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1. LES CAUSES
1.1. UNE ROYAUTÉ N’AYANT RIEN À GAGNER À LA RÉFORME
Le concordat de Bologne signé en 1516 entre le roi de France François I et le pape Léon X portait en germe
er
la condamnation du protestantisme par le pouvoir monarchique. En effet, il accordait au roi la disposition des
biens de l'Église et un pouvoir quasi absolu sur son clergé. Aussi, malgré ses sympathies pour les réformés et
les efforts de sa sœur Marguerite d'Angoulême en leur faveur, François Ier n'avait rien à attendre d'un
changement de religion en France, qui non seulement n'aurait pas augmenté sa puissance, mais y aurait porté
atteinte en sapant l'unité de foi de ses sujets. Depuis Louis XI, en effet, la monarchie française s'était
résolument engagée dans la voie de la centralisation. Cette tendance verra son épanouissement sous
Louis XIV, selon la formule « Un roi, une foi, une loi ».
L’ENGAGEMENT DE LA NOBLESSE
Aux artisans et aux bourgeois se joignent alors de nombreux gentilshommes, petits et moyens seigneurs
terriens. Ils sont plus de 2 000 à cette époque, et ce sont eux qui répandent la nouvelle religion dans les milieux
ruraux, chez les paysans dépendant de leurs seigneuries, jusqu'alors peu touchés par l'hérésie. Sous l'influence
des seigneurs, les théologiens huguenots vont reconnaître aux réformés le droit de rébellion armée contre le
pouvoir, ce que Calvin avait jadis interdit.
La première tentative de cette gentilhommerie est un sanglant échec. Mal préparée, la conjuration
d'Amboise (mars 1560), fomentée par Godefroi de La Renaudie, aboutit à de nombreux supplices et à la
condamnation à la peine capitale du prince Louis de Condé, qui n'est sauvé que par la mort du roi
(5 décembre 1560).
Trente-six années de guerres civiles vont ravager la France à la suite de l'affaire de Wassy ; les deux partis
rivalisent de cruautés, d'exécutions massives, de supplices, d'exactions de toutes sortes. Un baron des Adrets,
chez les protestants, un Blaise de Monluc, du côté catholique, resteront célèbres pour les exploits horribles de
leurs soldatesques.
Massacre
des protestants à Tours
Dès 1562, la politique est intimement liée aux affaires religieuses ; les catholiques, qui ont à leur tête le
duc François de Guise, le maréchal de Saint-André et le connétable Anne de Montmorency (le
« triumvirat »), demandent l'aide de l'Espagne, tandis que les protestants sollicitent Élisabeth Ire d'Angleterre,
qui en profite pour s'emparer du Havre.
Daniel Dumonstier, les Frères Coligny, tous
trois acquis à la Réforme
La mort d'Antoine de Bourbon au siège de Rouen, celle de Saint-André à Dreux, puis l'assassinat du duc de
Guise par Jean de Poltrot de Méré à Orléans, sans doute à l'instigation de l'amiral de Coligny, vont permettre
à Catherine de rétablir la paix. L'édit d'Amboise du 19 mars 1563 accorde celle-ci aux protestants. C'est la
première d'une longue série de paix précaires.
LES CAUSES
Le massacre
de la Saint-Barthélemy
Les causes de la Saint-Barthélemy, qui déclenche la quatrième guerre, sont nombreuses et complexes. En
1572, les Gueux des Pays-Bas, calvinistes, se soulèvent contre l'autorité de Philippe II et réclament l'aide
d'Élisabeth d'Angleterre. Celle-ci propose à Charles IX, qui se méfie des Espagnols, un traité d'alliance. Le sort
du catholicisme en Europe va dépendre de la décision de la France. Si celle-ci passe à l'hérésie, c'est toute
l'œuvre de la Contre-Réforme, alors bien engagée, qui s'effondrerait.
Siège de
La Rochelle (février-juin 1573)
Coligny est allié à Élisabeth, et les Guises sont unis à Philippe II ; quant à Catherine, elle désire laisser les
choses en l'état et garder sa neutralité. Elle n'ignore pas que le royaume est épuisé par les guerres civiles et elle
redoute la force des armées espagnoles. Charles IX, lui, se laisse gagner aux vues de Coligny et, en gage
d'accord, il fait épouser à sa sœur Marguerite de Valois le jeune roi de Navarre, Henri III (futur roi de
France Henri IV).
LES MASSACRES
Les Guises organisent le massacre général des protestants parisiens le jour de la Saint-Barthélemy (24 août
1572) avec l'aide des milices urbaines fanatisées par les curés de la ville. Il y a au moins 3 000 morts. Des
massacres identiques ont lieu en province : ils sont particulièrement sanglants à Meaux, à Orléans, à Troyes, à
Rouen, à Lyon et à Bordeaux.
Henri III
Après l'avènement d'Henri III, en 1574, la lutte devient politique ; son frère François, dit « Hercule », le
nouveau duc d'Anjou, ancien duc d'Alençon, un brouillon sans envergure, se met à la tête des protestants et
reprend la lutte. Une nouvelle paix, la cinquième, l’édit de Beaulieu dit aussi « paix de Monsieur » (6 mai
1576), renforce la puissance des protestants. À cette date, il est clair qu'aucun parti n'est capable de l'emporter
et qu'il faudra que les tenants des deux religions acceptent un jour de coexister.
La paix de Monsieur, comme on peut s'y attendre, exaspère les catholiques. Ceux-ci se regroupent dans une
Ligue destinée à unifier les différents mouvements locaux pour mieux organiser la résistance. La sixième
guerre qui s’ensuit débouche sur la paix de Bergerac, dite « du Roi », et l’édit de Poitiers (1577), qui réduisent
les avantages accordés l’année précédente aux protestants, dans une sorte de préfiguration de l’édit de Nantes
de 1598.
LE TOURNANT DE 1584-1585
Le conflit va entrer dans sa phase cruciale lorsqu'en 1584 la mort du duc d'Anjou, frère d' Henri III, fait du
roitelet protestant de Navarre l'héritier de la couronne de France.
Pro
cession des partisans de la Sainte Ligue
Par le traité de Joinville (31 décembre 1584), les Guises se lient à Philippe II, qui, désormais, va mettre les
trésors du Nouveau Monde au service de la guerre civile en France. Isolé, Henri III est obligé de pactiser avec
les ligueurs au traité de Nemours (7 juillet 1585). En septembre, le pape Sixte Quint déclare Henri de Navarre
déchu de ses droits à la Couronne.
Cette condamnation et sa condition d'héritier du trône font du Béarnais le champion du protestantisme
européen. Habilement, il obtient des secours des princes protestants, dont Élisabeth, et reprend la lutte.
Guise
Lorsque ceux-ci se réunissent, la roue du destin a tourné, l'Invincible Armada espagnole a été anéantie, et
Philippe II a vu disparaître son rêve de reconquête catholique de l'Europe. Aussi Henri III peut-il plus aisément
s'opposer aux Guises et à la Ligue. Au château de Blois, le 23 décembre de la même année, il fait exécuter le
duc de Guise et, le lendemain, son frère le cardinal Louis de Lorraine, le « cerveau » de la famille.
Devant le déchaînement de Blois, il ne reste plus au roi qu'à s'allier à Henri de Navarre : les deux princes
viennent assiéger ensemble la capitale rebelle (juillet 1589). C'est là qu'un fanatique, Jacques Clément,
assassine Henri III.
L’ÉDIT DE NANTES
Édit de Nantes
Quelques semaines avant la paix de Vervins, Henri IV a promulgué l'édit de Nantes (13 avril 1598), qui, en
octroyant aux protestants la liberté de conscience et un large exercice public de leur culte, rétablit la paix
religieuse.
Dans l'Europe d'alors, cet acte de tolérance est bien un événement, et les difficultés rencontrées auprès des
parlements pour son enregistrement expriment clairement l'hostilité de l'opinion catholique à son égard. En
effet, les protestants représentent à cette époque à peine un dixième de la population, avec 1 200 000 fidèles.
Qu'un vent de réforme souffle à son tour sur l'Église de France, et la Contre-Réforme pourra enregistrer de
grands succès pour le triomphe de la cause catholique.
QUELQUES DATES ESSENTIELLES DES GUERRES DE RELIGION EN FRANCE
1559 10 juillet Mort d'Henri II ; avènement de François II.
Mars Conjuration d'Amboise.
Mai Édit de Romorantin atténuant les persécutions.
Mort de François II ; régence de Catherine de
5 décembre Médicis.
1560 13 décembre États généraux d'Orléans.
1561 Septembre-octobre Colloque de Poissy.
1 guerre
re
(1562-1563)
1562 Édit de janvier.
1er mars Massacre de Wassy.
Avril Soulèvement de Condé.
Le triumvirat (Guise, Saint-André,
Octobre Montmorency) prend Rouen.
Décembre Mort de Saint-André à Dreux.
Février Assassinat du duc de Guise à Orléans.
Édit d'Amboise (liberté de conscience et culte
public) ; politique d'apaisement de Catherine de
1563 19 mars Médicis.
Long voyage de la Cour à travers la France pour
1564-1566 raffermir le loyalisme monarchique.
2eguerre
(1567-1568)
Septembre Condé tente d'enlever la Cour à Meaux.
1567 10 novembre Bataille de Saint-Denis et mort de Montmorency.
Paix de Longjumeau, qui rétablit l'édit
1568 23 mars d'Amboise.
3eguerre
(1569-1570)
Le Béarn est envahi.
Victoire du duc d'Anjou à Jarnac où Condé est
13 mars tué.
Campagnes de Coligny en Languedoc et de
Juin-septembre François de La Noue en Poitou.
1569 3 octobre Victoire du duc d'Anjou à Moncontour.
Paix de Saint-Germain accordant aux protestants
la liberté de conscience, l'exercice public de leur
culte dans certains faubourgs de ville et quatre
1570 8 août places de sûreté.
1571 Septembre Coligny entre au Conseil.
Mariage d'Henri de Navarre et de Marguerite de
18 août Valois.
22 août Assassinat manqué de Coligny.
1572 24 août Massacre de la Saint-Barthélemy.
4eguerre
(1573)
Essais infructueux du duc d'Anjou pour
Février-juin reprendre La Rochelle.
Traité de La Rochelle, qui octroie aux protestants
le libre exercice de leur culte à La Rochelle, à
1573 1er juillet Nîmes et à Montauban.
1574 30 mai Mort de Charles IX ; avènement d'Henri III.
5eguerre
(1574-1576)
1575 Octobre Victoire du duc Henri de Guise à Dormans.
1576 6 mai Édit de Beaulieu (paix de Monsieur), qui accorde
aux protestants la liberté de culte partout, sauf à
Paris, et huit places de sûreté.
8 juin Naissance de la Ligue à Péronne.
Décembre Ouverture des états généraux de Blois.
6eguerre
(1577)
Soulèvement d'Henri de Navarre.
1 g mai
er
Le duc d'Anjou prend La Charité aux protestants
Paix de Bergerac, confirmée par l'édit de
Poitiers, qui restreint les avantages accordés aux
1577 17 septembre protestants par l'édit de Beaulieu.
7eguerre
(1579-1580)
La paix de Nérac accorde aux protestants quinze
1579 28 février places de sûreté.
1580 26 novembre La paix de Fleix confirme la paix de Nérac.
Mort du duc d'Anjou ; Henri de Navarre devient
10 juin l'héritier du trône.
Alliance des Guise et de Philippe II (traité de
1584 31 décembre Joinville).
Henri III est obligé de s'allier à la Ligue (traité
7 juillet de Nemours).
Henri de Navarre est déchu de ses droits à la
1585 9 septembre Couronne.
8eguerre
(1585-1598)
1587 20 octobre Victoire d'Henri de Navarre à Coutras.
11 mai Révolte de Paris contre Henri III.
12 mai Journée des Barricades et fuite du roi à Chartres.
Octobre Ouverture des seconds états généraux de Blois.
1588 23 décembre Exécution du duc de Guise.
Mort de Catherine de Médicis ; Gouvernement
5 janvier des Seize à Paris.
À l'entrevue de Plessis-lez-Tours, Henri III
30 avril s'allie à Henri de Navarre.
Juillet Siège de Paris par les deux rois.
2 août Mort d'Henri III, assassiné par Jacques Clément.
1589 21 septembre Victoire d'Henri IV à Arques.
14 mars Victoire d'Henri IV à Ivry.
1590 Mai Échec du roi devant Paris.
1592 Siège de Paris.
1593 25 juillet Abjuration d'Henri IV.
1594 22 mars Henri IV entre à Paris.
Victoire sur les Espagnols à Fontaine-Française ;
1595 5 juin soumission du duc de Mayenne.
1597 Septembre Les Espagnols perdent Amiens.
Le duc de Mercœur, le dernier ligueur, capitule
en Bretagne.
13 avril Édit de Nantes.
1598 2 mai Paix de Vervins.