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Bourquelot Félix. Renier Accorre, financier et grand propriétaire au treizième siècle.. In: Bibliothèque de l'école des chartes.
1867, tome 28. pp. 64-81;
doi : https://doi.org/10.3406/bec.1867.446187
https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1867_num_28_1_446187
FINANCIER
ET GRAND PROPRIETAIRE
AU TREIZIEME SIECLE.
1. Cartul. R. 4., fol. 107 r° et \°, 180 r°, Í82 v°, 183 i° et v°, 55 s°.
2. Cartul. R. A., fol. 107 r° et v°, 109 r°, 105 r°, 158 v°, 117 v°, 101 r°, 159 i°.
3. B. I, Collect, de Champagne, vol. 134, fol. 131 et suiv. —500 de Colbert, 61,
fol. 234 r°.
4. Hist, des comtes de Champagne, t. IV, p. 467.
5. Cartul. R. A., fol. .107 r° et v°, 180 r0, 182 v°, 183 r" et v°, 55 v°.
6 Acte cité dans la Collect, de Champagne, B. 1, 134, fol. 131 r°.
7. M, fol. 243.
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conduits1. Enfin il déclara, dans une charte, qu'il cédaic à son
bien amé chambellan Renier Accorre, à titre de fief et
moyennant un prix de 200 livrées de terre, les bois de l'Épinai et Aux
Brébans, en récompense du service bon et léal qu'il lui avait
fait, et pour le service qu'il pouvait lui faire à l'avenir2. Accorre
était en bons termes aussi avec la commune de Provins, dans
laquelle, ainsi qu'on l'a vu, il s'était fait incorporer.
En novembre 1271, le maire et les échevins lui cédèrent leurs
droits de petite justice sur les habitants de Gouaix., de Mont-
Flambainet Jutigny, faisant partie de la commune, en
reconnaissance des courtoisies qu'eux et la ville avaient reçues de lui3.
Ces courtoisies étaient, selon toute apparence, des prêts
d'argent dont la commune avait grand besoin ; le compte municipal
de Miles le Poivrier, maire de Provins, clos à Noël 1274, porte :
« Reçu de Renier Acorre 300 liv. qu'il prêta en foire deLaigny ;
— de R. Acorre, 200 liv. *. »
Depuis quel moment notre financier était-il marié ? Nous
l'ignorons; nous trouvons la première indication de sa femme
en 1268 s; elle s'appelait Jeanne et était veuve de Eudes de
Vieux-Champagne, qu'elle avait rendu père de plusieurs
enfants 6. Renier Acorre eut d'elle un fils nommé Jean, qui fut
échevin de Provins en 1274 et maire de cette ville en 1275, 1276,
1277, 1287. Un autre fils, du nom de Girard, est attribué par
les auteurs de la collection de Champagne à une seconde femme
appelée Beatrix7. On voit aussi figurer un Jacques Acorre dans
un acte de février 1275 8.
Cependant des événements considérables s'accomplissent dans
la province dont il est un des hauts fonctionnaires, sans
modifier la situation de Renier Accorre. Henri III, comte de
Champagne et roi de Navarre, meurt à Pampelune le 22 juillet 1274, ne
laissant qu'une fille en bas âge, baptisée sous le nom de Jeanne.
Pendant la régence de Jeanne d'Artois, veuve de Henri, notre
1. Cartul. R. A., fol. 127 r0< col. t; 132 v°, col. 1 (1275); 113 v° col. 1 ; 161 r°,
col. 1; 159 v°, col. 1; 173 r°, col. i. — Bibl. de Prov., Cartul. de Michel Caillot,
fol. 125 r°.
2. Cartul. R. A., fol. 113 v°, col. 1, et 159 v°, col. 1.
3. Id., fol. 132 v°, col. 1 (1275) ; — Cartul. Caillot, fol. 125 r°.
4. D'Arbois de Jubain ville, Hist, des comtes de Champagne, t. IV, p. 446 et suiv.
5. 1275 janvier (1276). — Cartul. R. A., fol. 161 r°.
6. Cartulaire de l'église de Langres cité dans la Collection de Champagne, B. I,
t. 134.
7. в. I, Collect, de Champagne, vol. 134, fol. 131.
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comte Edmond, en novembre 1277 noire amè chambellan 4,
que des actes de vente de décembre 1277 le désignent par la
qualification de chambellan monseigneur le comte de
Champagne2, et que, dans le même mois de décembre, une charte
de Milon, curé de Gouaix, constatant une vente, porte qu'elle
est faite, Renerio Acurri , illuslri régis Francie pane lario*.
Il reçoit le même titre dans des actes de 1282, 1284, 1285,
1287, donnés par Bouchard de Montmorency4, par Guichard,
abbé du Moutier-la- Celle 5 , par Jean de Yilleblovain , bailli
de Troyes, Meaux et Provins, etc. 6. Les auteurs de Y Histoire
des grands officiers de la couronne ont négligé de parler de
lui; il doit être placé entre Jean Britaud et Mathieu, vidame de
Chartres. Mathieu remplissait en 1288 les fonctions de pane-
tier de France ; par conséquent elles avaient à cette époque cessé
d'appartenir à Benier Accorre.
Dans l'intervalle, qui s'étend de l'an 1277 à l'an 1287, on
connaît au sujet de Benier Accorre un certain nombre de faits
qui méritent d'être rapportés ici. On voit le panetier de France
fonctionner en plusieurs occasions comme receveur du domaine
de Champagne7 ; des comptes de sa gestion sont parvenus jusqu'à
nous; et des actes de 1285 le font figurer parmi les magistrats
composant la cour des Grands Jours de Troyes. Ses gages, à ce
titre, pendant treize jours, furent de seize livres pour lui et ses
clercs8. Il paraît qu'il continua en même temps à diriger un
établissement de banque, car , dans un procès porté au parlement de
Paris par appel des gardes des foires de Champagne, il est ques-
1. Voy. entre autres un acte de nov. 1261, Cart. R. A., fol. 13 v°, col. 2.
2. Cart. R. A., fol. 50 r°.
3. Voy. entre autres Cart. R. A., fol. 64 r°, col. 1, et suiv. 63, 67, etc.
4. Cart. II. A., fol. ill \°.
5. Voy. Études sur les Foires de Champagne, t. Il, p 55 et 5tí.
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col. 2); — « 3 mailles prove nisiennes » (1269, avril, fol. 9 v°,
col. 2); — « xixxliv. de provénisiens » (1271 avril, fol. 108 r°,
col. 2); — « 50 liv. de provénisiens de rente » (1276,
septembre, fol. 135 r°, col. 1).
Quelques renseignements sur les mesures sont intéressants à
noter. On voit paraître la perche du roi et la perche de
Champagne, la première ayant, comme on sait, 22 pieds, tandis que la
perche champenoise n'en avait que 20 ; puis les mesures locales,
les setiers, les boisseaux, les bichets, les mines et les miueaux
de diverses capacités; les setiers à la mesure de Trainel, à celle
de Gouaix, à la mesure de Champagne, à la vieille et à la petite
mesure de Provins , etc. On trouve aussi des éléments de
comparaison entre le prix de la terre au treizième siècle et le prix
actuel. Les traces du commerce, de l'industrie et des foires de
Champagne et de Brie sont nombreuses ; je signalerai, entre
autres, des mentions de changes et de changeurs, de marchands de
Florence, de halles d'Ypre, de fouleries, de tiroirs à feu, de
tanneries, de friperies, d'étaux, de droits sur les vins et sur les
céréales. Enfin, on peut tirer de notre cartulaire d'utiles données
historiques et topographiques sur les églises, les chapelles, les
établissements hospitaliers, les fortifications, les rues, les ponts
et les portes de Provins.
Il me reste à dire quelques mots des comptes financiers rendus
par Renier Accorre. Nous possédons ceux de 1285 et 1287, qui
portent son nom, et celui de 1288, auquel il semble avoir
participé. Le compte de 1285, comprenant les recettes et dépenses
de la province de Champagne pendant six mois et demi, du
1er janvier au 15 juillet, ne nous est parvenu que par des extraits
copiés dans le volume 136 de la Collection de Champagne à la
Bibliothèque impériale * . 11 est précédé du titre que voici :
« C'est li compes Benier Acorre de la terre de Çhampaigne et
« de Brie , dès les witienes de Noël , en l'an mil deux cens
« quatre vinz et quatre, jusques au diemanche devant la feste de
« la Magdeleine en l'an mil CC IIIIXX et V. »
Les deux parties en lesquelles le compte se divise, — Recette
et Dépense, — sont elles-mêmes fractionnées en chapitres, qui se
rapportent aux départements administratifs de la province, à
F. ROURQUELOT.
Ш. (Sixième série.)