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Sur la Famille
De Castillon
Rédigée à Aix en Provence le 6 juillet 1893
Par M de Castillon
Renseignements Généraux
L a famille de Castillon est noble de sang, de nom et d’armes.
D’après M. de Villeneuve (histoire du Roi René) elle serait originaire du royaume de Naples. Un
auteur italien, en particulier, Tomasi Costo, fait mention d’une famille de noble de Castiglione à Aquila,
ville de l’Abruzzes, dans le royaume de Naples. Elle s’attacha à la maison d’Anjou et s’établit
définitivement en Provence vers 1390, sous Louis II, Duc d’Anjou, Roi de Sicile et de Naples, Comte de
Provence.
Suivant Papon (histoire de Provence), le journal de J. Lefèvre et d’autres documents, voici à quelle
occasion cette famille s’établit en Provence.
A la mort de la Reine Jeanne, Louis d’Anjou, frère de Charles V, Roi de France, qu’elle avait
institué son héritier, partit d’Avignon (13 juin 1382) pour aller conquérir le Royaume de Naples contre
Charles de Duras qui y prétendait droit.
Il parvint à réunir 40000 hommes par la jonction de ses alliés, parmi lesquels on comptait deux Spinola,
Guichard de Baschi, chevalier d’honneur du prince Louis, Jacques d’Arcussia, grand chambellan de la
Reine, Raymond des Vesins, plusieurs chevaliers de la maison de Saint Sévérin, deux de la maison
Caraciaoli, Louis de Sabran, l’un des principaux Barons, Elzéar, son fils, Thomas de Brancas et Luc de
Castillon. Cette guerre ne fut pas couronnée de succès et se prolongea malheureusement sous les
successeurs de Louis d’Anjou. Ce fut dans ces circonstances que furent proscrits tous les seigneurs
attachés à leur ancienne et légitime souveraine, qui avait embrassé le parti du Duc d’Anjou et que la
plupart d’entre eux vinrent se fixer en Provence où leur étaient assurées sécurité et récompense pour
leur dévouement.
A ce sujet et à propos des Sabran, citons le passage suivant d’un livre rare de la Bibliothèque
Nationale (Naples Française, par messire Jean Baptiste l’Hermite dit Tristan, 1660) : « Plusieurs autres
familles de Provence ont fait branche au royaume de Naples, comme celle de Boniface, originaire de
Marseille, et d’autres de cet état ont refleuri en Provence, comme les Castillons et les Varadiers, cette
terre étant assez fertile en braves et grands personnages, quoique quelques auteurs aient fait un
défectueux portrait des Provençaux de leur temps, ainsi que gervaise, Maréchal du Royaume d’Arles. »
(1)Le Roi René donna à 28 ou 29 familles véritablement nobles de Provence une qualification tirée des vertus ou des vices
qui paraissaient être leur caractère distinctif. (Essai sur l’histoire de Provence, 1775).
I– Luc de Castillon (Castiglione)
Luc de Castillon devint secrétaire des commandements de ce Prince. Déjà dès le 10 septembre
1387, il était maître national à vie (1), la Reine régente ayant scellé une commission en faveur de Luc de
Castillon qui domina « comedit officium in camera summario audientia rationum ad vitam » (journal de
la Fèvre). Il était, dès cette époque qualifié Chevalier.
En 1400, il fut envoyé à Naples, avec Charles d’Anjou, sieur de Pierrerue, pour recevoir, au nom
du Prince, le serment de fidélité des prélats, Barons et gentilshommes de ce royaume et, en 1405, pour
négocier le mariage de Marie, fille du Roi Louis, avec le Prince de Tarante.
Il laissa de sa femme dont on ignore le nom, deux fils : Charles et Cola ou Côsnie qui en 1405
reçurent en inféodation les terres d’Antrages, de Beynes et du Castellet pour les services rendus par leur
père ; et une fille Marguerite qui devint dame d’honneur de Marguerite de Savoie, femme de Louis III,
Comte de Provence. (2)
Charles et Cola sont qualifiés milites (la qualité de miles portrait noblesse de nom et d’armes). (3)
Charles forma la branche des seigneurs de Beynes dont est issue celle du Castellet. - Cola, celle
des seigneurs de Cucurron qui en fait deux autres.
(1)Les maîtres rationaux étaient les officiers d’une compagnie existant à Aix, longtemps avant la réunion de la Provence à la
France qui était chargée du jugement des comptes, de la conservation des Domaines et des archives. Ce fut plus tard la
Chambre Souveraine des Comptes, Aides et Finances.
(2)Marguerite de Castillon recevait en 1428, par an, pour sa charge, 120 écus d’or de France.
(3)La première qualité de la première classe de citoyens était d’être Miles, soldat, expression remplacée plus tard par celle
de Chevalier, gentilhomme, noble.
Branche des Seigneurs de Beynes
II – Charles de Castillon
(né en 13…., mort en 1461)
C omme son père, Charles de Castillon fut, dès 1404, maître national de la cour royale séant à Aix.
Charles de Castillon fut pourvu, le 2 février 1430, d’un office de contrôleur du grenier à sel de Berre. Il
était déjà secrétaire de Louis III, comte de Provence, qui avait succédé à son père en 1417. Il fut nommé
le 20 octobre 1433 Conseiller au Conseil d’Etat du Roi. Ce dernier mourut en 1434 en Calabre, âgé de 28
ans, laissant un testament par lequel il déclarait son frère René, Duc de Bar et de Lorraine, son héritier
du royaume de Naples et de ses autres Etats. Ce testament daté du jour de sa mort, fut fait en présence
de Louis de Beauveau, Louis Gaboty, Guy de Bonsaie, chevaliers et de Charles de Castillon, conseiller et
secrétaire de Roi. Par un codicille du même jour, étant présents les mêmes témoins, Louis donna à
Charles de Castillon la terre d’Airagues (manuscrit de Saint-Germain-des-Prés, N° 403). Cette terre avait
été enlevée à l’Evêque de Gap qui avait trahi les intérêts des comtes de Provence.
Pendant que le Roi René était prisonnier en Bourgogne 1435, la Reine Jeanne, ne pouvant avoir
des secours du côté de la France, dépêcha trois ambassadeurs, le Vicomte de Reillasse, Charles de
Castillon, sieur de Beynes et Vital de Cabanis, vers Philippe de Marles, Vicomte et Duc de Milan, grand
et puissant seigneur de ce temps en Italie, à qui les Génois s’étaient soumis ; pour traiter d’alliance avec
lui et employer son secours afin de s’opposer aux desseins d’Alphonse d’Aragon sur le royaume de
Naples (Boucher, histoire de Provence).
Le 12 mars 1436, sont accordées par Isabeau, comtesse de Provence, des lettres de don et octroi
de 300 livres tournois du pays en faveur de Charles pour la charge qu’il occupait déjà de maître
national.
En 1437, Charles de Castillon acquit la baronnie d’Aubagne avec la seigneurie comprenant
Roquefort, Cassis et Saint-Marcel qui avec La Ciotat, La Cadière et le Castellet avaient fait partie des
terres Bausseuques (1). Ce ne fut que le 12 novembre de la même année que le Roi René lui donna
commission pour se mettre en possession de ces seigneuries et en ratifia la vente moyennant 5000
florins qui devaient lui servir pour son expédition de Naples. Du reste, le Roi René, dès le
commencement de son règne et avant de quitter le Provence pour l’Italie (avril 1438), montra, par les
marques de sa générosité royale, sa reconnaissance à Charles de Castillon et aux autres gentilshommes
assez heureux pour lui avoir témoigné leur dévouement et consenti quelques sacrifices pour la réussite
de ses projets. Charles de Castillon figure en effet avec Jean d’Arlatan, Georges de Lamagna, Alagonia et
trois frères du nom de Belley, parmi les chevaliers fidèles qui combattaient aux côtés du Roi pendant la
campagne pour la conquête de Naples (novembre 1442). Avant de se rendre sur le théâtre de la guerre,
le Roi avait pris la précaution d’envoyer Charles de Castillon avec Vital de Cabanis aux divers Princes
d’Italie, pour traiter d’une ligue contre l’usurpateur, le Roi d’Aragon, et s’assurer des intelligences avec
un grand nombre de seigneurs napolitains dévoués à sa cause.
(1)On appelait terres Bausseuques celles ayant appartenues à la maison des Baux.
Il avait également distribué à la plupart des chevaliers, qui avaient tout quitté pour le suivre, une
partie des soixante 60000 florins que les Etats de Provence lui avaient votés. Il les gratifia en outre plus
tard de beaux manoirs dans le comté de Provence. – L’expédition de Naples fut aussi courte et
malheureuse que les précédentes. A son retour, le Roi, découragé, se trouva dans une situation des plus
obérées. Ce fut dans ces circonstances critiques que parmi les seigneurs, Charles de Castillon ainsi que
Tanneguy du Châtel, Sénéchal d’Anjou, Fouquet d’Agoult ; Jean d’Arlatan, Guillaume de Pontévés, Jean
Martin, chancelier de Provence ; etc.… lui ouvrirent leurs bourses (1450) pour lui permettre de
rembourser des sommes considérables, empruntées par lui à deux particuliers d’Avignon. Pour
reconnaître ce service, le Roi leur délégua le produit de ses salins du Rhône et des Côtes maritimes de
Provence. (février 1451)
Le 2 novembre 1445, Charles de Castillon avait fait partie de la commission des gentilshommes
chargés d’aller rendre hommage au Roi Charles VII au nom de la Provence. Ce fut seulement le 19 mai
1446 qu’il remplit la même formalité en Arles pour le compte de la ville. Charles VII qui avait eu
l’occasion de voir Charles de Castillon à la cour du Roi René et qui l’avait pris en affection, profita d’un
séjour qu’il fit à Marseille pour lui accorder les provisions d’une charge de conseiller en son Conseil
d’Etat. Il lui fit don également d’une pension de 500 livres sur les gabelles du Languedoc dont il était
déjà visiteur, ainsi que des greniers à sel.
« Cet homme, dit François de Gaufridi, conseiller au parlement (histoire de Provence – 1680) avait
vieilli dans le service et les emplois et s’était si bien acquitté de tout, que non seulement il conserva ses
appointements, quand il passa à d’autres charges, mais aussi que Charles VII qui avait su l’apprécier à sa
valeur, l’attira dans son service. »
Vers la même époque, le Roi René nomma Charles de Castillon viguier de la ville d’Arles (1). Il est
qualifié dans les lettres patentes de magnifiques et égregins vie carolus de Castillon, dominus de
Albanea (Aubagnac). – à ces nombreuses charges il joignit celles de Chatelain de Fourques, en
Languedoc (1447) et en 1148 de conservateur des Juifs en Provence que les Princes tenaient beaucoup à
protéger pour les services signalés qu’ils en recevaient en finances. Cette charge qui donnait de grands
revenus, fut toujours occupée par des personnages de haut rang, Jean de Matheron en 1485 et, après
lui, par les frères du Grand Palamède.
Déjà chancelier du Roi et Président aux comptes, il fit aussi partie de l’ordre du Croissant dont il
devint Chancelier. Le Roi avait établi cet ordre à Angers le 11 août 1448. Il ne pouvait être accordé qu’à
50 chevaliers qui devaient être sans reproche et ne fut en réalité conféré qu’aux plus grands seigneurs et
des plus qualifiés de Provence. La décoration représentait en croissant d’or, avec cette devise : » …..en
croissant. » Les chanceliers du croissant étaient habillés d’écarlate, doublé de menu-vair. Cet ordre fut
supprimé en 1460 par le Pape Pie II qui voulait rendre libres, en les délivrant de leur serment, les
chevaliers napolitains attachés à la maison d’Anjou, pour former une sainte ligue contre les Turcs.
(Histoire du Roi René par le Comte de Quatrebarbe).
E. Fassin, dans ses annales calamiteuses de la vile d’Arles, rapporte un fait qui montre la valeur, la
réputation et la générosité de Charles de Castillon. En 1453, les incursions des corsaires catalans sur le
territoire d’Arles devenaient si menaçantes que toute la population rurales des bords du Rhône fuyait à
leur approche et que la ville d’Arles, lasse de réclamer en vain le secours du Comte de Provence, se
décida à lever sa milice et prit à sa solde 50 arbalétriers avec quelques navires. Charles de Castillon étant
venu prendre le commandement de ces troupes, surprit les ennemis qui remontaient le Rhône avec des
galères traînées par des chevaux, fondit sur eu, les pourchassa et tailla en pièces, mit en fuite leurs
navires et pour quelque temps ramena la sérénité sur les deux rives du Rhône.
Par lettre du 10 avril 1459, il fut chargé avec le conseillé Martin et Louis de Beauvau, Sénéchal de
Provence, d’aller négocier le mariage de Jean d’Anjou, Duc de Calabre et de Lorraine, fils du Roi, avec la
fille du Comte de Foix, mariage qui n’eut pas lieu. La même année (14 novembre) Charles de Castillon
signa une déclaration au Roi René par laquelle ses héritiers, après sa mort, étaient tenus de lui restituer
la baronnie d’Aubagne, moyennant 300 écus de retour. (Charte en latin des archives de la mairie du
Castellet). A la mort de Charles survenue en 1461, la seigneurie d’Aubagne fit en effet retour au Roi qui
en laissa la jouissance à Jeanne de Laval, sa seconde femme. Ce ne fut que le 20 février 1473 que par un
acte d’échange le Roi céda la baronnie d’Aubagne et ses dépendances, y compris Le Castellet, d’un
revenu considérable, à Assardeau, alors évêque de Marseille, contre les terres de Saint-Cannat, Alleins et
Valbonnette que possédait l’évêque, alors presque stériles, amis plus abondantes en gibiers de toute
espèce.
Depuis lors, toutes les terres dépendant de l’ancienne seigneurie d’Aubagne, sont restées jusqu’à
la Révolution sous la directe des évêques de Marseille. Déjà en 1443, Etienne de Vincent, seigneur de la
terre de Jullians, contiguë à celle du Castellet, rendait foi et hommage à l’évêque de Marseille. Malgré
cet état de choses, Charles de Castillon n’en est pas moins considéré comme le chef de la branche des
seigneurs de Castillon, comme son frère l’était déjà de celle des seigneurs de Cucurron.
(1)Le viguier était un juge qui en Provence, faisait les mêmes fonctions que les prévôts royaux dans les autres provinces. A
Marseille, en particulier, ce titre fut donné au gouverneur de la ville.
Vers cette même époque et avant sa renonciation à la seigneurie d’Aubagne, Charles de Castillon,
par ses soins et ceux de son gendre Palamède de Forbin, avait assaini la grande plaine d’Aubagne, jadis
sous l’eau, et desséché les paluns ou marais contigus, d’où proviendrait, dit-on, la source de Forteniou
(près Cassis), ces dessèchements ayant amené les eaux des anciens paluns vers des embues voisins
(histoire de la Châtellenie de Saint-Marcel pa le Maquis de Forbin d’Oppède)
Après une vie aussi bien remplie et avoir fait son testament le 12 décembre 1450, Charles de
Castillon mourut le 4 janvier 1461 à Aubagne où il fut enseveli.
Il laissa un fils René qui continua sa descendance et une fille Jeanne qui avait été mariée le 28
janvier 1455 à Palamède de Forbin, dit Grand Sénéchal de Provence, seigneur de Soliers et Vicomte des
Martigues, ainsi qu’il apport de l’acte suivant : (Notaire Baussch à Aubagne)
Mariage entre noble et égrège homme, Monsieur Palamède Forbin, docteur en chaque droit de la
ville de Marseille, avec demoiselle noble Jeanne de castillons, fille de magnifique et égrège homme
Charles de Castillon, seigneur et Baron d’Aubagne et de la baronnie, Conseiller du Roi et Maître Rational
et de magnifique dame Madeleine de Quiqueran.
R ené, après la mort de son père, continua à se qualifier de Baron d’Aubagne, bien qu’il n’eut
plus la possession de cette seigneurie. Il fut aussi seigneur de Beynes, cette terre située dans la Viguerie
de Dignes, ayant été acquise par lui de son cousin germain ; Jean de Castillon, seigneur de Cucurron.
Enfin le 23 septembre 1493, la seigneurie du Castellet, qui relevait de l’évêché de Marseille, fut aliénée
en sa faveur par les commissaires délégués des Papes Sixte IV et Alexandre VI. (Archive de la mairie du
Castellet)
Par lettres patentes du 5 août 1480, René est nommé écuyer des écuries du Roi Louis XI. – le 8
févier 1481, Palamède de Forbin, gouverneur de Provence, lui fait octroi d’une pension de 300 florins,
en considération des bons services rendus par lui à sa majesté. Le 25 mars de la même année, il est élu
syndic noble de la ville d’Arles, mais le 29 janvier 1482, une ordonnance du Gouverneur portant que les
syndics seront désormais appelés Consuls. René devient premier Consul. Ce fut le premier Castillon
qu’on trouve en charge dans la ville d’Arles. René fut encore élu premier Consul en 1494. Du reste
depuis 1464 jusqu’à sa mort, il figura sans interruption dans l’état des Conseillers nobles de la ville.
Charles, Comte de Provence et successeur du Roi René, étant mort à Marseille au commencement
de décembre 1481 et devant être enseveli à Aix le 3 du même mois, la ville d’Arles députa, pour assister
à ses obsèques, noble René de Castillon, syndic, Bermont, Bochon et Fouquet de la Tour, seigneur de
Romoles, avec pouvoir d’honorer les dites funérailles de cinquante flambeaux et bastons au dépens de
la ville d’Arles. (Archives de l’Hôtel de ville)
Le 19 décembre suivant, Boniface de Castellane, Viguier d’Arles, René de Castillon et Brémont de
Bosches, consuls de d’état des nobles, portèrent hommage de fidélité au Roi Louis XI et le firent
proclamer par la ville d’Arles, Palamède de Forbin étant président.
En 1483, Louis XI devant marier son fils Charles VIII avec Marguerite d’Autriche, fille de
l’Empereur Maximilien et de Marguerite de Bourgogne, écrit en Provence, pour qu’on envoie des
députés afin d’assister à la célébration des noces et de prêter à son fils le serment de fidélité. Les états
assemblés à Toulon députèrent d’Agout, seigneur d’Entrevennes, Castillon, seigneur de Beynes et
Tarente, seigneur de Sénas, le député de Marseille fut Jacques de Candolle, assesseur. (Papon, histoire
de Provence et Ruffi.) Le Roi à cette occasion conféra à ces députés l’Ordre de Saint-Michel, que Louis
XI avait établis en 1469, les faisant surnuméraires du nombre qui était de 36 en tout.
En 1484, René est élu avec Jean Meyran, caritadier (1), l’une des charges de la ville d’Arles.
Il est ajourné en 1494 avec les autres consuls et conseillers d’Arles devant le conseiller,
commissaire du Roi, pour avoir à élargir les officiers maltraités et incarcérés par les habitants, à propos
d’un différent grave, survenu entre le ville de Vienne (Dauphiné) et celle d’Arles à l’occasion des
reliques de Saint-Antoine.
Après avoir fait son testament le 1er janvier 1498, René de Castillon mourut le 24 mai suivant.
Il avait fait alliance le 19 juin 1471 avec Jeanne de Villeneuve, fille de noble Armand de
Villeneuve, seigneur des Arcs et de Trans et de dame Honorade de Baschi qui l’avait épousé le 24
décembre 1440.
De ce mariage étaient nés :
François de Castillon qui suit ;
Et trois filles dont l’une Colette de Castillon, épousa Louis de Villeneuve, seigneur de Flayosc et les deux
autres entrèrent dans les maisons de Castellane – La Verdière et d’Aube de Roquemartine.
IV – François de Castillon
(Franciscus de Castillone, dominus de Bedenis)
(né en 14…., mort en 1550)
F rançois de Castillon, écuyer, seigneur de Beynes, est qualifié dans les actes de noble et de
magnifique. Il fut Conseiller de l’Etat des nobles de la ville d’Arles de 1503 à 1549 et élu six fois premier
Consul, notamment en 1512 et 1525.
Il fit alliance le 12 octobre 1505 avec Marguerite de Gérente, fille de Thomas, seigneur de Sénas,
du Tholonet et de Beaurecueil et de Louise de Glaudevès.
François figure le 2 mars 1521 dans une députation du conseil de ville au gouverneur de
Provence pour faire conserver la perception à perpétuité des gabelles depuis longtemps autorisée ? ce
qui fut accordé, moyennant le paiement au Roi de 3000 florins d’or et l’obligation d’employer le
montant des gabelles à des objets d’utilité publique.
Le 23 juillet 1525, les consuls, en vertu des délibérations de précédents conseils, veulent faire
vendre aux enchères ou arrenter plusieurs paluns de la ville. Un grand nombre de pêcheurs se
soulevèrent à cette occasion et vinrent menacer les consuls, entre autres, un nomma Mr de Beynes,
premier consul, mais en fut empêché par les autres consuls.(1)
François de Castillon est désigné le 26 mai 1536 avec d’autres conseillers pour vérifier l’état des
murailles de la ville et pourvoir à leur réparation, dans l’appréhension de l’arrivée de l’ennemi.
Il figure en juillet 1537, aux Etats de Provence qui demandent au Roi une diminution d’impôts à
cause de la misère affreuse où l’armée impériale avait réduit les habitants. Le 25 mars 1544, le Roi
François 1er vend à Claude de Marseille, Chevalier du Saint Sépulcre et du Roi, capitaine général de ses
galéasses et gros vaisseaux, une partie de son domaine en Provence, soit les censes qu’il recevait sur
certains mas dépendant du Château des Baux. Cette vente fut faite en la chambre d’Aix en présence de
François de Castillon, seigneur de Beynes et de Simon Albert, receveur d’Arles. (Fastes de la Provence
par Maître Fondue, avocat d’Arles – 1937)
(1)La charge de Caritadier équivalait à celle d’un président actuel d’établissement publique ?=. elle était à cette époque
confiée à l’un des plus nobles de la ville.
François de Castillon mourut le 15 août 1550, après avoir fait son testament et laissa après lui
trois fils et une fille :
- Pierre de Castillon, institué son héritier, qui suit
- Marc, Honoré de Castillon, qui fut en réalité le chef de la branche des seigneurs du Castellet et
d’Entrages. Cette branche, les autres étant déjà éteintes, subsistait encore à Toulon en 1776 dans la
personne de messire Bruno de Castillon, chevalier, capitaine des vaisseaux et brigadier des armées du
Roi. C’est de lui que proviennent les débris encore existant de cette ancienne famille.
- Hardouin de Castillon, de Beynes, sui fut reçu chevalier de Rhodes en 1560 et devint
commandeur de Ste Luce et de Saliers, dépendant de Grand Prieuré de St Gilles. Il se rendit des plus
utiles eu Roi Henri II, en prenant pour son service 3 galères qu’il possédait en propre ; ce dont il fut
récompensé en recevant pour 6 ans la jouissance du greffe des appellations d’Arles (15 février 1551). Il
mourut à Syracuse des blessures reçues dans un combat naval contre les turcs.
- Marguerite de Castillon, mariée le 9 janvier 1555 à noble Louis de Cays, gentilhomme d’Arles, fils
de Jean.
V– Pierre de Castillon
(né en 15…., mort en 1593)
D.O.M.
Car IX, Franco-Rege,
Hoc in Egemorum levamen,ore tuni publico, tuni privato, Ab Arel, Reg VI Kal, Solemnites
dédicatum, Operis Presides : P. de Castillon, D. de Beynes – H. ee l’Edtang
J.L. Borel et A. Drivet, utruisque ordinis senatores, in hanc elegantiam a fundamentis crexere.
(1)On appelait religionnaires dans le temps des guerres de religions, ceux qui faisaient profession de la religion réformée
Le 22 janvier 1574, Henry III recevant de Pologne par Vienne de Turin, pour prendre la couronne,
s’arrêta en Avignon. Jean de Renaud, sieur d’Allein, premier consul de l’état des nobles, L. Borel, consul
de l’état des Bourgeois, Pierre de Castillon, écuyer, chevalier de l’Ordre du Roi et seigneur de Beynes,
Honoré de l’Estang et Valentin de Grille, aussi écuyer et autres, vinrent y faire hommage et prêter
serment au Roi au nom de la ville d’Arles. Celui-ci ayant quitté le pays pour se rendre à Paris, le sieur
de Beynes avec les consuls et le sieur de Beaujeu s’employèrent activement à déjouer toutes les
tentations faites en Arles et dans les environs pour faire prévaloir toutes les prétentions de ceux de la
religion réformée et de leurs partisans contre le Roi.
Pendant le Carême de 1575, l’on croyait fort dans la ville d’Arles quelque tentative ou trahison des
réformés. Aussi, M.M. d’Allein et Marc d’Ursane, consuls, assistés de M. de Beynes et autres de la ville,
étaient toutes les nuits veillant sur les murailles et corps de garde pour se garantir de ladite entreprise,
étant avertis par quelques affidés, sans savoir qui étaient ceux qui la conduisaient. (Mémoire de Mgr
Damian – Nègre, prêtre)
La ville d’Arles fut de plus divisée pendant les troubles de la Ligue, dit M. de Rebattu, conseiller
du Roi au siège d’Arles, dans un de ses recueils manuscrits, d’une part des bourgeois suivis de plusieurs
gentilshommes et les consuls tenant pour le Roi et le sieur de la Valette, son représentant dans le pays,
appelés Bigarrats ; d’autre part, le sieur de Biord Pierre, lieutenant principal au siège d’Arles ; fortifié des
gens d’église, de la justice, du plus grand nombre de la noblesse , bourgeois et peuple, prit parti pour le
Duc de Guise et la ville de Paris, qui fut dit de la Ligue.
Au surplus, voici, d’après un manuscrit de la Bibliothèque Méjanes d’Aix, les faits les plus saillants
qui rappellent le rôle actif de Pierre de Castillon et de son fils pendant les troubles de La Ligue en Arles
de 1588 à 1598.
En décembre 1588, le sieur d’Allein recevant de la Cour, apprend que le Roi Henry III vient de
révoquer les pouvoirs du sieur de la Valette, Gouverneur de Provence, qui tenait pour la Ligue et la
maison de Loraine. Il conjure le Baron de Calvisson, le sieur de Beynes, les sieurs d’Aiguières et d’Icard
père de se retirer eux et leurs enfants de son service.
Leur dévouement à la cause royale était assuré. En effet, le 13 février 1589, le sieur de Beynes
étant allé à Fouques (2), pour voir le sieur Jehan, son fils, qui portait les armes pour le parti du Roi, le
lieutenant du Sénéchal, Pierre de Biord, homme ambitieux et intriguant et ceux de La Ligue auxquels il
était dévoué, prétendirent que le sieur de Beynes, dont il était le filleul, son fils et les Biguarrats
préparaient une conjuration contre la ville. Ceux-ci se plaignirent aux consuls de cette accusation et
dans une entrevue qu’ils eurent en leur présence, dans la maison di sieur de Beynes, le sieur Jehan, qui
était muet, lui exprima ses plaintes par signes, et s’en aigrit contre lui. Le sieur Philippe de Varadier,
écuyer de Saint-Auriol, prit ensuite la parole et lui dit quelques mots des plus piquants au point que
Biord voulait lui mettre la main au collet et le conduire en prison. Heureusement, que par l’intervention
des consuls, l’accord finit par se faire entre eux. Pourtant le parti de La Ligue devenant partout des plus
entreprenant.
Le 4 avril de la même année, le consul de ville charge le sieur de Beynes et Louis Tourrel de faire
récurer les fossés d’Arles, réparer ses fortifications ainsi que celles de son territoire, d’acheter 50 piques
et bon nombre d’arquebuses pour être déposées dans la maison de ville et s’en servir au besoin.
Le Roi ayant été assassiné en août par Jacques Clément, avis est donné le 10 janvier 1590, d’une
convention en Aix d’une assemblée générale des états.
Les Bigarrats, toujours très unis, avaient l’habitude de se rassembler dans la maison du sieur de
Beynes, où personne ne songeait d’aller les attaquer. Ils voyaient pourtant, à grand regret, les progrès
de La Ligue autour d’eux. Depuis quelque temps était arrivé en Arles un sieur Terrolles, envoyé par le
parti, pour, de concert avec Biord, amener la soumission de la ville à la maison de Loraine. Emus de ces
intrigues, plusieurs gentilshommes, y compris le sieur de Beynes, armés de leur épées, partent le 27
avril 1590 de sa maison, pour entreprendre de tuer Biord et Terrolles qu’ils savaient devoir se trouver
sur la place du marché. Leur projet eut été certainement mis à exécution, s’ils n’avaient été arrêtés par
les consuls, les sieurs de Beaujeu et de Balarin, qui parvinrent à les contenir et à amener une
réconciliation. Celle-ci fut de peu de durée.
Le 1er août 1590, 40 ou 50 Bigarrats, la plupart personnes de qualité, étaient réunis dans la maison
de M. de Beynes, quand ils y furent assiégés par une populace ameutée à l’instigation du lieutenant.
Ceux-ci pratiquèrent aussitôt des meurtrières, bien résolus à se défendre. Les consuls intervinrent encore
une fois et, pour donner une sorte de satisfaction à la populace, il fut décidé que ceux des assiégés qui
seraient désignés, sortiraient sous leur protection ; au nombre desquels se trouvèrent le sieur de
Méailles, muet, fils de M. de Beynes, le sieur de Montréson et quelques autres, qui parurent revêtus de
leurs cuirasses, montés sur chevaux et escortés par leurs valets. Ils furent conduits, sans déplaisir, à l’une
des portes de la ville, d’où ils allèrent, les uns dans leurs mas de Camargue, les autres en Languedoc,
pour être plus en sûreté.
Après cette échauffourée, il y eut une tentative d’accommodement des divers partis.
(1)extrait d’un manuscrit de la bibliothèque Méjanes d’Aix -(2)Fouques était situ »é en Languedoc, dans l’angle formé par
le fleuve et le bras du petit Rhône. C’est aujourd’hui une réalité peu importante, dépendant du canton de St-Gilles (Gard)
Le jour de Notre-Dame de la mi-août, les principaux de la ville sont rassemblés dans la grande
salle de l’Archevêché, M. de Beynes, qui était mutilé de ses jambes depuis quelques années, se fait
porter dans ladite salle sur une chaise. M. de Beynes ayant indiqué les motifs de l’assemblée, le
lieutenant de Biord remontre que le serment de réconciliation que l’on allait faire était fort à propos,
que pour sa part, il était prêt à oublier tous les tors qu’il avait reçu du sieur de Beynes, son parrain. L
parle de la conjuration qui avait été faite dans sa maison de le tuer, de la retraite qu’il y avait toujours
donné aux Bigarrats, perturbateurs du repos public, et tient tant d’autres discours qui offensaient ce
vieux gentilhomme plein de courage. Après un pareil langage, Biord se levait pour aller l’embrasser,
lorsque le sieur de Beynes, irrité de ses discours, se ressouvenant du cas qu’il avait fait des précédentes
réconciliations, s’écrie, en le voyant s’approcher, qu’on lui ôte ce fou et hausse un bâton pour le
frapper. De quoi, le lieutenant fort irrité, se prit à dire que c’était une piperie, sous prétexte du bien de
la paix, de sorte que cette belle assemblée demeura sans effet.
A ces évènements succéda dans la ville d’Arles une longue période d’anarchie pendant laquelle
l’administration étant entre les mains des Ligueurs et des gens sans aveu, les hommes honnêtes ou de
qualité furent menacés ou exilés.
Quoiqu’il en soit, le dévouement de Pierre de Castillon à la cause royale se poursuivit sans
défaillance jusqu’à la fin de ses jours. Après avoir fait son testament le 18 octobre 1585, il mourut le 21
septembre 1593. il laissa un fils et une fille :
- Jean, Léon de Castillon, institué son héritier qui suit.
- Madeleine de Castillon, mariée le 29 septembre 1575 à Jean de Renaud, seigneur d’Allein et
Chevalier de Saint-Michel.
J
VI – ean, Léon de Castillon
(né en 15…., mort en 1629)
S eigneur de Beynes, élu au conseil de la ville d’Arles pour l’état des nobles de 1594 à 1629.
Quoique sourd et muet de naissance, il savait lire et écrire parfaitement et composa même une
généalogie des comtes de Provence.
Il était patron avec les hoirs de Gaucher de Quiqueran, sieur de Beaujeu, d’une chapelle fondée
le 10 août 1370 par Marguerite Quiqueran dans l’église paroissiale de Saint-Martin d’Arles, au grand
autel. Jean épousa le 20 mars 1566 Marie de Grasse de Bar, fille de magnifique et puissant seigneur
Antoine de Grasse de Bar, écuyer, seigneur de Briançon et de Nicaise de Russan.
Inféodé avec son père, au parti du Roi qu’il ne cessa de soutenir avec le plus complet
dévouement, il s’était réfugié en Languedoc à la suite des troubles de La Ligue qui eurent lieu en Arles
.Il n’en prit pas moins en 1592, avec Vintimille et Tourves une part active à une action de guerre où les
royalistes, agissant sous l’impulsion du Duc d’Epenron, taillèrent en pièces, du côté de Pignans, un
corps de mille arquebusiers commandés par le Chevalier d’Aiglun. Les ligueurs, consternés de tant de
pertes, firent proposer une suspension d’armes par Castillon – Cucurron et par Allamananon. Il leur fut
répondu que, avant tout, il fallait reconnaître Henri de France. A la suite de cette victoire, Jean de
Castillon fut désigné parmi les députés royalistes, ayant à leur tête d’Epernon, chargés de traiter de la
paix avec les ligueurs. (Papon. Histoire de Provence)
En janvier 1594 seulement, on apprend que le Parlement d’Aix vient de reconnaître Henri de
Bourbon et de Navarre, comme Roi légitime de France. Mais, malgré la paix de la ville d’Arles avec le
Duc d’Epernon, ce n’est qu’en septembre 1595 que le mouvement royaliste s’y accentua. En effet à cette
époque, le Cardinal Aqueviva, légat du Pape, reçoit un courrier de Rome qui lui fait savoir que le Pape
a reçu le Roi dans le giron de l’Eglise et porte l’ordre de faire en cette occasion tout ce qui peut
témoigner de la plus grande joie. Sans attendre que le bruit commun l’apprenne, le Cardinal fait savoir
au siège d’Arles la nouvelle que le courrier lui a apportée. Mais la ville ne pouvait faire éclater sa joie,
étant déjà très engagée dans les intérêts de M. d’Epernon. Les consuls avaient promis, entre autres
choses, de l’assister contre tous les ennemis. Aussi les chanoines ne trouvant possible d’agir, comme ils
le souhaitaient, se contentèrent d’avertir leurs parents de ce qui se passait. Quand cette nouvelle fut
publiée, plusieurs allèrent exhorter les chanoines de vouloir bien faire la procession. Ils disaient que le
monde s’animerait par leur exemple. Sur les instances qui leur sont faites, par bien du monde, les
chanoines prennent heure pour la procession. (Elle fut fixée au 15 octobre) A l’heure assignée, les sieurs
de Beynes et de Beaujeu se rendent les premiers à l’église. Ils paraissent avec l’écharpe blanche. Bien
d’autres gens de qualité s’y rendent aussi. Comme la procession est en marche, il se trouve quelques-
uns parmi le peuple qui disent aux enfants de crier : Vive le Roi ! Aussitôt tous les enfants se mettent à
crier. Le monde reçoit si bien ces cris que chacun se met à crier de même. Tous ouvrent en même
temps leur cœur au Roi. Mais pour faire le chose avec plus d’ordre, les consuls assemblent le Conseil
Général. On y résout tout d’une voix de rentrer dans le service du Roi, de députer vers sa majesté pour
lui rendre hommage et de témoigner l’allégresse publique par des processions et par des feux qui
durèrent trois jours. Ceux, que la misère des temps tenait éloignés, reviennent en ville et sont reçus à
bras ouverts, tant on avait envie d’oublier les choses passées. (Histoire de Provence de François de
Gaufridi, conseiller au Parlement……1684)
Ces faits et le rôle actif de Jean de Castillon dans la reconnaissance du Roi par la ville d’Arles sont
confirmés par tous les documents. M. de Castillon et de Beaujeu, dit Achard dans son dictionnaire des
hommes illustres de Provence, furent les premiers des gentilshommes d’Arles qui prirent l’écharpe
blanche dans la guerre de la ligue et qui par le moyen des gens qu’ils avaient semés parmi la foule dans
une cérémonie entraînèrent le peuple et l’échauffant par leurs cris de : Vive le Roi !, le portèrent à se
soumettre à Henri IV et à empêcher le retour du Duc d’Epernan, alors rebelle aux ordres de la cour.
Comment Jean de Castillon, malgré ses infirmités, a-t-il pu remplir pendant son existence un rôle
toujours agité et parfois si utile ? César Nostradamus (histoire de Provence – 1614) nous l’apprend en
nous faisant son portrait pris sur le vif. Le fils de Pierre de Castillon et de Renée de Castellane, dit-il, fut
Jean, Helion de Castillon, sieur de Beynes, privé par un défaut de nature de la parole et de l’ouie et par
accident d’un coup d’estouf (sans doute estoc, pointe d’épée) d’un œil, au demeurant bien formé de
corps, de taille héroïque et puissante, adroit à toutes sortes d’exercices, d’un esprit et d’une
compréhension si excellente et si admirable qu’il fit des choses incroyables et prodigieuses ; ce qui
semble même l’avoir rendu chenu et tout blanc dans sa plus vigoureuse virilité. Ce gentilhomme, de
Marie de Grasse de Bar, sa femme a eu plusieurs enfants mâles et femelles, muets et muettes comme
son père, entre autres.
Pierre de Castillon épousé à Françoise Varadier, aujourd’hui vivants, tant le père que les enfants
en la ville d’Arles, où cette maison de Beynes a tenu des premiers et des plus illustres rangs entre les
gentilshommes tant aux assemblées particulières que publiques.
En 1614, dans un procès devant le Conseil du Roi, entre les consuls nobles et bourgeois
demandeurs et M. Jacques de Grille ; sieur de Robiac, viguier d’Arles, tendant au remboursement et à la
suppression de cet office qui serait mis à la charge des consuls, M. de Beynes exprime par signes qu’il
partage l’avis de M.M. mes consuls. Lors du passage de Louis XIII en Arles, le 29 octobre 1622, Jean de
Castillon eut l’honneur de présenter au Roi, sa mère, Renée de Castellane, baronne de Laval.
Jean de Castillon mourut en 1629, laissant comme héritier, son fils, Pierre de Castillon qui suit et
entre autres filles, Marguerite de Castillon qui épousa le 1er décembre 1598 Paul de la Baume, seigneur
de Casteljac, des Isarn, seigneur de Crussolles.
P
VII – ierre de Castillon
(né en 15…., mort en 1649)
S eigneur de Beynes. Il fut élu en 1630, conseiller de la ville d’Arles pour l’état des nobles et
ne cessa d’y figurer jusqu’en 1649.
C’est à cette époque que cessa l’organisation en vigueur parmi les conseillers à perpétuité dont 50
nobles et 50 bourgeois. Le sieur de Beynes et son fils avaient signé dès 1644 une requête eu
Gouverneur de Provence pour faire cesser la perpétuité de la maison commune, demander la
suppression du second chaperon consulaire des nobles et obtenir un nouveau règlement sur la matière.
Une ordonnance conforme fut homologuée le 1er mai 1644 par un arrêt du Conseil d’Etat ? ce n’est
pourtant qu’en 1649 que cette réforme fut mise en vigueur.
En août 1642, la tour de Balouard ou du Lion ayant été démolie dans l’Islon du Védeau, Pierre de
Castillon acheta une partie des matériaux en provenant pour servir à construire sur les dits herbages,
une honnête maison basse destinée au rentier.
Il avait été marié le 4 octobre 1598 à Françoise de Varadier, dont il eut :
- Jean de Castillon, sieur de Beynes, mort vers 1647 dans les armées du Roi, étant officier de
cavalerie
- François qui devint son héritier.
Pierre de Castillon mourut en 1649.
F
VIII – rançois de Castillon
(né en 16…., mort en 1670)
C hevalier, Marquis de Beynes. Il fut reçu page de la petite écurie du Roi (1) le 23 mars 1734. Fit
parti du conseil de ville de 1750 à 1762.
Le 1er août 1760, le Marquis de Castillon, premier consul d’Arles, suivant un ancien usage, assistait en
chaperon à la messe de Trinquetaille (faubourg d’Arles). Il eut à se plaindre de ce que le curé ne lui eut
pas offert l’eau bénite, à son entrée dans l’église, comme l’exigeait le décorum dû au premier magistrat
de la cité ? Comme les marguillers, sur sa plainte, semblaient ne pas reconnaître son droit, le Marquis les
fit poursuivre devant le lieutenant correctionnel et ne renonça à son action que lorsque ceux-ci avouant
leurs torts, se furent soumis.
Le 22 septembre de la même année, le Marquis assista, chaperon en tête, précédé des trompettes et
valets de ville et sur la demande de la famille, aux obsèques de M. Sabathier, archivaire (2) et secrétaire
de la communauté.
Il avait épousé en Arles M……… de Serre, dame de La Roque dont il n’eut qu’une fille.
En lui s’éteignait la branche des Seigneurs et Marquis de Beynes. Les autres branches de cette
noble famille avaient déjà disparu vers le milieu du XVIII me siècle, à l’exception d’un cadet de la
branche des seigneurs du Castellet, qui subsistait encore au lieu de La Cadière, près Toulon, et était au
service du Roi dans la marine.
(1)il y avait dans l’ancienne Cour de France la grande et la petite écurie. On appelait ainsi le logement des écuyers, pages,
etc.…Ceux attachés à la petite écurie étaient chargés, sous la direction du Grand Ecuyer, des chevaux que l’on attelait aux
carrosses, chaises, etc.… Tandis que ceux de la grande écurie s’occupaient des chevaux affectés à la guerre ou aux
carrousels.
(2)Archivaire, …..illisible……
Branche des Seigneurs de Cucurron
L a branche des seigneurs de Cucurron eut pour premier auteur Cola, Cosme ou Colin de
Castillon, frère puîné de Charles deuxième du nom. Après s’être subdivisé en deux rameaux, l’un au lieu
de Lambesc, l’autre continuant la lignée à Cucurron, elle s’éteignit pauvrement dans le cours du XVIII
ième siècle, ayant tenu noblement son rang dans les premiers temps mais après avoir beaucoup perdu
de son lustre dans les derniers.
On vit ainsi se vérifier à son sujet ce que dit Papon dans son histoire de Provence : « Une infinité
de familles, nobles d’origine, descendant de cadets pauvres » Car, il fut un temps, où presque tous les
cadets se mariaient. Ces familles se trouvant sans titres et sans fortune rampent dans la roture et s’allient
avec des personnes de la bourgeoisie ou du peuple qu’elles attachent par les liens du sang aux maisons
illustres dont elles descendent.
D euxième fils de Luc de Castillon, le premier du nom qui ait suivi les Princes d’Anjou en
Provence, fut Baron d’Aubagne, seigneur de Cucurron, Vaugine et Beynes.
Maître Rational à la cour d’Aix et secrétaire du Roi. Les catalans ayant attaqué la ville de Marseille par
terre et par mer et les hostilités se prolongeant sans résultat, grâce à la vigoureuse résistance du Vicomte
de Reillane, Gouverneur de la ville, une conférence eut lieu enfin dans l’abbaye de Saint-Victor entre le
Gouverneur et les chefs de l’armée ennemie qui signèrent une trêve que quatre ans. Ce fut Cola de
Castillon, secrétaire du Roi, qui vint lire la traité de paix, sur la colline du Pharo au dessous de laquelle
flottait au vent les voiles catalanes ; ce qui fut juré solennellement par les parties sur l’évangile. (5 juin
1431 – histoire de Marseille par Ruffi)
En août 1443, le Roi René croyant qu’il ne fallait pas abandonner ses espérances sur le royaume
de Sicile, s’avisa qu’il fallait conserver ses amis dans ce pays-là. Pour ce sujet, il envoya Vidal de
Cabannes et Cola de Castillon, son conseiller et ambassadeur vers quelques seigneurs d’Italie. Il sollicita,
entre autres, le Duc de Milan, les vénitiens et les florentins pour se liguer avec eux contre Alphonse
qu’il savait être leur ennemi commun.(histoire de Provence de Gaufridi) Cette qualité d’ambassadeur fut
confirmée par le Roi René à Cola de Castillon en 1444.Le 16 août 1448, une transaction intervient entre
noble et Castillon d’une part, noble Jean du Caylar, damoiseau(1), noble Catherine de Cabannes, son
épouse, d’autre part, au sujet des prétentions que le premier avait sur la moitié des biens de Jean de
Cabannes at Aunarde du Font, son épouse, père et mère de ladite Catherine de Cabannes.
Cola de Castillon fut marié à Jeanne de Saint-…. De la ville de Fréjus. Il mourut à Aix le 2 août
1461 et fut inhumé dans l’église paroissiale de la Madeleine, construite vers le milieu du XIV ième siècle,
au midi du palais Courtal et démolie en 1792. On y lisait cette inscription ou Cola est qualifié de noble
et magnifique seigneur (hic jacet nobilis et magnificus vir dominus Cola de Castillone, donimus de
Bedenis et d e Cucurrone, anno 1461).
Cola de Castillon laissa deux fils et une fille :
- Jean qu’il reconnut par son testament son héritier, il fut seigneur de Beynes et de Cucurron et
vendit sa terre et seigneurie de Beynes à son cousin germain, René de Castillon, Baron
d’Aubagne,. Marié à Marquise de Sabran, il n’eut qu’un fils, Arthur de Castillon, qui mourut
sans avoir été marié.
- Fouquet de Castillon, seigneur en partie de Cucurron. Il épousa Colette de Brisson et eut
deux fils, Fouquet et Pierre qui suivent. Le 3 novembre 1476, une convention était intervenue
entre les deux frères Jean et Fouquet pour régler l’état des biens délaissés par leur père.
- Anne de Castillon qui, en 1482, épousa Jacques de Forbin, seigneur de Gardanne.
(1)Nom que l’on donnait aux jeunes gentilshommes qui n’éaient pas encore chevaliers et qui aspiraient à le devenir
Fouquet II de Castillon
(Mort en 1508)
S eigneur de Cucurron. Le 9 avril 1487 il figura aux Etats Généraux de Provence convoqués à Aix
par Charles VIII, où, dit Papon, furent présents avec les Prélats, les Barons et Gentilshommes une bonne
partie des plus nobles, anciennes et signalées familles, pour confirmer la réunion de la Provence à la
France.
Marié à Louise de Lacroix, des seigneurs de Courbières, il en eut deux fils et une fille.
- Cola de Castillon que son père reconnut pour son héritier par son testament du 28 mars 1508
et n’eut point de postérité.
- Louis de Castillon, devenu seigneur de Cucurron par la mort de son père.
- Marguerite de Castillon, qui épousa le 29 décembre 1552 noble Gaucher Mathéï, seigneur de
Revert.
François de Castillon
I l épousa Jeanne de Sabran. Ce fut François, qui après avoir pris parti pour la ligue, fit partie de
l’assemblée tenue à Aix, sur l’invitation des commandants pour le Roi en Provence, le Comte de Carcès
et Marquis d’Oraison, pour s’occuper des moyens d’écraser l’ennemi, ou du moins de conclure une
trêve qui ne put être décidée. (8 mars 1594)
Il n’eut qu’un fils, Gaspard de Castillon, qui contracta alliance avec Hélène Aquillenqui dont il
n’eut qu’une fille, Gabrielle, Charlotte de Castillon, mariée en 1643 à Jean de Castellane, seigneur de
Montmeyan.
Avec Gaspard et après une durée d’un peu plus de deux siècles, s’éteignit la branche aînée des
Castillon-Cucurron.
Branche cadette des Castillon-Cucurron
Pierre de Castillon
I e premier de cette branche cadette fut Pierre de Castillon, deuxième fils de Fouquet, seigneur
de Cucurron. Il épousa le 8 août 1517 Isabeau de Jayme ; fils de Breton-Jayme, dont il eut deux fils
Guillaume et Annibal.
Pierre, saint de Cucurron, après avoir consenti en 1566 une transaction avec louis de Castillon,
son neveu, pour régler les intérêts de ses enfants, procéda le 15 octobre 1583 à un accord entre lui et
ses deux fils Guillaume et Annibal.
Guillaume de Castillon, épousa à Lambesc le 24 avril 1606 Anne de Seguin, fille du capitaine
Mathieu de Seguin et de demoiselle Briconnes Charlotte (archives du notariat de Lambesc).
De ce mariage sont issus deux fils sui suivent.
1° - Jean-Baptiste de Castillon
J ean-Baptiste de Castillon était docteur en médecine. Il fit branche à Lambesc où il était venu se
fixer. Il passa ensuite à Aix où il pratiqua les fonctions de médecin et y mourut.
Il avait épousé le 28 févier 1634 Diane Blanque, fille de M. Barthélemy Blanc et de Demoiselle
Marguerite de Baratte dont il eut un fils, Etienne Joseph, né le 10 septembre 1638, qui continua, dit une
chronique du temps, la même fonction que son père, ne pouvant faire mieux.(critique du nobiliaire de
Provence de Bareillon de Mauvans).
2° - Jean-Pierre de Castillon
J ean-Pierre de Castillon continua la branche des seigneurs de Cucurron dans cette localité où il
vécut modestement et avec peu de biens.
Il fut marié le 2 février 1637 à Marie Chaix, fille de noble Pierre Chaix et de demoiselle Jeanne de
Bruis. De ce mariage naquit un fils, Jean-Joseph qui épousa dame Honorade de Vincens.
Il n’en eut qu’une fille, Anne de Castillon-Cucurron, qui contracta alliance le 23 juillet 1703 avec
Jean du Queylar, écuyer qui mourut le 28 octobre 1729.
C’est le 14 avril 1668 que Jean-Pierre de Castillon du lieu de Cucurron et son fils, sur la requête
par eux faite à nos seigneurs les commissaires, réputés pour la vérification des titres de noblesse, furent
autorisés à faire leur preuves et admis à jouir plus particulièrement des privilèges de la noblesse
reconnue en 1668.
Cette branche, comme celle transplantée à Lambesc puis à Aix, s’éteignit sans éclat dans la
première moitié du XVIII ième siècle.
Branche des Seigneurs du Castellet
et de Castillon
Marc-Honoré de Castillon
(Mort en 1606)
I e Chef de la branche des seigneurs du Castellet fut Marc-Honoré de Castillon, 2ième fils de
François de Castillon, 4ième du nom, seigneur de Beynes et de Marguerite de Gérente.
Il était Chevalier des Ordres du Roi Henry IV et Gentilhomme ordinaire de sa chambre.
La seigneurie du Castellet lui était echue par suite d’arrangements de famille. Le dénombrement
de tous les biens et droits de cette juridiction seigneuriale avait été fait le 15 décembre 1539, devant la
Chambre des Comptes à Aix, par le Révérend seigneur, Louis de Castillon, de la maison de Cucurron,
cousin d’Honoré, protonotaire du Saint-Siège Apostolique (1) et seigneur du Castellet.
En 1568, Honoré d eCastillon, avec le commandeur de Glandevès – Cuges, Castellane la Verdière
et quelques autres gentilshommes, se fit remarquer au siège de Sisteron, occupé par le parti protestant
qui céda la place aux catholiques.
Ce n’est que le 1er juin 1571 (sous Charles IX) que très noble et magnifique seigneur, Messire
Honoré de Castillon, seigneur du lieu du Castellet, fit acte de possession et d’autorité par une
transaction consentie devant Laurent Gamel, notaire, en faveur des syndics, manants et habitants du
Castellet, pour supprimer toutes les censes et autres droits et les remplacer par une cense générale à
payer par la communauté.(1) Honoré de Casillon fut Viguier de Marseille en 1585.
Il fit son testament le 5 septembre 1606 et mourut en laissant trois fils :
- Pierre de Castillon, son héritier, qui suit
- Antoine de Castillon
- Frédéric de Castillon.
Par son testament, Marc-Honoré demande que son corps soit enseveli dans l’église paroissiale du
Castellet, en une chapelle qui sera édifiée et construite aux dépends de son hérédité ; il institue pour
héritier particulier Antoine de Castillon, son second fils, à qui il laisse 4500 livres et 900 livres pour son
fils futur ; enfin, il reconnaît pour son héritier universel, l’un des enfants mâles de nobles Pierre de
Castillon, son fils aîné, tel que celui-ci l’élira et à défaut de postérité, les enfants mâles du susdit Antoine
et s’il n’y en a pas, les enfants les enfants mâles de son fils Frédéric et dans le cas où il n’y aurait que
des filles, celles-ci toujours par ordre de primogéniture.
Pierre de Castillon
(Mort en 1642)
I e testament d’Honoré de Castillon, malgré toutes les précautions prises pour assurer l’avenir et
la transmission régulière de la succession, devait donner lieu dans la suite à de nombreuses
contestations et à des procès.
Pierre de Castillon, pour le moment seigneur du Castellet, fut marié le 30 mai 1612 à Marguerite
de Boniface de Cabanes d’Auche. Il n’eut de ce mariage qu’une fille, Anne de Castillon, née en 1615,
qui à défaut d’héritiers mâles, devait recueillir en hoirie la seigneurie entière du Castellet.
Il fut Viguier de Marseille en 1623.
(1)C’était une redevance annuelle en argent ou en nature que les habitants devaient payer pour certains biens au seigneur
du fief dont ils relevaient
Le 6 octobre 1629, assisté de son père Pierre de Castillon, Saint du Castellet, et de sa mère dame
Marguerite de Boniface de Cabanes d’Auche, Anne de Castillon contracta mariage avec Messire Vincens
de Lombard, avocat au Parlement de Provence, fils de feu Messire André de Lombard, conseiller du Roi
en la chambre des comptes et commissaire des aides et de dame Marguerite Duboys, de la ville d’Aix,
qui fut dans la circonstance assistée de Jean Baptiste Duboys, conseiller du Roi en la cour du Parlement,
son oncle maternel (1) la constitution dotale d’Anne de Castillon fut de 30.000 livres représentées par la
cession de tous les droits seigneuriaux su Castellet évalués 20.000 livres et 10.000 livres restant à payer,
sauf à lui compter une pension viagère de 600 livres jusqu’à complet paiement et en outre un trousseau
(robes, bagues, joyaux) estimé 2000 livres. De son côté, la dame Duboys promit une somme de 60.000
livres et une maison à Aix, valant 12.000 livres, qui serait meublée suivant sa qualité, à la condition
qu’elle conserverait l’administration et la jouissance de tous les biens, sa vie durant, et que s’il n’y avait
pas accord entre eux, la maison serait divisée en deux et le sieur Lombard aurait dans ce cas une
pension de 1200 francs.
Les Lombard qui par leur alliance avec les Castillon devenaient ainsi seigneurs du Castellet,
remontent à un Arnoul Lombard, seigneur de Saint-Benoît, Président des maîtres rationaux sous le Roi
René. Ils ont fourni une longue suite d’honorables magistrats à la cour des comptes et ont possédé
jusqu’à la Révolution le bel hôtel qui se présente, le second, à l’entrée du cours, à droite, en venant de
la Rotonde, qu’ils avaient acquis, vers le milieu du XVIII ième siècle, des Margalot, seigneurs de Luynes
et conseillers à la cour des comptes. Les Lombard ont quitté Aix au commencement de la Révolution.
Vincent de Lombard, le nouveau seigneur du Castellet, devenu président de la cour des comptes,
mourut le 20 septembre 1681, Anne de Castillon, sa femme, le 26 mars 1699 à l’âge de 84 ans.
Elle laissait un fils, Pierre, devenu Président, comme son père, qui épousa noble Suzanne de
Tressemanes et mourut à 74 ans le 13 mars 1710.
Quand à Pierre de Castillon, il était déjà mort en juillet 1642.
Ainsi s’éteignit, dans une femme, la branche aînée des seigneurs du Castellet. Nous allons suivre
sa descendance dans la branche cadette, qui constitue, à proprement parler, celle de Castillon.
(1)Les Duboys cités dans cet acte ne sont sans doute que des Boyer d’Eguilles. On ne connaît pas en effet de conseiller au
Parlement de ce nom, tandis qu’à cette époque un Boyer figurait parmi les conseillers de cette cour.
Branche cadette des seigneurs du Castellet
dite de Castillon
Antoine de Castillon
A ntoine de Castillon est le deuxième fils de Marc-Honoré et est désigné par la qualification
de sieur d’Autrages, pour le distinguer de son frère aîné qui était sieur de Castellet.
D’après d’anciens titres, il n’en fut pas moins, dès 1590, propriétaire et seigneur de la terre et du
château de Castillon, désigné aussi par le château du logis de l’Estagnol, sur le cadastre du Castellet de
1711. C’était une dépendance de la seigneurie du Castellet.
En 1646, le Comte d’Alais ordonna aux consuls de Beausset, Le Castellet, La Cadière, Signes etc.…
d’envoyer des hommes armés à Toulon pour la sûreté de la ville ? Antoine, dans des circonstances aussi
critiques, dut prendre sa part de cette prise d’armes. (1)
Il se maria vers 1617 avec Isabeau de Garnier et en eut quatre fils, ci après dénommés :
- Honoré, né en 1619, reçu Chevalier de Malte le 8 janvier 1639. Il devint commandeur de
l’ordre et mourut à l’âge de 75 ans le 11 décembre 1694. Il fut enseveli dans la chapelle de
Notre Dame de la Pinède, près du Castellet.
- François
- Cosme, reçu le 3 mai 1649 Chevalier de Malte
- Jean
Quand au dernier fils de Marc-Honoré, Frédéric de Castillon, il épousa Polymène de Guirau et en
eut deux enfants, Jean et Marguerite de Castillon. Jean épousa, en 1660 sa cousine Elisabeth
Angélique de Castillon, fille de Jean, quatrième fils d’Antoine, Sieur d’Autrages, qui suit et en eut
une fille unique Polymène de Castillon.
Jean de Castillon
(Mort en 1674)
N oble Jean de Castillon, le dernier des fils d’Antoine, sieur d’Autrages, contracta mariage le 17
octobre 1641 avec dame Véronique de Castellane-Mazangues. Cette dame avait été marié en premières
noces le 28 février 1623 au sieur Gaspard de Fabry avec 10.000 livres et ses coffres du côté du père et
1500 livres de la dame de Cuges, sa grand-mère. Jean fut assisté, dans la circonstance, de noble Antoine
de Castillon, sieur d’Autrages, son père et de dame Isabeau de Garnier, sa mère. Il fut stipulé par eux
que Jean serait l’héritier universel de tous leurs biens et droits, sous la réserve des fruits, leur vie durant,
par le motif que Pierre de Castillon, seigneur du lieu du Castellet, fils aîné d’Honoré, n’avait pas eu
d’enfants mâles, à la condition toutefois que ledit Jean venant à décéder sans postérité mâle, la
succession appartiendrait à l’un de ses autres frères, Cosme et François. L’aîné devant être préféré.
Il n’est pas question d’Honoré dans ces dispositions, sans doute parce que depuis 1639, celui-ci
comptait dans l’Ordre de Malte.
Quelques années plus tard, 3 mai 1649, Noble Cosme de Castillon-Castellet était reçu comme
Chevalier de la maison hospitalière et de l’Ordre Militaire du Saint-Sépulcre. Toutefois, pour faire une
situation à son frère aîné qui n’avait qu’une part éventuelle dans l’héritage paternel, Cosme crut devoir
ultérieurement lui faire donation de tous ses droits, à cause de mort.
(1)Toulon était envahie par quantité de malandrins et aventuriers que les habitants et les gens d’armes soldés par la ville
étaient intruissants à contenir.
En effet, par acte du 25 juin 1683, il élit la sépulture de son corps au lieu où il plaira à Dieu
prendre son âme, attendu qu’il est sur la veille de son embarquement sur l’armée navale du Roi pour la
part qu’il lui plaira pour son service. En même temps il institue pour héritier universel de ses biens son
frère François pour en disposer en faveur de celui de ses enfants mâles tel qu’il lui plaira, ou à défaut,
lui substituer un de ses frères ou de ses neveux.
Le 29 mars 1652, intervient entre Messire Vincent de Lombard, seigneur du Castellet et son cousin,
Noble Jean de Castillon, une transaction portant en faveur de ce dernier démembrement de la terre et
seigneurie de Castillon. Le sieur de Lombard agissait dans cette circonstance, tant en son nom propre
que comme mari de dame Anne de Castillon, successionnaire de divers créanciers de feu Messire
Honoré de Castillon, son aïeul, et encore de Jean de Castillon, fils et héritier de feu Frédéric et de sa
sœur demoiselle Marguerite de Castillon. Cette transaction avait pour but de faire cesser tous procès et
contestations entre les intéressés et en même temps de régler dans ses détails la constitution de la
seigneurie de l’Estagnol, sous la réserve de faire ratifier le contrat par les autres frères de Jean, François,
Honoré et Cosme, ces deux derniers Chevaliers de Malte.
Messire Jean de Castillon, désormais pourvu de la seigneurie de Castillon, prêta le 24 février 1654
foi et hommage de sa seigneurie devant Messire Etienne de Puget, évêque de Marseille, Baron
d’Aubagne, seigneur direct de la place et juridiction du lieu du Castellet dont le quartier de l’Estagnol
était une dépendance.
Le 21 juin 1656, Jean régla par une autre transaction avec dame Isabeau de Garnier, sa mère et ses
frères Honoré et François de Castillon, toutes les questions d’intérêt relatives à l’héritage d’Antoine de
Castillon, son père. Le 7 septembre fut célébré le mariage de sa fille unique Elisabeth Angélique avec
son cousin, Jean de Castillon, Ecuyer de Marseille, fils de Frédéric de Castillon et de Polixène de Guiran.
La mariée fut assistée, en cette occasion, de dame Isabeau de Garnier, dame d’Autrages, sa grand-mère,
des sieur Honoré, Chevalier de Malte et François, ses oncles paternels. La dot constituée fut de 30.000
livres données par son père Jean de Castillon dont 10.000 livres du chef de sa mère Véronique de
Castellane. Cette union dont est issue une seule fille Polixène de Castillon, née le 24 juin 1664, ne fut
pas de longue durée. Nous voyons, en effet, dame Elisabeth Angélique de Castillon épouser en
secondes noces le 21 février 1667 Messire Esprit de Garnier, seigneur de Fontblanche ; fils de Messire
Melchior de Garnier, seigneur de Julhans et de dame Marguerite Beaussier, furent assistants à ce
mariage, du côté de l’époux, Messire Nicolas de Félix, seigneur de la Jaconière, son beau frère, tant en
sa qualité que comme procureur fondé desdits sieur et dame de Julhans, ses père et mère, et du sieur
de Garnier, seigneur de Saint-André, son cousin, et du côté de la dame de Castillon, M. Jean de Castillon
et Véronique de Castellane, ses père et mère, M. Honoré de Castillon de l’Ordre de Saint-Jean de
Jérusalem, son oncle paternel et M. Jean-Baptiste François de Glandevès, seigneur de Cuges, son cousin.
La constitution dotale fut encore de 30.000 livres qui lui furent confirmées par son père, Jean de
Castillon. Dans l’intervalle de ces deux mariages, le 17 septembre 1663 était intervenue une transaction
importante ayant pour objet de hisser définitivement la ligne délimitative entre seigneurie de Castillon et
La Cadière. Elle fut consentie d’une part entre l’abbé de Saint-Victor-les-Marseille, seigneur spirituel et
temporel de La Cadière, qui était alors le Prince Monseigneur Philippe de Vendôme, Cardinal, abbé de
Vendôme, Saint-Victor etc.… représenté par André Mathieu, seigneur de Frévaux, avocat à la cour et
Jean de Castillon, seigneur dudit lieu et de partie du Castellet, d’autre part la communauté et tenants
biens de La Cadière.
Le 29 mars 1669 il est fait cession sur les Echevins de Marseille d’une somme de 4500 livres par le
sieur François de Castellane à Jean de Castillon, en qualité de mari de la dame Véronique de Castellane.
Cependant les procès et les discussions d’intérêts continuaient entre les deux frères Jean et
François de Castillon. Le 26 mai 1673, il intervint une sentence du Lieutenant de justice à Toulon, qui
condamnait noble Jean de Castillon au paiement de 10.000 livres à son frère, noble François de
Castillon. De son côté, le 17 juillet suivant, la dame de Garnier, veuve d’Antoine de Castillon, voulant
sans doute favoriser le mariage de son fils, François de Castillon, consentit à lui faire cession de 700
livres, qui devaient lui être payées par le sieur Jean de Castillon, son autre fils, héritier du dit Antoine.
En effet, le 14 novembre 1673 fut célébré à Aix le mariage de noble François de Castillon-Castellet
et d edemoiselle Madeleine de Colonia, fille de Jacque de Colonia, avocat à la cour et de dame Claire de
Chivary. Furent témoins au contrat le sieur Jan de Castillon, Etienne Galem, bourgeois de La Cadière,
procureur fondé de dame Isabeau de Garnier, mère du conjoint et son frère Honoré de Castillon,
Chevalier de Saint-Jean de Jérusalem. La dot constituée de l’épouse fut de 8000 livres. La famille à
laquelle s’allait François de Castillon, déjà distinguée dans la noblesse de robe, compta plus tard, parmi
ses membres, le célèbre Colonia, avocat au Parlement de Provence, professeur en droit à l’université
d’Aix, né en 1716 et décédé le 23 mars 1766 en cette ville, qui par sa parole brillante et persuasive, dit
M. de Ribe, mérita d’être inscrit parmi les plus remarquables orateurs de la Provence.
Le 24 avril 1674 Jean de Castillon fit son testament par lequel il institue comme héritiers : sa mère,
Isabeau de Garnier pour une pension viagère, dame Véronique de Castellane, sa légitime épouse, à
laquelle il laissa une somme de 18.000 livres, pour entière restitution de sa dot et 100 livres seulement
en cas de refus, pour les surplus de ses biens et par parts égales. Elisabeth Angélique de Castillon, sa
fille, femme en secondes noces de M. Julhans de Fontblanche et demoiselle Polixène de Castillon, sa
petite-fille qui eut pour tuteur Jean d’Eespinassy, avocat en la cour, et était la fille d’un premier mari
d’Elisabeth Angélique, feu noble Jean de Castillon de la ville de Marseille.
Jean de Castillon, seigneur d’une partie du Castellet, fut inhumé, à sa demande, dans la chapelle
de Notre-Dame de la Pinède, située au pied du versant nord de la colline du Castellet, qui désormais
devait être le lieu habituel de sépulture de la famille.
Des messes furent dites pour son âme par les Pères de la Rédemption des esclaves de La Cadière.
Son corps fut accompagné par les Pénitents di Castellet et il fut employé à ses funérailles quatorze
cannes de drap gris.
Sa femme, dame Véronique de Castellane mourut à La Cadière le 27 février 1683 et fut également
ensevelie à Notre-Dame de la Pinède.
François de Castillon
(Mort le 25 décembre 1685)
Antoine de Castillon
(Né en 1675, mort en 1738)
A ntoine, l’aîné des fils de François, n’avait que dix ans à la mort de son père. La dame de
Colonia, sa mère, dans l’intérêt de ses enfants mineurs, crut devoir prendre la direction de leurs affaires
et dut s’entendre pour cela avec son beau-frère, le commandeur de Malte, Honoré de Castillon que le
testament de son mari avait établi usufruitier et administrateur de tous ses biens. Il fut convenu entre
eux qu’il renoncerait aux fruits de l’héritage de son frère et en laisserait l’administration à la dame de
Colonia, à la condition pour elle d’en supporter toutes les charges, de pourvoir à l’entretien de ses
enfants et de payer au commandeur une pension viagère de 300 livres.
La dame de Colonia poursuivant sa tâche, comme tutrice et mère des enfants mineurs de son mari
François de Castillon et aussi comme curatrice de noble Antoine de Castillon, son fils héritier
testamentaire de feu son père, donna une procuration générale à son frère François de Colonia, avocat
à la cour, juge général des plans de l’abbaye de Saint-Victor pour terminer tous les procès engagés. Ce
qui fut fait par une transaction passée le 5 janvier 1690 avec Messire Esprit de Garnier, seigneur de
Julhans et Fontblanche, créanciers hypothécaire de la terre de Castillon, en qualité de mari et maître des
biens et droits de dame Isabeau Angélique de Castillon, fille de Jean.
Antoine de Castillon avait épousé le 14 octobre 1692 Claire de Monier, fille de Jean de Monier et
de Thérèse Deydier. Elle était d’une famille noble qui au XVI ième et XVII ième siècle a marqué au
Parlement de Provence par ses services et son dévouement à la royauté.
De ce mariage sont issus :
- François Antoine de Castillon, né le 15 décembre 1698, officier de marine
- Antoine, né le 10 février 1700, prêtre
- Bruno de Castillon qui suit. Il fut baptisé à La Cadière le 13 janvier 1705, ayant pour parrain
Jean d’Espinassy, avocat en la cour et pour marraine, Isabeau Bregier du lieu La Cadière.
Le 24 septembre 1706, Antoine étant âgé de 31 ans, la dame de Colonia procéda avec son fils aîné,
héritier universel de son père et ses autres enfants, Jacques, Jean, Thérèse et Anne de Castillon à des
arrangements de famille. Elisabeth Françoise et François de Castillon ne sont pas mentionnés dans cet
acte de transaction, ce qui fait supposer qu’ils étaient antérieurement décédés.
Ces arrangements étaient urgents, puisque par lettres patentes du 25 février 1707, datées d’Anet,
de Louis de Vendôme, Prince d’Anet et des Martigues, général des galères de France, etc.…, Antoine de
Castillon était nommé garde dans sa compagnie, servant près l’étendard des galères de France, pour sa
suffisante capacité et expérience au fait des armées et de la navigation et de son affection au service.
Cette compagnie comprenant 36 gardes, appointés à 324 livres par an, qui appartenaient presque tous à
la noblesse de la Provence ou de Languedoc. Elle renfermait aussi dans son sein plusieurs Chevaliers de
Malte, allant faire leurs caravanes (1) et revenant ensuite prendre place dans le rang.
Désormais engagé dans le service de la Marine, ne pouvant plus consacrer son temps à
l’exploitation de toutes ses terres et voulant d’ailleurs éteindre l’hypothèque qui grevait ses biens,
Antoine, par acte du 22 septembre 1708, alinéa la terre, seigneurie et juridiction de Castillon, en faveur
de son parent, noble Jean de Garnier, déjà seigneur de Julhans et Fontblanche, moyennant 42.676 livres
qui lui étaient dues en se réservant toutefois les biens roturiers acquis par Messire François de Castillon,
son père, et Honoré de Castillon, commandeur de Malte, son oncle.
(1)On appelait caravanes, les expéditions maritimes, des courses dirigées contre les pirates qui étaient presque toujours des
barbaresques.
Jean de Garnier, sénéchal au siège de Brignoles, devenu seigneur propriétaire des terres de
Julhans, Fontblanche et Castillon, maria le 26 mai 1724 sa fille Anne Thérèse Françoise à Joseph de
Venel écuyer. Il eut pour fils Louis Claire de Garnier que nous trouvons le 15 mars 1727 engagé dans un
procès avec Antoine de Castillon. Le sieur de Garnier attaquait ce dernier pour cause d’empiètements
opérés sur les terres seigneuriales de Castillon désemparées par lui. Il fut finalement débouté de toutes
ses prétentions.
Antoine de Castillon, en prenant du service dans la marine, avait fixé sa résidence du lieu de
Cassis. Il fut maréchal des logis d’une compagnie de 1725 à 1728 avec le rang d’enseigne et une solde
de 800 livres par an. Quand il se retira du service, il était capitaine de vaisseau et Chevalier de Saint-
Louis. Il mourut le 26 octobre 1738, âgé de 63 ans et fut enseveli à la chapelle de Notre-Dame de la
Pinède.
Bruno de Castillon
(Né en 1705, mort en 1780)
Son héritière, la dame Anne de Marquèse, fit procéder le 10 avril 1780, à l’inventaire de la
succession de son mari. A partir de ce moment, elle vécut au château de l’Estagnol, s’occupant de la
mise en valeur de ses terres dont elle poursuivait activement le défrichement. Le 18 novembre 1783,
Louis François de Clappiers, écuyer de la ville de Brignoles, constate, en effet, à sa requête, que certains
champs en plaine, enclavés dans le fief de Castillon et radiqués(2) de pins, peuvent être utilement
défrichés et convertis en vignes. Quatre ans plus tard, 19 novembre 1787, la dame de Marquèse crut
devoir renoncer à la gestion directe de son domaine, en l’affermant à Joseph Barthélemy, bourgeois du
Castellet, moyennant 6000 livres et sous la réserve expresse du colombier et des pigeons, du château
avec sa cour, des mûriers qui sont à l’entour du château et de trois figuiers qui sont devant.
Peut de temps après, (24 mars 1788) mourut François Antoine de Castillon, frère de Bruno,
ancien capitaine de vaisseaux.
(1)C’est l’un des tristes épisodes de la guerre de 7 ans, dans la lutte maritime de la France contre les anglais
(2)Terme des anciens actes qui veut dire peuplés.
Il laissait un testament qui fut mis à exécution un mois après (24 avril 1788). Les biens de François
Antoine étaient divisés par parts égales, entre Madame de Castillon de Venel, sa fille, demeurant à
Signes, ses deux neveux, Messires Jean François de Castillon, lieutenant des vaisseaux du Roi, officier
d’arrondissement au bureau des classes de La Ciotat, et M. Pierre Louis de Castillon, major des vaisseaux
du Roi. Ce dernier étant au service de la marine, M. Jean François, son frère aîné et la dame de Venel
procédèrent au partage de la succession et firent estimer la terre du Jas de Clare, située sur le territoire
de La Cadière qui fut évaluée à 32.000 livres. Le sieur Jean François se chargea de toute la propriété,
tant en son nom que pour Pierre Louis, son frère absent, moyennant le paiement à la dame de Venel, sa
cousine, de sa part évéluée à 10.896 livres à recouvrer sur les ????? de M. Bruno de Castillon en
déduction de celle que ceux-ci lui doivent et en conséquence une hypothèque fut prise plus tard sur
Castillon (16 Prairiat au X)
Marin, lieutenant général au siège de l’amirauté de La Ciotat, dans un de ses mémoires de 1782 où
il fait l’énumération et l’historique des familles nobles de cette ville, écrivait à propos de Jean
François : « Le Marquis de Castillon, fils et neveu de lieutenants généraux des armées navales et dont la
famille qui remonte aux premiers âges, a toujours été revêtue de dignités et de grades militaires, après
avoir servi lui-même dans les troupes de terre et dans la marine, vient de se marier à La Ciotat, où il
exerce des vertus paisibles et cultive son esprit par l’étude. »
La famille de Castillon
Pendant et après la Révolution
P endant les jours de la terreur, la Comtesse Marquèse et sa fille Anne Victoire qui vivait
auprès d’elle, furent détenues dans les prisons de Toulon, comme ci-devant nobles. Ses deux fils Jean
François et Pierre Louis de Castillon continuaient leur service dans la marine, lorsque le 19 octobre 1793,
Jean François reçut à Toulon l’ordre au nom du Roi Louis XVII de s’embarquer sur le brich Le Farlettons,
commandé par M. d’Ambland, pour y remplir les fonctions de son grade. Dix jours après, un nouvel
ordre du contre-amiral Trégof, commandant pour le Roi Louis XVII les forces navales de la
méditerranée, lui fut donné de passer avec le même grade et les mêmes fonctions sur la frégate du Roi,
La Tapazie, commandée par M. de Grasse.
C’était le moment om Trégof, étranger que la France avait comblé de faveurs, livrait le port de
Toulon aux anglais, avec l’appui des contre-révolutionnaires et malgré l’opposition d’une grande partie
de la marine restée fidèle(1).
Dans ces circonstances difficiles, Jean François de Castillon et son frère Pierre Louis vinrent
ensemble à Florence, munis d’une permission du général Acton du 29 février 1794. Là, ils obtinrent de
l’envoi extraordinaire de S.M. sicilienne en Toscane, un passeport valable pour 40 jours afin de se
rendre à Messine.
Une fois rendus dans cette ville et à la date du 17 mars 1794, Jean François de Castillon établit
pour son procureur et agent M. le Comte François Marquèse, demeurant à Messine , frère de sa mère,
donc Anne Marquèse, à charge par lui acceptée de recueillir le paiement de toutes les sommes d’argent
appartenant à sa mère et à sa tante Anne Thérèse Marquèse, devenue la femme du Chevalier de
Tennessoli, lieutenant colonel du régiment royal italien au service de la France, en raison des legs
laissés à ses parents par testament de feu Jean Jacques Marquèse du 23 octobre 1580, et lui confère tous
pouvoirs à cet effet.
Pour demeurer un caractère authentique à ces dispositions, un acte de notoriété devenait
nécessaire. Voici traduite du texte italien, la constatation faite le 3 avril 1794 de l’identité de Jean
François :
(1)C’est une erreur historique empruntée à Thiers (révolution française, tome 1er)Trogof (le Comte de)était né en Bretagne
en 1751. Devenu contre-amiral à la Révolution dont il avait adopté les principes, il répudia les idées républicains alors que
les anglais assiégeaient Toulon, et de concert avec les royalistes de la ville, leur livra le port et les arsenaux. Il mourut peu
après la reprise de Toulon sur un navire marchand en rade de Porto Ferrajo (île d’Elbe)
« Don Salvator Donato, fils de feu don Antoine, noble Messinois, atteste que le Comte Jean
François Castillon et Marquèse, émigré de la ville de Toulon du côté de la juste cause des royalistes,
lieutenant-colonel de la marine royale de France, est fils aîné et légitime du Marquis Bruno de Castillon
et de Mme Anne Marquèse (de Moras) femme de feu Bruno, noble de la ville de Toulon ; que Mme
Anne Marquèse et Monier est fille légitime de feu Comte François Auguste Marquèse, né à Messine ; que
le Comte Jean François de Castillon est neveu et Mme Anne Thérèse Marquèse, fille de feu Comte
François Auguste Marquèse et sœur de ladite Mme Anne de Castillon, femme du lieutenant-colonel
Tennessoli ; qu’il l’a reconnu pour son intime parent ; qu’étant arrivé depuis peu dans cette ville, il l’a
conduit chez lui, où se trouve ???????, traitant comme son neveu, il soutient son attestation et repose
comme parent des Marquèse, comme le tenant de M. le brigadier et lieutenant du Roi, M. La Til, du
Chevalier et colonel Pinelli et d’autres Chevaliers de cette ville et comme ayant eu dans le temps
commerce en écriture avec ledit Chevalier, Jean François de Castillon »
Sur ce, et après arrangements de famille, le 7 août 1794, à Messine, Jean François de Castillon,
muni des pouvoirs de son frère Pierre Louis, cède par acte notarié tous ses droits et actions présents et à
venir à revendiquer à Messine, Palerme, Mélazo et autres lieux des royaumes de Naples et de Sicile, à la
Comtesse Marquèse, épouse du Comte François, son oncle, pour en jouir leur vie durant, après eux à sa
tante et à défaut à ses héritiers et successeurs.
Après un séjour assez prolongé à Messine et à Naples qui n’était que trop justifié par événements
de France, les deux frères rentrèrent dans leur patrie. La dame Marquèse, veuve de Castillon et sa fille
avaient été rendues à la liberté. La Comtesse étant propriétaire des terres de Castillon et n’ayant point
émigré, celles-ci n’avaient pu être aliénées comme propriétés nationales. Ce n’est pourtant que le 21
Prairial An II de la République (2 juin 1804) que la veuve de Bruno de Castillon, alors résidant à La
Cadière, dans la maison d’habitation du citoyen Gamel, rue Grande, disposa de ses biens dans un
testament mystique par lequel elle déclare que, conformément aux volontés de son époux, elle confirme
un testament fait par elle au mois de septembre 1789, par lequel elle reconnaît Pierre Louis Castillon,
son fils cadet, pour seul et unique héritier de l’entière succession de feu Bruno Castillon, son époux,
telle qu’il l’a délaissé, pour la posséder en toute propriété à l’époque de son décès. En cas que ce choix
ne soit pas validé par les lois, elle lègue par préciput et hors part au dit sieur Pierre Louis Castillon,
quart de l’universalité de sa propre succession, de quoi qu’elle puisse se composer à son décès, sans
être soumis à aucunes dettes et charges. Dans le cas ou son choix serait contraire à la disposition des
lois, elle lègue par préciput et hors part à son fils cadet le quart de sa succession entière, se composant
de ses biens propres et personnels et de ceux desquels feu Bruno Castillon, son mari, l’avait institué
héritière, sans que son fils soit soumis à contribuer à aucune dette et charge.
Ce testament fut converti en acte notarié apr le notaire du Castellet à La Cadière dans un ses
appartements tenu à louage par le sieur Laurent François Geanteaume, au 1er étage de la maison du
sieur Gamel, le 1er Thermidor an 12, à la réquisition de Pierre Louis Castillon, son beau-frère. Il avait été
ouvert et paraphé par le Président du Tribunal à Toulon, le 27 Messidor an 12.
Le 29 janvier 1782, la dame Anne de Merquèse, veuve de Castillon, avait marié à Laurent François
Ganteaume de la Rouvière, fils d’Antoine Ganteaume et de Thérèse Decugis, Anne Victoire de Castellet,
âgée de 32 ans, deuxième fiulle de feu Messire Bruno de Castillon, seigneur de l’Estagnol, Chevalier de
Saint-Louis, brigadier des armées navales de S.M. Laurent de la Rouvière, n’était que capitaine de
cavalerie, garde du corps du Roi. Il devint depuis major de cavalerie, maréchal des logis des gardes du
corps (compagnie de Grammont) grade équivalent à celui de colonel et Chevalier de Saint-Louis. Ce fut
lui qui, au mois d’août 1775, fut désigné pour accompagner à la cour de Turin, la Princesse Clotilde,
sœur de Louis XVI, alors âgé de seize ans, fiancée au Prince de Piémont, plus tard Roi de Sardaigne
sous le nom de Charles Emmanuel IV. C’est de cette Princesse que Marie-Antoinette écrivait à sa mère
en 1770 : « Clotilde est la douceur même, raisonnable, avenante, et un sourire de bonté sur les lèvres ».
Laurent de la Rouvière reçut du Prince de Savoie, en souvenir de cette honorable mission, une
épée au cour richempent démasquinée qui est encore en possession de son petit fils : M. Raymond de
Castillon (2). Son issus de son mariage avec Anne Victoire de Castillon :
(1)Laurent de la Rouvière, suivant l’exemple de la noblesse, avait émigré en 1791 pour aller augmenter par sa présence la
marine d e l’armée de Condé. Il mourut à La Cadière en 1822.
Jean François de Castillon s’était pauvrement marié vers 1782 à La Ciotat. Quand à son frère Pierre
Louis, resté célibataire, il figurait en 1787 sur l’état de la marine, comme major de vaisseau (au 1er
décembre 1786) et était attaché à la 3ième escadre du département de Brest, commandée par le Comte
Renaud d’Allen. Retiré du service comme contre-amiral et Chevalier de Saint-Louis, il vécut depuis à
Toulon et dans ses terres et mourut à Toulon le 27 mars 1828 à l’âge de 76 ans, laissant le testament qui
suit du 24 mars de la même année.
Il charge son héritier de compter à Rosalie Gamèire, sa domestique, si elle est encore à son
service à l’époque de son décès une somme de 600 francs et en outre ce qui poura lui être dû de
l’amitié de ses gages ; et pour le restant de ses biens, il institue pour son héritier universel, M. Etienne
Gauteaume la Rouvière, son neveu germain, Chevalier de l’Ordre Royal et militaire de Saint-Ferdinand
d’Espagne, garde du corps du Roi, fils de M. Laurent François Ganteaume la Rouvière, Major de
cavalerie, Maréchal des logis des gardes du corps du Roi, en retraite, Chevalier de Saint-Louis, et de feu
Anne Victoire de Castillon, sa soeur, pour en prendre jouissance le jour de son décès. Il veut
expressément que ledit sieur, son neveu et héritier, joigne son nom de Castillon, qui est celui de sa
mère, au nom de sa famille et qu’il porte ses armes. En conséquence, il fera à son décès toutes les
demandes et démarches nécessaires pour s’obtenir l’effet de cette disposition.
Il exprime le vœu le plus instant que son neveu conserve son domaine de Castillon dans toute
son intégrité, sans jamais en démembrer aucune partie. Son attachement pour cette terre qu’il tient de
ses ancêtres et qu’il a conservé et amélioré malgré les orages de la Révolution juste, sa sollicitude pour
sa conservation.
Enregistré à Toulon le 31 mars 1828
(1)Les menons sont les boucs, placés en tête de troupeaux transhumants qui sont destinés à marquer la marche et à les
conduire.
Conformément aux dernières dispositions du Chevalier de Castillon et à la suite des démarches
faites par son héritier, une ordonnance du Roi du 14 décembre 1828 permet au sieur Etienne de la
Rouvière, Chevalier de l’Ordre Royal et militaire Saint Ferdinand d’Espagne, garde du corps du Roi, né à
La Cadière, arrondissement de Toulon, département du Var, le 22 octobre 1787, jouter à son nom celui
de Castillon, qui est le nom du sieur Pierre Louis, Chevalier de Castillon, son oncle maternel, contre-
amiral en retraite de la Marine Royale et militaire de Saint-Louis, décédé le 27 mars 1828 et de s’appeler
à l’avenir Ganteaume de la Rouvière de Castillon sauf à l’impétrant de se pourvoir, s’il y a lieu, devant le
tribunal de 1ière instance compétent pour faire faire lez changements convenables sur les registres de
l’état civil du lieu de naissance.
Le 23 décembre 1829 intervint en effet un jugement du Tribunal de Toulon qui considérant qu’il
s’est écoulé une année sans opposition ordonne qu’il sera fait mention de cette addition sur l’acte de
naissance de l’impétrant dans les registres de l’état civil de la commune de La Cadière.
C’est le 11 janvier 1834 qu’eût lieu le mariage de M. Ganteaume de la Rouvière de Castillon, ex-
officier de cavalerie, Chevalier, etc.…, demeurant à La Cadière, fils de M. Laurent Ganteaume de la
Rouvière et de feu Anne Victoire de Castillon avec mademoiselle Marie Adèle de Ginoux, fille majeure
de M. Hyppolite Cosar de Ginoux, écuyer, directeur de l’enregistrement à Rodez (Aveyron) nommé
récemment à la direction de Montpellier (Hérault) et de dame Grazia Maria de Lacoche, demeurant à
Toulon, rue Royale N° 12, furent présents : Madame sa mère, Monsieur Ernest de Ginoux, son frère
employé de l’enregistrement, procureur fondé de son père, Monsieur Louis Honoré Garaud, receveur de
l’enregistrement à Toulon, procureur fondé de Monsieur Gabriel Raymond Ginoux, ancien directeur de
l’enregistrement, Chevalier de Légion d’Honneur et de dame Marie Ginoux, son épouse, demeurant
ordinairement à Paris.
Madame de Lacoche et son époux constituent en dot à la future épouse et au futur mari la somme
de 40.000 francs dont 5000 en trousseau et 35000 en numéraire, 2500 ayant été payés comptant et le
surplus après décès du dernier des survivants des donateurs, sauf intérêts, en attendant, à cinq pour
cent. Il est convenu que si ces 40.000 francs excédaient la portion héréditaire de mademoiselle de
Ginoux, l’excédant lui sera acquis à titre de présent.
M. Garaudau, nom de M ; et Mme Ginoux, donne à la future épouse 40.000 francs à prendre par
moitié sur les successions futures desdits, laquelle ne sera exigible qu’au décès des survivants des
donateurs sans porter intérêts, en attendant. (Cette somme a été payée le 23 août 1863)
La future épouse se réserve comme ???????? Cette somme, comme tous autres biens qui lui
obtiendraient dans la suite.
Monsieur de la Rouvière de Castillon, de son côté reconnaît et assure la somme de 40.000 francs
sur ses biens présents et futurs à la condition toutefois de ne pouvoir prendre inscription d’hypothèque
légale que sur les biens immeubles ci-après désignés et consistant dans un grand domaine rural, dit
l’Estagnol, dont une grande partie en bois, y ayant le château de Castillon et diverses fermes (La Tèse,
La Bastide Neuve, La Bastide Blanche, La Péliquette, Caday, La Capucine, La Croix de Malte) ne formant
qu’un seul ténement d’un revenu cadastral de 3142 francs 53 et d’une superficie de 922 hectares 25 ares
12. Ténons, César Etienne de Bovis, contrôleur ambulant des contributions indirectes en retraite ; Joseph
Pierre d’Arbo, capitaine d’artillerie de marine au port de Toulon, Adrien de Bontiny ; Louis de Bontiny ;
Elise de Meunier de Bovis, née de Bory : Bontiny, lieutenant au 20ième.
« J’exprime le vœu le plus instant pour qu’aucun motif d’intérêt ne vous désunisse, mes bons
amis, et vous recommande de vivre en bonne intelligence, sur quoi, je finis en vous donnant ma
bénédiction »
« Par un codicille du 1er février 1856, reçu par M. Asquier, M. de Castillon, lègue à MARIE Adélaïde
de Ginoux, son épouse, la jouissance, sa vie durant, du quart laissé à son fils en préciput et le charge de
payer à chacune de ses deux sœurs, Blanche et Berthe, à chacune 2000 francs avec intérêts à quatre
pour cent l’an. »
Par délibération du 18 mai 1856, le conseil municipal du Castellet vota la concession gratuite d’un
terrain dans le cimetière de la commune pour y établir la sépulture de M. la Rouvière de Castillon. Cette
délibération fut approuvée par un décret du 14 juillet 1856. Cette concession occupant l’angle nord-
ouest du cimetière, est devenue depuis le lieu de sépulture de la famille, comme avant la Révolution,
l’était pour les Castillon, la chapelle de Notre-Dame de la Pinède. Les restes mortels du Chevalier de
Castillon, d’abords inhumés à Toulon, y ont été transportés peu après l’inauguration du monument.
C’est là aussi que repose, avec l’un de ses frères, M. Oswald de Ginoux, capitaine de frégate, officier de
la Légion d’Honneur, etc.…, décédé à Castillon en novembre 1874, Marie adèle de Castillon, née de
Ginoux, décédée à l’âge de 73 ans, au château de Castillon, le 4 mai 1883.
Le partage de la succession de M. la Rouvière de Castillon entre ses héritiers fut fait en exécution
d’un jugement du tribunal de Toulon du 1er mars 1859. Dans la répartition des lots, les terres du Brûlat
et des Estournois tombèrent dans la par d’Oswald de Castillon, fils d’Etienne de Castillon et de dame de
Ginoux. Cette propriété provenait de l’hoirie de M. Laurent François Ganteaume la Rouvière,
propriétaire à La Cadière, décédé en 1822, partie de son frère François Bruno, Auguste et de sa mère
Anne Victoire de Castillon, propriétaire à La Cadière, tous deux y décédés en 1825, et partie enfin de sa
sœur, Melle Marie Adélaïde Ganteaume la Rouvière, décédée à La Cadière en 1855.
N ous voilà au bout de notre tâche, en arrivant à la génération contemporaine. Cette notice
sur la famille de Castillon, depuis son apparition en Provence jusqu’à nos jours, est sans doute bien
incomplète ; elle ne peut pourtant manquer d’intérêt et d’utiles enseignements pour les survivants, qui y
trouveront relatés dans leur ordres chronologique, nombre de faits, généralement ignorés, épars, dans
quantité d’actes, d’histoires, de manuscrits et de documents de tous genres.
En relisant cette vie si abrégée de leurs aïeux, puissent-ils y trouver de nobles exemples à imiter
et en conserver toujours les honorables traditions et le pieu souvenir.
Cette notice est terminée par un tableau synoptique de descendance de Bruno de Castillon.
M. de C.