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MONNO I ES

DES PRÉLATS
E T

BARONS DE FRANCE.

TOM E I I.
TRAITÉ 0134
1300.3 %

DE S M
Μ O NΝ Ν
NOIES
DES BARONS ,
OU

REPRÉSENTATION ET EXPLICATION
de toutes les Monnoies d'or, d'argent, de billon & de cuivre,
qu’ont fait frapper les Poffeſſeurs de grands fiefs, Pairs, Évêques,
Abbés , Chapitres , Villes & autres Seigneurs de France;
POUR SERVIR DE COMPLÉMENT
Aux Monumens hiſtoriques de la France en général , & de chacune
de ſes Provinces en particulier.
Par feu M. Pierre- Ancher TOBIÉSEN DUBY, Capitaine d'Infanterie,
Interprète de la Bibliothèque du Roi do du Conſeil royal de l'Amirauté.
TO ME SECO N D.

À PARIS ,
DE PRIMERI E RO Y A L E.
L'IM PRI

M. DCCX C.
VILLE DE LYON
Biblioth. du Palais des Arts
BU మం

DICOS
eeeessseesseesee Daa

MONNOIES
DES PRÉLATS ET BARONS DE FRANCE.

MARQUIS DE SALUCES.
Saluces ,Salutiæ , ville & château d'Italie dans le Piémont ,
capitale du marquiſat de ce nom , avec un évêché ſuffragant de
Turin , qui prétend cependant ne relever que du Saint-Siége. Elle
eſt ſituée ſur une colline au pied des Alpes , près du Pô , à neuf
lieues ſud -oueſt de Turin . Cette ville , ſelon Louis de la Chieſa,
a été nommée Saluces , à cauſe de la ſalubrité de ſon air , ou
à cauſe des Salviens, anciens peuples de Provence , qui en ſont
les fondateurs,, ainſi que des villes de Verceil , de Saluggio , de
Salaſco & de Saluzzola.
Le marquiſat de Saluces eſt l'une des plus belles parties du
Piémont , & des plus conſidérables principautés de l'Italie , dont
il eſt comme la clef du côté de la France. Il eſt borné au nord
par le Dauphiné & la province des quatre Vallées ;; à l'eſt par
les provinces de Savillan & de Foſſano ; au ſud par la province
de Coni & le comté de Nice , & à l'oueſt par la vallée de
Barcelonnette.
On prétend que dans la première érection des marquiſats
Tome 11. А
VILLE DE LYON
Biblioth . du Palais des Arts
2 MARQUIS DE SALUCES.
d'Italie , le gouvernement de Saluces & des vallées & terres de
Piémont qui ſont entre la Dora & le Tenaro , juſqu'aux confins
de l’Alteſan , fut aſſigné aux marquis de Suze , qui en effet, dans
pluſieurs actes de ce temps , ſe qualifient ſeigneurs de Saluces, 1

Revel , Scarnafix , Carmagnole & autres terres , qui formèrent 1

dans la ſuite le marquiſat de Saluces. La race maſculine des 1

marquis de Suze , étant venue à manquer dans la perſonne de


Mainfroi Obric , la comteſſe Adélaïde , ſa fille unique , porta ſes
biens à Odon , comte de Savoie , qui prit le titre de marquis
d'Italie. Pierre leur fils, marquis de Suze , du chef de ſa mère ,
>

1
n'eut que deux filles, dont l'une , Adélaïde, épouſa , vers le milieu
du xi . fiècle , Boniface , marquis de Walt & de Savonne , def
cendant en ligne droite d'Aléram I , marquis de Montferrat . Ce 1

ſeigneur joignit aux titres de Walt & de Savonne , celui de 1

Saluces , dont il fut ainſi le premier marquis ; il en prit le titre


& le tranſmit à ſa poſtérité. Il établit le droit d'aîneſſe & de
primogéniture dans ſa race , où la ſucceſſion eſt demeurée quatre
cents ans ſans interruption , juſqu'aux quatre derniers marquis qui
étoient frères. Ce droit de primogéniture a ſoutenu cette famille
avec éclat dans le rang de prince & dans tous les droits de la
ſouveraineté , tels que ceux de battre monnoie d'or & d'argent ,
de faire des loix , & c. Dès le xin .' ſiècle , les comtes de Savoie
exigèrent l'hommage des marquis de Saluces , qui furent leurs 1
.

vaſſaux juſqu'en 1475 , que Louis II ſe mit ſous la protection


de la France. En I1487 , le duc Charles de Savoie tomba ſur le
marquis de Saluces , qui l'avoit attaqué , & lui enleva ſes États. H

Charles-Jean- Amédée , né en 1488 , ſuccéda l'année ſuivante à


Charles I ſon père , ſous la tutèle de Blanche ſa mère. Le marquis
de Saluces , qui s'étoit retiré en France , profita de cette minorité
pour rentrer dans ſes États. En 1560 , Jean - Louis , dernier
O

>

marquis de Saluces , céda à Charles IX tous les droits qu'il avoit


ſur les marquiſats de Saluces & de Montferrat , moyennant
MARQUIS DE SALUCES . 3
d'autres terres équivalentes que le Roi lui donna en France. Le
duc de Savoie ſe faiſit , en 1588 , du marquiſat de Saluces, &
il lui a été cédé par le traité de paix de Lyon , en 1601 , en
échange de la Breſſe & du Bugey.
Les marquis de Saluces portoient d'argent au chef d'azur.
Mainfroi III , mort en 1244 , eſt le premier marquis de
Saluces qui fit battre monnoie d'or & d'argent.
On trouve dans Argelati , une monnoie que cet auteur
attribue aux marquis de Saluces. Elle porte d'un côté , S..D ..
SALVCIIS ; & de l'autre , sIT NOMEN DNI BNDTV. Je penſe
qu'elle aura plutôt été frappée par les ducs de Savoie , lorſqu'ils
s'emparèrent du marquiſat de Saluces.
Les quatre premières pièces que je donne ici , ſont de LOUIS II ,
chevalier de l'ordre de Saint - Michel & gouverneur d'Aſti, mort
en 1504. Il étoit fils de Louis I , lieutenant général de tous les
États du duc de Savoie , & chevalier de ſon ordre du Collier.
Louis II quitta le duc de Savoie , auquel ſon père étoit demeuré
fidèle , & s'attacha à Charles VIII .
PL. LXX.
LVDOVICVs Marchio SALVTIARVM. R. SANCTVS CONSTAN- N.° 1.
TINVS (a). Double ducat d'or peſant cinq gros huit grains. 0

Ordonnance de Charles - Quint , page 105 , n.° 3. Recueil


d'Anvers. Léonard -Wilibald Hoffman ; & Jean - Tobie Köhler ,
tome II, page 835.
LUDOVICVS Marchio SALVTIARVM. R. SANCTUS CONSTAN- N.° 2.
Tinys. Pièce d'argent peſant un demi - gros vingt-ſept grains.
Cabinet de M. de Boullongne .
Lvdovicus Marchio SALVTIARVM. BC. SANCTVS CONSTAN- N : 3 .
TINVS. Dans le champ , un caſque couronné ; de la couronne
ſort un demi-aigle auſſi couronné entre les lettres L & M. Ducat

( a ) Saint Conſtantin eſt l'un des patrons du marquiſat de Saluces.


Aij
4 MARQUIS DE SALUCES.
d'argent peſant deux gros huit grains. Ordonnance de Charles
Quint ,page 118 , n.° 3. Köhler, tome II, page 335. Recueil
> 9

Pl. Lxx. d'Anvers ; & Damoreau.


N. 4 .
Lvdovicus Marchio SALVTIARum . R. SANCTUS CONSTAN
TINus. Cette pièce eſt auſſi d'argent, & ne pèſe qu’un gros trois
grains. Elle eſt en nature chez M. de Boullongne , & ſe trouve
auſſi dans les traités de Köhler , de Léon.-Wil. Hoffman , & de
Damoreau .
Louis II avoit épouſé, vers 1493 , MARGUERITE de Foix ,
fille de Jean de Foix , comte de Candale ; elle vivoit encore en
1533. Cette dame a frappé, pendant ſon veuvage , l'écu d'argent
ſuivant, qui ſe trouve dans Köhler , partie XXII , page 89 , &
dans le Recueil d'Anvers .
N.° s . MARGARITA DE FVXO MARCHIONISA SALVCIARum ( Mar
guerite de Foix , marquiſe de Saluces ) TC 1516. Dans le
champ , le buſte de la marquiſe coiffée en veuve. R. DEVS
PROTECTOR ET REFVGIVM MEVM ( Dieu mon protecteur &
mon refuge) 1 x. Dans le champ , un écuſſon chargé des armes
de Foix & de Saluces , appliqué contre un arbre déraciné , ſans
feuilles, & ſur les branches duquel on aperçoit une tourterelle.
Louis II & Marguerite de Foix , laiſsèrent quatre fils, qui
ſe fuccédèrent l'un après l'autre au marquiſat de Saluces , &
avec leſquels s'eſt enſevelie la race des marquis de Saluces. L'aîné
de ces frères fut MICHEL - ANTOINE , gouverneur d'Aſti,
capitaine de cinquante hommes d'armes , & lieutenant général du
roi en Italie. Après la journée de Pavie , il ſe joignit au duc
d'Albanie , & ſaụva le royaume de Naples. La régente , pour
le récompenſer, le fit chevalier de faint - Michel & aniral de
Guyenne. Il mourut ſans alliance , en 1528. II avoit obtenu ,
en 1511 , du pape Jules II , l'érection de l'évêché de Saluces ;
Jean -Antoine Roborée , proche parent du ſouverain pontife, en
fut le premier pourvu .
MARQUIS DE SALUCES. 5
Ce ſeigneur a frappé les monnoies ſuivantes. PL. LXX.
MICHAEL ANTonius Marchio SALVTIARYm. R. SANCTVS N.* 6.
CONSTANTINvs. Couronne d'or peſant deux gros ſeize grains.
Elle ſe trouve dans l'ordonnance de Charles- Quint , page 135
n 3 ; dans le traité de Joachimi, partie 11, page 242 ; & dans
n.°
celui de Léon .-Wilib. Hoffman .
MICHAEL ANTonius MARCHIO SALVCIArum . R. XPS VINCIT N.° 7.
XPS REGNAT XPS IMPERAT. Ducat de billon qui pèſe dix - ſept
grains. Cabinet de M. de Boullongne ; & Köhler , tome II ,
page 836.
MICHAEL ANTonius MARCHIO SALVTIARum . R. XPS REX N. ° 8 .
VENIT IN PACE HOMO FACTUS EST. Dans deux des angles
de la croix les monogrammes M A. Écu d'argent peſant un demi
gros quatorze grains. Cabinet de M. le baron de Zur-Lauben ;
& Joachimi, partie 11 , page 242.
MICHAEL ANTonius MARCHIO SALVTIARYm . R. XPS REX N. 9.

VENIT IN PACE HOMO FACtus Est. Ducat d'or qu'on trouve


dans le Recueil d'Anvers , & dans Köhler , tome II , page 836.
MICHAEL ANTonius MARCHIO SALVTIARum . R. SANCTUS N.° 10.
CONTANTINvs. Écu d'argent tiré du Recueil d'Anvers.
FRANÇOIS , ſecond fils de Louis II , ſuccéda à ſon frère. II
uſurpa le marquiſat de Montferrat, & ſe mit ſous la protection
de l'Empereur. Les deux pièces ſuivantes ſont de ce Marquis.
FRANCISCVS Marchio SALVCIARVM. Dans le champ , les N.: 1 .
monogrammes F s. R. SANCTVS CONSTANTINvs. Écu d'argent
peſant un gros trois grains. Cabinet de M. de Boullongne.
FRANCISCVS Marchio SALVCIARum. Dans le champ , les N. 12
armes de Saluces couronnées & entourées du cordon de l'ordre
de faint -Michel, dont François étoit chevalier. Bc. XPS REX
VENIT IN PACE. Dans le champ, une croix fleurdeliſée , & can
tonnée alternativement des lettres F M. Cette pièce eſt un ducat
d'or, & pèſe deux gros ſeiże grains. Ordonnance de Charles
6 MARQUIS DE SALUCES .
Quint , page 135 , n . 1. Köhler, tome ,
II, page 830 ; &
Léonard -Wilibald Hoffman.
François mourut en 1537 , & eut pour ſucceſſeur ſon frère
GABRIEL , évêque d’Aire , qui décéda en 1549. Je ne
connois de lui qu'une ſeule pièce conſervée dans le Cabinet de
Pl . LXX . M. de Boullongne .
N. 13 . GABRIEL SALVCIARum Marchio. Dans le champ , le mono
gramme G couronné. Le revers ne préſente que cette légende
défectueuſe DA... DE... SVPSVM F... On pourroit la ſuppléer
ainſi : Dante Deo ſuperſum fratri. Cette monnoie eſt de billon ,
& pèſe dix - ſept grains.
Jean - Louis , frère des précédens, & le dernier héritier du
marquiſat de Saluces , le céda en 1560 à Charles IX. II mourut ,
en 1567 , ne laiſſant que des enfans naturels , l'un deſquels;
Auguſte -Céſar de Saluces , légitimé en 1566 , par Henri III ,
>

eut pour fille Catherine de Saluces. Cette demoiſelle épouſa Jean


de Lure, comte d'Uza , dont la poſtérité a pris le nom de
Saluces .
Voyez l'Hiſtoire des marquis de Saluces par Louis de Soſia ;
& l'Hiſtoire généalogique des maiſons ſouveraines de France don
d'Italie, par Chazeau.

COMTES D'ANGOULÊM E.
ANGOULÊME , capitale du comté , aujourd'hui du duché
d'Angoulême , n'eſt connue que depuis le iv.° ſiècle. Le poëte
Auſone, qui mourut vers l'an 394 , eſt le premier qui en ait
parlé ; il la nomme Inculiſna. Les écrivains poſtérieurs l'ont 11

appelée Engoliſma. La notice des Gaules , dreſſée vers la fin


du iv . ſiècle, met dans la deuxième Aquitaine , Civitas Ecco
lifmenfium . 1

Le premier comte d'Angoulême eſt Turpion , à qui Charles,


0 .
COMTES D'ANGOULÊME. 7
le-Chauve donna ce comté en 839 , & qui mourut en 863 ; il
étoit frère de Bernard & d'Éménon , comtes de Poitiers.
Iſabelle , comteſſe d'Angoulême, fille unique d’Aymar -Taille
fer, épouſa en premières noces Jean , dit ſans Terre , roi d'An
2

gleterre, qui l'avoit enlevée , quoiqu'elle fût promiſe à Hugues X ,


ſire de Lezignem ou Luzignan , comte de la Marche. Après la
>

mort du prince , elle épouſa, en 1217 , le même comte de la


Marche.
Le comté d'Angoulême , réuni à la couronne en 1307 , à
la mort de Hugues XIII de Luzignan , dernier comte de la
Marche & d'Angoulême , fut donné en apanage en 1380 , à
Louis de France, duc d'Orléans, frère du roi Charles VI , &
réuni une ſeconde fois à la couronne en 1515 , par François I ,
.

qui , dans l'année ſuivante , l'érigea en duché , en faveur de fa


mère Louiſe de Savoie.
En 1265 , le parlement rendit un arrêt contre Hugues XII
de Luzignan , comte d'Angoulême & de la Marche , qui avoit
>

fait frapper des monnoies trop baſſes, & ordonna qu'elles ſeroient
>

caſſées , & que ſi le comte vouloit battre monnoie , elle ſeroit de


bon poids & de bon aloi.
Choppin , domaine de France , livre II, page 235 , nomme
le comte d'Angoulême le pénultième des trente - un ſeigneurs à
qui le Roi a donné privilége de faire battre monnoie.
Les pièces ſuivantes ſont de LOUIS de France , duc
d'Orléans , qui fut comte d'Angoulênie depuis 1380 juſqu'à
1407 PL . LXXI ,
V
Denier de billon , peſant quatorze grains.LODOICVS ( Louis ) . N.° 1 .
Dans le champ , les lettres v s. Bc. EGOLISSIME ( Angoulême ).
Cabinet de M. de Boullongne.
N. 2.
Autre peſant quinze grains ; coin différent. Même cabinet.
Autre ſemblable au précédent , mais d'un coin différent, tiré N:' 3 .
du Recueil de M. de Boze.
-
PL. LXXI .
8 COMTES D'ANGOULÊME.
N.° .
4 Autre avec la même différence. Même Recueil.
N. s . Autre d'un coin différent, avec les mêmes légendes. Cabinet
de M. de Boullongne.
N.° 6. LODOICVS ENGOLiſinæ ( Louis d'Angoulême ) . Bc. HVGO
COMES MARCHIE. Cette dernière ſyllabe ſe trouve dans le champ.
Obole de billon , qui appartient à M. Haumont.
Je ne ſais pourquoi Louis s'eſt ſervi du coin de Hugues ,
l'un de ſes prédéceſſeurs ; peut - être étoit - ce pour indiquer que
l'Angoulême & la Marche étoient auparavant poſſédés par le
même ſeigneur.
7 Voyez Adamarus Cabanenſis , page 160 ; Hiſtor. pontific. do
comitum Engoliſmenſium , cap. XIII; Beſlius, in epiſc. Pict.
.

page 79 ; Du Cange';‫ ر‬le Regiſtre Olim , premier vol. fol.


ri' 28 , & l'Art de vérifier les dates.
>

COMTES DE LA MARCHE .

LA MARCHE , Marchia , province de France avec titre de


comté , bornée au nord par le Berri ; au ſud par le Limoſin ;
à l'eſt par l'Auvergne , & à l'oueſt par le Poitou.. Elle eſt limi
trophe du Poitou & du Berri , & elle étoit autrefois frontière
du royaume d'Aquitaine ; c'eſt de-là qu'elle a pu tirer ſon noin.
Sous Honorius, elle étoit compriſe dans l’Aquitanique première ,
& dans le x. ſiècle, elle faiſoit , comme du temps de Céſar ,
partie du Limoſin. Elle ſe diviſe en haute & baſſe ; la première
a pour capitale Gueret , & la ſeconde Bellac.
Boſon I , dit le Vieux , petit- fils de Géoffroi, premier comte
O

de Charroux , fut établi comte de la Marche au commencement


du x.° ſiècle, par Guillaume-Tête-d'étoupe, duc d'Aquitaine ; il
tranſmit ce comté à ſes deſcendans. Hugues X de Luzignan ,
comte de la Marche , le devint d'Angoulême , en 1217 , par
9

ſon mariage avec Iſabelle, fille du comte Aymar, Hugues XIII


de
COMTES DE LA MARCHE. ୨
de Luzignan engagea , en 1301 , le comté de la Marche au
roi Philippe - le - Bel, & après ſa mort ce comté fut réuni à la
couronne.
Le comte de la Marche eſt nommé le ſixième des ſeigneurs
auxquels le Roi donna le privilége de faire battre monnoie.
Choppin , Domaine de France.
1
En 1226 , Hugues X de Luzignan , comte de la Marche ,
avoit droit de frapper de la monnoie blanche , & le Roi ordonna
qu'elle n'auroit cours que dans ſes propres terres.
Le roi Louis- Huttin ordonna , àà Lagny -ſur-Marne, vers Noël
1315 , que ce comte feroit ſa monnoie à trois deniers ſix grains
>

de loi , & de vingt ſous de poids au marc de Paris, à la taille


de deux cents quarante au marc , les quinze deniers valant douze
petits tournois. Les mailles de ladite monnoie devoient être à
deux deniers ſeize grains d'argent - le - roi , & de dix -ſept ſous
deux deniers mailles doubles de poids au marc de Paris . Le Blanc.
Manuſcrit de Saint-Victor. Regiſtre de Lothier. Pl . LXXI.
Ce denier eſt tout - à - fait ſemblable à l'obole décrite ci-deſſus N.° 1 .
o

ſous le n.°. 6 .; il appartient auſſi à M. Haumont. Quoique


je l'aie d'abord placé ici , on ne peut pas raiſonnablement l'attri
buer au comte de la Marche , puiſqu'avant Hugues XIII de
Luzignan, dernier comte de la Marche , ni même de ſon vivant ,
il n'y a jamais eu de comte d'Angoulême du nom de Louis.
La Marche a eu cinq comtes du nom de HUGUES ,
ſavoir : Hugues IX de Luzignan , qui régna depuis 1180 juf
qu'en 1208 ; Hugues X , depuis 1208 juſqu'en 1249 ; Hugues XI ,
ſurnommé le Brun , depuis 1249 juſqu'en 1260 ; Hugues XII ,
depuis 1260 juſqu'en 1282 ; & Hugues XIII , depuis 1282
juſqu'en 1303. C'eſt à l'un de ces comtes qu’appartiennent les
deux pièces ſuivantes.
VGO COMES. RE. MARCHIE. Denier de billon . Cabinet de N.° 2.
M. de Boullongne.
Tome II. B
PL . LXXI .
10 COMTES DE LA MARCHE.
N.° 3 . Mêmes Légendes , mais d'un coin différent. Recueil de
M. de Boze .
Les trois pièces ſuivantes ſont de CHARLES de France ,
troiſième fils du roi Philippe-le -Bel, qui, en 1314 , lui donna le
>

comté de la Marche en apanage : ce comté fut de nouveau réuni à


la couronne lorſque le poſſeſſeur ſuccéda au roi Philippe-le-Long
ſon frère , en 13 22 , ſous le nom de Charles IV , dit le Bel.
N. 4 .
Karolus Filius REGIS FRANCIE ( Charles fils du roi de
France ). R. COMES MARChie. Denier de billon . Manuſcrit de
1
Saint-Victor.
N ' s. KAROLVS , R. COMES MARCHIE . Ce denier eſt auſſi de
billon , & gravé d'après le même Manuſcrit.
N.° 6. KATOLVS COMES. R. MONETA MARCHE . Obole tirée du
Recueil de M. de Boze.
Voyez la Roq. Nobl; Thevet; Du Cange; Savot ; Duchêne;
& l'Art de vérifier les dates.

VICOMTES DE LIMOGES . i

LE LIMOSIN , Lemovices & Lemovicenfis Tracłus, pro


vince bornée au nord par la province de la Marche ; au ſud
par le Querci; à l'eſt par l'Auvergne , & à l'oueſt par le Périgord.
La Vienne & la Vezère en ſont les deux principales rivières.
Limoges , la capitale , étoit autrefois appelée Auguſtoritum &
Limodia ; elle eſt Gtuée ſur la Vienne , à quarante - quatre lieues
nord - oueſt de Bordeaux , & à cent ſud -oueſt de Paris.
Céſar eſt le premier qui ait fait mention du Limoſin . Ce pays
fut ſubjugué par les Romains , & ſous Honorius il étoit compris
dans la première Aquitaine. De la domination des Romains, il
paſſa ſous celle des Wiſigots, qui en furent chaſſés par Clovis.
Après pluſieurs révolutions , Charles- le -Chauve y établit des
ducs , ſous leſquels il y eut des comtes, qui prirent enſuite lc

+
1

1
VICOMTES DE LIMOGES. II

titre de vicomtes. Foucher eſt le premier vicomte de Limoges


dont on ait connoiſſance ;; il vivoit en 888. Cette vicomté paſſa
aux Anglois , & ſucceſſivement aux ducs de Bretagne & à la
maiſon d'Albert , & elle fut fous Henri I V réunie à la couronne.
>

Choppin , Domaine de France , nomme le vicomte de Limoges


le dix - ſeptième des trente-un ſeigneurs à qui le Roi a donné le
privilége de faire battre monnoie. Le vicomte ne battoit que
monnoie blanche en 1226 ( c'étoit alors Gui V ) , & le Roi
ordonna qu'elle n'auroit cours que dans ſes propres terres.
Les deniers devoient être à trois deniers · ſeize grains de loi
argent - le - roi , & de dix - neuf fous ſix deniers de poids au marc
de Paris ; & les mailles à trois deniers de loi argent-le-roi , &
de ſeize ſous neuf deniers mailles doubles de poids au marc
de Paris. Les treize deniers ne devoient valoir que douze deniers
du Roi. Voyez le Blanc; Du Cange, & le Regiſtre de Lothier.
La ſeconde des monnoies que je donne des comtes de
Limoges , & qui devroit être placée la première, a été frappée
par ARTUR II de Richemont, duc de Bretagne , fils de
Jean II , cointe de Richemont & de Flandre, & de Béatrix
>

d'Angleterre. Ce ſeigneur épouſa, en 1275 , Marie , fille &


héritière de Gui IV , vicomte de Limoges : cette dame étant
morte en 1291 , Artur ſe remaria trois ans après avec Yolande ,
fille de Robert IV , comte de Dreux , & de Béatrix , comteſſe
de Montfort- l'Amaury ; il mourut en 1312 . PL , LXXI.
ARÍVRI VICEComes. RE. LEMOVICENSIS. Dans le champ , N.* 2.
les armes de Flandre , de Limoges & de Dreux. Ce denier eſt
de billon , & ſe trouve dans le cabinet de M. l'abbé de Terſan .
Il pèſe......grains.
Le n . i eſt de GUI VII , comte de Penthièvre , ſecond
fils d'Artur II.'II entra , en 1314 , en poſſeſſion du vicomté de
Limoges, & le céda , en 1317 , à Iſabellé de Caſtille, femme de
ſon frère Jean III , duc de Bretagne.
B ij
PL . LXXI .
I2 VICOMTES DE LIMOGES.
N. ° 1 . GVIDO VICECOMES. Bc. LEMOVICENSIS. Dans le champ, les
mêmes armes que ſur le n . 2. Billon. Manuſcrit de Saint
Victor , & Du Cange.
GUILLAUME de Blois , troiſième fils de Jean de Blois ,
vicomte de Limoges, ſuccéda , en 1454 , à ſon ſecond frère
Jean de Blois , dans le vicomté de Limoges , & mourut en 1

1455. C'eſt pendant ce court eſpace de temps qu'il a frappé 1

la pièce ſuivante. 1
1
1
N: 3: Guillelmys VICECOMES. La lettre initiale de Guillelmus , ſe
trouve dans le champ , & la légende commence par la dernière
fyllabe du même mot. Rr. LEMOVICENsis. Les armes de Limoges
ne ſont pas ſur cette pièce. Billon. Cabinet de M. de Boullongne .
Voyez Duchêne : Thevet , & l'Art de vérifier les dates.

VICOMTES DE BROSSE .
!

BROSSE , Bruccia , Brucia ou Broſa, qui ſignifioit en vieux .

françois Sylva, forêt , eſt un vicomté en Limoges. Voyez la Notice


des Gaules d'Adrien de Valois , page 102 .
Cette maiſon eſt une des plus diſtinguées par ſon ancienne
nobleſſe, & ſubſiſte encore dans une branche cadette , formée
par Antoine de Broſſe, fils puîné de Jean de Broße II . du nom ,
comte de Penthièvre , feigneur de Bouſſac, d'Huriel & de Sainte
Sevère , qui vivoit en 1479 .
Choppin , Domaine de France, nomme le vicomte de Broſſe
le dix-huitième des trente - un ſeigneurs à qui le Roi a donné le
privilége de faire battre monnoie.
Les vicomtes de Broſſe étoient aînés des ſeigneurs de Sainte
Sevère & de Bouſſac , & ces trois branches avoient droit de
battre monnoie . Le P. Anſelme, Hiſtoire des Pairs & grands
Officiers de France , donne la généalogie des vicointes de Broſſe,
>

fans les tirer des vicomtes de Limoges .


VICOMTES DE BROSSE . 13
Ces vicomtes avoient droit de frapper monnoie blanche,
Leurs deniers devoient être à trois deniers fix grains de loi
argent-le-roi , de vingt ſous de poids & à la taille de deux cents
quarante au marc de Paris ; leurs mailles à deux deniers ſeize
grains de loi argent-du-roi , & dix -ſept ſous deux deniers mailles
doubles de poids au marc de Paris ; ils ne pouvoient faire que
la dixième partie de mailles : l'évaluation de ces monnoies étoit
à cinq fous moins la livre que les petits tournois ; en ſorte que
quinze deniers ne devoient valoir que douze deniers tournois.
Voyez le Blanc i; Du Cange & Thevet.
Les armes de cette maiſon ſont d'azur , à trois gerbes ou broſſes
d'or licées de gueules .
Jeanne, fille de Hugues II , vicomte de Broſſe, épouſa
ANDRÉ de Chauvigny, 11. du nom , baron de Château
Raoul , & lui donna en mariage le vicomté de Broſſe ; ce ſeigneur
vivoit encore en 1348. On croit qu'il fut auteur des Chauvigny
de Broſſe ; il a frappé la monnoie ſuivante.
ANDREAS VISCE. R. COMES BRVCIE ( André , vicomte de Pl. LXXI.
Broſſe ). Denier de billon. Du Cange. MP de Saint-Victor.

SEIGNEURS DE HUREC ou HURET.

HUREC , Huret ou Huriel , ville du Bourbonnois , au diocèſe


de Bourges , ſituée ſur une hauteur , à deux lieues oueſt-nord
oueſt de la rive gauche du Cher & de Montluçon. Cette
ſeigneurie appartenoit à la maiſon de Broſſe.
Le fire de Hurec & de Sainte-Sevère , avoit droit de frapper
monnoie blanche le 25 de novembre 1315. Table alphabé
tique des matières des regiſtres du Parlement. Le Blanc, &
Thevet.
Les deniers devoient être à trois deniers ſix grains de loi
argent-le-roi , & de vingt ſous de poids au marc de Paris; & les
14 SEIGNEURS DE HUREC ou HURET .
mailles à deux deniers ſeize grains de loi argent-le-roi , & dix -ſept
fous deux deniers mailles doubles de poids au marc de Paris ,
les quinze deniers de cette monnoie ne valant que douze petits
tournois. Regiſtre de Lothier.
PETRVS BRVCIÆ . R. DOMINVS HVREC. Denier de billon .
Du Cange , & M. de Boze.
PL. LXXI . Je ne connois des ſeigneurs de Hurec que cette ſeule monnoie ,
er

frappée par PIERRE de Broſſe, 1.'" du nom , chevalier, ſeigneur


>

de Bouſſac , de Sainte - Sévère & de Hurec , mort en 1305 ; ou


par ſon fils PIERRE II , ſeigneur de Hurec , du Bouchaut &
des Landes , vivant en 132 1 .
Voyez l'Hiſtoire généalogique du P. Anſelme.

COMTES D'ANJOU..
Le pays d'ANJOU , Andegavia , Andecavis ou Anecavis ,& c.
ſitué entre le Maine, la Bretagne , la Touraine & le Poitou ,
étoit autrefois diviſé en deux contés ; l'un au-delà de la rivière
de Maine cu Mayenne , dont Château - neuf étoit la capitale ;
-

l'autre en - deçà de la même rivière , ayant pour capitale Angers ,


appelée , ſous les Romains , Juliomagus.
Le roi Louis - le - Bègue donna , vers 879 , le comté d'Anjou à
Ingelgar , fils de Tertulle , ſénéchal du Gâtinois. Son fils Foulques I ,
>

dit le Roux , réunit dans ſa main les deux comtés en 888 .


La première race des comtes d'Anjou finit dans la perſonne
de Geoffroi II , dit Martel, mort en 1060. Sa fæur Ermangarde
avoit épouſé Geoffroi- Ferréol, nommé ailleurs Albéric , comte
de Château - Landon . Les fils de ce dernier ſuccédèrent à
Geoffroi- Martel, & commencèrent la ſeconde race des comtes
d'Anjou. Vers 1203 , Philippe- Auguſte ſaiſit le comté d'Anjou
ſur Jean-fans-Terre , dernier duc de Normandie. En 1246 ,
ſaint Louis en inveſtit ſon frère Charles I , comte de Provence.
COMTES D'ANJOU . 15
Ce comté fut érigé en pairie , en 1297 , pour Charles de
France , comte de Valois , fils de Philippe III ; puis en 1360
en duché-pairie pour Louis de France, frère du roi Charles V :
il fut réuni à la couronne en 1480 .
Henri III céda , en 1576 , ce duché à François , duc
d'Alençon ſon frère , & il revint encore à la couronne à ſa
mort arrivée le 10 juin 1584.
Une charte de Foulques - le -Jeune , comte d'Anjou , de l'année
1093 , prouve qu'il faiſoit frapper monnoie, & les regiſtres du
parlement de l'année 1315 , portent , que le comte d'Anjou
( Charles III ) n'avoit droit de forger que de la monnoie blanche.
Enfin , le 14 mai 1319 , le roi Philippe V acquit du même Charles ,
comte de Valois ſon oncle , ſes monnoies de Chartres & d'Anjou ,
moyennant cinquante mille livres de petits tournois.
Les huit premières pièces ſont des FOULQUES , qui
régnèrent entre 888 & 1142. Il n'eſt pas poſſible d'aſſurer
:
auquel d'entr'eux appartient chaque pièce : il y a eu cinq comtes
d'Anjou de ce nom .
Foulques I , dit le Roux , depuis 888 juſqu'en 938. Il laiſſa
deux fils ; Gui, évêque de Soiſſons en 937 , & Foulques II ,
dit le Bon , qui lui ſuccéda, & mourut en 958 .
Foulques III ſon petit -fils, ſuccéda , en 987 , à ſon père
Geofroi I , & mourut en 1039 : il étoit ſurnommé Nerra ou
>

le.Noir , & le Jéroſolymitain, à cauſe de deux voyages qu'il fit à


>

la Terre - Sainte.
Foulques IV, dit le Rechin ou le Querelleur, fils de Geofroi,
comte de Château-Landon , & d'Ermengarde, fille de Foulques
Nerra , ſuccéda en 1060 , avec ſon frère Geofroi III , à leur
oncle maternel , & mourut en 1109 , un an après ſon frère. II
eut pour ſucceſſeur Foulques V ſon fils : ce dernier comte hérita
du Maine l'année ſuivante , par la mort du comte Hélie , dont il
16 COMTES D'ANJOU.
avoit épouſé en 1108 la fille unique , Ermburge ; en 1131 , il
PL . LXXII .
fut couronné roi de Jéruſalem , & termina ſes jours en 1142 .
N. ° 1 . FVLCO COMES . R. VRS ANDEGAVS ( pour urbs Andegavis ) .
Dans le champ , des marques bizarres , qui portent à croire que
cette pièce & les ſuivantes ſont antérieures à l'uſage des armoiries ,
auxquelles les premières croiſades donnèrent lieu. Cabinet de
M. Snelling , à Londres.
N.° 2 . FVLCO COMES. R. VRBS ANDCCSV ( pour Andegavis ) ( ville
d'Angers ) . Denier de billon tiré du cabinet de M. Haumont ;
il pèſe ſeize grains.
N. 3 . FVLCO COMES. BC. ANDEGAVIS ( Foulques , comte d'Anjou ) .
Denier auſſi de billon , peſant douze grains. Cabinet de M.de
Boullongne.
N. 4. FVLCO COMES . R. VRBS ANDEGAVIS . Denier de billon
peſant vingt- un grains. Recueil de M. de Boze.
N.° s .
FVLCO COMES. R. VRBS ANDEGAVS. Billon ; poids , quinze
grains. Cabinet de M. de Boullongne.
N.° 6. FVLCO COMES. R. VRBS AIDCCSV ( pour Andegavis ).
Billon peſant dix -ſept grains. Même cabinet.
N : 7: FVLCO COMES. R. ANDEGAVENSIS. Billon tiré du Recueil
de M. de Boze.
N. ° 8 .
FVLCO COMES. RC. VRBS ANDEGAVS ( la ville d'Angers ) .
Auſſi de billon , du poids de dix - ſept grains. Cabinet de M. de
Boullongne.
Les dix pièces ſuivantes portent le nom de CHARLES.
Saint - Louis , roi de France , inveſtit le 27 mai 1246 , ſon frère
Charles I , comte de Provence , enſuite roi de Naples & Sicile ,
des comtés d'Anjou & du Maine ; il mourut à Foggia dans la
Capitanate , le 7 janvier 1285 .
Son fils Charles II lui ſuccéda dans les comtés d'Anjou &
du Maine , en 1285 .
>

Charles III , fils puîné du roi Philippe - le - Hardi , devint


comte
COMTES D'ANJOU . 17
comte d'Anjou & du Maine par ſon mariage avec Marguerite ,
fille de Charles II , en 1290 .
On ne peut pas aiſément diſtinguer auquel de ces princes
appartient chacune de ces pièces. PL . LXXII.
CAROLVS COMES. R. ANDEGAVENSIS . Denier de billon du N.° 9.
cabinet de M. de Boullongne , peſant quinze grains.
CAROLVS COMES . R. ANDEGAVENSIS . Billon tiré du Recueil N .: 10 .
de M. de Boze.
Denier de billon portant les mêmes légendes , mais d'un coin N.º 11 .
différent. Ménie Recueil.
Mêmes légendes , coin différent. Denier de billon ; poids, N.' 12.
dix - neuf grains. Cabinet de M. de Boullongne .
Obole préſentant les mêmes légendes , mais d'un coin différent. N.° 13.
Recueil de M. de Boze.
Comes ANDEGAVIE. Rr. Karolus REX sicilie. Denier de N.* 14.
billon frappé par Charles I. M. de Boze. Voyez ci - après les
comtes de Provence.
KAROLVS COMÉS. R. ANDEGAVENSIS. Obole peſant treize N.: 15.
grains. Cabinet de M. de Boullongne.
Denier de billon , avec les mêmes légendes , & du même N.: 16.
coin. M. de Boze.
Karolus Rex sicilie. Rr. Comes ANDEGAVIE ( Charles I ). N. 17.
Billon peſant dix-huit grains. Cabinet de M. de Boullongne.
Denier auſſi de billon preſque ſemblable au n.º 9 , mais d'un N. 18.
coin différent. En nature .
Voyez l’Art de vérifier les dates.

COMTES DE CHARENTON,

CHARENTON , Carenton & Carentonium , ſeigneurie ou


comté dans le Bourbonnois , ſur la Malmandre ou Marmande ,
près du Berri , à une lieue & demie de Saint-Amand.
Tome II. с
1

E S E NTON
18 COMT DE CHAR .
Ebbes de Déols , ſeigneur de la Châtre.& de Charenton ,
ſixième fils de Raoul II , ſurnommé le Grand , prince de Déols ,
mort en 1012 , eſt le chef de la maiſon de Charenton.
Renaud de Montfaucon , ſecond fils d’Ebbes VI , ſeigneur de
Charenton , qui vivoit en 1171 , lui ſuccéda , & mourut fans
enfans d'Iſabelle de Courtenai ſa femme. Après la mort de cette
dame , Charenton reſta à Guillaume de Courtenai ſon frère, des
mains duquel il paſſa dans la maiſon de Sancerre , par l'acqui
ſition qu'en fit Louis I , comte de Sancerre.
>

Marguerite , héritière , en 1403 , des comités de Sancerre &


de Charenton , les porta à Béraud II , dauphin d'Auvergne
( elle épouſa trois autres maris , mais elle n'eut d'enfans que de
Béraud ) . Ces biens ont enſuite paſſé aux fires de Beuil, qui
les vendirent, en 1660 , à Henri de Bourbon , II. du nom ,
prince de Condé.
Le roi Louis X , dit Huttin , ordonna , vers Noël 1315 , à
Lagni - ſur -Marne , que le comte de Charenton ( a ) feroit ſa
monnoie à trois deniers ſix grains de loi argent - le - roi , à la taille
de deux cents quarante au marc , les quinze deniers valant douze
deniers tournois de la monnoie du Roi. Le Blanc,page 230 .
On ne connoît de ces ſeigneurs que les pièces ſuivantes.
PL . LXXII. La première eſt de RENAUD de Montfaucon .
N.° 1 . RENAVDVS Dominus. R. CARENTONIS ( Renaud , ſeigneur >

de Charenton ) . Denier de billon peſant ſeize grains. Cabinet


de M. Haumont..
Les deux ſuivantes portent le nom de LOUIS . Il y a eu
deux cointes de Charenton de ce nom ,, tous deux comtes de
Sancerre ; le premier depuis 1218 juſqu'en 1268 , & le ſecond
depuis 1326 juſqu'en 1346 .

( a) C'étoit alors Jean II , comte de Sancerre , depuis 1306 , juſqu'en


1326.

1
COMTES DE CHARENTON . 19 Pl. LXXII.
LVDOVICVS COMES ( Louis, comte ). R. DE CHARENTON . N.° 2.
Denier de billon. Manuſcrit de Saint - Victor.
Autre denier de billon avec quelque différence dans le type. N.° 3 .
M1. de Boze i; & Du Cange.
Voyez l'Hiſtoire de Berri par Thomas de la Thaumaſſière.

COMTES DE BLOIS .

Blois , caſtrum Blefenſe, Bliſium caſtrum , Blefum caſtrum ,


caſtro Bleſis , Blefianis caſtro , Blefia & Blefæ , capitale du
Bléfois , eſt ſituée ſur le bord de la Loire , avec un château
magnifique. Le Bléfois confine avec la Beauce , l'Orléanois , le
Berri & la Touraine.
Les premiers comtes de Blois ont la même tige que les
rois de France de la troiſième race. Thiedbert ou Theodébert,
quatrième aïeul de Hugues-Capet , eut trois fils, dont le ſecond ,
nommé Guillaume , fut conte de Blois. Les comtes de Blois
devinrent comtes de Champagne au commencement du XI.° ſiècle ,
par l'extinction de ceux de la maiſon de Vermandois. Le
Blaiſois paſſa , en 1225 , de la maiſon de Blois à celle de
Châtillon , par le mariage de Marie d'Aveſnes , fille unique de
Gautier d'Aveſnes & de Marguerite de Blois , avec Hugues
de Châtillon , ſeigneur de Créci & comte de Saint-Paul. En
1391 , Gui II de Châtillon vendit le comté de Blois à Louis
de France, duc d'Orléans. Louis XII , petit - fils de ce prince ,
réunit ce cointé à la couronne ; il le donna enſuite à Claude
ſa fille, en la mariant à François , comte d'Angoulême, depuis
roi de France. Henri II l’incorpora à la couronne. Louis XIII
& Louis XIV l'en ont ſucceſſivement détaché en faveur des
ducs d'Orléans leurs frères.
Henri III aſſembla deux fois à Blois les États-généraux du
Cij
20 COMTES DE BLOIS .
royaume ; la première fois en 1576 , où la guerre contre les
Huguenots fut décidée ; la ſeconde en 1588 , où le duc de
Guiſe paya de ſa vie la peine de ſon ambition effrénée.
Choppin , Domaine de France , nomme le comte de Blois
le treizième des trente - un ſeigneurs à qui le Roi a donné
le privilége de faire battre monnoie.
Selon l'ordonnance de 1315 , les contes de Blois pouvoient
frapper monnoie blanche. Les deniers devoient être à trois
deniers dix grains argent - du - roi , & de dix - neuf ſous ſept
deniers de poids au marc de Paris ; & les mailles à deux deniers
vingt- un grains de loi argent - le -roi, & de dix - ſept ſous quatre
deniers mailles doubles au marc de Paris. Les quatorze deniers
de cette monnoie ne devoient valoir que douze deniers tournois.
Voyez le Blanc ; Du Cange, & le MS. de Hautin .
Le 3 mai 1328 , le roi Philippe de Valois acquit de Gui
de Châtillon , comte de Blois , le droit qu'il avoit de battre
monnoie , moyennant une ſomme de quinze mille livres.
HUGUES de Châtillon , fils de Gui III , comte de Saint
Paul, & couſin - germain de Jeanne de Châtillon , ſuccéda, en
1292 , à cette dame dans le comté de Blois , & mourut vers
Pł. LXXIII. 1307 ; il a frappé l'obole ſuivante.
N.° 1 . Hugo Comes BLESENSIS. Le revers préſente une eſpèce de
caractère arabe , que les comtes de Blois ont adopté ſur toutes
leurs monnoies. Ce caractère eſt ſurmonté d'une fleur - de - lys.
Billon . En nature .
JEANNE , fille unique de Jean de Châtillon , comte de
Blois , lui ſuccéda en 1279. Elle avoit épouſé, en 1272 , Pierre ,
comte d'Alençon , cinquième fils de ſaint - Louis. La comteſſe
Jeanne ſurvécut à ce prince, & décéda ſans avoir eu d'enfans,
en 1.292 .
N. ° 2. - Johanna comitisSA . R. BLESIS CASTRO ( Jeanne , comteſſe
de Blois ) . Obole de billon , tirée du cabinet de M. de Boullongne.
COMTES DE BLOIS . 21

Il y a eu deux comtes de Blois du nom de GUI : Gui I


de Châtillon , qui ſuccéda , en 1307 , à ſon père Hugues de
Châtillon , & qui mourut en 1342 ; & Gui II de Châtillon , qui
régna depuis 1381 juſque vers 1397. Les pièces ſuivantes qui
portent le nom de Gui , n'appartiennent ſûrement qu'au premier
de ces deux comtes , puiſque Gui I vendit au Roi ſon droit de
battre monnoie. PL. LXXIII.
GVIDO COMES. Bc. BLISIS E CASTRO. Billon . Recueil de N.° 3.
M. de Boze ; & Gloſſaire de Du Cange, au mot moneta .
‫ر‬
OS
Les n . 4 , 5 , 6 & 7, ſont des deniers ; le n . 8 eſt
une obole. N.° 4 , 5 , 6 ,
Tous portent d'un côté le nom de Gui , & ſur leur revers : 7 & 8.
BLESIS CASTRO. Ils ont quelque différence dans les types. Toutes
ces pièces ſont dans mon cabinet.
Les quatre ſuivantes ne portent point le nom de ceux qui les
ont frappées.
Denier de billon , portant au revers : BLESIS CASTRO. Cabinet N.° .9.
de M. de Boullongne.
Autre denier de même matière . R. BLISIS CASTRO . Cabinet N.° 10.
de M. Pagnon d'Ijonval.
Autre avec différence dans le type. Rt. Même légende. Recueil N : 11 .
de M. de Boze.
Autre preſque ſemblable, & avec la légende : BLESIS CASTRO. N. 12.
Même Recueil.
Voyez l’Art de vérifier les dates ; Thevet ; Duchêne ; l'Hiſtoire
de Blois par Bernier , & Pontanus ſur la Coutume de Blois.

COMTES DE GIEN.

Giemum , Giomus , Giomacus , ville de


GIEN , Giamum , Giemum
France dans le Hurepoix , ſur la Loire , à trente - trois lieues
ſud - eſt de Paris .
22 COM TES DE GIEN .

L'abbé Lebeuf a prétendu que cette ville étoit l'ancien Gena


bum Carnutum ( Qrléans ) ; il a été ſuivi par quelques autres
écrivains , & en particulier par M. Silveſtre de Saint - Abel (a ).
Ils appuient cette opinion ſur les antiquités Romaines qui ſe ſont
trouvées dans Gien ( b ), & ſur- tout ſur le nom de Génabie ,
qu’un de ſes faubourgs a conſervé. La première de ces deux
circonſtances prouve ſeulement que les Romains ont pu s'être
arrêtés ſur le terrain de Gien ; quant à la ſeconde, Dom du Pleſſis
en a détruit la conſéquence par une conjecture ingénieuſe : ſelon
lui, après la priſe & l'incendie de Genabum , aujourd'hui Or
léans, la plus grande partie de ſes habitans échappés au vainqueur,
auront remonté la Loire , & ſe ſeront fixés dans un lieu auquel
ils auront donné le nom de celui qu'ils étoient contraints d'aban
donner. Ce qu'il y a de certain , c’eſt que , comme le remarque
l'abbé Expilly , dans ſon dictionnaire des Gaules , Gien eſt
dans le diocèſe d'Auxerre , au lieu que les Carnutes ne compre
noient que ce qui eſt aujourd'hui dans les diocèſes de Chartres
& d'Orléans.

Vers le commencement du ix.° ſiècle, Charlemagne fit bâtir


le château de Gien , autour duquel il ſe forma bientôt une
nouvelle ville , qui a inſenſiblement remplacé l'ancienne ; il ne

(a ) M. Silveſtre de Saint - Abel , membre de l'ancienne Société littéraire


>

d'Auxerre , auteur du Mémoire hiſtorique ſur les comtes de Gien , indiqué


O

ſous le n . 3562 1 de la Bibliothèque hiſtorique de la France du P. le


Long , tome III, page 420 , a bien voulu le communiquer à l'éditeur. Cette
pièce a beaucoup ſervi pour la rédaction de cet article dont , faute de
matériaux , M. Duby père avoit différé de s'occuper.
( b ) On a trouvé dans Gien , en différens temps , un grand nombre
d'antiquités, entr’autres beaucoup d'uſtenſiles ou inſtrumens propres à battre
monnoie, & pluſieurs monnoies de cuivre & de cuir , dont quelques - unes
portoient : OCTA AVTH AEP OU OEP. Cette légende, qui n'a point encore
été expliquée , n'eſt pas dans le ſtyle ordinaire des méda illesRomaines.
COMTES DE GIE N. 23
reſte plus de celle - ci que quelques maiſons, qui forment le fau
bourg de la nouvelle , ſous le nom de Gien -le -vieil.
Dans le vi .° ſiècle , Gien étoit du domaine des anciens rois
de Bourgogne , ſelon M. de Saint-Abel. Suivant Alagus, Geſta
pontificum. Autiſiodor. faint Aumaire, évêque d'Auxerre, de la
première nobleſſe d'Orléans , tenoit Gien de ſon patrimoine, &
le donna à ſon égliſe avec d'autres terres. Les vidames l'uſur
pèrent ſous Charles-Martel , & obligèrent les évêques d'Auxerre
de ſe contenter de la féodalité ; enfin , ſous la ſeconde race , les
comtes s'en emparèrent.
Géoffroi de Semur, père de Géoffroi I , ſeigneur de Donzi ,
& beau - frère de Hugues , évêque d’Auxerre & comte de
Châlon au commencement du xi ,” ſiècle, poſſédoit la terre
de Gien , qu'il tranſmit à ſes deſcendans les barons de Donzi.
Hermensède , fille du baron Géoffroi III , ayant été mariée en
1153 , à un chevalier de Champagne nommé Anſel, ſeigneur de
Traînel , eut pour dot les terres de Neuilly & d'Ouchy ; mais
preſqu'auſſitôt après ſon mariage , Étienne I , comte de
Sancerre, qui l'avoit recherchée depuis long -temps, l'enleva ,
>

l'emmena à Donzi , & l'y épouſa , après avoir arraché probable


ment le conſentement du père d'Hermensède, qui lui donna en
nouvelle dot Gien & Saint - Aignan . Le chevalier de Traînel ,
protégé & ſoutenu par Henri , comte de Troies , & par le roi
Louis VIII , fit le ſiége du château de Saint - Aignan , l'emporta
d'aſſaut, & arracha ſon épouſe des bras du raviſſeur : il paroît 1

qu'en inême temps Gien fut rendu au baron de Donzi.


Hervé IV , baron de Donzi , céda le comté de Gien en 1199
au roi Philippe - Auguſte, pour la ſomme de trois mille marcs
d'argent du poids de Troies , que le comte & Mahaut ſon épouſe
lui devoient pour le droit de rachat du comté de Nevers.
Duchêne , Hiſtoire de Vergi; du Bouchet, Hiſtoire de Cour
‫ر‬

tenai ; la Thaumaſſière, dans celle de Berri , & le Gallia Chrif


24 COMTES DE GIEN .
tiana , rapportent pluſieurs titres où il eſt fait mention de la
monnoie de Gien.
Hervé III , ſeigneur de Donzi , aumôna en 1187 I
, à l'égliſe
de Saint- Satur , quatre livres de rente , monetæ Giemenſis , ſur
ſon péage de Coſne : cette donation fut confirmée dans la ſuite
par Guillaume - Goeth , fils & ſucceſſeur d'Hervé III.
0

Philippe-Auguſte, par une charte donnée à Vincennes au


mois d'octobre 1197 , fit rendre , ſur les revenus de Meaux , trois
cents livres de la monnoie de Gien , à Henri de Sully, archevêque
de Bourges , qui les avoit retirées , par l'ordre du Roi , du tréſor
de ſon égliſe, pour réparer le château de Meaux.
Alix , dame de Cour-les-Barés, veuve de Philippe , baron de
Donzi & ſeigneur de Gien , traita de ſon douaire , en 1206 ,
avec Hervé fon beau - frère, comte de Nevers , moyennant trois
cents livres de rente annuelle , monnoie de Gien.
Guillaume I , comte de Sancerre , approuvą , en 1208 , l'en
gagement des dixmes de la paroiſſe de Créfancy, faite par Gaudri
de Sancerre au chapitre de Saint- Urſin , pour ſoixante -dix livres ,
monnoie de Gien.
Il eſt parlé de trois mille fous de Gien , dans un acte de Gui ,
comte d'Auvergne, du mois de janvier 1209 , inſéré dans l'Hif
toire d'Auvergne de Baluze , pr. livre I , pages 82 , 83.
2

Il eſt encore fait mention de ſous & de deniers de Gien ,


dans une charte de Philippe-Auguſte, donnée à Paris en 1210 ,
pour faire paver les rues de Bourges. Hiſtoire du Berri par le
pere Labbę , page 200 .
Enfin , parmi les notes de la Thaumaſſière ſur les aſſiſes de
Jéruſalem , ſe trouve un hommage de Guillaume de Chauvigny,
ſeigneur de Châteauroux , en ſeptembre 1211 , à Gui de
Dampierre, ſeigneur de Bourbon , où il eſt parlé de cinq cents
livres de la monnoie de Gien,
M. l'abbé
COMTES DE GI E N. 25
M. l'abbé Lebeuf décrit , d'après Cholet , une monnoie
d'argent portant cette légende : STEPHANVS COMES GENA
:

BENSIS 900 ( a ) ; d'où il conclud qu'il y avoit à cette époque


un comte de Gien , du nom d'Étienne, qu'il dit ( je ne fais ſur
quel fondement) être des comtes de Vermandois, deſcendans de
Pepin , roi d'Italie , ſecond fils de Charlemagne. M. de Saint-Abel
a adopté cette opinion dans ſon hiſtoire des comtes de Gien ; mais
pour en démontrer la fauſſeté, il ſuffit de faire deux obſervations ;
1.° ſur le Genabenſis ; puiſqu'il eſt prouvé que Gien n'eſt point
l'ancien Genabur , cette légende peut tout au plus indiquer un
0

comte d'Orléans. 2.° Sur le ſtyle de cette monnoie , qui n'eſt


point celui des monnoies du même temps , comme on peut le
voir dans le cours de cet ouvrage. On ne voit de date ſur
aucune monnoie de France du x.° ſiècle & des quatre ſuivans.
D'ailleurs, les comtes de Gien n'étoient pas aſſez conſidérables
en 900 , pour battre déjà monnoie , dans un temps ſur-tout où
très-peu de ſeigneurs en avoient acquis le droit. Ces réflexions

( a ) M. de Saint- Abel ne ſe reſſouvient pas dans quel ouvrage de l'abbé


Lebeuf il a trouvé la deſcription de cette pièce ; ce n'eſt certainement pas
dans la diſſertation ſur Genabuni, imprimée dans le tome II de ſon . Recueil
de divers écrits, &c. & dans laquelle il a cependant eu ſoin de citer exactement
tous les monumens du moyen âge où il croyoit trouver le nom de Gien
exprimé par Genabum ; ce n'eſt pas non plus dans la longue note ſur Gien ,
qu'il a fait entrer dans la ſuite au commencement du ſecond volume de ſes
Mémoires pour l'hiſtoire d'Auxerre. Il faut que ce ſoit dans quelqu'autre
production poſtérieure de l'abbé Lebeuf, ou bien dans quelque note détachée ,
du genre de celles de la main qui ſe conſervent en grand nombre , mais
fans ordre , dans la bibliothèque du chapitre d'Auxerre. M. de Saint- Abel
ſe rappelle ſeulement que l'abbé Lebeuf n'a point indiqué l'ouvrage de
Cholet qui lui a fourni la monnoie en queſtion ; on penſe qu'il n'a pu
la rencontrer que dans ſes Mémoires manuſcrits & peu connus , dont on a
donné une courte notice dans la Bibliothèque hiſtorique de la France ,
some III , n.° 35804.
Tome II. D
26 COMTES DE GIE N.
détruiſent , ce me ſemble, la poſſibilité de l'exiſtence de la
monnoie rapportée par Cholet.
Celles qui nous reſtent de Gicn , paroiſſent avoir été toutes
frappées dans le même temps & par le même ſeigneur. Le nom
GOSEDVS qu'elles préſentent, n'eſt certainement que celui de
Godefridus, défiguré par le monétaire. On verra une monnoie
des Géoffroi, comtes d'Anjou , où le même nom eſt eſtropié
d'une manière à peu-près ſemblable.
Il y a eu trois ſeigneurs ou comtes de Gien , du nom de
GÉOFFROI : Geoffroi de Semur, qui vivoit au commencement
du XI. fiècle ; Géoffroi II , fils de Hervé I & ſon ſucceſſeur,
vers l'an 1093 , qui mourut vers 1112 ; Géoffroi III , petit- fils
du précédent , qui devint baron de Donzi & ſeigneur de Gien ,
PL . LXXIII . environ en 1120 ; il mourut vers 1160 .
N.° 1 . GOSEDVS Comes (a) . R. GIEMEnsis civitas. Denier de
billon , tiré du Recueil de M. de Boze.
N. 2 . GOSEDVS comes . B. GieMense Caftrum . Idem . Ibidem .
N. 3 : GOSEdys comes. R. GIEMIS CA ( pour Giemenſe Caftrum ,
ou Giemenſis civitas ) . Même matière. Même Recueil.
N. 4: GOSEDVS comes. RL. GIEMIS CAftrum . Idem . Ibid .
N.° 5 : Mêmes légendes. Obole de billon. Cab. de M. de Boullongne.
N. ° 6. Denier de billon , offrant les mêmes légendes que les deux
pièces précédentes , quoique d'un coin différent. Même Cabinet.

(a) Sur toutes ces monnoies , le ſeigneur de Gien prend le titre de


comte. « On ne connoît , dit M. de Saint - Abel, aucune charte d'érection
» de la ſeigneurie de Gien , en comté ; il eſt probable que ce titre aura été
» pris par ſes premiers ſeigneurs, d'après l'uſage des Romains, d'établir un
> >

» chef ( comes ) dans les lieux de quelque importance. Au ſurplus, beaucoup


» de chartres varient ſur la dénomination de comtes ou feigneurs de Gien ;
» & même , dans quelques - unes on voit ces deux titres employés
indifféremment. »
V
COMTES DE GIE N. 27
Depuis Philippe-Auguſte , Gien a toujours été poſſédé ou par
les rois ou par des princes de leur ſang, auxquels ils l'ont donné ,
juſqu'au comte de Chevreuſe, à qui Louis XIV le donna en
1646 ; il paſſa, en 1649 , au chancelier Seguier; en 1700 , à
madame de Verneuil ſa fille, enſuite au duc de Sulli , & enfin
à M. Feydeau de Marville , qui l'acquit en 1750. Ce magiſtrat
eſt mort au mois de décembre 1787 , doyen des conſeillers
d'état. Lc comté de Gien eſt actuellement poſſédé par M. le mar
quis de Brou , ſon fils, conſeiller d'état , directeur général des
économats , nommé en novembre 1788 , premier préſident de la
Cour des Aides.

COMTES DE BOULOGNE .

BOULOGNE , Bononia , Bononia oceanenſis , Geforiacum


morinorum ; Eumenius l'appelle Geſoriacenſes muri, Geforiacenſe
littus , & Bononienſis oppidi littus. Le Boulonois a environ
douze lieues de long ſur huit de large ; il eſt dans la baſſe
Picardie , entre le comté de Guines , l'Artois , le Ponthieu
& l'Océan .
Le Boulonois étoit anciennement compris dans le pays des
Morins, & fit partie du comté de Ponthieu juſqu'au IX.° ſiècle,
qu'Helgaud I , comte de Ponthieu , le donna à Hennequin ſon
gendre , neveu de Baudouin-le-Chauve , comte de Flandre. Ce
comté paſſa, au xu 11. ſiècle , dans la maiſon d'Auvergne ,
par la ceſſion qu'en fit , en 1260 , Henri III , duc de Brabant ,
à ſon couſin Robert VI , comte d'Auvergne. En 1477 , Louis XI
en traita avec Bertrand VI de la Tour, comte d'Auvergne , &
lui donna en échange le comté de Lauraguais. Le Boulonois
fut réuni à la couronne , & Louis XI y érigea une ſénéchauſſée.
>

Voyez l’Art de vérifier les dates.


La monnoie ſuivante a été frappée par RENAUD , comte
D ij
28 COMTES DE BOULOGNE .
de Dammartin , quatrième mari d'Ide d'Alſace qu'il épouſa vers
1190. Le roi Philippe- Auguſte confiſqua, en 1212 , le comté
de Boulogne ſur Renaud devenu rébelle , & l'envoya deux ans
après priſonnier au château de Péronne, où ce ſeigneur mourut
P. LXXIV .
en 1227
N.° s .
RENALDUS COMes. Dans le champ , BOLUNVM . R. BOLVNENE.
Denier d'argent. Cabinet de 11. de Boullongne & de M. de
Boze.
C'eſt mal - à-propos que cette pièce eſt placée la première ſur
la planche , elle doit être précédée des quatre ſuivantes , qui lui
ſont antérieures. Elles ont été frappées par un comte de Bou
logne nommé EUSTACHE , mais dont il eſt difficile de fixer
le règne , parce qu'il y en a eu quatre de ce nom . Le premier
régna depuis 1046 juſque vers 1049 ; le ſecond , depuis la
mort d'Euſtache I , juſqu'en 1093 : le troiſième, ſucceſſeur du
>

précédent, vivoit encore en 112 ;; & le dernier régna depuis


1150 juſqu'en 1153 .
N. ° 2 . EVSTACIVS. R. OMNSFIL . SVLºj, Denier d'argent , tiré de
. .

la collection de Pembrock. M. Ducarel l'a fait graver auſſi.


N.° 3 . EISTACHĪVS. Sur le revers ſe voient des figures hiérogly
phiques. Denier d'argent peſant dix - huit grains & demi, & qui
ſe trouve dans le cabinet du college Corpus Chriſti, à Oxford.
N ° 4. EVSTACHIVs. Le revers eſt comme celui de la pièce pré
cédente , occupé par des figures hiéroglyphiques. Denier auſſi
d'argent, & du poids de dix - huit grains. Cabinet du docteur
Gifford, à Londres.
N's . EVSTACHIVs. R. VRBS BONONIE. Denier d'argent. Cabinet
de M. Fréderic, à Londres. Il ſe trouve auſſi dans le Recueil
de M. de Boze.
29
COMTES DE PONTHIEU.
LE PONTHIEU , Pagus Pontivus, faiſoit anciennement partie
du pays des Morins. Sa longueur actuelle s'étend depuis la
rivière de Canche , qui le ſépare du Boulonnois, juſqu'à la
Somme qui le ſépare du Vimeu. Sous les premiers rois Carlo
vingiens , il comprenoit le Boulonnois , le Vimeu , le Ternois ,
Guines , Ardres , & autres pays le long de la mer.
Le comté de Ponthieu fut érigé au moins dans le vii .' ſiècle,
& même dès ce temps il étoit héréditaire.
En 1279 , Jeanne de Ponthieu , qui avoit épouſé Ferdinand III,
roi de Caſtille , étant morte , ſa fille Éléonore lui ſuccéda dans
le comté de Ponthieu : celle - ci s'étoit mariée , en 1254 , à
Édouard I , roi d'Angleterre. Édouard III , leur petit- fils, qui
refuſoit au roi de France l'hommage du comité de Ponthieu ,
le perdit & le recouvra pluſieurs fois. Enfin , en 1369 , le roi
Charles V s'empara de tout le Ponthieu. Charles VI en diſpoſa
en faveur du prince Jean ſon fils, depuis Dauphin. En 1583 ,
le roi Henri III le donna à Diane , ſa four naturelle. Après la
mort de cette princeſſe, Louis XIII donna le Ponthieu à Charles
de Valois , fils naturel de Charles IX. Marie -Françoiſe de Valois,
petite - fille de Charles de Valois, n'avoit la jouiſſance du comté
de Ponthieu que pour la vie , & l'on croit que ce n'eſt qu'après
ſa mort que ce comté fut réuni à la couronne.
Il paroît , par les monnoies que je vais décrire , que les comtes
de Ponthieu battoient monnoie au moins dès le xii .' ſiècle. Le roi
Philippe-le -Hardi permit , en 1283 , au comte de Ponthieu , qui
étoit alors Édouard I , roi d'Angleterre , de battre monnoie dans
ſon comté , à condition qu'elle ſeroit du même poids & au même
aloi que celle des anciens comtes de Ponthieu , & qu'elle n'auroit
cours ailleurs qu'en ce conté. Les anciens comtes faiſoient frapper
leurs monnoies à Abbeville , capitale du Ponthieu.
Pl. LXXIV . 30 COMTES DE PONTHIEU .
N.° 1 .
WILLELMUS COMES. Dans le champ , PONTIV. R. ABBA
TISVILLE ( Abbeville ) . Denier de billon. Cab. de M. Haumont.
N. ° 2 .
WILLELMUS Comes. Dans le champ, PONTIV ( Ponthieu ) .
R. ABBATISVILE. Denier de billon. Cab. de M. de Boullongne.
Il y aa eu trois comtes de Ponthieu du nom de GUILLAUME.
Le premier vivoit en 957 ; le ſecond , ſurnommé Talvas ,
mourut en 1172 ; & le troiſième , régna depuis 1191 juſque
vers I 221.
N.° 3 :
10 Hannes COMES PONTIvi. RC. MONETA ABISVI ( monnoie
d'Abbeville ). Ce denier elt de billon , & du cabinet de M. de
Boullongne .
N.° 4. IOHannes COMES PONTIvi. RC. ABBATISVILLE.Denier d'argent.
Recueil de M. de Boze.
Nºs : Johannes COMES PONTIVI. R. ABBATISVILLI . Denier auſſi
d'argent, pris dans le même Recueil.
N.° 6. IOHANNES COMES . R. ABBATISVILLE. Denier de même
matière. Même Recueil.
Deux contes de Ponthieu ont porté le nom de JEAN. Le
premier eſt Jean I , qui ſuccéda à ſon père Gui II , en 1147 ,
& mourut en 1191 ; le ſecond eſt Jean de Neſle , qui épouſa,
· en 1260 , Marie , cointeſſe de Ponthieu . Il quitta le titre de
comte de Ponthieu à la mort de ſon épouſe , arrivée en 1279 .
N : 7. EDWARDVS REX. R. MONETA PONTIV ( monnoie de Pon
thieu ). Obole d'argent. Traité de M. Ducarel, planche VIII,
n . 103 .
N. 8. Autre obole d'argent, préſentant les mêmes légendes que la
première , mais d'un coin différent. Recueil de M. de Boze.
NO 9 . EDOARDVS REX. R. MONETA PONTivi. Obole d'argent.
Même Recueil.
N.° 10 . EDVARDVS REX. R. MONETA PONTIVI. Denier d'argent.
Meine Recueil.
COMTES DE PONTHIEU . 31 PL . LXXIV .
EDCARDVS REX. R. MONETA PONTIvi. Obole de billon , N.° 11 .
tirée du cabinet de M. de Boullongne.
ÉDOUARD I , roi d'Angleterre , duc d'Aquitaine, devint ,
à la mort de la reine de Caſtille, mère d'Éléonore ſa femme,
comte de Ponthieu & de Montreuil , en 1279. Son fils & ſon
petit-fils , nommés comme lui , lui ſuccédèrent dans ce comté.
On ne ſauroit décider auquel de ces trois princes il faut attri
buer chacune des cinq pièces précédentes.
Voyez Venuti ‫ ;و‬Ducarel i; Snelling ; Du Cange ‫ ;و‬l'Hiſtoire
;

généalogique de la maiſon de France du P. Anſelme; l'Art


de vérifier les dates , & l'Hiſtoire de Ponthieu de Jacques
Sanſon .

SEIGNEURS D'ABBEVILLE.
ABBEVILLE , Abbatis villa , Abbavilla , Abacivocilla , ou
>

Abacivovilla , ville dans la balle Picardie , capitale du comté de


Ponthieu .
Au Regiſtre intitulé : Ordinatio ſuper facto monetarum , où
ſe trouve l'ordonnance de Philippe - le - Bel, faite à ce ſujet en
1295 , on voit qu'Abbeville a reçu l'attribution du droit de
faire battre monnoie.

Jacques Sanſon , carme - déchauffé , dans ſon Hiſtoire chrono


2

logique des Majeurs d’Abbeville , chap. XV , page 32 , a fait


graver trois anciennes monnoies d'Abbeville , dont deux ſont de
l'un des trois Édouards rois d'Angleterre , qui ont été maîtres
de cette ville. Voyez l'article précédent.
Du Cange nous donne la ſuivante , qui eſt d'argent , & qui n . 12.
porte d'un côté : ABBEVILLE , & de l'autre : SIT NOMEN DO
Mini BENEDICTVM.
32
COMTES DE BOURGOGNE .
Le cointé de BOURGOGNE ou la FRANCHE - COMTÉ ,
Burgundiæ Comitatus , eſt bornée au nord par la Lorraine ;
à l'eſt par le Montbeliard & la Suiſſe ; à l'oueſt par le Baſſigny
& la Breſſe , & au ſud par la Breſſe. Les Séquaniens, peuples
les plus vaillans des Gaules, habitoient ce pays.
>

Hugues le Noir, fils puîné de Richard - le - Juſticier , duc de


Bourgogne , fut , ſelon Dom Plancher , le premier comte héré
ditaire de Bourgogne, vers 915 ; il relevoit du roi de France.
Après avoir ſubi plufieurs révolutions, cette province parvint,
en 1530 , à Charles-Quint, & demeura unie à l'Eſpagne juf
qu'en 1674 , que Louis XIV en fit la conquête. Elle fut cédée
à la France par le traité de Nimègue, en 1678 .
La monnoie eſtevenans , ne tire pas ſon nom ( ſelon M. Dunod
de Charnage ) des premiers comtes de Bourgogne nommés
Étienne , mais de celui de ſaint Étienne , patron de l'une des
cathédrales , à laquelle Arduic , archevêque de Beſançon , ou
quelqu'un de ſes ſucceſſeurs , avoit fait part du droit de battre
mionnoie , accordé par Charles-le -Chauve à l'égliſe de Belançon .
Les archevêques de Beſançon prétendoient que le droit dont
ils jouiſſoient, étoit excluſif. En 1339 , Hugues VI qui occu
poit alors ce ſiége, excommunia Eudes IV , duc & comte de
Bourgogne, parce qu'il faiſoit faire de la monnoie à Auxonne,
& il mit cette ville en interdit ; mais le duc de Bourgogne ſe
fit abſoudre par un délégué du faint-Siège, & obtint du Pape
la levée de l'interdit de la ville d'Auxonne. Il paroît que les
ſucceſſeurs d'Eudes IV au comté de Bourgogne, n'ont pas ceſſé
de frapper monnoie à Auxonne , mais qu'ils l'ont fait avec moins
de liberté & plus rarement ; car au commencement du xvi .° ſiècle,
les états du comté de Bourgogne repréſentèrent à l'archiduc
Philippe
-
COMTES DE BOURGOGNE.. 33
Philippe (a) , ſouverain de ce comté , que le droit excluſif dont
jouiſſoit l'archevêque de Beſançon , de battre monnoie dans ſon
diocèſe , rendoit les eſpèces fort rares dans cette province , ce
qui obligeoit d'y recevoir celles des provinces étrangères, pour
un prix au-delà de leur valeur. L'archiduc en écrivit à l'arche
vêque , alors François de Busleiden : ce prélat déféra aux raiſons
du prince , & il fut convenu que l'archiduc & ſes ſucceſſeurs au
comté de Bourgogne, pourroient à l'avenir battre toutes ſortes
de monnoies d'or & d'argent , de tel poids & de tel aloi qu'ils
voudroient ; qu'ils en fixeroient librement le cours & la valeur,
& que pour dédommager l'égliſe de Beſançon , les comtes &
2

comteſſes de Bourgogne lui payeroient annuellement, ſur les


ſalines, une rente de quarante livres eſtevenans.
Voyez ci -devant , à l'article des ducs de Bourgogne , les
monnoies frappées par ceux des comtes de Bourgogne qui poſſé
doient en même temps le duché.
L'Empereur Charles-Quint ſuccéda, en 1530 , dans le comté
de Bourgogne, à Marguerite d'Autriche fa tante. Il a frappé ,
comme comte de Bourgogne, les deux monnoies ſuivantes. PL. LXXV.
Carolus V Romanorum Imperator Comes BVRGVNDIE. RE. MO- N.° 1 .
neta Comitatus BVRGVNDIE ( Charles - Quint, empereur des
Romains, comte de Bourgogne. Monnoie du comté de Bour
gogne ) 1550. Dans le champ , au -deſſus des armes du prince ,
ſe trouve un D , qui indique que cette pièce a été frappée à
Dôle , ville la plus conſidérable de la Franche - Comté , après
Beſançon ; elle eſt d'argent, & pèſe dix-huit grains. Cabinet de
M. de Boullongne.

(a) Philibert II , duc de Savoie , avoit épouſé, en 1501 , Marguerite


d Autriche , gouvernante des Pays -bas & comteſſe de Bourgogne ; il mourut
en 1904
Tome II. E
Pl. Lxxv. 34 COMTES DE BOURGOGNE .
N. ° 2.
Mêmes légendes. Le revers eſt d'un coin différent, il préſente
la même date. Billon peſant quatorze grains. Même Cabinet.
PHILIPPE II monta en 1556 ſur le trône d'Eſpagne, par
la ceſſion volontaire de Charles-Quint ſon père 3; il mouruten
1598. Il a frappé la monnoie ſuivante.
N.° 3. . Philippus Dei Gratia Rex Hispaniarum comes BVRGundie
( Philippe , par la grâce de Dieu , roi d'Eſpagne, comte de
Bourgogne ) . R. Moneta COMITATUS BVRGYNDIE ( monnoie du
comté de Bourgogne ) . Dans le champ , au -deſſus des armes ,
1563. Pièce d'argent peſant quatorze grains. Cabinet de M. de
Boullongne.
Voyez l'Hiſtoire de Bourgogne de Dom Plancher ; celle de
Beſançon par Dunod de Charnage ; & l'Art de vérifier les dates.

BESANÇON , VILLE IMPÉRIALE .


L'empereur Charles - Quint permit , en 1537 , à la ville de
Beſançon d'établir un hôtel des monnoies , & d'y frapper monnoie.
Cette ville eut ſoin de fabriquer des eſpèces ſi belles & d'un aloi
ſi juſte, quelles firent tomber la monnoie de l'archevêque , qui
ne s'eſt jamais relevée depuis. Voici quelques - unes de ces
monnoies.
PL . LXXV.
N.° 1 . La première eſt un ducat avec cette légende : MONEta AVREA
BISVNtii 1541 ( monnoie d'or de Beſançon ). Dans le champ ,
les armes de la ville. R. CAROLVS V. IMPERATOR. Dans le
champ , l'empereur eſt debout , revêtu des ornemens impériaux.
Léonard -Wilibald Hoffman.
N.° 2 .
MONEta civitatis BISVntinæ 1546. Sur le revers , ſe voient
le buſte de l'Empereur , & la même légende que ſur la première
pièce. Denier de billon. Cabinet de M. de Boullongne.
BESANÇON , VILLE IMPÉRIALE. 34 PL. LXXV.
Pièce d'argent peſant vingt - trois grains , & tirée du même N.° 3 .
cabinet. Elle eſt ſemblable à la précédente , ſi ce n'eſt qu'elle
eſt plus large , & qu'elle porte dans le champ , au -deſſus des
armes de la ville , la date 1544.
MONETA civitatis imperialis BISONTinæ 1624. Le revers eſt N.º 4.

ſemblable à celui de la pièce précédente , avec cette exception ,


que le buſte eſt ſans couronne , & qu'on remarque au -deſſous
le chiffre 8 , qui déſigne que cette pièce eſt de la valeur de
huit ſous. Elle eſt d'argent, & pèſe deux gros huit grains.
Même cabinet.

Florin d'argent peſant trois gros & demi huit grains ; il eſt auſſi N.° s .
dans le cabinet de M. de Boullongne . Il porte pour légende ces
mots : MONETA CIVITatis IMPerialis BISVNTINÆ ; & dans le
champ , l'aigle de l'Empire , ſurmonté de la couronne impériale ;
>

au revers : CAROLVS QVINTUS ROMAnorum IMPERATor. Dans


le champ , ſe voient l'empereur debout , & la date 1662 .
La ville de Beſançon avoit tant de vénération pour Charles
Quint , que plus de cent ans après ſa mort , elle mettoit encore
ſon nom & ſon buſte ſur ſes monnoies.
Voyez l'Art de vérifier les dates , & l'Hiſtoire de Beſançon
par M. Dunod de Charnage.

METZ , VILLE IMPÉRIALE ..


Othon II déclara cette ville impériale , & lui permit de faire
battre monnoio à ſon coin ; droit qu'elle conſerva juſqu'en 1652 .
La ville de Metz jouit conſtamment de ſes anciennes préro
gatives juſqu'à la paix du Câteau - Cambreſis , en 1559 ; mais
elle étoit toujours ſous la protection de la France. Le traité de
Munſter , en 1648 , réunit définitivement la ville de Metz à la
couronne de France.
E ij
Pl. LXXV. 36 METZ , VILLE IMPÉRIALE.
N. ° 1 .
MONETA NOVA METENSIS 1629. R. Sanctus STEPHANUS
PROTHOMARTIR . Thaler ou gros écu d'argent tiré du cabinet
impérial de François I.
N. ° 2 .
BENEDICTUM SIT NOMEN Domini noftri IHeſy XPR ( Chriſti).
Légende intérieure : GROSSVS METEnſis ( gros de Metz ) . La
o

légende du revers eſt la même qu'au n.°


n . 1. Ce gros eſt d'argent,
& ſe conſerve dans le cabinet de M. de Boullongne.
N.° 3 . MONETA NOVA METENsis ( monnoie nouvelle de Metz ) .
Dans le champ , les armes de la ville , & au -deſſous III Groſſi,
c'eſt-à-dire, trois gros , valeur de cette pièce ; le revers offre la
0

même légende que le n .° 2 , & la date 1621. Cette nonnoie eſt


d'argent , du poids de trente - cinq grains , & ſe trouve chez
M. Pagnon d'Ijonval.
N. 4 .
FLORENVS CIVITATIS METENSIS ( florin de la ville de Met ) .
Le revers de ce florin d'or eſt ſemblable à celui du ni 1 , >

& quoiqu'il ne porte point de date , il paroît être à peu - près


du même temps. Il pèſe un demi-gros vingt-cinq grains. Cabinet
de M. de Boullongne.

COMTES DE CALAIS ET OYE .


CALAIS , Calectum ou Caliſia , ville de France en Picardie ,
>

au comté de Guines , eſt ſituée au bord de la Manche qu'on


nomme Pas de Calais, parce que c'eſt - là que le paſſage de
O

France, dans l'iſle de la Grande-Bretagne , eſt le plus court.


Cette ville eſt à ſept lieues oueſt de Dunkerque , à trente-deux
ſud -eſt de Londres, & à ſoixante- une de Paris. Ce n'étoit autre
fois qu'un village qui dépendoit du comté de Boulogne. Son port
fut commencé à la fin du x.' ſiècle, ſous le règne de Baudouin IV,
dit le Barbu , comte de Flandre ; on le nomma Scalas ou Perreſe.
Philippe-de-Hürpel, comte de Boulogne , fit, en 1228 , entourer
!
COMTES DE CALAIS ET OYE . 37
la ville de murailles & y éleva un château . Édouard III , roi
d'Angleterre , la prit en 1347 , après un ſiége très -long. Les
Anglois la conſervèrent juſqu'en 1558 , que le duc de Guiſe la
prit. Calais fut priſe de nouveau en 1596 , par Albert , archiduc
d'Autriche , gouverneur des Pays-Bas pour le roi d'Eſpagne, &
rendue deux ans après à Henri IV, par le traité de Vervins.
OYE , petite ville de France dans la baſſe Picardie , à une
lieue de Gravelines , capitale du comté de même nom >, a ſuivi
conſtamment le ſort de Calais , dont elle n'eſt diſtante que de
deux lieues. Dictionn . de la Martinière.
ÉDOUARD III , roi d'Angleterre , fils d'Édouard II &
d'Iſabelle fille de Philippe-le-Bel , eſt proclamé roi en 1327 ,
& meurt en 1377. Ses monnoies frappées à Calais , qu'il prit ,
comme on vient de le dire , en 1347 , ſont celles qui ſuivent. PL . LXXVI.
EDWARDus Dei gratia REX ANGlie FRAncie Dominus HY- N. 1.
bernie z ( & ) AQuitanie ( Édouard , par la grâce de Dieu , roi
d'Angleterre & de France , ſeigneur d'Irlande & d'Aquitaine ) .
RC. POSVI DEVM ADIVTOREM MEVm ( j'ai pris Dieu pour mon
aide ) . Légende intérieure : VILLA CALESIE. Gros d'argent, tiré
de la collection de Pembrok ; il ſe trouve auſſi dans Ducarel ,
planche IX , ° n . 113 .
Autre gros d'argent preſque ſemblable , excepté que le mot N.* 2.
Francie eſt omis ſur celui - ci ; il pèſe ſoixante -ſept grains. Cabinet
de M. Jean White.

EDWARDVS REX ANGLie Dominus HYBernie. Le revers eſt n.° 3.


ſemblable à celui du n.' 1. Demi-gros d'argent, tiré de la col
lection de Pembrok .
HENRI IV , fils de Jean , duc de Lancaſtre , eſt proclamé
roi d'Angleterre en 1399 , & meurt en 1413 . .

HENRICus Del GRAcia REX ANGLIE FRANCIE. R. POSVI N. 4.


38 ĆOMTES DE CALAIS ET OY E.
DEVM ADIVTOREM MEVM VILLA CALicie. Ce gros diffère des
gros ordinaires de Calais , par l'orthographe du nom Henricus ,
& parce qu'il pèſe treize grains de plus que les gros de Calais de
Henri V , & douze grains de plus que ceux de Henri VI . On
>

le nomme teſtart , & ſon poids eſt de ſoixante - douze grains.


Voyez Haultin , Folkes & Ducarel, planche IX , n . 120 .
HENRI V, fils d'Henri IV & de Marie de Héreford , eſt
PL . LXXVI .
couronné le 3 avril 1413 ; il décéde en 1422 .
N. s . HENRICus Del Gratia REX ANGLIE ET Francie . R. POSVI
DEVM , & c. Légende intérieure : VILLA CALisie . Demi - gros
d'argent, du poids de dix -ſept grains & demi , & qui ſe trouve
dans la collection de M. Snelling .
N.° 6. HENRICUS REX ANGLIE. R. VILLA CALisie. M. Ducarel
nomme cette pièce demi-fou ; elle eſt d'argent, pèſe ſept grains ,
& fe trouve dans la collection d'André Gifford .
N. 7. HENRICVS REX ANGLIE. R. VILLA CALisie. Sou d'argent
peſant treize grains. M. Ducarel, planche IX n . 18.
N.° 8 . HENRICus Del GRATia REX ANGLIE FRANcie. R. POSVI
DEVM ADIVTOREM MEVM . VILLA CALISIE. Gros d'argent.
M. Ducarel, planche IX , ni' 116.
HENRI VI , fils de Henri V & de Catherine de France ,
âgé ſeulement d'environ dix mois , fut, en 1422 , proclamé roi
après la mort de ſon père. Il régna en Angleterre ſous la tutelle
du duc de Gloceſter , & en France ſous celle du duc de Betfort,
& décéda en 1471 .
N. 9. HENRICus Del GRATIA REX ANGLIE ET FRANcie. R. POSVI
DEVM , & c. VILLA CALISIE. Pied - fort d'un gros d'argent, du
poids de deux cents trente - ſix grains, ſe trouve dans la collec
tion du docteur Betteſworth. M. White poſsède un pareil pied
fort, mais il ne pèſe que cent dix-huit grains.
COMTES DE CALAIS ET OY E. 39 PL . LXXVI .
Gros d'argent preſque ſemblable; il pèſe cinquante -ſept grains. N." 10.
Cabinet d'André Gifford.
HENRICVS REX ANGLie. Rr. VILLA CALisie. Demi- fou N.: 11 .
d'argent, du poids de ſept grains ; il ſe trouve dans la collection
de M. Tutet. Voyez auſſi Ducarel.
HENRICVS REX ANGLIE . B. VILLA CALISIE. Sou d'argent N. 12.
peſant treize grains. En nature.

COMTES DE CHAMPAGNE .

LA CHAMPAGNE , Campania, a été ainſi nommée , à cauſe


de ſes vaſtes & fertiles campagnes. Cette province eſt un des
douze grands gouvernemens ; elle eſt bornée au nord par le
Hainault & le Luxembourg ; à l'eſt par la Lorraine & la Franche
Comté ; au midi par le duché de Bourgogne, au couchant par
l'Ile de France & le Soiſſonnois.

TROIES , Auguſto-bona, Auguſto-mana , Trecæ , capitale de


la Champagne, l'étoit autrefois des Tricaſtes ou Tricaſes , qui
confinoient avec les Sénonois & les Lingons ou Langrois. Dans
les partages que firent de la monarchie les enfans de Clovis I
& ceux de Clotaire I , la Champagne étoit en partie compriſe
dans le royaume d'Auſtraſie.
Herbert ou Heribert , comte de Vermandois , II . du nom ,
eſt le prernier comte de Troies que l'on connoiſſe; il mourut
en 943 : Étienne I , ſon petit-fils, décéda en 1019 , ſans poſtérité,
& en lui finit la première race des comtes de Champagne.
Eudes II , comte de Blois , ſon plus proche parent, obtint du
roi Robert l'inveſtiture du comté de Champagne, & commença
la ſeconde race .
En 1335 , Philippe- le- Long, comte d'Évreux, & ſon épouſe
Jeanne , fille de Louis - Hutin comte de Champagne , puis roi
de France , renoncèrent , entre les mains du roi Jean , aux droits
S P AGNE
40 COMTE DE CHAM .
qu'ils avoient ſur ce comté ; & en 1361 , il fut réuni à la
couronne .

Les comtes de Champagne battoient leurs monnoies à Provins.


C'eſt une ville de la baſſe Brie , que ces comtes eſtimoient
beaucoup ; ils y avoient un palais , où ils ont quelquefois demeuré
avec leur cour. Du temps de Charlemagne , il y avoit déjà
dans cette ville une fabrique de monnoies , & il eſt ſouvent
parlé des deniers & des ſous de Provins , dans les auteurs &
les titres du commencement & du milieu de la troiſième race.
Le Blanc, monnoies de France.
Dans une charte de Gauthier II , évêque d'Autun , de
l'an 1197 , cinquante ſous de Provins ſont eſtimés un marc

d'argent. Columbi opuſcula varia , page 636.


Comme il y a eu pluſieurs comtes de Champagne du nom
de THIBAUT , on ne peut pas attribuer les pièces ſuivantes à
l'un plutôt qu'à l'autre ; voici la ſuite de ces comtes.
Thibaut I , depuis 1047 juſque vers 1090 .
>

Thibaut II , ſurnommé le Grand , depuis 1125 juſqu'en


" 152 .
Thibaut III , fils puîné du roi Henri I , depuis 1197 juf
qu'en 1201 .
Thibaut IV, fils poſthume de Thibaut III , lui ſuccéda, &
mourut en 1253 ; il eut pour ſucceſſeur ſon fils
Thibaut V, roi de Navarre , décédé en 1270.
PL . LXXVII.
N.° 1 . TEBALT COMES ( Thibaut , comte ) . R. CASTRI PRYVNIS
( château de Provins, Pruvinum ). Denier de billon. M. de
Boze i; & cabinet de M. Pagnon d'Ijonval.
N.° 2. Même légende , coin différent. R. CASTRI PRVVINS. Billon.
Même cabinet ; & Du Cange.
N.° 3 . TEBAV COMES. R. CASTRI PRVVINs. Denier auſſi de billon . .
Même cabinet ; & M. de Boze.
TEBALT
COMTES DE CHAMPAGNE. 41
PL . LXXVII.
TEBALT COMES. R. CASTRI PROVINS. Denier de même N. 4
matière. Recueil de M. de Boze ; & cabinet de M. Pagnon
d'ljonval.
TEBAVL COMES . R. CASTRI PRVVINS . Obole tirée du cabinet N.° s .
de M. de Boullongne .
TEBAV COMEs. Le type & le revers comme au n .° s . Denier N.° 6.
de billon. Recueil de M. de Boze.
TEBAT COMES. Type différent. RC. CASTRI PRVVins. Denier N.° 7.
de billon peſant dix grains. Cabinet de M. Haumont.
Il y a eu trois comtes de Champagne du nom de Henri ; il
n'eſt pas poſſible de diſtinguer auquel d'entr'eux appartiennent
les huit pièces ſuivantes.
Henri I , dit le Libéral, depuis 1152 juſqu'en 1181 .
Henri II ſon fils lui ſuccéda , & périt en 1197 .
>

Henri III , ſurnommé le Gros , comte Palatin de Champagne


& de Brie, roi de Navarre , mourut,en 1274. Ce prince étoit
frère de Thibaut V, auquel il ſuccéda , & il fut père de Jeanne,
qui porta le comté de Champagne au roi Philippe. IV.
HENRICUS COMES . R. CASTRI PRVVINs. Denier de billon , N.° 8 .
tiré du Recueil de M. de Boze.

Mêmes légendes , type différent. Argelati, pl. V , n.' 101 . N. 9 .

Mêmés légendes , avec différence dans le type. Billon . Cabinet N.° 10.
de M. de Boullongne .
Mêmes légendes , type différent. Denier de même matière , N.: 11 .
tiré de M. de Boze .

Autre denier de billon d'un type différent. Glof.de Du Cange. N.° 12.
HENRIcus Comes. R. TRECAS CIVITAS ( la ville de Troies ) . N. 13 .
Billon. Recueil de M. de Boze ; & cab. de M.de Boullongne.
Mêmes légendes ; type. différent. Même matière. Cabinet de N.: 14.
M. de Boullongne.
Tome 11. F.
PL. LXXVII. 42 COMTES DE CHAMPAGNE.
N .: 15 . SENATVS Populus Que Romanus ( le Sénat & le peuple de
Rome ) . RC. ROMA CAPVT MVNDI ( Rome chef du monde).
Dans le champ de cette pièce , on voit une marque aſſez
ſemblable à celle des précédentes. Elle eſt auſſi de billon , & ſe
trouve dans Argelati , planche V , n.' 102 .
Il y avoit autrefois à Provins une manufacture de draps de
laine , dont les Romains faiſoient tous les ans des achats conſidé
rables. Les marchands de Provins , portant à Rome leurs draps ,
ſtipuloient dans leurs factures le prix monnoie de Provins. C'eſt
pour la facilité de ce commerce , que le ſénat Romain frappoit des
monnoies preſque ſemblables à celles des comtes de Champagne ,
m
& qui ne ſe diſtinguoient que par leurs légendes & par le ono
gramme s ( Senatus ), qui ſe voit ſur le revers. Ph. Argelati.
COMTES DE CHARTRES .

CHARTRES , Autricum , Carnutes & Carnutum , capitale du


>

pays Chartrain , dans la Beauce , ſituée ſur l'Eure , à dix-neuf lieues


ſud -oueſt de Paris , & à quinze nord -oueſt d'Orléans.
2

Thibault ou Thiébolt , gendre de Robert-le-Fort, comte de


Blois , & proche parent de Rollon , duc de Normandie , acheta ,
vers 890 , la ville de Chartres , d'Haſting, chef des Normands.
Son fils Thibaut I , dit le Vieux & le Tricheur, comte de Blois ,
prit le titre de comte de Chartres , & le tranſmit à ſes deſcen
dans , les comtes de Blois. En 1286 , Jeanne de Châtillon ,
comteſſe de Blois & de Chartres , vendit ce dernier comté au
roi Philippe-le - Bel. Ce prince le donna , en 1293 , à Charles ,
>

comte de Valois ſon frère , & père de Philippe de Valois , qui


le réunit à la couronne. En 1528 , le roi François I l'érigea en
duché en faveur d'Hercule d'Eſt , duc de Ferrare & de Renée
de France ſa femme, fille du roi Louis XII. Après leur mort ,
le duché de Chartres reyint au domaine. Louis XIII l'en détacha
1

COMTES DE CHARTRES . 43
1

en faveur de Gaſton ſon frère, & Louis XIV l'a érigé en pairie 1

en 1661 , en le donnant à ſon frère Philippe , duc d'Orléans.


C'eſt aujourd'hui l'apanage du fils aîné de Monſeigneur le duc
d'Orléans.
Choppin , Domaine de France , nomme le comte de Chartres
le quinzième des ſeigneurs àà qui le Roi a donné le privilege de
faire battre monnoie.
Le comte de Chartres n'avoit droit , le 28 de novembre
1315 , de forger que des monnoies blanches , le Roi ſeul ayant
le droit d'en forger d'or.
Le roi Philippe-le-Long acquit , le 14 mai 1319 , de Charles
ſon oncle , comte de Valois , ſes monnoies de Chartres & d’An
>

jou , où il ſe commettoit de grands abus , moyennant cinquante


mille livres de petits tournois. Le Blanc , page 235 .
Les deniers du comte de Chartres , devoient être à trois den . dix
grains argent-le-roi , à la taille de deux cents trente-cinq au marc ;
& les mailles à deux den. vingt-un grains de loi , argent-le-roi. La
>

livre de cette monnoie , valoit trois ſous quatre deniers de moins


que celle au coin du Roi ; de ſorte que les quatorze deniers n'en
devoient valoir que douze du coin du Roi. Regiſtre de Lothier. Pl. LXXVIII.
Henricus Comes CARNuTensis civitas. Pied - fort de billon , N.° 1.
peſant cinquante-huit grains. Cabinet de M. de Boullongne.
Cette monnoie , ainſi que les ſuivantes , eſt d'ÉTIENNE,
appelé auſſi Henri, fils de Thibaud III , comte de Blois & de
Chartres, & premier comte de Champagne , mort en 1090.
Hugues , l'aîné de ſes deux fils , eut en partage le comté de
Champagne , & ceux de Blois & de Chartres échurent à Étienne.
Ce dernier mourut en Paleſtine dans un combat contre les
Sarraſins , en 1102 .
Henricus Comes CARTIS CIVIS ( Henri comte , ville de N.° 2.
Chartres ) . Autre pied - fort de billon , peſant un gros cinquante
quatre grains. Même cabinet.
F ij
44 COMTES DE CHARTRES. -
Pl. LXXVIII .
N. 3 . Henricus Comes CARTIS civis . Denier de billon peſant :
vingt- un grains. Il ſe trouve auſſi dans le cabinet de M. de
Boullongne .
N.° 4 : Obole ou moitié de la pièce précédente. Elle pèſe dix grains.
En nature .
N.° s . CARTIS CIVITAS ( ville de Chartres ) . Denier de billon', du
poids de dix -huit grains. Cabinet de M. Pagnon d'Ijonval.
N.° 6. Même légende , type différent. Ce denier eſt auſſi de billon ,
& pèſe vingt - un grains. Cabinet de M. de Boullongne.
N. ° 7 Autre denier avec la même légende , mais un peu différent .
dans le type. Il. pèſe vingt- un grains. En nature.
N.° 8 . Obole avec la même légende , & un type différent; poids ,
ſept grains. Cabinet de M. Haumont.
N.° 9 . Autre obole , avec quelque différence dans le type ; les légendes ·
ſont les mêmes ; ſon poids eſt de douze grains. Même Cabinet.
N.° 10 . Autre ſemblable à la précédente , mais d'un type différent.
Elle ſe trouve dans le Recueil de M. de Boze.
N. ° 11 . R .... COMes CARTIS Civitas . Denier de billon tiré de Du
Cange , & frappé ſans doute par RICHARD , vicomte de
3

Beaumont & de ſainte - Suſanne, premier mari de Mahaut ,


comteſſe de Chartres en 1249. Ce ſeigneur ne vivoit plus
en 1253
N.° 12 . Obole portant pour légende : CARTIS ciyitas. Cabinet de
M.Pagnon d'Ijonval.
Voyez Du Cange ; Choppin ; le Blanc ; Orderic Vital, &
l'Art de vérifier les dates.

COMTES DE DREUX.

DREUX , Drocæ , Drocas caſtrum , Durocaſis, Durocaſſes , &c.


ancienne ville de France dans le Vexin François , . capitale du
.

comté de même nom , ſituée ſur la Blaiſe , à ſept lieues de

1
COMTES DE DREUX . 45
Chartres , à dix -huit ſud -oueſt de Paris , & à vingt lieues ſud -eſt
de Rouen .
Cette ville fut, à ce que l'on prétend , fondée par Drius IV,
roi des Gaulois & principal inſtituteur des Druides , qui y
faiſoient leur ſéjour .
Le comté de Dreux , ſitué au nord du pays Chartrain , ſur
les confins de la Normandie & de l'Iſle de France , étoit origi
nairement compris dans le duché de Normandie. Dans le x.° ſiècle,
il étoit poſſédé par Landri, dont la fille le porta en dot à
Gautier I , comte de Vexin . Il paſſa enſuite à Richard I, duc.
de Normandie , & de celui-ci à Eudes II , comte de Blois , qui
le céda au roi de France. Louis -le - Jeune le donna , en 1137 , à
ſon frère Robert I , ſurnommé le Grand. En 1377-78 , Péro
nelle & Marguerite de Thouars , co - héritières du comté de
Dreux , le cédèrent à Charles V , qui le réunit à la couronne.
Charles VI , en 1382 , donna ce comté à la maiſon d'Albret ,
>

qui le poſſéda jufque vers 1550 , qu'il fut de nouveau réuni à


>

la couronne. Il a depuis été donné à François de France , duc


d'Alençon , à la mort duquel , en 1584 , il a paſſé à Charles de
Bourbon , comte de Soiſſons; enſuite au fameux duc de Vendôme,
& enfin à ſa belle-mère , la princeſſe de Condé , Palatine , dont
la ſucceſſion a été partagée .
Il n'y a pas eu de comtes de Dreux du nom de HUGUES ;
on trouve ſeulement des alliances des filles de cette maiſon avec
d'autres ſeigneurs de ce nom .
0

1.° Éliſabeth , dame de Baudement, fille de Robert de France,


premier comte de Dreux , & d'Agnès de Baudement, ſa troiſième
1
femme ( en : 152 ) épouſa en 1178 Hugues III , ſeigneur de
Broyes & de Château - villain.
2.° Éléonore , fille de Robert II , comte de Dreux , & d'Iolande
de Couci, ſa ſeconde femme , épouſa, vers 1205 , Hugues IV,
ſeigneur de Châteauneuf-en-Timerais.
E S X
MT U
CO DE RE .
46 D .
O

3.° Iolande de Dreux , fille de Robert III , comte de Dreux ,


& d'Aénor de Saint-Valeri , que ce comte épouſa en 1210 ,
mariée en 1229 à Hugues IV , duc de Bourgogne.
Un de ces ſeigneurs aura peut - être fait battre monnoie à
PL. LXXVIII .
Dreux avec le titre de comte .
N. ° 1 . HVGO COMITI ( Hugues comte ) . R. DRVCAS CASTIA ( le
château de Dreux ) . Denier de billon, Cabinet de M. de
Boullongne, & M. de Boze.
Il y a eu cinq comtes de Dreux portant le nom de ROBERT ;
ainſi, il eſt difficile de ſavoir auquel attribuer les deux pièces
ſuivantes; voici d'abord la ſuite de ces comtes :
Robert de France , I." du nom , ſurnommé le Grand ,
cinquième fils de Louis -le-Gros , roi de France , fut comte de
Dreux depuis 1137 juſqu'en 1188 .
Robert- le - Jeune, ſon fils, lui ſuccéda, & mourut en 1219 .
Robert III , fils de Robert II , & ſon ſucceſſeur , mourut en
1233 .
Robert IV , petit - fils de Robert III , ſuccéda, en 1248 ,
à ſon père Jean I , & décéda en 1282 .
N. 2. Robert V , ſon petit- fils , régna depuis 1309 juſqu'en 13 29.
F ... , ROBERTVS. ( On ignore ce que peut ſignifier la pre
.

mière lettre ) . Dans le champ , ACOES ( pour comes). R. DRVCAS


CASTEllum. Cabinet de M , de Boullongne, & M. de Boze.
N.° 33 • ROBERTVS. Dans le champ , COAMES ( pour comes ) . RC. DRV
CAS CASTrA . Cabinet de M. de Boullongne.
Voyez Orderic Vital; le Gloffaire de Du Cange , & l'Art de
vérifier les dates.

COMTES DE CRÉPY ou VALOIS .


LE VALOIS , Valefium , pagus Vadenſis , pays de France ,
avec titre autrefois de comté , aujourd'hui de duché ; borné au
COMTES DE CRÉPY ou VALOIS. 47
nord par le Soiſſonnois; à l'eſt par la Champagne ; au ſud par
ta Brie & l'Iſle de France , & à l'oueſt par le Beauvaiſis.
Le Valois tire ſon nom du lieu appelé dans les anciens mo
numens Vadum , aujourd'hui Vez , capitale du Valois , depuis
qu'il a été érigé en comté.
Crépy ( en latin Crifpircum , Crepiacum , Criſpeium , Criſpia
cum ſelon L. Échard , & Criſpiacenſe caſtellum ), eſt la ville
capitale du Valois , dont elle étoit autrefois le chef -lieu. Crépy
eſt ſitué dans une vallée fertile , à treize lieues nord - oueſt de
Paris. Pepin , frère d'Héribert , comte de Vermandois , eſt
regardé comme le premier comte de Valois ; il vivoit à la fin
du ix. ſiècle. Les comtes de Crépy s'éteignirent vers la fin du
e

XI .° ſiècle : Alix , leur héritière , porta les biens à Herbert , comte


de Vermandois , d'où ils paſsèrent à Hugues de France , fils
puîné du roi Henri I. Le Valois fut réuni à la couronne ſous
Philippe-Auguſte , & a été donné depuis en apanage à pluſieurs
fils de France.
L'an 11406 , le roi Charles VI érigea le comté de Valois en
duché-pairie , en faveur de ſon frère Louis I d'Orléans-Valois.
Le duché de Valois faiſoit partie des apanages que Louis XIV
donna à Philippe ſon frère unique.
Le comte de Valois eſt nommé dans le premier mémorial
de la Chambre des Comptes de Paris , le premier ſeigneur laïc
d'entre les barons jouiſſans du droit de battre monnoie , à qui
Philippe-le-Bel écrivit pour la réformation des monnoies.
Philippe V acheta , le 14 mai 1319 , de Charles ſon oncle ,
comte de Valois , les monnoies de Chartres & d'Anjou , moyen
nant cinquante mille livres de bons petits tournois , outre cin
1 quante autres mille livres qu'il lui devoit auparavant. On en
trouve la lettre d'accord dans l’Inventaire manuſcrit du Tréſor
des chartes , à la bibliothèque du Roi , tome VI, coté 9422 ,
page 414
48 COMTES DE CRÉPY OU VALOIS .
Gui I de Châtillon , comte de Blois & de Dunois , ayant fait
battre monnoie ſous ſon nom , le procureur général fit certaines
demandes contre lui & contre le comte de Valois ſon oncle , à
raiſon de leurs monnoies , ſelon un ancien regiſtre du Parlement ,
qui ajoute, que le 13 de juin 1320 , les procureurs des comtes
ſe ſoumirent à ce qu'en ordonneroit le Roi . Du Chêne , Hiſt.
de Châtillon ;; Savot , Médaill.part . I, chap III, pag. 20 , 21 .
PL . LXXVIII.
MADEVS COMES. R. CRISPETVM. Dans le champ , CRESPI.
Denier de billon du cabinet de M. Haumont.
Cette pièce eſt de MATHIEU III , comte de Beaumont
ſur-Oiſe , qui épouſa , vers 1180 , Éléonore , dame de Valois ,
& qui prit le titre de comte de Valois.
Dans la Coutume de Valois , article 7, il eſt dit que ſoixante ſous
nerets ( fexaginta ſolidi nigri ) , valent trente -ſix ſous de Paris.
Il eſt encore parlé de la monnoie de Valois ou de Crépy , dans
les preuves de l'Hiſtoire de Soiſſons par Renauld , page 23 ;
dans Hemerée ; dans le Regelte, pages 46 & 47. & dans
l'Hiſtoire de l'égliſe de Meaux , tome II, où l'on trouve ,
page 72 , une charte de 1184 ; qui fait mention de cette
monnoie. Voyez Du Cange.

COMTES DE CLERMONT

EN BEAU VAISIS.
CLERMONT, Clarus -mons , ville avec titre de comté, au gou
vernement de l'Iſle de France près la rivière de Breſche, à cinq
>

lieues de Beauvais & de Senlis, & à quinze lieues nord de Paris.


Ce comté a eu long - temps ſes comtes particuliers. En I1251 , il
retourna à la couronne ; en 1269 , faint Louis le donna en
apanage à Robert de France , ſon ſixième fils, qui épouſa, en
1272 , Béatrix de Bourbon , fille unique & héritière de Jean de
Bourgogne,
49
COMTES DE CLERMONT.
Bourgogne, & d'Agnès de Bourbon. Leur poſtérité a joui du
comté de Clermont juſqu'au connétable de Bourbon , ſur lequel
il fut confiſqué pour crime de félanie. . /

Le 17 janvier 1310 , le roi Philippe-le- Bel acheta de Louis


de Clermont, ſeigneur de Bourbon , grand-chambrier de France ,
les monnoies de Clermont & de Bourbonnois, pour la ſomme de
quinze mille livres de bons petits tournois. Voyez Du Cange,
& le Blanc

M. de Boze aa fait graver dans ſon Recueil la pièce ſuivante.


PETRVS COMES CLARIMONTIS Trevorcii Borbonii ( Pierre , PL.LXXVIII.
comte de Clermont , ſeigneur de Trévoux & de Bourbon ) .
R. DISPERSIT DEDIT PAVPERIBVS ( il répandit , donna aux
pauvres ) . Ce denier eſt d'argent , & a été frappé par PIERRE II ,
duc de Bourbon & d'Auvergne, comte de Forès & de Clermont
en - Beauvaiſis, ſeigneur de Beaujolois , de Dombes, & c. fils de
Jean II dit le Bon , ſon ſucceſſeur en 1488 , & mort en 1503 .
Voyez l’Art de vérifier les dates.
!

COMTES DE FLANDRE .

LA FLANDRE , Flandria , province avec titre de comté , qui


ſe diviſe en Flandre Françoiſe & Flandre Autrichienne.
Pour connoître les limites de la Flandre Françoiſe , il faut
conſulter le traité d'Utrecht du 11 avril 1713 , celui de Baden ,
conclu en 1714 , & celui de Lille , connu ſous le nom de
Traité des limites.
Les principales rivières de cette province , font l'Eſcaut, la
Lys , la Deulle , l'Yper , la Marque & l'Aa.
Du temps de Céſar, la Flandre étoit habitée par les Morini,
les Nervii, les Rhuteni, les Pleumofii, les Cimbri, les Gorduni,
& pluſieurs autres peuples qui occupoient diyers cantons de la
Tome II. G

1
5o COMTES DE FLANDRE.
Flandre, & qui étcient ou ſujets ou alliés des Morini & des
Nervii. Céſar ſoumit tous ces peuples.
Sous Honorius , la Flandre étoit compriſe dans la ſeconde
Belgique.
Vers l'an 440 , les Francs commencèrent à s'emparer d'une
partie de la Flandre , & ſe rendirent enſuite maîtres de tout le
pays. Vers l'an 800 , Charlemagne établit Lideric grand-foreſtier
de . Flandre ; & en 863 , Charles - le - Chauve érigea la Flandre
-

en comté , en faveur de Beaudouin I , ſurnommé Bras -de - fer ,


,

petit-fils de Lideric.
En 1477 , Marie de Bourgogne, Ducheſſe de Brabant, fille
unique de Louis III dit de Male , comte de Flandre , porta ce
comté à Maximilien archiduc d'Autriche , puis empereur. Charles
Quint , petit-fils de Maximilien , étant devenu roi d'Eſpagne, les
Pays-bas furent réunis à cette monarchie juſqu'à la paix d'Utrecht ,
qu'ils ont paſſé à la branche Autrichienne d'Allemagne , à l'ex
ception de la Hollande , qui s'eſt formée en république.
Le comte de Flandre eſt du nombre des barons de France
!

auxquels le roi Philippe IV écrivit de lui envoyer des députés


pour l'amélioration des monnoies. Voyez Du Cange, & les
Regiſtres de la Chambre des Comptes de Paris , fol. 27 , 29.
Choppin , Domaine de France, livre II, titre VII , page 235 ,
nomme le " comte de Flandre le vingt - huitième des trente - un
ſeigneurs à qui le Roi a donné le privilége de faire battre
PL. LXXIX . monnoie.
N. 1 . Petite pièce d'argent de GUILLAUME CLITON , comte
de Flandre , fils de Robert duc de Normandie , mort en 1127.
Elle ſe trouve dans le Traité des Sceaux des Comtes de Flandre
par Olivier de Vrée. Elle eſt auſſi dans mon cabinet, & pèſe
dix grains .
N. ' 2 . Autre denier d'argent du même poids , & qui fe trouve dans
le même ouvrage , folio 9 , n. 9 , & dans le même cabinet.

)
COMTES DE FLANDRE . ST PL . LXXIX .
51
Autre denier preſque ſemblable au précédent , & peſant dix N : 3 .
grains. Même cabinet.
N
:. :4
Autre , auſſi en nature , du poids de ſix grains.
Je n'oſe pas aſſurer que ces deux dernières pièces ſont du
même comte , à cauſe des fleurs - de -lys qui terminent la croix ,
mais les figures ſe reſſemblent beaucoup.
Première légende : GRACIA DOMINI DEI NORI FACTVS N.° s.
SVM ( j'ai été fait par la grâce du Seigneur notre Dieu ) . Légende
intérieure : Philippus ellatiæ comes Flandriæ ( Philippe d’Al
face, comte de Flandre ) . R. MONETA ALOSTenſis ( monnoie
d'Aloft ) (a) . Gros tournois d'argent , frappé à l'imitation de
ceux du roi Philippe -Auguſte, par PHILIPPE d'Alſace , comte
de Flandre , qui avoit ſuccédé à Thierry d'Alſace ſon père ,
en + 168 , & qui mourut' au ſiége d'Acre en 1191 , vers la
douzième année du règne de Philippe -Auguſte. Cette pièce ſe
trouve dans le Traité des monnoies de France de le Blanc . Voyez
auſſi ines Monnoies des Rois,
Guido COMES FLANDRIE. B. CIVITAS ALOST ( la ville n . 6.
d'Aloft ). Cette pièce eſt d'argent, & ſe nomme Sterling. Elle ſe
trouve dans l'ouvrage de M. Snelling , intitulé : Miſcellaneous
Vieuws of Coins , page 30 , planche III, n . 39. On voit dans
le champ de cette monnoie , un aigle à deux têtes , arines de
la ville d'Aloft, ainſi que de Cambrai,

(a) Aloft , ville des Pays-bas dans la Flandre Autrichienne , a eu autrefois


ſes comtes. Ce comté fut fondé dans le xi .' ſiècle , & fut d'abord poſſédé
par les avoués de ſaint Bavon de Gand , qui deſcendoient, à ce que l'on
croit , des comtes de Gand établis par Otton. Le premier de ces ſeigneurs
fut Raoul, qui eut pour fils Baudouin de Gand , ſurnommé auſſi d'Aloft.
Les comtes d’Aloft s'éteignirent dans le xii . ſiècle , & le comté fut réuni
à la Flandre. Aloft eſt ſitué ſur la Denre , entre Gand & Bruxelles , 3
ſoixante - deux lieues nord - eft de Paris.
Gij
/

52 COMTES DE FLANDRE .
GUY étoit fils de Guillaume de Dampière & de Marguerite
de Flandre , dite de Conſtantinople, aſſocié par ſa mère au gou
vernement , dès l'an 1251 ; il lui ſuccéda l'an 1280, & il décéda
PL . LXXIX
le 7 mars 1305 , à l'âge de quatre-vingts ans..
N.° 7
MARCHIE NAMVRE. R. Guido COMES FLANDRIE ( Guy ,
comte de Flandre , marquis de Namur ) . C'eſt auſſi un ſterling
du même comte , qui prend ici le titre de marquis de Namur ,
parce qu'ayant épouſé en 1264 , Iſabelle de Luxembourg, elle
lui apporta le marquiſat de Namur , qu'il céda à ſon fils Jean ,
en 1290 .
Cette pièce ſe trouve dans le même Traité , planche Ill,
no g .

ROBERT III , dit de Bethune ( du nom de Mathilde de


Béthune ſa mère ) , fils de Guy de Dampière , parvint au gou
vernement en 1305 , & décéda en 1322 .
Les trois pièces ſuivantes ſont de ce comte.
N. 8 . Robertus COMES FLANDRIE. R. MONETA ALOSTENsis. ſter
ling d'argent, peſant vingt - quatre grains. Cabinet de M. de
Boullongne.
N. 9 . ROBertus COMES FLANDrie. Rr. MONETA ALOSTENſis. Autre
ſterling d'argent, du même poids & du même cabinet.
N.° 10 . EDL 'ROBERTVS COMES ( le noble comte Robert ) . Le mot
edl, ſignifie en Allemand & en Flamand , noble , illuſtre. Rr. MO
NETA GANDES ( monnoie de Gand ) (a) u
. Autre ſterling, tiré
du Traité de M. Snelling, planche III, n . 13 , page 30.

(a) Gand , Gandavum , capitale de la Flandre Autrichienne , appartenoit


dans le x.' ſiècle aux Empereurs, qui y mirent des comtes. Dans le xi.' ,
Baudouin - le - Barbu , comte de Flandre , s'en étant emparé, ce prince & ſes
ſucceſſeurs y préposèrent des vicomtes ou châtelains , qui devinrent héré
ditaires .
COMTES DE FLANDRE . 53
On ne ſauroit diſtinguer les quinze pièces ſuivantes ; elles ſont
ou de Louis de Crécy ou de Louis de Male (b) .
LOUIS I , dit de Crécy, petit- fils de Robert de Béthune,
& fils de Louis de Nevers , ſe met en poſſeſſion des comtés de
Flandre , de Nevers & de Réthel en 1322. IIIl périt en 1346-, à
la fameuſe bataille de Créci en Ponthieu .

>
LOUIS II , dit de Male , du lieu de la naiſſance , près de
Bruges , ſuccède , l'an 1346 , au comte Louis I ſon père ; il
décéda en 1384 . PL . LXXIX.
AGNUS DEI QVI TOLLIS. PeccatA MYNDI MISERERE NOBis. N. 11 .
Au - deſſous de l'agneau on lit : LVDovicus Comes Flandriæ Rc. XPC
( Chriſtus) VINCIT XPC REGNAT XPC IMPERAT. Mouton d'or,
peſant un gros douze grains. Cabinet de M. de Boullongne.
LVDOVICUS DEI GRAtia COMES ET Dominus FLANDRIE. N.: 12.
R. XPC VINCIT & c. Ridder d'or , peſant deux engels douze
aazen. Il ſe trouve dans le Recueil d'Anvers , 1633 , & dans
l'Ordonnance de Charles -Quint, de 1548 , page 85 , n . 23. PL. LXXX .
Autre ridder d'or , avec les mêmes légendes , mais d'un coin N.°° 1.
différent, tiré du Traité de Damoreau.
LVDOVICVS DEI GRAcia COMES ET Dominus FLANDRIE. N : 2.
Rr. Première légende : BENEDICTVS QVI VENIT IN NOMINE
DOMINI ( béni foit celui qui vient au nom de Dieu ) . Deuxième
légende : MONETA DE FLANDRIA . Cette pièce ſe nomme Lion
heaume ; elle eſt d'argent & pèſe un gros trois grains. Cabinet
de M. de Boullongne.
Demi - beaume d'argent , preſque ſemblable au précédent ; il N.* 3 .
pèſe quarante grains. Cabinet de M. Haumont.

1
(b) Dom Clément dit , dans ſa dernière édition de l'Art de vérifier les
i dates , tome III , page 22 , que c'eſt ſous Louis de Male que furent frappées
les premières monnoies d'or en Flandre ; ainſi il ne reſte d'incertitude ici que
ſur l'époque des monnoies d'argent .

S
54 COMTES DE FLANDRE .
LVDOVICVS DEI GRAtia comes ET Dominus FLANDRIAE.
Au bas dans le champ , FLANDria. RC. BENEDICTVS QVI VENIT
IN NOMINE DOMINI. Au milieu du champ , ſe voit le mono
gramme du comte , & autour , Flandria. Lion d'argent, qui ſe
Pl. LXXX. trouve dans Damoreau. ,
N.S.
Autre lion d'argent; les légendes ſont les mêmes , mais le coin
eſt différent. Traité de Léonard -Wilibald Hoffmann.
N.° 6. Lion , auſſi d'argent, d'un coin tout-à -fait différent , tiré du
mêine Traité.
N. 7. Première légende : BeNeDICTUM SIT NOMEN Domini noftri
Теңfy XPI ( Chriſti ). Deuxième légende : LVDOVICus COMES.
IehſV
BC. MONETA FLANDrie. Lion d'argent ſans heaume ; il pèſe
un gros , & ſe trouve dans le cabinet de M. de Boullongne.
N.° 8 . LVDOVICus COMES FLAnDrie. RE. MONETA ALOSTENSIS
( monnoie d’Aloft ). Demi - lion d'argent peſant quarante grains.
PL. LXXXI.
Cabinet de M. Haumont.
N. 1 . LVDOVICus DEI GRAcia comes ET Dominus FLANDRIE.
R. BENEDICTVS QVI VENIT IN NOMINE DOMINI . Réal d'or
tiré du traité de Léonard - Wilibald Hoffmann , & qui ſe trouve
auſſi dans celui de Damoreau , avec quelque différence.
N.° 2. Autre réal d'or, avec les mêmes légendes , mais le coin
différent. Il ſe trouve dans l'ordonnance de Charles - Quint, >

1548 , page 85 , n .°. 2. Il pèſe deux engels vingt-quatre aazen


ou trois deniers ſix grains.
N.° 3 : Autre réal d'un coin différent. Le revers porte la légende :
XPC VINCIT &c.; poids , un gros quinze grains. Cabinet de M.de
1
Boullongne ( a ).

( a ) C'eſt cette même pièce dont parle M. de Bréquigny dans la differ


Lation ſur l'écu d'or de Louis de Bavière , imprimée dans le tome XXXVI des
Mémoires de l'Académie royale des Inſcriptions ; il y prouve que l'écu de cet
COMTES DE FLANDRE. 55 PL, LXXXI.
Réal preſque ſemblable au précédent , excepté que le comte N.° 4.
tient un écu où il y a un aigle à deux têtes. Ordonnance de
Charles - Quint, page 84 , n.° 3. Il pèſe quatre engels ou trois
deniers treize grains.
1

PHILIPPE II , dit le Hardi, duc de Bourgogne , quatrième


fils du roi de France Jean , épouſa Marguerite , fille du comte
Louis de Male , en 1369 , & devint comte de Flandre en
1384. Il mourut en 1404.
PHILIPPUS DEI GRAcia comes ET Dominus FLANDrie N.° s.

R. XPC VINCIT , &c. Réal d'or peſant un gros quatorze grains.


Cabinet de M. de Boullongne.
PHILIPPE III dit le Bon , duc de Bourgogne, fils de
Jean -fans-Peur , ſuccède à ſon père dans le comté de Flandre
en 1419 , & meurt à Bruges en 1467.
Philippus DEI GRAcia Dyx Burgundie COMES FLANdrie. N.° 6 .
RC. FIAT PAX IN VIRTVTE TVA ET HABEas ( que la paix ſoit
faite en ta vertu , & tu la poſſéderas ) . Dans le champ, GAND.
> .

Gros de billon. Cabinet de M. de Boullongne. Il ſe trouve auſſi


dans l'ordonnance de Charles -Quint ,'1548 ,page 70 , n . 1. .
Florin d'or, avec les mêmes légendes ; dans le champ , GANDA. N.° 7.
Ordonnance de Charles - Quint , page 13 , n .° 3.
1

Mêmes légendes ; dans le champ , GANDA. La légende du N.º 8.


revers eſt auſſi la même que ſur la pièce précédente. Celle - ci
eſt d'argent & vaut quatre gros. Même ordonnance.
Philippus DEI GRAcia DVX Byrgundie comes FLANdrie. N.' ,.

empereur n'a rapport à aucun évènement de ſon règne , comme l'avoient


prétendu Ludewig & M. Pfeffel ; mais qu'il eſt ſimplement imité ſur celui
de France , pour en faciliter le cours ; il donne pour exemple les écus d'or
d'Édouard III , roi d'Angleterre , & celui que l'on vient de décrire , comme
frappés également à l'imitation de l'écu d’or de Philippe de Valois.
C

56 COMTES DE FLANDRE .
R. IN Domino CONFIDO ( j'ai ma confiance en Dieu ) . Billon.
Même ordonnance.
MARIE , fille unique de Charles -le- Hardi, duc de Bour
gogne , ſe porta , en 1477 , après la mort de ſon père , héritière
de toute la ſucceſſion , mais Louis XI lui en enleva une bonne
partie ; néanmoins,elle reſta maîtreſſe de la Flandre. Sa mort
Pl. LXXXI . arriva en 1482.
N.° 10
MARIA COMITiſſa Flandrie. R. IN NOMINE DOMINI. Dans
le champ , le monogramme de la princeſſe. Billon tiré du cabinet
Pl. LXXXII. de M. de Boullongne.
N.° 1 .
MARIA DVCISSA Burgundie COMITiſſa Flandrie. R. SALVVm
FAC POPULUM TVVm Domine 1478 ( Seigneur , ſauvez votre
peuple ) . Pièce d'argent. Van - Alkemade, page 136 , n . 11 ..
N.° 2.
Joachimi, partie 1I , page 285.
MARIA DVCISSA Burgundie comitiſſa Flandrie. Dans le champ,
une M gothique , monogramme de la princeſſe. R. BENEDIC
AnimA MEA Domino ( que mon ame beniſſe le Seigneur ) 1478.
Pièce de billon du cabinet de M. de Boullongne ; elle ſe trouve
auſſi gravée dans Alkemade .
Les quatre pièces ſuivantes ont été frappées aux noms de
Maximilien & de Philippe.
L'archiduc MAXIMILIEN , fils de l'empereur Frédéric III ,
élu roi des Romains en 1486 , & empereur en 1493 , épouſa
>

la princeſſe Marie en 1477 : il lui ſurvécut, & mourut


en 1519 .
PHILIPPE IV , dit le Beau , fils de Maximilien & de
Marie , ſuccède , en 1482 , à ſa mère ſous la tutelle de ſon
père.
N° 3• Maximilianus Romanorum REX ET Philippus ArchiDVx
AV Strie Burgundie Comes Flandrie. RL. REFORMACIO GVERRE
PAX EST ( la réformation de la guerre eſt la paix ) Anno
1489 .
COMTES DE FLANDRE . 57 .
1489. Pièce d'argent qui ſe trouve dans Alkemade , f.° 157 ,
0

planche II, n . 4. PL. LXXXII.


MAXIMILIANVS REX ROMANORVM PATER ( Maximilien , roi N.: 4.
des Romains , père ) . Rc. Philippus ARCHIDUX Avstrie Dvx
BVRgundie Et Comes Flandrie. Pièce d'argent valant neuf
ſeskins. Ordonnance de Charles -Quint , page 70 , .
n . 4.
Mêmes légendes , le coin eſt un peu différent. Pièce de billon , N.° s.
nommée Oort dans la même ordonnance , page 73 , ' n. ss .
Mêmes légendes , coin différent. La valeur de cette pièce , auſli N.: 6.
de billon , elt de ſix mytens. Même ordonnance , page 73 , n.° 6.
Philippe-le-Beau devint majeur en 1494 ; il épouſa, en 1496,
Jeanne , fille & héritière de Ferdinand -le - Catholique, roi de
Caſtille & d'Arragon. Il monta ſur le trône de Caſtille en 1504 ,
après la mort de la reine Iſabelle , ſa belle - mère , & décéda
en 1506.
Philippus ARCHIDUX AVSTrie DVX BVRGundie COMES FLAN- N.: 7.
Drie. R. Sancte Phelippe INTERCEDE PRO NOBIS ( faint Phi
lippe, intercédez pour nous ). Cette pièce eſt un philippus ou
florin d'or. Voyez Corneille Van- Alkemade, & l'Ordonnance de
Charles- Quint, de 1548 , page 15 , n.° 2 .
Philippus Dei Gracia Archidux AVSTrie Et comes Flandrie. N.° 8.
Dans le champ : slys ( Écluſe) ( a). R. SPES MEA ALTISSIMVS
( le Très -hauteſt mon eſpérance ). Autre philippus ou florin d'or.
Van -Alkemade, n . 6. Ordonnance de Charles-Quint,page 16,
n . 2.
Philippus ARCHIDUX AVSTRIE Dux Burgundie comes FLAN- N. 9.
drie. Bc. DILIGITE IVSTICIAM QVI IVDICATIS TERRAM ( vous
qui jugez la terre , aimez la juſtice ). Toiſon d'or ou double

( a) L'Écluſe , Sluſa, ville & port de mer de Flandre , de la dépendance


des Provinces -unies , à trois lieues de Bruges. Elle fut priſe , en 1492 ,
par Maximilien d'Autriche.
Tome II. H
58 COMTES DE FLANDRE .
florin. Philippe Alkemade, n .' 7 ; Ordonnance de Charles-Quint,
Pl . LXXXII. page 14 , n.n 22 ..

N.° 10 . Philippus DEI GRAcia " ARCHIDux Avstrie Dvx Borgundie


Comes FLAndrie. Bc. Même légende que ſur la pièce précédente.
Autre toiſon d'or. Alkemade, n . 8. Ordonnance de Charles
PL. LXXXIII . Quint, page 14 , °
n . 3.
N.° 1 . Philippus DEI GRAcia ARCHIDux Avstrie et comes Flan
drie. Dans le champ , suvs ( Écluſe ). R. AB INIMICIS LIBERA
ME , Domine ( Seigneur , délivrez - moi de mes ennemis ) 1492 .
Double briquet d'argent. Alkemade, folio 157 , planche II,
n.' s ; l'Ordonnance de Charles-Quint, page 277 , nomme cette
pièce penning
N. 2.
Autre double briquet, préſentant les mêmes légendes , mais
d'un coin différent. Alkemade ; ibidem , n . 6.
N.° 3 •
Philippus DEI GRAtia ARCHIDUX AVSTRIE DVX BVRgundie
comes Flandrie. Rc. OMNIS SPIRITVS LAVDET DOMINVM ( que
tout eſprit loue le Seigneur ) ! 1499. Pièce d'argent valant deux
ſtuvers. Alkemade , folio 157 , n . 1. Ordonnance de Charles
Quint , page 67, n.° 1 .
N.' 4. Philippus Dei gratia ARCHIDUX AVSTrie Borgundie comes
Flandrie 1498. R. FIAT PAX IN VIRTVTE TVA ( que la paix
ſoit faite par votre puiſſance ). Dans le champ , GAND. Pièce
d'argent de onze dutes , nommée double Saſſener ou ſakſener,
frappée ſous le gouvernement général du duc Albert de Saxe,
pendant la minorité & l'abſence de l'archiduc ; ainſi cette pièce
a emprunté ſon nom du gouverneur. Alkemade , ibidem , n.' 3 .
Ordonnance de Charles- Quint, page 69 , n.' 1 .
N." si Philippus Dei GRAtia Dux Burgundie comes Flandrie. Dans
le champ , GAND. R. EQVA LIBERTAS DEO GRATA ( légale
liberté eſt agréable à Dieu ) . 1488. Pièce de onze ſeskins d'argent.
Alkemade , ibid . n . 4. Ordonnance de Charles-Quint, page 68,
ni' 2 .
COMTES DE FLANDRE . 59
PL . LXXXIII .
Moneta Argentea ARCHIDucis AVSTRIE BVRgundie BRA- N.° 6.
bantie comitis Flandrie ( monnoie d'argent de l'archiduc d'Au
triche de Bourgogne , de Brabant , comte de Flandre ) . Rc. sit
NOMEN DOMINI BENEDICTVM. Demi- ſtuver. Ordonnance de
Charles-Quint,page 72 , n.° 5.
Philippus ARCHIDVX Avstrie BVRGundie BRABAntie comes N : 7.
Flandrie. R. BENEDIC ANIMA MEA DOMINO ( que mon ame
béniſſe le Seigneur ) . Pièce de billon faiſant un demi- ſtuver.
0

Même Ordonnance , page 73 , n.° 1 .


Philippus ARCHIDUX Avstrie BVRGundie comes FLAndrie. N.° 8.
R. MONETA NOVA comitis Flandrie ( nouvelle monnoie, du .
comte de Flandre ) . Pièce de billon nommée Oort. Même Or
donnance , page 73 , '
n . 4,
Philippus DEI GRAtia ARCHIDVX AVstrie comes Flandrie. N.: 9.
R. SIT NOMEN DOMINI BENEDICTum . Pièce de billon faiſant
quatre mytes. Ordonnance de Charles -Quint, page 74 , n.' 1 .
CHARLES , fils aîné de Philippe , & connu enſuite ſous
le nom de Charles- Quint, ſuccède à ſon père , en 1506 , dans
le gouvernement des Pays-bas. On trouve une monnoie de ce
prince , nommée écu d'or au ſoleil, dans la même ordonnance
de Charles -Quint , page 4 , n . 1. Elle porte :
Carolus Dei Gratia Romanorum Imperator Hispaniarum REX N.º 10.
DVX BVRgundie comes Flandrie ( Charles , par la grâce de Dieu,
empereur des Romains , duc de Bourgogne , comte de Flandre ) .
Et au revers : DA MIHI VIRTYTEm CONTRA HOSTES Tyos
( donnez - moi de la force contre vos ennemis ) . Charles - Quint
gouverna l’Empire depuis 15 19 juſqu'en 1558. Comme pendant
ce long règne , il a preſque toujours fait la guerre , la légende
da mihi virtutem , &c. n'eſt pas de nature à pouvoir fixer cette
pièce à une époque même vraiſemblable.
Voyez Köhler , tome X; Joachimi ; le Traité de M. Snelling :
les Annales de l'empire, & l'Art de vérifier les dates.
Hij
60
COMTES DE HAINAUT.
LE HAINAUT , Hannonia , eſt ainſi nommé de la rivière de
Haine , qui le coupe par le milieu. Ce pays étoit autrefois habité
par les Nerviens : il eſt borné au nord par le Brabant & la
Flandre ; au ſud par la Picardie ; à l'eſt par le comté de Namur,
& à l'oueſt par la Flandre & le Cambreſis. On a beaucoup diſ
puté pour ſavoir ſi le Hainaut relevoit de la France , de l'Empire
ou de Liége ; je laiſſe cette queſtion à décider aux feudiſtes. On
le diviſe en Hainaut Autrichien , dont la capitale eſt Mons ,
Montes hannoniæ , appelée par ceux du pays Berghen , & en
Hainaut François , dont la capitale eſt Valenciennes , Valentianæ ,
>

Valentinianæ. Rainier I , ſurnommé au -long -col, eſt le premier


comte de Hainaut dont l'on ſoit certain ; il mourut en 916 .
JEAN d'Aveſne , petit- fils de Bouchard d'Aveſne & de Mar
guerite de Flandre, ſuccéda, en 1280 , à ſon aïeule Marguerite ,
dans le comté de Hainaut. Son père, nommé auſſi Jean , avoit
été déclaré héritier du comté de Hainaut , par jugement des
pairs de France rendu l'an 1246 ; mais il n'entra point en jouiſ
ſance de cet héritage , étant mort avant ſa mère , le 9 janvier
1257. Jean d'Aveſne hérita auſſi de la Hollande , & mourut le
PL.LXXXIV . 22 août 1304 ; il a frappé les monnoies ſuivantes.
IOHannes COMES
N.° 1 . HANONIE ( Jean , comte de Hainaut ) .
.

R. VALENCENENCIS ( de Valenciennes ). Sterling d'argent , qui


ſe trouve dans le Recueil des monnoies des Pays-bas , publié par
Corneille Van- Alkemade , & imprimé à Delft en 1700 , in -folio,
planche LXIII, n .' 3 .
M. Snelling , dans ſes Miſcellaneous views of coins, imprimés
à Londres en 1769 , in - folio, planche III, °
n . 44 , donne la
même pièce , avec cette différence , que l'on n'y voit que la
première lettre du mot Johannes .
N.° 2. Même légende. Bc. MONETA MONTES ( monnoie frappée à
COMTES DE HAINAUT. 61
Mons ) . Autre ſterling d'argent. Van- Alkemade. Snelling , même
planche que celle citée plus haut n . 2 , rapporte une pièce ſem
blable à celle - ci , avec la ſeule & même différence que j'ai re
marquée ci -deſſus dans le mot Johannes. Notre pièce exiſte chez
M. Haumont , & pèſe vingt- quatre grains. PL. LXXXIV.
Iohannes COMES HANONIE. R. MELBODIENSIS. Autre ſterling N .: 3.
frappé à Maubeuge ( a). Snelling , même planche, n.° 3.
10HannES COMES HANONIE. Rr. Légende extérieure : MONETA N. 4
VALENCENENSIS ;; l'intérieure : SIGNVM CRVCIS ( le ſigne de la
croix ) . Pièce d'argent frappée à Valenciennes. Van - Alkemade,
folio 63 , n.° s.. Cabinet de M. Haumont.
IOHANNES COMES. R. HANONIE. Dans le champ , le lion de N.° s.
Hainaut. Van - Alkemade , même folio , n . 2 .
IOHANNES COMES HANOnie. R. Légende extérieure : MONETA N.° 6.
VALENCENENSIS. Légende intérieure : SIGNVM CRVCIS. Pièce
d'argent frappée à Valenciennes. Van -Alkemade, folio 63, n.° 4.
Cabinet de M.de Boullongne. Elle pèſe un demi- gros deux grains.
M. Haumont poſſède auſſi cette pièce , avec la différence qu'il y a
ſeulement IOHES au lieu de Johannes,

Légende intérieure : 10HANES COMES ; l'extérieure : IN NO- N.: 7.


MINE DOMINI NOSTRI Tehſys ChrisTI . R. HANOnie. Dans le
champ , le monogramme de Hainaut. Cette pièce eſt d'argent,

( a ) Maubeuge , Malbodium , Malobodium , ville des Pays -bas dans le


Hainaut , ſituée ſur l’Eſcaut , entre Mons & Aveſne. Il y a dans cette
>

ville un chapitre de chanoineſſes ſéculières , autrefois religieuſes Bénédictines ,


fondé dans le vil . ſiècle par ſainte Aldegonde. Elles ont le gouvernement
de la ville & de ſon territoire , & la juriſdiction ſoit au civil , ſoit au
criminel. Elles faiſoient frapper autrefois de petites monnoies de plomb ſur
leſquelles leur fondatrice étoit repréſentée. Ces pièces appelées mites, avoient
cours dans tout le Hainaut juſqu'à Bruxelles ; douze d'entr'elles valoient
un gros de Flandre.
62 COMTES DE HAINAUT.
ainſi que les deux ſuivantes. On les appeloit vieux gros de Jean
o

PL. LXXXIV. de Hainaut. Van - Alkemade , n.'


N.° 8 . Légende intérieure commeſur la pièce précédente ; l'extérieure:
XPC ( Chriſtus ) VINCIT XPC REGNAT XPC IMPERAT. R. HA
NONIE. Van- Alkemade , n . 7.
N. ° 9. Légende intérieure : 10HANES COMES ; l'extérieure : IN NO
MINE DEI NOSTRI FACTus sym ( j'ai été fait au nom de notre
Dieu ) . Le revers eſt ſans légende. Ibidem , n.° 8.
GUILLAUME I , dit le Bon , ſuccéda , en 1304 , à Jean
d'Aveſne ſon père , dans les états de Hollande & de Hainaut. II
mourut le 7 juin 1337 , à Valenciennes. Il avoit épouſé Jeanne
de Valois, ſąur du roi Philippe de Valois.
N.IO.
Légende intérieure : WILHELMUS COMES. Légende extérieure:
BENEDICTVm SIT NOMEN Domini NORI DEI TehſV XPI
( Chriſti). R. TVRONVS civis. Cette pièce ſe nommoit vieux
groș , ou gros tournois de Guillaume de Hainaut ;‫ و‬elle eſt
d'argent , ainſi que les trois ſuivantes, qui ſont auſſi des gros
0

tournois. Van -Alkemade , folio 67 , n.° 1 .


N. II .
Légende intérieure : HANONIE COMES. Légende extérieure :
Benedictym sit NOMEN Domini noftri IehſV XPI ( Chriſti ).
R. MONETA VALENCenenſis. Ibidem , n . 2.

Au revers de cette pièce on voit un lion ( anciennes armes de


Hainaut ), & au -deſſus un aigle , qui fait alluſion , non au mariage
de la princeſſe Marguerite fille de Guillaume de Hainaut, avec
l'empereur Louis de Bavière , mais à la charge de gouverneur
ou ſtadhouder, que Guillaume occupoit dans l'Empire. Voyez
Beka in Guidone 42: Epiſcopo Ultrajecti.
N. 12. Légende extérieure : GVILLELMVS COMES HANONIE ; l'inté
rieure : HAnonia Hollandia zelandia Friſia. R. MONETA VA
LENCENENSIS. Cette pièce eſt d'argent, & pèſe un demi - gros
vingt grains. Van- Alkemade, folio 67 , ni' s. Cabinet de M. de
Boullongne.
COMTES DE HAINAUT. 63 PL. LXXXV.
Légende intérieure : Gyillelmys COMES ; l'extérieure : HA- N.° 1 .
Nonie HOLLandie ZELAndie AC Dominus FRISIE . RC. MONETA
NOVA VALENCENEnſis. Souvent le Hainaut prend pour armes
quatre lions , mais ici les quatre lions peuvent indiquer le Hainaut ,
la Hollande , la Zélande & la Friſe. Van - Alkemade, ibid . n. 4 ,
où l'on trouve le double de cette pièce du même coin.
GVILLelmus COMES HANONIE. R. Première légende : MO- N.: 2.
NETA NOVA VALENCENENSIS. Seconde légende : SIGNVM CRV
cis. Pièce d'argent peſant un demi -gros cinq grains. Cabinet de
M. de Boullongne.
Autre pièce d'argent peſant trente -trois grains ; elle préſente n.: 3 .
les mêmes légendes que celle qui précède , mais le type en eſt
différent. Même cabinet.
Guillelmus COMES HANONIE . BC. VALENCENENSIS. Pied -fort N.: 4.
de billon peſant deux gros. En nature.
GUILLAUME II ſuccèda, cn 1337 , à ſon père Guil
laume I , dans ſes états de Hainaut & de Hollande. L'an 1345 ,
il périt dans une bataille contre les Friſons, le 27 ſeptembre,
ſans laiſſer d'enfans.
Même légende que ſur le n .. 4. R. BENEDICTVM SIT NO- No:
N.' s.
MEN Domini noftri. Seconde légende : MONETA VALENCE
nenſis. Van-Alkemade, folio 71 , °
n . 1. Il eſt impoſſible de
bien diſtinguer les monnoies de Guillaume I & de Guillaume II ;
j'ai ſuivi Éraſme Van - Houvelingen , qui en a fait la ſéparation.
Légende intérieure : GVILLELMUS COMES ; l'extérieure : IN N : 6.
NOMINE DominI DEI NOSTRI FACTUS SVM ( j'ai été fait au nom
du Seigneur notre Dieu ) . R. Dans le champ , HAYnonia. Pièce
d'argent peſant un demi - gros. Cabinet de M. de Boullongne.
o

Van - Alkemade , folio 71 , n.° 2 , donne la même pièce , avec


cette différence, que le mot Dni eſt omis.
GVILLelmus COMES HANONIE. B. Légende extérieure : sit N.* 7 .
64 COMTE DE HAINA .
S UT
NOMEN DOMINI BENEDICTVm ; l'intérieure : VALENCENENCIS .

PL. LXXXV.
Argent. Ibidem , n.° 7.
N.° 8 . Même légende. R. MONETA VALENCENENCIS . Ibidem , ni's .
N. 9 . GVILLELMVS COMES . R. MONETA VETVILLE . Ce lieu m'eſt
0

inconnu. Billon. Ibidem , n . 6.


N.° 10 .
GVILIELMUS COMES. Légende extérieure : Benedictum sit
NOMEN Domini noftri DEI . R. HAINOnia. Argent. Ibidem ,
n: 3 :
N.° 11 . Légende intérieure : Guillelmus COMES HAINONIæ ; l'exté
rieure : IN NOMINE PATRIS ET FILII ET SPIRITus Sancti . Rt. Les
quatre lions ſont les armes de Hainaut ; les quatre aigles ſignifient,
ou ſon alliance avec l'Empereur , à cauſe de la ſeur Marguerite ,
ou la charge de ſtadhouder dans l’Empire , dont étoit revêtu ſon
père. Ibidem , n.' 4.
.
MARGUERITE , fille de Guillaume I , ſuccéda , en 1345 ,
à Guillaume II ſon frère , dans les comtés de Hainaut & de
Hollande. Elle épouſa , en 1324 , l'empereur Louis de Bavière,
dont elle laiſſa Guillaume , à qui elle céda ſes états d'abord en
PL. LXXXVI.
1349 , enſuite en 1354. Elle mourut le 30 ſeptembre 1356.
N. ° 1 . MARGARETA COMITISſa HANONIE ( Marguerite , comteſſe de
Hainaut ) Dans le champ , HAnonia Hollandia zelandia Friſia.
R. MONETA VALENCENENSIS. Pièce d'argent peſant un gros
dix-huit grains. Cabinet de M. de Boullongne.
N. 2 . MARGARETA comitiſſa HẠNONie. Bl. Légende extérieure :
BENEDICTVM SIT NOMEN Domini noftri dei lehſV XPI (Chriſti );
l'intérieure : MONETA VALENCENENsis . C'eſt pour avoir cours en
France, que cette pièce a été timbrée d'une fleur-de -lys ; il paroît
qu'elle a été frappée, ainſi que la ſuivante , dans les dernières années
de la vie de Marguerite , lorſque cette comteſſe eut renoncé à tous
ſes domaines en faveur de ſon fils, ne ſe réſervant que le Hainaut.C'eſt
un
COMTES DE HAINAUT: 65
un gros tournois d'argent , & ſon poids eſt d'un demi-gros vingt
grains. Van - Alkemade, fol. 73 , n.°. 1 ; Cab. de M. de Boullongne. PL.. LXXXVI..
MARGARETA COMITISSA. Dans le champ , SIGNVM CRVCIS. N.° 3•
R. MONETA VALENCENENSIS. Les quatre croiſſans qui ſe voient
dans le champ de cette pièce , peuvent faire alluſion à la déca
dence des états de Marguerite. Cette pièce , gravée dans Van
Alkemade, même folio , n.º 2 , exiſte dans le cabinet de M. de
Boullongne ; elle eſt d'argent , & pèſe un demi - gros huit grains.
GUILLAUME III , dit l'Inſenſé, fils de l'empereur Louis
de Bavière & de Marguerite de Hainaut, devint comte de Hainaut
& de Hollande , en 1349 , par la ceſſion que ſa mère lui fit de ſes
états. Il eut enſuite avec elle des conteſtations , qui finirent en 1354 .
Il n'eut point d'enfans de la femme Mahaut ; il décéda en 1389 .
DVX WILLELMUS Comes HANOnie. R. MONETA VALENCE- N.: 4.
nenſis. Guillaume prend ici le titre de duc , comme ſortant de
la maiſon de Bavière. Argent. Van - Alkemade , fol. 79 , pl. II,
n . 4.
Même légende. Bc. Première légende : 10Hannes LVCAS N.° s.
MARCUS MATTheus ( Jean , Luc , Marc , Mathieu ) . Seconde
légende : MONEta NOVA VALENCEnenſis. Les quatre lions ſont
les armes de Hainaut , & dans les coins des quatre circins , on
voit les armes de Bavière , qui ſont celles de l'empereur , père de
0

Guillaume. Argent. Ibidem , n.° 2 .


DVX WILLELMus del GRAtia COMes HANONIE . R. XPC N.° 6 .
(Chriſtus ) VINCIT &c. Cette pièce eſt d'or. Voyez Van -Alke
made, folio 79 , planche III, n ". 4.
4 C'eſt le premier comte de
Hainaut qui ſe ſoit ſervi de la formule Dei gratiâ.
DVX Gvillelmus DEI GRAtia COMES Hanonie. Rt. Même N.: 7.
légende que ſur la pièce précédente. Dans le champ , quatre
aigles qui indiquent qu'il étoit fils de l'Empereur. Cette pièce eſt
d'or , & pèſe un demi-gros trente-deux grains. Cabinet de M. de
Boullongne.
Tome II. I

>
66 COMTES DE HAINAUT.
ALBERT de Bavière ſuccéda, en 1389 , à Guillaume ſon
frère , dans le comté de Hainaut & dans celui de Hollande. Il
Pl. LXXXVI. mourut à la Haye , le 13 décembre 1404.
N.° 8 .
. ALBERTVS DVX DEI GRAtia COMES HANONIE . R. MONETA
NOVA FACTA VALENCHIENNIS ( nouvelle monnoie faite à Va
lenciennes ) . On voit dans le champ de cette pièce les armes de
Bavière & de Hainaut, & au revers une croix élégante , cantonnée
>

de lions & d'aigles ; au milieu le monogramme de Hainaut.


Argent. Van - Alkemade, folio 89, n.° 6 ; Ordonnance de Charles
Quint , page 281 , n.° 1 ;i Recueil d'Anvers.
N. 9 . Pièce d'argent portant les mêmes légendes , mais d'un type
différent. Van - Alkemade , n s .
N. ° 10 , Mêmes légendes. B. XPC VINCIT &c. Pièce d'or. Van - Alke
PL. LXXXVII. made, folio 89 , planche III, n.° 5. Cabinet de M. Haumont.
N.° 1 . Pièce d'or portant les mêmes légendes , mais dont le coin eſt
différent; l’écu des armes de Bavière & de Hainaut couvert d'une
couronne impériale , parce qu'Albert étoit fils d'empereur. Van
Alkemade, ibidem , n . 1 .
GUILLAUME IV, fils d'Albert & de Marguerite de
Brieg , ſa première femme , ſuccéda, l'an 1404 , à ſon père dans
les comtés de Hainaut & de Hollande. Il mourut le 31 mai
1417 , à Bouchain , laiſſant de Marguerite de Bourgogne , ſon
>

épouſe, une fille unique qui lui ſuccéda.


N. ° 2. · GVILLELMUS DEI GRAtia COMES HANONIE . RE. XPC VIN
CIT &c. Cette pièce eſt d'or , & reſſemble, au nom près , à la
dernière d'Albert. Van -Alkemade , folio 97 ,planche III, n.° 1 .
N. 3 . GVILLELMUS DVX DEI GRAtia comes HANONIE HOLlandie
ET Zelandie ( le duc Guillaume, par la grâce de Dieu , comte
de Hainaut, Hollande & Zélande ) . R. GLORIA IN EXCELSIS
DEO ET IN TERA PAX HOMINIbus ( gloire à Dieu dans le ciel ,
& paix ſur la terre aux hommes ) . Cette monnoie eſt d'or , & fe
COMTES DE /
HAINAUT . 67
nomme le double Guillaume; on y voit un ange ailé dans le jardin
de Hollande. Au revers il y a un aigle à deux têtes , à cauſe
que le grand-père de Guillaume étoit empereur ; c'eſt pour la
même raiſon qu'il employoit la couronne impériale, comme on
peut voir ſur la pièce précédente. Ce double Guillaume eſt dans
Damoreau & dans Van - Alkemade , folio 97 , planche III,
n . 6 , où il ſe trouve en outre un demi. Pl . LXXXVII.
MONETA FORTIS VALENCENENSIS. B. GVILLELMUS DEI N.° 4.
GRAtia COMES HANONIE. Van - Alkemade , folio 97 , planche I,
n . 1 , où il y a auſſi un demi. Tous deux ſont d'argent.
DVX WILLELMVS COMES HANONIE. R. MONETA NOVA N.'s.
VALENCENENSIS. Argent. Ibidem , n . ° 3 .
Gyillelmus Dux DEI GRatia Comes HANONIE HOLLandie N. 6.
ET Zelandie. R. MONETA NOVA FACta IN VALENCIennis
( nouvelle monnoie faite à Valenciennes ) . Pièce d'argent nommée
le Jardin Hollandois ; on y voit le lion de Hollande , tenant
l'écu des armes de Bavière & de Hainaut. Van - Alkemade ,
0

folio 97 , planche II, n . 1 .


JAQUELINE, fille de Guillaume IV , lui ſuccéda, en 14'17 ,
au comté de Hainaut. Elle épouſa en premières noces le dauphin
Jean de France, fils du roi Charles VI ; en ſecondes, Jean IV , duc
de Brabant ; & en troiſièmes , du vivant de celui - ci dont elle ſe
ſépara , Humphroi, duc de Gloceltre. Ce dernier mariage fut caſſé,
& Jean IV étant mort le 27 mars 1427 , Philippe-le-Bon , duc
de Bourgogne , ſe fit reconnoître la même année comte de
Hainaut par les États du pays. Jaqueline , après avoir fait de
vains efforts pour ſe maintenir contre ce prince , fut obligée de
lui céder ce comté , l'an 1433 ; elle mourut le 8 octobre 1436.
DVCISSA IACoba Del Gracia comitiſſa HANONIE HOLlandie N.* 7.
zelandie ( la ducheſſe Jaqueline , par la grâce de Dieu , comteſſe
de Hainaut , Hollande , Zélande ) . Bc. MONETA NOVA &c. Cette
I ij
-
!

68 COMTES DE HAINAUT .
pièce eſt en or & auſſi en argent : on ignore en quel temps elle
Pl. LXXXVII . a été frappée. Van -Alkemade , folio 103 , n . 1
.

N.° 8 .. DVCISSA Iacoba BAVARIE DELPHina VIENnenſis comitiſſa


HANNOnie Hollandie zelandie ( Jaqueline, ducheſſe de Bavière ,
dauphine de Viennois, comteſſe de Hainaut , Hollande , Zélande ) .
R. Domine DVO TALENTA TRADIDISTI MICHI CETERA

( Seigneur , vous m'avez remis deux talens , et cetera ) . Cette


pièce eſt auſli en or & en argent , & il paroît qu'elle a été
frappée après la mort du premier mari de Jaqueline, entre 1415
0

& 1417. Même folio , n.° 2 ..


N ° 9.
Cette pièce eſt d'argent , & pèſe neuf grains. Elle eſt ſans
légende , mais on diſtingue aiſément la lettre h hiſtoriée, qui eſt
l'initiale de Hainaut. Cabinet de M. de Boullongne.
N.° 10 .
Celle-ci eſt d'argent , & pèſe ſept grains. On y lit VALECENE
( Valencienne ) autour de la lettre H. Dans le champ , on voit
des croiſſans comme ſur une des monnoies de la comteſſe Mar
guerite. Cabinet de M. de Boullongne.
Voyez Martène ; Dom Bevy ; Outremann ; Jean -Tobie Köhler,
& l'Art de vérifier les dates,

COMTES DU MAINE .

LE MAINE , Cenomanenſis ager , province avec titre de


duché , bornée au nord par la Normandie ; au ſud par la Tou
raine & l'Anjou ; à l'eſt par le Perche , le Dunois & le Vendômois ;
& à l'oueſt par la Bretagne. Sa capitale eſt le Mans.
Du temps de Céſar, le Maine étoit habité par les Cenomani ,
qui , ſous Honorius ſe trouvent compris dans la Lyonnoiſe
troiſième.
Le Maine étoit poſſédé à titre de royaume , ſous Clovis , par
Rigomer, prince du ſang de Mérovée. Les ſucceſſeurs de Clovis
COMTES DU MAINE . 69
1
établirent des comtes pour gouverner cette province. Le Maine
fut, ſous Charles- le -Chauve , compris dans le département des
ducs de France qui avoient ſous eux des comtes ou gouver
neurs. Le plus ancien des comtes du Maine eſt Roricon qui
8
mourut vers 841 ; mais le premier comte héréditaire eſt Hugues I ,
établi par Hugues-le-Grand , duc de France , vers 955 .
· Le comté du Maine , après avoir appartenu aux comtes
d'Anjou & aux ducs de Normandie , rois d'Angleterre, a été
donné par nos rois à des princes de leur ſang. Il a été pluſieurs
fois réuni à la couronne , & en dernier lieu , en 1481 , par >

Louis XI, que Charles II avoit inſtitué en mourant , ſon héritier


univerſel. Art de vérifier les dates.
Choppin , Domaine de France , nomme le comte du Mans
le ſeizième des trente-un ſeigneurs à qui le Roi a donné le pri
vilége de faire battre monnoie.
La monnoie Manſoiſe ſurpaſſoit le prix & l’eſtimation de toute
autre ; c'eſt ce qui a donné lieu au proverbe , un Manceau vaut
un Normand & demi , qu'il faut entendre de la monnoie & du
ſou , & non de l'homme.
Le comte du Mans avoit droit de forger monnoie blanche , le
28 novembre 1315 ; c'étoit alors Charles , comte de Valois ,
fils puîné du roi Philippe-le-Hardi; il avoit épouſé, en 1290 ,
Marguerite , fille de Charles - le - Boiteux , roi de Sicile , comte
de Provence , d'Anjou & du Maine.
Les deniers Manſois devoient être à ſix deniers de loi argent
le - roi, de deux deniers de poids ou environ , au fur de cent
>

quatre - vingt - douze pièces de taille au marć. La valeur de cette


monnoie devoit être de vingt deniers de moins à la livre que les
petits tournois , c'eſt -à-dire, que les treize manſois ne devoient
valoir que deux ſous de petits tournois. Manuſcrits de l'abbaye
de Saint- Victor do de la Tour de Londres.
70 COMTES DU MAINE.
Voyez auſſi le Blanc ; la Roque , Nobleſſe ; & Hauteſerre,
XVIII. Ducs do Comtes.
PL . LXXXVIII.
N.° 112 .
Les douze premières pièces que je donne ici , diffèrent peu
l'une de l'autre , & ne ſont pas du même coin ; elles portent
toutes les mêmes légendes , ſavoir, d'un côté : COMES CENOMAN
NIS , & de l'autre : SIGNVM DEI VIVI ( le ſigne du Dieu vivant ) ,
à l'exception que l'on remarque toujours quelques différences,
ſoit dans l'orthographe des mots, ſoit dans la forme des lettres
dont ils ſont compoſés ; elles préſentent auſſi le même mono
gramme, dont la forme ne varie que légèrement.
Toutes ces pièces ſont de billon : M. de Boullongne poſsède
les n .." 2 , 3 , 6 , 7,9
7 , 9 , 10 , 11 & 12 ; les n.ºs 1 , 44 , ‫ر‬5 ‫و‬, ‫ا‬6 , 8
& '9, ſe trouvent dans le Recueil de M. de Boze ; & Du Cange
a une pièce très-peu différente du n.' 1 .
N. 13 .
MONETA CENOMani ( monnoie du Mans ) . R. SIGNVM DEI
Vivum . Denier de billon , qui ſe trouve dans le Recueil de M. de
Boze , & dans le Gloſſaire de Du Cange.
N.° 14
Même légende. Rc. SIGNVM DEI VIVI . Ce denier , qui eſt du
cabinet de M. de Boullongne , eſt la moitié du précédent.
N.° is .
Mêmes légendes qu’au n . 14. Ce denier eſt de billon comme
les précédens , & ſe trouve dans M. de Boze.

COMTES DE VENDÔME .
VENDÔME , Caſtellum Vindocinum , Pagus Vindocinenſis, &
par corruption Vinduſniſus , ville de France dans la Beauce ,
capitale du Vendômois , ſituée ſur la Loire , à trente -huit lieues
ſud -oueſt de Paris. Ce n'étoit , du temps des Romains , qu'un
château qui tomba depuis dans la dépendance du comté d'Anjou ;
tant que le royaume de France fut diviſé, il entra dans le partage
des rois d'Orléans , & c'eſt peut-être pour cela qu'il fait encore
aujourd'hui partie du gouvernement de l'Orléanois. Les Vindoci
COMTES DE VENDÔME. 71
niens , qui habitoient autrefois ce canton de la Gaule Celtique,
formoient une cité dépendante des anciens Carnutes ; c'eſt pour
quoi les évêques de Chartres ſe maintinrent pendant long-temps
ſuzerains du château de Vendôme. Le Vendômois dépend au
jourd'hui du diocèſe de Blois.
Ce pays eſt borné au nord par le Perche ; à l'eſt par le Blai
fois ; au ſud par la Touraine , & à l'oueſt par le Maine.
Bouchard I , ſurnominé le Vieil, premier comte de Vendôme ,
fils puîné de Foulques-le- Bon , comte d'Anjou , reçut en partage
les terres de Vendôme , de Lavardin , de Montoire &c. qui for
moient ce qu'on appelle aujourd'hui le haut & le bas Vendômois ,
devenu par ſucceſſion de temps une poſſeſſion territoriale du
comté d'Anjou, dont elle avoit fait partie depuis Charles-Martel.
Bouchard I mourut , ſelon Mabillon , en 1012 ; & en 1007 ,
ſuivant la chronique de ſaint Denys.
Le Vendômois , autrefois comté , fut érigé en duché en 1514 ,
par François I , en faveur de Charles de Bourbon , l'un des der
cendans de Catherine de Vendôme, fille de Jean , VI.' du nom ,
comte de Vendôme , laquelle épouſa, en 1364, Jean I de Bourbon ,
V
comte de la Marche. Catherine de Vendóme avoit ſuccédé à ſon
frère Bouchard VII . Louis de Bourbon , fils de cette princeſſe ,
& qui régiſſoit ce comté avec elle depuis environ l'an 1402 , en
fit hommage, l'an 1403 , à Louis , II.' du nom , duc d'Anjou & roi
>

de Sicile. Charles de Bourbon , arrière-petit-fils de Louis , fut père


>

d'Antoine de Bourbon , duc de Vendôme & roi de Navarre,


qui eut pour fils Henri IV, roi de France & de Navarre.
Choppin , Domaine de France, nomme le comte de Vendôme
le dixième des trente- un ſeigneurs à qui le Roi a donné le pri
vilégie de faire battre monnoie.
Les ſeigneurs de Vendôme ne battoient que monnoie blanche
en 1226 , & le Roi ordonna qu'elle n'auroit cours qu'en leurs
propres terres , & les ſiennes par - tout.
72 COMTES DE VENDÔME.
Dans le premier Mémorial de la Chambre des Comptes , le
comte de Vendôme eſt du nombre des barons à qui Philippe
le - Bel écrivit pour la réformation de la monnoie. Il n'y eut de
comte de Vendôme , ſous ce règne , que Jean V.
Le comte de Vendômne avoit droit de forger monnoie blanche
le 28 novembre 1315. Table alphabétique des matières des
Regiſtres du Parlement. C'étoit alors Jean V , ou ſon ſucceſſeur
Bouchard VI .
Les deniers devoient être à trois deniers dix grains de loi ,
argent-le -roi, & de dix - neuf ſous ſix deniers de poids au marc
de Paris; ou ſelon le Blanc ( page 230 ) , « de deux cents trente
» quatre deniers au marc , & les mailles à trois deniers vingt- un
» grains de loi , argent - le - roi , & de dix - ſept ſous quatre deniers
» maille double au marc de Paris , & ne pourront faire que la
» dixième partie de mailles; & ainfi vaudront les mailles & les
» deniers deſſus dits , évalués l'un parmi l'autre à petits tournois &
» à mailles tournoiſes,, trois ſous quatre deniers moins la livre que
petits tournois , & les treize deniers de la petite monnoie ne
>

vaudront que douze deniers tournois de la monnoie du roi. »


PL. LXXXVIII.
Le Blanc , Manuſcrit de Saint - Victor.
-

N.° 1 . Buchardus COMES. R. VINDOCINENSIS. Billon. Cabinet de


M. de Boullongne.
Voici la ſuite des comtes de Vendôme qui ont porté le nom
de BOUCHARD.
Bouchard-le - Vieux , mort au plus tard en 1012 .
Bouchard II , fils aîné d’Adèle , comteſſe de Vendôme, qui
ſe l'aſſocia , mourut vers l'an 1030.
Bouchard III , dit le Chauve, fils de Foulques l'Oiſon , fut
comte de Vendôme depuis environ 1075 juſqu'en 1085 .
Bouchard IV , fils du comte Jean I ,mort en 1192 , prit le
" titre de comte de Vendôme du vivant de ſon père , & décéda
en I 202 .

Bouchard V,
COMTES DE VENDÔME . 73
Bouchard V ſuccéda, en 1249 , à ſon père Pierre , & vivoit
encore en 1 270 .

Bouchard VI ſuccéda , en 1315 , à Jean V ſon père , &


mourut en 1334 .
Bouchard VII , fils de Jean VI mort en 1366
I , lui ſuccéda ,
& n'exiſtoit plus en 1374 . PL. LXXXVIII .

VENDOMEnſe CASTRum. M. de Boullongne, qui poſsède ce N.° 2.


denier , en a auſſi un demi.
VENDOMEnfe CASTRum. Cette pièce , aſſez ſemblable à la N.* 3 .
précédente , ſe trouve dans le même cabinet.
Celle - ci porte la même légende que les deux précédentes , & NN.°: 4.
ſe trouve dans le Recueil de M. de Boze , & dans Du Cange.
N'S
VINDOCINO CASTRO. Billon. Recueil de M. de Boze.
À la mort de Bouchard VII , Catherine ſa ſoeur hérita du
comté de Vendôme. Elle avoit , comme on l'a dit , épouſé en
1364 , Jean de Bourbon , I." du nom , comte de la Marche.
Louis de Bourbon , leur ſecond fils , prit le nom de Vendôme , &
fit hommage de ce comté en 1403 , à Louis II , roi de Sicile,
>

à cauſe du duché d'Anjou. En 1514 , le roi François I érigea


Vendôme en duché , en faveur de Charles de Bourbon ; fils de
François de Bourbon . Pour le bonheur des François , la maiſon
de Vendôme monta ſur le trône en 1589 , dans la perſonne de
Henri -le -Grand. Ce monarque donna le duché de Vendôme ,
en 1598 , à ſon fils naturel Céſar, qu'il avoit eu de la belle
Gabrielle. La poſtérité de Céſar's'éteignit au coinmencement de
notre ſiècle, par la mort de Louis - Joſeph , duc de Vendôme ,
généraliſſime des armées de France & d'Eſpagne. Le duché de
Vendôme fut alors réuni à la couronne ; il fait aujourd'hui
partie de l'apanage de MONSIEUR , frère du Roi.
Voyez Thevet ; Belli; Galland ; la Roque ; le Traité des
i ‫ر‬

monnoies in -folio, & l'Art de vérifier les dates.


Tome II, K
74
COMTES DE NEVER S.
NEVERS , Noviodunum Æduorum , Noviodunum ad Ligerim ,
Nivernum , Nivirnum , Nivernæ , capitale du Nivernois , fituée
ſur la rive droite de la Loire , à trente lieues ſud -eſt d'Orléans ,
& à cinquante -cinq ſud - eſt de Paris.
Le Nivernois eſt borné au nord par le Gâtinois & l'Auxerrois ;
au ſud par le Bourbonnois ; à l'orient par le duché de Bourgogne ,
& à l'occident par le Berri.
Du temps de Céſar, le Nivernois étoit habité par les Vadicaſſes
& par les Boü. De la domination des Romains , il paſſa ſous
celle des Bourguignons ; mais bientôt après il fut ſoumis aux
François.
Le premier comte particulier de Nevers , eſt Rathier , qui
tenoit le Nivernois ſous la dépendance de Richard - le - Juſticier,
duc de Bourgogne en 877.
Le comté de Nevers a paſſé ſucceſſivement aux comtes de
Flandre , aux ducs de Bourgogne , à la maiſon de Clèves , &
à celle de Gonzague. Il fut érigé en duché-pairie en 1539,
en faveur de François I de Clèves. Charles III de Gonzague le
vendit par contrat du 11 juillet 1659 , au cardinal Mazarin . Ce
I

miniſtre l'a laiſſé par ſon teſtament à Philippe- Jules Mancini ſon
neveu , qui fut ſubſtitué aux nom & armes de Mazarin.
Choppin , Domaine de France , livre II, titre VII , nomme
comte de Nevers le cinquième des ſeigneurs à qui le Roi a
donné le privilége de faire battre monnoie.
Le comte de Nevers ne battoit que monnoie blanche en 1226 ,
& le Roi ordonna qu'elle n'auroit cours qu'en ſes propres terres.
Le roi Louis X , dit Hutin , ordonna à Lagny -ſur-Marne, vers
les fêtes de Noël 1315 , que le comte de Nevers , alors Louis I
de Flandre , feroit ſa monnoie à trois deniers ſeize grains de loi
COMTES DE NEVERS . 75
argent- le -roi, à få taille de deux cents trente - quatre deniers au
>

marc ; les treize deniers devoient valoir douze tournois de la


monnoie royale. Le Blanc , page 230.
GUI hérita en 1168 , de ſon frère Guillaume IV, les comtés
de Nevers , d'Auxerre & de Tonnerre , qu'il garda juſqu'à ſa
mort , arrivée en 1175. Il nous reſte de ce ſeigneur la pièce
ETCH ſuivante.
Pl . LXXXIX.
GVIDO COMES ( Gui , comte ) . R. NIVERNenſis civitas N.° 1 .
( la ville de Nevers ) . Denier de billon , tiré du cabinet de
M. de Boullongne.
HERVÉ IV , baron de Donzi & ſeigneur de Gien , épouſa
en 1199 , Mahaut première comteſſe de Nevers , d'Auxerre &
de Tonnerre , fille de Pierre de Courtenai, & d'Agnès comteſſe
de Nevers. Ce mariage fut le fruit de la médiation du roi Philippe
Auguſte , & comme le ſceau de la réconciliation de Pierre de
Courtenai & d'Hervé , qui s'étoient fait la guerre à l'occaſion de
la terre de Gien. Hervé décéda en 1223 .
COMES ERVEVS. R. NIVERNIS CIVITas ( la ville de Nevers ) . Ce N.: 2.
denier eſt de billon , & ſe trouve dans le Recueil de M. de Boze.
ERTIS CONS ( pour Ervis ou Erveus conies ). R. NIVERCIS N.* 3.
( Nevers ) . Denier de même matière , & tiré du même auteur .
MAHAUT II , fille d'Archambaud IX fire de Bourbon ,
& d'Yolande fille de Gui de Châtillon & d'Agnès de Donzi ,
ſuccéda, en 1257 , à Mahaut I ſa biſaïeule, & mourut en 1262 .
La fleur - de - lys qui ſe voit ſur la pièce ſuivante, me la fait
plutôt attribuer à Mahaut II qu'à Mahaut I.
Mathildis COMITISSA. R. NIVERNenſis civitas. Denier de N.* 4..
.
billon , tiré du cabinet de M. Pagnon d'Ijonval.
EU DES ou ODET , fils aîné de Hugues IV , duc de
>

..
Bourgogne , avoit épouſé, en 1247 , Mahaut II qui précède ; il
mourut au plus tard en 1269 .
K ij
Pl. LXXXIX . 76 COMTES DE NEVERS .
N.° s . ODO COMEs. Dans le champ , les anciennes armes de Bour
gogne. R. NIVERNENSIS. ( Eudes , comte de Nevers ). Billon.
>

Cabinet de M. de Boullongne. M. de Boze donne une pièce


preſque pareille.
JEAN - TRISTAN , comte de Valois , troiſième fils du roi
ſaint Louis , épouſa , en I1265 , Yolande , fille aînée d'Eudes de
Bourgogne & de Mahaut. Ce prince mourut devant Tunis , le
3 août 1270 .
N.° 6. Ioannes Filius REGIS FRANCIE ( Jean , fils du roi de France ).
R. Comes NIVERNENSIS . Denier de billon . En nature .
ROBERT de Dampierre épouſa , en 1272 , la veuve
du comte de Valois. Après la mort de cette dame , arrivée en
1280 , Louis I de Flandre ſon fils aîné , lui ſuccéda fous la
tutèle de ſon père ; mais celui - ci conſerva toujours le titre de
comte de Nevers juſqu'en 1305 , qu'il ſuccéda lui-même à Gui
ſon père , dans le comté de Flandre ,
Ni 7
ROBERTVS COMES. R. NIVERNENSIS. Dans le champ , le
lion de Flandre. Billon. Cabinet de M. de Boullongne.
N.° S. Autre denier de billon portant les mêmes légendes , mais d'un
coin différent. Recueil de M. de Boze.
N.° 9. Obole de billon , avec les mêmes légendes. En nature.
Comme il y a eu trois comtes de Nevers portant le nom de
LOUIS , il n'eſt pas poſſible de décider celui à qui l'on doit attri
buer chacune des pièces ſuivantes. Louis I de Flandre poſſéda
le comté de Nevers depuis 1280 juſqu'en 1322 ; Louis II , dit
de Creci, depuis 1322 juſqu'en 1346 , & Louis III , dit de Male ,
1 >

depuis 1346 juſqu'en 1384.


N.° 10. LVDOVICVS COMES. R. NIVERNENSIS. Denier de billon , tiré
du Recueil de M. de Boze.
N. 1 . Autre denier de billon , avec les mêmes légendes ; le coin eſt
différent. Elle ſe trouve auſſi dans M. de Boze.
COMTES DE NEVERS . 77 PL . XC .
OT
Mêmes légendes , coin différent. Cab. de M. de Boullongne. N. ° 1 .
.
Autre avec quelque différence. En nature. N. 2 .

Autre denier preſque ſemblable aux précédens. Cabinet de N.* 3 .


M. Pagnon d'Ijonval.
TI CHARLES II de Gonzague, fils de Louis de Gonzague &
d'Henriette de Clèves , ſuccéda à ſon père dans le duché de Nevers
& le comté de Rethel , en 1601 , & décéda en 1637.
Arches , Arcæ Rhemorum , étoit autrefois un petit bourg ,
ſitué dans le Réthelois , ſur la Meuſe à quatre lieues de Sedan ,
entre Méſières & Rocroi : les rois de la ſeconde race y avoient
un palais ;; dans la ſuite, les comtes de Rethel l'ont poſſédé en
principauté , comme Château-Renaud & les autres terres voiſines,
ſituées en deçà & au-delà de la Meuſe. Lorſque les deux prin
ceſſes de Clèves , Henriette & Catherine , filles de François I de
Clèves , premier duc de Nevers en 1521 , partagèrent les biens
de leur père , la ſouveraineté de Château- Renaud échut à Cathe
rine , & Henriette qui étoit ſon aînée ſe réſerva la terre d'Arches,
où les ducs de Nevers & depuis de Mantoue, ont toujours eu
une cour ſouveraine, juſqu'à la mort du dernier duc de Mantoue ,
Charles IV , arrivée en 1708 : alors la princeſſe douairière de
Condé , à qui il étoit dû beaucoup ſur la maiſon de Gonzague,
ſe mit en poſſeſſion de la terre d'Arches , après en avoir fait
hommage à Louis XIV. Charles de Gonzague y bâtit en 1609 ,
à quelque diſtance , une ville qu'il nomma de ſon propre nom
Charleville. La ville d'Arches , quoique réduite à l'état de village
depuis cette fondation, conſerve néanmoins toujours le titre de
3 principauté. Charles II de Gonzague, & ſon ſucceſſeur, y ont
frappé monnoie ſous la qualification de princes d'Arches.
Karolus DVX NIVernenſis ET RETHelenſis supremus Princeps N.° 4.
ARCHenſis ( Charles de Gonzague, duc de Nevers & Rethel ,
d prince ſouverain d'Arches ) . 1607. R. SIGNACVLVM CORDIS
I

MEI DEVS ( Dieu eſt le ſceau de mon cæur ) . Dans le champ,


78 COMTES DE NEVERS .
deux monogrammes du prince. Pièce de cuivre de la valeur de
Pl . XC .
deux liards . En nature.
N. ° 5 : CAROLUS GONZAGA
GONZAGA Dux NIVERNenſis ET RETHelenſis.

Rr. SV Premus PRINCEPS ARCHENSIS. Dans le champ , 1609 .


Cette pièce eſt de la même matière & de la même valeur que
la précédente , & ſe trouve dans le Recueil d'Anvers.
N. ° 6. Autre pièce de deux liards ; mêmes légendes ; coin différent.
En nature .
N.° 7° Charles De Gonzague Duc DE NEVERS. Exergue , 1609 .
R. DENIER TOURNOIS . Aufli en nature.
N. ° 8 . CAROLVS GONZAGA DVX NIVERNEnſis ET RETHelenſis. Dans
le champ , xxx ( ſous) 1611. R. SVPREMVS PRINCEPS AR
CHENSIS . FIDES . Il exiſte une moitié du même coin . Ordonnance
du Roi de 1615. Voyez auſſi Köhler , tome X, page 293 .
N.° 9 . Charles De GONZague Duc DE NEVERS. Exergue , 1609 .
R. DOVBLE TOVRNOIS . Cuivre. En nature.
M. de Milly poſsède une pièce pareille à la précédente , avec
XCI la date 1610.
Pl.. xci.
N.° 1 .
CARolus GONZAga Dux NIVErnenſis ET RETHelenſis. Exergue,
1 6 II . R. SV Premus PRINCEPS ARCHENSIS . Pièce de deux liards.
Cabinet de M. Pagnon d'ljonval.
N.° 2.
Carolus DVX NIVERNENsis Et Rethelenſis. Exergue , 1613 .
RI. DEI GRatia PRINCEPS ARCHENSIS . Même valeur. En nature,
N° 3• Mêmes légendes ; coin différent. Même valeur & cabinet.
N. ° 4 CHARLES I DVC DE MANToue souverain D'arches . R. DOVBLE
DE CHARLEVille. 1636. Cuivre. Cabinet de M. de Boullongne.
N s. Même légende. R. DOVBLE DE LA SOVveraineté D'arches.
1637. Cette pièce eſt auſſi de cuivre & du même cabinet.
Les pièces qui reſtent à décrire , ſont de CHARLES de
Gonzague, III . du nom des ducs de Nevers , & II .° des ducs de
Mantoue ; il étoit petit - fils de Charles II , & lui ſuccéda , en
1637 , dans les duchés de Nevers , de Mayenne & de Rethel ,
COMTES DE NEVERS . 79
qu'il vendit en 1659 au cardinal Mazarin. Ce ſeigneur termina
ſes jours en 1665 . Pl. XCI.
CHARLES II DVC De Mantoue. R. DENIER TOVRNOIS. 1651. N.° 6.
Cuivre . En nature.
Même légende ; coin différent. 1652. Cuivre tiré auſſi de N.° 7.
mon cabinet. N. ° 8 .

Autre de la même matière , avec peu de différence , & l'année


1653. Même cabinet. N.° 9 .

CAROLVS II Dei gratia DVX MANTuæ Mayennæ Archenſis


Princeps ( Charles II , par la grâce de Dieu , duc de Mantoue &
de Mayenne , prince d’Arches ) . Charles II , grand - père de
Charles III , avoit acquis le duché de Mayenne en 1621. R. SIT
NOMEN DOMINI BENEDICTVM . Billon . Cabinet de M. Haumont . N.° 10 .
MÉRÉAV DV MONT AV LIMPE. Sur le revers ſe voit un fort à
cinq baſtions, avec une fleur-de-lys dans le milieu. Cette pièce eſt de
cuivre , & ſe trouve dans le cabinet de M. Pagnon d'Ijonval.
Le mont Olympe , vis- à-vis Arches , eſt une petite place forte
dont on a raſé les fortifications en 1686. Baudrand , Dictionnaire
géographique.
Voyez mon Supplément, où il doit ſe trouver encore pluſieurs
monnoies de Nevers.

COMTES DE POITOU .
Le Poitou , Pictavia , eſt une province avec titre de comté ,
dont Poitiers , Auguſtoritum , eſt la capitale : elle eſt bornée au
nord par la Bretagne & l'Anjou ; au ſud par l’Angoumois & la
Saintonge ; au ſud -eſt par le Linoſin ; à l'eſt par la Marche &
le Berri , & à l'oueſt par l'océan .
Les habitans du Poitou étoient anciennement nommés Pictones :
Grégoire de Tours les appelle Pictavii ; Froiſſard Pétaux , &
80 COMTES DE POITOU.
aujourd'hui on les nomme Poitevins. Sous Honorius , le Poitou
étoit compris dans l’Aquitaine ſeconde. Les Viſigoths l'ayant enlevé
aux Romains , le poſſédèrent juſqu'en 509 , qu'ils en furent chaſſés
par Clovis.
Charlemagne , au retour de ſon expédition d'Eſpagne en 778 ,
voulant rétablir le royaume d'Aquitaine en faveur de ſon fils
Louis , nomma pour gouverner ce pays quinze comtes , dont les
fonctions devoient embraſſer la juſtice,, la guerre & les finances..
Abbon fut celui que Charlemagne prépoſa à Poitiers. Au-deſſus
de ces comtes, étoit le duc d'Aquitaine , qualité qui fut affectée
aux comtes de Toulouſe, & que ceux de Poitiers partagèrent
dans la ſuite avec eux .
Choppin , Domaine de France , nomme le comte de Poitou
le douzième des trente- un ſeigneurs à qui le Roi a donné le
privilége de faire battre monnoie.
Le comte de Poitiers, ſelon le règlement du 28 novembre
1315 , n'avoit droit de frapper que des monnoies blanches , le
Roi ſeul ayant droit d'en forger d'or. Le comté de Poitiers étoit
alors poſſédé par Philippe - le - Long, qui monta ſur le trône
en 1316.
Suivant l'Ordonnance de Lagny - ſur -Marne, les deniers de
cette monnoie devoient être à trois deniers dix grains de loi
argent - le - roi , & de dix-neuf ſous ſix deniers au marc de Paris ;
& les mailles à deux deniers vingt-un grains de loi argent-le-roi ,
& de dix -ſept ſous quatre deniers mailles doubles de poids au
marc de Paris. Ces deniers & ces mailles , évalués l'un parmi
l'autre à petits tournois & à mailles tournoiſes, devoient valoir
trois ſous quatre deniers moins la livre que les petits tournois ,
c'eſt -à-dire, que la valeur des quatorze deniers de cette monnoie ,
devoit être de douze petits tournois. Le Blanc, page 230 .
Montreuil - Bonin en Poitou , a été fort célèbre pour les
monnoies : Le Blanc fait mention , page 177 , d'une obligation
de
COMTES DE POITOU. 81

de Pierre Poralere, bourgeois de Tours , faite en 1267 au comte


1
de Poitiers , pour lui payer la ſomme de douze cents cin
3 quante livres tournois pour le défaut de la traite de la monnoie
Poitevine , fabriquée à Montreuil -Bonin ; & d'une lettre de faint
Louis à ſon frère Alphonſe, comte de Poitiers & de Toulouſe ,
dans laquelle il lui ordonne de faire ceſſer la fabrication de ſa
monnoie de Montreuil - Bonin .
3
Voici les monnoies qui nous reſtent des comtes de Poitou.
Les trois premières ſont de RICHARD I , roi d'Angleterre ,
qui devint duc d'Aquitaine & comte de Poitou , par la ceſſion
que le roi Henri ſon père lui fit de ces fiefs en 1169. Richard
céda lui-même, en 1196 , le duché d'Aquitaine & le comté de
11 Poitiers à ſon neveu Otton de Brunſwick. Pl. XCII.
RICARDVS REX. R. PICTAVIENSIS. Argent. Cabinet de N.° 1 .
M. de Boullongne.
Autre denier d'argent avec les mêmes légendes , mais d'un N.° 2.
coin différent. Même cabinet.
Obole préſentant les mêmes légendes ; le type ſeul eſt différent: N.º 3,
elle ſe trouve dans le Recueil de M. de Boze.
Les pièces ſuivantes ſont d'ALPHONSE , frère du roi ſaint
Louis , qui lui donna le comté de Poitou en 1241. Ce prince
mourut le 21 août 1271 .
ALFVNSUS COMES. R. PICTAVIENSIS. Denier d'argent tiré N. 4 .
+

!
du cabinet de M. de Boullongne .
3 · Même légende ; au revers : PICTAVIENTSIS. Argent. Même N.° s.
cabinet.
1 Autre denier d'un coin différent, avec les mêmes légendes. N. 6.
Même cabinet.
ALFVNSus comes. R. PICTAVIENSIS. Obole de billon. Recueil N ° 7 .
de M. de Boze .
5 ALFVNSVS COMES. R. PICTAVIE ET NOK ( vraiſemblable- N.: 8.
1
ment pour Tolofe ) . Même Recueil,
Tome 11. L
82 COMTES DE POITOU .
PL. XCII .
N. ° 11 . ALFONSVS COMES. R. PICTAVIE ET THOLoſe ( de Poitou
& de Toulouſe). Denier de billon , dont le poids eft de treize
grains. M. de Boze , & cabinet de M. de Boullongne.
N. 12 . Autre denier de billon , peu différent des n.º 4 , 5 & 6. II
pèſe quatorze grains , & ſe trouve dans le cabinet de M. de
Boullongne.
N. 9. PHILIPPVS COMES. R. PICTAVIENSIS. Denier d'argent. Recueil
de M. de Boze.
N.° 10 .
Autre denier d'argent, dont le revers eſt d'un coin différent.
Cabinet de M. Pagnon d'Ijonval, & Du Cange.
Dans la ſuite des comtes de Poitou , je n'en trouve pas du
nom de Philippe ; mais il y a apparence que les deux dernières
pièces auront été frappées par PHILIPPE - AUGUSTE ,
lorſqu'il confiſqua, en 1204 , le comté de Poitou ſur Jean -fans
Terre.

Ce comté fut inſéparablement réuni à la couronne ſous


Charles VII .
Voyez l'Art de vérifier les dates.

VICOMTES DE TURENNE .

TURENNE , Torina caſtrum , Torenna , Torena & Turena ,


ville de France dans le bas - Limoſin , ſénéchauſſée de Brives ,
à deux lieues de la ville de ce nom , à quatre de Tulles &
de Sarlat , & à cent quinze de Paris , avec titre de vicomté &
un château. C'étoit déjà une place forte dans le vin .' ſiècle ,
lorſque le roi Pepin la prit en 767 ſur le duc Gaifre. La vicomté
de Turenne s'étend entre le Querci , le Limoſin & le Périgord ,
& elle renferme les villes de Turenne , de Beaulieu , d'Argental , de
Saint-Céré, de Meſſac & de Coulonges , outre un grand nombre
de bourgs ou de paroiſſes, réunis en différens temps par les
VICOMTES DE TURENNE. 83
vicomtes à la ſeigneurie de Turenne. Ils faiſoient autrefois
hommage aux ducs de Guienne , comtes de Poitiers & de Li
moges ; ils le font actuellement au Roi. Le premier ſeigneur de
Turenne que l'on connoiſſe , eſt Rodolphe ou Raoul ; il vivoit
ſous Louis - le -Débonnaire , qui le décora du tiţre de comte . Ce
fut ſous Bernard que la terre de Turenne , qui n'étoit encore
qu'une ſimple viguerie, fut érigée en vicomté par le roi Louis
d'Outremer , du conſentement du comte de Poitiers, fuzerain du
Limoſin .
Geoffroi du Vigeois prétend , dans ſa chronique , que les
vicomtes de Turenne frappoient monnoie dès le douzième ſiècle,
& que le nom de Raimond I , qui vivoit en 1122 , ſe trouve
ſur un denier de la monnoie publique ; mais cette attribution
eſt incertaine , y ayant eu ſept vicomtes de Turenne ſucceſſifs
du nom de Raimond. Juſtel, dans ſon Hiſtoire de la maiſon de
$
Turenne , a fait graver deux monnoies ( les mêmes que je donne
ici ſous les n.º 1 & 3 ) , qu'il attribue auſſi , mais ſans aucun
fondement, à Raimond I ; & Du Cange obſerve que la ſeconde
de ces monnoies , qui préſente les armes de Turenne , ne peut
pas être de ce vicomte , parce que ſous ſon règne les armoiries
des familles n'étoient pas encore déterminées.
Mais quand ces monnoies n'appartiendroient pas à Raimond I ,
1
il n'en ſeroit pas moins certain que ce même vicomte a frappé
1
monnoie , puiſque les ducs de Guyenne s'obligèrent à donner
cours à ſes monnoies dans les diocèſes de Cahors, de Limoges
& de Périgueux. C'eſt de ſon nom & de celui de ſes ſucceſſeurs,
que les monnoies de Turenne ont été nommées Raimondoiſes.
Le droit de battre monnoie fut confirmé en 1251 par la reine
Blanche, & en 1280 par Philippe- le - Hardi, en faveur de
Raimond VI ; & en 1351 , par le roi Jean , en faveur de Guil
laume-Roger de Beaufort.
Le vicomte Raimond II accorda , en 1190 , à l'abbaye de
L ij
84 VICO
MTES
DE TURE
NNE
.
Beaulieu , la dixme du droit vicomtal de la monnoie. Raimond III
confirma cette conceſſion en 1209 .
Raimond IV ne battoit que monnoie blanche en 1226 , &
le Roi ordonna qu'elle n'auroit cours que dans ſes propres
terres. Traité des monnoies , folio 18 & 19. Table alphabétique
des matières des Regiſtres du Parlement.
Raimond VI ſe diſpoſant, en 1252 , à partir pour la Terre
Sainte , fit au mois d'avril ſon teſtament, par lequel , au cas qu'il
vînt à mourir ſans enfans, il inſtituoit pour héritier univerſel, ſon
frère Boſon , & lui ſubſtituoit, faute de poſtérité, Gui ſon autre
frère , auquel il laiſſoit, par proviſion, cent cinquante livres de
monnoie courante en la vicomté de Turenne.
En 1256 , le même Raimond fut inquiété pour la vicomté
de Turenne par Marguerite, femme de Bernard II , vicomte de
Comborn , & Dauphine de Roquefeuille , toutes deux filles de
Bofon , fils & collègue de Raimond III , vicomte de Turenne.
>

Le roi faint Louis , choiſi pour arbitre , jugea que Raimond


aſſigneroit ſur ſa vicomté , au vicomte de Comborn , à ſa femme
& à Dauphine de Roquefeuille, une rente de cinquante livres ,
monnoie Raimondoiſe , pour les tenir en fief, eux & leurs héri
tiers , du vicomte de Turenne, & lui en faire hommage.
Ce ſeigneur épouſa , en 1265, Agathe fille de Renaud fire
de Pons , & de Marguerite de Bragera. Le ſeigneur de Pons
donna pour dot à ſa fille , deux cents livres de rente annuelle
de monnoie courante dans la même vicomté de Turenne.
Le même vicomte donna, en 1273 , à maître Aimard-Guibert
de Martel & à ſes ſucceſſeurs , la permiſſion de battre monnoie
dans toute la vicomté de Turenne , à la charge de lui donner
>

dix-huit deniers pour chaque marc d'argent; de lui payer tous


les ans une paire d'éperons dorés ( calcariorum auratorum ), &
de lui faire hommage en lui donnant, chaque fois, un denier
de la valeur de dix ſous.
VICOMTES DE TURENNE. 85
Les trois monnoies que j'ai fait graver portent le nom de
RAIMOND. Voici la ſuite des vicomtes de Turenne qui ont
porté ce nom :
Raimond I , fils de Boſon I , lui ſuccéda en 1091 , & vivoit
encore en 1122 .
Raimond II régna depuis 1143 juſqu'en 1190 .
Raimond III , depuis 1190 juſqu'en 1212 .
Raimond IV , depuis 12 12 juſqu'en 1243 .
Raimond V, depuis 1243 juſqu'en 1245 .
Raimond VI , depuis 1245 juſqu'en 1285 .
Raimond VII , depuis 1285 juſqu'en 1304 .
PL . XCII.
RAYMVNDVS . R. TYRRENE . Billon . Du Cange ; & cabinet N.° 1 .
de M. de Boullongne.
RAIMVNDVS . R. DE TYRENA . Même matière. Recueil de N.° 2.
M. de Boze.
RAIMVNDVS. R. MONeta VICECOMItis. Billon. M. de Boze N.' 3 .
& Du Cange.
Marguerite , fille unique de Raimond VII , porta la vicomté
de Turenne dans la maiſon de Cominges , par ſon mariage avec
le comte Bernard VII. Cécile , héritière de Bernard , vendit cette
vicomté , en 1350 , à Guillaume-Roger , comte de Beaufort, qui
avoit épouſé ſa ſoeur Éléonore. De la maiſon de Beaufort, Turenne
paſſa dans celle de la Tour en 1445 , par le mariage d’Anne , fille
aînée de Pierre de Beaufort, avec Agne de la Tour, IV . du •

nom , fils -& héritier de Bertrand , vicomte de la Tour , ſeigneur


d'Oliergues en Auvergne. Charles -Godefroi, duc de Bouillon ,
de Château - Thierry & d'Albret, comte d'Evreux , &c. grand
chambellan de France , vendit la vicomté de Turenne , en 1738 ,
à Louis XV .
Voyez l’Art de vérifier les dates.
86
VICOMTES DE NARBONNE .
NARBONNE , Narbo Martius , Decumanorum colonia ,
Narbona civitas , capitale du Languedoc. On ignore l'origine de
cette ville ; ainſi c'eſt mal-à-propos qu’on a dit ci-deſſus, à l'article
de ſes archevêques , qu'elle fut bâtie l'an de Rome 636 ;; mais ce
fut cette année - là qu'elle devint colonie Romaine. Trois ans
auparavant , les Romains avoient conquis le pays des Volces ,
aujourd'hui le Languedoc , dont Narbonne étoit regardée comme
la capitale. Elle donna ſon nom à la province Romaine appelée
Narbonnoiſe , qui s'étendoit depuis les Alpes juſqu'aux Pyrénées.
Après avoir été priſe par les Wiſigoths & les Sarrazins, Pepin
le-Bref la prit ſur ceux - ci en 759 , & l'unit à ſes États. Les
marquis de Septimanie en furent les premiers comtes ; ils y mirent ,
dans le ix.' ſiècle, des lieutenans qui eurent le titre d'abord de
vidames ou viguiers , & enſuite de vicomtes ; ces vicomtes nę
devinrent héréditaires que dans le x1XI.° ſiècle.
Le plus ancien des vidames de Narbonne que l'on connoiſſe
eſt Cixilane , qui jouiſſoit de cette dignité en 802 & 849 ; &
le premier des vicomtes héréditaires eſt Aymeri ou Amauri, qui
·régna depuis 1080 juſque vers 1106.
Guillaume de Tinières vendit , en 1447 , la vicomté de Nar
bonne à Gaſton IV , comte de Foix. Le petit- fils de ce dernier
>

l'échangea , en 1507 , avec Louis XII ſon oncle maternel , contre


le duché de Nemours , & la vicomté de Narbonne fut réunie à
la couronne.
Il eſt fait mention de la monnoie de Narbonne dans des actes
du x.' ſiècle, rapportés dans l'Hiſtoire de Languedoc de doms de
Vic & Vaiſſette, & par Baluze dans ſes Conciles de Narbonne.
Les hiſtoriens du Languedoc penſent que comme les comtes
de Rouergue, marquis de Gothie , puînés des comtes de Tou
louſe, & ceux-ci leurs ſucceſſeurs, poſſédèrent le comté particulier
VICOMTES DE NARBONNE . 87
de Narbonne : c'eſt peut-être à ces princes qu’on doit rapporter
les ſous & les deniers de Narbonne , dont il eſt parlé dans des
chartres de 1057 , 1060 & 1090 ; ou bien conjointement aux
archevêques & aux vicomtes de cette ville , qui en partageoient
le domaine avec ces comtes .

23
Mahaut , vicomteſſe de Narbonne , & ſon fils Aimeri II ,
donnèrent à Jean de la Monnoie deux baux à fief de la mon
13
noie de Narbonne ; l'un , en 1104 , pour la ſomme de cent
ſous ; & l'autre , la quatrième année du règne de Louis -le -Gros
3
( 1112 ) , pour la ſomme de ſix cents ſous Melgoriens, & de
cent ſous Narbonnois.
5
Aimeri III ( a ), vicomte de Narbonne , donna , en 1215 , à
Arnauld Amaury, archevêque de cette ville , intuitu pietatis, en
3
réparation des torts qu'il lui avoit faits, & en reconnoiſſance de
ce que ce prélat les lui avoit pardonnés, la moitié de ſon droit
de battre monnoie , à la charge qu'elle ſeroit battue au nom
de tous deux , & le profit partagé .
L'archevêque Pierre Amelii eut des différends à ce ſujet avec
le vicomte Amauri IV , & il fe plaignit , en 1242 , de ce que
ce vicomte s'étoit emparé par force de fa moitié du droit de
battre monnoie.

La monnoie de Narbonne , en 1097 , étoit de la valeur de la


monnoie Melgorienne , dont cinquante ſous peſoient un marc.
En 1271 , les deniers de Narbonne étoient à trois deniers &
une obole de fin ; on tailloit vingt-cinq fous huit deniers au
marc. En 1305 , leur titre étoit de neuf deniers douze grains ;;
on tailloit vingt-ſept ſous au marc de Narbonne , & ils valoient
douze deniers pariſis. M. de Saint-Vincent.

(a) Et non pas Aimeri IV , comme on l'a dit à l'article des archevêques
de Narbonne, tome 1 , page 7 , n'ayant pas alors ſous les yeux l'édition de
1787 de l'Art de vérifier les dates , mais ſeulement celle de 1770.
88 VICOMTES DE NARBONNE.
Les trois monnoies que j'ai fait graver , les ſeules que je
connoiſſe, portent toutes le nom d'AIMERI. Je vais , avant
d'en faire la deſcription, donner la ſuite des vicomtes de Nar
bonne qui ont porté ce nom .
Aimeri' ou ' Amauri , premier vicomte héréditaire de Nar
bonne en 1080 , mourut vers 1106 .
Aimeri II , ſon ſucceſſeur, périt devant Fraga en 1134.
Aimeri III régna depuis 1194 juſqu'en 1239 .
Amalric I ou Manrique , dit auſſi Aimeri IV , ſuccéda à
Aimeri III , & décéda en 1270 .
Aimeri V régna depuis 1270 juſqu'en 1298 .
Aimeri VI , depuis 1298 juſqu'en 1328 .
Aimeri VII , depuis 1328 juſqu'en 1336.
Aimeri VIII , depuis 1336 juſqu'en 1341 .
Et Aimeri IX , depuis 1341 juſqu'en 1388 .
EIMERIHVS ( Aimeri ) . R. NARBONA Civitas. Cette pièce
Pl. XCII.
N.° 1 .
eſt ancienne , & paroît avoir été frappée dans le xi1 .' ſiècle ; elle
eſt d'argent, & ſe trouve dans le cabinet de M. Pagnon d'Ijonval
& chez M. l'Abbé de Terſan ; ſon poids eſt dedix-huit grains.
N.° 2 .
Aimericus ( ou Amabricus ) , VICECOMES NARBOnæ. R. Egidius
ARCHIEPiſcopus NARBOnæ.
Même légende. RC. ARCHIEPIſcopus NARBONE Civitatis,
N.° 3 ,
Ces deux deniers ſont d'argent, & ſe trouvent dans le Mémoire
de M. de Saint-Vincent , & dans le Recueil de M , de Boze ; ils
ont été frappés par Aimeri V ou Aimeri VI , ſous l'épiſcopat de
Gilles Aycelin (a) , & conjointement avec ce prélat.
Voyez l’Art de vérifier les dates ; Catel , Mémoires de l'hiſtoire
de Languedoc; & Valois , Notitia Galliarum , page 370 .

(4 ) Gilles Aycelin ne vivoit plus fous Aimeri VII , & l'on s'eſt encore
trompé à cet égard , à l'article des archevêques , pour la même raiſon .
COMTES
C

89
COMTES DE PROVENCE .

LA PROVENCE , Provincia , province avec titre de comté ,


2
dont la ville d'Aix eſt la capitale , bornée au nord par le Dau
phiné ; au nord -eſt par le Piémont ; au ſud par la Méditerranée ;
à l'eſt par le comté de Nice , & à l'oueſt par le Rhône. Le
comtat Venaiſſin occupe la partie de l'oueſt-nord -oueſt de cette
province.
si
Le nom de province eſt compoſé de deux mots latins , pro
& victa , c'eſt -à -dire , pour vaincue . Le nom de province déſignoit
la ſervitude ; car dès que les Romains avoient ſubjugué par les
armes quelques régions , ils la réduiſoient en forme de province .
Sous Honorius la Provence étoit compriſe , partie dans la
Viennoiſe, partie dans la Narbonnoiſe ſeconde, & partie dans la
province des Alpes maritimes. Clovis poſſédoit la Provence vers
508. L'an 869 , l'empereur Charles -le - Chauve en donna le
gouvernement à Boſon , avec le titre de duc. Ambitieux &
wid
puiſſant, Boſon aſpiroit à un titre plus haut ; il ſe fit élire roi
.
de Provence en 879 , par vingt - trois évêques aſſemblés à
Mentaille dans le Viennois. Mais les rois de France , Louis &
Carloman , ne le laiſsèrent pas tranquille dans ſes États ; ils
l'attaquèrent & prirent Vienne fa capitale , ainſi qu'Ermengarde
ſa femme, qui défendoit cette ville avec une valeur au -deſſus.

de ſon ſexe. Mais en 885 , par un traité conclu à Metz ,


Charles - le -Gros lui rendit ſon royaume , à condition qu'il lui
en feroit hommage. Boſon mourut en 887 ; il étoit beau- frère
de Charles -le- Chauve , qui avoit épouſé ſa ſæur Richilde , &
gendre de l'empereur Louis II , par Ermengarde ſa femme.
Ce n'eſt que depuis Guillaume II , ou tout au plus Guillaume I
728
ſon père , comte bénéficiaire en 968 , que l'on doit compter
les comtes de Provence comme ſouverains.
ES Tome II. M
90
COMTES DE PROVENCE .
Quant au droit que ces comtes ont eu de battre monnoie ,
nous ne ferons que répéter , ou du moins extraire ce qu'a dit
M. le Préſident de Saint-Vincent , dans un ſavant Mémoire ſur
cette matière , imprimé en entier dans les tomes II & III de
l'Hiſtoire générale de Provence , de M. Papon. Ce magiſtrat a
connu un fort grand nombre de monnoies de Provence ; nous
reproduirons ici toutes celles qu'il a fait graver , en y refondant
a

celles que nous avons pu découvrir ; de ſorte que l'on aura


dans notre Recueil une ſuite ſatisfaiſante & peut - être complette
de ces monnoies.
Par une charte du 16 août 1146 , l'empereur Conrad III
donne à Raimond de Baux ( a) & à Étiennette fa femme, le
droit de frapper à leur coin de la monnoie qui aura cours , à

l'excluſion de toute autre , dans le royaume de Provence, où


depuis les temps les plus reculés on n'en a point frappé ; il
pourra la faire fabriquer , s'il veut , à Arles , à Aix & à Trin
quetailles , pourvu qu'il n'y ait point de fraude dans le titre
do le poids de cette monnoie. En 1162 , la veuve & les enfans
de Raimond de Baux s'étant ſoumis à Raimond-Bérenger III ,
ce comte obtint de l'empereur Frédéric I l'inveſtiture de la
Provence ; cette inveſtiture contient tous les droits régaliens,
& nommément celui de battre monnoie. Il ne paroît pas que
Raimond de Baux ni Raimond - Bérenger aient fait uſage de ces
conceſſions. Le dernier mourut en 1166 , & eut pour ſucceſſeur
ALPHONSE , roi d'Arragon :; mais ce prince laiſſa le gouver

( a ) Raimond de Baux n'étoit pas comte de Provence ; mais il étoit gendre


de Gerbert , comte de Gévaudan & de la baſſe Provence , dont celui-ci avoit
détaché quelques terres pour la dot de ſa fille. Douce , ſeconde fille de
Gerbert , avoit épouſé Raimond -Bérenger III , comte de Barcelonne , &
lui avoit porté le comté de Provence ; mais Raimond de Baux étoit agréable
à Conrad , dont il favoriſoit l'ambition.
COMTES DE PROVENCE. 91
nement de la Provence , avec le titre de comte , à ſon frère
Raimond -Bérenger IV , & ſe réſerva, entr’autres choſes, la moitié
de la monnoie de Provence ; ce qui prouve qu’on battoit déjà
monnoie en Provence : & c'eſt en effet ſous Alphonſe qu'on
commence à voir des monnoies frappées au coin des ſouverains
de cette province. Les deniers royaux couronnés ſont les
premières eſpèces qu'ils ont fait frapper. En 1196 , année de
la mort d'Alphonſe I , leur titre étoit à trois deniers vingt
1 grains, leur poids de quinze grains , & leur taille de ſoixante ſous
au marc : leur valeur actuelle ſeroit d'un fou un denier.
I Voici quelques monnoies d'Alphonſe. Pl. XCIII..
REX ARAGONE. R. PROVINCIA . Denier royal couronné qui N.° 1 .
5 ſe trouve dans le Recueil des Monnoies des barons , de M. de
Boze.
,&

REX ARAGONE. R. PROVINCIA . Autre denier royal d'un N: 2.


coin différent que le premier. Cabinet de M. de Boullongne.
Il ſe trouve auſſi , de même que les deux pièces ſuivantes, à la
ſuite du Mémoire de M. de Saint- Vincent .
Obole ſemblable à la pièce précédente pour la tête & le N.° 3 .
revers ; elle eſt de billon & pèſe huit grains. Même cabinet.
Autre obole avec les mêmes légendes ; mais la tête eſt d'un N.° 4.
coin différent. Même poids. Même cabinet.
Alphonſe II ſuccéda à ſon père Alphonſe I , & mourut en
1209. Ce prince avoit réuni le comté de Forcalquier à celui
de Provence , à la mort de Guillaume - le - Jeune, comte de
Forcalquier , dont la femme Garſende de Sabran étoit la petite
fille & l'héritière.
On ne connoît pas de monnoies frappées par Alphonſe 11.
Les deniers royaux couronnés continuèrent à être en uſage ſous
iel ſon règne ; mais on ſe ſervoit plus communément des deniers
Raimondins , des Melgoriens & des Viennois. Voyez pour ces
M ij
92 COMTES DE PROVENCE .

monnoies nos articles des comtes de Toulouſe , de ceux de


Melgueil, & des archevêques de Vienne.
Les deniers Guillelmins , ainſi nommés du nom de GUIL
LAUME - le - Jeune , comte de Forcalquier , eurent cours en
Provence pendant les xun . & xiv . ſiècles. Ils étoient , en
1242 , à deux deniers vingt - trois grains de fin , du poids de
quatorze grains , & à la taille de cinquante - huit ſous au marc.
Pl . XCIII.
Voici quelques-unes de ces pièces.
Nºs : VILELMvs. Dans le champ, les quatre premières lettres du
mot comes. R. PROVENCIE. Argent. M. de Boze.
N.° 6 . Autre denier Guillelmin de même matière , avec les mêmes
légendes , excepté que ſur le revers on ne lit que PROENCIE..
Cette pièce ſe trouve dans l'ouvrage de M. de Saint-Vincent , ainſi
N.° 7. que la ſuivante qui eſt de même nature , & dont la différence ne
conſiſte qu'en ce que le mot Vilelmus eſt écrit par un double w.
RAIMOND - BÉRENGER IV, fils d’Alphonſe II , lui
ſuccéda dans les comtés de Provence & de Forcalquier , &
régna juſqu'en 1245. Par une charte du 17 janvier 1218 , ce
prince permit aux habitans de Marſeille de battre monnoie dans
la partie inférieure de leur ville , à condition que cette monnoie
ſeroit de bon aloi , & qu'ils lui donneroient deux deniers pour
chaque marc qu'ils en feroient. Cette charte diſtingue deux ſortes
de monnoie ; les gros & les menus Marſeillez.
En 1257 , Charles I , comte de Provence , ſe réſerva doụze
deniers menus Marſeillez par marc , pour toute la monnoie
qu'on fabriqueroit à Marſeille , tant en gros qu'en menus Mar
>

ſeillez & en oboles ( moneta milliarenfium ) , laiſſant aux


Marſeillois la liberté de régler la fabrication de ces monnoies,
pourvu qu'elles ne changeaſſent jamais de valeur , ce qui fut
exactement obſervé ; & l'on croit même , d'après une enquête

1
COMTES DE PROVENCE . 93
faite en 1331 , qu'on ne ſe ſervoit guère alors à Marſeille que
de cette monnoie.

Les gros Marſeillez qui nous reſtent, paroiſſent être de


2
CHARLES I plutôt que de Raimond-Bérenger : ils ſe trouveront
à la ſuite des monnoies des comtes de Provence. Quant aux menus
Marſeillez, ils ont commencé ſous le règne de Raimond-Bérenger ;
mais ceux frappés au coin de ce prince ſont rares , & l'on n'en Pl . XCIII .
connoît qu'un ſeul. Il a pour légende : Raimundus COMES N.° 8.
ProVINCIE ; & au revers : MASSILIENSIS. M. de Saint-Vincent.
Les menus Marſeillez étoient de la valeur du denier royal
couronné , & trois livres Marſeilloiſes valoient , comme trois
livres royales , une once d'or. En 1228 , ils peſoient quinze
CO
grains ; leur titre étoit à quatre deniers moins une pite : les
oboles peſoient fix grains. Vingt ſous Marſeillois faiſoient la
ce I livre royale .
Teil Dans une convention faite en I1269 , entre Charles I & les
/

1, habitans de Marſeille , quatorze deniers Marſeillois ſont évalués


à douze deniers tournois.
er,
18,2 Karolus COMES ProVINCIE. R. MASSILIENSIS. M. de Saint- N. 9.
e Vincent remarque que ce menu Marſeillez doit être antérieur
groepen au couronnement de Charles I ( a ) qui , depuis ce moment ,
prit toujours ſur ſes monnoies le titre de roi de Sicile.
03 La pièce ſuivante eſt une obole Marſeilloiſe portant les mêmes N : 10.
légendes. Elle ſe trouve dans le cabinet de M. de Boullongne ,
& dans le Traité de M. de Saint-Vincent.
dan
Pendant les vingt premières années du règne de Charles I ,
VA
Lund
( a ) Charles , frère de faint Louis , monta , en 1266 , ſur le trône de
Sicile ; il avoit épouſé, en 1246 , Béatrix qui venoit d'hériter du comté de
LIE Provence par la mort de ſon père Raimond - Bérenger IV. Cette princeſſe
décéda en 1267 , & Charles en 1285 .
ere
gizl
94 COMTES DE PROVENCE . .
il y a très - peu d'eſpèces frappées à ſon coin ; le plus grand
nombre des monnoies qui nous reſtent de ce prince , ont été
frappées depuis ſa nomination au royaume de Naples : juſqu'alors
il n'en fit frapper que trois ou quatre fort viles par la matière
! & par le coin.
Avant Charles I , la monnoie tournois n'étoit pas connue en
Provence ; ce n'eſt que depuis ſon règne qu'elle devint en uſage,
& qu'elle prit inſenſiblement la place de la monnoie Raimondine
qui s'affoiblit beaucoup depuis 1233 juſqu'en 1253 .
Voici les monnoies frappées par Charles I , avant qu'il fût
roi de Sicile.
Pl. XCIII .
N.” U. KAROLVS. Dans le champ , COMES. R. PROVENCIE. Denier
!
d'argent tiré du cabinet de M. de Boullongne. M. de Saint
Vincent en donne un qui ne diffère de celui - ci que par la forme
de l'S ( 0 ) de Karolus. Cette pièce eſt ſemblable aux deniers
Guillelmins pour le revers , la forme des lettres , le poids & le
titre ; elle n'en diffère que par le nom de Charles. M. de Saint
1 Vincent conjecture de - là que c'eſt la première monnoie que
Charles I a fait frapper en arrivant en Provence.
N.° 12 . Karolus COMES PROVINCIE. Dans le champ , le monogramme
1

de Charles. R. FILIVS REGIS FRANCIE. Denier de même


matière que le précédent. M." de Boze & de Saint-Vincent.
' 13 .
N. Karolus COMES Provincie Filius REgis Francie. Bc. PROVIN
CIALIS. Recueil de M. de Boze , & cabinet de M. de
Boullongne. Cette pièce eſt un Provençal qui , en 1265 , étoit à
onze deniers douze grains de fin , à la taille de cinquante-huit ſous
au marc ; ſa valeur actuelle ſeroit de dix -ſept ſous quatre deniers.
N. 14 .
1
Karolus comes Provincie Filius Regis Francie. Rr. ProVIN
CIALIS. Autre Provençal , du cabinet de M. de Boullongne.
N. ° 15 . Karolus Filius REgis Francie COMES Provincie. R. PROVIN
CIALIS . Même nature. Même cabinet.
COMTES DE PROVENCE . 95 .
Pl. XCIII.
Karolus Del GRAcia REX CICILIE . R. COMES PROVINCIE. N.: 16.
Cette pièce eſt dans le cabinet de M. de Boullongne , & dans
3
le Traité de M. de Saint-Vincent. C'eſt un denier Provençal
.
couronnat. Elle étoit , en 1272 , du même poids & au même
>

titre que les deniers tournois de France , ſavoir , à quatre deniers


moins une pite , argent de Montpellier , deux cent dix - ſept au
marc. Ces deniers ſont à trois deniers douze grains de fin , &
2
ils pèſent vingt- deux grains.
Les pièces précédentes ne portent point le titre de roi de
다. Jéruſalem , & ſont conſéquemment antérieures à 1276 , car ce
n'eſt que cette année que Marie , princeſſe d'Antioche , céda à
3 Charles le royaume de Jéruſalem qui appartenoit auparavant à
Conradin , mort en 1268 .
Karolus I Heroſolymorum CICILIE REX. R. COMES PROVINCIE. N ' 17.
Pied- fort du cabinet de M. de Boullongne.
Première légende : BENEDICTVM SIT NOMEN Domini noftri N.: 18.
DEI IHeſy xpi ( pour Chriſti ) . Seconde légende : KAROLVS
sicilie Rex. R. COMES ProVINCIE. Ce Provençal diffère peu
des gros tournois de faint Louis ; la légende eſt la même , à
l'exception du nom du prince ; le titre eſt auſſi le même , ſavoir ,
onze deniers douze grains. Pour le poids , il n'y a pas beaucoup
de différence; cette monnoie pèſe ſoixante -ſeize grains , & le
gros tournois de faint Louis en devoit peſer ſoixante-dix-neuf.
Ce prince , pour empêcher que ſes monnoies fuſſent contrefaites
par les comtes de Provence & de * Toulouſe , fit , en 1265 ,
une ordonnance par laquelle il voulut que toutes monnoies
3 contrefaites ſur la fienne , ſavoir , Poitevins , Provenciaux &
Toulouſains, ſeroient percées en quelque lieu qu'elles ſe trou
vaſſent. Notre monnoie eſt ſans doute une de celles que ſaint
Louis avoit en vue dans cette ordonnance. Elle eſt en nature
chez M. de Boullongne , & elle ſe trouve gravée dans l'ouvrage
de M. de Saint - Vincent.
Pl. XCIV . 96 COMTES DE PROVENCE .
N. ° 1 . Karolus Comes Provincie IHeroſolymæ cicilie (rex) . R. Pro
VINCIALIS. Demi-Provençal tiré de M. de Saint- Vincent.
N.° 2 .
KAROLUS DEI GRAtia. R. REX SICILIE. Monnoie d'or frappée
à Naples. Cette pièce eſt d'autant plus intéreſſante , qu'aucun
monument du règne de Charles I ne fait mention de monnoies
d'or frappées à ſon coin . Elle eſt, au rapport de M. de Saint
Vincent , dans le cabinet de l'Empereur à Vienne. M. Haumont ,
de Paris , en poſsède une pareille , mais ſelon les apparences ,
beaucoup mieux conſervée ; elle pèſe un gros vingt-ſept grains.
N.° 3 : KAROLVS sicilie REX . R. COMES PROVINCIE . Denier
d'argent qui ne diffère des deniers tournois de ſaint Louis , que
par la légende. M. de Saint-Vincent.
N.° 4 . KAROLUS Iheroſolymæ ET SICILIE REX. BC. AVE GRAtia
PLENA . Dominus tecvm. Dans le champ , l'annonciation . Salut
d'argent frappé à Naples , peſant ſoixante grains. Traité de
M. de Saint-Vincent. Cabinet de M. de Boullongne. M. de Boze
la auſſi, mais avec quelque différence.
N.° s . KAROLUS DEI GRATIA . R. IERVSALem ET sicilie REX.
Denier d'argent frappé à Naples , ainſi que les cinq pièces
ſuivantes, M. de Saint - Vincent.
N.° 6. DEI GRACIA . Dans le champ , KARolus. R. REX SICILIE.
Denier de billon , tiré du même auteur.
N ° 7. DVCA Tus APVLIE PRINceps CArolus. Dans le champ , le mono
gramme de Charles. RC. DEI GRAcia REX SICILIE. Billon. Ibidem .
N.° 8 . KAROLUS DEI GRAcia. R. REX SICILIE. Argent. Ibidem .
N° 9 DEI GRAtia Rex Sicilie. Dans le champ , le monogrammę
du prince. R. DVCATVS APVLIE. Billon. Ibidem .
N. 1o . KAROLUS DEI GRACIA. Dans le champ , le même mono
gramme. R. REX SICILIE. Argent. Ibidem .
Les cinq monnoies ſuivantes ſont des gros d'argent frappés à
Rome. On croit que les deux premières l'ont été lorſque Charles
arriva
COMTES DE PROVENCE . 97
>
arriva pour la première fois à Rome , au mois de mai 1265 .
Le peuple Romain s'empreſſa de lui déférer les plus grands
honneurs ; il lui conféra la qualité de ſénateur , qui donnoit
dans Rome l'autorité ſouveraine.
Pl.
PL. XCIV.
KAROLVS Senatus populuſque Romanus. Dans le champ , un N .: 11 .
lion ſurmonté de l’écu de Provence ; cet écu préſente trois fleurs
de-lys ſurmontées d'un lambel. R. ROMA CAPVD MVNDI . Dans
le champ , la ville de Rome perſonnifiée. Recueil de M. de Boze.
M. de Saint-Vincent en a fait graver une ſemblable, excepté qu'il
n'y a que les trois premières lettres du mot caput.
Même légende. R. ROMA CAPut MVNDI . Sous le lambel, N.'
une ſeule fleur-de-lys. Traité de M. de Saint- Vincent. Charles
n'avoit pas encore été couronné à Romne, lorſqu'on frappa ces
deux pièces ; c'eſt pourquoi on ne lui donne pas le titre de rọi
comme ſur les ſuivantes.
CAROLVS REX SENATOR VRBIS. Dans le champ , un lion N. 13 .
ſurmonté d'une fleur-de-lys; au -deſſous , une F , qui ne peut être
que la marque du monétaire. R. ROMA CAPVD ou CAPUT
I
MVNDI . Senatus Populuſque Romanus. Cette pièce , rapportée
.
par M. de Saint-Vincent , eſt chez M. de Boullongne.
Celle - ci eſt ſemblable à la précédente , excepté qu'on ne N. 14 .
I
voit pas , comme ſur la première , la lettre F au - deſſous du
lion. M. de Saint-Vincent,
3. Mêmes légendes ; point de fleur -de- lys au - deſſus du lion. N. 15.
C

Ibidem . Lorſqu'après la défaite de Conradin , en 1268 , Charles


revint à Rome , le Pape lui conféra , pour dix ans , la dignité
3 de ſénateur , vacante par la défection de Henri de Caſtille qui
étoit entré dans le parti de Conradin. Pl.. xcv..
SENATVS POPVLVS . Dans le champ , un écu couronné , ſur N. s.
lequel on voit les lettres initiales senatus Populuſque Romanus.
R. ROMA CAPYT MVNDI . Dans le champ , l'emblème de Rome.
Recueil de M. de Boze,
Tome II. N
S NCE
98 COMTE DE PROVE .
> CHARLES II , dit le Boiteux, entra en poſſeſſion des États
de Charles I ſon père en I1289 , & mourut en 1309 .
La première monnoie que je donne ici de ce prince , eſt
Pl. xcv. un ſalut d'argent qui eſt dans le cabinet de M. de Boullongne.
N.' 2 . Il a pour légende : KAROLUS secundus ieroſolymæ Et sicilie

REX. Dans le champ , les armes de Provence & de Jéruſalem .


R. AVE GRACIA PLENA Dominus TECVM. Dans le champ , >

l'Annonciation . Cette pièce pèſe cinquante - deux grains. M. de


Saint - Vincent qui la rapporte auſſi , obſerve que c'eſt la
première monnoie qu'il connoiſſe parmi les antiques & les
modernes , où pour diſtinguer un prince de tous ceux qui ont
porté ou porteront le même nom que lui , on ait ajouté un
nombre à ſon nom. Clément V , contemporain de Charles II ,
employoit cette précaution ſur ſes monnoies ; Henri II eſt le
premier de nos Rois qui en ait établi l'uſage pour les ſiennes.
N. 3 . KAROLUS DEI GRAcia IERoſolymæ ET SICILIE REX. R. AVE
GRACIA PLENA DOMINUS TECVM. Salut d'or qui ſe trouve
dans M." de Boze & de Saint -Vincent. Quoiqu'on ne voie
pas ſur cette pièce le nombre ſecundus qui aſſure la précédente
à Charles II , on peut néanmoins l'attribuer au même prince.
Aucun monument n'établit que Charles I ait fait battre des
monnoies d'or ; & la pièce du n.° 2 de la planche XCIV , décrite
plus haut , eſt la ſeule que l'on connoiſſe qui ſoit frappée certai
nement à ſon coin , au jugement de M. de Saint-Vincent.
N.° 4 . KAROLUS SECundus DEI GRAcia THERoſolymæ ET SICILIE
REX. Dans le champ , on voit le prince aſſis ſur un trône ſoutenu
par deux lions , tenant de la main droite un ſceptre, & de la gauche
un globe ſurmonté d'une croix. Rr. HONOR REGIS IVDICIVM
DILIGIT ( l'honneur du Roi aime la juſtice ) . Carlin peſant
ſoixante - dix grains. Cabinet de M. de Boullongne, & Traité
de M. de Saint- Vincent. Les carlins , appelés par les Italiens
gigliati, à cauſe des fleurs-de-lys qui ſe voient ſur le revers,
COMTES DE PROVENCE . 99
2
ont eu cours pendant près de deux ſiècles, tant en Provence
que dans les autres États de Charles. Ils étoient très - bien
monnoyés : leur poids étoit de ſoixante -dix grains ; leur valeur
n'a jamais varié ; un carlin valoit douze deniers couronnats ,
1
ſoixante carlins valoient une once d'or. La valeur actuelle du carlin
ſeroit d'onze ſous neuf deniers. La légende du revers faiſoit
alluſion à l'amour & au zèle de Charles II pour la juſtice.. Pl.. xcv.
Karolus Secundus iHeroſolymæ ciciliæ REX. RC. COMES N.° s .
PROVINCIE. Sou couronnat d'argent qui étoit , en 1298 , à
onze deniers douze grains de fin , du poids d'environ cinquante
deux grains , quatre-vingt-quatre un tiers au marc , valant douze
11
deniers couronnats. Sa valeur actuelle eſt auſli d'onze fous neuf
deniers. M. de Saint - Vincent.
Mêmes légendes. Dans un des angles de la croix du revers N.: 6.
*
ſe voit la première lettre de Karolus. Cette pièce eſt un double
denier fabriqué en 1298 , & du poids de vingt-ſix grains. Elle eſt
dans le Recueil de M. de Boze , & chez M. de Boullongne.
La pièce ſuivante eſt de la même nature , préſente les mêmes N. 7 .
légendes, & ne diffère de la précédente qu'en ce qu'il n'y a pas
de lambel ſur le col du prince , & que le mot Sicilie eſt écrit
avec une s & non pas par un c comme dans l'autre. M." de
Boze & de Saint- Vincent.
Carolus IHeroſolymæ sicilie REX. B. COMES ProVINCIE . N .: 8.
Denier couronnat dont le titre , en 1298 , étoit à trois deniers ,
à la taille de deux cents ſoixante - quatre au marc ; il pèſe dix -ſept
3 grains. La valeur actuelle du denier couronnat eſt d'onze deniers
trois quarts. Traité de M. de Saint - Vincent.
Obole entièrement ſemblable à la pièce précédente , ſeulement n . 9.
moins large, & ne peſant que douze grains. Ibidem .
Karolus Del GRAcia REX cicilie. B. COMES PROVINCIE . N.: 10.
Denier royal ſemblable en tout à ceux de Charles I , excepté
que la tête eſt ici plus groſſe, & le menton plus avancé. En
N ij
100 COMTES DE PROVENCE .
effet , remarque M. de Saint-Vincent , il paroît par les monu
mens qui nous reſtent, que Charles II étoit beaucoup plus
gros que ſon père ; & ceux qui ont vu le corps de ce prince ,
conſervé dans l'égliſe de l'abbaye de Saint -Barthélemi d'Aix ,
Pl. xcv. obſervent que la ſa tête eſt aſſez groſſe.
N." & 12 .
Les deux ſuivantes ont été frappées à Naples ; elles portent :
KAROLUS SEcundus Rex . R. IERoſolimæ Et ' sicilie . Elles
ſont de billon , ainſi que les cinq précédentes , & ſe trouvent
dans le Traité de M. de Saint - Vincent .
ROBERT , duc de Calabre , troiſième fils de Charles II ,
6
lui ſuccéda, en 1309 , dans tous ſes États , & il régna juſqu'en
1343
On continua , ſous le règne de ce prince , de frapper des
carlins ou lys d'argent. Il y en avoit de deux ſortes ;; les uns
ſemblables à ceux de Charles II , ſi ce n'eſt par le nom du
prince , paroiſſent avoir été deſtinés pour la Sicile ; ils pèſent
trois deniers trois grains ; ils étoient , en 1325 , à onze deniers
quatre grains trois quarts , & en 1330 , à onze deniers cinq
grains , cinquante - neuf ſous au marc, valant douze deniers une
obole : leur valeur actuelle eſt de quinze fous dix deniers. Voici
:

trois de ces carlins.


N.° 13 . ROBERTVS DEI GRAcia Ierofolymæ ET SICILIE REX. Dans
le champ , le prince aſſis ſur deux lions qui lui ſervent de trône ,
tenant d'une main un ſceptre, & de l'autre un globe ſurmonté
d'une croix. Du côté du fceptre, on voit une fleur -de -lys.
R." HONOR REGIS IVDICIVM DILIGIT. Cabinet de M. de
Boullongne.
N. 14. Autre avec les mêmes légendes , & cette différence ſeulement,
qu'il n'y a point de fleur-de-lys à la droite du prince. Traité
Pl.. XCVI.. de M. de Saint- Vincent, & cabinet de M. de Boullongne.
N.° 1 .
Autre tout -à - fait ſemblable à la précédente , mais beaucoup
plus large. Cabinets de M. de Milly & de M. de Boullongne.
COMTES DE PROVENCE.; IOI

L'autre eſpèce de carlins ſemble avoir été frappée principa


Iement pour la Provence. Ils ſont beaucoup mieux frappés que
les premiers , portent la même empreinte , & n'en diffèrent que Pl. XCVI.
par la légende du revers , ainſi conçue : COMES ProVINCIE ET N.: 2.
FORCALQUERII . Celui que je décris ici ſe trouve dans M. de
Saint - Vincent.
ROBertus Dei Gracia Theroſolymæ ET Sicilie Rex. R.COMES N.* 3 .
ProVINCIE ET FORCALQUERII. Demi - lys peſant vingt grains.
O

Ibidem .

ROBERtus DEI GRAcia Therofolymæ Et sicilie Rex. N.: 4.


R. HONOR REGIS IVDICIVM DILIGIT. Dans le champ, une
croix ſans aucun ornement. Autre carlin tiré de Vergara. M. de
Saint - Vincent.
Robertus IHeroſolymæ siciliæ Rex. Dans le champ , le n.' s .
buſte du prince couronné. R. COMES PROVINCIE. Dans le
champ , une croix chargée d'ornemens. Provençal d'argent qui ,
en 1339 , 'étoit à dix deniers quinze grains un tiers, du poids
de deux deniers deux grains , à la taille de quatre - vingt - douze
au ' marc , valant actuellement onze ſous un denier. Cette pièce
eſt dans le Traité de M. de Saint-Vincent , & dans le cabinet
de M. de Boullongne .
ROBERTus 1hErofolymæ sicilie REX. RC. COMES PROVINCIE. N : 6.
Denier couronnåt peſant vingt grains. M. de Saint -Vincent.
Mêmes légendes. Dans un des angles de la croix du revers , N.' 7.
ſe voit le monogramme de Robert. Cette pièce eſt d'argent,
& fe trouve dans M." de Boze & de Saint - Vincent. Elle
reſſemble parfaitement, ſi ce n'eſt par le poids , aux doubles
deniers ou provençaux doubles noirs , dont le titre fut fixé,
en 1339 , à trois deniers vingt grains , & la taille à cent
ſoixante - douze & demie au marc ; cette pièce - ci ne pèſe que
dix - huit grains.
Pl . XCVI.
102 COMTES DE PROVENCE .
N.° 8 . Robertus I Heroſolmyæ Et sicillæ Rex. R.COMES PROVINCIE.
Sou couronnat peſant un denier vingt-un grains , & valant douze
deniers couronnats. Il ſe trouve dans le Traité de M. de Saint
Vincent , & chez M. de Boullongne. Le ſou couronnat eſt la
monnoie qui a eu le plus long - temps cours en Provence.
Charles I en avoit déjà frappé; & on continua d'en frapper ſous
les règnes de Jeanne , de Louis I , de Louis II & de Louis III.
N: 3 IHeroſolymæ Et siciliæ Rex. Dans le champ , quatre lettres
du mot ROBertus , ſurmontées d'une couronne. B. COMES PRO
VINCIE. Denier couronnat appelé roberton , peſant vingt grains.
M." de Boze & de Saint-Vincent.
N. 10 . Obole ou moitié du denier précédent , exactement ſemblable ,
& ne peſant que dix grains. M. de Saint - Vincent.
N ' II . ROBERTVS IHeroſolymæ Et siciliæ Rex. R. META DVPLEX.
Dans le champ , Provincie. Provençal double noir tiré du cabinet
de M. de Boullongne .
N. 12.
Même légende. R. DENArium dyplex. Dans le champ
Provincie. Pièce de même nature que la précédente , & peſant
vingt - quatre grains. M. de Boze. Il y en a une dans le Traité
de M. de Saint - Vincent , qui ne diffère de celle- ci qu'en ce
qu'il n'y a que deux fleurs-de-lys dans les cantons de la croix,
comme au n .' i .
Sous le règne de Robert , la monnoie réforciat ( a ) valoit un
cinquième 'de plus que la monnoie Provençale ; c'eſt ce que nous
apprend une chárte de 1330 , conſervée à Saint- Victor de
.

Marſeille, où l'on voit que ſoixante - quatre livres réforciates


avoient la même valeur que quatre - vingt livres Provençales.

(a) On appeloit monnoie réforciat , celle qui étoit plus forte & à plus
haut titre. On commença ſous le règne de Charles II à frapper les ſous &
deniers réforciats.
COMTES DE PROVENCE . 103
JEANNE , reine de Sicile , comteſſe de Provence , étoit fille
de Charles de Sicile , duc de Calabre , mort en 1328 ; elle
commença de régner en 1343 , à la mort de Robert fon aïeul :
elle étoit depuis peu mariée à André , roi de Hongrie , qui
mourut en 1345. L'année ſuivante elle épouſa Louis , prince de
Tarente , que Clément VI couronna , en 1352 , roi de Sicile. A
la mort de ce prince , Jeanne ſe remaria ſucceſſivement à Jacques
d'Arragon , infant de Majorque , & à Otton de Brunſwick , fils
aîné de Henri , duc de Brunſwick. Il paroît que de ces quatre
princes , il n'y a qu'André de Hongrie & Louis de Tarente qui
aient pris les titres de roi de Sicile & de comte de Provence.
Jeanne périt malheureuſement en 1382 , victime de l'ambition
impatiente de Charles de Duras , qu'elle avoit déſigné ſon ſuc
ceſſeur avant que d'épouſer Otton de Brunſwick. Pl. XCVI.
La première monnoie que je donne ici de cette princeſſe, eſt nN . 13 .
une fleur-de-lys d'or ou un florin d'or aux fleurs-de-lys , noms
que l'on donna à des eſpèces d'or que Charles V fit frapper
en France en 1365 , & auxquelles cette pièce - ci eſt ſemblable ;
elle valoit , comme les florins de Charles V , vingt ſous tournois.
Elle porte pour légende : 10ANNA DEI Gratia Theroſolymæ Et
SICILIæ REgina. Dans le champ , la Reine debout , couronnée ,
tenant de la droite une épée , & de la gauche la main de juſtice.
R. COMETISSA PROVINCIE ET FORCAICERII . Elle ſe trouve
rs
dans les Recueils de M." de Boze & de Saint - Vincent.
La ſeconde eſt de la même nature , & n'en diffère que par les N.° 14.
légendes. 10HA Nna Regina Provinciæ Forcalcerii Et siciliæ.
R. XPS ( Chriſtus ) vincit XPS REGNAT XPS IMPERAT Traité
de M. de Saint-Vincent, & cabinet de M. de Boullongne. Pl. XCVII.
IVH ( Johanna ) REGINA. Dans le champ , le buſte de cette N. 1.
princeffe. Rr. Ieroſolymæ sicilie. Monnoie de cuivre frappée à
Naples. Köhler, tome V1,page 145 ; & M. de Saint-Vincent.
PL. XCVII .
104 COMTES DE PROVENCE.
N ' 2. IOHANna iHeroſolymæ Et siciliæ Regina. R. COMITISSA
Provincie ET FORCAlQuerii. Pièce d'or tirée des Recueils de
M. de Boze & de M. de Saint - Vincent.
N.' 3 . · IOHANNA DEI Gratia (Heroſolymæ siciliæ Regina. Dans
le champ , les armes de Jéruſalem & d'Anjou. R. Sanctus
JOHANNES Baptiſta. Dans le champ , la figure de ſaint Jean
Baptiſte , & auprès de la tête , une fleur-de-lys ſurmontée d'un
lambel. Florin d'or qui , en I1366 , étoit à vingt - deux karats
trois quarts de fin , à la taille de cinq à l'once, & qui valoit
douze carlins, ou douze ſous tournois ou ſeize ſous provençaux :
ſa valeur ſeroit aujourd'hui de huit livres trois ſous ; il pèſe
cinquante-ſix grains. Ce florin , gravé dans M." de Boze & de
Saint-Vincent , exiſte dans le cabinet de M. de Boullongne.
N. 4 .
IOHANna IHeroſolymæ Et siciliæ Regina. Dans le champ ,
une grande couronne, & au -deſſous deux fleurs-de-lys ſurmontées
d'un lambel. RC. COMITISSA Provincie ET FORCALquerii. Dans
le champ , les armes d'Anjou & de Jéruſalem . Sou couronnat
peſant cinquante-quatre grains. Cabinet de M. de Boullongne.
M. de Saint - Vincent.
N.° s . Ioanna iHeroſolymæ Et siciliæ Regina. R. COMITISSA
Provincie. Sou provençal couronnat peſant cinquante grains , &
valant dix deniers couronnats. Cabinet de M. de Boullongne,
M. de Saint - Vincent en donne une ſemblable , à peu de
choſe près ,
N.° 6. Mêmes légendes . Petit fou couronnat ne peſant que trente
cinq grains. Même cabinet , & même Traité.
La monnoie ſuivante a été frappée avant la mort de Jeanne ,
par LOUIS , duc d'Anjou, fils de Jean , roi de France. Jeanne
adopta ce prince au mois de juin 1380 , le déclara héritier du
royaume de Sicile & du comté de Provence , & le noinma duc
de Calabre. C'eſt en cette qualité qu'il a frappé cette fleur-de- lys
d'or
COMTES DE PROVENCE . 105 PL . XCVII .
d'or conſervée dans le cabinet du Roi. Elle porte : LVDOVICUS N.° 7.
DVX KALABRIæ ANDegaviæ ; & au revers : XPS VINCIT XPS
REGNAT XPS IMPERAT. Elle vaut vingt ſous tournois. M." de
Boze & de Saint - Vincent.
Jeanne épouſa LOUIS de Tarente en ſecondes nôces , le 20
août 1346; ce prince fut couronné roi de Sicile à Naples en
1352 , & mourut le 16 mai 1362. Voici pluſieurs monnoies qui
portent les lettres initiales de Jeanne & de Louis , & qu'on doit
attribuer au prince de Tarente.
La première eſt un ſou couronnat fabriqué en 1382. Ludovicus N,“ 8.
ET Ioanna iHeroſolymæ Et siciliæ REX. B. Comes Et
Comitisſa Provincie. Il pèſe trente - trois grains. Traité de
M. de Saint-Vincent , & cabinet de M. de Boullongne.
Ludovicus Et Ioanna iHeroſolymæ Et sicille . Dans le N.: 9.
champ , le mot Rex couronné. R. COMES ET COMITISSa PRO
vincie. Autre ſou couronnat ne peſant que vingt-ſix grains.
Même Traité ; même cabinet.
Ludovicus Et Ioanna iHeroſolymæ Et siciliæ Rex. Dans N. 10. 1

le champ , une fleur-de-lys ſurmontée d'un lambel. R. COMES


ET COMITISSA Provincie . Les armes de Jéruſalem . Autre fou
couronnat peſant trente - trois grains. Même cabinet & même
C

Traité.
Ludovicus Et Ioanna IHeroſolymæ er siciliæ Rex. Dans N.° 11 .
le champ , une fleur-de- lys ſurmontée d'un lambel. Rc. comes
ET COMITisſa Proyinciæ. Monnoie de billon peſant ſeize grains.
Traité de M. de Saint - Vincent .
Ludovicus Et Ioanna REX REGina. Rc. Sanctus IOHANNES N. * 12.
Baptiſta. Florin d'or de la même valeur que ceux de Jeanne
ſeule .
M." de Boze dor de Saint-Vincent.
LOUIS d'Anjou ſuccéda, en 1382,, à la reine Jeanne ,
& mourut en 1384. Les monnoies de Louis I , de Louis II &
de Louis III , comtes de Provence , portent toutes la même
Tome II. O
106 COMTES DE ..
PROVINCE
légende, & n'ont rien qui les diſtinguent entr'elles ; mais on
préſume que le plus grand nombre a été frappé par Louis 1I,
parce que , quoique ſon règne ait été beaucoup plus court que
celui de ſes deux ſucceſſeurs , il étoit bien plus riche que ne
PL. XCVIII . le furent jamais Louis II & Louis III.
N. ° 1 . LVdovicus Dei GRAtia iHeroſolymæ Et siciliæ REX.
R. Sanctus IOHANNES Baptiſta. Florin d'or ſemblable , pour
l'empreinte , à ceux de la reine Jeanne. Il pèſe cinquante -quatre
grains. M. de Saint-Vincent ; & cabinet de 14. de Boullongne.
N.° 2 . LVdovicus IHERoſolymæ ET Sicilie REX. R. COMES
Provincie ET FORCAlquerii. Sou couronnat ; il étoit , en 1395 ,
à dix deniers vingt-deux grains de fin , à la taille de quatre-vingt
deux au marc , & peſoit trente -ſix grains; on en voit encore qui
pèſent juſqu'à quarante -quatre grains ; leur valeur actuelle ſeroit
de ſept ſous ſept deniers. Même Traité & même cabinet.
N. ° 3 . Mêmes légendes , excepté que le mot Rex eſt dans le champ ,
au -deſſous d'une couronne. Petit fou couronnat peſant dix - huit
grains. Même Traité.
LOUIS II , fort jeune encore à la mort de Louis I ſon
père , 'reſta ſous la tutèle de ſa mère Marie de Blois , & ne
fut couronné roi de Naples qu'en 1387 ; il décéda en 1417.
M. de Saint-Vincent a eu communication de trois écus d'or à
la couronne , conſervés dans le cabinet du Roi , & qu'il attribue ,
avec beaucoup de vraiſemblance à Louis II . Ces écus d'or ſont
en effet ſemblables à ceux que Charles VI fit frapper en France
au mois de mars 11384 ( a). A cette époque , Louis 1 étoit
à Naples , & y étoit trop occupé pour penſer à faire imiter
les monnoies du roi de France. Voici ces trois pièces , gravées
d'après M." de Boze & de Saint-Vincent.

( a ) Ils étoient à la taille de ſoixante au marc , & valoient vingt-deux


ſous fix deniers tournois.
COMTES DE PROVENCE . 107 Pl. XCVIII.
LYDOVICVS DEI GRAtia IHekoſolymä z ( & ) siciliæ Rex. N.° 4.
Dans le champ , l'écu d'Anjou. R. POS7I DEVM ADIYTOREM
MEVM ( Dieu eſt mon ſecours ).
Mêne légende. R. PPS ( pour Chriſtus ) REX VENIT IN PACE N.° s.
DEVS Homo FACtus EST ( le Chriſt roi vient en paix ; Dieu
eſt fait homme ) .
Mêmes légendes , avec la ſeule différence qu'il y a xps au N.° 6.
lieu de pps ; il n'y a que trois fleurs -de-lys dans l'écu d'Anjou.
RENÉ , fils de Louis II , duc d'Anjou , comte de Provence ,
>

ſuccéda , en 1434 , à ſon frère Louis ill , dans ce comté.


>

Jeanne II , reine de Naples, qui avoit adopté Louis III , adopta


auſſi ſon ſucceſſeur , & lui donna le royaume de Naples pour
en jouir après ſa mort , qui arriva en 1435. Mais Alphonſe , roi
d'Arragon , que cette princeſſe avoit auſſi adopté , diſputa ce
royaume à René , & l'en chalqa cn 1442. René mourut en
Frovence en 1480. Voici les monnoies qui nous reſtent de
ce prince.
Les deux premières ſont ces écus d'or fabriqués en 1470 ;
ils valoient vingt-ſix ſous huit deniers tournois ; leur poids eſt de
1 ſoixante -quatre grains.
RENATVS Dei Gratia REX SICILIE LOTharingiæ DVX . N.° 7.
R. A DIVVA NOS DEVS SALVTARIS NOSTER. Dans le champ ,
un écu chargé des armes de Hongrie , de Sicile, de Jéruſalem ,
d'Arragon, d'Anjou , de Bar & de Lorraine ( a ). Traité de
M. de Saint-Vincent , & Recueil de M. de Boze.

( a ) René , petit-fils par ſa mère d’Yolande de Bar, obtint ce duché par


la ceſſion que le cardinal de Bar ſon grand-oncle lui en fit en 1419. II
avoit épouſé l'année précédente Iſabelle, fille de Charles II , duc de Lorraine ,
qui lui Iaiſla ce duché à ſa mort. En 1431 , René réunit pour toujours les
duchés deLorraine& de Bar. Ce prince avoit des prétentions fondées ſur le
royaume d'Arragon , du chef de ſa mère qui étoit fille d'Yolande de Bar
O ij
Pl. XCVIII .
108 COMTES DE PROVENCE .
N.° 8 . RENATUS PRIMUS DEI GRAtia REX ARAGOnis. R. DEVS IN
ADIYTorium MEVM INTENDE. Dans le champ , l'écu d'Arragon
ſurmonté d'une croix. M." de Boze & de Saint- Vincent.
N. 9 .
RENATVS IHeRuſalem SICILIE Rex. Dans le champ , l'écu
d'Anjou. RC. COMES Provinciæ ET FORCALQUERII . Blanc à la
couronne , ſemblable à ceux que Charles VII & Louis XI
firent frapper en France , & peſant cinquante - quatre grains.
Traité de M. de Saint-Vincent.
N.° 10 . RENATVS DEI GRAtia IHeRufalem ET Siciliæ. Dans le
champ , l'écu d'Anjou ſurmonté d'un lambel. R. COMES ProVIŅ
CIE ET FORCALQUERIi . Autre blanc à la couronne , d'un argent
moins pur que le précédent , & ne peſant que quarante - quatre
grains. Ibidem .
N.° il
RENATVS . REX Sicilie. Dans le champ , le monogramme
de René. Rr. o CRYX AVE SPES VNICA ( ô croix , je vous

& de Jean I , roi d'Arragon. Les Catalans révoltés en 1465 , l'appelèrent


.

à cette couronne ; mais il céda ſes droits à ſon fils Jean , duc de Calabre
& de Lorraine. Quant aux armes de Hongrie , que René a fait entrer auſſi ſur
pluſieurs de ſes monnoies , voici la note que M. Papon , de l'Académie de
>

Marſeille , auteur de la nouvelle Hiſtoire générale de Provence , a bien voulu


>

communiquer à l'éditeur.
Le royaume de Hongrie paſſa aux comtes de Provence de la première
maiſon d'Anjou-Sicile , par le mariage de Charles II , dit le Boiteux , avec
Marie de Hongrie, fille d'Étienne V. Carobert leur petit- fils recueillit cette
fucceſſion , par le conſentement des États en 1301 ; mais en 1385 , lorſque
ſa petite- fille Éliſabeth , femme de Sigiſmond de Brandebourg , occupoit le
trône , une grande partie de la nobleſſe de Hongrie s'étant révoltée , cette
princeſſe déféra le royaume de Hongrie à Charles de Duras , ſurnommé de la
Paix ,qui ſe fit couronner le 31 décembre de la même année , & qui fut aſſaſſiné
>

à Bude , le 6 février de l'année ſuivante. Ses droits paſsèrent à ſa fille


Jeanne II , qui, ayant fait le roi René ſon héritier , par teſtament du 2
février 1435 , les lui tranſmit avec ceux qu'elle avoit ſur le royaume de
Sicile.
COMTES DE PROVENCE . 109
ſalue, notre unique eſpérance ) . Dans le champ , la croix de
Lorraine. Denier de billon peſant dix-neuf grains. Ibidem . Pl. XCVIII.
RENATVs Dei gratia IHeroſolymæ Et siciliæ Rex. B. COMES N.° 12.
Provincie ET Forca QVÉRII. Dans le champ , la croix de Jéru
ſalem . Monnoie d'or tirée des Recueils de M. de Boze & de
M. de Saint-Vincent.

RENATVS Dei gratia REX SICILIE. Dans le champ , l'écu N.° 13 .


de Lorraine. Le revers préſente la croix de Lorraine ; la légende
eft effacée. Monnoie d'argent peſant quatorze grains. M. de
Saint - Vincent.
Pl . XCIX.
RENATVSDEI GRAtia Iervſalem siciliæ Rex. Dans le N.° 1 .
champ , le prince aſſis ſur deux lions qui lui ſervent de trône ,
tenant d'une main un globe couronné , & de l'autre un ſceptre;
on voit à côté de lui un aiglon qui a les ailes déployées.
B. "HONOR IVDICIVM DILIGIT. Monnoie d'argent
REGIS %

preſque ſemblable aux carlins de Charles II & de Robert ;


elle a été frappée à Naples pendant le peu de temps que René
a poſſédé ce royaume. M. de Saint-Vincent.
R .... IHeroſolymæ Et siciliæ Rex. R. COMES PROVINCIE. N.° 2.
Sou couronnat que Vergara attribue à René , mais que l'on
doit attribuer , avec M. de Saint-Vincent , au comte Robert ,
René n'ayant point frappé de monnoie de cette nature.
RENATVS EX LILIIS SICILIE CORONATVS ( René couronné N. 3.

des lys de Sicile ) . Dans le champ , les armes de Hongrie , de


Sicile , de Jéruſalem , d'Anjou & de Bar, avec l’écu d'Arragon
au milieu . Bc. O CRVX AVE NOSTRA SPES UNICA. Dans le
champ , la croix de Lorraine , avec deux monogrammes de
René .
Saint
Monnoie d'argent du poids de cinquante grains. M.de
Vincent, & cabinet de M. de Boullongne. On voit dans
le cercle de cette pièce , du côté de la tête & de celui du revers ,
la figure d'une eſpèce de monſtre que les Provençaux appellent
IIO COMTES DE PROVENCE.
tarafque , & qui indique que cette monnoie a été frappée à
Taraſcon , Taraſco , grande & jolie ville de Provence , ſituée
ſur le Rhône , vis - à - vis de Beaucaire , à quatre lieues nord
Pl . XCIX .
d'Arles .
N. 4 .
RENATUS REX ARAGonis ET sicilie CORONATVS. ( René
couronné roi d'Arragon & de Sicile ) . Bk. Même légende.
Argent. Ibidem .
NOS:
RENATVS Dei gratia Rex Sicilie ieroſolymæ LOTHO ( pour
Lotharingiæ ). Dans le champ, les armes de Hongrie , de Sicile ,
d'Arragon , &c. R. FECIT POTENTIAM IN PRACHIO SVO ( il a
déployé la force de ſon bras ) . Dans le champ , un bras ariné
d'une épée qui ſort d'un nuage. Autre monnoie d'argent tirée du
cabinet de M. de Boullongne,'& qui ſe trouve dans le Traité
de M. de Saint-Vincent.
N. 6. RENATVS Dei Gratia Rex siciliæ ( Herofolyme LOTHaringice
DVX, R. FECIT POTENTIAM IN BRACHIO svɔ. Cette pièce ,
preſque ſemblable à la précédente , mais beaucoup moins large ,
ſe trouve auſſi chez M. de Boullongne.
CHARLES III , fils de Charles d'Anjou , troiſième fils
de Louis II , roi de Sicile , ſuccéda à René ſon oncle ; mais ſon
règne fut court : il mourut à Marſeille le 11 décembre 1481,
'

dix -ſept mois après René. Il avoit inſtitué pour ſon héritier
univerſel Louis XI , roi de France , ſon couſin.
N.° 7. KAROLVS ANDEGAVIEM ET SICILIE REX. Dans le champ ,
une Magdelaine. R. IN HOC SIGNO VINCES. Dans le champ , la
croix de Lorraine, & au bas le monogramme de Charles & une
fleur-de-lys couronnés. Cette pièce eſt un agdalin d'or peſant
trente-deux grains ; elle vaudroit aujourd'hui quatre livres un ſou.
Joachimi, partie 1, page 310 ; & M. de Boze.
N.° S. KAROLVS ANDEGAVIE ! HeRuſalem ET SICILIE Rex. Dars
I
COMTES DE PROVENCE . . III

le champ , les armes de Hongrie , de Sicile , de Jéruſalem , &c.


R. IN HOC SIGNO VINCES . Denier d'argent peſant vingt - ſept
grains. M." de Boze & de Saint- Vincent, & cabinet de M. de
Boullongne. Pl. XCIX .

KAROLVS ANDEGAVEN IHeroſolymæ ET SICILIE Rex. Dans N.º 9 .


le champ , les mêmes armes que ſur la précédente. R. IN HOC
SIGNO, VINCES. Dans le champ , une croix ordinaire couronnée.
Autre denier d'argent du même poids. M. de Boze, & cabinet
de M. de Boullongne.
KARolus ANDEGAVIE IERoſolymæ ET SICILIE Rex. Dans le N.° 10,
champ , les armes de Hongrie , de Sicile , de Jéruſalem , d'Anjou
& de Bar. Cette pièce eſt ſemblable , pour le revers , aux
gros à la couronne , & porte la même légende : SIT NOMEN
Domini BENEDICTVm . Gros à la couronne. M." de Boze do
de Saint - Vincent
On trouvera dans le Supplément, les monnoies que le roi
Louis XI & fes ſucceſſeurs ont fait frapper en Provence. PL. C.

La pièce ſuivante eſt un denier d'argent de Boſon , roi de N.° 1 .


Provence, depuis 879 juſqu'en 887 ; elle porte pour légende :
BOZO GRACIA DEI . Dans le champ , le mot Rex en forme de
monogramme. Rc. VIENNA CIVIS ( Vienne , capitale du Viennois ,
l'étoit autrefois de toute la Provence ) . Le Blanc & M. de
Saint - Vincent.
J'ai parlé au commencement de cet article , des menus &
des gros Marſeillez , monnoies dont Raimond - Bérenger & ſon
ſucceſſeur Charles I , permirent la fabrication aux Marſeillois,
moyennant une modique rétribution ; & j'ai donné les menus
Marſeillez que l'on connoît : en voici pluſieurs des autres. On
attribue les gros Marſeillez à Charles I plutôt qu'à Raimond
Bérenger , parce qu'ils ſont d'un goût ſupérieur aux menus
Marſeillez de Raimond , & que la tête que l'on y voit reſſemble
à celle des menus Marſeillez de Charles I ; ils ſont d'argent fin ,


II2 COMTES DE PROVENCE .
PL. C.
N."'6 2&, 3,4
>

7
3
, 5 , & pèſent trente - deux grains. Ils ont tous pour légendes : COMES
PROVINCIE. Dans le champ , la tête du comte de Provence
ſans couronne. Sur le revers on voit les murs de la ville de
Marſeille , avec ces mots autour : CIVITAS MASSILIENSIS. Le
premier des fix menus Marſeillez que j'ai fait graver , ſe trouve
dans le Traité de M. de Saint-Vincent, & dans le Recueil de
M. de Boze ; tous ſont chez M. de Boullongne.
MONNOIES FRAPPÉES À AVIGNON
PAR LES PAPES .

LE pape Clément V , couronné à Lyon en 1305 , alla


>

quelques années après à Avignon , où il établit le ſiége de


l'Égliſe. Ses ſucceſſeurs Jean XXII , Benoît XII , Clément VI ,
Innocent VI , Urbain V & Grégoire VI deineurèrent dans
cette ville ; le dernier , à la perſuaſion de ſainte Catherine de
Sienne , remit le ſaint-ſiége à Rome , d'où il avoit été transféré
depuis ſoixante-dix ans : c'eſt ce que les Italiens appellent la
captivité de Babylone de l'Égliſe, par alluſion aux ſoixante
dix années que dura la captivité d'Iſraël à Babylone.
Voici quelques monnoies frappées par les ſouverains pontifes
qui ont ſiégé dans cette ville.
Les deux premières ſont de CLÉMENT V , élu pape le
s juin 1305 ; il mourut le 20 avril 1314 , à la Roque
maure près Avignon , où il avoit fixé ſa réſidence au mois de
mars 1309 .
N.° 8 . CLEMENS PAPA QUINTVS. Rc Première légende : AGIMUS
TIBI GRACIAS OMNIPOTENS DEVs. Seconde légende : COMES
VENASINI . Argent. Traité de M. de Saint - Vincent.
N.° 9 . CLEmens PAPA QVINTus. R. Comes VENASINI . Monnoie
de même matière , & tirée du même Traité.
Jean XXII
MONNOIES FRAPPÉES À AVIGNON , &c. 9 113 རྨ་

Jean XXII fut élevé ſur le faint- ſiége le 7 août 1316 ,


& mourut à Avignon le 4 décembre 1334 PL . C.
IOHannes PAPA XXII COMES VENASINI . R. AGIMVS TIBL N.º 10.
GRATIAS OMNIPOTENS DEVS. Carlin ou lys d'argent. 'M. de
Saint-Vincent, & cabinet de M. de Boullongne.
CLÉMENT VI , élų ſouverain pontife le 7 mai 1342 ,
acheta , en 1348 , la ville & le comtat d'Avignon , de Jeanne ,
reine de Naples & comteſſe de Provence , pour la ſomme de
quatre - vingt mille florins. Ce pape mourut à Villeneuve d'Avi
gnon le 6 décembre 1352 .
CLEMens Papa SexTus. R. AGIMVS TIBI GRAtias OMNIPOTENS N. ° 11 .
DE VS.* Argent. M." de Boze dor de Saint-Vincent.
CLEMens Papa SEXTVS. R.COMES VENASINI . Argent.Ibidem . N.°° 12 .
Voyez l'Art de vérifier les dates ; & l'Hiſtoire de Provence
de M. l'Abbé Papon.

COMTES DE SAINT - PAUL


Он SAINT - PO L.

SAINT-PAUL, Poliniacenſis pagus,ville en Artois, avec titre de


comté , bâtie , à ce que l'on prétend , par les Romains , pour la
défenſe du port de Céſar. Elle eſt ſituée ſur la rivière de Ternois ,
à ſept lieues d'Arras & à neuf de Saint-Omer. Elle a eu ſes comtes
' ſiècle ; le premier qu'on ait pu découvrir eſt Roger,
dès le x1.°
qui ſe qualifie tel dans une charte de l'an 1031. Ce comté a
dans la ſuite appartenu à la maiſon de Châtillon, puis à celle
de Luxembourg ; il a depuis paſſé aux comtes de Vendôme de
la maiſon de Bourbon, & aux ducs de Longueville de celle
d'Orléans . Éliſabeth de Lorraine - Lillebonne , veuve de Louis I
de Mel un, prince d'Épinoi , acheta le comté de Saint-Paul,de
Tome II. P
114 COMTES DE SAINT - PAUL.
Marie d'Orléans - Longueville. Louis II de Melun , fils de la
princeſſe Éliſabeth, mort ſans poſtérité en 1724 , a eu pour
héritier ſon neveu Charles de Rohan, prince de Soubiſe. M. le
prince - maréchal de Soubiſe eſt décédé à Paris le 4 juillet 1787,
âgé de ſoixante -douze ans , laiſſant pour héritier M. le prince
de Condé , qui avoit épouſé ſa fille le 3 mai 1753..
Choppin , Domaine de France , nomme le comte de Saint
Paul le neuvième des trente-un ſeigneurs à qui le Roi a permis
de battre monnoie.
Le comte Gui IV fit un bail , en 1306 , à Jehannin Tadin
>

de Lucques, pour faire d ouvrer de la monnoie par tout le comté


de Saint - Pol , pendant le cours de dix - huit mois , à condition
>

qu'il tailleroit douze forts & douze foibles , les forts à quatorze
ſous ſix deniers , & les foibles à dix-neuf ſous fix deniers. Le
>

P. Turpin, Hiſtoria comitum Tervanenſium , page 170 .


Le même ſeigneur avoit droit de battre monnoie blanche le
28 novembre 1315 .
Les deniers devoient être à trois deniers douze grains argent
le-roi , au feur de deux cents quarante pièces de taille au marc.
Regiſtre de Lothier. ( Le Blanc dit deux cents ſoixante - ſeize
O

deniers au marc ) . La livre dudit ouvrage valoit moins de trois


ſous quatre deniers que celle du Roi ; de ſorte que vingt deniers
ne valoient que douze pariſis du roi.
Il y a eu fix comtes de Saint- Paul du nom de HUGUES .
Hugues I , ſurnommé de Candavène ,, ainſi que ſes deſcendans,
ſuccéda , en 1067 , à ſon père Roger , & mourut vers 1070.
Hugues II , ſon petit - fils , régna depuis 1083 juſque
vers 1131.
Hugues III, fils & ſucceſſeur de Hugues II , décéda en
1141 .
COMTES DE SAINT - PAUL. IIS
Hugues IV , petit - fils de Hugues II , & dernier mâle de
la maiſon des Candavène , fut comte de Saint-Paul depuis 1174
juſqu'en 1205 .
Hugues V de Châtillon régna depuis 1 226 juſqu'en 1248 .
Et Hugues VI , ſucceſſeur de Gui III de Châtillon en 1289 ,
céda le comté de Saint - Paul , en 1292 , àà ſon frère Gui IV. PL . CI.
HVGO COMES . BL. MONETA Sancti PAVLI . Pièce d'argent tirée N.° 1 .
du Recueil de M. de Boze.
La monnoie ſuivante eſt d'un GUI , comte de Saint - Paul ;
on en compte ſix de ce nom.
Gui I , fils de Hugues I , lui ſuccéda & mourut en 1083 .
Gui II , fils de Gauthier de Châtillon & d'Éliſabeth de
Candavène, ſuccéda à ſon père , en 1219 , dans le comté de
Saint - Paul , & périt au ſiége d'Avignon en 1226.
Gui III , fils & ſucceſſeur de Hugues V en 1248 , décéda
en 1289 .
Gui IV , à qui ſon frère Hugues VI réſigna le comté de
Saint - Paul , mourut en 1317 .
Gui V , petit - fils de Gui IV , régna depuis 1344 juſqu'en
1360 , qu'il mourut ſans enfans de ſa femme Jeanne de Luxem
bourg. Mahaut , ſæur & héritière de Gui V, porta le comté de
Saint- Paul dans la maiſon des cadets de Luxembourg, par ſon
mariage avec
Gui VI de Luxembourg , châtelain de Lille , de la branche
de Luxembourg - Ligny. Ce ſeigneur ceſſa de vivre en 1371 ;
Mahaut ne lui ſurvécut que trois ans.
GVIDO COMES. B. MONETA Sancti PayLI. Cette pièce eſt N. 2.
auſſi d'argent. M.de Boze, & Du Cange.
Voyez l'Hiſtoire de Châtillon ; Hautin ; le Regeſte 123 cité
par Du Cange , & l'Art de vérifier les dates.
P ij
116
COMTES D'ÉLINCOURT.
ÉLINCOURT , village ſitué dans la Flandre Valonne , au
diocèſe de Cambrai , ſur les confins de la province de Picardie,
à quatre lieues ſud - eſt de Cambrai.
Ce fief a été poſſédé ſous le titre de comté , dans le xiv .'
ſiècle, par les comtes de Saint-Paul qui y ont frappé monnoie.
Il a exiſté anciennement une famille noble de ce nom , dont
un ſujet ſervoit dans les armées du roi Philippe VI. Cette terre
étoit poſſédée, en 1559 , par meſſire du Hamel de Bellengliſe,
dont la filie épouſa un François des Elars , gouverneur de
>

Montreuil , chevalier de l'ordre du Roi , &c.


Des trois pièces que je donne ici , les deux premières font
Pl . CI.
sûrement de GUI V , comte de Saint-Paul , mort en 1360.
N.° 1 .
Guido COMES Sancti Pavli. R. MONETA ELINCurtii ( Gui ,
comte de Saint - Paul. Monnoie d'Élincourt ) . Recueil de M. de
Boze ; & cabinet de M.de Boullongne.
N.° 2. GVIDO COMES Sancti PAVLI . R. Légende extérieure :
MONETA NOVA DE ELINCOVRT. L'intérieure : SIGNVM CRVCIS.
Recueil de M. de Boze ; & cabinet de M. de Boullongne.
La dernière eſt de GUI VI de Luxembourg , à qui Mathilde
ou Mahaut , ſour & héritière de Gui V , porta le comté de
Saint - Paul.
N. ° 3
GVIDO DE LVCENBOVRC ( Gui de Luxembourg ). RC. MONETA
DE ELINCOVRT. Cabinet de M. Pagnon d'Ijonyal ; & M. de
Boze.
Ces pièces ſont toutes trois d'argent.
Voyez l'Hiſtoire généalogique de la maiſon de France du
père Anſelme , tome III , page 721 .
117
SEIGNEURS ET COMTES DE LIGNY.

LIGNY , Lineium , Ligniacum , Liniacum , ville de France


avec titre de comté , dans le Barrois , & du diocèſe de Toul ,
>

ſituée ſur la rivière d'Orney ; à deux lieues ſud - eſt de Bar


le - Duc. Cette ſeigneurie appartenoit anciennement aux comtes
de Champagne. Thibaut - le -Grand , vers la fin du xii. ſiècle ,
en mariant ſa fille Agnès avec Renaud II , comte de Mouſſon
& de Bar , lui donna en dot la ſeigneurie de Ligny , qu'enſuite
Henri II , petit-fils de Renaud & d'Agnès , donna lui-même en
dot à ſa fille Marguerite , lorſqu'elle épouſa , en 1240 , Henri I ,
comte de Luxembourg. De ce dernier mariage naquit entr’autres
enfans , Waleran qui fit la branche de Luxembourg -Ligny. La
ſeigneurie de Ligny fut érigée en comté en 1367 , par Charles V,
en faveur de Gui de Luxembourg , comte de Saint - Paul , iſſu
de Waleran , frère de l'empereur Henri VII. Elle a enſuite
paſſé à d'autres maiſons, & les deſcendans du duc de Montmo
renci , maréchal de France , mort en 1695 , l'ont poſſédée
I

juſqu'en 1719 , qu'elle fut acquiſe par le duc Léopold , & réunie
au Barrois.
PL . CI.
GVIDO DE LVCENBOVRC Comes DE LINI ( Gui de Luxem- N.° 1 .
bourg , comte de Ligny ) . RC. XPC. VINCIT , &c. Fleur-de-lys
d'or ſemblable à celles du roi Charles V. M. de Boze.
GUI de Luxembourg , VI. du nom , comte de Ligny , fils
de Jean de Luxembourg , avoit épouſé , en 1350 , Mahaut de
Châtillon ', qui lui apporta le comté de Saint-Paul , dont elle
étoit reſtée ſeule héritière par la mort de ſon frère Gui V , 1

arrivée en 1360. Gui VI mourut en 1371 .


Son père JEAN de Luxembourg , châtelain de Lille , ſeigneur
de Ligny , étoit fils de Waleran II , comte de Luxembourg ,
décédé en 1364. II a frappé les deux pièces ſuivantes.
PL . CI .
118 SEIGNEURS ET COMTES DE LIGNY.
N. ° 2 . 10Hannes DE LVCENBOVRC COMES LINEI ( La ſeigneurie
de Ligny n'avoit cependant pas encore été érigée en comté ) .
RC. PAX XPI ( Chriſti ) MANEAT SEMPER NOBISCVM. Cette
pièce eſt un Saint - Pierre d'or. Recueil de M. de Boze.
N.° 3 . Même légende. R. MONETA NOVA E LINEO ( nouvelle
monnoie de Ligny ) . Monnoie d'argent tirée auſſi du Recueil
de M. de Boze.

Les ſuivantes portent le nom de WALERAN ; c'eſt celui


de trois ſeigneurs de Ligny.
Waleran de Luxembourg, I.'' du nom , fils puîné de Henri I
de Luxembourg , mort en 1280 , fut tué , en 1288 , à la bataille
de Voring près de Cologne, donnée contre le duc de Brabant.
Waleran II , l'aîné de ſes fils, vivoit encore en 1353 .
Waleran III de Luxembourg , connétable de France , ſuccéda,
en 1371 , à ſon père Gui de Luxembourg , dans les comtés de
Saint-Paul & de Ligny ; il mourut en 1415 .
N. 4 :
Gualeranus DOMINVS DE Lineo. R. MONETA SERAIN ( lieu
inconnu ) . Sterling d'argent. M. Snelling, n . 29 .
N. ° s . Gualeranus DOMINVS DE LYNYO. RE. MONETA SERENE .
Autre ſterling . Ibidem , n.' 27.
N.° 6. Gualeranus DOMYNYS DE LINI . R. MONETA SERAM. Autre
ſterling d'argent. Cabinet de M. de Boullongne.
N.° 7. GVALERanus DE LVSENBurgo. R. MONETA SERENE. Autre
ſterling d'argent gravé dans M. Snelling , ſous le nº . 28.
Ces ſterlings paroiſſent avoir été frappés par Waleran I ou
Waleran II , & contrefaits ſur ceux d'Édouard I.
N. ° 8 , GVALERANNUs Dominus DE LINIæo. Rr. Légende extérieure :
MONETA NOVA SERENENsis . L'intérieure : SIGNVM CRYCIS.
Monnoie d'argent tirée du Recueil de M. de Boze.
Voyez l'Hiſtoire de la maiſon de Luxembourg , de Nicolas
Vignier.
119
COMTES DE SANCERRE .

SANCERRE , Sancerra ou Sacrum Cæfaris , ville de France


dans le Berri ſur les frontières du Nivernois , avec titre de comité ,
poſſédé par la maiſon de Bourbon-Conti. Elle eſt ſituée ſur une
montagne près de la Loire , à neuf lieues nord -oueſt de Nevers ,
à dix nord -eſt de Bourges , & àà quarante-quatre ſud-eſt de Paris.
Eudes II , dit le Champenois, comte de Blois & de Champagne ,
>

acquit le comté de Sancerre en 1015 , de Roger ſon frère ,


en lui donnant en échange le comté de Beauvais dont Roger
étoit évêque. Les comtes de Champagne, deſcendans d'Eudes
le-Champenois, ont poſſédé Sancerre juſqu'en 1151, que Thibaut
le -Grand donna ce comté en partage à Étienne ſon troiſième
fils. Louis I de Bourbon, comte de Montpenſier, devint comte
de Sancerre en 1436 , par la mort de la femme Jeanne ,
comteſſe de Sancerre ; mais en 1451 , Jean V, ſire de Beuil ,
>

neveu de Beraud , comte de Sancerre , revendiqua cet héritage


>

dans lequel il fut mis en poſſeſſion par le parlement de Paris.


Ses deſcendans ont joui du comté de Sancerre , juſqu'en 1640 ,
que Henri de Bourbon , II . du nom , prince de Condé , s'en
rendit adjudicataire. Il eſt depuis échu en partage àLouiſe-Éliſabeth,
douairière de Conti , arrière-petite-fille de Henri de Condé, morte
en 1775 , qui l'a tranſmis par ſon teſtament au comte de la
Marche ſon petit-fils, aujourd'hui prince de Conti.
Choppin , dans ſon Traité du Domaine de France , & la
Thaumaſſière dans ſon Hiſtoire de Berry, citent pluſieurs titres
du xi1 .' & du xin .' ſiècles, où il eſt fait mention de la monnoie
de Sancerre .
Étienne de Champagne, à qui Thibaut - le -Grand donna le
comté de Sancerre , céda au chapitre de Bourges , entr’autres
droits qu'il levoit dans les paroiſſes de Beaulieu & Sautranges,
la forfaiture ſur les monnoies .
I 20 COMTES DE SANCERRE ..
Guillaume I , ſucceſſeur d'Étienne , ordonna au mois de
mai 1198 , qu'on donneroit chaque dimanche aux moines du
prieuré de Charme , vingt-un ſous, monnoie de Sancerre. Cette
donation fut confirmée par le comte Louis I , lorſqu'il ſuccéda
à Guillaume I.
Le même Louis I tranſigea , en 1230 , avec le chapitre de
>

Saint-Étienne de Bourges , en interprétation de l'accord qu'Étienne


ſon aïeul avoit fait avec ce chapitre , ſur la manière de perce
voir l'amende de ſoixante ſous, monnoie de Sancerre , qu'il
avoit droit de prendre ſur leurs hommes de Beaulieu & de
Sautranges , qui refuſoient de le ſuivre à la guerre.
Il tranſigea encore , au mois de janvier 1255 , avec le
chapitre de Saint - Martin - de - Tours & le prévôt de Léré ; il
fut convenu entr'autres articles , que le chapitre ne pourroit
prendre aucun avoué ou aſſocié laïc plus puiſſant & autre que
le comte de Sancerre , en tout ou en partie de leur terre de
Léré , & que la monnoie qui auroit cours en la ville &
comté de Sancerre , ſeroit reçue ſans difficulté dans la terre de
Léré. Le roi Saint - Louis confirma cette tranſaction par des
lettres du mois de juin 1256 .
Choppin dit que ce fut Étienne I qui fit mettre ſur ſes mon
noies la légende SACRVM CÆSARIS , nom que les poëtes du temps
avoient donné à ſa ville. Les monnoies qui nous reſtent paroiſſent
en effet du XII .' ſiècle; mais il n'eſt pas poſſible de décider ſi
elles ont été frappées par Étienne I ou par Guillaume I.
Le même auteur nomme le comte de Sancerre le quatorzième
des trente-un ſeigneurs à qui le Roi a donné le privilége de
faire battre monnoie.
On voit dans le premier Mémorial de la Chambre des
Comptes , fol. 27 , 29, que le comte de Sancerre , alors Étienne II ,
croit un des barons jouiſſant du droit de battre monnoie , à qui
le
COMTES. DE SANCERRE . : I 21

le roi Philippe- le - Bel écrivit de lui envoyer des commiſſaires


pour la réformation de la monnoie.
Par l'ordonnance de Louis-Huttin , faite à Lagny -ſur-Marne,
le 28 novembre 1315 , le comte de Sancerre , alors Jean II ,
avoit droit de forger ſeulement des monnoies blanches , le
Roi ſeul ayant droit d'en forger d'or. Les deniers de cette
monnoie devoient être à trois deniers fix grains argent-le-roi ,
de dix-neuf grains de poids , à la taille de deux cents quarante
pièces au marc ; les quinze deniers ne devoient valoir que
douze deniers du coin du roi ; les mailles devoient être à
deux deniers ſeize grains argent-le-roi , à vingt-deux grains de
poids , & à la taille de deux cents ſix pièces au marc. Le Blanc,
Manuſcrit de Saint - Victor. Regiſtre de Lothier. Table alpha
bétique des matières des Regiſtres du Parlement.
La Thaumaſſière , Hiſtoire de Berry, page 445, parle d'une
monnoie qui lui avoit été donnée , en 1659 , par Nicolas Cathe
rinot , avocat à Bourges ; il l'attribue à Guillaume de Cham
pagne , cardinal de Sainte-Sabine , archevêque de Reims , qui,
ayant le bail de Guillaume , comte de Sancerre , ſon neveu ,
étoit , dit l'hiſtorien , réputé comte de Sancerre , & jouiſſoit de
tous les droits de ſon mineur , ſuivant l'uſage de ce temps. C'eſt
en cette qualité , ajoute - t - il , qu'il a frappé cette monnoie. Au
rapport de la Thaumaſſière , elle préſentoit une tête couverte
d'un bonnet carré , avec ces lettres autour : VVI . C. T. T. SCE.
S. A. R. que cet auteur interprétoit ainſi : Willelmus , cardinalis
tituli Sanctæ - Sabinæ , archiepiſcopus Remenſis. Au revers ,
SACRVM ESARI "autour d'une croix.
Duchêne , dans ſon Hiſtoire des cardinaux François, tome 1,
page 174, dit avoir vu une pièce ſemblable dans le cabinet de
l'avocat Cholet, & dans celui du préſident de Harlai; mais il
ne la “ regarde que comme une ſimple médaille. Son explication
de la première légende eſt la même que celle de la Thaumaſſière.
Tome II. Q
I 22 COMTES DE SANCERRE.
Il voit dans le champ du revers , les deux lettres N. S. qu'il
explique ainſi : nobilitas ſanguinis.
:

Je penſe que la Thaumaſſière & Duchêne ſe ſont tous deux


trompés , non dans l'attribution qu'ils ont faite de ces monnoies
à l'archevêque de Reims ( quelques-unes de celles que je décrirai
plus bas , peuvent lui appartenir ) , mais dans l'explication forcée
& invraiſemblable qu'ils ont faite de la légende de la tête. Sur
toutes les monnoies de Sancerre qui nous reſtent, cette légende
ſe lit très - diſtinctement de cette manière : IVLVS ou IVLIVS
CESAR. Cette légende ne diffère , comme l'on voit , que par
les premières lettres , de celle que la Thaumaſſière rapporte ; &
il eſt évident que cet hiſtorien & Duchêne n'ayant ſous leurs
yeux que des pièces uſées , & dont les caractères effacés ne ſe
diſtinguoient plus , ils n'auront bien lû que les dernières lettres ;
ils auront ſuppléé ingénieuſement aux premières qu'ils ne déchif
froient as , & à l'aide de quelques points qui ſembloient
indiquer des lettres initiales , ils auront cru y trouver le nom
>

& les qualités de l'archevêque de Reims. Quant à la première


des deux lettres que Duchêne explique par nobilitas ſanguinis ,
ſa forme irrégulière lui a fait illuſion ; ce n'eſt en effet qu'un
c, & les deux lettres ne ſont que les monogrammes de ſacrum
Ceſaris.
Il eſt parlé de dix livres , monnoie de Sancerre , dans une
tranſaction faite en 1150 , par Gilbert , abbé de Fontmorigny.
Par un autre acte de l'an 1225 , Almaïs , abbeſſe de Saint
Laurent - de - Bourges, conſent de payer à Pierre de la Porte ,
' chevalier , onze deniers forts, monnoie de Sancerre.
Ces deux notes ont été communiquées à l'éditeur par dom
Claude-Antoine Turpin , bénédictin de la congrégation de Saint
Maur , qui travaille à une nouvelle Hiſtoire du Berry.
PL. CII . Voici les monnoies qui nous reſtent des comtes de Sancerre.
N.° 1 . IVLVS CES. A. R. R. SACRVM CESARIS. Dans le champ , les
>

COMTES DE SANCERRE . 123


monogrammes s. C. Denier de billon peſant dix - huit grains.
Cabinet de M. de Boullongne. PL . CII.
IVLVS CESAR . R. SACROM CESARIS. Billon. M. de Boze. N. ° 2.

IVLVS CES. A. R. R. SACRVM CESARIS. Billon du poids N.° 3 .


de dix - neuf grains. Cabinet de M.de Boullongne.
O

Ces trois pièces préſentent une tête couverte d'un ornement


qui n'eſt certainement pas la couronne d'un ſeigneur; ſa forme eſt
celle d'un bonnet carré , ou d'une mitre telle qu'en portoient les
prélats dans le xii . ſiècle, & que l'on en remarque ſur beaucoup
de leurs monnoies ( a ); il ne s'en trouve point de ſemblables ſur
‫ر‬

celles des ſeigneurs. Il eſt vrai que le Blanc a fait graver une
pièce qu'il dit avoir été frappée à Bourges par Louis VI ou
Louis VII , & ſur laquelle il prétend que l'on voit la tête du
roi avec une couronne qui a exactement la même forme que
l'ornement dont il s'agit ici ; mais cette monnoie a plutôt été
frappée par un archevêque de Bourges, qui y aura mis le nom
: du roi , comme cela ſe faiſoit quelquefois. La croix qui ſe.voit
ſur le revers , ſemble confirmer mon ſentiment; & les prétendus
1
ornemens qui entourent cette tête , & qui ſemblent à le Blanc
3
les extrémités d'une fourrure , ne ſont, ſelon moi , autre choſe
que les cheveux bouclés & la barbe de l'archevêque de Bourges.
Le Blanc , pour appuyer ce qu'il dit , allégue l'exemple de
Clotaire IV , qui eſt repréſenté ſur un ſceau ( gravé dans la
Diplomatique du P. Mabillon ), avec une couronne ſemblable ;
mais le règne de Clotaire & celui de Louis VI ou Louis VII ,
ſont trop éloignés pour pouvoir établir une comparaiſon entre
les vêtemens dont ils ſe fervoient. On peut donc , avec quelque
certitude , attribuer cette monnoie donnée par le Blanc , à un

( a ) Voyez au commencement du premier volume , les archevêques


d'Arles, de Cambrai ; les évêques de Laon , de Metz , &c.
Qij
124 COMTES DE SANCERRE .
archevêque de Bourges ; & les trois premières de Sancerre qui ont
donné lieu à cette digreſſion , à GUILLAUME de Champagne,
archevêque de Reims & comte de Sancerre pendant la minorité
PL . CII . de ſon pupille , c'eſt -à-dire, depuis 1191 juſque vers l'an 1200 .
N.° 4. IVLVS CES. A. R. R. SACRVM CESARIS. Dans le champ , la
tête du comte de Sancerre couronnée. Denier de billon peſant
dix - ſept grains. Cabinet de M. de Boullongne.
N. S.
IVLIVS CESAR . R. SACRVM 'CESARIS. Rec. de M. de Boze.
N.° 6.
IVLIVS ? : CESAR . R. SACRVM CESARIS. Manuſcrit de
l'abbaye de Saint- Victor.
N.° 7. IVLIVS CES. A. R. R. SACRVM CESARIS. Billon peſant dix
huit grains. Cabinet de M. de Boullongne.
N.° 8 . IVLIVS CESAR . R. SACRVM CESARIS . Obole de même
matière ne peſant que huit grains. Même cabinet.
N 9. Mêmes légendes. Du Cange. Peut-être ces dernières pièces ont
elles été frappées par le comte GUILLAUME devenu majeur ;
il mourut dans les fers en Theſſalonie , l'an 1218 .
Voyez l’Art de vérifier les dates ,& l'Opuſcule de Catherinot,
intitulé : les Philippes de Berry.

COMTES DE MÂCON .
MÂCON , Matiſco , capitale du Mâconois en Bourgogne,
avec un évéché ſuffragant de Lyon , à cinq lieues ſud - fud -oueſt
de Tournus.
Le Mâconois , Matiſconenſis Pagus , pays de Bourgogne ,
avec un ancien titre de comté , borné au nord par le Cha
lonois ; au ſud par le Beaujolois ; à l'eſt par la Saône , & à
l'oueſt par le Charolois & le Brionnois . Du temps de Céſar , le
Mâconois étoit habité par une partie des Ædui ; & ſous Honorius ,
ce pays ſe trouvoit compris dans la Lyonnoiſe première.
Il y a eu ſous la ſeconde race de nos Rois, des comtes de
*

COMTES DE MÂCON . 125


Mâcon amovibles , dont le premier eſt Warin ou Guérin , comte
d'Auvergne , mort après 850. Le premier comte héréditaire eſt
Albéric I , qui vivoit encore en 941. Alix , femme de Jean de
Dreux, vendit avec lui , en 1238, le comté de Mâcon au roi
Saint-Louis qui le réunit à la couronne. En 1435 , ce comté
fut cédé à Philippe - le- Bon , duc de Bourgogne ; mais après
la mort de Charles- le - Hardi, Louis XI rentra en poſſeſſion du
comté de Mâcon.
Il paroît , par les deux pièces ſuivantes , que les comtes de
Mâcon ont joui de bonne heure du droit de battre monnoie , &
qu'ils étoient obligés de mettre le nom du Roi ſur leurs mon
.

noies , comme nous en avons vu pluſieurs exemples. PL. CII.


LVDOVICUS REX. R. CASTRVM MATiſconis ( château de N.° 1 .
Mâcon ) . Billon. Cabinet de M. de Boullongne. Cette pièce fe
trouve auſſi dans le Recueil de M. de Boze , & dans Du Cangę.
PhilippVS REX. RE. MATISCON. La lettre s , qui ſe voit N. 2.
dans le champ, paroît être le monogramme d'ÉTIENNE,
ſurnommé le Hardi, comte de Varaſque au comté de Bourgogne,
fils de Guillaume-le -Grand , comte de Bourgogne & de Mâcon.
Il poſſéda ce dernier comté depuis environ 1085 juſqu'en 1102 ,
ſous, ļe règne de Philippe I. Voyez l’Art de vérifier les dates.

COMTES DE CHALON -SUR -SAÔNE..


CHALON , Cabillo, Cabillonum , Cabilluninum , Caballinum ,
Caballodunum , ville de France en Bourgogne , capitale du
O

Chalonois, ſituée ſur la Saône , à quatorze lieues ſud - oueſt de


Dijon , & à ſoixante-ſeize ſud -eſt de Paris.
Le Chalonois étoit habité , du temps de Céſar , par les
Ambarri & les Zediones qui faiſoient partie des Éduens. Sous
l'empereur Honorius, il fut compris dans la première Lyonnoiſe,
2

dont Chalon étoit regardée comme la ſeconde ville.


126 COMTES DE CHALON -SUR -SAÔNE.
Sous la ſeconde race de nos Rois , Chalon eut des comtes
bénéficiaires , dont le premier connu eſt Adelard , qui vivoit
ſous les règnes de Pepin -le -Bref & de Charlemagne. Le premier
de ſes comtes héréditaires fut Lambert en 968.
Jean , dit le Sage, fils de Béatrix , comteſſe de Chalon , &
d'Étienne III , comte d'Auxonne , né vers 1190 , fut, aſſocié
par ſa mère au gouvernement du comté de Chalon , dès qu'il
eut atteint l'âge de majorité. En 1237 , il céda les comtés de
Chalon & d'Auxonne à Hugues IV , duc de Bourgogne , en
échange des ſeigneuries de Salins , de Bracon , de Villafans &
d'Ornan ; mais il conſerva juſqu'à ſa mort le titre de comte avec
le nom de Chalon qu'il tranſmit à ſes deſcendans.
PL . CII . Il nous reſte une monnoie de ce ſeigneur; elle porte : IOHAN
NES COMES. RC. CABILOnenſis civitas. Cette pièce de billon
eſt gravée dans le Gloſſaire de Du Cange & dans le Recueil
de M. de Boze ; je la poſsède en nature.
Voyez l’Art de vérifier les dates.

COMTES D'AUXONNE.
AUXONNE , ou Auſſonne , Alona , Aſonium , Axonia ,
Auxona , ville de France au duché de Bourgogne , avec titre
de comté , ſituée ſur la Saône , à ſept lieues eſt de Dijon , cinq
nord - oueſt de Dôle , & à ſoixante - quatorze ſud - eſt de Paris.
Elle appartenoit , en 614 , au duc Amalgaire qui commandoit
en Bourgogne ſous le règne de Clotaire II : il la donna à ſa
fille Adalſınde pour la dotation du monaſtère de Saint-Martin-de
Beſançon , dont elle étoit abbeſſe. Forcée quelque temps après
d'abandonner ce monaſtère , elle ſe retira dans l'abbaye de Bèze ,
à qui , en 652 , elle céda Auxonne & les autres biens de ſon
abbaye ; celle de Bèze ne conſerva pas long - temps Auxonne ,
dont on ignore le ſort pendant les deux ſiècles ſuivans. En 892 ,
1

COMTES D'AUXONNE .. 127


Manaſsès de Vergy , en fondant le prieuré de Saint - Vivant, lui
donna le lieu d'Auxonne qui fut dans la ſuite inféodé aux
comtes de Bourgogne.
Le comté d'Auxonne fut poſſédé par Otte -Guillaume ,
premier comte propriétaire de Bourgogne , par Renaud I ſon
fils, & par leurs ſucceſſeurs juſqu'à Guillaume III , ſurnommé
l’Enfant, qui mourut en 1126 , & eut pour héritiers ſes plus
proches parens Renaud & Guillaume : celui-ci eut en partage
le comté d'Auxonne ; il le laiſſa en mourant à ſon fils Étienne ,
& ce dernier à ſon fils Étienne II , ou Eſtevenon , dont le
fils Jean - le - Sage céda , en 1237 , le comté d'Auxonne avec
celui de Chalon à Hugues IV , duc de Bourgogne , pour la
ſeigneurie de Salins. Depuis ce temps , les comtes de Bourgogne
prétendirent qu'Auxonne étoit une mouvance de leur comté ;
mais les ducs de Bourgogne la leur ont toujours conteſtée , &
n'ont jamais conſenti à leur en faire hommage.
Gollut , dans ſon Hiſtoire de la république Séquanoiſe, fait
mention de la monnoie d'Auxonne ; il rapporte que Guillaume
de Vergy , archevêque de Beſançon, eut quelques différends
avec Philippe - le -Hardi , duc de Bourgogne , parce que le
premier faiſoit battre monnoie à Auxonne , contre les franchiſes
de la Franche - Comté , qui portent que l'archevêque ne doit
battre dans la vicomté , mais dans le comté ſeulement; ce que le
duc ne pouvoit trouver bon , parce qu'il tenoit la vicomté , &c. ·
15

Voyez quelques autres conteſtations de cette nature rapportées


ci-deſſus à l'article des comtes de Bourgogne, page 32 , & à
celui de Philipe-le -Hardi, duc & comte de Bourgogne , tome I,
page 149 PL . CII.
COMES AVXONE. R. Première légende : BeNeDicTym sit N.º 1 & 2 .
NOMEN Domini noftri. Seconde légende : AVXONA OBOLVS.
Le type de ces monnoies qui reſſemblent au gros tournois ,
& la forme de leurs lettres , font préſumer qu'elles auront été
1

128 COMTES D’AUXONNE.


frappées dans le xiv.' ſiècle par les comtes de Bourgogne, en
vertu de leurs prétentions ; elles ſont toutes deux d'argent, &
chez M. de Boullongne. Celles que Du Cange a données dans
ſon Gloſſaire latin ( au mot moneta ) ſous le titre d'Auxonne ,
doivent être attribuées aux ducs de Bourgogne.
Auxonne eſt qualifiée dans les chartes , tantôt comté , tantôt
vicomté ‫ ;و‬Louis XI la réunit à la couronne , en même temps
que le duché de Bourgogne.
Voyez l'Hiſtoire du comté de Bourgogne ; & l'Art de vérifier
les dates, où l'on a fait uſage de la chronique de Bèze , imprimée
dans le Spicilége, tome 1, page 49 2.

COMTES DE TONNERRE.
TONNERRE , Tornodorus, ville de France dans la Cham
pagne , au Sénonois , chef- lieu d'un comté conſidérable. Elle
eſt ſituée ſur l’Armanſon , à huit lieues nord - oueſt d'Auxerre ,
& à quarante -une ſud - eſt de Paris.
Milon , qui vivoit ſous les règnes de Lothaire & de Louis V,
paroît avoir été le premier comte propriétaire de Tonnerre.
Après avoir été poſſédé par les comtes de Nevers & d'Auxerre,
ce comté a paſſé aux maiſons de Courtenai , de Chalon , &
enfin à celle de Clermont. François - Joſeph de Clermont vendit ,
en 1684 , le comté de Tonnerre & ſes dépendances au marquis
de Louvois , miniſtre & ſecrétaire d'état au département de la
guerre , par qui il a paſſé à François-Michel-Céſar le Tellier de
Louvois, dit le marquis de Courtenvaux, capitaine-colonel des Cent
Suiſſes, membre de l'Académie des Sciences , mort de nos jours.
Dans le premier Mémorial de la Chambre des Comptes ,
pages 27 do 29 , le comte de Tonnerre eſt au nombre des barons
jouiſſant du droit de frapper monnoie , à qui Philippe - le - Bel
écrivit , en 1305 , pour la réformation de la monnoic. Du Cange.
C'étoit
COMTES DE TONNERRE. 129
C'étoit alors Jean II qui avoit ſuccédé l'année précédente à ſon
père Guillaume de Chalon , dans les comtés d'Auxerre & de
Tonnerre , ſous la garde-noble d'Éléonore de Savoie , ſa mère.
Le Blanc , page 93, a fait graver une monnoie qui paroît avoir
été frappée à Tonnerre , par l'empereur Charlemagne. Elle a pour
légende : TORNANDORT ; & au revers , autour du monogramme
de Charles , ces mots : GRACIA Del IMPERAtor . C'eſt la plus
ancienne monnoie des rois que le Blanc connoiſſe avec cette inſcrip
tion ; il obſerve , d'après pluſieurs hiſtoriens, que Charlemagne eſt
le premier de nos rois qui ait mis dans ſes titres les mots gratia
Dei ; mais , comme le remarque le rédacteur de l’Almanach des
monnoies (année 1786 , page 307 ) , Pepin, prédéceſſeur de Char
lemagne , avoit déjà employé cette formule dans ſes capitulaires.
M. de Boullongne poſsède une monnoie des comtes de
Tonnerre ; elle porte d'un côté : Margareta D .... ( Dei gratiâ )
Regina sicilie Comitiſſa TORNODORI .
MARGUERITE , comteſſe de Tonnerre , ſeconde femme de Pl. CII.
Charles de France , I. " du nom , roi de Sicile & comte d'Anjou ,
qu'elle épouſa en 1268 , étoit fille d'Eudes de Bourgogne, mort
à Acre en Paleſtine, fils de Hugues IV , duc de Bourgogne ,
>

comte de Chalon , & de Mahaud de Bourbon , comteſſe de


>

Nevers , d'Auxerre & de Tonnerre, fille aînée d'Archambaud IX ,


fire de Bourbon , & d’Yolande de Châtillon , héritière des comtés
de Nevers , d'Auxerre & de Tonnerre. La reine Marguerite
mourut le 24 ſeptembre 1308 : elle avoit cédé le comté de
Tonnerre , en 1292 , à ſon neveu Guillaume de Chalon.
COMTES DE SENS .

SENS , ville de France dans la Champagne , capitale du


Sénonois , en latin Senones, & ſous Céſar, Agendicum Senonum ,
ſituée à côté de la rivière d'Yonne , à quatre lieues d'Auxerre ,
Tome II. R
130 COMTES DE SENS. '
& à vingt-cinq de Paris. Sur la fin de la ſeconde race , cette
ville étoit ſoumiſe à des comtes particuliers,, & en 940 elle
étoit au pouvoir de Hugues-le-Grand , duc de Bourgogne ; il en
confia le gouvernement , en 941 , à un ſeigneur nommé Fromond
qui prit le titre de conte. Rainard II , comte de Sens en 1012 ,
ayant commis pluſieurs violences contre l'archevêque Leothéric,
le roi Robert , en 1015 , confiſqua ce comté & le réunit peu
de temps après à la couronne ; il établit en même temps à Sens
un vicomte , dont le titre s'eſt conſervé juſqu'à nos jours.
Les trois monnoies que je donne ici paroiſſent être de ces
anciens comtes .
PL . CII.
N. ° 1 . GRACIA DEI TI . J'ignore ce que peut ſignifier cette
légende défectueuſe. Bc. SENONenſis civitas. Denier d'argent
du cabinet de M. de Boullongne .
N.° 2 . GRACIA DEI TI ..... Rc. SENOIS pour Senonenſis civitas.

Denier de même matière. En nature .


N.° 3 . SENONEnſis civitas. La légende du revers ne ſauroit ſe
déchiffrer. Denier d'argent auſſi en nature.
Voyez l’Art de vérifier les dates.

COMTES DE SOISSONS .

Soissons , Sueſſiones , ville de l'Iſle -de-France , capitale du


Soiſſonois, avec titre de comté , ſituée ſur la rivière d'Aiſne, à
>

douze lieues nord - eſt de Reims , & à vingt - deux nord - eſt
de Paris.
Le Soiſſonois , borné au nord par le Laonnois , àà l'eſt par la
Champagne , au ſud par la Brie , & à l'oueſt par le Valois , avoit
des bornes plus reculées lorſqu'il fut conquis par Céſar. Il étoit
alors gouverné par un roi ; il devint , ſous Céſar , la réſidence
du préfet des Gaules . Ce pays reſta long - temps fidèle aux
COMTES DE SOISSONS.131
Romains , & ne ſuccomba aux attaques des Francs , que ſous
Clovis en 481. Dans le partage que ce prince fit à ſes enfans,
de fa monarchie , Soiſſons devint la capitale du royaume de
Clotaire ; celui - ci ayant enſuite recueilli toute la ſucceſſion de
Clovis , fit en faveur de ſes enfans une nouvelle diviſion des
Gaules ; il aſſigna le royaume de Soiſſons à Chilperic ,, dont le
fils Clotaire II régna dans la ſuite ſur toute la France.
Il y a eu des ducs de Soiſſons ſous la première race de
nos Rois ; mais ce n'étoient que des officiers ou gouverneurs
amovibles.
Le premier comte feudataire de Soiſſons eſt Gui , fils
d'Herbert III , comte de Vermandois ; il avoit épouſé Adelaïde ,
fille de Giſelbert, gouverneur du Soiſſonois.
Le comté de Soiſſons a été poſſédé ſucceſſivement par les
maiſons d'Eu , de Neſle en Picardie , de Hainaut , de Châtillon ,
de Couci , de Bar , de Luxembourg , de Bourbon , & enfin par
celle de Savoie - Carignan.
Choppin , Domaine de France , nomme le comte de Soiſſons,
le ſeptième des trente - un ſeigneurs à qui le Roi donna le
privilége de faire battre monnoie.
Le premier Mémorial de la Chambre des Comptes met le
comte de Soiſſons au nombre des barons à qui Philippe IV
écrivit pour la réformation de la monnoie ; c'étoit vraiſembla
blement vers l'an 1305 , ſous Hugues de Neſle.
Le comte de Soiſſons avoit droit de battre monnoie le 28
novembre 1315 ; c'étoit alors Marguerite de Neſle. Les deniers
appelés noirs ( a ) devoient être à trois deniers douze grains de loi
argent-le - roi; de ſeize grains de poids, ſelon les Regiſtres de
Lothier ; de vingt-quatre ſous de poids au marc de Paris, ſelon le
3
( a ) En latin , nigri, ou peut-être nigelli , monnoie de Nefle ; voyez ci-après
l'article des ſeigneurs de Neſle,
Rij
132 COMTES DE SOISSONS .
Manuſcrit de Saint - Victor ; & de vingt - trois , ſelon le Regiſtre
123 , à la taille de deux cents ſoixante-ſeize pièces au marc.
Voyez le Traité des monnoies de le Blanc ; & la Table
alphabétique des matières des Regiſtres du Parlement.
Voyez auſſi Thevet , Coſmographie ; Hautin , & l'Hiſtoire
de Soiſons par Dormay , cités par Du Cange.
La première des trois monnoies que je donne des comtes
de Soiſſons, a été frappée par YVES DE NESLE , dit le
Pl. ciii. Vieux , qui régna depuis 1146 juſqu'en 11178 .
N.° 1 . IVO COMES. R. SVESSIONIS. Billon. M. de Boze , & cabinet
de M. de Boullongne.
RAOUL DE NESLE , ſurnommé le Bon , fut comte de
Soiſſons depuis 1180 juſqu'en 1237. On conſerve de ce
feigneur la pièce ſuivante :
N. 2. RADVLFUS COMES. R. SVESSIONIS. Ce denier eſt de billon ,
& ſe trouve auſſi dans le Recueil de M. de Boze , & chez
M. de Boullongne .
N° 3. IOHANNES COMES. R. MONeta SVESSIONIS . Billon . Même
Recueil , & cabinet de M. le Marquis de Paulmy.
>
:
Il y a eu ſıx comtes de Soiſſons du nom de JEAN, ſavoir :
Jean I d'Eu , depuis 1099 juſque vers 1118 .
Jean II de Neſle, dit le Bon & le Bègue, depuis 1237
juſqu'en 1270 .
Jean III , ſeigneur de Chimai , depuis 1270 juſqu'en 1284.
Jean IV , ſeigneur de Chimai , depuis 1284 juſqu'en 1289 .
Jean V , depuis 1289 juſqu'en 1297.
Jean VI de Hainaut, ſeigneur de Beaumont , de Valen
ciennes , frère de Guillaume de Hainaut, comte de Hainaut
& de Hollande ; il épouſa , en 1316 , Marguerite , fille unique
> >

de Hugues de Neſle, comte de Soiſſons, & il céda ce comté ,


en 1344 , à ſa fille Jeanne & à ſon gendre Louis de Châtillon ,
comte de Blois. Voyez l’Art de vérifier les dates.
--

133
COMTES DE VERMANDOIS .
LE VERMANDOIS , Veromandus ager , pays de France en
Picardie , avec titre de comté , érigé depuis en duché-pairie ; il
faiſoit partie , ſous les Romains , de la ſeconde Belgique ; Saint
Quentin , ſa capitale , eſt l'ancienne Auguſta Veromanduorum . Ce
pays eſt borné au nord par le Cambreſis, à l'eſt par la Thiérache ,
au ſud par le Noyonois , & à l'oueſt par le Santerre.
Pepin , fils de Bernard , roi d'Italie , ayant été privé de ce
royaume par l'empereur Louis- le -Débonnaire , reçut en dédom
magement une partie du Vermandois ; ſavoir , les ſeigneuries de
Saint-Quentin & de Peronne. Son fils Herbert I. ou Héribert
fut le premier comte de Vermandois. En 1077 , ce comté & celui
de Valois ſe trouvèrent réunis par le mariage de Herbert IV ,
comte de Vermandois , avec Adèle , héritière du comté de
Valois.
Je connois des comtes de Vermandois les trois pièces
ſuivantes : PL. CIII.
VIRONENDI Comitiſſa. Dans le champ , ALIENOR. Bc. Sanctus N.: 1 .
QUINTINVS. Denier de billon du cabinet de M. de Boullongne ;
il eſt auſſi cité par le père du Molinet , comme exiſtant dans le
cabinet de Sainte-Geneviève.
Denier de même matière , & offrant les mêmes légendes , N.° 2.
excepté que dans le champ , on lit : ALIENO pour Alienor.
.

Cabinet de M. de Boullongne, & M. de Boze.


Ces deux pièces ſont d'ÉLÉONORE , fille de Raoul I ,
comte de Vermandois , mort en 1192. Éléonore ſurvécut à
Raoul II & à Éliſabeth ſes aînés , & reſta ſeule héritière du
comté de Vermandois, que Philippe-Auguſte réunit alors à la
couronne ; néanmoins cette dame , à ce qu'il paroît , conſerva
toute ſa vie le titre de comtele de Vermandois.
134 COMTES DE VERMANDOIS .
En 1156 , Éliſabeth ou Iſabelle reſtée comteſſe de Verman
I

dois par la mort de ſon père & de ſon frère , s'étoit mariée
avec PHILIPPE d'Alſace, comte de Flandre. A la mort de la
comteſſe , qui arriva en 1182 , Philippe voulut ſe maintenir dans
la poſſeſſion du comté qui appartenoit de droit à Éléonore ; c'eſt
PL . CIII. vraiſemblablement alors qu'il fit frapper la monnoie ſuivante :
N.° 3 :
Sanctus QVINTINVS. R. PHILIPPVS ; & dans le champ ,
COMES . Denier de billon du cabinet de M. Haumont.
Dom Luc d'Acheri , & le père Labbe dans ſa Bibliotheca
nova manuſcriptorum , donnent des chartes où il eſt fait men
tion de la monnoie de Vermandois. On peut voir auſſi l'Hiſtoire
de Noyon de le Vaſſeur, & celle de Saint- Quentin par Hémérée ,
citées par Du Cange ; & le Mémoire de l'abbé Peitavi , inſéré dans
les Nouvelles recherches ſur la France , tome II, page 157.

COMTES DE RETHEL .

RETHEL , Reiteſte', Reiſtetum , Regiteſtum & Raſtrum ,


ancienne ville de France en Champagne ; capitale du Rethelois ,
bâtie ſur la rivière d’Aiſne , à ſept lieues de Reims , douze de
Châlons , & à quarante nord - eſt de Paris. Ce n'étoit dans
le xx. ſiècle qu'un lieu peu conſidérable , lorſqu'en 970 Adal
béron , archevêque de Reims , le donna avec d'autres domaines
à l'abbaye de Saint -Remi. Les religieux de ce monaſtère nom
O

mèrent pour la défenſe de ces terres , des avoués qui bientôt


s'en rendirent propriétaires , & prirent le titre de comtes.
Manaſsès I eſt le plus ancien comte de Rethel que l'on connoiſſe;
il vivoit en 974 & 990. Rethel étoit autrefois l'une des ſept
comtés-pairies de Champagne.
Le Rethelois eſt borné au nord par les Pays-bas ; à l'eſt par
l'Argonne & le Clermontois ; au ſud par le Remois , & à
COMTES DE RETHEL. 135
l'oueſt par le Laonois : il paſſa, en 1290 , dans la maiſon de
Flandre , par le mariage de Jeanne fille unique de Hugues IV ,
avec Louis de Flandre fils aîné de Robert III , comte de Flandre.
Le roi Philippe de Valois & Jean II ſon ſucceſſeur permirent ,
en 1347 & en 1350 , à Louis de Male de poſſéder en pairie
le comté de Rethel. Ce comté paſſa enſuite aux maiſons de
Bourgogne , d'Albret , de Clèves , de Lautrec , de Foix , de
> >

Laval , & enfin à celle de Gonzague. Henri III l'érigea , en


1581 , en duché-pairie en faveur de Louis de Gonzague ſon
I >

petit - fils ; Charles de Gonzague , duc de Mantoue , le vendit ,


en 1559 , au cardinal Mazarin qui laiſſa ce comté à ſon neveu
Philippe - Jules Mancini.
O

Choppin , Domaine de France , nomme le comte de Rethelois


le huitième des ſeigneurs à qui le Roi a donné le privilége de
faire battre monnoie. Voyez auſſi la Table alphabétique des
Regiſtres du Parlement.
Par l'ordonnance faite en 1315 , à Lagni-ſur- Marne , le roi
Louis X , dit Hutin , permit au comte de Rethel , alors Louis I
de Flandre, de frapper monnoie blanche , & ordonna que fa
monnoie ſeroit à trois deniers ſeize grains de loi argent-le-roi ,
& de dix -neuf fous ſix deniers de poids au marc de Paris ;
& les mailles à trois deniers de loi argent-le-roi , & de ſeize
ſous neuf deniers mailles doubles de poids au marc de Paris.
Le Blanc.

Les deux pièces ſuivantes portent le nom de LOUIS ;


il y a eu trois comtes de Rethel de ce nom :
Louis I de Flandre qui épouſa Jeanne , comteſſe de Rethel,
en '1290 , décéda en 1322 .
Louis II , dit de Créci à cauſe de la fameuſe bataille de
Créci où il perdit la vie le 26 août 1346 , étoit comte de
Rethel depuis 1325 .
136 COMTES DE RETHEL .
Louis III , dit de Male , du lieu de ſa naiſſance , ſuccéda
à Louis de Créci, & mourut en 1384.
PL. CIII .
N. ° 1 . LVDOVICVS COMES.. R. REGITESTENSIS . Denier de billon
tiré du Recueil de M. de Boze , & de celui de Du Cange.
N.° 2. LUDOVICUS COMES. R. REGITESTENSIS . Autre denier de
billon. En nature , & dans le Manuſcrit de Saint-Victor.
Voyez auſſi le Regiſtre de Lothier ; Thevet , Coſmogr. &
Hautin , cités par Du Cange ; & l'Art de vérifier les dates.

COMTES DE PORCIEN
ou NEUCHÂTEAU .

PORCIEN , Pagus Porticenfis , Porcenfis ou Porcianus,


principauté de France en Champagne. Château - Porcien, fa capi
tale , eſt ſituée ſur la rivière d'Aiſne, près de Rethel- Mazarin. Ce
n'étoit autrefois qu'une ſimple ſeigneurie qui relevoit du comté de
Sainte - Menehould , & que Raoul de Château - Porcien vendit ,
en 1268 , à Thibaut , roi de Navarre , comte de Champagne ,
pour des revenus que ce prince lui aſſigna à Fiſmes. Cette
ſeigneurie paſſa, avec la Champagne , au roi Philipe-le-Bel qui
l'érigea en comté en la donnant , en 1303 , à Gaucher II de
Châtillon , connétable de France , mort en 1329 , en échange
de la terre de Châtillon - ſur - Marne, Jean II de Châtillon ,
deſcendant de Gaucher II , vendit le comté de Porcien à Louis
de France, duc d'Orléans, dont le fils aîné Louis , duc d'Orléans ,
le revendit lui - même , en 1439 , à Antoine de Crouy, fire de
Renty , pour payer ſa rançon. En 1961 , Charles IX érigea
2

Château-Porcien en principauté , en faveur de Charles-Antoine


de Crouy, comte de Seninguem , arrière -petit- fils d'Antoine de
Crouy., Cette principauté paſſa par acquiſition , en 1608 , àà
Charles
COMTES DE PORCIEN .. 137
Charles de Gonzague-Mantoue, duc de Nevers , & en 1659 au
cardinal Mazarin , qui la donna à ſon neveu Armand - Charles
de la Porte , duc de Mazarin. Marie - Charlotte , fille de ce

ſeigneur, épouſa Louis de Vignerot, marquis de Richelieu :: leur


fils, Armand-Louis , duc d'Aiguillon , père d'Emmanuel-Armand ,
er

miniſtre d'état , mort le 1."" ſeptembre 1788 , a poſſédé quelque


temps Château - Porcien , qui a repaſſé depuis à la maiſon de
Mazarin.

NEUCHÂTEAU , Neocaſtrum , ville de Lorraine ſituée ſur


la Meuſe. Les ducs de Lorraine poſſédoient Neuchâteau dès le
xu .° ſiècle ; ils tenoient cette ſeigneurie en fief des comtes de
Champagne. Matthieu II , duc de Lorraine , en rendit hommage
à Blanche , comteſſe de Champagne , & à Thibaut ſon fils ; &
en 1220 , il reconnut avoir reçu Neuchâteau en augmentation
des fiefs qu'il tenoit de ce comte.
GAUCHER II de Châtillon épouſa, en 1314 , Iſabelle
de Rumigny, veuve de Thibaut II , duc de Lorraine , & mère
)

du duc Ferri IV , laquelle eut pour ſon douaire la ville de


Neuchâteau. Le connétable prétendoit frapper monnoie à Neuchâ
teau à cauſe de la ducheſſe ſon épouſe ,, indépendamment du
duc de Lorraine ; celui - ci ſoutenoit au contraire qu'il ne le
pouvoit ſans ſon conſentement : ils s'accordèrent , & par un
traité fait entr'eux en 1318 , il fut convenu que tant qu'Iſabelle
>

vivroit , ſon mari frapperoit à Neuchâteau des monnoies d'aloi


courſable en France , && que le duc en partageroit la moitié ;
c'eſt pour cette raiſon que ſur quelques monnoies de Gaucher
de Châtillon , frappées à Neuchâteau , on voit au revers l'épée de
marquis entre deux alérions. Note de M. de Mory d'Elvanges. PL. CIII.
Voici les monnoies qui nous reſtent de ce ſeigneur ; elles N. 1 .
ſont toutes d'argent.
Galcherus COMES PORcienſis ( Gaucher, comte de Porcien ).
Tome II. S
138 COMTES DE PORCIEN .
Rr. Moneta NOVI CASTRI ( monnoie de Neuchâteau ) . Recueil
PL . CIII. de M. de Boze.
N.° 2.
GALcherus Comes PORCIENſis. Bc. MONETA PORCIA ( monnoie
de Porcien ). Cabinet de M. de Boullongne.
N: 3: Galcherus COMES PORcienſis. R. MONETA NOVA Ľ (lettre
initiale d'un lieu qui m'eſt inconnu ) . Cette monnoie eſt un
ſterling contrefait ſur ceux des Édouards , rois d'Angleterre.
Recueil de M. de Boze.
N. 4 . GALCHerus COMES POR Cienfis. R. MONETA NOVA VVE.
Je ne ſais ce que ſignifient ces trois dernières lettres, à moins
que ce ne ſoit Ive (a) , lieu où l'on frappoit anciennement
monnoie. Cette pièce eſt encore un ſterling; elle ſe trouve dans
le Traité de M. Snelling , & chez M. de Boullongne.
N.° s . Galcherus COMES POR Cienfis x. Rf. MONETA NOVI Caltri.
Autre ſterling tiré du Traité de M. Snelling , page 29.
N.° 6 . Autre ſterling dont le coin eſt un peu différent. Cabinet de
M. Pagnon d'Ijonval.
N.° 7.
GALCERIUS Comes PORCEESISI pour Porcienſis. Bi. Première
légende : CONESTABILIS FRANCIE ( connétable de France ) .
Deuxième légende : Moneta NOVI CASTELLI , Recueil de M. de
Boze.
N.° 8 . Galcherus COMES PORCIENſis. R. MONETA NOVI CASTRI . Pièce
d'argent peſant quinze grains ; elle ſe trouve chez M. Haumont.
N. 9. Pièce aſſez ſemblable au n.' 7 , quoique d'un coin différent.
Recueil de M. de Boze.
Voyez l'Hiſtoire de Lorraine de dom Calmet , & le Diction
naire des Gaules de M. l'abbé Expilly.

( a ) Tout ce que l'on fait de cette ville , c'eft que l'empereur Albert
permit , en 1298 , au duc de Lorraine , Ferri III , d'y frapper monnoie.
Dom Calmier.
139
COMTES DE TOULOUSE .
TOULOUSE , Toloſa Tectoſagum , Tolofum & Toloſarium ,
ancienne ville & capitale du Languedoc , qui , au témoignage de
Juſtin , exiſtoit dès le v.' ſiècle de la fondation de Rome. Sous
l'empereur Galba , elle devint colonie Romaine , & tomba dans
la ſuite au pouvoir des Wiſigoths, ſur qui elle fut conquiſe par
le roi Clovis I. Elle échut enſuite à pluſieurs princes François,
& enfin à Louis -le -Débonnaire, que ſon père Charlemagne créa
roi d'Aquitaine en 778, en lui donnant pour capitale la ville de
Toulouſe ; mais ce prince trop jeune pour gouverner par lui
même ce nouveau royaume , établit dans la plupart des villes
des gouverneurs qui prenoient le titre de comtes. A Toulouſe ,
Chorſon . fut le premier revêtu de cette dignité , qui peu après
devint héréditaire. Les comtes de Toulouſe ne tardèrent pas à
devenir très-puiſſans ; dès le commencement du xi.° ſiècle , ils
poſſédoient une partie de la haute Provence , du Dauphiné &
du comtat Venaiſſin , ſous le titre de marquiſat de Provence ;
1
ils prirent auſſi celui de ducs de Narbonne.
?

Il eſt fait mention de la monnoie de Toulouſe dans un grand


nombre de titres rapportés dans l'Hiſtoire de Languedoc de doms
de Vic & Vaiſſette , & dans le Gallia Chriſlianu.
On trouve dans les Regiſtres de la Cour des Monnoies de
Toulouſe, une commiſſion d'eſſayeur , donnée le 8 décembre
1240 , par le comte Raimond VII à Arnaud Trunus , & un
bail de la monnoie de Toulouſe, fait en 1253 par Alphonſe II
à Bernard Regnaud & Bernard Hugues, procureurs de Bertrand
de Croiſſes.
Dans un manuſcrit du fonds de Béthune , à la bibliothèque
du Roi , coté 9421 , page 96 , on voit un accord du mois
de juin 1248, entre Raimond , comte de Toulouſe , Durand ,
évêque d'Alby , & Sicard d'Alaman , touchant le droit de battre
S ij
140 COMTES DE TOULOUSE .
monnoie & les émolumens qu'ils prétendoient reſpectivement
en retirer. Il y eſt convenu que chacun d'eux aura le tiers de
ces émolumens , & que la monnoie ſe fabriquera au Château
neuf de Bonafos, pour avoir cours ès diocèſes d'Alby , de Rodès
& de Caſtres.
Voyez l'article des évêques d’Agen qui reconnurent , en 1217,
tenir la monnoie en fief des comtes de Toulouſe.
Les deniers raimondins ſont ainſi noinmés du nom des Rai
monds , comtes de Toulouſe , qui les ont fait frapper. Il eſt
parlé des deniers & des ſous raimondins dans quelques actes du
XI.' ſiècle ; mais ceux-ci , ſelon dom Vaiſſette, ne furent frappés
que par d'autres ſeigneurs de Languedoc qui s'appeloient auſſi
Raimond : ce n'eſt que dans le XI1 .' ſiècle qu'il y a eu des rai
mondins frappés par les comtes de Toulouſe. Cette monnoie a
été beaucoup en uſage en Provence dans le x111. ſiècle.
La plus ancienne monnoie des comtes de Toulouſe connue ,
eſt de PONS qui ſuccéda, en 1037 , à ſon père Guillaume
Pl. civ. Taillefer , & mourut vers 1060 ,
N.° 1 . PONCIO COMES. R. VRBS TOLOSA. Monnoie de billon ,
peſant neuf grains. M. de Saint -Vincent, & cabinet de M. de
Boullongne.
RAIMOND IV , ſurnommé de Saint-Gilles, parce qu'il
eut d'abord cette portion du diocèſe de Nîmes dans ſon partage ,
ſecond fils de Pons, ſuccéda, en 1088 , à ſon frère Guillaume IV,
& mourut en 1105 .
N.° 2. Comes .RAIMONDVS. R. ONOR ( a ) sancti EGIDI ( le château
.

de Saint -Gilles ). Argent. M." de Boze de Saint - Vincent.


Il eſt queſtion de la monnoie de Saint - Gilles dans une charte
de 1095

( a ) Honor fignifie quelquefois , ſelon Du Cange , une ſeigneurie , un


· château ; c'eft effectivement le ſens que ce mot préſente ici.
COMTES DE TOULOUSE . 141
BERTRAND , fils de Raimond de Saint -Gilles , du
>

premier lit , lui ſuccéda dans le comté de Toulouſe ; il s'em


barqua en 1109 pour la Paleſtine, & y périt en 1112 . PL . CIV.
BERTRANdus comes. R. TOLOSA civitas. .Argent. Cabinet N.° 3 .
de M. de Boullongne.
GUILLAUME IX , dit le Vieux ( ou plutôt le Jeune,
comme le prouve dom Clément ) , duc d'Aquitaine , enleva , en
1114 , le comté de Toulouſe à Alphonſe- Jourdain , & il en
,

jouit paiſiblement juſqu'en 1120 qu'Alphonſe le recouvra (a ).


Les deux pièces ſuivantes ſont ſemblables à d'autres monnoies
qui lui ſont attribuées par M. de Saint-Vincent.
WILHelmo COMES. R. TOLOSA civitas. Argent. Cabinet de N.° 4.
M. de Boullongne.
WilELLMO COMEs. Bc. Même légende. Denier d'argent peſant n . S.
vingt-ſix grains. Cabinet de M. Haumont.
ALPHONSE , dit Jourdain , fils de Raimond de Saint
Gilles , du ſecond lit , ſuccéda, en í 112 , à ſon frère Bertrand ,
& mourut en 1148.
1 ANFOS ( Alphonſius) COMES. RE. ONOR sancti EGIDI . Argent. N.° 6.
M." de Boze & de Saint-Vincent.
RAIMOND V , fils d’Alphonſe - Jourdain , lui ſuccéda , &
mourut en 1194 ; il a frappé les quatre pièces ſuivantes :
Raimnundus COMES. Bc. DVX ( Narbonæ ) Marchio ( Provinciæ ) . N.° 7.
Billon. Cabinet de M. de Boullongne.
Raimundus COMES PALACI (b ) . RE. DVX MARCHIO Provin- N.° 8 .
ciæ. Denier raiinondin tiré du même cabinet.

( a ) Guillaume IX s'étoit déjà emparé du comté de Toulouſe en 1098 ,


tandis que Raimond de Saint -Gilles étoit à la croiſade; mais il l'avoit aban
donné en 1100 .

(6 ) Saint - Guillaume de Gélonne , duc de Toulouſe , avoit été comte du


31 palais des rois d'Aquitaine ; c'eſt pour cela que ſes ſucceſſeurs , les comtes
de Toulouſe , ont pris quelquefois le titre de comtes Palatins.
Pl . Civ.
142 COMTES DE TOULOUSE .
N.° 2 . Raimundus COMES PALATU . RE. DVX MARCHIO Provinciæ.
Autre denier raimondin. M." de Boze do de Saint-Vincent.
N.° 10. Raimundus COMES PALACI . RE. DVX MARCHIO Provinciæ.
Denier raimondin tiré du Traité de M. de Saint -Vincent .
O

RAIMOND VI ſuccéda à ſon père Raimond V , &


décéda en 1219. Les toulouſains étoient , en 1207, à la taille de
vingt-ſix ſous au marc. Les deniers raimondins étoient , en 1212 ,
à trois deniers de fin , à la taille de quatre-vingt-huit ſous au
marc ; ils vaudroient , de notre monnoie actuelle, onze deniers
trois quarts. Les ſous & deniers raimondins valoient la moitié
des ſous & deniers tournois.
N.” . RHEMON COMES. R. TOLOSA Civitas. Argent. M." de Boze
de Saint - Vincent.
N.° 12.
Mêmes légendes. Moitié de la pièce précédente. Ibidem ..
RAIMOND VII , fils du précédent , lui ſuccéda, & mourut
en 1249. Les toulouſains étoient , en 1222 , de dix -neuf ſous
au marc ; & en 1240 , de dix -ſept. Les deniers raimondins , en
1222 , étoient à trois deniers de fin , & de quatre-vingt-cinq ſous
au marc ( ſuivant ce titre & ce poids , ils vaudroient aujourd'hui
un ſou & un quart de denier) ; & en 1233 , de cent ſous ( ils ne
vaudroient alors que dix deniers un tiers ) . Le ſou raimondin
valoit fix deniers tournois.
N : 13 . Raimundus comes FILIVS REGis. Raimond VII étoit fils de
Jeanne d'Angleterre , qui avoit épouſé Guillaume II , roi de
Sicile , avant de ſe marier à Raimond VI . RE. THOLOSA CIVItas.
Argent. Cabinet de M. de Boullongne.
N. ° 14 . Mêmes légendes. Moitié de la pièce précédente. M. de Boze.
Ni is : Mêmes légendes. Même Recueil. Il y a une pièce dans
M. de Saint-Vincent , qui ne diffère de celle - ci qu'en ce qu'il
y a ſimplement TOLOSA au lieu de Tholofa.
ALPHONSE , fils de Louis VIII , roi de France , ſuccéda,
COMTES DE TOULOUSE . 143
l'an 1249 , à Raimond VII , dont il avoit épouſé la fille &
l'héritière. Les deniers raimondins étoient , en 1251 , du même
poids que ceux de 1233 ; & leur valeur ſeroit par conſéquent la
même. Les toulouſains, en 1251 & 1253 , étoient à quatre
deniers de fin , & à la taille de dix-huit ſous un denier au marc.
On trouve dans un regiſtre du Tréſor des chartes , une lettre >

du roi faint Louis à ſon frère Alphonſe , en 1268 , dans laquelle


il lui fait des reproches ſur ce qu'il permet que dans ſon comtat
Venaiſſin , on batte monnoie avec le nom de Mahomet & le
titre de prophète de Dieu , & il lui recommande de faire ceſſer
cette eſpèce d'impiété. Vraiſemblablement le comte Alphonſe ne
faiſoit que ſuivre l'exemple de Bérenger Fredoli , évêque de
Maguelone , qui faiſoit fabriquer , dans ſon comté de Melgueil ,
une ſemblable monnoie , comme on le voit par une lettre que
le pape Clément VI lui écrivit , en 1266 , pour le blâmer de
11 cette indécence. Mémoires de l'Académie royale des Inſcriptions ,
tome XXX , page 725 . Pi .. CIV.
1 Alphunſius COMES Filius REGIS FRANcorum. R. TOLOSA N. 16.
5 CIVITAS. Argent. M." de Boze cu de Saint-Vincent. -

Alphunſius COMES TOLOSE. RE. MARCE ( marchio ) ProVINCIÆ. N. 17.


Argent. Ibidem .
ALFVNSiVS COMES. RE. DERLOMENSIS ( ou plutôt de Rio- N.° 18.
menſis, ſeigneur ou monnoie de Riom ( a ). Argent. Cabinet de
M. de Boullongne.

(a ) Riom , Riomum , lieu du Languedoc qui devoit être aſſez conſidé


rable , puiſque les comtes de Toulouſe y ont eu une monnoie ; il paroît
avoir été inconnu aux géographes , qui n'en font aucune mention : il n'en
eſt même parlé dans aucun endroit de l'Hiſtoire de Languedoc par doms de Vic
& Vaiſſette. Seulement dans le troiſième volume , page 482 & ſuivantes ,
on trouve parmi les preuves un extrait des comptes des domaines d'Alphonſe
comte de Toulouſe & de Poitiers , de l'an 1250 & années ſuivantes , dans lequel
il eſt parlé une ſeule fois de la monnoie de Riom.

2
1

PL. CIV. 144 COMTES DE TOULOUSE . 1

N.° 19 .
Même légende. R. DERIOMENSIS. Même matière. M." de
Boze dor de Saint-Vincent.
Alphonſe, étant mort ſans poſtérité , le 21 août 1271,
Philippe III , roi de France, recueillit ſa ſucceſſion ; mais le
comté de Toulouſe ne fut réuni à la couronne qu'en 1361 .
Les deux pièces ſuivantes ont été gravées après coup ; on
attribue la première à Raimond VI , & l'autre à Guillaume IX ,
duc d'Aquitaine , uſurpateur du comté de Toulouſe.
N.' 20 . RHEMON COMES. R. TOLOSA Civitas. Moitié du n.' u ,.
Billon. Cabinet de M. de Boullongne.
N.° 21 , VILELMO. R. TOLOSA CIVitas..Ce denier d'argent pèſe vingt
un grains ; il ſe trouve chez M. l'abbé de Terſan .
Voyez l'Hiſtoire de Languedoc ; le Mémoire de M. de Saint
Vincent ſur les monnoies de Provence , & l'Art de vérifier les dates.

VICOMTES DE BÉZIERS.
BÉZIERS , Bliterræ , Biterræ , Boeterræ & Beterræ , ancienne
ville du Languedoc, ſituée ſur une colline, à l'orient de Narbonne.
Elle étoit , avant que de tomber ſous la domination Romaine ,
une des villes les plus importantes des Volces Tectoſages : Jules
:

Céſar en fit une colonie. Les Wiſigoths la prirent & la ruinèrent


dans le v.° ſiècle ; enſuite les Sarrazins ayant ſubjugué la Gothie ,
Béziers tomba en leur pouvoir ; mais Charles-Martel la leur enlevą
en 738. Peu de temps après , ſes habitans la rebâtirent, & elle
reprit bientôt ſon premier luſtre. Les ducs de Septimanie y mirent ,
pour la gouverner , des lieutenans ou vicomtes qui s'en rendirent
propriétaires dans le x.. ſiècle,
L'agréable ſituation de cette ville a fait. dire que ſi Dieu
vouloit choiſir un ſéjour ſur la terre , il n'en prendroit point
d'autre que Béziers.
Si Deus in terris vellet habitare , Biterris.
Quelqu'un
VICOMTES DE BÉZIERS . 145
Quelqu'un qui croyoit avoir lieu de ſe plaindre de ſes habitans,
ajouta , ut iterùm crucifigeretur.
Il eſt parlé de la monnoie de Béziers dans beaucoup de chartes
du xi. & du XI .' ſiècles, rapportées par les hiſtoriens de
Languedoc.
Guillaume Aribert, par ſon teſtament fait en 1037 , donne
dix ſous de la monnoie de Béziers à Marie ſa filleule.
Enine , abbé de Conques , fait don à Peire , le 27 juin 1079 ,
de cinq cents fous de Béziers.
Cette monnoie étoit , en 1097 , de la même valeur que celle
de Maguelone & de Narbonne. M. de Saint-Vincent.
Raimond - Trencavel, vicomte de Béziers , & Bernard -Atton ſon
frère , vicomte de Nîmes , convinrent , le 11 de novembre 1330 ,
qu'on ne fabriqueroit aucune monnoie dans le diocèſe d'Agde ,
& que la monnoie de Béziers auroit cours dans ce diocèſe.
Voici deux monnoies de ces vicomtes ; la première a été frappée

Sales
par l'un des deux RAIMOND - TRENCAVEL.
Raimond- Trencavel I , ſecond fils de Bernard -Atton , vicomte de
1 Carcaſſonne , de Raſez , d'Albi , de Béziers, &c. mort en 1130 , eut
en partage la vicomté de Béziers; il herita des autres en 1i 150 , à la
mort de ſon frère aîné Roger I ; il mourut lui-même en 1167.
Raimond - Trencavel II , fils de Raimond-Roger , n'avoit que
deux ans à la mort de ſon père ; il n'hérita que des droits
ſans poſſeſſion , parce que Simon de Montfort, chef des croiſés ,
s'étoit emparé de tous ſes domaines, & en avoit même uſurpé les
titres. Il les recouvra en 1224 ; mais toujours perſécuté par la
maiſon de Montfort , il ne tarda pas à en être dépouillé de
nouveau. Enfin ayant perdu toute eſpérance de recouvrer ſes
at États, ce ſeigneur infortuné ſe rendit en 1247 à Béziers, & là ,
1

devant le portail de l'égliſe , il céda , le 7 avril, tous ſes États


au roi de France, entre les mains du ſénéchal de Carcaſſonne.
Tome 11. T
1
-
PL. CV.
146 VICOMTES DE BÉZIERS .
N. . Raimondus TRENCAVel. RC. BITERri civitas. Dans le champ ,
les lettres F E. Denier de billon tiré du cabinet de M. l'abbé
de Terſan ,

La pièce ſuivante eſt de RAIMOND-ROGER qui fuccéda ,


en 1194 , à ſon père Roger II , dans les vicomtés de Carcaſſonne,
de Raſez, de Béziers & d'Albi. Leş croiſés qui le pourſuivoient,
ſous prétexte qu'il favoriſoit les hérétiques , lui enlevèrent Béziers
& Carcaſſonne ; ils le livrèrent enſuite à Simon de Montfort, qui
le jeta dans une étroite priſon où il périt en 1209 .
N. 2 . Raimundus ROGerus VICECOmes, R. BITERRI Civitas. Billon.
En nature .
Voyez la Martinière ; l'Hiſtoire de Languedoc de doms de Vic
& Vaiſſette , tome V , note xx , & l’Art de vérifier les dates.

VICOMTES DE LOMAGNE .
LA LOMAGNE , Leomania , étoit autrefois une vicomté qui
relevoit des ducs de Gaſcogne; Lectoure en étoit alors la capitale ,
& Vic de Lomagne la réſidence des vicomtes : elle faiſoit partie
du bas Armagnac. La Lomagne eſt bornée au nord par la Garonne ;
au ſud & au ſud -oueſt par le pays de Féſenzaguet ; à l'eft par
celui de Rivière-Verdun , & à l'oueſt par le Condomois. Du
temps de Céſar , le pays de Lomagne étoit habité par les
Lectorates. Sous Honorius , ce pays étoit compris dans la No
veinpopulanie ou troiſième Aquitaine. De la domination des
Romains , la Lomagne paſſa ſous celle des Wiſigoths; enſuite ,
après avoir été ſoumiſe aux François , elle le fut aux Gaſcons.
Il y a eu des comtes de Lectoure dans le 1x .' ſiècle. Ayant
perdu au commencement du x.º la dignité comtale , ainſi que les
comtés de Béarn & de Dax , ils reçurent en dédommagement
Ja lieutenance générale du pays , ſous le titre de vicomtes de Gal
cogne , qu'ils conſervèrent juſque vers le milieu du xi. fiècle.
VICOMTES DE LOMAGNE. 147
Le premier vicomte de Loinagne dont on ait connoiſſance, eſt
Odoat , vers l'an 960.
Les vicomtes de Lomagne jouiſſoient, dit dom Clément, du droit
de battre monnoie ; & leurs monnoies étoient appelées arnaudins.
HELIE - TALEYRAND VIII , comte de Périgord, épouſa,
en 1280 , Philippe, héritière des vicomtés de Lomagne &
d'Auvillars ; il céda ces viconités au roi Philippe-le-Bel, au mois
de novembre 1301. Les deux pièces ſuivantes paroiſſent avoir
été frappées par ce ſeigneur. Pl. CV.
Talerandus Vicecomes. Dans le champ , le monogramme de N.° 1 .
Helie. Bc. LACTORa civitas ( la ville de Lectoure ). Denier
d'argent trouvé à Fleurance , près de Lectoure, & conſervé dans
le cabinet de M. l'abbé de Terſan .
LACTORa. Dans le champ , un monogramme qui paroît être N.° 2.
celui de Taleyrand. R. CIVITAS. Autre denier d'argent appar
.
tenant à M. de Saint-David , à Lectoure .
Philippe- le- Bel donna , en 1305 , les vicomtés de Lomagne
& d'Auvillars à Arnaud-Garcie de Gouth. Regine de Gouth ,
nièce de ce ſeigneur, épouſa ,en 1311 , Jean , comte d'Armagnac,
1.'" du nom , à qui elle légua ſes deux vicomtés , par ſon teſtament
du 12 août 1325. Le comte d'Armagnac mourut au mois d'avril
1373. On conſerve de lui la monnoie ſuivante.
IOHANNIS COMItis ( monnoie du comte Jean ). R. LACTOra N : 3,
civitas. Dans le champ, un monogramme qui m'eſt inconnu.
Argent. Cabinet de M. l'abbé de Terfan.
Les vicomtés de Lomagne & d'Auvillars furent confiſquées par
Louis XI ſur Charles I , comte d'Armagnac , données enſuite aux
1 maiſons d'Alençon & d'Albret , & réunies à la couronne par
Di
Henri IV.
Voyez le Manuſcrit d'Oihenhart à la bibliothèque du Roi ;
le Marca Hiſpanica , & l'Art de vérifier les dates.
Tij
148
COMTES DE ROUERGUE.
LE ROUERGUE , Rutheni, province de France dans le
gouvernement de Guyenne , bornée à l'eſt par les Cévennes & le
Gévaudan ; à l'oueſt par le Quercy ; au nord par une partie du
Quercy & par l'Auvergne; au ſud par l'Albigeois. On la diviſe
en comté & en haute & baſſe Marche ; Rodès , l'ancien Sego
dunum , en eſt la capitale.
Les Rutheni faiſoient anciennement partie des Celtes. Céſar
les ſoumit à la république Romaine. Ils furent attribués à la
première Aquitaine fous Valentinien I , lorfque cet empereur
ܼ‫ܐ‬

diviſa l’Aquitaine en deux parties : les Viſigoths, dans le v.° ſiècle,


enlevèrent le Rouergue aux Romains. Thierri , fils de Clovis ,
le conquit ſur les Viſigoths. Repris enſuite par Théodoric , roi
d'Italie , ce pays rentra de nouveau ſous la domination Françoiſe,
par la valeur de Théodebert ,fils de Thierri , qui réunit le Rouergue
au royaume d'Auſtraſie. Étant paſſé depuis ſous la puiſſance des
ducs d'Aquitaine , Pepin -le - Bref le remit, après avoir fait la
conquête de ce duché , ſous l'obéiſſance de la France. Le
Rouergue fut depuis gouverné par des comtes , comme les autres
provinces de cette monarchie. Gilbert en fut établi comte par
Charlemagne , vers le commencement du ix.° ſiècle. En 1088 ,
le comté de Rouergue fut réuni à celui de Toulouſe , dans la
perſonne de Raimond IV de Saint-Gilles, qui mourut en 1105 .
En 1096 , Richard , vicomte de Carlad & de Lodève , acquit
de Raimond de Saint -Gilles le comté de Rodès qui faiſoit en
viron le tiers du Rouergue. Ce ne fut d'abord qu’un engagement
fait par Raimond pour ſubvenir aux frais de ſon expédition pour
la croiſade ; mais Alphonſe -Jourdain , fils de Raimond , convertit
cet engagement en aliénation perpétuelle , à la charge de l'hom
mage. Bernard , comte d'Armagnac, devint, en 1302 , comte
de Rodès par ſon mariage avec Cécile , fille de Henri , II. du
COMTES DE ROUERGUE. 149 :
7
nom , comte de Rodès , & héritière de ce comté , en vertu du
>

teſtament de ſon père. Bernard mourut en 1319 , laiſſant de


ſon épouſe un fils nommé Jean , qui réunit:le comté de Rodès
à celui d'Armagnac .
Les comtes de Rouergue , marquis de Septimanie , puînés des
cointes de Toulouſe , avoient leur ' monnoie dans le xi .' ſiècle ,
& l'on pourroit attribuer aux Raimonds & aux Hugues, comtes
de Rouergue , la fabrique des ſous raimondins & hugonins
>

qui , en ce ſiècle & au ſuivant, avoient cours dans la pro


vince , & dont il eſt fait mention dans pluſieurs actes. Comme
ces princes & les contes de Toulouſe leurs ſucceſſeurs por
ſédèrent le comté particulier de Narbonne , c'eſt à eux auſſi
>

qu'on doit peut-être rapporter les ſous & les deniers de Nar
bonne dont il eſt parlé dans des titres de 1007 , 1060 & 1094,
ou bien conjointement aux archevêques & aux vicomtes qui
partageoient avec ces comtes le domaine de Narbonne. Hiſtoire
de Languedoc par doms de Vic & Vaiſſette , tome II, liv. XIV,
page 243 .
e Les comtes de Rodès , vaſſaux des comtes de Toulouſe ,
3
prennent le titre de comtes par la grâce de Dieu , anobliſſent,
donnent grâce aux criminels , battent monnoie à leur coin , &
impoſent ſur les vaſſaux. Hiſtoire généalogique des grands
‫ܕ‬ officiers de la Couronne, par le P. Anſelme.
}. Il eſt parlé fréquemment de la monnoie de Rodès ſous les
règnes de Robert & de Henri I , dans le cartulaire de l'abbaye de
1.
Conques en Rouergue.
Voici deux monnoies frappées par ces comtes. La première
eſt d'argent & préſente le nom de HUGUES.
1 Hugues ſuccéda, en 1010 , à ſon père Raimond III , dans
2 le comté de -Rouergue ; il vivoit encore en 1053 .
1 Il y a eu auſſi quatre comtes particuliers de Rodès du même
-

Igo COMTES DE ROUERGU E.


nom. Hugues I , fils de Richard , lui ſuccéda en 1132 , &
mourut vers 1156. Il eut pour ſucceſſeur ſon fils Hugues II ,
I

qui ſe démit , en 1195 , de ſon comté en faveur de ſon fils


Hugues III , qui inourut l'année ſuivante. Hugues IV fut comte
CV de Rodes depuis 1227 juſqu'en 1274.
Pu. cv.
N. ° 1 . VGO COMES. BC. RODEnſis civitas. Dans le champ , les lettres
ADS ; j'ignore ce qu'elles peuvent ſignifier. Recueils de M. de
Saint - Vincent & de M. de Boze. Cette pièce ſe trouve auſſi
dans le cabinet de M. de Boullongne.
La pièce ſuivante porte le nom de JEAN : il y aа eu quatre
comtes de Rodes de ce nom ; ſavoir , Jean I , fils de Bernard VI,
comte d'Armagnac , & de Cécile de Rodès, qui poſſéda ce dernier
comté depuis 1319 juſqu'en 1373. Jean II , dit le Bolu, fils
de Jean I , lui ſuccéda & mourut en 1384. Jean III , fils de
Jean II , décéda en 1391. Jean IV ſon neveu & fils de
1
Bernard VII , ſuccéda à celui-ci en 1418. Le comté de Rodės
fut confiſqué en 1470 ſur ce ſeigneur, & réuni à la couronne.
Le crime de fauſſe monnoie eſt un de ceux dont Jean IV s'étoit
rendu coupable.
N. ° 2.
IoHannes COMES. R. RODEnſis civitas. Argent. M." de
Saint - Vincent, de Boze do Du Cange.
Voyez l’Art de vérifier les dates.

COMTES DE CARCASSONNE .

CARCASSONNE , Carcaſum , Carcafone , &c. ville du


bas Languedoc , capitale du Carcaſſez , avec titre de comté ,
ſituée ſur l'Aude , à douze lieues oueſt de Narbonne , à dix-neuf
ſud -eſt de Toulouſe , & cent quatre-vingt ſud de Paris. Elle
étoit de la dépendance des Volces Tectorages; ſon ancienneté
remonte au temps de Céſar , à qui elle fournit des troupes
pendant la guerre des Gaules, ce qui prouve qu'elle étoit dès- lors
COMTES DE CARCASSONNE. 15
aſſez conſidérable ; elle ne devint cependant épiſcopale que dans
le v.' ſiècle. Nos Rois lui donnèrent des comtes qui , d'abord
amovibles , devinrent dans la ſuite héréditaires. Le premier dont
on ait connoiſſance , eſt Oliba , qui étoit comte de Carcaſſonne
en 819 & en 836 ; il étoit iſſu de la famille de Saint-Guillaume ,
duc de Toulouſe , & on le croit frère de Sunifred , père de
Wifred - le - Velu , comte de Barcelonne.
Bernard- Atton qui poſſéda le comté de Carcaſſonne depuis
1083 juſqu'en 1 130 , prit le premier le titre de vicomte, parce que
dans un accommodement fait entre lui & Raimond-Bérenger I ,
comte de Barcelonne , en faveur duquel ſa mère avoit aliéné le
comté de Carcaſſonne, il étoit convenu qu'il tiendroit de lui ce
domaine en fief.
Il eſt fait mention de la monnoie des comtes de Carcaſſonne
dans pluſieurs titres du xi . ſiècle.
5 Ermengarde ſe portant pour principale héritière de ſon frère
Roger III , qui poſſédoit la plus grande partie du comté de
1 Carcaſſonne, & Raimond-Bernard , vicomte d'Albi , ſon niari ,
vendirent le 2 mai 1067 , à Raimond-Bérenger I , comte de
Barcelonne , la ville de Carcaſſonne & leur droit d'y battre
monnoie , pour onze cents onces d'or de la monnoie de
Barcelonne .
Le comte- & la comteſſe de Barcelonne acquirent , en ſep
tembre 1069 , le château de Dourne au comté de Ralès , pour
cinq cents mancuſes d'or fin , monnoie de Barcelonne & cent
du fous de deniers de Carcaſſonne.
nite, Le 22 avril 1071 ,, Rangarde , veuve de Pierre-Raimond ,

leerit" comte de Carcaſſonne , vendit au comte de Barcelonne ſes


ER droits ſur le comté de Carcaſſonne, ainſi que la monnoie , pour la
2 ‫که‬ ſomme de quatre cents onces d'or pur , monnoie de Barcelonne.
pers Il eſt encore parlé très -fréquemment de la monnoie de Car
015 caſſonne dans des chartes du xil .' ſiècle.
152 COMTES DE CARCASSONNE .
La première monnoie que j'ai fait graver ſemble préſenter
: le nom d'OLIBA , défiguré par l'incurië des ouvriers de la
monnoie. Il y a eu deux comtes de Carcaſſonne de ce nom ;
Oliba I , en 819.. & 836 , & Oliba II ſon petit-fils, depuis
Pl. cv. environ 851 juſqu'après 877.
N.° 1 . LIOBIAQI. R. CARCASSONA Civitas ( la ville de Carcaſſonne).
Dans le champ , les lettres Et y. Denier d'argent tiré du cabinet
de M. de Boullongne .
ROGER I , fils d'Arnaud, lui ſuccéda en 957 , & mourut
en IO1.2 .

Pierre-Roger II, évêque de Gironne en 1010 , eut du vivant


de ſon père Roger I , une part dans le comté,de Carcaſſonne,
qu'il conſerva juſqu'à ſa mort arrivée en 1050 .
Roger III poſſéda. le comté de Carcaſſonne depuis environ
1064 juſque vers 1067. La croſſe qu’on remarque ſur les deux
pièces ſuivantes , pourroit les faire attribuer à l'évêque
Gironne.
N.° 2. ROGERuS CON pour comes. R. CARCASSONE Civitas. Billon.
Même cabinet.
N.° 3 . BROXCOTE. Ces lettres devroient naturellement s'expliquer
ainſi : Bernardus Rogerus comes. Mais , indépendamment du
déſordre de la légende , la croſſe très-bien formée qui ſe voit ſur
le revers , rend cette explication fort incertaine. Argent. M." de
Boze & de Saint- Vincent; & cabinet de M. Pagnon d'Ijonval.
BERNARD - ROGER , ſecond fils de Roger I , hérita ,
en 1012 , d'une partie du comté de Carcaſſonne ; il décéda
au plus tard en 1038 . .

Le roi Louis VIII prit Carcaſſonne ſur les Albigeois en 1226 :


Raimond-Trencavel céda tous ſes droits à ſaint Louis en 1247 ;
& elle eſt reſtée depuis réunie à la couronne .
Voyez l'Hiſtoire de Languedoc de doins de Vic & Vaiſſette,
& l'Art de vérifier les dates.
COMTES
153
enter
COMTES D'ARMAGNAC.
21; L’ARMAGNAC , Tractus ou Provincia Arminiacenſis, dont
la capitale eſt Auſch , eſt un comté du gouvernement de
Guyenne ; il a été démembré de celui de Fézenzac.
Le duc Garcie-Sanche , dit le Courbé, ayant donné le comté de
Fézenzac à Guillaume - Garcie ſon deuxième fils , celui - ci , dans
le partage qu'il fit à ſes enfans, détacha , en 960 , l'Armagnac
du Fézenzac en faveur de Bernard I , le plus jeune de ſes fils.
Louis XI confiſqua , en 1481 , le comté d'Armagnac ſur
>

Charles I , pour punir les excès auxquels s'étoit porté ſon frère
Jean V. Le roi François I donna l’Armagnac à Charles , duc
d'Alençon , en lui faiſant épouſer ſa ſoeur Marguerite. Cette
princeſſe veuve , en 1525 , du duc d'Alençon , ſe remaria avec
Henri d'Albret, roi de Navarre. Celui - ci fut l'aïeul de notre roi
3 Henri IV , qui réunit l'Armagnac à la couronne en 1589 .
Je ne connois , des comtes d'Armagnac , qu'une ſeule pièce
1
que M. l'abbé de Terſan a bien voulu me communiquer. Elle
peut être attribuée à JEAN I , qui poſſéda le comté d'Ar
magnac depuis 1319 juſqu'en 1373 .
oit tur
CONITIS ARNANIA ( pour comitis Armaniæ ). Dans le champ, Pl. CV.
le monogramme de Johannes. BC. LACTORA CIVITAS ( la ville
M2 de Lectoure ) MiB. J'ignore:ce que peuvent ſignifier ces trois
wa
dernières lettres. Dans le champ , SPDD , dont il eſt également
heria
difficile de découvrir la véritable ſignification. Cette monnoie eſt
de billon.

19.01 Les comtes d'Armagnac regardoient la ville de Lectoure


1077
comme la capitale de leurs États , après qu'ils eurent uni la
Lomagne à leur domaine ; mais aujourd'hui c'eſt la ville d'Auſch
qui eſt la capitale de tout l'Armagnac , & Lectoure ne l'eſt que
de la Lomagne. Voyez l'Art de vérifier les dates.
Tome II. U
154
COMTES DE FOIX.
Foix , pagus Fuxenſis, province avec titre de comté , dont la
capitale eſt la ville de Foix , Fuxium ,ou , ſelon quelques-uns, celle
de Pamiers , Apamiæ. Elle eſt bornée au nord par le diocèſe
de Rieux & le Languedoc ; au ſud par les Pyrénées ; à l'eſt
par le diocèſe de Mirepoix & le Languedoc , & à l'oueſt par le
Cominges & le Conſerans. La ville de Foix , ſituée à cent ſoixante
deux lieues ſud - oueſt de Paris , & à douze ſud -eſt de Toulouſe ,
eſt arroſée par l'Ariège , qui la traverſe dans toute ſa longueur.
Le château de Foix , qui a donné ſon nom à la province,
n'eſt connu que depuis le x1 .° ſiècle ; ce n'étoit qu'une petite
terre dont Bernard-Roger hérita en partie , en 1012 , de ſon
père Roger I , comte de Carcaſſonne. Roger I , fils de Bernard ,
hérita en 1050 de ſon oncle Pierre - Roger , de l'autre portion 1

de la terre de Foix , & la poſſédant alors toute entière , il


l'érigea en comté. Cette terre commença dès - lors à s'agrandir ,
& devint inſenſiblement un pays fort étendu .
Gaſton de Foix , IV .' du nom , épouſa en 1434 Éléonore ,
fille de Jean , roi d'Arragon & de Navarre , auquel elle ſuccéda
dans ce dernier royaume. Henri IV , en 15
1
89 , réunit le comté
de Foix à la couronne , en même temps que le royaume de
Navarre , les comtés de Bigorre , de Périgord , & c.
Les comtes de Foix battoient monnoie ; ils tenoient peut-être
ce droit des comtes de Carcaſſonne. Je n'ai pu découvrir qu'une
ſeule de leurs monnoies ; elle porte le nom de ROGER .
Roger I , fils puîné de Bernard -Roger , lui ſuccéda, en
1038 , dans une portion de la terre de Foix , & hérita de
1 >

l'autre , en 1950 , de ſon oncle. Il décéda en 1064.


Roger Il fut comte de Foix depuis 1070 juſque vers
1125
3
COMTES DE FOIX . 155
Roger III , fils & ſucceſſeur de Roger II , mourut environ
en 1149 .
7: ‫ܕܐ‬
Et Roger IV régna depuis 1241 juſqu'en 1265.
Rogerus COMES. R. FVAV ( Roger , comte de Foix ). Cette
pièce eſt d'argent; elle ſe trouve dans le Gloſſaire de Du Cange
& dans le Recueil de M. de Boze.

Jean de Grailli, comte de Foix & de Bigorre , vicomte de


Béarn , de Villemur & de Lautrec , gouverneur de Dauphiné
& de Languedoc , châtelain de Lourde , mort en 1436 , fort
regretté de ſes ſujets , fit battre à Pamiers , ville épiſcopale de
ſon comté de Foix , une monnoie appelée les guishems. Le Roi
fut mécontent de cette entrepriſe , & ne la lui pardonna qu'en
conſidération de ſes ſervices.

]
Voyez l'Hiſtoire généalogique de la maiſon de France , &
l'Art de vérifier les dates.

COMTES D'URGEL.
not
URGEL , Orgelium , Urgello , Orgelis, Orgia , ancienne ville
ccréda
d'Eſpagne dans la province Tarragonoiſe , capitale du comté
Conte
d'Urgel, avec un évêché érigé dans le v.' ſiècle. Elle eſt ſituée
lume that
ſur la rivière de Ségre, dans une plaine fertile , aux pieds des
Pyrénées, à trente lieues nord-oueſt de Barcelonne , à cinq ſud
oueſt de Puicerda , & à trente-deux nord -eſt de Tarragone.
e

ir quite La ville d'Urgel fut , avec ſes dépendances , compriſe par


ER
Charlemagne dans la Septimanie ou marche d'Eſpagne. Charles
céd,s le-Chauve ayant diviſé cette marche en deux marquiſats, Urgel
cha
fut attribuée à celui qu'on nomme le marquiſat ou comté de
Barcelonne,, ,connu depuis ſous le nom de Catalogne, dont
le per
Wifred -le -Velu fut le premier feigneur en 864. Vers l'an 884 ,
Sunifred ou Suniaire , troiſième fils de Wifred , fut pourvu par
U ij
156 COMTES D'URGEL.
ſon père du comté d'Urgel. La ſouveraineté de nos rois ſur
la Catalogne dura juſqu'en 1258 que ſaint Louis la céda à dom
Jayme , roi d'Arragon , dont la fille Iſabelle avoit épouſé Philippe ,
fils du roi de France. Dom Ferdinand , roi d'Arragon , confifqua
le comté d'Urgel , en 1414 , ſur Jacques II , & le réunit à la
couronne .

Il eſt fait mention de la monnoie d'Agramont ( moneta


Acromotenſis ou Acrimontis ) au comté d'Urgel dans des traités
de paix faits en 1234 , par Jacques I , roi d'Arragon , & publiés
dans l’Appendix du Marca Hiſpanica, col. 1276.
1

Je poſsède une monnoie de billon frappée par PIERRE ,


petit -fils d’Alphonſe IV , roi d'Arragon ; il ſuccéda, en 1347 ,
à ſon père Jacques I , dans le comté d'Urgel , & mourut
>

en 1408 .
Pl. CV. PETRVS DEI GRACIA. R. A ( lettre finale du mot gracia )
COMES VRGELLI .

Voyez le Marca Hiſpania , & l'Art de vérifier les dates.


VICOMTES DE CHÂTEAU - DUN.
CHÂTEAU - DUN , Dunum , Caſtrodunum , Caftrum Dunii,
Caftrum Dunenſe, Caſtellum Dunum & Caſtellio Dunum , ville
capitale du Dunois dans le gouvernement d'Orléanois , ſituée ſur
une hauteur proche de la rive gauche du Loir , à douze lieues
nord de Blois , à dix nord -oueſt d'Orléans , & à vingt-neuf
ſud -oueſt de Paris.
La ville de Château-Dun a eu des vicomtes particuliers , dont
le premier eſt Geoffroi I , fils de Warin de Bellême, comte du
Perche , & petit- fils de Guillaume I , ſeigneur de Bellême &
comte d'Alençon. Geoffroi 1 , aſſaſſiné après 1040 , eut pour
ſucceſſeur ſon fils Rotrou I , mort vers 1079. Ce Rotrou eſt
.

1
VICOMTES DE CHÂTEAU - DUN. 157
2
le ſixième ou ſeptième aïeul de Geoffroi V , vicomte de
Château- Dun , mort après 1248 , dont la fille puînée, Clémence ,
porta Château-Dun à Robert de Dreux, ſeigneur de Beu. Alix
de Dreux leur fille , épouſa Raoul III de Clermont , ſeigneur
de Neſle, dont la fille Alix de Clermont épouſa Guillaume I
de Flandre , ſeigneur de Tenremonde , qui vivoit vers 1300.
Marguerite de Flandre , petite - fille de Guillaume I , épouſa
-

Guillaume I de Craon , dit le Grand , ſeigneur de Sainte-Maure ,


auquel elle porta la vicomté de Château-Dun. Vers 1393 , la
vicomté de Château-Dun fut confiſquée ſur Pierre de Craon ,
à cauſe de l'attentat qu'il avoit commis ſur la perſonne du conné
table de Cliffon , & donnée à Louis I de France, duc d'Orléans ,
frère de Charles VI . En 1439 , Charles d'Orléans la donna avec
le comté de Dunois , à ſon frère naturel Jean , bâtard d'Orléans ,
en échange du comté de Vertus.
Le comté de Dunois fut poſſédé par la maiſon d'Orléans
Longueville juſqu'à ſon extinction , & demeura aux bâtards de
Charles- Paris d'Orléans , dernier duc de Longueville , juſqu'en
1707 qu'il fut réuni à la couronne. Il fut acquis peu de temps
après par la maiſon de Bourbon , & paſſa , en 1710 , dans
celle d'Albret par le mariage de Louiſe-Léontine-Jacqueline de
is Bourbon , avec Charles - Philippe d'Albret , duc de Luynes.
Il eſt parlé de la monnoie de Château-Dun , ſolidi Dunenſes,
dans des titres de l'an 1100 , conſervés au tréſor de Saint
u Nicolas - de - l'Hôpital .
-

Le ſeigneur de Château-Dun ne battoit que monnoie blanche


it en 1226 ( ce devoit-être alors Geoffroi V ) , & le Roi ordonna
1 qu'elle n'auroit cours que dans ſes propres terres. Table alpha
bétique des matières des Regiſtres du Parlement. .
Par l'ordonnance faite à Lagny - ſur -Marne, le 28 novembre
1315 , le ſeigneur de Château - Dun avoit droit de battre
158 VICOMTES DE CHÂTEAU - DUN.
monnoie ; c'étoit alors Jean de Flandre , ſeigneur de Tenremonde,
ſucceſſeur de Guillaume I de Flandre , vicomte de Château
Dun , mort en 1312. Les deniers devoient être à trois deniers
dix grains de loi argent- le-roi, & de dix -neuf ſous ſept deniers
ou de deux cents trente-quatre deniers au marc de Paris ; &
les mailles à onze deniers vingt- un grains de loi argent-le-roi,
& de dix -ſept ſous quatre deniers mailles doubles au marc de
Paris : « Et ne pourront faire que la dixième partie de mailles, c'eſt
» à - dire , neuf cents livres de deniers, & cent livres de mailles
» doubles ; & ainſi vaudront les deniers & les mailles deſſuſdits ,
» évalués l'un parmi l'autre à petits tournois & à mailles tournoiſes,
» trois ſous quatre deniers moins la livre que petits tournois ,
» c'eſt -à-dire , que les quatorze deniers de la monnoie ſuſdite ne
vaudront que douze tournois de la monnoie du Roi ». Le Blanc ;
Manuſcrit de Saint-Victor.
Les monnoies de Château-Dun ſont celles qui ſuivent.
Clémence , fille puînée de Geoffroi V , épouſa, vers 1253 ,
ROBERT de Dreux , prince du ſang, ſeigneur de Beu. Il
mourut en 1266. Clémence de Château - Dun étoit décédée
environ en 1260 .
PL . CVI.
N.° 2. ROBERTVS ViceCOMES. R. CASTRIDVNI . Denier de billon
tiré du Recueil de M. de Boze,
Alix , fille de Robert de Dreux , épouſa , ſur la fin du
X111. ſiècle , RAOUL de Clermont , ſeigneur de Neſle ,
connétable de France , qui fut tué à la bataille de Courtrai
en 1302 .
N. ° 1 . RADVLFVS VICECOMES. R. CASTRIDVNI ( Raoul , vicomte de
Château-Dun ) . Denier de billon tiré du Recueil de M. de Boze. ,
Les pièces ſuivantes ayant des marques particulières & diffé
fentes les unes des autres , il n'eſt pas poſſible de déterminer , ni
même de conjecturer à qui chacune d'elles peut appartenir.
VICOMTES DE CHÂTEAU - DUN. 159 P.CVI.
CASTRIDVNI . Denier de billon qui ſe trouve dans le Recueil N. 3.
de M. de Boze.
DYNIS ( Dunenſis ) CASTLH ( caſtelli ). Denier de même N. 4.

nature & tiré du même ouvrage.


DVNIS CSILK ( caſtelli). Dans un coin de la croix , on remarque N. s.
une s. Même matière & même Recueil.
CASTRIDVNI . Dans un coin de la croix , la lettre E. Denier de N.° 6.
billon . Recueil de M. de Boze.
DVNI OSTILI ( pour caſtelli ). Denier de même matière , tiré N.º 7.
du même ouvrage.
DVNIS ASTLLL. Sur le revers , on remarque la lettre s. Billon N.° 8.
peſant vingt - un grains. Cabinet de M. de Boullongne.
DVNIS CASTelli. Dans le champ du revers , une s. Denier de N.° 2.
même matière , peſant vingt-quatre grains, du même cabinet.
DYNIS CASTELLA . Ce denier eſt auſſi de billon , & ſe trouve N.° 10.
dans le cabinet de M. de Boullongne .
DVNICSASTL ( pour Duni caſtelli). Dans les coins de la croix , N.° 11 .
ſe voit la lettre s. Denier de billon peſant dix-neuf grains , tiré
du même cabinet , & de celui de M. de Milly.
Autre denier d'un coin différent, avec la même légende , & la N.° 12.
lettre s , peſant ſeize grains. Cabinet de M. de Boullongne.
CASTRIDYNI. Denier de billon d'un coin différent, portant N.° 13 .
la même légende, & peſant dix-neuf grains. Même cabinet. Il ſe
trouve auſſi dans le Recueil de M. de Boze.
CASTRIDVNI . Obole du poids de ſix grains. Cabinet de N.° 14.
M. Pagnon d'Ijonval.
o

Obole ou moitié du nn.°. 12 , avec la même légende, peſant N ' 15 .


huit grains; elle ſe trouve dans le même cabinet.
DVNI SASTELA ( pour caſtelli). Autre obole tirée du Recueil N.° 16.
de M. de Boze.
PL . CVI .
160 VICOMTES DE CHÂTEAU - DUN.
N.° 17 CASTRIDVNI . Obole ou moitié du n . 13. Elle pèſe neuf
grains , & ſe trouve dans le cabinet de M. de Boullongne. ,
N. 18 .
Moitié du ni'un . La croix eſt de même cantonnée de deux s .
Elle pėſe ſix grains , & ſe trouve dans le même cabinet.
-
!

Voyez Du Cange ; le père Anſelme ; Duchêne Hiſtoire de


la maiſon de Dreux , & l'Hiſtoire d'Alençon & du Perche par
Bri de la Clergerie , page 153 .

COMTES DU PERCHE .

LE PERCHE , pagus Pertenſis ou Perticenſis, anciennement


habité par les Aulerci Cenfomani, eſt une petite province ſituée
entre le Vendômois , le Dunois , le Maine & la Normandie.
De la domination des Romains , le Perche paſſa ſous celle des
François ; il paroît que dans la ſuite les Normands l'ont occupé ,
du moins en partie .
Le Perche a eu ſes comtes particuliers dès le 1x.° ſiècle ; le
plus ancien eſt Agombert ou Albert qui vivoit ſous Louis- le
Débonnaire. Les ſeigneurs de Bellême · le poffédèrent enſuite ,
avec le comté d'Alençon . Ces deux comtés furent ſéparés, en
1028 , par le partage qui en fut fait à la mort de Guillaume I ,
entre les deux fils Robert I & Warin ou Guérin. Celui-ci fut
comte du Perche ; Alençon échut à ſon frère.
Guillaume , dernier mâle de ſa maiſon , fit hommage du
Perche , en 1217 , au roi Philippe -Auguſte. En 1240 , ſaint Louis
>

s'en empara & le réunit au domaine. Ce comté fut dans la ſuite


donné en apanage , avec celui d'Alençon , à pluſieurs enfans de
France ; il fait aujourd'hui partie de l'apanage de MONSIEUR ,
frère du Roi .

Géoffroi II , ſeigneur de Mortagne & comte du Perche , depuis


environ 1079 juſqu'en 1100 , donną huit livres , de ſuis nummis,
à Roger
COMTES DU PERCHE . 161
f
.

à Roger de Fayet, qui avoit fait don aux religieux de Saint


Denys de Nogent , de tout ce qu'il poſſédoit en l'égliſe de
Verrières.
Dans le cartulaire de Saint-Denys de Nogent , ſe trouvent un
accord fait entre les moines de cette égliſe & Geoffroi III ,
comte du Perche , dans lequel il eſt fait mention de quarante
francs percherons ; & une tranſaction entre le même ſeigneur &
les Mathurins de Saint- Éloi de Montargis , où il eſt parlé de ſous
& de monnoie courante en Corbonois , monetæ currentis in
Corbacka ( petit pays du Perche , qui tire ſon nom du lieu de
Corbon , Corbo, Corbonum ).
Je ne ſais à quel comte attribuer les trois pièces ſuivantes.
Elles ſont de billon , & elles ſe trouvent chez M. de Boullongne ;
M. de Boze pároît n'en avoir connu aucune. PL . CVI.

PERTICENSIS ( de Perche ) . Le revers repréſente des armoiries N.° 1 .


ou plutôt des marques diſtinctives , mais arbitraires , que ces
comtes adoptoient ſur leurs monnoies. Obole peſant dix grains.
.

Même légende. Sur le revers , des marques différentes. Cette N.° 2.


1
pièce eſt de même nature que la précédente & ne pèſe que
1
neuf grains .
I. Même légende. Marques différentes ſur le revers. Denier de N.* 3 .
billon du poids de dix-neuf grains.
Voyez l'Hiſtoire d'Alençon do du Perche par Bry de la
Us
Clergerie , pages 153 & 207 ; l’Art de vérifier les dates, & le
‫ܝܐ‬
Gloſaire de Du Cange , au mot Moneta.
SEIGNEURS ou VICOMTES
de
}, DE BÉARN .
LE BÉARNOIS , Benearnia , province de France bornée
au nord par la Chaloſe , le Turſan & l'Armagnac ; au ſud par
les Pyrénées ; à l'eſt par le Bigorre ; à l'oueſt par le pays de
Tome 11. X

!
162 VICOMTES DE BÉARN.
Soule & la baſſe Navarre , s'étend ſur ſeize lieues de longueur
& quinze de largeur. Son nom lui vient de Beneharnum , ſon
ancienne capitale détruite depuis long - temps ; aujourd'hui ſa
capitale eſt Pau.
Centulfe 1 , ſecond fils de Loup - Centule , duc de Gaſcogne,
fut confirmé, l'an 819 , par Louis-le -Débonnaire dans la por
ſeſſion du Béarn , ſous le titre de vicomie.
Marguerite, l'aînée des filles du vicomte Galton VII , mariée
à Roger-Bernard , comte de Foix , porta dans cette maiſon la
vicomté de Béarn . Dans la ſuite, ces deux fiefs paſsèrent à la
maiſon d'Albret , dont le Roi Henri IV devint héritier.
Vers l'an 940 , il y avoit à Morlas un hôtel des monnoies ,
appartenant aux vicomtes de Béarn , qui par un privilége fingulier
y fabriquoient des eſpèces, non-ſeulement d'argent & de cuivre ,
mais mêine d'or. Les ſucceſſeurs de Gaſton -Centule ſe main
tinrent , ſans contradiction , en poſſeſſion de ce droit.
> >

La plus ancienne mention qu'on trouve de la monnoie de


Morlas , eſt d'environ l'an 1000 , ſous Centule - le -Vieux , qui
ordonna , dit M. de Marca , vingt ſous morlas en faveur de dame
Auxilia.
Centule IV , vicomte de Béarn , ſe ſépara en 1077 , de Giſle
qu'il avoit épouſée, quoiqu'elle fût ſa parente ; & pour réparer
ſon crime , il céda au prieur de Sainte - Foi la dixième partie
de ſon droit de ſeigneuriage ſur la monnoie de Morlas.
Cette monnoie avoit cours dans la province de Gaſcogne &
dans le Limouſin ; elle valoit trois fois & au - delà plus que la
monnoie tournoiſe i; Solidus morlanus tres valebat ſolidos de tres
denarios turonenſes. ( Du Cange ) .
On voit par une charte d'échange fait en 1301 , entre le roi
Philippe- le -Bel & Hélie-Galerand , comte de Périgord , qu'alors
treize cents quarante- quatre livres neuf deniers morlans , valoient
deux mille cent cinquante livres neuf ſous neuf deniers tournois.
1

VICOMTES DE BÉARN . 163


3 Sous Louis- Hutin, cinquante-deux livres trois ſous de Morlas ,
valoient quatre - vingt - quatre livres tournois. Regiſtre de la
Chambre des Comptes.
Outre la monnoie de Morlas , il y en avoit deux autres dans
le Béarnois ; l'une à Pau & l'autre à Saint - Palais dans la baſſe
Navarre : depuis long -temps il ne fubfiſte plus que celle de Pau ;
la vache en eſt la marque diſtinctive.
Les quatre premières pièces que j'ai fait graver , ont été frappées
par les .CENTULES ; il y a eu cinq vicomtes de ce nom.
Voici les dates de leur règne :
Centule 1 , depuis 90s juſque vers 949 .
Centule -Gaſton II , dit le Vieux , depuis environ 984 juſque
vers 1004
Centule - Gaſton III , dit le Jeune , petit - fils de Centule
Gaſton II , depuis environ 1012 juſqu'en 1058 .
Centule IV régna depuis 1058 juſqu'en 1088 .
i Centule V , depuis 1130 juſqu'en 1134 .
>
PL. CVII.
CENTVLLO COMEs. R. ONOR FORCAS. Dans le champ , les N.° 1 .
lettres M P. Onor ou honor ſignifient, ſelon Du Cange , une ſei
gneurie , un château. Forcas étoit la maiſon ſeigneuriale de
Morlas , & s'appeloit auſſi la Fourquie ; c'eſt pour cela que dès
le temps de Centule IV , on appeloit la monnoie de Morlas ,
moneta forcenſis ou furcenſis ; & l'on pourroit , pour cette
dernière raiſon , rapporter à ce vicomte la monnoie que je décris ,
:h ainſi que les ſuivantes. Elle eſt d'argent, dans mon cabinet &
dans celui de M. de Milly.
svi
Denier ſemblable au précédent , mais d'un coin différent. Il fe N.° 2.
trouve dans le Recueil de M. de Boze.
N.° 3 •
Obole d'argent préſentant les mêmes légendes. Én nature.
1
Autre pièce de même nature , d'un coin différent. M. de N.° 4.
Boze.
Xij
164 VICOMTES DE BÉARN :
On connoît dix vicomtes de Béarn du nom de GASTON.
Gaſton -Centule régna depuis environ 940 juſque vers 984.
Gaſton II ſuccéda vers l'an 1004 à ſon père Centule
Gaſton II , & vécut juſque vers 1012 .
Gaſton III , fils & collègue de Centule -Gaſton III , décéda
quelques années avant lui.
Gaſton IV , ſucceſſeur de Centule IV , mourut en 1130.
Gaſton V régna depuis 1153 juſqu'en 1170 .
Gaſton VI , dit le Jeune & le Bon , depuis 1173 juſqu'en
1215
Gaſton VII , depuis 1229 juſqu'en 1290 .
Les trois autres ſont trop modernes , pour que les quatre
PL. CVII. pièces ſuivantes puiſſent leur être attribuées.
N.° s . GASTO DEI GRAtiâ DOMINVS BEARNII . R. Dominus
ILLUMINATIO MEA ET SALVS ( le Seigneur eſt ma lumière
& mon ſalut ). Écu d’or tiré du Recueil de M. de Boze.
N.° 6.
Mêine légende que ſur la pièce précédente. Rr. PAX ET
HONOR FORQVIE MORLACIS ( paix & honneur à la Fourquie
de Morlas ) . Cette pièce eſt d'argent & ſe nomme vache de
Béarn ; elle eſt conſervée dans le cabinet de M. de Boullongne.
N: 7 Autre d'un coin différent, & de bas argent, tirée du Recueil
de M. de Boze.
N.° 8 . Autre vache d'un coin tout-à-fait différent, & avec les mono
grammes du prince au lieu des épées. Argent. Même Recueil.
FRANÇOIS PHOÉBUS , fils de Gaſton , prince de
Viane , & de Madeleine , fille de Charles VII , roi de France ,
ſuccède, en 1479 , comme roi de Navarre , à Éléonore ſon aïeule
maternelle , & meurt le 30 janvier 1483 .
N. 9 . FRANCISCVS FEBVS Dei Gratiâ Dominus BEARNI . R. DOMI
NVS ILLVMINATIO MEA ET SALus. Cette pièce eſt d'argent,
VICOMTES DE BÉARN . 165
ON
& ſe nomme blanc à deux vaches. Elle a été frappée, de même
2 que les ſuivantes , pour le Béarn . Recueil de M. de Boze. PL. CVII.
Tule. Autre d'un coin différent. Elle eſt d'or , & pèſe ſoixante- N : 10.
trois grains. Cabinet de M. Haumont.
Autre tout- à- fait différente. Elle eſt auſſi d'or , & ſe trouve N.° 11 .
dans le cabinet de M. de Boullongne. PL. CVIII.
FRANCISCVS Febus Dei Gratiâ Dominus BEARNI . R. PAX N.° 1 .
ET HONOR FORQVIE MORLAcis. Dans le champ , les deux
premières lettres de Febus. Blanc de billon à deux vaches.
Cabinet de M. de Boullongne.
Autre d'un coin différent, ſans monogrammes . Recueil de N.° 2..
M. de Boze .
CATHERINE , four de François-Phoebus , règne après
lui ſous la tutelle de ſa mère. En 1484 , elle épouſa Jean
d'Albret, fils d'Alain fire d'Albret , qui meurt le 17 juin 1516 ;
ER elle le ſuivit huit mois après.
KATHERINADEI Gratiâ DominA BEARNI . R. PAX ET N.° 3 .
ET HONOR FORQVIE MORLAcis. Blanc de billon à deux vaches.
Cabinet de M. de Boullongne.
‫ܐ‬ Autre d'un coin tout-à-fait différent , avec deux monogrammes N. 4.
de la princeſſe, & au revers la deviſe DOMINVS ILLVMINATIO , &c.
Rauri M. de Boze .
HENRI d'Albret , fils de Jean d'Albret, & de Catherine
S MOME
de Foix , né en 1503 , leur ſuccède en 1516. Il épouſa,
cueil en 1526 , Marguerite , veuve de Charles duc d'Alençon , ſour
incess de François I. II meurt à Pau en 1555 , ne laiſſant de ſon épouſe
France que Jeanne d'Albret. C'eſt de lui que Charles-Quint , après avoir
1 MIA traverſé la France , diſoit qu'il n'y avoit rencontré qu'un ſeul
homme , le roi de Navarre.
DONE HENRI , fils d'Antoine de Bourbon & de Jeanne d'Albret,
EN prend le titre de roi de Navarre après la mort de la reine Jeanne
VILLE DE LYON
Biblioth . du Palais des Arts
166 VICOMTES DE BÉARN .
ſa mère. L'an 1589 , il monte ſur le trône de France , ſous
le nom de Henri IV.

PL. CVIII . L'un de ces deux princes a frappé les pièces ſuivantes :
N.° s . HENRICVS Dei Gratiâ REX NAVARre Dominus Bearni.
R. GRATIA DEI SVM ID QVOD SVM ( par la grâce de Dieu ,
je ſuis ce que je ſuis ) . Blanc de billon à la vache , gravé dans
le Recueil d'Anvers .
N.° 6. Autre blanc à la vache , tiré du même Recueil.
Voyez l'Hiſtoire de Béarn par M. de Marca , & l'Art de
vérifier les dates.

SEIGNEURS DE MONTPELLIER .
7

MONTPELLIER , Mons - Peſulanus, Mons - Pelerius ou


Puellarum , fut bâtie dans le x.° ſiècle ſur les ruines de Mague
lone , que Charles-Martel avoit détruite pour ôter aux Sarrazins
la sûreté qu'ils y venoient chercher. Un des comtes de Suſtantion
la donna en mariage à ſa fille , dont les enfans cédèrent leurs
biens , vers 975 , à l'égliſe de Maguelone , ſous l'épiſcopat de
Ricuin II. Cet évêque en diſpoſa en faveur de Gui ou Guil
laume , l'un des chevaliers du conte de Suſtantion. Gui & ſes
ſucceſſeurs tinrent toujours Montpellier en fief de l'égliſe ; mais
le roi de France en étoit le premier ſeigneur. Cette ſeigneurie
paſſa dans le xiii. ſiècle aux rois d'Arragon & de Majorque.
Jacques III , roi de Majorque , vendit , en 1349 , à Philippe
de Valois , roi de France , la feigneurie de Montpellier pour
la ſomme de cent vingt mille écus d'or ; elle eſt demeurée depuis
réunie à la couronne.

Les évêques de Maguelone , comtes de Melgueil , vendirent


aux conſuls & aux ſeigneurs de Montpellier une partie de leur
droit de battre monnoie.
--
SEIGNEURS DE MONTPELLIER. 167
En 1120 , Raimond , comte de Melgueil, maria ſa fille à
Guillaume, ſeigneur de Montpellier , & une des conditions du
contrat fut qu'il lui céderoit & engageroit ſa monnoie de
Melgueil pour un certain temps.
Jacques I , roi d'Arragon & ſeigneur de Montpellier , donna
en 1272 , à cette ville le droit de battre monnoie.
M. de Saint -Vincent nous apprend , dans ſon Mémoire ſur
les monnoies de Provence , qu'en 1273 un denier de Mont
pellier valoit douze deniers melgoriens , & une obole en valoit
douze melgoriennes ou fix deniers.
Voici deux pièces frappées par Jacques I qui ſuccéda , en

1213 , à ſon père dom Pèdre, dans le royaume d'Arragon &


la ſeigneurie de Montpellier , & qui mourut en 1276 . Pl. CVIII ,
JACOBUS DEI GRatiâ REX ARAGONVm ( Jacques , par la N.° 11 .
grâce de Dieu , roi d'Arragon ) . R.DOMINVS MONTISPESſyLANI
( ſeigneur de Montpellier ) . Denier d'argent peſant un gros.
Cabinet de M. de Boullongne. Il ſe trouve une pièce ſemblable
dans le Recueil de M. de Saint-Vincent.
Autre denier d'argent d'un coin différent, du poids de ſoixante- N * 2.
huit grains. Cabinet de M. Pagnon d'Ajonval.
Voyez l'Hiſtoire de Languedoc de doms de Vic & Vaiſſette ;
celle de Montpellier par l'abbé d'Aigrefeuille, & l'Art de vérifier
les dates.

SEIGNEURS D'ANDUSE.
ANDUSE ou Anduſe, Anduſia , ville du diocèſe de Niſmes,
ſituée ſur les frontières de celui de Maguelone.
La ſeigneurie d’Anduſe eſt l'une des plus anciennes de la 1

province de Languedoc ; la maiſon qui la poſſédoic, & à laquelle


elle avoit donné ſon nom , étoit auſſi l'une des plus illuftres.

>
168 SEIGNEURS D'ANDUSE.
Le plus ancien de ces ſeigneurs eſt Pierre I , qui vivoit en
943. Son fils Bernard I , mort en 1024 , ſe qualifioit marquis
( fans doute à cauſe de la poſition de la terre ) & prince
d'Anduſe. Quelques - uns de ſes ſucceſſeurs prenoient auſſi les
titres de princes d'Andüſe & de Satrapes de Sauve. Saint Louis
confiſqua Anduſe, en 1243 , ſur Pierre III ; cette ſeigneurie
reſta aux rois de France juſque vers 1345 , que Philippe de
Valois la donna à Humbert , dauphin de Viennois , qui la vendit
deux ans après à Guillaume- Roger, ſeigneur de Beaufort, frère
-

du pape Clément VI. La baronnie d’Anduſe a paſſé enſuite


dans la maiſon de Montboiſſier.
Il paroît par l'anecdote ſuivante, que les ſeigneurs d'Anduſe
ont joui du droit de battre monnoie.
Pierre de Crouze, chevalier , fut débouté au Parlement de la
Pentecôte 1263 , de la demande par lui faite au Roi , d'une
portion de la monnoie qui ſe fabriquoit dans la ſénéchauſſée
de Beaucaire ; il fondoit ſa demande ſur la conceſſion qui lui
en avoit été faite par Bernard , ſeigneur d’Anduſe , auquel le
Roi avoit ſuccédé, & ſur ce qu'à raiſon de ce , il devoit au Roi
le ſervice de deux chevaliers. Il lui fut répondu que ce n'étoit
pas comme ſucceſſeur de Bernard, mais comme ſeigneur princi
pal , que le Roi faiſoit battre la monnoie tournoiſe qui avoit
cours par tout ſon royaume , & non la monnoie de raimon
dins ( a ) & de bernardins, qui étoit celle dudit Bernard , laquelle
n'avoit cours que dans ſa terre , & étoit la ſeule dont ledit Pierre
de Crouze poſſédoit une portion . Extrait du Regiſtre Olim.
Je ne connois que trois pièces des ſeigneurs d'Anduſe ; elles
ſont fort rares .

( a ) On lit dans le Regiſtre : Et non monetam Remundimorum .....peut


être devoit -on écrire Bermundinorum . Les anciens ſeigneurs d'Anduſe étoient
de la maiſon des Bermonds ; je n'en trouve aucun du nom de Raimond.
La

1
--
SEIGNEURS D'ANDUSE. 169 Pl. CVIII .
DE ANDVSIA . Dans le champ , la lettre B , monogramme de N.° 1.
Bernard ou de Bermond. R. DE SALVE ( B. ſeigneur d’Anduſe
& de Sauve ) . Sauve eſt une ville de Languedoc dans le diocèſe
d'Alais , chef - lieu d'une viguerie. Denier de billon fort uſé , &
ne peſant que quinze grains.
ANDVSIENSIS. Dans le champ , le même monogramme. R. SAL- N.° 2.
VIENSIS. Obole du poids de ſept grains.
Mêmes légendes. Denier de billon ou bas argent peſant qua- N.° 3 .
torze grains. Ces trois monnoies appartiennent à M. de Boullongne.
Voyez l'Hiſtoire de Languedoc , tome V , planche VIII ,
& le Traité de M. de Saint- Vincent ſur les Monnoies de Pro
vence , où ſe trouvent les deux premières.

SEIGNEURS DE VIERZON.

VIERZON , Brivodurun , Virſio , ville de France en Berri ,


ſut les rivières de Cher & d'Eure , dans l'endroit le plus agréable
& le plus fertile de la province , àà quarante lieues ſud -oueſt de
Paris. C'étoit , dans l'origine , un château qui appartenoit aux
C

comtes de Chartres ; il en fut détaché dans le x. ſiècle , &


paſſa à des ſeigneurs particuliers , dont le premier connu eſt
Humbaud dit le Tortu . On ignore de quelle maiſon il étoit ; il
poſſédoit la ſeigneurie de Vierzon ſous le règne de Hugues - Capet,
& il la tranſinit à ſes deſcendans. Jeanne , dame de Vierzon ,
fille unique d'Hervé III , ſeigneur de Vierzon , épouſa vers
1280 , Géoffroi de Brabant , ſeigneur d'Arſchot, de Maiſières
en Braîne , fils de Henri III , duc de Brabant & frère de Marie
de Brabant , ſeconde femme de Philippe-le - Bel. Ce ſeigneur
ayant péri , en 1302 , à la bataille de Courtrai , Marie de
Brabant , l'aînée de ſes filles , eut en partage les terres d'Arſchot
& de Vierzon . Cette dame mourut vers l'an 1330 , & ſa ſæur
Tome 11. Y
1

170 SEIGNEURS DE VIERZON .


Éliſabeth , qui avoit épouſé Gérard VI , comte de Juliers , hérita
d'elle la ſeigneurie de Vierzon , qui paſſa ainſi dans la maiſon
de Juliers ; elle fut confiſquée ſur Guillaume VI , duc de Juliers ,
petit-fils du comte Gérard VI.
Vierzon fut engagé dans le xv.' fiècle à différens ſeigneurs;
mais Louis XI le réunit au domaine , & il a été depuis réuni
au duché de Berri..
Il eſt parlé de ſous , monnoie de Vierzon , Virſionenſium ,
dans une charte de Henri de Sully, donnée l'an 1203 , ce qui fait
remonter aſſez haut l'origine du droit de battre monnoie des
ſeigneurs de Vierzon. Cette ſeigneurie étoit alors poſſédée par
Hervé , II .' du nom , fils d'Hervé I ; il ſuccéda en 1197 à ſon
frère Guillaume I , fit le voyage d'outre-mer , & périt devant
>

Damiette , l'an 1219. Voyez le Supplément de dom Carpentier


au Gloſſaire de Du Cange , au mot Bauviardi.
Le ſeigneur de Vierzon eſt un des barons jouiſſant du droit
de battre monnoie , auxquels Philippe-le -Bel écrivit de lui envoyer
des commiſſaires pour la réformation de la monnoie. Premier
Mémorial de la Chambre des Comptes , cité par Du Cange.
Le ſeigneur de Vierzon avoit droit , le 28 novembre 1315 ,
de forger ſeulement monnoie blanche. Table alphabétique des
matières des Regiſtres du Parlement.
Les deniers devoient être à trois deniers fix grains de loi
argent-le-roi , & de vingt ſous de poids au marc de Paris ; & les
mailles à deux deniers ſeize grains de foi argent-le-roi , & dix
ſept fous deux deniers de mailles doubles de poids , au marc de
Paris. Les quinze deniers ne devoient valoir que douze deniers
PL. CIX . tournois. Hautin . Le Blanc. Manuſcrit de Saint-Victor.
N.° 1 . MARIA Domina BRABANtiæ. R. DominA VIRSIONIS. Denier
de billon. M. de Boze & Du Cange.
SEIGNEURS DE VIERZON . 171 PL . CIX.
Autre denier de billon d'un coin différent, avec les mêmes N.* 2.
légendes. Cabinet de M. de Boullongne.
1
Ces deux monnoies ont été frappées par MARIE de Brabant
dont j'ai parlé plus haut. Elle fut mariée ſur la fin du XIII .' ſiècle
à Guillaume , comte de Juliers ; veuve en 1303 , elle ſe maria
en ſecondes noces à Jean-Bertaud , fire de Malines , & en troi
ſièmes, l'an 1323 , à Robert , vicomte de Beaumont , fire de
Provence . Elle vivoit encore en 1327 .
1
Voyez l'Hiſtoire de Berri par la Thaumaſſière , & les Trophées
*
dú duché deBrabant par Chriſtophle Butkens , tome I.
SEIGNEURS DE FAUQUEM BERG.
FAUQUEMBERG , Falcumberga, paroiſſe en Artois, diocèſe
de Boulogne , ſituée ſur la route de Heſdin à Saint-Omer , à
quatre lieues oueſt - ſud-oueſt d'Aire.
Je n'ai pu découvrir la ſuite des anciens poſſeſſeurs de la
-

1 ſeigneurie de Fauquemberg : peut - être n'étoit - ce qu'une terre


peu conſidérable, appartenant, de temps immémorial , aux ducs
de Brabant. ALIX , quatrième fille de Geoffroi de Brabant, ſire
d'Arſchot, mort en 1302 , eut pour partage entr'autres ſei
>

gneuries , celle de Fauquemberg. Elle épouſa quelques années


après Jean III , ſeigneur de Harcourt , vicomte de Saint-Sauveur
& de Châtelleraut , frère de Jean , premier comte de Harcourt,
dont deſcend l'illuſtre maiſon de ce nom .

Choppin , Domaine de France, nomme la dame de Fauquem


$ berg , la vingt-ſixième des trente-un ſeigneurs auxquels le Roi
a donné le privilége de faire battre monnoie.
Cette dame n'avoitdroit , le 28 de novembre 1315 , de forger
que des monnoies blanches , le Roi ſeul ayant droit d'en forger
d'or.
Y ij
172 SEIGNEURS DE FAUQUEMBERG .
Selon l'ordonnance faite la même année par Louis - Hutin à
Lagni-ſur-Marne , la monnoie de la dame de Fauquemberg devoit
être à quatre deniers douze grains de loi argent - le - roi , à la
taille de deux cents quatre deniers au marc. Voyez Du Cange
& le Blanc.

PL . CIX . Voici les monnoies frappées par cette dame.


N.° 1 . La première eſt ſans légende ; on voit d'un côté une femme qui
tient de la droite une branche d'arbre , & de la gauche un oiſeau ,
de l'autre , il n'y a qu'une croix d'une forme élégante : cette
pièce eſt d'argent, & ſe trouve dans le Recueil de M. de Boze.
N.° 2. Autre denier d'argent preſque ſemblable au précédent. Ma
nuſcrit de Saint - Victor.
Quoique ces deux monnoies ne portent aucune inſcription , la
figure ſymbolique que l'on y remarque , doit les faire aiſément
reconnoître pour être d’Alix de Brabant. Dans les Trophées du
duché de Brabant , tome 1, parmi les pièces juſtificatives, on trouve
un ſceau de cette dame qui repréſente une femme accoſtée de deux
écuſſons .
Un autre ſceau de Marie de Brabant, dame
de Vierzon , four de notre Alix , repréſente auſſi une femme
tenant une fleur de la main droite ; & un troiſième ſceau
d'Élizabeth de Brabant, autre fæur de la même Alix , repréſente
encore une femme qui tient un oiſeau ſur le poing.
COMITISSA DE. Dans le champ, ELIENOR . R. FAVQVEMBERGE
( Éléonore ou Alix , comteſſe de Fauquemberg ). Denier de
billon tiré du Recueil de M. de Boze.

Jeanne de Luxembourg , fille de Jean de Luxembourg,


châtelain de Lille , ſeigneur de Ligny , & d'Alix de Flandre ,
veuve de Guy V de Châtillon , comte de Saint - Paul , acquit
en 1372 , pour elle & ſes héritiers , de Jean de Beaumont , dit
Sanxe, châtelain de Saint-Omer , le comté de Fauquemberg avec
tous les droits & prérogatives qui y étoient attachés , entr’autres
SEIGNEURS DE FAUQUEMBERG . 173
devot celui de battre monnoie , pour la ſomme de cinq mille neuf cents
en 1392 ,
ſoixante - dix - ſept francs d'or. Cette dame mourut en
i, à.
laiſſant le comté de Fauquemberg à ſon neveu Waleran de
Raineval , fils de fa fæur Philippe de Luxembourg & de Rainaud
de Raineval. Duchêne , Hiſtoire de Châtillon .

Eme
Voyez l'Hiſtoire de la maiſon de Harcourt par la Roque , &
cu les Trophées de Brabant.
oilea,
: Com

Boze. DAME DE CHÂTEAU -MEILLANT.


1. We
CHÂTEAU - MEILLANT , Caftrum Meliani & Meliandi, ou
Caſtrum Mediolanum , bourg ou ville en Berri , avec un ancien
tion , L. château & titre de comté , ſitué ſur le ruiſſeau de Semaiſe , à huit
LEMC lieues & demie au ſud -ſud - eſt d'Iſſoudun , & à dix lieues & demie
>

les de ſud - ſud -oueſt de Bourges.


troute
Les plus anciens ſeigneurs de Château-Meillant que l'on ait pu
de daar découvrir , vivoient dans le xi .' ſiècle; ils étoient de la maiſon
dom
‫ایکه اما‬
de la Roche-Guillebaut. Dans le ſiècle ſuivant , cette terre paſſa,
femma
probablement par alliance , dans la maiſon de Déols ; au X111 ." ,
dans celle de Bomès , par le mariage de Mahaut de Déols ayec
réferte Robin de Bomès; en 1282 , dans celle de Sulli, par le mariage
de Marguerite de Bomès avec Henri , ſeigneur de Sulli , II .' du
BERGE nom ; en 1400 , dans celle d'Albret , par le mariage de Marie
de Sulli, fille unique de Louis , ſeigneur de Sulli, avec Charles I ,
ſeigneur d'Albret , connétable de France ; enfin , en 1456 dans
hung la maiſon de Nevers , par le mariage de Marie d'Albret, comteſie
mandarin de Dreux , fille de Charles II , ſeigneur d'Albret & comte de
acruit Dreux , avec Charles de Bourgogne , comte de Nevers. La
, di ſeigneurie de Château - Meillant a enſuite paſſé par acquiſition
ald
dans d'autres maiſons moins conſidérables ; elle a été érigée en
autre
comté en 1644 , par Louis XIII , en faveur de Jean Fradet,
$

174 DAME DE CHÂTEAU-MEILLANT.


feigneur de Saint- Août , lieutenant de Roi en Berri , mort
en 1675 , laiſſant pour héritière de ſes biens la comteſſe de
Nonant , ſa four.
>

On trouve dans le Manuſcrit de Saint- Victor un règlement


pour la monnoie de madame de Château -Meillant, mère du
ſeigneur de Sulli. Les deniers doivent être à trois deniers ſix
grains de loi argent-le-roi , & de vingt ſous de poids au marc
de Paris ; les mailles à deux deniers ſeize grains de loi argent-le
roi , & de dix -ſept ſous deux deniers mailles doubles de poids
au marc de Paris ; & ces deniers & ces mailles , évalués l'un parmi
l'autre à petits tournois & à mailles tournoiſes, devoient valoir
cinq lous moins la livre que les petits tournois , c'eſt- à -dire,
que les quinze deniers ne devoient valoir que douze petits
tournois.

Cette dame de Château-Meillant étoit MARGUERITE


de Bomes , fille de Thibaud de Bomès. Elle épouſa en premières
noces Louis de Beaujeu , ſeigneur de Montferrand, petit-fils de
Guichard IV , ſire de Beaujeu. Ce ſeigneur étant mort le 26
>

ſeptembre. 1280 , Marguerite ſe remaria au bout de deux ans


de veuvage, à Henri II , ſeigneur de Sulli , qui décéda en 1285 .
Elle fut mère d'Henri III , ſeigneur de Sulli , houteillier de France.
La mort de cette dame arriva en 1323. Voici les monnoies
que l'on connoît d'elle.
PL. CIX.
N.° 1 . MARGARETA Domina. R. CASTRI MELHA ( pour Meliandi),
Denier de billon tiré du Recueil de M. de Boze.
N.° 2. Autre denier , auſſi de billon , d'un type différent, avec les
mêmes légendes , excepté qu'il y a MELLA au lieu de Melha.
Manuſcrit de Saint-Victor.
Voyez Du Cange; l'Hiſtoire de Berri par la Thaumallière,
& l'Hiſtoire généalogique des grands officiers de la couronne.
175
SIRES DE MEUN .

MEUN OU MEHUN , Macedunum & Magdunum , ville en Berri


? ſur la rive droite de la rivière d'Yèvre , entre Vierzon & Bourges ,
à trois ou quatre lieues de cette dernière ville , & à quarante-deux
T lieues u d -oueſt de Paris. Il y reſte des maſures d'un vieux
I
château bâti par Charles VII , qui , dans la crainte d’être empoi
ſonné, s'y laiſſa mourir de faim.
3 Meun a eu ſes ſeigneurs particuliers dès le x.' ſiècle ; Étienne ,
qui vivoit ſur la fin de ce ſiècle , eſt le premier qu'on connoiſſe.
Cette ſeigneurie paſſa au XII ." dans la maiſon de Courtenai , par le
mariage de Mahaut , dame de Meun , vers 1197 , avec Robert
de Courtenai, fils de Pierre de France & d'Élizabeth de Cour
)

tenai; & au xiii . dans celle d'Artois , par le mariage d'Amicie


de Courtenai avec Robert , II. du nom , comte d'Artois , fils de
Robert de France , frère de ſaint Louis. La ſeigneurie de Meun
fut confiſquée, en 1342 , par Philippe de Valois, ſur Robert III
d'Artois, comte de Beaumont-le-Roger , petit-fils de Robert II ;
depuis, elle a toujours demeuré réunie à la couronne.
Le fire de Meun - ſur - Yèvre avoit droit de battre nonnoie
8 blanche le 28 novembre 1315. ( C'étoit alors Robert II , comte
d'Artois ) . Table alphabétique des Regiſtres du Parlement.
13 Les deniers devoient être de trois deniers fix grains de loi
argent-le -roi , à la taille de deux cents quarante au marc ; les
quinze deniers devoient valoir douze deniers tournois de la
monnoie du roi.
Dans une charte d'Eudes , abbé de Saint - Sulpice , de l'an
1102 , il eſt parlé de quinze ſous monnoie courante à Meun.
En 1177 , Robert , ſeigneur de Meun , fit don du bourg de
Prulli , au chapitre du château dont Guillaume étoit alors doyen ,
à condition d'y maintenir le cours de la monnoie de Meun.
Notes communiquées à l'éditeur par dom Turpin.
176 SIRES DE MEUN .
Pl . CIX.
ROBERT DARTOIS. R. MONETA DE MEVn . Dans le champ ,
MEyn. Denier de billon. Manuſcrit de Saint-Victor ;; M. de Boze
& Du Cange.
Il y a eu deux comtes d'Artois , ſeigneurs de Meun , du nom
de ROBERT. Robert , II. du nom , ſurnommé le Noble
& le Bon , né en 1250 , auquel Amicie de Courtenai porta en
dot la ſeigneurie de Meun ; il mourut en 1320. Robert III
d'Artois , comte de Beaumont-le-Roger , &c. né en 1287 , mort
en 1343 , peu de temps après la confiſcation de ſes états.
>

Voyez Du Cange ; Thevet ; le Blanc & la Thaumaſſière.

SEIGNEURS DE CHÂTEAU-ROUX.
RAOUL , ſurnommé le Large, ſeigneur de Déols , céda le
château de Déols à l'abbaye de même nom , fondée par Ebbes
le - Noble ſon père , & fit conſtruire, à quelque diſtance de ce
château , ſur la rivière d'Indre , un château qui fut depuis appelé de
ſon nom Château- Raoul. Il s'y retira , & fonda peu après autour
de ſes murs une ville du même nom qui devint la capitale de la
ſeigneurie Déoloiſe, & dont les ſeigneurs prirent les titres de
Princes de Déols & de Barons de Château - Roux.
Déols eſt une petite ville , autrefois capitale du bas Berri &
de la ſeigneurie Déoloiſe, fondée, à ce que l'on prétend , vers
l'an 42 de l'empire d'Auguſte, par Léocade , ſénateur Romain ,
gouverneur des parties de Bourgogne , de Lyonnois & de Berri.
Elle eſt ſituée ſur la rivière d'Indre , à un demi-quart de lieue de
Château- Roux, à quinze lieues de Bourges , & à cinquante -neuf
de Paris. Elle a juſtice haute , moyenne & baſſe, dont les appel
lations reſſortiſſent à Château- Roux.
La baronnie de Château - Roux paſſa , en 1187 , dans la
maiſon de Chauvigny , par le mariage de Deniſe de Déols , fille
unique de Raoul , dernier du nom de Déols , baron de Château
-

Roux ,
SEIGNEURS DE CHÂTEAU -ROUX. 177
Roux , & nièce d'Henri II , roi d'Angleterre , avec André de
Chauvigny. Le nom & la maiſon des ſeigneurs de Chauvigny
s'éteignit en 1502 par la mort d'André IV , ſeigneur de Chau
vigny , baron de Château-Roux , vicomte de Broſſe, Château
Roux a paſſé dans différentes maiſons, & en dernier lieu à
Charles de Bourbon , comte de Clermont , de qui le Roi l'ac
quit en 1736 , pour le donner , fix ans après , à Marie-Anne de
Mailli- Nejle qu'il créa ducheſſe de Château - Roux. Après la
mort de cette dame, il a retourné au domaine.
Les ſeigneurs de Château- Roux étoient autrefois vaſſaux des
ducs de Guyenne & des rois d'Angleterre ; mais Philippe -Auguſte
conquit cette place avec Yſſoudun en 1188 , & les réunit
au Berri.
On ne trouve la monnoie de Château- Roux , mentionnée dans
les chartes , que depuis le xiii .° ſiècle. Guillaume I de Chauvigny
confirma, en mai 1213 , le droit qu'avoit l'abbaye de Déols de
prendre pour l'entretien du luminaire de l'égliſe, deux ſous ſur
chaque mille ſous de monnoie qui ſe frappoient à Château-Roux.
Guillaume III de Chauvigny, ſeigneur de Château-Roux , ne
pouvoit , le 28 de novembre 1315 , frapper que des monnoies
blanches , le Roi ayant ſeul le droit d'en forger d'or. Table
alphabétique des matières des regiſtres du Parlement.
Selon l'ordonnance faite par Louis - Hutin à Lagny-ſur-Marne ,
vers Noël de la même année , ce ſeigneur devoit faire ſa monnoie
à trois deniers ſix grains de loi argent-le -roi, à la taille de deux
cents quarante au marc. Les quinze deniers n'en devoient valoir
que douze tournois de la monnoie du roi. Le Blanc.
Le ſeigneur de Château-Roux eſt compté dans le premier
Méinorial de la Chambre des Comptes, au nombre des barons
à qui le roi Philippe IV écrivit de lui envoyer des commiſ
ſaires pour la réformation de la monnoie. Du Cange, au mot
moneta .

Tome II. Z
178 SEIGNEURS DE CHÂTEAU -ROUX.
Le même Guillaume III avoit tellement altéré ſa monnoie
qu'elle ne pouvoit plus avoir cours que dans ſes terres. Les ſujets
de ſa principauté Déoloiſe s'en plaignirent d'une manière très
vive , & il fut contraint de s'engager , par un acte du mois de
décembre 1316 , à n'en plus frapper ,lui ni ſes héritiers , pendant
l'eſpace de vingt-neuf ans , ſi ce n'eſt ſeulement une fois, ſavoir, dans
quinze ans , juſqu'à la valeur de deux cents livres , du même poids
& au même titre que le petit tournois ; à condition auſſi que
pendant ces vingt-neuf ans on ne recevroit dans ſes terres que la
monnoie du Roi , & que , ce terme expiré , il pourroit lui ou
ſes héritiers recommencer à battre monnoie.
Les trois premières monnoies des ſeigneurs de Château- Roux ,
que je vais rapporter , ont été frappées par un RAOUL ; voici
la ſuite de ceux de ces ſeigneurs qui ont porté ce nom.
Raoul-le-Large, mort en 952.
Raoul- le -Chauve , fils du premier , mort en 1012 .
Raoul-le- Prudent , depuis environ 1037 juſqu'en 1052 .
Raoul-l'Enfant, fils du précédent , décédé en 1058 . .

Raoul-Thibaut , frère & ſucceſſeur de Raoul-l'Enfant, mort


vers l'an 1100 .
Raoul- le -Vieil, ſon fils , mourut en 1112 , ſelon la Chronique
de l'abbaye de Déols. Cette mort prématurée ne s'accorde pas
avec le ſurnom de Vieux , qui ne peut lui avoir été donné que
dans un âge avancé ; en effet , dom Turpin , bénédictin de la
congrégation de Saint - Maur , & nouvel hiſtorien de Berri , que
j'ai déjà cité pluſieurs fois, a découvert une charte qui prouve que
ce ſeigneur vivoit encore en 1160.
PL. CIX. Et Raoul , dernier du nom , mort vers 1176 .
N.° 1 .
RADVLFVS. RE. DE DOLIS. ( Raoul , prince de Déols ) . Dans
le champ , une étoile à fix rayons formés par deux triangles équi
latéraux ; on en voit une preſque ſemblable ſur une monnoie
de Charles-le - Simple. Denier de billon. M. de Boze.
SEIGNEURS DE CHÂTEAU - ROUX . 179
PL. CIX.
**
Même type & mêmes légendes. Obole ou moitié de la pièce N.° 3.
précédente. Cabinet de M. de Boullongne.
RADVLFVS Dominus. R. DVX MILICE ( ſans doute pour N.° 2.
miliciæ , chef ou conducteur des troupes ) . Dans le champ , une
étoile à cinq rayons , ſemblable à celle de Pythagore. Denier de
billon qui ſe trouve auſſi chez M. de Boullongne. Le titre inuſité
de dux miliciæ , qui ſe remarque ſur cette pièce , la rend extrê
mement curieuſe. Dom Turpin , que j'ai conſulté, ne l'a jamais
rencontré ſur aucun acte du x . ſiècle, ni des ſuivans. Parmi les
ſeigneurs de Château-Roux , connus ſous le nom de Raoul, cette
qualité pourroit convenir à Raoul V ou à Raoul VII qui ont fait
le voyage d'outremer. Voyez la lettre de l'éditeur de cet ouvrage,
Po
inſérée dans le Journal des ſavans , du mois de juin 1789 .
Les inonnoies ſuivantes portent le nom de GUILLAUME ;
il y a eu trois ſeigneurs de Château-Roux de ce nom ; ſavoir ,
Guillaume I de Chauvigny, qui ſuccéda en 1203 , à ſon père
André de Chauvigny, & mourut en 1233 ; Guillaume II , fils
& ſucceſſeur de Guillaume I , mort en 1270 ; & Guillaume III ,
my fils du précédent , décédé en 1332.
GVillelmus DOMINVS . R. CASTRI RADVRCI , ( pour :
N.* 4.
Radulphi ). Cette pièce eſt tirée du Gloſſaire de Du Cange ,
qui compare à une barrière les eſpèces de pointes que l'on voit
dans le champ. M. de Boze en a fait graver une préciſément
pareille , ſi ce n'eſt qu'elle eſt moins large ; mais il préſente le revers
d'un autre ſens que n'a fait Du Cange, c'eſt-à-dire, que les pointes
ſont en bas au lieu de s'élever ; on y reconnoît aiſément les fuſeaux
qui entroient dans les armes des ſeigneurs de la maiſon de Chau
vigny , & que j'ai vus ſur pluſieurs de leurs ſceaux dans les
manuſcrits de dom Turpin. Note de l'éditeur. 1

GVILIELMVS II. R. CASTRI RADVLFI . Dans le champ , DNS N : 5.


( Dominus ) . M. de Boze. Cette monnoie doit être rapportée à
Guillaume II, ſi les deux I qui ſuivent immédiatement ſon noin
Zij
180 SEIGNEURS DE CHÂTEAU -ROUX.
ſont effectivement des chiffres deſtinés à le diſtinguer de Guil
laume I , ſon prédéceſſeur. On ne connoiſſoit pas encore d'exemple
с

de cette diſtinction ſur des inonnoies du xinn .' ſiècle ; elle a été
fréquemment employée dans le xiv.' par les papes & par un de
nos comtes de Provence. Voyez les monnoies de Clément V ,
de Jean XXII , & c. ci -deſſus pages 112 & 113 , planche C ,
& celles du comte Charles II , page 98 & ſuiv. pl.XCV.
Sur Château- Roux , on peut conſulter l'Hiſtoire de Berri par la
Thaumaſſière, & le Dictionnaire des Gaules de l'abbé Expilly.

LANDGRAVES D'ALSACE .
L'ALSACE , Alſatia ou Elifaza, province de France , l'une
des plus fertiles qui ſoit dans le monde , bornée à l'eſt par le
Rhin , au ſud par la Suiſſe & la Franche - Comté , à l'oueſt par
la Lorraine, & au nord par le Palatinat du Rhin. Son nom
dérive de l'Allemand Elfal , qui ſignifie habitans des environs
de l’Ell, rivière dont le nom s'écrit aujourd'hui Ill.
L'Alſace eſt l'ancien pays des Tribocci ; elle étoit partagée ,
ſous les empereurs Romains , en deux provinces : l’une appelée
la haute Alface ou le Sundgaw , étoit renfermée dans la Gaule
>

Lyonnoiſe, & compriſe parmi les Séquaniens ; l'autre appelée la


baſe Alſace ou le Nordgaw faiſoit partie de la première Ger
manie. Ce pays ſoumis en partie au duc des Séquaniens , & en
partie au duc de Mayence , eut pour capitale la ville d'Argen
torat , qui ne prit le nom de Straſbourg que dans le vin. ſiècle.
Clovis ayant conquis , en 496 , l'Alſace & la Suabe ſur les
>

Suèves , n'en fit qu'une province qui fut quelque temps ſoumiſe
au duché d'Alemannie ; elle en fut détachée dans le vil .' ſiècle, &
commença alors à avoir des ducs particuliers, ce qui dura juſqu'à
la mort de Conradin en 1268. En même temps le gouvernement

du Sundgaw & du Nordgaw fut confié à des comtes parti


LANDGRAVES D'ALSACE . 181
culiers , qui prirent dans le xi .° ſiècle le titre de Landgraves,
c'eſt - à -dire; comtes provinciaux. Conrad , roi de Germanie ,
s'empara de l'Alſace au commencement du x . ſiècle, & Henri
l'Oiſeleur, ſon ſucceſſeur , réunit cette province , en 925 , au
royaume de Germanie.
Par la paix de Munſter , du 24 octobre 1648 , la maiſon
d'Autriche céda à Louis XIV , le landgraviat de la haute &
de la baſſe Alſace : le traité de la paix de Riſwick , du 30
octobre 1697 , en aſſura la poſſeſſion à la France.
Les landgraves d'Alſace n'ayant jamais été au nombre des
barons du royaume , ce ſeroit ſortir de mon plan que de donner
ici toutes les monnoies qu'ils ont frappées : cependant, comme
l'Alſace a d'abord appartenu à nos Rois , & qu'elle eſt rentrée ſous
leur domination , je vais donner un échantillon de ſes monnoies ;
je ferai de même à l'égard des villes Impériales de cette province.
FERDINANDus Dei Gratia ARCHIDVX AVSTRIÆ . Dans le Pl. CX.
champ , le prince à mi-corps. R. DVX BVRGVndiæ LANDgravius
ALSAtiæ , comes PHERTIæ. ( Ferdinand , par la grâce de Dieu ,
>

archiduc d'Autriche , duc de Bourgogne , landgrave d'Alſace,


comte de Ferrette ( a ). Dans le champ, les armes du landgrave
& de la province d'Alſace. Cette pièce eſt un double florin ou
rixdale - eſpèce , peſant ſept gros vingt-ſept grains ; elle eſt dans
le cabinet de M. de Boullongne. Voici les princes par qui elle
peut avoir été frappée.

(a) Ferrette , Pfirth , Phirthia , Ferreta , chef- lieu du comté du même


nom , avec un ancien château dans le Sundgaw en Alſace.
Albert II d'Autriche acquit le comté de Ferrette , dans le xiv.' ſiècle,
de l'évêque de Båle , dont les prédéceſſeurs le poſſédoient depuis 1271 .
Depuis Albert II , la maiſon d'Autriche continua de poſſéder le comté de
>

Ferrette & le Sundgaw juſqu'en 1648 que ces deux pays furent cédés à
la France . Louis XIV fit don de ce comté au cardinal Mazarin , qui l'a
tranſmis à ſes héritiers . Dictionnaire des Gaules par l'abbé Expilly .
182 LANDGRAVES D'ALSACE.
FERDINAND I , frère de Charles - Quint, qui lui céda
>

en 1521 , l'Autriche & le landgraviat d'Alſace ; il devint roi


de Bohème & de Hongrie en 1527 , roi des Romains en 1531 ,
& empereur en 1558. L'empereur Maximilien ſon père avoit
épouſé Marie , fille & héritière unique du dernier duc de Bour
gogne. Ferdinand mourut le 25 juillet 1564.
Son fils Ferdinand II lui ſuccéda dans le landgraviat de la
haute Alſace & le comté de Tirol , & décéda le 24 janvier
1595
Il y a encore eu Ferdinand - Charles , fils du landgrave
Léopold IV , auquel il ſuccéda , en 1632 , âgé ſeulement de
I >

quatre ans , ſous la tutelle de ſa mère Claude de Médicis, gou


vernante & adminiſtratrice du landgraviat. Mais je crois que notre
pièce eſt plus ancienne que ce prince , dont on n'auroit pas
d'ailleurs omis le ſecond nom .

Voyez l’Alſatia illuſtrata de Schoepflin, & l'Art de vérifier


les dates.

VILLES IMPÉRIALES
C É D É ES À LA FRANCE .

STRASBOURG.

STRASBOURG , Argentoratum , &c. capitale de l'Alſace, ſe


rendit volontairement à Louis XIV en 1681.
681. En i1697 , par la
paix de Riſwick , elle fut entièrement détachée du corps de l'em,
pire , & réunie à la couronne de France.
L'empereur Oiton II afferma pluſieurs fois , pour un temps
limité, le droit de battre monnoie , tantôt à une compagnie de
>

gentilshommes & de bourgeois les plus riches de Straſbourg,


tantôt à la ville de Straſbourg elle-même.
STRASBOURG . 183
2
Dès l'an 1298 , Conrad de Liechtenberg, évêque de Straf
>

.
bourg , accorda pour dix ans à cette ville le droit de battre
1.
monnoic. Huit ans après , l'évêque Jean céda pour ſix ans ſon
droit de battre monnoie , moyennant la ſomme de cent cinquante
marcs d'argent; ſavoir , la moitié de ce droit à la ville , & l'autre
moitié à quatre gentilshommes de Straſbourg.
En 1334 , l'évêque Berthold de Bucheck , vendit à la ville de
Straſbourg, pour quatre ans , le droit de battre monnoie pour
deux cents marcs d'argent .
* Burcard ou Bouchard , évêque de Straſbourg, l'avoué provin
te cial d'Alſace, les villes de Haguenau , de Scheleſtadt, d'Enſenheim
0% & de Rosheim , firent avec celle de Straſbourg un traité qui
IV .
devoit durer deux ans , par lequel la ville de Straſbourg feroit
‫ܬ‬ fabriquer des deniers d'argent, marqués d'un ange ou d'un lys.
Enfin en 1422 , l'évêque Guillaume de Dietſch permit à cette
ville de continuer à faire battre monnoie.
Ce ne fut que dans le xvi .° ſiècle que les empereurs accor
dèrent le droit de frapper des monnoies d'or à quelques villes
de l'Empire ; ſi elles en ont frappé avant ce temps , ce n'a été
que par convention , ou par uſage & par preſcription , ou du
conſentement des évêques.
L'empereur Maximilien I accorda , en 1508 , à la ville de
Straſbourg le droit de faire baitre des monnoies d'or & autres.
On fabriqua à cette époque des écus d'or , les uns ſur le
modèle des ducats de Veniſe , avec les mots : GLORIA IN
EXCELSIS DEO ; les autres ſur le modèle des florins de Flo
rence & du Rhin avec cette légende : VRBEM VIRGO TVAM
SERVA. Lorſque les habitans eurent renoncé à la religion catho
lique , on changea le mot virgo en celui de CHRISTE.
nede Le lys étoit dès le x111. ° ſiècle la marque des monnoies
Cli d'argent de Straſbourg. Iſraël Murchel prétend que le droit de
les marquer ainſi a été accordé à Straſbourg par Dagobert I ;
184 STRASBO
URG
.
d'autres ont cru trouver l'origine du lys de Straſbourg dans
l'ancienne domination des François ſur cette ville. L'opinion de
Schoepflin paroît plus raiſonnable : l'évêque , dit-il , faiſoit dans
l'origine marquer ſes monnoies de deux croſſes accolées avec le
bâton paſtoral au milieu. Lorſqu'il eut communiqué ſon droit
de battre monnoie à la ville , celle - ci continua d'employer la
même empreinte ſur les monnoies qu'elle fit frapper ;; & cette
empreinte aſſez reſſemblante à une fleur-de-lys, a dû inſenſible
ment en prendre tout- à-fait la forme.
PL . CX , Voici quelques monnoies frappées par cette ville.
N.° 1 . NVMMVS AVREVS VRBIS ARGENTINA ( écu d'or de la
ville de Straſbourg ) . R. VRBEM CHRISTE TVAM SERVA

( ô Chriſt , conſerve ta ville ). Cette pièce ſe trouve dans le


Recueil d'Anvers .
N. ° 2. Celle - ci eſt un armen- fenin , ſans revers . En nature.
N. ° 3 • ASSIS REI Publicæ ARGENTORATENSIS ( ſou de la répu
blique de Straſbourg ) . R. Prernière légende : GLORIA IN
:

EXCELSIS DEO. Seconde légende : PAX ET IN TERRA . Argent.


Cabinet de M. de Boullongne.
N 4 ASSIS REIPublicæ ARGENToratenſis DVPLEX ( pièce de deux
ſous de la république de Straſbourg ) . Le chiffre xii qui termine
cette légende , indique que la pièce vaut douze creutzers.
R. GLORIA IN EXCELSIS DEO. Cette pièce eſt auſſi d'argent ;
elle ſe trouve chez M. de Boullongne & dans le Recueil dc Callot.
NOS: MONETA ARGENtorati. R. Gloria IN EXCELSIS DCO.
Creutzer de billon ou bas argent. En nature.
N.° 6. MONeta NOVA ARGENTINENSIS . R. GLORIA IN EXCELSIS
DEO. Dans le champ , on voit cette marque 2. K , deſtinée à
indiquer que cette pièce vaut deux creutzers. Cabinet de M. de
Boullongne.
Voyez l’Alſatia illuſtrata de M. Schoepflin, & le Dictionnaire
des Gaules de l'abbé Expilly .
HAGUEN AU .
185
loc
HAGUEN A U.
in de
dias
HAGUENAU , Hagenoa, ville de la baſſe Alſace, ſituée ſur
la Motter qui la partage en deux parties, à cinq lieues nord de
druka Straſbourg, & à cent deux eſt de Paris. Elle a été cédée à la
er France en 1648 , par la paix de Munſter.
Léopold , archiduc d'Autriche , permit en 1374 , au nom de
fha l'Empereur , à la ville de Haguenau de frapper des monnoies de
>

toutes eſpèces , excepté d'or & d'argent ; mais en 1516 , l'em


pereur Maximilien i lui accorda le droit d'en battre d'or &
d'argent, à l'imitation de celles des électeurs du Rhin , & il
DREA règla la forme & le type des monnoies d'or.
Comme Maximilien I ne s'étoit point expliqué ſur les nou
velles eſpèces d'argent, Charles-quint ſon petit - fils étendit ce
privilége aux thalers entiers & demi. Depuis ce temps , la ville
de Haguenau a frappé indiſtinctement des monnoies de toute
matière & de tout module , marquées d'un côté de deux aigles ,
& de l'autre d'une roſe.
1

Voici quelques-unes de ſes monnoies. Pl. cx.


dai C .... AVRVM IMPERialis CAMERæ HAGEnoenſis ( ..... d'or N.° s .
de la chambre impériale de Haguenau ). Dans le champ , 1611 .
BC. RVDOLphus Il Romanorum Imperator Avguſtus Percutere
Fecit DECreto . Ducat d'or tiré du traité de Léonard - Wilibald
" Hoffmann .
DC MONEta ARGENtea civitatis HAGENOIENsis. Dans le N. 3.
champ, 1668. RC. LEOPOLDus Dei gratia Romanorum IMPerator
SEMper Avguſtus. XII ( douze creutzers ). Léonard -Wilibald
Hi
Hoffmann .
le MONETA HAGENOenfis. Dans le champ , la date 1670. N.° 2.
R. LEOPOLDus I Dei Gratia Romanorum Imperator Semper
A
.» Avguſtus. Dans le champ , 1 ( un creutzer ). En nature.
Voyez l'Alſatia illuſtrata de Schoepflin.
Tome 11. Аа
H. "
186
COLMAR .

COLMAR , Colmaria, autrefois Argentuaria , ville conſidérable


& capitale de la haute Alſace, quoiqu'Enſisheim lui diſpute ce
titre , réſidence du conſeil ſupérieur d'Alſace , ſituée au bord de
la rivière de Lauch , & proche l'Ill , à quatorze lieues ſud -oueſt de
2

Straſbourg. Elle fut cédée à la France par la paix de Munſter.


En 1376 , l'empereur Charles IV accorda aux habitans de
Colmar le droit de frapper des deniers d'argent ſemblables à
ceux de Bâle , avec les armes de la ville. « Au reſte , ajoute
» M. Schoepflin , il n'eſt aucune eſpèce de monnoie d'argent,
» de grande , de moyenne ou de moindre valeur , que Colmar,
» à l'exemple de Straſbourg, n'ait frappée antérieurement à cette
» conceſſion . Il ſe trouve même des pièces d'or qui y ont été
Pl. cx. fabriquées. »

N.° 1 . MONETA NOVA CIVITATIS IMPERialis COLMARiæ ( monnoie


nouvelle de la ville impériale de Colmar ) . Dans le champ , 60
( creutzers ) . R. DOMINE CONSERVA NOS IN PACE ( Seigneur ,
conſervez -nous en paix ) . Florin ou pièce de ſoixante creutzers.
N.° 2 .
MONETA NOVA COLMARIENSIS 1558. R. FERDINANDUS I
IMPerator AVGuſtus. Percutere Fecit DECRETO ( Ferdinand I ,
empereur , l'a fait frapper par un décret ) . Dans le champ , le
chiffre 60. Cette monnoie eſt de la même valeur que la précé
dente : toutes deux ſont tirées du traité de Léonard -Wilibald
Hoffmann.

!
187

SUPPLÉMENT
AUX MONNOIES

DES PRÉLATS ET DES BARONS ( a).

MONNOIE FRAPPÉE À ARRAS.


ARR
RRAS, Atrebates ou Atrebatum ,, nommée par Ptolomée
Origiacum , capitale de l'Artois , avec un évêché ſuffragant de
2

Cambrai , ſituée ſur la Scarpe, à fix lieues oueſt - nord - oueſt


de Cambrai , & à trente nord - eſt de Paris.
Arras étoit , dans le v.° ſiècle, une des principales villes des
Gaules. Après avoir été poſſédée, avec le pays d'Artois , par
les comtes de Flandre , les deſcendans de faint Louis , les comtes
de Bourgogne , de nouveau par les comtes de Flandre, & enfin
par la ſeconde maiſon royale de Bourgogne , elle fut priſe, en
1477 , par Louis XI , en 1493 par l'empereur Maximilien , &
en 1640 par les François , à qui elle eſt reſtée par le traité
des Pyrénées.

(a) Sous le titre de Supplément, l'auteur de cet ouvrage a fait graver


toutes les monnoies qu'il avoit pu trouver , ou qui lui étoient échappées dans
ſon grand Recueil compoſé de cent dix planches. Il avoit , comme on l'a
.

diſtribué les monnoies de ce Recueil ſelon l'ordre des égliſes & des
fiefs ; celles qui forment le ſupplément n'ont aucun ordre entr'elles , parce
qu'il les faiſoit. graver ſucceſſivement à meſure qu'elles ſe préſentoient. On
a tâché de remédier à cette confuſion , en diſtinguant dans le texte , par des
titres en groſſes lettres , les ſeigneurs auxquels appartient chaque pièce
ſuppléée ; on aura ſoin d'indiquer auſſi dans la Table aphabétique par noms
d'égliſes & de fiefs , toutes les matières de ce Supplément.
Aaij
PLANCHE I.
188 SUPPLÉMENT.
N. 1. - Cette pièce préſente d'un côté une croix dont deux bouts
ſeulement ſont terminés par une fleur- de-lys. Les quatre lettres
du mot ARAS ſont diſtribuées dans les cantons de cette croix.
Au revers , un écuſſon qui contient trois fleurs-de-lys ſurmontées
d'un lambel , armes de la ville d'Arras ; aucune légende. Elle
eſt d'argent, pèſe neuf grains ; & ſe trouve dans mon cabinet.
Quoique les anciens comtes d'Artois aient battu monnoie ,
je ne puis , à la vue des fleurs -de - lys, me déterminer à leur
attribuer celle-ci ; j'aime mieux préſumer qu'elle aura été frappée
par Philippe - Auguſte , lorſqu'Iſabelle de Hainaut , nièce de
Philippe d'Alſace, lui apporta Arras en dot. Le Blanc a donné
un denier de billon frappé auſſi par ce prince dans cette ville ,
& qui porte ARRAS civis. Au ſurplus , je ſens que cette
conjecture eſt encore très -foible ; on peut objecter que Philippe
Auguſte auroit mis ſon nom ſur cette monnoie , comme ſur
celle rapportée par le Blanc , & que d'ailleurs nos Rois n'en
ont jamais frappé avec un type ni d'un module ſemblables.
J'ai donné à la tête des monnoies des comtes de Flandre,
planche LXXIX , quatre petites pièces , dont les deux premières
ſont attribuées par Olivier de Vrée à Guillaume - Cliton , comte
de Flandre en 1127. Je n'ai pas oſé décider alors ſur l'époque
des deux autres , à cauſe des fleurs-de-lys qu'on y remarque aux
extrémités de la croix ; mais j'ai obſervé que pour le reſte du
type , elles étoient ſemblables à la première & à la ſeconde.
Pourquoi ne les pas regarder comme frappées par nos Rois dans
e
les xI1.' xii. & xiv.' ſiècles, lorſque dans des temps de guerre ,
ils ont fait des conquêtes dans la Flandre ! Ils ont pu , dans ces
circonſtances, faire fabriquer, à l'inſtar des comtes de Flandre,
des oboles ſur leſquelles la petiteſſe du module ne permettoit
pas de graver les légendes ordinaires , mais qui ſe diſtinguoient
des autres par les fleurs-de-lys. Cette eſpèce de petite monnoie
étoit vraiſemblablement plus propre à être reçue dans les diffé
I
SUPPLÉMENT . I189

1
rentes villes de Flandre , où les comtes en avoient déjà frappé de
pareilles. Ce que je dis ici de ces deux monnoies , peut s'appli
quer à celle d'Arras; la parfaite conformité de leurs modules
ನೆ
& de leurs poids , ſemble autoriſer mon explication.
MONNOIES FRAPPÉES
12. Besim

À YPRES , À LILLE ET À COURTRAI.


>

YPRES , Ypra , ville des Pays- bas au comté de Flandre,


ſituée ſur un petit ruiſſeau appelé Yper, dont elle tire ſon nom1 ,
2
à cinq lieues nord - oueſt de Courtrai, à neuf ſud -eſt de Dun
kerque , à fix nord -oueſt de Lille , & à cinquante-huit nord - eſt
de Paris. Après la retraite des Normands qui l'avoient ſaccagée,
T
Baudouin V , comte de Flandre, la fortifia . En 1228 , elle fut
+
priſe par le roi Louis VI ; & en 1213 , par Philippe- Auguſte.
Philippe de Bourgogne devenu maître de la Flandre en 1384 ,
y fit de nouvelles fortifications. Elle fut priſe, en 1577 , par
3
les Religionnaires révoltés contre Philippe II , roi d'Eſpagne;
1
mais ce prince la reprit en 1584. L'an 1648 , elle fut priſe par
1
le prince de Condé ; l'année ſuivante , par l'archiduc Léopold ;
1
repriſe, en 1658 , par le maréchal de Turenne ; rendue à l'Er
>

1
pagne par le traité des Pyrénées; priſe de nouveau par Louis XIV
en 1678 ; cédée à la maiſon d'Autriche par le traité d'Utrecht ;
enfin , priſe par Louis XV , en 1744.
9

3
Voici deux petites monnoies du même module que celle
d'Arras , & à peu-près du même poids. PL. 1 ,

1
La première préſente le nom de la ville d'Ypres, IPRA , dont N.° 2 .
1
les lettres ſont diſtribuées dans les cantons d'une croix fimple &
ſans aucun ornement. Au revers , un écu chargé des armes de
cette ville , & entouré de neuf petits globules ou beſans. Je crois
190 r.
SUPPL É M E N T. '
cette pièce frappée par les derniers comtes de Flandre qui ont
Pl. I. poſſédé Ypres.
N. 3 . La ſeconde, une croix dont chaque bout eſt terminé par une
fleur-de-lys , avec cette légende, IPRE. R. les armes d'Ypres.
Par une ſuite des réflexions que j'ai faites ci -deſſus , en décrivant
le n . 1 , je penſe que cette feconde pièce doit avoir été frappée
par Louis VI ou par Philippe - Auguſte, lorſqu'ils s'emparèrent
de la ville d'Ypres.
Ces deux monnoies pèſent chacune huit grains 3; elles ſont de
bas argent & dans mon cabinet.
LILLE , Inſula ou Inſulæ , ainſi appelée à cauſe de la ſituation
entre deux rivières , la Lys & la Deule , capitale de la Flandre
Françoiſe, à cinq lieues & demie nord -oueſt de Tournai , à ſept
nord de Douai , & à cinquante-deux nord -eſt de Paris.Ce n'étoit
d'abord qu'un château , élevé par un comte de Flandre vers l'an
1054. Elle a toujours fait partie du comté de Flandre juſqu'au
règne de Philippe - le - Bel, qui ayant fait priſonnier Guy de
Dampierre comte de Flandre , & Robert de Béthune ſon fils, les
contraignit , en 1305 , à lui engager les villes de Lille & de Douai.
Depuis , Robert céda la propriété de ces villes à Philippe- le -Bel en
1312 , & à Louis-Huttin en 1315. Lors du mariage de Philippe ,
duc de Bourgogne , avec Marguerite héritière de Flandre , en
1369 , Charles V ſon frère lui tranſporta la ville de Lille , &
les ſucceſſeurs du duc de Bourgogne l'ont conſervée juſqu'en
1667 , qu'elle fut priſe par Louis XIV. Les alliés la prirent en
1708 ; elle a été rendue à la France par la paix d'Utrecht.
N. 4 .
La pièce ſuivante paroît avoir été frappée à Lille par les
derniers comtes de Flandre qui l'ont poſſédée. Elle porte d'un
côté le nom de cette ville ', LILA , autour d'une croix ſans
ornemens; & au revers , ſes armes, C'eſt encore , ſelon toute
apparence , une obole d'un mauvais argent ; elle ne pèſe plus
que ſept grains. Même cabinet,
SUPPLÉM E N T. 191
COURTRAI , Corturiacum , appelée dans les capitulaires
Pagus Curtriciſus, ancienne ville des Pays-bas dans la Flandre
Autrichienne , au quartier de Gand , & capitale de,la châtellenie
de même nom ; ſituée ſur la rivière de Lys , à quatre lieues de
Lille. En 907 , Courtrai étoit encore diſtinguée de la Flandre ,
.
quoiqu'elle dépendît du comte. Elle a eu long-temps ſes châ
telains héréditaires qui étoient de la maiſon de Nevel ; & leur
race ayant été éteinte , la fonction des châtelains aa été adminiſtrée
par un magiſtrat qu'on appelle Hooft Poincter. Cette place , priſe
& repriſe pluſieurs fois, fut démantelée par les François en 1683 ,
& cédée à la maiſon d'Autriche par le traité de Riſwick . Dic
tionnaire de la Martinière. PL . I.

Je poſſède une monnoie de la même matière & du même n.° s .


module que les précédentes. D'un côté , les quatre premières
lettres du nom de Courtrai ( CVRT ) autour d'une croix ſimple ;
& de l'autre , ſes armes. Je la crois à peu-près du même temps
que les quatre premières , & frappée auſſi par les comtes de
Flandre . Elle pèſe ſept grains.

land COMTES DE TONNERRE.


TOINERO MONEIC ( monnoie de Tonnerre ) . Dans le champ , N.° 6.
une croix. R. Une croix ſeulement ſans autre légende que deux s
qui ne peuvent être le monogramme d'aucun comte de Tonnerre.
Cette pièce dont la fabrication eſt auſſi groſſière que ſon ſtyle eſt
barbare , a vraiſemblablement été frappée par un des anciens
comtes de Tonnerre , qui ont exiſté depuis l'an 980 juſque vers
l'an 1050. Elle eſt d'argent & dans mon cabinet.
13

COMTES DE NEVERS .
ERTIS ( Ou ERVIS ). CONS pour comes. RC. NITERSCIS pour N.: 7.
Nivernenſis. La forme des deux v eft remarquable ; on les
192 SUPPLÉMENT .
prendroit plutôt pour des T , & l'on doit ſe rappeler une autre
monnoie que j'ai décrite ci- deſſus, page 75 , pl. LXXXIX ,
n.° 33 , ſur laquelle le nom d'Hervé eſt écrit avec un véritable T,
Celle-ci appartient égaleinent à Hervé IV , baron de Douzi ,
auquel Mahaut de Courtenai porta le comté de Nevers en 1199.
Elle eſt de billon & dans mon cabinet.

COMTES DE TOULOUSE.
PL . I.
N.° 8 . ANFOS ( pour Alfonſius ) COMES. Rt. TOLOSA Civitas. Cette
pièce a été frappée par ALFONSE - JOURDAIN , fils de
Raimond de Saint-Gllies & de la princeſſe Elvire ſa troiſième
femme; il ſuccéda, en 1112 , à ſon frère Bertrand , & il mourut
à la Terre-ſainte en 1148. Argent; poids dix-huit grains. Cabinet
de M. l'abbé Bertrand.

DUCS DE BOUILLON ET SEDAN. .


N.° 9 . Fredericus Mauritius De La TOVR DVC De BOVILLON.
R. DOVBLE DE SEDAN. I1642. Monnoie d'argent qui pèſe
ſoixante grains. En nature. Elle eſt de FRÉDÉRIC
MAURICE de la Tour, ſur qui Sedan fut confiſqué en 1642.
J'ai décrit dans le tome I, page 129 , trois monnoies de ce
feigneur, frappées à Sedan en 1632 , en 1638 & en 1639.
Celle - ci eſt plus remarquable , en ce qu'elle y a été frappée
la même année que cette principauté fut remiſe au Roi.

SEIGNEURS DE ROQUEFEUIL.
ROQUEFEUIL , ancien château de Languedoc , ſitué dans la
partie de l'ancien diocèſe de Nîmes , qui forme aujourd'hui celui
d'Alais , & confine avec le Gévaudan , le Rouergue & le diocèſe
de Lodève ; il n'en reſte plus aujourd'hui que des maſures dans
S

la
SUPPLÉM E N 1 . 193
IR
la paroiſſe, à une demi-lieue eſt -ſud -eſt de Dourbie. Ce château
I
a donné ſon nom aux marquis de la Roquette , ſeigneurs de
Londres , vicomtes de Gabriac , comtes de Perolada , grands
d'Eſpagne, ſeigneurs de la Rayo & d’Ayacor.
Adélaïde de Roquefeuil porta , dans le xil . ſiècle, cette
ſeigneurie dans la maiſon d'Anduſe , par ſon mariage avec
Bertrand d'Andufe ; leur fils Raimond prit le ſurnom Ro
quefeuil. Iſabeau de Roquefeuil, fille aînée & héritière de
IB
Raimond , ſeigneur de Roquefeuil & de Dauphine de Turenne,
épouſa Hugues IV , comte de Rhodès depuis 1227 juſqu'en

1274. Voici quelques monnoies de ces ſeigneurs. PL. I.

1
ROCAFOLIENO ( pour Rocafolium ). Dans le champ, la lettre N.° 10.
R qui doit être le monogramme de Roquefeuil ou plutôt de
Raimond. R. LEX PRIMA MO ( ſans doute pour moneta . La
monnoie , c'eſt- à -dire l'argent eſt la première loi ) . Obole de
billon . En nature .
Denier de billon. Même type & mêmes légendes. Cette pièce No: 15 .
eſt auſſi dans mon cabinet.
Voyez l'Hiſtoire de Languedoc de doms de Vic & Vaiſſette,
& le Dictionnaire Géographique de la Martinière.
COMTES DU MANS.
COMES CENOMANensis . Dans le champ , un monogramme. N. 12.
R. SIGNVM DEI VIVI . Denier de billon peſant vingt-deux grains,
du cabinet de M. Haumont.

ROIS DE NAVARRE.

I Ferdinandus Dei Gratia Rex NAVARræ . R. SIT NOMEN N. 13 .


DOMINI . Monnoie d'argent frappée par FERDINAND - le
Catholique, qui s'empara du royaume de Navarre en 1512.
Elle ſe trouve dans l'ordonnance de Charles-Quint, page 110 .
Tome II. Bb
194 SUPPLÉMENT .

COMTES D'ANJOU.
PL . I.
N.° 14
GOSENIDYS ( ce doit être le nom de Godefridus , défiguré par
le monétaire ) comes. R. AIDEGAVI VRBs. Dans le champ , un >

monogramme qui doit être celui du comte. Denier de billon.


| En nature .

Il y a eu cinq comtes d'Anjou du nom de GÉOFFROI.


Géoffroi I , dit Griſonnelle , fils de Foulques-le-Bon , règna
depuis 958 juſqu'en 987.
Géoffroi II , dit Martel, comte de Vendôme , fils de
Foulques-Nerra, lui ſuccéda en 1040 , & mòurut en 1060.
Géoffroi III , dit le Barbu , ſuccéda en 1060 , avec fon
frère Foulques-le- Rechin , à leur oncle maternel Géoffroi-Martel;
mais en 1068 , Geoffroi perſécuté par ſon frère , fut enfermé
dans une étroite priſon où il finit ſes jours ſur la fin du Xi .° ſiècle.
Géoffroi I V , dit Martel, que ſon père Foulques-le-Rechin
s'étoit aſſocié en 1998 , périt en 1106 .
Géoffroi V , dit Plantagenet, à qui Foulques-le- Jeune ſon
père avoit cédé le comté d'Anjou vers 1127 , devint duc de
Normandie en 1144 , & mourut en 1151. L'Art de vérifier
les dates.

COMTES DE SAINT - PAUL ,


SEIGNEURS D'ÉLINCOURT.
GVIDO COMES SanCTI PAVLI . R. Légende intérieure :
SIGNVM CRVCIS. Légende extérieure : MONETA RECTA DE
ELINCOVRT. Monnoie d'argent d'un type . différent du n.° 2 de
la planche CI, décrite ci-deſſus, page 116. Elle pèſe trente-deux
grains , & ſe trouve dans le cabinet de M. d'Ennery.
1
SUPPLÉMENT, 195

DUCS D’ALENÇON.
PL. I.
FRANciſcus FRANciæ FRAter VNICUS REGIs Dei gratia pyx N.° 16.
Brabantiæ . R. ÆTERNVM MEDITANS DECVs . 1582. Écu d'or
de FRANÇOIS , duc d'Alençon , frère de Charles IX ,
couronné duc de Brabant & comte de Flandre en 1582. Cette
pièce pèſe ſoixante -quatre grains & demi ; elle eſt dans le cabinet
de M. Snelling , à Londres.

ÉVÊQUES DE MEAU X.
STEPHANVS EPC pour Epiſcopus. Bc. MELDenſis civitas. N.: 17.
Billon. En nature . Cette monnoie appartient à ÉTIENNE de
la Chapelle , dont j'en ai déjà décrit une , tome I, page 42.
>

BVRCARDVS EPIScopus. R. CIVITAS MELDensis. Autre N. 18.


denier de billon tiré du Gloſſaire de Du Cange , & frappé par
l'évêque BURCARD ou BOUCHARD. Voyez les
monnoies , ibidem , page 41.
RAINALDVS Epiſcopus. R. CIVITAS MELDensis. Billon. N.: 19.
Cabinet de M. Haumont. Ce denier eſt de RENAUD , qui
monta ſur le ſiége de Meaux en 1158 ; il vivoit encore en 1161 .
On ne connoiſſoit encore aucune monnoie de ce prélat.
ROIS DE NAVARRE.
Les quatre monnoies ſuivantes ſont de FERDINAND - le
Catholique; elles ſont d'argent, & ſe trouvent dans le Recueil
d'Anvers.
PL . II.
FERDINANDVS Dei Gratia REX NAVARIE. R. SIT NOMEN N.° 1 .
DOMINI BENEDICTVM . Es. J'ignore la ſignification de ces deux
dernières lettres. Dans le champ , l'écu de Navarre entre deux R ,
monogramme du mot Rex .
Bь ij
PL . II . 196 SUPPLÉM E N T.
N. ° 2 . FERDINANDVS Dei gratia Rex NAVARRE ET ARAgonis.
R. SIT NOMEN DOMINI BENEDICTVM.
N. 3 . FERDINANDVS Dei gratia Rex NAVARRE. R. SIT NOMEN
DominI BENEDICTVM N ..... E ....
N.° 4. FERDINANDVS Dei gratia Rex NAVArre. Dans le champ,
l’écu de Navarre, au lieu du buſte du prince. R. SIT NOMEN
DOMINI BENEDICtum . Dans le champ , au lieu de l'écu de
Navarre , une croix cantonnée de deux couronnes & de deux
monogrammes de Ferdinand.
N. S. (Jo) ANNA Dei Gratia REGina NAVARRE Domina Bearni.
R. GRATIA Dei svM ID QVOD sym. Monnoie d'argent frappée
par la reine JEANNE ďAlbret, veuve , en 1962 , d'Antoine
de Bourbon. Cabinet de M. Pagnon d'Ijonyal.
En voici quelques autres frappées par HENRI III , roi de
Navarre , II.' du nom d'Albret , fils de Jeanne d'Albret , à laquelle
il ſuccéda en 1572 , & roi de France en 1589 , ſous le nom
de Henri IV.
N.° 6. HENRICVS II Dei gratia REX NAVARRE Dominus Bearni
1578. R. GRATIA DEI SYM ID QVOD SVM. Franc d'argent.
Recueil d'Anvers & cabinet impérial de François I.
N.° 7.
Autre franc d'argent d'un type différent, mais avec les mêmes
légendes , & frappé la même année que le précédent ; il ſe trouve
auſſi dans le cabinet de François I , & dans l'ordonnance de
1602 , page 45 , n . 1 .
N. ° 8 . Mêmes légendes. Demi-quart d’écu fans date. Ordonnance
de 1602 , page 43, n.° 1 ; & cabinet de M. de Boullongne. +

N. 9 . HENRICVS II . MARGArita REX REGina NAVARRE Bearnum.


RC. GRATIA DEI SYMUS ID QUOD symus. Teſton frappé par
Henri III après ſon mariage avec Marguerite de France , fille
de Henri II , & ſour de Charles IX , lequel eut lieu le 18 août
SUPPLÉMENT . 197
1572. Cette pièce porte la date 1570 ; il eſt vraiſemblable que
c'eſt une faute de gravure dans le Recueil d'Anvers d'où elle eſt
tirée , & qu'il faut lire 1579 . PL . II .
HENRICVS II Dei Gratia REX REGIna NAVARRE Bearnum . N.° 10.
R. Même légende. Autre teſton tiré du Recueil d'Anvers.
DUCS D'AQUITAINE.
PL. Ill.
LVDOVICVS REX. Bc. Dux princeps AQVITAniæ ( ce double n.° .
titre eſt remarquable ) . Denier de billon frappé par LOUIS
le-Jeune , roi de France, lorſqu'il eut épouſé , en 1137, Éléonore
héritière du duché d'Aquitaine. Cabinet de M. Haumont ;
Ducarel , planche VII, n. 85.
Celles qui ſuivent ſont de l'un des trois ÉDOUARDS ,
rois d'Angleterre & ducs d'Aquitaine.
Les trois premières ne portent aucune légende. Elles préſentent- N."' 2 , 3 & 4 .
d'un côté la tête du prince couronnée , vue de face ; au revers ,
une croix cantonnée de quatre roſes. Elles ſe trouvent dans
le Recueil de M. Ducarel , planche XIII, n.º 35 & 36 , &
planche XV , n.° 41 .
EDOVARDVS Rex. R. LACTORA civitas. Denier de billon n. s .
qui appartient à M. Michel fils , à Agen , & qui m'a été com
muniqué par M. l'abbé de Terſan. On attribue cette pièce avec
certitude à Édouard III.
IOHANNES REX. R. CASTELLE ET LEGIONIS. Ducarel, N.° 6 .
planche VII, n.º 91. On trouve auſſi cette monnoie dans les
Recueils de Venuti , de Rymer & de Sandfort; on la nomme
fou d'argent , & c'eſt la ſeule que l'on connoiſſe de JEAN
de Gand.
Ce prince ainſi nommé parce qu'il étoit né à Gand en
Flandre , étoit duc de Lancaſtre , quatrième fils d'Édouard III ;
SUPPLÉME NT .
198
il épouſa en 1372 à Bordeaux , Conſtance, fille aînée de Pierre
roi de Caſtille & de Léon , titre qu'il prit lui-même , à cauſe de
cette alliance. En 1386 , il ſe rendit en Eſpagne avec vingt mille
hommes , accompagné de Conſtance ſa femme , pour faire valoir
>

les droits qu'il avoit ſur le royaume de Caſtille.


Édouard III accorda , en 1377 , à Jean de Gand un pouvoir
ſpécial de faire battre monnoie à Bayonne , & ce doivent être
les murs de cette ville qui ſe voient ſur les revers de la monnoie
que je viens de décrire. En 1380 , Richard 11 ſon neveu
renouvela ce pouvoir , & il lui permit de frapper monnoie à
Bayonne pendant deux ans conſécutifs ; & en 1389 , il lui donna
à vie le duché d'Aquitaine , pour le tenir de lui comme roi de
PL . UI. France , en hommage-lige. Jean de Gand mourut en 1399 .
N.° 7 AGNUS DEI QVI TOLLIS PECCAta MVNDI MISEREre Nobis.
Dans le champ, l'Agneau de Dieu ; & au -deſſous, EDVARDus.
R. XPC ( Chriſtus ) VINCIT XPC REGNAT XPC IMPERAT.
Mouton d'or d'Édouard III , peſant ſoixante -onze grains de
Troyes; il ſe trouve dans le Traité de M. Snelling , page 19 ,
lettre F.
N. ° 8 . EDvardus primogenitus REGIS ANGLIE Dominus AQVITANIE.
Burdigala. RC. DEVS IVDEX IVSTVS FORTIS ET ( en abréviation )
PACIENS. Chaiſe d'argent frappée par ÉDOUARD -le-Noir,
prince de Galles , pendant ſon ſéjour à Bordeaux , capitale de la
Guyenne , qu'Édouard III ſon père avoit érigée en fa faveur
en principauté. En nature.
N.° 9 . ENRICUS ANGLIE. R. Hæres FRANCIE Dominus A Quitaniæ .
Demni-gros d'argent qu'on doit attribuer à HENRI V , fils de>

Henri IV , roi d'Angleterre & de France. Il étoit duc de


Normandie & d'Aquitaine , & fut déclaré régent & héritier du
royaume de France à l'occaſion de ſon mariage , en 1420 , avec >

Catherine fille de Charles VI , roi de France. Il mourut en 1422


SUPPLÉ MEN T. 199
au château de Vincennes. Henri V avoit ſuccédé en 1413
à ſon père dans le royaume d'Angleterre. Ce prince a frappé
en France pluſieurs monnoies dont je rendrai compte dans le
Traité des monnoies de nos Rois. Celle que je viens de décrire
eſt la ſeule que l'on connoiſſe avec le titre de duc d'Aquitaine ;
elle pèſe quatorze grains & demi , & ſe trouve dans le cabinet
d'André Gifford , & dans le Traité de Ducarel , planche IV ,
n . 49 .
La ſuivante eſt de CHARLES de France , frère du roi
Louis XI , qui lui donna le duché de Guyenne en 1468 . PL . III .

.
KAROLVS DVX AQVITANIE. R. XPS VINCIT XPS REGNAT N.° 10.
XPS IMPErat. Hardi d'or fin , tiré de l'ordonnance de Charles
Quint, page 131 , n . 1 .
DUCS DE NORMANDIE .

RODBERTVS IV ( ces deux dernières lettres ſont vraiſembla- N.º 11 .


blement un reſte du mot Dux ). Dans le champ , le duc à cheval.
R. Des figures hiéroglifiques. Denier de billon tiré du Muſée
Britannique & frappé par ROBERT I , dit le Magnifique & 1

le Diable, duc de Normandie en 1027 ou 1028 , mort en 1035 ;


>

ou par Robert II , ſurnommé Courte- heuſe , fils de Guillaume


le - Conquérant , auquel il ſuccéda en 1087. S'étant croiſé en
1096 , il engagea en partant le duché de Normandie à ſon frère
Guillaume , roi d'Angleterre. A ſon retour , en 1100 , il reprit
poſſeſſion de ce duché ; mais en 1106 , il en fut dépouillé par
Henri ſon autre frère, qui l'enferma dans le château de Cardiff
dans le Glamorghan. Ce malheureux prince y mourut au mois
de février 1134 , après vingt-huit ans de priſon. L'Art de vérifier
les dates,
200 SUPPLÉMENT .

ROIS DE NAVARRE.
PL. III.
N.° 12 .
Antonius ET 10Anna Dei Gratia Rex Regina NAVarræ Dominus
Bearni. R. Gratia Dei svMVS QUOD SYMvs. Monnoie de billon
d'ANTOINE de Bourbon , & de JEANNE d'Albret.
Cabinet de M. Haumont.
N. 13 . HENRICVS II Dei Gratia REX NAVARRE Dominus Bearni
1583. RC. GRATIA DEI SVM ID QUOD SVM. 1583. Quart-d’écu
d'or frappé par Henri III , & tiré du Recueil d'Anvers.
N.° 14. HENRICUS 44 Dei Gratia Francie ET NAVarre REX. RE. GRA
TIA DEI SVM ID Quod svm Dominus Bearni. Dans le champ,
une croix autour de laquelle on lit 1606. Monnoie d'or frappéc
pour le Béarn par HENRI IV , roi de France & de Navarre.
Elle pèſe vingt-neuf grains. En nature .
COMTES DE SOISSONS .
Pu. IV .
N.° 1 , IOHANNES COMES. R. MONeta SVESSIONIS. Denier de billon
tiré du Gloſſaire de Du Cange , & d'un type différent que celui
que j'ai décrit ci -deſſus, page 132 , d'après le cabinet de M. le
marquis de Paulmy. Du Cange dit avoir pris celle - ci dans
Thévet & dans Hautin .

COMTES DE CHAMPAGNE .
N.° 2 . HENRIcus Comes . R. TRECAS CIVITAS. Dans le champ ,
un monogramme ſemblable à ceux qui ſe voient ſur les n.ºs
n 13
& 14 de la planche LXXVII , & que l'on auroit peut être
peine à reconnoître , ſi l'on ne ſavoit que ce doit -être celui de
Enricus. Voyez ci- deſſus, page 41, les comtes de Champagne
de ce nom. Du Cange.
COMTES
SU P P L É MEN T. 201

COMTES DE TOULOUSE.. PL. IV.


10 Raimondus COMES PALATII . R. DYX MARCHIO Provincie. N.º 3.

. Denier raimondin de RAIMOND V , fils d’Alphonſe -Jourdain


DI auquel il ſuccéda en 1148. Du Cange.

ri
COMTES DE SAINT - PAUL.
GUIDO COMES. RE. MONETA Sancti PAVLI . Denier de N.° 4.
billon tiré du Manuſcrit de Saint-Victor, & d'un type différent
du n . 2 de la planche CII. Voyez ci-deſſus, page 115 , les
comtes du nom de GUI , auxquels ces deux pièces peuvent
être attribuées,

VICOMTES DE BÉARN.
HENRICVS DEI Gratia Dominus Bearni. R. PAX ET HONOR N. s

FORQVIE Morlacis ( paix & honneur à la maiſon vicomtale de


11 la Fourquie à Morlas ) . Blanc à deux vaches de HENRI
1 d'Albret, roi de Navarre , en 1516. En nature.
k
* É VÊ QUES
DE SAINT- PAUL - TROIS -CHÂTEAUX .
AVE GRAtiâ PLENA. R. SANCTI PAVLI . Denier de billon. N: 6.
Traité de M. de Saint -Vincent.

COMTES DE NEVERS .
2

Les deux pièces ſuivantes ſont de l'un des trois comtes de


Flandre du nom de LOUIS qui ont poſſédé le comté de Nevers.
Voyez leurs monnoies ci-deſſus, page 76.
LVDOVICVS COMES. R. NIVERNENSIS. Billon. Du Cange. N.° . 7.
Tome II. Cc
PL. IV.
202 SU P P L É MEN T.
N.° 8 . LVDOVICVS E .... ( pour comes ). R.
RC. NEVERNensis civitas.
Denier de billon mal fabriqué. On pourroit le croire frappé par
quelque ancien évêque de Nevers ; mais il n'y en a eu aucun du nom
de Louis. La forine des caractères eſt remarquable . On recon
noît dans le champ une petite croix & un inſtrument que l'on
prendroit au premier coup -d'æeil pour une croſſe, mais qui
approche de la forme d'une faucille , telle qu'on en voit ſur
d'autres monnoies des comtes de Nevers beaucoup plus anciennes
( voyez la planche LXXXIX ) . Cette pièce eſt dans mon
cabinet.
N.° 9 . Mathildis COMITISSA . R. NIVERNensis CIVITas. Denier
de billon gravé d'après le Gloſſaire de Du Cange ; je crois
que le type eſt à peu-près le même que celui du n . 4 de la
pl. LXXXIX , & qu'on peut l'attribuer auſſi à MAHAUT II ,
comteſſe de Nevers , femme d'Eudes de Bourgogne.

PRINCES DE CHÂTEAU -REGNAUD .


N.° 10 . FRanciſcus Borbonius ET Lvdovica MARGA Reta A Lotharingia.
R. MONETA NOVA ARGentea CHA (caſtri) Reginaldi. Monnoie
d'argent , frappée par FRANÇOIS de Bourbon , prince de
Conti , qui avoit épouſé en 1605 LOUISE-MARGUERITE
de Lorraine, princeſſe de Château -Renaud. Traité de Léonard
Wilibald Hoffman.
DUCS DE BOUILLON.
N ' ji . Guillaume Robert DE LA MARK Duc DE BOVillon Prince
souverain de sédan . Bc. NON EST Consilium ADVERSUS
Dominum 1587. Monnoie d'argent du poids de deux gros
trente-ſept grains. Les quatre i que l'on voit du côté des armes ,
paroiſſent indiquer que c'eſt un quart d'écu ; il ſe trouve dans le
cabinet de M. Haumont.
SUPPLÉM E N T. 203 PL . IV.
Guillaume Robert DE LA MARK (duc de Bouillon) . RE. DOVBLE N.° 12.
ma
TOVRNOIS 1587. Cuivre. En nature.
Ce ſeigneur avoit ſuccédé , en 1574 , à ſon père Henri
recor er
Robert ; il mourut à Genève le 1.' janvier 1588 .
elu
E13

ROIS DE NAVARRE.
IOANNA DEI Gratiâ REGina NAVARre Domina Bearni. Dans N.: 13 .
le champ , une grande s couronnée entre deux monogrammes de
Jeanne. R. Gratia DEI SVM ID QVOD SVM 1565. Au - deſſous
de l'écu de Béarn , un P , monogramme de la ville de Pau. Mon
003
noie d'argent frappée par JEANNE d'Albret, veuve d'Antoine
de Bourbon , roi de Navarre. Je préſume que l's couronné qui
ſe voit du côté de la tête , eſt le monogramme de fola, &
l'emblême de la viduité. Cette pièce ſe trouve dans l'ordonnance
d'Anvers , imprimée en 1633 .
. PRINCES SOUVERAINS DE DOMBES .
Anna Maria LVDovica PRINCeps SV Prema DOMBArum. N. 14.
R. Dominus ADIYTOR ET REDemptor MEVS 1665. Pièce de
quatre ſous d’ANNE - MARIE - LOUISE , fille & héritière
de Gaſton , duc d'Orléans, & de Marie , fille unique de Henri
de Bourbon , & princeſſe ſouveraine de Dombes. En nature.

MONNOIES FRAPPÉES EN PROVENCE


PAR LES ROIS DE FRANCE ,
1

APRÈS SA RÉUNION À LA COURONNE.


TO

B Le roi CHARLES VIII ordonna par des lettres des 14


août & 11 novembre 1488 , & du 28 janvier 1489 , une fabri
.

cation d'eſpèces d'or & d'argent à ſon coin dans les monnoies
Cc ij
204 SU P P L É MEN T.
d'Aix & de Taraſcon ; il voulut que l'on fabriquât ſur - tout
des dizains ou grands-blancs au K couronné , comme étant la
monnoie la plus propre au pays de Provence. Cependant le Blanc
ni M. de Saint - Vincent n'ont connu aucune monnoie de
Charles VIII avec le titre de comte de Provence que ce prince
a dû prendre ſur ces nouvelles eſpèces, ſi toutefois leur fabri
cation a eu lieu. Ils ont donné ſeulement les deux pieds-forts
Pl. V.
ſuivans, conſervés dans le cabinet du Roi.
N. ° 1 . KAROLVS DEI GRACIA FRANCORVM REX . R. COMES
PROVINCIE ET FORCALQVERII . Dans le champ , une croix
cantonnée de deux couronnes & de deux A.
N. ° 2 . KAROLVS DEI GRAtiâ FRANCOR Vm REX. R. COMES

PROVINCIE ET FORCALQUERII . Dans le champ , le mono


gramme du prince couronné , & entre deux A.
La lettre A qui ſe voit ſur ces deux pièces , ſemble indiquer
qu'elles ont été frappées lors du mariage de Charles VIII avec
Anne de Bretagne ( en 1491 ) . En effet , le compte de la
chambre de l'an 1491 , fait mention de pieds-forts, pour nou
veaux pieds de monnoie fabriqués en Provence. Je n'ai pas été
plus heureux que M. de Saint-Vincent , & je n'ai pu découvrir
aucune monnoie de Charles VIII , frappée ſur le modèle de ces
pieds- forts.
N. 3 . LVDOVICus Dei Gratiâ FRANcorum REX COMES ProVEnCIE.
Rr. XPS VINCIT XPS REGNAT XPS IMPERAT. Écu d'or de
LOUIS XII , qui ſe trouve dans le Traité de le Blanc &
dans celui de M. de Saint- Vincent.

On trouve beaucoup de grands-blancs frappés par Louis XII ,


avec le titre de comte de Provence. En voici ſeulement deux qui
ont été publiés par le Blanc & M. de Saint-Vincent.
N.° 4 . LVDOVICVS Francorum Rex ProVINCIE COMes P ... R. SIT
NOMEN DominI BENEDICTVM .
1
SUPPLÉ M E N T. 205 PL. V.
LVDOVICUS FRANcorum REX PROvincie comes. R. Même N. s .
légende.
LYDOVICVS Francorum REX PROVINCIE COMES. R. Même N.° 6 .
légende. Hardi du même prince , tiré des mêmes ouvrages.
FRANÇOIS I fit fabriquer en Provence des blancs ſem
5
blables à ceux de Louis XII , & des deniers couronnats. Voici
>

deux de ces pièces que M. de Saint-Vincent a fait graver.


Franciscvs FrancORUM REX Provincie Comes. Rc. sit NOMEN N. 7.
DominI BENEDictum . Denier couronnat.
FRANCISCVS FRANCORVM REX Provincie comes . B. SIT N.° 8.
NOMEN DominI BENEDICTVM. Grand-blanc.

Ces deux monnoies de François I ne ſe trouvent pas dans


le Traité de le Blanc , & M. de Saint-Vincent qui ne les connoît
que par leurs coins qui ſont aux Archives de la Chambre des
Compres , préſume qu'il n'a été fabriqué qu'un petit nombre de
monnoies de cette eſpèce.
Depuis le règne de François I , les monnoies de nos Rois ,
frappées en Provence , n'ont plus eu aucune marque diſtinctive.
CARDINAL D'AMBOISE .

GEORGE d'Amboiſe , évêque de Montauban en 1484 ,


archevêque de Narbonne & de Rouen en 1493 , créé cardinal
du titre de Saint-Sixte par le pape Alexandre VI en 1498 , &
l'année ſuivante légat en France , étoit fils de Pierre d'Amboiſe,
ſeigneur de Chaumont , Maillant , Sagonne , des Bordes , de
Buſſi , &c. chambellan des rois Charles VI & Louis XI , &
ambaſſadeur à Rome ; mort le 28 juin 1473. Il ſortoit des
anciens ſeigneurs de Berrie , qui l'étant devenus d'Amboiſe par
alliance, vers l'an 1200 , prirent le nom de cette ville. Le
cardinal d'Amboiſe fut premier miniſtre du roi Louis XII , &
206 SUPPLÉM E N T.
conſerva l'amitié de ce bon prince juſqu'à ſa mort arrivée å
Lyon le 25 mai IS10 ; il
emporta au tombeau les regrets de
toute la France , & ſa monnoie eſt encore aujourd'hui dans la
plus grande vénération . Sa vie a été donnée au public , en
1726 , par l'abbé le Gendre.
Parmi les pièces gravées dans la Pratique des monnoies
hors de cours, on trouve un écu du pape au revers du cardinal
d'Amboiſe , qui peſoit deux deniers ſeize grains , & qui avoit
cours pour trente-neuf ſous ſix deniers tournois.
Voici quelques monnoies frappées par ce légat à latere , en
PL . V.
France.
N.° 9 . IVLIVS PAPA SECVMDVS T .... Deux clefs en fautoir dans
un écuſſon couronné d'une tiare , & ſommé d'une croix ; au
côté gauche , l'écu d'Amboiſe à ſept pales , ſurmonté d'un chapeau
de cardinal. RL. GEORGIVS DE AMBASIA CARdinalis ET LEG Atus
T.... Écu d'or conſervé dans le cabinet de M. de Boullongne.
N. 10 . IVLIVS PAPA SECVNDVS T .... Au -deſſous de l'écu du pape ,
on lit AVI ( nio ) . R. GEORGIVS DE AMBASIA CARdinalis ET
LEGatus. Dans le champ , une croix cantonnée de tiares & de
clefs en ſautoir . Couronne d'or tirée de l'ordonnance de Charles
Quint de 1548 , & du Recueil d'Anvers.
DUCS DE BOURGOGNE.
PL . VI .
N. ° 1 . Robertus Dyx BVRGUNDIE. R. DIVIONENSIS . Denier de
billon. Du Cange & cabinet de M. Pagnon d'Ijonval.
N.° 2.
Type différent. Mêmes légendes. Autre denier de billon tiré
auſſi du Gloſſaire de Du Cange. Ces deux monnoies ne paroiſſent
pas aſſez anciennes pour être attribuées au duc Robert-le -Vieux ,
qui régna depuis 1032 juſqu'en 1075. Elles doivent avoir été
frappées par ROBERT II , qui fut duc de Bourgogne depuis
1272 juſqu'en 1305 .
1

SUP P L É M E N T. 207 PL. VI .


VGO DVX BVRGUNDIE. R. DIVIONENSIS. Denier de billon N.° 3.
tiré du Recueil de Sceaux de M. le marquis de Migieu , pl. I *,
n.' s. Cet antiquaire n'en fixe pas l'époque : je crois qu'il peut être
attribué à HUGUES IV qui régna depuis 1218 juſqu'en 1272,
ou à HUGUES V depuis 1305 juſqu'en 1315 .
Types différens. Mêmes légendes. M. de Migieu attribue la N." 4 & 5.
première de ces deux pièces au duc Hugues IV , & la ſeconde
à HUGUES I , qui ſuccéda, en 1075 , à Robert- le - Vieux.
Voyez ſon Recueil de Sceaux , planche 7 **, n.ºs
n
3 & 6.
DVX BYRGundie. Dans le champ , l'écu de Bourgogne ancien. N.° 6.
R. DIVIONENSIS. Denier de billon que M. de Migieu , pl. I**,
ni' s , attribue à Robert II , ſans cependant motiver ſon
jugement.
ODO DVX BVRGUNDIE. R. DIVIONENSIS. Billon . Recueil N.° 7.
de M. de Migieu , planche I *, n.° 2.2 Ce denier eſt aſſez ſem
blable à l'un de ceux que M. de Boze attribue à EUDES IV.
PHILIPPVS DVX BVRGUNDIE . R. DUPLEX TVRONUS N.° 8.

BVRGVNDie . Double tournois de Bourgogne , frappé par


PHILIPPE -le -Hardi. M. de Migieu , planche 1*, n . 4.
PHILIPPUS DVX BVRGVNDIÆ . R. SIT NOMEN Domini N.° 9.
BENEDICTVM . Denier de billon du même prince, & tiré du
Gloſſaire de Du Cange .
Philippus DEI GRAtia Dvx BVRGundiæ ET COMES FLAN- N.° 10.
DRIE. Dans le champ , le prince à cheval , & au -deſſous
FLANDria. R. SIT NOMEN DOMINI BENEDICTVM . AMEN.

Ridder d'or du duc PHILIPPE- le -Bon , peſant ſoixante- ſept


grains. Cabinet de M. de Boullongne.
Philippus DVX BVRGundie BRA Bantie ET LIMBURGI. RC. PAX N.° ! ) .
XPI MANEAT SEMPER NOBISCVM. Monnoie d'argent nommée
Saint- Pierre de Louvain , frappée par le même prince , & qui
ſe trouve dans le Traité de Léonard -Wilibald Hoffmann.
Philippus DVX ET COMES BYRGundie. Bc. ANECI..... DE N. 12 .
208 SUPPLÉM E N T.
AXONNA ( légende défectueuſe ). Denier de billon de Philippe
le- Bon. Recueil de M. de Migieu , planche 1 *, n.° 7 , & cabinet
2

de M. Haumont.

COMTES DE FLANDRE.
PL. VI.
N.° 13 . Ludovicus Flandrie comes. R. Sanctus IOHANNES Baptiſta.
Florin d'or de LOUIS de Male. Joachimi, part. III, pag. 225,
pl. XXIX. Voyez ſes autres monnoies , ci-deſſus, pag. 53 .

ARCHEVÊQUES D’EMBRUN.
N.° 14.
R ...... ARCHIepiscopus Rr. EBREDVNENSIS. Denier d'argent
gravé dans le Traité de M. de Saint-Vincent ſur les monnoies
de Provence. Voyez la ſuite que j'ai donnée à l'article des
archevêques d’Embrun , tome 1, page 6, de ceux de ces prélats
2

auxquels cette monnoie peut être attribuée. J'aurois pu y ajouter


Radon qui occupa le ſiége d'Embrun depuis 1016 juſque vers
1040 ; mais il ne paroît pas que les archevêques d'Embrun aient
joui du droit de battre monnoie antérieurement à la conceſſion
de Conrad III .

PRINCES D'ORANGE.
PL . VII,
N.° 1 . PRINCEPS. RE. AVRASICE. Denier de billon fort ancien , tiré
du Recueil de M. de Saint-Vincent.
Les trois pièces ſuivantes appartiennent à RAIMOND III ou
à ſon fils Raimond IV. Voyez leurs monnoies ci-deſſus, tome 1,
planche XXVI, n.º 6-10, expliquées page 101 .
N.° 2. Raimundus De BAVTIO PRINCEPS AVRAſice. R. VATERIN (a)

(a) Ce vieux mot , qui ne peut ſignifier que prince , eſt remarquable;
on ne le trouve dans aucun gloſſaire , ni même dans le vocabulaire Pro
vençal qui vient récemment de paroître.
DE
SU P P L É ME N T. 209
Tunze
DE AVRAICA. Carlin , ou lys d'argent ſemblable à ceux fabri
qués en Provence ſous les comtes Charles II & Robert ; il ſe
trouve dans le Recueil de M. de Saint-Vincent. PL. VII .

Raimundus DE BAVTIO DEI GRAtiâ. R. PRINCEPS AVRAISE. N.° 3 ..


Billon . M. de Saint-Vincent.
Raimundus Dei Gratiâ Princeps AVRAſice. R. Sanctus N.° 4.
IOHANNES Baptiſta. Florin d'or. Joachimi, partie III,page 226.
Philibertus DE .... KA .... RC. Princeps AVRaſice. Monnoie N. s .
3 d'argent frappée par PHILIBERT de Chalon , fils & ſucceſſeur
de Jean II , comte d'Orange ; il régna depuis 1302 juſqu'en
1330. M. de Saint- Vincent.
Celle qui ſuit paroît être du même prince ; elle eſt ſemblable n ° 6.
à la précédente , mais de moitié moins farge. Il ne reſte plus
€3
des légendes que quelques traits méconnoiſſables. Dans le champ
du revers , on remarque la lettre P , monogramme de Philibert.
Ota Cette pièce eſt auſſi d'argent , & elle ſe trouve dans le même
Recueil.
Philippus Gvilielmus I Dei Gratiâ Princeps. Bc. AVRAICE N.° 7
COMES . Billon . M. de Saint-Vincent. PHILIPPE-GUILLAUME
de Naſſau, fils & ſucceſſeur, en 1584 , de Guillaume- le - Jeune,
dans la principauté d'Orange , mourut en 1618. Cette pièce
eſt la ſeule qui ſe ſoit conſervée de ce prince.
MAVRicius comes...... R. PRINceps AVRaſice. Dans le N.: 8.
champ, un G couronné , entouré des lettres A & M. Monnoie de
billon fort large, frappée par MAURICE de Naſau , frère
& ſucceſſeur de Philippe-Guillaume. Ibidem .
1 GVillelmus HENRIcus. Dans le champ , DVX ; & ſur le côté N.° 9.
gauche de la pièce , ces lettres PRNSAV ( princeps Auraſice)
placées horizontalement l'une au -deſſus de l'autre. Ducat d'or
frappé à l'imitation des ſequins de Veniſe, vraiſemblablement
afin de lui donner cours en Italie. Joachimi, partie III,
Do
page 36.
Tome 11. Dd
mo

!
PL . VII.
210 SUPPLÉMEN T.
N. ° 10.
GVILLELMVS HENRicus Dei Gratiâ PRINceps AVRaſienſis.
R. SOLI DEO HONOR ET GLORIA 1652. Au - deſſous de l'écu ,
un monogramme compoſé des lettres A DE. Écu d'argent tiré du
Recueil des monnoies ſingulières de Kundmann , planche 1, n . 2.
Voyez la deſcription des autres monnoies du prince GUILLAUME
Henri , tome 1, page 103 .

COMTES DE TOULOUSE.
TOULOUSE .
N.° 11 .
PONCIO COMES. Bc. VRBS TOLOSA. Denier d'argent de
PONS , comte de Toulouſe depuis 1037 juſqu'en 1062.
Traité de M. de Saint- Vincent.
N. ° 12,
WIELMO ( Wilelmus) COMES. BC. TOLOSA CIVItas. Autre
denier d'argent que M. de Saint-Vincent attribue à l'uſurpateur
GUILLAUME V , dont j'ai déjà décrit quelques monnoies.
N : 13 :
Obole qui porte les mêmes légendes que la pièce précédente,
mais d'un type différent; elle eſt d'argent, & peut avoir été
frappée auſſi par Guillaume V. Ibidem .
N. ' 14
Raimundus COMES PALACI. R. DVX MArchio Provincie.
Billon. M. de Saint- Vincent.
N.° is . Raimundus COMES PALATII . R. DVX MARCHIO Provincie.
Billon . Ibidem . On attribue ces deux monnoies au comte
RAIMOND V , comte de Toulouſe en 1148 .
Celle qui ſuit peut appartenir à RAIMOND VI , ſucceſſeur
Pl.. viii.
VIII de Raimond V , en 1194.
N.° 1 . RAIMUNDO COMES. R. TOLOSA civitas. Denier d'argent
tiré du Recueil de M. de Saint-Vincent.
En voici quelques-unes frappées par RAIMOND VII ,
à ajouter à celles que j'ai déjà décrites de ce comte , ci-deſſus
page 142 .
N. 2 .
Raimundus comes FILIVS REGX ( pour reginæ ). Rf. TOLOSA
CIVItas. Denier d'argent. M. de Saint -Vincent.

3
SUPPLÉM E N T. 2II
PL. VIII .
Raimundus Comes FILIVS REGine. Rr. TOLOSA Civitas. N.° 3 .
21.
Obole ou moitié de la pièce précédente tirée du même Recueil.
Autre denier d'argent d'un type différent que le .°
n . 2. Même Nº 4.
Recueil. Raimond VII prend ſur ſes monnoies le titre de filius
reginæ , parce que ſa mère Jeanne d'Angleterre, lorſqu'elle épouſa
Raiinond VI , comte de Toulouſe, étoit veuve de Guillaume II ,
roi de Sicile. Cette princeſſe conſerva le titre de reine après ſon
ſecond mariage .
.
alfunſius COMES TOLOSE. RE. MARChIO PROVINCIE. Denier N : 5.
d'argent d'ALPHONSE , gendre de Raimond VII ; il ſe trouve
auſſi dans le Traité de M. de Saint- Vincent.

COMTES DE PROVENCE .
ROBERTus ieroſolymæ Et siciliæ Rex. R. COMES PEDE- N.* 6.
MONTIS. Cette pièce eſt un demi- lys fabriqué pour le Piémont,
en 1330 , du poids de vingt grains , & au même titre que les
13 carlins. Voyez ci-deſſus page 100, les monnoies du comte
ROBERT. Traité de M. de Saint- Vincent.
Robertus Ierofolymæ Et siciliæ REX. R. COMES PROVINCIE. N.: 7.
5 Denier couronnat du même prince , peſant ſeize grains. Ibidem .
ROBERTI REX IHERoſolymæ. Le revers ne préſente que des N.“
N ' 8,
traits inexplicables. M. de Saint-Vincent croit que cette monnoie
eſt la ſeule que les comtes de Provence aient fait frapper en
cuivre pur.
i

COMTS ( pour comitiſa ) Provincie. Bc. Sanctus IOHANNES N.* ,.


1

Baptiſta. Florin d'or de la comteſſe JEANNE , du poids de


ſoixante -deux grains , au titre de vingt-deux carats trois quarts .
M. de Saint -Vincent.

SICILiæ Regina. Bl. Comitissa n .:. 10.


ET siciliæ
Ioanna IHerofolymæ Et
PROVINCIE. Sou couronnat peſant cinquante grains. Il étoit
Ddij
212 SUPPLÉMEN T.
en 1348 à deux deniers deux grains de fin , & valoit dix deniers
Pl. VIII . couronnats. Ibidem .
N.° . 10VAnna Dei Gratiâ siciliæ Regina . RG. COMITISSA Provinciæ.
Autre fou couronnat tiré du même Recueil.
N. ° 12 .
Ludovicus Et Ioanna IHeroſolymæ Et siciliæ ; dans le
champ, le mot REX couronné. Bc. COMES ET comitisſa
Provincie. Sou couronnat frappé par Louis de Tarente , ſecond
mari de Jeanne ; il eſt d'argent pur & pèſe trente-trois grains.
Même Recueil.
N.° 13 .
LVdovicus Dei GRAtiâ IHeroſolymæ ET SICILiæ REX.
Bi. Sanctus IOHANNES Baptiſta. Florin d'or de LOUIS I , duc
d'Anjou, héritier de la reine Jeanne, Son poids eſt de cinquante
quatre grains ; il valoit douze ſous tournois ou ſeize fous pro
vençaux . Ibidem .
N.' 14.
KAROLVS ANDEGAVIE IHerofolyme sicilie REX. R. IN
HOC SIGNO VINCES. Dans le champ , au - deſſous de la croix ,
un K couronné , monogramme du comte , & au -deſſus, le
dragon ailé appelé taraſque. Magdalin d'or frappé par
CHARLES d'Anjou , ſucceſſeur de René ; il pèſe trente grains ,
Même Recueil. J'ai déjà donné ci-deſſus, planche XCIX , un
>

magdalin de René , qui avoit échappé à M. de Saint- Vincent.


Cette eſpèce de monnoie eut cours en Provence juſqu'à la fin
du xy .' ſiècle.

ROIS DE NAVARRE.
PL . IX.
N.° 1 . IANNE Par LA Grace DE DIEV ROYNE De NAVARRE .

R. GRATIA DEI SVM ID QUOD SVM. 1563. Dans le champ , un


monogramme élégant qui paroît être compoſé de deux s & d'un
v qui ſeroient les initiales de ſola & dę vidua, monogramme qui
convenoit à la reine JEANNE à l'époque de cette pièce. Cette
monnoie , ou ſi l'on veut ce jeton eſt d'argent, & pèſe un gros
SUPPLÉ MEN T. 213
quinze grains ; il ſe trouve dans le cabinet de l'ordre du Saint
Eſprit.
MARQUIS DE SALUCES.
PL . IX .
FRANCISCVS Marchio SALVCIARVM . Dans le champ, le buſte N.° 2 .
de ce ſeigneur. R. NON NOBIS DOMINE NON NOBIS ( ce n'eſt
pas à nous , Seigneur, ce n'eſt pas à nous que la gloire appartient).
Dans le champ , l'écu de Saluces entre deux monogrammes ,
celui de François , & celui de Saluces. Écu d'argent frappé par
!
FRANÇOIS , marquis de Saluces & de Montferrat , dont j'ai
décrit d'autres monnoies ci-deſſus page 4 ; il pèſe deux gros vingt
3
huit grains , & ſe trouve dans le même cabinet.

MARÉCHAL TRIVULCE .
+

Joannes 1 Acobus Trivultius Marchio Violevani MARESCALIS N.° 3 .


FRANciæ. R. QVEM GENVIT ADORAVIT. Dans le champ, la
Vierge adorant l'enfant Jeſus qu'elle vient de mettre au monde.
Cette monnoie eſt d'argent & pèſe deux gros & demi. Cabinet
de l'ordre du Saint- Eſprit.

COMTES D'AUVERGNE .
L'AUVERGNE , Arvernia , province de France , bornée au nord
par le Bourbonnois , à l'eſt par le Forez & le Velai , au ſud par
le Rouergue, & à l'oueſt par le Liinoſin , le Quercy & la Marche.
I Les anciens Arverni étoient les plus puiſſans d'entre les Celtes.
L'an de Rome 1602 , l'Auvergne fut réduite par Céſar en
province Romaine , & Gergovie , aujourd'hui Gergoie , qui
en étoit comme la capitale , fit place à l'ancienne Nemetum
( Clermont ) que Céſar releva. Les Wiſigoths enlevèrent
l’Auvergne aux Romains en 475 , & Clovis ſur ceux-ci en 507.
214 SUPPLÉMENT .
Après avoir été le partage des rois d'Auſtralie , elle vint au
pouvoir du duc Eudes , avec toute l’Aquitaine ; ſon fils Waïfre
en fut dépouillé par le roi Pepin. L'Auvergne fut dès-lors gou
vernée par des comtes amovibles d'abord , enſuite propriétaires ,
qui relevoient des ducs de la première Aquitaine. Le comte
Blandin qui vivoit en 760 , eſt le premier à qui le gouvernement
de cette province paroiſſe avoir été confié. Guillaume-le- Pieux ,
en 886 , en eſt le premier comte héréditaire ; il étoit auſſi comte
de Bourges & de Poitiers , & il devint duc d'Aquitaine.
Les comtes d'Auvergne paroiſſent avoir joui de très bonne
heure du droit de battre monnoie. On trouve dans l'hiſtoire de la
maiſon d'Auvergne par Baluze , tome II , page 40 , une charte
du comte Guillaume V , de l'an 1044 , par laquelle il donne à
l'égliſe cathédrale de Clermont , du conſentement de ſa femme
& de ſes enfans, la monncie do les monétaires , c'eſt- à -dire les
émolumens de la monnoie & le droit de la faire battre , comme
l'a expliqué dom Luc d'Acheri , & Du Cange après lui.
Je n'ai pu découvrir aucune monnoie des anciens comtes
PL . IX. d'Auvergne , & Baluze ne m'a fourni que la ſuivante.
N.° 4 : IEHANE DE BOVRBON DOUAIRIERE DE BOVRBOn . Dans le
champ , les armes de la Tour-d'Auvergne, écartelées de Bourbon.
R. CONTESSE DE BOVLOIGNE ET D'AVVERGNE. Le champ eſt
ſemé de fleurs-de-lys. Cette pièce eſt conſervée au cabinet de
l'ordre du Saint-Eſprit, & pèſe un gros dix-huit grains. Elle a été
frappée par JEANNE de Bourbon , fille de Jean de Bourbon ,
II . du nom , cointe de Vendôme, mariée d'abord à Jean II , duc
de Bourbon , & en ſecondes noces , en 1454 , à Jean III , comte
d'Auvergne, ſeigneur de la Tour.
Le comté d'Auvergne avoit paſſé par alliance , en 1422 , dans
la maiſon de la Tour. Anne de la Tour , fille de Jeanne de
Bourbon , le tranſmit par ſon teſtainent, en 1524 , à Catherine
SUPPLÉ M E N T. 215
de Médicis, la nièce , depuis femme de Henri II . Louis XIII
réunit cettte province à la couronne; & en 1651, Louis XIV
en détacha une portion qu'il donna ſous le même titre de comté
d'Auvergne au duc de Bouillon , en échange de Sedan & de
Raucour. L'Art de vérifier les dates.

PRINCES SOUVERAINS DE DOMBES .


PL . IX.
HENRICus Princeps DOMBARum Dux Montispenſerii P .... N.° s .

R .... ( on pourroit expliquer ces deux lettres par PRINCE DE


LA ROCHE-SVR-YON , en latin Rupes ad Yonem , que poſſédoit
>

auſſi ce ſeigneur ). R. DOMINVS ADIVTOR ET REDEMTOR MEVS.


1603. Cette pièce eſt un teſton d'argent du poids d'un gros
& demi douze grains ; elle eſt auſſi dans le cabinet de l'ordre
du Saint-Eſprit.

NICOLAS DU CHÂTELET .
5. NICOLAVS DV CHASTELLET. Dans le champ , ſon buſte. N.° 6.
R. QVIES EST MICHI LABORIS. 1558. Dans le champ , les
armes de ce ſeigneur. Teſton d'argent. De toutes les monnoies
qui ſe ſont conſervées de Nicolas, du Châtelet , celle - ci eſt la
ſeule qui préſente fa tête.
NICOLAVS DV CHASTELET. Dans le champ, 1555. Rr. Sit N : 7.
LAVS DEO GLORIA . Liard.
NICOLAVS DV CASTELLET. Dans le champ , ſon mono- N.° 8 .
.
gramme. R. SIT LAVs DEO ET GLORIA . Autre . liard fans date.
NICOLAS DV CHASTELET. R. Même légende. 1553. Ce n . 9.
liard eſt dans mon cabinet.
NICOLAVS DE CASTELLETO. 1555. R. PER TE VENIT N.° 10 .
NOSTRA SALVs. Hiſtoire de la naiſon du Châtelet par dom
Calmet.
216 SUPPLÉ MEN T.
Ces ciny monnoies ſe trouvent deſſinées dans un manuſcrit
de la bibliothèque du Roi.

ÉVÊQUES DE MAGUELONNE..
PL. IX .
N. ° II .
Denier d'argent que les hiſtoriens de Languedoc , tome V ,
planche VIII , attribuent aux anciens évêques de Maguelonne ;
>

il ne préſente aucune légende , ni aucun caractère. D'un côté ,


un buſte dont la tête eſt couverte de deux ſerpens entortillés l'un
dans l'autre ; au revers , une croix cantonnée de quatre beſans,
dont chacun eſt entouré par un croiſſant. Cette pièce reſſemble
aſſez au n.' s , planche XIV, que j'ai fait graver d'après M. de
Saint - Vincent & le cabinet de M. de Boullongne; mais elle eſt
d'une meilleure fabrique & beaucoup mieux conſervée, ſuppoſé
que la gravure ſoit fidèle. Ces deux monnoies ſur leſquelles on
remarque une croix , comme ſur toutes les autres monnoies du
moyen âge , ont été probablement frappées après la répri
mande que le pape Clément IV fit en 1266 à l'évêque de
Maguelonne , qui juſqu'alors n'avoit mis ſur ſes monnoies aucune
marque de chriſtianiſme. Celle que je décris ici ne conſerve de
l'ancien type que les quatre beſans.

COMTES DE POITOU .
N. 12 , ALFVNSVS COMES . R. PICTAVIE ET THOLOSE . Denier
de billon d’ALFONSE , frère de faint Louis. Hiſtoire de Lan
guedoc , torne V, planche VIII; & cabinet de M. Pagnon
Pl . X. d'Ijonval.
N.° 1 .
ALFVnſus COMES. RC. PICTAVIENSIS , en trois lignes , dans le
champ même de la pièce. Autre denier de billon du même
prince, tiré auſſi du cabinet de M. Pagnon d'Ijonval.
ROIS
SUPPLÉMENT. 217

ROIS DE N AVARRE .
PL . X.
Fi

IOANNĄ Dei Gratiâ Regina NAVArre Domina BEarni. Dans N.° 2.


le champ , le buſte de cette princeſſe; & au -deſſous une vache
& un P , marque & monogramme de Pau. R. Gratiâ DEI SVM
ra
ID QVOD SVM. 1564. Dans le champ , les armes de Navarre ,
de Bourbon , de Béarn , & c. entre deux monogrammes de Jeanne ;
20
au-deſſus, l'on voit une demi-lune , qui fait ſans doute alluſion
à la viduité de JEANNE d'Albret. Argent. En nature.

COMTES DE FLANDRE..
MARIA DVcissa Borgundie Brabantie Et Limburgi. Dans N. 3:
le champ , une M gothique. R. PRO DEO ET PAVPERIBVS
( pour Dieu & pour les pauvres ) . Denier de billon de MARIE ,
fille & héritière des états de Charles- le -Hardi, dont Louis XI
ne lui laiſſa que la Flandre.. Cabinet de M. Hauman ;.

ARCHEVÊQUES DE CAMBRAI,.
LVDovicus A BERLAMONT ARCHZ ( archiepiſcopus & ) Dux n.: 4.
CA meraci. Dans le champ , l'écu de ſes armes, & au -deſſus le
chiffre 72 qui indique apparemment que cette pièce valoit
ſoixante-douze liards. Pl. Maxiinilianus II Romanorum imperator
SEmper Avguſtus. Monnoie d'argent frappée par LOUIS de
Berlamont, dont j'en ai déjà donné pluſieurs. Recueil d'Anvers.
SEIGNEURDE B. L. ET DE V.
HENRICUS DOMINVS DE B. L. DNS. V. Dans le champ , un N.' s .
écu arrondi , écartelé aux premier & quatrième de trois fleurs
de-lys au bâton péri en bande qui eſt Bourbon ; aux deuxième &
Tome II. Еe
--
218 SUPPLÉM E N T.
troiſième d'un lion de gueules, accroupi , aſſez mal formé, &
couronné d'un très-petit ſambel. R. XPS VINCIT XPS REGNAT
XPS IMPERAT. Dans le champ, une croix fleurdelyſée , cantonnée
de deux fleurs-de-lys & de deux lions ſemblables à ceux de la
tête , mais ſans lambel. Cette pièce eſt un écu d'or du même 1

goût que ceux frappés par Louis XI & Louis XII , comme
dauphins & comme rois de France , mais elle eſt de nature à
embarraſſer tous ceux qui travailleront à l'expliquer. Aucuns des
ſavans que j'ai conſultés ne reconnoiſſent les armes qu'elle pré
ſente , & je n'ai pu les trouver dans aucun ouvrage héraldique.
Parmi les blaſons des armes de la maiſon de Bourbon , par la
Roque , on trouve , page 64 , l’écu de François de Bourbon ,
comte de Saint- Paul, lequel eſt écartelé aux premier & quatrième
de trois fleurs-de- lys, au bâton péri en bandes , & aux deuxième
& troiſième,, d'un lion couronné , la queue fourchue & paſſée en
ſautoir , d'ailleurs d'une forme ordinaire & bien différente de celle
des lions de notre monnoie. Ce ſont-là les ſeules armes qui
approchent de celles de cette pièce. Elle piquera ſans doute la
curioſité de quelques ſavans dont les recherches pourront avoir
plus de ſuccès que les miennes. On peut être aſſuré de la fidélité
de ſon deſſin ; elle pèſe un gros. En nature..

SEIGNEURS DE BOURBON .
Pl . X.
N.° 6. LODOVICVS REX. Dans le champ , une main . R. BORBONENSIS.
Denier de billon tiré du cabinet de M. Haumont.
N.° 7°
Même légende. Dans le champ , une croix & les reſtes d'une
eſpèce de monogramme. Même revers. Même cabinet.
N. , 8. Même légende. Dans le champ , une forme groſſière de tête.
Le revers eſt le même que celui des deux pièces précédentes.
Celle-ci eſt auſſi de billon , & ſe trouve dans le même cabinet,
Ces trois monnoies qui n'avoient point encore été publiées ,
SUPPLÉM E N T. 219
me paroiſſent frappées ſous le règne de Louis VI ou Louis VII ,
entre 1108 & 1180 , par l'un des ARCHAMBAUDS ,
ſires de Bourbon , qui ont régné dans ce temps. On ſait qu'alors
les prélats & les ſeigneurs mettoient aſſez fréquemment le nom
& quelquefois la tête du roi ſur leurs monnoies ; notre Recueil en
fournit pluſieurs exemples. Voici ceux des Archambauds auxquels
ces pièces peuvent appartenir.
Archambaud VI , fils d'Archambaud V , très-jeune à la mort
de ſon père , en 1096 , reſta ſous la tutelle de ſa mère. Aimond
ſon oncle , profitant de la minorité , s'empara de la eſeigneurie de
Bourbon ; mais Alard -Guillebaud , ſon beau-père , demanda
juſtice de cette uſurpation au roi Louis - le -Gros. Ce monarque
marcha contre Aimond , le fit priſonnier , & le condamna , vers
3 l'an 1115 , à reſtituer la ſeigneurie de Bourbon à ſon neveu.
Ce fut peut-être dans ces circonſtances que Louis VI permit à ce
ſeigneur de battre monnoie ; il lui aura en même temps enjoint
de mettre ſon nom ſur les monnoies qu'il frapperoit , ou bien
, Archambaud laura fait de lui-même, pour témoigner ſa recon
noiſſance & fa ſoumiſſion à ſon auguſte protecteur ( a ). Il ne

(a) Il eſt naturel de croire , malgré le filence des hiſtoriens , qu'Archambaud


rétabli dans la ſeigneurie de Bourbon par Louis- le -Gros, en aura fait hommage
à ce prince. Or , cette main que l'on remarque ſur la première des trois
monnoies , ne ſeroit - elle pas un ſigne de cet acte ? on ſait que le ſerment
>

u ſité dans cette occaſion , ſe prêtoit en levant la main ſur le livre des évan
giles , ou en la mettant dans celle du ſuzerain. Voyez l'abbé de Vertot ,
tome II des Mémoires de l'Académie des Inſcriptions , page 660. On connoît
une monnoie de l'empereur Louis II , au revers du pape Benoît III , ſur
laquelle on voit auſſi une main du côté où eſt le nom de l'empereur :
pourquoi ne ſeroit-ce pas le ſymbole du ferment ou de l'hommage que ce
prince avoit fait au ſouverain pontife ? Quelques monnoies des évêques de
Meaux & de Bellai qui offrent le même type , ſont ſuſceptibles de la
même explication , puiſque les évêques n'étoient pas diſpenſés de faire au
roi le ſerment de fidélité. On peut objecter qu'ici la main devroit , pour
Eeij
220 SU P P L É MEN T.
ſurvécut pas long-temps à ſon rétabliſſement, & l'on ne croit pas
qu'il ait vécu au-delà de l'an 116 .
Archambaud VII , fire de Bourbon en u 37 ,mourut en 1172 ;
il avoit épouſé Agnès de Savoie , ſeur d'Adelaïde , femme de
Louis-le-Gros , & il 'fit le voyage de la Terre-Sainte en 1147 ,
avec Louis-le - Jeune.
Archambaud VIII , fils & ſucceſſeur d'Archambaud VII ,
mourut l'an 1200. Voyez l’Art de vérifier les dates.
Quelle que ſoit l'époque préciſe de ces trois anciennes pièces ,
elles prouvent évidemment que les ſeigneurs de Bourbon avoient
droit de battre monnoie , long-temps avant leur aſſociation avec
les prieurs de Souvigni . Voyez tome 1, page 132.

SEIGNEURS DE CUGNON .
Pl . X.
N. ° 12 .
1. TH. C. D. LE RO. S. S. D. CH . CYGN. ( Ces trois dernières
abréviations doivent ſignifier : ſeigneur ſouverain du château
Cugnon ). R. DOVBLE TOVRNOIS. 1634. Cuivre. En nature.
N.° 13 :
F. C. C. D. L. RO. Seigneur souverain Du Château CVGnon .
K. DENIER DE CYGNON . 1645. Cuivre. Ibidem .
Ces deux monnoies ſont ſemblables aux doubles tournois & aux
deniers tournois que Louis XIII & Louis XIV ont frappés dans

jußifier mon explication , ſe trouver ſur le revers de la monnoie, c'eſt-à-dire ,


du côté du titre du ſeigneur de Bourbon , & non pas du côté du nom du
roi . Cette objection ne ſeroit pas d'une grande force . N'eſt -ce pas au roi
que ſe prête le ſerment , & la main placée du côté de fon nom , n'en
devient - elle pas plus expreſſive! Au ſurplus , je n'infifte pas. Aime - t - on
mieux regarder cette main comme le ſymbole de la force & de la puiſſance
du roi ? Le ſire de Bourbon a pu effectivement, par ce type ingénieuſement
allégorique , reconnoître que c'étoit au bras de Louis-le-Gros, c'eſt -à-dire ,
à la valeur & à la juſtice , qu'il étoit redevable du recouvrement de ſes
États.
SUPPLÉMEN T. 221

le même temps. Le prince de Dombes, le prince de Conti , le


duc de Bouillon & le duc de Nevers en frappèrent auſſi de toutes
pareilles ; mais celles-ci ſont particulièrement remarquables , &
elles méritent l'attention des hiſtoriens & des généalogiſtes. Malgré
les recherches les plus ſcrupuleuſes, je n'ai pu découvrir quels ſont
les ſeigneurs dont elles portent le nom . Les géographes ne parlent :
de Cugnon ou Cougnon que comme d'un monaſtère bâti au
VII.'. ſiècle par ſaint Sigebert , roi d'Auſtraſie , ſur la rivière
de Sémoi. Les grands-officiers de la couronne ne me fourniſſent
pas un ſeul ſeigneur de Cugnon. Il y a en Champagne une famille
noble de ce nom , ſeigneurs du Haumets , de Vauzelles , de Saint
Benoît , & c. mais elle ne ſauroit réſoudre ma difficulté , puiſque
le Cugnon des deux monnoies n'eſt pas ſeulement un nom
propre , mais auſſi un nom de terre. On aſſure qu'il y a dans le
pays de Luxembourg une autre famille du même nom ( a ),
feigneurs de Cugnon ( b ), près de la rivière de Sémoi; & c'eſt
vraiſemblablement le monaſtère dont j'ai parlé plus haut , qui aura
donné ſon nom d'abord au terrain qu'il occupe , & enſuite à la
famille qui en ſera devenue propriétaire ; mais je n'ai pu en
découvrir la généalogie. Cette notion pourra mettre ceux qui
voudroient éclaircir l'hiſtorique de ces monnoies , ſur la voie d'y
3
travailler avec ſuccès. J'ai eu recours au cabinet des titres &
généalogies de la Bibliothèque du roi , & à celui de l'Ordre du
Saint-Eſprit. Les ſavans qui préſident à ces deux riches dépôts ,
n'ont rien négligé pour retrouver les deux ſeigneurs dont l'exiſ

( a ) La troiſième lettre de la légende de chacune de ces deux monnoies,


doit être l'initiale de Cugnon , nom de famille , ou bien celle de comes ,
qualité .
(b) Le père Bertholet , Hiſtoire du pays de Luxembourg , come VI,
page 273 , en parle conime d'une famille très - ancienne , mais ſans entrer
dans aucun détail.
222 SUPPL É MEN T.
tence eſt conſtatée par ces deux monnoies ; leurs recherches ont
été opiniâtres & infructueuſes.

MONNOIES INCONNUES .
PL. X.
N.° , & 11. Les deux pièces ſuivantes ſont des oboles frappées, à ce qu'il
paroît , par d'anciens évêques ou abhés ; elles préſentent d'un côté
le buſte d'un prélat dont la mitre eſt d'une forme fort extraor
dinaire: auprès de cette tête , on voit ſur l’une un croiſſant, &
ſur l'autre une étoile à huit rayons. Le revers n'offre qu'une croix
cantonnée de deux s & de deux étoiles ; elles ne portent aucune
légende ; elles pèſent chacune neuf grains & elles ſont dans mon
cabinet.
N. 10 . Celle qui ſuit eſt encore une obole du poids de ſix grains , )

que je poſsède auſſı. D'un côté , une fleur -de-lys entourée de


petits globules & d'étoiles ; de l'autre , une croix cantonnée de
deux L & de deux étoiles. Je n'y remarque rien qui puiſſe aider
à découvrir ſon origine (a ).
N.° 14 . Denier de billon trouvé en Languedoc. Les caractères qui s'y
voient ſont inexplicables & ne préſentent aucun ſens. On croit
CI ( civitas ) , & de l'autre LAMVIVID ;
lire d'un côté AMOM, . . , ci
cette dernière lettre eſt peut-être l'initiale de dux. Cependant du
côté de la tête , on voit dans le champ une eſpèce de croſſe, qui
feroit croire que cette monnoie eſt d'un prélat. D'autres , plus

(a) Le Blanc , page 245 , dit avoir rencontré de petites pièces de


monnoie marquées d'une fleur-de-lys & d'une croix , & ſans fégendes ; il a
cru les reconnoître pour des pites ou poitevines fabriquées ſous Philippe
de Valois ; peut- être eſt - ce ici une de ces pites ; les L qui ſe voient ſur le
revers ſeroient le monogramme de Louis I X. Cette eſpèce de monnoie , la
même peut - être que celle qu'on appeloit pougeoiſe , valoit la moitié de l'obole
& le quart du denier. Elle tiroit ſes noms pite & poitevine , de la province
de Poitou où elle étoit fabriquée.
SUPPLÉM E N T. 223
habiles que moi , pourront en donner une explication plus heu
reuſe , elle eſt dans mon cabinet. Pl. X.

Les quatre monnoies ſuivantes ont été frappées par nos Rois N."&° 15,16,17
18 .
à Bayeux , à Rouen , à Liſieux & à Évreux ; les deux premières
ſont des monétaires de la première race ; les deux autres paroiſſent
être de Charles -le - Chauve. Je les ai fait graver dans ce Recueil
à l'imitation de M. de Boze , qui les a placées à la ſuite des
monnoies des ducs de Normandie.

DUCS DE BERRI .

LE BERRI , Bituriges , province de France , bornée au nord


par l'Orléanois , à l'eſt par le Nivernois , au ſud par le Bour
bonnois , & à l'eſt par le Poitou , habitée anciennement par les
Bituriges Cubi qui faiſoient partie des Celtes , lorſque Jules
Céſar en fit la conquête. La première Aquitaine ayant été
ſoumiſe par Clovis , le Berri qui en faiſoit partie , fut gouverné
par des comtes qui dépendoient des ducs d'Aquitaine , & qui
devinrent dans la ſuite héréditaires ;; ils ceſſèrent dès le coin
mencement du XI1 .' ſiècle. Le roi Jean donna le Berri en 1360 ,
avec
titre de duché , à Jean de France ſon troiſième fils :: il fut
réuni
à la couronne ſous le règne de Henri - le -Grand.
Choppin , Domaine de France , page 235 , nomme le duc
de Berri le dernier des trente - un feigneurs à qui le Roi a
donné
le privilége de faire battre monnoie.
Jean , duc de Berri , fit frapper à Bourges des monnoies de
lor le plus pur , conformément à l'ordonnance du roiCharles v
ſon frère ; il en exiſte une dans le cabinet de M. de Boullongne, PL. LII.
qu'on nomme mouton à la grande laine ; elle porte du côté de N.° 2.
11
la tête : AGNUS DEI QVI TOLLIS PECCATA myndi MISERERE
NOBIS . Dans le champ, un mouton au- deſſous duquel on lit:
224 SUPPLÉ E N T.
M
10Hannes DVX. R. XPC ( Chriſtus ) VINCIT XPC REGNAT
XPC IMPERAT. Cette pièce eſt la même que celle que j'ai
fait graver ſous le 11.º 2 de la planche LII , en l'attribuant
mal - à - propos , avec M. de Boze , à Jean Sans -peur, duc de
O

Bourgogne.
Ces moutons , appelés auſſi deniers d'or à l'agnel, étoient
toujours d'or fin ; on en tailloit cinquante-deux au marc , & ſous
le roi Jean , ils eurent cours pour vingt-cinq & pour trente
ſous.
Voyez' Hauteſerre , ducs du comtes , page 143 ; Patin ,
Hiſtoire des médailles , page 40 ; Savot , page 17 ; Chauveau ,
Hiſtoire du Berri, page 240 ; & l'Art de vérifier les dates.

PRÉLATS
225

PRÉLATS ET BARONS
DE FRANCE ,

JE
Qui ont eu droit de battre monnoie , mais dont on
n'a pu en découvrir aucune ( a ). а

ARCHEVÊQUES DE BORDEAUX .
BORDEAUX , Burdegala , Burdigala, capitale de la province
de Guyenne , ſituée ſur la Garonne , à trente - cinq lieues ſud
de la Rochelle , & à cent trente ſud -oueſt de Paris. On prétend
que Saint - Gilbert en a été le premier évêque dans le premier
ſiècle ; mais le premier dont on ſoit certain eſt Oriental qui
ſouſcrivit en 314 au premier concile d'Arles. Les évêques de
Bordeaux prenoient dès le 1x.' ſiècle, la qualité de métropolitain
ou archevêque. Les archevêques de cette ville prennent auſſi
le titre de primat d'Aquitaine, qui leur a été long-temps diſputé
par les archevêques de Bourges.
Richard , duc d'Aquitaine & comte de Poitiers , confirma à
l'égliſe de Saint- André de Bordeaux , par un diplome de l'an
O

1186 , tout ce que ſes prédéceſſeurs lui avoient accordé , par


ticulièrement le tiers de la monnoie de Bordeaux. Cette églife
étoit gouvernée alors par Guillaume le Templier.

( a ) On a cru pouvoir ranger dans cette claſſe quelques évêques , abbés &
chapitres qui , fans avoir battu monnoie , ont joui de quelques priviléges
relatifs à ce droit , comme d'avoir part aux émolumens ou revenus de la
monnoie fabriquée par le roi , les prélats ou les ſeigneurs ; de prendre
connoiſſance du crime de fauſſe monnoie , & c.
Tome 11. Ff
S
226 ARCHEVÊQUE DE BORDEAUX .
: Éléonore , reine d'Angleterre & ducheſſe de Normandie ,
confirma de nouveau aux archevêques de Bordeaux , ſous
l'épiſcopat de Hélie I , toutes les conceſſions qui leur avoient
été faites par les ducs de Gaſcogne , & nommément le tiers
de la monnoie. Voyez le Gallia Chriſtiana.
Selon du Cange , il eſt parlé de la monnoie de Bordeaux dans
la chronique de cette ville par Arnaud ; mais il yу a apparence
que cette monnoie n'étoit frappée que par les ducs d'Aquitaine ,
& que c'eſt la même dont ils accordèrent la troiſième partie à
l'archevêque de cette ville.
Les papes , & ſur - tout Clément V ( Bernard de Gouth) , qui
avoit été archevêque de Bordeaux , accordèrent à l'égliſe métro
politaine de Saint - André , des priviléges conſidérables; mais on
ne voit pas que le droit de battre monnoie y ait été compris.

ÉVÊQUES D’AGDE.
AGDE , Agatha , ville de France dans le Languedoc , autre
fois colonie des Marſeillois , avec un évêché ſuffragant de
Narbonne ; on croit que ſon premier évêque fut Saint-Venuſte
qui mourut en 405. Cette ville eſt ſituée ſur la rivière d'Éraut,
à ſept lieues nord de Narbonne , & à cent cinquante-neuf ſud
eſt de Paris.

On a vu à l'article des évêques de Montpellier , tome 1 ,


page 62 , que le pape Clément IV écrivit en 1266 à l'évêque
de Maguelonne , pour ſe plaindre de ce qu'il avoit fait frapper
une monnoie étrangère avec le nom de Mahomet. Ce pontife
lui marquoit dans la lettre , que s'il s'étoit informé à ſon vénérable
frère l'évêque d'Agde ( ce devoit être alors Pierre - Raimond
Fabri), il auroit ſu de lụi qu'ayant été engagé d'en faire autant,
ÉVÊQUES D'AGDE. 227
Sa Sainteté , qui n'étoit point encore élevée ſur la chaire ponti
ficale , l'en avoit détourné.
L'évêque d'Agde , en marquant ainſi ſa monnoie , avoit ſans
doute pour motif, ainſi que l'évêque de Maguelonne, d'en
faciliter le cours dans les pays occupés par les Maures. Quoi
qu'il en ſoit, on peut , avec Hauteſerre, Duc. do Comit. pr.
cap. V, pag. 141 , inférer de cette anecdote , que les évêques
d'Agde avoient droit de battre de la monnoie de billon , en
obſervant le titre & le poids preſcrits par les ordonnances.
Voyez auſſi le Tréſor des anecdotes de Martène , tome 11,
col. 404 ; & le Gloſſaire de Du Cange , verbo Moneta.

ÉVÊQUES D’AGEN.
AGEN , Agenno , Aginnum , Agennum Nitiobrigum , ville
de France , capitale de l'Agénois dans la Guyenne , avec un
évêché ſuffragant de Bordeaux , ſituée ſur la Garonne , à ſept
lieues nord -eſt de Condom , & à cent trente -ſix ſud -oueſt de Paris.
Saint Caprais, ſon premier évêque , fut martyriſé vers l'an 287.
Gombaud de Gaſcogne, fils de Sanche - Garcie comte ou
duc de Gaſcogne , ſucceſſivement abbé de Saint - Pierre de
Condom , évêque d'Agen , puis archevêque de Bordeaux en
992 , eſt le premier évêque d'Agen qui ait pris la qualité de
comte de ceite ville ; & l'on croit qu'il annexa à la dignité
d'évêque le comté qui lui étoit échu de la ſucceſſion de Sanche
Garcie ſon père. C'eſt de ce prélat que les évêques d’Agen
tiennent le droit de battre monnoie.
Arnaud de Rovinian , évêque d'Agen , paſſa , le 18 avril
1217 , un accord avec Simon de Monfort, duc de Narbonne
& comte de Toulouſe, & s'engagea de tenir de lui en fief ſa
monnoie , à la charge par ce comte de défendre ſon égliſe.
Cette convention fut renouyelée entre le même prélat & le
Frij
228 ÉVÊQUES D’AGEN.
comte Raimond VII , en 1224 , ſans doute peu de temps après
l'abandon qu'Amaury de Monfort fit, vers la même année , de
ſes prétentions héréditaires ſur le comté de Toulouſe.
Raoul de Pinis ou de Peyrinis , évêque d'Agen , ſe trouva
à une aſſemblée tenue à la maiſon de ville en 1333 , à la
requête des barons & du reſte de la nobleſſe , & il y promit
de ne rien innover dans la monnoie frappée par Arnaud , &
nommée vulgairement arnaudenque.
Voyez le Gloſaire de Du Cange , & le Gallia Chriſtiana.

ÉVÊQUES D'ALBI .
ALBI , Albia , Albiga, ville de France dans le haut Lan
guedoc , capitale de l'Albigeois , ſituée ſur le Tarn , à quinze
lieues nord - eſt de Toulouſe , & à cent quarante ſud de
e

Paris Saint Clair , ſon premier évêque , vivoit au III. ou


iv . ſiècle. L'évêché d'Albi fut érigé en archevêché , en 1676 ,
par Innocent XI , à l'inſtance de Louis XIV qui y nomma
Hyacinthe Serroni, gentilhomme Romain.
Pons , fils aîné de Guillaume Taillefer, comte de Toulouſe,
épouſa en 1037 , Majore , de la maiſon des comtes de Carcaſ
fonne ou de Foix ; il lui aſſigna pour douaire l'évêché ( c'eſt- à
dire , le droit d'y nommer ) , & la ville d'Albi avec la monnoie
( c'eſt-à-dire, ainſi que l'explique Du Cange , le droit d'y battre
monnoie , ou les émolumens de la monnoie qui s'y fabriquoit )
& le marché.
Raimond VII , comte de Toulouſe, Durant ou Durand , évêque
d'Albi , & Sicard d'Alaman , tranſigèrent enſemble au mois
de juin 1248 , ſur le droit de battre monnoie ; ils convinrent
que la monnoie ſeroit fabriquée au Château-neuf de Bonafos ,
qu'elle auroit cours dans les diocèſes d'Albi , de Rodès & de
Caſtres , & que chacun d'eux auroit un tiers du profit.

1
ÉVÊQUES D'ALBI. 229
Le Roi permit , en 1278 , au maître de la monnoie de
>
L

l'évêque d'Albi , alors Bernard de Caſtanet, de faire des petits


tournois & des oboles tournoiſes, à la charge par lui de payer
trente livres à Sa Majeſté , & pareille ſomme à l'évêque ſur
i
chaque gros ' millier dont le poids ſeroit de onze cents vingt
11
cinq marcs.
La même année , ce prélat vendit au Roi ſon droit de battre
monnoie; mais vraiſemblablement il le recouvra , ou il ne le vendit
qu'en partie , puiſque vers 1305 il fut du nombre des prélats
& des barons jouiſſant du droit de battre monnoie , que le
roi Philippe IV voulut conſulter pour la réformation des abus
de la monnoie.
1: La monnoie des évêques d'Albi étoit appelée raimondine.
J'ignore l'origine de cette dénomination ; on ne connoît point
d'évêque d'Albi du nom de Raimond ; peut-être cette monnoie
fut-elle appelée ainſi en vertu d'une convention entre les comtes
de Toulouſe & les évêques d’Albi.
Les deniers raimondins d'Albi étoient , en 1278 , au titre de
quatre deniers moins une pite , à la taille de dix-huit ſous huit
deniers au marc. Ils vaudroient de notre monnoie actuelle, un
fou fix deniers & demi.

Voyez Du Cange ; le Gallia Chriſtiana i; l'Hiſtoire de Lan


guedoc de doms de Vic & Vaiſſette ; le Mémoire de M. de
Saint-Vincent , & le Manuſcrit de Béthune à la Bibliothéque
du Roi , coté 9421 , page 496.
>

É VÊQUES D’APT.
APT , Apta Julia Vulgienſium , ville de France en Provence ,
ſituée ſur la rivière de Caleron , avec un évêché ſuffragant
d'Aix , dont ſaint Auſpice, qui vivoit ſur la fin du 11.° ſiècle , 1

eſt regardé comme le plus ancien évêque.


230 ÉVÊQUES D’APT. .

L'évêque d'Apt étoit autrefois ſeigneur de la ville par moitié


avec le comte de Forcalquier ; mais cette moitié fut donnée
en fief à des ſeigneurs de la maiſon de Simiane, qui en faiſoient
hommage à l'évêque. C'eſt d'eux & en partie d'une dame
nommée Mabile de Simiane, que le roi Robert , comte de
Provence , acquit cette portion de la ville d'Apt en 1319. La
reine Scanne , petite -fille & héritière de Robert , donna , en
1355 , à l'évêque Bertrand de Maiſſenier une récompenſe
pour ſes droits féodaux. Elle acquieſça auſſi à la patente que
l'empereur Charles IV avoit donnée à ce prélat pour la confir
mation des droits de ſon égliſe, & pour le titre de prince qu'il
pouvoit prendre alors. Voyez l'abbé de Longuerue , Deſcription
de la France , partie II, page 374.
Les auteurs du Gallia Chriſtiana aſſurent qu'il exiſte encore
des pièces de billon marquées de la croix & de la mitre , qui
atteſtent que les anciens évêques d'Apt jouiſſoient du droit de
battre monnoie.

ÉVÊQUES D'AVIGNON.
AVIGNON , Avenio , capitale de l'état de même nom dans
la dépendance du pape , enclavé dans la France ; elle eſt avan
lageuſement ſituée ſur le Rhône , à cinq lieues ſud d'Orange ,
& à cent quarant-ſept ſud -eſt de Paris. On croit que ſaint Ruf
a été le premier évêque de cette ville dans le 111. ſiècle.
L'évêché d'Avignon fut d'abord ſuffragant de l'égliſe de Vienne ,
enſuite de celle d'Arles ; il ne fut érigé en archevêché qu'en
1475 .
L'empereur Charles IV permit, en 1365 ; à l'évêque d'Avi
gnon , alors Anglicus Grimoard , frère du pape Urbain V , & à
ſes ſucceſſeurs , de frapper des monnoies d'or , d'argent & de
ÉVÊQUES D'AVIGNON. 231
cuivre à Noves & à Barbantanne ; mais il ne paroît pas qu'ils
aient fait uſage de ce droit. Voyez le Gallia Chriſtiana , & le
Mémoire de M. de Saint-Vincent.

ÉVÊQUES DE GIRONE.
GIRONE , Girunda , ancienne ville de Catalogne , avec un
évêché ſuffragant de Tarragone. On prétend que ſon premier
évêque fut faint Maxime qui ſouffrit le martyre à Utique de
Bætique , vers l'an 67. Elle eſt ſituée ſur la petite rivière
2

d'Onhar , à dix -neuf lieues nord - eſt de Barcelone.


Les évêques de Girone avoient le tiers de la monnoie de
cette ville , comme on le voit par une lettre du pape Sylveſtre II ,
adreſſée à l'évêque Odon , & inſérée dans le Marca Hiſpanica ,
>

page.839. Voyez auſſi l'Hiſt. de Languedoc de dom Vaiſſette ,


tome II, page 627.

ÉVÊQUES D'ORLÉANS .
ORLÉANS , Genabum , Aurelianum , l'une des plus célèbres
villes de France, capitale de l'Orléanois , avec un évêché ſuffra
gant de Paris. On croit qu'Attinus fut le premier évêque
d'Orléans. Diopet , ſon ſucceſſeur, vivoit en 346. Cette ville
eſt ſituée ſur la Loire , à treize lieues de Blois , & à vingt-huit
.. lieues ſud -oueſt de Paris.

Il eſt parlé de la monnoie d'Orléans, moneta Aurelianenſis,


)

dans le Recueil des hiſtoriens de France, tome IV , pages 338


E
do 498. Quoique cette dénomination ſoit bien vague , Du
Cange a cru y reconnoître , je ne ſais ſur quel fondement, la
1
monnoie des évêques de cette ville.
Il en eſt encore fait mention dans les archives de Château
232 ÉVÊQUES D'ORLÉANS .
Dun ; mais Du Cange eſt incertain ſi cette monnoie eſt celle
des ſeigneurs ou des évêques d'Orléans.
Feu M. Polluche a fait une courte diſſertation ſur les mon
noies d'Orléans , à la fin de laquelle il avertit que c'eſt à ſes
anciens évêques qu'il faut attribuer la monnoie d'Orléans , dont
il eſt aſſez ſouvent parlé dans les chartes du XII .' ſiècle. Cepen
dant il paroît , par ce qu'en rapporte le Blanc , que Louis VII
& Philippe -Auguſte avoient alors , comme leurs prédéceſſeurs,
une monnoie à Orléans. Pour détruire cette incertitude , &
pouvoir établir avec quelque aſſurance une diſtinction entre
ces deux monnoies , il faudroit déterrer quelques pièces fabriquées
au coin des évêques d'Orléans , ou découvrir des chartes qui
prouvaſſent évidemment qu'ils ont eu droit de battre monnoie.

ÉVÊQUES DE PÉRIGUEUX.
PÉRIGUEUX , Veſunna, Petrocorii , civitas Petrocoriorum ,
capitale de la province de Périgord , avec un évêché ſuffragant
de Bordeaux. Elle eſt ſituée ſur l’Iſle, à vingt lieues ſud -oueſt
de Limoges , & à cent dix ſud -oueſt de Paris. Saint Fronton ,
ſon preinier évêque , vivoit au 11. ou iv.° ſiècle ; le premier
dont on puiſſe sûrement dater , eſt ſaint Paterne en 356.
Les évêques de Périgueux prétendoient , il y a pluſieurs
ſiècles, que les cointes de Périgord n'étoient pas feigneurs de
cette ville ;; mais que le haut domaine appartenoit aux ducs
d'Aquitaine , & le droit d'y battre monnoie aux évêques mêmes.
Voyez Longuerue , Deſcrip. de la France,part. II, page 174.

ÉVÊQUES DE PERPIGNAN .
PERPIGNAN , Elna, ville conſidérable de France , capitale
>

du Rouſſillon , fituée à trente-cinq lieues ſud -eſt de Toulouſe ,


&
ÉVÊQUES DE PERPIGNAN .. 233
B. & à cent ſoixante-quinze ſud - eſt de Paris. L'évêché d'Elne y
fut transféré en 1602. Elne , Elna, autrefois Helena , & plus
anciennement Illiberis , eſt une très ancienne ville dont il ne reſte
et is plus que les ruines , à trois lieues ſud de Perpignan. Le plus
>

ns, com ancien évêque d'Elne que l'on connoiſſe eſt Domnus qui ſiégeoit
Core en 568. L'égliſe de Perpignan eſt ſuffragante de Narbonne.
ouis L'évêque Udalgarius de Châteauneuf ordonna , en 1130 , à
>

celles l'égliſe de Notre - Dame de Aſpirano dans ſon diocèſe , de payer


nude i tous les ans le jour du jeudi-ſaint, à l'égliſe cathédrale d'Elne ,
comme à ſa métropole , un denier de la monnoie de Roſſelle ,
abrio denarium unum monetæ Roſellæ. Voyez les actes de la dédicace
aris de Notre-Dame de Aſpirano , publiés dans le Marca Hiſpanica ,
.
n.° 378 , col. 1269.
Audeſindus , évêque d'Elne , s'intitule epiſcopus Roſcel
I. lerſium , dans ſa ſouſcription au concile de Tuſey , tenu
l'an 860 ; Dom Clément en conclut que la ville d'Elne s'appe
loit , dans le ix .' ſiècle, Rofelle ou Rouſſillon , parce qu'alors
wita elle étoit la capitale de cette province. L'ancienne Ruſcino
ludac colonie Romaine , & qui a donné ſon nom au Rouſſillon , avoit >

troom été détruite , à ce que l'on croit , par les Vandales dans le
vi . ſiècle ; elle fit place à la ville d'Elne , rétablie par Conf
tantin. Perpignan , qui ſuccéda à cette dernière ville dans la
16
qualité de capitale , n'eſt connu que depuis le x.' ſiècle.
an
Soit que la ville d'Elne conſervât encore dans le x11 .° ſiècle
le nom de Roſelle , ſoit que ce fût un lieu peu conſidérable
IN
du diocèſe d'Elne , il eſt difficile de découvrir ſi c'eſt aux comtes
more
de Rouſſillon , ou bien aux évêques d'Elne qu'il faut attribuer
21 ? la monnoie de Roſſelle dont j'ai parlé plus haut. On ne ſait
rien ſur les monnoies des contes de Rouſſillon de ce temps; mais
V s'ils avoient droit d'en faire frapper, il eſt vraiſemblable qu'elle
ſe fabriquoit à Perpignan même & non ailleurs , puiſque
cette ville étoit devenue la capitale de leur domaine. Les évêques
vila Tome II. Gg
234 ÉVÈQUES DE PERPIGNAN.
d'Elne ont pu tenir de ces comtes le droit de battre monnoie,
& faire frapper la leur dans le lieu de Roſſelle. Peut -être auſſi
ſeroit- il plus ſimple de traduire les mots epiſcopus Rofcellenfum ,
par évêque de Rouſilloni ( Elne étoit , comme Perpignan l'eſt
encore , la ſeule ville épiſcopale de cette province ) i; & ceux-ci ,
monetæ Roſſellæ , par monnoie Rouſſillonnoiſe ou de Rouſſillon ;
moneta Roſella, pour Ruſcinonenſis.

ÉVÊQUES DU PUY.
LE PUY , Anicium & Podium , ville conſidérable de France
dans le Languedoc , capitale du Vélai , avec un évêché qui ne
relève que du Saint-Siége; elle eſt ſituée ſur la montagne d’Anis ,
près de la Borne & de la Loire , à quinze fieues nord - eſt de
Mende , & à cent douze ſud -eſt de Paris. Saint George fut ſon
premier évêque ; on ignore l'époque de ſon épiſcopat.
Le roi Raoul accorda à l'évêque Adalard , par une charte du
8 avril 924 , & du conſentement du comte de Vélai , tout le
bourg adjacent à ſon égliſe , avec la monnoie , c'eſt - à - dire, le
droit de la battre , & tout le diſtrict & les dépendances du bourg
qui avoient juſqu'alors appartenu au comte. Sous l'épiſcopat de
Goteſcalcus , le roi Lothaire confirma' cette donation pour lui
& pour ſes ſucceſſeurs, par une charte du 8 mars 955. Voyez

Perri , Hiſtoire de Châlon ; Giſec , Hiſtoire du Puy; le Gallia


Chriſtiana, & l'Hiſtoire de Languedoc de doms de Vic & Vaiſſette.
Le vicomte de Polignac , Armand V , céda en 1171 ,, à l'égliſe
du Puy , ſous l'épiſcopat de Pierre IV, tout ce qu'il avoit dans
.

la monnoie du Puy , c'eſt-à -dire, la portion de droits & de profits


qu'il s'étoit réſervée dans la fabrication de cette monnoie. Cette
conceſſion fut confirmée par le roi Louis- le - Jeune , en 1173 ,
ſous le même prélat , & ſous le vicomte Pons IV, fils d'Armand V.
Baluze, Hiſt. de la maiſon d'Auvergne; t. II, pag. 66-68.
ÉVÊQUES DU PUY. 235
Il y eut un accord en 1173 , entre le même prélat & les
chanoines de ſon égliſe, d'une part , & Pons IV, vicomte du
Puy , de l'autre , par lequel ils convinrent que ledit évêque & ledit
vicomte jouiroient par moitié , en la ville du Puy, des droits
11
ſur la monnoie , leſdis, dont ce prélat jouiſſoit entièrement en
vertu de la tranſaction de 1171 .
Les évêques du Puy conſervèrent leur droit de battre monnoie
dans le XI11 ,' ſiècle, & même encore dans le xiv.' ; car on voit
dans le premier Mémorial de la chambre des comptes , que l'évêque
du Puy fut un des prélats auxquels Philippe IV écrivit au ſujet
de la réformation de la monnoie ; ce devoit être alors Jean de
Comines.

ÉVÊQUES DE RODÈS .
RODÈS , Segodunum , ancienne ville de France' , capitale du
20
Rouergue , avec un évêché ſuffragant d'Albi , ſituée ſur l'Aveirou ,
à vingt-huit lieues nord - eſt de Toulouſe, & à cent vingt-huit
ſud - eſt de Paris. On reconnoît ſaint Amant , appelé commu
nément faint Chamant , pour premier évêque de Rodès , peut
être dans le v.° ſiècle.
Il étoit dû à l'évêque de cette ville douze deniers , duodecim
nummos , par ſemaine, ſur la monnoie du comte de Rodès ,
pendant tout le temps que duroit la fabrication des nouvelles
eſpèces ( a ). Cette redevance eſt exprimée dans une ſentence
arbitrale faite en 1161 , entre l'évêque Pierre II & le comte
Hugues II , & elle ſe trouve confirmée dans un accord fait en
1195 , entre l'évêque Hugues de Rodès & le comte Hugues II ,
ſon frère. Voyez le Gallia Chriſtiana, tome 1, inſtr. pages so
- 52 .

( a ) C'eſt ainſi ſans doute qu'il faut entendre ces mots : Quando forma in
câ (moneta ) imprimitur.
Gg ij
236
ÉVÊQUES DE SOISSONS .
Soissons , Sueffiones, capitale du Soiſſonnois, avec un évêché
fuffragant de Reims , & dont l'évêque a droit de ſacrer nos Rois
en l'abſence de l'archevêque de Reims. Ses premiers évêques
furent ſaint Sixte & faint Sinice , qui ſouffrirent le martyre
l'an 287 .
Choppin , Domaine de France, nomme l'évêque de Soiſſons
le vingtième des ſeigneurs à qui le Roi a donné le privilége de
faire battre monnoie.
Au mois de novembre 1315 , ſous l'épiſcopat de Gérard de
Courtonne , les prélats & les barons ayant été menacés par le Roi
d'être privés de leur droit de battre monnoie , l'évêque de Soiſſons,
3
au nom de tous ceux qui , comme lui , jouiſſoient de ce privi
lége , lui adreſa de ſolides remontrances (voyez ma préface);
elles eurent le ſuccès qu'ils s'en promettoient .
Les deniers de la monnoie de l'évêque de Soiſſons, devoient
être au titre de trois deniers douze grains , du poids de ſeize
grains, & à la taille de deux cents quatre -vingt -dix -huit pièces
-

au marc ; les vingt deniers n'en devoient valoir que douze pariſis
du coin du Roi. Traité des monnoies , fol. 102 verſo.

ÉVÊQUES DE TOURNAI..
TOURNAI , Tornacum , ville des Pays-bas Autrichiens dans la
Flandre, capitale du Tourneſis , avec un évêché ſuffragant autre
fois de Reims , actuellement de Cambrai, ſituée ſur l'Eſcaut , à
quatre lieues & demie ſud - eſt de Lille , & à cinquante - quatre
nord-eſt de Paris. Après différentes révolutions , elle fut cédée
à la maiſon d'Autriche par la paix d'Utrecht , & la garde en fut
donnée aux Hollandois par le traité des Barrières , conclu en 1715
avec l'empereur Charles VI . Saint Piat qui ſouffrit le martyre
.
ÉVÊQUES DE TOURNAI. 237
S. dans le 111.° ſiècle , eſt le plus ancien évêque de Tournai que
l'on connoiſſe.
in erat
L'an 1286 , le prévôt , les échevins & la commune de Tournai,
nos Rios reconnurent que l'évêque Michel Warenghien & ſes ſucceſſeurs
Citir
jouiſſoient du droit de battre monnoie. Gallia Chriſtiana.
nat:
L'évêque de Tournai fut un de ceux à qui le roi Philippe IV
écrivit de lui envoyer des commiſſaires pour la réformation
ES de la monnoie. Voyez le premier Mémorial de la chambre des
Million comptes de Paris , fol. 27, & le ſpicilege de dom Luc d'Acheri,
tome II, page 351. Le ſiége de Tournai étoit alors ( vers 1305 )
serard e occupé par Gui de Boulogne.
mar lei Au mois de mai 1320 , ce même évêque céda au Roi tous
Sot les droits & le domaine temporel qu'il poſſédoit dans la ville de
cepi Tournai. Couſin , Hiſtoire de Tournai.
preja

devez
ÉVÊQUES D’USÈS.
de les USĖS , Uſetia, caſtrum Uſetienſe , urbs Aſinnenfis, ville de
Lite France dans le bas Languedoc , capitale de l'Usège , avec un évêché
zeji ſuffragant de Narbonne‫ܝܪ‬, & dont le plus ancien évêque connu eft
Conſtantius , qui ſiégeoit en 419. Sous les Romains , ce n'étoit
qu’une ſimple fortereſſe , appelée caſtrum Metiæ. Elle eſt à cinq
1. lieues nord de Nîmes , & à cent cinquante-quatre ſud -eſt de Paris.
Par une charte de l'an 1156 , le roi Louis VII confirma
dj esh l'évêque d'Usès dans les domaines & droits honorables qu'il
TIL
tenoit des rois Raoul & Louis IV , & il lui donna entr'autres
Tour choſes , la ville & la monnoie d'Usès. Le fiége de cette égliſe
étoit occupé alors par Raimond d'Usès, fils de Raimond Décan ,
ſeigneur d'Usès.
Philippe -Auguſte confirma de nouveau toutes les donations de
2017
Louis -le- Jeune, par une charte de l'an 1211 , ſous l'épiſcopat de
Raimond III .
238 ÉVÊQUES D’usès .
Ces deux pièces ſont rappelées dans une requête que l'évêque
d'Usès , Michel Poncet de la Rivière , adreſſa au Roi au mois
de décembre 1721 , au ſujet de l'échange que le duc d'Usès
venoit de faire avec Sa Majeſté , de la baronnie de Lévi dans le
parc de Verſailles, contre tout ce qu'elle poſſédoit, ſoit dans la
ville , ſoit dans le diocèſe d'Usès (a ).

ÉVÊQUES DE VIC .
VIC , Aufa, Auſena , ancienne ville d'Eſpagne dans la Cata
logne , avec un évêché ſuffragant de Tarragone, ſituée à douze
lieues ſud -oueſt de Girone. Les Romains en la ruinant n'y laiſſèrent
qu’une rue qui fut appelée vicus Auſoniæ , d'où elle prit ſon
ſecond nom de Vic. Le plus ancien évêque d'Auſonne que l'on
découvre eſt Camidius , qui ſouſcrivit en 516 au concile de
Tarragone.
L'an 911 , ſous l'épiſcopat d'Idalcharius, Wifred II , comte
de Barcelone , fils de Wifred -le-Velu , donna par ſon teſtament
à l'égliſe d'Auſonne, la troiſième partie de la monnoie de cette
ville. Voyez l'Hiſtoire de Languedoc , tome II , page 44 ; & le
Marca Hiſpanica, page 8839..
ABB ÉS DE BEAULIEU .
BEAULIEU ou Bellec , Bellus - locus, abbaye de l'ordre de
Saint-Benoît , au diocèſe de Limoges , à cinq lieues de Turenne,
fondée vers l'an 840 par un prêtre nommé Raoul. Gairulfe,
moine de Solignac , en fut le premier abbé,

(a) La minute de cette requête ſe trouve au dépôt des minutes de


M. de Villedeuil , ſous la garde de M. le Maire , qui a bien voulu la
communiquer à l'éditeur.
ABBÉS DE BEAULIEU . 239
Raimond II de Comborn , vicomte de Turenne , étant ſur le
point de partir pour la Terre-Sainte en 1190 , octroya à l'abbé
Umbert & à ſa communauté , que lorſqu'il feroit battre monnoie
en ſa vicomté , ce ſeroit dans la ville de Beaulieu , & que ledit abbé
auroit la dixme du droit vicomtal , c'eſt - à - dire , du droit de
ſeigneuriage de cette monnoie. En 1197 , il accorda au même
abbé vingt ſous par an ſur la monnoie fabriquée par les vicomtes,
quelque part que cette fabrication eût lieu .
-

Raimond III , fils & ſucceſſeur de Raimond II , confirma ces


différentes conceſſions en 1209 & en 1214 : on croit qu'à ces
deux époques Gauſbert étoit abbé de Beaulieu . Voyez Juſtel, >

Hiſtoire de la maiſon de Turenne, preuves ,pages 37 do 38.

ABBÉS DE BOURG - DIEU .


/

BOURG - DIEU ou Bourg - Déols , Dolenſe monaſterium ,


petite ville de Berri , ſituée ſur l'Indre , à dix lieues de Bourges ,
avec une abbaye de l'ordre de Saint - Benoît , fondée dans le
3
x.' ſiècle par Ebbes , prince de Déols. Saint Bernon , mort en
927, fut ſon premier abbé. Henri de Bourbon , prince de Condé ,
obtint en 1623 , du pape Grégoire XV, la ſuppreſſion de ce
1

monaſtère, & l'on y ſubſtitua des chanoines.


Guillaume I de Chauvigny, baron de Château-Raoul , prince
de la terre Déoloiſe & ſeigneur d'Iſſoudun , confirma le droit
qu'avoit l'abbaye de Déols de prendre, pour l'entretien du lumi
naire de ſon égliſe , deux ſous ſur chaque millier de monnoie
qui ſe fabriquoit à Château-Raoul; l'acte de cette confirmation
eſt de l'an 1213. Jean de Roccha étoit alors abbé de Bourg
Dieu. Voyez la Thaumaſſière , Hiſtoire de Berri, page 517.
.!
240
ABBÉS DE CHÂTEAU - LANDON .
CHÂTEAU - LANDON , Caſtrum - Landonis ou Nandonis ,
petite ville dans le Gâtinois François au diocèſe de Sens , avec
une ancienne égliſe bâtie dans le vi. ſiècle ſur le tombeau de
faiat Severin , & dont les prêtres embraſsèrent dans le xil .' la
règle de ſaint Auguſtin. Bernard fut leur premier abbé vers
l'an 1125 .
Le Blanc a fait graver dans ſon Traité des monnoies de
France , à l'article de Louis VI & Louis VII , une monnoie
frappée à Château -Landon , & ſur laquelle on remarque une
croſſe. Je préſume qu'elle eſt de quelque abbé , & qu'elle aura
été frappée du conſentement du Roi , & ſous la condition d'y
mettre ſon nom , coinme on en voit pluſieurs exemples. Cela
eſt d'autant plus vraiſemblable , que Louis -le - Jeune, ainſi que
Philippe-Auguſte & les papes , ont fait beaucoup de largeſſes à
>

l'abbaye de Château-Landon . Voyez le Gallia Chriſtiana.


ABBESSES DE CHELLES .

CHELLES , Kala ou Cellæ , bourg dans l'Iſle - de - France,


près de la Marne & de la forêt de Bondy , avec une abbaye de
filles de l'ordre de Saint-Benoît , fondée l'an 660 par ſainte
Batilde qui y mit pour première abbeſſe ſainte Bertille ou
Bertilie,
Le Blanc a fait graver un denier d'argent qu'il attribue à
Charles-le-Chauve , & ſur lequel on lit : Kala monaſt. Cette
légende me porte à croire que les abbeſſes de Chelles jouiſſoient
du droit de battre nionnoie , & que celle-ci doit leur être
attribuée , à moins que le palais que Charles -le- Chauve avoit à
Chelles , ne fût attaché au monaſtère , comme celui de Saint
Denys.
ABBÉS
241
N ABBÉS DE CLUNI .
CLUNI, Cluniacum , ville dans le Mâconois en Bourgogne ,
avec une abbaye de l'ordre de Saint-Benoît , chef de la congré
gation de ſon nom , ſoumiſe immédiatement au Saint-Siége , &
fondée , l'an 910 , par Guillaume I , duc d'Aquitaine & comte
It To
d'Auvergne. Elle eſt ſituée ſur la rivière de Groſne , à quatre
lieues oueſt -nord - oueſt de Mâcon . Bernon , abbé de Gignac ,
hese
fut le premier abbé de Cluni vers l'an 930. Saint Odon ſon
ſucceſſeur y inſtitua la réforme célèbre de l'ordre de Saint
WWW
Benoît.
Le roi Raoul accorda à cette abbaye le droit de battre
monnoie ſous l'abbé faint Odon ; & le pape Jean XI confirma
Slim
cette conceſſion en 931 , en faveur du même abbé. Voyez
l'Hiſtoire des papes de Duchêne , édition de 1653 , tome 1 , >

page 540 ; & celle de Ciaconius , édition de 1677 , tome I ,


col. 706 .
Il eſt parlé des ſous & des livres de Cluni dans pluſieurs
. chartes du X111 . ' ſiècle.
L'an 1212 , ſous l'abbé Guillaume II , Béatrix , comteſſe de
Chalon , voulant donner à l'égliſe de Cluni une marque de ſa
piété & de la libéralité , autoriſa à perpétuité le cours de la
monnoie de cette abbaye dans toute l'étendue de ſes terres , excepté
ſeulement dans ſa prévôté de Chalon , à l'excluſion de toute
autre monnoie ; mais à condition que ſi la monnoie de Cluni
venoit à être affoiblie au point que le marc d'argent valût
LE ſeulement deux deniers de moins que dans le temps de cette
conceſſion , les ſucceſſeurs de la comteſſe de Chalon ne ſeroient
‫وي‬
plus tenus d'obſerver ce traité. La loi de la monnoie de Cluni
étoit telle alors , que l'on devoit trouver au poids des douze
deniers , cinq deniers & une obole d'argent mêlés avec ſix deniers
& une obole de cuivre,
Tome II. Hh
242 ABBÉS DE CLUNI.
La monnoie de Cluni étoit d'un quart plus forte que la
monnoie pariſis, comme on le voit par des chartes de l'an 1382 .
Il falloit ſeize ſous pariſis pour faire un franc; & il n'en falloit
que douze de la monnoie de Cluni.
Voyez Du Cange; les Opuſcules de Columbi ; la Bibliothèque
de Cluni, & le Cartulaire de cette abbaye.

ABBÉS DE JUMIÈGE.
JUMIÈGE , Jumiacum & Gemeticum , abbaye de l'ordre
de Saint - Benoît dans le bourg du même nom , fitué ſur la
rive droite de la Seine , à quatre lieues de Rouen. Cette abbaye
fut fondée ſous le règne de Clovis II , vers l'an 655 , par ſaint
Filibert qui en eſt le premier abbé.
Le Blanc donne parmi ſes monétaires une monnoie ſur
laquelle on lit : Gemmeticum ; mais il eſt incertain ſi elle a été
frappée par cette abbaye , ou ſi en l'attribuant à nos Rois ,
elle doit ſervir de preuve qu'ils avoient un palais à Jumiège.

ABBÉS DE MASCÉ .
MASCÉ ou Maſſay , Maſciacum ou Maſayum , bourg
dans le Berri , ſitué près de l'Arnon , à ſept lieues nord-oueſt
de Bourges , avec un ancien monaſtère dédié à ſaint Martin ſous
le règne de Charlemagne , & réformé en 814 par faint Benoît
abbé d'Aniane , qui y raſſembla quarante moines. Dom Étiennot
croit que le premier abbé de Maſcé fut Wicterbe qui mourut
en 756. M. l'abbé Bourlet de Vauxcelles , prédicateur du Roi ,
lecteur & bibliothécaire de Monſeigneur comte d'Artois , &c. ayant
donné la démiſſion de l'abbaye de Saint - Ambroix , vient d'être
nommé à celle de Maſcé dans les derniers jours de 1788 .
Parmi les preuves de ſes Antiquités Bénédictines du diocèſe

1
S

ABBÉS DE MASCÉ. 243


de Bourges ( manuſcrit ) , partie 1, page 364 de ſuivantes ,
dom Étiennot donne une bulle de l'an 838 , par laquelle le
pape Étienne , à la prière de Louis- le - Débonnaire , donne le
droit de battre monnoie à l'abbaye de Maſcé. Cette abbaye
étoit poſſédée alors par Abbon qui , comme le croit dom
Étiennot, étoit en même temps abbé de Saint-Maxence & de
Saint- Martial. Voyez les notes d additions au commencement
du premier volume de cet ouvrage.
Il eſt parlé de la monnoie de Maſcé dans beaucoup de titres
de cette abbaye , & dans les archives de Vierzon & d'Iſoudun .
we
Toulon
ABBÉS DE MOISSAC.
MOISSAC , Moiſiacum , abbaye célèbre de l'ordre de Saint
Benoît, ſituée dans le faubourg de Cahors , attachée à la congré
>

gation de Cluni dès le temps de ſaint Hugues , & fondée par


100 € Clovis en 506 , au retour de ſon expédition contre Alaric , roi
LIETTE des Wiſigoths; ſelon d'autres , par Lothaire. L'égliſe ne fut conf
truite que ſous le règne de Pepin. Son premier abbé fut, à ce
que l'on prétend , ſaint Amand, ou plus sûrement ſaint Anſbert.
Cette abbaye a été ſéculariſée en 1618. Gallia Chriſtiana.
1, Voyez ci-après l'article des prieurs de Sainte - Foy de
re Morlas.
TE
le ABBÉS ET PRIEURS D'OIGNY.
. OIGNY , Ungiacum , Oigniacum ou Ogniacum , abbaye de9

l'ordre de Saint- Auguſtin , au diocèſe d'Autun , ſituée près de la


fo Seine , fondée en 1106 ſous l'invocation de la Vierge , & dont
‫ܐܐ‬
Chriſtophe a été le premier abbé. Elle fut unie , en 1644, à la
congrégation de France , dite des chanoines réguliers de Sainte
Geneviève.
Hh ij

1
244 ABBÉS ET PRIEURS D'OIGNY.
Il y eut , en 1276 , un démêlé entre le bailli de Mâcon & le
prieur d'Oigny , priore Ogniacenſi ; celui-ci réclamoit la moitié
des amendes qui s'étoient prélevées dans la petite ville de
Saint-Jangoul pour le fait des monnoies prohibées. Le bailli ,
prenant les intérêts du Roi , ſoutenoit au contraire que le
prieur ne devoit avoir aucune part dans ces amendes , parce que
les monnoies dont elles provenoient appartenoient au Roi , &
que c'étoit par le Roi ſeul qu'elles avoient été décriées &
prohibées. Le parlement de la Touſſaint de l'année 1276 , ayant >

entendu les parties , jugea que le prieur auroit la moitié deſdites


amendes .

Je ne connois point en Bourgogne ni ailleurs de prieuré du


nom d'Oigny ; & je crois que ce n'eſt qu'à l'abbaye dont j'ai.
d'abord donné la deſcription , que l'on doit rapporter cette
anecdote. Les auteurs du nouveau Gallia Chriſtiana , qui ont
donné la ſuite des abbés d'Oigny , ont trouvé ſur la fin du
xu .' ſiècle un vide aſſez étendu. Guillaume II qui paroît pour
la première fois avec le titre d'abbé en 1259 , diſparoît après
1272. Renaud de Vaux- Buſin , qui le ſuit immédiatement ,;
n'eſt connu que depuis 131. Il eſt donc à préſumer que dans
cet intervalle le monaſtère d'Oigny ne fut gouverné que par des
prieurs 3; car il ſeroit abſurde de penſer que ce droit de partager
les amendes prélevées ſur la monnoie décriée , eût été affecté
au prieur plutôt qu'à ſon abbé. Il ſeroit à deſirer, ſur-tout pour
l'hiſtoire eccléſiaſtique , que les regiſtres du parlement nous
euſſent tranſmis , avec cette anecdote , le nom du prieur qui
en fait l'objet ( a ).

( a ) Quelques perſonnes ont fait obſerver à l'éditeur qu'il pourroit être


queſtion ici d'un prieuré dépendant de l'abbaye d'Oigny , dont le titulaire
auroit été nommé prior Oigniacenſis.
245
ABB ÉS DE PRUI M.
PRUIM , Prumium , abbaye de l'ordre de Saint - Benoît au
diocèſe de Trèves , ſituée à dix lieues nord de cette ville , dans
la forêt d'Ardenne , ſur la petite rivière de Prome ou Pruim ,
& fondée en 720 par la veuve Bertrade & par ſon fils Chari
bert ou Héribert de Laon , beau-père du roi Pepin. Angloald fut
mis le premier à la tête de ce monaſtère dès la première année de
ſa fondation. Le pape Grégoire XIII réunit l'abbaye de Pruim , en
VE

1579 , à la menſe archiepiſcopale de Trèves. Gallia Chriſtiana.


Lothaire , roi de Lorraine , accorda le droit de battre mon
noie à cette abbaye , en 861 , ſous l'abbé ſaint Anſbald . Voyez
Martène , Ampliſ. collect. tome I, col. 158.
Zuintibolde , roi de Lorraine , lui accorda de nouveau le
même droit en 898 : Reginon étoit alors abbé de Pruim . Dom
a Calmet , Hiſtoire de Lorraine , édition de 1728 , tome I,
>

olt page so3 .


OM
i ABBÉS DE SAINT -ANDRÉ
DE CLERMONT.
fare
SAINT - ANDRÉ de Clermont , appelé aujourd'hui Mége
mont , abbaye de l'ordre de Prémontré , au diocèſe de Clermont ,
fondée ſur la fin du XII .° ſiècle, par Guillaume VIII, dit le
Vieux , comte d'Auvergne. Roger en fut le premier chef, avec
le titre d'abbé ; il vivoit en 1181 .
Lors de cette fondation , Guillaume VIII ordonna que les
maîtres de la monnoie de Clermont donneroient aux religieux
la première pièce d'or & d'argent qui ſe battroit tous les lundis ,
Com à la charge par ces religieux de faire le ſervice de leur confrairie.
Le vieux terrier appelé le petit Dogue des droits revenans

1
246 ABBÉS DE SAINT - ANDRÉ .
aux religieux de Saint-André, & dreſſé en 1271 par M.' Étienne
Mielou , garde & maître des monnoies de Clermont, fait une
mention expreſſe de cette redevance. Voyez Savaron , Origines
de Clermont, édition de 1662 , page 102 ,

ABBÉS DE SAINT - BÉNIGNE


DE DIJON

SAINT - BÉNIGNE , Sanctus-Benignus Divionenſis, abbaye


de l'ordre de Saint- Benoît , au diocèſe de Langres , fondée ſous
>

le règne de Gondebaud , roi de Bourgogne , par Grégoire


évêque de Langres, qui, ayant trouvé près de Dijon le corps
de Saint-Bénigne martyr, éleva ſur ſon tombeau une égliſe qu'il
conſacra en 535 , & dans laquelle il raſſembla pluſieurs moines
du couvent de Moûtier-Saint-Jean ; faint Euſtade fut le premier
abbé qu'il leur donna.
Les abbés de Saint - Bénigne ont joui du droit de battre
monnoie. Gallia Chriſtiana.
Eudes III , duc de Bourgogne, confirma par une charte de
l'an 1193 , ſous l'abbé Pierre de Grancey, celles par leſquelles
le duc Hugues III ſon père & Eudes Artamiſlius avoient
défendu que la monnoie pût être augmentée de valeur, ou altérée,
ou tranſportée dans un autre lieu , ſans le conſentement de l'abbé
ou des moines de Saint-Bénigne. Pérard , Pièces pour ſervir à
l'Hiſtoire de Bourgogne, donne cette charte avec la date 1113 ;
mais le duc de Bourgogne étoit alors Hugues II , & Alexandre ,
dont le duc Eudes y parle comme de ſon frère , prouve que
cette pièce ne peut être que d'Eudes III , fils de Hugues Ill ,
auquel il ſuccéda en 1193. J'ai achevé de rectifier cette date
d'après la nouvelle Diplomatique des Bénédictins , où l'on trouve,
tome V , page 808 , un extrait de la même charte.
1
ABBÉS DE SAINT - BÉNIGNE. 247
L'abbé Hugues d'Arc - fur- Til alloua , en 1273 , au duc
4
Hugues IV , la moitié de la monnoie de Dijon , qui de temps
immémorial appartenoit à l'abbaye , pour en jouir durant la
vie , moyennant la ſomme de ſoixante - quinze livres , monnoie
courante dans le duché. L'acte de cette convention eſt rapporté
auſſi par Pérard , & cité par le Gallia Chriſtiana. Si ſa date eſt
vraie , elle prouve que Hugues IV n'eſt pas mort en 1272 ,
comme l'a avancé domn Clément.
Le même abbé écrivit encore , en 1282 , au duc Robert II,
pour maintenir l'immutabilité de la monnoie à laquelle ce
ſeigneur vouloit apparemment porter atteinte. Voyez le Gallia
Chriſtiana , qui cite la Chambre des Comptes de Dijon .
ABBÉS DE SAINT - CORNEILLE
5
-

DE COMPIEGN E.
1

Le monaſtère royal de Saint-Corneille , au diocèſe de Soiſſons,


fondé en 876 par le roi Charles-le- Chauve qui y mit cent clercs
ou chanoines , fut gouverné par des prieurs & des doyens , juf
>

qu'au x11 .° ſiècle , que le pape Eugène III & Louis- le - Jeune
5
réſolurent d'y ſubſtituer des moines ; ceux - ci furent pris dans
l'abbaye de Saint-Denys , & Eudes de Diogile fut leur premier
abbé en 1150. La menſe abbatiale de Saint-Corneille de Com
piegne a été unie , en 1656 , à l'abbaye royale du Val-de-Grâce
de Paris.
Charles-le -Simple confirma, en 9 17 , la donation que Frédérune
Sa femme avoit faite à l'égliſe de Compiegne , de la moitié de la
monnoie dans la ville de Camſei , ou plutôt dans celle de Pontion ,
àncien palais de nos Rois. Louis - le -Gros, en 1120 , maintint de
nouveau cette égliſe en poſſeſſion de cette moitié de la monnoie.
Voyez leurs diplômes dans la Diplomatique de Mabillon ,
pages 56 2 do 598.
248
ABBÉS DE SAINT - DENYS.

SAINT- DENYS , Sanctus - Dionyſius in Francia , ville de


l'Iſle - de - France , ſituée ſur la Crould , à deux lieues de Paris ,
>

avec une fameuſe abbaye de Bénédictins, où repoſent les cendres


de nos Rois. Une pieuſe femme nommée Catule s'étant chargée
de la ſépulture de faint Denys & ſaint Éleuthère , leur éleva un
tombeau ſur lequel , à la fin du v .° ſiècle , on bâtit une égliſe;
.

on prétend que la règle de ſaint Benoît y fut dès-lors établie :


en 630 , le roi Dagobert en fit conſtruire une plus vaſte. Les
Bénédictins de la congrégation de Saint - Maur уy furent établis
en 1633. La menſe abbatiale a été unie , en 1689 , à la maiſon
O

royale de Saint - Louis de Saint -Cyr . Le premier abbé de Saint


Denys que l'on connoiſſe eſt Amphiloque qui ſouſcrivit, en 541 ,
pour Amélius , êveque de Paris , au quatrième concile d'Orléans .
Du Moulinet , cabinet de Sainte - Geneviève , page 145 , a
fait graver une monnoie qui porte d'un côté : sancti DIONYSII
MONETA ; & de l'autre : GRATIA DEI REX , autour d'un mono
gramme qu'il attribue à Robert , mais que je crois être de
Philippe I.
Le Blanc dit avoir trouvé beaucoup de deniers d'argent avec
l'inſcription s. DIONYSII M. mais il doute s'ils ſont de l'abbaye ,
ou s'il faut les attribuer à Charles -le -Chauve , dont le palais étoit
attenant à l'abbaye. Je ſuis porté à croire qu'elles appartiennent
à celle - ci , & ce ſentiment paroît être auſſi celui de Bruſſel,
Uſage des fiefs , tome 1, page 201. Nos Rois ont en effet
accordé de grands priviléges à l'abbaye de Saint- Denys , & il
ſeroit étonnant qu'ils n'y euſſent pas compris celui de battre
monnoie , tandis qu'ils l'accordoient à beaucoup d'autres égliſes
bien moins illuſtres.
Par une charte de l'an un , ſous l'abbé Adam , Louis-le- .
Gros
ABBÉS DE SAINT - DENYS. 249
Gros attribua aux religieux de Saint - Denys toute juriſdiction
ſur les faux -monnoyeurs. Voyez le Recueil des Ordonnances ,
tome IV , page 139. Voilà tout ce que l'on fait de certain ſur
la monnoie , relativement à l'abbaye de Saint-Denys.
ra
ABBÉS DE SAINT- ÉTIENNE
DE DI J O N.

L'ÉGLISE de Saint-Étienne de Dijon exiſte , à ce que l'on


prétend , dès le vi .° ſiècle ; elle a été gouvernée d'abord par des
ale

prévôts & des prieurs qui prirent , dans le x . ſiècle , le titre


!"
d'abbés. Joceran , évêque de Langres , y introduiſit, en 111 3 la
règle de Saint-Auguſtin. Cette égliſe, ſéculariſée en 1611 , devint
cathédrale en 1732 , lors de l'érection de l'évêché de Dijon , dont
Jean Bouhier fut le premier pourvu .
Charles- le -Chauve donna , en 863 ou 873 , le droit battre
‫ܐ‬
monnoie à l'égliſe de Saint- Étienne de Dijon , dont le prieur
étoit alors Baldon ou Helgaud, Cette conceſſion fut confirmée en
887 , ſous le prieur Betton II , ou peut-être Hélie ſon ſucceſ
ſeur, par l'empereur Charles - le - Gros. Pérard , Pièces pour
-

l'Hiſtoire de Bourgogne, pages 48–50 ; Chiffet, Hiſtoire de


l'abbaye de Tournus , preuves , pages 519 ; & Fyot, Hiſtoire
de Saint - Étienne de Dijon , preuves , pages 30 & .31.
Le Blanc , qui a eu connoiſſance de la conceſſion de Charles
le-Chauve , penſe qu'il faut attribuer les monnoies qui portent d'un
côté le nom de ce prince , & de l'autre les mots : S. STEPHANI
MONETA , àà l'égliſe de Saint-Étienne de Dijon , plutôt qu'à celle
de Saint-Étienne de Metz où Charles - le -Chauve fut couronné
roi de Lorraine. Si cette conceſſion lui eût échappé , il auroit
infailliblement rapporté ces monnoies à Charles- le - Chauve même,
comme il l'a fait à l'égard des monnoies qui portent , avec le nom
de ce prince , celui de l'égliſe de Saint-Denys.
Tome II. li
250
ABBÉS DE SAINT-GERMAIN
DES PRÉS À PARIS .
CETTE égliſe fut fondée, en 542 , par Childebert, après la
victoire remportée en Eſpagne avec ſon frère, & bâtie en 556 ,
ſous l'épiſcopat de ſaint Germain qui la conſacra , en 558 , en
l'honneur de la ſainte Croix & de faint Vincent , martyr de
Céſarée. Étant mort en 576 , ce prélat fut enterré dans cette
égliſe, & lui donna ſon nom ; elle fut ſurnommée des Prés, parce
que le lieu où elle fut bâtie n'étoit effectivement qu'une prairie ,
avant que la ville ſe fût étendue. Son premier abbé fut ſaint
Droctovée , mort vers l'an 580 .
Par un arrêt du parlement tenu à Melun en 1257, l'abbé
de Saint - Germain - des - prés , Gérard de Moret , fut maintenu
dans le droit de juger les faux -monnoyeurs qui ſeroient pris
dans la ville neuve de Saint-Georges. Regiſtre olim.
ABBÉS DE SAINT- GÉRY
DE CAMBRA I.

SAINT - GÉRY , Sanctus-Gaugericus, abbaye de l'ordre de


Saint - Benoît , au diocèſe de Cambrai , fondée vers l'an 600 par
faint Gaucher ou faint Géry , évêque d'Arras & de Cambrai.
L'égliſe fut élevée hors les murs de la ville , ſur le ſommet d'une
montagne ; mais en 1540 , l'empereur Charles- Quint ayant jugé à
propos de conſtruire une citadelle ſur cette montagne , les chanoines
ſe retirèrent à S.' Waſt, paroiſſe de Cambrai,& ils y tranſportèrent
le corps de ſaint Géry dont cette égliſe prit le nom : elle avoit été
érigée en collégiale vers l'an 840 , ſans quitter pour cela ſon titre
de monaſtère. Son premier abbé fut ſaint Landon , parent de ſaint
Géry, dont on ne connoît point les ſucceſſeurs. Voici ſeulement
ABBÉS DE SAINT - GÉRY. 251
ce qu'ont découvert les auteurs du Gallia Chriſtiana , tome V ,
colonne 73
Iſaac, comte de Cambrai en 934 , tenoit du roi en bénéfice
l'abbaye royale de Saint - Géry avec toutes ſes annexes ; ſavoir,
la moitié du château de la ville de Cambrai , la moitié des impôts
publics , & celle de la monnoie. Ce partage ayant donné lieu à
une diſpute entre l'évêque & le comte , l'empereur Othon adjugea
en 947 à l'évêque Fulbert & à ſes ſucceſſeurs l'abbaye avec la
totalité des ſuſdites poſſeſſions. L'empereur Conrad III confirma,
en I1146 , cette donation en faveur de Nicolas de Chièvres, évêque
de Cambrai.
On a des deniers d'argent frappés ſous Charles- le - Chauve , qui
portent d'un côté le nom de ce prince , & de l'autre Sancii
GAUGERICI OU GAUCHERICI Moneta. Le Blanc paroît regarder
ces monnoies comme autant de preuves , que l'abbaye de Saint
Géry avoit dès - lors le droit de battre monnoie ; c'eſt auſſi le
ſentiment de Bruſſel , tome 1, page 201 .

ABBÉS DE SAINT- HONORAT.


DE L ÉRINS.
LE MONASTÈRE DE SAINT- HONORAT , Sancti-Honorati
Lerinenſe monafterium , ordre de Saint-Benoît , diocèſe de Graſſe ,
fondé en 375 ou 391 par ſaint Honorat, & bâti dans une petite
ile fort ancienne , connue ſous le nom de Planaſia ou Lerina ,
ſur la côte de Provence , à deux lieues d'Antibes , eut pour
premier abbé ſaint Caprais qui mourut évêque d'Arles vers l'an
425. Il fut d'abord ſoumis à l'abbaye de Cluni , enſuite en 1366
>

à celle de Saint- Victor de Marſeille, & en 15 ! 6 au monaſtère


du Mont - Callin ,
Le 28 mars 954 , Gui- Imperialicomte de Vintiinille , donna
à ce monaſtèrę en principauté le Sabourg ou Sépulcre , lieu
li ij
252 ABBÉS DE SAINT- HONORAT.
ſitué en Italie 'entre les états du roi de Sardaigne & ceux de la
république de Gènes. Depuis cette donation juſqu'en 1667 , on
ne trouve rien dans les archives de l'abbaye , qui indique qu'elle
ait fait battre monnoie ; mais on y trouve un acte du 24 décembre
1666 ( elle avoit alors pour abbé commendataire , le cardinal
Louis de Vendôme , & pour abbé régulier, dom Honoré Clary ),
portant arrentement de la fabrique de la monnoie de la princi
pauté de Sabourg , fait par le monaſtère de Lerins , en faveur de
Bernardin Bareſte de Mongins, ſous la caution de Pierre Lombard
& d'Alexandre Paul de Niſmes, moyennant la rente de 700 livres,,
& avec cette condition , que les monnoies d'or & d'argent de '
Sabourg ſeroient frappées aux coin & armes du monaſtère. L'exé
cation de cet acte n'eut lieu que juſqu'en I1686 , que par un arrêt
cr

du Conſeil d'État du 1.'' juillet , il fut expreſſément défendu à


l'abbé & aux religieux de Lérins de faire battre monnoie audit lieu
de Sabourg. Le grand - prieur , Philippe de Vendóme, poſſédoit
alors cette abbaye en commende , & dom Céſaire Barcillon ou
dom de Meyvonay en étoit abbé régulier. Il y avoit dans le cabinet
de l'empereur François I , deux de ces monnoies frappées l'une
en 1667 , ſous dom Clary ou dom Barcillon , & le cardinal de
Vendôme; & l'autre en 1671 , ſous dom Barcillon & le grand -prieur.
Toutes deux préſentoient d'un côté la tête de ſaint Benoît , & de
l'autre les armes de Lérins : ſur l'une on liſoit ces mots , MONAS
Terium LERINENSE Princeps Sepulcri , & au revers cette
légende : SUB UMBRA SEDI ; l'autre offroit ces mots : MONAS
TERIUM LERINENSE , PRINceps SEPULcri , congregationis
Cassinenſis. Rr. Autour de la tête de ſaint Benoît , DECUS ET
ORNAMENTUM ECCLESIÆ .
4

Extrait d'un mémoire fait en 1760 par les Religieux de Lérins,


ſur ces deux monnoies dont l'Empereur déſiroit ſavoir l'explication ,
& inſéré dans le tome II de l'Hiſtoire générale de Provence de
M. Papon.
253
ABBESSES DE SAINT- JEAN
D'AUTUN .

SAINT- JEAN d'Autun , abbaye de filles de l'ordre de Saint


Benoît , fondée vers l'an 589 par Siagrius évêque d'Autun , &
par la reine Brunehaut. L'égliſe fut bâtie d'abord ſous le titre de
Sainte-Marie , auprès des murs de la ville d'Autun , & dans le
même endroit où étoit auparavant le temple de Bérécynthe , mère
des Dieux.
Dom Martène & dom Durand ont fait graver dans leur
Voyage littéraire , page 160 , une monnoie d'or trouvée près
de la maiſon de labbeſſe , & qu'ils croyent avoir été frappée
autrefois par l'abbaye , parce que d'un côté on y voit la figure
d'un ſaint avec cette légende, sanctus JOHANNES BAptiſta; & de
l'autre autour d'une fleur de lys , DENA A qu'ils expliquent par
denarius aureus ou Auguſtoduni. Cette deſcription annonce un
florin d'or, tel qu'on en a frappé en France depuis le règne de
Louis VII ou Louis VIII juſqu'à celui de Charles V ; mais je
doute que la légende du revers ait été bien lûe : ſi elle l'a été ,
:

les deux explications que dom Martène & dom Durand en


donnent me paroiſſent tout -à-fait invraiſemblables. On ſait que ce
ne fut jamais là le ſtyle des florins ; d'ailleurs , ce ne ſeroit pas de
ſemblables monnoies que l'abbaye de S. Jean auroit fait fabriquer,
ſi elle avoit eu droit d'en frapper. Ces deux ſavans ajoutent que
cette monnoie étoit , de leur temps , entre les mains de l'abbeſſe.

ABBÉS DE SAINT- MAGLOIRE.


L'ABBAYE DE SAINT-MAGLOIRE , Sanctus- Maglorius Pari
fienſis, n'étoit dans l'origine qu'une chapelle dédiée à faint Barthé
lemy , anciennement élevée près du palais du duc Hugues. Les
chanoines qui l'occupoient ayant paſſé dans la petite égliſe de
254 ABBÉS DE SAINT-MAGLOIRE.
Saint-Michel , ſituée dans l'enceinte de ce palais , ils furent remplacés
par des moines qui rapportèrent vers l'an 965 , de la Bretagne , le
corps de ſaint Magloire pour le ſouſtraire aux Barbares. Junan qui
préſidoit déjà l'égliſe de Saint-Magloire de Lehon , près de Dinant
en Bretagne , continua de préſider celle de Paris ſous le titre d'abbé.
En 1619, Henri de Gondy, cardinal de Retz , qui poſſédoit cette
1

abbaye , en obtint du Roi l'entière ſuppreſſion ;; il y ſubſtitua un


ſéminaire deſtiné à l'inſtruction des jeunes eccléſiaſtiques, & qui
fut confié en 1624. aux prêtres de l'Oratoire. Gallia Chriſtiana.
Quoique les religieux de Saint - Magloire n'aient pas joui du
droit de battre monnoie , & qu'ils n'aient même eu aucune part
dans la monnoie , il n'eſt peut - être pas hors de mon ſujet de
rendre compte d'une exemption honorable qui leur aa été accordée
par nos Rois ,
Les affoibliſſemens conſidérables que les rois de la troiſième
race firent dans leurs nonnoies , étoient ſi inſupportables & fi à
charge aux peuples , qu'il y avoit des villes & des provinces
entières qui payoient tous les trois ans au Roi une taille volontaire,
dit le Blanc , afin qu'il ne changeât ni n’affoiblît les monnoies.
Ce droit de monéage eſt exprimé dans les titres du temps par
les termes de focagium , monetagiun , relevatio ou redemptio
inonetæ ( Du Cange ). On voit dans le Traité de le Blanc , que les
villes d'Orléans , de Saint-Quentin , d'Étampes & autres s'étoient
aſſujetties à ce tribut ; & ſous le règne de Louis VII , le même
auteur donne l'extrait d'une charte de ce prince , de l'an 1159 ,
ſous l'abbé Pierre II , confirmative des priviléges que ſes prédé
ceſſeurs avoient accordés aux religieux de Saint - Magloire , &
dans laquelle il les déclare exempts du droit de monéage qui ſe
levoit tous les trois ans , à relevatione monetæ quæ tertio anno à
nobis exigitur. Ces derniers mots prouvent que cette taille étoit
exigée par le Roi : par l'épithète équivoque de volontaire que le
Blanc lui donne , je crois qu'il faut ſeulement entendre que les

1
ABBÉS DE SAINT - MAGLOIRE . 255
villes dont le Roi l'exigeoit , avoient la liberté de la payer plus
ou moins forte.

ABBÉS DE SAINT-MAXIMIN
DE TRÈ VE S.
SAINT- MAXIMIN , Sanctus - Maximinus, célèbre abbaye de
l'ordre de Saint - Benoît , au diocèſe de Trèves , fondée par le
grand Conſtantin ; elle fut d'abord dédiée à ſaint Jean -l'évangéliſte;
mais faint Maximin ayant été , dans la ſuite , enterré dans cette
égliſe , elle prit le nom de ce ſouverain pontife. L'empereur
Conſtantin y mit des moines , & il leur donna un abbé qui ſe
nommoit Jean. Cette abbaye a toujours été ſous la dépendance
imınédiate du Saint - empire ; & les empereurs lui ont donné , en
différens temps , des privilèges très-honorables. Gallia Chriſtiana.
L'empereur Otton III accorda vers l'an 1000 à l'abbé Otfrad
ou Oftrad , le droit de battre monnoie dans le lieu appelé Billich ,
voiſin apparemment de l'abbaye de Saint- Maximin. Cet abbé eut
-

ſoin de faire renouveler en 1005 les priviléges de ſon monaſtère


par l'empereur Henri II , ſucceſſeur d'Otton III. Voyez le Gallia
Chriſtiana ; & dom Martène , Amplif . collect. tom. I, col. 361 ,
ABBÉS DE SAINT- MIHIEL
Ε Ν LORRA I N E.
CETTE abbaye fut fondée en 709 en l'honneur de Saint-Michel
árchnage , par le comte Wlfoald & ſa femme Adalaſınde. L'égliſe
fut bâtie d'abord ſur le mont de Tombe , à quinze milles de la
Meuſe , mais le ſiècle ſuivant elle fut tranférée ſur le bord de la
Meuſe ; à deux lieues du mont de Tombe. Il s'éleva inſenſiblement
auprès de ce nouveau monaſtère une aſſez jolie ville , à laquelle
il donna ſon nom. Ogier fut ſon premier abbé.
256 ABBÉS DE SAINT - MIHIEL .
En 1099 , Richer évêque de Verdun céda à Ulrie abbé de
Saint - Mihiel le droit de battre monnoie ; & Henri de Vierzon
ſon ſucceſſeur " confirma cette ceſſion l'an 1123 , en faveur de
l'abbé Lanſon , ſous la redevance de ſoixante ſous à chaque muta
tion de monnoie. Voyez l'Hiſtoire de Lorraine, de dom Calmet ,
& la Diplomatique de dom Mabillon .
Suivant M. Dupré de Geneſte , la charte de l'évêque Richer
ne doit être qu'une convention entre ce prélat & l'abbé de Saint
Mihiel , que celui -ci fera fabriquer à profits convenus & ſtipulés,
de la monnoie aux coin & titres de l'évêque ; & ce qui ſemble,
ajoute-t-il, prouver cette opinion , c'eſt que malgré la grande
quantité de monnoies que l'on trouve frappées à Saint -Mihiel, on
n'en a pas encore rencontrées de la fabrique de cette abbaye.
Cependant le droit de battre monnoie eſt clairement exprimé
dans cette charte ; je n'y vois aucune reſtriction, & ce qui achève
d'infirmer la conjecture négative de M. de Geneſte, c'eſt que M. de
Sivry, de Metz , me marque avoir vu des monnoies qu'il ſoupçonne
>

être de cette abbaye , & que M. de Mory d'Elvanges à lui-même


oui dire à feu dom Brulaut , qu'il exiſtoit de ces monnoies.
ABBÉS DE SAINT- OIAN DE JOU.
SAINT - OIAN DE JOU , Condateſcenſe , Jurenſe monafterium ,
abbaye de l'ordre de Saint-Benoît dans la Franche- Comté , fondée
vers l'an 425 , par un faint homme nommé Romain , au pied
du mont Jura , dans un lieu appelé Condateſce ou Condatiſcone.
On la nomme auſſi Saint-Claude & Şaint-Eugende , de deux de ſes
abbés morts en odeur de ſainteté en 510 & en 696. Cette abbaye
a été érigée en évêché en 1741 , ſous la ſuffragance de Lyon.
Joſeph de Mennet de Fargues fut le premier évêque de Saint
Claude.
Şil en faut croire ce qui ſe lit dans l'hiſtoire du monaſtère de
Saint-Claude
ABBÉS DE SAINT-OIA N. 257
Saint-Claude , de ſon droit de battre monnoie, aucune autre égliſe
ne peut ſe glorifier d'un privilège de cette nature auſſi ancien . Sous
l'abbé faint Hippolyte , évêque du Belley , le roi Pepin donna par
dévotion à ce couvent , la permiſſion de battre monnoie à perpé
tuité. Cette grâce fut renouvelée par Charlemagne en faveur du
mêine prélat. Mabillon , Annales Bénédict.
Par une charte du 23 avril 1175 , l'empereur Frédéric I accorda
de nouveau à l'abbé de Saint - Eugende , alors Odon II , le droit
de battre monnoie , pour en jouir ſelon qu'il le jugeroit utile
à ſon égliſe , & défendit que perſonne les inquiétât à ce ſujet.
Gallia Chriſtiana.
Le 14 juin 1373 , le bailli de Mâcon eut ordre de ſaiſir tous
les revenus que l'abbé de Saint - Oian de Jou , alors Guillaume
de Beau -regard ( de Bello reſpectu ), prenoit dans les dépendances
de ſon abbaye , ſituées dans le reſſort de Mâcon & ailleurs , parce
que cet abbé faiſoit fabriquer dans certain prieuré des monnoies
toutes ſemblables à celles du Roi ; il encouroit par-là l'excommu
nication contenue dans la bulle que Charles V venoit récemment
d'obtenir du pape contre tous ceux qui contreferoient ſes monnoies.
Il fut en même temps enjoint au bailli de Mâcon de ſe faiſir des
perſonnes & des biens de tous les ouvriers & monnoyeurs qui ſeroient
convaincus d'avoir travaillé à ces monnoies , & de les punir. Le
Blanc. Voyez auſſi Glaffey, Anecdotes de l'empire Germanique;
Chifflet, Hiſtoire de l'abbaye de Tournus ; l'Hiſtoire Rythmique de
ce monaſtère , par Mabillon ; & les Recherches de dom Grappin
ſur les anciennes monnoies du comté de Bourgogne , page 214.
ABBÉS DE SAINT-VANNES
DE Y ER DUN .

SAINT -VANNES , Sanctus-Vitonụs, abbaye de l'ordre de


Saint -Benoît, fondée dès les premiers temps de l'établiſſement
Tome 11. Kk
258 ABBÉS DE SAINT- VANNES .
de la foi chrétienne en France , par ſaint Sanctin premier évêque
de Verdun. Le premier que l'on trouve avec le titre d'abbé de
Saint -Vannes , eſt ſaint Maldavé qui paſſa en 753 àà l'évêché de
Verdun. Cette abbaye ne fut compoſée que de clercs juſqu'en
952 , qu'ils furent remplacés par des moines. Elle a été réunie
en 1572 à l'évêché de Verdun , par le cardinal Charles de Lorraine.
Gallia Chriſtiana.
De l'abbaye de Saint -Vannes , ſont ſorties la congrégation de
Saint- Vannes & de Saint -Hidulfe, répandue dans les provinces
de Lorraine , de Champagne & de Franche-Comté , & celle de
Saint-Maur , qui s'eſt étendue par toute la France.
Ébalus , archevêque de Reims, avoit enlevé au monaſtère de
Saint -Vannes la monnoie de Mouzon , c'eſt - à - dire le droit de
battre monnoie dans cette ville , pour la réunir à celle de Reims.
Richard , abbé de Saint -Vannes , s'en plaignit vivement en 1040 ,
& Gui de Châtillon , ſucceſſeur d'Ébalus ſur le ſiége de Reims ,
Jui accorda , pour le dédommager , l'autel de Viviers ( altare de
Vivariis ). La charte de ce dédommagement eſt imprimée dans
le Gallia Chriſtiana, tome XIII, pr.page 558 ; l'archevêque de
Reims y reconnoît expreſſément que les abbés de Saint -Vannes
tenoient, légalement , tenebant legaliter, la monnoie de Mouzon ,
de la libéralité de l'empereur Henri.
: Voyez auſſi Marlot , Hiſt.. de la métropole de Reims, p. 85,
où il dit , d'après Richard de Vaſſebourg, que l'archevêque
Gui de Châtillon donna en dédommagement à l'abbé Richard la
paroiſſe des Vignes , parochiam de Vineis.

ABBESSES DE SAINTE - MARIE


DE SAIN T E S.

SAINTE -MARIE DE SAINTES , .abbaye de l'ordre de


Saint - Benoît , dans laquelle on ne reçoit que des filles nobles.

1
ABBESSES DE SAINTE - MARIE. 259
Elle fut fondée en 1047 par Géoffroi-Martel, comte d'Anjou , &
par ſa femme Agnès , comteſſe d'Aquitaine. Conſtance fut fa
première abbeſſe.
Lorſque Géoffroi - Martel fonda cette abbaye , il lui céda le
droit qu'il avoit de battre monnoie dans toute l'étendue de
l'évêché de Saintes , avec tous les émolumens qu'il retiroit de cette
monnoie. Après avoir raſſemblé les monnoyeurs des différentes
villes , il leur fit promettre fidélité à Sainte - Marie , entre les
0

mains de l'abbeſſe , & à tous ceux de ſa dépendance , & il leur


donna pour la fabrication de la monnoie , la maiſon ſituée près
de l'arche du Pont. Voyez la charte de cette ceſſion imprimée
dans le Gallia Chriſtiana , tome II, pr. col. 480 .

PRIEURS DE SAINTE - FOI


D E M O R L A S.

CENTULE IV , vicomte de Béarn , avoit épouſé Giſla ſa


proche parente. Le pape Grégoire VII l'obligea de ſe ſéparer
d'elle , quoiqu'il en eût un fils. Après la diſſolution de ce
mariage , prononcée l'an 1077 par Amé , évêque d'Oléron &
légat du Saint - Siége , Centule , pour l'expiation de ſon péché ,
fonda le prieuré de Sainte - Foi de Morlas , & il lui donna la
dixième partie de ſon droit de ſeigneuriage ſur la monnoie de
Morlas ; il déclara qu'il faiſoit ce don à Dieu & à Saint - Pierre
de Cluni , & qu'il mettoit l'égliſe de Sainte - Foi dans la main de
Hunaud de Béarn , abbé de Moiſſac , pour être ſous la puiſſance
& diſpoſition d'Hugues de Sémur, abbé de Cluni.
2

CHAPITRE DE NOTRE- DAME


D'A V IG N O N.
Ce chapitre eſt compoſé d'un prévôt , de deux archidiacres
K k ij
260 CHAPITRE DE NOTRE --DAMEE..
d'un tréſorier , d'un capiſcol ou chantre , de quinze chanoines
capitulaires , de quatre chanoines hebdomadaires , de douze béné
ficiers , de deux diacres & de deux ſous- diacres.
M. le préſident de Saint -Vincent a fait graver parmi ſes non
noies de Provence , une pièce d'or du cabinet de M. le marquis
de Caumont à Avignon , & deux autres de cuivre qui préſentent
d'un côté une tour à quatre étages , ou bien la Vierge & l'enfant
Jéſus, avec cette légende : CAPITulum ECCLESIÆ AVENIONenſis;
& de l'autre SALVE SANCTA CRUX autour d'une croix cantonnée
d'une étoile. M. de Saint - Vincent regarde avec raiſon ces pièces
de cuivre comme de ſimples jetons , ou plutôt comme des
méreaux, de l'eſpèce de ceux que j'ai donnés des chapitres de
Cambrai , de Beſançon , de Saint-Omer , & c. Quant à celle qui
>

eſt en or , & que M. de Saint -Vincent regarde également comme


un jeton frappé par quelque riche bénéficier , je ſerois porté à
croire que : c'eſt une monnoie réelle , frappée par le chapitre
d'Avignon , en vertu du droit accordé à cette égliſe en 1365 , &
ſur laquelle auront été modelés les deux méreaux de cuivre. C'eſt
ainſi que parmi les pièces que j'ai données du chapitre de Canıbrai ,
on a vu des méreaux & de vraies monnoies entièrement rem
blables entr'eux par le type , & qui ne diffèrent que par le métal ::
les unes ſont d'argent ou de billon , les autres ſont de cuivre.
CHAPITRE DE LA CATHÉDRALE
D'AUTUN .

Le chapitre d'Autun eſt compoſé d'un doyen , d'un chantre ,


de deux prévôts , de quatre archidiacres , de deux abbés , de
cinquante chanoines , de quatre ſous - chantres, & de cinquante
chapelains. Dictionn. d'Expilly.
Hervé de Chalon , élu évêque d'Autun en 920 , confirma le
jour même de ſon ordination au chapitre de Saint - Nazaire, le
CHAPITRE D'AUTUN. 261
droit de battre monnoie qui lui avoit été communiqué par Walon
de Vergi, ſon oncle & ſon prédéceſſeur. Voyez Chifflet, Hiſt.de
Tournus, Inſtr. p. 255 ; & le Gallia Chriſtiana, t. IV , col. 371 .
CHAPITRE MÉTROPOLITAIN
DE SAINT - JEAN DE BESANÇON .
Le chapitre de Saint-Jean de Beſançon eſt exempt de la juriſ
diction de l'archevêque. Il eſt compoſé d'un grand -doyen , d'un
grand - archidiacre , d'un grand - chantre , d'un tréſorier, de quatre
archidiacres & de quarante- trois chanoines.
Humbert ( a ), archevêque de Beſançon , engagea en 1147. au
chapitre de Saint - Jean , la part qu'il avoit dans la monnoie de
Beſançon , pour 3000 ſous d'or qu'il avoit été obligé d'emprunter
pour l'aider à ſoutenir les frais de la guerre que Renaud & Guil
laume , comtes de Bourgogne, lui avoient déclarée. Cette part
dans la monnoie conſiſtoit dans un tiers , comme on le voit par
une bulle d'Eugène III , de l'an 11148. Dunod , Hift. Eccléſiaſt.
de Beſançon , tome 1, page 153 ; dom Grappin , Recherches ſur
les anciennes monnoies du comté de Bourgogne, page 45, & l'abbé
Hugues du Tems , Clergé de France, tome II, page 64.
>

CHAPITRE DE LA CATHÉDRALE
DE CA HO RS.

Le chapitre de Cahors eſt compoſé d'un grand - archidiacre,


d'un archidiacre de Tournus , d'un chantre, d'un chancelier & de
neuf ſimples chanoines.
Géraud de Gourdon , évêque de Cahors , voulant affermir l’éta
bliſſement des chanoines réguliers dans ſa cathédrale, leur donna
fo) Suivant M. l'abbé du Tems, ce prélat étoit de la maiſon de Saint- Quentin .
>
262 CHAPITRE DE CAHORS .
en 1090 la moitié du revenu de la monnoie qu'il faiſoit battre.
Une bulle du pape Urbain II , de l'année 1096 , reconnoît &
confirme cette ceſſion .
Guillaume II , qui occupa le ſiége de Cahors depuis 1113
juſque vers 1144 , voulant ſe réconcilier avec les chanoines de
ſon égliſe & leur prieur nominé Bernard , leur permit de battre
monnoie dans toute l'étendue de leurs poſſeſſions, in terrâ ipforum ,
en tel lieu qu'ils jugeroient àà propos. Gallia Chriſtiana.
CHAPITRE COLLÉGIAL DE S. -JEAN
À PERPIGN A N.
L'ÉGLISE de Saint -Jean , deſſervie dès le 1x.' ſiècle par des
Bénédictins, fut transférée en 1102 à Bajoles par Gilabert comte
de Rouſſillon , qui jugea à propos d'y établir un clergé ſéculier à
la place des religieux . Ce clergé fut en même temps érigé en
chapitre de collégiale par l'évêque Armengaud ; mais ce chapitre
a été ſupprimé en 1602 , & réuni à celui de la cathédrale.
La communauté de l'égliſe de Saint-Jean eſt dans une poſſeſſion
immémoriale de faire frapper une monnoie de cuivre de diffé
rentes valeurs ; on la nomme pallofas : elle ſert à payer à chaque
bénéficier la rétribution de chaque office. Son uſage , comme
l'on voit , eſt le même que celui des méreaux dont j'ai fait graver
pluſieurs dans le premier volume de cet ouvrage ; mais elle a
cela de particulier , que ſon cours n'eſt pas borné dans l'intérieur
du chapitre ; elle eſt reçue dans la ville ſans aucune difficulté,
parce qu'on eſt aſſuré de la convertir en eſpèce courante , ſi on
la rapporte au bourſier du chapitre. Extrait du Voyage pitto
reſque de la France , province de Rouſſillon , page 48.
CHAPITRE DE SAINT - DIEY.
SAINT-DIEY , ou SAINT-DIÉ , Sanctus- Deodatus, ancien
CHAPITRE DE SAINT- DIEY . 263
monaſtère fondé vers lan 670 par Saint-Dié , évêque de Nevers ,
qui en fut le premier évêque ; mais en 954 , Frédéric duc de
Lorraine ſéculariſa cette égliſe , & y mit des chanoines qui furent
gouvernés par des prieurs dont Brunon fut le premier vers
l'an 1025. Ce chapitre a été érigé en évêché en 1774 , &
M. Chaumont de la Galaiſière en eſt le premier évêque.
1

Des deux monnoies que j'ai fait graver à l'article des évêques
de Toul , pl. XII , j'avois , d'après dom Calmet , attribué la
première à Saint-Gerard , évêque de Toul , qui ayant acquis
l'abbaye de Toul pour ſon égliſe, avoit obtenu de l'empereur
Otton II , la permiſſion d'y battre monnoie. Mais M. de Mory
d'Elvangesme marque que ſelon M. Riguet , on doit la rapporter
à Gérard duc de Lorraine. Cela eſt d'autant plus vraiſemblable ,
que M. d'Elvanges lui – même en connoît une du duc Thierry ,
frappée de même à Saint - Diey , & il obſerve judicieuſement
que ce n'eſt pas en qualité de ducs de Lorraine , mais en celle
d'avoués du chapitre de Saint - Diey , que ces princes ont pu
y battre monnoie.
Le duc Simon II , au rapport de Riguet , permit au chapitre
de Saint- Diey , de recevoir ſes cens , dixmes , monnoies , & c.
telles qu'il les avoit reçues du temps des ducs ſes prédéceſſeurs.
Les chanoines avoient leurs monnoies différentes de celles des
ducs : celles du chapitre étoient nommées de Saint- Diey ;; celles
du duc , de Monſieur.
Par traité fait entre les ducs & le chapitre , avant le règne
du duc Mathieu II , les coins du chapitre furent ſupprimés.
On trouve dans l'hiſtoire de Saint- Diey par M. Sommier , &
parmi les preuves de la défenſe de l'égliſe de Toul, pluſieurs
chartes où il eſt fait mention de la monnoie de Saint - Diey.
264
CHAPITRE DE SAINT- LAUD
D'ANGERS .
CE chapitre fut fondé dans le xii . ſiècle par Géoffroi V ,
comte d'Anjou; ce n'étoit aupaarvant qu'une chapelle conſacrée
à Sainte-Geneviève , & où l'on avoit dépoſé le corps de
Saint - Laud , évêque de Coutances , mort vers l'an 568. Le
comte Géoffroi y raſſembla des clercs , leur aſſigna des terres,
>

& leur donna la dixme de la monnoie d'Anjou , in caſtellaria


Loſdunenſi. Selon l'abbé Expilly , le chapitre de Saint-Laud ,
>

qu'il appelle mal-à-propos de Saint- l'Aud ou de Saint- Laurent


d'Angers, eſt compoſé d'un doyen , d'un chantre , de douze
chanoines & de vingt-ſept chapelains.
La fabrique de la monnoie royale établie depuis long - temps
à Angers , a été ſouvent interrompue , parce que les chanoines de
>

Saint - Laud prétendoient continuer à percevoir , comme ſous les


comtes d'Anjou , un dixième du droit de ſeigneuriage de ce qui
ſe fabriquoit en cette monnoie ; mais ayant renoncé à ce droit
par acle du 14 avril 1716 , moyennant la ſomme de ſix mille
livres qui leur fut payée pour une fois , & la redevance d'un
louis d'or par an , Louis XV , par un édit du mois d'octobre
ſuivant, permit le rétabliſſement & l'uſage de la monnoie dans
Angers. Cette monnoie a été ſupprimée par un autre édit du
mois de Juin 1738 , & on n'en a conſervé que la juriſdiction,,
CHAPITRE MÉTROPOLITAIN
DE VI ENN E ,

Le chapitre de Vienne eſt compoſé d'un doyen , d'un pré


centeur , d'un chantre , d'un capiſcol, d'un facriſtain , de quatre
archidiacres , d'un chancelier & de dix ſimples chanoines .
Le
CHAPITRE DE VIENNE. 265
Le chapitre de Vienne avoit une inonnoie particulière dont il
ſe ſervoit pour les diſtributions manuelles. On en conſerve encore
quelques pièces qui ſont de cuivre rouge , de cuivre jaune &
d'argent. M.Charvet , page 376 de ſon Hiſtoire de l'Égliſe de
Vienne , en a fait graver une de cuivre rouge , ſur laquelle on
3

voit d'un côté faint Maurice armé d'une lance , avec ces mots :
SANCTUS MAURITIUS Martyr. I1539. Rr. une croix cantonnée de
quatre beſans, avec cette légende : LIBRA CANONICORUM VIENNE.
Suivant un ancien tarif manuſcrit que M. Charvet a tiré des
archives de l'égliſe de Vienne , la demi-livre étoit pour tout le
bas-chæur , & unc palette eſt évaluée à un demi-liard. La demi
livre des prêtres eſt un chapelain , & il en falloit huit pour faire
cinq liards. La livre entière étoit une tête , & les quatre faiſoient
cinq liards. La demi-livre pour les chanoines , chevaliers , quarti
niers & coadjuteurs , étoit un chanoine à pied , dont les huit font
ſept liards. La livre entière pour les mêmes , étoit un chanoine à
cheval , dont les quatre marques font ſept liards.
Dans un autre manuſcrit intitulé Règlement pour les bourſiers,
mais dont M. Charvet a également négligé de remarquer l'âge ,
on trouve les évaluations ſuivantes : un ſou d'égliſe vaut neuf
deniers ; ſix deniers d'égliſe font trois petites palettes ; deux deniers
d'égliſe valent une petite palette ; cinq fous d'égliſe valent trois
ſous neuf deniers tournois ; trois ſous d'égliſe font neuf liards ;
un florin d'égliſe vaut dix-huit ſous, & c. &c.
Des faux monnoyeurs du bourg d'Aiguebelle en Savoie , vaſſaux
de la marquiſe Adélaïde veuve d'Odon ou Othon marquis d'Italie ,
ayant altéré la monnoie de Vienne (a ), Léger, archevêque de cette
ville , ſe tranſporta en Italie auprès de cette dame , pour la prier
( a ) Corruperunt , confunderunt ( ſic) con falſaverunt monetan Viennenſem . Cette
triple altération conſiſtoit ſans doute à fabriquer des eſpèces d'un mauvais aloi ,
contrefaites d'ailleurs ſur celles de Vienne , & à les répandre dans le commerce.
Tome II. LI
.
266 CHAPITRE DE VIENNE .
de faire ceſſer ce déſordre ; Adélaïde y conſentit. Pár la médiation
d'Adrald , abbé de Brême, & d'Artaud , prévôl de l'égliſe de
Vienne, le crime fut pardonné ; & pour prévenir la récidive , la
marquiſe & ſes fils Pierre , Ainé & Eudes, promirent à Dieu &
à faint Maurice dans la main de l'archevêque Léger , que la mon
noie de Vienne ne ſeroit plus altérée ni contrefaite dans les terres
de leur dépendance. L'abbé Adrald & le prévôt Arlaud ſouſcri
virent à cet engagement, dont la notice eſt imprimée dans le
Spicilège de domn Luc d'Acheri , tome III , page 393. Elle
>

n'eſt pas de l'an 1043 ou environ , ainſi qu'on l'a marqué ſur la
marge du Spicilège , mais de l'an 1065 , comme le prouve la
>

combinaiſon des différentes époques qui lui tiennent lieu d'une


date préciſe. On trouve auſſi un extrait de cette notice dans
l'Hiſtoire de l'égliſe de Vienne , par M. Charvet , page 295 ; mais
>

il me paroît moins exact que celui qu'on vient de lire.


Je place ici cette anecdote , parce que la médiation du prévột
de l'égliſe de Vienne ſemble indiquer qu'il avoit le droit de
connoître du crime de fauſſe monnoie ; à moins qu'on ne la
regarde comme une ſimple commiſſion momentanée qui lui auroit
été donnée par l'archevêque, circonſtance qui n'eſt point exprimée
dans la notice.

CHAPITRE DE VIVIERS .
4

Le chapitre de la cathédrale de Viviers eſt compoſé d'un


prévôt , d'un archidiacre , d'un précenteur , d'un ſacriſtain , d'un
archiprêtre, d'un vicaire & de trente Chanoines.
Dans le traité fait en 1307, entre le Roi d'une part, & l'évêque.
& le chapitre de Viviers de l'autre, il fut convenu par le troiſième
article , que l'évêque & le chapitre auroient dans les terres qui
leur appartenoient en commun ou en particulier, la connoiſſance
du crime de fauſſe monnoie. Voyez le Recueil des Ordonnances,
tome VII , page 7.
/

267
CHAPITRE D’US È S.
Le chapitre d'Usès prend le titre de ſeigneur d'une portion
de cette ville , appelée le quartier de Saint-Théodorit. L'égliſe
cathédrale a été long -temps régulière & de l'ordre de Saint
Auguſtin. Son chapitre n'a été ſéculariſé qu'en 1726 ; le nombre
de ſes chanoines qui étoit de cinquante , fut alors réduit à
vingt ; ſavoir, quatre dignités & ſeize ſimples chanoines.
On lit dans l'Hiſtoire de Languedoc, tome II, page 439 ,
qu'en 1145 , Alphonſe, comte de Toulouſe , tint un plaid à
Usès , à l'occaſion de quelques différends qui s'étoient élevés entre
Rainon ( ou Raimond de Caylar, ſelon le Gallia Chriſtiana ),
ſa feinme Béatrix , & Bermond d'Usès ſon neveu , qui poſ
fédoient une partie du domaine de cette ville , & Ébrard ?

évêque d'Usès , le prévột & les chanoines de la cathédrale,


au ſujet de la monnoie & de quelques fiefs que ces derniers
avoient vendus aux autres. On pourroit conclure de cette anec
dote , que le chapitre d'Usès avoit quelque part dans le droit
de battre monnoie , qui dès lors appartenoit à l'évêque.
CHAPELLE DE SAINT- CLÉMENT
DE COMPIEGNE .

L A Sainte-Chapelle de Saint -Clément au palais de Compiegne ,


a été fondée en 918 par Frédérune , femme du roi Charles- le
Simple. Son chapitre eſt compoſé d'un doyen & de ſix chanoines ,
outre pluſieurs eccléſiaſtiques qui forment le bas-chæur.
Par une charte de - l'an 919 , Charles- le -Simple donna entre
autres choſes à la Chapelle de Saint-Clément , la dixième & la
neuvième parties des émolumens de la monnoie qui ſe fabriquoit
dans le palais de Compiegne. Diplomatique de Mabillon , page
563.
Llij
268

ÉGLISE DE SAINT-SE VÈRE.


Cette égliſe paroiſſiale qui ſubſiſte encore , fut élevée à
Vienne vers le milieu du v.° ſiècle , ſur les ruines d'un panthéon
Viennois, & ſous l'invocation de Saint - Étienne , par ſaint
Sevère , prêtre .
L'égliſe de Saint-Sevère avoit autrefois , comme beaucoup de
chapitres , une monnoie qui lui étoit propre pour payer les
rétributions à chaque office. M. Charvet , Hiſtoire de l'égliſe de
Vienne , page 627 , en décrit une de cuivre dont il étoit por
feſſeur : elle repréſente faint Sevère en pied , vêtu d'une aube &
d'une chaſuble terminée en pointe, & tombant juſqu'à terre ſur
le derrière , tenant de la main gauche un démon enchaîné , par
alluſion à la deſtruction du panthéon , & donnant de l'autre la
bénédiction : autour on lit ces mots , SANCTUS-SEVERUS VIENNE.
Le revers offre une croix fleuronnée & cantonnée de quatre
étoiles avec cette légende :: EJUS LIBRA ECCLESIÆ. 1524.

PRINCES OU SEIGNEURS
D'ARGENTO N.

ARGENTON , Argentomagus, Argentonum , ancienne ville


de Berri , ſituée ſur la Creuſe, à quinze lieues ſud -oueſt de
Bourges. La châtellenie d'Argenton faiſoit autrefois partie de la
ſeigneurie de Déols , & elle a toujours eu les mêmes ſeigneurs que
les villes de Déols & de Château-Roux , depuis qu'Eudet- l'ancien ,
ſeigneur de Château-Roux, l'eut priſe vers l'an 1018 ſur le vicomte
Gui. Après la mort d'André de Chauvigny , elle a paſſé par
alliance dans la maiſon de Bourbon -Montpenſier, & enſuite dans
celle d'Orléans . La Thaumaſſière.
Catherinot , dans l'opuſcule intitulé Philippes de Berri, page 2 ,
PRINCES D'ARGENTON. 269
affure que l'on trouve en Berri des monnoies des anciens comtes
& autres ſeigneurs de cette province , qui en 900 & 1000 ,
ſe qualifioient princes : telles ſont, dit -il , celles du coin d'Ar
của
genton .
PRINCES OU SEIGNEURS
DE GRAÇA Y.
GRAÇAY , Caſtrum Crazzacum , Crazaium & Graſſaium ,
ville de Berri à neuf ou dix lieues de Bourges, dans le reſſort
d'Iſſoudun. Cette terre porte de toute ancienneté le titre de
baronnie :: ſes ſeigneurs tenoient un rang conſidérable dans cette
province , & ſe qualifioient, fires, barons & princes. La filiation
er

de ces ſeigneurs remonte , ſelon la Thaumaſſière , à Renaud 1. " ,


>

VE
qui vivoit dans le 1x. ſiècle, & qui prenoit déjà le titre de
tre
prince de Graçay. Renaud VI , baron de Graçay , vendit cette
baronnie en 1371 , à Jean de France, duc de Berri ; & ce
prince la donna en 1404 au chapitre de la Sainte-Chapelle , qu'il
avoit fondée l'année précédente dans la ville de Bourges.
Les ſeigneurs de Graçay ſont du nombre de ceux dont
Catherinot prétend que l'on trouve encore des monnoies.
PRINCES OU SEIGNEURS
D'ISSOUDUN .
le ISSOUDUN , Exolidum , Exoldunum , Iſoldununi , ville conſi
dérable du Berri , ſituée ſur la rivière de Théols , à ſept lieues de
Ć Bourges. Léger, ſurnommé Taillefer,le plus ancien princed'Iſſoudun
1 que la Thaumaſſière croye reconnoître , vivoit peut-être dans le x.
$ ſiècle. Cette principauté échut , on ne ſait comment , vers l'an
1018 à Eudes- l'ancien , prince de Déols & de Château-Roux ; elle
3
paſſa enſuite aux cadets de la maiſon de Déols , & au commence
>

1
270 PRINCES D’ISSOU DU N.
C

ment du xil.° ſiècle , dans celle de Chauvigny , par le mariage


de Mahaud d'Iſoudun avec Guillaume de Chauvigny, I." du nom ,
baron de Château -Roux. Cette dame étant norte ſans poſtérité
vers l'an 1220 , Iſſoudun échut aux ſeigneurs de Culant les plus
proches héritiers , d'où elle paſſa, par acquiſition , à Philippe
Auguſte.
Selon Catherinot , on trouve encore en Berri des monnoies du
coin d'Iſſoudun .

PRINCES OU SEIGNEURS
DE R E S.
LINI ÈE RE
LINIÈRES , ville de Berri , dans le reſſort du bailliage
d'Iſſoudun , à dix lieues de Bourges. Ses ſeigneurs ont toujours
porté les titres éminens de princes & de barons de Linières.Eudes ,
le plus ancien que la Thaumaſſière connoiſſe, vivoit au com
mencement ou vers le milieu du xi .' ſiècle. Jaqueline , héritière de
e

la baronnie de Linières dans le xv.° ſiècle, la porta dans la maiſon


de Beaujeu , d'où elle paſſa par d'autres alliances , dans celles de
la Rochefoucaud - Barbezieu , de Brichanteau , & c. La princeſſe
Anne de Gonzagues de Clèves, veuve d'Édouard comte -Palatin
du Rhin , la vendit à Jean -Baptiſte Colbert , miniſtre d'État &
>

contrôleur général des finances.


On trouve auſſi, au rapport de Caiherinot , des monnoies
frappées par les anciens ſeigneurs de Linières.
La Thaumaſſière & Chaumeau ne font aucune mention de ces
monnoies d'Argenton , de Graçay, d'Iſſoudun & de Linières ; mais
leur ſilence ne ſuffit pas , ce me ſemble , pour détruire ou infirmer
le témoignage de Catherinot.
DUCS DE FRANCE .
Le duché de France s'étendoit entre la Seine & la Loire , &
DUCS DE FRANCE . 271
outre les villes de Paris & d'Orléans , il comprenoit les comtés
de Gâtinois & de Chartres, ceux du Perche , de Blois , de Tours,
d'Anjou & du Maine , avec les terres de Sologne ſituées au midi
>

5
de la Loire. Charles- le - Chauve donna cette province en 861 ,
ſous le titre de duché de France , à Robert-le -Fort, Hugues-Capet ,
arrière petit-fils de Robert , étant devenu roi de France en 987,
! le réunit au domaine.
Les ducs de France battoient monnoie à Paris ; de- là eſt venu
le nom de la monnoie Pariſis. Le Blanc , page 156 de ſon Traité,
décrit une pièce frappée dans cette ville , & qui doit y avoir été
>

fabriquée par Hugues-le- Grand , ou par Hugues - Capet, comme


ducs de France. Voyez mon Recueil des monnoies de nos Rois.
3

1
DUCS D'ORLÉANS.
PHILIPPE de Valois , roi de France , érigea la ville d'Orléans
en duché, en faveur de Philippe ſon ſecond fils. Le roi Charles VI
1 donna auſſi ce duché à ſon frère Louis, dont le fils aîné Charles
E & le petit-fils Louis le poſſédèrent ſucceſſivement. Ce dernier
étant devenu roi de France ſous le nom de Louis XII , le réunit
1 à la couronne .

Le titre de duc d'Orléans a été donné par Louis XIII à ſon


frère Galton , mort ſans enfans mâles en 1660 , & en dernier
lieu par Louis XIV, à Philippe ſon frère unique , duquel deſcend
la maiſon d'Orléans .
Louis de France , duc d'Orléans , frère de Charles VI , avoit
épouſé en 1386 Valentine de Milan , fille unique du duc Jean
Galéas Viſconti. Dans le cas où Jean Galéas ' mourroit fans
enfans mâles légitimes , Valentine devoit lui ſuccéder dans le
duché de Milan ; mais ce ſeigneur eut deux fils qui lui ſuccédèrent
l’un après l'autre. Après la mort du dernier , Charles duc d'Or
léans , fils de Louis de France & de Valentine de Milan , prit
272 DUCS D'ORLÉANS .
le titre de duc de Milan , & fit battre monnoie en cette qualité ; il
en avoitdéjà frappé comme ſeigneur d'Aſt, ville de Piémont que
Valentine lui avoit apportée en dot . Louis ſon fils & ſon ſucceſſeur
au duché d'Orléans , lui ſuccéda auſſi dans ſes prétentions, &
>

frappa comme lui pluſieurs monnoies avec les titres de ſeigneur


d'Aſt do de duc de Milan. Parvenu au trône après la mort de
Charles VIII , il fit la conquête de ce duché. On peut voir les
monnoies de ces deux princes dans le traité de le Blanc. Je
me propoſe de les placer , comme lui , dans mon recueil des
monnoies des Rois.

COMTES ET DUCS DE SAVOIE .

LA Savoie , Sabaudia , pays ſitué entre le Piémont , le Valais ,


la Suiſſe, le Rhône , le Dauphiné & la Provence , habité ancien
nement par les Centons , les Branovices , les Antuates ou Nan
tuates , les Latobriges & les Allobroges que Jules-Céſar ſubjugua,
paſſa en 413 ſous la domination des Bourguignons. Le royaume
de la Bourgogne ſupérieure , dans lequel elle avoit été compriſe
en 888 , ayant été réuni dans le x.' ſiècle à celui de Germanie ,
la Savoie devint une portion de l'Empire ; mais ſes comtes ſe
rendirent dans la ſuite ſouverains- & indépendans . Le premier
er
comte de Savoie eſt Amédée I.'' en 1108 , Bérold ou Berthold ,
comte de Maurienne en 1014 , & le troiſième aïeul de cet
Amédée , eſt regardé comme la ſouche de la maiſon de Savoie.
Le comté de Savoie fut érigé en duché en 11416 par l'empereur
Sigiſmond , en faveur du comte Amédée VIII , qui devint pape
en 1439 ſous le nom de Félix V. L'Art de vérifier les dates.
Choppin , domaine de France , page 235 , nomme le duc
de Savoie le troiſième des ſeigneurs à qui le Roi a donné le
privilege de faire battre inonnoie.
Guichenon a donné l'empreinte de toutes les monnoies d'or
& d'argent
-
1
COMTES ET DUCS DE SAVOIE. 273
inte i
& d'argent tant anciennes que modernes , des comtes & ducs
que de Savoie. Voyez ſon Hiſtoire de Savoie , livre I, chapitre XV ,
pages 142-160 .
La Savoie ayant été ſéparée de bonne heure du royaume de
France , j'ai cru devoir me borner à faire mention de ſes ſou
Ort de
verains , ſans entreprendre de donner la nombreuſe ſuite de
ir les leurs monnoies.
c. Je
I do BARONS D'APREMONT.
APREMONT , ſitué dans le duché de Bar , entre la Meuſe
IE. & la Moſelle , chef-lieu d'une baronnie conſidérable indépendante
des duchés de Lorraine & de Bar , & l'un des plus grands fiefs
alais, de l'évêché de Metz. Ce fut un de ceux que l'évêque Étienne de
cich Bar remit ſous ſon obéiſſance vers l'an 1140. Ce lieu donna
N2: ſon nom à une maiſon noble qui , après la mort d'Étienne de Bar,
321 ſe trouvoit en poſſeſſion d'une partie de la baronnie d'Apremont.
Vers le même temps , cette baronnie étoit partagée entre diffé
rentes familles qui reconnoiſſoient les évêques de Metz pour
ſeigneurs ſuzerains,
De Gobert d'Apremont qui accompagna faint Louis à la Terre
mia ſainte, deſcendoit Geoffroy IV qui obtint de l'empereur Charles IV
old un diplome du 12 mars 1354 , en vertu duquel la ſeigneurie
M d'Apremont devoit être affectée à perpétuité aux aînés mâles de
oc cette maiſon , qui auroient le droit de faire des nobles & de
TOLE battre monnoie. Mais comme il ne paroiſſoit pas juſte que
l'Empereur établît cette loi dans un fief de l'évêque de Metz &
ſans le conſentement de celui - ci , ce privilége n'eut pas lieu ,
duc & les barons . & comtes d'Apremont ont continué depuis de
.

be reconnoître les évêques de Metz. Voyez Longuerue , Defcr. de


la France, part. II, pages 196-197, & le Dictionnaire de
l'abbé Expilly .
dor Tome II. Mm
el
..

274
BARONS DE LA FERTÉ-CHAUDERON .
LA FERTÉ - CHAUDERON , ville en Nivernois , ſur la rive >

droite de l'Allier, à trois lieues & demie nord -oueſt de Moulins ,


& à ſix au ſud de Nevers. Elle aa le titre de baronnie , & celui qui la
1

poſsède prend la qualité de maréchal & de ſénéchal du Nivernois .


Les ſeigneurs de cette baronnie étoient autrefois très-conſidérables.
Par les anciens dénoinbremens , le baron de la Ferté-chauderon ,
premier baron de Nivernois , reconnoît entr’autres droits attachés
à ſon fief, celui de battre monnoie. Coquille, Hiſtoire de Niver
nois , page 122 .

BARONS DE FRANQUEMONT.
FRANQUEMONT , lieu ſitué dans le duché de Bar , au
diocèſe de Toul , entre Bar-le-duc & Saint-Mihiel.
La terre de Franquemont parla dans la maiſon de Gilley ,
ancienne famille de Franche - Comté , entre 1523 & 1538. A
cette dernière époque , elle fut érigée en baronnie en faveur de
Nicolas de Gilley, de qui nous avons des carolus , portant d'un
côté une plante arrachée , ſans légende , & de l'autre, un buſte
d'homme , avec ces mots autour : Nicolaus DE GILLEY. L'argent
de cette pièce de monnoie étoit de quatre livres deux ſous
le marc .
Les monnoies de Franquemont furent décriées dans le comté
de Bourgogne en même temps que celles de Nicolas du Châtelet,
ſouverain de Vauvillars , le 17 mars 1553 , & en France, le
19 août de la même année ; avec défenſe au ſeigneur de ce lieu
d'en faire battre d'aucune eſpèce, juſqu'à ce que l'Empereur en
eût autrement ſtatué. Mais il paroît que le ſeigneur de Franque
mont ne tint pas plus de compte de cette défenſe que celui
de Vauvillars ; car ſes monnoies furent encore décriées le 20
BARONS DE FRANQUEMONT. 275
décembre 1553 ; & de nouveau le 18 juillet 1554. Voyez les
Recherches de dom Grappin ſur les anciennes monnoies du
comté de Bourgogne , pages 75–76.
La famille de Gilley s'eſt éteinte , le ſiècle dernier, dans la per.
ſonne de Jean -Baptiſte de Gilley , baron de Franquemont &
de Marnos , reçu en la confrérie de Saint - George en 1650 ,
qui épouſa Suzanne du Châtelet, fille d'Antoine , marquis de
Trichâteau ; & d'Éliſabeth -Louiſe de Haraucourt. Dictionnaire de
la nobleſſe, par M. de la Cheſnaye-des-Bois, tome VII,page 219 .
BARONS DE PARTHENAI.
PARTHENAI , Pertinaculum ou Pertiniacun , ville du Poitou
ſituée ſur la Toue , capitale du petit pays de Gaſtine, à ſix lieues
& demie oueſt -nord -oueſt de Poitiers .
Cette ville a donné ſon nom à une très ancienne maiſon
connue dès le xi . ſiècle, & que l'on prétend deſcendre de
celle de Luſignan. Les fires de Parthenai ſe titroient barons
dèsl e xur.' ſiècle. Goſſelin de Parthenai, archevêqre de Bordeaux ,
étant mort en 1086 , ſon frère Guillaume auquel il laiſſoit la
ſeigneurie de Parthenai, prit le ſurnom de l'Archevêque, & fut
imité par ſes ſucceſſeurs. Jean l'Archevêque, baron de Parthenai ,
s'étant ligué en 1415 contre le roi Charles VI , toutes ſes ſei
gneuries furent confiſquées & données à Charles de France
dauphin de Viennois , qui les céda lui-même en 1425 à Artur
de Bretagne, comte de Richemont. Artur , devenu duc de Bre
tagne en 1457 , remit ces ſeigneuries au Roi , qui les donna
depuis à Jean d'Orléans, comte de Dunois & de Longueville.
Les barons de Parthenai s'attribuèrent le droit de faire battre
monnoie à leur coin & à leurs armes, La Roque , Traité de
la nobleſe ; chapitre XVIII , page 52.
Au rapport du même auteur , Hiſoire de la maiſon de
Mmij
276 BARONS DE PARTHENAI .
Harcourt , tome 1, page 369 , le roi Charles VII fit un traité
avec Artur de Bretagne, comte de Richemont, par lequel il
fut convenu que ce comte auroit les aides, mais qu'il ne feroit
plus frapper monnoie à Parthenai.
La maiſon de Parthenai s'éteignit au xvi. fiècle dans celle
de Rohan , par le mariage de Catherine de Parthenai, fille
unique de Jean l'Archevêque de Parthenai, ſeigneur de Soubiſe ,
V
avec Réné II , vicomte de Rohan , dont elle reſta veuve en
>

1586. Voyez l'Hiſtoire de Harcourt de la Roque , tome 1 ,


pages 367 & ſuivantes ; & le Dictionnaire de la nobleſſe de
M. de la Cheſnaye -des- Bois, tome XI, page 207.

COMTES D'ARTOIS.
L'ARTOIS , Arteſia , Atrebatenſis comitatus, province avec
titre de comté , bornée au nord par la Flandre Wallone & par
la Flandre flamingante ou maritime ; au ſud , par le Vermandois,
le Santerre , l'Amiénois & le Ponthieu ; à l'eſt, par le Hainaut
François & le Cambréſis; à l'oueſt, par le Ponthieu , le Boulon
nois & le Caléſis. On prétend que Charles-le-Chauve le donna
en 863 à ſa fille Judith , en la mariant à Baudouin -Bras-de-fer
comte de Flandre. En 1180 , Iſabelle de Hainaut , niéce de
Philippe d'Alface, porta l'Artois à Philippe-Auguſte ; Saint
Louis l'érigea en comté , en le donnant à ſon frère Robert. Il
paſſa enſuite aux comtes de Bourgogne, aux comtes' de Flandre ,
à la ſeconde maiſon royale de Bourgogne & à la maiſon d'Autriche.
Enfin , l'Artois conquis par les François en 1640 , leur a été
I

cédé par la paix des Pyrénées & par celle de Nimégue. L'Art
de vérifier les dates.
La comteſſe d'Artois eſt compriſe parmi les barons à qui
- Philippe-le- Bel écrivit de lui envoyer des commiſſaires
le roi
pour la réformation de la monnoie. Premier mémorial de la
COMTES D'ARTOIS. 277
chambre des comples. Le comté d'Artois étoit poſſédé alors
par Mahaud , fille & héritière du comte Robert II. Voyez ci
deſſus page 188, la deſcription d'une monnoie frappée à Arras,
COMTES D'AUTUN.
L'A UTUNOIS , Auguſtodunenſis tractus, habité ſous les
Romains par les Ædui , & compris fous Honorius dans la pre
mière Lyonnoiſe, fit dans la ſuite partie du duché de Bourgogne.
>

La ville d'Autun eut des comtes particuliers dès le temps de


Pepin -le- Bref; le premier connu eſt Théodoric I. Vers l'an 751,
le comté d'Autun fut réuni au duché de Bourgogne par le
mariage du duc Othon , frère de Hugues-Capet , avec Leut
garde, fille & héritière de Giſelbert comte d'Autun , de Chalon
& d'Auxois , & duc d'une partie du duché de Bourgogne.
Expilly.
Les comtes d'Autun avoient uſurpé ſur l'égliſe de cette ville ,
le droit de battre monnoie. Le roi Charles - le - Simple , par
une charte du 30 juin de lan 900 , imprimée dans l'Hiſtoire
généalogique de la maiſon de Coligny de du Bouchet , page 1 2 24 , >

remit l'égliſe d'Autun en poſſeſſion de ce droit. Richard -le-Juf


ticier , duc de Bourgogne , étoit alors comte d'Autun , & Walon
de Vergi en étoit évêque.
COMTES D'AUXERRE.
L’AUXERROIS n'a jamais fait partie du premier royaume
de Bourgogne, mais il a été compris dans le ſecond , & il ne
revint à la couronne de France , qu'après la deſtruction de
celui-ci. Le premier comte d'Auxerre , dont on puiſſe dater
er

avec certitude , eſt Conrad I. “ , beau -frère de Louis -le- Débonnaire ,


& frère de l'impératrice Judith , ſeconde femme de ce monarque.
On croit qu'il mourut en 866. Jean IV de Chalon vendit le
278 COMTES D'AUXERRE .
comté d'Auxerre au Roi en 1370 , pour la ſomme de trente
& une mille livres d'or. L'Art de vérifier les dates.
Le comte d'Auxerre fut auſſi du nombre des barons jouif
ſant du droit de battre monnoie , que Philippe-le-Bel voulut
conſulter lorſqu'il s'occupa ſérieuſement de la réforme des abus
qui ſe commettoient dans la fabrication de la monnoie. C'étoit
alors Jean II , fils de Guillaume de Chalon.
Les trois pièces' que j'ai décrites à l'article des évêques
d'Auxerre , tome 1, pages 35 & 36 , n'offrent rien qui puiſſe
les faire diſtinguer; de ſorte qu'elles pourroient également avoir
été frappées par les comtes d'Auxerre.
Dans la lettre du pape Innocent III , publiée par Baluze, tom . II,
liv. XIV , col. 561 , il eſt parlé de la monnoie d'Auxerre , mais
trop vaguement pour pouvoir reconnoître à qui des évêques ou
des comtes cette monnoie peut appartenir. En 1210 , date de
cette lettre , Autun avoit pour comte Pierre de Courtenai, &
pour évêque Guillaume de Seignelay.
COMTES DE BARCELONNE .
BARCELONNE , Barcelona , ville conſidérable d'Eſpagne,
capitale de la Catalogne , ſituée ſur la Méditerranée , à dix-huit
lieues eſt de Tarragone , & à cent lieues eſt de Madrid.
La Marche d'Eſpagne & la Septimanie faiſoient, ſous Charle
magne , partie du royaume d'Aquitaine. L'empereur Louis-lea
Débonnaire les en ſépara en 817 , & fit de ces deux provinces
un duché particulier , dit de Septimanie , dont Barcelonne fut la
capitale. Suivant l'Art de vérifier les dates , Charles - le - Chauve
diviſa ce duché, en 864, en deux marquiſats, celui de Septimanie
qui eut Narbonne pour capitale , & celui de la Marche d'Eſpagne
ou de Barcelonne dont le gouvernement fut d'abord donné à
Wifred -le-Velu , fils d'un ſeigneur nommé Sunifred. Mais įl paroit
>

1
COMTES DE BARCELONNE. 279
par une généalogie qui ſe trouve dans le nouveau Voyage pit
foreſque de la France, page 22 de la deſcription du Rouſillon,
que ce Wiffred ou Guiffre- le -Velu étoit fils d'un autre Guiffre,
ſeigneur d'Arria en Rouſſillon , mort en 858 , & que Louis
>

le - Débonnaire avoit déjà établi comte particulier de Barcelonne


à la mort de Bernard , duc de Septimanie. Les comtes de Bar
e

celonne devinrent rois d'Arragon dans le XIT .' ſiècle, & la


3 ſouveraineté de la Catalogne fut cédée par Saint-Louis à dom
Jaymes , avec celle du Rouſſillon en 1258 .
7
Le droit de battre monnoie des comtes de Barcelonne eſt
très-ancien ; ils poſſédoient dès le commencement du x.' ſiècle
la monnoie d'Auſonne , c'eſt-à-dire, le droit d'en frapper dans
cette ville. Voyez plus haut les articles des évêques de Vic &
de Gironne, & ci-après celui des comies de Tarragonne.
On ne trouve nulle part plus de détails ſur les monnoies de
Barcelonne , que dans l'ouvrage de M. Boſch , qui a pour titre :
>

Règles pour connoître la valeur des vieilles eſpèces qui ont eu


cours dans la province de Rouſillon & c.
Les mancuſes d'or , en Catalan , mancus , mancujos, doivent
être placées à la tête des monnoies de Barcelonne ; elles paroiſſent
avoir eu un grand cours dans le xi .' ſiècle : il en eſt parlé
dans un engagement du fief d'Ozor fait en 1067 à Raymond
Bérenger I. " , comte de Barcelonne , par Bérenger , vicomte de
Narbonne ; dans une vente faite auſſi la même année à Raymond
Bérenger , par Guillaume comte de Cerdagne , de ſes prétentions
3
ſur Carcaſſonne ; dansune donation faite en 1075 àà l'égliſe du Puy,
par Artaud comte de Paillard, & dans d'autres titres du même
{
temps qu'on peut volt parmi les preuves de l'hiſtoire de Lan
guedoc , tome II, colonnes 256, 262 , 264 , 267 , 279 & 290 .
$
Les mancuſes étoient en 1067, à la taille de ſept à l'once ; ce
font les mêmes que les maneuſes dont il eſt parlé dans les tables
de M. de Saint-Vincent , page 22 , & que M. Papon qui, dans
280 COMTES DE BARCELONNE .
ſon Hiſtoire de Provence , a copié cette faute d'impreſſion ,
évalue à treize livres de notre monnoie. M. Boſch parle du
mancus d'or dont il ignore l'origine , mais qu'il trouve évalué
dans la conſtitution ſeconde des cours tenues à Perpignan, en
1551 , par le roi Pierre III d'Aragon , à ſeize deniers Bar
celonnois de tern , ce qui reviendroit , dit-il,, à fix ſous quatre
deniers de notre monnoie , à raiſon de quatre ſous neuf deniers
le fou de tern . Il devoit ajouter dö à treize ſous environ , à
raiſon de dix ſous trois deniers le même fou de tern . ( Voyez
plus bas l'article de la monnoie de tern ). Ce mancus d'une
fabrication sûrement bien antérieure à 1351 , doit être le même
que celui du xi .' ſiècle ; fi M. Boſch ne s'eſt pas trompé , cette
monnoie auroit donc ſubi une étonnante réduction ; il remarque
à la vérité que ce mancus eſt déſigné comme étant de l'or de
Valence , c'eſt- à -dire, de l'or au plus bas titre; mais comment
imaginer une monnoie d'or à un titre ou d'un module proportionné
à une valeur fi modique! Je préſume que cet auteur a dû lire
ſeize ſous, au lieu de ſeize deniers , ou que c'eſt une inadvertance
>

de la part de celui qui a écrit ces conftitutions. Le ſou Barce


lonnois de tern valant dix ſous trois deniers de notre monnoie ,
le mancus de 1351 vaudroit huit livres quatre fous (a ), c'eſt
à -dire , un tiers de moins que celui de 1067 , réduction qui,
quoique conſidérable, ſeroit du moins plus vraiſemblable.
La monnoie de tern eſt fort ancienne auſſi. Il en eſt parlé
dans les Uſages de Barcelonne , code de loix qui fut dreſſé en
1068 par Raimond-Bérenger , comte de Barcelonne. Du Cange.
On apprend de M. Boſch, que lors de la nouvelle fabrication
en 1258
I , cette monnoie devoit être à la taille de ſoixante
douze ſous au marc ; il devoit y avoir dans chaque marc une

( a ) A raiſon de quatre fous neuf deniers le fou de tern , il ne vaudroit que


trais livręs ſeize fous,
anco
COMTES DE BARCELONNE . 281
once d'alliage; la monnoie de tern devoit donc être au titre
de huit deniers quinze grains & demi. M. Boſch évalue le
marc de cette monnoie à trente-ſept livres trois ſous cinq deniers
1 de notre inonnoie , & le ſou à dix ſous trois deniers cinq
ſixièmes , à raiſon de cinquante & une livres trois ſous que vaut
aujourd'hui (en 1771 ) le marc d'argent fin ; & à dix -ſept livres
3 cinq ſous dix deniers, & le fou à quatre ſous neuf deniers
quarante-ſix ſoixante douzièmes , ſur le pied de vingt-quatre livres
2 de notre monnoie que le marc d'argent valoit alors.
M. de Saint-Vincent , dans ſes tables des monnoies de Pro
vence , page 22 , parle vaguement des ſous d'argent de Barce
2
lonne , qui étoient en 1325 à la taille de ſoixante-cinq au inarc ,
I:
& que M. Papon évalue à dix- huit ſous de notre monnoie,
Ces ſous ne ſont autres que ceux de la monnoie de tern , qui ,
comme l'obſerve M. Boſch , a ſubi de fréquentes viciſſitudes.
>

Dans une charte de l'an 1299 , imprimée dans le Spicilège


de dom Dacheri , tome VIII, page 259 , & dans un contrat de
C vente qui , au rapport de le Blanc , page 41 , ſe trouvoit chez
M. Vion , on voit que ſoixante -cinq ſous de la monnoie de
tern , valoient auſſi, à ces mêmes époques , un marc d'argent
fin . La monnoie de tern avoit cours encore en 1365. Voyez
les Titres d'honneur d'André Boſch , page 490, 전

· Le cours de la monnoie de quern ou de quaterne , com,


IV
mença , dit M. Boſch , en 1196 , & ceſſa en 1211. Quarante:
quatre ſous de cette monnoie valoient , en 1221 , un marc
d'argent. On en ignore le titre ; mais M. Boſch ayant décou
10 vert par des édits poſtérieurs, que la valeur du marc d'argent
de ce temps étoit de vingt-quatre livres de notre monnoie
re
actuelle , & ſon titre de fin à onze deniers une obole , évalue
d'abord le ſou Barcelonnois de quern , ſur le pied de vingt
ço?
quatre livres le març , à dix ſous dix deniers dix onzièmes de
Tome 11, Nn
282 COMTES DE BARCELONNE .
notre monnoie ; & à une livre deux fous trois deniers trois
onzièmes ; ſur le pied de quarante-ſix livres dix-ſept ſous neuf
deniers, valeur actuelle du marc d'argent à onze deniers de fin .
En 1200 , on frappa à Barcelonne une monnoie appelée
brune , dont le cours ceſſa en 1209. Elle fut remplacée par
la monnoie bofonaya , qui n'eut cours que pendant trois ans.
Chronique de Barcelonne, écrite l'an 1368 .
Je ne ſais s'il faut confondre, comme le fait M. Boſch , avec
la monnoie de quern, celle de quaterne , qui , ſelon la même
chronique, fut fabriquée au mois d'avril 1212 , & qui ſemble
avoir remplacé la monnoie boſanaya. Peut-être que ces deux
monnaies étoient d'une valeur égale , & que la première n'aura
fait dans la nouvelle fabrication de 1212 , que changer de
dénomination , ou enfin que c'eſt par une eſpèce d'éliſion ou
par abréviation , que l'on écrivoit quern pour quaterne.
La monnoie doblenca ou de duplo , fabriquée en 1221 ,devoit
être à la taille de quatre- vingt-huit ſous au marc ; elle valoit
par conſéquent moitié moins que la monnoie de quaterne , &
dans cette proportion , elle ne devoit valoir que cinq Tous cinq
deniers cinq onzièmes , ſur le pied de vingt-quatre livres de
notre monnoie actuelle que le marc d'argent fin pouvoit valoir
alors ; & onze ſous un denier ſept onzièmes , ſur le pied de
cinquante & une livres trois ſous qu'il vaut aujourd'hui. Mais le roi
Jacques d'Arragon , en ordonnant la fabrication de cette pouvelle
monnoie , voulut apparemment qu'elle eût une valeur au -deſſus 1

de la proportionnelle, puiſqu'il ordonna qu’un homme qui


devroit douze ſous, monnoie quaterne , pourroit s'acquitter en
payant dix-huit ſous, monnoie doblenca. Selon ce règlement ,
le ſou de cette monnoie vaudroit huit ſous deux deniers deux
onzièmes de notre monnoie , ſur le pied de vingt-quatre livres le
marc d'argent, & ſeize ſous huit deniers cinq onzièmes, ſur le
pied de cinquante & une livres trois ſous.

1
COMTES DE BARCELONNE . 283
Les deniers. Barcelonnois ut fic ( c'eſt -à-dire fimples 8 fans
autre dénomination ), fabriqués au mois de juillet 1285, en
vertu d'un édit du roi Pierre d'Arragon , devoient être à la
taille de foixante-douze au marc , & ta matière devoit être au
titre de onze deniers & une obole. Ainſi , le denier Barcelon
nois vaudroit treize ſous fept deniers de notre monnoie , ſur le
pied actuel du marc d'argent, & fix fous huit deniers, ſur le
pied de vingt -quatre livres.
Le denier Barcelonnois eft évalué , dans un édit de 1286 , à
douze deniers de tern , & dans un autre édit de 1339 , à douze
deniers menuts ;; d'où M. Boſch conclut que ces deux deniers font
de la même efpèce.
Il fut ordonné par un édit du 30 août 1362 , que le nom
du denier Barcelonnois feroit changé en celui de croat. Dans le
xv.° ſiècle , on lui donna le nom de fou croat & de réal. Le croat
en 1453, & le réal en 1455, devoient avoir cours pour dix -huit
deniers de tern , au lieu de douze ; mais , comme l'obſerve M.
Boſch , le titre primordial du denier reſte toujours le même, &
cette évaluation ne change rien à la valeur intrinsèque.
Le réal xamberc fabriqué à Barcelonne , après la réunion du
Rouſſillon à la France , étoit à la taille de quatre-vingts au inarc ,
& il avoit cours pour ſix ſous de notre monnoie : ſon cours n'a
été que momentané.
M. Boſch parle de la maimondine d'or, monnoie ancienne
qui avoit cours dans la Catalogne, mais dont il ignore l'origine.
Dans une ordonnance de 1305 , la maimondine funple eft évaluće
à cinq lous Barcelonnois ut fic , & la maimondine double à dix
ſous Barcelonnois. La première vaudroit, de notre momoie
actuelle, ajoute le même auteur , ſeize fous huit deniers ; & la
ſeconde une livre treize fous quatre deniers. On ne peut manquer
de ſe récrier ſur l'extrême modicité d'une pareille monnoie d'or,
& de ſoupçonner , de la part de M. Boſch , une inexactitude
Nn ij

4
284
2 COMTES DE BARCELONNE.
conſidérable : voici', je crois , en quoi elle conſiſte. Cet auteur
ſuppoſe que ces cinq ſous Barcelonnois auxquels eſt évaluée la
maimondine d'or , ſont parties aliquotes de la livre & du ſou de
la monnoie Barcelonnoiſe; mais n'eſt - il pas plus ſimple & plus
conforme à l'uſage ordinaire d'évaluer l'une par l'autre des eſpèces
différentes, de penſer que ce ſont des ſous réels ! or , le fou
Barcelonnois ſimple revenant , comme on l'a vu plus haut, à ſix
ſous huit dertiers de notre monnoie, à raiſon de vingt-quatre livres
le inarc d'argent, & à treize ſous ſept deniers , à raiſon de cin
quante & une livres trois ſous le même marc , la maimondine
ſimple vaudra , de notre monnoie , une livre treize ſous quatre
deniers , & la double trois livres ſix ſous huit deniers , ſi l'on a
)
égard à l'ancien prix du marc d'argent ; mais ſi l'on s'arrête au
prix actuel, la maimondine ſimple vaudra trois livres ſept ſous
onze deniers , & la double ſix livres quinze ſous dix deniers.
M. Boſch n'a point donné les types de ces différentes eſpèces
de monnoie ; on ne les trouve dans aucun autre ouvrage que je
connoiſſe , & l'extrême rareté des pièces mêmes ne in'a pas
permis d'en faire le rapprochement , comme je le déſirois.
COMTES DE BEAUMONT
L E - RO G E R.

BEAUMONT - LE - ROGER , Bellomontium Rogerii, ville de


France en Normandie , entre Évreux & Lizieux , ſur la rivière
de Rille , avec titre de comté. Roger, l'un de ſes comtes , la
>

fit bâtir dans le xi1 .° ſiècle, ou du moins l'augmenta. En 1255 , >

Raoul de Meulan tranſporta ce comté au roi Saint-Louis , qui


en acquit tous les droits. Depuis il a paſſé dans la maiſon des
comtes d'Évreux, rois de Navarre ; & l'an 1404 , Charles III ,
dit le Noble , fit un traité avec le roi Charles V, auquel il céda
COMTES DE BEAUMONT . 285
diverſes terres , & entr'autres Beaumont. Dictionnaire de l'abbé
‫ܕ‬
Expilly.
ude
Robert d'Artois, comte de Beaumont-le-Roger , né en 1287,

宣了会、

petit-fils de Robert II , comte d'Artois , auquel il ne ſuccéda pas ,


Dece
jouiſſoit du droit de battre monnoie , & il le vendit au roi Charles
f01
le- Bel pour la ſomme de ſix mille livres. Voyez Patin , Hiſtoire
a fire
des Méd . page 41 ; Savot, Diſcours ſur les Méd . page 20 , &
Jura
Choppin , Domaine de France, page 236.
cin
ndir COMTES DE BÉSALU .
Care
1
On : BÉSALU , Biſuldunum , petite ville d'Eſpagne en Catalogne ,
te au ſituée dans le Lampourdan ſur la rivière de Fluvian , au pied des
[cius Monts - Pyrénées , à cinq lieues de Gironne.
Oliba , ſurnommé Cabreta , troiſième fils de Miron , comte de
PELE
Barcelonne , ' eut en partage les comtés de Beſalu , de Cerdaigne & c.
Lee & il mourut lan 990. Bernard - Guillaume ſon arrière petit-fils,
& fils de Guillaume II , dit Trunnus , mort ſans poſtérité vers
pa

l'an III , lailla le comté de Béſalu à Raimond -Bérenger III ,


2

comte de Barcelonne , dont il avoit épouſé la fille.


Le comte Bernard Il donna en 1072 , pour l'ame de Guil
laume-le -Gras ſon père , & de ſon frère Guillaume II , à l'égliſe
de Sainte-Marie de Béſalu , la dixme de la monnoie tant d'or que
d'argent qu'on fabriquoit à Béſalu. Hiſtoire de Languedoc ,
ed tome II , page 229. On peut conclure de cette donation , que
iere la monnoie de Béſalu appartenoit au comte même de cette ville.

‫ز‬ COMTES DE BOURGES.


qui
de BOURGES, Avaricum , Bituriges, capitale du Berri. La pre
III. mière Aquitaine ayant été ſoumiſe par Clovis , le Berri qui en
to faiſoit partie , fut gouverné par des comtes qui dépendoient des
286 COMTES DE BOURGES.
ducs d'Aquitaine, & qui devinrent héréditaires. Le premier qu'on
découyre , eſt Chunibert , ſous le duc Waifre. A la mort de
Guillaume- le - Jeune , vers. 927, le comté ou gouvernement gé
néral de Berri fut ſupprimé par le roi Raoul Ce prince donna
en même temps la propriété de Bourges au vicomte de cette
ville , qui devoit relever immédiatement de la couronne. Le pre
mier de ces vicomtes héréditaires , fut Géoffroi , dit Papabos ;
or

mais en 1101 , Eudes- Arpin vendit ſa vicomté au roi Philippe I. "


pour la ſomme de ſoixante mille ſous d'or.
« On trouve en Berri , dit Catherinot, dans ſes Philippes
» de Berri, page 2 , des monnoies Berruières , c'eſt -à -dire de nos
5 ) anciens comtes & autres feigneurs de Berri , qui , en 900 &
» 1000 , ſe qualifioient princes : telles ſont celles du coin de
Bourges & c. »

COM TES DE BRIENNE.


L'ANCIEN comté de. Brienne n'eſt plus qu'une paroiſſe dans le
Laonnois , ſituée ſur la rive gauche de la rivière d'Aiſne , à fix
>

lieues eſt-ſud -eſt de Laon . D'autres croient reconnoître ce comté


dans Brienne-le-Châtel, paroiſſe plus étendue en Champagne,
ſituée à une demi-lieue de la rive droite de l'Aube , à ſix lieues
eſt-nord -eſt de Troyes. Dictionnaire de l'abbé Expilly.
Le comté de Brienne étoit poſſédé en 990 par Engilbert I."" ,
Lixième aïeul de. Gauthier. III , comte de Brienne, roi de Sicile
& duc de la Pouille. Vers 1356 , Iſabeau fæur & héritière de
Gauthier VI , porta ce comté à Wauthier IV, fire d'Enghien. Il
>

paſſa enſuite, auſſi par alliance, dans la maifon de Luxembourg ,


& enfin aux Lomnénies. L'ancienne race des comtes de Brienne
fubfiſte encore dans la maiſon de Conflans qui a pour auteur
Engilbert de Brienne , feigneur de Conflans , troiſième fils de
Gauthier I , comic de Brienne, mort en 1080. Ibidem .
COMTES DE BRIENNE . 287
C'eſt certainement aux comtes de Brienne qu'il faut rapporter
la monnoie Briennoiſe dont il eft parlé dans une évaluation de
différentes monnoies de feigneurs particuliers, faite vers l'an 1313 ,
& extraite par Du Cange d'un regiſtre de la chambre des Comptes
de Paris , coté croix , fol. 122 , r .' Il y eſt dit que neuf livres
neuf deniers de raimondins & de briemois valent frx livres quinze
ſous fix deniers de la monnoie du roi.

COMTES DE COMMINGES .
LE Commingeois , borné au nord - eſt par le Languedoc , au
5
ſud par l'Arragon & la Catalogne, à l'eft par le pays de Foix
& de Conferans , à l'oueſt par le Nébouzan , le pays des quatre
Vallées & l'Aſtarac , habité du temps de Jules - Céſar par les
Convenæ , fut compris dans la Novempopulanie & enſuite dans le
e

duché de Gaſcogne. Il eut des comtes dès le x.° ſiècle, & Aſna
rius l'étoit en 900. Après la mort de Mathieu de Foix, vers 1453
le comté de Comminges fut réuni à la couronne , donné enſuite
1
à Jean , bâtard d'Armagnac; en 1472 à Odet d'Aidies, ſeigneur
de Leſcun , &c. enfin , réuni pour la dernière fois au domaine
s en 1940 , à la mort de Henri vicomte de Lautrec.
.
Mathieu de Foix , comte de Comminges, fit battre monnoie
3
en 1421 & 1422 aux châteaux de Saliez & de Saint-Julien , ſans
la permiſſion de Charles VI : ſes monnoies furent ſupprimées
en 1425 par le roi Charles VII. Hiſt. de Languedoc , tome IV ,
2 page 401 .
COMTES DE MANTE.
MANTE , Medunta , Petromontalum , ville aſſez conſidérable
de l'Iſle -de- France, capitale du Mantois , à onze lieues nord - oueſt
de Paris. Mante a eu ſes ſeigneurs particuliers avant le milieu du
e
x. ſiècle. Les comtes de Vexin l'ayant poſſédé juſqu'au règne
288 COMTES DE MANTE .
de Philippe I."', & le comte Gautier étant mort ſans enfans,
Mante fut réuni à la couronne , & donné le ſiècle ſuivant par
Louis - le -Gros, à Philippe ſon frère , fils de Philippe I.", & de
Bertrande de Montfort ; mais ce comte s'étant révolté contre le
roi ſon frère , tous ſes biens furent confiſqués & réunis au domaine
en 1118. Diction . de la Martinière.
Il eſt fait mention de la monnoie de Mante dans la Chronique
d'Orderic Vital , pages 595 & 596.
Du Cange attribue cette monnoie aux comtes même de Mante ,
ſous le règne de Guillaume II , duc de Normandie.
COMTES DE MELGUEIL .
Aux anciens comtes de Maguelonne qui ſubſiſtoient dès
le viii .' ſiècle , ſuccédèrent au commencement du x.° les comtes
de Subſtantion , ville aſſez conſidérable qui remplaça elle -même
Maguelonne ruinée par Charles-le-Martel. Les comtes de Sub
tantion prirent bientôt le titre de comtes de Melgueil , du nom
d'un château , Melgorium , ſitué à deux lieues de Montpellier, ſur
un étang qui communique à ceux de Maguelonne & de Fron
rignac , & qui s'appelle aujourd'hui l'étang de Mauguio. Bernard,
le plus ancien comte de Melgueil connu , vivoit ſur les dernières
années du règne de Charles-le-fimple.
Le comté de Melgueil changea ſouvent de mains dans le xiii .
ſiècle. Les papes prétendoient en être ſeigneurs ſuzerains en vertu
d'un acte par lequel Pierre , comte de Melgueil, s'étoit ſoumis
au Saint - Siège en 1085 , ſous le pontificat de Grégoire VII.
>

C'eſt à ce titre qu'Honorius II, en 1127, fit défenſe au comte de


Subſtantion , Bernard IV, d'altérer la monnoie. En 1197, le pape
Innocent III inféoda le comté de Melgueil à l'évêque de Mague
lonne , qui vendit enſuite une partie de ſon droit de battre monnoie
i

au ſeigneur & aux conſuls de Montpellier . Voyez ci- deſſus


page 166,
II
COMTES DE MELGUEIL. 289
Il eſt parlé de la monnoie de Melgueil dans des actes de 949
& de 963. Cette monnoie étoit la plus généraleinent répandue dans
die
les provinces méridionales pendant les x11 .° & x111 .° ſiècles.
maine
Sa valeur a beaucoup varié : on trouve , en 1097, trente -quatre
ſous Melgoriens évalués à une livre d'argent fin ( la livre étoit
alors compoſée de douze marcs ) ; & en 1131 , ſoixante-cinq ſous
Melgoriens , auſſi à une livre d'argent fin . Dans le xi1 .' & le xiii .'
ſiècle on tailloit quarante-ſept , quarante-huit , & plus communé
ment cinquante ſous Melgoriens au marc. Ces ſous étoient , en
1395 , de la même valeur que les ſous tournois dont fix livres
cinq ſous valoient un marc d'argent. Louis -Huttin ordonna en
1315 , que les deniers ſeroient à la taille de dix -neuf ſous ſix
id
deniers , & les mailles à celle de ſeize ſous neuf deniers.
omis
Le titre de la monnoie Melgorienne a ſubi auſſi de fréquentes
a

variations. Les deniers étoient, en 1125 , à cinq deniers moins une


Sub?
pougeoiſe d'argent fin ; en 1132 , à quatre deniers ; en 1270 &
102
1272 , à quatre deniers moins une pougeoiſe. Par l'ordonnance
1, ‫ܬܐ‬ de 1315 , ils devoient être au titre de trois deniers ſeizė grains ,
Fron & les mailles à trois deniers .
Suivant la réduction de ces monnoies à leur valeur actuelle,
ETES
ajoutée par M. Papon aux tables de M. de Saint -Vincent , le fou
Melgorien du XII ° ſiècle , à la taille de cinquante au marc , vaudroit
TAIL
aujourd'hui une livre deuxdeniers ; mais celui de i395 ne revien
Tartu droit , ainſi que le ſou tournois , qu'à deux ſous un denier.
ISTES
12 COMTES DE MONTBELLIARD.
‫ل‬
MONTBELLIARD , Mons Peligardi, Mons Beliardus ou
2012
Bellicardus , ville ancienne , capitale de la principauté de même
nom , ſituée entre l'Allace & la Franche - Comté ſur l'Alan & la
ook
THA
Rigole , à onze lieues nord -eſt de Beſançon.
Le pays de Montbelliard fut attribué, en 843 , au royaune de
Tone II, Oo
290 COMTES DE MONTBELLIARD .
Lorraine ; il entra enſuite dans la formation de celui de Bour
gogne érigé en 888 par Rodolphe 1." . Ce prince y établit des
comtes ou gouverneurs qui devinrent puiſſans. Le plus ancien
que l'on connoiſſe eſt Louis , comte de Mouſon , deſcendant des
ducs d'Alſace. Le comté de Montbelliard palſa , dans le xil .'
ſiècle , aux ſeigneurs de Montfaucon , enſuite aux comtes de
Bourgogne de la maiſon de Chalon , d'où il revint dans la maiſon
de Montfaucon . Enfin il parvint par alliance , au commencement
du.xv.° ſiècle , à l'illuſtre maiſon de Wirtemberg. Quoique le
comté de Montbelliard ſoit un fief immédiat de l'Empire , il ne
fait cependant partie d'aucun cercle , parce qu'il dépendoit autre
fois du royaume de Bourgogne.
Les ducs de Wirtemberg , au titre du comté de Montbelliard ,
ont obtenu la dignité & tous les droits de prince. Parmi ces
droits , eſt compris celui de battre monnoie dont ils font conſtam
ment uſage. Les eſpèces qu'ils ont coutume de faire frapper ſont
des ducats d'or , au titre de vingt - trois carats ſix grains ; des
écus d'argent de convention ( a ), à la taille de ſoixante - ſept au
marc de Cologne ; des pièces de ſix batzen ou vingt-quatre creutzers
qui font le ſixième des écus de convention ; de trois batzen ou
douze creutzerts ; de ſix & de trois creutzers ; d'un creutzer &
d'un demi creutzer. Voyez l’Art de vérifier les dates , & l’Alma
nach des monnoies pour l'année 1786.
COMTES DE MONTFORT.
Voyez ci - après SEIGNEURS DE BEAUCAIRE.

( a ) Ces écus ſont ainſi appelés , parce qu'en vertu d'une convention faite
en 1753 entre les maiſons d'Autriche & de Bavière , le marc de Cologne ,
d'argent fin , fut porté à dix écus ou vingt florins , & que c'eſt ſur ce pied que
font fabriquées les eſpèces d'argent dans preſque tout l'Empire.

!
DUR 291
dies COMTES DE PARIS.

de D'ABORD chargés ſeulement du ſoin de la police & de la


BIL.
juſtice, les préfets de Paris ſe rendirent indépendans & ſouverains.
Erchenbald fut le premier d'entr'eux qui quitta le titre de préfet
101
en 665 , pour prendre celui de comte de Paris qu'il tranſinit
à ſes ſucceſſeurs. Les ducs de France furent auſſi comtes de
TICH
Paris , & le duc Hugues-Capet réunit ce comté à la couronne.
lo On a des deniers d'argent avec cette légende HUGO ( en
monogramme ) GRATIA DEI DUX RC. PARISII CIVITAS , qui
doivent avoir été frappés par le duc Hugues-le-Grand, ou bien
21
par Hugues-Capet ;‫ ر‬lorſque ce prince fut devenu roi , la mon
noie Pariſis, ainſi appelée , parce qu'elle appartenoit aux comtes
4
de Paris , devint la monnoie royale. Elle reprit ſon ancienne
dénomination ſous le règne de Philippe 1.", comme on le prouve
par un titre de l'an 1060 ; ce fut vraiſemblablement pour la
ܳ‫ܐ‬
diſtinguer de la monnoie tournoiſe. Voyez ci-deſſus l'article des
Ducs de France. J'ai préféré, à l'exemple de le Blanc , placer
>

le peu de monnoies qui nous reſtent des monnoies des ducs de


France , comtes de Paris, parmi celles de nos Rois.
end
COMTES DE PÉRIGORD .
LE Périgord , Ager Petrocorienſis , province avec titre de
comté , bornée au nord par l'Angoumois ; à l'eſt par le Bazadois,
le Querci & le Limouſin ; au ſud & à l'oueſt par l’Agénois ,
habitée du temps de Céſar par les Petricorii, ou Petrocorii,
paſſa de la domination des Romains ſous celle des Wiſigoths,
qui en furent chaſſés par les François.
0

೬ ಆತ
Compris dans la ſeconde Aquitaine , le Périgord fut enlevé
par Pepin -le-Bref ſur le duc Waifre ; & Charlemagne établit
en 778 pour gouverneur de ce pays , ſous le titre de comte , un
O o ij
292 COMTES DE PÉRIGORD.
ſeigneur nommé Widbalde. Le comté de Périgord parvint par
alliance , dans le x . ſiècle , aux comtes de la Haute - Marche,
qui le poſſédèrent juſqu'en 1399 qu'il fut confiſqué ſur Archam
baud VI par le roi Charles VI ; il fut donné enſuite à la inaiſon
d'Orléans , d'où il paſſa aux vicomtes de Limoges, de la maiſon
>

de Blois , & à celle d'Albret : Henri VI le réunit à la couronne.


Les comtes de Périgord s'attribuèrent le droit de battre
monnoie. La Roque, Traité de la nobleſſe, page 60 , cite en
preuve l'Ordonnance de Philippe-le- Bel, faite à Paris, le mercredi
avant Páque-fleuri 1294 , ( 8 mars 1295 ) , contenue dans le
regiſtre intitulé Ordinatio ſuper facto monetæ , qui lui avoit été
communiqué par M. d'Hérouval.
Ce droit eſt fort ancien. Aldebert II , dit Cadoirac ou Cadenat,
c'eſt-à-dire , Camus , comte de Périgord en 1031 , eut de grands
démêlés avec Girard de Gordon , évêque de Périgueux , au ſujet
de la monnoie que ſon père Hélie II avoit fait fabriquer. Le
prélat ayant défendu de donner cours à ces eſpèces, Aldebert
prit les armes pour empêcher l'effet de cette défenſe. La guerre
continua entre le comte & l'évêque, juſqu'à la mort de ce
dernier , arrivée en 1059 .
On lit dans la table alphabétique des matières des regiſtres
du parlement , que les vicomtes ( comtes ) de Périgord ne
battoient que monnoie blanche en 1226 ( c'étoit alors Ar
chambaud II ) , & que le Roi ordonna qu'elle n'auroit cours
que dans leurs propres terres.
La monnoie de Périgord étoit appelée hélienne : voici la
er
fuite des comtes dont elle tire ſon nom . Hélie I. ' mort vers
975 ; Hélie II en 1006 & 1031. Hélie III fils & aſſocié
d'Aldebert II depuis 1080 , ne vivoit plus en 1104. Hélie IV,
dit Rudel, depuis 11 17 juſqu'en 1146 ; Hélie V , dit Taleyrand ,
depuis 1166 juſqu'en 1205 ; Hélie VI depuis 1245 juſqu'en
1

COMTES DE PÉRIGORD. 293


+251 ; & Hélie VII , depuis 1295 juſque vers 1311. L'Art
de vérifier les dates.
Dans l'évaluation de monnoies dont je me ſuis ſervi ci-deſſus,
page 287, & qui paroît avoir été faite vers l'an 13 13 , ſous le comte
Archambaud IV , il eſt parlé de la monnoie de ce ſeigneur dans
les termes ſuivans : « La monnoie du comte de Pierregort queure
» quinze deniers pour douze deniers tournois , dont les ſeize
ne valent que douze tournois. » Par cette double évaluation ,
il faut entendre apparemment que la valeur intrinsèque des ſeize
deniers de Périgord étoit exactement de douze deniers tournois ;
mais que dans les terres du comte , on ne recevoit que quinze
deniers de la monnoie pour douze tournois. Voyez la Roque ,
Traité de la nobleſſe , page 60; & le Gloſſaire de Du Cange.
COMTES DE ROUSSILLON..
LE Rouſſillon , Regio Sardonum , comitatus Ruſcinonenſis ,
ou Roſcilionenſis , province de France , bornée à l'eſt par la
Méditerranée , à l'oueſt par la Cerdagne , au nord par le bas
Languedoc , & au ſud par la Catalogne & par les Pyrénées.
Perpignan eſt la capitale. Les peuples de Rouſſillon étoient
compris parmi les Volces Tectoſages, lorſqu'ils furent ſubjugués
par les Romains , qui les enclavèrent dans la Gaule Narbonnoiſe.
Cette province tomba, en 462 , ſous la domination des Wiſigoths;
en 720 , ſous celle des Sarazins ; enfin Pepin -le-Bref la conquit
vers l'an 760 , & la renferma dans le gouvernenient d'Aquitaine.
Gaucelin ou Gaucelm , en 812 , eſt le premier comte bénéfi
ciaire dont on ait connoiſſance. Suniaire II , vers 900 , en eſt le
premier comte héréditaire. Gérard ou Guinard II légua en 1172 ,
le comté de Rouſſillon à Alphonſe, roi d'Arragon ; & Saint
Louis céda , par le traité de Corbeil en 1258 , la ſouveraineté
>

du Rouſſillon à dom Jaymes. Louis XIII en fit la conquête, en


294 COMTES DE ROUSSILLON .
1642 , & le traité des Pyrénées a confirmé la France dans la
poſſeſſion de cette province. L'Art de vérifier les dates.
Voici les renſeignemens que fournit l'ouvrage de M. Boſch
ſur les monnoies frappées en Rouſlillon par les rois d'Arragon .
Par lettres patentes du 4 novembre 1493 , le roi dom Fer
dinand ordonna qu'on fabriqueroit à Perpignan une monnoie
d'or appelée principat , & une monnoie d'argent appelée réal ou
croat. Ce croat devoit être à la taille de ſoixante -douze au
marc , & au titre de onze deniers & une obole , comme le croat
de Barcelonne ; il vaudroit par conſéquent ſix ſous huit deniers
de notre monnoie. Le principat devoit avoir cours pour douze
réaux ou croats , & vaudroit ainſi quatre livres de notre monnoie.
Le même prince ordonna auſſi la fabrication des réaux &
demi-réaux au titre de onze deniers une obole , comme les réaux
1 de Barcelonne, mais à la taille de ſoixante -quatorze au marc ,
au lieu de ſoixante-douze; malgré cette différence de poids ,
les réaux de Perpignan étoient reçus pour la même valeur que
ceux de Barcelonne.
Le roi d'Arragon ordonna en outre la fabrication de quelques
petites monnoies ; ſavoir, de deniers de cuivre qui valoient deux
deniers de notre monnoie , & dont quarante valoient un réal ; S

de fixens d'alliage qui valoient un ſou de notre monnoie , &


dont quarante valoient fix réaux ; & de ſous-d'alliage qui valoient
deux fous de notre monnoie , & dont vingt équivaloient à fix
réaux. Il y eut auſſi des réaux de cuivre ou ſixens, qui faiſoient
la ſixième partie de la livre , & valoient fix deniers de notre
monnoie , & des quartillos qui faiſoient le quart du réal , &
valoient un denier & demi de notre monnoie. Cette petite
monnoie de billon , cauſa beaucoup de déſordre dans le com
merce , parce qu'on la recevoit pour la même valeur que la
monnoie d'argent ; elle fut décriée par un édit du 15 ſeptembre
16541
COMTES DE ROUSSILLON , 295
La fabrication des florins d'or d'Arragon fut ordonnée à Pere
pignan au mois d'avril 1365. Cette monnoie a eu cours juſqu'au
milieu du xv . ſiécle ; elle devoit être au titre de dix-huit carats ,
& à la taille de ſoixante-huit au marc. Sur le pied de cinq cent
cinquante-cinq livres ſix ſous, valeur actuelle , dit M. Boſch ,
du marc d'or à dix-huit carats , ces florins reviendroient à huit
livres trois ſous trois deniers ſoixante ſoixante -huitièmes. Mais
ſi on veut les évaluer ſur le pied de deux cent quarante-cinq
livres de notre monnoie , auquel M. Boſch préſume , d'après un
er

arrêt du Conſeil royal du 1.“' juillet 1655 , que le marc d'or


au même titre étoit vers le même temps , ils ne reviendroient
qu'à trois livres douze ſous neuf deniers. Dans quelques ordon
nances des XIV & xv.' ſiècles, le florin d'or d'Arragon eſt
évalué à onze ſous Barcelonnois , ce qui revient à trois livres treize
ſous quatre deniers. Cette évaluation ne diffère que de ſept
deniers de celle que M. Boſch a faite d'après le titre primordial
& le poids de cette monnoie.
M. Boſch ne fait aucune mention de la monnoie de bino , qui ,
comme on le voit dans le livre des concluſions de l'année 1598 ,
avoit cours à cette époque dans la ville de Perpignan & dans les
comtés de Rouſſillon & de Cerdagne. Son cours avoit commencé
l'an 1928 , en vertu d'un privilège du roi. (Voyez les Antiquités
>

de Barcelonne de J. P. Xammar , page 66 ) . Je n'y trouve rien


qui puiſſe faire connoître le titre , le poids & l'origine de cette
monnoie. L'on ſe rappelle les ſous de duplo , fabriqués à Barce
lonne en 1221 , & dont j'ai parlé ci-deſſus,page 28 2 ; mais je ne
crois pas que , malgré l'analogie de ces deux dénominations , la
diſtance des époques permette de confondre ces deux eſpèces de
monnoies. Il eſt plus naturel de penſer que celle de bino avoit
été fabriquée àà Perpignan même.
La monnoie de Molgone avoit cours en Rouſſillon , mais
M. Boſch en ignore l'origine. Il en eſt parlé dans un grand nombre
296 COMTES DE ROUSSILLON .
d'actes. Elle fut décriée en 1258 , en 1273 & en 1350. On
n'a pu découvrir à quel titre étoit cette monnoie ; on ſait ſeule
ment qu'on tailloit ſoixante -cinq, ſoixante-quatre, ſoixante-deux,
& plus ordinairement ſoixante ſous au marc. D'après cette notion ,
le ſou molgolonois peut être évalué à huit ſous, ſur le pied de
vingt-quatre livres de notre monnoie que valoit vers ce temps
le marc d'argent, & à ſeize ſous quatre deniers ſur le pied de
cinquante & une livres trois ſous.
M. Boſch parle , comme en paſſant, du droit de battre monnoie ,
accordé à la ville de Perpignan ;; mais je penſe qu'il ne faut
pas confondre ce droit avec celui dont jouiſſoient les prélats ,
les ſeigneurs & quelques villes dont j'ai parlé juſqu'ici , & que
ce n'eſt qu'une prérogative qui conſiſtoit à fabriquer la monnoie
des rois d'Arragon , comtes de Rouſſillon , dans l'hôtel des
monroies établi à Perpignan par ces princes. Barcelonne jouit
de la même prérogative , en vertu de priviléges royaux qui lui
>

ont été accordés en différens temps. Voyez Xammar , page 66.

· COMTES DE TARRAGONNE.
TARRAGONNE , Tarraco , ancienne ville d'Eſpagne dans la
Catalogne, ſituée à dix-huit lieues oueſt de Barcelonne. Raimond
Bérenger -le - Vieux ,comte de Barcelonne , enleva aux Sarraſins la
ville & le comté de Tarragonne en 1050 , & le donna à Bérenger
vicomte de Narbonne , qui l'avoit ſecouru dans cette expédition ,
à condition qu'ils partageroient également les revenus de ce comté ,
& ſpécialement la monnoie.
Il paroit que Bérenger & les vicomtes de Narbonne ſes ſuccel
ſeurs, ne jouirentpas long-temps du comté de Tarragonne. Raimond,
comte de Barcelonne & de Provence , donna cette ville en 11 17
à Oldegarius qui en étoit évêque, & à ſes ſucceſſeurs. Hiſtoire
de Languedoc , tome II , page 187
COMTES
297
COMTES DE SAINTES .
SAINTES ou Xaintes , Mediolanum - Sanctonum , Santones;a
1, & urbs Santonica , ville de France , capitale de la Saintonge ,
avec un évêché ſuffragant de Bordeaux , ſituée ſur la Charente , à
vingt-trois lieues nord -eſt de Bordeaux.
1
La Saintonge eſt bornée à l'eſt par l'Angoumois & le Périgord,
au nord par le Poitou & le pays d'Aunis , à l'oueſt par l'océan ,
& au ſud par le Bordelois & la Gironde. Cette province a eu ,
1 dès le règne de Charles-le-Chauve, des comtes particuliers, dont le
5 premier connu eſt Landry. Elle fut poſſédée ſucceſſivement par
les comtes d'Angoulême , par les ducs d'Aquitaine , par les comtes
d'Anjou , de nouveau par les ducs d'Aquitaine , & enfin par les
Anglois. Après bien des révolutions , le roi Charles V la reconquit
& la réunit à la couronne. Diction . de l'abbé Expilly.
Il eſt parlé de la monnoie de Saintes dans le cartulaire de
l'abbaye de Sainte-Marie de cette ville. « La monnoie de la ville
» de Saintes , y eſt- il dit , eſt une propriété du comte , &
& quoi qu'on

puiſſe dire pour prouver le contraire , la juſtice lui appartient . >

Dans un autre endroit , on voit que le comte Guillaume , fils de


Guy , fit fondre fa monnoie , fecit fundere monetam ſuam , qui
étoit appelée de Goilart. Du Cange.
Geoffroi II , dit Martel , comte d'Anjou , céda en 1047 à
l'égliſe de Sainte- Marie , ſon droit de battre monnoie dans tout
le pays de Saintes. Voyez ci-deſſus page 259 .

COMTES DE VALENCIENNES.
VALENCIENNES, Valentianæ , Valentinianæ , ville de France
dans la Flandre Françoiſe , fondée dans le iv . ſiècle par l'empe
reur Valentinien 1."', ou par Valentinien ſon fils, & fituée ſur
l'Eſcaut, à ſept lieues nord -eſt de Cambrai , & à quarante-huit lieues
Tome II, PP
e
298 COMTES DE VALENCIENNES .
nord -eſt de Paris. Elle a eu ſes comtes dès le x. ſiècle. Baudouin VI,
dit de Mons, comte de Flandre en 1067, & de Hainaut par ſon
mariage en 1051 avec Richilde , héritière du comte Raimir V,
ſe mit en poſſeſſion de Valenciennes , & en jouit paiſiblement,
ainſi que tous ſes ſucceſſeurs au comté de Hainaut , juſqu'à
Charles II , roi d'Eſpagne, qui perdit cette ville en 1677. Elle
fut cédée l'année ſuivante à Louis XIV, par le traité de Nimègue.
Les comtes de Hainaut & les ducs de Bourgogne frappoient
monnoie à Valenciennes , non en vertu de la ſouveraineté qu'ils
avoient dans leurs autres ſeigneuries , mais comme comtes de
Valenciennes , & enſuite comme princes de l'Empire ; c'eſt ce que
l'on voit par des lettres de Philippe-le- Bon, duc de Bourgogne ,
données en cette ville le 18 mai 1433 , dont je ne rapporterai
que les premières lignes.
« Comme à cauſe de nos droits , ſeigneurie, hauteur & nobleſſe
» de nos pays , & entre autres de notre ville & ſeigneurie de Valen
» ciennes , nous appartient de faire forger, toutes les fois qu'il
» nous plaît , monnoies d'or & d'argent ; nous , pour y garder
» notredite prérogative , & pour le droit d'icelles nos ville &
»
ſeigneurie de Valenciennes, avons ordonné , & c. Si avons établi
» maîtres Évrard du Gardin & Arnoul de Goui , préſens les
ſeigneurs de Croï & de Roubais. »
Cette monnoie s'appeloit mère-monnoie , parce qu'elle ſervoit
de règle aux autres , & qu'elle étoit en effet une des mères
monnoies de toute la chrétienté. Les bourgeois de cette ville out
prouvé au procès des mortes-mains , que les méres- monnoies
étoient en France , en Angleterre , à Veniſe , Metz & Valenciennes.
Il eſt fait mention de la monnoie de Valenciennes dans des chartes
de 1119 , 1158 , 1197 & 1212 ; & dans les comptes des rece
veurs de Hal en Hainaut , faits en 1418 , les beſans d'or de la
fabrique de Valenciennes ſont évalués à quarante- fix ſous. Voyez
d'Outreman , Hiſtoire de Valenciennes , pages 349–351.
299
COMTES DE VALENTINOIS .
Le Valentinois, Valentinus ager, Sego -Vallauni, Segalauni,
Segoloni, pays de France dans le Dauphiné, borné au nord par
le Viennois , à l'eſt par le Diois &
& par le bailliage des Baronnies ,
au ſud par le Tricaſtinois, & à l'oueſt par le Rhône qui le ſépare
du Languedoc . Valence , Valentia , à ſeize lieues ſud de Vienne ,
en eſt la capitale. Gontard , premier comte de Valentinois , vivoit
vers 950 .
Le Valentinois fut long -temps poſſédé par les comtes de Poi
tiers , juſqu'à ce que Louis de Poitiers le légua, en 1419 , avec le
comté de Diois, au Dauphin , dans la ſuite , le roi Charles VIII.
Ce comté érigé en duché par Louis XII , fut donné par ce prince
& par Louis
à Céſar Borgia, par Henri II à Diane de Poitiers, &
XIII au prince de Monaco , dont l'héritière la porté dans la
maiſon de Matignon.
Louis de Villars , évêque de Valence & de Die , céda en 1357
à Aimar VI , comte de Valentinois , la part dans la ſeigneurie
de Creſt au Valentinois , en latin Criſta, poſſédée par indevis
par ce comte & l'évêque de Die , en échange de quelques autres
terres qui furent unies à la manſe épiſcopale. Columbi , Opuf
cula variu , lib . III , pag. 318; & l'ancien Gallia Chriſtiana.
‫ر‬

L'abbé de Longuerue, Defcription de la France, part. II, p. 332 ,


)

qui rapporte mal-à-propos cet échange à l'an 1382 , ſous l'évêque


Louis de Poitiers ( c'étoit à cette époque Guillaume de la Voute ),
ajoute que le comte de Valentinois fit alors battre monnoie à
Creſt , ce qu'il n'avoit oſe faire auparavant.
COMTES DE VÉL A I.
LE Vélai , habité ſous les Romains par les Vellauni ou Vellavi,
fut compris , au IV. ſiècle , dans la première Aquitaine. Le dục
Рpij
300 COMTES DE VEL A I.
Eudes s'en rendit maître , & le tranſmit à ſes ſucceſſeurs au duché
d'Aquitaine & au comté d'Auvergne. Guillaume VII , dit le Jeune, 9

dépouillé , vers 1155 , du comté d'Auvergne par ſon oncle


Guillaume-le - Vieux , conſerva le comté de Vélai , & prit même
>

le titre de comte du Puy. ( Art de vérifier les dates , tome II,


pag. 358) Mais ce ſeigneur s'étantréuni, en 1163, avec ſon oncle
& le vicomte de Polignac pour exercer des brigandages ſur les
égliſes de Clermont & du Puy , le roi Louis- le- Jeune confiſqua
le comté de Vélai & le donna l'année ſuivante à l'évêque du Puy.
Voyez les Tablettes hiſtor. de l'abbé Deſtrées, 1749 , part. II,
page 255
Les comtes de Vélai jouiſſoient du droit de battre monnoie
dans la ville du Puy , lorſque par une charte du 8 avril 924 , ce
.
droit fut tranſporté par le roi Raoul aux évêques du Puy , du
conſentement du comte , alors Guillaume-le - Jeune , comte d'Au
vergne ; & Du Cange remarque que cette charte de Raoul , eſt la
plus ancienne où il ſoit parlé de la monnoie des ſeigneurs laïcs.
COMTES DE VIENNE .
DUCHÊNE , Hiſtoire de Bourgogne, tome II , pages 416–
417, diſtingue trois comtés à Vienne : l’un poſſédé par l'égliſe dès
le temps de Rodolphe , dernier du nom , Roi de Bourgogne ; l'autre
tenu par les Dauphins de Viennois , & le troiſième par les comtes de
er

Bourgogne & de Mâcon , depuis, à ce qu'il paroît , Guillaume I.''


>

mort en 1087. Hugues d’Antigny , troiſième du nom , ſeigneur


de Pagni , ayant épouſé Béatrix de Vienne, fille du comte
Guillaume V , & héritière vers 1240 , de la nièce Alix , comteſſe
>

de Vienne ; Hugues d'Antigny IV vendit ce comté en 1250 ,


à Jean de Bournins, archevêque de Vienne , mais en retenant
le nom & les armes de Vienne qu'il tranſmit à ſes deſcendans.
Art de vérifier les dates. La branche aînée de la maiſon de
COMTES DE VIENNE. 301
Vienne s'eſt éteinte en 1399 dans la perſonne de Jean de Vienne ,
Jean
more fans alliance. Il en ſubſiſte encore une , dite des ſeigneurs
one
de Pimont & de Ruffey , comtes de Commarin. De la Cheſnaye
mér des Bois.
De 1
7012
Guillaume , comte de Vienne ( & de Mâcon ) , avoit déjà in
hôtel des monnoies à Lons- le-Saunier, vers le milieu du xi .
>

ſiècle. Dom Grappin , Recherches ſur les monnoies du comté de


chira Bourgogne , page 30 , préſume que c'étoit alors une uſurpation
u Pc
faite par les ſeigneurs de la maiſon de Vienne , ou plutôt une .
rt. II.
tolérance de la part de nos comtes , contre laquelle les arche
vêques inème ne réclamoient pas.
000):
Suivant le même auteur , la monnoie Viennoiſe frappée autre
24,47 fois par Boſon , duc de Bourgogne & roi de Provence , conſerva
la même dénomination ſous les ſeigneurs de la maiſon de Vienne ,
doo
& même ſous les ſeigneurs d'Arlai-Chalon , qui deſcendoient de
cette maiſon ( a ); & il a , dit-il , des raiſons de penſer que les
ais

( a) Dom Grappin confond certainement ici la monnoie des comtes de


Mâcon & celle des ſeigneurs d'Arlai , de la maiſon de Chalon , avec la monnoie
de l'archevêque de Vienne , à laquelle la dénomination de Viennoiſe paroît avoir
16 été affectée excluſivement. La monnoie Viennoiſe, contrefaite & altérée en 1065 ,
s appartenoit à l'égliſe de Vienne ; du moins on peut le conjecturer avec beau
coup de vraiſemblance , d'après les mouvemens actifs que l'archevêque Léger
Vio ſe donna pour arrêter cette altération. Voyez ci - deſſus l'article du chapitre
de Vienne. Depuis cet événement , les chartes ne font plus, li je ne me trompe ,
>

cel" aucune mention de la monnoie Viennoiſe juſqu'au milieu du XIII .' ſiècle. Le
premier monument où on la retrouve , eſt de l'an 1248. Beaucoup de chartes
TOMIE poſtérieures prouvent qu'elle devint dès lors d'un uſage très-fréquent ; & les
iteit monnoies de l'égliſe de Vienne qui nous reſtent encore , paroiſſent effective
ment de ce ſiècle & du ſuivant. Elles ont pu ſe répandre dans le comté de
‫ما‬ Bourgogne ; & quelques chartes où elles ſe trouvent mentionnées , appartenant
à cette province , ayant même quelque rapport aux ſeigneurs de la maiſon de
cari Chalon , auront induit dans cette mépriſe le ſavant auteur des recherches ſur
les monnoies de Bourgogne .
zdde
A
302 COMTES DE VIENNE .
ſeigneurs de Vienne , cadets des comtes de Bourgogne , n'étoient
point étrangers à Boſon. Voyez ci-après l'article des ſeigneurs
d'Arlai, & celui des ſeigneurs de Pimont.
VICOMTES D'ALBI.
LA ville d'Albi a eu ſes comtes , dont le premier fut Aimoin
que Louis - le - Débonnaire y nomina , lorſqu'après l'érection du
royaume d'Aquitaine par Charlemagne , il mit des comtes à la
tête des villes les plus conſidérables de ce nouveau royaume. Ce
comté paſſa , dans le x. ſiècle, dans la maiſon des comtes de
Toulouſe. Pons , fils aîné de Guillaunie - Taillefer , comte de
Toulouſe, épouſa en 1037 , Majore de la maiſon des comtes de
Carcaſſonne ou de Foix. Il lui aſſigna pour douaire la ville &
la monncie d'Albi , c'eſt -à-dire, ainſi que l'explique Du Cange ,
le droit d'y battre monnoie , ou les émolumens de la monnoie
que le comte de Toulouſe y battoit comme comte de cette ville.
Hiſtoire de Languedoc , tome II, page 172 .
Les vicomtes d'Albi & de Niſmes, du nom de Trencavel,
faiſoient battre monnoie à Carcaſſonne & à Béziers. Ibidem ,
tome II, page 5 1 2. Voyez ci-deſſus, page 145 , l'article des
yicomtes de Béziers.

VICOMTES DE CADENET.

CADENET , ville de Provence au diocèſe d'Aix , ſituée près


de la Durance , à quatre lieues nord nord - oueſt d'Aix.
La feigneurie de Cadenet est poſſédée depuis le XI .' ſiècle par
l'illuſtre maiſon de Caderouſſe dans le comtat Vénaiſfin. Il paroit
qu'elle fut cédée en partie à d'autres ſeigneurs , ou à une branche
de la maiſon de Caderouſſe qui prit le nom de Cadenet. Cette
ſeigneurie fut érigée en vicomté l'an 1225 , par Guillaume,
VICOMTES DE CADENET. 303
comte de Forcalquier , en faveur de Bertrand de Cadenet qu'il
qualifie ſon couſin. Robert , fils de Pierre de Cadenet , grand
ſénéchal de Provence en 1341 , donna cette vicomté par ſon
teſtament en 1356 , à ſon neveu Elzéar d'Oraiſon. Elle a paſſé
depuis par des alliances ſucceſſives dans les maiſons de l'Aigue
( de Aqua ) du Mas de Caſtellane, & enfin dans celle de
Caderouſſe, qui aura par - là réuni cette portion à celle qu'elle
poſſédoit depuis long-temps. Voyez Expilly, aux mots Cadenet
& Caderouſle. 1

Agnès de Cadenet, vicomteſſe de Cadenet , veuve du vicomte


Bertrand , fit hommage , en 1245 , à Béatrix , comteſſe de
er
>

Provence , femme de Charles I.'' ; & par cet acte, elle reconnut
avoir droit de frapper monnoie d'or & d'argent. Voyez Noſtra
damus , Hiſtoire de Provence, page 219 ; & le Mémoire de
M. de Saint-Vincent.

VICOMTES DE CASTELBON .
ERMESSENDE , fille unique & héritière d'Arnaud , vicomte 2

de Caſtelbon ( a ) ou de Cerdaigne , apporta cette vicomté en


dot , en 1202 , à Roger- Bernard II , comte de Foix , qui le
tranſmit à ſes ſucceſſeurs au comté de Foix. Roger- Bernard de
er

Foix , ſecond fils de Gaſton 1." , comte de Foix , qui mourut


en 1315, forma la branche des vicomtes de Caſtelbon. En 1381 , >

Iſabelle de Foix , fille du vicomte Roger-Bernard II , & héritière

(a) C'eſt ainſi que le père Anſelme , tome III , page 345 , ſemble con
fondre avec incertitude la vicomté de Caſtelbon avec celle de Cerdaigne.
On ne voit cependant pas qu'il y ait dans la Cerdaigne aucun lieu du nom de
Caſtelbon. Ce lieu doit être le même que Caſtelloubon , en latin Caſtello -bonum ,
paroiſſe ſituée en Gaſcogne dans la vallée de Laudan , au comté de Bigorre,
à trois lieues & un quart de Tarbes. Voyez la Deſcription de la France de
Longuerue, page 206, & le Dictionnaire de l'abbé Expilly.
304 VICOMTES DE CASTELBON .
de Mathieu de Foix ſon frère qui avoit ſuccédé dans le comté
de Foix à ſon couſin Gaſton -Phæbus, apporta la vicomté de
Caſtelbon à Archambaud de Grailly , captal de Buch , qui
commença la ſeconde race des comtes de Foix. Cette vicomté
parvint directement à Henri IV , qui la réunit au domaine en
même temps que le comté de Foix.
Le duc d'Anjou permit en 1374 à Roger - Bernard de Foix ,
vicomte de Caſtelbon , de faire battre dans ſes terres des monnoies
blanches & noires, c'eſt-à-dire , d'argent & de billon , en la forme
9

& manière que le fire de Leſcuinh avoit do faiſoit faire au temps


qu'il vivoit ( voyez ci - après l'article des feigneurs de Leſcun );
à condition auſſi qu'elles ſeroient du même poids & au même
titre que celles du roi de France , & que la moitié des émolu
mens appartiendroit au Roi , & l'autre au vicomte de Caſtelbon ,
Hiſtoire de Languedoc, tome IV, pr. page 321 .

VICOMTES DE GRIGNAN.
GRIGNAN , Grinianum , Griniacum , ville de Provence au
diocèſe de Die , arroſée par les rivières de Berre & de Lez , &
ſituée à neuf lieues nord d'Avignon , & à dix-neuf nord -nord
oueſt d'Aix.
Ses ſeigneurs qui étoient de la race des Adémars, ſeigneurs
de Monteil ou Montelimar , ſe ſont maintenus long-temps dans
la liberté & l'indépendance. Enfin , en 1164 , Gérard ou Géraud
Adémar fit un hommage volontaire à Raimond- Bérenger-le- Jeune,
comte de Provence , qui lui conſerva le pouvoir de battre mon
noie , & d'autres droits de ſouveraineté, Longuerue , Deſcription
de la France, partie 1." , page 375 .
L'empereur Charles IV perinit , en 1346 , à Gaucher-Adémar,
>

vicomte de Grignan, de faire battre monnoie d'or & d'argent,


Mémoire de M. de Saint-Vincent,
Lc
VICOMTES DE GRIGNAN . . 305
mité
Le dernier mâle de la race des Adémars a été Louis Adémar
de
de Monteil, baron de Grignan , chevalier de l'ordre du Roi ,
Çu lieutenant-général pour le Roi en Provence , en faveur duquel
la ſeigneurie de Grignan fut érigée en comté en 1558 par le
roi Henri II . Blanche de Grignan, ſa ſoeur , porta le comté
de Grignan dans la maiſon de Caſtellane , d'où il paſſa par
acquiſition , au commencement de ce ſiècle , dans celle de Félix
7016
-
du -Muy. Dictionnaire de l'abbé Expilly.

VICOMTES DE MARSEILLE.
cent
MARSEILLE , Maſilia , ancienne ville maritime de France
cok en Provence , avec un évéché ſuffragant d'Arles , & un port
hoe
magnifique ſitué proche la mer méditerranée , à ſix lieues ſud
oueſt d'Aix , & à cent ſoixante -neuf ſud -eſt de Paris. Ses vicomtes
établis vers la fin du x . ſiècle , vendirent ſucceſſivement, au
commencement du xinn . , différentes portions de cette vicomté
aux conſuls de la ville ; & vers l'an 1230 , Sibille , fille unique
€ 11
& héritière de Raimond - Géoffroi, vendit auſſi ſa portion , la
>

ſeule qui reſtât alors , aux mêmes conſuls qui devinrent par -là
entièrement propriétaires de la vicomté de Marſeille.
247
Raimond-Bérenger IV, comte de Provence , permit en 1218
à la ville de Marſeille, c'eſt-à-dire , aux vicomtes ou conſuls qui
ut
y préſidoient, de battre monnoie, à certaines conditions qui ont
été rapportées à l'article des comtes de Provence , page 92–93 . .

Voyez auſſi Pl. XCIII, n.º 7-10 ; & Pl. C , 12.9 2—8, les
monnoies que cette ville a frappées en vertu de cette conceſſion.
Jeanne , reine de Sicile & comteſſe de Provence, maintint la
ville de Marſeille dans le droit où elle étoit par ſes chapitres de
tri
paix , de faire battre monnoic , & elle ordonna à Nicolas de filiis
Urſi, de ne la point troubler dans ce privilége. Les Marſeillois
Tome II. Qq
L:
306 VICOMTES DE MARSEILLE .
s'y maintinrent juſqu'après la réunion de la Provence à la cou
ronne. Il paroît par les archives de l'hôtel-de-ville de Marſeille,
qu'en 1491 , les conſuls donnèrent des lettres de maîtriſe à un
Marſeillois pour fabriquer de la monnoie ; & le roi Charles VIII ,
par ſes lettres-patentes de l'an 1492 , confirma la ville deMarſeille
dans le privilége de battre monnoie. La monnoie que l'on y
fabriquoit devoit être au coin des comtes de Provence. M. de
Saint -Vincent , Mémoire ſur les Monnoies de Provence.

VICOMTES DE POLIGNAC .

POLIGNAC , Polemiacum , bourg très-ancien , avec titre de


vicomté , dans le Vélai en Languedoc , ſitué ſur une hauteur à
une lieue nord - oueſt du Puy. Les chefs de l'ancienne maiſon à
laquelle il a donné ſon nom , étoient appelés les rois des Monta
gnes , du temps de la guerre des Albigeois. Les vicomtes de
Polignac étoient en même temps vicomtes de Vélai ou du Puy,
Le plus ancien connu eſt Armand 1." , qui vivoit vers 886.
>

Walpurge , fæur de Randon dit Armand IX , dix - neuvième


vicomte de Polignac , mort en 1421 , épouſa Guillaume III ,
baron de Chalençon , & forma la ſeconde race des vicomtes
de Polignac qui ſubſiſte encore.
Dom Vaiſſette Hiſtoire de Languedoc , tome III, page 532 ,
dit que l'on trouve d'anciennes monnoies fabriquées au coin
des vicomtes de Polignac. Dans le jugement rendu en 1171 ,
par le roi Louis-le- Jeune , au ſujet des différends qui s'étoient
élevés entre les évêques du Puy & les vicomtes de Polignac ,
il eſt marqué que ceux-ci tenoient en fief des premiers , les droits
qu'ils avoient dans la ville du Puy , ſavoir, une partie du péage,
de la monnoie & c. Ibid . page 275 .
Par un accord fait en 1171 par l'entremiſe de Louis -le- Jeune,
qui , quelques années auparavant , avoit déjà donné le comté de
VICOMTES DE POLIGNA C. 307
Vélai à l'évêque du Puy , en le confiſquant ſur Guillaume VII ,
comte d'Auvergne , Armand IV , vicomte de Polignac , céda à
l'évêque du Puy , alors Pierre IV , tout ce qu'il avoit dans la
monnoie de cette ville , déchargea les monétaires qui y tenoient
quelque choſe du vicomte , de la foi & hommage & du ſerment
qu'ils lui avoient fait, & leur ordonna de le prêter à l'évêque ;
ce qui fut exécuté. Cet accord fut confirmé par des lettres de
Louis -le - Jeune, données à Paris en 1971 , & à Fontainebleau
en 1174. Voyez l'Hiſtoire de la maiſon d'Auvergne par Baluze ,
tome II , page 66–68.
En 1173 , Pierre évêque du Puy , & Pons IV vicomte de
Vélai , convinrent qu'ils partageroient par moitié les droits de
ſeigneuriage ( leſda ) ſur la monnoie du Puy , dont ce prélat
jouiſſoit entièrement en vertu de la tranſaction de 1171 .
SEIGNEURS D'APT.

L'ÉVÊQUE d'Apt étoit autrefois ſeigneur de cette ville par


moitié avec le comte de Forcalquier ; mais cette moitié fut
donnée en fief à ceux de la maiſon de Simiane qui en faiſoient
hommage à l'évêque. C'eſt d'eux, & en partie d'une dame nommée
Mabile de Simiane, que le roi Robert , comte de Provence, acquit
cette partie de la ville d'Apt en 1319 .
L'illuſtre maiſon de Simiane a pour auteur Humbert , ſeigneur
d'Apt & Cafeneuve , qui vivoit en 993. Roſtaing & Guillaume
ſes petits -fils, ſont qualifiés princes d'Apt dans des actes paſſés avec
Elfand , évêque d'Apt , leur frère. Cette famille s'eſt partagée en
diverſes branches , connues ſous les noms d'Agoult , de Pontevez ;
de Sault , de Gordes , &c. qui toutes ont avantageuſement figuré
dans notre hiſtoire.
Les ſeigneurs d'Apt en ont porté le titre juſqu'à Jacques
Raimbaud de Simiane, illu au quatorzième degré de Humbert.
Qq ij
308 SEIGNEURS D’APT .
Il paroît qu'il eut en 1487, quelque différend avec le procureur:
général du Roi , touchant la juriſdiction d'Apt, qui n'a point
actuellement d'autre ſeigneur que le Roi.
Une ſentence arbitrale du 6 janvier 1252 , conſerva à Guiraud
IV de Simiane , ſeigneur d'Api & de Caſeneuve, & à Raimbaud
ſon frère, la faculté de créer des notaires , de battre monnoie ,
de connoître du criine de fauſſe - monnoie , & autres droits
régaliens que les confuls d'Apt leur conteſtoient.
Voyez Longuerue , Deſcription de la France , page 274 ;
Columbi, Hiſtoire de la maiſon de Siniane,pages 575 & 592 ;
le P. Anſelme , tome II, pages 241–242 ; l'abbé Robert ,
État de Provence, tome III , page 88 ; & le Mémoire de
M. de Saint-Vincent.

SEIGNEURS D'ARLAI .
er
JEAN DE CHALON , fils du troiſième lit de Jean 1." dit
le Sage , comte de Chalon & de Bourgogne , mort en 1267 ,
forma la branche des ſeigneurs d'Arlai & princes d'Orange , la
quelle s'éteignit dans la perſonne de Philibert de Chalon , prince
d'Orange & de Melphe , tué au ſiége de Florence en 1530 , ſans
avoir été marié.
L'Empire accorda , en 1291 ‫و‬, à Jean de Chalon , I." du nom ,
ſeigneur d’Arlai , le droit de frapper dans ſes terres des monnoies
dont la valeur n'excédât point celle des deniers Pariſis, c'eſt-à-dire,
qui ne pourroient être qu'au titre de quatre deniers , du poids
de douze grains , & à la taille de deux cent vingt - un au marc. II
.

obtint , huit ans après , de l'empereur Albert, la permiſſion de


battre monnoie à Beſançon. L'archevêque ne s'y oppoſa pas , & &
ce fut peut - être la dignité de maire & vicomte de Beſançon ,
O

dont le ſeigneur d'Arlai étoit revêtu ' alors , qui lui valut co
SEIGNEURS D'ARL A I. 309
ménagement de la part du prélat ambitieux. Dom Grappin ,
Recherches ſur les monnoies du comté de Bourgogne , pages
31-32

SEIGNEURS DE BEAUCAIRE.

BEAUCAIRE , 'Belloquadra, Caſtrum Belliquadri, ancienne


ville du Languedoc , dépendante du diocèſe d'Arles pour le
ſpirituel, & de celui de Niſmes pour le temporel , ſituée ſur la
rive droite du Rhône , à deux lieues deux tiers nord d'Arles , &

à cent-quatre ſud - ſud eſt de Paris. C'eſt l'Ugernum dont parlent


Strabon & Pline , qui étoit une des vingt - quatre petites villes
dépendantes de Niſmes. Le château de Beaucaire s'étendit confi
dérablement ſous les comtes de Toulouſe ; il avoit le titre de
ville ſous Raymond VI , & il devint dans le x111 .° ſiècle le
chef-lieu d'une des trois ſénéchauffées qui diviſoient la province
de Languedoc. Dictionnaire de l'abbé Expilly.
Le 30 janvier 1215 , conjointement avec ſon chapitre , Michel
de Morèſe, archevêque d'Arles , donna en fief à Simon comte
de Montfort , & à ſes héritiers , la ville de Beaucaire & la terre
d'Argence, qui comprenoit la partie du diocèſe d'Arles, ſituée
au-delà du Rhône , avec leurs droits & dépendances qui étoient
poſſédés auparavant par les comtes de Toulouſe. Le droit de
battre monnoie eſt compris dans cette inféodation. Le comte de
Montfort promit de donner aux archevêques d'Arles un denier
par livre toutes les fois qu'il feroit fabriquer de la nouvelle
monnnoie dans le pays ; & l'archevêque promit de donner cours
à cette monnoie par ſon autorité. Hiſtoire de Languedoc, tome
III , page 268. M. de Saint-Vincent croit que la monnoie que
l'archevêque d'Arles donnoit droit à Simon de Montfort de
frapper à Beaucaire , devoit être au coin de ce prélat , parce
que celui-ci dans ſa charte de donation , ſe ſert de cette expref
310 SEIGNEURS DE BEAUCAIRE .
fion : MONETA NOSTRA , toutes les fois que notre monnoie ſera
frappée dans ces lieux , vous nous donnerez un denier pour
chaque livre. Ces mots ſont- ils aſſez déciſifs pour confirmer la
conjecture de M. de Saint - Vincent ! L'archevêque d'Arles &
ſon chapitre pouvoient bien , en cette occaſion , dire noire
monnoie , puiſque c'étoit effectivement leur propre droit de battre
monnoie qu'ils détachoient en partie , en faveur du comte de
Montfort. La condition de fabriquer cette monnoie au coin
de l'archevêque , n'étant point exprimée dans la conceſſion ,
il me ſemble plus naturel de croire que le comte pouvoit
la frapper à ſon propre coin , prérogative ordinairement attachée
au droit de battre monnoie. On pourroit encore obſerver que
ſi elle eût dû continuer à être marquée au coin de l'archevêque
d'Arles , il eût été inutile que ce prélat interposât ſon autorité
pour en faciliter le cours. Il ne nous reſte aucune monnoie
frappée à Beaucaire , qui puiſſe décider cette queſtion . Peut-être
le comte de Montfort & ſes deſcendans n'ont-ils jamais fait uſage
de leur droit.

Le célèbre Simon de Montfort, IV . du nom , comte de Mont


>

fort & de Leyceſtre, l'un des chefs de la croiſade contre les


Albigeois en 1209 , élu enſuite pour ſeigneur du pays conquis ,
& général de l'armée des croiſés, uſurpateur du duché de Nar
bonne & du comté de Toulouſe , périt au ſiége de cette ville
en 1218. Ce ſeigneur étoit de l'ancienne maiſon de Montfort
e

l'Amauri , très - floriſſante dès le x.° ſiècle, & qui s'eſt éteinte au
commencement du XIV.' Le comte Amauri VII ſon fils, & héritier
de ſes prétentions , y renonça vers 1224 ; faint Louis le fit
connétable de France en 1231. Jean , comte de Montfort , fils
d'Amauri VII , ne laiſſa qu’une fille qui portade comté de Mont
fort à Robert IV, comte de Dreux. Voyez le P. Anſelme.
311
11
SEIGNEURS - CHÂTELAINS
DE BON DA ROI.
&
IN BONDAROI , châtellenie près Pithiviers en Gâtinois , dans
l'Orléannois propre , diocèſe & intendance d'Orléans , parlement
de Paris , élection de Pithiviers. On y compte trente - un feux.
Dictionnaire de l'abbé Expilly.
Cette châtellenie a long - temps appartenu à la maiſon de la
Taille , ancienne famille du Gâtinois , dont le plus ancien ſeigneur
connu eft Guillaume de la Taille qui vivoit en 1123 ( a ). Jean
de la Taille, ſeigneur de Souville & de Bondaroi , niort vers
3 I 8 , prenoit le titre de haut-châtelain de Bondaroi. Il tenoit
probablement cette ſeigneurie de Hugues de Bouville , III. du
1
noin , auquel le roi Philippe -le - Bel, dont il étoit chambellan , la
céda ( b ) avec quelques autres terres , en échange de celle de la
Chapelle -la-Reine. Ce prince y attacha en même temps différens
droits régaliens , parmi leſquels fut compris celui de battre

3
( a ) Trois frères , Jean , Jacques & Paſchal , fils de Louis de la Taille
ſeigneur de Bondaroi , ſe ſont rendus célèbres par des talens prématurés , &
par divers ouvrages dramatiques & hiſtoriques. Jean , né en 1540 , décéda à
Bondaroi en 1637, à l'âge de quatre-vingt-dix-ſept ans. Jacques & Paſchal mou
rurent à Paris en 1562 , le premier âgé de vingt ans , & le ſecond de treize ans.
( b) Morin qui , dans ſon hiſtoire du Gâtinois , à l'article Bagneux , pag.552,
parle avec étendue de la maiſon de la Taille , & M. de la Cheſnaye des Bois
qui en a donné une généalogie très-détaillée dans le tome XII de ſon diction .
naire de la nobleſſe , paroiſſent avoir cru que c'eſt avec Jean de la Taille que
Philippe-le-Bel avoit fait cet échange. L'éditeur a rectifié cette mépriſe d'apnès
a

; les renſeignemens exacts que M. Fougeroux , ſeigneur actuel , a bien voulu


lui procurer ſur les pièces de ſon chartrier.
Les reſtes d'un vieux titre en parchemin de l'an 1314 , où il eſt parlé de
>

cet échange , font préſumer, obſerve M. de la Cheſnaye , à l'article du même


Jean de la Taille , que c'eſt lui qui fit le traité qui eſt à la chambre des Comptes

1
312 SEIGNEURS DE BONDAROI .
monnoie. De Nicolas de la Taille , baron du Queſne, dernier
ſeigneur de Bondaroi de cette famille , vivant en 1647 , fils de
Lancelot de la Taille , gentilhomme ordinaire du roi Louis XIII ,
cette terre paroît avoir paſſé, par acquiſition , dans la maiſon de
Guéribalde , famille iſſue d'un patrice de Gènes ; car on trouve
dans le père Anſelme, tome VIII, page 235 , un Jacques
de Guéribalde , ſieur de Bondoroy ( fic ) près Pithiviers , &
de Faronville ( autre terre qui appartenoit auſſi à Lancelot de
la Taille ), mort vers 1664. Anre de Guéribalde, dame de
Bondaroi, fille apparemment de Jacques , épouſa Jean du Faur
feigneur de Courcelles , d'une très -ancienne famille d'Armagnac.
C'eſt de celui-ci que la ſeigneurie de Bondaroi aura paſſé d'abord
à Jean Toutun dont on a un port de foi rendu le 23 juin 1710 ,
enſuite à feu M N ...Fougeroux, dont le fils, reçu à l'Académie
des Sciences en 1758 , la poſsède en 1789 .

SEIGNEURS DU CHÂTEAU-NEUF
DE BONA FOS.

Le Château - neuf de Bonafos doit ſon origine à Sicard


d'Alaman . Ce n'étoit d'abord qu'un lieu déſert & inhabitable ,
appelé le Pui de Bonafocens, que Raimond VII , comte de
>

à Paris , où il prend la qualité de Grand-maitre des eaux & forêts de France.


Cette découverte n'eſt pas indifférente. Le père Anſelme ne fait aucune men
tion de ce ſeigneur dans ſa ſuite hiſtorique des Grands - maîtres des eaux &
forêts , imprimée dans le VIII . volume des Grands-officiers de la Couronne, non
plus que de Jean de la Taille II .' du nom , ſeigneur de Bondaroi , petit - fils de
Jean I.'', lequel, ſuivant le même généalogiſte, poſsèda aufli cette charge
alors très conſidérable .

Il ſubſiſte encore deux branches de la maiſon de la Taille , celle des ſeigneurs


des Eſars, & celle des ſeigneurs d'Hanorville & de Treutinille.
Toulouſe
SEIGNEURS DE BONA FOS. 313
Toulouſe , inféoda à ce ſeigneur, ſous l'albergue de cent che
I valiers , & le ſervice militaire de deux chevaliers & trois ſergens,
à condition qu'il y conſtruiroit un château ou une ville. Ce
château fut deſtiné quelques années après par Raimond pour la
10
fabrique des raimondins d'Albi , monnoie qui devoit avoir
&
cours dans l'Albigeois , le Rouergue & le Querci , & dont le
d
comte , l'évêque d'Albi & Sicard d'Alaman devoient partager
le profit. On l'appela dans la ſuite Caſtelnau de Lévis, parce qu'il
paſſa dans une branche de la maiſon de Lévis. C'eſt une des
baronnies dont les ſeigneurs entrent tous les ans aux États de la
province.
Sicard d'Alaman , fils de Déodat d'Alaman , étoit principal
miniſtre du comte Raimond VII , gouverneur & lieutenant
général de les domaines ; il fut créé chevalier en 1244. Le
comte Alfonſe & Jeanne de Toulouſe ſa femme, lui conſervèrent
la même autorité à leur avénement , en 1249 , au comté de Tou
I louſe. Sicard mourut en 1275 , laiſſant un fils de même nom que
lui, qu'il fit ſon héritier univerſel. Voyez l'Hiſtoire de Languedoc,
tome III, page 424 ; & l'article des évêques d'Albi, ci- deſſus,
page 228 ,

SEIGNEURS DE CHÂTEAU -VILLAIN.


CHÂTEAU - VILLAIN , Caſtrum - villanum , ville de France
en Champagne , au diocèſe de Langres , ſur la rivière d'Anjon , à
ſix lieues nord -oueſt de Langres. Cette ſeigneurie poſſédée d'abord
par les anciens ſeigneurs de Broyes , paſſa, dans le xii. ſiècle ,
à une branche de cette maiſon qui en prit le nom , & dont
l'héritière , Jeanne , dame de Château-Villain , la porta , dans le
xiv." , à ſon mari, Jean , ſeigneur de Thil en Auxois & de
Marigny , connétable de Bourgogne. Elle a paſſé depuis aux
maiſons de la Baume , d'Avaugour, de l'Hôpital, au comte de
Tome 11. Rr
314 SEIGNEURS DE CHATEAU -VILLAIN .
Mortain , grand tréſorier de Pologne , établi en France ; enfin 1

à Louis -Alexandre de Bourbon , comte de Toulouſe , qui l'a tranſ


miſe à ſon fils, M. le duc de Penthièvre. La ſeigneurie de Château
Villain fut érigée en comté par Henri II , en faveur de Joachim
de la Baume ; & en duché-pairie , en 1703 , par Louis XIV , en
faveur du comte de Toulouſe. Voyez l'Hiſtoire de la maiſon
de Dreux par Duchêne , & le Dictionnaire de l'abbé Expilly.
Choppin , Domaine de France , livre II, page 235 , nomme
la dame de Château-Villain la vingt-ſeptième des trente-un ſeigneurs
à qui le Roi aa donné le privilége de faire battre monnoie. Cette
dame doit être Marie de Rouci , fille de Jean IV , comte de
Rouci, veuve en 1312, de Jean II , ſeigneur de Château-Villain.
>

Le ſeigneur de Château-Villain avoit droit de forger monnoie


blanche le 28 novembre 13 is . Table alphabétique des matières
des regiſtres du Parlement. C'étoit alors Jean III , ſeigneur de
Château - Villain & d'Arc en Barrois , par le partage des biens
de ſon père Jean II , fait en 1313 ; il épouſa Marguerite de Noyers,
en 11321 , & il vivoit encore en 1343 .
Suivant l'ordonnance faite par Louis -Hutin , au mois de dé
cembre de la même année , la monnoie de ce ſeigneur devoit être
à trois deniers ſix grains de loi , argent - le-roi , & à la taille de
deux cents quarante deniers au marc ; quinze de ces deniers devoient
valoir douze deniers tournois de la monnoie du Roi. Le Blanc ,
page 230 .

SEIGNEURS DE CROUSE
O U CROUSSE.

PIERRE DE CROUSE , chevalier , retiroit une partie des


émolumens de la monnoie que Bernard d'Anduſe frappoit à Som
mières dans la ſénéchauſſée de Beaucaire , à la charge de fournir
SEIGNEURS DE CROUSE . 315
a. au Roi le ſervice de deux chevaliers. Cette ſeigneurie ayant paſſé
au Roi à la mort du ſeigneur d'Anduſe , qui la lui avoit apparem
1
ment concédée de ſon vivant , Pierre de Crouſe réclama vers 1263 ,
ſa portion de la monnoie royale qui s'y fabriquoit alors; mais
ſa demande ne fut pas reçue, Voyez ci-deſſus l'article des ſeigneurs
d'Anduſe.
Je n'ai rien pu découvrir ſur ce Pierre de Crouſe, ni ſur
la ſeigneurie dont il porte le nom. Il y a en Languedoc , au
diocèſe d'Aleth , une communauté appelée Croux , où l'on ne
1
compte que cinq feux. Dictionnaire d'Expilly. C'eſt le lieu dont
u

le nom approche le plus de celui de la ſeigneurie dont il s'agit


ici ; mais on ignore ſon origine. Il y a encore dans la même
.
province, à quatre lieues ſud -eſt de Saint-Pons , une petite ville
qu'on nomme. Cruſi , avec titre de baronnie ; on y compte
.
deux cents quinze feux. Aimeri VII , vicomte de Narbonne ,
mort en 1336 , fit don , en 1334 , de cette vicomté à ſon fils
Amalric III ; mais en déclarant qu'il n'entendoit pas que le château
de Cruſi dans le diocèſe de Saint-Pons , fût compris dans cette
donation. Il avoit acquis ce château de Bérenger de Lautrec ,
ſeigneur de Saint-Germier , qui le lui avoit vendu en qualité
d'adminiſtrateur des biens de feu Veſine ſa femme , & de Guiraud
& Helis de Lautrec leurs enfans. Hiſtoire de Languedoc, tome IV ,
page 222 .

SEIGNEURS DE LESCUN.

LESCUN , paroiſſe dans le Béarn , ſituée dans les Pyrénées,


à une lieue & demie de la frontière d'Eſpagne, & à huit lieues
ſud -ſud -oueſt de Pau .
La ſeigneurie de Leſcun eſt une des douze premières baron
nies de Béarn ; elle fut poſſédée juſqu'au commencement du
XIII. ſiècle, par des ſeigneurs auxquels elle avoit donné ſon
Rr ij
316 SEIGNEURS DE LESCUN .
nom . Elle paſſa depuis dans diverſes maiſons, en dernier lieu
dans celle de Foix , par le mariage , vers 1470 , de Jean de Foix,
vicomte de Lautrec , avec Jeanne d'Aydie, fille aînée & héritière
d'Odet d'Aydie, comte de Comminges , ſeigneur de Leſcun ,
&c. & de Marie de Leſcun. Voyez le Dictionnaire de l'abbé
Expilly , & l'Hiſtoire généalogique du père Anſelme, tome III,
pages 361 & 379.
Le duc d'Anjou , en accordant comme on l'a vu plus haut,
le droit de battre monnoie au vicomte de Caſtelbon , lui enjoint
d'obſerver dans la fabrication de la monnoie , la forme de manière,
c'eſt- à -dire, le même titre & le même poids que le feu ſire de
Leſcun obſervoit pour la fienne. Cette conceſſion étant de l'année
1374 , je préſume que le ſeigneur de Leſcun dont il y eſt parlé ,
eſt Fortanier qui paroît en 1329 & en 1363 dans l'Hiſtoire
de Languedoc , tome IV , pages 178 do 284.
SEIGNEURS DE MAULÉON .
MAULÉON , Malus -Leo , Maleolium , ville de France dans le
Poitou , ſituée ſur la rivière d'Oint, à quatorze lieues un tiers
oueſt nord -oueſt de Poitiers. On trouve des ſeigneurs de Mau
léon dès le xi.° ſiècle. Cette ſeigneurie parvint par des alliances
ſucceſſives aux maiſons de Thouars , d'Amboiſe, de la Trémoille ,
& enfin à celle de Chatillon -ſur-Marne. La baronnie de Mauléon
fut érigée , au mois de mars 1736, en duché-pairie , ſous le nom
de Chatillon , en faveur d'Alexis-Magdeleine-Roſalie , comte de
Chatillon , grand -bailli d'Haguenau & gouverneur du Dauphin ,
fils de Louis XV. Louis-Gaucher de Chatillon , fils unique de ce
ſeigneur, eſt mort ſans enfans mâles le IS novembre 1752.
Dom Carpentier , Supplément au gloſſaire de Du Cange , au
mot moneta baronum , donne l'extrait d'une bulle qui ſe trouve
inter cenſus de l'égliſe Romaine , par laquelle le pape Honorius
confirme Savaric de Mauléon , dans le droit de battre monnoie
SEIGNEURS DE MAULÉON . 317
Bere
defaire
dans ſa terre , qui lui avoit été accordé par Jean , roi d'Angleterre.
merdict
Dom Carpentier ne marque point la date de cette bulle.
Lelo Savaric de Mauléon , ſénéchal d'Aquitaine pour le roi d'An
Table
gleterre ( Jean - Sans - terre ) , marcha , en 1211 , au ſecours de
na II
Raimond VI , comte de Toulouſe, contre Simon de Montfort
& les croiſés : il ſeconda , la même année , ce prince au ſiége de
Caſtelnaudari, & il le croiſa, en 1225 , contre Raimond VII
>

sha
comte de Toulouſe. Voyez l'Hiſtoire de Languedoc , tome III,
pages 216 & 350.Ces différentes époques prouvent que la bulle
fire de
qui donne à ce ſeigneur le droit de battre monnoie , eſt du pape
Honorius III qui ſiégea depuis 1216 jufqu'en 1227 , Honorius II
étant mort en 1130 , & Honorius IV n'étant monté ſur le Saint
3

fiége qu'en 1285. Je remarque encore qu'Honorius y donne au


feigneur de Mauléon la qualité de croiſé, ce qui ſe rapporte aux
années 1225-1227 .

SEIGNEURS DE NESLE.
‫ܕ‬
IK NESLE , Nigella, ville de Picardie , ſituée entre celles de $

NE Ham & de Roye , àà quatre lieues nord -nord - oueſt de Noyon.


LAKE Elle a eu ſes ſeigneurs dès le xi .' ſiècle ; le plus ancien eſt Yves ,
70145 dont le petit -fils, nommé Drogon , vivoit ſous le règne de
er
O

ulica Philippe I.''. Cette ſeigneurie, après avoir paſſé, par des alliances
. .

TAS
ſucceſſives, dans différentes maiſons illuſtres, eſt parvenue à celle
de Mailly qui la poſſède encore. Elle fut érigée en comté en
hi 1466 , en faveur de Charles de Sainte -Maure , & en marquiſat en
>

‫اله‬

Cli 1545 , en faveur de Louis , comte de Neſle & de Joigny.


Voyez le P. Anſelme.
Je n'ai aucune preuve que les ſeigneurs de Neſle aient joui du
UTE
droit de battre monnoie ; je ne fais que le préſumer, & voici
PICS
ſur quoi ma conjecture eſt fondée.
TO
Du Cange , au mot moneta , article moneta nigra , monnoie

1
3

9
318 SEIGNEURS DE NESLE .

noire ou de billon , dit qu'il eſt fait mention de nigelli dans une
charte de la commune de Creſpy, de l'an 1223 , & dans une 1

1
autre charte de l'an 1242 , qui ſe trouve dans l'Hiſoire de
l'égliſe de Meaux , par dom Touſſaints du Pleſſis, tome II ,
page 155. Il explique ces nigelli de même que les nigri, par 1

deniers de billon , & je penſe qu'ily a été engagé par la conformité


grammaticale de ces deux mots.
Le Vaſſeur, Annales de Noyon , page 952 , rapporte une
charte de Jean de Neſle, dans laquelle il eſt dit : Centum folidos
nigrorum vel Atrebatenſis monetæ , in pretio 18 nummorum ni
grorum ſingulis annis med hæredem meum ſoluturum concedo.
Je ſoupçonne qu'au lieu de nigrorum , la charte originale doit 1

porter nigellorum , & que ce mot étant abrégé , ſuivant l'uſage


fréquent des manuſcrits du XIIl . ſiècle , celui qui l'a copiée , aura
Iû nigrorum , ſans y apporter plus d'attention, Si on conſent à lire
nigellorum , on voit que cette dénomination devient néceſſaire
>

ment relative au ſeigneur de Neſle auquel cette monnoie devoit 1

appartenir, & non pas à ſa matière , & qu'elle doit s'expliquer dans .

le même ſens que les nummi Carnoti, Lemovicani denarii, & c.


monnoie des comtes de Chartres , des vicomtes de Limoges. De
plus , ces mots nigrorum vel Atrebatenſis monetæ , ne ſuppoſent- ils
pas entre ces deux monnoies une différence d'origine qui s'explique
aiſément, ſi on lit nigellorum , de Neſle ; mais qui devient inex
plicable lion continue de lire nigrorum : cette dernière dénomi
nation ne pouvant avoir rapport qu'à la nature du métal !
Je propoſe la même explication à l'égard de la monnoie nigella
dont il eſt parlé dans les deux autres chartes de 1223 & de 1242.
Le Vaſſeur ne donne point la date de celle de Jean de Neſle ; i

mais il l'a placée vers le temps de Pierre Charlot, évêque de Noyon


en 1240 ; ainſi je penſe qu'elle pourroit être de Jean II , ſeigneur
de Neſle , mort entre 1232 & 1237 ; & l'on peut obſerver
que ces trois chartes aſſez voiſines par leurs dates , ſe trouvent
SEIGNEURS DE NESLE. 319
préciſément dans un ſiècle où les ſeigneurs de Neſle devenoient
aſſez conſidérables , & où nos rois commençoient à accorder aux
grands ſeigneurs, le privilége honorable de faire battre monnoie
dans leurs terres .

.
Si cependant on trouvoit ces conjectures trop haſardées , je
+
conſens à les abandonner , mais en conſervant toujours aux denarii
nigelli l’explication que j'établis , & qui , ſous un autre rapport ,
deviendra plus certaine.
+

Le comté de Soiſſons paſſa, en 1146 , dans la maiſon de Neſle,


& n'en ſortit qu'en 1316. On a vu ci-deſſus, page 131 , queces
comtes battoient monnoie , même dès le xII .' ſiècle. Aux pièces
que j'ai découvertes , & dont j'ai fait la deſcription , j'ai joint la
note du titre & du poids auxquels les deniers de la monnoie de
Soiſſons étoient fixés par les Ordonnances . Il eſt à remarquer que
l'épithète nigelli , par laquelle les deniers ſont diſtingués dans les
chartes écrites en latin , ſe trouve traduite en françois par le mot +

noirs, dans le regiſtre 123 , cité par Du Cange , ainſi que dans le 1

manuſcrit de Hautin & dans celuide Saint- Victor:. mais je ne crois


pas qu'on faſſe difficulté de reconnoître dans les denarii nigelli,
la monnoie de Neſle , c'eſt - à- dire, frappée par les comtes de
-

Soiſſons de la maiſon de Neſle. L'auteur de la charte extraite par


le Vaſſeur, ſeroit alors Jean II de Neſle, qui ſuccéda , en 11237,
E
dans le comté de Soiſſons , à ſon père Raoul de Nejle , & qui
mourut en 1270 . 11
+

SEIGNEURS DE PÉQUIGNY.
PÉQUIGNY ou Piquigny, Pinquiniacum , Pinkeniacum ,
Pinchiniacum & Pinconium , petite ville de Picardie , fituée ſur
la rive gauche de la Somme , à deux lieues nord -oueſt d'Amiens ,
-
célèbre dans l'hiſtoire par la mort de Guillaume, duc de Nor .
mandie , ſurnommée Longue- épée, qui y fut tué par la trahiſon
320 SEIGNEURS DE PÉQUIGNY.
d'Arnoul , comte de Flandre. Ses anciens ſeigneurs connus dès
le xi.° ſiècle , ſe ſont toujours diſtingués par de pieuſes fondations
& de fréquens bienfaits envers l'égliſe d'Amiens. Euſtache,
vidame ou ſeigneur de Péquigny, & ſes deux frères, Jean , archi
diacre d'Amiens , & Hubert , fondèrent en 1066 l'égliſe collé
giale de Saint - Martin de Péquigny. Les biens de l'ancienne
maiſon de Péquigny étant tombés dans celle d'Ailly, vers le milieu
du xiv.-, ſiècle , ſont depuis fondus, ſous le règne de Louis XIII ,
dans la maiſon d'Albert , en la perſonne d'Honoré d'Albert , duc
>

de Chaulnes , maréchal de France .Labaronnie de Péquigny a été,


en 1762 , érigée en duché , en faveur de Michel - Ferdinand , -

d'Albert d'Ailly, fils de Louis-Auguſte, duc de Chaulnes.


Les barons de Péquigny ſont de toute ancienneté vidames
nés , c'eſt- à -dire , avoués ou défenſeurs de l'égliſe d'Amiens , &
vaſſaux des évêques d'Amiens.
Dans une charte de Garnier de Borrenc , abbé de Corbie , de
l'an 1300 , on voit qu'entr'autres priviléges , les ſeigneurs de
Péquigny, domini Pinchonii ( a) pour Pinconii, jouiſſoient de
celui de faire monnoie propre , & de faire le courre en leurs

(a) Quelques perſonnes avoient conſeillé à l'éditeur de traduire ce Pincho


nium par Mont-pinchon , & de rapporter le droit de battre monnoie dont il
s'agit ici , aux anciens ſeigneurs de Mont-pinchon en Normandie , dont il eſt
parlé fort au long dans le V.' livre de l'Hiſtoire Eccléfiaſtique d’Orderic Vital ,
page 58s du Recueil des Hiſtoriens de Normandie de Ducheſne, & dont la famille
fleuriſſoit dans le xii . ſiècle ; mais outre qu'il n'eſt pas vraiſemblable qu'il
ſoit parlé des priviléges de ces ſeigneurs de Mont-pinchon , dans une charte de
l'abbaye de Corbie en Picardie , il eſt certain que Mont-pinchon eſt conſtam
ment appelé par Orderic Vital Mons Picionis ou Pincionis ; & que Péquigny
eſt au contraire preſque toujours appelé dans les chartes Pinconium . Voyez le
Gallia Chriſtiana , tome X , col. 1180 , 1182 & 1357 : or , il eſt évident que
l'h de notre Pinchonium , n'eſt qu'une ſimple aſpiration , nulle quant à la ligni.
fication , conime dans Hludovicus , charta , &c.
>

terres
SEIGNEURS DE PÉQUIGNY 321
5 terres & en leurs fiefs. Voyez dom Carpentier, Supplément au
glofaire de Du Cange , verbo moneta .
Cette charte confirme ce qu'a dit M. l'abbé de Fontenu ,
dans une diſſertation ſur le camp de Pequigny, imprimée dans le
dixième tome des Mémoires de l'Académie royale des Inſcriptions ;
à la fin de laquelle il remarque , ſans citer aucune autorité ,
que les anciens ſeigneurs de Péquigny jouiſſoient du droit de
battre monnoie.

SEIGNEURS DE PIMONT.

PHILIPPE DE VIENNE , ſeigneur de Pimont, de Montmorot ,


& c. fils aîné de Hugues de Vienne, V. du nom , ſeigneur de
Longwy , mort vers 1315 , & de Marguerite , dame de Ruffey,
forma la branche des ſeigneurs de Pimont & de Ruffey , laquelle
>

ſubſiſtoit encore en 1733 dans la perſonne de Louis de Vienne ,


comte de Commarin , baron de Châteauneuf & de Chevreau ,
3

&c. reçu chevalier d'honneur au parlement, de Bourgogne le


8 août 1697; élu de la nobleſſe de cette province en 1721 .
Le père Anſelme , Hiſtoire des grands officiers de la Couronne,
tome VII, pages 801 d ſuivantes.
Le ſeigneur dePimont fut frappé, comme Eudes IV, des foudres
de l'archevêché de Beſançon , pour avoir fait battre monnoie en
ſon château de Lons-le-Saunier ;; mais il n'imita pas la réſiſtance du
duc de Bourgogne , & ſa docilité fut inceſſamınent ſuivie de ſon
abſolution , que l'official de Beſançon notifia aux doyen & curé
de Lons-le-Saunier dans le courant de février 1341. Il récidiva
cependant en 1363 , & il fut excommunié de nouveau par l'ar
chevêque Amédée II de Villers-Sexel , de la maiſon de Faucogney.
Recherches de dom Grappin , ſur les monnoies de Bourgogne,
page 49 .
Tome II. SO
322
SEIGNEUR DE ROCHEFORT.
TRISTAN de Chalon , fils de Jean de Chalon , Il .' du nom ,
comte d'Auxerre & de Tonnerre , mort en 1346 , & d'Alix >

de Bourgogne , fille de Renaud de Bourgogne, comte de


Montbelliard , eut en partage la ſeigneurie de Rochefort , poffé
>

dée depuis long-temps par ſes ancêtres. Il épouſa Jeanne de


Vienne , fille de Philippe de Vienne , ſeigneur de Pimont. II
paroît qu'ils n'ont eu aucune poſtérité.
Ce ſeigneur faiſoit battre monnoie à Orgelet en 1363 ; l'arche
vêque Amédée II l'excommunia , & Triſtan fit ſon appel au Saint
Siege. Dom Grappin , de qui j'emprunte ce détail , cite l'Hiſtoire
de l'égliſe de Beſançon de Dunod , tome 1.“ , page 224.

SEIGNEURS DE SIMIANE .
Voyez les SEIGNEURS D’APT, ci-deſſus, page 307,
SEIGNEURS D'UZ È .S.
LA ſeigneurie d'Uzès étoit dès le xi. ſiècle partagée entre
deux familles, celle du Caylard & celle de Pocquières. La pre
mière vendit la portion qu'elle poſſédoit aux rois Philippe-le-Bei
& Charles VIII . La dernière ſe maintint en poſſeſſion de ſa portion ,
qui paſſa par alliance en 1486 dans la maiſon de Cruſſol. Cette
ſeigneurie fut érigée en vicomté en 1328 , en duché en 1565 ,
& en duché-pairie en 1572. Le duc d'Uzès en 1721 , échangea
avec Louis XV, la baronnie de Lévi dans le parc de Verſailles ,
contre tout le domaine que le roi poſſédoit, ſoit dans la ville &

d'Uzès , ſoit dans le diocèſe. Depuis cet échange , le duc d'Uzès


eſt ſeigneur de toute la ville d'Uzès , à la réſerve d'une portion
qui appartient à l'évêque.
SEIGNEURS D’U Z È s.
er
323
Ebrardou Everard I.'', évêque d'Uzès , & ſon chapitre , firent un
traité en 1144 avec Bremond ou Bermond d'Uzès, au ſujet de la
monnoie d'Uzès & de quelques autres fiefs qui avoient été uſurpés
par ce ſeigneur. Gallia Chriſtiana, tome VI, page 619. Dom
Vaiſſette, Hiſtoire de Languedoc, tome li, page 439 , fait auſſi
mention de cette affaire , mais dans des termes aſſez équivoques ,
& par leſquels il paroîtroit que cette monnoie ( a ) auroit été
vendue avec d'autres fiefs, par l'égliſe d'Uzès aux ſeigneurs de
cette ville. ce Alphonſe, comte de Toulouſe, tint , dit cet hiſtorien ,
v en 11145 , un plaid à Uzès , à l'occaſion de quelques différends
qui s'étoient élevés entre Raymond (6 ), ſa femme Béatrix &
» Bermond d'Uzès ſon neveu , qui poſſédoient une partie du
» domaine de cette ville ; & Ebrard , évêque d'Uzès , le prévôt
» & les chanoines de la cathédrale , au ſujet de la monnoie &
de quelques fiefs que ces derniers avoient vendus aux autres. »
On ne trouve ni dans le Gallia Chriſtiana, ni dans l'Hiſtoire de
Languedoc , aucune charte relative à ce différend,

CONSULS DE MONTPELLIER.
! Voyez les SEIGNEURS DE MONTPELLIER, ci-deſſus ,page 166.
SÉNÉCHAUX DE VERMANDOIS.
EN 1269 , le roi Saint-Louis acquit de Jean de Fouſſon ,
ſénéchal de Vermandois , le droit qu'il avoit de battre monnoie
en la ville de Saint- Quentin. Table alphabétique des matières des

( a) Dans ce cas , le droit de battre monnoie des évêques d'Uzès , ſeroit plus .
.

ancien que les chartes de 1156 & de 1211 , par leſquelles les rois Louis -le
Gros & Philippe - Auguſte leur accordent ou confirment la monnoie de la
ville d'Uzès . Voyez ci- deſſus , page 237.
.

(6) Ce Raimond doit être le même que Ruinon du Caylard , ſeigneur d'Uzès,
qui vivoit encore en 1156.
Srij
324 SÉNÉCHAUX DE VERMANDOIS.
regiſtres du parlement. C'étoit ſans doute le même droit dont
jouiſſoient les anciens comtes , que les ſénéchaux de Vermandois
eurent ſoin de ſe réſerver lorſqu'ils furent établis dans ce pays ,
après la réunion du comté à la couronne en 1215 .

VILLE DE CAHORS.

GUILLAUME de Cardaillac , évêque de Cahors , fit au mois


de juillet 1212 , un traité avec les habitans de cette ville , au
ſujet du droit de battre monnoie ; & en 1224, il alloua ce droit
pour ſix ans aux conſuls & à la ville , pour la ſomme de fix
mille ſous. Gallia Chriſtiana , tome 1." , page 132.
>

VILLE DE MARSEILLE.
Voyez les VICOMTES , ci-deſſus , page 305 .
VILLE DE MONTPELLIER .

Voyez ſes SEIGNEURS , ci - deſſus, page 166.


VILLE DE MONTAUBAN.

MONTAUBAN , Mons- Albanus, ville de France dans le Quercy,


avec un évéché ſuffragant de Toulouſe , ſituée ſur le Tarn , àà
quatorze lieues ſud -oueſt de Cahors , & à cent cinquante ſud
oueſt de Paris.

On prétend que lorſque les habitans de cette ville eurent, en


1572 , embraſſé le calviniſme , ils firent frapper des monnoies
d'argent avec cette inſcription : MONNOIE DE LA RÉPUBLIQUE
DE MONTAUBAN. Le Blanc , page 335 , dont j'extrais cette
anecdote, ajoute qu'il n'a jamais vu aucune de ces monnoies.
325
ter
VILLE DE PERPIGNAN .
Voyez les COMTES DE Roussillon , ci-deſſus, page 293 .
VILLE DE TOURNAI .
L'ORDONNANCE de Philippe-le- Bel, faite à Paris le mercredi
devant Pâques - fleuries 1294 , & inſérée dans le regiſtre intitulé
Ordinatio ſuper facto monetæ , prouve que le droit de battre
Ĉ, a
monnoie avoit été accordé à la ville de Tournai. Voyez le

-
Traité de la Nobleſſe, page 60 , de la Roque , à qui ce regiſtre
avoit été communiqué par M. d'Hérouval.
VILLE DE VALENCIENNES .

VALENCIENNES eſt une des villes qui ont joui du droit de


battre monnoie , comme on le voit par l'ordonnance de Philippe
le - Bel & c. La Roque , ibidem .
Elle avoit auſſi le privilége de ne laiſſer forger aucune mon
noie d'une valeur au -deſſous de ſix deniers d'argent. Philippe ,
duc de Bourgogne, écrivit en 1466 à M. de Bouſſu ſon prévôi
le-comte , en réponſe aux doléances des habitans de Valenciennes.
Afin , dit - il dans ces lettres , d'entretenir notre monnoie en
» ladite ville , en ſa liberté . & franchiſe , nous vous mandons
1907 » que ſi Meſſieurs de la juſtice ne veulent ſouffrir forger à
7,11 » moindre prix que fix deniers d'argent, vous ordonniez au
» maître particulier de notredite monnoie , qu'il faſſe forger dou
» bles & patards de deux gros. » D'Outreman , Hiſtoire de
Valenciennes , pages 348 do 352.
,

T18 ORDRE DES TEMPLIERS.


017
QUELQUES gentilshommes de ceux qui avoient ſuivi Godefroi
de Bouillon à la Paleſtine, furent les auteurs & les premiers
326 ORDRE DES TEMPLIERS .
membres de cet ordre : ils étoient au nombre de neuf, & avoient
à leur tête Hugues des Payens , chevalier , iſſu de la maiſon des
comtes de Champagne. Ce ſeigneur forma en 1118 , de concert
avec eux , le projet d'établir un nouvel ordre de religieux -mili
taires conſacrés à la défenſe de la Terre - Sainte. Ils firent leurs
væux entre les mains de Gormond , patriarche de Jéruſalem . Le
concile de Troyes en Champagne , tenu au mois de janvier 1128 ,
approuva leur inſtitut ; Saint - Bernard qui alliſtoit à ce concile ,
leur dreſſa une règle par écrit , & on leur preſcrivit de porter
un habit blanc avec une croix rouge ſur la poitrine. Bientôt ce
nouvel ordre s'étendit conſidérablement', & amalla d'immenſes
richeſſes. Mais en 1305 , le grand-maître Jacques de Molay, &
tous les chevaliers de l'ordre , accuſés devant le pape Clément V,
d'apoſtaſie & des plus grands déſordres, furent condamnés au feu ,
où , quelques années après , ils expirèrent tous en proteſtant de
leur innocence ; & la bulle de ſuppreſſion de l'ordre fut publiée
par Clément V , en préſence du roi Philippe-le- Bel , dans la
dernière ſeſſion du concile de Vienne , tenu en 1312. Les biens
des Templiers furent adjugés à l'ordre de Saint-Jean-de-Jéruſalem.
ACTE, par lequel il paroît que le frère Hugues de Parant,
commandeur de la chevalerie du Temple en France , a payé
fix cents livres au duc de Bourgogne , pour le droit de dixième
de monnoiage , à quoi il étoit redevable envers lesit duc ( a ).
1293 :
En nom de notre Seigneur , amen. L'an de l'incarnation d'iceluy
courant 144+ , le 10. du mois de may , je Jacquot Boiſot de Dijon ,
(a) La copię de cet acte vidimé a été trouvée parmi les manuſcrits de feu
M. Duby , qui , de ſon vivant , en a diſtribué à pluſieurs de ſes amis des
minutes écrites auſſi de la main ; mais il n'indique dans aucune de ces copies ,
de quel ouvrage , ſoit manuſcrit , ſoit imprimé , il a extrait ledit acte , ou de
quelle perſonge il le tient. Les recherches faites depuis ſa mort ont été
ORDRE DES TEMPLIERS . 327
notaire public & juré de la cour de mon très-redouté ſeigneur monſeigneur
le duc de Bourgogne , ſavoir faiſons à tous préſens & à venir , que j'ai
aujourd'hui vüe & tenüe , & de mot à mot lüe une lettre ſcellée du petit
ſcel en cire verte à lacs de ſoye rouge, ſaine & entière , de laquelle la
teneur s'enſuit :
Nous , frère Huges de Parant , commandeur des maiſons de la chevalerie
du Temple en France , faiſons ſavoir à tous qui verront & ouront ces
préſentes lettres , que par fin de compte han entre le très-noble & puiſſant
notre très-cher ſeigneur Robert , duc de Bourgogne, d'une part , & nous
d'autre part , ſur ſon dixme , à quoi nous étions obligés à ly pour raiſon
don nos muent de ſa monnoie , & pour la ſtabilité de cely que il hat
fet...... il en eſt privilégié de notre pere Lapoſtoille, pour raiſon de
nos baillies de l'Eſpail, de Bures & de Chaloin , & des maiſons apparte
nantes à icelle , & pour notre maiſon dou fire de Yolan & des appar
tenances, ly avons payé pour notred. dixme fix cents livres de touinois
petits en deniers comptés. En témoin de cette choſe nous en avons mis
notre ſcel en ces lettres qui furent faites l'an de grâce 1293 , au mois
de novembre. En temoin de laquelle viſion , j'ai led. Jacquot Boiſot, notaire
deſſus nommé , ay requis & obtenu le ſcel de la cour de mond. ſeigneur
le duc être mis à ces préſentes lettres de vidimus , faittes & données l'an
& jour deſouſd . Signé Boiso T.
MONNOIES FRAPPÉ ES
PENDANT LA LIGUE ,
PAR DIFFERENS SEIG NE U 'R S.
HENRI DE MONTMORENCY , duc de Montmorency , premier
baron , pair , maréchal & connétable de France , chevalier des
2

inutiles : on ne le trouve dans aucun ouvrage imprimé, ni dans l'Hiſtoire de la


condamnation des Templiers de Dupui, ni dans la nouvelle Hiſtoire apologétique
du même ordre , par le père M ... J ... ni enfin dans celle de Bourgogne de
dom Plancher. Dom Merle , ſon continuateur, aſſure ne l'avoir jamais rencontré
5
dans le grand nombre de chartes relatives à la Bourgogne , qui lui ont paſſé
1
ſous les yeux dans le cours de ſes laborieuſes recherches . Il eſt donc à pré
3 ſumer que cette pièce eſt inédite , & dans cette préſomption , l'éditeur a cru
devoir la donner ici toute entière.
1

328 MONNOIES DE LA LIGUE .


ordres du Roi , gouverneur du Languedoc en 1563 , plus connu er

ſous le titre du Seigneur de Damville, mort à Agde le 1." avril


1614. Il poſſédoit, la confiance & l'amitié de Henri III ; mais la
Reine-mère étant venue à bout de le rendre ſuſpect à ce prince,
Danville pour échapper aux effets de la prévention du Roi, ſe
mit à la tête des mécontens.

Le duc de Montmorency établit une monnoie à Béziers en


1586 , mais on n'y battit que des pièces de ſix blancs. Il la
ſuppriina au mois de ſeptembre ſuivant, moyennant quinze mille
écus que les directeurs de celle de Montpellier lui donnèrent.
Il avoit déjà établi une monnoie à Beaucaire . Il fit auſſi frapper
des pièces de fix blancs à Villeneuve & à Bagnols , pour payer
les troupes de la ligue. Voyez l'Hiſtoire de Languedoc , lome V ,
pages 413 & 438.
Ce ſeigneur eut beaucoup de peine à ſe maintenir dans le
Languedoc Tous le règne de Henri III , mais Henri IV le combla
de faveurs.

GUILLAUME II , VICOMTE DE JOYEUSE , chevalier de


l'ordre du Roi , maréchal de France, & lieutenant général pour
le Roi au gouvernement de Languedoc, ſervit utilement le roi
Charles IX durant les guerres civiles de la religion , & fut fait
maréchal de France par Henri III . Mais en 1583 , il embraſſa
le parti des ligueurs , & il ſigna en 1589 , les articles de la
ligue aux États de Caſtelnaudari.
Ce fut à l'aſſemblée des États de la Ligue , tenue la même
annéc à Toulouſe , & préſidée par le maréchal de Joyeuſe,
qu'il fut réſolu , qu'à l'imitation du duc de Montmorency , on
feroit battre à Toulouſe & à Narbonne de la monnoie de fix
blancs , & qu'on s'en ſerviroit pour la guerre. Ibid . pag. 438.
>

Le maréchal de Montmorency mourut fort âgé en 1592 .


CHARLES
MONNOIES DE LA LIGUE . 329
110L
CHARLES-EMMANUEL , dit le Grand, duc de Savoie , prince
be ambitieux & remuant , entreprit en 1590 , de ſe faire comte de
ace.
Provence , & aſpira même pendant la ligue au royaume de
France. Il avoit favoriſé la défection du duc de Montmorency.
Il mourut à Savaillan le 26 juillet 163.0.
Pendant ſon ſéjour en Provence , où ilarriva en 1590, le duc
de Savoie voulut établir au Martigues une fabrique de monnoies
111
à ſon coin ; mais le parlement ligueur s'y oppoſa, ne voulant pas
11 2
qu'il portât préjudice juſqu'à ce point à l'autorité royale. Gaufridy,
.
Hiſtoire'de Provence , page 705 .
CHARLES DE LORRAINE , duc de Mayenne , pair , amiral &
grand chambellan de France , chevalier des ordres du Roi , lieu
tenant-général de ſes armées , gouverneur de Bourgogne, mourut
à Soiſſons le 4 octobre 1611 .
-
Ayant appris à Lyon , en I1988 , la mort de ſes frères tués
.

aux États de Blois, il ſe déclara chef de la ligue , & prit le titre de


lieutenant - général de l'état & couronne de France. Après la
victoire de Henri IV, il continua de lui réſiſter. Les conſuls
d'Arles ayant établi , en 1591 , un hôtel des monnoies , ils en
en
obtinrent la confirmation par lettres-patentes du duc de Mayenne,
du 22 décembre de la même année. Ce'ne fut qu'en 1599 que
'ce ſeigneur rentra dans le devoir après une longue ſuite de mau
vais ſuccès. Il demeura fidèle à Henri IV juſqu'à la mort.

BERNARD DE NOGARET , ſeigneur de la Valette , amiral de


France , gouverneur & lieutenant - général pour le Roi en Pro
Wh ,
vence , Dauphiné & marquiſat de Saluces , fils de Jean , ſeigneur
de la Valette , ſervit le roi fidèlement, & périt le 1.'" février 1592 , 1

au ſiége de Roquebrune en Provence. Il avoit fait fabriquer


d'abord à Siſteron & enſuite à Toulon , des pièces de ſix blancs
1 pour payer ſon arınée , & il avoit permis aux monnoyeurs d'en
HE Tome II, TI

11
11
*
330 MONNOIES DE LA LIG'UE.
altérer le taux, pour augmenter le prix qui lui en revenoit.
Mémoire de M. de Saint-Vincent ſur les monnoies de Provence. :
Dans le temps de l'altération des pièces de ſix blancs ou
doubles ſous de Henri III , appelés en Provence pignatelles,
laquelle commença vers 1588 , on fabriquoit de cette monnoie
dans pluſieurs villes de la province. Au mois d'avril 1593 , les
pignatelles n'avoient plus que fix deniers de valeur réelle , au lieu
de vingt-quatre qu'elles én devoient avoir ; de ſorte qu'il falloit
cent vingt de ces doubles ſous altérés , pour faire la valeur d'un
écu d'or ; au lieu que trente fuffiſoient avant l'altération : &
lorſqu'ils valoient réellement vingt-quatre deniers. Ce fut cette
altération de la petite monnoie , qui fit monter l'écu d'or au qua
druple de la valeur:enfin , le déſordre étoit ſi grand , que pluſieurs
gentilshommes de la province faiſoient fabriquer publiquement de
cette inonnoie chez eux . Voyez Noſtradamus, Hiſtoire de Provence,
pages 9 22 d 231 ; & le Mémoire de M. de Saint-Vincent:

APRÈS la mort de Henri III , il y eut un parti qu'on nommoit


des Politiques, qui ne reconnoiſſant ni Charles X , ni Henri IV,
attendoient que le temps eût décidé entr'eux. Dans cette neutralité ,
ils faiſoient battre monnoie , ſans y mettre le nom d'aucun roi,
Le Blanc a fait graver , page 270 , un quart d'écu qui paroît
avoir été frappé par ce parti : on lit des deux côtés la légende
SIT NOMEN DOMINI BENEDICTUM ; ſur le revers , la même
légende eſt terminée par la date 1590. Le type de cette pièce
‫ܗܠܘܐܐܝܝܬܬܐܚܬ‬

eſt d'ailleurs , ſemblable à celui des quarts d’écus ordinaires.


Voyez mon Recueil des monnoies des Rois.

ROIS DE LA BAZOCHE:
LA Bazoche du Palais, juriſdiction ſéante à Paris , & érigéę
par le roi Philippe-le- Bel, au commencement du xiv . frècle.
ROIS DE LA BAZOCHE. 331
at Elle juge ſouverainement, ſous le titre & l'autorité du royaume
de la Bazoche , tous les différends qui s'élèvent entre les clercs
$ du Palais, même les différends de clerc à particulier , tant en
matière civile que criminelle ; elle connoît auſſi des appellations
des ſentences des prévôtés & juriſdictions bazochiales établies
dans le reſſort du parlement de Paris, &c. &c. Dictionnaire de
l'abbé Expilly.
Le roi de la Bazoche avoit fa monnoie qui s'appeloit la
monnoie de la Bazoche ;‫ و‬elle avoit cours parmi les ſujets , &
non ailleurs , ſi ce n'étoit de gré à gré ; mais on croit que cette
monnoie étoit de la même nature que les lupins dont les acteurs
comiques ſe ſervoient ſur le théâtre , & que Plaute appelle aurum
1
comicum . Voyez les Mémoires de Pierre de Miraulmont ſur
l'origine & l'inſtitution des cours ſouveraines &c. page 657 ; &
l'Hiſtoire de Paris par Félibien , tome 1." , page son .>

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VILLE DE LYON
Biblioth. du Palais des Arts
LXX .

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