the various European countries· il a prerequi- dans les diff&ents pays europ6ens sont la condition de
site for the construction of a Europe based œ the la construction d"une Europe fon~ sur tes principes
principles of democracy and the decentraliutiœ of de la d6mocratie et de la d6c:eutralisation du pouvoir.
power. This entails the emtenc:e of local authoritia Cela implique l'existence de coUectivit& locaJes doties
endowed with democratically comtituted dedsion· d'orpnes de dklsioD comtitu& d6mocratiquement et
makina bodies and possessin1 a wide dearee of auton• W.ficiant d'une larae autonomie quant aux compé-
omy with regard to their respomibilitiea, the ways and tences, aux modalltm de leur exercice et aux moyens
means by which those respomibllities are aerciled ud œceuaires à l'accompllaement de leun taches.
the resources n,qulred for tbelr fulfilment.

• Article 1 : Co,utitMti0110l /o,,,r""tlo,t for local • Article 1 : FondoaMI co,utitutionnel de l'auto-


self-pernme"t lte#flie loc4,Je

The principle of local self-pmunent sba11 be Le principe de l'auto:lomie locale doit atre reconnu
recopised ln constitutional law. constitutionnellement.

Article 2 : Concept of local self•fO'lemmer,t ArticI. 2 : C:O,,C,.pt tk l'ovtonomie locale


• i. Local self-aovemment denoœs the riaht and • l. Pu autonomie locale on entend le droit et la
the ability of local autborities 1 to replate and manqe capadt6 effectm pour les collectivtt& locales I de ~&1er
a substantial share of public affaln uder tbeir on et de a6m sous
leur propre respouabilit6 et au profit
responsibillty and in the lnterats of tbe local popu- de Jeun populatiom une part Importante del affaires
lation. publiques.
• ii. This right ah.all be nerciled by councils or • il. Ce droit est enrd par des assemb~ ou
usemblies compoaed of memben lreely elected by Nent cameils com.,.a de 1111111bros 6lus au suffraae libre,
ballot ou the buis of direct, equal, wahena1 suffraae, secret. qalltaire, direct et Wlffeflel et pouvant diaposer
which may pouesa executive oraam n,aponsible to them. d'oraanes eûcutifs reapoa11blea dnant eux. Il n'est
This provision sball in no way affect recoune to u• pu J>«t' pNjuctice au recours aux uaemb1- de
semblia of citizem, referendwm or uy other form of citoyeu, au rfl6rendum ou à toute autre forme de
direct cltizell participation wbere lt il permltt.ed by participation directe da cito,enl là OÙ elle Olt permise
statute. pu la loi.

Article 3 : Tise scope of local sa/·,O'lerntne11t Art;ck 3 : Port• â l'autonomie locale


• i. The speclfic responslbllitill of local authorities • l. Les comp6...,_ . ap6ciflques des coUectivit&
shall be prescribed by the constitudaa or by atatute. 1ocalel sont ftx6a par la coutitutioo ou la loi.

1. The principles of local self·aovemment contained in the 1. Les principes d'autonomie locale contenus dans la présente
prcsent Charter apply in any case to the bute unlts of local charte s'appliquent eo tout cas aux enti~• locales de bue
government : they also apply , mutoti1 m111111Ulu , to territorial aimi que, mMtatis MadalldÎI, au eatitfs territoriales de niveau
un its at an intennediate or rqlo.nal Je,cJ. lt sha1I be for the mtenn6di&ire ou np,ul. Il apparticllt am ~artiel contrac-
Contractina Part~. in accord3nce with their domestk law, to taùel de pr6dler, en foacdoa de leur droit interne, les entit6s
specit'y the terTitorial units to which the prindples cont&Jned in terdtarim amqueU. la prindpel coateaus dam ce texte
1his tut are to apply. dahelat s'appliquer.

-3-
ANNEXE XIII 431

Resoluti"on 126 Résolution 126

• ü. Local authorities shall have a aeneral residual • ü. Les collectivi~ locales doivent disposer d•une
right to act on their own initiative with regard to any com~tence ~œrale ~duelle leur pennettant d•agir
matter not expressly assigned to any other authority nor de leur propre initiative pour toute question qui n'est
specifically aduded from the competence of local pas explicitement attribu6e à une autre autorité ni
govemment. espresament exclue de la compétence des collectivit6s
locales.
iii. Public responsibilities shall be exercised by lli. L'exercice des responsabilités publiques doit
preference by those authorlties whicb are closest to the incomber de préférenc"l aux autorités qui sont les plus
citizen. Higher-level local authorities shall assume a proches des citoyens. Les collectivités locales de niveau
responsibility or have a responSJollity assigned to them su~rieur ne doivent assumer une tâche, ou se voir
by statute only in so far as this is made necessary by attribuer une responsabilité d'après la loi, que dans la
the extent of the task or if the authorities at the lower mesure où cela est œcessaire du fait de la po~ de la
level cannot perform it effectively. tlche, ou quand les colle<:tivités locales de base ne
peuvent la remplir de façon efficace.
• iv. Powers given to local govemment shall nor- • iv. Les com~tences confiées aux collectivités
mally be full and exclusive. They may not be under- locales doivent itre normalement pleines et en~res.
mined or limited by administrative action on the part Elles ne peuvent être mises en cause ou limitées par
of a central or regional authority. ln so far as a central raction administrative d'une autre autorité centrale ou
or regional authority is empowered by the constitution régionale. Dans la mesure où une autorité centrale ou
or by statute to intervene in matters for which responsi- ~onale est habilit6e par la constitution ou par la loi à
bility is sbared with local authorities, the latter must intervenir dans des domaines où les com~tences sont
retain the rigbt to take initiatives and make decisions. partag&s avec les collectivit& locales, celles-ci doivent
garder le droit de prendre des initiatives ou de procéder
à des choix.
v. Where powers are delegated to them by a v. En cas de <M~gation de pouvoirs par une
central or regional authority, local authorities sball be autorité centrale ou régionale, les collcctivit~ locales
given a degree of discretion in adapting the implemen- doivent jouir d•une certaine libert~ afin d'adapter l'exé-
t&tion of legislation to local conditions. cution des lois aux conditions locales.
vi. Local authorities shall have the right to an vi. Les collectivités locales doivent se voir recon-
effective share, at a sufficlently carly stage, in the study, naître le droit de participer. de façon effective et suffi-
planning and decision-making processes for all matters samment tat, aux processus d•6tude. de planification et
cxceeding the scope of a local authority but which bave de décision, pour toutes les questions dépassant lP.
particular local implications. cadre d'une collectivit6 locale mais qui ont une impli-
cation locale particulière.

• Article 4 : Protection of uuting local authorities • Artick 4 : l'rotection des collectivité.r locales
ui.rtantu
Changes in local authority boundaries shall not be Pour toute modification des limites territoriales
made without prior consultation of the local community locales la ou les collectiviû(s) locale(s) conœm6e(s)
or communities concemed. includina by means of a devra (devront) ~tre consul~s) préalablement, y
referendum where this is pennitted by statute. compris par voie de réfirendum là oil la législation le
permet.
Articl, 5 : Adequate administrative structura and Article 5 : Adiquatio,a da stn,cture.s et des moyens
ruourres for the tasks of local gutl,- administratifs ,11u missi~ da collec-
on'ties tivité, IOCGla
i. Without prejudice to more aeneral statutory i. Sans préjudice de dispositions plus géllirales
provisions, local authorities must be able themselves to cr66es par la loi, les collectivit& locales doivent pouvoir
detennine their own administrative structures in order d6flnlr elles•m@mes les structures administratives dont
to adapt them to local needs and ensure effective elles entendent se doter, en vue de les adapter à Jeun
management. besoins spécifiques et afm de permettre une aestion
efficace.
ii. The status of local government employees. ii. Le statut du personnel communal doit per-
particularly with regard to trainin, opportunitfes, mettre un recrutement de qualit6. notamment au regard
remuneration and career prospects, must be such as to des conditions de fonnation, de la rémuniration et des
permit the recruitment of high quality staff. perspectives de carrière.

Article 6 : Guarantees for the uerci.re of respo,ui- Article 6 : Garanties dans l'ex~rdce du responsa-
bilities at local lellel bilités aa, niveau local
• i. The conditions of office of local elected rep- • i. Un statut des ~us locaux doit leur garantir le
resentatives must gua.rantee them the free exercise of libre exercice de leur mandat.
their functions.

-4-
432 ARCHIVES DU MONDIALISME

Ruolution 126 Résolution 126

il. They must proride in particular for financial ü. 11 doit pmolr la compensation financxre des
com~tl~ for apema incurred or loa of eamiap, frais espos& ou des gains perdus, ainsi qu'une couver-
u well u appropriate social welf~ pmtectlota. ture soclale adapt6e.
üi. Any funcdon and actmtiea which shall be ili. Les fonctions et actirit& incompatibles avec
deemed incompatible witb the boldina of local electift le mandat d'~u local ne peuvent etre fides que par la
office sha11 be determined by statute alone. loi.
Article 7: OHatrol of local autlloritia' activitia Article 7 : Contr6lt des actes des collectivith lo-
cales
• i. The control of local authorities sball normally • i. Le contr&le des collcctivi~ locales ne doit
aim only at emurina complianœ with the law. normalement viser qu'à usurer le respect de la ~pli~.
• li. If otber forms of control emt, tbey sba1l in • il. Lorsqu'elles existent, les autres formes de
DO circumJtances lead to the local autborities' beiq controle ne doivent en aucun cas aboutir à ~ d e r
dispcm m d of the respoa111>ilities which are usiped les coUectivit& locales des com~tences qui leur sont
to tbem by the comtitution or by statute. reconnues par la Comtitution ou par la loi.
üi. Procedures for the control of local autborities ili. Les p ~ de contl't,le s'appliquant aux
shall not be imtituted exœpt by the coutitutioa or by collectivit& locales ne doivent etre ~ que par la
statute. Constitution ou par la loi.
iv. Such procedures must be desiped only to iv. Ces proœd6s ne doiYent viser qu'à garantir
safe,uard the lqitimate interests of otbet' authorities or les int&ets ~tunes des autres collectmt& ou des
of individual citizens. Tbeir exercile must ensure tbat citoyens. Ils doimlt 8tre exerœs dans le respect d'une
the intermition of the controlllna autbority il kept in proportionnali~ entre l'ampleur de l'intervention de
proportioa to the importance of the interests which it is l'autori~ de con~ et l'importance des in~rtts qu'elle
intended to protect. entend pr&erver.

Anicœ 8 : TM re,ourca of local autltoritia Article 8 : La ra.,oe,rcu da colltctivith locales


• i. Local autborities shaU be entitled to adequate • i. Les collectiYit6s locales ont droit à des res-
fiDaDcia1 raources of their own, distinct from thoae of sources f~res propres, suffisantes, distinctes de
the otber levell of pmunent, and to dispose freely of celles del autres 6cbelom d'administration et dont elles
aucb menue within the fnmework of their powen. peuvent dispost., ~brement dans le cadre de leurs
com~tences.
• ij. The allocation of resources to local authorities • ii. L'attribution des ressources aux collectivitfs
shaU be in proportion to the tasJu usumed by them. locales doit se faire en proportion des tlches qu'elles
Any transfer of new mponsiblliûes sball be accompanied assument. Tout transfert de nouvelles rom~tences doit
by an allocation of the financia1 raourœs required for &tre accompap6 par l'attribution des ressources finan-
tbeir fulfilment. œres MCeSS&ires à leur exercice.
• üi. Part at leut of the ftnancial resources of • ili. Une partie au moins des ressources finan-
local autborities shall derive from taxes that can be cxres des collectivit6s · locales doit provenir d'imp6ts
localiled on their terrltory and of which they have the localisables sur leur territoire et dont elles ont le pou•
power to d e ~ the rate. YOir de fixer le taux.
iv. local authorities shall be entitled to levy, or iv. Les collectivités locales doivent disposer - ou
· to receive a parantced share of, tues tbat are of a bien recevoir une part prantie - d'imp6ts qui soient
sufficiently aeneral, buoyant and flnlble nature to de nature suffisamment alobale, 6volutive et flexible
enable tbem to keep pace with the real evolution of pour leur permettre de suivre 1'6volution r6elle de leun
their expenditure. Their resoun:a must not be over- d6penses. Leun ressources ne doivent pu ~ndre
dependent on tues on propcrty or other speclfic usets. trop 6troitement d'imp&ts sur la proprii~ ou sur d'au-
tres biens sP'cifiques.

v. The preservation of the autonomy of finan- v. La sauvegarde de l'autonomie des collectivitis


cially weater local authorities requires the institution of locales f~rement plus faibles exige la mile en
a system of vertical and horizontal financia1 equalisatlo11 place d'un sys~me de piréquation finan~re verticale
wbicb is desipod to correct the effects of the unequal et horizontale desti°' i corripr les effets de l'iœple
distribution of potenùal sources of taxation. répartition de la matiùe Îl!'pœable.
vi. On no account shall financial equalisation vi. En aucwa eu les procédures de ~r6quation
procedures become a means of dlminishina the power financière ne doffent devenir un moyen de réduire le
of decision of local authorities within tbeir own spbere pouvoir de d6dsioD des collectivit6s 1ocalel dans leur
of responsibllity. propre domaine de responsabilité.
vil. The riaht of local autborities to participate. vil. Le droit des colJectivit& locales de participer,
in an appropriate manner, in framin1 the rules aovemina selon • formes appropriées, à la d6finitioo des
the aeneral apportio.nment of rediatributed resowœs ~ates relatives l la ~tion 16drale del reuources
sha11 be expressly ~ - redistribu6es doit etre explidtement recoADu.

-5-
ANNEXE XIII 433

Ruolution 126 Résolution 126

vill. Specific ,rants sbaU be replaœd, as far u vüi. Les subventions affect6es doivent etre
rem-
possible, by block grants wlûcb are not earmarked for plac6es, dam la meRre du pouible, par da 1ubven-
the financina of speclfic projects or semœs. ln no eue tiom globala non datiœes au financ:anent de projets
shall the provision of ,rants justify any undue inter• ou de services spkifiques. En aucun cas l'octroi des
vention ln the polides pumaed by local autborities subventions ne doit aboutir à une intervention abusive
within their own jurisdiction. dam les politiqua pounuivies par les collectivitm lo-
cales dans leur prop~ aire de comp6tenoe.

Article 9 : Local aut/toritiu • n,ltt to associate Article 9 : Le droit d'association du collectivités


locola
• i. Local autborities shall be enüüed, in exer• • i. Les collectivita locales ont le droit, dans
cising their powers, to form associatiom eitber in order l'exercice de lcun compétences, de s'associer pour la
to carry out œrtaiD tasb which are beyond the capacity r6alisation de oertaiaes tkbes qui ~usent les possi•
of a single authority or for the defence and promotion bilitm d'une seule coUectivit6 ou pour la ~fense et la
of their common interests. promotion de Jeun int&ets communs.
ü. The local authorities' riaht of association ü. Le droit d'UIOCiatioo des collectmt& locales
shall include that of belon,in, to an international implique celui ·d'adh&er i une association internatio-
association of local authorities. nale de pouvoin locaux.
m. Local autborities sbal1 allo be entiüed to ill. Les coUectivlt& locales sont babilit6es i
associate with their counterparts in otber countria, u s'associer avec les coUectivit& d'autres pays, ainsi qu'il
prorided for in particular by the European Outline est pmu notamment par la Convention-ca- europ6enne
Convention on Tramfrontier Co-operation between sur la coopération tramfron~ des collectmta ou
Territorial Communities or Autborities. autorit& territoriales.

• Article JO : Legal prot,ction of local aMtlwrities • Article 10: Protection ligale du collectMth /o-
and tlteir autonomy calu •t d, lnr autonomie
Local authorities m111t have the ript of recourse to Les coUectmt& locales doi.ent disposer d'une voie
a judicial remedy in order to safeauard tbeir autonomy de recoun juridictioanel pour garantir leur autonomie
and ensure respect for the laws by wbkb tbey an et le respect del lob qui les p ~ t .
protected.

-6-
ANNEXE XIV

Portrait de
Theodor Herzl (1860-1904),
in The Complete Diaries
of Theodor Herzl, Edited
by Raphael Patai, Volume V, 1960
4 6 AR HIVE DU MONDIAL! ME

Grâ aux caro~ts compli:t dt ·1 hcodor H~rLJ, on d 142 prcu\-c 4uc l' utnl.'.h1: -Hongnc 1.k l· ra_n~ùl ·-J0scph :> ' cs l o~po ée au
fait que le ardioaJ Rampolla de ienne pape, in The 'omplete Diaries of Theo ior Herzl, dtted by Raphael Pata1, Volume
, 1960, p. 1836 :
RAMPOLLA MARIA 'O, MARQ I DEL TlNDARO (1843-1913),
LUIJ'OU-A. ~ . l,LU.QUU NL 11NO.UO (18.'3- 1915), WU ÎD fut à l' é~oque de Herzl secr taire d 'État du pape ( 1887-
Herzl'• lime Papal Secretary of State (J.887- 1905). AJ IUCh~ bt 1903 ). Il était en tant que tel favorable à la France et s'op-
wu &i.eodly LO Franœ and oppoe,td CD the Triple A1lwlce of posa à la Tripl Alliance de l'Allemagne, de l'AuLriche et
Germany, Auwu and l.taly. Upœ the dt'&th of Pope Leo XIII
de l' Italie. À la mort du pap Léon Xlll (1903), il füt l'wi
( 1903), be WM ooe of .the IDOM p.romiJlent candidata LO chc
pipai tee, but AUlttian i.nterctU oppoMJd him. candidats les plus en vue au trône papal, mais les intérêts
autrichiens lui firent barrage.
ANNEXE XV

Démographie_, migrations,
répartitions professionnelles
et universitaires des Jnifs
dans le monde
et mariages mixtes/baptêmes
438 ARCHIVES DU MONDIALISME

TABLEAU 1°

NOMBRE ET POURCENTAGE DES JUIFS DANS DIVERS PAYS

Populattoa Nombre
Paya totale AlaDff de JuJfa

I. Europ6:
1. Polope ••... 82.132.936 1931 2.829.456 1921 10,4 3.050.0001
2. Bu88le:
a) Ukraine •.. 29.018.187 1926 1.574.428 1926 5,4 1.650.000
b) BUllie
Blanche 4.983.240 1926 407 .059 1926 8,2 400.000
c) Russie
Centrale 82.045.623 1926 588.843 1926 o,7 700.000

116.047.050 2.570.380 2.750.000


3. Roumanie ••• 18.057.074 1930 83j.344 1919 4,8 900.000
'4. Allemape •. 62.410.619 1926 564.379 1925 0,9 550.0001
6. Hongtje ••.. 8.683.740 1930 473.310 1920 lS,9 500.000
6. Tchéeoslovaqaj.e 14.726.158 1930 356.830 1930 2,4 360.000
7. Gde-Bretagne
et Irlande Nord 46.189.445 1931 820.000* 1931 o,7 330.000
8. Autriche •.•. 6.l534.481 1923 230.000* 1923 3,5 230.000
9. France .•..•. 41.834.923 1931 200.000• 1981 0,5 200.000
10. Lithuanie (sana
Memel) ...... . 2.028.971 1928 155.126 1923 7,6 160.000
11. :Pay•Bu ..• 7,920.388 1930 115.233 1920 1,1 120.000
12. Lettonie ... . 1.900.045 1980 93.141 1930 4,9 95.000
13. Grèce ...... . 6.204.684 1928 so.ooo• 192s 1,s 80.000
H. Y:re1lavie .. . 18.980.918 1931 64.221 1921 0,6 70.000
16. Bel u~ •.•. 8.092.004 1930 60.000* 1930 o,1 60.000
16. lt e ...... . 41.280.047 19Sl 64,121 * 1931 0,1 55.000
17. Tu~uie .•... 1.040.669 1927 58.133 · 1927 5,1 55.000
18. Bulgarie ..•• 6.478.741 1926 46.431 1926 o,s 50.000
19. SuiJlae • , ..•. 4.066.400 1930 18.478 1930 0,4 19.000
20. Dantzig . . .•. 407.617 1929 9.239 1924 2,4 9.000
21. Suède •...•. 6.141.671 1980 6.474 1920 0,1 7.000
22.. Da.nemark • • . 3.lS50.6~6 1980 1).947 1921 0,2 6.000
23. Esthonie ...• 1,107.059 1922 4.639 1922 0,4 5.000
24. Territoire de la
Sarre •.••.•. .'. 770.030 1927 4.554 1927 0,6 5.000
25. Etat libro
d'Irlande 2.971.992 1926 ,.ooo• 1926 0,1 8.000
26. Eapagne .... 21.S89.842 1920 4.ooo• 1920 0,02 •.ooo
27. nede Bhodee. 70.000 1980 s.ooo• 19so !~,l·
s.ooo• 1925 ~
S.000
3.000
28. Memel •••.•• 141.64ff 1925
29. Portugal ..•. 6.664.815 1980 2.000• 1930 o,os 2.000
30. Norvège •••• 2.814.194 1930 2.000• 1930 0,07 9.000
31. Luxeml>ourg •. 299.998 1930 1.771 1927 0,6 2.000
89. Finlande ••.• 3.667.067* 1980 1.765 1930 0,05 S.000
88. Gibraltar .... ~1.872 1931 1.000• 1931 ,,7 1.000
9.890.000
II . . d . ~ :
1. Etata-Uw .. 122.146.046 1980 ,~a~.ooo• 19s. 3,5 4.tsoo.ooo
2. Argel!tine . . . 11.efSs.000• 1982 sso.ooo• 1930 s,1 Mo.ooo
3. Canada •..•. 10.314.196 1931 lM-.592 1931 1,5,l 170.000
4. ~r'8il •••••• ,o.21s.ooo• 19so •o.ooo• 19so 0 ~.ooo
5. Mexique •••. 16.404.080 1930 12,000• 1930 0,1 12,000-
L On ue eonnatt pu encore le nombre des Juifs en Polo~e, au recen-
aement de 1981. D ee peut qu'en 1921 beaucoup de Juifs n aient :paa 6t6
recen~ et que 1'eatimation pour 1933 baée sur ces ehiffrea eo1t bop
buae. 11 en eet de même pour la Roumanie.
2. Entre janvier et septembre 1933, environ 50.000 J uif1 ont quitt6
1.'.Allemagne.
0
Et tableaux suivants: îo Arthur Ruppîn, les Juifs dans le monde. moderne, Paris, Payot, 1934.
ANNEXE XV 439

TABLEAU I (suite)

Populotloo Nombre
Paya totale de Joifa
1
6. Uruguay .. ..... ......
. 1.903.083*
3.607.919*
1931
1930
10.000*
9.ooo•
1931
1930
0,5
0,3
12.000
9.500
7. Cuba •••...
8. Chili .•..•• . . ... . 4•.287.445 1930 4.000• 1930 0,1 4.000
9. Guyane Britannique 310.000* 1930 2.000• 1930 0,6 2.000
1.250* 1930 0,5 1.500
10. Surinam et Curaçno
. .....
229.000* 1931
11. Jamaïque •• 974.742 1929 1.250 1929 0,1 1.500
12. :Reste de 1 'Am ~rique 2.500 2.500
5.000.000
IIL ..4.8'6:
1. Palestine ..... 1.03~.154 1931 175.006 1933 16,9 230.000
2. Ruaie d 'Asfe .... 30.980.865 1926 109.851 1926 0,4 120.000
8. Irak ...... . ..... 8.800.000* 1932 100.000• 1932 a,o 100.000
4. Perae ••..... ..... 9.000.000* 1929 40.00~• 1929 o,, 40.000
~. Syrie •••••.• ..... a.681.2so 1929 25.ooo• 1929 0,9 25.000
6. Yémen ••.•. .... . 1.000.000• 1930 30.000* 1930 s,o 80.000
7. 1tt!quïe d 'Asie .. 12.607.601 1927 28.739 1G27 0,2 30.000
8. Inde .••.... . .... 352.837. 778 1931 ao.ooo•s 1931 o,o 30.000
9. A f ~ a n • ... . . 12.000.000• 1924 20.000• 1924 o,s 20.000
10. Chine et Mandchou•
ne .......... . . .. . . 474.ooo.ooo• 1930 15.000• 1930 o,o 20.000
11. Japon ..... .
12. Singapour,
.....
Mal acca
91. 723.012* 1930
1.114.012 1931
1.000•
1.000•
1930
1931
0,0
o,o
l.000
1.000
18. Cocldnehhie • ..... 21.~2.000 1981 1.000• 1931 o,o 1.000
648,000
IV. A./Nf/U8:
1. .Maroc:
o) Ha.roc fru oaia. ts.057.000 1981 190.00°' 19:Jl 1,4 120.000
b) Maroc eepagnol,
et Tanger .... 1.100.000• 1931 so.ooo• 1931 1,8 20.000
2. Aldrie .. , .. 6.668.451 1931 90.000~ 193l 1,4 ~0.000
a. 8uèl Afrique . , , ..
••• ♦ '

8.018.000 1980 71.816 1926 0,9 80.000


f. Tunieie •. , . . ..... 2.410,692 1931 66.000• 1931 2,7 66.()00
tt Egypte , • , • ..
6. Tnp-olitaine .
1. Rhodésie ... • ,
.......
...... 14.177.864
705.187
2,417.000
1927
1931
1931
6;J,550
,s.ooo•
s.ooo•
1921
1931
1931
o,,
6,1 .
0,1
65.000
48.000
3.000
'87.000
V. .Awt,a1't1 1
1. Australie ....
2. Nouvelle-Z,tande ...
.... 6.476.032
1.844.469
1980
19S6
91.615
S.380
1921
1921
0,4
0,1
S0.000
3.000
33.000
Total des Juif1 é:lana le moude entier 15.876.000

8. Com~renant 4.000 Juifs onviron à Aden.


4. En J93l, il[. avait au Maroe français 107.603 Juif• indigènes, l quoi on
cjoute environ l .000 Juifs 6traD~ra.
G. En 1921_, il 1 &vait en Ali'rie 73.967 J'uifa, l&D8 compter les JÙifa
étran_gere ~t JM .Tuif~ .hahite.ntA Poa,na de Mzab.
8.• En 1931, le nombn de .Tuila indlrbes eu Tuniaie 6tait de 36.248, t. quoi
il faut ajouter 10.000 Juife étrangere.
Note. - Un Mt6rieque indique que le chiffre ne provient pa, d'un recen..
Jement, maie d 'Ul.le estimation !J?P.!'oximative. Oea estunationa aont b ~ eur
1'..4•Brica• J611M'la Yc,ar Book (Philadelphie, 1932), le Btate.ma"'' Year Book
(Londres, 1932) et 1M Inten1tdtonallft t1bM""1h(ffl '1n 8tat'8t. J a'larbucl& àea
DeutschM Beio~a {Berlin, 1932). L'estimation dea Juifs d'Italie est b&He
eur une étude du profeeeeur Rudolf Bach, à Rome pour 1931. Pour l'Irak
et la Syrie, les estimations sont basées sur les in'Veetigntione de l 'aute11r.
440 ARCHIVES DU MONDIALISME

NOMBRE ET RÉPARTITION DES JUIFS 37

Juifs parlant : Polonais (1) . • . . . . . . . . • • . . . . . . . . • 3.050.000


Russe, rus.,e blanc, ula:ainien . • . . . • 2.825.000
Autres langues slaves (tchèque, serbo-
croate, bulgare, etc.) . . . . . . . . . . . 500.000
Total en pays de ~gue slave ..... . 6.375.000
Âllglais. ........................
, . 5.150.000
Roum.ain •••••••••••••••••••••••• 900.000
Allemand ..................•.... 800.000
Ara'be ......................... . 775.000
Magy-ar ..•...................... 600.000
Espagnol et Portugais ........... . 350.000
Français ....................... . 260.000
Lith'U&Dien •••.•.........•.....•• 160.000
Hol:landais . . • . • . • . . . . . . . . . . . . . . . 120.000
Grec •..................... • • • • • • 115.000
IAt"'ton ••..•••••..•. ·•..•......•.• 95.000
Ture ........................... . 88.000
Pers&-n •••••••••.•••••••.••••••.• 60.000
Italien ..•....•.............•.... M.000
Autres l&ng1JeS • . . . . . . . . . . • . . • . . . • 3.000

Ainsi presque un tiers de la population juive totale vit


maintenant dans les pays de langue anglaise, et 40,2 %
dans des pays slaves.

1. Ceci correspond à tout -le territoire où le polonais est langue offi-


ei!tlle - donc les provinces polonaises d'Ukraine, de Russie Blanche et
_cll~thuanie.
_ .J _ L'item suivant correspond à la Russie sovi.Stique grosso
ANNEXE XV 441

TABLEAU V
·.""

MIGRATIONS JUIVES, 1881-1930

Durant les cinquante, années de 18'8 l à 1930, ont émi·s ré ·:

Pour
Autriche
Honpie
Buaaie (d~ Boum&· Bre-
De

Grande-
Autrea
Enaem•
ble

1920 de nie tape I p&J8
\ Polog.)
E tata-Unia ••••• l,7j9.000 597.000 161.000 114.000 )M.000 B.885.000
Canada ........·70,000 40.000 5.000
B0.000
-
10.000 125.000
-
20.000 180.ggg
entine •••••• 100.000
.......... 40.000
6.000 10.000 ,.ooo -
10.000 ·ao.
utree pa~ d 'A·
m6ri1ue du Sud
et m6rique
Cen..trale .•.•• 5.000 10.000 5.000 10.000 -30.000
Total pour
.rique 'Am'-1 1 1 1 1 )
• •1• • • • • • 1.980.000 697.000 195.000 114.000 s1,.ooo 8.!50.000
Grande-Bretape
AUemagne , • •. •.
130.000 40.00() 30.000
25.000 75.000 -- --
10.QOO 110.000
-
100.000
Franee •••••••••
que ..••.••
40.000 40.000
15.000 80.000 - --
20.000 100.000
G.000 50.000
t!r.
Su 11~, It11ie,
Pa11 Scandi·
n.avee •••••• , •
Total C dentale
l'Eu•1
30.000 - - - -80.000

ro~
et C'Amtrùe • • • U0.000 11811.000 1 80.000 - 1 86.oool 490.000
Sud Afrique •••• , 45.000 1 10.000 \ - 1 1 G.000 1 60.000
Em,te ••• ~ • • • • 90.000 10.000 - &5.000 36.000
To: ~~~. ~,~~~: 1 65.000 1 I0.000 1 - 1 1 10.000 1 IS.000
PaJeetine . • , ..• , 1 ü.000 1 40.000-1 10.000 1 I SG.000 1 190.000
A~~ . ~ 1 11.000 1 10.000 1 - 1 1 11:000 1 20.000
Total •••••••••• I B.185.000 l 95!.000IBU.0001114.0001389.000 l 8.0'15•.000
TABLEAU XIII ~
~
N

llÉPABTITION PROFESSIONNELLE DES JUIFS

Sur 100 Juifs gagnant leur vie, on en trouvait :


~ - ~ - ~ - - - - ~
-
dans

dam dut dan, le dan, leat l'Adminis- dan1 Service Autres Sana Occupa-
Paya Année l'agriculture l'induatrù Commerce Tram- tratiou l·Armé1 Travail
inter- domea- occupa- occupa- Uon non
et la de• et lea et le, et la
porla proteuiona Marine mutent ltique tlODB lion spécifiée
1ylYicult11re minet A.uuraaeet
libénlet

1 1
.
1 1
~
lem,agn.e .•••. 1907 1,3 21,5
, ...... 41/r'
49,7
r
6,5
,.. .....
2,1
"
-
-
1 ~

18,9 !
00
11888 •••••••• 1925 1,4 21,9 49,7 8,1 2,8 1 15,4 g
ihême, Moravie
et 8ilœie •••• 1921 2,8 21,3 46,9 2,7 7,2
- -----
17,1
- ~

1
)V&quie •••••• 1921 10,7 22,3 46,0 1,7 7,7 11,6
usieSubcarp. 1921 26,9 23,6 26,4 4,0 5,4 13,7
>ngrie ••••••• 1920 8,6
_
1,1 1 5,1 1 -
--
4,2 35,0 39,7 2,8 1,2 0,8 1,5
... _
Bo•·orna.nie ••••••
- 00
1913 2,4 1,6 6,9
~
42,0 37,2 3,4 3,2 0,5 2,8
1logne ••••••• 1921 9,6 31,7 34,6
,,,,__
2,6 4,3 1,6 - 4,9 - 7,2 8,6
lieie ••••••.. 1910 13,4 23,0 47,8 0,9 7,1 - -
:tto-nie •••••••
~liuanie •....•
1920
1923
2,5
6,0
32,5
22,0
48,0
33,0
4,6
- 5,4
5,0
-
3,2
-
11,6
34,0
-

Mie Boviéti-
riue •••••••••
lestin.e ••••••
1926
1931
9,8
18,5
35,1
29,4
27,3
18,3
2,2
4,9 12,4
8,6

1
0,8
-· 1
5,1
11,0
-
1
8,6
'
1
12,0

• En Palestine le travail intermittent est c ~ avec les ocoupations non spécifiées.


'
TABLEAU XIV

BÊPARTITION PROFESSIONNELLE DES JUIFS

nana Dao1
Pour 100 Da.na Dana le rAdmi-
Pays 101" la l'agricul- findua- C.mm. Oan1 lee niltra- - Dam
ÂDDée Travail En Occupa-
population ture et la lrie el et lei Tram- tion et lArmée
inter- ,ervice Sana
&ion
totale IJlvicul- métien ÂAU· porta profea- et la domea- occupa-
ture ma»oell rances Marine mitknt lion indéter•
aiom Uque minée
lib,,·alea

1
Allem,agn.e . . ...
1 1907 , ....... , 1
1,0 O,M 0,6
-- 1
~

4,2 1,1 0,3 0,3


1 1,6
3,5- ----
Prusse ........
Hongrie ••••.••
1925 1,1 0,06 0,6
,
~
1,5 0,6
1920 5,9 1,5
0,4 11,7 45,1 1 5,1 10,5 2,7 ~
Galicie ........
Pologne (compre-
1910 10,l 1,2 25,8 --
60,5 17,4 4,8
1,3 1,9 1
,
-11,6
10,6

na.nt la Gall-
cie) ••••••••• 1921 10,4 0,9 23,5 62,6 10,2 ---..
Bohême, Moravie
et Silêeie ••••
Slovaquie ••••••
1921
1921
1,3
4,5
0,1
0,8
0,7
5,7
9,5
50,3 2,2
0,7
12,4

2,3
9,6
4,4
0,8
1,0
16,7 ·
--~
16,1 1
2,0
5,8
13,6

BWllie Subearp. l~l 15,4 6,1 34:,4 87,3 24,8


Palœtin.e ...... 25,2 23,0 20,4
1931 1s,o•
...
9,1 42~ 33,5 20,3 49,1 8,4t - 33,5 35,4 46,8
1
• La population nomade non compri8e.
t La police compriae. ~
~
~
444 ARClilVES DU MONDIALISME

TABLEAU XXI
FRÉQUENTATION DES UNIVERSITÉS ET . ÉCOLES D'ENSEIGNEMENT
SUPÉRIEUR DU TYPE UNIVERSITAIRE PAR LES JUIFS

Nombre d'étu- Poureent. dea


Type diants juifs étud. juifs
Paya d 'U'Diversi~ P6riode dépasse pour-
Chi1fre Pour cent. Juifs
absolu cent dans la popul.
'
Allema- Universitêa Session d'hiver 2.970 S,4 S,7 fois
pe• 1929-1930
Hautes 6colea > 264 1,3 1,4 >
techniques
Autres 6coles > 78 1,6 1,8 >
npêrieurea
Ensemble Session d'hiver 3.307 2,9 3,2 foia
1929-1930

Teh6co- Univenit'8 Session d'hiver 2.414 . 14,5 5,6 fois


Slovaquie 1927-1928
Hautes êcoles > 1.314 12,2 4,7 >
teehniques
Autres êeolea > 50 2,2 0,8 >
111pêrieuree
Ensemble 1Session d'hiver 3.778 12,8 4,9 foie
1927-1928

Vienne UnivenitY 1928-1929 2.377 21,3 2,0 fois


Hautee êeolee >
techniques 898 10,7 1,0 >
Autres 6eolea >
111p6rieuree 239 9,6 0,9 >
Eneeinble 1928-1929 2.944 - -
Hongrie Toutes Univeni· Selaion d'hiver
t6e et ooolea 1930 1.350 10,5 1,8 fois
. 111p6rieurea

Pologne Toutee Univeni· Seuion d'hiver


t6e et 6colee 1929-1930 8.711 19,3 1,9 fois
111périeuree

au.le Twtes Univerai· 1926-1927 23.699 15,4 5,9 foia


Scm6tl· tél et 6eolea
qM aup6rieurea
Lettonie Univenitêe 1980-1981 7'4 8,7 1,8 foia

Lithwmie Univenit6e 1926 756 31,4 4,1 :foie

U.S.A. Univereitêe 1918-1919 14.837 9,7 8,2 fois


•eee chi1fre8 1e rapportent aux aeula 6tudiants allemand.a. Sur lee 6.939
6tudianta 4trangen en Allernagne, il y avait 1.250 J'llÎfa, soit 18 %.
AJITKtJJI BUPPIN 20
ANNEXE XV 445

310 MABIAOES MIXTES ET BAPThœs

.T ABLEAU XXII

MARIAGES :MIXTES

Sur 100 individus juifs se mariant, des mariages mixtes


étaient contra~tés par :

Territoire
1
Epoque J"uifa Juives 1Ensemble
AJleJD81"8 ••••••• 1901-1904 8.,48 7,41 '1,95
1910-1911 13.,49 10,37 11,96
1928 26.,lG 16,'19 11,19
1929 27,16 17,SB 22,79
1930 26,60 11,60 22,86
Pl'U8l8 .......... 1875-1884:
188~1889
4,60
8,29
4,98
7,33
f,79
7,81
1905-1908 11,81 10,57 11,19
1925 23,56 13,97 19,06
1928 26,06 11,es 22,08
1929 27,81 18,46 23,47
Berlin ........... 1876-1880 15,69 11,99 13,88
1901-1904 17,89 12,02 ll,06
1925 30,53 17,90 24,75
1926 29,19 18,63 24,52
1919 85,31 21,96 29,11
Francfort (a. M.) .• 1928 20,17 13,49 16,96
1929 23,26 11,74 17,90
Hambourg ••••••• 1886-1890 16,50 9,30 · 13,10
1906-1910 26,40 SB,20 14,30
1925 31,82 24,53 28,83
1928 89,86 S6,45 83,83
Bavière •••••••.•• 1876-1880 1,54 2,08 1,81
1901-1905 4,47 4,04 4,25
1926-1927 16,90 9,57 13,36
HOIDpie .......... 1895-1819 1,68 1,78 1,10
1907-1908 4,12 4,55 ,,-,a
1925 11,90 10,90 11,'6
1917 11,95 12,06 H,00
1928 12,50 11,60 12,0I
1929 . 12,04 11,90 11,97
Bada,- ........ 1896-1900 6,'11 7,st &,ri
1925 17,96 15,97 16,~
1927 16,74 16,18 16,46
1919 . 18,61 16,,3 18,59
Vienne .......... 1926
1927
1!,68
12,16
11,71
9,93
12,SO
11,06
1928 12,83 10,06 11,47
1929 13,86 12,oa U,95.
446 ARCHIVES DU MONDIALISME

MAlllAGES MISTBI 2T BAPTDfU 311

Territoire 1 Epoque I JllÎfa [ Juiveit I


E119e1Dble

Amsterdam ...... 1899-1908 5,00


1921-1925 12,66 0,56 11,1,
1926-1927 13,79 12,60 13,20
1928-1930 17,03 12,49 14,83
Copenhague ...... 1880-1889
1900-1905
21,M
31,76
Trieste .......... 1887-1890
1900-1903
1927 60,87
-
50,00
14,30
1-1,90
66,10
Galicie •.•.•.•.•. 1929 1,02 0,64 0,83
Russie Centrale •• 1924-1926 20,68 12,47 16,'77
BQ88Ïe Blanche •• 1924-1926 1,87 a,1a 2,81
Ukraine ••••••••• 1924-1926 4,19 4,90 4,55
Russie d'Europe •• 1924-1926 7,41 6,21 6,80
I.Attonie •••••••• " li25-1926 1,57 1,51 1,M
1930 1,96 1,96 1,96

Le tableau XXII mon·t re l'importance grandissante des


mariages mixtes dans les différents pays et villes au cour•
des cinquante demi~res années. Il mon,t re leur multiplica•
tion en Prusaef et particulièrement dans certaines villes où,
avant mars 1933, ils étaient e~trêmement fréquents. A
Copenhague, parmi les Juifs danola fixa depuis lon8temps,
les mariage, miSites &ant plus nombreux que les ,m ariages 1

juifs, et à Trieste, leur nombre grandissant entre 1900 et


1927 fait bien voir le danger que court le ludaisme lorsque
tombent les barrières traditionnelle• entre Juifs et non•
Juifs. De même, la vieille communauté juive de Uvourne
diminue rapidement à cause de la fréquence des mariages
mis.tes. En Hongrie, en Bavière, à Amsterdam, le nombre
des mariages mixtes est moins frappant. et c'est e.a Let-
tonie, Russie Blanche et Ukraine qu'il& son.t le plua rares.
On aurait pu peMer que le nombre des m,aria9ea mistes
dkrottraU beaucoup pendant les périodes d'anti1mnitbme
exacerbé, mai& ceci n'a pJs été le cas dans le pa11,, peut•
être bien parce que l'antisémitisme n'avait cours que dan1
certaines couches de la population chrétienne et ne tou~
chait guère lea classes moyennes ou prolétarlennn.
ANNEXE XVI

Association « Bnei Brith »,


Kattowitz, mai 1882
448 ARClilVES DU MONDIALISME

lns htilige Lana - mcht gkid, ,..d, .Amtrilu 3

[1]
INS HEILIGE LAND - NICHT GLEICH NACH AMDIXA a
MAI 1882
CAHJP, GA/BEUTHEN S 97/20

V ertraulichl
V erein n~,:i 'l:l [Bnei Brith 1]
Brüder/
Das sdiwere Unglück, welches die Gegenwart wieder einmal über Millio-
nen unserer Glaubensbrüder gebracht bat, die Verfolgungen, wie man sie vor
einigen Jahren noch nicht batte glauben m6gen und die so grenzenlos rob

• Ruminiens Unabhingigkeit im Jahre 1880 und die Ermordung des Zaren Alex-
ander Il. im Mirz 1881 l8sten in beiden Undern eine Welle von Pogromen und
Verfolgungen aus, die eine starke Auswanderung der Juden aus Osteuropi zur Folge
hatte. Das einzige Ziel der meisten Einwanderer war Amerika, aber unœrwegs
kamen sie durch Weneuropa, wo sie oft aus Geldmangel wochen- und sogar mona-
telang verblieben. Es war dies die umfusendste und bedeutendste Wanderungsbe-
wegung in der jUdischen Gadiidite, in deren Verlauf etwa eindreivienel Millionen
Juden auE deutschen Sc:hifen von Bremen und Hamburg aus Europa verliden. Die
phllanthropischen Organiaationen det Judenheit der wettlicben Linder, an ihrer
Spitte die deutschjadisc:hen Orpnisationen Ubemahmen es, die Auswanderung zu
organisieren und nach Amerika, dem Britisc:hen Commonwealth, Sidamerika und
anderen Undem zu lenken.
In Oberscbletien gab es jedoch Juden, die mit dieser. den Binwanderem gewâhrten
Hilfe nicht :wfrieden waren. Sie strebten nach einer Dauerl&ung d~r jüdisc;hen Fra-
ge dll(ch die Errichtung einer jOcliscben nationalen Heimstatte in Palistina. Sie. griln-
deten in der Gren~dt Kattowitz im Mai 1882 den •Verein Bnei Brith•, dessen
Hauptaufgabe es war, ruuisch~ und ruminiscben Juden zur- Ansiedlung in Pala-
stina zu verhelfen. Dieser Verein, der bald audi an anderen Plitun Scblesiens Orts-
gruppen grilndete, begann gegen Ende des Jahres 1882 niit der Veraffentlichung
der Zeitsduift .Der Colonist•, die ab t 883 wochendich enchien. Dia war die erste
Zeitung in Deutsdùand, die sida amsdûidlich mit Fragen der Ansiedlung in Pali-
stina befdte. Die Gründe.r da Vereins wuen der Lehrer Selig Pr~thal und der
Kaufmann Mori~ Moses. Siehe den Brief von Moses an Alfred Klee vom 17. Januar
1900, CZA, A 1',2/55/6.
FUr eingehendere Informationen Ober die Gesdûdite des Vereins und seiner Zeit-
sduift vgl. Israel Kld#snn, Ha Agudah .Bnei Brith• b1Kattowitz, in: Sefer Hajowel
1

mugasdi licbwod Dr. N. M. Gelber (hebr.; Der Verein .Bnei Brith• io Kattowit_z,
in: Festschrift zu Ehren von Dr. N. M. Gelber), herausgegeben von lsrotl Kla11s~·T,
Raph,tl Mahler 11nd D""' StUlt1n, Tel Aviv 1963.
Jacob Toury, The Fint Issue of the Earliest German Hovevei-Zion Periodical
(hebr.), in: Zionism, Studies in the History of die Zionist Movemcnt and of the Jews
in Palestine, herausgegebcn von DtUWl Carpi, Bd. Ill, Tel Aviv 1973. Vgl. auch Sta-
tut da Vereins Bnei Brith vom 8. Mai 1882, CAHJP, GA/Beuthen S 97/20. Siehe
den Brief von Moritt Moses an Samuel Pîneles vom 6. Man 1882, c::zA, A 1../~/7.
1
.sahne des Bundes.• Dies in h&hstwahncheinlich die ente a«entlidie Prokla-
maiioQ des V ereina.
0
in Jehuda Reinharz, Dokumente zur Geschichte des deutschen Zionismus, 1882-1933, Tübingen, J. C. B
Mohr, 1981, pp. 3-6.
ANNEXE XVI 449

Vers la Terre sainte - pas tout de suite vers l 1Amérique

[1] ,
VERS LA TERRE SAINTE - PAS TOUT DE SUITE VERS L'AMERIQUE
MAI 1882
CAHJP, GAIBEUTHEN S 97/20

Confidentiel!

Association z,,,:i "JJ [Bnei Brith 1]

Frères!

Le grand malheur qui touche de nouveau des millions de nos frères de


foi, les persécutions auxquelles on n'aurait pas cru il y a quelques années
et qui se produisent avec brutalité en dépit des frontières et que même les

• L'indépen<Jance de la Roumanie en 1880 et l'assassinat du tsar Alexandre Il en mars 1881 déclen-


chèrent, dans ces deux.pays, une va~e de pogroms et de persécutions entraînant un important exode des
Juifs d'Europe de l'Est. La seule destination de la plupart des immigrants était l'Amérique, mais en che-
min, ils traversèrent l'Europe de l'Ouest où ils restèrent des semaines, voire des mois durant souvent par
manque d'argent. Ce fut le mouvement migratoire le plus vaste et le plus important de l'histoire des Juifs,
au cours duquel quelque 1,75 million de Juifs quittèrent l'Europe sur des navires allemands au départ
de Brême et de Hambourg. Les organisations philanthropiques de la judéité des pays occidentaux, à leur
tête les institutions juives allemandes, se chargèrent de l'organisation de l'émigration et de la piloter vers
l'Amérique, le Commonwealth britannique, l'Amérique du Sud et d'autres pays.
Toutefois, en Haute-Silésie, certains Juifs ne furent pas satisfaits de cette aide accordée aux immigrants.
Ils étaient à la recherche d'une solution durable de la question juive au travers de la création d une foyer
national pour les Juifs en Palestine. En mai 1882, ils fondèrent, dans la ville frontière de Kattovitz,
«l'Association Bnei Brith» dont la principale mission était d'aider les Juifs russes et roumains à s'établir
en Palestine. Cette association, qui créa rapidement des groupes locaux ailleurs en Silésie, commença à
publier vers la fin de l'année 1882, la revue Der Colonist, qui parut une fois par semaine à partir de 1883.
C~ fut le 1" journal en Allemagne consacré exclusiveme.nt aux questions de l'implantation en Palestine.
Les fondateurs de l'association étaient le professeur Selig Freuthal et le commerçant Moritz Moses.
Cf. Lettre de Moses à Alfred Klee du 17 janvier 1900, CZA, A 142/55/6.
Pour plus d'infonnations sur l'histoire de l'association et sa revue, cf. Israel Klausner, Ha'Agudah
<( Bnei Brith » b 'Kattowitt, dans : «Sefer Hajowel mugascb licbwod «Dr. N. M. Gelber (en hébr. ; Der

Verein «Bnei .Brith» in Kattowitz, dans: «Festschrift zu Ebren>> von D. N. M. Gelber), édité par Israel
Klausner, Raphael Mahler et Dow Sadan, Tel Aviv, 1963.
Jacob Toury, «The first Issue of the Earliest German Hovevi-Zion Periodical» (en hébr.), dans : Zio-
nism, Studie in the History of the Zionist Movement and of the Jews in Palestine, édité par Daniel Carpi,
voL Ill, Tel Aviv, 1973, cf. également Statut des Vereins Bnei Brith du 8 mai 1882, CAHJP, GA/Beuthen
S 97/20. Cf. lettre de Moritz Moses à Samuel Pineles du 6 mars 1882, CZA, A 144/4/7.
1 «Fils de l'Alliance». C'est très probablement la première proclamation publique de l'association.
450 ARCHIVES DU MONDIALISME

4 Mai 1882

auftreten, wie sie kaum die finstersten Zeiten des Mittelalters brachten, las-
sen nach aller menschlichen Berechnung sich kaum mehr abwenden. Es ziebt
wie ein boser Geist durch groBe Volker, der sie zum Morde, zum wenigsten
zur Bedrückung der Juden anstachelt. Wer diesem Geiste verfallen ist, der ist
unsem Brüdem gegenüber mitleidlos geworden, wie es Menscben nur sein
konnen.
Auf wessen Hülfe scbauen nun die Verfolgten? Wer soll sie retten, wer
sich ihrer annehmen?
Br.üder! Es gilt hier nicbt, es genügt hier nicht, zu unterstützen, nein, es
gilt zu opfern, zu opfem wie es groi!e Zeiten erfordem. Verlasset Euch nicbt
allein auf die Thatigkeit des Central-Comites der Alliance 1, daB 1hr meinet,
damit Eurer Pflicht genügt zu haben, sondem erricbtet jeder in seinem Hause,
jede Gemeinde in sich selbst einen Hochaltar der Hülfe, denn die Zeit for-
dert es. Die Zahl der hilfsbedürftig gewordenen ist so groB, die Wege ihrer
Flucht sind so verscbieden, daB man heute noch kaum im Stande ist, das
ganze graBlicbe Unheil zu übersdiauen.
Zwei Richtungen aber machen sich besonders bemerkbar und leider hat
sich die allgemeine Aufmerksamkeit nur auf die t~e gerichtet, namlicb auf
die Emigranten, welche nach Amerika ziehen oder geschickt werden. Es mag
ja vielleicbt seine Berecbtigung haben, in jenem freien Lande den Unglück-
lidien eine Statte zu bereiten, aber - scbon stellte es sich heraus, daB der Plan
selbst in seinen Anfingen unausführbar ist. Das Central-Comite in Berlin
giebt schon bekannt, daB nur eine btsch,anlett Ànz•hl und zwar nur die
Rüstigsten und Tücbtigsten befordert werden konnen. Wo sollen nun die
Schwachen, die Greise, die Weiher bleiben? Genügt es, die Besten zu retten?
-Sollen die Sdiwadien der Vernichtung preisgegeben werden? Es ist eln Un-
glück, wenn in der Noth der Retter die Hilfsmittel nidit klar überschaut.
Dies, theure Glaubensbrüder, ist die eine Ricbtung, welche sich zur Renung
Israels zeigt und welche sicb allein1 (sonderbarerweisel) der Beacbtung des

1
,.Alliance Isra,lite Univenelle.• Eine jüdiscbe Woblûti§keits-, Eniehungs- und
Abwehrorganisation mit Hauptsitz in Paris; in vielen Teilen Europas, Asiens und
Afrikas tatig. Gegründet von franzôsischen Juden im Jahre 1860. Ortlichc Komitees
der Alliance wurden auch in D~utsehland gegrtindet und im Jahre 1906 in der Deut-
scben Konferenzgemeinsdiaft der AIU vereinigt. Ais infolge der Pogrome in Rd-
land 1881 Tausende von Juden nach Galizien Sobeo, organisierte.n die Reprüentan-
ten der AIU in Brody die Auswanderung dieser Fliichdinge nach Amerika, und
zwar mit Hilfe der .laraelitischen Allianz• zu \Vien und des Deutsehen Zentralkomi-
tees der AIU, das seine Zentrale in Berlin hatte. Dieses Dokument bezieht sich
auf eine besondere Konferenz der lleprisentanten der Alliance aus ganz Westeurop~
die in Berlin am 23/24. April 1882 zu.tamrn~ntrat. Aul dieset Tagung bestitigte
die Alliance auls neue ihren BeschluB., daB die Auswanderung der Fliichtlinge nadi
den Vereinigten Staaten und nicht nadi Palistina zu lenken sei. Filr Einzelheiten
über die Berliner Konferenz vgl. Sdnn11el ]awneeli (Hrsg.), Sefer Hazionut, Te-
kufat Chibbat Zion (hebr.; Buch des Zionismus, Die Epoche der Chibbat Zion),
ANNEXE XVI 451

Mai 1882

périodes les plus sombres du Moyen-âge n'ont pas connues, ne peuvent plus
être évitées quoi que l'on fasse. C'est comme un mauvais esprit qui hante
les grands peuples, qui les incite à assassiner, du moins à opprimer les Juifs.
Tous ceux qui ont succombé à ce mauvais esprit ont perdu toute pitié envers
nos frères, chose dont seul l'être humain est capable.
De qui les personnes persécutées attendent-elles maintenant de l'aide?
Qui doit les sauver, qui doit s'en occuper?
Frères! Il ne s'agit pas ici, il ne suffit pas ici de soutenir, non, il s'agit de
sacrifier, de sacrifier comme les grandes époques l'exigent. Ne vous conten-
tez pas de l'activité du Comité central de I' AIIiance2, de penser que vous
avez ainsi satisfait à votre devoir, mais érigez chacun dans votre maison,
chaque commune, en vous-même, un maître-autel de l'aide, car les temps
l'exigent. Le nombre de personnes ayant désormais besoin d'aide a telle-
ment augmenté, les chemins de leur fuite sont si différents qu'aujourd'hui,
nous ne sommes pratiquement plus en mesure d'avoir une vue d'ensemble
de cette monstrueuse calamité.
Mais nous remarquons en particulier deux directions et malheureuse-
ment, l'attention générale ne se focalise que sur une, à savoir /es émigrants
qui partent ou sont envoyés en Amérique. Bien qu'il y ait peut-être une rai-
son de préparer un lieu pour ces malheureux dans un pays libre, il s'est déjà
avéré que le plan n'est pas exécutable, même à ses débuts. Le Comité central
de Berlin informe déjà que seul un nombre limité, à savoir uniquement les
plus robustes et les plus vaillants pourront être transportés. Où les faibles,
les personnes âgées, les femmes vont-ils aller? Sauver les meilleurs est-il
suffisant? - Les faibles doivent-il être mis en pâture à la destruction? Le fait
que le sauveteur, dans l'urgence, n'ait pas une vue d'ensemble claire sur les
moyens d'aide est malheureux.
Ceci, chers frères, est une direction possible pour sauver Israël et qui (bi-
zarrement !) a attiré l'attention du Comité central de Berlin. Dans la confu-

2
«Alliance israélite universelle». Une institution juive pour la charité, l'éducation et la défense, dont le
siège se trouve à Paris; agit dans de nombreuses régions d'Europe, d'Asie et d'Afrique. Fondée par des
Juifs français en 1860. Des comités locaux de l'Alliance ont également été créés en Allemagne et réunis
en l 906 pour fonner la Conférence communautaire allemande de l' AIU. Lorsqu'en 1881 , des milliers de
Juifs ont fui en Galice à cause des pogroms russes, les représentants de I' AIU organisèrent à Brady l'exil
de ces fugitifs vers l'Amérique et ce avec 1•aide de <<l'Alliance israélite» de Vienne et du Comité central
aJlemand de l' AIU dont le siège se trouvait à Berlin. Ce document a trait à une conférence particulière
des représentants de l'Alliance venus de toute l'Europe de l'Ouest, qui se réunit à Berlin les 23 et 24 avril
l 882. Lors de cette s~ssion, l'Alliance a confirmé une nouvelle fois sa décision qu'il fallait piloter l'exil
des fugitif.s vers les Etats-Unis et non vers la Palestine. Pour les détails relatifs à la conférence de Berlin
cf. Schmue/ Jawneeli (éditeur), Sefer Haionut, Tekufat Chibbat Zfon (en hébr. : Buch des Zionismus, die
Epoche der Chibbat Zion ), vol. 1, 2° édition, Jérusalem 1961.
452 ARClllVES DU MONDIALISME

s
Central-Comites in Berlin zu erfreuen batte. In der Verwirrung des Un-
glücks grill man nach dem Strobbalm und lieB ein festes Tau unbeachtet.
Ein groBer, ja der groJte Theil der russischen Juden und alle rumanischen
baben ibren Blick auf ein anderes Ziel gericbtet, auf ein Ziel, das so natur-
gemaB ist, das so leuchtend vor uns A11en ist, daS es unsere triiben Augen
fast blenden konnte - es ist das heilige Land. Wer will es den Armen ver-
denken, daS sie, da die Nationen sie aussto&n, die tiglich gesprocbenen Ge-
bete für Entsdtlüsse balten und ihren flüchtigen Schritt dorthin wenden, wo-
hin ihr Herz sich so lange gesehnt bat, dorthin wo verheülen ist, daB den
Nachkommen Jakobs Frieden und Freiheit dereinst erblühen soll?
Und ist denn das Ziel so entfemt, ist der Weg dorthin so weit, sind die
Hindernisse so unüberwindliche, ist die AU$SÏcht dort eine solch trübe, dd
die Unglüddichen lieber unter russischen Horden umkommen sollen, ais dort-
hin zu ziehen? - oder sdwnt man sich, iu gestehen, daB man sicb im Leide
nacb Zijon wendet, sdiimt man sidi, die Hoffnung auszusprechen, daB es fiir
Juda eine Zukunft gibe, eine Zukunft, die ihm eine unbeneidete sichere Hei-
math bürgen soli? Wer dies nicht ausspredien wül., der ist des Namens Israel
nicht mehr würdig, der mag ibn aufgebenl
Obrigens tragen sidi diese Flüchtlinge nicht mit phanwtischen Zukunfts-
planen, sondern sie redmen mit der vollen Gegenwan. DaB sie dies thun,
dafür mogen folgende Belege dienen.
1. Die Regierung der hohen Pforte ist mit der Einwanderung einveman-
den, da Palastina nur sehr schwacb bevéSlkcrt ist; sie gerihrt sogar den C:Olo-
nisten besondere Privilegien._
2. Das Land ist nicl,t, wie parteiische Reisende schrieben, unfruditbar, son-
dern ein vom Herrn gesegnetes, dem nur die Cultur fehlt, ja, es ist fruchtba-
rer als die besten Linder Amerika's.
3. Die Colonisten sind don keinem gefahrlichen Klima oder r-aubenden
Indianern ausgesetzt.
4. Die. Kosten der Emigration nach Palastina sind so gering, daB für die
R.eisekosten einer Famille nach Amerika dieselbe im heiligen Lande unterge-
bradit, mit Haus, Feld, Gerith und Vieh versehen werden kaon.
5. Die Colooisten würden dort nicht zerstreut über tausend Meilen weite
Territorien angesiedelt werden, sondern sie werden didit an einander wobnen
und sich gegen aile Unbill der Verhiltnisse leicht selbst schützen k8nnen.
6. Sie sind dort der Civilisation nicht so weit entrückt, wie in Florida oder
Texas oder C:Olorado, ·und der nachkommende Strom der Einwanderer würde
die Lebensfihigkeit der Colonieen nur von Jahr zu Jahr stirken.
7. & siod in den letzten Monaten schon einige Hundert Familien aus Ru-
manien und RuBland. in Palütina und Syrien eingewandert und g~ gut
untergekommen. •
1
Ein Hinweis auf die russisdien, poln.ischen und rumini.scbtn Einwanderer, die
Risdion Lezion und Sidiron Jaakob grilndeten.
ANNEXE XVI 453

Vers la Terre sainte - pas tout de suite vers l 1Amérique

sion créée par le malheur, on a attrapé la paille sans voir la corde solide.
Une grande, voire la plus grande partie des Juifs russes et tous les Juifs
roumains ont tourné leur regard vers une autre destination, Qne destination
qui était si naturelle, si étincelante pour nous tous qu'elle pourrait presque
éblouir nos yeux troubles - c 1est la Terre sainte. Qui veut reprocher aux
pauvres, puisque les nations les rejettent, de faire des prières tous les jours
pour obtenir des décisions et de fuir à l'endroit auquel aspire leur coeur
depuis si longtemps, là où il est promis que les descendants de Jacob connaî-
tront la paix et la liberté?
Et la destination est-elle si éloignée, le chemin pour y aller si long, les
obstacles si insurmontables, les perspectives là-bas si sombres que les mal-
heureux préfèrent mourir sous les coups de hordes russes, que d'y partir? Ou
bien a-t-on honte d'avouer que, dans le malheur, on se tourne vers Sion, a-
t-on honte d'exprimer l'espoir qu'il y aurait un avenir pour Judas, un avenir
qui doit lui garantir une patrie sûre et non enviée? Ceux qui ne veulent pas
l'exprimer ne sont plus dignes du nom d'Israël, ils doivent l'abandonner!
Du reste, ces fugitifs n'ont pas de plans d'avenir fantastiques, mais ils
comptententièrementsur le présent. Voici les preuves qui montrentqu' ils le font.
1. Le gouvernement de la Sublime Porte est d'accord avec l'immigration
car la Palestine est très peu peuplée; il accorde même aux colons des privi-
lèges particuliers.
2. La terre n'est pas stérile, comme des voyageurs partisans l'écrivent,
mais une terre bénie par le Seigneur à qui il manque seulement d'être culti-
vée, oui, elle est plus fertile que les meilleures terres d'Amérique.
3. Les colons n'y sont pas exposés à un climat dangereux ou à des In-
diens voleurs.
4. Le coût de l'émigration vers la Palestine est si faible que pour le
prix du voyage d'une famille pour l'Amérique, elle peut être logée en Terre
sainte avec maison, champ, machines et bétail.
5. Les colons n'y seraient pas dispersés sur des territoires de milliers de
kilomètres, mais ils vivront tout près les uns des autres et pourront se proté-
ger facilement mutuellement en cas de déboires.
6. Ils ne sont pas si éloignés de la civilisation comme en Floride ou au
Texas ou au Colorado, et le flux suivant d'immigrants ne ferait que renforcer
la viabilité des colonies d'année en année.
7. Quelques centaines de familles, en provenance de Roumanie et de
Russie, ont déjà immigré en Palestine et en Syrie au cours des derniers mois
et se sont très bien intégrées3•
3
Une remarque sur les immigrants russes, polonais et roumains qui ont fondé Rischon Lezion et Sichron
Jaakob.
454 ARCIDVES DU MONDIALISME

6 Mai 1882

Dergleidien Beweise lieBen sidi noch eine Menge anführen, aber die obigen
dürften genügen.
Warum sollen nun diejenigen Unglücklidien,die jedenfalls nadi einer hohe-
ren, heiligen Herzensriditung ihren flüchtenden FuB lenken und die sogar
praktischer handeln, ais es im Besdilusse des Berliner Central-Comites liegt,
warum sollen die, die in der Mehrzahl sind - nicht unsere Sympathieen und
unsere Unterstützung finden, warum sollen sie gegen ihren Willen nach Ame-
rika geschickt werden?
Aus den angegebenen Gründen haben sich aucb in Rumanien, in RuBland,
in Wien und im heiligen Lande selbst Comites und Vereine gebildet, welche
für die Colonisirung Palastinas wirken, und, dem Herm sei Dank, sie fin-
den tausende sympathische Herzen. Ein solcher V erein ist audi der in Kano-
witz 0.-S. 4 gegründete Verein ":l":l 6• Derselbe steht mit allen jenen Verei-
nen in engster Beziehung, die sich der heiligen Sache widmen. Dieser Verein
will nicht der Alliance entgegenarbeiten, denn es konnen auch nicht aile Ver-
triebenen ins heilige Land auswandern, aber er macht es sich zur Aufgabe, die
hochheilige, nationale Idee zu fordem.
Er will sein ein Hodialtar der Zule11nfl unseres Volkes!
Die beifolgenden Statuten, Kassen- und Geschaftsordnungen ennoglichen
es, in jedem Orte sofort den Bau eines gleichen Altars zu beginnen.
Wer ein Herz noch hat für das Judenthum, für die Zukunft Israels, lege
Hand an! Der Herr wolle, daB sich unter Israel selbst keine Storer dieses
Baues nnden !
Jeder Israelit erfülle seine Pflic:ht.
Anmeldungen, sowie Geldsendungen für den Verein wolle ~n vorlaufig
riditen an den unterzeichneten Vorstand z. H. des Vorsitzenden Moritz
Moses in Kattowitz O.·S.
Kattowitz, im Mai 1882.
Dt, Vo,stanJ
M. Moses• S. Fre11thal 1 Albert Goldstein
Vorsitzender Sdu-iftführer Rendant 8
Josef Schmidt Phil. Kaminn
Beisitzer Beisitzer
-----
• Oberschlesien. 1 Hebriische lnitialen von .Bnei Brith•.
• Moritz Moses (18-48-1903). Von Jugend an von Begeisterung für Zion und die
Besiedlung des Heiligen Landes bueelt, erfiillte er verschiedene wichtige Aufgaben
in der Chowewe Zion- und der zionistischen Bewegung. Er nahm am ersten Zioni-
stenkongreil teil und gründete eine zionistische Onsgruppe in Kattowitz.
1
Selig Freuthal (18-41-1922). Hatte einige Zeit in den Vereinigten Staaten gelebt
und dort die Erfahrung gcmacht, dail Juden nicht immer gut behandelt wurden; dies
mag der Grund fiir seine Rückkehr nac:h Deutsdùand gewesen sein. Er lemte in Ame-
rika die .Bnei Brith•-Logen kennen und war vielleicht sogar ein Mitglied dieser
Organisation. So kann auch die Wahl des Namens des Kanowitzer Vereins erk.lan
werden.
ANNEXE XVI 455

Mai 1882

On pourrait encore citer toute une série de preuves de ce genre, mais


celles mentionnées ci-dessus devraient suffire.
Pourquoi les malheureux qui, dans tous les cas, fuient vers une destina-
tion du coeur, supérieure et sainte, et agissent même de façon plus pratique
que ce qui est mentionné dans la résolution du Comité central de Berlin,
pourquoi ceux qui sont en majorité ne bénéficient-ils pas de notre sympathie
et de notre soutien, pourquoi doivent-ils être envoyés contre leur volonté en
Amérique?
Des comités et des associations se sont formés, pour les raisons indi-
quées, également en Roumanie, en Russie, à Vienne et en Terre sainte, ils
agissent pour la colonisation de la Palestine, et le Seigneur soit remercié, ils
trouvent des milliers de coeurs sympathisants. Une telle association est aussi
celle créée à Kattowitz 0.-S. 4 "J"J 5 • Cette association est en relation étroite
avec toutes celles qui se consacrent à la chose sainte. Cette association ne
veut pas travailler contre l'Alliance car les expulsés ne peuvent pas tous
émigrer vers la Terre sainte, et elle se donne pour mission de promouvoir la
sacro-sainte idée nationale.
Elle veut son maître-hôtel du futur de notre peuple !
Les statuts, le règlement comptable et intérieur joints en annexe per-
mettent de commencer immédiatement la construction d'un autel identique
partout.
Ceux qui ont encore un coeur pour le judaïsme, pour l'avenir d'Israël,
qu'ils mettent la main à la pâte! Le seigneur veut que sous Israël lui-même
personne ne puisse perturber cette construction !
Que chaque israélite remplisse son devoir.
Les inscriptions ainsi que les envois d'argent destinés à l'association
sont à adresser, provisoirement, au soussigné, z. H. des Vorsitzenden Moritz
Moses à Kattovitz 0.-S.
Kattovitz, mai 1882.
La direction
6
M Moses S. Freuthal' Albert Goldstein
Président Greffier Rendant 8
Josef Schmidt Phil. Kaminer
Assesseur Assesseur
4
Haute-Silésie.
5 Initiales hébraïques de« Bnei Brith >>.
6
Moritz Moses ( 1848-1903). Se passionne dès son plus jeune âge pour Sion et la colonisation de la Terre
sainte, il a occupé d.es fonctions importantes dans le Mouvement de Sion et sioniste « Chowewe ». Il a
participé au premier congrès sioniste et a fondé le premier groupe local sioniste à Kattowitz.
7 Selig Freuthal (1841-1922). A vécu quelque temps aux États-Unis où il a fait l'expérience que les Juifs

n'ont pas toujours été bien traités ; ceci est certainement la raison de son retour en Allemagne. Il a décou-
vert les loges « Bnei Brith » en Amérique et a même été peut-être un membre de cette organisation. Ceci
peut également expliquer le choix du nom de l'association de K.attowitz.
8
Comptable, caissier.
ANNEXE XVII

Association « Esra »(1884)


pour financer
la colonisation juive en Palestine
458 ARCHIVES DU MONDIALISME

Statut und Au/ru/ des Venins ,,Esra", Sammelbüd,se für Palastina 7

[2]
STATUT UND AUPllUP DES VEllEINS ,.EsllA., SAMMELBÜCHSE FÜR. p ALASTINA
0
[JANUAR-MXRZ 1884]

Statut
des Vereins
,.ESRA•

I.
Zwede des Vereins
§ 1. Der Verein bat den Zweck, die jüdischen Kolonieen in Palastina zu
unterstützen, sowie den Missionsbestrebungen daselbst entgegenzuwirken.

II.
N ame und Sitz des V ereins
§ 2. Der Verein fübn den Namen .Esra• 1 und bat seinen Hauptsitz in
Berlin. Der Verein erstreckt sich auf sammtlicbe von Juden bewohnte Thelle
der Erde.

• Der Verein .Esra• ist im Frilbjahr 1884 ins Leben gerufen worden. Ober die
GrUndung des Vereins brachte die Zeiuchrift .Esta, Sammelbüchse für Palastina•
vom 24. Mârz 1884 folgende Darstellung:
.Am Scblu,se des vorgehenden Jahres traten mehrere Herren in Berlin zur Grün-
dung eines Vereins zusammen, welcher die Kenntnis jüdischer Geschichte und Lite-
ratur unter den Juden zu verbreiten bezweckte. Es wurde eine Anzahl vorbereiten-
det Versammlungen abgehalten, an denen sich viele jugendkriftige Mânner und
Jünglinge beteiligten. Bei ihren oftmaligen Zusammenkünften hatten sie sicb für
das Sdücb.al des jildischen Volkes begeisten und das lnteresse für die leidenden
Brüder war ein gro6es geworden. Ganz besonders erweckten jene Juden das Mit.1e-
fühl, welche, um barbarischen Verfolgungen zu entgehen, ihre Wohnsitze verlassen
hatten und nach dem Lande ausgewandert waren, aus welchem unsere Vorfahren.
nach heldenmütigen, blutigen Kimpfen vor fast 2000 Jahren von einem übermach-
tigen Feinde vertrieben worden waren. Sie wollten den beiligen Boden ihrer Vater
kultivieren und sich im Schwei1le ihres Angesidits ais Ackerbauer ernahren. Für diese
Mârtyrer wurde in Ru6land viel getan, wihrend man in Deutschland allzusehr auf
die ablehnenden Worte der klugen Zweifler hortc, eigentlich sogar für jene Bestre-
bungen gar keinen Sinn offenbarte und kaum ahnte, da.6 für diese Idee audi bei uns
ein Boden vorhanden sei. Aus jenem Kreise bescblossen dann sieben Minner, einen
gro6en, sich über ganz Deutschland erstreckenden Verein zu gründen, dessen Mit-
glieder für die armen, bedrangten Kolonisten Gelder sammeln sollten. Diese Grund~
steinlegung des Vereins Esra fand am 26. Januar 1884 statt. Die Stifter waren die
Herren Behrmann, J. Cohn, Dr. [H.] Hirsdifeld, [Max] K.arfunkel, [H.] Nor-
witzky, [Isaak] Turoff und Weinreich.• Vgl. Festschrift zum fünfundzwanzigjah-
rigen Jubilaum des ,,Esra .. , 1909, o. O., S. 2 und Die jüdische Presse, Nr. 15-16,
9. April 1884, S. 160. Siehe. ferner Jeh.uda Reinharz, The Esra Verein and Jewish
Colonisation in Palestine, in: Year Book XXIV of the Leo Baeck Institute, Lon.don
1979.
1
Der ursprüngliche ansprudislose Name der Organisation war ,.Esra, Sammel-
0in Jehuda Reinharz, Dokumente zur Geschichte des deutschen Zionismus, 1882-1933, Tübingen, J. C.B
Mohr, 1981, pp. 7-9.
ANNEXEXVIl 459

Statuts et devise de l'association «Esra », tirelire pour la Palestine

[2]
STATUTS ET DEVISE DE L'ASSOCIATION « ESRA», TIRELIRE POUR LA PALES-
TINE [JANVIER-MARS 1884]

Statuts
de l'association
«ESRA»

I.
Objet de l'association
§ 1. L'association a pour but de soutenir les colonies juives en Palestine
et de contrecarrer, dans cette région, les velléités missionnaires.

Il.
Nom et siège de l'association
§ 2. L'association porte le nom« Esra 1 » et son siège se trouve à Berlin.
L'association s'étend à toutes les régions de la terre habitées par des Juifs.

• L'association « Esra » a vu le jour au printemps 1884. La revue Esra, Sammelbüchse fiir Palastina du
24 mars 1884 a présenté la création de l'association comme ci-dessous:
«À la fin de l'année dernière, plusieurs hommes se sont réunis à Berlin pour créer une association dont
le but était de diffuser la connaissance de l'histoire et dè la littérature juives parmi les Juifs. Des réunions
préparatoires ont eu lieu auxquelles de nombreux hommes dans la force de l'âge et jeunes hommes ont
participé. Lors de leurs rencontres fréquentes, ils s'enthousiasmaient pour le destin du peuple juif et
l'intérêt pour les frères en souffrance grandissait. Ce sont tout particulièrement les Juifs qui, pour échap-
per aux persécutions barbares, avaient quitté leurs domiciles et le pays duquel nos ancêtres avaient été
chassés par un ennemi supérieur après des combats héroîques et sanglants il y a presque 2000 ans, qui ont
éveillé la pitié. Ils voulaient cultiver la Terre sainte de leurs pères et se nourrir à la sueur de leur front en
tant que paysans. Beaucoup de choses ont été faites en Russie pour ces martyrs a.lors qu'en Allemagne,
on entendait trop de mots de refus des sceptiques intelligents, voire on ne montrait aucun intérêt pour de
tels efforts et qu'on ne se doutait pratiquement pas que chez nous aussi il y avait ~n terreau fertile pour
cette idée. Sept hommes de ce groupe décidèrent ensuite de créer une grande association s'étendant à
toute l'Allemagne, dont les membres devaient collecter des fonds pour les pauvres colons expulsés. La
première pierre de l'association Esra a été posée le 26 janvier 1884. Les fondateurs étaient Messieurs
Behrmann, J. Cohn, Dr. [H.] Hirschfeld, [Max] Karfunkel, [H .] Norwitzky, [Isaak] Turoff et Weinreicb ».
Cf. Hommage pour le vingt~cinquième anniversaire de l'association «Esra», 1909, sans indication du
lieu, p. 2 et Die jUdische Presse, n° 15-16, 9 avril 1884, p. 160. Cf. également Jehuda Reinharz, The
Esra Verein and Jewish Colon.isation in Palestine, dans : Year Book XXIV of the Leo Baeck lnstitute,
Londres 1979.
1
Le nom d'origine sans prétention de l'institution était «Esra, tirelire pour la Palestine». Pour souligner
la relation étroite avec les groupes sionistes russes Chowewe, le nom a été changé, au milieu des années
90 du siècle dernier, en<< Esra, Association pour le soutien de Juifs agriculteurs en Palestine et en Syrie».
460 ARClilVES DU MONDIALISME

8 //aml4r-Miirz 1884}

[Verein ,.Esra•]
Aufrufl
VergaBe ich dein, J erusalem,
Moge die Rechte mir schwinden!
(Psalm 137).

Palastina, das von allen gesitteten Vôlkem der Erde heilig gesprochene
Land unserer Vater, bat auf deren im Exil lebende Sohne von jeher eine
machtige Anziehungskraft geübt. Wie einst unsere Ahnen, von Sehnsucht nach
Zion erfaSt, an den Bachen Babylons heüle Thranen vergossen und bei der
ersten sich darbietenden Gelegenheit zum Wanderstabe grüfen und ihre alte
Heimath wieder aufsuchten, so wanderten auch von jeher Tausende von Ju-
den nach dem Lande ihrer Vater zurück, f est entschlossen, allen Widerwartig-
keiten zum Trotte, sich da dauernd anzusiedeln. Es batte, bei der schon
Jahrhunderte lang dauernden Auswanderung, diese Sehnsucht nach Palastina
vielleicht ganz Israel zum Heil gereidien konnen, waren die zahllosen Emi-
granten nur im Stande gewesen, am Ziele ihrer Sehnsudit angelangt, sich, wie
cinst ihre aus dem Babylonisdten Exil zurückgekehrten Vater, im heiligen
Lande mit Ackerbau zu beschaftigen; leider aber bat Israel dadurch, dd es
fünfaehn J abrhunderte hindurch auf den Ackerbau batte unfreiwillig ver-
zichten müssen, dieaes einstige Handwerk seiner Viter nadi und nach ganz
verlernt, und die neuen Ankommlinge in Palastini, welche weder Kraft nocb
Lust, weder die Kenntnisse nodt die zum Ackerbau nothigen Mittel besaBen,
waren einzig auf die Mildthatigkeit ihrer Brüder im Abendlande angev(iesen.
So gro6anig jedodt auch der bekannte jüdiscbe Wohlthâtigkeitssinn sich
gerade Paliltina gegenüber stets geauSert bat, und so reichlich die Spenden
dahin seit undenklicher Zeit auch flossen, sie reichten doch bei weitem nicht
aus, unsere dort zahlreich ansissigen, zum unfreiwilligen MüBiggang verur-
theilten Brüder auch nur nothdürftig zu emahren, und Armuth, Noth und
K.rankheit wütben von jeher unter den Juden Palastinas, zur groPen Freudt
der Mission, die ,mter unsnen hungernden Glaubensgenossen ihre N etze aus-
wirfl und im h.eiligtn Lande einen unerhôrten Seelenschachtr treibt. 2
In Anbetracht dessen, daB der bisherige. Unterstützungsmodus ein planloses
Vergeuden von Geld und Kraften war und nur dazu geführt bat, daS die
Mission das heilige Land ais ergiebiges Jagdrevier u.nd seine halbverhunger-
ten jüdischen Bewohner ais ihre Beute ansieht; in Anbetracht dessen, dal1 das
bü.chse Hir Palistina•. Um die enge Verbindung mit den russischen Chowewe Zion-
Gruppen zu betonen, wurde der Name Mitte der 90er Jahre des vorigen Jahrbun-
derts in .Esra, Verein zur UntentUtzung acke.rba\Jtreibender Juden in Palastina
und Syrien• umgewandelt.
1 Der K.ampf gegen die Tatigkeit der Mission unter den palastinensischen Juden
wurde in den ersten Jahren des .Esra• betont, um die einmiltige Unterstützung
der deutschen Judenheit sicberzustellen, die dann bereitwilliger für den Verein spen-
den wilrde. Diese Tiitigkeit war jedocb nie der Hauptzweck des Vereins.
ANNEXEXVIl 461

[Janvier-mars 1884}
[Association « Esra »]
Hommage!
Si je t'oublie, Jérusalem,
que ma main droite m'oublie !
(Psaume 13 7).
La Palestine, le pays de nos pères qualifié de saint par tous les peuples
civilisés de la terre, a exercé depuis toujours une puissante force d'attraction
pour ses fils vivant en exil. Comme autrefois nos ancêtres, tenaillés par la
nostalgie de Sion·, ayant pleuré à chaudes larmes près des ruisseaux de Baby-
lone et pris le bâton de marche à la première occasion qui se présentait et
allaient revoir leur ancienne patrie, des milliers de Juifs ont marché depuis
toujours pour retourner au pays de leurs pères, bien déterminés à s'y im-
planter durablement en bravant tous les obstacles. En ce qui concerne cette
expatriation qui dure déjà depuis des siècles, cette nostalgie de la Palestine
aurait pu peut-être suffire pour le salut de tout Israël, si les innombrables
émigrants avaient été en mesure, arrivés à la destination objet de leur nos-
talgie, de s'occuper d'agriculture en Terre sainte comme, autrefois, leurs
pères revenus de l'exil babylonien : mais, malheureusement, Israël, ayant
dû renoncer, sans le vouloir, pendant quinze siècles, à cultiver la terre, a
totalement oublié petit à petit cet ancien savoir-faire de ses pères, et les
nouveaux arrivants en Palestine, qui n'avaient ni la force ni l'envie, ni les
connaissances ni les moyens nécessaires pour cultiver les sols, en étaient
uniquement réduits à accepter l'aumône de leurs frères occidentaux.
Cependant, aussi formidable que fut toujours le sens de la charité bien
connu des Juifs vis-à-vis justement de la Palestine et aussi abondants que
furent les dons depuis la nuit des temps, ils ne suffirent pas, et de loin,
pour nourrir, ne serait-ce que sommairement, nos nombreux frères établis et
condamnés à l'oisiveté involontaire, et la pauvreté, la misère et la maladie
sévissent depuis toujours parmi les Juifs de Palestine, pour la grande joie de
la mission qui tend ses filets parmi nos frères de foi affamés et procède à un
marchandage des âmes scandaleux en Terre sainte2.
Eu égard au fait que le soutien appliqué jusqu'ici était un gaspillage
d'argent et de temps non méthodique et a seulement entraîné le fait que
la mission considère la Terre sainte comme un terrain de chasse généreux
, et ses habitants juifs à moitié morts de faim comme son butin; eu égard
2 La lutte contre 1•activité de la mission panni les Juifs palestiniens a été marquée au cours des p.remières
années d•existence de t•association « Esra» afin d•assurer le $Outien unanime de la judéité allemande
qui ferait alors volontiers des dons pour Passociation. Cette activité n'a cependant jamais été l'objet
principal de l'association.
462 ARCIDVES DU MONDIALISME

Statut und Au/ru/ des Vereins .Esra•, Sammelbilchse für Palastina <
,1

Ackerbauhandwerk in Palastina einen goldenen Boden bat und gegenwarti@


tiberhaupt die ei,nzige zuverlassige Erwerbsquelle ist; in der Oberzeugunf
endlich, dd man bei planmaBigem, rationellem Verfahren für die zur Ar·
menunterstützung verausgabten Millionen unschwer in Palastina Land an•
kaufen und dasselbe systematisdi mit jungen arbeitstüditigen und arbeits•
lustigen jüdischen Ackerbauem bevolkem kann, haben sich in RuBland une
Rumanien zahlreiche Vereine gebildet, die wahrend ihrer dreijahrigen Exi•
itenz im Ganzen acht [sic!] Kolonien (Mikwo-Israel, Rischon-Lezion, Rosch-
Pina, Jesssod-Hamalo, Samarin, Ekron und Gadra) mit ca. 2000 Seelen ge-
~ndet haben!
Sollen wir deutscbe Juden diesen refonnatorischen Bestrebungen von unge-
ahnter Tragweite ganz fern bleiben? Unsere stets verfolgten und bedrüdtten:
verarmten und verhungerten Glaubensgenossen in RuBland finden nod:
MuBe zu neuen groBartigen Schopfungen. Sollen wir deutsche J uden, dit
LUtter einer gerechten, unparteiischen Regierung den vollen Schutz der Ge-
setze genieBen, dabei den müBigen Zuschauer abgeben? Sollen uns die russi-
scben Juden beschamen, uns, die wir seit den Tagen Mendelssohns die geistigt
Führerschaft des gesammten Judenthums übernommen haben?
Das unterzeidmete Central-Comité, welches die Unterstützung der jüdi•
Khen Adcerbaukolonien in Palastina, sowie die Bekampfung der Missionsbe-
strebungen daselbst auf seine Fahne geschrieben hat, wendet sich an Euch, Ilu
Manner und Frauen im Judenthum, in deren Herzen ein echt jüdisches, fü1
das Wohl ihrer Glaubensgenossen warm scblagendes Herz noch podit, mit dei
Bitte, Uberall den Local-Comités beizutreten, welche in Verbindung mit dem
Central-Comit~ in Berlin das erhabene Ziel zu erreichen suchen, und Nie-
mand, dessen Herz an der groBen Vergangenheit seines Volkes hangt, wir~
iich unserer Bitte nicht [sic!] entziehen und zur Erreichung unseres Zieles d.u
ieinige beizutragen sich weigem.
Der Jahres-Beitrag ist auf eine Mark normiert worden. 1D,0,, '1'0l0n,
1c,0tt1n te l5. Mitgliederlisten, und Rechenschaftsberichte sollen mindestens

einmal jahrlich erscheinen, und hoffen wir, daB eine recht zahlreiche Betheili-
~ng den Satz von Neuem bekraftigen wird:
'Ion O'l0n, ,l!l o,l0n, ~M,tU'

Das Central-Comité des Vereins .Esra•.

a ,.Und wer über das hinaus gibt, dem wird es Gott ersetzen•, Traktat Beza, 16a,
' ,.Oie Juden sind von Nanar aus barmherzig•, nach Traktat Jabmut, 79 a.
ANNEXE XVII 463

Statuts et devise de ! 'association «Esra ·», tirelire pour la Palestine

au fait que l'activité d'agriculteur en Palestine dispose d'une terre en or


et, actuellement, est la seule source de revenus fiable ; avec la conviction,
enfin, qu'il est possible d'acheter facilement de la terre en Palestine avec
une méthode budgétisée et rationnelle pour les millions dépensés pour le
soutien des pauvres et qu'elle peut être peuplée systématiquement avec de
jeunes agriculteurs juifs vaillants qui aiment travailler, de nombreuses asso-
ciations ont été créées en Russie et en Roumanie, pendant les trente années
de leur existence, elles ont fondé au total huit [sic!] colonies (Mikwo-lsrael,
Rischon-Lezion, Rosch-Pina, Jessod-Hamalo, Samarin, Ekron et Gadra)
comptant env. 2000 âmes !
Devons-nous tenir les Juifs allemands loin de ces efforts réformateurs
d'une portée insoupçonnée? Nos frères de foi toujours persécutés et oppri-
més, pauvres et affamés en Russie trouvent encore le temps d'élaborer des
nouvelles et formidables créations. Devons-nous, nous les Juifs allemands,
qui jouissons d'une protection totale des lois sous un gouvernement juste
et impartial, rester des spectateurs oisifs? Les Juifs russes doivent-ils nous
faire honte, nous qui avons repris la direction morale de tout le judaïsme
depuis les journées de Mendelssohn?
Le Comité central signataire, qui a écrit, sur son drapeau, le soutien des
colonies d'agriculteurs juifs en Palestine, ainsi que la lutte contre les velléi-
tés de la mission dans ce pays, s'adresse à vous, hommes et femmes juifs,
dont le coeur authentiquement juif bat encore pour le bien de leurs frères de
foi, et vous demande d'adhérer partout aux comités locaux qui cherchent à
atteindre le sublime objectif, en lien avec le Comité central de Berlin, et per-
sonne, dont le coeur est attaché au passé grandiose de son peuple, ne pourra
échapper à notre demande [sic !] et refuser de faire sa part pour que notre
objectif soit atteint.
La contribution annuelle est fixée à un mark. n,,a,., ,,..a,~:,,
3 0.,~un, ,~

,,. Les listes de membres et les rapports d'activité doivent paraître au moins
une fois par an et nous espérons qu'une participation nombreuse renforcera
de nouveau la phrase :

Le Comité central de l'association «Esra »

3 « Et quiconque donne plus, Dieu le lui rendra», Traktat Beza, l 6a.


4
« Par nature, les Juifs sont miséricordieux», Traktat Jabmut, 79 a.
ANNEXE XVIII

Appel à tous les Juifs allemands


à soutenir leur pays (août 1914)
I
466 ARCIDVES DU MONDIALISME

[69]
DEil Z10NISMUS UND DER ER.STE WELTnUEGa
7. AUGUST 1914

Jüdisd,t Rundsd,au

XIX. Jg., Nr. 32, 7. A,ugust 1914, S. 343-344

Ftinde ringsuml

Wir Juden, wir Zionisten, die wir in den Zeiten des Friedens uns scbeuten,
mit Patriotismus zu prunken, die wir allen Nacbdruck auf unser Judentum
legten, das der Betonung mehr bedurfte ais unsere selbstverstandlicbe Treue
Der Zionismus und der erste Weltlerieg 147

zum deutschen Vaterlande, wir werden heute ais deutsche Bürger freudig
alle Forderungen an Hab und Gut, an Leben und Blut erfüllen. Es bedarf
sid:ierlich nicht erst unseres Aufrufes an unsere jungen Gesinnungsfreunde, in
die Reihen der Kampfer zu treten. Allt unsere jungen Hasmonier und
V.J.St.er, alle Bar-Kochbaner und Makkabaer stehen bereits in den Reihen
der Kriegsfreiwilligen. Nicht mit larmendem Geschrei und nicht mit leeren
Demonstrationen, sondern in ernster Lebensauffassung und ruhiger Ent-
schlossenheit greifen wir mit Alldeutschland zu den Waffen, um für das Va-
terland zu tun, was jeder an seiner Stelle vermag. Wir deutschen Juden ken-
nen trotz aller Anfeindungen in den Zeiten des Friedens heute keinen Unter-
sdiied gegenüber andem Deutschen. Brüderlich stehen wir mit allen im
Kampfe zusammen.
Wir wissen aber audt, da6 der Sieg des Moskowitertums jüdische und
zionistische Hoffnungen und Arbeit vemichtet. Wir wissen, daB unser Inter-
esse wie im Frieden so noch mehr jetzt in dem wilden Weltkriege ausschlieB-
lich au/ deutscher Seite liegt. Denn auf deutscher Seite ist Fortschritt, Frei-
htit und Kultur. Uns gegenüber stehen harteste Tyrannei, blutigste Grausam-
keit und finsterste Reaktion.

Ais Juden haben wir mit den Barbaren des Ostens noch eine besondere
Redmung zu begleicben. Das Blut der Juden, ihrer Martyrer und Glaubens•
helden, dampft seit Jahrhundenen vom russiscben Boden zum Himmel em-
por. Unmittelbar vor dem freventlich von Ru6land ange'Lündeten und von
England angezettelten Weltbrande wurden vierzigtausend Juden aus Kiew
widerrechtlich ausgewiesen. Was würde unsern Frauen und Kindern für ein
Los werden, wenn der Russe siegen sollte.
Wenn wir ais Bürger unseres Vaterlandes kampfen, so leuchtet uns die
Tapferkeit un_serer Ahnen, der Todesmut der Makkabaer, der Riesenkampf
0
in Jehuda Reinharz, Dokumente zur Geschichte des deutschen Zionismus, 1882-1933, Tübingen, J. C.B
Mohr, 1981 , pp. 146-l47.
ANNEXEXVIll 467

[69]
LE SIONISME ET LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE
7 AOUT 1914

Jüdische Rundschau

x1xe année, n° 32, 7 août 1914, pp. 343-344

Des ennemis tout autour!

Nous les Juifs, les sionistes qui avons peur, dans les périodes de paix,
faisons étalage de patriotisme, qui insistions sur notre judaïsme nécessitant
d'être davantage souligné que notre fidélité naturelle à la patrie allemande,
Le sionisme et la Première Guerre mondiale

nous allons aujourd'hui, en tant que citoyens allemands, remplir avec joie
toutes les exigences concernant les biens, la vie, et le sang. Il n'est certaine-
ment pas nécessaire de faire appel à nos jeunes frères de foi pour rejoindre
les rangs des combattants. Tous nos jeunes Hasmonéens et l'Union des étu-
diants juifs, tous les adeptes de Bar-Kohba et les Maccabées comptent déjà
au nombre des volontaires. Ce n'est pas en criant bruyamment et avec des
démonstrations vides, mais en prenant la vie au sérieux et avec une détermi-
nation calme que nous prenons les armes avec toute l'Allemagne pour faire,
pour la patrie, ce que chacun est capable de faire. Nous, les Juifs allemands,
malgré toutes les attaques subies en temps de paix, ne connaissons pas au-
jourd'hui de différences par rapport à d'autres Allemands. Nous combattons
aux côtés de tous nos frères.
Mais nous savons aussi que la victoire des Moscovites détruit les espoirs
et le travail des Juifs et des sionistes. Nous savons que notre intérêt en temps
de paix, et d'autant plus maintenant pendant cette guerre mondiale sauvage,
se trouve exclusivement du côté allemand. Car, côté allemand, il y a le pro-
grès, la liberté et la culture. Face à nous il y a une tyrannie des plus dures
une cruauté des plus sanguinaires et une réaction des plus sombres.

En tant que Juifs, nous avons encore des comptes à régler avec les bar-
bares de l'Est. Le sang des Juifs, de leurs martyrs et héros de la foi fume
depuis des siècles sur le sol russe et monte vers le ciel. Avant l'incendie
mondial allumé de façon vile par la Russie et manigancé par l'Angleterre, ce
sont quarante mille Juifs qui ont été expulsés de Kiev illégalement. Qu' ad-
viendrait-il de nos femmes et enfants si le Russe devait vaincre.
Si nous nous battons en tant que èitoyens de notre patrie, le courage de
nos ancêtres, la bravoure des Maccabées, la bagarre gigantesque d'un Bar-
468 ARCHIVES DU MONDIALISME

eines Bar-Kocbba und der Heldentod Hunderttausender unseres Volkes in


allen Zeiten ais glorreiches Beispiel voran ! Wir werden siegen. Wir baben
das Venrauen zu dem deutschen Kaiser, daB er uns ricbtig führt! Wir haben
das Vertrauen zum deutschen Volke, daB es bis zum letzten Atemzuge kamp-
fen wird, und wir haben das unerschütterliche Vertrauen zu der gottlichen
Gerechtigkeit, daB sie unseren ehrlichen Waifen den Sieg verleihen wird. Wer
von uns am Leben bleibt, wird nach dem Kriege und nach dem Siege die Ar-
beit für unsere ldeale mit verdoppelter Krafl: fortführen!

Heinrich Loeœe
ANNEXEXVIll 469

Kohba et la mort héroïque de centaines de milliers de personnes de notre


peuple à toutes les époques, nous donne un exemple glorieux et clair! Nous
allons vaincre. Nous avons confiance dans l'empereur allemand, il va nous
conduire comme il le faut! Nous faisons confiance au peuple allemand, il
va se battre jusqu'à son dernier souffle et nous avons une confiance inébran-
lable dans la justice divine qui va donner la victoire à nos armes sincères.
Ceux qui, parmi nous, restent en vie, poursuivront après la guerre et la vic-
toire, le travail pour nos idéaux avec une force redoublée !

Heinrich Loewe
ANNEXE XIX

Trois documents concernant


l'implantation juive en Palestine
en accord avec les gouvernements
allemand et ottoman au début
de l'année 1918
472 ARClilVES DU MONDIALISME

(101)
POSITIVE STELLUNGNAHME DER TüRKEI
ZUll JÜDISCHEN ANSIEDLUNG IN pALASTINA
2. JANUAR 1918 °
CZA, A 142/34
Berlin W.15, den 2. Januar 1918
Sachsischestr. 8

Seiner Excellenz
dem Herm Staatssekretar des Auswanigen Amts
Berlin

Eurer Excel lenz


beehre ich micb namens der Zionistischen Organisation unserer Genugtuung
darüber Ausdruck zu geben, daB Seine Hoheit der GroBvezir Talaat Pascha
gelegentlich des durch Seine Excellenz den Herm Botschafter Grafen Bems-
torff herbeigeführten Empfanges des Herm Dr. Julius Becker Erklarungen
über die Haltung der türkischen Regierung zum Zionismus abgegeben hat,
in denen wir eine wesentliche Berücksichtigung unserer Wü·nsche erblicken. 1
Die in den Erklarungen Seiner Hoheit des GroBvezirs enthaltene Feststel-
lung der Loyalitat der Zionisten gegen-ilber dem tiirkischen Reidi hat uns mit
groBer Befriedigung erfüllt. Wir ha ben nie daran gezweifelt, daB die Auf-
ridttigkeit unserer Bestrebungen und ihr hoher Nutzen für die türkische Lan-
deskultur die Anerkennung der Kaiserlich Osmanischen Regierung finden
würden.

ger Jude; bezeichnet auch die Zeremonie, bei der der 13jahrige Junge religios voll-
berechtigtes Mitglied der jildischen Gemeinschaft wird.
1lm Dezember 1917 trat eine .i\nderung in der offiziellen Stellungnahme der
îiirkei gegenüber der jüdisdien Ansiedlung in Palâstina, wenn auch nicht gegen-
über dem Zionismus, ein. In einem Interview vom 12. Dezember 1917 mit Julius
Becker, der damais Korrespondent der • Vossisdien Zeitung• war. gab der GroBwe-
sir Talaat Pascha zu verstehen, daB ,,die Türkei dem jüdischen Ansiedlungsunter-
nehmen in Palastina irnmer sympathisch gegenübergestanden hatte ...•. Er teilte auch
mit, er habe der türkischen Regierung einen Gesetzesvorschlag eingereicht, der der
jüdîschen Bevolkerung von Palastina ein grolles Md von Autonomie gewahren
würde.

0
in Jehuda Reinharz, Dokumente zur Geschichte des deutschen Zionismus, 1882-1933, Tübingen, J. C. B
Mohr, 1981 , pp. 211-216.
ANNEXE XIX 473

[101]
AVIS POSITIF DE LA TURQUIE
À PROPOS DE L'IMPLANTATION DES JUIFS EN PALESTINE
2 JANVIER 1918
CZA, A 142/34

Berlin, W.15, le 2 janvier 1918


Sachsischerstr. 8

Son Excellence
Monsieur le Secrétaire d'état à l'Office des Affaires étrangères
Berlin

Votre Excellence,
J'ai l'honneur, au nom de l'Organisation sioniste, d'exprimer notre satis-
faction pour le fait que son Altesse, le Grand Vizir Talaat Pacha, à l'occasion
de la réception de Monsieur Julius Becker, organisée par son Excellence
l 'Ambassadeur comte Bemstorff, a donné des explications sur l'attitude du
gouvernement turc à propos du sionisme, dans lesquelles nous entrevoyons
une prise en compte substantielle de nos souhaits 1•
La constatation de la loyauté des sionistes vis-à-vis de l'empire turc,
faite dans les déclarations de son Altesse le Grand Vizir, nous a remplis
d'une grande satisfaction. Nous n'avons jamais douté du fait que la sincé-
rité de nos velléités et de leur grande utilité pour la culture nationale turque
seront reconnues par le gouvernement impérial ottoman .

... Juif; décrit également la cérémonie à travers laquelle le jeune religieux de 13 ans devient membre de
plein droit de la communauté juive.
1
Une modification du point de vue officiel de la Turquie vis-à-vis de l'implantation de Juifs en Palestine,
mais pas sur le sionisme, a été apportée en décembre 1917. Dans une interview du 12 décembre
1917 avec Julius Becker, à cette époque le correspondant du Yossische Zeitung, le Grand Vizir Talaat
Pacha a expliqué que la «Turquie aurait toujours montré de la sympathie à l'encontre de l'entreprise
d' implantation des Juifs en Palestine ... » Il a dit également avoir déposé, auprès du gouvernement turc,
un projet de loi qui accorderait une grande autonomie à la population juive en Palestine.
474 ARCIIlVES DU MONDIALISME

212 . 11. Jamu,r 1911

In den Erklarungen Seiner Hoheit des GroBvezirs hinsichtlich der freien


Einwanderung von Juden nach Palastina, der wirtschaftlichen Betatigungs-
moglidikeit, der Freiheit auf allen Gebieten des Kultur- und Geisteslebens,
insbesondere auch im Schulwesen und im Gebrauch der hebriischen Spradie,
endlich hinsichtlicb der ortlichen Selbstverwaltung, erblicken wir wertvolle
Voraussetzungen für die Schaffung der von uns erstrebten nationalen Heim-
statte in Palastina.
Eurer Excellenz bitte ich bei dieser Gelegenheit, unseren aufrichtigen Dank
für das wohlwollende Interesse aussprechen zu dürfen, das die Regierung des
mit der Türkei verbündeten Deutschen Reicbs der zionistischen Bewegung bei
so vielen Anlassen bekundet hat. Ich erlaube mir, der Hoffnung Ausdruck zu
geben, daB dieses oft bewiesene Wohlwollen uns für die Dauer erhalten blei-
ben und zu einer grundsatzlichen Anerkennung und Forderung unserer Be-
strebungen führen wird.
In ausgezeichneter Hochachtung
sehr ergebenst
Vorsitzender des Aktionskomitees 1
der Zionistischen Organisation

[102]
ANERKENNUNG DEil ZIONISTISCHEN ZIELE
DUR.CH DIE DEUTSCHE REGIERUNG
11. JANUAR 1918

Jüdischt Rundschau
XXIII. Jg., Nr. 2, 11. Januar 1918, S. 9
Eine Erleliirung der de11tschen Regierung

Mit wunderbarer Schnelligkeit hat der Zionismus1 durch die Kriegsereig-


nisse beflügelt, einen Weg durchlaufen, der vor wenigen Jahren ais ein sehr
1 Otto Warburg.

* Mit den XuBerungen des GroBwesirs (vgl. Dok. 101, Anm. 1), war es audi
der deuuchen Regierung maglicb geworden, den zionistischen Bestrebungen im glei-
chen AusmaJl wie die türkische Regierung ihre Sympathien zu erkliren. Nac:hdem
Ende 1917 und Anfang 1918 aucb das ,.Komitee für den Osten• und einzelne jü-
dische Notabeln und Funktionire wie Paul Nathan, Eugen Fuchs, Ludwig Haas
und Max M. Warburg auf ein Entgegenkommen gegenüber nationaljüdiscben Wün-
scben gedringt hatten, wurden am S. Januar 1918 fünf Vertreter der deutsc:hen
Juden, O. Warburg und Hantke von der Zionistischen Organisation, Oppenheimer1
Friedemann und Sobemheim vom .Komitee fllr den Osten•, ins Auswirtige Amt
ANNEXE XIX 475

11 janvier 1918

Dans les déclarations de son Altesse le Grand Vizir sur l'immigration


libre de Juifs en Palestine, la possible activité économique, la liberté dans
tous les domaines de la vie culturelle et intellectuelle, en particulier aussi
dans l'enseignement et l'usage de la langue hébraïque, et enfin du point
de vue de l'autogestion locale, nous entrevoyons de précieuses conditions
préalables à la création du foyer national en Palestine que nous recherchons.
Votre Excellence, je vous prie, à cette occasion, de bien vouloir exprimer
nos sincères remerciements pour l'intérêt bienveillant que le gouvernement
de l'Empire allemand, allié de la Turquie, a témoigné au mouvement sio-
niste en de si nombreuses occasions. Je me permets d'exprimer l'espoir que
cette bienveillance, souvent témoignée, nous sera conservée dans la durée
et conduira à une reconnaissance fondamentale et l'encouragement de nos
velléités.
J'ai l'honneur de présenter à Votre Excellence l'expression de ma très
haute considération.

Président du Comité d' action2


de l'Organisation sioniste

[102]
RECONNAISSANCE DES OBJECTIFS SIONISTES
PAR LE GOUVERNEMENT ALLEMAND
11 JANVIER 1918

Jüdische Rundschau

xxu1e année, n° 2, 11 janvier 1918, p. 9


Une déclaration du gouvernement allemand

C'est à une vitesse étonnante que le sionisme, auquel les guerres ont
donné des ailes, a parcouru un chemin qui paraissait, il y a quelques années,
2
Otto Warburg.
*Grâce aux propos du Grand Vizir (cf. doc. 101 , note l ), il était devenu possible, pour le gouver-
nement allemand, d' exprimer sa sympathie pour les velléités sionistes dans la même mesure que le
gouvernement turc. Après que fin 1917 et début 1918 le «Comité pour l'Orient» et certains notables et
fonctionnaires juifs, tels que Paul Nathan, Eugen Fuchs, Ludwig Haas et Max M. Warburg, avaient eux
aussi poussé pour montrer de la bienveillance envers les désirs nationalistes juifs, cinq représentants des
Juifs allemands O. Warburg et Hantke, de l'Organisation sioniste, Oppenheimer Friedemann et Sobern-
heim du «Comité pour l'Orient», ont été invités, le 5 janvier 1918, à l'Office des affaires étrangères
476 ARCmvES DU MONDIALISME

Antrkennung der zionistisc:hm Ziele tlurc:h die deutsc:he Regierung 213

langer und domenvoller Weg vor uns zu liegen sdûen. Die offentlidie Mei-
nung, die Presse, die Regierungen haben in letzter Zeit in einem Umfang von
unserer Bewegung Notiz genommen, wie dies früher nie der Fall war. Frei-
licb bat es schwerer Anstrengungen, insbesondere der leitenden Instanzen der
Bewegung, bedurft, um die Resultate zu erreichen, die heute vorliegen. Aber
diese Resultate sind wahrlich ~cht zu untenchatzen. Die Idee des Zionismus
bat sich durcbgesetzt, innerhalb wie awlerhalb des Judentums, und die Re-
gierungen haben sidi veranlaSt gesehen, Stellung zu nehmen. Auf die eng-
lische Regierungserk.lirung folgten die XuSerungen des Grafen Czernin 1,
auf diese eine amtliche Auslassung des türkischen GroBwesirs, und nunmehr
die Erklarung der deutschen Regierung. Alle diese XuBerungen gehen von der
0berzeugung aus, daB die jüdische Frage zu einer politischen Weltfrage ge-
worden ist, daB man mit den Ansprüdten der Judenheit redtnen muB, und
daB eine gerechtè Befriedigung dieser Ansprüdie im Interesse der Regierun-
gen selbst liegt, welche sicb durch Verstandnis und Entgegenkommen die
Dankbarkeit des gesamten jüdischen Volkes erringen konnen.

Die deutsche Regierung bat sich bei der offentlidien Behandlung der zio-
nistisdien Frage bisher Zuriiddialtung auferlegt. Naheliegende politische
Gründe erschwerten es ihr, ihren Standpunkt offentlich zu prizisieren. So-
bald jedoch die Umstinde es zu gestatten schienen, bat die deutsche Regie-
rung Wert darauf gelegt, ihre grundsitzliche Bereitschaft, den jüdischen For-
derungen der Gegenwart zu entspredien, bekanntzugeben. Sie hat deshalb
erklirt, daB sie eineneits den auf Erhaltung ihrer Eigenart gerichteten Bestre-
bungen der jüdischen Minoritit im Osten volles Ventindnis entgegenbringt
und diese Bestrebungen fordem will, und dd sie andererseits die Erklarun-
gen der türkischen Regierung zur Frage der jüdischen Kolonisation in Pali-
stina begiiSt.
Wie scbon angedeutet, betrachtete und betracbtet es die deutsdie Regierung
ais notwendig, sich in dieser lettteren Frage im groBen und ganzen dem tür-

gebeten, wo ihnen Unter-Staausekretir von dan Bussdie eine vorbercitete Erkla-


rung übergab, in der es bieS: .Hinsichdich der von der Judenheit, insbesondere von
den Zionisten, verfolgten Bestrebungen in Palistina begni6en wir die Erklirungen,
die der GroSwesir Talaat Pascha kürzlich abgegeben ha" insbesondere die Absicht
der kaiserlich osmanischen Regierung, gemU ihrer den Juden stets bewiesenen
freundlicben Haltung, die, aufblühende jüdische Siedlung 111 Palistma durch Ge-
wihrung von freier Einwandenmg und Niederlassung in den Grenzen der Auf-
nahm.efahigkeit des Landes, von onlicher Selbstverwaltung, enuprechend den Lan-
desgesetzcn, und von freier Entwicklung ihrer kulturellen Eigenart zu fardem. • Vgl.
Neue Jüdische Monatshefte, II. Jg,, Heft 7, 10. Januar 1918, S. 147.
1
Am 17. November 1917 emp6ng der ôsterreichiscb:eAu.Senminister, Graf Ottokar
Czernin, •Arthur Hantke in Wien und teilte ihm mit, dd die èSsterreidusche Regie-
rung der zionistischen Bewegung wo.hlwollend gegen6ber stehe und dd sie das ibrige
tun werde1 um die Ziele der Zionisten .zu fôrdem.
ANNEXE XIX 477

Reconnaissance des objectifs sionistes par le gouvernement allemand

long et semé d'embûches. L'opinion publique, la presse, les gouvernements


ont pris note, ces derniers temps, de notre mouvement comme jamais aupa-
ravant. Certes, il a fallu fournir de gros efforts, en particulier les instances
dirigeantes du mouvement, pour obtenir les résultats visibles aujourd'hui.
Mais il ne faut pas sous-estimer ces résultats. L'idée du sionisme s'est impo-
sée, à l'intérieur et en dehors du judaïsme, et les gouvernements se sont vus
contraints de prendre position. La qéclaration du gouvernement anglais a
été suivie par les déclarations du comte Czernin 1, celles-ci par une ordon-
nance officielle du Grand Vizir turc, et, à présent, la déclaration du gouver-
nement allemand. Toutes ces déclarations s'appuient sur la conviction que
la question juive est devenue une question politique mondiale, qu'il faut
compter avec les revendications de la judéité et qu'une satisfaction juste de
ces revendications est de l'intérêt des gouvernements eux-mêmes pouvant
remporter la gratitude de tout le peuple juif en montrant de la compréhen-
sion et de la bienveillance.

Jusqu'ici, le gouvernement allemand s'est imposé de la retenue dans


le traitement public de la question sioniste. À cause de motifs politiques
évidents, il lui est difficile de préciser son point de vue publiquement. Tou-
tefois, dès que les circonstances semblaient le permettre, le gouvernement
allemand s'est attaché à communiquer sa volonté fondamentale de satisfaire
les exigences juives actuelles. C'est pourquoi il a déclaré vouloir, d'une
part, témoigner de sa totale compréhension pour les velléités de la mino-
rité juive à l'Est pour maintenir sa spécificité et encourager ces velléités et,
d'autre part, il salue les déclarations du gouvernement turc à propos de la
question de la colonisation juive en Palestine.
Comme déjà évoqué, le gouvernement allemand considérait et consi-
dère nécessaire de se rallier globalement au point de vue du gouvernement

où le sous-secrétaire d•État von dem Bussche leur remis une déclaration préparée dans laquelle il était
dit ceci : « En ce qui concerne les velléités poursuivies par la judéité, en particulier par les sionistes, en
Palestine, nous saluons les déclarations faites récemment par le Grand Vizir Talaat Pacha, en particulier
l' intention du gouvernement de l'empire ottoman, conformément à son attitude toujours amicale vis-à-
vis des Juifs, d'encourager l'implantation naissante des Juifs en Palestine en leur accordant une liberté
d' immigration et d'établissement dans les limites de la capacité d'assimilation du pays, par l'autogestion
locale, conformément aux lois nationales et la liberté d'évolution de leur spécificité culturelle.» Cf. Neue
Jüdische Monatshefle, ne année, fascic~le 7, 10 janvier 1918, p. 147.
1
Le ministre des affaires étrangères autrichien, comte· Ottokar Czemin, a reçu à Vienne le 7 novembre
1917, Arthur Hantke pour l'informer que le gouvernement autrichien était bienveillant à l'égard du mou-
vement sioniste et qu '.i l ferait le nécessaire pour promouvoir les objectifs des sionistes.
478 ARCHIVES DU MONDIALISME

214 [Àn/ang 1918}

kischen Standpunkt anzuschlieBen. So erklart es sich, daB sie bei ihrer nun-
mehr erfolgten Stellungnahme auf die jetzt vorliegenden amtlichen Erkla-
rungen der türkischen Regierung Bezug nimmt und in der Fonnulierung im
Rahmen derselben bleibt.
Es kann aber über die Meinung der deutschen Regierung in dieser Frage
kein Zweifel bestehen, da in der Erklarung des stellvertretenden Staats-
sekretars ausdrücklicb die Bestrebungen der Zionisten genannt sind, und da
die deutsche Regierung die von der Türkei zugesagten Erleiditerungen unter
dem Gesichtspunkt begrüBt, daB es sich um eine Forderung der aufblühenden
jüdischen Siedlung in Palastina handelt. Demnach ist der nunmehr erfolgte
Schritt der deutschen Regierung als die Bekundung des Willens aufzu/assen,
vor der gesamten ôfjentlichkeit die Z11stimm11ng der deutschen Regier11ng
zu den zionistischen Bestrebungen festzustellen.

Niemals hat der Zionismus eine günstigere politische Situation gehabt ais
heute. Aber je naher uns die Moglichkeit der Verwirklidiung unseres Pro-
grammes rückt, um so hoher müssen die Ansprüche sein, die wir an uns selbst
und unsere Führer stellen. Noch ist das Ziel nicht erreicbt, aber die bisher ge-
wonnenen Resultate lassen erwarten, daB wir es errcichen werden.

[103]
POLITISCHE E&FOLGE UND ZUKUNFT DES ZIONISMUS
[ANFANG 1918]
SCHOCKEN-ARCHIV, 531/241

Dtutscht Jutlen/

Zu Beginn des groBen Krieges, ais nodi niemand seine Dauer und Ausdeh-
nung voraussah, glaubten doch schon viele, daB er eine groBe geistige Umwal-
zung mit sich bringen würde. So waren bei uns in Deutsehland weite Kreise
des Judentums fest davon überzeugt,. daB dieser Krieg das Ende des Anti-
semitismus bedeuten würde, aber auch das Ende des Zionism11s. Sdion in der
vaterlandischen Begeisterung, mit der neben allen anderen Juden in allen
kriegführenden Lindern auch die Zionisten zu den Waffen eilten, glaubten
Antizionisten nicht ohne inneie Genugtuung den Anfang vom Ende des Zio-
nisinus erblicken zu konnen. Ihre Hoffnungen sind enttiuscht worden: das
Gegenteil ist eingetreten. Der Antisemitismus blüht trotz aller Opfer an Gut
und Blut, die die Juden allerorten bracbten, in den Gebieten der Mitte.lmidite
und in denen der Entente, daheim und im Felde. Heimlidi und o.Jfen bereitet
sich der Antisemitismus auf neuen Kampf gegen Juden und Judentum vor.
Kein Burgfriede, keine Abwehr hilt ihn von den Vorbereitungen zu diesem
ANNEXE XIX 479

[Début 1918}

turc à propos de cette dernière question. Ceci explique qu'il se réfère, dans
l'avis qu'il avait désormais concrétisé, aux déclarations officielles actuelles
du gouvernement turc et s'en tient à la formulation de ce dernier.
Pourtant, il ne peut y avoir de doute quant à l'opinion du gouvernement
allemand à propos de cette question, car, la déclaration du vice-secrétaire
d'État mentionne expressément les velléités des sionistes et, puisque le
gouvernement allemand salue les allègements promis par la Turquie tenant
compte du fait qu'il s'agit de promouvoir la colonisation naissante des Juifs
en Palestine. En conséquence, le pas entrepris désormais par le gouver-
nement allemand doit être compris comme l'expression de sa volonté de
constater, devant l'opinion publique entière, que le gouvernement allemand
approuve les velléités sionistes.

Le sionisme n'a jamais connu une situation politique aussi favorable


qu'aujourd'hui. Mais plus la possibilité de concrétisation de notre pro-
gramme s'approche, plus les exigences que nous appliquons à nous-mêmes
et à nos dirigeants, doivent être élevées. L'objectif n'est pas encore atteint,
mais les résultats obtenus jusqu'ici laissent supposer que nous l'atteindrons.

[103]
SUCCÈS POLITIQUES ET AVENIR DU SIONISME
[DÉBUT 1918]
ARCHIVE SCHOCKEN, 531/241

Juifs allemands !

Au début de la Grande Guerre, lorsque personne encore ne pouvait pré-


dire sa durée et son ampleur, nombreux sont ceux qui pensaient déjà qu'elle
apporterait un grand bouleversement moral. Ainsi, chez nous, en Allemagne,
de vastes cercles du judaïsme étaient fermement persuadés que cette guerre
signifierait /a fin de l'antisémitisme, mais aussi la fin du sionisme. Avec
l'enthousiasme patriotique avec lequel non seulement tous les autres Juifs
dans tous les pays en guerre, mais aussi les sionistes prirent les armes, les
antisionistes croyaient, non sans satisfaction intérieure, pouvoir entrevoir le
début de la fin du sionisme. Leurs espoirs ont été déçus : c'est le contraire
qui est arrivé. L'antisémitisme fleurit malgré tous les sacrifices matériels et
de sang faits par les Juifs partout, dans les régions des Empires centraux et
dans celles de l'Entente, à la maison et à la campagne .. L'antisémitisme se
prépare, secrètement ou ouvertement, à une nouvelle bataille contre les Juifs
et le judaïsme. Aucune paix politique, aucune défense ne l'empêche de se
480 ARCHIVES DU MONDIALISME

Politische Erfolge und Zule1'n/l des Zionismus 215

Kampf zur·ück. Auf der anderen Seite dagegen und ganzlich unabhangig da-
von sehen wir, daB die zionistische Organisation als einzige zwischenstaat-
licbe, die ganze bewohnte Erde umfassende Vereinigung bestehen geblieben
ist, wahrend aile sonstigen intemationalen Organisationen sich nicht erhalten
konnten und zusammenbrachen. Machtiger als je zuvor in Friedenszeiten hat
die zionistische Bewegung an Umfang zugenommen, an Ausdehnung gewon-
nen. Nicht zum wenigsten in den Landem, in denen die J uden schon immer
alle Freiheit und Gleichberechtigung hatten, wie in England und Amerika.
Aber nicht minder in dem Lande, in dem ihnen erst der Krieg die voile
Gleichberechtigung bradite, in Ru/Jland. So bewies der Zionismus, daB er
mehr ist, als eine Folgeerscheinung jüdischer Not und Unfreiheit, daB er die
Selbstbesinnung im Judentum bedeutet. Von Tag zu Tag bekennen sich mehr
und mehr Sohne des alten Volkes zum Zionismus. Die ihm zur Verwirkli-
chung seiner Ziele zur Verfügung gestellten Mittel wachsen in früher nie er-
reichter Hohe. Die Jahreseinnahmen des ,,Jüdischen Nationalfonds• über-
schreiten in dieser Kriegszeit weit die der Friedensjahre. Vor allem aber sind
die politischen Aussichten des Zionismus so, daB wir ohne Obertreibung sa-
gen konnen: wir stehen am Vorabend gro/Jer Ereignisse. Trotz des Kriegs-
larms ist es der Leitung der zionistischen Organisation gelungen, neue Bezie-
hungen zu den Machten zu gewinnen, alte zu festigen und auszubauen. Die
türkische Regierung bat erklart, d~B aile Beschrankungen, die einer jüdischen
Einwanderung in Palistina. bisher noch entgegenstanden, nunmehr fallen
sollen und, soweit die natütlichen Verhaltnisse des Landes es gestatten, Juden
es besiedeln konnen, um dort zu leben und zu schaffen in freier Betatigung
ihrer Krifte, in eigener Kultur mit eigener Sprache und eigenem Schulwesen.
Dit deutsche Regierung, die uns wahrend der Kriegszeit in hohem MaBe bei
unseren Bemühungen in Palastina und in Stambul unterstützte, bat diese
Erklarung der Türkei ausdrücklicb als in ihrem Sinne gesprochen begrüBt, ihr
zugestimmt und uns weitere Forderung der aufblühenden jüdisdien Siedlung
in Palastina in Aussicht gestellt in Würdigung der auf Entwiddung ihrer
Kultur und Eigenart gerichteten Wünsche unserer Brüder. England hat durch
den Mund seines Ministers Balfour erklaren lassen, daJ! es die zionistisdien
Bestrebungen mit Wohlwollen betraditet und .die groBten Anstrengungen
machen wird, um die Erreichung dieses Zieles zu erleiditem". Frankreich
bat durch den Minister des XuBern Pichon erklart, da!! es mit England
wegen der Errichtung des nationalen Heims für die Juden in Palastina in
volligem Einverstandnis stehe. ôsterreich hat durch seinen Minister des
Awlem, Grafen Czernin, gleichfalls die Unterstiitzung der zionistischen Be-
strebungen bei der Türkei versprochen. Amtrika hat den Zionisten Brandeis
als seinen Vertreter zur Vorbereitung des Friedens mit der Sammlung des Ma-
terials für den Orient gerade im Hinblick auf seinen Zionismus beauftragt.
RMPland, Italien und der Pa.pst haben gleichfalls ihre Mithilte zur Erreichung
der zi6nistisch.en Ziele in Aussicht gestellt. Alle sozialistischen Manifeste, die
ANNEXE XIX 481

Succès politiques et avenir du sionisme


préparer à cette bataille. Par contre, de l'autre côté, et de façon tout à fait
indépendante, nous voyons que l'organisation sioniste est le seul groupe-
ment intergouvernemental, englobant toute la terre habitée, à exister alors
que toutes les autres organisations internationales n'ont pu se maintenir et se
sont écroulées. Le mouvement sioniste a gagné en amplitude et en extension
de façon plus puissante que jamais auparavant en temps de paix. Du moins
dans les pays où les Juifs avaient depuis toujours toute liberté et égalité des
droits, comme en Angleterre et en Amérique. Mais pas moins dans le pays
où ce n'est que la guerre qui leur a apporté l'égalité des droits, la Russie.
Le sionisme a ainsi prouvé qu'il est plus qu'un phénomène consécutif à la
détresse et à l'absence de liberté des Juifs, qu'il signifie le retournement
sur soi-même dans le judaïsme. Jour après jour, les fils de l'ancien peuple
sont de plus en plus nombreux à se revendiquer sioniste. Les moyens dont
dispose le sionisme pour concrétiser ses objectifs augmentent à un niveau
jamais atteint jusque-là. Les recettes annuelles du « Fonds national juif»
dépassent de loin, en ces temps de guerre, celles des temps de paix. Mais
surtout, les perspectives politiques du sionisme sont telles que nous pou-
vons dire sans exagérer: nous sommes à la veille d'événements importants.
Malgré le bruit de la guerre, la direction de l'organisation sioniste a réussi à
établir de nouvelles relations avec les pouvoirs, à consolider les anciennes
et à les développer. Le gouvernement turc a déclaré que toutes les restric-
tions qui s'opposaient encore jusqu'ici à une immigration juive en Palestine,
doivent désormais tomber et, dans la mesure où les conditions naturelles du
pays le permettent, que les Juifs peuvent l'habiter afin d'y vivre et de créer,
en mettant leurs forces en oeuvre en toute liberté, leur propre culture avec
leur propre langue et leur propre système scolaire. Le gouvernement alle-
mand, qui nous a beaucoup soutenus pendant la guerre dans nos efforts en
Palestine et à _Istanbul, a salué cette déclaration de la Turquie comme allant
expressément dans son sens, l'a approuvée et nous a laissé entrevoir qu'il al-
lait continuer à encourager l'implantation naissante des Juifs en Palestine en
hommage aux souhaits de nos frères pour le développement de leur culture
et de leur spécificité. L'Angleterre, à travers le ministre des Affaires étran-
gères Balfour, a déclaré qu'elle considérait les velléités sionistes avec bien-
veillance et qu'elle << fera tous les efforts nécessaires pour faciliter l'atteinte
de cet objectif>>. La France, à travers le ministre des Affaires Étrangères Pi-
chon, a déclaré qu'elle était en parfait accord avec l'Angleterre à propos de
la création du foyer national pour le peuple juif en Palestine. L'Autriche, à
travers de son ministre des Affaires étrangères, comte Czernin, a également
promis de soutenir les velléités sionistes auprès de la Turquie. L'Amérique
a désigné le sioniste Brandeis pour la représenter lors de la préparation de
la paix pour réunir le matériel destiné à l'Orient justement du point de vue
de son sionisme. La Russie, l'Italie et le pape ont également laissé entendre
qu'ils apporteraient leur aide à l'atteinte des objectifs sionistes. Tous les
482 ARClilVES DU MONDIALISME

216 [Ân/ang 1918}

sich mit dem kommenden Frieden beschâftigen, erklâren sich für den zionisti-
schen Gedanken.
So dürfen wir hoffen, daB die nachste Zukunfl: uns die Verwirklichung
unseres groBen Wollens und Hoffens bringen wird. In diesem Augenblick
lassen wir einen emeuten Ruf zur Mitarbeit an alle Juden ergehen, - an aile,
die uns bisher schon nahe standen, und auch an die, die uns noch f em standen.
Schlie6t Euch aile uns an. Lasset aile alten Vorurteile begraben sein und
arbeitet mit an der Wiedergeburt des jüdischen Volkes in seinem alten Stamm-
lande. Bekennet Eudi zum Baseler Programm:
,,Der Zionismus erstrebt /ür das jüdische Voile die Schaffung einer offent-
lich-rechtlich gesicherten H eimstatte in Palastina. •
Lord Balfour bat in seiner Kundgebung für den Zionismus darauf hinge-
wiesen, daB die zionistische Arbeit nichts sei, was ,,die Redite und die politi-
sche Stellung der Juden in irgend einem anderen Lande beeintrachtigen konn-
te". DaB die deutsche Regierung der gleichen Ansicht ist, tut ihre oben er-
wahnte Erklarung deutlich vor aller Welt kund und auch der türkische GroS-
vezier hat ausdrücklich die Loyalitat der Zionisten anerkannt. Niemand kann
danach mehr wagen, zionistisdie Gesinnung ais unvereinbar mit staatsbürger-
lichen Pflichten und Gefühlen hinzustellen. Gleichviel wie die Zukunft des
jüdischen Landes sich gestalten wird, wer des Landes Oberherr in Zukunft
sein wird: das deutsche Judentum, das so lange die Führung in allen jüdi-
schen Angelegenheiten beanspruchte und au~ batte, darf sich bei der groBen
Arbeit, die unserer jetzt in Palistina harren wird, nicht ausschalten. Gebt
Eurem Wùlen, an dieser Arbeit teilzunehmen, Ausdruck, indem 1hr den
Schekel, die jahrlicbe zionistisdie Kopfsteuer, zahlt.
Wer weiter über den Zionismus und seine Arbeit unterrichtet sein will,
wende sidi an die deutsche Zentrale

Zionistischt V ereinigung für De11tschlanà


Berlin W.15, Sachsiscbe Strde 8
...
ANNEXE XIX 483

[Début 1918]

manifestes socialistes traitant de la paix à venir, se déclarent en faveur de la


pensée sioniste.
N otis pouvons donc penser qqe, dans un avenir proche, nous verrons la
concrétisation de notre volonté et de nos espoirs. En cet instant, nous adres-
sons un nouvel appel à la coopération à tous les Juifs, à tous ceux qui étaient
déjà proches de nous et également à ceux qui étaient encore éloignés.
Rejoignez-nous tous. Enterrez les anciens préjugés et participez à la
renaissance du peuple juif dans son ancien pays d'origine. Adhérez au pro-
gramme de Bâle :
«Le sionisme ambitionne, pour le peuple juif, la création d'un foyer de
droit public en Palestine.»
Lord Balfour, dans sa manifestation pour le sionisme, a souligné le fait
que le travail sioniste ne «pouvait pas porter atteinte aux droits et à la posi-
tion politique des Juifs dans n'importe quel autre pays. » La déclaration du
gouvernement allemand, évoquée ci-dessus, montre clairement au monde
entier qu'il est du même avis et le Grand Vizir turc a, lui-aussi, reconnu
expressément la loyauté des sionistes. Après cela, personne n'osera plus dire
que la mentalité sioniste est incompatible avec les devoirs et sentiments
nationalistes. Quelle que soit l'avenir du pays jujf et quelle que soit la per-
sonne qui sera le maître du pays dans le futur: le judaïsme allemand, qui a
brigué si longtemps la direction et l'avait dans toutes les affaires juives, ne
doit pas se déconnecter du gros travail qui nous attend maintenant en Pales-
tine. Exprimez votre volonté de participer à ce travail en payant le shekel, la
capitation sioniste annuelle.
Si vous souhaitez continuer à être informé sur le sionisme et son travail,
adressez-vous au Bureau central allemand

L'Union sioniste pour l'Allemagne


Berlin W. 15, Sachsische Strape 8
ANNEXE XX

d ~ ionisme allemand
p l Juifi Allemagne,
d n le monde t pour
1 · inorité en général
(décemb ,e 1918)
486 ARCIIlVES DU MONDIALISME

Dt, àt11tscht ZionismllS am Endt àts nsttn W tltkritgts 245

[116]
DE& DEUTSCHE ZIONISMUS AM ENDB DBS EllSTEN WBLTDIEGES
(26.] DEZEMBER 1918°
PROTOKOLL DES XV. DELEGIERTENTAGES DER
ZIONISTISCHEN VEREINIGUNG FOR DEUTSCHLAND,
BERLIN, DEN 25.-27. DEZEMBER 1918,
BERLIN 1919, S. 76-94

Referat Blumenfelds

Die zionistische Entwiddung bat uns gelehrt, daB die Zukunft Palastinas
notwendig verlmüpft ist mit dem künftigen Leben der Juden auBerhalb des
jüdischen Landes. Nodi herrscbt Streit, ob diese zionistische Auffassung be-
reditigt ist, noch wird die Meinung vertreten, daB unsere zionistische Arbeit
in den Landem des Galuth nur der Vorbereitung für Palâstina dienen dürfe,
und der Anspruch auf ein selbswidiges jüdisches Leben nicbt erhoben werden
konne.
Denken und Erfahrung geben denen Recht, die zu der Forderung eines
jüdischen Lebens in allen Landem gelangen. Das Streben nach nationaler
Autonomie kann in seiner Erfüllung nidit dem auf Palistina gericbteten Wil-
len sdiidlicb sein. GewiB erwichst aus der Einsicht, daB nur in Palistina der
Reichtum aller Anlagen des jiidischen Menschen sich offenbaren wird, die
notwendige Erkenntnis, daB sonst nirgends das jüdische Volk zu wahrer
Heimatlichkeit gelangen kann. Daraus folgt aber nicbt, daB der Palâstina-
wille um so stirker sein muB, je weniger die Juden eines Landes die Hoff-
nung haben konnen, in ihrem eigenen Lande jüdiscbes Leben zu entwickeln.
Wir müssen ilberzeugt sein, dai aus allen jüdischen Zusamm~ingen Zio-
nismus organiscb erwachsen muS. Nehmen wir daher an, dai in den Un-
dern der jiidischen Autonomie die Juden auf allen Gebieten vollste Freiheit
der Entwicklung genieBen, daB ihnen nidit nur Erziehung und Unterricbt,
sondem auch Politik und Wirtsdtaft zur autonomen Regelung überlassen
sind, so wird gerade dieses allseitig entwickelte jüdische Leben sie dazu füh-
ren, die Unvollkommenheit des erreichten Zustandes zu empfinden. Die Ano-
malie des jüdiscben Lebens kann durch keine nodi so entwidtelte nationale
Autonomie aufgehoben werden. Gerade die durch die Erfüllung der Auto-
nomieforderung jüdisch gekriftigte Judenheit wird den Quellen des jüdischen
Schalfens nihergekommen sein als andere Zweige des jüdischen Volkes, und
deshalb mit besonderer Deutli.chkeit empfinden, da& der jüdiscbe Mensch der
Zukunft nur im Gemeinschaftsleben des jüdischen Volkes in der Verbunden-
heit mit dem Boden von Erez Israel erwachsen kann.
Autonomismus und Zîonismus konnten daher nw- Gegensatze. sein, so
lange der Autonomismus sein Ziel nicht erreidit batte. und das Gefühl beste-
0
in Jehuda Reiuharz, Dokumente zur Geschichte des deutschen Zionismus, 1882-1933, Tübingen, J. C. B
Mohr, 1981 , pp. 245-254.
ANNEXE XX 487

Le sionisme allemand à la fin de la Première Guerre mondiale

[116]
LE SIONISME ALLEMAND A LA FIN DE LA PREMIÈRE GUERRE MON-
DIALE
[26.] DÉCEMBRE 1918
COMPTE-RENDU DE LA XVE JOURNÉE DES DÉLÉGUÉS
DE L'UNION SIONISTE POUR L'ALLEMAGNE
BERLIN, LE 25/27 DÉCEMBRE 1918,
BERLIN 1919, P. 76-94

Exposé de Blumenfelds

L'évolution du sionisme nous a appris que l'avenir de la Palestine est


nécessairement lié à la vie future des Juifs en dehors du pays juif. La ques-
tion de savoir si l'opinion sioniste est justifiée fait encore débat, l'opinion
selon laquelle notre travail sioniste dans les pays du Galuth ne servirait qu'à
nous préparer pour la Palestine et que le droit à une vie juive indépendante
ne pouvait être revendiqué, est encore partagée.
La pensée et 1'expérience donnent raison à ceux qui revendiquent une
vie juive dans tous les pays. La satisfaction de la recherche d'une autonomie
nationale ne peut pas être néfaste à la volonté dirigée sur la Palestine. Il est
certain que prendre conscience du fait que c'est seulement en Palestine que
la richesse de toutes les installations des Juifs va se révéler, nécessite de
reconnaître que le peuple juif ne pourra être chez lui nulle part ailleurs. Mais
il n'en découle pas pour autant que la volonté d'habiter la Palestine doit être
d'autant plus forte que le nombre de Juifs d'un pays pouvant avoir l'espoir
de vivre une vie juive dans leur propre pays est faible.
Nous devons être persuadés que le sionisme doit naître de façon orga-
nique de toutes les relations juives. En conséquence, supposons que dans les
pays où les juifs· sont autonomes, ils jouissent d'une entière liberté de déve-
loppement dans tous les domaines, que non seulement ils peuvent régler en
toute autonomie l'éducation et l'enseignement, mais aussi la politique et
l'économie, c'est justement cette vie juive, développée à tous les niveaux,
qui entraîne le sentiment d'incomplétude de l'état obtenu. L'anomalie de
la vie juive ne peut pas être gommée par une autonomie nationale, même
très développée. C'est justement la judéité, renforcée par la satisfaction de
l'exigence d'autonomie qui s'est rapprochée plus des sources de la création
juive que d'autres branches du peuple juif et, en conséquence, de ressentir
avec une netteté particulière, que le Juif du futur ne peut naître que dans la
vie communautaire du peuple juif en communion avec Eretz Israel.
Par suite, l' autonomisme et le sionisme ne pouvaient qu'être opposés,
tant que l'autonomisme n'avait pas atteint son objectif et que le sentiment
488 ARCHIVES DU MONDIALIS.ME

246 /26.) Deztmbe, 1918

ben modite, es handle sich um zwei sich sdmeidende Wege zu einer in ver-
schiedenen Kreisen liegenden jüdisdien Zukunft.
1st es uns gedanklich unmoglich, den Autonomismus und die mit ihm ver-
bundene Ausgestaltung des jüdisdien Lebens im Galuth abzulehnen, so ist
auch tatsachlidi ein Verzidit des Zionismus auf jüdisches Leben auBerhalb
Palastinas in allen Fillen unmoglich. Das zionistische Leben beginnt nidit erst
mit der Landung in Palastina, Zionisten müssen überall als· Zionisten leben,
und wenn ein Zionist auch nur wenige Monate vor der Obersiedlung nach Pa-
lastina in Deutschland verweilen will, so wird es ihm unmoglidi sein, hier auf
die Betatigung seines Zionismus durch Verwirklidiung seines jüdisdien Lebens
zu verzichten. Die Konstruktion, daB diese zionistisdie Tatigkeit ja nichts
anderes als Vorbereitung auf Palastina bedeute, reicht nidit aus, um einen
Unterschied zwischen dieser Vorbereitung auf Palastina und dem Versuch der
Schaffung eines jüdischen Lebens in Deutschland festzustellen. Wenn unter
der Vorbereitung auf Palastina nidit nur die berufliche, sondem auch die jüdi-
sche Ausbildung verstanden wird, so wird leicht der Nachweis zu erbringen
sein, daB diese jüdische Vorbereitung allgemein und für die Zuk.unft nur ge-
lingen kann, wenn durch ein jüdisches Leben die objektiven Voraussetzungen
hierzu geschaffen worden sind.

In zionistischen Kreisen ist die Frage aufgeworfen worden, oh wir für den
Aufbau des jüdischen Lebens in Deutschland nicht alle Juden sammeln soll-
ten, die mit d~r Palastinaforderung des Kopenhagener Manifestes einverstan-
den sind. Es ist die Meinung vertreten worden, daB wir durch das Verlangen
einer Erklarung über die personliche Zugehorigkeit zum jüdisdien Volk und
durch ein Hinstreben nach eigenen jüdisdien Zusammenhangen die Assimila-
tion der Juden, die sich nur noch schwach mit dem Judentum verbunden
fühlen, bescbleunigen konnten. Es ist wahrscheinlidi richtig, dd jede jüdische
Bewegung, die notwendigerweise eine personliche Stellungnahme der Juden
zum Ziel hat, den Abfall mancher Juden beschleunigt. Es gibt gewiss Juden,
die in den gewohnten jüdischen Verhaltnissen weiter bleiben würden," wenn
man sie nidit zu einem Aussprechen ihrer Anscbauungen zwingen würde .. Es
handelt sich dabei um solcbe Elemente, für die das Judentum einen Person-
lidikeitswert nicbt mehr besitzt. Wir konnen uns aber nur fragen, ob das
Verbleiben dieser kaum nocb mit uns verbundenen Kreise im Judentum wich-
tiger ist als der Aufbau jüdischen Lebens. Die zionistische Arbeit in Deutsdi-
land mu/J das jüdische Leben wollen, da sonst nidit nur vollig assimillerte
Sdüchten uns den RUc:ken kehren werden, sondem das ganze deutsche Juden-
tum die Beûehungen zur jüdisdien Zukunft verlieren wird. Der Palistinage-
danke würde nur dann die geeignete Grundlage f.iir unsere. Galutharbeit dar-
stellen, wenn er aile Juden, die sich für ibn erkliren, dem Judentum fester
verbinden würde. Die Erfahrung zeigt uns, daB man für die Palistinaforde-
rung stimmen und zugleich ein Gegner des jüdischen Volksgedankens sein
ANNEXE XX 489

[26] décembre 1918

qu'il s'agissait de deux chemins qui se croisaient vers un avenir juif présent
dans différents cercles perdurait.
Si, en pensée, il nous est impossible de refuser l'autonomisme et l'orga-
nisation de la vie juive du Galuth qui lui est liée, il est aussi impossible,
en réalité, pour le sionisme de renoncer, dans tous les cas, à la vie juive en
dehors de la Palestine. La vie sioniste ne commence pas qu'avec l' atterris-
sage en Palestine, les sionistes doivent vivre partout en tant que sionistes
et si un sioniste ne veut rester que quelques mois en Allemagne avant de
se transplanter en Palestine, il lui sera impossible de renoncer à l'activité
de son sionisme en concrétisant sa vie juive. L'allégation que cette activité
sioniste n'est rien d'autre qu'une préparation à la Palestine ne suffit pas pour
constater une différence entre cette préparation à la Palestine et la tentative
de création d'une vie juive en Allemagne. Si par préparation à la Palestine
on n'entend pas seulement la formation professionnelle, mais aussi la for-
mation juive, alors il sera facile de prouver que cette préparation juive ne
peut réussir en général et pour l'avenir que si une vie juive a permis de créer
les conditions préalables objectives nécessaires à cela.

Dans les cercles sionistes, la question a été soulevée de savoir si nous


ne devrions pas rassembler tous les Juifs d'accord avec l'exigence palesti-
nienne du Manifeste de Copenhague, pour construire la vie juive en Alle-
magne. L'opinion qui a été exprimée est celle selon laquelle, au travers de
l'exigence d'une déclaration sur l'appartenance personnelle au peuple juif et
de la recherche de ses propres relations juives, nous pourrions accélérer l'as-
similation des Juifs qui sentent n'avoir plus qu'un lien ténu avec la judéité.
Il est probablement exact que chaque mouvement juif, qui a nécessairement
pour objectif une prise de position personnelle des Juifs, accélère la chute
de certains Juifs. Il existe certainement des Juifs qui continueraient à rester
dans les conditions juives habituelles si on ne les obligeait pas à exprimer
leurs opinions. Il s'agit là des éléments pour lesquels la judéité n'a plus de
valeur personnelle. Mais nous pouvons aussi nous demander si l'existence
de ces cercles, qui n'ont pratiquement plus aucun lien avec nous, est plus
importante dans le judaïsme que la construction d'une vie juive. Le travail
sioniste en Allemagne doit vouloir de la vie juive, car sinon non seulement
des couches complètement assimilées nous tourneront le dos, mais tout le
judaïsme allemand perdra le lien avec le futur juif. La pensée palestinienne
ne constituerait la base adéquate pour notre travail Galuth que si elle reliait
plus solidement tous les Juifs, qui la partagent, au judaïsme. L'expérience
nous montre que l'on peut approuver l'exigence palestinienne tout en étant
490 ARCIDVES DU MONDIALISME

Dt, dt#tscht Zionism#s am Endt dts trsttn Wtltltriegts 247

kann, der das neue Palastina aufbauen soli . . . Nacb unserer Meinung
muB ein Eintreten ror die Scbaffung der jüdischen Heimstatte in Palastina
zugleich auch ein jüdisch-nationales Bekenntnis darstellen. Ich bin überzeugt,
da6 bei Zionisten der Glaube schwinden wird, man konne die Frage Palasti-
nas und die Frage der jüdischen Nation getrennt behandeln.
Für unsere Arbeit in Deutschland wollen wir alle Juden gewinnen, die sidi
mit uns ais Telle der einigen, unlosbaren Judenheit empfinden, die wir mit
Recht ais das jüdiscbe Volk bezeicbnen. Die VOJl zionistischer Seite erhobenen
theoretischen Erwagungen, ob wir ein Recht haben, schon jetzt bei dem gegen-
wartigen Zustand des deutschen Judentums den jüdiscben Volksgedanken zur
Grundlage unserer Arbeit zu mac.ben, sind gegenstandslos. Alles jüdische Sein
ist unvollkommen und wird von uns in seiner Unzulanglichkeit, Vielgestal-
tigkeit und Zwiespaltigkeit deudidi erkannt und gewürdigt. Eindeutig und
klar benennen wir nur unser Wollen und unsere Ziele. Wir weisen dem deut-
schen Judentum einen neuen Weg zur jüdisdien Zukunft. Alle diejenigen,
die mit uns diesen Weg gehen wollen, nennen wir die vom jüdisdien Volksge-
danken Ergriffenen, da nacb unserer -Oberzeugung an der Entwicklung eines
lebendigen Judentums nur mitarbeiten kann, wer sich zum jüdiscben Volke
zugehorig fühlt.

Unsere Stellung zum Staat wird durcb ein auf dem Volksgedanken aufge-
bautes Programm nicht zu unseren Ungunsten verandert. lm alten Obrig-
keitsstaat konnte man befürditen, daB Forderungen nacb einem nationalen
Sonderleben vom Staate bekampft werden, der nicbt dulden wollte, daB ein
.Staat im Staate• entstehe. Die gesdûchdidie Entwicklung des 19. Jahr-
hunderts hat dazu geführt, daB eine ganz bestimmte Form des Staates sicb
durdtsetzte: der nationale Einheitsstaat. Jeder Mensdi, der nicht in allen
seinen Lebensbeziehungen sidi der herrschenden Staatsnation einfügen konn-
te, muBte befürchten, deshalb als Bürger minderen Recbts behandelt zu wer-
den. Besond.ers deutlidi ist diese Entwicklung in Deutschland gewesen, wo
man von jedem Bürger das Bekenntnis deutsch-nationaler Gesinnung ver-
langte, wo man Polen, Elsasser, Lothringer, Danen, Wenden, Kaschuben und
Litauer nur gelten lassen wollte, wenn sle durch Aufgabe ihres Volkstums
den Willen zum vollstandigen AnschluB an die deutsche Nation bekundeten.
Diese Politik bat die Polen im Gebrauch ihrer Mutterspradie beschrankt, bat
nichts Besseres zum Lobe aller nichtdeutscben Volksgruppen zu sagen gewuBt,
als daB das Deutschtum in ihren Gebieten Fortsduitte macbe. ·
Es war natürlich, dd die Juden, denen man die Emanzipation nur in der
Erwartung ihrer Entjudung gegeben hatte, glaubten, sie konnten nur durch
Betonung ihrer deutsch-nationalen Gesinnung die voile Gleichberechtigung
erhalten.
Dieser ein Jahrhundert lang ais hochste Leistung politischer Entwiddung
gepriesene nationale Einheitsstaat ist zusammengebrochen. Das sich neu ent-
ANNEXE XX 491

Le sionisme allemand à la.fin de la Première Guerre mondiale

contre la pensée patriotique juive devant ériger la nouvelle Palestine ... À


notre avis, l'intervention pour la création du foyer national pour le peuple
juif en Palestine doit aussi constituer en même temps une profession de foi
pour une nation juive. Je suis convaincu que la croyance des sionistes selon
laquelle la question de la Palestine et la question de la nation juive peuvent
être traitées séparément, disparaîtra.
Nous voulons rallier à notre travail en Allemagne tous les Juifs qui se
sentent, avec nous, comme faisant partie de l'unique judaïsme indissoluble
que nous qualifions, à raison, de peuple juif. Les réflexions théoriques expri-
mées côté sioniste sur la question de savoir si nous avons le droit de prendre
dès à présent comme base de notre travail la pensée patriotique juive eu égard
à l'état actuel du judaïsme allemand sont sans fondement. L'être juif n'est pas
complet et nous le reconnaissons et l'honorons clairement dans ses défauts,
sa diversité et sa dualité. Nous qualifions seulement notre volonté et nos ob-
jectifs de façon univoque et claire. Nous montrons au judaïsme allemand un
nouveau chemin vers le futur juif. Tous ceux qui veulent emprunter ce chemin
avec nous, nous les appelons ceux qui sont saisis par la pensée patriotique
juive, car nous sommes persuadés que seuls ceux qui se sentent appartenir
au peuple juif peuvent participer au développement d'un judaïsme vivant.

Un programme basé sur la pensée patriotique ne changera pas notre po-


sition par rapport à l'état à notre détriment. Dans l'ancien état autoritaire, on
pouvait craindre qu'il combatte les exigences d'une vie particulière natio-
nale, il ne voulait pas tolérer l'apparition d'un «État dans l'État». Suite à
l'évolution historique au 19e siècle, une forme donnée de l'État s'est impo-
sée : l'État unitaire national. Chaque personne qui ne pouvait pas s'intégrer
à la nation étatique régnante dans toutes ses relations de vie, devait craindre
d'être traité comme un citoyen ayant moins de droits. Cette évolution a été
particulièrement nette en Allemagne où il était demandé à chaque citoyen
d'avoir une mentalité nationaliste, alors que l'on ne laissait faire les Po-
lonais, les Alsaciens, les Lorrains, les Danois, les Wendes, les Cachoubes
et les Lituaniens que si, en abandonnant leur caractér~stique nationale, ils
témoignaient de leur volonté à adhérer complètement à la nation allemande.
Cette politique a limité les Polonais à utiliser leur langue maternelle, n'a rien
su dire de mieux pour louer toutes les communautés non allemandes que
l'esprit allemand progressait dans toutes leurs régions.
Il était naturel que les Juifs, auxquels on avait donné l'émancipation
uniquement dans l'attente de leur déjudaïsation, croient qu'ils pourraient
obtenir la pleine égalité des droits uniquement en soulignant leur apparte-
nance à la nation allemande.
Cet État unitaire national, loué pendant un siècle comme étant le plus
haut niveau d'évolution politique s'est écroulé. Le système politique nou-
492 ARCHIVES DU MONDIALISME

248 [26.] Dtztmhtr 1918

wickelnde Staatswesen wird keine germanisierende Unterdrückungspolitik


treiben konnen. Der Gedanke, daJ1 aile Menschengruppen das Recht auf freie
Entwicklung ihrer Eigenart haben, bat sich durchgesetzt und wird für die
staatliche Entwicklung aller Volker richtunggebend sein. MuBten wir schon
fr.über den vom deutschen Judentum geführten Kampf um die Gleichberech-
tigung ablehnen, da einmal zunachst nur die Gleichberechtigung der deutscben
Juden erstrebt wurde und femer diese Gleichberecbtigung nur durch bewuBte
Aufgabe der intemationalen jüdischen Zusammenhange erkauft werden soll-
te, so müssen wir heute darauf hinweisen, dafl für uns die Forderung der
Gleichberechtigung gleichbedeutend ist mit der Forderung der Anerkennung
unserer jüdiscben Art. Gleichberechtigt sind wir erst dann, wenn wir als jüdi-
sche Volksgemeinschaft in Deutschland nach unseren W.ünschen unser jüdi-
scbes Leben einrichten konnen und wir gleichzeitig vollen Anteil am Leben
des deutschen Staates haben. Abgesehen davon, daB uns der deutsche Staat
diese kollektive Gleichbereditigung nicht mehr versagen kann, nachdem offen-
bar geworden ist, dafl das Glück und die Zukunfl Deutschlands davon ab-
bangt, ob es lernen wird, ohne Oberheblichkeit Fremdartiges zu verstehen
und mit dem Respekt zu würdigen, den es vor den Besonderheiten jeder
sdiaffenden Gemeinschaft haben muB, müssen wir ohne jede Rücksicht auf
das Reagieren der Offentlichkeit unsere Forderungen erheben, da nur die Be-
willigung dieser Forderungen wahre Gleichberechtigung bedeutet. Das assimi-
latorische Judentum hat den Kampf um die Gleichberechtigung durch Rück-
sichtnahme auf die Feinde des Judentums, durch Kampf gegen das nationale
Judentum, durch Verleugnung tiefer jüdischer Zusammenhange nicht in Rein-
heit durchführen konnen. Wir werden nicht dem deutschen Staatsbürger jüdi..
schen Glaubens, sondern jedem Juden, der in seinem Leben die Konsequenzen
seines Judentums zieht, die Gleichbereditigung erkampfen.
Die Anerkennung der jüdischen Nation, die wir vom Staat verlangen, be-
steht nicht etwa darin, dal! wir uns von der nichtjüdischen Offentlichkeit be-
statigen lassen, dafl es eine jüdische Nation gibt, sondem darin, dd der Staat
diejenigen~die $Îch zum jüdischen Volke bekennen, in Deutschland ais gleid,-
berechtigtes Glied innerhalb des deutschen Staates anerkennt. Die Beteiligung
der J uden im allgemeinen politischen und winschaftlicben Leben wird durcb
die Bewilligung unserer Forderungen in einer für aile Teile befriedigenden
Weise gelost werden. Der Nationalstaat, der von seinen Juden Assimilation
und Taufe verlangte, der sie zw Entjudung zwang, dürfte sich nicht darüber
wundem, daB soviele Juden den Wunsdi hatten, die Angelegenheiten des
deutsdien Volkes zu verwalten. Es ist eine Folge der alten Judenpolitik, dd
heute eine so auBerordentlich groSe Zahl von Juden leitende Stellungen
im Staatsleben bekleidet. Ein Recht, sich darüber zu beklagen, haben aber
nicht die Deutschen, sondem ·nur die Juden. Schaffenden Menscben kann man
nicht zumuten, daS sie ihre Fihigkeiten verkümmem lassenM Ein jüdisches Le-
ben gab es nicht. Der Jude konnte-sich nur i.n der deuachen Welt bewahren.Er
ANNEXE XX 493

[26] décembre 1918

vellement développé ne pourra pas pratiquer une politique d'oppression ger-


manisante. L'idée selon laquelle tous les groupes humains ont le droit de
développer librement leur spécificité s'est imposée et indiquera la direction
de l'évolution étatique de tous les peuples. Si par le passé, nous avons dû
refuser la lutte, menée par le judaïsme allemand, pour l'égalité des droits,
car dans un premier temps, seule l'égalité des droits des Juifs allemands était
recherchée et, de plus, l'égalité des droits devait être obtenue par un aban-
don conscient des rapports juifs internationaux, il nous faut aujourd'hui sou-
ligner le fait que pour nous, la demande d'égalité des droits est assimilée à
la demande de reconnaissance de notre nature juive. Nous n'avons des droits
égaux que lorsque nous pouvons mettre en place, en tant que communauté
populaire juive en Allemagne, notre vie juive conformément à nos souhaits
et participons en même temps pleinement à la vie de l'État allemand. À part
le fait quel 'État allemand ne peut plus nier cette égalité collective des droits,
après qu'il est devenu évident que le bonheur et l'avenir de l'Allemagne
dépendent de la question de savoir si elle va comprendre, sans prétention,
ce qui est étrange et l'honorer avec le respect qu'elle doit avoir devant les
particularités de chaque communauté qui travaille, nous devons poser nos
exigences sans tenir compte de la réaction du public, car seule l'approbation
de ces exigences ·signifie une véritable égalité des droits. Le judaïsme assi-
milatoire n'a pas pu lutter, dans la pureté, pour l'égalité des droits au travers
de la prise en compte des ennemis du judaïsme, de la lutte contre le judaïsme
national, le déni de relations juives profondes. Nous n'allons pas nous battre
pour l'égalité des droits pour le citoyen allemand de confession juive, mais
pour chaque Juif qui, dans sa vie, tire les conséquences de sa judéité.
La reconnaissance de la nation juive que nous exigeons de l'État, ne
consiste pas, p. ex., à nous faire confirmer par l'opinion publique non juive
qu'il existe une nation juive, mais à ce que l'État reconnaisse ceux qui re-
vendiquent appartenir au peuple juif comme un élément égal en droits au
sein de l'état allemand. La participation des Juifs à la vie politique et éco-
nomique générale est remplacée par l'approbation de nos exigences d'une
manière satisfaisante pour toutes les parties. L'État national, qui a exigé de
ses Juifs assimilation et baptême, les a forcés à la déjudaïsation, ne devrait
pas s'étonner qu~ tant de Juifs souhaitent gérer les affaires du peuple alle-
mand. Le fait qu'aujourd'hui, un nombre extraordinairement élevé de Juifs
occupent des postes de direction dans la vie de l'état est une conséquence
de l'ancienne politique juive. Mais, ce ne sont pas les Allemands qui ont le
droit de s'en plaindre, mais seulement les Juifs. On ne peut demander aux
personnes qui travaillent qu'elles laissent s'étioler leurs capacités. Il n'y a
pas eu de vie juive. Le Juif n'a pu faire ses preuves que dans le monde alle-
494 ARCIDVES DU MONDIALISME

Der deutscht Zionismus am Endt des ersten W eltkritges 249

mufite diesen Weg gehen. Schafft der jüdische Volksgedanke hier lebendiges
Judentum, dann werden viele jüdisdie Personlichkeiten ihre Befriedigung in
jüdiscber Betatigung finden, und durch diese Normalisierung der jüdischen
Verhaltnisse wird auch die Beteiligung der Juden am allgemeinen Leben in
Bahnen gelenkt werden, die von allen sadilichen Menschen als notwendiges
Ergebnis eines vom Geist der Wahrheit getragenen ZusammenJebens empfun-
den werden wird. Sind wir in unserer Art vom Staate anerkannt, so sind wir
ein integrierender Bestandteil desStaatsganzen geworden. Daher glauben wir,
daB erst das nationale Judentum in freier Bewegung, in Hingabe am fon-
schreitenden Leben der Volker und also auch des deutschen Volkes teilneh-
men kann ...

Unser Wille auf eine Umgestaltung des jüdischen Lebens in Deutschland


in demokratischem Sinn·e und in nationaljüdischem Geiste soll vor allem
durch die Umformung der jüdischen Gemeinde verwirklicbt werden. Wir
dürfen das deutsche J udentum nicht dem Zufall einer personlichen jüdisdien
Beeinflussung überlassen, sondem müssen dafür sorgen, daB in der neuen
jüdisdien Gemeinschafl jeder Jude durch die getroffenen Einrichtungen dem
jüdisdien Leben zugeführt wird.
Daher verlangen wir ais wichtigste Grundlage der j.üdisdien Entwicklung
die jüdische Schule. Alle von uns getroffenen MaBnahmen müssen daraufhin
geprüft werden, oh sie die Schule ermoglichen. Hebraisch kann unsere Jugend
nidit durch Einzelunterricht erlemen, da nur ein Teil der direkt von uns
erfaBten jungen Menschen bei günstigen auBeren Bedingungen sich die hebrai-
sche Sprache durch Privatunterricht und Selbstunterricht ganz zu eigen
madten kann. Die groBe Mehrzahl des heranwachsenden Geschlechtes ist nur
durch die jüdisdie Schule wirksam zu beeinflussen. Die Einzelheiten unseres
Schulprogramms werden wir bei anderer Gelegenheit der Offentlichkeit un-
terbreiten.
Die Forderung der jüdischen Schule glauben wir dadurch verwirklichen zu
konnen, daB wir an die geschichtlich gegebene Organisation der Juden, an
die jüdisdie Gemeinde, anknüpfen und diese zur Kultusgemeinde verkleinerte
Korperschaft zur Volksgemeinde umgestalten.
Aufgaben und Begriffe der jüdischen Volksgemeinde seien in folgenden
Satzen allgemein dargestellt:
Aufgabe der jüdisdien Volksgemeinde ist die lokale Wahrnehmung und
Vertretung der jüdischen Gesamtinteressen in Deutschland.
Die wichtigsten Gesamtinteressen sind:
A. Kulturelle:
a) Kultu~,
b) jüdische und hebraisdie Erziehung der Kinder und Fortbildung der
Jugend (hebraische Kinderganen, jüdiscbe Schulen und Fortbildungs-
schulen),
ANNEXE XX 495

Le sionisme allemand à la fin de la Première Guerre mondiale

mand. Il devait emprunter ce chemin. Si la pensée patriotique juive créée


ici un judaïsme vivant, alors de nombreuses personnalités juives trouveront
leur satisfaction dans une activité juive et la normalisation des rapports juifs
permettra aussi de mettre la participation des Juifs à la vie générale, sur les
rails, elle est ressentie par toutes les personnes objectives comme un résultat
nécessaire d'une cohabitation portée par l'esprit de la vérité. Si notre nature
est reconnue par l'État, alors nous sommes devenus une partie intégrante de
l'État. C'est la raison pour laquelle nous croyons que seul le judaïsme natio-
nal peut participer, dans le cadre d'un mouvement libre et avec dévouement
des peuples, à la vie qui avance, et donc aussi du peuple allemand ...

Notre volonté de transformation de la vie juive en Allemagne au sens


démocratique et dans l'esprit national-juif doit être concrétisée surtout par
la réforme de la collectivité juive. Nous ne pouvons pas laisser le judaïsme
allemand au hasard d'une influence personnelle juive, mais nous devons
faire en sorte que dans la nouvelle collectivité juive, chaque Juif soit amené
à vivre la vie juive grâce aux aménagements qui ont été décidés.
C'est la raison pour laquelle nous exigeons l'école juive comme base la
plus importante de l'évolution juive. Il faut vérifier toutes les mesures que
nous avons prises pour savoir si elles permettent l'école. Notre jeunesse ne
peut pas apprendre l'hébreu en cours particuliers, car seule une partie des
jeunes dir~ctement enregistrés par nos soins, dans des conditions externes
favorables , peuvent s'approprier totalement la langue hébraïque en cours
particulier et par auto-apprentissage. La grande majorité des enfants ne peut
être influencée de façon efficace que par l'école juive. Nous soumettrons les
détails de notre programme scolaire à l'opinion publique à une autre occasion.
Nous croyons pouvoir concrétiser l'exigence d'une école juive en nous
inscrivant dans la continuité de l'organisation historique des Juifs, de la col-
lectivité juive et en transformant la corporation réduite à une collectivité
cultuelle en communauté.
Les missions et la terminologie de la communauté juive sont présentées,
de façon générale, dans les phrases ci-dessous.
Les principaux intérêts généraux sont :
A. Intérêts culturels :
a) Culte,
b) Education juive et hébraïque des enfants et perfectionnement des
jeunes (crèches juives, écoles juives et écoles de perfectionne-
ment),
496 ARClilVES DU MONDIALISME

250 /26.) Dtzanbtr 1918

c) Pflege der jüdischen Wissenschaft,


d) Tum- und Sportwesen.
B. Politische:
Venretung der bürgerlichen und politlsdien Redite der Juden.
C. Soziale: ·
Soziale Fürsorge ais Erganzung der staatlichen.
Die jüdiscbe Volksgemeinde macht grolle deutsch-jüdische Organisationen,
den Zentralverein und den Verband der deutscben Juden, überflüssig. Diese
Verbande sind eventuell nur nodi Vereinigungen von Anregern und Forde-
rem, die Gemeinde hat prinzipiell die politische Führung und Vertretungs-
macht.
Die jüdische Volksgemeinde erstrec:kt ihre Tâtigkeit weiter auf die Mit-
arbeit an den Gesamtaufgaben des jüdischen Volkes in der ganzen Welt. In
Betracht kommen:
a) Aufbau Palistinas,
b) Kampf für die bürgerliche und nationale Gleichberecbtigung der Juden
in allen Landem,
c) soziale Fürsorge für die Juden aller Lander.
Der Begrif/ der jüdiscben Volksgemeinde ergibt sich aus ihren Aufgaben.
Sie ist eine Gemeinde auf volkstümlicber Grundlage. Sie reprasentiert in
ihrem Lokalbezirk die Gesamtinteressen der Juden in Deutschland. Sie ist
eine Gliedgemeinde des jiidischen Volkes in det ganzen Welt.
lm Gegensatz hlerzu ist die jiidiscbe Kultusgemeinde in ihrer bisherigen
Verfassung eine Gemeinde a\lf plutokratischer Grundlage, eine reine Lokal-
gemeinde, die nicht einmal innerhalb ihres Lokalbezirkes alle jüdischen Ge-
samtinteressen wahmimmt, ohne Zusammenhang mit den Gesamtheitsauf-
gaben der Juden Deutschlands und in der ganzen Welt.
Wir sind uns darüber klar, daB wir Jahre brauchen werden, um unser Pro-
gramm in allen Punkten durcbzusetten. Vor uns liegt eine Zeit, die ausge-
füllt sein wird durdi den Kampf um unsere Forderungen. In dem Kampf, den
wir um des jüdiscben Lebens willcm in Deuudùand führen müssen, darf es
aber auch keinen Zweifel über die Grenze unserer Wünsche geben.
Wir verlangen in Deutsdùand keinen Wahlkataster, wir verlangen femer
nicht, zu einem eigenen Wirtschaftskorper innerbalb der Reims- und Landes-
grenzen zu werden. Die Forderung einer vollstindigen nationalen Autonomie
für die deutsd>.en Juden wird somit von uns nicht erhoben. Auf diese Forde-
rung verzichten wir aber nicht aus irgend weldien politischen B·edenken. Wir
lehnen den Gedanken ab, dal die Forderung nach nationaler Autonomie
geeignet ist, die Stellung der Juden in irgend einem Lande zu erscbüttem.
Es hiingt ausschlie&icb von der Zahl der Juden in einem Lande ab, in
welcher Form die Juden ihre Forderung nadi Gleicbbereditigung gel.tend ma-
cben und da in Deutsdùand die zahlenmdige Voraussetzung Air eine in
jeder Beziehung durchgeführte Autonomie fehlt, konnen wir nur in dan von
ANNEXE XX 497

[26} décembre 1918

c) Suivi des sciences juives,


d) Gymnastique et sport.
B. Intérêts politiques :
Représentations des droits citoyens et politiques des Juifs.
C. Intérêts sociaux :
Assistance sociale en complément à l'assistance de l'État.
La collectivité populaire juive rend les grosses institutions germano-
juives, la fédération centrale et la fédération des Juifs allemands superflues.
Ces fédérations ne sont plus, éventuellement, que des regroupements d' ins-
pirateurs et de facilitateurs, la collectivité ayant principalement la direction
politique et le pouvoir de représentation.
La collectivité populaire juive étend ses activités à la coopération dans
les missions générales du peuple juif dans le monde entier. Entrent en consi-
dération:
a) La construction de la Palestine,
b) La lutte pour l'égalité des droits des Juifs au niveau citoyen et natio-
nal dans tous les pays,
c) L'assistance sociale pour les Juifs de tous les pays.
La notion de collectivité populaire juive découle de ses missions.
C'est une collectivité à base populaire. Dans son district local, elle re-
présente les intérêts généraux des Juifs en Allemagne. C'est une collectivité
membre du peuple juif dans le monde entier.
Contrairement à cela, la collectivité cultuelle juive est, dans sa constitu-
tion en vigueur jusqu'ici, une collectivité à ba~e ploutocratique, une collec-
tivité purement locale, qui ne satisfait même pas à tous les intérêts généraux
juifs dans son district local, sans lien avec les missions intégrales des Juifs
d'Allemagne et dans le monde entier.
Nous ne perdons pas de vue que nous aurons besoin de quelques années
pour imposer tous les points de notre programme. Nous avons devant nous
une époque pleine de la lutte pour nos exigences. Dans cette lutte, que nous
devons mener pour la vie juive en Allemagne, il ne doit y avoir é_galement
aucun doute sur la limite de nos souhaits.
En Allemagne, nous n'exigeons pas de cadastre électoral, nous n'exi-
geons pas non plus de devenir un corps économique qui nous est propre à
l'intérieur des frontières du Reich et du pays. Nous ne posons donc pas l'exi-
gence d'une autonomie nationale complète pour les Juifs allemands. Mais
nous ne renonçons pas à cette exigence pour de quelconques scrupules poli-
tiques. Nous rejetons la pensée selon laquelle l'exigence d'une autonomie
nationale est propre à ébranler la position des Juifs dans n'importe quel pays.
Il dépend exclusivement du nombre de Juifs dans un pays sous quelle
forme les Juifs exercent leur droit à l'égalité des droits et puisqu'en Alle-
magne le nombre requis pour une autonomie pratiquée dans chaque relation
498 ARCHIVES DU MONDIALISME

Dtr deutsche Zionismus am Ende dts ersttn W eltkrieges 251

uns gewahlten Rahmen unser Verlangen nach Gleichberechtigung verwirkli-


chen. Kommt es in Deutschland zu jüdiscben Massensiedlungen, so werden
wir naturgemafi auf das Redit auf eine vollausgebaute nationale Autonomie
Anspruch erheben, da für das jüdische Volk in Deutschland dann alle Mog-
lidikeiten bestehen werden, die wir zur Entwicklung bringen müssen. Die
wahre Gleichberechtigung verlangt, daB jeder Volksgruppe, also aucb der
unseren, das hochste MaB freier Entfaltung innerhalb des Staates zugestan-
den wird, das sie zu erfüllen vermag.

Wir fragen uns nunmehr: Sollen wir allein Trager unseres Programms
sein?
Der Einwand, daB es für uns gefahrlicb sei, den jüdiscben Volksgedanken
und nicht das ganze zionistische Programm zur Grundlage unserer Forderun-
gen zu machen, kann nur bei solcben Beachtung finden, die an ein jüdisches
Leben auBerhalb Palastinas nicbt glauben. Da wir davon überzeugt sind,
daB aus jüdischem Leben organiscb Zionismus erwacbsen mufi, braucben wir
keine Sdieu davor zu haben, aile Juden, die sich zum jüdischen Volk zuge-
horig fühlen, zu Tragem des jüdiscben Lebens in Deutschland zu madien.
Wir halten uns aber aucb für verpflichtet, unsere Kreise zum Volk zu er-
weitern, weil man uns ais die Vertreter des jüdischen Volkes anerkannt hat.
Uns hat man Palastina gegeben, damit wir dort dem jüdiscben Volk die
Heimstatte bereiten. Wir müssen wollen, daB uns aile die verbunden werden,
die sicb zum Volk recbnen. Die Frage taucht auf, warum konnen diese nicht
aile Zionisten werden? Wir sind davon überzeùgt, daB einmal das ganze Ju-
dentum zionistiscb in dem Sinne sein wird, daB es Palastina ais seine wahre
Volksheimat empfinden wird, und daB alles jüdische Leben in allen Lindem
sich eins fühlen wird mit der jüdischen Entwicklung in Erez Israel, die durcb
ihre Leistungen der ganzen Judenheit das Gefühl eines allseitig entwickelten
jüdischen Lebens geben wird. Dieser Zustand ist aber noch lange nicbt er-
reicht. Heute bestehen im Judentum zwei Lager, das Lager der jüdiscben
Bewegung und das Lager der Assimilation. Zwei T endenzen bewegen die
Judenheit, und so durchaus der Zionismus den Teil des jüdisdien Lagers
vertritt, der, wie wir meinen, allein mit voller Klarheit die jUdische Gegen-
wart und Zukunft beurteilt, so zweifellos ist es, daB es zahlreicbe Juden in
der Peripherie des Zionismus gibt, die sich zum jüdischen Volke recbnen, ohne
Zionisten zu werden. Geistige und wirtschaftliche Voraussetzungen machen
es ihnen schwer, sic:h unmittelbar der zionistischen Organisation anzuschlie-
Sen, aber sie wollen zur jüdischen Bewegung gehoren, die trotz aller Vielfal-
tigkeit der Ausdrucksformen eine innere Einheit besitzt. Zu dieser jüdischen
Bewegung gehort die Orthodoxie, die sich zum jüdischen Nationalismus in
der Form des Gottesvolkes durchgerungen bat., ebenso gut wie die Gruppen,
die für die jüdische ~utonomie in den Landern kampfen, aber Palistina und
den Zionismus jetzt noch in unserer Begründung ablehnen. In Deutschland
ANNEXE XX 499

Le sionisme allemand à la.fin de la Première Guerre mondiale

est insuffisant, nous ne pouvons concrétiser notre exigence d'égalité des


droits que dans le cadre que nous avons choisi. Si des implantations mas-
sives de Juifs se produisent en Allemagne, il va de soi que nous exercerons
le droit à une autonomie nationale complète, car il existera alors en Alle-
magne, pour le peuple juif, toutes les possibilités que nous devons apporter
pour le développement. La véritable égalité des droits exige que chaque
communauté, donc aussi la nôtre, se voit accorder le maximum d' épanouis-
sement libre à l'intérieur de l'état, pour y parvenir.

Nous nous demandons à présent : Devons-nous être les seuls porteurs de


notre programme ?
L'objection selon laquelle il est dangereux pour nous de baser nos exi-
gences sur la pensée patriotique juive et non sur l'ensemble du programme
sioniste, ne peut être prise en compte que par ceux qui ne croient pas à une
vie juive en dehors de la Palestine. Étant persuadés que le sionisme doit
résulter de façon organique de la vie juive, nous n'avons pas besoin d'avoir
peur de faire de tous les Juifs, qui se sentent faire partie du peuple juif les
porteurs de la vie juive en Allemagne.
Mais nous pensons aussi être obligés d'élargir nos cercles au peuple,
parce qu'on nous a reconnus comme les représentants du peuple juif. On
nous a donné la Palestine pour que nous préparions là-bas le foyer du peuple
juif. Nous devons vouloir que tous ceux qui se comptent parmi le peuple nous
rejoignent. Alors arrive la question du pourquoi tous ceux-là ne peuvent pas
devenir sionistes? Nous sommes persuadés que tout le judaïsme sera sio-
niste, au sens où pour lui, la Palestine est sa véritable patrie et où toute la vie
juive dans tous les pays ne fera qu'un avec le développement juif en Terre
d'Israël , qui va donner à toute la judéité le sentiment d'une vie juive univer-
selle. Mais, cet état est loin d'être atteint. Aujourd'hui, au sein du judaïsme,
il y a deux camps, le camp du mouvement juif et le camp de l'assimilation.
Deux tendances animent la judéité et, le sionisme représentant la partie du
camp juif qui, comme nous le pensons, juge seul, avec clarté, le présent et
le futur juifs, il ne fait aucun doute que de nombreux Juifs à la périphérie du
sionisme se comptent parmi le peuple juif sans être sionistes. Des considé-
rations morales et économiques ne leur permettent pas de se rallier directe-
ment à l'organisation sioniste, mais ils veulent faire partie du mouvement
juif qui, malgré toute la diversité des formes d'expression, possède une unité
interne. L'orthodoxie fait partie de ce mouvement juif, elle s'est transformée
en nationalisme juif sous forme de peuple de Dieu, de même que les groupes
qui luttent pour l'autonomie juive dans les pays, mais refusent encore main-
tenant la Palestine et le sionisme dans notre justification.En Allemagne,
500 ARClilVES DU MONDIALISME

252 /26.] Dtznnbtr 1918

gibt es heute - anders als vor dem Kriege - groBe Kreise, insbesondere unter
den an Zahl und Bedeutung gestiegenen ostjüdischen Elementen, die nodi
nidit der Zionistischen Organisation, wohl aber der nationaljüdischen Arbeit
in Deutschland zu gewinnen sind. Sie alle wollen wir umfassen, um mit ihnen
für ein jüdisches Leben zu kampfen. Man sage nicht, daB dieser Versuch in
Deutschland milllingen müsse, da die altere Generation jüdisch groBenteils
festgelegt sei. Die Kinder dieser Antizionisten werden wir aus dem Lager
der Assimilation in das Lager des Zionismus herüberführen, wenn auch noch
so sehr versucht wird, diese Jugend hermetisch von unserer Beeinflussung ab-
zuschlieBen.
In diesem Augenblide wenden wir uns an aile, die vom Volksgedanken er-
griffen werden konnen. Nie war die Aussicht, die deutschen J uden zu einer
jüdisdten Entscheidung zu bringen, günstiger:
1. Das deutsche Judentum ist innerlidi durch dieErfahrungen diesesKrieges
schwer erschüttert. Die alten Argumente gegen das nationale Judentum sind
durch die Ereignisse überholt worden. Der Zionismus ist keine Utopie mehr,
die gewohnten staatsbürgerlichen Begriffe haben ihre Kraft im offentlichen
Leben verloren,
2. Die Orthodoxie hat mehr und mehr den nationalen Charakter des Ju-
dentums betont. Und so heftig der Zionismus von dem extremsten Flügel der
deutschen Orthodoxie nach wie vor bekampft wird, die Tatsache, daB die
Juden eine Nation sind, wird gerade von unsei:en onhodoxen Gegnern mit
leidenschafHicber Ent$chiedenheit betont, wenn sie unseren Volksbegriif
ablehnen.
3. Die Bedeutung des ostjüdischen Elementes in Deutschland ist wesentlicb
gestiegen.
4. Unsere innere EntwidrlHng wahrend des Krieges bat unsere jüdischen
Fahigkeiten und unsere politiscben Kriifte gestirkt.
5. Das / udentum der ganzen W elt ist vom jüdischen Volksgedanletn er-
griffen worden.
Die deutschen Juden allein, die friiher eine entscbeidende Rolle im Juden-
tum gespielt haben, haben sich bisher dieser Bewegung nicht angeschlossen.
Die alten Führer des deutschen Judentums.fühlen selbst, daB ihre Politik auf
allen Gebieten bankrott gemacht bat. Die Neuordnung der politischen Ver-
haltnisse hat ihren auch f rüher redit begrenzten EinfluB im politischen Leben
noch mehr geschwicht. Die durdi die alte Regierung geschaffene gesellschaft-
liche und wirtschaftlidie Stellung besteht nicht mebt. ·o em deutsdien Juden-
tum wird diese Xnderung allmihlich zum BewuBtsein kommen.
Wir hingegen haben ein Progra~ das in gleidie.r Weise den Juden in
Deutschland, in POSetl und Strdburg eine einheitliche aufrechte Stellung-
nahme ermoglicht. Wir konnen zeigen, da& nur der jüdisdie Volksgedanke
allen politiscben Verinderungen Stand hait.
ANNEXE XX 501

[26] décembre 1918

il existe aujourd'hui - contrairement à ce qui était avant la guerre - des


cercles importants, en particulier des éléments juifs de l'est dont le nombre
et l'importance a augmenté, qui ne peuvent pas être encore recrutés dans
l'Organisation sioniste, mais pour le travail pour la nation juive en Alle-
magne. Nous voulons tous les englober pour lutter avec eux pour une vie
juive. Qu'on ne dise pas que cette tentative va échouer en Allemagne, car
les générations âgées sont en grande partie acquises à la cause juive. Nous
allons sortir les enfants de ces antisionistes du camp de l'assimilation pour
les intégrer au camp du sionisme, même s'il est tenté avec force de protéger
hermétiquement ces jeunes contre notre influence.
A cet instant, nous nous adressons à vous tous qui avez intégré la pensée
patriotique. Jamais les perspectives d'amener les Juifs allemands à prendre
une décision juive, n'a été aussi favorable :
1. Le judaïsme allemand est très ébranlé par les expériences de cette
guerre. Les anciens arguments contre le judaïsme national ont été dépassés
par les événements. Le sionisme n'est plus une utopie, les termes '~itoyens'
habituels ont perdu de leur force dans la vie publique.
2. L'orthodoxie a de plus en plus souligné le caractère national du ju-
daïsme. Et même si le sionisme continue à être combattu violemment par
l'aile la plus extrémiste de l'orthodoxie allemande, le fait que les Juifs sont
une nation est justement souligné par nos opposants orthodoxes avec une
détermination passionnée lorsqu'ils refusent notre terme de peuple.
3. L'élément juif de l'est en Allemagne a énormément gagné en impor-
tance.
4. Notre évolution interne pendant la guerre a renforcé nos capacités
juives et nos forces politiques.
5. Le judaïsme du monde entier a été saisi par la pensée patriotique
JUlVe.
Seuls les Juifs allemands qui, autrefois, ont joué un rôle décisif au sein
du judaïsme, ne se sont pas ralliés jusqu'ici à ce mouvement. Les anciens
guides du judaïsme allemand sentent eux-mêmes que leur politique a fait
faillite dans tous les domaines. Le nouvel ordre de la situation politique
a affaibli davantage leur influence, déjà bien limitée autrefois, dans la vie
politique. La position sociale et économique, créée par l'ancien gouverne-
ment, n'existe plus. Le judaïsme allemand prendra peu à peu conscience de
cette modification.
En revanche, en ce qui nous concerne, nous avons un programme qui
permet, de la même façon, aux Juifs en Allemagne, à Poznan et à Strasbourg,
d'exprimer une position 'homogène et honnête. Nous pouvons montrer que
seule la pensée patriotique juive résiste à toutes les transformations politiques.
C'est pourquoi, une immense exaltation s'est emparée de l'ancien res-
502 ARCHIVES DU MONDIALISME

Dtr dtutsch, Zionismus àm Endt des trstèn Weltkrieges 253

sdten Judentums bemachtigt, ais wit politische Forderungen auf der Grund-
lage des Volksgedankens für die Juden in Deutschland aufgestellt hatten.
Diese Erregung, die von Tag zu Tag starker wird 1 wird uns zugute kommen,
wenn wir das rechte Mittel zu finden wissen, um sie für die Entwiddung
des jüdischen Lebens in Deutschland nutzbar zu machen. Dieses grolle Mittel
glauben wit gefunden zu haben. Es ist der jüdische KongreP in Deutsd,-
land.
Dieser KongreB kann, wie ich gezeigt habe, aus jüdischen Gründen nur den
Volksgedanken zur Voraussetzung haben. Der Volksgedanke.allein gibt dem
KongreB auch die erforderliche politische Grundlage, da politische Forde-
rungen heute nur von einem Volke erhoben werden konnen. Der Schutz der
Minderheitsrechte wird Volkern gewahrt, und eine andere Gemeinschafts-
bezeichnung wird heute von der Weltpolitik nicht verstanden.
Dem KongreB kommt nicht nur die Bedeutung zu, ein Instrument für die
Entwicklung des jüdischen Lebens in Deutschland zu werden. Er bat einen
durchaus selbstandigen Wert. Auch wenn unsere Hoffnungen für das deut-
sche Judentum sich nicht erfüllen sollten, wenn unser Weckruf ungehort ver-
hallte, müBten wir den KongreBgedanken vertreten. Wir wollen auf dem
groBen jüdischen Weltkongre/J, der Konstituant~ des jüdischen Volkes, ver-
treten sein. Der WeltkongreB wird nicht nur das Symbol der Einheit des
Judentums, sondern audt der Trager des weltpolitischen Einflusses der jüdi-
schen Volkskraft sein. Mit einem Sdtlage kann das deutsche Judentum sien
weltpolitiscb dem groBen jüdischen Volke eingliedem, indem es '· ais volks-
bewuBtes Glied an der allgemeinen jüdischen Erhebung teilnimmt.
Wir sind daher entschlossen, den jüdischen KongreB in Deutschland einzu-
berufen und erwarten, daB der Delegiertentag unser Vorh-aben einmütig bil-
ligen wird.
Ich bitte•Sie daher, dem folgenden, vom Zentralkomitee einstimmig ange-
nommenen Antrag zuzustimmen:
.Der 15. Delegiertentag der Zionistischen V ereinigung /ür Deutsd,land
bescblie/Jt, die Kra/te der zionistischen Bewegung in den Dienst des Gedan-
kens der Einberufung eines Jüdischen Kongresses in Deutschland zu stellen.
Dieser KongreP soll alle in Deutschland wohnenden Juden Nmfassen., die
im Bewu/Jtsein ihrer Zugehorigkeit zum jüdischen Volke an der Entwidtlung
eines Jebendigen / udentums mitarbeiten wollen.
Die Zionistische Vereinigung /ür Deutschland tJertritt /ür den KongreP,
/olgendes Programm:
a) Palâst-ina als nationale Heimstatte Jür Jas jütl.ische Volk.
b) Tatsiichliche Durch/ührung der vol/en- Gleichberechtig-ung der Juden
in .allen Landern~
c) Nationale Autonomie f"r die jüdische Bwolkerung der Lander der
jüdischen Massensiedlung sowie aller anderen Lander der Welt, deren
jüdische Bevolkerung Anspruch a11f sie erhebt.
ANNEXE XX 503

Le sionisme allemand à la.fin de la Première Guerre mondiale

ponsable du judaïsme non sioniste lorsque nous avons établi des exigences
politiques sur la base de la pensée patriotique pour les Juifs en Allemagne.
Cette exaltation, qui se renforce de jour en jour, nous sera bénéfique si nous
savons trouver le bon moyen pour l'utiliser pour le développement de la vie
juive en Allemagne. Nous croyons avoir trouvé ce moyen. C'est le congrès
juif en Allemagne.
Ce congrès, comme je l'ai montré, ne peut avoir comme condition préa-
lable que la pensée patriotique pour des raisons juives. La pensée patriotique,
à elle seule, constitue également la base politique nécessaire du congrès, car
actuellement seul un peuple peut pose! des exigences politiques. La pro-
tection des droits des minorités est accordée aux peuples et, aujourd'hui, la
politique mondiale ne comprend pas d'autre désignation communautaire.
Le congrès n'a pas seulement pour mission de devenir un instrument du
développement de la vie juive en Allemagne. Il est tout à fait autonome. Même
si nos espoirs pour le judaïsme allemand ne devaient pas être satisfaits, si
notre ~ppel n'était pas entendu, nous devrions représenter l'idée du congrès.
Nous voulons être représentés au grand congrès mondial juif, la constituante
du peuple juif. Le congrès mondial ne sera pas seulement le symbole de
l'unité du judaïsme, mais aussi le porteur de l'influence politique mondiale
de la force du peuple juif. D'un seul coup le judaïsme allemand peut s'inté-
grer, en termes de politique mondiale, au grand peuple juif en participant, en
tant que membre, conscient de son patriotisme, du soulèvement général juif.
C'est la raison pour laquelle nous sommes décidés à organiser le congrès
juif en Ailemagne et d'attendre que la journée des délégués approuve notre
projet d'une seule voix.
En conséquence, je vous demande de bien vouloir approuver la requête
ci-dessous qui a été approuvée à l'unanimité par le Comité central :
«La J5e journée des délégués de l'Union sioniste pour l'Allemagne dé-
cide de mettre les forces du mouvement sioniste au service de l'idée d'orga-
niser un Congrès juif en Allemagne.
Ce congrès rassemblera tous les Juifs vivant en Allemagne qui, conscients
de leur appartenance au peuple juif, veulent participer au développement
d'unjudaïsme vivant.
L'union sioniste pour l'Allemagne a le programme suivant pour le
congrès:
a) La Palestine comme foyer national du peuple Juif. [Janvier 1919]
b) Mise en place dans les faits de la pleine égalité des droits des Juifs
dans tous les pays.
c) Autonomie nationale pour la population juive des pays où la coloni-
sation juive est massive ainsi que tous les autres pays du monde dont
la population juive exerce ce droit.
04 ARCHIVES DU MONDIALISME

254 f ,.,,,,., 1919J


d) Bestitig•ng 1111,r Ausn11hm1b,1timm11ngm gtgtn •uslandiscbe Judtn,
msbtsonrl,r, so/ortigt A11fh,b11ng Jn in D111t1chlttnd be,tthentlm
Grtns,p,rre g~g,n tlit Jlùlm.
e) Umgtstalt,mg dts jRàischm Ltben1 in Deut,cbland ;n Jemolnatischem
Sinn, i,nd nationtd-jildischem Geistt. •
Wir haben nur Forderungen aufgestellt, die wir in unserem Leben verwirk-
lichen wollen. Unzionistisdi ware es, aus GrUnden der Demonstration Wün-
sche auszusprechen, denen wir, wenn man sie uns gewahrt, nicbt gerecht wer-
den konnten. Deshalb haben wir uns in der Frage der nationalen Autonomie·
begrenzte Ziele gesetzt. Dennodi sind unsere Forderungen Hoc:hstforde-
rungen. Sie erhalten dadurch ihren Sinn, daB wir ihnen durch unser Le6en
unmittelbare Wirklichkeit verleihen. Unsere ganze zionistische Arbeit in
Deutschland ist in unserem KongreBprogramm entbalten. Dieser Arbeit wol-
len wir mit allen unseren Kraften dienen. Für uns Zionisten gibt es in der
per50nlichen Bewahrung keine groBeren und kleineren, keine niheren und
ferneren Ziele. Vertrosten wir uns nicht auf die glüddichere Zeit des besseren
Judentums künftiger Gesdùechter. Wir empfinden die Notwendigkeit, hier
in aller Unzulanglichkeit der auBeren Verhaltnisse als Zionisten zu leben,
wenn wir die Hoffnung auf eine endliche Erfüllung des Zionismus lebendig
in unserem BewuBtsein tragen wollen. Uns gilt das Wort: Und was 1hr heut
nidit leben kônnt, wird nie.
ANNEXE XX 505

{janvier 1919]

d) Suppression de toutes les dérogations contre les Juifs étrangers, en


particulier suppression immédiate, en Allemagne, de la fermeture des
frontières au Juifs~
e) Transformation de la vie juive en Allemagne au sens démocratique et
dans un esprit national-juif.»
Nous n'avons posé que des revendications que nous voulons concrétiser
dans notre vie~ Pour des raisons liées aux démonstrations, il ne serait pas sio-
nist d xprimer des souhaits que nous ne pourrions pas satisfaire s'ils nous
étai nt accordés. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes fixés des
obje tifs limités en ce qui concerne l'autonomie nationale. Ils ne prennent
tout leur sens que si nous les matérialisons directement dans notre vie. Tout
notre travail sioniste en Allemagne est contenu dans notre programme du
congrès. Nous voulons servir ce travail de toutes nos forces. Pour nous,
les sionistes, il n'y a pas de grands et de petits objectifs, pas d'objectifs
proches et lointains dans notre mise à l'épreuve personnelle. N'attendons
pas les temps plus heureux d'un meilleur judaïsme des futures générations.
Il nous paraît nécessaire de vivre ici et maintenant en tant que sioniste mal-
gré des conditions extérieures qui ne sont pas idéales, si nous voulons garder
vivant, dans notre conscience, l'espoir d'une concrétisation tant espérée du
sionisme. Nous appliquons la maxime,: Ce que vous ne pouvez pas vivre
aujourd'hui, vous ne le vivrez jamais.
ANNEXE XXI

La question des minorités


à la Conférence de la paix (1919-
1920) et l'action juive en faveur
de la protection internationale
des minorités
(Thèse de Nathan Feinberg)
ANNEXE XXI 509

NA1'ltAN FElN1JÉJRG
~Ult :KN DilOW
t ~ TltUJ11lfAU'.X; Qtnl:;.t,, :t>:ît P'.AJ;tS'i'OtJj

; LJDRAinm.- t ~JiuB ·noÙ-ssEA.U ··


BOUSSE.A ·U ·. & C '! lD l>lTE-lJH
1
. '
1'4.. lflJ'E· SO'tlTX!'IH.r B'l' nvn TOVLI'..l:iUh' '·ù~('V)
ANNEXE XXI 511

P"·------------

NATHAN FEINBERG ..
DOC'l'aVII - Daoft'
ATOOA'l' nà Ulla 'Z'IIDVW.&Vlr: GffDa Da I ' ~

~~-.: _;~- ".


:• ~ ...
:"•/ ....
•~ .. t,.~

~~ .t:--:- .•
LA QU}~STION DES MINORITÉS
A LA CONFÉRENCE DE LA PAIX
DE 1919-1920 ET L'ACTION JUIVE
EN FAVEUR DE LA PROTECTION
INTERNATIONALE DES MINORITÉS .. •· .. ' ...... ' -

,,, ...........

. ;,
,.._ . ., ~, .
-~"-:> -::-~: ----::~ <
/

OONSBIL POlJB LES DBOITS DB& JONOJUnS JUIVES


(COKIÛ Da DAL:iG~TIOJf8 JVIVmD
.·. i

.-.
,, · ... . . .. '· . ; :.-.', ~- .. ~"~ •.,•-. . ~:-:.._";:•·· ' , .'
-. .. . .. '. , . ;. . . :~-::.":~ : :: : -~~ -· ·.• ?:·:·. - . . __.~, ~->; '..:: ·-.~.:.·f.; ~->\/..... ,.

-~;' .:)>:}'-:~~~:1~:~~m~2~-~c/·~~::~:=·Z~~:~: :,.,:;•-~, :. -· .N·-__


~;>-, B01788EA 17 a Cm, ÉDIT ■ Va& · -: .. ,.,_. ··"-
~ •va~_.•- ,ovu.iaa. 1a m ·,:.'.-: · :· ,... ·
1
-.···,··· -
,. "'·. :."' ...
.. ...... : ,,.
)
1999 .

-.
...... ...

........ .
512 ARCHlVES DU MONDIALISME

~
..... -~

- .• ·
-.

J,: .:·
......... ·:"--:#· .

., "• ~-- ; . :.. - ' '~ ... t ......


..... ~

. ., ~
~
'

.......... _....
ANNEXE XXI 513

,,., - - , ,u -
.,,_ . ✓ , ... 4 , ~ ' ... ._. ~ .-..;

• < •
...,,

TABLE DES· MATIÈRES - . ., "; I '1,-


µ
.,
•✓

""'""" . ...- .,. , ~ -.. ... ., :. . .... , ~

·~ · ,.__ Paaea
AVANT-PROPOS :- ~ >-· _.' -;·-·_/ i .f'?.": _
\ ':-.?: _-':~. ~ ~·~-:- 0
• \ : · •• • :,_ .__

-: ' "" ~ • ..;--~► - ; ~ , -- •~


-· ·~ .. ·-~~~ -< ~-~ ~·;. CHAPITRB PRUIEI\. .;:-, ~:~ ;~· · ~>·- - - - •<r-· . 7

:.

Les droits des minoriltés dans J.es traiWs de paix de· ·


~ -.......•.-.~.......... .,...-•.•.••~ .~••.•.•.•
1 ot·D- t 920 •·••• -.-•••••_ ~ tl * ..... ... . . . . . . ... •• • __ ...

.:: ,,,. • ~- _.,, ... - .. _, . - ~-,. ►• ,; .. .. - ·,, -~·

·- ~,~;~ ))_:: ;}[ i·;;,__.-_ CHAPITnB Ît.-. ;:/-~>))\-\\_:~-7-~ -


Dr-écédents historiques .-• • ~ ~ ••-~.; ~ .-•~ / ••:i. ~-~-.-:·~/ •• ~~ •.-. : . ~ •• ·• ·.--.-.. 15

\ ~- _::..~.--~L-:; ~;/r·::\:::;<ir ~~:;lT~ ·;~ :~-~~//f~·: f2:~; :~-~~: ·:,\-~-~


La question des minorit~s dans. les· proJ.ete. 4e p~lx (les . ~-·
-· associations pa-cifistes. .• • i~ .. • ...~-- ~. ~, ... .,,. ~, ·· ~ •••• , • • • • • • . • • - 22
-·<,. ·;~ ---~~~.;~ -:.\~;.:~: CllAPITnv"' :>-:~: ;::··~/: ~::/.-'··-
""" ,.._ ,., .. • .. :,, ,. • " " ,. ... ' ' ..,, : - ' ... , ,1.,.. ....

._ . r-'·. . ...... ., ' .. .., - ~~ + • .• .,. , , .. ,. .,. .. . . .,,. . ' _,. ~.... . ._
Le · problème ~es minc;,rit~s (tan, le-- prog;l'&:mme. de paix · -' :· ·.· ·
- · , de la Soe1al-démoorat1e -; ••• - . •••••••.•••••••• -••-•••• .• •• -· · 2.\

Les droits des minorités dans les buts de goerre des pays . _:
belltgérants .....~.•.• ••••.••.•• t ••.. ......... ! . . .... . . . -~• • • • • • • y:~. 28
·_ •·. ·. -· : ·__" CHAPITRE VI. _.:..;~:---·-·::~:. : :':·.:·_· -··:
L~action juive à la Conférence de la Paix et la oonslitu- ~--~.-· · . : ·
:. tion <lu c Comité fdes !)élégations Juives auprès de ♦-~ ,

la Conférence de la Paix > ......... .......... ~ ............. , . 32


CHAPITRE VII. ·.\ . :___ -_ . ~ -_·_-'-- .. - . -
La protection des minorités dans ·les projeta du pacte de
la Société des Nations et Ja lutte du Japon pour .
•régalit.6 des races ••.•••••••••••••• ~ ......... 11 .. •• • • • ~ 65
514 ARCHIVES DU MONDIALISME

.... . ,

.. '
· · CHAPITRE VIII. ,. -: · ,.. .
La question des minorités devant J,e c Conseil Suprême •
. et la création de la c .Commission des Nouveaux
, Etais et de protection des Minorii,a > •••••••••••••• 87

. .
Le memorandum du c Comitt§ des Délêgationa Juives --
auprès de la Conférence de la Pak > •••••••••••••• ___ _ 71
. :· -~- -. .-'" :·- \ .>,\~ :{,.;i/:.. ChapLlre X. - }/(:·:·:~:'. __-.--~-- \- ; ._--.,
L'opposition des Etats intéressés et la bu iti~me séanoe · - - ~
plénière de la Conféreooe de la Paix du 31 mai 1919 95 •· ,

---. ._·- .·:. · , -~. ~-- ~- :·:::~:_ \ . CHAPITRE ~XI_. :·3:'.//t-~t ~-~-<::;~/ ~ -~-:_ -
Le développement ultérieur de la question et, la signa-
-- . ture des traités des minorlltés ........ ·~.............. t 06
Conclu.alon
~EXE A. Traité dit des minorités, signé le 28 juin t 919,
à. Versailles, entre les Etats-Unis d'Amérique, l'Em- ~
~1re Brittannique, la France, l'ItaUe. le Japon et la ·
Pologne ............................... ............. ._ t41·

ANNEXE B. Memorandum concernant les droits des -m ino- _.


ri~ s. présenté par le c Comité de~ ~élégations
Juive& auprès de la Conférence de la Paix>. le tomai
~ t 919, à la Co~férence de la Paix • • • •.• • • • • • • • • • • • • • t -18

ANNEXE C. Discoure prononc4· ,p ar le Pr~sident WUson, le


31 mal t9t9, à la huitième séaooe 'J)'léni'ère de la
Conférence de la Paix (texte anglais) • . • •• • • • . •.• • t84
ANNEXE XXI 515

. - ,

. '•
~:_ -;.:.., ...... -~ . . ., ,. .... ~r.. .. .,.

:_ - -.~->- ·:.: __--_- -A V ANT-:Ê>ROPOS -~/,::\ :;,,~-_> -~ :,·


.... -~ .. .... ' ..., . ~. .

'-- -_- ~'.:.. <---- ?\ :·? )'/ :.·./;.: ./:·: :;:· ~<~"~,: . ..

3> ~-- \'\':_ /


~ ..... . ,.

.
.,

: n s'est écoulé près de dix années depuis le 28 juin i9i9, ·


jour auquel, en même temps que le traité de paix avec
l'Allemagne, fut signé à Versailles le premier traité en faveur
des minorités. Quoique le laps de temps qui nous sépare de
cette date historique soit relativement assez long, le moment
n'est pas enoore venu pour entreprendre une étude historique
complète de la question des minorités à la Conférenoe de la
Paix et de l'élaboration des traités dits des minorités. · ·. •- -·
Le problème des minorités avait occupé la Oonférence
de la Paix, dès l'ouverture de ses travaux et, à ce moment, en
connexion avec la préparation du Pacte de la Société des
Nations. Par la suite, ce problème surgit au cours des débats
du «Conseil Suprême,, et, selon la décision de celui-ci, il
forma l'objet .des travaux laborieux d'une commission
spéciale. · -
Le livre de David Hunter Miller Ths Dra{ting of the
·Co"enant, paru il n'y a pas très longtemps, a levé le voile
couvrant les travaux de la Commission de la Société des
Nations, et, par là même, ont été livrés au public tous les
détails concernant le sort des articles relatifs aux minorités
dans les différents projets du Pacte de la Société des Nations.
Par contre, un lourd mystère ~se, jusqu'à ce jour, sur les
délibérations qui eurent lieu au sein du Conseil Suprême,
ainsi que sur les travaux de la <cOommission des Nouveaux
Etats,,, chargée de la préparation des stipulations des traités
des minorités. Les procès-verbaux de ces séances sont rigou-
reusement gardés dans les chancelleries et archives des divers
Ministères des Affaires Etrangères et personne ne saurait
prédire combien d'années s'écouleront encore avant qu'ils
voient le grand jour.
. Mais, si l'on ne peut pas songer aujourd'hui à écrire une
516 ARCHIVES DU MONDIALISME

·. -: ·.•;·:~- ~· ·-:<· ~
:\')?<.·: -- :-- 8 - :.. ~, :~~ ( ~·:_.-~-~- -=,:_.~-i. / . _:; ::.--~/··
.. '. ,_ 'Il> .,; .. •
... . . . . .- .J

histoire tout à fait complète, peut-être le moment est-il déjà


venu de fai~ une tentative sérieuse pour donner un tableau
général, aussi complet que possible dans les circonstances ·
actuelles, du développement de la question des minorités à
la Contérence de la Paix. De nombreux ouvrages: monogra-
phies historiques, articles juridiques, conférences politiques,
mémoires personnels, ete., êmanant, pour- la plupart, d'hom-
. mes d'Etat et de juristes. qui prirent personnellement part à la
· Conférence et savent fort bien ce qui se passa autour d'elle,
contiennen~ éparpillés· et. non·systématisés, une foule de pré-
cieux faits, détails • information&; il s'agit de le&· reoueillir. ·
de les contrôler; de Jee grouper, de les rédiger. et ils- peuvent
oon~tuer une· base sûre pour un &01ide aperçu historique~
+ Notre tA.che a été, dan& uns large mesure, facilitée par le
fail que, grâce à-des personnalités politiques qui avaient suivi
de fort près les travaux de la Conférence, nous avons pu obLP-:
· nir quelques·inrormatione précieu889 sur les débats qui se dé•
roulèrent au .ein du Ooneeil Suprême au. sujet de la question ·
des minorités-, ainsi que certains autres rensei-gneme.nts et dé-
tails très· importants. Ces informatione sont. absolumen~
dignes de toi et leur véracUô ne &aurait être mise en doute.~
O'est un devoir ag,éab)e que nous accomplissons en expri- ·
mant iei à ces personnalités toute notre gratitude pour l'in.-··
térêt et l'appui qu'elles ont bien voulu nous témoign~r. au
cours de notre travail. ·~ ·_ --: -· ~ ~ . . ..-., - <--.~ .,.:-- ... - . . ~~ .--~-. ·
.__.. · Conjointement av~·1a qllestiÔD des minoriMs à la CoÏlfé•:-
rence de la Paix, œt ouvrage traite auesi de l'action juive en~
faveur de la protection internationale des minorité&. Oer
deull questions sont-elle&· connexes 7. De distingués savants.
ron souvent et à maintes oecasions affirmé et· la tàohe qu~
-nous, noue sommes imposée oonsistait à vérifier à quel point·
l'action des représentante juifs avait réellement contribué
aux travaux de la Conférence et exercé une influence daa.
ce sens. ·. ~ ;. · . . : .. . - . . ~

·· . · Dane ·eet'8 pu-lie. de ·notre étude, ·égaleJQèllt, · Do~·


sommes loin d'élever une prétention quelconque à avoiP
épuisé la mati.ère et il1 n'est nu11ement dans notre intentiorr
·de donner une histoi,e de toutes les démarche& et aoUont--
qui ont été entreprises par les Juifs, pendant- ~ avant ·la
Conférenoe1 en · taveut, do la· garantie internationale: des
droits des minorités. ·· . - _ . . _ ~ ·,- ..... _
.. -:~-..:. ·: ., ~' .....
~ ' ·
....

.,.
~
ANNEXE XXI 517

1 -

. , La plus grande attention devait être aooordêe à l'action


du «Comité des Délégations Juives auprès de la Conférence _
de la Paix,,, l'organe juif central orêé dès après l'armistice
dans le but de plaider à la Conférence la cause des minorités
juives et qui se composait des représentants légitimes des
populations juives de l'Europe du Centre, de l'Est et du
Sud, ainsi que de représentants élus de millions de Juifs
d'autres pays. En conséquence, parallèlement au développe-
ment de la question des minorités à la Conférence, le présent
ouvrage expose et éclaire aussi l'action du Comité; en même
temps, il examine Je rôle que cette institution fut appelée à .
jouer dans l'élaboration des traités des minorités. · ·- - -·~ -
- -_ Même s11r ce point, l'on ne se trouve pas encore dans
une situation très privilégiée. Jusqu'à ce jour, le Comité
n'a pu, pour différentes raisons, publier les d-Ocuments et
matériaux les plus importants relatifs à son action pendant
. les années i9f 9-f920, susceptibles, sans nul doute, de
contribuer, dans une large mesure, à élucider le rôle qu'il
a joué dans ce domaine. Une fois de plus, nous nous sommes
vu obligé de rechercher et de glaner à toutes sortes de sources
les éléments qui permettent de dresser un tableau général
des travaux du Comité. --.. ~ - .. ; · · --.- . . . · ._ · . · . ·<
· ·· Cet ouvrage a été écrit sur l'initiative du <<Conseil pour
les Droits des Minorités Juives {Comité des Délégations
Juives)>,. C'est sous ce nom que le Comité continue, depuis
ao11t i927, son existence. Qu'il nous soit permis de remercier
1ci publiquement le <cOonseil» et. tout particulièrement, son
Président Exécutif, M. Léo Motzkin, d'avoir bien voulu nous
charger de cette mission et pour la confiance qu'ils nous ont
ainsi témoignée. ~ H , - • • ~ • • •~ -. A_. -_
~- _

Nous remercions également M. Je Dr ·J. Robinson, avo- ·


· cat à Kaunas, d'avoir bien voulu revoir le manuscrit, avec· ·
une bienveillante attention; de même, nous tenons à expri-
mer notre profonde reconnaissance à M. H. Sinder, avocat
à Paris, pour les soins dévoués qu'il a apportés à la mise au :
point du texte français de l'ouvrage. . ·
Nos remerciements vont enfin aux bibliothécaires de la
Société des Nations pour l'extrême amabilitê et J'cmpresse--
. ment avec lesquels ils ont toujours acoueilli toutes nos -
demandes. ,_ . _. .- · .. _ .::· . :> :... ;.·_ ·· . ..·.• _
Genève, mar~ f 929. -:~,~
ANNEXE XXI 519

.. .. . .
,~ , ~ ~ . ,., .... ~

._:::-; ~ -. .. . )} . . . _:~ . . . j ; -. . ~
.. ~ __, -
: .~.. : ..

. .-.,>,.. -~- ~ $.~:...:


·~ -- ,.,.. ,

~-:-::::.. :-:.:-;_/::.-.>- . -:~:-·


., .:: { ~j) :: '.'- s7:- ,· ; ·. ---;_

-
~ - .,

_·: ~..... - - - . -::f . _,. - .· -


,_ • w.,,..\ . ,,,.• . -. • ..... ~ - "-~ • ., ._ ,, ..
, ~ ~~... ~~~ -
:-- ' ., .

:r~~;;RE PRE
:_

{ 3 '_:·:::~--.:~--f. r-_,_.~

=~::. .:. j:;j~i~.. .. ': ~-:. ~ f,.:: _. =·· -.'· :. .:~,:.c.:-: · : '"' - . . . .

LES DROITS DES - HINOBITES DANS LES


:::">·,;{ TRAITES DR PAIX DE 1919-1990 :··. ·<.__i
:{ \ -.:. :· ~~\~;-~. •• .-~ •• •_•..c • .,.,--.: •• - •. . • ;•• ~-. f , : .• - . •- •• . • , . : : ·._ :·· .. ' ,: : .

~:: ---~ Les stipulations en faveur des mlnoritêa, inoorporêel


soit dans les traités de paix, soit dans des aooords spéciaux
conclus pendant les années t9t9-t920, doivent, sans contre- .
dit, être oonsidériea comme l'un des meilleurs et des pl111 .
heureu:x: résultats de la Conférence de la Paix, qui marqua .
la fin de la guerre la plus crnelle e\ la phn sanglante dont
le monde ait Jamais eu à souffrir. --_. ; : · -· ~•>·À-·-
:. La Conférence de la Paix a mia à la charge de toute
une série d'Etats, dans l'Europe de l'Est et du Sud-Est,
l'obligation d'accorder à Jeurs minoritêa certains droits ci-
vils, politiques et culturels et elle a créê pour ces droits une
garantie internationale en les plaçant 90U8 la protection
spéciale de la Soci.été des Nations. -. -- -_. - ·; ·,.. · _~- . · ~
· - · Parmi les Etats qui durent ae soumettre à de telles .
obligation1 internationales, se trouvaient, en premie·r lieu,
Jea Etats nouveaux ou considérablement agrandis, tel1 que
la Pologne, la Tobéooslovaquie, la Yougoslavie, la Roumanie
e\ la Grèoe, et, en outre, une partie aussi des anciens ad- :
versaires de l'Entente : l'Autriche, la Bulgarie, la Hongrie
e\ la Turquie. . ~ . .~-~· ·_ > _,.. .~ = =· , _ ~ - - -·. :- . ~ ...
; · Les droits oonten111 dans les traiWa des minoritêa sont, en
général, divisés en 5 catégories: -
t • - Droit, ,n fafJeur de tou, i., habitant, du pay, ,a,u
· diltinction tù nai.t,anc,, tù nationalit,, d, langag,# tù rac•
ou de _religion_.: ~ -,?- V·. :· _: .-~~-.. '"',.. •!-> •;?"f' •- ;- ·- ~~ ~ .- • =·~ . _·:: -~
520 ARCHIVES DU MONDIALISME

,· :-~ ,"· ~ ~- _;·, ::./; ~; ::· - _12.:- \ ;:.:_~-- -~:·: :~i_'_ ·-: \-<.~ ·:: ~-_...
: -= ·:··. · '.·.·: a) pleine 8t entière protecÙ~~ de le~r vie et de leur ·_:
liberté; · -
. • b) libre exercice, tant public que privé, de toute toi, .
religion ou croyance. . ··· ··~ ·
2° - Droit à la nationalitl du pays, automatiquement et
,an, aucune formalité : ·: ·· -- ~ .
a) par le tait d'avoir sur le territoire du pays son
domicile (ou son indigénat) à la date de la mise en vigueur
du Traité; · ~ ·. · · -··. · - ,. · - . ~-. · :-· · - · _; -.~_ - · . ·
b) par le fai.t d'être né sur le territoire du pays et de
ne pouvoir se prévaloir d'une autre nationalité 1). · , _

.. · 8° - Droits en faveur de tous le, ressortissant, du pay, .


aan,· di$tînction de rac&, de "1,ngue. oie de religion. :
~ · a) égalité devant la loi, c'est-à-dire égalité des droits
civiJs et politiques, notamment en ce -qtli concerne l'ad-
mission aux emplois publics, fonctions et honneurs, . ou _
l'eDrcice des différentes professions et industries;·. _~ ... : ·· - ·. :
~ ·~ ··. ~ ·, b) libre usage d'une langue quelconque soit dans
les relations- privées ou de commerce, soit en matière de
religion, de presse ou de publications de toute naturet soit
dans les réunions publiques. Dee facilités appropriéell doi~ .
vent être accordées aux ressortissants d'une langue autre
que la langue majoritaire, pour l'usage de leur l~ngue .soi\
oralement, soit par écrit devant les tribunaux. · . • ·.- ..:_ ~~
:~ -i• --- Droit, en f avBUr d,ea rea,ortissant, du payi appar~ -
lmant· 4 tùa minont,, elhnique,, ·religieus~ ou ·l~ng~
tique,}·:-~::_ ... . . - ~. . •,·. · .· :-:- . . . .·.· -,· ~ ",. --.-"- _· ._ "· _- .. ·_ ...)... ... _ -·
: , · .. ·_f a) droit, égal • celui de tous les autres citoyens, de
créer, diriger et contrôler à leurs trais des instituüona 1

oharitables, religieuses ou eociale,, des êeQ14'8


établissements d'éducation, ..
autres
. . , . -- ~ . . .. • ~- :-··.. ·.;_ ~
e" *

·· · , 2 ~ · b)' dans -les ville$ et districts .où _ réside une propOP-. ·


tt·ott . considérable-de restortissant- · d~ne:. l~gue ~ulre- que
la :langue majoritaire~ dès. facilités appropriéea doivent 8tre
aeeordées pour que, dans les· éeoles primaires d'Etat, ·l'in&• ·
truction soit donnée dans leur propre ·l angue __fUX ~farll1
de cet· ressortissants-. . ~.,.. ~ ____ • , . ~
. . Dans ces villes- ~t .dislriOts,:'
· · .
_éga18:ment on·. d~" .
·:. (1 ). Les llipulations co~~~ant .la ·aationaliié diff~rent, ·~ pnéra)'; ~ ·
I• diven traités: toua renfermeat. cependant. cea ·cleu princip& . , ·. . .,. ·
ANNEXE XXI 521

♦) ~ li -- , •~,, -~:, ' < V: ~:~ •



.~ • y

;· .._,_ ,.. _ , i ~ " ,.- - JI\.......

·wnrer aux minoNt. llne pait •itable danà Je l>énéfloe


~t 1..necMLtimi des sommes qui J>o11rraient être attr.ibuées ·
-,ur ~les tonds pubiics ,par le budget de l'E~ Ju ~
lnunioipaux eu. autra, dana un :but d\',ducation, œ religion
ou de charité. . , · . · _ ~ _.-- -> .
--__·_ _5° - Caractère juridique de ce, obligation, : : ·~-~~,, ;•,<· •
· a) l'article i des tr&J-tés des minorités prévoit que
ces dispositions doivent être · reconnues par chaque pays
respectif comme lois fondamentales, avec lesquelles aucune
loi, aucun règlement ni aucune action officielle ne peuvent
être en contradiction ou en opposition; · · ·
b) aux termes du dernier article des traités, les
stipulations affectant des personnes appartenant à des
minorités de race, de religion ou de langue constituent des
obligations d'intérêL international, placées sous la garantie
de _la Société des Nations et ne pouvant être modifiées sans _
l'assentiment de la majorité du Conseil de ladite Société. .
· TouL membre du Conseil de la Sooiét.é des Nations
aura le droit de signaler à l'attention du Conseil toute in-
fraction ou danger d'infraction à l'une quelconque de ces
obligations et le Conséil pourra alors procéder de telle façon ·
et donner telles instructions qui lui paraîtront appropriées
et efficaces dans la circonstance.
En cas de divergence d'opinion sur des questions de
droit ou de fait, concernant ces stipulations, entre un
membre du (}onseil de la Société des Nations et un gouver-
nemenL soumis à ces obligations, cette divergence sera
selon les termes de l'article i4 du Pacte de la Société des
Nations, considérée comme un différend ayant un caractère
international. ·
A la demande de l'un quelconque des membres du
Conseil de la Société des Nations, chaque différend sera
détéré à la Cour Permanente de Justice Internaüonale, qui
statue en dernier ressorL ·
Ces stipulaUons se trouvent, presque littéralement, dan1 ,
tous les traités ooncernant les minorités. Quelques t.raités
comportent cependant encore toute une aêrie d'autres dla-
posîüons, ainsi par exemple les articles spéciaux en faveur
de la protection des Juifs dans les Traités avec la Pologne,
la Roumanie et la Grèce, sur lesquels noua nous arrêterons
plus en détail par la suite; la protection spéciale des musul-
522 ARCHIVES DU MONDIALISME

- ---
mans dans les Traités aveo la Yougoslavie et la Grèce; l'auto-
.nomie territoriale des Ruthènes dans le Traité aveo la
Tohêooslovaquie; des droits spéciaux pour les Szeckler et
les Saxons en Transylvanie dans le Traité avec la Roumanie,
etc.

'> .. : ... "' .... _:.,,, .... ~-,.

_-<-: ~;,,. : : -----~ • ,_ "--:.: :'


-.. ...... #,.-,.,.... .. • - • ~ - "'
- - > ~ :-::~ ::- ·:-,.: .~ :- ::..:-:-: -:· ~· :~;. • ·;--·--
,_:~"~/~ <i:~:
·~
~i•t•>~- ~::-; •:,.<~,~~ ;Jf:
: .,. •... :-
,;. .. .. ..
:R:
..
~;~
"" __:·... '-~"
-~""✓ •··.;·-<-..-: ~ . -:~--:--_,.. "!_ .. _:- ~....,. ~: ~ __,. :t:

~ -·.. ~· t~♦ ~
-;:r""~
ANNEXE XXI 523

- '~ ·
..
- ,,,. ,
A ,._ .,. '"' • ·
,. , ...
., -- -:."":-'Y-.:.- :., ,.;.,- ~-.;, ,;, . - ·:. ... . ,,

= "",,._~ _
. . ··- ,..,
'"I, : , .. ,.,.~

,
. ..
: '#, , ~ ,,,..... _

. ,_ :,,

,. - .. . ...
·- ~ ~--- .._.
.
'
,,,,., -.·...-·-
, ,,

.. . . ,/ . ~::_.v;'~:-:. . .· ~:,:_- :.:: ·" -



-
, r
..
>.•·. -~~-.~ --: ~-~-~:-:..:~>~-
~.
.. '

- -_. ~ - . . ·.. -✓~;,:;~ <~:< ~,.,~: -~~,.~~-.,:~, ,:·;:~~;- ~_·:


""" ·"

~.. CHAPITRE Il . - "


- ·"' .. .,,..., -,, ,

V
,.

' • , ,.,. *J ,

-;_ ~ -~- ~-- ..<--· ·.:-~ . 7) _··:· ~-- ;;:.~~ · t =~--} .:_
,w _ -- - :. . ;

· · .- · :-. PRÉCÉDENTS IDSTOBIQUES · ·\- :: ·::.~~-)


~ . • • • ✓-:.-.:-:=?';:-:..,.,.~-~.:"',<,, :. ,- :'" ~ • • • -: -:•-- • •-:-••• __...-::-•. ....• •~A :.. :,_ :- • : :

En décidant d'incorporer dans les t.raitét1 -de · paix la·_


protection internationale aes minorités, la Conférenoe de la
Paix n'a, à proprement parler, rien créé de si nouveau qui
n'ait déjà eu de profondes racines et d,importants précédents
dans le passé. En réalité, il s'agissait moins d'une innovation ·
que de l'application, sous une forme beaucoup plus étendue ·
el plus appropriée aux nouvelles circonstances, d'un prin- #

oipe qui avait déjà derrière lui un _long développement e\


toute une histoire.• . ~-=~~ ;. • -- · -- :-:- · •:.. ·.. ·: ·· - ·-- ~~ :-~ ~"'\ ~-~ -- _. ~ - ~ ·.__;. _. · ~ ·-:-
. - Aussi, quand les différents Etats intéressés eurent sou- -·.
levé de vigoureuses protestations contre les obligaüons qu'on
entendait leur imposer, les auteurs des traités leur rappe- -
lèrent tout simplement qu'au fond ils n'innovaient guère et -
qu'ils poursuivaient une tradiüon qui, développée durant
· le XIX• siècle, est devenue une coutume bien établie, une
norme du droit international ~uropéen• .:» --·=· .. :~-- ~. - , ,..=- . -- . ~ ~.:

-~ ~ Déjà dans les Traités de Vienne de t8t4-t5, nous trou- ~


· vona quelques dispositions ayant pour but de garantir la ·
liberté religieuse et l'égalité des droits. Par exemple, dans
J'aote final du 2i juillet i8i4 au sujet de la réunion de la
Belgique à la Hollande, ou dans le Protocole du 29 mars t8t5 ·
relatif à la pro~ction de la population catholique dans le
-territoire que le roi de Sardaigne cédait à la République de ·
Genève. En oe qui concerne la Pologne, le Congrès de
Vienne alla même jusqu'à lui reconnaître des droits .
naüonaux, en disposant dans l'acte final du 9 juin i8t5 que ·.
Ja Russie, la Prusse et l'Autriche devront créer pour leurs -
sujet.a polonais .des insütuüons qui leur ~ ,,assureront la
524 ARCHIVES Dù MONDIALISME

oonservalion de leur nalionaliié, d'après les formes d'exis- .


lenoe politique que chacun des gouvernements, auxquels ils ·
appartiennent, jugera convenable de leur accorder>>.
Plus tard, lors de la reconnaissance de l'indépendance ·
de la Grèce, en rannée 1.830, de l'autonomie des Principautés
de Moldavie et de Valachie en t856, de l'indépendance de la
Roumanie, de la Serbie et du Mont.enegro, en l'année t878,
el de la Principauté bulgare autonome, dans la même année,
- le concert- des Grandes ~Puissances exigea toujours des
nouveaux Etats 1 ), en les admettant au sein de la famille des
peuples civilisés, qu'ils s'engagent à gouverner en accord
aveo certains principes fondamentaux · reconnus comme
lormant la base de l'organisation politique et .sociale du
monde. On con-sidérait alors la liberté de croyance et de
~ conscience et l'égalité des droits civils ét politiques comme
un -m inimum de ces <<principes généraux de justice 61 de
liberté».. En règle générale, cette égalité s'êtendait non seule--
.ment -a ux cultes chrétiens, ~mais -encore à toutes les ,autres
religions sans distinction et, ,par conséquent, -aux .Juifs
égaleroenL Cependant il y euL aussi des exceptions. · _-
Lors du Congrès de Vienne, les Juifs de Francfort-su~-
_la-Mein .et d'autres -villes allemandes envoyèrent des délê-
8&üons chargées de raire des démarches, à cette occasion, en
~ laveur de l'émancipation des Juifs dans les Etats allemands;
mais ces délégations n~eurent pas de succès. Dans Tacte ~e
Vienne 6W' .la ,(<Constitution Fédérative de l'Allemagne»,
l'égalité juive n·'avait pas été garantie. Le seul article gui
f1lt admis consistait en ceci: -- on imposa à la lliète ae la
r Confédération de I'Allemagnë -l'oblig&ü.on de chercher les
moyens propres à assurer à tous les adeptes de la religion
Juive la jouissa~e de.s droits ci.vils dans tous les .Etats de la
Oonfédération et l'on détendit à. ~ceux de ces Etats gui
avaient déjà aècordé ·des dro1ts- à leùrs ressortisaants juîts,
de .les leur retirer. . , -·~ ·
, _ .Quarante ans ·env1ron çrè~~-~- noua v~yons .les .Juîla
y~--------#. . . - ' ... .
~ ~ --- ... ~ . .. .
~
-
~ , . . ,, ~

.
...... .
>
..,..

~
.,. . .
....
~

. · ·'1) F.n ,,~Nt ·~,aaqe i-t ~Ji ~ariÎqu~.;..t m -~ ~ -~e


~ paya d'Orient et n'a pu été appl!qué au Etatt de l'Europe Occiden•
lûe, par uemplc Ion de la constitution du royaume d1talie ou de rEtat
.UemUNl. la eu cité cha traité -relatif -à 1a réunion de .Ja Belgique à fa Hol-
lande ea est la seule -aceptien. •Cette dÎIIÎactioa -• , éplemeat ;pré•ba à Ja
dernière conféNmce de pais. _ y

,
• ••

..

... - '" . _ • _

. . ...... . .
ANNEXE XXI 525

-17 ---
anglais et français intervenir auprès de leurs gouvernements
en faveur de la protection des Juifs dans la ·Molde.vie et
dans la Valachie, cetLe fois avec plus d'efficacité. ü Proto- ;
cole de Gonstantinople, du t t ténier i856, garantit l'égalité
des droits aux membres .de toutes les religions, f com.prls
la religion juive. Mais peu de temp.e -prèe, -de.n,s la OonY.en-
Lion de .Paris du iO aollt 1858, l'obligation tut l.imité.e aux
seules religions chrétiennes. Q.uapit aux -utres r~ e.ligio.~ , il
fut sLipulé Jeulement que la jouistanoe de ces d.r oits pourrai.l ·
leur être étendue par des disposîüa~ législ$tiYes. Par contre,
robligation que la Turquie assuma de par l'ae~ connu sous
le nom d' «acte de Hatti~Uoumay,oun,,, du i8 février t856, fut
formulée de telle sorte qu'elle pr,o~t non seulemen.\ les .
chrétiens, mais aussi les Juifs. 0-'eat de la mGme -manière que
la questio.n fut réglée en i-878. Aus•i bien 19$ trai~ &Yeo Jes
Etats ~ s'eJiranchirent de la domina.tion tu~que qJie oelu.i
conclu avec la Turquie elle-même oni ~anti i"éplité ,(les
droiœ aux ressortissant.$ de toutes 1~ religjons e~ parte.nt,
aux populations juives égalemen.t. A~ Oongris de B~rlin,
on s'est même tout spécialement .~up,é de le, situation d~s
Juifs en Roumanie. Le représentant j'talien, oomte .YJ.llll~f,
proposa que, <<dans le but d'éviter topt malentendu»,, f '9n
garantit ·expressément aux Juifs m~ai.ns, -d,uis ,m. a.rljele
spécial, le droit à l'acquisition de la A&tionalité r~Ul,ll&in9., -
La proposition n'a pas é.té $dop~, mei, ~ut.a ,-~histoire ·
ultérieure de la question j ui-ve en RontB;aoie a déin.oJ>.tré
el&irement ~ombien elle é,WJ to~d6e ei ~•nte. P• to-u s 18'
moyens, le gouYernem~nt .rQu~eJ;,n ~4ercba .t;. ae déri()ber et.
1

4 ne ))48 \exécuter les .o.bligations . .gyi .bü. ~e()Qlbaiient cm


vertu de l'arücle ü du Tr.e.ité de .BerliQ. ·n pc~l&J.Aa 1-
Juife étrangers, les oond.&mAa à ia :triste sitJl1t\ion d'«apa~
vides» (Staa.tento,e) et, par toute ee Jérie §Je ~rs..éoutiQns ~
et de mesW'el .res·tri.;,lives,, ii ltQr rendit la 'rie li_UéraleDlen\
intenable. ~ · . ... . _ , _- -: ., :..... -_. - · . . . -·"'. :· ,. 4~ . , ... _ - •

En l'année i88t, la Tb1.1S&lit !ut riu;oie 1, la G,èoe e.f ·


dans le f :rotQ.OOle du 2• mai !881 tont .-~PN'SaéPltat ~raa•
tis les ~.lW J.',eli;~? cj. \iJ.s t politiques du hùitanls dt l& =

1'h8'8&1l~, ..i partteulie, ,cieJJ 11,1usuk.Jle.tll• ,. _~~~-


7-~ ---~· _ · • •

Aux ~onfkre~• de l~t~ t-i-ts 4 W:a4iés, à St~P.ter.J-


bOAArg à Bu ·. :' i n, ·dâe li · tn~ les paye ~
bltkee1 :• , ..Le -e :t M E~- -~~is d'Amériqu~ ,
526 ARCHIVES DU MONDIALISME

~.

avait alors estimé devoir s'adresser à la Oonférence de


Bucarest et lui proposer d'insérer dans les traités des dispo-
siUona spéciales en faveur des populations des territoires
qui changeraient de statuL poliüque. Mais, on le sait, cette
proposition ne fut pas prise en considération. C'est seule- .
ment pour les Koutzo-Valaques que, lors de la signature du
Traité de Bucarest du 28 juillet (iO aodt) i9i8, fut reconnu·
par un échange de notes entre. le gouvernement roumain,
d'une part, et les· gouvernements bulgare, grec et serbe,
d'autre part, une autonomie pour les écoles et pour les
églises. Mais là, il ne s'agissait plus de la liberté et de l'éga-
lité pour toutes les minorités, ainsi que l'avait demandé la
note des Etats-Unis, mais simplement d'une protection spé-
c~e pour une minorité déterminée. ~,, , ~ .. ~ .. . . ·.-. _
·. Dans les traités que la Turquie a conclus à la fin de .
l'année t9i8 et au début de l'année i9ii, à Constantinople
avec la Bulgarie, à Athènes avec la Grèce et ·à Stàmboul
avec la Serbie, ont été incluses des dispositions concernant
la population musulmane dans ces pays. _
_ !Al 29 octobre f 918 et, pour la deuxième fois, quelques
jours avant le déclenchement de la guerre mondiale, le 28
juilleL i9i•, le gouvernement britannique communiquait,
entre autres, officiellement au ((Conjoint Jewish Comm.ittee»,
à Londres, que lors de la reconnaissance des transferts
territoriaux survenus à la suite de la guerre balkanique, le
gouvernement britannique aurait en vue la protection de la
liberté de religion et des autres libertés des minorités
(religiou, and other libertie, of Minoritiea). _· .~ .
Il n'est pas sans inté~t de rappeler ici, et · encore que
le cas n'appartienne plus, à proprement parler, au paimé, que
dans le Traité de Bucarest de i9i8 entre l'Allemagne et la
Roumanie vaincue, figuraient deux articles, l'un visant la
protection de la liberté religieuse et l'égalité des droits.. en
général, et .l'autre consacré tout spécialement aux Juifs. _
Ce sont là, sommairement exposés, les précédents histo-
riques les plus importants, précédents généraux ou touchant
parüculièrement les Juifs, . que nous découvrons dans
l'histoire poliLique .du XIX et du début du XX• ·siècle 1) .
◄ ~ -
...
... J,,I' • ,- .1 "' .. ......... ~ ...: - • ...,,. • - - - .,.

· (1) Voir : H. W. V. Temperle.z: A History of the Peau Confermce·


of PA Londoa. 1921, Vol. V, (Uaapter IL The TreGtia f•r lha, P,..
ANNEXE XXI 527

- .,,. .

Quelle que soil l'importance de oes précédents, · il existe,


cependant, une grande différence entre la façon don\ la
quesUon se posait aux conférences du aiècle passé et la
forme sous laquelle elle fut soulevée lors de la Conférence
de la Paix à Paris. Tandis qu'alors, il s'agissait presque
toujours uniquement de la liberté religieuse, et de l'égalité
des droits, une pareille solution du problème en i9i9 n'aurait
pu, en aucune manière, salisfaire ni les peuples minoritaires,
ni l'opinion publique mondiale. Dans la lutte pour leurs
droits, les minorités opprimées des différents pays avaient
mis en avant, déjà longtemps avant la guerre, des revendi-
cations bjen plus larges. Les travaux des associations paci-
fistes, au cours des longues années de la guerre, les réso-..
lutions de l'Internationale socialiste à ce~sujett ainsi que les
desiderata et les vœux des Etats vaincus :-- toutes ces
manifesta.lions se trouvaient sous l'influence directe de ces
revendications el tendaient .à. leur donner_~ une expression
juste et adéquate. C'est dans le même sens .que fut dirigée ~
l'action du <<Comité des Délégaüons Juives auprès de la ·
Conférence de la Paix». Le <(Comité» défendit devant la
Contérence le problème des minorités comme un problème
purement naUonal, et non religieux, et revendiqua pour les _·
minorités non seulement des droits oivils et politiques, mais
aussi, en même temps, des droits culturels et nationaux. Si
la Conférence n'est pas, elle non plus, allée jusqu'à re-
connaître, dans toute son étendue, l'autonomie nationalet il
n'en reste pas moins qu'elle ne pouvait plus se contenter
d'accorder des droits individuels d'égalité et de liberté el
qu'elle s'est vu obligée d'assurer aux minorités dans les
domaines culturel et social un certain nombre de droits qui
par leur nature même sont des droits collectifs. · ._
Il esL encore entre les .précédents que nous avons citée et .
les derniers traités une diff érenee affectant, il est .vrai, la, # .

forme plutôt que le tond, mais qui est de la plus haute ·


importance et signification politique et juridique. / . . .;• .-. :· ·
. l
- ..... --
leclion of da. Minoritia),· p. 112-120; Jacqua Fouquea Duparc. La Pro-
tection de, Minoritéi Je race, de lan_Jue el Je religion, Paris, 1922, p. 73
et IUÎY.: Andrf Mandelstam. La Profeclion tla Minoritâ. Recueil d~
Coun cle l'Académie de Droit International. 1923~ Tome I de la collection.
Paria. l92S, p. 369 et auiv.; Lucien Wolf, Nole• on the Diplomaûc Hislory ~
of the /et»iJa QueJtion t»itla Tata of TrtalJ Stipulations anJ other Offi-
cial Docamen&, London, 1919. · - ~ _· : · , · ~
528 ARCHIVES DU MONDIALISME

-· ·IAS disposiUo119 concernant les minorités insêrées dan1


les traités des années i9t9-t920 ont été placées, ainsi que
noua l'avons dit dans le chapitre précédent, sous la proteo- ·
tion el le contrôle de la Société des Nations, en tant qu'organe
suprême de la famille organisée des peuples, et de la Cour
Permanente de J ustioe Internationale de la Haye, en tant
que Tribunal Suprême du mond~. _._ • ~: _ ~ ~ ✓ 7
;. ,:

ccSous l'empire des anciens errements - écrivait le ·


Président de la Conférence de la Paix, M. Georges Olemen-·.
ceau, dans sa fameuse l~ttre du 24 juin i9t9 au Président du
Conseil de Ministres de . Pologne, M. Paderewski, - la
«garantie d'exécution pour des prescriptions de cet ordre
•reposait sur les Grandes Puissances. L'expérience a montré .
que cela .était, en pratique, inopéranl ..» ._ . . ·
. _ Il est hors de doute que cette ,,expérience inopérante,,
dont parle la lettre de M. Clemenceau, est une allusion au
triste cas de la Roumanie. A la face du monde entier, la
Roumanie viola ses engagements internationaux et le
c<Concert des Grandes Puissances» ne fit rien pour la
contraindre à faire honneur à sa signature et à exécuter
honnêtement et loyalement l'article 44 du Traité de Berlin. -
Le seul gouvernem·e nt qui ait considéré de son devoir
de protester contre le traitement injuste des Juifs en Rouma-
nie, fut celui des Etats-Unis d'Amérique, encore qu'il n'ait
pas participé au Congrès de Berlin, et qu'il ne fftt donc
pas partie ·-a u traité. . P ar leur intervention humanitaire de
{902, les Etats-Unis d'Amérique espéraient provoquer· une
action énergique de la part des Etats qui, étant oo-signataiœs
du Traité de Berlin, avaient à la ·f ois le droit t,l le devoir
d'agir. En effet, le gouvernepien-t britannique adressa, dans
le cours de la même anné~, à toutes les autres _g randes
puissances la proposition de faire une démarche collecU~e
auprès de la Roumanie; la Russie et l'Allemagne ne s'y étant
pas montrê disposées et comme on considérait qu'une t.elle
intervention ne pouvait être entreprise que ·collectivement,
la démarche n'eut jamais lieu.
;~ Le précéden·t roumain, comme on le voit, n'êtait pu des
plus enco~ta. ù,a Nprésen·tanta Juifs à la Oontérenee
de la PU ne cessèrent de le rappeler; Ha demandaient que
l'on ne renouyel&t plus lei fautes oommiaea et que l'on ol'é&t
un .système de garanties etrioaoes. Oea re~endications fureni
ANNEXE XXI 529

... ,_-- --:.., .


.,, .,.. ---_::. - , ..... ""

prises en considération et, lors de la discussion des stipula-


tions des minorités, les auteurs des traités cherchèrent et
trouvèrent les voies et moyens susceptibles d'améliorer et de
oonsolider la protection desdites stipulations. La oonsütution ·
de la Société des Nations et de la Gour Permanente de
lustioe lnternaüonale devaient en fournir la po88ibilité. · ,~~,~

. ...,-' -··~
··-
~:-:.
... .,

_. ,.
~-:.,°jl._• • _,,,: ),e
,,, .,..,, - 4 ':<,,'·,r
.,,. "' ,...., ,,, '

, . ·,,

~
530 ARCHIVES DU MONDIALISME

.... ... ' "

. - ~

::
~
... - . .- t : ,,.
-~ ...... " ,.......... ...
.. ..... ♦
.,;
>
• •
~
!
,.
,,. - """
.&·
".,. ....
....
.
.. ,,,

,.
.
.,

.. ... _ .,, • 4 -

.... ' ....... • .v ' - • - ~....- .::r.. ) "' ... .,.. .... .. . . ... - - .. ~ ... . ~ ,., ~
J.. - • ' - --- " ... ' .. ... ~ ,.,._... . . ... - ·- ► .... ':: ,,,. .. ....._.'r:;"' ..._ _ ... ·i:. ;. ► - .......

.,.' .. ' ~;~·"\~ "· ..':-'-=- _--~ ~~:.:~-.; ..:- : ·_::, --.. >~ -~·-..~" ..-~. , .-~--.: . -~A-:•::.
~- . . - • •• ✓,,
-•~- .,. • .,: ' ",.--;•• -• ,..... ,- •
4 ~--~

;_-,,.;.,_-,, •
~ ,.. -:· -,- ·_.: ~ -~-~. . ~--~-- -- :,__: ·. :_. .CHAPITRE III .·.. .-=~-_ ..: -- ·i:. _>>-
: -:- ,->
i-, • • ·_- .. • •

':;_2,: :::\ : :~~;;<- - - .- . -;.-"' :<._- -, :-~-·:};: ~ -~- ~ -


LA QUESTION DES MINORITÉS DANS LES
~- PROJETS DE PAIX DES ASSOCIATIONS .
• •p ACIFISTES -- ~--- ·~:.~ ..:>'-' ·.. ·.' .. ·~ .. ~- ;:~---~- - .
- • A -~ • : .:_ -~-:~; ::: •

~.' ·- ·····::._~- :_~-:'. '.;':-'-"_.~'- .~.";- ~-- . . - . · _._: ·_ ...... _.~· ·· . ... _·

: ·-~ -· Au cours de ]a guerre, différentes ·associations et orga-


nisations pacifistes furent fondées dans toute une série de
pays. Leur but était de préparer des projets pour la paix à
venir et de mobiliser l'opinion publique en faveur d'une paix
juste et équitable. Il va de soi que les questions se rattachant
à l'application du principe dit des nationalités o~ de l' <<auto-
détermination» - et de son corrolaire, le problème de la
protection des minorités, oocupèrent, dès le premier jour,
une place très importante, sinon la plus importante, dans
les travaux de ces organismes pacifistes. .. .
Parmi les associations qui ont prêté à ces questions une
attention spéciale, celles qui méritent d'être citées en pre-
mier lieu sont l' <(Union des Nationalités», à Lausanne, et
l' ((Organisation centrale pour la Paix durable)), à la Haye. . -
Lors des conférences des nationalités de Lausanne,
pendant les années i9i5 et i9i6, fut élaboré un projet de
"déclaration des droits des nationalités», qui, dans l'esprit
de ses auteurs, devait servir de .complément organique à la
déclaration historique des Droit.s de l'Homme et du Citoyen
et qui contenait également le principe de l'autonomie
nationale 1). ._. _. . __ __ _ _ ~ ._ _ _ _ _ __

----- ., .,.. .
.·.
~ _, . ' -- .. ,,.,., .. .... . .....

(1) A la troiaième Conférence des Nationalité. de juin 1916, M. Zévi


Abenon a, au nom du « Comité National Juif en Suisse >, fait un discoun
sur les revendications juives et formulé les po1tulat1 des Juif,. Voir: Union
Je, NationalitéJ. Office Central. Compte-rendu Je la III- Conférence cla
Nationalités, réunie à Lausanne 27-19 Juin 1916, Lausanne, 1917, p. 145-1S2.
ANNEXE XXI 531

~ Mais, en ce qui conceme lé problème des minorités, ce


sont les travaux de I' ,,Organisation Centrale pour la Paix
durable», fondée en i9i5 sur l'iniüative d'une association
pacifiste hollandaise, qui furent les plus concluants. A la
conférenoe où fut créée cette organisation, prirent part des
délégués des pays neutres, de même que des représentants
de quelques Etats belligérants. Le paragraphe 2 du <<Pro-
gramme-Mi nimumn adopté, prévoyait, pour les minorités,
l'égalité civile, la liberté religieuse et le libre usage de la
langue.
Une commission spéciale, sous la présidence du pro-
fesseur norvégien Halvdan Koht, s'est occupée, pendant les
années suivantes, de l'élaboration, en tous ses détails, du
paragraphe 2 du programme-minimum. A la séance de
Copenhague de cette organisation, en . octobre i9i7, a été
adopté Je projet connu sous le nom de «projet d'un traité
internaüonal relatif aux droits des minorités nationales».
Il est difficile de se prononcer sur la question de savoir
si l'activité des associations pacifistes a eu une influence
directe sur l'élaboration des traités des minorités. Oes
associations ont, sans doute, contribué à créer dans le
monde une opinion publique disposée en faveur du principe
de la protection des minorités, ainsi qu'une ambiance
favorable pour les travaux futurs de la Conférenoe de la
Paix dans ce domaine. Une influence directe ne peut cepen-
dant être décelée. C'est avec raison que Fouques Duparc
observe: •leur idée n'aurait sans doute pas triomphé si des
intérêts et des passions ne l'avaient appelée à la vie » 1},
faisant ainsi allusion à l'action juive à la Clonférenoe de la
Paix. _. ,. .: - A · : _ i • _ • _ • ~ __ :. • _., - • • • ,.. _ . _ .. : .. - • ..:

, ·-~· ,.~ --. <~ ~ ~·- # _,


...
-
.. ......
.....
""""

• •
1,-

6
--.:
..
-
..
.,,...

..
-- ·...
'.. ./ ' ~ :_ . :.. · , -- ,.,. ; ... .. ... ... - --... . J • - "" "';. •.,,;,, .. -

-
. . ~ . :. ~ , - . - ~ ... ..:...
, -~- '., . '. -: :· , - . - -_ '-" -- ' .- ;

.--; .. (1) J. Fouques-Duparc. op. cil.• p. 149. ~.- .-· _-. ~ --~··.:-- :_: ~- .·_~·-~ - A - -
532 ARCHIVES DU MONDIALISME

. ~_..,.. , ~ :
.. ✓

-
,. ·' .
....
,,. .. :..-. ~- . ..'
";

, :
,., ,,,....

..: _.,
" ";

" . : ..

...~ ' ~,----.. ~ · .


... ., ... '
.,, ~,
:• "" " ~

.,.,,. ... .. . -. . . .. ... .,..... -.-


,. -"'" .... ... ...

-~> :< ·~·:-· ~~;' ~ --.,. .:, . :~"} \)~:~.y"''~:·:'.·:>.~---..-..~~-: .:._:~.. ·::>:::-~~-- t. -·~-/ :;~_ .-: -:<-::.:•':-:: ~
- . · ~·' :!<..~~~- <~--~ CHAPITRÉ IV ' -.-. . . c--.:~<.;., . . . .~~-.:~
-·--: . ·: :.~.:-_ ; ,- ;: ,.:- ,,: :} :7:o:_~ '.
'~ i PRonLÈMÊ Î>EÉ(.MINoBITÉS)iA.Ns·_ LE
PROGRAMME DE ·· PAIX -"l>E .. LA SOCIAL·
=:: _:_. -~ _., :::~~~---/ ~'-:.~ /-;' DÉMOCBA.TIE / >::.-~f:> ·.-·c .• ·?:~/ _
::·-~
~
-~ ;:-..":-;~ ~~- -~ .•.:\.':.:~/:, 2~/\ .. ~ . ~ -.·
J ~ • ~ ..,. L 1' .-. "' "' r.~ .,,,( ♦ • , ..,_, , ~~"':- ;, ,.._ ....... '
< ••

_,....,

"'-

" ,.
••

.,. • .

~
• • • •/

- •
,.· • ;:

• ...
: • '

..
: :.

- ...
- - ~ ' ,. .. " ~ '

_._, •
-~ - " _--

"
: · --_: ~ ; ~ .: : -· . - ~

"'

Aussitôt la ·guer.re déclenchée, ]'<<Internationale» social--


,r~·

. démoerate commença à s'occuper activement _des différents


problèmes sociaux et politiques à .l'ordre du _jour et qui
devaient, de touk, évidence, recevoir leur · solution à une
conférence de paix. Parmi les problèmes qui, .dès l'abo~d,
appelèrent l'attention de l'<<lnternationale», figurait aussi 14
question si -douloul'ellse et si complexe des nationalités. -· :.··.
· . . Div.erses réunio,n.s .et . conférences socialistes procla-
mèrent iœmédiatem.en1 le principe d.u .d roit d.e ~us les
peuples à disp,Qser d~eu-x,..mêmes, en le considérant comme
l'une des p.rincipales bases de la paix futur.e. Par contre,
l'idée de.s droits des minorités et de la néoessi.té de oœer pour
ces droits mie garantie .internationale n '• pas attaré, au
dhbut, dau ces milieux, toute ,l'attention 1"oulue. Qe n'est
qu"au bout d'un certai:n temps q\l'ell~ a été in.cluse ()ffteieJ-·
lement dans le pl'9gr&nnne de pak de la ,eooi.ei~démQeratie.
Ce succès lut I al/Jlt une large mesu~re, à l'aotivlté 6ner.-
gique et eonseienf.9 des dirigeante de la <<.Goafédération
&U:\\'Jf èœ .aociali•te j ui~e Pode Sion»., qui ~ n t à,
é e.iUer rmtérét éle l'c<.Internation:al1e,, pour la qtlestio-n juiv.e.,
e.t1 eo.aourremme»t a M elle, -'°'ur l'ensemble du p?toblèmt
de.a minerjf.é .• · · · _ · . :' -·, < · : ; .-:~· ··:- #- • . - _ ~ ~. . ·.~

~~-· ;~-:- .. En noYem:b"9 !tt5,


.
1. ~~OAle_Sio.~»
. - .. ..
. .prêsen~nt leui .. " ... . . ....
ANNEXE XXI 533

~
' - ·---....... •
,,,_.., ..
-6 ~ t •

~
',
- ~:·•.·
-

-1.
-

., .. ,,
: ,,,

..
,

..:;_- . . :·'~,
~ "
,
î

premier memorandum au Bureau socialiste international 1).


Déjà à la Conférence Sooialiste des paya neutres, de jnillet-
aot1t i0t6, à la Haye, avait été adoptée une résolution en
faveur de l'autonomie des minorités nationales; d'après
l'interprétation expresse du rapporteur, M. P. S. T·roelsta, la
minoriW juive y était comprise. . -. , ~-., _ : ._ .:~· :· _ ·
Mais bien plus grande fut l'influence qu'exerça le second
memorandum remis par le «Poale Sion», le 6 aodt i9i7, au
comité dit <<Comité Hollando-Scandinave», chargé de pré-
parer la oonférence socialiste neutre de Stockholm. ~
memorandum contenait les revendications des Juifs quant à
la Palestine et dans les pays de la Dispersion•). Oe memo-
randum revendiquait pour les minorités juives ·l'autonomie ·
nationale personnelle; en même temps, dans la seconde
partie de ses propositions générales, il sollicitait les mêmes .
droits pour toutes les minorités. La social-démocratie juive,
en défendant devant l'<,lnternationale,, )es intérêts des minori-
tés juives, n'a ainsi demandé, pour celles-ci, aucun privilège, ·
mais a revendiqué leur protecUon uniquement dans le cadre
d'un règlement général du problème des minorités'). Ainsi
qu'on le verr~ plus loin, l'activité du <<Comité des D~légations
•,

_ _ _ ___ : _ "'_ î,•~~·-~-..--~-:_ >"~"<•/:<. -~,>"-'./~~·. ,·< >';~


,.:.;.-.,:t-,_:-. •:· . :· ~~ -: ·:~.: . -~ =: ..
, • ,,_. ~ "" -.. •'-• •• ,. : ,i,. I • " ~ - ._ " " ..., • ... _.. ,J/1' "' •:: ~ • ♦'") ,_ /

> :_ • • ·:~. - ••

. ,._. . .. ...

: (1) Voir: Die /utlen im Kri~e. Denkschrift des Jüdischen Sozia-


Jistischen Arbeitervert>andes Poale-Zion an das lntemationale Sozialùtische
Bureau, Den Haag, 191S. ~,. __ ,.,_·. . . _.
- · a) La J:!artie du memoranclu~ concernant les Juifs a été publiée dans
l'ouvrage de Leon Chasanowitsch und Leo Motzkin. Die /utlenfrage tla
Cegenn,arf. Dokumentensammlung, Stockholm, 1919, p. 14-19. . . . ~
, (3) M. F ouques Duparc. of!. cil., p. 154, aboutit à la même conclusion.
Mait la citation sur laquelle il se base est inexacte. D cite à ce sujet la
. phrase suivante qui se trouve dam la partie du memorandum motivant les
revendications Î!JÎVe1 : · c Cette revendication vise principalement l'Autriche-.
Hongrie et la Russie, mais elle concerne auui les territoires qui seront érigés
en provinces autonome, ou en Etats nationaux : la Pologne. IUraine, )a
Lithuanie >. En r&lité, ai cette phrase est lue avec son contexte, il ne peut
y avoir aucun doute qu•elJe concerne seulement lea Juifs et non toutes les
minorités. A la situation des minorités nationales en général, est spéciale-
ment consacré, dans le memorandum, le paragraphe 2 de la deuxième partie
des propositions intitulée : c Le droit da nations à disposer d'elles-mêmes >.
Ce paragraphe revendique c la garantie du droit de chaque minorité natio-
nale à la conse"ation et au développement de 1a physionomie nationale
et radministration autonome pour les questions nationales >. . . .
·· Voir : Memorant1um tla ilélé,uéa Je la Confédération Ouorière Socia-
liste /uioe Poale Sion au Comité Socialide HollanJo-Scarulinaoe. Stockholm,
le 6 aoat 1917• . . , -.. · . . _ · ~~ -·~ _"' .:.- ~, · .,. ··-,.,.
534 ARCHIVES DU MONDIALISME

----- ~ Il .... . , _ ;.., .,,-


.. ~.. , - -~
.........
.... .. "" , ·-
Juives auprès de laOonférenoa de la Paix» _était, ~Ile aussi:
pénétrée du même esprit. ,. :-~~ • :~ ., :_ ~ .'·~ -.~ _ .> ·: ~ :- ._. ~- - - . .
. Le memo~ndum sus-mentionné atteignit le tésulta1,
·souhaité. Le man ifeste de la ·Oonférence de Stockholm
réolamait, en parlant de la Pologne, « la garantie du déve-
lop pement économique et de l'autonomie des minorit~s juives
et autres». ·A la {lonférenoe de l'<clnternationale» à Berne, en
février {919, a'est-à-dire quelques 11emaines après l'ouver-
ture de la Oonférenoe de la Paix, a été votée une résolution
demandant que - l'on assurA.t aux minorités un certain
minimum de droits garantis par la Société.des Nations. .·_:_:; _, ..
--·•_< · Deux mois )>lus tard, la ·eonférenoe Internationale
Socialiste a expressément reconnu, à ADlsterdam, le caractère
international du problème juif. Proclamant pour les Juifs
le droit de disposer. d'eux-mêmes, elle demandait pour eux .
l'égalité des droits civils et politiques ·dans tous les paya,
l'autonomie nationale dans les pays où ils vivent en masses
compactes, la crêatio~ d'un _foyer national en· -Palestine et
l'admission du peuple juif au sein de la Société des Nations.
Ce fut, sans nul doute, le grand mérite des ((Poale Sion»
d'avoir obtenu, grâce à leurs efforts, que l' <<Internationale
Socialiste>> comprît dans son programme officiel de paix la
protection internationale des Juifs et des minorités en
général. Oe mérite parait d'autant plus saillant quand on
réfléchit à l'important .facteur que .présentait l'opinion
publique socialiste pendant les négociations de la paix. . ~~.~ ,.•
··- . L'on ne pouvait cependant pas · s'attendre A ce qu'en
tormulant ainsi ·c ertains postulats en faveur des minorités,
la Social-Démocratie p11t consacrer à cette question une plus
grande attention, voire se charser d'une initiative quel-
conque dans ce sens. Il ne faut dono nullement être surpris
qu'à l'arrivée de Wilson en Europe, avec son premier
projet du Pacte de Ja Socié~ des Nations,les social-démocrates
aient employé tous leurs efforts afin de déterminer Wilson
à inclure dans son eecond projet amendé une 11tipulation apé-
oiale concernant la protection internationale des tra-
vailleurs, sans faire également auprès de lui aucune dé-
marche en faveur du problème des minorités. Ainsi qu'on le
sait, leur vœu a, en effet, été satisfail 1
_ :-_

; -_~ ~- Et si, dans le second projet du Pacte de la Société des


ANNEXE XXI 535

27 .._ ,( .... +

Nations, Wilson a êgalement fait une nouve11e proposition


concernant la protection internationale des c,minorités
elbniques ou nationales,,, qui ne figurait pas dans son
premier projet, il convient d'en attribuer l'origine à l'influen-
ce d'un tout autre facteur, - notamment des organisations
Juives. _:, ~ _" ____ ., ._~--~, ·/-::>-: .'.:// ~ ~- -~ . .:,_,, < : ,>
-· ' ':·-": ::, .. ,_·,_._ :. •:, .'-·-..,. .. , ";' ;:_..;;~·,·\.~ ·-?, ·~:~ - .= -· ~:- .
. .. - · -. ~ ,. , ~'...
, ·.","•," ...__ ~~ . . . . ·::: .... ~--~·~-~-
, -.
~ -·~··
.: -...· v..- -.;.~~- -: -

·. .s~--:>?~~/'.~~)?:i~//\':,,::·· .~::· -~t~->:~ /-~~-: ·:·. . ·:-:


• ,.. - -,..~·, ~ ..... : •• - ;. ,< < #' • • - "· . - · ":,. •. - ' · -;:. ----·~ •" •••

~>~ ·.-~-:-.: '?-:':-:::,;~~~-:· ~1~: ~-·.


i~·~ .. -· . :~.;
- ",~ ""'> ""_,. .:: .::• ~ ..--· -
..... ~~ : ,~ ... ~"~·.

_. ·-;. ·'~··•.;<;:A:~Â_;~.::~2;~· .. V A.

~ ~~rx: >--~ .. 3

,,._,
.,. .
- .,, , ~ )' -: -
..
· .,..

; "~
:.-, :~w#>J
• ·-1.~, - ~ ..,, -:·.,_-... : ...._ -: . ~ '• -~.:;-:.-_ '
~ • ._, • h/;' :;,..,. ,-:_-
.... ;- .... . ...,~

• • ~~ ~ ... '<,.A,> ~ • ,:' , .- -:--: • ~ •

Y"~ .. ~, ., "' , / .,,,.,.., • ., ;: .,,. ""'-~ ,....,;:-" ~• ,,,...., _. ,- ~ <J


• ,,; .,...
1
--,.._....,:~ •t :..~ : : ,;:.,. ~. ~• ~ -t _ ... L v<t: "
,,._1/ ·,. •• ,.- ";-- ~ • •. ; • , ,, -- ' • :~~ * ,,.... •. ',.-;.

; ., ,. / Y.. Y'- ., ' ~,. ~ · .... •fr',.,

w " '·' (. ~

• ?·
: ; .. . . . . ~ ,,,::..., y,,,

J♦

- _... ~ ., . l·-" ,. ~ ~.

"'\. _,., .. ,,,, ..


. . ~ . ., ~ . -4' : ~. . ;. _ ., __
536 ARCHIVES DU MONDIALISME

-~... - : .
-
·..,__·~ ... :.::..: ..:; ... , .-:. ;..... ··....... _ ., /' __ ,..-:
..... · ~_,~ .. ,. ... . , ~ .

:c .,_, -~ ·· -c:. ~:.: LES DROITS DES MINORITÉS ·- _:; ·-:. ';,,i::
DANS LES BUTS DE GUERRE DES PAYS
~ -·. --- -·:· ~=--"W.· •- BELLIGÉRANTS --··--~~->~- :··~A·•: • 7 . -__ ;

,/?\\:>r~r\\~~~>-s_.. ----. . :_ . /- . ·=----- .-/\\L) .-:>t)\_~/


· -'"~~----Les hommes d'Etat responsables de la direcüon de la
· politique de tous les pays belligérants et, surtout, de l'En- ·
tente, proclamèrent plus d'une tois solennellement, pendant
les longues années de la guerre, dans leurs déclarations,
notes, discours aux Parlements, etc, que l'un des principaux
buts de la guerre était la réalisation du principe dit «des
nationalités». _ · --.. -:- · - ~- · .:~· >...- ~--♦-\- ~ ~ • • ·--. -~ •

· . Lord Grey, au banquet de la presse étrangère, en octobre


i9i6, Bethmann-Hollweg, dans son discours au Reichstag,
en novembre i9t6, la note collective des Puissances alliées
et associées adressée en janvier t9i7 au Président Wilson -
tous reconnaissaient le principe des nationalités en tant
que base de la paix future et parlaient du «libre développe-
ment de toutes les nations, grandes et petites», ((des droits et
des libertés des petites nations», eto 1 ) • . ~ . -~ ~ ... ~ - ~-. --- .- _:
Mais, en proclamant oes principes généraux, les hommes
d'Etat eurent, sans doute, en vue, tout d'abord le droit des
peuples jusqu'alors opprimés à s'organiser en Etats indépen-
dants. Ils ne pensaient qu'à la _solution territoriale du

~ (1) Voir: Marc Vidmiac, · La Protection ·des Droi& des Minoriiâ


Jam la Traita internationaux de 1919-1920, Paris, 1920, p. 23-24. ... _,,,,,. .· ""
ANNEXE XXI 537

. ---19 .... .·. ·:·• ; ~:~: ..:· ' .


: ,_. , :._~• /---- -:--. ~~~--= A,:,: : ~ .. , •
...... .. ... ""'.....

problème naUonal el, certes, le sort des fractions de nations


qui auraient à vivre au sein d'Etats étrangers, dans la
situation de minorités, les préoccupait encore rort peu à ,ce
momenL · · · · · ~ ~ ·--: -·.· :i
Parmi les différentes~ déclarations de cette époque-; ]es ·
nombreux discours du Président Wilson ont eu une impor-
tance toute particulière. Ces discours étaient alors, à un
· certain moment, ,d'expression officielle d'une doctrine adoP:, _
tée par toutes les puissances belligérantes» 1 ) • . -~. ·., = .'~ · _ ~~ -
Dans son discours de mai i.916, Wilson est allé jusqu'à
déclarer que c<chaque peuple a le droit de choisir la souve-
raineté sous laquelle il est appelé à vivre». Mais, par la suite, ·
il a sensiblement atténué ce principe. En janvier t9t 7 déjà,
après s'être déclaré partisan d'une <<Pologne unifiée», il
formulait de la façon suivante le minimum de .droits à
accorder à chaque nationalité: ((Une sauvegaéde inviolable
de l'existence, du culte et du développement social et indus- -
triel devrait être garantie à tous les peuples qui ont vécu -
jusqu'ici sous la domination de gouvernements attachés à
une toi et à des buts politiques en opposition avec les leurs
propres». •,. ;._,:••.,••"-•• >. ::. ':'" ~ , . • ,' .- •, • ~ • /'.♦ ~
V• • :_: _; ' ••• ..-; • :_- " ~ • •• , _.; M ·•V•~·-~~

Certains auteurs veulent voir dans cette formule <<\'afflr-= .


maüon des droits des minorités religieuses et Qationales» 1 ) .
et une preuve de ce que Wilson orientait déjà en t9i7 sa··
pensée vers le problème des minorités, dans le sens et la
forme sous lesquels ce problème surgit plus lard devant la
Oonférence de la Paix. Cette affirmation ne saurait être tenue
pour exacte. Certes, la formule de Wilson contient la re-
connaissance du principe d'autonomie. Mais, à ce moment,
Wilson par ce postulat ne cherchait, sans aucun doute, de
solution que pour le problème des peuple, auxquels on ne
pensait pas encore appliquer le droit à disposer d'eux- _.
mêmes. Ces peuples n'auraient pas ainsi la chance d'obtenir
leur indépendance politique et seraient obligés de se :
contenter de certains dr-0its autonomes, au sein d'un Etat tù
Nationalité, qui leur serait commun avec d'autres peuples.
. -:'°' ·, ••• • • ,•
,

V-
• , "# • : , .,, ..- , '":.

- - - - - - V • 'J,,
, r '- ..,_,,. •' 4

(1~ Voir lea 1n1 ~ c:oacllllÎolll d'Aadn Maadelatam, op. ât..-


p. 39 el IIIÎYADtel. . :.. .. :~· ~
. (2) J. Fouquet Dupârc, op. dt.. p. Il; ►-
#' • _ ·-~ .. ,; "' •

·-. ••• ~ , - • :· : , ·:- • : ·


538 ARCHIVES DU MONDIALISME

..,
--- 80 --- . ~.-· . .--
...
-...
• # -

Du point de vue purement numérique, de tels peuples


consliluent, eux aussi, en somme-, des minorités; il est
cependant une distinction très délicate à établir entre le
problème qu'ils représentent et celui des minorités-fragment,
de peuples qui, délachées de leur peuple-unité (mère-patrie),
sont oontraints de vivre dans le cadre d'un Etat national
étranger. Ce n'est pas, non plus, . Je tait d'un hasard si
Wilson emploie l'expression «peuples», et non <<minorités»,
.!,insi qu'il le fait deux ans environ plus tard dans son second
projet du Pacte de la Société des Nations. --A -- ~,_ ~ • · -.. ·,
Il ne faut pas, enfin, perdre de vue que ce discours fut
prononcé au début de t9i7, alors que les Etats-Unis d'Amé-
rique étaient encore neutres. et que l'on ne pensait pas encore
à la débâcle de l'Autriche-Hongrie et de la Turquie. Encore
une année. après, Wilson se plaçait toujours . sur le terrain
de la continuaüon de l'existence de ces deux grands Etats
de naüonalités. Dans ces i4 points historiques du 8 janvier
i9i8, il ne demande pour les peuple, d'Autriche-Hongrie
(iO-ème point) et pour les nationalité, de Turquie {i2-ème
point) qua le droU de. «développement autonomen (auto,-
nomoua àevelopment). De nouveau, il est, question de
c<peuples» et de «nationalités» et pas un mot des 14 points
ne mentionne les droits des «minorités» en général. .,. --·~
. Ni les buts de guerre des puissances de l'Entente, ni le
programme du Président Wilson ne renfarmaient donc
aucune disposition claire et explicite relative aux droits des
minorités. Certes, dans les principes généraux qui furent
proclamés, on peut trouver une base idéologique assez terme
et sdre pour le -système des droiLs des minorités, qui, en
définitive, ne représente qu'une certaine forme d'application
du principe reconnu des naUonalités. Wilson parlait de «la .
justice impartiale», c'est-à-dire de la jusüce (<qui ne connaît
pas de faveurs et qui n'a d'autres règles que l'égalité des
droits des peuples intéressés» et cette justice exigeait sans
doute que, lorsqu'on prendrait place autour du tapis verL
pour décider du sort des peuples et des Etals, l'on prU en
considération non seulement les intérâls des peuples ·qui_
obtiendraient leur indépendance complète, mais aussi les
droits des fragments de peuples qui, détachés de leur mère-
patrie, devraient vivre sous une domination étrangère.
Mais,pour que lors des pourparlers de paix les Puissanoea
ANNEXE XXI 539

81 -
alliées el assooit\ee tirassent effectivement! des principes
par elles proclamés; l"s conclusions et conséquences
nâoessaires, il avait fallu que quelqu'un vtnt devant la Confé-
rence de la Paix pour le revendiquer et l'exiger hautement.
Or, oe ful le grand mérite de la représentation juive auprès
de la Conférence de la Paix que d'avoir accompli cette tê.ohe.

• : ...
... , -:. ...

-- · ~-,.,,,. . . .. .,. ► : !., - ,.,. ,


•••~•-v'<;, .,. .,~ .-. • . : : • :.- •.... >~-. :; •--.:::::.••-::=:-,,"' ~;.•;,_:
:_ • /"". ,~ - I" ....

..... ·--~ - - - - - , :... .,. , •• ,. -. -~ •:,<'- : • :-,.:':·:·-;_,_; •• - " ~ , ; _,- :-"" :- c:..
:?".~-~~~'; :~:~:~:· .. -:~~-•,.;.~,. ~J:_· -~;cJ - .,,~:.·:_·~ ?-:...··'~
: .. r-.:: 7"'" - ~-

-....

--

~"".. . ..... .,......


...fi':, .. ,_;,;(' .. ·<-· .. ,....

'd• ,r --- ,(A . ·,.,_


.... ·.,,..-""'

,._

._ Il:,
540 ARCHIVES DU MONDIALISME

... ~ - ....,
~ .. • .., .. ~ - ~ ..... ., ... ,, ,, .. #.. • - .... .. ..

~ ':" - ." . ... ~.. "": ~ :


~.,.
,._"'
. _, .'
...
.• . ,· ..... ;. ~-.... ~- . ~; - -
- . -. .
..
,
,... ,_ .,. ... • ,# #-, --

• • ~t~ :~· • ~~ ~,J~ . . . . ~ ?; - •. .:~:: ✓ ,• .. ;, - ,~ •

-t~,--.,~<>...-.. ~:·_:· . , ,.·~-:.·:~: ~ ::·.. -·,/-----:~ '. ·-.. _·-< -:,: ..~ ~ ,I .,. # ,. ,. .. •
. . .. _:.,._ '- ,. ,#

> \ - ~ • ; • /~:• ;A\,!::-:•:,.~<:_,:~·:~;•"' ~~•;:·•~>À;_.:~ .,:>- _: :;


... ~ ~--, •~ >·.,,/-
~ • • "'· , , •• , . ... • :.·,.-#:_·,=~:~ .
• .. ~~---✓ : .. .
... . , - ....

-~, .·c•::,:._ '..:, :i/:· _\;~ '::;:).;, .\{::?{):~~~p\?~:-).,/-r~?'._~{-~·-:~;~\_:


>:-- .· -~-:'..~:? :. 'i-· ~->~: .<·i. ..:: > :--~-~-=~:-;}<:< ~-~--.· .· , . . ~ -~ < • ·-. ~. ..

. ~ . ..
- . . .- . . ,• : .,. .·. -~ ··- •.-' - • , ;> -✓ -:- / • •• f •• , ~

L'ACTION JUIVE A LA · CONFERENCE DE


LA PAIX ET LA CONSTITUTION DU •COlllTÉ
DES DÉLÉGATIONS JUIVES AUPRÈS DE LA
,- :,:-\,-:i_:-;,.;:< CONFÉRENCE DE LA PAIX•:.: ~::::_:J:.( -,_.~_:-:
..
.
.,. . ..
.. .... ,.
.
.... . .. . .
-··'y~=--: Le principe des nationalités ou du droit des peuples à
disposer d'eux-mêmes a été hautement et solennellement
proclamé comme la base de la paix à venir. Tous les peuples
opprimés qui eurent à vivre et à souffrir sous une domination
étrangère, saluèrent avec une all~esse enthousiaste ce pos-
tulat, voyant en lui la réponse à leur douloureux problème .
national et la possibilité de réaliser leur rêve d'affran-
chissement. Guidés par la volonté de réunir dans les frontières
de leurs Etats futurs toua leurs fils, les peuples commencèrent
aussitôt à se préparer à la lutte pour leurs aspirations terri-
toriales. Aucun d'eux ne voulait même admett~e l'idée que ses
revendications territoriales maximales pussent ne pas être
intégralement saüsfaites et que - nolen, volen, ~ une
fraction de ses ressortissants ddt, peut-être, vivre aussi à
titre de minorité dans un Etat étranger et, partant, pdl
avoir besoin dans cet Etat d'une garantie pour ses droits et
d'une proteotion pour son existence. •, . - · . - --=-
. Un seul peuple constituait à cet égard une exception - ·
le peuple juif. S'il avait tormulé la revendication concernant
la Palestine sur la base du principe du droit de disposer de
soi-même reconnu à tous les peuples, il était cependant
clair qu'une partie seulement du peuple juif pourrait réalieer
la ooncentraiion territoriale et que le reste serait obligé de
continuer à vivre dispersé et disséminé dans différents pays.
ANNEXE XXI 541

·~ - Il est dono naturel que, dans les milieux juifs, on ait


commencé, dès les premiers jours de la guerre 1), à penser
sérieusement à la nécessité de garantir les droits des diff6-
rentes collectivités juives. Il est de même compréhensible
que plus lard ~ pendant la Conférence de la Paix - Je1
représentants juifs dussent par la force même des cho1es
devenir les champions d,une solution équitable du problème
des minorités en général•.-. , ~ -<.~; / -:--:·- _- .. > ~ - ·. _
•- « ··· - •.-
L'implacable desünée avait voulu que les opérations de ·
la guerre se déroulassent précisément dans des régions où
les Juifs vivaient en masses compact.es. Sur la tête de la
malheureuse population juive s'était abattue une avalanche
de calamités, de malheurs et de souffrances. Aux lourdes
misères de la guerre s'ajoutèrent bientôL les tristes excès de
Pologne•), les horribles massacres en Ukraine et une large
et puissante vague du plus bestial et agressif antisémitisme
déferla sur toute une série de pays. Ceci se produisit juste
à un moment où la guerre allait se terminer et où il semblait
qu'avant peu tous les malheurs et misères prendraient fin.
Les populations juives envisageaient l'avenir déçues, désespé-
rées et pleines de graves inquiétudes, et elles sentaient plus .
que jamais combien il était urgent pour elles de s'assurer,
internaüonalement, des conditions normales d'existence. ·
Leurs regards se tournaient, alors, vers Paris, vers la ville
où devaient se réunir les arbitres du monde pour y jeter la
pierre angulaire de l'édifice de la Paix, qu'ils avaient promis
d'ériger sur des fondements de justice et d'équité et sur le
principe de la reconnaissance des droits de toua les peuples,
même des plus petits et des plus faibles. ~ ~ 1- • •~ .; ___ - . . • :. • :· .•_

· · · Les grands Etats de nationalités: la Russie, l'Autriche- .


Hongrie et la Turquie, étaient détruits et sur leurs ruines
oommencèrenl à se former des Etats nouveaux; lee Juifs
- •.;, :. , /• --:, ~ : •••~•h.: ~ " • • --• -• -• : • . . .,
>:. ;,->~-~· :-.: ,;,·- :::'~-- : :-.·.. :/
~
...,______ . -=---:·:-_: ·,:. > : _. -~ •• ~~ ,;--- ).,.,,::\~ :.~~-
.... , .......

-·· (1) Mu Nordau avait déjà, aï août 1915. publ• IOII programme bi~n :
connu des revendications juives et propoaé de convoquer ua cona...- mondial
juif pour le défendre devant la Conférence de la Paix. . -: • "' ........ 1 ... ~ ...

(2) ~ona qu'au coun cle l'année 1919 clam commiaaiont furent ·
eaT~y~ ~ Polope ~u~ y faire. une enquête ,,ar la acà et pogrome,
&nbJu1f1; 1~parle Préaideot Wilson, IOIII la conduite de M. Henry Mor•
•~thau, et l·auue par le Couvemcment brit.Jmique, IOIII la prâidesaœ de . ·.
111 Stuut Samuel .. . - .
542 ARCHIVES DU MONDIALISME

.,._ ..... .. '

prirent une pari active dans le processus de oonstituüon de


ces Etats et, partout, s'étaient aussitôt organisés des corps
juifs représentatif&. Leur \Ache consistait. tout d'abord à
représenter les collectivités juives auprès des gouvernements
nouveaux en voie de formation et à diriger toutes les affaires
juives intérieures; en même temps, il avait été presque par:.
tout décidé d'ènvoyer des délégués à Paris avec la mission
d'y défendre, de concert avec tous les autres représentants
du peuple juil.les droits eL intérêts juifs_. ~.:·---~:·.,·~·> ·--·.:~·~ . · ~:
EIÎ Pologne et· en TohéooSlovaquie, en · RuSS~ ~ en
Ukraine, en Transylvanie el dans la Bukovine, en Autriche
et en Hongrie, en Lithuanie et en Lettonie, dans la Crimée et
en Galicie, dans la Russie Blanche et en Turquie,. partout se
tiennent des congrès juifs, des assemblées nationales, des
assemblées constituantes, des congres de communautés, etc,
qui formulent les revendications juives et . réclament ~es
garanties pour les -droits des Juifa. - ~ . · , · ~-.. · ~· ;.
-- Mais bien avant ces collectivités· juives, qui étaient el1es-
mêmes, pour ainsi dire, vitalement intéressées à obtenir une
protection internationale pour leurs droits, les Juifs d'autres
pays avaient aussi commencé· à ~e préparer sérieusement à
la Conférence de la Paix, fermement décidés qu'ils étaient,
à jeter dans la baJance leur influence politique, en la mettant
toute entière au service de la cause juive. - .: . -~- -. ✓ -• <- -: ,. ~--· ·~ ·
-

• ~ N

Déjà en l'année t9t5, .a vait pris consistance aux Etats-


Unis d'Amérique l'idée d'un congrès juif qui devait être
convoqué sur des bases démocratiques et nationales. A la tête
de ce mouvement se trouvait le juge à la Cour Suprême des
Etats-Unis, M. Louis Brandeis. Le congrès eut lieu à Phila- .
d~lpbie en automne t9i8, immêdiatement après la signature
de l'armistice. Représentant 8 millions de Juifs, il revêtit le
caractère d'une manifestation grandiose de l'union et de la
solidarité juives. La délégation qu'il élut, pour être envoyée
à la Oontérence de la Paix, ,tait prédestinée, grA.ce à ses
relaUona toutes particulières avec la Délégation amêrioaine
et aveo le Président Wilson lui-même, à jouer un rôle très
important dans l'activité du Comité des Délégations Juives
auprès de la Conférenoe de la Paix. Longtemps avant, en
l'année i9i6, avait eu lieu un congrès des Juifs d'Afrique
du Sud et, ep i9i7, un congrès des Juifs du Canada. : : _, .... -: -· ~ " ,.,.
ANNEXE XXI 543

---36·- .'

Tous les congrès et assembléea' *), aussi bien ceux de


rEurope orientale et centrale que ceux d'outre-mer, étaient
dominés par un seul et même esprit; tous mettaient en avan\
les mêmes revendications, presque tous f onnulaient de la
même fa90n le programme juif: égalité complète des droite
civils et politiques dans les pays où les Juifs n'en bénéficient
pas encore; droits nationaux dans les pays où les Juifs
vivent en masses compactes, ainsi que dans tous les autres
pays où les populations juives· les réolament, et reoonaissan-
ce de la Palestine comme le foyer naüonal du peuple juifs).
Ces revendications étaient d'ailleurs comprises dans le
manifeste bien connu de l'Organisation Sioniste, publié le
25 octobre f 9f 8 par le «Bureau de Copenhague» en réponse ·
à une question de !'Ambassade britannique de Copenhague
concernant l'attitude du peuple juif envers la future Sooiété
des Nations. · •- ,. ,.,__._·-~- · ·. .· . ~ ~ ,!-- .• .. _ . . _

Le f2 janvier t9t9 eut lieu à Paris la première séance


du <<Conseil Suprême». La Oontérene& de la Paix fu\ offi-
ciellement inaugurée et de toutes les parties du monde des
délégués de tous les peuples se mireot à affluer à Paris. ·
Aussitôt, de divers pays ~ommencèren-t également à arriver
des délégations j nives. .· -~-~. ., ~ . - .-~ . - --•. - -~~ 7' • •• • ·:.

· - Fin février i9f 9, se tint à Londres la Conférence Si~ ~·


niste, au -cours de- laquelle M. - Léo Motzkin proposa, en
qualité de rapporteur de la c<Corumission pour les droits
.nationaux,r, une · série d'articles de programme. Grâce à
l'initiative de cette Conférence 1 ) et aussi suivant le désir des
délégations · juives qui se · trouvaient déjà sur place, se
constitua, le 25 mars t9t9, à Paris, la représentation juive
unifiée sous le nom de «Comité des Délégations Juives auprès
~~ ' • , , -~ • - ;: ✓ '
~· p ....,: - . • - " ~ • - . .,. • • : • -: • • • -~ • - • ~ --:~ •

- - - - - ... ..-,.1 ,•, ► •· ... • • 1:

,..

(1).30 enviroa, ~d'aprà le Recueil Je compta-rendaa el de malhiaax ·


(en yiddiach), publié par le Comité des Délésatiom Juivea aoua le titre : La .
lutte des ~uif1 europkna pour leur, droit, câ,il, el nationaux. (1923.
192◄), Paru, 192S, paae 1. · · ·- _; ·
(2) Le teste de la plupart det réaolutions lè troave clam Leoa Chua- ,.
nowitsch und Leo Motzml, op. cit. · -~
Voir également Georg Landauer, Daa Cdlende jütlisclae Mindalteif«i. ·
reclaf mit baonJerer Berüc/rlicltti(~nf Oateuropa,, (Oatearopa-/nalituf in
Breslau), Leipzig-Berlin, 1924, p. 28-39. .
.<3> Voir auui le chaeitre C La conatitutioa du Comité da Dél~atiom ,
lVJ.ü.. ~. -~ 1~- Rec_u_al ~•. comp~--~ _u• et da malériawc citi. page, _
544 ARCHIVES DU MONDIALISME

de la Conférence de la Paix• 1 ). Le Comité ae oomposait de


d61épéa des Juifs de l'Europe· de l'Est et du Sud et, en outre,
de représentants des Juifs des Etats-Unis d'Amérique, du
Canada, d'Italie, de PalesUne, ainsi que de l'Organisaüon
Sioniste mondiale, du ~ «Comité Juil d'Amérique». et de
!'Ordre «B'nai B'rith». ·-_: _ . . ,. :--: ~ · •.• ~ · ~ ·- 7 • · - ,r

. ' Le premier président du Comité' lut-le- juge Julian W. A

Mack, après son départ --- l'avocat Louis Marshall lui


succéda el plus tard, M. Nahum Sokolow. M. Uo Motzldn
avait rempli, durant toute la Conférenoe de la Paix, les
f oncüons de Secrétaire-Général du Comité. · :--.- - , . _~ ~ --. -<
Seules deux délégations juives n'avaient · paà ·~ jugé
possible de se joindre à la représentation juive commune -
celles des organisations des Juifs anglais et français: le
«Joint Foreign Oommittee» et l'ccAlliance Israélite Univer-·
selle». Déjà au début de l'année i9i9, M. Nahum Sokolow
menait - alors au nom de l'Organisation Sioniste .._ des
pourparlers aveo lesdites organisations en vue d'une action .
concertée à la Oonférenoe.Ce tut M. Louis Marshall qui s'en
occupa tout particulièrement par la suite, mais sans résultat.
Les deux organisations citées avaient déclaré qu'elles
n'étaient pas d'accord en ce qui ooncern'a it la revendication
des droits nationaux que le Comité avait décidé de formuler
et, pour cette raison de principe, elles ne pouvaient faire
cause commune avec lui. La p·roposition du Comité, de ne
demander oes droits que pour les collectiviités juives qui les
réclameraient expressément, n'ébranla pas la résistance de
oea organisations. Restées en dehors du Comité, elles sui-
viren.t, à la Oonférence de la Paix, leur propre voie; ellea
promirent, cependant, de ne pas combattre devant les organes
de la Conférence la revendication de droit.a nationaux •) • . -,~~
• f":'r •

- - - - - • ,' ....__ . . . :.~., , ::_ : ~~: ' • ;>.;-~ ,-:. :~ >. r ,.._ . ._ ._;,~ . ~- -.•-_._:.. ·-• • . ';,:::· -•~:~ ~ ._ ~ • ; ..... ~ ·- : ·:~

::· ·(1) O. d&aila ·concanaat la foadalion du . et ~ Comi" ~itioft • ·


troaYeot dam le mémoire adreaé par le Comité, le I S décembre 1920. l la
~ da Natiom et publié dam le Bulletin Ju Comild Ja DéUfalion,
/ui,,a, N• 18, du 6 janvier 1921, p. 11-13. · · .•
(2) Voir: P,oceedin1, of AJjoa-,,_ Sa.ion of Afflflncan Je.,;J, Con- ·
,,., includin1 report of Commwion fo Peace Conference and ol . Prooi--
aional Organuation for Formation of Ameriam /••ûh Con,raa. Pbila-
clelpbia. PL, Ma7- 30th. 31st. 1920, p. 27, 83. (Pro""'1in1, - cil& in/ra.)
The Peacc Conf~cnu. Pari,. 1919. Report of the Dele1tdion· ol
dt. Je•• of 1M BritiJa Empire on die Trcatia of Y er,oîlla, Saint-Cmnain-
.,._La,. .,,J N euiUJ antl die annued AlinoriQ Tret11ia. PN1CDted to tbe
ANNEXE XXI 545

-8'7- - ., -

Le 20 fêvrier t9t9 l'Alliance Israélite Universelle prêsenta


à la Oonférence de la Paix deux mémoires, l'un concernant
la «situation lêgale des Israélites dans l'Europe orientale»·,
en ~néral, et l'autre concernant spécialement cela question
des Israélites de Roumanie». Le lendemain, 2t février, le
«Joint Foreign Oommittee» soumit, lui aussi, à la Conférence
deux memoranda concernant les mêmes questions, avec une
sêrie d'annexes; entre autres, copies des deux memoranda
circonstanciés que le <<Oommittee» avait adressés le t-er
octobre t9t6 et le 2 dêcembre i9t8 au gouvernement bri-
tannique, un aperçu sur l'histoire diplomatique de la question
juive (Note, on the Di,plomatic Hi1tory of the lewilh
Question) et aussi un recueil de documents _concernant ~a
situation des Juifs en Roumanie. ~ -
L'activité des deux organisations susnommêes se mani-
festa pendant toute la durée de la Conférence de la Paix 1).
Outre la présentation de leurs mémoires, elles avaient
entrepris une série de démarches, surtout auprès de leurs
gouvernements respectifs, et elles adressèrent aussi des
lettres additionnelles à la <<Commission des Nouveaux Etats»
aftn que leurs revendications fussent prises en considération
par la Conférence. . - . ~ · - .~: · · -
- .. - Comme conséquence des divergences d'opinions ci-
dessus déjà mentionnêes en ce qui concerne la conception
même de Ja question juive, le programme que défendaient
ces organisations était bien plus restreint que celui que le
Comité des Délégation Juives auprès· de la Conférence de
la Pal~ avait mis en avanl Le représentant du «Joint
Foreign Oommittee,,, M. Lucien Wolf, définit du reste
lui-même, tians sa lettre du 20 mai {919,. au Premier
Ministre Britannique, M. Lloyd George, les propo•
sitions de son Comitê comme «modérées)> (moderale). Ces
propositions n'étaient cependant pu la Juste et adêqnate
expression des vœux et desiderata des larges masses juives

Board of Deouties of British JflWI and the Council of the An.lo-Jewiah


Association. February, 1920. London 1920, p. 19, 21, 23. ( Report of
dae Del~ation of 1M Jn,, of the BritiJa Empire. - cit~ infra.)
(1) Des comptes-rendu détaillés de l'activité de ces deus auociatiom •
trouvent dan• AUianc! lara6fte Unioenell_~ La gaa~on j~ lœant la
Conférence le la Pau, Pana. 1919. (Alliance lara4lite Unwerselle ci~
illfra) et dam Reporf of die Dele,ation of 1M Jn,, of dte BritiJa E;,.,,ire.
546

... ., ... . .
ARCHIVES DU MONDIALISME

::,: . .· ,:·.,-:- :-- /:~-~~:~A .


-· ,,,,_, ' ; ~,.,-

.
. ·~ _;: .;,-

dont les revendicatiolltl . allaient · bien plua loin. Voioi


q

comment tes aspirations de ces masses sont traduites dans


une publicaUon officielle du gouvernement fr~çais. :
. - , «Peu à peu, les Juifs de .ces paya»_ - c est-à-dire de
l'Europe de l'Est et de l'Orient' - bsons-no111. dans le
«Recueil de Documents Etrangers», Nt 4-6, publié le Si Juillet
i9l9 par les Ministères français des Affaires Etrangères et
de la Guerre, - ccont senti se réveiller le sentiment de leur
«individualité ethnique; ce réveil a été favorisé par la
«propagande du sionisme e( par le mouvement des naüona-
«lités que la guerre a précipité. Aujourd'hui, la grande
«majorité de ces Juifs réclame non seulement les droits du
«citoyen, mais en plus, et surtout, des droits nationaux
~,collectifs (garantie de leurs droits politiques et protection
~ c,de leur organisation et de leur culture propres)»· ). "' ·. - ::
1

-·, · Le porte-parole et le représentant légitime de cette


~ «grande majorité» du peuple juif, dont parle le document
du gouvernement français, fut à la Conférence de la Paix
le Comité des Délégations Juives. Sur la base de ses mandats,
il était fondé à parler au nom de t2 millions de Juifs 1 ) et, .
dans son memorandum connu du tO mai i9i9, il avait
clairement et nettement tormulé devant la Conférenoe les
revendications du peuple juif•). Dans un chapitre ultérieur,
nous nous arrêterons sur la teneur du memo,andum .e \ sur
' -
" •. ml i " '. , , ·,~.-::L\-::::·?c:~::.-=J-:: ~:·:_, : :. \:;~,.\~:.:_ :~·-::::~~-:!\-··:/ . ~ :_~· ~;
~~ (1) Minûfàa da Affaira E.ftangèra el le la Caerre. Recuâl de
.Document, Ettan1en. Supplément ~riod~que aux Bulleti• de la preste
.trangère, Paris. le 31 juill~i 1919, N• 416, p. 254. ·· ·
(2) Voir le memoranJum da 6 février 1920 : c Le Comité des Dé14'-
. é p~om JuiYea auprh de la Conférence de. la Pais, ~ t au nom des
c diff érenta orsaniaatio111 aouuÏpéfl, ~ - repr.tent 1~ millions de Jui&.
f • l'honneqr... > ·
(3) La tlche du Comit& cOIIIÎltait uniquement l ..-eiller l um•r · la
1arantie del droits da minoritét juives. C'eat 1•0r.1_aniaation Sioniste mon•··
diale q1JÎ U.SUAlai!, • devant la Çonféren~ de 1~ Paiz. 1~ r&le de porte-
parole d1;1 peupl~ 1u1f. en ce qat co~ceme !•
revendicati'?n aur la Palatine.
Le Comité avait ~ndant trouvé Jlllte d appuyer action de r rOrganisa-
~OD Sioniste et. le 6 février 1920. il soumit à la Conférence un l,ref memo-
ranclu~ ~an• l~uel il demandait c!e. c ieconnattre 1ea upiratiom et lea
revend1cationa hiatonques du peuple 1u1f concernant la Palatine >, de Cner
dans 1~ pa11 da conditiom politiqua, adminiatratiftl et économiquea y
prantiuant r,tablisaement d•ua foyer national juif et rendant pomôle.
comme aboutissement inal. la création d•un Etat autonome. Le memoraa~ ·
dum fut ~ par !•
préaident en fonction•, M~ Nahum Sokolow et pu
I• deus PCICDI p"8icleall, M. Julio W. Mack el M. Louia Manhall. _.,,,,.-··A ,
ANNEXE XXI 547

le rôle qu'il a jouê dçs le travail préparatoire des traités


dits des minorités.
Encore que la fondation du Comité des Délégations
Juives auprès de la Conférence de la Paix f1lt, sans nul
doute, l'événement le plus important dans la lutte des
minorités juives pour leurs droits, il ne faut pas cependant
perdre de vue les diverses actions politiques qui avaient
déjà été entreprises, avant la Conférence, dans une série de
pays de l'Europe occidentale et aux Etats-Unis d'Amérique,
afin d'appeler l'attention des gouvernements sur la précarité
des droits des Juifs et de s'assurer leur appui lors de la
Conférence de la Paix. , . .. .
La Déclaration historique de Balfour, du 2 novembre
t9t7, contenait un engagement de la part du gouvernement
britannique en ce qui concerne la Palestine seulement et
n'avait pas pour but de toucher, sous une forme quelconque,
à la question des minorités juives dans les di1Térents pays.
II est vrai que, dans la déclaration, il avait été explicitement
indiqué que par <<l'établissement en Palestine d'un foyer
«national pour le peuple juif....... rien ne sera fait qui puisse
<<porter préjudice..:...• aux droits et au statut politique dont
<<jouissent ]es Juifs dans tout autre pays,, ; or, le gouver-
nement britannique; comme nous le savons par l'historique
de la Déclaration, n'avait admis cette. disposition dans le
texte définitif, que pour donner ainsi des apaisements à
certains milieux juifs assimilés de l'Europe occidentale, qui
appréhendaient beaucoup qu'à la suite de la Déclaration
leurs droits ne fussent diminués. ., . . , ~ _ ~ : _ ·V -· .
Pour cette raison, il était naturel que l'Organisation
Sioniste, voulant entreprendre quelque chose afin d'améliorer
la triste situation des Juifs en Roumanie, se fdt adressée
spécialement à ce su.fet au gouvernement britannique; elle
avait d'ailleurs obtenu de lui, au mois de mal-juin {918, :
certaines promesses à cet égard 1). - , . ··
Sur une question du «Joint Foreign Oommltteen du {8
juin t9i8, concernant l'attitude du gouvernement britannique ·
à l'égard de l'c<émancipation religieuse, civile et politique»-
(religi,ou,, civil and political ,mancipation) des Juifs dans
les pays de l'Europe orientale, Sir Graham répondit, le 28

(1) Report of d. Delegalion of the /••• •f the BritiJa Empire. p. 62


548 ARCHIVES DU MONDIALISME

Juin i9t8, au nom du Secrêtaire d'Etat pour les Affaires


Etrangères, que ((le Gouvernement de Sa Majesté, ainsi qu'il
«a été déjà déclaré publiquement, nourrit la plus grande
«sympathie pour l'émancipation des Juifs de l'Europe de
«l'Est et du Sud-Est et est très désireux de taire tout ce qui
«est en son pouvoir pour établir un règlement juste et per-
«manent de la question juive dans ces régions» '). - ~ ,;. ,:. •., ~ =
Un mois plus tard environ, le 24 juillet t9t8, le Ministre
français des Affaires Etrangères, M. S. Pichon, écrivait
dans le même esprit à P <<Alliance Israélite Universelle»:
<<Que, fidèle aux traditions généreuses qui sont celles de la
<<France, n'oubliant pas que, la première en Europe, la Ré-
«volution française a accordé aux Juifs les droits du citoyen,
«le Gouvernement de la République souhaite l'émancipation
'<<des Juifs dans l'Europe orientale et qu'il est disposé à faire
«tout ce qui est en son pouvoir pour amener un règlemen1
·«juste de la question juive dans ces pays» 2 ). · · ·.. -·--~ .- 4

A peu près à la même époque, le gouvernement français


chargeait son«Comité d'Etude»d'examiner aussi, entre autres
questions européennes, la «question juive sur le territoire
de la Pologne Historique» et le rapport fut préparé par le
professeur CQnnu E. Denis •). ~ ~-~ A ~ -_._ - • • - -~ • • •

· En une autre occasion, le Ministre français des Affaires


Etrangères, M. Pichon, souligna de nouveau le grand intérêt
que la France portait à la question juive. , . . ,
Dans sa réponse à un ·groupe de députés français au
sujet de l'action de la France. à la Conférence de la Paix <<en
faveur des Israélites comme des autres minorités», M. Pichon
fit ressortir que: <<Le Gouvernement français a pris l'initia-
«üve, dès le début de la Conférence de la Paix, pour assurer

· (l ,
L! J
uia., p.
,o• , .. . . .-. ·_. ,.,. .
q • , • :.. •"-... ~
--· · · ... ··-. · · . ·
• :~ ... ' • ~ ...

·~
• • ,,...,.

··.
. : -• •

l
~

: - (2 Allianu l,raélite Unioeraeffe, p. 8-9. · · · -~ · · · · · · -· ~


(3 E. Deni,, La Queation juâ,e aur le territoire de la Polo~ Hûlo-
,:igue. (Qaestiom eu~a. Travaux du Comité d'Etude. Tome Il). Paria.
1919, p. 223-24S. - ·
Il n'est peut-être pu um intérit de donner ici les condutiom auquellea
aboutit rexpert concernant la P-C)ssibilité d'une garantie internationale da
droits da minorités: C Lea P-euplet n'aiment pu qu'on se mêle de Jeun
c affaire,, ~ême daJ?I les me!lleun intention~, et lea Alliés devront se 1arder
c de toute mterftlltion abusive... Noe aacnficea noua donnent peut-être le
c droit de au11érer quel~• conseil,. » Qu'elles sont timides ca condu-
aiom et combien elles diff~rent du tme ultérieut ei dair de raft. 12 du
traité del adnori* aTec la Pologne 1 . _ ~ ..· .- - ·;-- · ,~ .
ANNEXE XXI 549

•un examen approfondi des questions juives pàr les pléni- ·


ttpolentiaires...•• Dans le programme prêparê par les délégués
(«français et soumis à la Conférence a flgurê, dès le premier ·
,<jour, une Commission des Affaires juives» 1). · - -
,. , Ces paroles de M. Pichon se rapportaient probablement
uu premier projet concernant la procédure de la Conférence
que Je gouvernemenL français avait remis le 29 novembre
i9i8, à Washington, au sous-secrétaire d'Etat américain
M. Robert Lansing et dans lequel il avait, entre autres, proposé
de créer aussi un comité . spécial, dit «Comité des _Affaires
juives»•) .. \. .: :v:.~ ~- '• ••, ~;•'
' ' , ~ ,<•• •, , A• • • • ~ • - • • , : , .• ,• • : • .. •

·· ·· Dans le deuxième projet français. élaborê par M. Andrê


Tardieu et soumis à la Conférence de la Paix au début de
janvier t9f9, il n'est pins question, comme dans le projet
précédent, d'une commission spéciale pour les affaires juives,
mais du problème des minorités en général. Parmi les
<,principes directeursn figure, en huitième lieu, le <<droit des
peuples à disposer d'eux-mêmes, combiné avec le droit des
minorités» f et, en troisième lieu, parmi les <<problèmes
territoriaux», sont rappelés de nouveau, comme un point
distinct, <<les droits des minorités ethniques et religieuses» 8).
Ainsi que nous le verrons plus loin, la ~ntérence de la
Paix est, ene aussi, passée par les mêmes phases de dé-
veloppement. Partie tout d'abord de la nécessité de garantir
les droits des Juifs, elle aboutit ensuite à la protection de
toutes les minorités en général. .~ - · ~ ·~: -~ · ·- . - , ·... .~: = . : ~-- ,. --
Une importance toute particulière doit, bien entendu, ·
être attribuée à l'activitê politique des Juifs aux Etats-Unis
d'Amérique. le mouvement en faveur du Congrès juif qui
prédomina, pendant quelques années, dans l'opinion publique
juive de ce pays et qui -a vait pour mot d'ordre: «défense des
droits des Juifs à la Confêrence de la Paix», ne pouvait
· passer inaperçu de la <(Maison Blanche». «les Juifs améri.;..
eainB-OOrit le «Nouvel annuaire international amêrioain»---
-- ont beaucoup contrlbuê à faire inscrire à l'ordre .du jour
«de la Conférence de la Paix les clauses concernant les droits
·,...
·. (1) AlUance I,raélite Una,~rselle. 63. p.
· - ~ ·~ - .- · : · . - ;
(2) Ray Stannard Baker. W ootlro• Wilson onl W orld Sealemenl.
W ritten from lû, a.n,ubliJaed and penonal material. London, 1923, •ol UL
p. '9-3)
\1
A-..J~ T J:_
"'"'.-ç •~ , - n •
&.-ci
n •
.-au, .--
ana. f921 • p. 99. -~. . .~- ·~~ . -.
. ."~ .1- .~.;.,- -. ,_: ._.
AR HIVE DU MONOIALI ME

-.,
A -0
.

«des minorités. Une délégation influente de Juifs américaine,


«éminents, élus comme représentants du judaïsme américain
«par le Congrès juif d'Amérique, tenu en décembre i9t8, s'est
«rendue à Paris et, avec les autres délégations d'autres pays,
•a présenté le memorandum concernant les droits des Juifs
«à la Oonférenoe de la Paix. L'influence des délégués améri- ·
«cains s'est vivement fait sentir grA.ce à l'attitude sympathi-
«que envers les revendications juives du Président Wilson et
«d'autres délégués américains» 1). Et en fait, en la personne
du. Président Wilson, le peuple juif eut un dévoué et sincère
ami et les revendications juives concernant tant la Palestine
que les droits des minorités ont toujours trouvé auprès de
lui, au plus haut point, compréhension et sympathie. -,
· Dans les archives personnelles du Président Wilson,
parmi ses divers papiers et documents 2), se trouve également
le texte de l'allocution qu'il a adressée le 28 novembre i918,
soit 6 jours avant son premier départ pour l'Europe, à
Washington, aux représentants de l'Ordre <<B'nai B'rith».
Il oonçoit, a-t-il dit, entre autres, que l'un des problèmes les
plus difficiles serait d'assurer des garanties appropriées pour
un juste traitement des populations juives dans les pays où
elles n'ont pas été traitées avec justice et, malheureusement,
on pourrait le dire de plusieurs pays. Mais il ne tient
cependant pas à s'arrêter sur ces difficultés. Il désire plutôt
s'appesantir sur le but que tous ont à cœur, de s'approcher
le plus possible d'une juste solution de la question et il croil
que tout homme qui s'occupe des questions , mondiales
actuelles comprendra clairement que si l'on ·a spire sincère-
ment à la paix, il faut sincèrement tendre à donner satis-
facUon à tous, car nulle paix n'est possible tant qu'il existe
des esprits inquiets. A la fin de son discours, Wilson sou-
lignait que lui personnellement tAoherait que cette question
fdt prise en considération. _.. ~- , .
1A, i,i janvier t9t9, le Dr Stephen Wise, un des plus
~- - - - - '., ..,.>.· • ._ '

(1) Voir : Tlae Nea, International Y ear Boo/r.


A Co")Pentlium of the W orltfI progra, for dae .»ear 1919. Editor Frank
Moore Colby. New-York, 1920.!_P• 367.
(2) The Pu~lic l!aper, of Woodron, Wila.on. Autborized Edition. War
and Peace. Preatdential Mea1a1a. Addressea and public P~.P_era (1917-1924)
~1 Woodrow Wilson. Edited. by Ray Stannard Baker and William E. Dodd.
New...York and London, 1927, vol. L p. 306-307. _ ~ _
ANNEXE XXI 55 1

.. : • ...

-... - _..,. _..


•• -

..
;_ .. ,0,, ..... _

actifs promoteurs du mouvement en faveur du Congrès Juif .


d'Amérique, qui se trouvait alors à Paris, · communiquai\
télégraphiquement à la délégation du Congrès qui allait
partir pour la Conférence de la Paix qu'il avait eu deux
entrevues avec Wilson et que celui-ci préférait recevoir la
délégation à Washington lors de. son prochain retour aux
Etats-Unis; il espérait alors être moins débordé de travail
qu'à Paris et pouvoir ainsi prêter une attention plus grande
à ses propositions. --· · - -~· ·
Le 2 mars t9f9, le Président Wilson reçut à Washington
la délégation, composée du Juge J. Mack et de MM. Louis
Marshall, Dr Stephen Wise et B. G. Richards. Les •représen-
tants du Congrès Juif d'Amérique lui soumirent un memo-
randum circonstancié contenant toutes les résolutions adop-
tées à Philadelphie, ainsi que les motifs et les arguments à
l'appui. Wilson se déclara complètement d'accord avec le
programme du Congrès et autorisa la délégation à faire
connaitre publiquement <<qu'elle avait trouvé le Président,
comme toujours, sympathisant avec le principe incontestable
du droit du peuple juif à un statut égal partout» ~).. .
.~ : ~~ Le f5 mars, Wilson revint à Paris et, ainsi que nous le
verrons, il n'oublia pas sa promesse; il fut le prémier qui
souleva, quelques semaines plus tard, au «Conseil Suprême,,
la question juive et, concurremment avec elle, le problème
des minorités en général. Nous verrons aussi que, longtemps
auparavant, le Président Wilson avait tenté de garantir aux
minorités un certain nombre de droits dans le Pacte de la
Société des Nations; mais, en raison de la résistance d'autres
gouvernements, il ne put réaliser ses intentions et se vit obligé
de renoncer à ce projet.
Si dans les Etats alliés, oe sont les Juifs eux-mêmes qui
élaborèrent leurs programmes de paix, en Allemagne, ce fut
le gouvernement qui prit l'initiative de coordonner l'activité
des divers milieux juifs en relation aveo la Conférence de
la Paix. Dans ce but, il créa, au début de i9t9, une commis-
sion spéciale à laquelle turent invités des représentants de
tous les partis et divers groupements juifs d'Allemagne et
qui devait formuler le programme des revendications juives.
Le 80 mars i9i9, le Bureau du Ministère allemand des

.. - ......
.
...,
(1) P,oœedin1,, p. 25, 82. .,..
.... ... ...... ..
552 ARCHIVES DU MONDIALISME

Àft'aires Etrangères, chargé des pourparlers de paix, examina


les proposiüons de la commission sus-mentionnée qui, dans
leurs lignes générales, étaient anologues aux revendicaUona
f o~mulées par les représentants juifs des autres pays.
Nous avons vu que les gouvernements français et anglala
avaient déjà fait, un certain temps avant l'armistice et la
Conférence de la Paix, certaines promesses concernant
l'amélioration de la situation des Juifs dans les pays d'Europe
orientale. Or, à ce moment, il ne s'agissait toujours que de
l'émancipation religieuse, civile et politique, selon la vieille
tormule du Traité de Berlin de !878, et on était encore bien
loin de voir la question des minorités sous le · jour où le
Comité des Délégations Juives devait la poser par la suite
-devant la Conférence de la Paix.
·.,. -~ Fort de la confiance de i2 millions de Juifs, le Oomitê
des Délégations Juives se présenta devant la Conférence de
la Paix et exigea des maîtres du monde l'attribution
aux -minorités juives, non seulement de la liberté et
de l'égalité religieuses, mais aussi des droits natio-
naux culturels qui leur étaient nécessaires pour une
existence digne de la qualité d'hommes et de peuple, ainsi
que la rèconnaissance du même principe pour toutes les
autres minorités égalemenl .- :-> __. · • - # . · \ _· --:: : -~.-:~:< ~- ··:·)·
· :.· :·-.,.-.·~--·:.:., _... , ____ ~";'·_·~· -'t. ~ .!. :,· ·:"': _-,_. . · :· __ . ; :_.~.·-::-- .·- · .~-._:-- . _:•... _;,·~ ...... _ .:.,,: -~: -_::-"; .· ....

.,_,;, ,<~ ,· . . .
:,. .-- ... ~- ~; ~:.-" ~-- ·~-~ 2- -:: - ~ J • - ~

l'Y{~~~:~tft~;~
-1, .,, ..... "Ar'" , • ~ ... .. -
~.,,.~::""W , . . . '.,. .., _ ., . . - ,. - . .
:, :- ; . .- . . ..: ' .- .- . , •'- --- ..._ --...· -~-~
.,.. .... " - .. -
: --~_;;✓,. ;..,., ;

• J - .. - .. ~ ♦,. ... • .. ~ .. •

# '~ ;
ANNEXE XXI 553

# .. ... ....

~•-- •. ✓ A ,• •• • ,,. • •

' -- . ··,__ :· "' --~ ... ·- . -.. ,: ~-··:, .. ..r.,:' ,.


.. .:: ,. ---:·::#--'\,..; . ,., ~-. . - ·. .,. ·. _: .. : ,~_-·
• ~ , · ..i ,.,, .♦. .. - .... ~ ,
• • • lli>_

•~ : , • : ,, • , ' "', .;_•-- • -. ~-. ~ -::':,-'r° -~ ," i~;~-• •~•-:•• .-;• ., - ~:: -.. ~ M.

.... ,.-. .. ..
~:~
.. .,;
~< <_ :.. . >>·· ;:-,_ ~;.;.; ,·::.- -''",;- . .:· ~ - ~.:-~ ~ :
_:.:,_ ,. ,.. • , .. , .. , .. ~ , .. 1(, .. : ~.. .... ..,, .,, > - ..... .,.,,..... - <: ✓' ~ - - . _.
:-' ~ ~-.,: : ~. ._
;. , . . ..:
:..... -__ ;_
#

.; . - ·:· . ,..;~_:: ~- .:. :·:.:-;-::..-:~.- ;:~-- . -"" ~.. :~'-,;. ~- - ~-: ~. .,, ·- . .. .
• r :: , - - .:_ ~ <-~--~.-, ·~-.:~>- -~ .: CHAPITRE VII .::-< __ .✓ .• ·~ ; ;/ \ ~- - -~~ · ~,. .; ~~ ~. : -

. -.-- ~~, ~ ::: :· --~-/'. 2:-L;::_ : . . . .-. ..-.,. ✓ - • -~ ~-: .:'~. • - : __ ,_ ~<; ..-.-:~ .>..
LA PROTECTION DES MINORITÉS DANS LES
PROJETS DU PACTE DE LA SOCIÉTÉ DES
NATIONS ET LA LUTTE DU JAPON POUR
,
~-~
L'ÉGALITÉ DES RACES
,
./:;. ~
$' · : · : :.
, .- v·.
,/ · ,.; • .-. -' • - :: ·:--:; , '( -~- /

I -- .. ,. - - _,,, . -., , .., ,._ , .._... • .,,.. "' ., v .,.,,,,,. -.,F .,. Il Il"'• . ~ •

-
__, :. Ainsi que nous l'avons vu, les di.fîérentes déclarations
gouvernementales, comme aussi les discours du Président
Wilson, ne contenaient que des principes d'ordre général.
Sur la base de ces principes, on pouvait, il est vrai, ériger
tout un système de protection internationale des minorités,
mais il n'en reste pas moins que cette protection n'a été
manüonnée ni envisagée expressément nulle parl · · ·_ -
· Il ne faut donc pas être surpris si, ni dans le projet du
pacte de la Société des Nations du 20 mars i9i8 élaboré par
la Commission gouvernementale britannique, sous la prési-
dence de Sir Walter G. F. Phillimore 1), ni dans le premier
projet que Wilson avait déjà établi en Amérique à la fin du
m-0is de décembre ill18, nous ne trouvons nulle trace d'un
article consacré au problème des minorités.
.
.

,, .
"~· ·:.- .... ..:-:
.

~ (1) Outre le rapport prooûoire (/nlerim ,.o,I) du 20 man 1918, Lord


Phillimore a présenté. par la suite, le 3 juillet 1918, au gouvernement bri-
tannique, un second rappori Jéfinilil (Jinal reporl). D at intéreuant de noter
que. dam l'appendice de ce rap~rt consacré aux c récent, schémas de
fédération > (recent aclaema of f deralion), il attirait, entre autres, l'attea•
tion sur la proposition faite par H. N. Brailtdorf dans son line A League
of Naliom (1917), à savoir que c chaque adhérent à la Société dea Nationa
doit ac~ter de respecter la liberté culhlrelle da minorités nationales ~.
Voir : florence Wilson. The ori~ of fne League Codalanl. Documentary
Hi.tory of ita drafting. London. 1928, p. 114, 139, 167. -:. _. _ . ., -~ ~ ~
AR HIV DU M NDlALI ME •

-- 48 --
Seul, le second projet du Président Wilson du tO janvier
t9t9 contient un article de cetLe nature. Parmi les six nou-
veaux points (1upplementar11 agreement,) que Wilson ·
vait ajoulés en Europe - sous l'influence de diverses per-
sonnes et de plusieurs facteurs, surtout sous l'influence du ·
projet du général Smuts, - au premier projet qu'il avait .
rapporté d'Amérique, le dernier point - le sixième - était
consacré à la protection des minorités et ainsi conçu:
«La Société des Nations demandera à tous les nouveaux
«Etats, comme condition préalable à leur reconnaissance
comme Etats indépendants ou autonomes, de s'engager à
accorder à toutes les minorités de race ou de naüonalité,dans
«leurs juridictions respectives, exactement les ·mêmes trai-
«tement et sécurité qu'ils accordent à la majorité de race ou de
• nationalité de leur peuple »-. _*~:-· .. ·· - .---. ~ - <- .----~
~-Jt~ ~-~
Presque tous les auteurs qui se sont posé la question de
savoir d'où cette nouvelle disposition üre son origine sont
arrivés à la conclusion qu'elle a été incluse par Wilson dans
son projet sous l'influence directe des Juifs. ,_ . ~ .. . ·: -~ _
.--- ù, professeur Georges Scelle écrit, dans son article
sur «L'élaboration du Pacte» dans l'ouvrage de P. Munch,
que cette disposition trouve son origine ccdans une propa-
gande active . menée par les israélites anglo-saxons» 1 ).
Philip Baker croit, lui aussi, dans son article. «The making
of the Covenant from the British point of view», que
Wilson, en rédigeant ce paragraphe, avait «particulièrement
en vue le traitement des Juifs dans certains pays» 2 }. . -~J

·. lai professeurs Walter Schücking et Hans Wehberg


expriment, eux aussi, la même opinion dans leur commen-
taire du Pacte de la Société des Nations intitulé «Die Satzung
des VOlkerbundes,,, et ils soulignent expressément, en deux
endroits, que Wilson rédigea ce paragraphe «sous la pression
de la propagande juive»') _ . - -
.......

(1) Geer.- Scelle. L'élabo,alion da Pacü, dam rouTiage de P. Munch.


LA on,ina ,, rœwre de la Sociâ. da Nations. Tome I. Copenhape,
1923, p. 77.
(2) Philip Barker. Tite Malti~ of the COf)atanl from the BritWa point
•foin,, dam P. Munch. op. cii1 .Tome II, Copenhague, 1924. p. 53.
(') Walter Sbückin1 und Nam Wcbberg, Die Saaun, la J/olltcr-
6unda, Zweite Autla1e, Berlia, 1924. p. l l t llS. _ . --~ _
ANNEXE XXI 555

- 47-- - -

· Le prof. Obarlea Dupula 1) , le Dr Miroslas Gonsio-


rowski •) el d'autres savanis émettent le même avis.
. L'opinion de Ray SLannard Baker, dans son livre
Woodrow J+'ilson anà Worlà Settlement, composé- sur la
base des archives personnelles et inédites de Wilson, a une
Yaleur toute particulière. Lui aussi écrit expressément que
,oet arUcle a été indubitablement le résultat de la propagan-
de juive» •) •). · --·• , - - .. .. . ~ · ·_
Si nous examinons de plus près le texte même de l'article
proposé, nous constatons qu'il ne parle pas de minorités
religieuses, mais de minorités «ethniques ou nationales»·
(racial or national minoritiea). Or, l'une des principales re-
vendications des Juifs à la Conférence de la Paix ne consis-
tait-elle pas précisément à être considérés et reconnus comme
une minorité nationale? C'est donc à juste raison que Ray
Stannard Baker fait observer que <<les Juifs avaient toujours
exposé leur cause sous le même angle que les Lithuaniens en
Pologne ou les Slovènes en Italie» •). ~--.. ~ . r• - · ~

On sait que le Président Wilson fit circuler son second


projet (le premier à Paris) parmi ses collaborateurs et le
-
(1) Chades Dupuis. Liberté tla ooia tle communication. Relaliom
lntemaûonale,. dam le Recueil des Coun de l'Académie de Droit Interna-
tional 1924, Tome Il de la collection, Paria, 1924, p. 399: c Les dispo-
sitions concemant la protection des minorités semblent dues à des initiatives
israélites, en vue de sauvegarder, dam le triomphe dea nationalités et contre
la excès powbles du nationalisme. la membrea d,une nationalité qui ae boa•
TaÎt aa minorité partouL > _ ·
(2) Dr Miroalu ComioroWW, Société da Nations ~~ ProblènN l• La
PIIU, Paria, 1927, Toi. II, .p. 57. · · -- · ~ ~ · : · ~- ·. . _· __
- (3) Ray Stamwd Baker, op. cil., Toi. I, p. '127. .':~ -~·~---- · -~·. ~ ~. ~
(4) Des idée, concernant la protection des minorit&. te troaTaient da.
""8 auui dam l'opuacule du 1énéral J. C. Smu• : Th. Lea,ae of Naliona.
A pradical au11~tion. ·
D énumère certains principe, qu,.al considère comme cvitau > pour 1araa-
tu la paix future du monde. Parmi cea principes, il fait figurer : c le prin-
cipe da nationalités contenant les idéel de liberté et qalit' politiques: le
principe d'autonomie qui al celui dea nationalité$ appliqué l da peuple1
Âétant pu encore apta à mener une Yie d 'Etat complètement indépendante;
le principe de la déccntraliaation f.olitique q_u_i empêchera la nationalité la plua
forte .d•anéantir l'autonomie plu, aible... > Un ~u plus loin, le général Smuta
dit m«tre d'une façon plut claire que la Soaété dea Naliom devra veiller
à ce que c les petites minoritét ethniques ne aoien_ t pu oppriméa dam la
el.u, graoda autonomies ou o-rganiamet >. Voir : J. C. Smuts. The Lea,.. •I
Nalio,u, A practical 1a11alion, London, 1918, p. 26. 28, 29. ,
(S) R. S. Baker•.op ciL, yoJ. 1, p. '1.27. . ~ :·
. ,..-.... - -- ...
AR IV DU MOND1ALI ME

m.muniqua également à la Délégation britannique. Il reçut


un série d'obaervaUona orlUquea, entre autres de M. Robert.
Lansing, du général Tasker H. Bliss, ainsi que du juris-
consulte de la Délégation américaine, M. David Hunter
Miller. Dana ses «Gomment& and Suggestions regarding the
Oov nanl», remis à Wilson, le !8 Janvier i9i9, M. David
Hunier Miller approuvait l'article supplémentaire VI concer-
nant les minorités ethniques ou nationales et ne proposail
aucune modifioaüon à son sujet. Il jugeait cependant, JJé-
cessaire de taire remarquer qu'un <<traitement général es\
impossible» et «qu'il est impossible, par exemple, d'admettre
que toutes les minorités de race puissent obtenir le droit que
leur langue soit employée dans des documents officiels». Il
ajoutait également qu'il y aurait lieu de complèler l'article
par <cdes dispositions plus détaillées variant pour chaque
cas selon les conditions et cela, non seulement pour ce qui
concerne les nouveaux Etats, mais aussi quant à quelques-
uns des anciens, tels que la Bulgarie» 1). · _ - _~

Dans une seconde note (paper) sur le projet de Wilson,


rédigée à peu près à la même époque, M. David Hunter
Miller soulignait que «le Traité de Berlin comprenait des
dispositions plus rigoureuses pour la proteclion des minorités
qµ-e celles figurant au dernier paragraphe du projet et que
les massacres et cruautés commis pendant les années posté-
rieures à i878, en Macédoine et dans d'autres .parües de
l'Empire turc, sont une preuve de leur efficacité» 1 ). - ·
Sur la base des diver-ses propositions et critiqu8S . 'qu'il
avait reçues, Wilson remania alors, pour la seconde fois,
son projet et, comme résultat, fut établi, le 20 jan.vier i919,
un nouveau projet- le deuxième à Paris ou le troisième en
général. L'arüole supplémentaire oi-dessus analysé concer-
... .. " -
(1) David Hunter Miller, Tite D,aflinf of dte Coc>enan4 New-Yo&-
London, 1928, vol. II, p. 91. . _ , _ . . . .· .
(2) /1,ûl., vol. 1, p. 47. · ~,. /" . ·.-- · · ~, - ·--: :. · · . ·.
David Hunter Miller mentionne auui la protection des minoritéa dam
1111 ~t!e p~e ~e ae, Comm~I, ~ ~uggalion, regarJing 1M Cooenanl;
en cnbquant 1article 3 du proJet wiboDJcn concernant la remaniements de
frontières, Miller fait reasortir que c comme le tracé da frontièla. coafonaé-
ment au cooditiom ethniques et aociales. eat, dam mainta cat, une impoai-
bili~ la protecti~ ~ droita .da minorit& el l'acceptation J'une telle pro-
iectïon '-at la mrnonla constitue la ,eule bue pour ane pm durable • ~
Voir : D. H. Miller, op. cil., Yol. 1, p. 53. ."' . ·.- A ,..,.. ~ - • • _
ANNEXE XXI 557

•• I,

nant les minorités ethniques ou nationales fut littéralement


reproduit dans le nouveau projet; il fut seulement complété
dans ce sens qu'un engagement spécial devait être demandé
non seulement ·a ux Etats nouveaux, mais encore ccà tous les
Etats qui solliciteraient leur admission au sein de 1a Société
des Naüons». Il n'est pas difficile de reconnaitre dans cet
amendement l'influence de l'observation de M. David Hunter
Miller, notamment en ce qu'il exigeait que la protection des
minorités s'étendit non seulement aux Etats nouveaux, maîa
aussi à une parüe des anciens. .- -~, . ,.. • 1• • ._,,_ •

- · Outre cet article VI, nous trouvons encore dans le


troisième projet un nouvel article VII, consacré spécialement
à la liberté et à l'égalité religieuses. Cet article est ainsi
rédigé: «Reconnaissant dans la persécuüon et l'intolérance
((religieuses une source féconde de guerres, les Puissances
«signataires du présent sont d'accord que la Société des
. ((Nations demandera à tous les nouveaux Etats et à tous ceux
,,qui solliciteront leur admission dans son sein la promesse
«qu'ils n'édicteront aucune loi interdisant ou entravant le
,,libre exercice de la religion et qu'ils n'établiront aucune
«distinction ni en droit, ni en fait à l'égard de ceux qui
ccpraüquent une foi, religion ou croyance quelconque dont
«l'exercice n'est pas incompatible avec l'ordre et les principes
«publics de morale». - ,.,,. -. . - . ," · ~ .~ •'•J• . · .: .-

-. - . Ray Stannard Baker estime que cet article .est dd à


l'inspiration de Wilson lui-même et .a sa source dans la
t.rad1üon américai11e spécifique. «Les Juifs n'avaienL cessé
de répéter qu'ils ne voulaient pas être considérés comme un
corps religieux; la clause concernant les minorités ethniques
satisfaisait leurs principales revendications ; mais il se
pourrait que cette clause ait suggéré la suivante, surtout
comme un moyen de soulever de ielles questions dans des
Etats autres que les Etats nouveaux. » 1 ) • .. .
Wilson crut tout d'abord que son troisième projet ser-
virait de base pour les travaux de la Conférence de la Paix.
Mais trop grandes étaienL les divergences entre aea pro-
positions el le point de vue britannique tel qu'il s'était expri-
mé dans le projet préparé le 20 janvier t9i9, après une
série de remaniements, par Lord Robert Cecil, pour qu'on
- '
; ~ - <Of'- ..A- .... "" ' . ,,. ... ,. -...

• (1) R. S. Baker, •· - . wl. 1. p. 1'0. • ~, ~ •" ., :.~ ' - ' <d • , • ._, ,• • v • ~•
5 AR HIVES DU MONDIALISME

. -IO-

oonaenttt à admeUre le projet de Wilson comme base des


dêlibéraüona. Parmi les questions au sujet desquelles les
projeta britannique et américain divergeaient, figuraient
aussi les «arücles supplémentaires». VI et VII de Wilson,
·concernant les minorités ethniques ou nationales, ainsi que
la liberté ei l'égalité religieuses. ~. <

Entre les deux Délégations commencèrent alors des


négociaüons longues el difficiles à l'effet d'ai:river à une
entente sur toute~ les questions ayant suscité des divergences
d'opinion. Le 25 janvier i9f9, des conversations officielles
eurent lieu entre M. David Hunter Miller et Lord Robert
Cecil. Le résultat en fut l'établissement d'un ((projet Cecil-
Miller» du 27 janvier. L'article VII concernant la liberté
religieuse y subsista sans modification. Par contre, l'arlicle
VI relatif aux minorités ethniques_ ou nationales fut réser-
vé. • Les Anglais - écrivait M. David Hunter Miller le 27
janvier i9i9 au Président Wilson, - . «suggèrent pour le
moment le retrait de cet article jusqu'à ce que les dispositions
spéciales à inclure dans les traités ~rriLoriaux puissent être
examinées.» 1 ). ~ _

Le 81. janvier eut lieu une délibération entre le Présidenl


Wilson, Lord Cecil, le général Smuts, le colonel House et
M. David Hunter Miller. Il fut entendu que le lendemain
les jurisconsultes des deux délégations - Sir O. J. B. Burst
et M. David Hunler lvliller - se rencontreraient pour cher-
cher une solution aux questions au sujet desquelles sub-
sistaient encore des divergences de vues.
Le 2 février i9t9, le travail de MM. Hurst et Miller était
achevé et Wl nouveau projet prit naissance, celui oonnu sous

, (1) Voir : D. H. Miller, op. cil., vol. I, p. 60. · ;


A la même époqut environ, le membre de la délégation britannique Lord
E111tace Percy avait élaboré un projet où il euayait de faire un amaliame
du troiaième _projet wilsonien du 20 janvier et du projet britanniqu_e de la
même date. En ce qui concerne l'article VI, Lord Percy déclare que le
c projet britannique a l'intention de réaener la question dea minorités etb--
uiquea et nationale, à l'effet d•être réglée dam les trait& tenitoriaux >. Il
ju,tifie aon idée en disant que, c dans certains eu, ca minorité, demande-
ront une garantie d\an traitemeot à part dans des matières telles que let Jan-
au- d•emeignement dam lea écolea, alon que, dam d•autra, elles demaa-
derœt un traitement éaal qui leur eat garanti par cet article VI >. Lord
Percy croit, iaalement, qu'il sera peut-être posaible c de trouver dam lea
trait& ~rritoria~s un moyen proere à faire .du ~CJ?le~t de cea questions
une acbon coaJupée dea Etata dilectemeat toucha, amu, par aemple. par
ANNEXE XXI 55-9

la nom da «projet Burat-Miller>). L'article VI concernant les


minoril.éa,. ethniqueii ou nationalea au sujet duquel aucune
décision n'avaU été prise précédemment lol's des négociations
avec Lord Ceoil fut maintenant. enüèrement supprimé. Quant
à l'article VII oQncernan\ la liberté religieuse 1 le représentant
britannique l'approuva encore une fois. Il devint l'article i9
du projet et, après a.voir subi une légère modification, il disait:
"Les Hautes Parties Contractantes sont d'accord de ne faire
«aucun~ loi interdisant le libre exercice des cultes ou y mel-
<<tant entrave et de n'établir aucune distinction de droit et de
«faU à l'égard des personnes qui pratiqueraient une religion
«spéciale ou une croyance ne portant pas atteinte_à rordre
«public ou aux principes publics de morale».
Wilson n'était pas très satisfait des propositions «Hurst-
Miller». et, le jour même où il les avait reçues, il établit un
nouveau projet - le troisième à Paris et le quatrième en
général--. qui fut publié le lendemain S février. Nous y re-
trouvons les articles VI et VII de son ancien projet, sans
aucun amendement ni modification, ce qui montre claire-
ment que Wilson ne consentait pas à la suppression de l'ar-
ticle VI concernant les minorités ethniques ou nationales,
opérée par MM. Hurst et Milleia. - · ~ -✓ ~ ~ • •

Or, ce projet revisé ne devait cependant pas, ainsi que ·


Wilson le désirait 1 ), être reconnu comme la base des travaux
de la Commission spéciale que la·séance plénière de la Oonfé-
rence de la Paix du 25 janvier i9i9 avait entre temps ohargée
de la préparation du Pacte de la Société des Nations.
C'est le projet «Burst-Miller» qui fut adoptê comme
charpente des délibérations de cette Oommission. ~'" . . ~
~ ~

u.oe commiaion permanente de ~ Etau avec 11n préùdena impartial, el qu•i]


ett douteux que l'intervention de, grandea _puissances, p~r l'insertion d•wae
disposition générale dam le Pacte de la 5ociété da Nations, conduise à
faciliter le travail de tella conuniuiona ngionala. C'est pourquoi il aemble
J)Nfér.W. de 1upprimer, quaqt à présent, l'article VI jtMqu'à ce que Ion a
ar~ve à l'évidenc~ q~:il aoi! ~possible de traiter ces queatiom de façon
adeg_uate dam la trattes terntor1aux •· . ·
En ce qui concerne 1•artide VII, auquel Lord Robert Cecil comme
nous l'avom vu, avait donné aon consentement, Lord Percy croit ~il serait
préféra&le d~ le supprimer ~alement : c Pour da Etats nouveau et indé-
~ndanta, c'est u~! matière d~ 1ouvememe~t intérieur qu'il eat p ~ impc.
••~e. pqu, la Société da Nabom, de controler ou de réaliser~ a Voir : O. H.
Miller, Of': dt, Yol.l. p. 5S; Yol. Il, p, 129-130. _ , .. .~ , ., .
(1) lbùl.. val. 1. p. 75, 130. - · .· .~
560 ARCHIVES DU MONDIALISME

Noua voyons de la sorte que, lorsque la Commission de


la Société des Nations, créée par la Oo~térence de la Paix,
se mit au travail, le projeL du Pact.a de la Société des NaUona
qu'elles avaU sous les yeux ne contenait qu'une disposition
spéciale concernant la liberté et l'égalité religieuses. Il est
intéressant de rappeler à ce sujet que dans les projets offi-
ciels du Pacte soumis à la Conférence de la Paix par les
gouvernements français et italien, le problème des minorités
ne fut effleuré dans aucun article 1). -~ ~ -~ -\• ·. •. .. . . .
Du 8 au i8 février i9i9, eurent lieu les premières déli-
béraüons de la Commission et au cours de ces séances fut
aussi décidé le sort de l'article ci-dessus mentionné, dit
<,article religieux». ·-:-~ -,- . .~ .... ~ .. ,. '. . ~ v• ·, I • • · •. , ,

Grâce au livre -de M. D. Hunter Miller, cité déjà pré-


- r •.

cédemment à plusieurs reprises, The Dra{ting of the


Covenant, où ont été publiés, pour la première fois, les pro-
cès-verbaux des séances de la Commission de la Société des
Naüons, nous connaissons maintenant tous les détails dea
débats qui eurent lieu au sujet de cet article, ainsi que les
motifs qui déterminèrent sa suppression 1 ). .

- Pour la première fois, l'article fut examiné à la sixième


séance de la Commission du 8 février i9i9. Après que Wilson
eut donné lecture, en sa qualité de président, de l'article i9
du projet <<Hurst-Miller», Lord Robert Cecil proposa un autre
texte ainsi conçu: <<Les Hautes Parties Contractantes, re-
«connaissant dans la persécution et l'intolérance religieuses
udes sources f erüles de guerre, sont d'accord pour déclarer
c<que la Société des Nations a le droit de s'intéresser aux
«comm.oüons politiques qui en découlent et dans le oas où
ule Comité exécutif trouvera que la paix mondiale est me-
«nacée par l'action illibérale du gouvernement d'un Etat à
«l'égard de ceux qui confessent une foi, religion ou croyance
«quelconque, les Hautes Parties Contractantes autorisent 1,
•Comité à taire des représentations ou à prendre les mesures
«qui m.ettront ftn à l'abus en quesüon». .~ . •
~
.. , .. _,_ - '.. .. - Â .. ,,.., ; -

.
-~ _.. . • .. ~ ~ ,. . ""
, .,
.. r
... "
.. _ ~ *.

. .
· (1) Voir le teste clee projeta clam D. H. Miller, •· cil.. ftl. II, p. 238-
2SS. «>3-422. .
(2) Voir: /1,il., val. 1. p 191, 19S-196, 221. 1lil-211J: TOI n,..9-• 237.
-.-.
273-274, 1:16, 282-283, 307, 315, 323-325, «)3, ~,. ~3-444. 449-4S2, ~S.
. ' ~
ANNEXE XXI 561

Le Président Wilson fait alors remarquer que l'article !9


était motivé par le désir d'empêcher, dans l'avenir, toute
persécution et toute guerre religieuse. M. Hymans (Belgiqn,,
craint qu'un abus puisse être fait du mot «intolérance» et
que l'on puisse s'en autoriser pour faire appel à la Société
des Nations et la faire juge de réclamations de partis poli-
tiques contre leurs gouvernements. M. Orlando (lt.aliel
oonstate qu'il faut être très prudent dans la rédaction d'un
tel article afin d'éviter qu'il ne se trouve en conflit avec la
constitution de -certains Etats. M. Batalha Reis (Portugal)
fait observer que toutes les tois qu'une religion d'Etat cesse
de l'être, ses adhérents se considèrent ip10 facto comme per-
sécutés. M. Léon Bourgeois (France) rappelle que les hypo--
thèses prévues dans l'article en di~ussion étaient visées
déjà par l'article 9 (par la suite l'article i i), qui parle des
évènements intérieurs susceptibles de troubler la paix. Après
une courte intervention de M. Venizelos (Grèce), il est décidé
de · renvoyer l'article au comité de rédaction. .
· · La séance suivante de la Commission - la septième ~ -
eut lieu le lendemain, iO février, avant midi. Le comité de
rédaction avait, entre temps, préparé un nouveau texte de
l'article ((rel~gieux», texte qui était inspiré plutôt par la
dernière proposition de Sir Robert Cecil que par la formule
du projet <<Hurst-Miller»: ((Les Hautes Parties Contractantes,
«reconnaissant dans la persécution religieuse une cause
«fréquente de guerre, s'engagent solennellement à la faire
«disparaitre de leurs territoires, et autorisent le Comité exé-
«outif, dans tous les cas où celui-ci jugera que la paix
«mondiale se trouvera par là menacée dans un Etat quel-
«conque, à taire les représentations oil à prendre les mesures
,,nécessitées par les circonstances». · ,
Le nouveau texte du comité de rédaction ne fut pas trêa
bien accueilli au sein de la Commission et suscita une sê-
rieuse discussion. Le Président Wilson fit alors une nouvelle
proposition. La traduction littérale de l'article proposé, tel
qu'il figure dans le procès-v.erbal anglais de la séance est la
suivante: c,Us Hautes Parties Contractantes conviennent
t<de n'é<lioter aucune loi interdisant ou intervenant dans le
«libre exercice des cultes; elles décident de ne pas permettre
e<que la pratique de croyances, ~ligion ou opinions, dont
,,)'exercice ne pourrait troubler l'ordre public ou la morale,
AR Hl ~ DU MONDlALI ME

ienne mettre entrave l la vie, à la llbe~ ou à la recherche


«du bonheur de leur peuplen.
Oomme on le volt, ae texte n'est pu tout à fait clair et,
d·ans sa partie finale; même quelque peu illogique. M. David
Hunter Miller 1) souligne qu'il est impossible de supposer que
WU on ait rédigê ce texte, car il était un maitre de la langue
anglaise. L•idée de la proposition de Wilson est traduite
d•une façon beaucoup plus juste par le texte français tel qu'il
se trouve dans le procès-verbal français de la séance: •U.
Hautes Parties Contractantes décident qu'elles ne per-
mettront pas que leurs citoyens adhérents d'une toi, re-
, Ugion ou croyance quelconque, qui ne porte pas atteinte
à l'ordre ou aux mœurs publiques, soient pour cette raison
«inquiétés dans leur vie, leur liberté et leur poursuite du
«bonheur,,. . ~ ~, . _ .. . ~ .,, ~~ · \
.. La proposition du Président Wilson fut soutenue par
M. Léon Bourgeois, qui fit remarquer que l'a.rticle ne faisait
que confirmer le principe proclamé dans la Déclaration des
Droits de l'Homme et du Citoyen: <<Nul ne peut être inquiété
à raison de ses opinions ou de ses croyances,,. Sur ce, le dé-
bat prit fin et la Commission adopta la proposition du Prési-
dent Wilson. ·
Dans la huitième -s êance de la Commission du tt février,
on termina la discussion, en première lecture, du projet du
Pacte et il fut décidé de nommer un comité comprenant
MM. Robert Cecil, Larnaude, Venizelos et Vesnitcb. Ce comité
devait, sur la base des modifications et amendements
proposés, procéder à la rédaction du projel Le surlendemain,
Je comité avait achevé son travail. Quant à l'arüole «re-
ligieux», le comité était arrivé à la conclusion que, tenant
compte des complications que présentait cette question, il
serait préférable de le supprimer oomplètemenl Mais, pour
le cas où la Oom,mieslon &erait absolument d'avis qu'une·
telle clause dllt être Insérée, le comité suggérait la rédacüon
suivante, «Les Hautes Parties Contractantes sont d'accord
«pour déolarer qu'aucune entrave n'interviendra dans le libre
«exercice de toute croyance, religion ou opinion, dont la
t«pratique n'est pas incompatible avec l'ordre public et les
«mœurs, et que, dans leurs juridictions respectives, nul ne
. .•
· (1) /1,ûl., vol. J, p. 196.
ANNEXE XXI 563

«sera troublé dans sa vie, sa libertê ou sa poursuite du bon-


«heur en raison de son adhésion . à une telle croyance, re~
«llgion ou opinion» H . . ~ _ • • • _ • ~ • ~• • -

-. Dans le nouveau projet du comité, l'article «religieux"


est devenu Je 21-ème au lieu du i9-ème et, quant au fond,
il n'était qu'une amélioration de la propositio~ du Président
Wilson du iO février.
, _ Le iS février f9i9, l'après-m~di, à la dixième séance de
la Commission, l'article vint de nouveau en discussion, en.
deuxième et dernière lecture. ·
Au début de la séance, le colonel House fit connaitre que
le Président Wilson, ne pouvant prendre part à la réunion,
att.achait une importance toute particulière à l'insertion de
l'article concernant les liberté et égalité religieuses. M. Lar-
naude (France) déclara qu'il appréciait l'importance qu'il y
avait à proclamer l'inviolabilité de la conscience humaine et
des manifestations du culte. Mais après examen de la question
dans le comité de rédaction, il était d'accord avec Lord Ro-
bert Cecil que la rédaction de ces considérations était si
difficile qu'il valait mieux supprimer l'article. Les préoccu-
pations du Président Wilson se référaient certainement à des
pays de l'Europe orientale où de tels incidents sérieux
s'étaient réellement produits; en l'ooourence, il s'agissait
cependant surtout de pays où la liberté de culte et de
conscience était garantie. Néanmoins, comme le Président
Wilson insistait sur l'insertion de cet article, -~ _n'était pas
désireux d'en demander l'abrogation.
M. Batalha Reis (Portugal) fit remarquer que 8& longue
résidence dans quelques pays de l'Europe orientale l'avait
convaincu que les luttes que l'on croit être des luttes re-
ligieuses sont presque toujours des luttes de race. Les Juifs
qui en Russie et en Pologne se convertissent au christia-
nisme, ne cessent pas pour cela, eux et leurs descendants,
d'être hais et persécutés. ~
Lord Robert Cecil, président de la séance, fit observer
que, comme le Président Wilson désirait spécialement l'in-
clusion de l'article dans le texte, et comme la Commission
l'avait agréé en principe, il ne croyait pas qu'on pdt Je
supprimer. ·
Après Lord Robert Cecil, c'est le délégué japonais, M. la
baron Makino, qui prit la parole; il proposa d'adjoindre à
b rl Cecil el M. W l 1n
n\ pris position à ce sujet, Ve
,_____. lement à la Commission d p ...................
l article. Il motiva sa proposition par le f •
lion é t trèe délicate et se heurtait à des difflc •
10

tables; que, d'autre part, la question de race


.o n serai\ oerf.ainement réglée dans l'avenir par ·
.._..~_,_. d at1ona. La majorité des membres de la Comm1s-
ralll à la manière de voir de M. Venizelos et
..,.__. . -·on de oelui-ci fut, en effet, adoptée. M. David Hunter
conte 1 ) que seuls le Brésil, la Chine et la Rouman· e
~----~ nl favorables à l'article; comme on peut cependant e
ter par le discours de M. Orlando, à la séance dn lt
9t9 •), l'on doit y ajouter l'Italie égalemenl
que la décision fut adoptée, le colonel Ho
qu il en ferait part au Président Wilson et qu
'y donnait pas son consentement, on serait o · ·
11
une nouvelle réunion. En tout cas, il •r Y
~-l~
.AiftWllr9rA~ "

Pré ident Wilson de soulever, de nouvea 1


de la Conférenoe.
o le voyons, la résolution du
pp .ion de l'article rergieu
eo l' po ition dev t la --····
e
' t~----~·..-.-.. . ., ., ' u
. . . . . . . . . ~-.' q
fé n t Ile v ·t pe
Ile
ulté
D id
ANNEXE XXI 565

-&'7 ~ .. ·.

C'est aussi l'avis du· colonel Bouse, -ainsi qu'il ressort d'une
note qu'il porta, le jour même, sur son agenda 1 ). Cela se
dégage aussi d'une façon particulièrement évidente du dis-
cours que M. Venizelos a tenu, plus tard, dans la séance dli
tt février i9t9, dans laquelle la Délégation japonaise a
renouvelé sous une autre rorme sa proposition relative à
l'égalité des races. Lui--: Venizelos - était responsable de la
dispariüon de l'article du Pacte concernant la liberté
religieuse. Il avait pensé que si cet article était rejeté, les
difficultés relatives à la quesU-on de race seraient également
éliminées. Maintenant, la question réapparaissait sous un
autre jour. Si l'on acceptait l'amendement japonais et si
celui-ci était inséré dans le préambule, on devrait également
y inclure une clause concernant la liberté religieuse 1 ). ·
: ~ · Certes, il n'était pas trop difficile à la. Commission de
sacrifier cet article qui, du reste, est le seul qui rot supprimé
dans le projet «Burst-Miller». La plupart des membres de
Ja Commission s'étaient, d'ailleurs, dès le premier moment,
comportés assez froidement, sinon tout à fait négativement,
à l'égard de cette disposition. De plus, il convient de ne pas
oublier que le Président Wilson n'a pas participé personnel-
lement à la séance du- i8 février. Or, en son absence, il a été,
Bans nul doute, plus aisé à la Commission d'adopter sa dé-
cision. Il est vrai que le colonel House avait réservé le droit
du Président Wilson de soulever de nouveau cette question,
mais, comme nous le savons, Wilson a encore, ce jour même,
donné son approbation à la décision prise. II a, vrai-
semblablement, cru lui aussi que, par la suppression de cet
article, on éviterait toute discussion concernant le problème
des races, qu'il considérait comme indésirable, voire nuisible.
La décision du f 3 février est ainsi demeurée en vigueur
et le texte définitif du Pacte de la Société des Nations ne
contient donc aucune trace de l'article concernant les liber-
té et égalité religieuses. ·
Nous avons déjà pu constater que, en corrélation très
étroite avec l'article
. .
«religieux», fut soulevée et examinée à
,

. .
( (1) The lnlimate 'f!."-"'of Colonel House. An8Jl8ed u a narrative
~1 Charles Seymour. Volume IV. The endin1 of the War. June 1918-
November 1919. London. 1928, p. 32S. . • .
(2) D. H. Miller. op. cit. vol. ll, p. 390-391. . . -. · . '"> ~ .:. . ✓
566 ARCHIVES DU MONDIALISME

-58- ·
la Conférence de la Paix la question de l'égalité des races -
problème important et épineux de la politique mondiale.
. Il ne serait pas superflu de s'arrêter ici brièvement sur
la teneur de la proposition du Japon et sur la lutte menée
par la Délégation de paix de ce pays en faveur de l'adoption
de cette proposition 1 ). .
La question fut soulevée pour la première fois à la
séance de la Commission de la Société des Nations du i3
février i9i9 1 ). Le délégué japonais, le baron Makino, propo-
sa d'insérer dans le pacte de la Société des Nations, comme
addition à l'article ((religieux» un second alinéa, consacré
à la question des races, stipulant que: <d'égalité des nations
«étant un principe fondamental de la Société des Nations,
<<les Hautes Parties Contractantes conviennent d'accorder,
«aussitôt que possible, à tous les étrangers, .nationaux des
,(Etats. membres de la Société, un traitement juste et égal
«à tous les points de vu~, sans taire aucune dist~notion en
<<droit ou en fait, à raison de leur race ou de leur nationalité».
Dans un grand discours pénétré de «réflexions idéolo-
giques et démocratiques», le baron Makino cherchait à justi-
fier sa proposition. Les animosités de races et de religions
.,,
------· ~ \,

_,,
· (1) Pour p)u1 de détails, aimi que pour le teste end de tom les dis-
cours. voir D. H. Miller, op. cif., vol.J._ p. 183-184, 201, 210-211. 268,
461-466; vol. II,~- 323-32S, 387-392, 486-489, 573-574, 702-704.
(2) Ainsi que D. Hunter Miller le fait observer, on était aa courant de
la proposition japonaise déjà une semaine avant qu'elle ne ftlt officiellement
formulée. Du reste. au coun de la huitième séance de la Commission de Ja
Société des Nations du 11 février, le baron Makino avait déclaré expres-
sément gu 'n se rése"ait Je droit de faire certaines propositions d'amendement
Ion de la deuième lecture du projet (D. H. Miller, op. cil., TOI. 1, p. 210-
211).
· D. Hanter Miller raconte auui que, le 9 février, étant en train de discuter
••ec le colonel House, aur la proposition japo_.ai.e, Lord Balfour ,•approcha
d'eux et une discuaion aénérale sur cette matière ••engagea entre le colonel
Home et Lord Balfour. Le premier montra à Lord Balfour un memoran•
dum qui dQ,utait par le principe extrait de . la Déclaration d-Jndépmdance.
que tout les hommes sont nés égaux. Lord Balfour dit alon que c'était une
propo•ition da XVIII• siècle qu'il ne conaidérait pas comme juste. D esti-
mait que ai. dans un certain sens, il ~ait exact que tous les hommes d'une
nation déterminée étaient nés égaux, un homme de l'Afrique Centrale n'était
pu œ égal à un Européen. Le colonel Hou,e répondit qu'il ne voyait pu
comment la politique pratiquée en matière d'immigration à l'~anl da Japo-
naia pouvait être poursuivie. C'était un peuple qui allait en croissant et tout
ton territoire ltait utilisé. Il devait avoir des débouchés où immigrer. Lord
Balfour déclara alors qu'il éprouvait une grande sympathie pour cette façon
de •oir. (D. H. Miller, op. cil., •ol. I. p. 183.) .
ANNEXEXXI · 567

"" ..
,
. . .,

ont toujours oonstituê une source féconde de troubles et de


guerres parmi les düTérents peuples à travers l'histoire et ont
.conduit à des exœs déplorables. Comme la question des races
se trouve être une difficulté constante qui peut devenir aiguê
et dange_reuse à tout moment dans l'avenir, il était désirable
que toutes précautions soient prises dans le Pacte pour régler
ce sujet. Il se rendait parfaitement compte des difficultés
s'opposant à la réalisation du principe contenu dans la
proposition, mais il ne croyait pas qu'elles fussent insurmon-
tables, si l'on attachait une importance suffisante aux sé-
rieuses divergences de vues susceptibles de surgir entre les
peuples à cet égard. Ce qui paraissait impossible auparavant,
était maintenant sur le point d'être réalisé - la création de
la Société des Nations en était un exemple notable. L'amen-
dement avait été rédigé très prudemment et l'on ne songeait
pas à proposer ici une réalisation immédiate d'une égalité
idéale de traitement entre les peuples.
~.. L'amendement énonçajt simplement le principe d'égalité
et laissait aux chefs responsables des Etats membres de la
Société le soin de l'appliquer. En un sens, cet amendement
pouvait être regardé comme une invitaüon aux gouverne-
ments et aux peuples à examiner de plus près et plus sé-
rieusement la question et à trouver un moyen acceptable
de sortir de l'impasse dans laquelle se trouvent jusqu'à
présent les différents peuples. Si l'indépendance et l'intégrité
politique de l'un des membres de la Société des Nations
étaient menacés par une guerre, une ou plusieurs nations,
convenablement placées, devaient être préparées à prendre
les armes contre l'agresseur. Cela impliquait qu'un citoyen
d'une de ces nations devait être prêt au besoin à défendre
de sa propre personne les autres peuples et cela ne sera
possible que si chacun sent qu'il est placé sur un pied d'éga-
lité avec le peuple qu'il entreprendra de défendre, au péril
de sa propre vie. 67
- ,, • ~ • •

L'amendement japonais fut appuyé par le représenta.nt


chinois, M. Wellington Koo, qui, en règle générale, se
comportait toujours, lors de la Conférence de la Paix, aveo
beaucoup de circonspection à l'égard de toute proposition
émanant de la Délégation japonaise. .
La question que la Délégation japonaise avait soumise
à la Commission était, sans nul doute, un sérieux problème·
ARCHIVE DU MONDIALISME

( .

intéressant l'humanité et touchait au grand principe de l'êga-


lité de tous les hommes. Mais c'était, en même temps, une
quesUon pratique et, dans un certain sens, économique aussi.
Derrière elle se dissimulait le problème de l'immigration
des Japonais aux Etats-Unis d'Amérique et aux Dominions
britanniques, question qui suscitait de tous temps dans ces
pays les plus grandes susceptibilités et inquiétudes. · · •
C'est pourquoi le représentant britannique, Lord Robert
Cecil, s'empressa de faire remarquer que la proposition
.i aponaise soulevait, en ce qui concerne l'Empire britannique,
des problèmes extrêmement complexes; qu'elle présentait un
caractère de controverse et que, malgré la noblesse de la
pensée qui inspirait le baron Makino, il serait plus sage, pour
Je moment, de surseoir à l'examen de la quéstïon.
·· A la suite de cette intervention, la Commission de la
Société des Nations passa outre à la proposition japonaise.·
· Le lendemain, i4 février i9f 9, eut lieu, comme on le
sait, la troisième séance plénière de la Conférence de la
Paix. Le Président Wilson présenta le projet du Pacte de la
Société des Nations dans la forme sous laquelle il avait été
élaboré par la Commission. A cette séance, le baron Makino
jugea nécessaire d'observer qu'il se réservait le droit de faire
une certaine proposition lors d'une phase ultérieure de la
discussion de ce projet, proposition qu'il avait eu déjà le
privilège de soumettre à la Conférence et pour laquelle il
solliciterait ]a considération bienveillante et attentive des
distingués délégués des nations représentées.
Profitant de la présence du Président Wilson aux Etats-
Unis, l'ambassadeur japonais à Washington lui remit, le i
mars, c'est-à-dire un jour avant le second départ de Wilson
pour rEurope, une note où il le priait instamment, au nom
du gouvernement japonais, de soutenir la ((juste et équitable
proposition» du Japon 1 ).
Le it avril t9i9, lors du nouvel examen par la Commis~
sion du projet du Pacte adopté à la séance plénière de la
Conférence du 14 février, le baron Makino souleva de nou-
veau la question, quoique cette fois sous une forme plus
atténuée. Il ne défendait plus sa proposition précédente, se
bornant simplement à demander que le préambule du Pacte

(1) R. S. Baker, o,. ciL, Toi. Il, p. 236. ~ .. ~ ~


ANNEXE XXI 569

de la Société des Nations, mentionne expressément • l'ac-


ceptation du principe de l'égalité des nations eL du juste
\raitement de leurs nationaux »• .. , ,.., .. . 4", . .. • • , .,, •

Dana un grand discours bien préparé et impressionnant,


le baron Makino développa, une lois encore, et motiva le
point de vue japonais; son amendement -n'avait pas pour but
tie permettre une ingérence dans les affaires intérieures d'une
nation quelconque, il établissait seulement un principe di-
recteur pour les relations internationales futures. Cette pro-
posiüon ne satisfaisait pas entièrement les désirs des Japo-
. nais, mais c'était une tentative de concilier les points de
vue des différents peuples. ~~
'> • ; >' .,,>-' ~ ♦
• •• , < Av 7 ... - ~ , •/ ~' f -~ - •

--- ... · Lord Robert Cecil prend le premier la parole. Il se pro-


~ nonce contre la proposition. Ainsi que David Hunter Miller
le fait remarquer, Lord Robert Cecil «sentait lui-même qu'il
accomplissait une tâche difficile et désagréable» 1) . Il a reçu
des instructions de son gouvernement de ne pas adopter la
proposition japonaise 1 ), bien que personnellement il soit
tout à fait d'accord avec l'idée de la Délégation japonaise.
!Al gouvernement britannique con90it l'importance de la
quesüon des races, mais la solution de ce problème ne saurait
être donnée par la Commission sans porter atteinte à la
souveraineté d'Etats membres de la Société des Nations. De
deux choses l'une: ou bien les points que la Délégation
japonaise propose d'adjoindre au préambule sont vagues et
inefficaces ou bien ils ont une signification pratique. Dans le
dernier cas, ils ouvrent la voie à nne controverse sérieuse et
à l'ingérence dans les affaires intérieuras des Etats membres
de la Société des Nations. Il est maints devoirs qui in-
combent aux Etats sans être expressément mentionnés au,
préambule. Ainsi, par exemple, le droit incontestable de la
liberté religieuse. (Le Japon aura un siège permanent au
Gonseil de la Société des Nations et oe fait le mettra sur un
... • '• • 1 • ~
,,.._ ., -;., .,,,. . . . • ~r ...,.1,. .,: ..,. .,~ ;. , - , ~: ... •-1••

(1) D. H. Miller, op. dt., TOI. L p. -461. . _


(2) Aimi que le Profaaeur A B. Keith le raconte. le Pr&iclent du
·Comeil d'Australie, M. Hughes, aurait accepté que le préambule contint
UDe dilJ)Olition apraae concernant I'4gali~. pour lea citoyens étrangen qui
se .trouvaient déjà en Australie, mais pu pour ceu qui pourraient encore
J immigrer. Le J•~ n'avait_pu voulu, ~ r da raison, compréhemibla.
çprouver une telle formule. Voir : A B. Keith, The Brilûla Dominiona,
dam H. W. V. Temperlq, op. dt. Toi. VI. p.• 352--353.
AR HlV U M NDIALI ME

pied de partalte égallt.6 avec toutes les autres grandes


puissances. Ceci étant, il sera toujours possible au Japon de
soulever la question de l'égalité des races et des naüons
devant le Conseil de la Société des Nations lui-même.
O'est le second délégué japonais, le vicomte Chinda, qui
répondit brièvement aux objections soulevées par Lord Ro•
bert Oeoil. Il ne s•agissait pas ..... dit-il ...... de la question des
race ou de l'immigration; la Délégation japonaise ne: de-
mandait rien d'autre que la reconnaissance du principe de
l'égalité des naüons et d'un juste traitement de leurs naüo-
naux. L'opinion publique japonaise toute entière soutenait
celte proposition; il demandait à la C'.ommission de la mettre
aux voix. Si l'amendement était rejeté, ce serait une indi-
caüon pour le Japon que l'égalité des membres de la Société
des Nations n'était pas reconnue et, comme résultat, la
nouvelle organisation deviendrait très impopulaire auprès
du peuple japonais. Le vicomte Ohinda laissait même en-
tendre que, dans ce ca&, il se pourrait que le Japon ne devint
pas membre de la Société des Nations.
La proposition japonaise fut soutenue par l'Italie
{M. Orlando), la France (MM. Bourgeois et Larnaude), la
Grèce (M. Venizelos), la Tchécoslovaquie (M. Kraroar) et la
Chine (M. Koo). _
Qua.nt au point de vue du Président Wilson, il estimait
que, bien que l'égalité de toutes les naüons fdt l'un des prin--
cipes rondamentaux de la Société des Nations, il éLaiL peut-
être néanmoins plus opportun de ne pas introduire cette
disposition dans le préambule du Pacte. Nul ne niait ce prin-
cipe, la difficulté ne consistait pas dans l'adoption d'une
décision au sein de la Commission, mais dans la discussion
qui serai\ certainement provoquée en séauce, plénière.
La Société des Nations reconnaissait non seulement l'égalité
de tous les ELats, mais son Paote contenait aussi des dispo-
sitions pour la défendre en cas de danger. .
· Après les paroles de Wilson, le baron Makino dê.clara
qu'il ne. désirait pas poursuivre une disouasion stérile. Il
demandait, en conséquence, de passer aux votes. Mise aux
voix, la proposition japonaise obUnt tt voix sur t7,
Pour la proposition votèrent le Japon, la France et l'Italie
(obaoun de ces pays 2 voix), Je Brésil, la Chin~ la Grèce, la
Yougoslavie et la Tohécoslovaquie. AuoW1 vote négaLit n'eu\
ANNEXE XXI 571

---88---

lieu, de sorte que le Président Wilson et le colonel House,


ainsi que Lord Robert Cecil et les représentants du PorLu-
gal, de la Pologne et de la Roumanie ne votèrent pas.
Qu~nt à M. Hymans et au général Smuts, ils étaient absents.
Le vote acquis, le Président Wilson déclara que la pro-
posiüon japonaise devait être considérée comme non
adoptée. Sur l'observation de M. Larnaude qu'à proprement
parler la grande majorité de la Commission s'était prononcée
pour la proposition, Wilson répliqua qu'en l'espèce, l'unani-
mité était nécessaire; que, dans certains cas, les délégués
français avaient, il est vrai, formulé des réserves, mais ils
avaient toujours déclaré qu'ils n'insisteraient pas sur leurs
objections; qu'il était également vrai qu'en ce qui concerne
le siège de la Société des Nations, une décision avait été prise
non à l'unanimité, mais à la majorité des voix, mais alors
on était obligé de prendre une résolution quelconque, tandis
que l~ quesüon se posait autrement maintenant, la propo-
sition japonaise rencontrant une opposition manifeste. Or une
telle décision ne pouvait être adoptée qu'à l'unanimité.
Lord Robert Cecil souligna de nouveau qu'il seraiL
mieux que le Pacte restàt muet sur cette question de droit;
le silence éviterait beaucoup de d~scussions. Le Président
Wilson déclara définitivement que l'amendement japonais
n'avait pas été adopté. Il clôtura les débats par les paroles
suivantes: <<Je ne crois pas que quiconque soi\ porté à inter-
préter un jour le résultat de la discussion de ce soir comme
un rejet de notre part du principe de l'égalité des nations».
Le baron Makino pria alors que le procès-verbal de la séance
menüonnàt expressément le nombre des voix exprimées pour
sa proposition et il déclara qu'il soulèveraU de nouveau la
question à la première occasion. ,
Le 28 avril i9f 9, lors de la cinquième séance plénière
de la Conférence de la Paix, le baron Makino exprima - une.
lois de plus - dans un long disco:urs, le plus profond regret
de la Délégation japonaise que la Conférence de la Paix
n'ait pas adopté son ·amendement et déclara solennellement
que les représentants du peuple japonais ne cesseraient de
lutter pour le principe juste et humain de l'égalité des races.
Telle est l'histoire de la proposition du Japon en faveur
de l'égalité des races. En dépit de la lutte énergique et
consciente qu'elle mena, la Délégation japonaise ne vit pas
572 ARCHIVES DU MONDIALISME

-6'-
. .
· ses efforts couronnés de succès. Nous avons déjà vu
que la tentative du Président Wilson de garantir dans
le Pacte de la Société des Nations les droits des minorités
ethniques et nationales et les liberté et égalité religieuses,
se heurta, elle aussi, à des difficultés insurmontables. Il aYait
défendu les arücles additionnels VI et VI~ tant qu'il le put,
mais à la fin il dut y renoncer. , f. • • • ,. • • •

\. _- Nous avons fait remarquer plus haut qu'aucun des


projets du Pacte de la Société des Nations établis par les
Puissances alliées et associées n·' a touché la question des
minorités. Par contre, le projet officiel du gouvernement
allemand, remis le 9 mai f 919 à la Oonférence de la Paix,
contenait un article spécial concernant les minorités. Le
chapitre VII du projet était consacré à la «protection des
minorités». et l'article M était ainsi rédigé: «Il sera assuré
((,aux minorités dans les Etats membres de la Société des
<<Nations une autonomie nationale, plus particulièrement en
((ce qui concerne la langue, l'école, l'église, l'art, les sciences
((et la presse. Un accord spécial décidera de la réalisation de
«ce principe, lequel accord disposera notamment de quelle
<tfaçon les minorités pourront faire valoir leurs droits devant
<des organes de la Société des Nations» 1 ) . .
Quant aux projets du Pacte de la Société des Nations
élabliti par les pays neutres, la protection des minorités ne rui
pas mentionnée dans les <<principes de la Société des Nations>,
élaborés par la ()ommission d'experts officielle hollandaise 1 )
pas plus que dans !'<cavant-projet de convention sur uue
organisation juridique internationale» élaboré par les trois
comités nommés respectivemenL par les gouvernements de
Danemark, de Norvège e\ de Suède •). Par contre, la Suisse
prêta une grande attention au problème des minorités. Déjà
en été i9f8, le conseiller juridique du Département politique
suisse, le Prof. Max Huber (par la suite membre et, pen-
dant les années t925-i927, Président de la ()our Permanente
de Justice Internationale. de la Haye), dans son rapport sur
------- ,,,.

,
,( ,.,
, .,.,'
.

· (1) Herbert Krau und GuataY Rôdiaer. Urltunden zam FrieJauoerlra,,


Berlin, 1920, Band 1, p. 216.
(2) Da Vollterbund, berauacqebaa von Dr. de Jona na Beek• Donk.
Bem, 1919, _p. 343 et suiv.
~) La POU da Peupla. Berne, 1" année. le 2S man 1919, p. · 500
et IIIIY. .
.' ~
. ,~
" . ., .. . . ~ V • -
ANNEXE XXI 573

<-:~-·.:_-~)-; :~,:~~t e:~:·/~;_·:_~-~ • ,.·:·;-;<~-~J?~:i/ }(f\~: :_ \


les •Problèmes relatifs à la Société des Nations», préparé
comme base de discussion pour la Oorornission Oonsultative
Suisse, s'arrêta en détail sur les conflits de nationalités. Il
défend le principe d'une large <cautonomie nationale» qui
«offre une solution pratiquement réalisable et même la seule
«solution possible de la question de savoir comment,· à des
t<peuples ou fragments de peuples trop éparpillés ou trop
. «peu nombreux pour être aptes à former des Etats indépen-
«dants, on peut assurer ~e indépendance suffisante pour
«leur permettre de maintenir leur existence . culturelle
«propre. De même que la guerre confessionnelle du XVII-ème
«siècle a pris fin par une paix assurant aux diverses
«oonfessions un traitement égal et une tolérance, il est vrai
ccrest.reinte, de même la guerre de nationalités actuelle, devrait
«aboutir à la reconaissance d'un principe analogue de
«tolérance pour les minorités linguistiques et ethniques. Il
~ «-s era, à vrai dire, difficile de régler ces questions par. un
<draité de paix, car elles varient de pays à pays. Mais il
«paraU possible de leur donner, dans le traits de paix, une
«solution de principe et d'y fixer un délai approprié pour
= cela règlementation de détail réservée aux ,législations
: -unationales» 1). ·..... ~ ~· : - · .• , • .... •- . ,, • · ~. •;. .- 1
: --- ~ >t •

~ ... ; Dans !'«avant-projet du Pacte Fédéral», préparé par la


Oo~ssion Consultative en janvier i9t9, se trouvait, sous
la lettre B, une déclaration solennelle à faire par chaque
Etat, à savoir que ccl'égalité civile et politiquet la liberté de
conscience et le libre usage des langues nationales, doivent
être garantis à tous». ~~ · . · - ~ . ~ _ ~ ,.
~ Le texte même du Pacte Fédéral, · ainsi que· le Statut
Consütuüonnel de la Ligue des Nations, comprenant 65
artiples, qui y était annexé, ne contenaient. cependant
aucune disposition concernant les minorités. Dana son
rapport à l'Assemblée Fédérale .du tt février t9i9, le. Conseil
Fédéral l'expliquait par le tait que «la systémaUsaUon des
droit, civil, et politique, par la Ligue des Nations parait ·
très difficile en raison de l'extrême diversitê des conditions
nationales». Le Conseil Fédéral exprimait &U88i la crainte
... . ., ~ ,,.. ""'

- - - - - ; .y,. ✓
-.~···.· ~· :':° :"' :~ : . - ~ : :· ..:,_,..,... . >~
, :-.--_ . ............ .- , : , · ·::;.;~~ ·_.~ .. ·:..-:·_::.,'=-
-. (1) Voir: Mware du Conadl F&lhol a rAuemblée FUhale conc•- .
nant la q_ueslio,a de racuuion de la Sua a la Socillé '1a Nation, (cha
4 aoat 1919). Beme. 1919, p. 215-216. ' •• •, • ~ 1 <: ~' h • ~• · , - : -
574 ARCHIVES DU MONDIALISME

.- . -
que «des süpulations réagissant si profondément sur le droit
public interne, pow-raient se heurter à des obstacles presque
insurmontables qui risqueraient de difl'érer jusqu'à un
avenir incertain la réalisation de la Ligue» _1) • . ·
Et six mois environ plus tard, dans son Message à
l'Assemblée Fédérale du i ao-Ot i9i9, concernant la quesüon
de l'accession de la Suisse à la Société des Nations, le Conseil
Fédéral Suisse a encore une lois touché la question des mino-
rités dans le Pacte de la Société des Nations.Il disait à ce sujet:
«Une autre lacune du pacte résulte de l'absence de dispo-
«sitions protégeant les droits civils et politiques, en partiou-
. (<lier ceux des minorités linguistiques et _c onfessionnelles.
c<L'oppression de ces minorités a été, au cours des cent
ccdernières années, une des principales causes de guerre. Une
«délimitation des Etats, basée strictement sur des caractères
,<ethniques, n'étant pas possible, ni même toujours justifiée
«et opportune, le danger de conflits de ce genre subsistera
«toujours, si chaque Etat ne suit pas une politique vraiment
«libérale à l'égard des minorités». Le message sign.ale ensuite
que e<plus Qn examine la question, et mieux on voU la
ccdifflcuUé qu'il y a à trouver, pour exprimer le principe dont
<ela justesse n'est pas contestée une formule concrète adaptée
ccà toutes les situations et qui soit politiquement applicable».
Encore que le Conseil Fédéral trouve que l'absence d'une
telle disposition dans le Pacte de la Société des Nations est
explicable, il n'en désigne pas moins oette lacune comme re-
grettable_•)_._,:_:::~_/'•·~;.~ ~~ t:.--:, ; _..:~-.-:.. - __ \ v.... ,-..-~_:[~-.,,._ -~- _5 ~. ·.~- .~ ~---: · :- ·~7 --~~ > .

'.?◊. :; _~t;:/\!}~gff,i:t~:·}~ -~:~~;:;~:.t;:;_•.~:~:;;~:?.,-~;.


.,-,.. - , _: -~
- .. ,, , ...
,._ ,• , _.. .. ~ ..
. ·_·- -~...: , -: : 1
•t- ._· •"""'· . ...,,,

.. .,.,.. . ....,,,,...·;,_ . - • - x-
,. ... - ,.•t"' - - -,. ' ... .. ..
• +. - . .. .. ...

.... - ~- ... - ~ .......


• .. • ~ • ~ À • • .,. - • . . . , ,· • .. • ·~ : ~ ' •• - ~ :~- ~
- .... • _. • :· • • ~: - - .....

* (1) /6ül., p. 2◄7, 271-27~ ~ - ::_. ~ .- -_


•• -- , · -.. · ~ _·,· · ·
. (2) Ibid., p. 25. ... . - . = ·:_~ -- ~ : .... _- -~~~/',,~~· ~~ - __---·-._. :-:~ .-· :. .··_:· )- ~
ANNEXE XXI 575

.. ,, , - ... . ...
~
·: :-~_ \
....... ,, -:. - • .. .. .,4.,,. ,. - ..... -

. :.:.
,,. -.....~ ...... fla , • ,._ ...

~ . .:- .. :·. ,:_. ~ ·. .


• • ., .. . ♦-:. - • • :~ ~ • ... • • ~ . ~ • ":

'I • -.. '> : - ~ ' .


- • ,-.: • ~~ •. ', • ~-• . .: ~ •.•• ••• ~ M., • .-- .:, ~;/ ..l: •~ .: ~ -~ •'-' •'~",.•;. "S· . "'",.,: ,.:.:. • •

. - ,. -., -.. :. , . . ___ -.-. · ~ , ~ ~: -~ · . CHAPITRE V111 ··.·. - -..•.-.:. . _.. - . -·-:--1!-__ _ -."'> .- ••

- ~ , - -~·:·· . -~~ : ·_' , . ~ ~~-~~ . :- ' -~. .·-·.. _. - ·. · __:r--<; ;:, _-:. · --~---_- . ..:~~~. .-:. . ·-·.>-:.,- _._

LA_ --QUESTION ., DES MINORITÉS DEVANT


LE ~,CONSEIL SlJPllME" ET LA CRÉATION
DE LA ,,COMMISSION DES ... NOUVEAUX ~
ÉTATS -- ET ~•--D B . PROTECTION DES.. . MINO-
- . , . _:,. .~. ~ '":. ~ ._ ' ., BITÉS''. . . -:_V--~· - - ' .. --~' ·. . ~-- -
-:-::~-~~-;~:..·-~~: ·~~---~~-:·~,.5:~·;;,., .{-,_~~-~::,:. _., . - ,. :.:_:.. ;_ 4: _- _ -· : _, ... •. ·:· •_, _--:~- ~-·
; :-- Ainsi que
DOUi l'avons vu, l'article additionnel Vi concer-
nant les minorités nationales et ethniques qui se trouvai\
dans les projets du Pacte de la Société des Nations, élaborés
par le Président Wilson les iO et 20 janvier i9i9, n'avait pu
- obtenu, lors des pourparlers entre MM. Hurst et Miller,
l'approbation de ce dernier et ne fut pas admis dans le projet
établi par euL -.·:~ ::~ ---:,~. . ··.. : > :: _ _::-_.:· .._, .- ·· ·. , · ~ - ·
~ -_ ll va de soi que la question ne pouvait pu être oonsidé- ·
rée comme réglée par une telle décision. Il ne taut pu
oublier que les représentants britanniques qui avaient récla-
mé la suppression de cet article soulignèrent toujours que
oe problème devraiL recevoir 8$ solution dans les traités
territoriaux aveo les divers Etats. . . - ,· - -- · ~ . •. _
La Conférence de la Paix s'était chargée de ·1a tache
A

ardue et de la lourde responsabilité de remanier la carte de


l'Europe. Elle ne pouvait aborder ce travail sans se rendre
compte que, quels que lussent ses eff'ort.s pour créer des
Etats purement nationaux, elle n'y réuuirait pas et qu'il
serait impo&Sible de trouver des frontières politiques ootn-
cidant toujours aveo les limites ethnographiques, Bon gré
mal gré, d'importantes fractions de différents peuples
devraient oonLinuer à vivre en dehors de leurs Etats natio-
naux, dans la situaUon de minoritâ. Ces minorités, il fallait
les protéger, jl_lallaJt leur assurer certains .droila, .8' oeJa,
576 ARCHIVES DU MONDIALISME

non seulement pour des moUfs élevés de justice et d'équité,


mais encore simplement pour des raisons d'utilité et d'op-
portunité politiques. Voulait-on éviter ~es guerres à l'avenir,
il fallait tout d'abord tarir la source d'où pourraient surgir
de nouvelles complications et des perturbations. 11 fallait
veiller à ce que les minorités fussent heureuses et satisfaites,
même dans les cadres d'Etats étrangers, à ce qu'elles accep-
tassent leur situation et qu'elles ne nourrissent pas, en
cachette, le rêve de l'irrédentisme. _<··. · · _. .
·- - · Donc, rien d'étonnant si ce furent ·précisément · les
commissions territoriales de la Conférenoe qui se heurtèrent
les premières à la nécessité d'une protection spéciale pour
les minorités. Ces commissions ne pouvaient cependant pas
s'occuper de cette question, n'ayant reçu à ce sujet aucun
mandat du Conseil Suprême et le problème s'étant trouvé
ainsi complètement en dehors de leur compétence 1).
On pouvait, à vrai dire, s'attendre à ce que la Conférence
de la Paix, une fois la décision prise d'éliminer la protection
des minorités du Pacte de la Société des Nations, commençât
aussitôt à chercher d'autres voies pour réaliser ce principe.
Mais, en fait, nous voyons que, plus de deux mois et demi
s'écoulèrent avant que la question ne revint de nouveau sur
le tapis. - · _ _. -. . .. ·· <
<<Si même les revendications des autres peuples,,- -
lisons-nous dans !'«Histoire de la Conférence de la Paix,, ·
de Temperley - « pouvaient ne pas être prises en considé-·
« ration parce que ces peuples appartenaient principalemenL
• à des Etats ennemis et qu'à ce moment il n'y aYait pa!
• beaucoup de voix pour appuyer des revendications d'Alle-
cc manda, de Magyars ou de Bulgares, et si même des peu-·
• ples presque inconnus, tels que les Blanc-Russiens et les
« Ruthènes, pouvaient être négligés, il existait cependant un
« -peuple qui avait des amis ardents, fidèles eL influents.
•. Les Juifs de l'Europe occidentale et de l'Amérique n'ont
• jamais cessé de témoigner leur sympathie envers les soul-
• franoes endurées par leurs coreligionnaires en Russie et
· cc dans les autres pays orientaux ; depuis nombre d'années
« les associations juives de Grande-Bretagne et des Etats- ~
•. Unis étaient en correspondance - aveo les ministères des
,
. .
~" _.,.. . .. ... ... ~ ...,....,, .. - ~ """' ..
:~. (1) H. W. V. Temperley, op. ciL, YGI. V, p. 1231 aota L,.:• ~-- · .· :/ ::. ;·
ANNEXE XXI 577

L .., ;,.. "

• Affaires Etrangères et les chanoelleries d'Europe, oher-


« chant à provoquer un état de choses meilleur. Il était
« dono lnévitabl~ qu'à cette grande assemblée des nations
« ces associations fussent aussi ·représentées ,, 1 ).
- · Nous avons vu que les populations juives de tous les
pays furent en efTet représentées à Paris et que leurs
délégués se réunirent en une organisation centrale. C'est à
juste raison que Ray Stannard Baker a pu écrire que «les
Juifs ont maintenu une représentation puissante et ont
exercé une activité adroite et féconde ,, •). ·~: : -~ .· ~ - . ~
Ainsi que Manley O. Hudson le raconte, dans son article
« La Protection des minorités » t la Délégation américaine à
1a Conférence de la Paix avait, déjà longtemps avant le
ier mai, c'est-à-dire· avant le jour où le Conseil Suprême
s'est occupé pour la première fois du problème minoritaire,
préparé un projet relatif à . certaines dispositions qui
devaient être proposées pour le traité avec l'Allemagne et
qui concernaient les minorités en Pologne. « GrA.ce, - écrit
« Hudson, - à l'initiative d'un Comité juif américain, à
« la tête duquel se trouvaient le Juge Julian W. Mack et
<< M. Louis Marshall, la question de la protection des Juifs 1

« avait intéressé le Colonel House » •). · . -


_- Le « Comité des Délégations Juives auprès de la Confé-
rence de la Paix ,, s'est constitué officiellement le 25 mars .
t9f9. A partir de cette date, commence une activité politique
intensive et la brève observation de Hudson se rapporte
précisément à cette activité. Que Hudson appelle le Comité
« juif américain >>, cela s'explique simplement par le fait
que ~M. Mack et Marshall - les deux premiers prési- -·
dents du Comité des Délégations Juives --- étaient lès délé-
.,.
gués du « Congrès Juif d'Amérique ». · .-
Entre temps, des semaines s'écoulèrent. La Conférence
de la Paix était complètement absorbée dans la préparation
du traité avec l'Allemagne. Elle était déjà sur le point de
terminer ses travaux et il n'avait guère été question encore ·
du problème des minorités. . ~ - . · ., ·'.._-- ~ ·~. _. ·,,.,li,...
~ . .- . : _. :._ -
-- - ..- ..• - ... - ..
! ' .... ; -:;. . ' ~1-- .... -

- - - - - - - _. .. - . __. ,.:- >:~. . .


• , .0:.,. •~ ~• ,. ~- •• , ~
:,~ • :r •• , : • • •- • .:- ,.. - :::,.. ... -~ .• • ·.. • • • ~- .

. (1) lb,l., p. 122. . -. . · -._· - ~ _-, .:.· .. _ -. ·


· (2) Ray Stannard Baker, op dl., vo1. II. p. 24. ~ - ·.- ~ · · · · ,. :
(3) Manley O. Hud,on. cLa protection des ai'inoritéu. dam Ce qui ae
paaa réellement cl Pari, en 1918-1919, Paria, 1923, p. 169. . ~ :-- __ .
578 ARCHIVES DU MONDIALISME

- '10-
., · ~ ·Les reprêsentali1 juifs durent, à ce moment tou\ par-
ticulièrement, monter la garde et veiller à oe que les maîtres
du monde n•oublient pas leurs promesses concernan\ la
protection des Juifs et qu'ils les remplissenl · ··
~ iO avril i9t9, les délégués du Congrès juif d'Amé-
rique, qui étaient en même temps les membres dirigeants du
Comité des Délégations Juives, rendirent visite au Sous-
Secrétaire d'Etat américain M. Robert Lansing, à M. Henry
White et au général Bliss et, quelques jours après, aussi au
colonel Edward M. House.
~ · -- Quelques semaines passèrent et le i-er mai i9i9, la
question fut enfin, après un long intervalle, portée de nouveau
à l'ordre du jour de la Conférence de la Paix. Cette fois, elle
fut soulevée non pas dans une commission quelconque ou en
séance plénière, mais précisé~ent au sein du Conseil
Suprême 1 ). Et celui qui l'avait mise en avant n'était autre
que le Président Wilson en personne. Il ~se souvenait· fort
bien de ses tentatives précédentes pour régler la question
dans le Pacte de la Société des Nations, et il n'avait pas non
plus oublié son entretien ultérieur avec les représentants du
Congrès juif à Washington et il tint parole.
Par la façon dont Wilson avait soulevé cette question
au Conseil Suprême, on voi~ du reste, qu'avant tout, il
avait en vue, à ce moment, la protection des Juifs. Le débat
qui s'institua à cette occasion au Conseil est des plus instrue-
tife et très caractéristique 1 ). · ·

_:-~. , - •~ Wilson appelle l'attenüon de ses collègues sur le fait


----------·:-.:/ -/ ··: >.:. .: -_·-,:.. ·.~: .\~-~---~ -: : ~ ~,,.:- .:. :;.:· ::-~': ~.:_· .. ··. :.= ::_·'.:
~

(1) L'on aait que Je Comeil Suprême (Conseil des Chefs d'Etat et de
Gouvernement) se composait tout d'abord de 10 membres et, dee_uÎI le 2S man
1919, de cinq ou, plus exactement. de quatre ( c The big Four >), étant
donné que le représentant du Japon ne J>renait part qu'eus réunions où se
traitaient da questions se rattachant à l'Extrême-Orient. Après que le Pré-
aident du Conseil italien, M. Orlando, e6t quitté Paria le 24 avril 1919, le
Conseil Suprême N composait 1énéralement de 3 membrea (MM. Wilson, Ce-
menceaa et Lloyd George). Voir l ce sujet Ray Stanoud Baker, op. ciL.
Yol. II. p. 78, 156. 22S et H. W. V. Temperley, op. dt, vol. 1, p. 265,267. ·
r
(2) Comme no111 avom déjà souligné dam l'aYant-propc,1, c'est gr&ce
à l'amabilité de certaines penonnalités politiqua ayant auivi de très près
les travaus de la Conférence de la Paix que noua avons ·obtenu les remei-
pementa concernant cette .&nce du Conseil Suprême, aimi qu'au sujet de
toutes lea autres séances au coun desquelles la question dea minoritéa ••ait
~. touchée. L'aathenticité abaolue de œa WonaatiGDt ae peut faire l'objet d11
moindre doute. . . . : . . . - _ . . , . _. ., . , ,.- ._ . .
ANNEXE XXI 579

- ._ '71 ~ -
' - ., ...

que les persêouliona contre les Juifs ont toujours êtê un


élément propre à troubler la paix du monde et que, pour
celte raison, il convient maintenant de garantir spécialement
les droits des Juifs en Pologne et en Roumanie. Il faudrait,
en outre, insérer une disposition de cette nature dan•
les traités avec d'autres Etats aussi. Sur la remarque de
M. Lloyd George que les Polonais se plaignent de ce que les
Juifs étaieht, pendant la guerre, partisans et de la Russie,
et de l'Autriche, et de l'Allemagne, mais non de la Pologne,
Wilson répond que ce n'est qu'une conséquence des persé-
cutions et qu'aux Etats-Unis d'Amérique les Juifs sont de
bons citoyens, ~ · ~ ~ . .: . -~ ~ . ~ , , -- ~ ~. _ ·

--~ M. Lloyd George s'empresse de déclarer qu'en Angleterre


également les ·Juifs sont des citoyens fidèles et M. Clemen-
000.u croit, lui aussi, nécessaire de faire la même déclaration
au sujet des Juifs français. _.. _ ~ ~ . ~ ·~--- · ~-. - ~ ~ ~} -~- ~. _:-
. ·. ~·- ~ Président Wilson souligne alors encore une fois la
nécessité de faire inclure dans le traité avec l'Allemagne des
dispositions pour la protection des Juifs en Pologne. Il rap-
pelle en même temps qu'un grand nombre d'Allemands seront
appelés à vivre en Pologne. Après un bref échange de vues,
il est décidé de nommer une commission qui aura à s'occu- .
per spécialement de la question des minorités._. •t.-.: .. - _ ·
! ,, .• _:

••• Il est intéressant de signaler qu'à peu près à la même


époque, la Section économique de la Délégation britannique


avait attirê l'attention de la Conférence sur le fait que l'on
avait jusque là complètement négligé la question des obli- ·
gations qu'on devait mettre à la charge des Etats nouveaux
en ce qui concerne les conventions internationales, telles que
Postes et Télégraphes, Propriété industrielle, Droit d'auteur,
etc, ainsi qu'au sujet de la liberté du travail et, en général,
du traitement équitable du commerce êtranger. La Section
fit ressortir que, tant que la paix aveo les pays ennemie
n'était pas encore signée et que les Etats nouveaux n,étalent
pas encore définitivement reconnus, li êtait possible de leur
imposer de pareilles obligations, tandis que, plus tard, ce .
serait très difficile, 1inon impossible. - . . A~· • .. • • • , •

La proposition de la Section tut prise en considération


et la nouvelle commission, qu'on appelle habituellement la
• Commission des nouveaux Etats et de protection des Mino-
580 ARCHIVES DU MONDIALISME

rités » 1) fut ohargée de s'occuper également de oe pro-


blème •). · .· . ~ · ·, ·- . ~ ·. · ··
A l'origine, la Commission se composait seulement de
représentants de la France: MM. Berthelot et Kammerer; de
la Grande-Bretagne: MM. Headlam-Morley et Oarr, et des
Etats-Unis d'Amérique; MM. David Hunter Miller et Manley
O. Hudson. Ensuite, s'y joignirent M. de Martino et le colo-
nel Oastoldi, comme représentants de l'Italie, et M. Adatoi,
comme représentant du Japon. Plus tard, le représentant
américain fut M. Allen W. Dulles et, à part lui, prenait
égalelllent part aux travaux le professeur A. G. Coolidge qui
venait alors précisément de rentrer d'une mission en Europe
orientale. U Président de la Commission fut M. Berthelot et
le Secréta.ire M. Oarr. - - ,
•· Dans la lettre déjà citée, du 8 juillet t9t9, adressée à un
groupe de députés français, le ministre français des Affaires
Etrangères d'alors, M. S. Pichon, résuma dans les termes sui-
vants la tAche de la Commission: elle était <<chargée par le
« Conseil des Chefs de Gouvernement de fixer les statuts des
cc minorités et de viser spécialement les garanties justifiées
,c par la situation cruelle d'inégalité et d'oppression dans
<< laquelle les minorités juives ont été trop longtemps main-
« tenutes dans l'Europe orientale» •). . -
Dans l'histoire de Temperley de la Conférence de la Paix,
il est indiqué expressément, à deux reprises, qu'au début la
mission de la Commission ne consistait en général qu'à éla-
borer <<deux ou trois . clauses garantissant certains droits
aux Juifs» '). - ·.·. . • . . ·
Du reste, le 6 juin i9t9 encore, le Président du Conseil
des Ministres de Roumanie écrivait, dans une lettre au Pré:
sident Wilson, que d'après ce qu'il àvait compris de l'entre-
tien qu'il avait eu avec lui, et les allusions de M. Clemenceau
•~ "' . • :· -r -
.... ... .. -
· · (1) Le nom officiel de cette Commiuion était: . c Commiuion da Nou~
veau Etats ». La plupart des auteurs la dénomment cependant: c Commis-
aion des Nouveaux Etab et de protection des Minorités > et noua suivons
leur exemple. Voir, entre autrea, Man1ey O. Hudson, artide cité dam Ce
qui se pa"6 réellement a Paris en 1918-1919, p. 170.
(2) Nous ne nous arrêtcrona pu. dans les développements qui -.ont
mivre, sur cette partie det travauz de )a Commission, car il1 sont 4tranpn
au problème traité dans 1~ prétent ounage. - ·
, . (3) Alliance Israélite Uni,,,eraelle, p. 63. ·
(4) H. W. V. Tempedey, op. cit., vol. V, p. 124, 133. • - · -- ·
ANNEXE XXI 581

le lui avaient confirmé, «la cause déterminante de ces 1Upu-


laüons (concernant les minorités) réside dans la question
juive» 1 ). ~ · - ,, ~ · -
En abordant son travail, la <<Commission des Nouveaux
Etats et de protection des Minorités» conçut, dès le premier
moment, d'une façon large, les tâches qui lui incombaienl
Aussi, lors du travail préparatoire pour le traité avec la
Pologne, qui fut le premier, avait été aussitôt mis · sur pied
un traité ·comprenant douze articles, en faveur de toutes les
minorités appelées à vivre sur le territoire de l'Etat polonais.
. · · La Conférence de la Paix ne tarda pas à prendre la
résolution (suivant en cela la proposition de la Commission),
de ne pas se limiter uniquement aux Etats nouvellement
créés, tels que la Pologne et la Tchécoslovaquie, mais de
garantir également les droits des minorités dans les Etats
considérablement agrandis, comme la Yougoslavie, là Rou-
manie et la Grèce. Déjà au commencement de mai, c'est-à-
dire quelques jours à peine après la création de la Commis-
sion, le Conseil Suprême adoptait une résolution dans ce sens.
De mai à septembre i9i9, la Commission tint 64 séances
et il faut reconnaître que jusqu'à ce jour, on ne sait pas
grand'chose de ce qui s'y passa. C'est donc à juste raison
que quelques historiographes de la Conférence de la Paix .
font observer que, sur les travaux de cette Commission
précisément, on possède bien ·moins d'informations que sur
ceux des autres commissions. · - , .- . ~ · .-
. La première tàche de la Commission consistait à prépa- -
rer les dispositions concernant les minorités quant à la
Pologne, dispositions qui devaient être insérées dans le
traité avec l'Allemagne. On savait fort bien que, tant que _
la paix n'était pas encore signée avec l'Allemagne et que
l'indépendance polonaise n'était pas encore définitivement
et formellement reconnue, il su~sistait une possibilité
d'imposer à la Pologne certaines obligations concernant le
traitement de ses minorités et que, si on laissait passer ce
moment, il serait ensuite bien plus difficile, peut-être même
tout à fait l:f1lpossible de le faire. La Commission dut, pour

(1) Le texte complet de la lettre ~vec aa annexes a ét' publié dans le


Bulledn lu Comité les Délégations /uioa auprà de la Con1érencc de la
Pau, 11• 11. du 19 fmie~ 1920, p. 12. ··
582 ARCHIVES DU MO NDIALISME

. . ~ -- '14 -

ôette raison, p~iplter ses travaux. Mais dès qu'elle se mit


â l'œuvre et aborda l'examen de la question en tous sea
détails, il tut aussitôt man ifeste pour elle que quelques jours
seulement ne lui suffiraient pas pour venir à bout d'un
problème aussi ardu, complexe et sérieux. Il ne faut pas
oublier que la décision concernant la création de la Com-
mission avait été adoptée le i-er mai {919 et que déjà le
7 mai on devait remettre à l'Allemagne le projet du traité.
Pour laisser à la Commission plus de temps, on dut
recourir à un subterfuge et le Conseil ·Suprême consentit à
ce que la question ftlt réglée d'une autre façon. Il décida de
se contenter de faire figurer dans le traité avec l'Allemagne
un article général aux termes duquel la Pologne donnerait
d'avance son assentiment à un traité spécial avec les prinoi-
pales puissances alliées et associées ; ce traité devrait conte-
nir les dispositions que ces puissances jugeraient nécessaires
«pour protéger en Pologne les intérêts des habitants qui
<<diffèrent de la majorité de la population par la race, la
«langue et la religion,,. 4 : -: • ~• - ·: • • •• _. - - •

-~ -- Cette clause devint par la suite l'arL 93 du Traité de


Versailles et elle se trouve également dans le projet remis, le
7 mai t9f9, à la Délégation allemande de Paix. Cet article
peut produire l'impression qu'on aurait décidé d'exiger de
la Pologne une sorte de carte blanche; en fait, cependant,
on était bien loin de cela. La seule chose qu'on ait voulue,
c'était uniquement de gagner du temps pour la Commission.
On savait qu'on serait, dans tous les cas, obligé d'en terminer
avec le traité jusqu'au jour de la signature du Traité de
Paix avec l'Allemagne, afin que, lors de la signature de l'art.
,93, la Pologne pftt simultanément signer aussi le traité dit
des minorités. - ✓
..,.,,.. ;,"' - .. ...
• • • •

Mais, par contre, il était clair que quelques semaines


·encore passeraient d'ici là et que la Commission pourrait
ainsi, dans l'intervalle, préparer sans hA.te et minuüeusement
les dispositions concernant les minorités. :. - . ·
Si nous examinons de plus près le texte de l'arL
98 élaboré par la Commission, il n'est pas difficile d'y
déceler l'infiuence des justes revendications juives. Dans
c~t article, on ne parle pas de citoyens, mais d' « ha-
bitants ». Et, par là, les auteurs avaient, sans nul doute,
cherché à éviter absolument toute possibilité _ de re-
ANNEXE XXI 583

nouvellement du cas qui s'était produit avec la Rouma-


nie, laquelle avait tout simplement déclaré les Juifs «étran-
gers», bien qu'ils vécussent dans ce pays depuis des siècles
et ne possédassent auount autre citoyenneté. 4

Que cela ne soit pas simplement une hypothèse, les


débats qui se déroulèrent au Conseil Suprême, lors de
l'approbation du texte de l'art. 93, le prouvent bien. L'un des
membres du Conseil avait jugé nécessaire de soulever la
question de savoir si l'expression <<habitants» n'était pas
trop générale. Mais il avait suffi que l'un des experts de la
Commission qui prenait part à la séance, rappelât l'exemple
roumain pour que la discussion fdt immédiatement close et
que tous acceptassent la rormule proposée.
Libérée·, grâce à cet article 93, du souci de préparer
absolument en quelques jours les dispositions concernant les
minorités en Pologne, la Commission avait maintenant plus
de temps devant elle et allait pouvoir aborder cette tA.che si
ardue après une étude plus approfondie et après beaucoup
plus m11re réflexion. l,e traité des minorités avec la Pologne
devait être signé en premier lieu. Son élaboration se pro-
longea jusqu'au 28 juin i9i9, et, durant cette période, non
seulement la Commission, mais encore, à plusieurs reprises, .
le Conseil Suprême, s'étaient occupés de cette question. Nous
no?s y arrêterons plus longuement dans un des chapitres ul•
t~~~ur~,- ::~~/z::;;-~Y-·
./ -. - .. - .
_:<-~~<:; .I,::~~-_:_ \,/> ~- .- . ·--: .. ~ -
-. ~ -~~-:'~- -.~_
:k_
... : ·-
'·:.~.-~--=:-=__~_- -. :·_-·_
..
,:.. ":;: ._. ~ :w·•:":~:-~~:
,.,;. -. _,; :'· . :..- . , ~-----<··•;.~.,';,.,, _ ·..·• -~- __;,,,.:_· ~ ... v-~~- _· _::.. ~ . ~. ~ , -~-- • , _-· • · . -

:.,_ • •. ~ ,._ :; ;. • ..,_ ,.. :✓ >::.,,- _,••- ,: !'7'_,,. ~ •-..~ .., ✓ " ,- • /":_ L--_:,t~ •.; : '• ••.~ • '!•,- •,2 <:•/:•~~ .•,~ ; .:~• ~~ ~ ~ •>: •~ • • •'-;;; ♦• -

. ~.:,::. . , , : .. ~,.; <,,.· :,_ ..,.-;,.. ~·,--: .· "' .-


'1" ,. , -.. ,, ~ " .. ,.~, .. .

~ ;;. -:":'~ ·~ ., '' ~ ,.. ' .... -~- ·· :

,a.,..., .,., ,. .. , ,(,,,..


• r
~ - ~
""-:.,,o
-
,
,. •
-------- ..,/
~· -~.
...
'
~

.;--.
':·.
.
-,;
'
,.:.._,
;,
.
..
-, . ,.,
~•"·• . ·~
...
....

.,, ... : - .. . ... ,)

W',t -'I """"' " _.. ,,,,

. ,.
. '"'- ...... , ,..- .~... - . ... ...L ,, • . . ;

t ... ....
....,...

-<t_ •
584 ARCHIVES DU MONDIALISME

- , ,,

,. 4 ,. •
.,. , .., .,. ..,.. .. .... r
-...c:: . ,,,. ' , =~: ., ~
.,...

Définitivement constitué fin mars i9f9, le Comité des


Délégations Juives eut pour première tâche d'établir le
programme et de formuler les revendications qu'il allait .
faire valoir et défendre devant la Conférence de la PaiL ~ · .
• _ ~ Il est vrai que l'esprit des résolutions adoptées par les
populations juives des divers pays et les directives générales
qu'elles donnèrent à leurs délégués à Paris furent partout
les mêmes. Néanmoins, l'élaboration du memorandum de-
manda au Comité pas mal de temps. C'est une Commission
spéciale, sous la présidence de M. Léo Motzkin, qui en avait
été chargée, et le memorandum fut discuté et rédigé par elle
en collaboration avec la ,<Commission Juridique», créée
dRns son sein et à la tête de laquelle se trouvait M. Louis
Marshall. En quelques semaines, ces deux Commissions ne
tinrent pas moins de Si séances.
<<Le Comité des Délégations Juives et ses commissions
- lisons-noua dans le compte-rendu des membres améri-
cains du Comité sur leur participation aux travaux de celui-
ci - tenaient des séances nuit et jour, en particulier la
<cCommission spéciale créée dans le but de formuler les pro-
ccposiüons.•• Chaque mot et chaque phrase contenus dans ces
c(proposiüons turent soumis à une discussion minutieuse» 1 ).
Le t-er m.a i i9i9 fut, comme nous l'avons vu, créée par
le Conseil Suprême la «Commission des nouveaux Etats et de
(1) ProceelÏnf,, p. 84.
ANNEXE XXI 585

protecUon des Minorités». A ce moment déjà, le Comité avait


définitivement établi, en sa majeure partie, son programro~,
de telle sorte qu'il pouvait engager immédiatement, sur la
base de ses revendicaüons et postulats, des conversaüons
avec les membres de la Commission. . -.. ·.
· ~- C'est à la date du i0 mai i9i9 que fut enregistrée offi-
ciellement au Secrétariat de la Conférence de la Paix la
réception du memorandum · du <<Comité des Délégations Jui-
ves auprès de la Conférence de la Paix». Ce document, quel-
que parcimonieux que nous soyons en épithètes, mérite sans
aucun doute d'être considéré comme un document de la
plus haute signification politique et de la plus grande
importance en ce qui concerne le sort de toutes les minorités
en. Europe 1 ) . ...,...,_ . - . ·. - . . ..· -- ·: - · - ~.-. . .- - . ·. ··-~.._ - . · =. ., · .· ~· · -- . · -. -· .- :
, ·.•

~ --: :~. <<Le Comité des Délégations Juives auprès de la Oonfé- ~


rence de la Paix --- lisons-nous dans le préambule du
memorandum - agissant au nom des diverses organisations ·
«soussignées et qui plaident pour -neuf millions de Juifs, a
<d'honneur de vous soumettre les propositions suivantes, dont
·«l'objet est la protection des diverses minorités nationales, -
· «religieuses, ethniques ou linguistiques de Bulgarie, Estho- -
«nie, Finlande, Grèce, Lithuanie, Pologne, Roumanie, Russie,
«Tchécoslovaquie, •Ukraine, Yougoslavie et autres pays de
«l'Est ou du Centre de l'Europe, et vous prie de vouloir bien
«les incorporer dans les divers traités de paix qui font l'objel
«de vos délibéraüons...» .. :.-~ •. ,. · · · ... •<· · "'"" -<~-- ,. ~-· · .-·-::·y -··--:,: •·> . --~-~
~* Le texte in eztemo du memorandum étant publié à la
fln de cette étude, nous nous bornerons à en résumer ici briè- :
vement le·contenu. •~,. ... --~·::.:;_ :. . .., -..,. ., -: ,. ·__-··· ~ _~~~-~-. -~-..,.,_. -..~ -· . :·
~ . , • Les revendications énoncées dans le memorandum sont
divisées en ·deux parties. Dans les articles de la première .
(1) D eet JU!Prenant que, d.t m ·1e recueil du pr~feueur Herbert Kraua,
Da Recht Ja Minderheiten. Materialien zur Einführuq in du Vertindnit
de, modemen Minoritite~roblema, BerlinL 1927, ne figure pu le memoran-
dum du Comité da Délégations luiva. 'auteur se borne à inc:liq!Jer, dam
une courte note, CfUe le memoran um at publié dans le livre du Dr Franz
Bordihn, Da po11we Recht der nationalen Minderheil. Eine SammlWll der

~·=
wichtipten Gesetze und Entwürfe. Berlin, 1921, p. 85-91.
Pu contre, M. Krau~ a inséré, dam IOD recueil1 la cDécJaration Bal-
four>: orf, ~tte. Déclarat.ion conce~e. ,:~.illll'! nous 1 •~om déjà aipalé plus
haut, c etabhuemcnt en Palestin . e d un foyer nabonal pour le
juif » et ne YÎle pu les clroita dea minorités juives. Ce document ne
cLmc pu trà bien avec ua recueil nlalif aa problème clea miDorit&.
586 ARCHIVES DU MONDIALISME

-- 78 - >' • • .-

part.ie, est exactement précisé le contenu des droits qu'il


·ëonvient «d'assurer aux populations des Etats récemment
créés ou agrandis en Europe,,. . -. ~ ·
. . Les obligations que les Etats doivent prendre envers lea
minorités sont les suivanLes: · . -. .
. Reconnaitre certaines catégories de personnes citoyens
de plein droit; leur accorder l'égalité des droits civils, reli-
gieux, nationaux et politiques; protection de la vie, de la
liberté et de la propriété pour tous les habitants, ainsi que
!'oct.roi d'une complète liberté religieuse; abolition de toutes
les restricüons existantes; reconnaissance à chaque personne
du droit de pouvoir faire librement usage de la langue ou
des langues de la minorité nationale dans le commerce, les
relations privées, les réunions publiques, dans la presse,
devant les tribunaux, dans les écoles et dans d'autres institu-
tions; concéder aux écoles des minorités dont le programme
est conforme à oelui des écoles publiques générales, les
mêmes droits qu'à ces de-r nières; reconnaître les minorités
naüonales comme constiiuant des organismes disüncts et
autonomes et leur donner le droiL de fonder, administrer et
contrôler des écoles et autres institutions religieuses, éduca-
tives, charitables et sociales; permettre à toute personne de
se reürer librement de la minorité à laquelle elle appartient;
allouer à chaque minorité nationale, pour ses instiLuüons
religieuses, éducatives, charitables ou sociales, une part
proportionnelle des budgets d'Etat, de déparLement, de
commune ou autres, alimentés par les fonds publios, ladite
part déterminée respecüvement dans chaque région par le
rapport du nombre des ressortissants de la minorité-au chiJTre
global de la population; reconnaître aux minorités le droit
de frapper leurs membres d'impôts obligatoires; reconnaitre
aux minorités nationales une représentation proportionnelle
dans les différents corps électifs de l'Etat, du département
et de la commune ou autres, le nombre des représentants de
la minorité étant déterminé respectivement, dans chaque
circonscription, par le rapport numérique de la minorité à
l'ensemble de la population; garantir aux personnes qui
on1 pour jour de repos un Jour autre que le dimanche,
qu'elles ne pourront être astreintes à accomplir, ce jour là el
leurs autres jours de fête, un travail que leur loi religieuse
considère comme un péché el qu'elles ne seront, d'auLre part,
ANNEXE XXI 587

. .
non plua, empêchées de vaquer à leurs affaires le dimanche·
ou autres jours de fêtes religieuses; reconnaitre ~es Juifs
oomme une minorité nationale. .
Toutes ces obligations doivent être considérées comme
parUe intégrante de la constitution des pays respectifs;
elles ne sauraient êlre rest.reintes ou mises en échec par
aucune loi, disposition ou action officielle, et ne pourront
être amendées sans l'agrément de la Société des Nations. •
La deuxième partie du memorandum est bien plus
courte. Elle contient seulement cette stipulation que tous les
Etats qui signeront -le traité où figureront les obligaüona
susmentionnées, ainsi que toute minorité •lésée par la vio-.
laüon et la non-exécution de l'une de ces stipulations, seront
fondés à soumettre leurs réclamations à la Société des
Nations ou à tout autre tribunal qui pourra être institué
par celte Société. . ,. , · - , . -~
Outre les articles ci-dessus résumés, le memorandum
contient aussi un «Exposé «;tes motifs,, détaillé, mettant en
lumière le fond et la valeur du problème des minorités et
donnant en même temps une justification précise des reven~
clications formulées. .- _ ~ ~ -~ . •
r . Il ne peut exister aucun doute sur la quesüon de savoir
..,

si le memorandum du Comité des Délégations Juives a été


appelé à jouer un rôle dans les travaux de la <<Commission
des nouveaux Etats et de protection des Minorités», et s'il a
eu une influence directe sur le texte des traités des minorités.
Le Comité ne pouvait certaineme~t pas considérer sa tAche
comme terminée par la présentation du memorandum au
aecrétariat de la Conférence de la Paix. Devant ses membres
se posa alors une tAche bien plus ardue, notamment de per-
suader, par des entretiens verbaux et des entrevues, les
personnalités dirigeantes de la Oontérence, ainsi que les
membres de la Commission, que le programme proposé était
véritablement juste et opportun ai que sa réalisaüon était
ausceplible de créer les conditions nécessaires pour une vie
commune paisible entre minorités et majorités. - - ~- · - ~
Voici comment le premier Président du Comité, le Juge
Julian W. Mack, caractérise cette acüvité: - . . - -.
_ ((Les membres du Oomité, et en particulier les délégués
"américains, étaient Journellement, du malin au soir, en
c<oonlérence avec les .représentants de la Commission améri-
588 ARCHIVES DU MONDIALISME

·•
«oaine et ceux des autres puissances - européennes diri-
. ccgeantes, s'efforçant de les persuader que tous les groupes
, <<minoritaires, les Juifs y compris, méritent las droits tels
«qu'ils ont été éventuellement formulés dans _le memoran-
«dum» 1 ). - -., "-:-'-. : . , . · _ _.-: r .. - ... • • : .... • • • _

·.. « La rédaction des traités - lisons-nous dans le rap-


port du «Joint Foreign Oomriiittee» ~ est, en effet, rede-
. vable de beaucoup à la grande expérience de M. Louis
Marshall en tant qu'avocat constitutionn~l» 1 ). _ · ... ·
. Or, M. Louis Marshall rut le Président de la <<Clommission
Juridique», créée au sein de la «Commission du Memoran-
dum>>, vice-prési<lent du Comité, puis, après le départ de
M. Julian Mack, son président. Il n'est donc pas difficile de
. deviner que le memorandum de l'institution qu'il représen-
. tait ne pouvait qu'être . la base de toutes ses négooiaüons,
conversations, etc. : ._· ·-. . ,._. -- ·: .-. :; - · ··.<.:_· ....
·. Dans son article sur la ccProtecüon des Minorités,,;
Laust Moltesen arrive à la juste conclusion que le projet
du Comité «offrait une base utilisable pour les délibérations
de la Commission au sujet d'un traité de protection des
. minorités» 1 ). ' . ·.. v • ~:. . .
_'. . ... · . . ~ '. . # •

.·· M. Walter Szagunn, dans son article ccVom Reohte der


· nationalen Minderheit», aboutit à la même conclusion •). •:·
• Fouques Duparc croit, par contre, que lorsqu'on aborde ·
cette ·question, <d'on entre ici dans le domaine de l'hy-
pothèse» 1 ). -.. : ··: . , ;:.. ~~- ,_- . , ·· . . ;:-> - ·. - -~ ... <~ ·- ~· -- ~; ~·.:: .·. : ,. •·
.. - Certes, nous ne savons, jusqu'à ce jour, que fori peu
de choses sur ce qui s'est passé au sein de cette Commission
de la Conférence. D'autre part, le Comité n'a pas encore
trouvé possible de publier la partie de ses archives se
rattachant à son action pendant cette époque, ce qui nous
aurait peut-être fourni des indices importants sur ce poinl
Mais, même sans posséder pour le moment tous les détails .
désirables, on peut dire aveo une certaine assurance que le
memorandum du Comité a bien joué un rôle lors de l'élabo.. _

_';- ~~~ f{:,,c::f:t7h:i·'!;e,~li;~·;; ~e /~~• .·.;'~·- ~ri~ ~~- ~~- -;;~


:
(3) Laust Molteaen, La Société Ja Nation, el la Protection da Mino-
rila, dam le recueil de P. Munçh, op. cil., tome Il, p. 301.
(4) Voir : Ardtâ, für Politilt urul Caclûchle. J. (6.) Jalu-- Mm 1923. ·
Heft 2, p. 12.f. . . · . -- .. · - :
__ (S) Jacqu• Fouquee Duparc. op. cit.. p. 177. ~ --~: :~. -.· _~-,.:::· -- :: - <•_·. ~<·
ANNEXE XXI 589

. -81 ----
ration des dispositions dea t.raités de paix relatives aux
droits des minorit.és. ~ · ~
Pour s'en convaincre, il suffit simplement de compare!'
l'arLicle 9 du memorandum. du Comité aveo l'article 7 des
dispositions relatives aux minorités dans le projet de traité
avec l'AuLriche du 2 juin i919. Nous comparons le texte
français du projet avec le texte anglais du memorandum. el
. non avec son texte français, celui-ci étant une traduction
peu heureuse de l'anglais. Par ailleurs, nous n'avons pu
nous procurer le texte anglais du projet de traité avec
l'Aut-riche, celui-ci n'ayant pas encore été rendu public. La
Commission ayant eu sous les yeux les deux textes du memo-·
randum du Comité, n'avait probablement pas voulu admettre
la traduction · française trop libre et avait pris soin que,
dans les deux langues, le texte se rapproohl\ littéralement
le plus possible. ~
. >.
.,A .Y l ,.

.. ~ ":·· _:·:. -,<:.:":~~: :.. . <· · ._


• ; - ~:. • • :.'.~• .-·

, ~- ..·· :~-~,.- ,.~y-: . . - ~. ·:-··


•• · •• • • • • • .:-; •• • .: : :., · :• • • -, • •

.:<.
• _:·.. :

· Art. 9 du memorandum -~-- ·.~ Art. 1 àu projet ds traité .>


du iO mai i9i9 ., · -.- ..- -:.
~ >.•4
.. •
< du 2 juin i9i9 •
:.:.. :
> •

.... , •
A. ........ ~ ... --; ,,., ...~ ..
d
, .
The ·state o·r.~ ·a grees tbat the ·. L'Autriche s'engage à incor- .
foregoing obligations are he- porer '1es obligations précéden- .
reby embodied in her fun da- tes dans ses lois f ondamenta-·
mental law as a bill of rigbta, ha· comme une déclaraUon 'de
with whieh no law, regudaUon, droit,s conLre laquelle aucune·
o~ atftcial act.i on sball conflict, loi ni règlement, ni aucune ao-
or intertere and as against Uon offteielle ne P.Ourr-0nt en-
wbich no law1 reg;ulation, or· trer en conflit, ni mtenenir, et
o.ffloial aetlon shall bave vau-~·• sur llaqueMe aueune loi, ni rè- ·
dity or eUect,. Noiie of the to-~ gliement., ni aucune act.ion offl__
reg-0ing «provisions shall be oielle ne pourroJtt prévaloiri) •.
amendable without the consent - · . ·
cd the League of Nations. ,. _. -· . ,_...._-- ; .~~ · -s: ~ !.- :· ~. · ··.\·~. · .> .
• • .I ~ < • ... ~
. ... : :• ·•~Y • • • • • ' • •' • ,• -: •: ' .- • , • ..

· :~- Deux textes'i1é iauraient être···plua ·aemblablea 8t oela


put se produire uniquement en raison du tait que les auteurs
du texte ultérieur du projet avaient sous les yeux, lors de
son élaboration, le texte antérieur du memorandum.
Qu'il n'ait pu en êire autrement, une comparaisoll · du.
• •- ,tl
.
.. . • . . ,.. ' ~ .J., I
.
., ; ... 1v-f ... ,, .. . .

(1) Bericlat ü6er ,r,. Tili1~1 ,1,,,. deut,Ja-o,ferreidaûclten FriJ...Jele-


:a'..,,,,,.,,,,,,)
•n • s..J l, ,-. $7.
t. Cermain-e-l..ol (379 4• Bcli.,cn. Komaituiermde N~aion..L
in S_
.. . .. .. _ ~
590 ARCHIVES DU MONDIALISME

-81-

texte déflniUt du ~aité aveo le memorandum du Comité,


le démontre amplemenl Non seulement nous trouvons, pour
presque chaque arüole du traité, un postulat correspondant
dans le memorandum, mais souvent il est fait usage dans
les deux documenta dea mêmes termes. Bien que, quant au
fond, il n'existe aucune dillérenoe entre le texte français et.
le texte anglais, cependant, en ce qui concerne la rédaction,
les textes anglais du traité et du memorandum se rappro-
chent souvent plus l'un de l'autre que les textes français.
Pour oette raison, nous préférons comparer les deux textes
anglais, les textes français étant publiés. .à la fin de 081
ouvrage: - <".. -;:. •,:;_.... ~ ~ M. . . - . ~ --: _ ...~ . " ... . ., .. :-<'t'..""-~ .."' ... .. ; ,.,,. _ -~- ..

• ~# .:... . . , - .<:,J~,..~"' ~ Le memoranclum du Comite


·~. ·::· • ~: . .~ ~ - : >ff ·•· ~ :~.. ;·~_/

L8 Trait, ds1 Minorité, avec ae, Délégat,ion, Juive, auprù


la PolognB àu 28 juin i9i9 :· et, la Conférence de la . Paiz
~ :., - - • - ....,,._., ...:,..·"- _ _·:~ -_-·, ;· du iO mai i9i9. -· ·._ ... ~~-'";-
ArL tnle t ~ -~---- -~~-:- :_"_ ... >-_ :~-
~ •
f .,-,r- ,,,.
.. .
,.. :
·Ar•1·01e 9
-~,,...
• t' 1' ~
...
• ...,Ji,~ .(~
,·< · ·: .'. :·- ::·
,,·-. ··. ·.: ~·-· ·. -· _'_: ·.," ~- -.. ·
,. ~..
"-
..
..,.,~"'
,
-t
.. .,,,

1,
~
• ..• ~ ,.,
:,_...,;_ , ; ..
'.
,.. ,.,~ .... {~;,
.. (',
.. · .. ~
.
· \. '

Poland u~derLakes that the The State of... agrees Lhat :~


stipulations oontained in Ar- the f oregoing obligations are
ticles 2 to 8 of this Chapter hereby embodied in her fun-
ahall be recognised $8 funda- damental law as a bill of
menta l laws, and L.h at no law, rights, with whioh no law, re-
~egulation o~ official action gulation, or official action
shall eontlwL or interfere wiLh shall oontlict or interfere and
theae stipulations1 nor shall as against whioh no law1 r.e-
any law, regulation or official gulation, or. offlcial a-ction
aotio~ prevail
. otber Lhem. . . .. . •. &hall have val'1ity or effeot.... ~

Artiole J. . . .. , :. ~.'., ··: :.~ ~; ·;.__ ·:: ·> Article ·2'.··: .··:-: ·: ·_ ': ~~... ~
-~ ·.· .-···.. ~ ·..• ~ .,. ,,,..... ..

· Poland undertakea to assure · The Stat,e of... '&&sumea the


full and complete protection of obligation to p·rot.eot the life,
lite and liberty t,o all lnbabi- liberty... ol its inhabitanta
tants ol Poland without dis- (La moll c •ilhouf Jûlinction •
Uootion of birth, nationality, _ fo bir~! race, nalionality, lan,uqc
language race or religion . . o, r~l•a•on ~• • b-ow,':'lt dan, i.
• • ,· . première partie tle cet article.)
Ali inhabitante af Poland and assures to them freedom
ahall be entitl~ to the free .· of religion and of the outward
exeroiae, wheLher publlo or ue~olee tbereot•. _•. .
private, of any creed, religion ~ , li

or beliet, wboae praoUoea are vv\ . ' ' - . ' ' ~ l :: • ' •• '·

not inconalstent witb publlo .'~ ~ ·-- ' · .. ~~ - ... , ·


order or public morale. ·, ~ . . • ~ . _., .. ~.
ANNEXE XXI 591

• --88-
r

,.
J

. .
..
ArUole 81 al. t.

Poland admit& and deolarea .; • Without anl requirement of


\o be Pola~ naLion&la ipso qualif7.ing or othe•r procee.
facto and wilho.ut, the requl- dlnga, the State ot...ad!nita and
rement ot any formality Ger- deolarea Lo be... oUiz.ena :
man, Auatrian, Hungarian or •....... ~· ....................... ..... .. ~

Russian nationale )labitually · b) Ail persona wbo were in-


resident at the date of the habitants of suob territory on
coming into toroe of the pre- AU81USt tst, uH,.
senL Treaty in territory whioh (Dam k premier projd de lraÏIA
ta or may be r.ecognised as que nous connaûsons, da 21 mai
fomning P.&rt. of Poland, but 1919, /ifuraif, au liai de l'article 3.
subject to any provisions ln alinéa I actuel, une àuposition, arL
Z (1 °) qui, tl'aprà aca teneur. étaU
Lhe Treaties of Pea-ce with Ger- plu, prà de la pr(!poliûon du Co-
many or. Austria respeotivel:, mité d aclon laquelle la naûonalilé
relating to persons who be- polonaûe ,la,aii êlre reconnue de
came resident in suoh territory plein droit d caam aucune procé-.
dure ,péciale : 1) Â Ioula penon-
af ter a speoifted data. . na qui raiJaienf habituellement a
la date du 1er août 1914 Jana la
:r" , • # ,
limites de la Pologne... d qui élaienl
.
,.._~: -- ... • '
.... ~ ,.. .. ...
, .J'. _, ~1"'.:.:~ -: ►..::::<<~.
" , .. ,.. "' ...
a cette date rasorfwant, tle l'AUe-
.. ma.,ne, l'Aulriche-H0,.,,. oa la
1-~ ~ ::-:~• •:,::- ~ .... ,~'.,;' . ~:,;/ ~"'► •'::.;r-,,~ ,: , ' R11vic• ). 1) . .. . ~: -
• ,._ • ...'" ~ - -. "'::' ....
. (/;" . " !~,. :~ .. .:·.. ' .,." . :_:. ~--_.,. ""~- "',:._.~
.,.., p ,,_,, "'~ -, "' -

1--• •• •, ••• -- ~ _. • .. "':_~,:<. ~•-~' '.;~•••... •• AJ~~~• :,:• ., .,•::..,:'... ; ~;..; •


~ · :.: : , : , :~ / . ,', •~ •.~.:~. •--: ,., ..... ~~ •• •

Article 3, al. 2. ·~ · - :,:,/~ .· ·' -~:;, · ;;.?< Article · t, al. 2.. -. ,.~ , ~ ~ >;.. : -~
,_'~ ' ..':-:;,; .: ~ v· ·~•. ,.:• . . . .: .•· ,, ·. • • ·~· • ~ ••• :__ ·.• $'~ ·- •
. . .
Nevertbeless, the persona · ~- An1 person belonging &o
referned to above who are classes... b) may laowever
over eighteen yeara of age will witthin two years after the oo-
be enlitled under the condi- ming into force of this treat7
tions oontained fn the sa-1 opt hia former oitizenahip.
Treatiea to opt ,f or ·any other
nationality whfob may be open
t.o them. Option by a husband
will oover bl1 wiife and option
bJ parents will oover their
oblldren under efgbteen 7ear1
of age.

(1) Délé1oli,n Polonal,e Confirence de L, Ptn%. Ada cancer a la


nard le T rai" entre la cinq Principale, Puwanca et la Polotne. ,;,,., a
Veruiilla, le 28_ juin 1919. P11111i 1919, p. 16. (Délé.1alion Polo,_ a La
Con/benu ,J. ,. P-, - ~ Ïllfra.)
592 ARCHIVES DU MONDIALISME

OJI ..
- - o-.- . . .,· ..... .,,
., ~ T • •

" . ✓•

:-::/~.'.>:<}<> :· >.._" .:,.·.-~·: -:, ·


', • 1,,./ ' • '
• , ,. "'• ri

Article a, al.8. ··· , .· • ' . · ·, :• ...


Persona who have exei,oleed .:. -~ ; - ·~ ► •• •• • : •• ,✓·,,_- • :~: • : ~ _~_ •

the &Above right to QP.t must, ·.:: ~.'- : ·~ , .·_. · _ ., .. ~ >.• <_ : • · .., , ,# . •_~ . -~~-- ., ~:

ucept where 1t is otherwlae , · ;, · :·· · ,. · · - · · -


provided in the Treaty of Peace .~ .~. -~. . V :· , • • . ,• • ~
wilh Germany, transfe·r withm "/ . . . . , · . .~,-----~-~ ·
the suicceeding twelve montha . . . . . ,
thefr pla,ce of residence to the . . , . · .. . · .~ .
State to, whlch they have
• -A T
<; ... -. .-:,· .:.. ·.~· ,.: : .. _.·'1ef~ .···' .
.. ·- ~--_,. . . ,.. . ~-
: .: .,. . ~ ·. .··.~..~- < , .. <. . . -.·. _. ,.. .-: .~-:_
.-· . . . _
.... ,..
• ~V.-- ~- ; ';.
op "OU.
. bey willl be entitled to (.~

reia1n their immovable pro- ·.. ~ . .: ... y . -, • :~-... ·--~-- .•. :·• • .~._ - .~ -:

party in. PoUsh territory, They _;_ :. ·.~... ~-- ~.- ~:- :~<,~~- ·,
~ ♦ ~ ~~
te • •• ~ -~- -
,r ~ ~ •
><' · ·
may carcy with them their

·.-:. ·: -._ ·, · ·· ·~ ·., · -


~.I • • • ••
.< .. ,

. ,.
• >

• • .. - • :
--f ••


A •

movable property of every


description. No export dutiea
may be ilqposed upon them in
connection with the removal of . I. • ,. •• - .. ~
-aooh property. " > ~·- .~ -- ► ~ • .- , , -
• ,.

• •: •
,: ✓...

•• •••
:,. -

~-.
....

·
.,,,, #

• · •• :

_~ ·:
~ , ....
..-: .. ~


' · ~.., ·

·.-· · · ••
' .;..

2· ./~::·. :::,.:./ ~ . . ~ <;.7'·'1{ \ ·. ·:~· '.· ~:./ ,: ,:·, ;;. :··:.: . ,~--:....\~:-''.'-. \;/"'.' .
Article t ·a t l~-~:-·.:-·.(,,., :_-.~~ (: ~-- ·_~:: _-· Article t aL t a).-... :\,,_~-<>:,_ . ·~
'• , . • : ..: • •.:.,.,_.A#• - ,• < • 0 •• •
.
# • , ' • , • • ·• •

-·. .
· ., Po land ad.mita and dec}are_a -. Without lany requli,ement
t,o be Polisb nationals ipso of qualifyin,g or other procee-
taoto and witbout the requJ- dings, the Slate of... admita
rement of any tormality P.er- aDd dedlares to be... citizen, :
sons of German, Austrian~ a) AU persona born in the
Bungarian or Russian natio- · terri'tory recognised to be.•• ln
nalit7 who were born in th,e this Treaty, who have not·
saki terri tory of parents babi- heretofore been naturalized ln
tually resident th~re, even if at some olher country, and who
the dat,e of the coming lnto were resident or domloiled in.
toroe of the present Treaty suoh territory at, any Ume
\bey are not tbemaelvea habit- sinoe August tst t909, or who
uall7 ,esident there. ~-~ :~:.....,7 -.,_.. ~._: · ,- have maintained their, rela-
· . . . .• . . ./ .-. ,:: ·., ..._.;,; ·: :· .-: ·-- ... \·. .: .:···., . · tion t,o auob terrltory witbin
'.,, ~ ' , ;, ,
• ;>V .. * au-c h perlod by paaaport, issu-
_. _ . • ...

·;.- ..,; ., .:·, : · ·~..:· f>· '> ·~ • ···?..': 1-' - ed by the· present, or the lor-,
•,. -.:, .. :. ~-'- ...... .... :.- ::·, · mer sovereignlty. .. ·.· .
. ··. :;;· .· . .-· : _:;>. : \: ./'' .~ .-:· . (D.,. ce caa .,,,;. Ls formai. la
··.: . <·... _. ·-~ -- Comité ,e ,.p,oclaail bien "'1a tle
·: ·. rarticle 2. '!) da proJet. le 1taili
A~- . . . :.-:.- , :; • . : ·- · :·, ._ . ." • •

. -~ _.,··. ·· ·, · ·:' .
~ #" ~ ~ «~": ...;-· -~ : ~ l ~ -·· ~*' : , .' ~.-- .. -. ,,1a mentio
• • • da ~· ~ 1919 .d
• • ~ • :. - • .. ~ ~ .. • • •f- . • ,don lequel la nati'onalité polortlllM
• "'.-~ • • • ... •

-.♦ •• - ~ · : ~· ~ · •• : -~ ~ devail llre reconnue Je plèin dNii


: , , .. : - A \ ; ,. •• • *

. .. . ,. . . ~- . . .. .' . ~ . .' . . ef . . . ,rocld,,,.. · · - , ~- -..~


ANNEXE XXI 593


,.,. _
• '
·cA loufe, ~ qai_ seroienf
..
~ J

. .~ ... '
nia a rmtérieur Jalita limila, fi
~ • ~ ' . ...

..
~.... ,
..
.., f ' '

.
...' \,.

.
.."' •

r
aceplion de cella qui aoaiad ob-
lmu la naturalûalion Jan, un pay,
élran,er autre qae r AUetl'IIIIM,
rAulljc.Hon,,;., ,. Raaaie>). 1)

ArUcile 1, àt. 2~ '·. ,~~ ::>; -~-<~~·-'· -~- ~.:·_ArUole t, al. 2. ,•.~:" _: · · · .- ·--: /
Nevertbel-ess, wi~hin · two , · Any person belonging to
yeara after the eoming i!Jlto. olass-es a)... may however
force of the preselit Treaty, within. two years after the
tbese persona may ~ake a ooming into foroe of thia
deolaraUon before the compe- treaty opt bis former otU1en-
tent Polish authorities ln the ship. · · •; ,. ~: ;. ,·.:. ::, ':· ·· , :<
country in which they are resi- ·-, -• -. ·. ;·~··#:~: ~~=~·."-:,:::-.---.'·, ~ ~- -~·_,,,: ·. · .- <
ient, stating tbat they abandon ·:'•:> ·'.; :-_:. . >J/···'-':·. > ·:/·-~•: · ,·· ~·;_. ; · - : - \: · · , •. ·<·r·.
~::s!e:a:!:::l!~•bea:na~::: ·.' .----->~ .::~~-:-. -~ _::._ '. ;·:.\(~ (· ":':,·) ;;/
• ... • :: .: • • • • : ·. ~ < • , \ . • . , ..

red as Polish national&. In thia ::·:~ .. · .. -· - · · · ,-~ ..., .,,,..,>-, -.•·

oonneetion a deolaration br a . ·>·. .,,_,,.-: : •·.~.,.: ·-.... ,·,·_ . _. . _ .:,,_· ....


bu sband will oover b1- wlfe, · -·•_ : ·:_ ~: .~·.· ~-. ·-= ·.; ~, ·. -- ~f ,~:.. .:..: : -~-~. ) .'
~·~ .. :· ·~: -i ••··
. 'f j. - ~ .t'•, " .; ... ~
)t
0 #'":' ...,.• 'k. A-:;

and

a declaration

by parents . ,·~_. >. :
• ."" , .
.., -. .~ .-
,. • ' , .
.-
~ ,, ~· :
.., ~" '\-_ --,, 6,"
, , {.
/ · · ·....: :.. ·:. ◄-· ~ ~ ~ ~~ ~ ~4. .. • .. .. ~t. ,,..._·. • ~ ..

w1M cover the1r cbfldren under ·:. ,. ~ · ~-') _ :. );"-: ·: · : ·= - : :1 ··:· _.•. :; '("',v;...'~ ~- ✓-
• l" .~ .~ ' ~ . . . ;,.: . -- ~ • ,. ♦ - # ... h ' .... . ~ •• ,, ' { ' J, ~ ........ . ~
••

. . . . '""'..: ··

e1ghteen years of age. _ ·~: . ,_.: ...-.~ ·..- .. , ... ·. :· . ~- :~ ·,. --· . .. :.. · : _. r..· _;:, ·
.:-:.: ..·. :: .·: ✓:~: : .. ~;. .. ~:·.-~<;~~-/·: ; .,-..:\··-"-:·:~//~·::~·: :/(~ ':. \~.~-;~:-.
Artfole &. -..,~-;.. ·- '
- - ,. ., 1,..1 ~~ .. ---~ .,.. • . .:~ ,.
-•' ',_; ::·· :, ,, •· - _, ~
. .. ~ ··~.: ,:---; ~-:~ ..:... _· ~ . ~ . .-,... ~... - ··~·· _.--..,.... ~... .•., ,,...
. . -:',·. ·.· .·,., :;.,. , .;. -~ '. _ .._~ ", .t;. ··, ,. _-_,.
~, · Poland ~ndertakes îo put no ··.\ · ;?_,~
•.;/. >-:, ·~~(~A;-·.: f?f~~> :·.~- ~:-:f. ·~~ - ~J,~

hindranoe in the way af the · --.: · ·:_ ·t', ··->


• .- : -~~-.~:. : ••. ··-f :•· :\ ·--::~ ·,:.-:.,·_ :--/._ -:. ~:

exerciae of the right whioh .the J:\:-\::_ f:·~:\'.:~·::/ -~:·r·.-J:·,.-•:·:-';: {°:::·:...


5

persona concerned have, under .. :~~-· ~..//.;>~< :( ;:;t:·..;~-- :·: ~-. ·-.~.. -.~ ;. ~. -·· -i:,.
the TreaUes oonchided or to be ( · ·.,;. -;. :_::>:"?,;,~-.:-:;~ ---~.::~~:'J·. / .-.-~.-.~7-::.-..:~, ··:· · _..--
:✓• ~ .r ..of: ':••> ~ ~.~ ·· ~ .,. t ~, :
:v:.:_~:~>. ;;,':.
• ·- ·, • ·, •

oonc1ulded tby the Allied and - .:- ~.:·.''.\:>:·'._-::,.:; _/ :-.l.:·•--··.-,:' ✓.-->'::•.


Associated Powers witb Ger- :·: · ~ ,:/:, , -..,-.· :~· . >• • : :· : . . . . . . -: • • • r H ~- · • •• ~:: · ·,.

many, Austria1 Bungary or , ·.. ·· _. · ·.t), ,:.': '\ ::: , _:_~--. -.._
Russia, to ohoose whether or ~:· ·:, : .-:.:·-\ ,:~·/ -_·')· ::··: _c ..-~ : ~ -: ., . ~· · · ·.· ·
not t~r will acqulre Pollsh ;,·"·:.::<\:,. ': :..-:: ~ f ~t··~:. ~ ·..; .:· .;.· :, _:,>-~·- -: .. i,•.' lt

natronàllty. ...... . :~. ,; . _ .·•. -.:-· >:. ·.· --~ .'--..·'\ ..._,_:. . ·· .··: · ·, ....,->. , •.
. .-/>, ..•:, ::·~.
<_.;. ':.'· >.- ·/ '... :-·.... : ~~ ~· :>·;' : ..- · - < . : >~.:: .:~ ~.-: 4
"' • •• •

Article e. ~ : :~~ .~t- ·~: :J ~. . !:. • Article f al t o) ·.. · :::· :. · .-~ :. · ·


J •· :., · -. :

,. t_. ' •• ,• . ' • , • • • '

Ail persona born ln PoUeb -~ · Without anJ requlrement


terrttory wbo are not born na- · af qualifylng or otber pro-
tionala of another State aball . oeeclinga,. tbe State of.. ad-
594 AR HIVES DU MONDIALISME

-88- -
ipao faoto beoome PoUab na- mita and declare1 to be ••• oitl-
lionala. . . 1ens :

Ail persona hereafter


o)
born ln... and subject to the
Jurisdlctlon thereof.

Article 7, al. t. Article 2.


AU Polish natlonats shaU be ·. . ~:; all oltlzens of... shall en-
equal before the law and shall Joy equal olvll... and poUtical
enjoy the same civil and poli~ rights wlthout distinction as
U.cal rights withoui distinction to ... race, ... Janguage or reli-
as to race, language or reli- glon.~ ., : ~ ·: · . · . · ~ ~-- ~ ~ ~ -~ - ~
i , . : , : •---:: •..,•:~ :,:.~~,_,:,:.-~ : ♦,: :< ~ N . , ·

g On. . ,.~ _. .·:· . "'.... "; . .·; .-.


, ,.-
~
<,." ~: •••· • .,. ... •• -~ \
.~··: ·. ~ ' ;. ~ : ;,, } • .,..<.

.(~

• • ,.,, ""....
-·. " ·. ~ ~."" :.. .. ~ ., "\•. .· ·"=·;r·- ·:,:.~
,'t_.__ / .-;_
je;,,,, ~ - ,,.. s .,

Article 7, al. 2. .· · ·::: ArtioJ.e 3. .~·7' \ ;:;., ·· ·<


,:,.::.; ·;_ ··
: ~. ... ' . .. ..~; --. :t.. ~· ~ .. .. ~ :. .. ...

Differenees o.f religion, creed ·. None of . the lforegofng


or confession -s hall not preju- rights sball be abridged, . nor
dice any Polish national ln shall any dl scrimination, di-
maltera relating to the enjoy- . sabf!lf ty or restriction what-
ment of civil or polltioal rigbts, soever be lmposed by law or
as for instance admission to otherwise upon any person on
public employmients, funetions acoount of raee, natlonality
and bonours, or the exereise of or religion, nor shall be be
P.rofessfons and industries. denied the · equal protection
at the law...· · • ,._ d., • ,

Article 7, al. 3.
No restrk,fJon· shall be im- · · The right of any person to
posed on the free use by any use the languages of any na-
Polisb national of any lan- tional minority of... ln busi-
guage ln private Intercourse, ness, private in.tercourse, at
in eommerce, ln religion, in publio meetings and ln the
the press or ln publication of p~ess... ahan not be limited•••
any kind, or at public meet-
ings. · · .----.
. .
Article 7, al. t. Article .a.
N~twitbatandfng any e1tab- The rlght of any person to
llsbment by the Politsb Go .. use the languages of any na-
vernment of an cdftofal Jan- tional mfnorlty of... before the
guage, adequate f aoilltfes sball varfou.s tribunats either oraUy
ANNEXE XXI 595

be given to Pollah natlonal1 of or tn wrltinr ••h all not be


non-PoUsh apeeoh for the uee llmlted... . . ,
of their language, elther orally
or ln wrltlng, before the
couru. · , --- · ·
A.rUole 8. . · ~ •'~ ·: . :. : - · · ·_. · ·~. Article s, al. f •. .:' :· ✓>;-✓ / •• :

• ~ ,< ~ • • ,:-<t •• t' • • • .': , • .;.. : •• ',,' • , : ~ ,,., : , I> , , :. -:

PoUsh naUonals wlio belong ·· The State of.. : · recognfze1


lo racial, reJi.gious or Ungulstlo the several national mlnorl-
minoriti-es shall enjoy the same tles ln its population as... hav-
treatment and s-ecurity in law fng equally the right to estab-
and in faet as the other Polflsh Ush, manage and control
nationals. In partieular they therr schools · and tbeir reli-
aball have an equal right to glous, educatfonal, charitable
establish, ·m anage and control ✓ and social institutions. . : .
at tbeir own erpense ch·a rita- A ti .& >-· - ~- " •: -- ·<·~~:.···.,,
ble, religions and social instl- , r c18 • · ·· . ~; # • , : • • •• - ~ -·

luttons, sehools and other edu- ·. · .~. nor shall any sucb natio-
cational establishments, w.lth nal minorlty be . restrroted ln
Ule rlght to use their own the use of sueh languages in
language and to exeroise their its schools and _other institu-
religion freely therein. ,; , lions.. . , ,. " .,

.- :·-_._ ---; _ - -·. ~:. -~·::::-'t\{\-::\ ~>( ;·:.~:,{_}-~E;};:;}~~:_ :.>~ -_


.~v • , N #•,•) • ,.-~ ;

Artiole 9 al f {~ '.< ··<c .:✓-, fo?1:· · : . Artlo148 1 -. ·... ~ ~-- ·.: -' -·, ,.· -· : · ...
, • .• · - ...· ,:/ ._. , ~. :,,:,;~ . •.',·. .,.~ .... ··,. -~:·· . •. >: ._~ .
....

.,

PolaQd will provide· ln the · · :. . ·.•. Schools wbich employ the


publie educational system in language of any national mf-
towns and distri~ts ln whlch nori ty shall if thelr oourse of
a oonaltderable .p roportion of study complies wfth the gene_ ~
PoJlsh naUona·l s of otber than rai eduoatlonal requfremi!nts
Polfsh speech are residenta enJoy equal rlgtbs wUb all
adequate faeilitfes for ensur- other soboola of the· same
ing tbat ln the prJmary sehoola ~rade •.._ J ,. ~"
.• ". t.,, ..,, . . ,. ~.
~ ;. r ...

the ·i nstruolfon ahall be gtven , · · ~ , •. . .


• :. ' ~ ., . ·V . ·•-:·
to the cbfldren of suoh Pollsh ., ~ ~. _, · · ' .... ,.:, . ... , ...

national t'hrough the medium


of their own language. This
provision sball not prevent tlie ·
Polfsh Government from ma- .·: , ~->~-~ • _: ·<--: . ., . -:· ·--/ · ·· · ·
king the teaehlng of the Polisb ,.. . r• • _ ~ •

language obligatory ln the a.afd


aohool1. •
,.
t ..
596 ARCHIVES DU MONDIALISME

., .. --88- · ··-. -
' ...

ArUole 9, al. 2.
' .
In towns and districts where . . ·: ·- The State agreea tha& of... .
there ia a ioonsfdera:ble propor. i'o the extent tbat the est~bll-
tron of Pollsh natJonals belong- sbm-ent and the maintenance
ing to raoiai, re:ligious or of schools or religious·, edu-
linguistlo minorities, t\ese - oatlonal, charitable or soeilal
minorities shall be assureid a.n Institutions may be provided
equitable share in the enjoy- · · for by any State, departamen-
ment and application of the tal, munioi.pal or other bud-
sums whioh may be provided get, to be paid for out of pub-
out of publio funds onder the lio lunds, each national mi-
State, municipal or other bud_ nority shall be alloted a pro-
get, for edu.cational, religi,oua portion af such funtds based
or obar.i table pu~osea. · -_.- upon the ratro between lta 4

.~ . . • -~---~; t• .. ___ ,,, ,.. •.,. . . ~ :· •• ~ ~ · ~-: :' ·~- ~-~~:~ -· numbers in the respective
\·: :·•:.'',~ _ -; ""_:,> _: · <. ~ · · ~:_ ,. ·~: - ~:·--.-··.> -~ ~-_: ar-eas and the entlre popula-

;,.<:::~\:~\ ::e~·:<·:~;~\f}:_::·/~: .:;-~·:'. ~iot--~~r i:~~---:::\:J;·}::_~:_.s:~:-;:: i'~;


Article 9, al. 3• .. ~--· - . ..,- . . .• .·· . _... ... _, ._ . •
. . :., . . , . :· ... . ·. \ !, ,, -: ·~: c.... -:.. .- : ."~.: /:" -·· . ,: ; =·... . •, '.:_: .. ,i,J f .•

= _·The provisions of thls Ar- .~ :-.-.,~· ~· ~:- ~:. )-·> · . j ·-.~. · _. ~~~-:·t.,_ -t;~ ~ :~··_; ·.
tlcle shaU apply to Polish oitl- .-- .--~_;r: : />·:\:~ ~~ :r~ ·-·-· :- r -·_ ~·. :: ~-: ,.,- <;-~. .~.;-~~;,.
zens âf German speech only ln (-:.;·:./ · ~~ :: .. ~ >~ 1
. : : : _ .- ,. ~ .. }.:~•~:~ ••-:.; :·:_: ....
1
,:.--

that pari of Poland whioh was ·:·~ :_·;~-. , _· :_ .· ..: :_••-:. ,-//<· . - · -_:· :. ..
German territory on August t, :--~/- ·.~_ <:•-· · ·: ~--. ~ •< ~ . :_: ~ ·. ? . .-\~ .··.< :,.~:
.1 . .- "':. -·.. , . . • . . .• - : • ', ,· , ', : -
t 91
. '.. ·::--:: ...· :. , .:.~ . :.., ·-..·'-:' ~:· ~--< ~-:~·-;. ".:: '_:" _. .•":•. -~~\ ·-~ ,,,_~·-.· .:. ~. ♦ ◄
1
•• • I "' 0 t ..., ., ..-- . ~• , •~-# ., ,,. '.,'" ,:,_ .: I ..._ ., 1 • • '• ,. "..._ f .0:

Article to.

<~~;_;i:i .-:.;<- . ;:,·>.:._.::.>
~ .... ,; ., I' : ,. ~ µt • - ,t ..... - : ·· • ... • - :
Article ~. ~1. t.
• •
\>~. · .·.·.,·... ' •

Educational Committees a,p_ ... _~ ·: The State of•.• ·recogntzes the


pointed looally by the Jewish several national minoriUes tn
communities of Poland will, , its population as oonsUtutlnJ
subject to the general oon- distinct, arutonœnous organi- .
trol of the State, provide for zatlons.... .., ,. .A, • , • • • •

the distribution af the pro- ~.... :· ~~ t-r~ · _ . ,. · r .:' . ..,. __ - _" . ,• •" . \-.. : .

portlonal sh-are of ,p ublic . . J'oir aaai rarficle 6 .. . , ' ·


fuQda allooeted to Jewiab da memorandum ,lé;a citi plaa ,._,
sohools ln accordanoe wltb
Article 9, and for the organi-
sation and management of
tbese aohools. The p-rovf1lon1 . ◄• .:r .;.- -. .- ~: -~ . .-
of Article 9 concerning the _ },..
use of lan8l]ages ln aobnola •,-' .... ~ ...-y ..:: - .• ~ .--~: ~ ... t .- ,~.. • ~ - 1'· • ,

ahall apply to theae 1ohoola. -~ ~ ~ J -- ,. ·: ~ • • : ·· - -. - · ; • .... · ., . ' ... ,.


ANNEXE XXI 597

--89- · , 't


-
'\
. ....
~

. .
.... ". 1 •• ,,,. , •

Artlole tt. · : -: -.... '. _:-.- >-:··· ·: ·:·-· · Arttole 8.


Jewa ahall not be oompel- ~:. Those wbo obse"e an1,
led to perform any act whicb ·o ther day tban Sunday as
oonstitutes a violation of Lhelr Sa·b bath sball not be re-
theh.' Sabbath; oor shaU they quir-ed to perform any acte on
be placed under any disabili- tbeir Sabbath or holy days
t.y by reason of their refusai which by the tenets of their
to attend courts of law or to faith are regarded as a dese-
perforin any le gal business
on their Sabbath. This pro-
oration . : ~- . .·:, ~·.·. -. . ..
-~.;· _ .. _, .
...~. ·- . . .
"'·
.

<L ••
w, "' I

• •
' - "
,


' •


• -0. "

~' •• :_: ~. ,r ~ ./ , f' <.;.ç- • ·• ~-:. : •• • •• _ ••

vision, bowever, shall not . -·., .. - . ,. . , .


exempt Jews from such ob-
ligations as sball be imposed >·<:.:.-;:,,_,, ;-
: .:. : _: ,.._-·__. ___ · :~ --~ -~-.--. ·:\~~ · .~\
"
::"t · ... , "

upon au othe~ Polisb citizen& ·


fo.r the neoessary pur.poses of ·.. .'; ~:• ·\· - -~· . . .
military service, national de- .-:~-~~--~. · ·:· - ; -.-.. -.~ ·< ·-.< -r_.:,_- -~ · .·. 2 ·p·◄ ~;,:< -~;'~ ·-
fenoe or the· preservation of . . ' · . - : ,. . _. . . ·
public order. . . ~ .. - ~ ·= r ~--:, ... . .. - _.~ -~._ :·~ .. ••

. · Poland deolares ber inten.:. -· · ·J' .... .~ . "'·:· · _-~ ,. .: .· _:. ·. :~.=. ·.: : __
.. .. - ,. . - "1 - ,. - • . . . , ' . .,_,. ,. ,
tion to refrain from ordering .~ . · · ✓ ~:. . .:. . . :.... .· . .. :; .... ·,, ,·
••
.'
.. • •

or P.ermitting elections, whe- _~· ,. , . " .


tber generaJ or local, to be . . _ ~ ... ·.~ -~·: .: · • •1

beld on a Saturday, nor will . . . . . I' ...:.•~

i,egistration lfor eleotoral or • "'i

other purposes be oompelled


to be pertormed on a Satur- .
day. . .:. ,~ . .·. >--\ -~ , .. .,. _:•
·: , ..<- ~ ./ ·~ -;.,_ :. . :,;., .
: .. >.,.

-
,

.... ,.~
" - •

' • : " -.. À-

,, •••.. "'.- . l .... \ ,,, , • , . ..; " ... '"; •" ,.J .. i

. .~
· ·.. ' ··.
~:: ......:.. ,: ·: ,_: ,;:J ~ • • ~..: : . ·- :. , -~-· . , : • ~ • • • - • • •

Article f 2, al. t . . .:·.....v~..~·- .::_·. .'. Chapter t ·.._. · · -: .-· :.·-·· '· . ~-·--> - ~ ~
' • • • • ; - :-~ ' ·:: } ' • • •• "' • .P _·,

· Poland agrees tbat the stl- · · The State of... 1Undertakes


pulations in the foregoing the .f oHowing obliga,tions to
Articles, so far as tbey atffect, eaoh of the other AlJi.ed and
persona belonglng to racial, Associated Powers aMI reco- .
religfoue or Jinguistic mino- gnizes them to be ' obligations
riUes, constitute obligations of international conoern of
of international oonoern and which the League of Nations
shall be pJ.aeed untér the bas Jurfsdiotion. . . ~ #

8'lJ&rantee ol the League ot


N·a tions. They sball not be Article 9 • .· _~:·· ,:.··-
modifted without the · as99nt ,, .
of a majority of the Oouncil .... None of the foregoing
of the League C1f Nations. The provisions sball be am,endable
United States, the British witbout the consent . ot tlie
Em.pire, France, Ualy and Ja- League af Nations. , . -· .
598 ARCHIVES DU MONDIALISME

pan bereby agree not to wlth- t •

holld tbeir assenL from any


modHloation iQ the&e ArUolea
whioh is iu due form assented
to by a majority ot the Ooun-
oil of the League of Nations•
.. ,. :~, .-~ .,.,_.

Article i2, al. 2 et 3.


- ~-

..
<; t\:'.·.,-_
· ..·. ''.1.~·,:.,.,'

~ ., •.,. ~

4 •, ..
T • •
/.~,,• .. :;_--....·~-· ,,.,,.., --~··;;-,~-~-#~ '

Chapter II. · -~'-: ; .,,


"- ' • _ _. ~
)
.._ ♦
,

..
., ,._

""'.,,
~-

~, ::., .~··. -
·· , - :

Poland ag:rees that any > Any or the signatoriea of


Member of the Council of the the treaty of whioh this ohap-
League o.f Nations shall bave ter sball oonstitute a parL and
the right to bring to the at- any minority tbat may be at-
tention of the Co un-cil any f ected .b y ·a failure to observe
infra,ction, or any danger of · or to effeotuate any of the
in.f raction, of any of these ·,p rovisions of thia obapter
ob.ligatitons, and that the sball be .entitled to .submit
Counoil may thereupon tak-~ thei-r complaint for adjudica-
such action and give . such di- Uon-to ·t,be League of Nations
rection as it may deem proper -~,, -:~-· • ,.j • •· ~ • .. ·~. • ·,

and effeotiw in the ciirsum- ~ y .. .-. ~ ·,.. ---~ ., ~·-· ·- · ·= r. - - ~ • •· : ~ ►


A
,.,.. • .~ ,, .....

stances. · ..-(·. · .:. . ~. . . . . ;~. ,.., .,. . . . .A •

Poland furth-er agrees that or to suoh tribunal as it may


any differenoe of opinion as establisb and upon snob oon-
to qu-eis tions af law or faot .dltion as it sball presoribe.
arising out of these Articles . ~ ~ : . _ ~-:· . . -~ ► ~ ~ ,. -

between the Polisb Govern- · · · : ·· · ,........ · ·


ment and any one of th~ ., . -.: ·~-. . . .
Princitpal Allied and Associa- : · ,··_: · ✓ : • ,_. , ~ -- -~. <. ~ • • .·_;: ••_ . ..

tad Powers or any other Pow- · ~ ,>; -s. ~:~·_,__ ~-:; :_\ _ :__ ·~·.?\·~ , ;·_, :-, ~ .:,- . ,. . -
er, a Member of the Council ~.;':·;, ··~~·- ..~~; :--··· :t ·-~- . A~···•;.· ...... -~~-
of tbe Leag'Ue of Nations, ·.:,· . . :.,. ~~ :'": .;; ,.:;.> ·.. (r , • :·~, - ~-:..

shall be beld to be a dispute ~~ :_ ~.-:. _~: _ :,A>:.~;:.. : _____ ,-:_ :. . · ... -, . ._


of an international oharacter . . ~~ S' i :.-· ~ . ·i ._ . ,. . ✓·A ~ ;. ~~. ,.· ~ ' .. ~ e,,

under Article t4 of the Co-· · ~ , ·.-.~~ .~\~:;. -:.. . . ... C -. ,, · ..

venant of the League of Na- ;, -- · : , ✓ -t - ~ . . . ,, ~ : ~ . -· · ; • .:·· :· ~ -- -

tions. The .Polish Govern- --~·:> ".~. _. _ ·.,~ -\ .., _:, · ~,.
z.nent hereby eonsents that ~ "! · . .- .. ;;; · ,_ ·~ ~ -~ ~~ ~.. : ·: . _,, • ~ :" ·. -_ .-~ ·
any such dispute shall, if the "._;•· · ~ · . ~, ,. .. ·._.., .: ~ ·
otber party thereto demanda, ·~ ~; ~ ... ., .
be referN!d to the. Permanent <- . : ... · * , ... . · •. • • 'l * -.·

Court of International Jus- ,. •


tioe. The decfsion of the Per- ...,_. .
manent Court shall be ftnat ,~ .A. ·, • :
ANNEXE XXI 599

-
and shall lîave the l&me force . ,v\ < ~··; , ~ ... ·,L~: ,-,•.·>:,,~--: ' ,.,.~~-
and effeot, as an award under , •
· :t. I • ... • '" ~ • "t
•. •
,::. ,...,. . ,,.

Article ta of the Covenant. •. f


~., .
•• .. ... ,
~ ~ lt- .. ,.,,4
. . ••
.
# '
·
....,., •

En affirmant que le memorandum avait eu une influen-


ee importante sur l'élaboration des dispositions relatives
aux minorités, nous n'entendons, naturellement, en aucune
façon dire par là que la commission adopta, mot à mot,
toutes les propositions qu'il contenait. Sans doute quelques
propositions furent modifiées et d'autres ne furent pas, en
général, prises en considération.. Nous savons fort bien que
les auteurs des trai~s de paix n'avaient pas consenti au
terme <<minorités nationales»; qu'ils n'avaient pas voulu
s'engager jusqu'au point de reconnaitre expressément les
minorités en tant qu' «organismes distincts et autonomes »;
qu'ils n'avaient pas tenu comp~ de la revendication con-:
cernant la représentation proportionnelle, etc. . ·
Au demeurant, le fait que certains postulats du memo-
randum ne se trouvent pas dans le texte définitif des traités
des minorités, n'est nullement une preuve de ce que la Com-
mission ne les aurait jamais adoptés dans un de ses premiers
projets lors de l'élaboration des dits traités. C'est ainsi que
nous trouvons, par exemple, dans le projet de traité sus-
mentionné du 2 juin t9f 9 avec l'Autriche, à l'art. 5, la dis-
position aux termes de laquelle les minorités devaient avoir
Je droit «de fixer et de percevoir des taxes spéciales imposées
à leurs membres conformément à l'assiette et à la répartition
des impôts publics en vigueur» 1 ). Or, ce principe se trouve
expressément stipulë dans l'art. 6 du memo~nrHlum d11
Comité des Délégations Juives auprès de la Conférence de la
Paix. Après que la Commission l'e-Qt au commencement
adopté, elle le rejeta par la suite. ~ 1

Il ne faut pas non plus perdre de vue que le premier


projet de traité dont nous avons en général connaissance est
celui du 2{ mai t9i9. La Oommission fut cependant créée le
ter mai. Si nous connaissions toutes les métamorphoses
par lesquel1es les projets sont passés au sein de la Commis-
sion avant le 2{ mal, ·peut-être y aurions-nous découvert

(1) &ric1af über die Tâtigtei1 der deutsc1a-osterrâclaüclaaa Frietlcmtlele-


1alion in Si. Cermain-m-La,e, Band 1, p. 346. . . . .
AR . HIVB DU MONDIALISME

.
1
. .

d'autres postulats stipulés dans le memorandum et qui ne se


trouvent pas dans le texte déflniUf du traité des ~noritéB.
Tous les auteurs qui sont amenés à mentionner le
memorandum du Comité des Délégations Juives soulignent
avec une reconnaissance toute particulière le fait que la
reprisentaUon juive à la Conférence de la Paix avait récJamé
des droits non pour les Juifs seuls, mais pour toutes les
minorités. C'est dans ce sens que sont formulés les dix
articles du memorandum. C'est dans le même esprit que
conclut l'exposé des motifs en disant notamment : <<Si
«à une époque où le monde se reconstitue sur une base de
«justice et de liberté, les minorités nationales devaient seules
«être privées de ces biens, leur sort désespéré reculerait les
,,bornes du tragique». : · -- · ~- · · ~ ,·
«Cette tendance à considérer leur question du point de
vue d'un libéralisme universel est assez courante chez les
Juifs; générosité ou habileté suprême?» ~ écrit à ce sujet
Fouques Duparc 1 ). . . · · .~ ~- · . .
<<Pour des raisons de tactique»,---♦ a déclaré le · consul
_;_:_

général Ernst Ludwig, dans une conférence à Budapest, sur


l'élaboration des traités des minorités, - (< les Juifs dé-
roulèrent devant la Conférence non seulement leur· question
particulière, mais aussi, en même temps, le problème général
des minorités» 1 ). -
Cette suspicion à l'égard de la sincérité et de la loyauté
juive est tout à fait déplacée. Nulle «habileté» ni «des raisons
de tactique» quelles qu'elles fussent, ne dictèrent l'attitude.
des représentants juifs à la Conférence de la Paix. Les
Juifs ne voulurent pas revendiquer des privilèges particuliers
pour eux, mais ils défendirent un principe qu'ils considé-
raient comme juste et qui devait, pour cette raison, être
·appliqué aussi au même titre aux autres minorités. ,
0e n'est que dans une atmosphère de progrès e\ de
démocratie et dans un monde de paix et de justice que peut
être assurée ·aussi au peuple juif une existence tranquille et
paisible. Le Comité des Délégations Juives s'était simplement
montré fidèle aux meilleures traditions séculaires du judaïsme
et aux intérêts des minorités juives en portant sa propre
(1) Jacque, Fouquea Duparc. op. di.• p. 174. · ., · ., · · ·
(2} Voir : Wiener Morgenzeitunq, n• 1512, vom 29 April 1923.· c Za
Ge.cLiehte der Vertrige über den Minorititemd11,1z ». .
ANNEXE XXI 601

.\ . ' -.... /_·--/,- ~ 98 ·- .: . ' :-_. : /.\.'·:-/- __:.,- .,:. ·..:~:-··.


"'- ,., .., ,, ._. I f ,i .., I • • - • • • .. ,.

lutte sur le · terrain d'une lutte pour toutes les •minorités


V

opprimées et persécutées. ~ ~~ ~~: : . ~ ~~. =' ~ V , , • -~ _ _ • • • ~·:, ::

. - Notons d'ailleurs que le «Joint Foreign Oommittee» e\


l' «Alliance Israélite Universelle» avaient, eux aussi, réclamé
dans leurs memoranda à la Conférence de la Paix l'appli-
caüon des droits par eux formulés à "toutes l~s minorités
religieuses et ethniques dans les Etats de l'Est de l'Europe _
et de l'Asie occidentale» 1 ). . .· . · ·~ :. · ~ .· .
Il est vrai que le jour même où Comité remit à la le
Oonférence de la Paix son memorandum détaillé, dans le-
quel il développait le programme devant êlre appliqu_é à
toutes les minorités, il présenta, simultanément, un second
memorandum où il formulait brièvement une revendication
spéciale concernant les Juifs. Elle consistait notamment en
ceci, que les Etats s'engagent à dédommager les victimes de
tous les pogromes ·antijuifs commis depuis le fer aodt i9ii
jusqu'à la signature · des traités, comme aussi les victimes
des pogromes qui pourraient ~ncore éventuellement se pro-
duire dans l'avenir. . .. . . .. . . . .
C'est l'unique revendicaüon que le Comité des Délégations
.Juives ait formulée en faveur des Juifs seuls. Or, l'on ne sau-
rait envier les représentants d'un peuple qui sont forcés de
réclamer, dans un traité international, protection et garan-
ties contre des pogromes déjà perpétrés et même éventuel-
le1?ent eontre des catastrophes futures d'un genre aussi
odieux. • ...... _.... ,., .•. ·:·~.-.~ ~- . •,- ... ~. .. ..... ~ ,Jt - ~' _; : :-· .....-. _: :.:,.,. :..:. ••• , _.... ,. • •

·.·· La Conférence de la Paix ne prêta pas à ce postulat


l'attenüon qu'il méritait et ne l'incorpora point dans les
traité-a des minorités. C'est très regrettable, l'histoire du
,. . • • • ~ , .' ·, .~ ., . • .r : ' . .. .✓ ~ •• :,•. .. • J •• • ,, • • • • •

<:,: ~--. -~~.:~. ·r: ...!.~ -~ ·- .... ~~:~-':•-:. :-.-~:~-: ::·: ~ •• :: ~: ,._ .• , • :. ...---~ ·__ ;, •,

· ., (1) Voir: Reporl of the Deler~tion of dae /eJJ11 of dae BriliJa &,p;,..
p. 11 et 111ÎY.: Alliance Iaraéliœ UnâJenelle, p. 11 et sui•.
Des JeYenclicatiom spéciale, ne concernant que la Juifa furent formu-
léea pu ce1 oraaniaatiom dam da lettres additionnelfea distinctes, ainai.
par aemple, dam la lettre du c Joint Foreip Committee > à la c Commit-
aion da Minoritéa > (Commiuion of Minoritia) da 14 mai 1919, concer-
nant la aituation da Juifs en Pologne, où furent tout apécialaaent tou-
chées. les q~estiom rela~va au !11P•triemea.t des réfugiés juifa, aa boycot-
tage économ1que, au droit da Ju1f1 de travailler le dimanche et à une série
d'autrel queatiom. Voir : Reporl of llae Dde,alio.n of the /a,, of :lac Bri-
fiala Empire, p. 81-82. .... •
. ,. ..
...
. ' - .
_ . ..
• .. L-...
·• : ...., ·
602 ARCHIVES DU MONDIALISME

peuple Juif depuis t9i9-t920 jusqu'à ce Jour relatant encore


malheureusement toujours des pogromes et des excès
commis dans différents pays sur les paisibles et inoffensives
populations juives, et oe aux yeux de tout le monde civilisé.

/, .

,. '
;y

... -''\ ' .


,;~ "'.J!.""'~~~-.,,..,..,.. ~ J ~ .......

.... "·r
.. ...,.. ~ ·;'...,.:- ·~..'"--"''-·"'·"''""'

•'
• .# '..., , .. (i,r...,. ,<..,_,,,. "'

tr • •

. ""'~' ' ....;;. .~..

.,_
ANNEXE XXI 603

t:o~~o~ITION DEs ÉTATS :·IN'J1ÉBESSÉS ET


LA HOl'rlÈME SÉANCE PI,ÉNJÈBE DE LA
CONFÉRENCE DE LA PAIX DU 81 :MAI 1919
- Comine , nous l'avons déjà dit, la Commission créée le
i~r mai i9i9 par le Conseil Suprême n'avait, .a u début, reçu
de celui-ci la charge d'étudier l'application de la protection
des minorités qu'en ce qui concerne les Etat.a nouvellement_
créés.
~. Outre la Pologne, il existait encore un Etat au sujet
duquel il ne pouvait y avoir aucun doute que cette décision
s'appliquât également., o'étaiL la TchécosJ.ovaqule. Il n'est
dono pas surprenant que, déjà dans le projet de 'rraité de
Versailles du 7 mai i919, nous trouvions l'article 86 donL le
oontenu est absolument identique à celui de l'arl Q3 concer-
nant la Pologne. Aux termes de cet article, la 'l'chécoslova-
quie devait donner son agrément à l'insertion dans un traité
avec les principales Puissances alliées et associées des dispo-
sitions que oes . Puissances jugeraient nécessaires pour la
protection des intérêts des habitants qui diffèrent de la ma-
jorité de la population par la race, la langue ou la religion.
Par la suite, les pouvoirs de la Commission avaient été
élargis et il fut décidé d'appliquer la protection des mino-
rités non seulement aux Etats nouveaux, mais aussi à ceux
territorialement accrus, tels que la Roumanie, la Yougoslavie
et la Grèce, et, en outre, aussi à l'Autriche, la Hongrie, la
Bulgarie et la Turquie. : ... . - . .
~ Or, la décision du Conseil Suprême d'imposer des obll-
ptions internationales ooncernant le traitement des min°"' _
604 ARCHIVES DU MONDIALISME

rités à un, partis ieulement des Etats - nouvellement


créés ou agrandis --- alors que les autres Etats seraient
complètement exempts de ·tout engagement de cette nature,
n'avait pas manqué de provoquer, dès le premier moment, un
grand mécontentement et une f orle opposition au sein des
Etats intéressés. Ceux-ci virent dans cette tentative une
flagrante violation du principe de l'égalité, Ulle grave atteinte
à leur souveraineté, un attentat intolérable contre leur unité
et une marque imméritée de méfiance à l'égard de leurs
bonnes intentions. Ils ne cessèrent de demander en quoi
d'autres Etats, possédant également des minorités, étaient
supérieurs à eux-mêmes, pourouoi la Conférence de la
Paix ne se souciait pas du sort des Allemands en Alsace-
Lorraine, au Trentin, au Slesvig, à Eupen et Malmédy, en
quoi la Roumanie et la Serbie étaient inférieures à l'Italie 1 ).
Comme preuve de sa bonne volonté, la Pologne allégua, du
reste, qu'en ce qui concerne la protection des Juifs, par
exemple, elle avait adopté déjà avant l'armistice, le traité
<<élaboré par les sionistes juifs et les Polonais de la finance
et du commerce» •). ... ~- -.. ·. ~ ,. , ., .. - ... ,., . . . .... ~-
Le mécontentement des .Etats intéressés se manifesta,.
avec une évidence particulière, à la huitième séance plénière
de la Conférence de la Paix du Si mai i9i9. A l'ordre du
jour de cette séance, était inscrit le projet du traité à
conclure avec l'Autriche contenant, entre autres, des articles
formulés dans le même sens que les articles 86 et 98 du
Traité de Versailles et qui devaient obtenir l'agrément de la
Roumanie, de la Yougoslavie, ew., .pour ce qui touche la
·protection internationale de leurs minorités. A cette occasion
se développa, à la séance, _u n débat très animé qui, par

(1) Bien qu•aacune obligation intemationale n ait ,~ iml)Olée l l'Italie


11

concernant le traitement de la minorité allemande qu'elle englobait, la Con-


férence de la Pais a, dam aa note officielle du 2 septembre 1919, jqé .Déca•
aaire de communiquer à la Dél~ation autrichienne de pais que c ainai qu'il
c résulte des déclaratiom très nettes f ai ta ~r le Président du Comeil des
c Ministre, d'Italie au Parlement de Rome, Je Couvemement italien ae pro-
c po1e d•adopter une politique larpment libérale enven aea nouveau aujeti
c de race allemande, pour ce qui concerne leur l~e. leur culture et Jeun
c int,rfb bnomiques >. Voir : Berichl üba lie T iti1kei1 tler deubclt-
oalerreiclû,clten Friederulelegation in St. Cermain•ar•LQe. Band II. p. 323.
(2) Laust Moltaen. La Sod,u la Nalion, ef la Protection da Mino-
rilâ. clam P. Maaçh. op. ciL, lolDe II, p. 300. ...: . _ . . ., ·~
d .. _ _ ,
ANNEXE XXI 605

' ... ~ • ":--


.
• ::. ~- :· • ~
•' - ~~ . . . ~ -.-
,. • • , " ' . _· • -_ -
97 - .. -.,:"' ~
, _,
4<,. - ~. .. ; - • , • - • - , :- :
:~·:-, ,., ____--_~·. - -_
.....

;" - - l,t' • - ~· /J& ., .; ~ ,_ --. ~ • :_ • ,. ...:: ; . -

• • •• ~- • - · .-: • ; - •• • --: • . . . . .. " > -· ·- f - -, • • • • - --

moment, . tu\ même assez vif• . Au cours de la discussion


priren, la parole les représentants de la Roumanie, de la
Pologne, de la 'fchécoslovaquie, de la Yougoslavie eL de la
Grèce el, en ouLre, M. Clemenceau et le Président Wilson. .. __
C'esl Je Président du Conseil roumain, M. Bratiano, qui
se monlra le plus intransigeant le plus Apre de t.ous. _u . el
· exposa ses J/Ues dans un grand discours.
· . Le 27 mai, déjà, il avait communiqué à la Commission
des nouveaux Etals et de prot.ecüon des Minorités que la
Roumanie étau prête à accepter les obligations que tous les
Etats f aisanL partie de la Société des Nations admeLtraient,
o'esL-à-dire les obligations qui ~eraient imposées à tous les
Etats, mais pas d'autres. La Roumanie accordait à ses mino-
rités religieuses et ethniques les libertés politiques et reli.:.
gieuses les plus larges. S'inspirant de ces principes, . les
délégués roumains avaient voté ~n faveur de la garantie des
droits des minorités dans le pacte de la SooiéLé des Nations. _
Mais la Roumanie ne saurait admettre, en aucune taçon, •
une restriction de sa souveraineté; les fondateurs de la
Société . des Nations devraient se garder de violer le
principe de l'égalité de tous les Etats. Une intervention
étrangère ne pourrait que compromettre l'œuvre de frater-
nisation au s~in du pays. On créerait une catégorie de ci- ~
toyens qui seraient portés à chercher des protections en de- ·
hors des fronüères de leur Etat. L'histoire prouve qu'envisa~
gée de celte façon la protection des minorités a plus contribué
à ébranler les Etats qu'à les consolider.. La Roumanie ne
saurait admettre un traitement spécial qui ne s'appliquât pas
à tous les autres Etats souverains. Elle accorderait elle- _
même à ses minorités tous les droits et, pour cette raison,
il proposait le texte suivant d'un article à insérer dans le
traité, auquel la Roumanie donnait son agrément: ccLa
ccRoumanie accorde à toutes les minorités de langue, race .
ccet •r eligion, qui habitent à l'intérieur de ses nouvelles fron-
ccüères, des droits égaux à ceux appart.enant aux autres
e<oitoyens roumains.» , :.,~ ~- " _ ..
O'est M. Clemenceau, Président de la Oonlérence, qui
répondit au premier discours de M. Bratiano. Il souligna
qu'en raison du passé historique de certains peuples, il était
tout de même important de créer certaines garanües qui lui
paraissaient nécessaires. L'histoire de ohaque ~upla n'était .
606 ARCHIVES DU MONDIALISME


pas, à l'égard des minorités, tout à. f aU la même. M. Bratiano
el les représentants des autres Etats pouvaient être certains
qu'il ne s'agissait d'humilier personne, ni d'empiéter sur des
droits . souverains, de quelque naüon que ce soil Ils ne
devaient pas oublier non plus que le droit de contrôle n'esL
pas oonflé à des gouvernements étrangers, mais à la Société
des Naüons. - ..... ~ - . -· . _ .. _
~- -Sur une brève réplique de M• . Bratiano, M. Clemenceau
retorqua qu'il ne croyait pas qu'il fftt humiliant pour la
Roumanie de recevoir les conseils amicaux donnés par des
Etats qui s'appellent les Etats-Unis d'Amérique, la Grande-
Bretagne, l'Italie et la France; qu'il pouvait être bien assuré
qu'aucun de ces ~tats ne voulait exercer un _pouvoir indQ
en Roumanie. ~· ~< :.- _ ~ - .- • •• •• • • - , ... . __ • _

- La réponse ·dé M. Clemenceau . ne semble pas avoir


convaincu M. Bratiano. Dans un second et long discours, il
revin~ sur ses premiers arguments. Il se référa tout d'abord,
encore une fois, au principe de l'égalité. Il ne s'agissait pas
ici de conseils amicaux que le gouvernement roumain serait
toujours disposé à accepter, mais de conseils qu'on veut
inscrire dans des traités sous la forme d'engagements inter-
nationaux. La Russie était intervenue dans la politique de la
Turquie dans un but élevé - la protection des chrétiens -
mais le résultat, pour la Turquie, en fut son démembrement.
Nous voulons, nous aussi - conünuait M. Bra.üano -
établir un monde nouveau, qui prenne la place de l'ancien.
L'Etat doit trouver dans ses citoyens des fils et de~ soutiens
véritables. Le fait qu'une partie des citoyens saura que ses
droits sont garantis par la protection d'un Etat étranger,
rendra fragiles les fondations mêmes de l'Etat en question.
~~ Le Président du Conseil polonais, M. Paderewski, se
montra bien plus modéré que M. Bratiano. Son discours fut
extrêmement bref et il ne toucha à aucune des questions da
principe sur lesquelles M. Bratiano s'était si longuement
appesanti. En général, les paroles de M. Paderewski pro-
duisent l'impression qu'il ne désirait pas renouveler du
arguments et des considérations qu'il avaü déjà formulés
plua d'une fois dans d'autres circonstances; il préférait ee
borner à cette occasion à une brève déclaration. .
La Pologne, dit-il, accorderait à toutes les minorités de
race, de langue et de culte, toutes les libertés qui leur avaient
ANNEXE XXI 607

déjà été aooordées par les grandes naü.ona et Etats oociden-


taux. Ellé serait prête à élargir ces droits dans le même sent
que la Société des Nations le jugerait utile pour tous lei
Etats · qui la constitueraient. Il était convaincu que oes
garanties, une fois inscrites dans les lois fondamentales de la
Pologne par la Diète Constituante, seraient en conformitê
absolue avec l'esprit si noble et si élevé qui guidait le grand
labeur de la Oonfér~~ce de la Paix. C'est tout ~e qu'il avait
à dire. .,. ~
'
.-
....... . _.,, ... - - "' ,,,,,.. ., ...

- , Après le représentant polonais, c'est M. Kramar, repré-


sentant de la Tchécoslovaquie, qui obünt la parole. Contrai•
rement à M. Bratiano et à M. Paderewski, il déclara, au nom
de la République Tchécoslovaque, accepter le texte de l'artiole
proposé. Il désirerait seulement y voir supprimer quelques
mots, dè sorte que dans l'article il ne soit pas question de
dispositions qui pourront être jugées nécessaires par les prin-
cipales Puissances alliées et associées, mais d'un traité
conclu d'un commun accord avec la Tchécoslovaquie. Quant
au texte du traiw des minorités, la Tchécoslovaquie aurait
à ·proposer quelques amendements et modifications. - . . .
... Au nom de l'Etat serbe-croate-slovène, M. Trumbio
déclara s'associer aux conclusions de M. Kramar; il de-
manda, en outre, que la protection fdt limitée aux territoires
qui appartenaient auparavant à l'Autriche-Hongrie, et ne
ftît pas étendue à la Serbie, cell~-ci étant un Etat indépen-
dant et ayant des droits acquis. ·
. ~ La note d'apaisement qu'apportèrent à la discussion les
deux derniers orateurs contribua à calmer l'atmosphère un
peu orageuse. Le Président Wilson prit alors la parole et,
~dans un long et sérieux discours, il exposa son point de vue
dans la question et défendit la décision du Conseil Suprême.
En raison de l'importance et de l'intérêt particuliers ·
qui s'attachent à ce discours, nous le reproduisons ioi
. tenao ') ._ ~ -::· _..~.~ ,
in-ez. #,;- _-;;, -,,,:
.
. - ... . . . : ~• • _ '
.
•-::: -- •• -= _ .. - . -. J-~ .. . . .. . :-

• • ,.4' ... • .... "- ~ J • .. , .- ~ • .. .. , ,> .. . _., ~.. ,.,, .... ~- : -

- - - - - ·-~·,..··" • . .-~~ _·;-<, _-:-;.:.:-·-: : · ·_,'_:.~ ::......... -:..> ·. ~· -- ~-; -'- ;..
. .
(1) Le tale reproduit ici reprélente la traductioa of,cielle française.
publiie dans : Minidère du Affaira Etran1èra, Conférence de la Paûc, Hui-
tième Séance Plénière. (Sténographie), 31 mai 1919, p. 13-1.f.
Comme la traduction n'est pu tout l fait aacte. bGUI donno111 'sale.
ment. à la fin du livre, comme ape_endice, le lute an1lais clu discoa11, tel
qu~il a été publié ~ar la c Maiaoa Blanche •• le 11 octobre 1920, et np...
chail clam H. W. V. Temperley, op. cil., Toi. V, p. 130-132. ~ :.-
608 ARCHIVES DU MONDIALISME

. · è Je regreUerala beaucollp - dit le Pr6aldent. Wilson, -


que cette réunion 1e s6paràt en laissant, dans l'esprit de quel-
quet-uns l'imp_reasion permanent-e que nous avons entendu
exprimer loi l'idée que qes Grandes Puiasanoea désirent, impo-
ser entièremenL leur règne à des Puissances moine considé-
rables, par un sentiment d'autorité et d'orgueil. Je désire atti-
rer l'attention sur un aspect du règlement auq~l noua tra-
vaillons ensemble. Noua voulons assurer la paix du monde el
faire di&paralLre tous les 6léments de trouble et de danger à
l'avenir. Une des conditions essentielles de cela est une dis-
tribution équitable des territoires suivant les affinités et les
volontés des populations. Cela rait, les Puissances all~es et
associées garantiront le mainUei:i des oondiUons ~ussi justej
que possible auxquelles nous serons arrivés. · Ce sont elles
quJ en prendront l'engagement et le if·a rdeau, c'est forcément
sur elles qu'en reposera principalement la responsabilité,
comme ce sonL elles qui ont faiL, par la foroe des choses, l'ef -.
fort le plus considérable pendant la guerre, et il ne faut pa~
oublier que c'est leur force qui est, la garantie finale de la
paix publique. Dans ces conditions, est-il injuste qu'en tenanL
le langage, non de dictateurs, mais de conseillers et d'amis,
elles vous disent : nous ne pouvons pas garantir vos fron-
tièrea, si nous ne croyons pas qu'elles satisfont à certains
M

principes de droit et qu'elles ne laisseront pas de causes de


troubles et de querelles. Le même raisonnement s'applique aux
minorités. C'est dans le même souci que le statut d-es mino-
rités a été mentionn6. Si vous voulez que les principales Puis-
sances alliées et associées garantissent, l'existence même de9
Etats, est-Il injuste qu'elles aient. satisfaction sur les condi-
tions qu'elles jugent in<Ji:spens&bles pour éviter les causes

,t
futures d, la guerre t Nous demandons à nos amis de Serbis
de Roumanie de croire que nous ne voulons pas encore
ce soir porter atteinte à des souverainet6a anciennes et recon -
nues ; mais, aux territoires que recouvraient ces anoienne.t ·
àouverainet6s, le présent Traité de paix ajoutera beauooup.
ll est impossible, par exemple, de traiber, d'un côté, le royaume

6vénements dont nous avons ,t~


serbe, croate et slovène comme une unité en oonséquenoe des
témoins et, d'autre part, de
conserver comme un Etat à part, sous certains rapporta le
royaume 1erbe. Si ces Etats sont f armement, 6tablls gràoe ,~
tral~ que nous faisons ensemble, ceux qui en garantiront en
dernière analyse rexéoution ont le droit, de veiller à ce quf\
les conditions auxquelles oea Etats. aeront déflnlUvement, 6ta-
b1l1 soient de nature à assurer la paix publique. Notre désir
en • • n'eat, pu d intervenir d'une manière qui gêne en quoi
1

.,,,,..
ANNEXE XXI 609

· :_,:·. ··_:.- -:- l01 - -:):0-~·-_j\f·::-:. -_ ~ _: -_ ..


..
~~ . ..

que ce soit oe1 Etats, mals de les aider et, d'aider la oaus,f
commune. Nous eap6rons que voua n'h6slteres pas à accepter
notre point de vue, paroe que noua ne .voyons pas d'autre
moyen de régler cette question. ·
Comment le gouvernement des B\at1-Unl1, s'il croyait qu-,
le rlglement interv.enu contient des êléments Instables et dan-
gereux, pourratt-11 se présenter devant le Congrês, devant le
peuple américain, et prétendre qu'il a ald6 à assurer la paix
du monde! Si le monde se trouve de nouveau troub16, st tes
conditions que nous regardons tous comme fondame~tales sont
remises en question, la garantie qui vous est donn~e veut dire
que les Etats-Unis feront passer de ce côt6 de l'Oo6an leur
armée et leur flotte. Est-Il surprenant que, dans cea condi-
tions, Ils désrrent faire en sorte que le rêglement dei divers
problèmes leur paraisse entièrement satisfaisant!
_- Je dirai en particulier l M. Bratiano que nous n'avons pas
le moindre dêsfr d'empiéter sur la souveralnet6 de son pays,
que nous ne voulons rien faire qu~ puf sse lui déplalre~ -· .~
- La Roumanie· sortira· de cette guerre grande, puissante, avet
des accroi,ssements de territoire dus à l'effort commun .et à
la vigueur de nos armes. ·· · ·- · · ··.~ · .. •: ·-~ -:,. ~: :~~ ~ · -...
-- · Nous avons alors le droit d'insister sur oenalnes ot>ndl-
tfons qui, l notre avis, rendront oe succês déftnrtff. < ~ .. .,,
- Je prie mon ami M. Bratlano, mon ami M. Kramar, mon
ami M. Trmnbic, de croire que, si nous n'aV<>ns mentlonn~,
dans· 1'a-rtiele dont 11 a été question tout à l'heure que 1'es
Grandes Puissances, ce n'est pas que celles-cl veuf11ent i-m po-
ser leurs o~ndrttons, maf s simplement parce qu'elles désirent
s'assurer qu'eHes peuvent garantir de tootes les forces dont
elles tpeuvent disposer l'ensemble des avantages. que _ce Tralt6
"ous donne, comme l nous. · •- ~ - . -.. _:- .~-- ~ . · ~ --=-- ..
A - - •

TI s'agit de travailler en commun, et eettè ooUaboraUon n9


peut être fondée que sur un accord. Laisser la solution de
ces questions à des négoofatlons ultérieures, comme on en a
parhJ. cela voudrait dire que, lorsque cette · Oonf~renoe aura
termfn6 ses travaux, des groupes séparés dêolderafent êntre
eux ce qui doit en réa;litê faire partie de la base générale de
la Paix do monde. Cela parait Impossible. , . . ., }
J•errpêre que nous arriverons - o'est notNt but - l une·
coopération cordiale et volontaire sur la seule base pl>sslble.
Cette base, Il ~aut bien l'exprimer ainsi : . c'est du c6W of! ae
trouve la force que sera aeeuT6 le maintien de la paix ; o'est
du eôt4 de la foroe que r'81dera la garantie suprême de cette
pali.
. D ne faut pas ie m~rendre sur le 1en1 quê 1tou1 attrt-
610 ARCHIVES DU MONDIALISME

--- lOI - :
buon1 aux mois : c la force ·•. Les Etats-Unis n'ont Jamais eu
auoun dessein agressif, et vous connaissez le motif de leur
Intervention dans les &ffaires de l'ancien monde.
Nous poursuivons un but commun; tout ce que nc,us dési-
-rons, c'est de vous aï,der à atteindre ce but, de ooncert aveo
noue : noua ne voulons que nous associer avec vous, aftn de
voue servir, et nous ne voulons rien faire qui soit oontraiN à
.01 intérêts v,ritables. > .' . -:-:- ---::,~-~-- ·., ·: ~<- _~~:·, __
·. ✓ "::,•-·:->: ~:.t .~. - - --
.
.:.'-
,. :
--
- - ,. .,,. _, "'✓ ..:..
~
,

~~ · Le di_ scours du Président Wilson ne mit pas fin aux


débats. O'est de nouveau M. Bratiano, qui crut devoir ré-
pondre aux observations du Président Wilson. Il déclara
maintenir son premier point de vue et persister dans son
opposition. Il désirait attirer l'amicale attention du Président
Wilson sur la crainte que certaines applications de prin-
cipes, faites dans les meilleures intentions, n'aboutissent
précisément à des résultats contraires au but que l'on pour-
suivait. Il ne pouvait pas concevoir pourquoi, dans des J

conditions identiques, des pays comme la Roumanie


et comme la Serbie devraient être traités autrement que
l'Italie. Les hommes se trouvant actuellement à la tête des
gouvernements des Grandes Puissances sont imbus de ces
idéals élevés, mais il peut f ori bien arriver que des évolutions
politiques amènent ces mômes Etats à être représentés par
d'autres hommes, ou -bien que de nouveaux intérêts sur-
gissent qui les engagent à des actions conçues non pas en
vue de ces grands principes, mais en faveur de certains
intérêts spéciaux. Si les propositions roumaines n'étaient
pas admises, il est certain que la Roumanie ne conserverait
pas,- dans son intégrité, l'indépendance dont elle jouissait
par le passé, pour le règlement . des questions d'ordre
intérieur. -· . . .· · ., ~ ~~ __ :: Ao • •

· ~ · O'est M. Venizelos, Président du Oonseil greo, qui de-


manda ensuite la parole pour la première fois. Il parla sur
un ton posé et en envisageant la possibilité d'aboutir à une
solution pratique. A son avis, il serait bon que les me1nbres
du Conseil Suprême se réunissent avec les représentants des
Etats intéressés dans une séance commune pour délibérer
su, .la question et, quand on serait autour d'une table, on
arriverait certainement à trouver un moyen susceptible, tout
en donnant satisfaction aux grandes Puissances, d'apaiseP
ln inquiétudes légitimes des puissances à intérêts limités. :.
ANNEXE XXI 611

,.: . ,( -
I':..

I'
,.. -
-
.# ,,..

Les débats êtant terminés, M. Clemenceau leva la


sêance en déclarant que toutes les proposiüons seraient pri-
ses en considération. ~
Nous nous sommes arrêté longuement sur la séance
du St mai, oar, autant que nous le sachions, jusqu'à présent
elle n'a encore été décrite nulle part avec autant de d~tails.
Or, oes détails sont, à n'en pas douter, d'une grande impor-
tance pour l'histoire du problème des minorités à la Confé-
rence de la Paix et de l'élaboration des traités de paiL
Il pourrait paraitre étrange que dans cette séance aucun
des orateurs ne se soit élevé contre le fait que les principales
Puissances alliées et associées entendaient imposer des obli-
gations relatives à la protection des minorités, précisément
aux Etats et aux peuples qui furent pendant la grande
guerre leurs fidèles soutiens et alliés et non à leurs ex-enne-
mis. Une telle doléance e1lt été cependant tout à fait impos-
sible. En effet, longtemps avant le 3i mai, le Conseil Suprême
avait décidé, comme nous l'avons déjà fait remarquer en
passant, d'imposer des obligations internaüonales à l'Autri-
che, à la Bulgarie, à la Hongrie et à la Turquie et il avait
confié à la Commission le soin d'établir les dispositions
utiles. Toute la discussion du 3i mai ne s'était-elle pas ins-
taurée précisément en connexion avec le projet du traité avec
l'Autriche, qui contenait déjà à ce moment des clauses con- .
cernant les· minorités? La Pologne pouvait, à vrai dire, soule-·
ver à cette séance la question de savoir pourquoi l'Allemagne
restait libre de toute obligation, ainsi qu'elle devait le faire
plus tard au sein du Conseil Suprême, comme aussi dans ses
lettres des t6 et 26 juin t9i9. · .. ~ ., - _..·. . .~
Nous avons cependant déjà vu que le ·discours de
M. Paderewski avait, en général, revêtu le cal'actère d'une
déclaration ne présentant aucuns motifs, observations ou
arguments particuliers. . . · :.
. Afin de prouver que la d'é cision concernant l'Autriche,
la Bulgarie, la Hongrie et la Turquie ne se trouvait en aucune
contradiction avec le point de vue de principe de la Confé-
rence, selon lequel la protection ne devait être appliquée
qu'aux Etats nouveaux et agrandis, quelques historiens
entendent taire ressortir que l'Autriche et la Hongrie pou-
vaient, à proprement parler, être considérées comme des
Etats nouveaux, et, quant à la Bulgarie et~ la Turquie, elles
612 ARCHIVES DU MONDIALISME

- . ,,. ...
< •

étaient dêjà liées sur ce point par des traités internationaux ·


antérieurs; la Oonférence ne pouvait dono, à plus forte
raison, les affranchir de tout contrôle, mais elle devait plu-
tôt faire adapter leurs engagements antérieurs. au ~ouveau
s~tème, plus perfectionné 1 ). . : ,. ...4(... . •. ~ -~ A , •• • • , .

- , . •Il esi intéressant de noter que ces Etats n'opposèrent à


·ce moment aucune résistance à admettre des obligations
relatives à la protection des minorités. Cela -se comprend
assez. La réalisation de cette protection devait, en eft'et, servir
~en fin de compte, et en premier lieu, à protéger et sauve-
garder les parties de leurs populations qui en seraient dé-
tachées et se verraient obligées de vivre sous une souveraineté
étrangère. --:-- :: ·-·: ·, :·:. : ·: • · .:. · · .• - :. · ...
. C'est ainsi que la Délégation autrichienne de paix déclara
expressément à la Conférence, dans sa réponse du i0 juillet
l9f9 concernant le projet du traité de paix, à elle soumis,
que les dispositions contenues dans la section V (Protection
de, Minorités) <<sont absolument conformes aux idées ayant
«servi de base à la constitution de la République Autrichien~
«ne-allemande. Il n'y a donc aucune objection à soulever
((contre, l'établissement des garanties internaüonales à créer
. <,en faveur desdits principes» •). - ·. · ·-, ~, - -
. · Dans sa note du 2' octobre i9i9, la Délégation bulgare
de paix répondit à la Conférence de la Paix dans les mêmes
termes •). - ... .-:·~ _ .- :...: -. -_·..·. . ~
- ,
· :. ~
...,., : .... .. ..... .,,,,. ,. "': .. .. • ... ., , .," • ..... ,:... • -- ............. ,4' .. _-, •

(1) En parlant de la possibilité que la Conférence de la Pais avait de


réaliser la protection des minorités, non pu seulement .e_our une partie des
Etats, mais pour tous, l'auteur du chapitre sur c Les Traités pour la pro-
tection des minorités >, dam A Histor) of flae Peace Conference of Paris,
de H. W. V. Temperley, vol. V, p. 142, s'exprime ain,i : c Tout hommr
c ayant une idée quelconque de l'opinion publique en cette matière ne saurait
c admettre qu\ane telle proposition eGt pu avoir une chance quelconque d•être
-c acceptée ou qu'il e6t été sage d'insister là-deuua. Ce principe, une fois
c adopté, dit pu être interprété de telle façon que la nègres des Etats de
c l'Amérique du Sud ae fuaent trouvés plac& sou, la protection de la
c Société des Nations, on eOt pu en faire application aus Buqua en Espa-
c gne, aus Galloi1 et aus Irlandais. -
. c TI n'appartenait pas à la Conférence de )a Paix d'examiner l'ordre
c général dan, Je monde entier. EDe avait usez à faire en ne •'occupant que
c des problèmes pratiques particulien placa inévitablement devant elle comme
c une conaéquence de la perre et de la reaponabailité qu'elle ne pouvait
c éluder. • · 1 ! !J ~--~1
(2) Bericlal über rie Tâtig~eil der deuach-oaterreiclaûclaen FrieJenaàele-
fation in St..,Germain-en-La,e, Band 1, p. 342.
<3). Voir H. W. V. Temperley, op, cil" TOI, IV (Chapter VJI, B; Tlt.
But,crnan Treaty), p. 413. _ . ·. . __ _ · ~ -
ANNEXE XXI 613

Et neuf mois environ plus tard, le 20 février 1920, la


Délégation hongroise de paix écrivait dans le même sens:
«Nous ré~tons que la délégation ~de la Hongrie constate
· «avec satisfaction que ces dispositions sont absolument
- (<dans l'esprit de nos traditions historiques et de notre
<<législation; elles ne contiennent rien de nouveau e\ la
«Délégation de Hongrie y adhère sans hésiter» 1 ). ·. •--- --
- · A la Conférence de la Paix de i9i9-t920, tut aussi
reconnue l'indépendance ~t la souveraineté de la Finlande.
Cette reconnaissance ne fut cependant soumise à aucune
condition concernant les minorités. On essaie de l'expli-
quer par le. fait que le. territoire de l'Etat finlandais avait
appartenu auparavant à la Russie et que le Conseil Suprême
était alors d'avis que toutes les questions concernant cet
Etat pourraient recevoir leur solution au moment seulement
où la Russie serait, elle aussi, représentée. ~ :~ · . - · ...· .. , · -~ •-.. : :
- ~ Pour terminer, nous désirons encore rappeler que la ~
•• v.?•

Conférence de la Paix n'imposa aucune obligation touchant


les minorités à l'El.a t arabe nouvellement créé, le Hedjaz. La
raison en est tort simple: ce pays possède une populaüon
complètement homogène. ,~ .. . ·-,·~,;. ~- ~- · ,- -,. .--. ,~. . :.►~ ~ .,. , -~ - : -- __ ~ ·--· . ~--~

"; --.. ' .~. .: _\'>-~ , '


·
-~ .. . ~~-~ ;"'.,,
..
t,.,,, M'-. . . # • . ;· /,,...,,-; ,, :.,.4- 1.

• _.. , 4! • ~ "'v d ,._-,;-' r ; .. + _:, . .;. ~~ Ill, # :..

:.-~_:_-- ~ : < ·, f : ,,.., ;· ·, .· ..


.....

- :. . ::-': ··:, -·; -~- -·~ . /' ~;,;~1· ...~< ~-- <-... ~--
..... .

<' ~~- -:-_ /


- -
j •_:; . .'.~~
• " ,
4 .A~:_: ;".r-f-'
~
.: _, ~ _,,. "' •
._
,,_I
,,. - - ..
V

•)
, ,.,,.

"..
• ,.. ...

~~ .... ♦
'),r

: • .: ;.·;. .. /' • ,J ' ,...._ .- ' -: ·,, --~~.... ;,,


... .. ...,-, ~ .

. (1) la Négociatjon, tle la Pm Hongroûe. Compte-Rendu lllr te. tra-


vaux de la Délégation de Paix de Honcrie à Neuilly-1.-S.• de janvier à man
1920. Publié par le M'miatère Honpoia clet Affùret Etranpres, Budapest.
1921, tome D, p. 94. . . _. _ ~ r • _ < • _ __ _ _ .. _ " ... : ..
614 ARCHIVES DU MONDIALISME

.- - ,, ; ..,... .,_ .... . .


-
·:·:~~ ~~:/:)~~
"' - -· 1-,., .,. • "
' , ., ..- . ..

_. . ~ . . ·_/-~ . .... :. . - - . . ·. --;:- .. -~,~


. , . . . . '...=:::.~-* ,.
-::.- ~-,~:>
~t. _:~::~ . .- . , .-


>:/.~}':. \t·\" --...•.--
_.. _ . ,., ... ~.; ✓ •• ~ • .,.,,.. :: " -- ~

-"= .: ·: .,z 7~ --_y-::, ,:r·-. : -~

.- . .Jt?{:t ..-~;J~2,;: . ~ij{~t:!


:ô~~TRE -~-/ }$!t~~--
. . . -·
G~:~_
,... ... ,,,,
".:·c:~:,.
-
·-:·•. :.:--_~ ... : . -·-..,. -:~_. - -~~:~- :::: . ·-..: .-~: ·k_,..; .t-~: :_ -~...~. ~~: :_~" ----.✓·:·,"$ ~. ~~; ··~ --~~; > .~~...;,;:

LE DÉVELOPPEMENT ULTÉRIEUR DE LA
QUESTION ET LA SIGNATURE DES ~BAI~_
~~~--
:~-:.;:~~=~~fc~.J:.~.~, '. 0
BI'l_~8 _ ~~
- .:::- La première tâche de la <cOommission des nouveaux Etats
P~-~. ~ -\:~:~1 ~-r~ -~~;~.;:~
el de protection des Minorités» consistait à préparer le projet
du traité des minorités que la Pologne devait signer le jour
même de la signature de la paix avec l'Allemagne.- ~ ~-~- ·>·· -~ - ,..
:: · ~ _. . Le 2i mai i9t9, le projet de la Commission était déjà prêt
~;_ c'est le premier projet dont nous ayons, en général,
connaissance1 )-et ·1e lendemain, 22 mai, il fut officiellement
remis à la Délégation polonaise et porté en même temps di-
rectement à la connaissance du gouvernement polonais, par
l'entremise du ministre français à Varsovie. Le président de
la Commission des Nouveaux Etats, M. Berthelot, s~ulignait
. expressément, dans la lettre d'envoi, adressée à M. Pade-
rewski le 22 mai, que le projet avait déjà reçu l'ap-
probation du «Conseil des Chefs d'Etat et de Gouvernement».
Il f aisaiL en outre connaitre à la Délégation polonaise que
ledit Conseil avait invité la Commission des Nouveaux Etats
à conférer avec la Délégation polonaise sur la question des
droits des minorités et à étudier les observations de cette
dernière que la Commission espérait obtenir d'urgence par
écrit 1). ·
- , Concurremment avec le projet du traité avec la Pologne,
la Commission étai\ occupée aussi par l'élaboration des dis-
.., • .,, ..... .... ► ... :.-

.. mXt :/:!'""°!' ~.,~ ~ _,.


, '

~ .. ~ ... , ., .. ,. ., /
~·~~enc.-'·. ,._~~--~ -
• .. - · -~ p .... - .. •...
!'-~~ ~:
,. "f - · . •
ANNEXE XXI 615

.
. ·_ - 10'1 - .... "·: _. . . ~ .
..,._. ,•
.,, .

posiüons nécessaires à insérer dans les traités avec les aulres


paya. . . -. . -. . ,. . ~

De même que toutes les autres commissions de la Confé-


rence, la «Commission des nouveaux Etats et de protection
des Minorités» exerçait son activité d'après les directives
générales qu'elle avait reçues du Conseil Suprême. N'étaient
soumises à l'étude et à la décision du Conseil que des ques-
tions d'une importance toute particulière au sujet desquelles
l'accord n'avait pu se raire au sein de la Commission. , . ~- -:_ ·
C'est ainsi que le Conseil Suprême trancha, dans sa
séance du t7 mai i9t9, la question de savoir dans quelle
mesure il était opportun de concéder aux minorités mêmes
le droit d'adresser directement des plaintes à la Société des
Naüons ou à la Cour Permanente à créer par elle. Les parti-
sans de cette solution (les représentants des Etats-Unis
d'Amérique et de l'Italie) la justifiaient en disant qu'il serait
peut-être plus agréable à la Pologne que les Allemands qui
devraient vivre sur son territoire eussent la possibilité de
s'adresser eux-mêmes aux institutions appropriées, sans
éprouver ainsi le besoin de recourir aux bons offices du
gouvernement allemand. A la suite d'une délibération
minutieuse, le Conseil Suprême jugea néanmoins plus conve-
nable de ne pas accorder ce droit aux membres des groupes
minoritaires à l'égard de leurs propres gouvernements. ·. . : -
Au cours des séances du ~nseil Suprême, fut également
soulevée la question de savoir si le droit d'appeler l'attention
du Conseil de la Société des Nations sur des infractions ou
dangers d'infractions aux traités des minorités, devait être
accordé à tou, les membres de la Société des Nations, ou
uniquement et exclusivement aux membres de son Conseil.
Certains membres du Conseil Suprême considéraient que si
l'on ne limitait pas ce droit aux Grandes Puissances seu-
lement, les Etats liés par les traités· jugeraient, peut-être, la
procédure moins froissante pour eux et, partant, plus accep-
table. Il fut décidé de consulter ces Etats eux-mêmes. Leur
réponse ayant été négative, le Conseil Suprême adopta, à son
tour, la décision de n'accorder ce droit qu'aux membres du
Conseil de la Société des Nations. - - J

Il est caractéristique que même lors de l'examen de ces


questions d'ordre purement formel au sujet du système des
gar~nties et de la procédure, les membres du Conseil Suprê-
616 ARCHIVES DU MONDIALISME

me avaient toujoùrs en vue le problème juif et se deman-


daient constamment si la solution adoptée serait aussi
favorable aux Juifs. O'est ainsi qu'au cours de la séance
du t7 mai, lorsqu'on examina s'il convenait ou non de
donner aux minorités le droit de s'adresser directement à la
Société des Nations, M. Lloyd George fit expressément res-
sortir qu'il était persuadé que les Juifs pourraient toujours
trouver un Etat prêt à se charger de leurs doléances. C'était
aussi l'opinion du Président Wilson 1) • . .~ - .. -, , : . .-
.1 ~
; • -·. --,~ --- • •

Le Conseil Suprême s'est aussi occupé, · à maintes re-


prises, des deux articles spécialement consacrés dans le
traité avec la Pologne à la protection des Juifs, mais nous f
reviendrons da~$ le chapitre suivant. · ~ : . .. ·_-... , ·
- _:.· L'opposition des Etats intéressés, pas plus que la séance
orageuse du Si mai, n'ébranlèrent en rien le point de vue
du Conseil Suprême qui maintint sa précédente décision.
Il alla même jusqu'à prendre aussitôt après un engagement
t Qrmel à l'égard de l'Allemagne quant à l'introduction· de la
protection des minorités. , . - > - ,.. _ . . ... .•·· t .v • •

~ ... : :~ Dans sa réponse du 29 mai i9i9 aux condiüons de paix


du 7 mai, après avoir déjà auparavant, dans son projet
officiel du pacte de la Société des Nations, énoncé le postulat
de la protection internationale des minorités, la Délégation
allemande de Paix affirmait que c<l'Allemagne est en général
c<partisan de la protection des minorités nationales. Cette
«protection pourrait être réglée de la raçon la plus appropriée
«dans le cadre de la Soc~été des Nations. Cependant, l'Alle-
. ~agne se voit, d'ores et déjà, obligée de demander, · dans
«le traité de paix, certaines garanties pour celles des mino-
urités allemandes qui, par suite de transfert de territoires,
«seraient mises sous une souveraineté étrangère. Ces mino-
, ,

·· (1) Ainsi q_ue Ray Stannard Baker, op. cit.. TOI. 1, p. 227. le dit.
lïdée de l'article 11 clu Pacte de la Société da Nation,, dont Wilson
avait coutume de parler comme de son c article favori >, et qui donne le
droit l chaque nation d'appeler l'attention, à titre amie.!, aur toute cir-
constance .qui aaenace de troubler la pais internationale ou la bonne entente
entre nations, serait née chez Wilson en connexion avec l'artide concernant
·c lei minorités ethnique, et nationales > qu'il avait ero~ dam son aeconcl
projet du Pacte. Ra..}' Stannard Baker ajoute : c Cette stipulation donnera
c la ~ibilité à l'Etat lithuanien ou yougoalave de 10UJDettre à la Société
c da Nations da ques·tions concernant le traitement de Jeun fières de race
c en Pologne ou en Italie - et aux Etats-Unit, de soumetbe dea qaestiOIII
c çoacernaat le traiteJDept cia Juifs n'importe CNt t. . .. - . • __ ~
ANNEXE XXI 617

•ritéa doivent obtenir la possibilité de développer ' leur indi-


«vidualité allemande, surtout par la concession du droit _
«d'entretenir et de fréquenter des écoles et des églises aile- -
<«mandes, ainsi que de faire paraitre des journaux allemands. ~
«Il serait désirable que l'on créât, en outre, une autonomie
«culturelle sur la base du cadastre national; l'Allemagne,
«de son côté - ajoutait la note - est décidée à trai~r, sur
«son territoire, les minorités étrapgères selon les mêmes
. . ~ ') .. .. -. ..~. . " ... •'-' -, ~., ._._. " . .. , .. .·,:~·. - . ' . - .
«prlnolpes ,. •
~
~
,,. .. ~ , #,; - - " ' ·...... ,,. ~ ' -., ,.. , . .. .. - ,; ..
~
..

· Dans la même note, ûn peu plus loin, au chapitre «les


garanties dans les régions qui seront transférées à l'Est»,
l'Allemagne demande tout particulièrement la protection de
la minorité allemande en Pologne. Pour prouver à quel point
wie telle protection est réellement néce~saire, elle invoque
«les massacres de la population juive», commis en Pologne
depuis le i i novembre i9i8, et <<les meurtres en masses de
«Pms·k. » 1 ) ~ : -.:- -~~-: · · . ., .. ·
•• • .
· ·~ ~•.•"'· ~. -
~~...
· --~~ . •
-- - · .. - · - ·
. . .4.,.,
· # .. ~ .. > """'> • - • .. • .. . -,. '-'• ...- : .... ~ - , : · - -·· - . 1(

A la note allemande du 29 mai i9i9, la Conférence de -


la Paix opposa l'ultimatum du t6 juin t9i9 où les Pùissances _
alliées ·et associées taisaient aussi réponse aux considé- .:
rations allemandes relatives à la protection des minorités. ·
Ces Puissances «sont prêtes à accorder des garanties aux =

udroits des minorités allemandes en matière d'éducation,. de


«religion et de culture, dans les territoires transférés de
«l'Empire allemand aux nouveaux Etats créés par les Trai- _
«tés. Ces garanties seront placées sous la protection de la
"Société des Nations. Les Puissances alliées et associées
«prennent acte de la déclaration des Délégués allemands que
«l'Allemagne est décidée à traiter sur son territoire les mino-
«rités étrangrèes conformément aux mêmes principes» •). -:·
.- . Ainsi donc, le i6 juin i9i9, la Conférence de la Paix
avait, sans ambiguïté, assuré officiellement à l'Allemagne
que le principe de la protection des minorités placée sous la
garantie de la Société des Nations serait . réalisé. Or, ces
engagements du Conseil Suprême ne doivent être considérés
que comme la manifestation de sa décision définitive et
~ ~ ~ ~ ~ .r - ~

. . ·.:-: - ·_ . '. < . : . .:·. ~:: -.. -..--::,-:~-~: .:·· ·;_::-


.... - _ • ., I> - ; - • .;,, " : . ·- • •

-/~ . (1) Herbert Kraua und Gustave Roclicer, op. ~ - Band 1, p. 457. ..: -
- (2) /1,iJ•• p. ◄71.-~ ·:. ~ -..
(3) /WJ., p. S84. . ~ ~-~ ~- -:_,- ,_~
618 ARCHIVES DU MONDIALISME

irrévocable de ne pas renoncer aux clauses relatives à la


garantie des droits des minorités.
Le jour même où cette assuranoe fut donnée, la Confé-
rence de la Paix reçut les observations de la Délégation
polonaise oonoernant le projet de traité du 2! mai 1.919.
Dans un long memorandum du i6 juin i9i9 1 ) la Pologne
faisait connaître sa positîon dans le problème des minorités
eL nous y retrouvons la .pluparL des arguments et considé-
rations qui avaient été déjà exprimés lors de la séance du Si
mai. Ce qui frappe dans la lettre polonaise, c'est qu'une moi-
tié à peu près en est consacrée à la question juive. -
; . La noLe polonaise débute par la déclaration que l'article
93, qu'on désire introduire dans le traité avec l'Allemagne,
signifie une ingérence dans les. affaires intérieures de la
Pologne. La nation polonaise n'a pas oublié que le démem-
brement de la Pologne fut la conséquence de l'ingérence des
Puissances étrangères dans les affaires des minorités confes-
sionnelles en Pologne, et ce souvenir douloureux lui fait
craindre plus que tout l'ingérenoe extérieure dans les affaires
intérieures de l'Etat. < - ;. : . : _. _. .- · ~ ___ ; ,,- : : --:.; -~ . •: - . •• _., _ . .,, __

-_ __ . Cette crainte a été, réoemmen·t encore, confirmée par le


vote unanime de la Diète polonaise, qui s'est déclarée contre
toute ingérence étrangère et a chargé le gouvernement
polonais de préparer, dans le plus bref délai, des projets de
lois concernant les droits des minorités. La Pologne donnera
les pleins droits de citoyen à tous ses sujets, mais elle exi-
gera en retour que tous les citoyens développent en eux-
mêmes la conscience de leur devoir envers l'Etal Or,~ but
ne pourrait être atteint si les droits octroyés aux minorités
étaient imposés à l'Etat polonais et si ces minorités, se sen-
tant sous une protection extérieure, étaient ainsi encouragées
à porter devant une autorité étrangère leurs plaintes contre
l'Etat auquel elles appartiennenL : -~· ~ _ •. , - ·- ._ ~ #- : ~ •

- Tout en reconnaissant à tous les citoyens, sans distin~


lion d'origine, de confession et de langage, l'égalité dea droits
qui découle des principes de liberté, ainsi que la Dassitê
de garantir ces principes par ~a ·OonstituUon polonaise, les
.... - ~... t

(1) Dam la ~ublication officielle : Délé1ation Polonaûe a la Confhenœ


Je la Paix, p. 22-30. ce memorandum figure sous la date du 16 juillet. D
ne peut cependant y avoir aucun doute que cela est dû à une f uate d'im-
pr.,ion et que la date macte at le 16 juin et non juillet.
ANNEXE XXI 619

- 111- ·. ·-. ~··:·~ , :, ,,

représentants de la Pologne croient. devoir taire les réserves


les plus catégoriques contre toutes clauses du traité qui
porteraient atteinte à la souveraineté de l'Etat polonais, en
imposant à la Pologne des obligations unilatérales concer-
nant l'essence et la forme de la Constitution polonaise, qui
ne sauraient être modifiées sans le consentement du Conseil
de la Société des Nations. L'Etat polonais, souverain en
principe, se trouverait ainsi sous le contrôle permanent des
Puissances. En pratique, la volonté d'un seul membre du
Conseil pourrait entraver le développement de la Consti-
tution polonaise. .. . , . . -
Les dispositions consliluüonnelles stipulant les droits
des minorités, de même que la Constitution tout entière. pos-
sèderont en Pologne, comme dans les autres Elats, d~ garan-:
lies d'inviolabilité. -: · - -
- · L'article 1.4 du projet de traité concernant l'approbation
du Conseil de la Société des Nations pour les modifications
constitutionnelles, de même que la clause i, d'après laquelle
les dispositions du traité qui devraient faire partie de la ·
Constitution tom.baient sous la juridiction de la Société des
Nations, doivent dono être rayés comme portant atteinte à la
souveraineté de la Pologne.-. ~..--:A -· ~ .. - ~ ~
• . . . - ~- - ~ ., - • •·• - .. : . --~--

~-, - Au moment où tous les projets de constitution déposés


à la Diète, toutes les déclarations votées par elle et toutes les
lois particulières prennent comme point de départ l'égalité
oomplète de tous les citoyens, où les moüona législatives
concernant les minorités nationales habitant un territoire en
masses compactes garantissent à ces minorités une large
autonomie, le projet de traité met en doute la valeur des
idées directrices dont s'inspire l'Etat polonais. L'article t
parle du udésir qu'a la Pologne de conformer ses institutions
aux principes de liberté et de justice», comme si la Pologne
était un Etat sana passé ni traditions constituUonnnelles, qui
s'éveille aujourd'hui seulement aux principes de jusüoe ei
de liberté. La Pologne exprime l'ardent désir que les prinoi-
pea de liberté soient universellement appliqués pour lee.
minorités. Elle s'engage à mettre en pratique les presoriptiona
oonoernant .leurs droits que la Société des Nations reconnaitra
comme obligawires pour tous ·ses membres.
La note polonaise s'attaque ensuite à l'arüole 9, alinéa 2
du projet ooncernanl la partioipaüon de l'Etat et des muni- _
620 ARCHIVES DU MONDIALISME

. ·, -;.. ---~::· _··/_>. .:-- ;...:._na --- ~: >,~~>-·/ ·::-, )\:.,.·:~. ~t


--
oipalités aux dépenses des minorités pour l'éducaUon et les
instUuUons religieuses et charitables. Dans cet article, la
Pologne voit un privilège pour les minorités, celles-ci ayant
en même temps le droit de profiler des institutions scolaires eL
charitables destinées à l'ensemble de la population et entre-
tenues sur les tonds généraux de l'Etat, des communes, ou
aull'es..~~.. . . . ~-- ~- -- ·--.--·- :---..;·_..·. .: ;._:~-·-:- ~--_-:.:. . : . _ _: .,. :. · . , - _ ~.: ·- •v- ~ - - ... v-.:...: ._..... •-~. •
,_.;;_· La Délégation polonaise oombat encorè l'insertion dans
le traité de dispositions spéciales concernant la nationalité.
Elle les considère comme tout à tait superflues, la question
ayant déjà été résolue pour ce qui concerne la Prusse, dans
le traité avec l'Allemagne; et, quant aux autres ~rriLoires,
elle devrait être réglée dans les traités avec l'Autriche et aveo
la Russie. - ,.~-- ,.• . . ,
•~ • '
~
,
~
-V~
-=. ~ :::- - ~~ . . .:,. -. , -... -. :~
-.1,
"Ct4"' •
:, •
..... ,." :
· ,.
... _. -
- ,._ ...
_.._ ~
,... -
_,. -
..:.."'•· -
"
: •

..:,.. · ..
4 ,_. " ~ ,. •• '" ~ •• •tt_..

• '1 La' Pologne appelle aussi l'atlention sur le tait que les
-

articles 9 et tO du projet (identiques aux articles oorrespon-·


dants du traité en vigueur) ne sont pas, selon leur essence,
des principes fondamentaux, · mais simplement des détails
d'administration et de gouvernement qui ne peuvent entrer
dans les lois fondamentales d'une Constitution. __ .~.:~-::·. ·-...~ ~:-
.:~· - Nous n'avons cité ici que la partie générale de la note
polonaise. Quant aux passages . consacrés spécialement à la
question -juive, nous en parlerons dans le chapitre suivant.
~ En terminant, la Délégation polonaise touche au~si la
question de la situation des Allemands en Pologne. La Déléga- :
ü.on polonaise aime à croire que les prescriptions du projet
de traité ne visent pas la population allemande en Pologne.
Après la conclusion de la paix, il restéra dans l'Empire
allemand une forte proportion de population polonaise. Le
traité de paix n'impose cependant pas aux Allemands l'obli-
gaüon d'accorder l'égalité des droits aux Polonais; il ne ga-·.
ranlU aux Polonais ni les droits de leur langue devant les
tribunaux, ni la faculté d'entretenir des écoles polonaises à .
l'aide des fonds de l'Etat et des communes; on ne peut, donc
appuyer sur le principe de réciprocité le traitement des
minorités polonaises en Allemagne et oelui des minorités
allemandes en Pologne. ll serait dès lors injuste que le traité
des principales Puissances avec· la Pologne assurât aux
Allemands en Pologne, outre l'égalité des droits, le privilège
d'employer l'alleman~ devant les _\ribunaux et d'entretenir
- . - ...
ANNEXE XXI 621

' .

sur les tonds publios des écoles de langue allemande et de


jouir d'autres droits analogues. ~ . - ·
Ce son\ là les objections essenUelles de la Délégation
polonaise au projet de traité du 2i mai t9i9. Tout en se
pron-0nçant, en principe, contre la teneur du traité, elle ju-
geait cependant nécessaire de faire quelques proposiüons
concrètes concernant des modifications qu'elle aurait voulu
V voi• ,·ntrod'l'I-ÎRA
., &.&
... - ~~
u.&i,&V. .... ., ,.~.~ .....;'
r
. ~,. ,;, '"'9f"
< ,.
~, ~V
,.
,
.... ,.
,...., - . . , ' : : ~ .... ....
~. -
'•-'-•',,_,,,,e..,

)•
'. :-~
\ , #1,. ,..,,, , .)
•>'
...;,f,r •

r,
.f

· Le memorandulD de la Délégation polonaise fut mi-


nutieusement étudié par la Conférence, et certaines modifi-
cations furent apportées au projet, sur la base de ses obser-
vations. Par contre, la Conférence ne prit pas en considération
les arguments de la Pologne contre la protection des mino-
rités en général. La seule chose que le Conseil Suprême ait
jugé convenable de -faire, c'est de justifier en principe sa
décision dans une lettre oiroonstanoiée spéciale et de préciser
quelles étaient les véritables intentions de la ~nférence à
cet égard, de même que de circonscrire les limites des droits
qu'on se proposait de protéger. Aussitôt rédigée la lettre tut,
le 24 juin i9l9, transmise par le Président de la Conférence
de la Paix, M. Clemenceau, au Président du Conseil polonais,
M. Paderewski, en tant que déclaration authentique et expll-
.cative d.u texte définitif du projet de traité l'accompagnant.
Cette lettre formula.nt les principes idéologiques du nouveau
système et contenant en même temps un aperçu .sur les
précédents historiques, ainsi qu'une courte analyse des stipo-.
Jations, appartient, sans nul doute, aux documents les plus
importants et les plus intéressants que nous possédions au
sujet du problème des minorités à la Conférence de la Paix.
l
. ,,. .
C'est pourquoi nous la reproduisons i~i intégralement 1 ).
~ 'Çr Il'~
.., "':°F\ , ,.. "',,', ,. ...... ·• - ;. .. , "', ...""' . ~...,.•, : ..,..,.

.,. _. ~ ..,,. ,; :V : -. ~ ~ ~;; ~ ~ ·.,,· !..~ ·.,,. \ ~ • : • : '.

} ,/ ', .__,.,; ... _. , fvt,,.,,: • ,. • '<' .. ••• • • ~ -"

·'

·' (1) le teste de la lettre dam la plupart da ounaaea n'at ~


le teste authentique. Cela •'eq,lique, vraÎlemblablement, par le fait CJ!le le
ci"
tate en circulation a &é extrait du num&o du journal français Le T cm,,
du 2 juillet 1919. Or, ce joamal a. en réali"9 publié 1111 texte antérieur qui
ae dÏlli.ngue du Iule authentique pu toute une lérie de remaniementa rédac-
cr.rà
tionnels. Noua reprodWIOu ici la lettre
Li p. 45-SJ.
la publication officielle da
JOUYe~ment polonail. Voir _: Délé1alion Polonaûe cl la
Paa,
de
· _ ,
c.,.,..." ~
622 ARCHIVES DU MONDIALISME

..... 114 -

CONFiREN-CE DE LA PAIX
Le Président. ·.,
~ . .,
~ ... ·-. . . Son Excellence M. PADEREWSKI,
~
Pr,sident du Conseil des Ministres de la Pologne~
;-.:" .. #
~
.. ...
.. ,

. -~--. , · · -~ ·· Monsieur le Président, ' ..,~ ·: :· · ,. •. . , , ;, -:.A>_ ♦ .:·


4
':" · ,... ~ ...

; • ~ l' ~ .. ..

Au nom du Conseil Suprême des principales Puissances


alliées et associées, j'ai l'honneur de vous com,m uniquer 01-
joint, dans sa forme défl~itive. le texte du Traité que, confor-
mément à l'article 93 du Traité de Paix avec l'Allemagne, la
Pologne doit être invitée à signer à l'occasion de la confir-
mation de sa reconnai•s sance et de sa prise de possession des
territoires compris dans l'ancien Empi·r e allemand, _q ui lui sonL
aooordés P.ar ledit Traité. Les principales disposUions de oe
document communiquées à la DélégatilOn polonaise à Paris en
mat dernier. ont été subséquemment remises au Gouverne -
ment polonais à Varsovie par 'l'intermédiaire du Ministre de
France dans cette ville. Depuis ce moment,. le Conseil a ea
l'ocoasion de mettre à profit les suggestions que vous avez
bien voulu lui soumettre dans votre memorandum du t6 jutn.
A la suite d'une étude approfondie de ces suggestions, quel-
ques modifications d'une grande importance ont été introduites
dans le llexle du Traité. Le Conseil estime, ·par les mo.difteations
en question, avoir réussi à oouvri~ comme il oonvi'ent les
points principaux sur lesquels vous aviez attiré son attention
dans votre memorandum dans la mesure où ils visaient spéci-
fiquement certaines dispositions du texte communiqué.
En vous remettant oifteiellement le texte des décisions
ftnales des P.rincipalea Puissances alliées et associées à ce
sujet, Je désire vous e:zposer d'une manière ~lus précise les
considératione qui ont guidé jusqu 'lei ces Puissances dans le
règlement de ces problèmes. ~. .
t. - En premie~ lieu, Je relève que ce Traité n'inaugure
pas une procédure nouvelle. Depuis longtmps, il est d'usage,
d'après le droit publio européen. que lorsqu'un nouvel Etat.
est oré6 ou lorsqu'un anolen Etat s'inco~pore des territoires
lm.portants, la reconnaissance formelle de la situation nou-
velle par lea grandes Puissances comporte, en même temp5,
la demande par ces Etats au Gouvernement ai~si reconnu, de
s'engager à pratiquer certains principes de gouverne-m ent
déterminés, et cela sous la foND.e d'un aocortl revêtant un
oa1·aclêre internaUonal. Cea prineipea, qui ne manquent pas
de préoédenia nombreux, ont, reçu une sanotion explioite par
ANNEXE XXI 623

-115- .:

le OonB'!ês de Berlin, au moment de la reoonnalasanoe de la


1ouvera1net, et de l'indéP,endanoe de la Serbie, du Montén~gro
et. de la Roumanie. Je crois devoir rappeler à cet êgard les
f ormoies employêes à cette oooasloli par les plénipotentiaires
britanniques, franoala, italiens et allemands, lesquelles ftgu-
renL dans le procès-verbal de séance du 28 Juin t878 :
c Lord Salisbury reconnatL l'indépendance de la Serbie, mals
pense qu'il serait opportun de stipuler, dans la Principauté,
le grand P.rinoipe de la liberté religieuse. > - ..:. . . , ,! -r..- •.... ~ '"' ,

C M. .Waddington oron, qu'il est important de saisir oette


occasion solennelle pour faire affirmer les principes .de la
libert-é reli)gieuse par les représent$nts de l'Europe. Son Excel-
lence ajouta que la Serbie, qui demande à entrer dans la
famille européenne sur le même pied que les autres Etats.
doit, au préalable, reconnaitre tes principes qui sont la base de
l'organisation sociale dans tous les Etats de l'EuroP,e et les
accepter comme une oonditron 11écessaire de la faveur qu'elle
sollicite. > · · ,
c Le prince Bismark, s'associant à la proposition franoaise,
déclare que l'assentiment de l'Allemagne est toujours a·c quis à
toute motion ·f avorable à la liberté religieuse. >
c Le comte de Launay dit QIU'au nom de l'Italie, il s'em-
presse d'adhérer au principe de liberté reJilgieuse qui forme
une des bases essentielles des institutions de son pays et qu'il
s'associe aux déclarations faites à ce sujet par l'Allem-a gne,
la France et la Grande-Bretagne. > ·
c Le comte Andrassy s'exprime dans le même sens et les
Plénipotentiaires ottomans n'élèvent aucune objection. >
c Le prince de Bismark, après avoi:r résumé Jes résultats du
vote, déclare que le Congrès admet l'indépend,:nce de la Serbie,
mais sous la condition que la liberté religieuse sera reconnue
dans la Principauté. Son Altesse Sérénissime ajoute que la
Commission de Rédaction, en formulant cette déolsi'on~ devra
constater la oonnexit6 établie par le Congrès entre la proola-
mation de l'indépe~anoe de ·la Serbie et la r.eoonnaissance de
la llbert6 religieuse, >
2. - Les p·rinciJpales Puissances alliées el assoolêes esti-
ment qu•enes failliraient à la responsabilité qui leur incombe
ai, à cette occasion, elles se départlssaient de ce qui est devenu
une tradition établl:e. Je me permèts aussi de rappeler à votre
oonsldération le fait que o'est aux sacrifices eL aux efforts des
Puissances au nom desquelles Je m'adresse à vous, que la
Pologne doit la r6oup~ration de son lndâpendanoe. Ce sont elles
qui ont déoid' de ritabllr la 1ouverainet6 de la Pologne 1m.
624 ARCHIVES DU MONDIALISME

--118 -
,les Lerritoirea en question et, d'incorporer dana la naUon polo-
naiae les habitants de ces territoires. C'est de la force que
doivent procurer à la Société des Nations les moyens d'action
de ces Puissances que dépendra en grande parue la Pologne,
pour être assurée en toute séouritê de la possession desdiu
territoires ; aussi 'les Puissances se considèrent-elles comme
Jijes par une obli,gat.ion à laquelle elles , ne peuvent échapper,
d'assurer, au moyen de garanties sous la forme la plus per-
manente et la plus solenn~le à la population de la Pologne~
les droits essentiels de protection qui lui sont, nécessaires,
quels que soient les changements ultérieurs de la consLitution
de l'Etat polonai1. ·· ,.. . ✓ • ..~~ ~
•• • •

-O'est, en conformit6 aveo oette obligation que l'article 93


·a éW inséré dans le Traité de Paix avec l'Allem•a gne. Cet· article
ue vise que la Pologne. Toutefois, une clause semblable con-
sacra les mêmes principes en ce qui concerne la Tohéco-Slo-
V&quie et d'autres articles similaires ont. été ou seront insérés
dans les Traités de Paix avec l'Autriche, la Hongrie et, la Bul-
garie pour sanotionner les mêmes ~bligationa des autres Etats
appelés à recevoir des territ,oires importants. ·~ , ~ -: ·
L'examen ~de oes faits démontre que la demande adressée
-l la Pologne, au moment où ~lie est a·p pelée à recevoir · sous
la forme la plus solennelle la reconnaissance à la fois de aa
. -reoonstituti'on, de sa 1ouv-eraineté et de son indépendance, el
oQ elle ae voit attri·b uer en même temps de grands territoires,
n'est, nullement de nature à créer un doute quant à l'inten-
t,ion -du Gouvernement polonais et de la nation polonaise de
respecter les principes généraux de la justice et de la liberié.
Auoun doute ne saurait davantage P.eaer sur lea intentions
. des principales Puissances alliées et aaaooiées. .,. .. ·· .- ~.
· -~ a. ...;.;.. Sana fdoute, le Traité soumis ·à la signaturè de la
Pologne dif.tère dans sa forme des oonventions antérieures
11-aitant des questions similaires. Ce changement de forme
est une conséquence nécessaire et constitue une partie easen-
·tteHe da nouveau 17stàme des relat.ions Internationales inau-
gur6 maintenant par r,tablisaement de la Ligue des Nations.
Sous l'empire des anciens errements, la garantie d'exê- · ,
ouUon pour de1 preaoriptlona de cet ordre reposait sur les
grandes Puissances. L'e%J)érience a montrê que oela était en
pratique inopérant. et qu'on ,p ouvait reprocher au système de
oonf6rer aux grandes Puiasanoea, soit Individuellement, sol\
en groupe, un droit d'intervention dans la oonstituUon inté-
rieure dea Etats en question, lnterventlon qui po·uvait se pro-
duire en vue de fins purement politiques. Dans le nouveau
syaLème, la garantie appartient à la Ligue . des Nations. Les
ANNEXE XXI 625

••,r:, . .- ~ -
,I'
11'1 -- ...,_

c1a11se1 c,onoernan\ cette garantie ont soigneusement rêdt-


gées, aftn de bien démontrer que ta Pologne ne risque en
,t,
aaoun -cas d'être mise aoua la tutelle des Pula1anoes slgna-
t,aires du pr~sent Tralt6. - ~ ·~ ·~· .. - -
Vous ne manquerez certainement, pas de remarquer aussi
qu'une garantie· a étê insêr~e dans le Traitê, par laquelle le•
contestations s'élevant au sujet des garanties en question
devront être portées devant le Tribunal de la Ligne des
Nations.- Par là, les différends qui 1t1rgiront êcbapperont au
domaine politique et passeront à la compétence d'une Cour de
Justice : ainsi sera facilitée une décision impartiale, tandis
qu'en même tem·p s tout danger d'intervention politique des
Puissances dans les a.ffaires inUrieurea de la Pologne sera.
A...·t~a;
"YI • .,. ,,,,. . , ~ , , ~~ · ··
"' ,• · ·r1· j.-~.r.~
,:t ·
'll""f i.~ ~~ , ,. ·,,,., • . .... . .- 1 • .... ~ .. ~ • ,,

4. .;_ Les dispositions partieuliêres auxque11e& ta Pologne


et les autres Etats seront rnvttês à adh~rer, di-ffèrent dans unA
certaine mesure de oelles qui ont 6t6 fmposêes aux Nouveaux
Etats ,par la décision du Congrès de Berlin. Bn effet, les obli-
~lions imposées aux Etats Nouveaux sollicitant leur recon-.
naissance, ont de tout temps vari~ avec les oirconstancea par- ·
ticuJiêres. Le Royaume des Provinces Unies, en t8t4, avait
,:Ill contracter des engagements foNDels concernant les pro-
vinces belges qui 4Stafent, à ce moment, annexées au Royaume.
Cela oonstituait une importante restriction dans l'exercice illi- .
mité de la souveraineté de la Bolland-e. Lors de 1'6tabHssement
de son Royaume, la Grêce dut iu,cepter une forme de -g ouver-
nement. partfcuUère : Il dut être à la foie monarchique et
oonstitutfonnel ; quand 1~ Thessalie fut annexée à la Grèce,
Il fut sUpul, que la vie, la propri~t~, la religion et les cou-.
tumes des habitants des localités céddea à la Grêoe et qui
passaient sous l'administration belMnique, seraient acrupo-
lemu~ment respectées; ees habitants devaient jouir des mêmes
droits cfvlls et politiques que les sujets grecs d'origine. Des
sUpulatlons três précises furent insérées pour assurer la sau-
vegarde de·a~ lnWrêta de la population mu-a ulmane de oe ter-
-'to'--
.-1 .u-9. . . .._.!:
- ""'< ;
,, "'I • . .. J > - f
#... ,. , ,.,. . , 4 ~
• '<
·~• -r .1 ,...- . -
_, '

· . Les Puissances ont, aujourd'hui, l envisager une situation


toute nouvelle et -l'expérfenoe a montri que de nouvelles dls-
positf ons ,talent n6cessatres. Lee territoires qui sont aotuel-
lement transférés l ta Pologne ou à d'aotres Etats, renter-.
ment Inévitablement de nombreuses po.p ulatlona parlant des
langues a,>partenant à des races différentes de oelle du peu.pie
auquel elles vont être fru,orporéea. Mals de longues annêes
de vive hoetllit, ont amen, ces dif.f,rente1 raee1 à des divi-
sions dea plus graves. No111 e1p,ron1 que ces populations ae·
626 ARCHIVES DU MONDIALISME

-118- ,. ·

r6conclilieront plus facilement avec leur nouvelle situation si


eHes se savent, dès le dé'but, asS'llrées de la protection et. des
garanties néces&aîres contre .tout danger de traitements
injustes ou d'oppression. On peut même espérer que la seule
connaissance tde l'existence de ces garanties aidera matériel-
lement à une réoonoiliatiorl que tous désirent ; et, en même
tempa, le fait que ces garanties sont stipulées permet d'es-
pérer qu'il ne sera pas nécessaire de les renforcer. .
5. - En ce qui concerne les clauses particulières du pré-
sent Traité, les olaus·e s 2 et 5 sont destinées à assurer que
tous les résidents indigènes des territoires actuellement trans-
férés sous la souveraineté polonais·e jouiront de tous les pri-
vilèges des citoyens. L'article 6 garantit à tous les habitants
les droits élémentaires qui sont assurés dans tout Etat oivf-
Usé. Les articles 7 et 8, mis en harmonie avec le précédent,
empêchent toute injusti-Oe à l'égard des citoyens polonais qui,
par leur religion, leur langage et leur race, diffèrent de la
majori~ de la population polonaise. D'ailleurs, les Puissances
savent que, loin d'élever des objections contr-e la substance de
ces articles, le Gouvernement polonais a déjà1 de son plein
gré, déclaré sa ferme Intention de baser ses institutions sur
les principes essenUels énon-0és ioi.
, Les articles suivants diffèrent des précédents en ce qu'Ha
visent des privilèges réservée à certains groupes de mino-
rités. En arrêtant la J'édaotion finale de ces derniers articles,
les Puissan;0es ont tenu comP,te des suggestions de votre
memorandum du f 8 juin : aussi ces artieles ont-ils subi quel-
ques modifications. Le texte actuel tfait aipparaltre clairement
que les privi4èges spéciaux de l'article 9 ne sont 'prétendus
aux citoyens polonais de langue aUemande que dans les par-
ties de la Pologne transférées de l'Allemagne à la Pologne
par le Traité de Paix avec l'AUemagne. Les Allemands des
autres parties de la Pologne ne pourront pas se baser sur
cet article pour en revendiquer les privilèges. Ils dépendront
donc uniquement de la générosité du gouvernement polo-
nais et leur cas sera, en effet, le même que oelul des citoyens
allemands de langue ~olonalse en Allemagne.
6. - Les clauses t 0 et t f traitent ex,p ressément le pro-
blème des citoyens Juifs de la Pologne. Les informations par-
venues à la connai&sanoe des principales Puissances alliées et
associées, en oe qui concerne les relations entre les Juifs et
les autres citoyens potonaist ont amené ces dernières à la oon-
olusion qu'en raison du dévelo-p pement historique de la ques-
tion juive et des passions suscitées à cet égaNI, une proteo~
tion spéciale est n~cessaire pour les Juifs. Les clauses pro-
ANNEXE XXI 627

-119- - .
pos6es ont ~té lilmit6es au minimum lndf &pensable, l savoir :,.
lè maintien des 6ooles Juives et la protection des Juifs dans le
libre exercice des prescriptions religieuses du Sabbat. Oea
clauses ne doivent or6er aucun o·b stacle à l'unlW politique
de la Pologne ; elles ne constituent, nullement une reoonnals--
sanoe des Jults en tant que communauté politique aut.onome
ou séparée à l'intérieur de l'Etat polonais. Les dispositions en
matière d'éducation ne contiennent, ri'en qui dépasse oe qui
est prescrit en cette matière dans les Etats les plus modernes.
n n'y a rien d'incompatible avec la souveraineU de l'Etat dans
le fait de reconnattre et d'aocorder protection à des 6coles
où doivent être élevés des enfants sous l'induence religieuse
à laquelle ils sont accoutumée chez eU%. On s'est empressê
de prendre largement toutes p~cautfons contre tout usage
d'une langue non P.Olonaise dans des buts favorables l l'es- ·
prit de séparation, c'est pour cela qu'il est stipuM express~-
ment que les dispositions du Traité n'empâ,bent pas l'Etat
polonais de rendre obJigatof re l'instruction en langue polo-
naige dans toutes écoles ou établissements d'Mueation... ',, . .-·.
7. - (Pass age r e 1 ,a t .i tr aux o 1 au s es , o on o m 1~
qoes - contenue· s dans le ohap·Itre Il du
projet de Traft6.) · ~ - .
- Je m.e ~rmets, en terminant, d'erprimer de la part des
Puissances alliées et associées, la satisfaction très profonde
qu'elles éprouvent du rétablissement de la Pologne en tant
qu'Etat fndâpendant. Elles adressent cordialement leur salut
l:le bienvenue·· à la Nation polonaise au moment de sa rentrée
dans la famille des Nations.
· Elles rappe11ent les grands services que l'ancien Royaume
de Pologne a rendus fi l'Europe, tMlt dans les affaires publi-
ques que par sa contribution au progrès -de la civlllsaUon,
œuvre commune de toutes les nations cultivées. Elles comp-
tent que la voix de la Pologne vien<!ra témoigner de la sagesse
de leurs délibérations communes pour la cause de la pai%
et de l'barmonie généra·le, et que toute Influence de l'Etat
reor66 sera dirigée ultérieurement vers la llbert6 et la Jus-
tice, aussi bien à l'Intérieur qu'à ,l'extérieur. Par là, la Polo-
8'1'l8 aidera à l'œuvre de la réeoncilration entre les Nations, qui .
est la tlohe commune de l'humanrtê.
Le Traité par lequel la Pologne déclare tormeltement
devant le monde sa détermination de maintenir les principes
de Justice, de· llbertê et de tolêranoe qui ont ét6 les principes
directeurs de l'ancien régime de la Pologne et par lequel elle
reçoit en même tem.ps, sous la forme 1a plus e%pllelte et hl
p.Jus solennelle, la confirmation de son retour dans la famflJae
628 ARCHIVES DU MONDIALISME

tl~s 1'atloris indtlpendante-s. sera sign6 par la Pologne et par


les prinoi'J)alea Puissan-cea alll~es et associées au moment
même de la 1ignature du Trait~ de Paix avec l'Allemagne.
· Veuillez agréer, Monsieur le ~résident, . les assurances da
ma trh haute conald,raUon. - . ,: ":-.?~:- .. . > ••• ~ •• -:· ~ , , . • .. ~ ~~ • ! ..

,.·'· .._.A. "- .I';. ·- : ·: . >.:·... - ~· -~_: . . Si 6 • CLEMENCEAU : ·"


, .::. ,.. ,' . . .! - :-,~. ;.; _-· , ., ;'' . :- : ~: .. -·~•:: a ': -.:.~\ • ~ • ..:.• • ••• - ,. • • • . - .' ~ , •

_ · Paris, ht 26 juin t9Ut. -~: :~~:-: _::-;•.~-;~') .,··; :{_,. ~:·~~·: · !_ -__ · ,)'.·.•;· ~-·-
~
.,
: .. : .,
..t\. ~'! -
,,
...
• 't' ,.~. ~- ... ~-~--•• ··:~. / ' ; .. /•:.~~>- :zt•:(.-.\
..,
- ~·1·~~ ~:f··;:-:-/ . _
. ..
:. ·~ ~:~".,.? ..·. _: ;! -:: <'~~<."'~ ~, •
.. ~ .... ..

~. La lettre de M. Olemenceau mentionnè, à plusieurs re-


prises, que, sous l'influence du memorandum polonais du f 6
juin, la Conférence de la Paix avait accepté de remanier
sur quelques ·p oints le ·p rojet du traité. Il ne sera donc, pas
sans intérêt de signaler ici, sommairement, les plus impor-
tants. de ces remaniements. ~- . · ·· -- -· · ·· .. , ,· ~
. Le recueil de documents officiels du gouvernement polo-
nais, cité déjà plus haut, concernant le traité des minorités,.
publie, outre le premier projet du 2i mai i9f 9 e\ le dernier
du 24 juin annexé- à la lettre de M. Olemenceaut encore un
troisième projet'). Il est regrettable que sa date ne soit pas
indiquée. Mais, d'après son contenu, l'on peut estimer facile-
ment que ce troisième pr-0jet date d'une époque se ~laçant
entre les i6 et 24 jujn i9i9. ··-· -~·: ~. . ~ .. ~·: ~ · ..
Si l'on compare le premier projet du 2i mai avec le
texte définitif du traité, on peut noter les importantes modi- -
flcations suivantes: ·
Le premier alinêa de l'art. 9 concernant les facilités qui
doivent être accordées aux minorités pour que renseignement
soit. donné aux enfants dans leur propre langue, a été re-
manié. dans ce sens qu'il doit être appliqué, non pas à l'en-
seignement en général à tous les degrés, mais uniquemenL
aux écoles primaires. , ~ ~ - . . , ·~
-~ ~ Un troisième alinéa a été adjoint à l'article 9 eonoer-
nant les droits des minorités quant aux afl'aires scolaires,
aux termes duquel les dispositions des deux premiers alinéas
ne seront applicables aux ressortissants polonais de langue
alJemande que dans les parties de la Pologne qui étaient
territoire allemand au ter ao'ftt t9t4. De la sorte, ont été ex-
clus du bénéfice de ces disposiüons les Allemands, par
. . ~

• ~ ....
~- (t)· Voir : DéU1ali.n Polonai,e a la Confbenu Je·la Paa, p. 3:MO. ~ _·
ANNEXE XXI 629

exemple, de la Pologne du Congrès. Certains auteur& vou-


draient expliquer cela, de même qu'on l'admet aussi pour le
cas de la Finlande, par le tait que la Conférence de la Paix
estimait alors qu'elle n'était pas autorisée à prendre une
décision concernant les territoires qui appartenaient aupa-
ravant à la Russie. ClQmme on peut cependant s'en rendre
compte d'après. l'historique de cet alinéa, cette hypothèse
n'est pas. tout à fait exacte. Le Conseil Supême avait proba-
blement voulu tout simplement faire une concession à la
Pologne pour lui montrer qu'il avait pris en considération
son argument concernant l'absence de réciprocité de la part
de l'Allemagne. - ~ . ~- . .
Une autre modification consistait en ce qu'au lieu de
l'article tout à fait général relatif à la garantie des dispo-
sitions concernant les droits des minorités par la Société des
Nations (art. i l du projet du 2t mai), la procédure a été
exactement exposée dans l'arl t2 du traité. Du reste, cet
article a été aussi remanié dans ce sens que, pour la modi-
fication des dispositions du traité, l'assentiment de la majo-,
rité dQ Conseil de la Société des Nations suffit et qu'une
décision unanime n'est plus nécessaire, ainsi que le prévoyaü.
le premier projel ·. ,· - .. . ~ ~. . .. ~ .,
De même, des modificaüons furent aussi introduites dans.
]es deux articles du traité concernant spécialement les Juifs,
~t sur lesquels nous nous arrêterons dans le chapitre suivant.
Dans la lettre à M. Paderewski, les principales Puissances ·
alliées et associées soulignaient expressêment que les <<dé-
cisions» qu'elles lui communiquaient étaient <<finales» et que
le texte du projet annexé lui était présenté égalemet <<dans
sa forme définitive». C'étaient là des paroles nettes aux-
quelles la Pologne devait donner une réponse non moins
Cl aire.
Q,&
. .. .. ..._... .. ,C,41 I • -.. .,. ~

· En fait, deux jours après, le 26 juin, M. Paderewski


faisait connaitre au Conseil Suprême que la Pologne était
prête à. signer -la convention') .. Il basait cette décision sui' le
fait que les modifications projetées d-ans le memorandum
polonais du t6 juin avaient été, en grande partie, prises en
considération; que le principe de la pleine souveraineté de
l'Etat polonais était solennellement reconnu- et proolamê

(1) Jhûl•• p. 57.


630 ARCHIVES DU MONDIALISME

J • • • .,

dans le traité et que la nouvelle organisaüon des. relaüons


internationales prévoyait, en général, de la part cle la Société
d·es Nations, une ingérence dans les affaires extérieures et
int~rieures de tous les Etats souverains, ainsi qu'une juri-
diction permanente pour toutes questions ayant un caractère
international. •:~ __ ·:··.• . .,..'- ; :.· -~ .. _ . : ·- / · : > ..,. ·p-~
: .:.\~ Cependant, la lettre contient aussi deux réserves. .:.• -· ~-
·:·· Tout d'abord, la Pologne demande, au nom de la justice,
qu'il soit stipulé que la nombreus~ population polonaise des-
ünée à rester sous la domination . allemande jouisse des
mêmes droits et privilèges en ce qui concerne la lang11.e et
la culture que ceux accordés aux Allemands devenus, en
raison du traité, des citoyens de la République de Pologne. ·
~ ~ Ensuite, la Pologne sollicite la modification du texte de
l'art. 9 en proposant la rédaction suivante pour le deuxième
alinéa: «Dans les villes et districts où réside une proportion
<<considérable de ressortissants polonais de confession juive,
<<il sera assuré à cette minorité une part équitable dans la
«répartition des sommes qui pourraient être prélevées sur
((•les fonds publics, municipaux ou autres, dans un but d'édu-~
«cation, de religion ou de charité. Ces sommes seront em-
«ployées à l'établissement, sous le contrôle polonais, d'écoles
<<primaires dans lesquelles les besoins du culte israélite
<<seront ddment respectés et où la langue populaire juive
<<(yiddisch) sera considérée comme langue lluxiliaire». ~
?~ La seconde demande est quelque peu étrange en ce sens
que c'est l'article fO du projet qui traitait spécialement des
écoles juives, alors que l'article 9 devait s'appliquer à toutes
les minorités. Peut-être la Pologne entendait-elle par là dire
indirectement qu'elle était d'accord sur le deuxième alinéa .
de l'article 9 sous la forme par elle proposée en ce qui concer-
ne les Juifs, mais qu'elle n'était pas disposée à l'appliquer
quant aux autres minorités. ·. / . ., . .. · ~ ..
· - Le lendemain, Z7 juin, M. Paderewski confirme aussi
oralement, dans la séance du Conseil Suprême, qu'il es\
prêt à signer le traité. Il juge cependant utile de soulever,
une fois de plus, la question concernant l'Allemagne. Sur la
base du principe généralement admis de la réciprocité, il
demande que l'on impose à l'Allemagne également des en. .
gagements envers ses minorités. Les membres du Conseil
Suprême lui répondirent qu'au fond ses observaliona étaient
. .
ANNEXE XXI 631

. .
-128- ' ..

peut-être justes, mais qu'il était cependant impossible d'obli-


ger, quant à présent, l'Allemagne à signer un traité de cette
nature. Il est intéressant de noter qu~au cours des débats, on
avait essayé de calmer M. Paderewski en lui disant que plus
tard, lorsque l'Allemagne solliciterait son entrée au sein de
la Société des Nations, il subsisterait toujours une possibi-
fité de l'entretenir de cette question. Il fut également souligné'
que plus le traitement de la minorité allemande par la Po-
logne serait favorable, et plus celle-ci serait fondée à s'atten-
dre à ce que l'Allemagne réservât un bon traitement aux
Polonais. M. Lloyd George fit observer à cette occasion qu'une
attitude équitable à l'égard des minorités était dans les
intérêts de la Pologne même, et le Président Wilson ajouta
que ce n'est que de cette façon qu'elle pourrait faire des
Allemands «des citoyens satisfaits et fidèles». · ·
• Le 28 juin i9f 9, le jour même où fut signé le Tr.aité de
Versailles, la Pologne apposa sa signature sans aucune
condition ni réserve sur le traité -des minorités. . ·· · ~.~-~ · ._
. · Ainsi prirent fin les négoci~tions ardues et compliquées·
qui avaient duré cinq semaines et dont l'issue, comme le fait
remarquer Hudson 1 ), n'était pas tout à fait certaine· jus-
qu'au dernier moment. -. . . . . ~ ·. . : .~-~
Le premier traité des minorités signé, il était clair que
tous les autres Etats auxquels la Conférence avait décidé
d'imposer des obligations internationales, ne pourraient que
,suivre l'exemple polonais. C'est ce qui s'est produit, effec-
tivement, à l'exception, toutefois, de la Yougoslavie, et sur- ..
tout de la Roumanie. , . . ·,, "·
1
·- ·- ,, • •

_ Ces deux Etats ne voulurent, en aucune façon, , se plier


à la volonté du Conseil Suprême et les négociations avec eux
exigèrent des mois entiers et souvent revêtirent un caractère
très sérieux. Ces deux Etats proposèrent comme solution
transactionnelle que les dispositions concernant la protection
des minorités ne s'appliquassent qu'aux territoires qui leur
seraient conférés par la Conférenoe de la Paix et non au
reste de leurs pays. Mais le Conseil Suprême s'en tenait
fermement à sa décision et ne voulait consentir à aucun
compromis. L'on arriva bientôt à ce point que, après que les
·... . . ,

(1) Manley O. Hudson, artide cité dam Ce qai se paua réellement a


Pari, en 1918-1919, p. 172-173. ., . . · · . ?
632 ARCHIVES DU MONDIALISME

· . --- 114 - . . . ~ ."""

principales Puissances alliées et associées eurent, le iO sep-


tembre i9i9, signé le traité avec l'Autriche, la Roumanie et
la Yougoslavie se refusèrent à y apposer leur signature, car
ceci aurait signifié qu'elles donnaient aussi leur agrément
aux 'traites des minorités. ,__.. ., . : . ·
· C'est plus tard seulement, après s'être persuadé que
toute continuation de résistance n'amènerait aucun résultat
tangible, que l'Etat Serbe-Croate-Slovène donna enfin, par
une déclaration du 5. décembre t9i9, son assentiment au
tr&l. té. ~ •• ,•, ~ • •, ,,..•
,.. ,• ~ -
.,.,.
<
.,~ .
>
"
/ .. • • • ~V ... . ...., •

Bien plus difficiles et compliqués furent les pourparlers


avec la Roumanie1 ). Il ne faut pas perdre de vue qu'en au-
tomne f 9f 9,, les relations entre la Roumanie i!t la Conférence
de la Paix étaient, en général, très tendues, et même sur le
point d'être complètement suspendues. . · ~- ~ _~ -·~ . · · ·. · · ~
Le Président du Conseil roumain, Bratiano, demeurait à
Bucarest et ne répondait à aucune des questions et demandes
parvenant de Paris. A tel point que le Conseil Suprême avait
jugé utile d'envoyer en Roumanie· un délégué spécial, le
nouveau Ministre britannique à Prague, Sir George Clerk.
Bien que la mission de· celui-ci ne consistât principalemen\
qu'à traiter avec le gouvernement roumain les questions en
relation avec l'occupation de Budapest, Sir Clerk, en arrivant
à Bu~rest, dut consacrer une grande partie de ses négo-
ciations précisément à la question du traité des minorit,és.
Si grande était l'imRortance que prenait à ce moment cette
question au oentre de la vie politique roumaine et de l'oppo-
sition à la Conférence de la Paix, et tant elle préoccupait
tous les esprits de ce pays! Bratiano, qui avait alors précisé-
ment donné sa démission, cherchait à créer dans le pays
un vigoureux courant d'opinion publique contre le traité.
Il incitait les masses du peuple et les organisait presque
pour une c(résistanee nationale)), espérant maintenir au
moyen de cette propagande sa popularité sur le point de
sombrer. · , ·. ...\' · ~
.. : • •• \ •• ~;, . : • ., f~ • ~ • ~ •

- - - - - • ' .,.._./, .,
... "'"
• ., ..... :.. .. ....: ..... '?"' :
• ~.,.., .
• ••
. ..
\
.
- ~ ... ~"

. (1) Voir l ce tujet H. W. V. Temperley, op. dt, vol. IV (chafter


JV, part. Il : Rumanu, antl dae Redemption of the Rumaniam), p. 23 et
suivantes. Com__parer auaai avec : Bulletin du Comité Jea Délégationa /uâ,e,
aupr~ de la Conférmce de lo Paix. n• S, 29 août 1919, p. 1 à 2 ( c La
Roumanie et la Question da Minorit& >) •. . • . . . ·· ...
ANNEXE XXI 633

.- ~ ·Au début d'octobre t9i9, Sir Olerk rentra à Paris et,


dans son rapport au Conseil Suprême, il lui rendit compta ·
aussi de la résistance vigoureuse qui se manitestait en
Roumanie oontre le traité des minorités. Les négociaüons
avec la Roumanie furent encore poursuivies pendant quel- -.
ques semaines, mais sans aucun résultat. .. .:: ,. ·~~-.. ; ..~ · <: -♦~
: .~ ~ A bout de patience, le Conseil Suprême envoya enfin à
la Roumanie, le 24 novembre !919, un ultimatum par lequel
il lui impartissait un délai de 8 jours pour remplir toutes ·
les demandes de la Conférence et la menaçait, en cas de non .
exécuLion, de rompre avec elle toutes relations. Ce délai s'6- "
ooula sans qu'aucune réponse satisfaisante mt parvenue de ·
la part de la Roumanie. Le 3 décembre, le Conseil Suprême ·
mi\ de nouveau oe pays en demeure et lui accorda encore 6
jours, c'est-à-dire jusqu'au 8 décembre i9!9. _ . ·· : ~ · :/-":
· Acculée, la Roumanie ne put plus user d'aucun subter- · ·
fuge. Force lui fut de s'incliner et.Je 9 décembre, le représen-
tant roumain à Paris, le général Coanda, signait le traité sur ·
les instructions du nouveau Président du Conseil roumain, ·
leDrVaida-Voevod• .. · , : · ::- .:-. -~... -: ~ .. /.;.. · .. -._ ,--:·:
: . : A la fin de !'-année t9i9, des dispositions concernant les ·.
minorités étaient déjà signées - dans des traités spéciaux
ou-dans les traités de paix généraux ~ ~ par 6 pays: le 28
juin i919 à Versailles, le traité avec la Pologne (entré en
vigueur le to· janvier i920); le tO septembre i9t9, à St-
•Germain-en-Laye, les traités avec l'Autriche et la Tchéooslo- :
.vaquie (entrés en vigueur le i6 juillet i920); le 27 novembre
t9i9 à Neuilly-s-Seine avec la Bulgarie (entré en vigueur le
.9 aodt !920); le 5 décembre i9t9, la Yougoslavie donna son
agrément au traité du iO septembre i919 de St-Germain-en-
Laye (entré en vigueur le t6 juillet 1920) et le 9 décembre i9t9
tut .conclu à Paris le traité des minoI'ités avec la Ronroaoie
qui entra en vigueur le, septembre i920. ··__: =~ : .: :~: ~ ..~
,. . Au cours de l'année i920, ont été conclus des traités aveo
la Hongrie, la Bulgarie, la Turquie et l'Arménie. Le traité
-avec la Hongrie a été signé à Trianon lei juin i920 (entré
en vigueur le 26 juin t92t); le traité avec la Grèoe à Sèvres le
tO aollt t920 (entré en vigueur le 80 aodt iffl); le traité
signé à Sèvres le iO aodt i920 avec la Turquie n'a pas été,
comme on le sait, ratifié par celle-ci et a été, par la suite,
remplacé par le traiW de _Lausanne _d u 2' juillet t928 (entré
634 ARCHIVES DU MONDIALISME

-126 - ·

en vigueur le 6 aot\t i92i). Par contre, le traité signé le {0 .


aoft! i920 - Sèvres aveo l'Arménie n'est jamais entré en
vigueur par suite de la fin si tragique de l'Etat arménien.
~,- G'es, le premier traité des minorités avec la Pologne qui a
servi de modèle pour l'élaboration de tous les traités des
minorités. Il ne rentre pas dans le cadre de la présente étude
de faire un examen de doctrine et une analyse juridique des
différents traités·ni de comparer leurs textes. On peut dire,
en règle générale, que les dispositions de tous lea traités des
minorités sont, à peu de choses près, identiques. Ceni ne fut
pas l'effet d'un hasard, mais le résultat d'une politique cons-
ciente que la Conférence de la Paix avait adoptée sur ce poinl
L'échange de lettres à ce sujet avec les Délégations autrichien-
ne et hongroise de paix, montre avec clarté le point de vue
du Conseil Suprême en cette matière. ~. · · ,r • • .. •

Le projet du traité des minorités avec l'Autriche du 2


juin i9f9 subit, après avoir été remis à la Délégaüon autri-
chienne, des modifications de fond afin d'en faire concorder
la teneur avec le traité conclu avec la Pologne. Le Conseil
Suprême communiquait officiellement à l'Autriche, dans sa
note du 2 septembre i9t9: ccll semble que cette Délégation
c<ait également le désir que les devoirs imposés à l'Etat
ccautrichien soient, autant que possible, les mêmes que ceux
ccdont se chargent d'autres Etats qui faisaient partie de l'an-
. «cien Empire austro-hongrois. Les Puissances alliées et
•«associées ont donc modifié ces articles en vue de les taire
«accorder avec les clauses insérées dans le Traité aveo la
«Pologne,, 1) . ., , ~~ ~ . . · _ ·:,·,, ✓..I
•·• . . , • - . ·. • _, H • .. ... • • ._ ·-~ •

... · Plus tard, quand la Délégation hongroise de Paix de-


manda au Conseil Suprême d'adjoindre aux droits contenus
dans le projet qui lui fut soumis certaines autres dispositions,
la Conférence de la Paix lui faisait, le 6 mai i920, la réponse
suivante: «Quant aux articles nouveaux dont la Délégation
ccbongroise demande l'insertion pour assurer plus oomplète-
ument la protection des minorités hongroises dans les terri-
cctoires voisins, les Puissances regrettent qu'il leur soit tota-
«lement impossible de les prendre en considération. Les
t<règles à imposer pour la protecüon des minorités dans tous

~ (1) Baiclal über die Tatifteil der deutuh-i,lffraclûdtaa Friedenade-


lc,alion in St. Germain-en-Laye. Band II. p. 325._ .. ~
ANNEXE XXI 635

-12'1- .

«les Etats ayant subi de grands remaniements territoriaux


«dans rEurope orientale 1) ont fait l'objet de discussions et
<<d'études très prolongées. Celles qui sont proposées par la
«Hongrie entraîneraient, si elles étaient adoptées, des com-
<<plications insurmontables» 1 ). _
Nous voyons, de cette façon, que le Conseil Suprême
considérait comme absolument souhaitable que les dispo-
sitions concernant les minorités fussent, autant que possible,
les mêmes dans tous les traités. Cependant, ce désir n'allait.
pas jusqu'à lui faire fermer les yeux devant la réalité et
l'empêcher de compter avec les intérêts spécifiques et les
conditions de vie particulières de certaines minorités, à
l'égard desquelles le texte général ne pouvait servir de pro-
tection suffisante et qui revendiquaient une règlemention
spéciale. Le Conseil Suprême et la Commission des nouveaux
Etats et de protection des Minorités prêtèrent à ces cas par-
.ticuliers toute leur attention et des remaniements et amen-
dements nécessaires furent introduits dans les traités cor-
respondants. La Conférence de la Paix procéda ainsi, en ce
qui concerne la protection des musulmans en Yougoslavio
et en Grèce, l'autonomie des Ruthènes en Tchécoslovaquie,
des Szeckler et Saxons en Transylvanie, etc. Des stipulations
spéciales furent insérées dans quelques traités des minorités
en faveur des Juifs également, et nous allons en parler dans
le chapitre suivanl · ·· ~ . - -, -~ -~ . ~
~ , • -#1" • .;, .• ,." .,, ..

~- ..... ..~ y •'

. .. • J • -
.. •, ·- ·•-A·- ~:_. - - ,. (._ .. ,.: .. ,('0,- ,,.-;, , .. ~ «
. ., ,

• /, ,.. ~. •• - - -.......- ' • -· ' J


, ..... ~ ... II L ~ ;. ~ ... > •• ... . :,.. ,..

. '
... , ~ ......,. ~· ~ .. 7 .. ",i, ._,""' ,..

· (1) L'original porte : c dam l'Europe occidentale >. D est de toute


éYidence qu•il ••qit là d'une faute d'impraaion.
(2) Là Négociation, Je la Paix hongroise. Compte-Rendu aur les tr..
vaux de la Délégation de Pais de Hoqrie à Neuilly-1.-S. de janvier à
man 1920, tome Il. p. ~ ~-~ ~ sss. ... _ . . -
636 ARCHIVES DU MONDIALISME

.. :~~~ ·,,~,.-.. . ..:._. ·:.:. . . -:: >-.-: :· ;~ .; ....: \ ~: _'. / .:'.:, f:_~ ·_/ -:.~
.'. ·;_ ,: .:..' ,.'/_:..) \ ~é

CHAPITRE XI
~:< : -:.. ' . . .:._,,_. . . . ... . ,:> : . . . ,. . . . .

·.L ES DISPOSITIONS SPÉCIAJ,ES EN FAVEOB


DES J 01.FS DANS LES TBAITÉS DES MJNO-
-~~:f?~xt-i::;Ji;;?1;:: :;.:~-..·:::_ BITÉS .. 71:~\\:_. r.:;{.:~:r ;_=·::t ..:>_;~:
__ _:.-... Quand on a présent à l'esprit la manière dont le problê:-
me des minorités fut soulevé à la Conférence de la Paix,
l'on ne peut guère s'étonner que, sur ces doum articles, le
_traité des minorités avec la Pologne, élaboré en premier lieu,
et qui devait servir de modèle pour tous les autres traités,
en conüenne deux spécialement consacrés à la question
juive. Il ne pouvait certes y avoir aucun doute sur la
question de savoir si les Juifs devaient jouir· de tous les
droits garantis par le traité à toute, les minorités. Mais les
auteurs du traité ne crurent cependant pas pouvoir s'en
contenter et ils jugèrent utile d'assurer en outre ezrweaa,-
ment le droit des communautés juives à une part équitable
des fonds publics attribués à l'enseignement, ainsi que de
garantir aux Juifs la possibilité d'observer le sabbat. · ~
Ces deux disposiUons figuraient déjà dans le premier
projet de traité du 2t mai t9i9, de sorte que la Délégation
polonaise put, dans sa lettre du i6 juin, préciser sa posiüon
à l'égard des deux articles les énonçant 1) .
La Pologne convenait qu'au oours des derniers temps les.
rapports entre la population juive et la population chrétienne
en· Pologne s'étaient fortement tendus. Elle rappelait que
depuis plusieurs siècles, les Juifs avaient trouvé asile auprès
de la naüon polonaise~ ainsi que d~ facilités pour organiser

~~
, ,.,..
(1) Dll41ali.,, P.,__ ~ L. Con/~ le ,. P4 ~~ Il. 26, 28, 29.
ANNEXE XXI 637

. . '
. •.
... .,: "''': ... '
,

leur vie religieuse. Vers la ftn du XVIII• siècle, la Pologne


avaU émancipé les Juifs cantonnés dans leurs ghettos 8'
même après la perte de son indépendance, elle s'était efforcée
de leur conférer la plénitude des droits civiques. Les relations
polono-juives durant tout le XIX• siècle turent empreintes
de bienveillance. Le désaccord actuel provenait de l'attitude
prise par les Juifs. La délégation polonaise - dont, il
convient de ne pas l'oublier, M. Roman Dmowski, l'adversaire
irréductible de l'égalité des droits des Juifs, fut l'une des
personnalités dirigeantes - n'hésitait pas à mettre en doute
la loyauté des Juifs envers l'Etat polonais en voie de créa-
üon paroe qu'ils auraient envisagé la cause polonaise comme
perdue. : . .. -. ~ ;- .. . ~ ..• .., -. . - . - ~
. La reconstitution de l'Etat polonais, que les Juifs de- ·
vaient admettre comme un tait accompli, permett.raU à la
nation polonaise de revenir à ses anciens principes dans la
question juive. Les relations entre Juifs et Polonais s'établi-
raient d'elles-mêmes en peu de temps d'une façon normale
et à la satisfaction des deux partis; tandis que la protection
accordée à la population juive en Pologne, en transférant la
question sur le terrain international, pourrait seulement
créer des difficultés. : ~ . ;,! ~-~· . - •
r .. t - , . ·:.
••

~ La Pologne combattait ensuite les droits qu'on désirait


accorder aux Juifs, faisant ressortir que les Juifs eux-·m êmes
n'étaient pas d'accord sur oe point, les uns ne demandant
que l'égalité complète des droits, les autres une organisation
confessionnelle à · part, dotée par l'Etat d'attributions poli-
tiques, nationales, sociales, économiques, culturelles et lin-
guistiques, qui transformeraient les Juifs en une nation
autonome. La Délégation polonaise rappelait également les
di888ntiinents entre les partisans de l'hébreu et du yiddisch.
- La Pologne faisait valoir, en outre, que l'état de tran-
sition dans lequel se trouvait alors la question juive ne
permettait guère de fixer, dans des formes législatives, les
«droits nationaux et linguistiques des Juil&>> en Pologne.
Elle se référait auui à ceux d'entre les Juifs qui, bien qu'atta-
ohéa à leur religion, se regardent comme étant de nationalité
polonaise, parmi lesquels les dispositions proposées provo-
queraient un profond méoontentement et dont elles attire-
raient les protestations. . .
~~~ , L'opposition de la Délégation polonaise ae manifestait
638 ARCHIVES DU MONDIALISME

· · - ISO --

avec une vigueur parüoulière en ce qui concerne l'art. iO du


projet de traité relatif au droit des communautés juives de
créer un ou plusieurs comités scolaires et d'organiser et de
diriger des écoles juives. Ce privilège ne manquerait pas de
soulever - affirmait la Pologne - de la part des autres
organisations confessionnelles, des exigences analogues. Il
pouvait conduire à l'établissement d'écoles réservées aux
. élèves d'une confession particulière, ce qui contribuerait à
accentuer en Pologne les divergences religieuses. Cet article
- disait la Délégation polonaise - était inadmissible, car il
· amènerait le fractionnement de l'organisation politique en
organisations confessionnelles de droit public, privilégiées
sous le rapport administratif, suivant l'esprit du Moyen Age.
La Pologne ne se montrait guère plus satisfaite de
l'article concernant le repos du sabbat. Tout en convenant
que les Juifs avaient le droit de célébrer leur sabbat, la Délé-
gation polonaise soulignait que ce droit pouvait devenir une
source de conflits entre les Juifs et la population polonaise,
car la clause d'après laquelle «les Juifs ne seront pas astreints
«à accomplir des actes quelconques constituant une violation
«de leur sabbat», pouvait les autoriser à refuser les services
publics dans les emplois civils (fonctions de l'Etat, des
chemins de fer ou des communes) ou dans l'armée.
En refusant de donner au nouvel Etat polonais le temps
d'expérimenter dans la question juive les méthodes d'égalité
civique dont l'efficacité a été reconnue par les Etats-Unis, la
Grande-Bretagne, la France et l'Italie, et en distinguant la
population juive de son milieu à l'aide de privilèges spéciaux, ·
les Grandes Puissances - poursuivait la Délégation polonai-
se - créaient une nouvelle question juive et assumaient
ainsi devant l'humanité une lourde responlabilité ·pour le
cas où leur méthode, au lieu de continuer à résoudre pacifi-
quement la question, la pousserait dans des voies inconnues.
La Délégation polonaise ajoutait qu'on pouvait aussi ad-
mettre que les grandes Puissances se créaient par là de .
f Acheuses surprises et elle essayait même de les intimider
en leur rappelant que, se basant sur le précédent ainsi établi,
les Juifs, doués d'une mobilité facile, rèclameraient ailleurs
également les privilèges nationaux dont ils jouiraient en
Pologne. ·
, .,.., Comme on le voit, la Délégation polonaise, dans sa
ANNEXE XXI 639

-181 - · ·

réponse du i6 juin i9i9, avait consacré une attenüon sou-


tenue aux deux articles concernant spécialement les Juifs.
Elle cherchait par tous arguments et objections possibles, et
souvent même contraires à la vérité, à persuader le Conseil
Suprême que ces deux articles étaient complètement inutiles
et même nuisibles et que le seul moyen de résoudre conve-
nablement la question juive en Pologne était de s'en remettre
au gouvernement polonais lui-même. Les représentants juifs
à la Conférence de la Paix durent, à ce moment, se tenir
constamment sur la brèche. Leur tâche consistait à éclairer
les personnalités dirigeantes de la Conférence sur la situation
véritable de la grande collectivité juive de Pologne, à leur
exposer les besoins et misères de cette population, ainsi qu'à
prouver la nécessité absolue d'une garantie internationale
pour ses droits. Dans sa lettre à ·M. Paderewski, M. Clemen-
ceau se réfère d'ailleurs expressément aux «informations
((parvenues à la connaissance des pri~cipales Puissances
<<alliées et associées en ce qui concerne les relations entre les
«Juifs et les autres citoyens polonais».
. Les, objections de la Délégation polonaise n'obtinrent
pas le résultat visé. Elles ne furent pas . prises en considé-
ration, et les deux articles furent maintenus dans le texte
définitif du ~raité avec quelques modifications, dont il sera
parlé plus loin. Le Conseil Suprême jugea seulement conve- ·
nable de consacrer un paragraphe spécial (le sixième) dans
la lettre du 24 juin, adressée à M. Paderewski et reproduite
dans le chapitre précédent, aux articles concernant les Juifs,
de justifier leur nécessité absolue et d'indiquer dans quel
sens ces clauses devaient être comprises et interprétées.
L'article f O du traité concernant l'enseignement dit:
<<Des comités scolaires désignés sur place par les communau-
<<tés juives de Pologne, assureront, sous le contrôle général
«de l'Etat, la répartition de la part proportionnelle des tonds
<<publics assignée aux écoles juives en conformité de l'article
c,9, ainsi que l'organisation et la direction de ces écoles.
,,Les dispositions de l'article 9 concernant l'emploi des
<<langues dans les écoles seront applicables auxdites écoles,,.
A première lecture, l'on pourrait être tenté de croire que
cet article n'est qu'une répétition littérale de l'article 9, qui
le précède. En fait, il contient quelques modifications impor-
tantes qui prouvent avec évidence à quel point la Conférence
640 ARCIIlVES DU MONDIALISME

de la Paix avait sincèrement cherché à assurer aux Juifs,


aveo le plus de précision et de garantie possible, la jouissance
de leurs droits. , . . \ ~· . . ·.. -••· . :. . ·..,. .,
,X • -.1~ , ___ ...

~.. Tout d'abord, il convient de faire rem&rquer que dans


l'article 9, alinéa· 2, il est question de l'obligation du gouver-
nement d'accorder aux minorités <<une part équitable>> des
fonds publics. Dans l'arüole iO, ce texte très élastique est
remplacé par l'expression tout·à fait claire et excluant tout
arbitraire: cela part proportionnelle».._ .~.· . · <- -~: ~-- ...-• ·~
.v'

:. ,., ·~. Dans l'article 9, il est question de fonds publics, qui


«pourraient être attribués.... par le budget de l'Etat, les bud-
gets municipaux ou autres» ; par contre, l'article iO n'em-
ploie plus une forme hypothétique, mais absolue: <<la part
«proportionnelle... assignée aux écoles juives». ::
D'après l'article 9 du traité, des fonds publics attribués
dans un but d'éducation, de religion ou de charité, doivent
être assurés aux «minorités» ; l'a.rücle iO prévoit, par contre,
que ces fonds doivent être répartis entre les écoles juives par
des <<comités scolaires désignés sur place par les commu-
nautés juives». La plupart des théoriciens du droit des
minorités considèrent que, bien que l'article 9 mentionne les
<<minorités» comme telles, il n'en découle nullement leur
reconnaissance en tant que personnalité juridique et que,
pratiquement, les sommes ne sont pas transmises aux mino-
rités en tant qu'entités juridiques, mais à des personnes ou
institutions en faisant partie 1 ). Cela a d-Onné lieu à des cri-
tiques sévères do texte de l'article 9, et è'es·t à la lumière de
ces critiques qu'on peut ·saisir toute la signiflcaüon de prin-
cipe que possède l'article iO du traité. Il reconn-alt expli-
citement la personnalité juridique des communautés juives
et les charge de créer les organes de l'autonomie scolaire
juive. ~ . :>~ . ~~ •. ,~ . .. ~ ~ , . . _.
:,__ -Dana les premiers projets du traité, il était du reste
question, non de «comités scolaires désignés sur place par
les communautés juives en Pologne», mais de ccun ou plu-
sieurs comités scolaires» •). Sous la pression de l'opposition
polonaise, telle qu'elle s'était exprimée, en outre, dans les
ANNEXE XXI 641

lettres déjà rappelées, le Conseil Suprême consenUt à rema:


nier le ·texte précédent en limitant la disposiüon uniquement
à «des comités scolaires désignés sur place» et en excluant
ainsi la possibilité de crier aussi un comité scolaire central.
· Il est encore une distinction frappante à faire dès qu'on
compare attenUvement les textes des articles 9 et tO du trait6
avec la Pologne. - · · . - - • ~ · -·
---· · Aux termes de l'article 9, alinéa 3, l'obligation contenue
dans cet article ne serait applicable, nous l'avons vu, aux
ressorüssants polonais de langue allemande que dans les
parties de la Pologne qui, au ier aodt t9ii, étaient territoire
allemand. Par contre, l'article 10 n'énonce, en ce qui concer-
ne les Juifs, aucune limitation à l'une quelconque des parties
du territoire polonais. Ifor L. Evans y voit l'indice que
les Puissances se souciaient vraisemblablement plus de l'a-
venir de la langue des Juifs qtie de celui de l'allemand dans
l'ancienne Pologne congressiste 1 ). . . ,. . : ·-.~

La deuxième disposition en faveur des .Juifs, dans le trai-


té des minorités avec Ia· Pologne figure à l'article ii concer-
nant l'observance du sabbat. Cet article stipule: <<Les Juifs ne
«seront pas astreints à accomplir des actes quelconques
«constituant une violation de leur sabbat, et ne devront être
«frappés d'aucune incapacité s'ils refusent de s~ rendre
«devant les tribunaux ou d'accomplir des actes légaux le
«jour du sabbat. Toutefois, cette disposition ne dispensera
«pas les Juifs des obligations imposées à tous les ressortis- .
,,sants polonais en vue des nécessités du service militaire, de ·
•la défense nationale ou du maintien de l'ordre public». · .
-~ ,_ <<La Pologne déclare son intention de s'abstenir de
c,prescrire ou d'autoriser des élections, soit générales, soit
«locales, qui auraient lieu un samedi; aucune inscription
<<électorale ou autre ne devra obligatoirement se faire un
<<samedi,,. · .. ;
~ L'introduction de cette disposition dans le traiM avait,
elle aussi, - nous l'avons dit - suscité une résistance éner-
gique de la part de la Délégation polonaise. La question a dd
être soumise à la décision du Conseil Suprême. On a l'im-
pression, en considérant les délibérations du Oonseil sur
.
. .~
~ .. .
.,, ~ • # • ,.. .., :t • ,. '"'( " :- ,V, ."' .. .) - .. •

. .
(1) llo! L Evana. Tltf Protection of 1M Minoritia. BriliJa Year BooA
ttf lntematioMI U,,. 1923-1924. London, 1923. p. 108-109. _. . . #
642 ARCHIVES DU MONDIALISME

cette question, qu'au début les membres du Conseil n'avaient


peut-être pas complètement saisi en quoi, à proprement
parler, consistait l'importance pour les masses juives de cet
arilole, et quel rôle jouait le sabbat dans la vie juive. C'est
ainsi, par exemple, que le Président Wilson avait demandé,
au cours de la discussion, pour quelle raison les Juifs ne
désiraient pas que des élection~ eussent lieu le samedi, alors
que dans des pays chrétiens celles-ci se déroulent précisé-
ment le dimanche. Après avoir reçu de ses experts les infor-
mations et précisions nécessaires au sujet de cette question,
le Conseil Suprême établit définitivement le texte de cet arti-
èle, tel que nous le connaissons maintenant. --·
·- , Celui-ci ne se distingue du texte antérieur du 21. mai
que par le fait qu'au premier alinéa furent ajoutés les mots
suivants: <<Toutefois cette disposition ne dispensera pas les
<<Juifs des obligations imposées à tous les ressortissants
«polonais en vue des nécessités du service militaire, de la
<<défense nationale ou du maintien de l'ordre public».
, Pour éviter toute interprétation restrictive de l'article
it, les représentants juifs avaient demandé à la Conférence
d'assurer expressément aux Juifs dans cet article le droit
de travailler le dimanche1 ). Or, dès après la signature du
traité, il est apparu que la Conférence avait commis une
grande erreur en ne prêtant pas à cette revendication l'atten-
tion voulue. Le gouvernement polonais décida aussitôt d'in-
troduire le repos dominical obligatoire. Il viola ainsi la
liberté de croyance et de conscience de ses trois millions de
citoyens juifs, placés ainsi devant la grave alternative
d'enfreindre la sainteté du sabbat ou de ne travailler que 5
jours par semaine. ·
Tels sont le contenu et l'historique des deux articles
insérés dans le premier traité des minorités spécialement en
faveur des Juifs.
On pouvait, semble-t-U, s'attendre à ce que ces dispo-
sitions fussent aussi incorporées dans les traités conclus aveo

(1) Cette revendication figure à l'article 8 du memoranJum du c Comité


des Délégation• Juivea auprèa de la Conférence de la Paix >. Le c Joint
F oreip Committee • est, lui . auui. tout particulièmnent intervenu l ce sujet.
Le 20 mai 1919, il a adreasé, aur cette question, une lettre spéciale et détail-
lée, au Président du Conaeil Britannique, M. Lloyd Geo11e. Voir : Report ·
of the Deleealion of the /••• •f the Briwh Empire, p. 82-83. . , . ..
ANNEXE XXI 643

-185 - .. > ;
...'
• , f ' . ..

les autres pays, du moins avec ceux où vivent de grandes


masses juives, comme, par exemple, la Roumanie, la Hon-
grie, etc. ~
En fait, nous constatons que la Confére~ce de la Paix
s'en tenait de moins · en moins à sa position de principe,
qu'elle penchait de plus en plus vers toutes sprtes de conces-
sions et de compromis pourvu que les pays consentissent à
signer les traités. • ~, - · A •

L'art fO concernant l'enseignement ne se trouve dans


aucun autre traité. C'est avec raison que quelques journaux
français et anglais avaient écrit, le jour où la Roumanie
signa le traité des minorités, que la Conférence de la Paix
.avai~ sacrifié les dispositions spéciales en faveur des Juifs
pour faciliter l'acceptation du traité par la Roumanie 1).
· Il est utile de rappeler qu'une disposition analogue à
l'article iO du traité avec la Pologne avait figuré dans l'article
f 48 du traité de Sèvres. Cet article prévoyait que cdes fonds
<<en question seront versés aux représentants qualifiés des
<<communautés intéressées». Les Juifs ayant été depuis
toujours considérés, en Turquie, comme un «milet» (na- ~
lion), cet article se fdt appliqué à eux également s'il était
entré en vigueur. Mais il fut supprimé et, d'après le nouveau
texte de l'article 40 du traité de Lausanne, <<les fonds ser-0nt
«versés aux représentants qualifiés des établissements et
«<institutions intéressés». Ainsi, on ne parle plus de représen-
tants de communautés ni même d'organes locaux, comme
dans l'article iO du traité avec la Pologne, mais simplement
de représentants d'établissements· et d'institutions.
Les dispositions concernant le sabbat ne se retrouvent,
avec de légères modifications, que dans le traité des minorités
avec la Grèce et, sous une forme quelque peu différente, dans
le traité de Lausanne également. Le texte de l'article tO du
traité avec la Grèce diffère de l'article tt du traité avec la
Pologne sur deux points: d'abord cet article ne s'applique que
((dans les villes et districts où réside une proportion considé- ·
«rable de ressortissants. grecs de religion juive» et, ensuite,
il ne contient pas l'interdiction de prescrire des élections le
samedi. · •

· (1) Voir : Bulletin Ju ComiU da Délégation, Jui,,a auprà de la Con-


férence de la POU, n• Il du 19 février 1920, p. 11 • ..__ -~ . _. __
644 ARCHIVES DU MONDIALISME

. ·: Aux termes de l'article '8 du traité de Lausanne, cdes


~«ressortissants turce, appartenant aux minorités non-musul-
«manes, ne seront pas astreints à accomplir un acte quel-
«conque constituant une violation de leur toi ou de leurs
((pratiques religieuses, ni. frappés d'aucune incapacité s'ils
«refusent de comparaitre devant les tribunaux ou d'accom-
«plir quelque acte légal le jour de leur repos hebdomadaire...»
Il est clair que ces stipulations où il s'agit de minorités
non-musulmanes s'appliquent aux Juifs égalemenl Elles
diffèrent du texte du traité grec en. ce qu'elles sont appli-
cables sur tout le territoire du pays et non seulement dans
certains districts, et du texte des traités grec et polonais en
ce qu'elles ne contiènnent pas l'interdiction concernant la
fixation d'~lections le jour du sabbat1 ). · · .~ :·.:.·• ,• , ~- --~>-:: -~~/
_., .... Le traité des minorités avec la Roumanie contient aussi
un article spécial relatif aux Juifs. La nécessité de l'intro-
duction de cet article était dictée par toute l'histoire de la
question juive dans ce pays. Le Conseil Suprême, si disposé
qu'il ftlt aux plus grandes concessions, ne ·put et ne voulut
y renon~r. C'est l'article 7 du traité qui dit: <<La Roumanie
<<s'engage à reconnaitre comme ressortissants roumains, c!e
«plein droit et sans aucune rormalité, les Juifs llabita.nt tou15
«les territoires de la Roumanie et ne pouvant se prévaloir
«d'aucune autre nationalité». -_· · ·"·" .-~-~-.-~ ~ · ': .
~·. Cet article devait enfin résoudre la question s1 doulou- ·
reuse de la nationalité des Juifs en Roumanie, question qui
attendait sa solution depuis quarante et une longues années.
:,_, J • /, : _., •... • ~- .,.'<J, ~,f/, • ~~ :• ,t~ • • •.; . .:,,;:,,. -, ..:;.:..,~,•',"" •.~,.,;:_;, \• •°":.":A ' ~•• •. • ~ • • -~-•<
_;~<,& ,&j,. .·,.: ·_, .· :·~·

..... , .:,

..._ ... .. , ,
... ~ .. <.,_

( 1) D elt in~ressant de noter que d'après I'artide 1SO ~ traité de


Sèvra, cette stipulation ne devait •••ppfiquer que dam lee villes et districts
où les minorité, forment une proportion considérable de la population: cet
article ,tipu_lait, en outre. upreuément qu'il • ' ~ t de c ftltC>rtÎllalltl otto,.
mana de relition cb,étieqne ou juive >, -- . .~_ ~ ,.. ., ~ • ' I ~ •
ANNEXE XXI 645

. .

~- ·:· --~;: · ~~< '-~~·-~ : CONCLUSION ·~:~~~~-·--~- -·. -~·:. ··*;~~


~:; ~-~ ~;~~~:E:\:;:~~~:~: t\;::•}~ ~?::;./j< (:~~::~~/~)'.¾~~~;,r;
1
::
-E ~:- Au cours de cet ouvrage, nous nous sommes etforœ de
nous tenir, suivant le plan que nous nous êtions imposé, dans .
le cadre d'une étudè historique. Pour cette raison, nous noua .
sommes êcarté d·e toute analyse de doctrine des traités des ·
minorités, ainsi que de tout examen critique de leurs diverses .
stipulations. : ·, .·· · -:.":.: . , , ;- . .. :. J ·· - .~,; ·-•.; r ~ ,_. .,. · ·.,. •,.,. ·
· ~ :·. :: ,... · -' ...

-;.; ~~. «Rien n'entre au monde en état de perfection, ni l'hom- ··


me, ni les institutions qu'il crée. Evolution s·o uvent len-te et
pénible, c'est la loi de l'univers,,. Oes paroles prononcées par .
Je premier Président de la Cour Permanente de Justice Inter- :
nationale de la Haye, M. B. O. J. Loder, dans son discours
d'-0uverture de cette juridioti.on suprême, s'appliqu·e nt cer-
tainement aussi aux traités des minorités, tels qu'ils sont
nés des délibérations de la Conférence de la Paix dé t9i9-t920.
·: ~ Sans être exempts, à l'ins-l ar de toute œuvre humaine, .
de défauts et d'imperfections, ces traités marquent cependant,
sur le «lent et pénible» chemin du ·p rogrès humain et du
développement du Droit International, une êtape importante.
--r, Certes, la question de la pN>tecUon de la personnalité
humaine préoccupait depuis longtemps la eommunaut6
internationale et elle provoquait, de temps en temps, oe qu'on
·appelait les «interventions d'humanitê,,. Toutefois, oes inter-
ventions en faveur des peuples opprimés n'étaient toujours
que (les cas isolés, des exceptions à la règle, et ellea étaient
buées, non eur une norme du droit positif, mais sur des
principes tout à tait généraux et abstraits du •droit natu--
rel», ou du «droit intuitif», oonune certains proposent de
l'appeler, >- . ~.M~ ~: · · ·:~-~~: ·~ ;:, ·~. <: ·~: .... : _ .
646 ARCHIVES DU MONDIALISME

- 188 --

· D est également vrai que dans maints traitês - surtout
de la deuxième moitié du siècle passé - qui ont réglé des
modifications territoriales ou proclamé l'indépendance de
nouveaux Etats, furent insérées des dispositions spéciales
eoncernant la liberté religieuse et l'égalité civile et politique.
Mais, dans tous ces cas, il s'agissait presque toujours uni-
quement de la -protection de minorités religieuses; on se
contentait d'une formule tout à fait générale, énonçant le
principe de l'égalité des droits et, ce qui est essentiel, les
engagements pris n'étaient appuyés d'aucune sanction, si
l'on ne veut toutefois considérer comme une sanction la très
problématique possibilité d'une intervention collective contre
un Etat récalcitrant, de la part de tous les co-signataires d'un
traité. '
Un tout autre aspect caractérise les traités des minorités
des années f9i9-t920. En même temps que les minorités
religieuses, ils mentionnent et reconnaissent, et précisément
avant toutes autres, les «minorités de langue et de race», ce qui
n'est, en réalité, qu'une expression timide pour le terme
clair et net de <<minorités nationales». Le contenu des droits
accordés aux minorités a été formulé, non dans un bref arti-
cle de principe, mais il a été, nettement et en détail, précisé
dans une série de stipulations. Et, last not least, ces droits ont
été placés sous la garantie de la Société des Nations et de la
Cour Permanente de Justice Internationale. La constitution
de la Société des Nations, qui a mis fin à l'état anarchique
de la communauté internationale, a rendu possible de char-
ger de la protection de ces droits, non des Etats individuels
ou un groupe quelconque d'Etats, mais les organes suprêmes
de l'humanité organisée.
Ce,rtes, la Société des Nations n'a pas encore rempli tous
les espoirs qu'on a fondés sur elle dans ce domaine, mais,
moins que toute autre chose, avons-nous l'intention de parler
ici de l'application des traités des minorités pendant les neuf
années écoulées et de leur réalisation. Ce que nous entendons
dire, c'est que, dans le processus d,évolution du Droit Inter-
national, processus en cours et qui conduit - encore que
lentement et souvent avec des zigzags - à la reconnaissance
de la suprématie du Droit International sur le Droit Etatique,
les traités des minorités de t9t9-t920 occupent l'une des
places les plus importantes. Ils rompent, d'une manière bien
ANNEXE XXI 647

-189- ·

plus catégorique que toute autre institution moderne du


Droit des Gens, avec le concept traditionnel de la souveraineté
absolue et incontrôlable, et ils restreignent sensiblement le
domaine des affaires réservées à la compétence exclusive de
rEtat. Le principe de la protection de l'individu et de certai-
nes catégories de citoyens contre leur propre Etat a trouvê
dans l'institution de la protection des minorités une consé-
cration claire et évidente.
Il est vrai que, tout en accordant aux minorités la pro-
tection de l'ordre de droit suprême qui existe sur terre -
celui du Droit International - les traités n'ont pas trouvé
possible de les reconnaître comme des sujets immédiats des ·
droits qui leur furent garantis; les minorités peuvent en bé-
néficier uniquement par l'entremise d'un Etat, membre du
Conseil de la Société des Nations. Les traités portent cepen-
dant en eux le germe de leur développement et, avec l'évo-
lution générale des nouvelles notions sur la nature et la
mission du Droit International, on en arrivera à reconnaitre,
tôt ou tard, aux minorités les droits qu'elles n'ont pu obtenir
au cours des années !919-1920.
Le douloureux problème des minQrités est à l'ordre du
jour du monde et l'opinion publique de tous les pays lui
prête une attention soutenue. Considérable est le mérite
qu'ont acquis, quant à la protection internationale des mino-
rités, les grandes associations pacifistes, telles que l' << Union
Internationale des Associations pour la Société des Nations,,,
!'«Union Interparlementaire», etc., les importantes organisa-
tions scientifiques, telles que l' <<Institut de Droit Internatio-
nal», l'«lnternalional Law Association», etc. et, enfin, le
«Congrès des groupes nationaux organisés des Etats Euro-
péens», qui, au cours des dernières années, se réunissent pé-
riodiquement à Genève. Par leurs travaux approfondis et sé-
rieux, ces organisations tracent la voie aux réformes qui
conduiront au renforcement et à l'amélioration de la protec-
tion des minorités dans le cadre des traités en vigueur; elles
élabor~nt, en même temps, les pr\ncipes idéologiques qui
amèneront le développement et le perfectionnement ultérieur
et graduel de ce sy~tème.
De par les traités des minorités, la C'.onférence de la Paix
a accordé à rhumanité une ·nouvelle charte de tolérance et
de respect de la liberté morale et spirituelle de toute personne
648 ARCHIVES DU MONDIALISME

140

humaine et de toute individualitê nationale. Le présent, essai


visait à donner un exposé des conditions dans lesquelles
oette « Déclaration des Droits des Minorités » a été élaborée,
ainsi qu'à indiquer et à analyser la part et l'importance des
divers tacteurs qui ont contribué à cette œuvre de haute
.
j usüce. _ ~~-. . ~- ; ~~ ,._,. . . ~' ·:;-.:~t: ~ ~::;: ,--
. ,

~' t..: ... • ... •. .. ..... ..,,·: •

.. - <... _,.·

, - ~,

.., ,,, ,.,,


-1,_:,_
,,.rç.
,,, /·.· ..
ANNEXE XXI 649

TRAITÉ DIT DES IIINOBITÉS, SIGNÉ LE 98 JUIN 1919


À VERSAILLES, ENTRE LES ÉTATS-lJNl8 D'AMÉBI-
QUE, L'EMPIRE BRITANNIQUE, LA FBANCE, L'IT4I,IE,
1
, , •", _ :.. ,;.;~~. LE JAPON ET LA POLOGNE\ ) .·. :· . _ .-- -.,.,{, ..
· ~ ",_ :~ ~:~- ·--~=:·:. (entré en vigueur le i0 janvier i920) :. ~.-_:,·~-~-/~- ·_
:. . _,. .; ,>.:.. :; ,,,,- ,. .,. -,'; :· .'' ",..-. ,' ,'; ,., ". .!~: . . • , : • , . .. .•-;- : ~. _.: ,' . '•~-./ • ":•, •,' ..

·1 ·: LES fTATS-UNIS D'AMtRIQUE, L'EMPIRE BRITAN- · ~ ·.


·~ ~ NIQUE, LA FRANCE, L'ITALIE et LE JAPON, >\:·- _-
- Principales Puissances alliées et associées, ~ d. • ... • • . -•• ~ - -·.' ::,-

~: • -. :. :. .. ·.· _. ... ·:•._ · ·· .·, --·. ~, d'une part;


ET LA POLOGNE
, ~~~-:-!/'
' ,
·.'<···,,~~.:.: ·<·: ::..:;····,r 1
·-;

-

...
-~(> _:.•~·;_, ~ • .

;. --·. , -4·• • • •• ~-, •• - , ·:K_~ .. _·:.~. : ··· ..- ·. -.. ,.:., ·; -· ·.. . - ,- ~ d'autl'e part·f
• - ,, : ..• . ~ • ~~•·,, ·.< :., __v., ., ' . J-/. ...-:,- -., .,. _ "': , • ;, ,-.-/',: ~-· • , • _.,. •

:~ ,. Considérant que les Puissances alliées et associées ont,


par le succès de leurs armes, rendu à la Naüon polonaise
l'indépendance dont elle avait été injustement privée;
Considérant que par la proclamation du 80 mars t9t7,
le Gouvernement russe a consenti au rétablissement d'un Etat
polonais indépendant; ~ .. .. · ·_· · .. <-- : · - < _i,,· •/ -

Que l'Etat polonais, exerçant actuellement, en lait, la


souveraineté sur les parties de l'ancien Empire russe habitées
en majorité par des Polonais, a déjà été reconnu par les
· Principales Puissances alliées et associées comme Etat
souverain et indépendant; ..
Considérant qu'en vertu du Traité de paix conclu avec
l'Allemagne par les Puissances alliées et associées, Traité
dont la Pologne est sign~taire, certains territoires de l'ancien

· (1) Cité d•après Protection la minorité,· de lan,ue, de race d de reli1io;.


par la Soci,té da Nation,. Recueil da atipulatiom contenues dam les. diven
imtrumenb intemationaux actuellement en YÎpeur. Publié par la Societe da
Nationa, Genève. août 1927.
650 ARCHIVES DU MONDIALISME

·- 16'2 -

Empire allemand seront incorporés dans le territoire de la


Pologne; .
Qu'aux termes dudit Traité de paix, les limites de la
Pologne qui n'y sont pas encore fixées, doivent être ultérieu-
rement déterminées par les Principales Puissances alliées et
associées; - · · ~ - ··
Les Etats-Unis d'Amérique, l'Empire britannique, la
France, l'Italie et le Japon, d'une part, eonfirmant leur re-
connaissance de l'Etat polonais, constitué dans lesdites
limites, comme membre de la famille des Nations, souverain
et indépendant, et soucieux d'assurer l'exécution de l'article
93 dudit Traité de paix avec l'Allemagne; ~ · -· -,,A ,,,, •
·La Pologne, d'autre part, désirant conformer ses insti-
tuüons aux principes de liberté et de justice, et en donner
une sdre garantie à tous les habitants des territoires sur
lesquels elle a assumé la souveraineté; ·
A oet effet, les HAUTES PARTIES CONTRACTANTES,
représentées comme il suit: ·--,. -:>:-~ . /_;_::'•.. _s _ ..-,♦_ <~~/·-~ ·. ~.. - (
,:

'
~· ••

_,. • !. • ' ,. ·,' . ~·

·.J · /: _: ... - (Suivent les nom, dea Plénipotentiaire,) :~:; .-,.~~:-<··-~-~-.. ~


.\ .- . ' .· ,. :· 'l:

~-:--· - Ont, après avoir échangé leurs pleins pouvoirs reconnus


en bonne et _due forme, convenu des stipulations suivantes:

~
 •
-- - • • • ... • ... .. .. • • .. I' ... ,. \. •

~·✓- 'flt.;·~•:., ,,,. . A"'~:,," ~ -~ ., 1A • , . •• ~-:-' -./ . ,, , , •_•:•• ••· • . _ . , ,,. • . .,.
_ ~ ·, .- · . . . rticw premier . . ....,-,,, .. ·..· ... .. :> ·..,- - -~; --. · . -
_,, ( ,.,.: ;."' •

,.._ "' ( , ,, ... . ,

La Pologne s'engage à ce que les stipulaüons contenues


dans les ·articles 2 à 8 du présent Chapitre soient reconnues
comme lois fondamentales, à ce qu'aucune lQi, aucun règle-
ment ni aucune action officielle ne soient en contradiction
ou en opposition avec ces stipulations et à ce qu'aucune loi,
aucun règlement, ni aucune action officielle ne prévalent
contre elles. ·
.
• i(
~

,
•~ ··• ... ·: , ·-~~,. ,.-; ',·- , Articls2 ~ :-- "/•.: ·": .
~ '\
')

..:
,,,

. . "'· .
, •

,
• <

"(.'
- •

~, ....
/ - . , ,, - ... ,,. ,,.. ,. '. : " J •

Le Gouvernement polonais s'engage à accorder à tous


i

les habitants pleine et entière protection de leur vie et de


leur liberté sans distinction de naissanae, de nationalité, de
langage, de race ou de religion. ~ . ~- . . . ~
· ~ . . .►-- ~-· •
ANNEXE XXI 651

-148 --
Tous les habitants de la Pologne auront droit au libre
exercice, tant public que privé, de toute toi, religion ou
croyance dont la pratique ne sera pas incompatible aveo
l'ordre publio et les bonnes mœurs. .• . ···. ,,f/ .-,~~; . , ,, ,t · . ·,,. n •

La Pologne reconnait comme ressortissants polonais, d1


plein droit et sans aucune formalité, les ressortissants alle-
mands, ·autrichiens, hongrois ou russes domiciliés, à la date
de la mise en vigueur du présent Traité sur le territoire qui
est ou sera reconnu comme faisant partie de la Pologne,
mais sous réserve de toute disposition des Traités de paix
avec l'Allemagne ou l'Autriche, respectivement, relativement
aux personnes domiciliées sur ce territoire postérieurement
à une date déterminée. 1
-• - .. •

Toutefois, les personnes ci-dessus visées, Agées de plus


de dix-huit ans, auront la faculté, dans les conditions pré-
vues par lesdits Traités, d'opter pour toute autre nationalité
qui leur serait ouverte. L'option du mari entrainera celle de
la lemme et l'option des parents entraînera celle de leurs
enfanb âgés de moins de dix-huit ans. - ·
Les personnes ayant exercé le droit d'option ci-dessus
devront, dans les douze mois qui suivront et à moins de
dispositions contraires du Traité de paix avec l'Allemagne,
transporter leur domicile dans l'Etat en raveur duquel elles
auront opté. Elles seront libres de conserver les biens immo-·
biliers qu'elles possèdent sur le territoire polonais. Elles
pourront emporter leurs biens meubles de toute nature. Il
ne leur sera imposé de oe chef aucun droit de sortie. ... ~- . N •

., .. ,'-~ ... . .. ,.

,:~ Article ,. :,,_":~~ ; ·...:._ ·-.. ~ -~.--· : -·. ~


. .

. La Pologne reconnait oomme ressorüssants polonais,


de plein droit et sans aucune formalité, les personnes de
nationalité allemande, autrichienne, hongroise ou russe qui
sont nées sur ledit territoire de parents y étant domiciliés,
encore qu'à la date de la mise en vigueur du présent Traité
elles n'y soient pas elles-mêmes domiciliées.
Toutefois, dans les deux ans qui suivront la mise en
vigueur du présent Traité, ces personnes pourront déclare!
652 ARCHIVES DU MONDIALISME

. : ', ' ::; '(: '· -~ <.'.•' .~ /·. - 14-4 ~ :: :: ...... :_ ;; ' -,,·. ' - : -.,_- -~ - . ,.
.... ... " ~

devant les autorités polonaises compétentes dans le pays de


leur résidence, qu'elles renoncent à la nationalité polonaise
el elles cesseront alors d'être considérées comme ressor-
tissants polonais. A cet égard, la déclaration du mari 's era
réputée valoir pour la femme et celle des parents sera réputée
valoir pour les enfants Agés de moins de dix-huit ans. ·....,..,, ~: -·
!~•~' ..·:; ,<·:: -,_,.: ~ ,',~:··.. : . . . .1:-· ·:;.:.,_ .. •_... .. ". ;• ,· ·.~-;,-·.,-::=*·--~-.. ♦ -:-y~'·-~~~--~-:::• . . :·
✓-i:....~---- Article 5
: ,· :~· ::-.. ·.-->--~~~:··,·:·, ~. . : ·.: . ;\:
... • < • .. •; -- ... , ,;,~· -·~····,,
·:~.
• •
• -··, ' > -"'? .-' ··. ·.:
· è,- • · • , . ...... ~•. •• ..,
!~-
., ... ... ,,
-~ ... - • • :-··~-~.. -

--~ .. La Pologn8. s'engage . à n'apporter 8.ucune . entrave -à


l'exercice du droit d'option, prévu par les Traités conclus ou
à conclure par les Puissances alliées el associées avec l'Alle-
magne, l'Autriche, la Hongrie ou la Russie, et permettant
aux intéressés d'acquérir ou non la nationalité polonaise. ; .~

·. ·· La nationalité polonaise sera acquise de plein droit, par


le seul fait de la naissance sur le territoire polonais, à toute
personne ne pouvant· se prévaloir d'une autre nationalité. :-· ~·
~{-r'"\,/::::;/.\· -._·. -r :_ Ar~~-~- ·::.;._ ·:, _:·<?>: ,.·-:.-.: ' -~ ~~: ~ \ .
'::":' Tous les ressortisSànts polonais àeroiit égaux devant
la loi et jouiront des mêmes droits civils et politiques sans
disüncüon de race, de langage ou de religion.
La différence de religion, de croyance ou de confession
ne devra nuire à aucun ressortissant polonais en ce tJUi
concerne la jouissance des droits civils et politiques, no-
tamment pou, l'admission aux emplois publics, fonctions et
honneurs ou l'exercice des dift'érentes . professions et in-
dustries. .
Il ne sera édicté aucune restriction contre le libre usage
par tout ressortissant polonais d'une langue quelconque soit
dans les relations privées ou de commerce, soit en matière
de religion, de presse, ou de publications de toute nature,
soit dans les réunions publiques. _ .) .
. Nonobstant l'établissement par le Gouvernement polo-
naia d'une 1angue offloielle, des faoilités appropriées seront
données aux ressortissants polonais de langue autre que le
polonais, pour l'usage de leur langue, 1t0it oralement, soi\
par écrit devant les tribunaux. · ~ J ·~ .. ___,,, _ "
ANNEXE XXI 653

_.. · :_,-.-. :~:·_-::·---~_-,_~.:t-·· ._,'. .


.. • • ? ~ ~~
}:~>-:· ~A rt,cle
.
~.s - - :. :_ ·.::f:r: /~~- : -~: .- --/:~:,: \~ /:.:
.. ~ 8 . .~ tJ - , -: ~ · · -~ ~ · ,. ,., · .
' ;v ~ . ~ i.,..l" ... ~ ~ l , •' ~ • " • ,,_ w, ,.. /; " .; ,. •" • P .a, • _,,. ..:~ •

. · . _ Les ressortissants polonais, appartenant à des minorités


ethniques, de religion ou de langue, jouiront du même
traitement et des mêmes garanties en droit et en fait que
les autres ressortissants polonais. Ils auront notamment un
droit égal à créer, diriger et contrôler à leurs trais des
insütutions charitables, religieuses ou sociales, des écoles
et autres établissements d'éducation, aveo le droit d'y taire
librement usage de leur propre langue et d'y exercer libre-
ment leur religion · ~ ~ •••►• •✓- ~ ri- .. . . < --· .♦ i · I'• -·- . · ,· -- • • ~- .

·;.·;_~/: <_ù,,-:: :~-;


... - ,.,;
~ ~//:~~ i?\::: \~~~: ~~:~F}t- i:i:t~:~_: lt)_:_:<·:>~:.
- · ~.. En matière d'enseignement public, le Gouvernement
polonais accordera dans les villes et districts où réside une
proporüon considérable de ressortissants polonais de langue
autre que la langue polonaise, des facilités appropriées
pour assurer que dans les écoles primaires, l'instrucüon sera
donnée, dans leur propre langue, aux enfants de ces ressor--
tissants polonais. Cette stipulation n'empêchera pas le
Gouvernement polonais de rendre obligatoire l'enseignement
de la langue polonaise dans lesdites écoles.
• , -· Dans les villes et districts, où réside une proportion
_considérable de ressortissants polonais appartenant à des
minorités ethniques, de religion 90 de langue, ces minorités
se verront assurer une part équitable dans Je bénéfice et
l'affectation des sommes qui pourraient être attribuées sur ·
les fonds publics par le budget de l'Etat, les budgets muni-
cipaux ou autres, dans un but d'éducation, de religion ou de
charité. . . , .. ,. ~ t· • • - - - • f n · - · - - ~. . . . . . . .

Les dispositions du présent article ne seront applicable&


aux ressortissants polonais de langue allemande que dans
les parties de la Pologne qui étaient territoire allemand au
ter aodt t9t,. ~.- · I • ~ •
· ,
.. _1,, · • • •• .. .. :·•., .. · .. ·.:.. • '":, ,-. • ~ ...:---..i": · .-~·
,. -,i' ~ ,, • - / , .. •

-· ·~- -- : · •·,·:••· .- ,::·.., · Articl, 1JO• ~,.. -..... , "':,_..


....... > .. _ ., , .. • ~ .. •. ' • .,, ' • ...,c • - ~ " - .. .
~-· . -•', .,., ..,. ~ c.i.. .
.
-~ .,, ·".' ' ~ • . ~ ' : t :• ~' ,., • • • , /Ir'

· - · Des comitél sèolairea désignés sur place par les oommu- .


nautés Juives de Pologne, auureront, aou1 la contrôle géné-
ral de l'Etat, la ~partition de la part proportionnell~ des
tonds publios assignée aux écoles Juives en oontormité de .
654 ARCHIVES DU MONDIALISME

~· -146-

l'article 9, ainsi que l'organisation et la direoüon de ces


écoles• .
Les dispositios de l'article . 9 concernant l'emploi des
langues dans les ~c~les seront applicables auxdites écoles. ·~ -
: ·.:. -- ~ ~,..r:·~ · ·. . :~··. :.- . ,. , ". .-- :. ~ . .. . ·: : ~-</. . ~;··,J . . .~-- ~.. ,-:':.•✓~ ~✓- ·.\ ·:., :

·: ~ ~ · - . ~:- ~,---.···
";. If' ~ "" >,, .. = •·.•....• . , ,. ...
.., ""i,. ,,< JI
» ~
..
Article it. -... \ . ·. · . .... •--
.
.. ~ ,.Il . ~ - .. ' ~ "" '•"' .... ..,,.,.. : ~ .. ..,, ~
't
4
••

:. ,.;.,;.,

·: · Les Juifs ne ~roni. pas astreints à accomplir des actes


quelconques constituant une violation de leur Sabbat, et ne
devront être• frappés d'aucune incapacité s'ils refusent de se
rendre devant les tribunaux ou d'accomplir des actes légaux
le jour du Sabbat. Toutefois, cette disposition ne dispensera
pas les Juifs des obligations imposées à tous les ressortissants
polonais en vue des nécessités du service militaire, de la
défense nationale ou du maintien de l'ordre public. · . .
La Pologne déclare son intenüon de s'abstenir de pres-
crire ou d'autoriser des élections, soit générales, soit locales,
qui auraient lieu un samedi; aucune inscription électorale
ou autre ne devra obligatoirement se faire un samedi. · . ;. ... ,

La Pologne agrée que, dans la mesure où les stipulations


des articles précédents affectent des personnes appartenant
à des minorités de race, de religion ou de langue, ces stipu-
lations constituent des obligations d'intérêt international et
seront placées sous la garantie de la Société des Nations.
Elles ne pourront être modifiées sans l'assentiment de la
majorité du Conseil de la Société des Nations. Les Etats-Unis
d'Amérique, l'Empire britannique, la France, l'Italie et le
Japon s'engagent à ne p·as refuser leur assentiment à toute
modification desdits articles, qui serait consentie en due
forme par une majorité du Conseil de la Société des Nations.
La Pologne agrée que tout Membre du Conseil de la
Société des Nations aura le droit de signaler à l'attention
du Conseil fA>ute infraction ou danger d'infraction à l'une
quelconque de ces obligations, et que le Conseil pourra pro-
céder de telle façon et donner telles instructions qui parai-
tront appropriées et efficaces dans la circonstance.
La Pologne agrée en outre qu'en cal de divergence
d'opinion, sur des questions de droit ou de tait concernant
ANNEXE XXI 655

ces articles, entre le Gouvernement polonais et l'une quel-


conque des Principales Puissances alliées et associées ou
toute autre Puissance, Membre du Conseil de la Société des
Nations, cette divergence sera considérée comme un diffé--
rend ayant un caractère international selon les termes de
l'arlicle i4 du Pacte de la Société des Nations. Le Gouverne-
ment polonais agrée que tout difîérend de ce genre sera, si
l'autre partie le demande, déféré à la Cour permanente de
Jusüoe. La décision de la Cour permanente sera sans appel
el aura la même force et valeur qu'une décision rendue en
vertu de l'article i3 du Pacte. · :- ·- -·- · - · ~~ , : :.. /• -~· . . . .#- ., ~

-. LE PR~SENT TRAIT~ dont l~ te~~s français ei an.:


glais feront toi, sera ratifié. Il entrera en vigueur en même
temps que le Traité de Paix avec l'Allemagne. ,· . _. . •-:- \(.
. .
Le dépôt de ratiflcaüon sera efTectué à Paris. ·· · - ✓ • , ,

Les Puissances dont le Gouvernement a son siège hors


d'Europe auront la f aoulté de se borner à faire connaître au
Gouvernement de la République française, par leur représen-
tant diplomatique à Paris, que leur ratification a été donnée
et, dans ce cas, elle.s devront en transmettre l'instrument
aussitôt que faire se pourra. .. . -:- -·~ .. . -- ~ 1
. _ •• , -~ ~. , ••

. ~ ~~ ·· Un procès-verbal de dépôt de ratification sera dressé. ,,,~:~/·


, ..
Le Gouvernement f ranoa,is remettra à toutes les Puissan..
ces signataires une copie conforme du procès-verbal de
dépôt de ratification. . . ~ · . .. ,.
,.~ ....
• : ... ,,.,, .. : ·"' "'•,.:::., >- » ..... - .·_ ,~: " ""-.V .. ~,
~

EN FOI DE QUOI les Plénipotentiaires susnommés ont


signé le présent Traité. . .. . t:· ~~,, .~ . -~ ,•>..--. -- ·. ~ · . .. ~---~·· .•
~-<· .•. ...

Fait à Versailles, Je vingt-huit juin mil neuf cent dix.:


neuf, en un seul exemplaire qui restera déposé dans les
archives du Gouvernement de la République française et
dont les expéditions authentiques seront remises à chacune
des Pui1sanoea signataires du Traité. .. . . . ~- ~~ .• -~ ..
656 ARCHIVES DU MONDIALISME

' ... • If _,, ,,. ~ • ♦ ,. _., \ , --tt•.. .... • .. .. ' ., .l ,. , .. ·- .. / .. • ,. • •

:- .· . ::-< .. . _ _ , \. ·:_:: - _. . ·(~<: ;-~_.-. ·,'r_::~: .:_·.:·.·i.}-~·:'.:.>/~:·_~:,· :•:'·~l: ·.·,./.-· --:? \ :·: : _;.,
4,. ••

~ • -, -, - ~ " '4- ' : : ~ · ' • • • .., •• ...... • ,. ..

♦ - f ,. • • .., 4 ~ '- \,. "' .. • .,,_'. , .,. ., ".. • ~ "' • t, il. \ • ,r 4 , • , I t .,_ "') \.- • f' t"" , :• : • • :;:_, •_,., -=-;_."
•t., ..,.... •• ,. .~" ,.:.:-:· ... ··,:. ..... _- -::: •'t •• ; • ,. • • •· •J • , ..... ,- ~ .. .,., • • ' ••

.: _.\ :. . : ~: :. ,\S·-:.(~.-:::-$:~/-::..~ -~- ~ :·.-, ... . '.. ·:'.}-:: \/\_:_. ;/:'.:.·. // ·:·... '. :
,. ,t,- ~ f : '1-:~ . '

/
AN. ~~~ -~~ ~~~ ~

~y - ~~~~~ :
• .._, ~ ~ • , . . . ¾"\· ~ ....., _ , _ ~ . - - ~r~~~~rt~-v.~~- ~ ~ : : :"-• •

.. .. • -1', ,,,.. • ~ • .. .. ..... .... • ( .. _.. , .... ,. .. • 1: ....,_....

IIEMOBANDVK CONCERNANT LES DBOITS DES KINO-


BITÉS, PBÉSENTÉ P AB LE ,,COMITÉ DES DÉLÉGA.•
TIONS J OIYES A.tJPBÈ8 DB LA CONFÉRENCE DE LA
PAIX", LE 10 KAI 1919, A LA CONFÉBENCE DB LA
.-.
.. ,"'
.- . - , •
J . ~ •
, • ~ t ... r:: ,. PAIX ·.: .. "'
· · .,,
~
,

·-~ / · ;.$.~ (,.. ,,,,., ,~ .. "1 : ., . •. . • •


f :· i ,.,,,, ang~ . . ·:-:''<", 11A.

;;;)~/i??.~{ff/;?~::.\\..::...:_. <_;/~~~{ ..::_ ;,;\-•::: ..•:~~ :,._. . .,/~·:


• • • # •• • - . ~~ ' : / • • • · :• • • ·.,,_-,;:· • • _ : - - ':-..·. - · I • • •• •

To thsir EzceUencis, ~:•' .. .:·.· ✓'• _...•~


._ :,r-:.•' , -;,.
_. ~ ·: . . ·• -~ .... (.' . . . : .-... .. .,_ . . . . .: ..
~

f .. htJ Prerident and thtJ M,mb


• -.._,r;·.,.. ~.. y,.·
~.
-:
·., Of thtJ Peac, Conferenc
_,

::- . ~ ~-. ~:·.-_ :.·.•.:. ·:: ·_. :\,;·-~·--·. .-; .:, . . : ... . .~. ·... :· < - ~ . 1 .. : , , "

-~! 5 . The Comit, de, Délégation, IUÏfJII auprl, de la Confl--


rencs dlJ. la Paiz repre,enting and acting on behalf of the
,everal organuation, who,s name, are ,ub,cribetl hsrsto, .
and who 1peak for nine million lew, re,pectfullu aubmit to
vour honourable body .the foUowing elaule, intnuud for tM
prot,ction of thtJ ,everal national, religiou,, racial and
Ungui,tic minoritiB, of Bulgaria, E1thonia, Pinland., Greec•,
Lithuania, Poland, Rumania, Ru,ria,Cucho-Slovalria., Ukrai-
nia, lugo-Slavia and othsr Ea,t and Central Buropean land,.,
and eame.1tlt1 F'-''11 for tlurir incorporation in t/&8 ,,oeral trBG-
"8• that ,hall bs thtJ outcom, of'11our delibsratioru., ths right
IHring r111JNJ«l to propo,, ,uch modification, "' ma11 b•
rsquiretl io 1p1cial condition, ezilting in Wlrioul of tM
f or,going lantll : · -.-. . ~ ~ ~ ~
ma,,
~->. --:~-..:=~· : >;..·;,,;·~~. f :~ :· . ~:. > _-::.,
> • • , • • • •. , • • • • -- -.: • •• • , • • - • • _ .,·., .• .t .. ~· • ••

. ·. .·, _ : ..:5· ;...,- ,~,: :.. ~_~: :_ ·.. >~:_:·.~:·:. 4


-----
Noua clonno111 le 1) tale e,.JU aYUt le fn · celai-ci ltaal w
lracL .. de celai-Il. . . . . ' ' . . '. .. . . . . . .. . ...
ANNEXE XXI 657

.,. .
-
:.· -·....· ,:·· .· ., . :' -;
.. ~
. '•~ . ···: . · - ~ -•~/·<-···,,...
'.. "' ...
.
· . . . .. . ..... 1~1 -- J. : -• • •• ••- ' . -· -~: ,;>;,·, :.,,:•·_. -~ ·.. ·, ~..... ·.. _·- ~
, :.. ~. ~ ~ -·,:~,: •. ' ,._~ ·~·:~.~- ·';. ~--.-
· .~- :. I. Thé State of..... undertakes the following obligatlona
to eaoh of the other Allied and Associated Powers, ·a nd
recognizes them to be obligations of international conoern
of which the League of Nations bas jurisdicüon :-- ·/·:•:· ✓~ . ~-~~-~
· :~. · · t. Without any requirement of qualifying or other
proceedings, the State of..... admits and declarea to be.....

a) All persona born in the territory reoognised to be.....


in this Treaty, who have not heretofore been naturalized in
some other country, and who were resident or domiciled hi
suoh territory at any tiine since August 1st i909, or who
have maintained their relation to such territory within such
period by passport issued by the present or the former sove-:.
reignty ; • · ✓• •✓: . ~ .t.. __; .. >, .-:- : ,. .
_ , : ,. ~.. .: _~:: .. _,,.:: ·-·. . . , =·. .. :, .-
~- •

. · ~ b) Ali persons Who were inhabitants of suoh territory


on August 1st t9ii ; ~--~ · , .·.~-- ,.1 · ···.., ~ . - ~ =-• • "•; .:: ·~; :::- ··: • ~- · :- .~·

o) All persons hereafter born in ....•·· and ·subjeot to the


• 4 , , •

jurisdiotion tbereof. -; ... ·,::~ ~ ~- ·....•. ·~~,. ,_ : , :.~ : •·--·.--~ ~-~ :: . . . _., : .. -,.
~ Any person belonging to classes a) or b) may however
#

within two years after the coming into force of this treaty
opt bis former citizenship. ·; ;~-~ ~ -. -.. . .-_ .. .-.~ -·. -~. _.. _. --~ ~~, . - . ~
. . 2. The State of...-.• ·agrees that all ciüzens of..... shall ..
enjoy equal civil religions naüonal and poliücal •rights, :
without distinction as to birth, race, nationality, language or
religion ; assumes the obligation to protect the life, liberty
and property of its inbabitants and assures to them freedom .
of religion and of the outward exercice thereof. ·_.,. ·_- !•::~. :~ •t -~ ::
· -- ' 3. None· of the foregoing rights shall be abridged, nor
shall any discrimination, disability or restriction whatsoever
be imposed by law or otherwise upon any person on aooount
of race, nationality or religion, nor shall be be denied the
equal protection of the law. Ali ·existing laws, decrees and
ordinances in contraventi~n herewith are repealed. . .. ~ · 4
· -•

.. · ,. The right of any person to use the languagea of any


national minority of..... in business, private intercourae, at
public meetinss and in the press as well as before the varions -
tribunals either orally or in wriüng aball not be limited ; ·
658 ARCHIVES DU MONDIALISME

-150- .

nor shall any suoh national minority be restricted in the use


of suoh lan-guages in its scbools and other institutions, nor
shall the validity of any transaction or document be affected
by the use -of any language whatever. Schools which
employ the language of any national minority shall if their
course of study complies with the general eduoational requi-
rements enjoy equal rights with ail other schools of the same
grade. Ali existing language restrictions are repealed. : -
~ 5. The State of....• recognizes the several national mino-
rities ln its population as constituting distinct, autonomous
organimtions, and as 11uch baving equally the right to
establish, manage and oontrol their schools and their reli- ~
gious, educational, charitable and social institutions.
Any person may declare bis withdrawal trom such a _
national minority. •· · ~ .. - ~ ~ >

· · Within the meaning of the articles of this chapter, thf) .


Jewish population of.,..... shall constitute a national minority
with all the rights therein specifled. -.. · .·. _;. -, -: · ..... ~
-- 6. The State of..... agreee that to the extent tbat tho
establishment and the maintenance of schools or religious,
educational, charitable or social institutions may be provlded
for by any State, departmental, municipal or other budget,
to be paid for out of public funds, eaoh national minority
shall be aJloted a proportion of such funds based upon the'
ratio between its numbers in the respective. a.reas and the
entire population therein. Moreover, the authorities of each
national minority shall be empowered to impose oblige.tory
contributions upon the members of such minorlty. ~-: .
· 7. The State of..... agrees that each national mlnority
shall have the right to elect suoh proportion of the entire
nomber of representatives in all State, departmental, muni-
cipal and other publio eleotive bodies based upon the ratio
of its numbers ln the respective electoral areas to the entire
population therein. They are to be ohosen by lndependent
electoral oolleges or by such otber equlvalent methods as
sball assure ~ 1uch minoritiea like national proportion&)
rapresentat.ion, . ,. .. r • - ~ .. • '-., .~,; •• ; f, _, • ~ •• .1
ANNEXE XXI 659

-151- ·

8. Those who observe any other day than Sunday u thelr


Sabbath shall not be required to perform any acta on their
Sabbath or holy days which by the tenets of tbeir f aith are
regarded as a desecraüon, nor sball they be prohibited from·
pursuing their secular affairs on Sunday or other holy days.
~ 9. The State of..... agrees that the f oregoing obligations
are hereby embodied in ber fundamental law as a bill of
rights, with which no law, regulation, or official action shall
conflict or interfere and as against which no law, regulation,
or official action shall have validity or eff ect. None of the
f oregoing provisions shall be amendable without the consent
of the League of Nations. . •.
4 • • ~ • • •

II. Any of the signatories of the treaty of which this


chapter shall oonstitute a part and any minority that may
be affected by a f ail ure to observe or to ~ffectuate any of
the provisions of this chapter shall be entitled to submit
their complaint for adjudication to the League of Nations
or to such tribunal as it may establish and upon such con-
dition as it shall prescribe. · ·
· With the expression of our high esteem and wi1h full
confidence in your exalted spirit . of justiée we have the
honor to subscribe ourselves.

- .
Au nom du Comité des Délégation, Juive, au,,,,.~,
de la
Conférence de la Paix, composé des Représentants des Pays
et Organisations suivants :
.~.. - ..
,. Il ••

,,.. . ". .,,,, .. . ,,.

AMtRIQUE, trATS-UNIS: Congria Juif <rAmériqua.


AMÉRIQUE, CANADA: Congri, Juif du Canada. . _
GALICIE ORIENTALE : Con,Bil National Juif. .
ITALIE : Comité de, Communauté,, Fédération Sionute,
Fédération Rabbiniqus. ~ ~ .. ~ t • ~ • -~ .• .

PALESTINE : A11emblée Constituants Juive. -- ·. ~ .. '"7" . :_~<, -


POLOGNE : Comeil National Juif. · ·. ~ ·.. ,
ROUMANIE : Publication, officlelle, de la Fldération Bio-:
660 ARCHIVES DU MONDIALISME

MEHOR&NDVH OF BE&SONS FOB PBOPOSALS :·~ ..·


.... 41' : • •• • • •,., •• ♦ ' ~ : · ,' ~ • , • • - • - • ''-.:) ' ;.. ,

~
1
• t 4 "" " • 4 '- " "' ,I!

The accompanying proposais aim to aecure to the


people of the newly created or enlarged States of Europe,
with adequate oonstituüonal guaranties and the eanction
to be aflorded bf the League of . Nations, Ule f ollowing
righ ta : .- · - · · • ·.-. . : . · ·i· ~: · .
t. Their civil, religious and politioal liberty aa indivi- .
d ,... al·s •- ,:,î~.......
Ul , ., ., ·~--···:-

..
.. .. ; .. . , • • ~ ,
. !. -
. • . ·_,.,; ·>
. . . ":'-:-.-
--
:
....
. • .:: ·:
•. •
. - ...,•
ANNEXE XXI 661

f .... :·

·~ · ,; 2. Their· right of organization and development as ·


naüonal minorities ; • • • ' • .~U~'I• • .v_ ,-A•

8. The attainment of equality of statua for individuals


and for national minoriües. ~-~. ,_ , . ✓ .>·:.~ ; · :: .:. , , ·; ... . ., ·,. ~. ~:. • . ·
,. i. To secure the flrs.t of these groupa of rights, it ia
essential that the Treaty itself shall confer ciüzenship
deflned as set torth in Clause t of the proposais, otherwise
as happened in !878, large masses who are justly entiUed
thereto will be deprived of it. ·J· . __:_." ·:. ·:-~.r/.·~ · .- ---.~~: ... ·-·< -- ~-
. The history of the treatment of the Jews in Rumania
illustrates thl·s ....· .<' -. ~.... .. ...~:. ~-. -- . ,..~ ~,::. : ·~ ~. -~ •·•. / ·.- • :. ~-::.:..:.,
• "' ~.,. -·~ • " ., • .. . ..- ..-· ,.\ ~ • * • • " r ' "c... ..
i... •
~
. ...... ... .;

. - For f orty years, Rumania bas deliberately ignored the


rights which the Treaty of Berlin sought to bestow upon
them and during that period she bas persistently added
to their burdens. Not to exceed t.000 out of ber 250.000
Jews have thus far received naturalization and this only
by special legislative acts, the only method of naturali-
zation permitted, although it was intended by the Powers
that all Jews should become citizens en bloc• . A recent
law which claimed lo have accorded citizenship to them is
a sham. n also requires individual naturalization coupled
with conditions impossible of performance and its operaüon
is limited to a period of three months. , •. r ·; _. -. - ~ : .- r -. , - •• :- ·:.-- •

The rights enumerated in Clauses 2 and ~ constitute


the minima of those which are essential to the enjoyment
of freedom by the inhabitants of the lands under consi-
deration. . . ;,-, / ~-#'. ,> • • -: . .. • • 'Z.; ·......,. , ,., ·},.- . :.- · ·. · .·. ~- ,-· . · ·
, . ,. : - • .-- ~-:-' :-~ ~-•.

-•-· Especially important is Clause 1- which relates to


Janguage rights in States composed ot beterogeneous
peoples who have passionately clung to their own tongues
for centuries and who, if deprived of the right to employ
them, would be thereby subjected to grave hardshipa and
disabilities. 1 • ~· t , -- • : • • ~ • • ~ •• ·, • •••

2. Clauses 5, 6 and 7 conta.in guaranties essential to


national minority rights. These varions lands which are
not like tbose of Western Europe composed of homoge-
neous populations, always have been and - if confliot and
warfare is to be avoided in them --- must continue to be..
662 ARCHIVES DU MONDIALISME

- l M - v'

practically tederaüons of nationaliües which togelher f orm


the State. ·
- The alternative to the grant of national minority rigbts
to these consUtuent nationaÜties is their domination by the
majority nationalities. This would inevitably result not
only in the crushing out of the minority but in continuons
warfare which is apt once more to involve ail Europe and
America in internecine oonflict. •-.-· ..,·,:_ .:.•,•-~A·.· - . ~ -
>. •• .,·,

· Without these minority rights, Jews, Ukrainians,


Lithuanians and others within the new Polish, Rumanian
and o_ther States would incur the danger of the annihilation
ot their anoient civilization, the destruction of their sohools
and the suppression of their languages. In a word they
would be compelled to submit to complete absorption.
. The cultural rights specifled in Olause 5 require for
their preservation that the several minorities atfected may,
as provided by Clause 6, share proporüonally in the public
funds devoted to the purposes therein specifted. Otherwise
the minority groups would be compelled to oontribute
through taxation to the support of schools and the other
cultural institutions of the majority and at the same time
would be oonstrained by the urge of national self--preser-
vation to support with their own funds their own schools
and cultural instituüons. ~ - - . . ·.. ~ . , -~ ·
But Clauses 5 and 6 alone would not assure full
security and protection for the individual and national
rights set f orth which, in these circumstances are depeudent
on ,the exercise of the political right of national minority
representaUon, as provided by Clause 7. By that guaranty
only oan the otber rights sought to be conferred be
defended an<l vindicated peaoeably, lawfully and effec-
tively. Genuine patriotio citizenship will be furthered by
such a measure and that mutual distrus\ which inevltably
breeds war would be averted. . -' ~
~ Article 8 touches a subject which both from the stand- ,
point of religlo111 liberty and eoonomio equality i~ of a
primary importance. 1\ relates to what ls lmown a@ the
Sabbath quesüon and applies to tbose who regard a day
ANNEXE XXI 663

·--15& - ,.

other than Sunday as their day of resl The Jews, for


ex.ample, constitute approximately fourteen per cent cr the
population of Poland. They observe Saturday. Were they
precluded from pursuing their secular afl'airs on Sunday
they would be deprived of one sixth of their economio
power. That would place them at a cruel disadvantage in
the struggle for existence. That they shall not be compelled
to desecrate the day which they and their ancestors have
treasured as holy for centuries, -is a principle equally in
oonformity with every consideration of justice. : .
· The establishment of the League of Nations afl'ords
international sanction for the rights thus conferred. A
tribunal will be thereby assured for the enforoement of the
obligations which are to be automaüoally assumed by the
several new and enlarged States.
On behalf of the nine million Jews of the lands which
are now to be reconstituted polilically, we ask that thia
Charter of Liberty be granted to them in common with
a1l other inhabitants and that complete emancipaUon and
the opportunity for their full development be guaranteed
to them. For centuries they have been berett of th6 most
elementary human rights and subjected to intolorable
opp~ssion and hateful discrimination. Il at this time
when the world is being reconstituted on tbe basis of Justice
and liberty, national minoriUes alone were to be deprived
of these blessings, the hopelessness of their f ate would
transcend,.
the- .limits
.. ..
of . tragedy. .,.,. . : ·. )., -,•• ; '>"'· - ...~..:·~,. --... - : _,, •.~--~✓•
...:.,.·,i
-. ~
... ,, . ~.. .,. .
., _

• ,..~ '" • .... ,,, ,. i " , • ". ~ ' ,.. ..


' .. ... "
. . .. '),

... ,.
• , ......:
:
f
(
•'

• ,J,t
( . ..
, ,.:
"' .
1. • ..
..

...
,
'
.
.,,, ,,,

'
. ✓ -~ ...... ' : ;~: : : : .. :•t,· ·-><~,;
..
J f ' ~
. J • #, .,, .... , , ,_.
,.,,,.. . :,. .. • ... ·~- ~ . ..

,• .
6 4 ARCHIVES DU MONDIALISME

.,. . •'-
/' -:-... . .~ ~. ~· . ,:

~:.{ Le Comité de, Délégation, Juive, auprè, de la Conf'-


rence de la Paiz, agi8sant au nom de, diverse, organisation,
,oiurignée, et qui plaident pour neuf million, de Juifs, a
rhonneur de voua aoumettre le, proposition, auivantea dont
robjet e,t la protection de, diverse, minorité, nationale,,
religieuse,, ethnique, ou linguistique, de Bulgarie, Esthonie,
Finlande, Grèce, Lithuanie, Pologne, . Roumanie, Russ-ie,
Tchéco-Slovaquie, Ukraine, Yougo-Slavie et autre, paya de
rE,t ou du Centre de l'Europe, et voua prie de vouloir bien
le, incorporer dan, les divers traité, de paix qui font l'objet
de vo, délibération,, le droit étant réservé de proposer telles
modificatiom qui pourraient devenir nécessaire, en raison
de, condition, 1péciale1 ezi8tant dan, plusieur, de, paya
ci-de11u, dérigné,. :.-,, ✓ ~ • • • ., ,;v . • .-•.• ~.f · , _ , - ~ · : · : · . •.: •. . . . . ·.~ . • ~.
,. , • f • • '. '. •• ~ • • : ... , ~. - · . : •• - ~ ,- ~ . . - . - : : · · ~ - ••• _-,. •••• - -

· 1. - La ....... prend envers les puissances alliées et


associées les obligations suivantes auxquelles elle reoonnatt
le caractère d'obligations internationales relevant de la
juridiction de la Société des Naüons. ·:· ·
t. La .......... reconnait et déclare être oiooyens ....•• de plein
droit et sans aucune procédure probatoire ou autre: ·
a) Toutes les personnes qui, nées sur le territoire
reconnu par ce traité à la....., n'ont pas été jusqu'à présent
naturalisées dans un autre pays, qui ont résidé ou ont été
domiciliées à une époque quelconque sur ce territoire depuis
le ier aotlt f 909, ou qui ont gardé des attaches avec ce terri-
ANNEXE XXI 665

toire depuis cette date au moyen d'un passeport délivré par


•l'Etat précédent ou par la......... ; . ,. .>-.. ~ ~ ~ .:~~p, ~-· ·~ .:. :. · ·. -· ...,7.~ ·- ·· ·
· ~ • b) Toute personne ayant habité ce terri~ire, le ter
Aoàt i9ii; :..: ....... . ,,_.:. ·-~ .... :..--:,-··"·--: .,.:·. ;_✓
: · - -· .... : ._ - : . : . - , ··: ~ . ;· _-_.,,, .... _ .. :_:......: . . . ..

.-· ..... -· · c) Toutes les personnes qui naitront dorénavant en


--········~·· et ressortiront à sa j uridicüon. · ·: - · ·,~ . .: · ·~
Toute personne rentrant dans les catégories a) et b)
peut, dans un délai de deux ans à compter de la mise en
vigueur du présent traité, opter pour son ancienne allégeance.

1
2. La .~.•••.•.• déclare que tous ses citoyens jouiront de
- ...

droits civils, religieux, nationaux et politiques égaux, sans


disünction de naissance, de race, de naüonalité, de langue
ou de religion et s'engage à protéger la vie, la liberté et la
propriété de tous ses habitants et à leur assurer la liberté
en .t out ce qui touche la religion et l'exercice extérieur du
culte. .. · •:~· ... ·.•-:-:!,;, ·• - - ···<· ·: · · · ·. · :···__ •.--;.·... :. · .-.··:-:-. ....: · -. ·
·: 3. Aucun des droits éi-dessus énumérés ne pourra -êtrë
amoindri; aucune exclusion, incapacité ou restriction ne
sauraient être imposées par la loi ou de quelque autre maniè-
re pour des raisons de race, de nationalité ou de religion, ni
la protection égale des lois être déniée à qui que ce soit. Tous
lois, décrets et ordonnances contraires sont par là abrogés.
·· ~ · i. Le droit de toute personne de se servir de la ou des
langues d'une minorité nationale de .......... dans le commerce,
les relations privées, les réunions publiques et la presse,
ainsi que devant les différents tribunaux, soit oralement, soi\
par écrit, ne pourra être restreint; aucune minorité nationale
ne pourra être empêchée de se servir de sa langue dans ses
écoles et autres institutions, ni la validité d'un acte ou d'un
document être mise en question en raison de la langue dans
laquelle il est rédigé. Les écoles qui se servent de la langue
d'une minorité nationale, à condition que leur programme
soit conforme au programme généralement adopté, jouissent .
des mêmes droits que les autres écoles de même degré. Toutes
les restrictions existantes concernant l'emploi des langues ~
sont abrogées. , ·· - ·· . ~> • •

. :. ' )

u 5. La .......... reoonnalt les diff'érentes minorités nationa~


les de sa population comme constituant autant d'organismes
distincts et autonomes et ayant comme tels des droits égaux A
666 ARCHIVES DU MONDIALISME

,, . . ·'

à fonder, administrer et contrôler leurs écoles et autrés


institutions religieuses, éducative~, charitables el sociales.
Toute personne peut par une déclaration expres~e se
retirer de la minorité à laquelle ~Ile appartienl < . _ ; • •

Aux termes des articles de ce chapitre, la population


juive de .......... constitue une min<;>rité nationale jouissant de
tous les droits qui y sont spécifiés. : . . ..
6. La....... accepte que, dans la mesure où l,élablissement
·ét le fonctionnement des écoles et autres institutions reli-
gieuses, éducatives, charitables ou sociales sont à la charge
d'un budget d'Etat, de département, de commune ou autre,
alimenté par les fonds publics, il soit alloué à chaque mino-
rité nationale une part proportionnelle de ces ronds déter-
minée respectivement dans chaque région par le rapport du
chiffre de la minorité au chiffre global de la population. En
outre, les organes de chaque minorité nationale ont le droit
d'imposer aux membres de cette minorité des impôts obli-
gatoires. "· ~ -:-. ·-- · 0
- ~
• • ~ ~

· 7. La .~;..~-~ reconnait à chaque minorité nationale le


droit de contribuer dans une certaine proportion à la for-
mation des différents corps électifs de l'Etat, du département,
de la commune ou autres, cette proportion étant déterminée
respecüvement dans chaque circonscription par le rapport
numérique de la minorité à l'ensemble de la population. Ces
représentants seront élus par des collèges électoraux indé-
pendants ou par toute autre méthode équivalente qui assu-
rera à ces minorités la même représentation nationale pro-
portionnelle. ,. . ~ · _,. . .+,_ --· ... - •• • •• •
y ..

. 8. Les personnes qui ont pour jour de repos un jour


autre que le dimanche ne pourront être astreintes à accom-
plir en ce jour et à leurs autres jours de fête un travail que
leur loi religieuse considère comme un péché; elles ne seront
pu non plus empêchées de vaquer à leurs afTaires le diman-
che ou autres jours saints.
9. La ..... reconnait que les obligations ci-dessus définies
tont partie intégrante de la loi constitutionnelle en tant que
déclaration des droits dont l'exercice ne saurait être restreint
ou tenu en échec par aucune loi, disposition ou action offi-
cielle, vu qu'en oe qui touche les dites obligations, les lois,
règlementa ou actions officielles demeurent sana validité et
ANNEXE XXI 667

de nul etrel Aucune des précédentes dispositions ne peut être .


amendée sans l'agrément de la Ligue des Nations. ~ ·
II. - Tout signataire du présent traité, dont ce chapitre ·
tait partie, ainsi que toute minorité lésée par la violation ou
la non-exécuüon d'une des dispositions du présent chapitre
sont fondés à soumettre, dans les tormes qui seront prescrites,
leurs réclamations à la Ligue des Nations ou à tout autre
tribunal qui pourra être institué par cette Ligue.
Veuillez agréer, Monsieur le Président et Messieurs les
Délégués, l'expression de notre confiance dans vos sentiments
de justice et l'assurance de notre très haute considéraüon. ,, ·
-
! •i
~

:• --- -... ~. •:
' .,.. ...
>
·"' ..
V ::• ,
..
:
,,
• ~ • .; ,
~

·_ - Au nom du Comité de, Délégation, Juive, aupri, de la


Conférence de la Paiz, composé des Représentants des Pays
et Organisations suivants : . -~:. : _-: ~· .: · , . .'( ,-:-: : -·: ~-·~ .,. ·. r..-- . · - ~ ,,,,,._ - ... ~ .. : " .. >·• ,.~.

AMtRIQUE, ÉTATS-UNIS ·: JuiÎ d'Âmériq~. ~::·~...~~~,. ·congri,


AMÉRIQUE, CANADA: Congrè, Juif <lu Canada. . ., ·. ·~ .:· -~ . : _
GALICIE ORIENTALE : Comeil National Juif. : ~ ~.:_ .: ·. . ~ ·".:;
ITALIE : Comité dei Communaui,,., Fsdération Sioni1te1
FédérationRabbinique. . , ,: .. -~ ,. -t~·>:;:-. ·-- ·/· ~ -...::
PALESTINE : Aa,emblée Conatituante Juive. ~ ~ ;-;•.: •~~· ·.:;.,. · :~..•_'".
POLOGNE : Comeil National Juif. · . · · ~ ., ~ ··: _;. :
ROUMANIE : Publication, officielle, de la Fédération Sio- .
: niste, Union de, Israélite, indigène, et Union Poaûl-
. ,. . . . :~ s·· ionu· te. . · ; ~-- . .~ • ... --:· ---· _.. •.[', -, · . . •:
RUSSIE : Conseil National Juif. · ·. ·· ·. . ·. ··_.~·/ ... _;.·•>V·~~- :. .·. :~-:
~ i .. ... ,J ...... .. '"" \ . . . .. . . . ~ . ' "':l ~ 'l ;.rl4, "'

TCHtCOSLOVAQUIE: Conseil National lui/. · :.::~~..·_.·.; ~ ~~.· _-~


UKRAINE : A11emblée Nationale Juive. · .· · ·
_ORGANISATIONS : American Jewilh Committe•; Bnai-
. Brith; Organisation Sionilte. .
MANDATS PAR tCRIT: Grèc, (Salonique), Tramylvania ,t
Bukovin,. -~~ · ~
· , 'I' \."" .,.. ' I ~ - - ,,.,_• .,,.•,~, ' \"" • ':'
► ~ ~
,1, • :' • _.
1,. ...... · • ,, --- • ,, , .. ._.. ...... , -:'" ,. :. - · :

··~> ·;
, • .. ,r

·· ·-'-~ · ,, ·· · · : - Prlridence du Comiti: _:· ., · _'·.··.._-.:_.:: ,


• ~ ,, • • ~ : ·:. : • • , ' > :, • • ; .. • ..• • ~ <"' ,

: , , '--:~ .• ·. - ~·, Prlridenl : Julian W. MAOK; · ~·: . .-.. ~: :I .:: .~


.
.-_ • "' -," ,l-. ... •.-" <j, r • ,.l .... ,. - ). ~~ _,, • "' " _ :) ... .. t
.
: A
~
,- ..- ;"'
:
, , : ....
~
~,r
-

.~. . , Yic1-Prlri<lent1 :,~. ·· ~.. . ~ - · · · :/ :- ~ ~ ~~


Louis MARSHALL; ..: :~~ .:-. · ~-... :· ~. . ~-
,. ~ ·. Uon REICH; ./ :. ~ _. -- ·:. ~ - ~ -· . : .~ .. ~.- : ,· ~~--
AR HIVE DU MONDIALISME

~ 160 -
lsrall ROSOFF; .
Nahum SOKOLOW;
Menahem. USSISOHKIN;

. _· , .
~ ,
Membre de la Préridence ) . Harry OUTLER; -t:; I' , .

é
• , · . .1,- ·>· ~ ·~s., ·r' ~ ~✓
<(:.: . (_~

~ Secrltaire-Générai : Léo MOTZKIN • .~ ,:~~ >

Les propositions précédentes~ par des garanties consti-:


tuüonnelles adéquates et la sanctio~ éventuelle de la Ligue
des Naüons, tendent à assurer aux populations des Etats
récemment créés ou agrandis en Europe, les droits suivants:

Vl• dus·, , . .
i. Liberté civile, religieuse et politique pour les indi-
. ~--.~·· ·~· . -
•'
. . . -.
~M -

- 2. Droit d'organisation et de développement pour les


V • • - ; . . .:.. • .. • "',._

minorités nationales; .. , - · , ·· -- - · -· · _
3. Egalité de statut pour les individus et pour les mino-..
rités nationales. . ,- - ~· ; ' ··
i. Il est essentiel, pour assurer les droits du premier
groupe, que le traité même confère les droits de citoyen, tels
qu'ils sont définis au paragraphe i; sans quoi, comme cela
s'est passé après !878, de grandes masses ayant un juste
titre à ces droits en seront privées. -
L'histoire de la condition des Juifs de Roumanie est, à
ut égard, un exemple typique. Pendant 40 ans, la Roumanie
a ignoré délibérément les droits que le traité de Berlin avait
voulu leur assurer, et pendant cette période, elle n'a cessé
d'aggraver leur oppression. Mille Juifs au plus, parmi les
250.000 Juifs de Roumaie, se sont vus aooorder la natura-
lisation, et cela par des actes législatifs spé.o i!ux, seul mode
de naturalisation autorisé, encore que les puissances eussent
décidé que tous les Juifs deviendraient citoyens en bloc. Une
loi récente qui prétend leur avoir accordé les droits de citoyen
est une imposture. Cette loi exige aussi la naturalisation
ANNEXE XXI 669

-: -~--- , ; ;~.-~---··.• -· ..-- ~--=-~ : -~.><- . -· ·~ 101 .;.:.-.·-:: ~ --:-:. -: -·:- ~~<·· _-:,:;:~~- .r;.· -->{--::.-:--._. ;.
:t ~>:-·_,: : · > -~·.·:: : 0. ·~ : ~: ·:· ·/:. ~ ~-.-~:. .. . --~•: : ~.:.-:· --~- ~ ~:·• :·~ ~/f~\-:~j<;~<--5-· -:, ~-~:- .·;~-
individu~e ·en·; j oig~ant d~s.~ndÏtions-i~~ossibl~ à réali~--
ser, et elle n'est opérante que pour une période de trois mois; ,,
Les droits énumérés dans les paragraphes 2 et 3 oonsti- :·
tuent le minimum de ceux qui sont essentiels pour que les ·
habitants de ces pays jouissent, sans molestaüon, _de leur
liberté. . . · · · . . - ~ -· -- - ·- · : . . ~-
Le p~~phe·, •· ;.;1atii a~ -dr~iÎ-d~ -la~~~ ~ iei
pays où vivent des peuples hétérogènes est d'une importance
parUculière, vu que ces peuples sont demeurés passionné~
ment attachés à leur langue propre, de sorte que leur dénier
le droit de s'en servir ne serait rien de moins que leur imposer
une grave privation et les frapper d'une incapacité légale. ·. ~-:
•· =· 2. Les paragraphes 5, 6 et 7 .indiquent les garanties ·
essenüelles des droits des minorités naüonales. Les différents
pays en question~ n'ont pas comme les pays de l'Europe
occidentale une population homogène, ont t.ouj ours été ~ ·
et devront toujours être, si l'on y veut éviter un état de
conflits et de guerres -:--- des f édéraüons de ~ationalitéa
consütuéœ en Etal ,. -··-:,. ---~ · - -,. ~.. - · ... ,. · -:.-: ·: . -. . . · , · .- _;':
~- · Que les droits de minorité nationale Île soient pas assurês
à ces nationalités formant un même Etat, il ne reste d'autre
alternative que de les soumettre à la domination du groupe
national le plus importanl Le résultat inévitable ne serai\
pas seulement l'écrasement de la minorité, mais un continuel
état de guerre. qui pourrait entraîner une fois de plus toute
l'Europe, et l'Amérique même, dans un oonflit meurtrier. ·. ~·
· Sans ces droits de minorité, les Juifs, les Ukrainiens, "les
lithuaniens et autres peuples, courraient le danger, à l'in-
térieur des nouveaux Etats polonais, roumain, etc., de voir
abolir leur ancienne oivilisaUon, de voir détruire leurs écoles,
et supprimer leur langue. En un mot, ils seraient obligés de
ae résigner à une absorption totale. · -~ < ... . -· -- · -. - · _; ~-=
Les droits relatifs à l'éduoaUon et à la religion spêoifléa
, dans le paragraphe 5 exigent pour leur sauvegarde que les
diverses minorités intéressées puissent, ainsi qu'il a êté prévu
au paragraphe 6, avoir une part proporüonnelle des fonda
- publics affeotéa aux buts spécifiés dans ledit paragraphe.
S'il n'en était pas· ainsi, les groupes en minorité seraient
mis par l'impôt dans l'obligaUon de contribuer à l'entretien
des écoles et autres institutions d'enseignement. de la majo-
ritê, cependant que, d'autre part, le souci de la conservaüon
670 ARCHIVES DU MONDIALISME

naüonale leur imposerait de pourvoir avec leurs fonds privés


à l'entretien de leurs écoles et institutions d'enseignement.. _.
~ •·· Mais les paragraphes 5 et 6 seuls ne sauraient garantir
sécurité et protection aux droits tant individuels que natio-
naux spécifiés d'autre part, vu que oes droits dépendent en
pareilles circonstances de l'exercice par les minorités de leurs
droits à une représentation nationale, ·ainsi que le prévoit le
paragraphe 7. Ce n'est qu'en vertu de cette garantie que les
autres droits revendiqués pourront être défendus et conservés
effectivement par des moyens pacifiques et légaux. Cette
mesure développera un véritable sentiment patriotique chez
le citoyen et écartera cette défiance réciproque qui amène
inévitablement la guerre. . . , .~.- :- ~-·.· · > · =- -- ~ ·
: · -L'article 8 est relatif à un sujet d'une importance capitale
au double point de vue de la liberté religieuse et de l'égalité
économique. Il a trait à oe qu'on a coutume de nommer la
question du Sabbat, et il intéresse ceux qui observent comme
jour de repos un jour autre que le Dimanche. Les Juifs, par
exemple, forment approximativement quatorze pour cent de
la population de Pologne. Ils observent le Samedi. Les em-
pêcher de vaquer à leurs afTaires le dimanche serait les priver
d'un sixième de leur puissance économique, d'où, pour eux,
une grave infériorité dans la lutte pour l'existence. Que les
Juifs ne soient pas contraints de profaner le jour qu'eux et
leurs ancêtres ont respecté, des siècles durant, comme un
jour sacré, est, au surplus, un principe en accord avec toute
considération de jusüce. ~,.-· ., · ~._...-,,: :_. .<·. >· ✓-.:~-;_;-:': .-~·-·< :-:- ~. _-.. ~ ~
- J.,., L'institution de la Ligue des Nations assurera une sanc-

tion internationale aux droits ainsi conférés. Ainsi il y aura


un tribunal capable d'imposer .aux Etats nouvellement créés
ou agrandis le respect des obligations qu'ils auront automa-
tiquement contractées. ..-_ -· ~~ i - _-~~ _... _ _
.-.- . - Nous demandons en faveur des neuf millions de Juifs
des pays qui doivent être maintenant reoonsütués politique-
ment, que cette Charte de Liberié leur soit garantie, ainsi qu'à
tous les autres habitants de oes pays, et qu'une complète
émancipation et la possibilité d'un entier développement leur
soient assurées. Pendant des siècles, ils ont été privés des
droits humains les plus élémentaires, soumis à une oppres-
sion intolérable el à un régime d'exception odieUL Si à une
ANNEXE XXI 671

- 168
:;...

êpoque où le monde se reconstitue sur une base de justice et


de liberté, les minorités nationales devaient seules être privées
de ces biens, leur sort désespéré reculerait les bornes du
tragique._~~-~.: . ~-·: . -..
..,_ \ : "· .,:-:: ~ ..
. .. .,..... ,.. ,._-:,.. -=--~

"'-...... i. ; ... • , . , -

:__>·;·f_ -. ~-~-_:;.~.:;-~: ~r_; - ~:.-- . ~.-2:-.:;..,-.. ._:;·-


.. _
. ... _-...- ..~...._.:-, ._, .. . .,.:..,... -. ..
. ·,_

"-' ... ... ......

-_• ~-r~~----:.• .•_:_.~.:--, _: • •~;.. •,"~•,.. ,


,. ~-...... -...r • , . .;' .... .. .. - ~..

"":. ~ .. · ...

_ ....
.....
672 ARCHIVES DU MONDIALISME

• :~, r •.:•-:, '•:•~:< "~<·.~: <~~~ . . .:~. . ,;. ,., · •~ . ••· ~:"·':, . -!.., ..,.;,.. ,

::.-J - <.:::\_::<t-C~: <·:,::


.·/. : · ·-· '·: :~ :.--~~-~~~: ·'·::-L::~ ' <. ,::-

- . ,.._""".-..... ..:,.- ~ - .. ,
.,,,
... .J~ --:. ..,,,,, •"'.. 1

., -~
. .· ~~-. <·--~-:~

. ..
DISCOUBS PBONONCÉ PAB LE PRÉSIDENT WILSON ·.
LE 81 HAI 1919, A LA HUITIÈME SÉANCE PLENIÈRE
-.: _ - :._.>-~-~-- DE LA CONFÉRENCE DE LA PA.IX .-.-:..-;- --~- ·- <

~~~:~~;:{J.~{~;~t~!}Itf1}~;.{±:;;=
_~;~~:~::~?~:ft\: /:}~:/~i~~;:i}<~
-~- ...::._ Mr. President, r-:,?t:=i :_:~ .·._ :;.:.:. -·::_>.-. :--:=.-:_.--: :-·_, > =,_·. ·_: :.:·:··~ · f
:·· ·.f~- I should be very sorry to see this meeting adjourn ·

with permanent impressions such as it is possible have been


created by some of the remarks that our friends have made.
I should be very sorry to have the impression lodged in your
minds that the great powers desire to assume or play ·8.lly
arbitrary rôle in these Great Patters, or assume, because of
any pride of authority, to exercise an undue influence in
these matters, and therefore I want to call your attention to
one aspect of these questions which bas not been dwet upon. •
We are trying to make a peaceful setllement, that is to
say, to eliminate those elements of disturbanc~, so far as
possible, which may interfere wilh the peace of the world,
and we are trying to make ·an equitable distribution of
territories according to the race, the elhnographical character
._ of the people inhabiting those territories. · · :.
And back of that lies this fundamentally important tact
that when the decisions are made, the allied and associated
powers guarantee to maintain them. lt is perfeoUy evident,
upon a moment's reflection, that the chief burden of their
maintenance will f all upon the greater powers. The chief
burden of the war f ell upon the greater powers, and if it had
not been for their action, their military action, we would not
be here to setile these questions. And, therefore, we must not
close our eyes to the tact that in \be last analysis the military
ANNEXE XXI 673

? _.\· ..... ;- .:.~1~-~=- j•;~_}?)\):· .-:· t{\


.. .. -
and naval sh ength of the Great Powera will be the final
gu.arantee of the peace of the world. ·- = ~ ·.-- ·. ·-- , ~:. - .; . :
. In th.ose circumstances is it unreason·able and unjust
that not as dictators but as friends the Great Powers should
say to their associates: (,We cannot afl'ord to guarantea
territorial setUements which we do not believe. to be ·r ight,
and we cannot agree to leave elements of disturbanoe
unremoved, which we believe will disturb the peace of the
world» ? : · •,, -:. , __._: _ . _, _. ~-. . , · · .. ~·- . . ···~ ·. - : _ . -;
•_-_. Take the rights of minorities. Nothing, 1 venture to say,
is more likely to disturb the peace of the world than the
treatment which might in certain ciroumstances be meted
out to minorities. And, therefore, if the Great Powers are to
guarantee the peace of the world in any sense, is it uujust
that they should be satisfled that the proper and necessary
guaranteehas·beengiven? ~ -~ . :· ,.. ;_... ·. ·.-· -"~· ·~.- -· . -~: -: ·~
. ~ -· I beg our friends from Rumania and from Serbia to
remember that while Rumania and Serbia are ancient
sovereignties the settlements of this conference are ad ding
greatly to their territories. You oannot in one part of our
transactions treat Serbia alone and in all of the other parts
lreat the Kingdom of the Serbs, the Oroats and the Slovenes
as a düferent entity, for they are seeking the recognition of
this conference as a single entity, and if this oonferenoe is
going to recognize these varions powers as new sovereign-
ties within definite territories, the chief guarantors ara
entitled to be satisfled that the territorial settlements are ot
a charaoter to be permanent, and that the guarantees givan
are of a character to insure the peace of the world. -:·• ~-~ ·
~,.! It is not, thereforei the interventions of those · who
would interfere, but the action of those who would help.
I beg that our friends will take that view of it, beoause I see
noesoapefromthatviewofit. -·~··.-._~: · :~ _. ~~ .· >:-·~:-~.-··
. -~ · How can a·power like the United States, for example .:. :.:. ·
for I can speak for no otber-=- after signing this treaty: if it
. contains elemente whioh they do not believe will be per-
manent, go three thousand miles away across the sea and
report to its people that it bas made a settlement of the peaoe
of the world? It cannot do ao. And yet there underlies all of
this transactions the expectation on the part, for example,
.of Rumania, and of Ozecho-Slovakia and of Serbia, that if
674 ARCHIVES DU MONDIALISME

any covenants of this setUement are not observed, the United


States will send ber armies and ber navies to see that they .
are observed.
~ In those circumstances, is it unreasonable that the
'United States should insist upon b~ing saüsfted that the
setUements are correct? Observe, Mr Bratiano-and I speak
of his suggeslions with the utmost respect - suggested tha\
we could not, so to say, invade the sovereignty of Rumania,
an ancient sovereignty, and make certain prescriptions with
regard to the rights of minorities. But I beg him to observe
that be is overlooking the f act that be is as king the sanction
of the allied and associated powers for great additions of
territory which come to Rumania by the common victory
of arms, and that, therefore, we are entiUed to say: ((If we
agree to these additions of territory we bave the right to insist
upon certain guarantees of peace»·. ww_.. . ' -- :: - -
~ .· I beg my friend Mr. Kramar and my friend Mr. Trumbie
and my friend Mr. Bratiano to believe that if we should f eel
that U is best to leave the words which they have wished to
omit in the treaty, it is not because we want to insist upon
unreasonable conditions, but that we want the treaty to
accord tous the right of judgment as to whether those are ·
things which we can afTord to guaranlee. Therefore, the
impressions with which we sbould disperse ought to be these,
that we are all friands - of course that goes without saying
- but that we must ail be associated in a common effort, and
there can be no frank and earnest association in the oommon
effort unless there is a common agreement as to what the
rights and settlements are. . >· - _ - _;-_ , -. ~~ . ·
Now if the agreement is a separale agreement among
groups of us, that does not meet the objecl If you should
adopt the language suggested by the Czechoslovakian dele-
gation and the Serbian delegation - the Yugoslovak (?)
delegation - that it should be left to negotiations between
the principal allied and assooiated powers and their severaJ
delegates, that would mean that after this whole conference
is adjourned, groupe of them would determine what ls to be
the basis of the peace of the world. It seems to me that that
would be a most dangerous idea to entertain, and, therefore,
I beg that we may part with a sense, not of interference
with eaoh other, but of hearty and triendly oo-operation
ANNEXE XXI 675

upon the only possible basis of guarantee. Where the grea\


force lies there must be the sanction of peaoe.
I sometimes wish, in hearing an argument like this, that
1 were the representative of a small power, so that what I said
might be robbed of any mistaken signiflcance, but I think
you will agree with me that the United States bas ilever
shown any temper of agression anywhere, and U lies in the
heart of the people of the United States, as I am sure it lies
in the hearts of the peoples of· the other great powers, to
form a common partnership of right, and to do service to
'1ur associates, and no kind of dis-service>>... ~
.:~~ . ,,:;:-_..:.::·. :,:._ .._
: ... .,.· .....:
-~ - ,.. .•

·:- '•
..,#

- :._-: -,:._:. :::.....~ •..:.,: ... ~..., - -- . -


~... ~ ""~ ..,,.
'.' --::;.,,-·., - ,, ~;· -· .
, ..... ., .
. ~.,, :"', ___

.,,-. -,. -
.
.'r.#,...,,,

·,,
..r::
-....,
.--~ ,

--_. . _ =
~., _: -= ~-
..}"-;-<- -=-~:-;~ ,··~
• -: / ~ , •• --...'?

.~.t~it\~ ~\:
• ., ,. - ÎII(

.....·~. ',<:: :/::</~~{~: :· -. ., .,.

-
,..,_
• r ~ ~ , ..

. .;~ -.:. ::·---·~ /


J,
~
• "' ... .. '

: ..... ......

-.·
~ .... .. .- ✓ .::
.•
. _. .,
,, ",·-"
ANNEXE XXI 677

.· ... .,., • r
;
....
.. ·~ ERRATA
.. ~ : ; , : : ~ . .. ~:·~✓:

T.W. da aatiàre• p. 8. AJoater apNa le chapitre XI: •Claapibe m. LM diapoaitl... ap6cl- : . ·· -~. :·. · ~·. - ,' •·.
alea a fnnr d.. Jaifa clau lu trait& da aiaorit&-. · _: ...: : •. :~-- · _.
Aftftt-Propoa p. 9. l7ffe llpe c1·,11 uat. AJo.t. • nnt ..-ceptdtl... . .. . ·.. · :::· . . . · ._
Qapiln U. p. 17, 21-ime ligne d"• llaat. a,intw -de. anal ecomt.. ··. ·.:' ·: r, . .
• • • 18, 7.._. • • encoaa•• -llnde..-o-•• •:.·:: ·-. · ·. ~·.
• . v. • 29. ta.-. . , • • ............ • • ...lffepH..
• • • 30, 11.... • • • •••• • • • eeea-
• VI. • 3t. 15-ime • • ec:011c,ràit • • • ecoagree.
35, aote (2), 3-he lipe, egelte■•• . .
vu. . 46, • (2), 1-àe • .Bak.,..


• • -Gell•d-
• • •Barkere
.

IX. .
(3), eSchllcklag.
91, aotee. <t.me llpe d•ea bu. .batnl......
81, aote (1), 2-ime llsr••• .S.IJag...



.• • eShUcldage
• • elatfriear•
• • .Bena..-.
.. •."
,,.. ... -
aa. 15-m• u;.. et·.. bu, · ~
.. M. ~-• •
80, tMme ,;
eaad•••
• ..... •circ1autaaeea• •
• • • •ollaer.
• • •-•..,.
•• ~ .
· . "' , · '-· · · · ..
.. ·<·,<_'.
-:

X, . • • • •d.. : ·: :·. .✓
XI. . un, SS, 9•me •
IH, 10-hle •
11-ime •


• •••
• l,a. •loagteapae . • • • •loaatmp•
efgaleant. ·.; • • •..aalemet.
··:. ·
·:·.

• m. • 128. 3-m• • Mat. .... •alll•


• 132, aote (2). AJoater ... ••ln.Poloaaïa.. et .ta C..férea~
Coadaloa • 139, 13-i•• Upe d"n bu, •la• a Un de .le.
Aaane C. • 168, 17-ime lipe et•• lua.t. .Tnnahio · •• llea de •Tnaùle- · ·. · : ·. ·· ·
7 AR HIVE DU MONDIALISME
ANNEXE XXII

L'attitude et la politique
des sionistes allemands
en mars 1933
680 ARClilVES DU MONDIALISME

Di~ zionistisdn H11lt•ng 11ntl Politil, r,nttr tlm v,rantkrttn UmstantJm 553

[21S]
OIE uomsnscHE HALTUNG UND Poun~
UNTEll DEN VBllANDEllTEN UMSTiNDEN
16J22. MXRZ 1933 c
ARCHIV DES LBI, JERUSALEM

Zionistische Vereinig11ng für Deu.tschland


22. Marz 1933

An die Mitglieder·des Gesd,afls/ührenden A11sscbussesl

Sehr geehrte Gesinnungsgenossen,


wir bringen Ihnen nacbstehend den Wortlaut eines Briefes zur Kenntnis,
den Herr Dr. Siegfried Moses am 16. Marzan die Z.V.f.D. gerichtet bat.

Mit vorzüglicher Hodiachtung


und ZionsgruB
Zionistische Vereinigung für Deutschland
gez. Landauer

,,Im AnschluB an -die Besprechung vom 13. ds. Mts. und im Hinblick
auf die abschlieBende Beratung, die im G.A. stattzufinden haben wird,
modite ich meine Meinung zu den in den,letzten Wodien so vielfadi bespro-
chenen Fragen kurz zusammenfassen.
1) Einverstandnis herrscht unter uns allen_darüber, daS wir gerade auch
jetzt verpflichtet sind, die Aufgaben zu erfüllen, die
zionistisch wichtig sind (Palastina und Auswanderung nach Palastina) oder
nationaljüdisch wkhtig sind (Beispiel: Schulfragen) oder· mit Mitteln er-
füllt werden konnen, die als zionistisdt empfunden werden.
Streitig ist dagegen unter uns, in welchem AusmaB und in welchen Formen
wir in der heutigen Situation Aufgaben zu erfüllen haben, die vor den deut-
schen Juden stehen, ohne unmittelbar - nach Ziel oder Methoden - zionistisch
interessant zu sein.
Der deutsche Zionismus ist niemals ein schmaler Zionismus, eine bloSe Pa-
lastinabewegung gewesen; er ha·t stets die Auffassung vertreten, da« ~onisti-
scbe Gesinnung den ganzen Menschen f ormt und den ganzen Juden mit Be-
schlag belegt. Diese Auffassung verpflidttet: ihre notwendige logische Konse-
quenz ist, daB die deutsdie zionistische Organisation sich jüdiscben Proble-
men, die die Existenzgrundlagen der deutsdien Juden und damit auch der
deutschen Zionisten berühren, nicht mit der Begründung entziehen kann, diese
0
in Jehuda Reinharz, Dokumente zur Geschichte des deutschen Zionismus, 1882-1933, Tübingen, J. C. B
Mohr, 1981, p. 553-555.
ANNEXE XXII 681

L 'attitude et la politique sionistes dans des circonstances qui ont changé


[215]
L'ATTITUDE ET LA POLITIQUE SIONISTES
DANS DES CIRCONSTANCES QUI ONT CHANGÉ
16/22 MARS 1933
ARCHIVES DU LBI JERUSALEM

Union sioniste pour l'Allemagne


22 mars 1933

Aux membres du Comité directeur!

Très chers Frères de foi,

Nous portons ci-dessous à votre connaissance le texte d'une lettre que


Monsieur Siegfried Moses a adressée le 16 mars à l'Union sioniste pour
l'Allemagne.

Avec le plus grand respect,


Salutations sionistes

Union sioniste pour l'Allemagne


signé Landauer

« Suite à notre réunion du 13 courant et eu égard aux délibérations fi-


nales qui auront lieu au Comité directeur, je souhaite résumer brièvement
mon avis sur les questions dont nous avons parlées à maintes reprises au
cours des dernières semaines.
1) Nous sommes tous d'accord sur le fait que nous sommes justement
tenus maintenant d'exécuter les tâches importantes
du point de vue sioniste (Palestine et émigration vers la Palestine) ou du
point de vue d'une nation juive (exemple : l'école) ou pouvant être
exécutées avec des moyens ressentis comme sionistes.
Par contre, nous ne sommes pas d'accord entre nous sur l'étendue et la
manière dont nous avons à exécuter, dans la situation actuelle, les tâches de-
vant lesquelles se trouvent les Juifs allemands sans être directement - selon
l'objectif ou les méthodes - intéressantes du point dè vue sioniste.
Le sionisme allemand n'a jamais été un sionisme étriqué ni uniquement
un mouvement palestinien; il a toujours été d'avis que l'identité sioniste
façonne 1'humain entier et enferme le Juif entier. Cet avis engage : sa consé-
quence logique nécessaire est que 1'organisation sioniste allemande ne peut
se soustraire des problèmes juifs qui touchent les fondements existentiels
des Juifs allemands et donc aussi des sionistes allemands, au motif que ces
problèmes sont extérieurs au sionisme.
682 ARCHIVES DU MONDIALISME

554 16J22. Man 1933

Die praktische Konsequenz aus der Grundauffassung der deutschen Zioni-


sten ist in einem Augenblick der Bedrohung und Gefahr die intensive und
aktive Beteiligung an den deutscb-jüdischen Aufgaben, die die Stunde stellt.
2) Auch für diejenigen, die unter den jetzigen Verhiltnissen die Notwen-
digkeit unserer Mitarbeit a-n den deutsch-jüdisdien Aufgaben bejahen, bleibt
nocb streitig, welche Argumentation den einzuleitenden Aktionen zugrunde-
zulegen ist und ob und in welcher Fonn die Aktionen in Gemeinschaft mit
nichttionistischen jüdischen Stellen durchgeführt werden sollen.
a) Was die Argumentation anbetrifft, mit der wir den Kampf um die
Gleidiberechtigullg der deutschen Juden zu führen haben, so gibt es für die
Streitfragen, die sicb um diese Argumentation ~ben, einen unstreitigen
Ausgangspunkt: ais zionistisches Gemeingut ist die Erkenntnis anzusehen,
daB die deutschen Juden bei der Teilnahme am offentlichen Leben der Um-
welt und im besonderen bei der Ausübung ihrer staatsbürgerlichen Redite
freiwillig eine gewisse Grenze einhalten sollen. Der Streit beginnt jedoch,
sobald die Frage konkretisiert werden so11, wie die Grenze zu ziehen ist
und wo im besonderen die unzulassige Grenzüberschreitung anfangt.
Diese Frage mit einer prâzisen Formel zu beantworten, ist schon des-
halb unmoglich, weil die Antwort unter verschiedenen Zeitumstanden
und in gewisser Weise auch für verschiedene individuelle Verhaltnisse sehr
wohl verschieden lauten kann.
Mir erscheint z. B. eine Grenzziehung derart,
daB die politisch~n .Rechte voll in Anspruch genommen werden sollen,
daB dagegen auf Betatigung im deuuchen Kulturleben - gegen Gewih-
rung kultureller Autonomie -voll verzichtet werden soli,
kaum_weniger unrichtig ais z. B. eine Abgrenzung, die nur die wirtschaft-
lichen Positionen zu halten versucht.
b) Auch die Kooperation mit nichtzionistischen jüdischen Stellen ist in ge-
wissem AusmaB unstreitig, soweit sie in der Form der Gemeindeaktion
oder Gemeindeverbandsaktion erfolgen kann. Streitig ist, ob Aktionen
zulassig sind., bei denen
entweder die offendich-rechtlichen Instanzen nicht Aktionstrager, son-
dern nur mitbeteiligt sind ·
oder für die überhaupt nur ein Zusammenarbeiten mit nidit offentlich-
recbtlichen jüdischen Stellen, insbesondere mit dem C.V. in Betracht
kommt.
3) Die Aufgabe der Führung der Z.V.f.D. kann nicbt darin bestehen,
Streitfragen durch Majorititsbeschlüsse zur Entscheidung zu bringen. Die
Situation erfordert vielmehr eine synthetisdie Politik mit dem Ziele, die
zionistisdien Krafie Deutschlands ohne Rücksicht auf Nuancen in grund-
satdichen Auffassungen zur gro6tmoglidien Wirksamkeit auf bedrohten Ge-
bieten zusammenzufassen.
a) Der Verzicht auf eine Entscheidung der Frage, wo die unzulissige
ANNEXE XXII 683

16/22 mars 1933

La conséquence, dans la pratique, de l'opinion de base des sionistes alle-


mands, à un moment de menace et de danger, est la participation intensive et
active aux missions germano-juives à l'ordre du jour.
2) Même ceux qui, dans les circonstances actuelles, approuvent la néces-
sité que nous avons de collaborer aux missions germano-juives, ne savent
toujours pas sur quels arguments il faut baser les actions à initier et si et sous
quelle forme les actions doivent être menées conjointement à des instances
juives non sionistes.
a) En ce qui concerne les arguments avec lesquels nous avons à mener
la lutte pour l'égalité des droits des Juifs allemands, les questions liti-
gieuses, autour desquelles tournent ces arguments, ont un point de départ
incontesté : le bien commun sioniste consiste à reconnaître que les Juifs
allemands doivent respecter volontairement une certaine limite lors de la
participation à la vie publique de l'environnement et, en particulier, lors
de l'exercice de leurs droits citoyens. Les désaccords apparaissent toute-
fois dès que la question sur le comment tracer la limite et où commence,
en particulier, le dépassement inadmissible de la limite, devient concrète.
Répondre à cette question avec une formule précise est déjà impos
sible parce que la réponse peut très bien être différente dans des circons-
tances temporelles différentes et, d'une certaine façon aussi, parce que
les rapports individuels peuvent être différents.
Je pense, p. ex., que tracer une limite telle
que les droits politiques soient pleinement exercés, que, par contre,
il faille renoncer entièrement à agir dans la vie culturelle allemande
- contre la garantie d'une autonomie culturelle -
est moins faux, p. ex., qu'une délimitation qui tente uniquement de
maintenir des positions économiques.
b) La coopération avec des instances juives non sionistes est, elle aussi,
d'une certaine façon, incontestée, dans la mesure où elle intervient sous
forme d'action communautaire ou d'action d'une association commu-
nautaire. Ce qui fait débat, c'est la question de savoir si
des actions dans lesquelles les instances de droit public ne sont pas
des acteurs, mais uniquement des participants ou pour lesquelles
seule une coopération avec des instances juives qui ne sont pas de
droit public, en particulier la Fédération des citoyens allemands de
confession juive, entre en ligne de compte, sont admissibles.
3) La mission de la direction de l'U. s. p. l'A. ne peut pas consister à
décider des questions litigieuses avec des résolutions à la majorité. La situa-
tion exige plutôt une politique synthétique ayant pour but de rassembler les
forces sionistes d'Allemagne sans se soucier des nuances dans les opinions
fondamentales afin d'être le plus efficace possible sur les territoires menacés.
a) La renonciation à prendre une décision sur la question de savoir où
684 ARCHIVES DU MONDIALISME

Dit %ionistist:bt H,ilt11ng 11,ul Politile 11nttr dm fJtrilndtrttn Um1tindm 55S

Gren%überschreitung insbesondere bei der Betitigung staatsbürgerlicher


Rechte durch den deutschen Juden beginnt, wird uns dadurch erleichtert,
daB
aa) eine allgemeine Formel ohnehin -wie dargelegt - nicht zu 6nden ist
und im übrigen schon das Anerkenntnis, daS es überhaupt eine solche
Grenze gibt, unserer Argumentation ein besonderes Gepra.ge gegenüber
anderen jüdischen Gruppen verleiht;
bb) taktiscbe Oberlegungen nach unser aller Ansicb.t für absehbare Zeit
jede Einzel-Erorterung ausschlieBen, die ais Verzicht auf gewisse kon-
krete Positionen gedeutet werden konnte.
b) Für die Frage der Kooperation ergibt sich
aus der gemeinsamen Grundauffassung über die zweifellos zulissigen
Kooperationsmethoden einerseits,
aus der von weiten zionistisdlen K.reisen ais zwingend empfundenen Not-
wendigkeit, daB wir uns jetzt in die Arbeit einschalten müssen, anderer-
seits
eine bestimmte Rangordnung der Kooperationsformen:
In erster Reihe müssen wir Aktionen der Gemeinden und Gemeinde-
verbande anstreben. Sind sie nicht in dem durch die Verhaltnisse gebotenen
Tempo zu erzielen, so müssen wir uns dafür einsetzen, daB gemeinsame
Akcionen unter dem Namen oder zum mindesten unter der Führung de.r
Gemeinden und Gemeindeverbande durchgeführt werden. Nur wo auch
das nicht erreichbar ist, kommt eine techniscbe Kooperation mit mcht-
offentlich-rechtlicb.en Stellen, insbesondere mit dem C.V., in Frage. -
Basis jeder Kooperation bleibt, daB wir gesinnungsmaBige Bindungen
nient eingehen. Unsere Aufgabe wird darin bestehen, gesam~jüdiscbeAktio-
nen so wirksam wie moglich zu g~talten, zugleich aber sie in der Weise
zu venadùichen, daB sie nicbt ais AusfluB assimilatoriscber Ideologien
erscbeinen. In wekher Form wir in Fillen, in denen uns die Ausschaltung
der C.V.-Ideologie nicht gelingt, unsere eigenen Grundanscbauungen neben
die C.V.-Ideologien setzen, kann nur von Fall zu Fall entsdûeden werden.
4) Unsere grundsatzliche Haltung gegenüber jüdischen und niditjüdischen
Stromungen und Zeitereignissen wird durcb politische Gesdiehnisse und Ent-
sdùüsse nur mittelbar berühn. Wir werden uns auch in allgemeinen Erorte-
nmgen - vor allem in der Jüdischen Rundschau - die Zurückhaltung aufer-
legen müssen, die die Lage gebietet, Aber die engen Grenzen, die heute die
Tagespolitik setzt, kannen für diesen Bereich nicbt gelten.
Gegen eine Regierung zu polemisieren, ist nicht unsere Aufgabe. Unsere
Weltanschauung gegen andere Anschauungen ab%ugrenzen, ist und bleibt
unser Recht.• 1
1 Siehe hierzu Robtrt W,ltsch, Deutscher Zionismus in der llückscbau, in: In zwei
Welten. Siegfried Moses zum 75. Gebunstag, herausgegeben von Ham Tr"111ff, Tel
Aviv 1962.
ANNEXEXXll 685

L attitude et la politique sionistes dans des circonstances qui ont changé


commence la transgression inadmissible de la limite, en particulier lors de
l'exercice de droits citoyens, par les Juifs allemands, est pour nous plus
facile du fait que
aa) il n'existe pas, de toute façon, de formule générale - comme expli-
qué - et que, par ailleurs, il faut reconnaître qu'il existe une limite qui
nous impose de donner à notre argumentation un caractère particulier
vis-à-vis d'autres groupes juifs;
bb) des réflexions tactiques, à l'avis de nous tous, excluent, à court
terme, toute discussion individuelle pouvant être interprétée comme une
renonciation de nos positions concrètes;
b) En ce qui concerne la question de la coopération, l'opinion
fondamentale commune sur les méthodes de coopération sans conteste
admissibles d'une part, et la nécessité, ressentie comme contraignante
par de larges cercles sionistes, que nous devons maintenant commencer
à travailler, déterminent d'autre part
une certaine hiérarchisation des formes de coopération :
En premier lieu, nous devons viser des actions des collectivités et des
associations communautaires. Si elles ne peuvent être atteintes à la cadence
imposée par la situation, alors nous devons faire en sorte que des actions
communes soient menées au nom ou, du moins, sous la direction des collec-
tivités et des associations communautaires. Ce n'est que là où ceci ne peut
être obtenu, qu'une coopération technique avec des instances qui ne sont pas
de droit public, en particulier avec la Fédération des citoyens allemands de
confessionjuive, entre en ligne de compte.
Chaque coopération est basée sur le fait que nous refusons toute attache
morale. Notre mission consistera à faire en sorte que les actions destinées à
tous les Juifs soient les plus efficaces possibles mais aussi à les concrétiser de
manière à ce qu'elles ne paraissent pas émaner d'idéologies assimilatoires.
Nous ne pouvons décider qu'au cas par cas sous quelle fomie nous plaçons
nos propres concepts de base face aux idéologies de la Fédération des citoyens
allemands de confession juive dans les cas où leur éviction n'est pas possible.
4) Les événements et décisions politiques ne touchent qu'indirectement
notre attitude fondamentale vis-à-vis des courants et événements juifs et
non-juifs. Nous devrons nous imposer aussi, dans le cadre de réflexions gé-
nérales - surtout dans le Jüdische Rundschau - la retenue qu impose la situa-
tion. Mais les limites étroites que la politique quotidienne fixe aujourd'hui,
ne peuvent pas s'appliquer à ce domaine.
Nous n'avons pas pour mission de polémiquer contre un gouvernement.
Séparer notre vision du monde par rapport à d'autres visions est et reste
notre droit'. »
1 f. à ce ujet Robert Welt ch , Deutscher Zionismus in der Rückschau, dan : ln Zwei Welten. Siegfried
Mo e à l'o casion de son 75 anniver aire, édité par Han Tramer, Tel A i 1962.
ANNEXE XXIII

Daily Express du 24 mars 1933,


Déclaration de guerre
du monde juif à l'Allemagne
r.. .. ..
~~o
, ~:f-1-.\,.:,.<:,S 1l~'lil12 ~~prts~
'\n . l• •,:.::..,:,,,.
, o o,.~ •
·' Hl l>.\ \ ' ,
w111•'""" rt1•1 ,
,\l.\tt t' ll
4001. 1111,.

:.!~L lf t:la, _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __ °'


00
('J)

IlECLARES WAR ON GERMANY


Mr. Churchill 's Withering
A ttack On "Premier
Officer 'BROUGHT US Il Mrs. Ge<>rg.e
Describes NEAREk Lansbury
The GirL ·TO WAR' Dead ,,
>
JE,vs 0 F. AL L THE ' ~-~. ~,-:
-:♦.
<

DAYS OF LOVE
IN BERLIN
- -- FOUR YEARS' WO.RK
Wl'l:l0~.1; ..~NY
s~~'ê~~
(')

~
WORLD UNITE L- ------=--·-::--r---,---~ --------
---- - - - - . - . ·- - -
- -- t'f1
en
1\ CJ-:R~JA.SY HAJl#S H l .kJ;THE OUR DON ·OUIXôT.E
SOVIET r ~-·- ' c:,
Ül<••,-.ATOR . 'WHY PAYMENr ·~ ()u.r P•riJUAIM_IW}P' C:
OY , ~ . i -~ .;°.r,:-:->Ji~~•.=t;;:::. AMBASSADOR W AS MADJ~ tŒ -~=~t'•è<immr,t~.
u.. ,...,,i.t.1'4.i... Os,,,•••, 1! ENTER"'AINS
F GERMAN \ .,_w,,..,t>,.r.,...-"t1t""••~
...... ,.~~ .L •j
~>ff.tlf>f ..._ •• ~ -~ T whjr hl~1\t.l'>f'QW0&.n,:~
.. h,·.
~
~
ODS
f+

~
1

i 'C• .. DaUy R°l:'pr-" a,.otal m~uftu:-11 ,htt:;; ttJ,, urbws or


!'i;!j~~m►~~i~.;.:: , .
1
). -- Rap,...,.t:..Clft. . (llg~n . ltHftHJ~ ta
- 1 c~ ,.~~,
w ,

AN ALL-RF;D TALKΠs l' ~l~JJm t1Mw.4 .Ml d nll(hW< ~h,11.:k~l Hi~ rt}i}bty J
,u· D"C'llMONSTRATIONS . r.:,;::.c:::•,,.i~,~:-.t4~~i~~ Tlw kA tM -4-'t>•• 1
·
ô{ 'I)'"'' lu l~•rlju thruu~h h)' «:_cl'I" <,f tht1 'mo, ~ ."'

~
 00 FOR ALL-WIUTE
. .. li
l.Y..14'1.00 · .Cl.C · · i ~:~7:..:~,,,~ ~t• io..- : - DlPLOMATS a fo nu1~l\t oi h\'<:l k plt,:u••Jf«I } t~m.-l _ àt,h,,(~H~
,~,.!"'î:w,_~ .:• .~1:: - ·- un<l tlwri , wlu:- n tlw hn\id~,r )'1.--ùffi. ·
• P'-'ty E.-f.',._ u ~P•iJll P-olitJ'-11.1 Corrupo ~ . - MlSSlNG GUE5TI ~oi> ~" •r. 111tol~n . hlJfrikl th<"'t • 1 J/~!ü·f{t: t :':: ~•1!,..~: en

A .fff\AH GE A.HD UHFORE8EEN 8EQUEL HAS


E.M€AcEn FRoM THE non,Es oF c.ERMAkj Canon
---
•• Oaily E..,,_. •• lpecllf
RtiprllMftlâln,
Ill~ ltl 1-foll~ud .
fl ti~ )"(..t'i>' tJ> t hiil n'l)Ji:w.~, ,.
,>Hti!y o .. n t,a.h i;vl '" ..-" Jth. "\i(
. 1 )h\«f).,fi'
_.!+ t1U, • ,. , ·
<Hl.\V)! «:ltÀru
l ~h, ' t,l
~
.JllW•8AtT, NG . )Jg f\,)y (,-i .A.m h..,.uA.ut ~11', . . · ~1\.l.ll.ô'I •
' '
_l)u, ,,l J. 1• t\:J;uw?.,1u'
\{c, ~,( f ,..nJtti tht>~t1a;h1,mt. t1>e -.&'~ ru i;. ~mit-ltut UI Shot ~O)ll ,_• .;~,.'{ IS l •\>OtlVlllh

' ).,1) ~·
~t. i\H,,
. At Prayer ·11~ >'
::'~ t~/\~w{.~;~~1 LATE Nt\4(,S
nwJSISTÈR -;~~S , .... h$ . l ·r.:te~ ~! Cm\\bl.\ ao)O.
~•t~,••'-"·•·~ {,:,\.,..-. 1
"" .,!f,.r,.;• ••n(\ '
....,~~• K N f_; EL l N G ~" ~ t-"~" ·"''"'-~"·
l'!"'~! .•/: _ ms HEDSff' -.~ ( t )..,'.\
" "~\ " i>-\\ ~,h
•~t"'"'·~'
\n
.-.~1,uJô':i.~••11•n• ,1, .,.~••..,. . . 1 .. , ,,,n,.,, ,,,...1...,-, a.,., .."" ... ~0--u-- C8'ft'
. l
'-1 .. ,•h
"I..
\ \,•htf ~11•
"'l •'~ -loi,, ·• ,h_.
oll
1-c.,r,,
1.,, 1..-1 ,\ 1•·•1••1l
~
- -
1,I ~uH, t .,•~ o 1111t . ' ""'• ' ' " '...._, l,t-. 1>lt1l"""'• l11 IJ ♦\
,. l t14' •·• tu \li-, tu, t ,.,),f / , ""• lu 1t,11 n,,111 f•tf
, r-.1 , , 1 11,,- ,\ 111\.,_ ,. \ ,

1 ~ •"" •t•;,
1 • 14\ ,
I I ~- 1 11 , • ·n ·IIL,40 ,
·'-•'" ' '"" .A "' JM .
eas II y
t.,.
•!Mc

,.. wrec k
1• r :-1 , .. H\ l111, .. <1, 1111,I 1 .. , ... 1... 1
" ' 3 l •· •.. ..,... .. .. ""'"' "' ..... ,, . ,. •~,i1,, -,1,t...,,..,.. ,,,,,...lt·•\
1 " ... l, ... i.ti 1, ", ,l.l, 1,,1\ 11

TIN~ . . ......... .,i r"'t4 , .. ......... 1l 11w ,,, ,,..,,.,,, ,,," ... ~. , ..u ••,
ou.... , ... ,~ ....... ~.. "'·~t ... ';! 1 ,\ , ,,..l', '''
.:t, t • ~••• 1 fA I •--: MJ!.t:'fl:-0(~
MacO• " • ',. 11· l-' .. t ,L.- h ,-1 1111... - .. k.-,,.,J
,iiuou r . -

i..,,. t hl
Ml ,,f, 0.. h,,.. l.. ,,111 .. 11~n1 na,\lt ..-~, ....
~:.:~':.\:~ "'·" ' ~t 811 ,. t ..,,u..... IM fi 111rn.-,1 .., '
,11,• .,, ,,,.-., . · j:111 " " ' ) wn., 1:Lu11"'°'I 1.o 1
j 1l,;.1u,\,,,I ,nrt 1M t1 t1't' in ~;A tlttl,}
1.....-------------
'
1,.- n\r '"'' "' fut b ~f'l"W-'"• ,::, , .. b li4r ,
. ' h,• th,... .... ."'"..... _ u ~ ,~. . t. •. tl,,;,.~~r '

' \'~t~~l"<'~::i.:~ ~~ ~
t<'l li>•l ~~~i,
, k.o, :h~' ,lt:r "' 1·
~;;~t~i~
:~~ei0·1: ~.,'°'(' 4
•• •. •• -· ... _ - ~··
l,-.111>"" ~~
· l 1l1ull ~ -Sfrllf~tt •)Î
tl'
Ne~~t;l ._ .,W1rnalÙ)n b
., ~ f____________1
-~ ~ ' ~fnr·* ~~" · ,pr:r
~•rptJnn
l~l .Ili('
·~. t;lil)lc,o~
n-1_r<',0'1UJi!.:l,l
• ~
.. . Whuh
tiwl 1' - 1
- lb t
:'Q't • •~ _.:~~
' ' ~Mih'~• -j) ·
•, -,, • ,ur,l a· iMth,txl,, but te,,
>
~ ~ll~~ ·., ~~-~;_... h»I ~~ m~•--•m\lfl( m.Gftf ~ .

1
O#E l<>oci~. \T••t~ !',llr,p1~f<tl1~1 ' '·" ~-:-•1ht, l>H.
The Queen . uptH;~ :~~ ~-~ -~ --,~~
tA.~KEBS' PARLEY ON RATES OF Who µist lJ;tl
DEPœlT R1r1TEREST Her Tlironi ZIr:!l v'
you.t)ar 1hat
mama_~~~;~,ll• _ym,'tbat.
t.tced ~u'l ~ " - 1
~
p CE~'T. REDUcnO.NS
~~ l
Of ci;'~~ ù '~~ulcl -tt&~ 10~ ~ •d
t<i_" (\(; tl!é j~~".ftQ~ly. ~ • •fa.t
g
.Mt · blt~11~ .~ \ lN~iP,JM~ll ~
s":.\ Brt~1 ·~•~· bi ·,ycttu- &atrict uro. bftft
~,.i ~ ~ 'W~ ~ ®)~ fO ~ . ' ..
,:/~ · Jo&·.~.· taplf...i'.w
·\ _. , ~-· ·. 1 tuti} -~ ~ -cmly
g~lli~~: ~"!Y~ .J..nb~ Mit. ~ ·flJ!
~~:. a81.4~- -\ ~-- .. ' ,1
niu't_y J~t6rtil~~ < ·' ' < • •'

~-~= r:-~-ffi-~.,.",., .• - :,; .·. _.;,,·: 1/~.,


,_ .. sl ~ ·»Uti1
~ry rwrt~
dt..•.a.~ttl.
-.L {l-~ ~
iott
. ~ - -, .• '<~ ><"- x~ ' ,~•

~~
-
.,, . . . ' \

- ~ · ~·:·,
µ1...
't)itf $1-(;.

.. ·t.~· .-~J
.

·tûÏIE«ùt-Ml&l
.

;: ~'. ·
MES ~LUI.P lS , ~ 1f , ..
~. ,_,_, ·· -'-"
-OSS\~ ~, ~U~B ~ ' •.,..;~ ~·:.·,; lilVICt .
a. !~·~. . . .&
....: .... --!"..... ~-.. "'
°'00
\0
690 ARCHIVES DU MONDIALISME

Dai/y Express NO. 10.258., London, Friday, March 24, 1933 [pp. 1 & 2]

JUDEA DECLARES WAR ON GERMANY


JEWS OF ALL THE WORLD UNITE

BOYCOTT OF GERMAN GOODS

MASS DEMONSTRATIONS

"Daily Express" Special Political Correspondent.

STRANGE AND UNFORESEEN SEQUEL HAS


A EMERGED FROM THE STORIES OF GERMAN
JEWS-BAITING.

The whole of Israel throughout the world is uniting to declare an


economic and financial war on Germany.
Hitherto the cry bas gone up: "Germany is persecuting the Jews."
If the present plans are carried out, the Hitlerite cry will be: "The Jews
are persecuting Germany."

All Israel is rising in wrath against the Nazi onslaught on the Jews. Adolf
Hitler, swept into power by an appeal of elemental patriotism, is making bis-
tory of a kind be least expected. Thinking to unite only the German nation
to race consciousness, he bas roused the whole Jewish people to national
renascence.
The appearance of the Swastika symbol of a new Germany has called
forth the Lion of Judah, the old battle symbol of Jewish defiance.
Fourteen million Jews, dispersed throughout the world, have
banded together as one man to declare war on the German persecu-

///us tration

tors of their co-religionists. Sectional differences and antagonisms


have been submerged in one common aim - to stand by the 600,000 Jews
of Germany who are terrorised by Hitlerite anti-Semitism and to compel
Fascist Germany to end its campaign of violence and suppression directed
against its Jewish minority.
ANNEXE XXIII 691

Londres, Dai/y Express n° 10258 du vendredi 24 mars 1933 [pp. 1 & 2]

LA JUDÉE DÉCLARE LA GUERRE À L'ALLEMAGNE

JUIFS DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS!

BOYCOTT DES PRODUITS ALLEMANDS

MANIFESTATIONS MASSIVES

Par le correspondant politique spécial du « Daily Express»

L ES RÉCITS DES PERSÉCUTIONS DES J!-7IFS PAR


L'ALLEMAGNE ONT EU UNE CONSEQUENCE
AUSSI ÉTRANGE QUE SANS PRÉCÉDENT.

L'ensemble d'Israël s'unit à travers le monde pour déclarer une


guerre économique et financière à l'Allemagne.
Jusqu'ici s'est élevé le cri : «L'Allemagne persécute les Juifs!».
Si les actuels projets sont mis à exécution, le cri des Hitlériens sera :
« Les Juifs persécutent l'Allemagne ! »

Dans sa colère, Israel se dresse unanimement contre les agressions des


Juifs par les Nazis. Adolf Hitler, propulsé au pouvoir en en appelant à un
patriotisme élémentaire, fait ainsi l 'Histoire d'une façon qu'il aurait été le
dernier à imaginer. Pensant unifier la seule nation allemande à travers une
conscience de race, il a suscité une renaissance nationale chez le peuple juif.
L'apparition de la swastika en tant que symbole d'une nouvelle Alle-
magne a réveillé le Lion de Juda, vieux symbole de combat des Juifs défiés.
Quatorze millions de Juifs dispersés à travers le monde se sont re-
groupés comme un seul homme pour déclarer la guerre aux persécuteurs

Il/us tration

allemands de leurs coréligionnaires. Les différends internes et les antago-


nismes ont été balayés en faveur d'un unique objectif commun - soutenir
les 600 000 Juifs d'Allemagne terrorisés par l'antisémitisme hitlérien et
contraindre l'Allemagne fasciste à mettre fin à ses campagnes de violences
et d'interdictions contre sa minorité juive.
692 ARCHIVES DU MONDIALISME

Plans for Action Maturinr


ln EurOJle andAmerica
World Jewry has made up its mind not to rest quiescent in face of this
revival of medieval Jew-baiting.
Germany may be called on to pay a heavy price for Hitler's antagonism
to the Jews. She is faced with an international boycott in commerce, finance,
and industry.
The Jewish merchant prince is leaving bis counting-house, the banker bis
board-room, the shopkeeper bis store, and the pedlar bis humble barrow, to
join together in what bas become a holy war to combat the Hitlerite enemies
of the Jew.
Plans for concerted Jewish action are being matured in Europe and
America to strike back in reprisai at Hitlerite Germany.
In London, New York, Paris, and Warsaw Jewish merchants are waiting
for a commercial crusade.
Resolutions are being taken throughout the Jewish business .

. . PAGE TWO COLUMN ONE

British Jews Protest at Nazi Tactics


Merchants and Financiers Rallv to Movement
German Liners Aflected?

World to sever trade relations with Germany.

Large numbers of merchants in London have resolved to stop buying


German goods, even at the cost of suffering heavy loss.
A meeting of the Jewish textile trade in London bas been called for Mon-
tlay to consider the situation and to determine what steps should be taken.
Germany is a heavy borrower in foreign money markets, where Jewish
influence is considerable. Continued anti-Semitism in Germany is likely to
react seriously against ber. A move is on foot on the part of Jewish financiers
to exert pressure to force anti-Jewish action to stop.
The Organisation of Jewish Youth in Britain are organizing demonstra-
tions in London and the provinces during the weekend.
The Board of Deputies of British Jews, representing the entire Jewish
community of Great Britain, are meeting in special session on Sunday to
discuss the German situation, and to decide on what action should be taken
to counteract the attacks on their German fellow-Jews.
ANNEXE XXIl1 693

Desplans d'action en cours d'élaboration


en Eurage et en Amérigue

La juiverie mondiale a pris la résolution de ne pas rester passive devant


cette résurgence moyenâgeuse de la persécution des Juifs.
L Allemagne pourrait être appelée à payer un prix très lourd pour l'anta-
gonisme de Hitler vis-à-vis des Juifs. Elle fait en effet face à un boycott
international en termes de commerce, de finance et d'industrie.
Le prince juif du négoce laisse derrière lui sa maison comptable, le ban-
quier son conseil d'administration, le commerçant son magasin, et le col-
porteur son humble échoppe afin de s'assembler dans ce qui est devenu une
guerre sainte pour combattre les ennemis hitlériens du Juif.
En Europe et en Amérique, on mûrit les plans d'une action concertée des
Juifs pour que l'Allemagne hitlérienne subisse une contre-attaque en guise
de représailles.
À Londres, New York, Paris et Varsovie, les négociants juifs attendent de
mener une croisade commerciale.
Des résolutions sont prises dans tous les milieux d'affaires juifs.

~ PAGE DEUX, PREMIÈRE COLONNE

Les Juifs britannigues grotestent contre les tactigues des Nazis


Nérociants et financiers se rallient au mouvement
Les gaguebots allemands seront-ils a[fectés ?

Le monde va cesser ses relations commerciales avec l'Allemagne.

À Londres, un grand nombre de négociants ont décidé de cesser d'ache-


ter des produits allemands, serait-ce au prix de lourdes pertes.
Une réunion du négoce juif du textile a été convoquée lundi à Londres
pour examiner la situation et déterminer quelles mesures devront être prises.
L'Allemagne est un gros emprunteur sur les marchés financiers étrangers
où l'influence des Juifs est considérable. Il est probable que l'antisémitisme
qui perdure en Allemagne lui vaille de graves contrecoups. Les financiers
ont ainsi mis sur pied une action destinée à faire pression pour contraindre
les actes anti-juifs à cesser.
L'organisation britannique de la jeunesse juive se prépare à manifester à
Londres et en province pendant tout le week-end.
Le conseil des représentants des Juifs britanniques, qui parle au nom
de toute la communauté juive britannique, se réunira dimanche en session
694 ARCHIVES DU MONDIALISME

World-wide preparations are being made to organise demonstrations of pro-


test.

Embarra in Po/and
A concerted boycott by Jewish buyers is likely to involve grave damage
to the German export trade. Jewish merchants all over the world are large
buyers of German manufactured goods, chiefly cotton goods, silks, toys,
electrical fittings, and furniture.
In Poland, the trade embargo on Germany is already in operation. In
France, a proposed ban on German imports is being widely canvassed in
Jewish circles.
German Transatlantic shipping traffic is likewise threatened. The Bremen
and the Europa, the German crack liners, may suffer heavily from a Jewish
anti-German boycott. Jewish trans-ocean travellers form an important part
of the patrons of these liners because of their extensive part in international
trade. The loss of their patronage would be a heavy blow to Germany's At-
lantic trade.
In New York yesterday 10,000 Jewish ex-soldiers marched to the City
Hall to hold a protest demonstration.
Large crowds watched the men, some of whom wore old British uni-
forms, petition the mayor to support them in a boycott of German goods.
Another petition was handed in at the British Consulate-General request-
ing that Palestine should receive refugees from Germany without restriction.
Members of the American House of Representatives are introducing res-
olutions protesting against the anti-Jewish excesses in Germany. The Ameri-
can trade unions, representing 3,000,000 workers, have also decided to join
in the protest.
Arabbinical decree in New York bas made the next Monday a day offast-
ing and prayer over the Hitler campaign.
Fasting will begin on Sunday at sunset and finish at sunset on Monday.
All Jewish shops in New York will be closed on Monday during a parade.
Apart from a monster meeting in Madison-square Garden, meetings are
to be held in 300 American cities.
Madison-square Garden will see the remarkable sight of Bishop Manning
speaking from a Jewish platform appealing for an end of the Hitler "terror".

Dav ofSermons
lt had been arranged to charge a shilling admission and 5 s. for box seats,
but a public-spirited Jew, Frank Cohen, an insurance broker, gave a persona!
ANNEXEXXIIl 695

spéciale pour parler de la situation en Allemagne et du choix des mesures


à prendre pour contrer les attaques visant leurs compatriotes juifs en Alle-
magne.
Des préparatifs sont en cours à l'échelle mondiale pour organiser des
manifestations en signe de protestation.

Embarro en Po/orne
Un boycott mené de concert par les acheteurs juifs est susceptible de
provoquer de graves répercussions sur le commerce extérieur allemand. Les
commerçants juifs du monde entier sont de grands acheteurs de produits
manufacturés allemands, en particulier de produits en coton, de soieries, de
jouets, d'appareils électriques et de meubles.
En Pologne, l'embargo sur le commerce allemand est déjà effectif. En
France, une proposition d'interdiction des importations allemandes a fait
l'objet d'une vaste campagne parmi les cercles juifs.
Les transports maritimes allemands se trouvent pareillement menacés.
Le Bremen et l 'Europa, l'élite des paquebots allemands, risquent de souffrir
lourdement d'un boycott anti-allemand par les Juifs. Les voyageurs transo-
céaniques juifs forment une grande partie de la clientèle de ces paquebots
du fait de leur vaste implication dans le commerce international. La perte de
cette clientèle porterait un coup sévère au commerce atlantique allemand.
Aujourd'hui à New York, 10 000 anciens soldats juifs ont marché en di-
rection de l'hôtel de ville pour manifester leur désapprobation.
Une foule nombreuse est venu voir ces hommes, dont certains portaient
de vieux uniformes britanniques, adresser une pétition au maire pour les
soutenir dans leur boycott des produits allemands.
Une autre pétition a été présentée au consulat général de Grande-Bre-
tagne demandant à ce que la Palestine ne mette aucune restriction à l'accueil
de réfugiés issus d'Allemagne.
Des membres de la chambre américaine des Représentants sont en train
de proposer des résolutions pour protester contre les débordements anti-juifs
en Allemagne. Les syndicats américains, qui représentent 3 000 000 ouvriers,
ont également décidé de se joindre à ces protestations.
Un décret rabbinique a fait de ce lundi à venir un jour de jeûne et de
prière consacré à la campagne contre Hitler.
Ce jeûne commencera le dimanche au coucher du soleil et se finira le
lundi au coucher du soleil.
Tous les magasins juifs de New York seront fermés lundi à l'occasion
d'un défilé.
En outre d'une réunion gigantesque à Madison-Square Garden, des réu-
ARCHIVES DU MONDIALISME

h qu for t 1 000 to cover all expenses~ so admission will be free.


very rabbi in the city of New York bas been placed under a sacred ob-
ligation by rabbinîcal decree to devote Saturday's sermon to the plight of
J ws in Gennany
Representative Jewtsh organisations in the European capitals are under-
t od to be making repre entations to their various Govemments to use in-
fluence w1th the Hitler Cabinet to induce it to call a hait in the oppression of
the German J - s.
The old and reunited people of Israel are rising with new and modem
eapons to fight their age-old battle with their persecutors.
ANNEXE XXIII 697

nions se tiendront dans 300 villes américaines.


Madison-Square Garden sera le témoin de la notable apparition de
l'évêque Manning qui s'exprimera à une tribune juive pour en appeler à la
fin de la« terreur» hitlérienne.

Jour de sermons
Il avait été prévu de faire payer un shilling l'entrée et 5 s. [shillings]
pour les loges, mais le courtier en assurances Frank Cohen, un Juif à l'esprit
civique, a fait don d'un chèque personnel de 1000 f, pour couvrir toutes les
dépens~s, et l'entrée sera par conséquent libre.
Chaque rabbin de la ville de New York a été soumis par décret rabbinique
à une obligation sacrée de consacrer le sermon du samedi à la situation cri-
tique des Juifs en Allemagne.
Dans les capitales européennes, les organismes juifs représentatifs ont
convenu d'adresser des protestations officielles à leurs divers gouverne-
ments afin que ceux-ci usent de leur influence auprès du cabinet de Hitler
pour l'inciter à mettre un terme à l'oppression des Juifs allemands.
ANNEXE XXIV

Deux courriers du Secrétaire-


général de l'UFCE adressés
à l'auteur présentant les acteurs
en faveur d'une politique ethnico-
linguistique en Europe (1999)
700 ARCHIVES DU MONDIALISME

C~Status Statut conutatit l<orwuttatlver Stotus


totheCoundotEuope auprès~ Conseil de r~urope bemEuropo,at
and to 1he ~ Nattons et del Nattons Unies u,d bet den Veretnten Nattonen

Sehr geehrter Herr Hlllard,

die FUEV hat ihre belden Brlefe vom 6.1. und vom15.1.1999 erhalten. Wlr slnd lm
,A ugenbllck sehr beschlftlgt, dem Europarat aktuelle Unterlagen zum
Tageaordnungapunkt Georgien ln der nichaten Woche zuzulelten.

Pierre Le Moine lat unser Abgeordneter belm Europrat ( NGO ) da wlr den "konaultatlven
Statua" besltzen. Die UFCE = FUEV unterhilt zum Europa-rat elne lntergroup von
Abegeordneten, die entweder Mlnderheltenange-h6rlge alnd oder aua elner Reglon
stammen, ln der Mlnderhelten leben.
Bel diesen Treffen lat daa Rahmenabkommen zum Schutz natlonaler Mlnderhelten lmmer
wleder angesprochen und aomlt begQnatlgt worden. .
Eratmallg hat die FUEV 1967 aogenannte Hauptgrundaltze zum Mlnder -heltenachutz
verabachledet, die dann 1975 ln Genf 0berarbeltet wurden und 1992 ais " Cottbusaer
·Erklirung " von der. FUEV angenommen wu.rden.

Die Charta fQr Reglonal=oder lllnderheltenaprachen lat ebenfalla dauemd


von der FUEV begleltet und angeaprochen worden. Der Berlchteratatter
Herr Kohn ais auch Graf Stauffenberg atanden lmmer mit der FUEV ln Kontakt. Herr Kohn
hat ais Berlchterstatter vor dam FUEV -Natlonalltlten-kongr.esa geaprochen, ebenfalls
der Graf Stauffnberg.

Die FUEV-Konveridon ·Iat 1992 allen Mltglledaorganlsationen zugeachlckt worden mit der
Bitte, Erglnzungen und Bemerkungen hinzuzufQgen. Ais das Papier der wlrkllch
Betroffenen hat dl• Konventlon dann Elngang ge -funden ln den Beratungen zum
Rahmenabkommen zum Schutz der natlo-nalen Mlnderhelten Europaa.

Die Adre••• der ., GemelnnQtzlgen Hermann-Nlermann - Stlftung lautet:


B6rchematr. 38 ln D • 40597 DQaaeldorf

Die Adr•••• des lntereg ln MQnchen lautet: lntereg, Poatfach: 340181


He8atra8e 28 · In D - 80799 IIQnchen Tel: 0049-89-272942-0

Flensburg, 18.01.1999 Mit freundllchen GrQBen

~ ;t,;J,e,t,LJ ◄
M V - ~ l n NlckelHn
SchltfbrOeke 41 • D -24939 Hensbl.la
Tel: -49 • 461 • 12 8 85 . Fox: -49-461 • 1807 09
Bonkv~: ~ Bank Aenlburg • au 21s 20l oo • l(T0 oo 120 84
ANNEXE XXIV 701

...
.
-
~

~ ~ - ~~HCAJIN>
~-~~~~
.._.....,.,.""1ealiC.O.ll•o W ,r..._11&...
at"IIQI ..... M

:_,ult,Jf& --,Wo,21- W.Oba~---·

Monsieur,

L'UFCE a bien reçu vos deux courriers des 6 et 15 janvier 1999. Nous faisons tout ce qui est
nécessaire pour transmettre au Conseil de l'Europe, la semaine prochaine, des documents
récents à propos du point de l'ordre du jour concernant la Géorgie.

Pierre Le Moine est notre député au sein du Conseil de l'Europe (ONG) car nous avons le
c statut consultatif». L'UFCE = FUEV dispose, pour ses relations avec le Conseil de l'Europe,
d'un intergroupe de députés qui sont soit des membres de minorités soit originaires d'une région
où vivent des minorités.
L'accord-cadre visant à la protection des minorités nationales n'a cessé d'être à l'ordre du jour de
ces rencontres et donc d'être favorisé.
•re
C'est en 1967 que l'UFCE a adopté pour la 1 fois les principes fondamentaux de la protection
des minorités qui ont ensuite été révisés à Genève en 1975 et adoptés par l'UFCE en tant que
« déclaration de Cottbus ».

L'UFCE a également toujours accompagné et parté de la Charte des langues régionales ou


minoritaires. Les rapporteurs, Monsieur Kohn mais aussi Graf von Stauffenberg, ont toujours été
en contact avec l'UFCE. Monsieur Kohn a parlé devant le congrès des nationalités de l'UFCE en
tant que rapporteur, de même que Graf von Stauffenberg.

La convention de l'UFCE a été envoyée en 1992 à toutes les organisations membres en les
priant de la compléter et de faire des commentaires. La convention est entrée dans les
délibérations relatives à l'accord-cadre visant à protéger les minorités nationales en Europe en
tant que document des personnes réellement concernées.

Adresse de la fondation Gemeinn0tzige Hermann-Niermann-Stiftung : B0rchemstr. 38, D-40597


Düsseldorf.

Adresse de l'lntereg à Munich ; lntereg, Postfach 340161


HeBstraBe 26, D-80799 M0nchen Tél. 0049-89-2729042-0

Flensburg, le 18/01/1999 Sincères salutations

~ifdJJL-<.-
P V I V - ~ l n NlckelHn
Schlttbn)cke 4 l ' D • 24939 flensbu'a
Tel: -49 • 461 • 12 8 55 • Far: -49 • 461 - 18 07 09
Bankvefbindung: Union 8onk Aenlburg • 8lZ 215 201 00 • ICTO 00 120 84
702 ARCHIVES DU MONDIALISME

. · ~ ....
- .
..--~ .:;;;,,o.-
~ ___ ,;;,;:,,-- .......
Fedèral Union of Europ~n Nattonolttles (FUEN)
~

Union Féd6toUste des Communaut6s Ethniques Européennes (UFCE)


FôdèrOUsttsche Union EuropOlscher Volksgruppen e. V. (FUEV)
~Atpan..t~ Çpt03 EaponeAcKMX H~HOHallltHWX MIHC.WMHCTI
Consu!tottve Stotus StoM cONUltottf Konsutottv•r Stotus
to 1he Counct ot ~uepe oupr.. dU ConseN de rturope bem E1..Joporot
and to tr. Unit.a NO'floN et des Nattons Unies und bef den V.elnten Notlonen

Sehr geehrter Herr Hlllard,

wenn Sie weitere wlchtige Dokumente benotigen, rate lch lhnen das Büro
und Archiv des verstorbenen Prof.Dr. Theodor Veiter ln Feidklrch anzu -
schrelben.
Herr Rechtsanwalt Herbert Kohn· aus· Stade war Mltglled des FUEV-Rechts-
komlttees, hat auf· dem Kongress ln Antwerpen lm Oktober 1988 eln Referat
gehalten, dessen Manuskrlpt lch lm Archlv fand.

Graf Stauffenberg hat auf dem · Kongress lm Mai 1990 ln München seinen
Entwurf für den Schutz natlonaler Mlnderheiten vorgestellt.

Slegbert Alber hat aine Ansprache auf dem Kongress ln Flensburg lm


Hotel an der Grenze ln Kupfermühle gehalten.

lch gehe davon aua, dau der AusschuB das letzte Drlttel der Charta der
Volkagruppenrechte mit Slegbert Alber formullert hat.

Der geaamte Text der Konventlon vom Natlonalltitenkongress in Cottbus


lat ln der ,, ethnoa - Relhe " Nr. 46 ais Bozener-FUEV-Entwurf mit dam Tltel
" VoJksgruppenachutz ln Europa " von Felix Ermacora und· Christoph Pan
ais Buch erachlenen ln Deutsch, EnglJsch, Franzoslach un~ ltallenlach.

Die ISDN - Nr. lautet 3 • 7003 -1074 • 9 lm WIiheim BraumQller • Verlag


ln A - 1092 Wlen.

Flensburg, 02.02.1999 Mit freundllc~rüBen

Arrnin N1ekelsen ~~ 4~o12mù-t_


FUEV G6r.erai3ekretlr Armln Nlckelaen
SchiffbrC:cke 41 FUEV - Generalaekretlr
D • 24~09 Flensburg FUIV • <MNIIAUIICIITAIW
Schlttbtûcke 4 l o • 24939 fiensbl..fg
Tel: ~ · 461 • 12 8 65 Fœc: -49 • 461 • 18 07 09
8anlMNblndunQ: Union Bank Flenstug • BU 216 201 00 • KTO 00 120 84
ANNEXE XXIV 703

Monsieur,

Si vous avez besoin d'autres documents importants, je vous conseille d'écrire au Büro und Archiv
de feu Prof. Dr. Theodor Veiter à Feldkirch.
Maitre Herbert Kohn, avocat à Stade, était membre du Comité juridique de l'UFCE et a tenu une
conférence au congrès à Anvers au mois d'octobre 1988, dont j'ai trouvé le manuscrit aux
archives.

Graf von Stauffenberg a présenté son projet de protection des minorités nationales au congrès
qui s'est tenu au mois de mai 1990 à Munich.

Siegbert Alber a fait une allocution au congrès de Flensburg à l'Hotel an der Grenze à
Kupfermühle.

Je pars du principe que le comité a formulé le dernier tiers de la Charte des droits des
communautés ethniques en la personne de Siegbert Alber.

Le texte entier de la Convention du Congrès des nationalités à Cottbus a été publié sous forme
de livre en allemand, en anglais, en français et en italien par Felix Ermacora et Christoph Pan
dans la série Ethnos, No. 46 en tant projet UFCE Bozen sous le titre « Protection des
communautés ethniques en Europe ».

Numéro ISDN 3-7003-1074-9 au Wilhelm Braumüller-Verlag à A-1092 Wien.

Flensburg, le 02/02/1999 Sincères salutations

Arn1~n Niekelsen ~~~64~


FUEV G6r.erai:;ekretlr Armln Nlckelaen
SchiffbfC:CkG 41 FUEV - Generalaakretlr
0 • 24S~-9 Flensburg FUIV • <ilNIRALSEKRITAIW
SchlttbfOcke 41 o • 24939 Flensbua
Tef: -49 • 461 • 12 8 65 f(])(: -49 • 461 • 18 (j/ 09
eonacvert>lndunQ: Union Bank F1ensbufg • BU 215 201 00 • ICTO 00 120 84
ANNEXE XXV

Discours de Herbert Kohn


et de Theodor Veiter en 1988
& Résolution 192 (1988)
préparant la Charte européenne
des langues régionales
• • •
ou m1nor1ta1res
706 ARCHIVES DU MONDIALISME
ANNEXE XXV 707

((/J. '1/e.rbert Kohn, Stade ~~~~


Arm ~ :" ' =-~~ .etsen
4merS / tlrêE 4G FUE" ,· · i.::1·,-=• a..::-~kretlr

Mon.s,'eur le f'rés,'dent,
2
o -2 ;~'.'1«:;?(~,//
Mesdcv,,,,es, Mess,'eurs

FUEV. UFCE .. FIJ&Nla. f'rotec.tion, le dévelol'f'eA?ent et la. l'roA?ot,'on


s c~ :f!\-, ..- --;.~ 4·1
D~-~::~---·~;s=!...E '15eUR8 des ltV?jaes ré:/onales et A?Înor,'ta.,'reS est ane
:\.'· ....._-:_ ./:. ~ / "...::.'i:. r:rl~J
'iaest,'on c.entrale de la. l'o/,'t,fae en &rol'e et
l'oar /'&rof'e. Il .s '~,'t là. d'an f'l'oblèA?e CoA?-
l'lexe. Il revat ane diA?en.s,'on h,'.stor;'iae, A?a.is
il el?jlobe des a..Sf'eet.s à. la. ./"ois l'oliti'iaes,
internaôonaux, caltarel.s, ethn,''iae.s, écono-
A1,''jae.s, A?a.i.s aussi techno/°3i'iaes. Noa.s
~onS a:,C.f"a.ire à. ane tâc.he 'lai est loin d'&re
ré.solae, dans la. A?e.Sare oit ils 'a..9it d'qpf'li'laer
les droits de /'1/oA?A?e tels 'la 'établis. Et en-lin,
c.e ?roblèA?e tourne au'toar de la. l'ol,'ti'jae de
la. l'a.ix, d'une condition e.S.Sentielle à. la. c.oha.-
b,'tation f'a.c,i.fi''jae des A?t~jor,'té.s et A?inor,'tés
au .se1·n des États, de A?aA?e 'ja 'autoar de la.
l'a.ix à. /échelle internationale. C 'e.stJa.steA?ent
cette ./"onction de l'a.ix 'iae le f'ro-1'. Ve,'ter à.
Soal,jnée à. di.f".f"érente.s re?ri.Se.S. Les e.f".f"ort.S
visant à troaver ane solaâon Jaridi'iaeA?ent
qpf'lic..able et .satis.f"a.lsante aux ?/ans haA?an,'-
taire et c.altarel datent de lol?jteA?f'S et .Sont
diversifiés. Ils ont dans C.erta.ine..s déA?oe...raties
oe.,c.ide11tales, au .Sein da Con.seil de /&rol'e
et au.ssl hor.S de c.elal-c.i, des ré:3leA1entation.s
norA?alisée.S oa... (courrier incomplet)
708 ARCHIVES DU MONDIALISME

PUEV · UF·c i: • FUEN


8chiffbrDcka 41
.D•2"..G39 FLENSBURG
Allernagn9i / Gennany

Theodor Veiter:

Kritischer Kommentar zum Entwurf einer Europlischen Charta der


Regional- oder Minderheitensprachen

Vorbemerkung:

-Nach mehrjlhrigen Vorarbeit~n,an denen auch der VerfasJer dieses


Kommentars als Generalberiohterstatter der zustlindigen Kommission
des Europarates mitgewirkt hat ( 1) , hat eine Experten_g ruppe mit
Mehrheit am 11.September _198.7 1m Rahmen des Rom_itees filr kulturelle
und soziale Angelegenheiten, Berichterstatter Herbert Kohn (2) einen
Entwurf einer Europlischen Charta der regionalen oder Minderheits-
sprachen in Europa - gemeint der Mitgliedstaaten . des Europarates -
erarbeitet. Die Mitglieder dieses Komitees unterbreiteten am
14. September 1987 ihren Entwurf der Standing Conference of Local
und Regional Authorities of Europe (3) und man war damals der Meinung,
daB nachdem das Vorbereitungskomitee mit eher starker Mehrheit den·
Entwurf einer solchen Europ!ischen Charta der regionalen oder Minder-
heitssprachen gutgeheissen hatte, dann auch die Standing Conference
dies~n Entwurf gutheissen würde. Der Entwurf dieser E·u ropaischen
Cbarta für regionale oder Minderheitssprachen bildete dann den
Gegenstand der Beratungen der Standing Conference j.Jl Stra;burg
vom 20. - 22.0ktober 1987. Uberraschenderweise wurde aber auf
dies~r 22. Sitzu~g der Standing Conference der von dem Komitee
füi' kulturelle und soziale Angelegenheiten unter Herbert Kohn
ausgearbeitete Entwurf einer Charta nicht angenommen und auf Antrag
des Bürgermeisters von Genf, der allem Anschein nach von der
franz6sischen Regierung vorgeschickt war, die von vorneherein
einer solchen Cha-r ~a nicht positiv gegenilberstand, zurilckgestellt.

Am 30. November 1987 wurde von der Standing Conferenc~ (4) eine •
Reihe von AblnderungsvorschHlgen ·registriert, die vorwiegena von
Vertretern· Griechenlands kamen und darauf abzielten, den Schutz
der regionalen. oder Minderheitssp~achen einzuschrlnken. Die rein
formale Ausfehun9 dieser Antrlg~ l~sst allerdings ein solches
Ziel kaum erkennen. Weitere Ablnderungsvorschllge kamen von Mit-
gliedern der ·rranz6sischen und der dlnischen Delegation. Die Ver-
ANNEXE XXV 709

,UEV · UF·~ i: • FUEN


8chiffbn'lcke 41
.D•2".GS9 FLENSBURG
Allemagne,/ Genn$1ly

Theodor Veiter:

Commentaire critique concernant le proiet d'une Charte euro-


péenne des langues régionales ou minoritaires

Préambule:

Après plusieurs années de travaux· préalables auxquels l'auteur


de ce commentaire a également participé en tant que rapporteur
général de la Commission compétente du Conseil de l'Europe
( 1 ) , un groupe d'experts a élaboré, à la maj·ori té, le 11 sep-
tembre 1987, dans le cadre de la Commission des affaires cultu-
relles et sociales, rapporteur Herbert Kahn (2), un projet de
Charte européenne des langues régionales ou minoritaires en
Europe - autrement dit les États membres du Conseil de l'Eu-
rope-. Le 14 septembre 1987, les membres de cette Commission
ont soumis leur projet à la Conférence permanente des pouvoirs
locaux et régionaux en Europe (3) et, à cette époque, on pensait
qu'une fois le projet d'une telle Charte européenne des langues
régionales ou minoritaires approuvé à une majorité plutôt large
par le Comité préparatoire, la Commission l'approuverait, elle
aussi. Le projet de cette Charte européenne des langues régio-
nales ou minoritaires a fait ensuite l'objet de délibérations
par la Conférence permanente du 20 au 22 octobre 1987 à Stras-
bourg. Mais, lors de cette 22• session de la Conférence, quelle
ne fut pas la surprise de voir le projet de Charte élaboré par
la Commission pour les affaires culturelles et sociales sous la
direction de Herbert Kahn, refusé et ajourné à la demande du
maire de Genève qui, selon toute apparence, avait été envoyé au
front par le gouvernement français qui, dès le départ, n'était
pas favorable à une telle Charte.

Le 30 novembre 1987, la Conférence (4) a enregistré toute une


série de propositions de modifications émanant, en grande partie,
de représentants de la Grèce et avait pour but de restreindre
la protection des langues régionales ou minoritaires. Le figno-
lage formel de ces requêtes ne permet pas toutefois d'entrevoir
un ·t el objectif. D'autres propositions de modifications furent
déposées par des membres des délégations française et danoise.
710 ARCl-llVES DU MONDIALISME

-2-

treter Grièëhenlands und Dlnemarks wandten sich insbesondere gegen


den Entwurf in Art. 13 betreffend die Berichte ·des bzw. der Experten-
komitees betr~ffend -die Anwendung der Charta (5).

In weiterer Folge wurden dann die einzelnen Bestimmungen des Ent-


wurfes überarbeitet und schlie811ch gelang es auf der Sitzung vom
15. - 17.M!rz 1988 der Standing Conference zu einer Endfassung der
gepianten Charta für die Mitgliedstaaten des Europarates zu kommen,
nachdem zuvor am 16.Mlrz 1988 in einer llngeren Diskussion die Grund-
lagen für eine·aeschluBfassung geschaffen worden waren (6). Mit
gro8er Mehrheit wurde, unter Bedachtnahme auf die Ab:lnderungs-
vorschllge, der Entwurf der Charta angenommen, doch kann nicht
Ubersehen werden, daB einige L!ndervertreter sich in der Diskussion
gegen die Charta wendeten und sie ablehnten.

Es kann aber keineswegs davon ausgegangen werden, da8 heute 1m Rahmen


der zustlndigen europlischen Gremien reine Freude über den BeschluB
einer. derartigen Charta b~~_tehe_. So hat insbesondere der Conseil
de la Cor.ununauté Française am 3. Juni 1988 wie übrigens schon vor-
her der belgische Senator Herman Suykerbuyk .a us Brüssel sich gegen
einen m6glichen Missbrauch gewendet, der von dieser Charta, auch
wenn sie im übrigen voll von g~ten Intentionen sei, gemacht werden
kônnte. Es wurde dabe.1 insbesondere darauf hingewiesen, da8 diese
Charta eine das Franz6sische benachteiligende Auswirkung auf die
Flamen in Nordfrankreich (7) ., auf die Elslsser, die Sretonen und
andere Minderheiten haben k6nnte, die dann pl6tzlich einen effektiven
Schutz ihrer Sprache und ihrer Kultur verlangen würden. Die in d~r
Charta festgelegten Rechte der Mindarheiten seien wesentlich umfang- ·
reicher als die Rechte 1die heute in Frankreich d-iese Minderheiten
habèn und die Charta sei keineswegs ao unschuldig wie sie aussahe •-•
ANNEXE XXV 711

-2-

Les représentants de la Grèce et du Danemark étaient en particu-


lier contre l'art. 13 du projet concernant les rapports du/des
comités d'experts à propos de l'application de la Charte (5).

Par la suite, les différentes dispositions du projet ont été


remaniées et, pour finir, lors de la session des 15 au 17 mars
1988 de la Conférence, une version définitive de la Charte pré-
vue pour les États membres du Conseil de l'Europe a été adoptée
après que la veille, le 17 mars 1988, les bases d'une prise de
décision ont été jetées au cours d'une longue discussion (6).
Bien que le projet de Charte ait été adopté à une grande majo-
rité, eu égard aux propositions de modifications, on ne peut pas
passer sous silence le fait que les représentants de quelques
pays se sont opposés à la Charte lors des discussions et l'ont
rejetée.

Mais on ne peut pas dire aujourd'hui qu'une joie immense règne à


propos de l'adoption d'une telle Charte au sein des comités eu-
ropéens compétents. C'est ainsi que, en particulier, le Conseil
de la Communauté Française a fait état le 3 juin 1988, comme
d'ailleurs déjà auparavant le Sénateur Belge Herman Suykerbuyk
de Bruxelles, d'un abus possible de cette Charte, même si elle
est appliquée du reste dans de bonnes intentions. Il a souli-
gné en particulier le fait que cette Charte pourrait avoir un
impact, au détriment du français, sur les Flamands du nord de la
France (7), sur les Alsaciens, les Bretons et autres minorités,
qui exigeraient alors soudainement une protection effective de
leur langue et de leur culture. Les droits des minorités fixés
dans la Charte, d'après ce Comité, sont beaucoup plus vastes
que les droits dont bénéficient aujourd'hui ces minorités en
France et la Charte n'est pas du tout aussi innocente qu'elle
paraît; il se pourrait que, en Belgique, la région les Fourons/
712 ARCHIVES DU MONDIALISME

und es kOnne dann sein, da8 in Belgien das Gebiet von Les Fourons/
Voeren zu Wallonien geschlagen würde, was allerdings der Europa-
ratsabgeordnete aus Belgien Kuijpers bestritt.
Zu erwlhnen ware ferner noch, daB, obwohl in dem Entwurf der
Char~a nicht _erwihnt, auch das Europiische Parlament sich mit einer
vergleichbaren Charta beschlftigt hat und zwar seinerzeit durch
den italienischen sozialdemokratischen Ab9eordneten Arf•,
den Abgeordneten Kuij~rs und basierend auf_ diesen Arbeiten vor
allem durch den deutschen Abgeordneten zum EuropAischen Parlament
Franz Ludwig Grafen Stauffenberg, der im "AusschuB fUr Recht und
Bürgerrechte" des Europ!ischen Parl3ments eine Charta der Volks-
gruppenrechte in den Staaten der Europlischen Gemeinschaft vom
17.MArz 1988 vorgelegt bat, wozu eine sehr ausführliche Begründung
von ihm dann noch am S.Mai 1988 nachgereicht wurde (8).

Il)Die zu bejahende Bedeutung des Entwurfes einer Charta der regionalen


oder Minderheitssprachen in Europa vom 17.Mlrz 1988

Hervorgehoben muB werden, daB es sich bei dem in Rede stehenden


Entwurf -der Charta ~ im f.o.l genden wird nur diese Abkü~zung gebraucht -
um ein Jahrhundertwerk handelt, auch wenn nicht Ubersehen werden
kann, welch gro8e Leistungen der Europarat, · sei es die Parlamentarische
Versammlung, sei es das Ministerkomitee, seien es auch die einzelnen
Teilorganisationen, Kommissionen und Komitees auf anderen Gebieten
erbracht haben. Wir denken _dabei natürlich in erster Linie an die
Europ!ische Konvention der Menschenrechte und Grundfreiheiten (9),
die aber überraschenderweise kaum einen Schut~ von Sprachminder-
heiten und Sprachgruppen,noch auch von ethnischen Minderheiten (Volks-
gruppen) kennt, wenn man von ganz bescheidenen Ansltzen absieht. Der
Ausdruck Jahrhunderberkist sicherlich nicht unberechtigt, zumindest
dann nicht, wenn die inrHede stehende Charta tatslchlich auch sowohl
die Parlamentarische Versammlung wie auch das Ministerkomitee passieren
sollte, vorausgesetzt natUrlich, dd8 dann auch die einzelnen M~tglied-
staaten des Europarates (insgesamt 22 Staaten) für ihren Rechtsbereich
die Charta annehmen sollten. Allein 1m Europa der Zw6lf (EWG) leben
ANNEXE XXV 713

-3-

Voeren rejoigne la Wallonie, ce que le député européen belge,


M. Kuijpers, a contesté.
De plus, il faut encore mentionner le fait que, même si cela
n'est pas évoqué dans la Charte, le Parlement européen s'est
occupé d'une Charte comparable présentée, en son temps, par le
député socio-démocrate italien Arfè, le député Kuijpers et, sur
la base de ces travaux, surtout par
le député allemand auprès du Parlement européen, Franz Ludwig
Graf von Stauffenberg, lequel a présenté au sein de la «Commis-
sion juridique et des droits des citoyens» du Parlement euro-
péen une Charte des droits des communautés ethniques dans les
États de la Communauté européenne en date du 17 mars 1988, pour
laquelle il a remis plus tard un exposé détaillé des motifs en
date du 5 mai 1988 (8).

II) Importance gu' il s'agit d'approuver du projet de Charte des


langues régionales ou minoritaires en Europe du 17 mars 1988

Il y a lieu de souligner le fait que le projet de Charte - seule


cette abréviation sera utilisée ci-dessous - dont il est ici
question, est une ~ntreprise du siècle, même si l'on ne peut
pas passer sous silence les gros efforts faits par le Conseil de
l'Europe, que ce soit l'assemblée parlementaire, le comité des
ministres, ou bien aussi les différentes organisations internes,
commissions et comités, dans d'autres domaines. Nous pensons
ici bien sûr en premier lieu à la Convention européenne des
droits de l'homme et des libertés fondamentales (9) qui pour-
tant, étonnamment, fait à peine état d'une protection des mino-
rités linguistiques et communautés linguistiques, ainsi que des
minorités ethniques (communautés ethniques), abstraction faite
d'approches très modestes. L'expression «entreprise du siècle»
n'est certainement pas injustifiée, du moins lorsqu'on considère
le fait que la Charte en question doit passer aussi bien
devant l'Assemblée parlementaire que devant le Comité des mi-
nistres, à condition bien sûr que les différents Membres du
Conseil de l'Europe (22 états au total) adoptent ensuite, eux
aussi , la Charte dans leur domaine juridique. Dans la seule
Europe des douze (CEE) vivent 320 millions de personnes dont
40 millions appartiennent à l'une ou l'autre minorité linguis-
714 ARCHIVES DU MONDIALISME

320 ~io. Nenachen und 40 Mio. davon geh6ren der einen oder anderen
Sprachminderheit an. Dia Sprachminderheiten in dan Mitgliedstaaten
des Europarates sind noch erheblich bedeutsamer als in jenen der
EG. Uber die Sprachgruppen in den Mitgliedstaaten der EG (bzw. des
EP)' gibt es ei_.ne vom EP in Auftrag gegebene monumentale Studie des
Italienisch~~ Statïstischen Zentralamtes ( 10) , wlhrend für das übrige
Europa 1und zwar sowohl den Bereich von Staaten die dem Europarat ange-
hOren wie für Osteuropa,eine Fülle anderer statistischer Unterlagen
vorhanden sind, dies aus neuester Zeit,vor allem von Gunnemark Kenrick
(11) und Leal latava (12) und für Osteuropa die Handbücher von
Stephan Borak ( 13) •

Angesichts der zahlenm!ssigen,zum Teil aber auch potentiell ausser-


ordentlich bedeutsamen ethnischen und sprachlichen Minderheiten
ill westlichen Europa kommt einem Schutz von deren Sprachen grôBte
Bedeutung zu, . zumal Sprac~~-n zu_g leich auch Ausdruck von Kultur-
traditionen sind, die man nicht übersehen darf. Wenn z.B. die neu
gegründete Union du Peuple Alsacien für das ElsaB und bis zu
einem g~wissen Grad auch für Deutsc;hlothringen in einem umfassenden
. .
politischen Programm (14) betont, daB die Jortdauer der elsissischen
Identitit van einer sprach~ichen und kulturellen A\ltonomie abhangt
und eine tausendj~rige ethnische,geschichtliche und sprachliche
Gemeinschaft auf dem angestammten Heimatboden vorhanden ist und auf-
.recht erhalten werden mus, so wird man nur anhand allein schon
dieses Beispieles der Tat.s ache inne, wie wichtig die Erhaltung und
Entfaltung der ethnischen Kulturen ist. Man kann aber in bezug auf
das freiheitlich~demokratische Europa, also den sogenannten Westen
d~ése Kulturwerte Uberall feststellen und der manchmal ziemlich harte
Kampf um den . Fortbéstand solcher Kulturwerte, dies als Sprachkultur-
werte, ist von entscheidender Bedeutung für die Erhaltung Europas über-
haupt·. Man braucht dabei .. nur a,n die vielen ethnischen und sprach-
lichen Gemeinschaften in Italien zu denken (15), an jene in Spanien
(16), an jene in der •vtersprachigen Schweiz", an jene in ~sterreich
(1~) , wn nur einige wenige herausiugreifen. Vollend, ist aber in
osteuropa ein ganzer Tep_p ich von sprachlichen und ethnischen Minder-
heiten vorha-nden un4 gibt es dort überhaupt keinen monoethnischen
ANNEXE XXV 715

-4-

tique. Les mînorités linguistiques au sein des États membres


du Conseil de l'Europe sont encore beaucoup plus importantes
que celle de la CE. À propos des groupes linguistiques dans
les États membres de la CE (respectivement du PE), une étude
monumentale a été menée, à la demande du PE, par l'Office cen-
tral italien de la statistique (10) alors que pour le reste de
l'Europe, à savoir aussi bien au niveau des États faisant par-
tie du Conseil de l'Europe que de l'Europe de l'Est, il existe
pléthore d'autres documents statistiques très récents, rédigés
surtout par Gunnemark Erick (11) et Leos Satava (12) et, pour
l'Europe de l'Est, les manuels de Stephan Horak ·( 13).

Au vu de l'importance en nombre, mais aussi en partie poten-


tiellement extraordinaire, des minorités ethniques et linguis-
tiques en Europe de l'Ouest, il est extrêmement important de
protéger leurs langues, d'autant plus que les langues sont éga-
lement l'expression de traditions culturelles que l'on ne peut
pas ignorer. Si, p. ex., l'Union du Peuple Alsacien, nouvelle-
ment créée, fait ressortir, pour l'Alsace et, à un certain de-
gré, la Lorraine germanique, dans un vaste programme politique
(14), que la pérennité de l'identité alsacienne dépend d'une
autonomie linguistique et culturelle et qu'il existe une commu-
nauté ethnique, historique et linguistique millénaire dans le
berceau d'origine et qu'elle doit être maintenue, cet exemple
montre à lui seul l'importance de maintenir et de développer
les cultures ethniques. Mais, en ce qui concerne l'Europe libre
et démocratique, donc ce qui est appelé l'Occident, on constate
que ces valeurs culturelles, et la lutte, parfois assez dure,
pour la persistance de telles valeurs culturelles en tant que
valeurs de la culture linguistique, sont d'une importance dé-
terminante pour le maintien de l'Europe. Il suffit de penser
aux nombreuses communautés ethniques et linguistiques en Italie
(15), à celles de l'Espagne (16), à la «Suisse quadrilingue»,
aux communautés ethniques et linguistiques en Autriche (17),
pour n'en citer que quelques-unes. Pour finir, il existe, en
Europe de l'Est, tout un tapis de minorités linguistiques et
ethniques et aucun État mono-ethnique, même si, par exemple,
716 ARCHIVES DU MONDIALISME

-s-

Staat, auèh. ~lMnn beiapielM!9i&e die hèutige rumlnische Regierung


den veraucht mac~r sogenannten Systematisierung die boden-
atlndigen ethniechen und sprachlichen Minderheiten auszulaschen.

Angesichts dieser europ!ischen kulturellen und sprachlichen Viel-


falt ist der vorliegende Entwurf einer Charta von ungemein gro8er
Bedeutung und kann gar nicht hoch genug eingeschltzt sein, denn
wie sich aus der Prlambel ergibt, ist es das Ziel des Europarates,
zwischen seinen Mitgliedern die Ideaie und Grundsatze des gemeinsamen
Erbes zu bewahren und zu f6rdern, nur besteht die Gefahr, da8 gewisse
regionale oder minoritKre .Sprachen verschwinden und dadurch Tradition
und kultureller Reichtum Europas geschw~cht werden. In der Einleitung
wird auch noch gesagt, daS die Bevolkerungen - gemeint V6lker -
das Recht haben, sich in ihrer regionalen-oder Minderheitssprache aus-
zudrücken, dies 1m privaten wie im gesellschaftlichen Leben, wçbei
• auch auf den-Weltpakt ilber die zivilen und politischen Rechte und
-
auf die EuropAische Konvention der ~enschenrechte und Grundfreiheiten
wie auch auf die Schlu8akte der l<SZE hingewiesen wird. Nach d-ieser
grundl.egenden Feststellung folgen dann in der Charta die einzelnen
Bestimmungen 1um deren Durchführung es geht.

In den allgemeihen Bestimmungen des Teiles I wird der Begriff "re-


gionale oder Minderheitssprachen "nlther umschrieben ,wobei die zahlen-
mâssige Minderheit der Sprecher dieser Sprachen gegenüber der Zahlen-
mehrheit der Gesamtbev.6lkerung herausgestrichen wird, auf die
territor·i ale Abgrenzung des ·Gebr·a uches einer solchen Sprache hinge-
wiesen wird und auch der Begriff Diskriminierung 1m Sinne der welt-
weit anerkannten Formulierungen umrissen wird, da ja jede Diskrimi-
nier.u ng des Gebrauches einer Sprache einer Sprachminderhei t unzullssig
und zu verbieten 1st.
Die allgemeinen B•stimmun9en der Charta geben sehr treffende Definitionen
zwn Begriff"regionale oder Minderheitensprachen" dahingehend, da! es
sich um Spr•chen handeln mus, die auf einein bestimmten Territoriuin
von .b estimmten Staatsan9eh6rigen gesprochen werden, die aine zahlen-
mlssig kleinere Gruppe gegenilber dem Rest der Staatsbev6lkerupg dar-
•&tellen und deren Sprachen von jenen oder jener aich unterscbeiden,
die von dam Reat der Staatsbev6lkerur.g gesprochen wird. In Art. 4
wird fe•tgelegt, daB die Bestimlnungen der Charta (dort Konvention 9e-
nannt) kein•rlei Beeint.t:lchtigung gegenüber Bestimmungen darstellen
ANNEXE XXV 717

-5-

le gouvernement roumain actuel tente de supprimer les minori-


tés ethniques et linguistiques autochtones en procédant à une
systématisation.

Face à cette diversité culturelle et linguistique européenne,


le présent projet de Charte revêt une immense importance qui
est sous-estimée car, comme le mont~e le préambule, l'objec-
tif du Conseil de l'Europe e~t de préserver et de promouvoir
les idéaux et les fondamentaux de l'héritage commun entre ses
membres; mais le risque est que certaines langues· régionales
ou minoritaires disparaissent, entraînant ainsi l'affaiblisse-
ment des traditions et de la richesse culturelle de l'Europe.
Dans l'introduction, il est dit également que les populations
- à savoir les peuples - ont le droit de s'exprimer dans leur
langue régionale ou minoritaire, et ce dans la vie privée comme
sociale, alors qu'il est renvoyé aussi au pacte mondial sur les
droits civils et politiques et à la Convention européenne des
droits de l'homme et des libertés fondamentales comme à l'acte
final de la CSCE. Cette constatation fondamentale est suivie
ensuite, dans la Charte, par les différentes dis.positions trai-
tant de son application.

Dans les dispositions générales de la partie 1, le terme «lan-


gues régionales et minoritaires» est décrit de façon plus
détaillée, la minorité numérique des locuteurs de ces langues
étant soulignée par rapport à la majorité numérique de la popu-
lation entière, la délimitation territoriale de l'usage d'une
telle langue étant évoquée et. le terme discrimination étant
défini au sens des formulations reconnues dans le monde entier,
car toute discrimination de l'usage d'une langue d'une minorité
linguistique est inadmissible et doit être interdite.
Les dispositions générales de la Charte donnent des définitions
très pertinentes de l'expression «langues régionales ou minori-
taires» dans le sens o~ il doit s'agir de langues parlées sur un
territoire donné par certains çitoyens constituant un groupe
plus petit en nombre que le reste de la population de l'État et
dont les langues diŒèrent de celle(s) parlée(s) par le reste
de la population de ce même État. Dans l'Art. 4, il est stipulé
que les dispositions de la Charte (appelée convention dans ce
document) ne portent pas atteinte aux dispos.itions plus favo-
718 ARCHIVES DU MONDIALISME

dürfen, die in bezug auf dia Rechtslage der bereits in dam be-
treffenden Vertragsstaat vorhandenen Minderheiten gUnstiger sind.
Diese Art einer Meistbegünstigungsklausel verdient besondere Hervor-
hebung.

Als besonders begrüssenswert muB man ansehen die Anerkennung der


regionalen _oder Minderheitensprachen (Art. 5) als Ziel der Charta
und die Achtung des geographischen Umfelds jeder dieser Minder-
heitssprachen dahingehend, daB Verwaltungssprengelgrenzen kein
Hindernis g~genüber e~ner ~egionalen oder Minderheitssprache und
ihrer F6rderung bieten dürfen. Gemeint sind damit offenkundig Falle
wie in xarnten, wo die Grenzen der politischen Bezirke in einer Novelle
zur Landtagswahlordnung so gezogen wurden, daB in Zukunft nie mehr
ein Angehôriger der slowenischen Minderheit auf einer Minderheiten-
parteiliste in den Landtag gewahlt werden kann.

· 'Sehr wichtig sind auch die übrigen Bestimmungen in Art. 5, wodurch


jede Diskriminierung bezüglich des Gebrauches der Minderheits-
sprachen 1m Geiste der Europaischen Konvention der Menschenrechte
und Grundfreiheiten zu verbieten ist und die Minderheits- und Regional-
sprachen hinsichtlich ihres mündlichen wie schriftlichen Gebrauches
im gesamten, ëffentlichen,sozialen und wirtschaftlichen Leben zu
fordern sind, diese Sprachen gelehrt und erforscht werden sollen,
den· Einwohnern die diese Sprachen in einem Bezirk nicht beherrschen,
1
die Moglichkeit geboten werden soll, diese regionalen oder Minder-
hei tssprachen zu erleÙlen, ·Toleranz gegenüber diesen Sprachen zu
pflegen ist und grenzüberschreitend diese Sprachen so zu praktizieren
sind, wie sie in den Nachbarsprachen entwickelt wurden und gehand-
habt werden.
In Abschnitt I I I finden sich dann detaillierte Vorschriften übe~
den Unterricht in der Minderheitensprache oder den Minderheiten-
sprachen,in Art. 6, hingegen ist der Gebrauch dieser Sprachen im
of.f entlichen Dienst , ~or den Verwal tungsbehôrden und vor Ger icht
geregelt, sodaB diese Sprachen auch dort anzuwenden sind und zwar
bi s hinauf zu ·den Berufungsinstanzen.
Art . 8 begünstigt die Verwendung der Régional- oder Minderheits-
sprachen in den Massenmedien einschlieBlich des Fernsehens , womit
weitgehend Neuland beschritten wird. Im allgemeinen haben heute in
ANNEXE XXV 719

-6-

rables régissant la situation juridique des minorités déjà


présentes dans l'État contractant concerné. Ce type de clause
de la nation la plus favorisée mérite d'êtr~ souligné.

Il est particulièrement bienvenu de considérer la reconnaissance


des langues régionales ou minoritaires (Art. 5) comme l'objectif
de la Charte et la considération de l'environnement géographique
de chacune des langues minorit~ires dans le sens où les limites
des districts administratifs ne doivent pas être un obstacle à une
langue régionale ou minoritaire et à sa promotion. Il est évident
qu'il est entendu, par là, les cas où, comme en Carinthie, les li-
mites des districts politiques ont été étendues dans un amendement
à la loi sur les élections à la diète provinciale de manière à ce
que, à l'avenir, plus aucun membre de la minorité slovène ne puisse
jamais être élu au Landtag sur une liste des partis minoritaires.

Les autres dispositions de l'Art. 5 sont elles aussi très im-


portantes car elles stipulent l'interdiction de toute discrimi-
nation à propos de l'usage des langues minoritaires dans l'es-
prit de la Convention européenne des droits de l'homme et des
libertés fondamentales et la promotion des langues minoritaires
et régionales du point de vue de leur usage verbal et écrit dans
toute la vie publique, sociale et économique, l'enseignement
de ces langues et la recherche les concernant, la possibilité
donnée aux habitants. qui ne maîtrisent pas ces langues dans un
district d'apprendre ces langues régionales ou minoritaires,
la tolérance vis-à-vis de ces langues et leur pratique par delà
les frontières telles qu'elles ont été développées et utilisées
dans les langues voisines.

Dans la partie III, on trouve ensuite des prescriptions détail-


lées sur l'enseignement dans la langue minoritaire ou les langues
minoritaires, par contre, l'Art. 6 règle l'emploi de ces langues
dans le service public, auprès des administrations et devant les
tribunaux, de sorte que ces langues doivent y être également
utilisées et ce en remontant jusqu'aux instances d'appel.
L'article 8 favorise l'utilisation des langues régionales ou
minoritaires dans les médias de masse, y compris la télévision,
ce en quoi c'est un domaine inconnu qui est abordé. En général,
720 ARCHIVES DU MONDIALISME

-7-

Europa d-ie Sprachminderheiten n·u r in ganz beacheidenem Ausmas


auch Sendungen in ihr•~ eigenen Sprache.

Da ·das ' Sprachenrecht in meh.sprachigen Staaten in h6chstem Aus-


m8 eine Angelegenheit der Kulturpolitik ist steht in Art. 9 1
da8 die kulturelle~ Aktivitlten und Einrichtungen wie z.B.
Bibliotheken , Videotheken, Kulturzentre.n, Museen, Archive,
Akadem~en, Theater, Kinos usw. sowie die Buch- und Filmproduktion
Volksfeste usw. so zu fôrdern sind, daB dort überall auch die Minder-
heitssprache ihren gesicherten Platz hat. Nicht wird dab~i über-
sehen, da8 die Vertragsstaaten auch im Ausland in ihrer Kultur~und
Sprachenpolitik auf diese Minderheitssprachen Bedacht nehmen sollen.

Sclùie8lich 1st in Art. 10 auf das Wirtschafts- und Sozialleben


Bezùq genommen, das unter Umstlnd~n gerade beim Minderheitensc-h utz
von groaer Bedeutung se~n k~nn und .werden auch grenzfll:>erschreitende
Schutzma8nahmen und FOrderungS,~a8nahmen/ins Auge gefas~t. Hi~ei · .
wird man wohl auch auf die at,solut führenden Arbeiten der Arbeits-
gemeinschaft Europ!ischer Grenzregionen (A(;EG) unter der Leitung
von Kar.l Ahrens hinzuweisen,. haben ( 18).

Nicht unwichtig erscheint Artr 14 , wonac~~perte~omitee vom


Kinisterkomitee des Europarates einzurichten 1st, das für die
Dauer von 6 Jahren einberufen 1st und zwar aus je einem Mit-
glied für je einen Vertragsstaat1 um über die Durçhführung der
Charta zu wachen.

In den SchluB.bestimmungen, Abschnitt V si~d weiters keine besonderen


Vorkehrungen getroffen, ausser rein formelle (siehe aber unte.n unter III/5.).
Alles i -n alle:m 1st die Cbarta ein ausserordentlich ge•ignetes I.n-
atrwnent um den ra.g ionelen - oder Minderheitssprachen im Bereich
des Europarates 9rundlegende Erhaltungs- und Entfaltungsrechte zu
sichern. Oie Annahme dieser mit vieler MUhe •rarbeiteten Charta durch
d_ie entsprechenden G1;emien de.s Europarates 1st daher in jeder Hin-
aicht von gr6ater Wichtigkeit und müsste aucb von der FUEV vorange-
tr ieben wel;'den •
ANNEXE XXV 721

-7-

les minorités linguistiques n'ont aujourd'hui, en Europe, que


très peu d'émissions dans leur propre langue.

Puisque le droit des langues est, dans une très large mesure, une
a1faire de poli tique culturelle dans les pays mul tilingues, l 'Art. 9
stipule que les activités et équipements culturels comme, p. ex.,
les bibliothèques, vidéothèques, centres culturels, musées, ar-
chives, académies, théâtres, cinémas, etc., ainsi que la produc-
tion de livres et de films, les fêtes populaires, etc. doivent être
promus de manière à ce que la langue minoritaire ait aussi une
place garante partout, sans oublier que les États contractants
doivent également prendre ces langues minoritaires en considéra-
tion dans leur politique culturelle et linguistique à l'étranger.

Pour finir, l'Art. 10 se réfère à la vie économique et sociale


qui, dans certaines circonstances, peut s'avérer très impor-
tante justement en ce qui concerne la protection des minorités
et envisage également des mesures de protection et de promotion
transfrontalières. L'auteur a dû certainement vouloir attirer
aussi l'attention sur les travaux de premier plan menés par
l'Association des régions frontalières européennes (ARFE) sous
la direction de Karl Ahrens (18).

L 'Art. 14 n'est pas anodin puisque le comité ministériel du


Conseil de 1 'Europe doit créer un comité d'experts, composé
d'un membre pour chaque État membre, nommé pour 6 ans, pour
veiller à l'application de la Charte.

Aucune mesure particulière n'est prise ensuite dans les dis-


positions finales de la partie V, hormis des mesures purement
formelles (voir à ce propos 111/5 ci-dessous).
Globalement, la Charte est un instrument extraordinairement
adapté pour garantir aux langues régionales ou minoritaires
des droits fondamentaux de conservation et de développement
au niveau du Conseil de l'Europe. Par conséquent, l'adoption
de cette Charte, élaborée avec beaucoup de difficultés, par les
instances correspondantes du Conseil de l'Europe est d'une
importance capitale à tous points de vue et devrait être favo-
risée par I'UFCE.
722 ARCHIVES DU MONDIALISME

-8-

III) Kritische Anmerkungen zu dem Entwurf der Charta

So begrüssenswert der Entwurf der Charta ist, mUssen doch mancher-


lei kritische Bemerkungen dazu gemacht werden, ~uf welche n~ch be-
sonders Bedacht zu nehmen sein wird, dies zumindest bei der An-
wendung, teilweise verdient aber diese Kritik auch Berücksichtigung
im Rahmen einer Zusatzkonvention oder einer Erganzung der vorliegenden
Charta.
1) Di.e Charta. ist eine reine Sprachencharta

Wie schon aus der Bezeichnung hervorgeht,sieht die Charta einen


Schutz der regionalen oder Minderheitensprachen in den Mitglied-
staaten des Europarates vor, aber keineswegs einen Schutz der
ethnischen Minderheiten (Volksgruppen) als solcher. Nun besteht
aber zwischen Sprachgemeinschaften und ethnischen Gemeinschaften
schon vom begrifflichen her ein groBer Unterschied,wobei in vielen
Fallen der Umfang einer ethnischen Minderheit (Volksgruppe, National.i-
tat) wesentlich grëBer ist als jener von Sprachgruppen, aber auch das
Umgekehrte koinmt vor. Man braucht nur daran zu denken, daa z.B.
ùie Juden in der Sowjetunion , aber nicht nur in dieser, vielmehr
auch in den westlichen Staaten Europas keine Sprachgemeinschaft
mehr darstellen, seitdem das Ji,tdische mehr oder weniger erloschen
ist,wohl aber als ·e thnische, für manche auch als rassische Gemein-
schaft sehr exakt umschreibbar sind. Die Literatur dazu ist in letzter
Zeit ausserordentlich angewachsen und beachtlich (19). Auch die
Zigeuner bzw. Roma und Sinti · sind heute fast nirgendwo in den west-
licpen .Staaten Europas noch eine Sprachgemeinschaft, dies aus den
verschiedensten Gründen, aber daB sie ein eigenes Volk bzw. ent-
sprechende V~lksgruppen darstellen, darüber kann es kaum einen
Zweifel geben. Durch die Charta werden aber diese Gemeinschaften
mangels einer · von ihnen im t!glichen Leben gesprochenen Sprache
überhaupt nicht geschützt.

Daher 1st der Vorschlag Stauffenberg betreffend eine Charta der


Volksgruppenrechte in den Staaten der Europlischen Gemeinschaft
Nr. PE 121.212 und PE 121.212 B wesentlich besser und wirkungs-
voller als die hier in Rede stehende Charta und es wllre unbedingt
ANNEXE XXV 723

-8-

III) Remarques critiques à propos du projet de Charte

Bien que le projet de Charte soit bienvenu, des remarques cri-


tiques, auxquelles nous allons accorder une attention particu-
lière, doivent tout de même être faites à son encontre, du moins
en ce qui concerne son application, mais cette critique mérite
aussi, en partie, d'être prise en compte dans le cadre d'une
convention additionnelle ou d'un complément à la présente Charte.

1) La Charte est une charte purement linguistique

Comme son nom 1' indique déjà, la Charte prévoit une protec-
tion des langues régionales ou minoritaires au sein des États
membres du Conseil de l'Europe, mais aucunement une protection
des minorités ethniques ( communautés ethniques) en tant que
telles. Toutefois, du point de vue terminologique, il existe
une grande différence entre les communautés linguistiques et les
communautés ethniques, car, dans de nombreux cas, une minorité
ethnique (communauté ethnique, nationalité) est beaucoup plus
vaste que celle des groupes linguistiques, mais le contraire
est également vrai. Il suffit de penser, p. ex., aux Juifs qui,
en Union Soviétique, mais aussi dans les pays occidentaux de
l'Europe, ne constituent plus une communauté linguistique de-
puis que le yiddish s'est plus ou moins éteint, mais peuvent
être délimités très exactement comme communauté ethnique et
même, pour certains, raciale. La bibliographie à ce sujet s'est
étoffée de manière extraordinaire ces derniers temps (19). Au-
jourd'hui, les gitans respectivement les Roms et les Sinté ne
constituent une communauté linguistique dans pratiquement aucun
des pays occidentaux de l'Europe, et ce pour de multiples rai-
sons, mais il ne fait aucun doute qu'ils forment un seul peuple
et/ou des communautés ethniques correspondantes. Toutefois, ces
communautés, en l'absence d'une langue parlée au quotidien, ne
sont pas protégées par la Charte.

C'est la raison pour laquelle la proposition de von Stauffen-


berg concernant une Charte des droits de communautés ethniques
au sein des États de la Communauté européenne w PE 121.212 et
PE 121.212 Best bien meilleure et efficace que la Charte dont
il est question ici et il serait indispensable de travailler
724 ARCHIVES DU MONDIALISME

-9-

darauf hinzuarbeiten, diese im EP im Ausschu8 für Recht und Bürger-


rechte eingebrachten Resolutionstexte auch fUr deri Europarat nutz-
bar ~u machen. Es sei nicht übersahen, da8 auch beim EP (EG) früher
(Arf•-sericht, und Kuijper~~Ber!cht) auf die Minderheitssprachen
Bezug genommen· wur~e und nicht auf die ethnischen Gemeinschaften und
auch das nicht wenige.r als ~52 Seiten umfassende Document "Linguistic
Miriorities in Countries b~longing to the European Comunity "der
Commission~~ the European Comunities , Luxemburg vom Jahre 1986
1
der EG,ausgearbeitet vom Istituto della Enciclopedia Italiana in
Rom, das bis ins letzte Detail geht, ist ein Dokwnent betreffend
Sprachminderheiten, aber nicht Volksgruppen und ethnische Minder-
heiten (20).. Unter den 4ort angeführten Sprachen kommen daher zwar
das Albanische in Italien oder das Friesische in der Bundesrepublik
Deutschland und in den Niederlanden, das Furlanische in Italien,
auch das Ladinische in Italien , sog~ das Sardische in Italien oder
das Polnische in der Bundesrepublik Deutschland, worüber man auch
anderer Meinung sein kann vor, aber nicht das Jiidische und nicht ·
die lig.e unersprache (Roma .. ~d S.inti) , allerdings auch nicht Sklne
in Bornh!=)lm und eigenartigerweise auch nicht das FKX'6i-s che. So her-
vorragend diese Untersuchungen auch sind, behande,l n sie ebenfalls
nur Sprachenfragen.

Daher ist der Vorsto8 ·von Franz Grafen Stauffenberg beim EP von
so besonderer Bedeutung, da
sein Entwurf eine Charta der Volksgruppen-
rechte in den Staaten der Europ!ischsn Gemeinschaft . zum Ziele hat.
Sie ist auch als solche offiziell bezeichnet.

2) Fehlbezeichnu-n g bezUglich Minderheitensprachen

Obwohl heute europaweit und zwar auch in den Ostblockstaaten der Aus-
druck "nationale Minderheiten" ausser Ubung kommt und etwa die FUEV
schon seit ihrer Gründung sich nur als Union Europlischer Volksgruppen
nicht etwa ~uroplischer Minde~heiten bzw. nationaler Minderheiten
bez•ichnet und das auch iii ïhrer englischen und franz6sischen- Version
analog zum A~sdruck kOaJlt (Comrnunautês Ethniques oder Nationalities)
I
geht die Charta noçh von dem überholten und in den meisten Mitglied~
staaten des Europarates gar nicht mehr angewendeten Beg~iff •Minder-
h ei t " aus. ~w•~ kaM. manlwenn ea sich um Sprachgruppen minori tirer
Natur handeit, sicherlich auch noch ~en Ausdruck Sprachminderheit ge-
ANNEXE XXV 725

-9-

à rendre utilisables les textes de résolution introduits, au


Parlement européen, au sein de la Commission juridique et des
citoyens. Il ne faut pas oublier que même au sein du Parlement
européen (CE), on ne s'est pas référé autrefois (rapport Arfè
et rapport Kuijpers) aux langues minoritaires ni aux communau-
tés ethniques, et le document « Minorités linguistiques dans
les États membres de la Communauté européenne» de la Commis-
sion des communautés européennes, Luxembourg, de 1986 de la
CE, qui compte pas moins de 252 pages, élaboré par l'lstituto
della Enciclopedia ltaliana à Rome, qui est très détaillé, est
un document traitant des minorités linguistiques, mais pas des
communautés ethniques ni des minorités ethniques ( 2 0) • Par
conséquent, parmi les langues qui y sont mentionnées, on trouve
certes l'albanais en Italie, ou le Frison en République fédé-
rale d'Allemagne et aux Pays-Bas, le frioulan de même que le
ladin voire le sarde en Italie ou le polonais en République
fédérale d'Allemagne, ce sur quoi on peut être d'un autre avis,
mais pas le yiddish ni la langue des gitans (Roms et Sinté),
ni le skane à Bornholm et, bizarrement, ni le féroïen. Aussi
excellentes que soient ces études, elles ne traitent aussi que
les questions de langues.

C'est pourquoi la démarche de Franz Graf von Stauffenberg auprès


du Parlement européen est d'une telle importance, car son pro-
jet a pour objectif d'élaborer une Charte des droits des commu-
nautés ethniques au sein des états de la Communauté européenne.
C'est son nom officiel.

2) Désignation erronée des langues minoritaires

Bien qu'aujourd'hui, à l'échelle européenne et même dans les


pays de l'est, l'expression « minorités nationales» soit de
moins en moins utilisée et p. ex. que I'UFCE, depuis sa créa-
tion, s'appelle uniquement Union des communautés ethniques eu-
ropéennes et non pas des minorités européennes ou des minorités
nationales, et ce également dans sa version anglaise et alle-
mande (Nationalities ou Volksgruppen), la Charte parle encore
de «minorités», un terme obsolète et qui n'est plus du tout
utilisé dans la plupart des États membres du Conseil de l'Eu-
rope. Bien que, lorsqu'il s'agit de groupes linguistiques de
nature minoritaire, l'on puisse encore utiliser certainement
l'expression minorité linguistique, elle apparait encore occa-
726 ARCHIVES DU MONDIALISME

-10-

brauchen und er kommt ja auch sonst noch gelegentlich vor, aber in


den letzten Jahren haben si~h hier Wandlungen vollzogen, auf die Be-
dacht zu nehmen ist. GewiB, auch in der UNO gibt es noch den Aus-
druck Minderheit in Form von sprachlicher Minderheit oder ethnischer
Minderheit - nationale Minderheit ist ausser Ubung gekommen, da auf
Nation, also einen politischen Begriff hingeordnet - aber in der
Charta sollte man doch besser von Volksgruppen sprechen, also im
Englischen von Ethnie Communities und im Franzôsischen von
Communautés Ethniques, auch wenn Sprachminderheiten gemeint sind._
Der Grund liegt in den vorhin erwahnten Notwendigkeiten, die Charta
auf ~thnische_Gruppen (Vo~~sgruppen,ethnische Minderheiten, Nationali-
taten) auszuweiten und sich nicht mit Sprachminderheiten zu begnUgen.

3) Regionale Sprachen

Wenn in der___Charta von Regionalsprachen die Rede ist, so ist das an·
und für sich durchaus der Sachlage angemessen, in manchen Fallen auch
deri Recntslage nach innerstaatlichem wie auch nach V6lkerrecht, denn
in sehr vielen F~llen gehôrt zum Begriff Region (21) auch das Vor-
handensein einer regionalen Sprache. Allerdings gehôrt zum Begriff
der Region und des Regionalismus der zwar nicht im Osten, wohl
1 oft ·
aber in Westeuropa rasch an Bedeutung zunimmt, eine eigene Sprache1
nicht notwendigerweise auch das Vorhandensein eines regionalen
Dialekts, aber nach den heutigen Definitionen des Regionsbegriffes,
wie er nicht zuletzt vom Europarat, aber auch von der Conference
Europe of Regions in Kope~hage~ und von Intereg in München ausgear-
beitet wurde, gehôrt als in der Regel wichtigstes Kennzeichen die
regionale Sprache, sei es auch nur in Form einer Mundart. Insoweit
ist die Charta zwar sachgerecht, daB aber dort immer steht "Charta
der regionalen oder Minderheitssprachen ist nicht sachgerecht. Es
müsste heis~en "Charta der _regionalen und Volksgruppensprachen oder
noch besser "Charta der Volksgruppensprachen". Das Wort und relativiert
die Begriffe und führt zu Abschw!chungen# ebenso aber auch der im
Entwurf allgemein vorkornmende Ausdruck "oder... DaB die Mundarten
nicht vorkommen, 1st ein Mangel, denn sehr oft sind die Grenzen
zwischen Hochsprache und Mundart schwer zu ziehen. Daa kann man
recht deutlich in Belgien hinsichtlich des Wallonischen sehen, das
sich vom Franz6sischen in vielem de~tlich unterscheîdet, weshalb
ANNEXE XXV 727

-10-

sionnellement, des transformations, que l'on doit prendre en


considération, se sont produites au cours des dernières années
dans ce domaine. Il est certain qu'au sein de l'ONU, l'expres-
sion minorité existe encore sous forme de minorité linguistique
ou de minorité ethnique - l'expression «minorité nationale»
n'est plus usitée car elle est associée à la nation donc à un
terme politique, mais, dans la Charte, il conviendrait plutôt
de parler de communautés ethniques, en anglais, Ethnie Commu-
nities et en allemand, Volksgruppen, même si on entend par là
des minorités linguistiques. La raison réside dans les nécessi-
tés, précédemment évoquées, d'élargir la Charte à des groupes
ethniques (communautés ethniques, minorités ethniques, natio-
nalités) et de ne pas se contenter de minorités linguistiques.

3) Langues régionales

Lorsque, d~ns la Charte, il est question de langues régionales,


ceci est tout à fait adapté en soi à la situation, dans certains
cas aussi à la situation juridique selon le droit national et le
droit international, car, dans de très nombreux cas, le terme
région (21) inclut aussi la présence d'une langue régionale.
Toutefois, le terme de région et de régionalisme, qui gagne
rapidement en importance, non pas à l'est mais en Europe de
l'Ouest, englobe souvent une langue propre, et pas forcément
la présence d'un dialecte régional, mais, selon les définitions
actuelles du terme de région, tel qu'élaboré non seulement par
le Conseil de l'Europe, mais aussi par la Conference Europe of
Regions de Copenhague et par lntereg à Munich, la langue régio-
nale, comme caractéristique généralement la plus importante,
même uniquement sous forme de dialecte. Bien que la Charte soit
appropriée dans ce domaine, le fait qu'elle s'appelle toujours
<< Charte des langues régionales ou minoritaires », lui, ne l'est
pas. Elle devrait s'appeler ((Charte des langues régionales et
ethniques» ou, encore mieux, «Charte des langues ethniques».
Le mot «et» relativise les termes et entraîne des affaiblisse-
ments, de même que l'expression <<ou>> apparaissant en général
dans le projet. L'absence des dialectes est une lacune, car les
limites entre la langue écrite et le dialecte sont très souvent
très ténues. Ceci est clairement visible en Belgique en ce qui
concerne le wallon, qui se distingue nettement du français sur
728 ARCHIVES DU MONDIALISME

- 11 -
#

es auch eigene WOrterbUcher gibt, dies sogar für das in Li•ge/Ltdge/Luik/


LUttich gesprochene Wallonische (22). Und da8 in dem zwischen Wallonien
und Flandern so intensiv umkbpften Gebiet von Voeren/Les Four~ns eine
im Grunde plattdeutsche Mundart mit teilweiser Einsprengung von franzO-
sischen b~. wallonischen AusdrUcken gesprochen wird, etwa in Fouron-le-
Camte oder in Mo_~ land und in Remersdael sollte au.c h nachdenklich stimmen .
1
(23). Aber auch das schweizerische und das Vorarlberger Alemannische -
letzteres
.
von anit-ethnisch
. orientierten
. ,,. .
Linksèxtremisten
"
als reine
..
Erfindung bezeichnet (24) - 1st, zusammen wohl auch mit dem Els!ssischen,
zwar keine eigene Boch- und Scbriftsprache, wohl aber eine Art Ubergang
zu einer solchen, wie aus den einschl!gigen zum Teil monwnentalen For-
schunsergebnissen einschlieBlich des Wôrterbuches der schweizerdeutschen
~prache sich ~~gibt (25). Aber auch andere mundart!lhnliche Sprachen k6nnten
und sollten mit einbezogen werden. Als Beispiele sind zu erw&hnten das
Lëtzebüergesch, das Asturische, das Burgenland-Kroatische, eine Reihe
von Sprachgruppen in .d er Sowjetunion, dargestellt u.a. auf der monumentalen
Konferenz der University of Manoa, Honolulu, Hawaii, und der So~jeti-
schen Akademie der Wissenschaften über Anthropologie und Ethnologie ·
fICAES) in Zagreb vom 24. bis 31. August 1988 (26), die Lingua Veneta,
die Skane-Mundart nicht nur in Skâne, sondern auch auf Bornholm usw.
Auf diese Fragen sollte man bei endgültiger Verabschiedung der Europaischen
Sprachencharta auch mit Bedacht nehmen
4) Expertenkomitee
In Art. 14 ist•elrExpertenkomitee t: vorgesehen, das zwar, was richtig ist,
vom Ministerkomitee ernannt werden wird, aber in welches aus einer vor-
,ereiteten Liste jeder Vertragsstaat ein Mitglied entsendet.Das für 6
Jahre bestellte Komitee dient der Sicherung der Anwendung der Charta. Bei
dem Uberwiegeri-·des Nationalstaatsdenkens bei den meisten Mitgliedstaaten
mus damit gerechnet werden, daa das Komitee eher ein HemmschÙh als eine
FOrderung der Ziele der Charta sein wird. Es sollte von vôllig unabhlngiger
Sei,t e berufen werden (etwa der FUEV, dem INTEREG', der A.I.D.L.C.M. oder
auf Universi&ts-·E bene)
5) Abschnitt V "Dispositions finales", Punkt 1
Hier erhllt jeder Ver,t ragsstaat das Recht, bei der Ratifikation das Terri-
torium zu bezeichnen, welches er von der Geltung der Charta ausschlie8en
will. Dies ôffnet dem Nationalstaatsdenken Tür und Tor ("Elsa8, Bretagne,
Bur9enla:nd, Brüs•s el, Val él" Aran, Ulster, Moutier, Provinz Udi"ne usw.) •
Die Charta sollte ohne die Môglichkeit solcher Ein•chrankungen inkraft
ge,s etzt werden,
ANNEXE XXV 729

-11-
de nombreux points, d'où 1 'existence de dictionnaires dédiés,
et ce même pour le wallon parlé à Liège/Lîdge/Luik/Lüttich (22).
Et le fait que sur le territoire de Voeren/Les Fourons, faisant
l'objet d'une âpre lutte entre la Wallonie et la Flandre, on parle
un dialecte issu, au fond, du bas-allemand avec l'inclusion par-
tielle d'expressions françaises et/ou wallonnes, par exemple à
Fouron-le-Comte ou à Mouland et à Remersdael, devrait faire réflé-
chir (23). Mais également l'alémanique suisse et du Vorarlberg -
ce dernier taxé, par des extrémistes de gauche orientés anti-eth-
nique de pure invention (24) - n'est pas, tout comme l'alsacien,
une langue écrite propre, mais une sorte de transition vers une
telle langue écrite, comme le montrent les résultats des études
afférentes en partie monumentales, y compris le dictionnaire de
la langue suisse alémanique (25). Mais on pourrait et devrait
aussi inclure d'autres langues assimilées à un dialecte. Comme
exemples, nous pouvons citer le luxembourgeois, l'asturien, le
croate du Burgenland, une série de groupes linguistiques en Union
soviétique, •présentée notamment lors de la conférence monumen-
tale de l'Université de Manoa, Honolulu, Hawaï et de l'Académie
soviétique scientifique d'anthropologie et d'ethnologie (ICAES) à
Zagreb du 24 au 31 août 1988 (26), la langue vénitienne, le dia-
lecte skane non seulement à Skane mais aussi à Bornholm, etc. Il
faudrait également prendre ces questions en considération lors
de l'adoption définitive de la Charte européenne sur les langues.
4) Comité d'experts
L'Art. 14 prévoit un comité d'experts qui certes, et à juste titre,
sera normlé par le Comité des ministres, mais au sein duquel chaque
État membre enverra un membre choisi dans une liste préétablie.
Le comité nommé pour 6 ans sert de garantie à l'application de la
Charte. La pensée nationaliste étant prépondérante dans la plupart
des États membres, il faut s'attendre à ce que le comité soit plu-
tôt une entrave aux objectifs de la Charte qu'un encouragement. Il
devrait être nommé par un organe entièrement indépendant (à savoir
I'UFCE, I'INTEREG, I'A.I.D.L.C.M. ou au niveau universitaire).
5) Partie V ~Dispositions finales~, point 1
Ce point donne à chaque ttat contractant le droit de dési~ner,
lors de la ratific~tion, le territoire ~u ' il veut e~clure du ch~p
d'action de la Charte. C~ci ouvre ~r~nd la porte à la pensée na-
tiom~liste ( J\lsace f Br~tagne, Burgel)lqncl, Bruxelles, Val Q ( Araq,
Ulster, Moutier, P+ovince d'Udiner etc.). Cette Charte devr~it
entrer en vigueur sans possibilit~ de fixer de telles re13trictions.
730 ARCHIVES DU MONDIALISME

- 12 -

1) s. die zusamme-n fassung der 6ffentlichen Anh6rung "Für eine Charta der
Reional- und Minderheitensprachen in Europa", Strasburg, 15./16.Mai 1984,
abgedruckt ~n: Theodor Veiter, NationalitHtenkonflikt und Volksgruppenrecl
im ausgehenden zwanzigsten Jahrhundert, Bd. III, Wien (Braumüller) und
München (INTEREG) 1984, SS. 55 ff.
2) Herbert Kohn, Report on Regional or Minority Languages in Europe,
Strasbourg ITseptember 1987, ACPL4.22I der Standing Conference of
Local .and Regi~nal Authori_~~es ~f Europe ·
3) CPL (22) 4, Part _I und Appendix
4)CPL/Cult (22) 2 bzw. Europaratsdrucksache E 6.450 09.21
5) Details in dem in Arun. 4 angeführten Ookwnent, Seiten 2 bis 4
6) Resolution 192 (1988) (1) on Regional or Minority Langauges in
Europe, ARES192.88, Twenty-Thir Session Strasbourg,15 - 17 March 1988
-der Standing-.Conference of Local and Regional Authorities
7) Erklarung des Conseil de la Communauté Française, SG/YD, v. 3. 6 •.1988,
franz6sischer Text in der "Gazet van Antwerpen", 2.3.,4/4/1988
8) Europaiaches Parlament, AusschuB für Recht und Bürgerrechte, Entwurf
eines Berichtes über eine Charta der Volksgruppenrechte in den Staaten de%
Europaischen Gemeinschaft, Teil A EntschlieBung, Berichterstatter Graf
Stauffenberg, 69/84 v. 17.3.1988; Teil B, Begründung hiezu v.5.Mai
1988. Ubliche Zitierung Nr. PE 121.212 und PE 121.212 B
9) vom 4.11.1950. Wortlaut u.a. bei Felix Ermacora, Internationale
Dokwnente zwn Menschenrechtsschutz, Stuttgart (Reclam) 1971
10) Linguistic Ninorities in Countries belonging to the European
Comunity, Luxemboùrg 1986
11) Erik Gunnemark/Donald Kenrick, A Geolinguistic Handbook, 1985 edition,
Gothenburg/Goteborg (Selbstverlag Erik Gunnemark) 1986
12) Leos Satava·, Autochtonnî Mala Etnika v Evrope, 2 Bde, Praha (Zpravodaj
koordinovanê sftë vèdeckych informaci pro .etnografii a folkloristiku )1987
13) Stephan M. Horak, Eastern European National Minorities 1919-1980.
A Handbook, Littleton (Libraries Unlimited,Inc.) 1985; 1983 erschien
Horak's Buch über die Nationalitaten in der Sowjetunion, im gleichen Verla
14) Grilndung·und Programm der Union des Elsassischen Volkes, abgedruckt
in "Rot un Wiss", Strasburg, Juli 1988
15) bisher bestes Werk: Massimo Olmi, Italiani dimezzati (Halbierte
Italiener). Le minoranze etnico-linguistiche non protette, Napoli (Edizion
Oehoniane) 1986
16). Manuel Clavero Arévalo, Espaiia, desde el centralisme a las autonom1as,
Barcelona (Planeta) l983
17) Günther H6dl (Hrsg.) ,Lage und Perspektiven der ôsterreichischen
Volksgruppen-;-wien (~sterreichische Rektorenkonferenz) 1988; Theodor
Veiter, Das 6sterreichische Volksgruppenrecht seit dem Volksgruppen-
gesetz von 1976, Wien (Braumüller) 1979
18) s.die BeschlUsse der Assemblée des Régions d'Europe in StraBburg
Herbst 1987, wo besonders auch über die Arbeitsgemeinschaft der Euro~
paischen Grenzregionen berichtet ·wurde (als Dossier gedruckt heraus-
gebracht von Georges Pierret; Theodor Veiter, Stichwort "Region", in:
Ammon/Dittmar/Mattheier (Hrsg.), Sociolinguistics-Soziolinguistik/Handbuch
Berlin (Walter de Gruyter) 1987, SS. 96 ff.
ANNEXE XXV 731

-12-

ll Cf. résumé de l'audience publique «Pour une Charte des lan-


gues régionales et minoritaires en Europe», Strasbourg, 15/16
mai 1984, reproduit dans: Theodor Veiter, Nationalitatenkonflikt
et Volksgruppenrecht im ausgehenden zwanzigsten Jahrhundert,
vol. III, Vienne (Braumüller) et Munich (INTEREG) 1984, p. 55 et s.
ll Herbert Kohn, Report . on regional or Minority Languages in
Europe, Strasbourg le 14 septembre 1987, ACPL4.221 de la Confé-
rence permanente des pouvoirs locaux et régionaux de l'Europe
1.1 CPL (22) 4, partie 1 et annexe
.il CPL/Cult (22) 2 eUou imprimé du Conseil de l'Europe E 6.450
09.21
n Détails dans le document mentionné dans la remarque 4, pages
2 à 4
.§1 Résolution 192 ( 1988) ( 1) sur les langues régionales ou
minoritaires en Europe, ARES192.88, vingt-troisième session
Strasbourg, 15-17 mars 1988 de la Conférence permanente des
pouvoirs locaux et régionaux de l'Europe
ll. Déclaration du Conseil de la Communauté Française, SG/YD, du
3/6/1988, texte français dans la Gazet van Antwerpen, 2., 3.,
4/4/1988
ll Parlement européen, Commission juridique et des droits des
citoyens, projet d'un rapport sur une Charte des droits des
communautés ethniques dans les États de la Communauté euro-
péenne, partie A Décision, rapporteur Graf von Stauffenberg,
69/84 du 17/3/1988; partie B, motifs du 5 mai 1988. Citation
usuelle W PE 121 .212 et PE 121.212 B
ll Du 04/11/1950. Teneur notamment chez Felix Ermacora, Inter-
nationale Dokumente zum Menschenrechtsschutz, Stuttgart ( Re-
clam) 1971
.!.Ql «Linguistic Minorities in Countries belonging to the Euro-
pean Comunity», Luxembourg 1986
11..l Erick Gunnemark/Donald Kenrick, A. Geolinguistic Handbook,
édition de 1985, Gothenburg/Goteborg (Erik Gunnemark à compte
d'auteur) 1986
1l.l Leos Satava, Autochtonni Mala Etnika v Evrope, 2 vol., Praha
(Zpravodaj koordinované sîté védeckych informaci pro etnofrafii
a folkloristiku) 1987
.lll Stephan M. Horak, Eastern European National Minorities
1919-1980, A Handbook, Littleton (Libraries Unlimited, lnc.)
1985; le livre de Horak sur les nationalités dans l'Union so-
viétique est paru en 1983 chez le même éditeur
.!il Fond~tion et programme de l'Union du peuple alsacien, re-
produit dans «Rot un Wiss», Strasbourg, juillet 1988
lll Meilleur ouvrage jusqu'ici: Massimo Olmi, ltaliani dimez-
zati (Italiens divisés en deux). Le minoranze etnico-linguis-
tiche non protette, Napoli (Edizion Dehoniane) 1986
1ti Manuel Clavera Arévalo, Esparïa, desde el centralisme a las
autonomias, Barcelone (Pianeta) 1983
111 Günther Hodl (éditeur), Lage und Perspektiven der ëster-
reichischen Volksgruppen , Wien (Conférence autrichienne des
recteurs) 1988; Theodor Veiter, Das ësterreischische Volksgrup-
penrecht seit dem Volksgruppengesetz von 1976, Vienne (Brau-
müller) 1979
ilJ_ Cf. résolutions de l'Assemblée des Régions d'Europe à
Strasbourg, autonome 1987, qui parlait aussi en particulier du
Groupe de travail des régions frontalières européennes (imprimé
sous forme de dossier par Georges Pierret; Theodor Veiter, mot
clé «Région», chez Amon/Dittmar/Mattheier (éditeur), Sociolin-
guistics-Soziolinguistik Handbuch Berlin · (Walter de Gruyter)
1 987, p. 96 et s.
732 ARCHIVES DU MONDIALISME

- 13 -

19) s. die Literaturhinweise bei Rudolf Vogel, Der deutsch-israelische


Dialog.Dokumantation aines erregenden Kapitels deutscher Au8enpolitik,
Teil Ii Politik, 3 Bde, Mttnchen (X.G.Saur) 1988
20) s. ANn. 10. Die notwendige Erglnzung lieferte abei- Franz Graf Stauffer
berg 1dt aeinem Resolutionsantrag nehst Bericht an das EP; Minoritiee.
Wealth of Europe, Cardiff (Hughes a~i Fab) o.J. (19881 Anita Plamenig,
Elementarschulen europlischer Minderheiten/Elementary Schools for the
Minorities in ~rope, Klagenfurt (Amt der Klrntner Landesregierung) 1988,
mit vielen Statistiken über .die einzelnen ethnischen Minderheiten in Euro•
pa, · ausgenommen. Polen
21) s .Anm.18, fernè.r die vier Binde von "Regionalismus in Europa",
München (Bayerische Landeszentrale fUr Politische Bildungsarbeit) 1981/83
22)Jules Lempereeur et Jacques Morayns, Li Walon D'Ltdge - Dictionnaire
Pratique du Wallon Liégeois,,. 3.Aufl. 1977, bzw. Vocabulaire Français -
Liégeois, Liège und Visé (Verlag Wallon & l'école) 1973
23) s. Albert Stassen, La situation des dialectes dans Les Fourons, in:
Europa Ethnica, N. 4/l987, SS. 185 ff., ferner die tweimonatsschrift
der Action Fouronnaise , mit · Sitz in Fouron-Saint Martin, "Le Foron",
redigiert von Jean-Louis Xhonneux in Rémersdael. Die Gegensltze sind
in Voeren derzeit nicht Uberbrückbar, wie der Verfasser bei zwei Besuchen
Ende Juli 1988, einmal unter wallonisch-extremistischer Führung, einmal
unter FUhrung von fllmischer Seite feststellen konnte.
24) Markus Barnay, Di.e Erfindung des Vorarlbergers. Ethnizit:itsbildung
und LandesbewuBtsein im 19. und 20. Jahrhundert, Bregenz (Vorar;l.berger
Autorengesellschaft) 1988 •. ·Auf Volks- und Sprachzerst6rung arbei tet ·
die genannte Autorengesellschaft gemeinsam mit der ebenso orientierten
Johann August Malin-Gesellschft in Publikationen von Meinrad Pichler, ·
Markus Barnay, Kurt Greu8ing, Harald Walser und anderen Linksextremisten
hin, was zur Ablehnung einer Europiischen Charta der regi.o nalen und
Minderheiténsprachen führt~ aber keinerlei Bedeutung hat, Qa ~s genug
sachbezogene Publikationen gibt wie 4ie 4 B~de von Benedikt Bilgeri,
Geschichte. Vorarlbergs, Wien (B6hla~) 1973-1984, oder Elmar Grabherr,
Vorarlberger Geachiçhte, Brege~z (Selbstverlag) ~.Aufl. 1988. In anderen
Osterreichischen Bundeslandern gibt es solche sprachregionzerstôrenden
Tendenze~o gut wie nicht
25) Schweizerisches Idiotikon - W6~terbuch der schweizerdeutschen Sprache
erscheint seit 1895, F1;auenfeld (Verlag Buber) Bd. XIV, 188. Heft, 1987
26) •· den Band Abatracts (3.000 an Zahl), vol. 12 1988 supplement
von XCAES, Z•greb, July 1988, mit zusttzlich den Referaten von Mitglie-
dern der Sowjetischen Al(ademie der Wissenschaften wie ~.M.Drobizheva, V.I
Xozlov, M.N. Guboglo, A.Ye.Ter Sarkisyants, v.s. Kondratyev, L.A.
SU.bbotina, Yu.V. Bromley, M.Ya. Uetinova, M.A. Aglanov, alle als eigene
Druckwerka der uss~ Academy of Sciences, N.N. Mikloukho-Maklay Institute
of Ethnogr•phy, Juli 1988

~~d,,~
FUi!V-UFCll•PUa
SchlffbrQc~ 41 , .. . .-
o-~49a9-
AUem4gna / Germar,y
ANNEXE XXV 733

-13-
lli Cf. les références bibliographiques chez Rudolf Vogel, Der
deutsch-israelische Dialog. Dokumentation eines erregenden Ka-
pitels deutscher AuBenpolitik, Teil 1: Politik, 3 vol., Munich
(K. G. Saur) 1988
l..Q_)_ Cf. note 10. Le complément nécessaire a été fourni, néan-
moins, par Josef Graf von Stauffenberg avec sa demande de réso-
lution et le rapport adressé au Parlement européen; Minorities
Wealth of Europe, Cardiff (Hughes a'i Fab) o.J. (1988; Anita
Plamenig, Elementarschulen europais-c her Minderh~iten/Elemen-
tary Schools for the Minorities in Europe, Klagenfurt (Amt der
Karntner Landesregierung) 1988, avec de nombreuses statistiques
sur les différentes minorités ethniques en Europe, excepté la
Pologne
W Cf. note 18, de plus les quatre volumes de «Regionalismus
1.n Europa », Munich ( Bayerische Landeszentrale für Poli tische
Bildungsarbeit) 1981/83
lli Jules Lempereeur et Jacques Morayns, Li Walon D'Lîdge -
Dictionnaire pratique de Wallon Liégeois, 3e édition, 1977, ou
Vocabulaire Français - Liégeois, Liège et Visé (édition Wallon
à l'école) 1973
~Cf.Albert Stassen, «La situation des dialectes dans les
Fourons», dans : Europa Ethnica, N. 4/1987, page 185 et sui-
vantes, de plus la revue bimestrielle de l'Action Fouron.naise,
dont le siège se trouve à Fouron-Saint Martin, «Le Foron», ré-
digée par Jean-Louis Xhonneux à Rémersdael. Les contradictions
ne peuvent pas être surmontées actuellement à Voeren comme a pu
le constater l'auteur lors de deux visites fin juillet 1988, une
fois sous la conduite d'un extrémiste wallon, l'autre fois sous
la conduite d'un Flamand.
Ml_ Markus Barnay, Die Erfindung des Vorarlbergers. Ethnizitats-
bITdung und LandesbewuBtsein im 19. du 20. Jahrhundert, Bregenz
(Sté. d'auteurs du Vorarlberger) 1988. La société d'auteurs men-
tionnée travaille sur la destruction nationale et de la langue
avec la société Johann August Malin-Gesellschaft agissant dans
le même sens dans des publications de Meinrad Pichler, Markus
Barnay, Kurt Greulling, Harald Walser et d'autres extrémistes
de gauche, ce qui conduit à un refus d'une Charte européenne des
langues régionales et minoritaires, mais n'a aucune importance,
car il existe suffisamment de publications afférentes telles que
les 4 vol. de Benedikt Bilgeri, Geschichte Vorarlbergs, Vienne
(Bohlau), 1973-1984, ou Elmar Grabherr, Vorarlberger Ges-
chichte, Bregenz (édition à compte d'auteur) 2 édition, 1988.
8

Dans d'autres Lander autrichiens, de telles tendances à dé-


truire une région linguistique sont pratiquement inexistantes.
1ll Schweizerisches ldiotikon - Worterbuch der schweizerdeuts-
clïen Sprache, paru depuis 1895 (Verlag Huber), vol. XIV, fas-
cicule 188, 1987
lli Cf. volume Abstracts (3000 en nombre), vol. 12 1988 supplé-
ment d'ICAES, Zagreb, juillet 1988, avec, en plus, les exposés
de membres de l'Académie soviétique des sciences comme D.M.
Drobizheva, V.l Koslov, M.N. Guboglo, A. Ye.Ter Sarkisyants,
v.s. Kondratyev, L.A. Subbotina, Yu.V. Bromley, M.Ya. Ustinova,
M.A. Aglanov, tous les documents imprimés par I'USSR Academy
of Sciences, N. N. Mikloukho-Maklay lnsti tute of Ethography,
juillet 1988

~~d'J~
FUEV • UFCI! • PUaN
SchlffbrOcke 41
D .. 24939 FLENSBI.JM
Allemagne/ Germany
734 ARCHIVES DU MONDIALISME

STANDING CONFERENCE CONF~RENCEPERMANENTE


OF LOCAL AND REGIONAL DES POUVOIRS LOCAUX
AUTHORITIES OF EUROPE ET RÉGIONAUX DE L'EUROPE

TWENTY-THIRD SESSION VINGT-TROISIÈME SESSION


IS-17 Mareil 1988 IS-17 mars 1988

RESOLUTION 192 (1988) 1 RÉSOLUTION 192 (1988) 1


oa regloaal or ~ t y laaguages sur les laagues régJoas,Jes ou mlnoritalres
ln Europe en Europe

The Standing Conference, La Conférence permanente,


l. Recalling the work already done by the 1. Rappelant les travaux déjà réalisés par l 'Assem-
Parliamentary Assembly and, more particularly, the blée parlementaire et, plus particulièrement, les rap-
reports presented by Mr Cirici Pellicer on the cduca- ports puscntés par M. Cirici Pellicer sur les
tional and cultural problems of minority languages problèmes d'éducation et de culture pos& par les lan-
and dialects in Europe; gues minoritaires et les dialectes en Europe ;

2. Also recalling the work of the European Parlia- 2. Rappelant également les travaux du Parlement
ment: the report prepared by Mr Arfé with a view to euro~n: élaboration par M. Arfé d'un rapport en
a Community charter of regional languages and we d'une charte communautaire des langues et cultu-
cultures and a charter of the rights of ethnie res régionales et d'une charte des droits des minori-
minorities, and the Kuijpers . and von Stauffenberg t6s ethniques, et préparation des rapports Kuijpers et
reports on the European law of ethnie groups; von Stauffenberg sur le droit européen des groupes
ethniques;

3. Considering that the aim of the Council of · 3. Considérant que le but du Conseil de l'Europe
Europe is to achieve a greater unity between its est de réaliser une union _plus étroite entre ses mem-
members, particularly for the purpose of safe- bres, notamment afin de sauvegarder et de promou-
guarding and realising the ideals and principles which voir les idéaux et les principes qui sont leur
are their common heritage ; patrimoine commun;
4. Considering that the right of peoples to express 4. Considérant que le droit des populations de
themselves in their regional or minority language in . s'exprimer dans leurs langues régionales ou minori-
private and in social life is an inalienable right in con- taires dans leur vie privée et sociale constitue un droit
formity with the principles embodied in the United imprescriptible confonne aux principes contenus
Nations International Covenant on Civil and Political dans le Pacte international relatif aux droits civils et
Rights, in the Council of Europe Convention for the politiques des Nations Unies, dans la Convention de
Protection of Human Rights and Fundamental sauvegarde des Droits de l'Homme et de.1 Libert6s
Freedoms and in the Final Act of the Conferencc on fondamentales du Conseil de l'Europe et dans l 'Acte
Security and Co--operation in Europe ; final de la Conférence sur la s6cwité et la coopération
en Burope;

5. Realising that the preservation, development and S. Consciente que la sauvegarde, le développement
promotion of regional languages and .cultures should et la promotion des langues et cultures régionales ne

1. Debatcd by the Standina Conference and adopted on 16 Mardi 1. Discussion par la Conf6rence pennaaentc et adoption le
1988. 2nd Sitting (see Doc. CPL (23) 8. Put I, draft raolutioo 16 man 1988, 2• ~ (voir Doc. CPL (23) 8, partie 1, projet de
presented by the Committce on Cultural and Social Affain, Rap- . r6solulion prâerd par la commission des affaires culturelles et
porteur : Mr H. Kobn). sociala, rapportew': M. H. Kohn).

1
ANNEXE XXV 735
Resolution 19~ Résolution 192

not adversely affect the integration of Europe and . doivent nuire ni à l'in~gration de l'Europe, ni à
easy contact among its population ; l'aisance des contacts entre ses peuples ;

6. Considering that the charter is not intended to 6. Considérant que la charte n'a pas pour but d'agir
affect specific regulations already existing in some sur les réglementations spécifiques qui existent ~jà
regions which are more far-reaching than the dans certaines régions et qui ont une portée supé-
requirements contained in the charter itself; rieure aux impératifs contenus dans la charte
elle-même;

7. Realising that the defence and promotion 7. Consciente du fait que la défense et le renforce-
of regional or minority languages in the different ment des langues régionales ou minoritaires dans les
countries and regions of Europe represent an im- différents pays et régions d'Europe représentent une
portant step along the road to a Europe based on the contribution importante à la construction d'une
principles of democracy and cultural diversity, Europe fondée sur les principes de la démocratie et de
la diversité culturelle,

8. Decides to submit to the Committee of Ministers 8. Décide de soumettre au Comité des Ministres le
the draft European charter for regional or minority projet de charte européenne des langues régionales ou
languages, the text of which is appended to this minoritaires dont le texte figure en annexe à la pré-
resolution, and to request it : sente résolution, en lui demandant:
8.1 . to wait for the opinion of the Parliamentary 8. 1. d'attendre l'avis de l'Assemblée parlementaire
Assembly and, more specifically, its Committee on et, plus particulièrement, de sa commission de la cul-
Culture and Education ; ture et de l'éducation ;
8.2. on the basis of this opinion and after the 8.2 . de procéder, compte tenu de cet avis et après les
necessary further consultations, to adopt such a Euro- autres consultations nécessaires, à l'adoption d'une
pean charter for regional or minority languages and telle charte européenne des langues régionales ou
to urge member states to accede to it; minoritaires, en invitant les Etats membres à y
adhérer;
8.3. to provide: 8.3. de prévoir:
- that this charter is to have the character of a - que cette charte devra avoir un caractère
convention, in accordance with the unde~gs conventioMel, selon les engagements prévus à l'arti-
embodied in Article 2 of the draft charter; cle 2 du projet de charte ;
- that the Contracting Parties are to submit to - que les Parties contractantes devront présen-
the Secretary General two-yearly reports on their ter au Secrétaire Général un rapport biennal relatif à
application of Part II and those provisions in Part m l'application de la partie Il et des dispositions de la
which they have accepted, and that these reports are partie m de la charte qu'elles auront acceptées et que
to be examined in accordance with the provisions of ces rapports seront examinés confonnément aux dis-
Article 12 of the draft charter. positions de l'article 12 du projet de charte.

Appendix . Annexe
European charter Charte ~ n n e
for regtonal or mlnorfty laquages des lanpes r4p,aales ou mlnoritalns

PREAMBLE PRÉAMBULE

The atates signatory hereto, Les Etats signataires de la pr6sentc charte,


Considcring that the aim of the Council of Europe is Consid6rant que le but du Conseil de 1'Burope est de
to achieve a greatcr unity between its members, particularly r~iser une union plus étroite entre ses membres, notam-
for the purposc of safeguarding and realising the ideals and ment afin de sauvegarder et de promouvoir les idéaux et les
principles which are their common heritage ; principes qui sont leur patrimoine commun ;

2
7 AkCHlVES OU MONDIALISME

·on 192 Risolution 192

onslderina tbàt some rtalonal or m.lnority lanallalèl ConslcWrant que certàines langues r6giona)es ou
are in danger of eventual ~xtinction, tô the détriment of minoritaires risqùet&t, au mdu temps, de disparaitre et, par
Bu " cultural \Walth and traditions, and therefore cons6quent. que cette disparition affaiblirait la tradition et
deernina it legitimate tod ~ to tùe special steps to la richesse culturelle de l'Europe, et estimant QI Ion légi-
preserve and dèvelop them ; time et n6cessaire de prendre des mesures spéciales pou.r 1es
préserver et les d6velopper ;
Consideri that the nght of peoples to express Consid6rant que le droit des populations de s 'expri-
themsclves in thcir regioaal or minority language in private mer dans leurs langues régionalés ou minoritaires dans leur
abd in social lift \s an inalienable right confonning to the vie priv~ et sociale constitue un droit imprescriptible
principles emboditd in the United Nations International conforme aux principes contenus dans le Pacte international
Covenam on Civil and Political Rigbts, in the Council of relatif aux droits civils et politiques des Nations Unies, dans
Europe Convention for the Protection of Human Rights and la Convention de sauvegarde des Droits de l'Homme et des
Fundamental Freec1orm and în the Final Act of the Con- Libertés fondamentales du Conseil de l'Europe et dans
fcrence Security and Co-operation in Europe ; l •Acte final de la Conférence sur la sécurité et la coopûa-
tion en Europe ;
Realising tbat the defence and promotion of regional Conscients du fait que la défense et le renforcement
or miDority .languages in the different countries and regions des langues régionales ou minoritaires dans les diffmmts
Europe, far from constituting an obstacle to national pays et régions d'Europe, loin de constituer un obstacle aux
languages reprcscnt in fact an important step along the langues nationales, représentent une contribution impor-
road to a Europe based on the principles of democracy and tante à la construction d'une Europe fondée sur les princi-
œltural diversity within the frameworlc of national pes de la démocratie et de la diversité culturelle, dans le
sovereignty and territorial integrity ; cadre de la souveraineté nationale et de l'intégrité terri-
toriale;
Taking into consideration the specific conditions and Compte tenu des conditions spécifiques et des tradi-
hislorica1 traditions in the different regions of the European tions historiques propres à chaque région des pays
states, d'Europe,
Have agreed as follows: Sont convenus de ce qui suit :

PARTI PARTIE I
GENERAL PROVISIONS DISPOSmONS GÉNÉRALES

Article l Article 1
Dejinilions Définitions
For the purposes of dûs convention : Au sens de la présente convention :
a. ••regiooal or minority languages" means languages a. par « langues régionales ou minoritaires• on entend
belonging lO the Buropean cultural heritage that are : les langues appartenant au patrimoine culturel européen :
i. traditionally ~ withln a territory by nationals i . parlées traditionnellement sur un territoire par des
of the state who fonn a group numerically smaller than the personnes - ressortissants de l'Etat - qui constituent un
rest of the state •s population ; and groupe numériquement inférieur au reste de la population
de l'Etat ~ et
ü. different fro.m the language or languagea spoken ii. différentes de la (des) langue(s) parlée(s) par le
by the rest of the state •s populalion ; reste de la population de cet Etat ;
b. •'territory in which the regional or minority language b. par « territoire dans lequel une langue régionale ou
is spoken •• means the geograpbical area in which the said minoritaire est parl6e • on entend l'aire géographique dans
language j the mode of expression of a number of people laquelle cette langue est le mode d'expression d'un nombre
justifying rhe adoption of the various protectîve measures de personnes justifiant l'adoption des diff6rentes mesures
provided for in this convention ; de protection prévues par la présente convention ;
c. the tenn °discrimination" refer1 to any distinction, c. par l'expression «discrimination» l•on vise toute dis-
exclusion. restriction or prefereDCe relating to the use of a tinction, exclusion, restriction ou préférence portant sur la
language or Q'.lembership of a linguistic minority and pratique d' une langue ou r appartenance à une minorit6 lin-
designed to discourage, compromise or prevent the guistique ayant pour but ou effet de décourager, de compro-
maintenance or development of a regional or mi.nority mettre ou d •emp&her le maintien ou le développement
language, or resulting in the denial of equal rights, whetber d'une langue rqiooale ou minoritaire ou portant atteinte à
in private or public life, to speakers of such lanau,ages com- 1•égali~ des droits des locuteurs de ces langues par rapport
parcd with speakers of more widely-used languages ; aux locuteun des langues plus répandues dans les domaines
de la vie priv6e ou publique ;

3
ANNEXE XXV 737
R ~tiort 192 Rl1olution 192

d.. • non-territorial l a ~,. mea'n langu1ges belona- d. par « langues dq,ourvuès de territoire• on entend tes
ing to me lluropeaft cultural heritaae spoken by n•tlonals of langues appartenant au patrimoine culture) europ6en par-
the staté which diftèr from the lanauaae ot languages 16es par des l'éssortissants de l'Etât qui sont dîff~ntes de
spoken by the ~ of t~ stato's population but which, la (des) Iangue(s) parl~s) par Je reste de la population de
although tradationally spo n within th~ territory of the l'Etat mais qui, bien que parl6es traditionnellement sor le
state eannot bè idebtified with a particular area thereof. territoire de l'Etat, ne peuvent pas ~re rattacb6es à une aire
g6ographique particulière de celui-ci.

Article 2 Article 2

Undtrtalàngs Engagemmts
1. Each Party undertakes to apply Part n to ail the 1. Toute Partie s'engage à appliquer la partie Il à
rcgional or minority languages s~ken within its territory l'ensemble des langues régionales ou minoritaires prati-
and complying with the deflnition in Article 1. quées sur son territoire et répondant aux définitions de
1'article 1.

2. Eacb Party undertakes to apply to those languages 2. Toute Partie s'engage à appliquer aux langues qu'elle
specified al the rime of ratification, in accordance with Art- aurait indiquées au moment de sa ratification, confonné-
icle 3 ,. at least thirty-five paragraphs chosen from among ment à l'article 3, au moins trente-cinq paragraphes choisis
the provisions of Part m of the convention, including at parmi les dispositions de la partie m de cette convention
least twelve chosen from among the following paragraphs : dont au moins douze choisis parmi les paragraphes sui-
Article 6, paragraphs a, b.ii, c, d.ii, e.ii, g; Article 7, vants: anicle 6, paragraphes a, b.ii, c, d.ii, e.ii, g; arti-
paragraphs a.ii, b.ii, c.iii, m; Article 8, paragraphs a, b.ü, cle 7, paragraphes a.ii, b.ii, c.iii, m; article 8, paragra-
c.ii ~ e ; Article 9, paragraph 1, sub-paragraphs a and c; phes a, b.ii, c.ii, e; article 9, paragraphe l.a et c; arti-
Artide 10. paragraph 1, sub-paragraphs a, b, c, d ànd cle 10, paragraphes l .a, b, ~' d et 2.b etc.
paragraph 2, sub-paragraphs b and c.

Article 3 Article 3
Practical arrangements · Modalités
1. Each contracting state shall specify in its instrument of 1. Chaque Etat contractant doit spécifier dans son instru-
ratification. acceptanee or approval, each regional or ment de ratification, d'acceptation ou d'approbation, cha-
mînority language to which the paragraphs chosen in que langue régionale ou minoritaire à laquelle s'appliquent
aœordaace with Article 2, paragraph 2, shall apply. les paragraphes choisis conformément au paragraphe 2 de
l'article 2.
2. Each Party may. al any subsequent time, notify the 2. Toute Partie peut, à tout moment ultérieur, notifier au
Secretary GeneraJ that it accepts the obligations arising out Secrétaire Général qu'elle accepte les obligations d~ant
of the provisions of any other paragraph of the convention des dispositions de tout autre paragraphe de la convention
oot already specified in its instrument of ratification, ac- qui n'avait pas été spécifié dans son instrument (Je ratifica-
cepl8DCe or approval, or tbat it intends to apply para- tion, d'acceptation ou d'approbation ou qu'ellè entend
graph 1 of the pre.ent article to other regional or minority appliquer le paragraphe l du présent anicle à d'autres lan-
languages. gues régionales ou minoritaires. ·
3. The undertakings referred to in the foregoing 3. Les engagements prévus au paragraphe précédent
paragraph shall be deemed to fonn an integral part of the seront réput6s partie intégrante de la ratiftcation, de
ratification, acceptance or approvaJ and will have identical l'acceptation ou de l'approbation et porteront des effets <Rs
effeet as from their date of notification. la date de leur notification.
4. The Parties undertake to seek appropriate ways and 4. Les Parties s'engagent à rechercher des moyens adap-
means, according to the constitutional and/or legislative t6s selon leur système constitutioMel et/ou législatif pour
procedures f to ensure that the rights and guarantees pro- assurer le respect des droits et garanties reconnus par la
vîded under this convention are respected by their territorial présente convention par leurs collectivités territoriales et
authorities and the public bodies under their jurisdiction as les organismes publics qui d6pendent d'elles ainsi que par
well as by private indivîduals. les personnes privées.

Article 4 Article 4
Existing regitMs of protection Statuts ~ prot~ction existants
The provisions of the p.-esent convention -shall not Les dispositions de la présente convention ne portent
affect any more favourable provisions conceming the legal pas atteinte aux dispositions plus favorables du statut juridi-
regime of minoritie whicb may exist in a Contracting Party que des minorit6s d6jà existant dans une Partie contractante
or are provided for by relevant bilateral or multllateral ou prévues par des accords internationaux bilatéraux ou
international agreements. multilatéraux peninents.

4
738 ARCHIVES DU MONDIALISME

Resolution 192. Résolution 192

PARTll PARTIE Il
GENERAL OBJECTIVES AND PRINCIPLES OBJECTIFS ET PRINCIPES GÉNÉRAUX
PURSUED IN ACCORDANCE POURSUIVIS CONFORMÉMENT
WITH ARTICLE 2, PARAGRAPH 1 AU PARAGRAPHE 1 DE L'ARTICLE 2

Article S Article 5
Objectives and principles Objectifs et principes
l. The Parties undertake, in respect of rcgional or 1. Les Panies ·s 'engagent, en matière de langues régiona-
minority languagcs spoken within their territories, to base les ou minoritaires parlées sur leur territoire, à prendre
thcir policies legislation and practice on the following aims comme base de leur politique et dans leurs législation et
and principles : pratique les objectifs et principes suivants :
a. the recognition of the existence of regional or a. la reconnaissance des langues régionales ou mino-
minority languages as a community attribute ; ritaires en tant qu' attribut d'une communauté ;
b. the respect of · the geographical area of each · b. le respect de l'aire g~graphique de chaque langue
rcgional or minority language in order to ensure that régionale ou minoritaire en faisant en sorte que les divisions
existing or new administrative divisions do not constitute an administratives existantes ou nouvelles ne constituent pas
obstacle to the promotion of the regional or minority un obstacle à la promotion de cette langue ligionale ou
language in question ; minoritaire;
c. the need for resolute action to promote regional or c. la nécessité d'une action résolue de promotion des
minority languages in order to safeguard them ; langues régionales ou minoritaires, en vue de les sauve-
garder;
d. the elimination of ail forms of discrimination con- d. la suppression de toute discrimination concernant
cerning ~ use of regional or minority languages, together l'emploi des langues régionales ou minoritaires, ainsi que
with any practice having such discriminatory effects, ac- de toute pratique ayant pour effet une telle discrimination,
cording to the spirit of the Convention for the Protection of dans 1'esprit de la Convention de sauvegarde des Droits de
Human Rights and Fundamental Freedoms ; l'Homme et des Libertés fondamentales ;
e. the promotion of the use of regional or minority e. la promotion de l'usage oral et 6crit des langues
languages, in speech and writing, in public, social and régionales ou minoritaires dans la vie publique, sociale et
e.conomic life ; économique;
f. the right of each community employing a rcgional /. le droit de chacune des communautés pratiquant
or minority language to maintain and develop relations with une langue régionale ou minoritaire d'entretenir et de d~e-
other similar communities in the state ; lopper des relations de solidarité avec d'autres communau-
tés analogues de l'Etat ;
g. the teaching and study of regional and minority g. 1'enseignement et l'étude des langues ~gionales ou
languages at alJ appropriate stages ; · minoritaires à tous les stades appropriés ;
h. the provision of facilities enabling non-speakers of h. offrir des facilités afin que les personnes non locu-
a regional or minority language living in the area where it trices de ces langues,·habitant sur le territoire sur lequel ces
is spoken to leam it if they so desire ; langues sont pratiquées et qui le souhaitent, puissent
apprendre ces langues régionales ou minoritaires ;
i. the promotion of study and research on regional I. la promotion des 6tudcs et des recherches SJJr les
or minority languages at universities or equivalent langues r6gionales ou minoritaires dans un cadre universi-
institutions ; taire ou équivalent ;
j . inclusion of respect, unde.rstanding and tolerance in j. faire en sorte que le respect, la compréhension et
relation to regional or minority languages among the la tolérance à l'égard des langues régionales ou minoritaires
objectives of education and training providcd within their constituent des objectifs de l '6ducation et de la formation
territories and encouragement of the mass media to pursue dispens6es sur leur territoire ainsi qu'encourager les
the same objectives ; moyens de communication de masse à poursuivre les
m~mes objectifs ;
k. study of the possibility of applying appropriate k, étudier la possibilité d ' appliquer les formes
types of transnational exchange to regional or minority d '~hanges transnationaux appropriés aux langues régiona-
languages used in identical or similar fonn in two or more les ou minoritaires pratiqu&s sous une forme identique ou
contracting states . proche dans deux ou plusieurs Etats contractants.

2 . The Parties undertake to apply , mutatis mu1andis, the 2. Les Parties s'engagent à appliquer, muJatis mutandis,
principles listed in paragraph 1 above to non-territorial les principes énum6~ sous le paragraphe 1 ci-dessus, aux
languages. langues dépourvues de territoire.

5
ANNEXE XXV 739

Resolution 19l, Résolution 192

3. The Parties are encouragcd to establish bodies for the 3. Les Parties sont encourag6es à créer des organes qui
purpose of advising the authorities on all matters penaining seraient cbarg6s de conseiller les autori~ sur toutes les
to regional or minority languages. questions ayant trait aux langues régionales ou minoritaires.

PARTill PARTIE ID
MEASURES TO PROMOTE THE USE MESURES EN FAVEUR DE L'EMPLOI
OF REGIONAL OR MINORITY LANGUAGES DES LANGUES RÉGIONALES OU MINORITAIRES
IN PUBLIC LIFE DANS LA VIE PUBLIQUE
IN ACCORDANCE À PRENDRE EN CONFORMITÉ
WITH THE UNDERTAKINGS ENTERED INTO AVEC LES ENGAGEMENTS SOUSCRITS
UNDER ARTICLE 2, PARAGRAPH 2 EN VERTU DU PARAGRAPHE 2 DE L'ARTICLE 2

Article 6 Article 6
&lucalion Enseignement
With regard to education, the Parties undertake, En matière d'enseignement, les Parties s•engagent, en
within the territory in which such languages are used : ce qui concerne le territoire sur lequel ces langues sont pra-
tiquées:
a. to make available the major part or the whole of pre- a. à prevoir un enseignement préscolaire et primaire qui
school and primary education in the relevant regional or soit assuré principalement ou totalement dans les langues
mioority languages, at least for families which so rcquest ; regionales ou minoritaires, tout au moins aux familles qui
le souhaitent ;
b. i. to make available the major part of secondary b. i. à prevoir un enseignement secondaire, y compris
education. including technical and vocational education, in l'enseignement technique et professionnel, qui soit assuré
regional or minority languages, at least to those pupils who principalement dans les langues régionales ou minoritaires,
so wish; or tout au moins aux étudiants qui le souhaitent ; ou
ii. where paragraph b.i cannot be applied owing to ii. à prévoir du moins l'enseignement de ces langues,
the situation of the languages in question, to provide si le paragraphe b .i n'est pas susceptible de s'appliquer en
facilities at least for the teaching of such languages in raison de la situation des langues considérées. dans les éta-
secondary. technical and occupational establishments ; blissements secondaires, techniques et professionnels ;
c. to provide non-speakers of such languages with c. à offrir la possibilité aux non-locuteurs de ces langues
opportunities to learn them through courses organised as de les apprendre par des cours organisés dans le cadre des
part of pre-school, primary and secondary school programmes préscolaires, scolaires, primaires et secon-
curricula; daires;
d. i. to make available university and higher education d. i. à prévoir un enseignement universitaire et supé-
in regional or minority languagcs ; or rieur dans les langues régionales ou minoritaires; ou
ii. to provide facilitics for the study of these il. à prévoir l'étude de ces langues comme disciplines
languages as univenity and higher education subjects, par- de l'enseignement universitaire. et supérieur, en particulier
ticularly if paragraph d. i cannot be applicd owing to the si le paragraphe d.i n'est pas susceptible de s'appliquer en
situation of the languages in question ; raison de la situation des langues considérées ;
e. i. to arrange for the provision of adult and continu- e. i. à prendre des dispositions pour donner des cours
ing education courses which arc taught mainly or wholly in d'6ducation des adultes et d'éducation permanente qui
the regional or minority languagcs ; or soient assures principalement ou totalement dans les lan-
gues régionales ou minoritaires ; ou
ii. particularly wherc paragraph e .i cannot be ii. à proposer, notamment si le paragraphe e. i n •est
applied, to offer such languages as subjects of adult and pas susceptible de s'appliquer, ces langues comme discipli-
continuing education ; nes de l'éducation des adultes et de l '6ducation per-
manente;
f. to make arrangements to ensure that regional or f. à prendre des dispositiom pour assurer, y compris aux
minority language speakers and non-speakers alike may be non-locuteurs de ces langues, l'enseignement de l'histoire
taught the history and culture of the communities using such et de la culture qui sont à la base de la langue régionale ou
languages, as part of the European heritage ; minoritaire, en tant que composantes du patrimoine
européen;
g. to provide for the basic and funher training of the g. à assurer la fonnation initiale et pennanente des ensei-
teachers required to implement those of paragraphs a to f gnants n6cessaire à 1~ mise en œuvre de ceux des paragra-
accepted by the Contracting Party ; phes a à / accept6s par la Partie contractante ;

6
740 ARCHIVES DU MONDIALISME

Resobâion 192 Rholution 192

k. to introduce speçial measures. panicularly in the fonn h. à garantir. par des mesures sp6cifiques et notammem
of extra material and financial aid, to ensure the availability des aides ~rielles et financihes suppl6mentaires, la dis-
of the 'teaching aids and staff neceisary to implement tbose position des moyens p6tagogiques et en personnel n6cessai-
of paragraphs a to g accepted by the Contractina Party ; res à la mise en œuvre de ceux des paragraphes a à g
acce~ par la Partie contractante ;
i. to set up a supervisory body responsible for moni- i. à charger un organe de contrôle de suivre les mesures
toring the mcasurcs taken and progress achieved in prises et les proglis réalisn dans l' 6tablissement ou le
establishing or developing the teaching of regional or d6veloppement de 1'enseignement des langues r6gionales ou
minority languages and for drawing up periodic reports of minoritaires et d '6tablir sur ces points des rapports p6riodi-
their findings, which will be made public. ques qui seront rendus publics.

Article 7 Article 7
Public services, Services publics,
administrative and legal authorlties autorités administratives et justice
With regard to relations with public services and· En matière de relations avec les services publics, et
administrative and legal authorities, the Parties undertake, les autori~ administratives et judiciaires, les Parties
within the tenitory in which such languages are used, and s'engagent, en ce qui concerne le territoire sur lequel ces
as far as this , is reasonably possible : langues sont pratiqu6es et dans la mesure oà cela est raison-
nablement possible :
a. i. to ensure that these regional or minority languages a. i. à ce que les langues régionales ou minoritaires
are used by the administrative authorities or that these soient utilisœs par les autori~ administratives ou que ces
authorities, or at least such of their officers as are in contact autorités, ou tout au moins ceux de leurs agents qui sont en
with the public, use the (Cgional or minority languages in contact avec le public. emploient les langues régionales ou
tbeir relations with persons applying to them in these minoritaires dans leurs relations avec les personnes qui
languages; or, s •adressent à elles dans ces langues ; ou
ü. if paragraph a.i cannot be applicd on account of ii. à ce que les personnes qui s'adressent à radminis-
the particular situation of the regional or minority language, tration, si le paragraphe a.i n'est pas susceptible d'applica-
to ensure that persons applying to the administration may tion en raison de la situation particulière de la langue
validly submit a document or application in that language ; régionale ou minoritaire, puissent formuler valablement un
acte ou une demande dans cette langue;

b. i. to ensure that the regional or minority languages b. i. à ce que les langues régionales ou minoritaires
are used by public bodies providing services or that these soient utilisées par les services publics chargés de fournir
departments, or at least such of their officers as are in con- des prestations ou que ces services, ou tout au moins ceux
tact with the public. use the regional or minority languages de leurs agents qui sont en contact avec le public, emploient
in tbeir relations with persons applying to them in thesc les langues régionales ou minoritaires dans leurs relations
languages ; or, avec les personnes qui s'adressent à eux dans ces langues ;
. ou

ii. if paragraph b.i cannot be applied on account of ii. à ce que les usagers, si le paragraphe b.i n•est pas
the particular situation of the regional or minority language, susceptible d'application en raison de la situation particu-
to ensure that users may validly submit a document or make li~re de la langue régionale ou minoritaire, puissent formu•
an application in that language ; Ier valablement un acte ou une demande dans cette langue ;
c. i. to ensure that the courts u.se the regional or c. i. à veiller à ce que les servkes judiciaires utilisent
minority languages in their proceedings ; or, les langues régionales ou minoritaires dans les procédures ;
ou
ii. if by reason of the situation of the languages in U. si le paragraphe c.i n'est pas susceptible d 'applica-
question paragraph c.i cannot be applied, to ensure that the tion en raison de la situation des langues considér6es, à veil-
courts : ler à ce que les services judiciaires :
- produce. on request. documents connected with - 6tablissent dans les langues régionales ou minori-
legal proceedings ln the relevant regional or minority taires, sur demande, les actes li~ à une proœdure judi-
language ; ciaire;
- aJlow the exercise of rights of appeal and of the - permettent 1'exercice des droits de recoun et de
parties in the regional or minority languages and ensure, by défense dans les langues régionales ou minoritaires et assu-
appropriate means, that these lang114ges are undèrstood by rent, par des moyens appropri~, la comprébemion de ces
those working in the courts ; or, langues par le personnel judiciaire; ou
iii. if by reason of the situation of the languages in iü. si les paragraphes c. i et ii ne sont pas susceptibles
question , paragraphs c.i and ii cannot be applied, to d'application en raison de la situation des langues consi<M-
guarantee the possibility for the accused to use his/her mes. à veiller à ce que les services judiciaires garantissent
regional or minority language and in ail cases to reoognise la possibilité pour 1'accusi de s •exprimer dans sa langue

7
ANNEXE XXV 741
Resolution 192 Résolution 192

the validity of documents and applications, whether written r6gionale ou minoritaire et reconnaissent dans tous les cas
or oral, submitted by a penon in a regional or minority la validit6 des actes et demandes, 6crits et oraux, formulés
1anguage; par une personne dans une langue r6gionale ou minoritaire ;
d. to take steps to ensure that the use of regional or d. à prendre des mesures afin que l'utilisation des lan-
minority languagcs in the cases mentioned in paragraphs a gues r6gionales ou minoritaires dans les eu vis6s sous les
to c above does not involve extra expense for lhe persons paragraphes a à c ci-dessus ne comporte pas de frais addi-
ooncemed; tionnels pour les intéress6s ;
e. to ensurc that the public authorities can draft e. à ce que les autorités publiques puissent ~iger les
documents in a regional or minority language ; actes dans une langue régionale ou minoritaire ;
/. to offer standard administrative texts and fonns for f. à proposer les formulaires et textes administratifs
the population in the regional or minority languages ; d'usage courant pour la population dans les langues régio-
nales ou minoritaires ;
g. to make available in the regional or minority g. à rendre accessibles, dans les langues régionales ou
languages the fundamental national texts and texts relating minoritaires, les textes fondamentaux de l'Etat et les textes
particularly to the sectors of the population speaking these qui concernent particuli~rement les populations parlant ces
languages; langues;
h. to encourage regional authorities to publish tbeir h. à encourager les collectivit6s régionales à assurer la
official documents in the relevant regional or minority publication, dans les langues régionales ou minoritaires,
languages; des textes officiels dont elles sont à l'origine ;
i. to encourage local authorities to publish their official i. à encourager les collectivit6s locales à assurer la
documents in the relevant regional or minority languages ; publication, dans les langues régionales ou minoritaires,
des textes officiels dont elles sont à l'origine ;
j. to promote the continued use or adoption of the j. à favoriser le respect ou l'adoption des formes correc-
correct fonns of family names deriving from regional or tes des patronymes, sur la demande des intéressés, dans les
minority languages, at the request of those concemed ; langues régionales ou minoritaires ;
le. to allow the use or adoption, if necessary in con- k. à permettre l'utilisation ou l'adoption, le cas kb6ant
junction with another name, of correct forms of place conjointement avec une autre dénomination, des fonnes
names derived from regional or minority languages ; correctes de la toponymie, dans les langues régionales ou
minoritaires ;
/. to ensure that regional authorities enjoy the right to l: à garantir aux collectivités regionales le droit d'utili-
use regional or minority languages in debates in their ser les langues régionales ou minoritaires dans les d&ats de
assemblies ; leurs assemblées ;
m. to ensure that local authorities enjoy the right to use m. à garantir aux collectivités locales le droit d'utiliser
regional or minority languages in debates in their les langues régionales ou minoritaires dans les débats de
assemblies ; leurs assemblées ;
n. to create or promote and finance translation and n. à créer ou à promouvoir et à financer des services de
tenni.nological research services, particularly with a view traduction et de ~herche terminologique, en vue notam-
to taking the action described in ~ foregoing paragraphs ment de l'application des paragraphes qui pr6œdent et de
and, generally, in ordcr to maintain and develop ~ n générale pour le maintien et le développement d'une
appropriate administrative, commercial, economic, social, ~oninologie administrative, commerciale, 6conomique,
technical or l~gal tenninology in each regional or minority sociale, technologique ou juridique adapt6e dans chaque
language; langue régionale ou minoritaire ;
o. to ensure the recruitment and, where ~sary, the o. à assurer le recrutement et, le cas kb6ant, la fonna-
Jraining of the offlcials .and public service employees re- tion des fonctionnaires et agents publics n6ccssaires à ~
quired to put into effect those of paraaraphs a to n acçepted mi~ en œuvre de ceux ~ ~ h e s a à n accepcis par
by the Contraçtîng Party ; la Partie contractante 1
p. to give priority to requests from public service p. à pfiviltaier ~ sur leur delwµlde, l'affectation des
~mploy~ havang a knowledae of a fe&ional or minority agents publics ayant la connaissance d'une lque régionale
language to be llppointed in the territory in which ~t ou minori'8ire dans le territoire sur lequel cette langue est
lansuage is spoken ; pratiqu6e ;
q. to introduce special ~res, including extra 9.. l garanti{, par des ~ puticuliùes et notamment
ma~rial and financial aid, to ensuro the existence of ~ des aide$ matériell~ et finaoc~res supplémentaires, les
conditions, teçhnical means ~ staff necessary to impie.- çonditi()ns, 1'5 moyens techniques ~ le personnel nécessai-
ment those of paoigraphs a tQ n acçepted by the Contracting res l la mise en œuv,"' <le çeux des paragraphes a à n accep-
Party . t.6& par la Partie contrac~e.

8
742 ARCHIVES DU MONDIALISME

ResolUlion 192 Résolution 192

Article 8 Article 8
M«lia Médias
With regard to the mass media, the Parties undertake, En mati~re de médias, les Parties s'engagent, en ce
within the territory in which such languages are spoken, qui concerne le territoire sur lequel ces langue5 sont prati-
and to the extent that the public authorities are competent, quœs et dans la ~ure oil les autori~s publiques ont une
have power or may exercise influence in this .field : comp6tence, des pouvoirs ou de l'influence dans ce
domaine:
a. to eliminatc from their laws or regulations any a. à exclure de leur législation ou règlements toute dispo-
discriminatory provision with regard to the use of regional sition discriminatoire à l'égard de 1'emploi des langues
or minority languages in the mass media ; rlgionales ou minoritaires dans les mass-~dia ;
b. i. to encourage the ~xistence of newspapers pub- b. i. à favoriser l'existence d'organes de presse parais-
lished in rcgional or minority Janguages ; or, sant dans les langues régionales ou minoritaires ; ou
ü. where such newspapers cannot exist, to encourage ii. si de tels organes ne peuvent exister, à favoriser
the rcgular publication of articles on ail topics, written in la publication régulière dans tous les domaines d'articles
regional or minority lariguages ; écrits dans les langues régionales ou minoritaires ;
c. i. to guarantee the existence of at least one television c. i. à garantir l'existence au moins d'une chaîne de
channcl broadcasting mainly or wholly in the regional or télévision diffusant principalement ou totalement dans la
minority language ; or, langue régionale ou minoritaire ; ou
ü. where paragraph c. i cannot be applied owing to ii. à assurer, si le paragraphe c.i n'est pas susceptible
the situation of the languages in question, to ensure the d'application en raison de la situation des langues considé-
regular broadcasting of television programmes on all topics rées, la diffusion régulière et dans tous les domaines
in such languages, unless such programmes are otherwise d'émissions ~lévisées dans ces langues, sauf si d'autres
provided ; modalités sont prévues à cet égard ;
d.. to create no obstacles to the reception of programriles d. à ne poser aucune entrave à la réception des program-
broadcast from neighbouring countries of the same mes médiatiques des pays voisins de même langue et culture
language and culture and if possible to facilitate such et, si possible, favoriser une telle réception ;
reception ;
e. to guarantee the existence of at least one radio station e. à garantir l'existence d'au moins une station de radio
broadcasting in the regional or minority language con- 6mettant dans la langue régionale ou minoritaire, sauf si
cerned, unless such broadcasting is otherwise provided ; d'autres modalités sont prévues à cet égard ;
f. to encourage measures enabling regional or minority /. à favoriser la prise en compte, au profit des langues
languages to benefit from advances in communication régionales ou minoritaires, des acquis nouveaux dans le
technology ; domaine des technologies de communication ;
g. to encourage the acquisition and revival of the cultural g. à favoriser, par les programmes diffusés par la radio
heritages connected with regional or minority languages, by et la télévision, l'acquisition et la récupération des patrimoi-
means of radio and television broadcasts ; nes culturels liés aux langues régionales ou minoritaires ;
h. to support the training and recruitment of the jour- h. à soutenir la formation et le recrutement des journalis-
nalists and other media staff neccssary to put into effect tes et du personnel des médias nécessaires à la mise en
those of paragraphs b to g accepted by the Contracting œuvre de ceux des paragraphes b à g, acceptés par la Partie
Party : contractante ;
i. to ensure direct participation by the representatives of i. à assurer la participation directe de représentants des
regional or minority language communities in the bodies communaut& pratiquant une langue régionale ou minori-
responsible for en~uring media pluralism, where such taire aux structures qui veillent à la pluralité des médias,
bodies exist ; lorsque celles-ci existent ;
j. with a view to implementing those of paragraphs b to J. en vue de la mise en œuvre de ceux des paragraphes
i accepted by the Contracting Party : b à i, acceptés par la Panic contractante :
- to provide extra aid to guarantee the financial - à garantir, par des aides supplémentaires l 'équili-
viability of the media devoted exclusively or more par- bre financier des médias qui se consacrent exclusivement
ticularly to regional or minority languages ; ou plus particulièrement aux langues régionales ou minori-
taires ;
- to adopt special measurcs to create or maintain the - à créer ou à maintenir par des mesures particulières
conditions and tcchnical means necessary to promote les conditions et les moyens techniques nécessaires à la pro-
regional languages and cultures in the media ; motion des langues et cultures régionales dans les médias ;
k. to bear in mind the interests of regional or minority k. à prendre en considération I ' intér& des langues régio-
languages when drafting regulations goveming the press nales ou minoritaires dans la définition des ~glements
and radio and television broadcasting. régissant la diffusion écrite, radiophonique et télévisuelle.

9
ANNEXE XXV 743
Resolution 192 Rlsolution 192

Article 9 Article 9
Cuüural facilities and activities Equipements et activités culturels
1. With regard to cultural facilities and activities l. En mati~re d '&luipements et d'activités culturels -
especially libraries, video libraries, cultural centres, notamment des biblioth~ues, vidéoth~ues, centres cultu-
museums, archives, academies, theatres, cinemas, etc., rels, musées, archives, acad~mies, théâtres, cin6mas et
literary work and film production, vernacular forms of autres, ainsi que de la production li~raire et cin~matogra-
cultural expression, festivals and the culture industries, phique, de l'expression culturelle populaire, de festivals,
including inler alia the use of new technologies - the des industries culturelles, incluant entre autres l'utilisation
Parties undenake, within the territory in which such des technologies nouvelles - les Parties s'engagent. en ce
languages arc spoken and to the extent that the public qui concerne le territoire sur lequel ces langues sont prati-
authorities are competent, have power or may exercise quées et dans la mesure où les autorités publiques ont une
influence in this field : compétence, des pouvoirs ou de l'influence dans ce
domaine:
a. to encourage types of expression and initiative a. à encourager l'expression et les initiatives propres
spccific to regional or minority languages; aux langues régionales ou minoritaires ;
b. to foster the development of translation, dubbing b. à favoriser le développement des techniques et des
and subtitling techniques and activities, insofar as these activités de traduction, de doublage et de sous-titrage, afin
may promote knowledge of works in regional or minority de promouvoir, soit la connaissance d •œuvres produites
languages or access in these languages to works produced dans des langues régionales ou minoritaires, soit l'acces-.
in more widely spoken languages ; sion dans ces langues à des œuvres produites dans des lan-
gues plus répandues;
c. to ensure that the bodies responsible for organising c. à veiller à ce que les organismes chargés d'entre-
or supporting cultural activities of various kinds make prendre ou d'aider des activités culturelles sous leurs diver-
generous allowance for incorporating the knowledge and ses formes intègrent dans une large mesure la connaissance
use of regional or minority languages and cultures in the et l'utilisation des langues et cultures régionales ou m_inori-
undenakiogs which they initiate or for which they provide taires dans les opérations dont ils ont l'initiative ou auxquel-
backing; les ils apportent un soutien ;
d. to ensure that the bodies responsible for organising d. à veiJler à ce que les organismes chargés d, entre-
or supporting cultural activities in various forms employ prendre ou d'aider des activités culturelles sous leurs diver-
staff who have a full command of the regional or minority ses formes disposent d'un personnel maitrisant la langue
language concemed ; régionale ou minoritaire ;
e. to encourage direct participation by representatives e. à favoriser la participation directe, en ce qui
of the communities speaking a given regional or minority concerne les équipements et les programmes d'activités cul-
language in providing facilities and planning cultural turelles, de représentants des communautés pratiquant la
activities ; langue régionaJc ou minoritaire ;
f to facilîtate the crcation of a body responsible for f à faciliter, pour chaque langue régionale ou minori-
collecting, keeping a eopy of and prcsenting or publishing taire, la création d'un organisme chargé de collecter, de
works produccd in each regional or minority language ; · recevoir en dépôt et de présenter ou
de publier les œuvres
utilisant cette langue ;
g. to introduce special measures, especially additional g. à garantir, par des mesures particulières et notam-
material and financial aid, to ensure that the necessary con- ment des aides matérielles et financières supplémentaires,
ditions and technical means cxist for implementing those of les conditions et les moyens techniques nécessaires à la
paragraphs a to e accepted by the Contracting Party. mise en œuvre de ceux des paragraphes a à e, acceptés par
la Panic contractante.
2. The Parties undenake to make appropriate provision 2 . Les Parties s'engagent à donner aux langues et cultu-
for regional or minority languages and cultures in their res régionales ou minoritaires une place appropriée dans
policy for promoting tbeir languages · and culture abroad . leur politique de promotion linguistique et culturelle à
l'étranger.

Article 10 Article 10

Economie and social life Vie économique et sociale


1. With regard to economic and social activities, the 1. En ce qui concerne les activit6s économiques et socia-
Parties, within the whole of their national territory, les, les Panics s'engagent pour l'ensemble de leur ter-
undertake : ritoire :
a. to eliminate from their legislation any provision a. à exclure de leur législation toute disposition
dcsigned to prohibit or limit the use of regional or minority tendant à interdire ou à limiter le recours à des langues

10
744 ARCHIVES DU MONDIALISME

lœsobmon 192 Rlsolution 192

lanauages in documents relatlna to economio or aocial life, r6gionales ou minoritaires dans les acta de la vie ~ -
particularly contracts of employment, and in technlcal que OU IOCiaJe et notamment dam lei contrats de travail et
documents such as instructions fur the use of producta or dans les documenta techniques, tels que les prescriptions
installations · d'emploi de produits ou d •6quipementa •
b. to prohibit the imenion in private documents, such b. à interdire l'insertion dans des actes priv&, tels que
as caotracts of employment or company repladons, of any les contrats de travail ou les ~ d'entreprise, de
clauses excluding or restrlcting the use of regional or clauses excluant ou limi~t l'usage de langues œgionales
minority luauaps; ou minoritaires ;
c. o QPPOSC practices designed to discourage the use c. à combattre les pratiques tendant à d6courager
of regional or minority languages in conncction witb l'usage des langues régionales ou minoritaires dans le cadre
economic or social activities and, generally, to protect des activi~ économiques ou sociales et, de façon g&érale,
speakers of such languages apinst discriminatory measures à protéger les locuteurs de ces langues contre des mesures
to ~iùch they might be subjected in their occupation or de discriminations qu'ils pourraient subir dans la vie écono-
social life owing to the use of such languages ; mique et sociale du fait de l'usage de ces langues ;
d. to rccognise the validity of legal documents drawn d. à reconnaître la validité des actes juridiques fonnu-
up in a regiooal or minority language. lés dans une langue régionale ou minoritaire.
2. Witb regard to social and economic activities, the 2. En mati~re d'activités économiques et sociales, les
Parties undertake within the territories in whicb the Parties s'engagent, en ce qui concerne les territoires sur les-
regiooal or mioority languages are used, and as far as this quels les langues régionales ou minoritaires sont pratiquées
is reasonably possible : et dans la mesure où cela est raisonnablement possible :
a. to ensure that thcir financial and banking regu- a. à veiller à ce que leur réglementation financière et
latioos sball make allowance, by mèaDs of procedures com- bancaire définisse les modalités tendant à rendre possible,
patible with commercial dealings, for the use of regional or dans les conditions compatibles avec les usages commer-
minority languages in drawing up payment orders (cheques, ciaux, l'utilisation des langues régionales ou minoritaires
drafts, etc.) or other financial documents; 9
dans la rédaction d actes de paiement (ch~es, traites,
etc.) ou d'autres documents financiers ;
b# in the cconomic and social sectors directly under b. dans les secteurs économiques et sociaux relevant
theîr control (public sector), to organise activities to pro- directement de leur contrôle (secteur public), à r&liser des
mote the use of regional or minority languages ; actions promotionnelles tendant à encourager l'utilisation
des langues régionales ou minoritaires ;
c~ in on:ler to improve the situation of penons who . c. à veiller tout particulièrement à ce que l'organisa-
are dependent, on grounds of ill bealth, old age or similar tion des 6quipements sociaux tels que hôpitaux, maisons de
rea&oJlS, and who speak a regional or minority language, to retraite, foyers permette à ces personnes d '~tre accueillies,
make very special efforts to ensure the provision of social soign6es et trait6es dans leur langue. afin d.améliorer la
facilities such as bospitals, retirement homes, bostels, etc. . situation des personnes d~pendantes, pour des raisons-de
wbere sucb penons .may ~ accommodated and receive care sant6, d'Age ou pour d'aqtres sources de luuxticaps, qui
and treatmènt from staff speaking the same language ; s'expriment dans des langues r6gionales ou minoritaires ;
d. to take appropriale stq>s to en,ure that safety d. à ce que, selon des modalités appropriées, les
instructions are accessible in regi()nal or minority consigQes de sécurité soient rédigées dans l~ langues r~gio-
languages; nales ou minorit4ires ;
e. where justified by demand, tQ arrange for infor- ~. à rendre accessible~ les langues r6gionàles ou
mation for consumera and users to be made available in minoritaires l'infonnaûoq des consommateurs et usagers,
regional or minority languages. en fonction de la demande existant en la mati~re.

Article 11 Article 11
Transfronli~r ucha4gu Edtang~ trw,sfronlaüers
With reJard to ~frontier ço-operatioq, the P..-tiea Bn mati~ ~e ~p6ration ~ ,frontalière les l>artics
undertake : • 'en,agent : · ·
a. to maintain and develop specific c~-borc$ef re- a. à q1aintenir et à <Wvelopper des relationa sp6cifiques
lations betwee'1 regional and minority lan,uaaes \llCd Jn \ trave{I •~ fwnt~~ JlOUr \ès langues r6gionales ou miuo-
two or more member states in identical .or similar form ; Jnd ritaires qui, soµs µno forme ~tique ou p~, ~t prati-
quées den$ ~ ou ptua~~ Etats membm; el
b. for the t>enefit of regional or minon•Y, tanpages uKd 4. à flvoriser au pfOfii des lang~ ~gù>nales ou minori-
in identical or similar form in two or more mcmb.er states, tai...s pratiq~ sou.s une fonne idenûqu~ ou p,rocbe dJns
11
ANNEXE XXV 745
Resolution 192 Résolution 192

to encourage various fonns of transnational exchangc and deux ou plusieurs Etats membres les différentes formes
co-opcration in cvcry ara of culture, education, vocational d •~hanges et de coopération transnationaux dans tous les
training and permanent education. domaines de la culture, de l'enseignement, de la formation
professionnelle et de l'éducation permanente.

PART IV PARTIE IV
APPLICATION OF THE CHARTER APPLICATION DE LA CHARTE

Article 12 Article 12
Periodical repons Rapports périodiques

The Parties shall present to the Secretary General of Les Parties présenteront au Secrétaire Général du
the Council of Europe, in a fonn to be prescribed by the Conseil de l'Europe,_dans une forme à déterminer par le
Committec of Ministers, a two-yearly report on the appli- Comi~ des Ministres, un rapport biennal relatif à l'applica-
cation of Part II and the provisions of Part m of the charter tion de la partie II et des dispositions de la partie m de la
which they have accepted. charte qu'elles ont acceptées.

Article 13 Article 13
Examination of the reports Examen des rappons

1. The repons presented to the Secretary General of the 1. Les rapports présentés au Secrétaire Général du
Council of Europe under Article 12 shall be examined by Conseil de l'Europe en application de l'article 12 seront
a committee of expens constituted in accordance with Art- examinés par un comité d'experts constitué conformément
icle 14. à l'article 14.

2. Bodies or associations legally established in a Con- 2. Des organismes ou associations légalement établis
tracting Party may draw the attention of the committee of dans une Partie contractante pourront attirer l'attention du
expens to situations alleged to be contrary to the under- comi~ d'experts sur des situations qui seraient contraires
takings entered into by that Party under Part UI of the pre- aux engagements pris par cette Partie en vertu de la par-
sent convention. After verifying these allegations with the tie fil de la présente convention. Après vérification auprès
Party concemed, the committee of expens may take de la Partie in~ressée, le comité d'experts pourra tenir
account of this information in the preparation of the report compte de ces informations clans la préparation du rapport
specified in paragraph 3 of this article. visé au paragraphe 3 du présent article.

3. On the basis of the reports specified in paragraph 1 3. Sur la base des rapports visés au paragrap~ 1 et des
and the information mentioned in paragraph 2, the com- informations mentionnées au paragraphe 2, le comité
mittee of experts shall prepare a report for the Committee d'experts préparera un rapport à l'attention du Comité des
of Ministers. This report shall be accompanied by the com- Ministres. Ce rapport sera accompagné des observations
ments which the Parties have been requested to make and que les Parties seront invitées à formuler et peut être rendu
may be made public by the Committee of Ministers. public par le Comité des Ministres.

4. The report specified in paragraph 3 shall contain in 4. Le rapport visé au paragraphe 3 contiendra notam-
particular the proposais of the committee of experts to the ment les propositions du comi~ d •experts au Comité des
Committee of Ministers for the preparation of such rec- Ministres en vue de la préparation n~essaire de recomman-
ommendatfons of the latter body to one or more of the dations de celui-ci à une ou plusieurs Parties.
Parties as may be required.

5. The Secretary GeneraJ of the Council of Europe shall 5. Le Secrétaire Général du Conseil de l'Europe fera un
make a two-yearly detailed report to the Parliamentary rapport biennal détaillé à l'Assemblée parlementaire sur
Assembly on the application of the charter. l'application de la charte.

Article 14 Article 14
Committee of rxperts Comiti d"uperts

1. The committee of experts shall be composed of one 1. Le comjté d'experts sera composé d'un membre pour
member per Contracting Party, appointed by the Com- chaque Partie contractante désigné par le Comité des Minis-
mittee of Ministers from a list of individuals of the highest tres sur une liste de personnes de la plus haute intégrité,
integrity and recognised competence in the matters dealt d'une compétence reconnue dans les matières traitées par la
with in the charter who shall be nominated by the Party con- charte qui seront proposées par la Partie concernée.
cemed.

12
746 ARCHIVES DU MONDIALISME

Resolution 192 Résolution 192

2. Members of the committce shall be appointcd for a 2. Les membres du comi~ seront nomm& pour une
period of six yean and sball be eUgible for reappointment. p6riode de six ans et leur mandat pourra etre renouvelé. Si
A member who is unable to complete a term of office shall un membre ne peut remplir son mandat, il sera remplacé
be replaced in accordancc with the procedure laid down in conformément à la proœdure prévue au paragraphe 1 et le
paragraph 1, and the replacing member shall complete bis membre nommé en remplacement achèvera le tenne du
predeccssor's tenn of office. mandat de son prédécesseur.

3. The committce of experts shall adopt rules of pro- 3. Le comité d'experts adoptera son règlement intérieur.
cedure and its secretarial services shall be provided by the Son secrétariat sera assuré par le Secrétaire Géœral du
Secrctary General of the Council of Europe. Conseil de l'Europe.

PART V PARTIE V
FINAL PROVISIONS DISPOSmONS FINALES

(This part should include a territorial clause reading as (Cette partie devra inclure une clause territoriale ainsi
follows.) rédigée.)

l . Each Contracting Party may at the tune of signature 1. Toute Partie contractante peut, au moment de la signa-
or when depositing its instrument of ratification, accept- ture ou au moment du dépôt de son instrument de ratifica-
ance, approval or accession, or at any later time, specify the tion, d'acceptation, d'approbation ou d'adhésion, ou à tout
pan or parts of its territory which it intends to exclude from moment ultérieur, désigner la ou les parties de son territoire
the scope of the convention. qu'elle entend exclure du champ d'application de la pré-
sente convention.

2. Any declaration made under the preceding paragraph 2. Toute déclaration faite en vertu du paragraphe précé-
may, in respect of any part of the territory specified in such dent pourra être retirée, en ce qui concerne toute partie du
declaration, be withdrawn by a notification addressed to the territoire désignée dans cette déclaration, par notification
Secretary General of the Council of Europe. The adressée au Secrétaire Général du Conseil de l'Europe. Le ·
witbdrawal shall become effective on the first day of the retrait prendra effet le premier jour du mois qui suit I'expi-
month following the expiration of a period of six months ration d'une période de six mois après la date de réception
after the date of receipt of such notification by the Secretary de la notification par le Secrétaire Général.
General.

1 22 RQQ 13
ANNEXE XXVI

Discours de Siegbert Alber


présentant l'évolution des travaux
ethnico-linguistiques en Europe
(1993)
748 ARCHIVES DU MONDIALISME

FUEV·UFCE•FUEN
Ansprache des Europaabgeordneten Slegbert Alber
Schiffbrücke 41
D - 24939 FLENSBURG •.
il.tu.,• ..J,C,Cl
Verehrte Daman, meine Herren, stellen wir uns einmal vor(WJîh~~1(g~rl'JügB~1awien würde
nicht geschossen, sondern es ginge so zu wie in der Europâischen Gemelnschaft, d. h. die Minister
von Serbaen, Bosnlen und Kroatien sâBen am Verhandlungstlsch und stritten sich über den Import
von Bananen. Was würden die Serben, Bonier und Kroaten dazu sagen? Würden sie auch wie die
Europâer sagen: Das Ganze taugt nichts? lch glaube nicht - im Gegenteil. Sie würden sich vor
Freude um den Hals fallen und würden sagen: Wenn weiter nichts lst ... aber wir haben Frieden!
Geneu das zeigt doch, was Europa sein muB: Nicht eine Wirtschaftgemeinschaft, sondern
Friedensgemeinschaft. Wir im EP kônnen die Worte Binnenmarkt und .Wâhrungsunion nicht mehr
hôren~ Denn es verengt Europa. Europa ist eine Friedensgemeinschaft. ln einer meiner Veranstal-
tungen stand mal einer auf und hat gesagt:

Jetzt kommt dieses Eurogeld. lch habe schon mal durch Inflation all mein Geld verloren. Damit so
etwas sich nicht noch mal wiederholt, bin ich gegen Europa! Dann stand ein anderer auf und
mainte: Haren sie, ich habe schon elnmal durch Krieg nlcht nur mein Geld, sonders alles
verloren und damit so etwas nicht wieder vorkommt, bin ich für Europa.

Europa heiBt Frieden. Ein Frieden, der nicht nur in der Abwesenheit von Kriegen begründet ist,
sondern in der Versôhnung der VOiker und in der Verstândigung, in der Überwindung der Grenzen
und des Trennenden, in der Solidargemeinschaft, in der Partnerschaft. Und genau deshalb ist es
sa wichtig, die Volksgruppen hier miteinzubeziehen. Das ist die "Gretchenf rage•, die sich ein Staat
gefallen lassen muB: Wie hâltst du es mit deinen Minderheiten? Deshalb freuen wir uns und sind
dankbar daB sie auf diesem KongreB diese Fragen weiterprüfen. lch überbringe die besonderen
Grü8e des EP und die persônlichen von unserem Parlamentsprâsidenten Dr. Egon Klepsch.

Sie wissen, wir haben im RechtsausschuB den Bericht Charta derVolksgruppe auf derTagesordung.
Ein Bericht, der schon lange anhânglich ist. Er ging mit auf eine Initiative meines Kollegen und
Freundes Dr. Joachim Dalsass zurück. Herr (Goppel) war ursprünglich mal Berichterstatter, dann
Graf Stauffenberg und nach seinem Ausscheiden habe ich ihn übernommen. lch habe in der
Debatte - das geht zwar über ein GruBwort hinaus - gemerkt, daB im RechtsausschuB leider eine
Mehrheit gegen diesen Bericht gewesen wâre. lch habe deshalb noch mal prüfen lassen, ob wir
einen solchen Bericht machen salien und mit knapper Mehrheit wurde zugestimmt weil viele
sagen: Übertassen wir das doch der UNO und dem Europarat. Wir meinen: Es muB eine Aufgabe
der EG sein, weil eben das, was wir beschlieBen, verbindliches Recht ist und nicht nur aine
Menükarte wie die Charta über Regional- und Minderheitensprachen des Europarates, die ich
inhalttich nicht herunterspielen witl, aber wenn man es den Staaten überlâBt, das freiwillig
anzunehmen oder auszuwâhlen, was sie annehmen wollen, dann reicht das nicht. Wegen des
hohen Grades der Verbindlichkeit, meinen wir, 1st es elne Aufgabe des EP" s. lch habe den
Stauffenberg - Bericht Oberarbeitet, und bel dieser Vorbereitung habe ich gesehen, daB eigentlich
der beste Entwurf ihre Konvention Ober die Grundrechte für europâische Volksgruppen ist, die die
FUEV im vergangenen Jahr in Cottbus verabschledet hat. lch habe deshalb diesen Bericht
übernommen, natürlich durch einige Ergânzungen angereichert, die ich wegen der Kürze der Zeit
nur stichwortartig erwAhnen witl: lch habe einen Bericht mit 27 Artikeln vorgelegt.
ANNEXE XXVI 749

FUEV·UFCE•FUEN
Allocution de Siegbert Alber, député européen Schiffbrücke41 ~• JQt:;.J
D - 24939 FLENSBURG . ..
r",,_ ·--
· · · · ' '..l'--·
•·-· / ~
c;Srmanv
Mesdames, Messieurs, imaginons: il n'y aurait pas d;·;~~ps·d; fusil dans·Î·ex-Yougoslavie, mais
tout se passerait comme au sein de la Communauté européenne, autrement dit les ministres de
Serbie, de Bosnie et de Croatie seraient assis à la table de négociation et se disputeraient sur
l'importation de bananes. Qu'est-ce que les Serbes, les Bosniaques et les · Croates diraient
alors? Diraient-ils également comme les Européens que tout cela n'est bon à rien ? Je ne crois
pas - au contraire. Ils se sauteraient au cou de joie et diraient : « Qu'à cela ne tienne ... mais
nous vivons en paix ! » C'est précisément cela qui montre ce qui doit être en Europe : non pas la
communauté économique, mais la communauté de la paix. Nous, au sein du Parlement
européen, nous ne supportons plus les mots « marché interne» et « union monétaire». Car ils
rétrécissent l'Europe. L'Europe est une communauté de la paix. Au cours de l'une de mes
manifestations, quelqu'un s'est levé et a dit :

Cette monnaie européenne arrive. J'ai déjà perdu tout mon argent du fait de l'inflation. C'est
parce que je ne veux pas que ça se reproduise que je suis contre l'Europe ! Puis quelqu'un
d'autre s'est levé et a dit : Écoutez, j'ai déjà perdu non seulement mon argent mais tout ce
que j'avais à cause de la guerre, et parce que je ne veux pas que ça se reproduise, ie suis
pour l'Europe.

L'Europe veut dire paix. Une paix qui n'est pas seulement basée sur l'absence de guerres, mais
sur la réconciliation des peuples et l'entente, la suppression des frontières et de ce qui sépare,
sur la communauté solidaire, sur le partenariat. Et c'est précisément pour cette raison qu'il est si
important d'intégrer les communautés ethniques. C'est la « question cruciale » qu'un État doit
accepter d'entendre : que fais-tu avec tes minorités ? C'est pourquoi nous nous réjouissons et
sommes reconnaissants qu'ils continuent d'étudier ces questions pendant ce congrès. Je vous
transmets les salutations particulières du Parlement européen et les salutations personnelles de
notre Président, le Dr Egon Klepsch.

Vous savez, la Convention juridique a le rapport sur la Charte de la communauté ethnique à


l'ordre du jour. Un rapport en suspens depuis longtemps. Il a été présenté à l'initiative de mon
collègue et ami, le Dr Joachim Dalsass. Monsieur (Goppel) était, à l'origine, le rapporteur, il a été
remplacé par Graf von Stauffenberg et, après le départ de celui-ci, j'ai repris le dossier. Lors des
débats (et cela va au-delà d'un mot de bienvenue) j'ai remarqué qu'au sein de la Convention
juridique, il existerait une majorité opposée à ce rapport. C'est pourquoi, j'ai fait revérifier si nous
devions faire un tel rapport et cela a été approuvé à une faible majorité, parce que beaucoup se
disent que nous devrions laisser cela à l'ONU et au Conseil de l'Europe. Nous pensons que cette
tache doit incomber à la CE, parce que justement ce que nous décidons fait partie du droit
contraignant et pas seulement une carte de restaurant comme la Charte sur les langues
régionales et minoritaires du Conseil de l'Europe, dont je ne veux pas minimiser le contenu, mais
si nous laissons aux États le soin de l'accepter ou de la refuser de leur propre chef, ce qu'ils
veulent accepter, cela ne suffit pas. Nous pensons que, à cause de ce haut degré de contrainte,
c'est au Parlement européen de s'en occuper. J'ai remanié le rapport Stauffenberg et, à cette
occasion, j'ai vu que c'est le meilleur projet de convention sur les droits fondamentaux des
communautés ethniques européennes que l'UFCE a adopté l'année dernière à Cotîbus. C'est la
raison pour laquelle j'ai repris ce rapport, auquel, bien sûr, j'ai apporté quelques ajouts que, en
raison du peu de temps qui m'est accordé, je n'évoquerai qu'avec des mots clés : j'ai présenté un
rapport de 27 articles.
AR HIVES DU MONDIALISME

Art 1 (Schutz d r Volk gruppen) entsprlcht lhren allgemelnen Bestlmmungen. lch habe diese
Formutierung bewuBt Obernommen. daB er eln berechtlgtes Internationales Anliegen ist. lch halte
das für sehr wtchUg . weil sich ln der Debatta herausgestellt hat, daB durch das nebulôse Wort der
Subs1dianttt• sehr vlele. die die Charta nicht wollen, natOrllch sagen: Das wAre jetzt die beste
Gelegenheit das Subsidiaritàtsprinzip anzuwenden. Da muB gleich in Art. 1 klargestellt wetden,
da . s in internationales Anllegen 1st.

Art. 2 u. S Oefinition u. Anwendungsbereich bzw. Abgrenzungen u. ElnschrAnkungen) Hier habe


l ergànzt daB diese Charta nicht auch fOr tradltionell wandernde Gruppe gelten soll, weil es die
Deba e sehr erschweren würde, wenn wir auch Volksgruppenrechte in dieser Charta z.B. fOr Sinti's
Romas verlangen würden, wie einige poltische Gruppierungen es bei uns wollen. Wenn man
en Bericht Oberfrachtet, besteht die Gefahr, daB dann gar nichts herauskommt. lch habe aber
ch argestellt, daB weder das Sebstbestlmmungsrecht auf der einen Seita berührt werden wird,
och daB diese Charta zu sessionistischen Handlungen oder zu· MaBnahmen herangezogen
werden kann, die die territoriale lntegritât in Frage stellen.

Art. 4 u. 5 (Recht auf Existenz bzw. Recht auf Nicht-Diskriminien~ng und auf Gleichbehandlung)
· ·er habe ich erganzt, daB die Volksgruppen auch an den natOrlich Ressourcen des Volksgruppen-
gebietes angemessen beteiligt werden mOssen.

Art. 6 (Recht auf Bekenntnis zur Volksgruppe) u. 7 (Recht auf Symbole) Dieses ist eine neue
Bestimmung, daB nâmlich neben der jeweiligen Landesfahne auch .Farben und Wappen der
Vofksgruppen gefOhrt werden kônnen. Das ist aine Formulierung, die ich aus der sâchsischen und
brandenburgischen Landesverfassung übernommen habe. lch habe aber gleichgestellt, daB
Fahnen und Wappen anderer Staaten nicht ais Farben und Wappen der Volksgruppen geführt
erden sollten.

Art. 8 u. 9 (Recht auf besonderen Schutz bzw. Recht auf Sprache) Wenn hierzu bei Gerichten
Verdolmetschungen oder Übersetzungen notwendig sind, übernimmt der jeweilige Mitgliedstaat
die damit verbundenen Kosten. Weiter sind lm Verkehr mit der Offentlichen Verwaltung Überset-
zungen ootweodig, so verlAngern sich einzuhaltende Fristen entsprechend.

Art.10 (Rechtauf Schute) Hier habe ich gegebenenfalls erwêhnt, den Schulbesuch im Ausland zu
ermoglichen und diesen enteprechend zu bezuschussen.

Art. 11. 12 u. 13 (Recht auf ReUgionsf relheit bzw. Recht auf ungehinderte Kontakte und Recht auf
Freizügigkeit) Oamit ist elgentllch Frelzügigkeit ln allen Gebieten des Volksgruppengebietes
gemelnt..

Art. 14, 15, 16, 16, 17 und 18 (Recht auf Information, -auf Beschiftlgung im Offentlichen Oienst,
-auf sigene Organisationen, .. auf potltlsche Vertretung und Mltwirkuog und Recht auf Sprecher und
Vertreter der Volksgruppen) Hier habe ich einen Passus, den ich wOrtlich vortragen mOchte: Oie
Vertreter von Volksgruppen gelten nur dann ais gewAhlt, wenn sich ein reprêsentativer Teil der
Angehôrigen der Volksgruppe an der Wahl beteitlgt. Es gibt ja Valksgruppen. wo sich die Mehrheit
gar n1cht dazu bekennt, wenn man mal ganz off en die Elsêsser ansprechen und wenn hier nur 1 oo
einen Sprecher wAhlen, 1st das ein bH3chen wenig. auch für die Volksgruppe selber. lch welB, daB
ANNEXE XXVI 751

Art. 1 (Protection des communautés ethniques) Il correspond à ses dispositions générales. J'ai
utilisé cette formulation volontairement parce que c'est une préoccupation internationale justifiée.
C'est pour moi très important car, au cours des débats, il s'est avéré qu'à travers le mot nébuleux
de « subsidiarité » nombreux sont ceux, ne voulant pas de la Charte, à dire naturellement : Ce
serait maintenant la meilleure occasion d'appliquer le principe de subsidiarité. Il faut donc
exposer clairement, dès l'Art. 1, qu'il s'agit d'une préoccupation internationale.

Art. 2 et 3 (Définition et champ d'application respectivement et/ou ? délimitations et restrictions)


Ici, j'ai ajouté que cette Charte ne doit pas non plus s'appliquer aux groupes traditionnellement
voyageurs, car cela rendrait les débats très difficiles si nous exigions également, dans cette
Charte, des droits nationaux p. ex. pour les Sinté et les Roms, comme quelques groupes
politiques le veulent chez nous. Si l'on surcharge le rapport, nous risquons que rien n'en sorte.
Mais j'ai aussi expliqué que ni le droit d'autodétermination, d'une part, ne sera touché, ni que la
Charte peut être utilisée pour des actes sécessionistes ou des mesures remettant en question
l'intégrité territoriale.

Art. 4 et 5 (Droit d'exister respectivement et/ou droit à la non-discrimination et à l'égalité de


traitement) Ici, j'ai ajouté que les communautés ethniques doivent être également partie
prenante, dans une mesure adéquate, dans les ressources naturelles du territoire de la
communauté ethnique.

Art. 6 (Droit au rattachement à la communauté ethnique) et Art. 7 (Droit à porter des symboles)
Ceci est une nouvelle disposition autorisant à porter, outre le drapeau national, également les
couleurs et les blasons des communautés ethniques. C'est une formulation que j'ai reprise de la
constitution du Land de Saxe et du Brandebourg. Mais j'ai aussi mis en parallèle le fait que les
drapeaux et blasons d'autres États ne devraient pas être portés comme drapeaux et blasons des
communautés ethniques.

Art. 8 et 9 (Droit à une protection particulière respectivement à parler une langue) Si des
interprétations ou des traductions sont nécessaires auprès des tribunaux, c'est l'État membre
concerné qui supporte les frais qui y sont liés. De plus, si des traductions sont nécessaires dans
les relations avec l'administration publique, alors les délais à respecter sont prolongés en
conséquence.

Art. 10 (Droit d'aller à l'école) Ici j'ai mentionné, le cas échéant, le fait de permettre d'aller à
l'école à l'étranger et de le subventionner en conséquence.

Art. 11, 12 et 13 (Droit à la liberté de culte respectivement et/ou droit à des contacts sans
entraves et droit à la liberté de circulation) Ceci veut dire, à proprement parler, la liberté de
circulation dans toutes les régions du territoire de la communauté ethnique.

Art. 14, 15, 16, 17 et 18 (Droit à l'information, à l'emploi dans le service public, à ses propres
organisations, à la représentation politique et participation et droit à des porte-paroles et des
représentants des communautés ethniques) C'est un passage que j'aimerais présenter mot à
mot. Les représentants de communautés ethniques ne sont réputés élus que lorsqu'une partie
représentative des membres de la communauté ethnique participe à l'élection. Il existe, en effet,
des communautés ethniques où la majorité reconnait en faire partie ; lorsqu'on parle ouvertement
avec les Alsaciens et que seulement 100 d'entre eux élisent un porte-parole, c'est un peu trop
faible, même pour la communauté ethnique elle-même. Je sais que cette formulation n'est pas
752 ARCHIVES DU MONDIALISME

diese Formulierung wenig justltlabel lst, daher wAre ich lhnen dankbar, wenn ich auch bei der
Ausarbeitung des Berichts noch ihre Hilfestellung bekommen kOnnte.

Art. 19 (Recht auf Teilnahme an Wahlen) Hier habe ich einen Passus, daB bei Verhâltniswahlaus-
gleich die prozentuale Stimmenanteile stlmmen mOssen - nur nicht die 5% Quoten. Diese
Formulierung, die ich übernommen habe, entspricht der Landesverfassung von Schleswig-
Holstein für die dAnische Minderheit. Es darf also nicht eine Bevorzugung von Minderheiten
eintreten, weil sonst der Bericht nicht durchginge.

Art. 20, 21 u. 22 (Recht auf eigene Verwaltungs und Wahlgebiete, -auf Verwaltungsautonomie und
-auf Rechtsschutz) Letzterer entspricht ihrem Art. 16. Allerdings mit dem Unterschied, daB ich
vorschlage, daB man sich auch an den europâischen Gerichtshof in Luxemburg wenden kann. Dies
wird ein groBer Streitpunkt in der Debatte, weil manche sagen: Es geht zu weit. Wenn, dann
vielleicht den europâischen Gerichtshof für Menschenrechte in StraBburg, aber solange die EG
diese Konvention nicht beigetreten ist, ist das nur eine halbe Sache. Allerdings bin ich bei der
Frage "Luxemburg oder StraBburg" offen.

Art. 23, 24 u. 25 (lnnerstaatliche Umsetzung, Zusammleben zwischen Volksgruppe und Mehrheits- .


bevôlkerung bzw. Festlegung von Kriterien) Es heiBt ja oft, z. B. in der Schule, wo immer môglich.
Wenn das ein Staat selber definieren kann, dann gibt es Streit und eine ungleiche Handlung von
Staat zu Staat. Mein Vorschlag ist daB die Mitgliedsstaaten der Gemeinschaft diese Kriterien
gemeinsam festlegen, und zwar auf Vorschlag des EP.

Art. 26 (Anerkennung der staatlichen Ordnung) Das entspricht ihrem Art. 16 Abs. 4 (innerstaatli-
che Umsetzung). lch meine, man sollte bewuBt einige Pflichten der Volksgruppen herausstellen,
daB das Ganze nicht zu einseitig wird.

Art. 27 (Grundsatz der Gegenseitigkeit) Auch das wird etwas strittig. Neben wir den Einwand, der
aus Griechenland kam: Warum sollten wir der türkischen Minderheit Rechte geben, wobei die
Griechen in der Türkei überhaupt keine Rechte haben. Deshalb meine ich, der Grundsatz der
Gegenseitigkeit sollte verankert werden. Man kann nicht von einem Staat verlangen, daB er
anderen Aechte gibt, die seinen Angehôrigen im anderen Staat verwehrt werden.

lch fordere dann die Regierungen der Mitgliedstaaten und die Parlamente auf, alle Konventlonen
der KSZE und des Europarates alsbald zu ratifizieren und dann zu prüfen, ob sich die elnzelnen
Staaten über eine Funktionalautonomie hinaus sogar zu einer Territorialautonomie bekennen
sollten. Weiterhin fordere ich auf zu prOfen, ob bel Wahlen zum EP fOr Volksgruppen, deren Gabiet
auf mehreren Mltgliedstaaten verteilt 1st, nlc~t grenzQberstreitende Wahlkreise gebildet werden
kônnen. Und ich fordere ferner auf zu prOfen, ob nicht neben dem, von der KSZE verordnet, jenem
HocnKommIssar rur Mmaernenen evenu. em europaIscner .. umouasmann· rur vo1Ksgruppen
eingefOhrt werden sollte.

Sie sehen, ich habe dankbar lhre Konventlon Obernommen, sle angepaBt, sie in elnigen Punkten
geândert, in einlgen erweitert. lch biete an aine gute und konstruktlve Zusammenarbeit. lch bin
offen fOr Kriti~ und alla Anregungen. Oenn wir VQm EP wlssen, daB gerade die Einbindung der
Volksgruppen eln wesentllch Krlterium fQr die VersOhnung der VOiker fOr die Aufrechterhaltung des
Friedens 1st. Deshalb Oberbringe ich sehr gerne und mit Fraude GrOBe unseres Parlaments und
unseres PrAsldenten.
ANNEXE XXVI 753

très utilisable devant la justice : c'est pourquoi je vous serais reconnaissant de m'accorder votre
aide également pour l'élaboration du rapport.

Art. 19 (Droit de participer à des élections) C'est un passage dans lequel le pourcentage des
voies exprimées doit être exact lors d'élections à la proportionnelle - et surtout pas les quotients
de 5 %. Cette formulation, que j'ai empruntée, correspond à la constitution du Schleswig-Holstein
relative à la minorité danoise. Une préférence envers des minorités ne doit donc pas survenir, car
sinon le rapport ne tiendrait pas.

Art. 20, 21 et 22 (Droit à ses propres territoires administratifs et électoraux, à l'autonomie


administrative et à la protection juridique) Ce dernier point correspond à son Art. 16. Toutefois à
la différence que je propose la possibilité de s'adresser aussi à la Cour européenne de justice à
Luxembourg. Ceci va constituer un gros point d'achoppement au cours des débats, parce que
certains disent que cela va trop loin. Si c'est le cas, alors peut-être la Cour européenne de justice
pour les droits de l'homme à Strasbourg, mais tant que la CE n'a pas souscrit à cètte convention,
ceci est moins important. Mais je reste ouvert en ce qui concerne la question « Luxembourg ou
Strasbourg _».

Art. 23, 24 et 25 (Application nationale, cohabitation entre la minorité ethnique et la population


majoritaire respectivement et/ou fixation de critères) C'est-à-dure souvent, p. ex. à l'école, partout
où c'est possible. Si un État peut le définir lui-même, alors il y a conflit et un acte non égalitaire
d'un État à l'autre. Je propose que les États membres de la Communauté définissent ensemble
ces critères, et ce sur proposition du .PE.

Art. 26 (Reconnaissance de l'ordre national) Ceci correspond à son Art. 16, al. 4 (Transcription
nationale). Je pense qu'il faudrait mettre volontairement quelques devoirs des communautés
ethniques en exergue et que tout ne se fasse pas de façon unilatérale.

Art. 27 (Principe de réciprocité) Ceci aussi est un peu controversé. Prenons l'objection émise par
la Grèce : Pourquoi devrions-nous donner des droits à la minorité turque, ijlors que les Grecs
n'ont aucun droit en Turquie. C'est pourquoi, je pense que le principe de réciprocité devrait être
bien ancré. On ne peut pas exiger d'un État qu'il donne à d'autres des droits que ses
ressortissants n'ont pas dans l'autre État.

J'invite les gouvernements des états membres et les parlements à ratifier rapidement toutes les
conventions de la CSCE et du Conseil de l'Europe puis de vérifier si les différent$ états devraient
revendiquer une autonomie territoriale au-delà de l'autonomie de fQnctionnement. En outre,
j'invite aussi à vérifier la possibilité de former des circonscriptions électorales transfrontalières
pour les élections au Parlement européen pour les cQmmunautés ethniques dont le territoire est
réparti sur plusieurs états membres. De plus, j'invtte à vérifier si, en plus du Haut-CQmmissaire
aux minorités mandaté par la CSCE, il &e111lt opportun de nommer un médiateur européen pour
les communautés ethniques.

Comme VOU$ le voyez, j'aj repris votre convention, et je vous en remercie, je l'ai adaptée,
modifiée sur certains points, élargie sur certains autres, Je propose une coopération efficace et
constructivet Je suis ouvert aux critiques et à toute§ les suggestions. Car nous savons, au sein
du Parlement européen, que l'intégration des communautés ethniques constjtue un critère
essentiel pour ta réconciUation des peuples et le maintien de ta paix. C'est pourquoi, j'ai le plaisir
et la joie de vous transmettre le$ salutations de notre Parlement et de notre Président.
754
ARCHJvEs DU MONDIALISME

26
ANNEXE XXVI
755

avec. mes sa/utaélonS a.mlc.a/es

Aulu lu~-'----
ANNEXE XXVII

The Telegraph du 19 sept. 2000,


« Des fédéralistes européens
financés par des chefs
de l'espionnage américain»
758 ARCHIVES DU MONDIALISME

f' • f, ~ • "~ 1 1 , • '' ' ' ..-c- • ~-- -...... - - - --

, .. ' ' " ~~~ -~-------, - - - -- .----- - --- ~

Search enhatlc:sd by Google


A

Sunday 10 Februa,y 2019

Hom'-' \'idC'o ~"'"s \\'orld Sport llusin,·-.s '.\1one) Comment Culture J'ra,,el Lift- \\.' omen Fashion l.uxury Tcd1 Film

n-.-\ Asia China Middle F.ast Australasia Africa South America Central Asia KCL Big Question E..'<pat

ROME • NEWS » WOllLDNEWS » EUROPE

Euro-federalists financed by US spy chiefs


By Ambrose Evans-Pritchard in Brussels Europe " .
12:00AM BST 19 Sep 2000 News • World Newa • J- ►1 ·. ...
DECLASSIFIED American govemment documents show that the US
inl8ligence communlty ran a campaign in the Fifties and Slxties to buld
. ,.~.
1

. .
. ..'

momentum for a unlted Europe. tt funded and dlrected the European The beat way to transfer
moneyowneaa
Large rat climb6 on Disabled great-
federaliat movemenl sleeping commuter grandfatber denled
ln&npe
atairl1ft and forœd to
The documents conftnn suspicions vok:ed at the tlme that America wu crawl
wor1dng aggresaively behlnd the scenes to push Britain lnto a European
state. One memorandum, dated Juty 26, 1950, glves Instructions for a
campaign to promote a fuUy ftedged European par1lamenl lt is signed by
Gen Wiliam J Donovan, head of the American wartlme Offlœ of Strataglc
Services, precursor of the ClA.
Maœdonia closes Elderly wonü.t
The documents were found by Joahua Paul, a l'8l88n:her at Georgetown rescued after being
border to migrants
attacked
University in Washington. They lnclude files released by the US National
Archives. Weshlngton's main toot for shaplng the European agenda was
Mon From The Web
the American Commlttae for a United Europe, aeated ln 1948. The
chairman was Donovan, ostensibly a prtvatB lawyer by then.

The vice-chalrman waa Alen Oules, the ClA dlractor ln the Flftles. The Men From The W9b
board included Walter Badel Smith, the ClA's ftrst dlrector, and a roster of Residents retum to
destroyedtown
ex..OSS figures and offidals who moved ln and out of the CIA. The
documents show that ACUE ffnanced the European Movement, the most
important f8defalist organisation ln the post-war years. ln 1958, for
exemple, lt provlded 53.5 percent of the movemenfs funds.
0 "'- --~-- ~
-:~,_- .l
Men From The WH

The European Youth campalgn, an arm of the European Movement, was


wholty funded and controlled by Wuhlngton. The Belgian dllector, Baron
~""\·· .
Calaia Jungle
Boel, reoeived monthty payments lnto a apec1aJ account. When the head evictiona, in picturea
of the European Movement. Poliah-bom Joseph Retinger, bridled at thla
degree of AmeriC8n contrai and tried to ralae money ln Europe, he waa
qulddy repnma.nded.

The leaders of the European Movement - Rednger, the vislonary Robert


Schuman and the former Belgian pnme mlnlster Paul-Henri Spaak • Went
all treated as hired handa by thelr American sponsors. The US role was The remote eoonomy
of the Swlbard
handled as a coven operation. ACUE's fundlng came from the Ford and
archipelago
Rockefeller foundationa as wel as business groupe wlth doae tlea to the
US govemment.

The head of the Ford Foundation, ex-OSS officer Paul Hoffman, doubled
aa head of ACUE ln the late Flftiel. The State Depa,tment alao played a
rote. A memo from the European section, dated June 11 , 1965, acM&ea
the vloe-presldent of the European Economie Cornmunlty, Robett Marjolin, Bruuels in lockdown
to pursue monetary un on by teatth.

lt recommends suppre&Sing debate untl the point at whlch •adoption of


such proposais would become wtuaNy Ines.capable·.
ANNEXE XXVII 759

Des euro-fédéralistes financés par des chefs


de l'espionnage américain

Par Ambrose Evans-Pritchard à Bruxelles


19 septembre 2000, 12:00 BST [British Summer Time]

Il ressort de certains documents déclassifiés du gouvernement des


États-Unis que les milieux des renseignements américains ont mené
une campagne pour impulser l'unification de l'Europe dans les an-
nées 1950 et 1960. Ce sont eux qui financèrent et dirigèrent le Mou-
vement fédéraliste européen.

Ces documents confirment des soupçons exprimés à l'époque selon


lesquels l'Amérique œuvrait agressivement en coulisse à pousser la
Grande-Bretagne dans les bras d'un État eurqpéen. Un mémoran-
dum daté du 26 juillet 1950 donne des instructions relatives à une
campagne devant promouvoir un Parlement européen en bonne et
due forme. Celui-ci était signé de la main du général William J. Dono-
van, le chef de l'Office of Strategic Services (OSS), le précurseur de
la CIA né pendant la guerre.

Les documents en question furent découverts par Joshua Paul, un


chargé de recherches de l'Université washingtonienne de George-
town ; ils comprenaient des dossiers mis à sa disposition par les Ar-
chives nationales américaines. Le principal outil de Washington pour
façonner l'agenda européen était l'American Committee on United
Europe (ACUE) fondé en 1948. C'est Donovan qui en était le pré-
sident, à l'époque soi-disant en tant qu'avocat.

Le vice-président en était Allen Dulles, le directeur de la CIA dans


les années 1950. Le comité comprenait Walter Bedell Smith, le pre-
mier directeur de la CIA, et toute une liste de personnalités et autres
fonctionnaires de l'OSS ayant transité par la CIA. Ces documents
démontrent que l'ACUE a financé le Mouvement eu~opéen, l'orga-
760 ARCHIVES DU MONDIALISME

nisme fédéraliste le plus important d'après-guerre. En 1958, l'ACUE


a par exemple assuré 53,5 % du financement du mouvement.

L'European Youth Campaign, une branche du Mouvement européen,


était entièrement financée et contrôlée par Washington. Son direc-
teur belge, le baron Boel, recevait des versements mensuels sur
un compte spécial. Alors à la tête du Mouvement européen, Joseph
Retinger, qui était né en Pologne, se rebiffa contre un tel degré de
contrôle par les Américains et tenta de lever des fonds en Europe; il
ne tardera pas à être réprimandé.

Les dirigeants du Mouvement européen - Retinger, Robert Schuman


le visionnaire et Paul-Henri Spaak, l'ancien Premier ministre belge -
étaient tous traités comme des hommes de main par leurs sponsors
américains. Le rôle des États-Unis fut ainsi géré comme une opéra-
tion clandestine. Le financement de l'ACUE était issu des fondations
Ford et Rockefeller, ainsi que de milieux d'affaires étroitement liés au
gouvernement américain.

Paul Hoffman, le directeur de la Fondation Ford et ancien agent de


l'OSS, reprit la tête de l'ACUE à la fin des années 1950. Le Dépar-
tement d'État y jouait également un rôle. Une note émanant du dé-
partement « Europe», datée du 11 juin 1965, conseillait au vice-pré-
sident de la Communauté Économique Européenne, Robert Marjolin,
de poursuivre l'unification monétaire sur un mode furtif.

Elle recommandait d'empêcher tout débat jusqu'au moment où


« l'adoption de propositions de ce type deviendrait quasiment inévi-
table.»
ANNEXE XXVIII

Le plan mondialiste et la Chine


762 ARCHIVES DU MONDIALISME

«Il faut ~tre gentils pour tous les terro-


ristes. On nè sait jamais qui, parmi eux,
deviendra chef d'un nouvel Etat. »
S.·. Maryse Choisy (L'accoutumance du
Terrorisme et l'anoblissement du fait ac-
compli in « La prophylaxie du terrorisme •
- Etudes internationales de psycho-socio-
logie criminelle, Noa 20 à 23, 1911-1912).
ANNEXE XXVIII 763

CHAPITRE 111°

LE PLAN MONDIALISTE
ET 1A CHINE

L'instauration d'un Nouvel Ordre Mondial ne peut se


faire, bien évidemment, sans la Chine.
C'est la raison pour laquelle, les 24 et 25 mai 1981, une
trentaine de membres de la Commission Trilatérale se
réunissaient à Pékin à l'initiative de l'Institut chinois des
affaires étrangères.
C'était là une première mondiale ... la Trilatérale en
Chine Communiste l
Si cette «première» n'eut pas la publicité qu'elle méri-
tait - et l'on se doute pourquoi - le c comment en était-
on arrivé là» n'est pas moins mystérieux.
Bn 1949, le Chinese People's lnstitute of Foreign Affairs
(C.P.I.F.A.) voyait le jour. Cet institut chinois, homologue
direct du C.F.R. et du R.1.1.A., bien que communiste, fut
fondé par l'un des plus actifs apologistes de la Chine
maoïste, Walter Lockhart Gordon, avec l'aide de ses fidèles
amis - le Dr P'aul Lin, MM. Chester Ronning et James
Endicott.
« Ronning, né en Chine, fut membre de la Canadian Air
Force Intelligence durant la Seconde Guerre mondiale. A
la fin de la guerre, nommé en Chine, il n'aura de cesse
de faire en sorte que le monde reconnaisse la Chine com-
muniste. Le Canada fut l'un des premiers pays à normaliser
ses rapports avec la Chine dans les années 1970, et ce fut
Huang Hua (1 a), ami. personnel de R.onning, qui fut le

(la) Huang. Hua, aujourd'hui vice-Premier ministre et ministre


de. Affaires ~transères.

121
0
in Yann Moncomble, L'irrésistible expansion du mondialisme, Paris, Faits & Documents, 1981,
pp. 121-128.
764 ARCHIVES DU MONDIALIShŒ

premier ambassadeur chinois au Canada. Quand à Paul


Lin et Endicott, des investigations ont démontré qu'ils
entretenaient les meilleurs rapports possibles avec des orga-
nisations maoïstes canadiennes • ( 1).
De son côté, Gordon est le fondateur de la firme Clarkson
and Gordon, chargée de vérifier les comptes de trois des
cinq plus grandes banques du Canada : la Banque de
Nouvelle Ecosse (dont il est le directeur), la Toronto Domi-
nion Bank et la Canadian lmperial Bank.
Or, comme par hasard, W.L. Gordon est l'un des plus
anciens dirigeants du Canadian lnstitute of International
Affairs (C.I.IA.) (2) - fondé par le R.I.IA. (2) - et nous
le retrouvons, tout à fait incidemment, au Büderberg Group.
Voilà l' « invitant > présenté.
Denière tous ces curieux personnages une famille : les
Rockefeller.
Depuis leur «cadeau» de lampes à paraffine (3), les
Rockefeller se sont toujours « intéressés » à la Chine. Tout
d'abord avec le maréchal Tchang Kaï-chek (4), avec qui
ils se brouillèrent rapidement, ce dernier refusant de « col-
laborer » avec les communistes et manifestant quelques
inquiétantes velléités d'indépendance. Aussi s'ingénièrent-
ils à « couler » le Maréchal. Une fois ce dernier réfugié à
Formose, Mao-Tsé-toung fut accueilli par l'Amérique comme
un c réformateur agrarien».
« Malheureusement, écrit ironiquement le journaliste
Pierre Hofstetter, ce c réformateur» eut 18: main un peu
lourde et fit main basse sur les avoirs bancaires et pétro-
liers des Rockefeller en Chine. Aussi méritait-il une leçon;
et ce fut la « guerre froide», la politique de « containment »,
agencée par M. Acheson, membre éminent du C.F.R., puis
par M. John Foster Dulles (C.F.R.) qui, avec son frère Allen
(C.F.R.), venait de la firme d'avocats Sullivan and Cromwell,
(1) Dope, Inc, p. 162.
(2) Voir La Tnlat,ral.e et les Secrets du Mondialisme.
(3) En 1890, John D. Rockefeller fit cadeau aux Chinois de
300 000 petites lampes à paraffine, pour les c encouraF » à se
servir de son pétrole : dix ans après, les Chinois achetaient déjà
annuellement 4~0 millions 4e litres de paraffine, dont plus de 90 %
venaient de la Standard Od.
( 4) Initi~ à la franc-maçonnerie, avant la guerre mondiale, dans
une loge de San Francisco. Il est bon de noter ~ement qu'un
grand nombre de hauts membres de l'I.P.R. participèrent au tor-
pillage de Tchang Kaï-chek. (Voir La Trüatirale, pp. 78 et 79.)

122
ANNEXE XXVIII 765

représentant depuis longtemps les intérêts de la Standard


Oü et de la Chase Manhattan Bank.
Mais il ne fut jamais question de ~détruire" le régime
de Mao, et encore moins de libérer la Chine du commu-
nisme. Seulement de les forcer à adopter une attitude plus
conciliante... » (S).
P'ailleurs, tout n'allait pas si mal... .
« Dès 1966, "note le journaliste John Mitchell Henshaw
dans I'American Mercury", un consortium pétrolier composé
de la Standard Oü Co (New Jersey), de la Standard Oü of
California. et de la Texas Co, entamait des négociations
secrètes avec Pékin pour l'exploration et le développement
du potentiel de ressources de la Chine continentale» (6).
Dans. le même temps, les fondations Rockefeller et Ford
créaient le Comit~ national des relations Etats-Unis-Chine,
comme véhicule de propagande en faveur d'une politique
plus modérée à l'égard de la Chine rouge.
Et~ deux ans plus tard, en 1968, année d'élections aux
Etats-Unis, M. Nelson Rockefeller parla de la nécessité d'un
« dialogue » avec la Chine communiste, d'une c améliora-
tion» des relations avec !'U.R.S.S. et de la création d'un
« nouvel ordre mondial».
Ici, se situe un événement de toute première importance.
Le 22 mars 1969, se réunissait à New York une confé-
rence sur les relations entre le monde occidental et la Chine.
Les principaux participants, qui dirigèrent la conférence
vers une certaine conclusion, étaient le sénateur démo-
crate Arthur Goldberg, président de l'American Jewish
Committee, et. le sénateur républicain Jacob Ja\'its, prési-
dent d'honneur du Jewish War Veterans et vice-président
de l'lndependant Order of B'nai B'rith.
Cette conférence se prononça clairement en faveur d'un
rapprochement entre Washington et Pékin; en particulier,
Goldbera souhaita l'admission de la Chine communiste à
(5) Lectures Françaises, N• 188, dkembre 1972.
(6) c Selon une publiœtion américaine, Oil and Gas Journal,
les réserves chinoises en hydrocarbures s'élèveni à 25 milliards de
barils, soit à peu près les ressources des Etats-Unis sans l'Alaska. »
(Btudes Politiques, N• 8, octobre 1975.) Cette rewe mentionnait
également que les Chinois ont également pris contact avec l'E.N.I.,
la co~~e italienne de pétrole... et participaient à la conférence
de la Chambre de commerce sino-britannique sur la technologie des
forages .,us-marins. L'B.N.I. collaborant étroitement avec les Rocke-
feller, tout ceci, si l'on peut dire, est normal.

123
766 ARCHIVES DU MONDIALISME

l'O.N.U., tandis que Javits demandait la remise aux Chinois


des photographies prises par satellites américains au-dessus
de la Chine (7).
La présence des hauts responsables de l'American Jewish
Committee, du Jewish War Veterans et de l'Independant
Order of B'nai B'rith, n'était vraisemblablement pas due
iti hasard... surtout lorsque celui-ci se double d'une appar-
tenance au C.F.R. de Rockefeller...
L' American 1ewish Committee est l'une des plus influen-
tes parmi les associations des communautés juives amé-
ricaines; le Jewish War Veterans regroupe tous les anciens
~mbattants israélites des Etats-Unis. Quant au B'nai B'rith,
~onsidérés comme l'une des francs-maçonneries les plus
secrètes et les. plus sectaires, il a pour objet proclamé par
ies fondateurs : unir les Juifs « pour leurs plus hauts inté-
rêts et ceux de l'humanité» (8).
Avec 450 000 affiliés groupés dans 1 800 loges et 1 450
:hapitres féminins installés dans 40 pays, l'Ordre ·maçon-
nique international des B'nai B'rith est, selon l'expression
de l'historien juif britannique Paul Goodman (cité avec
fierté par la revue du District 19, p. 6 ), c la plus grande
rorce org~isée des temps modernes » luttant pour la pro-
motion des intérêts de ses membres (9).
A croire que le rapprochement Washington-Pékin est
dans le c plus haut intérêt» des juifs et de l'humanité...
Toujours est-il que, fort curieusement, au moment même
JÙ se déroulait cette Conférence sur les relations entre le
monde occidental et la Chine, William Rogers (C.F.R.),
secrétaire d'Etat, annonçait que le nouveau gouvernement
miéricain allait « s'efforcer d'établir des relations plus
:onstructives avec Pékin. »
Deux ans plus tard, ce rapprochement allait se mani-
fester de façon particulièrement spectaculaire.
En février, Richard Nixon (C.F.R. pendant un certain
temps) se rend à Pékin. Cette visite, comme on peut s'en
douter, eut un énorme retentissement et la presse, toujow-s
aux ordres, assura une publicité tapageuse à cet événement.
(7) Ces renseignements sont tirés d'un très intéressant livn
ie Guido Giannettini, Pekino tra Washington e Mosca1 éditiom
Vol~, 1972, pp. 110-112.
(8) Jewish Observer and Middle East Review, 11 octobre 1968
(9) Cité par Lectures Françaises, N• 251, mars 1978.

124
ANNEXE XXVIII 767

Ce qu·ene oubliait systématiquement, c'était de tenir ses


lecteurs au courant des négociations antérieures ...
En effet, quels sont les journaux qui informèrent leurs
lecteurs que cette visite avait été soigneusement préparée,
sur place, par Henry Kissinger ( C.F.R., Bilderberg, 1.1.S.S.,
Pugwash, Pilgrims Society, Trilatérale), l'homme de
confiance des Rockefeller à la Maison Blanche ?
Ford au pouvoir, les négociations secrètes continuent
sous la haute direction de Kissinger, aidé en cela par un
sous-secrétaire d'Etat, Joseph Sisco (C.F.R.), qui l'accom-
pagne à Pékin en 1975.
Comme par hasard, Joseph Sisco, aujourd'hui président
de l'American Un.iversity de Washington, se retrouve à la
Trilatérale l
Carter-au pouvoir, c'est la Trilatérale qui conduit le bal...
Cyrus Vance, alors chef du Département d'Etat, membre
de la Fondation Rockefeller, du C.F.R., du Bilderberg, de
la Pilgrims Society et de la Trilatérale, se rend à Pékin
en août 1977 et fait une proposition afin, dit-il, de « sortir
de l'impasse».
« Les Etàts-Unis rompraient leurs relations avec Taïpeh
au niveau des ambassadeurs, mais y conserveraient, comme
l'a fait le Japon, outre une représentation consulaire, tous
les liens économiques. Comme le souhaite la Chine popu-
laire, ce serait, implicitement au moins, reconnaître que
Taïwan est une province chinoise et non une nation sou-
veraine» (10).
Comme par hasard, M. David Rockefeller, alors prési-
dent de la Chase Manhattan Bank, était présent à Pékin
en janvier 1977 pour régler le contentieux existant encore
entre la Chine et cette banque.
En février, on apprenait par la Far Eastern Economie
Review de Hongkong que « les dirigeants chinois ont fait
part à ce dernier de leur intention d'apurer rapidement ce
contentieux » ( 11 ).
Ce petit problème n'avait toutefois pas empêché, en 1973
par exemple,, la firme Pullman Kellog du Texas et sa filiale
néerlandaise Kellog Continental, de Pékin, de signer un
contrat de plus de 290 millions de dollars portant sur la
construction de huit complexes a2rochimiaues. et la mai-
(10) Valeurs Actuelles, 18 juillet 1977.
(11) Le Monde, 18 février 1977.

125
768 ARCHIVES DU MONDIALISME

son Louis Dreyf-us et Cie, spécialisée dans le trafic des


céréales, de vendre 400 000 tonnes de blé américain à la
Chine communiste ( 12).
Le r• février 1978, Leonard Woodcock (Trilatérale), se
trouvant en congé aux Et.ats-Unis, déclare devant !'United
Automobil Workers (Syndicat des travailleurs de l'automo-
bile) que le gouvernement américain « recherche la norma-
lisation de ses relations avec Pékin~» (13).
Aussitôt, le Département d'Etat fait .savoir que M. Wood-
cock n'a parlé qu'en son nom personnel. Habile calcul
diplomatique car, à peine trois mois plus tard. Zbigniew
Brzezinski (Trilatérale) se rendait à Pékin, suivi, début
juillet,_par le Dr Frank Press· (C.F.R.), conseiller scientifique
du président.
Fin octobre, M. Woodcock regagne son poste à Pékin,
où il poursuit les conversations dans le plus grand secret.
Les s·e crétaires américains à !'Energie et à l'Agriculture,
MM. Schlesinger (C.F.R.) et Bregland, sont tour à tour
reçus dans la capitale chinoise sans que rien ne transpire
sur les discussions en cours.
D'ailleurs, c'est bien simple, nous apprend Le Monde,
c outre M. Woodcock, un seul des membres du bureau de
liaison américain à Pékin a été associé à la négociation.
Leurs collègues déclarent: "s'être doutés" que quelque chose
se préparait, mais n'avoir été réellement informés que le
16 décembre au matin• (13).
Suite logique à toutes ces· négociations secrètes, le
18 décembre 1978, les Etats-Unis reconnaissaient le régime
de Pékin et établissaient des relations diplomatiques avec
la Chine. Cette reprise sera officialisée le 1•• janvier 1979.
Pour en arriver là, la Trilatérale dut mener, sans discon-
tinuer, seize mois de négociations secrètes.
Elle avait même constitué un état-major spécialement
chargé de cette question. Outre Zbigniew Brzezinski, Cyrus
Vance et Leonard Woodcock, que nous avons déjà vus, cet
état-major comprenait également deux grands spécialistes
des affaires chinoises, Richard Holbrooke (C.F.R., 1.1.S.S.,
Trilatérale) et Michel Oksenberg (C.F.R.).
Afin de consolider ce rapprochement, l'Institut chinois
des affaires étrangères reçut, en avril 1979, Georges Ber-
(12) Dépkhe A.F.P,, 15 septembre 1972.
(13) Le -Monde, 19 décembre 1978.

126
ANNEXE XXV1Il 769

thoin, membre de la Trilatérale, en sa qualité de président


international du Mouvement européen.
« Sa visite précède de quelques jours l'ouverture à
Tokyo, le 22 avril, de la session de la Commission Trilaté-
rale (dont il est, d'autre part, président pour l'Europe),
qui doit notamment débàttre de l'entrée de la Chine dans
la Communauté internationale. » Georges Berthoin déclarait
à ce sujet : « Les responsables chinois paraissent approuver
l'idée d'un Nouvel Ordre Mondial» (14).
Amorcée par Berthoin, la réunion de la Trilatérale qui
eut lieu en Chine, fut préparée par ses collègues japonais,
MM. Takeshi Watanabe et Tadashi Yamamotof respective-
ment président et secrétaire de la branche nippone de la
Commission.
Et, les 23 et 24 novembre 1980, la Trilatérale réunit
sa section européenne en Irlande, au Berkeley Court, hôtel
de Dublin. Cette discrète conférence des affiliés européen-s
les plus actifs-(ils ne représentaient qu'une partie des mem-
bre$ d'Europe) avait principalement pour objet la prépara..
tion de la réunion internationale qui allait se dérouler à
Pékin au printemps suivant.
Cette conférence avait, en réalité, un choix à faire parmi
la dow;aine de délégués qui représenteraient la « régi~n »
Europe à la conférence de Pékin.
Le 3 janvier 1981, le sénateur Théodore Stevens (Alaska),
chef adjoint du groupe républicain, prend contact, au nom
de Ronald Reagan, avec le gouvernement chinois et ren-
contre M. Huang ·Hua, ministre des Affaires étrangères.
Si, pendant sa campagne électorale, une vive controverse
avait opposé M. Reagan aux autorités chinoises au sujet
de Taiwan, avec qui il souhaitait reprendre des relations
officielles, le 10 janvier 1981, il était obligé de « baisser
les bras • devant la pression de la Trilatérale et du C.F.R.
En effet, à cette date, le secrétaire d'Etat Alexander
Haig (C.F.R.) déclarait: « La poursuite du processus de
normalisation des relations sino-américaines est dans l'inté-
rêt des Etats-Unis» (15).
La consécration arrivait les 20 au 23 mai 1981, avec la
réunion de la Trilatérale à Pékin (16).
(14) Le Monde, 22-23 avril 1979.
(15) Le Monde, 13, janvier 1981.
. (16) Voir en annexe V la liste des membres derniers inscrits à
la Trilatérale.

127
770 ARClilVES DU MONDIALISME

Etaient présents :
Henri François Simonet : ancien vice-président de la Com-
munauté européenne, membre des Affaires étrangères,
du Bilderberg, de l'I.I.S.S. et président d'honneur de
l'I.R.R.I.
Peter Shore : député travailliste britannique, membre de
la Fabian Society.
David Rockefeller : ancien président de la Chase Manh~ttan
Bank, chef du C.F.R. et de la Trilatérale, membre du
Bilderberg et de la Pilgrims Society.
Gerhard Schroeder : ancien ministre des Affaires étrangères,
membre du Bundestag, du Bilderberg et de la D.GA.P.
José Antonio Segurado: trésorier de la C.E.O.B. Président
de la Commission de relations internationales à la Confé
dération espagnole des organisations syndicales. Prési-
dent de la Confédération de l'industrie espagnole.
radashi Yamamoto: secrétaire japonais de la Trilatérale.
Takeshi Watanabe: président de la Trident International
Finance Ltd, Hong-Kong. Ancien président de la Banque
du développement asiatique. Membre du Comité exé-
cutif de la Trilatérale et président japonais de cette
dernière.
Norbert Kloten : président de· la Banque centrale du Bade-
Wurtemberg. Membre du Conseil central de la Deutsche
Bundesbank et du conseil d'administration de la D.G.A.P.
Yusuko Kashiwagi: président de la Banque de Tokyo.
Membre du comité exécutif de la Trilatérale et membre
du J.I.IA.
Robert S. lngersoll: président du conseil d'administration
de l'Université de Chicago. Membre du C.F.R. et du
comité exécutif de la Trilatérale.
Winston Lord: président du C.F.R. Membre du conseil
· des Gou:verneurs de l'Institut Atlantique et du Bilderberg.
Bruce MacLaury : président de la Federal, Reserve Bank
de Minneapolis, de la Brookings Institution. Membre
du C.F.R., du Bilderberg et du comité exécutif de la
Trilatérale.
Michel Oksenberg : ancien membre du Conseil national de
sécurité. Membre du C.F.R.
Glenn B. Watts: président du Syndicat des Communi-
cations.
r .A. Wilson : président de la Compagnie Boeing.
(17) Voir en annexe VI la liste des Fondations subventionnant
la Trilatérale.
128
ANNEXE XXIX

Agence Reuters d'octobre 2018,


« Rothschild vend
ses activités fiduciaires»
772 ARCHIVES DU MONDIALISME

Rothschild vend ses


activités fiduciaires
PARIS (Reuters) - Rothschild & Co, la banque contrôlée
,ar la famille du même nom, va vendre ses activités
financières à 1'un de ses dirigearits afin de se concentrer
,ur le développement des activités de gestion de
latrimoine.

La banque a déclaré mercredi avoir accepté la vente de


;ette activité à Richard Martin, l'un des dirigeants de
Rothschild, qui obtiendra le financement d'un investisseur
monyme.

Les conditions financières de ce~ vente n'ont pas été


iivulguées.

~exandre de Rothschild, qui a repris cette année la


:>résidence exécutive de la banque, a déclaré : « Suite à un
~xamen stratégique de nos activités de gestion de
?atrimoine privé, nous avons décidé de nous concentrer sur
le développement de nos activités de gestion de
patrimoine. »

:< Dans un environnement changeant, nous estimons que


les activités fiduciaires peuvent mieux fonctionner dans
m.e structure indépendante», a-t-il ajouté.

Les services gérés par les activités fiduciaires de


Rothschild comprennent la création et la gestion de
;tructures détenant tous les actifs d'un client (sociétés,
orooriété intellectuelle. collections d'arts . aéronefs . etc.)
ANNEXE XXIX 773

En début d'année, la banque a annoncé des bénéfices et


des revenus annuels plus élevés, mais doit faire face à la
concurrence croissante d'entités telles que Lazard et
Perella Weinberg Partners, qui cherche à faire plus
d'affaires en France.

La dynastie bancaire Rothschild a participé à certaines des


plus grandes transactions de l'histoire, notamment en
finançant la guerre de la Grande-Bretagne contre le chef
militaire français Napoléon.
Déjà parus aux Éditions Nouvelle Terre :
Une formule universelle de l'immortalité (essai)
- L'unité de la science et de la religion à travers les nombres -
par Michael Stelzner
Révélations (tome 1 & tome 2)
- Les témoignages de militaires et de fonctionnaires américains
sur les secrets les mieux gardés de notre histoire -
parSteven M. Greer M.D.
Agartha, monde perdu
- Le mystère de l'énergie« Vril » -
par Alec McLellan
Franchir le Rubicon (tome 1 & tome 2)
- Le déclin de l'empire américain à la fin de l'âge du pétrole -
par Michael C. Ruppert
Les Chroniques du Girku (t 1): «Le Secret des Étoiles Sombres»
· par Anton Parks
Les chroniques du Girku (t. 2) : « Adam Genisis »
par Anton Parks
Vérités cachées - Connaissances interdites
par Steven M. Greer M.D.
La véritable histoire des Bilderbergers
par Daniel Estulin
Le Testament de la Vierge (essai)
par Anton Parks
Le complot de la Réserve Fédérale
par Antony Sutton
Les Chroniques du Girku (t. 3) : « Le Réveil du Phénix»
par Anton Parks
La spiritualité de Jean-Jacques Rousseau (essai)
par Béatrice Arboux
Gaia Point Zéro (roman)
par Patrick larnHowen
Éden - La vérité sur nos origines (essai)
par Anton Parks

L'Amérique en pleine trans8formation


par Cathy O'Brien & Mark Phillips
(suite au verso)
Médicaments psychotropes :
Confessions d'une visiteuse médicale
par Gwen L. 0/sen
Le dieu de /a Bible vient des étoiles
• D I traduction littérale des codex hébraîques initiaux -
psr Mauro Blglino

Les gardiens du silence


- OVNIS et extraterrestres censurés
par les Américains: les preuves 1-
par Marc Saint-Germain

Pour cause de Sécurité nationale


- Du statut d'esclave robotisée de la CIA à celui
de lanceuse d'alerte reconnue de la nation américaine -
par Cathy O'Brien & Mark Phillips

Le cosmos est conscience (essai)


- La stupéfiante relation entre l'être humain et le cosmos -
par Patrick Jamoüen

L'élixir (roman)
par Sem

Le cosmos est langage (essai)


- Le cosmos nous parle -
par Patrick Jarnoüen
L'Histoire occultée :
Les origines secrètes de la Première Guerre mondiale
par Gerry Docherty et Jim MacGregor

Les chroniques du Girku (t. O) : « Le Livre de Nu réa»


par Anton Parks

1914-1918: Prolonger l'agonie (tome 1) (essai}


- Comment l'oligarchie anglo-américaine a délibérément
prolongé la Première Guerre mondiale de trois ans et demi -
par Jim MacGregor et Gerry Docherty
Du p/érôme à la matière (autobiographie)
par Anton Parks et Hanael Parks

Archives du mondialisme (essai)


- De la guerre contre l'Ancien et le Nouveau Testament -
par Pierre Hi/lard
'
Aparaître:

1914-1918: Prolonger l'agonie (tome 2) (essai)


- Comment l'oligarchie anglo-américaine a délibérément
prolongé la Première Guerre mondiale de trois ans et demi -
par Jim MacGregor et Gerry Docherty

Les Chroniques de la Maitresse du Temple (t. 1) :


« L'Ombre de la Mère du Trône»
par Hanael Parks

Hypersensibilité - La voie des Éclaireurs


par Marie-Reine Péron & Joëlle Étienne

Les Chroniques du Girku (t. 4) : « L'Oracle


de l'Oiseau Tonnerre»
par Anton Parks
Le cosmos est amouf&> (essai)
- De l'amour cosmique à l'amour humain -
par Patrick Jarnoüen
Composition et mise en page
réalisées par les ÉNT / F-29590 Lopérec
mars 2019

Vous aimerez peut-être aussi