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TYPOGRAPHIE
EDMOND MONNOYER
AU MANS (SARTHE)
JESus-cmusT ÉTUDIÉ
EN VUE DE LA PRÉDICATION
dans
QUATRIÈME EDITION
TOME TROISIÈME
PARIS
BERCHE ET TRALIN, LIBRAIRES-ÉDITEURS-
82, HUE BONAPARTE, 82
1878
Propriété des Éditeurs^ tout droit réservé
CHAPITRE NEUVIÈME
L’ÉGLISE DE JÉSUS-CHRIST
1 Í Corinth.
L’ÉGLISE DE JÉSUS-CHRIST 7
1 Luc, xu
l’église de jésüs-christ 23
Don point par les raisons de la philosophie humaine,
mais par la considération de vos secrets jugements et
de votre providence irrépréhensible. » Pourquoi donc
Seigneur, tant d’hérésies et tant d’erreurs qui com
battent votre Eglise? Et, dans le sein même de cette
Église, pourquoi le mélange des justes avec les pé
cheurs ?
Saint Thomas, recueillant les leçons de la tradition,
nous donne ainsi la réponse de Dieu4. Ce mélange, pro
fite d’abord aux bons eux-mêmes. Sans l’énergie de la
résistance et les mâles vertus du combat, les justes s’en
dormiraient dans une sécurité funeste d’où naîtraient
bientôt l'indolence et l’inertie. Dieu maintient par la
lutte la vigueur et la vigilance dans son Église. C est
encore grâce aux agressions de l’erreur que tant de
théologiens, de docteurs, d’orateurs illustres, nous ont
été donnés : la guerre n’enfante pas autant de généraux
illustres, que les combats de la vérité catholique, contre
les multiples erreurs qui Vont assaillie, n'ont produit»
d'écrivains et d’apologistes fameux. Sous le même rap
port n’est-ce pus l’apparition de l’erreur qui donne lieu
aux magnifiques développements du Credo catholique?
A chaque hérésie correspond quelque affirmation nou
velle et quelque splendide rayonnement de la vérité.
Mais de plus, dans ce mélange du bien et du mal, de la
vérité et de l’erreur, Dieu, « riche envers'tous » de
une récente et large brèche que son règne est bien près
de sa fin. Manifestement Dieu dit à ses moissonneurs :
« arrachez l’ivraie ! »
Telle est la merveilleuse puissance de la vérité ca
tholique. Sans secousse, sans perturbation, sans violence,
par la force mystérieuse dont Dieu la remplit, elle
triomphe d’âge en âge des erreurs qui menaçaient de la
corrompre et des tyrannies qui prétendaient l’étouffer.
Cette action douce et cachée, qui triomphe sans lutte
visible, et renverse les plus terribles obstacles sans
trace d’efforts, l’Église catholique la fit paraître dans
un merveilleux jour, alors que descendue sanglante du
Golgotha elle s’offrit sans secours et sans armes devant
le monde pour le conquérir, et devant toutes les forces
du paganisme pour les renverser.
* Lacordairo, Confirenws·
31 CHAPITRE NEUVIÈME
II
1 Lacordaire.
2*
46‘ CHAPITRE NEUVIÈME
ΠΙ
1 M&tlh., XIV, XV; Marc, vqvnn Luc. ix, Joan., vi. —Mou»
wafowLai ici cea doux miracle» dans une seule explication,
5β CHAPITRE NEUVIÈME
* Hom. g...
66 CHAPITRE NEUVIÈME
* Cûmmtnl. tn Siallh.
70 CHAPITRE NEUVIÈME
11 Corinth.
l’ÉGLTSE DE jéSUS-CHRfST 71
humaine, sous les menaces de la force, sous les insultes
de l’impiété, un lambeau de pourpre, une couronne
d’épines et un sceptre de roseau. C’est la troisième des
obscurités qui font de l’Église « le trésor caché dans
un champ. » A son calvaire, au milieu de ses persé
cutions et de ses ignominies, la foule branle la tête, les
princes raillent et se moquent, les bourreaux sévissent,
tous méconnaissent et renient : « aucun des rois de ce
siècle ne l’a connueL » « Le Dieu de ce siècle aveugle
l’intelligence de ces infidèles afin que ne se lève pas sur
eux l’éclat de l’Évangile de la gloire du Christ, qui est
l’image de Dieu. »
Si le trésor est si mystérieux et si caché, comment le,
découvrir, comment l’acquérir, comment le conserver ?
Comment arriver à ces biens dont l’Église est la source,
dont la vie chrétienne
» et la perfection de l’âme sont les
seuls dépôts ? L’Evangile va nous répondre. Au moment
où la lumière se lève dans une âme ; quand les préjugés
tombent, que les ignorances se dissipent, que de longs
oublis font place à une révélation toute jeune et toute
vive, quand l’homme, longtemps ingrat et longtemps
fugitif, revient à son âme et à son Dieu en prêtantenfin
l’oreille à la voix maternelle de l’Église, le trésor est
trouvé, invenît homo. Qu’elle est mille fois précieuse et
douce dans la vie de l’homme, cette heure où la décou
verte du céleste trésor, de pauvre le fait riche, d’humble
mendiant des biens terrestres le fait possesseur magni
fique de l’immense et infinie fortune d’un Dieu ! Mais
que faire quand le trésor « est trouvé? » Le « cacher »
aussitôt, répond le texte sacré : « Celui qui a trouvé le
trésor, le cache, et, transporté de joie, il vend tout ce
* l Corinth.
TL CHAPITRE NEUVIÈME
* Galat.
l’église de jésus-chrtst 73
donné pour conquérir Jésus-Christ. » « Il vend tout, »
vendil universa, ne se réservant rien de ses vices, de ses
vanités, de ses plaisirs. Enfin, « il achète, » emit agrum.
Qu’est-ce que ce champ ? C’est la terre dont l'Écriture
célèbre si souvent les douceurs et les magnificences,
« terre désirable, » « terre des vivants, » terre éternelle
ment riante et printanière que posséderont * ceux dont
le cœur est paisible et doux. *
IV
» Bossuet, Méditai,
CHAPITRE DIXIÈME
LA GRACE DE JÉSUS-CHRIST
1 Ephes.
*92 CHAPITRE DIXIÈME
LE MYSTERE OE LA GRACE
LA RÉSURRECTION EN JÉSUS-CHRIST
* Bossuet, Mtditationi,
154 CHAPITRE ONZIÈME
* Bossuet, Méditations.
156 CHAPITRE ONZIÈME
1 Bossuet, Méditations.
LA RÉSURRECTION EN JÉSUS CHHîBT 159
Rédemption, en un paisible et bienfaisant sommeil. Il
pleure et frémit, mais il nous dit à nous cette douce
parole : Je suis la résurrection et la vie.
Il
1 Bossuet, Méditations.
160 CHAPITRE ONZIÈME
plicis mortis. Una dies est peccati originalis. Quod homo trahit
de mortis propagine. Alii 1res dies referuntur ad mortem peccati
actualis, et dividuntur secundum trangressionem triplicis legis·
Primo quidem legis naturæ qunm homines transgrediuntun
Secundo legis script» quam etiara homines transgrediuntur.
Tertio legis grati» el evangelii. (D. Thom. Comment, in Jaan»
cap. xi, lec. 4.)
* Sciendum Christum tres mortuos suscitasse s Puellam archi
*
synagogi, (ilium viduæ qui efferehatur extra portam, et Lazaran
*
quatuor d es habentem in monumento. Sed puellam quidam &
LA RÉSURRECTION EN JÉSUS-CHRIST Î63
fille qui vient d’expirer, dont le cadavre est chaud
epcore, et qui n’a fait pour ainsi parler que « goûter ·
la mort, représente le premier péché grave d’une âme.
L’âme est morte sans doute, mais qu’elle est voisine
encore de la vie ! Avec quelle facilité la parole du
Christ la rappelle, avec quelle promptitude sa main la
relève et la redonne à la vie ! « Jeune fille, lève-toi l »
Il n’est question ni de linceul, ni de bière ; le corps
n’est pas entre les mains de sinistres porteurs, il n’a
pas quitté la maison paternelle : l’âme est morte, mais
on croirait encore un sommeil, tant la dissolution du
trépas s‘y fait peu sentir, tant la maison est exempte
encore des tristes signes de la mort. Mais si cette
maison de Jaïr, cet intérieur de l’âme revêt à peine
les marques de la mort, on y voit un spectacle plus
triste et plus repoussant : ces « joueurs de flûte, cette
foule tumultueuse, ces gens qui poussent de grands
cris : » triste cortège de la mort des âmes ! Ah ! cette
âme est morte parce que « des joueurs de flûte, » dee
plaisirs enchanteurs, des voix séduisantes, des voluptés
et des ivresses, « une foule tumultueuse, des gens qui
si vous eussiez été ici, mon frère ne serait pas mort. Quoi !
Π faut la présence, il faut la parole, il faut le contact?
Mais, Marthe, quelle faible idée vous faites-vous donc
de la puissance divine ? Que vous paraissez peu vous
souvenir de ces paroles qui la caractérisent : mandavit et
créala sunt, « il commande et tout est créé. » Une pensée,
un vouloir, un ordre de cette autorité infinie, et toute
maladie s’évanouit, et la mort elle-même se retire
épouvantée, rendant à la vie la proie qu’elle dévore.
Marthe ignore la sublimité de la puissance divine, et
participe trop à cette persuasion où était ce chef de
synagogue que Jésus-Christ devait approcher de la
couche de'sa fille mourante, et la toucher lui-même de
sa propre main. Marthe confond trop encore Jésus-
Christ avec les thaumaturges que Dieu envoyait à son
peuple, léur puissance d’emprunt avec sa puissance
propre et essentielle, leurs ordres communiqués et
dictés d’en haut, avec ses ordres personnels et souve
rains. Marthe ajoute : à présent meme je sais que tout
ce que vous demanderez à Dieu, Dieu vous le donnera.
Non, Marthe, ce n’est pas là le vrai, le complet acte
de foi au Verbe fait chair, au Fils de Dieu, « Dieu
de Dieu, » « vrai Dieu de vrai Dieu. » Ne parlez pas
de lui comme des prophètes auxquels Dieu devait
communiquerέβ puissance, par laquelle seule ils opé
raient leurs prodiges. Ici, devant vous, c’est le Dieu
1 Bossuet, Méditai.
LA RÉSURRECTION EN JÉSUS-CHRIST Π9
in
LE MIRACLE
1 Lacordaire.
LA RÉSURRECTION EN JÉSUS-CHRIST 197
IE LÉPREUX
* Matlh., vin.
JÉSUS, MÉDECIN CHARITABLE 203
LA BELLE-MÈRE DE PIERRE
1 Lacordaire.
216 CHAPITRE DOUZIÈME
Ill
IV
LE CENTURION
t Vult ergo dicere : Quia tibí natura obedit, sic naturæ et obe-
diet tibi qua sermó tuus judlcio plenus est. (D. Thom. Comment
in Natth., cap. vm.)
Jésus, médecin charitable 231
déjà sidoux del’obtenirdenossemblables. Or Jésus l’ayant
entendu, fut dans Γ admiration1. Et non content d’admirer,
Jésus loue, et loue magnifiquement : Nec in Israel tan *
tam fidem inveni : < pas même en Israël, je n'ai trouvé
une aussi grande foi. » Non : ni les foules qui m’en·
tourent, ni même mes disciples et mes apôtres n’ont cru
si parfaitement et si vite. Eux ont dit : Quis pulas est
ùte quia et ventis et mari imperat3 ? « qui pensez-vous
qu’est celui-ci qui commande au vent et à la mer?» Ils
out dit encore : « Un grand prophète a surgi en Israël
.»
*
Quant à ce Centurion, il a confessé en moi une infinie
puissance et m’a adoré comme un Dieu.
La scène s’agrandit ici subitement : le voile de l’avenir
est magnifiquement déchiré par la main divine, et
l’histoire du monde nous apparaît tracée par Jésus-
Christ en deux vastes tableaux : conversion eh masso
de la Gentilité ; réprobation en masse de la nation juive.
L’heure vient où un immense ébranlement va remuer
tous les peuples et les pousser tous dans un élan
universel vers l’Égiise chrétienne. Dico autem vobis quad
multi ab Oriente et Occidente venient et recumbent cum
Abraham et Isaac et Jacob in regno cœlorum. Et cette
Église où se pressent les nations de toute la térro,
depuis lOrient jusqu’à l’Occident, c’est l’Égiise catho
*
ligue ; comme elle embrasse tous les lieux, elle embrasse
aussi tous les temps : elle commence au berceau du
monde pour finir son pèlerinage terrestre et entrer
dans son épanouissement éternel à la fin des temps et
au seuil même de l’éternité. Les Patriarches sont ses
fils comme le sont les fidèles du Christ, et les Gentils,
entrant dans œtte Église , s’y rencontrent avec
JflIRE ET L’HÉMORROISSE
1 Multa est virtus Christi : quia non solum in animara, sed &
anima in corpus, et ex corpore in vostimenta redundat. (D. Tho®·»
toc, citai.)
JÉSUS, MÉDECIN CHARITABLE 241
VI
VII
LA CHANANÉENNE
LA PISCINE PROBATIQÜE
1 Joan. V.
268 CHAPITRE DOUZIÈME
* Bossuet, Méditât.
270 CHAPITRE DOUZIÈME
LA DIVINE PRIÈRE
t Nota quod tria bona feolt oratio. Primo enim est efficax al
Utile remedmm contra mala. Libérât enim a peccatis conunlssis :
« tu remiaisti impietatem peccati mei : pro hao orabil ad te omuls
Sanctus. » Latro in cruoe oravit et obtiuuit. Publicanua oravit et
« justificatiu descendit. » Libérât etiam a timoré peccatoraa
supervenientium, et perturbationibus et tristitiis. « Tristatur
quis in vobis ? oret. Secundo est efficax et utilis ad oœnia desi-
deria obtinenda. Non exaudimur autem, vel quia non persevere·
mus, vel quia non petimus id quod magia expedit ad salute®.
Augustinus ; Bonus Dominus qui sæpe non tribuit quod volumes
ut tribuat quod mallemus. Exemplum de Paulo qui ter petiit
a se removeri Btimulum, et non est exauditus. Tertio est utilis
quia facit nos familiares Deo. (D. Thom. Opuscul. V.) — * In hao
oratione, sicut in oratione rhetorum, duo fecit. Primo captat be·
nevolenliam. Secundo docel quid peleodum, (D. Thom, fontmonl.
tn Maith,, cap· vx.)
LA DIVINE PRIÈRE 291
II
PATER
* Bossuet, Elévations,
LA DIVINE PRIÈRE 293
haute, une attention plus soutenue, de plus mys
térieux égards: nous pressentons les grandes cho
ses que nous réserve l’avenir par cette importance
singulière que Dieu met à nous tirer du néant. Deve
nons attentifs : ces grandes choses vont commencer à
se dérouler à nos regards: nous allons mieux voir com
ment le Dieu, « dont émane toute paternité, » est néan
moins le Père de l’homme d’une façon toute spéciale et
dans une vérité ineffable. Faisons l'homme à notre image
et à notre ressemblance. Ainsi non-seulement nous venons
de Dieu comme les autres créatures, maisnous retenons
la ressemblance de notre principe, nous nous faisons
reconnaître « fils de Dieu » à des traits frappants de
similitude. « Sa lumière est imprimée sur notre front, »
sa beauté se reflète sur notre être, sa nature y a son
image, ses perfections leur miroir limpide ; nous
sommes « à son image et à sa ressemblance, » et déjà,
rien qu’à considérer ces premières splendeurs, Dieu
peut prononcer de nous ces grandes paroles : «Je l’ai
dit : vous êtes, vous autres, les fils du Très-Haut. »
Qu’est-ce que Dieu ? Et quelle idée nous [pouvons-ncyis
faire de cette « inaccessible Lumière, » et de cette
incommunicable Essence ? Dieu est Intelligence infinie :
il a fait l’homme intelligence. Dieu « est Charité : » la
bonté est sa nature, la miséricorde, la mansuétude, le
dévouement et l’amour s’échappent de son sein à flots
intarissables. Ainsi a-t-il fait l’homme son image;
formant son cœur, il y mit premièrement la bonté. Dieu
est Volonté, il est la volonté souveraine à laquelle tout
obéit, et qui est la cause dernière de toutes choses. «Dieu
fait tout, dit saint Paul, suivant sa volonté, > il dit et
tout est fait, il donne un ordre et tout s’exécute : »
l’homme participera dans une large mesure à ce maguí-
294 CHAPITRE TREIZIÈME
1 Bossuet, Elévations.
LA DIVINE PRIÈRE 297
tomber dans le néant, tellement la permanence et
l’immortalité sont les traits indispensables de la ressem
blance divine, la marque que l’homme vient de Dieu,
comme le fils du père. Et maintenant que la grâce a
effacé la faute et relevé la nature, l’homme ne ponnaît
la défaillance du tombeau que pour se préparer, dans
une germination puissante, aux éternelles gloires de la
résurrection : Corpus quidem morluum est propter peccar
twn, spiritus vero vivit propter juslificationem,
* D. Thom. Opuscul, F.
310 Chapitre treizièmè
ΠΙ
WER NOSTER
1 Ephes.
LA DIVINE PRIÈRE 315
qu’une même demeure et une même table. La Provi
dence nous dresse une même table pour la viedu corps :
la grâce nous en dresse à tous également une autre,
pour nos âmes, infiniment plus précieuse, couverte « du
Pain supersubstantiel, » « du Pain descendu du Ciel, *
«du Pain de vie, » dont nous entretenons la vie vérita
ble, la vie divine, la vie éternelle. < A nous tous, nous
ne faisons qu’un seul pain, qu’un seul corps, nous tous
qui participons à. un même pain » Dieu a pénétré plus
avant encore, s’il est possible, et nous réunit par un
lien encore plus ¡intime : « un seul cœur, une seule
âme, » « un seul esprit. * Telle' sera notre union, et,
pour ainsi parler, l’infusion de nos cœurs, de nos esprits,
de nos âmes, les uns dans les autres, qu’ils se réuniront
et se fondront dans une même ’pensée et un même sen
timent. « Une même foi. * Parcourez le monde ; trans
portez-vous dans les contrées les plus glacées du septen
trion, ou dans ces brûlantes terres que le soleil dévore de
ses rayons;interrogez la grande famille catholique,celte
qui de tous les points du globe adresse à Dieu son Père
la même invocation ; Noire Père qui êtes aux Cieux...
Demandez-lui compte de ses pensées, scrutez ses sen
timents: partout«une même foi.» Ces intelligences si di
verses, ces cœurs si étrangers,ces bouches si distantes,se
réunissent dans une même idée, dans une même volonté,
dans une même croyance «Une même foi : » tous aussi
n’ontqu’un seul but. Cett eimmense troupe de voyageurs,
partis des extrémités de la terre, traversant les siècles,
cheminant sans se voir, sans se connaître, se dirigent
vers un terme unique : « une seule espérance. » Tous
vont à leur Père : tous disent : vado ad Patrem : tous
51 Corinth. X.
316 CHAPITRE TREIZIÈME
IV
QUI ES IN CŒLIS
‘ Psal. CXL1V.
LA DIVINE PRIÈRE 323
sous ses ailes : il condescend à toutes leurs faiblesses,
son amour Je porte à l’excès et lui fait faire des actions
qui paraissent extravagantes. Écoutez comme il crie au
milieu du temple : si guis sitit venial ad me et bibat! Il
n’en faut pas douter, il y ,a ici une inclination véhé
mente. Jamais Dieu n’a rien voulu avec tant de pas
sion Í · C’est un Père qui aime avec passion, avec
excès : et un Père « qui est dans les cieux, » qui régne,
qui commande < à ce qui est comme à ce qui n’est pas,»
pour qui « rien n’est impossible, » et qui consacre à l’éta
blissement de ses fils les ressources d’une fortune infi
nie. O heureux fils d’un tel Père 1 d’un Père « qui est
dans les cieux, » qui' peut tout ce qu’il veut, et qui veut
d’une volonté véhémente, absolue, tout ce que ses en
fants peuvent rêver et désirer de vie, de bonheur et de
gloire, et mille fois plus encore qu’ils ne savent imaginer
et concevoir superabundante guam petimus aut intelli-
gimus.
Ne disons donc jamais : « Notre Père qui êtes dans
les cieux, » sans songer à la garantie divine qui rend
fixes et inébranlables les biens qui nous sont promis, qui
les fait «immobiles, «comme dit TApôtre. Notre Père est
le Dieu du ciel, que pourrait craindre notre faiblesse ?
• Toute la terre est au Seigneur, > et au Seigneur en
core « sont les cieux, » que pourrait redouter notre
indigence ? Notre Père est « le Dieu puissant dans les
batailles, » qu’avons-nous à craindre et pourquoi trem
bler? « Celui qui habite sous la protection du Très·
Haut, demeurera sous la garde du Dieu du ciel. Il dira
au Seigneur : vous êtes mon secours, ô Dieu, vous êtes
mon refuge I C’est mon Dieu et j'espérerai en lui. » « Si
i Bossuet
324 CHAPITRE TREIZIÈME
i Per hoc ergo quod dicitur qui es in cœlis datur nobis ilducia
orandi ·- quantum ad potestatem ejus a quo petitur et quan
tum ad fami)iaritatem. Potestas ejus a quo petitur insinuatin', si
per cœlos inlelligantur cœli corporei. Dicitur esso in cœlis cor
porels ad insinuandum potentiæ ejus virtutem et subliœitatea
naturæ. (D. Thom. üpuscul, F.)
LA. DIVINE PRIÈRE 325
qui êtes auxcieux : » tu as donc confcsscque tadcmeure
ta cité, ton héritage, est dans les cicux. Où habitent les
enfants, sinon dans la maison de leur père ? Où est leur
fortune, où est leur joie, où reposent leurs espérances,
sinon près de ce Père qui les aime et les réunit? « Le
premier homme, venu de terre, était terrestre; le second
homme, venu du ciel, est céleste : tel donc fut le terrestre,
tels furent ses fils terrestres ; tel est le céleste, tels sont
aussi ses fils célestes. Comme donc nous avons porté
■l’image du terrestre, portons maintenant l’image du
céleste. » Soyons tout spirituels, tout célestes: < n’ayons
de goût que pour ce qui est du ciel. » < Mes petits en
fants, n’aimez pas le monde ni ceqpi est dans le monde,»
mais, « contemplant face à face la gloire de Dieu, trans
formons-nous en la même image, de lumière en lumière,
comme par l’esprit du Seigneur1 »
Tel est le chrétien, le vrai fils < du Père céleste : » il
ut scilicet Deus aliqua bona obtlneat qu© non habet. Sic autem
ad ipsa fertur nostra dilectio, ut ea tanquam exlstentia amemus.
Potest lamen hoc desiderari de Deo ut in opinion® et reverenda
omnium magniflcetur, qui in soipso semper magnus existit. Hoc
autem non est tanquam impossible reputandum. Cum enim ad
hoc faclus sit homo, ut magnitudinem divinara cognoscat, si ad
eam percipiendam pervenire non possil, videretur in vanum
constitutes esse contra id quod in Psalm. XXXVII, 48, dicitnr :
« Numquid enim vane constltuistl omnes Cilios hominum ? »
Ewet quoque Inano desldorium natur®, quo omnes naturaliter
desiderant aliquid cognosces de divinie.... Cognilio divin® ma-
guitudinie et bonitatis hominibus pervenire non posset nisi per
gratlam revelationis divin® secundum il!ud Maith., xi, 27 ·.
« Nemo novit Filium nisi Pater ; noque Palrem quis novit, nisi
Filius, et cuivolueril Filius revelare. »
Indicat so Deus aliquulitor hominibus naturah quadam cogni
tions cognoscendum per hoc quod hominibus lumen rationis
infundit, el creaturas visibilcs condidit, in quibus bonitatis et
sapient!© ipsius aliqualiter relucont vestigia, secundum illud,
Bom. i, 19 ; « quod notum est Dei, » id est quod cognoscible est
de Deo per naturalem rationem, « manifostum est illis, » scilicet
geatilibus hominibue : a Deus enim illis rovelavit, » scilicet per
lumen rationis et per creaturas quas condidit. Isla tamon imper
fecta est, quia nec ipsq creatura perfecto ab homine conspici
potest, et otiam creatura deficit a perfecta Doi roprœsentatione.
quia virtus hujus cans® in infinitum excedit eflectum. Undodici-
tur, Job. xi, 7 : « Forsitan vestigia Dei comprehendes, et usque
ad perfectum Omnipotentem repenes? » — Et Job subdit :
• unusquisque intuetur procul. »
Ex hujus autem imperfecliono cognitionis consecutum est ut
homines a vertíate dlscedentes diversimode circa cognilionem
bel erraren!. (D. Thom. Opuscul. I, pare II, cap. vm.J
532 CHAPITRE TREIZIÈME
VI
» Bossuet.
LA DIVINE PRIÈRE 353
tuaire où Dieu réside, sache que ton Dieu est le « Dieu
saint, » « le Dieu qui a horreur de l’iniquité. » Quand
tu as dit : que votre règne arrive, quand tu as appelé Dieu
dans ton âme, quand tu Penas fait le Dominateur et le
Roi, garde-toi d’y souffrir en même temps l’iniquité,
d’appeler à côté de Dieu son immonde ennemi, le démon,
de croire possible une si monstrueuse alliance, de t’ima
giner que tu peux à la fois « servir deux maîtres. »
« Quelle participation possible de la justice à Finiquité?
Quelle société possible entre la lumière et les ténèbres ?
Quel accord entre le Christ et Déliai ? Quelle commu
nauté entre le fidèle et l’infidèle ? Quelle suite entre le
temple de Dieu et les idoles1? - Chasse d’abord le
démon, « ses pompes et ses œuvres, « tu pourras après
introduire ton Dieu, le constituer Roi dans ton âme, et
dire en toute vérité : que votre règne arrive.
Quels sont encore ceux qui peuvent dire à Dieu :
« que votre règne arrive? » Ceux qui l’invoquent sous le
nom de Père, qui disent: Notre Père qui êtes aux cieux.»
Et qui sont ceux dont Dieu est le Père? « Ceux qui sont
mus > et dirigés « par l’Esprit de Dieu: voilà les « vrais
« fils de Dieu. » N’ayons donc pas l’esprit du monde, ni
« la prudence de la chair, * ni « la sagesse de ce siècle ; »
ayons l’esprit de Dieu, dirigeons-nous d'après les maxi
mes de l’Évangile, ayons popr pensées, « les pensées
de Jésus·Christ, » imprimons en nos cœurs « les senti
ments de Jésus-Christ, » « adhérons à Dieu de telle sorte
1 Rom. — Quamdiu anima subjecta fuit Deo, caro ita fuit sub
jecta spiritui ut nullam corruptionem mortis seu infirmitatis et
aliarum passîonum sentiret, sed ex quo spiritus et anima, quæ
erat media inter Deum et carnem, rebellavit Deo per peccatum
tune corpus rebellavit animæ, et tunc mortem et intirmitates sen
tire cœpit et continuam rebellionem sensualitatis ad spiritum.
Et est continua pugna inter carnem et spiritum, et homo continue
deterioratur per peccatum.
Est ergo voluntas Dei ut homo lestituatur ad statum primum,
at scilicet nihil sit in carne repugnaos spiritui..,. Fit autem vo
luntas Det in justis quantum ad spiritum per juslitiam et perfec-
tam vitam ·. et ideo cum dicimus : fiat voluntas tua, ita in terra,
id est in carne nostra, sicul lit in calo, id est in spirilu nostro :
unde per cœlum accipimus spiritum, per terram autem carnem.
(DThom. Opuscul. V.)
T. Hl. 11
362 CHAPITRE treizième
vin
4 Bossuet.
LA DIVINE PRIÈRE 375
Il est une autre leçon encore que Dieu veut nous faire
tirer de ces mots, car il est un quatrième vice auquel
nous expose l’usage des biens terrestres, et que le
Docteur Angélique appelle la voracité
*. La voracité, c’est
cet appétit insatiable et brutal, qui ne connaît ni règle
ni mesure, mais se gorge au Heu de se satisfaire, et se
charge d’un honteux superflu là. où le rassasiement
était seul légitime. Voyez ces mondains ; il leur faut en
tout un opulent superflu ; nulle part ni en rien le
simple nécessaire ne les contente, insatiables dans leurs
désirs, insatiables dans leurs jouissances, toujours plus,
et toujours plus. Quelque abondance où ils soient comme
engloutis, quelque luxe qui les pare, quelques fêtes qui
les amusent, quelques splendeurs et quelques dignités
qui les illustrent, jamais leur voracité ne consent à dire:
c'est assez. O homme abusé, tu n’as plus d’excuse ni
d’illusion possibles : ton Père te rappelle à ta condition
de pauvre et d’exilé ; il te donne ton pain de tous les
jours ; ton pain comme à un pauvre ; ton pain comme
le viatique indispensable à ton voyage. Tout ce que ta
gourmandise, ton ambition, ta cupidité, ton orgueil,
réclame de plus, ton Père ne te le promet pas, ne
l’aime pas, ne le veut pas voir en toi. Quand ton
opulence te l’accorde, et que, oublieux de ta condition
présente, tu ne songes qu’à te Axer sur la terre et à en
dévorer tous les biens, tu fais violence à sa volonté
souveraine, tu trahis les soins de sa providence, et n’as
* BossuaL
384 CHAPITRE TREIZIÈME
IX
mais ils diront, avec les guides qui les dirigent dans
toutes les voies de l’extravagance, que l’homme est un
singe perfectionné! La doctrine catholique, tenant
compte à la fois des grandeurs et des misères de
l’homme, y distingue nettement ce qui reste en lui de
sa perfection native, et ce que son péché y a mêlé
d’infirme et de souillé. Le chrétien jette deux cris,
et, dans ces deux cris, fait la double confession de
sa nature splendide mais tombée, céleste par son
origine, terrestre et animale par sa déchéance. « Qu’est-
ce que l’homme, ô Dieu, pour que vous vous souveniez
de lui,» « pour que vous le traitiez si magnifiquement? »
Puis, jetant un regard sur les ruines sanglantes amon
celées dans un édifice si superbe : Voici que j’ai été
enfanté dans l’iniquité, et ma mère m’a conçu dans le
péché. » L’homme « couronné do gloire et d’honneur, »
dit à Dieu tout ensemble : Notre Père qui êtes aux cieux .
puis, se souvenant de sa dégradation ét de sa misère
profonde : Pardonnez-nous nos offenses! Tout l’homme
est dans ces deux paroles. Le rationalisme à qui les
plus impertinentes contradictions ne coûtent jamais,
fait l’homme tout ensemble, le plus parfait et le mieux
conservé des êtres raisonnables, et un fils du singe
médiocrement réussi ! La doctrine catholique en fait un
fils de Dieu, mais un fils prodigue, déchu, tombé dans
une profonde misère et une dégradation effrayante,
388 CHAPITRE TREIZIÈME
1 Bossuet. — » EpheS.
396 CHAPITRE TREIZIEME
comme des élus de Dieù, des saints, des bien-aimés,
d’entrailles de miséricorde, de bénignité, d’humilité, de
modestie, de patience; nous supportant les uns les
autres, pardonnant si quelqu’un de nous est coupable
contre son prochain de quelque injure.'Comme Dieu vous
a pardonnés, qu’ainsi vous-mêmes vous pardonniez·
Que par-dessus toutes choses vous gardiez la charité
qui est le Heu de la perfection *. » < Que le soleil ne se
couche pas sur notre colère. » O chrétien, ô fils du Dieu
« très-bon, » ne remets pas à plus tard à te réconcilier
avec ton frère. La chose presse : il tarde à Dieu que M
paix soit rétablie entre ses enfants. Oh ! que Dieu est
pressé ! Qu’a de plus cher et de plus précieux la gloire
de Dieu que « la suave odeur du sacrifice ; et l’honneur
du présent offert à son autel ? Pourtant la réconciliation
de ses enfants désunis lui est plus chère, plus pré
cieuse encore ; il la veut avant même l’oblation de son
autel. « Si donc tu présentes ton offrande à l’autel, et
que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose
contre toi, laisse là devant l’autel ton offrande, et va
d’abord te réconcilier avec ton frère, et puis tu vien
dras présenter ton offrande. » Alors seulement tes dons
seront reçus, et ta prière agréée ; alors seulement tu
pourras dire, certain d’être exaucé: Pardonnez-nous nos
offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont
offensés*.
1 Jac. i.
LA DIVINE PRIÉRB 399
1 Bossuet
12*
406 CHAPITRE TREIZIÈME
1 Ephes, vi.
LA DIVINE PRIÈRE 407
XI
’ Rom. vn, 21. — Hæc tentado carada est valde gravis, quia
inimicus noster, scilicet caro conjünctus est nobis : et sicut dicit
Boetius « nulla pestis efficacior est ad nocendum quam familiaris
inimicus et ideo contra cam vigilandum est. » Tentalur homo
a carne dupliciter. Primo quia caro instigat ad malum. Secundo
tenut caro retrahendo a bono. (D. Thom. Opuscyl. V.)
LA DIVINE PRIÈRE
1 Π Corinth. — 1 Hebr,
412 CHAPITRE TREIZIÈME
» MaUb.. Lue,
4Í6 CHAPITRE QUATORZIÈME
» Bossuet, Méditât.
418 CHAPITRE QUATORZIÈME
* Deut. xxxîî.
LES PROPHÉTIES DU DERNIER JOUR 421
1 Luc. Xu. 4X 12
**
424 CHAPITRE QUATORZIÈME
1 Bossuet.
LES PROPHÉTIES DU DERNIER JOUR 429
Gentils ; » l’âme abattue par tous les vices, accablée de
fers qu’elle ne peut porter ni rompre, est traînée en cap
tivité d’objet en objet; toutes les passions la dominent
et la tyrannisent tour à tour ; Jelfe pense être en repos
contre l’amour des plaisirs, l’ambition la met sous le
joug, l’avarice l’assujettit et ne lui laisse pas le temps
de respirer, tant elle l’accable d’affaires, de soins, de
travaux. Hélas! hélas! où en es-tu, âme raisonnable,
faite à l’image de Dieu ? blessée, percée de tous côtés,
outre cela affamée, pour comble de maux captive, sans
force, sans nourriture pour te rétablir, sans liberté, ah!
quel malheur est le tien1 ! *
II
LA FIN DU MONDE
t Bossuet.
430 CHAPITRE QUATORZIÈME
1 Daniel.,, vin.
LES PROPHÉTIES DU DERNIER JOUR 43Í
1 Sagesse, v.
416 CHAPITRE QUATORZIÈME
1 Π Thessal. i, 8.
LES PROPHÉTIES DU DERNIER JOUR U7
est en lui, tout est par lui, tout est pour l,ui, la consommation
des choses comme leur commencement ; « il a fait mémo les
siècles, » il en développe donc tout le cours, sa science en me
sure donc toute l'étendue, et le dernier jour, qui est son ouvrage
comme tous les autres, ne peut lui être plus quo les aunes
étranger et inconnu : — Dès lors comment supposor en Jésus-
Christ l'ignorance du jour où finira le monde ? Comment alors
expliquer cette parolo ·. « nul no le sait,... ni le Fils? « Jésus-
Christ détourne uno question indiscrète : non, il ne sait pas, il
ne veut pas savoir, car il ne veut pas répondro : il adopte nos
façons de parler et d'agir. Gomme nous," voulant faire entendre
qu’il refuse de s'expliquer, il se dit ignorant. Il est censé ne sa
voir pas ce qu'il ne peut pas découvrir. — Saint Thomas proposa
une autre explication encore. Identifié avec son Église, ne faisant
plus qu’un avec son corps mystique, c’est au nom de co corps
mystique qu’il parle ici. Nous ignorons : il ignore.
450 CHAPITRE QUATORZIÈME
ΠΙ
LE JUGEMENT DERNIER
1 Duplex est retributio pro iis quæ homo gossit : unam secun
dum animam quam aliquis percipil statim cm anima fuerit
& corpore separata ; alia vero retributio erit in resumpliono cor-
porum, secundum quod quídam impassibiliora cl gloriosa cor
pora, quidam vero passibilia résument et ignobilia. Et prima
quidem retributio sigillatim tit singulis secundum quod divisim
Singuli moriuntur; secunda autem retributio simul omnibus fiel,
secundum quod omnes simul resurgent. Omuis autem retributio
qua diversa redduntur, secundum diversitatem meritorum, judi
cium requirit. Neccsse ergo est duplex esse judicium : unum
quo divisim singulis quantum ad animan redditur pœna vel
præmium ·. aliud autem est commune, secundum quod quantum
ad animam et corpus reddetur omnibus simul quod meruerunl
Et quia Christus sua humanitate, secundum quam passus est et
resurmit, nobis et resurrectionem et vitam æternam promoruit,
sibi competit iilud commune judicium quo resurgentes vel præ-
miantur, vel puniuntur. Oporlet autem judicium proportionals
esse his de quitus judicalur. Et quia finale judicium erit do
pramiio vel pœna visibilnun corporum, conveniens est ut iilud
judicium visibililcr agatur, undo ctiam Christus in forma huma-
nitaiis judieabit, quam omnes vidore lam boni quam malí *
'D. Thom. Sum. ad gentil, lib. IV, cap. xovi.)
13’·
438 CHAPITRE QUATORZIÈME
1 il Goriûih.
468 CHAPITRE QUATORZIÈME
1 Facto clamore per tubam vel per vocem Christi omnes ré
surgent. Sed quid fcceruiit? «Ornaverunt lampados suas. » Eritnè
tempus ? Dicendum quod ornare lamparles nihil nliud est quai»
dinumerare opera quæ feceruni ut possent cungruam rationcni
reddere. (D. Thom. loe. cilal.}
LES PROPHÉTIES DU DERNIER JOUR 469
tout divin que Jésus-Christ garde dans les révélations
les plus profondes et les plus terribles, il rend cette
vérité, qui nous devrait terrifier, hélas ! et nous laisse
insensibles, qu’aprèsla mort notre sort sera fixé irrévo
cablement et pour toujours. Affreuse situation ! Être
perdu sans ressource : nulle assistance : nul secours.
les hommes, nos semblables, sont impuissants et ne
peuvent que nous renvoyer à celui qui seul « vend
l’huile, » l’huile de la grâce, l’huile de la miséricorde,
l’huile du salut. Hélas ! Π est trop tard ! L’époux ne
vient plus comme la première fois pour distribuer à
profusion cette huile divine, il vient pour juger, il
vient pour punir et récompenser, il vient pour triom
pher, « paraître admirable en ses saints, » et « tirer
vengeance dans une flamme de feu » de ses ennemis,
des insensés qui n’ont pas cru à sa parole, qui ont
méprisé ses dons, se sont ri de ses menaces, ont « foulé
aux pieds le Fils de Dieu, tenu pour vil le sang de
Γalliance, » et dont maintenant la seule attente et le
terme unique sont l’éternel « embrasement, » quorum
consummatio in eornbuslioncm. Dans cotte parole des
vierges sages : ne forte non sufficiat, Jésus-Christ nous
fait entendre une autre vérité encore. Telle est l’im
mensité de la récompense, telle est la faiblesse de la
créature qui y est admise, telle est la rigueur du juge
ment, que le juste lui-même tremble, cum vix jus lus sit
securus \ et que le saint suffit à peine à porter « le poids
de gloire qui lui est ’réservé. »
1 Jacob.
476 CHAPITRE QUATORZIÈME
1 Bosmuet.
LES PROPHÉTIES DU DERNIER JOUR 487
maître s’est retiré : profecías est statim. Pourquoi? Afin
de rendre l’épreuve possible, afin de plus complètement
respecter le libre arbitre de l’homme, et de nous mieux
laisser « dans la main de notre conseil. » Dès lors voici
quelle est notre situation durant le temps de notre vie
ici-bas» Nous travaillons sous le regard invisible de
Dieu : chaque démarche, chaque parole de nos lèvres,
chaque pensée, chaque sentiment de nos cœurs est
vu, apprécié, jugé. Libre à nous d’être serviteurs
fidèles, travailleurs diligents, ou bien dissipateurs des
biens de notro maître, et traîtres à nos plus formelles
promesses et & nos plus impérieux devoirs. Dieu nous
laisse seuls, Dieu nous quitte; il est dissimulé à nos
regards et semble éloigné de nous de toute l’infinie dis
tance de notre petitesse à son immensité. En réalité,
selon l’admirable mot de saint Paul, nous nous mouvons
si nous vivons en lui ; in ipso movemus et sumus. « C’est
en sa présence que nous nous tenons, in cujus conspectu
sto. Saint Thomas, raisonnant sur ce plan de la Sagesse
divine, nous fait remarquer que ce silence, cette dispa
rition do Dieu, cet incognito divin, est réclamé à la fois
par notre intérêt et par la gloire de notre Dieu. C’est
grâce à cette liberté qui nous est laissée que nous pou
vons mériter notre éternelle récompense, et Dieu ne
peut vouloir d’un hommage forcé et d’une fidélité sans
mérite ; la gloire de sa majesté comme la satisfaction
de son cœur, sont dans l’acquiescement libre de notre
volonté et dans l’expression spontanée de notre cœur.
Relinquit eos sub arbitrio, quia non compellit eos uti
donis datis. »
« Or celui qui avait reçu cinq talents s’en alla, les fit
valoir, et en gagna cinq autres. Pareillement celui qui
en avait reçu deux, en gagna aussi deux autres. Mais
«88 CHAPITRE QUATORZIÈME
1 Bossuet, Méditations.
TABLE DES MATIERES
CHAPITRE NEUVIÈME
L’ÉGLISE DE JÉSUS-CHRIST
CHAPITRE DIXIÉME
LA GRÂCE DE JÉSUS-CHRIST
I. — Le mystère de la grâce.
CHAPITRE ONZIÈME
LA RÉSURRECTION EN JÉSUS-CHRIST
III. — Le miracle.
CHAPITRE DOUZIÈME.
V. — Jaïre et l’Hémorroïsse.
VII. — La Chananéenne.
CHAPITRE TREIZIÈME
LA DIVINE PRIÈRE
II.— Pater.
15**
530 TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE QUATORZIÈME