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guerres de Religion

Conflits qui opposèrent catholiques et calvinistes, en France, de 1562 à 1598.

1. LES CAUSES
1.1. UNE ROYAUTÉ N’AYANT RIEN À GAGNER À LA RÉFORME

François I  de Lorraine, 2  duc de Guise


er e

Le concordat de Bologne signé en 1516 entre le roi de France François I  et le pape Léon X portait en germe
er

la condamnation du protestantisme par le pouvoir monarchique. En effet, il accordait au roi la disposition des
biens de l'Église et un pouvoir quasi absolu sur son clergé. Aussi, malgré ses sympathies pour les réformés et
les efforts de sa sœur Marguerite d'Angoulême en leur faveur, François Ier n'avait rien à attendre d'un
changement de religion en France, qui non seulement n'aurait pas augmenté sa puissance, mais y aurait porté
atteinte en sapant l'unité de foi de ses sujets. Depuis Louis XI, en effet, la monarchie française s'était
résolument engagée dans la voie de la centralisation. Cette tendance verra son épanouissement sous
Louis XIV, selon la formule « Un roi, une foi, une loi ».

1.2. LA RÉPRESSION (1534-1559)


Henri II
En 1534, un violent pamphlet du pasteur Antoine de Marcourt contre la messe, intitulé Articles véritables sur
les horribles, grands et importables (= insupportables) abus de la messe papale inventée directement contre la
sainte Cène de Notre-Seigneur et affiché jusque sur la porte de la chambre royale à Amboise, met le feu aux
poudres. François Ier prescrit une procession expiatoire, et les bûchers flambent (→ affaire des Placards).
Après une brève période d’amnistie consécutive à l’édit de Coucy (1535), les persécutions reprennent dès
1539. Elles culminent avec le massacre des vaudois du Luberon (1545), tardivement ralliés à la
Réforme. Henri II (1547-1559) se montre encore plus intraitable que son père (édits de Châteaubriant en 1551
et de Compiègne en 1557).

1.3. VERS LA RUPTURE (1559)


Traité du Cateau-Cambrésis
Pourtant, les persécutions n'empêchent pas la réunion à Paris, le 26 mai 1559, du premier synode général des
Églises de France, alors que le roi vient de signer avec Philippe II la paix du Cateau-Cambrésis (3 avril)
dans le dessein de se consacrer entièrement à l'extirpation de l'hérésie, selon la déclaration du cardinal de
Lorraine au parlement de Paris : « L'opinion du roi a été de faire la paix à quelque condition que ce fût, pour,
de là en avant, vaquer plus à son aise à l'extermination et au bannissement de l'hérésie de Calvin. »
Par la proclamation de l'édit d'Écouen (2 juin) qui invite les tribunaux à ne prononcer contre les hérétiques
d'autre peine que la mort, et par l'emprisonnement du conseiller au Parlement Anne Du Bourg, Henri II
affirme que l'unité de la foi est essentielle à l'État. Devant cette attitude intransigeante, il ne reste plus aux
protestants que le choix entre l'abjuration, la fuite ou la révolte.
François II
Quelques semaines après, la disparition d'Henri II (10 juillet 1559), qui meurt en recommandant à son peuple
de persister fermement dans la foi, laisse la France entre les mains du faible François II (1559-1560), parent,
par son épouse Marie Stuart, des Guises, chefs du parti catholique. Aussi la politique d'Henri II est-elle
continuée, l'édit d'Écouen renforcé, et Anne Du Bourg exécuté (23 décembre).

1.4. LE RENFORCEMENT DU CALVINISME

LA PROLIFÉRATION DES ÉGLISES


Mais les persécutions n'ont pas réussi à freiner l'hérésie ; elles ont même contribué à la fortifier. À cette date, le
protestantisme est présent partout. Il est particulièrement implanté dans la région de Meaux, en Normandie et à
Lyon, proche de Genève. De Lyon, par les vallées, il se répand en Auvergne, en Vivarais et en Languedoc. Le
Sud-Ouest est gagné grâce à l'influence du royaume de Navarre et des marchands protestants de La Rochelle.
Fra
nz Hogenbergh, Calvinistes détruisant les images des églises
Les protestants représentent donc une force numérique importante. On compte environ 2 500 églises établies,
et les réformés réclament à Genève l'envoi de 6 000 ministres (ou pasteurs). Populaire au début, le recrutement
devient vers 1560 plus aristocratique.

L’ENGAGEMENT DE LA NOBLESSE
Aux artisans et aux bourgeois se joignent alors de nombreux gentilshommes, petits et moyens seigneurs
terriens. Ils sont plus de 2 000 à cette époque, et ce sont eux qui répandent la nouvelle religion dans les milieux
ruraux, chez les paysans dépendant de leurs seigneuries, jusqu'alors peu touchés par l'hérésie. Sous l'influence
des seigneurs, les théologiens huguenots vont reconnaître aux réformés le droit de rébellion armée contre le
pouvoir, ce que Calvin avait jadis interdit.
La première tentative de cette gentilhommerie est un sanglant échec. Mal préparée, la conjuration
d'Amboise (mars 1560), fomentée par Godefroi de La Renaudie, aboutit à de nombreux supplices et à la
condamnation à la peine capitale du prince Louis de Condé, qui n'est sauvé que par la mort du roi
(5 décembre 1560).

1.5. L’ÉCHEC DE LA CONCILIATION (1560-1562)


Catherine de Médicis

La régente Catherine de Médicis, qui gouverne au nom du jeune Charles IX (1560-1574), inquiète de


l'influence des Guises, suit la politique d'apaisement prônée par le chancelier Michel de L'Hospital aux états
généraux d'Orléans (1560-1561) et se rapproche des protestants. En 1561, elle tente de concilier les deux
religions au colloque de Poissy, où s'affrontent Théodore de Bèze et le cardinal de Lorraine. Cette initiative
avorte, mais la régente, par l'édit de janvier 1562, accorde aux réformés la liberté de culte hors des villes.
Le
massacre de Wassy
Les passions religieuses, cependant, sont déjà trop vives pour être contenues. Le 1 er mars de la même année, à
Wassy, les Guises massacrent les protestants coupables de célébrer leur culte à l'intérieur des murs de la cité
(→ massacre de Wassy).

2. LUTTES SANGLANTES ET PAIX PRÉCAIRES (1562-1577)


2.1. LA PREMIÈRE GUERRE DE RELIGION (1562-1563)
Les guerres de
Religion, 1562-1577


Trente-six années de guerres civiles vont ravager la France à la suite de l'affaire de Wassy  ; les deux partis
rivalisent de cruautés, d'exécutions massives, de supplices, d'exactions de toutes sortes. Un baron des Adrets,
chez les protestants, un Blaise de Monluc, du côté catholique, resteront célèbres pour les exploits horribles de
leurs soldatesques.

Massacre
des protestants à Tours
Dès 1562, la politique est intimement liée aux affaires religieuses ; les catholiques, qui ont à leur tête le
duc François de Guise, le maréchal de Saint-André et le connétable Anne de Montmorency (le
« triumvirat »), demandent l'aide de l'Espagne, tandis que les protestants sollicitent Élisabeth Ire d'Angleterre,
qui en profite pour s'emparer du Havre.
Daniel Dumonstier, les Frères Coligny, tous
trois acquis à la Réforme
La mort d'Antoine de Bourbon au siège de Rouen, celle de Saint-André à Dreux, puis l'assassinat du duc de
Guise par Jean de Poltrot de Méré à Orléans, sans doute à l'instigation de l'amiral de Coligny, vont permettre
à Catherine de rétablir la paix. L'édit d'Amboise du 19 mars 1563 accorde celle-ci aux protestants. C'est la
première d'une longue série de paix précaires.

2.2. UN APAISEMENT ILLUSOIRE (1563-1567)


Pour établir dans le royaume l'autorité royale, la reine mère et Charles IX, désormais déclaré majeur, à treize
ans, entreprennent une tournée dans toute la France (1564-1566). Durant ce voyage, Catherine de Médicis
rencontre à Bayonne le duc d'Albe, conseiller de Philippe II. Les pourparlers n'aboutissent à rien de positif,
mais les protestants s'alarment, et le prince de Condé tente, en vain, d'enlever le roi (1567).

2.3. LES DEUXIÈME ET TROISIÈME GUERRES DE RELIGION (1567-1570)


La
bataille de Jarnac
La guerre recommence donc ; elle est à peine interrompue par la paix de Longjumeau (23 mars 1568) qui
sépare la deuxième et la troisième guerre de Religion. En 1569, les troupes catholiques commandées par le duc
d'Anjou (futur Henri III) remportent les victoires de Jarnac – où Condé est tué –, et de Moncontour. En
position de force, Catherine de Médicis a la sagesse d'imposer une bonne paix, qui aurait pu être durable si les
passions n'avaient été aussi exacerbées.
Bataille de
Moncontour (3 octobre 1569)
La paix de Saint-Germain, dite « paix de la Reine » (8 août 1570), reprend les dispositions de l'édit d'Amboise.
La liberté de conscience est reconnue partout ; celle du culte l'est assez libéralement ; en outre, quatre places
de sûreté, stratégiquement importantes (La Rochelle, Cognac, Montauban, La Charité), sont remises pour
deux ans aux protestants. Battus sur le terrain, les huguenots l'emportent sur le plan diplomatique,
et Monluc peut s'écrier : « Nous gagnons par les armes et ils gagnent par ces diables d'écritures. »

2.4. LA SAINT-BARTHÉLEMY ET SES SUITES (1572-1573)

LES CAUSES
Le massacre
de la Saint-Barthélemy
Les causes de la Saint-Barthélemy, qui déclenche la quatrième guerre, sont nombreuses et complexes. En
1572, les Gueux des Pays-Bas, calvinistes, se soulèvent contre l'autorité de Philippe II et réclament l'aide
d'Élisabeth d'Angleterre. Celle-ci propose à Charles IX, qui se méfie des Espagnols, un traité d'alliance. Le sort
du catholicisme en Europe va dépendre de la décision de la France. Si celle-ci passe à l'hérésie, c'est toute
l'œuvre de la Contre-Réforme, alors bien engagée, qui s'effondrerait.
Siège de
La Rochelle (février-juin 1573)
Coligny est allié à Élisabeth, et les Guises sont unis à Philippe II ; quant à Catherine, elle désire laisser les
choses en l'état et garder sa neutralité. Elle n'ignore pas que le royaume est épuisé par les guerres civiles et elle
redoute la force des armées espagnoles. Charles IX, lui, se laisse gagner aux vues de Coligny et, en gage
d'accord, il fait épouser à sa sœur Marguerite de Valois le jeune roi de Navarre, Henri III (futur roi de
France Henri IV).

L’ATTENTAT CONTRE COLIGNY


Au même moment, une armée de secours envoyée par le roi de France aux rebelles des Pays-Bas est anéantie
par les Espagnols ; la reine mère prend peur et organise l'arquebusade (coup d'arquebuse) de Coligny,
l'instigateur de la nouvelle politique (22 août 1562). On sait l'échec de l'attentat, la fureur du roi, puis sa volte-
face sous l'influence de sa mère, enfin l'autorisation donnée aux Guises de supprimer les principaux chefs
huguenots.

LES MASSACRES
Les Guises organisent le massacre général des protestants parisiens le jour de la Saint-Barthélemy (24 août
1572) avec l'aide des milices urbaines fanatisées par les curés de la ville. Il y a au moins 3 000 morts. Des
massacres identiques ont lieu en province : ils sont particulièrement sanglants à Meaux, à Orléans, à Troyes, à
Rouen, à Lyon et à Bordeaux.

LA QUATRIÈME GUERRE DE RELIGION (1572-1573)


Inévitablement, la guerre civile reprend et revêt un aspect encore plus atroce, car, les grands chefs ayant été
éliminés, c'est le petit peuple qui se révolte, et l'on ménage moins celui-ci que les politiques. Le traité de La
Rochelle (1er juillet 1573), pas plus que les précédents, ne règle rien.
2.5. LES CINQUIÈME ET SIXIÈME GUERRES DE RELIGION (1574-1577)

Henri III
Après l'avènement d'Henri III, en 1574, la lutte devient politique ; son frère François, dit « Hercule », le
nouveau duc d'Anjou, ancien duc d'Alençon, un brouillon sans envergure, se met à la tête des protestants et
reprend la lutte. Une nouvelle paix, la cinquième, l’édit de Beaulieu dit aussi « paix de Monsieur » (6 mai
1576), renforce la puissance des protestants. À cette date, il est clair qu'aucun parti n'est capable de l'emporter
et qu'il faudra que les tenants des deux religions acceptent un jour de coexister.
La paix de Monsieur, comme on peut s'y attendre, exaspère les catholiques. Ceux-ci se regroupent dans une
Ligue destinée à unifier les différents mouvements locaux pour mieux organiser la résistance. La sixième
guerre qui s’ensuit débouche sur la paix de Bergerac, dite « du Roi », et l’édit de Poitiers (1577), qui réduisent
les avantages accordés l’année précédente aux protestants, dans une sorte de préfiguration de l’édit de Nantes
de 1598.

3. DE LA LIGUE À L'ÉDIT DE NANTES (1577-1598)


3.1. LA POLITISATION DES TENSIONS (1577-1584)
Les guerres de
Religion, 1578-1598
Bien qu’une septième guerre, menée par le jeune roi Henri de Navarre, ensanglante encore le sud-ouest du
pays de 1579 à 1580, après 1577, les conflits politiques prennent le pas sur les dissensions religieuses
(premiers états généraux de Blois en 1576-1577). Ce qui est alors en cause, c'est le sort de la monarchie, minée
par les ambitions des Guises, qui mettent à profit les antagonismes religieux pour accroître leur puissance.

3.2. LA HUITIÈME GUERRE DE RELIGION (1585-1598)

LE TOURNANT DE 1584-1585
Le conflit va entrer dans sa phase cruciale lorsqu'en 1584 la mort du duc d'Anjou, frère d' Henri III, fait du
roitelet protestant de Navarre l'héritier de la couronne de France.

Pro
cession des partisans de la Sainte Ligue
Par le traité de Joinville (31 décembre 1584), les Guises se lient à Philippe II, qui, désormais, va mettre les
trésors du Nouveau Monde au service de la guerre civile en France. Isolé, Henri III est obligé de pactiser avec
les ligueurs au traité de Nemours (7 juillet 1585). En septembre, le pape Sixte Quint déclare Henri de Navarre
déchu de ses droits à la Couronne.
Cette condamnation et sa condition d'héritier du trône font du Béarnais le champion du protestantisme
européen. Habilement, il obtient des secours des princes protestants, dont Élisabeth, et reprend la lutte.

LA GUERRE DES TROIS HENRI (1585-1588)


Henri I  de Lorraine, 3  duc de
er e

Guise, dit le Balafré


Cette guerre, la huitième, sera la dernière et la plus longue (1585-1598). On l'appellera au début la « guerre des
trois Henri », mais Henri de Navarre, qui remporte la brillante victoire de Coutras (20 octobre 1587), la
première remportée par les protestants depuis 1562, saura ménager Henri III. Poussé par Philippe II, qui
s'apprête à porter le coup décisif au protestantisme en préparant l'invasion de l'Angleterre, le duc  Henri de
Guise, le Balafré, ose braver ouvertement le roi et soulever le peuple parisien (→ journée des Barricades,
12 mai 1588). Mais il ne saisit pas l'occasion de s'emparer du trône et laisse Henri III s'enfuir de la capitale en
révolution et convoquer les seconds états généraux de Blois.

LA FIN DES GUISES ET D’HENRI III (1588-1589)


Henri I  duc de Guise et Louis II de
er

Guise
Lorsque ceux-ci se réunissent, la roue du destin a tourné, l'Invincible Armada espagnole a été anéantie, et
Philippe II a vu disparaître son rêve de reconquête catholique de l'Europe. Aussi Henri III peut-il plus aisément
s'opposer aux Guises et à la Ligue. Au château de Blois, le 23 décembre de la même année, il fait exécuter le
duc de Guise et, le lendemain, son frère le cardinal Louis de Lorraine, le « cerveau » de la famille.
Devant le déchaînement de Blois, il ne reste plus au roi qu'à s'allier à Henri de Navarre : les deux princes
viennent assiéger ensemble la capitale rebelle (juillet 1589). C'est là qu'un fanatique, Jacques Clément,
assassine Henri III.

HENRI IV À LA RECONQUÊTE DE SON ROYAUME (1589-1598)


Henri IV à
la bataille d'Arques
Durant plusieurs années, Henri IV devra reconquérir son royaume province par province. Malgré de belles
victoires à Arques (1589) et à Ivry (1590), il comprend que le pays n'acceptera jamais un roi protestant. Il
abjure alors le protestantisme (1593), se fait sacrer à Chartres et entre à Paris le 22 mars 1594. Le 5 juin 1595,
il bat les Espagnols à Fontaine-Française, et le pape se réconcilie avec lui. Les principaux chefs ligueurs
(les ducs de Mayenne, d'Épernon et de Joyeuse) en font autant.
Philippe II, dont la croisade n'a plus, dès lors, d'objet, se décide, lui aussi, à traiter. Le 2 mai 1598, la paix de
Vervins met fin aux guerres de Religion. Quelques mois auparavant, le dernier grand chef ligueur, le duc
de Mercœur s'est soumis en Bretagne.
Pour en savoir plus, voir l'article Ligue.

3.3. DE NOUVELLES STRUCTURES RELIGIEUSES, ÉCONOMIQUES ET


POLITIQUES

L’ÉDIT DE NANTES
Édit de Nantes
Quelques semaines avant la paix de Vervins, Henri IV a promulgué l'édit de Nantes (13 avril 1598), qui, en
octroyant aux protestants la liberté de conscience et un large exercice public de leur culte, rétablit la paix
religieuse.
Dans l'Europe d'alors, cet acte de tolérance est bien un événement, et les difficultés rencontrées auprès des
parlements pour son enregistrement expriment clairement l'hostilité de l'opinion catholique à son égard. En
effet, les protestants représentent à cette époque à peine un dixième de la population, avec 1 200 000 fidèles.
Qu'un vent de réforme souffle à son tour sur l'Église de France, et la Contre-Réforme pourra enregistrer de
grands succès pour le triomphe de la cause catholique.

LES CONSÉQUENCES MATÉRIELLES DES GUERRES


Les conséquences des guerres de Religion ne sont pas moins importantes dans le domaine économique.
L'afflux des métaux précieux du Nouveau Monde a engendré la hausse du coût de la vie ; d'autre part, les
armées rivales ont ravagé le pays, provoquant disettes et épidémies. Les destructions des campagnes ont eu
pour résultat d'abaisser le revenu des tailles ; les impôts indirects mis sur les biens de consommation (aides
et gabelles) s'en trouvent augmentés et, à leur tour, réagissent sur les prix.
Ils servent essentiellement à l'usage régional, quand les caisses ne sont pas pillées par les chefs de guerre  ; peu
aboutissent au trésor du roi, qui doit recourir aux expédients habituels (ventes d'offices, emprunts, levées sur
les biens du clergé, taxes commerciales). Les guerres ont, cependant, profité aux villes maritimes (Rouen, La
Rochelle, Bayonne) et aux provinces (Bretagne) qui ont pu commercer facilement avec l'Espagne.

DES STRUCTURES SOCIO-ÉCONOMIQUES MODIFIÉES


Dans l'ensemble, si elles n'ont pas freiné l'expansion démographique, elles ont modifié les structures
économiques et sociales ; l'industrie, à cause de l'exil de nombreux artisans huguenots, de l'absence des
débouchés habituels et des taxes à l'importation, est sérieusement entravée. Il en va de même du commerce, qui
périclite par l'insécurité des routes et des voies d'eau ainsi que par la fermeture des marchés extérieurs. La
bourgeoisie renforce ses positions en investissant son argent dans des valeurs sûres, c'est-à-dire dans des terres
qu'elle rachète aux nobles huguenots ou catholiques ruinés par le conflit. Les victimes principales de ces crises
sont les paysans – écrasés d'impôts et ruinés par les gens de guerre –, les artisans et, dans une moindre mesure,
les gentilshommes.

UNE MONARCHIE RENFORCÉE


Quant à la monarchie, elle sort en apparence affaiblie des guerres de Religion  : les luttes ont favorisé les
complots contre l'autorité royale et développé les particularismes régionaux, révélant ainsi la fragilité de
l'œuvre d'unification et de centralisation des Valois ; de plus, l'édit de Nantes, en octroyant aux protestants des
privilèges politiques considérables (droits d'assemblée, garnisons, places de sûreté) en a fait un État à
l'intérieur de l'État, tandis que bien des anciens ligueurs ne se sont ralliés à Henri IV qu’avec réticence.
Pourtant, les factions en présence se sont discréditées par leur radicalité même. Au sortir des guerres de
Religion, Henri IV devient le roi de raison dépassant les clivages confessionnels, et l’État royal peut apparaître
comme un recours justifiant l’obéissance absolue à sa cause, celle que Louis XIV imposera à ses sujets.

4. QUELQUES DATES ESSENTIELLES DES GUERRES DE RELIGION


EN FRANCE

          
QUELQUES DATES ESSENTIELLES DES GUERRES DE RELIGION EN FRANCE
1559 10 juillet Mort d'Henri II ; avènement de François II.
Mars Conjuration d'Amboise.
Mai Édit de Romorantin atténuant les persécutions.
Mort de François II ; régence de Catherine de
5 décembre Médicis.
1560 13 décembre États généraux d'Orléans.
1561 Septembre-octobre Colloque de Poissy.
1 guerre
re

(1562-1563)
1562 Édit de janvier.
1er mars Massacre de Wassy.
Avril Soulèvement de Condé.
Le triumvirat  (Guise, Saint-André,
Octobre Montmorency) prend Rouen.
Décembre Mort de Saint-André à Dreux.
Février Assassinat du duc de Guise à Orléans.
Édit d'Amboise (liberté de conscience et culte
public) ; politique d'apaisement de Catherine de
1563 19 mars Médicis.
Long voyage de la Cour à travers la France pour
1564-1566 raffermir le loyalisme monarchique.
2eguerre
(1567-1568)
Septembre Condé tente d'enlever la Cour à Meaux.
1567 10 novembre Bataille de Saint-Denis et mort de Montmorency.
Paix de Longjumeau, qui rétablit l'édit
1568 23 mars d'Amboise.
3eguerre
(1569-1570)
Le Béarn est envahi.
Victoire du duc d'Anjou à Jarnac où Condé est
13 mars tué.
Campagnes de Coligny en Languedoc et de
Juin-septembre François de La Noue en Poitou.
1569 3 octobre Victoire du duc d'Anjou à Moncontour.
Paix de Saint-Germain accordant aux protestants
la liberté de conscience, l'exercice public de leur
culte dans certains faubourgs de ville et quatre
1570 8 août places de sûreté.
1571 Septembre Coligny entre au Conseil.
Mariage d'Henri de Navarre et de Marguerite de
18 août Valois.
22 août Assassinat manqué de Coligny.
1572 24 août Massacre de la Saint-Barthélemy.
4eguerre
(1573)
Essais infructueux du duc d'Anjou pour
Février-juin reprendre La Rochelle.
Traité de La Rochelle, qui octroie aux protestants
le libre exercice de leur culte à La Rochelle, à
1573 1er juillet Nîmes et à Montauban.
1574 30 mai Mort de Charles IX ; avènement d'Henri III.
5eguerre
(1574-1576)
1575 Octobre Victoire du duc Henri de Guise à Dormans.
1576 6 mai Édit de Beaulieu (paix de Monsieur), qui accorde
aux protestants la liberté de culte partout, sauf à
Paris, et huit places de sûreté.
8 juin Naissance de la Ligue à Péronne.
Décembre Ouverture des états généraux de Blois.
6eguerre
(1577)
Soulèvement d'Henri de Navarre.
1 g mai
er
Le duc d'Anjou prend La Charité aux protestants
Paix de Bergerac, confirmée par l'édit de
Poitiers, qui restreint les avantages accordés aux
1577 17 septembre protestants par l'édit de Beaulieu.
7eguerre
(1579-1580)
La paix de Nérac accorde aux protestants quinze
1579 28 février places de sûreté.
1580 26 novembre La paix de Fleix confirme la paix de Nérac.
Mort du duc d'Anjou ; Henri de Navarre devient
10 juin l'héritier du trône.
Alliance des Guise et de Philippe II (traité de
1584 31 décembre Joinville).
Henri III est obligé de s'allier à la Ligue (traité
7 juillet de Nemours).
Henri de Navarre est déchu de ses droits à la
1585 9 septembre Couronne.
8eguerre
(1585-1598)
1587 20 octobre Victoire d'Henri de Navarre à Coutras.
11 mai Révolte de Paris contre Henri III.
12 mai Journée des Barricades et fuite du roi à Chartres.
Octobre Ouverture des seconds états généraux de Blois.
1588 23 décembre Exécution du duc de Guise.
Mort de Catherine de Médicis ; Gouvernement
5 janvier des Seize à Paris.
À l'entrevue de Plessis-lez-Tours, Henri III
30 avril s'allie à Henri de Navarre.
Juillet Siège de Paris par les deux rois.
2 août Mort d'Henri III, assassiné par Jacques Clément.
1589 21 septembre Victoire d'Henri IV à Arques.
14 mars Victoire d'Henri IV à Ivry.
1590 Mai Échec du roi devant Paris.
1592 Siège de Paris.
1593 25 juillet Abjuration d'Henri IV.
1594 22 mars Henri IV entre à Paris.
Victoire sur les Espagnols à Fontaine-Française ;
1595 5 juin soumission du duc de Mayenne.
1597 Septembre Les Espagnols perdent Amiens.
Le duc de Mercœur, le dernier ligueur, capitule
en Bretagne.
13 avril Édit de Nantes.
1598 2 mai Paix de Vervins.
 

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