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Cahiers de Fanjeaux
Butaud Germain. Généalogie et histoire des rois mages : les origines légendaires de la famille des Baux (XIIIe-XVe s.). In:
Famille et parenté. Toulouse : Éditions Privat, 2008. pp. 107-154. (Cahiers de Fanjeaux, 43);
doi : https://doi.org/10.3406/cafan.2008.1945
https://www.persee.fr/doc/cafan_0575-061x_2008_act_43_1_1945
Résumé
Butaud (Germain), Généalogie et histoire des rois mages : les origines légendaires des Baux (XIIIe-
XVe s.).
La légende selon laquelle la famille provençale des Baux descendait des rois mages est aujourd’hui
encore célèbre. Sa datation est débattue, mais plusieurs arguments militent pour un thème légendaire
relativement récent, apparu vers 1300. Après sa première attestation, en 1334, la légende est selon
toute probabilité évoquée dans l’Historia trium regum de Jean de Hildesheim qui put voir, en 1351, à
Avignon, une ambassade de Raymond de Baux (✝1375), comte de Soleto. Ce personnage est le
commanditaire des fresques qui recouvraient le palais-monastère de Casaluce dans le royaume de
Naples. On y évoquait les deux ancêtres mythiques de la famille : le roi mage Balthazar et Guillaume
d’Orange, fondateur de Gellone. C’est ensuite grâce à Marguerite de Baux (✝ 1469), épouse de Pierre
de Luxembourg (✝1433), comte de Saint-Pol, que le récit familial fut mis par écrit. On le retrouve dans
la généalogie du couple dressée par le héraut Saint-Pol (vers 1434), qui permet par ailleurs corriger la
généalogie admise jusqu’ici des Baux, ducs d’Andria. En 1471, Clément de Sainghin dans sa
Genealogie de Luxembourg en donna une version très développée, en utilisant Jean de Hildesheim.
De façon paradoxale, la légende des Baux a ainsi été conservée par des textes qui ont tous été
rédigés hors de Provence.
Germain BUT A UO
Université de Nice-Sophia Antipolis
Le revers est décoré d’une étoile à seize rais, ce qui peut sur¬
prendre, car les armoiries des Poitiers sont tout autres : d’azur à six
besants d’argent (3, 2, 1) au chef d’or15. L’étoile ne peut donc être
considérée comme un meuble héraldique et sert ici de motif orne¬
mental. De la même manière, une étoile à huit rais orne le revers de
la bulle des seigneurs d’Hyères16, tout comme une étoile à douze
rais figure au revers d’un sceau de 1270 d’Aymar III de Poitiers17.
Ce dernier
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nous invite
de rais.
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et de Godolie44.
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2. La « lignée de Vaus »
V. LA SOMME GÉNÉALOGIQUE
DE CLÉMENT DE SAINGHIN (1471)
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d’Orient.
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contexte
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récit
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sur
de
en
et
CONCLUSION
ANNEXES
Source : BnF, ms fr. 5229, fol. 39-40 ; ms n. a.fr. 26957, fol. 1-4 ; ms
fr. 982, fol. 122-125 ; ms fr. 32651, fol. 8-11.
Cette édition est provisoire , faute d’avoir pu consulter l’édition de
Maurin Nahuys (voir note 80). Le nombre de copies consultées est sans
doute suffisant pour parvenir à un texte acceptable. Pour alléger l’appa¬
rat critique, nous prenons comme texte de base celui du ms fr. 5229, qui
est le plus proche de l’original, et avons recours aux autres manuscrits
uniquement lorsque ce texte est incomplet ou semble fautif. L’orthographe
n ’est pas normalisée.
Je dis premieres que cest dame madame Marguerite des Baux vient
d’antique, de si haulte, si noble lignie comme d’empereurs, de roys, de
ducs et comtes. Et sont lesa> armes de son père et d’elle tellesb) que de droit
extraction leur vient de l’ung des trois rois nommé Baltasar, lequel fut le
premier qui vit et qui congnut l’estoille. Et or donques, au nom de Dieu et
au plus sanblablemens qui porroit, en fist faire une d’argent a XVI pointes
et la mist [sur] son escu qui tout estoit de gheules et les porta et les fist
porter a tous ses enfans comme ses propres armes ; et se monstra en main¬
te grosse bataille aus enemis de la foy chrestienne ou il rechup mainte
noble victoire. Et estoit roy de Tartarie et lay sa pluyseurs enfans, filz et
filles, dont l’aisné apres luy fut nommé Baltasar qui moût eut a soufrir
pour la foy de Dieu soutenir. Et par la fausse et maulvaise creancec) de ses
freres lui convint layssez son royaulme secrètement et se mist en ung
vayssel en mer a tout son trésor et tant navia que, a l’ayde de Dieu, il ariva
au pays de Provence et s’amaysa sur une hault roce ou il fist fonder ung
chastel tant bel et tant fort que mervelle est a regarder. Et luy donna ledit
roy Baltasar a non les Baux et est encores au jourduy son heritayge au duc
ORIGINES LÉGENDAIRES DE LA FAMILLE DES BAUX 135
a) les fr. 32651, fr. 982, omis fr. 5529, n. a.fr. 26957. - b) telles n. a.
fr. 26957, fr. 32651, fr. 982, omis fr. 5529. - c) creance n. a.fr. 26957, fr. 982,
crance fr. 5529, fr. 32651 . - d) Mont Escaillon fr. 32651 ,fr. 982, Monstetacion
fr. 5229, Monscecaion n. a.fr. 26957 . - e) dont cy n’est metier d’en plus dire n.
a.fr. 26957, dont cy n’est besoing de plus parler fr. 982, dont de present je me
déporté a cause de briefveté fr. 32651, omis fr. 5229. - f) Mont Escaillon
fr. 32651, fr. 982, Monstataion fr. 5229, Montcecaion n. a.fr. 26957. - g) Mont
Escaillon fr. 32651, fr. 982, Monstataion fr. 5229, Monstecaion n. a.fr. 26957. -
ORIGINES LÉGENDAIRES DE LA FAMILLE DES BAUX 137
h) de Duras fr. 982, n. a.fr. 26957 ; du Ras fr. 5229. - i) Lesquelz fr. 982,
fr. 32651 , n. a.fr. 26957, desquelz ms 5229. - j) droictz fr. 32651, trois/r. 5229,
fr. 982, n. a.fr. 26957. - k) Helene - Castille n. a.fr. 26957, fr. 982, Helayne
fille de la seur - l’enfant au roy de Castille fr 32651, l’aisnee fille de le seur aus
roy de Navarre avoit épousé le roy de Castille fr. 5529, passage corrompu. -
1) monseigneur omis par fr. 5229, présent dans les autres mss. - m) de la
Romanye joissant paysiblement/r. 5229, et des pays de Romanie joyssant pasi-
blement n. a.fr. 26957, et fu dispot de Romanie joyssant paisiblement fr. 982, et
dispotz de Romenye joyssant et paisible fr. 32651. - n) au duc de Duras fr. 982,
au duc Duras fr. 32651, a duc du Rois fr. 5229, au for de Duras n. a.fr. 26957. -
o) celle n. a.fr. 26957, fr. 32651, fr. 982, celluy fr. 5229. - p) Mont Escaillon
fr. 32651, Monstantion fr. 5229, Monscecaion n. a.fr. 26957, Mont Chastillon
fr. 982. - q) Mont Escaillon n. a.fr. 26957, fr. 32651, Monscecaion fr. 5229,
fr.982.
[fol. 44v] S’ensient pour les aultres seze racines des Baux ung petit
proheme de la definition et cause desdis nom et armes
Ena) l’istore des trois sains roys qui le offrande firent a Jhesu Christ
envoyée a reverend pere en Dieu monsseigneur Florens de Werelben.,
evesque de Ministre109, contenant entre aultres choses que pour ce que
Balaam avoit prophetisié que de Jacob naisteroit une estoille et se esleve-
roit ung homme de Israel qui dominerait sur toutes gens, furent par les
plus grans et peuple universel de Indeb) ordonnes douze sages astrologiens
d’Inde, de Perse et de Caldee, spéculateurs sur la plus haulte montaigne de
ces marces nommee Baux, et aultrement mont victorial, la quelle est tant
haulte, que de son sommet l’en peult veoir les estoilles de son septentrion
estaintes par le point de la terre aux habitans de son midi, et semblable¬
ment celles de son midi non apparantes a ceux de son septentrion. En la
quelle lesdits spéculateurs persevererent divers eages jusques a la nativité
de nostre Seigneur, que la dite estoille apparu sur icelle montaigne, a
138 CAHIERS DE FANJEAUX 43
estait glorieusement et très ricement habitée, et aussy que son nom avoit
parvenu jusques aux fins du monde, si que de toutes langues et nations
marchandise par terre et par mer y arrivoit, pour lesquelles merveilles et
grant renommee les plus grans de ceste nation et princes des Baux d’Inde
avoyent venu oudit Acre. Lesquels y veant l’effect sourmonter la renom¬
mee, pour seule cause de plaisir, y eslurent demourer, et y fondèrent ung
chastel royal moult bel et puissant, le quel de très nobles et rices joyaux
selon leur region, ils le estofferent, et entre iceux d’un dyademe d’or paré
de gemmes fines [fol. 46v], de margarites et d’aultres pierres précieuses
au hault du quel en lettres caldayques estoit le signe de la croix et de
l’estoille, en telle fourme que elle apparu ausdits sains roys. Le quel dya¬
deme fu a Melcior, roy de Nubye, qui offry le or à Jhesu Christ, par le
moyen du quel dyademe furent veus en Acre plusieurs signes de miracle
procéder de virtu divine, meismement contre maladie caducque. Du quel
avoir trouvèrent soubtille fachon les freres templiers qui moult leur valu,
mais apres leur abolition fu ignoré qu’il devint, dont grant plainte en fu
long tempz en ces parties.
En oultre dist la dite istore que tous les ainsnés de ceste lignie des
Baux portent encoires de present en leurz armes et banieres l’estoille et la
croix comme dessus est dit. Et que la coustume des Nubyens est que leur
premier bataille porte la croix et la secunde de l’estoille111, lesquelx
princes aporterent avec eulx en Acre la geste des trois sains roys. La quel¬
le fu illec premiers translatée de caldyen en walech et puis en latin tel que
je en tiengz avoir veu tant que pour souffire ad ce que icy en est recité.
Recite encoires que pour le excellente noblesse et haulte conduite
d’iceux princes des Baux se firent entre les Gréez, Latins et eulx pluseurs
grans mariages.
Or dit Saint Pol le herauld la generation des Baux est venue par de ca
du roy Baltasar, un des dessusdis sains roys qui très bien peult estre de son
lignage, car du lignage d’un chascun desdis trois sains roys et virges
furent princes des Baux si nobles que dessus est dit, mais que la genera¬
tion soit venuec)des personnes de iceux roys, il ne appert point par la dite
istore.
[fol. 47] Mais en ensievant la dite istore et la mémoire des aultres
istoriographes, je treuve que l’an de nostre Seigneur Jhesu Christ IIIe IIIIXX
VIII Theodose, le très catholique empereur et premier de ce nom, posses¬
sor les parties de Orient et de Occident, et que quand parvenus fu audit
ORIGINES LÉGENDAIRES DE LA FAMILLE DES BAUX 141
congié dudit empereur, il y fonda ung très fort et puissant chastel que il
nomma de son nom des Baux, comme encoires appert.
De cestuy roy Balthasar et prince des Baux et de sa femme tant
illustres que par l’istore dessusdite peult apparoir, non obstant les affaires
de Merconirus, duc des Sicambres, les persecutions des Wandeles, des
Goths et d’aultres, la generation a esté catholiquement et illustrement
continuée jusques au prince Raymon des Baux, lesquelz pour en armes
sievir la maniéré latine ne ont porté blason d’armes que de gheulles a une
estoille de XVI pointes d’argent, mais en cognoissance de parures ont
tousjours pour la foy porté la croix des Nubiiens comme en armes fait le
comte de Prouvence114.
Baux I Foys II
[écu avec les armoiries des Baux : [écu avec les armoiries de Béarn115 :
de gueules à l’étoile d’or à deux vaches
à seize rais d’argent] de gueules l’une sur l’autre ]
ORIGINES LÉGENDAIRES DE LA FAMILLE DES BAUX 143
Notes
Sigles et abréviations
- pie,
contacts
Richard,
2, 1957,
etUltimatums
relations
p. 225-242,
(XIIe
: Jean
-XVe
repris
Richard,
s.),
dansLondres
id.,
« Ultimatums
Orient
: Variorum
et Occident
mongols
reprints,
auet1976.
Moyen
lettres Age
apo¬:
cryphes : Roi David et Prêtre Jean », Journal of Asian History, 17, 1973,
ORIGINES LÉGENDAIRES DE LA FAMILLE DES BAUX 145
[1] Cf. Butaud, Piétri, Les enjeux, 225-269. - [2] Ce sermon est édité et
commenté par Boyer, Les Baux. - [3] Les premières études sur ce thème sont
dues à Alice Colby-Hall : « L’héraldique au service de la linguistique : le cas du
« cor nier » de Guillaume », dans Au carrefour des routes d’Europe : la chanson
de geste. Senefiance, 20, 1987, 383-397 ; ead., « Guillaume d’Orange sur un
nouveau sceau médiéval de l’abbaye de Saint-Guilhem-le-Désert », Olifant, 15,
1990, 3-13 ; ead., « Guillaume d’Orange, l’abbaye de Gellone et la vache pie de
Châteauneuf-de-Gadagne », Études sur l’Hérault, 9, 1993, 5-21. - [4] Florian
Mazel, « Mémoire héritée, mémoire inventée. Guilhem de Baux, prince
d’Orange et la légende de Guillaume d’Orange (XIIe-XIIIe s.) », dans Faire
mémoire. Souvenir et commémoration au Moyen Âge, dir. Claude Carozzi,
Huguette Taviani-Carozzi, Aix-en-Provence : Presses Universitaires de
Provence, 1999, 193-228 ; id., « Le prince, le saint et le héros : Guilhem de
Baux (1173-1218) et Guillaume de Gellone, alias Guillaume d’Orange », dans
Guerriers et moines. Conversion et sainteté aristocratiques dans l’Occident
médiéval, dir. Michel Lauwers, Antibes : APDCA, 2002, 449-465. - [5] Voir
sur ce point les actes du colloque entièrement consacré à la figure historique et
légendaire de Guillaume d’Orange : Entre histoire et épopée. Les Guillaume
d’Orange (IXe -XI IIe siècles ), dir. Laurent Macé, Toulouse : CNRS, Université de
Toulouse-Le Mirail, 2006. On notera en particulier : Florian Mazel, « L’héritage
symbolique de Guillaume dans l’aristocratie des XIe-XIIIe siècles : tradition
familiale ou fascination épique », 163-180, qui étudie les ancêtres de Guillaume
de Baux, et Laurent Macé, « Icône du saint, figure du héros : la déclinaison du
cor sur les sceaux et les monnaies dans la Provence et le Languedoc des XIIe-
XIIIe siècles », 135-161. - [6] Sed dominus noster et omnes de suo genere
habuerunt ortum, ut audivi a fide digna persona a sanctis magis seu regibus qui
venerunt ad Christum natum Stella duce seu viam ostendente, ut patet Matth. 2
[1-12]. Propter quod etiam omnes portant pro signo in armis suis stellam
(Boyer, Les Baux, 449). - [7] Mazel, La noblesse, 334 ; Boyer, Les Baux, 432. -
[8] Il s’agit d’un sceau biface d’Hugues de Baux. De plus, on a conservé pour le
même personnage deux bulles où l’étoile apparaît au revers et comme armoiries
du cavalier (Blancard, Iconographie, pl. 19, nos 2, 3 et 4). - [9] Mazel, La
noblesse, 334. - [10] On sait que l’hermine des ducs de Bretagne, qui ne tire
son origine au départ que d’une brisure de Pierre Mauclerc (f 1250), issu des
Dreux, fut ensuite considérée comme les armes ancestrales des princes de
Bretagne. A la fin du Moyen Age, un récit de croisade fut imaginé pour expliquer
146 CAHIERS DE FANJEAUX 43
pourquoi plusieurs familles (dont les Coucy et les Châtillon) portaient de vair et
de gueules dans leurs armoiries (BnF, ms n. a. fr. 6889, fol. B et C ; Michel
Popoff, « De vair et de gueules. Autour d’une légende héraldique », Annales de
généalogie et d’héraldique, 2, 1985, 3-10). Un texte héraldique de 1509 fournit
une explication pittoresque pour les dix losanges des Lalaing, interprétés comme
une référence aux pâtisseries qu’une pieuse ancêtre donnait en aumône aux
pauvres ! (Brassart, Le Blason, I, 5-13). - [11] Blancard, Iconographie, pl. 21,
n° 3 (1201), pl. 23, n° 2 (1223), pl. 21, n°s 2 (1233) et 4 (1233). - [12] Martin
Aurell, « Autour de l’identité héraldique de la noblesse provençale au
XIIIe siècle », Médiévales, 19, 1990, 17-27. - [13] Armoiries des Badat : de
gueules à l’étoile à seize rais d’or ; armoiries des Chabaud : d’or à l’étoile à
seize rais d’azur chargé d’un château de trois tours d’argent ; armoiries des
barons de Beuil du XIIIe siècle, reprises en écartelé par les Grimaldi de Beuil :
d’or à l’étoile à seize rais de gueules. - [14] Roman, Descriptions, 234,
n° 607. - [15] Ces armoiries sont visibles sur un sceau du même Aymar II
datant de 1186 (i bid., 233, n° 606). Précisons que les liens familiaux entre les
Baux et les Poitiers sont postérieurs. - [16] Blancard, Iconographie, pl. 34bis,
n° 6 (bulle de la première moitié du XIIIe siècle). - [17] Roman, Descriptions,
237, n° 614. - [18] Suite à une suggestion de Claude Carozzi, nous avons
vérifié ce point. Rien n’a été trouvé sur le nombre seize dans Vincent Foster
Hopper, La symbolique médiévale des nombres. Origines, signification et
influence sur la pensée et l’expression, Paris : Gérard Monfort, 1995, ni dans
Jean Chevalier, Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, Paris : Robert
Laffont, 1982. - [19] Cette dernière hypothèse peut se justifier par l’examen du
sceau équestre de Robert II, seigneur de Vitré, datant de 1 155. On y voit nette¬
ment un bouclier portant une étoile à seize rais. Comme l’écu n’est pas encore
héraldique, on parle de « renforts en rais d’escarboucle » plutôt que d’étoile
(Pierre Bony, Un siècle de sceaux figurés (1135-1235), Paris : Le Léopard d’or,
2002, 27, pl. XIII, n° 73). Il semble donc logique de penser que certaines étoiles
héraldiques tirent effectivement leur origine du motif formé par les lamelles de
métal rayonnant autour de Vumbo... - [20] Elissagaray, La légende, 48-54. -
[21] Ibid., 30, 39-41. - [22] Richard, L' Extrême-Orient légendaire. - [23] Ces
informations faisaient échos à la victoire du chef d’un peuple des steppes, les
Qara-Khitaï, sur le sultan de Perse Sanjar en 1 141 (ibid., 232). - [24] Ibid., 229-
231. Pour l’analyse de ces lettres, voir Jacqueline Pirenne, La légende du
« Prêtre Jean », Strasbourg : Presses universitaires de Strasbourg, 1992, 47-87.
L’hypothèse émise d’un original hébreu écrit par un juif de Provence n’est toute¬
fois pas convaincante. - [25] Sur ce personnage, le texte source est la Relatio de
Davide, qui date de 1221. Deux prototypes sont possibles pour ce légendaire roi
David, soit Gengis-Khan, soit le Turc Kütchlüg, chaque identification ayant des
points faibles (Richard, L’ Extrême-Orient légendaire, 233-235). - [26] Ibid.,
235. Cette explication de l’invasion des Mongols par leur volonté de récupérer
ORIGINES LÉGENDAIRES DE LA FAMILLE DES BAUX 147
les corps de leurs ancêtres se retrouve notamment chez Mathieu Paris, dans la
chronique d’Aubry de Trois-Fontaines et dans le Speculum historiale de Vincent
de Beauvais (Elissagaray, La légende, 74). Plus tard, le missionnaire Jordan
Catala situera le pays d’origine des rois mages dans la terre de Moughan, à
l’ouest de la Mer Caspienne, au sud du Caucase (Gadrat, Image de l’Orient, 172,
291). - [27] Richard, Ultimatums . - [28] Richard, L’ Extrême-Orient
légendaire, 235 ; Richard, Ultimatums, 221. Cette lettre est conservée par la
chronique de Salimbene de Adam - Chronica fratris Salimbeni de Adam, éd.
Oswald Holder-Egger, Hanovre-Leipzig (Monumenta Germaniae historica,
Scriptores, 32), 1905-1913, 580. - [29] Cf. Elissagaray, La légende, 64-65. -
[30] Boyer, Les Baux, 435. - [31] Mazel, La noblesse, 542-543. - [32] C’est
plutôt l’avis de Jean-Paul Boyer, Les Baux, 436. - [33] Joseph-Hyacinthe
Albanès, « Note sur un Mystère représenté à Toulon en 1333 », Revue des socié¬
tés savantes des départements, 5e série, 8, 1874, 259-262. - [34] Elissagaray, La
légende, 66. C’est dans l’église Sant’Eustorgio que les reliques des Mages
avaient été découvertes en 1158. - [35] Comme d’autres, par commodité, nous
utilisons ce titre pour une œuvre dont le titre varie dans les manuscrits. - [36] A
propos des sources d’Hildesheim, voir Elissagaray, La légende, 68-73, et Sylvia
Harris, « The Historia trium regum and the mediaeval legend of the Magi in
Germany », Medium Ævum, 28, 1959, 23-30, ici 28-29. Pour ce qui concerne les
traditions les plus anciennes sur les Mages, voir Ugo Monneret de Villard, Le
leggende orientali sui magi evangelici, Cité du Vatican : Biblioteca Apostolica
Vatina (Studi e testi, 163), 1952. - [37] De itinere Terrae Sanctae. Cet ouvrage,
écrit vers 1360, était nourri de l’expérience d’un séjour de cinq ans de son auteur
en Méditerranée et en Orient, entre 1336 et 1341. - [38] C’est par exemple dans
l’entourage pontifical que le dominicain Jordan Catala écrivit dans les années
1330 ses Mirabilia descripta (Gadrat, Image de l’Orient). Au sujet des mission¬
naires, voir Jean Richard, La papauté et les missions d’Orient au Moyen Age,
XIIIe -XVe siècle, Rome, Paris : École française de Rome (Collection de l’École
française
(ch. 33 etde34).
Rome,
- [40]
33),
Ibid.,
2e édition,
260-2611998.
(ch. -35).
[39]Nous
Historia
avonstrium
vu d’après
regum, le257-259
témoi¬
XIVe siècle intitulé Brun de la Montaigne, dont tout le début relatait l’histoire de
Butor de la Montaigne. Le fait que le château des Baux se trouve au sommet
d’une montagne pouvait faciliter le rapprochement. Cf. Brun de la Montaigne,
roman d’aventure, éd. Paul Meyer, Paris : Firmin Didot (Société des anciens
textes français), 1875. - [86] De ce mariage naquirent Jacques de Baux
(t 1383), empereur titulaire de Constantinople, et Antoinette, épouse de Frédéric
de Sicile (Trinacrie). - [87] Barthélemy, Inventaire ; Noblemaire, Histoire,
61-65 ; F. Pétrucci, « Del Balzo, Francesco » dans Dizionario biografico degli
ltaliani, t. 36, Rome : Istituto della Enciclopedia italiana, 1988, 310-312 ; Sylvie
Pollastri, La noblesse napolitaine sous la dynastie angevine : l’aristocratie des
comtes (1265-1435), Thèse inédite, Université de Paris X - Nanterre, 1994,
449-454, 910. - [88] Il faudrait des recherches supplémentaires pour déterminer
quand décède François, premier duc d’Andria. Il est en tout cas encore vivant en
1383, au moment du testament de son fils aîné Jacques, empereur titulaire de
Constantinople : cf. R. Bisson de Sainte-marie, « Testament de Jacques de
Tarente, dernier empereur de Constantinople en faveur de Louis d’Anjou
(15 juillet 1383) », Bibliothèque de l’École des chartes, 45, 1884, 189-195.
Peut-être est-ce son fils François qui accorda des franchises aux habitants de
Berre ? (Barthélemy, Inventaire, n° 1623). - [89] L’existence de Bianchino est
admise par Louis Barthélemy, qui analyse la copie du testament (supposé) de
François de Baux-Andria de 1422 (Inventaire , n° 1768). G. Noblemaire y croit
également, après avoir fait part du débat à ce sujet (Histoire , 80-83). Les généa¬
logies du héraut Saint-Pol et de Sainghin permettent de donner raison à ceux qui
avaient des doutes à propos de ce Bianchino et du testament de 1422. Ce docu¬
ment, outre sa forme inhabituelle, provient des archives privées de ceux qui
tiraient profit au premier chef de l’existence de Bianchino, les ducs de
Presenzano. Il s’agit donc d’une forgerie, comme le pensait notamment
Lodovico de la Ville sur Yllon ( Napoli nobilissima, avril 1892, cité par
G. Noblemaire). - [90] Un membre de cette famille a consacré un ouvrage à ses
ancêtres (et prétendus ancêtres pour ce qui est de la période médiévale) :
Antonello Del Balzo di Presenzano, A l’asar, Bautezar. I Del Balzo et il loro
tempo, Naples : Arte tipografïca, 2003. - [91] Sainghin-en-Weppes, départ, du
Nord, à la périphérie de Lille. - [92] Le manuscrit autographe, signé par l’auteur
et comportant l’arbre généalogique en parchemin, est conservé : BnF, ms
fr. 5471 (62 fol.). Une bonne copie, de peu postérieure, sans arbre mais avec
une révision des armoiries insérées dans le texte, existe sous la cote ms fr. 23989
(71 fol.). Nous avons fait ailleurs quelques allusions rapides à Sainghin (Butaud,
Piétri, Les enjeux, 46, 49-50, 146, 191). Sylvie Lefèvre y a consacré plusieurs
pages enrichies d’extraits (Lefèvre, Antoine de La Sale, 343-356). - [93] Voir la
reproduction intégrale dans Lefèvre, Antoine de La Sale, 346. Cet arbre est une
pièce importante à ajouter au corpus étudié par Christiane Klapisch-Zuber,
L’ombre des ancêtres. Essai sur l’imaginaire médiéval de la parenté, Paris :
152 CAHIERS DE FANJEA UX 43
Fayard, 2000. - [94] Ce personnage est désormais bien connu, comme membre
important de la cour de Bourgogne et mécène : Jacques Paviot, « Jacques de
Luxembourg. Politique et culture chez un grand seigneur du XVe siècle », dans
Penser le pouvoir au Moyen Age (VIIIe -XVe siècle). Etudes d’histoire et de litté¬
rature offertes à Françoise Autrand, dir. Dominique Boutet, Jacques Verger,
Paris : Éd. Rue d’Ulm, 2000, 327-341 ; Lefèvre, Antoine de La Sale, 207-247,
359-363. - [95] BnF, ms ff. 5229, fol. 4L Au sujet de l’office de héraut, voir
les études réunies dans Le héraut, figure européenne (XIVe -XVIe siècle ), dir.
Bertrand Schnerb, Revue du Nord, 88/366-367, 2006. - [96] La généalogie des
ancêtres de Pierre de Luxembourg occupe les folios 2-44 du ms fr. 5471
de la BnF, tandis que les « seze racines des Baux » se trouvent aux folios
44v-53v. Le reste du manuscrit est consacré aux branches filiales du couple
(fol. 54-56) et à une généalogie descendante des Luxembourg rédigée plus tard
(fol. 57-62v). Il n’y a pas lieu ici de commenter la première partie de l’œuvre de
Sainghin. Nous comptons y revenir dans des études futures. - [97] BnF, ms
fr. 5471, fol. 44v-48 ; cf. le résumé et les extraits dans Lefèvre, Antoine de La
Sale, 353-356. Les transcriptions sont parfois fautives : « monseigneur de
Werelben » au lieu de « monsseigneur Florens de Werelben. », « Tharpe » au
lieu de « Tharse » (354), « Gondosorus » au lieu de « Gondoforus » (355),
« cognoissance de parmens » au lieu de « cognoissance de parures » (356)... Le
texte n’est pas commenté, ni sa source principale (Jean de Hildesheim) signalée.
- [98] Balthazar était roi de Saba et de Godolie pour Hildesheim, roi de Tartarie
pour le héraut Saint-Pol, roi de « Tharse » pour Sainghin. Ces variations se
retrouvent dans les mystères contemporains. Si la Passion d’Arras fait égale¬
ment de Balthazar un roi de Tarse, le Geu des trois rois lui attribue l’Arabie et
fait de Gaspard le roi de Tarse (renseignements aimablement communiqués par
Géraldine Veysseyre, qui prépare une nouvelle édition du Geu des trois rois, à
paraître dans un volume consacré au théâtre médiéval de la Bibliothèque de la
Pléiade). - [99] Butaud, Piétri, Les enjeux, 245-247. - [100] Elissagaray, La
légende, 206, 209. La traduction, conservée dans le manuscrit BnF fr. 982,
fol. 7-45v, est éditée ibid., 91-178. - [101] Un poème de 1499 intitulé Lo
Balzino, écrit par Rogeri de Pacienza di Nerito, en l’honneur d’Isabelle de Baux-
Andria, épouse du roi de Naples Federigo (t 1504), contient une évocation de la
légende (Noblemaire, Histoire, 74). - [102] Nous avons signalé plus haut les
copies du texte (note 81). On peut ajouter que l’œuvre du héraut Saint-Pol eut
une postérité dans le domaine héraldique. Un armorial anglais du milieu du
XVe siècle en reprend là' plupart des écus, tant pour le côté Luxembourg que
pour le côté Baux (British Library, Harleian 6163, fol. 32v-34, éd. Joseph
Foster, Two Tudor Books of Arms, Harleian Mss Nos 2169 & 6163, Londres,
1904, 180-183). Il reste à déterminer si cet emprunt est un cas isolé. -
[103] Charles II (t 1558), comte de Lalaing (dont la mère était Jacqueline de
Luxembourg), à moins que ce soit son fils Philippe, fit faire une copie de la
ORIGINES LÉGENDAIRES DE LA FAMILLE DES BAUX 153
Genealogie de Luxembourg (BnF, ms fr. 5470, fol. 4-65). Son épouse, Marie
de Montmorency, disposait de son propre exemplaire (BnF, ms. fr. 5472,
fol. 14-94, et fol. 15 pour son ex-libris). L’œuvre de Sainghin était lue bien au-
delà des Luxembourg et de leurs alliés, comme nous l’apprend, au milieu du
XVIe siècle, François Piétin, religieux de Phalempin. Dans sa Descente des
chastellains de Lille, il fait une diatribe contre Sainghin, dont le livre avait induit
en erreur son ami l’historien flamand Jacques Meyer (t 1555) et beaucoup
d’autres. « Clement a abusé beaucop de gens fort scavans et dilligens inquisi¬
teurs d’histoires par ce qu’il devise fort bien et est grant langaigeur mais il ne
scet ne ce qu’il dit, ne ce qu’il afferme » (BnF, ms fr. 5470, fol. 108v). -
[104] Nous disposons pour ces funérailles de la relation extrêmement précise
d’Olivier de La Marche. Interrogés sur le fait que la chapelle mortuaire était
décorée par une croix recroisetée, le roi d’armes du Hainaut et Lothrye, héraut
de Bourgogne, maîtres de cérémonie, se justifièrent ainsi : « ce conte estoit
conte de six contéz non pas acquises ne conquises mais venoient de propre
estoc, de propre succession. Et [par] origine de pere et de mere estoit yssu
d’empereurs et de roys et mesmement de Baltazart le premier des trois roys quy
vit l’estoille, quy les conduisit jusques a adorer notre Sauveur Jesus Christ. Et
laquelle estoille ledit roy Baltazart print en ses armes, qui est un escuz de gueul-
le a une estoille d’argent a seize pointe. Et encores est un des quartiers de leur
maison. » (BnF, ms n. a. fr. 6889, fol. 310v). - [105] Une bannière de Jacques
de Luxembourg, seigneur de Fiennes, est conservée à Soleure en Suisse
(Ottfried Neubecker, Le grand livre de l’héraldique, Paris : Bordas, 1997, 140).
Le récit des obsèques de son fils Jacques II, mort en 1517, comporte un dessin
gouaché de son cheval recouvert d’un caparaçon armorié (BnF, ms fr. 5229,
fol. 148). Voir aussi le riche armorial familial fait pour les Lalaing : BnF, ms
fr. 5470, fol. 119v-120v. - [106] Joseph de la Pise, Tableau de l’histoire des
princes et principauté d’Orange, La Haye : Théodore Maire, 1639, 66. Ce
manuscrit est peut-être celui conservé à La Haye (BR 71 E 70), signalé par
Lefèvre, Antoine de La Sale, 343, n. 1 . Jusqu’ici, on pensait que le récit de La
Pise était une excroissance moderne de la légende (Boyer, Les Baux, 436). -
[107] Robert de Brianson et Jean-Antoine Pithon-Curt la considéraient comme
une fable (ibid., 436-437). - [108] Frédéric Mistral, Calendau, Avignon :
J. Roumanille, 1867, 28 ; Boyer, Les Baux, 436. - [109] Sainghin mentionne
clairement sa source : « l’istore des trois sains roys » qui lui inspire la moitié de
son prologue est YHistoria trium regum de Jean de Hildesheim, effectivement
dédié à Florent de Wevelkoven, évêque de Münster de 1364 à 1379. -
[110] Sainghin fait ici une méprise, car l’année de la translation des reliques des
rois mages de Milan à Cologne est 1164. Il s’agit soit d’une faute présente sur
l’exemplaire de YHistoria trium regum qu’il utilise, soit d’une faute commise de
son propre chef. - [111] Nous avons vu (note a) que le « E » initial du texte
représente la croix des Nubiens et l’étoile des Baux. - [1 12] Gratien, empereur
154 CAHIERS DE FANJEAUX 43
d’Occident depuis 367, fut bien tué à Lyon, en 383, par le général de l’armée de
Bretagne Maxime, que l’on assimila à un roi de Bretagne à la suite de YHistoria
regum Britanniae de Geoffroy de Monmouth. - [113] C’est en 388 que
Théodose intervint militairement contre l’usurpateur Maxime, qui trouva la
mort. Le frère de Gratien, Valentien II, récupéra l’empire d’Occident. Théodose
décéda à Milan le 17 janvier 395. - [1 14] La croix des Nubiens ( d’or à la croix
d’argent) imaginée par Sainghin ne respecte pas la règle de contrariété des
émaux, toute comme la croix de Jérusalem ( d’argent à la croix potencée d’or,
cantonnée de quatre croisettes du même), que portaient les comtes de Provence,
depuis Charles d’Anjou, en tant que rois de Jérusalem. - [1 15] Sainghin a repré¬
senté les armes du Béarn au lieu de celles de Foix. Une copie de son œuvre, de
peu postérieure, donne en revanche à cet endroit les armes de Foix, d’or à trois
pals de gueules (BnF, ms fr. 23989, fol. 56).